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A nous les garçons (1985)Scout toujours (1985)

Comédies françaises Années 80

Le téléphone sonne toujours deux fois (1985) par Sébastien Raymond


LE TÉLÉPHONE SONNE TOUJOURS DEUX FOIS (1985)

Résumé :

Alors qu’un tueur en série assassine des femmes dans Paris à l’aide d’un combiné de téléphone, une sorte de compétition met aux prises le commissaire de police et une bande de détectives privés qui se réunit autour de Marc Elbichon (à moins que ce ne soit Marcel Bichon ?).

Critique :

Ce film se révèle être finalement un document : celui qui voit encore associés les Inconnus "première époque", quand ils étaient 5, avec Seymour Brussel et Smaïn. En soi, il s'agit là d'une rareté : question de droits dans laquelle le producteur Lederman joue un rôle crucial comme à son habitude (m'enfin, qu'il ne soit pas oublié qu'on n'a jamais mis un revolver sur la tempe des trois inconnus qui ont signé leurs contrats avec lui). Impossible de trouver trace des spectacles de cette époque. C'est bien dommage, j'en ai des souvenirs bien plus drôles que quand ils n'étaient plus que 3.

Reste donc ce film gentiment foutraque, pas très bien balancé, pas trop bien réalisé non plus, mais disons encore assez sympathiquement drôle et flanqué d'une sacrée bande de panouillards. C'est déjà un petit plus qui attire l’œil du bon client que je suis.

Si, comme je le disais, la réalisation laisse quelque peu à désirer, à cause de nombreuses maladresses, d'un manque d'énergie et d'invention, si le rythme est bien trop mollasson pour une comédie, on se contentera d'apprécier la multitude de gags complètement absurdes à la mode ZAZ, qui faisait tant fantasmer les gamins et les comiques de l'époque. J'en suis toujours extrêmement friand. Le non-sens bécote allègrement les franchouillardises et autres gags éculés, mais je m'en fous. A la rigueur, ce mélange des genres de comique me séduit. L'accumulation n'est certainement pas un indice de grande qualité, mais cela finit par former un gloubi-boulga qui n'a rien d'indigeste. Au contraire, leur joie de jouer ensemble cette parodie de polar noir fait plaisir à voir. Leur enthousiasme se traduit par une gaieté naturelle et communicatrice.

Peut-être faut-il avoir partagé la même époque, les années 80, avoir reçu la même influence (qui sait ?) pour apprécier ce film ? Effectivement, de nombreux gags sont autant de clins d’oeil à la culture du temps.

Je suppose également qu'il faut faire preuve d'indulgence parce qu'à cette époque, les comédiens sont tous des débutants, prometteurs mais encore un peu trop brouillons et inexpérimentés pour montrer quelque chose de définitivement solide. Leur tentative reste louable et est assez touchante en fin de compte.

Je n'ai pas d'affection particulière pour ces comédiens, j'aime surtout leur collectif. Et pourtant j'avoue que le personnage joué par Seymour Brussel a une réelle consistance qui me plait bien. Le plus doué du groupe m'a toujours paru être Didier Bourdon, malheureusement il s'est affublé d'un personnage de détective privé faussement américanisé, pas trop mal troussé, mais manquant nettement d'originalité pour pouvoir laisser une belle impression. Pascal Légitimus, Bernard Campan et Smaïn ne sont pas vraiment époustouflants. Le numéro de Jean-Claude Brialy me laisse dans une indifférence polie. La jeune Clémentine Célarié fait pratiquement de la figuration. Le problème effectivement avec cette distribution pléthorique, c'est qu'elle laisse peu de marge aux comédiens. Difficile alors à tous ces petits rôles de trouver l'angle qui les fera exister. Michel Galabru tire son épingle du jeu. C'est sûrement le seul. Et décidément, ce qui sauve les comédiens sur ce film, c'est bel et bien cette accumulation. Mais je comprends que chez les spectateurs, cela puisse provoquer pas mal de bâillements. Je comprends sincèrement.

Voilà, il n'y a finalement pas grand-chose à dire sur ce petit film, si ce n'est que cette incroyable distribution et le nombre tout aussi imposant de gags procurent un certain plaisir à ceux qui en veulent, à quelques privilégiés. Je ne mégote pas sur ces quelques sourires et la capacité du film à raviver certains souvenirs joyeux. Évidemment, pour la plupart le film va paraître comme une énorme incongruité sur pellicule. Pour les autres, c’est un plaisir qui ne se refuse pas et qu’on peut regoûter sur des revoyures espacées.

Anecdotes :

  • Après deux ans au Petit Théâtre de Bouvard, émission télé d’Antenne 2, où ils se sont rencontrés, ceux qui ne s’appellent pas encore les Inconnus, mais “les Cinq”, Didier Bourdon, Bernard Campan, Pascal Légitimus, Smaïn Firouze et Seymour Brussel ont de suite l’intention de frapper un grand coup et faire un film, pas une pièce, ni un spectacle. C’est eux qui vont aller chercher un réalisateur, Jean-Pierre Vergne et une distribution d’acteurs plus anciens, comme Jean Yanne, Jean-Claude Brialy, Darry Cowl, Michel Constantin ou Michel Galabru.

  • Au scénario, seul Smaïn ne participe pas. S’y ajoute Jean-Pierre Vergne, fort de son expérience.

  • Ce film est le premier essai au cinéma des Inconnus. Seuls Didier Bourdon, Bernard Campan et Pascal Légitimus retenteront leur chance ensemble et avec bien plus de succès en 1993 pour Les trois frères.

  • Jean-Pierre Vergne est un habitué des films de troupes. Il avait déjà réalisé un film avec Les Charlots : Les Charlots contre Dracula (1980).

  • Le téléphone sonne toujours deux fois est une parodie de film noir. Il emprunte de manière plus qu’évidente son titre à Le facteur sonne toujours deux fois de Tay Garnett (1946) et de son remake éponyme de Bob Rafelson (1981)

  • Quelques mois après la sortie du film, l’ambition d’évoluer en solo de Smaïn se concrétise. Il aura pendant un temps un grand succès dans le One-Man-Show. A ce moment-là, les Cinq se renommeront Cat’Car&Co. Et de leur rencontre avec Paul Lederman, ils se rebaptiseront “Les inconnus” pour leur premier spectacle à 4 : Au secours, tout va bien que seuls les grands veinards comme moi ont vu et revu sur VHS, un spectacle génial, tout en puissance et gags qui seront réutilisés par la suite avec beaucoup de succès mais un tout petit peu moins percutants à trois.

  • Seymour Brussel a mis sa carrière de comédien, non pas en parenthèse, mais un peu en retrait. Il est devenu bioénergéticien, mais n’a pas voulu totalement arrêter, il lui arrive de monter encore sur les planches à l’occasion.

  • La chanson Box just box utilisée à de nombreuses reprises dans le film est écrite et chantée par Didier Bourdon, Pascal Légitimus et Bernard Campan, sous le pseudonyme Cat’Car&Co..

Séquences cultes :

Tout se tient

J'en trouverai pas deux comme ça

Toi pas comprendre ?

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Ca va faire mal (1982)Le cadeau (1982)

Comédies françaises Années 80

Paradis pour tous (1982) par Sébastien Raymond


PARADIS POUR TOUS (1982)

Résumé :

Le docteur Valois est l’inventeur d’une thérapie révolutionnaire pour la dépression : le “flashage” qui fait voir de la vie uniquement ses côtés positifs. Les résultats sont stupéfiants sur les chimpanzés. C’est au tour des hommes d’en appliquer la méthode, Alain fait partie de ces heureux élus, les flashés, qui vont former très vite une communauté à la vision de la vie bien différente…

Critique :

La caricature que nous dépeint Jessua est effrayante et comique à la fois comme il se doit.

Bien plus féroce que Traitement de choc ce Paradis pour tous effraie par la froideur et surtout le cynisme royal des monstres créés par le docteur "Freudenstein" qu'incarne Jacques Dutronc. Ses patients dépressifs subissent un "flashage" qui les désinhibe entièrement, effaçant du même coup angoisse et compassion. Les êtres humains deviennent des robots incapables de souffrance et d'entendre celle des autres.

L'art s'éteint en même temps que la peur de mourir, le jugement critique s'altère, le goût du monde s'affadit, l'on s'éprend des pages de publicité, de toutes les niaiseries dénuées de pathos, la laideur disparaît en même temps que l'humanité. Tout le monde il est beau. Philippe Léotard, dans un dernier moment de lucidité déclare à Patrick Dewaere, totalement insensible à sa détresse qu'il ne peut pas lui vouloir car on n'en veut pas à une machine.

Ce qui compte désormais pour le flashé, c'est de faire du chiffre, d'être le plus efficace et compétitif possible, quel qu’en soit le prix pour les autres. Les perdants sont responsables de leurs échecs. La ligne droite, plus que les détours, dirige tous ces comportements et ce, jusqu'au meurtre. Le sur-homme nietzschéen ? Un peu en effet. Surtout ce dérèglement social condamne l'humanisme, décidément espèce en voie de disparition dans l'univers post-moderne.

Marrant comment cette angoisse du futur engendre autant de films d'anticipation tellement hargneux. On sent bien là la peur de la mécanisation de la société, la perte des repères dans le travail comme dans les rapports sociaux. Les plaisirs sont identiques, ordonnés, bien rangés, lisses, sans débordements, en un mot : inoffensifs pour le groupe. Le standard fait loi pour tous, l'individu flashé est mouton de panurge, consentant, promulguant la tonte avec allégresse, il l'anticipe même, désincarné, comme “eugénisé” du cervelet, inerte jusque dans les gênes de sa progéniture promise à l'innocence flashée dès la naissance.

Le simplisme des flashés abrutis par l'absence de réflexion montre bien que l'intelligence est une conception très complexe dans laquelle la peur de mourir et la socialisation ont leurs parts essentielles. C'est là peut-être la démonstration la plus éclatante de ce film.

Mais paradoxalement, il affiche aussi sa nature à la fois farceuse et un brin hédoniste avec une implacable insistance. Certes, la sexualité existe malgré tout, très libre, mais dénuée de passion, encore une fois. Machinale. Quand j'évoque la farce, je devrais plutôt parler d'ironie, ce serait plus juste. On voit bien la teinte d'humour très noir, flirtant elle-même entre complaisance et cynisme. Ambiguë. Mais au final, cela fonctionne parfaitement, horrible, drôle et futé, le film reste bien balancé.

Le mérite de cet exploit en revient sans doute autant à la mise en scène très nette, propre, un peu froide même, de Jessua (peut-être pas aussi glacée que les tee-shirts Lacoste et la coupe de cheveux Neuilly de Patrick Dewaere) qu'à la direction de jeu des acteurs. Le film semble leur laisser une belle liberté.

Il est couillument serti d'une épatante brochette de comédiens charpentés. Le dernier plan est une dédicace à Patrick Dewaere, suicidé peu de temps après le tournage. Cette mort répondant bien évidemment à une histoire personnelle tortueuse, mais 'tain, comment s'empêcher de faire le lien avec le thème de Paradis pour tous ? Diction, regard, prestance sont chez cet acteur d'une inévitable justesse, sans maquillage, ni forfaiture, un jeu à fleur de peau, frémissant de beauté.

Je suis un peu moins fan de Fanny Cottençon, si ce n'est de sa voix éraillée et sexy. J'ai un peu de mal à suivre la comédienne sur chaque scène, notamment les hystériques. Je l’aimais bien dans ces petites comédies des années 80, mais ici, j’ai un peu plus de mal.

Philippe Léotard m'étonne, me séduit et finit par m'impressionner avec force. Pour Stéphane Audran, c'est bien simple, j'ai les yeux pleins d'étoiles, une admiration sans borne. Par bien des aspects cette femme est extraordinaire. Elle dépasse mon entendement.

Jacques Dutronc est beaucoup plus insaisissable. Pas sûr que je sois capable sur ce film de bien apprécier son jeu.

Paradis pour tous est un film d'anticipation porté par une certaine terreur d'après 30 Glorieuses ou la part de désenchantement qui est propre aux années 70. Daté de 1982, le film est marqué par son époque et explicite beaucoup plus de non-dits sur cette fin de siècle que bien d'autres productions de ces années-là. Il le fait au scalpel, sans détour, net et précis, tout en sachant garder un mordant jubilatoire et délectable.

Anecdotes :

  • Le 6 juillet 1982, soit un mois avant la sortie du film, Patrick Dewaere mettait fin à ses jours.

  • Philippe Léotard raconte : "Sur le tournage de Paradis pour tous, Patrick m'a dit un jour, de but en blanc : "Dans un an, tu auras tous mes rôles : je serai mort." J'ai pris ça à la légère, Patrick avait de l'humour, noir parfois, mais ce n'était pour moi qu'une boutade... Et puis, quelques semaines plus tard, au moment de la postsynchronisation du film, nous nous sommes retrouvés en studio. Il se tenait devant son micro, consciencieux comme d'habitude, très pro. C'était une semaine avant sa mort. Sans m'annoncer, je m'approche derrière lui, et je lui donne une bonne tape sur l'épaule, en lui lâchant : "Alors, vieux ! T'es pas encore flingué ?"" Et une semaine après Patrick se tirait une balle dans la tête. Philippe Léotard s’est senti coupable et il a fallu beaucoup de générosité et de patience à Mado, la mère de Patrick Dewaere pour consoler et rassurer Philippe Léotard.

  • Alain Jessua est allé voir Patrick Dewaere sur le tournage de Mille milliards de dollars et l’idée du film a aussitôt séduit Dewaere. Même si l’entourage de l’acteur évoque la raison pécuniaire dans les motivations de Dewaere pour faire ce film, bien évidemment qu’il est fasciné par cette histoire de dépressif devenu cynique après son flashage. L’acteur confie qu’il y a dans ce scénario “beaucoup de choses qui me tiennent à cœur. C’est un film d’horreur mental”. Cet univers est aux antipodes de la production bien-pensante de l’époque.

  • A ce moment-là, Patrick Dewaere est dans une impasse, a atteint un point de non-retour, tant sur le plan personnel et existentiel que sur le plan professionnel. Il a du mal à accepter les faux semblants, les petites hypocrisies du métier. De fait, il acquiert très vite une image rugueuse d’emmerdeur sur les plateaux.

  • Le tournage a été difficile, avec une ambiance peu enthousiasmante. Notamment la relation entre Alain Jessua et Patrick Dewaere se détériore très vite. Patrick Dewaere ne trouve pas la confiance et l’estime qu’il a pu avoir pour Alain Corneau, Bertrand Blier ou Claude Sautet. L’assistant réalisateur Pierre Boffety estime qu’il “régnait sur ce film une atmosphère pourrie. Il y avait peu d’affinités entre Dewaere et Jessua. Ni entre les comédiens, d'ailleurs.”

  • Dans la distribution, Philippe Léotard est tombé dans la drogue. Ce dernier assume moins ses nuits déjantées que Dewaere. La production a même dépêché une sorte de surveillant pour le ramener chez lui après les prises. Pierre Boffety d’expliquer : “Le gamin est devenu un tox en 48h”. Le jeu de Léotard s’en ressent. Encore en forme le matin, il devient déplorable le soir, au grand dam de Jessua et de Dewaere, très pointilleux sur la rigueur professionnelle pendant un tournage. Il s’agace.

  • Alain Jessua parlait mal aux acteurs. Dewaere s’en accommode, disant qu’il était fou et qu’on ne parle pas à un fou.

  • Le tournage a pris du retard et s’est déroulé sur 14 semaines au lieu des 8 prévues. Pas uniquement à cause de Léotard mais plus sûrement de la mauvaise gestion (managment dirait-on aujourd’hui) des techniciens avec qui Alain Jessua s’embrouillait souvent.

  • Le film a été éreinté par la critique, quasi unanime à dénoncer la concomitance douteuse entre le sujet et la mort du comédien principal.

  • Le film n’eut pas un succès considérable, mais n’a pas du tout à rougir de presque 600.000 entrées en France, un score tout à fait honorable.

  • Stéphane Audran a été nommée aux Césars 1983 pour celui de meilleure actrice dans un second rôle. Malheureusement pour elle, elle ne l’obtint pas.

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Pour cent briques, t'as plus rien... (1982)La Boum 2 (1982)

Comédies françaises Années 80

Les diplômés du dernier rang (1982) par Sébastien Raymond


LES DIPLÔMÉS DU DERNIER RANG (1982)

Résumé :

Des étudiants de l’IDEP, institut de droit et d’études politiques, passent le plus clair de leur temps à faire autre chose qu’étudier : entre la débrouillardise du fainéant et la recherche hédoniste du bon temps, il ne reste que peu de place pour le travail scolaire en effet. La réputation de l’établissement s’en ressent, au grand dam de son directeur.

Critique :

Ce petit film n'a jamais eu l'heur de remuer les foules en bien comme en mal. Du moins est-ce l'impression que j'ai. Ni objet de culte, ni non plus vilipendé, le film se tient une réputation de sous "sous-doués" alors qu'il en est l'exacte copie. Ni meilleur ni pire, il suit le même cours, la même structure. Les mêmes ingrédients sont utilisés sans vergogne.

Il n'y a pas jusqu'à la musique d'Olivier Dassault qui semble directement extraite de la bande son des sous-doués. Les mêmes élèves pas sérieux, queutards mais en fin de compte assez brillants pour concevoir les blagues de potache les plus extravagantes, font les 400 coups, les 400 gags devrais-je dire, pour remplir les vides laissés par un scénario exempt de toute originalité. Le problème du film vient essentiellement de là, du fait que les sous-doués, charlots et autres bidasses ont déjà fait exploser le box-office de la fin des années 70 et le début des années 80.

Mais ce manque d'originalité ne doit pas non plus masquer le simple plaisir, puéril, peut-être, certes, inconvenant, sûrement, qu'on éprouve à voir Michel Galabru faire ses grimaces, Marie Laforêt mimer la grande bourgeoise cool ou d'autres comédiens faire leur numéro. Il y en a quelques-uns qu'on n'a pas beaucoup revu depuis ce film, comme Philippe Manesse (sauf dans un Kieslowski) ou Patrice Minet et qui ne sont pas sans apporter une plus-value comique à ce film. 

D'autres faisaient leur classe et ont bien du mal à cacher la pauvreté de leur jeu, je pense ici à Patrick Bruel, encore un peu frêle sur ce point à ce moment-là. Étonnamment mauvais comme un pou ici, heureusement pour lui il s'étoffera par la suite.

Il n'en demeure pas moins que cette grosse blague sur pellicule affiche une irrévérence, un peu forcée parfois c'est vrai, m'enfin, entre toutes les petites bouses du genre que le ciné français a osé produire durant ces années-là, je confesse que j'ai nourri une sorte d'addiction, calmée depuis avec l'âge, mais qui s'est muée en une simple affection, imprégnée sans doute d'une bonne dose de nostalgie. Et donc je l'ai revu encore une fois avec plaisir. Et c’est-y pas là madame le plus important? 

S'il y a bien un truc qui m'échappe complètement, c'est que le film soit écrit et réalisé par Christian Gion. Il s'agit d'un cinéaste déroutant capable du bon et du pire, un cinéaste que j'aime bien par ailleurs quand il fait Le pion ou Le provincial et qui m'irrite quand il pond Sup de fric ou Le bourreau des cœurs. Ses bons scénarii ne sont pas sans une jolie part de poésie. Ces films laissent deviner une grande tendresse pour ses personnages, un peu effacés, très simples, naturellement humains. Ses films font alors preuve de délicatesse, un peu décalés par leur naïveté excessive.

Or, avec ces diplômés, on est quand même très loin de cette douceur. C'est au contraire brut de décoffrage, grossier, un peu lourdaud tout de même. Oh certes, le film n'est pas méchant, mais il est juste rigolard, ce qui ne ressemble pas tellement à ses meilleurs films. Ou peut-être que je suis mal luné aujourd’hui pour avoir un juste ressenti ?

Anecdotes :

  • Ce n’est pas le seul film du genre “film de potache” dans lequel on peut voir évoluer Patrick Bruel. En effet, trois ans plus tard, il viendra compléter la distribution de P.R.O.F.S où cette fois ce sont les profs qui jouent les “cancres”.

  • De même, Michel Galabru est un habitué du genre. Outre ce film-ci, il a joué dans Le pion (1978) déjà de Christian Gion, dans Les sous-doués passent le bac (1980) et dans Le bahut va craquer (1982).

Séquences cultes :

Elles sont mal foutues mes courbes ?

Examens oraux

Si vous recommencez, ça va aller mal !

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Ma femme s'appelle reviens (1982)Ca va faire mal (1982)

Comédies françaises Années 80

Les Sous-doués en vacances (1982) par Sébastien Raymond


LES SOUS-DOUÉS EN VACANCES (1982)

Résumé :

Alors que Bébel se fait larguer par sa copine à l’aéroport, Claudine se fait avoir par sa soeur jumelle qui part aux Seychelles avec son propre copain. Les vacances commencent mal pour nos éconduits. Ils se rencontrent lors d’un concours de “love machine” organisé par Paul Memphis, un chanteur crooner et célèbre séducteur. Ce dernier entend conquérir la belle Claudine, aux yeux et à la barbe de Bébel. La lutte commence à St Tropez où tout ce petit monde a décidé de passer le reste des vacances.

Critique :

Hé oui, c'est le temps des vacances. Et le nain de la famille, du haut de ses 9 ans a décidé de revoir Les sous-doués. Et m'a donc fait comprendre que voir la suite aurait quelque logique et qu'il fallait au plus tôt mettre la main dessus. Comme cela faisait longtemps que je ne l'avais vu, j'ai accepté la mission.

J'ai toujours eu une certaine affection pour le premier. Je sais que beaucoup en éprouvent également pour ce second volet, mais cela n'a jamais été mon cas. Cela ne l'est toujours pas.

Oh, j'ai aimé revoir tous ces acteurs. Les trombinoscopes sont mon petit kif perso. Et en effet, il y a là quelques acteurs pas mauvais qu'il est au moins agréable de revoir, même dans un navet.

Ce n'est pas un film que je reverrai avec un grand plaisir tous les ans, mais je peux comprendre que d'aucuns aient noué des liens avec cette pochade estivale : la plage, le soleil, les cigales, les nichons et culs aérés, les gags éculés qui s'accumulent et on a là un petit spectacle qui ne fait pas mal à la tête et fait rire les enfants. Ce n'est pas très bien fichu, ni très bien écrit, les incohérences marchant sur les pieds des lourdeurs les plus pachydermiques, mais au final, ce petit navet peut avoir le goût du rosé. Voilà, c'est comme du rosé, avec deux rondelles de sauciflard. Ce n’est pas très bon, mais ça va bien avec la chaleur et la période transat et tongs, tête vide, farniente. Ce n'est pas méchant, c'est du plaisir bas prix, discount.

Le scénario essaie de se développer sur un fil rouge, conducteur, une histoire d'amour, mais fondamentalement il peine à cacher sa structure agglomérante. Il n'est en fait qu'une série de sketchs, de gags plus ou moins drôles, très simplistes et surtout sans aucune originalité, un peu vulgaire même. Peut-on avoir un film plus fin avec Didier Kaminka et Michel Fabre aux stylos ?

Non, pour ma pomme, c'est comme souvent le défilé de petits et grands acteurs qui m'a le plus réjoui. Quand il n'y a que ça à se mettre sous la rétine, on est loin de l'orgasme. Mais comme il m'arrive d'aimer presque maladivement des petites bouses cinématographiques sous ce prétexte, je n'aurais pas de problème à comprendre que certains se complaisent à voir et revoir ce film. Je ne sais pas bien sur quel autre critère ils pourraient s'appuyer.

Le casting ? Pour ma part je retiens avant tout Daniel Auteuil et Guy Marchand. Pas sûr pour l'un comme pour l'autre qu'ils aient pris énormément de plaisir à jouer dans ce film, leurs rôles étant pour le moins médiocres. M'enfin, sans se prendre au sérieux, ils assurent le minimum syndical.

Encore une fois, je trouve décevante Grace de Capitani et ne comprends pas l'engouement qu'elle a réellement suscité pendant quelques années dans le cinéma français. Il y a bien Hubert Deschamps, mais son rôle est assez décevant, pas drôle sur la longueur, une trop grosse caricature.

La musique ? Gros mystère ! Elle est franchement mauvaise et ô surprise, signée par le grand Vladimir Cosma. Pauvre de lui. Il n'en demeure pas moins que le film donne à Guy Marchand l'occasion d'entrer dans l'histoire de la géniale chanson merdique avec Destinée.

L'esthétique années 80 made in France ? C'est vrai que le film est grandiloquent sur ce point. La comédie de plage par excellence ? Possible. Quoiqu'il en soit, le numéro deux des sous-doués reste en deçà de son prédécesseur. La suite estivale ne réussit pas à garder la fraîcheur et la jeunesse du premier, à mon sens uniquement, je sais. Ce n’est pas un mauvais film, pas insupportable, loin de là. Allez, on va dire moyen moins.

Anecdotes :

  • Le premier film, Les sous-doués, a été réintitulé Les sous-doués passent le bac à cause de cette suite, pour bien marquer la distinction entre les deux.

  • Le premier film s’achevait sur des retrouvailles entre les élèves, dix années après l’obtention de leur bac. Ici, ils sont censés juste avoir obtenu leur diplôme. Par conséquent, difficile de parler de suite. On peut donc définir ce deuxième film comme un “midquel”, une histoire s’insérant dans le récit originel du premier film. A l’image des deux fausses suites dans la trilogie de la “Septième compagnie”.

  • On notera toutefois la présence d’acteurs de la distribution du premier film, mais dans des rôles totalement différents : Hubert Deschamps était professeur dans le premier film, il est ici chirurgien ; Dominique Hulin était prof de sport baraqué, il est devenu ici garde du corps, toujours baraqué, de Gérard Lenorman ; Hélène Dublin, fille de Claude Zidi était une élève, Sarah, elle devient hôtesse de l’air sous le nom d’actrice Hélène Zidi cette fois.

  • Ne m’estimez pas la portée de Destinée chantée par Guy Marchand. La chanson écrite par Philippe Adler et composée par Vladimir Cosma eut un succès retentissant, planétaire. A la plus grande surprise et incompréhension de Guy Marchand. De plus, elle fut utilisée également dans Le père noël est une ordure la même année (1982). Elle parodie la chanson d’Hervé Vilard Nous, grand succès de 1978. Guy Marchand voulait se moquer de la tendance synthétique de la musique d’alors. Il n’a jamais intégré cette chanson dans ses propres compilations par exemple, car il se considérait comme un véritable jazzman et ne tenait pas Destinée en assez haute estime.

  • La scène pendant laquelle Charlotte de Turckeim et Grace de Capitani dansent ensemble, en attendant l’arrivée de Guy Marchand fait musicalement référence à Je suis timide mais je me soigne, film déjà orchestré par Vladimir Cosma. Cet emprunt n’est pas le seul : la musique du requin avait déjà été composée et utilisée par Vladimir Cosma dans La course à l’échalote (1975).

  • Avec un bon oeil et un peu de chance, vous noterez la présence parmi les figurantes de Sandrine Bonnaire.

Séquences cultes :

C'est toujours ceux qui ne foutent rien qui se permettent de critiquer

Accroche-toi petit, on va faire un tour !

Un requin

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