Pour cent briques, t'as plus rien... (1982) par Sébastien Raymond Résumé : Deux copains vivent chichement dans un appartement jusqu’au jour où l’un d’eux est licencié. Ils réussissent à se faire héberger par une petite amie. L’idée de commettre un hold-up se fait de plus en plus claire. Mûrement réfléchie, elle laisse place à la préparation et à l’exécution, mais le plan dérape... Critique : Plus jeune, j'adorais ce film. Il me mettait aisément en joie. Revu il y a un an ou deux, j’étais resté tristement sur ma faim. Et aujourd’hui j’ai pris à nouveau un grand plaisir à suivre ces aventures improbables. J'essaie de comprendre. Le film n'est pas foncièrement drôle en fait. Les dialogues ne le sont que très rarement d'ailleurs. J'aime bien une réplique de Gérard Jugnot lorsque les gros bras sous les ordres d'un huissier vident l'appartement qu'il partage avec Daniel Auteuil et qu'ils embarquent le téléviseur : "Qu'est-ce qu'on va devenir sans télé ?" Mais c'est bien tout finalement. Oh, il y a bien quelques répliques très rapides qui fusent entre les personnages et mettent un peu de sel dans leur relation. Mais on n’est ni dans de l’Audiard, ni même dans du Splendid, malgré les apparences. Ce qui m’a toujours plu, jadis comme maintenant, c'est surtout la deuxième partie, le braquage de la banque, complètement absurde et déjanté. Aujourd'hui, les effets de mise en scène comique altèrent un peu trop la crédibilité du tout. On en voit aisément les défauts, alors qu’il vaut mieux voir le film comme une grosse farce qui n'avait que faire de sa crédibilité. Pourquoi raisonner devant pareille pantalonnade ? Ça n'a pas de sens et se nourrit d'autre chose : j’ai donc pu bêtement me gâcher le plaisir. Tiré d'une pièce de théâtre à succès signée Didier Kaminka, auteur inégal capable du meilleur comme du pire, le film présente donc deux parties très distinctes. La première introduit les personnages et les événements qui les amènent à braquer une banque. La seconde partie déroule la prise d'otages et la résolution de l’holdup. Un petit épilogue vient conclure le film sur une note ensoleillée. On n'est jamais dans le burlesque comme l'affiche pourrait le laisser entendre, point de gags à la "Charlots" ou "De Funès" mais bien plutôt un comique de situations, avec en sus un duo de personnalités opposées. Daniel Auteuil joue ce personnage auquel son début de carrière semblait l'attacher (Les sous-doués, T'empêches tout le monde de dormir, etc.), un homme à qui rien ne résiste, ni les femmes, ni les emmerdes. Il se sort de toutes les situations avec un optimisme que sa jeunesse paraît lui insuffler tout naturellement, avec une fougue, une adresse, un sourire et une joie de vivre qui fait des envieux, en premier lieu les plus démunis en ces matières, notamment Gérard Jugnot. Celui-là n'est pas séducteur pour deux sous. Sa moustache et son embonpoint en font un loser patenté. De ce contraste saisissant naît le sourire : les deux font la paire, d'amis indéfectibles, pour la vie. Cela donne quelques situations cocasses et savoureuses. J'aime toujours autant l'air satisfait de lui-même qu'arbore Auteuil, le corps ruisselant de sueur après avoir buriné vaillamment sa compagne pour la convaincre de continuer à les héberger malgré le souk qu'ils ont mis dans son appartement afin de préparer leur hold-up. Situation immorale à souhait. C'est sans doute ce qui me fait le plus rire dans ce duo. Un humour un brin cynique mais jamais vraiment méchant encore que l'histoire dans laquelle Elisa Servier se fourvoie est tout de même cruelle. Mais l'époque prend de plein fouet la crise économique. Pour 100 briques, en effet, t'as plus rien en 1982, si ce n'est hausse des prix et du nombre de chômeurs. Les temps sont durs et poussent nos héros à des attitudes extrêmes. La première partie est un peu cynique donc, un peu grisée par la réalité sociale difficile. Le film a des airs de "Viens chez moi j'habite chez une copine". Les dialogues en moins et la férocité plus domestiquée. La deuxième partie tourne à l'absurde, au délire qui suit une idée gentiment rigolote : les braqueurs font ami-ami avec les otages et partagent la rançon. C’est la trame théâtrale de la pièce d’origine bien entendu. Comme la situation dérape dans le non-sens et la joie de vivre, on a le sentiment que les soucis s'envolent, n'ont plus de poids. Les personnages s'émerveillent de la situation et plus rien ne peut leur arriver. Une grande bouffée d'air frais que le soleil et les plages antillaises de l'épilogue paraissent transformer en alizé. C'est léger comme idée, mais le scénario s'y tient et tire le fil jusqu'à l'épuisement. On notera cependant qu'à la différence de certaines comédies françaises contemporaines, les comédiens jouent très bien, jusqu'à certains seconds rôles. Auteuil et Jugnot sont très bons, justes, impeccables. J'aime beaucoup Elisa Servier. Quelle belle femme ! Quelle belle voix ! Une de ces actrices qui ont agité mes nuits adolescentes… Et François Perrot, un acteur à l'aspect très rigide et à la voix mémorable. Je suis un peu réservé sur Anémone qui est parfaite dès lors qu'on ne lui demande pas de composer un rôle, quelque chose d'éloigné de sa personnalité (dans ce film du moins). Dans les petits rôles on aperçoit la présence pectorale d'Isabelle Mergault dont les rares tirades semblent hésitantes et celle du gorille émotif Jean-Pierre Castaldi dont le rôle n'a rien d'insurmontable non plus. Et remarquez le soin pris par Edouard Molinaro à dessaper les donzelles -et Jugnot, cherchez l'intrus- dès que l'occasion fait le larron. Sacripant ! Bref, une petite comédie française qui tient par je ne sais quel miracle -le terme est un peu fort- mais qui semble se décomposer ou se recomposer avec le temps chez moi, selon l’humeur. Sur la longueur, le sentiment le plus fort et qui résiste le mieux au temps, c’est l’affection pour cette troupe, ces personnages incongrus et sympathiques, pour le rêve enfantin qui sous-tend la trame, celle d’une évasion, facile, légère, sans heurt, d’une société pourtant de plus en plus cruelle. Anecdotes :
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Le cadeau (1982) par Sébastien Raymond Résumé : Grégoire part à la retraite. Pour cadeau de départ, sans rien lui dire, ses collègues ont l’idée de lui mettre dans les bras une prostituée de luxe. Grégoire prend le train pour Milan et rencontre donc une très belle femme qui ne semble pas insensible à ses charmes. Elle parvient même à le convaincre de la suivre jusqu’à Venise… Critique : À l'heure d'écrire ma bafouille sur ce film de Michel Lang, je ne sais trop par quoi commencer. Celui-ci me laisse une drôle d'impression. Fut un temps, quand j'étais gamin, je voyais ces films comme autant de petites comédies franchouilles à peu près dénuées d'intérêt réel. Aujourd'hui, je me rends compte que même si elles n'inventent rien, au moins étaient-elles bien ancrées dans leur temps et racontent-elles maintenant une part de cette époque révolue. Ce "cadeau" n'est pas un grand film, mais il possède deux ou trois atouts qui font qu'à l'occasion j'aime à m'y fondre à nouveau. Ce qui arrive quelques fois sur deux ou trois films de Michel Lang. Le premier élément non négligeable, c'est la distribution. Trois acteurs dominent et soutiennent tout l'échafaudage. Le premier est pour moi un géant : Pierre Mondy. Acteur multiple, ayant tout joué, classique et comédie populaire, ciné, théâtre, télé, il est surtout un comédien très aimé, populaire, avec tout ce que cela suscite de mépris pour l'intellectuel de base à qui ça ferait mal à l'égo d'avouer se confondre avec la masse laborieuse. Acteur plébéien, il n'en était pas moins très talentueux et possédait un jeu formidablement précis, tellement bien rythmé (pas étonnant qu'il ait barboté avec autant d'aisance dans le registre comique), à la justesse jamais démentie. Je ne l'ai personnellement jamais vu pris en défaut, en flagrant délit de sur-jeu, d'effet de manche grossier. Un très grand. Je ne connais rien de sa vie, de sa vision des choses, je ne sais pourquoi il a accepté de jouer dans des comédies moyennes comme celle-ci (et quelques médiocres), si c'est une question d'argent, d’ego ou d'amitié. Quoiqu'il en soit, sa carrière est truffée de petites pépites et parfois, dans des films passables comme ce cadeau, restent des scènes touchantes, drôles qu'on a envie de revoir. C'est sans doute ce qui explique que j'aime à voir et revoir des films avec Pierre Mondy. Il est un très grand monsieur du cinéma au même titre que Michel Galabru par exemple ou Michel Serrault eux-mêmes très longtemps méprisés, mais qui ont connu une carrière plus diversifiée en prenant de l'âge. Je le place volontiers du côté des Jean Rochefort ou Philippe Noiret. Quel regret de ne pas avoir vu Pierre Mondy chez Tavernier ou Sautet, c'eut été le paradis du jeu ! Ici Pierre Mondy joue ce même personnage qu'il a joué mille fois : le français moyen, avec ses petites habitudes, sa petite routine bourgeoise, ses ambitions mesurées, son humilité quotidienne et qui se voit bouleversé dans son statut par une série d'événements dont le plus important a pour nom Clio Goldsmith, j'y reviendrai plus tard. Le deuxième grand comédien est une femme, et qu'elle femme ! Claudia Cardinale ! Elle, elle n'eut pas à souffrir des mêmes tracas d'image. Elle peut se permettre de jouer dans un film de Michel Lang, elle reste La Cardinale ! Âgée à l'époque d'une bonne cinquantaine d'années, elle a du mal à cacher toute la "cardinalité", la beauté irradiante de son charme. Elle joue une mère de famille quelque peu oubliée par son époux. Tous deux se sont en quelque sorte assoupis sur leur vie. Ils s'endorment doucement vers la retraite pépère et peu palpitante. La présence de Claudia Cardinale dans ce rôle apparaît comme incongrue. Mais la production ne pouvait rêver meilleur choix. L'actrice apporte énormément dans le dernier quart du film, de la sensualité, de l'émotion. Elle est extraordinaire à tout point de vue. J'ai un peu hésité à évoquer un trio de tête pour les comédiens. Pourtant, Jacques François est un second couteau de première bourre, si vous me passez l'expression, dans le cinéma français. Mais je crois qu'il mérite d'être mis en valeur. Après une première partie de carrière que je connais mal, où il semble avoir eu quelques succès d'estime en tant que "jeune premier", il a passé la seconde partie, comme Pierre Mondy, à se cantonner grosso modo à un seul type de rôle, celui du grand bourgeois un peu salop, guindé, coincé dans un cadre moral de façade. Ici, il est un banquier, patron à la perruque agitée, qui essaye de se payer une petite jeunette à Venise. A ce propos, c'est là que le bât commence à blesser sérieusement : son histoire paraît un peu de façon artificielle, en parallèle à celle de Mondy. Le lien n'est pas aussi bien ficelé qu'il le faudrait entre les deux. Dès lors, s'insinue un léger malaise que viennent renforcer les gags lourdingues de portes qui claquent, de vaudeville dans les chambres d'hôtels vénitiens, de toupet volatile, etc. Tout ce qui tourne autour de ce personnage n'est pas des plus réjouissants et ne vient en fait que pour mettre un peu en valeur le personnage de Pierre Mondy sur la fin, de façon à ce qu'il ne passe pas tout à fait pour un loser. C'est bien dommage. On aurait dû s'appuyer uniquement sur l'enjeu conjugal Mondy/Cardinale. Tout le reste, la banque, l'émir, la perruque, le fils et son hystérique petite amie, on s'en cogne, cela n'apporte que du bruit, ça alourdit toute la machine. Le trio Mondy/Cardinale/Goldsmith, bien que triangle traditionnel et donc par certains aspects éculés, suffirait amplement. Clio Goldsmith, parlons-en ! Je ne l'ai pas insérée dans le trio de tête, non parce qu'elle serait mauvaise, mais disons qu'elle est moins éclatante. Très belle, racée, sa présence reste unidimensionnelle quand les trois apportent indéniablement quelque chose d'autre. Clio Goldsmith est une actrice qu'on a pu voir souvent dans les années 80 et qui, peu à peu, s'est évanouie. Je ne sais pas pourquoi. Son jeu, sans être excellent, n'en demeure pas moins correct. Mais peut-être qu'à jouer toujours sur le registre plastique, les productions s'en sont lassés (cruauté à laquelle peu de comédiennes échappent). On notera également la courte participation de Henri Guybet, autre figure récurrente de ce cinéma français des années 70/80, autre acteur fort populaire. Dans le rôle du fils, Rémi Laurent est un comédien qui a disparu très tôt. On le voit surtout dans ce genre de films de l'époque, et puis piouf, le sida a fait son sale boulot ! Et pour finir, Cécile Magnet une actrice que je ne connais que par ce film. Sa diction geignarde et son personnage très tarte sont un peu lassants. Pas simple de jouer ça : une tête à claque qui chouine en permanence, un rôle casse gueule par excellence ! Pour résumer : un film à voir pour le velouté Pierre Mondy (rond comme un bon Sauternes), la savoureuse Claudia Cardinale et éventuellement, pour Jacques François. Anecdotes :
Séquences cultes : Auf Wiedersehen Je vais pas lui parler de mon PEL Tu crois que j'allais faire des orgies avec un imbécile qui bégaie ? |
Psy (1981) par Alexis06 Résumé : Marc a des problèmes de couple avec son amie actuelle : Colette. De plus, il essaye de monter une affaire de psychothérapie de groupe, mais qui n'a pas beaucoup de clients. Un jour, il reçoit la visite de son ex, Marlène, qui lui demande de l'aide. Elle est avec Bob pour lequel elle avait quitté Marc, et son petit ami actuel, Jo, avec qui elle a braqué une banque, doit débarquer également. Empoisonnants au possible, tout ce beau monde fini par partir en cavale, Marc se rend alors compte d'une chose évidente : il est amoureux de Colette. Et réciproquement. Critique : Film du début des années 80, celui-ci dégage pourtant une énorme ambiance soixante huitard, avec la liberté sexuelle (entres autres choses, etc.). Réalisé par Philippe De Broca (L'Homme de Rio, Le Magnifique, Tendre Poulet) un spécialiste de la comédie française. Malheureusement, ici, ça ne prend pas et on s'ennuie rapidement. On retrouve cette fois-ci aux côtés de Patrick Dewaere : Michel Creton (Les Bronzés, Les Morfalous, Tenue de Soirée) dans le rôle de Bob son ami d'enfance qui lui pique à chaque fois qu'il le rencontre tout ce que possède Marc, Jean-François Stévenin (Le Pont du Nord, Sale Destin, Mona et Moi) le complice de Bob en cavale suite à leur braquage raté, et Jean-Pierre Darroussin (L'Eau Froide, Combien Tu M'aimes ?, Cause Toujours !) qui débutait sa carrière dans le cinéma et joue un client de Marc. Pour les vedettes féminines, c'est la très jolie Anny Duperey (Un éléphant ça trompe énormément, Le Grand Pardon, Germinal) qui incarne Colette la petite amie de Marc. Nous avons également la belle Jennifer qui incarne Marlène, l'empêcheuse de tourner en rond. Et Catherine Frot (Chouchou, Odette Toulemonde, Le Vilain) qui elle aussi débutait sa carrière de comédienne dans le rôle d'une autre cliente de Marc. Le film essaye de traiter avec humour les stages de développement personnel, mais malheureusement, ça ne fonctionne pas du tout ! Les situations supposées comiques ne le sont pas et ne décrochent pas de fou rire. Même si on a droit à beaucoup d'extérieurs, et parfois une ou deux jolies scènes à l'écran, le film s'embourbe et traîne rapidement en longueur : on a qu'une hâte qu'il se finisse rapidement. De plus, il fait vraiment très daté par le mobilier et les appareils de l'époque. Malheureusement, il faut s'accrocher pendant 1H35 pour ne pas s'endormir, et on ne peut pas dire que Patrick Dewaere soit à son avantage dans ce film, il surjoue pratiquement du début à la fin de celui-ci. Malgré le fait que le duo Duperey/Dewaere fonctionne bien à l'écran, on en a rapidement marre, tant est que le film ne divertit pas, mais agace plus qu'autre chose avec ses situations ennuyeuses au possible (voir par exemple la scène dans le lac le soir des deux 'clients' de Marc). Et elles sont, hélas, nombreuses ! La musique de Mort Shuman (À nous les petites anglaises, Sex O'Clock USA, L'Hôtel de la Plage) très douce ne relève vraiment pas ce qu'il y a à l'écran et ne restera pas gravée dans la mémoire collective avec sa saveur de 'Flowers Power'. Le film ne marchera pas bien avec à peine plus de 640 milles entrés en France. Personnellement, je ne vous conseillerai pas de l'avoir absolument dans votre vidéothèque de Dewaere. Anecdotes :
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Les babas cool (1981) par Sébastien Raymond Résumé : Antoine représentant de commerce tombe en panne dans le sud de la France. Dans la campagne, il trouve refuge auprès d’une communauté hippie isolée. Surtout il y rencontre Aline, une jeune femme très libérée et très attirante. En froid avec son épouse, Antoine décide de revenir plus tard pour passer plus de temps avec Aline. Critique : J'aime bien ce film, malgré des défauts certains. Commençons par celui du rythme. En effet, je ne sais trop pourquoi, s’il s'agit du montage ou du scénario, mais j’ai la nette impression à chaque revoyure que le film pâtit de plusieurs changements de rythme, de ruptures trop brutales. D’abord très doux, l'intrigue installe la situation idyllique. Normal. Puis, la présentation plus précise des nombreux personnages de la communauté, avec les interactions plus complexes paraît se jouer sur un tempo plus erratique et à la fin, on a un emballement qui correspond à l’explosion hystérique finale. Tout cela semble logique, sensé. Néanmoins, quand on revoit le film, l'impression que l'histoire ne maîtrise pas ses différents temps se renforce de façon plutôt désagréable. On a la sensation qu'il manque un truc, une pièce dans la machine pour lui donner du liant. Mais que c'est dur de voir en quoi cela n'est pas abouti ! C’est paradoxal : le récit suit son fil logique naturel. Je connais quelqu'un, un poil baba lui-même un temps, qui ne supporte pas le regard posé par le film sur cet univers. Évidemment, ce regard est très cruel : en gros, la communauté décrite ici ressemble à un monde d’éclopés, de névrosés en tout genre et surtout bouffi d’hypocrisies. Malgré tout, je n'arrive pas à être en total accord avec cela. Je ne suis pas certain que le film soit aussi critique qu’il s’en donne l’air. Certes, a priori il est moqueur et méchant. Mais au fond, les personnages sont dépeints bien souvent avec chaleur et bienveillance. Ceux qui gravitent en dehors de la communauté baba, à commencer par celui de Christian Clavier, ne sont pas mieux lotis en matière d'hypocrisie ou de psychologie branlante. Aussi peut-il être lu comme une dénonciation de la vision angélique du mouvement baba, au même titre que celle de la société traditionnelle, bourgeoise et de consommation que les babas essaient de fuir. Comme le film tire dans toutes les directions, le procès qui peut lui être fait d'être injuste n’est pas légitime. Surtout, je n'ai pas l'impression qu’il y ait une véritable agressivité à l'égard des personnages. On se moque certes, mais cela reste en fin de compte d’une méchanceté “douce”. Je reste persuadé que les comédiens, comme les scénaristes éprouvent quelque affection pour leurs personnages. La réalisation très neutre de François Leterrier confirme ce sentiment. De même que l'habillage musical guilleret, délicat en adéquation avec le thème. J'ai un petit faible pour le riz complet de Nino Ferrer qui me met en joie dès le générique et la chanson sur James Dean de Martin Lamotte que chante Patrick Fierry à deux reprises, mélancolique et entêtante. Revoir régulièrement une partie de la troupe du Splendid me procure beaucoup de plaisir. En-deçà des deux bronzés et du père noël, ce babas cool est tout de même un rendez-vous agréable, grâce notamment à ses acteurs. Christian Clavier dont on a à juste titre critiqué l'évolution de jeu à un certain moment de sa carrière (une hystérisation à la “De Funès” pas toujours maîtrisée) est ici formidable de justesse. Une sobriété qui sert un personnage falot, un poil paumé, sans doute un peu cynique et méchant, finalement victime de ses errements, comme les autres. Anémone, Marie-Anne Chazel, Philippe Léotard et Martin Lamotte sont certainement ceux qui tirent également le meilleur parti de ce scénario. Un film plaisir, une gourmandise à croquer de temps en temps par nostalgie aussi. Anecdotes :
Séquences cultes : T'as du feu ? Je t'avais mis dans les 37% Pour des raisons politiques |