SAISON 4 2. Le boulot de ses rêves (The Right Stuff) 4. Les revenants (Guardian Angels) 5. Miroir, miroir (Mirror, mirror) 6. En mission spéciale (Whatever It Takes) 9. Les jeux sont faits (Games) 10. La vérité, rien que la vérité (It's A Wonderful Lie) 11. Celle qui venait du froid (Frozen) 12. Virage à 180° (Don't Ever Change) 13. Trop gentil pour être vrai (No More Mr. Nice Guy) 14. Pour l'amour du soap (Living the Dream) 15. Dans la tête de House... (House's Head) Saison de « transition » entre la première et la seconde équipe, la saison 4 de la série en constitue aussi son apogée. L'inspiration des scénaristes semble sans limite, créant des épisodes poussant le suspense à leur paroxysme, maîtrisant l'humour le plus joyeux, les dialogues les plus crépitants (on rivalise avec les meilleures sitcoms), et se montrant d'une profondeur encore plus abyssale dans les thèmes traités. La grève des scénaristes de 2007 qui toucha de plein fouet plusieurs séries, contraignit la production de ramener le nombre d’épisodes de 24 à 16. Une concision forcée, qui a interdit tout épuisement narratif. La saison 4 se divise en quatre périodes. La première est constituée par le premier épisode (Tout seul) : seul après le départ de son équipe, House frôle un échec retentissant en voulant résoudre un cas sans aide. Il se résigne à avoir une nouvelle équipe et recrute 30 candidats pour les éliminer au fur et à mesure. La deuxième va de l’épisode 4.02 à l’épisode 4.09. Elle décrit l’élimination progressive des candidats jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que 3. Les cas sont de purs miracles d’enquêtes trépidantes et enlevées, couronnées par des jeux de massacre en tous genres grâce aux candidats qui jouent chacun pour soi, et par House qui « s’amuse » avec eux. La troisième période va de l’épisode 4.10 à l’épisode 4.14. Elle se caractérise par la mise en place de l’équipe finalement retenue. La deuxième équipe est très différente de la première, mais sa fraîcheur et son potentiel à s’insérer dans la « dramedy » sera pour beaucoup dans la longévité de la série. L’unique ship de la saison s’y trouve, et sa brièveté concise ainsi que ses aspérités en feront un excellent ship. Enfin, la saison se termine par un double épisode (4.15/4.16) qui compte parmi les plus grands « season finale » de tous les temps. D’une intensité fulgurante, d’une émotion douloureuse, elle achève cette merveilleuse saison par un tonitruant feu d’artifice de désespoir et de noirceur. Une pareille force a été rarement égalée à la télévision. Il n’est pas anodin qu’il soit quasi unanimement déclaré « meilleur épisode de toute la série » non seulement par les fans, mais aussi par les acteurs eux-mêmes ! La foudroyante apothéose finale portera un coup terrible à la série dont elle ne s’en remettra jamais totalement. Cette saison et ce finale forment la consécration ultime du respect de tous les codes que s'est imposé la série dès son départ. A partir des saisons suivantes, elle n’arrivera plus à respecter toutes les nombreuses règles du cahier des charges. Pour éviter l’immobilisme, elle injectera des éléments étrangers à son univers, perturbant sa qualité. A cause de cela, la seconde moitié de la série est moins bien considérée que sa première. C'est un jugement pourtant hâtif, car les quatre dernières saisons se rattraperont sur un terrain audacieux : la psychologie. Davantage que la saison précédente, c’est bien une page entière qui se tourne pour Dr.House. Mais en attendant, plongez dans la meilleure saison de la série... Scénario : Peter Blake et David Shore, d'après une histoire de Peter Blake
Réalisation : Deran Sarafian
This will be the longest job interview of your life. I will test you in ways that you will often consider unfair, demeaning, and illegal. And you will often be right. Look to your left. Now look to your right. By the end of six weeks, one of you will be gone. As will 28 more of you. House cependant risque la vie de sa patiente par sa vantardise, et cela inquiète sa patronne. S'ensuit un amusant comique de répétition où Cuddy jure qu’elle n’aidera pas House… pour finalement se raviser et l’assister (rappelant le chantage de House dans Acceptera ou pas ? [saison 3]), avant de rechanger d’avis, puis de revenir l’aider, etc. Lisa Edelstein (toujours aussi affriolante), se surpasse en cyclotymique stressée. Cela culmine lorsqu’elle fait une annonce à tout l’hôpital demandant de ne pas aider House… et que House la piège à son propre jeu ! Aucun doute, on est pas au Cook County ici… Simultanément, Wilson se surpasse en « kidnappant » la guitare de House et reprend tous les gimmicks des kidnappings : voix grave et menaçante au téléphone, lettre anonyme, torture de « l’otage », nouvelles de ce dernier, demande de rançon, tentative de libération... Robert Sean Léonard démontre une fois de plus ses dons de comique avec cette histoire absurde. Les vengeances de House (la telenovela, le cancéreux…) sont tout aussi drôles. On n’oubliera pas non plus une floraison de dialogues percutants. En dépit de tous ses gags, Tout seul est un épisode très sombre par la gravité de son cas principal, obéissant à la recette de la série de toujours mélanger avec un grand équilibre le comique et le tragique. Les maquilleurs de la série n’ont pas perdu la main en métamorphosant une ravissante jeune femme en blessée grave recousue et sanguinolente ! La mise en scène aux tons gris, parfois assez glauque de Deran Sarafian, a tout à fait sa place. Le cas repose sur une succession d’improbabilités de plus en plus énormes, qui seraient burlesques si la situation ne se compliquait pas davantage, jusqu’à distiller un profond malaise. L’épisode nous interroge aussi sur la clé de bien des conflits conjugaux : jusqu’où doit-on accepter de ne pas connaître entièrement son conjoint ? S’il est nécessaire de lui laisser un espace personnel, à partir de quand cet espace met-il en péril le couple ? Ben, à sa grande horreur, voit une autre femme se dessiner devant lui, qui n’est plus la femme qu’il croyait aimer : une femme alcoolo, droguée, dépressive… Les révélations consécutives assomment également la mère de l’intéressée, dépassée par les événements. On notera que comme beaucoup de mères, elle a du mal à approuver les fréquentations de sa progéniture. House trouve là un moyen de confirmer sa célèbre maxime Tout le monde ment ! Et il s’en donne à cœur joie avec une jouissance parfois destabilisante. Conor Dubin en amoureux falot, et Kay Lenz, en mère égarée, sont convaincants en personnes confrontées à l’effondrement de leurs mondes. La scène où House reçoit le soutien inattendu d’une jeune doctoresse (Kathryn Adams, vue dans le finale de la saison 3), clône avoué de Cameron, est également réussie. Nous savons que La série est inégalable quand il s’agit de faire triompher les apparences, mais l'horrible twist final n'en est pas moins un gros coup à l’estomac. Ce cas de plus en plus dément n’est pas sans rappeler celui de House à terre (saison 2) que House résout pareillement par l'application d'un proverbe de son modèle Sherlock Holmes : Lorsque vous avez éliminé l'impossible, tout ce qu'il reste, même si c'est improbable, est forcément la vérité. Le tout se voit couronné par une magnifique discussion avec Cuddy qui remet son employé à sa place et lui expose froidement que les « faiblesses » de ses employés l’auraient paradoxalement aidé. Faire des faiblesses humaines une force, voilà bien l’ultime trait de génie de cet épisode. La fin montre House prêt à commencer son impitoyable sélection de médecins. Sa tirade finale, au-delà du cynisme, nous fait espérer un écrémage sauvage… eh bien, on ne sera pas déçus, parole de fan ! - 2e apparition du Dr.Hourani. 2e et dernière apparition de l'infirmière Imelda (Xhercis Mendez). - Le twist final de l'épisode est en fait inspiré d'un accident arrivé à Grant County, Indiana, en 2006. - La guitare de House est une Flying V 67 à 12000 $. Dans la première scène, il joue des riffs de Van Halen, un groupe de hard-rock-heavy metal réputé pour ses prouesses techniques instrumentales. 2. LE BOULOT DE SES RÊVES Scénario : Doris Egan et Léonard Dick Luckily, violence is not the last resort - extortion is. So go ahead : extort her. Parmi ceux qui émergent du choeur, Chris Taub (Peter Jacobson) n’intervient qu’aux moments les plus critiques, mais il est très compétent. C’est lui qui sauve la situation désespérée à la fin avec une idée hallucinante mais la seule possible. Taub n’a pas peur d’aller loin pour sauver sa patiente, et on voit déjà en lui le docteur plein d’idées mais très posé. Henry Dobson est joué avec une malice désarmante par le grand Carmen Argenziano. Tout comme le Jacob Carter de Stargate SG-1, son personnage est intelligent, qui cache son jeu. La découverte de son secret par House à la toute fin est mémorable, même House reconnaît qu’il y est allé fort ! Ses vannes, ses ruses, et son sang-froid en font un personnage qui sied bien à la série. Lawrence Kutner (Kal Penn) se fait virer par sa maladresse (le coup de l’incendie dans la chambre hyperbare est assez énorme) mais se rattrape in extremis en proposant un traitement à la House tout à fait estomaquant. Son culot d’acier qui le pousse à revenir dans l’amphithéâtre après son renvoi ne manque pas de piquant ! Numéro 13 (Olivia Wilde) étonne par un air monolithique et froid. Si son interprète a un registre encore limité, elle a déjà compris l’ambiance de secrets autour de son personnage (elle est la seule à ne pas vouloir dire son nom), et on sent déjà la femme qui joue sur du velours. Mason (Jonathan Sadowski) est un arriviste qui n’hésite pas à trahir House pour Cuddy pour se faire bien voir de la patronne. Jeffrey Cole, le mormon (Edi Gathegi) est celui qui bénéficie de la partition la plus étendue de l’épisode. Son duel théologique avec House vaut le coup d’œil, où le diagnosticien athée utilise carrément des arguments chrétiens pour le convaincre de boire de l’alcool… pour ensuite les resservir pour défendre la thèse opposée ! House manipulateur des mots, la chose n’est pas nouvelle, mais on marche à chaque fois. Cole est attentif, réfléchi, et sait être souple avec ses croyances, complexifiant son personnage. Mais le postulant le plus frappant, le personnage le plus intéressant de cette saison 4, voire même un des plus intéressants de toute la série, est celle que House va surnommer « l’abominable garce » (cut-throat bitch). J’ai nommé Amber Volakis ! Jouée par une Anne Dudek qui n’hésite pas à enfoncer le clou, elle a le rôle le plus jouissif de la saison, son caractère fait irrésistiblement penser à celui de House. Glaciale, manipulatrice (se débarrassant d'une demi-douzaine de rivaux en 60 secondes chrono), adepte de la délation, hypocrite, elle menace cependant de tomber dans ses propres pièges. Prête à tout pour avoir ce poste, elle n’épargne rien ni personne. Enjoy ! L’épisode séduit également par son côté McGyver : pour ne pas donner satisfaction à Cuddy, House interdit tout examen officiel à la patiente à ses candidats. Du coup, chacun doit déployer des trésors d’ingéniosité pour répondre aux attentes de House. Ainsi, ceux qui se montreront les plus audacieux (Kutner, Taub, Amber…) auront le droit de se faire martyriser encore une semaine tandis que ceux qui seront trop prudents ou trop attachés aux règles sont éliminés (Ashka). On voit un point capital dans les valeurs de House : il ne punit pas les erreurs si elles sont nées d’un coup d’audace, ou d’un désir de sauver le patient malgré l’éthique. Pour lui, oser quitte à se tromper est une qualité déterminante chez un médecin - ce qui expliquera pourquoi Numéro 13 évitera le renvoi dans un épisode ultérieur. Lorsque Wilson dit que House ne choisira pas ses élus pour leurs qualités médicales, il est loin d’avoir tort. Il a encore plus raison lorsqu’il prédit à House qu’il choisira des candidats très éloignés de lui car ainsi il les supportera mieux, ce qui expliquera l’élimination de certains médecins par la suite. L’épisode nous interroge sur les limites de la déontologie et sur les critères par lequel nous choisissons notre entourage. Nos relations marcheront d’autant mieux si elles ne nous ressemblent pas, car nous cherchons chez les autres ce que nous n’avons pas (principe qui marche aussi, bien que plus partiellement en amour). Le choix final de House répondra à merveille à cette assertion, que vérifiait aussi sa première équipe. Plusieurs scènes enlevées entre House et Cuddy qui sait mieux que quiconque comment faire enrager le diagnosticien sont à relever. On retiendra son épouvante en voyant les 30 postulants, sa tirade des « copies », ou la confrontation finale où elle finit par lacher la bride à House, confirmant le changement observé par Wilson dans Le petit con (saison 3) : bien qu’elle ne montre ni n’accepte ses sentiments pour son subordonné, elle lui laisse les mains libres pour une opération finale qu’elle ne peut normalement pas approuver. Lisa Edelstein reste très sobre, faisant pétiller la tension sexuelle entre son personnage et House. L’actrice est par ailleurs de plus en plus accorte... La patiente du jour est jouée avec sincérité par Essence Atkins. L’histoire secondaire avec ses apparitions à la Sixième sens (couronnées pareillement par un double twist final) n’est pas dénuée d’humour. Est-ce que House se sent coupable d’avoir perdu son équipe ? Difficile à dire, d’autant que le cas Foreman est diaboliquement irrésolu : la vision de Foreman était-elle due à une hallucination causée par les remords de House… ou parce qu’il venait de boire un peu trop de tequila ? Au spectateur de juger ; mais en tous cas, House semble moins que jamais enclin à laisser affleurer ce qu’il reste d’humain en lui, bien qu'il trouve toujours des raisons tordues ou médicales pour justifier ses actes altruistes. Une fuite en avant délectable et grinçante à la fois. Pour terminer, on notera que Cameron est devenue blonde et cela lui donne un côté volontairement plus vulgaire. Pour se démarquer de sa soumission d’antan à son ex-patron ? Quant à House, il assure le show jusqu’au bout, toujours plus ironique et je-m’en-foutiste, Hugh Laurie fait une fois de plus des merveilles. Un début de saison prometteur ! Infos supplémentaires : Scénario : Russel Friend et Garrett Lerner - How advanced is the pneumonia ? Le triomphe des filles fait long feu grâce encore à Amber qui malgré les interdits et son renvoi, parvient à renverser toute la situation… tout en montrant une erreur de House ! Une situation qui rappelle encore Jeux d’enfants (saison 3). Mais comme House n’apprend rien de ses erreurs, eh ben, il retombe dans le même piège. La percutante Anne Dudek domine aisément la distribution. Les autres comédiens sont bons aussi. « Big love » Cole et Dobson ont moins à jouer pour laisser la place à leurs petits camarades comme Brennan, Kutner, et Taub. Mais c’est Numéro 13 qui est ici mise en lumière. Son atmosphère de mystère s’épaissit (son refus de répondre aux questions de House), et elle a une vraie présence pendant la deuxième partie, entre vannes et inquiétude. Les deux jumelles sont assez marrantes en étant souvent à côté de la plaque ! Pendant tout ce temps, répliques qui cassent et lavages de linge sale avec Cuddy fusent joyeusement. La spectaculaire électrocution du patient secondaire est une de ces scènes-choc que la série réussit en en usant que modérément. Au-delà de la volonté de donner un coup de fouet à un épisode assez lent, elle introduit une intéressante digression sur un des plus vieux sujets métaphysiques du monde - Y’a-t-il une vie après la mort ? - via un patient qui a l’air de s’être échappé de l’Hôpital du Sacré-Cœur ! Nous savons que House est athée et ne croit pas à un autre monde, mais comme il ne peut le prouver (superbe dialogue avec Wilson), il ne peut qu’admettre que sa théorie repose sur une… croyance ! House choisit donc sa méthode à lui pour en être sûr : il s’éléctrocute lui aussi !!! Mais ce qui aurait pu être une farce vire au tragique. Ne pensant qu’à ce mystère d’outre-tombe, plongé dans l’inconscience, House ne peut plus superviser les candidats. Par ailleurs, il ne révélera jamais ce qu’il a vu pendant son inconscience. Peut-être que cela lui fait peur, que ça allait à l’encontre de ce qu’il croit… Indirectement, il est responsable de la dégradation fatale du patient, les postulants n’étant pas encore assez expérimentés pour se passer de lui. Le savon que lui passe Cuddy pour cet acte stupide vaut le coup d’œil. La série nous offre alors une nouvelle chute renversante à couper le souffle. C’est dans une atmosphère glacée et sans lumière que se termine l’épisode. - Dixième et onzième échec de la série. House ne guérit pas son patient secondaire suicidaire, et le patient principal décède faute de soins par les candidats. 4. LES REVENANTS Scénario : David Hoselton - Big Love, have I humiliated you in the last half hour ? Irène, jeune femme travaillant dans une morgue, « voit » ses clients se lever et tenter de la violer ! Elle est le prochain cas du Dr.House et de ses sept assistants qui doivent comprendre les raisons de ces hallucinations mais aussi pourquoi elle voit sa mère, morte depuis longtemps, dont elle ne croit pas au décès. Guerre ouverte dans l’assistance : Taub attaque Dobson car il n’est pas médecin, Amber tente de destabiliser Numéro 13, et House se déchaîne sur Cole, certain que ses principes religieux l’empêcheront de répliquer à ses humiliations. Il en fait d’ailleurs le pari avec Cameron. Pendant ce temps, Foreman n’arrive pas à trouver un nouvel emploi... Cependant l’épisode intéresse aussi par son utilisation de la psychologie. Un véritable cortège de manipulations et de faux-semblants défile sous nous yeux. Nous voyons Foreman perdre sa partie de bluff contre une finaude Cuddy qui ne laisse pas les sentiments influer dans la partie dès lors qu'il s'agit de pognon, demeurant fidèle à son côté femme de tête. Ses airs peu sympathiques de la directrice sont calculés exactement pour ne pas noircir trop le personnage qui a simplement le sens des priorités, tout comme House. Si Kutner et Brennan sont transparents, Cole par contre a un rôle étendu en tant que souffre-douleur de House. La sûreté de House, sa confiance inaltérable en lui, son égocentrisme font qu’il se croit tout-puissant et libre de martyriser qui il veut (spécialement un croyant). Toutes les humiliations successives sont autant de moments de pure méchanceté rigolards. Cameron truque son propre pari en allant voir Cole et l’inciter à répondre à House via un prétexte tout à fait vrai : House aime qu’on lui résiste, et ne l’embauchera qu’à cette condition ! De nouveau de la manipulation pure et simple, nouvelle preuve que Cameron a bien changé. House finit par chuter de son piedestal, et suivant sa loi absurde, conserve Cole pour acte de rebellion justifié ! Tordu hein ? Edi Gathegi a un stoïcisme étudié qui lui va très bien. Infos supplémentaires : 5. LE SYNDROME DU MIROIR Scénario : David Foster Did you get a raise ? Because then you're a whore. Or you didn't, because then you're a stupid whore. Un homme est admis à Princeton-Plainsboro après avoir toussé sans pouvoir s’arrêter. Amnésique et sans moyen de l’identifier, House et les candidats remarquent que son comportement est bizarre : il copie les symptômes des malades et les attitudes des médecins qui l’entourent pour compenser son problème d’identité ; c’est le syndrome du miroir. Entretemps, une infection s’est déclarée dans son organisme et menace de le faire mourir de froid. House ne tolère pas le retour de Foreman et choisit de mener la vie dure à Cuddy par vengeance… Nos médecins sont pastichés inégalement. Le patient lit que l’inconscient de Brennan n’aime pas travailler dans cet hôpital. Aussi, Brennan aura-t-il l’intention de quitter la course, ce qui gène House : c’est tellement plus jouissif de renvoyer ! Il va même jusqu’à dire qu’il est un bon médecin, alors qu’il a été surtout transparent jusque-là. De plus, sa volte-face où il décide de rester rend le tout peu crédible. Kutner serait masochiste selon le patient, mais cet aspect n’est pas développé. On préfère retenir de Kutner sa spectaculaire électrocution, qui ajouté à sa « pyromanie » (Le boulot de ses rêves) est décidément bien gaffeur ! Le miroir de Taub, jaloux du caractère libertaire d’Amber, n’est guère transcendant non plus. Le miroir de Wilson est de loin le plus génial : le patient copie l’attitude de la personne la plus influente dans la pièce ; et entre House et Wilson, il copie… Wilson ! Cette révélation est très efficace : la « domination » de House s’exprime par son ego énorme, mais celle de Wilson est plus subtile, plus humaine : Wilson décide somme toute de leur amitié en étant à chaque fois la conscience de House. Sa bonté influe sur les actes altruistes que House fait à son corps défendant. D’où la « domination » de Wilson, que House bien entendu nie par une pirouette qui ne dupe personne. Etonnamment, House se montre compréhensif envers un Foreman retourné à la case départ. Par cet altruisme que lui instille Wilson, il ne souhaite pas le martyriser car il est déjà malheureux. Toute la colère de House s’oriente donc vers Cuddy. Or, ni elle ni House ne cèdent un pouce de terrain. Ainsi, comment résoudre la crise ? Eh bien grâce encore au « miroir », cette fois celui de Foreman qui lui révèle qu’en fait, il se sent bien dans l’hôpital ! Foreman s’était arrêté à la tyrannie de House, mais en réalité, il a l’occasion, tant qu’il est ici, de faire un travail qu’il aime, d'être dans des conditions certes dures mais qui l'obligent à être au top en permanence. Il change donc d'avis et House comprend que Foreman vient de trancher pour eux deux, il ne peut plus s’opposer à Foreman et se rend à l’évidence. Enfin, le plus drôle est les disputes House-Cuddy. Leur relation prend de plus en plus des atours de ménage conflictuel, mais avec des enfantillages démesurés entre fausses épidémies, suppression d'équipe, tests à la con, doses de laxatifs... on a l’impression de voir des enfants au bac à sable tant tout paraît joyeusement ridicule. Le sommet de l’absurde est atteint quand Wilson imagine pour Cuddy une stratégie tordue pour mettre fin à ce duel idiot... mais que House devine instantanément. Désolé Wilson, mais sur le terrain de la psychologie, c’est impossible de bluffer House ! Le gag truculent où House et Cuddy cherchent à savoir qui est le plus dominant des deux est à mourir de rire, une excellente pique ! Candidats et médecins ont fait des paris avec Chase pour savoir qui House allait virer. Le résultat final est absolument génial, une énorme plaisanterie bien acide qui termine avec panache ce bon épisode. Infos supplémentaires : 6. EN MISSION SPÉCIALE Scénario : Thomas L. Moran et Peter Blake, d'après une histoire de Thomas L. Moran You've gotta get down here. They've got a satellite aimed directly into Cuddy's vagina. I told them that chances of invasion are slim to none. Casey, jeune pilote automobile, est prise de troubles auditifs et visuels. Son cas est le prochain que devra traiter les six candidats, mais sans House : en effet, ce dernier a été convoqué par la CIA pour porter assistance au Dr.Samira Terzi, médecin des services secrets. Elle peine à trouver un diagnostic pour un agent secret revenu de mission, et qui aurait été empoisonné. Pendant ce temps, Foreman tente tant bien que mal de superviser l’équipe en l’absence de House, mais doit faire face aux initiatives pas toujours heureuses des candidats, particulièrement Brennan… House doit faire équipe non seulement avec Mademoiselle Terzi mais aussi avec le conformiste Curtis dont il se paye la tête tout au long (excellente vanne sur la cale du piano). House est tellement sûr de ses diagnostics qu’il se moque des propositions de son collègue. Sa persistance têtue dans ses erreurs est tout à fait dans l’esprit du personnage. La résolution finale est une redoutable astuce. Elle rappelle la célèbre chute de Pour servir l’homme, fameuse nouvelle de Damon Knight adaptée dans l’anthologie La Quatrième Dimension. La CIA ne sort pas grandie de cet épisode… Ce qui fait le prix du premier cas est surtout la tarentelle verbale entre House et le Dr.Terzi. Les amateurs de la série Urgences auront reconnu le Dr.Cleo Finch car c’est bien la sculpturale Michael Michele qui l’incarne, et on s’amuse de la voir flirter avec un médecin aussi arrogant et cynique que Peter Benton ! Doit-on y voir une idée de Paul Attanasio, producteur de Dr.House, qui avait déjà engagé la comédienne dans sa série policière Homicide ? Les tentatives si raffinées de House pour séduire la réfrigérante Samira sont impayables. Immédiatement sous le charme, il va multiplier les sous-entendus sexuels bien lourds, recevant en réponse non des râteaux mais carrément tout le matériel de jardinage qui va avec. Les bons mots fusent à chaque fois : en matière de réparties, Samira n’a rien à apprendre de Cuddy. Mais malgré tous les revers qu’elle lui inflige, on voit qu’elle n’est pas insensible. Les méthodes peu orthodoxes de House exercent sur elle une fascination qui fait du diagnosticien un homme si séduisant. Elle se laisse draguer bien que sans lui donner le moindre espoir. Pour un peu, on se croirait dans Clair de Lune. Les dernières secondes sont acidulées, avec House acculé dans une situation qu’il n’avait pas prévue. Le spectateur trépigne déjà de connaître la suite. Jeux de pouvoir en tous genres rythment le deuxième cas. House délègue ses pouvoirs à Foreman, mais ce dernier peine à s’imposer (comment ça encore ?) Tout le monde joue à celui qui pissera le plus loin, et on adore ces périodes d'anarchie. Amber se rapproche de Taub (encore une manipulation ?) mais ce dernier la tient à distance, ce qui ne l’empêche pas de collaborer avec elle. Leur duo, bien que momentané, n’est pas dénué d’humour, grâce à l’ironie de Peter Jacobson et l’acide corrosif qui suinte par tous les pores d’Anne Dudek. Mais c’est Andy Comeau qui fait le show. Le volontariat de Brennan s’assimile à celui de House (il ne respecte pas non plus les règles), mais avec bien plus de douceur. Toutefois cette bonne humeur, rare dans la série, finit par se briser devant un événement horrifique, la série restant fidèle à son ironie séculaire. En dehors de tout ça, le parallélisme entre les deux cas est assez drôle : les médecins se trompent en même temps, essayent un traitement expérimental en simultané… La sacralisation du métier de médecin est un poids lourd à porter. Responsables de la santé des hommes, ils peuvent parfois se tromper, ce qu’un patient a du mal à accepter. Cela est visible chez Casey qui refuse de voir Foreman après qu’il ait commis une erreur. Cette responsabilité ne peut être gérée que si l'on n’est pas dans l’affectif (credo de House que doit adopter Foreman). Cela est bien mis en scène. De même, l’ombre d’un mentor aussi fort que House est toujours difficile à laisser de côté. Cameron en fait l’expérience en s’investissant dans un cas qui n’est pas le sien. Davantage que ses sentiments qu’elle prétend ne plus ressentir pour House, c’est bien sa fascination plus "générale" pour son ancien mentor qui fait qu’elle a du mal à « raccrocher ». Elle dit bien qu’elle ne ressent plus le frisson d’excitation de son ancien job. Alors que Foreman agit comme House, c'est donc curieusement le plus « faible » de l’équipe originale, Chase, qui s’en sort le mieux, ayant définitivement mis ce passé derrière lui. Infos supplémentaires : - Wilson n’est jamais allé en Afghanistan. Scénario : Sean Whitesell - You think I like the cameras ? You think I want the whole world watching you check out my ass and question my wardrobe ? Kenny, 16 ans, souffre d‘une lourde déformation faciale, et doit subir une chirurgie réparatrice qui lui permettra de retrouver un visage normal. Il est le sujet d’une émission de télévision qui le suit depuis quelques jours. Mais au moment de passer sur la table, il a une attaque cardiaque. L’opération est repoussée jusqu’à ce que House et ses candidats trouvent le diagnostic. L’équipe de télévision s’attache aux pas de House à la grande irritation du diagnosticien. Qui a d’ailleurs un autre problème : Samira Terzi, qu’il a été forcé d'engager, est trop incompétente dans les diagnostics différentiels… Le gag récurrent est les tentatives de House pour échapper aux caméras. Du coup, ce dernier doit imaginer des coups tordus pour rester tranquille, via gros bobards, et réunions dans des salles strictement interdites aux caméras. Cuddy est à la fête dans cet épisode, plus affriolante que jamais - et cible de massifs sous-entendus sexuels - devant sans cesse courir derrière House pour remettre les pendules à l’heure. Il n’y a pas jusqu’aux candidats qui soient troublés par ces caméras : Amber forçant sur le rouge à lèvres, Kutner arborant une cravate voyante, ou Cameron échappant un « J’aime le Dr.House » avant de rectifier pour s’empêtrer encore plus ! Le gag final dingo, démonstration du tout-puissant politiquement correct à la télévision (tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil… même House) avec une Cuddy ravie et un House consterné par cette « abomination » vaut le coup d’œil ! C’est fou tout ce qu’on peut faire avec un montage habile (l'« effet Koulechov »). Mais à part tirer quelques gags ou des dialogues tranchants, l’épisode ne se démarque pas. On aurait rêvé d’une caméra subjective, ou d'une mise en abyme particulière. L’épisode commet une erreur en n’exploitant pas davantage les caméras. Khleo Thomas est inégal : il joue avec dignité son personnage écrasé par son « anormalité », mais son monolithisme énerve de temps en temps. Sur le tème du comportement parental trop protecteur, Empoisonnement (saison 1) ou Protection reprochée (saison 2) étaient plus convaincantes. Ici on plonge parfois dans le lachrymal. Tous les bons moments de cet épisode sont noyés dans des diagnostics différentiels secs et chargés. La réalisation de David Staiton, très bon réalisateur par ailleurs, déçoit par rapport aux possibilités qu'il lui était offertes. Une autre erreur est Samira Terzi. Alors qu’elle avait illuminé l’épisode précédent, elle est ici honteusement transparente et naïve. Elle ne prononce pas plus de cinq répliques, un comble alors qu’elle est l’axe secondaire de l’histoire. Sa mise à l’écart est inexplicable, d’autant que Michael Michele semble s’ennuyer. Alors oui, les discussions House-Wilson sont amusantes - superbe Robert Sean Leonard - mais par leur répétition, finissent par tourner à vide. House est catastrophé que la beauté de la doctoresse lui ait fait perdre son jugement. Que House se soit comporté en homme sensible à la beauté féminine - bref un homme comme les autres - jusqu’à y laisser son jugement lui fait mal, lui qui attaque si souvent les apparences trompeuses. Et nous on rigole. Il faut qu’il se ressaisisse pour retrouver son objectivité, même si cela implique de briser la carrière de sa protégée. La fin est très noire, on souffre vraiment pour Samira qui a tout perdu, mais House pouvait-il persister dans son choix ? Ah le malaise… Le cas de Taub est plus intéressant, mais vaut surtout pour l’interprétation confondante de Peter Jacobson, décidément un des meilleurs comédiens de la série. Nous découvrons l’origine de son comportement si amer qui nous intrigue depuis le début. Si sa découverte est surtout l’occasion pour House de s’amuser à ses dépens, on est agacé par cette histoire de fesses qui n’a pas sa place dans la série. L’arrivée de Rachel Taub plus tard dans la série contribuera à donner à la série un côté soap opera dont elle se serait bien passée. Si pour le moment ce n’est pas trop grave, le ver est déjà dans le fruit. Toutefois, son opposition convaincue aux thèses de House - qui veut sans cesse repousser l’opération - sonne bien. Mais l’idée selon laquelle House souhaiterait en secret que l’opération ne se déroule pas pour ne pas « normaliser » le garçon n’a aucune valeur. Certes, on sait que House n’aime pas les gens normaux, mais la guérison d’une maladie lui tient à cœur. Le personnage se contredit ici. Sans parler d'échec, il s'agit de l'unique aveu de faiblesse de la meilleure saison de la série. Infos supplémentaires : - L'actrice Laurie Fortier joue le rôle de Darnell. Elle est l'épouse de Deran Sarafian, réalisateur régulier et coproducteur délégué de la série. 8. LES DESSOUS DES CARTES Cette critique est dédiée à Nicolas Bouland (1963-2012) Scénario : Sara Hess Ladies and Gentlemen. I have nothing in my hands, nothing up my sleeve. I do have something in my pants, but that's not going to help with this particular trick. Flynn, un prestidigitateur, a un arrêt cardiaque alors qu’il doit s’évader d’une malle remplie d’eau. Secouru à temps par Kutner et Cole qui se trouvaient là, il devient le prochain patient de House. Le diagnosticien lance un défi aux candidats : celui ou celle qui lui rapportera le string de Cuddy aura l’immunité et désignera deux de ses concurrents, dont l’un sera éliminé par House. Pendant ce temps, le comportement de Numéro 13 intrigue House qui en vient à penser qu’elle est peut-être gravement malade… Le cas est une suite de saynètes efficaces et drôles, avec un Kutner plus présent. C’est une des rares fois où la bonhomie du personnage est altérée par l’inquiétude. Ensuite, le suspense prend et contrabalance la tonalité humoristique de l’ensemble. House est véritablement le clône de Sherlock Holmes aujourd’hui car n’hésitant pas à se piquer avec du sang contaminé pour trouver le diagnostic… on retrouve ici une situation analogue à Casse-tête (saison 2). Comme souvent, c’est au cours d’un dialogue de sourds avec Wilson que House trouve la réponse. Fait inhabituel, ce twist final, atteignant les cimes de l’ironie pure est tout simplement drôle, tout en mettant fin au running gag de la série sur le lupus. Amber joue une carte surprenante : la franchise. Elle met à nu son âme manipulatrice pour mieux impressionner Cole. Kutner joue sur le chantage affectif : c’est le pote de Cole, pourquoi l’éliminerait-il ? Taub choisit la méthode directe en le corrompant carrément, lui faisant miroiter que ce qui reste de sa fortune personnelle comme chirurgien pourrait aider son fils à poursuivre de hautes études. Taub est d’une inattendue froideur, sa détermination justifie son rapprochement avec Amber, même si la série n’explorera pas plus loin cette possibilité. Quant à Numéro 13, elle ne tente rien, préférant laisser Cole seul juge, une intégrité qui mystifie le mormon. Numéro 13 est finalement la plus honnête, la plus droite de tous les concurrents. Elle est d'ailleurs à la fête car ses « symptômes » attirent le regard de House. Il est intéressant de voir comment elle évolue dans l'épisode : ping-pong cynique, puis grande scène de colère où House a manipulé 13 avec une machination qui fait penser à celle de Démission… (saison 3). Puis l’arroseur arrosé, c’est 13 qui le manipule à son tour : voilà ce qui arrive quand on enseigne le non-respect des règles à ses élèves ! Le whodunit de l’épisode : qui sera renvoyé ? se dénoue à la toute fin avec un brutal renversement de situation qu’un Agatha Christie n’aurait pas renié. House a prouvé qu’il était capable de mettre des limites à sa transgression des règles (épisode précédent), et il recadre sévèrement le « traître » de l’épisode qui lui aussi est allé trop loin. Les « élèves » de House peuvent être davantage manipulateurs que lui, renvoyant à la thématique du créateur effrayé de perdre le contrôle de ses créatures, ce qui peut être le motif de sa décision. Cette noirceur est accentuée par le sacrifice de Cole - Edi Gathegi joue bien le côté torturé de son personnage - qui préfère finalement perdre son ami que son job. Ce pessimisme sur les rapports humains, où l’amitié peut prendre la forme de simple monnaie d’échange, rejoint les fondamentaux de la série.
- Aka. La part de mystère. - House a eu trois allergies en dix ans. Il est du type sanguin AB. Wilson de type O. Acteurs : Scénario : Eli Attie - Dying's easy. Living's hard ! Jimmy Quidd, guitariste punk et drogué incurable, se met à tousser du sang. Son cas excite la curiosité de House qui pense que le drogué a trop de symptômes liés à la drogue pour ne pas avoir une maladie plus grave (!!). Ce dernier cas est sous haute tension car Cuddy ordonne à House de retenir une équipe finale juste après ce cas. Mais pendant que Jimmy est au plus mal, House s’aperçoit qu’il veut garder les quatre docteurs… Le point de départ est plein d’humour noir, House démontrant qu’un drogué ayant trop de symptômes liés à la drogue souffre certainement d’autre chose. Encore un exemple de la fausseté des apparences, décidément une lutte que la série ne cesse d’engager. L’enquête est conduite à un rythme soutenu, avec une succession de rebondissements de plus en plus complexes, jusqu’à son étonnante chute, incarnation type de "l'ironie du sort". A Princeton-Plainsboro, les patients ont toujours la maladie qu’ils "méritent" ! Le fil rouge de l’épisode est le bilan tiré par les quatre protagonistes dont le cas les force à révéler leurs natures cachées. Le moyen utilisé (discussions avec House) est moins original que le miroir de Mirror, mirror, mais pourtant plus efficace. Comme quoi, c’est dans les vieux pots… L’épisode s’axe sur House qui pour la première fois est incapable de prendre une décision : qui éliminer ? On voit que House est mal à l’aise : le tableau de points permet pas mal de scènes comiques, mais on sent que c’est un moyen désespéré pour lui. Il faut le voir carrément demander l’avis de Cuddy et de Chase (!) pour avoir une idée de sa confusion. Pour son dernier épisode en tant que candidate, Amber nous gratifie d’un éblouissant numéro. Portée par la flamme fougueuse d’Anne Dudek, « l’abominable garce » est plus fascinante que jamais. Son intelligence, son sens de la répartie, lui valent de battre House au concours de vannes, soit une rareté ! Elle est confrontée à Jimmy, drogué irrécupérable, musicien de troisième zone… et heureux malgré tout ! Jimmy (Jeremy Renner, pas encore la star qu'il est devenu) est un patient remarquable : musicien méprisant son public, égocentrique, bardé de seringues… et aimant énormément les enfants. Derrière son caractère détestable, se cache un homme capable de beaucoup d’affection. La scène où Taub et 13, émus, le découvrent dans l’aile pédiatrique est joliment filmée par Deran Sarafian. Grand enfant qui n’a jamais voulu grandir, Jimmy, par son je-m’en-foutisme total, s’emprisonne dans une bulle chimérique qui le maintient heureux. Cette situation bouleverse le monde d’Amber selon lequel drogue et bonheur réel sont deux antonymes, contrairement aux trois autres qui ont compris que la personnalité des patients ne doit pas les inflencer. Amber se montre par ailleurs remarquable quand House tente de lui faire peur. Les dialogues Jimmy-House sont eux aussi une merveille d’écriture. Chris Taub, avec le toujours fabuleux Peter Jacobson, continue le portrait de son personnage, de plus en plus sombre et réaliste, mais demeurant sympathique, a contrario d’Amber. Son comportement n’est égoïste qu’en apparence, House nous ayant montré que les médecins ne doivent avoir aucun sentiment pour leurs clients sous peine de s’effondrer (Foreman et Cameron l’ont subi à des degrés divers). Taub a compris l’essentiel de ce boulot, il est donc évident qu’il soit retenu. Numéro 13 est une des rares à voir au-delà des apparences. Seule à croire dans ce cas que la drogue est de la poudre (sans jeu de mots) aux yeux, elle permet à l’équipe de s’orienter dans la bonne direction. Quant à Kutner, c’est le plus pragmatique de l’équipe, et malgré son humour enfantin, c’est celui qui garde toujours tous ses esprits devant les imprévus. A cet égard, la scène où il est forcé avec 13 de trouver un diagnostic plausible sous peine d’être viré immédiatement montre que tous deux sont vifs comme l’éclair. La pression immense qui pesait sur eux les a forcés à mobiliser leurs ressources. Travailler dans l’urgence donne des résultats étonnants nous rappelle la série. En contrepoint, une grinçante inversion du cas a lieu avec Wilson qui a mal diagnostiqué un patient, lui ayant prédit trois mois auparavant un cancer en phase terminale alors qu’il n’a rien. Et, surprise, le patient est lourdement embêté car lui et ses proches s’étaient tellement préparés à sa mort qu’il est maintenant totalement perdu psychologiquement… et financièrement, car il a flambé pas mal d’argent pour ses « derniers mois » ! Du coup, il veut attaquer l’oncologue en justice ! Wilson atteint décidément des sommets d’emmerdements rarement vus dans une série. Au-delà du rire jaune, l’épisode nous fait voir combien s’il est difficile de se préparer à la mort, il l’est encore plus de savoir vivre. Ainsi, la phénoménale dispute entre House et Wilson est d’autant plus violente que tous deux ont la même manie : ils veulent tout contrôler : House en manipulant tout le monde, Wilson en essayant d’être un Messie de substitution pour chacun de ses patients. Dans les deux cas, ils sont dans l’excès. La résolution finale s’appuie sur un désarçonnant résultat : chacun des quatre candidats s'est trompé… et House en déduit la bonne réponse par élimination. Il donne ainsi corps à la remarque de Cuddy dans Tout seul : les faiblesses des médecins réunies deviennent une force. La sortie d’Amber (dont Anne Dudek restitue avec ferveur son abattement) est émouvante mais vraiment dommageable. A la décharge des auteurs, les auteurs se rendront compte que le personnage est si fort qu’ils le feront revenir plus tard, rendant possible un des plus grands moments de l’histoire des séries télé. Nous quittons toutefois cet épisode avec une malicieuse coda qui nous donne un sourire attendri, un événement assez rare pour être remarqué. Infos supplémentaires : - House n’aime pas la musique punk, ni garer sa moto au parking E. Acteurs : 10. PIEUX MENSONGE
Scénario : Pamela Davis
Réalisation : Matt Shakman
- Prostitutes wear religious symbols ?
- I think they just like kneeling. Maggie, mère célibataire, a ses mains subitement paralysées. Elle attire la curiosité de House car elle prétend que ni elle ni Jane, sa fille, ne mentent ; elles ne se cachent rien. Tout en essayant de résoudre ce cas, House cherche à les prendre en défaut. Pendant ce temps, acceptant une idée de Kutner, House organise une loterie de Noël entre lui et son équipe, mais curieusement pour des motifs loin d’être altruistes… L’épisode ne promeut pas le mensonge, mais son utilité lors de cas difficiles, comme pour sauvegarder un bonheur sincère mais fragile. Plusieurs fois, la série a déploré l’impossibilité pour la Vérité et le Bonheur de s’allier. Cet épisode semble faire exception mais le cataclysmique twist final confirme bien cette triste thèse : l’alliance entre ces deux concepts n’est possible qu’au prix d’un sacrifice déchirant... Cela vaut-il vraiment le coup ? On apprécie aussi le retour de bâton que reçoit la mère lorsque sa fille qui ne sait pas mentir lui assène qu’il n’y a aucun espoir pour elle. Pas de mensonge réconfortant, rien qu’une vérité crue, et dure. Même House reconnaît être effrayé par cette vision de la Vérité à nu. Loin du charme enlevé et joyeux de Donna Moss (après Eli Attie, on dirait un revival West Wing !), Janel Moloney étonne en femme brisée et dégoûtée d'elle-même. Un des grands regrets que laisse la série est d’avoir abandonné si tôt les cas secondaires, alors quand les auteurs décident d’en insérer un, on le déguste à petites gorgées. Et en effet, le cas secondaire du jour est aussi lumineux, fantaisiste que le cas principal est grave, House soignant une très jolie prostituée (sculpturale Jennifer Hall). Un mini-jeu de séduction s’installe entre eux tandis que l’on se plie en quatre en entendant le diagnostic, hyper salace... avant d’être détrompés par la scène finale. Ce qu’on peut avoir l’esprit mal tourné parfois… D’ailleurs cette séquence finale est très belle avec le rôle que joue cette fille de joie, House lui-même semble touché. Et puis, le voir dans une église, ce n’est pas si fréquent. Cet axe de l’intrigue, riche en humour noir, est frétillant. Si Jacobson et Penn sont égaux à eux-mêmes, Olivia Wilde est un peu au-dessus avec sa froideur cynique. Hélas, ce sera quasiment le seul registre sur lequel elle jouera, jeu bon mais limité. Tout de même, elle se montre plus égale que Jennifer Morrison. La fin exalte la magie de Noël, avec une famille guérie de son obsession de la Vérité, des médecins se réunissant tous pour passer un bon moment ensemble, et House allant voir un spectacle. Décorations et chansons de Noël rythment cet épisode optimiste.
11. CELLE QUI VENAIT DU FROID Scénario : Liz Friedman - Lots of books. I'm betting all medical. Cate Milton, docteur et psychiatre, a intégré une base scientifique en Antarctique. Mais elle commence à éprouver d’horribles douleurs. Les vents violents n’autorisant aucun secours, elle devient la prochaine patiente de House, qui supervise son cas via webcam. House est surpris et séduit par la jeune femme qui lui tient souvent tête. Le cas est difficile car le matériel médical là-bas est très réduit. House a également deux autres soucis : il veut persuader Cameron de convaincre le comité du budget d’installer le câble à l’hôpital, et savoir qui est la nouvelle petite amie de Wilson… On se régale des dialogues de haut vol entre House et Cate. Même quand il fait plus sombre, Friedman ne renonce pas à son humour gouleyant (la dégustation d’urine…). Le sommet est certainement la parodie de rendez-vous galant où House demande à sa patiente de se déshabiller tout en mettant de la musique douce et un bourbon sur la table… la scène, pastiche éclatant de rendez-vous galant et de rapport sexuel, restera comme un des highlights de la saison ! Chez House, l’humour dans les situations dramatiques accentue le drame par le décalage produit. Wilson est témoin de l’effet de Cate sur House : il s’inquiète pour elle, l’appelle par son prénom, veut prendre moins de risques que d’habitude… Ses foireuses tentatives de le raisonner participent à la folie douce de l’ensemble. Robert Sean Leonard est irrésistible dans les scènes comiques. Cate elle-même mèle cynisme et philanthropie : elle utilise peu de médicaments car d’autres membres de son équipe en ont besoin. Elle refuse tout traitement préventif. House, obsédé par elle, est à deux doigts d’exploser devant cette rétivité. Cate a les mêmes attitudes que House, mais elle est altruiste, et il n’est pas anodin qu’elle apprécie la bonté de Wilson qu’elle juge « parfait ». Un tel personnage aussi relevé ne peut que donner une plus-value à un épisode déjà bien abouti. On pourra certes gloser sur la fadeur du technicien amoureux, qui joue les utilités. La scène où il perce le crâne de Cate avec la foreuse fait toutefois son effet. Le diagnostic final est comme toujours ironique, l’occasion pour House une fois de plus de montrer la nécessaire objectivité dans un cas sous peine de grosses bêtises ! Omar Epps de son côté joue ici une excellente prestation en médecin attentif et luttant pour recadrer House. Tandis que la complicité entre Wilson et Cate autorise quelques scènes délicieuses. L’épisode a commencé assez fort avec House cherchant les chaînes du câble sous prétexte de rendre service... à un comateux. Passées les mimiques exaspérées de Cuddy, on a droit à House version enfant gâté pas content qui veut énerver Cameron qui veut pas l’aider. Quand House revêt des airs de garderie version adulte, c’est souvent plein de sève. Du coup, il ordonne à Taub, Kutner, et 13 de lui mener la vie dure. Une des scènes les plus hilarantes de l’épisode est quand ils jouent franc jeu avec Cameron en lui disant à l’avance qu’ils vont l’espionner. Leur confrontation avec House à la fin est un moment d’anthologie, reflet parfait du cas principal. Il est caractéristique du besoin vital pour House de dialoguer avec des personnes qui ne lui ressemblent pas. Amoureux des débats, il est comme un Don Juan pour qui une victoire n’a de sens que si elle est l’objet d’une bataille, les femmes remplaçant ici la recherche de la Vérité. Sinon, c’est à croire que même hors équipe, Cameron reste un souffre-douleur pour House. Enfin, l’épisode termine sa réussite avec la troisième histoire, celle de la petite amie de Wilson, dont House devine l’existence en voyant seulement la chemise lavande de son ami. Cet épisode est décidément un des mieux dialogués de la série, car ce n’est pas seulement House qui vanne, mais Wilson aussi, qui bénéficie des meilleures répliques. Il essaye d’échapper aux questions de House par tous les moyens, y compris en piquant un sprint ! Ce suspense léger se dénoue dans les toutes dernières secondes avec l’apparition de l’élue, pour finir l’épisode sur un événement tout à fait inattendu. La formation de ce couple on ne peut plus mal assorti est une surprise, qui de plus donnera lieu à une relation que la série traitera avec brio, ce qui ne sera pas toujours le cas des ships futurs. Alors, enjoy !
- Anne Dudek n'est pas créditée au générique du début, pour garder la surprise de la fin. 12. CHANGEMENT SALUTAIRE Scénario : Doris Egan et Leonard Dick This isn't just about sex. You like her personality. You like that she's conniving. You like that she has no regard for consequences. You like that she can humiliate someone if it serves... Oh my God, you're sleeping with me ! Roz, 38 ans, s’est convertie au judaïsme. Lors de son mariage (arrangé) avec Yonatan, elle s’évanouit, et du sang tâche sa robe. Elle est le prochain cas de House qui pense que sa conversion est synonyme de déréglement mental. Pendant que le cas se complique, House tente de connaître les vraies motivations d’Amber à entretenir une relation avec Wilson. Il veut convaincre ce dernier qu’il fait une erreur en étant avec elle… La discussion Foreman-Taub sur les mariages arrangés est très intéressante. Taub condamne cette pratique au nom de la liberté de choisir, Foreman est moins dur, disant que fondamentalement cette pratique a du bon, puisqu’il s’agit de choisir un conjoint qui analysé par votre famille vous conviendra. Bien entendu, on est plus proche de l’utopie que de la réalité, car les abus, les tromperies, et les erreurs de jugement sont légion dans cette pratique. Pourquoi Roz a-t-elle plaqué sa vie de sex, drugs and rock’n’roll pour une branche religieuse austère ? C’est un instinct de survie, d’une prise de conscience de ses tendances à se détruire (physiquement, elle apparaît plus que ses 38 ans), un moyen de se reconstruire. Elle passe d’un extrême à l’autre, comportement naturel lorsqu’on veut fuir quelque chose qui nous oppresse, et non le masochisme supposé par House. Le soutien de son mari (Eyal Podell, parfait dans un rôle qui aurait pu sombrer dans la dégoulinade) est un atout. Fait extrêmement rare, un des couples les moins sûrs de la série sortira renforcé de l’orage ! La série sait nous surprendre. Mais les moments les plus jouissifs de l’épisode sont donnés par le triangle House-Amber-Wilson. House veut savoir le « plan » d’Amber. Mais ce n’est décidément pas un bon jour pour House qui se goure de nouveau, tout comme le spectateur : Amber est réellement amoureuse de Wilson et n’a aucun plan en tête ! Anne Dudek est une grande actrice, car airs cassants et ironiques demeurent alors que son personnage commence une évolution plus douce. Les deux caractères cohabitent harmonieusement. Amber irradie dans ses deux scènes avec House qui lui propose le poste qu’elle désirait tant si elle laisse Wilson. Oui, Amber a aussi réellement changé et a enfin ce qu’elle veut avec Wilson : respect et amour, qu’elle croyait incompatibles. House ne peut que s’incliner. Wilson se montre déterminé malgré les avertissements de House et de Cuddy. Ses duels rhétoriques avec House sont de purs chefs-d’œuvre comme lorsque House conclut que Wilson cherche en Amber un House féminin, ou que Wilson imagine qu’il aurait pu former un couple avec House (Whaaaaaa !!!) si ce dernier n’avait pas été en même temps si égocentrique et si haineux de lui-même. Le « Houson », hypothèse selon laquelle House et Wilson ressentiraient l’un l’autre plus que de l’amitié, fait ici ses premiers pas. Bien qu’une pareille thèse soit sans doute exagérée, on voit que House a peur de voir une femme lui « chiper » son ami. Tout ça est alimenté par une course de dialogues à se plier en huit entre vannes de punching-ball et débats philosophiques décalés. Quel rythme ! Enfin, une pensée pour Thirteen dont Foreman puis House devinent qu’elle est bisexuelle (via un sournois double sens). House va donc pouvoir la taquiner sur son « ouverture ». Ca promet... Avec un tel lot de surprises, on ne s’étonnera pas que l’épisode ose le happy end total, avec la patiente guérie et heureuse, et House acceptant la liaison de Wiwi. Enfin, accepter… l’armistice n’est pas signé, et on aura l’occasion de le constater ! Infos supplémentaires : - Taub se décrit comme un juif hassidique non pratiquant. Cela fait 12 ans qu'il est marié à Rachel. Pourtant, moins de 3 ans plus tard, dans Le héros du jour (saison 7), il dira être marié depuis 22 ans. - Wilson pleure en regardant Victoire sur la nuit (Dark Victory en titre original). C'est un film de 1939 d’Edmund Golding avec Bette Davis interprétant une femme atteinte d’une tumeur inopérable au cerveau. Il y’a par ailleurs une référence au film La solitude du coureur de fond (1962) de Tony Richardson.
Acteurs : 13. TROP GENTIL POUR ÊTRE VRAI
Scénario : David Hoselton et David Shore
Réalisation : Deran Sarafian He is happy. I have to stop this before it spreads. Jeff, la quarantaine, est un homme exagérément gentil et optimiste, ignorant la colère et le chagrin. Après s’être évanoui, il est admis à Princeton-Plainsboro. House est persuadé que sa gentillesse excessive est le symptôme d’une maladie grave. L’équipe fait une terrible découverte concernant House. Ce dernier tente d’apaiser la tension entre lui et Amber en faisant un compromis : tous deux auront la « garde alternée » de Wilson. En même temps, Cuddy ordonne que House fasse le bilan de compétences de son équipe… No more, Mr. nice guy n'est pas sans rappeler un subtil épisode d'Ally McBeal (Du rire aux larmes) où un homme est incessamment heureux après un accident cérébral. Mais ici qui trop embrasse mal étreint. Même si la série sait comment correspondre les différentes intrigues de ses épisodes, les auteurs présument de leurs forces en mélangeant pas moins de quatre intrigues ! Du coup, l’épisode s’éparpille dans tous les sens, temps morts en prime. Bien que décousu, l’épisode parvient tout de même à captiver grâce à l’humour délirant de situations absurdes (la marque d’Hoselton), et une véritable partie d’échecs psychologique super tordue mais jouissive entre les différents protagonistes (la marque du créateur). Au final, l’épisode remplit son contrat, mais déçoit un peu après cette brillante succession de chefs-d’œuvre. Une autre intrigue était largement dispensable, celle de la « maladie » de House qui expliquerait son caractère de cochon. Dilemme des docteurs : doivent-ils « soigner » leur patron au risque de le transformer en médecin « basique » (le mépris de l’affectif pour House lui permet de développer tout ce qui est cérébral) ou laisser la maladie le ronger ? Si le nouveau trio marche sur une gamme d’émotions plus large que l’équipe primitive, quiconque a un peu suivi la série flairera tout de suite que ce n’est qu’une supercherie. De plus ne débouchant sur aucun résultat dramatique. Le dilemme est expédiée en une résignation hâtive, sapant tout débat sur notre capacité à juger sur ce qui est bon pour l’être humain. On passe. La conversation avec Chase est assez rigolote tout en s’intéressant à la politique forcée du compromis, lot de tout couple, et qu’il faut accepter car c’est une preuve d’amour. Une leçon que House a dû regretter de ne pas avoir suivie quand Cuddy le quittera. Cela s’enchaîne au segment le plus abouti de l’épisode : la garde alternée démente de Wilson où House et Amber se prennent pour deux divorcés se partageant leur enfant ! Wilson est tellement effrayé par ce duo infernal qu’il se laisse faire. Pour la première fois, House parvient à renvoyer Amber dans les cordes, mais sa vengeance sera terrible... et conduira House au diagnostic final. Improbable ? Ben oui, mais on marche comme des gosses ! S'ensuivent dialogues mortels et séquences mémorables (beuverie de Wilson, chantage de House, réactions d’Amber…) dont la moindre n’est pas le déplacement hilarant du triangle chez Cuddy mise en position d'arbitre sans qu'elle n'ait rien demandé. Le tout se voit couronné par le châtiment final. Mais sous la couche de rire, les dialogues House-Wilson montrent combien chacun connaît l’autre. Wilson accepte de se laisser manipuler par House. Victime sacrificielle consentante, il savait comment tout ça allait se passer, tout comme House. Le lien entre les deux amis est très fort, chacun sait à quoi pense l’autre, comment va agir l’autre, le tout sans paroles explicites. Le vernis de la comédie laisse affleurer l’émotion de cette histoire d’amitié fascinante, tout en confirmant la véracité du « Wamber ». Amber aime réellement Wilson, elle est sincère avec lui, mais ne se prive pas de dire que c’est un froussard. Le personnage reste très rugueux, malgré sa métamorphose. Et on ne s’en plaindra pas, on l’aime comme ça ! Infos supplémentaires : 14. POUR L’AMOUR DU SOAP
Scénario : Sara Hess et Liz Friedman
Réalisation : David Straiton
- You lied to me !
- I kidnapped you. You’re surprised that I lied to you ? Evan Greer joue le rôle principal du soap opera médical « Passion sur ordonnance ». Fan assidû de la série, House remarque quelques détails sur le comédien et en vient à penser qu’il a une tumeur. Il le kidnappe à la sortie du tournage et lui fait des tests ! Cuddy est sous pression car l’hôpital est inspecté. Elle supplie House de ne pas faire d’esclandre. Enfin, Wilson est surpris par la gentillesse d’Amber qui le laisse faire des choix sans elle ; cela cache-t-il un piège ? Le cas médical est meilleur que le précédent, mais reste en-deça de ce que nous a offert cette saison. En fait, l’originalité du cas est assurée par le come-back de Cameron qui doit faire la paperasse de son ancien boss sous les ordres d’une Cuddy sur les nerfs. Les réflexions grinçantes qu’elle balance à House sont dans la logique de son évolution plus rude. Débute alors une running joke qui va durer quelque temps, où House propose à Cameron de revenir dans son équipe. Les fans du Hameron frétillent : malgré qu’il prétendait bluffer, House était peut-être sincère, et souhaitait sa réintégration. Mais si son ancien job, si excitant, manque à Cameron (impeccable Jennifer Morrison), House, lui, ne lui manque plus du tout. Ce distinguo approfondit le personnage qui gagne en indépendance. Le Hameron émerveille par son minimalisme maîtrisé, "à-côté" qui garnit l’épisode. Mis à part les gros gros sous-entendus sexuels de House, le cas finit par devenir un révélateur du "Huddy" par les limites éthiques qu'il transgresse, et le laisser-faire de Cuddy. Certes, on a déjà vu ça, et l'idée d'une inspection ne change rien, mais on apprécie ces scènes comiques comme le chantage de la télévision et la scène de la morgue. Mais la tension finit par s'installer : si House se trompe, Cuddy sera virée pour faute grave, et House avec. Mais House, héraut de la vérité, place sa recherche avant tout, boulot compris, du coup Cuddy est en position de faiblesse. Pourtant, elle aura l’audace de lui faire pleinement confiance et se remet tout entier entre ses mains. Le twist final est anticlimatique mais est d’une ironie brillante, avec encore un triomphe des apparences. Un tel risque ne va absolument pas avec la prudence de Cuddy. Il s’agit donc d’une graine de plus dans le Huddy, duo au-delà du simple rapport professionnel, à la confiance solide, même si on est encore loin d’un rapprochement. Amber nous surprend. Tout fan de X-Files s’amusera avec la survenue d’un monstrueux waterbed qui donne autant de misères à Wilson que Mulder un lundi de sinistre mémoire. Robert Sean Leonard et Anne Dudek s’entendent parfaitement et composent un couple très crédible. L’histoire débile du choix du lit montre à quel point Wilson est quelqu’un de trop généreux. A force de vouloir faire plaisir aux autres, il s’oublie lui-même, ce dont Amber lui fait prendre conscience, et l’encourage à accepter de recevoir, qu’on s’occupe un peu de lui. Amber nous fait par ailleurs un numéro de pleureuse pour faire baisser les prix à un vendeur : oui Amber est en réalité un p'tit ange, mais ne renonce pas à ses tordantes manipulations ! House, refusant de s’avouer vaincu, est sûr qu’Amber tend un piège à son petit ami avec ce choix cornélien. Raté, Amber poursuit son adoucissement en demeurant d’une sincérité totale. Que House se trompe autant sur Amber est normal, car selon son credo, personne ne peut changer. Que ce soit un personnage cynique qui démolisse une croyance de House ne manque pas de piquant ! Infos supplémentaires : Acteurs : 15. DANS LA TÊTE DE HOUSE… Scénario : Peter Blake, David Foster, Russel Friend, et Garrett Lerner, d'après une histoire de Doris Egan - Did you take my cell phone ? Soir. House est dans un bar à strip-tease. Il est ivre, a une sévère contusion au crâne, et ne se souvient pas de ce qui s’est passé depuis qu’il a quitté l’hôpital. Il a cependant le sentiment que « quelqu’un va mourir ». Il sort et voit qu’il y’a eu un grave accident de bus et qu‘il était dedans ! Pompiers et policiers évacuent les blessés. House, malgré son état, doit absolument trouver qui et pourquoi un des passagers du bus a attiré son attention. Pour cela, il doit interroger son cerveau pour revenir dans le passé, quitte à s’épuiser mortellement… Le premier rêve voit House retourner dans le bus et dans le café. Lumière faible, visages flous, apparitions et disparitions successives de Chase et Wilson, le tout dans une ambiance fantomatique et alcoolique, avec en plus l’irruption d’Amber en tant que fantasme qui vient tout perturber... tout cela compose une atmosphère pleine d'ombres inquiétantes. La pâle pénombre du bus vide accentue le malaise. Pour avoir plus de renseignements, House fait une overdose volontaire de Vicodin pour déclencher une deuxième hallucination. Elle atteint un nouveau pic de mystère avec l’apparition d’une très belle femme brune qui se présente comme étant « la réponse ». Ivana Miličević, sphinx indéchiffrable, joue d’un jeu statique, d’un sourire indéfinissable, et d’une stature ambiguë, pour symboliser une vérité en prosopoppée, qui ne s’ouvre qu’au fur et à mesure. Ce concours de figures fictives et réelles, de souvenirs et de fantasmes, sème le trouble recherché. Cette idée démente de scénariste est justifiée par le fait que House ne peut plus faire la différence entre cérébral et émotion, entre le niveau intellectuel et les fantasmes. D’où cette hallucination où House et Cuddy discutent du patient pendant qu’elle se déshabille suggestivement. On peut rendre hommage à Lisa Edelstein, extrêmement pudique, de casser son image coincée, même si elle s’arrête avant « le moment intéressant ». La frustration de House (Dance, woman !!) - et des spectateurs esthètes - est contredite par l’analyse fataliste de Cuddy : son cerveau droit a repris le dessus : il préfère fantasmer sur des symptômes que sur des femmes ! Cette scène unaniment acclamée par les fans n’est pas un prétexte gratuit, elle fait avancer l’enquête tout en faisant le point sur l’attirance de House pour sa boss, tout en proclamant le triomphe sinistre de l’intellect sur les instincts naturels de cet homme. On ne sait donc pas si c'est une scène optimiste ou pessimiste quant au "Huddy". Les hallucinations successives lessivent House qui fait un retour forcé au bercail. La variété des sentiments et impressions est un gros point fort de cet épisode, qui alterne sans cesse comédie et drame tout en s’inscrivant dans une trajectoire déjà tragique. On apprécie que la résolution du cas ne s’appuie pas sur un flash de House, ce qui aurait été trop « attendu » mais bien sur une de ses habituelles illuminations. La coda du cas décuple brutalement la tension avec Numéro 13 (Dr.Hadley désormais), forcée de trancher un dilemme en quelques secondes. Quelle urgence ! Mais on se doute que ce cas a été trop tôt résolu, et effectivement, un rebondissement fiévreux renverse la donne avec la spectaculaire réapparition de « la réponse ». On remarque en passant que Cuddy, pour garder un œil sur son subordonné épuisé, dort chez lui - pas dans le même lit - il y'en aura un écho dans le final de Sous l’apparence (saison 5). L’épisode est décidément très malin, car il nous a mené en bateau tout le long : et comme House, nous avons inversé cause et conséquence. Diaboliques scénaristes ! L’épisode amorce un nouveau virage avec le quasi-suicide de House, prêt à toutes les folies pour résoudre cette diablesse d’intrigue sous l’effarement général. Le complexe du Rubik’s cube comme dirait Wilson, mais poussé dans ses extrêmes limites. On ne peut s’empêcher d’admirer un tel jusqu’auboutisme. Ultime confrontation avec « la réponse » où House déchire le voile de l’illusion pour une révélation terrifiante : le cauchemar ne commence désormais que maintenant pour les protagonistes !! La reconstitution de l’accident, avec un soin habile du ralenti, est d’un sordide haletant. La fameuse scène du bouche-à-bouche de Cuddy qui a émoustillé bien des fans du Huddy devient anecdotique devant le cliffhanger final. La seconde partie s’annonce très prometteuse… et très noire.
- Chase a suivi un stage d’hypnose à Melbourne. 16. … DANS LE CŒUR DE WILSON
- It's okay. Amber est transportée d’urgence à Princeton-Plainsboro. Elle est mise sous hypodermie pour ralentir la progression de son mal inconnu. La situation angoisse Numéro 13 qui n’arrive plus à travailler. Wilson parvient à convaincre House qu’une information capitale est encore cachée dans sa tête. Au risque de détruire ce qui reste de son cerveau, House subit des impulsions électriques pour revenir dans le passé… L'épisode se déplace sur un terrain plus conventionnel, le thriller onirique est remplacé par une course contre la mort. Mais à coups de dialogues subtils, et d’une interprétation unanimement parfaite, l’épisode réussit haut-la-main son pari, brisant le masque de la sobriété pour filmer l’angoisse et la douleur dans toute leur crûdité. House, Cameron, Foreman, et Chase dans une moindre mesure, ont tous subi une perte temporaire de leur jugement lors d’un précédent épisode. C’est au tour de Wilson d’y passer : mortifié à la pensée qu’Amber pourrait mourir, il se montre d’une prudence exagérée, refusant tout test non sûr à 100% (Ca n’existe pas ! lui rappelle House), préférant demeurer dans le doute, retarder sans cesse le moment où il faudra l’analyser. House, plus ému qu’il veut le laisser paraître, appuie sa cause, violant sa règle de ne pas laisser l’émotion guider sa conduite, provoquant la rebellion de sa team. C'est tendu. House et 13 sont confrontés à leur propres contradictions dans la poignante scène des toilettes : tous deux pleurent sur le sort d’Amber et Wilson. Le corollaire est terrible : 13 n’accepte pas par ricochet de faire face à sa propre épreuve, et House est devant une situation absurde : il retire sa subordonnée du cas parce qu’elle laisse l’affectif prendre le dessus sur la raison… ce qu’il est pourtant en train de faire lui aussi. Il faut attendre l’inattendue rebellion de Foreman et Cuddy, pour que House reprenne ses esprits et trouve la force d’éloigner Wilson. Les diagnostics différentiels de cet épisode sont particulièrement stressants. L’angoisse de Wilson, les indécisions de House, l’éloignement de Cuddy, les pleurs de 13 perturbent le cas. Wilson déguste particulièrement car la possibilité que House et sa chérie aient été amants pointe le bout de son nez. L’hallucination de House qui fantasme cette fois sur Amber est une des séquences les plus troublantes de l’épisode : L’Amber onirique vampe torridement un House sans défense, Anne Dudek joue décidément tous les registres à la perfection ! Aucun remplissage : chaque scène a son intérêt dans cette machine infernale. Comme la fouille de l’appartement d’Amber où Kutner gère, et 13 pas du tout, les yeux d’Amber virant au jaune pourri, son spectaculaire réveil, nouvelle hallucination de House, avec un autre imbroglio au menu - comment savait-il qu’elle avait un « rash » dans le bas du dos ? Le mystère de ce qui s’est réellement passé la veille entre House et Amber est habilement entretenu quand en même temps, Foreman aggrave involontairement son état. Les deux fronts sont explorés par les scénaristes simultanément, ce qui accélère le mouvement. La mise en scène de Katie Jacobs suit bien l'ensemble, réussissant plusieurs plans suggestifs. Et puis, il y’a ce merveilleux moment où Wilson fait comprendre à House qu’Amber compte plus pour lui que lui. House se « sacrifie » en sollicitant encore son cerveau presque HS pour trouver l’information manquante. House est prêt à mourir pour rendre service à un ami. Il s’agit d’un des plus beaux actes d’amitié possible, et de la part de House, c’est sublime. Cet ultime retour dans le temps sera sans appel, avec un démoniaque double twist final, une des plus horribles ironies du sort que nous est offert la série. Tout espoir est anéanti, alors que House sombre dans le coma, épuisé. Les adieux de Wilson et d’Amber sont heartbreaking, partageant une ultime étreinte, que Wilson fait durer encore et encore, retardant de nouveau la mort de celle qu’il appelait déjà - avec l’avis de House - « sa femme ». La composition à fleur de peau d’Anne Dudek et de Robert Sean Leonard, magnifiée par la délicate caméra de Jacobs, est à pleurer d’émotion. L’épisode n’oublie pas de tirer une morale typique de la série : on a toujours tendance à rendre plus sympathique quelqu’un qui meurt sous vos yeux. Le quatuor n’aimait pas Amber, mais ils ne peuvent empêcher l’émotion de les submerger. D’un commun d’accord, ils vont la voir sur son lit de mort, sans dire un mot. Cette Cène muette est un beau cortège funèbre. Amber, au moment de mourir, révèle toute sa grandeur d’âme en refusant d’éprouver quoi que ce soit de négatif : colère, douleur… en partant avec un sentiment d’amour débordant pour Wilson, lorsque ce dernier se résout enfin à la débrancher. La garce manipulatrice était en fait une femme généreuse et pleine d’amour. Le dernier rêve de House est aussi poignant que la scène précédente. Transfigurée, Amber est d'une beauté surréelle, et House se voit à côté d’elle dans un bus vide, une lumière éclatante brillant au-dehors. Très belle image de « l’entre-deux mondes ». On voit alors une scène unique dans la série : House hurle contre l’injustice qui veut qu’une grande âme comme Amber (ce sont ses termes) meurt alors que les sales misanthropes égoïstes comme lui survivent. Il a même l’intention de l’accompagner dans la mort plutôt que d‘affronter la haine de Wilson, à qui House tient bien plus qu’il ne le prétendait. C’est Amber qui doit le consoler et lui ordonner de sortir du bus, de regagner la vie, tandis qu’elle, part au-delà… Le spectateur ne peut qu'être écrasé par ces gigantesques vagues d'émotion. House se réveille pour croiser le regard assassin de Wilson qui - à raison - considère House comme le responsable de ce qui s’est passé. La possible destruction du Hilson est bien plus saisissante que la tendresse de Cuddy qui veille sur House. Wilson finit par s’effondrer dans son lit - subissant une dernière pointe ironique en passant - qui paraît alors tragiquement immense, renforçant sa solitude, tandis que House a les yeux humides. Pour être honnête, il y'a un domaine où Wilson’s heart frappe totalement à côté : la musique. Inappropriée, envahissante, les chansons qui accompagnent les moments les plus forts ne conviennent pas du tout, et amoindrissent l’émotion. Il aurait mieux valu un accompagnement minimaliste ou tout simplement aucun fond sonore plutôt que ces chansons parasites. Mais qu’importe : … Dans le cœur de Wilson est bien l’épisode le plus bouleversant jamais écrit dans une série médicale. Après cet achèvement, la série va se transformer et dee En même temps qu’Amber meurt, c’est bien la série elle-même qui dit adieu à sa première ère, la plus fidèle à son ADN de départ. La disparition d'Amber, qui aurait été un trésor sans prix dans les saisons suivantes est un des plus grands regrets laissés par la série. Mais il est vrai que nous n’aurions pas eu ce sublime finale.
Infos supplémentaires : - Première apparition de Jennifer Crystal Foley dans le rôle de Rachel, la femme de Taub ; elle ne fait toutefois qu'un caméo muet, tout comme Jennifer Morrison. Elle apparaîtra dans 17 épisodes de la série, dont le finale de la série. - Premier épisode avec le nom de Wilson dans le titre. Le second sera L'ami de Wilson (Wilson en VO), en saison 6. - Numéro 13 apprend qu'elle souffre de la chorée de Huntington. - House boit du scotch, bière, gin, rhum, mais pas de sherry. Amber boit du Cosmopolitan (jus de Canneberge).
1. Dans la tête de House/Dans le cœur de Wilson : Considéré à juste titre comme l'apothéose de la série, le finale de cette quatrième saison doit sa réussite à un scénario ténébreux passant du thriller onirique à la tragédie humaine, à une mise en scène crépusculaire, et une interprétation bouleversante. Entre émotion d'une suprême violence, suspense oppressant, et flashes troublants, ce double épisode est l'un des plus grands season finale jamais réalisés. Un choc. 3. Celle qui venait du froid : Episode conceptuel, mix étonnant de McGyver et des Experts. Scènes parodiques et cas malin font le prix de cet épisode particulier où House instaure une relation platonique avec une patiente percutante pour un résultat aussi décalé que divertissant. Dialogues de haut vol assurés. Crédits photo: FOX. Images capturées par Clément Diaz.
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Saison 5 1. Parle avec lui (Dying Changes Everything) 2. Cancer es-tu là ? (Not Cancer) 3. Flou artistique (Adverse Events) 4. L'Origine du mal (Birthmarks) 5. La Vie privée de no 13 (Lucky Thirteen) 7. Consultation à domicile (The Itch) 8. Un vent d'indépendance (Emancipation) 9. Un diagnostic ou je tire (Last Resort) 10. Manger, bouger (Let Them Eat Cake) 13. Le Petit Paradis (Big Baby) 14. Prises de risques (The Greater Good) 16. Un peu de douceur (The softer side) 17. Je dis tout ce que je pense (The social contract) 18. Appelons un chat un chat (Here Kitty) 19. Je suis vivant ! (Locked in) 20. Il n’y a rien à comprendre (Simple explanation) 21. Quand le doute s’installe (Saviors) 22. House divisé (House divided) 23. Écorchés vifs (Under my skin) La décision de recruter une nouvelle équipe en saison 4 était due à un choix artistique, non aux acteurs souhaitant partir de la série. Corollaire à l’orée de la saison 5, la série est face à un dilemme : légitimer aux yeux des fans la 2e équipe, tout en conservant les membres de la 1re. Du côté de la nouvelle équipe, tout va bien : le désillusionné Chris Taub (Peter Jacobson), le compétent mais gaffeur Lawrence Kutner (Kal Penn), et la mordante Rémy Hadley dite « Numéro 13 » (Olivia Wilde) n’ont pas à rougir de la comparaison. Ils apportent une saveur et une profondeur même plus grandes que la première équipe. Sans doute, les scénaristes ont pu affiner leur écriture de personnages durant quatre saisons. Mais si la nouvelle équipe a toute sa place, la présence de la première est génante. Le trio initial n’a plus rien à dire après trois saisons au premier plan. Que Foreman soit inclus dans la deuxième équipe est une faute à cet égard, car le personnage n’a plus d’intérêt, à l’image d’une Dana Scully phagocytant l’espace de Doggett et Reyes dans la dernière saison de X-Files. Malgré toutes ses qualités, House n’est pas une série chorale comme Urgences. Quatre saisons à tenir un cahier des charges rigide est un travail éprouvant, surtout après la déflagration du finale de la saison 4, somme définitive de ce que la série peut faire de mieux dans le genre. La cinquième saison va donc l’amender en lorgnant du côté sentimental. Si la série jusque-là a plutôt bien géré les « ships », elle n’a plus la main heureuse : le couple Foreman-13 ne sera jamais crédible, le Chaseron va s’enfoncer dans un grotesque hallucinant, entâchant la réussite des derniers épisodes de la saison, le ménage Taub n'apportera rien. Plus grave, l’évolution de Cameron est rendue caduque par un consternant retour arrière du personnage. Dans sa première moitié, la saison commet un contresens absolu en trahissant le personnage de Cuddy en surlignant son désir d’enfant, son côté maternel. Cela aboutira à des déferlements lacrymaux à la Grey’s anatomy, faisant systématiquement chuter la qualité des épisodes. Malgré tout, la saison 5 est réellement une excellente saison. Amender le cahier des charges ne veut pas dire le changer. A la différence des couples précités, le Hilson et le Huddy bénéficient d’une écriture soignée. Plus psychologue que jamais, Wilson est le porte-parole des spectateurs, analysant avec acuité les comportements humains et ceux de House. La psychologie sera la planche de salut de la série, qui va devenir de plus en plus son terrain fondamental. Pour cette raison, il est inutile de chercher un âge d'or : dans les 4 dernières saisons, la série a évolué, proposant une nouvelle identité qui n'est pas moins riche que la première ère. Le relatif désamour des fans à partir de cette saison 5 s'explique par un attachement à la première version de la série, assez différente de sa "version 2.0". Entre House et Cuddy, ça devient de plus en plus tendu, la tension sexuelle bouillonne, tandis que le Hameron connaît une belle fin en deux temps, discrète, à son image. Les enquêtes médicales gardent toutes leur intérêt. Suspense, humour noir, Housisms, richesse psychologique et philosophique... Le mélange comique (parfois burlesque) et dramatique (parfois tragique) est porté à ces cimes. Le profil des patients demeure soigné. Toutes les qualités de la série se retrouvent concentrées dans le grand finale en trois parties centré sur une terrifiante descente aux enfers de Gregory House, parsemée de rebondissements massifs, où la réalité et l'imaginaire se confondent, jusqu’à la dernière image, d’une profonde mélancolie. House et Wilson, portés par Hugh Laurie et Robert Sean Leonard, impressionnants de génie, maintiennent le bon cap. Malgré les égarements romantiques des personnages, la saison 5 ne démérite pas. A suivre sans modération ! 1. PARLE AVEC LUI Réalisation : Deran Sarafian
- I'm busy.
- We need you to… - Actually, as you can see, I'm not busy. It's just an euphemism for "get the hell out of here." Patti Michener, responsable d’une organisation pour les droits des femmes au travail, surcharge sa secrétaire Lou de travail, qui finit par avoir des hallucinations. Deux mois ont passé depuis la mort d’Amber, et Wilson et House ne se sont plus reparlés depuis. Sous l’injonction de Cuddy, House va voir Wilson qui lui déclare qu’il va démissionner… Le débat éthique sur la survie du fœtus est sèchement expédié par House. Pas sûr que les associations pro-vie adorent, mais la série demeure fidèle à sa vocation de dureté et de réalisme. Le ganglion, l’attaque cardiaque, la terrifiante métamorphose de Lou, l’hémorragie bien sanglante… rythment ce cas avec célérité. Le twist final est de nouveau un sommet d’ironie, la beauté devenant le symptôme d’une maladie grave ! Valeur fondamentale dans notre société, elle est ici mortelle, rejoignant la longue liste des réquisitoires de la série contre notre monde d'apparences. Dès le premier diagnostic différentiel, l’épisode aligne dialogues percutants et échanges électriques, balançant entre la comédie noire et le drame. Tourmentée par son espérance de vie irrémédiablement abrégée, 13 se montre plus volontariste, voulant à tout prix exister, et laisser une trace dans le monde. Ce questionnement d’habitude propre aux personnes âgées frappe une jeune, avec grand impact. Si elle se montre compétente, elle perd son objectivité en s’attachant trop fortement à sa patiente et en essayant d’influencer sa vie. Lou a choisi la voie du renoncement. Victime d'un manque de considération envers elle-même, elle essaye de se leurrer en prétendant "assumer" ses tristes actes : soumission à son employeuse, coups d’un soir à la chaîne pour « assouvir ses besoins naturels ». Alors qu’elle pense mourir, un sursaut d’idéalisme la saisit, elle songe à se mettre à son compte, mais choisit finalement de retourner à la case départ. Coup dur pour Numéro 13 qui voulait « compter pour quelqu’un » et qui, échouant à trouver la maladie (trouvée par House), échoue pareillement à changer la vie de Lou. Ironiquement, c’est la patiente qui réconfortera la doctoresse, sans masquer l'amertume de son choix à ne pas vivre une vie à elle. Christine Woods, au fort quotient d’empathie, est merveilleuse de douceur. Olivia Wilde manque de chaleur, mais excelle dans la tourmente. L’épisode se focalise sur House et Wilson, avec Cuddy jouant les médiateurs de fortune. Duo dramedy car House ne peut parler avec la personne qui lui est la plus chère qu’en la traitant d’idiot. House se trouve en fait devant une atroce éventualité : perdre son unique ami. Pas de supplications, mais seulement des dialogues bien massifs qui font très mal. Incapable d’accepter des sentiments « faibles » comme la gentillesse, l’attention… il ne peut réagir que par l’agressivité. House fait un odieux chantage affectif, menaçant de ne pas intervenir sur sa patiente - la condamnant à une mort quasi certaine - si Wilson ne revient pas sur sa décision. Ce genre d'excès, House n'y arrive que lorsqu'il est au paroxysme de la souffrance, ce qui donne une idée de ce que Wilson représente pour lui. Mais là où Cuddy s’effondrerait, Wilson tient bon. La scène de ménage avec Cuddy instille le malaise quand elle se rend compte que House ne ressent aucune culpabilité quant à la mort d’Amber. Si House regrettait dans la "scène du bus" que le sale type qu’il est survive au lieu de la « belle âme », il se dédouane de toute responsabilité. Même au pied de mur, il reste égal à lui-même. Mais le sommet est certainement la calamiteuse « thérapie de couple », désopilante et dramatique par leur incapacité à communiquer. Les interventions de Cameron et de Foreman sont du même acabit. On retrouve les vannes de House envers son souffre-douleur favori, et surtout la très belle réponse de Cameron à Wilson pour le convaincre de rester : seul le temps peut effacer la douleur, et ce n’est pas en changeant de vie qu’on accélérera le processus, erreur qu’elle a elle-même commise. Foreman, à l’inverse, l’encourage à partir pour qu’il pense enfin à lui et ne plus être un jouet entre les mains de House ou Cuddy. La générosité excessive de l’oncologue est son grand défaut, Amber le lui avait fait remarquer. La morale de l’histoire (Almost dying changes nothing, dying changes everything) est d’un grand pessimisme sur notre capacité à tirer des leçons de nos erreurs, sauf quand il est trop tard. La véritable raison du départ de Wilson stupéfiera tout le monde, mais est d’une logique implacable. Même si on sent que House commence à éprouver des remords (Whaaa !), Wilson quitte l’hôpital, et semble signer l’arrêt de mort de leur amitié. Un quasi cliffhanger, qui termine cet épisode plein d’humour noir et de drame. Informations supplémentaires: 2. CANCER ES-TU LÀ ?
It's too late for us to remove the eye. Which means we're gonna have to remove your whole head. Don't worry [holds up a huge meat cleaver], it doesn't hurt. House, en forme olympique, casse une bonne série de règles éthiques à faire tourner comme une toupie Hippocrate dans sa tombe, ce qu'on goûte toujours autant. Le miraculeux twist final est encore un dézingage en règle des apparences, combat éternel de la série. Un revival Sunnydale est à l'oeuvre, avec Vi, une des Potentielles les plus marquantes de Buffy en patiente. Si on regrette que Felicia Day ne dégaine ni pieu ni batterie de couteaux, la Geekqueen est très touchante dans le rôle de cette patiente perdue au milieu de ses illusions. Lucas Douglas est l'attraction de l’épisode. Aussi minable en déguisement que perspicace, il est résolument orienté humour. Les fans de Six feet under ont dû flipper quelques secondes, mais Michael Weston, loin de son rôle de psychopathe sadique, est un interprète de premier choix pour ce personnage (sans chien) qui dissimule sous sa bonhomie et ses idioties un esprit de synthèse de premier ordre et une excellente connaissance de la psychologie humaine, point sur lequel il réussit même à battre le chevronné House ! Douglas, bien exogène à la série, est toutefois le premier indice de la difficulté pour Dr.House à se renouveler. Pour l’heure, les dialogues chocs se multiplient (Shore a un don pour les échanges profonds et acérés) grâce à son intervention. C’est surtout les sarcasmes de House face à son « efficacité » qui font rire. Douglas encaisse stoïquement, et en retour, décrit House avec une précision si stupéfiante qu'il en reste muet. Douglas apparaît ainsi comme un cousin éloigné de David Addison de Clair de Lune, par son mélange d’incompétence et d’intelligence, son débit très rapide... et ses honoraires très très très élevés ! Mais sous la couche de rire, Douglas brosse un portrait peu optimiste de l’être humain. Même les spécimens les plus intelligents comme House se laissent aller à des erreurs de jugement grotesques. La scène comico-dramatique du camion de glaces où Weston joue à merveille le faux résigné, est significative. Surtout lorsqu’il détaille notre capacité à vouloir ignorer les choses les plus importantes ou qui le paraissent à nos yeux. Leurs discussions prennent des allures de cours de psychologie appliquée, où chaque comportement humain est passé au crible. Passionnant et sans vantardise. A l’inverse, Douglas est incapable de mentir, point sur lequel House est ceinture noire 123e dan. Il montre une sensibilité féminine comme sa compréhension, sa pudeur, sa timidité (hilarante filature), et ainsi se démarque de House qu’il ne rejoint que par sa résignation devant les choses de la vie. On comprend sa future romance, qui s'ébauchera dès l'épisode suivant. Le Hilson sombre dans un gouffre sans fond. L’unique scène entre House et Wilson est d’une grande intensité. Elle était préludée par la première scène où House tentait de se convaincre qu’il pouvait très bien vivre sans Wilson, et se trouver un nouveau meilleur ami (la scène avec le candidat à ce titre est un pur massacre comique). Héraut de la vérité, House ne peut nier ses propres sentiments, et sa visite à Wilson, derrière le prétexte médical, ne cache en aucun cas son désir de se réconcilier avec lui. Mais il subit une véritable leçon d’humilité (pour ne pas dire d’humiliation) quand Wilson lui claque la porte au nez. Le patient de Mirror, Mirror (saison 4) avait raison : Wilson domine House dans leur rapport d’amitié. Ce dernier, à la onzième heure, est désarmé et sans ressources face à cet abandon. Les interprètes sont parfaits, tout semble bloqué dans une impasse. Comme naguère dans Des maux d’amour (saison 1) où House masquait à Cameron son désir sexuel en se montrant cassant, il cache ses élans d’amitié en restant cynique et méprisant envers Wilson. Il est incapable d’avoir une relation « normale » et saine avec quelqu’un. Lui qui s’en félicitait, voilà qu’il en paye le prix. Un châtiment sévère mais juste. Ce ton presque funèbre réussit bien à la série. Informations supplémentaires: - Premier épisode avec Lucas Douglas, interprété par Michael Weston. Il apparaîtra dans en tout 10 épisodes de la série. Weston est le fils de John Rubinstein, qui jouait le Dr. Ayersman dans L'Erreur (saison 2). - Jennifer Morrison (Cameron) n'apparaît pas dans cet épisode. - Dans l’introduction, du sang coule des oreilles du boxeur K-O. Quelques plans plus tard, il n’y a plus de sang. - La chanson de l’épisode est You might die trying par le Dave Matthews Band. Dave Matthews, avait joué le patient de Demi-prodige (saison 3). Michael Weston (1973) impressionna le public en jouant Jake, un psychopathe dans 4 épisodes de Six feet under. Par suite, il a joué dans Frasier, Urgences (2 épisodes), Scrubs, New York unité spéciale (4 épisodes chacun), Les Experts, Les Experts Manhattan, Burn notice, NCIS : LA, Supernatural (épisode Comme par magie), FBI : duo très spécial, The Office, Elementary, etc. 3. FLOU ARTISTIQUE Scénario : Carol Green et Dustin Paddock - You gonna tell my wife ? Brandon, jeune peintre en difficulté financière, a une agnosie visuelle : il voit la réalité sous forme d’images déformées. House devine qu’il teste en tant que cobaye des médicaments expérimentaux pour gagner sa vie, ce qu’il cache soigneusement à Heather, sa petite amie. Il doit trouver quel médicament cause son état. Grâce aux renseignements de Douglas, House informe Taub que sa femme a ouvert un compte en banque secret, ce qui le perturbe. Enfin, Douglas semble très attiré par Cuddy, entraînant quelques conflits d’intérêts… Exploitant plus avant la question posée dans Trop gentil pour être vrai (saison 4), l’épisode pointe le cas bien fréquent de la pression subie par un des membres du couple, qui, terrorisé par la peur de le décevoir, s’enferme dans une logique perfectionniste et stressante. Prisonnier du regard élevé dans lequel il croit qu’Heather le considère, Brandon met sa santé en danger pour rapporter des revenus substantiels en les faisant passer pour ses ventes de tableaux (en fait au point mort). Se sentant par ailleurs indigne d’être aimé par une femme aussi belle - Marika Dominczyk est en effet un vrai canon de beauté - il veut montrer qu’il est un provider, un homme pouvant assurer son confort matériel, pour compenser ce cadeau de la vie qu’il se sent indigne d’avoir. Il ne croit pas ainsi en l’amour de sa compagne. La peur d’être inférieur le ronge. Le fait qu’il soit « artiste » ne compte pas dans la mesure où ça ne lui rapporte rien. Pourtant, Heather n’est pas aussi superficielle qu’il le croyait. A la différence des autres couples de la série, ravagés lorsqu’ils découvrent la face cachée de l’autre, ce couple tient bon, même si la fin laisse un goût amer. La solution Taub semble meilleure : l’absence totale de romantisme dans son couple ne laisse pas de place au rêve, le guinde, mais lui permet de tenir. Après avoir été entrevue à la fin de la saison 4, Rachel Taub (charmante Jennifer Crystal Foley) entre en scène. Chacun fait des compromis pour satisfaire l'autre sans se renier. La scène du dîner est formelle et dénuée de complicité. Pourtant, la surprise finale montre que le couple Taub s’aime véritablement, mais la sobriété de leurs caractères font qu’ils ne le montrent qu’implicitement, ou bien lors d’une « grande occasion ». Ils déjouent ainsi le pronostic de House qui pensait que sa révélation sur le compte bancaire secret fêlerait l’harmonie du ménage. Taub, qui ne se démonte pas, exigera des excuses à House pour son comportement inacceptable, et ce dernier - même si c’est du bout des lèvres - s’y pliera, un événement assez rare ! La révélation que s’apprète à faire Taub de son infidélité passée devrait toutefois compliquer la donne. Malheureusement, sacrifier le plaisir pour tenir sur la durée n'empêchera pas le couple de rencontrer leur destin en saison 7. De plus en plus, Lucas Douglas fait figure de clown. En dehors des secrets plus ou moins drôles qu’il révèle, il acquiert une nouvelle dimension en tombant raide dingue de Cuddy, la courtisant avec une maladresse à pleurer de rire. La scène où Cuddy le surprend en train de fouiller dans son bureau entraîne un échange complètement dément où Douglas veut lui montrer que ce geste peu légal est le témoignage de son attirance pour elle. Cuddy hésite entre consternation et contentement d’être l’objet de tant d’attentions. Lisa Edelstein montre brillamment la confusion de son personnage en adoptant un ton sévère, mais un body language à contrecourant. Michael Weston est parfait en imbécile sympathique, pris dans un conflit d’intérêts à la stupidité hilarante. On atteint un nouveau sommet lors de leur « rencard » avec le gag énorme de la photo de House. La question de savoir si la photo est truquée dépasse le simple gag direct, car entraîne un enchaînement de rebondissements révélateurs des pensées des personnages : si Douglas croit qu’elle est fausse, pourquoi prend-t-il le risque de la lui montrer sachant qu’elle pourrait découvrir la supercherie ? Si Cuddy sait que Douglas se verrait obligé de maquiller des preuves, pourquoi a-t-elle accepté de lui faire confiance ? Finalement, c’est House qui se montre le plus malin, il connaît si bien Cuddy qu’il sait comment la manipuler, et y réussit une fois de plus ! Cela donne une perspective intéressante : Cuddy idéalise House, le voit comme un être sérieux et responsable, incapable de s’écarter du chemin qu’il s’est tracé. L’idéalisation de la personne étant caractéristique des premiers moments de l’amour, voilà bien un fin indice Huddy. Comme coda, nous avons droit à une interprétation de première classe par Hugh Laurie (à la guitare) et Michael Weston (au piano) du rythmé Drown in my own tears d'Henry Glover. Enjoy ! Informations supplémentaires: - Marika Dominczyk (Heather) est l’épouse de Scott Foley, qui jouait le patient principal de Rencontre sportive (saison 1). - Robert Sean Leonard (Wilson) est absent de l'histoire. C'est la première fois de la série qu'il ne participe pas à un épisode. Jennifer Morrison (Cameron) n'apparaît pas non plus. - 13 a contracté un prêt à 12%. Elle a un abonnement à un club de gym. 4. L'ORIGINE DU MAL Scénario : Doris Egan et David Foster - I'm a doctor, and when someone tries to call you three times, it's code for "Pick up the damn phone before someone dies." Les premières scènes sont dans le ton ironique de la série, avec le quatuor et Cuddy qui veulent consoler House qui n'a absolument rien demandé. Cette situation décalée donne lieu à d’acérés « Housisms ». La première étape du trip House-Wilson est hilarante : Wilson, mutique, serre les mâchoires, fronce les sourcils, lance des regards qui tuent, pendant que House se perd dans des monologues pour meubler son grand moment de solitude. Entre ces deux-là, c’est plus le froid polaire, mais le zéro absolu. Wilson a la rancune tenace, mais il est vrai qu’House ne fait rien pour améliorer tout ça. L’escale dans le parking lance plusieurs gags consécutifs avec House qui sabote tous les efforts de Wilson, qui se montre d'une prudence excessive et... justifiée. Leur ping-pong verbal tout à fait réjouissant, mais se pare d'ombres quand House parle de sa relation avec son père : autant d'instantanés féroces, la famille House était tout à fait irrespirable. La scène centrale où ils se font arrêter par un shérif du genre à vous mettre la bite dans un tupperware si vous l’embêtez, est le clou de l’épisode. Nous apprenons alors comment House et Wilson se sont rencontrés : c'est outrancier, c’est pas possible, c’est impensable, c’est House et Wilson. On comprend mieux pourquoi leur amitié est si originale et peut-être aussi pourquoi Wilson ne rechigne guère quand House lui demande de l’argent : il a la gratitude du sauvé. Ce récit est ambigu : House avait-il senti au fond de lui-même qu’il apprécierait cet être si différent de lui, malgré qu'il jure que c’est uniquement par ennui qu’il a fait ça ? On peut le penser. Ce serait encore une négation de son grand cœur, c'est tellement lui. Ce récit est au fond émouvant, mais provoque rires sur rires avec les différents points de vue des héros qui ne cessent de se contredire. Le shérif (Jack Conley, qui surjoue avec délices son rôle de dur à cuire) est aussi un sacré numéro, dépositaire d’une tradition bien rigide avec exaltation des bonnes valeurs américaines. Doris Egan et David Foster jouent et gagnent à chaque coup. Plaisir de revoir Blythe House (toujours juste Diane Baker), qui sous ses attentions maternelles, n’est pas dupe des sentiments de son fils. La scène de l’enterrement trouve sa valeur grâce à l’éloge funèbre. Dans le sourd sanglot qu’il réprime et son regard à la fois dur et triste, on mesure combien House a souffert de ce père. Wilson ironise sur la fuite de son ami : pour ne pas subir une quelconque influence paternelle dans sa vie, il a adopté exactement le contraire de son comportement, mais par là avouant quand même une « influence » ! Au fur et à mesure qu’il improvise ce discours, House constate qu’il lui doit en partie d’être ce qu’il est devenu, ce que pendant 40 ans, il n’a cessé de nier. Un éclair de lucidité d'autant plus rare que le personnage est habitué à cacher son véritable soi sous de gros blocs de cynisme, d'arrogance, et de haine de soi.
Acteurs : 5. LA VIE PRIVÉE DE NO 13 Scénario : Liz Friedman et Sara Hess Wilson is an idiot with a messiah complex. Savior to all who need saving. That's why his first wife had a wooden leg, second wife was Canadian. Numéro 13 a un coup d’un soir avec une inconnue. Mais pendant la nuit, Spencer, son amante, fait une crise hypotonique. A l’hôpital, Numéro 13 se comporte de manière curieusement froide envers elle. House s’intéresse de près à ce cas, car cela lui permet de fouiller dans la vie sexuelle de son employée. Pendant ce temps, il continue d’espionner Wilson avec Douglas, car il a l’intuition que Wilson a changé… Numéro 13 fait les frais de sa bisexualité, devant rester stoïque devant les sourires entendus de ses collègues, et les vannes de House. Hilarante scène de Spencer répondant franchement aux questions de House sur leur nuit commune, ou sa scène de tentatrice (on se prend à rêver de ce qui se serait passé si on était dans une certaine clinique de Miami). La gouaille de la manipulatrice Spencer est hélas sous-exploitée - réduite par la suite à un rôle lacrygène - et Angela Gots a un jeu trop sobre pour exprimer le grain de folie de son personnage. C’est en se focalisant sur Numéro 13 que l’épisode convainc le mieux. Pour compenser sa maladie mortelle, elle vit à cent à l’heure : beuveries, drogues, filles d’un soir, et nuits sans sommeil, elle tombe dans tous les excès que peuvent entraîner l’annonce d’une telle nouvelle. Le jeu trop retenu d’Olivia Wilde empêche de voir la violence intérieure du personnage, mais elle est à l’aise dans les scènes plus sensibles. Son visage fatigué, presque zombifié, est assez effrayant, surtout dans la scène où Cuddy la surprend en train de se « doper ». House la sauve de ses griffes mais c’est pour mieux la renvoyer ipso facto ! House a compris que son employée était en train de s’autodétruire : son enchaînement de déductions est implacable, et ce renvoi vise à lui donner une claque dont elle a bien besoin. Numéro 13 paye le prix d'être soumise à son ça, ses moindres pulsions naturelles. Cela ne rend que plus émouvant la relation plus affectueuse qu’elle s’accorde avec Spencer. Sa révolte contre son licenciement laisse la place à une résignation tranquille, comme lorsqu’elle décrit à Spencer comment elle mourra lentement et avec douleur. Il y’a un décalage entre l’horreur de sa tirade et son ton calme. C’est en montrant toute sa générosité et sa passion qu’elle est de nouveau réembauchée, House voulait en fait simplement corriger ses excès par sa méthode franc du collier. Mais ses efforts demeurent vains car la dernière image la montre retomber dans ses démons. Numéro 13, accro au risque - elle mourra bientôt, qu’a-t-elle à perdre ? - ne veut pas changer, et fait voler en éclats le happy end. Wilson n’a pas mangé le pain au lait de House. Par conséquent, il a changé de vie, et House dépêche Douglas pour l’espionner. Ce raisonnement est totalement incongru… et vrai ! C’est ainsi que House apprend que son meilleur ami a désormais une maîtresse… qui est une prostituée qu’il veut sauver du trottoir pour qu’elle puisse reprendre ses études de droit. C’est évidemment un gros clin d’œil à la série A la maison blanche où Lisa Edelstein tenait dans les premiers épisodes un rôle récurrent d’étudiante en droit qui devient call-girl la nuit. Mais Wilson n’étant pas Sam Seaborn, la comparaison s’arrête là. Douglas (toujours désopilant Michael Weston) apprend qu’en plus, il se drogue… ce qui amène House à une conclusion hilarante (si, si !) confirmée par l’intéressé. Le tour de cet épisode sera d’ailleurs réutilisé dans Quand le doute s’installe. En filigrane, séquence psychologie offerte par Foreman et Chase, ce dernier disant haut et fort à son ancien collègue qu’il est "chiant", et de justifier sa pensée dans une explication de texte tout à fait pertinente. Foreman, à force de puissance morale, a réussi à être plus stoïque, moins faible, ce qui le rend plus fort… et chiant. Chase lui fait remarquer que ce sont nos faiblesses qui rendent chaque homme intéressant, faute de quoi nous ne sommes que des automates. Comme House, Foreman devient meilleur médecin, mais se déshumanise toujours plus. Il se montre cependant solidaire en cachant à House la terrible lettre reçue par Thirteen ; et on sent les premiers signes de leur relation. La fin est hélas gâchée par la spectaculaire annonce de Cuddy : les fans ne peuvent que voir l’orientation désastreuse que va prendre le personnage, et dès l’épisode suivant. Informations supplémentaires: Scénario : David Hoselton - Thirty-seven-year-old male with recurring blackouts. Jerry Harmon élève seul sa fille Samantha de 12 ans. Ce foyer semble dénué de joie tant tout est triste autour d’eux. Le père va à l’hôpital quand il commence à perdre toute notion de temps et de mémoire. L’équipe conclut bientôt qu’il dort sans s’en rendre compte ! Pendant ce temps, Cuddy rencontre Becca, la mère de son futur bébé qui va bientôt accoucher, mais les choses ne se passent pas comme prévu… Là où on accroche moins, c’est le cas médical. Par un malheureux reflet, il est aussi atone que les patients. L’unique expression faciale affichée par les Harmon est volontairement pesante, mais du coup, cela les prive de toute profondeur et d’activité. Le duo inattendu Taub-Numéro 13 donne cependant lieu à de plaisants échanges, cette fois sur les liens familiaux, qui peuvent être de véritables poisons. Taub est toujours une valeur sûre pour la série, mais c'est 13 qui rafle la scène la plus drôle de l'épisode en se faisant passer pour une (très exigeante !) amatrice de coke auprès d’une dealeuse. On se prend à rêver de comment aurait réagi Nancy Botwin dans une telle situation... Le cas traîne, les diagnostics différentiels sont vaseux, les rebondissements font flop, et seul House en mode je-vanne-tout-ce-qui-bouge a un certain intérêt (la pomme de Wilson, excellent gag). Les surprises occasionnées par le somnambulisme inconscient de Jerry puis de Samantha ne tiennent pas sur la durée. On est surpris que notre équipe n’ait pas remarqué l’absence de joie des patients, ça aurait dû leur mettre la puce à l’oreille ! Mais le twist final, une des plus géniales illusions de la série, est un tour de force que l’on applaudit après 35 minutes de recherche platounettes. Côté Cuddy, c’est une catastrophe intégrale. La tonique directrice d’hôpital se transforme en candidate-mère inquiète et apeurée. Le personnage s’effondre totalement, ne devenant plus qu’un artifice tire-larmes pompier et pompant. La discussion dans le bar tourne en rond avec ses répliques convenues et le jeu super faux des actrices. Lisa Edelstein ne fait certes que jouer ce qu’on lui dit de jouer, mais c’est quand même casse-pieds de la voir faire n’importe quoi. Plus faux qu’elle, il y’a Becca, la mère, qui décroche de très loin la palme de la pire guest star de la série. Mère esseulée secouée par les aléas de la vie, elle est une figure ultra larmoyante d’une pesanteur insupportable. Elle ne fait que sourire tristement ou pleurer, lançant des regards aussi légers qu’un camion de déménageur à faire passer Stefanie Powers pour Ingrid Bergman. Vanessa Zima bat des records de cabotinage. Elle surligne au feutre indélébile à chaque seconde tous les sentiments de son personnage (chagrin, espoir, chagrin, espoir, chagrin, déprime…), et on se prend à rêver qu'elle passe l’arme à gauche elle et son foutu bambin qu’on ait la paix ! La comparaison avec sa sœur aînée, Madeline Zima, l’inoubliable garce nymphomane de Californication, est sans appel. Et malheureusement, elle en occupe du temps, cette maman, et comme elle est souvent avec Cuddy, c’est près de la moitié de l’épisode qui coule sous les inondations de sentimentalisme. Son revirement final est la cerise pourrie sur le gâteau indigeste, avec les chutes du Niagara qui tombent en cascades larmoyantes. A ce moment, on est en train de se demander à partir de quelle fenêtre on va faire tomber sa télé. La seule scène à sauver est House qui sabote en maître le moment le plus attendu par Cuddy (l’accouchement), pas pour lui faire mal, mais pour la rappeler à l’ordre sur ses priorités : les patients d’abord, les gamineries ensuite ! Et c’est au terme de cette bouillie infâmante que l’épisode choisit de nous livrer une scène que les fans attendaient depuis plus de quatre ans : le premier baiser entre House et Cuddy. La scène est magnifiquement amenée, avec un échange préliminaire à fleur de peau. A l’inverse de celui de Demi-prodige (saison 3), c’est House qui prend l’initiative de l’embrasser et le résultat est fougueux, enflammé, bien loin de la douceur chaste du précédent. On remarquera que comme pour les X-Files, c'est au terme d'un épisode raté que les héros échangent leur premier baiser. On trouve aussi une curieuse habitude de la série : finir en beauté ses plus mauvais épisodes. Avec un bébé, Cuddy n’aurait plus besoin de réfléchir quant à ses sentiments pour House : l’enfant suffirait. Or, House, violemment attiré par elle, ne peut le supporter, et son baiser est davantage un appel désespéré pour lui faire comprendre qu’il est là, qu’il attend. Le fait cependant qu’il part sans pousser plus loin son « avantage » montre son intention de ne pas profiter d’elle dans un moment de faiblesse. Hugh Laurie est parfait. Dommage que cette fin clôt un épisode en tel passage à vide. Informations supplémentaires: 7. CONSULTATION À DOMICILE Scénario : Peter Blake Hey, Cameron, how would you like your old job back ? I'm asking because it's the only way I can fire you. Stewart Nozick, la quarantaine, est atteint d’agoraphobie aiguë : il lui est impossible de sortir hors de sa maison. Aussi, quand il tombe malade, House et son équipe doivent se déplacer à domicile. Cameron l’ayant déjà rencontré, elle réintègre provisoirement l’équipe. House et Cuddy se demandent ce qui va se passer après leur baiser de la veille, tandis que House provoque le trouble chez Chase et Cameron… Cameron n’est pas sans intérêt, loin de là, elle sous-entend très bien sa peur de l’engagement (traité hélas en mode mauvais melo). Et par sa douceur, parvient à gagner la foi du patient, là où ses académiques collègues échouent. On la voit aussi se démener, se battre pour bien faire son travail. De ce point de vue, la méthode House a porté ses fruits. Jennifer Morrison joue plutôt juste quand le scénario de Peter Blake reste dans la sobriété, mais quand elle doit plus largement s’épancher, l’actrice retombe dans son cabotinage intermittent. Après une ascension difficile, le Chaseron descend la pente en commençant à nous crisper. L’hilarante communication téléphonique où House, entre deux hypothèses médicales, décortique leur relation qui s’effrite est certes très drôle, mais donne lieu par la suite à des échanges surlignés au feutre gras entre les deux amoureux, avec de plus un jeu anormalement faux de Jesse Spencer. Leur réconciliation finale ne manque pas de mièvrerie. Heureusement, cette facette de l’histoire s’efface devant le cas médical, d’une toute autre matière : l’idée de la consultation à domicile donne lieu à d'originaux développements qui rappellent Celle qui venait du froid (saison 4) et ses solutions à la McGyver. Le patient agoraphobe (Todd Louiso, au jeu puissant), emprisonné dans une peur destructrice, a suffisamment de présence pour nous intéresser. Il est amusant de voir House, qui se croit l’être le plus fermé au monde, de croiser quelqu’un qui l’est encore plus ! Avec un tel patient, le cas est assez complexe, et la péripétie du transfert crapuleux à l’hôpital, mais au retour arrière barré par une Cuddy impitoyable (House se montre irresponsable à des degrés cosmiques), n’est pas sans intensité. Les rebondissements traditionnels ont d’autant plus d’effet que la marge de manœuvre est limitée pour nos chers héros. Le twist final est assez malin, car il rejoint la tare de notre patient : il est prisonnier de son passé, et sa maladie est un terrible fantôme de son passé. Par ailleurs, la série ose toujours plus se moquer de la bienséance : trop de temps à passer à nettoyer votre maison peut être synonyme de TOC ! L’histoire avec Cuddy est la partie la plus aboutie de l’épisode. La patronne a promené sa langue dans le palais de son employé ce qui cause une gêne comique et grinçante chez les intéressés le lendemain. On s’amuse surtout de l’irruption de Wilson dans le débat, source de plein d’effets comiques. On adore le voir ouvrir des yeux et une bouche énormes lorsque House prétend avoir « culbuté » Cuddy. Robert Sean Leonard est toujours aussi régalant en clown, mais il faut voir sa performance en amoureux timide quand il avoue son attirance à Cuddy. Cette dernière le tournant affectueusement en dérision. Cuddy se montre quand même assez cruelle en se moquant de l’oncologue, malgré le gentil baiser platonique qu’elle lui donne. Le « Widdy » restera bien dans un seul sens. House a bien deviné pourquoi Wilson ne voulait pas tenter sa chance : il se retranchait derrière le cadavre encore chaud d’Amber, prétexte qu’il donnait à sa peur pour ne pas se lancer. La scène la plus réussie est cependant celle où Cuddy déclare n’avoir jamais pensé à House comme un futur compagnon, avant d’expliquer dans une magnifique tirade comment se déroulerait leur vie de couple… prouvant par là qu’elle a bien pensé à lui « de cette façon » ! A posteriori, l’ironie est cruelle, car ils traverseront exactement les étapes prévues par Cuddy lors de l’officialisation de leur couple. La démangeaison de House (le titre original), métaphore de cette possibilité qui le « gratte », le lance pendant tout l’épisode. Le sommet est probablement son obstinée chasse à la mouche, qui regarde curieusement vers une scène culte de Breaking Bad où Walter pète un câble à cause de cette innocente bestiole. Mais la comédie de cette histoire laisse la place à la mélancolie. Le blocage vient aussi de House, qui au moment d’entrer chez Cuddy, finit par renoncer et repartir. House a trouvé les mots justes pour pousser Stewart à abattre sa lâcheté ; mais, incapable de suivre ses propres conseils, s’emmure dans sa couardise. La dernière image montre finalement un House qui a fêlé sa glace. Il a peur du bonheur, peur que Cuddy soit la femme qu’il a tant recherchée, comme Wilson l’avait dit. Dans cet épisode, on retiendra que House et Wilson sont très doués pour se psychanalyser mutuellement. Informations supplémentaires : Acteurs : 8. UN VENT D'INDÉPENDANCE Scénario : Pamela Davis et Leonard Dick - Her lie would be relevant if lies can cause pulmonary edema and delirium. On apprécie l’amertume de la patiente, frustrée de ne pas être crue et d’être enfermé dans un cliché misérabiliste. Tout aussi ironiquement, le terrible secret qu’elle porte l’enferme dans ce genre de clichés ! S’éloignant de son pessimisme traditionnel, la série pose sur les immigrés esseulés un regard plein d’espoir, tout en traitant d’un des pires maux qui peut frapper un être humain : la culpabilité. Sophia renie son enfance, et est prête, pour satisfaire sa culpabilité cachée, à refuser de vivre. Vivant sous le poids d’un traumatisme harassant, elle se proclame juge et bourreau, et semble peu effrayée à l’idée de mourir. Il faudra toute l’énergie de Numéro 13 et de House pour qu’elle accepte enfin d’être délivrée de son tourment, après un twist final d’une violence à couper le souffle ! Le final larmoyant est intense et sans pathos, preuve que dans une série médicale, on peut pleurer sans tomber dans le sentimentalisme. Toutefois, Kutner avait aperçu la solution depuis le début, et on s’étonne que l’équipe n’ait pas exploré auparavant sa piste. L’unique scène entre Sophia et House est bouleversante. Fascinant House, qui se moque des hommes, mais ne peut s’empêcher d’œuvrer pour leur bien. Leur échange marqur la fin d’un long cauchemar pour Sophia, devenue adulte trop tôt. Nos docteurs sont en forme. A part Kutner, plus sombre mais toujours aussi supérieur à ses camarades, on apprécie les joutes verbales entre Taub et Numéro 13, où les thèses pessimistes du premier se heurtent à l’espoir de la deuxième. Si on adore Taub, on applaudira quand même que 13 lui rive son clou de temps en temps. Comme toujours, notre docteur lâche ses vannes, mais dans ce domaine, Wilson a fait pas mal de progrès. Leurs discussions, volontairement stériles, amusent par leurs détours tordus : chacun connaît l’autre comme sa poche, et essaye de comprendre pourquoi l’un choisit brusquement de ne pas se comporter de la manière habituelle. Ces valses sémantiques donnent de l’humour à un cas qui en est absent. L'épisode surprend en donnant à Foreman un cas pour lui tout seul. Il a l’occasion de jouer au Greg ! Foreman voulait l’autorisation de House, et évidemment House y a opposé son veto. Qu’à cela ne tienne, il veut montrer ce dont il est capable, et se saisit d’une énigme médicale difficile. Omar Epps assure quelle que soit la situation, et ça tombe bien, car il était toujours relégué à l’arrière-fond depuis le début de la saison. Malheureusement, l’élève a du mal à dépasser le maître, et doit solliciter l’aide de ses anciens collègues Chase et Cameron. Ces derniers se montrent singulièrement coopératifs, ce dont on s’étonnera, vu que les épisodes précédents les montraient sous un jour égoïste. Comme dans un hommage au bon vieux temps, l’équipe initiale de la série réadopte la méthode socratique employée désormais par la seconde équipe. Exactement comme pour House, Foreman a l’illumination par hasard et résout le cas con brio via un rebondissement final d’un cynisme hilarant. Mais pourquoi les plus nobles élans du cœur humain ont-ils toujours des revers aussi grinçants ? Heureusement, dans un merveilleux plan final, l’amour familial triomphe de cette mésaventure qui a failli mal tourner (exactement comme à la fin de Deux frères, saison 3), parallèlement à la réconciliation de Sophia avec son passé. Le happy end est donc à peu près total, parachevé par la victoire de Foreman qui se rend compte que pour plier House, il devait simplement le mettre devant le fait accompli. N’ayez pas peur de vous imposer, et de faire ce que vous voulez faire, tonne cet épisode inhabituellement optimiste. Si Foreman ne peut encore rivaliser avec le maître, ces cinq ans passés avec lui l’ont rendu plus expérimenté. Informations supplémentaires: 9. UN DIAGNOSTIC OU JE TIRE Scénario : Matthew V. Lewis et Eli Attie, d'après une histoire de Matthew V. Lewis First rule of medical triage: Guys with guns go first. Jason souffre depuis plusieurs années, et aucun médecin ne parvient à le diagnostiquer. Désespéré, il sort un révolver, prend en otage House, Numéro 13, une infirmière, et plusieurs patients, et s’enferme dans le bureau de Cuddy. Tandis que la directrice et le SWAT gèrent la crise de l’extérieur, House tente de diagnostiquer le preneur d’otages. La journée sera longue car la maladie est bien cachée, et Jason semble prêt à aller jusqu’au bout pour savoir ce qu’il a… Mais le plus triste est finalement Jason lui-même. C’est l’immense Zeljko Ivanek qui l’incarne, et il est monumental en patient désespéré, au bout du rouleau, ayant déjà la préscience de la voie sans issue sur laquelle il s’est engagé. Torturé par sa maladie inconnue, il est prêt à tout sacrifier, vies humaines ou sa propre liberté, pour enfin connaître le mal qui le ronge. Jason n’est pas méchant, il est toujours sympathique pour le spectateur qui partage ses affres et sa soif dévorante de vérité. Malheureusement, à force de nous le rendre sympathique, il ne parvient pas à inquiéter. Trop humain, trop faible, il n’est jamais crédible en preneur d’otages déterminé, tant ses failles sont trop nombreuses. De plus, à la différence d’Al Pacino dans le mythique Un après-midi de chien (cité par House), Ivanek ne survolte jamais son jeu : trop de sobriété. Une performance hors de pair mais hors sujet. Les otages eux-mêmes sont anodins, tous joués par des comédiens fades. L’infirmière hystérique est plus ridicule qu’autre chose. Heureusement, House est en forme, et une situation de prise d’otages apporte automatiquement son lot de tensions. La série renoue avec une de ses spécialités : l’humour à froid dans les pires situations, si improbable qu’il augmente le malaise. C’est ainsi que House, sans cesse sous la menace d’un flingue, ne renonce jamais à lâcher des vannes - y compris sur Jason. Il fait l’admiration par sa gestion impériale de la crise, gardant toujours la confiance de Jason, même après l’avoir trahi une première fois (hilarant gag du somnifère). Il se montre d’un calme effrayant en permanence. La gestion extérieure par le SWAT en comparaison se montre bourrine et inefficace, hormis l’explosion finale. Tandis que les docteurs se heurtent à des murs de symptômes, l’escalade de la peur s’amorce. La situation exceptionnelle force l’épisode à proposer des idées vachement tordues comme le mur de Cuddy remplaçant le tableau blanc, la conversation par téléphone, les tests empiriques de House (gifles, tests de douleur…), ersatz aux opérations standards impossibles. Certains rebondissements comme les « oreilles bioniques » ou « l’explosion d’étoile » sont de brillants coups de tension, comme lors de l’absence prolongée de Numéro 13 où le révolver est prêt à partir, ou bien l’examen final. Il n’y aurait que ça, l’épisode ne parviendrait pas à nous inquiéter vu l’assurance de House et la faiblesse de Jason, mais l'épisode a l’excellente idée de jouer sur un second front : Numéro 13. Lucky Thirteen avait porté un regard sans espoir sur la jeune femme. L’introduction où elle repousse l’offre généreuse de Foreman est caractéristique du personnage qui ne veut pas se « modérer ». Mais les événements de cet épisode produisent sur elle un effet violent. De tous les otages, elle est celle qui « naturellement » mourra la première, il apparaît donc « logique » pour elle de se sacrifier en prenant tous les médicaments de Jason. Mais Numéro 13 n’étant pas « malade » comme Jason, prendre des médicaments puissants a un effet dévastateur pour elle. Or, Jason la force à en prendre de plus en plus : elle part en lambeaux sous nos yeux. Son corps s’auto-détruit au fur et à mesure que l’enquête avance. Olivia Wilde est proprement stupéfiante quand son personnage se décompose littéralement, jusqu'à devenir horrifique dans les dernières minutes. Si toute la première partie dans le bureau de Cuddy a des faiblesses, on se demande quoi reprocher à la deuxième dans la salle du scanner tant tout concourt à rendre la pression insoutenable. Notamment avec l’incroyable restitution de l’arme à feu à Jason par House. Cela entraîne un formidable échange entre House et Numéro 13 où la seconde s’emporte contre l’égoïsme du premier qui veut résoudre le cas quitte à risquer leur vie, et où le premier pointe l’hypocrisie de la deuxième, incapable de comprendre la valeur de la vie. Deux vérités qui font mal ! Dialogues tranchants, diagnostics foireux, Numéro 13 filant droit vers la mort sans phrases, le crescendo de suspense atteint sa pleine puissance dans cette dernière partie. Même le twist final, cinglant d’ironie, ne parvient pas à calmer l’atmosphère tant la situation paraît inextricablement bloquée. Numéro 13, plus suicidaire que jamais finit par craquer au moment de s’envoyer la dose mortelle, instaurant un ultime duel avec Jason d’une intensité inouïe ! La résolution finale voit les événements rentrer tout doucement dans l’ordre, avec Jason libéré de son angoisse. Sans doute savait-il que ça finirait mal, mais l’enjeu en valait la peine. La vérité au-dessus du tout : on comprend que House se soit senti si solidaire de lui. La décision de Numéro 13 d’abandonner sa vie de folie est une belle touche de douceur qui compense l’amertume de cette fin. C’est toutefois sur une hilarante scène Huddy que se conclut l’épisode où House propose à Cuddy une relation avant de se rétracter. Sinon, on voit que House a gardé ce côté gamin avec sa manie de faire des farces stupides. On termine avec le sourire cet épisode inabouti mais suffisamment tendu. Informations supplémentaires : 10. MANGER, BOUGER Scénario : Russel Friend et Garrett Lerner - I try to make you miserable ; first, you deny that it's making you miserable and try to make me miserable, so I'll stop making you miserable, and eventually you will leave, citing reasons that had nothing to do with misery... Emmy, jeune coach en fitness, s’écroule lors d‘un tournage. House et son équipe s’aperçoivent qu’elle a caché soigneusement une intervention chirurgicale. Le diagnostic s’annonce difficile : Numéro 13 passe des essais cliniques auprès de Foreman, Kutner a ouvert un site web en usurpant le nom de House, mais se voit confronté avec Taub à un gros problème quand une patiente qu’il traite en ligne va à l’hôpital quand son état s’aggrave. Enfin, Cuddy a réquisitionné le bureau de House pendant les travaux de rénovation de son bureau après les dégâts causés par Jason (cf.épisode précédent), ce qui n’est pas du goût de l’intéressé… Pour le reste, on est à la fête. Le cas médical aligne ainsi les faux-semblants comme des perles, noircissant la patiente du jour pour un épilogue ironiquement pessimiste. Un comble pour une femme dont la vie est tout entière dévouée au bien-être de ses semblables. Emmy a été touchée par une conversion après son opération chirurgicale, apprenant à respecter son corps. Depuis, elle enseigne comment maigrir par les exercices physiques… ce qu’elle n’a jamais fait. La source de ses revenus découle donc d’une hypocrisie culottée. Toutefois, elle est adoucie par sa volonté d’être une philanthrope, son vrai tempéramment sportif ainsi que par sa culpabilité refoulée (effarante scène d'hallucination). La maladie finalement diagnostiquée est un des plus furieux traits d’ironie lancé par la série : le sport l’a rendue hypocrite, elle manque de mourir à cause du sport ! Et c’est seulement quand elle faisait pas de sport et qu’elle se gavait de gâteaux… qu’elle allait bien ! On pense à La course au mensonge (saison 2) où un sportif ne peut se soigner que grâce au dopage. L’enquête est bien écrite, le suspense est efficace, le cas ne relâche jamais sa tension. Cerise sur le gâteau, Emmy se révèle superficielle, refusant une guérison totale qui la rendrait de nouveau en surpoids. Prête à tout pour protéger son hypocrite commerce florissant, elle choisit « l’autre » solution, acceptant une santé fragile pour demeurer belle, et convaincante en coach. Ce déchirement entre ce lourd mensonge et sa volonté de faire le bien est magnifiquement rendu par l’énergique Samantha Shelton. Même le pessimiste Taub est surpris de la légèreté de cette femme, alors même que - fine psychologue - elle lui avait balancé pas mal de justes vérités. Par la même occasion, l’épisode dégaine une lame contre le fléau de l’obésité, et exalte le respect et l’entretien physique du corps. Peter Jacobson, toujours impérial, continue de susciter l’admiration en composant un personnage déjà très Housien par son professionnalisme dénué de toute empathie (J’ai appris à l’école de médecine que la gentillesse ne guérissait pas les gens.). Mais qui n’exclut pas une certaine hypocrisie quand il se montre trop rigide sur ses principes. Aurait-il perdu lui aussi son humanité ? A côté de ce cas sombre, on est dans le burlesque avec l’histoire secondaire. Kutner est certes le plus compétent de l’équipe, mais hors médical, c’est un béta de première : il dit sans broncher au cynique Taub qu’il arrondit ses fins de mois en ouvrant un site de consultations sous le nom de House. Du coup, Taub réclame 25% en échange de son silence ! Le cas dont ils s’occupent étant malheureusement très compliqué, ça leur retombe sur le nez. Le débarquement de Deedee, leur patiente, venue se plaindre au Dr.House, donne des allures de vaudeville très réjouissants. Surtout avec l’interprétation au-delà du réel de la chanson Coconut par la Deedee sous amphets ; Becky Baeling s’amuse, Chase et Cameron itou, qui prennent également leur pourcentage dans l’affaire. A se demander si Kutner va vraiment sortir gagnant de cette histoire… Tout se dénoue avec un twist final absolument génial, un des meilleurs de toute la série. Un excellent ersatz de cas secondaire. Enfin, House et Cuddy (et leurs interprètes) nous donnent une leçon de chemistry avec répliques qui tuent et vacheries d’enfant gâté : boule puante de Cuddy, cassage de toilettes, évacuation de meubles, le détournement des travaux... on assiste à une surenchère bien dingo dans l’esprit parfois foufou de la série. Evidemment, ce ping-pong infantile dissimule mal les sentiments de nos héros. Comme ces derniers le nient, Wilson s’y colle et traduit les sous-titres pour Cuddy - aux tenues de moins en moins professionnelles - dont son installation dans le bureau de House serait en fait un prétexte pour se rapprocher de lui, démonstration logique à la clé. Cela aboutit à une des meilleures scènes Huddy : après un échange acéré plein de tension sexuelle, Cuddy suggère à demi-mot qu’ils s’embrassent à nouveau. Mais les auteurs nous asticotent en montrant le malaise des deux docteurs qui repartent chacun de leur côté - via un gag très amer. House montre pourtant à la fin toute l’affection qu’il a envers sa patronne via un cadeau inattendu. Elle veut le remercier - on se doute bien comment - lorsque le retournement final fait crasher cet espoir en mille morceaux. House reste House, et il ne pouvait que décevoir Cuddy. Un accident de « hasard » qui couronne le triomphe de l’ironie, pièce maîtresse de la série. Informations supplémentaires: 11. LE DIVIN ENFANT Scénario : Peter Blake - I'm a virgin. Are there other ways I could get pregnant ? Like... sitting on a toilet seat ? Nathalie, 16 ans, complexée par son poids, est la tête de turc de sa classe. Un soir de spectacle de Noël, ses camarades lui font avaler des champignons hallucinogènes. Elle s’évanouit en plein milieu du spectacle. House et son équipe se rendent toutefois compte que les champignons n’ont pas causé sa maladie. Cuddy s’implique cependant trop dans ce cas. Pendant ce temps, Wilson parie avec House qu’il ne pourra pas se montrer gentil avec un patient un soir de Noël. Numéro 13 a un premier conflit avec Foreman au sujet d’une autre patiente… La série pose un regard résigné sur la vision des gens « normaux » à propos des "éclopés", qu’elle soit dans la compassion, humiliante pour les victimes qui en ont marre qu’on rappelle leurs maux (Numéro 13 par exemple), ou ici le mépris bête et méchant des camarades de Nathalie, transformée en souffre-douleur. Prise dans une spirale descendante, Nathalie se sent inférieure, se réfugiant dans l’alcool (l’alcoolisme infantile, sujet délicat pour une série en prime time, mais ce n’est pas ça qui arrête Dr.House), et le dégoût de soi. La faiblesse de son unique ami, Simon, incapable de la défendre, et faisant mine de rentrer dans le rang pour montrer qu’il est « cool », est la lie du calice. Le regard de la série sur la souffrance morale à l’école, un sujet social encore trop ignoré, est sévère, et on est vraiment ravi quand Chase roule dans la farine toute cette classe avec un piège typiquement Housien. Comme quoi, Chase a quand même retenu des leçons de son ancien patron ! Kutner se sent mal à l’aise dans ce cas, et Taub devine que c’est parce que il a été lui-même martyrisé plus jeune à cause de ses origines… ben non, tout faux, la vraie raison déchaîne le rire. Kutner va au-delà de son portrait de compétent-gaffeur-naïf pour nous dévoiler une autre facette de sa personnalité. Le cas est passionnant à suivre. Cuddy - en tenue improbablement sexy pour une directrice d’hôpital, une habitude depuis longtemps - se mêlant au cas donne à House le prétexte pour s’acharner sur elle avec répliques bien senties, mais surtout ajoute une dose d'humanité à cette course contre la mort désespérée et trépidante. Le spectateur ressent pleinement cette impuissance devant cette injustice qui accable au-delà du supportable une adolescente déjà éprouvée. Depuis Culpabilité (saison 2), Cuddy a systématiquement failli capoter les cas par son ingérence - à l’exception unique de L’enfant miroir (saison 3). Par une ironie dévastatrice, c’est Cuddy qui trouvera la maladie, mais c’est… une maladie incurable. On a rarement vu un diagnostic aussi cynique, qui entraîne une fin absolument magnifique : en cette nuit de Noël, il y’a bien eu un miracle, mais pas celui escompté. Une vie se meurt, une autre naît, comme dans Sacrifices (saison 1), mais en encore plus tragique. C’est terriblement beau. La comédie est là cependant, dans les piques mordantes de House, et dans son pari ridicule où il veut prouver à Wilson qu’il peut parfois se montrer gentil avec des patients. Hélas ses patients en consultation sont tellement cons qu’il n’arrive pas à maintenir son sourire de façade (le coup de l'inhalateur est devenu une des plus célèbres scènes de la série). Hugh Laurie lui-même doit lutter pour ne pas pouffer. Le cas secondaire d’une femme enceinte alors qu’elle dit être vierge est un des plus délirants de toute la série. Ce couple d'abrutis massifs white trash qu’on croirait tout droit sorti de Earl est hilarant de bêtise. Du coup, House a toute latitude pour leur sortir le diagnostic le plus DELIRANTISSIME de toute la série, miracle de Noël bidon qui brocarde génialement le culte de la « magie » de cette fête. Mais le revers est que l'on voit que House pourrait toujours être gentil et altruiste envers ses patients, ce qu'il se refuse obstinément à faire parce que c'est une "faiblesse"... et parce que ce diagnostic improbable flatte son gros ego. Wilson est aussi en pleine forme, il analyse House avec précision, mais fait aussi son House en se payant la tête de Kutner et Taub. Si même Wilson s’y met... Mais on réfléchit à une deuxième lecture : et si cette histoire était un moyen pour Wilson de dire combien il aime House, sans l'avouer explicitement ? L’ambiguité de Robert Sean Leonard offre toutes les interprétations possibles. Entre 13 et Foreman, RAS, mais heureusement ce pan de l’histoire est relevé par quelques pointes de la série. Surtout avec la glaciale Dr.Schmidt (parfaite Phyllis Lyons) qui se la joue Numéro 2 en parlant des patients-cobayes comme des « numéros, et rien d’autre ». Cette déshumanisation des patients est cependant une règle logique : si on laisse l’affection prendre le dessus, on perturbe les résultats des tests thérapeutiques. Par conséquent, il faut rester froid et neutre, tout comme House. C’est là que nous voyons que Foreman n’est pas encore exactement comme House, il a encore du mal à dessécher son cœur. Par contre, 13 qui embrasse Foreman, on y croit pas des masses. Informations supplémentaires: - Numéro 13 et Foreman s'embrassent pour la première fois. - Quatrième épisode sur le thème de Noël. Scénario : Thomas L. Moran et Eli Attie - House, I've got a D.C.F.S. home visit on Friday. Ne supportant plus ses insupportables douleurs chroniques qui durent depuis des années, Jeff tente de se suicider mais est sauvé in extremis par sa femme et son fils. A l’hôpital, il tente de nouveau de se tuer. Pendant ce temps, House a des problèmes de tuyauterie, 13 veut cesser sa relation naissante avec Foreman, et Cuddy tente difficilement de concilier son job et sa nouvelle vie familiale… Cette tentation permet également de voir la terrible métamorphose d’une personne que l’on croyait connaître. Lynne, l’épouse, et Zach, son fils, sont impuissants devant l'autodestruction de Jeff, prêt à tout pour s’évader de la douleur. Le parallèle avec House qui se shoote à la Vicodin est patent, et souligné malignement par Taub. Contrairement à Insensitive (saison 3), cette piste n’est toutefois pas développée, alors qu’elle aurait pu être source d’excellentes digressions psychologiques. La deuxième tentative, inattendue, est l’objet d’un brillant retournement médical, mais c’est la troisième qui est la plus terrifiante, où c’est carrément Zach, le fils, qui tente d’aider son père à partir. Et c’est seulement la suprême intelligence de House qui évite la catastrophe. Le pauvre enfant s’explique en disant qu’il ne reconnaît plus son père courageux et batailleur, et ne peut plus le considérer comme tel. Il est terrible que la classique désacralisation du père dans les yeux d'un enfant se fasse à l'occasion de ses tentatives de suicide. Sarah Danielle Goldberg (Lynne) s’enlise cependant dans le pathos de son personnage. Cette cruauté se voit hélas diluée dans un happy end consensuel d’une fadeur grotesque qui n’a absolument rien à faire dans la série, avec ralentis Hollywoodiens en sus. Le diagnostic final est expédié et incompréhensible. Toujours sur le thème du suicide, Taub tente de cacher à Kutner sa tentative passée, mais lui comme le spectateur le devinent. Leurs discussions sur le tempéramment des candidats au suicide ne manquent pas de sel, et mêlent adroitement ironie et réalisme désespéré. La storyline de Cuddy donne certes lieu à quelques bonnes vannes de House, et un diagnostic différentiel très spécial, mais cela ne compense que partiellement la déception ressentie en la voyant s’occuper d’un bébé qui lui ôte tout son peps. Le meilleur moment de cette histoire reste la visite de Wilson, toujours aussi "psy", qui blâme l’orgueil de Cuddy. Elle se place des ambitions trop hautes : prisonnière de l’image de femme forte qui n’a besoin de personne qu’elle veut donner, elle jongle maladroitement entre Rachel et son travail. L’image finale la voyant lire un dossier à son bureau tout en agitant la poussette montre bien l’impasse dans laquelle elle s’est fourvoyée. Et indique une pique empoisonnée face aux problèmes naissant du féminisme, où les femmes peuvent s'emprisonner toutes seules sans l'aide des hommes à cause de l'image de "femme forte" qui peuvent les pousser à se surcharger de responsabilités. La sitcom Girls n'est pas loin. L’autre segment est le problème de plomberie subi par House (spectaculaire bain forcé) mais qui se montre trop anodin pour convaincre. Sauf quand il décrit House comme prêt à beaucoup de choses pour défendre une idée ou une vengeance, jusqu'à faire un acte vraiment stupide, pas judicieux pécuniairement, mais qui satisfait sa soif de revanche. Informations supplémentaires: Martin Henderson (1974) a débuté dans des séries australiennes, son pays d’origine : Summer Bay (7 épisodes), Sweat (26 épisodes), Big Sky (53 épisodes)... surtout en compagnie de son ami, le trop tôt parti Heath Ledger. Il a ensuite émigré aux USA. Il a joué dans quelques séries : le rôle principal de Ben Keeton dans Off the map (13 épisodes), de Ben Gundelach dans Secrets and lies (6 épisodes), Harold Jensen dans The Red road (12 épisodes), etc. et quelques succès du box-office comme Torque, Coup de foudre à Bollywood, Mi$e à prix, Bataille à Seattle, etc. 13. LE PETIT PARADIS Scénario : Lawrence Kaplow et David Foster - If you come to me with a request and it makes medical sense, I'll say yes. Sarah est un jeune professeur pour élèves handicapés à la bonté et à la patience admirables. Un jour, elle s’évanouit en vomissant du sang. Mais à l’hôpital les données ont changé : Cuddy a laissé sa place à Cameron qui désormais prend en charge l’hôpital… et House ! House et elle se livrent à un duel psychologique tordu, tandis que Foreman est pris dans un très lourd problème éthique… Pas mal de scènes surprenantes se succèdent, comme la fausse irradiation, le bain glacé, le découpage du crâne… on ne s’ennuie pas. La série se montre alors très cruelle avec son méchant twist final, terrible négation des qualités altruistes de Sarah. A croire que pour la série, les bons comportements ne sont que le fruit de redoutables maladies ! Cette fin se voit soudainement éclairée d’un rayon de soleil dans la scène finale : un simple mais puissant jeu de regards donne une lueur d’espoir, et une possibilité d’happy end total, touchant et inattendu. Cuddy s’enfonce toujours plus dans l'eau de rose facile et bête. On comprend que la série ait voulu parler de ce mal qui touche certaines femmes : l’absence d'amour envers leur enfant aux tous débuts, a fortiori quand cet enfant n’est biologiquement pas le vôtre. Mais le cabotinage insupportable de Lisa Edelstein rend cette bonne volonté caduque. De plus, son histoire plonge carrément dans le bouillon. La scène du test cérébral, perturbée par les pleurs du bébé est une des plus grotesques de la série. Ce n’est ni dramatique ni comique, c’est juste lourd : il faut vraiment que Cuddy ait un grain pour ne savoir qu’hurler sur sa gamine quand elle pleure. Et puis miracle, après une fanfare de cris, voilà que bébé Rachel se calme ! Réalisme zéro. Ce serait la diablesse Jordan de Scrubs, on pourrait comprendre, mais un personnage aussi sérieux que Cuddy, on coince. Quand elle surjoue la joie enfantine d’avoir réussi à communiquer (gueuler en fait) avec son bébé, on dépasse la niaiserie pour aller tout droit dans la bêtise la plus consternante. Seules les remarques acides de House qui lui recommande de bazarder l’enfant épicent ce gros brouet. La relation de Foreman avec Numéro 13 perturbe son objectivité. Il sait qu’elle a un placebo et non le traitement expérimental. Foreman en est réduit à demander conseil à Chase d’abord puis à House. House lui fait prendre conscience qu’il tient à son travail de médecin plus qu’à elle, et qu’il ne doit pas donc risquer son job pour elle… mais si il l’aime, alors il se sentira obligé de commettre une terrible faute. Le suspense de cet arc continue. Après ce sommet, Cameron va perdre en intérêt. Commencera alors pour le personnage une lente descente. Mais en attendant, on émerge de cet épisode admiratif de la gestion par les scénaristes de cette relation originale dans le monde des séries.
14. PRISES DE RISQUES Scénario : Sara Hess - Dr. House gets a few perks. Dana Miller, ex-chercheuse en cancérologie, est victime d’un pneumothorax. Foreman apprend avec consternation que l’état de Numéro 13 s’aggrave depuis qu’il lui a donné le traitement expérimental. Ni l’un ni l’autre ne peuvent travailler. Pendant ce temps, Cuddy, ulcérée de devoir reprendre son poste à cause de House, se venge en multipliant les mauvais coups… Passons à Foreman et Numéro 13. Les espérances de l’épisode précédent sont battues en brèche, leur histoire ayant tout du sous-Urgences (numéros d’acteur et vélocité en moins). Foreman, qui devrait être le plus solide de l’équipe, s’effondre pitoyablement en commettant bourdes sur bourdes. Il est étonnant qu’un médecin comme lui n’ait pas réalisé qu’un produit expérimental comporte des risques. Certes l’amour est aveugle, mais là on frôle avec le surréalisme. La dégradation physique de Numéro 13, larmoyante, est outrancière ; on est loin de Un diagnostic ou je tire ! Elle ne donne lieu qu’à des lamentations pesantes de son bien-aimé, et un désespoir tout aussi pesant de l’intéressée. L’anaplodiplose de la scène de lit Foreman-13 est à pleurer par sa naïveté. Rien à faire, le Foreteen n’est pas crédible. Le beau happy end, rétropédalage laborieux, nous achève par son ridicule, et rend caduc tout l’arc entamé depuis quelques épisodes. Omar Epps joue certainement une de ses pires prestations, alors même qu’Olivia Wilde commence enfin à se montrer plus crédible dans le registre émotion. Mais sa partition est si mauvaise que ce point positif passe à l’as. Taub et sa femme traversent une crise due à la persistance de Rachel à ne pas vouloir d’enfant, ce qui rend son mari morose. Malgré les toujours justes Peter Jacobson et Jennifer Crystal Foley, leurs scènes achèvent d’écraser l’épisode sous des tonnes de lourdeur. On croyait avoir tout subi avec Cuddy qui hurlait contre son gosse pour qu'il la ferme. Mais c’est sans compter sans les scénaristes qui arrivent à aller encore plus loin dans le grotesque. Sous nos yeux incrédules, Cuddy s’abaisse toujours plus en faisant des farces pathétiques à House. C’est donc ainsi qu’elle veut se venger de House qui l’a forcée à revenir à l’hôpital ? Dans un cadre Huddy, on pourrait le comprendre, et généralement on s'amuse de leurs farces parfois débiles, car le subtext de la tension sexuelle les pimente. Mais ici, ce n'est qu'une vengeance au premier degré, indigne du personnage. C’est lamentable, et le fait que House ne réponde pas à ses provocations comme il l’explique dans une scène maligne avec Wilson (un des rares bons moments de l’épisode) fait terminer le ping-pong cinglant entre lui et elle avant même de le commencer. On ne s’étonnera donc pas d’un autre rétropédalage : Cuddy demandant pardon à House d’avoir agi comme une crétine. Rien à dire sur Lisa Edelstein, tout à fait dans son rôle, mais elle ne fait que souligner l’absurdité de l’orientation prise par son personnage. Absurdité qu’on retrouve à la fin comme Foreman écopant d’un simple avertissement pour sa grave faute professionnelle. Crédibilité zéro. Episode ni fait ni à faire, il montre à quel point l’évolution des personnages proposée par la série s’est montrée hors sujet. Fort heureusement, les auteurs vont vite se rattraper. La deuxième moitié de cette saison va être d’une toute autre nature, cumulant chefs-d’œuvre sur chefs-d’œuvre. Fans de la série, acceptez cette panne passagère, et vous serez récompensés dès l’épisode suivant ! Informations supplémentaires: Scénario : David Hoselton - Einstein said, "Coincidences are God's way of remaining anonymous." Mais tout n’est pas si simple : Bresson fait comprendre à House qu’il est un croyant qui s’ignore. Malgré son dégoût de lui, il a une énorme vantardise sur ses capacités. Son ascendant général sur son entourage (patronne incluse) fait qu’il se prend pour un dieu d’une certaine manière. Amer, il sait qu’il a presque toujours raison et cela le déchire : autant il aime étaler sa « supériorité » en ayant toujours le dernier mot, autant cela le rend malheureux car ses prédictions sont toujours pessimistes et révélatrices d’un monde si laid. Aussi, cherche-t-il intérieurement quelqu’un qui le remettrait à sa place et le convaincrait d’un autre point de vue. Son orgueil adore ce piédestal car cela ne le rend pas « humain », mais son cœur le hait car le condamnant à une vie sans joies. Encore une fois, l’influence du Dr.Cox de Scrubs est patente : lui aussi recherche quelqu’un qui pourrait lui répondre (les idéalistes J.D et Drew), ou vit avec une ex encore plus cynique que lui. Mais à la différence de Cox, House est désespérément verrouillé : c’est un personnage bien plus pessimiste et sans espoir. La peu convaincante pirouette de House montre son trouble. L'on sent que l'absence d'humanité qu'il s'inflige le pèse lourdement (I don't save lives, I solve puzzles. Saving lives is just collateral damage). Foreman ayant violé la loi à plusieurs reprises par amour pour Numéro 13, House veut les séparer. Cuddy abandonne Foreman pour des raisons analogues. Comme House, elle est figée dans un carcan de règles. Le couple plonge dans la crise : chacun veut montrer à l’autre qu’il l’aime en démissionnant. Chase et Cameron, d’un monstrueux égoïsme, leur conseillent de rompre (l’amour et le travail ne vont pas ensemble. Quel culot !). Finalement, House ne voulait séparer Foreman et 13 pour leur redonner leur indépendance et les rendre plus efficaces. Mais la fin de l’épisode voit Foreman réintégré et toujours avec Numéro 13 à l’insu de House… L’amour semble triompher, mais la série n’a pas dit son dernier mot. Omar Epps retrouve des couleurs après la berezina de l’épisode précédent, et Olivia Wilde est comme toujours brillante dans la froideur et la colère.
- La soundtrack est également constituée de Firesuite de et par Doves, et de Everything a dream could be de et par Wayne Jones et Jon Ehrlich. 16. UN PEU DE DOUCEUR Scénario : Liz Friedman I think my penis stopped breathing. Do you know CPR ? Jackson Smith est né avec une mosaïque génétique : il est mi-garçon, mi-fille. Ayant le choix, ses parents ont décidé à sa naissance qu’il serait un garçon, ce que des opérations chirurgicales ont réussi à faire. Devenu adolescent, Jackson s’effondre en jouant au basket. Ses prédispositions génétiques ont-elles un lien avec sa maladie ? Mais l’équipe a la tête ailleurs : House est méconnaissable, sans cesse courtois, poli, gentil… Lorsqu’il fait un malaise cardiaque qui manque d’être fatal, tout le monde se demande ce qui lui arrive… Depuis Françoise Dolto, nous savons qu’enfants et adolescents ont un sixième sens qui les font deviner les secrets les plus graves. Il est alors du devoir des parents de les lui dire au moment opportun. Mais quand est ce moment ? La série ne porte aucun jugement sur les parents qui ont trop longtemps repoussé le moment fatidique. Ils ont bien failli sur un point, mais peut-on le leur reprocher ? : ils ont trop couvé leur fils et leur amour parental s’est mélangé à une compassion naturelle. Quand ce sentiment dirige les liens familiaux, ces liens deviennent distordus : surprotection de l’enfant et sentiment d’impuissance de ce dernier. House le leur fera remarquer : c’est une erreur de la nature, ce n’est pas une raison pour le traiter comme tel. Les parents laisseront alors à Jackson la possibilité de vivre pleinement sa vie, un joli happy end lumineux. L’épisode enchaîne aussi les surprises, avec le poème « suicidaire » de l’enfant ou le dîner Wilson-House où le premier teste le second dans une scène en suspense… Et attention le choc : House va essayer de trouver un nouveau job et va jusqu’à se raser !!! Comme Mr.X se rasant la moustache dans X-Files, il a l’air alors complètement inoffensif et… banal. Ca tient à peu de choses ! Cuddy exprime alors sa faiblesse envers House : elle est prête à le garder et à lui fournir sa drogue (modérément) pourvu qu’il reste. Cette licence est un nouveau pas vers le Huddy : Cuddy regagne des couleurs, sa relation avec House devient plus intense, jouant sur les doubles lectures de situation : la raison officielle de son comportement est qu'elle veut garder le meilleur médecin de l'hôpital, mais n'est-ce vraiment que cela ? La chute terminale, idéalement ironique, est à l’opposé de ce que nous avons alors déjà connu. House hurle contre les parents, mais c’est en fait un masque : il hurle contre lui-même. Totalement drogué, il a failli tuer ce gamin. Sa culpabilité l’horrifie. C’est une des rares fois où on le voit si dégoûté de lui. Quand House laisse enfin parler sa conscience, c’est à la fois rare et beau. Parmi les morceaux de bravoure comiques, Wilson rencontrant la call-girl de House, Wilson certain que House a couché avec Cuddy, mais surtout un impressionnant filage de métaphore par Foreman et Numéro 13 sur l’amour comparé à des parfums de glace : les bons mots crépitent à chaque réplique. Il y’a aussi Taub imitant Foreman quand il est joyeux ou triste, Taub et Kutner pas dupes de la « rupture » Foreman-13, les deux scènes sur les chaussures de Thirteen... On trouve pas mal d’occasions de rire dans cet épisode. Mais de tout cela, on retient surtout l’inouïe composition de Hugh Laurie en médecin attentionné et gentil, mais sonnant subtilement faux. Une éblouissante performance.
17. JE DIS TOUT CE QUE JE PENSE Scénario : Doris Egan - I told Wilson you sent me to get information. Lors d’un dîner, l’éditeur Nick Greenwald humilie un jeune écrivain avant de s‘évanouir. A l’hôpital, il continue de balancer tout ce qu’il pense, blessant gravement sa femme et sa fille, et indisposant les docteurs. Ces derniers doivent trouver la maladie avant que son ménage se brise sous le coup de ses révélations involontaires. House, étonné du curieux comportement de Wilson, le harcèle pour savoir ce qui se passe… L’intro où Nick (excellent Jay Karnes malgré un numéro répétitif) massacre un pauvre écrivain puis sa propre femme donne le la. Par la suite, disant tout ce qu’il lui passe par la tête, le patient dynamite toutes les situations à coups de répliques qui tuent à la vitesse d’une mitraillette folle. La scène de l’IRM où il fait des avances sexuelles d’une vulgarité énorme à Numéro 13 puis à Cuddy est un très grand moment d’abattage, avec bien sûr notre cher House qui a amené Cuddy sur les lieux pour qu’elle puisse profiter du spectacle. Scène qui permet une brillante lecture Huddy : Et si House exprimait son désir pour Cuddy via Nick ? Cette scène est symptomatique des détours les plus tordus que nous pouvons prendre pour arriver à nos fins, au lieu d’y aller franco. Jeu de cache-cache stérile mais finalement stimulant pour le spectateur que celui de House et Cuddy. La scène où Foreman et 13 parlent des rapports hommes/femmes est aussi bien écrite. Par un antagonisme savoureux, le Hilson subit une telle expérience : House soupçonne un secret, en fait une résurgence du passé, déjà mentionnée dans L’histoire d’une vie (saison 1). A la lumière de la terrible histoire de Wilson, il prend une ampleur soudaine. Sa gentillesse caractéristique est une réponse excessive et désespérée à son « comportement » (pourtant aucunement mauvais) d’avoir été lassé un seul soir d’un frère handicapé qui l’empêchait d’étudier et auquel pendant si longtemps il fut un père de substitution. Il accepta de travailler à Princeton uniquement parce qu’il pensait que son frère s’y était réfugié. La scène est d’autant plus remarquable qu’elle ne sombre jamais dans le pathos. Ou comment la culpabilité, l’autopunition peuvent nous enfoncer si on réagit trop passionnément à une action malheureuse ou qu’on juge à tort malheureuse. Ni Nick, ni « Jimmy » ne sont jugés ici, même House s’abstient de toute remarque. Cependant, pour une fois, Robert Sean Leonard ne convainc pas tout à fait. Une belle réflexion sur le « contrat social » (titre original) : Je suis gentil avec toi pour que tu le sois avec moi, qui régit les relations humaines malgré son hypocrisie. Le Hilson brille par son absence : il n’y a pas un tel contrat entre eux deux. C’est peut-être ce qui fait la force de leur amitié et son apparence conflictuelle. En dehors de cela, quelques scènes très drôles pimentent le tout comme la partie de tennis à la morgue. Pour couronner le tout, la réalisation d'Andrew Bernstein est digne des meilleurs films, avec ses cadrages savants et ses plans si suggestifs. Que demander de plus ? Informations supplémentaires: 18. APPELONS UN CHAT UN CHAT
I know you're in there, Wilson, I can hear you caring ! La série nous rappelle que House trouve toujours la solution (la chute du jour est merveilleusement maligne et cohérente) du patient grâce au hasard : un déclic fortuit, qui presque toujours n’a rien à voir avec le cas. Morgan l’énonce devant un House embêté dont sa réponse vous êtes idiote est dite d’un ton bien peu convaincant : il accepte mal la part de hasard de son travail, lui qui veut toujours tout contrôler. Uniquement grâce à des coïncidences, peut-on être convaincu d’un fait en réalité imaginaire ? Si oui, combien de coïncidences faut-il ? Si un tel thème n’est pas rare - on le retrouve dès Chapeau melon et bottes de cuir avec Affectueusement vôtre - son traitement est excellent. House lui-même, comme Kutner le devine, semble troublé et on peut penser que c’est aussi à cause de ce chat qu’il garde Morgan - ses efforts pour la maintenir à l'hôpital sont souvent savoureuses - pour être sûr qu’il n’a pas de don, uniquement des coïncidences… Comme dans les épisodes religieux, House a peur d’être en face de quelque chose d’inexplicable et fait tout pour se persuader qu’il n’en est rien. Instant Hilson : Wilson remarque que House veut tout faire pour libérer sa patiente de sa superstition, pour qu’elle puisse « raisonner juste ». Ainsi, House voudrait qu’elle pense froidement, rationnellement, mais pas par altruisme, pour qu’elle pense comme lui. Ou comment le mépris d’une pensée irrationnelle dans un esprit rigide pousse à faire des actes généreux sans en avoir le cœur : la pitié condescendante, et non la compassion guide House, qui même hors job, fait le bien autour de lui sans que ce soit sa raison d’agir. House n'oublie pas de muscler nos zygomatiques : pastiche de Blofeld, justification de la présence d’une litière pour pouvoir pisser sans aller aux toilettes, chat nourri aux SGM (Souris Génétiquement Modifiées) - Cuddy est au bord de l’explosion - House qui fait semblant de mourir en crachant du sang… Kutner révélant qu’il est superstitieux, House fait donc des mises en scène pour se payer sa tête. Mais le plus gros gag reste la vanne de House sur « les miches de Cuddy ». A moins que… si, y’a encore plus gros : l’ultime gag est tout simplement énorme ! L’histoire parallèle avec Taub n’est guère originale mais bien fignolée. D’une mauvaise humeur à tout casser, on le voit avec un nouveau visage. Sans perdre son calme, il s’énerve contre House, contre ses collègues, contre la patiente… Comme le devine House, il a le regret de sa vie passée, où il était un brillant chirurgien (et mieux payé), condamné ici à faire le sous-fifre. Lorsque cet ancien ami improbable lui tombe du ciel, il retrouve espoir. Même si les plus finauds auront deviné la chute finale, la série dénonce efficacement notre goût pour les apparences, les belles promesses. Informations supplémentaires: 19. JE SUIS VIVANT !
My diagnostic's team : Hot, Dark, and Darker. A la suite d’un grave accident de vélo à Middletown, Lee est totalement paralysé à l‘exception de ses yeux. Les médecins le déclarent mort. Par une chance inouïe, House a eu un léger accident de moto alors qu’il était dans cette ville et se trouve dans la même chambre. Il s’aperçoit qu’il est encore vivant et le fait transférer à Princeton-Plainsboro. Wilson tente de savoir ce que faisait House à Middletown ; et ce dernier menace de virer Taub s’il ne trouve pas une « idée géniale » lors de ce cas pour le punir d’avoir voulu démissionner dans l’épisode précédent… Le cas se déroule bien : lorsque Lee perd sa capacité à communiquer (ses paupières se paralysent à son tour), on est presque dans une terreur pure : il est totalement verrouillé. Mais le tout est un peu gâché par l’histoire secondaire de Taub : finement joué, puisqu’après Numéro 13, Foreman, Kutner, c’est au tour de Taub d’être menacé de renvoi ! Le procédé crispe à force et marque un clair déficit d’inspiration. Finalement Taub sauvera son job en « usurpant » l’idée de Kutner qui avait trouvé le diagnostic final. House n’est pas dupe, mais voir Taub profiter d’une idée qui n’est pas sienne montre qu’il est prêt à tout pour garder son emploi... ce que House apprécie ! Prétexte tout de même un peu facile. Pourquoi House est-il allé à Middletown ? Les rares moments d’humour de l’épisode sont dispensés par House qui sert trois bobards consécutifs à Wilson (le 3e est un pur délire). Mais ce dernier vérifie toujours et en conclut à chaque fois que House lui ment. Effectivement, il a de quoi avoir "honte" - de son point de vue - la raison de son escapade est à en rester baba. Mais le vrai House reprend le dessus et tire un trait sur cette expérience qui, normale pour une personne normale, apparaît comme une faiblesse chez un être aussi orgueilleux. House a des réactions d’humain, et il en a honte. C’est-ce qui le rend si attachant : son pire défaut n’est pas la méchanceté, c’est l’orgueil, et un dégoût torturé des hommes. Mos Def, immobile à l’exception des scènes oniriques, ne fait donc aucun numéro d’anthologie ; mais - pour reprendre Damyta Syn dans le Caméra meurtre (saison 5) de Chapeau melon et bottes de cuir - il fait un excellent cadavre ! Maintenant attachez vos ceintures, et attention au choc ! Informations supplémentaires: Acteurs : 20. IL N’Y A RIEN A COMPRENDRE Scénario : Leonard Dick - You worked with him everyday for two years, and you never saw this coming. Charlotte, 54 ans, est sur le lit de mort d’Eddie, son mari atteint d’un grave cancer, quand elle est prise d’étouffements. Admise à l’hôpital, elle demande à ce que son mari y soit transféré pour être avec elle. Mais les médecins ont du mal à s’impliquer dans le cas : ils doivent faire face à une horrible découverte qui chamboule de fond en comble toute la vie de l’hôpital… Et cela insupporte House : certes frappé par ce qui s’est passé, ce n’est pas de pleurer Kutner qui l’importe mais de connaître les raisons de son acte : aucun mot, aucun signe avant-coureur. Kutner s’est tué sans donner d’explications et House est à la torture : lui qui a toujours résolu les plus grands mystères grâce à sa connaissance de la médecine et de la psychologie humaine, est ici incapable de trouver une explication, se désinteressant du cas. Il faut les rappels à l’ordre de Taub, le plus solide des docteurs, pour qu’il ne perde pas de vue son travail. House finit même par penser que Kutner a été assassiné puisque RIEN n’explique son geste. Solution de facilité ironise justement Wilson. Cameron, elle, redevient une émanation de la conscience de House, elle lui explique qu’il culpabiliserait si c’était un suicide qu’il n’a pu empêcher, alors qu’un meurtre le laverait totalement. Paradoxe grinçant : House est le moins concerné par les relations humaines mais c’est lui qui culpabilise le plus ! La scène avec Julia et Richard, les parents adoptifs de Kutner, est caractéristique de la confusion de House : au lieu de paroles de réconfort, House les attaque violemment avec une accusation stupide. Qu'il les torture ainsi rend compte de son sale état psychique. Cette attitude peu usuelle devant la mort de quelqu'un est à la fois originale, profonde, et émouvante. La question des motifs poussant un homme à commettre une action d'importance, positive ou négative, est le coeur de cet épisode, où chaque hypothèse se voit rejetée car n'étant jamais convaincante. Cette impuissance des docteurs, et de House en particulier, se communique puissamment par le spectateur par la mise en scène. Nos héros ne savent quoi penser : culpabilité, incompréhension, hébétude… comment se préparer au deuil d’une personne que l’on a connu même si elle n’était pas de nos amis ? Avec Amber, ils ont eu (un peu) le temps de se faire à sa mort, le temps de son hospitalisation ; en plus, elle ne leur était pas sympathique… mais pas avec Kutner. L'épisode, de manière implicite, nous fait comprendre que le fait d’avoir travaillé deux ans avec lui a forgé des liens ténus mais existants entre lui et ses collègues, même s’il n’y avait pas d’amitié véritable. Un peu comme House devant la maladie de Foreman en saison 2. Même Taub, le seul à avoir gardé la tête froide, finit par fondre en larmes à la toute fin. Il y a plus de pathos que d’habitude mais l’atmosphère extrêmement lourde s’y prête. Rien qu’un effrayant vide sidéral. Les dernières images de l’épisode sont d'une triste ironie : House tombe sur une photo de Kutner où il n’a pas l’air heureux… mais ne peut rien conclure. L'humour est évidemment rare ici. On retiendra seulement le cas secondaire d’une fillette complètement amorphe. La résolution est drôle, mais d'un humour noir : devant participer à un concours, elle a une tenue effrayante : cheveux tirés au maximum, robe vulgarissime, fardée et maquillée de partout… elle ressemble à une poupée de porcelaine totalement déshumanisée. Une attaque contre la dictature de la beauté, on a déjà vu ça, mais que cela commence dès l’enfance, âge de l’innocence, c’est assez flippant. D’autant qu’elle est déjà tombé dans quelques excès propres au milieu du mannequinat... on citera aussi les échanges piquants entre House et Cameron sur les lunettes d'Horatio Caine. Mais intéressons-nous au cas du jour. Loin d’être mis à l’écart, il a toute sa place, comme un épisode normal. Une excellente idée, car la situation est d’autant plus terrible que The show must go on ! Nos médecins doivent malgré tout sauver des vies malgré le ravage. L’épisode fait donc une énième variation sur le Couple-qui-s’aime-mais-qui-s’aime-mal, mais c’est encore une composition éblouissante. Nous avons un couple (Colleen Camp et Meat Loaf, bouleversants) qui est resté ensemble très longtemps. Eddie, souvent absent, ne fut pas un bon mari pour Charlotte, et proche de la mort, le regrette profondément. Charlotte aime Eddie, et le lui a pardonné. Par un étrange jeu de vases communicants, plus sa femme va mal, plus le mari va mieux : le fait de voir sa femme très malade lui donne plus d’énergie. Chacun va vouloir alors sauver l’autre au prix de sa vie, que ce soit par une tentative de suicide ou en acceptant une opération fatale à coup sûr. Ses actes d’amour toujours plus forts sont poignants, et le suspense haletant autour de ce double cas ne baisse jamais, grâce aussi à la brillante interprétation de Peter Jacobson, qui compatit à leur sort. La chute finale nous étourdit par sa cruauté. Décidément, on peut tomber sur le couple le plus passionné, le plus aimant qui soit, il faut toujours qu’il y ait une faille sadique entre eux ! Le mari paie son inattention et la femme sa frustration de n’avoir pu réaliser ses rêves : la situation finale est d'un tragique total. Il n'y a aucune lumière dans cet épisode qui est à l’image de sa magistrale réalisation cadavérique. On regrettera seulement qu’une chanson hors de propos résonne lors de la crémation de Kutner. Mais cela n’enlève pas grand-chose à ce nouveau diamant noir de la série. Informations supplémentaires: - Cet épisode marque le décès du Dr.Lawrence Kutner d'une balle en pleine tête, qu'il a tiré lui-même. Il était interprété par Kal Penn. Kutner avait 28 ans lors de sa mort. On apprend qu'il a été condamné pour attentat à la pudeur pour s’être montré nu lors d’un match de football. - D'après les membres de l'équipe technique, Taub aurait tué Kutner, ou l'aurait poussé à se suicider, ce qui explique son refus d'assister aux obsèques. Shore a cependant affirmé que c'était bien un suicide, car permettant de faire mal à House qui ne peut comprendre un comportement humain, une première. - Kutner fut tué pour permettre à Kal Penn de quitter la série pour accepter l’offre de directeur associé des relations publiques de la Maison-Blanche, dans l’administration de Barack Obama. Il reviendra toutefois en tant qu'hallucination dans Parle avec elle (saison 5) et Tout le monde meurt (saison 8). - Numéro 13 se réfère sous son vrai nom dans l'épisode. Pareillement, elle appelle Foreman par son prénom « Eric » sous le choc de la découverte du corps de Kutner. 21. QUAND LE DOUTE S’INSTALLE Scénario : Eli Attie et Thomas L. Moran - What’s going on with Cameron ? Doug, militant écologiste, est pris d’un grave malaise lors d‘une manifestation. Franni, sa femme, débarque à l’hôpital, alors que Doug affirmait être célibataire. Pendant que l‘équipe commence à se remettre de la mort de Kutner, House remarque que Wilson a changé ses habitudes alimentaires, ce qui l’intrigue. Cameron et Chase s’apprêtent à prendre des congés ensemble, mais House oblige Cameron à travailler sur son cas, hypothéquant leur voyage… Cameron, subitement délestée de ses capacités d’analyse et d’autorité, redevient un pantin. Où est donc passé la cynique femme un peu vulgaire des saisons 4 et 5 ? Les états d’âme de Chase sont lourds, et Cameron, enferrée dans une situation rocambolesque, ne vaut pas mieux. Et là, le Hameron réapparaît au détour d’un chemin : House lui fait remarquer qu’elle n’avait pas à obéir à ses ordres puisqu’elle n’est plus son employée. Cameron ne peut rien dire, et attester encore de son attirance inconsciente pour son ex-employeur. House, durant la saison 5, semblait regretter l’absence de Cameron tandis qu’elle ne semblait pas avoir renoncé à House. L'implicite du Hameron reste très fin et divertissant. Là où on décroche, c'est quand Chase s'en mêle ; jaloux, il envisage de rompre. Il faudra toute la persuasion de Cameron pour le faire plier, dans une scène aux dialogues hélas ridicules. Finalement, Chase la demande en mariage, et on retombe dans la dégoulinade, tout ça pour ça ! Leur conflit est incapable de nous emballer, malgré le bon jeu des acteurs. Cependant, on notera une scène Huddy entre Cuddy et… Cameron qui déclare House chasse gardée de Cuddy - qui se garde bien de répondre. Et puis, voir House se planter (pour une fois !) royalement dans une déduction sur le Tuesdays vaut le détour. Sinon, Jenny Morrison force sur le maquillage, ce qui la rend vraiment appétissante. En résumé, le Tuesdays patauge à son tour tandis que le Hameron est au beau fixe ! Un superbe faux espoir pour les fans qui se crashera dans l’épisode suivant. On s'attache facilement au patient (Tim Rock, excellent), aimant davantage sa cause que sa femme (Lindsey McKeon, très émouvante) et son enfant. Voulant « sauver le monde », il néglige sa famille, et Franni est peinée de cette situation. Comme dans Vivre ou laisser mourir (saison 1), l'épisode regarde avec compassion ces hommes et ces femmes dont le statut d'artiste ou comme ici, d'engagé pour une grande cause sacrifient toute vie privée à leur combat/art. A mots couverts, l’épisode défend aussi les militants écologistes qui se retrouvent parfois en prison et tire aussi la sonnette d’alarme sur notre Terre courant à sa destruction. Certes, le message n’est pas nouveau, mais il résonne avec un bon impact, contrairement au pensum indigeste de Être ou paraître (saison 2). La chute finale est terriblement incisive puisque c’est finalement l’amour qu’il a pour sa femme qui a entraîné sa maladie ! Mais au final, rien ne nous dit que Doug, une fois guéri, changera et qu’il ne recommencera pas à oublier sa famille. Et un happy end pas happy de plus ! Le cas n’est guère étincelant mais a sa dose réglementaire de suspense et d’humour. La noirceur conséquente à la mort de Kutner commence à se dissiper, mais sera bientôt remplacée par une autre noirceur tout aussi terrible, rassurez-vous. Wilson change d’alimentation et refuse de dire pourquoi à House (Les gens changent, tu parles d’une raison !). House, déjà sur les nerfs pour avoir échoué à résoudre le mystère Kutner, va alors déployer toutes ses facultés pour tenter de percer le mystère, jusqu’à une révélation finale à mourir de rire, mais aussi émouvante, puisque Wilson lui offre une superbe preuve d’amitié ; House a beau « protester », il est plus touché qu’il veut le faire voir. Wilson, ou l’ami indéfectible ; à l’opposé de House, mais ils s’accordent si bien… Une histoire ludique pleine de bons mots et de comédie. Fin de l’épisode, House joue du piano et de l’harmonica. Hugh Laurie est décidément un excellent musicien et son Georgia on my mind swingue d’enfer. Lorsque soudain, un twist final monumental coupe le souffle non seulement au médecin mais aussi au spectateur stupéfié ! Une apparition terrifiante qui fait virer House dans le Fantastique. C’est sur cette fin ouverte à hurler de rage que ce termine cet épisode, portique impeccable au feu d’artifice final des trois derniers épisodes. Informations supplémentaires: - Le réalisateur, Matthew Penn, est le fils d'Arthur Penn. 22. HOUSE DIVISÉ Scénario : Liz Friedman et Matthew V. Lewis - You're not on the guest list, Thirteen ; bachelor parties are an ancient and sacred male rite of passage. Toujours hanté par l’hallucination d’Amber, et incapable de dormir, House doit se pencher sur le cas de Seth, un jeune sourd-muet qui s’est effondré lors d’un match de lutte. Amber étant l’incarnation de son subconscient, House s’aperçoit qu’il peut dialoguer avec « elle » pour avoir accès à tout ce que son conscient a « zappé », ce qui peut accélérer la résolution du cas. Dans le même temps, il décide - toujours avec le concours « d’Amber » - d’organiser l’enterrement de vie de garçon de Chase. House ne soupçonne pas que son « aide » est en réalité à double tranchant… Bien que malentendant, Seth (Ryan Lane, lumineux) est heureux de sa vie. Aussi, quand House veut lui redonner le moyen de réentendre, il refuse. Il est parfois difficile d’accepter le changement, et ayant vécu toujours comme ça, Seth ne veut pas changer, tel un réflexe de conservation contre l’inconnu. Ellie, la mère (Clare Carey, touchante), égoïstement mais humainement, veut continuer à le « protéger » et ne veut pas non plus de l’opération (situation similaire à Demi-prodige [saison 3]). Évidemment House n’en a rien à faire. C’est alors qu’on se retrouve dans la figure du parent retrouvant son autorité mais revisitée, comme dans House contre Dieu (saison 2). Cette reconquête parentale est filmée avec pudeur pour un résultat très beau. De même la fiancée (Treshelle Edmond) donne un surcroît d’émotion bienvenu. Le cas en lui-même bénéficie de la situation spéciale de l'épisode avec diagnostics différentiels décalés et trépidants, rebondissements continuels, et suspense palpitant. Fans du Hameron, préparez vos mouchoirs. House anéantit tout espoir lors de la scène de fête en disant qu’il ne veut pas de Cameron. Cependant, Foreman résume enfin le Hameron dans une phrase qui passe comme ça l’air de rien mais qui dit tout : House a toujours fantasmé sur le fait que Cameron craquait pour lui ! Si House a eu des désirs envers Cameron, il ne voulait pas que cela se concrétise. Son fantasme à lui est que Cameron était attirée, c’est tout. Les auteurs montrent encore une fois leur connaissance de la psyché humaine en parlant de cette catégorie de fantasmes qu'hommes et femmes aiment à penser, sans qu'ils en désirent la concrétisation. Un exemple plus comique est la légendaire fessée de Nelle Porter dans le Buried Pleasures d'Ally McBeal. Mais ici, il ne s'agit pas d'un fantasme sexuel, mais de la base d'une relation, une merveilleuse idée des scénaristes qui terminent par le haut cette histoire. Le centre de gravité de l’épisode est bien sûr la cérémonie de « dépravés ». Sans parler d’orgie, la soirée est assez « hot », climax lumineux de l’épisode où chacun se déchaîne : Foreman regardant avec plaisir 13 lécher le corps d’une danseuse, Taub et Wilson bien entourés, 13 pompette… Seul House préfère picoler dans la salle de bain avec Amber (scène très surréaliste). Au milieu de cette ambiance dionysiaque intervient un twist énorme, où la comédie bascule dans le drame. C’est tellement inattendu qu’on en a le souffle coupé. House avait-il inconsciemment souhaité du mal à cet homme ? Le tuer ? Amber donne la réponse : il ne supporte pas le bonheur d’autrui, et sa face cachée a délibérément tenté de le tuer. Cette envie de meurtre devant le bonheur d’autrui est un choc qui l’épouvante lui-même : son aide devient brusquement son pire ennemi. Plus généralement, cette scène nous rappelle que nous nous connaissons mal, et qu’en chacun de nous, nous avons une face ténébreuse qui « tue et viole » pour reprendre l’expression de Stanley Kubrick à propos d’Orange Mécanique. Noir, c’est noir ! Toute la fin de l’épisode est filmée comme dans Il n’y a rien à comprendre, avec des tons pâles et froids, comme une nouvelle vague de ténèbres déferlant sur l’hôpital. La belle solution d’Amber et de House tombe à l’eau. Heureusement Foreman trouve la solution, mais House est anéanti : il a failli tuer deux personnes en une soirée. Il prend enfin conscience que son âme ne peut demeurer indéfiniment divisée. En même temps, le silence désespéré d’Amber nous rappelle que le côté lumineux, compassionnel, de House est aussi présent dans son inconscient, cohabitant avec ses instincts mauvais. House est nu devant lui-même, et se voir dans une lumière crue est une expérience trop douloureuse pour qu’il puisse la prolonger. House confesse avec honte une faiblesse humaine : il n’a plus dormi depuis la mort de Kutner, et donc il n’est plus « fort ». House est ramené à notre niveau, et sa fuite finale échoue devant un cruel twist qui le rattrape. Et c’est un House terrifié qui termine cet épisode. Que dire d’Anne Dudek, si ce n’est qu’elle rayonne à chaque scène ? Son personnage est un des plus complexes de la série, et doit ici se mélanger à celui, encore plus complexe, de House. Carton plein car elle se joue avec une aisance ahurissante des difficultés ce faux double rôle. Hugh Laurie doit se surpasser pour ne pas se laisser manger par sa partenaire, et il y arrive par un jeu ardent et varié. Tout le casting est au poil. Un épisode parfait, un des meilleurs de la série entière. Informations supplémentaires: - Ryan Lane et Treshelle Edmond, qui jouent respectivement le patient et sa fiancée, tous deux sourds, sont eux-mêmes sourds dans la vie réelle. - La scène de House qui danse sur Fight the power est manifestement inspirée d'une scène de Do the right thing (1989) de Spike Lee. Acteurs :
23. ÉCORCHÉS VIFS Scénario : Lawrence Kaplow et Pamela Davis - House, I'll be up in 5 minutes. Le Tuesdays est un désastre général qui est bien près de priver l’épisode du quatrième melon avec une Cameron bébête qui ne sait pas ce qu’elle veut. Quelle rétrogradation ! Cette histoire de sperme congelé, McGuffin uniquement destiné à remettre de la tension envers ce couple qui a perdu son intérêt, est d’un grotesque confondant. Alors oui, cette péripétie permet de réfléchir sur une peur millénaire : celle de l’engagement aux côtés de l’être aimé. Mais voir Cameron penser au divorce alors qu’elle n’a même pas la bague au doigt, ou Chase rester inactif, sont autant de contresens dommageables. Leur dernière scène est d’une énervante mièvrerie, défaut généralement évité par la série. Tout cela est heureusement bénin comparé aux trésors de l’épisode. Ainsi, le cas est bien traité, avec cette danseuse (Jamie Tisdale, confondante de naturel) dont la peau se calcifie, partant en lambeaux ; c’est parfois à la limite du gore. Son angoisse réaliste de perdre ses jambes la panique : son Art étant sa passion, elle ne peut s’en passer. Alors que dans House divisé, House était ravi de disposer de tout le savoir de son subconscient ; ici, House fait tout pour ne pas l’écouter. Mais elle finit par venir à bout de la résistance du diagnosticien qui demande l’aide de Wilson. La volonté de House de guérir est telle qu’il est prêt à en mourir : ainsi, il s’inflige un choc insulinique pour faire disparaître Amber, choc qui peut le tuer ! Cette scène d’une grande violence se superpose à une des meilleures scènes de suspense de la série : la danseuse est tuée artificiellement et l’équipe a 3 minutes pour trouver ce qu’elle a, faute de quoi, elle en mourra. Cette double scène est un modèle d’intensité. L’épisode semble relâcher la pression lorsque House émerge de son coma. Mais c’est sans compter sur le twist central qui est une triple explosion d’ironie pure. House a résolu tout seul le cas avec un raisonnement… faux. Ainsi, sa réussite vient d’un simple coup de chance. Pire, House, l'expert en psychologie, se trompe sur la personne infidèle. Mais le couple vole quand même en éclats, laissant l’infidèle seul avec sa faute. La danseuse guérissant, c'est encore un happy end bien triste en conclusion. Mais le summum ironique est atteint quand House entend Amber chanter une chanson bien mordante à son égard. (Anne Dudek a une superbe voix enjôleuse…) Mais ce qui propulse Ecorchés vifs au rang de must see, ce sont bien entendu ses dernières minutes, où le Huddy fait un brusque saut en avant. Cuddy convainc House de faire un sevrage de Vicodin, et House coopère. Ne supportant plus de voir son âme déchirée, il est prêt à dépasser ses limites, contrairement à la période Tritter de la saison 3 où il ne résista pas à la tentation. House reste déterminé jusqu’à la brillante scène des toilettes avec la tentation de Lucifer sous la forme d'un flacon de Vicodin à portée de main. House en est réduit à ramper comme un esclave vers le flacon salvateur alors qu'une Amber 200% cynique se rit de lui. Il est poignant et amer de le voir réduit à l’état de loque humaine dans cetet scène à l'intensité sauvage. Anne Dudek, tentatrice machiavélique, est fascinante de bout en bout. Informations supplémentaires: Acteurs :
24. PARLE AVEC ELLE Scénario : Doris Egan - I slept with Cuddy. After she helped me detox from vicodin. I've been clean for almost 24 hours. Scott ne peut plus contrôler sa main gauche qui agit avec des mouvements désordonnés. Annie, sa femme, a de plus en plus de mal à le supporter. Après sa nuit passée avec Cuddy, House est de bonne humeur mais Cuddy se montre d'une étonnante froideur au lendemain. Il en discute avec Wilson et tente de savoir quels sont les véritables sentiments de Cuddy. Pendant ce temps, Cameron prend une décision définitive sur sa relation avec Chase… L’épisode se sert de la recette qui avait fait le succès de Je dis tout ce que je pense avec un symptôme au premier abord source de gags (une main incontrôlable) mais aux conséquences cataclysmiques. On commence gentiment par des boules de pain lancés dans un restaurant, puis des objets plus ou moins hétéroclites qui volent, jusqu’à la grosse baffe que reçoit la pauvre Annie. Ce problème vient d’une mauvaise connexion entre cerveau gauche (siège de la logique) et cerveau droit (siège de l’émotion) : cela veut dire qu’une partie de Scott refuse Annie, et l’autre l’aime. Ainsi la comédie des actions incontrôlées de la main est contrebalancée par le déchirement du couple lorsqu’Annie s’aperçoit qu’une partie de son mari la refuse. Nous avons tous en nous plusieurs multiples personnalités, et la plupart du temps, nous parvenons en public à ne montrer qu’un seul visage. Privé de la connexion entre ses deux hémisphères, Scott fait voir deux personnalités distinctes. Or, si une âme demeure divisée, elle va à sa propre destruction (thèse de House divisé, mais également reprise par la série Journal intime d’une call-girl) ; c’est-ce qui menace Scott. En homme presque fou, Ashton Holmes est convaincant, tout comme la sublimissime Maria Thayer en douce épouse au bord de la crise de nerfs. L’enquête est menée à un rythme trépidant, avec notamment la fouille dégueu de l’appartement, l’excellente scène des trois écrans, les diagnostics vifs et enlevés, et deux moments de pure folie : la thérapie de couple… pour les cerveaux de Scott, et le solo d’air guitar, à la limite du n’importe quoi ! Nos trois médecins sont en forme, mais comme d’habitude, on réserve une prime à Taub et sa tirade sur la semence des mouches devant un Chase totalement à la ramasse. Il se montre même curieusement optimiste en déclarant que les multiples personnalités peuvent aussi être le signe de notre propre identité qui se construit au fur et à mesure que la vie nous façonne. La question est de savoir à partir de quand il faut s’unifier. Le cas secondaire d’Eugène Schwarz (et ses cris de perroquet) semble à première vue purement comique grâce à l'enthousiasme communicatif de Carl Reiner. Mais par un de ses mémorables retournements finaux dont la série a le secret, les deux intrigues fusionnent brutalement pour une révélation cruelle, d’une intelligence et d’une logique imparables, avec en conséquence un happy end sinistre : Scott retrouve la santé, mais son ménage est maintenant en péril, tandis que Schwarz voit sa vie toucher à sa fin. Une des plus belles trouvailles de la série ! Le Chaseron à force de ridicule, finit par atteindre une dimension de nanar cosmique. Après tant de lourdeur, on finit par rire devant les jeux méga faux de Jennifer Morrison et de Jesse Spencer, de cette histoire de sperme qui n’en finit pas, sans oublier la réconciliation in extremis pour lequel il ne manque plus qu’une masse de violons. Heureusement, Egan ne s’attarde pas sur ce pan raté, et on arrive à passer le cap. L’épisode acquiert sa raison d’être par le Huddy. Comment gérer l’après 5x23 ? La série va-t-elle succomber au syndrome Clair de Lune ? L’épisode tient ses promesses en choisissant de rester en mode burlesque pour mieux nous crucifier à la fin. La succession de gags rythmés, jamais gratuits maintient un troublant mystère : Cuddy se montre glaciale envers House, pourquoi réagit-elle ainsi ? Est-elle honteuse, en colère ? Cuddy se protège en sollicitant à fond rationnel et logique pour empêcher ses émotions d’affleurer. Remarquable miroir du cas du jour puisqu’on peut dire que Cuddy utilise son cerveau gauche pour taire le droit. Seul un événement violent, qui cédera les digues du rationnel, obligera Cuddy à perdre le contrôle de son cerveau gauche. Wilson, toujours aussi lucide, le signale à House : rares sont les fois où il s’investit envers quelqu’un. Stacy fut la seule personne en qui House projetait un avenir commun possible, et il est de nouveau dans la même situation. Du coup, une partie de House prend peur et lui dicte des actions qui semblent être des tentatives pour résoudre l’énigme, mais en réalité non concluantes, uniquement pour donner le change... et faire s'esclaffer le public (avances ultra salaces, livraison d’excréments, strip-teaseur surprise...). Il y’a aussi une autre raison : House a tellement peur des émotions qu’il analyse chaque émotion sous le prisme scientifique, pour exorciser la part irrationnelle qu’il y’a dans les émotions humaines. Ce sera d'ailleurs cette rationnalisation excessive qui provoquera la chute du ménage Huddy plus tard. La série est décidemment une des plus abouties dans le traitement des comportements humains. Il faut attendre le coup de fouet de Wilson (Robert Sean Leonard accomplit une de ses meilleures compositions) pour que House se lâche et humilie sa patronne en public via une scène qui compte parmi les plus grands moments de la série. Mais ça ne réussit qu’à moitié : certes, Cuddy rentre dans une crise de fureur hystérique (Lisa Edelstein est totalement méconnaissable)… mais cela ne produit pas l’effet escompté. Ce bref dialogue est toutefois aussi mémorable que ce qui l’a précédé. Tout est prêt pour la coda, où House trouve enfin le courage de parler à Cuddy, et là, le voile de l’illusion se déchire, et le twist final percute les spectateurs comme une voiture lancée à pleine vitesse ! Monumental et terrible, il anéantit avec violence le vaudeville de l’épisode. On pourra certes arguer qu’une telle révélation n’est pas une invention de la série - Scrubs avait utilisé le même procédé à la fin de l’épisode Mon intuition masculine (saison 1) - mais ici, il arrive à point nommé pour un résultat dévastateur. La fin est sublime : sans aucune parole, avec seulement une chanson appropriée (As tears go by des Rolling Stones), House se prépare à affronter son triste destin, sous le regard lourd de Wilson. Alors qu’à quelques kilomètres de là, Chase et Cameron trouvent le chemin de l’autel. Le contraste entre ces deux événements (rendu également par une superbe photographie : terne et grise pour House, lumineuse et colorée pour le mariage) apporte une conclusion mélancolique de la plus belle eau, une des plus magistrales composées pour un season finale. Beaucoup de fans dirent que cet épisode intense et assez conclusif aurait dû achever la série. Mais les trois saisons suivantes jouent également une musique qui mérite d’être écoutée. La saison 5 est réellement une excellente saison, son inspiration ne s'est pas tarie, nonobstant quelques évolutions malheureuses de personnages. Les saisons suivantes avoueront une baisse d'inspiration dans les scénarios médicaux, creusant une césure entre les saisons 5 et 6, mais seront amplement compensées par la maîtrise parfaite de la psychologie et les analyses des relations humaines portées à des hauteurs encore plus élevées qu'alors. Informations supplémentaires: 1. House divisé : Jouissif dialogue hallucinatoire entre le héros sombrant peu à peu dans les ténèbres, et son subconscient à la fois angélique et diabolique, incarné par la fracassante Amber Volakis. Le noble art de la « dramedy » atteint ici un climax avec une terrifiante descente dramatique brisant l’élan furieux du burlesque. Episode sans faiblesse, riche en rebondissements, rires, et larmes ; un must impératif ! 3. Ecorchés vifs : Deuxième partie du finale. Malgré un « Tuesdays » dispensable, l’épisode convainc amplement par la lente descente aux enfers de House, prisonnier de sa propre tête et de son orgueil. Le brillant suspense dramatique, accentué par un cas passionnant, tient en haleine pour finir en suspense sentimental avec un grand bond en avant du « Huddy ». Une architecture impeccable. Crédits photo: FOX. Images capturées par Clément Diaz. |
Saison 6 1. Toucher le fond… (Broken - Part 1) 2. … et refaire surface (Broken - part 2) 4. Le Serment d'Hippocrate (The Tyrant) 5. L’argent ne fait pas le bonheur (Instant Karma) 6. Le cœur du problème (Brave heart) 7. Les mots pour ne pas le dire (Known unknowns) 9. Heureux les ignorants (Ignorance is bliss)
13. Passage à l’offensive (Moving the chains) 14. 16 heures de la vie d’une femme (5 to 9) 15. Lecture pour tous (Private lives) 17. Personne ne bouge ! (Lockdown) 18. Amour courtois (Knight fall) 19. Permis de tromper (Open and shut) 20. Le copain d’avant (The choice) 21. Ça va bien, et vous ? (Baggage) 22. Sauvez-moi (Help me)
PRÉSENTATION DE LA SAISON 6
La saison 6 se caractérise par un déclin de la qualité globale de la série. Cependant, elle se caractérise aussi par de brillantes innovations qui doivent atténuer cette première constatation. Une nouvelle page se tourne, car à l’issue du 8e épisode de la saison, le Dr.Allison Cameron (Jennifer Morrison) quitte la série. Elle était un des six personnages principaux présents depuis le pilote. Son départ signifie la fin du Chaseron et du Hameron. En fin de saison, un personnage récurrent apparaît : Samantha Carr, la première femme de Wilson, jouée par Cynthia Watros. Dans la saison 5, la série commençait déjà à gratter du côté du soap opera. Cette saison va marquer plus profondément ce choix, hélas à l’opposé des valeurs de la série. Cette cohabitation impossible va déranger l’esprit de Dr.House. Cela est visible en particulier avec des scènes centrées sur le couple Taub, d’un ennui sidéral ; une insulte à un personnage aussi passionnant que lui. Plus grave encore, cela va contaminer les scènes médicales, avec des patients bien moins intéressants, aux relations plus tire-larmes qu’émouvants. Le retour du sympathique Lucas Douglas qui entretient une relation avec la directrice de l’hôpital ne compense pas l’évacuation immédiate du si pimenté Huddy. Le défaut le plus pénétrant de cette saison consiste cependant dans l’épuisement créatif des scénaristes. Les cas médicaux sont plus bavards, moins imaginatifs, jusqu’à parfois devenir anecdotiques. Un trait qui sera d'ailleurs accentué en saison 7. Cependant, dire que la saison 6 est mauvaise serait un contresens, tant elle regorge d’autres qualités encore jamais vues dans les saisons précédentes. Pour la première fois, David Shore greffe un fil rouge à toute la saison : le retour à la vie de House. Amoureux sans espoir d’une femme qui partage ses sentiments alors qu’il est à l’asile, il comprend après la séparation qu’il a le droit d’être heureux comme tout homme. Tout en conservant son caractère de cochon, House va donc se préoccuper davantage du bien-être de son entourage et ressentir davantage des sentiments « faibles » (amour, compassion, sollicitude…). Cela permet de faire évoluer un personnage déjà bien complexe. Sur ce point, les auteurs se montrent d’une justesse psychologique sans égale. La relation d’amitié avec Wilson bénéficie de cette avancée, une plus grande place lui est accordée. Le Hilson flamboie et nous surprend à chaque fois ; la série a même amélioré de ce côté ce qui était déjà transcendant. Les compositions de Robert Sean Leonard et Hugh Laurie sont au diapason, tout comme le reste du staff. Enfin, la saison contient des audaces visuelles et narratives à foison, faisant de la saison 6 la plus innovante de Dr.House : épisodes dans un asile (Broken), centrés sur un autre personnage que House (Wilson, 5 to 9), psychanalytiques (Baggage), filmés avec un appareil photo dernier cri (Help me), etc. Un de ces épisodes, kaléidoscope de mini-intrigues, a été réalisé par Hugh Laurie lui-même (Lockdown). Par ailleurs, la spécificité de la série à parler de problèmes éthiques et sociaux demeure (place du sexe dans le couple, meurtre d’un assassin, omniprésence des réseaux sociaux…). Le finale de la saison 6 est - stricto sensu - ramassé sur un seul épisode, contrairement aux deux saisons précédentes. Mais psychologiquement, le dernier épisode est comme la suite de l’avant-dernier. L’avant-dernier trace le bilan de la thérapie de House et en tire un bilan pessimiste. Alors que House est sur le point d’abandonner et de replonger, il trouve une planche de salut au sein d’un final ténébreux et frénétique, dont la noirceur fulgurante n’échoue qu’in extremis à anéantir ses espoirs. En bref, une saison qualitativement en-dessous question cas médicaux, proche de terrains incompatibles avec l’esprit de la série au niveau des personnages ; mais remplie à ras-bord de psychologie subtile et de bouleversements narratifs et techniques. 1. TOUCHER LE FOND… Scénario : Russel Friend, Garrett Lerner, David Foster, et David Shore You're my only friend. And I hate you. House trouve en Nolan (très expressif André Braugher) un interlocuteur de taille ; dès leur première scène, festif duel de pointes ironiques, on voit qu'il est un des rares à pouvoir s'opposer à House. C'est divertissant, mais cela va plus loin. Le spectateur a toujours admiré le caractère révolté de House, mais ce dernier est ici dans une révolte vidée de sens, car n'ayant que sa sortie comme but, et non une cause plus fondamentale. Nolan devant canaliser ses excès, il a toute notre sympathie, et il est passionnant de voir House tenter de s'éloigner de cette main tendue, comme un réflexe autodestructeur caché sous le masque de l'ego. La galerie de portraits des patients de l'asile est craquante. Le compagnon de chambre de House, Alvie, est un agité délirant au grand coeur qui ne cesse de l’assommer à coups de monologues débiles. Lin-Manuel Miranda n’hésite pas à cabotiner pour un résultat rigolard. Les autres sont plus effacés mais leurs folies donnent un vent de fraîcheur très drôle derrière le tragique de leurs situations. On retient le paranoïaque interprété par Curtis Armstrong. Les fans de la série Clair de Lune verront que ce choix n’est pas anodin car le médecin-superviseur est le Dr.Beasley, soit le nom de famille d’Allyce Beasley, sa compagne dans Clair de Lune ! House commence très fort : il sabote avec sa délicatesse coutumière une thérapie de groupe en diagnostiquant chacune des folies de ses camarades (Ah bon, le suicide est un sujet tabou ici ?) ou bien lors de la scène mémorable de basketball où il se débarrasse de toute l’équipe adverse en appuyant sur leurs points faibles. Cette méchanceté exceptionnelle est aussi hilarante que douloureuse, car elle montre à quel point ce "control freak" se sent oppressé par une situation qu’il ne peut maîtriser. Nolan est fin psychologue, et il sait comment parer les diaboliques plans de House, ce qui déconcerte notre anti-héros, pas habitué à un « adversaire » aussi patient et fin. Provocation de mutinerie, tentative de chantage (via Wilson), et arrêt des médicaments sont trois plans diaboliques, mais Nolan a toujours un coup d'avance, et met échec et mat House à chaque fois. On a rarement vu notre héros aussi dominé dans le domaine de la rouerie. Plus qu'un duel entre deux personnes, c'est un combat pour Nolan pour protéger House qui tente de nourrir ses propres démons, ses capacités d'autodestruction, en refusant son aide, et il doit se montrer plus rusé que lui pour y parvenir. Malgré une mise en scène experte de Katie Jacobs, qui signe là sa dernière (et meilleure) réalisation de la série, l’épisode se contente de se faire succéder des scènes qui, individuellement, sont toutes réussies, mais qui prises ensemble forment un tout dispersé et sans continuité dramatique. Le quotidien des fous présenté ici est édulcoré, loin de la noirceur d’un film comme Vol au-dessus d’un nid de coucou. Il y’a peu de crises et d’accidents, tout le monde s’entend plutôt bien, c'est assez calme. On comprend le choix des auteurs qui ainsi mettent en avant la tornade House, mais c’est au détriment d’un réalisme qui compte pourtant dans l’ADN de la série. La partie la plus réussie de ce récit est le segment Lydia, avec qui House noue un amour platonique. Incarnée par la belle Franka Potente, au jeu simple et lumineux, ce personnage nous charme tout de suite. Très complice avec House, toutes leurs scènes communes sont des moments de douceur contrastant avec le reste de l’épisode. Elle a tout de suite vu qu’en réalité, House a un grand cœur, même s’il ne le montre pas. Il semble troublé et s’en tire par des pirouettes qui traduisent son trouble. A son corps défendant, House ne peut s’empêcher de faire le bien autour de lui : c’est lui qui met de la bonne humeur dans l’asile, où tous ses camarades l’aiment et l’admirent. Il se montre soucieux du bien-être du schizophrène-super-héros, et s’emporte lorsqu’un psychologue aggrave par négligence son état. Toujours cette face fascinante du héros, que Hugh Laurie maîtrise d’une manière impeccable. Infos supplémentaires : - Freedom Master est joué par Derek Richardson, qui n'est autre que le compagnon de Franka Potente (Lydia). Ils se marieront trois ans plus tard. - Alvie dit que son prénom vient du film Annie Hall (1977). Il pastiche une scène de L’Arnaque (1973) quand il salue House après que ce dernier ait obtenu les médicaments. 2. … ET REFAIRE SURFACE Scénario : Russel Friend, Garrett Lerner, David Foster, et David Shore - They broke you. House cesse de se révolter et décide de faire confiance au Dr.Nolan pour qu’il aille mieux. Malgré que Lydia soit mariée, sa relation avec elle commence à devenir plus intense… Nous savons que House aime à la fois être sur un piédestal qui flatte son ego, et qu’il en souffre car le condamnant à la solitude et à la « perfection ». Nolan l'en déchoit en exigeant qu’il reconnaisse être faillible, et à ne pas chercher à se « rattraper » à chaque faute comme le fait tout le temps House qui veut être irréprochable, même quand il est impuissant. Alors, il doit reconnaître qu’il ne peut rien faire pour « Freedom master » et tourner la page. Épris de justice, House souhaiterait souffrir autant que sa victime, pour « équilibrer ». Cet homme, pourtant athée, demande une sorte de "justice divine" contre lui-même, et il faut la persuasion de Nolan pour empêcher ce nouvel essai d'autodestruction. House renonce par ailleurs à jouer à l’anarchiste en suivant son traitement, provoquant la déception du joyeux Alvie. Curieusement, alors que House se fout de ce qu’on pense de lui, l’inimitié passagère d’Alvie le perturbe. Les failles se creusent. De même, House cesse de critiquer à tout bout de champ ses semblables et se montre plus humain, veillant ainsi Nolan à la mort de son père. Certes, cette évolution ne se fait pas sans heurts, comme lorsque House éprouve Nolan sur la jeune femme de la première partie, avant d’y renoncer. Le final est un peu expéditif, avec cette histoire de boîte à musique sortant du diable vauvert. Mais cette idée devient a posteriori indispensable pour réaliser une fin tout simplement parfaite. La barrière de son asociabilité se brise lors de la scène de fête. La tendance agaçante des séries américaines à « caster » des rappeurs - Dr.House l’avait déjà fait dans Peine de vie (saison 2) et Je suis vivant ! (saison 5) - s'efface devant la communion d’Alfie et de House où le deuxième aide le premier à faire son rap improvisé lorsqu’il n’arrive plus à trouver de rimes ; un geste fraternel et généreux. De plus, alors que les rappeurs ne se font généralement pas remarquer pour leurs jeux d'acteur (litote), Lin-Manuel Miranda joue avec une énergie gaie son personnage, qui finit même par être superbement émouvant lors de la scène finale. L’histoire avec Lydia est portée à un niveau d’émotion exceptionnel pour une durée si courte (un moyen-métrage). Comme souvent dans les romances, l’humour est indispensable pour assurer un équilibre avec le drame. Une leçon élémentaire que le quatuor d'auteurs n’a pas oublié. Ainsi la scène de réception où House doit prouver à Nolan qu’il sait « s’ouvrir aux autres » est de la pure comédie. On passe à un stade supérieur quand House et Lydia jouent à être mari et femme, à la fois drôle, et... tendre. Leurs affinités mènent à un premier baiser. Lydia, plus que quiconque, a deviné la face cachée de House : celle d’un homme sensible, idéaliste, gentil. De son côté, House rencontre son idéal féminin, au caractère forcément opposé au sien, dénué d’ironie, à la compassion exacerbée. Leur rapprochement est donc crédible et durable, car House, pour l’unique fois de sa vie, rompt avec son habitude de saboter son bonheur, une habitude qu'il avait prise de peur de détruire son génie médical, existant seulement parce qu’il est fermé à l’Autre. Il a certes le réflexe de cet auto-sabotage, quand il repousse les avances de Lydia, avant d'y succomber. Leur scène intime décrit parfaitement leur situation, un an avant que la série Tell me you love me aborde cette question du sexe comme radiographie du couple : on sent leur passion, la joie de l’instant présent, mais surtout le désespoir de la séparation à venir, comme s'ils avaient la préscience du prix qu’ils devront payer de leur rapprochement. Katie Jacobs se voit cependant obligée de filmer la scène très pudiquement étant donné la difficulté de Hugh Laurie à tourner ce genre de scènes. On saluera néanmoins le culot de l'épisode où une scène amorale car adultère fait office de catharsis positive. La heartbreaking scène d’adieux entre Lydia et House est à chavirer le coeur. Malgré son envie de quitter mari, soeur et enfant pour lui, elle ne peut le faire sans culpabiliser mortellement. Un amour impossible qui n’aboutira jamais, la série prend tous les risques avec cette fin paroxystique, mais c'est payant : impossible de ne pas verser une larme en voyant ces deux cœurs partir au loin sans espoir de se revoir. Hugh Laurie et la magique Franka Potente sont d’une expressivité mémorable, et l’économie de leurs dialogues ne fait que souligner les sentiments déchirants de leurs personnages. Cette rupture est cependant salutaire : elle montre que House peut toujours s’attacher à quelqu’un, que malgré ses efforts, l’humain en lui n’est pas mort. Nolan peut donc signer la lettre de sortie. Grâce à Lydia, House a appris à rééprouver des sentiments, une rééducation sentimentale nécessaire. Cette peine entache avec force le happy end. Malgré l’euphorie de la fête finale, malgré House jouant au clown, c’est bien l’impression d’un inachèvement qui prédomine. Sur le plan final, c’est la nostalgie, la rage rentrée qui se lit sur son visage. Pourtant, son passage n’aura pas été inutile : Alvie, bien qu’attristé du départ de son « meilleur ami », cesse à son tour de se révolter et prend ses médicaments, présageant sa guérison prochaine. Ce final ambivalent où joie et tristesse se mêlent est un cours magistral sur l’art d’écrire une histoire. Broken est tout simplement l’épisode le plus émouvant de la série entière. Infos supplémentaires : Scénario : Sara Hess et Liz Friedman Bed is for sissies. Unless you're having sex, in which case... no, bed is still for sissies. Inquiet qu’un retour à son ancienne vie réveille ses démons, House démissionne de l’hôpital et cherche un moyen de taire sa douleur sans prendre de Vicodin. Foreman demande à devenir le chef du département de diagnostic. Cuddy lui demande de résoudre un cas « Housien » en guise de test : Vince, jeune testeur de jeu vidéo, a des brûlures inquiétantes aux mains. Mais ce geek ne cesse de faire des recherches sur Internet au lieu de faire confiance à l’équipe. Foreman ne parvient pas à légitimer sa place, ce qui cause plusieurs désagréments avec Numéro 13... Le cas avance à bonne vitesse derrière le rocambolesque de la situation du patient cherchant sa maladie sur Internet - source de beaucoup d’humour - Epic fail ironise sur les débordements de la Toile, dangereuse lorsque mal utilisée. Cette passerelle aisée et pratique vers la connaissance universelle montre son revers puisque toutes les propositions de la Toile sont autant d’échecs et de retards qui gènent l’établissement du diagnostic. La scène où Taub, Foreman, et Numéro 13 lisent scrupuleusement les réponses des internautes en les réfutant une à une joue le rôle de procès contre l’informatique qui ne peut remplacer un cerveau humain logique et doué de raison. On songe à La Quatrième Dimension, influence non négligeable de la série, et ses épisodes comme Automation. Cependant tout n’est pas si simple, car c’est bien grâce à un internaute que Numéro 13 trouvera la solution, mais cette révélation est adoucie par le fait que Foreman, même avec une heure de retard, trouve la solution sans aucune aide. Oui l’informatique peut être efficace, mais le twist final, pourtant prévisible, a le mérite de mettre une solide sourdine à cette « efficacité ». Foreman n'arrivant pas à asseoir son autorité subit une loi de Murphy assez jouissive, se faisant allégrement rembarrer par Vince ou ses subordonnés. La démission de Taub est le coup de grâce de la valse d’emmerdes pour Foreman qui pour son premier cas en tant que chef a faux sur toute la ligne. Côté cœur, il veut dominer sa relation avec Numéro 13. Ce n’est point ici de l’orgueil ou du machisme, mais seulement une tentative maladroite d’asseoir son nouveau pouvoir. 13 le comprend, mais cela n’empêche pas les disputes. L’adresse des dialogues, les excellentes performances d’Olivia Wilde (à fondre avec sa nouvelle coupe) et d’Omar Epps, et les dilemmes des situations, sont autant de réussites qui occultent la fadeur habituelle du « Foreteen ». Aussi sera-t-on consterné par la décision finale de Foreman qui fait retomber sa relation avec Thirteen dans le soap opera le plus vulgaire, avec ce coup de poignard grotesque. Ca n’a aucune crédibilité. Sinon, la volonté et la rigueur de Foreman font qu'il est légitime que Cuddy lui donne le poste. Le gag délirant du pipi de labrador et la discussion loufoque qui s’ensuit avec Wilson et une Cuddy totalement paumée est encore plus désespéré : il nous révèle sans l’énoncer que House est retombé dans la Vicodin. Cet épisode pourrait décidément faire office de masterclass de dramedy tant la douleur se cache à peine derrière le rire. Le pessimisme de cet épisode est tellement pregnant que Hess et Friedman auraient pu se dispenser du rebondissement final visible à 100 kilomètres. Heureusement, l’impression de noirceur demeure, ce qui n’est pas le moindre exploit de cet épisode bourré d’humour. On saluera la réalisation de Greg Yaitanes qui trouve d’excellentes idées (la plongée ascensionnelle quand 13 et Foreman sont étendus sur le lit...). House va maintenant commencer son chemin de rédemption, où il va mettre son cynisme de côté un temps, et essayer d'aider son prochain de manière moins bourrue. Cette orientation psychologique d'une extraordinaire difficulté va embarrasser les scénaristes pendant quelques épisodes, qui vont trop édulcorer les situations et le personnage. Heureusement, ils finiront par trouver assez rapidement la voie à suivre et conduiront plus subtilement cette évolution, jusqu'à l'apothéose du series finale. 4. LE SERMENT D'HIPPOCRATE Scénario : Peter Blake - How was your first day of school ? Dibala, dictateur africain responsable d'un génocide, est de passage aux Etats-Unis. Il fait une crise et devient le prochain patient de Foreman. Le départ de Taub et le renvoi de Numéro 13 obligent ce dernier à engager Chase et Cameron pour les remplacer, House n’étant que « consultant ». Les médecins sont troublés par les dilemmes éthiques que leur pose leur terrible patient. Quant à House, il s’entend très mal avec le voisin de Wilson… En réalité, David Shore devait préparer le prochain départ de Cameron. Fidèle à sa volonté de faire original, l'affaire Dibala est en réalité le prétexte pour détruire le Tuesdays, en augmentant la tension jusqu’à explosion. Ce sera un demi-succès : la séparation sera émouvante et originale, mais manquera de crédibilité. Quant à l'affaire Dibala, contemplons à présent l'étendue du désastre. Dans Acceptance (saison 2), la série posait la question de soigner un assassin. Dans cet épisode, c’est carrément un dictateur commettant des génocides qui se trouve sur le billard. James Earl Jones sait être repoussant sans verser dans l’hystérie. Dibala, bourreau sans remords, est persuadé de faire ce qui est juste. Il est l’incarnation du mal dans toute sa splendeur, à la logique glaciale et la paranoïa frémissantes. Malheureusement ce numéro réussi se voit annulé par son épuisante répétition : d’un bout à l’autre, on a l’impression d’assister à des photocopies de scènes précédentes. Les dialogues entre Chase et Cameron sur leur déchirement entre le serment d’Hippocrate, et leur dégoût de guérir un tel homme sont consternants de vide. On note que Foreman se rapproche toujours plus de House puisque ni l’un ni l’autre ne sont gênés par la situation. Les meilleurs moments sont les interventions de House dans les diagnostics différentiels, sapant sans problème l’autorité de Foreman. Mais comme Foreman est préoccupé côté cœur, et que House reste à l’écart, ce sont Chase et Cameron qui doivent occuper l’écran. Or, Chase est le personnage le moins intéressant de la série, et Cameron a perdu tout mordant. Ni Jesse Spencer ni Jennifer Morrison n’ont assez de puissance pour se substituer à Hugh Laurie. The Tyrant souffre cruellement de son peu de présence. Le cas est pénible à suivre par sa surenchère dans le mauvais goût. Du strict point de vue médical, on se contente du minimum syndical, sans la délicieuse urgence des scènes de diagnostic. Le révolté qui supplie Chase de tuer Dibala, puis essaye de le faire lui-même se veut touchant mais la scène verse dans l'outrance massive. Les tentations de Cameron de tuer Dibala sont démonstratives. Le dilemme moral de Chase est alourdi par un excès de verbiage et un martèlement incessant des « pour » et des « contre » qui finit par user la patience du spectateur. Blake a beau nuancer l’effet tranchant d'une fin ridicule en rendant ambigus les sentiments de Chase, on ne suit pas. Tout est outré. On remplace la réflexion intelligente par des péripéties d’une vulgarité rare. Foreman ne fait suivre que les suggestions de House et donc ne sert à rien. Le Foreteen, déjà pas solide, s’écroule totalement avec l’obstination de Foreman à persister dans ses erreurs (explication de texte ratée de Cameron), et Thirteen rabaissée au rang de maîtresse trahie. Si Olivia Wilde achève de nous convaincre dans le registre émotionnel, cela ne sert à rien car elle n’a que des lignes banales à dire. Il était temps qu'on en arrive à la rupture, parce que là la coupe est pleine. House perd beaucoup de son « mojo » dans cet épisode où il délaisse ironie et piques vaches pour une certaine flemmardise. Le talent de Hugh Laurie n’est pas en cause, mais son personnage, qui s'édulcore trop. Ses algarades avec le vétéran de guerre manquent de force. Le rebondissement final avec la boîte de Ramachandran est si expéditif qu’il sera incompréhensible au profane, et ennuiera les spécialistes qui peuvent se demander pourquoi il a fallu 36 ans pour que cet homme fasse ce test aussi simple qui le guérit instantanément. Finalement, celui qui s’en sort le mieux est Wilson, toujours récipiendaire des emmerdes des autres. Infos supplémentaires : 5. L’ARGENT NE FAIT PAS LE BONHEUR Scénario : Thomas L. Moran Don't usually see brain damage after a rectal biopsy. Roy, un milliardaire, aurait tout pour être heureux si son fils n’était pas malade. Aucun médecin n’arrivant à établir son diagnostic ; Foreman, Chase, et Cameron, toujours assistés par House, s’en occupent. Mais Foreman et Chase sont inquiets : Cuddy leur impose d’écrire une conférence sur le cas Dibala (épisode précédent), mais ne peuvent l’écrire sans révéler ce qu’a fait Chase. Quant à Numéro 13, elle tente de découvrir qui a piraté son ordinateur et annulé son vol pour la Thaïlande… L’introduction est assez étonnante car refusant la traditionnelle syncope/crachement de sang/convulsions (rayer la mention inutile). Toutefois, l’épisode passe immédiatement après en pilotage automatique. Si on apprécie quelques vannes de House, ou la résignation de Foreman de n'être que le chef que nominalement, nos personnages sont fatigués. Cameron ne sert à rien, Foreman tire la même tête durant tout l’épisode, Chase s’agite beaucoup pour un résultat nul, et House, qui continue son chemin de rédemption, se comporte en gentil plaisantin inoffensif. Le corollaire est une absence d’ironie (pilier de la série) même pas relevée par une quelconque tension. On a l’impression de regarder un documentaire médical froidement filmé avec cette description minutieuse et exacte d’un cas (The Office à l’hôpital, le décalage en moins), mais qui peine à nous intéresser car on y comprend pas grand-chose. Même de la tombe, Dibala continue d’embêter nos médecins (et nous). Comment cacher l’erreur volontaire de Chase ? Cet événement entraîne des dialogues répétitifs entre ce dernier et son complice-par-la-force-des-choses. Ajoutées aux scènes de diagnostic, ils font ressembler l’épisode à une énumération robotisée de conjectures. La platitude de leurs scènes saute aux yeux. La miraculeuse porte de sortie était visible depuis le commencement. On passe à autre chose. Infos supplémentaires : Acteurs : 6. LE CŒUR DU PROBLEME Scénario : Lawrence Kaplow He woke up during the autopsy ? Differential diagnosis for resurrection - go. Donny, un policier de presque 40 ans, s’écroule lors d’une course-poursuite. Son grand-père et son père sont morts d’une crise cardiaque à 40 ans, et il est persuadé que sa fin est proche. Les médecins ne trouvant rien, il est renvoyé chez lui, mais meurt quatre heures plus tard. Pendant ce temps, Chase flanche sous le poids de la culpabilité, et House entend des voix… L’épisode débute par une introduction spectaculaire avec une course-poursuite ultra speed : sauts sur les toits, course dans les ruelles, bonds sur les voitures… L’énergie trépidante rappelle Alias ou Nikita. Bon, ce n’est pas du tout dans les codes de la série, on peut trouver ça gratuit, mais il faut reconnaître que ça fait de l’effet. La réalisation de Matt Shakman est au diapason. Le premier tiers de l’épisode fait penser à Airborne (saison 3) qui nous rappelait la puissance de l’esprit qui contrôle la matière : Donny est très malade, mais a surtout peur de mourir à une date-butoir. De ce fait, il sombre dans une spirale névrotique, comme Numéro 13 la saison précédente, il prend tous les risques (le saut de l’ange qui ne pouvait qu’échouer), brûle ses vaisseaux. Pour ne pas faire souffrir son entourage, il se condamne à une douloureuse solitude et à se perdre dans le travail. Le coup de théâtre de l’arrivée de l’ex est ainsi très efficace, donnant lieu à une scène dure où la prison mentale de Donny le force à se montrer méchant. Donny étant « condamné » comme son premier mari, on comprend l'investissement de Cameron. En plus d'un rebondissement fulgurant tout droit sorti d’un film de Romero (hémoglobine comprise), l’émotion des scènes « familiales » (façon de parler) cohabite avec les plaisanteries de House. Brave Heart est en effet un petit festival House où l’on se régale de vacheries et de sous-entendus sexuels pimentés. L’enquête est intéressante, avec des diagnostics qui retrouvent de l’allant, et des scènes d’urgence bien dosées. Le happy end, arraché de haute lutte, laisse présager une belle espérance pour Donny. L’épisode nous exhorte ainsi à diriger positivement notre esprit, pour ne pas se détruire. C’est très touchant. Retour du Huddy avec House qui fait référence à la sexual tension entre lui et sa patronne, qui le nie avec trop de véhémence pour tromper qui que ce soit. D’ailleurs, House se rapproche physiquement de plus en plus d’elle sans qu'elle l’en empêche. Cuddy fait donc quelques passes d’armes avec House, ce qui amène un commentaire absolument génial de deux étudiantes : No wonder she hates him/Mmm, that’s not hate, it’s foreplay. Lisa Edelstein, qui semble embellir à chaque épisode, est parfaite d’ironie. Kaplow se perd cependant dans une multitude d’intrigues. La mini-histoire de House faisant le pitre en servant d’assistant à un docteur est expédiée, mais il y a surtout le néant du Tuesdays : Chase et Cameron, non sans intérêt individuellement, ne le sont pas ensemble. Curieusement, les auteurs prendront de nouveau le point de vue de somme de parties supérieure au tout pour le Huddy de la saison 7, avec une réussite bien plus éclatante (House et Cuddy ayant un background psychologique plus développé). En attendant, Chase erre dans les ruines de sa conscience. Jesse Spencer hérite d’une partition où il peut se mettre en avant, et se montre aussi adroit dans l’angoisse, le remords, que dans l’ébriété minable. Malheureusement, le surcroît de pathos le rend pénible à regarder. Ces scènes sont autant de temps morts quand elles ne sont pas scandaleuses : la scène du confessionnal généralise l’église comme étant rigide et prisonnière de ses lois, là où de saints hommes ont pourtant reconnu l’existence de « cas limites » où les règles doivent être transgressées. Toutefois, la scène où House le secoue en lui disant qu’il cultive sa culpabilité, sa tristesse, de peur de passer pour un assassin sans âme, est superbe. L’autre histoire secondaire est orientée vers le Hilson, et ça c’est synonyme de qualité. Effectivement, les échanges entre House et Wilson sont on ne peut plus festifs par un humour de sitcom qui marche totalement. Leur cohabitation mouvementée, miroir inversé de celle de la saison 2 (ici c'est House qui crèche chez Wilson) n’exclut pas toutefois des moments plus graves comme les hallucinations auditives de House dans la chambre d’Amber. Est-ce encore un souvenir de sa culpabilité ? House a peur de replonger, et les photos d’Amber semblent le juger en silence. Wilson quant à lui n’est toujours pas guéri de la mort d’Amber et continue à lui parler comme si elle existait toujours. Ce triste dialogue à sens unique rend Wilson très bouleversant, et même House refusera de le vanner sur ce coup-là. Il se montre même jaloux que Wilson prenne comme confident une morte plutôt que lui. Leur relation, d’une écriture rarement égalée, s’assimile à une sorte d’amour sans sexe. D’ailleurs, le final de la série tendra en ce sens. Toutefois, la blague finale détend l’atmosphère, et clôt ce bon épisode avec le sourire. Infos supplémentaires : 7. LES MOTS POUR NE PAS LE DIRE Scénario : Matthew V. Lewis et Doris Egan - We're all murderers, we just don't have the guts to admit. Jordan, une adolescente, va avec une amie à un concert métal. Le lendemain, elle s’écroule, les muscles boursouflés. A l’hôpital, elle n’arrête curieusement pas de mentir. Cameron, inquiète du changement d‘attitude de Chase, pense qu’il la trompe. Pendant ce temps, House va avec Wilson et Cuddy à un congrès médical. House tente de se rapprocher de Cuddy tandis que Wilson va présenter une conférence sur l’euthanasie. Mais rien ne va se passer comme prévu… Comme à peu près toutes les séries médicales, Dr.House n’échappe pas à une certaine répétition des mêmes ficelles : la patiente qui ment tout le temps, on a déjà eu ça dans Une aiguille dans une botte de foin (saison 3), Un vent d’indépendance (saison 4), etc. Toutefois, la qualité d’une série, c’est aussi de se répéter avec talent. On suit donc avec grand plaisir nos médecins patauger au sein de témoignages contradictoires, et de révélations successives chamboulant à chaque fois les perspectives qu’on avait jusque-là. Ce scénario en chausse-trappes est aussi réussi dans cette quête de vérité que dans la recherche médicale, solidement menée. La patiente, incarnée par une Annabelle Attanasio pleine de vie et de sensualité explosive, se montre attachante malgré sa superficialité. Ce personnage d'ado fêtarde un peu prétentieuse et pas très intelligente n’est pas aussi original que d’autres figures adolescentes déjà vues dans la série, mais recèle de touchantes fragilités comme cette adoration aveugle à un mentor (un auteur de BD) qui la fait agir stupidement, ce dont elle a conscience. Ses mensonges sont également révélateurs de ses problèmes moraux (mentir pour rester « cool ») ou de ses fantasmes (une sexualité débordante). Dommage que son amie serve de doublon. Le Tuesdays tangue vers les récifs. Cameron s’imagine que si Chase a changé d’attitude, c’est parce qu’il a une aventure. Ce que ce dernier a du mal à démentir puisqu’il ne veut pas avouer la vraie cause. On remarque l’adresse des auteurs : le Foreteen est à peine terminé que le Tuesdays prend le relais soap. Du grand art, ah ah ah. Toutefois, les excellentes performances de Spencer et Morrison (qui devient insoutenablement bombesque), ainsi que des dialogues plus relevés font que finalement ça passe. La tension qui lézarde ce couple couve, prête à exploser. Un beau suspense qui laisse le fan en haleine avec le cliffhanger final. Mais la vraie valeur de l’épisode est l’escapade du trio House-Cuddy-Wilson propre à déchaîner répliques qui tuent, burlesque et émotion à grande vitesse. Plus de cinq ans que ça dure : House en a marre de tourner autour du pot, mais sa réserve et sa timidité (!) l’empêchent de se déclarer à Cuddy sauf via des sous-entendus sexuels grossiers (scène dans le bureau totalement allumée). C’est Wilson qui va débloquer la situation en l’exhortant à franchir le Rubicon (humour en rafale). Ainsi, la fameuse scène du bal costumé avec le slow langoureux entre lui et elle capte l’attention, une magie romantique s'y instaure. Lisa Edelstein décrit bien les sentiments conflictuels de Cuddy, entre sagesse et tentation. Le retour spectaculaire d’un certain personnage, alors même que House accepte enfin de changer pour convenir aux critères de Cuddy lance la série dans un vaudeville plaisant. Surtout avec le gros gros malaise de la scène du restaurant, où la tierce personne, incapable de s’arrêter, balance gaffes sur gaffes devant une Cuddy impuissante. Festif ! A côté de ce pétillement Huddyesque, l’épisode nous offre de magnifiques scènes Hilson. Pas mal sont comiques comme le badge barboté ou la boisson droguée (un classique indémodable chez Greg House). De son côté, House apprend que Wilson a euthanasié un patient, et comprend qu’il va en parler dans sa conférence. House subit le revers de ses intentions : lui qui voulait changer Wilson pour qu’il devienne plus responsable, le voilà devenu au-delà de ses espérances : il est prêt à risquer job et liberté pour parler de ce sujet qui lui tient à cœur ! House réussit à l’en empêcher par un stratagème imparable dont les abords comiques (le réveil difficile de Wilson) s’effacent devant ce sacrifice presque héroïque. Pour sauver son ami, House prend tout sur lui. Robert Sean Leonard est une nouvelle fois magistral. Derrière vacheries et noms d’oiseaux, ces deux êtres sont prêts à tout l’un pour l’autre. Une amitié d’une force écrasante. Wilson continue d’explorer son soi intérieur : après la naïveté et la trop grande gentillesse, c’est une culpabilité irrationnelle qui le saisit : il s’en veut de ne pouvoir sauver tous ses patients. Cette trop haute exigence le pousse à des actions dangereuses et stupides que seules des actions encore plus dangereuses et stupides menées par le culot en diamant de son ami peuvent contrecarrer. Infos supplémentaires : Acteurs : Scénario : Eli Attie - Your husband killed a patient, and you're breaking up with me ? Hank Hardwick, star du X, est pris de photophobie et de douleurs au crâne. House, ayant récupéré sa licence, est de nouveau le chef de l'équipe, mais doit faire face à Chase et Cameron qui décident de quitter l’hôpital de concert. House tente alors de réintégrer Taub et 13 tout en faisant comprendre à Chase et Cameron que la prochaine fin de leur mariage est inévitable… Le cas (un peu verbeux), a un bon suspense et un patient intéressant. Depuis quelques années, petit et grand écran changent leur regard sur les métiers où le sexe tient le rôle central. Pour ne citer qu'un exemple, les expériences de l’ancienne call-girl Belle de Jour contées sous un prisme drôle et lumineux, plus tard adaptées dans l’excellente Journal intime d’une call-girl. Pareillement, Dr.House imagine un couple d’acteurs X assumant leurs choix et leur joie à faire ce métier. Hank et Lexa forment un couple soudé qui désacralise le sexe, en différenciant fidélité sexuelle et amoureuse . Peu leur chaut que l’autre ait des rapports sexuels à longueur de journée avec différents partenaires. C'est traité avec plus de réussite que le fera plus tard Permis de tromper. Ainsi les points de vue conservateurs de Chase et Cameron entrent en conflit avec ceux de ce couple. Cameron refuse de croire qu’ils peuvent être heureux de leur vie, et elle aura tout faux : Hank et Lexa (Troy Garity et Jolene Blalock, convaincants) sont plus solides que bien des couples, car leurs travaux leur permettent de passer outre les tentations d’infidélité. Bien sûr, assumer ce genre de vie n’est pas donné à tout le monde, et seule une conscience en accord, et une confiance totale en l’Autre, le permet. L’épisode rappelle aussi le déclin de cette industrie par l’avènement d’Internet où le streaming gratuit fait des ravages. Ainsi que le jugement moral porté sur ce milieu, les raisons du comité de greffe de refuser Hank ne relèvent que peu d’ordre médical. Pour autant, l’image du X n’est pas glamourisée. L’introduction de l’épisode le dépeint comme un univers pas plus édénique ou désastreux qu’un autre. Le cas en lui-même est bien mené, avec House tout joyeux d’être à nouveau le boss. On peut regretter qu’il ne profite pas de son patient pour plaisanter, mais on se console avec son visionnage d’un des films d’Hank devant une Cameron proprement dégoûtée. La chute finale rejoint les grands diagnostics ironiques de la série : si Hank a failli mourir, c’est parce qu’il a été… trop propre ! On n’oublie pas non plus Lucas Douglas qui dissèque au poil l’étrange relation unissant Cuddy, House, et lui-même. L’acuité étonnante de ce personnage empêche toute fadeur. Même s’il a un côté un peu bébête, Douglas rompt avec le cliché du petit ami idiot ou méchant ou ennuyeux qui se met en travers d'un couple, car il est d’une intelligence redoutable. Michael Weston est crédible dans les deux registres. On peut comprendre l’attirance de Cuddy, et aussi le respect que lui témoigne House dont Wilson a deviné qu’il le considérait malgré tout comme un ami. Quant à House lui-même, s'il se jette sur Taub et 13, c'est que le choix de Cuddy, qui le rejete, lui fait sauter un repère (il était sûr qu’ils se rapprocheraient), et il a besoin de se raccrocher à d’autres repères. Toutefois, si l’épisode est obligatoire pour le fan, c’est parce qu’il est le clap de fin pour Allison Cameron/Jennifer Morrison. Ce personnage, qui connut une passionnante évolution et une bien moins passionnante rétrogradation, nous quitte alors que rien ne semblait le présager (tout comme Kutner). Toutefois, Cameron subit sa malédiction persistante à trop croire en la bonté des gens, et son départ trouve son origine dans une nouvelle désillusion. Cameron et Chase semblent parvenir à surmonter l’épreuve Dibala, mais le diabolique House parvient à briser leur ménage. Pas par méchanceté, non, mais par son amour immodéré de la Vérité. Il décille les yeux de Chase en lui faisant prendre conscience qu’il ne regrette pour rien au monde l’acte qu’il a commis, et qu’il doit le dire à Cameron pour ne pas bâtir leur futur sur un mensonge bien trop lourd. Cameron s’imaginait que Chase avait des regrets, et c’est pour ça qu’elle lui pardonnait. Mais en fait, Chase ne regrette rien, et quand elle l'apprend, brise son mariage. Eli Attie offre à Jennifer Morrison l’occasion de chanter une aria d’adieux, dans la bouleversante scène finale où elle s'effondre de désespoir : Chase, sous l’influence de House, a perdu toute notion de morale, de bien ou de mal. House, embêté et très ému, n’a pas le courage d’accepter la main que Cameron lui tend. Jennifer Morrison s’est montrée parfois inégale, mais on voit pas ce qu’on pourrait lui reprocher dans ce déchirant requiem où elle est d’une émotion fantastique. Dans une grande anamnèse, Cameron se rappelle de son amour passé pour House, dont elle pensait qu’il le guérirait. Au lieu de ça, il n’est pas guéri, et même, il lui a enlevé l’homme qu’elle avait fini par aimer. Qu’elle ait échoué à changer House anticipe le futur échec de Cuddy et de Dominika, et la thèse finale de la série : Si House devait trouver la rédemption, ce ne sera pas par l’amour d’une femme.
9. HEUREUX LES IGNORANTS Scénario : David Hoselton - I've decided what I'm going to do about Cuddy and Lucas. I'm going to break them up. I've now a purpose in life. James Sidas, esprit supérieurement intelligent, a plaqué son brillant avenir pour devenir un simple courtier. Au cours de son travail, il a des troubles musculaires inquiétants, et devient le prochain patient de House. Les médecins se demandent pourquoi il a changé de vie. Jaloux, House tente de briser le couple Cuddy-Lucas. Chase tente de digérer le départ de Cameron, et Rachel Taub est frustrée de voir son mari « se faire exploiter » par son patron. L’ombre de Cameron plane sur cet épisode, pas seulement sur Chase, mais aussi sur le cas. A la fin du très noir Clueless (saison 2), Cameron prononçait la phrase Ignorance is bliss, devenue depuis seconde devise de la série (derrière Everybody lies). Devise maintes fois vérifiée, les patients de la série se voyant souvent confrontés à une Vérité qu’ils n’auraient ne jamais voulu savoir. Hoselton exploite ici à un autre degré cette assertion, avec une cohabitation impossible entre intelligence aiguë et bonheur personnel. Ou plutôt en montrant que les délices de l'intellect ne peuvent rivaliser avec un bonheur plus instinctif, physique. Qui ne rêve pas d’avoir un QI Einsteinien, un cerveau surdéveloppé ? Pourtant, l’épisode nous rappelle une condition indispensable à cette grâce : il faut assumer les responsabilités et les conséquences qu’impliquent un tel savoir. En premier lieu « la solitude du prince ». Les grands esprits sont souvent des êtres solitaires, et ceux qui partagent leur vie doivent accepter de ne passer qu’après les travaux de l’être aimé. Sidas était conscient que peu de femmes pourraient le comprendre, même en tant qu’homme. Pour être avec son élue, il renonça à la voie toute tracée pour lui. Ce sacrifice par amour est la clé du personnage. Esteban Powell est excellent dans ce rôle, mais Vicki Davis, larmoyante et geignarde, ne fait qu’agacer. Quelques scènes émeuvent, comme Dara voyant que son mari redevient plus intelligent sous l’action d’un traitement, causant un changement d’attitude, qui ne correspond plus à l’homme qu’elle aimait. James lui-même devient amer d’être marié à quelqu’un qui ne peut plus le comprendre. La sympathie de ce couple est telle que le scénariste les prend en pitié et rédige un total happy end réconfortant. Le twist final n’est ironique que dans la mesure où les médecins découvrent un diagnostic totalement ahurissant. Chase n’a pas eu de chance… Le cas lui-même est correct, quoiqu'anodin. Les auteurs, épuisés, se complaisent dans la facilité apportée par les intrigues de soap. Mais là où Shonda Rhimes forcerait le trait, David Shore n’en fait pas trop, et maintient un bon niveau de qualité. La sobriété des comédiens est un atout de choix. Jesse Spencer parvient à faire passer la douleur réprimée de son personnage, confrontée à une déchirure qu'il n'a pas eu le temps de préparer. Chase traverse une phase de déni où il croit pouvoir gérer le problème tout seul : il veut prouver qu’il a encore sa « dignité », sa « virilité » même, en encaissant comme un « vrai mec ». Il repousse ainsi toutes les offres de ses camarades, renforçant du même coup sa frustration, qu’il ne libérera que par un spectaculaire coup de poing. Malgré sa noirceur, House ne peut s’empêcher d’être un philanthrope, et choisit d'épargner Chase lorsque ce dernier va trop loin. Tout ce pan de l’histoire est bien dramatique. Le jeu de manipulation House vs. Lucas-Cuddy souffre d’une trop grande prévisibilité, et d’une faiblesse inhabituelle des dialogues. Lucas toutefois nous ravit : faussement idiot, il se montre encore plus retors que House, bien aidé par Cuddy. House ne peut rien faire contre une telle union. Cuddy se montre d’une malice grinçante en jouant un tour vraiment méchant à son subordonné. A sa décharge, House n’était pas animé d’intentions altruistes. Il croit se rattraper par un brillant piège tendu à Lucas, mais ce dernier pare la menace et le force à abandonner la partie. Lucas etCuddy affichent un côté plus dur de leurs personnalités, c'est bien vu ! Enfin, les problèmes du ménage Taub sont impuissants à nous intéresser, malgré un Peter Jacobson toujours éblouissant. Voir cependant Taub tirer les marrons du feu avec culot pour résoudre ses problèmes de couple, fait tout son effet. La scène la plus drôle de l’épisode, outre les hilarantes discussions House-Wilson, est un pastiche de cas de consultation. House doit soigner une jeune femme revêche (la pêchue Andrea Gabriel) qui n’apprécie pas son insolence ; la scène est irrésistible, et recèle une surprise de taille ! C'est un des rares moments où l’on retrouve le côté déjanté d’Hoselton. Infos supplémentaires : Scénario : David Foster - It's my fault. I gave him too much chemo. L’épisode démarre par une révélation tonitruante : Wilson a un autre ami que House ! Il est à noter que House ne se prive pas de faire une scène de jalousie à Wilson. Cependant, Foster ne va pas choisir d’orienter l’épisode sur une rivalité, ou même sur la personnalité de Wilson, préférant se concentrer sur le cas médical. On peut le regretter car bousculer ses codes a toujours fait du bien à la série (One day one room, Broken…). Dans le genre, 5 to 9, centré sur Cuddy, se montrera plus audacieux. Le cas en lui-même est bien pâle. L’équipe étant quasiment absente, les diagnostics différentiels sont presque inexistants alors qu’ils sont un pilier indispensable à la série. Corollaire : l’épisode est statique, la résolution du cas intervient trop tôt, rendant le troisième tiers interminable. Le faux dilemme éthique n’a pas assez de force - tout le monde se doute du choix de Wilson et Cuddy - là où Babies & Bathwater (saison 1) s’était montré plus déchirant sur un terrain similaire. De plus, la solution salvatrice est proposée tard alors qu’elle était envisageable bien avant. Le trop peu de consistance de cette histoire entraîne des délayages. L’entourage du patient est réduit à un trio de pleureuses (ex, fille, et compagne), mais les auteurs parviennent à nous surprendre grâce à un audacieux « compartimentage » de ces personnes dans le cœur de Tucker. Pour lui, son ex et sa fille sont les plus aptes à le soutenir dans les moments les plus importants, forçant le départ temporaire d'Ashley, sa compagne officielle. En effet, elles se montrent plus décidées et plus réfléchies qu’Ashley, belle plante mais 100% gourde. C'est en effet une curieuse preuve d'amour de l'éloigner de lui le temps de son hospitalisation, car il ne veut pas lui imposer tant de souffrances. Original ! Bien sûr, il retournera auprès de son officielle ensuite ; moins original, mais cela nous vaut une belle scène où Wilson exprime sa déception. Il est touchant de voir toute la gentillesse de Wilson envers Tucker. Les dialogues sont d’une grande simplicité, et on espère pour eux une fin heureuse. Le personnage ayant été bien introduit (à la différence de Dylan Crandall dans le médiocre Who’s your Daddy ? de la saison 2), la dégradation sans espoir de son état touche le spectateur solidaire. Mais c’est le Hilson qui encore une fois est la meilleure carte de l’épisode : House et Wilson ne cessent d’être en conflit sur la vision de leur science et croisent le fer plusieurs fois. La tension entre eux, accentuée par les coups tordus de House (grillage de priorité dans la salle d’opération) est délicieuse et reste le paravent de leurs vrais sentiments. Il faut voir cet absolument bouleversant moment où House, les larmes aux yeux (Hugh Laurie est d’un magnétisme stupéfiant), confesse que l’idée que Wilson meure, lui est insupportable. La série reprendra d’ailleurs avec succès la perspective de la perte de l’être aimé dans son grand finale. Au milieu de cette gravité, le menuet Lucas-Cuddy apporte une touche de gaieté. Cuddy a beau vouloir arrêter son petit jeu avec House, Wilson la démasque lors d’une scène de psychanalyse éclair où il apparaît qu’elle cherche implicitement l’approbation de House quant à sa relation avec Lucas ! Autre surprise avec House avouant une faiblesse à Wilson : ce que lui a fait Cuddy lui a fait très mal. On le voit tenter d’accéder à une phase de reconstruction où il pourra digérer la perte de Cuddy, mais sans y parvenir. Aussi l’énorme farce finale de Wilson, au-delà du rire, est-elle d’une émotion inattendue car c’est en fait un renvoi d’ascenseur en faveur de son ami cher ; un magnifique moment Hilson. Dans la série, c’est bros before hos ! Infos supplémentaires : - Premier épisode centré sur un autre personnage que House, ici Wilson. Il y'aura deux autres épisodes dans la même veine : 16 heures de la vie d'une femme, centré sur Cuddy, et Enfreindre les règles (saison 7), centré sur Martha Masters. - House mange des sandwiches à la mangue. 11. BROUILLAGES Scénario : Sara Hess et Liz Friedman Mickey, dealer de drogue, s’écroule lors d’une « transaction ». A l’hôpital, son partenaire et ami Eddie veille sur lui. Pendant ce temps, Foreman se rend compte qu’il est moins payé que les autres membre de l’équipe. House et Wilson deviennent rivaux : chacun veut séduire leur nouvelle voisine, et ils sont prêts à tous les coups bas... La série éprouve de plus en plus de difficultés à nous intéresser pour ses cas médicaux, plus verbeux, et d’une moindre efficacité dramatique. Mais elle garde toujours la forme pour dresser des portraits complexes de ses patients, sans parler de la relation House-Wilson, point sur lequel les auteurs se montrent d’une sidérante qualité et d’un humour déjanté. Le scénario de Liz Friedman et Sara Hess représente parfaitement l’esprit de la série en cette saison. Ici, le Hilson explore une nouvelle idée : House et Wilson se battant pour conquérir une femme. De plus, un alignement de twists fracassants rend le cas plus intéressant qu’il n’en a l’air. Les coups tordus de tous les protagonistes déchaînent le rire, malgré une ombre dramatique devenant de plus en plus prégnante. A force de le fréquenter, House déteint sur ses subordonnés. La machination orchestrée par Taub, Numéro 13, et Chase évoque les grands coups tordus du diagnosticien ; lui-même et Cuddy doivent le reconnaître ! Sauf que leur farce à l’encontre de Foreman finit par mal tourner. Le rebondissement final laissera le spectateur sur les fesses. Ce n’est pas pour rien que Foreman est le plus proche de House : à malin, malin et demi, et les conspirateurs l’ont dans l’os (The phrase « Who's your daddy ? » comes to mind.). Le manque d’intensité du cas fige toute la première moitié de l'épisode, aux scènes de diagnostic peu palpitantes. Ce début a quand même quelques atouts comme House qui devine instantanément le vrai métier d’Eddie et Mickey, puis qui « assomme » ce dernier quasiment au sens propre. Ou bien la scène décalée où House interroge Eddie en message codé (hilarante référence à Jack Bauer), le micro dissimulé dans la chambre, la filature ratée de Chase et Numéro 13... House s’est peut-être assagi, mais est toujours aussi tordu. Et en parlant de coups tordus, l’épisode n’en est encore au début… En ami fidèle, mais à la violence sous-jacente, Nick Chinlund est le choix rêvé, évoquant le terrifiant Fétichiste des X-Files qui fit subir par deux fois des sueurs froides à l’agent Scully. Les twists brouillent joliment les cartes. La relation Mickey-Eddie, très dominant-dominé, n’est pas sans évoquer celle entre Orange et White dans Reservoir Dogs de Quentin Tarantino. C’est le côté le plus intéressant du cas. Les acteurs sont excellents, et la deuxième moitié de l’épisode retrouve des couleurs par un suspense plus présent, après la révélation de Mickey. Cela donne une nouvelle orientation à ces scènes avec son ami, plus inquiétante. Leur scène d’adieux est dialoguée avec soin, rendant encore plus ambigüe leur relation. Cela est visible lors de la triste coda, où leurs regards expressifs veulent tout dire. L'épisode est mémorable pour le cocasse concours de coqs entre House et Wilson. Nora, leur voisine, est jouée par la magnifique Sasha Alexander, dont la têtue obstination anticipe l'amusante Maura Isles. Elle croit que House et Wilson sont un couple gay et son obstination presque caricaturale à nier une autre vérité permet un déferlement de gags comme la série sait si bien en faire. Ce genre de quiproquo est certes très répandu au cinéma, mais le traitement de la série de ce sujet est efficient. House n’est pas un coureur, et ses coups de coeur se comptent sur les doigts d'une main. Mais depuis Mayfield et Lydia, House veut se donner les moyens d’être heureux, et changer des prostituées. Le fait qu’il jette son dévolu sur une femme sur lequel Wilson avait des vues avant lui ne le gène pas, ce qui cause un mémorable dialogue sur le « code d’honneur entre mecs », une chose que House ne semble pas connaître. House encourage la rumeur que lui et Wilson soient gays, car cela lui permet la stratégie de séduction la plus improbable des séries télé (Wilson en reste comme deux ronds de flan). Au grand dam de Wilson, House se rapproche de plus en plus d’elle (dîner, télé, massage…). L’humour est débridé mais jamais gratuit car les faux apitoiements et les bobards de House sur son « couple », sa relation si troublante avec Wilson, ne sont pas aussi faux qu’ils en ont l’air. Mais voilà, Wilson a des ressources inattendues et le crescendo de gags conduit à la scène culte du restaurant où Wilson fait foirer le plan de son ami avec ses propres armes : culot à fond la caisse ! Une scène Hilson peut-être à double sens : et si Wilson pensait réellement ce qu’il disait ? Et même House semble un peu secoué, car après tout, leur relation d’amitié est si unique, exactement au milieu de l’amitié et de l’amour… La scène où House tente de s’expliquer à Nora avec sa délicatesse coutumière (I was spending time with you because I want to touch your boobs.) est le miroir de celle où Wilson lui tentait d’expliquer le plan machiavélique de son ami sans pouvoir la convaincre. On finit sur un match nul, mais pas par un armistice, l’épisode nous quittant sur une dernière prise de bec entre eux. Hugh Laurie et Robert Sean Leonard excellent dans l'humour sitcom. En filigrane, l’épisode défend la liberté pour les homosexuels de vivre leurs amours, et même de se marier, via Nora, très gay friendly. Bref, un très bon épisode encore une fois !
Infos supplémentaires : 12. ABSENCE DE CONSCIENCE Scénario : Peter Blake - I'd give her a day. Two days at the most. Valérie, 27 ans, a de violentes douleurs aux oreilles. L’équipe de House découvre qu'elle est une psychopathe au sens médical : elle ne ressent aucune émotion, est d’un égoïsme monstrueux, et se montre d’une méchanceté telle que Numéro 13 a peur d’elle. Son mari ignore son vrai visage. Pendant ce temps, House reçoit la visite de Wibberly, un camarade de faculté qui n’a jamais pu avoir son diplôme de médecine à cause d’un sale tour qu’il lui avait joué. House éprouve certains remords en le voyant… L’épisode nous leurre en présentant d’abord la patiente comme une femme certes autoritaire, mais affable. Lorsque House la perce à jour, ses traits se durcissent soudain, son regard se remplit de mépris, sa voix devient métallique, l’effet est terrifiant ! Tout au long de l’épisode, Valérie ne va cesser d’alterner entre ces deux visages. L’interprétation glaçante de Beau Garrett compte beaucoup dans la fascination odieuse qu’elle inspire. A ses côtés, Shane Edelman joue très bien le mari manipulé par la garce qui lui sert d’épouse, cela la rend encore plus méchante. Elle rit de ses médecins, se moque de ses propres absences d’émotion, avoue sans broncher qu’elle détruit son entourage. Voyant en Numéro 13 une personne plus fragile que ses camarades, Valérie trouve une proie à saisir pour satisfaire son appétit de destruction. Il faut la voir la regarder avec des yeux de vipère et lui dire Are you threaten by me ? pour qu’aussitôt la température chute d’un coup. Menaces de procès, de radiation, accusations d'harcèlement sexuel... son esprit pervers martyrise Numéro 13 tout en brisant chacune de ses tentatives pour sortir de ses filets. Cuddy elle-même est impuissante à remettre de l’ordre. Olivia Wilde est très convaincante en médecin piégée et souffre-douleur. La série persiste par ailleurs à taper sur les apparences car c’est quand les médecins mâles sont séduits par les charmes de Valérie - House inclus - qu’elle est démasquée. L’épisode établit un crescendo de noirceur autant chez la patiente que dans l’enquête. La fin est troublante, car maintenant guérie, elle accomplit un acte certes sauvage mais dénué d'hyporcrisie. Et si elle savait ENFIN ce qu’est une conscience, une émotion, un remords ? Une fin surprenante, mais ambiguë, car on ne sait pas si elle va vraiment guérir ou retomber dans sa psychopathie. Au milieu de ce drame, Blake n’hésite pas à nous muscler les zygomatiques par quelques scènes vaches comme quand House massacre les photos de Cuddy et Lucas sans se rendre compte de la portée de son geste. Le cas secondaire du patient espagnol permet quelques pointes typiquement Housiennes, rappelant la scène d’Epic fail où House et une chinoise se moquaient de Cuddy sans qu’elle s’en rende compte (c'est ici Wiwi qui en prend plein la figure). On aime aussi que la rupture 13-Foreman nuit à leur efficacité alors qu'avant c’était leur complicité qui nuisait à leur travail ! La quadrature du cercle... L’épisode marque aussi pour son hardie histoire secondaire. Les auteurs sont parvenus à négocier le virage d’un House plus humain. Dans le cadre de sa thérapie, House doit apprendre des sentiments humains comme le remords. Il veut en réalité se débarrasser au plus vite de ce moment de la thérapie. Manque de pot, Wibberly (Ray Abruzzo, sobre juste ce qu’il faut) débarque, et la simple emmerde que subit House vire à la culpabilité inattendue : Wibberly, après le tour de House, n’a plus pu remonter la pente. House se sent d’autant plus gêné que Wibberly ne garde pas de rancune envers lui et s’est résigné à un destin de plus en plus noir. Finalement tenaillé par sa faute passée, House veut « réparer les dégâts » autant qu’il peut. C’est une des rares fois où le personnage éprouve du remords, alors que même la mort d’Amber ne lui avait pas fait cet effet. Le twist final est révélateur du changement qu’a subi House. Nous le voyons faire acte de contrition, de bonté par une voie simple, directe, et non plus bourrue. L'espoir lumineux de sa rédemption est par contre partiellement obscurci par le dernier plan : House n’a pas le courage de demander pardon à Cuddy, engoncé dans sa jalousie à l’égard de Lucas. Le Luddy sort de son statut de comédie dramatique pour devenir frein à la renaissance de House. C’est joliment calculé et Hugh Laurie est plus grandiose que jamais. Infos supplémentaires : - L’épisode se déroule en octobre, la patiente guérit le 24 de ce mois si l’on en croit le chèque de House. 13. PASSAGE À L’OFFENSIVE Scénario : Russel Friend et Garrett Lerner - Requesting permission to share my idea without being belittled in front of your new assistant. Daryl, un jeune footballeur américain noir, est pris d’une soudaine crise de rage. Lui et sa mère demandent à House de le guérir le plus rapidement possible car il doit faire sous peu un match capital pour sa carrière. Le rater supprimerait toutes ses chances d’avenir. Pendant ce temps, House recrute un assistant personnel en la personne de… Marcus Foreman, frère d’Eric qui vient juste de sortir de prison ! Eric n’apprécie pas du tout cette cohabitation. Enfin, quelqu’un s’amuse à faire de mauvais tours dans l’appartement de House et Wilson… Cela implique plusieurs comportements risqués de Daryl qui veut sortir à tout prix de l’hôpital, quitte à mourir sur le terrain plutôt que de manquer ce match. La scène dans les couloirs du stade est révélatrice d’un poids très lourd qui frappe les enfants très (trop) aimés par leurs parents : sa mère s’est saignée aux quatre veines, sacrifiée pour donner à son fils une petite chance d’avenir. Et il se sentirait coupable de ne pas la saisir, même au péril de sa vie, comme s’il avait peur de n'être pas digne de l’amour maternel. Mais Foreman doit en tant que médecin, lui interdire ce risque, et il le fait à la manière... Housienne ! Par ailleurs, la chute de l’épisode se révèle très amère, avec ce faux happy end - pour le coup un quasi unhappy end - qui fait très mal. Dans le monde réel, les plus méritants et les plus prometteurs ne sont pas toujours récompensés, comme House le dit à la fin, non sans fatalisme. Faire intervenir le frère de Foreman (Orlando Jones, aussi charismatique qu’une huître) est une fausse bonne idée, car il n'est que prétexte à des gags inoffensifs, bien qu'il est amusant de voir House mieux le traiter que son quatuor de larbins rien que pour les embêter ! On accroche pas non plus à la relation polaire entre les deux frères qui revisitent les clichés des frères conflictuels sans originalité ni force (Omar Epps n'est pas non plus convaincant). Ce pan de l’épisode ne rebondit qu'au twist final absolument génial qui révèle la vraie raison des agissements de House. Wilson, malgré ses airs moqueurs, est ému de voir House continuer à faire le bien autour de lui. Il devient « gentil » sans perdre son intérêt. Rubrique sitcom : la cohabitation House-Wilson continue à tenir ses promesses. On commence par une scène hilarante où House prend toute la place dans la salle de bain. Leurs échanges azimutés sont toujours un régal. Puis on passe en mode slapstick avec des chutes et des alarmes anti-incendie qui se déclenchent. L’épisode prend de vitesse le spectateur, certain du nom du coupable avant de se voir détrompé. House se fait de nouveau piéger à son propre jeu. Devenir gentil a un coût puisque maintenant, puisqu'il trouve des personnes encore plus tordues que lui. Pire, il ne peut même pas se venger et doit accepter sa défaite. Shore a du culot à transformer sa créature en victime après cinq saisons de domination. Mais cela donne une idée de justice. Tom Kapinos s’en souviendra d’ailleurs dans Californication où après avoir foutu la merde durant trois saisons, Hank Moody ne cessera de payer l’addition dans les saisons suivantes. Le fan aimera ou n'aimera pas cette évolution. Elle a cependant le mérite de dégeler lentement mais sûrement le cœur de House, préparant non seulement le final de la saison, mais aussi tout ce qui suivra après. Shore tient à ce que la série et son personnage principal restent crédibles psychologiquement ; et sur ce point-là, il ne nous décevra jamais. Infos supplémentaires : 14. 16 HEURES DE LA VIE D’UNE FEMME Scénario : Thomas L. Moran - They should be pressuring other hospitals to be more like us, not trying to make us more like them. It's stupidity. Être directrice d’hôpital n’est pas un travail de tout repos. Lisa Cuddy se réveille comme tous les matins à 5h et se prépare à affronter toutes les obligations que son poste lui ordonne. Nous la suivons ici dans son travail durant toute une journée… L’entrelacement des intrigues est brillamment tricoté, mené tambour battant par un montage très clair. Il y a un fil rouge avec le duel que Cuddy livre contre la compagnie d’assurances qui rechigne à augmenter le budget de l’hôpital, ce qui est indispensable pour qu'il continue de tourner. Cuddy va carrément risquer son fauteuil pour faire monter les enjeux. Chaque scène monte la tension, au fur et à mesure que les spectres de la faillite et du licenciement pointent leur nez. House lui-même la met en garde : si elle continue de prendre des risques inconsidérés, elle risque de devenir comme lui. House n’a jamais été tendre avec lui-même... Le conseil administratif se montre aussi peu solidaire envers Cuddy qui passe en mode kamikaze : elle obtiendra ce qu’elle veut ou rien du tout. Et quand l’ultimatum expire, on s’inquiète vraiment pour elle. Au bord de la rupture, Cuddy devra faire une pause et s’enfermer un instant pour calmer ses nerfs. Bref, dans cet épisode, c’est Cuddy contre le reste du monde, et cette bataille sans merci est d'un suspense phénoménal. Dans un acte de solidarité à peine croyable, House renouvelle en Cuddy sa confiance, et lui donne le courage de repartir à l’assaut. Oui, House est de plus en plus gentil, alors qu'il est toujours aussi bourru. Ce mélange délicat tient sur la durée. Finalement, les petits embêtements que House fait subir à Cuddy sont plutôt bénins comparé au reste, ce qui explique sans doute sa tolérance envers ses excès. Fidèle à son concept, Thomas L. Moran a le bon sens de ne pas trop faire intervenir House pour se centrer sur Cuddy. Cette dernière doit entre autres subir un procès de la part d’un patient qui ne voulait pas que son pouce tranché soit recousu parce qu’il avait pas assez d’argent pour payer l’opération. Or, Chase est passé outre. Cette scène est l’occasion de rappeler qu’avoir de hautes responsabilités exige une rigueur et une froideur totales. Lisa Cuddy se montre impitoyable envers le plaignant, quitte à ce que le spectateur ne la suive pas. Parfois, elle doit être dure. Elle ne craint pas un procès (faut dire qu’avec toutes les plaintes à cause de House, elle est blindée). A côté, les disputes avec le Dr.Hourani concernant des problèmes dans le staff de chirurgie ne contribuent pas à calmer le jeu. Elle doit par ailleurs enfiler la blouse pour s’occuper elle-même de patients en consultation dont un pas commode qui finit par la traiter de « bitch ». Quelle belle journée... L’affaire Gail est tout aussi passionnante. Cuddy se montre humaine envers son employée désespérée jusqu’à ce qu’elle se rende compte qu’elle est en réalité une sociopathe. D’une manière analogue à la Valérie d'Absence de conscience, la transformation s’opère en un éclair : de pleureuse suppliante, Gail se transforme en monstre sans cœur et sans remords qui se moque méchamment de Cuddy, incapable de prouver tout ce qu'elle a commis : elle a tout calculé. La performance de Celia Flinkenstein est aussi saisissante que celle de Beau Garrett. Cuddy parvient cependant à la vaincre grâce à… une fleur dans un pot ! Finalement, tous ses problèmes sont résolus, donnant un happy end total peut-être forcé, mais qui dit au fond « allez, c’est une journée comme une autre, demain ce sera la même chose ». Sinon, les auteurs vengent un peu les fans du Huddy avec Lucas en prenant pour son grade dans l’épisode, en ayant une panne sexuelle dans l’intro, et se voyant refuser un « calin » à la toute fin. Michael Weston est toujours aussi drôle. Bébé Rachel est vite évacué, interdisant à la niaiserie tout droit de cité. Bref, un épisode a tempo prestissimo, à l’intrigue et réalisation haletantes, au suspense serré, et avec une Lisa Edelstein immense de talent et d’énergie. Un épisode conceptuel réussi au-delà de toutes espérances.
Infos supplémentaires : Acteurs : Celia Finkelstein joue occasionnellement sur les écrans. Son rôle dans cet épisode est son premier à ne pas être un caméo. Elle est apparue dans The Middle, American horror story (5 épisodes), NCIS Los Angeles, Mentalist, Rizzoli & Isles, etc. 15. LECTURE POUR TOUS Scénario : Doris Egan - Thanks for the gift. Obviously differs from my own personal beliefs. Frankie, 27 ans, est une bloggeuse passionnée : elle retranscrit chaque détail de sa vie à ses lecteurs, au grand dam de Taylor, son petit ami. Une nuit, elle commence à saigner et a le visage violacé. A l’hôpital, l’équipe tente de trouver des indices sur elle via son blog. Lors d’un speed-dating, Chase obtient un franc succès auprès des candidates grâce uniquement à son physique, ce qui le perturbe. Pendant ce temps, House découvre un secret que Wilson aurait préféré rester caché... Grâce à Internet, n’importe qui peut raconter son quotidien, par des vidéos attrayantes, les réseaux sociaux, un blog... Pour peu que l’on trouve un ton, une humeur, une originalité qui transcende le quotidien, on peut créer artificiellement une « célébrité ». Frankie fait partie de ces gens, quitte à ne plus respecter son entourage, jeté en pâture à ses lecteurs. De manière amusante, le tempérament parfois rentre-dedans de Frankie fait penser à celui de Donna Pinciotti. Mais il est ici propice à de nombreuses scènes dramatiques, registre dans lequel brille Laura Prepon ce qu’elle n’avait pas vraiment eu l’occasion de montrer dans That 70’s show. Obsédée par son blog, mettant en péril son couple, Frankie montre pourtant un grand respect envers ses fans, et l'on voit que c'est moins l'orgueil qui la guide que le fait qu'elle se laisse piéger dans la spirale de la « fidélité à ses lecteurs » qui lui fait perdre le sens des réalités. En témoigne cette scène où devant faire un choix crucial pour son couple, elle laisse ses lecteurs décider à sa place. L'ordinateur agit sur elle comme une drogue (par extrapolation, l'épisode met en garde contre la dépendance informatique, après Epic fail). Seule son affection pour Taylor (Adam Rothenberg, très fade) sera sa planche de salut. L’épisode semble alors se retenir et ne pas aller au bout de sa démarche, diluant la noirceur dans une légèreté antinomique. La série n’est jamais aussi bonne que quand elle explore des abîmes sombres. Le cas lui-même est très aseptisé car Frankie reste plutôt bon pied bon œil (il est vrai que Miss Prepon est agréable à regarder) hormis les dix dernières minutes, un peu plus intenses. Le happy end annule toutefois une partie de la tension. L’épisode frappe très fort avec une scène de speed-dating où les belles jeunes femmes se montrent d’une superficialité absolument tordante ! Wilson étant cancérologue, les femmes se mettent à parler de proches morts du cancer (Wilson le winner). Quant à House, il fout bien sûr des coups de froid massifs : le rencard de la lieutenant de police qui vire au détecteur de mensonges est un des moments les plus drôles de toute la série (c'est pas peu dire !). Chase pense comme la croyance populaire que contrairement aux hommes, les femmes ne sont pas aussi superficielles question physique. Manque de pot, la soirée anéantit impitoyablement cette douce illusion. Si la situation est bien sûr caricaturale (on aurait bien vu la scène dans Californication, avec quelques échanges de fluides corporels en prime), l'auteure a le mérite de rappeler une vérité que les excès du féminisme ont tendance à taire. Chase, bouleversé par cette révélation, va jusqu'à remettre en cause sa relation avec Cameron : son ex-femme l’a-t-elle un jour aimé ou bien n’était-ce qu’une attirance physique ? Ce qui donne le frisson c’est que Cameron elle-même sera incapable d’apporter une réponse satisfaisante à cette question (Lockdown). Par là, les auteurs s’interrogent : à partir de quand l’amour prend-il le pas sur le désir ? Eternelle question et surtout superbe trouvaille qui donne a posteriori une fenêtre intéressante sur le Chaseron. Numéro 13 modère le constat de la soirée : oui, la beauté est une réalité qui brouille nos sens et notre jugement, et pas uniquement ceux des hommes ; mais patience et sympathie sont des qualités féminines par excellence. Peut-être que ces femmes ont donné une chance à Chase parce qu’elles espèrent au fond d'elles-mêmes que derrière le physique, Chase n'est en fait pas si con qu'il s'en est donné l'air. Evidemment, Chase n'eut pas été beau qu'il n'aurait sans doute eu aucune chance, mais ce petit cours de psychologie féminine n’en est pas moins d’une pertinence savoureuse, quoiqu'assez cynique. Jesse Spencer est très bon dans cet épisode. Il ne reste plus qu’à parler de Wilson, qui dans sa jeunesse s’est laissé aller à accepter un rôle dans un film pornographique où il jouait un elfe apprenant le plaisir à une nymphe !! Branle-bas de combat quand House - dont l'addiction au porno frise le délire - en parle à tout le monde. Toutes les scènes qui s’ensuivent sont autant de gags énormes. Mais le tout prend une tournure inattendue quand à son tour Wilson perce le secret de House ; révélation qui ouvre plusieurs portes : House est-il si malheureux de son sort qu’il a la faiblesse de chercher un réconfort religieux ? Il a beau le nier, nous savons qu’il souffre que personne puisse le comprendre, dieu d’intelligence glaciale isolé par nature. Une manière d’apaiser son esprit ? Sans doute, mais il retourne bientôt dans son athéisme verrouillé. House voit plusieurs portes menant vers le bonheur sinon l’apaisement, mais il ne cesse de les refermer. Ce n’est pas encore le moment… Et puis, c’est une manière habile de mettre en évidence le désir de mieux connaître sa vraie famille, même s’il n’aura jamais le courage de lui parler. Une sorte de compromis tout à fait typique du personnage. Infos supplémentaires : Acteurs : Scénario : Lawrence Kaplow - Would you mind at least putting a napkin under your jelly toast ? Abby, 17 ans, a une attaque lors d’une conférence scolaire sur l’astronomie. Lors des examens, l’équipe constate qu’elle a des hallucinations. House décide donc d’enclencher un programme expérimental qui permettrait de décrypter ses visions et ses rêves, convaincu que la source du problème est là. Pendant ce temps, House pousse Wilson à décorer leur appartement encore vide, et Taub traverse une étape difficile : sa femme n’a plus confiance en lui… Les scénaristes savent très bien donner aux adolescents de beaux rôles, cet âge demeurant très complexe et mystérieux. Mais Kaplow, tout occupé par son intrigue onirique, en oublie de développer ses personnages, stéréotypes aucunement émouvants (la scène de la bague ferait passer Dawson Leery pour un alpha male). Cali Fredrichs et Nick Eversman (le petit ami) ne sont guère satisfaisants dans ces rôles peu gouleyants. L’enquête est trop bavarde, et House est en panne d’humour. C’est seulement lorsque hallucinations et rêves défilent que l’intérêt est relancé avec de beaux effets spéciaux d’autant plus délectables que la série n’en use qu’exceptionnellement. La tentative de description des rêves est passionnante, aboutissant à un magistral twist final d'une perversité révoltante, un des plus noirs de la série, et un happy end encore une fois totalement faussé. L’histoire Taub se penche sur un grand problème du couple : la confiance en l’autre. Rachel en a marre de ne pas voir assez son mari, manquant d'attentions, trop attaché à son travail, et soupçonne qu’il a une aventure. Il y’a quelques bonnes scènes comme le dialogue via smartphone qui dérape, ou House surprenant notre couple prenant du bon temps dans la voiture, sans oublier la fin qui soudainement fait passer un frisson glacé sur l’apparente résolution heureuse. Mais dans l’ensemble, cette historiette inoffensive n’apporte rien de concret. Jennifer Crystal Foley et Peter Jacobson sont au top, mais n'y peuvent rien. L’histoire Hilson est merveilleuse : sous la comédie, philosophie et émotion sont bien présents. Ni House ni Wilson ne veulent décorer l’appartement, et chacun a des raisons tordues mais convaincantes : Wilson veut que House ne soit plus un parasite pique-assiettes, et s’investisse dans leur cohabitation ; House déclare que Wilson, trop gentil et respectueux du goût des autres, n’a jamais imposé son territoire (on en avait déjà eu un exemple quand Amber le forçait à acheter un matelas dans Pour l’amour du soap en saison 4). Conclusion : ou il achète quelque chose, ou il admet « la vacuité de son existence » Tout ça pour une décoration… Cela entraîne une escalade loufoque avec des scènes de plus en plus hilarantes (le renvoi des meubles, le flirt avec la vendeuse…). House aime son ami profondément, à sa manière, le forçant à se regarder en face. Lorsque Wilson veut mâcher le travail en appelant des décorateurs, House annule s'interpose car cela ne représente pas les goûts de son ami qui laisse les autres décider à sa place. Il veut que son ami ait sa place (Tu peux pas t’en remettre à quelqu’un pour te définir). La scène du magasin est tragi-comique, Wilson n’arrivant à pas acheter un seul meuble parce qu’il ne sait pas ce qui lui plaît. La scène finale est pourtant d’une grande beauté : Son goût à lui, c’est ce qu’aiment ceux qu’il aime : si House aime quelque chose, alors Wilson l'aime aussi. Tout simplement sublime. Infos supplémentaires : Acteurs : 17. PERSONNE NE BOUGE ! Scénario : Russel Friend, Garrett Lerner, Peter Blake, et Eli Attie, d'après une histoire d'Eli Attie et Peter Blake I take maybe 1 in 20 cases. A lot of the people I turn down, end up dying. It's really a good argument for there being more than one me when you think about it. Le nouveau-né d’une patiente a disparu de sa chambre. Cuddy ordonne l’état d’alerte : tout le monde reste dans la salle où il se trouve jusqu’à ce qu’on retrouve le bébé ! House est coincé dans une chambre avec un mourant, Wilson et 13 à la cafétéria où pour tuer le temps, ils jouent à Action ou Vérité, Taub et Foreman sont dans les archives et fouillent les dossiers de tout le monde, Chase et Cameron - revenue pour lui faire signer les papiers du divorce - dans une salle de consultation où ils font le point sur ce qui n’a pas marché entre eux. La soirée sera très instructive pour tout le monde… Enfermés dans les archives, Taub et Foreman se shootent à la Vicodin pour voir « l’effet que ça fait ». Eh bien, ça va assez loin : rires incontrôlables, baffes qui pleuvent, poursuite débile dans les couloirs sur fond de chant grégorien… on sent que les comédiens sont ravis de changer de registre ! Une fois qu’ils passent en mode Very bad trip, ils se rendent compte que chacun a quelque chose à cacher : Foreman est honteux d’un délit qu’il souhaiterait effacer, parce qu’il veut donner l'image d'un homme infaillible (un ego très Housien, mais ici plus destiné à cacher sa peur de ne plus avoir confiance en lui, comme il l'avait révélé dans Mauvaises décisions en saison 3). Taub regrette ses brillants débuts et d'être réduit « à être le valet de House au lieu d’être House ». Leur perfectionnisme, leur envie d’être toujours plus que ce qu’ils peuvent rationnellement faire, est la cause de leur manque de bonheur à tous deux. Taub fera un bel acte d’amitié, mais cette histoire trop concise empêche l’émotion de s’installer, et la comédie de leur trip est trop brève. House est enfermé dans la chambre de Nash, un mourant. House va donc lui proposer une dose létale de morphine pour qu’il puisse partir vite et sans douleur... afin d’avoir la paix et c'est tout ! Ca, c'est ce qu'il prétend, mais on sent dans son attitude que c'est peut-être aussi qu'il craint de sympathiser avec lui. Nash (bouleversant David Strathairn) accepte son offre, mais pas avant que House se soit confié. C’est ainsi qu'il narre la blessure Lydia. Oui, il a pu changer grâce à elle, mais cela ne veut pas dire qu’il est heureux. Nous voyons là les progrès et les limites de la « thérapie par l’amour » de Nolan : il s’excuse auprès du patient, éprouve de la compassion, mais refuse encore que le monde le voit comme un être sensible. Il n’aurait sans doute jamais parlé aussi longtemps avec Nash s’il n’était pas condamné, et pense encore qu'on est jamais bien que dans la solitude. L’intrigue Chase-Cameron est celle qui a nécessité le plus de discussions dans le public. Les fans de ce ship ont salué une conclusion juste et mélancolique, les détracteurs un pathos inutile. Objectivement, Shore a une belle audace en remettant en cause absolument tout le Chaseron depuis qu'il est devenu sérieux (il y a presque 3 ans !). Sous le feu d’un échange serré, Cameron craque et avoue qu’elle ne sait pas si elle a déjà aimé Chase, prenant pour de l’amour ce qui serait qu’une amitié teintée d’attirance. Curieusement, c’est à partir du moment où Cameron se serait trompée sur eux que ce ship est devenu moins intéressant. Cela tend à penser que c’est peut-être bien le cas ! Cette révélation foudroyante est tempérée par la sincérité de la tendresse que Cameron éprouvait pour Chase. Toujours avec audace, les scénaristes offrent une superbe "seconde sortie" à Cameron, qui prend conscience qu’elle est inapte - pour le moment - au bonheur conjugal, aimant mal ses hommes à cause de son caractère instable. Par une splendide anaplodiplose, Cameron et Chase se quittent de la même façon qu’ils se sont mis ensemble : par une dernière étreinte où le désir a sa place, mais non l’amour. Une fin douce-amère crédible, avec une grande Jennifer Morrison et un non moins grand Jesse Spencer. Hélas, l’émotion gagne peu le spectateur, qui n’a pas le temps de s’immerger dans cette discussion qui arrive trop vite à sa conclusion. Les scènes Wilson-Thirteen comptent parmi les meilleures de l’épisode, orientées pleinement vers la comédie, domaine où la doctoresse a rarement eu l’occasion de s’aventurer. Pari gagné, Olivia Wilde est craquante en femme pleine de peps qui fait tourner en bourrique son partenaire de jeu ! Leur Action-Vérité est plein de bons dialogues. Mais là encore, la brièveté de l’action est frustrante. Ces moments pétillants voire burlesques sont tempérés par les garde-fous de leur conscience : 13 a caché son orientation sexuelle à son père (il a assez morflé comme ça) et Wilson n’ose pas recommencer une relation avec Sam, sa première ex-femme. Au contact l’un de l’autre, chacun trouvera le courage de dépasser leurs peurs. C'est très beau, et ce faisant, l’épisode prépare l’arrivée de Sam Carr. Ce pan de l’histoire aurait pu être un chef-d’œuvre de dramedy s’il avait été plus développé. Un épisode bourré de bonnes idées et d’audace, mais dont les tenants et aboutissants sont contrariés par un éparpillement narratif. Infos supplémentaires : - Foreman et Taub font référence à Fight Club (1999) quand ils sont sous opiacés. Walker propose Toadette comme prénom pour sa sœur, allusion à un personnage du jeu vidéo Mario Kart : Double dash !! Acteurs : 18. AMOUR COURTOIS Scénario : John C. Kelley - Foreman, take Frodo and break bread with the Hobbits. Dans une communauté où l’on vit selon les us et coutumes du Moyen-Âge, un jeune homme, « Sir William », gagne en combat singulier un duel contre le capitaine de la garde de Miles, le roi. Mais il a une attaque cardiaque juste après sa victoire. Numéro 13 devine qu’il est amoureux de la reine, qui est fiancée au roi. House pense que la source du problème vient du camp médiéval. Wilson sort de nouveau avec Sam, sa première femme, sous le regard désapprobateur de son ami. Le soufflet retombe lors du retour au réel, mais Kelley va abattre un second atout : une accumulation de situations hautement fantaistes. C’est ainsi que House retrouve une verve en sourdine ces derniers temps. Les scènes reliées au camp médiéval baignent dans une folie douce due au choc des cultures : on citera pêle-mêle l’arrivée de House, épée de chevalier à la main, Numéro 13 crachant son morceau de poulet, Foreman pris pour un démon, Numéro 13 et House déambulant en costumes d’époque (LA scène de l’épisode), etc. Osant tout, au risque de charger la mule, on fait même un détour par la sorcellerie - scène stupéfiante du repaire de l’alchimiste - et les drogues de junkie. Le coup des fausses carottes blanches est également une belle trouvaille. Bref, un joyeux fourre-tout qui donne du neuf à la série. Malheureusement, le scénariste, en débridant ainsi son imagination, a du mal à tout contrôler et flirte avec le grotesque (le Nécronomicon, carrément !). Mais c’est surtout la romance contrariée de William qui reste sur l’estomac. L’histoire remet sur le plateau le fameux Amour courtois, concept de l’époque où le troubadour, chevalier, etc. jure fidélité et amour platonique idéalisé éternel à une dame (presque toujours mariée et qui est sa supérieure hiérarchique). William est fou amoureux de la sublime Shannon (Sarah Jones, un brasier). A force d’être imprégné des valeurs chevaleresques, William a fini par succomber à la plus douloureuse : l’amour courtois donc. Mais à notre époque, ce concept, malgré sa pureté, est anachronique. Que l’on puisse vivre selon les idéaux de Moyen-Âge, pourquoi pas ? Mais aller jusque-là, quand on connaît la plus grande liberté que permet notre temps au sujet des sentiments, c’est plus maladroit qu’autre chose. Dans la réactualisation de l’amour courtois à notre époque, on préférera largement l’adoration muette du peintre pour Maddie Hayes dans Clair de Lune (Le portrait de Maddie). On suit un moment grâce aux touchants Noah Segan et Sarah Jones, très alchimiques (les acteurs se connaissaient déjà avant l'épisode), mais quand arrive le rebondissement de la ciguë, là on ne suit plus du tout. Mais on se console avec l’enquête, aux nombreux rebondissements, jusqu’à la toute dernière minute. Le twist final est ironique car il permet in fine une réunion inattendue des deux mondes, pas pour le meilleur, mais bien pour le pire ! L'arrivée de la soulless harpy qui a brisé le cœur de Wiwi il y’a vingt ans, certes préparée dans Lockdown, crée l'événement. Comme pour Amber, l’ambiguité de House réapparaît : hait-il Sam pour ce qu'elle a fait comme il le prétend, ou bien est-ce une sorte de jalousie, sa peur de voir Wilson lui échapper comme le devine l’intéressé ? Sans doute un peu des deux. Cependant, qu’il aille jusqu’à voir Cuddy pour raisonner Wilson, ou solliciter les services de Douglas pour fouiller le passé de la « garce » montre sa détermination à vouloir protéger Jimmy, comme le ferait un amoureux pour l’objet de ses désirs. On regrettera que pour sa dernière apparition, Douglas ne fait rien de mémorable. Son départ pour Mandyville en fin de saison est un peu frustrant. Quand House est déterminé, ça peut aller loin. Il en est ainsi lors de la scène du restaurant que House croit perturber royalement, avant de se prendre un retour de flamme en pleine poire. Le second dîner vaut son pesant de cacahuètes : profitant de l’absence de Wilson parti aux toilettes, House lâche à Sam tout le bien qu’il pense d’elle. La violence de ses sentiments est effrayante, mais Sam est une femme de tête et entend bien convaincre le diagnosticien qu’elle a changé. Voir House jeter sans l’ouvrir le dossier Sam est un nouveau jalon dans son changement d’attitude. Lui qui ne croyait pas à la « seconde chance », cesse de faire son Javert, et donne à Sam le bénéfice du doute. Lentement mais sûrement, House acquiert ce qu’il n’a pas reçu à la naissance : la confiance en l’Autre. Derrière la boutade drôle et rassurante que lance Numéro 13 à la fin, elle semble dire à House (ainsi qu’au public) : Amusez-vous, la vie est si courte ! Cynthia Watros est un bon choix pour ce personnage sensible qui veut se donner un nouveau départ. Infos supplémentaires : - Noah Segan (Sir William) et Sarah Jones (La Reine) avaient déjà tourné ensemble dans le film Still Green (2007). Ils reçurent d'ailleurs avec le reste du cast du film, le Spirit of the Independant award du meilleur casting. Cynthia Watros (1968) tint les rôles principaux de Libby Smith dans Lost (19 épisodes), Erin Fitzpatrick dans Titus (54 épisodes), Kellie Newmark dans les deux dernières saisons du Drew Carey show (52 épisodes), et Elizabeth Wilson dans Finding Carter (20 épisodes). Elle a joué également dans Spin City, Profiler, New York section criminelle, US Marshals, Gossip Girl, Les Experts, Esprits criminels, The Closer L.A. (épisode Médecine parallèle), Men of a certain age, Desperate Housewives, Grey's anatomy, Hawai 5-0, Warehouse 13, etc. ainsi que quelques soaps : Another world (9 épisodes), Haine et passion (24 épisodes), et les Feux de l'amour (47 épisodes). Elle eut droit aussi à sa propre émission, bien que très brièvement : Cynthia Watros gets Lost (un clin d'oeil à son rôle dans la série Lost). Elle joue très peu au cinéma. Son rôle dans Dr.House est un de ses plus connus. Noah Segan (1983) est un acteur de cinéma qui a d’abord commencé par la TV : Mariés deux enfants, Dawson, Les Experts, NCIS, Des jours et des vies (7 épisodes), Breaking Bad (épisode Ozymandias) etc. Aujourd’hui, il tourne de deux à quatre films par an. 19. PERMIS DE TROMPER Scénario : Liz Friedman et Sara Hess - You think a woman who likes sex must be sick ? Julia et Tom vivent en mariage libre : chacun a le droit d’avoir des aventures. Alors qu’elle était avec un de ses amants, Julia est prise de douleurs à l’estomac. House soupçonne que le mari cache un secret. Taub est attiré par une séduisante infirmière et a peur de recommencer ses erreurs. Quant à Wilson, il se dispute avec Sam… L’enquête médicale est très bonne, avec des moments de suspense bien réglés. On apprécie le retour d’une ancienne star de la série : le tableau blanc ! Les scènes médicales, qui ont moins brillé cette saison, constituent le meilleur de cet épisode. Tous les personnages ont une part égale, notamment Foreman et Chase, plus présents qu’à l’accoutumée. Mais il est visible que les auteurs privilégient les personnages les plus récents, mieux écrits. Cette équilibre des personnages est un atout de plus. Quant au happy end, il est joliment assombri par l’incertitude de ce que deviendra le couple. Le twist final n'est toutefois pas ce qu'il y a de plus mémorable. On s’ennuie aussi avec les problèmes de ménage de Taub. Bon, le personnage est excellent, l’acteur itou, mais le voir se débattre entre envie de fidélité et instinct de prédateur n’est pas le meilleur angle de vue du personnage (litote). La scène du dîner où il confesse à demi-mot à sa femme qu’il voit une autre femme - sans passer à l’acte - n’est supportable que grâce aux talents de Peter Jacobson et Jennifer Crystal Foley. Dispute de couple où les clichés pleuvent à chaque seconde. On ne comprend pas non plus le marché de Rachel, prête finalement à lacher la bride à son mari ; une telle décision se prend-elle en une journée ? Le revirement final où elle pleure dans les bras de son aimé est la couronne sur le trône du ridicule. Toutefois, on peut sauver le plan final, sinistrement évocateur. La réalisation sombre de Greg Yaitanes, et la photographie glaciale des scènes de parking de Gale Tattersall donnent une ambiance qui convient à cet épisode sérieux. Sinon, notons une jolie scène Huddy où House offre une machine à café à sa patronne. C’est bizarre mais drôle. Et puis, depuis que Lucas est de la partie, le Huddy a été plutôt absent, alors on savoure ce petit moment sympa. Infos supplémentaires : - Taub pose sa serviette près de la voiture de Maya, mais oublie de la reprendre quand il entre dans la voiture ! 20. LE COPAIN D’AVANT Scénario : David Hoselton - What happened ? Au moment de dire oui à sa fiancée Nicole, Ted ne peut plus prononcer un seul son et s’écroule. Lors d’une visite de routine à son ancien appartement, Taub et Numéro 13 tombent sur Cotter, qui dit avoir été l’ex petit ami de Ted durant trois ans. Pendant ce temps, Taub tente de trouver une excuse pour voir sa maîtresse une fois par semaine, mais House ne cesse de contrecarrer ses plans. Tous les collaborateurs de House invitent ce dernier à passer une soirée festive avec chacun d’entre eux… L’histoire de ce couple permet de parler sur la honte qu’une personne peut éprouver d’une sexualité « anormale ». Ted a eu une liaison avec un homme, et ne l’a pas supporté. Pour guérir de son homosexualité (passagère ?), il a suivi une thérapie qui fait froid dans le dos. Toute ressemblance avec l’horrible traitement Lodovico d'Orange Mécanique n’est pas une coïncidence. Mais cette cure par le dégoût n’a pas été synonyme d’un travail psychologique sur lui-même, sur sa vraie sexualité. Du coup, son inconscient lui imprime des entraves (pannes sexuelles) jusqu’à ce qu’il accepte de se voir dans le miroir de la vérité. Ted, refusant tout le long, est puni cruellement par le destin, à l’issue d'un faux happy end où il perd tout son bonheur. Sur ce point, le script convient. Malheureusement, les personnages sont trop faibles pour que l'on s’intéresse à eux. L’interprétation n’arrange rien : Adam Garcia et Jonathan Murphy sont insignifiants, mais le pire réside dans la composition catastrophique d’Eva Amurri Martino qui réussit à elle seule à couler chaque idée développée par l’épisode. On a du mal à croire que c’est la même comédienne qui incarnait avec une telle conviction la provocante étudiante strip-teaseuse qui faisait tourner la tête d’Hank Moody dans Californication ! Le bouillon soap qui en découle est à la limite de l’irregardable. On ne reconnaît plus House MD dans ce soap et son enquête médicale ennuyeuse à mourir, qui a pour unique ressort dramatique une succession ininterrompue de crises cardiaques. Quel manque d’imagination ! Les auteurs continuent de regarder Taub par le prisme de ses tentations d’infidélité, soit le côté le moins intéressant du personnage. Que House s’en mêle ne change rien. Le nouveau House, prêt à aider son entourage consciemment, tout en demeurant aussi imbuvable (Tu l'as dans le cubitus, 22 !) est fidèle à lui-même, puisqu'en emmerdant Taub, il sauve - temporairement - son mariage. Mais au lieu de l’humour noir attendu, quelques saynètes expédiées, à l’humour limité, et parfois incompréhensibles. Cet axe narratif haché et bâclé prend une place importante qu’il ne mérite pas. Le talent de Peter Jacobson tourne à vide dans cette berezina. Wilson soudoie les collaborateurs de House pour qu’ils l’invitent à des soirées, autant pour qu’il s’ouvre plus aux autres que pour avoir plus de temps libre avec Sam ; une décision à la fois altruiste et un poil égoïste, typique de la psychologie complexe des personnages de la série. Malheureusement, Hoselton ne cesse de brider ses élans loufoques. Pourquoi inviter House par Taub au restaurant si l'on n’y donne pas suite ? A la place, on a un mauvais tour Housien amusant mais qui ne remplace pas toutes les possibilités qu’auraient donné une scène entre House et les Taub ! Pourquoi 13 invite-t-elle House dans un bar lesbien si on ne joue pas sur le choc des cultures ? Leur scène est plutôt réussie grâce à une joute oratoire stimulante, mais n’apporte rien à l’histoire. Voir House, Foreman, et Chase chanter sur scène dans un bar, est une heureuse surprise, mais encore une fois, rien de consistant en sort. Il est touchant de voir House admettre qu’il a passé de bonnes soirées avec ses "larbins". Mais cette perspective l’effraie comme l’atteste son déni envers Wilson, pas dupe. House progresse mais ne peut pas se libérer de tous ses démons d’un seul coup. Infos supplémentaires : 21. CA VA BIEN, ET VOUS ? Scénario : Doris Egan et David Foster - You're late. Wilson veut que House se casse pour vivre avec Sam. Coup d’autant plus terrible qu’on a jamais vu Wilson se comporter ainsi ! Certains fans ont critiqué ce fait, mais il est pourtant évident. House a toujours souhaité que Wilson vive pour lui-même au lieu d’être un messie qui se sacrifie pour tout le monde. Il a finalement retenu la leçon ! Mais House est déchiré entre joie de cette indépendance et le fait qu'il doit maintenant « partager » Wilson avec quelqu’un d’autre, et retourner dans son antre de solitude. On reste pantois devant la performance de Hugh Laurie, intériorisée à l’extrême, mais d’une émotion ravageuse. Comme Nolan finira par l’arracher à House : Wilson est la seule personne en qui croit House : il ne croit ni en Dieu, ni en un concept (la Vérité n’est pour lui plus si importante depuis qu’il recherche le bonheur), mais il croit en lui. Ou comment résumer la plus belle histoire d’amitié du petit écran en peu de mots. Il est intéressant de voir que House éprouve toujours autant de difficultés à s’aimer. Ainsi, sur les deux explications du revirement de Wilson, toutes deux crédibles, House choisit celle la moins flatteuse pour lui, car il n’arrive pas à accepter qu’on parle de lui autrement que comme un cas désespéré. Retour fracassant d’Alvie ! Le joyeux drille, libéré de l’asile, a retrouvé l’appartement de House, « son pote ». A mi-chemin entre folie burlesque et lucidité, Juan-Manuel Miranda nous fait de nouveau son hilarant numéro de clown survolté qui casse le quotidien de House avec la douceur d’un éléphant écrasant une souris. House, délaissé par Wilson, a urgemment besoin de se raccrocher à quelqu’un, et Alvie va jouer ce rôle. House a beau se montrer bourru, il est ému de revoir son ancien comparse. Quant à Alvie, il met un point d’honneur à aider son « pote ». Comme la scène du cambriolage, très drôle. Les voir jouer au football américain est assez tordant aussi. Le lien qui les attache est une grande réussite. Le merveilleux coup d’audace final montre à quel point House s’est attaché à lui, en l'aidant, quitte à risquer son job et sa liberté - quel changement chez House ! Deus ex machina : Wilson n’est pas le problème de House ! Sa relation d’amitié stable, et sa confiance font que c’est nécessairement autre chose de plus grave qui le met dans cet état. Le spectateur, pris à contrepied, continue de cheminer pour son plus grand plaisir dans le labyrinthe de la tête de House, et nous étudions davantage le cas. Le cas renonce exceptionnellement aux dialogues complexes, House devant le résumer à quelqu’un qui n’a que faire de sa méthode socratique. Ce n'est pas un problème car le plus important, c’est de savoir pourquoi House s’est investi jusqu’à vouloir le bonheur de sa patiente, ce qui est pourtant la dernière de ses priorités. Nolan comprend qu'il s'est retrouvé dans ce cas, où l'on voit un homme perdre une relation et en gagner une autre d'une certaine manière. D’abord méprisant envers le mari (Les gens ne réfléchissent pas quand ils vont perdre un être cher), il va pourtant tout faire pour les aider pour compenser sa "perte"... exactement comment House cherche à compenser Wilson par Alfie. Nolan remarque que House a une blessure au bras. Nolan y trouve le chaînon manquant en comprenant alors le déchaînement excessivement furieux de House contre le mari, en fait expression de sa propre incommunication avec Wilson. Puis son inconscient lui a fait comprendre qu’il n’aurait pas dû agir ainsi, et a enclenché un mécanisme d'autopunition d'une subtilité vraiment tordue. Tout simplement parfait. Nolan trouve tout cela en laissant House parler, parler, jusqu’à qu’il parle de la chose la plus importante, ses sentiments envers Cuddy (via le livre médical, histoire secondaire qui devient brusquement d’un intérêt primordial). Notons que le cas se clôt sur un réjouissant moment d’humour noir : le twist final nous apprend que dans certains cas, faire du sport… peut vous tuer !! Et le happy end, même s’il n’est pas total, est plein d’espoir. Zoe McLellan irradie d’une fragilité lumineuse. Mais la fin de l’épisode est tellement noire qu’elle obscurcit totalement ce happy end. Alvie quitte House sans le prévenir, lui laissant seulement une lettre où il exprime sa reconnaissance et son amitié pour l’avoir tant aidé. Cet abandon a été le prétexte pour House pour picoler lamentablement. Son esprit tourmenté par Wilson et Cuddy a fait le reste. La coda est sacrément glaçante. House comprend son problème : il a été changé par Lydia et cherche désormais le bonheur ; la pensée qu’il n’y ait pas droit lui ait insupportable. Durant toute cette saison, il a suivi la thérapie de Nolan en cherchant à rendre heureux les autres (comme Alfie), en espérant l'être à son tour. Mais cela n’a pas marché. Toute son évolution n'a servi à rien pour lui. Sa fureur finale, où il quitte avec perte et fracas le thérapeute, exprime son déchirement, sa frustration d’avoir espéré dans cette « thérapie par la philanthropie ». C’est poignant, noir, amer, rageur, et d'une grande émotion. Les auteurs remettent avec maestria toute la saison en cause. André Braugher livre une composition époustouflante en homme qui se démène pour soigner son vindicatif patient, mais où au final, ni lui ni House n’est récompensé de leurs efforts... encore qu'il reste un épisode... Infos supplémentaires : Scénario : Russel Friend, Garrett Lerner, et Peter Blake - I'm stuck, House. I keep wanting to move forward, I keep wanting to move on, and I can't. All I can think about is you. I just need to know if you and I can work. Une grue s’est effondrée en plein centre-ville de Princeton-Plainsboro, causant un carnage monumental. Tous les médecins font la navette entre l’hôpital et les lieux du sinistre. House, pris d’une intuition, rampe sous les décombres et y découvre Hanna, une jeune femme dont la jambe est bloquée sous des tonnes de gravats. Il met tout en œuvre pour la sauver, pendant qu’il dirige à distance le diagnostic différentiel du chauffeur de grue, qui a été victime d’un problème neurologique. Cuddy annonce à House qu’elle va se marier avec Lucas. Cette conjonction d’événements chaotiques pousse notre médecin très près du point de rupture... La vision chaotique des lieux du sinistre (vertigineuses plongées) imprime à l’épisode sa dimension de fin du monde déjà exploitée avec succès dans le finale de la saison 4. Blessés, morts, pompiers, médecins, jonchent l’écran. Tant de figurants dans une série qui en compte peu... on sent qu’on a mis les bouchées doubles pour clore en beauté là ! Les premières scènes prennent tout leur temps pour nous immerger à plein dans une réalité ténébreuse, poussiéreuse, sanglante, en ébullition - l’absence du générique contribue à cet effet « vérité » - Habilement, les auteurs se servent de l’événement pour retarder le mystère de la curieuse attitude de Cuddy, qui a du mal à se réjouir du cadeau de House montré dans la première scène. House se sent évidemment concerné par la question de savoir s’il faut amputer la jambe d’Hanna. Le pauvre a exactement eu la même situation. Sa bataille pour reculer l’échéance, gagner du temps, est menée avec bravoure, mais le rebondissement central, qui claque comme un coup de fouet, remet soudainement tout en cause. Alors une grande émotion s’installe lorsque House tente de réconforter sa patiente, en expliquant combien dans une situation similaire, House, lui, a fait le mauvais choix. Il est devenu l’homme pathétique, amer, solitaire qu’il ne supporte plus à cause des conséquences de ce choix-ci. Un éclair de lucidité poignant. Cuddy n’est pas à la fête, car malgré elle, elle ne fait que rendre la tâche de House plus compliquée, notamment en étant d’un avis radicalement différent du sien pour le cas Hanna. Cela mène à un flamboyant coup de gueule de cette dernière qui paralyse momentanément le diagnosticien. Sa présence muette lors de la scène-pivot de l’épisode, de la grande aria de House, vaut aussi la peine d’être notée. Lisa Edelstein force le carcan de sobriété de son personnage, le résultat est excellent. De son côté, la team se débat pour guérir le chauffeur de grue. House, piégé dans le centre ville, supervise dans des conditions difficiles ce cas. C’est une double bataille contre la mort qui est engagée, où House mobilise toutes les forces à sa disposition. Hélas, un terrible twist final anéantit impitoyablement tous ses efforts, en même temps que l’ironie lance ses hideuses fanfares. Foreman paye les pots cassés en se recevant une explosion de rage fulminante à la figure. Finalement, le mystère entourant Numéro 13 paraît bien anodin à côté de la performance de Hugh Laurie qui nous étourdit encore de son jeu d’écorché vif. Au terme de ces quarante minutes bouillonnantes, on voit House prêt à reprendre le chemin de la Vicodin. Il n’en est empêché que lorsqu’il apprend enfin la raison du comportement de Cuddy. C’est le moment d’un dernier dialogue apaisé, serein, lent, joliment pudique, qui libère le fan de la tension accumulée. Finalement, c’est in extremis que House est récompensé de ses efforts. Sur le point d’abandonner la thérapie de Nolan, il reçoit en Cuddy sa juste récompense qui couronne enfin ses souffrances endurées. La série prend le risque du syndrome Clair de Lune, qui condamne toutes les séries ayant un couple mixte antagoniste à décliner lors du passage à l‘acte. Mais en attendant, apprécions le baiser et ces deux mains serrées l’une contre l’autre… On peut trouver cette sorte d’happy end trop miraculeux, trop contrastant avec ce qui a précédé. Mais il est en fait idéal pour deux raisons. La première est que Dr.House est une série qui se veut réaliste, et réaliste n'est pas que synonyme de tragédie, c'est aussi le bonheur, la joie, l'amour, présents dans toute vie. Oui, même notre cher Greg a droit a sa part (même éphémère) de bonheur ; la série avouerait une grave faiblesse d'écriture si House ne s'épanouissait que dans les ténèbres, un personnage devant être aussi intéressant heureux que malheureux. La saison 7 réussira d'ailleurs à nous montrer un House plus heureux que d'habitude sans perdre en intérêt. La seconde raison est : doute-t-on que la concrétisation du Huddy est autre chose qu’un cadeau empoisonné ? Personne ne doute que cela va mal finir entre eux. House exulte enfin d'être dans les bras de Cuddy, mais ce n’est pas un happy end : c’est un sursis, un répit qui est accordé à un des personnages les plus torturés des séries télé. A moindre échelle, l’effort surhumain déployé par House pour sauver ses patients trouve une sorte d’aboutissement dans l’étreinte finale ; car c’est sa passion à sauver les gens, à s’investir jusqu’à risquer tout, y compris sa raison, qui décide Cuddy à accepter ses sentiments qu’elle cachait derrière une romance fragile avec un Lucas, lui-même ersatz de House sans son asociabilité. Le finale de la saison 6 a rempli son contrat : shippers satisfaits, intrigue du jour haletante et sans espoir, coda réellement dramatique, fil rouge de la saison bouclé. Infos supplémentaires : 1. Toucher le fond…/…et refaire surface : Ce double épisode narre le difficile retour à la vie d’un des personnages les plus profonds des séries télé. La première partie raconte la lutte tragi-comique de House pour demeurer celui qu'il a toujours été. Mais l’expérience de l’amour sans lendemain, prenant les traits de la magnifique Franka Potente, va donner naissance dans la douleur et les larmes à un nouveau House, extérieurement toujours le même, intérieurement désormais à la recherche du bonheur. Episode le plus émouvant de toute la série. 2. Ca va bien et vous ?: Quand un personnage aussi complexe que House se présente à une séance psychanalytique dirigée par un psychiatre aussi suprêmement perspicace que le brillant Darryl Nolan, on s’embarque pour un voyage captivant au pays des désirs frustrés, des déceptions incessantes, des hontes réprimées. La fin est très noire. Hugh Laurie et André Braugher sont à se pâmer. 3. 16 heures de la vie d’une femme : Centré sur le personnage de Lisa Cuddy, l’épisode suit à un tempo frénétique qui frise le vertige une journée animée et bouillonnante de la directrice de l’hôpital. Maîtrise parfaite des intrigues, caméra énergique, Lisa Edelstein démultipliée… un épisode « décalé » de la plus belle eau. 4. Les mots pour ne pas le dire : Un scénario brillant qui exploite au maximum toutes les ressources de la série, pour un résultat speedé, et au nombre impressionnant de rebondissements. Sous le délire des répliques et des gags, de très belles histoires jouant sur la gravité et l’émotion, et un cas (et une patiente) électrique. 5. Absence de conscience : Help me est un finale de saison impressionnant de noirceur, et sa fin est magnifiquement inattendue. Mais Remorse se distingue par sa patiente du jour, psychopathe sans cœur et sans pitié, jusqu’à l’effroi. Beau Garrett est impressionnante en boule de haine et d’égoïsme. La fin est savoureusement ambiguë. L’histoire secondaire montre un House faisant une de ses plus belles démonstrations d’humanité. Sur les deux tableaux, c’est un triomphe.
Accessits d’honneur : Sauvez-moi, Comme un chef, Classé X. Crédits photo: FOX. Images capturées par Clément Diaz. |
Saison 7 1. On fait quoi maintenant ? (Now What?) 3. Comme dans un livre (Unwritten) 4. Le Message du massage (Massage Therapy) 5. House-sitter (Unplanned Parenthood) 6. La Petite Dernière (Office Politics) 7. En quarantaine (A Pox on Our House) 8. Chacun sa croix (Small Sacrifices) 9. Le Héros du jour (Larger Than Life) 10. La carotte ou le bâton (Carrot or Stick) 13. Comme à l'école (Two Stories) 14. Les temps sont durs (Recession Proof) 15. Comme dans un mauvais film... (Bombshells) 16. Passer le cap (Out Of The Chute) 17. Stupeur et consternation (Fall From Grace) 19. Enfreindre les règles (Last Temptation) 20. La mécanique de l'espoir (Changes) 22. Opérations maison (After Hours) Considérée comme la plus faible de la série, la saison 7 nécessite une analyse plus détaillée. Les raisons de son désamour s’expliquent en partie par l’évolution de la vision de la série par ses auteurs. Une nouvelle vision qui déconcerta la majorité des fans. Le changement le plus important est que pour la première fois depuis le début de la série, son moteur narratif n’est plus les cas médicaux, relégués au second plan, mais les personnages. La conséquence est que malgré quelques exceptions, les énigmes médicales plus fades ne servent plus qu’à meubler entre deux intrigues « personnelles ». Dr.House perd ainsi une bonne partie de son ADN à se rapprocher des séries médicales traditionnelles, comme Urgences, mais sans en égaler la maîtrise chorale. Un plus grand nombre de happy end sincères va aussi diluer un peu de la noirceur qui fait le sel de la série. Un autre changement est le premier départ de Numéro 13 (Olivia Wilde) à la fin de l’épisode 7.01, et qui durera jusqu’à l’épisode 18. Elle sera remplacée par Martha M. Masters (Amber Tamblyn), une étudiante à l’intelligence phénoménale, mais dont l’idéalisme candide et les valeurs morales rigides, encore plus extrêmes que celles de Cameron, vont irriter House mais aussi la majorité des spectateurs. Enfin, le traitement antiromantique de la relation House-Cuddy post-coïtum ulcéra les fans du Huddy, tandis que ses détracteurs grognèrent de voir du temps consacré à ce couple. House va découvrir les joies et (surtout) les peines de la vie de couple : il n’est plus le misanthrope amer qu’on connaît, mais un amoureux plein d’espoir, plus « faible ». Certes, il demeure d’une causticité cynique, mais ce changement n’eut pas les faveurs de l’audience. En réalité, le dernier point a été soigneusement calculé par David Shore. Le Huddy qui s’enfonce peu à peu est en fait une démonstration sous nos yeux de l’incapacité de House de maintenir une relation de couple stable. Maître en psychologie humaine, il n’arrive pas à appliquer ce savoir à lui-même, et ne va pas cesser de blesser sa petite amie par des maladresses édifiantes. La série accroît son pessimisme, en démontrant que House est inapte à l’amour. Le macrocosme qui en découle est une réflexion désabusée sur l’incompréhension mutuelle entre les deux parties d’un couple (confirmée par le naufrage des ménages Taub et Wilson). L’effondrement du Huddy sera conduit avec une précision minutieuse et crédible, et avec une intensité omniprésente, tout comme la fin du couple Taub. Après leur rupture, les auteurs dépeignent House comme un homme croyant triompher de son malheur en l’ignorant via des expédients au lieu de le combattre. Mais cette frustration rageuse sera impossible à réprimer, et finira par exploser dans les deux derniers épisodes avec une sauvagerie inattendue. Psychologiquement, les auteurs sont des maîtres, et chaque personnage, au cours de la saison, va suivre une évolution dramatique complexe mais brillante. Les thèses de la série sur la nature humaine restent majoritairement très sombres. Martha Masters, quasi caricature de candide, fut généralement mal reçue par le public. Pourtant, elle est plus intéressante qu’il n’y paraît : elle est paradoxalement le personnage le plus proche de House car défendant la valeur « Vérité » jusqu’au bout des ongles. Son intelligence aiguë est telle qu’elle surclasse aisément ses collègues masculins, preuve de l’ouverture d’esprit de la série. En effet, la méthode Masters (absence de mensonge, gentillesse…) va se révéler aussi efficace que la méthode House, un sacré culot ! Masters va surtout incarner la femme fidèle à ses principes, que les actions amorales qu’elle sera forcée de commettre ne vont pas détruire, à la différence de Cameron tombée sous l’influence de son chef. Amber Tamblyn joue avec réussite ce personnage très difficile. En bref, une saison dont les histoires ont du mal à convaincre, mais dont la valeur réside dans les personnages et leurs relations, et dans son évolution dramatique calculée. 1. ON FAIT QUOI MAINTENANT ? Scénario : Doris Egan - Tell me something I don't already know about you. Après leur nuit commune, House et Cuddy décident de rester ensemble toute la journée. Mais Richardson, le seul neurochirurgien de l’hôpital, est gravement malade ; et sans lui, l’inspection du travail se verrait obligé de fermer le service urgences de l’hôpital. House et Cuddy voulant rester tranquilles, l’équipe de House doit trouver tout seul la maladie de Richardson, pendant que Numéro 13 s’apprête à partir pour Rome (aux Etats-Unis) pour essayer un traitement expérimental... Lourde tâche que de produire un épisode qui suit celui évoquant le « passage à l’acte ». Pour se donner le temps de réfléchir, la série retarde son choix en proposant une mise en abyme : pour la première fois, House nage dans le bonheur durant une merveilleuse journée, loin de sa misanthropie, de sa haine du quotidien et de lui-même, et de sa solitude oppressante. House et Cuddy s’isolent du monde, font chacun une expérience : il apprend son éducation sentimentale, elle exprime enfin son amour. Doris Egan, dont on a jamais pu prendre en défaut ses scénarios au sein de la série, nous dit hélas adieu, mais pas sans nous livrer un splendide chant du cygne. L'épisode est faussement léger, car notre couple, après avoir nié leurs sentiments, tente pareillement de nier l’éphémère de leur bonheur. Cette belle journée est sans cesse traversée d’ombres. Par un intelligent parallélisme, Egan compose une histoire secondaire drôle mais la corrode par les secrets de Numéro 13 : c'est un épisode dramedy par excellence. L’introduction est LA scène : Malgré leurs pudeurs renommées, Hugh Laurie et Lisa Edelstein assurent la scène d’amour avec assez de conviction, somptueusement filmée par Greg Yaitanes. Mais comme nous sommes dans Dr.House, le romantisme est cassé par la réplique post-coïtale de Greg, à mourir de rire ! Il est touchant de voir House et Cuddy vivre dans leur petit paradis. House se montre drôle et émouvant par de petites maladresses ; drôle car cela occasionne des gags, émouvant car peu accoutumé au bonheur, il tente encore une fois de « rationaliser » sa relation avec Cuddy. Sa "malédiction" qui l'empêche d'être "humain" est que son cerveau logique ne peut s'empêcher d'analyser ses émotions, même dans les moments de bonheur. Comme il a perdu l’habitude des relations saines avec les femmes, il a de plus des réactions d’ado - répliques scato en rafale - plus amères que comiques. Les concours de vannes restent, mais la tension est remplacée par un amusement pétillant, un beau miroir. Pourtant, le romantisme n’est pas absent. La scène du scrabble par exemple est un tendre moment, la personnalité de House rend sa petite déclaration sympathique alors qu’elle aurait été niaise avec quelqu’un d’autre. Les comédiens s’amusent, et nous aussi. On applaudit aussi la prouesse de la scénariste qui sème progressivement des pointes dramatiques. L’intervention de Wilson, pour aussi comique qu’elle soit (coups de téléphone à répétition, passage en force par la fenêtre...) a comme conséquence un rappel à l’ordre de Cuddy : House voulait lui révéler sa relation uniquement pour le rassurer sur son état psychologique, qui sans elle aurait été catastrophique suite à la tragédie de Help me. Mais Cuddy veut que House assume ses sentiments : s’il veut officialiser sa relation avec elle, cela doit venir de lui, et non sous la pression de Jimmy. La scène finale fait grimacer : l’euphorie est retombée et House sait très bien qu’il va tout faire foirer. Comment Cuddy va-t-elle pouvoir supporter House, consciente qu'il ne changera jamais ? Les dialogues sont d’une grande puissance, et le happy end de façade est balayé par le plan final, plein d’incertitude et de doute. Les scènes d’hôpital parviennent à nous intéresser en périphérie. Foreman et Chase s’amusent à barboter le courrier de Numéro 13, qui nous offre tout le long de l’épisode un hilarant catalogue de mimiques exaspérées. 13, fidèle à sa réputation de « big bowl of secrets », essaye de cacher les raisons de son départ, avant que l’indiscrétion générale de ses collègues la mettent devant le fait accompli… du moins le croit-on car le cinglant twist final rebat les cartes, et termine l’épisode dans la tristesse. Avant ce revirement, l’épisode nous aura bien fait rire, notamment lorsque Chase tente de la séduire par la méthode directe (Will you have sex with me ?). L’intrigue médicale ne sert que de McGuffin au problème posé par la maladie du neurochirurgien. Elle a quand même son lot de comédie (le patient défoncé à l’acide) et de suspense (les menaces de l’inspecteur). Acteurs au top, réalisation élégante, scénario profond, subtil, décalé, et divers : cette saison 7 ne pouvait pas mieux commencer.
Infos supplémentaires : - Changement de générique pour la première fois : suppression de Jennifer Morrison, ajout de Peter Jacobson et d’Olivia Wilde. Ironiquement, Wilde disparaît de la série dès l’épisode suivant et ne reviendra pas avant l’épisode 7x18 The dig avant de prendre définitivement congé dans le 8x03 Charity case, ne revenant que pour les deux derniers épisodes de la série. Le départ de l’actrice s’explique par son souhait de jouer dans des productions grand écran. - L'épisode contient peu d'acteurs, neuf en tout. - L'assistante de Cuddy est devenue un assistant. - Première fois que l'équipe soigne un membre de l'hôpital qui n'est pas un personnage principal. - Chase a fait un stage de neurochirurgie à Melbourne. Lui et 13 savent jouer aux échecs. - Wilson dit de nouveau la catch-phrase de la série : Everybody lies. - Cet épisode se situe au lendemain de l’épisode précédent. C’est la première et dernière fois qu’un début de saison de la série se déroule juste après la fin de la saison précédente. - La chanson de l’épisode est Good days de Joe Purdy. Acteurs : George Wyner (1945) est un des acteurs de télé les plus prolifiques des Etats-Unis. Surtout connu pour avoir été Irwin Bernstein dans 48 épisodes de Capitaine Furillo, sa filmographie pléthorique comporte - outres quelques films - Columbo (épisode Subconscient), Hawaï police d’Etat (épisode Effet d’optique), Drôles de Dames (épisode Kelly entend des voix), Kojak (épisodes Mauvaises actions et Le cheval de Troie), L’homme de fer (2 épisodes), M.A.S.H, L’agence tous risques, L’homme qui tombe à pic, Dr.Doogie, Notre belle famille, Code Quantum (épisode Futur boy), La loi de Los Angeles, Mariés deux enfants, Arabesque, Walker texas ranger, NYPD Blue, The Practice, Malcolm, A la maison blanche, Nip/tuck, Stargate SG-1 (épisode Prométhée), Mon oncle Charlie, FBI portés disparus, Boston Justice, Bones, Urgences (2 épisodes), Desperate Housewives, Mentalist (3 épisodes chacun), Glee, Touch, Des jours et des vies (14 épisodes), etc. Scénario : Eli Attie - Have you ever seen Wild Kingdom ? Those insects that rip their partners' heads off after copulating. Della, 14 ans, s’écroule pendant qu’elle jouait avec son grand frère Hugo, un handicapé qui n’a plus que quelques années à vivre. L’aggravement de son état va contraindre ses parents à trancher un dilemme horrible. House et Cuddy se rendent compte que leur relation met à mal leur objectivité, compliquant davantage la situation… Eli Attie s’aventure sur un terrain prévisible : on se doutait bien qu’une fois ensemble, House et Cuddy allaient avoir quelques problèmes d’objectivité. Mais le scénariste exploite justement au maximum cette situation grâce à un tourbillon d’incertitudes que ni l’éthique, ni la morale, ni le bon sens ne peuvent arrêter, la fin laissant un tenace goût de malaise. Ce conflit d’intérêts est au cœur d’un passionnant cas. Le cas secondaire donne un contrepoint d’humour bienvenu, et Taub est toujours régalant en commentateur. Partageant le même lit, House et Cuddy doivent compartimenter les rapports professionnels et ceux plus personnels, et éprouvent quelques difficultés. House ne parvient plus à passer outre les ordres de Cuddy, lui obéissant dès qu’elle n’est pas d’accord. Il cherche donc une fuite en essayant de ne la voir qu’au lit. Il faut que Wilson remette les choses en place pour que House se rejette à nouveau dans la bataille. Piétinant ses propres principes moraux, House se nie, nous fait mesurer combien son nouveau bonheur, curieusement, est en train de le détruire. Cette rééducation sentimentale est décidément plus douloureuse que l’on croit. Cuddy, qui supervisait House tant bien que mal, perd les pédales. Pour la première fois, elle n’arrive plus à prendre des décisions. Dans la scène-pivot, Cuddy sait que House prend la mauvaise décision, mais l’encourage quand même dans cette voie. House ressent instinctivement que Cuddy se ment à elle-même, mais lui-même a la vue brouillée et confirme son mauvais choix. Lorsque la lucidité leur revient, le réveil est brutal. Elle est maintenant plus attachée à House qu’à son travail. Elle aussi, son nouveau bonheur lui apporte bien du négatif car lui ôtant sa qualité principale : l’autorité. Il n’y a que dans Dr.House où les beaux sentiments ont un revers aussi dur. Et il n’y a que dans Dr.House où on est soulagés par des disputes violentes. Ainsi, lorsque House ose enfin l’ouvrir sur ce qu’il pense vraiment du cas, Cuddy, d’un avis contraire, s’emporte contre lui, et c’est parti pour une des plus folles enguelades de la série. Mais cette enguelade, justement, est l’espoir qu’ils n’ont pas perdu toute leur objectivité. Une bouffée qui fait du bien après les présages de Taub, plus Cassandre que jamais. Hugh Laurie et Lisa Edelstein ont rarement été aussi alchimiques l’un l’autre. Le cas médical remporte l’adhésion avec deux adolescents d’une maturité surprenante. La série aime ce genre de patients, et le duo Della-Hugo rivalise d’amour fraternel débordant. Parce qu’elle sait que son frère ne vivra pas longtemps, Della ne vit que pour lui. Son sacrifice est un coup de poignard, mélodramatique dans le plus beau sens du terme. Elle s’interdit également de souffrir car aurait honte de ses petites douleurs face au calvaire de son frère. Finalement, elle est égoïste par amour : elle se prend pour un Messie, veut jouer à la femme forte alors qu’elle est si fragile. Elle impose à son frère d’être sa protectrice, alors que ce dernier est ravagé par la culpabilité d’être toujours dépendant d’elle. Et c’est cet égoïsme qui est bien près de la tuer. La sublime réponse d’Hugo, qui se sacrifie à son tour, est un des plus beaux actes d’amour que le petit écran nous a présenté. On est touchés par la performance bouleversante des jeunes Alyson Stoner et Cody Saintgnue, qui font de ce cas un des plus beaux de la série. L’humour irrigue pourtant cet épisode sombre, car House ne renonce ni aux traits d’esprit vachards ni aux sous-entendus sexuels - la scène chez le DRH enchaîne 10 gags à la minute - Ou encore la manière qu’a Cuddy de prouver à Wilson qu’elle est désormais avec House (non, pas par un baiser, c’est plus drôle !). Wilson, bien sûr, ne voit déjà que les emmerdes qui se profilent à l’horizon. Mais House, totalement heureux, le rembarre à chaque fois. C’est la couverture comique de la série que l’on voit ici : l’insouciance des personnages avant la douche froide. Les dialogues entre House et Taub étincellent tout autant - la vanne du cul bureaucratique est irrésistible. Eli Attie a un talent énorme pour les dialogues. Le cas secondaire est un festival : un père de 102 ans demande à House de le faire partir en maison de retraite pour « libérer » son fils… sans savoir que son fils ne demande pas autre chose ! Mais comme ils ne se sont pas parlés, chacun croit que l’autre n’est pas d’accord. House résout la situation avec un trait d’une ironie drôlissime. L’épisode ricane ainsi contre l’habitude dans les familles de se cacher les choses les plus importantes de peur de faire du mal à l’autre, alors que parfois tout est bien plus simple que l’on croit ! Infos supplémentaires : - D’après Wilson, House est passé dans le bureau du DRH 74 fois en six semaines. Soit environ deux fois par jour ! - House travaille avec une équipe exclusivement masculine, ce qui n'était pas arrivé depuis Sacrifices (saison 1). Il faudra attendre l'épisode 4 pour qu'une femme intègre à nouveau son équipe. A l'inverse, House travaillera avec une équipe exclusivement féminine (trois femmes) dans Altruisme extrême (saison 8). - Seul et unique épisode de la saison avec un cas clinique. Celui de Carrot or stick n’est pas centré sur la recherche d’un diagnostic, House ne fera que soigner une blessure. - Chase sort avec quatre filles en même temps. Il s’agit du premier indice de son changement de comportement avec les femmes. Il deviendra rapidement un homme à femmes. - On remarque que lorsque House examine le patient de 102 ans, ce dernier a tantôt une veste, tantôt non suivant les plans. - House mentionne le fictif « Tiburon swab technology », auquel il avait déjà fait référence dans Le cœur du problème (saison 6). Il fait aussi référence au Dr Seuss, un auteur de livres pour enfants. - La chanson entendue dans l’introduction est AM/FM de !!!. Acteurs : Alyson Stoner (1993) est connue pour être une voix régulière de séries d'animation, dont Isabella dans Phineas et Ferb. Elle a surtout joué dans des films et séries inconnus en France. Elle est également danseuse. Cody Saintgnue (1993) ne joue que très occasionnellement (Esprits Criminels...). On note toutefois un rôle récurrent dans Teen Wolf (4 épisodes). 3. COMME DANS UN LIVRE Scénario : John C. Kelley - As your boyfriend, I thank you. As your employee, I resent you because I need this for my case. - As your boss, you just got six more clinic hours next week. Alice Tanner, célèbre auteur d’une série de livres pour adolescentes, achève son dernier manuscrit, puis sort un révolver pour se suicider ! Mais elle a à ce moment une crise de convulsions, et le coup part à côté. A l’hôpital, elle promet de se suicider dès qu’elle en aura l’occasion, tout en étant systématiquement irascible, et mentant sans cesse dans l’espoir que sa maladie la tue. House - grand fan de l’écrivain - pense qu’il trouvera la solution en déchiffrant son dernier manuscrit… Tout simplement le meilleur cas de la série. On reste sans voix devant le suspense intenable élaboré par John C. Kelley. Il tire ici toute la quintessence de l’art du polar médical grâce à sa fantastique idée de base : une patiente furieuse qui fait tout pour se tuer et empêcher ses médecins de la soigner. Conjointement à l’utilisation du compte à rebours (House n’a que 72 heures pour la guérir), et à une enquête médicale qui enchaîne les rebondissements toutes les dix secondes. Le résultat est un chef-d’œuvre de suspense pur. De plus, le scénariste confirme ses tendances givrées (déjà vues dans le foufou Knight fall de la saison 6) en trouvant des péripéties délirantes qui excitent le rire en permanence. Kelley remplit frénétiquement chaque seconde de son script, et nous cloue au fauteuil tout le long. La caméra épileptique de Greg Yaitanes donne le tournis dès l’introduction où le spectateur est immédiatement pris dans une spirale de twists. Dès lors qu’Alice révèle son visage de furie, nous sommes subjugués par la virulence de ses mots et de ses actes. La flamboyante Amy Irving, à l’opposé total de la douce épouse crédule d’Alias, fait un show infernal où elle dévore tout cru son entourage. Débitant des mensonges en cascade et des déductions Holmesiennes, Alice nous fait du Greg House en perçant à jour les personnalités de Chase et Taub. Boule de rage concentrée, elle soutient aisément la comparaison avec la terrible Valérie de Remorse (saison 6). Même l’insubmersible House perd son duel psychologique avec elle. Certes, son talent de bluffeur lui vaut d’éviter la catastrophe, mais il est rare de le voir battu sur son propre terrain ! Le twist final est douloureux mais House le transforme en happy end total, petite pointe hilarante en prime. Une fin gaiement roborative. Le penchant pour la dinguerie de l’auteur se voit dans une effraction qui pousse le culot à des sommets hallucinants (pauvre Cuddy !), ou une course effrenée et pleine de coups bas de karting entre House, Cuddy, Wilson, et Sam, réellement festive. On admire aussi une utilisation inédite de l’IRM tellement énorme qu’on a l’impression d’être en pleine parodie. La passion de House pour les romans à l’eau de rose à la Twilight, qui rejoint son goût pour les soap operas, permet des séquences décalées que l’on ne croyait pas capable de sa part. En passant, Lisa Edelstein nous fait un défilé de costumes aguicheurs, un régal visuel ! Devant compartimenter vies intimes et publiques, House et Cuddy adoptent une nouvelle forme de communication : chacun s’adresse à l’autre en faisant parler à la fois l’amoureux et le salarié. Cuddy dit ses sentiments en tant que directrice puis en tant que petite amie, House en tant qu’employé puis petit ami : ils éprouvent ainsi des sentiments contradictoires simultanément ! Au-delà du gag, cet épisode montre que House et Cuddy échouent à trouver une union, une fusion entre professionnel et sentiments. Ils n’arrivent pas à se parler sainement. House ne voit qu’un futur négatif, car il n’a aucun point commun avec sa belle - hormis leur alchimie sexuelle - Pourtant, la coda, pleine d’espérance, est une leçon de sagesse : il faut accepter qu’il n’y ait pas de « règles » dans la conduite amoureuse, qu’on peut aimer quelqu’un de très différent. Et puis, que Cuddy accepte plus facilement l’intrusion de House ou garde des fleurs et des peluches qu’il a volées pour lui offrir, montrent une plus grande acceptation de ses manies. A l’exception de quelques maladresses : comme House s’intéressant moins au cas qu’au héros imaginaire d’Alice - un contresens au personnage - ou une intention de briser gratuitement le happy end - une petite maladresse de l'auteur - Unwritten est le cas médical le plus riche de la série, et un épisode incontournable. Infos supplémentaires : - House est un grand fan de livres pour enfants. Il surnomme Alice « Dirty birdie », ce qui est une référence à l’écrivain héros de Misery de Stephen King. Le personnage est - comme Alice - retrouvé inconscient et dans un sale état juste après avoir fini une populaire série de livres. - Lors de la course de karting, on entend les chansons Silver surfer, ghost rider go !!! d’Anders Trentemøller, et Telephone des Black Angels. Acteurs : Amy Irving (1953) a accédé à la notoriété en étant Sue Snell dans le fameux Carrie au bal du diable de Brian de Palma. Épouse pendant trois ans de Steven Spielberg, cette talentueuse actrice a joué de grands rôles au cinéma dans Furie, Yentl, Harry dans tous ses états, Traffic… Elle a peu joué à la télévision, où on la connaît surtout pour avoir été Emily Sloane dans 9 épisodes de la série Alias. Mais elle a joué aussi dans Happy days, Spin City, New York unité spéciale, Zero Hour (10 épisodes), etc. 4. LE MESSAGE DU MASSAGE Scénario : Peter Blake - True. Cameron had much smaller breasts. By which I mean she was smarter.
Margaret McPherson, 30 ans, a de violentes douleurs d’estomac. Une fois à l’hôpital, elle ment continuellement aux médecins et à Billy, son mari. En remplacement de Numéro 13, Chase a engagé Kelly Benedict, une jolie docteur en psychiatrie. Mais très vite, l’équipe se rend compte qu’elle n’est pas assez compétente, et elle doit faire face à l’hostilité de House et Foreman. Pendant ce temps, Cuddy demande à House de ne plus voir la call-girl qui la massait…
Au fur et à mesure que la série avance, Dr.House éprouve des difficultés à se renouveler : la doctoresse incompétente rappelle celle de La belle et la bête (saison 4), la menteuse effrénée carrément l’épisode précédent, et on distingue d'autres emprunts à d’autres épisodes. L’intrigue de Kelly, la nouvelle recrue, déçoit par ses grosses ficelles. Mais le cas médical marche bien, et l’accumulation de rebondissements aboutit à une chute terrifiante, débouchant sur un faux happy end très noir. Le Huddy maintient son intérêt en glissant sous la comédie une crise de confiance bien réelle, mais l’histoire n’est pas assez développée. Dans un effet de miroir piqué à Tout seul (saison 4), nous suivons la destruction progressive de Margaret, au fur et à mesure qu’une autre femme surgit des décombres de ses mensonges. Mais là, il s’agit bien de la même femme, et non d’une erreur d’identité. Erin Cahill est parfaite en patiente affolée. Zachary Knighton est bon en mari perdu quoiqu'il n'est là qu'en tant que témoin impuissant. Contrairement à Alice Tanner, Margaret est un personnage sympathique. Le suspense de l’épisode réside autant dans le diagnostic difficile que de connaître la raison de son comportement. Ce cas peut être vu comme une métaphore certes assez extrême, mais transparente de l’illusion amoureuse. On aime une personne pour ce qu’on croit (et veut) qu’elle est ; et vivre ensemble, se marier, c’est accepter que l’être aimé ait des fêlures, des personnalités différentes de celles qui nous ont attiré. Cette histoire est une parabole : l’apprentissage de l’autre se fait ici de manière accélérée et cataclysmique. Billy envisage même de la quitter car il ne la reconnaît plus. Le twist final est d’une noirceur telle qu’il casse le happy end : Blake ne nous dira pas si le ménage surmontera son épreuve. Médicalement, le cas marche au suspense et aux pics de tension : convaincant. Le scénariste injecte sur cette couche grave de la comédie. Mais il ne prend pas trop de risques en jouant sur la rencontre entre House et une nouvelle candidate, deux esprits (forcément) opposés. Outre que cela ressemble fort à une répétition du fil rouge de la saison 4, mais sans le divertissant jeu de massacre entre candidats, ce ressort comique répétitif ne s’appuie que sur deux effets : l’incompétence du Dr.Benedict, et son rapport avec Chase. Sur le premier, l’épisode axe trop le curseur sur ses lacunes, ce qui diminue l’intérêt du personnage, malgré un twist final méchamment acéré. La prestation de la toujours juste Vinessa Shaw est en fait plus mémorable que le personnage lui-même. Le harcèlement continuel de House paraît exagéré et bien moins subtil que ce qu’il avait fait trois saisons avant. Dommage, car les dialogues restent toujours aussi crépitants. Sur le deuxième, le cheminement intérieur de Chase use de beaucoup de contorsions pour cacher sa linéarité : il croit avoir engagé une doctoresse compétente, mais se rend compte petit à petit qu’il a davantage laissé parler ses hormones. C’est une répétition de La belle et la bête (saison 4) avec Kelly à la place de Samira Terzi, mais Chase n’a pas l’épaisseur de House pour que l’on s’implique dans cette histoire. Le final est encore une répétition : celui de Les jeux sont faits (saison 4) où House trouve la solution grâce aux erreurs des candidats. Le procédé Vertigo expliquant ce qui psychologiquement a poussé Chase à l'engager est toutefois assez amusant. La rivalité Chase-Foreman paraît bien artificielle, et est là uniquement pour rendre plus compliquée la tâche de la candidate. Leur rivalité dure depuis le début de la série, mais ils continuent de rabâcher les mêmes arguments (Foreman accuse Chase de faire mal son métier, Chase accuse Foreman d’être prétentieux), ce qui n’apporte rien de nouveau Baisse de forme du Huddy cette semaine : bien que House jure qu’il a banni toute relation sexuelle avec des prostituées - il ne ment pas - Cuddy est jalouse et demande qu’il ne voit plus sa masseuse/call-girl attitrée. Cette jalousie très banale est heureusement relevée par ses conséquences : une remise en question mutuelle de leur couple. Cuddy veut une preuve de confiance de House, mais ne lui en donne pas de son côté, ne voulant pas qu’il rencontre sa fille, ayant peur des conséquences. Jusque-là, House était celui qui doutait de leur relation, et Cuddy qui rééquilibrait le tout. Mais ici, Cuddy révèle à son tour son incertitude, son manque de confiance envers son amoureux. Ce couple est décidément superbement radiographié dans ses fêlures. Aussi, la coda voyant House avec Rachel, très rencontre du 3e type, mêle l’amusement à un répit bienheureux dans le Huddy. Un épisode convenable, sans plus. Infos supplémentaires : - Comme c’est souvent le cas dans les séries, la petite Rachel Cuddy est interprétée alternativement par deux jumelles : Kayla et Rylie Colbert. - Le jeu vidéo auquel joue House est celui crée par le patient de Comme un chef (saison 6). Le genre de détails qui révèle tout le soin apporté à une série ! - House fait référence à Easy Rider dans le magasin de bécanes, et pastiche Le Magicien d’Oz (1939) quand sa patiente se réveille. - Dans le magasin de bécanes, la chanson entendue est Ride free de Jonny Kaplan & les Lazy Stars. La chanson de fin est End of the day de Doug Paisley. Acteurs : Vinessa Shaw (1976), est une actrice de cinéma. Principalement connue pour son rôle de douce fiancée dans Two lovers de James Gray, cette talentueuse comédienne a joué également dans Eyes wide shut, Melinda et Melinda, les remakes de 3h10 pour Yuma et La colline a des yeux, Effets secondaires, etc. Elle a joué parfois à la télévision : Arabesque, New York undercover, Les Experts : Manhattan, Vegas (7 épisodes), Ray Donovan (9 épisodes), etc. Erin Cahill (1980) a débuté sa carrière en étant la « Force Rose » dans la série des Power Rangers (2001). Elle a ensuite joué dans les séries Preuve à l’appui, Cold Case, Les Experts : Miami, Les Experts : Manhattan, Supernatural, FBI : portés disparus, How I met your mother, Grey’s anatomy, Hôpital central, Saving Grace (6 épisodes chacun), Monk, NCIS, NCIS Los Angeles, Mentalist, Ghost Whisperer, Castle, Los Angeles police judiciaire, Chuck, Sleepy Hollow, Body of proof, etc. Zachary Knighton (1978) est connu pour avoir été le Dr.Bryce Varley, un des rôles principaux de la série Flashforward (17 épisodes), et Dave Rose dans 57 épisodes de Happy endings. On l’a vu aussi dans New York police judiciaire, Bones, Philadelphia (2 épisodes), Parenthood (5 épisodes), etc. 5. HOUSE-SITTER Scénario : David Foster - Nice to meet you. You're fired. Abbey accouche d’un bébé (fécondé par insémination) devant sa fille Justine (issue, elle, d’une grossesse non désirée), mais le nouveau-né souffre de problèmes respiratoires. L’équipe traite le cas, et Taub propose comme remplaçante de Numéro 13 le Dr.Cheng, une pédiatre. Pendant ce temps, à la suite de situations rocambolesques, House et Wilson doivent trouver un moyen de récupérer une pièce avalée par Rachel alors qu’elle était sous la surveillance de House ; cela sans que Cuddy le sache… David Foster développe trois intrigues à la réussite imparfaite. Le cas médical serait irréprochable si les patients avaient été mieux décrits. L’intrigue pleine de suspense psychologique du Dr.Cheng bute sur un personnage trop vite esquissé et une conclusion précipitée. L’intrigue de Rachel est celle qui s’en sort le mieux avec une avalanche de gags parfois régressifs (on songe à Judd Apatow). Cette aventure burlesque en rupture totale avec le ton de la série peut gêner le fan. En effet, Le Huddy post-coïtum n’est plus ici l’analyse d’un couple trop fragile que l’on regarde se défaire via des voies psychologiques maîtrisées, mais juste prétexte à une intrigue cartoonesque certes efficace, mais hors du ton de la série. En fait, on peut considérer cette intrigue comme une sorte de mini épisode décalé, où la série pour la première et l'unique fois, ose franchement un ton de sitcom, divertissant, rythmé et purement gratuit. On appréciera cette réussite mais aussi que la série n'y revienne plus par la suite. Dr.House invite une guest star en la personne de Jennifer Grey, la fameuse Baby de Dirty dancing. Mais les auteurs ont décidé de ne pas s’intéresser à son personnage, ni à Justine, sa fille (Gabrielle Christian), et encore moins à leur relation tendue. Le corollaire est que le spectateur a du mal à s’impliquer dans leurs chemins de croix, alors qu’une des forces de la série réside dans la personnalité des patients. Leur réconciliation ne produit qu’un effet très limité, malgré les efforts des comédiennes. Le cas se déroule à bonne allure. La fragilité d’un corps de bébé contraint les docteurs à emprunter des voies non standard pour progresser, quelques surprises au menu. Subtilement, le cas fait une translation vers la mère du bébé. Le diagnostic final est un des plus surprenants de la série où une maladie mortelle devient… un remède ! Le rebondissement final est d’une brutalité inattendue. Médicalement, c’est joliment osé, mais émotionnellement, les personnages transparents nous laissent de marbre. Toujours pas de (belle) femme dans l’équipe. Chase s’étant gouré dans l’épisode précédent, Foreman jubile à l’idée que ce soit son tour d’exercer un ersatz de pouvoir en recrutant une nouvelle candidate. Manque de pot, House lui flanque par téléphone un tonitruant dégonflage d’ego. Ceux qui pensent que House s’est assagi seront détrompés aussi sec ! Taub jette alors son dévolu sur le Dr.Cheng, mais redoutant une duperie de House, hésite à l’engager. Indécis, sa valse-hésitation offre quelques pointes d’humour, mais son revers final laisse incrédule. On sait que les scénaristes adorent trouver des motifs psychologiques aussi virtuoses que recherchés, mais là, c'est beaucoup trop tiré par les cheveux. C’est dommage, car Keiko Agena aurait incarné un membre de l'équipe dont le physique n’est certes pas l’atout premier, mais aussi vif qu’intéressant. Le choix de l’heureuse élue devait déjà être décidé. Jusque-là, Unplanned parenthood n’incite guère à l’enthousiasme ; mais Foster, qui jusqu’ici, n’était pas tourné vers l’humour, se lâche à fond la caisse avec une intrigue de comédie américaine bien bourrine (les Frères Farrelly n'auraient pas renié l'histoire) d’une folie revigorante. En dehors des interférences humoristiques de House en nounou avec le cas, c’est bien le crescendo d’absurdités dans lequel il s’engouffre avec Wilson qui déclenche la cascade de rires. Les répliques et les séquences de drôlerie pure s’enchaînent : salon borderline, analyse de matières fécales, plongeon par la fenêtre, quizz angoissé, sabotage de plomberie… un festival d’improbabilités qui fait mouche, magnifié par les performances de Hugh Laurie et Robert Sean Leonard. Le twist final n’était peut-être pas imprévisible, mais les dernières secondes sont une pointe ironique d’un humour très noir. Echouer sur la ligne d'arrivée, c'est pas de chance, Greg… Infos supplémentaires : - Dix-septième échec de House. Un de ses patients meurt, consécutivement à son refus de se soigner. C’est un semi-échec, le second patient étant sauvé. - Jennifer Grey (Abbey) est la fille de Joel Grey, qui jouait le patient, Ezra Powell, de Marché conclu (saison 3). - Taub est O négatif, donneur universel (comme Wilson). - House a déjà fait l’amour avec Cuddy dans les toilettes des hommes. Potin du jour. - House surnomme Chase « Crocodile Hunter », du nom du sobriquet donné à Steve Irwin, star d’une série documentaire sur la faune australienne - rappelons que Chase tout comme son interprète est australien. House fait aussi référence à Sur la route de Madison de Clint Eastwood. - La chanson de l’épisode est Night de Bill « Smog » Callahan. Acteurs : Jennifer Grey (1960), a connu le succès en étant la partenaire de Patrick Swayze dans Dirty dancing. Elle mène depuis une carrière assez confidentielle, mais notable au cinéma. Elle joue parfois à la télévision dans des séries inédites en France, à l’exception d’Equalizer (épisode Les hommes civilisés), et de Friends. Gabrielle Christian (1984) est connue aux USA pour avoir joué Spencer Carlin dans 42 épisodes de la série South of nowhere. Elle a joué aussi dans FBI : portés disparus, Les Experts : Miami, Numb3rs, The Middle, Hawaï 5-0, etc. Elle est une cousine du grand acteur Spencer Tracy. Keiko Agena (1973) est surtout connue pour avoir joué Lane Kim dans Gilmore Girls (101 épisodes). Elle a joué aussi dans Felicity, Shameless US (3 épisodes chacun), Beverly Hills, FBI portés disparus, Private Practice, Castle, Urgences (2 épisodes), Scandal, etc. Actrice de télévision, elle apparaît parfois au cinéma (En cloque mais pas trop, Transformers 3...) 6. LA PETITE DERNIÈRE Scénario : Seth Hoffman - Capital of Azerbaijian ? Joe Dugan, directeur de campagne du sénateur républicain Hal Anderson, a des rashs sur le bras. House n’ayant toujours pas engagé d’élément féminin dans son équipe, Cuddy le force à donner une chance à Martha M. Masters, étudiante de troisième année d’une intelligence hors du commun. Elle est cependant si candide qu’elle exaspère toute l’équipe et le diagnosticien… La remplaçante de Numéro 13 a fortement divisé le public de la série. Masters se révèle être en effet le membre le plus improbable de l’équipe de House. D’un idéalisme à faire passer Cameron pour une cynique, et d’une intelligence phénoménale, elle apporte un vent de fraîcheur, souligné par le jeu comique et léger de la talentueuse Amber Tamblyn. Ce choix ahurissant est légitimé par un choc des cultures Masters et House, où la première triomphe du deuxième. Ce baptême du feu s’insère dans un excellent cas médical qui n’hésite pas lui non plus à s’embarquer dans des directions stupéfiantes. Une excellente surprise. Hoffman sait qu’il enfonce une porte ouverte en regardant la politique d'un oeil critique ; il y pare en mettant en scène une stratégie politique terriblement intelligente et retorse, typique de la roublardise des directeurs de campagne (House of cards en fera son miel). Le twist de l’arroseur arrosé est très dur pour Dugan, sacrifié sur l’autel de son patron, ce qui détruit l'effet du happy end. Ce volet mis à part, Dugan n’est pas approfondi, malgré un cas original où nos docteurs sont incapables de prouver qu'il a une maladie qu'ils diagnostiquent pourtant d'entrée. Cela force House a faire des contorsions saugrenues, : injection d’une maladie mortelle pour tenter de le guérir, ou le coup du faux faux positif, devenant un faux faux faux positif (!!). Jack Coleman est crédible dans ce rôle, quoiqu'il a dû plus s'éclater quand il était vraiment sénateur dans The Office. Amber Tamblyn trouve instantanément le ton juste pour cette fausse cruche enjouée élevée dans des principes moraux rigides. Le spectateur qui suit la série est du côté de la team : il sait qu’il faut faire des doigts d’honneur à la morale, ne pas être éthique, mentir, ne pas avoir de sentiments, etc. si on veut être un bon médecin. Hélas pour lui, le scénariste est en mode « culot énorme » et offre un splendide contre-exemple. Malgré les moqueries de ses collègues masculins devenus cyniques, Masters les surpasse en trouvant elle-même la solution. Elle parvient même à convaincre un patient en étant d’une franchise intégrale là où on était sûrs que seule la manipulation aurait marché. L'autodérision de la série fonctionne tout à fait. Masters triomphe sur tous les plans, laissant collègues, boss, et spectateurs subjugués. L’affrontement House-Masters tient toutes ses promesses, via des dialogues affûtés. L’idéalisme de Masters est un gros coup d’audace : House va avoir dorénavant le plus terrible de ses contradicteurs en la personne de cette jeunette. Lui qui cherche des opposants capables de lui résister tant pour satisfaire sa haine de lui que pour être plus efficace, il a trouvé la perle rare ! Tout ceci est exprimé, selon la recette classique de la série, par l’humour : le « dépucelage médical » de Masters, et surtout ses renvois à répétition. Que House la maltraite tant est synonyme de son incapacité à la faire rentrer dans le moule, en même temps qu’un entraînement roboratif pour la nouvelle ! Habitués à voir les docteurs entrés par effraction chez les patients, on avait fini par oublier qu’ils pouvaient être surpris. Eh bien, paf, c’est exactement ce qui arrive ! Et la « trouillarde » Masters qui ne les accompagne pas devient donc la seule de l’équipe à ne pas être emprisonnée. On voit que l’auteur s’est grisé de chambarder les principes de la série sans jamais abdiquer sur sa spécificité. En dehors de quelques scènes comiques comme le « nain » Taub victorieux contre le « grand » Foreman au basket entre deux vannes, nous nous concentrons aussi sur le Huddy. Toujours dans sa redécouverte des sentiments amoureux, House doit passer par une explication de texte de la part de Wilson qui lui rappelle qu’il est impossible de compartimenter le travail et les sentiments dans certains cas : faire du mal à la personne aimée au travail en tant qu’employé aura forcément des conséquences dans l’intimité. Sa trahison envers Cuddy aura des conséquences, comme le prouve la coda finale, tragi-comique, où Lisa Edelstein donne à sentir la déception de son personnage. La main au panier que reçoit House de sa part paraît anodine à côté. Un épisode audacieux qui n’a pas peur de transgresser les principes de la série. Infos supplémentaires : - Pour un total de quinze épisodes, Amber Tamblyn interprète Martha Masters, la nouvelle recrue de l'équipe avec un doctorat en mathématiques et un en histoire de l'art. Le personnage de Martha M. Masters est librement inspiré d’une amie doctoresse d’Amber Tamblyn : Meredith Masters (dont le vrai nom est Martha Meredith Masters). Tamblyn déclara que ce rôle fut le plus difficile de sa carrière à cause du grand nombre de termes médicaux qu’elle devait retenir. - Masters n’osant pas entrer par effraction dans la maison, Taub la compare à un vampire et l’invite à entrer. Il s’agit d’une référence à Buffy contre les vampires, série où un vampire ne peut entrer dans une maison sans avoir y été invité. Amber Tamblyn a d’ailleurs joué dans un épisode de la série. Taub fait référence à Masters sous le terme « Pippi Longdivision », déformation de Pippi Longstocking, un personnage de livres pour enfants plus connu en français sous le nom de « Fifi Brindacier », connue pour son côté excentrique. L’introduction de l’épisode fait référence à Machete, film de Robert Rodriguez. - Après Double discours dans la saison 1, l'équipe soigne à nouveau un sénateur. - Chase a attendu cinq ans avant d’avoir sa carte de travail. - Taub bat Foreman au basket . Dans un autre épisode, Wilson est considéré comme un champion de tennis. House déclare donc faussement que les juifs sont mauvais en sport. La chanson entendue lors de cette scène est I start to run de White Denim. - Masters avait autrefois collaboré avec Taub. - Erreur de traduction en VF : En VO, House demande à Masters la 20e décimale du nombre d’Euler (la constante logarithmique e), qui est en effet 6. Mais en VF, cela devient la « constante d’Euler » qui est un tout autre nombre (et dont la 20e décimale est un 0). Acteurs : Amber Tamblyn (1983) est la fille de l’acteur Russ Tamblyn. Elle commence par jouer dans Hospital central (7 épisodes), puis marque les esprits par son interprétation d’une ado rebelle dans Evergreen, un épisode de La Treizième Dimension. Ses rôles les plus connus sont Joan Girardi dans la série Le monde de Joan (45 épisodes) et Jenny Harper dans Mon oncle Charlie (24 épisodes). On l’a vue aussi dans Buffy contre les vampires (épisode Baiser mortel), Boston Public, Les Experts : Miami, FBI portés disparus, Community, etc. Elle suit aussi une prometteuse carrière cinématographique (The Grudge 2, 127 heures, Django Unchained, etc.) Jack Coleman (1958) est un vétéran de la télévision. Il est surtout connu pour avoir joué Steven Carrington dans Dynastie (148 épisodes), Rob Lipton dans The Office (14 épisodes), et Noah Bennet dans Heroes (73 épisodes) et sa suite dans Heroes Reborn (13 épisodes). Sa filmographie comporte d’autres titres comme Des jours et des vies (4 épisodes), La croisière s’amuse (2 épisodes), Nip/tuck, Les Experts, Les Experts : Miami, FBI portés disparus, Mentalist, Esprits criminels, Vampire Diaries (5 épisodes), Castle (4 épisodes), Burn Notice (11 épisodes), Scandal (6 épisodes), etc. 7. EN QUARANTAINE Scénario : Lawrence Kaplow - You're free to perform whatever unnecessary tests you want, Foreman. Slavery was abolished years ago. Deux adolescents, Julie et son demi-frère Roger, découvrent un bocal vieux de 200 ans près d’une épave. Julie brise involontairement le bocal… qui contenait le virus de la variole, stocké par des marins de l’époque pour tenter de trouver un vaccin au virus d’alors ! Elle et son père sont bientôt mis en quarantaine. House et son équipe doivent composer avec l’arrivée de médecins du centre de contrôle des maladies, supervisés par le Dr.Broda. Tout le monde est convaincu qu’ils ont attrapé la variole, sauf Masters, sûre qu’il s’agit d’un autre diagnostic… Dans la catégorie « cas extrêmes », on avait déjà eu un condamné à mort, un tireur fou, une prise d’otages… mais pas encore la quarantaine. Lawrence Kaplow tire de son idée de départ une intrigue tournant autour d’une seule question : variole or not variole ? Malgré une cohabitation difficile de l’équipe avec une autre équipe de médecins, l’histoire s’écrase sur les récifs de la lenteur et de la prévisibilité. L’histoire secondaire avec Wilson est peu intéressante. Heureusement nous avons Masters asseyant sa position au sein de l’équipe, et se montrant toujours aussi supérieure à ses collègues et à son boss lui-même. Consciente qu’il faut affermir les bases du personnage de Masters, la production la met une nouvelle fois au premier plan. Il n’y a pas à s’en plaindre car Amber Tamblyn mène les débats avec sa présence rafraîchissante. C’est elle qui trouve les principales pistes, à tel point que le trio de garçons fait plus office de figurants qu’autre chose ! Le Dr.Broda, joué par Dylan Baker, grand spécialiste des rôles ambigus (les fans de The Good Wife savent de quoi je parle), est l’élément perturbateur qui dérange notre équipe. Mais on ne parvient pas à le détester, car il ne fait que son devoir. Une absence de manichéisme subtile. Malheureusement, ces belles idées sont battues en brèche par l’immobilisme général. En voulant se concentrer sur la coexistence difficile des deux équipes, le tempo bat de l’aile, et croque trop de temps aux diagnostics différentiels de House, malgré les efforts méritoires de cet excellent réalisateur qu’est Tucker Gates. Quelques scènes pimentent ce cas comme Masters soutirant des autorisations à Broda en étant encore une fois franche et sincère, ou bien House faisant irruption dans la chambre du malade sans combinaison. Comme toujours, il ne recule devant rien, parie sa propre vie qu’il a raison. Hugh Laurie maîtrise chaque mouvement, chaque réplique, et en sort le maximum d’émotions. Niveau humour décalé, la traduction du journal par une call-girl néerlandaise est assez énorme. Grâce à son abnégation, Masters gagne la partie là où ses collègues masculins avaient échoué. Deux épisodes, deux triomphes, Masters a le vent en poupe ! Mais ce ne sont que des moments épars, disséminés dans un tout peu excitant. Bien sûr, le drame demeure roi dans A pox on our House, la mort d’un des patients rend sans valeur la guérison finale du deuxième (House lui-même a du mal à rester insensible). La justesse du quatuor d’interprètes, spécialement le père (Andrew Fiscella), est à relever. En dehors du cas, le froid jeté entre House et Cuddy permet d’accroître la tension au sein de ce couple. Psychologiquement, c’est une réussite, leur conflit venant du fait de leurs visions personnelles de leur relation : House scinde personnel et professionnel, là où Cuddy ne le fait pas, causant donc de gros malentendus... Par contre, la petite intrigue Sam-Wilson-Eve, sans émotions était dispensable. Cynthia Watros ne peut animer son personnage trop fade. Un épisode en-dessous des capacités de la série. Infos supplémentaires : - Le titre original est un jeu de mots sur Pox et House : il signifie Une vérole dans notre maison mais aussi Que notre House aille au diable ! - Dix-huitième échec de House. Un de ses patients meurt avant que Masters ne découvre le diagnostic. C’est un semi-échec, le second guérissant de sa maladie. - Curieusement, Andrew Fiscella a joué dans un film appellé En Quarantaine ! - House fantasme sur Beyoncé et Lady Gaga (en même temps). - L'histoire commence par un voyage dans le passé. Un événement peu courant dans la série. On y trouve quelques erreurs : le langage parlé dans le bateau est sensé être le hollandais, mais en fait, on entend du Afrikaans, une langue en effet proche du hollandais. Le capitaine et les docteurs prennent la précaution de se couvrir la bouche en approchant les malades, mesure de sécurité inconnue au XVIIIe siècle. Enfin, le galion, sensé être un vaisseau du XVIIIe siècle, fait plutôt XVIIe. - Pendant l’épisode, plusieurs références sont faites à Star Wars, Le parrain, Les femmes de Stepford et la série 90210. Niveau références, la série ratisse large. - La chanson de l’épisode est All that we see de The Black Ryder. Acteurs : Dylan Baker (1959) a joué dans un nombre impressionnant de films, souvent indépendants, parfois plus « grand public » : Le dernier des Mohicans, Requiem for a dream, Spider-man 2 et 3, Les noces rebelles, etc. et de séries : Deux flics à Miami, Oz, The Practice, Les Experts, A la maison blanche, New York 911, FBI : portés disparus, New York police judiciaire (5 épisodes), New York section criminelle, Monk, Ugly Betty (3 épisodes), Damages (10 épisodes), FBI : duo très spécial, Chicago Fire, Smash (3 épisodes), Burn notice, Mentalist, Chicago fire (2 épisodes de chaque), The Good Wife (8 épisodes), etc. Il est par ailleurs un renommé comédien de théâtre, et un narrateur habitué d’« audiolivres ». Andrew Fiscella (1966) poursuit une carrière sur les deux écrans. Sur le grand, on a pu le voir dans Destination finale 4, Freddy les griffes de la nuit, etc. et quelques films indépendants. Sur le petit, il a joué dans Sex and the city, New York police judiciaire, et section criminelle, FBI : portés disparus, Les Experts, Les Experts : Miami, Rizzoli et Isles, Esprits criminels, etc. 8. CHACUN SA CROIX Scénario : David Hoselton - Faith is not a disease. You think she's cheating on her spouse with someone from a cheating spouse support group ? - I didn't come here to get laid. - You look smashing, Miss Moneypenny. - Someone looks lovely tonight. Profondément croyant, Ramos a fait un pacte avec Dieu : s’il guérissait sa fille Marisa d’un cancer incurable, il accepterait de se faire crucifier chaque année. Marisa guérit, mais au sortir d’une de ses crucifixions, Ramos fait une crise. House et son équipe comprennent rapidement que les crucifixions ne sont pas en cause. Pendant ce temps, House tente de piéger Cuddy en la forçant à lui mentir, pour « compenser » le mensonge qu’il lui a fait (épisode « La petite dernière »), Wilson s’apprête à demander Sam en mariage, et Taub soupçonne sa femme de le tromper... Un des meilleurs épisodes de la saison. Thème du jour : la Foi : religieuse, amoureuse, en l’Autre. Le génial David Hoselton développe sur quatre histoires la question toujours fascinante de ce concept universel. Il le fait avec son arme favorite : un humour effréné (dialogues sous acide), mais qui contrairement à ses précédents opus, est plus noir que burlesque. On rit beaucoup, alors que les situations ne s’y prêtent pas. Le message du scénariste sur sa vision de Dieu est optimiste, happy end vibrant à la clé. Mais les fins pessimistes des autres intrigues diluent la bonne humeur finale. Un mélange bouillonnant et riche de comique et de drame. Admettons que ce patient très spécial aurait plus eu la place dans le bal des givrés des cas secondaires. Malgré tout, on s’y attache, d’autant que Kuno Becker est bien dans le personnage. Le cas projette des déflagrations d’humour cynique à un rythme enlevé : le syndrome pseudo-bulbaire qui force le patient à exprimer l’inverse de ses émotions (souriant alors qu’il souffre horriblement), ou encore un régime sain déclenchant une sclérose en plaques, ou dans la catégorie délire, le diagnostic différentiel de… Jésus-Christ ! Mais bon, depuis le mémorable débat d'American Dad ! sur le sexe de Dieu, rien ne nous surprend plus de la part des américains... Le cas se nourrit d’un suspense dérangeant : Ramos refuse les traitements, car il aurait l’impression de « briser » son pacte avec Dieu, qui le punirait. Cette vision antédiluvienne d’un Dieu vengeur et juge est encore hélas prégnante dans le monde. La foi de Ramos est puissante, mais figée dans la peur, sentiment incompatible à ce qui devrait être un épanouissement spirituel. C’est une foi qui commet des contresens ; l’exemple le plus marquant est quand il dévoie le thème du sacrifice, si perversement tordu par les fanatiques religieux, en étant prêt à laisser sa fille orpheline, car il veut montrer que « rien ne peut le détourner de sa foi ». C’est oublier que la foi religieuse est un concept positif, en harmonie avec le Dieu d’amour des religions monothéistes. Si la foi doit être éprouvée, ce doit être par un combat spirituel, non par des sacrifices qui rendraient malheureux. Dans le même ton, la martingale idéaliste de Masters se grippe. Alors qu’elle avait triomphé dans les épisodes précédents par la sincérité et la vérité, là voilà ramenée à la dure réalité quand elle est impuissante à convaincre Ramos. House, lui, y parviendra, via un mensonge méchant. Masters voit alors ses idéaux chamboulés. Son désarroi est bien exprimé par Amber Tamblyn. La coda montre Ramos comprendre enfin le « plan de Dieu » : Dieu ne juge pas les hommes selon leurs mérites, il aime gratuitement et entièrement tout le monde. Si la guérison de Marisa est un miracle - Hoselton entretient l’ambiguité, car l’explication rationnelle est possible - alors Dieu n’attend pas de « deal » en échange. House, qui croyait tuer la foi de son patient en le forçant à rompre son pacte, est bien attrapé quand il s’aperçoit qu’il n’a réussi qu’à la renforcer ! Dans son réapprentissage de la vie de couple, House est bloqué au chapitre « l’art de parler aux femmes ». Il paye sa vision systématiquement analytique des émotions amoureuses, qui ne se prêtent pas à la logique pure. House pense ainsi qu’en forçant Cuddy à lui mentir, son précédent mensonge sera compensé et pardonné. On s’amuse de ses tentatives qui foirent. Finalement, il réussit à la piéger, mais ce faisant, Cuddy se ferme encore plus. Très doué pour analyser la psyché humaine, House commet les erreurs les plus idiotes dans son couple. S’il comprend finalement que seules des excuses peuvent recoller les morceaux, le twist final augure de bien sombres perspectives pour le Huddy. La faute n’est pas totalement sur House, on voit que Cuddy lui demande trop en voulant changer ses valeurs morales, c’est bien trop pour un conjoint, a fortiori pour ce serviteur de la vérité. Dans une ironie terrible, les ménages Taub et Wilson se jettent dans le gouffre du non-retour… lors d’un mariage ! La série reste fidèle à son principe de ballotter le spectateur entre comédie et drame, parfois d’une seconde à l’autre. Nous assistons ainsi aux comiques dragues de Chase, qui séduit les plus jolies filles au détriment de Foreman. Pendant ce temps, Wilson commet la faute de dévoiler son manque de confiance en Sam. Il dévoile par là une nouvelle facette : un homme qui n’arrive pas à avoir une totale confiance en l’Autre. On voit bien là toute l’adresse d’Hoselton de prendre un atout chez House pour en faire un défaut chez Wiwi. On peut trouver la sortie de Sam/Cynthia Watros (pas en grande forme) précipitée, mais elle est crédible. Quant à Taub, il continue de porter comme un fardeau ses infidélités passées : sa femme ne le lui a jamais pardonné, et il vit désormais dans la peur qu’elle lui rende la pareille. Les problèmes de ce couple ont rarement brillé par leur intérêt, mais ici, cette descente irréversible vers la catastrophe émeut par son pessimisme entier. Un chef-d’œuvre de plus pour la série. Infos supplémentaires : - Cynthia Watros (Sam) apparaît pour la dernière fois. - Cuddy est âgée de 43 ans et a menti sur son âge. Par ailleurs, nous apprenons qu'elle a été mariée pendant six jours (en 1987). - House, dans sa première conversation avec Wilson, dit la devise de la série : Everybody lies ! - Quand House parle à Ramon, la position des tubes d’oxygène change entre deux plans. - Référence dans les dialogues au film Procès de singe (1960) de Stanley Kramer. - Les chansons de l’épisode sont Shark in the water de V.V. Brown, You mean the world to me de Toni Braxton, Love rollercoaster des Ohio Players, et I know de Jude Christodal. Acteurs : Kuno Becker (1978) a construit sa carrière sur des telenovelas mexicaines. Depuis ce rôle dans cet épisode, il a joué dans quelques séries américaines comme Les Experts : Miami (3 épisodes) ou le remake de Dallas (18 épisodes) où il joua le rôle récurrent de Drew Ramos. 9. LE HÉROS DU JOUR Scénario : Sara Hess - So when you're not on a billboard, you sleep with nurses. But when you are, you sleep with your wife. I think you got that backwards. Une femme fait une crise d’épilepsie dans le métro et tombe sur la voie. Jack, la quarantaine, saute pour la sauver et tous deux échappent à la mort de très près. Le « héros » a à son tour une crise d’épilepsie. Masters est admirative de l’héroïsme de Jack, ce qui exaspère House. Pendant ce temps, House fait la connaissance d’Arlene, la mère de Cuddy. Taub figure dans des affiches de publicité pour l’hôpital à l’étonnement général. Il est stupéfait de voir que Rachel, son épouse, se montre sexuellement plus active… Cet épisode est un tournant dans la mesure où deux couples passent chacun un cap : le Huddy avec l’entrée en scène d’Arlene Cuddy, mère de Lisa, et le ménage Taub, qui court droit à la catastrophe. Sara Hess perd toutefois la main en imaginant un des cas médicaux les moins intéressants de la série. Interminable, sans tension, sentant le réchauffé, seule une fin diablement ironique est à sauver. La rencontre avec la mère de Cuddy ne tient pas toutes ses promesses, mais maintient l’intérêt du Huddy. On aurait jamais cru dire ça mais le segment qui convainc le plus est en fait le mélo des Taub, original et merveilleusement interprété ! Par son improbabilité, l’introduction aurait pu marcher dans une série hallucinée comme Alias, mais dans Dr.House, on coince un peu. Le reste du cas troque ce défaut contre un autre : l’ennui. Le patient et son épouse sont peu travaillés. On est sensibles cependant à la poursuite chimérique de rêves de gloire qui sont la raison de vivre de Jack (Matthew Lillard, simplement correct), et le poussent à laisser femme et fille seules. On assiste à son évolution quand la maladie le rend lucide et qu'il abandonne ses chimères. Mais Hess ne déroge pas au pessimisme de la série, et le rebondissement final est d’une amertume féroce qui brise le happy end. Bien que peu présente, le désarroi d’Eva (l’épouse) est touchant, grâce à l’interprétation en douleur rentrée de Sprague Grayden, qui joue avec une justesse inhabituelle (je n'avais personnellement pas été fan de son jeu dans d'autres séries). On salue l’honnêteté des scénaristes qui assument leurs choix jusqu’au bout avec encore une fois Masters qui relègue ses collègues masculins, House inclus, mais là ils commencent à en faire trop. House s’en sort en ânonnant des idées bourrées de mauvaise foi (sacrifice héroïque = négation de l’instinct de conservation = comportement idiot), et en étant vraiment méchant envers le patient. On raffole de ces moments où notre docteur devient vraiment imbuvable (la moustache hitlérienne sur l’affiche !). Les diagnostics sont poussifs, et la réalisation endormie de Miguel Sapochnik, qu’on a connu plus inspiré, laisse Amber Tamblyn bien seule pour animer l’ensemble, malgré sa fougue. On peut aller jusqu’à dire que le cas est en trop dans l’épisode. Cet épisode est en apparence Huddy. Apparences encore, car House joue en solitaire. La première séquence où il fait un triple jeu pour duper Wilson et Cuddy, les deux personnes les plus proches de lui, est aussi hilarante que grinçante. Son jeu découvert, le voilà embarqué dans une situation rocambolesque où nos trois amis doivent dîner avec la mère de Cuddy. Arlene Cuddy bénéficie de l’abattage de la prestigieuse Candice Bergen, qui en fait un personnage encore pire que House question sociabilité ! Toutefois, la scène aurait pu être plus méchante (comparez avec n’importe quel dîner de Californication), c’est un peu frustrant. House met fin au cauchemar avec son culot habituel par un gag énorme qui devrait provoquer au moins une minute de fous rires. Passé le choc, Cuddy apprécie. C’est pas tous les jours qu’une femme apprécie que son compagnon maltraite sa mère ! Le Huddy est vraiment hors normes. Le règlement de comptes qui s’ensuit nous prend à rebrousse-pied, avec un armistice drôle, décalé, mais crédible quand on voit le caractère de House et d’Arlene. Le rire laisse place à la soupe à la grimace avec la pirouette finale : House ne comprend pas qu’il y’ait des frictions inévitables entre lui et Cuddy - le lot de tout couple - La coda est une des plus noires sur le personnage, prophétisant l’échec du Huddy. Le spectateur a vraiment l’impression que le cas House est sans espoir. Peter Jacobson a toujours été le chouchou des scénaristes féminins qui ont plus d'une fois avoué qu'elles étaient sensibles à son charme. Sara Hess, une de ses plus ferventes admiratrices, s’occupe de placer l’acteur sur un piédestal : mignon, charmant, classe, raffiné... Si on passe vite sur la jalousie de Chase/Jesse Spencer (on frôle le méta-récit), on est pris dans l’implacable destruction du ménage Taub. Il a souvent pénalisé la saison 6 par ses lourdeurs, mais leurs derniers feux sont de toute beauté. Taub ne supporte plus que sa femme s’ouvre davantage à son correspondant internet qu’à elle. Si elle est heureuse, c’est grâce à cet ami lointain, et non plus grâce à lui. En apparence, tout semble pourtant aller pour le mieux, car Rachel ne cesse de sauter sur son mari, surpris par tant de débordements affectueux. Le décalage entre les situations et leurs réelles implications est poussé au maximum : qui croirait qu’un accroissement du désir sexuel dans un couple soit synonyme de fin du couple ? En fait, Rachel, comme la Maria de Clueless (saison 2), tente une dernière chance : elle ne cesse de faire l’amour, pathétique cache-misère de son couple déjà mort. Grandiose idée scénaristique ! Le drame est désespéré : le couple s’aime toujours, mais n’est plus heureux, détruit par le quotidien et les déceptions qu’ont produit l’Autre. Peter Jacobson et Jennifer Crystal Foley mènent puissamment ce bouleversant mélodrame. Rubrique mode : vous ne trouvez pas que les hideux collants rouge-orange de Masters sont plutôt inappropriés au travail ? Infos supplémentaires : - Taub et Rachel sont mariés depuis 22 ans. Cela entre en contradiction avec l'épisode Virage à 180° (saison 4), qui se passait il y a moins de 3 ans et où il disait être marié depuis 12 ans. - Cuddy fête son anniversaire, et donc ses 44 ans (cf. épisode précédent). - House caricature Taub en Hitler. Il s'était déjà fait passer pour lui dans Classé X. - Chase semble jaloux de la popularité de Taub. La trame qui sera consacré à son personnage dans le prochain épisode rassasiera sa soif de gloire (hahaha). - House drogue Wilson pour la deuxième fois après Les mots pour ne pas le dire (saison 6). Il drogue également la mère de Cuddy qui apparaît pour la première fois. Elle est interprétée par Candice Bergen, qui rejouera ce rôle dans deux autres épisodes de la série. - Taub révèle s'être évanoui lorsqu'on a voulu lui subtiliser son portefeuille. - On entend la Sonate pour violoncelle et piano en mi mineur op.38 de Johannes Brahms pendant le dîner chez les Cuddy. Ironiquement, la musique entendue pendant qu’Arlene et Wilson dorment est un air de Jean-Sébastien Bach « Wachet auf » ce qui signifie… Dormeurs, réveillez-vous ! On entend à la fin Start a war de The National. Acteurs : Candice Bergen (1946) a d’abord été mannequin. Elle a découvert rapidement sa vocation et s’est consacrée au cinéma avec une filmographie comptant nombre d’highlights : La canonnière du Yang-Tsé, Ce plaisir qu’on dit charnel, La chevauchée sauvage, Gandhi… Elle joua beaucoup de son charme très classe, froid, et majestueux. A la fin des années 80, elle s’intéresse à la télévision et joue le rôle éponyme de la série Murphy Brown (247 épisodes !) pendant 10 ans, ainsi que celui de Shirley Schmidt dans 84 épisodes de Boston Justice. On l’a vue aussi dans Seinfeld, Les Griffin, Sex and the city (3 épisodes et le premier film), New York cour de justice, New York police judiciaire, The Michael J. Fox show, Battle Creek, etc. Elle fut l’épouse du cinéaste français Louis Malle. Matthew Lillard (1970) est un acteur qui mène une carrière solide sur les deux écrans : au cinéma, il est surtout connu pour être Sammy (Shaggy en VO) dans les films Scooby-Doo et les jeux vidéos et séries qui en sont issus. Mais il a aussi été dans Scream, Peines d’amour perdues, et beaucoup de films indépendants. A la télévision, il est connu pour son rôle de Daniel Frye dans The Bridge (24 épisodes). On l’a vu aussi dans The Good Wife, New York unité spéciale, Leverage, Esprits Criminels, etc. Sprague Grayden (1980) est une actrice de séries. Elle a eu son premier rôle avec la série John Doe où elle jouait Karen Kawalski (13 épisodes). Ses autres rôles connus sont Heather Lisinski dans Jericho (18 épisodes) et Olivia Taylor dans 14 épisodes de 24 heures chrono. Elle a enchaîné avec Le monde de Joan (9 épisodes), Preuve à l’appui, Les frères Scott, Six feet under (12 épisodes), Les Experts : Miami, Les Experts : Manhattan, Weeds (3 épisodes), Private Practice, FBI : portés disparus, Sons of anarchy (7 épisodes), New York unité spéciale (2 épisodes), Esprits criminels, Los Angeles : police judiciaire, Grey’s anatomy, FBI : duo très spécial (3 épisodes)… On l’a vue parfois au cinéma (Paranormal activity 2 et 3...). 10. LA CAROTTE OU LE BÂTON Scénario : Liz Friedman Cath him, and see what's stopping him from emptying his bilge. Oh, not you, Chase. Sending Captain Micropenis to deal with what's probably normal-sized equipment ? That's too cruel, even for me. Dans un camp paramilitaire pour jeunes délinquants, l’instructeur Driscoll, 38 ans, a subitement le dos bloqué. L’équipe soupçonne Landon, un des « pensionnaires », de l’avoir empoisonné, mais doit réviser son jugement quand ce dernier tombe malade à son tour. Chase est préoccupé : une de ses conquêtes d’un soir a piraté son compte Facebook et y a posté une photo de lui retouchée de telle manière que son pénis apparaisse microscopique, il doit la retrouver. Cuddy veut envoyer Rachel dans une école de surdoués ; sceptique, House décide de « tester » Rachel… Les scénaristes de Dr.House se reposent sur un principe : écrire dans un même épisode plusieurs intrigues. Un principe exigeant et difficile, mais garant de la qualité des épisodes, puisqu’une intrigue peut venir au secours d’une ratée. Malheureusement, il existe de rares cas où ça ne marche pas parce qu’aucune intrigue n’est bonne. C’est le cas ici de Liz Friedman qui outre un cas aussi excitant qu’une overdose de barbituriques, pond deux histoires débiles qui détruisent toute l’atmosphère de la série. On assiste, impuissant, à cette pochade grossière, qui sanctionne une saison qui jusque-là se débrouillait bien. Un des principaux problèmes est de voir Masters déchoir de sa position de petite nouvelle pas dans le moule à boulet moralisateur. Le talent d’Amber Tamblyn est intact, bien sûr, mais elle joue un unique registre. Une restriction sévère du personnage. Masters va trop loin dans l’innocence puritaine, prenant des postures outragées dès qu’un rien la choque : que ce soit le DonJuanisme de Chase ou la discipline de fer des militaires (et de House). C’est drôle sur le court terme, mais pendant 42 minutes, on atteint vite la saturation. Sa naïveté puérile dépasse les bornes quand elle croit changer en une minute et rien qu’en paroles un adolescent fermé et rétif à toute autorité. Masters est une lumière dans la noirceur de la série, mais ici, elle a viré dans le cliché lourdingue, après avoir été la première de la classe de manière trop éclatante. Les auteurs vont heureusement trouver de meilleures voies pour exploiter ce personnage, sans doute un des plus intéressants de la série. Le cas médical repose surtout sur un twist central, mais à la fois prévisible et sorti tout droit d’une mauvaise telenovela. Les patients du jour, figés, n’ont que des dialogues sans sel à nous servir : le militaire bourru au grand cœur et cachant un secret versus l’ado imbuvable et sans repères. L’interprétation très juste de Sasha Roiz ne parvient pas atténuer cet amateurisme dans la psychologie des personnages ; et d’ailleurs, Tyler James Williams confirme la règle qui veut qu’un rappeur ne sache pas jouer (Miranda, reviens !). L’enquête médicale enchaîne mollement rebondissements déjà vus mille fois et en mieux, et diagnostics pesamment ânonnés, sans les vannes de House. La scénariste ne rate pas son faux happy end, ouvert et incertain, mais c’est bien tout. L’histoire de Chase, digne des plus mauvaises sitcoms n’a même pas le mérite d’être drôle. La recherche de la vengeresse nous offre quatre portraits de (très belles) femmes aussi stéréotypés que médiocrement interprétés. On peut retenir à la rigueur la première et son obsession des chatons roses, mais pas de quoi grimper au plafond (à la différence du veinard docteur à cette occasion). Cet affaire de micropénis est d’une crétinerie hors sujet, et Chase n’en sort pas grandi (sans jeu de mots). Jesse Spencer a d’ailleurs tendance à surjouer. On atteint le tréfonds lorsque la coupable explique ses agissements : c’est bête à pleurer. Allez, on oublie… Passons du grotesque au ni queue ni tête avec Rachel. Le prétexte du jour est bien anodin, et l’investissement de House est disproportionné par rapport aux enjeux. Il est triste de voir le régalant diagnosticien réduit à grimacer, et s’occuper de l’apprentissage de bébé Rachel. Le génie de Hugh Laurie tourne à vide dans une telle disette. On retient juste sa scène avec Wilson qui comprend que son ami est plus attaché à cette gamine qu’il veut l’avouer, et lui fournissant involontairement un conseil alors qu’il ne le voulait pas. Un petit éclat de rire, qui trône solitaire au milieu de ce scénario plein de courants d’air. Infos supplémentaires : - Taub s’est installé à l’hôtel depuis sa séparation avec Rachel. - Faisons connaissance avec le successeur de Vogler, Sandford Wells, un homme plutôt aimable qui réapparaît pour la dernière fois trois épisodes plus tard. Il est joué par Nigel Gibbs, un acteur qui interprétait Jonah, le Fondateur dans la dernière saison de Charmed. Beaucoup d’acteurs récurrents de Charmed dans la série décidément. - House compare la motricité de Rachel à celle de Hulk avec des moufles. Sont référencés aussi deux films de John Hughes : Seize bougies pour Sam et La vie à l’envers. - Les chansons de l’épisode sont No Love lost de LCD Soundsystem, et Falling Dove de Crowded House. Acteurs : Sasha Roiz (1973) se fait connaître au Canada en tant qu’acteur de théâtre. Depuis, il joue sur les deux écrans. Sur le grand, il a participé à quelques succès comme Le jour d’après, Land of the dead, 16 blocs, Pompéi… Sur le petit, on retient surtout son premier rôle de Sam Adama dans Caprica (18 épisodes), et celui du capitaine Sean Renard dans Grimm (88 épisodes en mai 2015). Il a aussi été dans NCIS, Les Experts, Les Experts : Miami, Terminator les chroniques de Sarah Connor, Lie to me, Mentalist, US Marshals, Castle, Warehouse 13 (8 épisodes), Husbands (2 épisodes), etc. Tyler James Williams (1992) se fait connaître en tant qu’acteur en étant le héros de la série Tout le monde déteste Chris (88 épisodes). Il a été présent également sur les plateaux de 1 rue Sésame, Saturday Night live, New York unité spéciale, Go on (18 épisodes), The Walking Dead (10 épisodes), Esprits criminels, etc. Il mène parallèlement une carrière de rappeur. 11. MÉDECIN DE FAMILLE Scénario : Peter Blake - Not according to my sexual harassment seminar.
Cuddy examine sa mère et découvre une faiblesse cardiaque. Arlene Cuddy devient donc la prochaine patiente de House. Ne supportant pas les méthodes du diagnosticien, elle demande un autre médecin : le docteur Kaufman. A la demande de Cuddy, House, à l’insu d’Arlene et de Kaufman, surveille le cas à distance, mais un enchaînement ininterrompu de problèmes éthiques et de conflits va alourdir sa tâche. De son côté, Taub cherche un second travail chez son beau-frère pour payer la future pension alimentaire de Rachel, mais il va tout faire foirer…
Orageux, tourmenté, furieux… Family practice est un puissant épisode de la série. Le scénario de Peter Blake est une course enfiévrée d’affrontements massifs, de dilemmes impossibles, de chantages, de conflits d’intérêts, enveloppés dans la mise en scène étouffante de Miguel Sapochnik, et l’oppressante photographie obscure d’Anthony Gaudioz. Aucun moment de répit n’est laissé au spectateur, pris dans un réseau psychologique sophistiqué et toxique. Chase et Foreman sont plus mis à contribution, ce qui ne leur avait plus été donné depuis une éternité, et Masters apparaît sous un autre jour. On oubliera l'intrigue Taub. Arlene Cuddy avait déjà montré des dons de mère indigne asociale dans Larger than life, elle passe ici à la vitesse supérieure dès la première scène, lorsqu’elle balance méchancetés sur méchancetés au duo Cuddy-House réduits à répondre par des sourires de façade pour la ménager. Le comportement odieux d’Arlene est parfaitement rendu par le métier de Candice Bergen. Sa relation avec Lisa est viciée par le fait qu’elle préfère Julia, sa sœur à qui elle dit tout. Tout au long de l’épisode, elle ne cesse d’attaquer Lisa de toutes parts. Ce qui faisait sourire dans Larger than life donne là pas mal de malaise. Lisa croit bien faire en s’écartant elle-même du cas, mais House finit par comprendre que ce n’est pas par éthique, mais par lâcheté qu’elle le fait. Lisa est également enfermée par un « pacte de vérité » avec sa mère, et lorsque House lui demande de lui mentir, le personnage semble déjà au bout du rouleau alors qu’on en est qu’à la moitié de l’épisode. Très vite, l’épisode a atteint des niveaux de noirceur qui vont aller crescendo. House est exclu du cas par Arlene après qu’il lui ait joué un sale tour (qui ressemble beaucoup à celui utilisé par Cameron dans Faux-semblants en saison 2). Du coup, le voilà obligé de trouver des moyens de plus en plus retors pour superviser le cas à distance. Le coup du mouchard qui se retourne de manière hilarante contre lui n’est qu’un exemple. Le cas devient de plus en plus stressant lorsque la team, pour garder le contrôle, changent et échangent les médicaments d’Arlene, jusqu’à parvenir à des situations aux confins de l’absurde tragi-comique. Par-dessus tout ça, Masters et son idéalisme menacent de tout gâcher, alors qu’on est dans un cas où seule la partie qui se montrera la plus perverse triomphera. Par une perfidie digne de Judas, il change le problème Masters en atout qu’il dégaine au bon moment, la jetant dans un piège d’une méchanceté terrible. Le pire est que House n’a rien contre elle, mais il doit la faire chanter pour sauver sa patiente. Masters, dégoûtée et abattue, en vomit… mais son idéalisme est si fort, qu’elle se « sacrifie » et passe outre ! Ce revirement tétanisant embrouille encore plus la bataille psychologique. Cela nous vaut une scène de dispute entre House et Cuddy, point culminant de l’épisode où le premier agresse psychiquement la deuxième pour la forcer à réagir. La violence générale des dialogues est égale au massacre de toutes les règles déontologiques possibles et imaginables. Ce cas est un des plus éprouvants de Dr.House, par sa série ininterrompue et à grande vitesse de rebondissements infernaux. Le happy end s’en ressent - ironique twist - car personne ne peut penser que Lisa regardera sa mère comme avant. Il n’y aura pas de pardon ou de réconfort. On termine en beauté par la superbe scène de confiance de House envers Masters. Nous réalisons alors qui est vraiment Masters : elle est la face idéaliste de House exprimée de manière pure. House, pour servir ses valeurs, doit toujours user de méthodes anticonformistes et choquantes. Masters sert les mêmes valeurs que lui, mais elle le fait sans calcul, avec franchise. D’une manière ahurissante, la plus grande opposante de House est en fait celle qui est la plus proche de lui. House lui demande désormais d’être celle qui le « supervisera », car Cuddy, privée d’objectivité, ne peut plus remplir ce rôle. Ce respect qu’il lui confère est touchant, tout en fêlant encore plus le Huddy : la directrice a perdu une partie de la confiance de son petit ami. Une coda touchante, et maligne. L’histoire de Taub est oubliable malgré une jolie dernière scène entre lui et Rachel. Un des épisodes les plus sombres de la saison. Infos supplémentaires : - Pas de générique, l’épisode commence à froid. Suppression d’Olivia Wilde dans les « credits ». - Deuxième épisode sans Robert Sean Leonard. Julia Cuddy, soeur de Lisa, apparaît pour la première fois. Elle est interprétée par Paula Marshall. Elle apparaîtra dans deux autres épisodes de la saison. Paula Marshall est la femme de Danny Nucci, qui jouait Bill Arnello dans Un témoin encombrant (saison 1). - Martha était une geek à l'école. Taub, lui, se faisait élire délégué de classe. - Taub se fait casser le nez. C'est le seul épisode où il lui arrive d'être blessé physiquement. - Pour la quatrième fois, House porte une blouse. Cet événement n'arrivera plus par la suite. - La boîte de pilules que House remet à Cuddy contient du « calcium corbonate », en fait il faut lire calcium carbonate. - La musique entendue au début est un morceau des Chordettes/M Sandman. Il figure aussi dans un épisode de… Charmed, Le marchand de sable. Encore un point commun entre les deux séries. Acteurs : Paula Marshall (1964) a été l’héroïne principale de pas moins de sept séries télé qui eurent toutes la malchance d’être annulées au bout d’une ou deux saisons : Wild oats (6 épisodes), Snoops (11 épisodes), Nés à Chicago (13 épisodes), Love Therapy (15 épisodes), Pour le meilleur et pour le pire (17 épisodes), Out of practice (21 épisodes), et La nouvelle vie de Gary (37 épisodes). Elle est apparue en guest star dans Seinfeld, Spin City (7 épisodes), Sports Night (3 épisodes), Veronica Mars (4 épisodes), Nip/Tuck (7 épisodes), Californication (9 épisodes), Les Experts, Mentalist, Mon oncle Charlie (2 épisodes), etc. Elle a joué dans quelques films. 12. APPRENDRE À OUBLIER Scénario : Katherine Lingenfelter (créditée comme « Kath Lingenfelter ») - There's an entire department for that. - Exactly. The Foreman Department. Of which you are the foreman, Foreman. Nadia, serveuse d’environ 35 ans, souffre d’un mal rarissime, l’hypermnésie : elle se souvient de chaque moment, chaque instant de sa vie. Elle est emmenée à l’hôpital après avoir fait une chute. Elle a des rapports conflictuels avec sa sœur aînée. Pendant ce temps, Taub, avec l’aide de Foreman, doit repasser un examen de contrôle pour conserver sa licence, et la présence d’une chatte chez Wilson plonge House dans le désarroi… Nouvelle recrue du staff d’écriture, Katherine Lingenfelter compose un scénario qui fait revenir au premier plan un des meilleurs atouts de la série, mis en veilleuse depuis la fin de la saison 6 : le Hilson. Le succès est de mise, où la comédie des situations laisse affleurer une émotion de plus en plus grande. Le cas médical peine à retenir notre intérêt, mais compense grâce à la patiente du jour. Nadia, à chaque situation-cliché, se comporte de manière inattendue. Enfin, la petite histoire Taub-Foreman, assez fade au début, aboutit à une conclusion dont la furieuse amoralité est adoucie par la naissance d’une amitié plus profonde entre les deux médecins. 7 mois avant la Carrie Wells d’Unforgettable, Dr.House nous fait découvrir ce qu’est l’hypermnésie, soit l’impossibilité pour une personne d’oublier quoi que ce soit. Mais la scénariste s’éloigne vite de ce gimmick, ne le ressortant que lors d’un twist psychologique très malin. Cela a pour conséquence de détruire l’originalité du cas, médicalement parlant, qui ne se démarque alors plus d’un autre. Le personnage de la sœur est à peine façonné, mais Nadia, incarnée par la belle Tina Holmes, a plus de chair. L'interprète de Maggie Sibley, un des plus beaux personnages d'une série elle-même une des plus belles, est ici à son affaire. Voyant ce « don » comme une malédiction, Nadia a préféré faire un travail sans gloire, serveuse, qui l’empêche de réfléchir, car elle réfléchit en permanence, ce qui est terriblement douloureux. Nadia, condamnée à « l’objectivité totale », ne peut pas exprimer d’émotions : son cerveau est trop puissant. Cela entraîne notamment une scène brillante où l’on croit qu’elle va pardonner à sa sœur qui a subi une lourde opération chirurgicale pour la sauver. Hélas, sa maladie l’empêche de « raisonner émotionnellement », et elle est incapable de pardonner. L’épisode se conclut par une fin inachevée, mais laissant présager un happy end total, lorsque Nadia commet un acte de survie magnifique, et fait taire son ego. L’émotion est loin d’être absente dans ce final arraché de haute lutte. Fans qui suivez le docteur et ses équipes, vous savez que la méthode House donne les résultats les plus efficaces. Mais cela rend-il les adeptes de la méthode invulnérables ? Poser la question, c’est y répondre. Taub traverse une crise de confiance, n’arrivant plus du tout à rassembler ses connaissances pour passer le test capital. Si House n’avouera jamais qu’il a de l’affection pour les membres de sa team, ses actes disent tout autre chose, et il doit se retrancher derrière des pirouettes quand Taub l’asticote sur ce point. Plus de 140 épisodes, et on marche toujours de voir House nier ses sentiments les plus nobles. La série prend très au sérieux les problèmes humains, vivant dans un monde où il ne suffit pas d’insister, de déclamer des tirades lyriques - comme celle de Foreman - genre « tu peux le faire, je crois en toi » pour résoudre un problème. Si Taub s’en sort finalement, c’est uniquement en commettant un acte illégal et peu glorieux. Le spectateur est certes heureux de voir Taub rester dans la course, mais à quel prix ! Cette fin sans morale voit son âcreté tempérée par l’éclosion d’un lien moins froid entre les deux docteurs. Un choix judicieux car permettant de redonner un peu de chaleur au personnage de Foreman, assez impersonnel depuis quelque temps. Wilson élève Sarah, une chatte (diabétique bien sûr, c'est Wilson) ; dans la grande tradition des délires pas si délirants que ça de House, il nous présente ce fait comme la renonciation de son ami à trouver une compagne. House, en dépit de son comportement vachard envers son ami, ne souhaite que son bonheur, et il sait qu’il a besoin d’une femme. C’est pour cela qu’il l’invite à sortir, à draguer des filles (l’occasion d’une scène désopilante où ils analysent le physique des « cibles »), tout en gardant sous le coude un « plan B » avec une autre infirmière. Cuddy, avec son intelligence habituelle, comprend que House aime tellement son ami qu’il culpabilise d’être en couple et lui non. On peut en tirer une seconde conclusion : alors que House était jaloux que Sam empiète sur la vie de Wilson à son détriment, il estime donc ici qu’il ne doit plus être le seul à remplir la solitude de son ami, qu’il ne peut remplacer l’affection d’une compagne. Un mûrissement étonnant du personnage, et une nouvelle déclaration d’amitié/amour du diagnosticien très émouvante. Le Hilson trône toujours au sommet des amitiés télévisuelles. Infos supplémentaires : - Taub a 45 ans. - Wilson est allergique à l’ambroisie et au pissenlit. - Référence à l'épisode Comme un chef (saison 6) où on retrouve le même jeu vidéo (Foreman et Taub y jouent). - Taub et Foreman emménagent ensemble. Première fois que nous voyons l’appartement de Foreman. - Beaucoup de références : Taub fait référence au film Mod Squad devant Foreman. Omar Epps jouait un des principaux rôles du film. Foreman spoile à Taub la fin de Usual suspects, comme l’avait fait House dans Le divin enfant (saison 5). Wilson dit à House « you're trying to Gaslight me », allusion directe au film Hantise (Gaslight en VO) de Georges Cukor. House demande à ce qu’on « relâche le kraken » dans une allusion au Choc des titans. Taub, après avoir acheté les résultats, compare cette action à celle « d’enterrer une pute dans le désert », référence à Very bad things. Lost et Star Wars (« Jabba the slutt ») sont aussi évoqués. - Les chansons de l’épisode sont Felicia des Constellations, et How to fight loneliness de Jay Bennett et Jeff Tweedy, interprétée ici par Wilco. Acteurs : Tina Holmes (1973) travaille dans le domaine de la littérature française et américaine, et est également actrice. Elle a été Moira Doherty, un des personnages principaux de l’éphémère série Persons Unknown (13 épisodes), et la bouleversante Maggie Sibley, un rôle récurrent de Six pieds sous terre (13 épisodes). Elle a joué aussi dans les séries New York 911, Urgences, NYPD Blue (2 épisodes), Les Experts, 24 heures chrono (2 épisodes), New York unité spéciale, Cold Case, Grey’s anatomy, Prison break (2 épisodes), Leverage, Private practice, Parenthood, Esprits Criminels, etc. 13. COMME À L'ÉCOLE Scénario : Thomas L. Moran If porn was bad, why would there be so many nuns in it ? En attendant d’être convoqué par la directrice d’une école primaire en raison de « quelque chose » qu’il aurait commis, House discute avec Gabe et Colleen, deux jeunes enfants de 10 ans à la relation conflictuelle également convoqués. Les deux enfants demandent à House de raconter comment il en est arrivé là : House leur raconte la conférence qu’il a donné à une classe de l’école sur son métier de médecin, mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu... Quand Dr.House rencontre Pulp Fiction… On les avait oubliés depuis la saison 6 : revoici les épisodes « conceptuels ». Two stories est une surprise rafraîchissante car s’appuyant sur une narration non-linéaire, alternant avec célérité trois niveaux temporels. Thomas L.Moran s’amuse à semer des dialogues foldingues grâce non seulement à House, mais aussi à ses deux jeunes interlocuteurs, à l’intelligence précoce mirobolante. On a déjà croisé des enfants improbablement matures pour leur âge dans la série, mais on assiste à une sorte de couronnement avec ces deux « Mafalda ». House adorant faire son show, sa conférence est bourrée d’humour ubuesque. Le Huddy, qui se faisait discret depuis quelque temps, fait un retour dramatique fracassant. On sent que la fin du couple est proche. Avec une adresse sans pareil, l’auteur parle avec brio du Huddy en s’appuyant sur le couple formé par les deux enfants, miroir de cette relation orageuse. Une méthode qui n’est pas sans rappeler Le roi de la pluie, un épisode de la saison 6 d’X-Files qui s’appuyant sur un couple, radiographiait le couple Mulder-Scully. Un épisode « décalé », malin, hilarant, pessimiste (bien sûr !). Encore un pari réussi. Le timing déstructuré dynamise le récit en faisant appel à toute la compréhension du spectateur. La première moitié rappelle ces échappées sous poudre blanche auxquelles la série se livre de temps à autre. Fan de cinéma, House improvise dans sa conférence des histoires hilarantes, pastiches de films, mais se fait à chaque fois reprendre par un jeune garçon cinéphile jusqu'au surréalisme. Les pastiches, et les interventions du je-sais-tout sont à se tordre. Quoiqu'on va encore plus loin quand il invente des délires au milieu de cas réels : patiente ayant des problèmes de vibromasseur (devant je le rappelle une classe de primaire), avances sexuelles énormissimes de Chase et Taub sur une jolie infirmière, morales pas morales du tout... Cet happening burlesque est rythmé par les nombreuses fausses sorties de House qui sait à merveille comment manipuler son public, en ne révélant jamais d’entrée le dénouement de ses histoires. Le foutoir cosmique qu'il sème dans la classe ne faiblit jamais. Mais Moran s’écarte bientôt de la conférence pour se concentrer sur le Huddy. Pour cela, il utilise ce couple d’enfants, Gabe et Colleen. Les surdoués Logan Arens et Haley Pullos nous livrent d’étonnantes performances ; en particulier la jeune Haley, tordante en peste autoritaire. Les deux jeunes enfants sont d’une maturité délirante ; ainsi la stratégie psychologique de Gabe pour obtenir un baiser de Colleen est tout droit sortie de L’art de la manipulation, édition revue et augmentée par Gregory House. Leur relation a tout du Huddy : trop orgueilleux pour s’avouer leurs sentiments respectifs, nos deux amis se chamaillent continuellement, au menu des scènes enfantines plus pimentées que l’habitude. Gabe est un garçon doux et galant, mais aux dons d’observation immenses. Il est sûr des sentiments de la revêche, ce que cette dernière nie avec trop de force pour être convaincante (comme Cuddy naguère). Colleen vole le show par son énergie irrépressible, dirigeant tous les débats. Comme elle se montre fine analyste du comportement humain, elle tient à la fois de Cuddy et de Wilson, en retournant les armes psychologiques de House contre lui, ou en doutant de sa maturité. Paradoxalement, les jeunes enfants, malgré leurs chamailleries, se montrent plus adultes que House. Les dialogues de ce trio étincellent continuellement, entre passe d’armes psy et humour franc du collier. Le cas n’est qu’un prétexte mais son dénouement est comme toujours original. House trouve la solution… en regardant une affiche de spectacle pour enfants ! Cuddy veut faire une pause dans sa relation avec House. Motif : House refuse de sortir les poubelles, et utilise sa brosse à dents. Creusons sous ses prétextes ridiculement drôles, et notre rire commence à jaunir. Cuddy se rend compte que House ne pense qu’à lui, ne se soucie pas d'elle. Leur nouvelle relation n’y a rien changé. Grâce aux allers-retours dans le passé et le présent, cette histoire ne livre ses secrets qu’au compte-gouttes, dans un suspense tenu. Lorsque House souhaite l’aider, il est d’une maladresse confondante. Les pérégrinations absurdes de l’ordinateur de Cuddy peuvent en témoigner. Quant à l’échange de procédés avec Sanford Wells, l’ambiguïté brise la bonne volonté de House : le service qu’il veut rendre à Cuddy, le fait-il vraiment pour elle, ou n’est-ce qu’un moyen de se rapprocher d’elle ? House lui-même et le spectateur n’ont pas la solution. Comme La mécanique de l’espoir le confirmera, House n’est à l’aise que dans les jeux de conflits, et ne peut vivre sa relation avec Cuddy que de cette manière (on pense à Clair de Lune). Le parallèle avec le duo d’enfants est évident. Gabe met fin au jeu de séduction retors avec Colleen, tandis que House fait son mea culpa, sincère pour une fois, devant une Cuddy émue qui lui pardonne. L’émotion et la psychologie sont omniprésentes, et le final est magnifiquement mélancolique. Le Huddy continue, mais de plus en plus difficilement. Infos supplémentaires : - House mesure 6.2 pieds (1m88). - D’après sa carte d’identité, House est né le 15 mai 1959. C’est en contradiction avec House à terre, où nous apprenions qu’il était né le 11 juin (la même date que Hugh Laurie). - Cuddy a 4 caries. - House cite sa devise « Everybody lies » à la classe. Un enfant lui demande si dans ce cas, il est en train de mentir. House lui répond, « je ne mens pas tout le temps, Aristote ! ». Il s’agit d’une référence au paradoxe du menteur (déjà évoqué dans le finale de la saison 1) : si on dit « je suis un menteur », dit-on la vérité ou non ? Si la phrase est vraie, on a menti donc la phrase est fausse ; si la phrase est fausse, alors on a bien menti, et la phrase est vraie ! La solution d’Aristote pour éviter le paradoxe est qu’il n’existe pas de menteur absolu systématique, et que le menteur du paradoxe exprime une assertion relative (et non plus absolue : le menteur ne ment pas toujours). - House regarde avec Cuddy Cendrillon aux grands pieds, un film de Frank Tashlin avec Jerry Lewis. En plus des références cinématographiques devinées par l’enfant cinéphile, sont mentionnés En pleine tempête de Wolfgang Petersen, la série Scoubidou, et la série Mad men quand House appelle Don (pour Don Draper) le gars de la publicité. Acteurs : Logan Arens (1996) ne joue qu’occasionnellement sur les écrans. Son rôle dans cet épisode est actuellement son dernier référencé. Haley Pullos (1998) joue fréquemment à la télévision depuis qu’elle a 9 ans. Son rôle le plus important est pour le moment celui de Molly Lansing dans 324 épisodes du soap opera Hôpital central. On l’a vue dans d’autres séries comme Moonlight, Ghost Whisperer (2 épisodes), Dollhouse (2 épisodes), etc. 14. LES TEMPS SONT DURS Scénario : John C. Kelley I need some intel on this charity event on Friday night. If I go, do I have to actually give money to charity ? Bert, la quarantaine, a perdu son travail suite à la crise économique. Honteux, il n’en a rien dit à Diane, sa femme, et survit en nettoyant des scènes de crime. Lors d’une soirée avec Diane, il a une crise, devenant le prochain cas de House. Pendant que Masters, sous le patronage de Chase, apprend à s’endurcir, Wilson parie que House ne sera pas présent au gala de charité célébrant les 15 ans de service de Cuddy… Cet épisode ne parvient pas à utiliser son thème de départ : les vertus et les vices du pieux mensonge. John C.Kelley a en effet la peu judicieuse idée de convoquer tous les clichés hospitaliers : de l’épouse larmoyante au bon docteur mentant pour réconforter ses patients, en passant par les petits conflits gentillets entre collègues. L’auteur hésite également sur la conduite à tenir concernant Masters. La doctoresse apprend simultanément à devenir plus dure… et plus conventionnelle. L’épisode est sauvé de justesse par son cruel twist final, et ses dernières scènes, à la fois tragiques et pleines d’espoir pour le Huddy. Un espoir violemment brisé dans l’épisode suivant, faisant de la fin de Recession proof une des plus éclatement trompeuses de la série. L’inspiration médicale semble avoir pris des vacances, car nous avons encore une enquête accusant de sérieux signes de faiblesse. La dégradation du patient eût pu nous émouvoir, mais les dialogues insipides, débités à un train de sénateur, détruisent toute urgence. Les vannes de House ont été remises au vestiaire. Bert est certes bien joué par Adrian LaTourelle, mais ne fait que se lamenter sur son sort, enfermé dans la figure du pauv’mari qui veut pas dire à sa femme la sinistre vérité. Dans le domaine Everybody lies, la série nous a offert beaucoup mieux. Diane la pleureuse qui dit un truc pour aussitôt le regretter l’instant d’après, est une grosse bonbonne tire-larmes, même s’il faut reconnaître à Ashley Jones, actrice de soap, un talent évident. On atteint le sommet (ou plutôt le fond) quand elle dit à son mari comateux qu’elle est enceinte. Super, ça manquait justement de bouillon. On en apprécie que plus le terrible coup du destin qui frappe à la porte de l’hôpital, avec une fin désespérée qui renoue avec le meilleur de la série. « L’éducation » de Masters par Chase va un peu trop loin. L’intérêt de la nouvelle recrue est qu’armée de ses valeurs opposées à la team, elle offre une alternative satisfaisante. La voir accepter de se plier sans restriction aux règles plus Housiennes est donc un contresens. Il est certes surprenant de la voir se décider enfin à mentir aux patients, de ne plus les croire sur parole… mais ce n’est pas le personnage. Le twist final rappelle que les valeurs de Masters, plus humanistes, fonctionnent aussi, mais ici, laisse penser que les valeurs de Chase, vétéran de l’équipe, sont inférieures à celles de l’étudiante. Dans cette maladresse, la série semble ici se renier pour le seul plaisir de la virtuosité. Chase défendant également certains aspects du bon docteur compatissant est en contradiction avec l’ADN de la série, lui qui est là depuis le début. Du côté de Foreman et Taub, quelques frictions font très « disputes de couple », mais on est loin de l’alchimie de son évident modèle : House et Wilson. Malgré quelques gags comme House auditionnant des mariachis, le Huddy prend une tournure de plus en plus dramatique. Le pari de Cuddy n'est drôle en apparence : elle a si peu confiance en House qu’elle se croit obligée de l’appâter avec de l’argent pour qu’il vienne à son gala... de charité. Mais le plus grand choc est de voir House totalement dérailler, totalement abattu par la mort d'un patient. Ce qu’on ressentait depuis Selfish se réalise : son amour pour Cuddy l’a rendu trop sensible. L’affectif a infecté son génie médical qui ne marchait que grâce à son absence d’émotions. Une « rétrogradation » menée de main de maître. Cette déchéance du personnage, que Hugh Laurie donne à voir avec une violence psychologique puissante, trouve un aboutissement dans la scène finale. C’est l’unique déclaration d’amour de House de toute la série ; elle est bouleversante, mais il est ivre. La question est : l’alcool a-t-il embrumé son esprit, ou bien in vino veritas ? Kelley laisse au spectateur (et à Cuddy) le soin de décider. Un final ouvert qui clôt brillamment un épisode pourtant mineur. Infos supplémentaires : - Cuddy est depuis 15 ans à Princeton-Plainsboro. Elle y est donc bien entrée à 29 ans comme mentionné dans Chacun sa croix. - Dix-neuvième échec de House. Son patient meurt quelques secondes après qu’il ait trouvé le diagnostic final. - Masters et Chase surnomment Taub et Foreman "Bert et Ernie" les deux poupées du Muppet Show. - Petits problèmes de montage quand Masters communique avec le patient par écrit : on ne la voit pas écrire assez pour qu’elle ait pu réellement écrire toutes ses phrases. - L’orchestre mexicain interprète une célèbre chanson folklorique : La Raspa. Acteurs : Adrian LaTourelle est la voix d’Unalaq dans la série animée The Legend of Korra. L’acteur a par ailleurs joué dans quelques séries comme Numb3rs, Boston Justice, FBI portés disparus, Esprits criminels, NCIS, NCIS : Los Angeles, Last Resort, Sons of anarchy (4 épisodes), The Closer L.A (épisode Le dernier mot), Castle, etc. Ashley Jones (1976) est connue pour sa participation étendue à deux grands rôles de soap operas : Megan Dennison dans Les feux de l’amour (200 épisodes), et le Dr.Bridget Forrester dans Amour, gloire, et beauté (755 épisodes). On l’a également vue dans Dr.Quinn femme médecin, FBI portés disparus, Preuve à l’appui, Les Experts, Les Experts : Manhattan, CSI : Cyber, Flashforward, Mentalist, True Blood (8 épisodes), Private Practice, Bones, 90210 nouvelle génération (3 épisodes), Esprits Criminels, etc. 15. COMME DANS UN MAUVAIS FILM... Scénario : Liz Friedman et Sara Hess - Have I ever said no to that question ? Cuddy devient patiente de son propre hôpital après avoir pissé du sang. House, tourmenté, laisse son équipe traiter le cas de Ryan, un adolescent pas si recommandable qu’il en a l’air, mais ne trouve pas le courage de soutenir sa petite amie. Cuddy fait plusieurs cauchemars délirants : elle sent que son subconscient lui envoie un message ; mais lequel ? Cet épisode, un des plus mauvais de la série, hésite entre plusieurs voies, et finalement picore un peu partout. Malchance du tonnerre pour Liz Friedman et Sara Hess : leurs choix narratifs se montrent tous incompatibles entre eux, produisant un épisode hybride, sans direction stable, dont l’alternance comédie/humour est pour une fois crispant. Le choix de Cuddy comme patiente du jour aurait pu être intéressant, mais les auteures tiennent absolument à nous servir un autre cas médical parallèle (en plus assez foireux) : l’attention se disperse, et le cas Cuddy, joint aux inquiétudes de House, n’a pas le temps de se développer. Bombshells s’essaye aussi à l’épisode « décalé » en insérant des parodies de films, de séries, et de comédies musicales, dans les cauchemars du duo central. Mais un épisode décalé ne peut marcher que s’il l’est de bout en bout ; ici, ça ne prend que sept-huit minutes en tout. De plus, cette louche gratuite de burlesque - par ailleurs assez inégale - se marie mal du drame de l’ensemble. Heureusement, le Huddy s'achève avec puissance et cohérence sur une scène finale d’une foudroyante beauté noire. C’est une manie chez Dr.House : les épisodes les plus exécrables se terminent souvent en beauté, comme un réflexe salvateur. Par un curieux effet miroir, nous sommes comme House tellement préoccupés par Cuddy que Ryan ne suscite aucunement notre intérêt. Que ce soit House qui trouve une partie de la solution montre toutefois que l’épisode n’est même pas allé jusqu’au bout de son postulat visant à séparer les deux intrigues. L’équipe livrée à elle-même tâtonne pesamment dans des diagnostics ratés, secs, sans saveur Housienne ajoutée. La figure de l’ado modèle loin de l’être est taillée à la hache (drogues, bombes), avec parents largués clichetonneux et sujet caricatural. Le dilemme de Taub (dois-je prévenir la police qu'il y a un « ado à risque » ou laisser le bénéfice du doute ?) est à peine présenté qu’on en arrive à la décision sans débat intermédiaire. Un nœud narratif mort-né. Le twist final aussi ironique que moral, et le faux happy end sont bons ; mais à ce moment-là, l’épisode a coulé depuis longtemps. Cuddy fait quatre cauchemars, House, un. Ces cinq bouffées de délire entachent la teneur dramatique de l’ensemble. Les deux premiers délires sont réussis, le premier est un fidèle pastiche de Mon oncle Charlie, pour le coup plus réussi que celle de Cheers dans Scrubs. Le cauchemar de House qui dégomme des morts-vivants au kilomètre (hache, fusil, laser…) fait penser à une version de Resident evil sous acides jouissive. On sera moins enthousiaste au pastiche pas drôle de Butch Cassidy et le Kid, puis de la sitcom Leave it to Beaver. Le dernier rêve, pastiche trop long de comédie musicale, sombre dans une vulgarité nanarde. House et Cuddy ont certes de belles voix, mais ce spectacle psychédélique filmé par un Greg Yaitanes défoncé est absolument irregardable : la débauche d’effets spéciaux et de décors est vd’une rare laideur, et la chorégraphie simiesque. On remarque que sur les trois grandes séries médicales des années 2000 (Urgences mise à part), les "sérieuses" : Grey's anatomy et House MD, ont manqué leur épisode musical, alors que la parodique Scrubs a totalement réussi. Il ne faut jurer de rien dans le monde des séries. Chaque rêve a un message psychologique : le cauchemar de House voyant Cuddy dévorée vivante symbolise sa peur qu’elle meure ; le rêve en Noir et Blanc, trop beau pour être vrai, symbolise les chimères de Cuddy qui comprend que House ne sera jamais comme elle le souhaiterait ; le western symbolise l’abandon de House ; tandis que Get Happy est une chanson sur la Mort en tant que délivrance, ce qui se passe de commentaires. Conclusion de tous les rêves : House est lâche devant la douleur physique ou émotionnelle, et ne peut accompagner Cuddy. Malheureusement, les rêves forment un contraste décalé qui se marie mal au contexte. Le cas de Cuddy marche par à-coups : il ne se passe rien, puis rebondissement, puis rien, puis rebondissement, puis rien, etc. C'est assez paresseux comme écriture. Cuddy attend vainement que House aille la voir, ce qui donne des scènes assez creuses : lenteur qui confine à la torpeur languide, émotion qui ne marche pas, suspense aux abonnés absents… Le motif si "léger" en apparence de la dislocation du Huddy a été moqué par certains fans : ce n’est en réalité que la goutte d’eau faisant déborder un vase que House a rempli de sa peur de souffrir, de son ego, de son refus des côtés négatifs inhérents à chaque vie de couple. Cuddy de son côté, paye le prix d'avoir espéré changer House de manière plus humaine et chaleureuse sans toucher à sa personnalité hors norme. La rédemption de House ne passera pas par elle. La coda apporte une vraie émotion : Lisa Edelstein en bourreau victime nous donne à voir tout le déchirement de Cuddy à la onzième heure. Hugh Laurie, dont on a l’impression qu’il reçoit le ciel sur la tête, fait une composition surpuissante. Le sursis de House est désormais terminé. Le plan final, épanadiplose cruelle du finale de la saison 6, mais sans Cuddy salvatrice, voit House sombrer à nouveau. Un final noir, qui finit avec un sens de la tragédie consommé le navet certifié de la saison. Le deuxième fil rouge de la saison : House tentant de surmonter l'ordalie, peut commencer, et se révélera original, intense, et même spectaculaire. - Cuddy obtient finalement une maladie : Un cancer bénin. Le cas du patient est pour une fois moins important. - House et Cuddy rompent (enfin, c'est surtout Cuddy). - L’épisode commence par un générique à froid. Le nom d’Olivia Wilde, encore absente, peut ainsi être retiré des « crédits » d’ouverture. - Taub est fan de Dr.Who première série. Les fans de Buffy regretteront qu'il ait raté le passage d'Andrew à Princeton-Plainsboro en saison 2. - Un mois s’est écoulé entre Family practice et cet épisode. - Chase lit que Tom Cruise s’est marié dans le magazine que Cuddy feuilletait. L’épisode se déroule en 2011, or Tom Cruise s’est marié avec Katie Holmes en 2006, le magazine date donc d’il y’a cinq ans. On comprend le regard entendu que s’échangent Chase et Cuddy : l’hôpital doit avoir quelques retards de livraison ! - On entend un cri Wilhelm quand House désintègre le zombie Taub. - Pour pouvoir mieux dormir, Cuddy prend du Zelpodem. Il est indiqué que la dose qu’elle prend en contient 200 mg… alors qu’une dose standard du médicament ne dépasse pas les 10 mg. - La chanson Get happy interprétée par Hugh Laurie et Lisa Edelstein a été composée par Harold Arlen et Ted Koehler. Elle est surtout connue dans la version chantée à Ella Fitzgerald que l'on ne peut que vivement conseiller, surtout après ce que vient d'en faire l'épisode ! Acteurs : Brett DelBuono (1992) joue dès son plus jeune âge sur les deux écrans. Il est surtout connu pour avoir joué Ben Banks, un des rôles principaux de la courte série The Cleaner (17 épisodes) et Dylan de Miss Behave (22 épisodes). On l’a vu par ailleurs dans NCIS : Los Angeles, Les Experts : Miami, Private practice, Weeds, Mad Men, etc. Emily Hahn (2000) commence sa carrière dans le doublage de films d’animation et de jeux vidéo, et d’apparitions dans quelques courts métrages et séries comme Hawthorne infirmière en chef, Brothers & sisters, Falling skies, etc. 16. PASSER LE CAP Scénario : Lawrence Kaplow et Thomas L. Moran Let's make damn sure we don't damage his toes while we blow up his heart. Largué par Cuddy, House enchaîne call-girls et Vicodin, mais semble étonnement lucide, compétent… et pas du tout malheureux. Il supervise à distance le cas de Lane, la trentaine, champion de rodéo qui a eu une paralysie temporaire peu après son passage. Taub se moque de Masters, qui semble avoir le béguin pour Lane… Out of the chute a l’excellent mérite de surprendre le spectateur en évitant la répétition. Les précédentes ruptures de House (Stacy et Lydia) l’avaient déprimé, mais ici il semble se porter comme un charme. Alors, comment se sent-il réellement intérieurement ? Thomas L. Moran et Lawrence Kaplow alternent passages de pure euphorie et moments plus dramatiques, curseur cependant axé sur les premiers. La chute (aux deux sens du terme !) finale, intelligente, révèle la capacité des scénaristes à jouer avec toujours autant de maîtrise sur le terrain psychologique. On retrouve les échanges psy House-Wilson, et le cas médical a un certain intérêt, ce qu’on avait pas vu depuis longtemps. La saison démarre sa seconde partie sur des bases fermes. Le nombre dément de plaques métalliques insérés dans le corps de Lane, habitué des accidents, oblige les docteurs à faire des opérations très agressives : scène de l’IRM où il cuit littéralement sous nos yeux, « découpage » de crâne bien gore, opération à cœur ouvert bien sanguinolente et bien longue... le cas est d’autant plus intéressant que le patient est philosophe et solide : il contraste avec les victimes impuissantes des derniers cas, et subit sans peur ses multiples rendez-vous avec la mort. Il se montre surtout d’un optimisme surprenant. Quand il apprend qu’il ne pourra plus exercer sa passion, il refuse de s’apitoyer et se dit qu’il trouvera une autre passion. Une ode à la foi et au dépassement de soi réconfortante, qu'on retrouvera dans Changes, le chef-d'oeuvre de la saison. L’attirance de Masters donne quelques scènes comiques, notamment celle où elle justifie son attirance par son cortex préfrontal devant un Taub sarcastique, ou demande carrément au patient de sortir avec elle… avant de prendre la fuite ! Contrairement aux gros sabots de l’amourette ridicule de Cameron dans Être ou paraître (saison 2), c’est joyeusement léger. En homme ébranlé mais qui tient tête, Chad Faust est excellent. Amber Tamblyn, en femme tentant de réprimer ses élans sexuels, est assez fondante aussi. La force d’âme de Lane touche House, lui aussi est confronté à un problème analogue : la destruction de sa « passion » amoureuse : comment trouver une autre "passion" ? Nous l'avions quitté en loques, seul, Vicodin en main. Le voilà maintenant à l’hôtel, souriant, joyeux, festif, et pas shooté. Un burlesque comique de répétition le voit avec une prostituée différente toutes les cinq minutes (le directeur de casting s’est visiblement lâché !). Chaque scène avec ces femmes est une pépite comique, toujours différente de la précédente. House explose sa carte de crédit également en petits-déjeuners luxueux, massages… et fait même en profiter Wilson. Preuve si besoin est que House lui montre son affection de manière plus directe, loin de ses aides « tordues » précédentes. Cette poursuite à tout prix des plaisirs des sens ne masque pas des moments plus graves comme les toujours pertinentes explications de texte de Wilson, ou House seul au comptoir du bar. Mais dire que ses dehors « funs » sont un paravent à son cœur meurtri n’est pas exact, car House gère le cas sans difficulté. Et lorsqu’il affronte Cuddy, il a l’avantage en revenant à la figure type de l’employé subversif. Ainsi, un malaise saisit le spectateur, qui ne sait pas ce que pense son héros qui ne se comporte pas "normalement". A la différence de Cuddy, encore enchaînée à sa prison de larmes. Ces virages joie/drame sont très bien entrelacés, et culminent dans un des plus sinistres happy end de la série : House ne s’est jamais senti aussi bien, mais on comprend qu’il a en fait enterré et non dépassé la souffrance de son cœur. Il croit qu’il va surmonter son chagrin non en le combattant, mais en l’oubliant. La phase « plaisirs et putes à gogo » était la première partie de son plan. Ironie maximale : House a quitté le « sursis » de l’intermède Cuddy pour en tomber dans un autre : celui de la négation de la douleur. House dans les épisodes suivants va trouver de nouveaux expédients pour servir son plan, mais doute-t-on encore une fois de son échec ? Tous ses sentiments négatifs bouillonnent en lui, et attendent d’exploser au bon moment. Un brillant épisode psychologique. Infos supplémentaires : - House s'absente de l'hôpital pour la deuxième fois au cours de la saison. - Martha tombe amoureuse d'un patient pour la seule et unique fois. - Références à Forrest Gump et Superman vers la fin quand House saute de la rambarde. - La soundtrack de l’épisode est constituée de This night de Black Lab, My body is a cage de Peter Gabriel, et Take the long road and walk it par The Music. Acteurs : Chad Faust (1980) joue dans des courts-métrages et dans des séries télévisées. Il est surtout connu pour avoir été Kyle Baldwin dans 33 épisodes de la série Les 4400. On l’a vu notamment dans Smallville, Les Experts, Les Experts : Miami (2 épisodes), Les Experts : Manhattan, Heroes (2 épisodes), Cold Case, etc. 17. STUPEUR ET CONSTERNATION Scénario : John C. Kelley - I'm not a criminal. - Awesome. What color is my underwear ? Un SDF de 23 ans a un odorat détérioré. A l’hôpital, l’équipe se rend compte qu’il ment à chaque question qu’ils lui posent, pour préserver un secret qu’il ne veut dire à personne. House, accompagné d’une ravissante slave à Princeton-Plainsboro, lâche une bombe : il va… se marier !!! Les scénaristes ne chôment pas. A peine une bombe lâchée (Cuddy quitte House), voilà qu’ils en font exploser une seconde, et celle-là pas piquée des hannetons : le mariage (blanc) de House !! John C. Kelley, décidément le plus prometteur des nouveaux auteurs de la série, s’amuse comme un gosse à imaginer House et Dominika, l’heureuse élue, en train de faire les 400 coups pendant les diagnostics différentiels. Le charme polonais et souriant de Karolina Wydra - à l’accent pittoresque - donne beaucoup de fantaisie à ce personnage délicieux. Au-delà de cette petite folie douce, le cas médical est très intéressant à regarder, avec un patient mystérieux dont la relation avec Masters permet des échanges chaleureux loin du pessimisme habituel de la série. Mais le twist final hurle d’un rire méchant dans les dernières secondes, et fracasse à la dynamite le happy end, laissant le spectateur choqué. Le cas retrouve une partie du souffle dramatique des premiers épisodes de la saison : échanges médicaux vifs, réalisation nerveuse (Tucker Gates est sans doute un des réalisateurs de TV les plus doués qui soit), diagnostics frais et décalés avec les multiples délires Housiens. Chris Marquette donne une interprétation énigmatique et introspective de son personnage, semant tous ses mensonges alors qu’on lui donnerait le bon Dieu sans confession. Ses retrouvailles avec Amber Tamblyn, sa partenaire du Monde de Joan, donnent une saveur particulière pour les amateurs de cette dernière série, qui mériterait plus de publicité en France. Leurs échanges tout en mansuétude équilibrent la balance plus dramatique de la dégradation du patient. Leurs dialogues sur la question d’une seconde chance offerte par le destin (ou par Dieu) interpellent directement le spectateur, car c’est un sujet universel : la thèse de Kelley est que tout événement se produit pour une chose précise, et que quiconque traverse une ordalie douloureuse doit comprendre qu’il s’agit d’une occasion de s’améliorer - ce que faisait d'ailleurs le patient de l'épisode précédent. Sauf que cette morale, ce n’est pas lui qui en fera l’expérience mais bien Masters, qui finit KO debout en recevant le twist final, conséquence d’une règle hélas bien plus Housienne : Everybody lies ! Un cas de très bonne main. House va se marier avec une sans-papiers pour lui donner une carte verte (équivalent du passeport aux USA) ; en échange, elle s’occupera 4 fois par semaine de la maison de son « mari », qui compte ainsi économiser de coquettes sommes ! Pas d’exploitation de la misère : Dominika « aime bien » House, qui lui laisse toute sa liberté. En défendant le mariage blanc, la série va à l’encontre du politiquement correct, mais ce n’est pas une nouveauté. L’exubérance de la belle Dominika est si communicative que même la team se laisse aller entre deux massages prodigués par la belle. Nos deux amis transforment la chapelle de l’hôpital en salle de réception, font une bataille d’hélicoptères, jouent au ping-pong avec Chase et Foreman, se moquent de Cuddy sans qu'elle le réalise... On retient aussi Wilson qui croit (comme nous) surprendre House recevant une fellation de Dominika. On a parfois l’esprit mal tourné, hein ? Cette nouvelle explosive ne semble pas atteindre Cuddy. Mais en fait, elle souffre de sa culpabilité. Elle est celle qui a rompu, donc pour se "racheter", son inconscient accepte toutes les folies de House. Dans son orgueil, elle refuse naturellement de l’admettre. Cette source grave donne selon la recette de la série des scènes assez foldingues, typiques de John C. Kelley : extorsion d’une télé écran plat, ballade en trottinette électrique de 3m, et surtout diagnostic différentiel dans un monster truck avec sono métal à fond les enceintes. En fait House profite de la faiblesse de Cuddy, or il n’a jamais exploité la faiblesse de quelqu’un, comme le lui rappelle Wilson. La raison est évidente : House n’est pas guéri de sa rupture - ce qu'il nie - et veut faire souffrir la cause de ses malheurs. Il faudra que Wilson (toujours superbe Robert Sean Leonard) remonte les bretelles de Cuddy pour qu’elle se reprenne. Cela ne l’empêche pas de craquer pendant le mariage de House. Tous ses moments sont très humoristiques, mais leur origine est un déchirement sentimental affectant les valeurs morales mêmes des personnages. La formule de la dramedy continue de marcher.
Même si ce mariage n’est qu’une farce, Dominika n’est pas insensible au charme de House et propose de « consommer » leur union. Mais House la repousse via une pirouette assez fielleuse, lui qui n’a jamais dit non à des relations sexuelles ! Qu’en conclure ? Que House, non guéri de Cuddy, ne se sent pas prêt à partager le lit d’une autre femme avec qui il a une relation non dirigée par l’argent ? Ou bien, parce qu’il renforcerait ainsi son lien avec elle, et qu’il ne veut pas la faire souffrir, comme il le fait avec toutes ses compagnes ? Peut-être les deux. Dans tous les cas, il le fait par noblesse d’âme, mais cela nous vaut à Dominika de quitter provisoirement la série sur un visage déçu et triste. La complicité entre Hugh Laurie et Karolina Wydra est manifeste, et rend crédible cette histoire qui ne devrait pas l’être. Un bien bel épisode. Infos supplémentaires : - Premier épisode avec Dominika Petrova, jouée par Karolina Wydra. L’épouse de Gregory House jouera dans en tout six épisodes de la série, y compris le final Tout le monde meurt (saison 8). On ne la reverra toutefois pas avant le milieu de la saison 8. - Taub a une passion pour le hockey qui sera confirmée dans la saison 8. - Chris Marquette et Amber Tamblyn avaient déjà travaillé ensemble en tant qu’acteurs principaux de la série Joan of Arcadia. Marquette jouait d’ailleurs le petit ami de Tamblyn. - House mentionne les Champs Elysées. - Masters n’a jamais vu le film La folle journée de Forrest Bueller, film populaire en Amérique. En VF, la référence devient Forrest Gump, film plus connu en France. House cite une phrase de Lex Luthor de Superman II : North, miss Tesmacher ! - Erreurs médicales : House laisse Danny manger des produits laitiers et de la viande ; sa maladie de Refsum devrait alors empirer car elle n’est pas liée aux végétals comme le prétend House. House dit également que l’ataxie cérébelleuse est un symptôme de la maladie de Parkinson ; en fait ce n’est pas le cas. Autres erreurs : House prétend donner une punition à sa team en utilisant le terme negative reinforcement. Ce terme ne désigne pas une punition à proprement parler mais simplement la suspension d’une récompense. Sinon, la moustache de Danny est de toute évidence factice. - Quand House se dirige vers Cuddy en trottinette, il siffle (en VF) le 1er mouvement de la 40e symphonie de Mozart, une habitude que prend Féodor Atkine dans la série. Acteurs : Karolina Wydra (1981) commence par le mannequinat, et fait une apparition dans une des publicités Nespresso (avec Georges Clooney). Depuis, elle joue dans plusieurs films notables (Soyez sympas rembobinez, Crazy stupid love…) et dans des séries télévisées : New York section criminelle, Justified (5 épisodes), Scorpion, etc. Son rôle dans la série reste toutefois son plus connu, avec celui de Violet dans True blood (14 épisodes). Chris Marquette (1984) a d’abord été un enfant mannequin, avant de se tourner précocement vers la comédie. Il est surtout connu pour avoir été Adam Rove, un des personnages principaux de la série Le Monde de Joan (44 épisodes) aux côtés d'Amber Tamblyn. Il fut aussi le personnage récurrent de Marc Delgado dans 31 épisodes de la série La vie avant tout. Mais il a aussi participé à Saturday night live, Beverly Hills, New York police judiciaire, Une nounou d’enfer, 7 à la maison, Urgences, Boston Public, Weeds (2 épisodes), Esprits criminels, Hawaï 5-0, etc. Depuis 2005, il se tourne de plus en plus vers le cinéma. Scénario : David Hoselton et Sara Hess One day, I will be sick. And there will be no one there when it's time. I didn't... expect compassion from you. I would've taken commisseration. Hell, I would've taken revulsion. Any... emotional engagement at all. But you didn't. It's no wonder Cuddy broke up with you ! Brian, 36 ans, a de fréquents saignements. L’équipe doit s’occuper toute seule du cas et fouiller son appartement, véritable capharnaüm babylonien. En effet, House est allé accueillir Numéro 13 qui vient de sortir de six mois de prison. 13 refuse de lui dire quel a été son crime, mais accepte de l’accompagner à un concours de lance-patates, où il pourrait bénéficier de ses connaissances en balistique. Foreman se demande quel raison a pu pousser Taub à abandonner un rendez-vous avec une jeunette de 22 ans… Le retour tant attendu de Numéro 13 ne tient pas ses promesses. Si Olivia Wilde n’a rien perdu de son mordant acide, Sara Hess et David Hoselton limitent sa réapparition à une énigme de plus à démêler. Le road-movie House-13 est bien terne : pas de rencontres, de répliques, ou de rebondissements marquants ; que des tentatives de House de percer le secret de la jeune femme, un jeu de devinettes qui n’a rien d’excitant. On est loin de Birthmarks (saison 5). Quand l’émotion s’en mêle, l’épisode trouve sa raison d’être, mais c’est seulement en fin de parcours. Le cas est transparent, surtout constitué d'investigations répétées de l’équipe dans la maison du patient ; autant dire qu’on s’ennuie ferme. Mais le pire réside dans le retour de Rachel Taub, qui avait pourtant eu une belle sortie. Son retour paralyse le renouvellement du personnage de son mari. Symptômes-fouille chez le patient-nouveaux symptômes-nouvelle fouille-nouveaux symptômes, etc. Voilà le schéma simpliste du cas du jour. La partie « fouille », trop allongée, et pas rehaussée par les habituelles déclarations ironiques des médecins, annihile tout suspense. Ce qui reste se résume à des diagnostics lancés au petit bonheur et des patients à peine esquissés. Heureusement, Terry Maratos a assez de métier pour défendre son personnage, et Kimberlee Peterson sait bien pleurer. Le twist final contribue à rendre Brian et Nina plus attachants. Le happy end sous-entendu est joliment réconfortant. Comment un homme à l’opposé des canons de beauté comme Taub peut-il avoir le « knack » avec les nanas ? On aurait volontiers assisté à un cours de séduction délivré par l’intéressé au lieu de la ressortie du placard de Rachel Taub. Le coup des ex qui recouchent ensemble est si cliché qu’on est atterré par les propos de Rachel dépeignant leur relation comme « hors norme ». La série, très pointilleuse sur le réalisme des sentiments humains, voulait certainement rappeler que la fin d’une histoire d’amour n’est pas synonyme de la fin des sentiments (et du désir), mais on en avait déjà eu un bel exemple dans Larger than life. Celui de The dig est aussi trivial que décevant. Passée la joie de revoir Numéro 13, on déchante vite. Ce qui fait le plus mal est l’absence totale d’alchimie entre elle et House. Les jeux froids des acteurs sont excellents individuellement, mais mis ensemble, leurs scènes perdent toute sève. Si le Dr.Hadley est toujours aussi directe et rentre-dedans, il ne se passe rien durant leurs échanges qui se résument à House essayant de deviner le secret. Cependant, la confrontation entre House et son rival Harold est une hilarante parodie de Western : répliques « testostéronées », cadrages à la Leone, poses hiératiques, et… coup de feu ! L’épisode atteint enfin son objectif quand nous apprenons le crime de 13. En un éclair, elle brise son masque et pleure à chaudes larmes, traumatisée par son acte passé qui la hantera jusqu’à la fin de ses jours. Le sujet qu’il implique confirme le positionnement progressiste de la série sur un thème controversé : l’euthanasie, d’une manière plus claire que le brouillon d’Informed consent (saison 3). Les auteurs sont casuistes : il y’a une différence entre un acte et la raison de cet acte, aussi monstrueux qu’un « meurtre », commis ici pour soulager les souffrances de quelqu’un. Le peur de 13 de mourir dans d’atroces souffrances ET seule a été le moteur de son acte. C’est bouleversant. House semble avoir régressé car il ne fait strictement rien pour la soutenir, ce qui la blesse encore davantage. En réalité, il ne veut pas réagir car ses derniers temps, tout ce qu’il a fait pour montrer son affection s’est transformé en désastre (Cuddy). Aussi, la scène finale est bien plus que la main tendue d’un ami, c’est l’audace d’un homme à continuer à vouloir aider son prochain en dépit de ses tragiques maladresses. Un épisode décevant, mais un final merveilleux. Infos supplémentaires : - Retour de Numéro 13 (Olivia Wilde) qui écopa de six mois de prison ferme pour avoir euthanasié son frère souffrant de la même maladie qu'elle. - Cent cinquantième épisode de la série. - Deuxième et dernier épisode des sept premières saisons sans Lisa Edelstein. Troisième et dernier épisode de la série sans Robert Sean Leonard. Troisième épisode avec House absent de l'hôpital pour cette saison. Premier épisode avec Zena Grey (Ruby), qui joue la petite amie de Taub pendant cinq épisodes. - House déteste le chili con carne, mais adore les lance-patates. - A 16 ans, Numéro 13 arriva 4e de la Foire scientifique de West Virginia pour son projet sur la combustion propre. - Foreman fait de la gymnastique à 20h certains jours. - Quand House et Numéro 13 sont dans la voiture, ils sont sensés être au New Jersey, mais les marques d’autoroute visibles n’existent pas dans cet état. - House surnomme Masters « Harriet the spy ». Il s’agit d’un clin d’œil au personnage de Michelle Trachtenberg (d’ailleurs patiente de House dans Protection reprochée, saison 2) dans le film du même nom. Amber Tamblyn joua le rôle de Janice, la meilleure amie du rôle le plus connu de Michelle Trachtenberg : Dawn Summers de Buffy contre les vampires. Acteurs : Terry Maratos joue aussi bien dans des courts-métrages que dans des séries télé. On peut citer Sex and the city, Urgences (2 épisodes), Skins (6 épisodes), FBI portés disparus, Jericho, Dexter, Les Experts : Miami, The Bridge, Homeland, etc. Kimberlee Peterson (1980) commence la comédie très jeune. Elle est majoritairement guest star dans des séries comme Profiler, Alerte à Malibu, Les feux de l’amour (3 épisodes), The practice, NYPD Blue, A la maison blanche (3 épisodes), Boston Public (3 épisodes), Les Experts, NCIS, Charmed, Esprits criminels, etc. Son rôle dans cet épisode est son dernier référencé. Zena Grey (1988) est une actrice de cinéma indépendant. Elle joue parfois à le télévision : New York police judiciaire, New York unité spéciale… 19. ENFREINDRE LES RÈGLES Scénario : David Foster et Liz Friedman Dernière semaine universitaire pour Martha M. Masters, et un dilemme : doit-elle faire son internat dans une équipe de chirurgie comme elle l’avait prévu, ou bien le faire dans l’équipe de House qui lui propose une place ? Le cas de Kendall Pearson, jeune navigatrice de 16 ans qui s’est évanouie quelques jours avant une grande course à la voile, va l’orienter dans son choix… Clap de fin pour Masters. Pour marquer l’événement, David Foster et Liz Friedman ont la riche idée d’écrire l’épisode de son point de vue, comme Wilson dans Wilson, et Cuddy dans 5 to 9. Il est par ailleurs original de centrer un épisode sur un personnage secondaire quand il s'agit de son dernier ! Le résultat est à la hauteur, car le dilemme de Masters se couple à un cas qui la pousse dans ses ultimes retranchements. L’interprétation habitée d’Amber Tamblyn achève de donner une fantastique sortie au personnage. Toutefois, le cas médical en lui-même passe à l’as, et la situation critique paraît trop exagérée. On sent qu’elle n’est que le prétexte à tourmenter Masters. Le pari débile de House et Wilson est amusant mais détonne quelque peu. Plusieurs fois, l’idéal de Masters s’est retrouvé confronté au cynisme de House & Cie : son approche de la médecine est faite d’une pleine confiance envers ses patients, prohibant mensonges et actes amoraux. Filmé du point de vue de Masters, l’épisode nous fait voir les personnages tels qu’elle les voit : directrice lointaine, collègues sans épaisseur, chef plus ou moins tyrannique, ce qui change du regard habituel de la série. La mise en abyme fonctionne, car le fan, habitué aux comportements hors normes de ses personnages, se rappelle à cette occasion que la magie de la fiction rend sympathique des personnages auquel il aurait peu de chances de vouloir se lier en réalité. Dans une scène révélatrice, House réprimande Masters de ne pas avoir triché sur son compte-rendu étudiant comme il le lui demandait : House respecte les valeurs de chacun mais veut que dans SON service, on les laisse de côté si elles ne permettent pas d'atteindre un but. Masters ne peut l’accepter, mais lorsqu’elle quitte l’équipe pour revenir dans l’équipe de chirurgie, mademoiselle la surdouée s’emmerde, et comprend qu’elle s’épanouirait mieux chez House. Un vrai dilemme. Contrairement à House et à la team, Masters attache autant d’importance aux patients qu’à l’énigme médicale ; ce faisant, elle laisse l’affection qu’elle a pour Kendall (Michelle DeFraites rayonne de volonté joyeuse) atteindre son intellect. Ainsi, subit-elle un second dilemme, bien plus insoutenable que le premier, quand Kendall refuse de se faire amputer de son bras pour participer à la course, quitte à ce que cela la tue en pleine compétition. Que Kendall parvienne à convaincre sa mère est gros à avaler (elle accepte donc que sa fille aille droit à la mort), et l’excuse de la menace d’émancipation est un moyen scénaristique plutôt désespéré. Cela amène non sans mal la situation : Masters a la vie de Kendall entre ses mains, et si elle peut la sauver, ce sera au prix de sa conscience : elle devra agir alla House qui ici ne veut pas intervenir, fidèle à son credo de résoudre des énigmes, non de guérir des patients : une fois diagnostiqués, il se moque de voir s’ils prendront leur traitement (comme dans A la vie à la mort, saison 2). Cela semble être une rétrogradation du personnage qui s'était montré plus humain ces deux dernières saisons, mais qu'on peut expliquer par son état actuel (il cache une douleur trop grande en lui). Masters va donc violer une dizaine de règles médicales et finit au bout du rouleau. Honnête envers elle-même, elle comprend qu’elle n’a pas la force morale d’intégrer une équipe où elle doit renier tout ce en quoi elle croit. Là où Cameron est devenue une doctoresse froide subissant l’influence de son patron, Masters reste elle-même. La série rappelle à l'occasion qu’elle a été et restera une alternative crédible à son antihéros. Ses adieux sont tout à fait justifiés, et sa tirade finale est supérieurement écrite. Quelques moments d’humour parsèment cet épisode : Masters se réveille tous les jours à 4h30 du matin selon la méthode Pythagoricienne : elle ne se lève pas tant qu’elle n’a pas récité par cœur les leçons apprises la veille. Sa garde-robe, que sa colocataire avec un très doux euphémisme nomme « une conception particulière de la mode », est une des moins glamours de l’histoire des séries télé. C’est évidemment le personnage, mais c’est quand même assez extrême ! Il y’a bien sûr le jeu complètement idiot de House et Wilson qui cachent des poules dans l’hôpital : le premier qui se fait prendre paye 20$ ! On a déjà eu des paris plus ou moins givrés dans la série, mais là, on atteint certainement un pic : Wilson s’échappant par la fenêtre du bureau de House, House qui dresse un chien pour boulotter une poule, les fausses traces de pattes sortant du bureau de Wilson… on hésite entre consternation devant un pari aussi ras des pâquerettes et franche rigolade devant ces scènes d’une stupidité assumée. Dans l’ensemble, un bon épisode, qui n’est pas le chef-d’œuvre attendu, mais où Masters sort la tête haute. Infos supplémentaires : - Martha M. Masters (Amber Tamblyn) est le personnage principal de cet épisode. Elle quitte l'hôpital à la fin de cet épisode après 14 apparitions dans la saison. Elle fera cependant un bref caméo dans le final de la série Tout le monde meurt (saison 8 ). - Martha et Numéro 13 se croisent pour la première fois. - Au début de l’épisode, Masters examine le bras gauche d’un patient après avoir examiné le droit. Pendant la conversation qui suit, le bras qu’elle examine est pourtant le droit. - House cite Charlie et la chocolaterie de Roald Dahl en disant « Turn blue magical gum ! » Il cite aussi le film Jerry Maguire de Cameron Crowe « You had me at 'I had to pee'. » Acteurs : Michelle DeFraites a commencé très tôt la danse et le théâtre. Elle commence à apparaître sur le petit écran dans des séries télé : Hannah Montana, Glee, Bones, Rizzoli & Isles, etc. Elle a entamé en 2014 une carrière cinématographique. 20. LA MÉCANIQUE DE L'ESPOIR Scénario : Eli Attie, d'après une histoire d'Eli Attie et Seth Hoffman - Yeah, and I want three parking spots, next to each other, so I can park diagonally. And three pairs of your underwear. I'm thinking of taking up sailing. Cyrus Harry a gagné à la loterie. Accompagné de son frère, il utilise cet argent afin de retrouver Jennifer, un amour de jeunesse. Mais il s’écroule pendant son périple, alors qu'il se trouve à Princeton-Plainsboro. Jennifer arrive le lendemain, après avoir lu son nom dans les journaux, mais Numéro 13 se demande si elle est sincère ou si elle est plus intéressée par sa fortune. Arlene poursuit House et Cuddy pour « mauvais traitements » durant sa maladie, et Chase parie que Foreman n’arrivera pas à tenir un diagnostic différentiel sans se mettre en colère… Le meilleur épisode de la saison. La perfection du scénario d’Eli Attie (en collaboration avec Seth Hoffman) en est presque aveuglante : le cas est captivant à suivre, renforcé par le suspense sur les véritables sentiments de Jennifer. Le twist final frappe avec une violence terrible, mais pour une fois, l’espoir luit après la Berezina, achevant avec cohérence et émotion le portrait du patient du jour. Le tout confirme néanmoins le pessimisme de la série sur la nature humaine. Le trio House-Cuddy-Arlene nous fait du Sun Tzu avec des manipulations psychologiques continuelles à rendre fou. Et même la petite intrigue Chase-Foreman est sympathique à suivre. L’épisode est dynamisé par une luxuriance de dialogues chocs à effet impressionnant. Cyrus est dominé par l’espérance. C’est en croyant à une suite de chiffres pendant dix ans qu’il a gagné le gros lot, et c’est animé d’une espérance similaire qu’il part à la recherche d’un ancien amour. C’est un « pur » dans la mesure où l’argent ne le corrompt pas, car il est déjà heureux de la vie qu’il mène. Il évite d’être trop lisse en étant conscient que les gens aiment maintenant davantage son portefeuille que lui-même, et avoue ne pas connaître les sentiments de Jennifer. Cyrus est ainsi très intéressant, et il fallait un acteur aussi doué que Donal Logue pour afficher un tel quotient sympathie. Megan Follows est ambiguë, laissant le spectateur dans le doute. Le twist final sera horriblement noir, avec un coup de poignard inattendu, mais bien dans le ton de la série. Pourtant, Cyrus brandit au final la lumière de l’espoir. 13 se montre cynique, pensant qu’aucun événement ne peut changer les perceptions que nous avons du bonheur et du malheur. Cyrus ne sera jamais malheureux, car le fait d'espérer le rend toujours heureux, et son espoir est aussi inextinguible que la symphonie de Nielsen. Par analogie, House comprend le comportement de Numéro 13 : elle est si en colère contre sa destinée que dire que de toute façon la vie est injuste, quelque soit notre naissance, est son mécanisme de défense, nécessaire pour qu’elle ne sombre pas dans la haine de la vie. L'épisode nous rappelle ainsi que les croyances qui semblent les plus négatives sont parfois indispensables à la survie spirituelle de quelqu’un, comme le disait déjà Here Kitty (saison 5). Chase asticote Foreman sur son tempérament sanguin. C’est la source d’humour franc de cet épisode, grâce à l’autodérision d’Omar Epps qui « botoxe » son visage pour rester difficilement stoïque. Les diagnostics différentiels avec Foreman branché à un électrocardiogramme sont d’hilarantes conséquences du pari initial, avec House faisant tout pour lui faire perdre son calme. Les deux rebondissements du pari sont bien vaches. Les dialogues fusent à chaque seconde, on rit de bon cœur. Les scénaristes se surpassent à imaginer des manipulations psychologiques qui vont toujours plus loin dans la perversité, mais qui sont par la même occasion un baromètre sur l’état intérieur de House après sa rupture avec Cuddy. C'est d'une habileté sans pareil ! Voici Mama Cuddy pas contente qui met non des bâtons mais des chênes dans les roues de House et Cuddy. Franchement, on admire l’optimisme de Wilson qui croit pouvoir ramener à la raison ces trois têtes brûlées (J.J.Abrams n’aurait pas renié le gag de la télé portative truquée) et y échouant systématiquement. Dès le premier acte, House comprend que Cuddy a fomenté une double manipulation pour le tenir à l'écart. Dès lors House ne va pas cesser de saboter les différentes tentatives de compromis. Sauf que ce comportement ne semble pas cohérent : il est assez intelligent pour savoir qu’en agissant ainsi, il met l’hôpital et sa propre licence de médecin en péril. Alors pourquoi ? Wilson semble trouver la raison - House est toujours en colère contre Cuddy - sauf qu'il se rend compte peu après que sa solution est incomplète. En fait, elle est basée sur la dépendance affective qui vous fait préférer n'importe quelle relation avec la personne aimée, même viciée et toxique, que pas de relation du tout : si notre cerveau logique se révolte, nos toutes-puissantes émotions en ont souvent rien à faire ; une faiblesse humaine magistralement analysée par la série, source d'amitiés et d'amours qui tournent mal. C’est jouissif à voir (dialogues explosifs, tirades expressives), et c’est d’une subtilité démesurée. Nous voyons que le ressentiment de House bouillonne, bouillonne, et on se demande comment cette puissance négative va finir par sortir… Dans l’odieux, Arlène n'hésite pas à chausser ses gros croquenots. Candice Bergen ne va pas dans la finesse, et on adore ça ! Un ultime twist couronne cette histoire brillante. Les plus malins l’auront deviné, mais comment ne pas tout de même applaudir en découvrant le but véritable d’Arlene qui pour l’unique fois de la série, a enfin un acte d’amour envers sa fille, même si sacrément pervers. Le pessimisme de la série atteint des profondeurs insondables : ses personnages n’arrivent à exprimer leurs meilleurs sentiments qu’en étant imbuvables. Malgré le happy end, c’est bien le cynisme qui triomphe encore une fois. Infos supplémentaires : - Un ex petit copain de jeunesse de 13 a rompu avec elle quand il a appris qu’elle sortait avec sa sœur. - Arlene Cuddy (Candice Bergen), mère de Lisa, apparaît pour la dernière fois. - Au rayon références, on retrouve le chiffre 11 de Spinal Tap, et l’uniforme des Starfleet de la série Star Trek. - La chanson de l’épisode est On the line de The Limetree Warehouse . Acteurs : Donal Logue (1966) est un des acteurs les plus populaires aux Etats-Unis. Comédien de théâtre confirmé, il doit beaucoup de sa célébrité au rôle de Sean Finnerty dans la sitcom Parents à tout prix (91 épisodes), du capitaine Kevin Tidwell dans la série Life (21 épisodes), et de Harvey Bullock dans Gotham (22 épisodes). Il a fait honneur de sa présence à X-Files (épisode Compressions), Public Morals, Vikings (12 épisodes chacun), The practice (5 épisodes), Urgences (11 épisodes), Sons of anarchy, New York unité spéciale (7 épisodes chacun), Damages, Felicity, Monk, etc. Acteur complet, il a beaucoup joué au cinéma : Harcèlement, Les quatre filles du Dr.March, le flic de San Francisco, The Patriot, Zodiac, Shark 3D, etc. Megan Follows (1968) est connue pour être la Reine Catherine de la série Reign (44 épisodes). Elle a décroché tôt - entre de nombreuses pièces de théâtre - deux premiers rôles de série : The Baxters, et Matt et Jenny (26 épisodes). Elle a ensuite enchaîné les apparitions dans Au-delà du réel l’aventure continue, Arabesque, New York police judiciaire, Le Fugitif, Urgences, X-Files (épisode Per manum), Les Experts, Les Experts : Miami, Cold Case, Lie to me, Brothers & Sisters, etc. Scénario : Thomas L. Moran et David Shore, d'après une histoire de Thomas L. Moran - Ep... is it dangerous ? - In the wrong hands, very. So in this case... yeah, sort of. Le Dr.Wendy Lee, spécialisée dans la fabrication de bombes, convulse lors d’un essai. A l’hôpital, Ceaser, son collègue et petit ami, prévient les médecins que l’ex de Lee est dangereux. Wilson a gagné un pari contre House sur le résultat d’un match de boxe, mais House est persuadé que Terry, son champion, n’a pas perdu loyalement. Il mène sa petite enquête… David Shore, le créateur/showrunner de la série, supervise tous les scénarios, mais en écrit peu lui-même (il n’avait plus scénarisé depuis le pilote de la saison 6). Il est dommage que pour sa « reprise », il ait décidé de collaborer sur le faible sujet de Thomas L.Moran. House s’exclut de lui-même du cas, et si cela nous vaut une intrigue secondaire amusante, et frivole qu’en apparence, l’intrigue principale ne suscite que l’ennui. La patiente n’a aucune personnalité, et le cas est sans saveur. Notons que l’épisode jette une semence narrative qui germera de manière mémorable dans l’épisode suivant. Wendy est réduite à son plus simple concept scénaristique : c’est une patiente qu’il faut guérir, c’est tout ; Linda Park n’y peut rien. Les deux hommes de sa vie (ex et petit ami) sont au mieux absents, au pire de gros clichés massifs. On suit donc avec un désintérêt poli cette enquête aux faibles rebondissements. Notre équipe est certes intéressante pour elle-même, et nous vaut quelques bons moments : on retient que maintenant qu’ils se connaissent si bien, chacun sait quand l’autre ment, ce qui donne quelques sourires, mais rien de plus. Tout est misé sur le twist final, copie conforme, mais bien moins fort que celui de Clueless (saison 2). Cet épisode pourrait s’appeler, pour paraphraser Berlioz, Terry ou le retour à la vie. Dans ses tentatives de fuite face à son chagrin sentimental, House se fixe sur un pari débile, délaisse tout autre occupation, même sa patiente ! Cela pourrait inquiéter car House a toujours fait des énigmes sa priorité. Mais depuis la saison 6, House a changé intérieurement en devenant plus sensible, et son comportement s'explique par son besoin urgent de retourner à l'être imbuvable qu'il était jadis en se concentrant sur une absurdité au détriment de l’essentiel. Cette tentative de retour arrière rassure paradoxalement Wilson, soulagé de ne plus le voir penser à Cuddy. Elle échouera toutefois du fait que sa frustration rageuse va quand même remonter à la surface. Ainsi, la série ne reniera pas l’évolution du personnage entreprise depuis Mayfield. Une fois ancré ce soubassement dramatique, on rigole allègrement des multiples tentatives de House de démontrer que le match de boxe de son « poulain » était truqué. Terry ne cesse de vitupérer contre le harcèlement du diagnosticien à vouloir le diagnostiquer. Mais au fond, Terry souffre à l’idée de devoir raccrocher les gants. Ainsi, il saisit chaque perche tendue par House (piqûres, ingestion forcée d’eau…) dans l’espoir qu’il trouve une possible maladie qui une fois guérie, lui permettrait de retourner sur le ring. Ce décalage entre actions extérieures et intérieures donne du poids à Terry, auquel Kevin Daniels prête avec bonheur ses traits. Le rebondissement final est d’une ironie machiavélique. Il est à croire que dans cette série, la roue du destin ne veut décidément épargner personne. Cette gravité permanente, même après sept saisons, reste efficace, et même semble prendre de plus en plus de force. On en a une nouvelle démonstration lors de la scène du bar où House, ivre, mais totalement lucide, dénonce le fonds de commerce des barmen, qu’il accuse de profiter de la misère des gens en leur vendant de l’alcool pour qu’ils puissent y noyer leur malheur. Hugh Laurie fait de nouveau une performance du feu de Dieu. Niveau humour, on retient la danse de victoire de Wilson, une des scènes les plus givrées jamais écrites pour le personnage, ainsi que le rot particulièrement spectaculaire de House. House d'ailleurs cache un secret à son entourage (ça vous étonne ?). Dans une parfaite métaphore de l’arroseur arrosé, cela entraîne 13 à entrer par effraction chez House sous l’ordre de Cuddy et Wilson. L’image finale nous glace cependant de terreur et ouvre la voie à l’épisode suivant. Infos supplémentaires : - Le teaser de l’épisode est identique à celui de La tête dans les étoiles (saison 4). - House se découvre des tumeurs à la jambe. - En VO, House dit quelques mots en français : pour éviter Ceaser, il se paye sa tête en disant « Désolé, je parle pas anglais ». - Lorsque Foreman avertit Cuddy des dernières frasques de House, cette dernière, blasée, lui répond Ma nishtana. Puis devant l’air interrogateur de Foreman, ajoute All those years of medical school and you never went to a seder ? Il s’agit d’une référence au Seder de Pessa’h, rituel juif commémorant la fin des années d’esclavage en Égypte. Le Seder fait intervenir des enfants qui posent des questions rituelles dont l’une est Ma nishtana halayla hazeh mikol haleilot ? Soit, comme le traduit Cuddy En quoi cette nuit diffère-t-elle des autres nuits ? Cuddy ironise donc sur le fait qu’elle n’est pas surprise que House soit en train de faire n’importe quoi. Acteurs : Linda Park (1978) est surtout connue pour avoir été Hoshi Sato dans Star Trek : Enterprise (96 épisodes), et Maggie Cheon dans Crash (13 épisodes). Également danseuse de salon émérite (3e à un concours international), elle a également participé à des séries comme Raines (7 épisodes), Women’s Murder club (10 épisodes), Life, New York unité spéciale, Mentalist, NCIS, Castle etc. Elle joue parfois au cinéma (Jurassic Park III, Taken…). Kevin Daniels (1976) a joué dans beaucoup de séries. Il a été Hank, rôle principal de Sirens (23 épisodes). Il fut aussi dans Dingue de toi, New York 911, New York police judiciaire, Buffy contre les vampires (épisode Ça a commencé), JAG, Charmed, Smallville, Brothers & Sisters, Chuck, Castle, Modern family (8 épisodes), Justified, Mentalist, etc. On l’a vu un peu au cinéma (The Island, Piège de feu, Kate et Leopold…). 22. OPÉRATIONS MAISON Scénario : Seth Hoffman, Russel Friend, et Garrett Lerner - The light is red, ye bloody scallywag. - If you don't want Brownbeard to end up with two wooden legs, better get your ma to move this ship, you mangy bilge rat ! Darrien, la quarantaine, a été poignardée par son dealer de drogue. Elle se traîne jusqu’à la porte de Numéro 13, qui a été sa compagne de cellule. Darrien la supplie de la soigner sans l’amener à l’hôpital, de peur que la police la retrouve. Le médicament expérimental que prend House a fait naître des tumeurs à sa jambe. Effrayé à l’idée que les chirurgiens décideraient de l’amputer s’il s’adressait à eux, il décide de retirer les tumeurs lui-même. Taub apprend une nouvelle inattendue... Très aimé des fans en raison de son caractère plus sanglant que l’habitude de la série, After Hours a malgré tout peut-être usurpé sa réputation. Les excellentes idées de départ sont vite abandonnées pour retomber dans des développements quelconques, incohérences en sus. Certaines scènes « choquantes » relèvent davantage de l’épate gratuite que de climax psychologiques. La storyline de Taub est une excroissance soap qui ne contribue pas à illuminer cet épisode. La réalisation de Miguel Sapochnik est en revanche un modèle à suivre, tout comme la performance « fantapoustouflante » de Hugh Laurie. L’épisode nous fait ressentir l'inquiétude urgente d'un cas atypique qui se déroule "à la maison". Amy Landecker compose un personnage très fort, ressentant aussi bien la peur et l’angoisse que l’espoir et l’abnégation. Le cas, généreux en sang et en stress, se dénoue hélas trop rapidement quand Chase se bagarre avec 13, une scène certes surprenante mais qui sonne faux étant donné leurs caractères. On retrouve des sentiers bien balisés une fois à l'hôpital, et le cas perd tout intérêt. Le twist final se veut cruel, mais est incohérent alors que Chase avait trouvé une élégante porte de sortie. Le faux happy end traditionnel apparaît ainsi trop forcé. Mais on retient une exploration du comportement de 13, qui arrive à tenir à distance sa culpabilité d’avoir euthanasié son frère parce qu’elle lui avait donné sa parole qu’elle l’empêcherait de souffrir. Une parole qui lui sert de « mécanisme de défense » ; c'est pour le préserver que, de manière analogue, elle s’est opposée à Chase qui voulait lui faire briser sa parole à Darrien. C’est bien trouvé. Pour échapper à la mort et à une probable amputation, House fait l’opération sur sa jambe sclérosée lui-même, sans anesthésie. Et là, le trio de scénaristes a l’idée culottée de jouer sur le terrain de Nip/tuck : chair sanguinolente, peau ouverte, prélèvement sanglant des tumeurs, sang giclant partout… la scène est d’une violence insoutenable, accentuée par les hurlements de House. Le gore est une carte que la série n’a presque jamais tirée (sauf dans Sans peur et sans douleur en saison 3, et Écorchés vifs en saison 5). L’effet est d’autant plus prodigieux. Hugh Laurie, méconnaissable, est la douleur ayant pris forme humaine. Malheureusement, les auteurs abandonnent eux aussi l’idée, et dès que Cuddy (et Rachel) arrive à la rescousse, toute la tension est supprimée. Les moments d’humour entre Rachel et House ne collent pas dans un scénario qui jouait jusque-là dans le drame sans partage. On se pince quand House déclare qu’il fait confiance à Cuddy pour surveiller l’opération. A-t-il oublié qu’elle avait voulu lui amputer la jambe lorsqu’il a eu son infarctus ? On finit heureusement sur une sublime image Hilson : Wilson porte son ami tout en l’exhortant à faire un grand coup de balai dans sa vie, conseil que House suivra... euh comment dire, à sa manière, dans le final qui va suivre. After hours subit par ailleurs l’impasse des scénaristes sur Taub dont-ils ne savent plus quoi faire. Ainsi, monsieur a engrossé une jolie infirmière, et culpabilise à mort. Chassez le soap, il revient au galop ! On est étonnés que Foreman choisisse comme thérapie un bar à strip-tease, mauvais prétexte destiné uniquement à nous insérer une scène tragi-comique où Taub embête royalement la strip-teaseuse avec ses problèmes. Le talent de Peter Jacobson est intact, la caméra troublée renforce le malaise, mais ce beau travail est au service d’une narration en roue libre. On ne reconnaît pas Taub, ici d’un ridicule achevé. Les auteurs veulent ressortir subtilement sa culpabilité, mais ils copient le procédé de Baggage (saison 6) où l'inconscient de House lui faisait chercher les ennuis pour s'autopunir. De plus, cette version a ici des conséquences catastrophiques : Foreman baisse dans notre estime quand il laisse Taub seul, puis la strip-teaseuse sort un flingue de son sac pour menacer Taub ; du spectaculaire outrancier et vulgaire. On finit sur du Bollywood lorsque Taub accepte que Ruby garde l’enfant après une tirade à l’eau de rose. N’en jetez plus, ça suffit ! L’épisode se passe la nuit, et en dépit que tout se déroule en intérieur, la caméra de Miguel Sapochnik capte cette impression nocturne, cette vibration particulière de cette période du jour. Il la couple avec de nombreux zooms sur des images éprouvantes, sanglantes, pour faire monter un sentiment d’oppression. Au final, un épisode qui a saboté ses meilleures idées, mais qui est sauvé par ses acteurs, Hugh en tête, et la mise en scène prodigieuse de Miguel Sapochnik. Infos supplémentaires : - Pour House, c'est un des rares épisodes où il n'est pas en train de soigner un patient. Wilson le soutient à la fin de l'épisode ; il y’aura un effet miroir en saison 8 où House soutient Wilson. - Chase dit à Numéro 13 que les conséquences de la vérité sont parfois lourdes à porter. Parle-t-il de Dibala ? - House n'a aucun contact avec son équipe dans cet épisode. Wilson n'a que deux scènes et ne parle que dans une seule. - On entend dans l’épisode Flume de Bon Iver, et Victory dance de My Morning Jacket. Acteurs : Amy Landecker (1969) est issue d’une famille renommée (arrière petite-fille d’un prestigieux avocat ayant pris position contre le McCarthysme, et fille d’une légende de la radio). Elle tient le rôle principal de Sarah Pfefferman dans Transparent (9 épisodes). Mais elle a joué le plus souvent en tant que guest star dans des séries télévisées : New York unité spéciale, New York section criminelle (2 épisodes chacun), New York police judiciaire, Médium (épisode Le jeu de la vérité), Louie (4 épisodes), Larry et son nombril, Mad Men, House of lies, Private practice, Revenge (3 épisodes), Vegas, etc. On l’a parfois vue au cinéma (A serious man…).
23. PASSER À AUTRE CHOSE Scénario : Kath Lingenfelter et Peter Blake - Yes. But I think it's more than that. Your life, your choices... - I did it to fix my life. No, wait. No, I did it because I am a deeply unhappy person. No, I did it to get sympathy from you. No, I did it to piss you off. I did it because I'm not over you. Or I was over you and I was moving on. I did it because I wanna know what it's like not to be in pain. Or I did it because I wanna feel more pain. Whatever the reason, it was a bad reason and a bad idea. That's all that matters. Cuddy, en état de choc, déclare à un policier que House doit être retrouvé et jeté en prison. Trois jours plus tôt, il s’est occupé du cas d’Afsoun Hamidi, artiste contemporaine qui s’est évanouie lors d’une performance artistique. Cette femme qui fait de sa vie une œuvre d’art, jusqu’à accepter les risques les plus mortels, fascina House. Pendant ce temps, Taub reçut une autre nouvelle surprenante. Inquiète du comportement de plus en plus autodestructeur de House, Cuddy a demandé qu’ils aient une discussion tous les deux, ignorant quelles en seraient les conséquences… Le final de la saison 7 a suscité beaucoup de controverses en raison de sa dernière scène d’une violence spectaculaire inédite, loin du ton sobre de la série. Pourtant, Kath Lingenfelter et Peter Blake ont bel et bien trouvé une remarquable conclusion à la relation House-Cuddy. Depuis le final de Bombshells, la rage qui a couvé dans le sein de House depuis sa rupture, a commencé à déborder. L’ouragan terminal et la coda - le calme après la tempête - apparaissent donc ici justifiés. Le cas est un des plus déconcertants, avec la patiente la plus « Housienne » de la série. Le peu de crédibilité de la situation pénalise assez longuement le cas, médicalement sous-écrit. Mais il convainc sur le miroir qu’il tend à House de sa propre relation à l’art et autrui. Le cas fait du surplace, et les médecins mêmes ont l’air peu investis. Il règne dans cet épisode comme une impression de fin d’année scolaire (ce que le plan final corroborera étrangement). Les acteurs font le minimum syndical (sauf bien sûr le trio House-Cuddy-Wilson), et les auteurs, une ou deux scènes médicales par ci par là. A retenir toutefois, House mentaliste qui comprend que Foreman va refuser de faire un test qu’il lui demande, ou Taub faisant face à une autre révélation catastrophique pour lui, hilarante pour nous, mais qui achève de le couler dans le soap. La saison suivante risque d’être très difficile pour lui…
Tout tourne autour d’Afsoun et de cette question millénaire : qu’est-ce que l’Art ? A cette question aux réponses infinies, celle d’Afsoun serait : « mise en scène de la vie intérieure et extérieure d’un artiste ». Une façon d'affirmer le si subjectif Je sans renier l'universalité désirée des oeuvres d'art. Dans son cas, l’artiste, immobile et passive, est entourée d’objets, et le public est prié d’interagir avec elle et les objets. L’arroser d’un produit inflammable et y mettre le feu, ça aussi c’est permis ! La mort fait partie de la vie, et à ce titre, a sa place dans son œuvre. Qu’elle se fasse filmer en train d’avoir une opération, cela aussi fait partie de son processus artistique. A l’exception évidemment de House, les médecins pensent qu’elle est folle. Afsoun interpelle House car tout comme lui, elle ne s’épanouit que dans son art, refuse toute attache émotionnelle, et imprime à sa vie un sens artistique. Afsoun prend les plus gros risques, défiant le « bon sens ». Ainsi, elle connaît sa maladie, mais refuse de la dire à House (conséquence d’un twist central qui en sidérera plus d’un !), car cela fait partie de son sentiment artistique. House, pareillement, viole à chaque épisode l’éthique. Afsoun est une artiste qui a atteint son absolu, comme House. Par analogie, Luca, l’assistant et ancien amant d’Afsoun, ne sacrifie pas tout à l’Art, comme la team de House. Mais comme House, l’humanité d’Afsoun n’a pas disparu, et doit faire face à une émotion "faible" lorsque la démission de Luca la plonge dans le désarroi. Elle réalise alors les périls de vouloir être « absolu » dans son art. Nos relations à autrui sont indispensables à notre propre survie mentale : elle a besoin d’autre chose que son art. Dans son cas, l’amour de Luca mais qu’elle a voulu étrangler. C’est ainsi qu’elle le réaccepte, ce qui outre House, furieux qu’elle ne soit pas resté comme lui : serviteur de son art sans émotions. Mais aussi parce que quand House a choisi l’amour (Cuddy), il s’en est mordu les doigts, et il veut la « protéger » - nouvelle démonstration de l'attitude du nouveau House. Pourtant, House ne peut pas vivre sans l’Autre. On l’entrevoit depuis quelque temps, et la série le confirmera encore et encore. Dans ce portrait complexe, Shohreh Aghdashloo irradie. L’épisode a aussi toute sa valeur dans la conclusion du Huddy. Depuis sa rupture, House a enchaîné les comportements irresponsables : prostituées à gogo, mariage blanc, opération « artisanale » de sa jambe... La rupture amoureuse, House ne l’a pas combattue mais laissée dans un coin. Cela l’oblige à nier que tous ses déraillements ont à voir avec sa rupture, quand elles ne sont que des réactions d'autant plus violentes qu'il veut les étouffer. Cela l’oblige aussi à délayer toute tentative d’explication mandée par Cuddy. Ses surdoses de Vicodin « anesthésient » également sa colère. Cela lui vaut une remarque ironique du désespérément lucide Wilson : il veut éviter son autodestruction par… l’autodestruction. Lorsque Cuddy le force à s’expliquer, House fuit par des pirouettes avant de brièvement exploser. C’est le premier pas vers sa libération : il sait qu’il a tout fait foirer, mais il se hait car ses sentiments « faibles » d’homme protestent et veulent accuser Cuddy (c’est elle qui l’a largué !). House n’arrive plus à être le sans-émotions qu’il était, ce qui lui fait mal autant que la rupture elle-même. A ce moment-là, le bouchon est sur le point de sauter. Vient alors la fameuse scène finale... sans doute House savait au fond que Cuddy avait tourné la page, mais le voir en direct est l’étincelle qui met le feu aux poudres. Devant un Wilson stupéfié, House accomplit un acte de violence foudroyant et dévastateur. On ne peut que condamner l’acte, mais il était une catharsis nécessaire pour House, qui se sent maintenant libre. Le happy end radieux est donc un happy end amoral, malaisé. Qui conclut à la perfection cette saison beaucoup plus riche qu’en apparence. Infos supplémentaires : - Clap de fin pour Lisa Edelstein qui apparaît pour la dernière fois dans le rôle de Cuddy. Son personnage est toutefois mentionné dans la huitième saison. L’épisode fut tourné alors que l’actrice pensait encore rester dans la série. C’est après le tournage qu’elle décida de quitter la série. - Cet épisode supplémentaire fut commandé par la FOX au vu du succès de la série. - L’épisode commence par un générique à froid. - Il y’aurait selon Taub beaucoup de Reuben dans sa famille. Il prétend que la marque de sandwiches Reuben (corned-beef, choucroute, emmental, sauce russe) vient en fait de sa famille. - Numéro 13 est fan d’art contemporain. - Cuddy aime bien le film Marley et moi. Selon House, elle se tripoterait en voyant Owen Wilson. Elle a interdit l’alcool à la cafeteria de l’hôpital. Elle possède une brosse en écailles de tortue et soie de sanglier. - L’écran du portable de Rachel quand elle appelle Taub est assez bizarre : pas de signe d’appel, page d’accueil affichée, et une application autorisant des « faux appels » ! - Le personnage d’Afsoun Hamidi est basé sur l'artiste Marina Abramovic. L’œuvre représentée sur la vidéo que visionnent House et son équipe est en fait une œuvre d’Abramovic : Rhythm 0 1974. Acteurs : Shohreh Aghdashloo (1952) est d’origine iranienne. Devenue une star dans son pays, cette magnifique actrice à la voix rauque caractéristique a également conquis Hollywood, étant la première comédienne du Moyen-Orient à avoir été nommée pour un Oscar. Son rôle le plus célèbre est sans doute celui de Dina Araz dans 24 heures chrono (12 épisodes). Familière du cinéma (Le rapport, L’exorcisme d’Emily Rose, X-men l’affrontement final…) , elle a joué dans quelques séries : Matlock, Urgences, Grey’s anatomy, Les Simpson, Flashforward (3 épisodes), New York unité spéciale, NCIS, Grimm (7 épisodes), Bones, Scorpion, etc. James Hiroyuki Liao est à la fois acteur, et enseigne la comédie. Il a joué dans quelques films (Frankenweenie, Star Trek into darkness…), et plusieurs séries dont Unforgettable (39 épisodes), dont le rôle de Jay Lee est à ce jour son plus connu. Il a été aussi dans Bones, New York police judiciaire, New York cour de justice, Les Experts, Les Experts : Miami, The Shield, Prison Break (7 épisodes), 24 heures chrono (3 épisodes), etc.
1. La mécanique de l’espoir : Un des plus beaux portraits de patient, et un éloge de l’espérance en toutes circonstances rendent ce cas très chaleureux. En contrepoint, les personnages nourrissent des relations atteignant une perversité sans bornes, incapables de se comporter autrement que par la manipulation. Équilibre parfait entre optimisme et pessimisme. 2. Egoïste : Le cas médical est un des plus bouleversants de la série, qui discourt brillamment sur la thématique du sacrifice et de la culpabilité associée à la dépendance affective. L'émotion est renforcée par la maturité forcée et douloureuse de ses jeunes protagonistes. La face enténébrée du sentiment amoureux, qui compromet l'individualité des deux personnes du couple à force de compromis(sions), est le thème des premières craquelures du Huddy, qui engage dès ici une pente descendante fatale.
3. Comme dans un livre : Un scénario extrêmement dense qui file à un tempo dionysiaque : chaque instant est un condensé de suspense ou de délire. Amy Irving campe une patiente réjouissante dans l’irascibilité. Un épisode roboratif ! 4. Médecin de famille : Un ouragan de pure fureur avec une danse infernale de complications éthiques et de dilemmes impossibles. Même l’innocente Masters n’est point épargnée. L’intensité dramatique poussée à son paroxysme. Arlene Cuddy régale en patiente imbuvable. 5. Chacun sa croix/Comme à l’école : Impossible de départager deux épisodes vraiment brillants. Le premier discourt brillamment sur les funestes conséquences d’une Foi mal vécue par un étonnant chiasme : scènes graves et puissantes pour défendre l’idée d’une foi religieuse heureuse, sans entraves ; dialogues-mitraillette hilarants pour exprimer un pessimisme foncier envers les relations humaines. Le deuxième a pour lui d'être un épisode décalé, original, multi-référencé, souvent burlesque, bénéficiant de deux portraits d’enfants dont aussi fin psychologues que Gregory House. Leur dialogue est un des plus riches de la série. Accessits d’honneur : La petite dernière, On fait quoi maintenant ?, Stupeur et consternation Crédits photo: FOX. Images capturées par Clément Diaz. |