Open menu

 saison 1 saison 3

DR HOUSE

SAISON 4


PRÉSENTATION DE LA SAISON 4

Saison de « transition » entre la première et la seconde équipe, la saison 4 de la série en constitue aussi son apogée. L'inspiration des scénaristes semble sans limite, créant des épisodes poussant le suspense à leur paroxysme, maîtrisant l'humour le plus joyeux, les dialogues les plus crépitants (on rivalise avec les meilleures sitcoms), et se montrant d'une profondeur encore plus abyssale dans les thèmes traités. La grève des scénaristes de 2007 qui toucha de plein fouet plusieurs séries, contraignit la production de ramener le nombre d’épisodes de 24 à 16. Une concision forcée, qui a interdit tout épuisement narratif.

La saison 4 se divise en quatre périodes. La première est constituée par le premier épisode (Tout seul) : seul après le départ de son équipe, House frôle un échec retentissant en voulant résoudre un cas sans aide. Il se résigne à avoir une nouvelle équipe et recrute 30 candidats pour les éliminer au fur et à mesure.

La deuxième va de l’épisode 4.02 à l’épisode 4.09. Elle décrit l’élimination progressive des candidats jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que 3. Les cas sont de purs miracles d’enquêtes trépidantes et enlevées, couronnées par des jeux de massacre en tous genres grâce aux candidats qui jouent chacun pour soi, et par House qui « s’amuse » avec eux.
En réalité, la production cherchait des acteurs pour succéder au trio initial - qui reste cependant à l’écran malgré un temps de présence bien plus réduit - Mais la série avait atteint de tels succès (19 millions de spectateurs en saison 3) que la liste de candidatures fut très fournie. Elle eut alors une idée inédite à la télévision : procéder à la sélection par les épisodes eux-mêmes !! Les scénaristes donnèrent des figures types aux prétendants (garce manipulatrice, fille secrète, mormon rigoriste, alter ego de House…) et au fur et à mesure, éliminèrent des acteurs. Précisons que malgré ce que l’on voit à l’écran, la sélection se passa dans une très bonne atmosphère de cordialité parmi les comédiens.

La troisième période va de l’épisode 4.10 à l’épisode 4.14. Elle se caractérise par la mise en place de l’équipe finalement retenue. La deuxième équipe est très différente de la première, mais sa fraîcheur et son potentiel à s’insérer dans la « dramedy » sera pour beaucoup dans la longévité de la série. L’unique ship de la saison s’y trouve, et sa brièveté concise ainsi que ses aspérités en feront un excellent ship.

Enfin, la saison se termine par un double épisode (4.15/4.16) qui compte parmi les plus grands « season finale » de tous les temps. D’une intensité fulgurante, d’une émotion douloureuse, elle achève cette merveilleuse saison par un tonitruant feu d’artifice de désespoir et de noirceur. Une pareille force a été rarement égalée à la télévision. Il n’est pas anodin qu’il soit quasi unanimement déclaré « meilleur épisode de toute la série » non seulement par les fans, mais aussi par les acteurs eux-mêmes !

La foudroyante apothéose finale portera un coup terrible à la série dont elle ne s’en remettra jamais totalement. Cette saison et ce finale forment la consécration ultime du respect de tous les codes que s'est imposé la série dès son départ. A partir des saisons suivantes, elle n’arrivera plus à respecter toutes les nombreuses règles du cahier des charges. Pour éviter l’immobilisme, elle injectera des éléments étrangers à son univers, perturbant sa qualité. A cause de cela, la seconde moitié de la série est moins bien considérée que sa première. C'est un jugement pourtant hâtif, car les quatre dernières saisons se rattraperont sur un terrain audacieux : la psychologie. Davantage que la saison précédente, c’est bien une page entière qui se tourne pour Dr.House. Mais en attendant, plongez dans la meilleure saison de la série...

Retour à l'index


1. TOUT SEUL
(ALONE)





Scénario : Peter Blake et David Shore, d'après une histoire de Peter Blake
Réalisation : Deran Sarafian

This will be the longest job interview of your life. I will test you in ways that you will often consider unfair, demeaning, and illegal. And you will often be right. Look to your left. Now look to your right. By the end of six weeks, one of you will be gone. As will 28 more of you.

Deux semaines après la dissolution de son équipe, House n’est toujours pas pressé d'en recruter une nouvelle, malgré les insistances de Cuddy. Il lui propose un marché : s’il arrive à trouver sans aide le diagnostic de Megan Bradberry, 26 ans, victime de l’effondrement de son lieu de travail, mais aux curieux symptômes, elle devra encore attendre. Cuddy accepte. Mais House s’aperçoit bientôt que la jeune femme avait beaucoup de squelettes dans son placard, qu’elle cachait à sa mère et à son petit ami. Pour faire pression sur House et l’inciter à recruter, Wilson kidnappe sa guitare…


La fin de la saison 3 laissait House sans équipe. Comment la série va-t-elle gérer ce tournant ? Quelle sera la nouvelle équipe ? Avec malice, David Shore diffère la réponse en commençant cette nouvelle saison par un épisode de transition. Une démonstration de l’impossibilité pour le médecin le plus misanthrope de l’histoire des séries télé de travailler seul. Nous avons vu qu’une des forces de la série est la « méthode socratique » utilisée par le diagnosticien : ses subordonnés parlent, font des propositions, lui permettent d’ouvrir et de supprimer des possibilités, et trouve par élimination. Enlevez l’équipe, que reste-t-il ? Un homme sûr de lui, à l’intelligence encyclopédique, mais curieusement moins efficace. C’est le sujet de ce cas médical passionnant, mélangeant tension et comédie avec brio. L’épisode se conclut par ailleurs par une fracassante chute finale d’une cruauté noire qui rappelle les grandes heures de séries telle Alfred Hitchcock présente. Une vraie réussite.

Après le spectaculaire effondrement d’immeuble qui sert de prélude, on enchaîne au bon vieux rituel de Cuddy la psychorigide lançant une nouvelle tempete verbale avec un House dont on ne jurerait pas qu'il n'a pas pris un peu de poudre euphorisante. Après ce tonique début, l’épisode persévère dans la comédie en braconnant sur les terres du débridé Scrubs avec des gags franchement massifs. House se rend vite compte qu’il ne peut rien faire tout seul. Comme il ne l’avouera pas à Cuddy pour la faire enrager, il va s’arranger durant tout l’épisode pour obtenir de l’aide, tandis que Cuddy tente de le contrer à chaque tentative, avec des succès divers. Cette situation loufoque est une tonitruante machine à gags, mais d'une ironie grinçante, car montrant la dépendance de House à des collaborateurs, ce que son ego prend mal. Le message de la série est évident : le génie seul ne peut pas faire grand-chose, la réussite est une affaie d'équipe. Nous avions déjà vu dans Y’a-t-il un médecin dans l’avion ? (saison 3) que même la présence de trois quidams qui ne connaissent rien à la médecine suffisait à stimuler House qui va donc s’adresser au concierge de l’hôpital pour un premier diagnostic différentiel qui frise la parodie pure, Il faut voir l’air effondré de Cuddy quand elle découvre le pot-aux-roses.

House cependant risque la vie de sa patiente par sa vantardise, et cela inquiète sa patronne. S'ensuit un amusant comique de répétition où Cuddy jure qu’elle n’aidera pas House… pour finalement se raviser et l’assister (rappelant le chantage de House dans Acceptera ou pas ? [saison 3]), avant de rechanger d’avis, puis de revenir l’aider, etc. Lisa Edelstein (toujours aussi affriolante), se surpasse en cyclotymique stressée. Cela culmine lorsqu’elle fait une annonce à tout l’hôpital demandant de ne pas aider House… et que House la piège à son propre jeu ! Aucun doute, on est pas au Cook County ici… Simultanément, Wilson se surpasse en «  kidnappant  » la guitare de House et reprend tous les gimmicks des kidnappings : voix grave et menaçante au téléphone, lettre anonyme, torture de «  l’otage  », nouvelles de ce dernier, demande de rançon, tentative de libération... Robert Sean Léonard démontre une fois de plus ses dons de comique avec cette histoire absurde. Les vengeances de House (la telenovela, le cancéreux…) sont tout aussi drôles. On n’oubliera pas non plus une floraison de dialogues percutants.

En dépit de tous ses gags, Tout seul est un épisode très sombre par la gravité de son cas principal, obéissant à la recette de la série de toujours mélanger avec un grand équilibre le comique et le tragique. Les maquilleurs de la série n’ont pas perdu la main en métamorphosant une ravissante jeune femme en blessée grave recousue et sanguinolente ! La mise en scène aux tons gris, parfois assez glauque de Deran Sarafian, a tout à fait sa place. Le cas repose sur une succession d’improbabilités de plus en plus énormes, qui seraient burlesques si la situation ne se compliquait pas davantage, jusqu’à distiller un profond malaise. L’épisode nous interroge aussi sur la clé de bien des conflits conjugaux : jusqu’où doit-on accepter de ne pas connaître entièrement son conjoint ? S’il est nécessaire de lui laisser un espace personnel, à partir de quand cet espace met-il en péril le couple ? Ben, à sa grande horreur, voit une autre femme se dessiner devant lui, qui n’est plus la femme qu’il croyait aimer : une femme alcoolo, droguée, dépressive… Les révélations consécutives assomment également la mère de l’intéressée, dépassée par les événements. On notera que comme beaucoup de mères, elle a du mal à approuver les fréquentations de sa progéniture. House trouve là un moyen de confirmer sa célèbre maxime Tout le monde ment ! Et il s’en donne à cœur joie avec une jouissance parfois destabilisante. Conor Dubin en amoureux falot, et Kay Lenz, en mère égarée, sont convaincants en personnes confrontées à l’effondrement de leurs mondes. La scène où House reçoit le soutien inattendu d’une jeune doctoresse (Kathryn Adams, vue dans le finale de la saison 3), clône avoué de Cameron, est également réussie.


Nous savons que La série est inégalable quand il s’agit de faire triompher les apparences, mais l'horrible twist final n'en est pas moins un gros coup à l’estomac. Ce cas de plus en plus dément n’est pas sans rappeler celui de House à terre (saison 2) que House résout pareillement par l'application d'un proverbe de son modèle Sherlock Holmes : Lorsque vous avez éliminé l'impossible, tout ce qu'il reste, même si c'est improbable, est forcément la vérité. Le tout se voit couronné par une magnifique discussion avec Cuddy qui remet son employé à sa place et lui expose froidement que les «  faiblesses » de ses employés l’auraient paradoxalement aidé. Faire des faiblesses humaines une force, voilà bien l’ultime trait de génie de cet épisode. La fin montre House prêt à commencer son impitoyable sélection de médecins. Sa tirade finale, au-delà du cynisme, nous fait espérer un écrémage sauvage… eh bien, on ne sera pas déçus, parole de fan !

Infos supplémentaires :

- Aka. La corde sensible.

- 2e apparition du Dr.Hourani. 2e et dernière apparition de l'infirmière Imelda (Xhercis Mendez).

- Le twist final de l'épisode est en fait inspiré d'un accident arrivé à Grant County, Indiana, en 2006.

- La guitare de House est une Flying V 67 à 12000 $. Dans la première scène, il joue des riffs de Van Halen, un groupe de hard-rock-heavy metal réputé pour ses prouesses techniques instrumentales.

- Wilson apprend l’espagnol en regardant El fuego del amor, une telenovela (soap-opera espagnol) fictive.

- Plusieurs références cinéma : lorsque Wilson effectue la mise en scène avec une boîte en carton, cela fait bien sûr référence au final du film Se7en. Pendant leur dispute téléphonique, House et Wilson font référence à Raid sur Entebbe, un téléfilm américain devenu un film de Irvin Kershner, réalisé en 1976. Enfin, House, lorsque personne ne lui répond, se croit être dans un film de M.Night Shyamalan. Ce réalisateur est en effet renommé pour ses films fantastiques aux situations bizarres.

- Cet épisode fut diffusé le 25 septembre 2007 aux Etats-Unis soit environ presque quatre mois après le dernier épisode de la saison précédente qui était diffusé le 29 mai. Or, Cuddy révèle que House est sans équipe depuis près de deux semaines. Le temps de la série diffère donc du temps "réel", là où les trois premières saisons restaient ambiguës.

- Le titre de cet épisode en VF fait plus ou moins référence à une chanson de Didier Sustrac sortie en 1993.

- C'est le premier épisode où Jesse Spencer (Chase) et Omar Epps (Foreman) sont totalement absents. C'est le deuxième où l'on ne voit pas Jennifer Morrison (Cameron). Réapparition de Katheryn Adams, dans le rôle d'un médecin.

- House fait équipe avec un concierge, ce qui est sans doute un clin d'oeil à Scrubs. Il a de la chance que ce ne soit pas celui du Sacred Heart Hospital...

- Dans l’introduction, quand Ben encourage Mégan à voir Un nouvel espoir, il argumente : c’est pas cette connerie où Greedo tire le premier. Il fait référence à une controverse née de cette scène du film appelée «  Han shot first  ». Originalement, Han Solo (Harrison Ford) abat le chasseur de primes Greedo sans sommation. Mais en 1997, pour la version remasterisée, la scène fut changée et Solo ne tue Greedo qu’après que ce dernier lui ait tiré dessus (et l’ait manqué). George Lucas justifia ce choix pour ne pas choquer les enfants du comportement peu chevaleresque de Han. Toutefois, la plupart des fans originels (comme Ben) furent mécontents de ce choix qui fait perdre l’ambiguité du personnage, présenté d’abord comme un anti-héros peu commode avant sa métamorphose. Le fait que Greedo, sensé être un professionnel, rate sa cible à deux mètres ne convainquit pas non plus. Si les deux versions existent ; de nos jours, c’est la scène originale qui est la plus plébiscitée.

Acteurs :

Conor Dubin (1976) est apparu occasionnellement dans des séries télé : Spin City, New York 911, Les Experts, Les Experts : Manhattan, Cold Case, NCIS, FBI portés disparus, Bones, etc.

Kay Lenz (1953), fille d’un producteur de séries TV, tourna dès son plus jeune âge dans des séries, téléfilms et publicités. Elle continua dans cette voie, jusqu’à avoir une petite notoriété en ayant le premier rôle dans Breezy de Clint Eastwood (où elle joue la jeune maîtresse de William Holden). Malheureusement, malgré un talent certain, elle n’arriva jamais à transformer l’essai au cinéma, la télévision demeurant finalement le terrain où elle est la plus reconnue. Elle a ainsi participé à Clair de Lune (épisode Cendrillon), L’homme de fer (épisode Cold hard cash), Les rues de San Francisco (épisode Le harem), Gunsmoke, Cannon, Capitaine Furillo, Magnum, Cagney et Lacey, Arabesque, MacGyver, Lois et Clark, Urgences, JAG, NCIS, New York unité spéciale, Cold Case, The Closer L.A. (épisode Garde rapprochée), Southland, Les Experts, Bones, etc.

Retour à l'index


2. LE BOULOT DE SES RÊVES
(THE RIGHT STUFF)


Scénario : Doris Egan et Léonard Dick
Réalisation : Deran Sarafian

Luckily, violence is not the last resort - extortion is. So go ahead : extort her.

House a recruté pas moins de 30 candidats pour les trois postes à pourvoir de sa nouvelle équipe. Le premier tour des éliminatoires se joue sur le cas de Greta Cooper, jeune capitaine de l’armée de l’air postulante au rang d’astronaute, atteinte soudainement de troubles visuels et auditifs. Elle demande à House que son nom ne figure nulle part pour ne pas que sa hiérarchie apprenne sa maladie. Sans rien dire à Cuddy, House ordonne aux postulants diverses tâches, certaines en rapport avec la patiente, d’autres... beaucoup moins. House a toutefois des doutes : il a croisé brièvement dans l’hôpital Chase, Cameron, et Foreman. Le problème est qu’ils ont tous quitté l'hôpital depuis leurs départs...


Jeu de massacre, acte premier. The right stuff constitue la véritable entame de saison. L’élimination successive des postulants donne des scènes méchamment drôles. Ce prétexte comique va donner un dynamisme vitriolé et hilarant à toute la première moitié de la saison. House se déchaîne avec ses nouveaux jouets, se moquant d’eux à chaque fois qu’il ouvre la bouche. Ajoutez que les candidats sont sans pitié les uns contre les autres, et vous avez une idée de la chaude ambiance qui règne. La galerie de portraits représente un microcosme du genre humain dans sa globalité, mais ornés de quelques excès joyeusement croquignolle : de la garce manipulatrice à la naïve étrangère en passant par le faux sage… Mais Doris Egan et Léonard Dick n’oublient pas qu’une succession de sketches ne fait pas une histoire, et le cas médical qu’ils imaginent est d’un grand intérêt. On n’oubliera pas l’étonnant twist final, ni l’histoire secondaire avec les «  visions  » de House. Bref, une fulgurante entrée en matière !

L’épisode engage une farandole endiablée de dialogues assassins et de personnages craquants. Parmi les prétendants, une bonne dizaine (les acteurs les plus sérieusement envisagés) sont au centre de la scène. Donner à chacun l’occasion d’exister en 42 minutes tenait de la gageure. Mais si les personnages ne sont pas à égalité - certains sont transparents et quittent la partie assez tôt (Numéro 11), d’autres sont encore inexistants (Dr.Desai, Dr.Brennan, aucun rapport avec Temperance !) - la plupart ont leur mot à dire, preuve d'une habileté d'écriture certaine de l'épisode.

Parmi ceux qui émergent du choeur, Chris Taub (Peter Jacobson) n’intervient qu’aux moments les plus critiques, mais il est très compétent. C’est lui qui sauve la situation désespérée à la fin avec une idée hallucinante mais la seule possible. Taub n’a pas peur d’aller loin pour sauver sa patiente, et on voit déjà en lui le docteur plein d’idées mais très posé. Henry Dobson est joué avec une malice désarmante par le grand Carmen Argenziano. Tout comme le Jacob Carter de Stargate SG-1, son personnage est intelligent, qui cache son jeu. La découverte de son secret par House à la toute fin est mémorable, même House reconnaît qu’il y est allé fort ! Ses vannes, ses ruses, et son sang-froid en font un personnage qui sied bien à la série. Lawrence Kutner (Kal Penn) se fait virer par sa maladresse (le coup de l’incendie dans la chambre hyperbare est assez énorme) mais se rattrape in extremis en proposant un traitement à la House tout à fait estomaquant. Son culot d’acier qui le pousse à revenir dans l’amphithéâtre après son renvoi ne manque pas de piquant ! Numéro 13 (Olivia Wilde) étonne par un air monolithique et froid. Si son interprète a un registre encore limité, elle a déjà compris l’ambiance de secrets autour de son personnage (elle est la seule à ne pas vouloir dire son nom), et on sent déjà la femme qui joue sur du velours. Mason (Jonathan Sadowski) est un arriviste qui n’hésite pas à trahir House pour Cuddy pour se faire bien voir de la patronne. Jeffrey Cole, le mormon (Edi Gathegi) est celui qui bénéficie de la partition la plus étendue de l’épisode. Son duel théologique avec House vaut le coup d’œil, où le diagnosticien athée utilise carrément des arguments chrétiens pour le convaincre de boire de l’alcool… pour ensuite les resservir pour défendre la thèse opposée ! House manipulateur des mots, la chose n’est pas nouvelle, mais on marche à chaque fois. Cole est attentif, réfléchi, et sait être souple avec ses croyances, complexifiant son personnage.

Mais le postulant le plus frappant, le personnage le plus intéressant de cette saison 4, voire même un des plus intéressants de toute la série, est celle que House va surnommer «  l’abominable garce  » (cut-throat bitch). J’ai nommé Amber Volakis ! Jouée par une Anne Dudek qui n’hésite pas à enfoncer le clou, elle a le rôle le plus jouissif de la saison, son caractère fait irrésistiblement penser à celui de House. Glaciale, manipulatrice (se débarrassant d'une demi-douzaine de rivaux en 60 secondes chrono), adepte de la délation, hypocrite, elle menace cependant de tomber dans ses propres pièges. Prête à tout pour avoir ce poste, elle n’épargne rien ni personne. Enjoy !

L’épisode séduit également par son côté McGyver : pour ne pas donner satisfaction à Cuddy, House interdit tout examen officiel à la patiente à ses candidats. Du coup, chacun doit déployer des trésors d’ingéniosité pour répondre aux attentes de House. Ainsi, ceux qui se montreront les plus audacieux (Kutner, Taub, Amber…) auront le droit de se faire martyriser encore une semaine tandis que ceux qui seront trop prudents ou trop attachés aux règles sont éliminés (Ashka). On voit un point capital dans les valeurs de House : il ne punit pas les erreurs si elles sont nées d’un coup d’audace, ou d’un désir de sauver le patient malgré l’éthique. Pour lui, oser quitte à se tromper est une qualité déterminante chez un médecin - ce qui expliquera pourquoi Numéro 13 évitera le renvoi dans un épisode ultérieur. Lorsque Wilson dit que House ne choisira pas ses élus pour leurs qualités médicales, il est loin d’avoir tort. Il a encore plus raison lorsqu’il prédit à House qu’il choisira des candidats très éloignés de lui car ainsi il les supportera mieux, ce qui expliquera l’élimination de certains médecins par la suite. L’épisode nous interroge sur les limites de la déontologie et sur les critères par lequel nous choisissons notre entourage. Nos relations marcheront d’autant mieux si elles ne nous ressemblent pas, car nous cherchons chez les autres ce que nous n’avons pas (principe qui marche aussi, bien que plus partiellement en amour). Le choix final de House répondra à merveille à cette assertion, que vérifiait aussi sa première équipe.

Plusieurs scènes enlevées entre House et Cuddy qui sait mieux que quiconque comment faire enrager le diagnosticien sont à relever. On retiendra son épouvante en voyant les 30 postulants, sa tirade des « copies », ou la confrontation finale où elle finit par lacher la bride à House, confirmant le changement observé par Wilson dans Le petit con (saison 3) : bien qu’elle ne montre ni n’accepte ses sentiments pour son subordonné, elle lui laisse les mains libres pour une opération finale qu’elle ne peut normalement pas approuver. Lisa Edelstein reste très sobre, faisant pétiller la tension sexuelle entre son personnage et House. L’actrice est par ailleurs de plus en plus accorte...

La patiente du jour est jouée avec sincérité par Essence Atkins. L’histoire secondaire avec ses apparitions à la Sixième sens (couronnées pareillement par un double twist final) n’est pas dénuée d’humour. Est-ce que House se sent coupable d’avoir perdu son équipe ? Difficile à dire, d’autant que le cas Foreman est diaboliquement irrésolu : la vision de Foreman était-elle due à une hallucination causée par les remords de House… ou parce qu’il venait de boire un peu trop de tequila ? Au spectateur de juger ; mais en tous cas, House semble moins que jamais enclin à laisser affleurer ce qu’il reste d’humain en lui, bien qu'il trouve toujours des raisons tordues ou médicales pour justifier ses actes altruistes. Une fuite en avant délectable et grinçante à la fois. Pour terminer, on notera que Cameron est devenue blonde et cela lui donne un côté volontairement plus vulgaire. Pour se démarquer de sa soumission d’antan à son ex-patron ? Quant à House, il assure le show jusqu’au bout, toujours plus ironique et je-m’en-foutiste, Hugh Laurie fait une fois de plus des merveilles. Un début de saison prometteur !

Infos supplémentaires :

- Aka. La tête dans les étoiles.

- N°23 croit que l’homme représenté sur l’écran est Néville Chamberlain (1869-1940). Chamberlain fut un homme politique britannique dans le parti conservateur. Il fut premier ministre de 1937 à 1940. Il contribua à la politique d’apaisement décidée par l’Europe pour éviter la guerre lorsqu’Hitler voulut annexer la Tchécoslovaquie. Il cosigna les accords de Munich en 1938, ce qui n’empêcha pas la seconde guerre mondiale de se déclencher l’année suivante. Plus tard, House traite d’idiots les admiratrices d’Alex Rodriguez. « A-Rod » est un joueur de troisième but de baseball, réputé pour être un des meilleurs joueurs américains. Il a joué dans l’équipe des Yankees de New York.

- House fait allusion à Brigham Young (1801-1877). Ce pasteur fut le successeur de Joseph Smith, le fondateur du Mormonisme. Il contribua beaucoup au développement de la communauté, en y instaurant les grandes règles. Personnage parfois controversé, c’est une figure-phare dans l’histoire des Etats-Unis.

- 3e et dernière apparition de Katheryn Adams, elle est la première candidate (N°23) à être renvoyée. Première apparition dans la série des acteurs Caitlin Dahl, Melinda Dahl, Meera Simhan, Andy Comeau, Carmen Argenziano, Anne Dudek, Peter Jacobson, Kal Penn, Olivia Wilde, et Edi Gathegi.

- C'est la première fois que l'on revoit Chase et Cameron depuis leur renvoi/démission. Cameron s'est teint les cheveux en blond, couleur naturelle de Jennifer Morrison. On apprend que Chase a été muté au service chirurgical, Cameron à celui des immunologies. On peut supposer que c'est par amour pour elle que Chase a demandé à Cuddy de lui trouver un poste afin de pouvoir rester.

- Omar Epps apparaît dans cet épisode mais ne prononce pas le moindre mot. Son personnage sert d'hallucination.

Acteurs :

Essence Atkins (1972) est une actrice jouant sur les deux écrans. Elle a joué dans plusieurs séries souvent inédites en France, dont Half & Half (91 épisodes), Smart Guy (51 épisodes), Are we there yet ? (73 épisodes), et Mr. Box office (20 épisodes) où elle joue des rôles principaux. Elle fut aussi dans The Cosby show, Sabrina l'apprentie sorcière (2 épisodes chacun), Sauvés par le gong : les années lycée, etc.

Anne Dudek (1975) est la sixième actrice à jouer dans House et Charmed. La première était Lori Rom, le deuxième Dakin Matthews (L'erreur est humaine). Les trois autres à savoir Matt Malloy, John Cho et Elisabeth Chung, ont joué dans Des maux d'amour (faisant de Cho et Sung la deuxième oeuvre cinématographique où ils interprètent un rôle mère-fils). Curieusement, Anne Dudek dans Charmed, joue également un rôle de pimbêche corrompue par le pouvoir.

Jason Manuel Olazabal (le médecin en fauteuil roulant) joue également dans la dernière saison de Charmed.

Olivia Wilde (1984) interprète "Numéro 13", le docteur dont on ne connaîtra le vrai nom que bien plus tard. Plus récemment, elle a joué dans "Echange Standard" avec Jason Bateman.

Peter Jacobson (1965) est un diplômé des sciences politiques de Julliard. C'est la seconde fois qu'il travaille avec Lisa Edelstein au cinéma, la première étant dans Pour le pire et pour le meilleur avec Jack Nicholson où ils incarnaient un couple au restaurant.

Retour à l'index


3. 97 SECONDES
(97 SECONDS)


Scénario : Russel Friend et Garrett Lerner
Réalisation : David Platt

- How advanced is the pneumonia ?
- It's taking college courses.

Stark, handicapé moteur, perd connaissance au beau milieu de la chaussée. Il est le prochain cas que devront traiter les dix candidats restants. House sépare le groupe en deux : les filles contre les garçons ! L’équipe qui trouvera le diagnostic sera conservée, et l’autre virée. Amber Volakis, cependant, demande à intégrer le groupe des garçons. House rencontre un patient qui s’électrocute volontairement sous ses yeux en enfonçant un couteau dans une prise ; il tente de comprendre son acte…


97 secondes déçoit par un défaut de la série qui arrive sporadiquement : surcharge de vocabulaire médical. L’accumulation des diagnostics différentiels lasse. Si la première partie de l’épisode est très enlevée, grâce à l’antagonisme des deux équipes, la deuxième souffre de longueurs, dès leur « réunion ». Toutefois, le glaçant twist final qui conclut sinistrement cet épisode est un véritable coup de poing dans la figure ! L’épisode remplit par ailleurs largement son contrat au niveau des personnages, avec notamment une prestation tonique d’Anne Dudek qui confirme avec éclat les promesses de l’épisode précédent. House délaisse son ironie gratuite pour devenir totalement irresponsable, au comportement parfois démentiel. Le résultat est à la hauteur des attentes de ce côté-là, et de très loin.

La première partie de l’épisode rappelle Jeux d'enfants (saison 3) où House connaît la maladie du patient, mais laisse les candidats se débrouiller. En coupant son équipe en deux, House peut s’amuser de les voir se déchirer, mais comme de telles décisions ne sont presque jamais gratuites, le spectateur comprend qu'il s'agit d'une épreuve permettant de tester les nerfs de chacun, et de renforcer encore davantage l'esprit de compétition. Ainsi, le premier diagnostic différentiel se joue davantage sur des déductions concernant le partage des équipes que sur les symptômes du patient ! Coups bas et remarques désobligeantes pleuvent ; et dans ce royaume, la subversive Amber est reine, se jouant de tout le monde avec une maestria qui la place en égale de House. Elle convainc les garçons de la laisser intégrer leur équipe tout en se payant leur tête, parvient à convaincre un Chase récalcitrant de l’aider, se faufile à quatre pattes du bureau de House à celui de Wilson… et ça marche ! Il faut la voir aussi toute flattée d’avoir été « choisie » par House pour le secourir après son « accident ». Hélas, la désillusion est cruelle, House lui donne une raison logique qui n’a aucun rapport avec ses facultés ou ses méthodes. Rabat-joie, va… Les scénaristes ont compris de suite son potentiel énorme.

Le triomphe des filles fait long feu grâce encore à Amber qui malgré les interdits et son renvoi, parvient à renverser toute la situation… tout en montrant une erreur de House ! Une situation qui rappelle encore Jeux d’enfants (saison 3). Mais comme House n’apprend rien de ses erreurs, eh ben, il retombe dans le même piège. La percutante Anne Dudek domine aisément la distribution. Les autres comédiens sont bons aussi. « Big love » Cole et Dobson ont moins à jouer pour laisser la place à leurs petits camarades comme Brennan, Kutner, et Taub. Mais c’est Numéro 13 qui est ici mise en lumière. Son atmosphère de mystère s’épaissit (son refus de répondre aux questions de House), et elle a une vraie présence pendant la deuxième partie, entre vannes et inquiétude. Les deux jumelles sont assez marrantes en étant souvent à côté de la plaque !

La paranthèse avec Foreman est intéressante, car il se rend compte trop tard que sa fuite de Princeton-Plainsboro n’a rien résolu : désormais, il agit exactement comme House, allant jusqu’à violer les règles de l’éthique pour sauver une patiente. Il est immédiatement renvoyé pour cela hic & nunc, ce qui prépare son retour. Pendant ce temps, Chase parvient à s’opposer à son ex-boss, sous les regards admiratifs de Cameron. Cet éloignement a été salutaire : il montre qu’une fois coupé les liens qui vous rattachent à ceux qu’on admire (et/ou qu’on craint), on parvient à être totalement libre. Chase a beaucoup appris de House mais il y’avait cette crainte en lui. Désormais, n’étant plus sous son pouvoir, il peut parler avec lui d’égal à égal, et l’embêter (en aidant Amber) comme il le veut. Cameron qui avait déjà accompli ce travail psychologique de ne prendre que le meilleur de ce qu’on a hérité, est évidemment très heureuse de voir son bien-aimé prendre la même voie.

Pendant tout ce temps, répliques qui cassent et lavages de linge sale avec Cuddy fusent joyeusement. La spectaculaire électrocution du patient secondaire est une de ces scènes-choc que la série réussit en en usant que modérément. Au-delà de la volonté de donner un coup de fouet à un épisode assez lent, elle introduit une intéressante digression sur un des plus vieux sujets métaphysiques du monde - Y’a-t-il une vie après la mort ? - via un patient qui a l’air de s’être échappé de l’Hôpital du Sacré-Cœur ! Nous savons que House est athée et ne croit pas à un autre monde, mais comme il ne peut le prouver (superbe dialogue avec Wilson), il ne peut qu’admettre que sa théorie repose sur une… croyance ! House choisit donc sa méthode à lui pour en être sûr : il s’éléctrocute lui aussi !!!

Mais ce qui aurait pu être une farce vire au tragique. Ne pensant qu’à ce mystère d’outre-tombe, plongé dans l’inconscience, House ne peut plus superviser les candidats. Par ailleurs, il ne révélera jamais ce qu’il a vu pendant son inconscience. Peut-être que cela lui fait peur, que ça allait à l’encontre de ce qu’il croit… Indirectement, il est responsable de la dégradation fatale du patient, les postulants n’étant pas encore assez expérimentés pour se passer de lui. Le savon que lui passe Cuddy pour cet acte stupide vaut le coup d’œil. La série nous offre alors une nouvelle chute renversante à couper le souffle. C’est dans une atmosphère glacée et sans lumière que se termine l’épisode.

Infos supplémentaires :

- Foreman a sa propre histoire dans cet épisode et curieusement, son équipe se compose comme celle de House : un homme caucasien, une femme du même type et un homme latino américain.

- House se sert de l'émission Koh Lanta (inspirée de l‘émission équivalente aux USA : Survivors), mettant en avant deux clans - qui s'affrontent avant que les survivants ne s'unissent - pour diviser ses candidats en deux parties, les hommes et les femmes. Quand il divise les candidats, il fait référence aux Yankees (Nordistes) et aux Confédérés (Sudistes) présents durant la guerre de Sécession.

- Dixième et onzième échec de la série. House ne guérit pas son patient secondaire suicidaire, et le patient principal décède faute de soins par les candidats.

- House dit que Kutner a été adopté, ce qui s'avérera exact dans la saison 5.

- Premier épisode où Amber et Wilson se rencontrent, bien que brièvement.

- Les chansons de l’épisode sont Let me in des Hot Hot Heat, et Not as we par Alanis Morissette.

Acteurs :

Brian Klugman (1975) est le neveu de Jack Klugman, fameux acteur de théâtre et de télévision (4 participations marquantes à La Quatrième Dimension). Acteur sur les deux écrans, Brian a joué dans les séries Le Caméléon, Felicity (7 épisodes), Frasier (6 épisodes), NYPD Blue (2 épisodes), Urgences, Les Experts, Mad Men, FBI portés disparus, Joan of Arcadia, Castle, Bones (5 épisodes), etc.

Kathleen York, dite « Bird York » est à la fois chanteuse et actrice. Dans la musique, elle a accédé à une certaine notoriété en interprétant la chanson du film Crash : In the deep qui fut un grand succès. Cette chanson est par ailleurs utilisée dans l’épisode Leçon d’espoir (saison 2). En même temps qu’un relatif succès musical par la suite, elle poursuit une carrière d’actrice prolifique sur les deux écrans, son talent dans ce domaine a été unanimement acclamé dès ses premiers rôles. Elle a joué dans plusieurs séries comme Les contes de la crypte, Malcolm, Desperate Housewives (3 épisodes), Newport Beach (4 épisodes), NCIS, Ghost Whisperer, Les Experts, Les Experts : Miami, Les Experts : Manhattan, The Client list (8 épisodes), Bones, Revenge, True Blood, Longemire, Sleepy Hollow, Castle, Jane the virgin... Ainsi que des rôles récurrents dans Dallas (10 épisodes), Aaron’s way (14 épisodes), A la maison blanche (15 épisodes) Ultime recours (16 épisodes), etc. 

Retour à l'index


4. LES REVENANTS
(GUARDIAN ANGELS)


Scénario : David Hoselton
Réalisation : Deran Sarafian

- Big Love, have I humiliated you in the last half hour ?
- No.
- Check your e-mail.

Irène, jeune femme travaillant dans une morgue, « voit » ses clients se lever et tenter de la violer ! Elle est le prochain cas du Dr.House et de ses sept assistants qui doivent comprendre les raisons de ces hallucinations mais aussi pourquoi elle voit sa mère, morte depuis longtemps, dont elle ne croit pas au décès. Guerre ouverte dans l’assistance : Taub attaque Dobson car il n’est pas médecin, Amber tente de destabiliser Numéro 13, et House se déchaîne sur Cole, certain que ses principes religieux l’empêcheront de répliquer à ses humiliations. Il en fait d’ailleurs le pari avec Cameron. Pendant ce temps, Foreman n’arrive pas à trouver un nouvel emploi...

Quand Dr.House rencontre Le sixième sens.

Une personne communiquant avec les morts, voilà un sujet de Science-Fiction qui a fait le miel de bien des séries, La Quatrième Dimension en tête, mais elle est aussi utilisée dans des séries plus cartésiennes pour donner un éclairage sur les sentiments d'un personnage (Six feet under en particulier)
. Cette idée restant toutefois étrangère à la rigueur réaliste de Dr.House, elle va simplement servir à alimenter une enquête enlevée parfois iconoclaste. On sent que David Hoselton s’est bien amusé avec ce script. De plus, les personnages sont à la fête, House en premier qui se trouve un souffre-douleur. Quelques scènes assez joyeusement absurdes pimentent ce très réussi épisode.

Le rythme de l’épisode est plutôt rapide pour la série, on est pas loin de la vivacité d’Urgences. L’histoire est un modèle de construction en plusieurs parties qui se fondent dans le montage fluide de la mise en scène. Un humour assez délirant (Hoselton’s manner !) vient frapper à plusieurs reprises : l’exhumation forcée du cadavre (Cole est bien content que ce soit jour de sabbat), Amber qui apporte café et croissants mais qui se garde bien de creuser, le dialogue en direct avec la morte qui est purement médical, rendant la banalité de cette conservation vraiment tordante, Amber qui tente de faire du zèle, mais qui se fait envoyer sur les roses par Cuddy, le « tripotage » de Cole par Irène, etc. Azura Skye cabotine en patiente butée et hystérique, la rendant assez tête à claques, mais Caroline Lagerfelt (une française !) en mère est d’une grande retenue. C'est elle qui rend convaincante la scène de révélation, la seule "en-dessous" dans l'épisode pour cause de quelques ajouts guimauves.

Cependant l’épisode intéresse aussi par son utilisation de la psychologie. Un véritable cortège de manipulations et de faux-semblants défile sous nous yeux. Nous voyons Foreman perdre sa partie de bluff contre une finaude Cuddy qui ne laisse pas les sentiments influer dans la partie dès lors qu'il s'agit de pognon, demeurant fidèle à son côté femme de tête. Ses airs peu sympathiques de la directrice sont calculés exactement pour ne pas noircir trop le personnage qui a simplement le sens des priorités, tout comme House.
Nous voyons House manipuler adroitement sa patiente pour lui soutirer des renseignements, jusqu’à feindre la surprise. Quant au mystère des visions de Stark et au peu d’affabilité de la patiente envers Numéro 13, qui en prend pas mal pour son grade dans cet épisode, c’est encore un simple coup psychologique. La flamboyante manœuvre d’Amber est démoniaque, elle surjoue l’hypocrite en sachant très bien que 13 n’est pas dupe. 13, sûre qu’elle n’a rien à craindre d’Amber, baisse la garde, et Amber lui porte un coup d’estoc sournois ! Mais voilà, 13 a un atout : elle est secrète. Or House veut tout savoir et ne supporte pas de rester dans l’ignorance de la vie de sa candidate. Cela fait deux fois que 13 commet une bourde, mais sa carapace lui assure une sorte d’immunité. Numéro 13 a d’ailleurs un rôle plus important en se montrant plus active, plus dynamique. Mais le cas de la patiente lui fait subir un choc émotionnel qu’elle a du mal à contenir. Première fêlure dans l’armure, House ne va pas tarder à y plonger.

Si Kutner et Brennan sont transparents, Cole par contre a un rôle étendu en tant que souffre-douleur de House. La sûreté de House, sa confiance inaltérable en lui, son égocentrisme font qu’il se croit tout-puissant et libre de martyriser qui il veut (spécialement un croyant). Toutes les humiliations successives sont autant de moments de pure méchanceté rigolards. Cameron truque son propre pari en allant voir Cole et l’inciter à répondre à House via un prétexte tout à fait vrai : House aime qu’on lui résiste, et ne l’embauchera qu’à cette condition ! De nouveau de la manipulation pure et simple, nouvelle preuve que Cameron a bien changé. House finit par chuter de son piedestal, et suivant sa loi absurde, conserve Cole pour acte de rebellion justifié ! Tordu hein ? Edi Gathegi a un stoïcisme étudié qui lui va très bien.

Les diagnostics différentiels sont très rigolos à suivre grâce au duo d'opérette House-Dobson. La rivalité Dobson-Taub qui tente de le discréditer pour sa « fraude » tourne en sa faveur grâce à ses compétences et à son calme, ne jouant jamais son jeu. Que le meilleur des médecins n’en soit pas un, voilà une belle idée anar de l’épisode ! L’entente entre Hugh Laurie et Carmen Argenziano, au centre de l’épisode avec sa bonhomie et sa malice, est manifeste. Peter Jacobson est lui aussi très bon en opposant irrité mais impuissant. Après l’élimination à la Koh-Lanta de la semaine dernière, voici l’élimination made in Bachelor ! House offre six fleurs pour sept candidats tout en les soumettant à un captieux examen psychologique. L’élimination finale du "jumeau de House" est assez triste, car le personnage était très amusant. Pourtant le motif de son renvoi est très malin : sa conception de l’éthique, son intelligence, son humour noir le font trop ressembler à House (l'antipathie en moins). Et que pourrait apporter à House quelqu’un qui pense comme lui ? La prédiction de Wilson concernant le goût de House pour les personnes à l’opposé de lui est appliquée à la lettre.

Infos supplémentaires :

- Aka. Esprits frappeurs.

- C'est la première fois que House se fait frapper par un médecin, à savoir Cole. On apprend par ailleurs que House aime les capuccinos, que Cole est père célibataire, et que Kutner le connaissait depuis longtemps puisqu'il a déjà gardé son fils.

- House appelle Henry "Bosley" en référence au sympathique sidekick des Drôles de dames. Par ailleurs, le début de l’épisode fait penser à cette série car House parle aux candidats via un visiophone, comme la célèbre arlésienne de la série. Brennan est surnommé Grincheux en référence au nain de Blanche-Neige. Le surnom de Cole, Big Love, est une référence à la série du même nom, qui a pour sujet la vie conjugale mouvementée d’un mormon polygame.

- Foreman, après avoir échoué à d'autres entretiens d'embauche, revient travailler à PPTH. Il faudra attendre l'épisode suivant pour qu'il croise à nouveau House sur son chemin (ce qui n’a plus été vu depuis la fin du 3x24).

- House renvoie Henry (Carmen Argenziano) dans cet épisode. Henry sera pourtant l'un des rares avec lequel House aura voulu former une amitié. Il lui conseillera de rester en tant qu'assistant et d'appeler Wilson au cas où. Cependant, Dobson ne reviendra pas dans la série.

- Erreurs : Quand House parie avec Cameron, sa tasse de café change de place d’un plan à l’autre. Il est surprenant par ailleurs que le cercueil « exhumé » par l’équipe se trouve directement sous le sol alors qu’il est d’usage de l’enfermer dans un caisson métallique ou un caveau aux Etats-Unis. Dans cette même scène, il est aussi visible que la tasse de Numéro 13 est vide dès le début.

- House pour garder ses candidats s'inspire de Bachelor, le gentleman célibataire, où un dandy distribue des fleurs aux femmes qu'il veut garder en fin d'émission.

- La chanson de l’épisode est All my life par DJ Harry.

 
Acteurs :

Azura Skye (1981) a joué dans plusieurs séries depuis son rôle principal de Jane Cooper dans Zoé, Duncan, Jack, and Jane (25 épisodes) : Chicago hope, Smallville, John Doe, Buffy contre les vampires (épisodes La prédiction et Connivences), Les Experts : Miami (4 épisodes), Bones, Ghost Whisperer, Mentalist, Cold Case, American horror story (4 épisodes), Grimm, Working the engels (12 épisodes), etc. Elle débute pareillement une carrière au cinéma.

Caroline Lagerfelt (1947) a eu une fructueuse carrière au théâtre, à Broadway, sa première passion. Son talent éclatant lui valu une considérable carrière à la télévision, jouant dans les séries La cinquième dimension, Equalizer (épisode Des jeunes filles sous influence), New York police judiciaire, NYPD Blue, Urgences, Star Trek Deep Spice Nine, Chicago Hope, Beverly Hills (5 épisodes), X-Files (épisode Dévoreur d’âmes), Six feet under, Buffy contre les vampires (épisode Un lourd passé), New York section criminelle, Frasier, How I met your mother, Numb3rs, Weeds, Gossip Girl (10 épisodes), Castle, Les Experts, Masters of sex, The Mindy project, Gotham (2 épisodes), etc.

Retour à l'index


5. LE SYNDROME DU MIROIR 
(MIRROR MIRROR)


Scénario : David Foster
Réalisation : David Platt

Did you get a raise ? Because then you're a whore. Or you didn't, because then you're a stupid whore.

Un homme est admis à Princeton-Plainsboro après avoir toussé sans pouvoir s’arrêter. Amnésique et sans moyen de l’identifier, House et les candidats remarquent que son comportement est bizarre : il copie les symptômes des malades et les attitudes des médecins qui l’entourent pour compenser son problème d’identité ; c’est le syndrome du miroir. Entretemps, une infection s’est déclarée dans son organisme et menace de le faire mourir de froid. House ne tolère pas le retour de Foreman et choisit de mener la vie dure à Cuddy par vengeance…

David Foster a l’idée originale d’explorer la personnalité des médecins en leur tendant un miroir sous la forme d'un patient polymorphe qui les « copie ». Cependant, cette riche idée n’est que partiellement bien traitée ; certaines révélations intéressent, d’autres non. De plus, la polyphonie si bien organisée des précédents épisodes laisse ici voir quelques maladresses comme la trop longue absence de Cole et de Numéro 13. Malgré tout, l’épisode convainc par son enquête rondement menée, et par le triangle Cuddy-Foreman-House, se livrant à de croustillantes batailles d’egos !

Les diagnostics différentiels ont toute leur saveur entre les toujours bienvenues métaphores de House et l’opposition avec Foreman qui a quelques velléités de dirigeant, perturbant le déroulement des séances. Frank Whaley joue excellemment l’ahuri ne comprenant rien à la réalité, et amuse lorsqu’il singe tout son entourage. La course à l’infection marche grâce à une progression saccadée mais inexorable de la maladie. La guérison repose tout entier sur l'identité de l'homme, cachée dans un recoin de sa mémoire. Aussi, et c’est une nouveauté intelligente, la tâche des docteurs consiste à retrouver les pièces de son puzzle mental, d’où un épisode très centré sur la psychologie, un peu comme l’avait fait Son of a coma guy (saison 2). Finalement, l’unique moyen de débloquer la situation sera d’apposer un second miroir au premier : House se faisant passer pour lui en se servant des maigres renseignements de Cole et Numéro 13, et parvenant à réfléchir au patient sa propre image, c’est très malin ! La révélation du métier du patient est pleine d’humour, pas le genre de métier que l’on connaît.

Nos médecins sont pastichés inégalement. Le patient lit que l’inconscient de Brennan n’aime pas travailler dans cet hôpital. Aussi, Brennan aura-t-il l’intention de quitter la course, ce qui gène House : c’est tellement plus jouissif de renvoyer ! Il va même jusqu’à dire qu’il est un bon médecin, alors qu’il a été surtout transparent jusque-là. De plus, sa volte-face où il décide de rester rend le tout peu crédible. Kutner serait masochiste selon le patient, mais cet aspect n’est pas développé. On préfère retenir de Kutner sa spectaculaire électrocution, qui ajouté à sa « pyromanie »  (Le boulot de ses rêves) est décidément bien gaffeur ! Le miroir de Taub, jaloux du caractère libertaire d’Amber, n’est guère transcendant non plus.
Le miroir d’Amber est à demi-réussi : son côté garce est une protection qu’elle érige pour masquer sa peur de ne pas être à la hauteur… exactement comme Foreman l’avait avoué dans Mauvaises décisions (saison 3). Cette redite est un peu dommage. Mais elle confirme combien Amber, House, et Foreman se ressemblent.
Le miroir de Numéro 13 est plus réussi : il reflète un sentiment de peur intérieure derrière le paravent de sa froideur. Toutefois, on apprendra plus tard que cette peur n’est pas la cause unique de son attitude, seulement un de ses mystères. D’où l’éloignement de 13 du patient : elle ne veut pas que House apprenne quoique ce soit sur elle, via ce miroir.

Le miroir de Wilson est de loin le plus génial : le patient copie l’attitude de la personne la plus influente dans la pièce ; et entre House et Wilson, il copie… Wilson ! Cette révélation est très efficace : la « domination »  de House s’exprime par son ego énorme, mais celle de Wilson est plus subtile, plus humaine : Wilson décide somme toute de leur amitié en étant à chaque fois la conscience de House. Sa bonté influe sur les actes altruistes que House fait à son corps défendant. D’où la « domination » de Wilson, que House bien entendu nie par une pirouette qui ne dupe personne.
Cole n’est pas imité. Après avoir dominé l’écran dans les trois précédents épisodes, les auteurs ont dû préférer ici le mettre à l’arrière-plan.

Etonnamment, House se montre compréhensif envers un Foreman retourné à la case départ. Par cet altruisme que lui instille Wilson, il ne souhaite pas le martyriser car il est déjà malheureux. Toute la colère de House s’oriente donc vers Cuddy. Or, ni elle ni House ne cèdent un pouce de terrain. Ainsi, comment résoudre la crise ? Eh bien grâce encore au « miroir », cette fois celui de Foreman qui lui révèle qu’en fait, il se sent bien dans l’hôpital ! Foreman s’était arrêté à la tyrannie de House, mais en réalité, il a l’occasion, tant qu’il est ici, de faire un travail qu’il aime, d'être dans des conditions certes dures mais qui l'obligent à être au top en permanence. Il change donc d'avis et House comprend que Foreman vient de trancher pour eux deux, il ne peut plus s’opposer à Foreman et se rend à l’évidence.

Enfin, le plus drôle est les disputes House-Cuddy. Leur relation prend de plus en plus des atours de ménage conflictuel, mais avec des enfantillages démesurés entre fausses épidémies, suppression d'équipe, tests à la con, doses de laxatifs... on a l’impression de voir des enfants au bac à sable tant tout paraît joyeusement ridicule. Le sommet de l’absurde est atteint quand Wilson imagine pour Cuddy une stratégie tordue pour mettre fin à ce duel idiot... mais que House devine instantanément. Désolé Wilson, mais sur le terrain de la psychologie, c’est impossible de bluffer House ! Le gag truculent où House et Cuddy cherchent à savoir qui est le plus dominant des deux est à mourir de rire, une excellente pique !

Candidats et médecins ont fait des paris avec Chase pour savoir qui House allait virer. Le résultat final est absolument génial, une énorme plaisanterie bien acide qui termine avec panache ce bon épisode.



Infos supplémentaires :

- Aka. Miroir, miroir.

- Cuddy dit qu'elle a supprimé à House son « droit de veto » le jour où il regardait son émission de téléréalité alors qu’un de ses patients mourait.

- Cuddy pense que ses seins sont un des meilleurs atouts de sa séduction. Curieux, quelqu’un en doutait ?

- Kutner déteste les bains. Il s'électrocute pour la deuxième fois, mettant en avant son côté gaffeur.

- Frank Whaley (le patient) connaît bien Robert Sean Leonard : ils ont tous les deux co-créée la compagnie de théâtre Malaparte avec Ethan Hawke et Steve Zahn. Amusante coïncidence, Whaley a joué dans Jeux de rôles, un épisode de La Treizième Dimension où il incarnait un homme ordinaire voulant changer de vie.

- Personne ne démissionne ou ne se fait virer parmi les six candidats restants dans cet épisode.

- House est moins dominant que Wilson, mais plus que Cuddy.

- House surnomme Amber « Tanya Harding ». Tanya Harding (1972) est une joueuse de softball australienne. Elle remporta 1 médaille d’argent et 3 médailles de bronze aux Jeux Olympiques. Cette discipline est cousine du baseball. Le côté « fonceur » de ce jeu se retrouve évidemment chez Amber.

Acteurs :

Frank Whaley (1963) est un acteur très renommé aux Etats-Unis. Au cinéma, il a joué dans une quarantaine de films comme Pulp Fiction, Broken Arrow, ou The Doors (où il incarnait Robby Krieger), et collabore souvent avec Oliver Stone. C’est également un comédien de théâtre, jouant fréquemment dans le New Group theater. Il a pareillement joué dans les séries Equalizer (épisode L’engrenage), Au-delà du réel l’aventure continue, Blue bloods (2 épisodes chacun), New York police judiciaire, section criminelle, et Unité spéciale, NCIS, Les Experts, Ugly Betty, Médium (épisode M. Justice), Ray Donovan (7 épisodes), The Blacklist, Gotham, etc. ainsi que dans bien des téléfilms. Il est occasionnellement scénariste et réalisateur.

Retour à l'index


6. EN MISSION SPÉCIALE 
(WHATEVER IT TAKES)


Scénario : Thomas L. Moran et Peter Blake, d'après une histoire de Thomas L. Moran
Réalisation : Juan J. Campanella

You've gotta get down here. They've got a satellite aimed directly into Cuddy's vagina. I told them that chances of invasion are slim to none.

Casey, jeune pilote automobile, est prise de troubles auditifs et visuels. Son cas est le prochain que devra traiter les six candidats, mais sans House : en effet, ce dernier a été convoqué par la CIA pour porter assistance au Dr.Samira Terzi, médecin des services secrets. Elle peine à trouver un diagnostic pour un agent secret revenu de mission, et qui aurait été empoisonné. Pendant ce temps, Foreman tente tant bien que mal de superviser l’équipe en l’absence de House, mais doit faire face aux initiatives pas toujours heureuses des candidats, particulièrement Brennan…

Cet épisode tonique et entraînant est une des meilleures idées de l’inégal Thomas L.Moran. Les deux cas sont traités avec une maîtrise époustouflante, chacun a sa propre autonomie et ne souffre pas de la cohabitation. Non sans humour, l’épisode met en avant les similitudes de ces deux cas très différents. Le festif jeu de séduction entre House et la jolie Samira Terzi est bourré de répliques à double sens d’une drôlerie parfois lysergique. L’épisode s’attarde avec bon sens sur Foreman contrarié dans son autorité, et surtout Brennan qui existe davantage par son optimisme et son abnégation. En plus d’un ironique cliffhanger, l’épisode finit sur une double chute : la première est grinçante, mais la seconde est une énorme volée de bois vert qu’on reçoit en pleine figure ! Où un personnage cache sous le vernis de son affabilité une folie à glacer le sang...

House doit faire équipe non seulement avec Mademoiselle Terzi mais aussi avec le conformiste Curtis dont il se paye la tête tout au long (excellente vanne sur la cale du piano). House est tellement sûr de ses diagnostics qu’il se moque des propositions de son collègue. Sa persistance têtue dans ses erreurs est tout à fait dans l’esprit du personnage. La résolution finale est une redoutable astuce. Elle rappelle la célèbre chute de Pour servir l’homme, fameuse nouvelle de Damon Knight adaptée dans l’anthologie La Quatrième Dimension. La CIA ne sort pas grandie de cet épisode…



Ce qui fait le prix du premier cas est surtout la tarentelle verbale entre House et le Dr.Terzi. Les amateurs de la série Urgences auront reconnu le Dr.Cleo Finch car c’est bien la sculpturale Michael Michele qui l’incarne, et on s’amuse de la voir flirter avec un médecin aussi arrogant et cynique que Peter Benton ! Doit-on y voir une idée de Paul Attanasio, producteur de Dr.House, qui avait déjà engagé la comédienne dans sa série policière Homicide ? Les tentatives si raffinées de House pour séduire la réfrigérante Samira sont impayables. Immédiatement sous le charme, il va multiplier les sous-entendus sexuels bien lourds, recevant en réponse non des râteaux mais carrément tout le matériel de jardinage qui va avec. Les bons mots fusent à chaque fois : en matière de réparties, Samira n’a rien à apprendre de Cuddy. Mais malgré tous les revers qu’elle lui inflige, on voit qu’elle n’est pas insensible. Les méthodes peu orthodoxes de House exercent sur elle une fascination qui fait du diagnosticien un homme si séduisant. Elle se laisse draguer bien que sans lui donner le moindre espoir. Pour un peu, on se croirait dans Clair de Lune. Les dernières secondes sont acidulées, avec House acculé dans une situation qu’il n’avait pas prévue. Le spectateur trépigne déjà de connaître la suite.
Mais celui qui en prend plein la tête est finalement Wilson. D’abord « compromis » par House, il se fait tailler un costard par Cuddy qui ne croit évidemment pas à cette histoire de CIA. Pauvre Wilson, mais quand on pense que cette saison lui réserve bien pire…

Jeux de pouvoir en tous genres rythment le deuxième cas. House délègue ses pouvoirs à Foreman, mais ce dernier peine à s’imposer (comment ça encore ?) Tout le monde joue à celui qui pissera le plus loin, et on adore ces périodes d'anarchie. Amber se rapproche de Taub (encore une manipulation ?) mais ce dernier la tient à distance, ce qui ne l’empêche pas de collaborer avec elle. Leur duo, bien que momentané, n’est pas dénué d’humour, grâce à l’ironie de Peter Jacobson et l’acide corrosif qui suinte par tous les pores d’Anne Dudek. Mais c’est Andy Comeau qui fait le show. Le volontariat de Brennan s’assimile à celui de House (il ne respecte pas non plus les règles), mais avec bien plus de douceur. Toutefois cette bonne humeur, rare dans la série, finit par se briser devant un événement horrifique, la série restant fidèle à son ironie séculaire. En dehors de tout ça, le parallélisme entre les deux cas est assez drôle : les médecins se trompent en même temps, essayent un traitement expérimental en simultané…

La sacralisation du métier de médecin est un poids lourd à porter. Responsables de la santé des hommes, ils peuvent parfois se tromper, ce qu’un patient a du mal à accepter. Cela est visible chez Casey qui refuse de voir Foreman après qu’il ait commis une erreur. Cette responsabilité ne peut être gérée que si l'on n’est pas dans l’affectif (credo de House que doit adopter Foreman). Cela est bien mis en scène. De même, l’ombre d’un mentor aussi fort que House est toujours difficile à laisser de côté. Cameron en fait l’expérience en s’investissant dans un cas qui n’est pas le sien. Davantage que ses sentiments qu’elle prétend ne plus ressentir pour House, c’est bien sa fascination plus "générale" pour son ancien mentor qui fait qu’elle a du mal à « raccrocher ». Elle dit bien qu’elle ne ressent plus le frisson d’excitation de son ancien job. Alors que Foreman agit comme House, c'est donc curieusement le plus « faible » de l’équipe originale, Chase, qui s’en sort le mieux, ayant définitivement mis ce passé derrière lui.

C’est alors que se révèle au grand jour toute la personnalité déviante du mouton noir de l'équipe. Son obsession mégalomaniaque a failli tuer la patiente. Par une ironie mordante, il ne peut être puni par House de son acte horrible ; car son comportement était motivé par des raisons que House ne peut désavouer. Certes la morale est sauve à la fin, mais la porte de sortie prise rend mal à l’aise, House ne condamnant finalement pas l’acte. Cette fin tranchante est une des plus dérangeantes de la série, et questionne l'éthique Housienne.

Infos supplémentaires :

- Aka. Espion et mensonge.

- Une des très rares fois où House aura un coup de cœur pour une femme. A l’exception de Stacy et de Cuddy, seules Honey (Démission
… saison 2), Cate (Celle qui venait du froid, saison 4), et Lydia (Toucher le fond et refaire surface, saison 6) feront battre son cœur. Le cas Dominika (saisons 7-8) sera moins clair. Les fans du Hameron se plaisent à rajouter Cameron dans la liste, bien que ce soit beaucoup plus discutable.

- Wilson n’est jamais allé en Afghanistan.

- On apprend que Taub est juif (il dit à Amber que « Les goys, c’est que pour rentrer »).

- House est absent de l'hôpital pour la quatrième fois. Foreman le remplace pour le cas de la pilote.

- Le docteur Samira Terzi, interprétée par Michael Michele, reviendra dans l'épisode suivant.

Acteurs :

Michael Michele (1966) est surtout connue pour ses deux rôles principaux dans les séries Homicide (21 épisodes), et Urgences (52 épisodes). Ses débuts furent cependant difficiles car ayant subi les avances pressantes d’Eddie Murphy, elle dut renoncer à figurer à l’affiche de son film Les nuits de Harlem. Actrice jouant principalement à la télévision, elle a eu un certain nombre de rôles récurrents et réguliers : Dangerous Curves (34 épisodes), New York Undercover (12 épisodes), Central Park West (17 épisodes), Kevin Hill (21 épisodes), etc. Ainsi que quelques rôles dans New York police judiciaire et unité spéciale, Gossip girl (4 épisodes), etc. Elle a un peu joué au cinéma.

Amy Dudgeon (1978) ne semble jouer qu’occasionnellement à la télévision (Urgences, Desperate Housewives, Bones, Cold Case, etc.).

Joel Bissonnette a commencé sa carrière au Canada en jouant du théâtre au Dawson College Theatre Program de Montreal. Il a joué dans les séries The Shield, Cold Case, Les Experts, NYPD Blue, Veronica Mars, Alias (épisodes En péril et A l'air libre), FBI portés disparus, Nip/tuck, Mentalist, 24 heures chrono (4 épisodes), The Closer, NCIS Los Angeles (2 épisodes), etc. Il a également à son actif plusieurs participations remarquées dans des films de David Fincher (Zodiac, Fight Club, L’étrange histoire de Benjamin Button), etc.

Retour à l'index


7. LA BELLE ET LA BÊTE
(UGLY)


Scénario : Sean Whitesell
Réalisation : David Straiton

- You think I like the cameras ? You think I want the whole world watching you check out my ass and question my wardrobe ?
- Would it be better if I checked out your wardrobe and questioned your ass ?

Kenny, 16 ans, souffre d‘une lourde déformation faciale, et doit subir une chirurgie réparatrice qui lui permettra de retrouver un visage normal. Il est le sujet d’une émission de télévision qui le suit depuis quelques jours. Mais au moment de passer sur la table, il a une attaque cardiaque. L’opération est repoussée jusqu’à ce que House et ses candidats trouvent le diagnostic. L’équipe de télévision s’attache aux pas de House à la grande irritation du diagnosticien. Qui a d’ailleurs un autre problème : Samira Terzi, qu’il a été forcé d'engager, est trop incompétente dans les diagnostics différentiels…

En lui-même, cet épisode s’insère très bien dans cette saison 4 brillante et inventive, grâce à deux idées originales : le tournage de l’émission télé, et l’incompétence de Samira Terzi. Malheureusement, l’unique contribution de Sean Whitesell - qui avait déjà officié en tant qu’acteur et scénariste dans la précédente création de Paul Attanasio : Homicide - à la série sabote ses excellentes idées de départ en ne leur donnant qu’un timide développement, remplacé par un bavardage lourd et interminable, malgré quelques scènes réussies.

L’idée d’inviter les caméras de télévision dans un épisode de fiction est une idée qui n’est pas nouvelle mais qui permet un décalage bienvenu entre fiction et réalité. Tout en donnant un cachet réaliste supplémentaire avec ce côté « télé-réalité ». Plusieurs séries l’ont testée avec plus ou moins de brio. On cite dans les réussites le joyeusement parodique 200 de Stargate SG-1, les épisodes en direct d'Urgences et de 30 Rock ; la référence en la matière restant le mythique Peur bleue des X-Files. Mais la tentative de House MD semble hélas loin de tels succès.

Le gag récurrent est les tentatives de House pour échapper aux caméras. Du coup, ce dernier doit imaginer des coups tordus pour rester tranquille, via gros bobards, et réunions dans des salles strictement interdites aux caméras. Cuddy est à la fête dans cet épisode, plus affriolante que jamais - et cible de massifs sous-entendus sexuels - devant sans cesse courir derrière House pour remettre les pendules à l’heure. Il n’y a pas jusqu’aux candidats qui soient troublés par ces caméras : Amber forçant sur le rouge à lèvres, Kutner arborant une cravate voyante, ou Cameron échappant un « J’aime le Dr.House » avant de rectifier pour s’empêtrer encore plus ! Le gag final dingo, démonstration du tout-puissant politiquement correct à la télévision (tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil… même House) avec une Cuddy ravie et un House consterné par cette « abomination » vaut le coup d’œil ! C’est fou tout ce qu’on peut faire avec un montage habile (l'« effet Koulechov »).

Mais à part tirer quelques gags ou des dialogues tranchants, l’épisode ne se démarque pas. On aurait rêvé d’une caméra subjective, ou d'une mise en abyme particulière. L’épisode commet une erreur en n’exploitant pas davantage les caméras. Khleo Thomas est inégal : il joue avec dignité son personnage écrasé par son « anormalité », mais son monolithisme énerve de temps en temps. Sur le tème du comportement parental trop protecteur, Empoisonnement (saison 1) ou Protection reprochée (saison 2) étaient plus convaincantes. Ici on plonge parfois dans le lachrymal. Tous les bons moments de cet épisode sont noyés dans des diagnostics différentiels secs et chargés. La réalisation de David Staiton, très bon réalisateur par ailleurs, déçoit par rapport aux possibilités qu'il lui était offertes.

Une autre erreur est Samira Terzi. Alors qu’elle avait illuminé l’épisode précédent, elle est ici honteusement transparente et naïve. Elle ne prononce pas plus de cinq répliques, un comble alors qu’elle est l’axe secondaire de l’histoire. Sa mise à l’écart est inexplicable, d’autant que Michael Michele semble s’ennuyer. Alors oui, les discussions House-Wilson sont amusantes - superbe Robert Sean Leonard - mais par leur répétition, finissent par tourner à vide. House est catastrophé que la beauté de la doctoresse lui ait fait perdre son jugement. Que House se soit comporté en homme sensible à la beauté féminine - bref un homme comme les autres - jusqu’à y laisser son jugement lui fait mal, lui qui attaque si souvent les apparences trompeuses. Et nous on rigole. Il faut qu’il se ressaisisse pour retrouver son objectivité, même si cela implique de briser la carrière de sa protégée. La fin est très noire, on souffre vraiment pour Samira qui a tout perdu, mais House pouvait-il persister dans son choix ? Ah le malaise…

Le cas de Taub est plus intéressant, mais vaut surtout pour l’interprétation confondante de Peter Jacobson, décidément un des meilleurs comédiens de la série. Nous découvrons l’origine de son comportement si amer qui nous intrigue depuis le début. Si sa découverte est surtout l’occasion pour House de s’amuser à ses dépens, on est agacé par cette histoire de fesses qui n’a pas sa place dans la série. L’arrivée de Rachel Taub plus tard dans la série contribuera à donner à la série un côté soap opera dont elle se serait bien passée. Si pour le moment ce n’est pas trop grave, le ver est déjà dans le fruit. Toutefois, son opposition convaincue aux thèses de House - qui veut sans cesse repousser l’opération - sonne bien. Mais l’idée selon laquelle House souhaiterait en secret que l’opération ne se déroule pas pour ne pas « normaliser » le garçon n’a aucune valeur. Certes, on sait que House n’aime pas les gens normaux, mais la guérison d’une maladie lui tient à cœur. Le personnage se contredit ici. Sans parler d'échec, il s'agit de l'unique aveu de faiblesse de la meilleure saison de la série.

Infos supplémentaires :

- Aka. Trop belle, trop bête ?

- L'actrice Laurie Fortier joue le rôle de Darnell. Elle est l'épouse de Deran Sarafian, réalisateur régulier et coproducteur délégué de la série.

- House n'aime pas être filmé ni remercié.

- House se moque de l’équipe en déclarant être devenu médecin après avoir vu le film Dr.Patch
… qui date de 1998 !

- Quand House va voir l’ex-employeur de Taub, qui dirige une clinique de chirurgie esthétique, ce dernier lui dit : Dites-moi ce que vous n’aimez pas chez vous ? C’est une allusion à la catchphrase de la série Nip/tuck.

- Taub fut licencié de son hôpital pour avoir eu une relation extraconjugale avec une secrétaire. Il signa une clause de non-concurrence (qui le force donc à renoncer à pratiquer la chirurgie esthétique) en échange du silence de ses collègues de ne rien dire à sa femme.

- House commet une erreur en écartant la maladie de Lyme sous prétexte que le patient n’a pas d’éruption cutanée. Ce symptôme, bien que fréquent en cas de cette maladie, n’est cependant pas systématique.

- Le titre français de l’épisode est évidemment une référence au film du même nom.

- La chanson de l’épisode est My home is in your head, de Joseph Arthur.

Acteurs :

Khleo Thomas (1989) a joué dans quelques films et aussi dans des séries comme Urgences, Les Experts, 90210 nouvelle génération, Sons of anarchy, Bones, etc. Il a également débuté une carrière de rappeur.

Retour à l'index


8. LES DESSOUS DES CARTES
(YOU DON’T WANT TO KNOW)

Cette critique est dédiée à Nicolas Bouland (1963-2012)


Scénario : Sara Hess
Réalisation : Lesli Linka Glatter (créditée comme "Lesli Glatter")

Ladies and Gentlemen. I have nothing in my hands, nothing up my sleeve. I do have something in my pants, but that's not going to help with this particular trick.

Flynn, un prestidigitateur, a un arrêt cardiaque alors qu’il doit s’évader d’une malle remplie d’eau. Secouru à temps par Kutner et Cole qui se trouvaient là, il devient le prochain patient de House. Le diagnosticien lance un défi aux candidats : celui ou celle qui lui rapportera le string de Cuddy aura l’immunité et désignera deux de ses concurrents, dont l’un sera éliminé par House. Pendant ce temps, le comportement de Numéro 13 intrigue House qui en vient à penser qu’elle est peut-être gravement malade…

L’épatante Sara Hess signe avec cet épisode un parfait concerto pour orchestre : chacun des personnages principaux joue une partition complète et pétillante. Non contente de composer un cas médical très intéressant et mystérieux, elle revient à une pratique que la série avait abandonnée depuis un certain temps : un patient original et haut en couleurs dont les échanges avec House sont à la fois festifs et psychologiques. Le gag énorme du string de Cuddy permet des études de caractère hilarants, couronné par une chute renversante mais inéluctablement logique ; qui en définitive est étonnamment noire après toute cette drôlerie. Enfin, la place accordée à Numéro 13 permet à Olivia Wilde de faire une interprétation intense et d’approfondir élégamment son personnage si secret. A tous les niveaux, cet épisode contient donc tout ce qu’on adore dans la série.

L’introduction n’est pas sans évoquer celle de La nuit du mort-vivant de la série Clair de Lune. Flynn est un personnage bon vivant, que Steve Valentine joue avec entrain. Sa maîtrise du jeu de cartes permet quelques effets, notamment pour clouer le bec de House, énervé de ne pas trouver son « truc », que Flynn l’amuseur, même à l'article de la mort, se refuse à lui dévoiler - ce qui lui vaudra une grinçante revanche d'un House bien rancunier. D’ailleurs, la maladie qui a truqué les résultats de tous les examens est le comble pour un magicien ! House développe une sorte d’admiration-haine pour lui. Le mensonge est une seconde nature chez House, tout comme chez Flynn dont c’est le métier de "mentir" pour faire rêver les gens. Cette similtude donne un piquant effet à leurs échanges : vaut-il mieux garder la fascination qu’exerce des mystères irrésolus, ou tout savoir pour satisfaire notre besoin d’apprendre ? Leurs dialogues sur les concepts de Vérité et de Rêve sont d’une patte sûre et réfléchie.

Le cas est une suite de saynètes efficaces et drôles, avec un Kutner plus présent. C’est une des rares fois où la bonhomie du personnage est altérée par l’inquiétude. Ensuite, le suspense prend et contrabalance la tonalité humoristique de l’ensemble. House est véritablement le clône de Sherlock Holmes aujourd’hui car n’hésitant pas à se piquer avec du sang contaminé pour trouver le diagnostic… on retrouve ici une situation analogue à Casse-tête (saison 2). Comme souvent, c’est au cours d’un dialogue de sourds avec Wilson que House trouve la réponse. Fait inhabituel, ce twist final, atteignant les cimes de l’ironie pure est tout simplement drôle, tout en mettant fin au running gag de la série sur le lupus.

L’épreuve complètement débile du string de Cuddy est moins un gag qu’une peinture des différents candidats. Amber est la seule à relever le défi, avant d’être rejointe par Taub. Amber montre une supériorité stratégique, mais ce sera match nul, chacun faisant échouer le plan de l’autre. Ils finissent par s’allier en tentant de duper House qui cependant déjoue leur feinte via une règle vestimentaire implacable. Toutefois, quand c’est Cole qui parvient à décrocher la timbale, House est acculé : il a bel et bien réussi à faucher le string de la patronne !! Tout le reste de l’épisode se résume à une danse du ventre des concurrents de Cole pour ne pas être éliminés
. L'hypocrisie plus ou moins affichée des menacés va être jubilatoire.

Amber joue une carte surprenante : la franchise. Elle met à nu son âme manipulatrice pour mieux impressionner Cole. Kutner joue sur le chantage affectif : c’est le pote de Cole, pourquoi l’éliminerait-il ? Taub choisit la méthode directe en le corrompant carrément, lui faisant miroiter que ce qui reste de sa fortune personnelle comme chirurgien pourrait aider son fils à poursuivre de hautes études. Taub est d’une inattendue froideur, sa détermination justifie son rapprochement avec Amber, même si la série n’explorera pas plus loin cette possibilité. Quant à Numéro 13, elle ne tente rien, préférant laisser Cole seul juge, une intégrité qui mystifie le mormon. Numéro 13 est finalement la plus honnête, la plus droite de tous les concurrents. Elle est d'ailleurs à la fête car ses « symptômes » attirent le regard de House. Il est intéressant de voir comment elle évolue dans l'épisode : ping-pong cynique, puis grande scène de colère où House a manipulé 13 avec une machination qui fait penser à celle de Démission… (saison 3). Puis l’arroseur arrosé, c’est 13 qui le manipule à son tour : voilà ce qui arrive quand on enseigne le non-respect des règles à ses élèves !
13 est aussi une défensive. Incapable de faire face à la possibilité de l’inévitable, elle se replie dans l’ignorance. Entre l’ironie et la colère, le personnage est aussi hanté par la peur, malgré le coaching de House qui l’invite à en finir avec le doute. Ces trois traits de caractère sont traduits par la magnifique prestance d'Olivia Wilde, exécutant un numéro d’actrice qu’elle aura hélas peu l’occasion de réitérer. Son abattement quand elle confesse son fameux secret à un House qui pour une fois se montre à son écoute est une des scènes les plus touchantes de l’épisode. Comme beaucoup d’hommes, elle préfère la douceur réconfortante du doute à la vérité souvent si coupante.

Le whodunit de l’épisode : qui sera renvoyé ? se dénoue à la toute fin avec un brutal renversement de situation qu’un Agatha Christie n’aurait pas renié. House a prouvé qu’il était capable de mettre des limites à sa transgression des règles (épisode précédent), et il recadre sévèrement le « traître » de l’épisode qui lui aussi est allé trop loin. Les « élèves » de House peuvent être davantage manipulateurs que lui, renvoyant à la thématique du créateur effrayé de perdre le contrôle de ses créatures, ce qui peut être le motif de sa décision. Cette noirceur est accentuée par le sacrifice de Cole - Edi Gathegi joue bien le côté torturé de son personnage - qui préfère finalement perdre son ami que son job. Ce pessimisme sur les rapports humains, où l’amitié peut prendre la forme de simple monnaie d’échange, rejoint les fondamentaux de la série.


Infos supplémentaires :

- Cet épisode est dédié à Barbara Issak, monteuse du son de la série qui mourut en 2007 peu après la production de l’épisode Poussées d’hormones (saison 3).

- Aka. La part de mystère.

- House a eu trois allergies en dix ans. Il est du type sanguin AB. Wilson de type O.

- Premier épisode où House se fait droguer. C’est aussi le premier où il drogue également quelqu'un autre qu'un personnage principal.

- Il est suggéré que 13 pourrait souffrir de la maladie de Huntington mais elle ne veut rien savoir. Elle trouvera finalement la force de faire le test dans le finale de la saison : ... Dans le coeur de Wilson.

- Steve Valentine est réellement magicien. Il a aussi joué un illusionniste dans Monk. Il est le huitième acteur à être apparu dans Charmed où curieusement, il interprétait un être magique.

- Episode sans Jennifer Morrison et Jesse Spencer. Omar Epps n'apparaît que très peu.

- Erreurs : Foreman explique que le lupus du patient a rendu caduc le résultat du test des anticorps. Mais en réalité, le test des anticorps est suffisamment sûr pour leur permettre de deviner la vérité.

- Deux références : Cuddy fait référence à Pitcairn Island lorsqu’elle évoque les désagréments que lui cause l’équipe de House, il s’agit d’un clin d’œil au film Les révoltés du Bounty (1935). House pose par ailleurs la question Just tell me, does Cuddy have her groove back ? déformant le titre du film How Stella got her groove back (1998).

Acteurs :

Steve Valentine (1966), en plus d’être magicien professionnel, a joué le Dr.Nigel Townsend, un des premiers rôles de la série Preuve à l’appui (113 épisodes), et fut Derek Jupiter dans I'm in the band (31 épisodes). Il a aussi joué dans plusieurs séries comme Melrose Place, Amour gloire et beauté, JAG, Charmed, Chuck, Monk, NCIS, La loi selon Harry, Warehouse 13, Supernatural (épisode Un après-midi de chien), Les Experts, The Big Bang Theory, Major crimes (2 épisodes), etc. A noter que comme Hugh Laurie, il est britannique et non américain.

Retour à l'index


9. LES JEUX SONT FAITS
(GAMES)


Scénario : Eli Attie
Réalisation : Deran Sarafian

- Dying's easy. Living's hard !
- That can't possibly be as poignant as it sounded.

Jimmy Quidd, guitariste punk et drogué incurable, se met à tousser du sang. Son cas excite la curiosité de House qui pense que le drogué a trop de symptômes liés à la drogue pour ne pas avoir une maladie plus grave (!!). Ce dernier cas est sous haute tension car Cuddy ordonne à House de retenir une équipe finale juste après ce cas. Mais pendant que Jimmy est au plus mal, House s’aperçoit qu’il veut garder les quatre docteurs…

On n’épiloguera pas inutilement. Certes cet épisode clôture avec brillance la fin de la compétition, en s’imposant comme un des meilleurs épisodes de cette saison si relevée : scénario plein de rebondissements, twist final percutant, interprétation virtuose, patient captivant, dialogues pétaradants, patient secondaire excellent... Eli Attie, nouveau scénariste de la série qui a fait ses armes en écrivant pour des politiciens, puis en se formant à l'école Aaron Sorkin (dialogues brillantissimes + personnages magistralement dessinés) gagne sur tous les tableaux. On comprend que David Shore s'assura de ses services lorsqu'il écrivit le finale de la série. Mais Games est aussi marqué par une des plus regrettables décisions de la série : l’élimination d’Amber Volakis, personnage récurrent le plus fort, le plus pimenté de la série. Supprimer un tel atout est un singulier contresens. Le personnage acquerra d’ailleurs une nouvelle dimension lors de son come-back ultérieur, ce qui renforce l'impression de gâchis. On reconnaîtra toutefois que la justification des auteurs est très recevable, cohérente avec le diagnosticien.

Le point de départ est plein d’humour noir, House démontrant qu’un drogué ayant trop de symptômes liés à la drogue souffre certainement d’autre chose. Encore un exemple de la fausseté des apparences, décidément une lutte que la série ne cesse d’engager. L’enquête est conduite à un rythme soutenu, avec une succession de rebondissements de plus en plus complexes, jusqu’à son étonnante chute, incarnation type de "l'ironie du sort". A Princeton-Plainsboro, les patients ont toujours la maladie qu’ils "méritent" ! Le fil rouge de l’épisode est le bilan tiré par les quatre protagonistes dont le cas les force à révéler leurs natures cachées. Le moyen utilisé (discussions avec House) est moins original que le miroir de Mirror, mirror, mais pourtant plus efficace. Comme quoi, c’est dans les vieux pots… L’épisode s’axe sur House qui pour la première fois est incapable de prendre une décision : qui éliminer ? On voit que House est mal à l’aise : le tableau de points permet pas mal de scènes comiques, mais on sent que c’est un moyen désespéré pour lui. Il faut le voir carrément demander l’avis de Cuddy et de Chase (!) pour avoir une idée de sa confusion.

Pour son dernier épisode en tant que candidate, Amber nous gratifie d’un éblouissant numéro. Portée par la flamme fougueuse d’Anne Dudek, « l’abominable garce » est plus fascinante que jamais. Son intelligence, son sens de la répartie, lui valent de battre House au concours de vannes, soit une rareté ! Elle est confrontée à Jimmy, drogué irrécupérable, musicien de troisième zone… et heureux malgré tout ! Jimmy (Jeremy Renner, pas encore la star qu'il est devenu) est un patient remarquable : musicien méprisant son public, égocentrique, bardé de seringues… et aimant énormément les enfants. Derrière son caractère détestable, se cache un homme capable de beaucoup d’affection. La scène où Taub et 13, émus, le découvrent dans l’aile pédiatrique est joliment filmée par Deran Sarafian. Grand enfant qui n’a jamais voulu grandir, Jimmy, par son je-m’en-foutisme total, s’emprisonne dans une bulle chimérique qui le maintient heureux. Cette situation bouleverse le monde d’Amber selon lequel drogue et bonheur réel sont deux antonymes, contrairement aux trois autres qui ont compris que la personnalité des patients ne doit pas les inflencer. Amber se montre par ailleurs remarquable quand House tente de lui faire peur. Les dialogues Jimmy-House sont eux aussi une merveille d’écriture.

Chris Taub, avec le toujours fabuleux Peter Jacobson, continue le portrait de son personnage, de plus en plus sombre et réaliste, mais demeurant sympathique, a contrario d’Amber. Son comportement n’est égoïste qu’en apparence, House nous ayant montré que les médecins ne doivent avoir aucun sentiment pour leurs clients sous peine de s’effondrer (Foreman et Cameron l’ont subi à des degrés divers). Taub a compris l’essentiel de ce boulot, il est donc évident qu’il soit retenu. Numéro 13 est une des rares à voir au-delà des apparences. Seule à croire dans ce cas que la drogue est de la poudre (sans jeu de mots) aux yeux, elle permet à l’équipe de s’orienter dans la bonne direction. Quant à Kutner, c’est le plus pragmatique de l’équipe, et malgré son humour enfantin, c’est celui qui garde toujours tous ses esprits devant les imprévus. A cet égard, la scène où il est forcé avec 13 de trouver un diagnostic plausible sous peine d’être viré immédiatement montre que tous deux sont vifs comme l’éclair. La pression immense qui pesait sur eux les a forcés à mobiliser leurs ressources. Travailler dans l’urgence donne des résultats étonnants nous rappelle la série.



En contrepoint, une grinçante inversion du cas a lieu avec Wilson qui a mal diagnostiqué un patient, lui ayant prédit trois mois auparavant un cancer en phase terminale alors qu’il n’a rien. Et, surprise, le patient est lourdement embêté car lui et ses proches s’étaient tellement préparés à sa mort qu’il est maintenant totalement perdu psychologiquement… et financièrement, car il a flambé pas mal d’argent pour ses « derniers mois » ! Du coup, il veut attaquer l’oncologue en justice ! Wilson atteint décidément des sommets d’emmerdements rarement vus dans une série. Au-delà du rire jaune, l’épisode nous fait voir combien s’il est difficile de se préparer à la mort, il l’est encore plus de savoir vivre. Ainsi, la phénoménale dispute entre House et Wilson est d’autant plus violente que tous deux ont la même manie : ils veulent tout contrôler : House en manipulant tout le monde, Wilson en essayant d’être un Messie de substitution pour chacun de ses patients. Dans les deux cas, ils sont dans l’excès. La résolution finale s’appuie sur un désarçonnant résultat : chacun des quatre candidats s'est trompé… et House en déduit la bonne réponse par élimination. Il donne ainsi corps à la remarque de Cuddy dans Tout seul : les faiblesses des médecins réunies deviennent une force. La sortie d’Amber (dont Anne Dudek restitue avec ferveur son abattement) est émouvante mais vraiment dommageable. A la décharge des auteurs, les auteurs se rendront compte que le personnage est si fort qu’ils le feront revenir plus tard, rendant possible un des plus grands moments de l’histoire des séries télé. Nous quittons toutefois cet épisode avec une malicieuse coda qui nous donne un sourire attendri, un événement assez rare pour être remarqué.

Infos supplémentaires :

- Troisième épisode où House porte une blouse.

- House n’aime pas la musique punk, ni garer sa moto au parking E.

- Cuddy suggère de garder Taub et Kutner, mais dans l'épisode précédent, elle tenait à renvoyer ce dernier.

- Erreur assez énorme : pour faire convulser son patient, House veut mettre de la musique, mais il utilise non un lecteur CD… mais un ampli de guitare. Par nature, un ampli de guitare ne fait aucun bruit s’il n’y a pas de guitare !

- Référence au jazzman Thelonious Monk (1917-1982) quand House ironise sur les influences du patient. Monk fut renommé pour sa musique souvent très discordante, son jeu pianistique libre et singulier, donnant lieu à des mélodies dissonantes et un rythme inventif et novateur.

- Jimmy Quidd est nommé d’après Jimmi Quidd, un chanteur punk membre du groupe The Dots.

- Les deux chansons de l’épisode sont Spirit in the sky de Norman Greenbaum, et Slow ride de Foghat.

Acteurs :

Jeremy Renner (1971) est un acteur de cinéma dont la carrière explosa en succédant à Matt Damon dans le 4e volet de la saga des Jason Bourne (où il incarne Aaron Cross). Curieux et touche-à-tout (suivant des études informatiques, de criminologie, de psychologie), il se tourna finalement vers le grand écran, jouant dans plusieurs succès au box-office : 28 semaines plus tard, l'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, Démineur(s), Mission : Impossible 4 et 5, Thor, Avengers 1 et 2, The Immigrant, etc. Il est peu apparu dans des séries, on notera toutefois Angel (épisode Rêves prémonitoires), Les Experts, Louie (2 épisodes), The Unusuals (10 épisodes), etc. 

Retour à l'index


10. PIEUX MENSONGE
(IT’S A WONDERFUL LIE)


Scénario : Pamela Davis
Réalisation : Matt Shakman

- Prostitutes wear religious symbols ?
- I think they just like kneeling.

Maggie, mère célibataire, a ses mains subitement paralysées. Elle attire la curiosité de House car elle prétend que ni elle ni Jane, sa fille, ne mentent ; elles ne se cachent rien. Tout en essayant de résoudre ce cas, House cherche à les prendre en défaut. Pendant ce temps, acceptant une idée de Kutner, House organise une loterie de Noël entre lui et son équipe, mais curieusement pour des motifs loin d’être altruistes…

Le parallèle avec le chef-d’œuvre optimiste de Frank Capra It’s a wonderful life (1946) saute aux yeux à la vision de cet épisode de Noël. Là où Merry little Christmas (saison 3) était un épisode sombre, It’s a wonderful lie arrache in extremis son happy end, malgré son arrière-goût amer, caractéristique de la série. Pamela Davis signe une superbe histoire, n’hésitant pas à s’attaquer à la pierre angulaire de la série : le Everybody lies de House. Superbe double portrait d’une mère et de sa fille, dialogues ciselés au millimètre, cas secondaire à se tordre, retournements successifs, réflexions sur la Vérité, gag de plus en plus ironique du cadeau de Noël... la scénariste écrit un nouveau succès total pour Dr.House.

Le cas de House est un paradoxe : poursuiveur infatigable de la Vérité, il est pourtant diplômé ès bobards, mentant, trichant, manipulant continuellement. Vivant dans un monde cynique où les faux-semblants sont rois, il utilise les tares de ce monde pour mieux les dénoncer. Or voilà qu’il se trouve devant deux personnes pour qui le mensonge est étranger. De rafraîchissants dialogues rythment ce cas au fur et à mesure que House échoue à les prendre en défaut - la conversation avec Jane sur la sexualité de sa mère est tout à fait hilarante. Tentateur, House encourage la fille (Liana Liberato, qui se débrouille bien) à mentir à sa mère sans succès, à asticoter sa patiente sur les vertus du « pieux mensonge », celui que l’on dit pour soulager ou aider quelqu’un... Son rôle n’est pas négatif car il se rend compte que Jane n’a aucune vie privée, puisqu’elle dit tout à sa mère. Il nous rappelle que dire sans cesse la Vérité n’est pas toujours sain. Une théorie qui sera amplifiée dans Je dis tout ce que je pense, en saison 5, et également lorsque Martha Masters intégrera l'équipe de House en saison 7. Taub et Foreman font du House en piégeant avec acuité un des one-night-stand de Maggie, scène qui rappelle la manipulation de House dans Airborne (saison 3).


L’épisode ne promeut pas le mensonge, mais son utilité lors de cas difficiles, comme pour sauvegarder un bonheur sincère mais fragile. Plusieurs fois, la série a déploré l’impossibilité pour la Vérité et le Bonheur de s’allier. Cet épisode semble faire exception mais le cataclysmique twist final confirme bien cette triste thèse : l’alliance entre ces deux concepts n’est possible qu’au prix d’un sacrifice déchirant... Cela vaut-il vraiment le coup ? On apprécie aussi le retour de bâton que reçoit la mère lorsque sa fille qui ne sait pas mentir lui assène qu’il n’y a aucun espoir pour elle. Pas de mensonge réconfortant, rien qu’une vérité crue, et dure. Même House reconnaît être effrayé par cette vision de la Vérité à nu. Loin du charme enlevé et joyeux de Donna Moss (après Eli Attie, on dirait un revival West Wing !), Janel Moloney étonne en femme brisée et dégoûtée d'elle-même.

Le cas médical est impérialement conduit par Pam Davis, qui entre scènes chocs (chute de la fille, yeux sanguinolents de la mère…) et diagnostics en urgence instaure un suspense terrible prenant le chemin d’une conclusion noire. D’autant plus noire que nous sommes la nuit de Noël. Maggie ressemble de plus en plus à un zombie, et si les médecins répriment leur inquiétude - règle d’or de la médecine pour House - on sent leur angoisse. Heureusement, les miracles de Noël existent et House sauve la situation lors d’une conversation avec Wilson (spectaculaire apparition de Robert Sean Léonard). Le happy end est assuré grâce au second retournement final assez dément, rejoignant certains des diagnostics les plus allumés de la série. Mais l’amertume ressentie lors du premier twist demeure, d’autant qu’il est sous-entendu que Jane a deviné le secret de sa mère. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle affectant le couple Hugo-Jaimie de la remarquable série Tell me you love me.

Un des grands regrets que laisse la série est d’avoir abandonné si tôt les cas secondaires, alors quand les auteurs décident d’en insérer un, on le déguste à petites gorgées. Et en effet, le cas secondaire du jour est aussi lumineux, fantaisiste que le cas principal est grave, House soignant une très jolie prostituée (sculpturale Jennifer Hall). Un mini-jeu de séduction s’installe entre eux tandis que l’on se plie en quatre en entendant le diagnostic, hyper salace... avant d’être détrompés par la scène finale. Ce qu’on peut avoir l’esprit mal tourné parfois… D’ailleurs cette séquence finale est très belle avec le rôle que joue cette fille de joie, House lui-même semble touché. Et puis, le voir dans une église, ce n’est pas si fréquent.
Tout en se posant en tentateur du mensonge et en exprimant son dégoût habituel que lui inspire la fête « hypocrite » de Noël, House organise une loterie de Noël truquée pour que sa toute fraîche équipe se chamaille pour maintenir l’esprit de compétition, évaporé depuis la fin des éliminatoires. Cela les rendrait plus efficaces. Seule Numéro 13, fine psychologue, s'en rend compte, mais impuissante à raisonner ses camarades, finit par jouer le jeu de House… ou presque car si House parvient à les manipuler, il ne parvient pas à semer la zizanie, le quatuor restant en bons termes. Même le boss ne peut gagner à tous les coups, et qui s’en plaindra ?

Cet axe de l’intrigue, riche en humour noir, est frétillant. Si Jacobson et Penn sont égaux à eux-mêmes, Olivia Wilde est un peu au-dessus avec sa froideur cynique. Hélas, ce sera quasiment le seul registre sur lequel elle jouera, jeu bon mais limité. Tout de même, elle se montre plus égale que Jennifer Morrison. La fin exalte la magie de Noël, avec une famille guérie de son obsession de la Vérité, des médecins se réunissant tous pour passer un bon moment ensemble, et House allant voir un spectacle. Décorations et chansons de Noël rythment cet épisode optimiste.


Infos supplémentaires :

- Aka. La vérité, rien que la vérité ?

- House aurait eu un procès de la part de Foreman pour l’avoir appelé « Choupinette ». Bien qu’athée, House a une bonne connaissance des saints chrétiens.

- Parmi ses cadeaux, House reçoit un ouvrage avec la mention « deuxième édition de Conan Doyle ». Nouveau clin d’œil à Sherlock Holmes, influence majeure du personnage.

- Deuxième épisode sur le thème de Noël.

- Le mail de vente du stepper date de juin 2005, 18 mois avant les événements de cet épisode d’après House. Nous serions donc en décembre 2006, ce qui est impossible car le mail suivant, envoyé il y’a un an d’après House, date d’octobre 2006. De plus, Taub et House devraient savoir qu’un enfant ne peut avoir une correspondance au-delà de 3/6 avec sa mère pour un don de mœlle osseuse, car il n’a que la moitié de son matériel génétique. Enfin, Taub commet deux erreurs en intubant le patient : il ne retire pas l’oreiller, et tient à l’envers le laryngoscope.

- Les membres de l'ancienne équipe rencontrent pour la première fois ceux de la nouvelle équipe.

- Jennifer Morrison apparaît dans cet épisode mais ne parle pas.

- La soundtrack de l’épisode est constituée de Who took the merry out of Christmas ? des Staple Singers, The little drummer boy des « Fab Four » (le groupe hommage aux Beatles), Love for Christmas de Felix Gross, Trim your tree de Jimmy Butler, God rest you, merry gentlemen, et Santa Claus is coming for town du Ramsey Lewis trio.


Acteurs :

Janel Moloney (1969) est surtout connue pour avoir tenu le rôle principal de Donna Moss dans la série politique A la maison blanche (142 épisodes). Rôle qu'elle décrocha après avoir subi une longue traversée du désert après sa sortie de l'université. Elle est apparue aussi dans Sports Night, Urgences, Arabesque, 30 Rock, New York section criminelle, The Good Wife, Life on mars US, The Blacklist (2 épisodes), etc.

Jennifer Hall (1977) a suivi tôt des cours de théâtre et de chant, et joua ensuite à Broadway. C'est une figure souvent apparue dans des séries très connues : New York unité spéciale, NCIS, Monk, Esprits Criminels, Nip/tuck (3 épisodes), Les Experts, Les Experts : Miami (2 épisodes), Les Soprano, Private Practice, Castle, etc. Elle a tenu un rôle récurrent dans Up all night (24 épisodes). Elle a aussi été au cinéma (La vengeance d'une blonde, Confessions d'un homme dangereux, etc.)

Retour à l'index


11. CELLE QUI VENAIT DU FROID
(FROZEN)


Scénario : Liz Friedman
Réalisation : David Straiton

- Lots of books. I'm betting all medical.
- Only if you count the pornstar Jenna Jameson's autobiography as a gynaecological text.

Cate Milton, docteur et psychiatre, a intégré une base scientifique en Antarctique. Mais elle commence à éprouver d’horribles douleurs. Les vents violents n’autorisant aucun secours, elle devient la prochaine patiente de House, qui supervise son cas via webcam. House est surpris et séduit par la jeune femme qui lui tient souvent tête. Le cas est difficile car le matériel médical là-bas est très réduit. House a également deux autres soucis : il veut persuader Cameron de convaincre le comité du budget d’installer le câble à l’hôpital, et savoir qui est la nouvelle petite amie de Wilson…

Quoi, encore un quatre melons ? Eh oui, mais il faut croire qu’en cette glorieuse saison, les scénaristes réussissent tout à la perfection. Liz Friedman enchaîne à tempo effréné les déflagrations d’humour dans cet épisode vif et joyeux, qui n’oublie pas quelques moments de tension. Plus encore que Le boulot de ses rêves, il doit son intérêt à transformer House et ses collaborateurs en McGyver dû au peu de matériel présent à la base. Voir House perdre les pédales (juste après l’égarement Samira Terzi) à cause de la séduction de sa patiente est très drôle, autorisant dialogues à la mitraillette, twists vertigineux, et effarements de Wilson. Le mystère du date de Wilson, jusqu’à son dénouement imprévu tient aussi en haleine. Le harcèlement stupide de Cameron est très festif, final roublard inclus. Il n’est pas étonnant que Frozen soit un des épisodes les plus estimés des fans.

La série explore un nouveau concept dans cette saison si riche en innovations : le diagnostic à longue distance, avec moyens limités. Toutefois, l’essentiel est ailleurs, l’axe principal de l’épisode étant la perte d’objectivité de House, soucieux davantage du bien-être de sa patiente que de sa santé. Cela le pousse à une erreur en apparence bénigne qui prendra tout son sens qu’à la toute fin. Si ce twist est plus aisément devinable, il n’est pas dénué de l’ironie coutumière de la série. Cate séduit par son franc-parler, gagnant systématiquement tous ses duels verbaux avec House, qu'ils soient sexuels, éthiques, professionnels, et en lui balançant à son tour ses quatre vérités. Comble de malchance pour House, Cate est psychiatre et l’analyse fort bien. Enfin une personne qui lui résiste ! Comme le prêtre de Unfaithful (saison 5) le devinera plus tard, House, fatigué d’avoir toujours raison, a besoin de chercher des opposants, et il est séduit de cette opposition qu'il espérait secrêtement.

On se régale des dialogues de haut vol entre House et Cate. Même quand il fait plus sombre, Friedman ne renonce pas à son humour gouleyant (la dégustation d’urine…). Le sommet est certainement la parodie de rendez-vous galant où House demande à sa patiente de se déshabiller tout en mettant de la musique douce et un bourbon sur la table… la scène, pastiche éclatant de rendez-vous galant et de rapport sexuel, restera comme un des highlights de la saison ! Chez House, l’humour dans les situations dramatiques accentue le drame par le décalage produit. Wilson est témoin de l’effet de Cate sur House : il s’inquiète pour elle, l’appelle par son prénom, veut prendre moins de risques que d’habitude… Ses foireuses tentatives de le raisonner participent à la folie douce de l’ensemble. Robert Sean Leonard est irrésistible dans les scènes comiques.

Cate elle-même mèle cynisme et philanthropie : elle utilise peu de médicaments car d’autres membres de son équipe en ont besoin. Elle refuse tout traitement préventif. House, obsédé par elle, est à deux doigts d’exploser devant cette rétivité. Cate a les mêmes attitudes que House, mais elle est altruiste, et il n’est pas anodin qu’elle apprécie la bonté de Wilson qu’elle juge « parfait ». Un tel personnage aussi relevé ne peut que donner une plus-value à un épisode déjà bien abouti. On pourra certes gloser sur la fadeur du technicien amoureux, qui joue les utilités. La scène où il perce le crâne de Cate avec la foreuse fait toutefois son effet. Le diagnostic final est comme toujours ironique, l’occasion pour House une fois de plus de montrer la nécessaire objectivité dans un cas sous peine de grosses bêtises ! Omar Epps de son côté joue ici une excellente prestation en médecin attentif et luttant pour recadrer House. Tandis que la complicité entre Wilson et Cate autorise quelques scènes délicieuses.


L’épisode a commencé assez fort avec House cherchant les chaînes du câble sous prétexte de rendre service... à un comateux. Passées les mimiques exaspérées de Cuddy, on a droit à House version enfant gâté pas content qui veut énerver Cameron qui veut pas l’aider. Quand House revêt des airs de garderie version adulte, c’est souvent plein de sève. Du coup, il ordonne à Taub, Kutner, et 13 de lui mener la vie dure. Une des scènes les plus hilarantes de l’épisode est quand ils jouent franc jeu avec Cameron en lui disant à l’avance qu’ils vont l’espionner. Leur confrontation avec House à la fin est un moment d’anthologie, reflet parfait du cas principal. Il est caractéristique du besoin vital pour House de dialoguer avec des personnes qui ne lui ressemblent pas. Amoureux des débats, il est comme un Don Juan pour qui une victoire n’a de sens que si elle est l’objet d’une bataille, les femmes remplaçant ici la recherche de la Vérité. Sinon, c’est à croire que même hors équipe, Cameron reste un souffre-douleur pour House.

Enfin, l’épisode termine sa réussite avec la troisième histoire, celle de la petite amie de Wilson, dont House devine l’existence en voyant seulement la chemise lavande de son ami. Cet épisode est décidément un des mieux dialogués de la série, car ce n’est pas seulement House qui vanne, mais Wilson aussi, qui bénéficie des meilleures répliques. Il essaye d’échapper aux questions de House par tous les moyens, y compris en piquant un sprint ! Ce suspense léger se dénoue dans les toutes dernières secondes avec l’apparition de l’élue, pour finir l’épisode sur un événement tout à fait inattendu. La formation de ce couple on ne peut plus mal assorti est une surprise, qui de plus donnera lieu à une relation que la série traitera avec brio, ce qui ne sera pas toujours le cas des ships futurs. Alors, enjoy !


Infos supplémentaires :

- Episode le plus regardé de la série. Il fut diffusé juste après la finale du SuperBowl, attirant ainsi 29 millions de téléspectateurs !

- Mira Sorvino gagna l'oscar de la meilleure actrice invitée dans une série pour cet épisode.

- Anne Dudek n'est pas créditée au générique du début, pour garder la surprise de la fin.

- Kutner aime regarder la chaîne Découverte, particulièrement quand les géologues peuvent faire « sauter des trucs ». Ben voyons…

- House a dragué la femme de Carlson, dermatologue et chef du comité du budget de l’hôpital, en pensant que c’était sa fille. Il est accro au câble, a chez lui des bios de stars du porno, et boit du bourbon. Seulement douze personnes sont communes à Wilson et lui. Autopromotion : House déclare qu’il ne peut se passer du câble que le mardi soir… moment où FOX, chaîne généraliste, diffuse justement Dr.House.

- Clin d’œil : quand Wilson est surpris que House appelle Kate par son prénom, House réplique en l’appelant « Bob », le diminutif du prénom de Robert Sean Leonard.

- Wilson ne sort jamais déjeuner.

- Erreurs : Wilson demande à Cate de pousser l’aiguille de la seringue au lieu du piston de la seringue. Lorsque House utilise son Mac, le symbole de la pomme devrait être allumé. Dans l’introduction, le sang du blessé s’arrête de coaguler, mais même à -60°, le sang ne s’arrêterait pas de couler ; et la colle utilisée par Cate serait tout aussi inefficace. Par ailleurs, les turbines tournent alternativement dans un sens et dans l’autre, et changent d’orientation entre deux plans.

- Cas unique dans l'épisode, House réalise l'intervention via webcam. Cet épisode est en fait inspiré du docteur Jerri Nielsen qui coincée en Antarctique, se diagnostiqua un cancer du sein, et dut demander conseil auprès de collègues via webcam pour faire des analyses de tissus de son corps.

- Jesse Spencer n'apparaît pas dans cet épisode.

- Trois chansons dans l’épisode : Let’s get it on de Marvin Gaye, Human de Civil Twilight, et Awake de Mungal et Nitin Sawhney.

Acteurs :

Mira Sorvino (1967) est une enfant surdouée. Après avoir décroché haut-la-main les félicitations pour une thèse sur les conflits raciaux en Chine, elle se tourne vers le cinéma où ses talents de comédienne attirent l'attention rapidement. Woody Allen l'engage pour Maudite Aphrodite (oscar à la clé pour elle), lançant définitivement sa carrière. Elle a depuis tourné dans une soixantaine de films. Très active et travailleuse, elle est une actrice assez réputée aux USA. Son rôle dans Dr.House est un des rares qu'elle ait accepté pour la télévision. Plus récemment, elle est apparue dans Falling skies (6 épisodes), Intruders (8 épisodes), Enquêteur malgré lui, Stalker (3 épisodes chacun), etc.

Retour à l'index


12. CHANGEMENT SALUTAIRE
(DON’T EVER CHANGE)


Scénario : Doris Egan et Leonard Dick
Réalisation : Deran Sarafian

This isn't just about sex. You like her personality. You like that she's conniving. You like that she has no regard for consequences. You like that she can humiliate someone if it serves... Oh my God, you're sleeping with me !

Roz, 38 ans, s’est convertie au judaïsme. Lors de son mariage (arrangé) avec Yonatan, elle s’évanouit, et du sang tâche sa robe. Elle est le prochain cas de House qui pense que sa conversion est synonyme de déréglement mental. Pendant que le cas se complique, House tente de connaître les vraies motivations d’Amber à entretenir une relation avec Wilson. Il veut convaincre ce dernier qu’il fait une erreur en étant avec elle…

Cinquième 4 melons de suite ! Mais encore une fois pleinement mérité. Bien aidés par le toujours réjouissant personnage d’Amber, qui marque une évolution inattendue sans perdre de son piment, Doris Egan et Leonard Dick ont également la suprême audace d’écrire un épisode splendidement optimiste qui réduit en pièces les théories pessimistes de House, ce qui n’était quasiment jamais arrivé jusqu’ici. Le cas se mue en essai anthropologique sur la capacité des gens à changer de vie, et sur les rituels de la religion. L’humour n’est pas absent loin de là.

Plaisante introduction avec ce mariage juif joliment reconstitué et sa musique enlevée. Zoom sur le cas où on s’amuse de voir House considérer la conversion religieuse comme un symptôme neurologique ! Don’t ever change s’intéresse à un point rarement traité dans les sujets religieux : les rituels de la religion. Que sont ces rituels ? : Perennisation non actualisée d’un message ? Ou profession de foi intemporelle passant par des actes concrets ? L’épisode nous laisse juge, montrant simplement les deux côtés, bons et nocifs, de ces rituels. Ces rituels sont questionnés ici sur leur pertinence. Il ne s’agit nullement d’une critique envers le judaïsme, mais seulement d’un questionnement sur la religion en général. Ainsi, le sabbat interdisant toute action est un rituel bien près de tuer la patiente qui veut quand même le respecter. Seule l’idée lumineuse de Chase, typiquement Housienne, ainsi que l’acceptation du mari, la sauveront. On voit que Yonatan sait infléchir ses croyances dans un cas extrême. L’épisode nous livre finalement sa thèse : quand il s’agit de sauver une vie, de soulager quelqu’un, les rituels religieux doivent être infléchis. Cela n'est pas sans rappeler un passage de l'Evangile de Luc où le Christ est accusé d'avoir guéri un infirme pendant le jour de repos. On peut y voir une attaque à peine voilée contre l’extrêmisme religieux, qui distord des messages de paix et d’amour pour asservir les hommes. Souvent jusqu’à la violence…


La discussion Foreman-Taub sur les mariages arrangés est très intéressante. Taub condamne cette pratique au nom de la liberté de choisir, Foreman est moins dur, disant que fondamentalement cette pratique a du bon, puisqu’il s’agit de choisir un conjoint qui analysé par votre famille vous conviendra. Bien entendu, on est plus proche de l’utopie que de la réalité, car les abus, les tromperies, et les erreurs de jugement sont légion dans cette pratique. Pourquoi Roz a-t-elle plaqué sa vie de sex, drugs and rock’n’roll pour une branche religieuse austère ? C’est un instinct de survie, d’une prise de conscience de ses tendances à se détruire (physiquement, elle apparaît plus que ses 38 ans), un moyen de se reconstruire. Elle passe d’un extrême à l’autre, comportement naturel lorsqu’on veut fuir quelque chose qui nous oppresse, et non le masochisme supposé par House. Le soutien de son mari (Eyal Podell, parfait dans un rôle qui aurait pu sombrer dans la dégoulinade) est un atout. Fait extrêmement rare, un des couples les moins sûrs de la série sortira renforcé de l’orage ! La série sait nous surprendre.

House pointe aussi l’hypocrisie du nombre incalculable des règles de vie de toute religion, souvent faites d’interdits (et source considérable de malentendus). Pour House, l’homme doit imposer ses propres limites, mesurer sa conscience, et non qu’on lui dicte sa conduite. Le refus de toute autorité - même aux intentions philanthropiques - est caractéristique du personnage. Les patients de House ont souvent voulu changer de vie. Mais leur changement est illusoire, ils restent les mêmes au fond. Cette incapacité à changer est une source du pessimisme de la série qui prend des allures de fable, dans la plus pure tradition de la Twilight Zone : un individu est confronté à ses propres démons via un évenement surnaturel, ici remplacé par une maladie rare. Pourtant, House devra admettre que sa patiente a réussi à se libérer de sa vie antérieure, malgré l’ingéniosité de ses discours à charge. Le changement est possible nous dit l’épisode, même si la force morale demandée est si immense que bien peu y arrivent. Le cas est bien écrit. La dose standard de suspense est accrue par l’intrusion de la religion (on s’amuse de voir House férailler avec le mari). Nos médecins doivent se résoudre à des ruses pour progresser. Mention à Taub, en pleine forme.


Mais les moments les plus jouissifs de l’épisode sont donnés par le triangle House-Amber-Wilson. House veut savoir le « plan » d’Amber. Mais ce n’est décidément pas un bon jour pour House qui se goure de nouveau, tout comme le spectateur : Amber est réellement amoureuse de Wilson et n’a aucun plan en tête ! Anne Dudek est une grande actrice, car airs cassants et ironiques demeurent alors que son personnage commence une évolution plus douce. Les deux caractères cohabitent harmonieusement. Amber irradie dans ses deux scènes avec House qui lui propose le poste qu’elle désirait tant si elle laisse Wilson. Oui, Amber a aussi réellement changé et a enfin ce qu’elle veut avec Wilson : respect et amour, qu’elle croyait incompatibles. House ne peut que s’incliner. Wilson se montre déterminé malgré les avertissements de House et de Cuddy. Ses duels rhétoriques avec House sont de purs chefs-d’œuvre comme lorsque House conclut que Wilson cherche en Amber un House féminin, ou que Wilson imagine qu’il aurait pu former un couple avec House (Whaaaaaa !!!) si ce dernier n’avait pas été en même temps si égocentrique et si haineux de lui-même.
Encore une surprise : Wilson a tendance à aimer des femmes qui ont besoin de lui, mais ce n’est pas tout à fait vrai avec Amber, qu’il aime pour elle-même, malgré (pour ?) son caractère. Signe qu’il a mûri, et qu’il y’a de bonnes chances que ça dure.

Le « Houson », hypothèse selon laquelle House et Wilson ressentiraient l’un l’autre plus que de l’amitié, fait ici ses premiers pas. Bien qu’une pareille thèse soit sans doute exagérée, on voit que House a peur de voir une femme lui « chiper » son ami. Tout ça est alimenté par une course de dialogues à se plier en huit entre vannes de punching-ball et débats philosophiques décalés. Quel rythme ! Enfin, une pensée pour Thirteen dont Foreman puis House devinent qu’elle est bisexuelle (via un sournois double sens). House va donc pouvoir la taquiner sur son « ouverture ». Ca promet... Avec un tel lot de surprises, on ne s’étonnera pas que l’épisode ose le happy end total, avec la patiente guérie et heureuse, et House acceptant la liaison de Wiwi. Enfin, accepter… l’armistice n’est pas signé, et on aura l’occasion de le constater !



Infos supplémentaires :

- Taub se décrit comme un juif hassidique non pratiquant. Cela fait 12 ans qu'il est marié à Rachel. Pourtant, moins de 3 ans plus tard, dans Le héros du jour (saison 7), il dira être marié depuis 22 ans.

- Wilson pleure en regardant Victoire sur la nuit (Dark Victory en titre original). C'est un film de 1939 d’Edmund Golding avec Bette Davis interprétant une femme atteinte d’une tumeur inopérable au cerveau. Il y’a par ailleurs une référence au film La solitude du coureur de fond (1962) de Tony Richardson.

- Wilson et Amber sont ensemble depuis 1 mois. Le temps a donc passé vite entre le 4x09 et le 4x11. Kutner a tenté de la draguer sans succès. Le "Wamber" est donc bien officialisé.

- Kutner est fan de SF, littérature inclue. Outre les classiques Planète des singes (et la série dérivée), et Star Wars cités, il se prend pour un Maître Dahar de l’empire Klingon, allusion que seuls les fans de Star Trek : Deep Space Nine comprendront.

- House connaît bien les traditions juives. A l’arrivée d’Amber, il était en train de lire l’autobiographie d’Ashley Bowen, premier marin américain à avoir écrit son autobiographie.

- Dans l’introduction, quand Roz regarde Yonatan, elle le voit à travers son voile… qu’on lui a retiré quelques secondes auparavant. Wilson conduit une volvo S80, mais les clés qu’il tient n’appartiennent vraisemblablement pas à une telle voiture.

- Jennifer Morrison n'apparaît pas dans cet épisode.

- La soundtrack de l’épisode est constituée de Jerry Weintraubl de Weldeck, le traditionnel Nani Nani par l’ensemble Accentus, puis par Eshet Chayill, et Waiting on a friend des Rolling Stones, groupe séculaire accompagnant la série depuis le pilote.

 

Acteurs :

Laura Silverman (1966) est surtout connue pour avoir prêté sa voix au personnage de Laura de la série animée Dr.Katz (79 épisodes) dont elle a écrit 35 épisodes, son propre rôle dans le show animé par sa soeur actrice The Sarah Silverman Program (32 épisodes), et le rôle de Jane Benson dans Mon comeback (20 épisodes), joué dans les séries Buffy contre les vampires (épisode Kendra), Angel (épisode Cinq sur Cinq), Les Griffin, Larry et son nombril, Nurse Jackie (4 épisodes), etc. Elle est la soeur de Sarah Silverman, humoriste très populaire et controversée aux USA.

Eyal Podell (1975) est d'abord un acteur de théâtre, mais s'est souvent tourné vers la télévision. Il a joué dans les séries Ally McBeal, La loi selon Harry, A la maison blanche, Urgences, JAG, FBI portés disparus, Charmed (2 épisodes), Angel (épisode Le sous-marin), Les Experts, Les Experts : Manhattan, Preuve à l'appui, NCIS, NCIS : Los Angeles, NCIS : Nouvelle-Orléans (épisodes Le maître de l'horreur, et Une fin annoncée), Lost, 24 heures chrono (4 épisodes), The Event, Bones, Mentalist, Private Practice, Touch, Esprits criminels, etc. Il fut également le Dr.Evram Mintz, un des premiers rôles de Defying Gravity (13 épisodes), et Adrian Korbel dans 146 épisodes des Feux de l'amour

Retour à l'index


13. TROP GENTIL POUR ÊTRE VRAI
(NO MORE, MR. NICE GUY)


Scénario : David Hoselton et David Shore
Réalisation : Deran Sarafian

He is happy. I have to stop this before it spreads.

Jeff, la quarantaine, est un homme exagérément gentil et optimiste, ignorant la colère et le chagrin. Après s’être évanoui, il est admis à Princeton-Plainsboro. House est persuadé que sa gentillesse excessive est le symptôme d’une maladie grave. L’équipe fait une terrible découverte concernant House. Ce dernier tente d’apaiser la tension entre lui et Amber en faisant un compromis : tous deux auront la « garde alternée » de Wilson. En même temps, Cuddy ordonne que House fasse le bilan de compétences de son équipe…

No more, Mr. nice guy n'est pas sans rappeler un subtil épisode d'Ally McBeal (Du rire aux larmes) où un homme est incessamment heureux après un accident cérébral. Mais ici qui trop embrasse mal étreint. Même si la série sait comment correspondre les différentes intrigues de ses épisodes, les auteurs présument de leurs forces en mélangeant pas moins de quatre intrigues ! Du coup, l’épisode s’éparpille dans tous les sens, temps morts en prime. Bien que décousu, l’épisode parvient tout de même à captiver grâce à l’humour délirant de situations absurdes (la marque d’Hoselton), et une véritable partie d’échecs psychologique super tordue mais jouissive entre les différents protagonistes (la marque du créateur). Au final, l’épisode remplit son contrat, mais déçoit un peu après cette brillante succession de chefs-d’œuvre.

Shore et Hoselton jonglant un peu trop d’une intrigue à l’autre, oublient de bâtir une vraie enquête. Les péripéties paraissent forcées, schématisées à l’excès. La réalisation plus calme de Deran Sarafian équilibre, mais n’évite pas des moments de statisme. Nos médecins fatigués ne brillent guère, anonnant des hypothèses sans y croire. Toutefois, on lèvera le pouce pour Paul Rae qui en fait des caisses dans son interprétation du gars tout gentil, jusqu’à en devenir tête à claques. Il fait furieusement penser au déchaîné Parker de Friends (Celui qui était trop positif) en optimiste intégral joyeusement lourdingue. Deb, sa femme (la jolie et compétente Chad Morgan) décrit bien l’enfer de sa vie de couple : condamnée à être « moins bien » que son chaleureux mari, elle est sous pression. Certes, elle l’aime, mais son caractère joyeux qui ne cesse jamais finit par la stresser. Remake inversé du poème Portraits de femmes de Baudelaire où un homme perd tout contrôle à cause d'une épouse trop parfaite, cet épisode rénove son approche pessimiste du couple. Ce dézingage des couples modèles contient une morale vacharde : un couple ne peut s'épanouir que s'il y'a des disputes ; vous avez dit cynique ? Méchamment, la série nous livre une fin ambiguë : et si finalement la gentillesse excessive de Jeff faisait partie intégrante de sa personnalité et non de sa maladie ? Le cauchemar va-t-il continuer pour Deb ? On en frémit...

Une autre intrigue était largement dispensable, celle de la « maladie » de House qui expliquerait son caractère de cochon. Dilemme des docteurs : doivent-ils « soigner » leur patron au risque de le transformer en médecin « basique » (le mépris de l’affectif pour House lui permet de développer tout ce qui est cérébral) ou laisser la maladie le ronger ? Si le nouveau trio marche sur une gamme d’émotions plus large que l’équipe primitive, quiconque a un peu suivi la série flairera tout de suite que ce n’est qu’une supercherie. De plus ne débouchant sur aucun résultat dramatique. Le dilemme est expédiée en une résignation hâtive, sapant tout débat sur notre capacité à juger sur ce qui est bon pour l’être humain. On passe.

Heureusement, les deux autres intrigues sont bien mieux écrites. Ainsi, House doit écrire un bilan de compétences, paperasse qu'il délègue très vite à Foreman, honoré de cette preuve de confiance. Mais c’est méconnaître House qui lui donne ce pouvoir que pour mieux l’humilier ! Voir Taub - définitivement le membre le plus relevé de l’équipe - lui fournir une pétillante explication de texte vaut le coup d’œil. Taub qui par ailleurs barbote 5$ à Kutner pour lui montrer que la gentillesse est une valeur dépassée dans notre monde cynique : le fiel sous l’humour, typique de la série. Toutefois, c’est bien Kutner qui est ici au premier plan, toujours avec son humour enfantin qui adoucit l’ironie de l’histoire. Il est très drôle d’entendre les différents bilans de compétence, en particulier quand Cuddy exécute proprement House en lui balançant toutes ses tares comme si elle lisait un (long) acte d'accusation. House se venge en faisant celui de sa patronne, extrêmement vitriolé… mais loin d’être faux, Cuddy est bien trop intelligente pour le nier, se contentant d’encaisser sereinement. House commence déjà à taquiner Numéro 13 sur sa bisexualité, choueeette.

La conversation avec Chase est assez rigolote tout en s’intéressant à la politique forcée du compromis, lot de tout couple, et qu’il faut accepter car c’est une preuve d’amour. Une leçon que House a dû regretter de ne pas avoir suivie quand Cuddy le quittera. Cela s’enchaîne au segment le plus abouti de l’épisode : la garde alternée démente de Wilson où House et Amber se prennent pour deux divorcés se partageant leur enfant ! Wilson est tellement effrayé par ce duo infernal qu’il se laisse faire. Pour la première fois, House parvient à renvoyer Amber dans les cordes, mais sa vengeance sera terrible... et conduira House au diagnostic final. Improbable ? Ben oui, mais on marche comme des gosses !

S'ensuivent dialogues mortels et séquences mémorables (beuverie de Wilson, chantage de House, réactions d’Amber…) dont la moindre n’est pas le déplacement hilarant du triangle chez Cuddy mise en position d'arbitre sans qu'elle n'ait rien demandé. Le tout se voit couronné par le châtiment final. Mais sous la couche de rire, les dialogues House-Wilson montrent combien chacun connaît l’autre. Wilson accepte de se laisser manipuler par House. Victime sacrificielle consentante, il savait comment tout ça allait se passer, tout comme House. Le lien entre les deux amis est très fort, chacun sait à quoi pense l’autre, comment va agir l’autre, le tout sans paroles explicites. Le vernis de la comédie laisse affleurer l’émotion de cette histoire d’amitié fascinante, tout en confirmant la véracité du « Wamber ». Amber aime réellement Wilson, elle est sincère avec lui, mais ne se prive pas de dire que c’est un froussard. Le personnage reste très rugueux, malgré sa métamorphose. Et on ne s’en plaindra pas, on l’aime comme ça !

Pour terminer, House regarde son soap favori à la télé. L’acteur qui y est présent sera de la partie dans le prochain épisode !



Infos supplémentaires :

- House lit TV Soap Chronicles. Il a un piano Yamaha. Il est fan de Miley Cyrus (Mariah Carey en VF). Oui, House a des plaisirs coupables.

- Il est sous-entendu que 13 est bisexuelle. Cela sera confirmé dans La vie privée de Numéro 13 (saison 5).

- Chase joue très bien au bowling. House moins. On remarquera que la mécanique de la salle foire : après que Chase fait son dernier strike, la machine remet quand même trois quilles, comme s’il en avait fait tomber que sept !

- Cameron a une amie insupportable (une seule ? s’étonne House).

- Amber va au yoga le mercredi soir.

- Wilson tient mal l’alcool.

- Nouvelle référence à la série L Word, que House préconise comme aphrodisiaque !

- La grève des infirmières (ainsi que la manifestation de l’introduction) est en fait une référence à la grève des scénaristes qui frappa les Etats-Unis, forçant de nombreuses séries à raccourcir leurs saisons en cours (comme Dr.House). Cet épisode fut le premier écrit après la grève.

- Soundtrack de l’épisode : I want it de Kristen Mari, Everyday people de Sly Stone, You keep me hanging on par Les Supremes, et enfin Salsa Habanero par Wayne Jones. Par ailleurs, Paul Rae chantonne dans l'épisode Baby, I'm-A want you de David Gates.

Acteurs :

Paul Rae (1968) a surtout joué à la télévision, comme dans les séries Sabrina l'apprentie sorcière, Les Experts, Star Trek : Enterprise (épisode Les hors-la-loi), Monk, Desperate Housewives (2 épisodes), NCIS, A la maison blanche (2 épisodes), Malcolm, The Closer, Moonlight, Californication, Esprits criminels, Fringe, Justified, Mad Men, True blood, Supernatural (épisode Que le diable l'emporte), Aquarius (2 épisodes), etc. Il a un peu joué au cinéma (Massacre à la tronçonneuse 3D, True Grit, etc.).

Retour à l'index


14. POUR L’AMOUR DU SOAP
(LIVING THE DREAM)


Scénario : Sara Hess et Liz Friedman
Réalisation : David Straiton

- You lied to me !
- I kidnapped you. You’re surprised that I lied to you ?

Evan Greer joue le rôle principal du soap opera médical « Passion sur ordonnance ». Fan assidû de la série, House remarque quelques détails sur le comédien et en vient à penser qu’il a une tumeur. Il le kidnappe à la sortie du tournage et lui fait des tests ! Cuddy est sous pression car l’hôpital est inspecté. Elle supplie House de ne pas faire d’esclandre. Enfin, Wilson est surpris par la gentillesse d’Amber qui le laisse faire des choix sans elle ; cela cache-t-il un piège ?

Cet épisode connaît un départ pétaradant avec sa situation de départ fêlée. Mais revient à des normes plus classiques une fois passée ce portique brillant. Ca n’empêche pas l’épisode de se laisser regarder, Sara Hess et Liz Friedman alternant subtilement comédie et drame. Entre deux rires, l’épisode entame une charge percutante contre les soap operas, et observe le décalage entre la réussite professionnelle et la réussite personnelle, qui ne vont pas forcément de pair. Enfin, le problème éthique du jour entre House et Cuddy atteint son but, et permet de constater une nouvelle évolution dans leur relation. La bonne humeur de cet épisode ne laisse pas du tout présager la violente tragédie du season finale qui va lui succéder.

L’introduction casse avec l’habitude de la série avec le tournage hilarant de ce soap caricatural (comme tous les soaps) où tout sonne faux ; première des piques que va envoyer l’épisode sur l’univers des « Daytime series ». Il n’est pas interdit d’y voir une attaque contre Hospital central, le soap opera médical séculaire des Etats-Unis (depuis 1963 !), ou même contre Grey’s anatomy, la concurrente directe de la série, l’une des bouses les plus magistrales des années 2000. On bascule dans une autre dimension avec les explications de House sur ses soupçons quant à la santé de l’acteur : un texte lu 2 secondes plus lent, un tic sur son visage, un temps de réaction allongé de 0.8 seconde… et comme c’est House, ben, on y croit !! Il est surprenant de voir House, ennemi du sentimentalisme, suivre passionnément un soap opéra dont il connaît toutes les intrigues alambiquées. Cela n'est pas sans rappeler le bad guy Spike de Buffy contre les vampires, connaisseur assidû d'un soap. La scène la plus OVNI est le diagnostic différentiel où les médecins regardent les épisodes de la série pour trouver des symptômes. Bienvenue à Princeton-Plainsboro…

Le cas médical est meilleur que le précédent, mais reste en-deça de ce que nous a offert cette saison. En fait, l’originalité du cas est assurée par le come-back de Cameron qui doit faire la paperasse de son ancien boss sous les ordres d’une Cuddy sur les nerfs. Les réflexions grinçantes qu’elle balance à House sont dans la logique de son évolution plus rude. Débute alors une running joke qui va durer quelque temps, où House propose à Cameron de revenir dans son équipe. Les fans du Hameron frétillent : malgré qu’il prétendait bluffer, House était peut-être sincère, et souhaitait sa réintégration. Mais si son ancien job, si excitant, manque à Cameron (impeccable Jennifer Morrison), House, lui, ne lui manque plus du tout. Ce distinguo approfondit le personnage qui gagne en indépendance. Le Hameron émerveille par son minimalisme maîtrisé, "à-côté" qui garnit l’épisode.

Le patient présente le cas type de la célébrité qui n’aime pas ce qu’elle fait. Evan (Jason Lewis, convaincant) s’ennuie dans ce tournage de soap, rappellant qu’il s’agit de ce que fait de plus bas la télévision (quoique la téléréalité…). Malgré son succès, il n’a que mépris pour ce show où ni histoires ni comédiens sont crédibles, et ciblant les fans de ces shows comme des crétins. Au-delà de ce regard acide, c’est bien le drame d’un homme qui est contraint pour survivre à prostituer son talent qui interpelle (on est pas loin du Tootsie réalisé par Pollack). Femmes en folie et sécurité financière ne sont pas synonymes de bonheur rappelle la série qui exalte au contraire le respect de nos valeurs morales dont l'irrespect empêche de s'épanouir. Ainsi, House a vendu son bonheur contre le respect de sa moralité : la vérité à tout prix, Taub a vendu sa situation luxueuse pour conserver son ménage, etc. et ainsi s’estiment
relativement heureux (belles discussions de la team). Il ne serait cependant pas faux de dire que c'est aussi à force de voir le monde en noir que House et Taub ne peuvent plus être déçus, la série cherchant toujours à complexifier ses persos.

Mis à part les gros gros sous-entendus sexuels de House, le cas finit par devenir un révélateur du "Huddy" par les limites éthiques qu'il transgresse, et le laisser-faire de Cuddy. Certes, on a déjà vu ça, et l'idée d'une inspection ne change rien, mais on apprécie ces scènes comiques comme le chantage de la télévision et la scène de la morgue. Mais la tension finit par s'installer : si House se trompe, Cuddy sera virée pour faute grave, et House avec. Mais House, héraut de la vérité, place sa recherche avant tout, boulot compris, du coup Cuddy est en position de faiblesse. Pourtant, elle aura l’audace de lui faire pleinement confiance et se remet tout entier entre ses mains. Le twist final est anticlimatique mais est d’une ironie brillante, avec encore un triomphe des apparences. Un tel risque ne va absolument pas avec la prudence de Cuddy. Il s’agit donc d’une graine de plus dans le Huddy, duo au-delà du simple rapport professionnel, à la confiance solide, même si on est encore loin d’un rapprochement.

Amber nous surprend. Tout fan de X-Files s’amusera avec la survenue d’un monstrueux waterbed qui donne autant de misères à Wilson que Mulder un lundi de sinistre mémoire. Robert Sean Leonard et Anne Dudek s’entendent parfaitement et composent un couple très crédible. L’histoire débile du choix du lit montre à quel point Wilson est quelqu’un de trop généreux. A force de vouloir faire plaisir aux autres, il s’oublie lui-même, ce dont Amber lui fait prendre conscience, et l’encourage à accepter de recevoir, qu’on s’occupe un peu de lui. Amber nous fait par ailleurs un numéro de pleureuse pour faire baisser les prix à un vendeur : oui Amber est en réalité un p'tit ange, mais ne renonce pas à ses tordantes manipulations ! House, refusant de s’avouer vaincu, est sûr qu’Amber tend un piège à son petit ami avec ce choix cornélien. Raté, Amber poursuit son adoucissement en demeurant d’une sincérité totale. Que House se trompe autant sur Amber est normal, car selon son credo, personne ne peut changer. Que ce soit un personnage cynique qui démolisse une croyance de House ne manque pas de piquant !

Maintenant. Préparez vos mouchoirs…

Infos supplémentaires :

- House a des revues pornos dans son tiroir (revue fictive Pandora’s).

- Kutner a travaillé dans un magasin, section parfums pour homme. Il y était très mal payé.

- Premier épisode où Cameron retourne temporairement dans l'équipe de House.

- Jason Lewis a joué dans Sex and the City - comme Cynthia Nixon dans Faux-semblants (saison 2). Il est le neuvième acteur à avoir participé à Charmed.

- Cet épisode est inspiré d’une histoire vraie : un chirurgien, en examinant pendant une émission le visage de Conor Lenihan, ministre des affaires étrangères en Irlande en novembre 2006, diagnostiqua le début d’une tumeur. Il contacta le ministre qui était bel et bien atteint, et lui empêcha ainsi d’être défiguré par sa maladie.

- La chanson de l’épisode est Needles in my eyes par The Beta Band.

Acteurs :

Jason Lewis (1971) est un ancien top model. Il a joué aussi bien au cinéma qu'à la télévision. On a pu le voir dans les séries Beverly Hills (4 épisodes), Les Experts, Les Experts : Miami, Brothers & sisters (8 épisodes), Charmed (6 épisodes), How I met your mother, etc. Il est surtout connu pour avoir été Smith Jerrod, personnage qui passa la bague au doigt de Samantha Jones, la croqueuse d'hommes de Sex and the city (16 épisodes), ainsi que dans les deux films adaptés de la série. 

Retour à l'index


15. DANS LA TÊTE DE HOUSE… 
(HOUSE’S HEAD…)


Scénario : Peter Blake, David Foster, Russel Friend, et Garrett Lerner, d'après une histoire de Doris Egan
Réalisation : Greg Yaitanes

- Did you take my cell phone ?
- My large colon did. I’m negotiating its release.

Soir. House est dans un bar à strip-tease. Il est ivre, a une sévère contusion au crâne, et ne se souvient pas de ce qui s’est passé depuis qu’il a quitté l’hôpital. Il a cependant le sentiment que « quelqu’un va mourir ». Il sort et voit qu’il y’a eu un grave accident de bus et qu‘il était dedans ! Pompiers et policiers évacuent les blessés. House, malgré son état, doit absolument trouver qui et pourquoi un des passagers du bus a attiré son attention. Pour cela, il doit interroger son cerveau pour revenir dans le passé, quitte à s’épuiser mortellement…

Le grand finale de la saison 4, le meilleur de la série, impose dès les premières secondes son ambiance de cauchemar éveillé. Le scénario, écrit à dix mains, instaure un suspense terrifiant qui ne cesse d’aller en crescendo. Il est centré sur l’incandescente composition de Hugh Laurie, jouant un House prisonnier d’une amnésie oppressante. L’épisode déroule en simultané un cas classique mais magnifié par la caméra crépusculaire de Greg Yaitanes, imprimant une ambiance eschatologique tout le long. Les scènes d’hallucinations dégageant une aura maléfique, un House suicidaire, une énigme désespérée, une course contre le temps… tout concourt à faire sortir cet épisode du cadre traditionnel pour revêtir des allures de thriller onirique. S’il n’évite pas quelques délayages, l’intrigue est menée tambour battant, s’achevant sur un cinglant cliffhanger.

L’introduction aurait pu jouer sur l’humour noir, avec House s’examinant lui-même, mais la mise en scène en clair-obscur de Yaitanes - avec des flashes en noir et blanc -, et la présence d’une strip-teaseuse envahissante (Jennifer Lee Wiggins), font basculer l’épisode dans une atmosphère très Twilight Zone. La vision d’horreur du bus renversé entame la longue descente aux enfers de House. Une fois planté ce tableau, l’épisode s'accorde pas mal de folies. Les doses d’humour ne dégagent au mieux qu’un rire nerveux tant l’atmosphère nocturne que l’urgence ne permettent aucun adoucissement. L’épisode alterne scènes oniriques et retours dans la réalité, mais ces derniers seront parfois un peu longs. Car ce sont bien les plongées dans l’inconscient de House qui fascineront le plus, comme l’avait si bien démontré House à terre (saison 2).


Le premier rêve voit House retourner dans le bus et dans le café. Lumière faible, visages flous, apparitions et disparitions successives de Chase et Wilson, le tout dans une ambiance fantomatique et alcoolique, avec en plus l’irruption d’Amber en tant que fantasme qui vient tout perturber... tout cela compose une atmosphère pleine d'ombres inquiétantes. La pâle pénombre du bus vide accentue le malaise. Pour avoir plus de renseignements, House fait une overdose volontaire de Vicodin pour déclencher une deuxième hallucination. Elle atteint un nouveau pic de mystère avec l’apparition d’une très belle femme brune qui se présente comme étant « la réponse ». Ivana Miličević, sphinx indéchiffrable, joue d’un jeu statique, d’un sourire indéfinissable, et d’une stature ambiguë, pour symboliser une vérité en prosopoppée, qui ne s’ouvre qu’au fur et à mesure. Ce concours de figures fictives et réelles, de souvenirs et de fantasmes, sème le trouble recherché.

L’obstination de House à rechercher LE détail qui a attiré son attention est le moteur de toute l’histoire. Les diagnostics différentiels n’ont pas la saveur comique normale, mais évitent l’aridité par l’angoisse et la fatigue de House et de son entourage - le jeu tendu à la limite de la sobriété traditionnelle des comédiens les rend bien. Plus l’épisode avance, plus House prend des risques avec sa propre santé, menaçant de s’effondrer à tout moment. Il est dommage que les scénaristes s’attardent dans le monde réel, car du coup on dirait que l’épisode - comme  effrayé de son audace - veut retomber sur des bases plus terre à terre. Cela n’empêche pas le cas d’être bien fait. Systématiquement, nos docteurs se heurtent sans cesse face à des murs de symptômes sans corrélation. Tout comme House, au moment d’avoir une révélation, voit la lumière s’éloigner. Ce sentiment d’échec répété ne se débloque qu’après le troisième rêve qui contient une des scènes les plus célèbres de la série : le strip-tease de Lisa Cuddy !!!


Cette idée démente de scénariste est justifiée par le fait que House ne peut plus faire la différence entre cérébral et émotion, entre le niveau intellectuel et les fantasmes. D’où cette hallucination où House et Cuddy discutent du patient pendant qu’elle se déshabille suggestivement. On peut rendre hommage à Lisa Edelstein, extrêmement pudique, de casser son image coincée, même si elle s’arrête avant « le moment intéressant ». La frustration de House (Dance, woman !!) - et des spectateurs esthètes - est contredite par l’analyse fataliste de Cuddy : son cerveau droit a repris le dessus : il préfère fantasmer sur des symptômes que sur des femmes ! Cette scène unaniment acclamée par les fans n’est pas un prétexte gratuit, elle fait avancer l’enquête tout en faisant le point sur l’attirance de House pour sa boss, tout en proclamant le triomphe sinistre de l’intellect sur les instincts naturels de cet homme. On ne sait donc pas si c'est une scène optimiste ou pessimiste quant au "Huddy".

Les hallucinations successives lessivent House qui fait un retour forcé au bercail. La variété des sentiments et impressions est un gros point fort de cet épisode, qui alterne sans cesse comédie et drame tout en s’inscrivant dans une trajectoire déjà tragique. On apprécie que la résolution du cas ne s’appuie pas sur un flash de House, ce qui aurait été trop « attendu » mais bien sur une de ses habituelles illuminations. La coda du cas décuple brutalement la tension avec Numéro 13 (Dr.Hadley désormais), forcée de trancher un dilemme en quelques secondes. Quelle urgence !

Mais on se doute que ce cas a été trop tôt résolu, et effectivement, un rebondissement fiévreux renverse la donne avec la spectaculaire réapparition de « la réponse ». On remarque en passant que Cuddy, pour garder un œil sur son subordonné épuisé, dort chez lui - pas dans le même lit - il y'en aura un écho dans le final de Sous l’apparence (saison 5). L’épisode est décidément très malin, car il nous a mené en bateau tout le long : et comme House, nous avons inversé cause et conséquence. Diaboliques scénaristes !

L’épisode amorce un nouveau virage avec le quasi-suicide de House, prêt à toutes les folies pour résoudre cette diablesse d’intrigue sous l’effarement général. Le complexe du Rubik’s cube comme dirait Wilson, mais poussé dans ses extrêmes limites. On ne peut s’empêcher d’admirer un tel jusqu’auboutisme. Ultime confrontation avec « la réponse » où House déchire le voile de l’illusion pour une révélation terrifiante : le cauchemar ne commence désormais que maintenant pour les protagonistes !! La reconstitution de l’accident, avec un soin habile du ralenti, est d’un sordide haletant. La fameuse scène du bouche-à-bouche de Cuddy qui a émoustillé bien des fans du Huddy devient anecdotique devant le cliffhanger final. La seconde partie s’annonce très prometteuse… et très noire.



Infos supplémentaires :

- Cet épisode et le suivant qui s’y enchaîne est le préféré d’Omar Epps, Jennifer Morrison, Jesse Spencer, Anne Dudek, et Lisa Edelstein.

- Chase a suivi un stage d’hypnose à Melbourne.

- Amber a une marque de naissance sur l’omoplate.

- Curieusement, Ivana Miličević a joué un personnage nommé Amber dans le film Allergique à l'amour (1999) !

- Le barman (qu'on revoit dans l'épisode suivant) est joué par le compositeur Fred Durst.

- Premier épisode où un personnage souffre d'amnésie.

- House pense parfois à Amber nue. On le comprend.

- Nous apprenons le vrai nom de Numéro 13 : Dr.Hadley. Les producteurs ne dévoileront son identité qu’au compte-gouttes : son prénom sera divulgué dans Le petit paradis (saison 5), et son second prénom dans Brouillages (saison 6).

Acteurs :

Ivana Miličević (1974) est la soeur de Tomo Miličević, guitariste du groupe 30 seconds to Mars. Après une brève carrière de mannequin, cette ravissante brune a été comédienne de stand-up avant de commencer à percer au cinéma et à la télévision. Surtout connue pour son rôle de Carrie Hopewell dans la série Banshee (38 épisodes), elle a joué aussi dans Seinfeld, Une nounou d'enfer, Buffy contre les vampires (épisode La roue tourne), Friends, Charmed (2 épisodes), Les Experts : Miami, Ugly Betty (2 épisodes), Chuck, FBI : portés disparus, Hawaïi 5-0, Charlie's Angels, etc. Au cinéma, elle a tourné assez fréquemment. On l'a vue dans le rôle de Valenka, la petite amie du Chiffre dans Casino Royale (2006), mais aussi dans (S)ex List, Vanilla Sky, Love Actually, etc.

Henry Hayashi (pseudonyme d'Eidan Hanzei), descendant d'une famille de samouraïs, s'est engagé d'abord dans la criminologie avant de se tourner vers une carrière d'acteur. Il a joué dans Santa Barbara, Southland (2 épisodes chacun), Star Trek : Deep Space Nine, Hawai 5-0, Boston Justice, Heroes, Castle, etc. Il a aussi débuté une carrière au cinéma (Tortues Ninja III, Hypertension 2, Ultimate game, etc.).

Retour à l'index


16. … DANS LE CŒUR DE WILSON 
(… WILSON’S HEART)



Scénario : Peter Blake, David Foster, Russel Friend, et Garrett Lerner
Réalisation : Katie Jacobs

- It's okay.
- It's not okay. Why is it okay with you ? Why aren't you angry ?
- That's... not... the last feeling I want to experience.

Amber est transportée d’urgence à Princeton-Plainsboro. Elle est mise sous hypodermie pour ralentir la progression de son mal inconnu. La situation angoisse Numéro 13 qui n’arrive plus à travailler. Wilson parvient à convaincre House qu’une information capitale est encore cachée dans sa tête. Au risque de détruire ce qui reste de son cerveau, House subit des impulsions électriques pour revenir dans le passé…

Ténèbres, tout n’est que ténèbres… La deuxième partie du finale de la saison 4 traite du point le plus délicat possible dans une série médicale : faire pleurer dans les chaumières sans tomber dans le pathos gras. Nombre de séries se brisèrent sur ce récif, et il ne faut pas trop d’un quatuor de scénaristes chevronnés pour le franchir. Wilson's heart, par un suspense poussé dans ses derniers retranchements, force le spectateur à se mettre petit à petit dans l’état idoine pour être pleinement assommé par la fin. Après trente minutes de recherche frénétique, l’épisode élargit le mouvement pour se terminer dans une massive coda où les trompettes de la mort sonnent à toute volée. Noir de bout en bout, cet épisode est un sommet de technique et d’émotion qui est la digne pierre de touche de cette saison si inspirée.

L'épisode se déplace sur un terrain plus conventionnel, le thriller onirique est remplacé par une course contre la mort. Mais à coups de dialogues subtils, et d’une interprétation unanimement parfaite, l’épisode réussit haut-la-main son pari, brisant le masque de la sobriété pour filmer l’angoisse et la douleur dans toute leur crûdité. House, Cameron, Foreman, et Chase dans une moindre mesure, ont tous subi une perte temporaire de leur jugement lors d’un précédent épisode. C’est au tour de Wilson d’y passer : mortifié à la pensée qu’Amber pourrait mourir, il se montre d’une prudence exagérée, refusant tout test non sûr à 100% (Ca n’existe pas ! lui rappelle House), préférant demeurer dans le doute, retarder sans cesse le moment où il faudra l’analyser. House, plus ému qu’il veut le laisser paraître, appuie sa cause, violant sa règle de ne pas laisser l’émotion guider sa conduite, provoquant la rebellion de sa team. C'est tendu.

House et 13 sont confrontés à leur propres contradictions dans la poignante scène des toilettes : tous deux pleurent sur le sort d’Amber et Wilson. Le corollaire est terrible : 13 n’accepte pas par ricochet de faire face à sa propre épreuve, et House est devant une situation absurde : il retire sa subordonnée du cas parce qu’elle laisse l’affectif prendre le dessus sur la raison… ce qu’il est pourtant en train de faire lui aussi. Il faut attendre l’inattendue rebellion de Foreman et Cuddy, pour que House reprenne ses esprits et trouve la force d’éloigner Wilson. Les diagnostics différentiels de cet épisode sont particulièrement stressants. L’angoisse de Wilson, les indécisions de House, l’éloignement de Cuddy, les pleurs de 13 perturbent le cas. Wilson déguste particulièrement car la possibilité que House et sa chérie aient été amants pointe le bout de son nez. L’hallucination de House qui fantasme cette fois sur Amber est une des séquences les plus troublantes de l’épisode : L’Amber onirique vampe torridement un House sans défense, Anne Dudek joue décidément tous les registres à la perfection !

Aucun remplissage : chaque scène a son intérêt dans cette machine infernale. Comme la fouille de l’appartement d’Amber où Kutner gère, et 13 pas du tout, les yeux d’Amber virant au jaune pourri, son spectaculaire réveil, nouvelle hallucination de House, avec un autre imbroglio au menu - comment savait-il qu’elle avait un « rash » dans le bas du dos ? Le mystère de ce qui s’est réellement passé la veille entre House et Amber est habilement entretenu quand en même temps, Foreman aggrave involontairement son état. Les deux fronts sont explorés par les scénaristes simultanément, ce qui accélère le mouvement. La mise en scène de Katie Jacobs suit bien l'ensemble, réussissant plusieurs plans suggestifs.

Et puis, il y’a ce merveilleux moment où Wilson fait comprendre à House qu’Amber compte plus pour lui que lui. House se « sacrifie » en sollicitant encore son cerveau presque HS pour trouver l’information manquante. House est prêt à mourir pour rendre service à un ami. Il s’agit d’un des plus beaux actes d’amitié possible, et de la part de House, c’est sublime. Cet ultime retour dans le temps sera sans appel, avec un démoniaque double twist final, une des plus horribles ironies du sort que nous est offert la série. Tout espoir est anéanti, alors que House sombre dans le coma, épuisé. Les adieux de Wilson et d’Amber sont heartbreaking, partageant une ultime étreinte, que Wilson fait durer encore et encore, retardant de nouveau la mort de celle qu’il appelait déjà - avec l’avis de House - « sa femme ». La composition à fleur de peau d’Anne Dudek et de Robert Sean Leonard, magnifiée par la délicate caméra de Jacobs, est à pleurer d’émotion. L’épisode n’oublie pas de tirer une morale typique de la série : on a toujours tendance à rendre plus sympathique quelqu’un qui meurt sous vos yeux. Le quatuor n’aimait pas Amber, mais ils ne peuvent empêcher l’émotion de les submerger. D’un commun d’accord, ils vont la voir sur son lit de mort, sans dire un mot. Cette Cène muette est un beau cortège funèbre.

Amber, au moment de mourir, révèle toute sa grandeur d’âme en refusant d’éprouver quoi que ce soit de négatif : colère, douleur… en partant avec un sentiment d’amour débordant pour Wilson, lorsque ce dernier se résout enfin à la débrancher. La garce manipulatrice était en fait une femme généreuse et pleine d’amour. Le dernier rêve de House est aussi poignant que la scène précédente. Transfigurée, Amber est d'une beauté surréelle, et House se voit à côté d’elle dans un bus vide, une lumière éclatante brillant au-dehors. Très belle image de « l’entre-deux mondes ». On voit alors une scène unique dans la série : House hurle contre l’injustice qui veut qu’une grande âme comme Amber (ce sont ses termes) meurt alors que les sales misanthropes égoïstes comme lui survivent. Il a même l’intention de l’accompagner dans la mort plutôt que d‘affronter la haine de Wilson, à qui House tient bien plus qu’il ne le prétendait. C’est Amber qui doit le consoler et lui ordonner de sortir du bus, de regagner la vie, tandis qu’elle, part au-delà… Le spectateur ne peut qu'être écrasé par ces gigantesques vagues d'émotion.



House se réveille pour croiser le regard assassin de Wilson qui - à raison - considère House comme le responsable de ce qui s’est passé. La possible destruction du Hilson est bien plus saisissante que la tendresse de Cuddy qui veille sur House. Wilson finit par s’effondrer dans son lit - subissant une dernière pointe ironique en passant - qui paraît alors tragiquement immense, renforçant sa solitude, tandis que House a les yeux humides.
Pour parachever le tout, Numéro 13 trouve le courage de faire le test… et d’apprendre qu’elle aussi est condamnée. Aucune lumière dans cet épisode, qui nous fait comprendre que The show must go on : Taub retrouve sa femme, Kutner regarde la télévision, Foreman va voir ses anciens collègues. La vie continue, et c’est cela le plus cruel.

Pour être honnête, il y'a un domaine où Wilson’s heart frappe totalement à côté : la musique. Inappropriée, envahissante, les chansons qui accompagnent les moments les plus forts ne conviennent pas du tout, et amoindrissent l’émotion. Il aurait mieux valu un accompagnement minimaliste ou tout simplement aucun fond sonore plutôt que ces chansons parasites. Mais qu’importe : … Dans le cœur de Wilson est bien l’épisode le plus bouleversant jamais écrit dans une série médicale. Après cet achèvement, la série va se transformer et dee En même temps qu’Amber meurt, c’est bien la série elle-même qui dit adieu à sa première ère, la plus fidèle à son ADN de départ. La disparition d'Amber, qui aurait été un trésor sans prix dans les saisons suivantes est un des plus grands regrets laissés par la série. Mais il est vrai que nous n’aurions pas eu ce sublime finale.



Infos supplémentaires :

- Douzième échec de House, et le plus cruel : cet épisode marque la mort d'Amber Volakis. Amber réapparaîtra néanmoins sous forme d'hallucination dans les quatre derniers épisodes de la saison 5, ainsi que dans l’épisode final de la série, Tout le monde meurt (saison 8).

- Première apparition de Jennifer Crystal Foley dans le rôle de Rachel, la femme de Taub ; elle ne fait toutefois qu'un caméo muet, tout comme Jennifer Morrison. Elle apparaîtra dans 17 épisodes de la série, dont le finale de la série.

- Premier épisode avec le nom de Wilson dans le titre. Le second sera L'ami de Wilson (Wilson en VO), en saison 6.

- Numéro 13 apprend qu'elle souffre de la chorée de Huntington.

- House boit du scotch, bière, gin, rhum, mais pas de sherry. Amber boit du Cosmopolitan (jus de Canneberge).

- Kutner, prophétiquement, dit à Numéro 13 « Tout le monde meurt », titre du dernier épisode de la série.

- Kutner a perdu ses parents à 6 ans, assassinés par un braqueur derrière le comptoir de leur magasin. Il fut adopté par une autre famille dont il prit le nom mais pas la religion (juive).


Acteurs :

Jennifer Crystal Foley (1973) est la fille de Billy Crystal. Elle a joué dans les séries Beverly Hills (3 épisodes), Urgences, Space 2063, NYPD Blue, Les Experts, NCIS, etc. Elle a un peu joué au cinéma mais c’est son rôle récurrent de Christie Parker dans Deuxième chance (17 épisodes) ainsi que celui de Rachel Taub qui sont les plus connus de sa filmographie.

Retour à l'index


TOP 5 DE LA SAISON 4 

1. Dans la tête de House/Dans le cœur de Wilson : Considéré à juste titre comme l'apothéose de la série, le finale de cette quatrième saison doit sa réussite à un scénario ténébreux passant du thriller onirique à la tragédie humaine, à une mise en scène crépusculaire, et une interprétation bouleversante. Entre émotion d'une suprême violence, suspense oppressant, et flashes troublants, ce double épisode est l'un des plus grands season finale jamais réalisés. Un choc.

2. Tout seul : Épisode grinçant mettant en avant le paradoxe Housien : misanthrope irrécupérable mais ayant vitalement besoin des autres. L'épisode ose un humour parfois dadaïste qui contrebalance la noirceur du cas médical. Le crescendo d'improbabilités constaté est à la fois ironique et malaisé, et se conclut par une chute fracassante.

3. Celle qui venait du froid : Episode conceptuel, mix étonnant de McGyver et des Experts. Scènes parodiques et cas malin font le prix de cet épisode particulier où House instaure une relation platonique avec une patiente percutante pour un résultat aussi décalé que divertissant. Dialogues de haut vol assurés.

4. Les jeux sont faits : Malgré la peu judicieuse élimination d'Amber, cet épisode synthétise sa triple intrigue avec un brio inattaquable, tout en apportant une conclusion franche au concours des candidats. Entre politiquement incorrect, dilemme difficile, patient à la tête brûlée, et humour sous acide chlorhydrique, un épisode énergique et complet.

5. Les dessous des cartes : Virtuose épisode choral où chacun des personnages joue en soliste sans se gêner mutuellement. Les fielleuses mais ô combien jouissives études de caractère se mêlent à une des meilleures réflexions de la série sur la concept de Vérité. Gags et chute finale très astucieuse parachèvent cette réussite.

Accessits d'honneur : Pieux mensonge, Changement salutaire, En mission spéciale.

Retour à l'index

Crédits photo: FOX.

Images capturées par Clément Diaz.