Saison 5 1. Parle avec lui (Dying Changes Everything) 2. Cancer es-tu là ? (Not Cancer) 3. Flou artistique (Adverse Events) 4. L'Origine du mal (Birthmarks) 5. La Vie privée de no 13 (Lucky Thirteen) 7. Consultation à domicile (The Itch) 8. Un vent d'indépendance (Emancipation) 9. Un diagnostic ou je tire (Last Resort) 10. Manger, bouger (Let Them Eat Cake) 13. Le Petit Paradis (Big Baby) 14. Prises de risques (The Greater Good) 16. Un peu de douceur (The softer side) 17. Je dis tout ce que je pense (The social contract) 18. Appelons un chat un chat (Here Kitty) 19. Je suis vivant ! (Locked in) 20. Il n’y a rien à comprendre (Simple explanation) 21. Quand le doute s’installe (Saviors) 22. House divisé (House divided) 23. Écorchés vifs (Under my skin) La décision de recruter une nouvelle équipe en saison 4 était due à un choix artistique, non aux acteurs souhaitant partir de la série. Corollaire à l’orée de la saison 5, la série est face à un dilemme : légitimer aux yeux des fans la 2e équipe, tout en conservant les membres de la 1re. Du côté de la nouvelle équipe, tout va bien : le désillusionné Chris Taub (Peter Jacobson), le compétent mais gaffeur Lawrence Kutner (Kal Penn), et la mordante Rémy Hadley dite « Numéro 13 » (Olivia Wilde) n’ont pas à rougir de la comparaison. Ils apportent une saveur et une profondeur même plus grandes que la première équipe. Sans doute, les scénaristes ont pu affiner leur écriture de personnages durant quatre saisons. Mais si la nouvelle équipe a toute sa place, la présence de la première est génante. Le trio initial n’a plus rien à dire après trois saisons au premier plan. Que Foreman soit inclus dans la deuxième équipe est une faute à cet égard, car le personnage n’a plus d’intérêt, à l’image d’une Dana Scully phagocytant l’espace de Doggett et Reyes dans la dernière saison de X-Files. Malgré toutes ses qualités, House n’est pas une série chorale comme Urgences. Quatre saisons à tenir un cahier des charges rigide est un travail éprouvant, surtout après la déflagration du finale de la saison 4, somme définitive de ce que la série peut faire de mieux dans le genre. La cinquième saison va donc l’amender en lorgnant du côté sentimental. Si la série jusque-là a plutôt bien géré les « ships », elle n’a plus la main heureuse : le couple Foreman-13 ne sera jamais crédible, le Chaseron va s’enfoncer dans un grotesque hallucinant, entâchant la réussite des derniers épisodes de la saison, le ménage Taub n'apportera rien. Plus grave, l’évolution de Cameron est rendue caduque par un consternant retour arrière du personnage. Dans sa première moitié, la saison commet un contresens absolu en trahissant le personnage de Cuddy en surlignant son désir d’enfant, son côté maternel. Cela aboutira à des déferlements lacrymaux à la Grey’s anatomy, faisant systématiquement chuter la qualité des épisodes. Malgré tout, la saison 5 est réellement une excellente saison. Amender le cahier des charges ne veut pas dire le changer. A la différence des couples précités, le Hilson et le Huddy bénéficient d’une écriture soignée. Plus psychologue que jamais, Wilson est le porte-parole des spectateurs, analysant avec acuité les comportements humains et ceux de House. La psychologie sera la planche de salut de la série, qui va devenir de plus en plus son terrain fondamental. Pour cette raison, il est inutile de chercher un âge d'or : dans les 4 dernières saisons, la série a évolué, proposant une nouvelle identité qui n'est pas moins riche que la première ère. Le relatif désamour des fans à partir de cette saison 5 s'explique par un attachement à la première version de la série, assez différente de sa "version 2.0". Entre House et Cuddy, ça devient de plus en plus tendu, la tension sexuelle bouillonne, tandis que le Hameron connaît une belle fin en deux temps, discrète, à son image. Les enquêtes médicales gardent toutes leur intérêt. Suspense, humour noir, Housisms, richesse psychologique et philosophique... Le mélange comique (parfois burlesque) et dramatique (parfois tragique) est porté à ces cimes. Le profil des patients demeure soigné. Toutes les qualités de la série se retrouvent concentrées dans le grand finale en trois parties centré sur une terrifiante descente aux enfers de Gregory House, parsemée de rebondissements massifs, où la réalité et l'imaginaire se confondent, jusqu’à la dernière image, d’une profonde mélancolie. House et Wilson, portés par Hugh Laurie et Robert Sean Leonard, impressionnants de génie, maintiennent le bon cap. Malgré les égarements romantiques des personnages, la saison 5 ne démérite pas. A suivre sans modération ! 1. PARLE AVEC LUI Réalisation : Deran Sarafian
- I'm busy.
- We need you to… - Actually, as you can see, I'm not busy. It's just an euphemism for "get the hell out of here." Patti Michener, responsable d’une organisation pour les droits des femmes au travail, surcharge sa secrétaire Lou de travail, qui finit par avoir des hallucinations. Deux mois ont passé depuis la mort d’Amber, et Wilson et House ne se sont plus reparlés depuis. Sous l’injonction de Cuddy, House va voir Wilson qui lui déclare qu’il va démissionner… Le débat éthique sur la survie du fœtus est sèchement expédié par House. Pas sûr que les associations pro-vie adorent, mais la série demeure fidèle à sa vocation de dureté et de réalisme. Le ganglion, l’attaque cardiaque, la terrifiante métamorphose de Lou, l’hémorragie bien sanglante… rythment ce cas avec célérité. Le twist final est de nouveau un sommet d’ironie, la beauté devenant le symptôme d’une maladie grave ! Valeur fondamentale dans notre société, elle est ici mortelle, rejoignant la longue liste des réquisitoires de la série contre notre monde d'apparences. Dès le premier diagnostic différentiel, l’épisode aligne dialogues percutants et échanges électriques, balançant entre la comédie noire et le drame. Tourmentée par son espérance de vie irrémédiablement abrégée, 13 se montre plus volontariste, voulant à tout prix exister, et laisser une trace dans le monde. Ce questionnement d’habitude propre aux personnes âgées frappe une jeune, avec grand impact. Si elle se montre compétente, elle perd son objectivité en s’attachant trop fortement à sa patiente et en essayant d’influencer sa vie. Lou a choisi la voie du renoncement. Victime d'un manque de considération envers elle-même, elle essaye de se leurrer en prétendant "assumer" ses tristes actes : soumission à son employeuse, coups d’un soir à la chaîne pour « assouvir ses besoins naturels ». Alors qu’elle pense mourir, un sursaut d’idéalisme la saisit, elle songe à se mettre à son compte, mais choisit finalement de retourner à la case départ. Coup dur pour Numéro 13 qui voulait « compter pour quelqu’un » et qui, échouant à trouver la maladie (trouvée par House), échoue pareillement à changer la vie de Lou. Ironiquement, c’est la patiente qui réconfortera la doctoresse, sans masquer l'amertume de son choix à ne pas vivre une vie à elle. Christine Woods, au fort quotient d’empathie, est merveilleuse de douceur. Olivia Wilde manque de chaleur, mais excelle dans la tourmente. L’épisode se focalise sur House et Wilson, avec Cuddy jouant les médiateurs de fortune. Duo dramedy car House ne peut parler avec la personne qui lui est la plus chère qu’en la traitant d’idiot. House se trouve en fait devant une atroce éventualité : perdre son unique ami. Pas de supplications, mais seulement des dialogues bien massifs qui font très mal. Incapable d’accepter des sentiments « faibles » comme la gentillesse, l’attention… il ne peut réagir que par l’agressivité. House fait un odieux chantage affectif, menaçant de ne pas intervenir sur sa patiente - la condamnant à une mort quasi certaine - si Wilson ne revient pas sur sa décision. Ce genre d'excès, House n'y arrive que lorsqu'il est au paroxysme de la souffrance, ce qui donne une idée de ce que Wilson représente pour lui. Mais là où Cuddy s’effondrerait, Wilson tient bon. La scène de ménage avec Cuddy instille le malaise quand elle se rend compte que House ne ressent aucune culpabilité quant à la mort d’Amber. Si House regrettait dans la "scène du bus" que le sale type qu’il est survive au lieu de la « belle âme », il se dédouane de toute responsabilité. Même au pied de mur, il reste égal à lui-même. Mais le sommet est certainement la calamiteuse « thérapie de couple », désopilante et dramatique par leur incapacité à communiquer. Les interventions de Cameron et de Foreman sont du même acabit. On retrouve les vannes de House envers son souffre-douleur favori, et surtout la très belle réponse de Cameron à Wilson pour le convaincre de rester : seul le temps peut effacer la douleur, et ce n’est pas en changeant de vie qu’on accélérera le processus, erreur qu’elle a elle-même commise. Foreman, à l’inverse, l’encourage à partir pour qu’il pense enfin à lui et ne plus être un jouet entre les mains de House ou Cuddy. La générosité excessive de l’oncologue est son grand défaut, Amber le lui avait fait remarquer. La morale de l’histoire (Almost dying changes nothing, dying changes everything) est d’un grand pessimisme sur notre capacité à tirer des leçons de nos erreurs, sauf quand il est trop tard. La véritable raison du départ de Wilson stupéfiera tout le monde, mais est d’une logique implacable. Même si on sent que House commence à éprouver des remords (Whaaa !), Wilson quitte l’hôpital, et semble signer l’arrêt de mort de leur amitié. Un quasi cliffhanger, qui termine cet épisode plein d’humour noir et de drame. Informations supplémentaires: 2. CANCER ES-TU LÀ ?
It's too late for us to remove the eye. Which means we're gonna have to remove your whole head. Don't worry [holds up a huge meat cleaver], it doesn't hurt. House, en forme olympique, casse une bonne série de règles éthiques à faire tourner comme une toupie Hippocrate dans sa tombe, ce qu'on goûte toujours autant. Le miraculeux twist final est encore un dézingage en règle des apparences, combat éternel de la série. Un revival Sunnydale est à l'oeuvre, avec Vi, une des Potentielles les plus marquantes de Buffy en patiente. Si on regrette que Felicia Day ne dégaine ni pieu ni batterie de couteaux, la Geekqueen est très touchante dans le rôle de cette patiente perdue au milieu de ses illusions. Lucas Douglas est l'attraction de l’épisode. Aussi minable en déguisement que perspicace, il est résolument orienté humour. Les fans de Six feet under ont dû flipper quelques secondes, mais Michael Weston, loin de son rôle de psychopathe sadique, est un interprète de premier choix pour ce personnage (sans chien) qui dissimule sous sa bonhomie et ses idioties un esprit de synthèse de premier ordre et une excellente connaissance de la psychologie humaine, point sur lequel il réussit même à battre le chevronné House ! Douglas, bien exogène à la série, est toutefois le premier indice de la difficulté pour Dr.House à se renouveler. Pour l’heure, les dialogues chocs se multiplient (Shore a un don pour les échanges profonds et acérés) grâce à son intervention. C’est surtout les sarcasmes de House face à son « efficacité » qui font rire. Douglas encaisse stoïquement, et en retour, décrit House avec une précision si stupéfiante qu'il en reste muet. Douglas apparaît ainsi comme un cousin éloigné de David Addison de Clair de Lune, par son mélange d’incompétence et d’intelligence, son débit très rapide... et ses honoraires très très très élevés ! Mais sous la couche de rire, Douglas brosse un portrait peu optimiste de l’être humain. Même les spécimens les plus intelligents comme House se laissent aller à des erreurs de jugement grotesques. La scène comico-dramatique du camion de glaces où Weston joue à merveille le faux résigné, est significative. Surtout lorsqu’il détaille notre capacité à vouloir ignorer les choses les plus importantes ou qui le paraissent à nos yeux. Leurs discussions prennent des allures de cours de psychologie appliquée, où chaque comportement humain est passé au crible. Passionnant et sans vantardise. A l’inverse, Douglas est incapable de mentir, point sur lequel House est ceinture noire 123e dan. Il montre une sensibilité féminine comme sa compréhension, sa pudeur, sa timidité (hilarante filature), et ainsi se démarque de House qu’il ne rejoint que par sa résignation devant les choses de la vie. On comprend sa future romance, qui s'ébauchera dès l'épisode suivant. Le Hilson sombre dans un gouffre sans fond. L’unique scène entre House et Wilson est d’une grande intensité. Elle était préludée par la première scène où House tentait de se convaincre qu’il pouvait très bien vivre sans Wilson, et se trouver un nouveau meilleur ami (la scène avec le candidat à ce titre est un pur massacre comique). Héraut de la vérité, House ne peut nier ses propres sentiments, et sa visite à Wilson, derrière le prétexte médical, ne cache en aucun cas son désir de se réconcilier avec lui. Mais il subit une véritable leçon d’humilité (pour ne pas dire d’humiliation) quand Wilson lui claque la porte au nez. Le patient de Mirror, Mirror (saison 4) avait raison : Wilson domine House dans leur rapport d’amitié. Ce dernier, à la onzième heure, est désarmé et sans ressources face à cet abandon. Les interprètes sont parfaits, tout semble bloqué dans une impasse. Comme naguère dans Des maux d’amour (saison 1) où House masquait à Cameron son désir sexuel en se montrant cassant, il cache ses élans d’amitié en restant cynique et méprisant envers Wilson. Il est incapable d’avoir une relation « normale » et saine avec quelqu’un. Lui qui s’en félicitait, voilà qu’il en paye le prix. Un châtiment sévère mais juste. Ce ton presque funèbre réussit bien à la série. Informations supplémentaires: - Premier épisode avec Lucas Douglas, interprété par Michael Weston. Il apparaîtra dans en tout 10 épisodes de la série. Weston est le fils de John Rubinstein, qui jouait le Dr. Ayersman dans L'Erreur (saison 2). - Jennifer Morrison (Cameron) n'apparaît pas dans cet épisode. - Dans l’introduction, du sang coule des oreilles du boxeur K-O. Quelques plans plus tard, il n’y a plus de sang. - La chanson de l’épisode est You might die trying par le Dave Matthews Band. Dave Matthews, avait joué le patient de Demi-prodige (saison 3). Michael Weston (1973) impressionna le public en jouant Jake, un psychopathe dans 4 épisodes de Six feet under. Par suite, il a joué dans Frasier, Urgences (2 épisodes), Scrubs, New York unité spéciale (4 épisodes chacun), Les Experts, Les Experts Manhattan, Burn notice, NCIS : LA, Supernatural (épisode Comme par magie), FBI : duo très spécial, The Office, Elementary, etc. 3. FLOU ARTISTIQUE Scénario : Carol Green et Dustin Paddock - You gonna tell my wife ? Brandon, jeune peintre en difficulté financière, a une agnosie visuelle : il voit la réalité sous forme d’images déformées. House devine qu’il teste en tant que cobaye des médicaments expérimentaux pour gagner sa vie, ce qu’il cache soigneusement à Heather, sa petite amie. Il doit trouver quel médicament cause son état. Grâce aux renseignements de Douglas, House informe Taub que sa femme a ouvert un compte en banque secret, ce qui le perturbe. Enfin, Douglas semble très attiré par Cuddy, entraînant quelques conflits d’intérêts… Exploitant plus avant la question posée dans Trop gentil pour être vrai (saison 4), l’épisode pointe le cas bien fréquent de la pression subie par un des membres du couple, qui, terrorisé par la peur de le décevoir, s’enferme dans une logique perfectionniste et stressante. Prisonnier du regard élevé dans lequel il croit qu’Heather le considère, Brandon met sa santé en danger pour rapporter des revenus substantiels en les faisant passer pour ses ventes de tableaux (en fait au point mort). Se sentant par ailleurs indigne d’être aimé par une femme aussi belle - Marika Dominczyk est en effet un vrai canon de beauté - il veut montrer qu’il est un provider, un homme pouvant assurer son confort matériel, pour compenser ce cadeau de la vie qu’il se sent indigne d’avoir. Il ne croit pas ainsi en l’amour de sa compagne. La peur d’être inférieur le ronge. Le fait qu’il soit « artiste » ne compte pas dans la mesure où ça ne lui rapporte rien. Pourtant, Heather n’est pas aussi superficielle qu’il le croyait. A la différence des autres couples de la série, ravagés lorsqu’ils découvrent la face cachée de l’autre, ce couple tient bon, même si la fin laisse un goût amer. La solution Taub semble meilleure : l’absence totale de romantisme dans son couple ne laisse pas de place au rêve, le guinde, mais lui permet de tenir. Après avoir été entrevue à la fin de la saison 4, Rachel Taub (charmante Jennifer Crystal Foley) entre en scène. Chacun fait des compromis pour satisfaire l'autre sans se renier. La scène du dîner est formelle et dénuée de complicité. Pourtant, la surprise finale montre que le couple Taub s’aime véritablement, mais la sobriété de leurs caractères font qu’ils ne le montrent qu’implicitement, ou bien lors d’une « grande occasion ». Ils déjouent ainsi le pronostic de House qui pensait que sa révélation sur le compte bancaire secret fêlerait l’harmonie du ménage. Taub, qui ne se démonte pas, exigera des excuses à House pour son comportement inacceptable, et ce dernier - même si c’est du bout des lèvres - s’y pliera, un événement assez rare ! La révélation que s’apprète à faire Taub de son infidélité passée devrait toutefois compliquer la donne. Malheureusement, sacrifier le plaisir pour tenir sur la durée n'empêchera pas le couple de rencontrer leur destin en saison 7. De plus en plus, Lucas Douglas fait figure de clown. En dehors des secrets plus ou moins drôles qu’il révèle, il acquiert une nouvelle dimension en tombant raide dingue de Cuddy, la courtisant avec une maladresse à pleurer de rire. La scène où Cuddy le surprend en train de fouiller dans son bureau entraîne un échange complètement dément où Douglas veut lui montrer que ce geste peu légal est le témoignage de son attirance pour elle. Cuddy hésite entre consternation et contentement d’être l’objet de tant d’attentions. Lisa Edelstein montre brillamment la confusion de son personnage en adoptant un ton sévère, mais un body language à contrecourant. Michael Weston est parfait en imbécile sympathique, pris dans un conflit d’intérêts à la stupidité hilarante. On atteint un nouveau sommet lors de leur « rencard » avec le gag énorme de la photo de House. La question de savoir si la photo est truquée dépasse le simple gag direct, car entraîne un enchaînement de rebondissements révélateurs des pensées des personnages : si Douglas croit qu’elle est fausse, pourquoi prend-t-il le risque de la lui montrer sachant qu’elle pourrait découvrir la supercherie ? Si Cuddy sait que Douglas se verrait obligé de maquiller des preuves, pourquoi a-t-elle accepté de lui faire confiance ? Finalement, c’est House qui se montre le plus malin, il connaît si bien Cuddy qu’il sait comment la manipuler, et y réussit une fois de plus ! Cela donne une perspective intéressante : Cuddy idéalise House, le voit comme un être sérieux et responsable, incapable de s’écarter du chemin qu’il s’est tracé. L’idéalisation de la personne étant caractéristique des premiers moments de l’amour, voilà bien un fin indice Huddy. Comme coda, nous avons droit à une interprétation de première classe par Hugh Laurie (à la guitare) et Michael Weston (au piano) du rythmé Drown in my own tears d'Henry Glover. Enjoy ! Informations supplémentaires: - Marika Dominczyk (Heather) est l’épouse de Scott Foley, qui jouait le patient principal de Rencontre sportive (saison 1). - Robert Sean Leonard (Wilson) est absent de l'histoire. C'est la première fois de la série qu'il ne participe pas à un épisode. Jennifer Morrison (Cameron) n'apparaît pas non plus. - 13 a contracté un prêt à 12%. Elle a un abonnement à un club de gym. 4. L'ORIGINE DU MAL Scénario : Doris Egan et David Foster - I'm a doctor, and when someone tries to call you three times, it's code for "Pick up the damn phone before someone dies." Les premières scènes sont dans le ton ironique de la série, avec le quatuor et Cuddy qui veulent consoler House qui n'a absolument rien demandé. Cette situation décalée donne lieu à d’acérés « Housisms ». La première étape du trip House-Wilson est hilarante : Wilson, mutique, serre les mâchoires, fronce les sourcils, lance des regards qui tuent, pendant que House se perd dans des monologues pour meubler son grand moment de solitude. Entre ces deux-là, c’est plus le froid polaire, mais le zéro absolu. Wilson a la rancune tenace, mais il est vrai qu’House ne fait rien pour améliorer tout ça. L’escale dans le parking lance plusieurs gags consécutifs avec House qui sabote tous les efforts de Wilson, qui se montre d'une prudence excessive et... justifiée. Leur ping-pong verbal tout à fait réjouissant, mais se pare d'ombres quand House parle de sa relation avec son père : autant d'instantanés féroces, la famille House était tout à fait irrespirable. La scène centrale où ils se font arrêter par un shérif du genre à vous mettre la bite dans un tupperware si vous l’embêtez, est le clou de l’épisode. Nous apprenons alors comment House et Wilson se sont rencontrés : c'est outrancier, c’est pas possible, c’est impensable, c’est House et Wilson. On comprend mieux pourquoi leur amitié est si originale et peut-être aussi pourquoi Wilson ne rechigne guère quand House lui demande de l’argent : il a la gratitude du sauvé. Ce récit est ambigu : House avait-il senti au fond de lui-même qu’il apprécierait cet être si différent de lui, malgré qu'il jure que c’est uniquement par ennui qu’il a fait ça ? On peut le penser. Ce serait encore une négation de son grand cœur, c'est tellement lui. Ce récit est au fond émouvant, mais provoque rires sur rires avec les différents points de vue des héros qui ne cessent de se contredire. Le shérif (Jack Conley, qui surjoue avec délices son rôle de dur à cuire) est aussi un sacré numéro, dépositaire d’une tradition bien rigide avec exaltation des bonnes valeurs américaines. Doris Egan et David Foster jouent et gagnent à chaque coup. Plaisir de revoir Blythe House (toujours juste Diane Baker), qui sous ses attentions maternelles, n’est pas dupe des sentiments de son fils. La scène de l’enterrement trouve sa valeur grâce à l’éloge funèbre. Dans le sourd sanglot qu’il réprime et son regard à la fois dur et triste, on mesure combien House a souffert de ce père. Wilson ironise sur la fuite de son ami : pour ne pas subir une quelconque influence paternelle dans sa vie, il a adopté exactement le contraire de son comportement, mais par là avouant quand même une « influence » ! Au fur et à mesure qu’il improvise ce discours, House constate qu’il lui doit en partie d’être ce qu’il est devenu, ce que pendant 40 ans, il n’a cessé de nier. Un éclair de lucidité d'autant plus rare que le personnage est habitué à cacher son véritable soi sous de gros blocs de cynisme, d'arrogance, et de haine de soi.
Acteurs : 5. LA VIE PRIVÉE DE NO 13 Scénario : Liz Friedman et Sara Hess Wilson is an idiot with a messiah complex. Savior to all who need saving. That's why his first wife had a wooden leg, second wife was Canadian. Numéro 13 a un coup d’un soir avec une inconnue. Mais pendant la nuit, Spencer, son amante, fait une crise hypotonique. A l’hôpital, Numéro 13 se comporte de manière curieusement froide envers elle. House s’intéresse de près à ce cas, car cela lui permet de fouiller dans la vie sexuelle de son employée. Pendant ce temps, il continue d’espionner Wilson avec Douglas, car il a l’intuition que Wilson a changé… Numéro 13 fait les frais de sa bisexualité, devant rester stoïque devant les sourires entendus de ses collègues, et les vannes de House. Hilarante scène de Spencer répondant franchement aux questions de House sur leur nuit commune, ou sa scène de tentatrice (on se prend à rêver de ce qui se serait passé si on était dans une certaine clinique de Miami). La gouaille de la manipulatrice Spencer est hélas sous-exploitée - réduite par la suite à un rôle lacrygène - et Angela Gots a un jeu trop sobre pour exprimer le grain de folie de son personnage. C’est en se focalisant sur Numéro 13 que l’épisode convainc le mieux. Pour compenser sa maladie mortelle, elle vit à cent à l’heure : beuveries, drogues, filles d’un soir, et nuits sans sommeil, elle tombe dans tous les excès que peuvent entraîner l’annonce d’une telle nouvelle. Le jeu trop retenu d’Olivia Wilde empêche de voir la violence intérieure du personnage, mais elle est à l’aise dans les scènes plus sensibles. Son visage fatigué, presque zombifié, est assez effrayant, surtout dans la scène où Cuddy la surprend en train de se « doper ». House la sauve de ses griffes mais c’est pour mieux la renvoyer ipso facto ! House a compris que son employée était en train de s’autodétruire : son enchaînement de déductions est implacable, et ce renvoi vise à lui donner une claque dont elle a bien besoin. Numéro 13 paye le prix d'être soumise à son ça, ses moindres pulsions naturelles. Cela ne rend que plus émouvant la relation plus affectueuse qu’elle s’accorde avec Spencer. Sa révolte contre son licenciement laisse la place à une résignation tranquille, comme lorsqu’elle décrit à Spencer comment elle mourra lentement et avec douleur. Il y’a un décalage entre l’horreur de sa tirade et son ton calme. C’est en montrant toute sa générosité et sa passion qu’elle est de nouveau réembauchée, House voulait en fait simplement corriger ses excès par sa méthode franc du collier. Mais ses efforts demeurent vains car la dernière image la montre retomber dans ses démons. Numéro 13, accro au risque - elle mourra bientôt, qu’a-t-elle à perdre ? - ne veut pas changer, et fait voler en éclats le happy end. Wilson n’a pas mangé le pain au lait de House. Par conséquent, il a changé de vie, et House dépêche Douglas pour l’espionner. Ce raisonnement est totalement incongru… et vrai ! C’est ainsi que House apprend que son meilleur ami a désormais une maîtresse… qui est une prostituée qu’il veut sauver du trottoir pour qu’elle puisse reprendre ses études de droit. C’est évidemment un gros clin d’œil à la série A la maison blanche où Lisa Edelstein tenait dans les premiers épisodes un rôle récurrent d’étudiante en droit qui devient call-girl la nuit. Mais Wilson n’étant pas Sam Seaborn, la comparaison s’arrête là. Douglas (toujours désopilant Michael Weston) apprend qu’en plus, il se drogue… ce qui amène House à une conclusion hilarante (si, si !) confirmée par l’intéressé. Le tour de cet épisode sera d’ailleurs réutilisé dans Quand le doute s’installe. En filigrane, séquence psychologie offerte par Foreman et Chase, ce dernier disant haut et fort à son ancien collègue qu’il est "chiant", et de justifier sa pensée dans une explication de texte tout à fait pertinente. Foreman, à force de puissance morale, a réussi à être plus stoïque, moins faible, ce qui le rend plus fort… et chiant. Chase lui fait remarquer que ce sont nos faiblesses qui rendent chaque homme intéressant, faute de quoi nous ne sommes que des automates. Comme House, Foreman devient meilleur médecin, mais se déshumanise toujours plus. Il se montre cependant solidaire en cachant à House la terrible lettre reçue par Thirteen ; et on sent les premiers signes de leur relation. La fin est hélas gâchée par la spectaculaire annonce de Cuddy : les fans ne peuvent que voir l’orientation désastreuse que va prendre le personnage, et dès l’épisode suivant. Informations supplémentaires: Scénario : David Hoselton - Thirty-seven-year-old male with recurring blackouts. Jerry Harmon élève seul sa fille Samantha de 12 ans. Ce foyer semble dénué de joie tant tout est triste autour d’eux. Le père va à l’hôpital quand il commence à perdre toute notion de temps et de mémoire. L’équipe conclut bientôt qu’il dort sans s’en rendre compte ! Pendant ce temps, Cuddy rencontre Becca, la mère de son futur bébé qui va bientôt accoucher, mais les choses ne se passent pas comme prévu… Là où on accroche moins, c’est le cas médical. Par un malheureux reflet, il est aussi atone que les patients. L’unique expression faciale affichée par les Harmon est volontairement pesante, mais du coup, cela les prive de toute profondeur et d’activité. Le duo inattendu Taub-Numéro 13 donne cependant lieu à de plaisants échanges, cette fois sur les liens familiaux, qui peuvent être de véritables poisons. Taub est toujours une valeur sûre pour la série, mais c'est 13 qui rafle la scène la plus drôle de l'épisode en se faisant passer pour une (très exigeante !) amatrice de coke auprès d’une dealeuse. On se prend à rêver de comment aurait réagi Nancy Botwin dans une telle situation... Le cas traîne, les diagnostics différentiels sont vaseux, les rebondissements font flop, et seul House en mode je-vanne-tout-ce-qui-bouge a un certain intérêt (la pomme de Wilson, excellent gag). Les surprises occasionnées par le somnambulisme inconscient de Jerry puis de Samantha ne tiennent pas sur la durée. On est surpris que notre équipe n’ait pas remarqué l’absence de joie des patients, ça aurait dû leur mettre la puce à l’oreille ! Mais le twist final, une des plus géniales illusions de la série, est un tour de force que l’on applaudit après 35 minutes de recherche platounettes. Côté Cuddy, c’est une catastrophe intégrale. La tonique directrice d’hôpital se transforme en candidate-mère inquiète et apeurée. Le personnage s’effondre totalement, ne devenant plus qu’un artifice tire-larmes pompier et pompant. La discussion dans le bar tourne en rond avec ses répliques convenues et le jeu super faux des actrices. Lisa Edelstein ne fait certes que jouer ce qu’on lui dit de jouer, mais c’est quand même casse-pieds de la voir faire n’importe quoi. Plus faux qu’elle, il y’a Becca, la mère, qui décroche de très loin la palme de la pire guest star de la série. Mère esseulée secouée par les aléas de la vie, elle est une figure ultra larmoyante d’une pesanteur insupportable. Elle ne fait que sourire tristement ou pleurer, lançant des regards aussi légers qu’un camion de déménageur à faire passer Stefanie Powers pour Ingrid Bergman. Vanessa Zima bat des records de cabotinage. Elle surligne au feutre indélébile à chaque seconde tous les sentiments de son personnage (chagrin, espoir, chagrin, espoir, chagrin, déprime…), et on se prend à rêver qu'elle passe l’arme à gauche elle et son foutu bambin qu’on ait la paix ! La comparaison avec sa sœur aînée, Madeline Zima, l’inoubliable garce nymphomane de Californication, est sans appel. Et malheureusement, elle en occupe du temps, cette maman, et comme elle est souvent avec Cuddy, c’est près de la moitié de l’épisode qui coule sous les inondations de sentimentalisme. Son revirement final est la cerise pourrie sur le gâteau indigeste, avec les chutes du Niagara qui tombent en cascades larmoyantes. A ce moment, on est en train de se demander à partir de quelle fenêtre on va faire tomber sa télé. La seule scène à sauver est House qui sabote en maître le moment le plus attendu par Cuddy (l’accouchement), pas pour lui faire mal, mais pour la rappeler à l’ordre sur ses priorités : les patients d’abord, les gamineries ensuite ! Et c’est au terme de cette bouillie infâmante que l’épisode choisit de nous livrer une scène que les fans attendaient depuis plus de quatre ans : le premier baiser entre House et Cuddy. La scène est magnifiquement amenée, avec un échange préliminaire à fleur de peau. A l’inverse de celui de Demi-prodige (saison 3), c’est House qui prend l’initiative de l’embrasser et le résultat est fougueux, enflammé, bien loin de la douceur chaste du précédent. On remarquera que comme pour les X-Files, c'est au terme d'un épisode raté que les héros échangent leur premier baiser. On trouve aussi une curieuse habitude de la série : finir en beauté ses plus mauvais épisodes. Avec un bébé, Cuddy n’aurait plus besoin de réfléchir quant à ses sentiments pour House : l’enfant suffirait. Or, House, violemment attiré par elle, ne peut le supporter, et son baiser est davantage un appel désespéré pour lui faire comprendre qu’il est là, qu’il attend. Le fait cependant qu’il part sans pousser plus loin son « avantage » montre son intention de ne pas profiter d’elle dans un moment de faiblesse. Hugh Laurie est parfait. Dommage que cette fin clôt un épisode en tel passage à vide. Informations supplémentaires: 7. CONSULTATION À DOMICILE Scénario : Peter Blake Hey, Cameron, how would you like your old job back ? I'm asking because it's the only way I can fire you. Stewart Nozick, la quarantaine, est atteint d’agoraphobie aiguë : il lui est impossible de sortir hors de sa maison. Aussi, quand il tombe malade, House et son équipe doivent se déplacer à domicile. Cameron l’ayant déjà rencontré, elle réintègre provisoirement l’équipe. House et Cuddy se demandent ce qui va se passer après leur baiser de la veille, tandis que House provoque le trouble chez Chase et Cameron… Cameron n’est pas sans intérêt, loin de là, elle sous-entend très bien sa peur de l’engagement (traité hélas en mode mauvais melo). Et par sa douceur, parvient à gagner la foi du patient, là où ses académiques collègues échouent. On la voit aussi se démener, se battre pour bien faire son travail. De ce point de vue, la méthode House a porté ses fruits. Jennifer Morrison joue plutôt juste quand le scénario de Peter Blake reste dans la sobriété, mais quand elle doit plus largement s’épancher, l’actrice retombe dans son cabotinage intermittent. Après une ascension difficile, le Chaseron descend la pente en commençant à nous crisper. L’hilarante communication téléphonique où House, entre deux hypothèses médicales, décortique leur relation qui s’effrite est certes très drôle, mais donne lieu par la suite à des échanges surlignés au feutre gras entre les deux amoureux, avec de plus un jeu anormalement faux de Jesse Spencer. Leur réconciliation finale ne manque pas de mièvrerie. Heureusement, cette facette de l’histoire s’efface devant le cas médical, d’une toute autre matière : l’idée de la consultation à domicile donne lieu à d'originaux développements qui rappellent Celle qui venait du froid (saison 4) et ses solutions à la McGyver. Le patient agoraphobe (Todd Louiso, au jeu puissant), emprisonné dans une peur destructrice, a suffisamment de présence pour nous intéresser. Il est amusant de voir House, qui se croit l’être le plus fermé au monde, de croiser quelqu’un qui l’est encore plus ! Avec un tel patient, le cas est assez complexe, et la péripétie du transfert crapuleux à l’hôpital, mais au retour arrière barré par une Cuddy impitoyable (House se montre irresponsable à des degrés cosmiques), n’est pas sans intensité. Les rebondissements traditionnels ont d’autant plus d’effet que la marge de manœuvre est limitée pour nos chers héros. Le twist final est assez malin, car il rejoint la tare de notre patient : il est prisonnier de son passé, et sa maladie est un terrible fantôme de son passé. Par ailleurs, la série ose toujours plus se moquer de la bienséance : trop de temps à passer à nettoyer votre maison peut être synonyme de TOC ! L’histoire avec Cuddy est la partie la plus aboutie de l’épisode. La patronne a promené sa langue dans le palais de son employé ce qui cause une gêne comique et grinçante chez les intéressés le lendemain. On s’amuse surtout de l’irruption de Wilson dans le débat, source de plein d’effets comiques. On adore le voir ouvrir des yeux et une bouche énormes lorsque House prétend avoir « culbuté » Cuddy. Robert Sean Leonard est toujours aussi régalant en clown, mais il faut voir sa performance en amoureux timide quand il avoue son attirance à Cuddy. Cette dernière le tournant affectueusement en dérision. Cuddy se montre quand même assez cruelle en se moquant de l’oncologue, malgré le gentil baiser platonique qu’elle lui donne. Le « Widdy » restera bien dans un seul sens. House a bien deviné pourquoi Wilson ne voulait pas tenter sa chance : il se retranchait derrière le cadavre encore chaud d’Amber, prétexte qu’il donnait à sa peur pour ne pas se lancer. La scène la plus réussie est cependant celle où Cuddy déclare n’avoir jamais pensé à House comme un futur compagnon, avant d’expliquer dans une magnifique tirade comment se déroulerait leur vie de couple… prouvant par là qu’elle a bien pensé à lui « de cette façon » ! A posteriori, l’ironie est cruelle, car ils traverseront exactement les étapes prévues par Cuddy lors de l’officialisation de leur couple. La démangeaison de House (le titre original), métaphore de cette possibilité qui le « gratte », le lance pendant tout l’épisode. Le sommet est probablement son obstinée chasse à la mouche, qui regarde curieusement vers une scène culte de Breaking Bad où Walter pète un câble à cause de cette innocente bestiole. Mais la comédie de cette histoire laisse la place à la mélancolie. Le blocage vient aussi de House, qui au moment d’entrer chez Cuddy, finit par renoncer et repartir. House a trouvé les mots justes pour pousser Stewart à abattre sa lâcheté ; mais, incapable de suivre ses propres conseils, s’emmure dans sa couardise. La dernière image montre finalement un House qui a fêlé sa glace. Il a peur du bonheur, peur que Cuddy soit la femme qu’il a tant recherchée, comme Wilson l’avait dit. Dans cet épisode, on retiendra que House et Wilson sont très doués pour se psychanalyser mutuellement. Informations supplémentaires : Acteurs : 8. UN VENT D'INDÉPENDANCE Scénario : Pamela Davis et Leonard Dick - Her lie would be relevant if lies can cause pulmonary edema and delirium. On apprécie l’amertume de la patiente, frustrée de ne pas être crue et d’être enfermé dans un cliché misérabiliste. Tout aussi ironiquement, le terrible secret qu’elle porte l’enferme dans ce genre de clichés ! S’éloignant de son pessimisme traditionnel, la série pose sur les immigrés esseulés un regard plein d’espoir, tout en traitant d’un des pires maux qui peut frapper un être humain : la culpabilité. Sophia renie son enfance, et est prête, pour satisfaire sa culpabilité cachée, à refuser de vivre. Vivant sous le poids d’un traumatisme harassant, elle se proclame juge et bourreau, et semble peu effrayée à l’idée de mourir. Il faudra toute l’énergie de Numéro 13 et de House pour qu’elle accepte enfin d’être délivrée de son tourment, après un twist final d’une violence à couper le souffle ! Le final larmoyant est intense et sans pathos, preuve que dans une série médicale, on peut pleurer sans tomber dans le sentimentalisme. Toutefois, Kutner avait aperçu la solution depuis le début, et on s’étonne que l’équipe n’ait pas exploré auparavant sa piste. L’unique scène entre Sophia et House est bouleversante. Fascinant House, qui se moque des hommes, mais ne peut s’empêcher d’œuvrer pour leur bien. Leur échange marqur la fin d’un long cauchemar pour Sophia, devenue adulte trop tôt. Nos docteurs sont en forme. A part Kutner, plus sombre mais toujours aussi supérieur à ses camarades, on apprécie les joutes verbales entre Taub et Numéro 13, où les thèses pessimistes du premier se heurtent à l’espoir de la deuxième. Si on adore Taub, on applaudira quand même que 13 lui rive son clou de temps en temps. Comme toujours, notre docteur lâche ses vannes, mais dans ce domaine, Wilson a fait pas mal de progrès. Leurs discussions, volontairement stériles, amusent par leurs détours tordus : chacun connaît l’autre comme sa poche, et essaye de comprendre pourquoi l’un choisit brusquement de ne pas se comporter de la manière habituelle. Ces valses sémantiques donnent de l’humour à un cas qui en est absent. L'épisode surprend en donnant à Foreman un cas pour lui tout seul. Il a l’occasion de jouer au Greg ! Foreman voulait l’autorisation de House, et évidemment House y a opposé son veto. Qu’à cela ne tienne, il veut montrer ce dont il est capable, et se saisit d’une énigme médicale difficile. Omar Epps assure quelle que soit la situation, et ça tombe bien, car il était toujours relégué à l’arrière-fond depuis le début de la saison. Malheureusement, l’élève a du mal à dépasser le maître, et doit solliciter l’aide de ses anciens collègues Chase et Cameron. Ces derniers se montrent singulièrement coopératifs, ce dont on s’étonnera, vu que les épisodes précédents les montraient sous un jour égoïste. Comme dans un hommage au bon vieux temps, l’équipe initiale de la série réadopte la méthode socratique employée désormais par la seconde équipe. Exactement comme pour House, Foreman a l’illumination par hasard et résout le cas con brio via un rebondissement final d’un cynisme hilarant. Mais pourquoi les plus nobles élans du cœur humain ont-ils toujours des revers aussi grinçants ? Heureusement, dans un merveilleux plan final, l’amour familial triomphe de cette mésaventure qui a failli mal tourner (exactement comme à la fin de Deux frères, saison 3), parallèlement à la réconciliation de Sophia avec son passé. Le happy end est donc à peu près total, parachevé par la victoire de Foreman qui se rend compte que pour plier House, il devait simplement le mettre devant le fait accompli. N’ayez pas peur de vous imposer, et de faire ce que vous voulez faire, tonne cet épisode inhabituellement optimiste. Si Foreman ne peut encore rivaliser avec le maître, ces cinq ans passés avec lui l’ont rendu plus expérimenté. Informations supplémentaires: 9. UN DIAGNOSTIC OU JE TIRE Scénario : Matthew V. Lewis et Eli Attie, d'après une histoire de Matthew V. Lewis First rule of medical triage: Guys with guns go first. Jason souffre depuis plusieurs années, et aucun médecin ne parvient à le diagnostiquer. Désespéré, il sort un révolver, prend en otage House, Numéro 13, une infirmière, et plusieurs patients, et s’enferme dans le bureau de Cuddy. Tandis que la directrice et le SWAT gèrent la crise de l’extérieur, House tente de diagnostiquer le preneur d’otages. La journée sera longue car la maladie est bien cachée, et Jason semble prêt à aller jusqu’au bout pour savoir ce qu’il a… Mais le plus triste est finalement Jason lui-même. C’est l’immense Zeljko Ivanek qui l’incarne, et il est monumental en patient désespéré, au bout du rouleau, ayant déjà la préscience de la voie sans issue sur laquelle il s’est engagé. Torturé par sa maladie inconnue, il est prêt à tout sacrifier, vies humaines ou sa propre liberté, pour enfin connaître le mal qui le ronge. Jason n’est pas méchant, il est toujours sympathique pour le spectateur qui partage ses affres et sa soif dévorante de vérité. Malheureusement, à force de nous le rendre sympathique, il ne parvient pas à inquiéter. Trop humain, trop faible, il n’est jamais crédible en preneur d’otages déterminé, tant ses failles sont trop nombreuses. De plus, à la différence d’Al Pacino dans le mythique Un après-midi de chien (cité par House), Ivanek ne survolte jamais son jeu : trop de sobriété. Une performance hors de pair mais hors sujet. Les otages eux-mêmes sont anodins, tous joués par des comédiens fades. L’infirmière hystérique est plus ridicule qu’autre chose. Heureusement, House est en forme, et une situation de prise d’otages apporte automatiquement son lot de tensions. La série renoue avec une de ses spécialités : l’humour à froid dans les pires situations, si improbable qu’il augmente le malaise. C’est ainsi que House, sans cesse sous la menace d’un flingue, ne renonce jamais à lâcher des vannes - y compris sur Jason. Il fait l’admiration par sa gestion impériale de la crise, gardant toujours la confiance de Jason, même après l’avoir trahi une première fois (hilarant gag du somnifère). Il se montre d’un calme effrayant en permanence. La gestion extérieure par le SWAT en comparaison se montre bourrine et inefficace, hormis l’explosion finale. Tandis que les docteurs se heurtent à des murs de symptômes, l’escalade de la peur s’amorce. La situation exceptionnelle force l’épisode à proposer des idées vachement tordues comme le mur de Cuddy remplaçant le tableau blanc, la conversation par téléphone, les tests empiriques de House (gifles, tests de douleur…), ersatz aux opérations standards impossibles. Certains rebondissements comme les « oreilles bioniques » ou « l’explosion d’étoile » sont de brillants coups de tension, comme lors de l’absence prolongée de Numéro 13 où le révolver est prêt à partir, ou bien l’examen final. Il n’y aurait que ça, l’épisode ne parviendrait pas à nous inquiéter vu l’assurance de House et la faiblesse de Jason, mais l'épisode a l’excellente idée de jouer sur un second front : Numéro 13. Lucky Thirteen avait porté un regard sans espoir sur la jeune femme. L’introduction où elle repousse l’offre généreuse de Foreman est caractéristique du personnage qui ne veut pas se « modérer ». Mais les événements de cet épisode produisent sur elle un effet violent. De tous les otages, elle est celle qui « naturellement » mourra la première, il apparaît donc « logique » pour elle de se sacrifier en prenant tous les médicaments de Jason. Mais Numéro 13 n’étant pas « malade » comme Jason, prendre des médicaments puissants a un effet dévastateur pour elle. Or, Jason la force à en prendre de plus en plus : elle part en lambeaux sous nos yeux. Son corps s’auto-détruit au fur et à mesure que l’enquête avance. Olivia Wilde est proprement stupéfiante quand son personnage se décompose littéralement, jusqu'à devenir horrifique dans les dernières minutes. Si toute la première partie dans le bureau de Cuddy a des faiblesses, on se demande quoi reprocher à la deuxième dans la salle du scanner tant tout concourt à rendre la pression insoutenable. Notamment avec l’incroyable restitution de l’arme à feu à Jason par House. Cela entraîne un formidable échange entre House et Numéro 13 où la seconde s’emporte contre l’égoïsme du premier qui veut résoudre le cas quitte à risquer leur vie, et où le premier pointe l’hypocrisie de la deuxième, incapable de comprendre la valeur de la vie. Deux vérités qui font mal ! Dialogues tranchants, diagnostics foireux, Numéro 13 filant droit vers la mort sans phrases, le crescendo de suspense atteint sa pleine puissance dans cette dernière partie. Même le twist final, cinglant d’ironie, ne parvient pas à calmer l’atmosphère tant la situation paraît inextricablement bloquée. Numéro 13, plus suicidaire que jamais finit par craquer au moment de s’envoyer la dose mortelle, instaurant un ultime duel avec Jason d’une intensité inouïe ! La résolution finale voit les événements rentrer tout doucement dans l’ordre, avec Jason libéré de son angoisse. Sans doute savait-il que ça finirait mal, mais l’enjeu en valait la peine. La vérité au-dessus du tout : on comprend que House se soit senti si solidaire de lui. La décision de Numéro 13 d’abandonner sa vie de folie est une belle touche de douceur qui compense l’amertume de cette fin. C’est toutefois sur une hilarante scène Huddy que se conclut l’épisode où House propose à Cuddy une relation avant de se rétracter. Sinon, on voit que House a gardé ce côté gamin avec sa manie de faire des farces stupides. On termine avec le sourire cet épisode inabouti mais suffisamment tendu. Informations supplémentaires : 10. MANGER, BOUGER Scénario : Russel Friend et Garrett Lerner - I try to make you miserable ; first, you deny that it's making you miserable and try to make me miserable, so I'll stop making you miserable, and eventually you will leave, citing reasons that had nothing to do with misery... Emmy, jeune coach en fitness, s’écroule lors d‘un tournage. House et son équipe s’aperçoivent qu’elle a caché soigneusement une intervention chirurgicale. Le diagnostic s’annonce difficile : Numéro 13 passe des essais cliniques auprès de Foreman, Kutner a ouvert un site web en usurpant le nom de House, mais se voit confronté avec Taub à un gros problème quand une patiente qu’il traite en ligne va à l’hôpital quand son état s’aggrave. Enfin, Cuddy a réquisitionné le bureau de House pendant les travaux de rénovation de son bureau après les dégâts causés par Jason (cf.épisode précédent), ce qui n’est pas du goût de l’intéressé… Pour le reste, on est à la fête. Le cas médical aligne ainsi les faux-semblants comme des perles, noircissant la patiente du jour pour un épilogue ironiquement pessimiste. Un comble pour une femme dont la vie est tout entière dévouée au bien-être de ses semblables. Emmy a été touchée par une conversion après son opération chirurgicale, apprenant à respecter son corps. Depuis, elle enseigne comment maigrir par les exercices physiques… ce qu’elle n’a jamais fait. La source de ses revenus découle donc d’une hypocrisie culottée. Toutefois, elle est adoucie par sa volonté d’être une philanthrope, son vrai tempéramment sportif ainsi que par sa culpabilité refoulée (effarante scène d'hallucination). La maladie finalement diagnostiquée est un des plus furieux traits d’ironie lancé par la série : le sport l’a rendue hypocrite, elle manque de mourir à cause du sport ! Et c’est seulement quand elle faisait pas de sport et qu’elle se gavait de gâteaux… qu’elle allait bien ! On pense à La course au mensonge (saison 2) où un sportif ne peut se soigner que grâce au dopage. L’enquête est bien écrite, le suspense est efficace, le cas ne relâche jamais sa tension. Cerise sur le gâteau, Emmy se révèle superficielle, refusant une guérison totale qui la rendrait de nouveau en surpoids. Prête à tout pour protéger son hypocrite commerce florissant, elle choisit « l’autre » solution, acceptant une santé fragile pour demeurer belle, et convaincante en coach. Ce déchirement entre ce lourd mensonge et sa volonté de faire le bien est magnifiquement rendu par l’énergique Samantha Shelton. Même le pessimiste Taub est surpris de la légèreté de cette femme, alors même que - fine psychologue - elle lui avait balancé pas mal de justes vérités. Par la même occasion, l’épisode dégaine une lame contre le fléau de l’obésité, et exalte le respect et l’entretien physique du corps. Peter Jacobson, toujours impérial, continue de susciter l’admiration en composant un personnage déjà très Housien par son professionnalisme dénué de toute empathie (J’ai appris à l’école de médecine que la gentillesse ne guérissait pas les gens.). Mais qui n’exclut pas une certaine hypocrisie quand il se montre trop rigide sur ses principes. Aurait-il perdu lui aussi son humanité ? A côté de ce cas sombre, on est dans le burlesque avec l’histoire secondaire. Kutner est certes le plus compétent de l’équipe, mais hors médical, c’est un béta de première : il dit sans broncher au cynique Taub qu’il arrondit ses fins de mois en ouvrant un site de consultations sous le nom de House. Du coup, Taub réclame 25% en échange de son silence ! Le cas dont ils s’occupent étant malheureusement très compliqué, ça leur retombe sur le nez. Le débarquement de Deedee, leur patiente, venue se plaindre au Dr.House, donne des allures de vaudeville très réjouissants. Surtout avec l’interprétation au-delà du réel de la chanson Coconut par la Deedee sous amphets ; Becky Baeling s’amuse, Chase et Cameron itou, qui prennent également leur pourcentage dans l’affaire. A se demander si Kutner va vraiment sortir gagnant de cette histoire… Tout se dénoue avec un twist final absolument génial, un des meilleurs de toute la série. Un excellent ersatz de cas secondaire. Enfin, House et Cuddy (et leurs interprètes) nous donnent une leçon de chemistry avec répliques qui tuent et vacheries d’enfant gâté : boule puante de Cuddy, cassage de toilettes, évacuation de meubles, le détournement des travaux... on assiste à une surenchère bien dingo dans l’esprit parfois foufou de la série. Evidemment, ce ping-pong infantile dissimule mal les sentiments de nos héros. Comme ces derniers le nient, Wilson s’y colle et traduit les sous-titres pour Cuddy - aux tenues de moins en moins professionnelles - dont son installation dans le bureau de House serait en fait un prétexte pour se rapprocher de lui, démonstration logique à la clé. Cela aboutit à une des meilleures scènes Huddy : après un échange acéré plein de tension sexuelle, Cuddy suggère à demi-mot qu’ils s’embrassent à nouveau. Mais les auteurs nous asticotent en montrant le malaise des deux docteurs qui repartent chacun de leur côté - via un gag très amer. House montre pourtant à la fin toute l’affection qu’il a envers sa patronne via un cadeau inattendu. Elle veut le remercier - on se doute bien comment - lorsque le retournement final fait crasher cet espoir en mille morceaux. House reste House, et il ne pouvait que décevoir Cuddy. Un accident de « hasard » qui couronne le triomphe de l’ironie, pièce maîtresse de la série. Informations supplémentaires: 11. LE DIVIN ENFANT Scénario : Peter Blake - I'm a virgin. Are there other ways I could get pregnant ? Like... sitting on a toilet seat ? Nathalie, 16 ans, complexée par son poids, est la tête de turc de sa classe. Un soir de spectacle de Noël, ses camarades lui font avaler des champignons hallucinogènes. Elle s’évanouit en plein milieu du spectacle. House et son équipe se rendent toutefois compte que les champignons n’ont pas causé sa maladie. Cuddy s’implique cependant trop dans ce cas. Pendant ce temps, Wilson parie avec House qu’il ne pourra pas se montrer gentil avec un patient un soir de Noël. Numéro 13 a un premier conflit avec Foreman au sujet d’une autre patiente… La série pose un regard résigné sur la vision des gens « normaux » à propos des "éclopés", qu’elle soit dans la compassion, humiliante pour les victimes qui en ont marre qu’on rappelle leurs maux (Numéro 13 par exemple), ou ici le mépris bête et méchant des camarades de Nathalie, transformée en souffre-douleur. Prise dans une spirale descendante, Nathalie se sent inférieure, se réfugiant dans l’alcool (l’alcoolisme infantile, sujet délicat pour une série en prime time, mais ce n’est pas ça qui arrête Dr.House), et le dégoût de soi. La faiblesse de son unique ami, Simon, incapable de la défendre, et faisant mine de rentrer dans le rang pour montrer qu’il est « cool », est la lie du calice. Le regard de la série sur la souffrance morale à l’école, un sujet social encore trop ignoré, est sévère, et on est vraiment ravi quand Chase roule dans la farine toute cette classe avec un piège typiquement Housien. Comme quoi, Chase a quand même retenu des leçons de son ancien patron ! Kutner se sent mal à l’aise dans ce cas, et Taub devine que c’est parce que il a été lui-même martyrisé plus jeune à cause de ses origines… ben non, tout faux, la vraie raison déchaîne le rire. Kutner va au-delà de son portrait de compétent-gaffeur-naïf pour nous dévoiler une autre facette de sa personnalité. Le cas est passionnant à suivre. Cuddy - en tenue improbablement sexy pour une directrice d’hôpital, une habitude depuis longtemps - se mêlant au cas donne à House le prétexte pour s’acharner sur elle avec répliques bien senties, mais surtout ajoute une dose d'humanité à cette course contre la mort désespérée et trépidante. Le spectateur ressent pleinement cette impuissance devant cette injustice qui accable au-delà du supportable une adolescente déjà éprouvée. Depuis Culpabilité (saison 2), Cuddy a systématiquement failli capoter les cas par son ingérence - à l’exception unique de L’enfant miroir (saison 3). Par une ironie dévastatrice, c’est Cuddy qui trouvera la maladie, mais c’est… une maladie incurable. On a rarement vu un diagnostic aussi cynique, qui entraîne une fin absolument magnifique : en cette nuit de Noël, il y’a bien eu un miracle, mais pas celui escompté. Une vie se meurt, une autre naît, comme dans Sacrifices (saison 1), mais en encore plus tragique. C’est terriblement beau. La comédie est là cependant, dans les piques mordantes de House, et dans son pari ridicule où il veut prouver à Wilson qu’il peut parfois se montrer gentil avec des patients. Hélas ses patients en consultation sont tellement cons qu’il n’arrive pas à maintenir son sourire de façade (le coup de l'inhalateur est devenu une des plus célèbres scènes de la série). Hugh Laurie lui-même doit lutter pour ne pas pouffer. Le cas secondaire d’une femme enceinte alors qu’elle dit être vierge est un des plus délirants de toute la série. Ce couple d'abrutis massifs white trash qu’on croirait tout droit sorti de Earl est hilarant de bêtise. Du coup, House a toute latitude pour leur sortir le diagnostic le plus DELIRANTISSIME de toute la série, miracle de Noël bidon qui brocarde génialement le culte de la « magie » de cette fête. Mais le revers est que l'on voit que House pourrait toujours être gentil et altruiste envers ses patients, ce qu'il se refuse obstinément à faire parce que c'est une "faiblesse"... et parce que ce diagnostic improbable flatte son gros ego. Wilson est aussi en pleine forme, il analyse House avec précision, mais fait aussi son House en se payant la tête de Kutner et Taub. Si même Wilson s’y met... Mais on réfléchit à une deuxième lecture : et si cette histoire était un moyen pour Wilson de dire combien il aime House, sans l'avouer explicitement ? L’ambiguité de Robert Sean Leonard offre toutes les interprétations possibles. Entre 13 et Foreman, RAS, mais heureusement ce pan de l’histoire est relevé par quelques pointes de la série. Surtout avec la glaciale Dr.Schmidt (parfaite Phyllis Lyons) qui se la joue Numéro 2 en parlant des patients-cobayes comme des « numéros, et rien d’autre ». Cette déshumanisation des patients est cependant une règle logique : si on laisse l’affection prendre le dessus, on perturbe les résultats des tests thérapeutiques. Par conséquent, il faut rester froid et neutre, tout comme House. C’est là que nous voyons que Foreman n’est pas encore exactement comme House, il a encore du mal à dessécher son cœur. Par contre, 13 qui embrasse Foreman, on y croit pas des masses. Informations supplémentaires: - Numéro 13 et Foreman s'embrassent pour la première fois. - Quatrième épisode sur le thème de Noël. Scénario : Thomas L. Moran et Eli Attie - House, I've got a D.C.F.S. home visit on Friday. Ne supportant plus ses insupportables douleurs chroniques qui durent depuis des années, Jeff tente de se suicider mais est sauvé in extremis par sa femme et son fils. A l’hôpital, il tente de nouveau de se tuer. Pendant ce temps, House a des problèmes de tuyauterie, 13 veut cesser sa relation naissante avec Foreman, et Cuddy tente difficilement de concilier son job et sa nouvelle vie familiale… Cette tentation permet également de voir la terrible métamorphose d’une personne que l’on croyait connaître. Lynne, l’épouse, et Zach, son fils, sont impuissants devant l'autodestruction de Jeff, prêt à tout pour s’évader de la douleur. Le parallèle avec House qui se shoote à la Vicodin est patent, et souligné malignement par Taub. Contrairement à Insensitive (saison 3), cette piste n’est toutefois pas développée, alors qu’elle aurait pu être source d’excellentes digressions psychologiques. La deuxième tentative, inattendue, est l’objet d’un brillant retournement médical, mais c’est la troisième qui est la plus terrifiante, où c’est carrément Zach, le fils, qui tente d’aider son père à partir. Et c’est seulement la suprême intelligence de House qui évite la catastrophe. Le pauvre enfant s’explique en disant qu’il ne reconnaît plus son père courageux et batailleur, et ne peut plus le considérer comme tel. Il est terrible que la classique désacralisation du père dans les yeux d'un enfant se fasse à l'occasion de ses tentatives de suicide. Sarah Danielle Goldberg (Lynne) s’enlise cependant dans le pathos de son personnage. Cette cruauté se voit hélas diluée dans un happy end consensuel d’une fadeur grotesque qui n’a absolument rien à faire dans la série, avec ralentis Hollywoodiens en sus. Le diagnostic final est expédié et incompréhensible. Toujours sur le thème du suicide, Taub tente de cacher à Kutner sa tentative passée, mais lui comme le spectateur le devinent. Leurs discussions sur le tempéramment des candidats au suicide ne manquent pas de sel, et mêlent adroitement ironie et réalisme désespéré. La storyline de Cuddy donne certes lieu à quelques bonnes vannes de House, et un diagnostic différentiel très spécial, mais cela ne compense que partiellement la déception ressentie en la voyant s’occuper d’un bébé qui lui ôte tout son peps. Le meilleur moment de cette histoire reste la visite de Wilson, toujours aussi "psy", qui blâme l’orgueil de Cuddy. Elle se place des ambitions trop hautes : prisonnière de l’image de femme forte qui n’a besoin de personne qu’elle veut donner, elle jongle maladroitement entre Rachel et son travail. L’image finale la voyant lire un dossier à son bureau tout en agitant la poussette montre bien l’impasse dans laquelle elle s’est fourvoyée. Et indique une pique empoisonnée face aux problèmes naissant du féminisme, où les femmes peuvent s'emprisonner toutes seules sans l'aide des hommes à cause de l'image de "femme forte" qui peuvent les pousser à se surcharger de responsabilités. La sitcom Girls n'est pas loin. L’autre segment est le problème de plomberie subi par House (spectaculaire bain forcé) mais qui se montre trop anodin pour convaincre. Sauf quand il décrit House comme prêt à beaucoup de choses pour défendre une idée ou une vengeance, jusqu'à faire un acte vraiment stupide, pas judicieux pécuniairement, mais qui satisfait sa soif de revanche. Informations supplémentaires: Martin Henderson (1974) a débuté dans des séries australiennes, son pays d’origine : Summer Bay (7 épisodes), Sweat (26 épisodes), Big Sky (53 épisodes)... surtout en compagnie de son ami, le trop tôt parti Heath Ledger. Il a ensuite émigré aux USA. Il a joué dans quelques séries : le rôle principal de Ben Keeton dans Off the map (13 épisodes), de Ben Gundelach dans Secrets and lies (6 épisodes), Harold Jensen dans The Red road (12 épisodes), etc. et quelques succès du box-office comme Torque, Coup de foudre à Bollywood, Mi$e à prix, Bataille à Seattle, etc. 13. LE PETIT PARADIS Scénario : Lawrence Kaplow et David Foster - If you come to me with a request and it makes medical sense, I'll say yes. Sarah est un jeune professeur pour élèves handicapés à la bonté et à la patience admirables. Un jour, elle s’évanouit en vomissant du sang. Mais à l’hôpital les données ont changé : Cuddy a laissé sa place à Cameron qui désormais prend en charge l’hôpital… et House ! House et elle se livrent à un duel psychologique tordu, tandis que Foreman est pris dans un très lourd problème éthique… Pas mal de scènes surprenantes se succèdent, comme la fausse irradiation, le bain glacé, le découpage du crâne… on ne s’ennuie pas. La série se montre alors très cruelle avec son méchant twist final, terrible négation des qualités altruistes de Sarah. A croire que pour la série, les bons comportements ne sont que le fruit de redoutables maladies ! Cette fin se voit soudainement éclairée d’un rayon de soleil dans la scène finale : un simple mais puissant jeu de regards donne une lueur d’espoir, et une possibilité d’happy end total, touchant et inattendu. Cuddy s’enfonce toujours plus dans l'eau de rose facile et bête. On comprend que la série ait voulu parler de ce mal qui touche certaines femmes : l’absence d'amour envers leur enfant aux tous débuts, a fortiori quand cet enfant n’est biologiquement pas le vôtre. Mais le cabotinage insupportable de Lisa Edelstein rend cette bonne volonté caduque. De plus, son histoire plonge carrément dans le bouillon. La scène du test cérébral, perturbée par les pleurs du bébé est une des plus grotesques de la série. Ce n’est ni dramatique ni comique, c’est juste lourd : il faut vraiment que Cuddy ait un grain pour ne savoir qu’hurler sur sa gamine quand elle pleure. Et puis miracle, après une fanfare de cris, voilà que bébé Rachel se calme ! Réalisme zéro. Ce serait la diablesse Jordan de Scrubs, on pourrait comprendre, mais un personnage aussi sérieux que Cuddy, on coince. Quand elle surjoue la joie enfantine d’avoir réussi à communiquer (gueuler en fait) avec son bébé, on dépasse la niaiserie pour aller tout droit dans la bêtise la plus consternante. Seules les remarques acides de House qui lui recommande de bazarder l’enfant épicent ce gros brouet. La relation de Foreman avec Numéro 13 perturbe son objectivité. Il sait qu’elle a un placebo et non le traitement expérimental. Foreman en est réduit à demander conseil à Chase d’abord puis à House. House lui fait prendre conscience qu’il tient à son travail de médecin plus qu’à elle, et qu’il ne doit pas donc risquer son job pour elle… mais si il l’aime, alors il se sentira obligé de commettre une terrible faute. Le suspense de cet arc continue. Après ce sommet, Cameron va perdre en intérêt. Commencera alors pour le personnage une lente descente. Mais en attendant, on émerge de cet épisode admiratif de la gestion par les scénaristes de cette relation originale dans le monde des séries.
14. PRISES DE RISQUES Scénario : Sara Hess - Dr. House gets a few perks. Dana Miller, ex-chercheuse en cancérologie, est victime d’un pneumothorax. Foreman apprend avec consternation que l’état de Numéro 13 s’aggrave depuis qu’il lui a donné le traitement expérimental. Ni l’un ni l’autre ne peuvent travailler. Pendant ce temps, Cuddy, ulcérée de devoir reprendre son poste à cause de House, se venge en multipliant les mauvais coups… Passons à Foreman et Numéro 13. Les espérances de l’épisode précédent sont battues en brèche, leur histoire ayant tout du sous-Urgences (numéros d’acteur et vélocité en moins). Foreman, qui devrait être le plus solide de l’équipe, s’effondre pitoyablement en commettant bourdes sur bourdes. Il est étonnant qu’un médecin comme lui n’ait pas réalisé qu’un produit expérimental comporte des risques. Certes l’amour est aveugle, mais là on frôle avec le surréalisme. La dégradation physique de Numéro 13, larmoyante, est outrancière ; on est loin de Un diagnostic ou je tire ! Elle ne donne lieu qu’à des lamentations pesantes de son bien-aimé, et un désespoir tout aussi pesant de l’intéressée. L’anaplodiplose de la scène de lit Foreman-13 est à pleurer par sa naïveté. Rien à faire, le Foreteen n’est pas crédible. Le beau happy end, rétropédalage laborieux, nous achève par son ridicule, et rend caduc tout l’arc entamé depuis quelques épisodes. Omar Epps joue certainement une de ses pires prestations, alors même qu’Olivia Wilde commence enfin à se montrer plus crédible dans le registre émotion. Mais sa partition est si mauvaise que ce point positif passe à l’as. Taub et sa femme traversent une crise due à la persistance de Rachel à ne pas vouloir d’enfant, ce qui rend son mari morose. Malgré les toujours justes Peter Jacobson et Jennifer Crystal Foley, leurs scènes achèvent d’écraser l’épisode sous des tonnes de lourdeur. On croyait avoir tout subi avec Cuddy qui hurlait contre son gosse pour qu'il la ferme. Mais c’est sans compter sans les scénaristes qui arrivent à aller encore plus loin dans le grotesque. Sous nos yeux incrédules, Cuddy s’abaisse toujours plus en faisant des farces pathétiques à House. C’est donc ainsi qu’elle veut se venger de House qui l’a forcée à revenir à l’hôpital ? Dans un cadre Huddy, on pourrait le comprendre, et généralement on s'amuse de leurs farces parfois débiles, car le subtext de la tension sexuelle les pimente. Mais ici, ce n'est qu'une vengeance au premier degré, indigne du personnage. C’est lamentable, et le fait que House ne réponde pas à ses provocations comme il l’explique dans une scène maligne avec Wilson (un des rares bons moments de l’épisode) fait terminer le ping-pong cinglant entre lui et elle avant même de le commencer. On ne s’étonnera donc pas d’un autre rétropédalage : Cuddy demandant pardon à House d’avoir agi comme une crétine. Rien à dire sur Lisa Edelstein, tout à fait dans son rôle, mais elle ne fait que souligner l’absurdité de l’orientation prise par son personnage. Absurdité qu’on retrouve à la fin comme Foreman écopant d’un simple avertissement pour sa grave faute professionnelle. Crédibilité zéro. Episode ni fait ni à faire, il montre à quel point l’évolution des personnages proposée par la série s’est montrée hors sujet. Fort heureusement, les auteurs vont vite se rattraper. La deuxième moitié de cette saison va être d’une toute autre nature, cumulant chefs-d’œuvre sur chefs-d’œuvre. Fans de la série, acceptez cette panne passagère, et vous serez récompensés dès l’épisode suivant ! Informations supplémentaires: Scénario : David Hoselton - Einstein said, "Coincidences are God's way of remaining anonymous." Mais tout n’est pas si simple : Bresson fait comprendre à House qu’il est un croyant qui s’ignore. Malgré son dégoût de lui, il a une énorme vantardise sur ses capacités. Son ascendant général sur son entourage (patronne incluse) fait qu’il se prend pour un dieu d’une certaine manière. Amer, il sait qu’il a presque toujours raison et cela le déchire : autant il aime étaler sa « supériorité » en ayant toujours le dernier mot, autant cela le rend malheureux car ses prédictions sont toujours pessimistes et révélatrices d’un monde si laid. Aussi, cherche-t-il intérieurement quelqu’un qui le remettrait à sa place et le convaincrait d’un autre point de vue. Son orgueil adore ce piédestal car cela ne le rend pas « humain », mais son cœur le hait car le condamnant à une vie sans joies. Encore une fois, l’influence du Dr.Cox de Scrubs est patente : lui aussi recherche quelqu’un qui pourrait lui répondre (les idéalistes J.D et Drew), ou vit avec une ex encore plus cynique que lui. Mais à la différence de Cox, House est désespérément verrouillé : c’est un personnage bien plus pessimiste et sans espoir. La peu convaincante pirouette de House montre son trouble. L'on sent que l'absence d'humanité qu'il s'inflige le pèse lourdement (I don't save lives, I solve puzzles. Saving lives is just collateral damage). Foreman ayant violé la loi à plusieurs reprises par amour pour Numéro 13, House veut les séparer. Cuddy abandonne Foreman pour des raisons analogues. Comme House, elle est figée dans un carcan de règles. Le couple plonge dans la crise : chacun veut montrer à l’autre qu’il l’aime en démissionnant. Chase et Cameron, d’un monstrueux égoïsme, leur conseillent de rompre (l’amour et le travail ne vont pas ensemble. Quel culot !). Finalement, House ne voulait séparer Foreman et 13 pour leur redonner leur indépendance et les rendre plus efficaces. Mais la fin de l’épisode voit Foreman réintégré et toujours avec Numéro 13 à l’insu de House… L’amour semble triompher, mais la série n’a pas dit son dernier mot. Omar Epps retrouve des couleurs après la berezina de l’épisode précédent, et Olivia Wilde est comme toujours brillante dans la froideur et la colère.
- La soundtrack est également constituée de Firesuite de et par Doves, et de Everything a dream could be de et par Wayne Jones et Jon Ehrlich. 16. UN PEU DE DOUCEUR Scénario : Liz Friedman I think my penis stopped breathing. Do you know CPR ? Jackson Smith est né avec une mosaïque génétique : il est mi-garçon, mi-fille. Ayant le choix, ses parents ont décidé à sa naissance qu’il serait un garçon, ce que des opérations chirurgicales ont réussi à faire. Devenu adolescent, Jackson s’effondre en jouant au basket. Ses prédispositions génétiques ont-elles un lien avec sa maladie ? Mais l’équipe a la tête ailleurs : House est méconnaissable, sans cesse courtois, poli, gentil… Lorsqu’il fait un malaise cardiaque qui manque d’être fatal, tout le monde se demande ce qui lui arrive… Depuis Françoise Dolto, nous savons qu’enfants et adolescents ont un sixième sens qui les font deviner les secrets les plus graves. Il est alors du devoir des parents de les lui dire au moment opportun. Mais quand est ce moment ? La série ne porte aucun jugement sur les parents qui ont trop longtemps repoussé le moment fatidique. Ils ont bien failli sur un point, mais peut-on le leur reprocher ? : ils ont trop couvé leur fils et leur amour parental s’est mélangé à une compassion naturelle. Quand ce sentiment dirige les liens familiaux, ces liens deviennent distordus : surprotection de l’enfant et sentiment d’impuissance de ce dernier. House le leur fera remarquer : c’est une erreur de la nature, ce n’est pas une raison pour le traiter comme tel. Les parents laisseront alors à Jackson la possibilité de vivre pleinement sa vie, un joli happy end lumineux. L’épisode enchaîne aussi les surprises, avec le poème « suicidaire » de l’enfant ou le dîner Wilson-House où le premier teste le second dans une scène en suspense… Et attention le choc : House va essayer de trouver un nouveau job et va jusqu’à se raser !!! Comme Mr.X se rasant la moustache dans X-Files, il a l’air alors complètement inoffensif et… banal. Ca tient à peu de choses ! Cuddy exprime alors sa faiblesse envers House : elle est prête à le garder et à lui fournir sa drogue (modérément) pourvu qu’il reste. Cette licence est un nouveau pas vers le Huddy : Cuddy regagne des couleurs, sa relation avec House devient plus intense, jouant sur les doubles lectures de situation : la raison officielle de son comportement est qu'elle veut garder le meilleur médecin de l'hôpital, mais n'est-ce vraiment que cela ? La chute terminale, idéalement ironique, est à l’opposé de ce que nous avons alors déjà connu. House hurle contre les parents, mais c’est en fait un masque : il hurle contre lui-même. Totalement drogué, il a failli tuer ce gamin. Sa culpabilité l’horrifie. C’est une des rares fois où on le voit si dégoûté de lui. Quand House laisse enfin parler sa conscience, c’est à la fois rare et beau. Parmi les morceaux de bravoure comiques, Wilson rencontrant la call-girl de House, Wilson certain que House a couché avec Cuddy, mais surtout un impressionnant filage de métaphore par Foreman et Numéro 13 sur l’amour comparé à des parfums de glace : les bons mots crépitent à chaque réplique. Il y’a aussi Taub imitant Foreman quand il est joyeux ou triste, Taub et Kutner pas dupes de la « rupture » Foreman-13, les deux scènes sur les chaussures de Thirteen... On trouve pas mal d’occasions de rire dans cet épisode. Mais de tout cela, on retient surtout l’inouïe composition de Hugh Laurie en médecin attentionné et gentil, mais sonnant subtilement faux. Une éblouissante performance.
17. JE DIS TOUT CE QUE JE PENSE Scénario : Doris Egan - I told Wilson you sent me to get information. Lors d’un dîner, l’éditeur Nick Greenwald humilie un jeune écrivain avant de s‘évanouir. A l’hôpital, il continue de balancer tout ce qu’il pense, blessant gravement sa femme et sa fille, et indisposant les docteurs. Ces derniers doivent trouver la maladie avant que son ménage se brise sous le coup de ses révélations involontaires. House, étonné du curieux comportement de Wilson, le harcèle pour savoir ce qui se passe… L’intro où Nick (excellent Jay Karnes malgré un numéro répétitif) massacre un pauvre écrivain puis sa propre femme donne le la. Par la suite, disant tout ce qu’il lui passe par la tête, le patient dynamite toutes les situations à coups de répliques qui tuent à la vitesse d’une mitraillette folle. La scène de l’IRM où il fait des avances sexuelles d’une vulgarité énorme à Numéro 13 puis à Cuddy est un très grand moment d’abattage, avec bien sûr notre cher House qui a amené Cuddy sur les lieux pour qu’elle puisse profiter du spectacle. Scène qui permet une brillante lecture Huddy : Et si House exprimait son désir pour Cuddy via Nick ? Cette scène est symptomatique des détours les plus tordus que nous pouvons prendre pour arriver à nos fins, au lieu d’y aller franco. Jeu de cache-cache stérile mais finalement stimulant pour le spectateur que celui de House et Cuddy. La scène où Foreman et 13 parlent des rapports hommes/femmes est aussi bien écrite. Par un antagonisme savoureux, le Hilson subit une telle expérience : House soupçonne un secret, en fait une résurgence du passé, déjà mentionnée dans L’histoire d’une vie (saison 1). A la lumière de la terrible histoire de Wilson, il prend une ampleur soudaine. Sa gentillesse caractéristique est une réponse excessive et désespérée à son « comportement » (pourtant aucunement mauvais) d’avoir été lassé un seul soir d’un frère handicapé qui l’empêchait d’étudier et auquel pendant si longtemps il fut un père de substitution. Il accepta de travailler à Princeton uniquement parce qu’il pensait que son frère s’y était réfugié. La scène est d’autant plus remarquable qu’elle ne sombre jamais dans le pathos. Ou comment la culpabilité, l’autopunition peuvent nous enfoncer si on réagit trop passionnément à une action malheureuse ou qu’on juge à tort malheureuse. Ni Nick, ni « Jimmy » ne sont jugés ici, même House s’abstient de toute remarque. Cependant, pour une fois, Robert Sean Leonard ne convainc pas tout à fait. Une belle réflexion sur le « contrat social » (titre original) : Je suis gentil avec toi pour que tu le sois avec moi, qui régit les relations humaines malgré son hypocrisie. Le Hilson brille par son absence : il n’y a pas un tel contrat entre eux deux. C’est peut-être ce qui fait la force de leur amitié et son apparence conflictuelle. En dehors de cela, quelques scènes très drôles pimentent le tout comme la partie de tennis à la morgue. Pour couronner le tout, la réalisation d'Andrew Bernstein est digne des meilleurs films, avec ses cadrages savants et ses plans si suggestifs. Que demander de plus ? Informations supplémentaires: 18. APPELONS UN CHAT UN CHAT
I know you're in there, Wilson, I can hear you caring ! La série nous rappelle que House trouve toujours la solution (la chute du jour est merveilleusement maligne et cohérente) du patient grâce au hasard : un déclic fortuit, qui presque toujours n’a rien à voir avec le cas. Morgan l’énonce devant un House embêté dont sa réponse vous êtes idiote est dite d’un ton bien peu convaincant : il accepte mal la part de hasard de son travail, lui qui veut toujours tout contrôler. Uniquement grâce à des coïncidences, peut-on être convaincu d’un fait en réalité imaginaire ? Si oui, combien de coïncidences faut-il ? Si un tel thème n’est pas rare - on le retrouve dès Chapeau melon et bottes de cuir avec Affectueusement vôtre - son traitement est excellent. House lui-même, comme Kutner le devine, semble troublé et on peut penser que c’est aussi à cause de ce chat qu’il garde Morgan - ses efforts pour la maintenir à l'hôpital sont souvent savoureuses - pour être sûr qu’il n’a pas de don, uniquement des coïncidences… Comme dans les épisodes religieux, House a peur d’être en face de quelque chose d’inexplicable et fait tout pour se persuader qu’il n’en est rien. Instant Hilson : Wilson remarque que House veut tout faire pour libérer sa patiente de sa superstition, pour qu’elle puisse « raisonner juste ». Ainsi, House voudrait qu’elle pense froidement, rationnellement, mais pas par altruisme, pour qu’elle pense comme lui. Ou comment le mépris d’une pensée irrationnelle dans un esprit rigide pousse à faire des actes généreux sans en avoir le cœur : la pitié condescendante, et non la compassion guide House, qui même hors job, fait le bien autour de lui sans que ce soit sa raison d’agir. House n'oublie pas de muscler nos zygomatiques : pastiche de Blofeld, justification de la présence d’une litière pour pouvoir pisser sans aller aux toilettes, chat nourri aux SGM (Souris Génétiquement Modifiées) - Cuddy est au bord de l’explosion - House qui fait semblant de mourir en crachant du sang… Kutner révélant qu’il est superstitieux, House fait donc des mises en scène pour se payer sa tête. Mais le plus gros gag reste la vanne de House sur « les miches de Cuddy ». A moins que… si, y’a encore plus gros : l’ultime gag est tout simplement énorme ! L’histoire parallèle avec Taub n’est guère originale mais bien fignolée. D’une mauvaise humeur à tout casser, on le voit avec un nouveau visage. Sans perdre son calme, il s’énerve contre House, contre ses collègues, contre la patiente… Comme le devine House, il a le regret de sa vie passée, où il était un brillant chirurgien (et mieux payé), condamné ici à faire le sous-fifre. Lorsque cet ancien ami improbable lui tombe du ciel, il retrouve espoir. Même si les plus finauds auront deviné la chute finale, la série dénonce efficacement notre goût pour les apparences, les belles promesses. Informations supplémentaires: 19. JE SUIS VIVANT !
My diagnostic's team : Hot, Dark, and Darker. A la suite d’un grave accident de vélo à Middletown, Lee est totalement paralysé à l‘exception de ses yeux. Les médecins le déclarent mort. Par une chance inouïe, House a eu un léger accident de moto alors qu’il était dans cette ville et se trouve dans la même chambre. Il s’aperçoit qu’il est encore vivant et le fait transférer à Princeton-Plainsboro. Wilson tente de savoir ce que faisait House à Middletown ; et ce dernier menace de virer Taub s’il ne trouve pas une « idée géniale » lors de ce cas pour le punir d’avoir voulu démissionner dans l’épisode précédent… Le cas se déroule bien : lorsque Lee perd sa capacité à communiquer (ses paupières se paralysent à son tour), on est presque dans une terreur pure : il est totalement verrouillé. Mais le tout est un peu gâché par l’histoire secondaire de Taub : finement joué, puisqu’après Numéro 13, Foreman, Kutner, c’est au tour de Taub d’être menacé de renvoi ! Le procédé crispe à force et marque un clair déficit d’inspiration. Finalement Taub sauvera son job en « usurpant » l’idée de Kutner qui avait trouvé le diagnostic final. House n’est pas dupe, mais voir Taub profiter d’une idée qui n’est pas sienne montre qu’il est prêt à tout pour garder son emploi... ce que House apprécie ! Prétexte tout de même un peu facile. Pourquoi House est-il allé à Middletown ? Les rares moments d’humour de l’épisode sont dispensés par House qui sert trois bobards consécutifs à Wilson (le 3e est un pur délire). Mais ce dernier vérifie toujours et en conclut à chaque fois que House lui ment. Effectivement, il a de quoi avoir "honte" - de son point de vue - la raison de son escapade est à en rester baba. Mais le vrai House reprend le dessus et tire un trait sur cette expérience qui, normale pour une personne normale, apparaît comme une faiblesse chez un être aussi orgueilleux. House a des réactions d’humain, et il en a honte. C’est-ce qui le rend si attachant : son pire défaut n’est pas la méchanceté, c’est l’orgueil, et un dégoût torturé des hommes. Mos Def, immobile à l’exception des scènes oniriques, ne fait donc aucun numéro d’anthologie ; mais - pour reprendre Damyta Syn dans le Caméra meurtre (saison 5) de Chapeau melon et bottes de cuir - il fait un excellent cadavre ! Maintenant attachez vos ceintures, et attention au choc ! Informations supplémentaires: Acteurs : 20. IL N’Y A RIEN A COMPRENDRE Scénario : Leonard Dick - You worked with him everyday for two years, and you never saw this coming. Charlotte, 54 ans, est sur le lit de mort d’Eddie, son mari atteint d’un grave cancer, quand elle est prise d’étouffements. Admise à l’hôpital, elle demande à ce que son mari y soit transféré pour être avec elle. Mais les médecins ont du mal à s’impliquer dans le cas : ils doivent faire face à une horrible découverte qui chamboule de fond en comble toute la vie de l’hôpital… Et cela insupporte House : certes frappé par ce qui s’est passé, ce n’est pas de pleurer Kutner qui l’importe mais de connaître les raisons de son acte : aucun mot, aucun signe avant-coureur. Kutner s’est tué sans donner d’explications et House est à la torture : lui qui a toujours résolu les plus grands mystères grâce à sa connaissance de la médecine et de la psychologie humaine, est ici incapable de trouver une explication, se désinteressant du cas. Il faut les rappels à l’ordre de Taub, le plus solide des docteurs, pour qu’il ne perde pas de vue son travail. House finit même par penser que Kutner a été assassiné puisque RIEN n’explique son geste. Solution de facilité ironise justement Wilson. Cameron, elle, redevient une émanation de la conscience de House, elle lui explique qu’il culpabiliserait si c’était un suicide qu’il n’a pu empêcher, alors qu’un meurtre le laverait totalement. Paradoxe grinçant : House est le moins concerné par les relations humaines mais c’est lui qui culpabilise le plus ! La scène avec Julia et Richard, les parents adoptifs de Kutner, est caractéristique de la confusion de House : au lieu de paroles de réconfort, House les attaque violemment avec une accusation stupide. Qu'il les torture ainsi rend compte de son sale état psychique. Cette attitude peu usuelle devant la mort de quelqu'un est à la fois originale, profonde, et émouvante. La question des motifs poussant un homme à commettre une action d'importance, positive ou négative, est le coeur de cet épisode, où chaque hypothèse se voit rejetée car n'étant jamais convaincante. Cette impuissance des docteurs, et de House en particulier, se communique puissamment par le spectateur par la mise en scène. Nos héros ne savent quoi penser : culpabilité, incompréhension, hébétude… comment se préparer au deuil d’une personne que l’on a connu même si elle n’était pas de nos amis ? Avec Amber, ils ont eu (un peu) le temps de se faire à sa mort, le temps de son hospitalisation ; en plus, elle ne leur était pas sympathique… mais pas avec Kutner. L'épisode, de manière implicite, nous fait comprendre que le fait d’avoir travaillé deux ans avec lui a forgé des liens ténus mais existants entre lui et ses collègues, même s’il n’y avait pas d’amitié véritable. Un peu comme House devant la maladie de Foreman en saison 2. Même Taub, le seul à avoir gardé la tête froide, finit par fondre en larmes à la toute fin. Il y a plus de pathos que d’habitude mais l’atmosphère extrêmement lourde s’y prête. Rien qu’un effrayant vide sidéral. Les dernières images de l’épisode sont d'une triste ironie : House tombe sur une photo de Kutner où il n’a pas l’air heureux… mais ne peut rien conclure. L'humour est évidemment rare ici. On retiendra seulement le cas secondaire d’une fillette complètement amorphe. La résolution est drôle, mais d'un humour noir : devant participer à un concours, elle a une tenue effrayante : cheveux tirés au maximum, robe vulgarissime, fardée et maquillée de partout… elle ressemble à une poupée de porcelaine totalement déshumanisée. Une attaque contre la dictature de la beauté, on a déjà vu ça, mais que cela commence dès l’enfance, âge de l’innocence, c’est assez flippant. D’autant qu’elle est déjà tombé dans quelques excès propres au milieu du mannequinat... on citera aussi les échanges piquants entre House et Cameron sur les lunettes d'Horatio Caine. Mais intéressons-nous au cas du jour. Loin d’être mis à l’écart, il a toute sa place, comme un épisode normal. Une excellente idée, car la situation est d’autant plus terrible que The show must go on ! Nos médecins doivent malgré tout sauver des vies malgré le ravage. L’épisode fait donc une énième variation sur le Couple-qui-s’aime-mais-qui-s’aime-mal, mais c’est encore une composition éblouissante. Nous avons un couple (Colleen Camp et Meat Loaf, bouleversants) qui est resté ensemble très longtemps. Eddie, souvent absent, ne fut pas un bon mari pour Charlotte, et proche de la mort, le regrette profondément. Charlotte aime Eddie, et le lui a pardonné. Par un étrange jeu de vases communicants, plus sa femme va mal, plus le mari va mieux : le fait de voir sa femme très malade lui donne plus d’énergie. Chacun va vouloir alors sauver l’autre au prix de sa vie, que ce soit par une tentative de suicide ou en acceptant une opération fatale à coup sûr. Ses actes d’amour toujours plus forts sont poignants, et le suspense haletant autour de ce double cas ne baisse jamais, grâce aussi à la brillante interprétation de Peter Jacobson, qui compatit à leur sort. La chute finale nous étourdit par sa cruauté. Décidément, on peut tomber sur le couple le plus passionné, le plus aimant qui soit, il faut toujours qu’il y ait une faille sadique entre eux ! Le mari paie son inattention et la femme sa frustration de n’avoir pu réaliser ses rêves : la situation finale est d'un tragique total. Il n'y a aucune lumière dans cet épisode qui est à l’image de sa magistrale réalisation cadavérique. On regrettera seulement qu’une chanson hors de propos résonne lors de la crémation de Kutner. Mais cela n’enlève pas grand-chose à ce nouveau diamant noir de la série. Informations supplémentaires: - Cet épisode marque le décès du Dr.Lawrence Kutner d'une balle en pleine tête, qu'il a tiré lui-même. Il était interprété par Kal Penn. Kutner avait 28 ans lors de sa mort. On apprend qu'il a été condamné pour attentat à la pudeur pour s’être montré nu lors d’un match de football. - D'après les membres de l'équipe technique, Taub aurait tué Kutner, ou l'aurait poussé à se suicider, ce qui explique son refus d'assister aux obsèques. Shore a cependant affirmé que c'était bien un suicide, car permettant de faire mal à House qui ne peut comprendre un comportement humain, une première. - Kutner fut tué pour permettre à Kal Penn de quitter la série pour accepter l’offre de directeur associé des relations publiques de la Maison-Blanche, dans l’administration de Barack Obama. Il reviendra toutefois en tant qu'hallucination dans Parle avec elle (saison 5) et Tout le monde meurt (saison 8). - Numéro 13 se réfère sous son vrai nom dans l'épisode. Pareillement, elle appelle Foreman par son prénom « Eric » sous le choc de la découverte du corps de Kutner. 21. QUAND LE DOUTE S’INSTALLE Scénario : Eli Attie et Thomas L. Moran - What’s going on with Cameron ? Doug, militant écologiste, est pris d’un grave malaise lors d‘une manifestation. Franni, sa femme, débarque à l’hôpital, alors que Doug affirmait être célibataire. Pendant que l‘équipe commence à se remettre de la mort de Kutner, House remarque que Wilson a changé ses habitudes alimentaires, ce qui l’intrigue. Cameron et Chase s’apprêtent à prendre des congés ensemble, mais House oblige Cameron à travailler sur son cas, hypothéquant leur voyage… Cameron, subitement délestée de ses capacités d’analyse et d’autorité, redevient un pantin. Où est donc passé la cynique femme un peu vulgaire des saisons 4 et 5 ? Les états d’âme de Chase sont lourds, et Cameron, enferrée dans une situation rocambolesque, ne vaut pas mieux. Et là, le Hameron réapparaît au détour d’un chemin : House lui fait remarquer qu’elle n’avait pas à obéir à ses ordres puisqu’elle n’est plus son employée. Cameron ne peut rien dire, et attester encore de son attirance inconsciente pour son ex-employeur. House, durant la saison 5, semblait regretter l’absence de Cameron tandis qu’elle ne semblait pas avoir renoncé à House. L'implicite du Hameron reste très fin et divertissant. Là où on décroche, c'est quand Chase s'en mêle ; jaloux, il envisage de rompre. Il faudra toute la persuasion de Cameron pour le faire plier, dans une scène aux dialogues hélas ridicules. Finalement, Chase la demande en mariage, et on retombe dans la dégoulinade, tout ça pour ça ! Leur conflit est incapable de nous emballer, malgré le bon jeu des acteurs. Cependant, on notera une scène Huddy entre Cuddy et… Cameron qui déclare House chasse gardée de Cuddy - qui se garde bien de répondre. Et puis, voir House se planter (pour une fois !) royalement dans une déduction sur le Tuesdays vaut le détour. Sinon, Jenny Morrison force sur le maquillage, ce qui la rend vraiment appétissante. En résumé, le Tuesdays patauge à son tour tandis que le Hameron est au beau fixe ! Un superbe faux espoir pour les fans qui se crashera dans l’épisode suivant. On s'attache facilement au patient (Tim Rock, excellent), aimant davantage sa cause que sa femme (Lindsey McKeon, très émouvante) et son enfant. Voulant « sauver le monde », il néglige sa famille, et Franni est peinée de cette situation. Comme dans Vivre ou laisser mourir (saison 1), l'épisode regarde avec compassion ces hommes et ces femmes dont le statut d'artiste ou comme ici, d'engagé pour une grande cause sacrifient toute vie privée à leur combat/art. A mots couverts, l’épisode défend aussi les militants écologistes qui se retrouvent parfois en prison et tire aussi la sonnette d’alarme sur notre Terre courant à sa destruction. Certes, le message n’est pas nouveau, mais il résonne avec un bon impact, contrairement au pensum indigeste de Être ou paraître (saison 2). La chute finale est terriblement incisive puisque c’est finalement l’amour qu’il a pour sa femme qui a entraîné sa maladie ! Mais au final, rien ne nous dit que Doug, une fois guéri, changera et qu’il ne recommencera pas à oublier sa famille. Et un happy end pas happy de plus ! Le cas n’est guère étincelant mais a sa dose réglementaire de suspense et d’humour. La noirceur conséquente à la mort de Kutner commence à se dissiper, mais sera bientôt remplacée par une autre noirceur tout aussi terrible, rassurez-vous. Wilson change d’alimentation et refuse de dire pourquoi à House (Les gens changent, tu parles d’une raison !). House, déjà sur les nerfs pour avoir échoué à résoudre le mystère Kutner, va alors déployer toutes ses facultés pour tenter de percer le mystère, jusqu’à une révélation finale à mourir de rire, mais aussi émouvante, puisque Wilson lui offre une superbe preuve d’amitié ; House a beau « protester », il est plus touché qu’il veut le faire voir. Wilson, ou l’ami indéfectible ; à l’opposé de House, mais ils s’accordent si bien… Une histoire ludique pleine de bons mots et de comédie. Fin de l’épisode, House joue du piano et de l’harmonica. Hugh Laurie est décidément un excellent musicien et son Georgia on my mind swingue d’enfer. Lorsque soudain, un twist final monumental coupe le souffle non seulement au médecin mais aussi au spectateur stupéfié ! Une apparition terrifiante qui fait virer House dans le Fantastique. C’est sur cette fin ouverte à hurler de rage que ce termine cet épisode, portique impeccable au feu d’artifice final des trois derniers épisodes. Informations supplémentaires: - Le réalisateur, Matthew Penn, est le fils d'Arthur Penn. 22. HOUSE DIVISÉ Scénario : Liz Friedman et Matthew V. Lewis - You're not on the guest list, Thirteen ; bachelor parties are an ancient and sacred male rite of passage. Toujours hanté par l’hallucination d’Amber, et incapable de dormir, House doit se pencher sur le cas de Seth, un jeune sourd-muet qui s’est effondré lors d’un match de lutte. Amber étant l’incarnation de son subconscient, House s’aperçoit qu’il peut dialoguer avec « elle » pour avoir accès à tout ce que son conscient a « zappé », ce qui peut accélérer la résolution du cas. Dans le même temps, il décide - toujours avec le concours « d’Amber » - d’organiser l’enterrement de vie de garçon de Chase. House ne soupçonne pas que son « aide » est en réalité à double tranchant… Bien que malentendant, Seth (Ryan Lane, lumineux) est heureux de sa vie. Aussi, quand House veut lui redonner le moyen de réentendre, il refuse. Il est parfois difficile d’accepter le changement, et ayant vécu toujours comme ça, Seth ne veut pas changer, tel un réflexe de conservation contre l’inconnu. Ellie, la mère (Clare Carey, touchante), égoïstement mais humainement, veut continuer à le « protéger » et ne veut pas non plus de l’opération (situation similaire à Demi-prodige [saison 3]). Évidemment House n’en a rien à faire. C’est alors qu’on se retrouve dans la figure du parent retrouvant son autorité mais revisitée, comme dans House contre Dieu (saison 2). Cette reconquête parentale est filmée avec pudeur pour un résultat très beau. De même la fiancée (Treshelle Edmond) donne un surcroît d’émotion bienvenu. Le cas en lui-même bénéficie de la situation spéciale de l'épisode avec diagnostics différentiels décalés et trépidants, rebondissements continuels, et suspense palpitant. Fans du Hameron, préparez vos mouchoirs. House anéantit tout espoir lors de la scène de fête en disant qu’il ne veut pas de Cameron. Cependant, Foreman résume enfin le Hameron dans une phrase qui passe comme ça l’air de rien mais qui dit tout : House a toujours fantasmé sur le fait que Cameron craquait pour lui ! Si House a eu des désirs envers Cameron, il ne voulait pas que cela se concrétise. Son fantasme à lui est que Cameron était attirée, c’est tout. Les auteurs montrent encore une fois leur connaissance de la psyché humaine en parlant de cette catégorie de fantasmes qu'hommes et femmes aiment à penser, sans qu'ils en désirent la concrétisation. Un exemple plus comique est la légendaire fessée de Nelle Porter dans le Buried Pleasures d'Ally McBeal. Mais ici, il ne s'agit pas d'un fantasme sexuel, mais de la base d'une relation, une merveilleuse idée des scénaristes qui terminent par le haut cette histoire. Le centre de gravité de l’épisode est bien sûr la cérémonie de « dépravés ». Sans parler d’orgie, la soirée est assez « hot », climax lumineux de l’épisode où chacun se déchaîne : Foreman regardant avec plaisir 13 lécher le corps d’une danseuse, Taub et Wilson bien entourés, 13 pompette… Seul House préfère picoler dans la salle de bain avec Amber (scène très surréaliste). Au milieu de cette ambiance dionysiaque intervient un twist énorme, où la comédie bascule dans le drame. C’est tellement inattendu qu’on en a le souffle coupé. House avait-il inconsciemment souhaité du mal à cet homme ? Le tuer ? Amber donne la réponse : il ne supporte pas le bonheur d’autrui, et sa face cachée a délibérément tenté de le tuer. Cette envie de meurtre devant le bonheur d’autrui est un choc qui l’épouvante lui-même : son aide devient brusquement son pire ennemi. Plus généralement, cette scène nous rappelle que nous nous connaissons mal, et qu’en chacun de nous, nous avons une face ténébreuse qui « tue et viole » pour reprendre l’expression de Stanley Kubrick à propos d’Orange Mécanique. Noir, c’est noir ! Toute la fin de l’épisode est filmée comme dans Il n’y a rien à comprendre, avec des tons pâles et froids, comme une nouvelle vague de ténèbres déferlant sur l’hôpital. La belle solution d’Amber et de House tombe à l’eau. Heureusement Foreman trouve la solution, mais House est anéanti : il a failli tuer deux personnes en une soirée. Il prend enfin conscience que son âme ne peut demeurer indéfiniment divisée. En même temps, le silence désespéré d’Amber nous rappelle que le côté lumineux, compassionnel, de House est aussi présent dans son inconscient, cohabitant avec ses instincts mauvais. House est nu devant lui-même, et se voir dans une lumière crue est une expérience trop douloureuse pour qu’il puisse la prolonger. House confesse avec honte une faiblesse humaine : il n’a plus dormi depuis la mort de Kutner, et donc il n’est plus « fort ». House est ramené à notre niveau, et sa fuite finale échoue devant un cruel twist qui le rattrape. Et c’est un House terrifié qui termine cet épisode. Que dire d’Anne Dudek, si ce n’est qu’elle rayonne à chaque scène ? Son personnage est un des plus complexes de la série, et doit ici se mélanger à celui, encore plus complexe, de House. Carton plein car elle se joue avec une aisance ahurissante des difficultés ce faux double rôle. Hugh Laurie doit se surpasser pour ne pas se laisser manger par sa partenaire, et il y arrive par un jeu ardent et varié. Tout le casting est au poil. Un épisode parfait, un des meilleurs de la série entière. Informations supplémentaires: - Ryan Lane et Treshelle Edmond, qui jouent respectivement le patient et sa fiancée, tous deux sourds, sont eux-mêmes sourds dans la vie réelle. - La scène de House qui danse sur Fight the power est manifestement inspirée d'une scène de Do the right thing (1989) de Spike Lee. Acteurs :
23. ÉCORCHÉS VIFS Scénario : Lawrence Kaplow et Pamela Davis - House, I'll be up in 5 minutes. Le Tuesdays est un désastre général qui est bien près de priver l’épisode du quatrième melon avec une Cameron bébête qui ne sait pas ce qu’elle veut. Quelle rétrogradation ! Cette histoire de sperme congelé, McGuffin uniquement destiné à remettre de la tension envers ce couple qui a perdu son intérêt, est d’un grotesque confondant. Alors oui, cette péripétie permet de réfléchir sur une peur millénaire : celle de l’engagement aux côtés de l’être aimé. Mais voir Cameron penser au divorce alors qu’elle n’a même pas la bague au doigt, ou Chase rester inactif, sont autant de contresens dommageables. Leur dernière scène est d’une énervante mièvrerie, défaut généralement évité par la série. Tout cela est heureusement bénin comparé aux trésors de l’épisode. Ainsi, le cas est bien traité, avec cette danseuse (Jamie Tisdale, confondante de naturel) dont la peau se calcifie, partant en lambeaux ; c’est parfois à la limite du gore. Son angoisse réaliste de perdre ses jambes la panique : son Art étant sa passion, elle ne peut s’en passer. Alors que dans House divisé, House était ravi de disposer de tout le savoir de son subconscient ; ici, House fait tout pour ne pas l’écouter. Mais elle finit par venir à bout de la résistance du diagnosticien qui demande l’aide de Wilson. La volonté de House de guérir est telle qu’il est prêt à en mourir : ainsi, il s’inflige un choc insulinique pour faire disparaître Amber, choc qui peut le tuer ! Cette scène d’une grande violence se superpose à une des meilleures scènes de suspense de la série : la danseuse est tuée artificiellement et l’équipe a 3 minutes pour trouver ce qu’elle a, faute de quoi, elle en mourra. Cette double scène est un modèle d’intensité. L’épisode semble relâcher la pression lorsque House émerge de son coma. Mais c’est sans compter sur le twist central qui est une triple explosion d’ironie pure. House a résolu tout seul le cas avec un raisonnement… faux. Ainsi, sa réussite vient d’un simple coup de chance. Pire, House, l'expert en psychologie, se trompe sur la personne infidèle. Mais le couple vole quand même en éclats, laissant l’infidèle seul avec sa faute. La danseuse guérissant, c'est encore un happy end bien triste en conclusion. Mais le summum ironique est atteint quand House entend Amber chanter une chanson bien mordante à son égard. (Anne Dudek a une superbe voix enjôleuse…) Mais ce qui propulse Ecorchés vifs au rang de must see, ce sont bien entendu ses dernières minutes, où le Huddy fait un brusque saut en avant. Cuddy convainc House de faire un sevrage de Vicodin, et House coopère. Ne supportant plus de voir son âme déchirée, il est prêt à dépasser ses limites, contrairement à la période Tritter de la saison 3 où il ne résista pas à la tentation. House reste déterminé jusqu’à la brillante scène des toilettes avec la tentation de Lucifer sous la forme d'un flacon de Vicodin à portée de main. House en est réduit à ramper comme un esclave vers le flacon salvateur alors qu'une Amber 200% cynique se rit de lui. Il est poignant et amer de le voir réduit à l’état de loque humaine dans cetet scène à l'intensité sauvage. Anne Dudek, tentatrice machiavélique, est fascinante de bout en bout. Informations supplémentaires: Acteurs :
24. PARLE AVEC ELLE Scénario : Doris Egan - I slept with Cuddy. After she helped me detox from vicodin. I've been clean for almost 24 hours. Scott ne peut plus contrôler sa main gauche qui agit avec des mouvements désordonnés. Annie, sa femme, a de plus en plus de mal à le supporter. Après sa nuit passée avec Cuddy, House est de bonne humeur mais Cuddy se montre d'une étonnante froideur au lendemain. Il en discute avec Wilson et tente de savoir quels sont les véritables sentiments de Cuddy. Pendant ce temps, Cameron prend une décision définitive sur sa relation avec Chase… L’épisode se sert de la recette qui avait fait le succès de Je dis tout ce que je pense avec un symptôme au premier abord source de gags (une main incontrôlable) mais aux conséquences cataclysmiques. On commence gentiment par des boules de pain lancés dans un restaurant, puis des objets plus ou moins hétéroclites qui volent, jusqu’à la grosse baffe que reçoit la pauvre Annie. Ce problème vient d’une mauvaise connexion entre cerveau gauche (siège de la logique) et cerveau droit (siège de l’émotion) : cela veut dire qu’une partie de Scott refuse Annie, et l’autre l’aime. Ainsi la comédie des actions incontrôlées de la main est contrebalancée par le déchirement du couple lorsqu’Annie s’aperçoit qu’une partie de son mari la refuse. Nous avons tous en nous plusieurs multiples personnalités, et la plupart du temps, nous parvenons en public à ne montrer qu’un seul visage. Privé de la connexion entre ses deux hémisphères, Scott fait voir deux personnalités distinctes. Or, si une âme demeure divisée, elle va à sa propre destruction (thèse de House divisé, mais également reprise par la série Journal intime d’une call-girl) ; c’est-ce qui menace Scott. En homme presque fou, Ashton Holmes est convaincant, tout comme la sublimissime Maria Thayer en douce épouse au bord de la crise de nerfs. L’enquête est menée à un rythme trépidant, avec notamment la fouille dégueu de l’appartement, l’excellente scène des trois écrans, les diagnostics vifs et enlevés, et deux moments de pure folie : la thérapie de couple… pour les cerveaux de Scott, et le solo d’air guitar, à la limite du n’importe quoi ! Nos trois médecins sont en forme, mais comme d’habitude, on réserve une prime à Taub et sa tirade sur la semence des mouches devant un Chase totalement à la ramasse. Il se montre même curieusement optimiste en déclarant que les multiples personnalités peuvent aussi être le signe de notre propre identité qui se construit au fur et à mesure que la vie nous façonne. La question est de savoir à partir de quand il faut s’unifier. Le cas secondaire d’Eugène Schwarz (et ses cris de perroquet) semble à première vue purement comique grâce à l'enthousiasme communicatif de Carl Reiner. Mais par un de ses mémorables retournements finaux dont la série a le secret, les deux intrigues fusionnent brutalement pour une révélation cruelle, d’une intelligence et d’une logique imparables, avec en conséquence un happy end sinistre : Scott retrouve la santé, mais son ménage est maintenant en péril, tandis que Schwarz voit sa vie toucher à sa fin. Une des plus belles trouvailles de la série ! Le Chaseron à force de ridicule, finit par atteindre une dimension de nanar cosmique. Après tant de lourdeur, on finit par rire devant les jeux méga faux de Jennifer Morrison et de Jesse Spencer, de cette histoire de sperme qui n’en finit pas, sans oublier la réconciliation in extremis pour lequel il ne manque plus qu’une masse de violons. Heureusement, Egan ne s’attarde pas sur ce pan raté, et on arrive à passer le cap. L’épisode acquiert sa raison d’être par le Huddy. Comment gérer l’après 5x23 ? La série va-t-elle succomber au syndrome Clair de Lune ? L’épisode tient ses promesses en choisissant de rester en mode burlesque pour mieux nous crucifier à la fin. La succession de gags rythmés, jamais gratuits maintient un troublant mystère : Cuddy se montre glaciale envers House, pourquoi réagit-elle ainsi ? Est-elle honteuse, en colère ? Cuddy se protège en sollicitant à fond rationnel et logique pour empêcher ses émotions d’affleurer. Remarquable miroir du cas du jour puisqu’on peut dire que Cuddy utilise son cerveau gauche pour taire le droit. Seul un événement violent, qui cédera les digues du rationnel, obligera Cuddy à perdre le contrôle de son cerveau gauche. Wilson, toujours aussi lucide, le signale à House : rares sont les fois où il s’investit envers quelqu’un. Stacy fut la seule personne en qui House projetait un avenir commun possible, et il est de nouveau dans la même situation. Du coup, une partie de House prend peur et lui dicte des actions qui semblent être des tentatives pour résoudre l’énigme, mais en réalité non concluantes, uniquement pour donner le change... et faire s'esclaffer le public (avances ultra salaces, livraison d’excréments, strip-teaseur surprise...). Il y’a aussi une autre raison : House a tellement peur des émotions qu’il analyse chaque émotion sous le prisme scientifique, pour exorciser la part irrationnelle qu’il y’a dans les émotions humaines. Ce sera d'ailleurs cette rationnalisation excessive qui provoquera la chute du ménage Huddy plus tard. La série est décidemment une des plus abouties dans le traitement des comportements humains. Il faut attendre le coup de fouet de Wilson (Robert Sean Leonard accomplit une de ses meilleures compositions) pour que House se lâche et humilie sa patronne en public via une scène qui compte parmi les plus grands moments de la série. Mais ça ne réussit qu’à moitié : certes, Cuddy rentre dans une crise de fureur hystérique (Lisa Edelstein est totalement méconnaissable)… mais cela ne produit pas l’effet escompté. Ce bref dialogue est toutefois aussi mémorable que ce qui l’a précédé. Tout est prêt pour la coda, où House trouve enfin le courage de parler à Cuddy, et là, le voile de l’illusion se déchire, et le twist final percute les spectateurs comme une voiture lancée à pleine vitesse ! Monumental et terrible, il anéantit avec violence le vaudeville de l’épisode. On pourra certes arguer qu’une telle révélation n’est pas une invention de la série - Scrubs avait utilisé le même procédé à la fin de l’épisode Mon intuition masculine (saison 1) - mais ici, il arrive à point nommé pour un résultat dévastateur. La fin est sublime : sans aucune parole, avec seulement une chanson appropriée (As tears go by des Rolling Stones), House se prépare à affronter son triste destin, sous le regard lourd de Wilson. Alors qu’à quelques kilomètres de là, Chase et Cameron trouvent le chemin de l’autel. Le contraste entre ces deux événements (rendu également par une superbe photographie : terne et grise pour House, lumineuse et colorée pour le mariage) apporte une conclusion mélancolique de la plus belle eau, une des plus magistrales composées pour un season finale. Beaucoup de fans dirent que cet épisode intense et assez conclusif aurait dû achever la série. Mais les trois saisons suivantes jouent également une musique qui mérite d’être écoutée. La saison 5 est réellement une excellente saison, son inspiration ne s'est pas tarie, nonobstant quelques évolutions malheureuses de personnages. Les saisons suivantes avoueront une baisse d'inspiration dans les scénarios médicaux, creusant une césure entre les saisons 5 et 6, mais seront amplement compensées par la maîtrise parfaite de la psychologie et les analyses des relations humaines portées à des hauteurs encore plus élevées qu'alors. Informations supplémentaires: 1. House divisé : Jouissif dialogue hallucinatoire entre le héros sombrant peu à peu dans les ténèbres, et son subconscient à la fois angélique et diabolique, incarné par la fracassante Amber Volakis. Le noble art de la « dramedy » atteint ici un climax avec une terrifiante descente dramatique brisant l’élan furieux du burlesque. Episode sans faiblesse, riche en rebondissements, rires, et larmes ; un must impératif ! 3. Ecorchés vifs : Deuxième partie du finale. Malgré un « Tuesdays » dispensable, l’épisode convainc amplement par la lente descente aux enfers de House, prisonnier de sa propre tête et de son orgueil. Le brillant suspense dramatique, accentué par un cas passionnant, tient en haleine pour finir en suspense sentimental avec un grand bond en avant du « Huddy ». Une architecture impeccable. Crédits photo: FOX. Images capturées par Clément Diaz. |