SAISON 3 - PARTIE 2
13. Une aiguille dans une botte de foin (Needle in a Haystack) 14. Sans peur et sans douleur (Insensitive) 16. L'Homme de ses rêves (Top Secret) 19. Poussées d'hormones (Act Your Age) 20. Mauvaises Décisions (House Training) 13. UNE AIGUILLE DANS UNE BOTTE DE FOIN Scénario : David Foster - His liver's actually improving. We plug one hole and end up poking another. Alors qu’il « bâtifolait » avec Leah, sa petite amie, Stevie éprouve d’intenses difficultés respiratoires. A l’hôpital, il refuse de prévenir ses parents, allant jusqu’à mentir sur leur adresse. Leah révèle alors que Stevie est un romanichel et que sa communauté, fâchée avec les « gadjé » (non gitans), évite autant que possible de les rencontrer. Quand sa famille finit par arriver, elle sabote tous les efforts des médecins. Pendant ce temps, House a un gros problème : Cuddy lui a sucré sa place de parking au profit d’un autre médecin en fauteuil roulant. House, pour récupérer sa place, fait alors le pari qu’il peut rester assis sur un fauteuil pendant une semaine… Un des rares faux pas de cette excellente saison 3. Le cas est empesé et répétitif. Son plus grand travers est son objectif trop flou : dénonce-t-il la généralisation des préjugés contre les gitans (affreux, sales, et méchants) ? Dans ce cas, la famille romanichelle que l’on voit ici est d’une si forte antipathie qu’elle ruine totalement cette idée. Les gitans ne sont-ils qu’un prétexte pour raconter l’emprisonnement de ce jeune homme dans sa famille ? Dans ce cas, personnages caricaturaux et situations téléphonées sabotent le tout. L’épisode est cependant sauvé par la belle description du jeune patient, son éclatant faux happy end, et les amusantes scènes Housiennes. Patatras ! Lorsque la famille de Stevie débarque, les poncifs les plus grossiers s’enchaînent à vive allure. Certes, on comprend que David Foster ait voulu opposer le conservatisme de la communauté à l’esprit d’ouverture de Stevie. Mais de manière aussi exagérée, l’effet tombe à plat. Certes on peut rire (jaune) de ces parents tellement bornés qu’ils ne voient pas que leur fils va vraiment mal, ou bien « l’aménagement » de sa chambre, mais ce premier degré massif détonne au sein d’une série d’ordinaire plus subtile. Leur opposition face aux médecins donne le prétexte nécessaire pour donner de la tension, et est expliqué par l’incisif dialogue où les romanos rappellent qu’ils ont été et demeurent un peuple persécuté. Mais leur paranoïa use nos nerfs. On nage en plein irréalisme quand la famille du patient exige que l’équipe de House et Leah, jugée ridiculement comme responsable de son état, ne s’approche plus de Stevie. Depuis quand les familles font la loi dans un hôpital ? Les acteurs en font trop, et particulièrement Arabella Field et Rob Brownstein, vraiment imbuvables. Cuddy déplace à son désavantage la place de parking de House au profit d’un autre médecin en fauteuil roulant : du coup, House passe son temps à râler. Oui, il y'a la dispute avec Cuddy qui semble vraiment prendre plaisir à le faire enrager, la médecin en question pas sans réparties (bien qu'on aurait souhaité de Wendy Makkena plus d'ironie), la partie débile d'autotamponneuses, le parcours du combattant de la descente des escaliers en fauteuil, la scène des toilettes avec Wilson... mais le tout reste trop « gentil ». Dr.House adore pousser le bouchon très loin, mais on dirait que le scénariste se retient. La résolution finale quand House culpabilise Cuddy avec succès ne marche qu’à moitié : on y croit pas vraiment. Quelques autres scènes assez drôles : Cameron et Chase, trompés par Stevie, se gourent d’appartement et dérangent un couple en pleine partie de jambes en l’air. Voir Chase se prendre pour House en déduisant que ce n’est pas un couple « légitime » est assez décalé ! 14. SANS PEUR ET SANS DOULEUR Scénario : Matthew V. Lewis - Boys can't hold me for too long because I can overheat. Instant Hameron fugitif : surveillez le bref regard d’intelligence de Cameron quand House lui dit qu’il y’a un lien entre sa douleur et son irascibilité… Puisque le grand amour n’est pas pour demain, pourquoi ne pas « s’amuser » ? Pragmatique ? Mais il faut bien mettre de l’eau réaliste dans le vin de notre idéalisme pour vivre. Cela aboutit à une des plus grandioses scènes finales de la série, d’un humour allant au-delà de l’ironie. Cameron suit le conseil de Foreman et propose à Chase de coucher ensemble, simplement pour coucher. Et là, la série pousse décidément le bouchon très loin car pulvérisant les codes de ce genre de relation :
Scénario : Lawrence Kaplow One small feel for man, one giant ass for mankind ! Patrick Obyedkov, 34 ans, est handicapé mental depuis un accident qu'il a eu à 10 ans. Cela ne l'a pas empêché de devenir un pianiste virtuose. Lors d’un concert, sa main droite se paralyse. House veut résoudre non seulement sa maladie mais aussi pourquoi Patrick est devenu pianiste à la suite de son accident. Cameron découvre entretemps que House a contacté l’hôpital de Boston. Elle apprend alors une terrible nouvelle… Cet épisode est un classique de la série par son fameux baiser entre le Dr.Cameron et Gregory House. Mais indépendamment de cette scène, l’épisode a beaucoup d’atouts en main, grâce au scénario de Lawrence Kaplow. Même s’il mérite bien ses quatre melons par sa richesse, il souffre quand même de deux défauts : un cas qui n’exploite pas toutes ses ressources jusqu’au bout, et la mise en scène malhabile de Katie Jacobs, l’un des trois « cerveaux » du show. Si Jacobs se montre médiocre lors de cette première tentative, elle sera beaucoup plus satisfaisante par la suite. House a une maladie mortelle incurable ! Mais si vous attendez un numéro de révolte de House, passez votre chemin, il n’en a rien à cirer. D’où une situation comiquement absurde : tout le monde s’inquiète pour lui, veut le « réconforter » ce qui ne fait que l’irriter davantage (Un thème repris dans L'origine du mal en saison 5). Trois ans ensemble, cela forge des liens même s’il n’y a pas d’amitié réelle - la série le rappellera plusieurs fois - Le trio a forgé un lien avec House, une sorte d'attachement sans affection, comme peut l'avoir un employé envers un boss qu'il respecte profondément mais sans plus ; c'est écrit avec justesse. L'on remarque un signe Huddy lorsque stressée, Cuddy reprend inconsciemment certains gestes de son subordonné (élastique trituré...). Mais la série, avec son pessimisme foncier, semble nous dire que si nous sommes programmés pour prendre en pitié les gens plus malheureux que nous, cette compassion n'est pas sincère mais « fabriquée » pour la circonstance selon nos modèles sociétaux. Les rapports humains sont si factices déplore la série qu’on ne sait même plus ce que l’on ressent comme l'atteste la scène finale. Même si on sait qu’il y’a anguille sous roche, le twist final est un des plus ironiquement renversants de la série, d'un humour très noir et acrimonieux. Trait de génie, l’épisode a beaucoup d’éléments comiques, mais c’est un des plus sombres de la saison ! Le baiser valut à l'épisode d'être très commenté, car il était un prétexte pour Cameron pour faire une prise de sang de House en douce. Elle échange avec lui un profond baiser tandis qu’elle sort la seringue de sa poche… mais House reste attentif et attrape la main de Cameron. Raté ! Mais ce baiser était-il au fond réciproque ? J’ai personnellement repassé la scène une quinzaine de fois sans trouver une réponse franche : OUI Cameron apparaît comme hypnotisée quand elle marche vers lui, MAIS House lève les yeux au ciel en devinant ses intentions. OUI Cameron apprécie pleinement ce moment, MAIS House n’est pas attentif puisque anticipant le geste de Cameron. OUI Cameron l’embrasse fougueusement, MAIS House est plutôt passif, ne bougeant presque pas sa posture. OUI, Cameron a l’air de l’embrasser pour concrétiser son attirance envers lui, MAIS si c’était par pitié et non par désir qu’elle embrasse ? Car l'on connaît son attirance pour les « gens cassés »… OUI House fait une énorme devil mind MAIS son ton agressif ne semble pas sincère. Cette ambiguïté irrésolue montre que la série sait complexifier les relations sans nuire à l’émotion. Notons que c’est une des rares scènes de l’épisode que Katie Jacobs réussit vraiment. L’épisode réserve un coup de maître : c’est en fait autant un épisode Huddy que Hameron. La scène où House dit au revoir à Cuddy est le pendant parfait de la précédente : il se rend chez elle à 3h du mat pour l’admirer en peignoir alors qu’un simple coup de téléphone suffisait. D’autre part, House est bien plus cynique… et troublé devant elle que devant Cameron. La scène révélatrice est quand après une étreinte (presque) platonique, House tente de suivre Cuddy dans sa chambre… mais elle l’envoie sur les roses en lui balançant un monumental râteau. La conclusion reste aussi ambiguë, mais une chose est claire : House désire Cameron mais fantasme davantage sur Cuddy. La tension sexuelle explose entre Cuddy et House, tandis que seuls les sous-entendus alimentent le Hameron. D'ailleurs, le baiser de Rêves éveillés (saison 5) sera bien plus réciproque.
- Ce cas est inspiré de faits réels. David Shore a participé à l’écriture de cet épisode. C’est lui qui eut l’idée d’introduire le piano à l’hôpital. - Bien que Dave Matthews ne soit pas pianiste, c’est lui qui joue - en playback - le début de la sonate Waldstein dans l’introduction. Ce ne sont pas ses mains que l’on voit lors des séquences de gros plan, mais celles d’une doublure. Dans cette même scène, il n’y a en fait que 200 figurants ; un trucage permit d’en faire apparaître plus. - L’épisode durait presque une heure dans sa première version. - La scène du baiser fut la première tournée de l’épisode. - La réplique de House « Je continuerai [de le biopsier] même si je le tue » devait être supprimée, mais Hugh Laurie persuada Katie Jacobs de la garder. - La scène où House enlace Cuddy est la préférée de Katie Jacobs. - Le nom d’Eric Foreman, homonyme quasi parfait du personnage de That 70’s show est une pure coïncidence : Shore l’a choisi totalement au hasard. - Les deux compositeurs de la série font un caméo à la fin : Jon Ehrlich est le pianiste du bar, et Jason Derlatka le serveur. - Les quelques notes que joue Patrick d’une seule main sont les premières mesures du fameux rag-time The Entertainer de Scott Joplin (1867-1917), rendu célèbre pour être la musique du film L’Arnaque (1973). La musique que joue House sur le piano avant que Patrick l’imite est une chanson du groupe The Boomtown Rats : I don’t like mondays. Jon Ehrlich a composé la pièce sensée avoir été composée par House au lycée (il « tombait les nanas » avec), mais n’a jamais pu en composer la fin, d’où l’idée d’utiliser cette mélodie. En plus des musiques classiques (Beethoven et Bizet) et de ces chansons, on entend aussi durant l’épisode Rainy Day Lament de et par Joe Purdy et See the world de et par Gomez.
16. L’HOMME DE SES RÊVES Scénario : Thomas L. Moran We are going to figure out what's wrong with you. But first we need to know one thing : Have you ever appeared in any pornos ? Coïncidence ? Lien de cause à effet ? House n’arrive plus à uriner, et on ne peut pas dire que cela le rend de meilleure humeur. Finissant par se désintéresser du cas, il n’arrive plus à dormir et commence à délirer avec visages qui fondent, de l’urine bien jaune, et du sang qui coule. Baaaark !! Le rebondissement qui s’ensuit est sacrément bien trouvé, on a rien vu venir. Finalement, la scène la plus violente est quand House s’enfonce un tube dans l’urètre pour guérir son mal, scène éprouvante et allongée alors que la caméra suggère davantage qu’elle ne montre. Les fans du couple piquant House-Cuddy seront évidemment intéressés par la révélation finale, pimentée des propositions indécentes de House "grosses comme les fesses de Cuddy" (sic), illustrations de son violent désir, tandis qu’elle lui balance râteaux sur râteaux. Un ré-gal. La condescendance jouée par Lisa Edelstein étonne mais est justifiée. On note que c’est grâce à ses opiacés que House a résolu le cas, et c’est grâce à une masturbation sous la douche qu’il a découvert la vraie identité du patient. Qui a dit « La fin justifie les moyens » ? Et les deux fois où ils font l’amour, ça ne se passe pas comme prévu. Leur premier bâtifolage (hilarant vampage de Cameron) se produit quand Kelley a une crise. Foreman blesse la virilité de Chase quand il refuse de croire que lui et Cameron sont amants. Sympa. La deuxième scène est pas mal non plus : notre duo remet le couvert dans un placard… et House se pointe à ce moment-là, jette des papiers dans la poubelle, et quitte la salle comme si de rien n’était ! Mais son sourire en coin montre qu’il s'est amusé à les avoir surpris. Cette scène s’inspire du pilote de Scrubs où J.D et Elliot étaient enfermés dans un placard, et où leur supérieur, le Dr.Cox, les surprenait sans faire le moindre commentaire. Dans les deux cas, les réactions de Cox et House sont joliment surréalistes. Le duo Spencer-Morrison, à défaut d'être vraiment alchimique, est joyeusement léger. - Curieusement, la série embauchera un scénariste à la fin de la saison 6 du nom de John C. Kelley ! 17. L’ENFANT MIROIR Scénario : Russel Friend et Garrett Lerner - No, I dropped an anvil on its chest to prevent lung development. I'm trying to extinguish the human race one fetus at a time. Emma Sloan, femme célibataire de 42 ans, et enceinte, a une attaque. Ses reins et son foie commencent à lâcher. House diagnostique un syndrome du miroir : le fœtus qu’elle porte la tue à petit feu. House lui demande d’avorter pour la sauver, mais elle refuse de tuer son bébé. Cuddy intervient, et tente par tous les moyens de la guérir sans recourir à l’avortement, quitte à risquer la vie de sa patiente et du bébé… L’épisode passe à la dimension supérieure quand Cuddy intervient directement dans le cas. Elle finit par se mettre à dos toute l’équipe, fatiguée de son investissement excessif. Elle fait l’expérience d’un grand moment de solitude qui l’affecte, alors que House, blindé, ne l’est jamais. Cette course contre la montre donne un climat de tension incroyable, surtout lorsque Cuddy voit tous ses espoirs s’effondrer autour d’elle. La trouvaille de l’opération finale tient alors du miracle. C’est là qu’intervient une scène proprement stupéfiante : lors de l’opération, le bras du foetus jaillit de l’utérus et touche la main de House. Aussitôt, le temps s’arrête, et House contemple ce petit bras qui semble d’accrocher à lui. On ne voit de lui que les yeux, mais l’étincelle de son regard bleu est surchargée d’émotion. Il est déconcerté par cette déclaration de vie, lui qui a toujours considéré cet être comme un fœtus pas encore vivant, et ce n’est pas sa vanne sur Alien qui dissipera cet impression d’éternité. Qu’il commette un lapsus à la fin en appelant le petit être « bébé » et non plus « foetus » témoigne de sa confusion. Une scène précieuse et rare où House s'est un instant humanisé. Hugh Laurie, en cynique glacial laissant échapper un peu d’humanité mérite tous les vivats. Le jem’enfoutisme apparent de Chase quand il envisage la possibilité de n'être qu'un moyen pour Cameron de rendre House jaloux lui donne un côté assez drôle. Curieux, car l’épisode suivant va totalement fêler cette glace. Incohérence ? Non, plutôt une distanciation, un souhait de Chase de ne pas se rappeler la précédente passion de Cameron. Le personnage apparaît moins faible, plus confiant, et le jeu de Jesse Spencer s'anime davantage. Dans tous les cas, House est loin de tout ça. Les sous-entendus sexuels adressés à Hameron n'ont rien à avoir avec ceux adressés à Cuddy, bien plus sérieux et obsessionnels. Malgré tout, le Hameron reste un modèle en matière "d'à-côté" séduisant. D'autres moments comiques comme House se payant (une fois de plus) la tête de Cameron, la réaction outrée de Cameron quand elle apprend que House a tout dit sur elle et Chase à Cuddy, le trio analysant le cliché de House croqué par Emma où il a une allure… gentille, Cameron surprise de l’air attirant et beau de Chase sur une photo, ignorant que cette photo fut prise au moment où il regardait une photo d’elle. Enfin, Emma affiche à la fin chez elle des photos de toute l’équipe… sauf House qui a voulu tuer son bébé. Encore une fin ironique.
18. Y’A-T-IL UN MÉDECIN DANS L’AVION ? Scénario : David Hoselton - Nobody speak Korean on this flight ? Partie 1 : House doit faire un diagnostic différentiel… sans son équipe ! Or comme le redémontrera Tout seul (saison 4), House, malgré sa grande intelligence, ne peut travailler si on ne lui soumet pas des idées. En cela, il est plus proche de Mycroft que de Sherlock Holmes : il peut faire des synthèses prodigieuses à partir de peu de données, pourvu qu’on les lui fournisse… mais là personne ne peut l’aider. Adonc, il choisit un jeune garçon blond, un indien, et une jeune femme assez féroce pour jouer les rôles de Chase, Foreman, et Cameron ; tant pis s’ils n’y connaissent rien. D’ailleurs, le faux trio adopte involontairement les caractères du vrai trio ! Toujours ces situations improbables qu'on aime tant dans la série. La concentration de répliques qui fusent dépasse tout ce qu’on a vu depuis le début de la série (Vous êtes enceinte, ça explique les nausées, les éruptions, et le fait que vous coinciez votre 90D dans un 85C - C‘est impossible ! - Vous êtes vierge ? - Euh, non, mais… - Alors vous êtes enceinte, Mazel tov !). House fait un one-man-show, panique les passagers, se moque de Cuddy, se plante royalement mais sans broncher, minimise erreurs et états des malades… C’est à se demander s’il marche pas au LSD ! Partie 2 : Cuddy tombe malade à son tour. Affolement général, effervescence bouillonnante, et stoïcisme inflexible de House, qui sait ne pas s'affoler. Une délicate scène Huddy (à sens unique) voit House examiner Cuddy, avec des regards sans équivoque, malgré son ton froid. Mais la situation a beau empirer, Hoselton refuse de retirer son humour qui devient de plus en plus ravageur et culotté (la quête des antibiotiques prend des allures franchement clownesques). Cette audace, loin de désamorcer la tension, l'accroît, car un tel humour dans une telle situation met vraiment mal à l’aise. Le premier diagnostic est un summum d’ironie ; la « manipulation » de House est franchement jouissive. En même temps qu’elle est révélatrice de la puissance de la notion de PNL (Programmation Neuro-Linguistique) : tout ce qui arrive à notre corps, nos sensations, dépend grandement de nos pensées, de nos attitudes morales. L’esprit contrôle la matière triomphe House, et la démonstration par l’état pitoyable de Cuddy de la force de notre cerveau est une véritable secousse ! Mais le coréen, lui, est toujours en danger de mort… ce n’est pas fini. Partie 3 : Nouveau diagnostic différentiel avec Cuddy et les trois hurluberlus complètement largués. L’épisode attaque en passant la prostitution facile de l’Asie du Sud-Est. Le tourisme sexuel, illégal, est en plus dangereux pour la santé vu les révélateurs dialogues de Cuddy et de House à propos des capotes vendues là-bas. La tension continue à monter jusqu'à la révélation finale… qui n'est pas piquée des hannetons ! Evidemment, elle est dans la grande tradition des ironies du sort familières de la série. Tout finit bien. Cuddy et House se jètent quelques mots à la tête, et House quitte l’aéroport en flirtant avec l’hôtesse. La tête de Cuddy est inoubliable. On remarquera qu’Hoselton a pris grand-soin d’accorder une place importante à cette hôtesse chaleureuse dont la douce présence a beaucoup apporté à l’histoire. Tess Lina est vraiment sympathique dans cet épisode. Du trio Connor Webb-Pej Vahdat-Melissa Kite, la dernière se détache avec un jeu exagérément frigide, comique d’un bout à l’autre. Mention aussi à Krista Kalmus en blonde paniquée. Evidemment, Hugh Laurie et Lisa Edelstein mènent la danse, carburant au kérozène. Le cas de l’hôpital pâlit d’un tel éclat. Le cas de Fran est médicalement pas très intéressant. Mais il est agréable à suivre grâce à deux atouts : Robin, et les dissensions de l’équipe. L’introduction assez étonnante (une femme âgée demandant une call-girl très attirante) nous met sur une fausse piste : malgré le côté vénal de la jeune femme (qui prend bien soin de prendre l’argent avant d’appeler l’hôpital), elle commence à manifester une sincère sympathie envers sa cliente qu’elle ne connaît ni d’Eve ni d’Adam. Dans ce métier où les relations sont artificielles, corrompues par l’argent, Robin se montre compatissante. Quand son travail la rappelle, elle retarde plusieurs fois son départ, et ne semble pas heureuse de quitter l’hôpital quand elle ne peut plus délayer. On la comprend : c’est là où elle se montre la plus humaine, loin de son rôle d’objet sexuel. La blague finale où Wilson rappelle Robin dans l’intention évidente d’avoir un rencard finit néanmoins le cas avec le sourire ! Jenny O'Hara émeut en femme mature solitaire, tandis que Meta Golding a une délicieuse ambivalence, jouant aussi bien la cupidité que la compassion. Chase et Cameron sont d’accord sur tout, restreignant la portée des diagnostics, ou prenant du bon temps pendant les horaires de travail. Mais quand ils s’aperçoivent qu’ils ont médicalement la vue brouillée par leur lien, le choc est rude. La fin crève l’abcès mais un autre abcès : Chase avoue enfin ses sentiments plus forts envers Cameron… qui rompt immédiatement ! Son côté masculin est prédominant tandis que la virilité de Chase semble réduite à la portion congrue. Première fin (déjà) du Chaseron qui nous aura bien divertis par son inversion des rôles, son humour, et sa concision. On regrette que Jesse Spencer et Jennifer Morrison soient assez ternes.
19. POUSSÉES D’HORMONES Scénario : Sara Hess - Blasphemer ! She's not a friend of the opposite sex, she's a different species ; she's an administrator, she's gonna eat your head after she's done ! Lucy, 6 ans, est victime d’une attaque. Ses symptômes ne correspondant pas à des maladies de son âge. L'enquête de l'équipe piétine, mais il faut dire que la rupture entre Chase et Cameron ne contribue pas à apaiser l’atmosphère. Jasper, le frère de Lucy, est violemment attiré par Cameron et se montre très agressif envers Chase. Pendant ce temps, House donne deux places de théâtre à Wilson pour qu’il emmène une possible conquête avec elle. Le lendemain, House est stupéfait d’apprendre que Wilson a invité… Cuddy ! Le cas médical n’arrive pas à nous convaincre dans les premier et troisième tiers, trop immobiles. Lucy ne fait pas partie de ces incroyables enfants que la série invite depuis Leçon d’espoir (saison 2), se contentant d’être allongée et de crier. Deran, le père, est plus convenu tu meurs, et occupe une place trop importante pour un personnage aussi inintéressant. Le twist final est très tortueux ; aller chercher l‘animatrice de la garderie du diable vauvert n’est pas la meilleure idée qu’ait eu Sara Hess. C’est le deuxième tiers de l’épisode qui est le plus intéressant avec la découverte du sang venant de nulle part (comment une petite fille peut-elle avoir des vêtements tachés de son sang si elle n'a ni été violée, ni s'est blessée ?). La révélation centrale est surprenante, et l’épisode retrouve du nerf dès que l’état de Lucy s’aggrave. Jasper est le personnage qui nous intéresse le plus. Fortement attiré par Cameron, il se montre étonnamment entreprenant pour un garçon de son âge. Cameron, flattée et voulant se venger de Chase l'encourage dans cette voie, mais s'en mordra les doigts quand Jasper passera la ligne jaune. Il perd cependant tout intérêt quand il sera admis en chambre d’hôpital. Les acteurs invités rivalisent de fadeur. Enfin, veine militante oblige, l’épisode dénonce à nouveau la malbouffe (fléau de première catégorie aux Etats-Unis) avec les dangers de la nourriture industrielle, et son utilisation des hormones dont on bourre les animaux pour qu’ils soient plus charnus et consistants. Les produits de lavage passent aussi au crible pour l’utilisation de produits inquiétants, jusqu’aux gels utilisés pour augmenter les performances sexuelles. Et sur ce dernier cas, la série nous montre toute l’ampleur des conséquences de façon effrayante. Sexe et bouffe, la série cogne là où ça fait mal !
20. MAUVAISES DÉCISIONS Scénario : Doris Egan - James Wilson, carefully calibrating his level of protectiveness for your individual needs. Lupe, une jeune femme, est prise d'aboulie : elle ne sait plus prendre la moindre décision. Cette fille des banlieues, toujours au chômage, n’a jamais réussi à se relever de ses échecs. Foreman la prend en grippe pour sa faiblesse et sa propension à se droguer. House de son côté craint que Wilson ait des vues sur Cuddy et tente d’en savoir plus sur la vie privée de son ami grâce à sa deuxième ex-femme. Foreman trouve rapidement le diagnostic et met en marche le traitement, mais il vient de commettre une erreur fatale… La terrible scène de révélation est magnifiquement interprétée. Foreman s’enfonce dans un mélange de dépression et de rage. Sa volonté de se « rattraper » est à la fois pathétique (le changement de chambre) et héroïque (quand il s’oppose à House). On est habitués à l’absence d’émotions chez House, mais ici, elle bat des records. Plus « Coxien » que jamais, le diagnosticien reste d’une froideur innommable, appliquant à la lettre son credo de ne jamais se lier avec un patient. Résultat, il n’en souffre pas et peut passer à autre chose. C’est pourquoi c’est un si bon médecin. Foreman laissant l’affectif prendre la place du devoir, perd la distanciation nécessaire. La série souligne ici ce qu’il y’a peut-être de plus terrible dans le noble métier de médecin : celui de remiser ses émotions au vestiaire. C’est d’autant plus fort qu’elle recourt non pas à l’ironie ou à l’humour noir comme elle le fait d‘habitude, mais à l’émotion vraie. La dernière discussion entre Foreman et Lupe est très touchante, d’autant qu’elle est doublée d’une forte satire sociale avec les laissés-pour-compte du Système. Où les banlieues ressemblent de plus en plus à des ghettos et des zones de non-droit. Bien sûr, si Lupe a échoué et Foreman a réussi, alors qu’ils viennent du même terreau, c’est aussi parce que Foreman a su dépasser les peu reluisants atouts qu’il avait au départ, tandis que Lupe s’est immédiatement sentie perdue d’avance. Mais même le succès de Foreman n’est pas sans sacrifices : son orgueil cache une peur de ne pas se donner à fond, de ne pas être toujours au top, ainsi que de laisser sa famille de côté. La plus grande erreur de Lupe est d’avoir pensé qu’elle pourrait toujours reporter le moment où elle se reprendrait en main : sa jeunesse lui brouillait la vue. L'évenement est d’autant plus amer qu’elle a l’impression d’avoir été inutile jusque là (solitaire, sans buts, sans raisons de vivre). Une coda d'une grande noirceur. On regrettera seulement que la chanson de fin ne colle pas du tout avec l’action. Egan nous achève avec deux twists méchants : la cause de la maladie de Lupe est d’une banalité tellement stupide qu'elle renforce le tragique de la chose. Enfin, quand Foreman cherche consolation auprès de sa mère, elle ne peut lui donner qu’un réconfort faux et dénué d’amour maternel. La réalisation de Paul McCrane rend cet épisode encore plus éprouvant. Monique Gabriela Curnen joue merveilleusement la jeune femme révoltée contre la cruauté de la vie et surtout contre elle-même, et on ne boudera pas le flamboyant numéro de tourmenté incurable d'Omar Epps. Le début de l’épisode est léger : Foreman et Chase se disputent comme jamais, et House envoie des perches (énormes, évidemment) à Cuddy qui lui renvoie des vents à la même vitesse. La visite de House à Bonnie (craquante Jane Adams) est vraiment drôle tout en soulignant délicieusement la candeur de Wilson : s’il a du succès avec les femmes, c’est parce qu’il ne cherche pas à les séduire. Le sommet est quand Bonnie parle des performances sexuelles de Wilson, et que House lui ressort exactement le contraire de ce qu’elle a dit. Cuddy s'amuse de l'attirance de Wilson envers elle, mais le Widdy ne marche que dans un seul sens. Rajoutons la révélation de la liaison passée Bonnie-House (ah, ces sous-entendus…), et nous avons un épisode aux allures très shipper qui est pourtant anti-ship. Par contre, Egan aurait pu faire l’économie de Chase rappellant à Cameron chaque mardi, tel un rituel, qu’il l’aime encore. C’est lourd, et hélas annonciateur de la déliquescence du Chaseron dans la saison 5. Un grand grand épisode. Scénario : Liz Friedman - Do you have anything to add to this debate ? Nick, 14 ans, est leucémique. Il a besoin d’une greffe de mœlle osseuse de la part de Matty, son jeune frère. Mais Matty éternue : il a une infection et la greffe devient impossible sous peine de contamination ! L’équipe doit trouver de quoi Matty souffre, car l’infection détruit progressivement sa moelle, menaçant de condamner tout espoir également pour Nick. Foreman est quant à lui acculé à l’évidence : il devient de plus en plus « Housien » dans ses habitudes, ce qui le répugne particulièrement… House, sans émotions, ne peut comprendre le sens profond de la lutte de la dernière chance que finit par mener ses trois subordonnés, mais l’accepte quand même par pragmatisme. Même si le trio a évolué depuis le début, ils refusent de perdre leur humanité, là où House ne voit qu’une solution pratique. Fascinant personnage que House prenant toujours des décisions sans être motivé par le profit, personnel, ou pour les autres. Les disputes avec Wilson sont des bijoux de dialogues car interrogeant le pouvoir du médecin : doit-il manipuler les patients ou leur laisser le libre-arbitre ? Le chaleureux Wilson instaure la confiance avec ses patients ; House, froid calculateur, est partisan de tous les moyens pour arriver à son but, et donc ment, dissimule, travestit, pour leur bien. Cette opposition entre les deux amis est supérieurement écrite. Sans en être conscient, Foreman, en se rebellant contre House, a fait ce qu’il croyait être le meilleur parti pour Nick. Il a - encore plus paradoxalement - suivi une méthode Housienne alors que House n’était pas d’accord avec lui. La virtuosité de la série dans les situations éthiques est vraiment stupéfiante ! De ce panorama, émerge le cliffhanger, psychologique mais inattendu. L’épisode nous parle aussi de l’influence de nos idoles. Foreman veut être un médecin hors pair, mais si le prix à payer est de copier House et par conséquent avoir une désastreuse vie privée et une misanthropie glaciale, cela en vaut-il la peine ? L’influence est ici subie, non assumée. Finalement, Cameron et Chase digèreront mieux cet héritage. Leurs départs futurs arriveront au bon moment, là où celui de Foreman ressemble davantage à une fuite : il n’a pas encore réussi à gérer cet héritage, ce qui expliquera son retour au bercail. La situation est d’autant plus curieuse qu’il est le plus doué du trio. La série aime décidément nous surprendre là où nous nous attendons le moins. L‘humour est peu présent, à part Hector, le chien de Wilson, qui sème la pagaille chez House, cassant tout chez lui. House est copieusement emmerdé par ce clebs qu’il envisage de tuer. Hector défoncé à la Vicodin restera ainsi comme un des plus gros gags de la saison. La scène la plus « culte » de l’épisode est toutefois House crânant avec sa toute nouvelle canne flambant neuve, avec en arrière-fond Highway to hell des AC/DC, Wah, le frimeur !! Au fait, c’est la deuxième fois que Chase se montre lourd avec Cameron, et on en a déjà marre. Heureusement que la fin de la saison arrive prochainement, qu’il arrête avec cette manie stupide. Sinon, Cuddy est de plus en plus pulpeuse, ce que House ne manque pas de relever via un sous-entendu qui ne trompe personne. La quête du Huddy continue.
- Why's Foreman quitting ? Pendant un cours de karaté, Addie, 19 ans, crache du sang. L’équipe n’est pas au beau fixe depuis que Foreman a annoncé sa démission. House tente subtilement de le retenir. Envers et contre tous, House pense qu’Addie a attrapé une infection, mais le diagnostic est difficile à cause de symptômes qui vont et reviennent sans arrêt. House soupçonne Wilson de cacher quelque chose de personnel. Il va essayer de découvrir quoi… House et Foreman se livrent à une partie de ping-pong : House tend plusieurs perches à Foreman dont il n’accepte pas la décision, et Foreman, malgré sa détermination crânement affichée, commence à douter. Il est marrant de voir House tout faire pour le garder auprès de lui. Ses allusions font d’autant plus rire qu’elles ne sont pas finaudes, et que Chase ne cesse d’en rajouter alors qu’on lui a rien demandé. Jesse Spencer a une partition plus étendue, et sait en profiter. House a fini par s’attacher à Foreman (sa métaphore sur l’équipe considérée comme une famille, même dite avec ironie, n’est certainement pas fortuite) et accepte mal cette séparation. Il faut aussi ajouter la nature du personnage qui aime tout contrôler… et qui est ici devant le fait accompli, situation qui n’est pas pour le réjouir. La partie « humour adonf » est assurée par le cas secondaire : un homme a des problèmes de selles, et il est accompagné d’Honey, sa compagne. Entre ce gars qui parle de défécations sans la moindre gène et House faisant son Sherlock Holmes, c’est un moment joyeusement enlevé. Le tout vire à la farce avec le diagnostic et surtout la réaction de Honey, un grand moment de burlesque. House ne ménage pas ses patients, ça, on le sait bien, mais son comportement est tout de même curieux : à l’évidence attiré par la belle femme, il casse le couple en déballant « l’infidélité » (très particulière !) de son compagnon… pour aussitôt draguer la belle !! Et si pour une fois, c’était davantage ses hormones que sa sincérité outrancière qui le dirigeaient ? Le final est tout simplement énorme avec House rencardant une Honey pas insensible : un gag par seconde, une absurdité par réplique, un rencard givré ! Honey ne reviendra pas, on peut le regretter, mais c’est le signe que la série a toujours suffisamment de ressources pour se passer d’un tel atout. Exploit qu’elle tiendra jusqu’au début de la saison 5. Charme un peu vulgaire, légéreté, stoïcisme hilarant, duo avec House détonnant, la sculpturale Piper Perabo éclipse tout le monde.
Scénario : Leonard Dick You are one evil, cunning woman. It's a massive turn-on. La grande scène de l’épisode est la partie d’échecs disputée par House et Nate : sous haute tension, chacun vannant l’autre, chacun essayant de l’écraser. Elle est filmée avec talent par Daniel Sackheim. Cette partie d’échecs a une raison d’être purement médicale : House veut simplement stresser son patient pour tirer des nouveaux symptômes, mais est si irrité par ce jerk qu’après la partie, il en fait une affaire personnelle. On peut féliciter Nate, une des rares personnes à avoir réussi à perdre son sang-froid à House. Foreman ne rate d'ailleurs pas l’occasion d’enfoncer le clou. Lorsqu'à la toute fin, House croit avoir triomphé en ayant trouvé la parade, Nate lui révèle qu’il n’y a pas qu’un seul fin psychologue dans la salle : cet ado l’a battu à son propre jeu. Echec et mat ! Et House ne peut s’empêcher de marmonner dans sa barbe « p’tit con ». Le twist final est d’une brûlante acidité. Le cauchemar de la mère ne se terminera sans doute jamais. Ce percutant faux happy end fait vraiment très mal. Nick Lane a la tête de l'emploi en jerk mais son cabotinage crispe rapidement. Wilson accuse Cameron. Motif : le même que Wilson, mais elle aurait agi parce qu’elle est toujours amoureuse de House. Que Wilson lui mente montre qu’il est devenu moins chatouilleux quant à son amour de la franchise. Cameron parachève l’évolution observée de son personnage en perçant Wilson à jour immédiatement. Ce n’est plus la Cameron du début (Il y’a trois ans, vous m’auriez crû soupire Wilson). Elle nie être encore amoureuse de House, mais la saison 5 nous confirmera qu’elle n’en a peut-être pas fini avec ses sentiments. De tous les personnages, elle était la plus convenue au départ, mais c’est elle qui a finalement eu l’évolution mentale et éthique la plus grande. Quelle adresse ! Cameron accuse Chase. Motif : Chase est un con revanchard qui veut juste emmerder Foreman qu’il n’aime pas trop. Dick prend ici l’option inverse : Chase n’a pas vraiment changé en trois ans, symbole de l’échec de House à son sujet, ce qui ouvre la porte à l’épisode suivant. Dick boucle la boucle avec Chase accusant House qui avait tout intérêt à créer et maintenir ce climat de suspicion pour que Foreman reste. Et Foreman ? A part le fait qu’il veut échapper à l’emprise de House, on voit qu’il n’est pas encore sûr de lui. Foreman est déchiré : il sait qu’il part trop tôt mais rester encore serait courir le risque de devenir un House II. Bref, on applaudit à pleines mains la virtuosité éblouissante en peinture psychologique de la série. Et encore, la série montrera qu'elle peut aller encore plus loin dans les trois dernières saisons. Le sextuor principal convainc chacun dans son rôle. 24. DERNIER ESPOIR Scénario : Thomas L. Moran et Lawrence Kaplow - You have no pulse, but you're talking. Cough, Cough again, Keep coughing, it'll push blood into your head. Voyons justement cette intrigue, de main plus sûre. House espère faire revenir Foreman sur sa décision tout en gardant la face. Ainsi, il fait tout pour ne pas le contrarier, le dédouane totalement du coma de Marina alors que rien ne le prouve (le human error du titre original). Il perd sa neutralité, ce que Wilson ne manque pas de lui dire (par écran interposé). Le fracassant renvoi de Chase est d’une savoureuse ambiguïté : tentative désespérée de conserver Foreman au prix de ce « lèche-bottes » ? Ou bien la « raison officielle » donnée par House est-elle réellement la vraie ? Chase, après tout, n’a plus rien à apprendre de House : il a sans doute changé dans le domaine des connaissances médicales (qu’on se rappelle son coup de génie salvateur dans Rendez-vous avec Judas), mais guère changé dans son approche éthique. Dans les deux cas, House n’a plus rien à lui apprendre. On remarque que Chase a eu le temps, depuis une des rares fois depuis trois ans, de s'opposer vigoureusement à son boss. House lui a appris en 3 ans bien plus que ce que d’autres apprennent tout au long d’une vie. Cuddy avait dit d’ailleurs la même chose à Foreman dans l’épisode précédent. Finalement, dans tout ça, c’est ce qui pousse House à agir ainsi qui est le plus intéressant : il déteste le changement (succulent dialogue initial avec Wilson). Se cloîtrant dans une bulle de « confort », il est habitué à cette équipe et c’est moins par amour pour elle que par conservatisme qu’il veut la maintenir soudée. Lorsque son monde s’effondre, il est amer… mais pas malheureux. C’est par principe qu’il a voulu tenir l‘équilibre, non par amour car il n’a pas voulu créer des liens étroits avec son équipe. Mais tous les évenements de ce jour l’ont incité à accepter le changement. Le voir fumer des havanes avec Esteban est une belle image de joie sincère. La dernière image le voit jouer sur sa nouvelle guitare, tandis que la chanson Good man est on ne peut mieux appropriée, la musique semble « regarder » House avec bienveillance. Mais hormis ce dernier point psychologique, l’épisode n’offre pas le feu d’artifice espéré. Remarquez en passant la présence de Kathryn Adams. Cette jeune comédienne joue l’étudiante à qui House demande son CV. C'est elle qui va faire le lien entre les deux saisons car elle donnera un coup de main à House dans le 4.01, et sera une des candidates malheureuses dans le 4.02.
Ainsi finit la première ère de la série. Pendant trois saisons, la série a fixé ses marques, a joué de ses nombreux atouts avec assurance, et avec une qualité constante. Les accidents de parcours ont été quasi inexistants. Cette première période fidèle à l’extrême au cahier des charges séduit par la saine rigueur de ses scénarios qui n’interdisent jamais l’émotion. Maintenant que l’équipe initiale est partie, place à une nouvelle ère, place à de nouveaux cas, place à de nouveaux personnages ! La série va-t-elle réussir son lifting ? Réponse à la saison suivante ! 1. De pièces en pièces : Sublime dialogue moral et métaphysique entre deux éclopés de la vie, d'une émotion omniprésente. Katheryn Winnick est la meilleure actrice invitée dans la série : son impressionnante, voire effrayante ultraexpressivité s’oppose à la statue de glace qui se frêle qui lui fait face. Le chef-d’œuvre le plus atypique de la série, et aussi son plus « beau ». Crédits photo: FOX. Images capturées par Clément Diaz. |
SAISON 3 - PARTIE 1
2. La vérité est ailleurs (Cane & Able) 3. Marché conclu (Informed Consent) 6. Que sera sera (Que Será Será) 7. 24 heures pour vivre et mourir (Son of Coma Guy) 8. Jeux d’enfants (Whac-A-Mole) 9. Rendez-vous avec Judas (Finding Judas) 10. Acceptera… ou pas ? (Merry Little Chrismas) La saison 3 termine avec maestria la première période de la série. Elle se caractérise par une plus grande noirceur des cas traités. Si elle n’a pas tout à fait l’intensité de la saison 2, elle prépare la direction plus sombre des ères suivantes de la série. Deux intrigues secondaires figurent dans cette saison. La première est l'affrontement entre House et l’inspecteur Tritter (David Morse) de l’épisode 5 à l’épisode 11. Tritter se venge de House qui l’a humilié en consultation en cherchant à prouver qu’il est un drogué incurable, et le mettre en prison ou en désintoxication. La deuxième est la démission du docteur Eric Foreman qui survient à la fin de l’épisode 21 (Démission). L'épisode 14 (Sans peur et sans douleur) apparaît rétrospectivement comme étant le pivôt de la série, ses conséquences s'étendront jusqu'au finale de la saison 7. Bien que la saison mette toujours au premier plan ses enquêtes et son regard furieux sur notre monde, les ships commencent à fleurir. Le « Chaseron » (relation Chase-Cameron) débute à l’épisode 14. Son aspect purement charnel lui donne un charme piquant. Entre leur rupture qui s’ensuit, puis leur réconciliation, apparaissent hélas les premiers signes de l’affadissement de ce couple dans les saisons suivantes. Le « Huddy » naît véritablement au cours du même épisode, car House, touché par une héroïque audace de Cuddy, semble enfin s’intéresser à elle. La tension sexuelle, jusque-là subodorée, éclate au grand jour. Le « Huddy » d’une écriture acerbe et enlevée, est superbement présenté. Sa concrétisation est toutefois encore lointaine. Par opposition, le Hameron décline, Cameron tentant encore quelques efforts (Demi-prodige) avant de se libérer peu à peu de cette attirance. Les trois années passées avec leur patron ont changé le comportement des trois médecins. Ils deviennent plus professionnels, moins émotifs, plus durs. Leur évolution (surtout Cameron) est de plus en plus évidente, jusqu’à provoquer la dissolution de l’équipe. A cet égard, l'épisode 23 (Le petit con) est la digne conclusion psychologique de la première ère de la série, le finale ne faisant que baisser le rideau. La saison 3 réussit son pari de maintenir le niveau de qualité et d’apporter quelques innovations sans jamais édulcorer la spécificité de la série. Elle clôt un chapitre et ouvre élégamment la voie à une nouvelle ère, à une nouvelle équipe.
- The fifth level of happiness involves creation, changing lives. La série distord l'apparente noblesse d'âme d'Arlene qui garde son mari encombrant chez elle : oui, Arlene l'aime, mais elle le garde sans plaisir. Son amour est dilué par la pitié et par le fait qu'elle se sente "obligée" de le garder. Ainsi, son courage est moins noble qu’à première vue, ce qui l’humanise pourtant davantage ; c'est adroit. Il est difficile de ne pas penser à Ruth Fisher faisant face à la folie de son second mari dans Six feet under. L'humanité du jeu de Kathleen Quinlan est évidente. Notez qu'Arlene accepte les opérations les plus dangereuses et que House est rassurant, comme tout docteur « normal ». Une inversion renforcée par Cameron inquiète sur sa complaisance. Le fan de Buffy regrettera seulement que Clare Kramer n'envoie pas de grosses mandales dans la gueule des médecins en tenue bimbo. L'enquête reste classique, mais se suit sans déplaisir par son suspense entretenu. Le dernier acte enchaîne les surprises : le twist final est très surprenant (la scène d’intro était un trompe-l’œil) mais s'enchaîne à une seconde surprise : House a trouvé une solution limpide et élégante (rasoir d’Occam) mais qu’il est incapable de prouver. Aussi Cuddy refuse le traitement proposé par House, car ce serait lui donner trop de liberté : à terme son orgueil et sa certitude d'avoir raison sans preuves suffisantes pourraient avoir de graves conséquences pour un prochain patient. Absurde mais tristement crédible. En femme de tête impitoyable et rigide, Lisa Edelstein est fantastique. Le happy end, total et lumineux, extrêmement rare dans une série préférant les faux happy ends, est une autre surprise, tout comme Wilson convaincant Cuddy de tenir House dans l'ignorance. House avait tort moralement en jouant avec la vie de son patient : Qu’il ait eu raison ne l’empêche pas d’avoir eu tort ! Paradoxal ? Non, humain. En passant, un détail à noter : House se prescrit à lui-même de la Vicodin ; ça aura des répercussions par la suite. Son édulcoration n'est heureusement que partielle, et on le voit dans le cas de Caren où il retrouve sa férocité, allant jusqu'à la malmener physiquement. Voir ensuite notre docteur tout penaud d'avoir tout faux est toujours un spectacle comique. Hugh Laurie, pour une des rares fois de la série, marche sur ses deux jambes et il le fait avec un plaisir non dissimulé. Il adoucit son personnage sans tomber dans le lénifiant. Infos supplémentaires - Wilson dit à la fin la devise de la série « Everybody lies ». Acteurs Edward Edwards reviendra dans l’épisode suivant La Vérité est ailleurs. Il a surtout joué à la télévision, comme dans les séries Code Quantum (épisode Le Sauvage), Buffy contre les vampires (épisode Le Soleil de Noël), L’incroyable Hulk, Shérif fais-moi peur, Desperate Housewives, JAG (2 épisodes chacun pour les trois dernières), ALF, Matlock, Le Prince de Bel-Air, La vie à tout prix, The Sentinel, Les Experts, Les Experts : Miami, 24 heures chrono, Monk, NIH alertes médicales, Frasier, Boston Justice, Esprits Criminels, Shameless US, FBI portés disparus (2 épisodes), etc. Clare Kramer (1974) est surtout connue pour avoir été la sadique (et hilarante) Glory dans 13 épisodes de la série Buffy contre les vampires. Elle joue dans quelques films et séries mais est relativement discrète professionnellement. Elle a crée une série : Take five (13 épisodes). 2. LA VÉRITÉ EST AILLEURS
- House, Clancy's gone missing. Wilson, Cuddy, et Cameron connaissent la Vérité sur le patient de l’épisode précédent, et ce Syndicat dirigé par Wilson (dans un rôle similaire à l’Homme à la Cigarette) ne dira pas la Vérité à House dans l’espoir de le voir redevenir humble. Wilson veut à tout prix nier en bloc cette "Conspiration" (le terme est de lui). House nous donne une clé de son comportement lors de sa dispute avec Wilson : il ne se prend pas pour Dieu, mais le fait d’avoir raison, envers et contre tout, est le moteur de sa vie, celui qui le rend si efficace. Une nouvelle application de son mélange de haine et d'admiration envers sa personne. Cette déclaration l’humanise étonnament. Sheryl Lee joue la mère du patient, et on rappelle qu'elle fut le célèbre cadavre de Twin Peaks où un certain David Duchovny fit ses premières armes. L’histoire secondaire, House souffrant de nouveau de sa jambe, reste cependant périphérique. Mais on apprécie le final voyant House se résignant à reprendre sa canne, comme une porte de sortie physique et psychique qui claque sans plus jamais se rouvrir. L'épisode trouve bien de la sève dans son humour : la vanne lourdement foireuse de Chase, House se déchaînant sur Cuddy en pensant qu'elle est enceinte, McNeil en convalescence songeant déjà à ses besoins sexuels, et surtout la tonitruante dispute entre Cameron et Cuddy (note : j‘ai un faible pour la première version de la scène, assez énorme…). Sans oublier le duel en acier trempé entre Chase et Foreman. Summertime... On remarquera que Stephanie Venditto, qui joue l’infirmière Brenda Previn, a pour une fois quelques lignes à prononcer. En tout cas cet épisode n’est pas passé inaperçu puisque l’année suivante, le Dr.Joshua Lee demanderait à Christian Troy et Sean McNamara de lui enlever un implant métallique qui aurait été inséré à l’arrière de son crâne par des aliens (Nip/Tuck, épisode 5.07). Ce dernier épisode a pour titre VF… La Vérité est ailleurs. Décidément, on reste pantois devant les efforts démesurés des traducteurs français… Infos supplémentaires - La première version de la scène où Cameron se dispute avec Cuddy était beaucoup plus trash, les comédiennes lachant 32 mots orduriers en 58 secondes, avec interprétation outrepassant toutes les limites du cabotinage. - House, quand il a du temps dans son bureau, mate des vidéos et films pornographiques. Au moins un point commun avec Mulder. Par contre, il ne regarde pas X-Files. Dommage… - Cuddy dit que McNeil s’est levé après des années d’immobilisation tel « Rip van Winkle ». Il s’agit du personnage principal de la nouvelle éponyme de l’écrivain Washington Irving qui rencontre un équipage fantôme. Cet équipage lui fait boire une liqueur qui le fera dormir 20 années durant. Cette nouvelle inspira Rod Serling pour écrire le scénario de Rendez-vous dans un siècle (titre VO : The Rip wan Winkle Caper) de son anthologie télévisée La Quatrième Dimension. La VF remplace par Hibernatus. - Lorsque Cameron demande de trouver un « cunning plan » pour aider House, elle cite un gimmick de la série des BlackAdder, où joua Hugh Laurie. Lorsque House dit « Il nous faudrait un plus gros bateau » : il cite la célèbre réplique des Dents de la mer (1975). - La chanson de l’épisode est Gravity de et par John Mayer. Acteurs Skyler Gisondo (1997) a commencé très jeune à la télévision, jouant dans de nombreuses séries. Ses deux rôles les plus notoires sont le Shawn jeune dans Enquêteur malgré lui (11 épisodes), et Bryan Pearson dans The Bill Engvall show (31 épisodes), qui lui valut un Young artist's award. Il fut aussi dans Ce que j’aime chez toi, Monk, Cold Case, Esprits Criminels, Les Experts, Les Experts : Manhattan, Earl, Urgences (2 épisodes), Terminator les chroniques de Sarah Connor, House of lies, Once upon a time, etc. Il a joué quelques seconds rôles au cinéma comme The amazing Spider-man 1 et 2, La nuit au musée 3, etc. 3. MARCHÉ CONCLU Scénario : David Foster - We have to do all of that in 24 hours ? Le prestigieux chercheur en cancérologie Ezra Powell, 71 ans, s’écroule dans son laboratoire alors qu’il menait une expérience sur des rats. La souffrance est telle qu'il demande à l’équipe de House de « l’aider à mourir ». House lui arrache un délai de 24 heures pour trouver ce qu’il a, mais échoue au bout du délai imparti à trouver le diagnostic. Powell réclame donc une dose létale de morphine, provoquant des dissensions dans l’équipe… Cameron, apprenant les expériences de Powell, dit que détester ce patient ne changera rien à sa décision de ne plus faire d‘examens… ce qu’elle fait pourtant. Agissant ainsi impulsivement, Cameron se décrédibilise. Ce personnage est certes bon pour l’expression des doutes en chacun de nous, mais utilisé à l’excès, cet aspect devient contre-productif. La réponse du professeur qui la félicite d’avoir enfin « défendu ses propres convictions » est improbable, déplacée, et contredite par le regard dur de Cameron. Le personnage fait ici un retour en arrière, ne sachant pas se décider dans les moments les plus importants, loin de l’ironie assumée dans Faux-semblants (saison 2) ou de l’intransigeance froide de … Au suivant. (saison 2). Jennifer Morrison transcrit chaque émotion avec réussite, ce qui paradoxalement plombe tout l'épisode à cause de ses changements incessants. Le revirement final est une énième contradiction, entâchant la beauté douloureuse de la coda. Bien que tout aussi moyen, Mise au jour (saison 7) ménera un débat sur le sujet plus convaincant. Leighton Meester, ici dotée de sa blondeur naturelle, prouve que malgré qu’elle se soit commise par la suite dans une série aussi mièvre que Gossip Girl, elle est une brillante actrice en devenir. Là, elle se pose pas de questions, elle fonce, elle s’impose, et pis c’est tout ! L'anti Blair Waldorf quoi. On note que c’est en jetant un coup d’œil sur le string de la demoiselle que House trouve la solution du cas principal, une trouvaille bien décalée. Leur duo improbable et drôle donne les meilleurs moments de l’épisode. Cependant, une question nous taraude : House consentirait-il vraiment à coucher avec une fille de 18 ans ? Il est vraiment partagé entre l’amoralité de la chose et cette brûlante tentation. Affaire à suivre... Infos supplémentaires - Septième échec de House, ici total ; son patient mourrant d'une maladie incurable. - Joël Grey est le père de Jennifer Grey, qui sera à son tour une patiente dans House-sitter (saison 7). - L’horloge dans la salle d’IRM est labellée « Stoia Tucker », un clin d’œil à l’épisode Être ou paraître (saison 2) où c’est le nom de la société qui sponsorise le combat de Sebastian Charles. Acteurs : 4. DANS LES YEUX Scénario : David Hoselton House doesn't have Asperger's. The diagnosis is much simpler : he's a jerk. - After that look, I'm feeling a little frisky, looks like you're up. - Come on. You're not that bad. Fecal smear, talk to me !! La troisième scène est encore plus géniale : elle démarre très fort avec une engueulade génialissime entre House et Cuddy qui tente de faire passer Ali pour une monomaniaque, leur conflit est tel qu’on se croirait dans les disputes légendaires de Maddie Hayes et David Addison de la série Clair de Lune : les dialogues claquent à chaque seconde ! Puis, House redevient grave et accepte, sous l’insistance de Cuddy, de convaincre Ali de sa folie… mais si on espérait un moment plus sérieux, c’est râpé, House et Ali partant très vite dans une parodie de soap opera où ils parlent de leur liaison condamnée par la société à demeurer platonique… l’épisode y va vraiment à fond les manettes, dézinguant tous les clichés des « Daytime series ». Et comme si ça ne suffisait pas, un énorme twist final couronne cette histoire impeccable et nous laisse pliés en quatre. La chanson Waiting on an Angel de Ben Harper plus inappropriée à la situation tu meurs complète cette histoire de fous. Leighton Meester accomplit la performance d’être encore plus punchy que l’épisode précédent : TNT de sensualité et de loufoque ultra-concentrée ; c'est sans doute une de ses plus grandes compositions. Au milieu du torrent comique de l’épisode, nous sommes pris de sympathie pour ce pauvre Adam, prisonnier de son corps. La réalisation de Newton Thomas Siegel, avec ses angles et couleurs bizarres nous plonge idéalement dans la tête de l’enfant. La détresse de ses parents, surprotégeant leur enfant comme par compensation, est émouvante, sans pathos, car restant à l'arrière-plan. L’affection de Wilson pour les jouets que lui donnent les petits cancéreux est touchante aussi. Mais ce sont les réflexions de House qui sont sublimes : ainsi cette incroyable scène où il envie le sort de son patient, débarrassé par son autisme des conventions sociales, de l’hypocrisie des rapports humains. Les règles du savoir-vivre bien-pensant ne sont indispensables que pour les médiocres comme disait Franz Liszt à Richard Wagner. Maxime qui pourrait être celle de House, qui en a marre d’évoluer dans ce monde faux, apparent. Ses déclarations, très Numéro 6, sont celles d’un homme fatigué de vivre et qui pourtant trouve ses raisons de vivre en se révoltant, en refusant tout conformisme. Il dénonce l’intolérance de la société à l’égard de ceux qui sont différents, qui pensent et agissent différemment de la norme. On est pas loin de ce chef-d'oeuvre mythique qu'est Le Prisonnier.
5. L’AMOUR DE SA VIE Scénario : Peter Blake Infectious or environmental... all we have to do is check out parasites, viruses, bacteria, fungi, prions, radiation, toxins, chemicals ; or it's internet porn related. I'll check the internet, you guys cover the rest of the stuff. Le cas trop prévisible enchaîne diagnostics sans humour et péripéties convenues, même si le cauchemar suivi du coma subit de Tracy est une bonne idée. Cependant, les déclarations d’amour répétées de Jeremy lassent à la longue ; et le cas s’embourbe dans des complications malhabiles : on ne sait plus trop qui a quoi ni qui veut quoi. La situation confuse se dénoue brutalement avec le terrible twist final, vraiment méchant. On avait affaire à un couple qui semblait parfait, harmonieux, qui s’aimait vraiment. Loin de la vision pessimiste du Couple-qui-s’aime-mal de la série. Mais ce couple-là n’échappe pas non plus à son destin : Jeremy et Tracy sortent de leur maladie totalement détruits. L’épisode se termine là, sans qu’on sache si le couple arrivera à passer l’obstacle. Foreman doit alors sacrifier sa soirée pour faire son devoir de médecin et tenir compagnie à un Jeremy brisé. Encore un happy end qui est tout sauf happy ! Cette superbe fin est hélas affaiblie par le jeu souvent caricatural de Ricky Ullman et Jurnee Smollett. Trois melons tout juste.
6. QUE SERA SERA Scénario : Thomas L. Moran Apparently, Cuddy has widened her sperm donor search to include Neanderthals. D’excellents moments de bravoure et/ou comiques : le poids de George qui rend difficile l’IRM, le spectaculaire saut par la fenêtre, House qui donne des surnoms à son patient, George refusant tout examen en rapport avec son poids (tout comme la mère de Jessica à propos de sa fille dans Symptomes XXL), House ordonnant à Chase de rester sur son cul - en clair de ne rien faire - ou encore la scène du patient secondaire qui pourrait servir de maître-étalon sur l‘art et la manière de « vous foutre de la gueule d’un ahuri ». Sans oublier House qui sait vraiment bien plaidoyer sa cause devant son avocat blasé par tant de mauvaise foi. Le parallèle établi entre George et House est assez poilant : anticonformistes, peu coopératifs, rationnels, aimant la musique et les prostituées… résultat : des échanges avec Wilson assez gratinés ! Enfin l’épisode ravira tous les fans du Hameron. Ainsi, Cameron ne cesse d’agir en faveur de House (donc contre les règles, voire la loi) : elle convainc ses co-équipiers de faire l’IRM, ment effrontément à Cuddy, s’inquiète davantage du retard de son boss que du patient. La scène finale joue beaucoup sur son attitude à la fois avenante et fermée. Elle refuse de dire à House pourquoi elle l’a aidé. Le spectateur en conclura que c’est par amour mais aussi pour son attirance naturelle envers les « gens cassés » comme House et George, avec qui elle se montre très protectrice. Cameron continue son chemin vers la maturité, délaissant peu à peu ses oripeaux soap, devenant moins lisse, plus rude. Evidemment, le Hameron reste terriblement à sens unique, House ne trouvant rien de mieux que de la traiter de chieuse après qu’elle lui ait sauvé la mise. Jennifer Morrison, en première place, a un investissement comparable à celui de son personnage, et est pour beaucoup dans le succès de ses scènes. Un crû pas exceptionnel mais de bonne qualité. 7. 24 HEURES POUR VIVRE ET MOURIR Scénario : Doris Egan - Genetic tests take forever, you can't just keep testing for every inherited condition you think it might be. House remarque une akinétopsie (incapacité à voir des objets en mouvement) chez Kyle, 22 ans. Son état s’aggrave soudainement. Convaincu que c’est héréditaire, House se tourne vers la seule famille de Kyle : son père Gabriel, dans le coma depuis 10 ans depuis qu’il a essayé de sauver sa femme lors de l’incendie de sa maison. House parvient à réveiller Gabriel mais seulement pour 24 heures, ensuite il retombera dans le coma. Mais Gabriel semble tout à fait indifférent au sort de son fils et oblige Wilson et House à faire un petit « trip » avec lui s’il veut répondre à leurs questions… Gabriel et House sont deux hommes qui aiment le pouvoir, leur cohabitation est donc au départ difficile (Le seul pouvoir qui me reste aujourd‘hui, c’est celui de vous emmerder). L'épisode nous tient grâce au secret de Gabriel dont on est étonné de l'indifférence qu'il porte à son fils. La réponse est astucieusement reportée par House qui lui n’en a rien à faire et ne veut pas le savoir ! Le contrat passé entre eux - Gabriel répond aux questions de House uniquement si House répond aux questions de Gabriel - permet échanges gaiement vifs, et approfondissement des personnages. Tritter en rajoute une couche : interrogatoire des médecins ! Cameron, devinant les intentions de l’inspecteur, se met à son tour à mentir pour couvrir son patron et encourage les autres à faire de même, malgré que Tritter devine instantanément leurs jeux. Sans dire que c’est House version policier, il est lui aussi très fort en psychologie humaine (remarquable scène avec Foreman). Et le voir dire à son tour la réplique fétiche de la série Everybody lies ! est un brillant clin d’œil. N’ayant rien obtenu par la voie normale, Tritter passe à la vitesse supérieure et est l’instigateur de l’angoissant cliffhanger final, qui compromet dangereusement l'amitié du Hilson. David Morse continue d'intimider. Citations : 8. JEUX D’ENFANTS Scénario : Pamela Davis - You can't lift your arm. Jack, 18 ans, est le tuteur de son frère et de sa soeur depuis la mort de leurs parents. Pendant qu’il officiait comme serveur, il est pris de vomissements, de convulsions, et fait un arrêt cardiaque. House trouve la solution rapidement, mais refuse de la dire à son équipe, voulant qu’elle trouve le diagnostic elle-même. Tritter tente de pousser Wilson à dénoncer House en le privant de son droit de prescription. House, ne pouvant plus prendre de Vicodin, tente de convaincre ses employés de lui en prescrire. L’état de Jack se révèle plus sérieux que ne le pensait House… Jack aime son frère et sa sœur, mais au prix de son existence. Il est condamné à vivre pour eux, et ne peut profiter de sa propre vie. Il culpabilise de cette « mauvaise » pensée pourtant bien naturelle. Lorsque tombe le diagnostic final, exigeant une greffe de mœlle osseuse de la part de son jeune frère, il la refuse, par respect pour lui : il veut attendre la majorité de son frère pour qu’il puisse décider de faire cette opération lourde en toute connaissance de cause. Mais Pamela Davis nous sort un superbe twist : House rend caduc son « courage » en montrant que Jack ne souhaite pas l’opération uniquement pour rester à l’hôpital. Privé si tôt d’un environnement affectif nécessaire, il veut retrouver un ersatz en étant choyé par des médecins. Ainsi, il délaisse sa tâche de deuxième père pour penser enfin à lui, une décision qui questionne grandement nos valeurs morales. La scène d’adieux a une beauté qui n’a d’égale que sa bienvenue brièveté. Quasiment un unhappy end. Patrick Fugit éclaire toutes les facettes de son rôle difficile à interpréter par sa profondeur, les jeunes Cassi Thompson et Tanner Blaze sont aussi irréprochables. Tritter est absent mais son ombre s’étend sur l’épisode via Wilson, qui voit successivement tout s’effondrer autour de lui jusqu'à son droit de prescription. Bien que House semble n’en avoir rien à cirer, il en subit le dommage collatéral, il n’a plus accès à la Vicodin. Il demande donc à ses « larbins » de lui en prescrire, ce qui permet trois petits solos : Chase fait une entorse à sa servilité habituelle, Foreman se contente d’un non ferme et clair, et Cameron refuse sèchement. Depuis le début de cette saison, elle s’est montrée plus tranchante, plus rebelle envers son boss. House échoue d'ailleurs à la culpabiliser. Que House n’insiste pas avec Foreman signifie bien qu’il a moins d’ascendant sur lui que sur les autres. House ne veut pas s’avouer vaincu, et tente de calmer la douleur par tous les moyens (poilante scène avec la masseuse). Mais son obstination finit par lui coûter Wilson : fatigué, excédé, par la suffisance de House devant les malheurs qui l’accablent, il finit par lui hurler dessus dans une scène stupéfiante. House ne peut se défendre quand Wilson lui fait remarquer qu’il culpabilise déjà de ce qu’il lui fait : son épaule douloureuse est un avertissement de sa conscience qui sait bien au fond que c’est à cause de lui et non de Tritter, qui n’est qu’un « déclencheur », qu’ils sont dans une telle situation. La rupture du Hilson est très frappante tout comme le fait que le subconscient de House soit plus sensible, plus humain qu’on pourrait le penser. Le quasi one-man-show de Hugh Laurie est festif, on ne dira jamais assez combien sa palette de comédien est immense. Robert Sean Leonard concentre toute la rage de son personnage pour mieux exploser à la fin, effet garanti. 9. RENDEZ-VOUS AVEC JUDAS Scénario : Sara Hess Either you screwed me and you want absolution, or you didn't and you want applause. Either way, I'm not interested. Alice, 6 ans, est prise de panique et de douleurs intenses alors qu’elle était sur un manège. L’équipe a du mal à traiter son cas car Edie et Rob, ses parents divorcés, ne cessent de se disputer. Tritter augmente sa pression en gelant les comptes bancaires des médecins. House reste sourd aux tentatives d’ouverture de Cuddy et se met à tempêter contre tout le monde, sous l’effet de la douleur qui devient de plus en plus aiguë… Quand Sara Hess se concentre sur l’implosion du groupe, payant les pots cassés de son patron égotique, ça marche du tonnerre. Les disputes, les sautes d’humeur, crépitent à chaque scène, et montent en crescendo au fur et à mesure que les réserves de Vicodin vont decrescendo. Finalement, cela aboutit à une scène terrible : House ordonne qu’on ampute la pauvre petite fille d’un bras et une jambe pour la sauver. L’épisode s’achemine ainsi vers une horrible conclusion (gros plans sur les instruments chirurgicaux absolument glaçants) lorsque survient le retournement final salvateur (vive les lasers !) où à la surprise générale, c’est Chase qui trouve la véritable maladie. House, incrédule que la solution lui ait échappé, est catastrophé par l’énorme bavure qu’il allait commettre. Une fin très inattendue où l’élève dépasse un maître emprisonné dans son orgueil et sa douleur démesurés. Jesse Spencer, entre lâcheté et idéalisme, est convaincant. Cuddy fait un sacré numéro. On commence par une bonne enguelade avec House qui pointe un laser sur son affriolant balcon (Lisa Edelstein est sexy au plus haut point), annonçant les futures allusions sexuelles housiennes répétées jusqu’à l’obsession. Elle montre, à l’inverse, sa tolérance pour ses méthodes peu orthodoxes mais toujours justifiées. Mais peut-être aussi, pour les fans du Huddy, son attirance cachée. Elle se retranche toutefois derrière le fait (exact) que c’est pour défendre les intérêts de l’hôpital. Retarder le véritable début du jeu de cache-cache amoureux entre les deux docteurs montre que la série maîtrise son sujet et peut se permettre de faire durer le plaisir. Femme forte, mais souffrant de ne pas être mère, Cuddy tente de compenser en se montrant d’une débordante gentillesse avec Alice. Laissant de nouveau parler son cœur au lieu de rester stoïque, elle multiplie les erreurs de jugement, jusqu’à la terrible scène de la douche où House lui hurle la pire chose qu’il pouvait lui dire. Cuddy, meurtrie au plus profond de sa chair, s’effondre en larmes. Wilson lui-même s’en étonnera : c’est la première fois que House parvient à assommer Cuddy (il y réussira une seconde fois dans Parle avec elle [saison 5]). Nous voyons combien House, déchiré par la douleur, peut perdre tout self-control et combien on peut s’effondrer quand quelqu’un parvient à vous atteindre là où ça fait mal. La variété du jeu de Lisa Edelstein, et les déchaînements de fureur contrôlées de Hugh Laurie sont de purs joyaux. 10. ACCEPTERA… OU PAS ? Scénario : Liz Friedman - What are you gonna do ? Le cas est efficace et rythmé. L’absence de House donnant une plus grande incertitude aux décisions des médecins, le cas en devient plus urgent. La solution terminale est fantastique : House résolvant le cas à la suite d’une discussion loufoque avec une petite fille, la chute qui en résulte est une des plus renversantes de la série, et d’un irrésistible humour noir. Triomphe des apparences encore et toujours… bouquet final : une dernière discussion entre House et Maddy puis entre Maddy et Abigail sur le concept de la « normalité » : si on veut réagir contre l’ordre du monde, comme le fait un House ou un Numéro 6, doit-on le faire par tous les moyens ? Souffrir mais être fier d’être « différent », le jeu en vaut-il toujours la chandelle ? Les dialogues de cette double scène sont parmi les plus beaux de toute la série, avec happy end total exceptionnel. Merveilleux scénario, superbe leçon de vie. La scénariste Liz Friedman a été touchée par la grâce. Meredith Eaton, actrice réellement naine (1m30), est aussi superbe que talentueuse : mordante d’ironie (surtout dans les deux premières scènes), elle donne beaucoup de pêche à cet épisode. House commet une erreur que lui avait pourtant signalé Tritter dans Que sera sera : il surestime son pouvoir de domination. Il peut faire plier n’importe qui de « normal » : son équipe, Cuddy… mais Tritter n’est pas « normal ». Ce qui marche avec Cuddy échoue sur Tritter qui se bat finalement avec les mêmes armes que House. Or House semble ignorer un fait de taille : supérieurement intellectuellement à la majorité des hommes, ses erreurs de jugement sont en conséquence bien plus graves ; et il l’applique à la lettre : aussi génial soit-il, il commet une erreur d’une débilité faramineuse : il est prêt à risquer la prison et être interdit d’exercer rien que pour ne pas accepter le chantage de Tritter. Et surtout, il accepte une douleur horrible : la scène où Cameron vient le voir dans sa maison montre l’extrémité du personnage qui s'entaille pour contrer la douleur du manque. S’enfonçant dans une sorte de semi-démence, il en vient à commettre l’irréparable, non sans au passage de ravageurs échanges entre lui et Wilson. Wilson, révulsé de le voir plonger si profondément dans les eaux de la déchéance pour satisfaire son ego, abandonne son ami dans une scène impressionnante. Ce coup de fouet lui fait ravaler sa honte et accepter le marché de Tritter… mais c'est trop tard, et c’est sur un corrosif « Merry Christmas » que se termine cet épisode où House est allé au plus profond de son côté sombre. Hugh Laurie explose en homme cassé par la douleur et trop orgueilleux pour se remettre en question, une de ses prestations les plus explosives, Chapeau l’artiste ! 11. CŒURS BRISÉS Scénario : Leonard Dick - House, I just heard that you apologized to Wilson. Derek, un pompier, a tout à coup très froid, et se dirige vers un immeuble en flammes. Il n’est sauvé que par l’intervention d’Amy, sa collègue. L’équipe doit de nouveau travailler avec l’aide lointaine de House : Tritter ayant refusé d’abandonner les charges contre House, il a décidé de prouver sa « bonne foi » en suivant une cure de désintoxication. Cameron découvre que l’amour non partagé de Derek envers Amy le tue au sens propre. House ordonne alors que Derek subisse un électrochoc qui lui fera perdre la mémoire, sans savoir qu'il souffre également d’une autre maladie… Tritter, malgré les efforts de son nemesis, refuse de lâcher l’affaire à notre grande stupéfaction. Ce Javert des temps modernes ne croit pas en la rédemption, et House n’est pas Jean Valjean. Tritter semble devenir vraiment méchant car on est convaincu de la bonne foi de House. C’est sans compter sur le diabolique twist final des dernières secondes : Tritter s’est comporté comme un salaud mais il a eu raison : même les actes de House étaient bidon. Leonard Dick nous culpabilise ainsi de prendre parti pour House, c'est énorme. Le spectaculaire parjure de Cuddy était programmé d’avance, mais reste plein d'effet. House est sauvé miraculeusement mais cherchez pas de happy end : Cuddy a subi la mauvaise influence de House en se parjurant, et pour la peine, lui promet la vie dure dès son retour à l’hôpital ! Lisa Edelstein est réjouissante dans la scène finale, toute en rage contenue et en joie féroce. Mais il y’a un revers : pourquoi l’intolérant Tritter finit-il par souhaiter bonne chance à House, et même lui faire un sourire encourageant à l’issue du non-lieu ? Ca fausse le personnage, et Tritter nous quitte ainsi sur une impression d’incohérence. David Morse, roc massif et talentueux, a quand même bien contribué au succès de son arc. On l’en remercie. 12. DE PIÈCES EN PIÈCES Scénario : David Shore - Start counting your heartbeats... Stop. How many ? Les dix premières minutes sont un festival House et ne servent que de prélude : dispute à pointes perfides entre House et Cuddy, House soudoyant les patients pour qu’ils débarrassent le plancher, House qui fait faire à son équipe des examens inutiles pour avoir la paix, pari d’une absurdité sans nom... survient une brutale bascule dramatique quand une pauvre fille hurle DON'T TOUCH ME !!! quand House veut prendre sa main. Ses yeux rougis de larmes, sa rage contenue, sa pâleur mortelle… l’effet est saisissant avec la comédie des précédentes secondes ! Eve est traumatisée par son viol, mais House, fermé aux états d’âme de ses semblables ne peut rien pour elle. Rien ? Le destin va curieusement en décider autrement… Eve refuse de parler à un autre médecin que House (excellente scène avec Cuddy, à la compassion impuissante), la dernière personne qui semble utile dans cette situation. Eve ne sait pas pourquoi elle a confiance en House, qu’elle ne connaît pas, mais elle a l'intuition qu'il est le seul homme à pouvoir la comprendre. House se heurte à un comportement inexplicable rationnellement. Il essaye de s’en sortir par la logique pure, car l’inexplicable est sa plus grande peur (intelligente bien que fausse hypothèse du viol inversé). Le coup de folie d'Eve démontre que le lien qu'elle veut forger avec House est une question de vie ou de mort. Et d'ailleurs, House, inconsciemment, a commencé à créer un lien avec elle, se montrant curieux de son état pendant l'entretien psychologique. La parole, primordiale dans l’épisode, est renforcée par la réalisation très épurée de Juan J. Campanella. Comment communiquer ? House quémande des conseils à ses « larbins » mais ils se contredisent tous. Cela montre toute la difficulté qu’on a de se mettre à la place de quelqu’un qui a subi un traumatisme dont on ne connaît pas les effets en pratique, et in extenso, la difficulté de dialoguer entre humains tout court. De toute manière, House doit sacrifier une partie de ses idéaux pour la comprendre (lien affectif avec le patient). Crescendo d’intensité psychologique tout le long : la force de House, sa froideur, devient sa faiblesse car gênant son processus d'empathie. Pourtant des fenêtres commencent à s’ouvrir : Eve sent que les blessures intérieures de House correspondent aux siennes, et veut l’obliger lui à se confier ! La scène avec Wilson est révélatrice : House a peur de créer ce lien affectif qui contredirait sa croyance selon laquelle la science explique tout. Tout son monde moral s’effondre. Alors, il veut s’en sortir par le mensonge, mais Eve n’est pas dupe. House se heurte une nouvelle fois à sa froideur, il ne peut comprendre cette simple vérité : notre vie dépend de nos rencontres, qui ne rentrent pas dans un moule là où House veut classer chaque situation sous une rubrique. Aucune situation ne peut être estampillée sous une étiquette, il n’y a que des cas particuliers. Eve est enceinte de son violeur. Cette révélation ne l’abat pas mais House y est très sensible (son regard quand il l’apprend veut tout dire) ; elle agit comme catalyseur : sa froideur commence à fondre devant la compassion qu'il ne peut s'empêcher d'éprouver pour elle, même s'il la contient (Hugh Laurie calcule son jeu avec une précision vertigineuse). Shore fait dériver son sujet vers l’avortement mais moins pour amener un débat sur le sujet qui serait inapproprié que pour comprendre davantage les personnages et leurs éthiques sur la justice, puis le libre-arbitre et les aléas. Leurs échanges sont de plus en plus philosophiques et bouleversants. Eve et House s'accordent sur le fait que la Vie a un sens, mais la première croit que la Vie a un but, et non House : la première voit la Vie comme un chemin vers un but, le second comme une "fuite des enfers terrestres" ; la première pense que c'est la conséquence ultime (renaissance de l'esprit après la mort) qui donne de la valeur aux actions de la vie terrestre, le second que l'absence de conséquence ultime donne au contraire les actions terrestres leur valeur, même si cela implique qu'il n'y a pas de but dans la vie. Eve ne peut être d'accord avec House car elle veut trouver une raison, une leçon à retenir pour ne pas être prisonnière de son mal. Elle a besoin de croire que sa vie n’est qu’une transition entre le néant et l’après-vie, que de son mal peut naître un bien (le bébé, ou un développement de son courage). Le concept de Vérité est questionné : il est pour l'homme généralement moins fort que les croyances, dont la véracité n'est pas d'important : seuls comptent les effets positifs qu'il tire de ses croyances. Eve croit en l'après-vie parce qu'elle en a besoin, House n'y croit pas parce qu'il en a aussi besoin. Leur lien s'intensifie jusqu'à l'aveu poignant du docteur : Ce qui m’intéresse, c’est-ce que vous ressentez. Il n’avait jamais dit cela à personne. Ils arrivent enfin à communiquer, et Eve comprend enfin pourquoi elle voulait House : elle a senti qu'il est aussi ravagé qu’elle, qu'il comprendrait son traumatisme. Un aveu qui la libère, et lui permet de parler de son horrible nuit. Elle commence sa reconstruction. L’ultime scène est splendide, Cuddy et Wilson félicitent House d’avoir communiqué avec quelqu’un, mais il n’en est pas satisfait. S’il sait pourquoi Eve l’a choisi, House ne sait pas pourquoi il s’est attaché à elle. Pour nous, c’est évident : House a été chaleureux, humain, compatissant… avec une étrangère. Il est trop désespéré et orgueilleux pour le reconnaître mais n’est pas sorti indemne : Eve lui manque mais il doit retourner à son travail. One day, one room… Entendez, un autre jour, une autre pièce demain, la vie continue malgré tout. Une fin tout en retenue et bouleversante. L’intelligence et la logique du texte n’excluent pas l’émotion, bien présente tout au long de l’épisode. En cela, Shore et Campanella ne sont pas loin d'un Rohmer. Ils sont bien aidés par leurs acteurs qui vivent vraiment leurs personnages. Que dire de la pulpeuse Katheryn Winnick, si ce n’est qu’elle accomplit un numéro d’acteur comme on en voit rarement à la télévision ? L’émotion faite femme tout simplement. Le fait que sa carrière ait pris un nouvel élan après cet épisode n’est pas anodin. - Katheryn Winnick a joué dans le même épisode d'Esprits criminels que Peter Jacobson, futur interprète du Dr.Chris Taub dans la série. Il s'agit de l'épisode Crimes à la une (saison 1). (Merci à Shinishi du forum Dr.House pour cette info) Crédits photo: FOX. Images capturées par Clément Diaz. |
SAISON 2
3. Culpabilité (Humpty Dumpty) 4. Être ou paraître (TB or Not TB) 6. La Course au mensonge (Spin) 10. Problèmes de communication (Failure to Communicate) 13. Confusion des genres (Skin Deep) 14. Maladies d'amour (Sex Kills) 15. Bonheur conjugal (Clueless) 16. Protection rapprochée (Safe) 18. Insomnies (Sleeping Dogs Lie) 19. House contre Dieu (House vs. God) 20. De l'autre côté (Euphoria – Part 1) 21. Au suivant… (Euphoria – Part 2) 22. À la vie, à la mort (Forever) La saison 2 persiste dans la direction entreprise. Après un démarrage en fanfare, la saison enchaîne avec une rare régularité les chefs-d’œuvre. Après une très bonne saison 1 mais devant prendre le temps d'assurer son écriture, la série trouve une confortable vitesse de croisière avant le prochain virage qui aura lieu en saison 4. Au niveau du fond, la série étudie tour à tour le thème de la culpabilité (Peine de vie, Culpabilité), la célébrité à tout prix, et ses effets secondaires (La course au mensonge, Confusion des genres), la jeunesse chaotique, qu’elle soit sévèrement bridée (Protection reprochée), ou se perdant dans des orgies à la chaîne (Partie de chasse), sans oublier bien sûr, depuis Question de fidélité (saison 1), l’impossibilité pour un couple de ne pas faire du mal à l’autre (Bonheur conjugal, Désirs illusoires…)… et bien d’autres thèmes ! Cette saison accentue les contrastes par rapport à la précédente en tournant dans un même épisode autant de moments furieusement comiques qu'implacablement dramatiques, de manière plus flagrante. Une seule intrigue secondaire brille au milieu de cette saison : la cohabitation House-Stacy initiée dans les deux derniers épisodes de la saison 1 et qui se poursuivra jusqu’à l’épisode 11 de la présente saison. Riche en échanges et actions assassins entre les deux ex, elle dynamise considérablement cette première moitié de saison. Le trio de médecins devient plus important : Chase est confronté à la bavure médicale (L’erreur), Cameron à la possibilité du SIDA (Partie de Chasse), Foreman devient lui-même un patient en danger de mort (De l’autre côté/Au suivant). Chacun subit des dilemmes moraux, et s’en sort avec des réactions très différentes. Après les sous-entendus du Hameron, le « Huddy » (relation House-Cuddy), commence à émerger à la fin de la saison, il reste cependant marginal. Par son développement harmonieux des personnages, la haute qualité régulière des scénarios, la psychologie des différents patients, l’intéraction maîtrisée de leurs différents rapports sociaux, ainsi que son humour piquant et acerbe n’excluant pas la tragédie la plus sombre, cette saison 2 s’impose comme un sommet absolu de la série. Elle se paye le luxe de se terminer avec un épisode en feu d’artifice et un étonnant cliffhanger. Scénario : Russel Friend et Garrett Lerner - She's got metastatic squamous cell lung cancer.
House, ne se réfrénant aucunement en matière d'antipathie vigoureuse, empoisonne la vie de tout le monde, en gâchant l’après-midi de Chase, ou bien disputant un concours de piques avec Stacy. Leurs scènes tournent toutes au duel verbal dès le début, quand House lâche un mensonge énorme à son ex : l'énorme débarquement de policiers dans l’hôpital est à la hauteur du personnage. Cuddy n’est pas en reste et tente de maintenir son employé qui franchit lignes jaunes sur lignes jaunes. Ce trio est vraiment explosif ! Stacy continue de se comporter de manière trouble avec House, instaurant comme une sorte de relation Steed-Cathy. A retenir, sa mise en garde à Cuddy : Il est craquant, faites attention ! Hugh Laurie repousse les limites de la méchanceté de son personnage avec un entrain délicieux. Sela Ward est son pendant parfait en étant aussi piquante que lui. Un épisode qui fait réfléchir enfin sur quelques thèmes : tout homme a-t-il droit aux mêmes soins, qu’il soit saint homme ou bourreau de la pire espèce ? (Quand House invente une « hiérarchie » volontairement stupide de criminels). Pouquoi sommes-nous jugés sur notre part d’ombre et non notre part lumineuse ? Est-ce la faute à la société paranoïaque dans laquelle nous vivons ? Autant de questions qui naissent à la vue de cet épisode particulièrement réussi, dynamisé par la mise en scène de Daniel Attias, un des plus talentueux réalisateurs de série télé. Infos supplémentaires - Le générique français est légèrement réorchestré à partir de cette saison. Ses qualités musicales restent cependant très limitées ! Les décors de l’hôpital sont, eux, plus neufs et plus colorés. - Fait surprenant, on voit Stacy en blouse. Elle a rencontré son mari à un gala de charité ; House, dans un bar à strip-tease dont l’entrée était à 2$ (qu’elle regrette depuis avoir dépensés). Dans Des maux d’amour (saison 1), House disait que le café Spoleto était un ancien bar à strip-tease, est-ce là qu’il l’a rencontrée ? Elle dit qu’elle aime le faire souffrir quand elle lui parle. Selon House, elle a une voix stridente. - La chanson de l’épisode est Hallelujah de Leonard Cohen, interprétée par Jeff Buckley. Acteurs LL Cool J (1968), abréviation de "ladies love cool James" est un acteur et rappeur américain. Après avoir vécu une enfance chaotique (voyant son père tuer sous ses yeux sa mère et sa grand-mère), il sort son premier album de rap à 17 ans qui est un succès. Il sort régulièrement plusieurs albums tout en menant une carrière d’acteur au cinéma (Halloween, 20 ans après, Peur bleue, Charlie et ses Drôles de Dames, Le Deal, SWAT…). Il écrit parfois la musique de certains films. Après avoir été Marion Hill dans 76 épisodes de la série In the House, "Uncle L" est revenu aux séries 10 ans plus tard avec 30 Rock, Hawaï 5-0 et surtout NCIS Los Angeles où il joue un rôle principal : Sam Hanna (140 épisodes en 2015). Scénario : Lawrence Kaplow - If she's never kissed a boy, it's a fair bet she's never had sex. La noirceur de House se voit tempérée par la scène finale : il descend la voir et Andie le serre dans ses bras. House reste d’une froideur innommable mais son regard puissant et troublé montre bien la confusion qui est en lui : il est capable d’émotion mais par peur de paraître humain (donc faible), il tente de le cacher. Andie, décidément enfant parfaite, devine ce qui se passe dans la tête de House et lui donne conseil de profiter de cette journée, de la Vie, ce qu'il finit par faire. L'on voit que House n’a pas perdu toute son humanité, et un des axes de la série sera la libération de cette humanité de sa prison de glace. On reste pantois devant le talent incroyable de Sasha Pieterse. A 9 ans, elle accomplit une superbe performance d’actrice et parvient dans ses quatre scènes principales, à être impressionnante de vérité et d’émotion, un second rôle hors-classe ! Le cas secondaire du jour est drôlement absurde : un homme, pour satisfaire sa copine juive, s’est auto-circoncis avec un cutter… et ça n’a pas très bien marché ! C’est pas tous les jours qu’on voit des patients qui ont un tel grain dans la tête, et House lui-même reste sans voix. Infos supplémentaires - L’introduction de l’épisode dure 1’09, c’est une des plus courtes de la série. La salle de bains est en fait une maquette, nécessaire pour pouvoir filmer le « tremblement de terre ». Le balcon qui relie les bureaux de House et Wilson est en fait un décor intérieur. Acteurs Sasha Pieterse (1996) est une enfant précoce, à la fois actrice, mannequin, et auteur-compositeur-interprète : elle tourne dès l’âge de six ans dans la série Family Affair (8 épisodes) et depuis tourne à la télévision dans des séries comme Stargate SG-1 (épisode Le voyage intérieur), Les Experts : Miami, FBI : portés disparus, Medium (épisode Toi et moi pour l'éternité), Hawaï 5-0, Heroes (11 épisodes)... Sa performance dans cet épisode a beaucoup contribué à la faire connaître. Elle a tourné dans quelques films comme X-Men : le commencement et son rôle le plus connu est celui d'Alison DiLaurentis dans la populaire Pretty little liars (83 épisodes en 2015). Elle est également musicienne de country-rock sudiste et a sorti 4 singles. 3. CULPABILITÉ Scénario : Matt Witten - He loses that hand, he loses his job, he loses his home, his kid brother drops out... Parce qu’elle prépare un dîner, Cuddy demande à Alfredo, son couvreur mexicain, de travailler plus longtemps malgré son asthme. Mais Alfredo finit par tomber du toit. Amené à l’hôpital, tout le monde constate avec horreur que sa main droite noircit : elle se nécrose et il risque de perdre tout espoir de travailler. Cuddy, en proie à une profonde culpabilité, interfère dans le diagnostic de House dans l’espoir de se racheter mais ne fait qu’aggraver son état. Stacy tente de calmer le jeu entre les deux médecins... Les dialogues sont d’une puissance incroyable. House sermonne Cuddy sur sa faiblesse : elle est attachée à Alfredo, donc son diagnostic n’est pas neutre, donc son jugement est faussé. Curieusement, House subira de temps à autre des pertes d'objectivité (dès cette saison, dans Euphoria). Mais en attendant, House « ayant raison » profite de sa supériorité pour mettre Cuddy en face d’elle-même avec cette fois un ton doux inhabituel. Le final dans le bureau où il prononce une de ses plus belles tirades est un grand moment d'émotion… qu’il réduit immédiatement en pièces en faisant une énorme avance sexuelle ! Eh oui, House, ennemi du sentiment jusqu’au bout. L'épisode n'édulcore aucunement le sort tragique qui va frapper la famille d'Alfredo ; on pourrait craindre qu’un pathos lourd en découle, mais les auteurs se servent de House pour saboter joyeusement tout début de dégoulinade via réparties grinçantes ou colères contre Cuddy et Stacy (qui parvient toutefois à le mater avec un sec Shut up !), sortant du drame lacrygène vers une attaque amère du rêve américain. Le spectateur prend par ailleurs conscience de la force qui anime Stacy, et comment elle a pu supporter House pendant cinq ans : elle est aussi solide, aussi entière, aussi forte en déduction que Sherlock House, et est la Raison incarnée. Mais comme on le sait, House est le premier mot du dictionnaire des antonymes quand on regarde à "Raison". On aime beaucoup ainsi la scène où House se venge de son ex dans la salle de consultation (où il ne consulte personne bien entendu). Sela Ward enchaîne réprimandes et coups de gueule avec un entrain communicatif. L’humour n’est pas absent car la fouille de l’appartement de Cuddy est un moment de pure comédie entre paris truqués, farces débiles, et considérations sur les strings et les tampons de Cuddy, ce qui nous vaudra une scène hilarante de cette dernière. Stacy nous prouve qu'elle sait jouer à Sherlock Holmes en devinant ce que lui cache Wilson. Shippers : à vos claviers : une tension sexuelle s’instaure lors des fouilles des appartements avec une Cuddy éludant les questions sur ses rapports avec House (et inversement). Infos supplémentaires
Acteurs : Ignacio Serricchio (1982) a commencé sa carrière avec cet épisode. Il poursuit depuis une bonne carrière avec des rôles récurrents dans plusieurs séries : Hôpital Central (20 épisodes), Ghost Whisperer, Privilegied (6 épisodes chacun), Bones (4 épisodes), Witches of the east end (9 épisodes), The Bay (14 épisodes), Les Experts, Les Experts : Miami, Covert affairs... 4. ÊTRE OU PARAITRE Scénario : David Foster - You're just mad because he's closer to a Nobel Prize than you are. Sebastian Charles, un médecin très populaire, combat la tuberculose en Afrique. Lors d’une réunion avec son sponsor, il s’écroule. Il est certain d’avoir attrapé la maladie mais House pense qu’il souffre d’un mal plus sérieux. House déteste tout de suite son patient « exemplaire ». Lorsque Charles commence à flirter avec Cameron qui ne semble pas insensible, House craint qu'elle perde son objectivité… En fait, l'on voit que Foster a voulu donner une opposition à House avec un médecin gentil, mais sa fadeur le rend insignifiant, et échoue à donner une alternative valable. On comprend alors qu'il ait voulu éviter avec un personnage si faible une confrontation directe avec le diagnosticien (Cameron sert d'intermédiaire), mais cela confirme l'inanité de l'idée de départ. Il faudra attendre Martha Masters en saison 7 pour avoir un médecin gentil qui tienne la dragée haute à House. L'auteur a voulu en contrepoint montrer un commencement de romance entre Cameron et Charles (avec une pointe de jalousie de Chase, annonciateur de ce qui arrivera dans les épisodes suivants), mais cette facette de l’histoire est d’une médiocrité agaçante : non seulement, les comédiens adoptent un jeu compassé, mais l’académisme des situations plombe le rythme : Cameron défendant Charles, Cameron veillant sur Charles, Cameron souriant à la drague pas très subtile de Charles, etc. Les fans du Hameron (relation Cameron-House) doivent passer ici leur chemin tant House a l’air tout à fait au-dessus de cette amourette sans lendemain. L’étreinte platonique entre les deux intéressés apparaît donc comme logique et constitue le seul point réussi de cette tentative. Ron Livingston sous-joue son personnage, Jennifer Morrison est atone à souhait quand elle ne surjoue pas la colère. L'actrice doit vraiment affiner son jeu (ça ne tardera plus, rassurez-vous). Heureusement l’épisode est relevé grâce à un House bien salaud qui balance traits sur traits et fait disjoncter toutes les règles de bienséance (interview sabotée, cours sur l‘art d'insulter une patiente, vol de steak à la cantine...) si par hasard on avait encore quelques doutes sur le sujet ! Le cas secondaire marche cette fois à l’humour noir où Foreman commet une bourde… et c’est House qui paye les pots cassés grâce à Cuddy qui semblait n’attendre que ça. C’est finalement la résolution de ce cas qui constitue la meilleure scène de l’épisode : House, profitant de son handicap (la faiblesse devient une force) réussit à s’excuser auprès de la patiente… sans s’excuser ! Ce faux-semblant est tellement énorme qu’il déchaîne le rire. Cameron elle-même en semble amusée. Ca y’est, elle commence enfin sa mue… Hugh Laurie, survolté, et Andrea Bendewald, très cassante sont excellents. Donc un scénario faible, un patient oubliable, mais des dialogues étincelants !
Scénario : Thomas L. Moran - Bad night at poker or great night with a hooker. Carnell Hall, un jeune lutteur, termine son année en faisant la fête ; mais en plein milieu de soirée, de violentes décharges électriques le saisissent et le font hurler de douleur. A l’hôpital, House et son équipe se rendent compte que lui et Ken, son père, ne cessent de se mentir l’un l’autre. Quant à House, il reçoit un appel de ses parents qui, de passage, veulent lui rendre visite ; House tente alors par tous les moyens d’éviter de les voir… La scène finale est ainsi une des plus désolantes écrites pour la série, avec une scène de faux espoirs non seulement insupportable en elle-même mais qui rend vain tout ce qui a précédé : aucune évolution ne s'est faite tant chez le fils que chez le père, positive ou négative. Si le pessimisme est souvent présent dans la série, il est ici lourd, pesant, et vidé de toute émotion par sa vacuité. Seule la surprise du diagnostic final est bien trouvée. Clifton Powell arrive à se dépêtrer dans son rôle lacrymal, ce qui n’est pas le cas de Vicellous Reon Shannon qui s’enfonce sans rémission. Mais la scène la plus réussie demeure celle où House se paye la tête de Wilson en « testant » son amitié. Mais il ne voit pas le retour de bâton venir et Wilson lui répond du tac au tac, le laissant maté. La scène où House demande des consultations nocturnes à Cuddy (c’est le monde à l’envers !) est également bien acérée, chacun rembarrant l’autre avec délectation. Sans oublier LA réplique de l’épisode : House disant Bonjour maman, je suis content de te voir, et sa mère de répondre : Oh Greg, ne mens pas ! - House menace Cuddy de lancer une rumeur comme quoi elle serait transsexuelle. C'est une allusion à un précédent rôle de Lisa Edelstein dans la série Ally McBeal. Durant cinq épisodes de la saison 4, elle incarnait Cindy McCauliff, une transsexuelle qui séduisait malgré elle Mark Albert, un des avocats du cabinet Cage & Fish, ignorant son secret (merci à Dayllahc du forum Dr.House pour cette information). 6. LA COURSE AU MENSONGE Scénario : Sara Hess - Is there a light somewhere that goes on when I have food ? Cameron est mise en avant, seule à ne pas apprécier le malade car ni ses collègues ni House sont choqués de son dopage (désabusés, ils sont à deux doigts de le justifier !). Le bouillonnement de Cameron, sur le point de tout révéler aux journalistes est palpable tandis que Wilson s’interroge avec elle sur le devoir de vérité : faut-il dire la vérité à tout prix ? Certes, Jeff a triché mais sa faute rejaillerait sur ses proches et elle se comporterait en moralisatrice si elle déballait l’affaire : pourquoi faire une révélation qui ne servirait qu’à faire du mal sans autre contrepartie que de sauver la morale ? Le jeu en vaut-il la chandelle ? Finalement, le passé de Cameron vient la rattraper et lui fait prendre sa décision tandis que nous apprenons que Wilson est - comme House - quelqu’un qui assume ses choix et ses erreurs (son infidélité), sans qu’il en tire gloire pour autant. Leurs deux scènes communes marchent parfaitement bien, surtout la deuxième où ils ne peuvent que constater l’amoralité de la situation finale. La colère prend ici les traits de l’ironie et cela accentue l’amertume du happy end. Jennifer Morrison ne parvient toujours pas à débloquer son jeu restreint, à la différence de Robert Sean Leonard, systématiquement bon. On est ravis que son rôle soit plus étendu dans cet épisode. Le cas secondaire, quoiqu'anodin, se montre joyeusement absurde, et bénéficie de l'inénarrable Tom Lenk que les amateurs du Buffyverse connaissent très bien pour avoir été l'hilarant Andrew, parangon de la geekitude bouffonne ; sans atteindre de tels extrêmes, on s'amuse quand même bien en sa compagnie. Curieusement, quelques visages de marque de Buffy vont défiler au cours de la série (Dawn et Warren cette saison). L’épisode demeure sous haute tension grâce à la tournure acide que prend la relation entre House et les Warner. Les affrontements entre House et Mark sont des échanges de flèches empoisonnées dégainées à toute vitesse, tandis que House et Stacy s'engueulent à fond la caisse ; c'est rythmé, et rétrospectivement, on aurait pas été contre un prolongement de ce duel des esprits qui épice au tabasco ces épisodes. Finalement, la réconciliation provisoire de « Greg » et Stacy, bien que surprenante, est cohérente, dans la lignée de leur relation agitée. La scène dans le bureau de l’avocate, grâce aux jeux subtils et expressifs de Sela Ward et Hugh Laurie, est la clé de voûte de l’épisode, quand sont dévoilés les sentiments contradictoires de Stacy. Fait rare, l'épisode se finit par un cliffhanger, où l'on sent que le "Houcy" va crépiter encore davantage ! Sela Ward, pleine de cynisme et de fureur, réussit une de ses meilleures interprétations tandis que Currie Graham joue bien son rôle d’opposant ironique et irrité.
- Cuddy consulte le site de rencontres DocMixer.com (site fictif) et communique avec un certain Maxwell Abatte. Cuddy cherche donc un homme et la suite de la saison ainsi que la suivante vont nous montrer en fait son véritable but. Acteurs Kristoffer Polaha (1977) est un comédien qui s’est surtout consacré à la télévision. Il a surtout joué dans des séries très populaires et souvent de grande qualité comme Angel (épisode Billy), Roswell, Tru Calling (3 épisodes), North Shore (21 épisodes), Les Experts, Les Experts : Miami, Bones, FBI portés disparus, Dollhouse, Mad Men (4 épisodes), etc. Et joue un des rôles principaux (Henry Gallagher) de la série Ringer aux côtés de Sarah Michelle Gellar (qui joue sa maîtresse). Tom Lenk (1976) est surtout connu pour avoir été Andrew Wells dans 26 épisodes de Buffy contre les vampires, et 2 de son spin-off d'Angel. Fidèle comparse de Joss Whedon (Beaucoup de bruit pour rien, La cabane dans les bois), il fut également de Six feet under, Joey, How I met your mother, Nip/tuck, The Guild, etc. Scénario : Liz Friedman - Where are you ? L’épisode traite aussi efficacement le lien s’instaurant entre Kalvin et Cameron, à l‘opposé complet l‘un de l‘autre : la sainte-nitouche et le jouisseur impénitent. Leurs scènes communes se déroulent selon le principe souvent frucutueux des vases communicants : Cameron fait prendre conscience à son patient de la vacuité de sa vie, tandis que Kalvin réussira à la décoincer de son angélisme excessif, ce qui mènera à son hallucinant coup de folie. Si Cameron va amorcer sa mue, l’épisode se termine sans que l’on sache si Kalvin réussira à changer de vie ou si, piégé dans sa spirale, il la gaspillera jusqu’à ce qu’il s’effondre. Encore un happy end bien amer malgré le possible pardon de son père… Matthew John Armstrong apporte une composition impeccable, bien servi par un personnage profond ; un talent volontaire et enthousiaste ! Ce pan de l'histoire est savamment écrit. Si le cas est très bon, on retient surtout la méthode extrême utilisée par House pour confirmer le diagnostic, on reste pantois devant une telle audace. House et Stacy prennent le virage opposé de l’épisode précédent. Ils se rapprochent sous l’impulsion d’un House plus manipulateur que jamais. Sachant désormais que Stacy ne couche plus avec son mari, il se montre aimable, gentil (c’est délirant hein !)… et Stacy est touchée par cette soudaine chaleur, ne voyant pas que House cherche à la séparer de Mark. Le rat du grenier est un McGuffin très drôle pour que House squatte chez elle ! Leurs scènes sont de plus en plus intenses jusqu’à la celle du grenier où House semble regretter ses erreurs. Il est impossible de savoir s’il est sincère ou s’il joue son numéro de reconquête - quoique les épisodes suivants inclineront en faveur de la première hypothèse, signe que House peut être vrai dans un processus de manipulation, ce qui le rend encore plus fascinant. Cette suave ambiguïté est toujours très émouvante. Le jeu de leurs regards, le ton de leurs voix est maîtrisé à la perfection ! Sela Ward parvient après son échec dans Cours Magistral (saison 1), à adoucir son personnage de manière convaincante. Mais House, dans la dernière scène, finit par se trahir car il a sous-estimé la connaissance que Stacy a de lui. En plus de ce suspense sentimental, c'est bien à un affrontement mental intense auquel nous assistons. L’humour domine cet épisode pourtant sombre dans ses thématiques. Une des scènes les plus burlesques est un pastiche de western-spaghetti quand House tente d’attraper le rat du grenier (Ca va saigner !!!) : silence total, gros plans à la Leone, main qui s’avance vers l’arme… Gloria Muzio, en grande forme dans cet épisode, réussit parfaitement cette scène complètement décalée, il ne manque plus que la musique de Morricone… On cite House demandant à Foreman de diagnostiquer la maladie du rat, l'hommage dada à Steve McQueen, et bien sûr LA scène de l’épisode où Cameron, l'ange idéaliste, se transforme en bête de sexe sous l'influence d'un peu de neige qui fait rire. D’ailleurs la descente est difficile car Cameron subit le lendemain une énorme gueule de bois ce qui nous vaut un joli échange sur le port des capotes ! Jennifer Morrison accomplit sa première grande réussite d'actrice dans la série en réussissant tous ses changements d’attitude : jeu normal au début, jeu blanc pour la dépression, cabotinage hilarant pour la scène de défonce et de descente, expressive sans excès dans la colère, poignante dans l'inquiétude. Bref, un épisode à ne pas manquer ! - La salle de diagnostic est au 3e étage (Cameron appuie sur ce bouton de l’ascenseur). Scénario : Peter Blake - If Chase screwed up so badly, why didn't you fire him ? Le Dr.Chase doit comparaître devant ses supérieurs pour avoir, six mois plus tôt, tué par négligence Kayla, une de ses patientes. House, responsable de Chase, est également sur la sellette. Cuddy demande à Stacy de défendre Chase, mais l’avocate doit aussi parler à House, avec qui elle est en conflit total. Pour ne rien arranger, elle s’aperçoit que les deux accusés ne cessent de lui mentir… Que Chase apparaisse plutôt transparent dans un épisode centré sur lui montre que l'épisode n'est pas arrivé à aller jusqu'au bout de son concept. La série réussira davantage ses épisodes "conceptuels" en saison 6. House lui vole donc la vedette que ce soit pour engueuler un Chase révolté, ou à répondre du tac au tac à son ex avec qui il multiplie les passes d’armes, etc. On s'autorisera quand même une réserve : pourquoi Chase n’a-t-il pas révélé à Stacy d’entrée la raison de sa distraction ? Cette chute, empreinte de gravité est même un peu forcée. Le verdict final a une part d'imprévisibilité car House subit une sanction inattendue, bénigne et humiliante. Mais il faut noter le mauvais sourire en coin qu’il décoche dans le plan final : il a perdu une partie, mais Foreman n’a qu’à bien se tenir ! Dans cet épisode en flashbacks, des fantaisies de mises en scène sont disséminées çà et là comme Stacy apparaissant tout à coup à côté de Chase pour vérifier ses dires, ou des arrêts sur image le temps de revenir à la réalité, ou une scène vue sous différents angles selon que Chase ou House mentent plus ou moins, sans oublier le gag décalé du flacon de vicodine. La grande variété des plans accordée aux scènes de dialogue permet une grande vivacité. David Semel accomplit là un excellent travail. Scénario : Michael Roger Perry (crédité comme "Michael R. Perry") - What do you expect me to do, House ? Quit ? Cry ?
- Actually, I expect you to act like what you are : my employee, my subordinate, my bitch.
Anica Javanovitch s’évanouit dans un bar sous les yeux de House. Cependant, la patiente semble être habituée aux rendez-vous médicaux à tel point que Cameron soupçonne Anica de s’injecter des produits pour se rendre malade et ainsi rester le plus possible dans les lieux médicaux (Syndrome de Munchausen). House pense à autre chose de plus grave. Mais étant désormais sous les ordres de Foreman, sa marge de manœuvre est limitée, ce qui n’est pas sans l’irriter...
Faux-semblants est un épisode d'acteurs, leurs personnages ont l'occasion d'annexer de nouveaux traits de caractère. Cameron surprend tout le public : elle se transforme en manipulatrice qui refuse de se laisser prendre au jeu d’Anica en lui balançant ce qu’elle pense réellement d’elle. Le piège pervers qu’elle lui tend est machiavélique, digne… de House ! D’ailleurs, lui-même n’a pas l’air d’en revenir ! Cameron, persiste en crachant son venin sur Cuddy qu’elle accuse d’être misogyne car ayant peur qu’une autre femme comme elle ait du pouvoir. Chase et House se montrent peu solidaires ; derrière le vernis comique de leurs vannes, l'on voit à quel point les bonnes relations ne sont que des façades, chaque personnage voulant écraser l’autre sous la couche policée des politesses de rigueur. Rarement, cette fissure aura été si palpable. Jennifer Morrison rend convaincant l'insoupçonné côté intéressé, ambitieux, et manipulateur de Cameron. Il s'agit ici de la première manifestation de l'influence de la méthode House, influence qui nous vaudra de beaux moments sombres. C’est dans la relation House-Foreman que l’épisode pétille le plus. Forcé d’obéir à son « subordonné », House commence à le tyranniser avec force coups tordus en crescendo burlesque ou carrément amoral (trucage d'examens, un gimmick de la série). Foreman a la possibilité de s’imposer face à son ancien patron et avancer SES hypothèses et SA façon d’agir, coups de gueule à la clé. Mais Foreman ne peut l’égaler en domination comme quand House lui démontre que sa prudence est guidée par sa poltronnerie, et son incapacité à prendre une décision tranchante. Omar Epps, en « boss » dépassé est excellent. House étant limité dans ses mouvements, cela mène à une scène ahurissante : il fait du charme à une belle infirmière pour avoir des résultats, et le pire, c’est que ça marche ! Le sex-appeal de House est décidément très élevé, les fans féminines ne diront pas le contraire. Si le revirement de Cuddy sur ses projets à propos de Foreman était attendu, il reste ambigu : était-elle sincère ou non ? Quoiqu’il en soit, même si Foreman est incontestablement le médecin le plus compétent du trio, il n’arrivera jamais à contrôler House ou à le surpasser en audace ou en coups tordus. Sa nomination provisoire est donc bel et bien un cadeau empoisonné. Fans du Hameron, vous noterez que Cameron a un grand sourire quand House prend ses mains pour qu’elle l’enlace sur la moto. Plus légèrement, quand Wilson paye quelque chose pour House, ce dernier prend aussi la monnaie. Culot, quand tu nous tiens… - Dans la vie d’Anica, le sexe ne semble pas partie importante de sa vie. Quand on sait que Cynthia Nixon a joué un personnage à la vie sexuelle assez riche, on ne peut s’empêcher de sourire ! - Imelda cite Salma Hayek comme modèle de beauté. Salma Hayek (1966) est une actrice-réalisatrice-productrice mexicano-libanaise, réputée pour son talent d’actrice mais surtout pour sa grande beauté physique. L'infirmière réapparaîtra dans Tout seul (saison 4). 10. PROBLÈMES DE COMMUNICATION Scénario : Doris Egan I teach you to lie, cheat, and steal, and as soon as my back is turned you wait in line ? Doris Egan a cependant eu la bonne idée de laisser le premier plan à la relation House-Stacy qui franchit un nouveau cap. Après l'hilarante scène judiciaire introductive, la tension sexuelle s'accroît avec un House très chaleureux non par les mots mais par un body language plus intime (quelle précision dans le jeu de Hugh Laurie !), et une Stacy qui se bat pour rester réfrigérante, figée dans la peur de ne pas pouvoir se contrôler. L’adrénaline monte lorsque Stacy réserve pour eux deux une chambre d’hôtel avec lit double : on commence à flirter dangereusement avec la ligne jaune ! Cette scène est le sommet de l’épisode : l'on retient son souffle tandis que Stacy dit la déclaration d’amour la plus épicée des séries TV (God, I really miss curry) où le curry vindaloo, condiment fort et pimenté est la métaphore de leur relation : terriblement addictive et douloureuse à la fois. La série aimera de temps à autre comparer les relations amoureuses avec la nourriture. Cette scène, très intimiste, drôle, et sobre, est excellemment réalisée par Jace Alexander avec des plans bien axés sur le lit à deux places qui attend les amants. House chauffe encore plus l'ambiance avec un jeu d’attraction/répulsion très excitant. Reste que son attitude est encore une fois ambiguë : et s’il avait subitement peur de l’acte et tente de retrouver un semblant de morale ? On ne le saura jamais, le baiser brûlant de Stacy l’interrompant… En parallèle, une fronde se met en marche avec l’animosité de Chase qui ne veut pas obéir à Foreman. Le remplaçant de House semble avoir abandonné tout espoir de se faire respecter. Lui-même préfère déléguer la direction du cas à House. Cameron est la seule à réagir avec bon sens en maintenant la diplomatie. Mais tout comme un musicien d’orchestre ne peut s’improviser chef, Foreman n’a pas assez d’autorité comparé au misanthrope diagnosticien. D’ailleurs, on s’aperçoit combien nos trois médecins sont impuissants sans House : l’état s’empirant sans explication, une Cuddy peu encline à leur faire confiance... la scène où le trio se gêne mutuellement dans la séquence d’asphyxie montre leur confusion. Ou comment quelqu’un que l’on déteste et craint reste indispensable. Ce sentiment de haine/respect entre House et ses subordonnés est un atout bien utilisé dans la série. Ils ont besoin de lui, et eux-mêmes l’avoueront à la fin de la saison 3. On remarquera que la série attaque aussi la modernisation outrancière des hôpitaux. Ainsi, la robotisation générale a failli tuer le patient alors qu’un simple examen empirique de son sang suffit à trouver le diagnostic final. Comme quoi, le progrès n’a pas que de bons côtés ! La machine ne pourra jamais remplacer un cerveau humain nous rappelle salutairement la série. L’humanisme est une valeur défendue par la série, même si pour des besoins dramatiques, elle montre souvent notre face d’ombre.
11. DÉSIRS ILLUSOIRES Scénario : Pamela Davis - Symptomatic of... lunch with Cuddy ? Margot Dalton, mère de famille débordée vivant à cent à l’heure, est prise de spasmes incontrôlables. L'équipe pense d'abord à un effet secondaire de son traitement contre la stérilité, mais son état empire sans explication. De leur côté, House et Stacy sont au pied du mur : doivent-ils se remettre ensemble et abandonner Mark ?… Alors que Stacy accepte de briser son mariage, l’intervention de Mark chamboule tout. Cette scène est le climax de l’épisode. Mark pressent la vérité, et se lève de son fauteuil roulant pour rattraper un House fuyant son regard. Ce faisant, il ruine entièrement ses trois mois de rééducation. House, mi-méprisant, mi-choqué, prend enfin conscience que bien que Stacy soit la femme de sa vie, Mark l’aime davantage que lui. La scène finale est splendide car jouant à fond sur une de ses meilleures cartes : la psychologie. House choisit un déchirant sacrifice qui n’est pas sans rappeler le final de Casablanca (1942) de Michael Curtiz, en plus triste, car il n’y a pas de « beautiful friendship » qui compenserait ce final bouleversant. La personnalité de House fait que cette fin conventionnelle au premier abord devient originale et inattendue. Mais c’est à ce moment que Wilson arrive pour remettre brutalement House à sa place. Il détruit toute la beauté de son geste, le considérant non comme un sacrifice courageux mais comme une couardise idiote : House est incapable de s’imaginer heureux. Masochiste au fond de lui-même, il refuse le bonheur car cela le rendrait « humain ». Or House, à aucun prix, ne se défera de son enveloppe de glace, primordiale pour qu’il demeure efficace dans son travail. Le superbe aphorisme de Wilson : Tu ne t’aimes pas mais tu t’admires résume tout le personnage qui n’aurait finalement agi que par égoïsme et stupidité. Cette déclaration fracassante laisse House et le téléspectateur muets, précipitant la fin dans une grande noirceur. Wilson a raison, mais le triste panorama final demande une nuance : House n'a cessé de suggérer de plus en plus explicitement son amour pour Stacy, et il est clair que sa décision finale relève autant de son souhait de bonheur pour elle que de sa capacité à détruire tout sentiment de bonheur en lui. House s'impose décidément comme un des personnages les plus complexes de l'histoire des séries télé. Cet épisode interroge sur le thème du bonheur : sait-on ce qui nous rendrait heureux ? Comment y parvenir si on s’invente mille excuses pour ne pas y arriver ? Ainsi nous quitte Stacy Warner, qui neuf épisodes durant, nous aura tant apporté. Le Houcy, supérieurement écrit, nous a captivés jusqu‘à son émouvante fin. Les scénaristes ne retrouveront plus un tel niveau dans les écritures amoureuses ultérieures, tout en compensant par une maîtrise sidérante de la psyché humaine. Au revoir aussi à Mark Warner. Le triangle Hugh Laurie-Sela Ward-Currie Graham se met en quatre pour nous émouvoir, et ils y réussissent. Hugh Laurie joue con brio l'équilibriste sur la corde raide d'un personnage bourré de contradictions. Derrière un fameux bobard qui a fait soupirer bon nombre de fans du Hameron, l’épisode pose une question existentielle : faut-il toujours tout savoir ? Ignorer une information importante mais tragique, est-ce mieux que de tout déballer ? Encore le dilemme éternel de Socrate : vérité ou bonheur ? Comme si ces deux notions restaient tragiquement incompatibles, d'autant que la devise de Cameron dans l’épisode 2.15 semblera le confirmer. Nouvel exploit de l’épisode : il évite la prévisibilité lors de la remise des résultats de Cameron par le comportement de House qui se comporte vraiment en salaud génial pour le coup. On finit en mentionnant l’imitation de Stacy par Cuddy (devil mind au passage), et Wilson préparant de la marijuana pour une de ses patientes. Ca y'est, on tient le fournisseur de la clinique McNamara/Troy !
Scénario : Lawrence Kaplow - I hear bowling is more fun than stalking. Mais comme souvent dans la série, c’est l’histoire parallèle qui excite notre intérêt. La confrontation Weber-House donne une succession de scènes toutes aussi entraînantes qu’hilarantes, bien entamé par Cuddy bien humiliée par une manipulation Housienne, et poursuivie par House perturbant royalement le cours de Weber sous les yeux épouvantés de Wilson. Le duel verbal entre les deux rivaux est dévastateur en diable, et Weber parvient même à remporter la première manche. L’épisode mentionne une ressemblance de plus entre House et Sherlock Holmes : Dans Une étude en rouge, Stamford dit à Watson que Holmes serait capable de s’administrer lui-même un produit dangereux juste pour connaître les effets du poison. Ainsi, House s’injecte lui-même le fameux produit censé prévenir toutes les migraines possibles après s’être injecté… de la nitroglycérine pour avoir une migraine ! Toutefois, alors que Holmes aurait fait cette expérience par amour de l’art, une raison bien plus perverse a dirigé House dans cette décision. Ainsi, House s’inspire de son modèle mais tout en conservant sa personnalité propre. Cette raison est révélée dans le moment « psychologie » rituel où Wilson frappe à la porte de la conscience de House. Ce moment est ici particulièrement réussi : House était perdant dans tous les cas : ou il se serait condamné à souffrir physiquement car le médicament ne marche pas, ou il aurait été frustré de ne pouvoir contredire son adversaire. Wilson lie la recrudescence du masochisme de son ami au départ de Stacy. Bien que House le nie, la suite de la saison prouvera que Wilson, comme toujours, ne s’était pas trompé… On mesure à quel point la relation que noue House avec lui-même est complexe : il se déteste profondément, s’obligeant à souffrir comme une sorte d’autopunition inconsciente (sa vengeance envers Weber n’est qu‘un prétexte pour se faire souffrir). Mais en même temps, il a une telle admiration de lui-même qu’il est sûr d’avoir toujours raison. Ainsi la maxime de Wilson de l’épisode précédent Tu ne t’aimes pas mais tu t’admires trouve sa parfaite illustration. Dan Butler est excellent en neurologue aussi caustique que son collègue. Que les intentions de Weber ne soient pas mauvaises au fond évite tout manichéisme. La scène de résolution où House philosophe en regrettant que « l’univers » devrait tout équilibrer alors qu’il ne le fait pas est plus forte qu’à première vue : elle révèle que House regrette un manque de justice, un manque d’équilibre dans les situations du monde. Sa tristesse devant cette Vie pleine d’aléas est peut-être la cause de son athéisme. C’est d’ailleurs la première raison invoquée par ceux qui se réclament comme non-croyants. Cette scène braque d'ailleurs un premier projecteur vers le finale de la saison 4. Voir House diriger le diagnostic alors que sa migraine épouvantable le torture est d’un excellent effet : malgré la douleur intense, il trouve le moyen de vanner, de rappeler à l’ordre… Finalement, il se met à délirer, complètement défoncé et voyant des hallucinations : une scène à ne pas manquer avec musique appropriée. La discussion finale avec Cuddy est une des plus dingues de la série. Sa victoire finale permet aussi de dénoncer le manque de rigueur des laboratoires pharmaceutiques ou les pratiques douteuses, appliquées dans des pays pauvres pour diminuer les coûts et faire des tests tout aussi douteux en toute discrétion. Entre autres scènes, on s’amusera des fausses sorties de House, de ses réparties vachardes, ou de la scène finale qui montre le vide de sa vie personnelle et sa frustration sexuelle (superbe plan de House seul dans son grand appartement) : il ne couche plus avec son ex, sa libido crie famine, et il revient aux « tapineuses », symbole de son échec sentimental. Une fin amère. 13. CONFUSION DES GENRES Scénario : Russel Friend, Garrett Lerner, et David Shore, d'après une histoire de Russel Friend et Garrett Lerner - Come on, Cameron. It's nothing to be ashamed of. Many women develop breasts.
Alex, jeune top-model de 15 ans aux formes généreuses et à la féminité exacerbée, est prise de nausées durant un défilé de mode, frappe violemment une autre mannequin, et s’évanouit. House soupçonne une prise d’héroïne, puis son père Martin (aussi son manager), d’abuser sexuellement de sa fille. Toutefois, il a du mal à traiter le cas efficacement car la douleur de sa jambe est devenue subitement plus forte…
L’humour alimente l’épisode grâce à un House survolté : il adopte tout de suite le cas car c’est une top-model, se moque de Cameron, crie à une femme enceinte trop braillarde de la fermer, s‘amuse à faire apparaître et disparaître les symptômes d‘Alex, ou encore la mauvaise blague de fin… Même les deux révélations finales ont quelque chose de comique. Mais ce sont les scènes avec Wilson qui déchaînent le plus de rires, quand House le frappe avec sa canne, et surtout la scène en plein délire de l’IRM. Il y'a aussi le cas secondaire assez burlesque où Cuddy se retient de pouffer. L’épisode frappe fort quand il s’agit de dénoncer le monde des apparences dans lequel nous vivons. Après Symptômes XXL (saison 1) et la dictature de la minceur, Confusion des genres exprime bien la dictature de la beauté, atout artificiel érigé en condition sine qua non pour réussir vite et bien. Les filles du défilé de la scène d’intro sont hyperformatées, le père d’Alex utilise un langage aussi formaté, cru pour vanter la beauté de sa fille, distinguant son statut de père et celui de manager. Le fléau de la drogue est également sous-entendu tandis que celui des coucheries est mis en avant avec force lors de la scène Alex-Cameron : Alex, blasée, a couché avec tous les hommes dont elle avait besoin pour grimper les échelons ; elle ne l’a fait ni par plaisir ni par dégoût : prix à payer pour vivre dans un monde de strass, de paillettes, où le clinquant triomphe de tout, qui vous procure gloriole (mais temporaire) et argent (jusqu’à ce que vous ne soyez plus assez belle). Bref, un monde rempli d’apparences, et on a presque pitié de cette pauvre fille dont la féminité est l'unique atout : la révélation finale est donc d’une grande cruauté pour elle car niant cet avantage charnel. D’où un faux happy end flirtant avec le unhappy end tout court. Bonne interprétation de Cameron Richardson, mais Tom Verica est plus limité. Jennifer Morrison confirme les récents progrès de son jeu avec de bonnes scènes de révolte, mais c’est Hugh Laurie et Robert Sean Leonard, dans leurs scènes de pure comédie, qui raflent la mise par les rires qu’ils déchaînent. 14. MALADIES D'AMOUR Scénario : Matt Witten - I assume that you've been in love. Mais le sérieux n’est pas défavorisé avec l’énorme bévue involontaire de l’employée de l’agence, et les souffrances psychiques répétées du mari jusqu’au surprenant double twist final avec deux révélations très noires, symptomatique de la vision de la série toujours pessimiste des époux, qui s’aiment sincèrement, mais jamais francs entre eux. On va d'ailleurs en avoir le nadir dans le terrible épisode suivant. Parallèlement, on s’amuse des difficultés à répétition que rencontre House dans ses quêtes de cœur (sans jeu de mots). A noter que le veuf a tout de suite cerné le personnage de House : "I assume House is a great doctor, because when you're that big a jerk, you're either great or unemployed". Cet épisode n’échappe pas à la veine militantiste de la série qui s’attaque cette fois à ces laissés-pour-compte que sont les séniors. La scène du comité de greffe véhicule ce message : les membres du comité refusent la salvatrice transplantation car le patient est trop âgé. House les accuse de préférer réserver leurs ukases aux jeunes personnes malades (car les grands-pères ont déjà bien vécu…) d’où une démonstration de la différence de traitement accordé aux patients selon leur âge. Mais la scène ne tombe pas dans le manichéisme car la décision des médecins demeure bien difficile à démêler éthiquement. Ce cas de conscience évite l’opposition House a raison/méchants autres médecins. Le cas secondaire est absolument hé-nau-rme, avec un jeune homme qui avoue avoir des penchants zoophiles envers les vaches ! La rencontre entre ce malade de première et un House déchaîné permet trois petites scènes de pur burlesque ; d’autant que le jeune homme est interprété par Adam Busch qui retrouve des intonations du supercrétin Warren Mears (du moins, dans ses premiers épisodes de Buffy) avec un festival de mimiques excessives. La conclusion est à se serrer les côtes. Un cas joyeusement barré. D’ailleurs, Michelle Trachtenberg (Dawn) va se retrouver bientôt à Princeton-Plainsboro, de quoi regretter que Sarah Michelle Gellar n'y soit jamais venue (ou Alyson Hannigan ; signé un fan d'Alyson Hannigan). Un cross/over entre les deux séries aurait pu donner quelques scènes croustillantes ; je voyais bien House diagnostiquer Spike pendant qu'ils battent le record du monde du championnat de tchatche, Drusilla en quête d'un coeur tout chaud, ou Buffy tuant un démon avec une seringue… 15. BONHEUR CONJUGAL Scénario : Thomas L. Moran You do realize that the point of metaphors is to scare people from doing things by telling them that something much scarier is going to happen. God, I wish I had a metaphor to explain that better. La série n’a jamais raté une occasion de pilonner le Couple. Dès Question de fidélité (saison 1), la série donnait sa thèse : l’amour dans le couple est sincère mais les époux restent étrangers l’un à l’autre. Déçu forcément par celui ou celle que l’on aime, la douleur, la tristesse entrent alors dans la vie quotidienne. On peut essayer de détruire la routine par un changement de vie ou par une sexualité débridée (comme ici ou comme le fera le ménage Taub dans Le héros du jour en saison 7), mais ce n’est qu’un écran de fumée masquant de manière éphémère l’échec de la relation. La Vérité est un concept souvent étudié dans la série ; ici, l’épisode nous apprend à la fois son utilité et l’effet destructeur. Lorsque Maria a ouvert les yeux sur l’état réel de son couple, elle en vient à une décision destructrice et désespérée alors que si elle avait maintenu l’illusion, elle aurait pu entretenir un semblant de bonheur. Il est donc logique que la dernière phrase de Cameron sonne si juste et soit devenue une des citations les plus connues de la série. Le choix d'une chanson ayant pour titre Love and Happiness pour accompagner le douloureux final apparaît comme une dernière pointe d'ironie pour conclure cet épisode noir et sans espoir. Samantha Mathis mélange l'amour et la passion de son personnage de manière éblouissante, une des meilleures guest stars de la série. Le final est un dur revers pour Cameron qui avait parié sur le bonheur des Palko. Jamais la série n’avait poussé à fond l’axiome platonicien de l’incompatibilité des concepts de Vérité et de Bonheur. Sa dernière scène avec House montre bien leur différence : House est pour la Vérité (et il n’est pas heureux d’avoir gagné son pari, il n’a fait que constater) et Cameron pour le Bonheur. Il est fascinant de voir comment Cameron s’éloigne (ses valeurs) et se rapproche (ses attitudes) de House à la fois… Jennifer Morrison comprend de mieux en mieux son personnage, ça fait plaisir. Les disputes continuelles du Hilson donnent une véritable farandole de situations toujours plus drôles : Wilson perturbant le sommeil de House (qui songe à voir un conseiller conjugal), House arrachant la télécommande, House mangeant à deux reprises le repas de Wilson, House qui préfère les crèpes de Wilson aux 72 vierges de l’Islam, etc. On s’étonne toutefois du dernier plan : House ne souhaite qu’une chose, que Wilson dégage de sa maison. Pourtant, il efface le message adressé à Wilson à propos d’un appartement qu’il aurait trouvé. Conséquence : House, au fond, veut que Wilson reste un peu plus de temps, symbole de son besoin d'avoir près de lui sa présence. Quelle étrange amitié… Ces saynètes détendent l’atmosphère sombre de l’épisode. Le cas secondaire montre un homme ayant un herpès. Autrement dit, lui ou sa femme est infidèle (Hugh Laurie est en pleine forme dans ce passage) et il parvient finalement à trouver qui est coupable grâce uniquement à la psychologie. On ne répétera jamais assez combien House est expert en relations humaines et en mensonges de tout poil ! 16. PROTECTION REPROCHÉE Scénario : Peter Blake - I didn't say it had to be with another person.
Mélinda Bardach, une adolescente immunodéprimée depuis une transplantation cardiaque, est confinée depuis plusieurs mois dans une chambre stérile chez elle. Alors qu’elle recevait la visite de son petit ami, elle a une violente attaque et est amenée à l’hôpital. Après aggravation de son état, Mélinda se retrouve avec deux puis trois graves symptômes impossibles à corréler. Pendant ce temps, House multiplie les vacheries envers Wilson…
Encore un chef d’œuvre pour cette saison 2 décidément de classe exceptionnelle ! Protection reprochée (excellent titre pour une fois) est très bien construit. Le cas médical fait penser à un pastiche bidon du Mystère de la Chambre jaune : comment Mélinda a pu tomber malade dans une chambre stérile ? Cela amène une intenable situation bloquée avec des symptômes qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. Mélinda est un personnage intéressant, et les huit dernières minutes de l’épisode comptent parmi les plus intenses de toute la série. En plus, House bat tous les records en matière de sournoiseries (pas si) gratuites envers Wilson ! Incarnée par la sensualissime Michelle Trachtenberg, actrice extraordinaire très à l'aise dans les rôles de casse-pieds - les fans de Six feet under n'ont pas oublié sa composition mémorable de superstar à rendre fou un maître zen - Mélinda n’est pas sans rappeler un des plus fameux rôles de la comédienne : Dawn Summers (en beaucoup moins lourdingue toutefois), de la série Buffy contre les vampires. Mélinda est proche de la sœur de Buffy dans la mesure où les deux personnages ne supportent pas de vivre dans l’ombre d’un être cher - une sœur dans Buffy, la mère dans l’épisode - et sont éprises de liberté et de reconnaissance. Mélinda et Dawn sont deux adolescentes se comportant comme telles, qui ont les doutes existentiels typiques de cet âge, ont leurs caprices, leurs révoltes... mais qui ne dissimulent pas une certaine maturité comme la lucidité envers elles-mêmes : Dawn mûrit progressivement dans Buffy tandis que Mélinda est consciente de sa si brève espérance de vie qu’elle a quand même accepté ; elle n’est pas dupe des airs qui se veulent rassurants de Foreman (scène de l’IRM). Comme Margo Dalton (Empoisonnement, saison 1), Barbara Bardach est une maman couvant trop son enfant malgré un vrai amour maternel. Un distinguo que l'on goûte fort. Mel Harris est très bien en mère surprotectrice. Et bien entendu, l’humour est de la partie, que ce soient les répliques toujours géniales de House, ou bien Cameron insinuant à demi-mot que Chase est éjaculateur précoce, les airs hébétés du petit ami… Mais on retient surtout la sitcom House-Wilson. House démarre en douceur en obligeant « Jimmy » à laver plus de vaisselle, puis le laisse dehors pendant des heures en prétextant être avec une prostituée (la scène est immense !), lui ment à répétition, bouffe toutes les friandises, efface ses messages téléphoniques, fait tremper sa main dans de l’eau pour qu’il urine dans son sommeil… ce défilé de mauvaises blagues est autant jouissivement tordant qu’il met mal à l’aise : pourquoi House se comporte-t-il ainsi ? La réponse est émouvante : il veut que Wilson réagisse. Wilson est en effet trop gentil et encaisse tout ce qu’il subit sans avoir la réaction de révolte appropriée, il se complaît dans sa déprime. House multiplie alors les saloperies les plus emmerdantes pour le mener au point de rupture, pour qu’enfin il cesse de se laisser marcher sur les pieds. D’ailleurs, regardez le visage de House quand Wilson accepte une fois de plus de faire la vaisselle : il est déçu. Et lorsque Wilson, à bout, rend la pareille à House, il sourit : Wilson a enfin réagi ; et en effet, le soir même, Wilson a le courage de divorcer d’avec sa troisième femme. Une thérapie hors normes, et un des plus beaux moments "Hilson". - Cuddy porterait souvent des strings. Les strings de Cuddy revêteront une importance capitale dans l’épisode Le dessous des cartes (saison 4). Et elle n’aurait plus couché depuis 6 mois d’après House. Comment connaît-il si bien la vie sexuelle de sa patronne ? Scénario : David Foster Hey, how's that anal fissure ? Did it heal yet, or is it still draining ? Il permet aussi un schéma intéressant. Alors que nos médecins, généralement, sont soumis au déroulement aléatoire du cas, devant réviser leurs positions en permanence ; ici, ils savent exactement comment le cas va se dérouler et traitent donc en avance les symptômes à venir. Mais coup de Jarnac, ils accélèrent la catastrophe ! Cela donne un suspense parfaitement chronométré. L’intervention inopportune de Cuddy précipite la dernière partie de l’épisode sous haute tension jusqu’au dilemme final : 7 maladies envisagées, 3 tests possibles uniquement. La chute finale, très originale, vient au détour d’une main de poker de Wilson : la maladie a fait un coup de bluff ! Cependant, la décision de House, pour la première fois de la série, comporte un élément de hasard : il pourrait aussi bien avoir raison que tort. En fait, c’est l’élégance et la beauté du raisonnement logique final qui fait que House prend le risque de retenir son hypothèse. Ainsi, il confirme son attachement au rasoir d’Occam. Un certain amour de la beauté, visible dans l'enchaînement harmonieux de ses déductions, anime ce personnage. Un goût qui transparaît dans son amour pour la musique (tout ce qui est difficile est beau disait Beethoven). Par opposition, la caméra de Fred Gerber magnifie les belles tenues, les lumières vives, et l’ambiance de fête, donnant un puissant contraste à l’ensemble. Hugh Laurie et Robert Sean Leonard (avec un rôle plus étoffé, pour notre plus grande joie), à la fois complices et toujours en opposition, et Lisa Edelstein, en Cuddy sentant la moutarde lui monter en nez, dominent la distribution. Jennifer Morrison retombe hélas dans la niaiserie (les gros yeux suppliants lors du diagnostic final, ouch, quelle lourdeur !). Un nouveau chef-d'oeuvre ! Acteurs : Carter Page (1998) ne semble pas avoir poursuivi sa carrière d'acteur. Son rôle dans cet épisode est à l'heure actuelle son unique référencé. 18. INSOMNIES Scénario : Sara Hess - No, but I now have a much greater respect for whatever basketball player you dated in college. Une jeune femme, Hannah, n’arrive pas à dormir depuis 10 jours entiers ! Une boîte entière de somnifères n’y change rien. Cameron est en conflit ouvert avec Foreman car il a volé son travail à son profit. Bientôt, il faut une greffe de foie à Hannah, et Max, sa compagne, accepte de lui donner le sien. Problème : House et Cameron apprennent qu’Hannah est sur le point de larguer Max, et Cameron souhaite que Max soit au courant. House tente de la contrecarrer pour ne pas hypothéquer la greffe… Max est courageuse et généreuse. Elle est prête à sacrifier sa vie pour Hannah. Devant incertitudes et doutes, elle manifeste une incroyable bravoure. Un personnage d’une sympathie et d’une compassion rares. Les sentiments, en climax permanent (amour fou de Max, colère de Cameron, mépris de Foreman…) donnent un caractère bouleversant, presque opératique, à l’ensemble. Bien qu’Hannah ait le mauvais rôle, elle n’est coupable que de frivolité, faiblesse tristement humaine. On n’est pas si loin de la douce amoureuse qu’est l'Emma Pillsbury de Glee. La surprenante révélation finale est à double tranchant : elle est dans la traditionnelle vision pessimiste du Couple, car Hannah est frivole et Max joue au chantage affectif. Leur relation est désespérément tordue et immorale (au sens des sentiments). Hannah est maintenant otage, prisonnière de sa dette envers Max qu’elle ne peut plus quitter sans culpabiliser. Malgré la lueur d'espérance finale, ça reste bien ironique. Jayma Mays, bien aidée par des maquilleuses efficaces est convaincante en malade souffrant le martyre, et la sobriété de Dahlia Salem sous-entend à merveille toute la passion de Max. La série renoue pour notre plus grande joie avec les cas secondaires : House, à la demande d’une jeune chinoise, lui prescrit la pilule à l‘insu de sa mère présente - qui ne parle que le mandarin - Malheureusement, les choses ne se passeront pas comme prévu : la résolution est d’un burlesque rafraîchissant au milieu du drame intense qui se joue par ailleurs. 19. HOUSE CONTRE DIEU Scénario : Doris Egan You talk to God, you're religious ; God talks to you, you're psychotic. Lorsque House est lui-même confronté à plusieurs « miracles » de Boyd, il essaiera (et réussira !) à chaque fois de trouver une explication rationnelle. Une telle opposition permet d’excellents échanges et House contre Dieu n’en est pas avare. Ainsi House tente de destabiliser son patient avec des sarcasmes sur ses pouvoirs de guérison et surtout sur sa foi, principe indémontrable et irrationnel par nature. Boyd répond avec la solidité et la confiance qu’il a en Dieu. Ca crépite ! Le sommet est atteint quand Boyd, en pleine crise (hallucinatoire ou mystique ?), touche Grace, une cancéreuse incurable, en prétendant la guérir... et voilà le cancer résorbé ! Mieux encore : la révélation sur le cancer de Grace peut autant s’expliquer comme un miracle que comme un enchaînement rationnel de circonstances hautement improbable (mais possible). Aussi, Dieu et House marquent un point chacun d’où l’évidence du score terminal. On touche au sublime avec le twist final : Boyd a bel et bien guéri Grace mais pas dans le sens physique : dans le sens spirituel. Avant, Grace était résignée et sans joie sur son cancer incurable. Son expérience avec Boyd a ravivé son feu intérieur : animée par une foi toute neuve, elle retrouve le goût de vivre : si son corps va mourir, son esprit, lui, mourra en pleine force ; elle triomphe de ses démons grâce à la foi. N’est-ce pas là une forme de guérison ? D’autant que si on lit attentivement les déclarations de Boyd, il ne lui a jamais promis une rémission corporelle, simplement une « guérison ». Tout était sous-jacent… L’adresse de Doris Egan dans l’écriture de son histoire est admirable. Une fin lumineuse. 20. DE L'AUTRE CÔTÉ... Scénario : Matthew V. Lewis - I can't even imagine the backwards logic you used to rationalize shooting a corpse. L’atmosphère se noircit, et on peut l'attribuer à la réalisation de Deran Sarafian (qui fera encore mieux en saison 7 avec The After Hours) et à la photographie de Roy H.Wagner qui jouent intelligemment de lumières plus pâles, lugubres, comme si une ombre maléfique s’étendait sur l’hôpital. La tension prend rapidement une jubilante dimension « crispatoire » quand l'hyperalgésie du flic devient presque insoutenable : il souffre et ni la morphine, ni - pire - le coma, ne peuvent l’empêcher de ressentir une douleur inhumaine. La terreur de Foreman à l’idée d’endurer mille morts à son tour est donc très horrifique. Plus que la peur de la mort, la peur de souffrir est très présente dans l’esprit humain, nous rappelle l'épisode. Le geste désespéré de Foreman sur Cameron, où il semble atteindre le point de non-retour, est frappante. Ses remords tardifs sont tournés en dérision mais cette fois par Chase. Monde cruel… Le cas se poursuit sans réelle avancée et l’effondrement physique des deux patients est vraiment effrayant. Entre euphorie et douleur, Scott Michael Campbell joue remarquablement. Cameron n’y échappe pas non plus. Alors qu’elle a toutes les raisons du monde d’haïr ce jerk qu’est Foreman, elle s’investit au maximum pour essayer de le sauver, prétextant qu’elle « ne fait que son job ». Le jeu aussi tranchant que l’acier de Jennifer Morrison nous laisse dans une excitante indécision : est-elle aussi neutre qu’elle le prétend ? Ou un effet de sa nature angélique ? Sans doute les deux comme le remarque House. Malgré qu’elle ne soit pas croyante, Cameron se comporte comme telle, en essayant d’aimer son entourage, qui souvent le lui rend si mal. Elle est décidément le personnage le plus étranger de la série (et donc un des moins intéressants), mais, paradoxe, elle y apporte beaucoup de valeur. Elle est le plus proche de nous et son identification au spectateur est plus évidente que les autres personnages.
21. ...AU SUIVANT Scénario : Russel Friend, Garrett Lerner, et David Shore - Call Jack Bauer. Luria est mort, et Cuddy, par crainte d’une épidémie, refuse envers et contre tous son autopsie. House, Chase, et Cameron repartent de zéro et tentent par tous les moyens de retarder la mort d’un Foreman brisé par la douleur et l‘angoisse. Rodney, le père de l’infortuné docteur, vient à la clinique tenter de réconforter son fils… L'épisode ne laisse aucun réconfort au calvaire de Foreman ; il en est ainsi de l'endurcissement de Cameron refusant de pardonner à Foreman aux portes de la mort, ne lui laissant rien pour apaiser sa conscience. Cette scène surprenante et imprévue est une démonstration éloquente de la série à se tenir éloignée de toute émotion invraisemblable. Alors, le revirement de Cameron n’est pas contradictoire : sa peur et sa sympathie reprennent le dessus, elle le fait au dernier moment, sous la pression, sans réfléchir. La série joue très habilement de la psychologie de ses personnages. Le rebondissement scénaristique central voyant subitement Cameron seul maître à bord est une trouvaille royale. House, meilleur rempart pour Foreman, se voit paralysé, ce qui fait encore monter la sauce. Le jeu métallique de Jennifer Morrison se fond parfaitement dans le suspense de l'épisode, et Hugh Laurie fait sentir dans ses moindres détails tout le trouble de son personnage, avec un talent pantagruelique. Au milieu des ténèbres, apparaît un cas secondaire vraiment pas piqué des hannetons ! Une mère s’inquiète que sa petite fille ait des troubles corporels bizarres. House trouve rapidement le diagnostic (à tomber par terre !) ce qui lui permet des petites saillies d’un comique enfantin irrésistible. On retient aussi le spectacle de House et Wilson espionnant « Steve McQueen » pour savoir si le rat va tomber malade, une scène d’un surréalisme que n'aurait pas renié Scrubs. Euphoria constitue au final un des sommets du suspense hospitalier. 22. A LA VIE, A LA MORT Scénario : Liz Friedman Seizures : cool to watch, boring to diagnose. Cuddy a invité Wilson à dîner. Evénement assez ahurissant qui entraîne des scènes très cocasses dans le triangle House-Cuddy-Wilson : Que ce soit House qui s’introduit dans le bureau de Cuddy, la poubelle de Cuddy étalée sur le bureau de Wilson, le dîner totalement foireux, l’examen secret de la patronne jusqu’à l’abattement final de Wiwi ; on s'amuse. On n'oublie pas la case émotion avec la solitude et la souffrance de Cuddy, décidément très différente entre sa vie professionnelle et sa vie intime si vide. Ce dernier point n'est que suggéré, évitant ainsi un focus sentimentaliste hors sujet. Le comportement de House retient l’attention. Se moquant ouvertement de Wilson, il se démène pour démontrer que le but de Cuddy était davantage professionnel que romantique. Toujours via l'implicité, l'auteur nous fait voir qu'il s'agit moins d'une pique "amour vache" qu’une marque de jalousie. Et on voit ici les premiers symptômes de ce qui deviendra le « Huddy » : avec un House plus intéressé envers sa patronne qu’il ne veut le montrer. Ce genre d'histoire classique dans les séries hospitalières a comme différence un ton aussi pétillant qu'une opérette de Strauss, une absence de sérieux délicieuse. Le Wuddy refera son apparition dans la saison 5, avec le même triste résultat pour l’oncologue. La comédie de House essayant de casser la sérénité de Foreman est très drôle, mais on ressent un malaise quand il parvient à détruire son calme par un nihilisme ici vu comme triomphant, soit un basculement dans l'excès : l'éthique de House a toujours été plus désespérée que convaincue. La série, pessimiste dans son ton, a toujours défendu les résurrections psychologiques ; ici, elle viole une de ses règles, se complaisant dans du noir mal dosé - elle reproduira la même erreur en début de saison 5. - House est fan de la série The L Word (sans le son). Il prend son café noir. 23. DE PÈRE INCONNU Scénario : Lawrence Kaplow et John Mankiewicz, d'après une histoire de Charles M. Duncan et John Mankiewicz I'm a really good secret keeper, I never told anybody that Wilson wets his bed... Oh, you tricked me. On distingue ça et là quelques perles dans la fange générale : House vannant son camarade naïf, se montrant faussement sadique avec Leona (Supernatural n'aurait pas renié la scène d'hallucination). L’interrogation Dylan est-il le père ? donne un suspense relatif qui se résout assez élégamment par un énième mensonge de House mais permettant une belle scène de réconciliation. C'est une des rares fois où notre docteur ne respecte pas son credo de vérité, laissant en paix Crandall. House se révèle comme quelqu'un de secrètement généreux. Il l'est à sa manière : en étant ironique, méprisant, froid. D.B.Sweeney est correcte, mais Aasha Davis qui ne fait que crier ou ne rien dire est vite crispante. Le Huddy fait une belle avancée. D’abord, la tenue de Lisa Edelstein est diablement sexy, mettant bien en avant sa poitrine et ses longues jambes. Cuddy cherche un donneur de sperme et consulte House sur la personnalité des prétendants. Cette intrigue aurait pu être indigente, mais les scénaristes envoient balader toute lourdeur par un humour permanent. House se déchaîne contre Cuddy (la scène du prétendant 613 avec un Christopher Carley en benêt hors classe est un superbe peloton d'exécution), mais on sent qu'il est frustré d’être tenu à l’écart de sa vie privée. Fait rare, il gardera le secret de Cuddy, alors qu’il ne l’aurait fait pour personne d’autre (même pas Wilson) : preuve de son intérêt. La scène où Ingrid (America Olivo, déjà vue dans A bout de nerfs) fait le massage à House dans une position, euh… équivoque, est franchement hilarante, et compense un cas secondaire peu travaillé. On remarquera que le répondeur de House est très accueillant envers ceux qui veulent le contacter (Huhum), et que notre médecin favori s’adonne à la morphine, ce qui n’est pas sans rappeler le modèle Holmésien. - Aasha Davis joue la possible fille de D.B.Sweeney bien qu'elle n'ait que trois ans de moins que lui. Scénario : David Shore, d'après une histoire de Lawrence Kaplow et David Shore You pretend to buck the system, pretend to be a rebel, claim to hate rules. But all you do is substitute your own rules for society's. And it's a nice, simple rule: tell the blunt, honest truth in the starkest, darkest way. And what will be, will be. What will be, should be. And everyone else is a coward. But you're wrong. It's not cowardly to not call someone an idiot. People aren't tactful or polite just because it's nice. They do it because they've got an ounce of humility. 'Cause they know that they will make mistakes. They know that their actions have consequences. And they know that those consequences are their fault. Why do you want so bad not to be human, House ? Alors que House et son équipe travaillent sur Vince, un patient à la langue enflée ; Jack Moriarty, un de ses anciens patients, entre, et tire deux balles de révolver sur House !! House se réveille deux jours plus tard aux côtés de son agresseur, touché par un vigile et transporté dans la même salle que lui. House s’aperçoit que sa jambe est guérie, mais que son cerveau a été atteint suite au traitement expérimental décidé par Cuddy. House veut résoudre le cas du patient à la langue enflée mais ce cas devient vite absurde, d’autant qu'il n’arrive à plus à distinguer le réel de l’imaginaire… Un de mes épisodes préférés. La saison 2 se termine en feu d’artifice avec ce brillant scénario à tiroirs, multipliant fausses pistes, réalité, et illusions, plongeant le spectateur dans un effarant labyrinthe logico-sémantique. L’épisode revisite le principe du verrou temporel - on se croirait devant une version sombre et onirique d'Un jour sans fin - que House doit absolument briser pour sortir de cette situation ubuesque. Cet épisode co-écrit et réalisé par David Shore, le créateur de la série, est un pic absolu. La première bascule dans l'imaginaire se produit sans qu'on s'en aperçoive. L'affrontement à fleurets mouchetés entre House et la belle Judy est une scène forte où l'âme du diagnosticien mise à nu n’offre aucune défense. Mais nous ne nous attendons pas non plus aux autres hallucinations qui se multiplient. Du coup, le labyrinthe infernal se referme aussi sur le téléspectateur, prisonnier de ce scénario en vase clos. Plus nous avançons, plus nous prenons conscience que House passe de plus en plus de temps dans l’imaginaire. Voir House et Moriarty manger tranquillement dans un restaurant en blouse de malade est d’un surréalisme tordant, car en réalité, ils ne sont pas là et seul House parle, Moriarty devenant son double, l’interrogeant sur le sens des réalités et de la vie avec des dialogues merveilleusement écrits. Leurs discours sur la nature du réel rappellent un autre classique du verrou temporel : Peine Capitale, épisode très ambigu de La Quatrième Dimension. Moriarty (un nom très Holmésien) devient le Némésis de House, qui pointe ses contradictions : Pour fuir à tout prix son appartenance au genre humain, House ne respecte pas les règles iniques de la société. Mais en les remplaçant par ses propres règles, son "anti-système" devient en lui-même un système, version ironique du paradoxe de Russell. En mode hallucinatoire, le trio n’est qu’une émanation d’un autre double de House. Aussi, les diagnostics différentiels tournent toujours court, puisque il ne parle qu'avec lui-même (sous-texte : House n'est pas performant sans les autres, le comble pour un misanthrope), il faut donc qu'il accepte de perdre le contrôle, dans l'espoir de trouver la sortie de son cauchemar fractal, telle est la conclusion de Moriarty. Mais à la vue des multiples illusions qui frappent House, on voit que cette méthode, perversement, l'empêche de résoudre ce problème : dans les deux cas, il est perdant. Le piège de Moriarty semble indestructible. La séance de psychologie avec Wilson est encore plus réussie : Si House n’est pas heureux d’avoir retrouvé sa jambe grâce au traitement de Cuddy, ce n'est pas parce que son cerveau qui est tout ce qui lui importe chez lui a été grillé au passage, c’est parce que son handicap était partie intégrante de sa personnalité : le martyr qui souffre mais n'en tire aucune leçon. Son amour de l’anti-conformisme jusqu’àu pathétisme est une excellente définition du personnage. Mais la séance vire à un interrogatoire terrible lors d'une séquence d’une intensité dramatique à couper le souffle, avec des angles de caméra bizarres comme une réalité qui commence à perdre pied. Piégé dans ses niveaux oniriques à rendre fou, House voit que son cerveau est grillé. Lorsque Moriarty lui fait comprendre avec justesse que, cerveau grillé, il n'a plus aucune raison de vivre, House comprend qu’on l’invite à accepter la mort. Mais le twist final des ultimes secondes est particulièrement stupéfiant, nous faisant voir TOUT l’épisode avec un autre œil ! D’autant qu’il vient juste après la scène de « révélation » qui restera comme la scène la plus gore de toute la série. Une brutale bascule. Les fans du Hameron sont à la fête avec deux scènes très suggestives. Dans la première, House défie Cameron qu’elle ne pourra pas le toucher car cela impliquerait « un contact physique trop sexuel »… mais elle le touche et l’échange de regards entre les deux est très révélateur : Cameron est fascinée derrière sa dureté, House est entre sarcasme et désir. S'il n’a jamais aimé Cameron, il l’a désirée, certainement. La deuxième scène est plus explicite avec la machine à microcoupures relevant lentement le chemisier de la jeune femme… une charge sexuelle intense se dégage de cette scène, aussi lourde de sens qu’une étreinte charnelle... mais pas encore de baiser (rendez-vous en saison 3). On apprécie fort la savante ambiguité entre Hugh Laurie sur orbite durant tout l'épisode et une Jennifer Morrison au jeu expressif libéré de ses cabotinages précédents. La réalisation de David Shore est très agitée : c'est sans doute l’enthousiasme du débutant. Mais la fièvre permanente de son jeu de caméra est brillante dans un épisode aussi puissant, réussissant quelques plans ingénieux (panoramique du bureau de Cuddy, zoom arrière et floutage de visage, cadrages audacieux). Bref, le créateur de la série montre qu’il est à l’aise derrière une caméra. Elias Koteas est le choix parfait pour jouer tant l'assassin menaçant que le double inconscient et tordu de House. Cet épisode est un vrai miracle de scénario et de réalisation. La quintessence de la série est tout entière concentrée dans cet épisode, pourtant très particulier et sortant du carcan habituel de la série. A ne manquer sous aucun prétexte !
- Premier épisode où on voit House marcher normalement. - Deuxième épisode sans diagnostic final. Mais là, il s'agit d'une erreur des scénaristes : Vince, le patient à la langue enflée, est bel et bien réel, mais on ne saura jamais sa maladie, ni s'il en a réchappé. 1. House à terre : Labyrinthe onirique infernal mélangeant un cas médical exceptionnel, le thème du verrou temporel, les questionnements sur la réalité et sur nos désirs, les joutes rhétoriques, le monde de l’absurde, la frontière réalité-imaginaire, et du bon gore ! Une ambiance de cauchemar sans fin se dégage de cet épisode qui dose savamment humour et drame jusqu'à sa chute retentissante. 2. House contre Dieu : La série aborde la question des miracles et de la foi religieuse avec une intensité qui laisse pantois. Sans prosélytisme, la série nous offre un superbe duel spirituel entre le rationnel et l’inexplicable, grâce à des dialogues ciselés au millimètre. 3. Confusion des genres : Une attaque en règle contre le triomphe des apparences via le mannequinat. Le cas médical est un des plus passionnants de la série, l’humour, dévastateur, les situations, très insolites, et la chute spectaculaire est digne de La Quatrième Dimension !
Crédits photo: FOX. Images capturées par Clément Diaz. |
SAISON 1
1. Les symptômes de Rebecca Adler (Pilot – Everybody Lies) 2. Test de paternité (Paternity) 3. Cherchez l'erreur (Occam's Razor) 4. Panique à la maternité (Maternity) 5. L'erreur est humaine (Damned If You Do) 6. Une mère à charge (The Socratic Method) 7. Question de fidélité (Fidelity) 9. Vivre ou laisser mourir (DNR) 12. Rencontre sportive (Sports Medicine) 14. Changement de direction (Control) 15. Un témoin encombrant (Mob Rules) 17. Double discours (Role Model) 18. Sacrifices (Babies & Bathwater) 20. Des maux d'amour (Love Hurts) 21. Cours magistral (Three Stories) Cette saison met en place toutes les caractéristiques de la série. Les enquêtes médicales, façon Experts, fascinent tout de suite par l’importance donnée au vocabulaire scientifique, aux tests, et à la méthode socratique du diagnosticien, échangeant ses hypothèses avec celles de son équipe. La première ère de la série (qui va jusqu’à la saison 3) est caractérisée par un soin scrupuleux du cahier des charges demandé : peu d’interférence dans la vie privée des docteurs, les enquêtes médicales d’abord, absence d’arc narratif principal (n’empêchant pas de brefs arcs secondaires)… Si les ères suivantes de la série assoupliront ce cadre, il restera de première importance. Cependant, d’autres ingrédients comme le mélange parfait entre humour (acide) et dramatisme, la complexité et le charisme de House, la compétence et la complémentarité des médecins, les répliques qui font mouche, l’éthique déontologique allégrement balancée à la corbeille etc. resteront fermement jusqu’à la fin. Hormis House, les trois médecins sont Eric Foreman (Omar Epps), neurologue, Allison Cameron (Jennifer Morrison), immunologue, et Robert Chase (Jesse Spencer), chirurgien. Cette équipe sera remplacée en saison 4 sans que les personnages disparaissent cependant de l’écran. Ils ont environ 30 ans, viennent juste de sortir de leurs longues études de médecine. Chacun a son caractère, et participe à la diversité de la série. Présentation également de deux autres personnages importants : James Wilson (Robert Sean Leonard), oncologue, et Lisa Cuddy (Lisa Edelstein), endocrinologue, et directrice de l’hôpital où officient nos héros. Le premier est l’unique ami de House mais dont la relation tranchante et souvent agitée en fait une relation curieuse et déséquilibrée, très « amour vache ». Le « Hilson » (House-Wilson) est au rendez-vous dès le pilote, s’imposant comme la plus improbable (et une des plus riches) histoire d’amitié du petit écran. La deuxième a avec House une relation conflictuelle, pleine d’enguelades et de tension sexuelle, dans la lignée des grands couples mixtes qui ont jalonné l’histoire de la télévision. Evidemment, ce conflit n’exclut pas le respect mutuel. Les « ships » amoureux de la série sont pour le moment absents ou simplement évoqués. Dans le « Hameron » (House-Cameron), Cameron tente de séduire son patron et de briser sa glace. D’abord implicite, il devient un sujet central dans les épisodes 19 et 20 avant de s'estomper. Le « Houcy » (House-Stacy) est évoqué à partir de l’épisode 21. Il fascine derechef par son contenu turbulent, alternant (beaucoup d’) éclairs et (peu de) calme. Curieusement, alors que Dr.House admet l'influence des Experts ; l’interprète de Stacy, Sela Ward, intégrera l’équipe de Mac Taylor dans la saison 7 des Experts : Manhattan ! Deux petits arcs secondaires pimentent cette saison. La première allant de l’épisode 14 à l’épisode 18 met en scène l’affrontement acéré entre House et le nouveau directeur du conseil d’administration Edward Vogler qui goûte fort modéremment ses méthodes. Le deuxième commence à l’épisode 21 et reste en suspens à la fin de la saison, faisant entrer en scène l’ex-compagne de House et son nouveau mari. Enfin, une note légère. Jennifer Morrison et Jesse Spencer se rencontrèrent sur le plateau de la série, et commencèrent à sortir ensemble dès le début de la saison. Il est possible que cela ait influencé les scénaristes par la suite… Cette saison réussit parfaitement son contrat en présentant idéalement tous les atouts de la série. Le traitement scénaristique s’avère génialement architecturé grâce aux thématiques proposées (amour possessif, dilemmes moraux, dérapages de l’industrie pharmaceutique, maturité précoce forcée, attaque contre les règles canoniques sociales…). La saison 1 de Dr.House ouvre on ne peut mieux la série. 1. LES SYMPTÔMES DE REBECCA ADLER
Réalisation : Bryan Singer
- Everybody lies. [...]
- Isn't treating patients why we became doctors ? - No, treating illnesses is why we became doctors. Treating patients is what makes most doctors miserable. Une jeune institutrice de 29 ans, Rebecca Adler, s'écroule dans sa salle de classe, victime de convulsions. Son cas provoquant la perplexité des médecins, elle est confiée à une équipe de jeunes docteurs créée et dirigée par le brillant mais cynique Dr. Gregory House. Ce dernier a accepté de mauvaise grâce son cas à la demande du Dr.Wilson. Tout en essayant de la soigner, les médecins de House s'aperçoivent que ce dernier ne les a pas choisis pour leurs facultés mais pour un motif bien à lui, ce qui n'est pas sans les contrarier. Parallèlement, Lisa Cuddy, directrice de l'hôpital, ne cesse d'entrer en conflit avec lui. Pendant ce temps, la santé de Rebecca Adler se détériore rapidement... La série prend un excellent départ avec cet épisode pilote qui introduit efficacement les personnages principaux de l'histoire tout en exposant les atouts de la série. En premier lieu, les personnages. Nous rencontrons d’abord le Dr.House, médecin tout à fait hors normes et qui tranche avec toutes les autres figures de médecins des précédentes séries médicales (voir Présentation de la série). La célèbre citation "Everybody lies" (Tout le monde ment), titre original de l'épisode et qui est la devise du docteur, est prononcée dès cet épisode et sera presque toujours le soubâssement des intrigues. Ce docteur sans blouse qui différencie patients (sans intérêt) et maladies (sa passion), vérité et bonheur, médecine et humanisme, attire tout de suite le public par son originalité. Les cinq autres personnages principaux de la série sont bien rendus. Un exploit de la part de David Shore et Bryan Singer qui nous donnent des esquisses poussées de chacun des personnages en seulement un épisode. La sensibilité de Cameron, le professionnalisme de Chase (ici en retrait), la rigueur de Foreman, se rejoignent harmonieusement pour former une équipe compétente, mais parfois en proie aux dissensions. Foreman doit renouer avec les démons de son passé pour éviter le décès de sa patiente tandis que Cameron avoue une fragilité qu’avait détectée House. Nous nous situons loin des sentiments élémentaires et des problèmes classiques de certains héros de séries télé. En parallèle, quelques rituels de la série sont déjà posés comme le walk and talk : ce procédé (crée par le scénariste Aaron Sorkin et le réalisateur Thomas Schlamme) où les personnages parlent tout en marchant vers la caméra qui ne cesse de reculer, dynamisent les scènes dialoguées en leur donnant une impression d'urgence - les 1m85 de Hugh Laurie sont un plus indéniable. Également, les séances de diagnostic différentiel où l’équipe, via les symptômes du malade, émet des hypothèses pour trouver le diagnostic. Le langage essentiellement scientifico-médical est difficile, mais la rapidité de ces scènes ainsi que les explications finales (incluant schémas et vidéos) font que le public lambda comprend tout ce qui se passe. Il y a aussi les poilantes séances de consultation : Cuddy ayant réussi à contraindre House à en faire (chose qu’il abhorre), nous survolons, comme contrepoint au cas grave de Rebecca, trois cas annexes très drôles. House carbure à l’humour noir (et au Vicodin) dans ces scènes où il se moque ouvertement des patients, balance son diagnostic sans fioritures pour terminer au plus vite ce détestable travail : la scène avec le patient « orange » est un excellent exemple où il lui annonce en même temps ses ennuis de santé… et conjugaux ! Pendant les premières saisons, nous aurons droit à ces « intrigues secondaires » qui apportent un humour noir seyant à l’atmosphère de la série. Le pilote prenant le parti de présenter les personnages et les atouts de la série, l’intrigue est un peu au second plan. Mais nous nous attachons rapidement à la descente aux enfers de Rebecca qui sombre dans la maladie au point de devenir méconnaissable. L’interprétation de Robin Tunney est magistrale en tous points, touchante et vibrante au fur et à mesure que la mort se rapproche, donnant une grande émotion lors de son unique rencontre avec House. Leur scène, sommet de l’épisode, présente deux fiertés blessées à fleur de peau. Nous apprenons pourquoi House est condamné à vie à marcher avec une canne. En même temps, lui et Rebecca doivent faire face à leurs contradictions idéologiques. Dès le début, la série se montre capable d'émotion dépourvue du pathos classique hospitalier tout en posant des questions éthiques et philosophiques au spectateur : Que signifie vivre "dignement" ? Y'a-t-il une mort "belle" ? Pourquoi nous jugeons-nous par rapport aux autres puisque nous n'en tirons aucun profit ? Quelques longueurs desservent l’ensemble mais il y a aussi des scènes assez fortes comme la crise convulsive (un gimmick de la série) et la trachéotomie, filmées en montage rapide, qui donnent quelques coups de fouet à l’épisode. La chanson des Rolling Stones You can't always get what you want, utilisée dès cet épisode, reviendra de temps à autre dans la série, jusqu'à en devenir sa chanson emblématique. Bref, une entrée en scène assez réussie !
Infos supplémentaires : - Le pilote durait originellement 47 minutes 30. David Shore dut couper 4 minutes pour qu'il puisse être diffusé. Il fut nommé aux Emmy awards dans la catégorie meilleure musique d'épisode. - House et Cuddy font référence à Mick Jagger (le philosophe Jagger déclame House) avec la chanson des Rolling Stones : You can’t always get what you want, entendue à la fin de l’épisode. Cette chanson deviendra indissociable de la série qui la réutilisera de temps en temps. Elle fut d'ailleurs également la première chanson entendue dans le pilote de Californication. Cette référence est la première manifestation de la grande érudition de House en matière de culture contemporaine. Cuddy mentionne également le médecin nazi Mengele et la sinistre affaire Tuskegee (1932-1972) où à leur insu, 399 patients noirs atteints de syphilis ne furent pas soignés à la pénicilline dans le cadre d'une expérience sur l'évolution de la maladie quand elle n'est pas traitée. - Le nom de la patiente, Rebecca Adler, est une référence claire à Irène Adler, seule femme ayant tenu tête à Sherlock Holmes (Un scandale en Bohème). Dans l'épisode Le divin enfant (saison 5), Wilson prétendra que House est tombé amoureux d'une patiente appelée Irène Adler. - Foreman a été choisi parce qu’il était un ancien cambrioleur qui avait volé à 16 ans une famille (les Felker). Ce fut son professeur de gym qui le signala à House. Cameron parce qu’elle est très jolie, et Chase parce que son père (un ancien médecin) a téléphoné à House. Cameron a tenu sans casier judiciaire jusqu’à 17 ans mais on ne saura jamais ce qu'elle a fait. - Nous en saurons davantage sur les circonstances de l’irréversible infarctus de House dans le 21e épisode de cette saison : Cours magistral. - Foreman a étudié à l’université Johns-Hopkins. C’est une des meilleures facultés de médecine américaines. Fondée en 1876 à Baltimore, elle accueille la crème des étudiants en médecine de tous bords avec ses cours de très haute qualité. Sa sélection drastique (seul 1 postulant sur 4 parvient à y entrer) en fait une école très exigeante et de renommée internationale. Elle est classée 13e meilleure école de médecine à l’échelle mondiale. - House regarde en secret des magazines érotiques (Les 100 célébrités les plus sexy). Il est également fan de la série médicale Hôpital Central (General Hospital en VO) dont il préfère regarder les épisodes plutôt que de soigner ses patients. Cette série existe réellement : c'est un soap opera toujours en cours de production depuis 1963. Plus de 12 000 épisodes (de 52 minutes chacun) ont vu le jour, et la série est encore un grand succès outre-atlantique. Il s'agit des premiers indices de la prédilection de House pour l'érotisme et la pornographie, et pour les soap operas. - Erreurs de continuité : Rebecca Adler a un pull bleu dans le bus qui vire au vert quand elle entre dans l'école. Quand elle entre en classe, une petite fille aux longs cheveux marrons est assise au premier rang, mais est debout l'instant suivant. Erreur médicale : Rebecca Adler prend de l'Albendazole mais ce médicament devrait en fait empirer son état, des stéroïdes seraient plus appropriés. La présence d'objets en métaux pour la trachéotomie d'urgence est douteuse car la machine d'IRM devrait les attirer comme un aimant. Les bandages de Rebecca après la trachéotomie sont placés trop haut. Erreurs factuelles : General Hospital est diffusé au New Jersey à 15h, et non à 13h comme le dit House. Le générique de fin crédite Rekha Sharma comme "Reika". Acteurs Robin Tunney (1972), d’origine irlandaise, fait ses études à la Chicago Academy for the Arts puis apparaît dans quelques séries (Corky, Perry Mason…) avant de parvenir à la reconnaissance dans son rôle d’une jeune fille suicidaire dans Empire Records (1995). Elle continue depuis de tourner au cinéma (meilleure actrice à la Mostra de Venise dans Niagara, Niagara) : Vertical Limit, The Zodiac, La Fin des temps… Mais c’est dans les séries qu’elle trouve le plus de succès avec son personnage de Veronica dans la première saison de Prison Break et surtout celui de Teresa Lisbon, la cheftaine de Patrick Jane dans Mentalist (151 épisodes). 2. TEST DE PATERNITÉ Réalisation : Peter O'Fallon — What are you doing back here ? A patient ? Après nous avoir donné un très bon pilote, la série accuse déjà une petite faiblesse dès le 2e épisode. En cause une distribution encore un peu maladroite des atouts de la série. L'équipe de House ne brille guère dans cet épisode (on notera quand même le "plaquage" de Chase et le talent de faussaire de Cameron), tout comme Cuddy, malgré un amusant pari entre elle et son employé. Les "intrigues secondaires" marchent une fois sur deux : on se moque absolument du patient blessé au genou pour s'intéresser à la mère "contre les vaccins", plus piquante ; elle est d'ailleurs symptomatique des dérives auxquelles certains pharmaciens et médecins peuvent se laissent entraîner, causant une défiance parfois légitime. House admet que quelques confrères ont un peu abusé de la confiance de ses patients. On signalera que pour la première fois, House résout le cas principal en s'occupant d'un cas secondaire qui lui inspire la solution. Par la suite, ce sera plus en s'occupant d'une tâche non médicale qu'il aura l'illumination (reconnaissable à la tête caractéristique de House à ce moment-là, le running gag le plus fameux de la série). Le jeune Scott Mechlowicz est trop lisse dans son personnage d'adolescent tourmenté. Les parents, un peu absents, sont plus marquants par leurs zones d'ombre. La scène de la cafétéria où House leur débite tous les symptômes de leur fils, alors qu'il ne l'a jamais vu devant leur air hébété est une première manifestation de son prodigieux esprit de synthèse utilisé ici pour épater le spectateur (et on marche). Le gag final - car c'est bien un gag - termine l'épisode sur une bonne note, car House aurait pu éviter une coûteuse analyse de 3 200 $ s'il avait mieux observé son patient, comme quoi, la méthode House n'est pas parfaite ! On l'aura compris, cet épisode a du suspense mais ni l'humour (transparent) ni l'interprétation (inégale) ni le scénario plein d'idées et de longueurs, ne suivent véritablement. Tous les atouts de la série sont présents mais à petite échelle. Infos supplémentaires - L'épisode fut nommé au Golden Reel award du meilleur montage sonore. - Premier épisode de la série à comporter un pari de House. Cela deviendra une running joke de la série. - House réalise un test ADN en s'emparant du gobelet de café laissé par le père qui y a laissé ses empreintes. Il (ainsi que Wilson) réutilisera la même idée dans l'épisode De confessions en confessions (saison 8) pour obtenir l'ADN de Taub ; mais ce dernier se montrera plus vigilant ! - Nous découvrons le générique de la série. Originellement, il s'agit d'une brève (une trentaine de secondes) version instrumentale de la chanson Teardrop du groupe Massive Attack. Cependant, pour une question de droits, il n'est pas diffusé en France. À la place, un morceau électronique composé spécialement est entendu. La musique originale sera quelque peu modifiée dans les saisons suivantes. - Cameron n'est pas fille unique. Nous apprendrons ultérieurement qu'elle a un frère aîné, sans plus de précisions. Durant leur temps libre à l'hôpital, Cameron trie le courrier de House, tandis que Foreman et Chase font des mots croisés. Cette scène avec Foreman et Chase est en fait extraite d'une scène coupée du pilote. - On aperçoit pour la première fois une partie de l'appartement de House. On remarque un piano. Il est en effet musicien et joue souvent de cet instrument. Il s'agit entre autres d'un hommage à Sherlock Holmes qui était lui aussi musicien (il jouait du violon). - La chanson de l'épisode est On Saturday Afternoons in 1963 de Rickie Lee Jones. - Quelques erreurs dans cet épisode : Acteurs : Scott Mechlowicz (1981) a commencé sa carrière avec un rôle comique dans un film d'ados (Eurotrip) puis se tourne rapidement vers le drame (il reçut un prix pour son interprétation dans Mean Creek, un film indépendant). Sa participation à Dr.House, un de ses premiers rôles, est son seul référencé pour la télévision. 3. CHERCHEZ L'ERREUR Réalisation : Bryan Singer — I think your argument is specious. Après un rapport sexuel fougueux avec sa petite amie, Brandon, 22 ans, s'écroule, inanimé. L'équipe de House est perplexe : aucune maladie n'explique les symptômes du jeune homme. House pense qu'il a attrapé deux maladies simultanées tandis que Foreman pense qu'il n'y en a quand même qu'une seule. L'équipe s'interroge sur House, doivent-ils toujours lui obéir en tous points ? De plus Chase paraît troublé par l'influence que Cameron exerce sur lui... Les cas secondaires sont très gratifiants, provoquant le rire par les vannes de House qui se prend comme d'habitude pour Sherlock Holmes : le cas de la femme aux ennuis professionnels ou encore le gars qui a avalé un mp3 - entre autres - permettent à House de sortir tout son humour corrosif pour notre plus grande joie entre deux parties de Game Boy Advance (on connaît son amour des consultations). L'épisode bénéficie par ailleurs d'une excellente interprétation : Kevin Zegers joue correctement son rôle de malade tandis qu'Alexis Thorpe, qu'on a rarement vu aussi bien, joue excellement la fiancée inquiète. Faith Prince et John Kelly sont des parents un peu caricaturaux mais pas désagréables. Les acteurs sont en grande forme, Lisa Edelstein et Hugh Laurie en tête bien sûr. Robert Sean Leonard existe davantage, ses scènes avec House où il parle des différences entre réalité et rêve ou de respect de l'autre sont astucieusement dialoguées. Jennifer Morrison, bloquant son jeu, joue en-dessous de ses capacités. Généralement, l'actrice ne sera pas au même niveau de jeu de ses partenaires - c'est particulièrement visible en saisons 1 et 2 - voguant entre monolithisme et cabotinage entre deux prestations plus abouties. Cependant, son jeu s'améliorera au fil de la série. Bref, un superbe épisode, à ne pas rater ! Infos supplémentaires - House est médecin depuis 20 ans. Malgré ses méthodes peu déontologiques, il a toujours refusé de faire du "lèche" à sa patronne pour obtenir une faveur. Il admettra toutefois un point de rupture dans Acceptera... ou pas ? (saison 3). Il joue pendant les consultations à la Game Boy Advance SP. Le jeu en question est Metroid Zero Mission - bien que les effets sonores ne correspondent pas à ce jeu. Nous le voyons pour la première fois réfléchir pendant plusieurs heures sur le cas de son patient. Lorsqu'un cas s'annonce ardu, il est prêt en effet à rester dans son bureau pour y réfléchir jusqu'à ce qu'il trouve la solution, quel que soit le temps que cela prenne. - Nous voyons également pour la première fois Cuddy pratiquer sur un patient. - La légère calvitie de Hugh Laurie est en partie visible durant cet épisode. Pendant toute la suite de la série, les producteurs le feront coiffer de telle manière qu'elle n'apparaisse pas. - Le rasoir d'Occam, titre et thème de l'épisode, est un principe logique formulé par le moine franciscain Guillaume d'Occam (1285-1347) : Pluralitas non est ponenda sine necessitate (Les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité). Il signifie qu'entre plusieurs hypothèses, la plus simple et la plus élégante logiquement est la meilleure. Base de la logique scientifique, il encourage devant des phénomènes ou problèmes compliqués à rechercher une solution claire (claire et non "facile"). Cet outil, qui a pourtant plus d'intérêt théorique que pratique, est très utilisé dans les œuvres de fiction, en premier lieu Sherlock Holmes qui, sans la nommer, applique cette théorie dans de nombreuses déductions. L'épisode en question montre bien l'application de cette méthode : la solution du jour en effet est claire, d'une logique implacable mais terriblement difficile à trouver... On orthographie parfois Occam en Ockham. Acteurs : 4. PANIQUE À LA MATERNITÉ Scénario : Peter Blake — I'm still amazed you're actually in the same room with a patient. On apprécie les séances de diagnostic plus fiévreuses qu'à l'accoutumée (participation exceptionnelle de Cuddy en prime), ces séances d'urgence psychologique au rythme haletant. Aussi, d'autres scènes comme la confrontation des méthodes de Cameron et de Foreman. Le sommet de l'épisode, le cruel dilemme de House contraint d'assumer une décision lourde de conséquences est remarquablement mis en scène ; le diagnosticien y fêle son armure de froideur. Hugh Laurie est ambigu à souhait dans cet épisode, entre désinvolture feinte et trouble réel. Parallèlement, l'épisode traite des différences entre Cameron et le reste du groupe : sa sensibilité lui interdit d'accomplir certains actes pourtant tout à fait classiques pour un médecin comme dire des mauvaises nouvelles, ce qui lui est justement reproché par House et Wilson. Jennifer Morrison est convaincante quand elle est submergée par des pics d'émotion malgré quelques affleurements de surjeu. Cuddy n’échappe pas non plus à la gravité de l’épisode, devenant plus expressive, et anticipant sur ses plus ou moins heureuses interférences futures dans certains cas, quand sa sensibilité dépassera son devoir de réserve médical. Peu d'humour ou de vannes, mais on citera la première scène dans le bureau de Cuddy et surtout la séquence où, perdant ses nerfs, elle coupe froidement la cravate d’un étudiant !! L'hilarant cas de la patiente atteinte d'un déni de grossesse permet à House de flamboyants dialogues sarcastiques, apportant une lumière bienvenue. Hedy Burress, excellente dans le registre de la blonde un peu bébête, a d'autant plus de mérite de jouer un rôle comique qu'elle venait de perdre son mari d'un accident d'avion. Surprise : House, à la fin, s'humanise en agréant la demande de sa patiente, mais pour des raisons cependant moins altruistes que l'on pourrait croire : House reste lui-même ! En dépit de ses atouts, l'épisode a du mal à convaincre à cause d'un défaut que la série corrigera heureusement très vite : une surcharge de pathos. La scène des couvertures de l'enfant apparaît bien naïve, les dialogues sont très conventionnels, la souffrance des parents est appuyée (malgré l'émouvante Ever Carradine). L'on compte pas mal de dégoulinades comme l'effondrement du couple endeuillé, qui en fait beaucoup trop. La fin "idyllique" tournée au ralenti très "hollywoodienne" agace encore davantage. La main lourde dans l'émotion est de plus appuyée par un considérable essoufflement du rythme dans la 2e partie. Au final, un épisode fondamental pour comprendre toutes les facettes de la série, mais inabouti. 5. L'ERREUR EST HUMAINE Scénario : Sara B. Cooper — Sister Augustine believes in things that aren't real. Le cas conduit nos docteurs à s’interroger sur le concept de foi et de Dieu. Surtout Chase, en vedette dans cet épisode. Il a une aversion des bonnes sœurs que House diagnostique comme conséquence d’une éducation religieuse rigoriste, un passage d’ailleurs superbement réalisé. La scène la plus forte émotionnellement est le moment où Chase, pourtant en colère contre Dieu, réconforte la religieuse en crise de « foi » (sans jeu de mots). Une scène formidable, bouleversante. Le voir, à la fin, rester un moment dans l’église, prouve qu’il n'est pas sorti indemne de cette rencontre. Elizabeth Mitchell incarne à la perfection cette nonne tour à tour fataliste, résignée, délirante, souriante, effondrée. Jesse Spencer trouve lui aussi le ton juste. L’humour reste présent puisque House, pour tenir le coup devant la perspective de l'erreur médicale, se doit d’être au meilleur de sa forme. L’unique cas secondaire, expédié en une minute, est très réjouissant par le traitement hallucinant qu’il exige. Enfin, entre House et Cuddy, ça crépite toujours autant mais aussi avec les autres médecins, ou avec Sœur Eucharist (Lucinda Jenney, remarquable en bonne soeur cynique) : il lui envoie des piques, elle répond en pointant ses contradictions. Un dialogue brillant ! Cependant, il a beau se montrer plus désinvolte et ironique que jamais, il ne peut cacher son malaise. Le suspense de l’épisode est dû à la possible erreur de House. Pris en position de faiblesse car finissant par douter de son « infaillibilité » (crise de foi pour tout le monde aujourd’hui !), House cache mal son inquiétude. Wilson le remarque et le remet à sa place. L'épisode positionne ainsi Wilson en tant que conscience de House, le seul à réussir à lui imposer des limites (un élément-clé de leur relation). House est athée, le revendique et endosse même le rôle de « tentateur » dans la chapelle, son pessimisme s'opposant à l'angélisme de la religieuse. Hugh Laurie est toujours aussi méchamment réjouissant, tandis que Robert Sean Leonard exprime les deux pôles de l'amitié du "Hilson" : il contredit, tourne House en dérision, mais pourtant passe Noël avec lui pour le sauver de sa solitude, même si ça implique que sa femme doit réveillonner seule. Un épisode parfait. - Le titre de l'épisode est extrait d'une citation d'Eleanor Roosevelt : Do what you feel in your heart to be right, for you'll be criticized anyway. You'll be damned if you do, and damned if you don't. L'épisode fut nommé au Prix Humanitas. - Le cas secondaire où House prescrit au patient des cigarettes s'inspire du sketch Doctor Tobacco de la série Fry & Laurie. Hugh Laurie jouait un patient que Stephen Fry, en médecin, tentait de persuader de se mettre à fumer. - House mange une barre de chocolat Cadbury Dairy Milk dans la chapelle. Hugh Laurie avait prêté sa voix pour une publicité de ce produit. - L'introduction est d'une longueur inhabituelle : 4 minutes et 20 secondes. Elle se passe pour la première fois à l'hôpital et en présence de House. - House cite une fameuse chanson de La Mélodie du bonheur (1965) en disant How do you solve a problem like dermatitis ? Référence à la chanson How Do You Solve a Problem Like Maria ? 6. UNE MÈRE À CHARGE Scénario : John Mankiewicz It turns out your best judgment is not good enough. Here's an idea - next time, use mine. Le personnage central est davantage le fils que la mère. Attaché à l’excès à elle, il essaye d’être fort et de se croire capable de l’aider alors qu’il n’est qu’un ado. Aaron Himmelstein, trop statique, ne convainc cependant qu'à moitié, alors que Stacy Edwards a le bon sens de ne pas surjouer son rôle de folle. La scène où Chase et Foreman fouillent le domicile est assez glaçante, voyant que le fils veut contrôler l’incontrôlable : alimentation, vêtements, médicaments, carnets de notes... Du coup, la sensation de culpabilité étouffe sa mère qui, dans un moment de lucidité, voudra couper le cordon pour libérer son enfant. Elle apporte beaucoup d’émotion par son comportement cyclothymique et imprévisible (scène-choc de la prise de sang), y compris à la fin où les illusions, peu à peu, se dissipent. L’épisode aborde plusieurs sujets sociologiques en dehors du complexe d’Œdipe de Lucas : La malbouffe qui causr l’aggravation de l'état de Lucy ; grave phénomène qui s'est aujourd'hui, hélas, banalisé. L'amour possessif : dans un des cas secondaires, House doit faire face à une mère possessive qui prive sa fille de sucre pour qu’elle ne grossisse pas et qu’elle puisse lui ressembler (jusqu'à leurs bracelets). Ainsi, elle paraîtrait plus jeune tout en privant sa fille de son individualité. House, plus holmésien que jamais, le devine et ne se gène pas pour y aller franco en donnant un conseil amoral mais justifié par la situation ! Le syndrome Florence Nightingale : Cameron (très bonne Jennifer Morrison) montre clairement les premiers signes d’un attachement affectueux à son irascible patron. C’est la jeune fille sensible qui ne peut aider son monde qu’en s’y attachant profondément. Ce comportement sera développé jusqu’au sommet que sera la fameuse scène de dîner dans Des maux d’amour. Nous voyons ici que Dr.House affiche une ambition étonnante en se voulant être une étude de l'humanité, ambition réservée qu'aux séries les plus exigeantes (telle Six feet under). Si la série connaîtra des périodes plus creuses, elle n'abdiquera jamais de ce côté-ci, ce qu'on ne peut que saluer. L’épisode ne serait pas intéressant sans l’humour (Foreman dérobant la clé de Lucas) et le lot de piques habituelles : House et Wilson s'envoyant des vannes, House en verve devant son équipe ou devant Cuddy (hilarante scène des toilettes) dont une superbe devil mind qui devrait ravir les amateurs des Avengers. Sinon, attention aux âmes sensibles qui pourraient être choquées du brutal vomissement de sang de Lucy : la scène, courte, est quand même assez réaliste ! La série n'usera que très occasionnellement de telles scènes, gardant l'effet de chaque occurrence. 7. QUESTION DE FIDÉLITÉ Scénario : Thomas L. Moran - You want me to ask a man whose wife is about to die if he cheated on her ? Mais si l’essentiel passe à l’as, des détails hilarants pimentent l’histoire avec bonheur, notamment le cas secondaire de la jeune femme à la poitrine généreuse. House et Wilson ont l’air très intéressés par cette patiente, ce qui nous vaut des scènes drolatiques avec Cuddy (Vous faites des examens pour couvrir votre lubricité ?). La fameuse cravate de Wilson nous vaut aussi des pointes housiennes à se tordre ! À la fin de l’enquête, l’épisode rebondit grâce à un dilemme que le scénariste amène habilement : si le traitement rate, la patiente meurt, s’il réussit, la preuve de l’infidélité sera définitive et minera le couple. Une terrible situation qui enfin donne du tonus à l’épisode qui menaçait de s’endormir (sans jeu de mots). Pendant ce temps, Cameron dévoile son secret : une tragique histoire sentimentale passée très originale, qui de plus, nous en dit beaucoup sur la jeune doctoresse. L’interprétation de la scène, clou de l’épisode, est superbe et ouvre quelques horizons inattendus : House a-t-il subi une histoire pareille qui serait cause de sa misanthropie ? Jennifer Morrison ose plus d'expressivité, et domine le cast. Très bon choix aussi que de faire un unhappy end. Le dénouement, triste et inexorable, prouve l’agilité de la série dans tous les domaines, y compris celui du drame. Cependant la fin est gâchée par un rebondissement final peu crédible (qui étonnera même le rationaliste House) ; il pourrait être excusé si la toute fin suivait le même sens, ce qui n’est pas le cas, prenant le virage opposé ! Cet épisode n’est vraiment pas un plaidoyer pour le mariage, la confiance mutuelle étant décrite ici que comme une chimère. Il sera toujours intéressant de voir comment la série traite les couples présentés, avec une variété de situations et de questions recoupant une grande partie du comportement amoureux humain. La question de la culpabilité est également abordée avec la souffrance de l’infidèle qui cache sa faute et la personne trompée qui ne sait si elle doit pardonner ou pas. A Dominic Purcell, parfois confus, on préférera l'émouvante Myndy Crist. Un épisode aux bonnes idées mais au traitement inégal. Scénario : Matt Witten - Who are you ? Pas vraiment de rebondissements dans l’épisode, si ce n’est la découverte du second cas qui remet en question toutes les théories précédentes, ou la révélation finale, assez ironique. Si l’épisode se laisse voir, c’est surtout pour la succession étonnante des échecs de nos héros qui, à chaque fois qu’ils trouvent un indice, se heurtent à un mur. Cette suite d’obstacles, divertissante et pleine de suspense, est un atout précieux pour un épisode très CSI (notamment lors de la seconde fouille). Malheureusement, ce scénario linéaire et prévisible est le revers d’Empoisonnement. S’il n’y avait la mère, le cas serait désespérément dépourvu d’originalité. De plus, la mise à l’écart du fils ne donne pas de scènes qui auraient pu approfondir davantage la relation avec sa mère, observée uniquement du point de vue de cette dernière. Enfin, le second étudiant et ses parents font tapisserie, leur seul intérêt étant de faire contrepoint au cas principal.
Pour la première fois, le patient n’est pas le personnage central de l’épisode. C’est ici sa mère qui joue ce rôle. 9. VIVRE OU LAISSER MOURIR Scénario : David Foster - My pants tell you I have diabetes ?
L’ironie de House n’est pas au beau fixe : son humour noir, en petite forme, ne fait pas de contrepoint au sérieux global de l’épisode (à l’exception de la trop courte scène du procès). Heureusement, Cuddy et Wilson permettent de passer quelques bons moments, ce qui compense un cas secondaire un peu bâclé. La scène où Cuddy – plus blasé tu meurs – explique à House qu’elle savait ce qui l’attendait lorsqu’elle a engagé le diagnosticien est la plus drôle de l’épisode, surtout grâce aux mimiques des acteurs. Mentionnons aussi le gag énorme que trouve House pour ne pas aller en consultations. On notera, dans la scène d’introduction, l’apparition en guest star de la chanteuse de pop/R’n.b Brandy (Norwood). La saison 1 a trouvé un bon rythme, mais on sent que la série traîne encore un peu les défauts du formula show qui n'implique pas le public autant que la forme semi-feuilletonesque qui est aujourd'hui l'apanage de la majorité des séries actuelles. Durant la saison, la série va chercher un supplément d'âme avec plus d'audace et d'ambition, pour devenir graduellement ce chef-d'oeuvre de richesse philosophique et psychologique qu'elle est devenue. 10. L'HISTOIRE D'UNE VIE Scénario : Joël Anderson Thompson (crédité comme "Joël Thompson") - And what is the treatment for advanced ovarian cancer ? Heureusement, un coup de fouet est donné à la 25e minute : la patiente a fugué de l’hôpital et House « cuisine » un policier irresponsable cherchant à dissimuler une faute professionnelle. L'épisode prend ainsi des allures de réquisitoire contre l'abus de pouvoir des policiers, et le malaise social que constitue la mise à l'écart des SDF et des laissés-pour-compte. Ca y’est, l’épisode a trouvé sa vitesse de croisière, mais le réveil est un peu tardif ! On regrettera que l’épisode ne se termine pas par cette scène mais par une surcharge de pathos avec la révélation appuyée de Wilson sur son frère qui ne vient vraiment pas à point. Scénario : Lawrence Kaplow et Thomas L. Moran About how big your ass has gotten lately ? Après la douleur physique, le psychologique prend le relais. House décide carrément de jouer avec la vie du patient pour prouver qu'il a raison et devient d'une antipathie incroyable. Cuddy, pourtant habituée à ses frasques, en est dégoûté. C'est la première fois qu'il va aussi loin dans la noirceur, et en cela, Hugh Laurie anticipe le comportement de son personnage durant les saisons suivantes où il repoussera sans cesse les limites, quitte à perdre la sympathie du spectateur (la série est fidèle à donner du plaisir et non du confort au spectateur). Parallèlement, il devient totalement méconnaissable, transpirant, souffrant à chaque pas. Il provoque ainsi une émotion complexe sur le spectateur qui ne sait s'il veut le voir capituler ou résister, soit tout à fait un genre de situation que n'aurait pas renié Sir Alfred Hitchcock, maître de l'ambiguité. On peut regretter alors que la scène avec le chirurgien soit anticlimatique car cassant la relation complexe que House entretenait avec le spectateur. Malgré cela, le passage est réussi car House n'est jamais aussi régalant que quand il sabote sans subtilité une opération qui lui vaut un coup de poing dans la tronche ! Immense Hugh Laurie dans cette très expressive descente aux enfers de son personnage. Le cas Foster est très agréable à suivre. Malgré quelques longueurs et des dialogues assez mièvres entre les deux amoureux, heureusement rares, (Amanda Seyfried, pas encore la célébrité qu'elle est maintenant est certes excellente, mais Nicholas d'Agosto est très plat), la complication de la maladie, tout en suspense, et les quelques scènes d'électrochoc (vomissement brutal, foie pourri ou l'autopsie de "Jules") dynamisent à intervalles réguliers le tempo de l'épisode. Tous les personnages et acteurs tiennent une forme olympique à l'exception d'une Jennifer Morrison en surjeu : Foreman révolté, Chase malaisé, Wilson cynique, Cuddy, froide et révulsée.. la tension est partout et ne se relâche pas. L'ironie, maîtresse de l'épisode, domine tout, y compris le twist final. L'épisode attaque aussi à mots couverts le manque de moyens dans les hôpitaux qui ne servent pas toujours une nourriture convenable. Detox ouvre une fenêtre sur les futurs grands chefs-d'oeuvre noirs de la série. Première apparition du Dr.Hourani, joué par Maurice Godin. Il apparaîtra dans 3 autres épisodes de la série : Tout seul (saison 4), 16 heures de la vie d'une femme, et Comme à l'école (saison 6). Amanda Seyfried (1985) est une des comédiennes les plus prometteuses de sa génération. Sa vocation naît quand elle regarde à 10 ans Romeo + Juliette de Baz Luhrmann (avec Leonardo di Caprio). Elle commence toutefois comme mannequin tout en prenant des cours de chant et de comédie. Elle débute sur le petit écran grâce au rôle de Lucinda Montgomery dans le soap opera As the World Turns (27 épisodes), mais elle se fait vraiment remarquer en jouant un second rôle dans le film Lolita malgré moi. Pressentie pour jouer le rôle éponyme de la série Veronica Mars (qui échut à Kristen Bell), elle apparut dans cependant 11 épisodes de la série (rôle de Lilly Kane). Ayant reçu plusieurs récompenses, elle continue sa fructueuse carrière jouant dans des films comme Nine lives, Mamma mia !, Jennifer's body, Le chaperon rouge, Time out, Les Misérables, Lovelace, Albert à l'Ouest... Elle n'a joué que dans peu de séries sauf le rôle majeur de Sarah Henrickson de la série Big Love (43 épisodes)... Mark Harelik (1951) est un acteur de télévision, de théâtre et des musicals de Broadway. Il est également dramaturge (sa pièce The Immigrant fut en 1991 un succès phénoménal dans tous les Etats-Unis). D'abord au théâtre, il ne vient vraiment devant le petit écran qu'à partir de 1993. Il a obtenu un rôle récurrent dans Getting on (10 épisodes) et a joué dans de nombreuses séries : Star Trek : Voyager, Angel (épisode Les coulisses de l'éternité), Les Experts : Miami, Desperate Housewives, Six Feet Under, Numb3rs, Grey's anatomy, Bones, Urgences, Medium (épisode Le cougar), Breaking bad (épisode Kafkaïen), Lie to me, The Good Wife, Scandal, Castle, Mentalist... et beaucoup d'autres ! On l'a peu vu au cinéma, mais on peut noter qu'il joue un petit rôle dans Jurassic Park III. Maurice Godin est un acteur canadien connu pour ses participations à Robocop, Seinfeld, Lois & Clark, The practice, Spin City, Ally McBeal, Alias (épisode Véritable identité), NIH alertes médicales, Monk, Friends, Chair de Poule (2 épisodes chacun), Malcolm, Jericho, Tell me you love me (épisode 3), Los Angeles police judiciaire, Suits : avocats sur mesure, etc. 12. RENCONTRE SPORTIVE Scénario : John Mankiewicz et David Shore - See ? Steroid use shrinks the testicles. La redoutable performance de Hugh Laurie de l'épisode précédent pouvait laisser penser qu'il subirait un contrecoup. Il n'en est rien : souffrant ou pas, House n'est jamais infidèle à sa réputation. On retrouve ses échanges électrisants avec Cuddy (Si vous voulez vraiment me contrarier, demandez-moi un truc que je peux accepter !). Sans oublier une scène tordante : House tente de partir un quart d'heure en avance, mais Cuddy l'en empêche car il y a quatre patients à traiter en consultation. Une minute plus tard, il a diagnostiqué tout le monde, laissant une Cuddy sciée ! Ses réparties face à son patient et surtout face à son équipe sont plus énergiques que de coutume, un vrai régal de dialogues qui fusent. D'autres scènes comme celle où Cameron, Chase et Foreman discutent de leur boss, notamment de sa sexualité, ne sont immanquables ! Toutefois, un certain malaise naît de cette histoire d'invitation car Wilson a menti à House pour ne pas aller au show pour des raisons assez délicates. Raisons qui font disparaître la morgue de House, pour une fois gêné et hésitant. C'est la première fois que nous entendons parler de cette personne qui apparaîtra bientôt dans la série. Encore un peu de patience... Première apparition de la canne noir et argent de House (à la toute fin), on ne la verra cependant plus avant l'épisode Douze ans après (saison 2). Bryan Singer, réalisateur et producteur de la série, fait un caméo dans l'introduction : il joue son propre rôle en interprétant le réalisateur du spot. Le titre VF est ridicule : il ne correspond à rien. L'épouse de Scott Foley (Hank), Marika Dominczyk, jouera dans l'épisode Flou artistique (saison 5). Meredith Monroe (1968) est surtout connue pour avoir joué à 69 reprises le rôle d'Andie McPhee (16 ans dans la série soit 13 ans de moins que son interprète !) dans la série adolescente Dawson. Elle commenca à apparaître sur les écrans à la fin des années 90. Elle a davantage tourné dans des séries que dans des films. On a pu la voir dans Les Experts, Les Experts : Miami, Les Experts : Manhattan, Hawai 5-0 Cold Case, Bones, Californication (épisode Vaginatown), Mentalist, NCIS, NCIS : Los Angeles, Esprits Criminels (14 épisodes), The Closer L.A. (épisode Conflit parental) etc. Réalisation : Daniel Sackheim — How would you feel if I interfered in your personal life ? Dès son entrée, on pressent un malaise, qui n'est pas désamorcé par les déductions "holmesiennes" et ironiques de House. D'ailleurs, Rowan se montre très mystérieux : ses dehors calmes, son air de vieux sage, intriguent. Il se contente de participer aux séances de diagnostic, et d'essayer de discuter sereinement avec son fils qui s'y refuse, trouvant tous les prétextes possibles pour éviter de lui parler. Rowan lui-même, ne dit à aucun moment qu'il regrette ce qu'il a fait. On ne saura pas si c'est le cas ou pas, le personnage demeurant assez sphinx. Ce mystère, la fine écriture des dialogues et la prestation des comédiens font du passage obligé (et parfois lourd) de la famille dysfonctionnelle, une histoire divertissante. La grande scène de l'épisode est évidemment le déballage de Chase, qui lâche ses quatre vérités à son paternel. Puis, disant à House, de manière moins passionnée mais toujours avec autant de force, ce qu'il ressent réellement envers son père. Cette relation qui s'apparente à de l'amour-haine sans qu'elle le soit pour autant est vraiment bien trouvée. Elle montre la difficulté du pardon, et plus terriblement : l'indifférence sèche, la négation des sentiments comme antidote aux souffrances psychologiques : Chase fuit son père car il ne veut plus souffrir à cause de lui. Ce choix confirme son sentiment permanent de peur qu'il avait déjà avoué à Sœur Augustine dans L'erreur est humaine, et qu'il confirmera plus tard par différentes attitudes de traîtrises ou de lâcheté. Attitudes motivées par son désir d'ambition mais surtout à cause de sa peur intérieure. Ce faisant, Chase montre le point commun qu'il a avec House : il est toujours dans une fuite en avant, se noyant dans son travail...
Le cas médical se regarde sans peine, malgré un second patient non développé (David Henrie, le fils de Ted Mosby pour les amateurs de How I met your mother). On notera une scène de bravoure : l'équipe, en état d'urgence, devant débloquer la respiration de Gabe aidée par Cuddy (une première). Cette scène, inhabituellement longue, énergise l'épisode. La recherche policière de la maladie, avec Chase s'improvisant en Sherlock Holmes est suffisamment prenante pour que l'on soit pleinement dans l'épisode. Comme d'habitude, l'humour noir de House fait merveille, se montrant désobilgeant dans des moments qui demanderaient pourtant plus de tact - quand il cuisine Chase par exemple - On regrettera l'absence de cas secondaire extravagant qui aurait pimenté l'épisode. 14. CHANGEMENT DE DIRECTION Scénario : Lawrence Kaplow — I need you to wear your lab coat. Il y a aussi la "traîtrise" de Chase qui confirme que la peur et l'ambition sont les sentiments dominants chez lui ; il est prêt à tout pour se faire bien voir, quitte à avoir une attitude de "lèche" qui se confirmera dans les épisodes suivants avant que son évolution - sous l'influence de Cameron et House le tirent hors de cette attitude négative. On assiste ici au début d'un intéressant parcours psychologique. Quant à Cameron, à l'instar d'une Tara King, elle commence à dévoiler ses sentiments envers son patron. Les personnages se craquèlent, atténuant la froideur clinique de leurs portraits passés. Sans doute la série avait-elle besoin d'un délai pour mieux appréhender leurs personnages. On verra qu'à l'inverse, la seconde équipe de la saison 4 sera instantanément sur les rails, preuve d'une plus grande aisance d'écriture de la part des scénaristes. Le sujet majeur de l'épisode est Edward Vogler. Ce personnage, sous des dehors débonnaires, s'avère prodigieusement antipathique de par sa tendance ultra-libérale. Ce milliardaire ne voit que le côté business des choses. Tout est business et la Santé doit être pour lui un service rentable : il faut guérir beaucoup et vite, ce qui n'est pas sans rappeler quelques méthodes de management de triste mémoire encore en cours aujourd'hui. La rentabilité à tout prix détruit la vision humaniste de l'art de la médecine qui consiste à sauver des vies. Cuddy elle-même cache mal son malaise quand elle commence à découvrir la face sombre de Vogler. Mais que peut-elle faire face au pouvoir de l'argent ? Lisa Edelstein brise pour la première fois le cynisme de Cuddy pour mettre l'accent sur son côté plus humaniste. Toutefois, le beau soin apporté à ce changement est affaibli par la description binaire de Vogler, dont on sent trop qu'il ne sert que de repoussoir pour faire dire au spectateur que finalement House n'est pas si noir que ça. Mais nous sommes dans les tous premiers pas de la série, au sujet et au héros déjà extrêmement audacieux, et l'on comprend que David Shore ait voulu se rassurer par cette facilité pour ne pas trop choquer le public des grandes chaînes, plus amateur d'héros aseptisés que ceux du câble. Il n'aura d'ailleurs plus jamais recours à une telle stratégie (Tritter aura une tout autre stature). D'ailleurs l'entrée en scène de Vogler où il narre sa vie (avec violons grinçants de rigueur !) est franchement manquée, d'autant que Chi McBride n'est absolument pas crédible. Ce n'est que lorsqu'il entre en conflit avec le héros que ses airs faussement bonhommes font mouche. En lui-même, il faut avouer que le scénario de l'épisode reste assez plat et que la mise en scène est souvent bancale et peine à donner tout le suspense voulu. Un épisode pas mauvais, mais en-dessous de la qualité habituelle. Sunny Mabrey (Jenny) était alors l'épouse d'Ethan Embry qui jouera Mickey, le patient de Brouillages (saison 6). Ils ont cependant divorcé en 2012. Chi McBride (1961) en dehors du rôle de Vogler, est surtout reconnu pour avoir joué Emerson Cod dans la série Pushing Daisies (22 épisodes), Winston dans Human Target : la Cible (25 épisodes), et Lou Grover dans Hawai 5-0 (32 épisodes en 2015). Son prénom "Chi" est en fait le diminutif de Chicago, sa ville natale (son vrai prenom est Kenneth). Il a enchaîné des rôles recurrents dans des séries populaires comme The John Larroquette Show (84 épisodes), Boston Public (81 épisodes), Killer Instinct, The Nine (13 épisodes chacun), How I met your mother, Suits, etc. On l'a vu au cinéma souvent dans des rôles d'homme de main comme Code Mercury (avec Bruce Willis) ou Le Terminal (avec Tom Hanks) et dans d'autres films plus divers... 15. UN TÉMOIN ENCOMBRANT Scénario : David Foster et John Mankiewicz — Need the lawyer. Le diagnostic final place Bill dans une délicate situation : pour son frère, sera-t-il capable de dépasser ses préjugés ? Il doit "pardonner" à son frère un penchant qu'il considèrera toujours comme honteux. Ainsi, la scène finale est-elle ambiguë : tel Le Parrain, il place l'amour fraternel au-dessus de tout, mais c'est plus par "obligation familiale" qu'il consent à lui lâcher la bride : il choisit de n'y plus penser plutôt que d'y faire vraiment face. Joey et Bill ne se reverront plus et leurs adieux sont tout sauf chaleureux. Encore une belle démonstration d'une fin aigre-douce, typique de la série. A l'inverse, le cas secondaire est extrêmement drôle, avec House extrayant du nez d'un enfant un, deux, trois, puis quatre objets qu'il avait fourrés dans sa narine !! Le choix des figurines est d'ailleurs bien pensé car témoigne d'une certaine précocité dans la logique de l'enfant ! Fait rare, cet épisode se termine sur un cliffhanger inattendu, voyant la mécanique Housienne routinière se grippant. Cela est d'autant plus fort que House est prisonnier d'une volonté de contrôle absolu sur ses actions (Cuddy demeure tolérante des excès de House) qu'il perd à cette occasion. Terminé sur une note suspensive, cet épisode est décidément un modèle de construction avec surprises astucieusement insérées. Il bénéficie aussi d'une réalisation tellement épatante qu'elle mérite d'être signalée, l'utilisation notamment des plongées impressionnantes et une caméra nerveuse et fluide. Félicitations à Tim Hunter pour ce remarquable travail ! Scénario : Thomas L. Moran It will be more cost-efficient once I've grabbed Cameron's ass, called Foreman a spade, and Chase... well... I can grab his ass, too. Finalement, Cameron est la plus "pure" des trois. Malgré la pression, elle ne se renie pas. Au contraire, elle n'hésite pas à se disputer avec son patron (alors que ce n'est pas le meilleur moment), refuse de laisser tomber ses collègues, pensant même démissionner de son propre chef pour éviter les ennuis. Son "angélisme" est mis à mal par la dure réalité autour d'elle : ici, c'est chacun pour soi et elle ne le supporte pas. A posteriori, cela apparaît tragique car Cameron parvient encore à conserver son idéalisme, mais sera à la fin éclaboussée par la noirceur de House qui l'endurcira pour le meilleur comme pour le pire. Il est ironique qu'elle perdra la partie en luttant là où Martha Masters se préservera grâce à une arme souvent sous-estimée, et en particulier aux Etats-Unis : la fuite. En attendant, c'est sa colère qui domine, la scène qu'elle a avec House est d'une splendide intensité, portée par la superbe interprétation de Jennifer Morrison, qui ne joue jamais aussi bien que quand son personnage quitte ses postures d'angélique battant des cils. Finalement cet épisode illustre très bien la morale d'Epictète : Ce ne sont pas les choses qui nous rendent malheureux, c'est l'idée que nous en faisons. Grâce à ce cas secondaire, cet épisode est un véritable plaidoyer pour la différence : nous n'avons pas à nous sentir honteux de notre corps. De fait, la tirade de Chase sur la dictature de la minceur, imposée par la société (ou la mode), pour que nous puissions "plaire", rejoint la thèse de Mme Hernandez. Susan Slome fait un tabac en "forte en gueule". Chase, décidément en grande forme (tout comme Jesse Spencer), dénonce également le phénomène de l'obésité, grandissant dans le monde mais surtout en Amérique. Il n'y a pas de contradiction, car l'obésité dont parle Chase est l'obésité "négative" qui vous rend malade, pas celle qui est assumée - celle de Mme Hernandez. De nos jours, bien des gens, en particulier les jeunes, ne font plus d'exercice physique et se gavent de nourriture industrielle, de malbouffe (déjà dénoncée dans Une mère à charge). Au final, l'épisode sonne une charge bourrée d'acide contre le triomphe des apparences, combat éternel de la série résumé par son fameux "Everybody lies". 17. DOUBLE DISCOURS Scénario : Matt Witten - Look, if this case is as trivial as you think, it'll take you three minutes to diagnose. L'opposition entre House et Wright est finement dessinée : House est cynique, misanthrope, désabusé ; Wright est gentil, philanthrope et idéaliste. House ne veut plus croire en la bonté des gens car il sait qu'il sera déçu, Wright a le comportement inverse : il sait qu'il pourra être déçu mais il ne le regrettera pas quoi qu'il arrive. Sa foi en l'homme est diamétralement opposée au réalisme pessimiste de House. En cela, il accepte de prendre des risques tandis que House, qui passe son temps à risquer la vie de ses patients, au contraire ne prend pas de "risques". House est donc en face de ses contradictions et ne peut que fuir le sujet lorsque le sénateur le remet à sa place. Pour Wright, c'est se battre qui est le plus important, pour House, c'est le résultat qui compte. Qu'importe à Wright qu'il ne soit jamais élu s'il pense qu'il a eu raison de lutter et ait contribué à changer un peu le cours des choses, ce n'est pas grave si on ne gagne pas toutes les parties. Fait rare, House en sera troublé ! En prime, nous avons droit à un cas secondaire assez rigolo avec une jeune femme qui est enceinte mais qui affirme n'avoir pas eu de rapports sexuels depuis un an et qui n'a pas été droguée. Comment est-ce arrivé ? La réponse est d'une ironie drôlissime. Quant à la maladie du sénateur, elle est fructueuse en rebondissements, le cas est merveilleusement traité : House ne vote jamais. Ça vous étonne ? 18. SACRIFICES Scénario : Peter Blake et David Shore, d'après une histoire de Peter Blake — So, there is some hope. Le compte à rebours est lancé : Vogler veut éjecter House de l'hôpital. Il se montre plus odieux et plus méchant que jamais, pourrissant la vie de son (in)subordonné jusqu'à annuler l'opération salvatrice qui eut pu sauver Naomi. Ce choix, qui la tuera d'une certaine manière, donne naissance à une scène où House et Vogler se hurlent dessus. Ce genre de scènes n'est pas typique de la série qui n'a pas besoin de faire crier les gens pour faire passer les sentiments, mais est justifié ici par sa situation extrême et par le crescendo de tension, l'effet est remarquable et tombe a tempo. L'amitié Wilson-House est mise à rude épreuve, Wilson accusant House d'être responsable de sa chute et de placer ses principes plus haut que leur "amitié débile" ; House, embourbé dans ses contradictions, ne peut que faire profil bas. Cet épisode est décidément riche en surprises ! Nous voyons ici toute l'ambiguité du "Hilson" : profond, sensible, implicite, bouleversant derrière la comédie de l'amour vache, et ses nombreuses fêlures que rien ni personne ne parviendra pourtant à rompre. Le Hilson se montre déjà abyssal d'intelligence et d'émotion à travers cette première rupture. Robert Sean Leonard, toujours sympathique, donne le meilleur de lui-même dans le rôle de celui qui ne reçoit qu'ingratitude en échange de son amitié. C'est via un cas secondaire dramatique que House retrouve le crédit auprès de Cuddy. Son retournement fait tout basculer : elle s'oppose à Vogler, trouve le courage de lui jeter ses quatre vérités, dénonçant son OPA sur l'hôpital. La scène est d'une grande force, sans éclats de voix, où elle s'en prend à ses collègues – muselés par l'argent – qui vendent leur conscience pour ce soutien financier ainsi que leur liberté de choix. Une fois elle, Wilson et House disparus, qui pourra s'opposer à Vogler ? Cette situation fait terriblement penser au Prisonnier où, en échange d'une captivité dorée et luxueuse, les habitants du Village acceptent de se laisser gouverner. Lisa Edelstein accomplit une prodigieuse performance avec une Cuddy lâche et "méchante" avant son réveil moral tardif. Vogler se voit poussé vers la sortie (hourra !). Chi McBride se donne à fond en saligaud pur et simple, il réussit parfaitement sa sortie. Mais ce dénouement n'est pas heureux pour autant. La fin garde un arrière-goût amer édifiant : House et ses collègues sablent le champagne pour arroser la victoire de Cuddy (les fans des Avengers ne peuvent qu'être ravis devant cette tradition Steedesque)... mais quand elle arrive, elle casse l'ambiance en énonçant tous les sacrifices que le comportement de House a impliqués, brisant l'euphorie de cette fin dont on espérait qu'elle contrebalancerait celle de Naomi. C'est donc sur une note discordante que se termine cet épisode très rude, annonciateur des futurs grands diamants noirs de la série, et qui apporte une inflexion clé dans le développement des personnages.
Cinquième et dernier épisode avec le personnage de Vogler (Chi McBride). Scénario : Thomas L. Moran et Laurence Kaplow — Dr. House ! We need you here. Mary est une fille extrêmement précoce pour son âge. Pas pudibonde, d'un calme olympien malgré sa maladie, très directe, et d'une grande patience ; elle met un point d'honneur à ne jamais se plaindre, anticipant l'Andie de Leçon d'espoir (saison 2). Voilà un rare et beau portrait d'adolescente (en plus très jolie). La scène finale, où elle avoue d'elle-même à ses parents ce qu'elle a fait, le montre bien : elle assume ses actes. On ne peut qu'applaudir le talent de Skye McCole Bartusiak qui, avec un jeu froid et rentré, parvient à établir un grand décalage entre son âge et la maturité de son personnage. On ne regrette que davantage la disparition prématurée d'une si prometteuse actrice. Quelques détails amusants pimentent cette intrigue un peu compassée : diagnostic foldingue d'un cas secondaire, House pastichant Tartuffe avec un Cachez ce sein que je ne saurais voir à propos du décolleté de Cuddy, House asticotant quelqu'un qui a du mal à déféquer, Wilson et ses mimiques d'impuissance. Le diagnostic différentiel en pleine séance de dépistage vaut également le détour. House veut à tout prix récupérer Cameron, c'est pour cette raison qu'il ne donne aucune chance aux postulants et qu'on le voit dans la première scène la supplier de revenir. Le spectateur croit alors que House ressent quelque chose, et Cameron aussi. Le suspense sentimental naît de l'attente de voir House avouer clairement qu'il est attaché à elle lui aussi. Ce début est remarquable car proposant une inversion de rôles : Cameron a les cartes en main et House est en infériorité. Le final en miroir est un splendide trompe-l'oeil : House avoue enfin qu'il tient à Cameron, mais sans le savoir, Cameron tout comme le spectateur se trompe sur le véritable sens de cet aveu, ce qui amènera la dramatique méprise de l'épisode suivant. Le piège que préparent les scénaristes est admirablement construit et camouflé, et tout le monde va gaîement tomber dans le panneau dans l'épisode suivant. La véritable explication du comportement de House ne sera jamais explicitement formulée, mais une clé sera apportée dans les épisodes 4x01 et 5x22 où apparaîtront deux traits de caractère du diagnosticien qui expliqueront son attitude. En attendant, Cameron accepte de revenir à une condition sine qua non stupéfiante, mais logique, finalement ! La scène, toute en justesse et en émotion, est d'une grande force, bien que grêvée par une Jennifer Morrison trop excessive dans un moment pensé comme sobre. Cameron est très sportive. Elle prend souvent tout au premier degré. Première fois que nous voyons son appartement, sobre et rangé, à son image... 20. DES MAUX D'AMOUR Scénario : Sara B. Cooper — Wow. Well, you've certainly given me a lot to think about. If only I was as open as you. Tout le monde s'interroge sur le date : Foreman voit ce rendez-vous d'un mauvais œil et s'inquiète pour sa collègue. Excellent mélange cynisme-sérieux chez Omar Epps. Chase invite Cameron à sauter carrément House si elle veut l'avoir, Cuddy approuve en disant que Cameron sera la seule à le supporter tandis que Wilson s'inquiète pour House car il a peur qu'elle lui brise le cœur. Ce défilé de joyeuses saynètes donne lieu à des dialogues vifs et un humour permanent tandis que nous attendons avec impatience le rendez-vous. L'attitude de Cameron, inhabituellement souriante et ironique (C'est mon patron, j'ai le droit de le harceler sexuellement !) donne une autre allure à son personnage. L'hilarante scène qui précède le dîner permet de voir Wilson en conseiller séduction - technique du DHA à retenir - tandis que House tente de trouver une excuse pour ne pas y aller. ...avec un vieux couple qui se pose des questions sur sa sexualité. Ses réactions et ses répliques sont cependant celles d'ados plus ou moins immatures (la première scène avec Ramona !), décalage garanti ! Pilules bleues or not pilules bleues ? C'est la question du jour et House a l'air à la fois amusé et consterné par ce cas abscons. Une chute finale d'un comique ravageur couronne ce cas désopilant. Quel plaisir de retrouver maître Peter Graves, à cent mille lieues de son personnage de Jim Phelps, mais pourvu toujours de son même génie d'acteur qui lui permet ici de se montrer très poilant, d'autant que June Squibb lui donne parfaitement bien la réplique. Au début de la première scène, Chase termine une blague par "Et le renard s'essuie avec le lapin". La blague complète, d'une subtilité Bergmanienne, est la suivante : C'est un lapin qui fait ses besoins dans une clairière. Arrive un renard qui lui dit : "Beurk, tu es dégueulasse, tu chies sans t'essuyer le derrière". Le lapin lui répond : "Tu sais, ça ne me dérange pas d'avoir un peu de merde sur les poils". Et le renard s'essuie avec le lapin (oui, je vous avais prévénu que c'était subtil). 21. COURS MAGISTRAL Scénario : David Shore - Why is it always me ? En même temps, House exhorte ses étudiants à être pleinement matures, leur filant une pression monstrueuse, à assumer une situation où ils doivent faire face à la mort prochaine d'un patient, et surtout leur faire prendre conscience que tôt ou tard, ils commettront des erreurs qui tueront un patient. Bref, House casse la tête au mythe du gentil docteur en le transformant en un homme responsable, faillible, et sans émotion. Une pointe qui vise non seulement les fadasses docteurs du tout-venant des séries médicales, mais aussi Cameron dont l'angélisme lui brouillerait la vue et tuerait sa patiente. House invite les étudiants à avoir de grandes connaissances pour pouvoir trouver l'espèce d'un serpent coupable (qui sera en réalité un drôle de serpent !!), et un bon esprit d'analyse pour déterminer si un patient simule ou pas. Il leur fait voir la dure réalité du métier. Remarquons que la mise en scène de Paris Barclay est éblouissante, avec un montage craquant (l'apparition truquée et successive des trois étudiants dans la chambre de Carmen et du fermier, ou les 16 personnes agglutinés chez l'adolescente) et une fluidité qui fait vraiment plaisir ! 22. LE CHOIX DE L'AUTRE Scénario : Lawrence Kaplow et John Mankiewicz — What happened to "Everybody lies" ? Bien entendu, c'est l'explosive relation entre Stacy et House qui est l'atout majeur de cet épisode. Stacy connaît bien House, donc elle connaît ses moyens pour arriver à ses fins. Elle lit dans la tête de House comme dans un livre ouvert. Ce jeu psychologique où House essaye de trouver la faille dans le ménage Warner permet un suspense moral très prenant. House, en effet, n'est pas guéri d'elle tandis que la volonté farouche, presque exacerbée que met Stacy à s'éloigner de son ex est une protection, un bouclier contre la tentation de l'adultère car elle n'est pas sûre d'elle. Finalement House applique la théorie Freudienne que Cameron lui avait expliqué dans Des maux d'amour : il veut dominer Stacy pour pouvoir la reconquérir ou bien lui faire mal en retour de ce qu'elle lui a fait il y a cinq ans : il refuse de pratiquer un test important sur Mark, prétextant que c'est la volonté du patient d'où un gros coup de gueule de Stacy devant tant de mauvaise foi : House respecte rarement les volontés de ses patients ! La scène finale est un sommet de romantisme. Les dialogues prennent une certaine emphase mais ne sont jamais exagérés. La superbe déclaration de Stacy est pleine de justesse. La décision de House d'accepter que Stacy travaille désormais à l'hôpital finit cette saison sur un point d'interrogation : que va-t-il se passer ? Entre House et Stacy, sera-ce l'entente cordiale ou bien le conflit ouvert ? Sela Ward maîtrise davantage son jeu. Acide, déterminée, émouvante, elle énergise son interprétation qui soutient solidement cet épisode. Hugh Laurie crève l'écran et repousse les limites du cynisme avec un jeu acerbe et glacial, mais aussi triste et plus doux quand il s'interroge sur ses souhaits. L'épisode se termine comme s'achevait le premier : par la chanson des Rolling Stones You can't always get what you want. Dommage que Jennifer Morrison accomplit une de ses pires prestations en sentimentale. Tout au long de la saison, elle fut inférieure à ses partenaires, sauf quand elle sortait de l'habitude de son personnage (comme dans Love hurts). Heureusement, le meilleur est à venir pour elle. À noter que House prononce le mot français Garçon ! pour appeler un serveur. 1. Des maux d'amour : Le cas principal du plus réjouissant intérêt, et le personnage troublant d'Annette dominent cet épisode rempli de surprises. Le cas secondaire (avec Peter Graves) est un des plus décalés de la série. La scène du dîner est un classique pour les fans. Réussite totale. 3. Le choix de l'autre : Bouleversant épisode à la tension et à l'émotion débordantes, dominé par le duel psychologique entre House, Mark, et Stacy. Climax sur climax, cet épisode est un miracle de précision scénaristique jusqu'à sa fin ouverte. Lumineuse interprétation de Sela Ward. Crédits photo: FOX. Images capturées par Clément Diaz. |