Saison 6 1. Toucher le fond… (Broken - Part 1) 2. … et refaire surface (Broken - part 2) 4. Le Serment d'Hippocrate (The Tyrant) 5. L’argent ne fait pas le bonheur (Instant Karma) 6. Le cœur du problème (Brave heart) 7. Les mots pour ne pas le dire (Known unknowns) 9. Heureux les ignorants (Ignorance is bliss)
13. Passage à l’offensive (Moving the chains) 14. 16 heures de la vie d’une femme (5 to 9) 15. Lecture pour tous (Private lives) 17. Personne ne bouge ! (Lockdown) 18. Amour courtois (Knight fall) 19. Permis de tromper (Open and shut) 20. Le copain d’avant (The choice) 21. Ça va bien, et vous ? (Baggage) 22. Sauvez-moi (Help me)
PRÉSENTATION DE LA SAISON 6
La saison 6 se caractérise par un déclin de la qualité globale de la série. Cependant, elle se caractérise aussi par de brillantes innovations qui doivent atténuer cette première constatation. Une nouvelle page se tourne, car à l’issue du 8e épisode de la saison, le Dr.Allison Cameron (Jennifer Morrison) quitte la série. Elle était un des six personnages principaux présents depuis le pilote. Son départ signifie la fin du Chaseron et du Hameron. En fin de saison, un personnage récurrent apparaît : Samantha Carr, la première femme de Wilson, jouée par Cynthia Watros. Dans la saison 5, la série commençait déjà à gratter du côté du soap opera. Cette saison va marquer plus profondément ce choix, hélas à l’opposé des valeurs de la série. Cette cohabitation impossible va déranger l’esprit de Dr.House. Cela est visible en particulier avec des scènes centrées sur le couple Taub, d’un ennui sidéral ; une insulte à un personnage aussi passionnant que lui. Plus grave encore, cela va contaminer les scènes médicales, avec des patients bien moins intéressants, aux relations plus tire-larmes qu’émouvants. Le retour du sympathique Lucas Douglas qui entretient une relation avec la directrice de l’hôpital ne compense pas l’évacuation immédiate du si pimenté Huddy. Le défaut le plus pénétrant de cette saison consiste cependant dans l’épuisement créatif des scénaristes. Les cas médicaux sont plus bavards, moins imaginatifs, jusqu’à parfois devenir anecdotiques. Un trait qui sera d'ailleurs accentué en saison 7. Cependant, dire que la saison 6 est mauvaise serait un contresens, tant elle regorge d’autres qualités encore jamais vues dans les saisons précédentes. Pour la première fois, David Shore greffe un fil rouge à toute la saison : le retour à la vie de House. Amoureux sans espoir d’une femme qui partage ses sentiments alors qu’il est à l’asile, il comprend après la séparation qu’il a le droit d’être heureux comme tout homme. Tout en conservant son caractère de cochon, House va donc se préoccuper davantage du bien-être de son entourage et ressentir davantage des sentiments « faibles » (amour, compassion, sollicitude…). Cela permet de faire évoluer un personnage déjà bien complexe. Sur ce point, les auteurs se montrent d’une justesse psychologique sans égale. La relation d’amitié avec Wilson bénéficie de cette avancée, une plus grande place lui est accordée. Le Hilson flamboie et nous surprend à chaque fois ; la série a même amélioré de ce côté ce qui était déjà transcendant. Les compositions de Robert Sean Leonard et Hugh Laurie sont au diapason, tout comme le reste du staff. Enfin, la saison contient des audaces visuelles et narratives à foison, faisant de la saison 6 la plus innovante de Dr.House : épisodes dans un asile (Broken), centrés sur un autre personnage que House (Wilson, 5 to 9), psychanalytiques (Baggage), filmés avec un appareil photo dernier cri (Help me), etc. Un de ces épisodes, kaléidoscope de mini-intrigues, a été réalisé par Hugh Laurie lui-même (Lockdown). Par ailleurs, la spécificité de la série à parler de problèmes éthiques et sociaux demeure (place du sexe dans le couple, meurtre d’un assassin, omniprésence des réseaux sociaux…). Le finale de la saison 6 est - stricto sensu - ramassé sur un seul épisode, contrairement aux deux saisons précédentes. Mais psychologiquement, le dernier épisode est comme la suite de l’avant-dernier. L’avant-dernier trace le bilan de la thérapie de House et en tire un bilan pessimiste. Alors que House est sur le point d’abandonner et de replonger, il trouve une planche de salut au sein d’un final ténébreux et frénétique, dont la noirceur fulgurante n’échoue qu’in extremis à anéantir ses espoirs. En bref, une saison qualitativement en-dessous question cas médicaux, proche de terrains incompatibles avec l’esprit de la série au niveau des personnages ; mais remplie à ras-bord de psychologie subtile et de bouleversements narratifs et techniques. 1. TOUCHER LE FOND… Scénario : Russel Friend, Garrett Lerner, David Foster, et David Shore You're my only friend. And I hate you. House trouve en Nolan (très expressif André Braugher) un interlocuteur de taille ; dès leur première scène, festif duel de pointes ironiques, on voit qu'il est un des rares à pouvoir s'opposer à House. C'est divertissant, mais cela va plus loin. Le spectateur a toujours admiré le caractère révolté de House, mais ce dernier est ici dans une révolte vidée de sens, car n'ayant que sa sortie comme but, et non une cause plus fondamentale. Nolan devant canaliser ses excès, il a toute notre sympathie, et il est passionnant de voir House tenter de s'éloigner de cette main tendue, comme un réflexe autodestructeur caché sous le masque de l'ego. La galerie de portraits des patients de l'asile est craquante. Le compagnon de chambre de House, Alvie, est un agité délirant au grand coeur qui ne cesse de l’assommer à coups de monologues débiles. Lin-Manuel Miranda n’hésite pas à cabotiner pour un résultat rigolard. Les autres sont plus effacés mais leurs folies donnent un vent de fraîcheur très drôle derrière le tragique de leurs situations. On retient le paranoïaque interprété par Curtis Armstrong. Les fans de la série Clair de Lune verront que ce choix n’est pas anodin car le médecin-superviseur est le Dr.Beasley, soit le nom de famille d’Allyce Beasley, sa compagne dans Clair de Lune ! House commence très fort : il sabote avec sa délicatesse coutumière une thérapie de groupe en diagnostiquant chacune des folies de ses camarades (Ah bon, le suicide est un sujet tabou ici ?) ou bien lors de la scène mémorable de basketball où il se débarrasse de toute l’équipe adverse en appuyant sur leurs points faibles. Cette méchanceté exceptionnelle est aussi hilarante que douloureuse, car elle montre à quel point ce "control freak" se sent oppressé par une situation qu’il ne peut maîtriser. Nolan est fin psychologue, et il sait comment parer les diaboliques plans de House, ce qui déconcerte notre anti-héros, pas habitué à un « adversaire » aussi patient et fin. Provocation de mutinerie, tentative de chantage (via Wilson), et arrêt des médicaments sont trois plans diaboliques, mais Nolan a toujours un coup d'avance, et met échec et mat House à chaque fois. On a rarement vu notre héros aussi dominé dans le domaine de la rouerie. Plus qu'un duel entre deux personnes, c'est un combat pour Nolan pour protéger House qui tente de nourrir ses propres démons, ses capacités d'autodestruction, en refusant son aide, et il doit se montrer plus rusé que lui pour y parvenir. Malgré une mise en scène experte de Katie Jacobs, qui signe là sa dernière (et meilleure) réalisation de la série, l’épisode se contente de se faire succéder des scènes qui, individuellement, sont toutes réussies, mais qui prises ensemble forment un tout dispersé et sans continuité dramatique. Le quotidien des fous présenté ici est édulcoré, loin de la noirceur d’un film comme Vol au-dessus d’un nid de coucou. Il y’a peu de crises et d’accidents, tout le monde s’entend plutôt bien, c'est assez calme. On comprend le choix des auteurs qui ainsi mettent en avant la tornade House, mais c’est au détriment d’un réalisme qui compte pourtant dans l’ADN de la série. La partie la plus réussie de ce récit est le segment Lydia, avec qui House noue un amour platonique. Incarnée par la belle Franka Potente, au jeu simple et lumineux, ce personnage nous charme tout de suite. Très complice avec House, toutes leurs scènes communes sont des moments de douceur contrastant avec le reste de l’épisode. Elle a tout de suite vu qu’en réalité, House a un grand cœur, même s’il ne le montre pas. Il semble troublé et s’en tire par des pirouettes qui traduisent son trouble. A son corps défendant, House ne peut s’empêcher de faire le bien autour de lui : c’est lui qui met de la bonne humeur dans l’asile, où tous ses camarades l’aiment et l’admirent. Il se montre soucieux du bien-être du schizophrène-super-héros, et s’emporte lorsqu’un psychologue aggrave par négligence son état. Toujours cette face fascinante du héros, que Hugh Laurie maîtrise d’une manière impeccable. Infos supplémentaires : - Freedom Master est joué par Derek Richardson, qui n'est autre que le compagnon de Franka Potente (Lydia). Ils se marieront trois ans plus tard. - Alvie dit que son prénom vient du film Annie Hall (1977). Il pastiche une scène de L’Arnaque (1973) quand il salue House après que ce dernier ait obtenu les médicaments. 2. … ET REFAIRE SURFACE Scénario : Russel Friend, Garrett Lerner, David Foster, et David Shore - They broke you. House cesse de se révolter et décide de faire confiance au Dr.Nolan pour qu’il aille mieux. Malgré que Lydia soit mariée, sa relation avec elle commence à devenir plus intense… Nous savons que House aime à la fois être sur un piédestal qui flatte son ego, et qu’il en souffre car le condamnant à la solitude et à la « perfection ». Nolan l'en déchoit en exigeant qu’il reconnaisse être faillible, et à ne pas chercher à se « rattraper » à chaque faute comme le fait tout le temps House qui veut être irréprochable, même quand il est impuissant. Alors, il doit reconnaître qu’il ne peut rien faire pour « Freedom master » et tourner la page. Épris de justice, House souhaiterait souffrir autant que sa victime, pour « équilibrer ». Cet homme, pourtant athée, demande une sorte de "justice divine" contre lui-même, et il faut la persuasion de Nolan pour empêcher ce nouvel essai d'autodestruction. House renonce par ailleurs à jouer à l’anarchiste en suivant son traitement, provoquant la déception du joyeux Alvie. Curieusement, alors que House se fout de ce qu’on pense de lui, l’inimitié passagère d’Alvie le perturbe. Les failles se creusent. De même, House cesse de critiquer à tout bout de champ ses semblables et se montre plus humain, veillant ainsi Nolan à la mort de son père. Certes, cette évolution ne se fait pas sans heurts, comme lorsque House éprouve Nolan sur la jeune femme de la première partie, avant d’y renoncer. Le final est un peu expéditif, avec cette histoire de boîte à musique sortant du diable vauvert. Mais cette idée devient a posteriori indispensable pour réaliser une fin tout simplement parfaite. La barrière de son asociabilité se brise lors de la scène de fête. La tendance agaçante des séries américaines à « caster » des rappeurs - Dr.House l’avait déjà fait dans Peine de vie (saison 2) et Je suis vivant ! (saison 5) - s'efface devant la communion d’Alfie et de House où le deuxième aide le premier à faire son rap improvisé lorsqu’il n’arrive plus à trouver de rimes ; un geste fraternel et généreux. De plus, alors que les rappeurs ne se font généralement pas remarquer pour leurs jeux d'acteur (litote), Lin-Manuel Miranda joue avec une énergie gaie son personnage, qui finit même par être superbement émouvant lors de la scène finale. L’histoire avec Lydia est portée à un niveau d’émotion exceptionnel pour une durée si courte (un moyen-métrage). Comme souvent dans les romances, l’humour est indispensable pour assurer un équilibre avec le drame. Une leçon élémentaire que le quatuor d'auteurs n’a pas oublié. Ainsi la scène de réception où House doit prouver à Nolan qu’il sait « s’ouvrir aux autres » est de la pure comédie. On passe à un stade supérieur quand House et Lydia jouent à être mari et femme, à la fois drôle, et... tendre. Leurs affinités mènent à un premier baiser. Lydia, plus que quiconque, a deviné la face cachée de House : celle d’un homme sensible, idéaliste, gentil. De son côté, House rencontre son idéal féminin, au caractère forcément opposé au sien, dénué d’ironie, à la compassion exacerbée. Leur rapprochement est donc crédible et durable, car House, pour l’unique fois de sa vie, rompt avec son habitude de saboter son bonheur, une habitude qu'il avait prise de peur de détruire son génie médical, existant seulement parce qu’il est fermé à l’Autre. Il a certes le réflexe de cet auto-sabotage, quand il repousse les avances de Lydia, avant d'y succomber. Leur scène intime décrit parfaitement leur situation, un an avant que la série Tell me you love me aborde cette question du sexe comme radiographie du couple : on sent leur passion, la joie de l’instant présent, mais surtout le désespoir de la séparation à venir, comme s'ils avaient la préscience du prix qu’ils devront payer de leur rapprochement. Katie Jacobs se voit cependant obligée de filmer la scène très pudiquement étant donné la difficulté de Hugh Laurie à tourner ce genre de scènes. On saluera néanmoins le culot de l'épisode où une scène amorale car adultère fait office de catharsis positive. La heartbreaking scène d’adieux entre Lydia et House est à chavirer le coeur. Malgré son envie de quitter mari, soeur et enfant pour lui, elle ne peut le faire sans culpabiliser mortellement. Un amour impossible qui n’aboutira jamais, la série prend tous les risques avec cette fin paroxystique, mais c'est payant : impossible de ne pas verser une larme en voyant ces deux cœurs partir au loin sans espoir de se revoir. Hugh Laurie et la magique Franka Potente sont d’une expressivité mémorable, et l’économie de leurs dialogues ne fait que souligner les sentiments déchirants de leurs personnages. Cette rupture est cependant salutaire : elle montre que House peut toujours s’attacher à quelqu’un, que malgré ses efforts, l’humain en lui n’est pas mort. Nolan peut donc signer la lettre de sortie. Grâce à Lydia, House a appris à rééprouver des sentiments, une rééducation sentimentale nécessaire. Cette peine entache avec force le happy end. Malgré l’euphorie de la fête finale, malgré House jouant au clown, c’est bien l’impression d’un inachèvement qui prédomine. Sur le plan final, c’est la nostalgie, la rage rentrée qui se lit sur son visage. Pourtant, son passage n’aura pas été inutile : Alvie, bien qu’attristé du départ de son « meilleur ami », cesse à son tour de se révolter et prend ses médicaments, présageant sa guérison prochaine. Ce final ambivalent où joie et tristesse se mêlent est un cours magistral sur l’art d’écrire une histoire. Broken est tout simplement l’épisode le plus émouvant de la série entière. Infos supplémentaires : Scénario : Sara Hess et Liz Friedman Bed is for sissies. Unless you're having sex, in which case... no, bed is still for sissies. Inquiet qu’un retour à son ancienne vie réveille ses démons, House démissionne de l’hôpital et cherche un moyen de taire sa douleur sans prendre de Vicodin. Foreman demande à devenir le chef du département de diagnostic. Cuddy lui demande de résoudre un cas « Housien » en guise de test : Vince, jeune testeur de jeu vidéo, a des brûlures inquiétantes aux mains. Mais ce geek ne cesse de faire des recherches sur Internet au lieu de faire confiance à l’équipe. Foreman ne parvient pas à légitimer sa place, ce qui cause plusieurs désagréments avec Numéro 13... Le cas avance à bonne vitesse derrière le rocambolesque de la situation du patient cherchant sa maladie sur Internet - source de beaucoup d’humour - Epic fail ironise sur les débordements de la Toile, dangereuse lorsque mal utilisée. Cette passerelle aisée et pratique vers la connaissance universelle montre son revers puisque toutes les propositions de la Toile sont autant d’échecs et de retards qui gènent l’établissement du diagnostic. La scène où Taub, Foreman, et Numéro 13 lisent scrupuleusement les réponses des internautes en les réfutant une à une joue le rôle de procès contre l’informatique qui ne peut remplacer un cerveau humain logique et doué de raison. On songe à La Quatrième Dimension, influence non négligeable de la série, et ses épisodes comme Automation. Cependant tout n’est pas si simple, car c’est bien grâce à un internaute que Numéro 13 trouvera la solution, mais cette révélation est adoucie par le fait que Foreman, même avec une heure de retard, trouve la solution sans aucune aide. Oui l’informatique peut être efficace, mais le twist final, pourtant prévisible, a le mérite de mettre une solide sourdine à cette « efficacité ». Foreman n'arrivant pas à asseoir son autorité subit une loi de Murphy assez jouissive, se faisant allégrement rembarrer par Vince ou ses subordonnés. La démission de Taub est le coup de grâce de la valse d’emmerdes pour Foreman qui pour son premier cas en tant que chef a faux sur toute la ligne. Côté cœur, il veut dominer sa relation avec Numéro 13. Ce n’est point ici de l’orgueil ou du machisme, mais seulement une tentative maladroite d’asseoir son nouveau pouvoir. 13 le comprend, mais cela n’empêche pas les disputes. L’adresse des dialogues, les excellentes performances d’Olivia Wilde (à fondre avec sa nouvelle coupe) et d’Omar Epps, et les dilemmes des situations, sont autant de réussites qui occultent la fadeur habituelle du « Foreteen ». Aussi sera-t-on consterné par la décision finale de Foreman qui fait retomber sa relation avec Thirteen dans le soap opera le plus vulgaire, avec ce coup de poignard grotesque. Ca n’a aucune crédibilité. Sinon, la volonté et la rigueur de Foreman font qu'il est légitime que Cuddy lui donne le poste. Le gag délirant du pipi de labrador et la discussion loufoque qui s’ensuit avec Wilson et une Cuddy totalement paumée est encore plus désespéré : il nous révèle sans l’énoncer que House est retombé dans la Vicodin. Cet épisode pourrait décidément faire office de masterclass de dramedy tant la douleur se cache à peine derrière le rire. Le pessimisme de cet épisode est tellement pregnant que Hess et Friedman auraient pu se dispenser du rebondissement final visible à 100 kilomètres. Heureusement, l’impression de noirceur demeure, ce qui n’est pas le moindre exploit de cet épisode bourré d’humour. On saluera la réalisation de Greg Yaitanes qui trouve d’excellentes idées (la plongée ascensionnelle quand 13 et Foreman sont étendus sur le lit...). House va maintenant commencer son chemin de rédemption, où il va mettre son cynisme de côté un temps, et essayer d'aider son prochain de manière moins bourrue. Cette orientation psychologique d'une extraordinaire difficulté va embarrasser les scénaristes pendant quelques épisodes, qui vont trop édulcorer les situations et le personnage. Heureusement, ils finiront par trouver assez rapidement la voie à suivre et conduiront plus subtilement cette évolution, jusqu'à l'apothéose du series finale. 4. LE SERMENT D'HIPPOCRATE Scénario : Peter Blake - How was your first day of school ? Dibala, dictateur africain responsable d'un génocide, est de passage aux Etats-Unis. Il fait une crise et devient le prochain patient de Foreman. Le départ de Taub et le renvoi de Numéro 13 obligent ce dernier à engager Chase et Cameron pour les remplacer, House n’étant que « consultant ». Les médecins sont troublés par les dilemmes éthiques que leur pose leur terrible patient. Quant à House, il s’entend très mal avec le voisin de Wilson… En réalité, David Shore devait préparer le prochain départ de Cameron. Fidèle à sa volonté de faire original, l'affaire Dibala est en réalité le prétexte pour détruire le Tuesdays, en augmentant la tension jusqu’à explosion. Ce sera un demi-succès : la séparation sera émouvante et originale, mais manquera de crédibilité. Quant à l'affaire Dibala, contemplons à présent l'étendue du désastre. Dans Acceptance (saison 2), la série posait la question de soigner un assassin. Dans cet épisode, c’est carrément un dictateur commettant des génocides qui se trouve sur le billard. James Earl Jones sait être repoussant sans verser dans l’hystérie. Dibala, bourreau sans remords, est persuadé de faire ce qui est juste. Il est l’incarnation du mal dans toute sa splendeur, à la logique glaciale et la paranoïa frémissantes. Malheureusement ce numéro réussi se voit annulé par son épuisante répétition : d’un bout à l’autre, on a l’impression d’assister à des photocopies de scènes précédentes. Les dialogues entre Chase et Cameron sur leur déchirement entre le serment d’Hippocrate, et leur dégoût de guérir un tel homme sont consternants de vide. On note que Foreman se rapproche toujours plus de House puisque ni l’un ni l’autre ne sont gênés par la situation. Les meilleurs moments sont les interventions de House dans les diagnostics différentiels, sapant sans problème l’autorité de Foreman. Mais comme Foreman est préoccupé côté cœur, et que House reste à l’écart, ce sont Chase et Cameron qui doivent occuper l’écran. Or, Chase est le personnage le moins intéressant de la série, et Cameron a perdu tout mordant. Ni Jesse Spencer ni Jennifer Morrison n’ont assez de puissance pour se substituer à Hugh Laurie. The Tyrant souffre cruellement de son peu de présence. Le cas est pénible à suivre par sa surenchère dans le mauvais goût. Du strict point de vue médical, on se contente du minimum syndical, sans la délicieuse urgence des scènes de diagnostic. Le révolté qui supplie Chase de tuer Dibala, puis essaye de le faire lui-même se veut touchant mais la scène verse dans l'outrance massive. Les tentations de Cameron de tuer Dibala sont démonstratives. Le dilemme moral de Chase est alourdi par un excès de verbiage et un martèlement incessant des « pour » et des « contre » qui finit par user la patience du spectateur. Blake a beau nuancer l’effet tranchant d'une fin ridicule en rendant ambigus les sentiments de Chase, on ne suit pas. Tout est outré. On remplace la réflexion intelligente par des péripéties d’une vulgarité rare. Foreman ne fait suivre que les suggestions de House et donc ne sert à rien. Le Foreteen, déjà pas solide, s’écroule totalement avec l’obstination de Foreman à persister dans ses erreurs (explication de texte ratée de Cameron), et Thirteen rabaissée au rang de maîtresse trahie. Si Olivia Wilde achève de nous convaincre dans le registre émotionnel, cela ne sert à rien car elle n’a que des lignes banales à dire. Il était temps qu'on en arrive à la rupture, parce que là la coupe est pleine. House perd beaucoup de son « mojo » dans cet épisode où il délaisse ironie et piques vaches pour une certaine flemmardise. Le talent de Hugh Laurie n’est pas en cause, mais son personnage, qui s'édulcore trop. Ses algarades avec le vétéran de guerre manquent de force. Le rebondissement final avec la boîte de Ramachandran est si expéditif qu’il sera incompréhensible au profane, et ennuiera les spécialistes qui peuvent se demander pourquoi il a fallu 36 ans pour que cet homme fasse ce test aussi simple qui le guérit instantanément. Finalement, celui qui s’en sort le mieux est Wilson, toujours récipiendaire des emmerdes des autres. Infos supplémentaires : 5. L’ARGENT NE FAIT PAS LE BONHEUR Scénario : Thomas L. Moran Don't usually see brain damage after a rectal biopsy. Roy, un milliardaire, aurait tout pour être heureux si son fils n’était pas malade. Aucun médecin n’arrivant à établir son diagnostic ; Foreman, Chase, et Cameron, toujours assistés par House, s’en occupent. Mais Foreman et Chase sont inquiets : Cuddy leur impose d’écrire une conférence sur le cas Dibala (épisode précédent), mais ne peuvent l’écrire sans révéler ce qu’a fait Chase. Quant à Numéro 13, elle tente de découvrir qui a piraté son ordinateur et annulé son vol pour la Thaïlande… L’introduction est assez étonnante car refusant la traditionnelle syncope/crachement de sang/convulsions (rayer la mention inutile). Toutefois, l’épisode passe immédiatement après en pilotage automatique. Si on apprécie quelques vannes de House, ou la résignation de Foreman de n'être que le chef que nominalement, nos personnages sont fatigués. Cameron ne sert à rien, Foreman tire la même tête durant tout l’épisode, Chase s’agite beaucoup pour un résultat nul, et House, qui continue son chemin de rédemption, se comporte en gentil plaisantin inoffensif. Le corollaire est une absence d’ironie (pilier de la série) même pas relevée par une quelconque tension. On a l’impression de regarder un documentaire médical froidement filmé avec cette description minutieuse et exacte d’un cas (The Office à l’hôpital, le décalage en moins), mais qui peine à nous intéresser car on y comprend pas grand-chose. Même de la tombe, Dibala continue d’embêter nos médecins (et nous). Comment cacher l’erreur volontaire de Chase ? Cet événement entraîne des dialogues répétitifs entre ce dernier et son complice-par-la-force-des-choses. Ajoutées aux scènes de diagnostic, ils font ressembler l’épisode à une énumération robotisée de conjectures. La platitude de leurs scènes saute aux yeux. La miraculeuse porte de sortie était visible depuis le commencement. On passe à autre chose. Infos supplémentaires : Acteurs : 6. LE CŒUR DU PROBLEME Scénario : Lawrence Kaplow He woke up during the autopsy ? Differential diagnosis for resurrection - go. Donny, un policier de presque 40 ans, s’écroule lors d’une course-poursuite. Son grand-père et son père sont morts d’une crise cardiaque à 40 ans, et il est persuadé que sa fin est proche. Les médecins ne trouvant rien, il est renvoyé chez lui, mais meurt quatre heures plus tard. Pendant ce temps, Chase flanche sous le poids de la culpabilité, et House entend des voix… L’épisode débute par une introduction spectaculaire avec une course-poursuite ultra speed : sauts sur les toits, course dans les ruelles, bonds sur les voitures… L’énergie trépidante rappelle Alias ou Nikita. Bon, ce n’est pas du tout dans les codes de la série, on peut trouver ça gratuit, mais il faut reconnaître que ça fait de l’effet. La réalisation de Matt Shakman est au diapason. Le premier tiers de l’épisode fait penser à Airborne (saison 3) qui nous rappelait la puissance de l’esprit qui contrôle la matière : Donny est très malade, mais a surtout peur de mourir à une date-butoir. De ce fait, il sombre dans une spirale névrotique, comme Numéro 13 la saison précédente, il prend tous les risques (le saut de l’ange qui ne pouvait qu’échouer), brûle ses vaisseaux. Pour ne pas faire souffrir son entourage, il se condamne à une douloureuse solitude et à se perdre dans le travail. Le coup de théâtre de l’arrivée de l’ex est ainsi très efficace, donnant lieu à une scène dure où la prison mentale de Donny le force à se montrer méchant. Donny étant « condamné » comme son premier mari, on comprend l'investissement de Cameron. En plus d'un rebondissement fulgurant tout droit sorti d’un film de Romero (hémoglobine comprise), l’émotion des scènes « familiales » (façon de parler) cohabite avec les plaisanteries de House. Brave Heart est en effet un petit festival House où l’on se régale de vacheries et de sous-entendus sexuels pimentés. L’enquête est intéressante, avec des diagnostics qui retrouvent de l’allant, et des scènes d’urgence bien dosées. Le happy end, arraché de haute lutte, laisse présager une belle espérance pour Donny. L’épisode nous exhorte ainsi à diriger positivement notre esprit, pour ne pas se détruire. C’est très touchant. Retour du Huddy avec House qui fait référence à la sexual tension entre lui et sa patronne, qui le nie avec trop de véhémence pour tromper qui que ce soit. D’ailleurs, House se rapproche physiquement de plus en plus d’elle sans qu'elle l’en empêche. Cuddy fait donc quelques passes d’armes avec House, ce qui amène un commentaire absolument génial de deux étudiantes : No wonder she hates him/Mmm, that’s not hate, it’s foreplay. Lisa Edelstein, qui semble embellir à chaque épisode, est parfaite d’ironie. Kaplow se perd cependant dans une multitude d’intrigues. La mini-histoire de House faisant le pitre en servant d’assistant à un docteur est expédiée, mais il y a surtout le néant du Tuesdays : Chase et Cameron, non sans intérêt individuellement, ne le sont pas ensemble. Curieusement, les auteurs prendront de nouveau le point de vue de somme de parties supérieure au tout pour le Huddy de la saison 7, avec une réussite bien plus éclatante (House et Cuddy ayant un background psychologique plus développé). En attendant, Chase erre dans les ruines de sa conscience. Jesse Spencer hérite d’une partition où il peut se mettre en avant, et se montre aussi adroit dans l’angoisse, le remords, que dans l’ébriété minable. Malheureusement, le surcroît de pathos le rend pénible à regarder. Ces scènes sont autant de temps morts quand elles ne sont pas scandaleuses : la scène du confessionnal généralise l’église comme étant rigide et prisonnière de ses lois, là où de saints hommes ont pourtant reconnu l’existence de « cas limites » où les règles doivent être transgressées. Toutefois, la scène où House le secoue en lui disant qu’il cultive sa culpabilité, sa tristesse, de peur de passer pour un assassin sans âme, est superbe. L’autre histoire secondaire est orientée vers le Hilson, et ça c’est synonyme de qualité. Effectivement, les échanges entre House et Wilson sont on ne peut plus festifs par un humour de sitcom qui marche totalement. Leur cohabitation mouvementée, miroir inversé de celle de la saison 2 (ici c'est House qui crèche chez Wilson) n’exclut pas toutefois des moments plus graves comme les hallucinations auditives de House dans la chambre d’Amber. Est-ce encore un souvenir de sa culpabilité ? House a peur de replonger, et les photos d’Amber semblent le juger en silence. Wilson quant à lui n’est toujours pas guéri de la mort d’Amber et continue à lui parler comme si elle existait toujours. Ce triste dialogue à sens unique rend Wilson très bouleversant, et même House refusera de le vanner sur ce coup-là. Il se montre même jaloux que Wilson prenne comme confident une morte plutôt que lui. Leur relation, d’une écriture rarement égalée, s’assimile à une sorte d’amour sans sexe. D’ailleurs, le final de la série tendra en ce sens. Toutefois, la blague finale détend l’atmosphère, et clôt ce bon épisode avec le sourire. Infos supplémentaires : 7. LES MOTS POUR NE PAS LE DIRE Scénario : Matthew V. Lewis et Doris Egan - We're all murderers, we just don't have the guts to admit. Jordan, une adolescente, va avec une amie à un concert métal. Le lendemain, elle s’écroule, les muscles boursouflés. A l’hôpital, elle n’arrête curieusement pas de mentir. Cameron, inquiète du changement d‘attitude de Chase, pense qu’il la trompe. Pendant ce temps, House va avec Wilson et Cuddy à un congrès médical. House tente de se rapprocher de Cuddy tandis que Wilson va présenter une conférence sur l’euthanasie. Mais rien ne va se passer comme prévu… Comme à peu près toutes les séries médicales, Dr.House n’échappe pas à une certaine répétition des mêmes ficelles : la patiente qui ment tout le temps, on a déjà eu ça dans Une aiguille dans une botte de foin (saison 3), Un vent d’indépendance (saison 4), etc. Toutefois, la qualité d’une série, c’est aussi de se répéter avec talent. On suit donc avec grand plaisir nos médecins patauger au sein de témoignages contradictoires, et de révélations successives chamboulant à chaque fois les perspectives qu’on avait jusque-là. Ce scénario en chausse-trappes est aussi réussi dans cette quête de vérité que dans la recherche médicale, solidement menée. La patiente, incarnée par une Annabelle Attanasio pleine de vie et de sensualité explosive, se montre attachante malgré sa superficialité. Ce personnage d'ado fêtarde un peu prétentieuse et pas très intelligente n’est pas aussi original que d’autres figures adolescentes déjà vues dans la série, mais recèle de touchantes fragilités comme cette adoration aveugle à un mentor (un auteur de BD) qui la fait agir stupidement, ce dont elle a conscience. Ses mensonges sont également révélateurs de ses problèmes moraux (mentir pour rester « cool ») ou de ses fantasmes (une sexualité débordante). Dommage que son amie serve de doublon. Le Tuesdays tangue vers les récifs. Cameron s’imagine que si Chase a changé d’attitude, c’est parce qu’il a une aventure. Ce que ce dernier a du mal à démentir puisqu’il ne veut pas avouer la vraie cause. On remarque l’adresse des auteurs : le Foreteen est à peine terminé que le Tuesdays prend le relais soap. Du grand art, ah ah ah. Toutefois, les excellentes performances de Spencer et Morrison (qui devient insoutenablement bombesque), ainsi que des dialogues plus relevés font que finalement ça passe. La tension qui lézarde ce couple couve, prête à exploser. Un beau suspense qui laisse le fan en haleine avec le cliffhanger final. Mais la vraie valeur de l’épisode est l’escapade du trio House-Cuddy-Wilson propre à déchaîner répliques qui tuent, burlesque et émotion à grande vitesse. Plus de cinq ans que ça dure : House en a marre de tourner autour du pot, mais sa réserve et sa timidité (!) l’empêchent de se déclarer à Cuddy sauf via des sous-entendus sexuels grossiers (scène dans le bureau totalement allumée). C’est Wilson qui va débloquer la situation en l’exhortant à franchir le Rubicon (humour en rafale). Ainsi, la fameuse scène du bal costumé avec le slow langoureux entre lui et elle capte l’attention, une magie romantique s'y instaure. Lisa Edelstein décrit bien les sentiments conflictuels de Cuddy, entre sagesse et tentation. Le retour spectaculaire d’un certain personnage, alors même que House accepte enfin de changer pour convenir aux critères de Cuddy lance la série dans un vaudeville plaisant. Surtout avec le gros gros malaise de la scène du restaurant, où la tierce personne, incapable de s’arrêter, balance gaffes sur gaffes devant une Cuddy impuissante. Festif ! A côté de ce pétillement Huddyesque, l’épisode nous offre de magnifiques scènes Hilson. Pas mal sont comiques comme le badge barboté ou la boisson droguée (un classique indémodable chez Greg House). De son côté, House apprend que Wilson a euthanasié un patient, et comprend qu’il va en parler dans sa conférence. House subit le revers de ses intentions : lui qui voulait changer Wilson pour qu’il devienne plus responsable, le voilà devenu au-delà de ses espérances : il est prêt à risquer job et liberté pour parler de ce sujet qui lui tient à cœur ! House réussit à l’en empêcher par un stratagème imparable dont les abords comiques (le réveil difficile de Wilson) s’effacent devant ce sacrifice presque héroïque. Pour sauver son ami, House prend tout sur lui. Robert Sean Leonard est une nouvelle fois magistral. Derrière vacheries et noms d’oiseaux, ces deux êtres sont prêts à tout l’un pour l’autre. Une amitié d’une force écrasante. Wilson continue d’explorer son soi intérieur : après la naïveté et la trop grande gentillesse, c’est une culpabilité irrationnelle qui le saisit : il s’en veut de ne pouvoir sauver tous ses patients. Cette trop haute exigence le pousse à des actions dangereuses et stupides que seules des actions encore plus dangereuses et stupides menées par le culot en diamant de son ami peuvent contrecarrer. Infos supplémentaires : Acteurs : Scénario : Eli Attie - Your husband killed a patient, and you're breaking up with me ? Hank Hardwick, star du X, est pris de photophobie et de douleurs au crâne. House, ayant récupéré sa licence, est de nouveau le chef de l'équipe, mais doit faire face à Chase et Cameron qui décident de quitter l’hôpital de concert. House tente alors de réintégrer Taub et 13 tout en faisant comprendre à Chase et Cameron que la prochaine fin de leur mariage est inévitable… Le cas (un peu verbeux), a un bon suspense et un patient intéressant. Depuis quelques années, petit et grand écran changent leur regard sur les métiers où le sexe tient le rôle central. Pour ne citer qu'un exemple, les expériences de l’ancienne call-girl Belle de Jour contées sous un prisme drôle et lumineux, plus tard adaptées dans l’excellente Journal intime d’une call-girl. Pareillement, Dr.House imagine un couple d’acteurs X assumant leurs choix et leur joie à faire ce métier. Hank et Lexa forment un couple soudé qui désacralise le sexe, en différenciant fidélité sexuelle et amoureuse . Peu leur chaut que l’autre ait des rapports sexuels à longueur de journée avec différents partenaires. C'est traité avec plus de réussite que le fera plus tard Permis de tromper. Ainsi les points de vue conservateurs de Chase et Cameron entrent en conflit avec ceux de ce couple. Cameron refuse de croire qu’ils peuvent être heureux de leur vie, et elle aura tout faux : Hank et Lexa (Troy Garity et Jolene Blalock, convaincants) sont plus solides que bien des couples, car leurs travaux leur permettent de passer outre les tentations d’infidélité. Bien sûr, assumer ce genre de vie n’est pas donné à tout le monde, et seule une conscience en accord, et une confiance totale en l’Autre, le permet. L’épisode rappelle aussi le déclin de cette industrie par l’avènement d’Internet où le streaming gratuit fait des ravages. Ainsi que le jugement moral porté sur ce milieu, les raisons du comité de greffe de refuser Hank ne relèvent que peu d’ordre médical. Pour autant, l’image du X n’est pas glamourisée. L’introduction de l’épisode le dépeint comme un univers pas plus édénique ou désastreux qu’un autre. Le cas en lui-même est bien mené, avec House tout joyeux d’être à nouveau le boss. On peut regretter qu’il ne profite pas de son patient pour plaisanter, mais on se console avec son visionnage d’un des films d’Hank devant une Cameron proprement dégoûtée. La chute finale rejoint les grands diagnostics ironiques de la série : si Hank a failli mourir, c’est parce qu’il a été… trop propre ! On n’oublie pas non plus Lucas Douglas qui dissèque au poil l’étrange relation unissant Cuddy, House, et lui-même. L’acuité étonnante de ce personnage empêche toute fadeur. Même s’il a un côté un peu bébête, Douglas rompt avec le cliché du petit ami idiot ou méchant ou ennuyeux qui se met en travers d'un couple, car il est d’une intelligence redoutable. Michael Weston est crédible dans les deux registres. On peut comprendre l’attirance de Cuddy, et aussi le respect que lui témoigne House dont Wilson a deviné qu’il le considérait malgré tout comme un ami. Quant à House lui-même, s'il se jette sur Taub et 13, c'est que le choix de Cuddy, qui le rejete, lui fait sauter un repère (il était sûr qu’ils se rapprocheraient), et il a besoin de se raccrocher à d’autres repères. Toutefois, si l’épisode est obligatoire pour le fan, c’est parce qu’il est le clap de fin pour Allison Cameron/Jennifer Morrison. Ce personnage, qui connut une passionnante évolution et une bien moins passionnante rétrogradation, nous quitte alors que rien ne semblait le présager (tout comme Kutner). Toutefois, Cameron subit sa malédiction persistante à trop croire en la bonté des gens, et son départ trouve son origine dans une nouvelle désillusion. Cameron et Chase semblent parvenir à surmonter l’épreuve Dibala, mais le diabolique House parvient à briser leur ménage. Pas par méchanceté, non, mais par son amour immodéré de la Vérité. Il décille les yeux de Chase en lui faisant prendre conscience qu’il ne regrette pour rien au monde l’acte qu’il a commis, et qu’il doit le dire à Cameron pour ne pas bâtir leur futur sur un mensonge bien trop lourd. Cameron s’imaginait que Chase avait des regrets, et c’est pour ça qu’elle lui pardonnait. Mais en fait, Chase ne regrette rien, et quand elle l'apprend, brise son mariage. Eli Attie offre à Jennifer Morrison l’occasion de chanter une aria d’adieux, dans la bouleversante scène finale où elle s'effondre de désespoir : Chase, sous l’influence de House, a perdu toute notion de morale, de bien ou de mal. House, embêté et très ému, n’a pas le courage d’accepter la main que Cameron lui tend. Jennifer Morrison s’est montrée parfois inégale, mais on voit pas ce qu’on pourrait lui reprocher dans ce déchirant requiem où elle est d’une émotion fantastique. Dans une grande anamnèse, Cameron se rappelle de son amour passé pour House, dont elle pensait qu’il le guérirait. Au lieu de ça, il n’est pas guéri, et même, il lui a enlevé l’homme qu’elle avait fini par aimer. Qu’elle ait échoué à changer House anticipe le futur échec de Cuddy et de Dominika, et la thèse finale de la série : Si House devait trouver la rédemption, ce ne sera pas par l’amour d’une femme.
9. HEUREUX LES IGNORANTS Scénario : David Hoselton - I've decided what I'm going to do about Cuddy and Lucas. I'm going to break them up. I've now a purpose in life. James Sidas, esprit supérieurement intelligent, a plaqué son brillant avenir pour devenir un simple courtier. Au cours de son travail, il a des troubles musculaires inquiétants, et devient le prochain patient de House. Les médecins se demandent pourquoi il a changé de vie. Jaloux, House tente de briser le couple Cuddy-Lucas. Chase tente de digérer le départ de Cameron, et Rachel Taub est frustrée de voir son mari « se faire exploiter » par son patron. L’ombre de Cameron plane sur cet épisode, pas seulement sur Chase, mais aussi sur le cas. A la fin du très noir Clueless (saison 2), Cameron prononçait la phrase Ignorance is bliss, devenue depuis seconde devise de la série (derrière Everybody lies). Devise maintes fois vérifiée, les patients de la série se voyant souvent confrontés à une Vérité qu’ils n’auraient ne jamais voulu savoir. Hoselton exploite ici à un autre degré cette assertion, avec une cohabitation impossible entre intelligence aiguë et bonheur personnel. Ou plutôt en montrant que les délices de l'intellect ne peuvent rivaliser avec un bonheur plus instinctif, physique. Qui ne rêve pas d’avoir un QI Einsteinien, un cerveau surdéveloppé ? Pourtant, l’épisode nous rappelle une condition indispensable à cette grâce : il faut assumer les responsabilités et les conséquences qu’impliquent un tel savoir. En premier lieu « la solitude du prince ». Les grands esprits sont souvent des êtres solitaires, et ceux qui partagent leur vie doivent accepter de ne passer qu’après les travaux de l’être aimé. Sidas était conscient que peu de femmes pourraient le comprendre, même en tant qu’homme. Pour être avec son élue, il renonça à la voie toute tracée pour lui. Ce sacrifice par amour est la clé du personnage. Esteban Powell est excellent dans ce rôle, mais Vicki Davis, larmoyante et geignarde, ne fait qu’agacer. Quelques scènes émeuvent, comme Dara voyant que son mari redevient plus intelligent sous l’action d’un traitement, causant un changement d’attitude, qui ne correspond plus à l’homme qu’elle aimait. James lui-même devient amer d’être marié à quelqu’un qui ne peut plus le comprendre. La sympathie de ce couple est telle que le scénariste les prend en pitié et rédige un total happy end réconfortant. Le twist final n’est ironique que dans la mesure où les médecins découvrent un diagnostic totalement ahurissant. Chase n’a pas eu de chance… Le cas lui-même est correct, quoiqu'anodin. Les auteurs, épuisés, se complaisent dans la facilité apportée par les intrigues de soap. Mais là où Shonda Rhimes forcerait le trait, David Shore n’en fait pas trop, et maintient un bon niveau de qualité. La sobriété des comédiens est un atout de choix. Jesse Spencer parvient à faire passer la douleur réprimée de son personnage, confrontée à une déchirure qu'il n'a pas eu le temps de préparer. Chase traverse une phase de déni où il croit pouvoir gérer le problème tout seul : il veut prouver qu’il a encore sa « dignité », sa « virilité » même, en encaissant comme un « vrai mec ». Il repousse ainsi toutes les offres de ses camarades, renforçant du même coup sa frustration, qu’il ne libérera que par un spectaculaire coup de poing. Malgré sa noirceur, House ne peut s’empêcher d’être un philanthrope, et choisit d'épargner Chase lorsque ce dernier va trop loin. Tout ce pan de l’histoire est bien dramatique. Le jeu de manipulation House vs. Lucas-Cuddy souffre d’une trop grande prévisibilité, et d’une faiblesse inhabituelle des dialogues. Lucas toutefois nous ravit : faussement idiot, il se montre encore plus retors que House, bien aidé par Cuddy. House ne peut rien faire contre une telle union. Cuddy se montre d’une malice grinçante en jouant un tour vraiment méchant à son subordonné. A sa décharge, House n’était pas animé d’intentions altruistes. Il croit se rattraper par un brillant piège tendu à Lucas, mais ce dernier pare la menace et le force à abandonner la partie. Lucas etCuddy affichent un côté plus dur de leurs personnalités, c'est bien vu ! Enfin, les problèmes du ménage Taub sont impuissants à nous intéresser, malgré un Peter Jacobson toujours éblouissant. Voir cependant Taub tirer les marrons du feu avec culot pour résoudre ses problèmes de couple, fait tout son effet. La scène la plus drôle de l’épisode, outre les hilarantes discussions House-Wilson, est un pastiche de cas de consultation. House doit soigner une jeune femme revêche (la pêchue Andrea Gabriel) qui n’apprécie pas son insolence ; la scène est irrésistible, et recèle une surprise de taille ! C'est un des rares moments où l’on retrouve le côté déjanté d’Hoselton. Infos supplémentaires : Scénario : David Foster - It's my fault. I gave him too much chemo. L’épisode démarre par une révélation tonitruante : Wilson a un autre ami que House ! Il est à noter que House ne se prive pas de faire une scène de jalousie à Wilson. Cependant, Foster ne va pas choisir d’orienter l’épisode sur une rivalité, ou même sur la personnalité de Wilson, préférant se concentrer sur le cas médical. On peut le regretter car bousculer ses codes a toujours fait du bien à la série (One day one room, Broken…). Dans le genre, 5 to 9, centré sur Cuddy, se montrera plus audacieux. Le cas en lui-même est bien pâle. L’équipe étant quasiment absente, les diagnostics différentiels sont presque inexistants alors qu’ils sont un pilier indispensable à la série. Corollaire : l’épisode est statique, la résolution du cas intervient trop tôt, rendant le troisième tiers interminable. Le faux dilemme éthique n’a pas assez de force - tout le monde se doute du choix de Wilson et Cuddy - là où Babies & Bathwater (saison 1) s’était montré plus déchirant sur un terrain similaire. De plus, la solution salvatrice est proposée tard alors qu’elle était envisageable bien avant. Le trop peu de consistance de cette histoire entraîne des délayages. L’entourage du patient est réduit à un trio de pleureuses (ex, fille, et compagne), mais les auteurs parviennent à nous surprendre grâce à un audacieux « compartimentage » de ces personnes dans le cœur de Tucker. Pour lui, son ex et sa fille sont les plus aptes à le soutenir dans les moments les plus importants, forçant le départ temporaire d'Ashley, sa compagne officielle. En effet, elles se montrent plus décidées et plus réfléchies qu’Ashley, belle plante mais 100% gourde. C'est en effet une curieuse preuve d'amour de l'éloigner de lui le temps de son hospitalisation, car il ne veut pas lui imposer tant de souffrances. Original ! Bien sûr, il retournera auprès de son officielle ensuite ; moins original, mais cela nous vaut une belle scène où Wilson exprime sa déception. Il est touchant de voir toute la gentillesse de Wilson envers Tucker. Les dialogues sont d’une grande simplicité, et on espère pour eux une fin heureuse. Le personnage ayant été bien introduit (à la différence de Dylan Crandall dans le médiocre Who’s your Daddy ? de la saison 2), la dégradation sans espoir de son état touche le spectateur solidaire. Mais c’est le Hilson qui encore une fois est la meilleure carte de l’épisode : House et Wilson ne cessent d’être en conflit sur la vision de leur science et croisent le fer plusieurs fois. La tension entre eux, accentuée par les coups tordus de House (grillage de priorité dans la salle d’opération) est délicieuse et reste le paravent de leurs vrais sentiments. Il faut voir cet absolument bouleversant moment où House, les larmes aux yeux (Hugh Laurie est d’un magnétisme stupéfiant), confesse que l’idée que Wilson meure, lui est insupportable. La série reprendra d’ailleurs avec succès la perspective de la perte de l’être aimé dans son grand finale. Au milieu de cette gravité, le menuet Lucas-Cuddy apporte une touche de gaieté. Cuddy a beau vouloir arrêter son petit jeu avec House, Wilson la démasque lors d’une scène de psychanalyse éclair où il apparaît qu’elle cherche implicitement l’approbation de House quant à sa relation avec Lucas ! Autre surprise avec House avouant une faiblesse à Wilson : ce que lui a fait Cuddy lui a fait très mal. On le voit tenter d’accéder à une phase de reconstruction où il pourra digérer la perte de Cuddy, mais sans y parvenir. Aussi l’énorme farce finale de Wilson, au-delà du rire, est-elle d’une émotion inattendue car c’est en fait un renvoi d’ascenseur en faveur de son ami cher ; un magnifique moment Hilson. Dans la série, c’est bros before hos ! Infos supplémentaires : - Premier épisode centré sur un autre personnage que House, ici Wilson. Il y'aura deux autres épisodes dans la même veine : 16 heures de la vie d'une femme, centré sur Cuddy, et Enfreindre les règles (saison 7), centré sur Martha Masters. - House mange des sandwiches à la mangue. 11. BROUILLAGES Scénario : Sara Hess et Liz Friedman Mickey, dealer de drogue, s’écroule lors d’une « transaction ». A l’hôpital, son partenaire et ami Eddie veille sur lui. Pendant ce temps, Foreman se rend compte qu’il est moins payé que les autres membre de l’équipe. House et Wilson deviennent rivaux : chacun veut séduire leur nouvelle voisine, et ils sont prêts à tous les coups bas... La série éprouve de plus en plus de difficultés à nous intéresser pour ses cas médicaux, plus verbeux, et d’une moindre efficacité dramatique. Mais elle garde toujours la forme pour dresser des portraits complexes de ses patients, sans parler de la relation House-Wilson, point sur lequel les auteurs se montrent d’une sidérante qualité et d’un humour déjanté. Le scénario de Liz Friedman et Sara Hess représente parfaitement l’esprit de la série en cette saison. Ici, le Hilson explore une nouvelle idée : House et Wilson se battant pour conquérir une femme. De plus, un alignement de twists fracassants rend le cas plus intéressant qu’il n’en a l’air. Les coups tordus de tous les protagonistes déchaînent le rire, malgré une ombre dramatique devenant de plus en plus prégnante. A force de le fréquenter, House déteint sur ses subordonnés. La machination orchestrée par Taub, Numéro 13, et Chase évoque les grands coups tordus du diagnosticien ; lui-même et Cuddy doivent le reconnaître ! Sauf que leur farce à l’encontre de Foreman finit par mal tourner. Le rebondissement final laissera le spectateur sur les fesses. Ce n’est pas pour rien que Foreman est le plus proche de House : à malin, malin et demi, et les conspirateurs l’ont dans l’os (The phrase « Who's your daddy ? » comes to mind.). Le manque d’intensité du cas fige toute la première moitié de l'épisode, aux scènes de diagnostic peu palpitantes. Ce début a quand même quelques atouts comme House qui devine instantanément le vrai métier d’Eddie et Mickey, puis qui « assomme » ce dernier quasiment au sens propre. Ou bien la scène décalée où House interroge Eddie en message codé (hilarante référence à Jack Bauer), le micro dissimulé dans la chambre, la filature ratée de Chase et Numéro 13... House s’est peut-être assagi, mais est toujours aussi tordu. Et en parlant de coups tordus, l’épisode n’en est encore au début… En ami fidèle, mais à la violence sous-jacente, Nick Chinlund est le choix rêvé, évoquant le terrifiant Fétichiste des X-Files qui fit subir par deux fois des sueurs froides à l’agent Scully. Les twists brouillent joliment les cartes. La relation Mickey-Eddie, très dominant-dominé, n’est pas sans évoquer celle entre Orange et White dans Reservoir Dogs de Quentin Tarantino. C’est le côté le plus intéressant du cas. Les acteurs sont excellents, et la deuxième moitié de l’épisode retrouve des couleurs par un suspense plus présent, après la révélation de Mickey. Cela donne une nouvelle orientation à ces scènes avec son ami, plus inquiétante. Leur scène d’adieux est dialoguée avec soin, rendant encore plus ambigüe leur relation. Cela est visible lors de la triste coda, où leurs regards expressifs veulent tout dire. L'épisode est mémorable pour le cocasse concours de coqs entre House et Wilson. Nora, leur voisine, est jouée par la magnifique Sasha Alexander, dont la têtue obstination anticipe l'amusante Maura Isles. Elle croit que House et Wilson sont un couple gay et son obstination presque caricaturale à nier une autre vérité permet un déferlement de gags comme la série sait si bien en faire. Ce genre de quiproquo est certes très répandu au cinéma, mais le traitement de la série de ce sujet est efficient. House n’est pas un coureur, et ses coups de coeur se comptent sur les doigts d'une main. Mais depuis Mayfield et Lydia, House veut se donner les moyens d’être heureux, et changer des prostituées. Le fait qu’il jette son dévolu sur une femme sur lequel Wilson avait des vues avant lui ne le gène pas, ce qui cause un mémorable dialogue sur le « code d’honneur entre mecs », une chose que House ne semble pas connaître. House encourage la rumeur que lui et Wilson soient gays, car cela lui permet la stratégie de séduction la plus improbable des séries télé (Wilson en reste comme deux ronds de flan). Au grand dam de Wilson, House se rapproche de plus en plus d’elle (dîner, télé, massage…). L’humour est débridé mais jamais gratuit car les faux apitoiements et les bobards de House sur son « couple », sa relation si troublante avec Wilson, ne sont pas aussi faux qu’ils en ont l’air. Mais voilà, Wilson a des ressources inattendues et le crescendo de gags conduit à la scène culte du restaurant où Wilson fait foirer le plan de son ami avec ses propres armes : culot à fond la caisse ! Une scène Hilson peut-être à double sens : et si Wilson pensait réellement ce qu’il disait ? Et même House semble un peu secoué, car après tout, leur relation d’amitié est si unique, exactement au milieu de l’amitié et de l’amour… La scène où House tente de s’expliquer à Nora avec sa délicatesse coutumière (I was spending time with you because I want to touch your boobs.) est le miroir de celle où Wilson lui tentait d’expliquer le plan machiavélique de son ami sans pouvoir la convaincre. On finit sur un match nul, mais pas par un armistice, l’épisode nous quittant sur une dernière prise de bec entre eux. Hugh Laurie et Robert Sean Leonard excellent dans l'humour sitcom. En filigrane, l’épisode défend la liberté pour les homosexuels de vivre leurs amours, et même de se marier, via Nora, très gay friendly. Bref, un très bon épisode encore une fois !
Infos supplémentaires : 12. ABSENCE DE CONSCIENCE Scénario : Peter Blake - I'd give her a day. Two days at the most. Valérie, 27 ans, a de violentes douleurs aux oreilles. L’équipe de House découvre qu'elle est une psychopathe au sens médical : elle ne ressent aucune émotion, est d’un égoïsme monstrueux, et se montre d’une méchanceté telle que Numéro 13 a peur d’elle. Son mari ignore son vrai visage. Pendant ce temps, House reçoit la visite de Wibberly, un camarade de faculté qui n’a jamais pu avoir son diplôme de médecine à cause d’un sale tour qu’il lui avait joué. House éprouve certains remords en le voyant… L’épisode nous leurre en présentant d’abord la patiente comme une femme certes autoritaire, mais affable. Lorsque House la perce à jour, ses traits se durcissent soudain, son regard se remplit de mépris, sa voix devient métallique, l’effet est terrifiant ! Tout au long de l’épisode, Valérie ne va cesser d’alterner entre ces deux visages. L’interprétation glaçante de Beau Garrett compte beaucoup dans la fascination odieuse qu’elle inspire. A ses côtés, Shane Edelman joue très bien le mari manipulé par la garce qui lui sert d’épouse, cela la rend encore plus méchante. Elle rit de ses médecins, se moque de ses propres absences d’émotion, avoue sans broncher qu’elle détruit son entourage. Voyant en Numéro 13 une personne plus fragile que ses camarades, Valérie trouve une proie à saisir pour satisfaire son appétit de destruction. Il faut la voir la regarder avec des yeux de vipère et lui dire Are you threaten by me ? pour qu’aussitôt la température chute d’un coup. Menaces de procès, de radiation, accusations d'harcèlement sexuel... son esprit pervers martyrise Numéro 13 tout en brisant chacune de ses tentatives pour sortir de ses filets. Cuddy elle-même est impuissante à remettre de l’ordre. Olivia Wilde est très convaincante en médecin piégée et souffre-douleur. La série persiste par ailleurs à taper sur les apparences car c’est quand les médecins mâles sont séduits par les charmes de Valérie - House inclus - qu’elle est démasquée. L’épisode établit un crescendo de noirceur autant chez la patiente que dans l’enquête. La fin est troublante, car maintenant guérie, elle accomplit un acte certes sauvage mais dénué d'hyporcrisie. Et si elle savait ENFIN ce qu’est une conscience, une émotion, un remords ? Une fin surprenante, mais ambiguë, car on ne sait pas si elle va vraiment guérir ou retomber dans sa psychopathie. Au milieu de ce drame, Blake n’hésite pas à nous muscler les zygomatiques par quelques scènes vaches comme quand House massacre les photos de Cuddy et Lucas sans se rendre compte de la portée de son geste. Le cas secondaire du patient espagnol permet quelques pointes typiquement Housiennes, rappelant la scène d’Epic fail où House et une chinoise se moquaient de Cuddy sans qu’elle s’en rende compte (c'est ici Wiwi qui en prend plein la figure). On aime aussi que la rupture 13-Foreman nuit à leur efficacité alors qu'avant c’était leur complicité qui nuisait à leur travail ! La quadrature du cercle... L’épisode marque aussi pour son hardie histoire secondaire. Les auteurs sont parvenus à négocier le virage d’un House plus humain. Dans le cadre de sa thérapie, House doit apprendre des sentiments humains comme le remords. Il veut en réalité se débarrasser au plus vite de ce moment de la thérapie. Manque de pot, Wibberly (Ray Abruzzo, sobre juste ce qu’il faut) débarque, et la simple emmerde que subit House vire à la culpabilité inattendue : Wibberly, après le tour de House, n’a plus pu remonter la pente. House se sent d’autant plus gêné que Wibberly ne garde pas de rancune envers lui et s’est résigné à un destin de plus en plus noir. Finalement tenaillé par sa faute passée, House veut « réparer les dégâts » autant qu’il peut. C’est une des rares fois où le personnage éprouve du remords, alors que même la mort d’Amber ne lui avait pas fait cet effet. Le twist final est révélateur du changement qu’a subi House. Nous le voyons faire acte de contrition, de bonté par une voie simple, directe, et non plus bourrue. L'espoir lumineux de sa rédemption est par contre partiellement obscurci par le dernier plan : House n’a pas le courage de demander pardon à Cuddy, engoncé dans sa jalousie à l’égard de Lucas. Le Luddy sort de son statut de comédie dramatique pour devenir frein à la renaissance de House. C’est joliment calculé et Hugh Laurie est plus grandiose que jamais. Infos supplémentaires : - L’épisode se déroule en octobre, la patiente guérit le 24 de ce mois si l’on en croit le chèque de House. 13. PASSAGE À L’OFFENSIVE Scénario : Russel Friend et Garrett Lerner - Requesting permission to share my idea without being belittled in front of your new assistant. Daryl, un jeune footballeur américain noir, est pris d’une soudaine crise de rage. Lui et sa mère demandent à House de le guérir le plus rapidement possible car il doit faire sous peu un match capital pour sa carrière. Le rater supprimerait toutes ses chances d’avenir. Pendant ce temps, House recrute un assistant personnel en la personne de… Marcus Foreman, frère d’Eric qui vient juste de sortir de prison ! Eric n’apprécie pas du tout cette cohabitation. Enfin, quelqu’un s’amuse à faire de mauvais tours dans l’appartement de House et Wilson… Cela implique plusieurs comportements risqués de Daryl qui veut sortir à tout prix de l’hôpital, quitte à mourir sur le terrain plutôt que de manquer ce match. La scène dans les couloirs du stade est révélatrice d’un poids très lourd qui frappe les enfants très (trop) aimés par leurs parents : sa mère s’est saignée aux quatre veines, sacrifiée pour donner à son fils une petite chance d’avenir. Et il se sentirait coupable de ne pas la saisir, même au péril de sa vie, comme s’il avait peur de n'être pas digne de l’amour maternel. Mais Foreman doit en tant que médecin, lui interdire ce risque, et il le fait à la manière... Housienne ! Par ailleurs, la chute de l’épisode se révèle très amère, avec ce faux happy end - pour le coup un quasi unhappy end - qui fait très mal. Dans le monde réel, les plus méritants et les plus prometteurs ne sont pas toujours récompensés, comme House le dit à la fin, non sans fatalisme. Faire intervenir le frère de Foreman (Orlando Jones, aussi charismatique qu’une huître) est une fausse bonne idée, car il n'est que prétexte à des gags inoffensifs, bien qu'il est amusant de voir House mieux le traiter que son quatuor de larbins rien que pour les embêter ! On accroche pas non plus à la relation polaire entre les deux frères qui revisitent les clichés des frères conflictuels sans originalité ni force (Omar Epps n'est pas non plus convaincant). Ce pan de l’épisode ne rebondit qu'au twist final absolument génial qui révèle la vraie raison des agissements de House. Wilson, malgré ses airs moqueurs, est ému de voir House continuer à faire le bien autour de lui. Il devient « gentil » sans perdre son intérêt. Rubrique sitcom : la cohabitation House-Wilson continue à tenir ses promesses. On commence par une scène hilarante où House prend toute la place dans la salle de bain. Leurs échanges azimutés sont toujours un régal. Puis on passe en mode slapstick avec des chutes et des alarmes anti-incendie qui se déclenchent. L’épisode prend de vitesse le spectateur, certain du nom du coupable avant de se voir détrompé. House se fait de nouveau piéger à son propre jeu. Devenir gentil a un coût puisque maintenant, puisqu'il trouve des personnes encore plus tordues que lui. Pire, il ne peut même pas se venger et doit accepter sa défaite. Shore a du culot à transformer sa créature en victime après cinq saisons de domination. Mais cela donne une idée de justice. Tom Kapinos s’en souviendra d’ailleurs dans Californication où après avoir foutu la merde durant trois saisons, Hank Moody ne cessera de payer l’addition dans les saisons suivantes. Le fan aimera ou n'aimera pas cette évolution. Elle a cependant le mérite de dégeler lentement mais sûrement le cœur de House, préparant non seulement le final de la saison, mais aussi tout ce qui suivra après. Shore tient à ce que la série et son personnage principal restent crédibles psychologiquement ; et sur ce point-là, il ne nous décevra jamais. Infos supplémentaires : 14. 16 HEURES DE LA VIE D’UNE FEMME Scénario : Thomas L. Moran - They should be pressuring other hospitals to be more like us, not trying to make us more like them. It's stupidity. Être directrice d’hôpital n’est pas un travail de tout repos. Lisa Cuddy se réveille comme tous les matins à 5h et se prépare à affronter toutes les obligations que son poste lui ordonne. Nous la suivons ici dans son travail durant toute une journée… L’entrelacement des intrigues est brillamment tricoté, mené tambour battant par un montage très clair. Il y a un fil rouge avec le duel que Cuddy livre contre la compagnie d’assurances qui rechigne à augmenter le budget de l’hôpital, ce qui est indispensable pour qu'il continue de tourner. Cuddy va carrément risquer son fauteuil pour faire monter les enjeux. Chaque scène monte la tension, au fur et à mesure que les spectres de la faillite et du licenciement pointent leur nez. House lui-même la met en garde : si elle continue de prendre des risques inconsidérés, elle risque de devenir comme lui. House n’a jamais été tendre avec lui-même... Le conseil administratif se montre aussi peu solidaire envers Cuddy qui passe en mode kamikaze : elle obtiendra ce qu’elle veut ou rien du tout. Et quand l’ultimatum expire, on s’inquiète vraiment pour elle. Au bord de la rupture, Cuddy devra faire une pause et s’enfermer un instant pour calmer ses nerfs. Bref, dans cet épisode, c’est Cuddy contre le reste du monde, et cette bataille sans merci est d'un suspense phénoménal. Dans un acte de solidarité à peine croyable, House renouvelle en Cuddy sa confiance, et lui donne le courage de repartir à l’assaut. Oui, House est de plus en plus gentil, alors qu'il est toujours aussi bourru. Ce mélange délicat tient sur la durée. Finalement, les petits embêtements que House fait subir à Cuddy sont plutôt bénins comparé au reste, ce qui explique sans doute sa tolérance envers ses excès. Fidèle à son concept, Thomas L. Moran a le bon sens de ne pas trop faire intervenir House pour se centrer sur Cuddy. Cette dernière doit entre autres subir un procès de la part d’un patient qui ne voulait pas que son pouce tranché soit recousu parce qu’il avait pas assez d’argent pour payer l’opération. Or, Chase est passé outre. Cette scène est l’occasion de rappeler qu’avoir de hautes responsabilités exige une rigueur et une froideur totales. Lisa Cuddy se montre impitoyable envers le plaignant, quitte à ce que le spectateur ne la suive pas. Parfois, elle doit être dure. Elle ne craint pas un procès (faut dire qu’avec toutes les plaintes à cause de House, elle est blindée). A côté, les disputes avec le Dr.Hourani concernant des problèmes dans le staff de chirurgie ne contribuent pas à calmer le jeu. Elle doit par ailleurs enfiler la blouse pour s’occuper elle-même de patients en consultation dont un pas commode qui finit par la traiter de « bitch ». Quelle belle journée... L’affaire Gail est tout aussi passionnante. Cuddy se montre humaine envers son employée désespérée jusqu’à ce qu’elle se rende compte qu’elle est en réalité une sociopathe. D’une manière analogue à la Valérie d'Absence de conscience, la transformation s’opère en un éclair : de pleureuse suppliante, Gail se transforme en monstre sans cœur et sans remords qui se moque méchamment de Cuddy, incapable de prouver tout ce qu'elle a commis : elle a tout calculé. La performance de Celia Flinkenstein est aussi saisissante que celle de Beau Garrett. Cuddy parvient cependant à la vaincre grâce à… une fleur dans un pot ! Finalement, tous ses problèmes sont résolus, donnant un happy end total peut-être forcé, mais qui dit au fond « allez, c’est une journée comme une autre, demain ce sera la même chose ». Sinon, les auteurs vengent un peu les fans du Huddy avec Lucas en prenant pour son grade dans l’épisode, en ayant une panne sexuelle dans l’intro, et se voyant refuser un « calin » à la toute fin. Michael Weston est toujours aussi drôle. Bébé Rachel est vite évacué, interdisant à la niaiserie tout droit de cité. Bref, un épisode a tempo prestissimo, à l’intrigue et réalisation haletantes, au suspense serré, et avec une Lisa Edelstein immense de talent et d’énergie. Un épisode conceptuel réussi au-delà de toutes espérances.
Infos supplémentaires : Acteurs : Celia Finkelstein joue occasionnellement sur les écrans. Son rôle dans cet épisode est son premier à ne pas être un caméo. Elle est apparue dans The Middle, American horror story (5 épisodes), NCIS Los Angeles, Mentalist, Rizzoli & Isles, etc. 15. LECTURE POUR TOUS Scénario : Doris Egan - Thanks for the gift. Obviously differs from my own personal beliefs. Frankie, 27 ans, est une bloggeuse passionnée : elle retranscrit chaque détail de sa vie à ses lecteurs, au grand dam de Taylor, son petit ami. Une nuit, elle commence à saigner et a le visage violacé. A l’hôpital, l’équipe tente de trouver des indices sur elle via son blog. Lors d’un speed-dating, Chase obtient un franc succès auprès des candidates grâce uniquement à son physique, ce qui le perturbe. Pendant ce temps, House découvre un secret que Wilson aurait préféré rester caché... Grâce à Internet, n’importe qui peut raconter son quotidien, par des vidéos attrayantes, les réseaux sociaux, un blog... Pour peu que l’on trouve un ton, une humeur, une originalité qui transcende le quotidien, on peut créer artificiellement une « célébrité ». Frankie fait partie de ces gens, quitte à ne plus respecter son entourage, jeté en pâture à ses lecteurs. De manière amusante, le tempérament parfois rentre-dedans de Frankie fait penser à celui de Donna Pinciotti. Mais il est ici propice à de nombreuses scènes dramatiques, registre dans lequel brille Laura Prepon ce qu’elle n’avait pas vraiment eu l’occasion de montrer dans That 70’s show. Obsédée par son blog, mettant en péril son couple, Frankie montre pourtant un grand respect envers ses fans, et l'on voit que c'est moins l'orgueil qui la guide que le fait qu'elle se laisse piéger dans la spirale de la « fidélité à ses lecteurs » qui lui fait perdre le sens des réalités. En témoigne cette scène où devant faire un choix crucial pour son couple, elle laisse ses lecteurs décider à sa place. L'ordinateur agit sur elle comme une drogue (par extrapolation, l'épisode met en garde contre la dépendance informatique, après Epic fail). Seule son affection pour Taylor (Adam Rothenberg, très fade) sera sa planche de salut. L’épisode semble alors se retenir et ne pas aller au bout de sa démarche, diluant la noirceur dans une légèreté antinomique. La série n’est jamais aussi bonne que quand elle explore des abîmes sombres. Le cas lui-même est très aseptisé car Frankie reste plutôt bon pied bon œil (il est vrai que Miss Prepon est agréable à regarder) hormis les dix dernières minutes, un peu plus intenses. Le happy end annule toutefois une partie de la tension. L’épisode frappe très fort avec une scène de speed-dating où les belles jeunes femmes se montrent d’une superficialité absolument tordante ! Wilson étant cancérologue, les femmes se mettent à parler de proches morts du cancer (Wilson le winner). Quant à House, il fout bien sûr des coups de froid massifs : le rencard de la lieutenant de police qui vire au détecteur de mensonges est un des moments les plus drôles de toute la série (c'est pas peu dire !). Chase pense comme la croyance populaire que contrairement aux hommes, les femmes ne sont pas aussi superficielles question physique. Manque de pot, la soirée anéantit impitoyablement cette douce illusion. Si la situation est bien sûr caricaturale (on aurait bien vu la scène dans Californication, avec quelques échanges de fluides corporels en prime), l'auteure a le mérite de rappeler une vérité que les excès du féminisme ont tendance à taire. Chase, bouleversé par cette révélation, va jusqu'à remettre en cause sa relation avec Cameron : son ex-femme l’a-t-elle un jour aimé ou bien n’était-ce qu’une attirance physique ? Ce qui donne le frisson c’est que Cameron elle-même sera incapable d’apporter une réponse satisfaisante à cette question (Lockdown). Par là, les auteurs s’interrogent : à partir de quand l’amour prend-il le pas sur le désir ? Eternelle question et surtout superbe trouvaille qui donne a posteriori une fenêtre intéressante sur le Chaseron. Numéro 13 modère le constat de la soirée : oui, la beauté est une réalité qui brouille nos sens et notre jugement, et pas uniquement ceux des hommes ; mais patience et sympathie sont des qualités féminines par excellence. Peut-être que ces femmes ont donné une chance à Chase parce qu’elles espèrent au fond d'elles-mêmes que derrière le physique, Chase n'est en fait pas si con qu'il s'en est donné l'air. Evidemment, Chase n'eut pas été beau qu'il n'aurait sans doute eu aucune chance, mais ce petit cours de psychologie féminine n’en est pas moins d’une pertinence savoureuse, quoiqu'assez cynique. Jesse Spencer est très bon dans cet épisode. Il ne reste plus qu’à parler de Wilson, qui dans sa jeunesse s’est laissé aller à accepter un rôle dans un film pornographique où il jouait un elfe apprenant le plaisir à une nymphe !! Branle-bas de combat quand House - dont l'addiction au porno frise le délire - en parle à tout le monde. Toutes les scènes qui s’ensuivent sont autant de gags énormes. Mais le tout prend une tournure inattendue quand à son tour Wilson perce le secret de House ; révélation qui ouvre plusieurs portes : House est-il si malheureux de son sort qu’il a la faiblesse de chercher un réconfort religieux ? Il a beau le nier, nous savons qu’il souffre que personne puisse le comprendre, dieu d’intelligence glaciale isolé par nature. Une manière d’apaiser son esprit ? Sans doute, mais il retourne bientôt dans son athéisme verrouillé. House voit plusieurs portes menant vers le bonheur sinon l’apaisement, mais il ne cesse de les refermer. Ce n’est pas encore le moment… Et puis, c’est une manière habile de mettre en évidence le désir de mieux connaître sa vraie famille, même s’il n’aura jamais le courage de lui parler. Une sorte de compromis tout à fait typique du personnage. Infos supplémentaires : Acteurs : Scénario : Lawrence Kaplow - Would you mind at least putting a napkin under your jelly toast ? Abby, 17 ans, a une attaque lors d’une conférence scolaire sur l’astronomie. Lors des examens, l’équipe constate qu’elle a des hallucinations. House décide donc d’enclencher un programme expérimental qui permettrait de décrypter ses visions et ses rêves, convaincu que la source du problème est là. Pendant ce temps, House pousse Wilson à décorer leur appartement encore vide, et Taub traverse une étape difficile : sa femme n’a plus confiance en lui… Les scénaristes savent très bien donner aux adolescents de beaux rôles, cet âge demeurant très complexe et mystérieux. Mais Kaplow, tout occupé par son intrigue onirique, en oublie de développer ses personnages, stéréotypes aucunement émouvants (la scène de la bague ferait passer Dawson Leery pour un alpha male). Cali Fredrichs et Nick Eversman (le petit ami) ne sont guère satisfaisants dans ces rôles peu gouleyants. L’enquête est trop bavarde, et House est en panne d’humour. C’est seulement lorsque hallucinations et rêves défilent que l’intérêt est relancé avec de beaux effets spéciaux d’autant plus délectables que la série n’en use qu’exceptionnellement. La tentative de description des rêves est passionnante, aboutissant à un magistral twist final d'une perversité révoltante, un des plus noirs de la série, et un happy end encore une fois totalement faussé. L’histoire Taub se penche sur un grand problème du couple : la confiance en l’autre. Rachel en a marre de ne pas voir assez son mari, manquant d'attentions, trop attaché à son travail, et soupçonne qu’il a une aventure. Il y’a quelques bonnes scènes comme le dialogue via smartphone qui dérape, ou House surprenant notre couple prenant du bon temps dans la voiture, sans oublier la fin qui soudainement fait passer un frisson glacé sur l’apparente résolution heureuse. Mais dans l’ensemble, cette historiette inoffensive n’apporte rien de concret. Jennifer Crystal Foley et Peter Jacobson sont au top, mais n'y peuvent rien. L’histoire Hilson est merveilleuse : sous la comédie, philosophie et émotion sont bien présents. Ni House ni Wilson ne veulent décorer l’appartement, et chacun a des raisons tordues mais convaincantes : Wilson veut que House ne soit plus un parasite pique-assiettes, et s’investisse dans leur cohabitation ; House déclare que Wilson, trop gentil et respectueux du goût des autres, n’a jamais imposé son territoire (on en avait déjà eu un exemple quand Amber le forçait à acheter un matelas dans Pour l’amour du soap en saison 4). Conclusion : ou il achète quelque chose, ou il admet « la vacuité de son existence » Tout ça pour une décoration… Cela entraîne une escalade loufoque avec des scènes de plus en plus hilarantes (le renvoi des meubles, le flirt avec la vendeuse…). House aime son ami profondément, à sa manière, le forçant à se regarder en face. Lorsque Wilson veut mâcher le travail en appelant des décorateurs, House annule s'interpose car cela ne représente pas les goûts de son ami qui laisse les autres décider à sa place. Il veut que son ami ait sa place (Tu peux pas t’en remettre à quelqu’un pour te définir). La scène du magasin est tragi-comique, Wilson n’arrivant à pas acheter un seul meuble parce qu’il ne sait pas ce qui lui plaît. La scène finale est pourtant d’une grande beauté : Son goût à lui, c’est ce qu’aiment ceux qu’il aime : si House aime quelque chose, alors Wilson l'aime aussi. Tout simplement sublime. Infos supplémentaires : Acteurs : 17. PERSONNE NE BOUGE ! Scénario : Russel Friend, Garrett Lerner, Peter Blake, et Eli Attie, d'après une histoire d'Eli Attie et Peter Blake I take maybe 1 in 20 cases. A lot of the people I turn down, end up dying. It's really a good argument for there being more than one me when you think about it. Le nouveau-né d’une patiente a disparu de sa chambre. Cuddy ordonne l’état d’alerte : tout le monde reste dans la salle où il se trouve jusqu’à ce qu’on retrouve le bébé ! House est coincé dans une chambre avec un mourant, Wilson et 13 à la cafétéria où pour tuer le temps, ils jouent à Action ou Vérité, Taub et Foreman sont dans les archives et fouillent les dossiers de tout le monde, Chase et Cameron - revenue pour lui faire signer les papiers du divorce - dans une salle de consultation où ils font le point sur ce qui n’a pas marché entre eux. La soirée sera très instructive pour tout le monde… Enfermés dans les archives, Taub et Foreman se shootent à la Vicodin pour voir « l’effet que ça fait ». Eh bien, ça va assez loin : rires incontrôlables, baffes qui pleuvent, poursuite débile dans les couloirs sur fond de chant grégorien… on sent que les comédiens sont ravis de changer de registre ! Une fois qu’ils passent en mode Very bad trip, ils se rendent compte que chacun a quelque chose à cacher : Foreman est honteux d’un délit qu’il souhaiterait effacer, parce qu’il veut donner l'image d'un homme infaillible (un ego très Housien, mais ici plus destiné à cacher sa peur de ne plus avoir confiance en lui, comme il l'avait révélé dans Mauvaises décisions en saison 3). Taub regrette ses brillants débuts et d'être réduit « à être le valet de House au lieu d’être House ». Leur perfectionnisme, leur envie d’être toujours plus que ce qu’ils peuvent rationnellement faire, est la cause de leur manque de bonheur à tous deux. Taub fera un bel acte d’amitié, mais cette histoire trop concise empêche l’émotion de s’installer, et la comédie de leur trip est trop brève. House est enfermé dans la chambre de Nash, un mourant. House va donc lui proposer une dose létale de morphine pour qu’il puisse partir vite et sans douleur... afin d’avoir la paix et c'est tout ! Ca, c'est ce qu'il prétend, mais on sent dans son attitude que c'est peut-être aussi qu'il craint de sympathiser avec lui. Nash (bouleversant David Strathairn) accepte son offre, mais pas avant que House se soit confié. C’est ainsi qu'il narre la blessure Lydia. Oui, il a pu changer grâce à elle, mais cela ne veut pas dire qu’il est heureux. Nous voyons là les progrès et les limites de la « thérapie par l’amour » de Nolan : il s’excuse auprès du patient, éprouve de la compassion, mais refuse encore que le monde le voit comme un être sensible. Il n’aurait sans doute jamais parlé aussi longtemps avec Nash s’il n’était pas condamné, et pense encore qu'on est jamais bien que dans la solitude. L’intrigue Chase-Cameron est celle qui a nécessité le plus de discussions dans le public. Les fans de ce ship ont salué une conclusion juste et mélancolique, les détracteurs un pathos inutile. Objectivement, Shore a une belle audace en remettant en cause absolument tout le Chaseron depuis qu'il est devenu sérieux (il y a presque 3 ans !). Sous le feu d’un échange serré, Cameron craque et avoue qu’elle ne sait pas si elle a déjà aimé Chase, prenant pour de l’amour ce qui serait qu’une amitié teintée d’attirance. Curieusement, c’est à partir du moment où Cameron se serait trompée sur eux que ce ship est devenu moins intéressant. Cela tend à penser que c’est peut-être bien le cas ! Cette révélation foudroyante est tempérée par la sincérité de la tendresse que Cameron éprouvait pour Chase. Toujours avec audace, les scénaristes offrent une superbe "seconde sortie" à Cameron, qui prend conscience qu’elle est inapte - pour le moment - au bonheur conjugal, aimant mal ses hommes à cause de son caractère instable. Par une splendide anaplodiplose, Cameron et Chase se quittent de la même façon qu’ils se sont mis ensemble : par une dernière étreinte où le désir a sa place, mais non l’amour. Une fin douce-amère crédible, avec une grande Jennifer Morrison et un non moins grand Jesse Spencer. Hélas, l’émotion gagne peu le spectateur, qui n’a pas le temps de s’immerger dans cette discussion qui arrive trop vite à sa conclusion. Les scènes Wilson-Thirteen comptent parmi les meilleures de l’épisode, orientées pleinement vers la comédie, domaine où la doctoresse a rarement eu l’occasion de s’aventurer. Pari gagné, Olivia Wilde est craquante en femme pleine de peps qui fait tourner en bourrique son partenaire de jeu ! Leur Action-Vérité est plein de bons dialogues. Mais là encore, la brièveté de l’action est frustrante. Ces moments pétillants voire burlesques sont tempérés par les garde-fous de leur conscience : 13 a caché son orientation sexuelle à son père (il a assez morflé comme ça) et Wilson n’ose pas recommencer une relation avec Sam, sa première ex-femme. Au contact l’un de l’autre, chacun trouvera le courage de dépasser leurs peurs. C'est très beau, et ce faisant, l’épisode prépare l’arrivée de Sam Carr. Ce pan de l’histoire aurait pu être un chef-d’œuvre de dramedy s’il avait été plus développé. Un épisode bourré de bonnes idées et d’audace, mais dont les tenants et aboutissants sont contrariés par un éparpillement narratif. Infos supplémentaires : - Foreman et Taub font référence à Fight Club (1999) quand ils sont sous opiacés. Walker propose Toadette comme prénom pour sa sœur, allusion à un personnage du jeu vidéo Mario Kart : Double dash !! Acteurs : 18. AMOUR COURTOIS Scénario : John C. Kelley - Foreman, take Frodo and break bread with the Hobbits. Dans une communauté où l’on vit selon les us et coutumes du Moyen-Âge, un jeune homme, « Sir William », gagne en combat singulier un duel contre le capitaine de la garde de Miles, le roi. Mais il a une attaque cardiaque juste après sa victoire. Numéro 13 devine qu’il est amoureux de la reine, qui est fiancée au roi. House pense que la source du problème vient du camp médiéval. Wilson sort de nouveau avec Sam, sa première femme, sous le regard désapprobateur de son ami. Le soufflet retombe lors du retour au réel, mais Kelley va abattre un second atout : une accumulation de situations hautement fantaistes. C’est ainsi que House retrouve une verve en sourdine ces derniers temps. Les scènes reliées au camp médiéval baignent dans une folie douce due au choc des cultures : on citera pêle-mêle l’arrivée de House, épée de chevalier à la main, Numéro 13 crachant son morceau de poulet, Foreman pris pour un démon, Numéro 13 et House déambulant en costumes d’époque (LA scène de l’épisode), etc. Osant tout, au risque de charger la mule, on fait même un détour par la sorcellerie - scène stupéfiante du repaire de l’alchimiste - et les drogues de junkie. Le coup des fausses carottes blanches est également une belle trouvaille. Bref, un joyeux fourre-tout qui donne du neuf à la série. Malheureusement, le scénariste, en débridant ainsi son imagination, a du mal à tout contrôler et flirte avec le grotesque (le Nécronomicon, carrément !). Mais c’est surtout la romance contrariée de William qui reste sur l’estomac. L’histoire remet sur le plateau le fameux Amour courtois, concept de l’époque où le troubadour, chevalier, etc. jure fidélité et amour platonique idéalisé éternel à une dame (presque toujours mariée et qui est sa supérieure hiérarchique). William est fou amoureux de la sublime Shannon (Sarah Jones, un brasier). A force d’être imprégné des valeurs chevaleresques, William a fini par succomber à la plus douloureuse : l’amour courtois donc. Mais à notre époque, ce concept, malgré sa pureté, est anachronique. Que l’on puisse vivre selon les idéaux de Moyen-Âge, pourquoi pas ? Mais aller jusque-là, quand on connaît la plus grande liberté que permet notre temps au sujet des sentiments, c’est plus maladroit qu’autre chose. Dans la réactualisation de l’amour courtois à notre époque, on préférera largement l’adoration muette du peintre pour Maddie Hayes dans Clair de Lune (Le portrait de Maddie). On suit un moment grâce aux touchants Noah Segan et Sarah Jones, très alchimiques (les acteurs se connaissaient déjà avant l'épisode), mais quand arrive le rebondissement de la ciguë, là on ne suit plus du tout. Mais on se console avec l’enquête, aux nombreux rebondissements, jusqu’à la toute dernière minute. Le twist final est ironique car il permet in fine une réunion inattendue des deux mondes, pas pour le meilleur, mais bien pour le pire ! L'arrivée de la soulless harpy qui a brisé le cœur de Wiwi il y’a vingt ans, certes préparée dans Lockdown, crée l'événement. Comme pour Amber, l’ambiguité de House réapparaît : hait-il Sam pour ce qu'elle a fait comme il le prétend, ou bien est-ce une sorte de jalousie, sa peur de voir Wilson lui échapper comme le devine l’intéressé ? Sans doute un peu des deux. Cependant, qu’il aille jusqu’à voir Cuddy pour raisonner Wilson, ou solliciter les services de Douglas pour fouiller le passé de la « garce » montre sa détermination à vouloir protéger Jimmy, comme le ferait un amoureux pour l’objet de ses désirs. On regrettera que pour sa dernière apparition, Douglas ne fait rien de mémorable. Son départ pour Mandyville en fin de saison est un peu frustrant. Quand House est déterminé, ça peut aller loin. Il en est ainsi lors de la scène du restaurant que House croit perturber royalement, avant de se prendre un retour de flamme en pleine poire. Le second dîner vaut son pesant de cacahuètes : profitant de l’absence de Wilson parti aux toilettes, House lâche à Sam tout le bien qu’il pense d’elle. La violence de ses sentiments est effrayante, mais Sam est une femme de tête et entend bien convaincre le diagnosticien qu’elle a changé. Voir House jeter sans l’ouvrir le dossier Sam est un nouveau jalon dans son changement d’attitude. Lui qui ne croyait pas à la « seconde chance », cesse de faire son Javert, et donne à Sam le bénéfice du doute. Lentement mais sûrement, House acquiert ce qu’il n’a pas reçu à la naissance : la confiance en l’Autre. Derrière la boutade drôle et rassurante que lance Numéro 13 à la fin, elle semble dire à House (ainsi qu’au public) : Amusez-vous, la vie est si courte ! Cynthia Watros est un bon choix pour ce personnage sensible qui veut se donner un nouveau départ. Infos supplémentaires : - Noah Segan (Sir William) et Sarah Jones (La Reine) avaient déjà tourné ensemble dans le film Still Green (2007). Ils reçurent d'ailleurs avec le reste du cast du film, le Spirit of the Independant award du meilleur casting. Cynthia Watros (1968) tint les rôles principaux de Libby Smith dans Lost (19 épisodes), Erin Fitzpatrick dans Titus (54 épisodes), Kellie Newmark dans les deux dernières saisons du Drew Carey show (52 épisodes), et Elizabeth Wilson dans Finding Carter (20 épisodes). Elle a joué également dans Spin City, Profiler, New York section criminelle, US Marshals, Gossip Girl, Les Experts, Esprits criminels, The Closer L.A. (épisode Médecine parallèle), Men of a certain age, Desperate Housewives, Grey's anatomy, Hawai 5-0, Warehouse 13, etc. ainsi que quelques soaps : Another world (9 épisodes), Haine et passion (24 épisodes), et les Feux de l'amour (47 épisodes). Elle eut droit aussi à sa propre émission, bien que très brièvement : Cynthia Watros gets Lost (un clin d'oeil à son rôle dans la série Lost). Elle joue très peu au cinéma. Son rôle dans Dr.House est un de ses plus connus. Noah Segan (1983) est un acteur de cinéma qui a d’abord commencé par la TV : Mariés deux enfants, Dawson, Les Experts, NCIS, Des jours et des vies (7 épisodes), Breaking Bad (épisode Ozymandias) etc. Aujourd’hui, il tourne de deux à quatre films par an. 19. PERMIS DE TROMPER Scénario : Liz Friedman et Sara Hess - You think a woman who likes sex must be sick ? Julia et Tom vivent en mariage libre : chacun a le droit d’avoir des aventures. Alors qu’elle était avec un de ses amants, Julia est prise de douleurs à l’estomac. House soupçonne que le mari cache un secret. Taub est attiré par une séduisante infirmière et a peur de recommencer ses erreurs. Quant à Wilson, il se dispute avec Sam… L’enquête médicale est très bonne, avec des moments de suspense bien réglés. On apprécie le retour d’une ancienne star de la série : le tableau blanc ! Les scènes médicales, qui ont moins brillé cette saison, constituent le meilleur de cet épisode. Tous les personnages ont une part égale, notamment Foreman et Chase, plus présents qu’à l’accoutumée. Mais il est visible que les auteurs privilégient les personnages les plus récents, mieux écrits. Cette équilibre des personnages est un atout de plus. Quant au happy end, il est joliment assombri par l’incertitude de ce que deviendra le couple. Le twist final n'est toutefois pas ce qu'il y a de plus mémorable. On s’ennuie aussi avec les problèmes de ménage de Taub. Bon, le personnage est excellent, l’acteur itou, mais le voir se débattre entre envie de fidélité et instinct de prédateur n’est pas le meilleur angle de vue du personnage (litote). La scène du dîner où il confesse à demi-mot à sa femme qu’il voit une autre femme - sans passer à l’acte - n’est supportable que grâce aux talents de Peter Jacobson et Jennifer Crystal Foley. Dispute de couple où les clichés pleuvent à chaque seconde. On ne comprend pas non plus le marché de Rachel, prête finalement à lacher la bride à son mari ; une telle décision se prend-elle en une journée ? Le revirement final où elle pleure dans les bras de son aimé est la couronne sur le trône du ridicule. Toutefois, on peut sauver le plan final, sinistrement évocateur. La réalisation sombre de Greg Yaitanes, et la photographie glaciale des scènes de parking de Gale Tattersall donnent une ambiance qui convient à cet épisode sérieux. Sinon, notons une jolie scène Huddy où House offre une machine à café à sa patronne. C’est bizarre mais drôle. Et puis, depuis que Lucas est de la partie, le Huddy a été plutôt absent, alors on savoure ce petit moment sympa. Infos supplémentaires : - Taub pose sa serviette près de la voiture de Maya, mais oublie de la reprendre quand il entre dans la voiture ! 20. LE COPAIN D’AVANT Scénario : David Hoselton - What happened ? Au moment de dire oui à sa fiancée Nicole, Ted ne peut plus prononcer un seul son et s’écroule. Lors d’une visite de routine à son ancien appartement, Taub et Numéro 13 tombent sur Cotter, qui dit avoir été l’ex petit ami de Ted durant trois ans. Pendant ce temps, Taub tente de trouver une excuse pour voir sa maîtresse une fois par semaine, mais House ne cesse de contrecarrer ses plans. Tous les collaborateurs de House invitent ce dernier à passer une soirée festive avec chacun d’entre eux… L’histoire de ce couple permet de parler sur la honte qu’une personne peut éprouver d’une sexualité « anormale ». Ted a eu une liaison avec un homme, et ne l’a pas supporté. Pour guérir de son homosexualité (passagère ?), il a suivi une thérapie qui fait froid dans le dos. Toute ressemblance avec l’horrible traitement Lodovico d'Orange Mécanique n’est pas une coïncidence. Mais cette cure par le dégoût n’a pas été synonyme d’un travail psychologique sur lui-même, sur sa vraie sexualité. Du coup, son inconscient lui imprime des entraves (pannes sexuelles) jusqu’à ce qu’il accepte de se voir dans le miroir de la vérité. Ted, refusant tout le long, est puni cruellement par le destin, à l’issue d'un faux happy end où il perd tout son bonheur. Sur ce point, le script convient. Malheureusement, les personnages sont trop faibles pour que l'on s’intéresse à eux. L’interprétation n’arrange rien : Adam Garcia et Jonathan Murphy sont insignifiants, mais le pire réside dans la composition catastrophique d’Eva Amurri Martino qui réussit à elle seule à couler chaque idée développée par l’épisode. On a du mal à croire que c’est la même comédienne qui incarnait avec une telle conviction la provocante étudiante strip-teaseuse qui faisait tourner la tête d’Hank Moody dans Californication ! Le bouillon soap qui en découle est à la limite de l’irregardable. On ne reconnaît plus House MD dans ce soap et son enquête médicale ennuyeuse à mourir, qui a pour unique ressort dramatique une succession ininterrompue de crises cardiaques. Quel manque d’imagination ! Les auteurs continuent de regarder Taub par le prisme de ses tentations d’infidélité, soit le côté le moins intéressant du personnage. Que House s’en mêle ne change rien. Le nouveau House, prêt à aider son entourage consciemment, tout en demeurant aussi imbuvable (Tu l'as dans le cubitus, 22 !) est fidèle à lui-même, puisqu'en emmerdant Taub, il sauve - temporairement - son mariage. Mais au lieu de l’humour noir attendu, quelques saynètes expédiées, à l’humour limité, et parfois incompréhensibles. Cet axe narratif haché et bâclé prend une place importante qu’il ne mérite pas. Le talent de Peter Jacobson tourne à vide dans cette berezina. Wilson soudoie les collaborateurs de House pour qu’ils l’invitent à des soirées, autant pour qu’il s’ouvre plus aux autres que pour avoir plus de temps libre avec Sam ; une décision à la fois altruiste et un poil égoïste, typique de la psychologie complexe des personnages de la série. Malheureusement, Hoselton ne cesse de brider ses élans loufoques. Pourquoi inviter House par Taub au restaurant si l'on n’y donne pas suite ? A la place, on a un mauvais tour Housien amusant mais qui ne remplace pas toutes les possibilités qu’auraient donné une scène entre House et les Taub ! Pourquoi 13 invite-t-elle House dans un bar lesbien si on ne joue pas sur le choc des cultures ? Leur scène est plutôt réussie grâce à une joute oratoire stimulante, mais n’apporte rien à l’histoire. Voir House, Foreman, et Chase chanter sur scène dans un bar, est une heureuse surprise, mais encore une fois, rien de consistant en sort. Il est touchant de voir House admettre qu’il a passé de bonnes soirées avec ses "larbins". Mais cette perspective l’effraie comme l’atteste son déni envers Wilson, pas dupe. House progresse mais ne peut pas se libérer de tous ses démons d’un seul coup. Infos supplémentaires : 21. CA VA BIEN, ET VOUS ? Scénario : Doris Egan et David Foster - You're late. Wilson veut que House se casse pour vivre avec Sam. Coup d’autant plus terrible qu’on a jamais vu Wilson se comporter ainsi ! Certains fans ont critiqué ce fait, mais il est pourtant évident. House a toujours souhaité que Wilson vive pour lui-même au lieu d’être un messie qui se sacrifie pour tout le monde. Il a finalement retenu la leçon ! Mais House est déchiré entre joie de cette indépendance et le fait qu'il doit maintenant « partager » Wilson avec quelqu’un d’autre, et retourner dans son antre de solitude. On reste pantois devant la performance de Hugh Laurie, intériorisée à l’extrême, mais d’une émotion ravageuse. Comme Nolan finira par l’arracher à House : Wilson est la seule personne en qui croit House : il ne croit ni en Dieu, ni en un concept (la Vérité n’est pour lui plus si importante depuis qu’il recherche le bonheur), mais il croit en lui. Ou comment résumer la plus belle histoire d’amitié du petit écran en peu de mots. Il est intéressant de voir que House éprouve toujours autant de difficultés à s’aimer. Ainsi, sur les deux explications du revirement de Wilson, toutes deux crédibles, House choisit celle la moins flatteuse pour lui, car il n’arrive pas à accepter qu’on parle de lui autrement que comme un cas désespéré. Retour fracassant d’Alvie ! Le joyeux drille, libéré de l’asile, a retrouvé l’appartement de House, « son pote ». A mi-chemin entre folie burlesque et lucidité, Juan-Manuel Miranda nous fait de nouveau son hilarant numéro de clown survolté qui casse le quotidien de House avec la douceur d’un éléphant écrasant une souris. House, délaissé par Wilson, a urgemment besoin de se raccrocher à quelqu’un, et Alvie va jouer ce rôle. House a beau se montrer bourru, il est ému de revoir son ancien comparse. Quant à Alvie, il met un point d’honneur à aider son « pote ». Comme la scène du cambriolage, très drôle. Les voir jouer au football américain est assez tordant aussi. Le lien qui les attache est une grande réussite. Le merveilleux coup d’audace final montre à quel point House s’est attaché à lui, en l'aidant, quitte à risquer son job et sa liberté - quel changement chez House ! Deus ex machina : Wilson n’est pas le problème de House ! Sa relation d’amitié stable, et sa confiance font que c’est nécessairement autre chose de plus grave qui le met dans cet état. Le spectateur, pris à contrepied, continue de cheminer pour son plus grand plaisir dans le labyrinthe de la tête de House, et nous étudions davantage le cas. Le cas renonce exceptionnellement aux dialogues complexes, House devant le résumer à quelqu’un qui n’a que faire de sa méthode socratique. Ce n'est pas un problème car le plus important, c’est de savoir pourquoi House s’est investi jusqu’à vouloir le bonheur de sa patiente, ce qui est pourtant la dernière de ses priorités. Nolan comprend qu'il s'est retrouvé dans ce cas, où l'on voit un homme perdre une relation et en gagner une autre d'une certaine manière. D’abord méprisant envers le mari (Les gens ne réfléchissent pas quand ils vont perdre un être cher), il va pourtant tout faire pour les aider pour compenser sa "perte"... exactement comment House cherche à compenser Wilson par Alfie. Nolan remarque que House a une blessure au bras. Nolan y trouve le chaînon manquant en comprenant alors le déchaînement excessivement furieux de House contre le mari, en fait expression de sa propre incommunication avec Wilson. Puis son inconscient lui a fait comprendre qu’il n’aurait pas dû agir ainsi, et a enclenché un mécanisme d'autopunition d'une subtilité vraiment tordue. Tout simplement parfait. Nolan trouve tout cela en laissant House parler, parler, jusqu’à qu’il parle de la chose la plus importante, ses sentiments envers Cuddy (via le livre médical, histoire secondaire qui devient brusquement d’un intérêt primordial). Notons que le cas se clôt sur un réjouissant moment d’humour noir : le twist final nous apprend que dans certains cas, faire du sport… peut vous tuer !! Et le happy end, même s’il n’est pas total, est plein d’espoir. Zoe McLellan irradie d’une fragilité lumineuse. Mais la fin de l’épisode est tellement noire qu’elle obscurcit totalement ce happy end. Alvie quitte House sans le prévenir, lui laissant seulement une lettre où il exprime sa reconnaissance et son amitié pour l’avoir tant aidé. Cet abandon a été le prétexte pour House pour picoler lamentablement. Son esprit tourmenté par Wilson et Cuddy a fait le reste. La coda est sacrément glaçante. House comprend son problème : il a été changé par Lydia et cherche désormais le bonheur ; la pensée qu’il n’y ait pas droit lui ait insupportable. Durant toute cette saison, il a suivi la thérapie de Nolan en cherchant à rendre heureux les autres (comme Alfie), en espérant l'être à son tour. Mais cela n’a pas marché. Toute son évolution n'a servi à rien pour lui. Sa fureur finale, où il quitte avec perte et fracas le thérapeute, exprime son déchirement, sa frustration d’avoir espéré dans cette « thérapie par la philanthropie ». C’est poignant, noir, amer, rageur, et d'une grande émotion. Les auteurs remettent avec maestria toute la saison en cause. André Braugher livre une composition époustouflante en homme qui se démène pour soigner son vindicatif patient, mais où au final, ni lui ni House n’est récompensé de leurs efforts... encore qu'il reste un épisode... Infos supplémentaires : Scénario : Russel Friend, Garrett Lerner, et Peter Blake - I'm stuck, House. I keep wanting to move forward, I keep wanting to move on, and I can't. All I can think about is you. I just need to know if you and I can work. Une grue s’est effondrée en plein centre-ville de Princeton-Plainsboro, causant un carnage monumental. Tous les médecins font la navette entre l’hôpital et les lieux du sinistre. House, pris d’une intuition, rampe sous les décombres et y découvre Hanna, une jeune femme dont la jambe est bloquée sous des tonnes de gravats. Il met tout en œuvre pour la sauver, pendant qu’il dirige à distance le diagnostic différentiel du chauffeur de grue, qui a été victime d’un problème neurologique. Cuddy annonce à House qu’elle va se marier avec Lucas. Cette conjonction d’événements chaotiques pousse notre médecin très près du point de rupture... La vision chaotique des lieux du sinistre (vertigineuses plongées) imprime à l’épisode sa dimension de fin du monde déjà exploitée avec succès dans le finale de la saison 4. Blessés, morts, pompiers, médecins, jonchent l’écran. Tant de figurants dans une série qui en compte peu... on sent qu’on a mis les bouchées doubles pour clore en beauté là ! Les premières scènes prennent tout leur temps pour nous immerger à plein dans une réalité ténébreuse, poussiéreuse, sanglante, en ébullition - l’absence du générique contribue à cet effet « vérité » - Habilement, les auteurs se servent de l’événement pour retarder le mystère de la curieuse attitude de Cuddy, qui a du mal à se réjouir du cadeau de House montré dans la première scène. House se sent évidemment concerné par la question de savoir s’il faut amputer la jambe d’Hanna. Le pauvre a exactement eu la même situation. Sa bataille pour reculer l’échéance, gagner du temps, est menée avec bravoure, mais le rebondissement central, qui claque comme un coup de fouet, remet soudainement tout en cause. Alors une grande émotion s’installe lorsque House tente de réconforter sa patiente, en expliquant combien dans une situation similaire, House, lui, a fait le mauvais choix. Il est devenu l’homme pathétique, amer, solitaire qu’il ne supporte plus à cause des conséquences de ce choix-ci. Un éclair de lucidité poignant. Cuddy n’est pas à la fête, car malgré elle, elle ne fait que rendre la tâche de House plus compliquée, notamment en étant d’un avis radicalement différent du sien pour le cas Hanna. Cela mène à un flamboyant coup de gueule de cette dernière qui paralyse momentanément le diagnosticien. Sa présence muette lors de la scène-pivot de l’épisode, de la grande aria de House, vaut aussi la peine d’être notée. Lisa Edelstein force le carcan de sobriété de son personnage, le résultat est excellent. De son côté, la team se débat pour guérir le chauffeur de grue. House, piégé dans le centre ville, supervise dans des conditions difficiles ce cas. C’est une double bataille contre la mort qui est engagée, où House mobilise toutes les forces à sa disposition. Hélas, un terrible twist final anéantit impitoyablement tous ses efforts, en même temps que l’ironie lance ses hideuses fanfares. Foreman paye les pots cassés en se recevant une explosion de rage fulminante à la figure. Finalement, le mystère entourant Numéro 13 paraît bien anodin à côté de la performance de Hugh Laurie qui nous étourdit encore de son jeu d’écorché vif. Au terme de ces quarante minutes bouillonnantes, on voit House prêt à reprendre le chemin de la Vicodin. Il n’en est empêché que lorsqu’il apprend enfin la raison du comportement de Cuddy. C’est le moment d’un dernier dialogue apaisé, serein, lent, joliment pudique, qui libère le fan de la tension accumulée. Finalement, c’est in extremis que House est récompensé de ses efforts. Sur le point d’abandonner la thérapie de Nolan, il reçoit en Cuddy sa juste récompense qui couronne enfin ses souffrances endurées. La série prend le risque du syndrome Clair de Lune, qui condamne toutes les séries ayant un couple mixte antagoniste à décliner lors du passage à l‘acte. Mais en attendant, apprécions le baiser et ces deux mains serrées l’une contre l’autre… On peut trouver cette sorte d’happy end trop miraculeux, trop contrastant avec ce qui a précédé. Mais il est en fait idéal pour deux raisons. La première est que Dr.House est une série qui se veut réaliste, et réaliste n'est pas que synonyme de tragédie, c'est aussi le bonheur, la joie, l'amour, présents dans toute vie. Oui, même notre cher Greg a droit a sa part (même éphémère) de bonheur ; la série avouerait une grave faiblesse d'écriture si House ne s'épanouissait que dans les ténèbres, un personnage devant être aussi intéressant heureux que malheureux. La saison 7 réussira d'ailleurs à nous montrer un House plus heureux que d'habitude sans perdre en intérêt. La seconde raison est : doute-t-on que la concrétisation du Huddy est autre chose qu’un cadeau empoisonné ? Personne ne doute que cela va mal finir entre eux. House exulte enfin d'être dans les bras de Cuddy, mais ce n’est pas un happy end : c’est un sursis, un répit qui est accordé à un des personnages les plus torturés des séries télé. A moindre échelle, l’effort surhumain déployé par House pour sauver ses patients trouve une sorte d’aboutissement dans l’étreinte finale ; car c’est sa passion à sauver les gens, à s’investir jusqu’à risquer tout, y compris sa raison, qui décide Cuddy à accepter ses sentiments qu’elle cachait derrière une romance fragile avec un Lucas, lui-même ersatz de House sans son asociabilité. Le finale de la saison 6 a rempli son contrat : shippers satisfaits, intrigue du jour haletante et sans espoir, coda réellement dramatique, fil rouge de la saison bouclé. Infos supplémentaires : 1. Toucher le fond…/…et refaire surface : Ce double épisode narre le difficile retour à la vie d’un des personnages les plus profonds des séries télé. La première partie raconte la lutte tragi-comique de House pour demeurer celui qu'il a toujours été. Mais l’expérience de l’amour sans lendemain, prenant les traits de la magnifique Franka Potente, va donner naissance dans la douleur et les larmes à un nouveau House, extérieurement toujours le même, intérieurement désormais à la recherche du bonheur. Episode le plus émouvant de toute la série. 2. Ca va bien et vous ?: Quand un personnage aussi complexe que House se présente à une séance psychanalytique dirigée par un psychiatre aussi suprêmement perspicace que le brillant Darryl Nolan, on s’embarque pour un voyage captivant au pays des désirs frustrés, des déceptions incessantes, des hontes réprimées. La fin est très noire. Hugh Laurie et André Braugher sont à se pâmer. 3. 16 heures de la vie d’une femme : Centré sur le personnage de Lisa Cuddy, l’épisode suit à un tempo frénétique qui frise le vertige une journée animée et bouillonnante de la directrice de l’hôpital. Maîtrise parfaite des intrigues, caméra énergique, Lisa Edelstein démultipliée… un épisode « décalé » de la plus belle eau. 4. Les mots pour ne pas le dire : Un scénario brillant qui exploite au maximum toutes les ressources de la série, pour un résultat speedé, et au nombre impressionnant de rebondissements. Sous le délire des répliques et des gags, de très belles histoires jouant sur la gravité et l’émotion, et un cas (et une patiente) électrique. 5. Absence de conscience : Help me est un finale de saison impressionnant de noirceur, et sa fin est magnifiquement inattendue. Mais Remorse se distingue par sa patiente du jour, psychopathe sans cœur et sans pitié, jusqu’à l’effroi. Beau Garrett est impressionnante en boule de haine et d’égoïsme. La fin est savoureusement ambiguë. L’histoire secondaire montre un House faisant une de ses plus belles démonstrations d’humanité. Sur les deux tableaux, c’est un triomphe.
Accessits d’honneur : Sauvez-moi, Comme un chef, Classé X. Crédits photo: FOX. Images capturées par Clément Diaz. |