Saison 1 1. Pilote : Les flics de Miami (Miami Vice Brother’s Keeper) 2. Haut les cœurs (Heart of Darkness) 3. Pas de panique (Cool runnin’) 4. Le retour de Calderone - 1ère partie (Hit List) 5. Le retour de Calderone - 2ème partie (Calderone’s demise) 7. Un œil de trop (Three Eyed Turtle / No Exit) 8. Le grand McCarthy (The Great McCarthy) 9. Tout ce qui brille (Glades) 13. Le triangle d’or - 1ère partie (Score) 14. Le triangle d’or - 2ème partie (Golden Triangle) 15. Y’a pas de sot métier (Smuggler’s Blues) 16. Pas de deux (Rites of Passage) 17. Y’a des jours comme ça (The Maze) 18. Faits l’un pour l’autre (Made for Each Other) 19. Il faut une fin à tout (The Home Invaders) Scénario : Anthony Yerkovich - Réalisation : Thomas Carter Résumé : Jeune flic de New York, Ricardo Tubbs n’a qu’une idée en tête : venger la mort de son frère Rafaël, tué par Orlando Corleone, dangereux trafiquant de drogue. Sa traque le conduit en Floride, dans la ville de Miami où il croise la route d’un policier de la Brigade des Mœurs, James « Sonny » Crockett. Ce dernier vient de perdre son coéquipier Eddie Rivera, tué lors d’une explosion. Les deux affaires sont liées à Calderone. Crockett est contraint de collaborer avec Tubbs pour retrouver le trafiquant… Critique : Ce téléfilm d’introduction contient déjà tous les éléments qui définissent le style visuel de la série, définis dans la « bible » de Michael mann (couleurs pastel, montage nerveux, tubes rock, images léchées …). Le jeune prodige Thomas Carter réalise un travail exceptionnel, appuyé par un scénario passionnant d’Anthony Yerkovich. La scène finale où Crockett et Tubbs roulent la nuit en Ferrari sur la chanson « In the Air tonight » de Phil Collins reste pour beaucoup dans la réussite de « Miami Vice » (pas de dialogues, des émotions passent juste par les images comme dans les vidéoclips de la chaîne musicale MTV à l’époque). Autre originalité, les personnages dénotent de ceux de l’époque (Lou Grant, MASH, …). Place au doute et à l’ambiguïté, pas d’angélisme sirupeux. Le travail d’infiltration nous est présenté comme quelque chose de dangereux où, à tout instant, la mort peut frapper sans prévenir. La corruption gangrène les forces de police et dénote avec le climat ensoleillé et paradisiaque de Miami. On appréciera enfin la dualité de Crockett, déjà esquissée lors de la scène de nuit sur son yacht où il explique à Gina la difficulté d’adopter deux identités (policier Crockett / trafiquant Burnett). L’alchimie entre Don Johnson et Philip Michael Thomas fonctionne très bien. Leurs réparties et joutes verbales montrent une grande complicité à l’écran et en coulisses. A noter que Tubbs se révèle ici particulièrement charismatique alors que son personnage sera plus lisse par la suite, servant plus de faire-valoir à Don Johnson, véritable star de la série. Même plus de 30 ans après sa première vision, ce pilote reste un chef-d’œuvre du genre, véritable révolution du genre policier à la télé américaine. Anecdotes :
Scénario : A.J. Edison - Réalisation : John Llewellyn Moxey Résumé : Crockett et Tubbs se font passer pour des distributeurs de films pornographiques. Durant leur enquête, ils font la connaissance d’Artie Rollins, de son vrai nom Arthur Lawson, un agent qui travaille comme eux sous couverture mais pour le compte du FBI. Tout porte à croire qu’Artie serait passé de « l’autre côté » car son patron informe les policiers qu’il a disparu depuis plusieurs mois… Critique : Après le pilote très réussi, le risque était grand de tomber dans une série policière banale mais cet excellent épisode nous prouve le contraire en s’inscrivant déjà dans une tonalité sombre qui marquera la suite de la série. Michael Mann était bien conscient de ce piège. Par petites touches, il nous fait suivre le dilemme que ressent tout policier trop longtemps « infiltré » dans un milieu criminel : il peut en perdre la raison ou pire, basculer du mauvais côté tant la situation vécue est schizophrénique et anxiogène. Pour incarner ce flic en rupture, Mann a choisi Ed O’Neill, d’ordinaire plus à l’aise dans le registre de la comédie que du dramatique. Pourtant, l’acteur impressionne par sa présence à l’écran, oscillant entre le tigre hors de contrôle et le brave type complètement paumé. On comprend bien tout le dilemme qui le ronge. Sa situation parle particulièrement à Crockett qui voit chez lui une espèce de miroir déformant, un double négatif de lui-même puisque sa double identité Crockett/Burnett lui fait parfois perdre conscience de qui il est vraiment. Basculer « de l’autre côté » est une tentation à laquelle résistera souvent le policier jusqu’à ce qu’un accident de bateau lui fasse perdre la mémoire et le fasse devenir pour de vrai son alterego Burnett, trafiquant sans scrupules et tueur sans pitié (dans « Le disparu », dernier épisode de la 4ème saison). A deux reprises, il tirera sur Tubbs jusqu’à ce qu’il recouvre la mémoire. Anecdotes :
3. PAS DE PANIQUE Scénario : Joel Surnow - Réalisation : Lee H. Katzin Résumé : Plusieurs petits dealers ont été tués au cours des trois dernières semaines. Crockett et Tubbs découvrent qu’un dealer jamaïcain nommé Desmond Maxwell serait lié à ceux-ci. Durant l’enquête, Jake et Bobby, deux de leurs collègues, sont tués. Les deux flics sont déterminés à retrouver les coupables et se servent d’un petit truand, Noogie Lamont, pour arrêter les tueurs… Critique : Dans cet épisode très rythmé avec sa séquence d’ouverture digne des meilleurs films d’action (le thème trépidant « Cool Runnin’ » de Jan Hammer joue pour beaucoup dans la réussite du prégénérique), nous sommes plongés dans le monde dur et sans pitié des trafiquants jamaïcains, guère plus rassurant que celui des trafiquants colombiens. La mise en scène de Lee H. Katzin joue beaucoup sur les effets de ralenti et bénéficie d’un montage nerveux qui nous scotche et nous donne envie de suivre le récit, mené tambour battant. L’épisode baigne dans une ambiance sombre, souvent filmé de nuit et ponctué par quelques musiques reggae. Etrangement, on retrouvera peu le monde jamaïcain dans la suite de la série, hormis dans un épisode de la 4ème saison traitant de cryogénothéraphie sur le mode loufoque. Se référant assez clairement au pilote, cet épisode souligne aussi combien la vie de flic infiltré mène souvent à l’échec d’une vie de famille : Caroline, la femme de Sonny, demande le divorce et souhaite partir avec leurs fils Billy à Atlanta. Secoué par cette annonce, Crockett se bat pour l’empêcher. Enfin, en contrepoint aux scènes dramatiques, nous découvrons un nouveau personnage particulièrement drôle : l’indicateur Noogie Lamont dit « Le Noogman ». C’est un petit délinquant représentatif de la faune nocturne de Mimai, entre l’arnaqueur et le bonimenteur. Roi de la parlotte, il a pour principale caractéristique de se la jouer tendance et d’être particulièrement accro aux jolies filles. Le personnage reviendra dans plusieurs épisodes de cette 1ère saison et sera ensuite évincé de la série par Don Johnson (l’acteur Charlie Barnett avait un peu trop tendance à aimer les drogues dures et la star exigeait un plateau de tournage « clean ». Barnett décédera du SIDA en 1996 sans jamais renouer avec le succès qu’il connut dans « Deux flics à Miami »). Anecdotes :
Scénario : Joel Surnow - Réalisation : Richard Colla Résumé : Surveillé par Crockett et Tubbs, un trafiquant de drogue est brutalement assassiné par un tueur. Sur les lieux du meurtre, ils trouvent une liste sur laquelle figurent les noms de huit personnes dont six ont déjà été tuées. Crockett figure en bout de liste. Après avoir mis hors d’état de nuire le tueur, le duo policier apprend que Calderone s’est enfui aux Bahamas et se lance à sa poursuite… Critique : Après le succès du pilote, ce double épisode nous prouve à nouveau que « Deux flics à Miami » doit se voir comme un film de cinéma dont la série utilisa d’ailleurs les techniques (fait rare et nouveau pour l’époque). Très rythmée mais n’oubliant pas de développer l’épaisseur psychologique des personnages, cette première partie nous fait sentir tout le danger qui pèse sur les épaules de Crockett, placé sur la liste d’un tueur engagé par Calderone. Cet énigmatique tueur à lunettes jaunes et cheveux frisés, derrière ses sourires enjôleurs (on le voit même manger à côté d’enfants qui jouent et leur sourire), se révèle particulièrement froid et efficace (voir la première scène quand il assassine un truand à coups de fusils à pompe). Sorte de caméléon, il se fond dans le milieu (la scène dans la discothèque) et attend, tapi dans l’ombre, pour bondir sur sa proie. Cet aspect est très bien rendu dans la scène finale lorsqu’il attend Crockett et sa famille chez le policier et mitraille tout, sans se soucier du fait de faire des victimes collatérales comme un enfant et une femme. Peu importe, seul compte le contrat sur la tête du flic. Cette agression, si elle se terminera finalement bien pour Crockett et sa famille, scellera à tout jamais le divorce avec sa femme Caroline. On le comprend dans une courte scène, très intense lors que le couple est assis à l’avant d’une voiture. Peu de mots, des émotions, tout passe à l’image. Enfin, un petit pincement au cœur se fait ressentir à l’annonce de la mort de Lou Rodriguez, premier chef de Crockett et Tubbs, tué en mission alors qu’il protégeait Crockett du tueur. Il sera remplacé par le fascinant Lieutenant Castillo qui apportera indéniablement un plus à la série par la suite. On soulignera encore les compositions électriques obsédantes de Jan Hammer, en parfaite osmose avec les images et le montage. L’ensemble visuel de l’épisode fait par moments penser au film « Scarface » (1982) avec Al Pacino : une ville moderne et ensoleillée mais particulièrement dangereuse. Anecdotes :
5. LE RETOUR DE CALDERONE - 2EME PARTIE Scénario : Joel Surnow et Alfonse Ruggiero Jr. - Réalisation : Paul Michael Glaser Résumé : Suite la mort du Lieutenant Rodriguez, Sonny et Ricardo font parler Mendez, un complice de Calderone. Les deux policiers apprennent que ce dernier se cache aux Bahamas. Tandis que Sonny se fait passer pour le tueur chargé d’éliminer Crockett, Tubbs fait croire qu’il est Mendez. Sur place, Tubbs rencontre la jolie Angelina, dont il tombe amoureux et découvre qu’elle est la fille de Calderone… Critique : Changement de décor pour nos flics qui quittent le soleil de Floride pour celui des Bahamas. Si cette deuxième partie se révèle moins réussie que la première (les scènes de poursuite en voiture sont un peu ridicules), elle fait néanmoins passer un agréable moment où danger, action, romance et suspense alternent sans temps morts. L’ex-Starsky, Paul Michael Glaser, a le sens du cadre et compose de très belles images durant les scènes d’amour entre Tubbs et Angelina, elles ont tout d’un un vidéoclip de MTV aux images léchées (couleurs chaudes, corps dénudés, érotisme chic). A nouveau, comme dans le téléfilm pilote, on retrouve un Tubbs assoiffé de vengeance et prêt à tout pour avoir la peau de Calderone, responsable de la mort de son frère. Il va jusqu’à menacer Crockett si son coéquipier se met en travers de son chemin. A noter que cet épisode réutilise les scènes du téléfilm pilote où l’on voyait le frère de Tubbs se faire tuer par les hommes de Calderone. Cet épisode évoque à nouveau , après le pilote et le second épisode « Haut les cœurs », la corruption policière (les flics des Bahamas sont à la solde de Calderone et font tomber Crockett dans un piège). Si justice sera faite en fin d’épisode (alors que la fin du pilote montrait nos flics échouer dans leur tentative d’arrêter Calderone), la mélancolie domine : Tubbs perd Angelina et doit dire adieu à une belle histoire d’amour. Jusqu’à ce qu’il la retrouve dans le dernier épisode de la 2ème saison (On connaît la chanson) et apprendra qu’il a eu un fils avec elle. Anecdotes :
Scénario : Alfonse Ruggiero Jr. - Réalisation : Lee H. Katzin Résumé : Sonny Crockett et Ricardo Tubbs surveillent un certain Owens, homme de main d’Albert Lombard, dangereux prêteur sur gages. Ils découvrent que Barbara Carrow, mère de famille et joueuse compulsive, a accumulé d’importantes dettes de jeu auprès du truand. Ancienne amie de lycée de Sonny, elle lui demande de l’aider. Tubbs se fait passer pour un truand afin d’approcher Lombard… Critique : Dans cet épisode intéressant, nous découvrons que Crockett se trouve dans un conflit d’intérêt puisqu’il enquête sur un bookmaker et promet en même temps d’aider une ancienne amie de lycée qui a accumulé de grosses dettes de jeu auprès de ce même usurier. Malgré tout, il fait tout pour tenter de l’extirper des griffes du truand mais se retrouve pris au piège d’une manipulation orchestrée par un des hommes de main du gangster. Commence alors une procédure de harcèlement par un inspecteur de la police des polices qui essaye de salir à tout prix Crockett. On découvre avec plaisir et étonnement que le Lieutenant Castillon fraîchement arrivé, prend la défense de Crockett et remet le « bœuf carotte » à sa place. De son côté, Tubbs s’infiltre dans le milieu des paris et réussit à manipuler l’homme de main qui a fait tomber Crockett. Le manipulateur se retrouve manipulé à son tour. Intéressant retournement de situation. La réalisation de Lee Katzin (après le 3ème épisode « Pas de panique ») ménage habilement tension et suspense qui vont crescendo jusqu’au final inattendu. A nouveau, il n’y aura pas de happy end et ce sera un nouvel échec pour notre duo policier. Enfin, on notera la mise en valeur le quartier de Downtown Miami avec ses buildings et ses banques, entièrement tourné en décors naturels. Anecdotes :
Scénario : Maurice Hurley, d’après une histoire de Charles R. Leinenweber - Réalisation : David Soul. Résumé : Sonny et Ricardo essayent de coincer Tony Amato, un trafiquant d’armes international. Un vol de missiles sol-air a eu lieu dans un entrepôt et les policiers le soupçonnent d’en être l’auteur. L’équipe met sa maison, sa voiture et son bureau sur écoute et le suit dans tous ses déplacements… Critique : Dans cet épisode moyennement intéressant (la réalisation manque un peu de peps), nous entrons de plein pied dans le milieu des trafiquants d’armes de guerre. La Brigade des mœurs ne traitait pas que d’affaires liées à la drogue ou la prostitution mais aussi d’armes. Ce récit présente au grand public le danger des missiles sol-air et montre de manière assez conventionnelle les conflits entre forces de police fédérales et locales (le méchant est protégé par des agents fédéraux au nom d’ « intérêts supérieurs aux intérêts locaux »). Dans le rôle du gangster de l’épisode, Bruce Willis ne fait pas vraiment d’étincelles et se révèle plutôt antipathique (normal, c’est le mécahnt), surtout lorsqu’on apprend qu’il bat sa femme. A cet égard, Crockett et Tubbs ne cachent pas leur dégout en le traitant de « porc ». Afin de coincer les trafiquants, Tubbs se fait passer pour un jamaïcain intéressé par l’achat des missiles. Avant de remplacer le « vrai » trafiquant, nous assistons à une scène amusante dans l’aéroport de Miami, au son du très rock « Airport swap » de Jan Hammer, à l’arrestation du trafiquant par Switek et Zito. La mise en scène joue sur les apparences puisque la ressemblance avec Tubbs est tellement similaire qu’on croit d’abord que c’est le policier. Une caractéristique du cinéma de Michael Mann qui aime jouer avec les apparences (dans « Heat », De Niro se fait passer pour un membre du personnel médical pour voler une ambulance qui servira plus tard pour son braquage). Enfin, on soulignera la grande humanité de Crockett qui s’implique beaucoup, presque comme un assistant social, pour venir en aide à la femme de Bruce Willis, poussée à bout par le fait d’être battue. Ce qui débouchera sur une fin particulièrement traumatisante. Hormis quelques baisses de rythme dans la réalisation, cela reste un épisode intéressant qui montre une évolution des personnages principaux, toujours plus marqués par les événements souvent traumatisants qu’ils traversent. Anecdotes :
Scénario : Philip Reed & Joel Surnow - Réalisation : Georg Stanford Brown Résumé : Crockett et Tubbs soupçonnent Louis McCarthy, un riche homme d’affaires, de faire du trafic de drogue. Se faisant passer pour des passionnés de courses de bateaux, Sonny et Rico défient McCarthy de gagner une course d’offshore. La compétition s’engage et les flics découvrent comment le trafiquant procède pour acheminer sa drogue… Critique : Dans cet épisode plutôt mineur, nous nous retrouvons dans un univers de luxe et d’argent (grosses villas, bateaux puissants, voitures de sport très onéreuses). McCarthy, le méchant de l’épisode, se révèle plutôt sympathique et surtout animé par un esprit de compétition (l’épisode « Ah ! L’amour ! » de la 2ème saison reprendra en grande partie la trame de cet épisode-ci avec quelques petits changements). Au niveau de leur travail d’infiltration, Crockett et Tubbs se la jouent plutôt « beaux gosses tendance playboy » avec gros bateau offshore et Ferrari. Ici, ils ne jouent pas véritablement leur peau en étant plongés dans un milieu ultra-dangereux, à la différence d’autres épisodes plus sombres. Pour meubler un scénario un peu faible, Tubbs connaît une romance avec une assistante de McCarthy. On remarquera d’ailleurs que la majeure partie de cet épisode se passe de jour et dans une ambiance ensoleillée. Par contre, on regrettera la réalisation peu inspirée de Georg Stanford Brown qui filme cet épisode sans grande conviction. Il met en scène de belles images et nous transporte dans un univers de luxe (il sait y faire puisqu’il avait auparavant réalisé de nombreux épisodes de diverses séries du producteur Aaron Spelling, bien connu pour aimer le luxe et faire des séries qui traitaient de ce thème). Mais Brown n’arrive pas à donner d’énergie au montage et du coup, donne à l’ensemble l’impression d’une certaine platitude. A part la scène où Crockett joue sa Ferrari au billard (on se dit « pourvu qu’il gagne »), la course de bateaux n’a pas grand-chose de spectaculaire. Heureusement qu’il y a la musique de Jan Hammer pour donner une impression de mouvement. Si la fin est globalement positive, la chute tombe un peu à plat. Dommage. Anecdotes :
Scénario : Rex Weiner & Allan Weisberger - Réalisation : Stan Lathan Résumé : Joey Bramlette est appelé à témoigner contre un certain Enrique Ruiz, trafiquant de drogue qui aurait tué un policier dans les Everglades. Mais Ruiz fait kidnapper la fille de Bramlette, en échange de son silence. Celui-ci fausse compagnie à Switek et Zito. Crockett et Tubbs se lancent à sa recherche au cœur des Everglades… Critique : Malgré une classique histoire de kidnapping et de témoin sous surveillance, le réalisateur Stan Lathan fournit un excellent travail sur cet épisode. Curieux qu’il n’en ait plus réalisé par la suite… A l’aise dans tous les genres (il a réalisé de nombreuses séries : Fame, Falcon Crest, Alien Nation, Capitaine Furillo, …), il tire le meilleur parti du cadre plutôt inhabituel dans lequel se déroule cet épisode : les Everglades. C’est d’ailleurs, dans toute l’histoire de la série, un des rares épisodes qui se passe en dehors de Miami (le 15ème épisode la 4ème saison, « Les guerres », reviendra dans les Everglades). Au début, on pense un peu au film « Délivrance » de John Boorman quand Crockett et Tubbs se font passer pour de braves citadins et débarquent chez des ploucs trop heureux de se payer des petits gars de la ville (télévision oblige et donc censure de la violence, pas de scène de sodomie comme dans le film…). Le récit alterne habilement tension et humour (les scènes d’action sont contrebalancées par l’humour d’un vieux pépé édenté qui espionne pour le compte de nos flics). Riche de son expérience militaire au Vietnam, Crockett nous montre tout son savoir-faire en matière de stratégie et d’infiltration derrière les lignes ennemies : tel un chat, il s’introduit dans la maison où est retenue prisonnière la gamine du témoin à charge et descend les méchants sans problème. Dans une des scènes de fin, nous sommes particulièrement étonnés de le voir descendre le sale type qui retient la gamine en otage. A l’époque, la scène avait choqué pour son côté inhabituel et dur, incarnation du slogan américain « On ne négocie pas avec les terroristes » même s’il s’agit ici de banals trafiquants. Notons enfin que Crockett et Tubbs se font passer pour Sonny Bates et Leroy Reese alors que par la suite, leurs faux noms seront invariablement Sonny Burnett et Rico Cooper. Un épisode qui se savoure comme un bon petit film d’action. Anecdotes :
Scénario : Chuck Adamson - Réalisation : Bobby Roth Résumé : Sonny et Ricardo découvrent une importante cargaison de drogue dans un entrepôt tenu par le jeune Bob Rickert. Celui-ci leur confie qu’il travaille pour un certain Sally Alvarado qui tente de tuer les deux policiers. Au terme d’une poursuite sur les chapeaux de roue, le truand est arrêté. Mais Richard Cain, l’avocat de ce dernier, confie à Sonny qu’il a besoin de connaître l’identité de son indicateur pour préparer la défense de son client. Crockett refuse et se retrouve derrière les barreaux… Critique : Cet épisode, particulièrement intéressant, se focalise sur la traite des êtres humains, en l’occurrence un trafic de filles exploitées par l’ignoble Lupo Ramirez et son homme de main Alvarado. Nous en apprenons un peu plus sur les failles de Crockett et Gina. L’épisode nous interroge sur jusqu’où doit aller le travail d’infiltration ? Pour obtenir des informations, Gina se retrouve contrainte de coucher avec le répugnant Ramirez. Une forme de viol qui traumatisera la jeune femme et qui clôt l’épisode de manière bouleversante sur le visage de Gina et Crockett effondrés. Autre questionnement autour de la protection des sources : Crockett refuse de livrer le nom de son informateur à la juge qui lui en donne l’ordre et se retrouve derrière les barreaux comme un vulgaire criminel. Le rôle particulièrement abject des avocats est également mis en avant, via la figure de Richard Cain (incarné par un jeune Terry O’Quinn, le Locke de « Lost ») qui se fiche de savoir que Crockett et Tubbs ont risqué leur vie en voulant arrêter Alvarado. Pour lui, seule compte la défense de son client et peu importe que ce soit un sale gangster du moment qu’il paye bien. Par contre, on regrettera le peu de présence à l’écran de Michael Madsen qui apparaît aussi vite qu’il disparaît, possédant pourtant un charisme et un côté inquiétant assez peu exploités ici, à la différence des films de Quentin Tarantino qu’il tournera par la suite. Anecdotes :
11. LE PETIT PRINCE Scénario : Daniel Pyne, d’après une histoire de Joel Surnow & Wendy Cozen - Réalisation : Alan J. Levi Résumé : Alors qu’elles se font passer pour des droguées en manques le but de démanteler une planque, Gina et Trudy se retrouvent en fâcheuse posture jusqu’à l’intervention de Crockett et Tubbs. Sur place, ils arrêtent Mark Jorgenson, Jr., le fils d’un riche et puissant homme d’affaires. Le jeune homme se drogue régulièrement et son père est déterminé à le faire entrer en cure de désintoxication. Jorgenson Senior serait à l’origine d’un juteux trafic. Sonny se fait passer pour un ami de son fils afin de faire tomber l’homme d’affaires… Critique : Dans cet épisode particulièrement bien réalisé, la thématique tourne autour des gosses de riches qui fuient dans les paradis artificiels. On se rend compte que la drogue ne touche pas que les classes défavorisées. Le Petit Prince (une référence à peine voilée au roman de Saint-Exupéry) est incarné avec subtilité par un Mitchell Lichtenstein particulièrement attachant. Loin d’être un gosse arrogant qui multiplie les bêtises et les sales coups genre viol, accident de voiture, … ; le jeune homme tombe dans une spirale où il se détruit peu à peu au lieu de faire du mal aux autres. La mise en scène inspirée d’Alan J. Levi suit ses errements au travers de plans bien cadrés qui accompagnent le jeune homme dans sa fuite. Il y a quelque chose de contemplatif, renforcé par une musique planante. Nous ressentons bien tout son malaise et son désarroi face à un père autoritaire et sans pitié. Un paternel qui n’hésite pas à l’humilier lors d’une course de polo. Homme de pouvoir influent (sa richesse est illustrée par de très beaux plans ensoleillés sur son immense manoir en bord de mer), ce dernier détruit quiconque menace son trafic. Crockett et Tubbs se font un devoir de l’arrêter. A la fin, une lueur d’espoir laisse penser que le petit prince va reprendre sa vie en main et mener une vie plus libre. Touchant. Anecdotes :
Scénario : Dennis Cooper & Allison Hock - Réalisation : John Nicolella Résumé : A l’aéroport de Miami, Eddie Rivers et Louis Martinez, deux jeunes hommes, projettent d’introduire de la drogue en provenance de Colombie. Les stupéfiants sont cachés dans des statuettes religieuses. Sonny et Ricardo tentent de les persuader de renoncer à ce projet mais les deux compères leur échappent. A son retour de Colombie, Eddie est arrêté et menacé par Crockett. En échange de sa liberté, il doit l’aider à arrêter les frères Moya… Critique : Dans cette histoire aux accents plutôt sombres, deux jeunes cherchent à se faire de l’argent facile en convoyant de la drogue. Ils croient que leur coup réalisé, ils seront riches et à eux la belle vie. Une fois le pied mis dans l’engrenage, ils se rendent compte - trop tard - qu’ils sont aspirés dans un trou noir auquel rien ne peut échapper. Crockett menace Eddie de manière très ferme et lui fait comprendre que la réalité le broiera comme un insecte. Plutôt rude avec lui au début, le flic se radoucit et se transforme ensuite en grand frère protecteur, lui promettant de le tirer de ce faux pas. Evidemment, le temps joue contre le duo policier qui n’arrive pas à contrecarrer l’inéluctable. Après avoir monté une opération destinée à choper les méchants, la suite ne se déroule pas comme prévu. Crockett peut heureusement compter sur l’intervention efficace de Tubbs qui neutralise les assaillants sans perdre son sang-froid. Cet épisode est mené sans temps morts et de façon plutôt réaliste, tant dans la salle d’interrogatoire (les flics ne portent pas leur arme et leur holster est donc vide, afin d’éviter que des suspects s’en emparent) que lors des échanges de coups de feu avec les gangsters, mettant en valeur le côté nocturne de Miami et plusieurs lieux bien connus (aéroport, Ocean Drive où se trouvent la plupart des hôtels d’architecture art deco, marque de fabrique du style de la série). Cette histoire marque enfin une lente transition de la série vers une tonalité plus sombre, en témoigne la plupart des scènes qui se passent de nuit. Anecdotes :
Scénario : Joseph Gunn & Maurice Hurley, d’après une histoire de Joseph Gunn - Réalisation : Georg Stanford Brown Résumé : Crockett et Tubbs ont pour mission de veiller à la sécurité dans un hôtel de luxe. Le Lieutenant Castillo leur ordonne d’arrêter deux flics véreux qui se pratiquent chantage, trafic de drogue et exploitent des prostituées. Sonny se fait passer pour un jeune homme coincé et tombe sur Candy, une prostituée de l’hôtel. En échange d’un casier judiciaire vierge, elle accepte d’aider les policiers dans leur enquête. Sonny et Rico rencontrent ensuite un cambrioleur, Albert Szarbo, qui vide les coffres de l’hôtel avec son acolyte thaïlandais. A leur hôtel, ces derniers sont brutalement exécutés par un mystérieux homme cagoulé. Castillo découvre qu’ils seraient liés au trafic d’opium et d’héroïne provenant du fameux Triangle d’Or… Critique : A nouveau, voici nos flics plongés dans un univers de luxe où ils jouent les détectives dans un hôtel de standing. Si le départ de l’histoire paraît un peu nébuleux (Castillo leur demande de neutraliser des flics ripoux, très vite oubliés par la suite), le reste de l’épisode nous fait passer un très agréable moment. La scène au bord de la piscine (quand Crockett se fait passer pour un « nerd », puceau et à cheveux plats, avec sa poche de chemise remplie de bics) nous fait bien rire. Fameux contraste avec son allure posée et confiante. Pour appâter les ripoux, il se sert de Candy, une prostituée au grand cœur, avec qui s’établit rapidement une grande complicité, temps fort de cet épisode qui se passe la plupart du temps de jour et dans des décors ensoleillés. Par contre, on se demande un peu d’où sortent ces cambrioleurs sortis de nulle part et disparus aussi vite, sorte de bouche-trous prétextes à enchaîner vers la chute de l’histoire. Enfin, on voit une scène absurde mais très drôle aussi : Crockett trouve que les griffes de son alligator Elvis sont trop longues et sort une grande lime pour lui faire les ongles ! Après cette première partie plutôt lumineuse, la seconde baignera dans une ambiance nettement plus sombre pour un épisode encore meilleur que celui-ci. Anecdotes :
Scénario : Joseph Gunn & Maurice Hurley, d’après une histoire de Joseph Gunn - Réalisation : David Anspaugh. Résumé : Plusieurs années avant de devenir le chef de la brigade des Mœurs de Miami, le Lieutenant Martin Castillo était en mission secrète en Thaïlande comme agent infiltré de la DEA (Drug Enforcment Agency). Sa mission était d’arrêter le Général Lao Li, ex-militaire chinois et grand seigneur du trafic d’opium. Castillo avait prévu de lui tendre une embuscade mais l’opération échoua à cause d’un traître qui avait prévenu le criminel. Après avoir perdu ses hommes au cours du raid, Castillo apprend que sa femme, May Ying, est morte dans l’explosion de leur maison. Mais une photographie prise à l’aéroport de Miami prouve le contraire. Castillo comprend que sa femme vit toujours et que Lao Li la retient en otage… Critique : Cet épisode nous en apprend beaucoup sur le passé du Lieutenant Martin Castillo, personnage fascinant et énigmatique. On y voit une scène très touchante entre Castillo et May Ying lors de leurs retrouvailles. Le policier s’y montre particulièrement doux et sensible, ce qui contraste nettement avec l’image dure et inflexible qu’il dégage durant la majorité de la série. Comme l’écrit très bien Axel Cadieux dans son excellent ouvrage « L’horizon de Michael Man » (éditions Playlist Society, page 79) : (…) il prononce cette phrase lourde de sens à propos de sa profession : « C’est tout ce que j’ai. C’est ce en quoi je crois. C’est ce que je suis. » Comme toute forme d’obsession, le travail porte en lui une possibilité d’aliénation, qui guette les hommes manniens et dont Castillo est le prototype. Entièrement consacré à son badge et à son arme, solitaire, lugubre, il n’a rien d’un individu accompli. Au contraire, il n’est qu’une ombre, hanté par les souvenirs et la possibilité avortée d’une idylle. (…) » C’est en substance ce que nous dit cet épisode où Edward James Olmos nous montre toute l’étendue de son talent. Armé de son seul charisme et avec peu de mots, il fait passer énormément d’émotions. Impressionnant. Cette 2ème partie montre aussi la parfaite osmose entre lui, Crockett et Tubbs. Ils n’ont pas besoin de se dire les choses, un regard, un geste et ils ont compris ce qu’il faut faire. Dans les scènes de combats à mains nues, Edward James Olmos se révèle également très à l’aise, enchaînant les blocages et les coups secs de façon crédible. Enfin, on comprend le rôle peu glorieux de la CIA dans le Sud-Est Asiatique : cette agence fédérale de protège Lao Li en échange de la défense des « intérêts américains » là-bas. Le Gouvernement américain protège des criminels au nom de la raison d’état. Une désillusion de plus pour Castillo, Crockett & Tubbs. Si on devait établir un best of des 10 meilleurs épisodes de la série, cet épisode serait certainement dans les 5 premiers. Rien de moins. Anecdotes :
Scénario : Miguel Pinero - Réalisation : Paul Michael Glaser Résumé : Crockett et Tubbs prennent en filature un petit dealer nommé Morales qui les conduit jusqu’à un yacht où une femme est retenue prisonnière. Soudain, le bateau explose. Morales échappe à la mort et les policiers découvrent qu’il importait clandestinement de la drogue en Floride. Plusieurs trafiquants ont été assassinés par une bande de malfrats qui obtiendraient leurs informations des fichiers de la police. Sous la supervision d’Ed Waters, un agent de la CIA, Sonny et Ricardo partent en Colombie, sous l’identité de criminels, afin d’y acheter de la cocaïne, la ramener à Miami et démasquer la taupe au sein de la police… Critique : Encore un titre français particulièrement crétin. A se demander où les traducteurs vont le chercher… A part cet inconvénient somme toute mineur, cet épisode nous plonge au cœur du trafic de drogue : la Colombie. Crockett et Tubbs se retrouvent seuls, sans renforts et livrés à eux-mêmes. Malheureusement, Tubbs se fait arrêter et interroger dans une prison qui n’a rien du Club Med. Sa couverture de criminel lui permet de recouvrer la liberté (à nouveau le thème de la corruption des autorités locales) mais le brave Rico aura eu chaud. Particulièrement sombre et angoissant, le récit nous fait clairement prendre conscience du danger du travail d’infiltration. Sans cesse sur leurs gardes, ne devant leur salut qu’à leur capacité à se fondre dans la peau de criminels sans éveiller les soupçons ; nos deux flics arrivent tout juste à sauver leur peau malgré une trahison imprévue. Le personnage de Glenn Frey apporte un peu d’humour et de décontraction dans une histoire marquée par une tension perceptible à l’écran durant la quasi-totalité de l’épisode. Après la seconde partie du « Retour de Calderone », l’ex-Starsky, Paul Michael Glaser, prouve qu’il a le sens de la mise en scène et du montage, effectuant un excellent travail sur cet épisode entièrement construit, à la base, à partir de la chanson « Smuggler’s blues » de Glenn Frey. Bref, un autre épisode de très bonne facture. A noter que le film de Michael Mann, réalisé en 2006, reprendra en partie la trame de cet épisode, notamment la scène de fin où Trudy se retrouve prisonnière dans un bâtiment truffé d’explosifs. Anecdotes :
Scénario : Daniel Pyne - Réalisation : David Anspaugh Résumé : Fuyant New York et sa famille, la jeune Diane Gordon se voit proposer un contrat de mannequin par le gangster David Traynor. Ce dernier utilise ses mannequins qu’il « loue » comme call-girls de luxe à de riches clients. La sœur de Diane, Valérie, arrive à Miami pour la retrouver. Elle va trouver Tubbs qu’elle a connu à New York pour lui demander de l’aide. Crockett et Tubbs se font passer pour des hommes d’affaires intéressés par des filles et enlèvent Diane pour la ramener auprès de sa sœur. Mais Diane refuse et est retrouvée assassinée peu après. Valérie décide de venger la mort de sa soeur… Critique : Dans cet épisode plutôt mineur, nous sommes à nouveau plongés dans l’univers des call-girls de luxe pour une histoire tournant autour de la traite des êtres humains (après le 10ème épisode « Si peu qu’on prenne »). L’intérêt de l’épisode réside plus autour de la relation amoureuse entre Tubbs et Valérie, une ex-collègue policière du temps où Rico était flic à New York. Au travers de très belles scènes romantiques, nous partageons les moments d’intimité du couple. Malheureusement, la suite des événements empêchera Tubbs de construire une relation durable. Après la fille de Calderone, le policier n’a pas plus de chance en amour que son collègue Crockett. Il est d’ailleurs curieux de voir Tubbs se comporter de manière hystérique vers la fin de l’histoire, fait plutôt inhabituel venant de quelqu’un de plutôt cool. Quand l’amour s’en mêle, la raison déraille… Valérie le rappelle alors à l’ordre. Pour le reste, le réalisateur David Anspaugh semble peu inspiré, filmant de manière terne une histoire guère palpitante. Le personnage de Diane, la sœur de Valérie, n’a pas grand-chose pour elle. On a l’impression d’assister aux caprices d’une petite fille gâtée, ce qui suscite peu d’empathie chez le spectateur qui se fiche un peu de savoir ce qui va lui arriver par la suite. Fade aussi est le méchant de l’histoire, un maquereau sans relief pourtant incarné par un John Turturro qu’on a connu en meilleure forme par la suite. Une scène bien mise en scène retient tout de même l’attention : quand Crockett et Tubbs « kidnappent » Diane et la ramènent à sa sœur Valérie puis que les sœurs se crient dessus, nous ressentons toute l’incompréhension et le conflit de générations qui existe au sein de certaines familles. Du reste, l’épisode ne retient pas vraiment l’attention et s’oublie assez vite. Dommage. Anecdotes :
17. Y’A DES JOURS COMME ÇA Scénario : Michael Eric Stein - Réalisation : Tim Zinnemann Résumé : Alors qu’ils sortent d’un restaurant avec deux collègues policiers, Crockett et Tubbs assistent au saccage d’une boutique par de jeunes délinquants. Lors de l’intervention, ceux-ci tuent un de leurs collègues et parviennent à s’échapper. La bande se réfugie dans un vieil hôtel squatté par des réfugiés qu’ils prennent en otage. Tubbs se fait passer pour un sdf et infiltre le lieu pour tenter de sauver les otages tandis que Crockett assure ses arrières… Critique : Autre titre français particulièrement idiot qui fait plus penser à une comédie franchouillarde de Max Pécas qu’à une série policière. Prenant et bien réalisé, cet épisode met particulièrement en valeur les bâtiments art déco de la ville de Miami et la problématique des réfugiés haïtiens, pauvres et contraints de vivre dans des bâtiments abandonnés. L’histoire est quelque peu confuse quant aux intentions des délinquants qui semblent plus intéressés à jouer les caïds à gros flingues qu’à revendiquer quelque chose. Mais nous sommes surtout pris par le suspense et la tension de l’histoire, craignant pour la vie de Tubbs, infiltré sous l’identité d’un sdf musicien. Pour couvrir ses arrières, Crockett se révèle fin stratège, travaillant de concert avec les forces d’intervention spéciale (pour la petite histoire, les policiers du « SWAT » qu’on voit dans cet épisode sont de vrais policiers engagés par Michael Mann, soucieux d’apporter un maximum de réalisme. Exceptionnellement, le producteur « viole » sa règle des couleurs pastels : les uniformes de la police de Miami sont de couleur ocre et brun clair alors que ces couleurs étaient bannies de la série, privilégiant les bleus, beige, rose : lire présentation de la série). L’histoire nous montre aussi l’âge particulièrement jeune des délinquants et comment, en quelques actes, ils peuvent ficher en l’air la suite de leur vie. Ce basculement s’opère de manière imperceptible et surtout, sans jugement. Ils commettent un crime, prennent des otages, les policiers les arrêtent. Boum. Clap de fin. Un bon petit film d’action de 46 minutes. Anecdotes :
18. FAITS L’UN POUR L’AUTRE
Scénario : Allen Weisbecker, d’après une histoire de Joel Surnow et Allen Weisbecker - Réalisation : Rob Cohen Résumé : Tubbs et Crockett réussissent à neutraliser un réseau de faux-monnayeurs avec l’aide de leur collègue Zito qui perd ensuite sa maison, détruite par une fuite de gaz. Switek propose de l’héberger mais sa copine Darlene n’est pas d’accord. Le Lieutenant Castillo charge Switek et Zito d’enquêter sur John Costelada, un des plus gros receleurs de Floride. Après avoir récolté quelques informations chez leurs indics Noogie Lamont et Izzy Moreno, les deux flics contactent Barry « Bonzo » Gold, bras droit de Costelada. Les deux flics décident d’attirer le receleur avec une cargaison de matériel hi-fi et un camion de chantier… Critique : Un des rares épisodes qui quitte le monde sombre et violent du crime pour un peu de comédie. Loufoque et terriblement kitsch (couleurs, costumes, décors), il privilégie les personnages de Switek et Zito, ainsi que les indicateurs et inénarrables Noogie Lamont et Izzy Moreno (Crockett et Tubbs sont peu présents dans cet épisode). La tonalité de l’ensemble de l’épisode se rapproche de la comédie « Midnight Run » (1988) avec Robert De Niro où nous n’avons pas vraiment peur de ce qui va arriver aux personnages tant le ton se veut comique et limite déjanté. Nous découvrons les talents de baratineurs d’Izzy et Noogie, tellement ringards qu’ils en deviennent attachants (comme Switek et Zito dans un autre genre). Même les méchants de l’histoire n’ont pas l’air sérieux (Costelada ressemble à une caricature de mafieux, outrancier et finalement grotesque comme son bouffon « Bonzo »). Durant cette première saison, la série se cherchait encore un peu, alternant drame, thriller, suspense et parfois comédie (cet épisode est l’exception en dehors des quelques scènes qui jalonnent le début de la série quand Crockett crie sur son alligator Elvis). On retrouvera encore un épisode loufoque dans la deuxième saison avec Phil Collins (Jeux de vilain) mais nettement moins inspiré et entièrement construit autour du chanteur de « Genesis ». Pour la petite histoire, « Faits l’un pour l’autre » était pourtant un des épisodes préférés de Michael Mann (derrière ses apparences de manager froid se cacherait-il une âme d’enfant qui aime l’humour ?). Il faut dire que la gouaille des deux indicateurs contribue grandement à rendre cet épisode éminemment plaisant à suivre. Un petit chemin de traverse apprécié, un moment de détente entre deux histoires sombres, pourquoi pas ? Enfin, on rit de l’amour immodéré de Switek pour Elvis Presley dont le portrait tapisse l’entièreté des murs de son appartement. Quand le roi du rock’n roll passe à la télé, Switek entre en transe… Inoubliable. Anecdotes :
Scénario : Chuck Adamson - Réalisation : Abel Ferrara Résumé : Plusieurs familles de Miami sont violemment attaquées chez elles par des cambrioleurs sans scrupules. Le Lieutenant Malone, ancien mentor de Crockett, demande l’aide de la brigade des mœurs pour mettre hors d’état de nuire les malfrats. Crockett et le Lieutenant Castillo font leur enquête et découvrent que les victimes ont un point commun : un salon de coiffure où travaille un des cambrioleurs. Crockett et Castillo n’ont que peu de temps pour repérer et arrêter les truands qui ont déjà tué un policier et grièvement blessé une des victimes… Critique : Un épisode qui marque une transition dans l’univers de « Vice » : le ton devient plus sombre avec des scènes très violentes pour l’époque. Un exemple frappant, peu avant le générique de début, la caméra s’attarde sur le visage de deux petits enfants blonds, innocents alors que leurs parents sont sauvagement agressés hors-cadre. Le réalisateur, Abel Ferrara, s’y connaît en la matière puisqu’il réalisera ensuite des films très durs comme « King of New York » (1990) avec Christopher Walken et « Bad Lieutenant » (1992) avec Harvey Keitel. Michael Mann a également fait appel au scénariste Chuk Adamson, ancien policier reconverti dans le show business (tout comme Dennis Farina qui incarna le bookmaker Lombard dans la série et surtout, le Lieutenant Mike Torello dans la série policière « Crime Story / Les incorruptibles de Chicago », produite par Mann en 1986). Adamson a su donner un aspect réaliste au scénario de cet épisode, se basant sans doute sur ce qu’il a vécu quand il était flic. Autre aspect intéressant : le duo Crockett / Tubbs fait place au duo Crockett / Castillo, tout aussi efficace. Pour contrebalancer cette histoire empreinte de noirceur (on apprécie les scènes nocturnes qui renforcent l’aspect inquiétant de Miami au son du thème « Clues » de Jan Hammer), quelques moments d’humour viennent alléger le récit : lorsque le lieutenant et son détective arrêtent une vieille bourgeoise en Corvette, pour savoir dans quel salon de coiffure elle se rend (une piste qui permet de remonter vers les truands) ; elle s’écrie : « Au secours, ne me violez pas ! » Si le suspense est bien mené tout au long de l’épisode (on ressent la tension des policiers et la course contre la montre pour stopper ces crapules coûte que coûte), on regrettera un peu le côté « John Wayne » de la fin : les deux flics débarquent dans la maison où se trouvent les braqueurs et les dézinguent en deux temps trois mouvements. Bref, que justice soit faite. Enfin, l’épisode évoque de manière un peu mélancolique le passé de Crockett qui a eu pour mentor le chef de la brigade criminelle, remis en question par Castillo lors de l’enquête. Crockett doit se rendre à l’évidence : son ancien boss a fait son temps et doit se retirer. Malgré un happy end concernant l’enquête et sa résolution, l’histoire se clôt sur la tristesse du policier. Anecdotes :
Scénario : Edward Di Lorenzo - Réalisation : Jim Johnston Résumé : Ricky, Ace et Snake, trois jeunes punks complètement ivres et drogués, sèment la terreur dans les rues et les restaurants de Miami. Quand un cambriolage à main armée tourne au drame, Crockett et Tubbs sont mis sur l’affaire avec la brigade criminelle. Izzy Moreno, l’indicateur de Crockett, apprend que les trois voyous veulent se lancer dans le trafic de drogue. Pendant ce temps, Crockett entretient une liaison amoureuse avec Brenda, une jolie architecte. Son histoire d’amour met en danger la vie de Tubbs et Castillo écarte Crockett de l’affaire. Castillo et Tubbs, accompagnés de Switek et Zito, tendent un piège aux tueurs fous… Critique : A part l’histoire d’amour de Crockett, cet épisode n’a pas grand-chose pour lui : intrigue plutôt plate, personnages ultra-stéréotypés, résolution basique. Hormis le plaisir de faire le mal pour le mal, on se demande bien ce qui anime les trois punks lorsqu’ils font régner la terreur dans les rues de Miami. Sans doute ne faut-il tout simplement pas se poser la question. Par contre, on espère et on attend que Crockett soit enfin heureux en amour après la déliquescence de son couple dans « Le retour de Calderone 1ère partie ». Tubbs met en garde sa petite amie sur les sacrifices auxquels elle devra consentir si elle désire partager la vie de son coéquipier, ce qui donne lieu à un échange plutôt tendu. C’est la confrontation de deux mondes : celui des gens fortunés et sans histoires à celui des flics sans le sou évoluant dans un monde dangereux. Aspect dangereux renforcé lors de l’agression de Tubbs par des truands : absent pour épauler son coéquipier en planque car sa petite amie ne l’a pas réveillé, Crockett constate, impuissant, que son ami s’est méchamment fait casser la figure. Conséquence : Castillo lui retire l’enquête et le flic fait son examen de conscience lors de très belles scènes tournées à la nuit tombante sur son bateau au son de « Heartbeat » du groupe Red 7. Malgré tout, la fin se termine bien et nous offre à voir l’indéfectible amitié qui lie Crockett à Tubbs, renforcée encore par la suite dans l’épisode suivant : « Evan ». Anecdotes :
Scénario : Paul Diamond - Réalisation : Rob Cohen Résumé : L’équipe de Castillo surveille un hangar où doit avoir lieu une vente de mitraillettes Mac-10. Evan Freed, homme de main du trafiquant Guzman, fait une démonstration impressionnante de la puissance de feu des armes. La police investit les lieux mais les trafiquants parviennent à prendre la fuite dans un déluge de feu. Crockett apprend à Tubbs qu’Evan est un flic infiltré pour faire tomber Guzman. Plus surprenant, Crockett demande à Castillo d’être retiré de l’affaire. Gina découvre qu’un ancien collègue des deux flics, Mike Orgell, a été tué lors d’une mission. Crockett tient Evan pour responsable… Critique : Cet épisode, certainement le meilleur de toute cette 1ère saison, imprime définitivement la tonalité sombre et désespérée de « Miami Vice » (qui n’est pas que de l’esthétique MTV vidéo aux couleurs pastel comme certains critiques l’ont un peu trop vite oublié). Si les thèmes abordés sont le trafic d’armes (avec les mitrailleuses Mac-10, particulièrement dangereuses), la culpabilité et la concurrence entre forces de police locales et fédérales ; l’histoire insiste bien sur la tonalité grise du monde dans lequel évoluent les flics infiltrés : rien n’est noir, rien n’est blanc. On peut devenir complètement cinglé et on navigue constamment entre deux eaux. Avec le plus souvent des échecs que des réussites. Et de lourds secrets qui vous hantent. L’épisode évoque la question, encore taboue, de l’homosexualité dans les forces de l’ordre. On apprend ainsi que Crockett n’a pas réagi lorsqu’il a découvert qu’un de ses anciens équipiers, Mike Orgell, a avoué être gay. Un autre collègue flic, Evan Freed, l’a raillé jusqu’à ce qu’Orgell se sacrifie lors d’une mission. Depuis, Evan ne se le pardonne pas et joue les têtes brûlées en acceptant les missions d’infiltration les plus dangereuses. La mort d’Orgell est racontée par Crockett lors d’une des plus belles scènes de toute la série, tournée de nuit dans une station essence, où le policier exprime beaucoup d’émotions et montre comment cela le ronge. Le réconfort que lui apporte Tubbs se révèle très touchant. Enfin, la question du sacrifice se pose aussi en fin d’épisode (tourné dans une sorte de cimetière pour bateaux, un lieu fascinant et comme hors du temps) : pour réparer ce qu’il a fait, Evan adopte une attitude de rédemption et sauve Crockett du trafiquant Guzman, au son de « Biko » de Peter Gabriel. Une fin particulièrement triste et traumatisante. Anecdotes :
Scénario : David Assael, d’après une histoire de Joel Surnow - Réalisation : John Nicolella. Résumé : Le truand Albert Lombard est cité à comparaître par la justice de Miami. Il doit témoigner contre le criminel Frederico Librizzi. En échange, il recevra l’immunité. Mais Lombard se retrouve face à un dilemme : s’il témoigne, il risque la mort et s’il ne témoigne pas, il ira en prison. Librizzi tente de le faire éliminer sans succès. Castillo charge Crockett et Tubbs d’assurer sa protection… Critique : Jusqu’où doit aller un gangster pour garder son honneur ? Devenir une balance ou finir en prison ? C’est tout l’enjeu de ce très bon épisode, hypnotisant, intrigant et qui met un truand face à un dilemme insoluble. Pour antipathique que pouvait d’abord apparaître le bookmaker Lombard (introduit dans le 6ème épisode « Le borgne »), nous découvrons que sous le vernis du gangster sans pitié se cache un père qui aime son fils, qui veut le bien de ses proches et qui a le cœur généreux comme le portefeuille bien rempli. Même s’il semble difficile d’apprécier un tel personnage, le scénario arrive à nous le rendre attachant en le présentant tout en nuances. L’acteur Dennis Farina (un authentique ex-flic de la criminelle de Chicago, vous comprendrez l’ironie) utilise avec talent toute une palette d’émotions pour apporter de la densité à son personnage, passant de l’humour au sérieux par quelques gestes et regards sans trop de mots, adoptant un ton grave et plus décontracté quand cela est nécessaire. Le thème « Lombard » de Jan Hammer apporte beaucoup à l’épisode, suivant le personnage comme son ombre. L’autre thème « One Way Out » contribue aussi grandement à renforcer les ambiances nocturnes vues dans cet épisode. Fait plutôt rare pour être souligné, Crockett et Tubbs se transforment ici en gardes du corps et protègent le témoin Lombard, une mission d’ordinaire confiée aux US Marshals. Cela change des missions d’infiltration sous l’identité de trafiquants de drogue. Enfin, on apprécie particulièrement la relation entre Crockett et Lombard. Malgré leurs différences et leur conception de la justice, les deux hommes s’apprécient. On peut même percevoir le début d’une amitié vers la fin de l’épisode lorsque le flic sourit au gangster, renforçant par là le message implicite d’un monde intrinsèquement lié où les frontières sont floues et où la tentation de basculer vers le monde de la pègre est souvent irrésistible pour un flic aux fins de mois difficiles. Anecdotes :
|
Saison 2 1. Le retour du fils prodigue (The Prodigal Son) 2. Qui vivra verra (Whatever Works) 3. Le retraité (Out Where the Buses don’t Run) 4. La combine (The Dutch Oven) 8. Le prix fort (Bought and Paid For) 9. A qui le tour ? (Tale of the Goat) 12. Ah ! La belle vie ! (Definitively Miami) 13. Sacré dollar (Yankee Dollar) 14. Un aller simple (One-Way-Ticket) 15. Cette femme est dangereuse (Little Miss Dangerous) Scénario : Daniel Pyne - Réalisation : Paul Michael Glaser Résumé : En mission à Bogota, Crockett et Tubbs assistent, impuissants, au meurtre d’un collègue par des trafiquants de drogue colombiens. Revenus en Floride, les policiers retrouvent ceux qui se cachent derrière le trafic : les frères Miguel et Esteban Revilla. Crockett et Tubbs ont pour mission de retrouver les truands en se faisant passer pour les trafiquants Burnett et Cooper. Leur enquête les conduit à Manhattan, à New York… Critique : Cette seconde salve d’épisodes commence fort en donnant une tournure encore plus sombre et désabusée aux intrigues. Ce double épisode passionnant a été réalisé par un Paul Michael Glaser (l’ex-Starsky) en grande forme. Plusieurs thèmes sont abordés : trafic de drogue, réseaux d’influence, implication du système financier de Wall Street, … A nouveau, nous comprenons la dangerosité du métier de flic infiltré quand Crockett et Tubbs voient leur vie menacée à plusieurs reprises. Sur le plan visuel, on apprécie particulièrement les scènes de fusillades même si elles ont pris un petit coup de vieux. Enfin, la critique du système capitaliste américain en prend pour son grade : les banques régissent tout et adorent le blanchiment d’argent des trafiquants. Avec un constat bien amer à l’arrivée : les influences politico-financières supplantent le système judiciaire américain, la plupart du temps impuissant à faire régner la loi. Anecdotes :
Scénario : Maurice Hurley - Réalisation : John Nicolella Résumé : Deux policiers ont été retrouvés assassinés dans leur voiture. Sur le lieu du crime, Castillo trouve des symboles religieux liés aux rites d’une secte criminelle. Crockett et Tubbs découvrent que des policiers corrompus seraient mêlés à l’affaire… Critique : Dans cet épisode qui baigne dans une ambiance plutôt mystique et magique, nous découvrons la pratique de la Santeria, un mélange de religion et de magie d’origine afro-cubaine. Au final, cela sert un peu de poudre aux yeux pour masquer une banale histoire de vendetta et de corruption policière, thèmes déjà maintes fois abordés dans la 1ère saison. Si la première partie est réussie, la suite se perd dans une confusion quelque peu étrange. Notamment vers la fin de l’épisode, quand Castillo marche dans un temple rempli de statues, de symboles religieux et de serpents, sous un éclairage multicolore rappelant les clips vidéo de l’époque comme « Union of the snake » de Duran Duran. Cette scène n’apporte rien de plus à l’histoire. Par contre, on passe un bon moment quand la Ferrari de Crockett est saisie par un comptable de la police en vue de récolter de l’argent pour les bonnes œuvres de la police (Robert Trebor alias Autolycos dans « Hercule »). Le policier pète un câble et montre un caractère plutôt « enfant gâté » et macho. Il se ridiculise quelque peu. Au final, cet épisode reste intéressant visuellement mais n’a pas grand-chose de marquant. Anecdotes :
3. LE RETRAITÉ Scénario : Maurice Hurley - Réalisation : John Nicolella Résumé : Tandis qu’ils arrêtent un petit dealer, Crockett et Tubbs ont l’étrange impression d’être observés. De retour au commissariat, ils découvrent qu’un certain Hank Weldon, policier à la retraite, les photographiait. Ce dernier propose aux policiers de l’aider à retrouver et arrêter Tony Arcaro, un baron de la drogue recherché depuis des années… Critique : Dans ce très bon épisode, l’histoire tient la route et arrive à maintenir le suspense jusqu’au final inattendu. En filigrane, l’épisode pose la question de savoir jusqu’où peut mener l’obsession d’un policier pour un criminel ? Vers la folie ? Dans le rôle de Weldon, Bruce McGill incarne une forme de folie crédible, quoique son jeu verse parfois dans le cabotinage. Il joue avec les nerfs de Crockett et Tubbs et avec les nôtres et nous nous demandons bien où il veut en arriver. Enfin, l’épisode met en avant quelques moyens technologiques récents comme les gros ordinateurs à lettres vertes sur fond noir, sans oublier les gros « floppy disk » de sauvegarde des données. Avec le recul et vu la technologie actuelle, on rit quelque peu même si c’était « high tech » pour l’époque. Voyons plutôt cela comme un témoignage filmé des technologies des années 80. Le titre anglais de l’épisode « Out where the buses don’t work » renvoie à une expression pour dire que quelqu’un est à la masse, en l’occurrence Weldon. Anecdotes :
Scénario : Maurice Hurley - Réalisation : Abel Ferrara Résumé : Alors qu’il clôture une transaction avec un dealer dans un night-club, Tubbs se fait braquer par deux voyous qui lui volent l’argent et partent avec la drogue du dealer. Crockett et Trudy se lancent à leur poursuite. Au terme de la cavale, Trudy abat un des braqueurs. La police des polices enquête sur l’affaire. Traumatisée par l’incident, Trudy contacte David Jones, un ex-petit ami pianiste. Celui-ci travaille dans un club où elle rencontre un certain Adonis Jackson qui souhaiterait revendre une grosse quantité de cocaïne… Critique : Pour changer de l’univers masculin et souvent macho de la série, les scénaristes ont décidé de mettre en avant un personnage féminin, en l’occurrence Trudy Joplin. Cette jolie noire forme en quelque sorte le pendant féminin de Tubbs. La thématique abordée dans cet épisode tourne essentiellement autour du stress post-traumatique qui touche les policiers dans le feu de l’action. La police des polices est dépeinte comme des bureaucrates sans cœur qui ne comprennent pas le terrain vu qu’ils n’y sont jamais (Crockett leur fait d’ailleurs un sermon énervé à ce sujet). De manière assez mélancolique, la caméra suit les errements sur la plage de Trudy et nous fait ressentir la profonde solitude du personnage. Malheureuse en amour, elle pense retrouver un semblant de bonheur avec David Jones jusqu’à ce que son métier reprenne le dessus. Très bien filmé par Abel Ferrara, surtout durant les scènes de nuit ; cet épisode fascine visuellement en raison de son côté très sombre. Durant la longue scène de la fête où des participants sniffent de la cocaïne sans se cacher, nous comprenons l’univers désenchanté dans lequel évolue la policière. Malgré le soleil et le farniente, Trudy masque à peine son dégout. Un épisode intéressant malgré un scénario assez classique et un dealer assez caricatural. Anecdotes :
Scénario : Frank Military - Réalisation : Harry Mastrogeorge Résumé : Dans un bar, Sonny Crockett retrouve son vieux copain du Vietnam, Robbie Cann. Ce dernier va devenir père et lui propose de devenir le parrain. De son côté, Dorothy Bain travaille comme serveuse dans un club d’hôtel dirigé par Robbie et financé par deux truands, Johnny Cannata et Frank Doss. Crockett et Tubbs découvrent que la vie de la jeune mère serait menacée par des tueurs envoyés par Cannata et Doss. Robbie serait impliqué… Critique : Dans cet épisode assez émouvant et bien réalisé, les relations d’amitié et de cœur ne doivent pas faire oublier le devoir. Avant l’épisode « Bon retour » (voir plus loin dans cette 2ème saison), nous en apprenons plus sur le passé militaire de Crockett au Vietnam. Il restait droit quelles que soient les circonstances : « On ne balançait pas les prisonniers des hélicoptères, on faisait ce qui était juste », lance-t-il à son ami Robbie. Au travers de très beaux thèmes musicaux de Jan Hammer, nous saisissons tout le désarroi ressenti par Crockett, tiraillé entre l’impérieuse nécessité de faire son travail de flic et son amitié pour Robbie. Le policier suit son code d’honneur et aide son ancien copain d’armée à se ressaisir et à sortir de la sordide histoire dans laquelle il se retrouve embarqué. Nous ressentons beaucoup d’affection pour la jeune mère qui tente d’élever son bébé malgré une vie chaotique et difficile. Crockett arrive à temps pour lui éviter le pire, signe qu’il se porte au secours des plus faibles avec l’âme d’un chevalier. Enfin, l’ambiance nocturne dans laquelle baigne cet épisode est soulignée par l’utilisation de couleurs bleutées et turquoise, très intéressantes sur le plan visuel. Anecdotes :
Scénario : Julia Cameron - Réalisation : Michael O’Herlihy Résumé : Alors qu’il cherche à faire tomber un proxénète nommé Ivory Jones, Tubbs porte secours à Rosella, une prostituée agressée par un client. A l’hôpital, Crockett et Tubbs apprennent que la jeune femme a été élevée par Juan Carlos Silva, l’ex-patron de Jones et trafiquant de drogue notoire, qu’elle a quitté. Castillo propose un marché à Ivory Jones : en échange de sa liberté, il doit aider Crockett et Tubbs à infiltrer Silva. Mais Rosella retourne chez Silva… Critique : Titre français à nouveau particulièrement ridicule, à se demander où les adaptateurs vont le chercher. Sans réel scénario et sans grande originalité, cet épisode à la mise en scène plutôt plate n’a guère d’intérêt : hormis la présence de Miles Davis, toute l’ « histoire » semble avoir été construite pour mettre en valeur les débuts à l’écran du mannequin Ely Pouget (Rosella). La caméra s’arrête souvent sur son corps pour nous en faire admirer les courbes, dans des tenues sexy et affriolantes. On notera quelques prises de vue intéressantes (la caméra dans la piscine) et des décors mettant particulièrement en évidence les pastels rose et turquoise. Parmi les tubes rock, on reconnaît « Slave to love » de Bryan Ferry. Le trafiquant de drogue Silva accumule les clichés : petit, hargneux, méchant, assoiffé de pouvoir et dangereux. Du déjà vu en mieux dans le film « Scarface » (1983) avec Al Pacino. D’ailleurs, le scénario de cet épisode reprend en partie la trame du long métrage (vous saurez pourquoi tout à la fin…). Et nous de nous dire : « Tout ça pour ça ? » Anecdotes :
Scénario : Jim Trombetta - Réalisation : Michael O’Herlihy Résumé : Crockett et Tubbs assistent à l’enterrement d’un criminel haïtien dénommé Legba. Soudain, un motard surgit et mitraille le cercueil. A la place de Legba dans le cercueil se trouve une tête de bouc. Legba aurait pris une substance pour simuler la mort et revenir à la vie deux jours plus tard. Afin de le retrouver, les policiers surveillent Sylvio Romulus, bras droit du criminel… Critique : Comme dans le 2ème épisode « Qui vivra verra » de cette 2ème saison, cet épisode se donne à nouveau des allures mystico-magiques pour faire écran de fumée et cacher l’essentiel : l’absence de scénario digne de ce nom. Le titre original qu’on peut traduire par « Histoire de bouc » fait référence au culte vaudou pratiqué à Haïti et à la tête de bouc qui remplace le corps de Legba dans le cercueil. Malgré cet inconvénient majeur, il a au moins le mérite d’attirer l’attention sur la problématique des sectes qui embrigadent des gens crédules. A cet égard, les scènes de cauchemar et d’hypnose y sont particulièrement anxiogènes. Nous sommes aussi surpris de voir le personnage de Tubbs en état de panique et d’angoisse, l’acteur Philip Michael Thomas parvient à nous faire croire au désarroi ressenti face au culte vaudou. A part cela, l’épisode n’a pas grand intérêt et se traîne jusqu’à une fin mollement conclue. On retiendra surtout le méchant Legba, incarné avec force par un Clarence Williams III inquiétant au possible mais un peu risible aujourd’hui. Anecdotes :
Scénario : John Leekley - Réalisation : Edward James Olmos Résumé : Alors qu’ils surveillent l’arrivée d’Errera, trafiquant de drogue en contact avec un collègue infiltré ; Crockett et Tubbs retrouvent le malfrat mort. Au commissariat, le Lieutenant Castillo analyse les vidéos de surveillance et reconnaît Jack Gretsky, un ex-collègue des services secrets et surtout un dangereux tueur. Castillo apprend que Gretsky aurait vendu des secrets aux Russes. Il le retrouve et celui-ci lui demande de veiller sur sa femme et son fils. Mais des espions russes sont sur leurs traces… Critique : Après “Le triangle d’Or” (épisodes 13 et 14 de la 1ère saison), voici un nouvel épisode intéressant qui nous en révèle plus sur le passé du Lieutenant Martin Castillo. Interprète du rôle, Edward James Olmos réalise cet épisode avec talent et style. Chaque image est construite comme une œuvre d’art, certains plans sont même carrément contemplatifs et s’impriment dans l’esprit du spectateur après sa vision. Rythmée, la réalisation met en exergue décors, musique et images dans une parfaite osmose ; faisant de cet épisode un des meilleurs de toute la série sur le plan visuel. En dépit d’un scénario minimaliste et du côté caricatural des espions russes qui peut prêter à sourire, genre « méchants rouges contre gentils yankees » ; on passe un bon moment. Le personnage de l’espion russe joué par David Rasche incarne un Américain plus vrai que nature, renvoyant à l’actuelle série d’espionnage « The Americans ». Anecdotes :
Scénario : Marvin Kupfer - Réalisation : John Nicolella Résumé : Odette, une amie de Gina, vient de se faire violer par Roberto « Nico » Arroyo, le fils d’un riche homme d’affaires. Arroyo prend la fuite et au terme d’une course-poursuite dans les rues de Miami, Crockett finit par l’arrêter. Ayant également victime d’un viol lors d’une récente enquête, Gina met tout en œuvre pour qu’Arroyo soit puni et jeté en prison. Mais le père du violeur fait jouer son influence pour s’assurer le silence d’Odette à qui il promet une forte somme si celle-ci retire sa plainte… Critique : Après « La combine » qui mettait en évidence le personnage de Trudy, cet épisode se focalise sur Gina Calabrese. Au travers du personnage d’Odette, réfugiée d’origine haïtienne et amie de Gina ; l’épisode démontre toute la difficulté que vivent les émigrés. Difficile, voire impossible de vivre le « rêve américain » quand on vient d’une famille très pauvre et qu’on est considérée comme un objet par de riches puissants. Lors d’un accès de colère, Odette explique le fossé qui sépare sa vie de celle de son amie : ce que Gina considère comme normal comme style de vie ne l’est pas pour Odette. Cet épisode aborde le thème, assez tabou à l’époque, du viol et ses conséquences psychologiques. En égratignant au passage l’impunité des puissants… Pour rappel, Gina avait elle-même été violée par un répugnant trafiquant dans le 10ème épisode de la 1ère saison (Si peu qu’on prenne - Give a little, take a little). On regrettera une fin à la « Un justicier dans la ville », plutôt mal amenée et qui tombe à plat. Malgré ce petit défaut, voilà un épisode intéressant et de qualité qui montre aussi le cauchemar qui se cache souvent derrière le strass et les paillettes. Anecdotes :
Scénario : Terry McDonell - Réalisation : Don Johnson Résumé : Saïgon, Vietnam, avril 1975. La débâcle américaine marque le départ massif de civils et de militaires. Sur un navire, le journaliste de guerre Ira Stone emmène Crockett, alors jeune soldat, dans la cale où se trouvent les cadavres de plusieurs morts au combat. Dans les sacs mortuaires, ils découvrent de la cocaïne. Dix ans plus tard, les deux compagnons de guerre se retrouvent à Miami. Stone apprend à Crockett que le trafiquant qui a sévi au Vietnam, surnommé « Le Sergent », serait de retour en Floride…. Critique : L’ombre de la guerre du Vietnam plane sur la série, d’abord avec le passé de Castillo, suivi de celui de Crockett. C’est l’occasion d’en apprendre plus sur le passé militaire du policier et sa relation avec Stone, un journaliste de guerre. La trame de cet épisode (le transport de drogue dans les sacs contenant les cadavres de soldats tués au combat) s’inspire de faits réels, repris dans le film policier « American Gangster » (2007) de Ridley Scott, avec Denzel Washington et Russell Crowe. Le personnage de Stone évoque le métier dangereux de journaliste de guerre (qui rappelle un peu le Nick Nolte du film « Under Fire », réalisé à la même époque) et les traumatismes qu’une telle expérience imprime dans la psychologie de ceux qui en sont revenus. Autre constat teinté d’une noirceur limite désespérante : le complexe militaro-industriel régente tout, y compris le trafic de drogue, au mépris des lois et des hommes. L’épisode se termine de façon un peu frustrante sur un Stone au bord de la mort, tenu par Crockett (on remarque la similarité avec la fin d’« Evan », l’avant-dernier épisode de la 1ère saison). Rythmé, bien filmé, passionnant à suivre ; c’est sans doute le meilleur épisode de toute la série, réalisé par Don Johnson lui-même et truffé de tubes du groupe rock « The Doors » chantées par l’inoubliable Jim Morrison. Anecdotes :
11. JEUX DE VILAIN Scénario : Paul Diamond - Réalisation : John Nicolella Résumé : Tory Rivers, un dangereux trafiquant de cocaïne, élimine deux Péruviens qui nuisaient à son commerce. Sarah McPhail, sa petite amie, se charge d’écouler la marchandise. Crockett et Tubbs surveillent le trafiquant dans l’espoir de récolter des preuves pour le faire arrêter. C’est alors qu’intervient Phil Mayhew, un petit escroc sans envergure… Critique : Cet épisode à caractère plutôt loufoque fait partie des moins réussis de cette seconde saison. En cause, un scénario en panne qui semble avoir été pensé à la va-vite pour exhiber Phil Collins, superstar du rock des années 80 et qui joue ici un rôle pas du tout sympathique. L’humour y est lourd (Switek fait des vannes aussi épaisses que lui) et la succession d’événements se révèle aussi plate que le scénario, sans oublier un méchant caricatural au possible. Seule petite surprise : la toute jeune Kyra Sedgwick (future Brenda Leigh Johnson de « The Closer ») en petite amie du méchand, sosotte qui cache une redoutable manipulatrice. La fin se termine dans une confusion étrange, preuve d’un scénario tarabiscoté et inconsistant. Reste le plaisir de retrouver l’indicateur Izzy Moreno et son débit labial toujours aussi amusant. Enfin, l’épisode montre une palette de couleurs « tendance » à l’époque, comme en témoigne la maison de Phil Collins, mais qui paraît bien kitsch de nos jours. Un épisode oubliable et plutôt médiocre. Dommage. Anecdotes :
12. AH ! LA BELLE VIE ! Scénario : Daniel Pyne - Réalisation : Rob Cohen Résumé : Un après-midi de canicule au bord d’une piscine d’un hôtel de luxe, Crockett et Tubbs attendent un certain Clemente. Ce patron d’une organisation criminelle serait prêt à changer de camp. Mais l’assistant du truand explique aux policiers qu’il ne se présentera pas au rendez-vous car il souhaite que sa sœur Maria, qui s’est mise sous protection de la police, puisse l’accompagner. Peu après, Callie, une magnifique blonde, séduit Crockett et lui demande de la libérer d’un mari violent… Critique : A nouveau, on regrettera un titre français idiot (cf. les titres des épisodes 15 et 17 de la 1ère saison). Cet épisode a tout d’une magnifique carte postale vide de sens. On a droit à une succession d’images magnifiques baignées de soleil qui font penser à un long vidéoclip contemplatif, magnifié par la chanson « Cry » de Godley & Crème. A nouveau, le scénario ne fonctionne pas (les deux histoires Clemente / Callie ne se rencontrent pas pour former un tout cohérent). A part l’argent, on ne comprend pas bien les motivations de Callie et son mari. Un couple d’escrocs qui s’amusent à tuer de riches fortunés qui tombent dans les griffes de la femme fatale ? Cela dit, comme Crockett, on apprécie la plastique ultra-sexy d’Arielle Dombasle qui apporte une certaine « french touch » dans cet univers très américain. Par contre, on apprécie le questionnement de Sonny Crockett quant à son métier de flic infiltré. Quand, sur la plage, il dit à Tubbs : « Plus tu deviens bon dans ce métier, plus il devient dangereux », c’est le signe d’un malaise qui le hante. Bref, un épisode visuellement mémorable mais hélas dépourvu d’un scénario digne de ce nom. Anecdotes :
Scénario : Daniel Pyne - Réalisation : Aaron Lipstadt Résumé : Après avoir allé chercher Sarah, sa petite amie hôtesse de l’air ; Crockett doit la conduire d’urgence à l’hôpital. Sur place, son amie décède et le policier apprend que son estomac contenait des sachets de drogue. Abasourdi, il enquête avec Tubbs. Au domicile de Sarah, ils surprennent Tim Davis, le frère de Sarah et découvrent qu’il est impliqué dans le trafic d’un certain Charlie Glide, une connaissance de Burnett. Sous son identité de trafiquant, Crockett contacte Glide et met tout en œuvre pour démanteler le trafic… Critique : Crockett n’a pas de chance en amour : soit les femmes le quittent, soit ce sont des cinglées, soit elles meurent. Une malédiction qui poursuivra malheureusement le policier tout au long de la série. Parmi les épisodes de cette seconde saison, celui-ci figure certainement parmi les 5 meilleurs. Comme dans celui d’ouverture de cette 2ème saison (« Le retour du fils prodigue »), nous y sentons bien toute la tension vécue par les policiers durant leur mission d’infiltration. Le trafiquant avec lequel ils négocient a tout du yuppie rempli de suffisance, typique des années 80. Comme Crockett, on a bien envie de lui filer une raclée. Prenant et sans temps morts, cet épisode se passe essentiellement la nuit et souligne à nouveau le caractère sombre et très dangereux du métier de flic infiltré. Elément intéressant, la présence d’une femme trafiquante de drogue, particulièrement perfide, à la croisée de la mante religieuse et la veuve noire. Comme dans la réalité, certains gros trafics étaient menés par des femmes, fait plutôt rare pour l’époque que pour être souligné ici. Anecdotes :
Scénario et réalisation : Craig Bolotin Résumé : Enquêtant sur le Canadien Jean Faber et son groupe impliqué dans un trafic de drogue, le magistrat Richard Langley est assassiné pendant le mariage de sa fille auquel assistaient Crockett et Tubbs. Ceux-ci tirent sur l’assassin en vain. Témoin de la scène, Lawrence Thurmond, l’avocat chargé de la défense de Faber, décide de se retirer des affaires. Crockett reçoit un coup de fil anonyme qui lui révéle que le tueur serait un certain Philippe Sagot… Critique : Dans cet épisode plutôt mineur, la thématique tourne autour des liens conflictuels entre avocats et policiers. Crockett ne cache pas son mépris pour Lawrence Thurmond, un avocat spécialisé dans la défense de criminels. Impuissant face à une justice détournée par des hommes de loi qui en connaissent les failles, Crockett vide sa frustration en s’entraînant au tir sur cibles et recommence son parcours encore et encore, signes de sa rage et de son incompréhension. Le récit bifurque ensuite autour d’un trafic de drogue mené par des Québécois (« French Canadians » dans la version originale) mais le déroulé se révèle plutôt confus. Par contre, Lothaire Bluteau campe à la perfection un tueur extrêmement dangereux. Rythmée et bien filmée, la scène de poursuite finale en bateau sur les canaux qui entourent la ville de Miami reste spectaculaire. Concernant l’avocat Thurmond, nous avons un petit peu de sympathie pour lui car il n’est ni mauvais, ni arrogant. Nous comprenons qu’il a une conscience et la volonté de quand même faire le bien. Du reste, la réflexion ne va pas plus loin ; la fin laisse supposer que policiers et avocats peuvent finir par se réconcilier. De cet épisode, on retiendra surtout les compositions de cadre assez recherchées et très travaillées sur le plan des couleurs, notamment dans le garage Ferrari tenu par Tommy, une mécanicienne amusante (ce personnage reviendra encore dans l’épisode « L’Italie » centré sur une histoire de meurtre ayant pour cadre le Grand Prix de Miami). Mais l’ensemble manque franchement de peps et déçoit. Anecdotes :
Scénario : Frank Military - Réalisation : Leon Ichaso Résumé : Plusieurs hommes ont été assassinés dans le quartier des prostituées. Castillo charge son équipe d’enquêter dans le milieu de la nuit. Tubbs interroge Jackie, une jolie jeune femme qui se produit sur scène dans un sex-club avec son petit ami, Cat. A l’occasion, la jeune femme se prostitue avec des inconnus de passage. Mais un témoin affirme que Cat attendait devant l’hôtel où a eu lieu le dernier meurtre... Critique : Voilà un bel exemple d’épisode très visuel et stylisé mais vide de substance : l’histoire tient sur une feuille de papier à cigarette. Pour combler cette lacune, la mise en scène en met plein la vue en nous proposant un long vidéoclip. Le réalisateur Leon Ichaso excelle dans la composition de plans élaborés où les couleurs dominantes vont du vert au rose fluo. On apprécie la scène où Cat marche dans la rue et sa silhouette se reflète dans une flaque d’eau baignée de couleur verte. Le bâtiment « SEX WORLD » joue aussi à fond sur les néons rose fluo qui ornent son fronton. Avec le recul, c’est très kitsch alors qu’à l’époque, c’était tendance. Si tout l’intérêt de cet épisode tourne autour de Jackie, rien ne nous est expliqué quant à ses motivations, ni ses pulsions. Sorte de petite fille perdue dans un corps de femme, elle erre dans les rues, seulement protégée par Cat, son ange gardien vulgaire. Par contre, la relation qu’elle entretient avec Tubbs est plutôt touchante. Le policier se prend d’affection pour elle et fait tout ce qu’il peut pour l’aider, un peu comme un grand frère protecteur. C’est là le seul véritable intérêt de cet épisode assez banal et dans lequel Crockett est, assez étonnamment, dépassé et pas très efficace. Bref, un bel emballage pour une coquille vide. Anecdotes :
Scénario : Wilton Crawley - Réalisation : John Nicolella Résumé : Un soir dans le quartier chaud, une voiture de sport embarque une jeune prostituée et file ensuite à toute allure. Crockett et Tubbs prennent le véhicule en chasse. Soudain, le bolide s’arrête et éjecte brutalement le corps sans vie de la jeune femme. Les policiers découvrent qu’il s’agit de Florence Italie, une prostituée battue à mort. Ils retrouvent rapidement le propriétaire de la voiture qui se proclame innocent et enquêtent dans le milieu des courses automobiles pour retrouver le coupable… Critique : Encore un épisode très tape-à-l’œil dans sa réalisation mais toujours une absence criante de scénario. A l’époque, les critiques de la presse américaine n’ont pas manqué de relever ce qu’ils considéraient comme « un manque de substance ». A la vision de cet épisode, on ne peut que leur donner raison. De fait, on a droit à un déluge de belles images et d’action, toujours dans le style du vidéoclip, pour une enquête qui se résume à peau de chagrin : Tubbs trouve le coupable en demandant des vidéocassettes à une gérante de snack. Ces bandes ont filmé le meurtrier qui - tiens, comme c’est original - allumait justement une cigarette pour qu’on reconnaisse bien son visage dans la nuit noire. Nous prendrait-on pour des quiches ? Comme nous, Crockett et Tubbs se demandent ce qu’ils font là à perdre leur temps. Seul élément intéressant : il a été tourné pendant le vrai « Grand Prix » de Miami qui se déroulait au cœur de Downtown Miami à l’époque (actuellement, le Grand Prix se tient à l’écart de la ville). Quelques scènes impressionnantes durant la compétition avec les caméras qui ont été fixées sur le bas de caisse et filment au ras du sol (un peu comme dans « Agence tous risques » durant les poursuites). Du reste, c’est certainement le plus mauvais épisode de cette seconde saison, suivi par « La solution » (voir plus loin), « Ah, l’amour ! » et « Jeux de vilain » (voir plus haut). Cela commence à faire un peu beaucoup. Anecdotes :
Scénario : Wilton Crawley - Réalisation : John Nicolella Résumé : Un meurtre, doublé d’un vol de morphine, a lieu. La police de Miami contacte la section française d’Interpol qui identifie le tueur, un certain Sirat Band. Interpol dépêche Danielle Hier, agent français, pour enquêter avec Crockett et Tubbs. Les policiers parviennent à localiser Bandi qui s’enfuit. Danielle reçoit l’ordre de le supprimer. Tubbs, qui se méfiait d’elle depuis leur rencontre, comprend alors qu’elle serait une terroriste… Critique : Dans cet épisode au scénario assez biscornu, la thématique turne autour du monde de l’espionnage et des masques : qui est qui ? Et pour quel but ? Si l’histoire ne nous en apprend pas beaucoup sur le monde des barbouzes, proposant une vision binaire bons/méchants ; la mise en scène parvient à installer un suspense qui nous tient suffisamment en haleine jusqu’à la conclusion. Tout comme Tubbs, on se dit que quelque chose ne va pas chez l’ « agent » français Danielle Hier. Dans la version originale, on s’amusera de son accent ridicule et très cliché, parlant comme Maurice Chevalier dans les années 30. Pourquoi les costumiers de la série lui ont fait porter une tenue de défilé de mode qui ressemble à une moustiquaire dans une scène au commissariat ? Pour montrer les dernières tendances en mode quand ils se sont rendus aux défilés de Paris ? C’est l’impression que cela donne. Faire chic en faisant venir la grande couture ? Ridicule et peu crédible pour une agent dont le salaire ne permet pas de payer la moitié de cette tenue. On se demande aussi pourquoi l’histoire de témoin protégé (une jeune fille nunuche) passe vite au second plan pour se focaliser sur l’agent français et la traque du tueur Bandi (nom amusant pour un criminel…). Et pourquoi diable les flics mettent autant de temps à le coincer et n’ont pas leurs infos de leur côté, en se reposant uniquement sur l’agent français ? Pourquoi Crockett fait-il aussi preuve de peu de discernement dans sa relation avec la perfide Danielle ? L’amour est aveugle… A se demander ce qu’il lui trouve, le genre frigide et aimable comme une porte de prison. Du reste, l’épisode a un petit peu plus de consistance au niveau du scénario que les précédents et ose aborder des sujets politiques sensibles (le terrorisme et le monde de l’espionnage), quoique de manière plutôt superficielle. Anecdotes :
Scénario : Wilton Crawley - Réalisation : John Nicolella Résumé : Au cours d’une opération, Crockett et Tubbs arrêtent des trafiquants de drogue. Au tribunal, ils témoignent devant le juge Ferguson. Sa mansuétude envers les criminels surprend Crockett : le magistrat les libère en échange de cautions ridicules. Les policiers découvrent que le juge aurait contracté d’importantes dettes de jeu et que cela aurait une influence directe sur son travail de magistrat… Critique : Avec une certaine mélancolie, cet épisode évoque la corruption de la justice et se focalise sur un juge jusqu’alors irréprochable. Une désillusion de plus pour Crockett et Tubbs qui, au détour d’un dialogue, soulignent les failles du système judiciaire. Plutôt que de nous proposer le banal cliché de l’homme de loi répugnant, l’épisode prend le parti de nous montrer le juge Ferguson sous un jour humain et plutôt attachant (il aime son fils, vedette de basket-ball et le soutient). Malheureusement, son addiction au jeu est telle que cela l’entraîne dans une spirale infernale. L’épisode suit les tourments et les errements du juge dans des scènes qui illustrent bien sa solitude, au son des thèmes musicaux de Jan Hammer parfaitement en osmose avec les émotions du personnage. Peu avant la fin, on retiendra le beau moment d’humanité entre Crockett et le juge où le flic comprend les difficultés que traverse l’homme de loi. Il lui propose son aide mais il refuse. Le flic lui dit que cela ne changera pas l’image positive qu’il a de lui. Malgré ce soutien, le juge fait cavalier seul et règle ses problèmes de façon plutôt brutale. Les conséquences de ses actes débouchent sur une fin traumatisante qui s’exprime directement sur le visage de Crockett. Anecdotes :
Scénario : Robert Crais - Réalisation : Aaron Lipstadt Résumé : Sonny Crockett cherche à faire tomber un gros trafiquant de drogue, Mario Fuente et se demande si sa couverture de dealer n’a pas été grillée. Contraints par Castillo de collaborer sur l’affaire avec Cates et Hodges, deux policiers des stupéfiants ; Crockett et Tubbs tentent d’approcher le baron de la drogue via son intermédiaire Reydolfo. Mais quand Sonny voit son bateau cambriolé et lit le message « Rends le fric Crockett », il comprend que sa couverture et sécurité sont bel et bien menacées… Critique : Dans cet épisode à l’ambiance carrément cauchemardesque, Crockett se retrouve pris au piège d’une machination dont il a beaucoup de mal à s’extirper. Harcelé par la police des polices et menacé par un gros trafiquant de drogue, il se fait aspirer dans une spirale qui n’est pas sans rappeler le schéma de certains grands films noirs. Le scénario de cet épisode a été écrit par Robert Crais, grand écrivain de polars, qui prend un malin plaisir à jouer au chat et à la souris avec le policier dépassé par ce qui lui arrive. Dès le début de l’épisode, nous sentons l’environnement se resserrer progressivement autour du policier pour l’étouffer jusqu’à l’insupportable (sa sueur et son énervement dans la scène où il attend au bureau de la Police des Polices). En dépit de ses efforts, Crockett se retrouve bien seul, largué par Castillo à qui il reproche de ne pas l’avoir soutenu. Quant à Tubbs, il semble peu concerné par ce qui arrive à son coéquipier, le voyant comme quelqu’un qui hallucine. Au final, comme lui, nous sommes abasourdis mais également frustrés : la fin laisse supposer que Crockett sera retrouvé et éliminé par les dealers. Mais la suite de la série ne le met pas du tout dans cette position. Visiblement, les producteurs chargés de la cohérence et de la continuité ne s’en sont pas préoccupés. Ou bien ont-ils eu peur de tuer la « poule aux œufs d’or » au dernier moment ? Lors de la diffusion de sa 2ème saison, la série cartonnait aux USA et Don Johnson avait menacé de quitter la série si son contrat n’était pas revu à la hausse. Du reste, cet épisode contient suffisamment de tension pour susciter l’intérêt. Un effort a été fait au niveau du scénario (même s’il prend parfois des chemins un peu tordus) et lui permet d’échapper au phénomène de la « belle coquille vide » (cf. les épisodes « L’Italie », « Jeux de vilain », « Ah, l’amour ! »). Anecdotes :
Scénario : Sheldon Willens & Jim Trombetta - Réalisation : John Nicolella Résumé : Hector Sandoval, poète de renommée mondiale, arrive aux Etats-Unis avec le statut de réfugié. Véritable âme de la résistance populaire dans son pays d’Amérique latine, il désire s’adresser devant le Congrès américain pour dénoncer la dictature qui règne dans sa patrie. Des tueurs sont envoyés pour supprimer le vieil homme, peu soucieux de sa sécurité. Crockett et Tubbs sont chargés de le protéger… Critique : Sans doute un des plus mauvais épisodes de la série avec son poète caricatural, dernier « héros » face à une dictature de pacotille. On ne ressent aucune empathie pour ce vieil homme censé incarner le symbole de la révolution. Au lieu de cela, on a droit à des états d’âme sans fin et à un caractériel qui a tous les tics de l’obsédé sexuel. Du côté des tortionnaires, seule Bianca Jagger (ex-femme de Mick des « Rolling Stones ») laisse planer un léger frisson de danger. La scène de torture et le faux opposant qui se révèle un assassin achèvent d’enterrer un scénario qu’on savait cousu de fil blanc. Pour meubler, Crockett et Tubbs jouent les gardes du corps à l’écoute du vieux poète qui radote. Et se demandent ce qu’ils font là. Comme nous. Restent quelques partitions musicales de Jan Hammer, d’excellente facture comme toujours mais c’est à peu près tout. Creux comme une coquille vide. Dommage. Anecdotes :
21. ESCROQUERIE EN TOUS GENRES Scénario : Daniel Pyne - Réalisation : JimJohnston Résumé : Au large de Miami, un groupe de pirates attaque violemment un bateau contenant plusieurs paquets de drogue. Menés par le jeune et arrogant Skip Mueller, les pirates tuent tous les occupants et s’enfuient avec le butin. Arrive un pilote d’hydravion, Jackson Crane, qui récupère le matériel électronique du bateau. Mais une des victimes, Morales, attire l’attention de la police qui retrouve le bateau à la dérive quelques jours plus tard. Crockett et Tubbs se font passer pour Burnett et Cooper afin d’entrer en contact avec les pirates et les mettre hors d’état de nuire… Critique : Voilà encore un épisode dont on se demande où est passé le scénario : plutôt que de développer un récit sur les radios pirates qui faisaient fureur à l’époque (ce qui aurait donné un petit angle politique intéressant), l’histoire se focalise sur les exactions d’une bande de sales gamins qui jouent les pirates à la petite semaine. Odieux, psychopathes, arrogants et avides d’argent, on a l’impression d’une version « marine » des yuppies de Wall Street : tous les coups sont permis et la fin justifie les moyens. Comme Crockett et Tubbs, on attend une fin qui n’arrive pas. Par contre, il est assez amusant de voir le Crockett prévu à l’origine (Gary Cole un peu empâté, future vedette de « Jack Killian, l’homme au micro ») côtoyer et sauver le Crockett qui le remplaça au pied levé (Don Johnson dont ni NBC, ni Michael Mann ne voulaient). On a aussi droit à un petit clin d’œil au personnage de Jimmy Cole (Glenn Frey dans l’épisode 15 de la 1ère saison : Y’a pas de sot métier (Smuggler’s Blues)). A part cela, l’épisode brille par son manque d’inspiration. Restent quelques beaux plans de Miami de jour et de nuit, sorte de carte postale visuelle pour touristes tentés par la cité balnéaire. Bien emballé mais hélas fort vide. Anecdotes :
22. ON CONNAÎT LA MUSIQUE Scénario : Dennis Cooper - Réalisation : John Nicolella Résumé : En pleine transaction avec les hommes du trafiquant Mendez, Crockett et Tubbs, sous l’identité des trafiquants Burnett et Cooper, sont démasqués et voient leur vie menacée. Un tireur au laser abat un des hommes de Mendez, ce qui leur permet de retourner la situation à leur avantage. Peu après, les policiers apprennent que le tireur n’était pas un policier et que la tête de Tubbs est mise à prix pour 1 million de dollars par un certain Calderone… Critique : Voilà un épisode qui rehausse un peu le niveau des précédents (pour la plupart médiocres), en proposant une classique histoire de vengeance. Au début, on se demande pourquoi Calderone veut la peau de Tubbs alors que le trafiquant a été tué par Crockett (cf. « Le Retour de Calderone, 2ème partie » dans la 1ère saison). La suite donne lieu à des retrouvailles entre Angélina, la fille de Calderone, qui apprend à Tubbs qu’elle a eu un fils de lui, prénommé… Ricardo. Quand Crockett apprend la soudaine paternité de son coéquipier, cela donne aussi lieu à une scène où on sent l’estime et l’attachement que se portent les deux hommes. Beaux moments de partage hélas vite interrompus par un autre Calderone : le demi-frère Orlando, prêt à kidnapper sa propre sœur et son enfant pour assouvir sa vengeance. Bien rythmé et bien mené, cet épisode préfigure un peu le film d’action « L’arme fatale » (1987) avec Mel Gibson, en mêlant habilement tension, drame et tragédie. A cet égard, la fin est particulièrement bouleversante pour Tubbs et pour nous, spectateurs. Comme son coéquipier, il n’a pas plus de chance en amour. La chanson « Long long Way To Go » de Phil Collins vient superbement renforcer ce sentiment de solitude qui se marque sur le visage de Tubbs. Un bon épisode. Enfin. Anecdotes :
|
Saison 4 1. Parodie de justice (Contempt of court) 2. Le prédicateur est devenu fou (Amen…send money) 3. La belle et la mort (Death & the lady) 4. Les génies qui venaient du froid (The Big thaw) 5. Les grandes questions (Child’s play) 7. Les heures difficiles (Missing hours) 8. La vedette du rock n’roll – 1ère partie (Like a hurricane) 9. La vedette du rock n’roll – 2ème partie (A rock & a hard place) 10. Le soleil de la mort (Rising sun of death) 11. Une idylle agitée (Love at first sight)
12. La source de vie (The cows of october) 13. Un vote de confiance (Vote of confidence) 14. Une partie mortelle (Baseballs of death) 16. La loi du milieu (Honor among thieves) 17. Le message de l’au-delà (Hell hath no fury) 18. L’insigne déshonneur (Badge of dishonor) 19. Des roses et des larmes (Blood & Roses) 20. Une balle pour Crockett (A bullet for Crockett) 21. Délivrez-nous du mal (Deliver Us from Evil)
Scénario : Peter McCabe - Réalisation : Jan Eliasberg Résumé : Crockett et Tubbs arrêtent Frank Mosca, un chef du crime organisé à Miami. Le Ministère public veut le condamner sur base d’informations fournies par un indicateur de Crockett. Appelé à témoigner à la barre, le policier refuse de donner son nom et se retrouve derrière les barreaux tandis que Mosca veut retrouver et éliminer l’informateur de Crockett… Critique : Une nouvelle saison qui démarre sur un remontage un peu maladroit de Si peu qu’on prenne, le 10ème épisode de la 1ère saison. En effet, on y retrouve à nouveau la protection des sources (Crockett refuse de donner le nom de son informateur et se retrouve en prison) en y ajoutant, encore une fois, une histoire de vengeance. Les scénaristes recyclent avec moins d’inspiration et se payent même le luxe de tirer sur la corde puisque le viol de Gina dans la 1ère saison sera à nouveau abordé un peu plus tard dans Des Roses et des Larmes (19ème épisode de cette même saison). Soit une seule histoire dans la première saison pour deux dans la quatrième. Nous prendrait-on pour des quiches ? Si les enjeux n’ont rien de neuf, on apprécie cependant que la série aborde à nouveau les questions de justice en revenant à la source : le tribunal. Cela faisait un moment que nos héros n’y avaient plus mis les pieds. La majeure partie de l’épisode suit donc les plaidoiries du Ministère public et de l’avocat de Mosca, cherchant la faille où s’engouffrer pour invoquer le vice de procédure. Dans le rôle du mafieux Frank Mosca, Stanley Tucci dégage une nonchalance et une sauvagerie qui le rendent particulièrement inquiétant. On soulignera aussi la présence de Meg Foster, dans le rôle de la Procureur Alice Carson. Avec ses très beaux yeux et sa douceur toute féminine, elle apporte une certaine profondeur psychologique dans un univers de mâles marqué par un affrontement basique de type « bon contre méchant ». Evidemment, on devine vite comment finira l’histoire (pas besoin d’avoir fait des études de droit…). Même si l’ensemble ne convainc qu’à moitié, on passe un bon moment. L’épisode valant surtout pour sa critique du système judiciaire américain et les désillusions qui s’ensuivent pour les policiers. Constat amer et réaliste. Anecdotes :
Scénario : John Schulian - Réalisation : James J. Quinn Résumé : Dans le quartier chaud de Miami la nuit, Tubbs arrête une jolie rousse qui lui a acheté de la drogue. Crockett reconnaît la femme de Bill Bob Proverb, un télévangéliste très connu. Ce dernier est bien décidé à ne pas laisser sa femme aux mains de la justice et compromet Tubbs dans une affaire de viol montée de toutes pièces… Critique : Cet épisode inaugure une série de scénarios qui lorgnent vers la comédie plutôt lourde. Voulant changer le côté sombre de la 3ème saison et apporter plus de légèreté, les scénaristes ont décidé d’injecter un humour dans un univers qui s’y prête mal, la noirceur et le drame lui convenant mieux. Malgré cette orientation qu’on ne peut que regretter, celui-ci figure pourtant parmi les plus réussis, essentiellement grâce à la présence de Brian Dennehy, génial en Bill Bob Proverb, un prédicateur particulièrement allumé. Quelques années plus tard, la réalité a curieusement rejoint la fiction quand un véritable télévangéliste, Jimmy Swaggart, joua avec la télévision en clamant sa rédemption en direct après avoir eu des relations avec des prostituées. Ici, l’essentiel de l’intrigue tourne autour des dangers de la religion sur les esprits faibles et le risque sectaire (la jeune fille embrigadée par le révérend Proverb pour faire accuser Tubbs de viol). Le récit revient plusieurs fois sur l’argent tout puissant qui tombe à flot chez les Proverb. Tout est dans le titre de la version originale : Amen…Envoyez le fric. Mais la critique s’arrête là : la suite montre que les religieux aux poches pleines et disposant d’un solide carnet de contacts peuvent se jouer de la police. Crockett le comprend très bien et ne peut pas faire grand-chose pour sortir son coéquipier du piège dans lequel il est tombé. Face à la célébrité et au pouvoir, la police se retrouve parfois impuissante. On aurait aimé un peu plus de combativité chez nos flics qui se contentent de rapports assez mous avec les religieux déjantés. En filigrane mais également trop rapidement esquissée, on s’amuse d’une lutte entre prédicateurs, l’un accusant l’autre d’être puni par la foudre, rien de moins. Cet aspect-là est le moins réussi car il tombe très vite dans le ridicule (reproche qu’on pourra également faire à d’autres épisodes de la même veine). Bref, un épisode plaisant et distrayant mais pas totalement réussi. Anecdotes :
3. LA BELLE ET LA MORT Scénario : David Black - Réalisation : Colin Bucksey Résumé : Lors du Festival du Film érotique à Miami, le réalisateur Milton Glantz reçoit un prix pour son dernier film intitulé La Belle et la Mort. Pendant la cérémonie, un acteur du film hurle devant l’assistance que Glantz a filmé la mort de l’actrice Lori Swan. Castillo charge Crockett d’enquêter sur Glantz. Rapidement, le policier soupçonne le metteur en scène d’avoir réalisé un “snuff movie”… Critique : Après la comédie, cet épisode prend des accents plus sombres en se replongeant dans le monde de la pornographie, milieu assez peu évoqué dans la série (Haut les cœurs !, 1ère saison, 2ème épisode). Conséquence d’une Amérique pudibonde sous Reagan ? Quoiqu’il en soit, l’histoire se centre essentiellement sur la figure controversée du réalisateur qualifié d’ « artiste » (on le voit enrubanner et peindre un SDF édenté avec une couleur rouge évoquant le sang). A défaut de violence trop crue, le récit nous transporte dans un univers où réel et imaginaire se confondent, renforçant l’ambiguïté qui caractérise la série depuis ses débuts. Le sujet a au moins le mérite d’évoquer un thème encore tabou de nos jours : les « snuff movies », des films clandestins où des victimes sont tuées pour de vrai contre une forte somme d’argent (en 1997, le méconnu « The Brave » avec Johnny Depp et Marlon Brando abordait le même thème). La mise en scène très fluide de Colin Bucksey permet de ressentir le vécu des protagonistes, en particulier celui de Crockett. Tout au long de son enquête, le flic se heurte à une absence de coopération des divers témoins. La tension et l’agressivité qu’il développe à l’égard du réalisateur montent crescendo. Au point d’en devenir une obsession : durant une belle scène de nuit sur son bateau, Crockett, rejoint par Tubbs, fait part de sa découverte à son coéquipier. La nuit et la musique de Jan Hammer renvoient directement à Une ombre dans la nuit, l’angoissant épisode de la 3ème saison. Las, malgré son désir de justice, le policier n’arrive pas à réunir suffisamment de preuves concluantes afin d’arrêter ce réalisateur de « snuff movie ». Tirant trop lourdement sur la corde du suspense, le scénario prend des chemins souvent tortueux pour aboutir à une conclusion peinant à convaincre. Elle nous laisse sur le même sentiment d’intense frustration ressenti par Crockett, partant seul dans la nuit. Anecdotes :
Scénario : Joseph DeBlasi - Réalisation : Richard Compton Résumé : Mandatés par un juge, Crockett, Tubbs et Switek pénètrent dans un entrepôt où ils découvrent une capsule cryogénique. Celle-ci contient le corps de Robillard Nevin, un chanteur de reggae décédé quelques mois plus tôt. Au commissariat, le professeur Frobel leur explique qu’il tente de ramener le chanteur à la vie grâce à un procédé révolutionnaire. Débarque la veuve de Nevin avec son avocet. La jeune femme entend bien récupérer le corps de son mari avec un héritage de 30 millions de dollars à la clé… Critique : Une légende tenace raconte que Walt Disney aurait été congelé après sa mort, dans l’espoir de pouvoir le ramener à la vie quand de nouvelles technologies le permettraient. C’est visiblement en se basant sur cette légende qu’a été construite cette histoire baignant, du début à la fin, dans un climat loufoque. Pour bien nous faire comprendre les allusions au fantastique et à la religion, un vieux savant sénile porte le nom de Poe (le grand écrivain serait ravi d’être comparé à un légume) et un chien celui de Lazare, revenu d’entre les morts. Pas fin et vaguement amusant. Sur un ton de comédie décalée identique à l’épisode Faits l’un pour l’autre (1ère saison, 18ème épisode), le scénario reprend des éléments du film « Hibernatus » qu’il mélange à de la science-fiction de pacotille et à un humour des Marx Brothers (la scène où tout le monde se retrouve au commissariat, les uns sur les autres, rappelle celle de la cabine de bateau bondée d’Une Nuit à l’Opéra). Pour sympathique que soit cet épisode, on ne peut s’empêcher de le trouver lourd comme la capsule cryogénique du chanteur décédé Robillard Nevin. Très rapidement, le scénario échoue à proposer une histoire intéressante et amusante de bout en bout, se contentant d’une plate histoire de veuve avide d’argent et prête à tout. Heureusement, la gouaille de l’indicateur Izzy Moreno vient un petit peu relever le niveau. Toujours à l’affût de nouvelles arnaques, Izzy espère bien gagner un pactole en attirant des hommes d’affaires japonais fans de nouvelles technologies. On regrettera la longueur de cette scène qui donne le sentiment d’un scénario à bout de souffle. Dans tout ce joyeux chaos dont se dégage une impression foutraque, Crockett et Tubbs subissent plus qu’ils n’agissent. Même Castillo semble pressé d’en finir. Bref, un épisode plutôt sympa mais raté car dépourvu d’enjeux sérieux et d’un scénario fouillé. Anecdotes :
5. LES GRANDES QUESTIONS Scénario : Michael Piller - Réalisation : Vern Gillum Résumé : En mission de surveillance dans un quartier malfamé, Crockett et Tubbs entendent des cris provenant d’un appartement voisin. Un certain Walker bat sa femme Annette. Crockett intervient mais il voit une main armée d’un pistolet surgir près de la porte et tire aussitôt. Le tireur s’effondre au sol et Crockett, bouleversé, découvre qu’il s’agit de Jeffrey, 13 ans, le fils d’Annette… Critique : Ferguson, 2014. Un jeune noir est abattu par la police. Suivent une série de bavures policières dans d’autres états avec toujours un flic blanc qui abat un jeune noir. Trente ans séparent cet épisode des événements dramatiques qui se déroulent aux Etats-Unis et pourtant, on a la triste impression que peu de choses ont changé. Ici, on ne peut pas vraiment parler de bavure puisque Crockett défend sa vie mise en danger (un pistolet surgit dans l’embrasure d’une porte avec une main qui le pointe sur lui). On sait que le policier dispose d’un grand sang-froid et sait réagir au bon moment. Malheureusement et les premières images le montrent, voilà un grand malheur qui s’abat sur lui : assumer la responsabilité d’avoir tiré sur un enfant. La force de cet épisode réside dans une approche réaliste : pas d’angélisme, ni de déformation de la réalité. A la place, les faits bruts. Dès les premières images après le générique, nous assistons aux réactions des divers témoins de l’affaire, interrogés par des inspecteurs qu’on ne voit jamais. Procédé subtil et intelligent pour nous faire ressentir toute la tension et l’émotion palpables suite au drame. Crockett abattu, Tubbs en colère, les parents noirs plutôt détachés. En parallèle, l’épisode aborde aussi la question des mouvements pour la défense des Noirs, parfois plus avides de faire la une des media et briser la carrière d’un policier que d’établir la vérité. Autre aspect particulièrement touchant : l’évolution de Crockett, rongé par la culpabilité. Don Johnson apporte beaucoup d’intensité dans son interprétation de la colère et de l’impuissance. Commence une remise en question intéressante où Crockett hésite à aller voir le psychologue de la police, y va, se ravise puis finalement, accepte de faire face à sa tristesse. Et par la même occasion, renoue avec son fils Billy, délaissé depuis les premiers épisodes (voir Le Retour de Calderone, 1ère partie, 1ère saison). Cela donne lieu à d’autres scènes émouvantes où un père dit à son fils toute l’affection qu’il a pour lui, dévoilant un pan plus sensible de la personnalité du policier, en général plutôt macho. On soulignera encore deux autres très belles scènes, l’une avec Castillo, l’autre avec Tubbs. Son Lieutenant le met en garde et lui conseille d’aller de l’avant. Fait plutôt rare pour cet homme avare en émotions, Castillo lui dit même qu’il tient à lui. Plus tard, Tubbs lui dit aussi : « Je t’aime, mec » tout en le charriant sur son éventuel décès : « Si tu meurs, qui aura ta voiture ? ». Bouleversé, Crockett ne sait quoi lui répondre et lui tape dans la main. Un très beau moment qui rappelle la forte amitié liant les deux héros (cf. Evan - 1ère saison, 21ème épisode, durant la scène de nuit dans la station essence). Enfin, on apprécie le glissement assez subtil du scénario où l’on découvre que tout n’était qu’un jeu d’apparences. Tout cela sur fond de trafic d’armes avec un Isaac Hayes, peu mis en valeur en méchant de passage. La brutalité des violences conjugales impressionne également pour l’époque. Sans détours, on voit une femme se faire battre et finir le visage en sang par terre. Bref, un bon épisode qui ose la sensibilité sans tomber dans la sensiblerie tout en restant ancré dans la réalité. Anecdotes :
Scénario : Edward Tivnan - Réalisation : Jan Eliasberg Résumé : Dirigée par le père Jorge et son fils Francesco, la famille Cruz règne en maître sur Miami. Active dans le grand banditisme et divers trafics, elle fait l’objet de toute l’attention du Lieutenant Castillo qui veut à tout prix la mettre hors d’état de nuire. Quand Felipe, fils cadet et avocat à Wall Street, revient parmi les siens ; tous se demandent si c’est pour reprendre le contrôle des affaires de la famille. Peu après, la police retrouve le cadavre du prêtre Ernesto Lupe, mentor de Felipe et directeur d’une clinique pour malades du SIDA… Critique : Cet épisode traite principalement de tensions familiales et en thème sous-jacent, d’homosexualité. La famille Cruz fait penser une sorte de clan familial à la « Dallas », version latino de Floride. Il était courageux d’oser aborder le thème de l’homosexualité à l’époque. Rappelons-nous que nous n’étions que quelques années après les premières victimes du SIDA. A l’époque, vendre de l’espace publicitaire aux annonceurs sur ce sujet était sacrément risqué (aliénation d’une partie du public, perte de capitaux issus de la publicité, frilosité des chaînes, …). Maintenant, la question n’est abordée que vers la fin, de manière assez rapide et pudique (une victime du SIDA meurt sur son lit tandis qu’un membre de la famille Cruz se tient à son chevet). La majeure partie de l’épisode tourne essentiellement autour de l’enquête visant à découvrir qui est l’assassin d’un prêtre et mentor de Felipe Cruz. Au passage, la religion catholique et ses hommes d’église en prennent pour leur grade, sous forme de critique acerbe, notamment lors d’un échange entre le Lieutenant Castillo et un autre prêtre. Du reste, l’intrigue n’a pas grand intérêt et se traîne mollement. Pour nous sortir d’une certaine torpeur, une scène de poursuite en bateaux a été rajoutée en bouche-trou : elle donne l’impression d’avoir été insérée là pour allonger le temps de présence à l’écran de Don Johnson, peu présent dans cet épisode. Si la réalisation propose quelques effets de mise en scène intéressants (au lieu d’un banal champ contre-champ, la caméra tourne imperceptiblement autour de Crockett, Tubbs et Castillo durant une discussion autour d’une table dans un parc), le scénario a pour principal défaut de rester à la surface des choses et de ne pas vraiment développer ni les personnages, ni leur psychologie. A cet égard, la fin verse dans un soap grotesque et risible avec des révélations de dernière minute balancées à la grosse louche sur le mode « Quoi ? Un membre de la famille Cruz est homo ? Ah bon ? Oh mais c’est horrible ! Que va-t-on faire pour sauver l’honneur de la famille ? » (Les feux de l’amour ne sont pas loin…). Bref, un épisode plutôt raté et qui, certes, a eu le courage d’aborder un thème tabou mais de façon très superficielle. Anecdotes :
Scénario : Thomas M. Disch - Réalisation : Ate De Jong Résumé : En mission, Trudy et Switek essaient d’arrêter un dealer de pornographie, Lonnie Akers. Mais ce dernier, pris de panique, se coupe la gorge en passant à travers une vitrine. Sur le bateau où vivait Akers, Trudy rencontre son idole, Lou de Long, un ancien chanteur de blues et de rock. Dans le même temps, Rona, l’ex-femme d’Akers, se présente au commissariat pour identifier le corps de son mari. Surprise, le corps a disparu ! Trudy a des visions de plus en plus persistantes et ses collègues observent un curieux changement dans son comportement… Critique : Six ans avant la création de « X-Files », cet épisode faisait déjà dans la science-fiction en nous balançant tous les poncifs du genre (lumière bleue venue du ciel, appareils électromagnétiques gelés, constant questionnement entre rêve ou réalité, expériences du Gouvernement, …). Las, on se demande si le réalisateur Ate De Jong, originaire des Pays-Bas, n’avait pas fumé un pétard en réalisant cet épisode bizarre. D’abord, on notera un détail révélateur de son nombrilisme : le personnage de James Brown (Lou De Long) a un nom qui rappelle étrangement celui du metteur en scène. Pêle-mêle, on a droit à une sorte de secte nommée Astrolife qui croit aux enlèvements extra-terrestres, à un curieux archiviste de la police (le tout jeune Chris Rock) spécialiste des phénomènes alien, à une femme qui disparaît puis meurt, à des agents gouvernementaux qui cachent des opérations secrètes, … Et ? Et rien. Le scénario n’a ni queue, ni tête. Les « visions » de Trudy (lorsqu’elle voit le visage de James Brown qui se fige, pour laisser place à une découpe dans le visage du chanteur) étaient sans doute top à l’époque mais font aujourd’hui terriblement kitsch. On se demande franchement où toute cette histoire veut nous mener. En fait, nulle part puisque la série ose le coup du rêve, piquant sans vergogne l’idée à sa concurrente « Dallas » (aux USA, la saga familiale battait régulièrement les flics de Miami en termes d’audience. Vous souvenez-vous du coup de Pamela Ewing qui, à son réveil, découvre son mari Bobby bien vivant et en train de prendre une douche ? Pour justifier cette résurrection, les producteurs avaient osé prétexter un rêve qui courait tout de même sur toute une saison ! Gonflé…) Heureusement, ici, cela ne dure que le temps de cet épisode. En attendant, on nous a pris pour des quiches. Le titre n’a presque pas menti mais à conjuguer au singulier : nous passons…une heure difficile. Au final, on est surtout triste pour Olivia Brown, chargée de jouer les idiotes allumées alors que son personnage vaut tellement plus que cela. Dans une interview visible sur You Tube, l’actrice confie d’ailleurs que la série touchait le fond avec cet épisode… De fait, les critiques ont souvent reproché à Michael Mann sa misogynie et l’absence de personnages féminins forts dans ses films. Sa série ne fait guère mieux en jouant la carte du machisme sans parvenir à se départir des clichés habituels cinglée ou prostituée… Dommage. Bref, un épisode totalement ridicule et vite oublié. Seuls points positifs : les scènes de nuit à l’éclairage bleu et vert fascinant et le retour d’une rock star (fait plutôt rare depuis la fin de la 2ème saison) avec un James Brown hélas sur le déclin. A se demander pourquoi il a accepté de figurer dans cet épisode à part l’appât d’un gros chèque… Dans la vie, le pape de la soul était assez allumé et complètement parano. Ceci explique sans doute cela. Anecdotes :
Scénario : Robert Palm, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : Colin Bucksey Résumé : Castillo charge Sonny Crockett d’assurer la protection de Caitlin Davies, une vedette de rock. Celle-ci doit témoigner contre Tommy Lowe, son ancien manager. A contrecœur, Crockett veille sur la chanteuse avec qui les relations sont plutôt tendues. Un soir au restaurant, trois tueurs débarquent et tentent de tuer Caitlin. Crockett la sauve de justesse. Pas de doute, ils ont été engagés par Lowe. Suite à ces péripéties, la star du rock et le policier tombent profondément amoureux. Sonny annonce à ses collègues, stupéfaits, qu’il va épouser Caitlin… Critique : Pour changer des histoires de trafic de drogue, voici Crockett chargé de jouer les gardes du corps pour une star du rock sur le déclin. Mine de rien, cet épisode a un petit goût de Bodyguard, le thriller romantique de 1992 avec Kevin Costner et Whitney Houston. Pourtant, il a été réalisé cinq ans avant le film. Comme quoi, la série faisait dans l’avant-garde (cf. l’épisode précédent qui préfigurait X-Files). Cela étant, le scénario n’a pas grand-chose d’original. Les deux tiers de l’épisode se centrent sur la relation « chien et chat » entre Crockett et Caitlin. Cinq minutes, ça va mais pendant tout l’épisode… Pour nous sortir d’un relatif ennui, les scènes d’action relèvent un peu le niveau, même si on a vu mieux dans les saisons précédentes. L’épisode retient tout de même l’intérêt pour l’évolution sentimentale de Crockett. Guère chanceux en amour, le flic semble enfin avoir trouvé la perle rare. Les scènes où il annonce son futur mariage à Castillo et à ses collègues ont quelque chose de touchant. Lorsqu’il en discute ensuite avec Tubbs, on retrouve un moment de grande complicité entre les deux partenaires, hélas trop rare dans la série (cf. les épisodes Evan, 21ème de la 1ère saison et Les grandes questions, 4ème saison, 5ème épisode, lire plus haut). Du reste, la scène finale semble quelque peu incongrue et précipitée. Pourquoi un flic entièrement dévoué à son job se marie-t-il aussi vite ? D’autant que sa fonction ne lui laisse aucune place pour une vie privée. A nouveau, la série retombe dans le syndrome « Dallas » en reprenant des éléments de soap qui n’ont pas vraiment leur place dans une série au ton plutôt dramatique. Décevant et peu crédible. Anecdotes :
Scénario : Robert Palm, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : Colin Bucksey Résumé : Fraîchement mariés, Sonny Crockett et Caitlin Davies sont rappelés à la dure réalité quand la star du rock doit retourner à ses occupations à Los Angeles. Le milieu superficiel et hypocrite du monde des stars ne convient pas du tout à Crockett qui retourne à Miami. Suite au meurtre de Tommy Lowe, l’ex-manager de Caitlin, Castillo suspecte Wiggins et Fremont, les nouveaux managers de la chanteuse. Ceux-ci veulent à présent s’en prendre à Caitlin pour gagner le pactole. Une star morte rapporte plus que vivante. Conscient du grave danger qui pèse sur sa femme, Sonny part la retrouver pour la protéger… Critique : Comme pour l’épisode La loi du ring en deux parties (3ème saison), on se demande pourquoi il fallait une deuxième partie, pas vraiment nécessaire. Il ne s’y passe pas grand-chose pendant les deux tiers de l’épisode. Pour remplir les creux, on a droit sur un mode « fleur bleue » à la difficulté de coupler la vie effrénée d’une rock star à celle d’un flic en infiltration dans les milieux criminels. D’autant que l’une vit à Los Angeles et l’autre à Miami. Et nous de nous demander : « Bon, elle commence quand l’histoire ? » Il faut 30 minutes aux scénaristes pour finalement lâcher le morceau : les producteurs de la chanteuse proposent à Crockett un deal de 100 kilos de drogue. Tablant sur la mort (préméditée) de leur chanteuse, ils espèrent gagner le pactole avec des ventes d’album « post-mortem » en flèche (20 ans plus tard, la réalité le montrera de manière très cynique après la mort de Michael Jackson). Comme dans la première partie, on s’ennuie ferme et seule la scène de fusillade finale nous sort de notre torpeur. On en vient à regretter les épisodes en deux parties des deux premières saisons (Pilote, Le Retour de Calderone, le Retour du Fils prodigue). Ceux-ci conservent une force narrative et visuelle autrement plus fortes que cette histoire aux développements sentimentaux un peu nunuche. Curieusement, les épisodes de la 4ème saison accusent le poids des ans. Ils sont fort datés par rapport à ceux du début de la série, pourtant réalisés… avant. Sans doute n’est-ce qu’une impression mais néanmoins fort persistante. Cette déception s’explique en partie par des audiences en berne : depuis la fin de la 2ème saison, la série chutait inexorablement dans les taux d’écoute aux USA. Les éléments peu crédibles développés dans ce double épisode laissent à penser que les scénaristes tentent maladroitement de récupérer une partie du public. Pourquoi un flic sous couverture (et contraint à une certaine discrétion) irait-il se mettre sous les feux des projecteurs avec une star du rock ? Les scénaristes répondent à cette critique par une pirouette un peu facile : Crockett épouse une vedette du showbiz sous son identité de Burnett, trafiquant de drogue notoire. Showbiz et drogue, raccourci un peu rapide… Et les truands arrêtés par Crockett ? Ils connaissent son visage et sa double identité. Dès lors, comment ne grilleraient-ils pas sa couverture en le dénonçant dans les milieux criminels ? Malheureusement, la question n’est jamais posée et surtout, on attend une réponse qui ne vient jamais. Un épisode inabouti et dispensable. Anecdotes :
Scénario : Peter Lance - Réalisation : Leon Ichaso Résumé : Colton Avery, un homme d’affaires américain, signe un important contrat avec des Japonais. Peu après, la police retrouve son corps près d’une baie. Le businessman aurait été assassiné. Le Lieutenant Castillo découvre que les Japonais sont en réalité des membres du gang des Yakusa désirant établir un réseau criminel à Miami. Castillo enquête avec Crockett et Tubbs afin de retrouver le meurtrier. Mais le bureau du maire trouve qu’à la veille des élections, ce serait plutôt mal vu. Dépêché sur place par la mairie, le Sergent Haskell fait pression sur Castillo. L’affaire se corse quand débarque un certain Fujitsu, ex-policier japonais assoiffé de vengeance et bien déterminé à supprimer les Yakusa… Critique : Très stylisé sur le plan visuel, cet épisode nous en apprend un petit peu plus sur le passé du Lieutenant Castillo (déjà évoqué dans Pourquoi pas ?, 2ème saison, 8ème épisode, Le sauvage, 3ème saison, 15ème épisode et surtout Le Triangle d’Or, 1ère saison, 13ème et 14ème épisodes). Ici, toute l’histoire tourne autour d’une lutte fratricide entre des Yakusas installés à Miami. A nouveau, un épisode d’avant-garde, annonçant par l’atmosphère, le thriller policier raté Rising Sun (1989), avec Sean Connery et Wesley Snipes, dans lequel on retrouvera l’inquiétant Cary-Hiroyuki Tagawa (le détective privé Fujitsu de cet épisode). Tout d’abord, la partie où la brigade subit les pressions de la mairie et de l’ignoble Sgt. Haskell commencent bien mais tombent trop vite dans l’éternel thème de la corruption avec un peu de SM à l’arrivée (Gina et Trudy attachées comme des esclaves sexuelles). Ensuite, on ne découvre rien de bien neuf dans le traitement thématique qui se cantonne à « honneur perdu, lutte de clans, vengeance ». Surtout, on aurait aimé un peu plus de profondeur psychologique et de nouvelles informations intéressantes sur le passé de Castillo. Comment connaît-il le Japon et ses us et coutumes ? Comment parle-t-il la langue ? Comment connaît-il les Yakusa ? Tout nous est présenté comme « naturel » mais sans plus d’explications. Frustrant. Certes, la discussion de nuit entre le détective privé japonais et le Lieutenant dans son bureau rappelle les meilleurs moments de la série, essentiellement au niveau du traitement visuel (musique obsédante de Jan Hammer, éclairages bleutés soulignant les dangers de la vie nocturne, force des regards, peu de mots). Mais c’est aussi le principal reproche qu’on peut adresser à cet épisode à la progression lente et peu inspirée : tout dans l’image, rien dans l’histoire. Jusqu’à confiner au ridicule avec la scène de combat finale au sabre sous la pluie. Statique et mollement montée, elle déçoit et ferait presque passer n’importe quel épisode d’« Highlander » pour un chef-d’œuvre. Bref, ce soleil de la mort ne nous éblouit pas et laisse un goût d’inachevé. Seul point positif : une expérience sensorielle et visuelle forte façon vidéoclip des années 80 mais malheureusement datée avec le recul actuel. Anecdotes :
11. UNE IDYLLE AGITÉE Scénario : Peter McCabe - Réalisation : Don Johnson Résumé : Un mystérieux tueur en série assassine des hommes d’une trentaine d’années. Les victimes avaient un point commun : elles étaient toutes membres d’un club de rencontres par vidéo. Affecté à l’affaire, l’agent du FBI Sam Russell traque le tueur depuis Dallas et Denver où d’autres victimes avaient été tuées. Comme il présente une certaine ressemblance physique avec les victimes, Crockett appâte le tueur sous l’identité de Burnett. Sa femme Caitlin s’inquiète pour sa sécurité et vit mal le fait que son mari rencontre d’autres femmes dans le cadre de son enquête… Critique : Dans cet épisode mis en scène par Don Johnson (après Bon retour, 2ème saison et Un sale métier, 3ème saison), l’histoire tourne autour d’un mystérieux tueur en série, thème peu abordé depuis le début de la série (voir Le Sauvage, 3ème saison). Pour stopper le meurtrier, Crockett infiltre un club de rencontres par vidéocassettes. Le récit s’ouvre sur cette scène qui nous interpelle tout de suite : Mais Sonny est marié… Pourquoi fait-il cela ? Tromperait-il sa femme ? Ce n’est que quand il prononce le nom de Burnett qu’on comprend la raison de sa présence dans ce club. Intrigant et plutôt original comme entrée en matière pour scotcher le spectateur. Immanquablement, cette mission d’infiltration va provoquer des tensions au sein de son couple. Difficulté pour sa femme Caitlin d’accepter la vie nocturne et étrange d’un flic infiltré. Impossibilité pour Crockett de renoncer à sa mission d’éradiquer les criminels. Le job passe avant tout. Ce qui donne lieu à quelques belles scènes, mêlées de tendresse, de tristesse et de jalousie (sans mots, nous contemplons le visage jaloux et blessé de Caitlin quand Crockett reçoit un coup de fil d’une femme lui fixant rendez-vous). La qualité principale de cet épisode réside dans la manière dont le doute est distillé quant à l’identité de l’assassin. A chaque femme que rencontre Crockett, on se demande si le beau blond va se faire tuer. D’autant qu’elles ont toutes quelque chose de bizarre (une Lori Petty en porte-jarretelles adepte du sex toy et une blonde avec des muscles). Entre les moments de suspense, les scènes de couple Crockett / Caitlin viennent détendre l’atmosphère (quoique…). On apprécie particulièrement l’ambiance nocturne inquiétante, rappelant celle des films noirs. Finalement, on découvre qui est le tueur et même si on ne s’en doutait pas, on avait une petite idée quant à son identité (son nom est inscrit en début de générique mais on la voit seulement vers la fin). Enfin, un détail qui sera sans doute plus dérangeant de nos jours : le tueur est une personne mentalement dérangée suite à un changement de sexe (l’épisode ne le dit pas clairement mais le sous-entend). Les transgenres actuels apprécieront. Autres temps, autres visions des mœurs. Hormis cette maladresse, cet épisode figure parmi les plus réussis de cette 4ème saison. Anecdotes :
12. LA SOURCE DE VIE Scénario : Ed Zuckerman - Réalisation : Vern Gillum Résumé : Sur le point d’arrêter une femme transportant de la drogue dans un ranch, Crockett, Tubbs et Switek découvrent un Texan inanimé au sol. Tout près de lui se trouve une sorte de container qu’ils prennent pour une bombe. L’explosif n’en est pas un : il s’agit d’un précieux échantillon de sperme bovin. Le container du Texan, Calvin Teal, intéresse particulièrement l’agent Timothy Anderson du Département de l’Agriculture. Cette semence permettait aux Etats-Unis de détenir les premières « vaches miniature » ! Mais des agents secrets cubains, menés par le redoutable Rojas, veulent aussi mettre la main sur le container de semence pour devancer les USA. Anderson demande à l’équipe de Castillo de piéger Rojas en utilisant l’indicateur Izzy Moreno, subitement au centre de l’affaire… Critique : Deux flics à Miami se réclame ouvertement d’une filiation avec le western. Quoi de plus naturel dans un pays qui s’est construit à la force du colt et des grands propriétaires terriens. Cette référence au western se manifeste à l’écran parfois de façon très nette (Le vieux, 3ème saison, 7ème épisode) mais aussi au travers de métaphores plus subtiles (la Ferrari et le hors-bord de Crockett, avec leurs chevaux super puissants sous le capot, évoquent immanquablement les cowboys, voire les diligences). Dans cet épisode, on sent clairement une volonté de se faire plaisir en pastichant quelques grands classiques comme La chevauchée fantastique (au début avec les vaches illustrées par un thème musical typiquement western), Le bon, la brute et le truand et Les 7 Mercenaires (tous deux réarrangés musicalement et sonnant un rien karaoké). Le problème se situe au niveau du scénario, très improbable et franchement ridicule (la lutte entre les Américains et les Cubains pour contrôler la production de vaches miniatures via du sperme bovin rare. Oui, vous lisez bien…). A ce scénario vient se greffer une vague histoire d’escroquerie qui conclut le récit de manière plutôt poussive. Seule « qualité » : un épisode entièrement construit autour de l’indicateur Izzy Moreno, délicieusement ringard et pathétique dans son rôle d’intermédiaire entre les Yankees et les Cubains. Mais si ce personnage vous horripile, passez votre chemin… La comédie n’est pas la principale qualité de la série, loin de là. Une poignée d’autres épisodes avait déjà tenté leur chance dans le genre. Il reste que le drame et les références au Film Noir donnent toute leur force et leur identité à la série. A la décharge des producteurs, essayer de changer de ton peut se révéler louable. De là à s’acharner quand le produit de base n’est pas léger et totalement ridicule… Malgré ces défauts, on n’arrive pas à détester cet épisode car il s’en dégage un petit quelque chose de sympathique, sans doute dû au fait que l’ensemble ne se prend pas au sérieux et assume son côté foutraque. C’est déjà ça. Reste que cet épisode figure parmi ceux à oublier. Anecdotes :
Scénario : John Schulian - Réalisation : Randy Roberts Résumé : L’équipe du Lieutenant Castillo opère une descente dans un train très particulier où des prostituées assouvissent les besoins de leurs clients. Plusieurs d’entre eux s’enfuient mais Crockett et Tubbs arrêtent l’un d’eux, le pantalon sur les genoux. A la surprise de Tubbs, il s’agit de Tom Pierce, candidat au poste de Gouverneur de Floride et qu’il avait vu à la television plus tôt dans la soirée. Le lendemain, le substitut du procureur et le responsable de campagne de Pierce arrivent au commissariat. Ils font clairement pression sur Crockett et Tubbs pour que cette histoire soit étouffée, au mécontentement de Castillo. Peu après, Switek prend en photo un certain Barry Bloom, un homme de main de Pierce spécialisé dans le “flinguage” de la campagne des concurrents. Crockett et Tubbs décident d’enquêter sur Pierce et découvrent des éléments peu reluisants… Critique : A l’heure où s’affrontent les Hillary Clinton, Donald Trump et autres Ted Cruz, Bernie Sanders, … ; cet épisode résonne dans une sorte d’écho temporel finalement pas si lointain. Ici, pas question de candidats à l’investiture pour le poste suprême de Président des Etats-Unis. A la place, des politiciens locaux qui briguent celui de Gouverneur de Floride. Dès le début, le ton est donné : Tubbs regarde le speech de Tom Pierce, un politicien mou selon Crockett. Ce dernier s’amuse ensuite à le singer dans une scène très marrante, suivie peu après par une autre, encore plus drôle : les flics tombent nez à nez avec le politicien, en train de s’enfuir pantalon sur les genoux. Outre l’allusion aux mœurs dépravées de certains hommes politiques qui se gargarisent des mots « famille » et « honnêteté », l’histoire aborde sans détours la question des relations entre presse et monde judiciaire, entre presse et politique et entre presse et prostitution. Les journalistes ne jouent pas toujours un rôle très net en suivant les candidats en campagne, à l’affût du moindre scoop, quitte à utiliser le chantage quand il s’agit d’une affaire compromettante. Ici, le scénario choisit une pirouette pour justifier le comportement de l’homme de presse : le journaliste Hank Frazier a des dettes de jeux et doit bien se faire du fric rapidement pour les rembourser (on notera que le journaliste cultive une curieuse ressemblance avec Calderone, l’ennemi juré de la 1ère saison). Ensuite, les ordonnateurs des basses œuvres (ici Barry Bloom) jouent un rôle obscur en coulisses, se servant des prostituées pour coincer les concurrents politiques, voire du meurtre. Le récit passe assez vite sur cet aspect, sans doute en raison de son côté trop dérangeant. A la place, il se focalise sur le journaliste qui finit par apparaître comme un bouffon. L’épisode montre aussi combien les policiers peuvent, eux aussi, subir des pressions de la part de politiciens soucieux de cacher leurs petits secrets inavouables. Plus encore, nous assistons à l’étrange connivence qui peut lier politique et système judiciaire. A cet égard, un échange entre Crockett, Tubbs et la Procureur Sarelli est lourd de sens : celle-ci leur dit que Pierce n’a pas commis de crime et que le « système est cohérent. Il s’agit de choisir qui on poursuit. » Crockett lui rétorque, fort à propos : « Ou qui on protège. ». Pis, à la fin, les deux flics la retrouvent au meeting électoral de Pierce qui leur lance : « Parfois, l’idéalisme peut faire plus de mal que de bien ». Outre la critique acerbe des milieux politiques, le récit conclut par un ton désenchanté : les politiques ne sont jamais là quand on a besoin d’eux, clame Crockett. Et finit sur un ton cynique mêlé de désillusion et d’impuissance. Enfin, sur le plan visuel, on constate avec étonnement que les tons pastel et bleutés disparaissent, ainsi que l’esthétique art déco pour laisser place à un léger brouillard blanc, presque terne qui enveloppe chaque image. Comme si la marque de fabrique « Vice » s’effaçait au profit de la critique du système politique. A ce sujet, les tenues de Don Johnson sont assez « éloquentes » : veston gris et teintes neutres. Rien qui puisse perturber l’œil du spectateur pour le laisser pleinement se concentrer sur la vision édifiante du système politique et judiciaire américains. Un épisode intelligent et très intéressant, plutôt au-dessus de la moyenne, à défaut d’être totalement marquant. Anecdotes :
Scénario : Peter Lance - Réalisation : Bill Duke Résumé : Un proxénète et sa prostituée font chanter des clients en menaçant de divulguer les photos contre rançon. Le couple s’en prend à un certain Ernesto Guerrera. Sans attendre, ce dernier les tue de sang froid. Crockett et Tubbs enquêtent sur le meurtre. Très vite, les indices remontent vers Guerrera. Mais pas moyen de le coincer : un agent fédéral le protège dans le cadre de la guerre que livre la justice américaine aux trafiquants de cocaïne. En réalité, Guerrera est un chef de la police chilien poursuivant d’autres plans. Il est venu à Miami pour s’y faire livrer un important stock d’armes dont les fameuses “balles de baseball de la mort”. Crockett redouble d’efforts pour mettre fin aux agissements du criminel… Critique : Après les épisodes Bon Retour (2ème saison, 10ème épisode) et Le Sauvage (3ème saison, 15ème épisode), le spectre de la guerre du Vietnam plane à nouveau dans cette histoire aux accents politico-économiques. Le titre fait directement référence aux bombes à fragmentation, notamment celles utilisées pendant le conflit vietnamien, critiquant au passage l’armement de régimes dictatoriaux par les Etats-Unis. Crockett l’évoque dans une scène : « Les Vietcongs les utilisaient et les appelaient bombinettes. » Autre aspect intéressant : la critique des régimes totalitaires via la figure antipathique du chef de la police chilienne, Ernesto Guerrera, sadique et méchant en titre de l’épisode. Derrière son côté taciturne se cache un sociopathe froid et cruel que l’on devine friand de la pratique de la torture. A nouveau, les policiers de Miami doivent composer avec les mesures de protection pas très nettes des agents du Gouvernement : le FBI protège Guerrera pour de sombres arrangements politiques (cf. Un œil de trop, 1ère saison, 7ème épisode avec Bruce Willis). L’histoire commence sur le meurtre d’un petit proxénète sans envergure (Michael Des Barres, délicieux) pour bifurquer ensuite vers le trafic d’armes et la corruption policière. Revoilà plusieurs thèmes souvent abordés auparavant mais que la mise en scène efficace de Bill Duke (le chauve noir de « Predator » avec Schwarzie) parvient à renouveler suffisamment pour maintenir notre intérêt. On relèvera quelques très bons moments dans cet épisode : quand Crockett effectue un contrôle de Guerrera, illustrant par là le combat du bien contre le mal par la tension qui règne entre les deux hommes. Autre bon moment quand le flic corrompu est démasqué par Crockett, Tubbs et Castillo : on sent la différence dans la manière d’appréhender le métier de flic (honnêtes contre corrompus, déjà souligné dès le pilote de la série). Seul bémol, la fin. On aurait préféré un affrontement physique ou par armes à feu entre Crockett et Guerrera. Au lieu de cela, on a droit à une poursuite en bateau, certes bien filmée mais diluant trop la tension qui régnait tout au long de l’épisode. A cet égard, l’impression d’une fin qui débouche sur un pétard mouillé domine. Un épisode intéressant pour sa critique très sombre des marchandages d’armes, des « arrangements » du Gouvernement américain avec des partenaires pas franchement recommandables et sa politique de soutien aux régimes dictatoriaux. Anecdotes :
Scénario : Peter Lance - Réalisation : Leon Ichaso Résumé : Le Lieutenant Castillo se fait passer pour un membre de la Mafia intéressé par l’achat d’une grosse cargaison de cocaïne auprès de Levesque, un important dealer. Lors de l’arrivée d’un hélicoptère avec la drogue, ils se font attaquer et voler par un commando lourdement armé. Durant l’échange de coups de feu, un membre du commando est tué. Castillo découvre qu’il s’agit d’Indien d’une tribu des Everglades, les Miccosukee. De son côté, Tubbs se fait passer pour un étudiant auprès du chef indien de la tribu et découvre que Joe Dan, fils du chef et ancien militaire décoré, serait l’auteur du vol… Critique : Déjà maintes fois abordée dans la série (Le Petit Prince, 1ère saison ; Lombard, 1ère saison ; Le piège, 2ème saison ; La Mission, 4ème saison, ...), la relation conflictuelle entre père et fils trouve une nouvelle illustration dans cet épisode assez réussi. Tout d’abord, le cadre des Everglades n’a pas été souvent exploité dans la série (à part l’épisode Tout ce qui brille, 1ère saison, 9ème épisode et Le Retour du fils prodigue, 2ème saison, 1er épisode), en raison sans doute d’un coût élevé durant les déplacements vers les lieux de tournage (les Everglades sont assez éloignés de la ville de Miami). Ici, on peut pleinement profiter de scènes en extérieurs avec balades en aéroglisseur, tribus indiennes et alligators. L’autre aspect intéressant de cet épisode réside dans la dynamique du duo de flics infiltrés. Traditionnellement centrée sur Crockett et Tubbs, elle change au profit du Lieutenant Castillo et Tubbs. Quant à Crockett qui joue ici un rôle mineur (fait plutôt rare), Castillo le charge de le remplacer à la tête du service. Ce qui fait enrager notre blondinet, lui qui a horreur du travail de bureau et ne se prive pas de l’exprimer par des « J’en ai marre » bien sentis. La structure du scénario joue assez subtilement avec les suppositions du spectateur. Difficile de prévoir la suite dans le sens où on découvre seulement vers la fin les intentions réelles de Joe Dan, ex-militaire et fils du chef de la tribu. Un tantinet militant, le scénario aborde également les frustrations des Indiens à l’égard des Blancs (parqués dans une réserve, vol de leurs terres) lors d’une petite confrontation entre Joe Dan et Tubbs. Le policier noir lui rappelle les cas de désobéissance civile des Afro-Américains et lui rétorque qu’il n’a « pas le monopole de la souffrance ». Pour détendre quelque peu l’atmosphère, une petite romance semble naître entre une jolie indienne et Tubbs. Romance rapidement éclipsée au profit de l’action même si, curieusement, Tubbs ne tire pas un seul coup de feu durant tout l’épisode, preuve que la violence n’est pas forcément nécessaire. Enfin, on apprécie particulièrement le travail de la direction de la photographie sur les couleurs, privilégiant les éclairages vert et rose lors des scènes de nuit. Ce travail sur la lumière crée une ambiance très particulière, à la fois inquiétante et figée, rappelant celle des meilleurs épisodes des deux premières saisons. Les scènes d’action sont également très réussies, en particulier au début lors de l’attaque des trafiquants de drogue par des commandos (on pense évidemment aux tenues de Predator, filmé à la même époque, avec Arnold Schwarzenegger). Seul bémol, la scène finale où le fils et le père indien s’opposent dans un appartement chic au dernier étage d’un immeuble. Trop longue et trop bavarde, la scène n’apporte rien de neuf par rapport aux précédents conflits de générations abordés dans la série. Elle tire trop sur la corde « papa autoritaire qui veut le bien de la famille contre fiston rebelle et avide de pouvoir ». On a la nette impression que les scénaristes ne savaient pas trop comment finir l’histoire. Cela se termine mal, comme souvent. Du reste, l’épisode retient l’attention par la présence plus importante de Castillo (très crédible en inquiétant dealer) et le cadre magnifique des Everglades, trop rarement montré dans la série et qui nous change du côté urbain de Miami. Anecdotes :
Scénario : Jack Richardson - Réalisation : Jim Johnston Résumé : Sous l’identité de Burnett et Cooper, Crockett et Tubbs ont rendez-vous avec Palmo, un gros trafiquant de drogue. Ils se font passer pour des génies de la finance, capables de faire circuler librement des capitaux provenant de la drogue. Palmo leur propose de les héberger chez lui, le temps de régler quelques affaires. En parallèle, la police enquête sur une série de meurtres bizarres : des jeunes filles sont retrouvées mortes d’overdose, maquillées et abandonnées dans des ruelles sombres. A leurs côtés, une poupée. La police soupçonne Palmo et ne le lâche plus. Furieux, le trafiquant propose une trêve aux autres gangsters en échange de la tête du mystérieux « tueur à la poupée ». Crockett découvre qu’il s’agit de Delgado, un des patrons du crime organisé présent lors de la trêve. Mais ce dernier est également son contact au sein de la pègre et il connaît sa vraie identité et celle de Tubbs… Critique : Dans cet épisode qui évoque les relations au sein de la pègre menacées par un mystérieux tueur en série, les scénaristes ne se sont vraiment pas foulés. Ils reprennent le scénario du classique M le Maudit (1931) de Fritz Lang quasiment sous forme de « copier / coller » (la série nous avait déjà fait le coup durant la 3ème saison avec l’épisode L’avion (17ème épisode) où Tubbs reprenait le rôle de Gary Cooper dans le western Le train sifflera trois fois). Un tueur d’enfants sévit dans une ville et compromet les affaires de la pègre locale en attirant trop l’attention de la police. Les truands décident de retrouver le tueur et d’appliquer leur « justice ». S’ensuit une chasse à l’homme impitoyable qui met de côté les rivalités au sein des divers gangs. Ici, même principe, à part que Crockett et Tubbs, pour changer, se retrouvent « prisonniers » d’un trafiquant avec qui ils font affaire. Ce dernier leur propose de vivre dans sa somptueuse demeure (avec tous les avantages : femmes, nourriture, boissons, …) en attendant que ses affaires se règlent. En parallèle, la figure du « tueur à la poupée » prête plutôt à sourire. On comprend rapidement qu’il s’agit d’un dédoublement de personnalité via le ton « voix normale / voix de poupée » que prend l’acteur. Par répétitions, le thème musical de Jan Hammer parvient à créer un peu d’angoisse, par des sonorités qui donnent un peu plus de consistance au tueur. Celui-ci fait d’ailleurs penser au comique Pee Wee mais en « version pédophile ». Curieusement, ce tueur d’adolescentes avait quelque chose de prémonitoire et de profondément malsain, annonçant l’affaire Dutroux en Belgique en 1996. Du reste, le réalisateur Jim Johnston (auteur d’autres épisodes pas terribles) n’arrive jamais à créer une véritable tension dans sa mise en scène. Certes, le montage est rythmé et sans temps morts mais la platitude domine. On n’est jamais effrayés, ni vraiment pris dans l’histoire. La figure du gangster de l’épisode nous fait également bien rire : Ramy Zada n’a aucun charisme et joue particulièrement mal, surtout durant ses discours). Enfin, le suspense, qui aurait pu naître du fait que le tueur connaît la double identité des policiers, retombe comme un soufflé dans les dernières scènes. Si une ambiance malsaine plane, du fait que chacun a peur que l’autre découvre son secret (Crockett et sa couverture, le tueur « indic » des flics), on a droit à une banale plaidoirie de Crockett pour défendre « son » client, soulignant son incapacité à maîtriser ses pulsions (merci, on avait déjà compris au début de l’épisode). La toute dernière scène achève d’enterrer vu son côté foncièrement ridicule et grotesque. De bonnes idées mais peu ou mal exploitées. A part le fait - plutôt rare pour être souligné – que Crockett et Tubbs n’ont ni armes, ni Ferrari ; le reste est décevant. Anecdotes :
17. LE MESSAGE DE L’AU-DELÀ Scénario : Michael Duggan - Réalisation : Virgil W. Vogel Résumé : Issu d’une famille fortunée, Alan Beaks a mal tourné le jour où il a violé une jeune afro-américaine, Ellen Mason. Après avoir purgé une courte peine de 20 mois malgré les 30 ans de prison requis par la Justice, il veut à tout prix démontrer qu’il est un exemple de réussite du système judiciaire américain. Lors d’un show télévisé, Beaks exprime son désir de se faire pardonner par sa victime. Quand l’affaire a été jugée, Trudy Joplin s’était occupée d’Ellen Mason. Depuis la remise en liberté du violeur, la policière assure sa protection. Pour ne rien arranger, la presse s’acharne sur la victime, avide de la confronter à son agresseur durant une grande scène de réconciliation. Pire, Ellen reçoit des coups de fil répétés et menaçants de Beaks. A bout de nerfs, la jeune femme engage un mercenaire pour supprimer son agresseur… Critique : On pensait que l’épisode précédent (La loi du milieu, lire plus haut) et celui avec les OVNI (Les heures difficiles, 4ème saison toujours, 7ème épisode, lire plus haut aussi) figuraient parmi les plus mauvais. Eh bien non, il y a plus mauvais encore dans cette histoire de victime de viol face à son agresseur en quête de rédemption. Le scénario ne fonctionne pas à plusieurs niveaux. Tout d’abord, le comportement de Trudy Joplin n’est pas cohérent du tout. En protégeant Ellen Mason, la victime du viol, elle se laisse complètement emporter par ses émotions, quitte à devenir une furie hystérique. Pas professionnel. Ensuite, la victime ne dégage aucune sympathie chez le spectateur. On ne ressent pas sa détresse, ni ses angoisses, l’actrice en fait des tonnes et devient même carrément antipathique. Quant au violeur Alan Beaks, il a tout du guignol de bonne famille, ridicule au possible. Limité dans son jeu, l’acteur se contente de faire la moue ou d’afficher un sourire carnassier ; soit le minimum syndical. Si l’histoire se relance un peu avec l’introduction d’un mercenaire payé par la victime pour liquider son violeur, l’ensemble dégage tout de même une impression d’immense gâchis. Enfin, on a connu un Jan Hammer plus inspiré (son travail sur cette 4ème saison n’offre pas ou peu de thèmes nouveaux et souvent insérés en bouche-trou musical). Si le thème principal accompagne bien les moments d’angoisse de la victime et rappelle le grand Bernard Herrmann dans Psychose, la musique qui clôt l’épisode a tout du téléfilm de série B ringarde diffusé par La 5 à la fin des années 80. De fait, cet épisode a très mal vieilli sur le plan visuel. Cela dit, il y a quand même deux aspects positifs qui retiennent l’attention. Primo, la critique de l’acharnement des media, présentés comme des vautours assoiffés de scoop, quitte à « violer » l’intimité des victimes. Deuxio, la critique du système judiciaire américain sur lequel les victimes ne peuvent compter. A deux reprises durant l’épisode, cela donne lieu à un échange débouchant sur un moment dérangeant : tout d’abord, Tubbs demande à Crockett ce qu’il ferait si sa femme avait été violée, sachant que le système judiciaire ne fait pas ce qu’il faut. Froissé, « Blondin le magnifique » ne lui répond pas, laissant apparaître une certaine colère générée par l’outrecuidance de son coéquipier. Ensuite, la victime de viol demande à Tubbs comment il aurait réagi si sa femme avait été violée. Il lui répond : « Je n’enfreindrais pas la loi. » Sans détours, elle lui rétorque : « Je ne vous crois pas. » Et là surprise, le policier ne sait plus quoi lui répondre (on serait tentés de la croire quand on voit, au début de la série, comment Tubbs se venge, par tous les moyens, de la famille Calderone, responsable de la mort de son frère, sa femme et son fils). Mais ces critiques ne sont abordées que superficiellement et auraient mérité un traitement plus approfondi, par exemple via l’intervention d’un avocat du Ministère public ou d’un magistrat qui nous auraient fait connaître leur position au sujet des défaillances du système judiciaire. Du reste, on ne peut que partager l’avis du Lieutenant Castillo à la fin de l’épisode quand il déclare à son équipe : « Vous avez été en-dessous de tout dans cette affaire. Vous avez laissé vos émotions prendre le pas sur vos décisions. J’attends de vous un comportement professionnel. Si cela ne se produit pas, j’attends vos demandes de mutations sur mon bureau demain matin. » La caméra passe alors sur le visage figé de chacun, Crockett y compris. La scène finale où Ellen répond au téléphone achève de ridiculiser cet épisode. Depuis le début d’ailleurs, on se dit : « Mais pourquoi n’as-tu pas changé de numéro de téléphone ? Comme ça, tu auras la paix. Pour un moment du moins. » Un ratage intégral. Anecdotes :
18. L’INSIGNE DÉSHONNEUR Scénario : Michael Duggan & Peter Lance, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : Richard Compton Résumé : Lors d’un deal avec des trafiquants, Tubbs échappe de peu à la mort. Une brigade spéciale d’intervention de la police débarque et tire sur tout le monde. Les flics du SOS (Special Ops Squad) tuent plusieurs trafiquants et repartent en volant l’argent et la drogue. Castillo contacte le Lieutenant Dominguez, responsable de l’unité spéciale, et le prévient : il y a une fuite au sein de son département. Crockett et Tubbs découvrent que Montana Stone, chef sur le terrain de la SOS, serait la « taupe » à l’origine des attaques… Critique : Après le fiasco des deux précédents épisodes, on retrouve enfin une histoire meilleure, à défaut d’être originale. La série évoque une fois encore le thème de la corruption policière, souvent traité depuis le début et déjà présent dans le pilote. Ici, le scénario recycle celui d’un autre épisode de la 3ème saison : Coucou, qui est là ? (21ème épisode). A nouveau, on retrouve une femme à la tête d’une unité spéciale qui vole les dealers, sans se soucier de la sécurité des « vrais » policiers en infiltration. Evidemment, la flic se retrouve prise en étau. En cela, Deux flics à Miami confirme son approche machiste de la place des femmes dans univers policier. Quand elles sont dans un rôle de pouvoir, elles ne font jamais long feu. Ce qui n’arriverait jamais au Lieutenant Castillo ou à Crockett. Rien de vraiment neuf. L’élément le plus intéressant de l’épisode réside dans son approche des SDF : comme elle l’explique à Tubbs en leur présence, la femme flic a utilisé l’argent sale de la drogue pour leur acheter un terrain, des couvertures, un abri, de la nourriture ; dépensant sans compter pour leur bien-être. Si de l’argent sale peut servir à faire le bien, alors tant mieux selon elle. Dans les deux premières saisons, la série montrait souvent nos flics dans des décors d’immeubles abandonnés ou en piteux état. Ici, c’est la première fois qu’elle montre clairement la pauvreté et les laissés pour compte du système américain, hormis les réfugiés haïtiens dans l’épisode Il y a des jours comme ça (1ère saison, 17ème épisode). Loin du glamour, du train de vie luxueux des trafiquants et de leurs demeures extravagantes ; cet épisode nous plonge au cœur de la crasse, dans ce campement situé dans un port sale et brunâtre. Même si cela n’est pas sa marque de fabrique, plutôt branchée « bling bling », la série osait parfois prendre des chemins de traverse et montrer la détresse humaine et sociale. Du reste, la critique ne va pas bien loin, se contentant de montrer la misère par quelques figurants en haillons et l’intervention d’une femme « providentielle », utilisant des moyens malhonnêtes pour leur venir en aide. Malgré tout, cet épisode retient l’attention par le rôle plus important qu’il donne à une femme forte ainsi qu’à Tubbs (trop souvent effacé au profit de Crockett). On apprécie particulièrement la toute première scène de l’épisode (avant le générique), rythmée et angoissante, lorsque Tubbs se fait attaquer et manque de perdre la vie. Par contre, les flics ripoux restent relégués au rang de caricatures tout en montrant que la corruption n’a pas de couleur de peau. A ce sujet, Castillo évoque un élément réel : au début des années 80, les émeutes sanglantes de MacDuffie ont ravagé la ville. Suite à l’arrestation d’un homme noir, battu à mort par des policiers blancs (à l’issue du procès, ces derniers ont été acquittés), la ville de Miami fut ravagée par les flammes et la violence. A la suite de quoi, la police fut contrainte d’engager des policiers issus des minorités afin de mieux représenter les différentes couches de la population. Hélas, certains d’entre eux succombèrent à l’argent facile qu’offraient le trafic de drogue et la corruption. Plusieurs furent tués lors de règlements de compte avec les criminels ou finirent derrière les barreaux. Ce qui eut pour conséquence de donner tort à ceux qui pensaient que les minorités feraient mieux que les Blancs. Comme le dit Crockett avec cynisme : « Qu’il soit bleu, vert ou jaune, un flic ripou reste un flic ripou. » A défaut de proposer du neuf, voilà un épisode de bonne facture et plutôt habile dans sa faculté à recycler de précédentes histoires. En somme : variations sur le même thème. Anecdotes :
19. DES ROSES ET DES LARMES Scénario : Robert Palm, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : George Mendeluk Résumé : Gina assiste incognito à une reception donnée par un certain Wilson Cook, propriétaire d’une fabrique de pâtes. Arrive le gangster Frank Mosca. De retour à Miami, celui-ci se sert de Cook pour blancher l’argent sale de ses nombreux trafics. Selon Castillo, il semble y avoir assez d’éléments pour que Gina continue son travail d’infiltration en approchant Mosca. Cela semble d’autant plus facile que le truand lui manifeste une attention particulière. Jusqu’où ira Gina pour réussir sa mission ? Critique : Dans cette sorte de suite et fin de l’épisode qui ouvre la saison (Parodie de justice, lire plus haut), nous retrouvons le gangster Frank Mosca. Cette fois-ci, c’est Gina aux commandes comme flic infiltré. Sa mission la force, malgré elle, à avoir une relation sentimentale avec le mafieux. Relation qui débouchera sur un viol. Si la scène n’est pas explicitement montrée, on ressent pourtant toute la détresse de la femme flic lors de la scène suivante quand Gina expose froidement à ses collègues ce qu’elle a subi. En 1988, l’épisode avait choqué. Aujourd’hui, il a vieilli. Autres temps, autres mœurs, autres représentations de la violence à l’écran. L’essentiel de l’intrigue n’a pas vraiment d’importance d’ailleurs, le principal atout de l’épisode réside dans son méchant, Frank Mosca. Après avoir abattu un homme de main, sans sourciller, dans le tout 1er épisode de cette 4ème saison, tout le corps du récit s’articule autour de sa personnalité : Stanley Tucci apporte une dimension particulière au gangster qu’il incarne, tout comme Kevin Spacey en Mel Profitt dans Un flic dans la Mafia, tourné la même année. Tour à tour séducteur, charmeur, cruel, sans pitié et menteur. Crockett met d’ailleurs Gina en garde en qualifiant Mosca de psychopathe sadique. Si le gangster ne nous est jamais sympathique, oscillant entre le fascinant et le répugnant ; la question nous taraude de savoir comment il va s’en sortir. Ce sera révélé dans une scène finale décevante où Gina joue à nouveau les Charles Bronson (cf. la fin des épisodes Si peu qu’on prenne, 1ère saison, 10ème épisode et Le Prix fort, 2ème saison, 8ème épisode). Point positif, il redonne un peu la vedette aux femmes flics, plutôt délaissées - il faut le souligner - dans cet univers macho. Du reste, un épisode plutôt moyen. Anecdotes :
Scénario : Dick Wolf - Réalisation : Donald L. Gold Résumé : Crockett et Tubbs ont rendez-vous la nuit avec un gang de Colombiens pour échanger de la drogue contre 100.000 dollars. L’affaire tourne mal et s’ensuit un échange de coups de feu. Le chef du gang s’enfuit en voiture avec sa petite amie. Les policiers les poursuivent et Crockett finit par abattre le dealer avant que la petite amie ne s’empare de son arme et lui tire dessus. Gravement blessé, Crockett est emmené de toute urgence à l’hôpital où ses collègues veillent à son chevet. Morts d’inquiétude et dans l’attente du résultat de l’opération, ils se souviennent de plusieurs moments vécus ensemble… Critique : Curieux épisode que cette « balle pour Crockett ». En gros, cela se résume à une enfilade de flashbacks, pas toujours opportuns, de plusieurs moments emblématiques de la série depuis ses débuts. A tour de rôle, chaque personnage de l’unité de police se remémore plusieurs moments et événements marquants vécus avec Sonny Crockett, entre la vie et la mort après s’être fait tirer dessus par la petite amie d’un dealer colombien. Les références au passé commencent dès la scène d’ouverture avec Crockett et Tubbs marchant dans la nuit, au son de In the Air tonight du chanteur Phil Collins, comme à la fin du pilote. Cela commence par Crockett qui se remémore la venue d’Evan Freed sur son bateau dans l’épisode Evan (1ère saison, 21ème épisode), suivi par la visite de Crockett à un détenu en prison au début de l’épisode Une belle prise (2ème saison, 19ème épisode) pour finir à nouveau sur Evan (la scène finale où Evan se sacrifie pour sauver Crockett). L’idée étant d’illustrer trois moments vécus par Crockett où il a échappé de peu à la mort. Vient ensuite le tour de Gina. Elle se souvient d’un moment romantique sur le bateau de Sonny dans l’épisode Le borgne (1ère saison, 6ème épisode. Puis ce sont les souvenirs de Tubbs , l’épisode lui réserve une grande partie des flashbacks en raison de proximité avec son coéquipier : la scène où le frère de Tubbs se fait tuer dans le pilote, suivie par celle où Crockett embrasse sa femme Caitlin à la fin de La vedette du rock’n’roll - 2ème partie (4ème saison, 9ème épisode, lire plus haut) et surtout, la première rencontre avec Crockett dans l’épisode pilote, lors de la poursuite de nuit entre hors-bord et voiture de sport, débouchant sur un échange de coups de poings. Plutôt avare en paroles et en actes, Castillo se remémore la récente affaire où Sonny se sentait coupable d’avoir tiré sur un enfant (Les grandes questions, 4ème saison, 5ème épisode, lire plus haut) et où le Lieutenant de police dit qu’il tient à lui (une scène assez émouvante). Puis retour à l’action avec Tubbs avec la scène de poursuite en hors-bord au début de Et alors, on est sourd ? (3ème saison, 18ème épisode), moment qui tombe assez à plat par son côté hors de propos (sans doute placé là pour contenter les beaufs avides d’action et peu sensibles aux moments émouvants). L’épisode passe alors à Trudy qui voit en Sonny un as du volant et un coéquipier protecteur lors de la poursuite en voitures au début de La combine (2ème saison, 4ème épisode) se terminant par la mort d’un malfrat abattu par Trudy. Retour au réel avec l’inénarrable Izzy Moreno, très attristé par l’état de Sonny et se souvenant de la scène du début de Qui vivra verra (2ème saison, 2ème épisode) où l’indicateur tente de persuader un comptable de la police de ne pas saisir la Ferrari du policier. Ensuite, les flashbacks fonctionnent par association d’idées : Switek/perfusion et Tubbs/avion. En effet, Switek, voyant la perfusion dans le bras de Crockett, se remémore l’aiguille dans le bras de son coéquipier mort Larry Zito à la fin de l’épisode La loi du ring – 1ère partie (3ème saison, 12ème épisode. Enfin, Tubbs se rend dans un aéroport privé pour arrêter celle qui a tiré sur son partenaire et, voyant un avion passer au-dessus de lui, se souvient de la scène de fusillade finale en avion dans Y a pas de sot métier (1ère saison, 15ème épisode). Pas fin mais cela fonctionne au montage. Dernière salve de flashbacks avec un patchwork de scènes de poursuites en bateau, en voiture et de nombreuses explosions et fusillades, issues des saisons 1 à 4 (on retrouvera une scène similaire dans le générique final du tout dernier épisode : La dernière aventure). Cette enfilade de scènes, malgré son côté parfois brouillon, nous fait malgré tout apprécier l’atmosphère de fraternité se dégageant de cet épisode. On sent les relations d’amour et d’amitié très fortes entre les personnages et surtout, l’attachement que chaque membre de la police des mœurs de Miami se porte, comme dans une famille. Enfin, c’est l’occasion de revoir quelques grands moments de la série. Anecdotes :
21. DÉLIVREZ-NOUS DU MAL Scénario : David Black, Michael Duggan & Robert Palm, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : George Mendeluk Résumé : Un couple et sa nièce sont froidement abattus par des cambrioleurs dans une villa cossue de Miami. Sonny Crockett enquête sur l’affaire et soupçonne le truand Hackman d’être l’auteur des meurtres. Un an plus tôt, le policier était persuadé de son innoncence et avait réussi à le faire libérer. Depuis, le truand a poursuivi ses braquages meurtriers. Dans le même temps, Caitlin attend avec impatience le retour de son mari Sonny pour lui annoncer une grande nouvelle… Critique : Suite directe de Pardonnez-nous nos offenses (3ème saison, 11ème épisode), situé un an plus tôt, cet épisode utilise à nouveau une référence au religieux dans son titre. Nettement moins marquée que dans sa « première » partie, celle-ci se retrouve essentiellement dans le chapelet qu’Hackman donnait à Crockett à la fin de ce précédent épisode. Pour boucler la boucle, Crockett la lui rend à la fin de celui-ci. On peut voir un bref instant de panique sur le visage du truand, comme si, sans le dire, le message adressé était : « Dieu se venge ». Si on compare cette suite à l’épisode de la 3ème saison, cette « suite » se révèle d’un niveau inférieur. Pardonnez-nous nos offenses jouait habilement avec nos nerfs, en multipliant les fausses pistes et le doute dans un climat quasiment mystique. Ici, l’essentiel du scénario tourne, à nouveau, autour du thème de la vengeance. Crockett le dit à Tubbs sous cette forme : « Quand j’ai vu Hackman, je n’ai jamais rien voulu d’aussi fort. » Et malheureusement pour lui, obsédé par l’arrestation du criminel, le policier ratera une information essentielle : sa femme était enceinte avant d’être assassinée par Hackman. Encore une fois, Crockett voit sa vie amoureuse se transformer en tragédie, son job étant la conséquence directe de cette impossibilité de vivre un amour stable et heureux même si les précédents épisodes pouvaient le laisser croire. Evidemment, comme Crockett, nous sommes furieux et terrassés par ce qui lui arrive (les scènes où il cuve son whisky en refusant l’aide de Tubbs sont bouleversantes). Nous ne pouvons qu’adhérer à son désir de vengeance. A ce niveau, le scénario joue sans détours la carte de l’auto-justice, pas d’ambiguïté à la « Inspecteur Harry ». On retiendra encore une représentation très crue de la violence domestique : dans les scènes où un complice d’Hackman bat sa compagne en invoquant des prétextes futiles comme de la bière tiède (l’autre épisode qui ne faisait pas dans la dentelle en matière de violence domestique figurait aussi dans cette 4ème saison : Les grandes questions, 5ème épisode, lire plus haut). Du reste, on ne s’ennuie pas, les scènes de fusillade sont très palpitantes et l’ensemble dégage une efficacité rappelant les grands moments de la « Vice » atmosphère des débuts de la série (danger de mort, scénario sombre, musique de Jan Hammer parfaitement en osmose avec le visuel, …). Bref, une suite moins réussie mais un excellent épisode au final. Anecdotes :
Scénario : Robert Palm & Daniel Sackheim, d’après une histoire de Nelson Oramas et Daniel Sackheim - Réalisation : Richard Compton Résumé : Après la perte de sa femme Caitlin, froidement abattue par le truand Hackman; Crockett repart en mission d’infiltration. A bord d’un bateau, il doit servir d’intermédiaire entre les trafiquants de drogue, Alejandro Gutierrez et les hommes de Miguel Manolo. Mais Gutierrez entend bien régner en maître sur le trafic de drogue à Miami et éliminer la concurrence. Il pose une bombe et s’enfuit en hors-bord avant que le bateau n’explose. Peu après, Crockett se réveille. Souffrant d’une amnésie temporaire, le policier pense désormais être son alter-ego Sony Burnett, trafiquant de drogue ambitieux et tueur sans pitié… Critique : Cet épisode qui clôture l’avant-dernière saison retourne également aux sources de la série en retrouvant la « Vice » atmosphère (musique lancinante de Jan Hammer, couleurs magnifiques surtout durant les scènes de nuit, ambiance sombre à souhait, méchants inquiétants et charismatiques, montage hypnotisant). Dès le début, nous sommes emportés dans cette histoire a priori banale (accident, perte de mémoire, retour à la normale) qui parvient habilement à nous mettre les nerfs en pelotes. La mise en scène de Richard Compton laisse planer le doute en permanence sur le comportement de Crockett. Va-t-il recouvrer la mémoire ou bien est-il vraiment devenu Burnett ? La suite de l’histoire répond en partie à la question qui nous taraude depuis le début de la série : Crockett va-t-il basculer de l’autre côté et devenir un criminel ? Ici, le scénario joue la carte de l’alibi : Crockett ne fait pas les choses sciemment, son psychisme a été atteint et tant qu’il n’a pas recouvré la mémoire, le côté obscur de son personnage prend le dessus, pour le pire. On appréciera un moment très révélateur de l’esprit tourmenté du policier quand il fait ce rêve étrange où, en costume blanc sur la plage et à l’approche de la Cadillac de Tubbs, il découvre ce dernier dans un cercueil au couvercle de verre. Brusquement, Tubbs se réveille et hurle le nom de son coéquipier avant que Sonny ne tombe dans un trou creusé pour une tombe où se trouve à présent son corps dans le cercueil. Puis de se réveiller brutalement. Belle métaphore pour exprimer la mort de ses souvenirs et de qui il était. Plus loin, quand Crockett touche son reflet dans le miroir de la salle de bains, cette scène renvoie directement au trouble identitaire qui le hante depuis l’épisode pilote et au titre original (Mirror image). Par petites touches subtiles, l’histoire nous fait ressentir tout le désarroi du policier. L’autre bonne idée de scénario a été d’avoir fait de Tubbs le « véhicule » de notre attachement pour Crockett. Comme lui, nous sommes inquiets pour Sonny. Comme lui, nous voulons savoir ce qui lui est arrivé, s’il vit toujours et s’il va redevenir comme il était. Nous nous projetons en lui au travers de cette quête de questions hélas sans réponses immédiates, d’où le côté quelque peu frustrant de ce dernier épisode. Les réponses seront donnés dans le double épisode « Les souvenirs », démarrant la saison 5. S’il fallait résumer, en un mot, cet excellent épisode (sans doute parmi les 5 meilleurs de toute la série), sans hésitation ce serait « ambiguïté ». L’épisode baigne entièrement dans une ambiance aux contours flous où rien n’est vraiment net, où tout peut arriver. Crockett comme Tubbs risquent leur vie à chaque moment et en cela, retrouvent le meilleur de ce qui faisait la série à ses débuts. Un must. Anecdotes :
|
Saison 3 1. Les Yeux pour pleurer (When Irish Eyes Are Crying) 2. Chacun ses problèmes (Stone’s War) 5. Si on te le demande (The Good Collar) 6. Une ombre dans la nuit (Shadow in the Dark) 8. La Poudre aux yeux (Better Living Through Chemistry) 9. Trafic des adoptions (Baby Blues) 10. Sur un air de rock (Streetwise) 11. Pardonnez-nous nos offenses (Forgive Us Our Debts) 12. La Loi du ring : 1re partie (Down For The Count: Part 1) 13. La Loi du ring : 2e partie (Down For The Count: Part 2) 14. Tous les moyens sont bons (Cuba Libre) 15. Le Sauvage (Duty and Honor) 17. L'Avion (The Afternoon Plane) 18. Et alors, on est sourd ? (Lend Me An Ear) 20. Un sale métier (By Hooker By Crook) 21. Coucou, qui est là ? (Knock Knock… Who’s There?) 22. Un coup de froid (Viking Bikers From Hell) 23. Salut les artistes (Everybody’s In Showbiz) 24. Les Lendemains de la Révolution (Heroes of the Revolution) Scénario : Dick Wolf & John Leekley - Réalisation : Mario Di Leo Résumé : Sean Caroon, un activiste irlandais, serait la cible de nationalistes de son pays qui lui reprochent d’avoir renoncé à la lutte armée. Après lui avoir sauvé la vie, Gina tombe amoureuse de lui. Mais l’homme cache bien son jeu puisqu’il projette un attentat terroriste de grande ampleur à Miami… Critique : Alors que les précédentes saisons traitaient essentiellement de trafics de drogue, cette nouvelle saison aborde des histoires au contenu nettement plus politique. En témoigne cet épisode sur fond de terrorisme irlandais dans laquelle on retrouve un Liam Neeson à l’aube de sa carrière. Ici, tout est question d’apparences : Gina ne sait jamais si Caroon est un idéaliste repenti ou un terroriste. Et quand les sentiments s’emmêlent… Le Royaume de Sa très Gracieuse Majesté en prend aussi pour son grade puisque le flic de Scotland Yard nous est montré sous un jour hargneux et arrogant. Les Britanniques sont mal placés pour faire la leçon aux Irlandais. En parallèle, nous en apprenons plus sur le trafic d’armes et la concurrence entre truands, deal durant lequel Crockett verra sa Ferrari noire explosée par un missile Stinger. Même si on pourra reprocher un certain manichéisme dans la peinture des adversaires en présence, on soulignera l’aspect novateur du récit plutôt original et la volonté de donner un nouveau souffle à la série. Pari réussi. Paradoxalement, malgré de meilleurs scénarios, cette saison rencontra moins de succès que la seconde, championne de l’audimat de toute l’histoire de la série. Intéressant et réfléchi, le scénario de cet épisode nous montre surtout l’impossibilité pour un flic de tisser une relation d’amour stable et inscrite dans la durée. Pour déboucher au final sur un immense sentiment de tristesse. Anecdotes :
Scénario et réalisation : David Jackson Résumé : En reportage au Nicaragua, le reporter de guerre Ira Stone suit le conflit opposant les sandinistes marxistes et les contre-révolutionnaires contra soutenus par les Etats-Unis. Lors d’un raid, il filme la mort d’un prêtre par des soldats américains. Le journaliste s’enfuit à Miami et demande l’aide de Crockett. Stone veut dénoncer le scandale en vendant son reportage aux chaînes de télévision… Critique : Autre scénario à caractère politique inspiré de la réalité de l’époque : les USA soutenaient les contra contre les sandinistes alors que les contra étaient des violeurs et des assassins (à ce sujet, (re)voir l’excellent film Under Fire, 1984, avec Nick Nolte et Gene Hackman). On croyait Stone mort à la fin de l’épisode Bon retour (2ème saison), le revoilà impliqué dans une nouvelle affaire gênante pour le Gouvernement américain. Et revoilà Crockett embarqué dans une affaire qui le dépasse. A ceux qui critiquent Deux flics à Miami en arguant que c’était une série pro-Reagan, ils ont tout faux : la politique étrangère des Etats-Unis et ses magouilles souterraines, illustrées par l’infâme Maynard, font l’objet d’une critique acerbe. Sans langue de bois, cet épisode égratigne les affaires louches dans lesquelles trempent agents secrets et autres militaires. Crockett tente d’intervenir mais doit se résoudre à l’échec. Le dernier plan de l’épisode nous le montre, seul et perdu, sur son yacht. Un flash d’information à la radio lui fait comprendre que la réalité a été tronquée par le Gouvernement. Un scénario intelligent et réfléchi, représentatif du caractère sombre et désillusionné de la série où nous ressentons la frustration et l’impuissance des policiers face à la puissance de l’appareil d’Etat. Anecdotes :
Scénario : Dick Wolf & John Leekley - Réalisation : Mario Di Leo Résumé : Sous l’identité de Burnett, Crockett achète de la drogue à un homme de main du trafiquant Morales. La police des douanes arrive et Crockett s’enfuit en gardant l’argent et la drogue. De retour au commissariat, il fête le succès de l’opération avec Frank Arriola, son collègue des douanes. Pour se détendre, ils vont voir un match de Jaï Alaï, dans lequel excelle Tico, le frère de Frank. Mais Morales utilise Tico pour faire chanter Frank… Critique : Retour au trafic de drogue et à ses conséquences sur les familles. Deux frères, un policier des douanes et un joueur émérite de Jaï Alaï (sorte de pelote basque), se retrouvent pris dans les griffes d’un réseau de trafiquants de drogue et de prostituées. Après des débuts à connotation politique, la série revient à ce qui a fait l’essence de la série (le trafic de drogue) et évoque en filigrane l’usage de stupéfiants dans le sport, phénomène tabou et toujours d’actualité. Au travers de Frank Arriola, nous ressentons tout le dilemme que ressent un policier pris dans un engrenage infernal : écartelé entre son devoir de policier et sa charge de famille qu’il lui faut protéger à tout prix. Au final, l’incompréhension demeure entre les deux frères. Bien filmé et sans temps morts, cet épisode souligne particulièrement, à la fin, l’univers sombre et sans pitié des gangsters. Au milieu de tout ce chaos, Crockett et Tubbs essayent d’intervenir mais sans succès. Un traumatisme de plus pour nos policiers. Anecdotes :
Scénario : W.K. Scott Meyer - Réalisation : David Jackson Résumé : Lors d’un échange de drogue avec Amati, trafiquant de drogue, un certain Ralph Pink et Laura, la petite amie de Tubbs, sont tués. Crockett et Tubbs découvrent que Pink était gardien à la prison d’Etat de Bolton où se trouvait Giacomo, le frère d’Amati. Plusieurs trafiquants ont été mystérieusement tués dans la prison. Les gardiens seraient à l’origine du trafic et des meurtres. Tubbs infiltre la prison sous le nom de Cubera afin de démanteler le trafic et les mettre hors d’état de nuire… Critique : Pour changer, cet épisode nous montre l’envers du décor : celui des criminels qui finissent en prison. Tubbs se retrouve au cœur de la « jungle », à la fois protégé par les Musulmans noirs et livré à lui-même dans ce qui semble une mission suicide (d’où le titre qui insiste sur la solitude du policier, traumatisé et en colère suite au décès brutal de sa petite amie). Immanquablement, on pense à Comme un homme libre (The Jericho Mile, 1978), premier téléfilm réalisé par Michael Mann au sein d’une authentique prison. S’il n’est pas question ici d’un coureur de fond qui cherche à rester libre dans sa tête en pulvérisant des records olympiques, on remarquera la similitude avec l’univers dépeint : des clans (les Aryens, les Latinos, les Blacks, …), un univers sans pitié, une tension constante et la mort qui peut frapper à tout moment. On sent ici les prémisses et l’âpreté de la série carcérale Oz (HBO, 1997 / 2003). Hélas, faute de temps (46’ pour tout dire), les divers clans ne sont qu’esquissés et cet aspect nous laisse un peu sur notre faim. Mené tambour battant, cet épisode frappe par sa représentation de la violence, plutôt crue pour l’époque et surtout permise sur une chaîne nationale (NBC) : on voit Tubbs se faire passer à tabac, des visages tuméfiés et ensanglantés, des prisonniers se faire tuer de sang-froid par des gardiens et des chefs gardiens battus à mort. Bref, un excellent épisode, brutal et sans concessions, qui nous plonge au cœur de la dureté du milieu carcéral. Anecdotes :
5. SI ON TE LE DEMANDE Scénario : Dennis Cooper - Réalisation : Mario Di Leo Résumé : En planque dans le quartier chaud de Miami, Crockett et Tubbs remarquent la présence d’un jeune afro-américain, Archie Ellis. Ce dernier remet un paquet de drogue à Crockett qui l’arrête. Au même moment surgit un gang de jeunes dont Ellis ferait partie et menace les policiers. Ce gang est en fait le rival de celui du “Comte” Walker, un adolescent d’à peine 15 ans règnant sur un trafic de drogue juteux. Contre l’avis de Crockett, Ellis infiltre le gang de Walker afin de le faire inculper… Critique : Dans cet épisode particulièrement émouvant, nous comprenons toute l’impuissance de la justice à faire condamner des criminels trop jeunes. Le Comte Walker, âgé d’à peine 15 ans, règne déjà en maître sur le trafic de crack et manipule à l’envi de jeunes défavorisés afin d’éviter de se retrouver en première ligne. C’est là que Crockett prend sous son aile le jeune Archie qui lui rappelle ses années de joueur de foot américain au lycée. Touché par la volonté de s’en sortir du jeune homme, le policier devient une sorte de mentor et le prend sous son aile, quitte à changer un rapport d’enquête et à s’opposer à un assistant du procureur un peu trop avide de coups médiatiques. Sans paroles ni angélisme, la réalisation souligne, à la façon d’un vidéo clip efficace, l’ignoble trafic réalisé par le « Comte » Walker : passages à tabac d’un mauvais payeur sous les yeux d’une gamine apeurée, chantage, racket, … et le cynisme teinté d’arrogance du caïd encore pubère. Une fois encore, malgré tous ses efforts, Crockett ne parvient pas à empêcher une tragédie et s’en retrouve complètement bouleversé (la scène dans la limousine où il donne des coups de pied et de poings illustre toute sa rage et son impuissance). Le travail de policier se compare au mythe de Sisyphe : tout recommencer chaque jour, encore et encore pour un résultat bien maigre et décourageant. La scène finale où Crockett erre dans l’obscurité illustre parfaitement la noirceur dans laquelle se retrouve le personnage. Métaphore brillante pour souligner ses tourments intérieurs. Un épisode marquant avec un scénario bien construit. Anecdotes :
Scénario : Chuck Adamson - Réalisation : Christopher Crowe Résumé : La nuit venue, un homme mystérieux pénètre dans des maisons selon le même on modus operandi : ouvrir le frigo, manger de la viande crue et se recouvrir le visage de farine. Le Lieutenant Gilmore traque le cambrioleur depuis quelques semaines. Castillo charge Crockett et Tubbs de l’épauler. Mais Gilmore sombre dans une forme de démence obsessionnelle et est interné. Crockett reprend l’affaire et doit agir vite, d’autant que le cambrioleur a maintenant attaqué une jeune femme chez elle… Critique : A la même époque où cet épisode a été mis en scène, Michael Mann réalisait le thriller « Manhunter » (Le sixième sens). Difficile de ne pas faire la comparaison et de ne pas voir une étrange similarité entre le film et cet épisode : un inquiétant personnage s’introduit chez les gens la nuit, un policier qui se met dans son esprit (quitte à sombrer dans la folie), une ambiance nocturne angoissante et saturée de bleus. En raison de son format plus court, cet épisode n’a pas l’occasion de développer la psyché du tueur, ni de comprendre ses réelles motivations. Le tueur du film était nettement plus inquiétant, le cinéma pouvant se permettre une représentation plus crue de la violence qu’une grande chaîne nationale (NBC) quoique… (voir l’épisode Cavalier seul plus haut). On pourra encore reprocher le jeu stéréotypé de Don Johnson par rapport à celui, fin et nuancé, de William Petersen dans le film. Mais comparaison n’est pas raison. Ainsi, l’épisode possède plusieurs qualités : un scénario bien ficelé de Chuck Adamson, ami de Michael Mann et ex-flic qui avait déjà écrit The Home Invaders (1ère saison, 19ème épisode) et travaillé sur la série Crime Story (Les Incorruptibles de Chicago). Ensuite, on apprécie la mise en scène efficace de Christopher Crowe qui arrive à installer un climat particulièrement anxiogène. Enfin, soulignons l’excellent travail de la direction de la photographie qui parvient, par l’utilisation de filtres bleutés lors des scènes de nuit, à restituer le caractère angoissant et cauchemardesque, vécu tant par les victimes que par Crockett lui-même. Sorte de cauchemar éveillé où nous finissons par ne plus savoir où se situe le réel du rêve, cet épisode finit sur un fondu au noir, fait plutôt rare dans la série. Un procédé qui renforce la noirceur dans laquelle baigne de bout en bout cet épisode plutôt à part dans la série, de par son ton flippant. Anecdotes :
Scénario : Alan Moskowitz, W.K. Meyer et Dennis Cooper - Réalisation : Aaron Lipstadt Résumé : Flic à la brigade des stupéfiants, Vince Wilson opère sous couverture pour arrêter Mendez, un dangereux trafiquant bolivien. Mais sa couverture est grillée et un acolyte de Mendez l’abat. Crockett et Tubbs entrent en contact avec Rickles qui peut les conduire à Mendez. Lors d’un rendez-vous dans un musée, la rencontre se passe mal. Dans la fuite des trafiquants, l’un d’eux perd une mallette contenant de la drogue. Un vieil homme la récupère. Qui est-il et que veut-il ? A Crockett et Tubbs de le découvrir… Critique : Soutenu par des partitions entêtantes de Jan Hammer (Texas Ranger, El Viejo mix), cet épisode traite de vengeance et rend hommage au caractère héroïque des Texas Rangers (les ancêtres du Chuck Norris, le Walker de la série télé des années 90). Particulièrement rythmée et sachant ménager le suspense, la mise en scène nous fait comprendre les motivations du « vieux » seulement vers la fin. D’aucuns reprocheront à cet épisode de n’être qu’un long vidéoclip sans substance, on constate pourtant que le personnage de Willie Nelson possède une réelle épaisseur. Peu de mots, une présence, un regard d’acier et un côté attachant. Fort de son expérience de vieux renard, il ruse avec Crockett et le manipule à sa guise. Si les trafiquants ont une allure plutôt fantomatique et caricaturale, leur côté inquiétant est contrebalancé par le ridicule de Rickles, leur homme de main (Steve Buscemi, encore tout jeune). Enfin, on apprécie particulièrement l’hommage aux westerns, surtout les dernières scènes de gunfight dans un cimetière, filmées de nuit et rappelant Règlement de comptes à OK Corral. Un bon épisode, tourné comme un petit film d’action, percutant et efficace. Anecdotes :
Scénario : Dick Wolf & Michael Duggan - Réalisation : Leon Ichaso Résumé : Sous l’identité de Burnett et Cooper, Crockett et Tubbs font affaire dans un night club avec Mack, un trafiquant de coke. Ce dernier leur propose de la drogue de qualité supérieure réalisée par son chimiste. Une cocaïne cent fois plus puissante que celle du marché. Mais l’échange tourne mal quand le DJ du night club, Clarence, grille la couverture de Tubbs en annonçant au micro qu’il s’agit d’un flic. Ancien équipier de Tubbs à New York, Clarence a juré de se venger… Critique : Dans cet épisode plutôt curieux, nous en apprenons plus sur le passé de Tubbs quand il était flic à New York, soit avant le début de la série. Curieux car cette histoire a des relents de “Breaking Bad” avec son chimiste capable de créer de la drogue ultra-pure et super puissante. Par moments confuse (les scénaristes avaient-ils fumé ?), l’histoire prend des chemins parfois tortueux pour nous faire comprendre les dangers de la drogue (un sosie de Michael Jackson meurt en aspirant une pipe de crack) et on ne comprend pas trop bien pourquoi surgit une obscure guerre des gangs (amenée en bouche-trou pour faire durer l’épisode ?). Par contre, Mack, le méchant de l’histoire, retient l’attention par sa brutalité et son manque d’humanité. Ce qui en fait un des bad guys mémorables de la série tandis que d’autres pêchaient par leur manque de personnalité ou sombraient dans la caricature. Pas assez travaillée, la relation entre Tubbs et son ancien équipier, Clarence, ne nous émeut pas ; ce dernier n’ayant rien d’attachant, ni de sympathique. Par contre, la présence pleine d’humour de l’indicateur Izzy Moreno vient détendre l’atmosphère assez tendue qui parcourt tout cet épisode. L’échange de coups de feu à la fin se passe dans une certaine cacophonie plutôt brouillonne, voire ridicule. Mais une fois n’est pas coutume, le récit se termine bien et ne laisse pas nos héros sur un sentiment d’échec. Anecdotes :
Scénario : Michael Duggan, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : Daniel Attias Résumé : Colombie, 1986. Un bus rempli de passagers s’arrête. Une bande de pirates pénètre dans le véhicule et arrache les bébés des bras de leur mère. Un Américain les sélectionne pour les revendre à de riches couples de Floride. Plus tard, Crockett et Tubbs interceptent l’avion avec la cargaison de bébés à bord. Après avoir abattu les trafiquants, ils découvrent plusieurs bébés morts et le corps de Maria. Evanouie, cette jeune maman a fait le voyage clandestinement à Miami pour retrouver son fils, enlevé 16 mois plus tôt. Gina et Trudy demandent à Castillo de pouvoir suivre l’affaire. Leur enquête les conduit à l’avocat Howard Famiglia… Critique : Cet excellent épisode change de trafic (la drogue) pour un autre tout aussi ignoble : la traite des êtres humains, en l’occurrence d’innocents bébés. La détresse éprouvée par des mamans seules et pauvres parcourt cet épisode ponctué de très beaux moments, surtout à la fin où l’on comprend que la possibilité d’une vie meilleure pour son enfant l’emporte sur la nécessité de rester ensemble à tout prix. Dans la foulée, l’histoire montre aussi les difficultés des immigrés qui affrontent mille dangers pour arriver aux USA en espérant mener une vie plus digne. Autre atout, les seconds rôles féminins, Gina et Trudy, passent au premier plan et disposent d’un temps de présence plus important que d’ordinaire. En effet, la série a le défaut d’être assez macho et sexiste, reléguant les femmes au second plan, quand elle ne les présente pas comme victimes ou prostituées, ce qui n’est pas mieux. Par contre, on regrettera le rôle assez caricatural de Famiglia, l’avocat à l’origine du trafic de bébés. L’épisode aurait pu proposer de remonter la filière jusqu’en Colombie et de faire tomber tout le réseau. Il est vraiment naïf de croire qu’un seul homme régente un réseau et que sa disparition mène à la fin du trafic. Sans doute cette option a-t-elle été choisie pour des raisons de dramatisation et de focalisation du spectateur sur un seul méchant. Quoiqu’il en soit, la réalisation sobre et efficace de Daniel Attias permet de classer cet épisode parmi les bonnes surprises de cette 3ème saison. En tous cas, il fait partie de ceux qui apportent une certaine réflexion après leur vision. Anecdotes :
Scénario : Dennis Cooper - Réalisation : Fred Walton Résumé : La brigade des Moeurs de Miami effectue une descente dans le quartier chaud et arrête plusieurs clients en compagnie de prostituées. Parmi eux, Crockett appréhende le jeune Vic Romano en possession de drogue. Surprise, c’est un policier de la brigade des stupéfiants. Marié et en mission d’infiltration depuis plusieurs semaines, Vic est tombé amoureux de Carla, une jolie prostituée. Le jeune flic a obtenu la drogue via son indic, Roxanne. Mais celle-ci avait le même proxénète que Carla : un certain Silk. Crockett et Tubbs s’attaquent au truand et à son réseau… Critique : Cet épisode se centre à nouveau sur les dangers liés au métier de flic infiltré dans des réseaux de trafiquants. A force de trop se prendre pour un personnage qu’on incarne, on risque de passer de l’autre côté. Thème déjà abordé avec le mémorable épisode Haut les cœurs ! (Heart of Darkness, 2ème épisode de la 1ère saison). Difficile de ne pas voir un parallèle entre la situation de Crockett et Vic Romano, le jeune flic trop longtemps en mission d’infiltration. Crockett le prend sous son aile et essaye de le ramener à la raison. A ce niveau, cet aspect de l’épisode se révèle assez intéressant. Par contre, la relation entre Vic et Carla, la prostituée, n’a rien d’original. Dépeinte de façon assez plate, elle ne nous émeut guère. On aurait pu avoir quelque chose de tragique et épique dans le style de Romeo & Juliette mais hélas, la sauce ne prend pas. De même, Silk, le maquereau incarné par Wesley Snipes, a tout du cliché (cruel, cupide, bagues voyantes, vêtements de luxe). Tout comme le jeu stéréotypé de Tubbs en proxénète concurrent ne convainc pas vraiment. La relation entre Tubbs et Carla n’est pas plus intéressante que celle avec Vic Romano. On ne ressent pas vraiment l’empathie de Tubbs pour la jeune femme comme il en avait pour Jackie dans Cette femme est dangereuse (2ème saison, 15ème épisode). Au final, c’est le sentiment qui domine tout au long de cet épisode : on ne croit pas trop aux relations entre les protagonistes, la mise en scène assez terne achève d’enterrer cet épisode au cimetière des « peu mémorables ». Curieusement, il a assez mal vieilli alors que les épisodes de la 2ème saison résistent mieux au passage du temps. Pour finir sur deux aspects positifs, retenons la fusillade de la fin, rythmée et spectaculaire et surtout, la question du sens : Crockett et Tubbs se demandent si leurs actions ont des effets positifs sur la rue. Ils espèrent que Carla sortira de la prostitution. La dernière image de l’épisode répond à cette question, sans angélisme. Intéressant. Anecdotes :
11. PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES Scénario : Gustave Reininger, W.K. Scott Meyer et Michael Duggan - Réalisation : Jan Eliasberg Résumé : Miami, 1980. Frankel, coéquipier de Crockett, est tué chez lui par Hackman, un criminel sur lequel enquêtaient les policiers. Arrêté par Crockett, Hackman attend sa condamnation à mort et clame son innocence. Un prêtre contacte Crockett et Castillo et leur apprend qu’un de ses paroissiens affirme avoir été avec Hackman le même jour et la même heure où Frankel a été tué. Troublé, Crockett met tout en oeuvre pour découvrir la vérité sur l’innocence présumée d’Hackman… Critique : Un épisode riche d’enseignements pour Crockett : ses croyances sur la peine de mort sont remises en question quand Hackman, un truand, est condamné à la peine capitale. Durant toute sa durée, l’épisode entretient savamment le doute : Crockett va-t-il laisser mourir un innocent ou non ? Au fond de lui, le policier sait qu’il ne doit pas faire libérer ce braqueur. Mais voilà, son sens de la justice ne lui permet pas de se dire que ce n’est plus son problème étant donné le passé criminel du condamné. Prenant, l’épisode ne fait pas l’apologie de la peine de mort mais pose la question de savoir si elle est fondée ou non. Le face à face avec le criminel, superbement souligné par la chanson We do what we’re told de Peter Gabriel (à nouveau issue de l’album So), illustre bien le doute qui assaille le flic. Au passage, l’épisode fustige les campagnes de réelection menées par des procureurs partisans de la peine de mort. Quand Crockett demande de l’aide à un procureur en lice afin de faire libérer Hackman, le politicien refuse et le policier lui répond : “Chez vous les politiciens, la conscience, c’est en option !” L’histoire aborde également le thème de la rédemption en faisant ouvertement référence à des écrits religieux : tout d’abord, dans le titre; ensuite quand Crockett et Castillo rencontrent un prêtre dans une chapelle et enfin, quand nous voyons le collier avec une croix d’Hackman (finement joué par Guy Boyd, cynique au possible). La fin désillusionnée de cet épisode trouvera une conclusion dans Délivrez-nous du mal (4ème saison), sorte de conclusion à Pardonnez-nous nos offenses. Un des meilleurs épisodes de toute la série. Anecdotes :
12. LA LOI DU RING : 1RE PARTIE Scénario : Dick Wolf et John Schulian, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : Richard Compton Résumé : Un soir, Zito invite Crockett, Tubbs et Switek à assister à un combat de boxe. Durant le match, Crockett reconnaît Oswaldo Guzman, un trafiquant qui trempe dans tous les trafics (prostitution, jeu, drogue, …). Guzman investit dans la boxe et s’intéresse de près à Bobby Sikes, un talent prometteur coaché par Moon, un ami de Zito. Sous l’identité de Burnett et Cooper, Crockett et Tubbs proposent à Guzman de diffuser les matches de boxe à la télévision… Critique : En phase avec l’immense succès de « Rocky IV » (1986) tourné à la même époque, la série propose sa version de la boxe mais sans le même punch (les combats sont filmés plutôt platement) et heureusement, sans relents idéologiques (pas de méchants russes ici). Pour changer, notre duo policier se fait passer pour des promoteurs de boxe au lieu de trafiquants de drogue. L’épisode retient quelque peu l’attention car il s’agit de la dernière apparition de John Diehl dans le rôle de Zito. Fatigué de voir son personnage peu développé par les scénaristes, l’acteur quitta la série pour se consacrer à… une carrière de boxeur qu’il mena avec succès, détenteur notamment de « Golden gloves » (prestigieux prix de boxe). Plutôt stéréotypé, le trafiquant Guzman, incarné par Pepe Serna, amuse plus qu’il n’inquiète. Quand Crockett se moque ouvertement de lui, le gangster réagit à peine. Du reste, l’épisode n’a pas grand intérêt et on se demande bien pourquoi l’avoir étiré en deux parties, si ce n’est faire durer pour durer. D’autant plus que le scénario tient sur une feuille de papier à cigarettes. La fin se termine de façon tragique pour Zito et sur le visage traumatisé de Switek (son interprète Michael Talbott n’est pas un grand acteur, sa palette d’émotions apparaît clairement comme limitée). Sur le plan visuel, on peut dire qu’il s’agit d’un épisode bien réalisé mais qui souffre d’un manque de rythme et de tonus, un comble pour parler de boxe… Anecdotes :
Scénario : Dick Wolf, John Schulian, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : Richard Compton Résumé : Larry Zito a été retrouvé mort par son coéquipier Stan Switek. Tous ses collègues sont présents à son enterrement. Le Lieutenant Castillo charge son équipe de coincer Guzman, le trafiquant commanditaire du meurtre de Zito. La police des polices conclut que son décès fait suite à une overdose. Furieux, Switek veut rétablir l’honneur de son partenaire. Pendant ce temps, Giulinni, un redoutable mafieux de Las Vegas, n’entend pas se faire concurrencer par Guzman et se rend à Miami pour régler ses comptes… Critique : Un peu plus rythmée, cette seconde partie traite, une fois encore, de la vengeance : Switek va-t-il rendre justice à Zito ? Tout se met en place pour aller dans ce sens. Le début de l’épisode offre également une impressionnante poursuite de nuit en voitures où Crockett sème les hommes de main de Giulinni, un inquiétant mafieux décidé à éliminer Guzman, le trafiquant vedette de ce double épisode. Les quelques moments où Crockett négocie avec les mafieux sont amusants même si on pourra être agacé par la frime supercielle de Don Johnson, tandis que Tubbs paraît très effacé à ses côtés (sentiment qui domine tout au long de cette 3ème saison). La fin de l’épisode débouche sur un solide échange de coups de feu dans un centre commercial avec un moment étonnant : Crockett continue à tirer tout en glissant sur le sol avec son corps (une manière intelligente et efficace d’offrir le moins de contacts possibles de tir à ses ennemis). Bien filmée et montée, la scène retient l’attention par son efficacité. Du reste, l’épisode remplit son cahier des charges : tension, suspense, poursuites, fusillades, résolution. Sans temps morts mais sans réel intérêt non plus. Bref, une deuxième partie convenable, à défaut d’être mémorable. Anecdotes :
Scénario : Eric Estrin & Michael Berlin - Réalisation : Virgil W. Vogel Résumé : Invités chez Rojas, un trafiquant notoire, Crockett et Tubbs sont attaqués par des hommes cagoulés. Un de leurs collègues de la police de la ville intervient et se fait tuer ainsi que Rojas. Les policiers poursuivent les malfrats. Ils parviennent à en éliminer plusieurs tandis que d’autres s’enfuient. Alors qu’ils cherchent à les retrouver, Crockett et Tubbs découvrent qu’un certain Vasquez a participé au putsch manqué contre Cuba en 1962. Mais il travaille toujours pour les services secrets américains et l’agent Slade leur interdit de le l’arrêter… Critique : Après les terroristes de l’IRA et les journalistes avides de dénoncer les scandales du Gouvernement américain, voici un nouvel épisode à teneur politique. Sur fond d’opposition à Castro et à son régime cubain (le titre original de cet épisode est Cuba Libre, tout est dit), l’histoire suit les tentatives d’un groupe paramilitaire cherchant à reprendre le pouvoir à Cuba. En filigranne, l’épisode rappelle un douloureux événement de la Présidence de John F. Kennedy (l’affaire de la Baie des Cochons en 1962 fut un fiasco). Acteur de cette prise de pouvoir ratée, le personnage de Vasquez fait directement référence à cette période trouble de l’histoire des Etats-Unis. C’est aussi un choc générationnel puisque Vasquez et le jeune guérillero Zamora ne partagent pas le même point de vue quant à la façon de reprendre le pouvoir à Cuba. S’il n’est pas toujours bien mené au niveau du suspense, cet épisode s’apprécie pour sa critique du Gouvernement américain, dénonçant les actions des services secrets qui trempent dans des affaires louches au nom d’“intérêts supérieurs.” Le personnage de l’agent secret Slade, en cheville avec Vazquez, représente bien cette arrogance qui se croit au-dessus des lois. Dans l’ensemble, on aurait aimé un peu plus de profondeur dans les personnages, assez antipathiques au demeurant. Ceux-ci restent à l’état de cliché, sentiment renforcé par toute la panoplie qui va avec (tenues militaires, bérets basques, dingues de la gâchette). On sent une histoire un peu approximative et la réalisation, assez plate, n’apporte pas grand chose de plus. Pour combler ce manque, les scènes de fusillades à la fin font office d’écran de fumée. Un épisode peu marquant. Anecdotes :
Scénario : Marvin Kupfer - Réalisation : John Nicolella Résumé : Saïgon, 1972. Le Lieutenant Castillo arrive sur les lieux d’un crime. Une prostituée a été tuée à coups de couteaux. Sur un mur, avec son sang, le tueur a écrit “Pute Vietcong.” Miami, 1986. Les mêmes meurtres recommencent. Arrive l’Inspecteur Van Trahn que Castillo a connu au Vietnam. Les deux hommes sont persuadés qu’il s’agit du même tueur, un vétéran. Castillo charge Crockett et Tubbs d’interroger d’anciens soldats dans un centre de revalidation. Il faut à tout prix arrêter le tueur… Critique : L’ombre de la guerre du Vietnam plane à nouveau sur la série dans cet épisode à l’ambiance très noire. Après les épisodes Le Triangle d’or (1ère saison) et Pourquoi pas ? (2ème), c’est aussi l’occasion d’en découvrir un peu plus sur le passé du lieutenant Castillo (la série étant assez avare à son sujet). D’emblée, les relations avec Van Trahn de la police de Saïgon sont touchantes. Peu de mots, quelques regards, beaucoup de silences ; cela suffit pour comprendre le respect et l’amitié que partagent les deux hommes. En début d’épisode, nous percevons une autre forme d’attachement et d’amour naissant, celui de Crockett pour sa nouvelle petite amie, le Docteur Thérésa Lyons (qui fera l’objet d’un épisode juste après celui-ci). L’épisode a le bon goût de ne pas coller l’étiquette “tueur d’enfants et de prostituées” aux vétérans du Vietnam. L’histoire insiste particulièrement (comme dans Bon retour dans la 2ème saison) sur les traumatismes et les vies brisées des combattants. Malgré les pressions de Castillo, Crockett (lui-même vétéran) et Tubbs rechignent à interroger les ex-soldats, en revalidation dans un centre spécialisé. Si l’identité du tueur et sa personnalité sont rapidement dévoilées au spectateur, on regrettera le côté assez basique du personnage auquel le jeu de Michael Wright n’appporte pas grande nuance (il est fou et c’est tout, jeu dans lequel se spécialisera l’acteur puisque plus tard, il incarnera un taulard frappadingue dans la série carcérale Oz). A nouveau, la raison d’état l’emporte sur la sécurité des citoyens puisque le tueur est protégé par un membre des services secrets qui l’utilise pour accomplir ses basses besognes. Hormis ces quelques fausses notes, on appréciera cet épisode pour sa beauté visuelle (les scènes dans l’hôtel art déco) et l’attachante relation fraternelle entre Castillo et Van Thran, superbement illustrée par la lettre que ce dernier adresse au Lieutenant en fin d’épisode et que nous entendons en voix-off. Un excellent épisode. Anecdotes :
Scénario : Pamela Norris – Réalisation : Virgil W. Vogel Résumé : Crockett et Tubbs surveillent le trafiquant Joey Wyatt. Ce dernier est sur le point de se faire livrer une grosse cargaison de drogue par hélicoptère. Mais leur coup de filet échoue quand une brigade de surveillance du quartier arrive gyrophares allumés : Wyatt et ses hommes se débarrassent de la drogue. Peu après, Crockett échange des mots doux avec Thérésa, sa nouvelle petite amie qui est aussi médecin dans un hôpital. Mais la jeune femme souffre de toxicomanie et se fournit chez Rudy Ramos, un complice de Wyatt. Ramos lui fournira la drogue en échange d’informations sur Wyatt qui se trouvent dans les dossiers de Crockett… Critique : Après l’architecte Brenda dans Nul n’est immortel (saison 1, épisode 20), voici Thérésa Lyons, jolie doctoresse dont Crockett tombe éperdument amoureux. Hélas, le policier n’a pas de chance en amour : accro aux drogues, elle menace sa crédibilité de policier et le conduit dans les griffes de la police des polices (encore..., après Une belle prise, 2ème saison et avant Un sale métier, 3ème saison). Plutôt touchant, cet épisode nous montre un Crockett doux et sensible. Prêt à tout pour sauver son amoureuse, tel un chevalier blanc. Malheureusement, la nature même de sa profession empêche toute relation stable, comme ses collègues (Tubbs, Gina, Switek, …). Personne n’est épargné. Crockett se retrouve pris en tenaille entre les « bœuf carotte » et le trafiquant. Situation très inconfortable que l’épisode nous fait bien ressentir. A l’aise dans le registre de (faux) flic ripou - pour changer de Burnett, son alias de trafiquant -, Crockett joue habilement avec les nerfs de Wyatt, trafiquant particulièrement gluant incarné à la perfection par un Brad Dourif habité. Par contre, on se demande s’il n’y a pas eu une erreur de casting concernant Thérésa. Si Helena Bonham Carter lui donne une certain intensité en soulignant son côté fragile et dépassé, on ne la sent pas vraiment amoureuse de Crockett, ni réellement attachée à lui. L’alchimie ne fonctionne pas vraiment… et du coup ne rend pas leur relation totalement crédible à l’écran. Enfin, la bagarre finale, plutôt mal chorégraphiée, montre clairement que ce n’est pas Brad Dourif qui prend une raclée mais bien sa doublure. Les coups que Crockett donne à Wyatt ont un quelque chose de ridicule, notamment quand il tape à côté de la tête du trafiquant ( ?). Bref, un épisode poignant et intéressant pour la nouvelle image plus sensible de Crockett mais non exempt de défauts. Anecdotes :
17. L'AVION Scénario et réalisation : David Jackson Résumé : Après s’être blessé au pied, Tubbs part en vacances avec son amie Alicia Austin à Saint Gerard, une petite île des Caraïbes. Sur place, ils tombent sur Wolf, un meurtrier qu’il avait arrêté et curieusement en liberté. A l’hôtel, Tubbs entend un enfant prononcer le nom de Calderone et comprend qu’il a été piégé. Le fils de Calderone a juré de se venger. Tubbs demande de l’aide à plusieurs habitants mais personne ne veut l’aider. L’heure tourne : Calderone arrivera par l’avion dans l’après-midi… Critique : La trame de cet épisode s’inspire ouvertement d’un classique du western « Le train sifflera trois fois » (High Noon, 1952) où Gary Cooper se retrouve seul dans une petite ville remplie de lâches. Amusant de noter que le nom que Tubbs utilise souvent quand il opère comme trafiquant est… Cooper (une référence à l’acteur mythique ? Troublante coïncidence). Ici, on retrouve le même scénario où Tubbs est confronté au fils de Calderone, Orlando. D’où le titre L’avion qui annonce l’arrivée du méchant, comme dans le western. C’est aussi la suite et la conclusion du dernier épisode de la 2ème saison : On connaît la chanson (épisode 22) où Tubbs recevait, tout à la fin, une lettre de Calderone avec le message « Je reviendrais ». On apprécie de voir Tubbs un peu plus mis en valeur dans cet épisode, ce qui change du rôle de faire-valoir de Crockett dans la majeure partie de la série. Ce dernier n’apparaît d’ailleurs qu’un bref instant en début d’épisode. Philip Michael Thomas s’en sort assez bien, plutôt convaincant dans les moments de tension et parvient à exprimer tour à tour colère, frayeur, courage et amour. Du reste, le scénario suit celui du western sans ajout supplémentaire, se contentant d’un simple « copier / coller ». La mise en scène parvient cependant à nous maintenir en haleine, par la tension qui augmente crescendo et la fusillade finale où Tubbs aura fort à faire, seul contre tous. La fin se révèle même un peu frustrante car on ne sait pas s’il pourra vivre une belle histoire d’amour ou pas (on peut supposer que non puisque le personnage d’Alicia ne reviendra plus par la suite). Cela dit, l’ensemble n’a rien de vraiment original. Passable sans plus. Anecdotes :
18. ET ALORS, ON EST SOURD ? Scénario : Michael Duggan, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : James Quinn Résumé : Crockett et Tubbs surveillent le trafiquant Alexander Dykstra. Une livraison doit arriver par hydravion. Après une folle course poursuite en bateau, ils ne trouvent pas la drogue. Paranoïaque, Dykstra fait appel aux services de Steve Duddy, ex-flic et expert en moyens de surveillance, pour détecter les micros que la police aurait placé chez lui. Crockett connaît Duddy et lui demande d’aider la police de Miami à mettre Dykstra sur écoute. Mais le policier ne sait pas que Duddy travaille aussi pour le trafiquant… Critique : Dans cet épisode au climat quelque peu anxiogène, la thématique tourne autour des moyens de surveillance et de leur utilisation (un des thèmes préférés de Michael Mann, notamment dans son dernier film Hacker). Ces technologies sont personnifiées par Steve Duddy (John Glover), un ex-flic reconverti comme expert en surveillance. Seul hic, le bonhomme joue sur les deux tableaux en louant ses services à la pègre et à la police. Pour agaçant que soit l’ex-flic (il adore se mettre en scène et rire aux dépens des autres), on ne peut s’empêcher de le trouver sympathique. L’aspect le plus intéressant concerne le sentiment de paranoïa qu’exprime Duddy : « On a beau penser tout contrôler, un jour on n’est jamais sûrs qu’on ne sera pas surveillés à notre tour », confie-t-il en substance à Crockett et Tubbs, étonnés d’une telle confession. Cette paranoïa prend vie de manière inquiétante quand le trafiquant Dykstra liquide, sans sourciller, sa compagne qu’il soupçonne d’avoir couché avec un autre. Autre aspect notable : la vie absolument pas glamour d’un flic de Miami. Si les saisies effectuées lors d’arrestations permettent de donner toute la crédibilité à leur couverture de flic infiltré (vêtements, bateaux, voitures, argent), la réalité est toute autre : Crockett avoue ne pas savoir payer ses dettes et exprime un net ras-le-bol de devoir subir un contrôle fiscal tout en n’étant pas sûr d’obtenir un prêt bancaire. Soulignons encore le remarquable travail de la direction de la photographie sur cet épisode, privilégiant les ambiances vertes (lors des scènes nocturnes) au moyen d’éclairages savamment étudiés. Vers la fin, les teintes rose, toujours filmées de nuit, prédominent pour « personnifier » la maison de Duddy et donnent une ambiance très particulière, à la frontière de l’onirique et du réel. Dernier aspect qui donne tout son « sel » à ce bon épisode : jusqu’où mène le double jeu ? Duddy la joue finaude et se révèle un redoutable manipulateur, malin et intouchable. Quoique l’image de fin nous laisse supposer le contraire quand elle se fige sur son visage effrayé… Anecdotes :
Scénario : Jonathan Polansky, d’après une histoire de Dennis Cooper - Réalisation : Gabrielle Beaumont Résumé : Chaque fois que la police effectue une descente pour attraper des criminels, un piège mortel les attend de l’autre côté de la porte. Visiblement, une « taupe » au sein de la police informe les criminels. Lors d’une descente, Crockett et Tubbs, accompagnés de deux jeunes flics, tombent dans un piège. Un des jeunes meurt. C’en est trop pour Tubbs qui donne sa démission à Castillo, au grand dam de Crockett… Critique : Dans cet épisode bien mené et réalisé par la britannique Gabrielle Beaumont, nous nous demandons si Tubbs a décidé de passer de « l’autre côté ». Après la mort d’un collègue lors d’une descente, le policier jette l’éponge et rejette Crockett qui tente de le raisonner. Etonnant. S’il se révèle convaincant lorsqu’il se met en colère, on est nettement moins impressionnés quand il joue les « bad guys ». Sans doute son manque de charisme et son côté un peu trop lisse y sont-ils pour quelque chose ? Si le scénario n’a au final rien de révolutionnaire, on apprécie la tension et l’ambiguïté que la mise en scène parvient à maintenir tout au long de l’épisode, nous faisant douter jusqu’aux derniers moments de la corruption supposée de Tubbs. Emmené dans des transactions louches, le flic noir tente de remonter la filière et de démasquer la « taupe » responsable de la mort de plusieurs de ses collègues flics. Cet aspect-là retient nettement moins l’attention que l’ambiguïté qui entoure Tubbs et son changement d’attitude. Enfin, le passage de flambeau à la nouvelle génération se fait de manière touchante au travers du personnage de Lou Diamond Philips, jeune flic nerveux et entièrement dévoué à son travail. Malheureusement, comme souvent évoqué dans de précédents épisodes, les missions et leurs dénouements finissent dans la désillusion et la déception. Désabusé, Tubbs confie à Crockett qu’il ne « sait plus ce qu’il défend ». Constat amer sur lequel se referme cet épisode intéressant qui nous en apprend plus sur l’évolution des personnages principaux. Anecdotes :
Scénario : John Schulian, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : Don Johnson Résumé : Témoin de l’assassinat de son client par de dangereux malfrats à la solde d’un certain Togaru, la call girl Ali Ferrand se réfugie chez son amie Christine Von Marburg. Connue dans les cercles d’affaires de Miami, celle-ci fait la connaissance de Crockett, sous l’identité de Burnett, lors d’une soirée. L’attirance est immédiate et Crockett tombe amoureux. Mais il ignore que Christine est à la tête d’un réseau de prostitution à la solde de Togaru… Critique : Dans cet épisode plutôt bancal, nous assistons à du badinage amoureux sans grand intérêt entre Crockett et Christine, une supposée femme d’affaires qui cache sa réelle activité. Cette histoire d’amour ne fait pas beaucoup avancer un scénario qu’on sent peu fouillé (enjeux ténus, pas de développement psychologique particulier, progression floue). L’épisode vaut surtout pour en savoir un peu plus sur les émotions et le parcours amoureux de Crockett. Quand le policier apprend la vérité sur le vrai métier de Christine, ce sera le choc et il déclare à Tubbs : Une droguée et maintenant une prostituée. Je fais ce boulot depuis trop longtemps. Tout est dit. Après les problèmes de drogue de son ex-petite amie, la doctoresse Thérésa Lyons (lire plus haut, 16ème épisode), le flic blond semble décidément condamné à l’impossibilité d’une relation amoureuse stable et durable. Alors qu’il avait fait du très bon travail de metteur en scène et d’acteur sur l’épisode Bon retour dans la 2ème saison, on sent que Don Johnson, à nouveau devant et derrière la caméra, a voulu se faire plaisir en filmant son ex-femme Mélanie Griffith avec qui il semblait retisser des liens amoureux dans la vraie vie (de fait, à la fin de la série en 1989, il l’épousa en secondes noces avant de divorcer à nouveau quelques années plus tard). Côté « bad guys », les méchants sont caricaturaux au possible et peu développés sur le plan psychologique (un gros bouclé à tête de démon et un George Takei qui joue le péril jaune, à des années-lumière – c’est le cas de le dire – du sympathique M. Sulu qu’il campait dans la série et les films Star Trek). Restent quelques moments savoureux avec l’indicateur Izzy Moreno, très drôle en photographe français qui parle boudoir et porte un béret basque. Soulignons encore le côté spectaculaire de la scène de fusillade finale. Bien pensée et chorégraphiée, elle rend compte de toute la tension ressentie par les policiers quand ils comprennent que leur couverture a été grillée. Du reste, l’épisode figure parmi les plus faibles de cette saison. Dommage. Anecdotes :
21. COUCOU, QUI EST LÀ ? Scénario : Bruce A. Taylor, d’après une histoire de Michael Duggan, John Schulian et Dick Wolf - Réalisation : Tony Wharmby Résumé : Lors d’une transaction de drogue avec un trafiquant nommé Montoya, Crockett et Tubbs se font dépouiller par des agents de l’agence anti-drogues. Après la descente, Castillo se renseigne et constate qu’aucune descente n’était inscrite au programme de l’agence. D’autres descentes ont lieu et la police des polices soupçonne Crockett d’être corrompu. Le policier soupçonne une connaissance d’être à l’origine de ces saisies illégales… Critique : Depuis le début de la série, la question nous taraude : Crockett et Tubbs vont-ils passer de l’autre côté ? Devenir les méchants ? Cet épisode nous montre ce qu’il arrive à Linda Colby, une femme flic qui a franchi le cap. A la tête d’une unité de l’agence anti-drogues (en vo : DEA : Drug Enforcment Agency), c’est une femme à poigne. On apprécie de la voir dans un rôle de dirigeant, fait assez rare dans les séries des années 80 encore marquées par un machisme ambiant auquel n’échappe pas la série. Contrainte de trouver de l’argent pour payer le traitement de son fils qui souffre d’une maladie, elle s’acoquine avec un trafiquant qui la fait chanter. Jusqu’à mettre en péril la couverture d’un collègue : Crockett. Ce dernier comprend petit à petit ce qui se trame et ne peut s’empêcher d’établir un parallèle entre ce qu’il aurait pu devenir s’il avait choisi la voie du mal (la fin de la saison 4 franchira le pas). Evidemment, l’épisode souligne le travail de la Police des Polices, bien décidée à faire tomber les policiers soupçonnés d’être corrompus. Si Crockett ne se laisse pas faire par le « bœuf carotte » qui le harcèle, on sent bien qu’il se retrouve pris dans une toile d’araignée dont il peine à s’extraire… De facture classique, la réalisation souligne la rapide descente aux enfers de cette femme flic désespérée. Montoya, le méchant incarné par Ian McShane a une réelle épaisseur et l’acteur joue de façon très subtile, alternant humour et angoisse avec talent. La scène finale de fusillade, au milieu de la foule, montre à nouveau le danger vécu par des policiers infiltrés dont la couverture est menacée par des trafiquants. Comme dans la 2ème partie de « La loi du Ring » (voir plus haut), Crockett tire en glissant sur le sol avec son corps, accentuant le côté extrêmement rapide des échanges de coups de feu. Malgré un sursaut de conscience, la femme flic devra affronter les conséquences de ses choix et la fin montre souligne clairement qu’aucun retour n’est possible. Anecdotes :
22. UN COUP DE FROID Scénario : Michael Duggan, Dick Wolf, d’après une histoire de John Milius - Réalisation : James Quinn Résumé : Lors d’une opération, Crockett tue un dangereux membre d’un gang de bikers. Sorti de prison, l’homme de main de ce dernier a juré de se venger des responsables de la mort de son ami. Il retrouve tous les protagonistes et les élimine les uns après les autres avant de s'en prendre à Tubbs et finalement à Crockett… Critique : Le plus mauvais épisode de cette 3ème saison : scénario nul, méchants très basiques et banale histoire de vengeance, menée sans crescendo ni tension. L’inexpressif Reb Brown, ancien culturiste et boxeur, se contente de reproduire les recettes qui ont fait le succès d’Arnold Schwarzenegger dans « Terminator » : maxillaires tendues, muscles saillants et punchlines courtes. La musique et les motos renforcent le côté très eighties de cet épisode qui a mal vieilli, en comparaison avec ceux des autres épisodes. Même l’apparition comique de l’indicateur Izzy Moreno n’arrive pas à injecter un peu d’humour dans une histoire plate et qui se prend terriblement au sérieux. Une légère petite inquiétude se fait ressentir quand Tubbs échappe de peu à la mort. Hélas, la scène où Crockett va le voir sur son lit d’hôpital fait très tournage en studio et perd en crédibilité. Les scènes d’action manquent de peps, lourdes comme le physique des méchants de service. La bagarre finale entre Crockett et le méchant n’a guère d’intérêt, rapidement expédiée et peu vraisemblable. Décevant et franchement mauvais. Anecdotes :
23. SALUT LES ARTISTES Scénario : Dick Wolf, Michael Duggan, d’après une histoire de Walter Kurtz - Réalisation : Richard Compton Résumé : Lors d’une rencontre avec le trafiquant Don Gallego, Tubbs et ce dernier se font braquer par deux hommes masqués. Ceux-ci s’emparent d’une mallette contenant une grosse somme d’argent. Crockett réussit à identifier les voleurs : il s’agit de deux comédiens de théâtre dont l’un, Mikey, a été arrêté plusieurs années plus tôt par le policier. Furieux, Gallego cherche à récupérer la mallette et à se venger des braqueurs. Crockett et Tubbs protègent les comédiens tout en essayant d’arrêter le trafiquant… Critique : Pour changer, l’univers de Deux flics à Miami s’intéresse au milieu des comédiens de théâtre. Evidemment, l’angle d’attaque tourne autour de la drogue. Au travers de Miky, ancien comédien de théâtre renommé sorti de prison, nous suivons la déchéance d’un petit délinquant qui cherche une forme de rédemption dans les paradis artificiels. Durant une scène-clé de l’épisode, Crockett raconte à son coéquipier Tubbs qu’après avoir arrêté Mikey, ce dernier lui a envoyé une lettre 6 mois plus tard pour le remercier : en taule, il a pu se sevrer et reprendre sa vie en main. Tubbs prévient : Drogué un jour, drogué toujours. Et c’est tout le dilemme de Crockett… Comment sauver quelqu’un qui ne veut pas être sauvé ? Phénomène récurrent dans la série et dans les aventures du policier blond. Malheureusement, le personnage de Mikey et son interprète n’ont rien d’attachant, ce qui nuit à l’adhésion du spectateur à l’histoire. Un récit guère intéressant, se résumant à un gangster qui cherche à tuer le petit minable qui l’a dépouillé. Malgré ses accents parfois shakespeariens (la scène où Crockett échange des répliques théâtrales avec Mikey sous un préau rempli de tables d’échecs) et malgré les efforts de Don Johnson, la sauce ne prend pas et laisse un sentiment d’indifférence polie. La fin laisse supposer que Mikey, drogué pathologique, serait aussi un arnaqueur en cavale. Fin curieuse mais ce n’est pas grave, on s’en fout. Dommage. Anecdotes :
24. LES LENDEMAINS DE LA RÉVOLUTION Scénario : John Schulian, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : Gabrielle Beaumont Résumé : Cuba, 1961. Lors d’une prestation musicale dans un night-club, un soldat cubain tue une chanteuse sur scène. Miami, 1987. Crockett et ses collègues surveillent un trafiquant de drogue nommé Pedroza. Lorsque Switek prend des photos des allées et venues, il remarque la présence d’un inconnu. Castillo se renseigne auprès de ses contacts des services secrets. Il s’agit d’un espion est-allemand nommé Klaus Herzog. Que fait-il là ? Gina découvre qu’il était l’amour de sa mère, la chanteuse tuée à Cuba par le soldat qui n’était autre que Pedroza. L’espion vient la venger… Critique : Encore une histoire de vengeance… Décidément, le soleil de Miami attise les passions plutôt que de les calmer. On craignait un traitement faiblard au regard des précédents épisodes mais au final, ce « season finale » se révèle une bonne surprise et ose aborder la question de l’immigration cubaine dans une histoire aux accents politiques. Plus axé sur Gina, jusqu’ici cantonné à un rôle de second plan (hormis un épisode dans la seconde saison) ; la réalisation s’attarde sur le bouleversement que l’espion allemand provoque dans la vie de la policière. Ce qui donne lieu à de belles scènes entre Gina et l’ex-amour de sa mère, mêlées à la fois de méfiance et de tendresse. Saundra Santiago apporte beaucoup de douceur et de sensibilité à son personnage, surtout dans les scènes dramatiques. La réalisatrice Gabrielle Beaumont a sans doute grandement contribué à donner un aspect plus « féminin » à cet épisode bien mené et intéressant visuellement (les scènes finales dans le night-club et la rue alternent les couleurs chaudes et froides et renforcent l’impression du temps qui passe). Evidemment, comme dans la plupart des épisodes, on regrettera le côté caricatural du méchant : Pedroza est un ancien militaire à la solde de Castro, très très méchant. Hormis ce côté basique, l’acteur hollandais Jeoren Krabbé apporte une certaine subtilité à son personnage, loin du rigide germanique de service. Avec le recul et l’effondrement du mur de Berlin, l’épisode prête un peu à sourire dans sa peinture des communistes. Mais c’était l’époque. Un bon épisode pour clôturer la saison, il était temps. Anecdotes :
|
Saison 5 1. Les souvenirs (1ère partie) (Hostile Takeover – Part 1) 2. Les souvenirs (2ème partie) (Redemption in Blood – Part 2 alias Hostile Takeover – Part 2) 3. Au cœur de la nuit (Heart of Night) 6. La ligne de feu (Line of Fire) 7. La filière asiatique (Asian Cut) 8. Tous les coups sont permis (Hard Knocks) 9. Le Fruit défendu (Fruit of the Poison Tree) 10. Possession fait loi (To Have & To Hold) 11. A contrecœur (Miami Squeeze)
12. Le dindon de la farce (Jack of All Trades) 13. Une dernière chance (The Cell Within) 14. La Madone a disparu (The Lost Madonna) 15. Au-delà des limites (Over the Line) 16. Les victimes de circonstance (Victims of Circumstance) 17. Un monde difficile (World of Trouble) 18. L’homme miracle (Miracle Man) 19. La grande croisade (Leap of Faith) 20. Trop, c’est trop tard (Too Much, Too Late) 21. La dernière aventure (Freefall)
Scénario : Ken Solarz et Scott Shepherd, d’après une histoire de Robert Ward - Réalisation : Don Johnson Résumé : Toujours amnésique, Crockett travaille désormais comme protecteur de la famille Carrera. Lors d’une soirée d’anniversaire, des hommes d’El Gato, trafiquant concurrent des Carrera, font irruption et tirent dans la foule. Crockett les abat. S’ensuit une guerre des clans dont Crockett espère tirer parti afin de créer son propre empire de la drogue. De son côté, Tubbs s’infiltre dans le réseau comme revendeur en espérant pouvoir ramener son ex-coéquiper à la raison… Critique : Mis en scène par Don Johnson, ce premier épisode de l’ultime saison intrigue et déçoit quelque peu. Passée la surprise due au changement de musique (Tim Truman remplace Jan Hammer, lassé au terme de la 4ème saison), on est intrigué car on se demande bien comment Sonny Crockett va retrouver la mémoire et surtout, la raison. Au début, lorsque Tubbs tente de lui remémorer le passé, Sonny revoit des images d’amitié et entend des mots d’amour. Malgré cela, son côté obscur l’emporte et il tire à nouveau sur son ancien équipier. La déception se situe surtout au niveau des nombreuses invraisemblances qui parsèment le récit. Alors qu’il travaillait pour Manolo à la fin de Le disparu (4ème saison, 21ème épisode), voici que Crockett/Burnett travaille à présent pour son ennemi, Carrera, lui-même en guerre contre « El Gato » qui était le frère de Manolo ! Vous avez dit tiré par les cheveux ? A part le contrôle du trafic de drogue, on ne comprend pas comment Burnett a pu évoluer comme homme de main dans le milieu alors que Manolo savait que c’était un flic ! Théoriquement, il aurait dû être tué. La fin du « Disparu » le voyait tuer Jimmy Yagovitch, le flic corrompu qui informait Manolo. On peut supposer que Crockett ait tué Manolo avant que ce dernier n’alerte ses contacts dans le milieu criminel. Mais comme le scénario ne s’en explique jamais, on ne peut s’empêcher de se poser la question. Sans oublier des gangsters tous latinos et caricaturaux au possible (soit des porcs, soit des envieux, soit des fous ; faites votre marché). Ensuite, comment Tubbs peut-il encore risquer sa vie alors qu’il s’était déjà fait tirer dessus par Crockett à la fin du précédent épisode ? Même si le « meurtre » (Tubbs portait un gilet pare-balles) a eu lieu dans une ruelle sombre, la logique voudrait que Castillo l’empêche de retourner sur le terrain. Ensuite, le thème du conflit père/fils, déjà maintes fois abordé dans la série, ne bénéficie pas d’un traitement original. On a vu mieux dans les précédentes saisons (Le piège, 2ème saison). Le scénario insiste lourdement sur la différence de générations, entre ceux qui ont « l’expérience de terrain » et ceux qui ont étudié à l’université mais ne connaissent rien à la pratique. Par contre, on apprécie les effets de caméra en début d’épisode : afin de montrer la folie qui ronge le cerveau du gangster « El Gato », Don Johnson n’hésite pas à le filmer de travers, illustrant subtilement son côté « décalé ». Les scènes de nuit bénéficient d’un éclairage bleuté qui renforcent le sentiment anxiogène vécu par le policier amnésique. En dépit de ces faiblesses, le montage vient sauver le tout d’un certain manque d’originalité : rythmé et trépidant, il nous accroche jusqu’au bout même si on a la nette impression qu’une deuxième partie était dispensable. Tout aurait pu tenir en un épisode, quitte à réduire le temps de présence des criminels à l’écran et mettre de côté les tensions entre père et fils qui n’apportent pas grand-chose à la progression du récit. Bref, une demi-réussite. Anecdotes :
Scénario : Ken Solarz et Scott Shepherd, d’après une histoire de Robert Ward - Réalisation : Paul Krasny Résumé : Après s’être débarrassé de la famille Carrera, Crockett est persuadé d’être son alter-ego Sonny Burnett. Désormais, il compte bien étendre son empire de la drogue en reprenant le réseau familial. Ses collègues policiers sont persuadés que Sonny a perdu la raison. Pourtant, l’ex-policier retrouve peu à peu ses esprits et dans une tentative de la dernière chance, espère convaincre Tubbs de faire tomber El Gato et Cliff King… Critique : A défaut d’être entièrement palpitante, cette seconde partie vient clore convenablement la saga de « Crockett devient fou en se prenant pour Burnett ». Les tensions qui règnent entre Burnett et le trafiquant Cliff King nous tiennent en haleine jusqu’à la fin. Le policier sera-t-il tué par son rival ? Comment se débarrassera-t-il d’El Gato tout en étant menacé par son camp ? Malgré un scénario plutôt convenu (Crockett échappe à un attentat à la voiture piégée. L’explosion lui fait recouvrer la mémoire et infiltré sous son identité de trafiquant, il fait tomber les malfrats tout en sauvant Tubbs qu’il avait cherché à tuer), l’épisode retient l’attention pour deux moments forts. Le premier nous montre Crockett se promenant dans les rues de Miami, au son de Don’t Give Up, très belle chanson de Peter Gabriel et Kate Bush (écouter l’album So de Gabriel). Le policier recouvre peu à peu la mémoire au contact d’endroits et de sons familiers. Lorsqu’il entre dans le commissariat et que ses anciens collègues le tiennent en joue, on ne peut s’empêcher de ressentir de la tristesse pour ce qui va lui arriver, tant Crockett a l’air d’un enfant perdu. Après s’être expliqué auprès de Castillo et Switek, le flic souhaite se racheter. En vain. Deuxième grand moment : cette rédemption s’exprime lors d’un face à face avec Tubbs. Celui-ci ne comprend plus son ancien équipier et lui voue une certaine rancœur. En dépit de sa capacité de persuasion et son apparente sincérité, Crockett ne parvient pas à faire changer d’avis son partenaire. A partir de ce moment, on sent que quelque chose est définitivement brisé entre eux. Cette proximité s’effacera dans les épisodes ultérieurs et ne retrouvera la force des débuts qu’à la fin de l’ultime épisode. Evidemment, tout rentrera dans l’ordre et les méchants seront éliminés. A nouveau, un montage efficace nous fait oublier le côté convenu du scénario et le sentiment d’une série en perte de vitesse. Au final, un bon épisode. Anecdotes :
3. AU CŒUR DE LA NUIT Scénario : James Becket - Réalisation : Paul Krasny Résumé : Menacée de mort, Mai Ying, l’ex-femme de Castillo, vient lui demander sa protection. Son nouveau mari, Ma Sek, serait menacé par un homme inquiétant nommé Rivas. Durant son enquête, Castillo découvre que Ma Sek cache de sombres secrets et agirait pour le compte de la CIA… Critique : Etrange épisode que celui-ci étant donné son incongruité : que dire de plus que ce qui avait déjà été dit – et en mieux - dans l’épisode Le Triangle d’Or 2ème partie (1ère saison) ? A nouveau, le Lieutenant Castillo retrouve son ex-femme Mai Ying (interprétée par une nouvelle actrice, Rosalind Chao, ce qui accroît notre trouble). A nouveau, celle-ci vient lui demander de l’aide parce que son nouveau mari s’est fourré dans un sale pétrin. A nouveau, la frustration pour Castillo, condamné à l’impossibilité d’une vie sentimentale épanouie. Quel intérêt donc ? Sans doute le rythme quelque peu nonchalant auquel s’ajoutent de très belles images inondées de soleil et un badinage amoureux entre le Lieutenant et son ex. La musique de Tim Truman renforce cette ambiance malgré des partitions très répétitives (mais pourquoi pas puisque cela avait fait le succès de son prédécesseur, Jan Hammer). Une fois encore, nous ressentons toute l’affection et la tendresse qu’éprouve Castillo pour celle qui fut sa femme. Une image très différente du chef dur à cuire de la Brigade des Mœurs de Miami qui nous révèle un grand tendre enfermé dans une carapace apparemment inflexible. Ce qui le rend éminemment attachant. Et c’est à peu près tout. Ah oui, encore un petit suspense relativement bien mené quant à l’identité du traître. Pour le reste, l’épisode ne sort pas des sentiers battus habituels : belles demeures, méchants trafiquants, kidnapping, menaces, danger, résolution. Dans le rôle de Rivas, le salaud de service et malgré un accent latino qui sonne faux, Bob Gunton (New York Unité spéciale, Daredevil) apporte une certaine densité à son personnage face à la plupart des criminels vus dans la série qui se cantonnent à des clichés (fort en gueule, fric, nanas, psychologie primaire, mort violente). Le combat final entre Castillo et Ma Sek, le mari de son ex, aurait mérité un découpage plus tonique. Toujours à l’aise dans la pratique des arts martiaux, Edward James Olmos assure un maximum. Au final, rien de bien neuf pour un épisode moyen et pas franchement mémorable. Anecdotes :
Scénario : Scott Shepherd - Réalisation : Virgil W. Vogel Résumé : Suite à sa perte de mémoire, Crockett passe devant le conseil de police. Les avis divergent malgré le soutien de Tubbs et Castillo. Suspendu le temps du verdict, Crockett entame une thérapie obligatoire auprès d’une psychiatre puis prend quelques jours de congés. Pendant ce temps, deux dangereux malfrats, Wilson et Cruz, s’enfuient d’une prison de haute sécurité. Ils sont déterminés à mettre la main sur l’argent qu’un comparse a planqué quelque part. Mais leur route va croiser celle de Crockett… Critique : Malgré son expérience de téléaste de talent, le réalisateur Virgil W. Vogel (La Grande Vallée, les Rues de San Francisco, …) n’a pas réalisé les meilleurs épisodes de Deux flics à Miami. Si Theresa (3ème saison, 16ème épisode) était assez réussi, Le message de l’au-delà (4ème saison, 17ème épisode) figure parmi les plus mauvais épisodes de la série. C’est donc avec une certaine crainte que démarre la vision de cet épisode. Curieusement, on accroche dès le début. Cela démarre fort quand on voit Crockett soumis à un feu nourri de questions et seul face à une commission d’enquête. Celle-ci souhaite faire toute la lumière sur ses « déviances » lorsqu’il avait perdu la mémoire. Mis au vert le temps d’attendre l’avis de la commission, Crockett est contraint de suivre une thérapie chez une psychologue. Pour l’époque, c’est plutôt inhabituel dans un univers de séries marqué par les héros lisses, sans peurs et sans reproches (MacGyver, Agence Tous Risques, Rick Hunter, …). La réflexion ne va pas bien loin mais a le mérite de montrer un flic qui ose se remettre en question et aller de l’avant, sans trop jouer les machos (évidemment, il fait un peu le bellâtre auprès de la psy subjuguée par son charme). Ensuite, l’histoire nous emmène hors du cadre urbain de Miami, aux confins d’une petite ville qu’on suppose située dans la grande périphérie. Crockett part en vacances et rien ne se passe calmement : il tombe sur des évadés psychopathes, cruels et avides d’argent. L’épisode fait un peu penser à un western avec Gary Cooper, genre Le Train sifflera trois fois, où le héros arrive tout seul à bout des méchants. Certes, les affreux de service sont caricaturaux et presque cartoonesques mais on retiendra le rythme et l’action de cet épisode très tonique dans l’ensemble. Hélas, la musique de Tim Truman vient un peu gâcher le tout, à force d’être trop omniprésente. Malgré ces quelques défauts, on se laisse happer par les mésaventures de Crockett. Surtout, on s’inquiète de son rétablissement psychologique ultérieur quand on voit le nombre de coups qu’il reçoit. Enfin, la mise en scène injecte un humour au second degré plutôt bienvenu par rapport aux scènes parfois très violentes pour l’époque (la femme dans sa caisse aspergée d’essence à la station-service, les morts gratuites par armes à feu). Bref, un épisode plutôt réussi à voir comme une bd d’action violente et qui, à défaut d’être original, met l’accent sur les good guys venant à bout des bad guys avec un acharnement réjouissant. Fun. Anecdotes :
Scénario : Robert Crais et Vladislavo Stepankutza - Réalisation : Vern Gillum Résumé : Un règlement de comptes entre trafiquants tourne mal. Durant l’échange de coups de feu, plusieurs malfrats sont tués. Castillo charge Tubbs et Switek d’enquêter. Les policiers découvrent qu’un certain Martillo Borrasca serait à l’origine du règlement de comptes. Pire, il dirigerait d’un groupe contre-révolutionnaire d’extrême droite dans un pays latino-américain. Borrasca dispose d’un bateau chargé de cocaïne et cherche un acheteur. Tubbs et Switek se font passer pour des acheteurs intéressés. Mais l’affaire se corse quand Reese, un membre freelance des services secrets, s’en mêle. Castillo connaît bien Reese et se retrouve pris dans un jeu mortel… Critique : Plutôt décousue cette histoire de trafic de drogue sur fond d’intervention des services secrets. Cela commence avec un règlement de comptes entre trafiquants, assez spectaculaire, pour se transformer en enquête sous infiltration et finir sur un sentiment de frustration puisque les policiers doivent – une fois encore – composer avec la « raison d’état » : des trafiquants sont protégés par le Gouvernement américain au nom de sombres intérêts. Le scénario se révèle plutôt confus, l’impression que cela part dans tous les sens domine. Le duo Switek / Tubbs ne convainc pas vraiment, en l’absence de Don Johnson. On se fiche un peu de savoir où va les mener leur enquête, tant le scénario recycle ad nauseam des histoires déjà abordées dans les précédentes saisons. Dernier sursaut scénaristique pour sauver l’ensemble du naufrage : appeler Castillo à la rescousse ! Sa présence rehausse un peu la fin de l’épisode, plus sombre et plus intéressante puisqu’on en apprend (un peu) plus sur le passé du Lieutenant au sein des services secrets : il a accès à des informations classées « top secret » et connaît les codes d’accès. Pour le reste, la figure de l’espion Reese amuse plus qu’elle n’effraye : le caricatural Brion James, avec sa trogne impayable, fait plus penser à un bouledogue grognon d’un dessin animé de Tex Avery qu’à un méchant digne de ce nom. Son côté « gros clebs » se remarque surtout dans la scène où il dérange Castillo chez lui et vient manger son plat de riz de façon répugnante et vulgaire. Ce n’est pas mieux pour le dealer Borrasca, espèce d’énergumène sous cocaïne, agaçant et caricatural au possible. Par contre, on apprécie le travail très recherché de la direction de la photographie, utilisant les bleus marine et les noirs pour renforcer la noirceur des relations entre Reese et Castillo. Au final, ce qui nous inquiète surtout avec cet épisode raté, c’est le sentiment du début de la fin. La série commence à se pasticher involontairement et à devenir une caricature d’elle-même. Les épisodes suivants, à de rares exceptions, amorceront ce lent et inexorable déclin. La question mérite d’être posée : cette ultime saison était-elle celle de trop ? Anecdotes :
Scénario : Raymond Hartung - Réalisation : Richard Compton Résumé : Crockett et Tubbs sont chargés de protéger Keith Mollis, témoin-clé dans le procès en cours de Carlos Quintero, baron de la drogue et auteur du meurtre d’un substitut du Procureur… Critique : Cela faisait un long moment que Crockett et Tubbs n’avaient plus eu de témoin à protéger. Il faut remonter à la 1ère saison (Tout ce qui brille, 9ème épisode) pour retrouver une mission du même type. A nouveau, l’objectif vise à faire tomber un infâme trafiquant prêt à tout pour faire taire le gênant témoin. Ici, la bonne idée de scénario a été de jouer sur les émotions de type père / fils : Crockett apprend à connaître Keith Mollis, le témoin à protéger et noue peu à peu des liens forts avec lui. Les scènes sur le bateau de Crockett et à l’hôpital nous livrent des moments forts et particulièrement poignants. L’autre bonne idée aura été de maintenir le suspense jusqu’à la fin quant à l’identité réelle du témoin protégé. A ce niveau, la réalisation et le scénario, pour l’époque, ont bien mené la danse. Difficile de deviner la vérité avant la fin. Pour le reste, l’épisode ne sort pas des clichés d’usage : taupe au sein des services, double danger qui pèse sur le témoin et Crockett, révélation surprenante à la fin. Pourtant, il retient l’attention pour ses scènes d’action très chorégraphiées et palpitantes (la fusillade dans la chambre d’hôtel). Enfin, la musique de Tim Truman, pour une fois un peu plus inspirée, est presque en osmose avec les images comme du temps de Jan Hammer. Bref, un épisode aux airs de film d’action, à la fois divertissant et émouvant. Anecdotes :
Scénario : Peter McCabe, d’après une histoire de Robert Ward - Réalisation : James Contner Résumé : Plusieurs prostituées sont retrouvées assassinées dans les rues de Miami. Leurs corps portent des symboles d’origine asiatique gravés au couteau dans leur chair. Trudy s’infiltre dans le milieu de la prostitution tandis que Crockett et Tubbs interrogent un suspect. Leur enquête est partiellement entravée par un journaliste peu scrupuleux et avide de scoops. Ce dernier découvre avant la police l’identité du tueur en série… Critique : Encore une histoire de tueur en série, une de plus même si la série a relativement peu traité ce thème (4 épisodes : Cette femme est dangereuse, 2ème saison, 15ème épisode ; Le sauvage, 3ème saison, 15ème épisode ; Une idylle agitée, 4ème saison, 10ème épisode ; La loi du milieu, 4ème saison, 16ème épisode). Ici, le scénario multiplie les fausses pistes pour nous révéler, sans trop de finesse, l’identité du tueur aux deux tiers de l’épisode. Nous suivons l’enquête avec les policiers mais aussi via les recherches d’un journaliste friand de fausses identités. Caricature de gratte-papier charognard et présenté comme tel, le bonhomme n’a rien de sympathique. Dès qu’il tombe dans les griffes du tueur en série, on ressent une vague petite frayeur mais on se fiche bien de ce qui va lui arriver. Tant pis pour lui s’il a fourré son nez une fois de trop là où il ne fallait pas. Par contre, on apprécie le style visuel, truffé de références et de symboles : juste avant d’être la proie du tueur en série, une jeune prostituée fuyant son père discute avec Trudy. Dans la poubelle derrière elle, on voit des mannequins de vitrine démembrés dans une poubelle. Métaphore relativement subtile pour illustrer l’avenir tragique de la jeune femme. Signalons encore tout le décorum sado-maso, aux limites du nauséabond, dans la galerie d’art du suspect asiatique, renforçant l’ambiance malsaine dans laquelle baigne cet épisode. Quand nous découvrons l’identité du tueur en série, on regrette son côté foncièrement ridicule et caricatural : un gros sadique pervers dont les motivations ne sont pas très claires. Dommage aussi que Trudy soit torturée et transformée en victime pleurnicharde. Si elle reprend un peu le contrôle vers la fin (après avoir été libérée par Crockett, le mâle dominant), force est de constater que la série ne donne pas un rôle fort aux seconds rôles féminins, critique déjà maintes fois formulée. L’ensemble ne passionne pas vraiment, voire indiffère. La faute à un montage assez mou et à une histoire peu inspirée. Dommage. Anecdotes :
Scénario : Ken Solarz, d’après une histoire de Robert Ward, Scott Shepherd et Ken Solarz - Réalisation : Vern Gillum Résumé : Le détective Stan Switek a contracté d’importantes dettes de jeu. Quand une promotion lui est refusée, le policier sombre dans l’alcool et le jeu. Ses créanciers le mettent sous pression afin qu’un jeune espoir du foot américain, dont Switek connaît bien le père, perde un match important. Crockett et Tubbs volent au secours de leur collègue… Critique : Déjà évoqué dans l’épisode Borrasca (lire plus haut), le problème d’addiction au jeu de Switek fait l’objet de l’entièreté de cet épisode. Personnage plutôt mineur de la série, l’as des nouvelles technologies a des dettes et se retrouve en fâcheuse posture auprès d’usuriers bien décidés à récupérer leur fric. Seul hic : comme le personnage n’a jamais été particulièrement intéressant, ni très développé ; on se fiche assez de ce qui lui arrive. D’autant plus que tombe du ciel une petite amie jamais évoquée ou aperçue dans les épisodes précédents. Cela donne l’impression que les scénaristes n’avaient pas d’inspiration et se sont dit : Tiens, et si on développait une addiction au jeu pour le gros de service ? Afin de meubler ce manque d’inspiration, l’épisode aligne tous les poncifs (perte au jeu, alcoolisme, déchéance, résurrection) et nous balance à nouveau un indigeste conflit de générations père / fils entre un coach et un jeune espoir du foot américain. Ces derniers servent avant tout de prétexte pour justifier ce qui arrive à Switek. Evidemment, fidèle à lui-même, Switek se prend pour Charles Bronson (cf. déjà à la fin de La loi du Ring, 2ème partie, 3ème saison) et fait le grand nettoyage à lui tout seul, devant l’air interrogateur de Crockett et Tubbs. On retiendra un seul moment vraiment intéressant dans la toute dernière scène quand Crockett, tel un père, prend Switek dans ses bras et lui promet de l’aider à guérir de son addiction au jeu. Assez touchant. Pour le reste, un épisode mineur et oubliable. Anecdotes :
Scénario : Bob Bragin - Réalisation : Michelle Manning Résumé : Crockett et Tubbs tentent de mettre fin aux traffics de Roberto Enriquez, un puissant baron de la drogue. Mais leurs efforts sont contrecarrés par un avocat corrompu, Sam Boyle et son assistante, Lisa Madsen… Critique : Rien de bien neuf sous le soleil de Miami en matière de trafic de drogue et de criminels. Encore une histoire de plus pour démontrer les coups bas des avocats et l’impuissance de la justice américaine face aux barons de la drogue. Un vice de procédure et voilà les infâmes relâchés dans la nature. Pour un peu pimenter l’intrigue, l’avocat, campé par le carnassier Stephen McHattie, doit rembourser un mafieux local (incarné par Tony Sirico, le futur Paulie des Soprano). Idée étonnante : il ne trouve rien de mieux que de dépouiller son client du moment, un trafiquant de drogue latino. Et voilà l’avocat transformé en dealer à son tour ! Assez gros à avaler… Dans une scène particulièrement grotesque, l’avocaillon livre une camionnette remplie de drogue à son créancier. Comme ça, en plein jour et sur un pont, ni vu ni connu ! Prise d’un sursaut de conscience, l’assistante de l’avocat livre des infos secrètes à Crockett tandis que Trudy joue les poupées infiltrées chez le trafiquant (après avoir été violée par un autre affreux en fin de 4ème saison, on aurait pu croire que le Lieutenant Castillo l’aurait assignée à d’autres tâches mais non. Et le bien-être au travail, alors ?!). A nouveau, Crockett refuse de donner le nom de sa source et risque la taule jusqu’à ce que l’assistante se dénonce elle-même. Evidemment, le trafiquant spolié entend bien récupérer sa came et voici l’avocat entraîné dans une spirale infernale. Plus dure sera la chute… Diantre, que de rebondissements ! Franchement ridicule par la caricature outrancière des avocats et des méchants (Sirico et Meek surjouent au possible, on dirait les loups des dessins animés de Tex Avery), cet épisode déçoit par son recyclage sans finesse de thèmes déjà évoqués auparavant. Peu captivant et risible, il est à reléguer au rayon des franchement dispensables, malgré une interprétation habitée de Don Johnson dans les scènes dramatiques. C’est d’ailleurs tout ce qu’il y a à en retenir. Anecdotes :
Scénario : William Conway - Réalisation : Eugene Corr Résumé : Sous leur fausse identité, Tubbs et Gina assistent au marriage arrangé de Maria Ortega et Luis Pendroza. Soudain, des coups de feu éclatent. Pendroza est assassiné devant sa femme. Il s’agirait d’une nouvelle lutte des clans pour le contrôle de la drogue à Miami. Tandis que Tubbs tente de savoir ce qui se trame dans les affaires de la famille Pendroza, Crockett est appelé par son ex-femme Caroline. Billy, leur fils, vit mal le remariage de sa mère, désormais enceinte, avec un autre homme. Crockett demande un congé à Castillo pour s’occuper de Billy… Critique : Pas terrible cette histoire inspirée de Roméo et Juliette version « drogue ». Deux puissantes familles, les Pendroza et les Di Marco, se font la guerre pour obtenir le contrôle du trafic de drogue local. Au milieu, Tubbs tombe amoureux de Maria, jeune mariée, rapidement devenue veuve. Dans un premier temps, on pense qu’elle n’est qu’une victime innocente, un poisson rouge perdu dans un aquarium rempli de piranhas. Ensuite, vu les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, on espère enfin une vie amoureuse réussie pour Tubbs. Mais faut-il rappeler que nos héros sont condamnés à l’impossibilité du bonheur amoureux ? Par une pirouette scénaristique assez lourde, nous découvrons que la belle fait partie d’une caste d’assassins professionnels venus d’où ? De Colombie bien sûr. Evidemment, Tubbs devra choisir entre son devoir et son cœur… Outre le jeu très théâtral des frères Pendroza, difficile de se passionner pour cette guerre des gangs où on a droit à tous les clichés (meurtre, trahison, avidité, pouvoir, …). Mais on peut comprendre les scénaristes : la série ne va pas nous présenter les trafiquants sous un jour sympathique, sinon elle se saborderait elle-même. Pour rehausser le niveau, on préfère suivre les difficultés de Crockett à être père. Dans quelques très belles scènes, il s’occupe de son fils avec bienveillance et dévoile une facette plutôt tendre de sa personnalité, renvoyant à l’excellent Les grandes questions (4ème saison, 5ème épisode). Cette partie de l’épisode (nous suivons les deux récits en parallèle) est nettement plus réussie que celle suivant les péripéties de Tubbs. La scène finale où le duo policier évoque leur vie rêvée (femme, enfants, barbecues) et leur désir d’une vie « normale » en dit long : impossible encore une fois. De toute façon, ils n’en ont pas réellement besoin et l’expriment clairement. Seule la justice et la chasse aux trafiquants doit prévaloir. Bref, un épisode moyen, valant le détour seulement pour la paternité retrouvée de Crockett. Une demi-réussite. Anecdotes :
11. A CONTRECŒUR Scénario : Ted Mann, Peter McCabe et Robert Ward - Réalisation : Michelle Manning Résumé : Deux petits malfrats s’enfuient avec une cargaison de drogue destinée à Sebastian Ross, un excentrique et redoubtable trafiquant. Peu après, un des malfrats est abattu. Crockett et Tubbs découvrent qu’il participait à la campagne de réélection de la députée Madelyn Woods, responsable des sous-commissions de lute contre la drogue. Mais Ross est bien décidé à récupérer sa marchandise et fait pression sur Woods dont le fils Lewis travaille pour lui. Castillo démêle l’affaire tandis que Crockett continue sa thérapie s’il veut être totalement réintégré en service actif… Critique : Voilà un épisode surprenant, dans le bon sens du terme. Renouant avec ce côté sombre et sans concessions, la série retrouve un peu le peps de ses débuts. Dans cette histoire où politique et forces de l’ordre sont forcées de collaborer (souvent pour le pire), le Lieutenant Castillo se retrouve pris dans une toile d’araignée tissée par une députée prête à tout pour conquérir le pouvoir. Malheureusement pour elle, son rejeton a traîné avec des trafiquants très distingués mais particulièrement dangereux. Dans le rôle de la politicienne sans scrupules, Rita Moreno passe, avec beaucoup de subtilité, de la mante religieuse à la mère de famille éplorée. Comme dans la vie, la députée est protégée par un entourage étrange et pas forcément de bon conseil. Très touffu et bien écrit, le scénario montre bien que les forces de police sont – déjà – en manque de moyens et que s’ils veulent redorer leur blason, sont obligés de composer avec des plans politiques parfois peu soucieux du respect de l’éthique. La députée fait pression sur Castillo afin d’en savoir plus sur l’enquête en cours dans laquelle son fils se retrouve mouillé. Castillo résiste par tous les moyens mais son autorité représente peu de choses face au pouvoir politique, autre aspect que le scénario fait bien ressortir. Au final, tout a lieu dans un perpétuel jeu du chat et de la souris, pression et contre pression, chantage en dernier recours. Dans cette machine impitoyable, les jeunes hommes, cherchant à s’enrichir rapidement, payent le prix fort : la mort. Dès le début, Crockett constate avec effroi le jeune âge de celui tombé sous ses balles, un gamin de 20 ans. Après avoir été grièvement blessé dans l’épisode La ligne de feu (lire plus haut) ; le jeune flic Joey Chandler fait son retour. Depuis lors, Crockett l’a pris sous son aile et lui apprend les ficelles du métier d’infiltration. Ce qui donne lieu à un moment très intéressant où Crockett lui dit : Si tu veux que les trafiquants t’écoutent, tu dois leur donner l’impression que tu es le mec le plus cool et leur donner envie d’être toi. On comprend mieux comment Crockett « hypnotisait » les dealers et autres tarés. Lors d’une séance chez la psychologue de police, le policier livre une description effrayante de ceux qu’il côtoie lorsqu’il se retrouve en infiltration : des animaux qui mangent leurs jeunes… Même si les méchants sont à nouveau caricaturaux, on s’amuse beaucoup du côté shakespearien des deux trafiquants en chef, sapés comme des princes et munis de canne comme à la grande époque. Avec leur accent anglais très châtié, leur élocution parfaite, maniérés jusqu’à l’obsession et leur amour immodéré des animaux (la chienne Edwina mieux traitée que les humains), leur sens des affaires ne laisse aucune place aux sentiments. Tout contrevenant est éliminé sans pitié. Dans le rôle de Sebastian Ross, Robert Joy (Sid le légiste dans Les Experts : Manhattan) fait merveille. Enfin, Castillo ne sera pas épargné. Cela donnera lieu à une très belle scène finale avec Crockett, lui témoignant tout le respect et l’estime de l’équipe. Un moment très poignant, parmi les meilleurs de toute la série. Bref, un excellent épisode. Anecdotes :
12. LE DINDON DE LA FARCE Scénario : Robert Ward - Réalisation : Vern Gillum Résumé : Sonny Crockett n’est franchement pas ravi quand son cousin Jack vient lui demander de l’aide. Escroc à la petite semaine, utilisant cartes de crédit volées et impliqué dans des affaires d’argent vite gagné, le voilà poursuivi par des personnages pas vraiment recommandables. Crockett doit intervenir pour lui sauver la mise… Critique : On devrait être fâché contre cet épisode car il verse à nouveau dans la comédie, genre difficile dont la série n’exploite pas la finesse avec le tact qu’il se doit. Pourtant, il a pour lui deux qualités essentielles : primo, ne pas se prendre au sérieux ; secundo, nous emmener avec bonne humeur dans une histoire rocambolesque. Dès le début, on se demande bien qui est ce type cherchant à échapper à une bande de gros bras. En un bref plan dans une boutique de fringues, nous comprenons qu’il s’agit d’un escroc à la petite semaine poursuivi par ses créanciers. Ensuite, petit coup de théâtre, c’est le cousin de Crockett ! Et le flic de se retrouver embarqué dans les combines maladroites de sa famille « Lagaffe ». Dans le rôle de Jack Crockett, David Andrews apporte beaucoup d’humour et d’autodérision. Don Johnson semble prendre beaucoup de plaisir à jouer à ses côtés et on devine que les coulisses du tournage ont dû donner lieu à quelques bons moments de fou rire. En fait, tout prête à rire dans cet épisode : à commencer par les truands, caricaturaux certes mais à un point tel que cela en devient hilarant. Robert Miranda se la joue Scarface de pacotille ; le trafiquant Escondero qui se prend pour un poète de théâtre qui déclame, les hommes de main ressemblent à des bouledogues d’un dessin animé de Tex Avery, … Même l’histoire des faux billets, fil conducteur de toute l’histoire, ne sert que de prétexte à une succession de moments loufoques. Et cela marche ! Pour une fois, la comédie est réussie, avec un sens du timing que ne renierait pas un Lubitsch quoique ce serait très certainement exagéré. Bref, on passe vraiment un bon moment, loin des drames et de la drogue (traitée ici en mode mineur, tout en faisant passer le message que le crime ne paye pas). Une agréable surprise. Anecdotes :
Scénario : Jack Richardson - Réalisation : Michael B. Hoggan Résumé : Après avoir été arrêté par Tubbs et purgé de nombreuses années de prison, Jake Manning a visiblement réussi sa reconversion. A sa sortie, un réalisateur de cinéma lui a permis de connaître gloire et argent grâce au succès d’un film et d’un livre réalisé sur l’ex-criminel. Afin de lui montrer qu’il a réellement changé, Manning invite Tubbs chez lui. Drogué, le flic se retrouve enfermé dans sa maison transformée en prison contenant d’autres détenus peu ordinaires… Critique : Quand on est un assassin, est-il possible de se réinsérer dans la société et de réellement changer ? C’est là question servant de fil rouge à cet épisode en huis clos. Vaguement inspiré du film The Servant (1963) de Joseph Losey où maître et valet voyaient leurs rôles s’échanger, cette histoire sait ménager le suspense et possède ce petit quelque chose de suffisamment intriguant pour capter notre attention. Il y a aussi un soupçon d’horreur quand le criminel passe en revue ses diverses proies, retenues contre leur gré dans sa maison aménagée en prison (hormis le fait que Manning ne les chasse pas sur ses terres, on pense au classique américain de 1932 : Les chasses du Comte Zaroff). Malgré le fait que Manning révèle très vite sa vraie nature, le doute subsiste et l’ambiguïté règne en maître. Lors de la scène avec la prostituée obligée de jouer les vierges pour sauver sa peau, le stratagème ne prend pas. Nous comprenons alors le monstre qu’il est, prédateur pervers et sans pitié. Autre trait saillant : le criminel dénonce une justice trop laxiste et entend bien mettre de l’ordre en condamnant ses proies à mort (une jeune prostituée, un tueur à gages, un dealer/ junkie et plus étonnant, une psychiatre). Soit le « bestiaire » de cet esprit tordu et rongé par le mal. Très représentatives de sa psyché, les pièces de sa maison sont décorées de tableaux effrayants et glauques, représentant tantôt des juges, tantôt un homme foudroyé sur une chaise électrique. Trop lâche pour exécuter lui-même la mise à mort de ses prisonniers, Manning somme Tubbs de le faire à sa place et quand ce dernier s’y refuse, c’est au tour de son homme de main de s’y coller. En somme, il déclare la sentence mais refuse de se salir les mains. Etonnant pour un assassin soi-disant repenti. Durant tout l’épisode, Manning joue au jeu du chat et de la souris avec Tubbs. Mais ce dernier s’y connaît en manipulateurs et renverse habilement la situation à son avantage (d’où la référence au film de Losey). Plus étonnant, il arrive à se débarrasser de l’homme de main de Manning par un truc digne de MacGyver. Pourtant, le policier ne peut se résoudre à tuer celui qu’il a mis derrière les barreaux et lui donne sa chance jusqu’au bout. Malgré le côté bizarre parcourant tout cet épisode, force est de constater qu’il est assez réussi et captivant. On lui reprochera son côté « cheap » (quelques acteurs dans deux à trois pièces pendant tout l’épisode), il fait réfléchir sur la relation parfois étrange et très proche liant policiers et criminels, comme par effet de miroir. Anecdotes :
Scénario : Robert Goethals - Réalisation : Chip Chalmers Résumé : Lors d’une planque visant à faire échouer une transaction de drogue entre des criminels, Crockett et Tubbs découvrent des oeuvres d’art du XVème siècle en lieu et place de la drogue. Visiblement, les Scianti, une riche famille de mafieux, font désormais dans le trafic d’art. Les policiers se font passer pour des spécialistes en la matière afin de récupérer une précieuse statuette : la Madonne aux Esprits… Critique : Pour changer du sempiternel trafic de drogue, les scénaristes ont décidé de centrer leur récit sur le trafic d’œuvres d’art. Menés par un arrogant flic spécialisé dans le domaine (insupportable Michael Chiklis, 15 ans avant The Shield), Crockett et Tubbs apprennent l’histoire de l’art en une brève séance de diapositives. L’occasion de confronter leur inculture en la matière à la très suffisante connaissance du spécialiste, ce qui donne lieu à quelques échanges très amusants. Crockett s’étonne qu’on puisse s’extasier devant une toile blanche : pour lui, il n’y a rien et c’est une arnaque. On ne peut lui donner tort… Amusant, c’est le qualificatif qui sied le mieux à cet épisode traversé d’un second degré assez jouissif doublé d’une douce folie (la fin où Chiklis, habillé en mama noire, s’enfuit en courant avec deux sacs remplis d’œuvres d’art). On rit beaucoup aussi de l’imbécilité du fils de la famille Scianti, mafieux au sang chaud et franchement lourdaud. Par contre, on ne croit pas trop à la couverture de Tubbs en professeur lettré et trafiquant de tableaux. Malgré ses cheveux lissés et tirés en arrière (qui lui donnent plutôt l’air d’un souteneur ou d’un gigolo), il ne convainc pas. Crockett aurait mieux fait l’affaire en « nerd » (comme dans l’épisode Le Triangle d’Or, 1ère partie, 1ère saison, 13ème épisode). Réalisé sans temps morts et bénéficiant d’un tempo comique bien équilibré, cet épisode nous fait passer un bon moment même s’il n’est pas inoubliable. Anecdotes :
Scénario : Terry McDonnell, d’après une histoire de Robert Ward et Scott Shepherd - Réalisation : Russ Mayberry Résumé : Alors qu’ils tentent d’arrêter un petit trafiquant nommé Tommy T. et découvrir pour qui il travaille, Crockett et Tubbs font chou blanc. De retour au commissariat, Castillo leur apprend que le budget des opérations sera revu à la baisse en raison de coupes décidées par Capitaine Highsmith, chef du Département. Finalement, les policiers découvrent pour qui bosse Tommy T. : un certain Hawkins. Après une entrevue, ils sont capturés par un mystérieux groupe : des membres de la police déçus par la justice et décidés à nettoyer Miami de ses truands et flics véreux… Critique : Si le thème des flics déçus par la Justice n’a rien de neuf, cet épisode le traite de manière intéressante et dense. Intéressante car l’ambiguïté domine tout au long du récit. On se demande si Crockett et Tubbs vont réellement passer à l’action et appliquer leur propre justice. Un cas de conscience qui avait déjà travaillé l’Inspecteur Harry dans le 2ème film de ses aventures : Magnum Force (1973) de Ted Post. Ici, pas de gros flingue mais des questions : est-ce que ce groupe de flics est fou ou a raison ? Comment ne pas vouloir tuer ces immondes trafiquants relâchés rapidement par la justice ? Comment continuer à bosser sous couverture sans moyens dignes de ce nom ? etc. etc. Bien agencé, le scénario aborde ces questions tout en maintenant habilement le doute sur le passage de « l’autre côté » de nos deux héros. Stevens, le chef des flics justiciers, aligne des arguments imparables pour justifier ses actes mais quand deux policiers sont froidement abattus devant une maison, Crockett et Tubbs comprennent qu’il a été trop loin. Pourtant, la tentation était grande de vouloir appliquer soi-même une justice digne de ce nom. Enfin, les intérêts politiciens et les réseaux d’influence en prennent pour leur grade : ambitieux et pas net, le Capitaine Highsmith se chargera lui-même d’éliminer le monstre qu’il a créé, de peur qu’il ne parle. Surpris, Crockett (qui a encore envie de croire au système judiciaire) finit seul et totalement désabusé. La critique et le constat sont amers : la corruption domine et les petits flics honnêtes ne peuvent rien y changer. Un excellent épisode. Anecdotes :
Scénario : Richard Lourie - Réalisation : Colin Bucksey Résumé : Deux des trois frères Alvarez sont brutalement abattus dans un snack ainsi que le propriétaire. Crockett et Tubbs découvrent que le troisième frère était parti peu avant le massacre. Selon ce dernier, la tuerie serait le fait des « Diablos », une organisation criminelle dirigée par les Fuentes. Ils ont pour spécialité de se payer sur les contrats de leurs concurrents. Après avoir arrêté un des membres, les policiers découvrent qu’il avait un alibi au moment des meurtres. Hélas, de nouvelles personnes sont exécutées. Les victimes sont toutes des rescapés de camps de concentration… Critique : Fait plutôt pour être souligné : voici un épisode qui aborde ouvertement la question nazie (déjà timidement évoquée dans l’épisode Evan, 1ère saison). Si le début se révèle intrigant, la suite n’est hélas pas à l’avenant. La faute à un scénario décousu voulant aborder trop de thèmes à la fois (vengeance, guerre des gangs, chasse aux nazis, groupuscules d’extrême droite, ...). Quand l’épisode démarre, on se demande bien qui est ce petit vieux dans son appartement sorti tout droit d’un tableau de Salvador Dali (en forme de cubes sombres et cauchemardesques). La suite nous le révélera. A ce niveau, le jeu de faux-semblants dure un moment et la révélation de l’identité du tueur étonne quelque peu. Hélas, le traitement de la question nazie relève des clichés (le sosie de Simon Wiesenthal, chasseur de nazis) et de la caricature (petites frappes racistes et nazillons de pacotille). Ces derniers semblent avoir été rajoutés pour meubler un scénario en panne d’idées pour faire rebondir l’intrigue. Seul Paul Guylfoyle relève un peu le niveau, par son interprétation inquiétante de l’extrémiste John Baker. Au milieu de tout ce fourbi, Crockett et Tubbs semblent bien dépassés, loin de leurs enquêtes habituelles. L’épisode se termine sur une fusillade sanglante avec le sentiment que tout le monde a perdu : ceux qui se sont vengés comme ceux qui croyaient savoir mieux que les autres. Au final, un épisode laissant un sentiment mitigé, ni vraiment raté mais pas franchement réussi non plus. Anecdotes :
17. UN MONDE DIFFICILE Scénario : Raymond Hartung - Réalisation : Alan Myerson Résumé : Crockett et Tubbs assistent aux essais d’une nouvelle arme révolutionnaire capable d’immobiliser tout type de véhicule. Soudain, un commandé armé surgit et mitraille l’assistance, en s’enfuyant avec l’arme. Visiblement, une « taupe » au sein de la police aurait informé le commando. Lors de leur enquête, les flics remontent jusqu’à un trafiquant d’armes qui ferait affaire ave Salvatore Lombard, le fils d’Albert, criminel déchu. A la stupeur de Crockett et Tubbs, le vieux caïd revient à Miami… Critique : Décidément, la série s’essouffle et cet épisode le prouve à satiété. Les scénaristes étaient visiblement en panne d’inspiration et ont essayé de reproduire la recette qui avait fait le succès de l’épisode Lombard (1ère saison, 22ème épisode). Malheureusement, la sauce ne prend pas. Les scènes de « retrouvailles » avec Crockett n’apportent aucune nostalgie et le scénario se perd dans une banale lutte de pouvoir entre mafieux (les Lombard contre les Librizzi). L’introduction d’une arme révolutionnaire ne sert que de prétexte pour allonger l’épisode et le faire tenir dans le format des 46 minutes (hors publicité aux USA). L’arme fait d’ailleurs bien rire tant elle ressemble à une grande mitraillette à eau pour sales gamins. Tout le monde a l’air bien fatigué de retrouver son rôle dans cet épisode, à commencer par Lombard (un Dennis Farina pataud et en surpoids). Pire, le rythme se traîne et n’arrive pas à maintenir notre intérêt. La musique omniprésente de Tim Truman fatigue à force d’être redondante avec les images et n’offre aucune partition mémorable. Tous les clichés des films de mafia (fiston tué, papa vengeur, fusillade et sacrifice) sont passés en revue sans apporter rien de neuf. Et nous de bailler en nous disant : « Ouf, c’est fini. » Dommage. Anecdotes :
18. L’HOMME MIRACLE Scénario : Rob Bragin, d’après une histoire de Robert Ward et Gillian Horvath - Réalisation : Alan Myerson Résumé : Lors d’un échange avec un dealer, Crockett et Tubbs sont stoppés par l’arrivée soudaine de “Miracle Man”, un citoyen décidé à nettoyer Miami de la drogue et de ses trafiquants. Non content de jouer les justiciers, il compromet les opérations d’infiltration de la brigade des Moeurs. L’affaire se complique quand un journaliste avide d’audience et Izzy, le cousin du “Miracle Man”, s’en mêlent… Critique : Cet épisode à un petit côté prémonitoire quand on compare la situation de ce justicier autoproclamé avec celle d’aujourd’hui. Suite au succès des films « The Dark Knight » et autres « Deadpool », les vrais citoyens déguisés en justiciers sont devenus légion aux USA. Hélas, c’est à peu près tout ce qu’il y a à dire tant cet épisode ressemble à une bande dessinée grotesque. Méchants caricaturaux (une constante), situations ridicules et flics à la masse composent le menu de cette histoire peu inspirée. Et pourtant, trois scénaristes s’y sont collés. En gros, si on devait résumer le message sous-jacent, ce serait : « Les flics savent mieux que tout le monde et les citoyens justiciers ne sont que des fous ambulants. » De fait, le « Miracle Man » se révèle un maniaco-dépressif qui doit être gardé dans un hôpital psychiatrique. Rien de moins. Tandis que Tubbs et Switek font à nouveau équipe (un duo plutôt improbable) et paraissent toujours en retard d’une guerre, nous suivons les machinations d’un journaliste en recherche d’audimat et de dealers prêts à tout pour stopper le justicier. La situation de ce dernier n’émeut pas vraiment tant il est dépeint comme un bouffon lunatique, sauf dans les scènes avec Izzy où on sent un réel attachement de Martin Ferrero (Izzy) pour son cousin. A part cela, le crime ne paye pas et les justiciers finissent à la morgue comme les criminels. Vive la police et la loi. Normal pour l’époque mais insupportable aujourd’hui quand on voit les nombreuses bavures de la police aux Etats-Unis. Anecdotes :
19. LA GRANDE CROISADE Scénario : Robert Ward - Réalisation : Robert Iscove Résumé : Joey, le jeune collègue flic de Crockett et Tubbs, est chargé d’enquêter sur Terrence Baines, professeur d’université et amateur d’expériences sous drogues hallucinogènes. Le jeune policier rejoint une unité spéciale formée pour l’occasion, composée de Ray Mundy, Jack Andrews et Tonya Lewis. Se faisant passer pour des étudiants, ils approchent Baines avec l’espoir de le faire tomber pour les crimes qu’il a commis… Critique : Et si Crockett et Tubbs laissaient la place aux jeunes pour former une unité spéciale d’infiltration ? En substance, c’est la question que pose cet épisode. La faute à un traitement superficiel avec de gentils flics contre de très méchants apprentis dealers. Justin Lazard (Joey) se la joue Johnny Depp dans 21 Jump Street, bandana et look jeans élimés. Pas de chance, la série de la Fox cartonnait déjà depuis 1987. Venir occuper un créneau déjà abordé par la concurrence, voilà qui étonne dans le monde de Michael Mann, plutôt en avance sur ses pairs. Mais le producteur avait déjà abandonné le navire, la série mourant d’elle-même au terme de cet avant-avant dernier épisode. Ce qui dérange le plus dans cet épisode, c’est le manque évident d’alchimie entre les jeunes flics : leurs relations sont fades, leur personnalité sans relief et leur présence à l’écran relative. Le sort réservé à Laura San Giacomo prouve à l’envi le caractère machiste de la série : tout est centré sur les jeunes flics, les mâles. Seule (petite) réussite : le méchant. Retors au possible, Terrence Baines a tout du reptile même si l’acteur Keith Gordon en fait parfois des tonnes. A part cela, le rythme se traîne, on s’ennuie franchement et au final, on a le sentiment d’avoir assisté à un ratage complet. L’épisode devait donner lieu à une série dérivée qui ne verra jamais le jour. On comprend pourquoi. Anecdotes :
Scénario : Jack Richardson et John A. Connor - Réalisation : Richard Compton Résumé : Yvonne, droguée, supplie le dealer Billy Swayne de lui donner une nouvelle dose. Lynette, la fille d’Yvonne, appelle au secours Valerie Gordon à New York. Ex-petite amie de Tubbs, celle-ci lui demande d’intervenir pour sauver son amie. Mais Lynette a disparu. Valérie et Tubbs contactent Izzy pour la retrouver et découvrent que la fillette a été abusée par Swayne… Critique : Comme déjà évoqué dans l’épisode Les grandes questions (4ème saison, 5ème épisode) et dans bien d’autres encore, la drogue ravage les familles. Dès le début de l’épisode, une mère de famille droguée se fait rouer de coups par un dealer abject. Elle n’hésite pas à donner sa gamine prépubère au dealer en échange de sa dose. Sans détours, cet épisode aborde le sujet de manière frontale. Un dégoût naît évidemment en nous, spectateurs, mais les rues de Miami ne sont pas composées que de gentils autochtones et touristes. Les premières images nous montrent l’autre visage de la ville, bien inquiétant une fois la nuit venue : prostituées, souteneurs, drogués, sans abri, … En parallèle, Switek replonge dans son addiction au jeu et se retrouve face à quelques gros bras qui lui disent sans détours : « Tu nous appartiens. » Comment ? L’épisode n’y répond pas. Il faudra patienter jusqu’au prochain épisode pour connaître la réponse. Au milieu de tout cela, Tubbs fait tout ce qu’il peut pour venir en aide à son ancien amour Valérie. Quand il se décide à la demander en mariage, la déception est de taille. A nouveau, le policier, tout comme son comparse Crockett, semble condamné à l’impossibilité d’une vie amoureuse réussie. La faute au temps qui passe, aux rencontres tragiques et à un métier dangereux. Comme lors de leurs précédentes aventures avec Valérie, les flics comprennent qu’elle leur cache quelque chose. De fait, elle ne se sert d’eux que pour remplir ses besoins. Hélas pour elle, la roue tourne et cette enquête la mènera à une cruelle constatation : elle ne pourra rien pour sauver son amie droguée et sa gamine. Qui dit flic ne dit pas forcément justice. Bien mené et rythmé, cet épisode se clôt sur un Tubbs seul et triste. Pas inoubliable mais réussi car il fait réfléchir sur les horreurs que traversent les policiers dans l’exercice de leur fonction. Anecdotes :
21. LA DERNIÈRE AVENTURE Scénario : Ken Solarz, William Conway, Frank Holman et Scott Shepherd - Réalisation : Russ Mayberry Résumé : Alors qu’ils poursuivent un petit malfrat nommé Johnny Raymond, Crockett et Tubbs se font enlever par un mystérieux groupe d’hommes armés. Ceux-ci appartiennent à une force spéciale de lutte anti-drogue. Leur chef, Andrew Baker, propose aux policiers de mener à bien une mission secrète : faire sortir le dictateur sud-américain Manuel Borbon du Costa Morada. En échange, ce dernier leur fournira de précieuses informations pour faire tomber les cartels de drogue. Face à leur puissant désir de justice, Crockett et Tubbs acceptent cette mission suicide et affrontent moult dangers… Critique : Sur base d’une trame simpliste, cet épisode final parvient à captiver malgré les caricatures (le dictateur Borbon) et les invraisemblances (les bras cassés de la bande à Montoya, membre de la junte anti-Borbon). Bien montée et rythmée, cette dernière aventure met l’accent sur les retournements de situation et surtout les nombreux coups fourrés auxquels sont confrontés Crockett et Tubbs. Plus que l’action (même si elle est très présente), c’est d’abord à un cheminement intérieur que se livre notre duo de choc. Quand Crockett dit à la sœur de Borbon qu’à force de vivre des choses moches, il finit par ne plus rien ressentir du tout ; on comprend son état de burnout avancé. Avec humour, le policier y fait même référence quand le Capitaine Highsmith le menace. De son côté, Tubbs souffre de voir mourir les personnes auxquelles il s’attache (Felicia). Une étrange sensation lui fait sentir que la mort rôde. En partenaire bienveillant, Crockett le remet sur les rails en lui expliquant qu’il avait vu ce type de traumatisme durant la guerre du Vietnam. Derrière le vieux fantasme américain d’éradiquer un fléau une bonne fois pour toutes (le communisme dans les années 60 et la drogue dans les années 80), l’histoire montre surtout l’épopée de flics honnêtes confrontés à un système corrompu et nauséabond, totalement rongé de l’intérieur. Ces mystérieux hommes du Gouvernement poursuivent-ils le but louable et tant vanté : capturer Borbon pour détruire le cartel colombien ? La réponse est claire : non. Comme dans d’autres épisodes, la raison d’état s’impose à nouveau et sacrifie la justice et l’honnêteté sur l’autel des « intérêts du Gouvernement américain ». Si la série prend bien soin de ne pas critiquer ouvertement les Présidents de l’époque (Reagan et Bush père), leur politique est tout de même écornée via des images de citoyens massacrés et les arrangements avec un odieux dictateur, référence à peine voilée à Pinochet au Chili. Au final, cet épisode termine sur un sentiment d’amertume : dégoûtés, Crockett et Tubbs jettent leur insigne et décident de quitter la police (comme Starsky & Hutch qui jetaient leur badge dans la mer, également déçus par la corruption ambiante). Avant cela, ils se seront « réparés » lors d’une scène finale qui renvoie directement au téléfilm pilote. Sur la même jetée, ils mitraillent un petit hydravion transportant le dictateur Borbon à son bord. Si le trafiquant Calderone réussissait à prendre la fuite à la fin du pilote, le tyran connaîtra un autre sorte. Dernier baroud d’honneur d’hommes épris de justice et gifle cinglante au système judiciaire américain. Quand la loi et l’ordre ne peuvent plus rien, il reste les derniers hommes de la frontière, les cowboys prêts à défendre la veuve et l’orphelin. Et c’est avec une certaine tristesse que nous quittons Crockett et Tubbs, deux policiers attachants qui auront apporté un peu plus de sécurité dans notre monde. Concluons en soulignant que cette 5ème saison était sans doute la saison de trop : l’effet de mode était retombé, les scénarios manquaient d’inspiration, recyclant ad nauseam des thèmes déjà abordés de manière plus efficace auparavant et une certaine lassitude s’était installée chez les principaux protagonistes. Cette ultime saison est certainement la plus faible de toute la série, confirmant l’impression d’une de trop. Las, Michael Mann savait bien que pour rentrer dans ses frais, la série devait atteindre les 100 épisodes pour pouvoir être rachetées par les chaînes régionales aux USA, soit la diffusion en syndication : la plupart du temps, une série est déficitaire durant sa production, le diffuseur participant à une partie du coût, tandis que les créateurs/la société de production y vont de leur poche (Aaron Spelling Productions, Stephen J. Cannell Production, Michael Mann Production, …). Une fois la centaine d’épisodes atteint, les chaînes régionales, par leurs rediffusions, permettent de générer des rentrées, via la publicité, qui renflouent les caisses des créateurs d’une série. Seul hic : les épisodes sont souvent diffusés dans le désordre le plus complet. Comme le disant les professionnels d’Hollywood : There is no business like showbusiness. Cash only ! Anecdotes :
|