Saison 1 1. Pilote : Les flics de Miami (Miami Vice Brother’s Keeper) 2. Haut les cœurs (Heart of Darkness) 3. Pas de panique (Cool runnin’) 4. Le retour de Calderone - 1ère partie (Hit List) 5. Le retour de Calderone - 2ème partie (Calderone’s demise) 7. Un œil de trop (Three Eyed Turtle / No Exit) 8. Le grand McCarthy (The Great McCarthy) 9. Tout ce qui brille (Glades) 13. Le triangle d’or - 1ère partie (Score) 14. Le triangle d’or - 2ème partie (Golden Triangle) 15. Y’a pas de sot métier (Smuggler’s Blues) 16. Pas de deux (Rites of Passage) 17. Y’a des jours comme ça (The Maze) 18. Faits l’un pour l’autre (Made for Each Other) 19. Il faut une fin à tout (The Home Invaders) Scénario : Anthony Yerkovich - Réalisation : Thomas Carter Résumé : Jeune flic de New York, Ricardo Tubbs n’a qu’une idée en tête : venger la mort de son frère Rafaël, tué par Orlando Corleone, dangereux trafiquant de drogue. Sa traque le conduit en Floride, dans la ville de Miami où il croise la route d’un policier de la Brigade des Mœurs, James « Sonny » Crockett. Ce dernier vient de perdre son coéquipier Eddie Rivera, tué lors d’une explosion. Les deux affaires sont liées à Calderone. Crockett est contraint de collaborer avec Tubbs pour retrouver le trafiquant… Critique : Ce téléfilm d’introduction contient déjà tous les éléments qui définissent le style visuel de la série, définis dans la « bible » de Michael mann (couleurs pastel, montage nerveux, tubes rock, images léchées …). Le jeune prodige Thomas Carter réalise un travail exceptionnel, appuyé par un scénario passionnant d’Anthony Yerkovich. La scène finale où Crockett et Tubbs roulent la nuit en Ferrari sur la chanson « In the Air tonight » de Phil Collins reste pour beaucoup dans la réussite de « Miami Vice » (pas de dialogues, des émotions passent juste par les images comme dans les vidéoclips de la chaîne musicale MTV à l’époque). Autre originalité, les personnages dénotent de ceux de l’époque (Lou Grant, MASH, …). Place au doute et à l’ambiguïté, pas d’angélisme sirupeux. Le travail d’infiltration nous est présenté comme quelque chose de dangereux où, à tout instant, la mort peut frapper sans prévenir. La corruption gangrène les forces de police et dénote avec le climat ensoleillé et paradisiaque de Miami. On appréciera enfin la dualité de Crockett, déjà esquissée lors de la scène de nuit sur son yacht où il explique à Gina la difficulté d’adopter deux identités (policier Crockett / trafiquant Burnett). L’alchimie entre Don Johnson et Philip Michael Thomas fonctionne très bien. Leurs réparties et joutes verbales montrent une grande complicité à l’écran et en coulisses. A noter que Tubbs se révèle ici particulièrement charismatique alors que son personnage sera plus lisse par la suite, servant plus de faire-valoir à Don Johnson, véritable star de la série. Même plus de 30 ans après sa première vision, ce pilote reste un chef-d’œuvre du genre, véritable révolution du genre policier à la télé américaine. Anecdotes :
Scénario : A.J. Edison - Réalisation : John Llewellyn Moxey Résumé : Crockett et Tubbs se font passer pour des distributeurs de films pornographiques. Durant leur enquête, ils font la connaissance d’Artie Rollins, de son vrai nom Arthur Lawson, un agent qui travaille comme eux sous couverture mais pour le compte du FBI. Tout porte à croire qu’Artie serait passé de « l’autre côté » car son patron informe les policiers qu’il a disparu depuis plusieurs mois… Critique : Après le pilote très réussi, le risque était grand de tomber dans une série policière banale mais cet excellent épisode nous prouve le contraire en s’inscrivant déjà dans une tonalité sombre qui marquera la suite de la série. Michael Mann était bien conscient de ce piège. Par petites touches, il nous fait suivre le dilemme que ressent tout policier trop longtemps « infiltré » dans un milieu criminel : il peut en perdre la raison ou pire, basculer du mauvais côté tant la situation vécue est schizophrénique et anxiogène. Pour incarner ce flic en rupture, Mann a choisi Ed O’Neill, d’ordinaire plus à l’aise dans le registre de la comédie que du dramatique. Pourtant, l’acteur impressionne par sa présence à l’écran, oscillant entre le tigre hors de contrôle et le brave type complètement paumé. On comprend bien tout le dilemme qui le ronge. Sa situation parle particulièrement à Crockett qui voit chez lui une espèce de miroir déformant, un double négatif de lui-même puisque sa double identité Crockett/Burnett lui fait parfois perdre conscience de qui il est vraiment. Basculer « de l’autre côté » est une tentation à laquelle résistera souvent le policier jusqu’à ce qu’un accident de bateau lui fasse perdre la mémoire et le fasse devenir pour de vrai son alterego Burnett, trafiquant sans scrupules et tueur sans pitié (dans « Le disparu », dernier épisode de la 4ème saison). A deux reprises, il tirera sur Tubbs jusqu’à ce qu’il recouvre la mémoire. Anecdotes :
3. PAS DE PANIQUE Scénario : Joel Surnow - Réalisation : Lee H. Katzin Résumé : Plusieurs petits dealers ont été tués au cours des trois dernières semaines. Crockett et Tubbs découvrent qu’un dealer jamaïcain nommé Desmond Maxwell serait lié à ceux-ci. Durant l’enquête, Jake et Bobby, deux de leurs collègues, sont tués. Les deux flics sont déterminés à retrouver les coupables et se servent d’un petit truand, Noogie Lamont, pour arrêter les tueurs… Critique : Dans cet épisode très rythmé avec sa séquence d’ouverture digne des meilleurs films d’action (le thème trépidant « Cool Runnin’ » de Jan Hammer joue pour beaucoup dans la réussite du prégénérique), nous sommes plongés dans le monde dur et sans pitié des trafiquants jamaïcains, guère plus rassurant que celui des trafiquants colombiens. La mise en scène de Lee H. Katzin joue beaucoup sur les effets de ralenti et bénéficie d’un montage nerveux qui nous scotche et nous donne envie de suivre le récit, mené tambour battant. L’épisode baigne dans une ambiance sombre, souvent filmé de nuit et ponctué par quelques musiques reggae. Etrangement, on retrouvera peu le monde jamaïcain dans la suite de la série, hormis dans un épisode de la 4ème saison traitant de cryogénothéraphie sur le mode loufoque. Se référant assez clairement au pilote, cet épisode souligne aussi combien la vie de flic infiltré mène souvent à l’échec d’une vie de famille : Caroline, la femme de Sonny, demande le divorce et souhaite partir avec leurs fils Billy à Atlanta. Secoué par cette annonce, Crockett se bat pour l’empêcher. Enfin, en contrepoint aux scènes dramatiques, nous découvrons un nouveau personnage particulièrement drôle : l’indicateur Noogie Lamont dit « Le Noogman ». C’est un petit délinquant représentatif de la faune nocturne de Mimai, entre l’arnaqueur et le bonimenteur. Roi de la parlotte, il a pour principale caractéristique de se la jouer tendance et d’être particulièrement accro aux jolies filles. Le personnage reviendra dans plusieurs épisodes de cette 1ère saison et sera ensuite évincé de la série par Don Johnson (l’acteur Charlie Barnett avait un peu trop tendance à aimer les drogues dures et la star exigeait un plateau de tournage « clean ». Barnett décédera du SIDA en 1996 sans jamais renouer avec le succès qu’il connut dans « Deux flics à Miami »). Anecdotes :
Scénario : Joel Surnow - Réalisation : Richard Colla Résumé : Surveillé par Crockett et Tubbs, un trafiquant de drogue est brutalement assassiné par un tueur. Sur les lieux du meurtre, ils trouvent une liste sur laquelle figurent les noms de huit personnes dont six ont déjà été tuées. Crockett figure en bout de liste. Après avoir mis hors d’état de nuire le tueur, le duo policier apprend que Calderone s’est enfui aux Bahamas et se lance à sa poursuite… Critique : Après le succès du pilote, ce double épisode nous prouve à nouveau que « Deux flics à Miami » doit se voir comme un film de cinéma dont la série utilisa d’ailleurs les techniques (fait rare et nouveau pour l’époque). Très rythmée mais n’oubliant pas de développer l’épaisseur psychologique des personnages, cette première partie nous fait sentir tout le danger qui pèse sur les épaules de Crockett, placé sur la liste d’un tueur engagé par Calderone. Cet énigmatique tueur à lunettes jaunes et cheveux frisés, derrière ses sourires enjôleurs (on le voit même manger à côté d’enfants qui jouent et leur sourire), se révèle particulièrement froid et efficace (voir la première scène quand il assassine un truand à coups de fusils à pompe). Sorte de caméléon, il se fond dans le milieu (la scène dans la discothèque) et attend, tapi dans l’ombre, pour bondir sur sa proie. Cet aspect est très bien rendu dans la scène finale lorsqu’il attend Crockett et sa famille chez le policier et mitraille tout, sans se soucier du fait de faire des victimes collatérales comme un enfant et une femme. Peu importe, seul compte le contrat sur la tête du flic. Cette agression, si elle se terminera finalement bien pour Crockett et sa famille, scellera à tout jamais le divorce avec sa femme Caroline. On le comprend dans une courte scène, très intense lors que le couple est assis à l’avant d’une voiture. Peu de mots, des émotions, tout passe à l’image. Enfin, un petit pincement au cœur se fait ressentir à l’annonce de la mort de Lou Rodriguez, premier chef de Crockett et Tubbs, tué en mission alors qu’il protégeait Crockett du tueur. Il sera remplacé par le fascinant Lieutenant Castillo qui apportera indéniablement un plus à la série par la suite. On soulignera encore les compositions électriques obsédantes de Jan Hammer, en parfaite osmose avec les images et le montage. L’ensemble visuel de l’épisode fait par moments penser au film « Scarface » (1982) avec Al Pacino : une ville moderne et ensoleillée mais particulièrement dangereuse. Anecdotes :
5. LE RETOUR DE CALDERONE - 2EME PARTIE Scénario : Joel Surnow et Alfonse Ruggiero Jr. - Réalisation : Paul Michael Glaser Résumé : Suite la mort du Lieutenant Rodriguez, Sonny et Ricardo font parler Mendez, un complice de Calderone. Les deux policiers apprennent que ce dernier se cache aux Bahamas. Tandis que Sonny se fait passer pour le tueur chargé d’éliminer Crockett, Tubbs fait croire qu’il est Mendez. Sur place, Tubbs rencontre la jolie Angelina, dont il tombe amoureux et découvre qu’elle est la fille de Calderone… Critique : Changement de décor pour nos flics qui quittent le soleil de Floride pour celui des Bahamas. Si cette deuxième partie se révèle moins réussie que la première (les scènes de poursuite en voiture sont un peu ridicules), elle fait néanmoins passer un agréable moment où danger, action, romance et suspense alternent sans temps morts. L’ex-Starsky, Paul Michael Glaser, a le sens du cadre et compose de très belles images durant les scènes d’amour entre Tubbs et Angelina, elles ont tout d’un un vidéoclip de MTV aux images léchées (couleurs chaudes, corps dénudés, érotisme chic). A nouveau, comme dans le téléfilm pilote, on retrouve un Tubbs assoiffé de vengeance et prêt à tout pour avoir la peau de Calderone, responsable de la mort de son frère. Il va jusqu’à menacer Crockett si son coéquipier se met en travers de son chemin. A noter que cet épisode réutilise les scènes du téléfilm pilote où l’on voyait le frère de Tubbs se faire tuer par les hommes de Calderone. Cet épisode évoque à nouveau , après le pilote et le second épisode « Haut les cœurs », la corruption policière (les flics des Bahamas sont à la solde de Calderone et font tomber Crockett dans un piège). Si justice sera faite en fin d’épisode (alors que la fin du pilote montrait nos flics échouer dans leur tentative d’arrêter Calderone), la mélancolie domine : Tubbs perd Angelina et doit dire adieu à une belle histoire d’amour. Jusqu’à ce qu’il la retrouve dans le dernier épisode de la 2ème saison (On connaît la chanson) et apprendra qu’il a eu un fils avec elle. Anecdotes :
Scénario : Alfonse Ruggiero Jr. - Réalisation : Lee H. Katzin Résumé : Sonny Crockett et Ricardo Tubbs surveillent un certain Owens, homme de main d’Albert Lombard, dangereux prêteur sur gages. Ils découvrent que Barbara Carrow, mère de famille et joueuse compulsive, a accumulé d’importantes dettes de jeu auprès du truand. Ancienne amie de lycée de Sonny, elle lui demande de l’aider. Tubbs se fait passer pour un truand afin d’approcher Lombard… Critique : Dans cet épisode intéressant, nous découvrons que Crockett se trouve dans un conflit d’intérêt puisqu’il enquête sur un bookmaker et promet en même temps d’aider une ancienne amie de lycée qui a accumulé de grosses dettes de jeu auprès de ce même usurier. Malgré tout, il fait tout pour tenter de l’extirper des griffes du truand mais se retrouve pris au piège d’une manipulation orchestrée par un des hommes de main du gangster. Commence alors une procédure de harcèlement par un inspecteur de la police des polices qui essaye de salir à tout prix Crockett. On découvre avec plaisir et étonnement que le Lieutenant Castillon fraîchement arrivé, prend la défense de Crockett et remet le « bœuf carotte » à sa place. De son côté, Tubbs s’infiltre dans le milieu des paris et réussit à manipuler l’homme de main qui a fait tomber Crockett. Le manipulateur se retrouve manipulé à son tour. Intéressant retournement de situation. La réalisation de Lee Katzin (après le 3ème épisode « Pas de panique ») ménage habilement tension et suspense qui vont crescendo jusqu’au final inattendu. A nouveau, il n’y aura pas de happy end et ce sera un nouvel échec pour notre duo policier. Enfin, on notera la mise en valeur le quartier de Downtown Miami avec ses buildings et ses banques, entièrement tourné en décors naturels. Anecdotes :
Scénario : Maurice Hurley, d’après une histoire de Charles R. Leinenweber - Réalisation : David Soul. Résumé : Sonny et Ricardo essayent de coincer Tony Amato, un trafiquant d’armes international. Un vol de missiles sol-air a eu lieu dans un entrepôt et les policiers le soupçonnent d’en être l’auteur. L’équipe met sa maison, sa voiture et son bureau sur écoute et le suit dans tous ses déplacements… Critique : Dans cet épisode moyennement intéressant (la réalisation manque un peu de peps), nous entrons de plein pied dans le milieu des trafiquants d’armes de guerre. La Brigade des mœurs ne traitait pas que d’affaires liées à la drogue ou la prostitution mais aussi d’armes. Ce récit présente au grand public le danger des missiles sol-air et montre de manière assez conventionnelle les conflits entre forces de police fédérales et locales (le méchant est protégé par des agents fédéraux au nom d’ « intérêts supérieurs aux intérêts locaux »). Dans le rôle du gangster de l’épisode, Bruce Willis ne fait pas vraiment d’étincelles et se révèle plutôt antipathique (normal, c’est le mécahnt), surtout lorsqu’on apprend qu’il bat sa femme. A cet égard, Crockett et Tubbs ne cachent pas leur dégout en le traitant de « porc ». Afin de coincer les trafiquants, Tubbs se fait passer pour un jamaïcain intéressé par l’achat des missiles. Avant de remplacer le « vrai » trafiquant, nous assistons à une scène amusante dans l’aéroport de Miami, au son du très rock « Airport swap » de Jan Hammer, à l’arrestation du trafiquant par Switek et Zito. La mise en scène joue sur les apparences puisque la ressemblance avec Tubbs est tellement similaire qu’on croit d’abord que c’est le policier. Une caractéristique du cinéma de Michael Mann qui aime jouer avec les apparences (dans « Heat », De Niro se fait passer pour un membre du personnel médical pour voler une ambulance qui servira plus tard pour son braquage). Enfin, on soulignera la grande humanité de Crockett qui s’implique beaucoup, presque comme un assistant social, pour venir en aide à la femme de Bruce Willis, poussée à bout par le fait d’être battue. Ce qui débouchera sur une fin particulièrement traumatisante. Hormis quelques baisses de rythme dans la réalisation, cela reste un épisode intéressant qui montre une évolution des personnages principaux, toujours plus marqués par les événements souvent traumatisants qu’ils traversent. Anecdotes :
Scénario : Philip Reed & Joel Surnow - Réalisation : Georg Stanford Brown Résumé : Crockett et Tubbs soupçonnent Louis McCarthy, un riche homme d’affaires, de faire du trafic de drogue. Se faisant passer pour des passionnés de courses de bateaux, Sonny et Rico défient McCarthy de gagner une course d’offshore. La compétition s’engage et les flics découvrent comment le trafiquant procède pour acheminer sa drogue… Critique : Dans cet épisode plutôt mineur, nous nous retrouvons dans un univers de luxe et d’argent (grosses villas, bateaux puissants, voitures de sport très onéreuses). McCarthy, le méchant de l’épisode, se révèle plutôt sympathique et surtout animé par un esprit de compétition (l’épisode « Ah ! L’amour ! » de la 2ème saison reprendra en grande partie la trame de cet épisode-ci avec quelques petits changements). Au niveau de leur travail d’infiltration, Crockett et Tubbs se la jouent plutôt « beaux gosses tendance playboy » avec gros bateau offshore et Ferrari. Ici, ils ne jouent pas véritablement leur peau en étant plongés dans un milieu ultra-dangereux, à la différence d’autres épisodes plus sombres. Pour meubler un scénario un peu faible, Tubbs connaît une romance avec une assistante de McCarthy. On remarquera d’ailleurs que la majeure partie de cet épisode se passe de jour et dans une ambiance ensoleillée. Par contre, on regrettera la réalisation peu inspirée de Georg Stanford Brown qui filme cet épisode sans grande conviction. Il met en scène de belles images et nous transporte dans un univers de luxe (il sait y faire puisqu’il avait auparavant réalisé de nombreux épisodes de diverses séries du producteur Aaron Spelling, bien connu pour aimer le luxe et faire des séries qui traitaient de ce thème). Mais Brown n’arrive pas à donner d’énergie au montage et du coup, donne à l’ensemble l’impression d’une certaine platitude. A part la scène où Crockett joue sa Ferrari au billard (on se dit « pourvu qu’il gagne »), la course de bateaux n’a pas grand-chose de spectaculaire. Heureusement qu’il y a la musique de Jan Hammer pour donner une impression de mouvement. Si la fin est globalement positive, la chute tombe un peu à plat. Dommage. Anecdotes :
Scénario : Rex Weiner & Allan Weisberger - Réalisation : Stan Lathan Résumé : Joey Bramlette est appelé à témoigner contre un certain Enrique Ruiz, trafiquant de drogue qui aurait tué un policier dans les Everglades. Mais Ruiz fait kidnapper la fille de Bramlette, en échange de son silence. Celui-ci fausse compagnie à Switek et Zito. Crockett et Tubbs se lancent à sa recherche au cœur des Everglades… Critique : Malgré une classique histoire de kidnapping et de témoin sous surveillance, le réalisateur Stan Lathan fournit un excellent travail sur cet épisode. Curieux qu’il n’en ait plus réalisé par la suite… A l’aise dans tous les genres (il a réalisé de nombreuses séries : Fame, Falcon Crest, Alien Nation, Capitaine Furillo, …), il tire le meilleur parti du cadre plutôt inhabituel dans lequel se déroule cet épisode : les Everglades. C’est d’ailleurs, dans toute l’histoire de la série, un des rares épisodes qui se passe en dehors de Miami (le 15ème épisode la 4ème saison, « Les guerres », reviendra dans les Everglades). Au début, on pense un peu au film « Délivrance » de John Boorman quand Crockett et Tubbs se font passer pour de braves citadins et débarquent chez des ploucs trop heureux de se payer des petits gars de la ville (télévision oblige et donc censure de la violence, pas de scène de sodomie comme dans le film…). Le récit alterne habilement tension et humour (les scènes d’action sont contrebalancées par l’humour d’un vieux pépé édenté qui espionne pour le compte de nos flics). Riche de son expérience militaire au Vietnam, Crockett nous montre tout son savoir-faire en matière de stratégie et d’infiltration derrière les lignes ennemies : tel un chat, il s’introduit dans la maison où est retenue prisonnière la gamine du témoin à charge et descend les méchants sans problème. Dans une des scènes de fin, nous sommes particulièrement étonnés de le voir descendre le sale type qui retient la gamine en otage. A l’époque, la scène avait choqué pour son côté inhabituel et dur, incarnation du slogan américain « On ne négocie pas avec les terroristes » même s’il s’agit ici de banals trafiquants. Notons enfin que Crockett et Tubbs se font passer pour Sonny Bates et Leroy Reese alors que par la suite, leurs faux noms seront invariablement Sonny Burnett et Rico Cooper. Un épisode qui se savoure comme un bon petit film d’action. Anecdotes :
Scénario : Chuck Adamson - Réalisation : Bobby Roth Résumé : Sonny et Ricardo découvrent une importante cargaison de drogue dans un entrepôt tenu par le jeune Bob Rickert. Celui-ci leur confie qu’il travaille pour un certain Sally Alvarado qui tente de tuer les deux policiers. Au terme d’une poursuite sur les chapeaux de roue, le truand est arrêté. Mais Richard Cain, l’avocat de ce dernier, confie à Sonny qu’il a besoin de connaître l’identité de son indicateur pour préparer la défense de son client. Crockett refuse et se retrouve derrière les barreaux… Critique : Cet épisode, particulièrement intéressant, se focalise sur la traite des êtres humains, en l’occurrence un trafic de filles exploitées par l’ignoble Lupo Ramirez et son homme de main Alvarado. Nous en apprenons un peu plus sur les failles de Crockett et Gina. L’épisode nous interroge sur jusqu’où doit aller le travail d’infiltration ? Pour obtenir des informations, Gina se retrouve contrainte de coucher avec le répugnant Ramirez. Une forme de viol qui traumatisera la jeune femme et qui clôt l’épisode de manière bouleversante sur le visage de Gina et Crockett effondrés. Autre questionnement autour de la protection des sources : Crockett refuse de livrer le nom de son informateur à la juge qui lui en donne l’ordre et se retrouve derrière les barreaux comme un vulgaire criminel. Le rôle particulièrement abject des avocats est également mis en avant, via la figure de Richard Cain (incarné par un jeune Terry O’Quinn, le Locke de « Lost ») qui se fiche de savoir que Crockett et Tubbs ont risqué leur vie en voulant arrêter Alvarado. Pour lui, seule compte la défense de son client et peu importe que ce soit un sale gangster du moment qu’il paye bien. Par contre, on regrettera le peu de présence à l’écran de Michael Madsen qui apparaît aussi vite qu’il disparaît, possédant pourtant un charisme et un côté inquiétant assez peu exploités ici, à la différence des films de Quentin Tarantino qu’il tournera par la suite. Anecdotes :
11. LE PETIT PRINCE Scénario : Daniel Pyne, d’après une histoire de Joel Surnow & Wendy Cozen - Réalisation : Alan J. Levi Résumé : Alors qu’elles se font passer pour des droguées en manques le but de démanteler une planque, Gina et Trudy se retrouvent en fâcheuse posture jusqu’à l’intervention de Crockett et Tubbs. Sur place, ils arrêtent Mark Jorgenson, Jr., le fils d’un riche et puissant homme d’affaires. Le jeune homme se drogue régulièrement et son père est déterminé à le faire entrer en cure de désintoxication. Jorgenson Senior serait à l’origine d’un juteux trafic. Sonny se fait passer pour un ami de son fils afin de faire tomber l’homme d’affaires… Critique : Dans cet épisode particulièrement bien réalisé, la thématique tourne autour des gosses de riches qui fuient dans les paradis artificiels. On se rend compte que la drogue ne touche pas que les classes défavorisées. Le Petit Prince (une référence à peine voilée au roman de Saint-Exupéry) est incarné avec subtilité par un Mitchell Lichtenstein particulièrement attachant. Loin d’être un gosse arrogant qui multiplie les bêtises et les sales coups genre viol, accident de voiture, … ; le jeune homme tombe dans une spirale où il se détruit peu à peu au lieu de faire du mal aux autres. La mise en scène inspirée d’Alan J. Levi suit ses errements au travers de plans bien cadrés qui accompagnent le jeune homme dans sa fuite. Il y a quelque chose de contemplatif, renforcé par une musique planante. Nous ressentons bien tout son malaise et son désarroi face à un père autoritaire et sans pitié. Un paternel qui n’hésite pas à l’humilier lors d’une course de polo. Homme de pouvoir influent (sa richesse est illustrée par de très beaux plans ensoleillés sur son immense manoir en bord de mer), ce dernier détruit quiconque menace son trafic. Crockett et Tubbs se font un devoir de l’arrêter. A la fin, une lueur d’espoir laisse penser que le petit prince va reprendre sa vie en main et mener une vie plus libre. Touchant. Anecdotes :
Scénario : Dennis Cooper & Allison Hock - Réalisation : John Nicolella Résumé : A l’aéroport de Miami, Eddie Rivers et Louis Martinez, deux jeunes hommes, projettent d’introduire de la drogue en provenance de Colombie. Les stupéfiants sont cachés dans des statuettes religieuses. Sonny et Ricardo tentent de les persuader de renoncer à ce projet mais les deux compères leur échappent. A son retour de Colombie, Eddie est arrêté et menacé par Crockett. En échange de sa liberté, il doit l’aider à arrêter les frères Moya… Critique : Dans cette histoire aux accents plutôt sombres, deux jeunes cherchent à se faire de l’argent facile en convoyant de la drogue. Ils croient que leur coup réalisé, ils seront riches et à eux la belle vie. Une fois le pied mis dans l’engrenage, ils se rendent compte - trop tard - qu’ils sont aspirés dans un trou noir auquel rien ne peut échapper. Crockett menace Eddie de manière très ferme et lui fait comprendre que la réalité le broiera comme un insecte. Plutôt rude avec lui au début, le flic se radoucit et se transforme ensuite en grand frère protecteur, lui promettant de le tirer de ce faux pas. Evidemment, le temps joue contre le duo policier qui n’arrive pas à contrecarrer l’inéluctable. Après avoir monté une opération destinée à choper les méchants, la suite ne se déroule pas comme prévu. Crockett peut heureusement compter sur l’intervention efficace de Tubbs qui neutralise les assaillants sans perdre son sang-froid. Cet épisode est mené sans temps morts et de façon plutôt réaliste, tant dans la salle d’interrogatoire (les flics ne portent pas leur arme et leur holster est donc vide, afin d’éviter que des suspects s’en emparent) que lors des échanges de coups de feu avec les gangsters, mettant en valeur le côté nocturne de Miami et plusieurs lieux bien connus (aéroport, Ocean Drive où se trouvent la plupart des hôtels d’architecture art deco, marque de fabrique du style de la série). Cette histoire marque enfin une lente transition de la série vers une tonalité plus sombre, en témoigne la plupart des scènes qui se passent de nuit. Anecdotes :
Scénario : Joseph Gunn & Maurice Hurley, d’après une histoire de Joseph Gunn - Réalisation : Georg Stanford Brown Résumé : Crockett et Tubbs ont pour mission de veiller à la sécurité dans un hôtel de luxe. Le Lieutenant Castillo leur ordonne d’arrêter deux flics véreux qui se pratiquent chantage, trafic de drogue et exploitent des prostituées. Sonny se fait passer pour un jeune homme coincé et tombe sur Candy, une prostituée de l’hôtel. En échange d’un casier judiciaire vierge, elle accepte d’aider les policiers dans leur enquête. Sonny et Rico rencontrent ensuite un cambrioleur, Albert Szarbo, qui vide les coffres de l’hôtel avec son acolyte thaïlandais. A leur hôtel, ces derniers sont brutalement exécutés par un mystérieux homme cagoulé. Castillo découvre qu’ils seraient liés au trafic d’opium et d’héroïne provenant du fameux Triangle d’Or… Critique : A nouveau, voici nos flics plongés dans un univers de luxe où ils jouent les détectives dans un hôtel de standing. Si le départ de l’histoire paraît un peu nébuleux (Castillo leur demande de neutraliser des flics ripoux, très vite oubliés par la suite), le reste de l’épisode nous fait passer un très agréable moment. La scène au bord de la piscine (quand Crockett se fait passer pour un « nerd », puceau et à cheveux plats, avec sa poche de chemise remplie de bics) nous fait bien rire. Fameux contraste avec son allure posée et confiante. Pour appâter les ripoux, il se sert de Candy, une prostituée au grand cœur, avec qui s’établit rapidement une grande complicité, temps fort de cet épisode qui se passe la plupart du temps de jour et dans des décors ensoleillés. Par contre, on se demande un peu d’où sortent ces cambrioleurs sortis de nulle part et disparus aussi vite, sorte de bouche-trous prétextes à enchaîner vers la chute de l’histoire. Enfin, on voit une scène absurde mais très drôle aussi : Crockett trouve que les griffes de son alligator Elvis sont trop longues et sort une grande lime pour lui faire les ongles ! Après cette première partie plutôt lumineuse, la seconde baignera dans une ambiance nettement plus sombre pour un épisode encore meilleur que celui-ci. Anecdotes :
Scénario : Joseph Gunn & Maurice Hurley, d’après une histoire de Joseph Gunn - Réalisation : David Anspaugh. Résumé : Plusieurs années avant de devenir le chef de la brigade des Mœurs de Miami, le Lieutenant Martin Castillo était en mission secrète en Thaïlande comme agent infiltré de la DEA (Drug Enforcment Agency). Sa mission était d’arrêter le Général Lao Li, ex-militaire chinois et grand seigneur du trafic d’opium. Castillo avait prévu de lui tendre une embuscade mais l’opération échoua à cause d’un traître qui avait prévenu le criminel. Après avoir perdu ses hommes au cours du raid, Castillo apprend que sa femme, May Ying, est morte dans l’explosion de leur maison. Mais une photographie prise à l’aéroport de Miami prouve le contraire. Castillo comprend que sa femme vit toujours et que Lao Li la retient en otage… Critique : Cet épisode nous en apprend beaucoup sur le passé du Lieutenant Martin Castillo, personnage fascinant et énigmatique. On y voit une scène très touchante entre Castillo et May Ying lors de leurs retrouvailles. Le policier s’y montre particulièrement doux et sensible, ce qui contraste nettement avec l’image dure et inflexible qu’il dégage durant la majorité de la série. Comme l’écrit très bien Axel Cadieux dans son excellent ouvrage « L’horizon de Michael Man » (éditions Playlist Society, page 79) : (…) il prononce cette phrase lourde de sens à propos de sa profession : « C’est tout ce que j’ai. C’est ce en quoi je crois. C’est ce que je suis. » Comme toute forme d’obsession, le travail porte en lui une possibilité d’aliénation, qui guette les hommes manniens et dont Castillo est le prototype. Entièrement consacré à son badge et à son arme, solitaire, lugubre, il n’a rien d’un individu accompli. Au contraire, il n’est qu’une ombre, hanté par les souvenirs et la possibilité avortée d’une idylle. (…) » C’est en substance ce que nous dit cet épisode où Edward James Olmos nous montre toute l’étendue de son talent. Armé de son seul charisme et avec peu de mots, il fait passer énormément d’émotions. Impressionnant. Cette 2ème partie montre aussi la parfaite osmose entre lui, Crockett et Tubbs. Ils n’ont pas besoin de se dire les choses, un regard, un geste et ils ont compris ce qu’il faut faire. Dans les scènes de combats à mains nues, Edward James Olmos se révèle également très à l’aise, enchaînant les blocages et les coups secs de façon crédible. Enfin, on comprend le rôle peu glorieux de la CIA dans le Sud-Est Asiatique : cette agence fédérale de protège Lao Li en échange de la défense des « intérêts américains » là-bas. Le Gouvernement américain protège des criminels au nom de la raison d’état. Une désillusion de plus pour Castillo, Crockett & Tubbs. Si on devait établir un best of des 10 meilleurs épisodes de la série, cet épisode serait certainement dans les 5 premiers. Rien de moins. Anecdotes :
Scénario : Miguel Pinero - Réalisation : Paul Michael Glaser Résumé : Crockett et Tubbs prennent en filature un petit dealer nommé Morales qui les conduit jusqu’à un yacht où une femme est retenue prisonnière. Soudain, le bateau explose. Morales échappe à la mort et les policiers découvrent qu’il importait clandestinement de la drogue en Floride. Plusieurs trafiquants ont été assassinés par une bande de malfrats qui obtiendraient leurs informations des fichiers de la police. Sous la supervision d’Ed Waters, un agent de la CIA, Sonny et Ricardo partent en Colombie, sous l’identité de criminels, afin d’y acheter de la cocaïne, la ramener à Miami et démasquer la taupe au sein de la police… Critique : Encore un titre français particulièrement crétin. A se demander où les traducteurs vont le chercher… A part cet inconvénient somme toute mineur, cet épisode nous plonge au cœur du trafic de drogue : la Colombie. Crockett et Tubbs se retrouvent seuls, sans renforts et livrés à eux-mêmes. Malheureusement, Tubbs se fait arrêter et interroger dans une prison qui n’a rien du Club Med. Sa couverture de criminel lui permet de recouvrer la liberté (à nouveau le thème de la corruption des autorités locales) mais le brave Rico aura eu chaud. Particulièrement sombre et angoissant, le récit nous fait clairement prendre conscience du danger du travail d’infiltration. Sans cesse sur leurs gardes, ne devant leur salut qu’à leur capacité à se fondre dans la peau de criminels sans éveiller les soupçons ; nos deux flics arrivent tout juste à sauver leur peau malgré une trahison imprévue. Le personnage de Glenn Frey apporte un peu d’humour et de décontraction dans une histoire marquée par une tension perceptible à l’écran durant la quasi-totalité de l’épisode. Après la seconde partie du « Retour de Calderone », l’ex-Starsky, Paul Michael Glaser, prouve qu’il a le sens de la mise en scène et du montage, effectuant un excellent travail sur cet épisode entièrement construit, à la base, à partir de la chanson « Smuggler’s blues » de Glenn Frey. Bref, un autre épisode de très bonne facture. A noter que le film de Michael Mann, réalisé en 2006, reprendra en partie la trame de cet épisode, notamment la scène de fin où Trudy se retrouve prisonnière dans un bâtiment truffé d’explosifs. Anecdotes :
Scénario : Daniel Pyne - Réalisation : David Anspaugh Résumé : Fuyant New York et sa famille, la jeune Diane Gordon se voit proposer un contrat de mannequin par le gangster David Traynor. Ce dernier utilise ses mannequins qu’il « loue » comme call-girls de luxe à de riches clients. La sœur de Diane, Valérie, arrive à Miami pour la retrouver. Elle va trouver Tubbs qu’elle a connu à New York pour lui demander de l’aide. Crockett et Tubbs se font passer pour des hommes d’affaires intéressés par des filles et enlèvent Diane pour la ramener auprès de sa sœur. Mais Diane refuse et est retrouvée assassinée peu après. Valérie décide de venger la mort de sa soeur… Critique : Dans cet épisode plutôt mineur, nous sommes à nouveau plongés dans l’univers des call-girls de luxe pour une histoire tournant autour de la traite des êtres humains (après le 10ème épisode « Si peu qu’on prenne »). L’intérêt de l’épisode réside plus autour de la relation amoureuse entre Tubbs et Valérie, une ex-collègue policière du temps où Rico était flic à New York. Au travers de très belles scènes romantiques, nous partageons les moments d’intimité du couple. Malheureusement, la suite des événements empêchera Tubbs de construire une relation durable. Après la fille de Calderone, le policier n’a pas plus de chance en amour que son collègue Crockett. Il est d’ailleurs curieux de voir Tubbs se comporter de manière hystérique vers la fin de l’histoire, fait plutôt inhabituel venant de quelqu’un de plutôt cool. Quand l’amour s’en mêle, la raison déraille… Valérie le rappelle alors à l’ordre. Pour le reste, le réalisateur David Anspaugh semble peu inspiré, filmant de manière terne une histoire guère palpitante. Le personnage de Diane, la sœur de Valérie, n’a pas grand-chose pour elle. On a l’impression d’assister aux caprices d’une petite fille gâtée, ce qui suscite peu d’empathie chez le spectateur qui se fiche un peu de savoir ce qui va lui arriver par la suite. Fade aussi est le méchant de l’histoire, un maquereau sans relief pourtant incarné par un John Turturro qu’on a connu en meilleure forme par la suite. Une scène bien mise en scène retient tout de même l’attention : quand Crockett et Tubbs « kidnappent » Diane et la ramènent à sa sœur Valérie puis que les sœurs se crient dessus, nous ressentons toute l’incompréhension et le conflit de générations qui existe au sein de certaines familles. Du reste, l’épisode ne retient pas vraiment l’attention et s’oublie assez vite. Dommage. Anecdotes :
17. Y’A DES JOURS COMME ÇA Scénario : Michael Eric Stein - Réalisation : Tim Zinnemann Résumé : Alors qu’ils sortent d’un restaurant avec deux collègues policiers, Crockett et Tubbs assistent au saccage d’une boutique par de jeunes délinquants. Lors de l’intervention, ceux-ci tuent un de leurs collègues et parviennent à s’échapper. La bande se réfugie dans un vieil hôtel squatté par des réfugiés qu’ils prennent en otage. Tubbs se fait passer pour un sdf et infiltre le lieu pour tenter de sauver les otages tandis que Crockett assure ses arrières… Critique : Autre titre français particulièrement idiot qui fait plus penser à une comédie franchouillarde de Max Pécas qu’à une série policière. Prenant et bien réalisé, cet épisode met particulièrement en valeur les bâtiments art déco de la ville de Miami et la problématique des réfugiés haïtiens, pauvres et contraints de vivre dans des bâtiments abandonnés. L’histoire est quelque peu confuse quant aux intentions des délinquants qui semblent plus intéressés à jouer les caïds à gros flingues qu’à revendiquer quelque chose. Mais nous sommes surtout pris par le suspense et la tension de l’histoire, craignant pour la vie de Tubbs, infiltré sous l’identité d’un sdf musicien. Pour couvrir ses arrières, Crockett se révèle fin stratège, travaillant de concert avec les forces d’intervention spéciale (pour la petite histoire, les policiers du « SWAT » qu’on voit dans cet épisode sont de vrais policiers engagés par Michael Mann, soucieux d’apporter un maximum de réalisme. Exceptionnellement, le producteur « viole » sa règle des couleurs pastels : les uniformes de la police de Miami sont de couleur ocre et brun clair alors que ces couleurs étaient bannies de la série, privilégiant les bleus, beige, rose : lire présentation de la série). L’histoire nous montre aussi l’âge particulièrement jeune des délinquants et comment, en quelques actes, ils peuvent ficher en l’air la suite de leur vie. Ce basculement s’opère de manière imperceptible et surtout, sans jugement. Ils commettent un crime, prennent des otages, les policiers les arrêtent. Boum. Clap de fin. Un bon petit film d’action de 46 minutes. Anecdotes :
18. FAITS L’UN POUR L’AUTRE
Scénario : Allen Weisbecker, d’après une histoire de Joel Surnow et Allen Weisbecker - Réalisation : Rob Cohen Résumé : Tubbs et Crockett réussissent à neutraliser un réseau de faux-monnayeurs avec l’aide de leur collègue Zito qui perd ensuite sa maison, détruite par une fuite de gaz. Switek propose de l’héberger mais sa copine Darlene n’est pas d’accord. Le Lieutenant Castillo charge Switek et Zito d’enquêter sur John Costelada, un des plus gros receleurs de Floride. Après avoir récolté quelques informations chez leurs indics Noogie Lamont et Izzy Moreno, les deux flics contactent Barry « Bonzo » Gold, bras droit de Costelada. Les deux flics décident d’attirer le receleur avec une cargaison de matériel hi-fi et un camion de chantier… Critique : Un des rares épisodes qui quitte le monde sombre et violent du crime pour un peu de comédie. Loufoque et terriblement kitsch (couleurs, costumes, décors), il privilégie les personnages de Switek et Zito, ainsi que les indicateurs et inénarrables Noogie Lamont et Izzy Moreno (Crockett et Tubbs sont peu présents dans cet épisode). La tonalité de l’ensemble de l’épisode se rapproche de la comédie « Midnight Run » (1988) avec Robert De Niro où nous n’avons pas vraiment peur de ce qui va arriver aux personnages tant le ton se veut comique et limite déjanté. Nous découvrons les talents de baratineurs d’Izzy et Noogie, tellement ringards qu’ils en deviennent attachants (comme Switek et Zito dans un autre genre). Même les méchants de l’histoire n’ont pas l’air sérieux (Costelada ressemble à une caricature de mafieux, outrancier et finalement grotesque comme son bouffon « Bonzo »). Durant cette première saison, la série se cherchait encore un peu, alternant drame, thriller, suspense et parfois comédie (cet épisode est l’exception en dehors des quelques scènes qui jalonnent le début de la série quand Crockett crie sur son alligator Elvis). On retrouvera encore un épisode loufoque dans la deuxième saison avec Phil Collins (Jeux de vilain) mais nettement moins inspiré et entièrement construit autour du chanteur de « Genesis ». Pour la petite histoire, « Faits l’un pour l’autre » était pourtant un des épisodes préférés de Michael Mann (derrière ses apparences de manager froid se cacherait-il une âme d’enfant qui aime l’humour ?). Il faut dire que la gouaille des deux indicateurs contribue grandement à rendre cet épisode éminemment plaisant à suivre. Un petit chemin de traverse apprécié, un moment de détente entre deux histoires sombres, pourquoi pas ? Enfin, on rit de l’amour immodéré de Switek pour Elvis Presley dont le portrait tapisse l’entièreté des murs de son appartement. Quand le roi du rock’n roll passe à la télé, Switek entre en transe… Inoubliable. Anecdotes :
Scénario : Chuck Adamson - Réalisation : Abel Ferrara Résumé : Plusieurs familles de Miami sont violemment attaquées chez elles par des cambrioleurs sans scrupules. Le Lieutenant Malone, ancien mentor de Crockett, demande l’aide de la brigade des mœurs pour mettre hors d’état de nuire les malfrats. Crockett et le Lieutenant Castillo font leur enquête et découvrent que les victimes ont un point commun : un salon de coiffure où travaille un des cambrioleurs. Crockett et Castillo n’ont que peu de temps pour repérer et arrêter les truands qui ont déjà tué un policier et grièvement blessé une des victimes… Critique : Un épisode qui marque une transition dans l’univers de « Vice » : le ton devient plus sombre avec des scènes très violentes pour l’époque. Un exemple frappant, peu avant le générique de début, la caméra s’attarde sur le visage de deux petits enfants blonds, innocents alors que leurs parents sont sauvagement agressés hors-cadre. Le réalisateur, Abel Ferrara, s’y connaît en la matière puisqu’il réalisera ensuite des films très durs comme « King of New York » (1990) avec Christopher Walken et « Bad Lieutenant » (1992) avec Harvey Keitel. Michael Mann a également fait appel au scénariste Chuk Adamson, ancien policier reconverti dans le show business (tout comme Dennis Farina qui incarna le bookmaker Lombard dans la série et surtout, le Lieutenant Mike Torello dans la série policière « Crime Story / Les incorruptibles de Chicago », produite par Mann en 1986). Adamson a su donner un aspect réaliste au scénario de cet épisode, se basant sans doute sur ce qu’il a vécu quand il était flic. Autre aspect intéressant : le duo Crockett / Tubbs fait place au duo Crockett / Castillo, tout aussi efficace. Pour contrebalancer cette histoire empreinte de noirceur (on apprécie les scènes nocturnes qui renforcent l’aspect inquiétant de Miami au son du thème « Clues » de Jan Hammer), quelques moments d’humour viennent alléger le récit : lorsque le lieutenant et son détective arrêtent une vieille bourgeoise en Corvette, pour savoir dans quel salon de coiffure elle se rend (une piste qui permet de remonter vers les truands) ; elle s’écrie : « Au secours, ne me violez pas ! » Si le suspense est bien mené tout au long de l’épisode (on ressent la tension des policiers et la course contre la montre pour stopper ces crapules coûte que coûte), on regrettera un peu le côté « John Wayne » de la fin : les deux flics débarquent dans la maison où se trouvent les braqueurs et les dézinguent en deux temps trois mouvements. Bref, que justice soit faite. Enfin, l’épisode évoque de manière un peu mélancolique le passé de Crockett qui a eu pour mentor le chef de la brigade criminelle, remis en question par Castillo lors de l’enquête. Crockett doit se rendre à l’évidence : son ancien boss a fait son temps et doit se retirer. Malgré un happy end concernant l’enquête et sa résolution, l’histoire se clôt sur la tristesse du policier. Anecdotes :
Scénario : Edward Di Lorenzo - Réalisation : Jim Johnston Résumé : Ricky, Ace et Snake, trois jeunes punks complètement ivres et drogués, sèment la terreur dans les rues et les restaurants de Miami. Quand un cambriolage à main armée tourne au drame, Crockett et Tubbs sont mis sur l’affaire avec la brigade criminelle. Izzy Moreno, l’indicateur de Crockett, apprend que les trois voyous veulent se lancer dans le trafic de drogue. Pendant ce temps, Crockett entretient une liaison amoureuse avec Brenda, une jolie architecte. Son histoire d’amour met en danger la vie de Tubbs et Castillo écarte Crockett de l’affaire. Castillo et Tubbs, accompagnés de Switek et Zito, tendent un piège aux tueurs fous… Critique : A part l’histoire d’amour de Crockett, cet épisode n’a pas grand-chose pour lui : intrigue plutôt plate, personnages ultra-stéréotypés, résolution basique. Hormis le plaisir de faire le mal pour le mal, on se demande bien ce qui anime les trois punks lorsqu’ils font régner la terreur dans les rues de Miami. Sans doute ne faut-il tout simplement pas se poser la question. Par contre, on espère et on attend que Crockett soit enfin heureux en amour après la déliquescence de son couple dans « Le retour de Calderone 1ère partie ». Tubbs met en garde sa petite amie sur les sacrifices auxquels elle devra consentir si elle désire partager la vie de son coéquipier, ce qui donne lieu à un échange plutôt tendu. C’est la confrontation de deux mondes : celui des gens fortunés et sans histoires à celui des flics sans le sou évoluant dans un monde dangereux. Aspect dangereux renforcé lors de l’agression de Tubbs par des truands : absent pour épauler son coéquipier en planque car sa petite amie ne l’a pas réveillé, Crockett constate, impuissant, que son ami s’est méchamment fait casser la figure. Conséquence : Castillo lui retire l’enquête et le flic fait son examen de conscience lors de très belles scènes tournées à la nuit tombante sur son bateau au son de « Heartbeat » du groupe Red 7. Malgré tout, la fin se termine bien et nous offre à voir l’indéfectible amitié qui lie Crockett à Tubbs, renforcée encore par la suite dans l’épisode suivant : « Evan ». Anecdotes :
Scénario : Paul Diamond - Réalisation : Rob Cohen Résumé : L’équipe de Castillo surveille un hangar où doit avoir lieu une vente de mitraillettes Mac-10. Evan Freed, homme de main du trafiquant Guzman, fait une démonstration impressionnante de la puissance de feu des armes. La police investit les lieux mais les trafiquants parviennent à prendre la fuite dans un déluge de feu. Crockett apprend à Tubbs qu’Evan est un flic infiltré pour faire tomber Guzman. Plus surprenant, Crockett demande à Castillo d’être retiré de l’affaire. Gina découvre qu’un ancien collègue des deux flics, Mike Orgell, a été tué lors d’une mission. Crockett tient Evan pour responsable… Critique : Cet épisode, certainement le meilleur de toute cette 1ère saison, imprime définitivement la tonalité sombre et désespérée de « Miami Vice » (qui n’est pas que de l’esthétique MTV vidéo aux couleurs pastel comme certains critiques l’ont un peu trop vite oublié). Si les thèmes abordés sont le trafic d’armes (avec les mitrailleuses Mac-10, particulièrement dangereuses), la culpabilité et la concurrence entre forces de police locales et fédérales ; l’histoire insiste bien sur la tonalité grise du monde dans lequel évoluent les flics infiltrés : rien n’est noir, rien n’est blanc. On peut devenir complètement cinglé et on navigue constamment entre deux eaux. Avec le plus souvent des échecs que des réussites. Et de lourds secrets qui vous hantent. L’épisode évoque la question, encore taboue, de l’homosexualité dans les forces de l’ordre. On apprend ainsi que Crockett n’a pas réagi lorsqu’il a découvert qu’un de ses anciens équipiers, Mike Orgell, a avoué être gay. Un autre collègue flic, Evan Freed, l’a raillé jusqu’à ce qu’Orgell se sacrifie lors d’une mission. Depuis, Evan ne se le pardonne pas et joue les têtes brûlées en acceptant les missions d’infiltration les plus dangereuses. La mort d’Orgell est racontée par Crockett lors d’une des plus belles scènes de toute la série, tournée de nuit dans une station essence, où le policier exprime beaucoup d’émotions et montre comment cela le ronge. Le réconfort que lui apporte Tubbs se révèle très touchant. Enfin, la question du sacrifice se pose aussi en fin d’épisode (tourné dans une sorte de cimetière pour bateaux, un lieu fascinant et comme hors du temps) : pour réparer ce qu’il a fait, Evan adopte une attitude de rédemption et sauve Crockett du trafiquant Guzman, au son de « Biko » de Peter Gabriel. Une fin particulièrement triste et traumatisante. Anecdotes :
Scénario : David Assael, d’après une histoire de Joel Surnow - Réalisation : John Nicolella. Résumé : Le truand Albert Lombard est cité à comparaître par la justice de Miami. Il doit témoigner contre le criminel Frederico Librizzi. En échange, il recevra l’immunité. Mais Lombard se retrouve face à un dilemme : s’il témoigne, il risque la mort et s’il ne témoigne pas, il ira en prison. Librizzi tente de le faire éliminer sans succès. Castillo charge Crockett et Tubbs d’assurer sa protection… Critique : Jusqu’où doit aller un gangster pour garder son honneur ? Devenir une balance ou finir en prison ? C’est tout l’enjeu de ce très bon épisode, hypnotisant, intrigant et qui met un truand face à un dilemme insoluble. Pour antipathique que pouvait d’abord apparaître le bookmaker Lombard (introduit dans le 6ème épisode « Le borgne »), nous découvrons que sous le vernis du gangster sans pitié se cache un père qui aime son fils, qui veut le bien de ses proches et qui a le cœur généreux comme le portefeuille bien rempli. Même s’il semble difficile d’apprécier un tel personnage, le scénario arrive à nous le rendre attachant en le présentant tout en nuances. L’acteur Dennis Farina (un authentique ex-flic de la criminelle de Chicago, vous comprendrez l’ironie) utilise avec talent toute une palette d’émotions pour apporter de la densité à son personnage, passant de l’humour au sérieux par quelques gestes et regards sans trop de mots, adoptant un ton grave et plus décontracté quand cela est nécessaire. Le thème « Lombard » de Jan Hammer apporte beaucoup à l’épisode, suivant le personnage comme son ombre. L’autre thème « One Way Out » contribue aussi grandement à renforcer les ambiances nocturnes vues dans cet épisode. Fait plutôt rare pour être souligné, Crockett et Tubbs se transforment ici en gardes du corps et protègent le témoin Lombard, une mission d’ordinaire confiée aux US Marshals. Cela change des missions d’infiltration sous l’identité de trafiquants de drogue. Enfin, on apprécie particulièrement la relation entre Crockett et Lombard. Malgré leurs différences et leur conception de la justice, les deux hommes s’apprécient. On peut même percevoir le début d’une amitié vers la fin de l’épisode lorsque le flic sourit au gangster, renforçant par là le message implicite d’un monde intrinsèquement lié où les frontières sont floues et où la tentation de basculer vers le monde de la pègre est souvent irrésistible pour un flic aux fins de mois difficiles. Anecdotes :
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