Saison 3 1. Les Yeux pour pleurer (When Irish Eyes Are Crying) 2. Chacun ses problèmes (Stone’s War) 5. Si on te le demande (The Good Collar) 6. Une ombre dans la nuit (Shadow in the Dark) 8. La Poudre aux yeux (Better Living Through Chemistry) 9. Trafic des adoptions (Baby Blues) 10. Sur un air de rock (Streetwise) 11. Pardonnez-nous nos offenses (Forgive Us Our Debts) 12. La Loi du ring : 1re partie (Down For The Count: Part 1) 13. La Loi du ring : 2e partie (Down For The Count: Part 2) 14. Tous les moyens sont bons (Cuba Libre) 15. Le Sauvage (Duty and Honor) 17. L'Avion (The Afternoon Plane) 18. Et alors, on est sourd ? (Lend Me An Ear) 20. Un sale métier (By Hooker By Crook) 21. Coucou, qui est là ? (Knock Knock… Who’s There?) 22. Un coup de froid (Viking Bikers From Hell) 23. Salut les artistes (Everybody’s In Showbiz) 24. Les Lendemains de la Révolution (Heroes of the Revolution) Scénario : Dick Wolf & John Leekley - Réalisation : Mario Di Leo Résumé : Sean Caroon, un activiste irlandais, serait la cible de nationalistes de son pays qui lui reprochent d’avoir renoncé à la lutte armée. Après lui avoir sauvé la vie, Gina tombe amoureuse de lui. Mais l’homme cache bien son jeu puisqu’il projette un attentat terroriste de grande ampleur à Miami… Critique : Alors que les précédentes saisons traitaient essentiellement de trafics de drogue, cette nouvelle saison aborde des histoires au contenu nettement plus politique. En témoigne cet épisode sur fond de terrorisme irlandais dans laquelle on retrouve un Liam Neeson à l’aube de sa carrière. Ici, tout est question d’apparences : Gina ne sait jamais si Caroon est un idéaliste repenti ou un terroriste. Et quand les sentiments s’emmêlent… Le Royaume de Sa très Gracieuse Majesté en prend aussi pour son grade puisque le flic de Scotland Yard nous est montré sous un jour hargneux et arrogant. Les Britanniques sont mal placés pour faire la leçon aux Irlandais. En parallèle, nous en apprenons plus sur le trafic d’armes et la concurrence entre truands, deal durant lequel Crockett verra sa Ferrari noire explosée par un missile Stinger. Même si on pourra reprocher un certain manichéisme dans la peinture des adversaires en présence, on soulignera l’aspect novateur du récit plutôt original et la volonté de donner un nouveau souffle à la série. Pari réussi. Paradoxalement, malgré de meilleurs scénarios, cette saison rencontra moins de succès que la seconde, championne de l’audimat de toute l’histoire de la série. Intéressant et réfléchi, le scénario de cet épisode nous montre surtout l’impossibilité pour un flic de tisser une relation d’amour stable et inscrite dans la durée. Pour déboucher au final sur un immense sentiment de tristesse. Anecdotes :
Scénario et réalisation : David Jackson Résumé : En reportage au Nicaragua, le reporter de guerre Ira Stone suit le conflit opposant les sandinistes marxistes et les contre-révolutionnaires contra soutenus par les Etats-Unis. Lors d’un raid, il filme la mort d’un prêtre par des soldats américains. Le journaliste s’enfuit à Miami et demande l’aide de Crockett. Stone veut dénoncer le scandale en vendant son reportage aux chaînes de télévision… Critique : Autre scénario à caractère politique inspiré de la réalité de l’époque : les USA soutenaient les contra contre les sandinistes alors que les contra étaient des violeurs et des assassins (à ce sujet, (re)voir l’excellent film Under Fire, 1984, avec Nick Nolte et Gene Hackman). On croyait Stone mort à la fin de l’épisode Bon retour (2ème saison), le revoilà impliqué dans une nouvelle affaire gênante pour le Gouvernement américain. Et revoilà Crockett embarqué dans une affaire qui le dépasse. A ceux qui critiquent Deux flics à Miami en arguant que c’était une série pro-Reagan, ils ont tout faux : la politique étrangère des Etats-Unis et ses magouilles souterraines, illustrées par l’infâme Maynard, font l’objet d’une critique acerbe. Sans langue de bois, cet épisode égratigne les affaires louches dans lesquelles trempent agents secrets et autres militaires. Crockett tente d’intervenir mais doit se résoudre à l’échec. Le dernier plan de l’épisode nous le montre, seul et perdu, sur son yacht. Un flash d’information à la radio lui fait comprendre que la réalité a été tronquée par le Gouvernement. Un scénario intelligent et réfléchi, représentatif du caractère sombre et désillusionné de la série où nous ressentons la frustration et l’impuissance des policiers face à la puissance de l’appareil d’Etat. Anecdotes :
Scénario : Dick Wolf & John Leekley - Réalisation : Mario Di Leo Résumé : Sous l’identité de Burnett, Crockett achète de la drogue à un homme de main du trafiquant Morales. La police des douanes arrive et Crockett s’enfuit en gardant l’argent et la drogue. De retour au commissariat, il fête le succès de l’opération avec Frank Arriola, son collègue des douanes. Pour se détendre, ils vont voir un match de Jaï Alaï, dans lequel excelle Tico, le frère de Frank. Mais Morales utilise Tico pour faire chanter Frank… Critique : Retour au trafic de drogue et à ses conséquences sur les familles. Deux frères, un policier des douanes et un joueur émérite de Jaï Alaï (sorte de pelote basque), se retrouvent pris dans les griffes d’un réseau de trafiquants de drogue et de prostituées. Après des débuts à connotation politique, la série revient à ce qui a fait l’essence de la série (le trafic de drogue) et évoque en filigrane l’usage de stupéfiants dans le sport, phénomène tabou et toujours d’actualité. Au travers de Frank Arriola, nous ressentons tout le dilemme que ressent un policier pris dans un engrenage infernal : écartelé entre son devoir de policier et sa charge de famille qu’il lui faut protéger à tout prix. Au final, l’incompréhension demeure entre les deux frères. Bien filmé et sans temps morts, cet épisode souligne particulièrement, à la fin, l’univers sombre et sans pitié des gangsters. Au milieu de tout ce chaos, Crockett et Tubbs essayent d’intervenir mais sans succès. Un traumatisme de plus pour nos policiers. Anecdotes :
Scénario : W.K. Scott Meyer - Réalisation : David Jackson Résumé : Lors d’un échange de drogue avec Amati, trafiquant de drogue, un certain Ralph Pink et Laura, la petite amie de Tubbs, sont tués. Crockett et Tubbs découvrent que Pink était gardien à la prison d’Etat de Bolton où se trouvait Giacomo, le frère d’Amati. Plusieurs trafiquants ont été mystérieusement tués dans la prison. Les gardiens seraient à l’origine du trafic et des meurtres. Tubbs infiltre la prison sous le nom de Cubera afin de démanteler le trafic et les mettre hors d’état de nuire… Critique : Pour changer, cet épisode nous montre l’envers du décor : celui des criminels qui finissent en prison. Tubbs se retrouve au cœur de la « jungle », à la fois protégé par les Musulmans noirs et livré à lui-même dans ce qui semble une mission suicide (d’où le titre qui insiste sur la solitude du policier, traumatisé et en colère suite au décès brutal de sa petite amie). Immanquablement, on pense à Comme un homme libre (The Jericho Mile, 1978), premier téléfilm réalisé par Michael Mann au sein d’une authentique prison. S’il n’est pas question ici d’un coureur de fond qui cherche à rester libre dans sa tête en pulvérisant des records olympiques, on remarquera la similitude avec l’univers dépeint : des clans (les Aryens, les Latinos, les Blacks, …), un univers sans pitié, une tension constante et la mort qui peut frapper à tout moment. On sent ici les prémisses et l’âpreté de la série carcérale Oz (HBO, 1997 / 2003). Hélas, faute de temps (46’ pour tout dire), les divers clans ne sont qu’esquissés et cet aspect nous laisse un peu sur notre faim. Mené tambour battant, cet épisode frappe par sa représentation de la violence, plutôt crue pour l’époque et surtout permise sur une chaîne nationale (NBC) : on voit Tubbs se faire passer à tabac, des visages tuméfiés et ensanglantés, des prisonniers se faire tuer de sang-froid par des gardiens et des chefs gardiens battus à mort. Bref, un excellent épisode, brutal et sans concessions, qui nous plonge au cœur de la dureté du milieu carcéral. Anecdotes :
5. SI ON TE LE DEMANDE Scénario : Dennis Cooper - Réalisation : Mario Di Leo Résumé : En planque dans le quartier chaud de Miami, Crockett et Tubbs remarquent la présence d’un jeune afro-américain, Archie Ellis. Ce dernier remet un paquet de drogue à Crockett qui l’arrête. Au même moment surgit un gang de jeunes dont Ellis ferait partie et menace les policiers. Ce gang est en fait le rival de celui du “Comte” Walker, un adolescent d’à peine 15 ans règnant sur un trafic de drogue juteux. Contre l’avis de Crockett, Ellis infiltre le gang de Walker afin de le faire inculper… Critique : Dans cet épisode particulièrement émouvant, nous comprenons toute l’impuissance de la justice à faire condamner des criminels trop jeunes. Le Comte Walker, âgé d’à peine 15 ans, règne déjà en maître sur le trafic de crack et manipule à l’envi de jeunes défavorisés afin d’éviter de se retrouver en première ligne. C’est là que Crockett prend sous son aile le jeune Archie qui lui rappelle ses années de joueur de foot américain au lycée. Touché par la volonté de s’en sortir du jeune homme, le policier devient une sorte de mentor et le prend sous son aile, quitte à changer un rapport d’enquête et à s’opposer à un assistant du procureur un peu trop avide de coups médiatiques. Sans paroles ni angélisme, la réalisation souligne, à la façon d’un vidéo clip efficace, l’ignoble trafic réalisé par le « Comte » Walker : passages à tabac d’un mauvais payeur sous les yeux d’une gamine apeurée, chantage, racket, … et le cynisme teinté d’arrogance du caïd encore pubère. Une fois encore, malgré tous ses efforts, Crockett ne parvient pas à empêcher une tragédie et s’en retrouve complètement bouleversé (la scène dans la limousine où il donne des coups de pied et de poings illustre toute sa rage et son impuissance). Le travail de policier se compare au mythe de Sisyphe : tout recommencer chaque jour, encore et encore pour un résultat bien maigre et décourageant. La scène finale où Crockett erre dans l’obscurité illustre parfaitement la noirceur dans laquelle se retrouve le personnage. Métaphore brillante pour souligner ses tourments intérieurs. Un épisode marquant avec un scénario bien construit. Anecdotes :
Scénario : Chuck Adamson - Réalisation : Christopher Crowe Résumé : La nuit venue, un homme mystérieux pénètre dans des maisons selon le même on modus operandi : ouvrir le frigo, manger de la viande crue et se recouvrir le visage de farine. Le Lieutenant Gilmore traque le cambrioleur depuis quelques semaines. Castillo charge Crockett et Tubbs de l’épauler. Mais Gilmore sombre dans une forme de démence obsessionnelle et est interné. Crockett reprend l’affaire et doit agir vite, d’autant que le cambrioleur a maintenant attaqué une jeune femme chez elle… Critique : A la même époque où cet épisode a été mis en scène, Michael Mann réalisait le thriller « Manhunter » (Le sixième sens). Difficile de ne pas faire la comparaison et de ne pas voir une étrange similarité entre le film et cet épisode : un inquiétant personnage s’introduit chez les gens la nuit, un policier qui se met dans son esprit (quitte à sombrer dans la folie), une ambiance nocturne angoissante et saturée de bleus. En raison de son format plus court, cet épisode n’a pas l’occasion de développer la psyché du tueur, ni de comprendre ses réelles motivations. Le tueur du film était nettement plus inquiétant, le cinéma pouvant se permettre une représentation plus crue de la violence qu’une grande chaîne nationale (NBC) quoique… (voir l’épisode Cavalier seul plus haut). On pourra encore reprocher le jeu stéréotypé de Don Johnson par rapport à celui, fin et nuancé, de William Petersen dans le film. Mais comparaison n’est pas raison. Ainsi, l’épisode possède plusieurs qualités : un scénario bien ficelé de Chuck Adamson, ami de Michael Mann et ex-flic qui avait déjà écrit The Home Invaders (1ère saison, 19ème épisode) et travaillé sur la série Crime Story (Les Incorruptibles de Chicago). Ensuite, on apprécie la mise en scène efficace de Christopher Crowe qui arrive à installer un climat particulièrement anxiogène. Enfin, soulignons l’excellent travail de la direction de la photographie qui parvient, par l’utilisation de filtres bleutés lors des scènes de nuit, à restituer le caractère angoissant et cauchemardesque, vécu tant par les victimes que par Crockett lui-même. Sorte de cauchemar éveillé où nous finissons par ne plus savoir où se situe le réel du rêve, cet épisode finit sur un fondu au noir, fait plutôt rare dans la série. Un procédé qui renforce la noirceur dans laquelle baigne de bout en bout cet épisode plutôt à part dans la série, de par son ton flippant. Anecdotes :
Scénario : Alan Moskowitz, W.K. Meyer et Dennis Cooper - Réalisation : Aaron Lipstadt Résumé : Flic à la brigade des stupéfiants, Vince Wilson opère sous couverture pour arrêter Mendez, un dangereux trafiquant bolivien. Mais sa couverture est grillée et un acolyte de Mendez l’abat. Crockett et Tubbs entrent en contact avec Rickles qui peut les conduire à Mendez. Lors d’un rendez-vous dans un musée, la rencontre se passe mal. Dans la fuite des trafiquants, l’un d’eux perd une mallette contenant de la drogue. Un vieil homme la récupère. Qui est-il et que veut-il ? A Crockett et Tubbs de le découvrir… Critique : Soutenu par des partitions entêtantes de Jan Hammer (Texas Ranger, El Viejo mix), cet épisode traite de vengeance et rend hommage au caractère héroïque des Texas Rangers (les ancêtres du Chuck Norris, le Walker de la série télé des années 90). Particulièrement rythmée et sachant ménager le suspense, la mise en scène nous fait comprendre les motivations du « vieux » seulement vers la fin. D’aucuns reprocheront à cet épisode de n’être qu’un long vidéoclip sans substance, on constate pourtant que le personnage de Willie Nelson possède une réelle épaisseur. Peu de mots, une présence, un regard d’acier et un côté attachant. Fort de son expérience de vieux renard, il ruse avec Crockett et le manipule à sa guise. Si les trafiquants ont une allure plutôt fantomatique et caricaturale, leur côté inquiétant est contrebalancé par le ridicule de Rickles, leur homme de main (Steve Buscemi, encore tout jeune). Enfin, on apprécie particulièrement l’hommage aux westerns, surtout les dernières scènes de gunfight dans un cimetière, filmées de nuit et rappelant Règlement de comptes à OK Corral. Un bon épisode, tourné comme un petit film d’action, percutant et efficace. Anecdotes :
Scénario : Dick Wolf & Michael Duggan - Réalisation : Leon Ichaso Résumé : Sous l’identité de Burnett et Cooper, Crockett et Tubbs font affaire dans un night club avec Mack, un trafiquant de coke. Ce dernier leur propose de la drogue de qualité supérieure réalisée par son chimiste. Une cocaïne cent fois plus puissante que celle du marché. Mais l’échange tourne mal quand le DJ du night club, Clarence, grille la couverture de Tubbs en annonçant au micro qu’il s’agit d’un flic. Ancien équipier de Tubbs à New York, Clarence a juré de se venger… Critique : Dans cet épisode plutôt curieux, nous en apprenons plus sur le passé de Tubbs quand il était flic à New York, soit avant le début de la série. Curieux car cette histoire a des relents de “Breaking Bad” avec son chimiste capable de créer de la drogue ultra-pure et super puissante. Par moments confuse (les scénaristes avaient-ils fumé ?), l’histoire prend des chemins parfois tortueux pour nous faire comprendre les dangers de la drogue (un sosie de Michael Jackson meurt en aspirant une pipe de crack) et on ne comprend pas trop bien pourquoi surgit une obscure guerre des gangs (amenée en bouche-trou pour faire durer l’épisode ?). Par contre, Mack, le méchant de l’histoire, retient l’attention par sa brutalité et son manque d’humanité. Ce qui en fait un des bad guys mémorables de la série tandis que d’autres pêchaient par leur manque de personnalité ou sombraient dans la caricature. Pas assez travaillée, la relation entre Tubbs et son ancien équipier, Clarence, ne nous émeut pas ; ce dernier n’ayant rien d’attachant, ni de sympathique. Par contre, la présence pleine d’humour de l’indicateur Izzy Moreno vient détendre l’atmosphère assez tendue qui parcourt tout cet épisode. L’échange de coups de feu à la fin se passe dans une certaine cacophonie plutôt brouillonne, voire ridicule. Mais une fois n’est pas coutume, le récit se termine bien et ne laisse pas nos héros sur un sentiment d’échec. Anecdotes :
Scénario : Michael Duggan, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : Daniel Attias Résumé : Colombie, 1986. Un bus rempli de passagers s’arrête. Une bande de pirates pénètre dans le véhicule et arrache les bébés des bras de leur mère. Un Américain les sélectionne pour les revendre à de riches couples de Floride. Plus tard, Crockett et Tubbs interceptent l’avion avec la cargaison de bébés à bord. Après avoir abattu les trafiquants, ils découvrent plusieurs bébés morts et le corps de Maria. Evanouie, cette jeune maman a fait le voyage clandestinement à Miami pour retrouver son fils, enlevé 16 mois plus tôt. Gina et Trudy demandent à Castillo de pouvoir suivre l’affaire. Leur enquête les conduit à l’avocat Howard Famiglia… Critique : Cet excellent épisode change de trafic (la drogue) pour un autre tout aussi ignoble : la traite des êtres humains, en l’occurrence d’innocents bébés. La détresse éprouvée par des mamans seules et pauvres parcourt cet épisode ponctué de très beaux moments, surtout à la fin où l’on comprend que la possibilité d’une vie meilleure pour son enfant l’emporte sur la nécessité de rester ensemble à tout prix. Dans la foulée, l’histoire montre aussi les difficultés des immigrés qui affrontent mille dangers pour arriver aux USA en espérant mener une vie plus digne. Autre atout, les seconds rôles féminins, Gina et Trudy, passent au premier plan et disposent d’un temps de présence plus important que d’ordinaire. En effet, la série a le défaut d’être assez macho et sexiste, reléguant les femmes au second plan, quand elle ne les présente pas comme victimes ou prostituées, ce qui n’est pas mieux. Par contre, on regrettera le rôle assez caricatural de Famiglia, l’avocat à l’origine du trafic de bébés. L’épisode aurait pu proposer de remonter la filière jusqu’en Colombie et de faire tomber tout le réseau. Il est vraiment naïf de croire qu’un seul homme régente un réseau et que sa disparition mène à la fin du trafic. Sans doute cette option a-t-elle été choisie pour des raisons de dramatisation et de focalisation du spectateur sur un seul méchant. Quoiqu’il en soit, la réalisation sobre et efficace de Daniel Attias permet de classer cet épisode parmi les bonnes surprises de cette 3ème saison. En tous cas, il fait partie de ceux qui apportent une certaine réflexion après leur vision. Anecdotes :
Scénario : Dennis Cooper - Réalisation : Fred Walton Résumé : La brigade des Moeurs de Miami effectue une descente dans le quartier chaud et arrête plusieurs clients en compagnie de prostituées. Parmi eux, Crockett appréhende le jeune Vic Romano en possession de drogue. Surprise, c’est un policier de la brigade des stupéfiants. Marié et en mission d’infiltration depuis plusieurs semaines, Vic est tombé amoureux de Carla, une jolie prostituée. Le jeune flic a obtenu la drogue via son indic, Roxanne. Mais celle-ci avait le même proxénète que Carla : un certain Silk. Crockett et Tubbs s’attaquent au truand et à son réseau… Critique : Cet épisode se centre à nouveau sur les dangers liés au métier de flic infiltré dans des réseaux de trafiquants. A force de trop se prendre pour un personnage qu’on incarne, on risque de passer de l’autre côté. Thème déjà abordé avec le mémorable épisode Haut les cœurs ! (Heart of Darkness, 2ème épisode de la 1ère saison). Difficile de ne pas voir un parallèle entre la situation de Crockett et Vic Romano, le jeune flic trop longtemps en mission d’infiltration. Crockett le prend sous son aile et essaye de le ramener à la raison. A ce niveau, cet aspect de l’épisode se révèle assez intéressant. Par contre, la relation entre Vic et Carla, la prostituée, n’a rien d’original. Dépeinte de façon assez plate, elle ne nous émeut guère. On aurait pu avoir quelque chose de tragique et épique dans le style de Romeo & Juliette mais hélas, la sauce ne prend pas. De même, Silk, le maquereau incarné par Wesley Snipes, a tout du cliché (cruel, cupide, bagues voyantes, vêtements de luxe). Tout comme le jeu stéréotypé de Tubbs en proxénète concurrent ne convainc pas vraiment. La relation entre Tubbs et Carla n’est pas plus intéressante que celle avec Vic Romano. On ne ressent pas vraiment l’empathie de Tubbs pour la jeune femme comme il en avait pour Jackie dans Cette femme est dangereuse (2ème saison, 15ème épisode). Au final, c’est le sentiment qui domine tout au long de cet épisode : on ne croit pas trop aux relations entre les protagonistes, la mise en scène assez terne achève d’enterrer cet épisode au cimetière des « peu mémorables ». Curieusement, il a assez mal vieilli alors que les épisodes de la 2ème saison résistent mieux au passage du temps. Pour finir sur deux aspects positifs, retenons la fusillade de la fin, rythmée et spectaculaire et surtout, la question du sens : Crockett et Tubbs se demandent si leurs actions ont des effets positifs sur la rue. Ils espèrent que Carla sortira de la prostitution. La dernière image de l’épisode répond à cette question, sans angélisme. Intéressant. Anecdotes :
11. PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES Scénario : Gustave Reininger, W.K. Scott Meyer et Michael Duggan - Réalisation : Jan Eliasberg Résumé : Miami, 1980. Frankel, coéquipier de Crockett, est tué chez lui par Hackman, un criminel sur lequel enquêtaient les policiers. Arrêté par Crockett, Hackman attend sa condamnation à mort et clame son innocence. Un prêtre contacte Crockett et Castillo et leur apprend qu’un de ses paroissiens affirme avoir été avec Hackman le même jour et la même heure où Frankel a été tué. Troublé, Crockett met tout en oeuvre pour découvrir la vérité sur l’innocence présumée d’Hackman… Critique : Un épisode riche d’enseignements pour Crockett : ses croyances sur la peine de mort sont remises en question quand Hackman, un truand, est condamné à la peine capitale. Durant toute sa durée, l’épisode entretient savamment le doute : Crockett va-t-il laisser mourir un innocent ou non ? Au fond de lui, le policier sait qu’il ne doit pas faire libérer ce braqueur. Mais voilà, son sens de la justice ne lui permet pas de se dire que ce n’est plus son problème étant donné le passé criminel du condamné. Prenant, l’épisode ne fait pas l’apologie de la peine de mort mais pose la question de savoir si elle est fondée ou non. Le face à face avec le criminel, superbement souligné par la chanson We do what we’re told de Peter Gabriel (à nouveau issue de l’album So), illustre bien le doute qui assaille le flic. Au passage, l’épisode fustige les campagnes de réelection menées par des procureurs partisans de la peine de mort. Quand Crockett demande de l’aide à un procureur en lice afin de faire libérer Hackman, le politicien refuse et le policier lui répond : “Chez vous les politiciens, la conscience, c’est en option !” L’histoire aborde également le thème de la rédemption en faisant ouvertement référence à des écrits religieux : tout d’abord, dans le titre; ensuite quand Crockett et Castillo rencontrent un prêtre dans une chapelle et enfin, quand nous voyons le collier avec une croix d’Hackman (finement joué par Guy Boyd, cynique au possible). La fin désillusionnée de cet épisode trouvera une conclusion dans Délivrez-nous du mal (4ème saison), sorte de conclusion à Pardonnez-nous nos offenses. Un des meilleurs épisodes de toute la série. Anecdotes :
12. LA LOI DU RING : 1RE PARTIE Scénario : Dick Wolf et John Schulian, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : Richard Compton Résumé : Un soir, Zito invite Crockett, Tubbs et Switek à assister à un combat de boxe. Durant le match, Crockett reconnaît Oswaldo Guzman, un trafiquant qui trempe dans tous les trafics (prostitution, jeu, drogue, …). Guzman investit dans la boxe et s’intéresse de près à Bobby Sikes, un talent prometteur coaché par Moon, un ami de Zito. Sous l’identité de Burnett et Cooper, Crockett et Tubbs proposent à Guzman de diffuser les matches de boxe à la télévision… Critique : En phase avec l’immense succès de « Rocky IV » (1986) tourné à la même époque, la série propose sa version de la boxe mais sans le même punch (les combats sont filmés plutôt platement) et heureusement, sans relents idéologiques (pas de méchants russes ici). Pour changer, notre duo policier se fait passer pour des promoteurs de boxe au lieu de trafiquants de drogue. L’épisode retient quelque peu l’attention car il s’agit de la dernière apparition de John Diehl dans le rôle de Zito. Fatigué de voir son personnage peu développé par les scénaristes, l’acteur quitta la série pour se consacrer à… une carrière de boxeur qu’il mena avec succès, détenteur notamment de « Golden gloves » (prestigieux prix de boxe). Plutôt stéréotypé, le trafiquant Guzman, incarné par Pepe Serna, amuse plus qu’il n’inquiète. Quand Crockett se moque ouvertement de lui, le gangster réagit à peine. Du reste, l’épisode n’a pas grand intérêt et on se demande bien pourquoi l’avoir étiré en deux parties, si ce n’est faire durer pour durer. D’autant plus que le scénario tient sur une feuille de papier à cigarettes. La fin se termine de façon tragique pour Zito et sur le visage traumatisé de Switek (son interprète Michael Talbott n’est pas un grand acteur, sa palette d’émotions apparaît clairement comme limitée). Sur le plan visuel, on peut dire qu’il s’agit d’un épisode bien réalisé mais qui souffre d’un manque de rythme et de tonus, un comble pour parler de boxe… Anecdotes :
Scénario : Dick Wolf, John Schulian, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : Richard Compton Résumé : Larry Zito a été retrouvé mort par son coéquipier Stan Switek. Tous ses collègues sont présents à son enterrement. Le Lieutenant Castillo charge son équipe de coincer Guzman, le trafiquant commanditaire du meurtre de Zito. La police des polices conclut que son décès fait suite à une overdose. Furieux, Switek veut rétablir l’honneur de son partenaire. Pendant ce temps, Giulinni, un redoutable mafieux de Las Vegas, n’entend pas se faire concurrencer par Guzman et se rend à Miami pour régler ses comptes… Critique : Un peu plus rythmée, cette seconde partie traite, une fois encore, de la vengeance : Switek va-t-il rendre justice à Zito ? Tout se met en place pour aller dans ce sens. Le début de l’épisode offre également une impressionnante poursuite de nuit en voitures où Crockett sème les hommes de main de Giulinni, un inquiétant mafieux décidé à éliminer Guzman, le trafiquant vedette de ce double épisode. Les quelques moments où Crockett négocie avec les mafieux sont amusants même si on pourra être agacé par la frime supercielle de Don Johnson, tandis que Tubbs paraît très effacé à ses côtés (sentiment qui domine tout au long de cette 3ème saison). La fin de l’épisode débouche sur un solide échange de coups de feu dans un centre commercial avec un moment étonnant : Crockett continue à tirer tout en glissant sur le sol avec son corps (une manière intelligente et efficace d’offrir le moins de contacts possibles de tir à ses ennemis). Bien filmée et montée, la scène retient l’attention par son efficacité. Du reste, l’épisode remplit son cahier des charges : tension, suspense, poursuites, fusillades, résolution. Sans temps morts mais sans réel intérêt non plus. Bref, une deuxième partie convenable, à défaut d’être mémorable. Anecdotes :
Scénario : Eric Estrin & Michael Berlin - Réalisation : Virgil W. Vogel Résumé : Invités chez Rojas, un trafiquant notoire, Crockett et Tubbs sont attaqués par des hommes cagoulés. Un de leurs collègues de la police de la ville intervient et se fait tuer ainsi que Rojas. Les policiers poursuivent les malfrats. Ils parviennent à en éliminer plusieurs tandis que d’autres s’enfuient. Alors qu’ils cherchent à les retrouver, Crockett et Tubbs découvrent qu’un certain Vasquez a participé au putsch manqué contre Cuba en 1962. Mais il travaille toujours pour les services secrets américains et l’agent Slade leur interdit de le l’arrêter… Critique : Après les terroristes de l’IRA et les journalistes avides de dénoncer les scandales du Gouvernement américain, voici un nouvel épisode à teneur politique. Sur fond d’opposition à Castro et à son régime cubain (le titre original de cet épisode est Cuba Libre, tout est dit), l’histoire suit les tentatives d’un groupe paramilitaire cherchant à reprendre le pouvoir à Cuba. En filigranne, l’épisode rappelle un douloureux événement de la Présidence de John F. Kennedy (l’affaire de la Baie des Cochons en 1962 fut un fiasco). Acteur de cette prise de pouvoir ratée, le personnage de Vasquez fait directement référence à cette période trouble de l’histoire des Etats-Unis. C’est aussi un choc générationnel puisque Vasquez et le jeune guérillero Zamora ne partagent pas le même point de vue quant à la façon de reprendre le pouvoir à Cuba. S’il n’est pas toujours bien mené au niveau du suspense, cet épisode s’apprécie pour sa critique du Gouvernement américain, dénonçant les actions des services secrets qui trempent dans des affaires louches au nom d’“intérêts supérieurs.” Le personnage de l’agent secret Slade, en cheville avec Vazquez, représente bien cette arrogance qui se croit au-dessus des lois. Dans l’ensemble, on aurait aimé un peu plus de profondeur dans les personnages, assez antipathiques au demeurant. Ceux-ci restent à l’état de cliché, sentiment renforcé par toute la panoplie qui va avec (tenues militaires, bérets basques, dingues de la gâchette). On sent une histoire un peu approximative et la réalisation, assez plate, n’apporte pas grand chose de plus. Pour combler ce manque, les scènes de fusillades à la fin font office d’écran de fumée. Un épisode peu marquant. Anecdotes :
Scénario : Marvin Kupfer - Réalisation : John Nicolella Résumé : Saïgon, 1972. Le Lieutenant Castillo arrive sur les lieux d’un crime. Une prostituée a été tuée à coups de couteaux. Sur un mur, avec son sang, le tueur a écrit “Pute Vietcong.” Miami, 1986. Les mêmes meurtres recommencent. Arrive l’Inspecteur Van Trahn que Castillo a connu au Vietnam. Les deux hommes sont persuadés qu’il s’agit du même tueur, un vétéran. Castillo charge Crockett et Tubbs d’interroger d’anciens soldats dans un centre de revalidation. Il faut à tout prix arrêter le tueur… Critique : L’ombre de la guerre du Vietnam plane à nouveau sur la série dans cet épisode à l’ambiance très noire. Après les épisodes Le Triangle d’or (1ère saison) et Pourquoi pas ? (2ème), c’est aussi l’occasion d’en découvrir un peu plus sur le passé du lieutenant Castillo (la série étant assez avare à son sujet). D’emblée, les relations avec Van Trahn de la police de Saïgon sont touchantes. Peu de mots, quelques regards, beaucoup de silences ; cela suffit pour comprendre le respect et l’amitié que partagent les deux hommes. En début d’épisode, nous percevons une autre forme d’attachement et d’amour naissant, celui de Crockett pour sa nouvelle petite amie, le Docteur Thérésa Lyons (qui fera l’objet d’un épisode juste après celui-ci). L’épisode a le bon goût de ne pas coller l’étiquette “tueur d’enfants et de prostituées” aux vétérans du Vietnam. L’histoire insiste particulièrement (comme dans Bon retour dans la 2ème saison) sur les traumatismes et les vies brisées des combattants. Malgré les pressions de Castillo, Crockett (lui-même vétéran) et Tubbs rechignent à interroger les ex-soldats, en revalidation dans un centre spécialisé. Si l’identité du tueur et sa personnalité sont rapidement dévoilées au spectateur, on regrettera le côté assez basique du personnage auquel le jeu de Michael Wright n’appporte pas grande nuance (il est fou et c’est tout, jeu dans lequel se spécialisera l’acteur puisque plus tard, il incarnera un taulard frappadingue dans la série carcérale Oz). A nouveau, la raison d’état l’emporte sur la sécurité des citoyens puisque le tueur est protégé par un membre des services secrets qui l’utilise pour accomplir ses basses besognes. Hormis ces quelques fausses notes, on appréciera cet épisode pour sa beauté visuelle (les scènes dans l’hôtel art déco) et l’attachante relation fraternelle entre Castillo et Van Thran, superbement illustrée par la lettre que ce dernier adresse au Lieutenant en fin d’épisode et que nous entendons en voix-off. Un excellent épisode. Anecdotes :
Scénario : Pamela Norris – Réalisation : Virgil W. Vogel Résumé : Crockett et Tubbs surveillent le trafiquant Joey Wyatt. Ce dernier est sur le point de se faire livrer une grosse cargaison de drogue par hélicoptère. Mais leur coup de filet échoue quand une brigade de surveillance du quartier arrive gyrophares allumés : Wyatt et ses hommes se débarrassent de la drogue. Peu après, Crockett échange des mots doux avec Thérésa, sa nouvelle petite amie qui est aussi médecin dans un hôpital. Mais la jeune femme souffre de toxicomanie et se fournit chez Rudy Ramos, un complice de Wyatt. Ramos lui fournira la drogue en échange d’informations sur Wyatt qui se trouvent dans les dossiers de Crockett… Critique : Après l’architecte Brenda dans Nul n’est immortel (saison 1, épisode 20), voici Thérésa Lyons, jolie doctoresse dont Crockett tombe éperdument amoureux. Hélas, le policier n’a pas de chance en amour : accro aux drogues, elle menace sa crédibilité de policier et le conduit dans les griffes de la police des polices (encore..., après Une belle prise, 2ème saison et avant Un sale métier, 3ème saison). Plutôt touchant, cet épisode nous montre un Crockett doux et sensible. Prêt à tout pour sauver son amoureuse, tel un chevalier blanc. Malheureusement, la nature même de sa profession empêche toute relation stable, comme ses collègues (Tubbs, Gina, Switek, …). Personne n’est épargné. Crockett se retrouve pris en tenaille entre les « bœuf carotte » et le trafiquant. Situation très inconfortable que l’épisode nous fait bien ressentir. A l’aise dans le registre de (faux) flic ripou - pour changer de Burnett, son alias de trafiquant -, Crockett joue habilement avec les nerfs de Wyatt, trafiquant particulièrement gluant incarné à la perfection par un Brad Dourif habité. Par contre, on se demande s’il n’y a pas eu une erreur de casting concernant Thérésa. Si Helena Bonham Carter lui donne une certain intensité en soulignant son côté fragile et dépassé, on ne la sent pas vraiment amoureuse de Crockett, ni réellement attachée à lui. L’alchimie ne fonctionne pas vraiment… et du coup ne rend pas leur relation totalement crédible à l’écran. Enfin, la bagarre finale, plutôt mal chorégraphiée, montre clairement que ce n’est pas Brad Dourif qui prend une raclée mais bien sa doublure. Les coups que Crockett donne à Wyatt ont un quelque chose de ridicule, notamment quand il tape à côté de la tête du trafiquant ( ?). Bref, un épisode poignant et intéressant pour la nouvelle image plus sensible de Crockett mais non exempt de défauts. Anecdotes :
17. L'AVION Scénario et réalisation : David Jackson Résumé : Après s’être blessé au pied, Tubbs part en vacances avec son amie Alicia Austin à Saint Gerard, une petite île des Caraïbes. Sur place, ils tombent sur Wolf, un meurtrier qu’il avait arrêté et curieusement en liberté. A l’hôtel, Tubbs entend un enfant prononcer le nom de Calderone et comprend qu’il a été piégé. Le fils de Calderone a juré de se venger. Tubbs demande de l’aide à plusieurs habitants mais personne ne veut l’aider. L’heure tourne : Calderone arrivera par l’avion dans l’après-midi… Critique : La trame de cet épisode s’inspire ouvertement d’un classique du western « Le train sifflera trois fois » (High Noon, 1952) où Gary Cooper se retrouve seul dans une petite ville remplie de lâches. Amusant de noter que le nom que Tubbs utilise souvent quand il opère comme trafiquant est… Cooper (une référence à l’acteur mythique ? Troublante coïncidence). Ici, on retrouve le même scénario où Tubbs est confronté au fils de Calderone, Orlando. D’où le titre L’avion qui annonce l’arrivée du méchant, comme dans le western. C’est aussi la suite et la conclusion du dernier épisode de la 2ème saison : On connaît la chanson (épisode 22) où Tubbs recevait, tout à la fin, une lettre de Calderone avec le message « Je reviendrais ». On apprécie de voir Tubbs un peu plus mis en valeur dans cet épisode, ce qui change du rôle de faire-valoir de Crockett dans la majeure partie de la série. Ce dernier n’apparaît d’ailleurs qu’un bref instant en début d’épisode. Philip Michael Thomas s’en sort assez bien, plutôt convaincant dans les moments de tension et parvient à exprimer tour à tour colère, frayeur, courage et amour. Du reste, le scénario suit celui du western sans ajout supplémentaire, se contentant d’un simple « copier / coller ». La mise en scène parvient cependant à nous maintenir en haleine, par la tension qui augmente crescendo et la fusillade finale où Tubbs aura fort à faire, seul contre tous. La fin se révèle même un peu frustrante car on ne sait pas s’il pourra vivre une belle histoire d’amour ou pas (on peut supposer que non puisque le personnage d’Alicia ne reviendra plus par la suite). Cela dit, l’ensemble n’a rien de vraiment original. Passable sans plus. Anecdotes :
18. ET ALORS, ON EST SOURD ? Scénario : Michael Duggan, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : James Quinn Résumé : Crockett et Tubbs surveillent le trafiquant Alexander Dykstra. Une livraison doit arriver par hydravion. Après une folle course poursuite en bateau, ils ne trouvent pas la drogue. Paranoïaque, Dykstra fait appel aux services de Steve Duddy, ex-flic et expert en moyens de surveillance, pour détecter les micros que la police aurait placé chez lui. Crockett connaît Duddy et lui demande d’aider la police de Miami à mettre Dykstra sur écoute. Mais le policier ne sait pas que Duddy travaille aussi pour le trafiquant… Critique : Dans cet épisode au climat quelque peu anxiogène, la thématique tourne autour des moyens de surveillance et de leur utilisation (un des thèmes préférés de Michael Mann, notamment dans son dernier film Hacker). Ces technologies sont personnifiées par Steve Duddy (John Glover), un ex-flic reconverti comme expert en surveillance. Seul hic, le bonhomme joue sur les deux tableaux en louant ses services à la pègre et à la police. Pour agaçant que soit l’ex-flic (il adore se mettre en scène et rire aux dépens des autres), on ne peut s’empêcher de le trouver sympathique. L’aspect le plus intéressant concerne le sentiment de paranoïa qu’exprime Duddy : « On a beau penser tout contrôler, un jour on n’est jamais sûrs qu’on ne sera pas surveillés à notre tour », confie-t-il en substance à Crockett et Tubbs, étonnés d’une telle confession. Cette paranoïa prend vie de manière inquiétante quand le trafiquant Dykstra liquide, sans sourciller, sa compagne qu’il soupçonne d’avoir couché avec un autre. Autre aspect notable : la vie absolument pas glamour d’un flic de Miami. Si les saisies effectuées lors d’arrestations permettent de donner toute la crédibilité à leur couverture de flic infiltré (vêtements, bateaux, voitures, argent), la réalité est toute autre : Crockett avoue ne pas savoir payer ses dettes et exprime un net ras-le-bol de devoir subir un contrôle fiscal tout en n’étant pas sûr d’obtenir un prêt bancaire. Soulignons encore le remarquable travail de la direction de la photographie sur cet épisode, privilégiant les ambiances vertes (lors des scènes nocturnes) au moyen d’éclairages savamment étudiés. Vers la fin, les teintes rose, toujours filmées de nuit, prédominent pour « personnifier » la maison de Duddy et donnent une ambiance très particulière, à la frontière de l’onirique et du réel. Dernier aspect qui donne tout son « sel » à ce bon épisode : jusqu’où mène le double jeu ? Duddy la joue finaude et se révèle un redoutable manipulateur, malin et intouchable. Quoique l’image de fin nous laisse supposer le contraire quand elle se fige sur son visage effrayé… Anecdotes :
Scénario : Jonathan Polansky, d’après une histoire de Dennis Cooper - Réalisation : Gabrielle Beaumont Résumé : Chaque fois que la police effectue une descente pour attraper des criminels, un piège mortel les attend de l’autre côté de la porte. Visiblement, une « taupe » au sein de la police informe les criminels. Lors d’une descente, Crockett et Tubbs, accompagnés de deux jeunes flics, tombent dans un piège. Un des jeunes meurt. C’en est trop pour Tubbs qui donne sa démission à Castillo, au grand dam de Crockett… Critique : Dans cet épisode bien mené et réalisé par la britannique Gabrielle Beaumont, nous nous demandons si Tubbs a décidé de passer de « l’autre côté ». Après la mort d’un collègue lors d’une descente, le policier jette l’éponge et rejette Crockett qui tente de le raisonner. Etonnant. S’il se révèle convaincant lorsqu’il se met en colère, on est nettement moins impressionnés quand il joue les « bad guys ». Sans doute son manque de charisme et son côté un peu trop lisse y sont-ils pour quelque chose ? Si le scénario n’a au final rien de révolutionnaire, on apprécie la tension et l’ambiguïté que la mise en scène parvient à maintenir tout au long de l’épisode, nous faisant douter jusqu’aux derniers moments de la corruption supposée de Tubbs. Emmené dans des transactions louches, le flic noir tente de remonter la filière et de démasquer la « taupe » responsable de la mort de plusieurs de ses collègues flics. Cet aspect-là retient nettement moins l’attention que l’ambiguïté qui entoure Tubbs et son changement d’attitude. Enfin, le passage de flambeau à la nouvelle génération se fait de manière touchante au travers du personnage de Lou Diamond Philips, jeune flic nerveux et entièrement dévoué à son travail. Malheureusement, comme souvent évoqué dans de précédents épisodes, les missions et leurs dénouements finissent dans la désillusion et la déception. Désabusé, Tubbs confie à Crockett qu’il ne « sait plus ce qu’il défend ». Constat amer sur lequel se referme cet épisode intéressant qui nous en apprend plus sur l’évolution des personnages principaux. Anecdotes :
Scénario : John Schulian, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : Don Johnson Résumé : Témoin de l’assassinat de son client par de dangereux malfrats à la solde d’un certain Togaru, la call girl Ali Ferrand se réfugie chez son amie Christine Von Marburg. Connue dans les cercles d’affaires de Miami, celle-ci fait la connaissance de Crockett, sous l’identité de Burnett, lors d’une soirée. L’attirance est immédiate et Crockett tombe amoureux. Mais il ignore que Christine est à la tête d’un réseau de prostitution à la solde de Togaru… Critique : Dans cet épisode plutôt bancal, nous assistons à du badinage amoureux sans grand intérêt entre Crockett et Christine, une supposée femme d’affaires qui cache sa réelle activité. Cette histoire d’amour ne fait pas beaucoup avancer un scénario qu’on sent peu fouillé (enjeux ténus, pas de développement psychologique particulier, progression floue). L’épisode vaut surtout pour en savoir un peu plus sur les émotions et le parcours amoureux de Crockett. Quand le policier apprend la vérité sur le vrai métier de Christine, ce sera le choc et il déclare à Tubbs : Une droguée et maintenant une prostituée. Je fais ce boulot depuis trop longtemps. Tout est dit. Après les problèmes de drogue de son ex-petite amie, la doctoresse Thérésa Lyons (lire plus haut, 16ème épisode), le flic blond semble décidément condamné à l’impossibilité d’une relation amoureuse stable et durable. Alors qu’il avait fait du très bon travail de metteur en scène et d’acteur sur l’épisode Bon retour dans la 2ème saison, on sent que Don Johnson, à nouveau devant et derrière la caméra, a voulu se faire plaisir en filmant son ex-femme Mélanie Griffith avec qui il semblait retisser des liens amoureux dans la vraie vie (de fait, à la fin de la série en 1989, il l’épousa en secondes noces avant de divorcer à nouveau quelques années plus tard). Côté « bad guys », les méchants sont caricaturaux au possible et peu développés sur le plan psychologique (un gros bouclé à tête de démon et un George Takei qui joue le péril jaune, à des années-lumière – c’est le cas de le dire – du sympathique M. Sulu qu’il campait dans la série et les films Star Trek). Restent quelques moments savoureux avec l’indicateur Izzy Moreno, très drôle en photographe français qui parle boudoir et porte un béret basque. Soulignons encore le côté spectaculaire de la scène de fusillade finale. Bien pensée et chorégraphiée, elle rend compte de toute la tension ressentie par les policiers quand ils comprennent que leur couverture a été grillée. Du reste, l’épisode figure parmi les plus faibles de cette saison. Dommage. Anecdotes :
21. COUCOU, QUI EST LÀ ? Scénario : Bruce A. Taylor, d’après une histoire de Michael Duggan, John Schulian et Dick Wolf - Réalisation : Tony Wharmby Résumé : Lors d’une transaction de drogue avec un trafiquant nommé Montoya, Crockett et Tubbs se font dépouiller par des agents de l’agence anti-drogues. Après la descente, Castillo se renseigne et constate qu’aucune descente n’était inscrite au programme de l’agence. D’autres descentes ont lieu et la police des polices soupçonne Crockett d’être corrompu. Le policier soupçonne une connaissance d’être à l’origine de ces saisies illégales… Critique : Depuis le début de la série, la question nous taraude : Crockett et Tubbs vont-ils passer de l’autre côté ? Devenir les méchants ? Cet épisode nous montre ce qu’il arrive à Linda Colby, une femme flic qui a franchi le cap. A la tête d’une unité de l’agence anti-drogues (en vo : DEA : Drug Enforcment Agency), c’est une femme à poigne. On apprécie de la voir dans un rôle de dirigeant, fait assez rare dans les séries des années 80 encore marquées par un machisme ambiant auquel n’échappe pas la série. Contrainte de trouver de l’argent pour payer le traitement de son fils qui souffre d’une maladie, elle s’acoquine avec un trafiquant qui la fait chanter. Jusqu’à mettre en péril la couverture d’un collègue : Crockett. Ce dernier comprend petit à petit ce qui se trame et ne peut s’empêcher d’établir un parallèle entre ce qu’il aurait pu devenir s’il avait choisi la voie du mal (la fin de la saison 4 franchira le pas). Evidemment, l’épisode souligne le travail de la Police des Polices, bien décidée à faire tomber les policiers soupçonnés d’être corrompus. Si Crockett ne se laisse pas faire par le « bœuf carotte » qui le harcèle, on sent bien qu’il se retrouve pris dans une toile d’araignée dont il peine à s’extraire… De facture classique, la réalisation souligne la rapide descente aux enfers de cette femme flic désespérée. Montoya, le méchant incarné par Ian McShane a une réelle épaisseur et l’acteur joue de façon très subtile, alternant humour et angoisse avec talent. La scène finale de fusillade, au milieu de la foule, montre à nouveau le danger vécu par des policiers infiltrés dont la couverture est menacée par des trafiquants. Comme dans la 2ème partie de « La loi du Ring » (voir plus haut), Crockett tire en glissant sur le sol avec son corps, accentuant le côté extrêmement rapide des échanges de coups de feu. Malgré un sursaut de conscience, la femme flic devra affronter les conséquences de ses choix et la fin montre souligne clairement qu’aucun retour n’est possible. Anecdotes :
22. UN COUP DE FROID Scénario : Michael Duggan, Dick Wolf, d’après une histoire de John Milius - Réalisation : James Quinn Résumé : Lors d’une opération, Crockett tue un dangereux membre d’un gang de bikers. Sorti de prison, l’homme de main de ce dernier a juré de se venger des responsables de la mort de son ami. Il retrouve tous les protagonistes et les élimine les uns après les autres avant de s'en prendre à Tubbs et finalement à Crockett… Critique : Le plus mauvais épisode de cette 3ème saison : scénario nul, méchants très basiques et banale histoire de vengeance, menée sans crescendo ni tension. L’inexpressif Reb Brown, ancien culturiste et boxeur, se contente de reproduire les recettes qui ont fait le succès d’Arnold Schwarzenegger dans « Terminator » : maxillaires tendues, muscles saillants et punchlines courtes. La musique et les motos renforcent le côté très eighties de cet épisode qui a mal vieilli, en comparaison avec ceux des autres épisodes. Même l’apparition comique de l’indicateur Izzy Moreno n’arrive pas à injecter un peu d’humour dans une histoire plate et qui se prend terriblement au sérieux. Une légère petite inquiétude se fait ressentir quand Tubbs échappe de peu à la mort. Hélas, la scène où Crockett va le voir sur son lit d’hôpital fait très tournage en studio et perd en crédibilité. Les scènes d’action manquent de peps, lourdes comme le physique des méchants de service. La bagarre finale entre Crockett et le méchant n’a guère d’intérêt, rapidement expédiée et peu vraisemblable. Décevant et franchement mauvais. Anecdotes :
23. SALUT LES ARTISTES Scénario : Dick Wolf, Michael Duggan, d’après une histoire de Walter Kurtz - Réalisation : Richard Compton Résumé : Lors d’une rencontre avec le trafiquant Don Gallego, Tubbs et ce dernier se font braquer par deux hommes masqués. Ceux-ci s’emparent d’une mallette contenant une grosse somme d’argent. Crockett réussit à identifier les voleurs : il s’agit de deux comédiens de théâtre dont l’un, Mikey, a été arrêté plusieurs années plus tôt par le policier. Furieux, Gallego cherche à récupérer la mallette et à se venger des braqueurs. Crockett et Tubbs protègent les comédiens tout en essayant d’arrêter le trafiquant… Critique : Pour changer, l’univers de Deux flics à Miami s’intéresse au milieu des comédiens de théâtre. Evidemment, l’angle d’attaque tourne autour de la drogue. Au travers de Miky, ancien comédien de théâtre renommé sorti de prison, nous suivons la déchéance d’un petit délinquant qui cherche une forme de rédemption dans les paradis artificiels. Durant une scène-clé de l’épisode, Crockett raconte à son coéquipier Tubbs qu’après avoir arrêté Mikey, ce dernier lui a envoyé une lettre 6 mois plus tard pour le remercier : en taule, il a pu se sevrer et reprendre sa vie en main. Tubbs prévient : Drogué un jour, drogué toujours. Et c’est tout le dilemme de Crockett… Comment sauver quelqu’un qui ne veut pas être sauvé ? Phénomène récurrent dans la série et dans les aventures du policier blond. Malheureusement, le personnage de Mikey et son interprète n’ont rien d’attachant, ce qui nuit à l’adhésion du spectateur à l’histoire. Un récit guère intéressant, se résumant à un gangster qui cherche à tuer le petit minable qui l’a dépouillé. Malgré ses accents parfois shakespeariens (la scène où Crockett échange des répliques théâtrales avec Mikey sous un préau rempli de tables d’échecs) et malgré les efforts de Don Johnson, la sauce ne prend pas et laisse un sentiment d’indifférence polie. La fin laisse supposer que Mikey, drogué pathologique, serait aussi un arnaqueur en cavale. Fin curieuse mais ce n’est pas grave, on s’en fout. Dommage. Anecdotes :
24. LES LENDEMAINS DE LA RÉVOLUTION Scénario : John Schulian, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : Gabrielle Beaumont Résumé : Cuba, 1961. Lors d’une prestation musicale dans un night-club, un soldat cubain tue une chanteuse sur scène. Miami, 1987. Crockett et ses collègues surveillent un trafiquant de drogue nommé Pedroza. Lorsque Switek prend des photos des allées et venues, il remarque la présence d’un inconnu. Castillo se renseigne auprès de ses contacts des services secrets. Il s’agit d’un espion est-allemand nommé Klaus Herzog. Que fait-il là ? Gina découvre qu’il était l’amour de sa mère, la chanteuse tuée à Cuba par le soldat qui n’était autre que Pedroza. L’espion vient la venger… Critique : Encore une histoire de vengeance… Décidément, le soleil de Miami attise les passions plutôt que de les calmer. On craignait un traitement faiblard au regard des précédents épisodes mais au final, ce « season finale » se révèle une bonne surprise et ose aborder la question de l’immigration cubaine dans une histoire aux accents politiques. Plus axé sur Gina, jusqu’ici cantonné à un rôle de second plan (hormis un épisode dans la seconde saison) ; la réalisation s’attarde sur le bouleversement que l’espion allemand provoque dans la vie de la policière. Ce qui donne lieu à de belles scènes entre Gina et l’ex-amour de sa mère, mêlées à la fois de méfiance et de tendresse. Saundra Santiago apporte beaucoup de douceur et de sensibilité à son personnage, surtout dans les scènes dramatiques. La réalisatrice Gabrielle Beaumont a sans doute grandement contribué à donner un aspect plus « féminin » à cet épisode bien mené et intéressant visuellement (les scènes finales dans le night-club et la rue alternent les couleurs chaudes et froides et renforcent l’impression du temps qui passe). Evidemment, comme dans la plupart des épisodes, on regrettera le côté caricatural du méchant : Pedroza est un ancien militaire à la solde de Castro, très très méchant. Hormis ce côté basique, l’acteur hollandais Jeoren Krabbé apporte une certaine subtilité à son personnage, loin du rigide germanique de service. Avec le recul et l’effondrement du mur de Berlin, l’épisode prête un peu à sourire dans sa peinture des communistes. Mais c’était l’époque. Un bon épisode pour clôturer la saison, il était temps. Anecdotes :
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