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 saison 1 saison 3

DR HOUSE

SAISON 3 - PARTIE 2

 


13. UNE AIGUILLE DANS UNE BOTTE DE FOIN
(NEEDLE IN A HAYSTACK)


Scénario : David Foster
Réalisation : Peter O'Fallon

- His liver's actually improving. We plug one hole and end up poking another.
- Are we talking about the patient, or how to get a raise from Cuddy ?

Alors qu’il « bâtifolait » avec Leah, sa petite amie, Stevie éprouve d’intenses difficultés respiratoires. A l’hôpital, il refuse de prévenir ses parents, allant jusqu’à mentir sur leur adresse. Leah révèle alors que Stevie est un romanichel et que sa communauté, fâchée avec les « gadjé » (non gitans), évite autant que possible de les rencontrer. Quand sa famille finit par arriver, elle sabote tous les efforts des médecins. Pendant ce temps, House a un gros problème : Cuddy lui a sucré sa place de parking au profit d’un autre médecin en fauteuil roulant. House, pour récupérer sa place, fait alors le pari qu’il peut rester assis sur un fauteuil pendant une semaine…

Un des rares faux pas de cette excellente saison 3. Le cas est empesé et répétitif. Son plus grand travers est son objectif trop flou : dénonce-t-il la généralisation des préjugés contre les gitans (affreux, sales, et méchants) ? Dans ce cas, la famille romanichelle que l’on voit ici est d’une si forte antipathie qu’elle ruine totalement cette idée. Les gitans ne sont-ils qu’un prétexte pour raconter l’emprisonnement de ce jeune homme dans sa famille ? Dans ce cas, personnages caricaturaux et situations téléphonées sabotent le tout. L’épisode est cependant sauvé par la belle description du jeune patient, son éclatant faux happy end, et les amusantes scènes Housiennes.

Passée l’introduction « hot » (avec appréciation des formes pulpeuses de Jessy Schram), réutilisant le running gag de la série à montrer un rapport sexuel qui vire à la catastrophe, l’épisode abat ses deux atouts : un patient agréablement dessiné et un House bien embêté ; atouts qui vont malheureusement être insuffisamment exploités. Les diagnostics différentiels sont aussi longuets qu'hermétiques. Le diagnostic final, habituellement un grand moment de logique implacable « à la Poirot » est bâclé, atténuant l'effet du twist final. Cependant, la scène de chirurgie, plus longue que d’habitude, fait un peu gore avec House qui déroule les 8 m d’intestin du patient (bon appétit !) et on ne s’en plaint pas. Stevie est heureusement un bon patient : affable, intelligent, curieux. Le pessimisme de la série n’est pas sur lui mais plutôt sur ses liens familiaux. Il surprend Foreman qui pense à le prendre sous son aile. Leah est un portrait certes restreint mais existant de petite amie attentionnée et attachante, alors qu’elle ne le connaît que depuis peu de temps. Son investissement à le protéger, quitte à se disputer avec sa famille, en devient presque émouvant. Jake Richardson et Jessy Schram défendent avec flamme leurs personnages.

Patatras ! Lorsque la famille de Stevie débarque, les poncifs les plus grossiers s’enchaînent à vive allure. Certes, on comprend que David Foster ait voulu opposer le conservatisme de la communauté à l’esprit d’ouverture de Stevie. Mais de manière aussi exagérée, l’effet tombe à plat. Certes on peut rire (jaune) de ces parents tellement bornés qu’ils ne voient pas que leur fils va vraiment mal, ou bien « l’aménagement » de sa chambre, mais ce premier degré massif détonne au sein d’une série d’ordinaire plus subtile. Leur opposition face aux médecins donne le prétexte nécessaire pour donner de la tension, et est expliqué par l’incisif dialogue où les romanos rappellent qu’ils ont été et demeurent un peuple persécuté. Mais leur paranoïa use nos nerfs. On nage en plein irréalisme quand la famille du patient exige que l’équipe de House et Leah, jugée ridiculement comme responsable de son état, ne s’approche plus de Stevie. Depuis quand les familles font la loi dans un hôpital ? Les acteurs en font trop, et particulièrement Arabella Field et Rob Brownstein, vraiment imbuvables.

Le happy end brille cependant d'une fausseté triomphale : Stevie est jeune, purgé de son héritage de préjugés, avide de croquer la vie à belles dents : il voudrait accepter la proposition de Foreman, qui lui donne un espoir d’avenir plus intéressant et passionnant. Mais la tradition exige sa fidélité à sa famille qu’il aime en dépit de tout. Le gros ralenti le voyant quitter l’hôpital tout sourire, avec toute sa famille, est d'une joie caduque : c’est un sentiment de gâchis de voir ce bel esprit qui n'éclorera jamais qui prédomine. Omar Epps est très bien en philanthrope à l'écoute de son patient.

Cuddy déplace à son désavantage la place de parking de House au profit d’un autre médecin en fauteuil roulant : du coup, House passe son temps à râler. Oui, il y'a la dispute avec Cuddy qui semble vraiment prendre plaisir à le faire enrager, la médecin en question pas sans réparties (bien qu'on aurait souhaité de Wendy Makkena plus d'ironie), la partie débile d'autotamponneuses, le parcours du combattant de la descente des escaliers en fauteuil, la scène des toilettes avec Wilson... mais le tout reste trop « gentil ». Dr.House adore pousser le bouchon très loin, mais on dirait que le scénariste se retient. La résolution finale quand House culpabilise Cuddy avec succès ne marche qu’à moitié : on y croit pas vraiment. Quelques autres scènes assez drôles : Cameron et Chase, trompés par Stevie, se gourent d’appartement et dérangent un couple en pleine partie de jambes en l’air. Voir Chase se prendre pour House en déduisant que ce n’est pas un couple « légitime » est assez décalé !

Un épisode pâlot.


Infos supplémentaires :

- Quand House est en fauteuil roulant, Wilson le compare à Robert Dacier, le policier handicapé de la série L’Homme de fer.

- Erreurs :
Jennifer Morrison commet une petite erreur quand elle cite la phrase mnémotechnique Scared Lovers Try Positions They Can't Handle. Le bon mot est That, et non They.
Quand House arrive au travail, le sol est neigeux… mais quelques secondes plus tard, il n’y a plus de neige sur le sol.
Lors de l’examen cardiaque, Foreman s’inquiète que les battements cardiaques chutent… bien que les chiffres sur le moniteur augmentent.

- La chanson de l’épisode est In the waiting line écrit par Sophie Barker, Henry Binns, et Sam Hardaker, interprétée par le groupe Zero 7.

Acteurs :

Jake Richardson (1985) a joué dès l’âge de 10 ans à la télévision, participant à de nombreuses séries : Une nounou d’enfer, Sept à la maison, NYPD Blue, Boston Public (2 épisodes), Monk, Urgences, Cold Case, Médium (épisode Instinct maternel), Bones, Boston Justice, Esprits Criminels, En analyse, Supernatural (épisode La colère des mannequins), NCIS : Los Angeles, Mentalist, Les Experts, CSI : Cyber, etc.

Jessy Schram (1986) a fait des études de comédie, de musique, et de mannequinat, combinant toujours ses trois passions ensemble. Entre quelques pièces de pop-R&B, et de défilés, elle commence sa carrière en jouant un premier rôle dans une série de téléfilms (Jane Doe). Elle fait quelques films (American Pie : String Academy, Unstoppable…) mais est surtout actrice de télévision. Ses rôles les plus connus sont Karen Nadler dans Falling Skies (15 épisodes), et Christine Kendal dans Last Resort (10 épisodes). Elle participa aussi à Véronica Mars (4 épisodes), Boston Justice, Ghost Whisperer, Médium (épisodes Lyla et Le garçon d’à côté), FBI portés disparus, Les Experts : Miami, Mentalist, Once upon a time (3 épisodes), Mad Men (4 épisodes), Life (7 épisodes), etc.

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14. SANS PEUR ET SANS DOULEUR
(INSENSITIVE)


Scénario : Matthew V. Lewis
Réalisation : Deran Sarafian

- Boys can't hold me for too long because I can overheat.
- Girls can't hold me for too long because I only pay for an hour.

Hannah Morganthal, 16 ans, et sa mère, ont un terrible accident de voiture, mais Hannah ne ressent aucun mal : elle est atteinte d’une ICD (Insensibilité Congénitale à la Douleur). Les médecins tentent de cacher à Hannah l’état critique de sa mère tout en essayant de trouver de quoi souffre Hannah qui elle aussi a attrapé une maladie grave. Son ICD complique sérieusement la tâche des médecins qui ne peuvent savoir d’où vient son mal. House apprend de son côté que Cuddy a un rendez-vous avec un inconnu…


Voilà la croisée des chemins : en-dehors du cas, original (et avec une chute impressionnante), nous voyons nos médecins s’interrogeant sur leurs envies d’une vie sociale moins vide, sur leurs propres désirs. Cet épisode va décider de l’avenir de la série ; ses conséquences se feront ressentir jusqu’au finale de la saison 7. En cela, il est immanquable pour le fan : naissance définitive du Huddy, création du « Chaseron » (relation Chase-Cameron), solitude et métamorphoses de Foreman… un épisode choral bien ficelé. Ce n’est certes pas dans l’essence de la série de s’intéresser autant aux médecins, et la suite de la série ne le montrera que trop hélas ; mais pour l’heure, l’épisode recueille les suffrages sans problème.

Passée l'intro choc, les dix premières minutes sont de la comédie pure : l'énumération par House des six raisons qui démontrent son ICD est un grand moment d’humour. Mais que dire alors de la scène suivante où il s’engage avec Hannah dans une des joutes verbales les plus jouissives de la série, chacun essayant de convaincre que l’un souffre plus que l’autre : leurs calvaires respectifs bien réels deviennent des arguments hilarants. Matthew V. Lewis ne tombe pas dans le piège de la surenchère et utilise efficacement l’alibi du « sans douleur » : délire paranoïaque finissant par un saut de sept mètres, Chase proposant ni plus ni moins de la « torturer », l’opération du cerveau à vif, ou encore le sommet hémoglobine de l’épisode : une opération de l’intestin sans anesthésie. On comprend l’intérêt de House : lui qui souffre en permanence rencontre quelqu’un qui ne souffre pas. Wilson devine que House voudrait tenter une greffe de ce nerf rachidien jamais frappé par la douleur pour ne plus souffrir. Il finit par le raisonner : son jugement est faussé par ce conflit d’intérêts. La chute finale (très très gore) est aussi renversante que celle de l’épisode précédent ! La prestation de Mika Boorem en hystérique est brouillonne mais justement bouillonnante.


Instant Hameron fugitif : surveillez le bref regard d’intelligence de Cameron quand House lui dit qu’il y’a un lien entre sa douleur et son irascibilité…

Quittons ce passionnant cas pour nous pencher sur nos chers docteurs face à leurs avenirs :
Foreman est en couple avec Wendy. L’optimisme de House quant à l’avenir de leur relation est sans équivoque… et évidemment il a raison. Foreman en fait mélange sans cesse vie privée et professionnelle, n’accordant aucun espace « libre » à sa petite amie. Pire, il ne cherche pas de relation à long terme, et s'enferme dans un éphémère faussement confortable. Ce thème mille fois traité trouve ici une dimension particulière, d’abord par le moyen de rupture, très original, ensuite, parce que Wendy pointe la ressemblance morale de plus en plus troublante entre lui et House : rationalité à outrance, besoin de solitude… House a métamorphosé Cameron, et Foreman est en bonne voie. Il finit par rejeter ce qu’il y’a de meilleur dans l’être humain : l’affection sincère et durable, et se déshumanise ainsi. Son superbe dialogue avec Cameron est un des plus pertinents de la série sur le thème de l’engagement. Cameron doit faire face à une nouvelle vision de son mariage. Le fait qu’elle ait épousé un cancéreux incurable montre que si elle l’aimait, elle ne pouvait se projeter à long terme avec lui du fait de l’échéance mortelle ; son sacrifice était sublime mais paradoxalement n’était pas une preuve d’amour durable et longue. Elle est donc dans la même situation que Foreman. L’engagement n’est pas à durée déterminée, et ordonne une force d’âme dont elle n’a pas encore fait preuve. Joue ici le pessimisme sous-jacent de la série : l’engagement du mariage n’est pas compatible avec l’inconstance humaine. Le seul recours est l’acceptation de sacrifices pour montrer son attachement à l’autre comme le remarque Foreman. On doit se faire du mal pour préserver l’autre.


Puisque le grand amour n’est pas pour demain, pourquoi ne pas « s’amuser » ? Pragmatique ? Mais il faut bien mettre de l’eau réaliste dans le vin de notre idéalisme pour vivre. Cela aboutit à une des plus grandioses scènes finales de la série, d’un humour allant au-delà de l’ironie. Cameron suit le conseil de Foreman et propose à Chase de coucher ensemble, simplement pour coucher. Et là, la série pousse décidément le bouchon très loin car pulvérisant les codes de ce genre de relation :
1. La fille demande une relation éphémère (fuckfriend) alors que le garçon (Chase) souhaite en secret une relation plus sérieuse (confirmée dans Y’a-t-il un médecin dans l’avion ?).
2. Elle choisit Chase uniquement pour des motifs utilitaires : elle le connaît, ils travaillent ensemble… la comparaison avec la pizza micro-ondes par un Chase blessé dans son orgueil est vraiment tordante.
3. Elle est certaine de n’avoir aucun sentiment pour lui et cherche un homme qui la comblera sexuellement mais qui ne devra en aucun cas pousser le sentiment trop loin.
4. Elle est la dominatrice de la relation. Chase n’est qu’un objet sexuel soumis.

Soit exactement l’inversion des relations « sexfriends » généralement proposées par les hommes. Le Chaseron se crée et par contrecoup la fin momentanée du Hameron… encore que l’épisode suivant… Tournure comique mais aussi grinçante : elle montre que l’âme humaine est plus à l’aise dans l’éphémère que dans la longévité. Cette relation peut être comparée à celle entre J.D et Elliot dans la saison 2 de Scrubs (4 ans avant cet épisode) où tous deux acceptent d’être sexfriends ; relation rompue par Elliot (comme le fera Cameron plus tard) à cause des sentiments montants de J.D (comme Chase plus tard). La série n’a donc rien inventé mais elle approfondit l’idée : elle accorde à Cameron une position dominante bien plus marquée qu’Elliot d'où une relation plus intense et dramatique, là où Scrubs misera plus sur les hilarants allers-retours des deux protagonistes.

Dr.House 3 14 4House découvre que Cuddy a un rencard avec un inconnu. Nouvelle scène dans le bureau de la directrice où chacun parle sans écouter l’autre (très Clair de Lune ça). Vient ensuite House qui sabote avec sa délicatesse coutumière le date d’une Cuddy rouge de confusion. On remarquera que Don, le prétendant (convaincant Josh Stamberg) n’est pas un faire-valoir : il n’est pas ridicule et surprend par sa courtoisie feinte. Mais LA scène de l’épisode est bien entendu quand House dérange Cuddy une fois de plus alors qu’elle passait aux « choses sérieuses ». L’obsession de House à gâcher le peu de vie intime de sa patronne est un nouveau pas, car il n’était encore jamais allé jusque-là. Sa jalousie qu'il essaye de cacher se manifeste par son silence massif à la brutale question de Cuddy : Est-ce que je vous plais, House ? Il aura d'ailleurs une attitude similaire lors du « Luddy » de la saison 6. Leur relation prend une tournure plus troublante, Don l’a bien compris : elle se montre plus vivante, plus passionnée quand elle est avec House qu’avec lui. Elle aussi a une attirance inavouée envers le diagnosticien. Le Huddy est dans cet épisode décrit comme pas à sens unique, et la tension sexuelle ne cessera de s’instensifier. La série a vraiment le don de nous convaincre rien qu’avec des petits détails : La magnifique plongée finale de Cuddy dans son lit à deux places, fixant d’un œil triste la place désespéramment vide d’un homme qu’elle attend, dit bien toute sa misère affectivo-sexuelle. Hugh Laurie est toujours aussi caméléon : jalousie à peine voilée, jem’enfoutisme. Lisa Edelstein, hypersexy, est agréablement mordante.


Infos supplémentaires :

- Cuddy a rencontré son date sur le site singleballroomdancelovers.com. Traduit approximativement en VF par Dansez-en-couple.com. Bien entendu, les deux sites sont purement fictifs !

- La chanson de l’épisode est Hit the Ground de et par Lizz Wright.


Acteurs :

Mika Boorem (1987) joue très jeune dans un théâtre local en Arizona, elle devient rapidement une actrice précoce au cinéma, jouant dès 10 ans dans plusieurs films où elle se fait remarquer comme second rôle : The Patriot, Dirty Dancing 2, Cœurs perdus en Atlantide, etc. elle tourne environ deux films par an. Elle est aussi active à la télévision : elle a joué dans les séries Sabrina, Ally McBeal, Walker Texas Ranger, Dawson (6 épisodes), Ghost Whisperer, etc.

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15. DEMI-PRODIGE
(HALF-WIT)


Scénario : Lawrence Kaplow
Réalisation : Katie Jacobs

One small feel for man, one giant ass for mankind !

Patrick Obyedkov, 34 ans, est handicapé mental depuis un accident qu'il a eu à 10 ans. Cela ne l'a pas empêché de devenir un pianiste virtuose. Lors d’un concert, sa main droite se paralyse. House veut résoudre non seulement sa maladie mais aussi pourquoi Patrick est devenu pianiste à la suite de son accident. Cameron découvre entretemps que House a contacté l’hôpital de Boston. Elle apprend alors une terrible nouvelle…

Cet épisode est un classique de la série par son fameux baiser entre le Dr.Cameron et Gregory House. Mais indépendamment de cette scène, l’épisode a beaucoup d’atouts en main, grâce au scénario de Lawrence Kaplow. Même s’il mérite bien ses quatre melons par sa richesse, il souffre quand même de deux défauts : un cas qui n’exploite pas toutes ses ressources jusqu’au bout, et la mise en scène malhabile de Katie Jacobs, l’un des trois « cerveaux » du show. Si Jacobs se montre médiocre lors de cette première tentative, elle sera beaucoup plus satisfaisante par la suite.

Grâce à cet handicapé mental qui ne vit qu’à travers la musique, l’épisode nous régale de plusieurs chefs-d’oeuvre : la sonate « Waldstein » de Beethoven, le scherzo de la symphonie en ut majeur de Bizet, des standards de Scott Joplin, ou les enchanteresses improvisations jazzy de Hugh Laurie et Dave Matthews. Il est émouvant de voir le patient, débile parfait en temps normal, devenir un tout autre homme quand il joue, même sur un clavier imaginaire. Le cas manque de rythme, le diagnostic final ne nous marque pas vraiment, mais le patient et son père profitent d'une belle écriture. Dave Matthews est émouvant dans les comportements infantiles, et Kurtwood Smith, expressif, avec une grande économie de moyens. Royal dilemme au menu : Patrick peut redevenir normal, mais au prix de tout ce qui a fait sa vie : la musique ; ou bien continuer à être virtuose, mais rester handicapé. Un don qui n’est dû qu’à un accident de la vie… la série va loin dans la cruauté ironique ! La décision sera tranchée dans une magnifique scène. Malgré tout, le happy end reste bien amer.


House a une maladie mortelle incurable ! Mais si vous attendez un numéro de révolte de House, passez votre chemin, il n’en a rien à cirer. D’où une situation comiquement absurde : tout le monde s’inquiète pour lui, veut le « réconforter » ce qui ne fait que l’irriter davantage (Un thème repris dans L'origine du mal en saison 5). Trois ans ensemble, cela forge des liens même s’il n’y a pas d’amitié réelle - la série le rappellera plusieurs fois - Le trio a forgé un lien avec House, une sorte d'attachement sans affection, comme peut l'avoir un employé envers un boss qu'il respecte profondément mais sans plus ; c'est écrit avec justesse. L'on remarque un signe Huddy lorsque stressée, Cuddy reprend inconsciemment certains gestes de son subordonné (élastique trituré...). Mais la série, avec son pessimisme foncier, semble nous dire que si nous sommes programmés pour prendre en pitié les gens plus malheureux que nous, cette compassion n'est pas sincère mais « fabriquée » pour la circonstance selon nos modèles sociétaux. Les rapports humains sont si factices déplore la série qu’on ne sait même plus ce que l’on ressent comme l'atteste la scène finale. Même si on sait qu’il y’a anguille sous roche, le twist final est un des plus ironiquement renversants de la série, d'un humour très noir et acrimonieux. Trait de génie, l’épisode a beaucoup d’éléments comiques, mais c’est un des plus sombres de la saison !

Le baiser valut à l'épisode d'être très commenté, car il était un prétexte pour Cameron pour faire une prise de sang de House en douce. Elle échange avec lui un profond baiser tandis qu’elle sort la seringue de sa poche… mais House reste attentif et attrape la main de Cameron. Raté ! Mais ce baiser était-il au fond réciproque ? J’ai personnellement repassé la scène une quinzaine de fois sans trouver une réponse franche : OUI Cameron apparaît comme hypnotisée quand elle marche vers lui, MAIS House lève les yeux au ciel en devinant ses intentions. OUI Cameron apprécie pleinement ce moment, MAIS House n’est pas attentif puisque anticipant le geste de Cameron. OUI Cameron l’embrasse fougueusement, MAIS House est plutôt passif, ne bougeant presque pas sa posture. OUI, Cameron a l’air de l’embrasser pour concrétiser son attirance envers lui, MAIS si c’était par pitié et non par désir qu’elle embrasse ? Car l'on connaît son attirance pour les « gens cassés »… OUI House fait une énorme devil mind MAIS son ton agressif ne semble pas sincère. Cette ambiguïté irrésolue montre que la série sait complexifier les relations sans nuire à l’émotion. Notons que c’est une des rares scènes de l’épisode que Katie Jacobs réussit vraiment.


L’épisode réserve un coup de maître : c’est en fait autant un épisode Huddy que Hameron. La scène où House dit au revoir à Cuddy est le pendant parfait de la précédente : il se rend chez elle à 3h du mat pour l’admirer en peignoir alors qu’un simple coup de téléphone suffisait. D’autre part, House est bien plus cynique… et troublé devant elle que devant Cameron. La scène révélatrice est quand après une étreinte (presque) platonique, House tente de suivre Cuddy dans sa chambre… mais elle l’envoie sur les roses en lui balançant un monumental râteau. La conclusion reste aussi ambiguë, mais une chose est claire : House désire Cameron mais fantasme davantage sur Cuddy. La tension sexuelle explose entre Cuddy et House, tandis que seuls les sous-entendus alimentent le Hameron. D'ailleurs, le baiser de Rêves éveillés (saison 5) sera bien plus réciproque.
Quoi qu'il en soit, ce baiser troublant et beau est une belle première fin pour le Hameron qui va s’effacer au profit du Chaseron. Il opérera cependant un retour inattendu et ironique dans la saison 5, tout en offrant plusieurs réponses sur sa véritable nature.

La seule réserve est l’absence de scène commune entre Sean Leonard et son compatriote du Cercle des poètes disparus, et la trop sage réalisation de Katie Jacobs.


Infos supplémentaires :

- Half-Wit est un terme signifiant un homme aux facultés mentales limitées, pour ne pas dire crétines. Il désigne l’handicapé mental de l’épisode.

- Ce cas est inspiré de faits réels. David Shore a participé à l’écriture de cet épisode. C’est lui qui eut l’idée d’introduire le piano à l’hôpital.

- On savait que Cameron triait le courrier de House, on sait maintenant qu’elle le lit !

- House cache sa clé en haut de sa porte.

- Kurtwood Smith a dans la série That 70’s show un fils nommé Eric Forman (sans e) !!

- House prétend avoir pris le pseudonyme de Luke N. Laura pour faire son examen, il s’agit d’un personnage du fameux soap opera Hôpital central. Quand ironiquement, Wilson envisage une transplantation de cerveau par la foudre, il s’agit d’une allusion directe à l’expérience du Dr.Frankenstein.

- Bien que Dave Matthews ne soit pas pianiste, c’est lui qui joue - en playback - le début de la sonate Waldstein dans l’introduction. Ce ne sont pas ses mains que l’on voit lors des séquences de gros plan, mais celles d’une doublure. Dans cette même scène, il n’y a en fait que 200 figurants ; un trucage permit d’en faire apparaître plus.

- L’épisode durait presque une heure dans sa première version.

- La scène du baiser fut la première tournée de l’épisode.

- La réplique de House « Je continuerai [de le biopsier] même si je le tue » devait être supprimée, mais Hugh Laurie persuada Katie Jacobs de la garder.

- La scène où House enlace Cuddy est la préférée de Katie Jacobs.

- Le nom d’Eric Foreman, homonyme quasi parfait du personnage de That 70’s show est une pure coïncidence : Shore l’a choisi totalement au hasard.

- Les deux compositeurs de la série font un caméo à la fin : Jon Ehrlich est le pianiste du bar, et Jason Derlatka le serveur.

- Les quelques notes que joue Patrick d’une seule main sont les premières mesures du fameux rag-time The Entertainer de Scott Joplin (1867-1917), rendu célèbre pour être la musique du film L’Arnaque (1973). La musique que joue House sur le piano avant que Patrick l’imite est une chanson du groupe The Boomtown Rats : I don’t like mondays. Jon Ehrlich a composé la pièce sensée avoir été composée par House au lycée (il « tombait les nanas » avec), mais n’a jamais pu en composer la fin, d’où l’idée d’utiliser cette mélodie. En plus des musiques classiques (Beethoven et Bizet) et de ces chansons, on entend aussi durant l’épisode Rainy Day Lament de et par Joe Purdy et See the world de et par Gomez.


Acteurs :

Dave Matthews (1967) est surtout reconnu comme étant le fondateur du Dave Matthews Band, groupe de rock très populaire où il est chanteur et guitariste. Cet excellent musicien a collaboré à plusieurs films dont il a signé tout ou partie de la BO (Matrix Reloaded, 21 grammes, Scream 2...) et à plusieurs séries. Il est occasionnellement acteur.

Kurtwood Smith (1943) a derrière lui une impressionnante filmographie. D’abord comédien de théâtre pur, il se tourne à presque 40 ans seulement vers les écrans, enchaînant de nombreux rôles d’importance : RoboCop en premier lieu mais aussi Le cercle des poètes disparus (avec Robert Sean Leonard), Rambo 3, Star Trek 6, Piège à grande vitesse, Deep Impact, etc. Côté séries, il est surtout connu pour avoir joué le rôle principal de Red Forman dans la populaire That 70’s show (201 épisodes). Il est à noter que ce devait être Chuck Norris qui devait jouer son rôle… Mais il a également joué dans L’agence tous risques, Tonnerre de feu, X-Files (épisode Le visage de l’horreur), Star Trek Deep Space Nine et Voyager, 24 heures chrono (7 épisodes), Médium (Une simple intuition, Meurtre par procuration, et Le mal à la racine), Chaos (13 épisodes), Resurrection (21 épisodes), etc.

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16. L’HOMME DE SES RÊVES
(TOP SECRET)


Scénario : Thomas L. Moran
Réalisation : Deran Sarafian

We are going to figure out what's wrong with you. But first we need to know one thing : Have you ever appeared in any pornos ?

House fait un cauchemar : il rêve qu’il est blessé pendant la guerre d’Irak et qu’il est secouru par un soldat. Cuddy réveille House et lui présente John Kelley, un nouveau patient… qui est le soldat de son rêve ! House somme son équipe de résoudre ce cas, et d’enquêter auprès de Kelley pour savoir qui il est vraiment. House a parallèlement un autre problème : il ne peut plus uriner et souffre d’insomnies…


Cet épisode peine à convaincre dans son enquête médicale. Le patient n’a, lui, aucune psychologie. L’histoire parallèle de House tournant comme un lion dans sa cage, obsédé par l’identité du patient et ses problèmes de santé, est très bien écrite, et fait le charme de cet épisode qui se conclut sur une révélation Huddyienne qui fait son effet. De son côté, le Chaseron permet de beaux moments d’humour.

Après une intro très Twilight Zone, l’épisode dérive dans des eaux paresseuses : le patient, vindicatif et serrant les mâchoires est d’un premier degré absolu. Tout d’une pièce, il n’a pas le moindre intérêt. On s'amuse quand même de voir la série continuer de caster des transfuges de Buffy en invitant Marc Blucas, interprète du mal-aimé Riley. D'ailleurs, il est cohérent de jouer un soldat après avoir été un militaire à Sunnydale, mais bon, Riley était autrement plus intéressant que ce soldat monolithique, un des plus oubliables patients de la série. Le talent de l'acteur n'y peut rien. Rien de palpitant avec une histoire molle n’avançant que par à-coups. Les tumeurs qui apparaissent et disparaissent sont un excellent retournement mais insuffisamment exploités. La fin est anodine. La persistance de House à découvrir l’identité de son patient fonctionne en revanche très bien. Le voir poser des questions sur sa vie intime sans justification médicale est un bon comique de répétition. Au bout d’un moment, son équipe en a marre, et Cameron tente de le recadrer. Mauvaise idée, House lui lance une volée de bois vert alors que jamais il n’avait hurlé sur un membre de son équipe. C’est parce que la série use très rarement de tels procédés qu’ils ont d’autant plus de valeur dramatique.

Coïncidence ? Lien de cause à effet ? House n’arrive plus à uriner, et on ne peut pas dire que cela le rend de meilleure humeur. Finissant par se désintéresser du cas, il n’arrive plus à dormir et commence à délirer avec visages qui fondent, de l’urine bien jaune, et du sang qui coule. Baaaark !! Le rebondissement qui s’ensuit est sacrément bien trouvé, on a rien vu venir. Finalement, la scène la plus violente est quand House s’enfonce un tube dans l’urètre pour guérir son mal, scène éprouvante et allongée alors que la caméra suggère davantage qu’elle ne montre. Les fans du couple piquant House-Cuddy seront évidemment intéressés par la révélation finale, pimentée des propositions indécentes de House "grosses comme les fesses de Cuddy" (sic), illustrations de son violent désir, tandis qu’elle lui balance râteaux sur râteaux. Un ré-gal.  La condescendance jouée par Lisa Edelstein étonne mais est justifiée. On note que c’est grâce à ses opiacés que House a résolu le cas, et c’est grâce à une masturbation sous la douche qu’il a découvert la vraie identité du patient. Qui a dit « La fin justifie les moyens » ?

Le Chaseron a pris la place du Hameron, et ce qu’on perd en subtilité, on le gagne en humour et en interprétations « Spencer-Morrisoniennes ». Cameron porte la culotte dans sa relation avec Chase qu’elle tient à la b(r)aguette : cette sorte de relation, pas si fréquent dans les séries, donne un coup au terme « sexe fort ». La faiblesse sociale de Chase se retrouve dans sa position de faiblesse quand il est en couple.

Et les deux fois où ils font l’amour, ça ne se passe pas comme prévu. Leur premier bâtifolage (hilarant vampage de Cameron) se produit quand Kelley a une crise. Foreman blesse la virilité de Chase quand il refuse de croire que lui et Cameron sont amants. Sympa. La deuxième scène est pas mal non plus : notre duo remet le couvert dans un placard… et House se pointe à ce moment-là, jette des papiers dans la poubelle, et quitte la salle comme si de rien n’était ! Mais son sourire en coin montre qu’il s'est amusé à les avoir surpris. Cette scène s’inspire du pilote de Scrubs où J.D et Elliot étaient enfermés dans un placard, et où leur supérieur, le Dr.Cox, les surprenait sans faire le moindre commentaire. Dans les deux cas, les réactions de Cox et House sont joliment surréalistes. Le duo Spencer-Morrison, à défaut d'être vraiment alchimique, est joyeusement léger.

Infos supplémentaires :

- On apprend qu’alors qu’ils étaient encore étudiants à l’université, Cuddy et House ont passé une nuit ensemble. C’est une des sources de leur relation conflictuelle. Cela confirme ainsi l’intuition de Chase dans Culpabilité (saison 2).

- Curieusement, la série embauchera un scénariste à la fin de la saison 6 du nom de John C. Kelley !

- Nouveaux talents cachés de House : il sait jouer de l’harmonica avec le nez, sortir une pièce de monnaie de l’oreille (ou autre part) d’un enfant, et faire jouir deux femmes en même temps.

- Wilson est gaucher.

- Cameron sous-entend qu’elle est plutôt satisfaite des performances sexuelles de Chase.

- Le sergent Kelly est né en avril 1972 (année de naissance de Marc Blucas), et son dernier examen médical date de février 1988, il avait donc 15 ans. Or, on ne peut entrer dans les Marines avant 17 ans. Mais avoir fait partie de l'Initiative doit donner droit à quelques avantages...

- On entend quatre musiques dans l’épisode : Le quintette avec piano en la majeur « La Truite » de Franz Schubert, Get down tonight de et par K.C. & The Sunshine Band, Dimension de et par Wolfmother, et Superfly de et par Curtis Mayfield.

Acteurs :

Marc Blucas (1972) fut d’abord tenté par le basketball (tentant même d’intégrer la NBA), puis par le droit, avant de choisir finalement la comédie. Il est surtout connu pour avoir joué Riley Finn, un des love interest de Buffy Summers dans 31 épisodes de la série Buffy contre les vampires. Il fut aussi le Matthew Donnally de La diva du divan (29 épisodes). Il a depuis joué à la télévision : Los Angeles police judiciaire, Castle, Lie to me, Body of proof, Blue Bloods, Les Experts etc. mais surtout au cinéma (une quarantaine de films recensés en 2012).

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17. L’ENFANT MIROIR
(FETAL POSITION)


Scénario : Russel Friend et Garrett Lerner
Réalisation : Matt Shakman

- Did you give corticosteroids to speed the baby's lung development ?
- No, I dropped an anvil on its chest to prevent lung development. I'm trying to extinguish the human race one fetus at a time.

Emma Sloan, femme célibataire de 42 ans, et enceinte, a une attaque. Ses reins et son foie commencent à lâcher. House diagnostique un syndrome du miroir : le fœtus qu’elle porte la tue à petit feu. House lui demande d’avorter pour la sauver, mais elle refuse de tuer son bébé. Cuddy intervient, et tente par tous les moyens de la guérir sans recourir à l’avortement, quitte à risquer la vie de sa patiente et du bébé…

Ce singulier épisode est une grande surprise : son esprit est davantage ancré dans celui de Grey’s anatomy que de Dr.House : le combat de la mère qui veut sauver son enfant, la doctoresse qui s’identifie à elle, l’espoir contre la fatalité, une séquence « émotion » bien soulignée, et pour finir un total happy end si heureux (bien que pas vraiment moral) qu’il semble déplacé dans cette série plutôt sombre ! Et pourtant, tout marche comme sur des roulettes. Le duo Russell Friend-Garrett Lerner détourne exceptionnellement les thèses pessimistes de la série pour composer un hymne à la vie et à l’espoir, donnant au passage un rôle magnifique à Lisa Cuddy. Cet épisode est une rarissime bouffée d’air au milieu de toute cette noirceur.

On s’aperçoit vite que cet épisode s’inspire beaucoup de Sacrifices (saison 1) où une mère est mise en danger par son bébé et où elle a la possibilité d‘avorter. Mais là où Sacrifices prenait rapidement un versant tragique et sans espoir, c’est ici un sentiment de lutte, de combat avec l’espoir de la victoire, qui est engagé ici. Le cas est classique mais bien tendu. Les diagnostics différentiels sont clairs, pleins de bons mots et d’ironie. Le tempo est modéré sans être traînant, la donnée du bébé dans l’équation donne évidemment une sympathie plus forte pour le spectateur. Le portrait d’Emma par les scénaristes est très beau : une femme chaleureuse, courageuse, forte dans l’adversité. Anne Ramsay en mère courage passe par toutes les émotions possibles, et gagne à chaque fois. Puis le dilemme tombe comme un couperet : avorter ou mourir. Gasp ! Et voilà un nouveau problème éthique soulevé par la série : à partir de quand un fœtus devient-il bébé ? A partir de quand l’avortement devient un « meurtre » ? La solution de House est claire et nette : la limite est la naissance, pas avant, arguant que le fœtus ne mène aucune vie personnelle véritable ; évidemment, Emma est d'un autre avis et refuse l’IMG, soutenue par Cuddy. House n’est pas dupe : Cuddy s’identifie à elle : malheureuse en maternité, avec ses FIV foireuses, elle veut reprendre espoir en sauvant l’enfant d’Emma et ainsi perd son jugement. Les scénaristes ne sont pas tendres avec Cuddy : à chaque fois qu'elle interfère dans un cas, elle n’est pas objective et finit par aggraver la situation !

L’épisode passe à la dimension supérieure quand Cuddy intervient directement dans le cas. Elle finit par se mettre à dos toute l’équipe, fatiguée de son investissement excessif. Elle fait l’expérience d’un grand moment de solitude qui l’affecte, alors que House, blindé, ne l’est jamais. Cette course contre la montre donne un climat de tension incroyable, surtout lorsque Cuddy voit tous ses espoirs s’effondrer autour d’elle. La trouvaille de l’opération finale tient alors du miracle. C’est là qu’intervient une scène proprement stupéfiante : lors de l’opération, le bras du foetus jaillit de l’utérus et touche la main de House. Aussitôt, le temps s’arrête, et House contemple ce petit bras qui semble d’accrocher à lui. On ne voit de lui que les yeux, mais l’étincelle de son regard bleu est surchargée d’émotion. Il est déconcerté par cette déclaration de vie, lui qui a toujours considéré cet être comme un fœtus pas encore vivant, et ce n’est pas sa vanne sur Alien qui dissipera cet impression d’éternité. Qu’il commette un lapsus à la fin en appelant le petit être « bébé » et non plus « foetus » témoigne de sa confusion. Une scène précieuse et rare où House s'est un instant humanisé. Hugh Laurie, en cynique glacial laissant échapper un peu d’humanité mérite tous les vivats.

Cuddy a perdu son objectivité, a laissé les sentiments interférer, a dangereusement joué avec la vie d’Emma, a pris la « mauvaise décision » (l‘avortement était bien moins risqué pour la mère)… et finalement obtient un happy end total là où House aurait tué le bébé ! La série nous invite in fine à laisser écouter notre intuition, de miser gros quand l’enjeu en vaut la peine. Retranché derrière sa froideur calculatrice, House est incapable de le comprendre. Bébé sauvé, maman heureuse et rétablie, House un instant plus humain : fin heureuse à tous les étages. Lisa Edelstein joue en soliste : profitant de l’effusion sentimentale de son personnage, elle est héroïque et pathétique, bouleversante et candide. L'épisode pour une fois ne prend pas parti sur "l'humanité" du foetus, utilisant le débat Emma-House comme moteur purement dramatique.


Le jem’enfoutisme apparent de Chase quand il envisage la possibilité de n'être qu'un moyen pour Cameron de rendre House jaloux lui donne un côté assez drôle. Curieux, car l’épisode suivant va totalement fêler cette glace. Incohérence ? Non, plutôt une distanciation, un souhait de Chase de ne pas se rappeler la précédente passion de Cameron. Le personnage apparaît moins faible, plus confiant, et le jeu de Jesse Spencer s'anime davantage. Dans tous les cas, House est loin de tout ça. Les sous-entendus sexuels adressés à Hameron n'ont rien à avoir avec ceux adressés à Cuddy, bien plus sérieux et obsessionnels. Malgré tout, le Hameron reste un modèle en matière "d'à-côté" séduisant. D'autres moments comiques comme House se payant (une fois de plus) la tête de Cameron, la réaction outrée de Cameron quand elle apprend que House a tout dit sur elle et Chase à Cuddy, le trio analysant le cliché de House croqué par Emma où il a une allure… gentille, Cameron surprise de l’air attirant et beau de Chase sur une photo, ignorant que cette photo fut prise au moment où il regardait une photo d’elle. Enfin, Emma affiche à la fin chez elle des photos de toute l’équipe… sauf House qui a voulu tuer son bébé. Encore une fin ironique.


Infos supplémentaires :

- La scène où les doigts du fœtus attrapent la main de House est inspirée d’une fameuse photographie de Michael Clancy qui a saisi un tel détail dans une opération analogue.

- Le chanteur et bassiste Tyson Ritter joue son propre rôle dans l’introduction de l’épisode. Son groupe de pop rock All-American Rejects est explicitement évoqué.

- Cameron est la fille d'Arturo Brachetti : elle enfile sa tenue d’examen en six secondes au début de l’épisode. On penchera quand même pour une erreur de montage. Emma photographie ses médecins en paysage, mais le rendu final est en portrait.

- Les deux chansons de l’épisode sont Are you alright ? de et par Lucinda Williams, et Bastards of Young de Paul Westerberg, interprétée par The Replacements.

Acteurs :

Anne Ramsay (1960) étudie la comédie à l’Université de Los Angeles, puis intègre une troupe de théâtre, préludant sa carrière à la télévision. Elle s’est fait connaître en jouant le rôle récurrent de Lisa Stemple dans 67 épisodes de la série Dingue de toi, et aussi en étant Nora dans La vie secrète d'une ado ordinaire (43 épisodes). Elle a également joué dans Rick Hunter, Star Trek nouvelle génération (2 épisodes), Chicago Hope, Les Experts, Monk, FBI portés disparus, Six pieds sous terre, The L Word (6 épisodes), Tell me you love me (2 épisodes), Ghost Whisperer, Dexter (6 épisodes), Castle, Hawthorne infirmière en chef (19 épisodes), Hart of Dixie (5 épisodes), etc. Elle a également à son actif pas mal de seconds rôles au cinéma.

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18. Y’A-T-IL UN MÉDECIN DANS L’AVION ?
(AIRBORNE)


Scénario : David Hoselton
Réalisation : Elodie Keene

- Nobody speak Korean on this flight ?
- I assumed you did.
- I know how to ask if his sister is over eighteen, I don't think that's gonna help.

Alors qu’elle s’apprêtait à demander les services de Robin, une call-girl, Fran, 58 ans, a une attaque. House étant absent, Wilson prend le cas en main mais a du mal à gérer l’animosité de Foreman envers Chase et Cameron dont la relation perturbe selon lui le bon déroulement des diagnostics. House et Cuddy reviennent par avion de Singapour où ils participaient à un symposium. Mais durant le trajet, Peng, un coréen, commence à aller très mal. Bientôt, quatre autres passagers commencent à souffrir de maux identiques. Cuddy à son tour est gravement atteinte. House, privé du soutien de son équipe, doit résoudre le cas avant que l'avion atterrisse, car les malades seront sûrement morts d'ici là…


Dr.House chez les « ZAZ » …

Tant dans le titre VO que VF, l’épisode rend hommage à une des comédies les plus givrées du cinéma : le mythique Y’a-t-il un pilote dans l’avion ? (Airplane !). Le scénario de cet iconoclaste déjanté qu’est David Hoselton reprend une partie de la trame avec panique médicale en plein ciel. Sans être aussi loufoque, l’histoire, malgré son suspense, est quand même sacrément humoristique. Il s’agit par ailleurs d’un des cas les plus passionnants de la série entière. Un deuxième cas (plus mineur) nous est proposé, aux détails croustillants.
Le cas principal est d’une écriture géniale, qu’on peut séparer en un prélude et trois parties.

Prélude : hilarante scène de ménage où House n’est pas loin de pousser Cuddy dans la crise de nerfs, les dialogues claquent grâce au culot d’acier de House. On continue dans le comique avec House s’appuyant sur son orgueil et ses qualités d’observation toujours aussi Holmesiennes pour ne pas s'occuper du cas Peng au grand dam de l’hôtesse et de Cuddy. L'entêtement de House et ses prédictions de vomissements sont très drôles.

Partie 1 : House doit faire un diagnostic différentiel… sans son équipe ! Or comme le redémontrera Tout seul (saison 4), House, malgré sa grande intelligence, ne peut travailler si on ne lui soumet pas des idées. En cela, il est plus proche de Mycroft que de Sherlock Holmes : il peut faire des synthèses prodigieuses à partir de peu de données, pourvu qu’on les lui fournisse… mais là personne ne peut l’aider. Adonc, il choisit un jeune garçon blond, un indien, et une jeune femme assez féroce pour jouer les rôles de Chase, Foreman, et Cameron ; tant pis s’ils n’y connaissent rien. D’ailleurs, le faux trio adopte involontairement les caractères du vrai trio ! Toujours ces situations improbables qu'on aime tant dans la série. La concentration de répliques qui fusent dépasse tout ce qu’on a vu depuis le début de la série (Vous êtes enceinte, ça explique les nausées, les éruptions, et le fait que vous coinciez votre 90D dans un 85C - C‘est impossible ! - Vous êtes vierge ? - Euh, non, mais… - Alors vous êtes enceinte, Mazel tov !). House fait un one-man-show, panique les passagers, se moque de Cuddy, se plante royalement mais sans broncher, minimise erreurs et états des malades… C’est à se demander s’il marche pas au LSD !

Partie 2 : Cuddy tombe malade à son tour. Affolement général, effervescence bouillonnante, et stoïcisme inflexible de House, qui sait ne pas s'affoler. Une délicate scène Huddy (à sens unique) voit House examiner Cuddy, avec des regards sans équivoque, malgré son ton froid. Mais la situation a beau empirer, Hoselton refuse de retirer son humour qui devient de plus en plus ravageur et culotté (la quête des antibiotiques prend des allures franchement clownesques). Cette audace, loin de désamorcer la tension, l'accroît, car un tel humour dans une telle situation met vraiment mal à l’aise. Le premier diagnostic est un summum d’ironie ; la « manipulation » de House est franchement jouissive. En même temps qu’elle est révélatrice de la puissance de la notion de PNL (Programmation Neuro-Linguistique) : tout ce qui arrive à notre corps, nos sensations, dépend grandement de nos pensées, de nos attitudes morales. L’esprit contrôle la matière triomphe House, et la démonstration par l’état pitoyable de Cuddy de la force de notre cerveau est une véritable secousse ! Mais le coréen, lui, est toujours en danger de mort… ce n’est pas fini.


Partie 3 : Nouveau diagnostic différentiel avec Cuddy et les trois hurluberlus complètement largués. L’épisode attaque en passant la prostitution facile de l’Asie du Sud-Est. Le tourisme sexuel, illégal, est en plus dangereux pour la santé vu les révélateurs dialogues de Cuddy et de House à propos des capotes vendues là-bas. La tension continue à monter jusqu'à la révélation finale… qui n'est pas piquée des hannetons ! Evidemment, elle est dans la grande tradition des ironies du sort familières de la série. Tout finit bien. Cuddy et House se jètent quelques mots à la tête, et House quitte l’aéroport en flirtant avec l’hôtesse. La tête de Cuddy est inoubliable. On remarquera qu’Hoselton a pris grand-soin d’accorder une place importante à cette hôtesse chaleureuse dont la douce présence a beaucoup apporté à l’histoire. Tess Lina est vraiment sympathique dans cet épisode. Du trio Connor Webb-Pej Vahdat-Melissa Kite, la dernière se détache avec un jeu exagérément frigide, comique d’un bout à l’autre. Mention aussi à Krista Kalmus en blonde paniquée. Evidemment, Hugh Laurie et Lisa Edelstein mènent la danse, carburant au kérozène.

Le cas de l’hôpital pâlit d’un tel éclat. Le cas de Fran est médicalement pas très intéressant. Mais il est agréable à suivre grâce à deux atouts : Robin, et les dissensions de l’équipe. L’introduction assez étonnante (une femme âgée demandant une call-girl très attirante) nous met sur une fausse piste : malgré le côté vénal de la jeune femme (qui prend bien soin de prendre l’argent avant d’appeler l’hôpital), elle commence à manifester une sincère sympathie envers sa cliente qu’elle ne connaît ni d’Eve ni d’Adam. Dans ce métier où les relations sont artificielles, corrompues par l’argent, Robin se montre compatissante. Quand son travail la rappelle, elle retarde plusieurs fois son départ, et ne semble pas heureuse de quitter l’hôpital quand elle ne peut plus délayer. On la comprend : c’est là où elle se montre la plus humaine, loin de son rôle d’objet sexuel. La blague finale où Wilson rappelle Robin dans l’intention évidente d’avoir un rencard finit néanmoins le cas avec le sourire ! Jenny O'Hara émeut en femme mature solitaire, tandis que Meta Golding a une délicieuse ambivalence, jouant aussi bien la cupidité que la compassion.

Chase et Cameron sont d’accord sur tout, restreignant la portée des diagnostics, ou prenant du bon temps pendant les horaires de travail. Mais quand ils s’aperçoivent qu’ils ont médicalement la vue brouillée par leur lien, le choc est rude. La fin crève l’abcès mais un autre abcès : Chase avoue enfin ses sentiments plus forts envers Cameron… qui rompt immédiatement ! Son côté masculin est prédominant tandis que la virilité de Chase semble réduite à la portion congrue. Première fin (déjà) du Chaseron qui nous aura bien divertis par son inversion des rôles, son humour, et sa concision. On regrette que Jesse Spencer et Jennifer Morrison soient assez ternes.


Infos supplémentaires :

- House a quelques notions de coréen. Il aime le syrah (variété de cépage noir français des Côtes du Rhône) et les entrecôtes à point.

- Faux raccord dans l’introduction : quand Robin parle avec Fran, elle a la main posée sur le canapé, mais la seconde d’après, elle est posée sur son épaule. Autre erreur, l’hôtesse parle Tagalog, un patois philippien, à un passager coréen !

- La chanson de l’épisode est Hope for the Hopeless de et par A Fine Frenzy.

Acteurs :

Tess Lina n’apparaît qu’occasionnellement à la télévision. On a pu la voir dans les séries New York section criminelle, Las Vegas, Star Trek Enterprise (épisode Conflit de générations), NCIS, Revenge (2 épisodes chacun), Les Experts, Les Experts : Miami, etc.

Jenny O’Hara (1942) est la fille d’une directrice de théâtre pour enfants, environnement idéal où se développe sa passion pour la comédie. Elle participe aussi à des comédies musicales. Elle a depuis une longue carrière télévisuelle derrière elle. Elle a joué dans des séries aussi variées que Les Rues de San Francisco (épisode L’air mortel), Drôles de Dames (épisode C’est l’enfer), Kojak (épisode Meurtres à Manhattan), Starsky et Hutch, Mme Columbo, Chips (2 épisodes), Remington Steele, As the World turns, New York police judiciaire, Beverly Hills, Urgences, Roswell, Rizzoli & Isles (2 épisodes pour ces quatre dernières), NYPD Blue, Nip/Tuck, Six pieds sous terre, Les Experts, Ghost Whisperer, Grey’s anatomy, Cold Case, The Closer L.A (épisode Liberté fatale), NCIS, Big Love (5 épisodes), The Mindy project (8 épisodes), Supernatural (épisode Le couvent des âmes) etc. Le cinéma l’a également intéressée comme en témoigne sa filmographie fournie.

Meta Golding a l’ambition de devenir patineuse aux couleurs de l'Italie avant qu’une blessure mette fin à sa carrière. Elle se reconvertit dans le théâtre et émigre ensuite aux Etats-Unis pour y prendre des cours. Cette ravissante comédienne d’origine Hawaïenne tourne régulièrement à la télévision. Elle a été Jennifer Mathis, un des rôles principaux de DayBreak (13 épisodes), et a aussi joué dans Ally McBeal, Cold Case, JAG (3 épisodes), Les Experts (5 épisodes), Esprits Criminels (8 épisodes), Lie to me, Burn Notice, Les Experts : Miami, NCIS Los Angeles, Body of proof,  etc. Elle tourne de temps en temps sur grand écran (Enobaria dans la saga des Hunger Games). Elle s’occupe d’un orphelinat à Tijuana, au Mexique.

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19. POUSSÉES D’HORMONES
(ACT YOUR AGE)


Scénario : Sara Hess
Réalisation : Daniel Sackheim

- It is possible to have a friend of the opposite sex without...
- Blasphemer ! She's not a friend of the opposite sex, she's a different species ; she's an administrator, she's gonna eat your head after she's done !

Lucy, 6 ans, est victime d’une attaque. Ses symptômes ne correspondant pas à des maladies de son âge. L'enquête de l'équipe piétine, mais il faut dire que la rupture entre Chase et Cameron ne contribue pas à apaiser l’atmosphère. Jasper, le frère de Lucy, est violemment attiré par Cameron et se montre très agressif envers Chase. Pendant ce temps, House donne deux places de théâtre à Wilson pour qu’il emmène une possible conquête avec elle. Le lendemain, House est stupéfait d’apprendre que Wilson a invité… Cuddy !

Cet épisode inabouti pêche par le cas du jour. Malgré d’excellentes idées découlant du sang « anormal » de la patiente, l’immobilisme latent de l’enquête entraîne des verbiages inutiles. La résolution finale est une des plus tirées par les cheveux de la série. De plus, ni Lucy ni son père n’existent vraiment. Bonne idée toutefois, le petit garçon amoureux de Cameron. Cela pimente le Chaseron qui hélas opère un désagréable virage vers le soap. Poussées d’hormones est cependant une valeur ajoutée indéniable pour les fans du Huddy qui sont régalés du début à la fin.

Vous êtes-vous déjà réveillé avec la gueule de bois ? Ben, c’est un peu ce qui arrive à Chase et Cameron. Dès le premier dialogue, ça claque fort, chacun veut dominer l’autre lors du diagnostic différentiel. House remarque leur rupture… et exige qu’ils travaillent ensemble pendant les examens ! Si vous doutiez encore que House aime pourrir la vie des gens… coups de gueule et silences-de-mort-mais-vraiment-de-mort se succèdent. Finalement, ils enterreront la hache de guerre, mais Cameron n’oublie pas quand même de rejeter toute la faute sur son ex-amant. C'est beau la camaraderie. On en resterait là, on serait contents de cette relation qui s’est élégamment terminée. Mais l’épisode se croit obligé de rajouter une seconde réconciliation très soap. On applaudit donc Jasper d’interrompre avec fracas ce moment. Malheureusement, la dernière scène Cameron-Chase avec le bouquet de fleurs vire également dans la facilité. A partir de la 2e moitié de l’épisode, leurs scènes deviennent lourdes, et les acteurs ne sont pas en forme (Jennifer Morrison est aussi expressive qu'une enclume).

Le cas médical n’arrive pas à nous convaincre dans les premier et troisième tiers, trop immobiles. Lucy ne fait pas partie de ces incroyables enfants que la série invite depuis Leçon d’espoir (saison 2), se contentant d’être allongée et de crier. Deran, le père, est plus convenu tu meurs, et occupe une place trop importante pour un personnage aussi inintéressant. Le twist final est très tortueux ; aller chercher l‘animatrice de la garderie du diable vauvert n’est pas la meilleure idée qu’ait eu Sara Hess. C’est le deuxième tiers de l’épisode qui est le plus intéressant avec la découverte du sang venant de nulle part (comment une petite fille peut-elle avoir des vêtements tachés de son sang si elle n'a ni été violée, ni s'est blessée ?). La révélation centrale est surprenante, et l’épisode retrouve du nerf dès que l’état de Lucy s’aggrave. Jasper est le personnage qui nous intéresse le plus. Fortement attiré par Cameron, il se montre étonnamment entreprenant pour un garçon de son âge. Cameron, flattée et voulant se venger de Chase l'encourage dans cette voie, mais s'en mordra les doigts quand Jasper passera la ligne jaune. Il perd cependant tout intérêt quand il sera admis en chambre d’hôpital. Les acteurs invités rivalisent de fadeur.

Le salut de l’épisode vient de son humour. House n’est pas en manque de vannes (Jamais rime avec benêt ; Bosser malin, c’est bosser sans effort…), et on adore la façon dont il se débarrasse de Cuddy quand elle veut lui présenter le cas. Il s’occupe aussi d’un cas secondaire très drôle dans sa résolution, House ayant encore affaire à un crétin de première. Le Huddy triomphe avec les obsessions de House sur la sexualité de sa patronne (OH, MON DIEU, VOUS AVEZ FAIT DES GALIPETTES TOUTE LA NUIT ??!!!). Epouvanté par l’éventualité que Cuddy ait couché avec Wilson, il se révèle plus crûment que de coutume. Wilson comprend tout de suite l‘importance qu’a Cuddy pour House. En découle une série de saynètes délirantes où le triangle House-Wilson-Cuddy tonne et détonne : le dialogue de sourds House-Cuddy, très Moonlighting, Wilson prétendant "avoir conclu" avec Cuddy, le gag du bouquet de fleurs, Wilson désemparé qui veut embrasser Cuddy avec l’aval de House, leur engueulade finale à pleurer de rire… Jusqu’à la réplique finale de House, déclaration de désir à Cuddy sous forme d’une élégante pirouette. Le Chaseron et le Hameron s'effacent peut-être, mais les scénaristes assurent du côté Huddy. Robert Sean Leonard en personnage faisant tout pour ne pas être drôle... est très drôle.

Enfin, veine militante oblige, l’épisode dénonce à nouveau la malbouffe (fléau de première catégorie aux Etats-Unis) avec les dangers de la nourriture industrielle, et son utilisation des hormones dont on bourre les animaux pour qu’ils soient plus charnus et consistants. Les produits de lavage passent aussi au crible pour l’utilisation de produits inquiétants, jusqu’aux gels utilisés pour augmenter les performances sexuelles. Et sur ce dernier cas, la série nous montre toute l’ampleur des conséquences de façon effrayante. Sexe et bouffe, la série cogne là où ça fait mal !


Infos supplémentaires :

- House regarde du catch à la télévision.

- Chase s’intéresse aux filles depuis l’âge de 11 ans. Bonne moyenne…

- Round up the usual suspects ! tonne House à ses larbins au début de l’épisode, citant la fameuse phrase de Casablanca (1942).

- Faux raccord : quand Jasper donne le bouquet à Cameron, Chase prend la carte, la lit, et la remet dans le bouquet. Au plan suivant, il a encore la carte à la main. Continuité : pendant la dispute Cuddy-House, le collier de Cuddy change d’apparence.

- Une nouvelle fois, la chanson de l’épisode est Hope for the Hopeless de et par A Fine Frenzy.

Acteurs :

Erich Anderson est un acteur de télévision, bien que sa carrière ait commencé réellement par son interprétation de Rob Dyer dans Vendredi 13 chapitre final. On l'a vu dans plusieurs séries comme Arabesque, Dallas (2 épisodes), Code Quantum (épisode Quand Harry rencontre Maggie), Star Trek nouvelle génération, Melrose Place (2 épisodes), Sept à la maison, Chicago Hope, Urgences, NYPD Blue (7 épisodes), Les Experts, X-Files (épisode Invocation), Au-delà du réel l'aventure continue, Major crimes (2 épisodes chacun), JAG, FBI portés disparus, NCIS, Les Experts : Miami, NIH : alertes médicales, Bones, Médium (épisode Au coeur du silence), Cold Case, Ghost Whisperer, Monk, Mentalist, etc.

Slade Pearce (1995) a commencé à tourner dès l'âge de huit ans. Il a joué dans quelques téléfilms et séries (Ghost Whisperer, Esprits Criminels, Touch, etc.). Son premier vrai rôle fut celui de Sam Daniels, un des rôles principaux dans 19 épisodes de la série October Road, où il joua avec Odette Annable. Odette Annable incarnera Jessica Adams, un des membres de la dernière équipe de House dans la saison 8.

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20. MAUVAISES DÉCISIONS
(HOUSE TRAINING)


Scénario : Doris Egan
Réalisation : Paul McCrane

- James Wilson, carefully calibrating his level of protectiveness for your individual needs.
- Did you just compare Wilson to a tampon ?

Lupe, une jeune femme, est prise d'aboulie : elle ne sait plus prendre la moindre décision. Cette fille des banlieues, toujours au chômage, n’a jamais réussi à se relever de ses échecs. Foreman la prend en grippe pour sa faiblesse et sa propension à se droguer. House de son côté craint que Wilson ait des vues sur Cuddy et tente d’en savoir plus sur la vie privée de son ami grâce à sa deuxième ex-femme. Foreman trouve rapidement le diagnostic et met en marche le traitement, mais il vient de commettre une erreur fatale…

De temps à autre, la série aime composer des épisodes poignants, d’une grande noirceur. Si le ton de la série est en effet pessimiste, elle préfère les fanfares du faux triomphe aux violons désespérés de la tragédie. Le message passe tout aussi bien, tout en éliminant le risque de pathos excessif. Pourtant, à la vision d’épisodes comme celui-là, force est de constater que la série est tout aussi soluble dans la tragédie pure (on en reparlera lors du finale de la saison 4). Le scénario de la fabuleuse Doris Egan, d’abord faussement léger et routinier, vire à la fin dans la douleur, à nu. Cet épisode, un des plus tristes de toute la série, est un sommet de cette saison 3, en même temps qu’un beau portrait de Foreman.

Le cas n’a rien de bien passionnant médicalement. Mais ce n’est pas génant car la rencontre acérée entre ces deux paumés que sont Lupe et Foreman est la grande attraction de l’épisode. L’hostilité de Foreman semble aller de soi : il la soupçonne de se droguer et comme elle le nie, il est un peu énervé. Mais Doris Egan abat ses atouts avec une maîtrise stupéfiante : elle noircit (façon de parler) Foreman en montrant son orgueil : c’est un noir des cités, qui a mal démarré, mais qui a agrippé sa seconde chance et a fini par « réussir », là où tant d’autres de ses « frères de couleur » ont échoué, dont Lupe. Il voit alors en elle ce qu’il aurait pu devenir si son instinct de survie ne l’avait sauvé. Ce miroir hypothétique lui est désagréable, et il se comporte donc durement avec elle. La clairvoyance de Lupe, qui a tout compris, permet des dialogues tendus, très âpres.
Quand Foreman, approuvé par House, trouve le diagnostic, on se dit qu’il va y avoir un retour de bâton… eh ben, ce n’est pas un retour de bâton mais carrément un énorme tronc d’arbre que Foreman et Lupe reçoivent de plein fouet ! La brutalité, la fulgurance, l’imprévu de l’évenement sont saisissants. A tel point que quand Wilson décortique à Foreman sa méthode pour annoncer les mauvaises nouvelles aux patients, avec une précision chirurgicale surréaliste, la scène est davantage malaisée que comique. Egan sait jouer avec les codes de la série avec brio.

La terrible scène de révélation est magnifiquement interprétée. Foreman s’enfonce dans un mélange de dépression et de rage. Sa volonté de se « rattraper » est à la fois pathétique (le changement de chambre) et héroïque (quand il s’oppose à House). On est habitués à l’absence d’émotions chez House, mais ici, elle bat des records. Plus « Coxien » que jamais, le diagnosticien reste d’une froideur innommable, appliquant à la lettre son credo de ne jamais se lier avec un patient. Résultat, il n’en souffre pas et peut passer à autre chose. C’est pourquoi c’est un si bon médecin. Foreman laissant l’affectif prendre la place du devoir, perd la distanciation nécessaire. La série souligne ici ce qu’il y’a peut-être de plus terrible dans le noble métier de médecin : celui de remiser ses émotions au vestiaire. C’est d’autant plus fort qu’elle recourt non pas à l’ironie ou à l’humour noir comme elle le fait d‘habitude, mais à l’émotion vraie.

La dernière discussion entre Foreman et Lupe est très touchante, d’autant qu’elle est doublée d’une forte satire sociale avec les laissés-pour-compte du Système. Où les banlieues ressemblent de plus en plus à des ghettos et des zones de non-droit. Bien sûr, si Lupe a échoué et Foreman a réussi, alors qu’ils viennent du même terreau, c’est aussi parce que Foreman a su dépasser les peu reluisants atouts qu’il avait au départ, tandis que Lupe s’est immédiatement sentie perdue d’avance. Mais même le succès de Foreman n’est pas sans sacrifices : son orgueil cache une peur de ne pas se donner à fond, de ne pas être toujours au top, ainsi que de laisser sa famille de côté. La plus grande erreur de Lupe est d’avoir pensé qu’elle pourrait toujours reporter le moment où elle se reprendrait en main : sa jeunesse lui brouillait la vue. L'évenement est d’autant plus amer qu’elle a l’impression d’avoir été inutile jusque là (solitaire, sans buts, sans raisons de vivre). Une coda d'une grande noirceur. On regrettera seulement que la chanson de fin ne colle pas du tout avec l’action. Egan nous achève avec deux twists méchants : la cause de la maladie de Lupe est d’une banalité tellement stupide qu'elle renforce le tragique de la chose. Enfin, quand Foreman cherche consolation auprès de sa mère, elle ne peut lui donner qu’un réconfort faux et dénué d’amour maternel. La réalisation de Paul McCrane rend cet épisode encore plus éprouvant. Monique Gabriela Curnen joue merveilleusement la jeune femme révoltée contre la cruauté de la vie et surtout contre elle-même, et on ne boudera pas le flamboyant numéro de tourmenté incurable d'Omar Epps.


Le début de l’épisode est léger : Foreman et Chase se disputent comme jamais, et House envoie des perches (énormes, évidemment) à Cuddy qui lui renvoie des vents à la même vitesse. La visite de House à Bonnie (craquante Jane Adams) est vraiment drôle tout en soulignant délicieusement la candeur de Wilson : s’il a du succès avec les femmes, c’est parce qu’il ne cherche pas à les séduire. Le sommet est quand Bonnie parle des performances sexuelles de Wilson, et que House lui ressort exactement le contraire de ce qu’elle a dit. Cuddy s'amuse de l'attirance de Wilson envers elle, mais le Widdy ne marche que dans un seul sens. Rajoutons la révélation de la liaison passée Bonnie-House (ah, ces sous-entendus…), et nous avons un épisode aux allures très shipper qui est pourtant anti-ship. Par contre, Egan aurait pu faire l’économie de Chase rappellant à Cameron chaque mardi, tel un rituel, qu’il l’aime encore. C’est lourd, et hélas annonciateur de la déliquescence du Chaseron dans la saison 5.

Un grand grand épisode.

Infos supplémentaires :

- La deuxième ex-femme de Wilson s’appelle Bonnie. Elle est devenue agent immobilier, ce qui permet à Wilson de ne plus lui payer de pension alimentaire. Ils ont eu leur premier rencard à Boston. Ils ont eu leur chien, Hector, pendant leur lune de miel. Elle a eu une liaison avec House ce qui a accéléré leur rupture. Depuis, elle ne l’apprécie plus vraiment. Selon Bonnie, Wilson est un amant merveilleux.

- 2e et dernière apparition de Rodney Foreman,  toujours interprété par Charles S. Dutton. Unique apparition d’Alicia Foreman, la mère d’Eric, jouée par Beverly Todd. Alicia a 60 ans et souffre de la maladie d’Alzheimer. Eric n’est plus revenu chez ses parents depuis 8 ans.

- C’est dans cet épisode que se situe la grande erreur médicale de la série. Foreman déclare à Lupe que privée de son système immunitaire par sa faute, les antibiotiques ne peuvent agir contre son infection, qui la tue quelques heures plus tard… mais c’est complètement faux car les antibiotiques sont efficaces contre les infections même en absence du système immunitaire… ce qui signifie qu'elle aurait pu être sauvée !!

- La chanson de l’épisode est Follow the Leader de et par Matthew Ryan.

Acteurs :

Monique Gabriela Curnen (1977) a joué dans les séries Dexter (2 épisodes), Daybreak, FBI portés disparus, Urgences, Les Experts : Miami, New York unité spéciale, Lie to me (8 épisodes), Sons of anarchy, Les Experts (3 épisodes chacun), Mentalist (2 épisodes), Touch, Longmire, Hawai 5-0, Revenge, Person of Interest, Marvel : les agents du S.H.I.E.L.D. etc. Elle a également fait carrière sur grand écran, jouant dans les films Dark Knight, Che, Contagion, Fast and Furious 4, etc.

Jane Adams (1965) étudie d’abord les sciences politiques avant de se tourner vers le théâtre, qui reste sa principale activité. A la télévision, cette talentueuse actrice est surtout connue pour avoir été Tanya Skagle dans la série Hung (30 épisodes). Elle est aussi visible dans les séries Au-delà du réel l’aventure continue, Frasier (11 épisodes), New York section criminelle, New York unité spéciale, Les Experts, US Marshals, etc. Elle tourne également sur grand écran.

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21. DEUX FRÈRES
(FAMILY)


Scénario : Liz Friedman
Réalisation : David Straiton

- Do you have anything to add to this debate ?
- Wilson's right, Foreman's wrong, your shirt is way too revealing for the office.

Nick, 14 ans, est leucémique. Il a besoin d’une greffe de mœlle osseuse de la part de Matty, son jeune frère. Mais Matty éternue : il a une infection et la greffe devient impossible sous peine de contamination ! L’équipe doit trouver de quoi Matty souffre, car l’infection détruit progressivement sa moelle, menaçant de condamner tout espoir également pour Nick. Foreman est quant à lui acculé à l’évidence : il devient de plus en plus « Housien » dans ses habitudes, ce qui le répugne particulièrement…

Cet épisode est garanti 100% pur House : l’enquête et rien que l’enquête ! Liz Friedman écrit un scénario sophistiqué entièrement axé sur le cas médical du jour, compliqué, parfois tortueux, mais incroyablement riche en suspense. Cet épisode nous étourdit de retournements multiples, tout en laissant de côté le pessimisme traditionnel de la série pour une véritable exaltation de l’amour familial. Le happy end total (mais pas sans ironie) qui en résulte est comme le soleil après la tempête, car qu’est-ce que l’épisode nous aura secoués tout le long ! L’épisode se termine par un étonnant cliffhanger qui annonce la fin de la première ère de la série.

L’équipe joue sur deux fronts, cela rajoute de la tension aux diagnostics et examens. Le suspense est présent dès le début avec le temps limité imparti à l’équipe : 5 jours pour résoudre le cas. Rebondissements en chaîne (l’infection qui n’en est pas une et qui en est une, le sacrifice d’un enfant, puis de l’autre, le twist final…) pour notre plus grand plaisir ! La famille apparaît très soudée et donne corps à ce combat énergique et plein d’espoir qu’elle engage contre la fatalité. Horrible dilemme : les parents doivent sacrifier un de leurs fils pour sauver l’autre, sinon, ils mourront tous les deux. L’amour paternel prend le dessus sur la rationalité en refusant le sacrifice, espérant un improbable miracle. Fidèle à sa nature, House influence Nick pour le pousser à se sacrifier pour son frère dans une scène splendide. Impeccable jeu de vases communicants où la situation de départ est entièrement renversée. Nick est étonnant de sobriété et de maturité. Certes, le twist final qui sauve tout n’est pas inspiré des masses mais permet une climatique scène finale où Foreman tente le tout pour le tout en torturant Matty : la scène est d'une violence inédite. L’issue heureuse est cependant au bout des ténèbres. Matty était prêt à son tour à se sacrifier pour son frère. Cette preuve d’amour est très émouvante. Superbe échange entre les deux frères. Dabier Snell est convaincant, mais on préférera Jascha Washington, plus émouvant.

House, sans émotions, ne peut comprendre le sens profond de la lutte de la dernière chance que finit par mener ses trois subordonnés, mais l’accepte quand même par pragmatisme. Même si le trio a évolué depuis le début, ils refusent de perdre leur humanité, là où House ne voit qu’une solution pratique. Fascinant personnage que House prenant toujours des décisions sans être motivé par le profit, personnel, ou pour les autres. Les disputes avec Wilson sont des bijoux de dialogues car interrogeant le pouvoir du médecin : doit-il manipuler les patients ou leur laisser le libre-arbitre ? Le chaleureux Wilson instaure la confiance avec ses patients ; House, froid calculateur, est partisan de tous les moyens pour arriver à son but, et donc ment, dissimule, travestit, pour leur bien. Cette opposition entre les deux amis est supérieurement écrite. Sans en être conscient, Foreman, en se rebellant contre House, a fait ce qu’il croyait être le meilleur parti pour Nick. Il a - encore plus paradoxalement - suivi une méthode Housienne alors que House n’était pas d’accord avec lui. La virtuosité de la série dans les situations éthiques est vraiment stupéfiante ! De ce panorama, émerge le cliffhanger, psychologique mais inattendu.

L’épisode nous parle aussi de l’influence de nos idoles. Foreman veut être un médecin hors pair, mais si le prix à payer est de copier House et par conséquent avoir une désastreuse vie privée et une misanthropie glaciale, cela en vaut-il la peine ? L’influence est ici subie, non assumée. Finalement, Cameron et Chase digèreront mieux cet héritage. Leurs départs futurs arriveront au bon moment, là où celui de Foreman ressemble davantage à une fuite : il n’a pas encore réussi à gérer cet héritage, ce qui expliquera son retour au bercail. La situation est d’autant plus curieuse qu’il est le plus doué du trio. La série aime décidément nous surprendre là où nous nous attendons le moins.

L‘humour est peu présent, à part Hector, le chien de Wilson, qui sème la pagaille chez House, cassant tout chez lui. House est copieusement emmerdé par ce clebs qu’il envisage de tuer. Hector défoncé à la Vicodin restera ainsi comme un des plus gros gags de la saison. La scène la plus « culte » de l’épisode est toutefois House crânant avec sa toute nouvelle canne flambant neuve, avec en arrière-fond Highway to hell des AC/DC, Wah, le frimeur !! Au fait, c’est la deuxième fois que Chase se montre lourd avec Cameron, et on en a déjà marre. Heureusement que la fin de la saison arrive prochainement, qu’il arrête avec cette manie stupide. Sinon, Cuddy est de plus en plus pulpeuse, ce que House ne manque pas de relever via un sous-entendu qui ne trompe personne. La quête du Huddy continue.


Infos supplémentaires :

- Hector aurait 17 ans. Même si cela est naturellement possible, Hector dépasse de loin la moyenne de vie d’un chien (qui oscille autour de 11 ans).

- House mentionne comme sportifs victimes de « la trouille de gagner » Steve Blass, Scott Norwood, et David Duvall. Steve Blass fut un brillant lanceur de baseball dans l’équipe des Pittsburgh Pirates. Mais à 30 ans, en 1972, Blass perdit soudainement tout contrôle et ne parvint plus à lancer correctement les balles. Ne surmontant plus sa peur, il prit sa retraite trois ans plus tard. Cette peur touchant certains athlètes de haut niveau porte désormais son nom (maladie de Steve Blass). Pour la même raison, le kicker Scott Norwood (football américain) fit perdre en 1991 à son équipe la finale du 25e Superbowl en manquant un goal, événement connu sous le nom de « Wide Right ». David Duvall est un golfeur qui après sa victoire en 2001 du Dunlop Phoenix Tournament, fut incapable par la suite de gagner une seule compétition. Un blocage qui ne l’a pas par contre empêché de continuer sa carrière, mais sans retrouver son glorieux passé. House semble bien connaître le sport américain.

- En plus de la chanson des AC/DC, on entend aussi dans l’épisode Ain't No Reason de et par Brett Dennen.

- Méforme décidément des médecins de la série qui exagèrent les dangers de la maladie du greffon, maladie commune après une telle opération. Et un taux de 4/6 n’augure pas vraiment de dangers graves, contrairement à ce que prétend House.

- Nouvelle référence à Sherlock Holmes quand House essaye une canne qui est de type de celle habituellement utilisée par les incarnations de Sherlock Holmes à l’écran.

Acteurs :

Dabier Snell (1995) ou Dabier tout court a joué dans quelques séries : Tout le monde déteste Chris, The Shield, Cold Case, Rizzoli & Isles, Glee, etc.

Jascha Washington (1989) a joué dans plusieurs séries : Urgences, La Treizième Dimension, Esprits criminels, Les Experts, etc. ainsi que dans quelques films.

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22. DÉMISSION…
(RESIGNATION)



Scénario : Pamela Davis
Réalisation : Martha Mitchell

- Why's Foreman quitting ?
- He wants to breed llamas.

Pendant un cours de karaté, Addie, 19 ans, crache du sang. L’équipe n’est pas au beau fixe depuis que Foreman a annoncé sa démission. House tente subtilement de le retenir. Envers et contre tous, House pense qu’Addie a attrapé une infection, mais le diagnostic est difficile à cause de symptômes qui vont et reviennent sans arrêt. House soupçonne Wilson de cacher quelque chose de personnel. Il va essayer de découvrir quoi…

Le cas de cet épisode est très agréable à regarder (tout comme la patiente), malgré ses longueurs et son twist final qui rentre facilement dans le top 3 des twists les moins crédibles de la série. Après la noirceur des deux épisodes précédents, on se réjouit que la série revienne à ces petites scènes humoristiques, avec répliques à l’emporte-pièce. Bien sûr, elle n’oublie pas de se pencher sur un thème particulier : la dépression dévorante, ajouté à un complexe de culpabilité peu courant. Le happy end qui en résulte est ainsi un des plus tristes de la série. En parallèle, House est vu d’une manière plus sensible, moins froide ; le jeu de sous-entendus qu’il élabore avec un Foreman démissionnaire donne du sel en plus.

Le cas contient un amusant comique de répétition : House veut à tout prix voir une infection, et cette insistance têtue fait vraiment rire. Le coup des symptômes fluctuants produit un bon effet d’interrogation. C’est seulement à l’approche de la fin qu’on se rend compte qu'Addie avait un comportement trop sage pour être honnête, culminant avec son absence totale de réaction à l’annonce de son décès prochain. On a alors affaire à une répétition de Leçon d’espoir (Andie aura vraiment marqué la série !) où la condamnée console ses parents sans pleurer elle-même. Mais la scène est ici malaisée, et non émouvante. Passé l'irréalisme du twist final, on mesure la tristesse désespérée des dernières minutes : les ravages de la dépression sont montrées clairement sous nos yeux. L’audace de House jusqu’à prévenir les parents de son état (violant le secret médical) montre combien il est ému par elle, alors que ce n’est pas dans ses habitudes. Addie est le reflet de Wilson, qui lui aussi plonge dans le chagrin à son corps défendant, et cette corrélation entre elle et son meilleur ami peut l’affecter. Cela n'enlève rien à l'humanisme de sa décision. L’épisode pousse ainsi un cri d’alarme envers les parents d’adolescents : parlez avec eux, même s’ils n’ont pas l’air d’avoir de problèmes, ils sont trop fiers ou trop honteux pour tout vous dire. Le happy end est par conséquent profondément amer : rien ne nous dit qu’Addie réussira à sortir la tête hors de l’eau et que ça finisse par tourner mal une fois de plus. Ce qui est le plus terrible est l’absence de mobile à son état : elle a tout pour être heureuse, il n’y a aucune explication. Le fameux spleen adolescent est encore d’actualité. Lyndsy Fonseca joue très bien ce rôle peu aisé.

House et Foreman se livrent à une partie de ping-pong : House tend plusieurs perches à Foreman dont il n’accepte pas la décision, et Foreman, malgré sa détermination crânement affichée, commence à douter. Il est marrant de voir House tout faire pour le garder auprès de lui. Ses allusions font d’autant plus rire qu’elles ne sont pas finaudes, et que Chase ne cesse d’en rajouter alors qu’on lui a rien demandé. Jesse Spencer a une partition plus étendue, et sait en profiter. House a fini par s’attacher à Foreman (sa métaphore sur l’équipe considérée comme une famille, même dite avec ironie, n’est certainement pas fortuite) et accepte mal cette séparation. Il faut aussi ajouter la nature du personnage qui aime tout contrôler… et qui est ici devant le fait accompli, situation qui n’est pas pour le réjouir.

La partie « humour acide » est assurée par les échanges House-Wilson : House voit Wilson bailler… et en tire la conclusion qu’il est dépressif ou a une tumeur ! On pourrait déjà s'arrêter là, mais la suite est encore meilleure. House nous rappelle qu'il est un maître en manipulation psychologique : la manière dont il parvient à faire boire à Wilson la boisson droguée est d’une maestria sans pareille. Les conséquences sont d’abord hilarantes, puis plus sombres : Wilson avoue son état d’esprit et ouvre une nouvelle fenêtre sur les côtés durs de la vie de médecin : pression, peur, solitude… puis le rire revient avec House arroseur arrosé. Bien entendu, cette histoire absurde permettra à House de résoudre le cas. Les joies du hasard…

La partie « humour adonf » est assurée par le cas secondaire : un homme a des problèmes de selles, et il est accompagné d’Honey, sa compagne. Entre ce gars qui parle de défécations sans la moindre gène et House faisant son Sherlock Holmes, c’est un moment joyeusement enlevé. Le tout vire à la farce avec le diagnostic et surtout la réaction de Honey, un grand moment de burlesque. House ne ménage pas ses patients, ça, on le sait bien, mais son comportement est tout de même curieux : à l’évidence attiré par la belle femme, il casse le couple en déballant « l’infidélité » (très particulière !) de son compagnon… pour aussitôt draguer la belle !! Et si pour une fois, c’était davantage ses hormones que sa sincérité outrancière qui le dirigeaient ? Le final est tout simplement énorme avec House rencardant une Honey pas insensible : un gag par seconde, une absurdité par réplique, un rencard givré ! Honey ne reviendra pas, on peut le regretter, mais c’est le signe que la série a toujours suffisamment de ressources pour se passer d’un tel atout. Exploit qu’elle tiendra jusqu’au début de la saison 5. Charme un peu vulgaire, légéreté, stoïcisme hilarant, duo avec House détonnant, la sculpturale Piper Perabo éclipse tout le monde.


Infos supplémentaires :

- L’introduction ne dure qu’1 minute, une des plus courtes de la série.

- Lors de son rencard avec Honey, House dit détester le thé. Rappelons que Hugh Laurie est anglais, et qu’en Angleterre le thé est une institution nationale.

- Lorsque Chase transperce l'oeil d'Addie avec une aiguille, on voit que ce n’est pas celui de Lyndsy Fonseca : ses yeux sont très clairs, alors que cet œil-là est très sombre ; c’est vraisemblablement un accessoire.

- On entend dans l’épisode Whole Lotta Lovin de et par Otis Rush.

Acteurs :

Lyndsy Fonseca (1987) est une des actrices de télévision les plus prometteuses de sa génération. Ses charmes naturels et son talent d’actrice lui permirent de décrocher plusieurs rôles importants de série : Colleen Carlton dans 84 épisodes des Feux de l’amour, Donna dans 6 épisodes de Big Love, Dylan Mayfair dans 15 épisodes de Desperate Housewives, la future fille de Ted Mosby dans 65 épisodes de How I met your mother, Angie Martinelli dans Agent Carter (6 épisodes), et surtout Alex, un des personnages principaux de la série Nikita (73 épisodes). On citera aussi des apparitions dans Boston Public (4 épisodes), Malcolm, Les Experts, Heroes, etc. Elle a également débuté une bonne carrière au cinéma. Elle est aussi excellente danseuse de ballet classique.

Piper Perabo (1976) brille au théâtre et au cinéma, apparaissant dans de nombreux films depuis 1999. Elle ne s’intéresse à la télévision qu’assez tardivement. Elle a fini par accepter le rôle principal d'Annie Walker dans la série Covert Affairs (75 épisodes).

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23. LE PETIT CON
(THE JERK)


Scénario : Leonard Dick
Réalisation : Daniel Sackheim

You are one evil, cunning woman. It's a massive turn-on.

Nate, adolescent irascible et vicieux, agresse violemment son partenaire d’échecs après l’avoir vaincu. Mais il est coupé dans son élan par un furieux mal de tête. L’équipe de House doit gérer le peu d’amabilité de leur patient mais a un autre problème en tête : quelqu’un a annulé l’entretien professionnel que Foreman avait demandé à Manhattan, mais tout le monde le nie. Qui a menti ?


A l’heure où la série commence à tomber le rideau sur sa première ère, elle fait le bilan et s’intéresse à l’évolution traversée de nos chers médecins via un pastiche amusant de jeu de Cluedo (qui a annulé l’entretien ?). Toutefois, il ne s’attarde pas assez sur eux alors qu’il s’agit clairement du but visé. Malgré tout, un intéressant cas médical conclu par un happy end d’un cynisme ultra corrosif, assure un bon spectacle. Et ce en dépit de quelques lenteurs, et une lassitude devant le caractère du patient, tête à claques massive. Toutefois, l’épisode est le premier depuis longtemps à traiter avec une égalité quasi totale tous les personnages principaux, et cet acrobatique canon à six voix est très bien composé par Léonard Dick.

La violente introduction nous prépare à la personnalité du patient du jour, sadique bête et méchant. Sa propre mère n’y échappe pas. Disons-le tout de suite, ce personnage monolithique surprend au début, mais la surenchère dans la vulgarité finit par devenir contre-productive. On saluera quand même ses avances grossières à Cameron qui font sourire par leur bêtise libidineuse. Le portrait de sa mère (la douce Colleen Flynn) est plus intéressant : elle a fini par le détester et se réjouit de sa maladie. Son instinct maternel mélange cette joie tordue à un dégoût d’elle-même devant ce qu‘elle ressent. Dommage que le personnage ne s’impose jamais, car c’est par elle qu’on s’intéresse à Nate qui sinon nous serait indifférent. Le cas est très bien écrit, avec un suspense au cordeau et quelques bonnes surprises. Ce n’est pas tous les jours qu’un docteur prescrit des champignons hallucinogènes à un patient ! Nate était déjà assez gratiné quand il était sobre, mais quand il est shooté, c’est encore pire. On cite aussi l'urine sanglante, et Foreman le sédatant… parce qu’il en a marre de ce con ! La scène la plus surprenante est toutefois Chase "matant" Nate : un accès d'autorité peu fréquent chez ce personnage.

La grande scène de l’épisode est la partie d’échecs disputée par House et Nate : sous haute tension, chacun vannant l’autre, chacun essayant de l’écraser. Elle est filmée avec talent par Daniel Sackheim. Cette partie d’échecs a une raison d’être purement médicale : House veut simplement stresser son patient pour tirer des nouveaux symptômes, mais est si irrité par ce jerk qu’après la partie, il en fait une affaire personnelle. On peut féliciter Nate, une des rares personnes à avoir réussi à perdre son sang-froid à House. Foreman ne rate d'ailleurs pas l’occasion d’enfoncer le clou. Lorsqu'à la toute fin, House croit avoir triomphé en ayant trouvé la parade, Nate lui révèle qu’il n’y a pas qu’un seul fin psychologue dans la salle : cet ado l’a battu à son propre jeu. Echec et mat ! Et House ne peut s’empêcher de marmonner dans sa barbe « p’tit con ». Le twist final est d’une brûlante acidité. Le cauchemar de la mère ne se terminera sans doute jamais. Ce percutant faux happy end fait vraiment très mal. Nick Lane a la tête de l'emploi en jerk mais son cabotinage crispe rapidement.

Sinon, à part le cas secondaire, souriant mais pas inoubliable, nous nous intéressons à la petite énigme imaginée par Léonard Dick, ludique et drôle par ses réactions en chaîne (untel accuse untel qui accuse untel qui accuse…), tout en mettant en valeur des aspects des personnages. Qui a annulé l’entretien ? Foreman accuse House, qui ne veut pas le laisser partir. Ce dernier accuse Cuddy. Motif : identique à celui de House, Dick laisse ainsi penser qu’elle est dans son attitude de plus en plus « Housienne »… et aussi plus amoureuse de House qu’elle ne veut l’avouer : Wilson lui fait remarquer qu’elle ne pourra jamais contrôler ses débordements à cause de ses sentiments. D’ailleurs, House la mate effrontément lors de leur dialogue, et elle (Lisa Edelstein est suprêmement élégante et magnifique) semble plus ou moins laisser faire. Cuddy accuse Wilson. Motif : il veut protéger, aider House en faisant ce que lui n’a pas fait : faire en sorte de garder Foreman en sabotant l’entretien. Dick suggère que la profonde amitié de Wilson le pousserait à commettre des actes illégaux. C'est en effet vrai mais ici Wilson ressent le contraire : il souhaite que Foreman parte afin de « sevrer » House de l’unique personne pouvant s’opposer à lui. Pour qu’il se rende compte que ce « gamin de 6 ans » [qu’il est] a besoin d’une ferme autorité que personne d’autre ne peut lui offrir. On en reparlera dans Crises de foi (saison 5).

Wilson accuse Cameron. Motif : le même que Wilson, mais elle aurait agi parce qu’elle est toujours amoureuse de House. Que Wilson lui mente montre qu’il est devenu moins chatouilleux quant à son amour de la franchise. Cameron parachève l’évolution observée de son personnage en perçant Wilson à jour immédiatement. Ce n’est plus la Cameron du début (Il y’a trois ans, vous m’auriez crû soupire Wilson). Elle nie être encore amoureuse de House, mais la saison 5 nous confirmera qu’elle n’en a peut-être pas fini avec ses sentiments. De tous les personnages, elle était la plus convenue au départ, mais c’est elle qui a finalement eu l’évolution mentale et éthique la plus grande. Quelle adresse ! Cameron accuse Chase. Motif : Chase est un con revanchard qui veut juste emmerder Foreman qu’il n’aime pas trop. Dick prend ici l’option inverse : Chase n’a pas vraiment changé en trois ans, symbole de l’échec de House à son sujet, ce qui ouvre la porte à l’épisode suivant. Dick boucle la boucle avec Chase accusant House qui avait tout intérêt à créer et maintenir ce climat de suspicion pour que Foreman reste. Et Foreman ? A part le fait qu’il veut échapper à l’emprise de House, on voit qu’il n’est pas encore sûr de lui. Foreman est déchiré : il sait qu’il part trop tôt mais rester encore serait courir le risque de devenir un House II. Bref, on applaudit à pleines mains la virtuosité éblouissante en peinture psychologique de la série. Et encore, la série montrera qu'elle peut aller encore plus loin dans les trois dernières saisons. Le sextuor principal convainc chacun dans son rôle.

Infos supplémentaires :

- Le titre de l’épisode original est celui d’un film de Carl Reiner datant de 1979 (en VF : Un vrai schnock).

- Hugh Laurie dit que Nate est un de ses seconds rôles préférés, par son caractère inhabituellement hargneux. Pour la même raison, Nick Lane était content de jouer un tel rôle.

- D’après Katie Jacobs, Léonard Dick aurait eu l’idée de l’épisode quand Omar Epps, très bon joueur d’échecs, eut amené un jour un échiquier pour se détendre entre deux prises. Depuis cet épisode, toute l’équipe ainsi que les comédiens sont accros au « noble jeu », et jouent souvent entre eux pendant les pauses.

- La scène-clé de la partie d’échecs entre House (montrant qu’il sait ainsi jouer à ce jeu) et Nate fut très compliquée à tourner, non seulement pour le cadreur qui ne savait pas quelle pièce allait bouger, mais aussi pour les interprètes qui durent mémoriser 45 coups chacun ! La partie fut en effet réellement composée par un joueur d’échecs de haut niveau.

- Nate ouvre la partie en poussant son pion f (en face du Fou du Roi) de deux cases (1.f4 en notation algébrique échiquéenne). Il s’agit de l’ouverture Bird, une ouverture défensive et solide, mais cependant peu utilisée en haut niveau. House répond en poussant le pion c (en face du Fou de la Dame) de deux cases (1... c5). Il retombe alors quelques coups plus tard dans la « Partie sicilienne ». Au haut niveau, il s’agit de l’ouverture la plus fréquemment jouée, car d’une redoutable difficulté, et aux variantes complexes et sans nombre.

- Nate méprise Chase en le surnommant « Doogie », il s’agit d’une référence à une série médicale de 1989 : Dr.Doogie, avec un jeune héros doué en médecine mais beaucoup moins dans sa vie personnelle. House fait allusion à l’émission Punk’d en citant Ashton Kutcher comme responsable de la « mauvaise blague » faite à Foreman. Punk’d est une émission de caméra cachée créée par le comédien. Mais Ashton Kutcher est également dans la série That 70’s show le grand ami d’un personnage nommé Eric Forman (sans e).

- Erreurs :
Faux raccord quand Chase écrit sur le tableau, sa main change de place d’un plan à l’autre.
La quantité de fluide présente dans la seringue quand House traite le cas secondaire change d’un plan à l’autre.

- La chanson de l’épisode est In-A-Gadda-Da-Vida de Doug Ingle, et interprêtée par Iron Butterfly.


Acteurs :

Nick Lane n'a pas continué sa carrière audiovisuelle, préférant le théâtre.

Colleen Flynn (1962) est apparue dans nombre de séries perses comme Equalizer (épisode Chantage à la vidéo), Urgences, Flipper (22 épisodes), FBI portés disparus, Roswell, X-Files (épisodes Détour et Existences, où elle joua avec son mari Stephen Hornyak), The Closer L.A (épisode Un enfant normal), Ghost Whisperer, Cold Case, Nip/Tuck (4 épisodes), Grey’s anatomy, Les Experts, etc. Elle a également joué au cinéma.

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24. DERNIER ESPOIR
(HUMAN ERROR)


Scénario : Thomas L. Moran et Lawrence Kaplow
Réalisation : Katie Jacobs

- You have no pulse, but you're talking. Cough, Cough again, Keep coughing, it'll push blood into your head.
- Will that help ?
- No, but it is amazingly cool.

Esteban Hernandez et son épouse Marina, très malade, font le périlleux voyage de Cuba au New Jersey pour consulter le Dr.House, afin qu’il guérisse Marina. Mais le départ de Foreman est maintenant imminent, et l’équipe paraît plus éclatée que jamais. A la surprise générale, House décide le renvoi immédiat de Chase, alors que le cœur de Marina s’arrête de battre…


En dépit de ses qualités, le finale de la saison 3 est laborieux. Il donne certes une fin correcte aux trois premières saisons mais se situe loin du niveau atteint des autres finales de saison. La réalisation de Katie Jacobs n’est pas en cause : bien que classique, elle sert bien l’épisode, alors qu’elle avait été plus inégale dans Demi-prodige. Non, ce qui déçoit est un cas maladroit et une volonté d’émotion qui peine à convaincre. Malgré quelques bonnes trouvailles, il faut attendre les dix dernières minutes pour que l’épisode décolle vraiment. Sa coda apparaît bellement écrite, d’autant que l’indécise situation finale offre un tremplin de choix à la saison 4, la meilleure de la série. On voit qu’après les adroits portraits de Léonard Dick, Thomas L. Moran et Lawrence Kaplow ne savent pas quoi faire des personnages. Le petit con était conclusif psychologiquement. L’épisode part donc avec un handicap dont elle n’arrivera à se libérer que tardivement.

L’épisode se focalise sur les états d’âme du mari (Omar Avila), guindé de bout en bout. L’épisode traîne ce boulet du début à la fin, il n'a que des réactions de déception, d’inquiétude prévisibles, de plus inutilement appuyées : appels répétés au domicile du diagnosticien crispants, adieux à sa femme sans émotion, opposant ridicule aux examens de House après le « miracle ». Il parvient même à rendre incohérent House, le convaincant en un seul argument (mièvre) d’aller voir sa femme. Marina ne vaut pas mieux. La scène où elle s’épanche longuement auprès de Cameron est irrémédiablement ennuyeuse. La souffrance de vivre dans un pays dictatorial est à peine effleurée, et seule l’émouvante composition de Mercedes Renard est à retenir. Ses élans religieux font plus sourire qu’autre chose. Bref, les guests du jour sont aux abonnés absents. Le cas se résume à des diagnostics peu intéressants, et des effets chocs superfétatoires. Marina atteint le « point de non-retour » trop tôt, on a pas eu le temps de s’attacher à elle et son mari pour ressentir suffisamment de compassion. Le « miracle divin » arrive également trop tôt, c'est trop maladroit. La scène rappelle le final de Question de fidélité (saison 1), et n’est pas plus convaincante. On dénote une amélioration dans la dernière partie : House se secoue et redonne de l’entrain au cas mais c'est tard. Le happy end, sans ambages, adoucit l’étrange ambiguité de la fin de l’arc Foreman.

Voyons justement cette intrigue, de main plus sûre. House espère faire revenir Foreman sur sa décision tout en gardant la face. Ainsi, il fait tout pour ne pas le contrarier, le dédouane totalement du coma de Marina alors que rien ne le prouve (le human error du titre original). Il perd sa neutralité, ce que Wilson ne manque pas de lui dire (par écran interposé). Le fracassant renvoi de Chase est d’une savoureuse ambiguïté : tentative désespérée de conserver Foreman au prix de ce « lèche-bottes » ? Ou bien la « raison officielle » donnée par House est-elle réellement la vraie ? Chase, après tout, n’a plus rien à apprendre de House : il a sans doute changé dans le domaine des connaissances médicales (qu’on se rappelle son coup de génie salvateur dans Rendez-vous avec Judas), mais guère changé dans son approche éthique. Dans les deux cas, House n’a plus rien à lui apprendre. On remarque que Chase a eu le temps, depuis une des rares fois depuis trois ans, de s'opposer vigoureusement à son boss. House lui a appris en 3 ans bien plus que ce que d’autres apprennent tout au long d’une vie. Cuddy avait dit d’ailleurs la même chose à Foreman dans l’épisode précédent.

House, ravalant sa honte, demande directement à Foreman de rester. Foreman décline, et House s’emporte, injuriant une dernière fois son subordonné, sous le regard blasé de Wilson. House, très adulte dans sa manière de penser, réagit ici comme un enfant : son jouet va lui être repris, alors il grimace, grommelle. Cette cinglante scène d’adieux fait penser à la fin du Quadrille des Homards de Chapeau melon et bottes de cuir, avec Steed et Cathy se quittant sur une dernière prise de bec (et pareillement, c'est un épisode concluant une saison 3). Il ne reste donc plus que Cameron… qui à son tour quitte House. Elle pense qu’elle ne peut plus rien apprendre de lui. Elle tire ainsi un trait sur ce qui appartient désormais au passé : Jennifer Morrison donne simultanément les deux faces de son personnage : ironique quand elle vanne House, douce quand elle lui pose tendrement la main sur le bras, avant de s’en aller. Scène très réussie. Elle reprend sa liaison avec Chase dans une scène hélas gâchée par ses dialogues convenus et une énième itération du « Mardi », cette fois dite par Cameron, mais qui n’a que si peu d’effet !

Finalement, dans tout ça, c’est ce qui pousse House à agir ainsi qui est le plus intéressant : il déteste le changement (succulent dialogue initial avec Wilson). Se cloîtrant dans une bulle de « confort », il est habitué à cette équipe et c’est moins par amour pour elle que par conservatisme qu’il veut la maintenir soudée. Lorsque son monde s’effondre, il est amer… mais pas malheureux. C’est par principe qu’il a voulu tenir l‘équilibre, non par amour car il n’a pas voulu créer des liens étroits avec son équipe. Mais tous les évenements de ce jour l’ont incité à accepter le changement. Le voir fumer des havanes avec Esteban est une belle image de joie sincère. La dernière image le voit jouer sur sa nouvelle guitare, tandis que la chanson Good man est on ne peut mieux appropriée, la musique semble « regarder » House avec bienveillance. Mais hormis ce dernier point psychologique, l’épisode n’offre pas le feu d’artifice espéré. Remarquez en passant la présence de Kathryn Adams. Cette jeune comédienne joue l’étudiante à qui House demande son CV. C'est elle qui va faire le lien entre les deux saisons car elle donnera un coup de main à House dans le 4.01, et sera une des candidates malheureuses dans le 4.02.

 

Ainsi finit la première ère de la série. Pendant trois saisons, la série a fixé ses marques, a joué de ses nombreux atouts avec assurance, et avec une qualité constante. Les accidents de parcours ont été quasi inexistants. Cette première période fidèle à l’extrême au cahier des charges séduit par la saine rigueur de ses scénarios qui n’interdisent jamais l’émotion. Maintenant que l’équipe initiale est partie, place à une nouvelle ère, place à de nouveaux cas, place à de nouveaux personnages ! La série va-t-elle réussir son lifting ? Réponse à la saison suivante !

Infos supplémentaires :

- House a la même guitare depuis qu’il a 13 ans, la même voiture depuis 10 ans, et le même appartement depuis 15 ans. Preuve qu’il n'est pas doué pour le changement ! Cependant, il y’a une contradiction car dans Une mère à charge (saison 1), on voit que l’appartement de House est différent de celui visible dans la saison 3... bien qu'il soit toujours à la même adresse (221 B de sa rue). Sinon, on voit que sa réputation a dépassé les frontières pour qu’un couple étranger risque sa vie pour le consulter !

- Curieux qu’Omar Avila, acteur latino, prononce mal le nom « Hernandez » en aspirant le h, alors que le h est normalement muet dans le nom.

- Les chansons de l‘épisode sont Slippery when wet de et par The Commodores, Since I fell for you de et par Ramsey Lewis, et Good Man de et par Josh Ritter.

Acteurs :

Omar Avila a d’abord commencé sa carrière télévisuelle à Cuba, son pays d’origine, il a ensuite tenté sa chance aux Etats-Unis où on a pu le voir dans la série Watch Over me (49 épisodes), mais aussi Justified (3 épisodes), Les Experts : Miami, Cleaners (11 épisodes), etc. Il a peu joué sur grand écran.

Mercedes Renard commence une carrière de mannequin en Europe à 16 ans avant de s’engager dans la voie d’actrice de théâtre aux Etats-Unis. Elle tourne peu mais on l’a vue dans Dawson, New York police judiciaire, NCIS, Dexter, etc. ainsi que quelques films.

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TOP 5 DE LA SAISON 3

1. De pièces en pièces : Sublime dialogue moral et métaphysique entre deux éclopés de la vie, d'une émotion omniprésente. Katheryn Winnick est la meilleure actrice invitée dans la série : son impressionnante, voire effrayante ultraexpressivité s’oppose à la statue de glace qui se frêle qui lui fait face. Le chef-d’œuvre le plus atypique de la série, et aussi son plus « beau ».

2. Dans les yeux : Profusion à gogo de gags et de répliques qui claquent, la série montre qu’elle est à l’aise dans l’humour le plus débridé. Personnages survoltés, situations surréalistes… mais l’épisode parvient aussi à nous émouvoir par son patient à la touchante fragilité. La fin est splendide.

3. Mauvaises décisions : Le diamant noir de la saison est rempli de désespoir et de rage contre la fatalité. L’épisode tourne autour des thématiques de l’échec et de la culpabilité, prenant un caractère très amer mais si percutant. La double chute finale est une des plus sombres de la série. Compositions merveilleuses d’Omar Epps et de Monique Gabriela Curnen.

4. Y’a-t-il un médecin dans l’avion ? : Pastiche vitriolé du déjà assez gratiné Y’a-t-il un pilote dans l’avion ? à la sauce House. Le diagnosticien se déchaîne comme jamais, sabotant toute la gravité des situations par un humour jouissif. Le deuxième cas est joliment juste dans le dessin de ses patients solitaires. Un autre chef-d’œuvre pour David Hoselton.

5. Acceptera… ou pas ? : House plonge dans l’enfer du sevrage dans cet épisode à l’intensité fulgurante, et aux scènes impressionnantes. Hugh Laurie est repoussant et horriblement fascinant à la fois. Le cas du jour, vif et passionnant, se conclut par une chute fantastique, un des faux-semblants les plus géniaux de la série. Tritter est un brillant adversaire pour House, son duel avec lui atteint son sommet véritable ici.

Accessits d’honneur : Jeux d’enfants, 24 heures pour vivre et mourir, L’enfant miroir.

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Crédits photo: FOX.

Images capturées par Clément Diaz.

 saison 1 saison 3

DR HOUSE

SAISON 3 - PARTIE 1

 


PRÉSENTATION DE LA SAISON 3

La saison 3 termine avec maestria la première période de la série. Elle se caractérise par une plus grande noirceur des cas traités. Si elle n’a pas tout à fait l’intensité de la saison 2, elle prépare la direction plus sombre des ères suivantes de la série.
Les sujets traités sont toujours aussi divers. Après le Couple (Rendez-vous avec Judas), les liens familiaux passent à leur tour dans le viseur de la série (Jeux d’enfants, Une aiguille dans une botte de foin, Le petit con…), la facilité à s’auto-détruire (Mauvaises décisions, Démission…), l’hédonisme outrancier (Que sera sera), la solitude affective et sexuelle (Y’a-t-il un médecin dans l’avion ?), etc. Pour équilibrer cette joyeuse ambiance, les scénaristes nimbent cette saison de quelques bouffées d’optimisme aussi rares que bienvenues. L’amour maternel (L’enfant miroir) et fraternel (Deux frères) triomphent de la mort, ou bien un viol surmonté (De pièces en pièces) témoigne d’une vague renaissance, sans que la série en soit trahie.

Deux intrigues secondaires figurent dans cette saison. La première est l'affrontement entre House et l’inspecteur Tritter (David Morse) de l’épisode 5 à l’épisode 11. Tritter se venge de House qui l’a humilié en consultation en cherchant à prouver qu’il est un drogué incurable, et le mettre en prison ou en désintoxication. La deuxième est la démission du docteur Eric Foreman qui survient à la fin de l’épisode 21 (Démission). L'épisode 14 (Sans peur et sans douleur) apparaît rétrospectivement comme étant le pivôt de la série, ses conséquences s'étendront jusqu'au finale de la saison 7.

Bien que la saison mette toujours au premier plan ses enquêtes et son regard furieux sur notre monde, les ships commencent à fleurir. Le « Chaseron » (relation Chase-Cameron) débute à l’épisode 14. Son aspect purement charnel lui donne un charme piquant. Entre leur rupture qui s’ensuit, puis leur réconciliation, apparaissent hélas les premiers signes de l’affadissement de ce couple dans les saisons suivantes. Le « Huddy » naît véritablement au cours du même épisode, car House, touché par une héroïque audace de Cuddy, semble enfin s’intéresser à elle. La tension sexuelle, jusque-là subodorée, éclate au grand jour. Le « Huddy » d’une écriture acerbe et enlevée, est superbement présenté. Sa concrétisation est toutefois encore lointaine. Par opposition, le Hameron décline, Cameron tentant encore quelques efforts (Demi-prodige) avant de se libérer peu à peu de cette attirance.

Les trois années passées avec leur patron ont changé le comportement des trois médecins. Ils deviennent plus professionnels, moins émotifs, plus durs. Leur évolution (surtout Cameron) est de plus en plus évidente, jusqu’à provoquer la dissolution de l’équipe. A cet égard, l'épisode 23 (Le petit con) est la digne conclusion psychologique de la première ère de la série, le finale ne faisant que baisser le rideau.

La saison 3 réussit son pari de maintenir le niveau de qualité et d’apporter quelques innovations sans jamais édulcorer la spécificité de la série. Elle clôt un chapitre et ouvre élégamment la voie à une nouvelle ère, à une nouvelle équipe.

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1. RETOUR EN FORCE
(MEANING)





Scénario : Lawrence Kaplow et David Shore, d'après une histoire de Russel Friend, Garrett Lerner, Lawrence Kaplow, et David Shore
Réalisation : Deran Sarafian

- The fifth level of happiness involves creation, changing lives.
- The sixth level is heroin, the seventh level is you going away.

Richard McNeil, frappé par une tumeur cervicale, est en fauteuil roulant et à l’état de légume depuis 8 ans. Un jour, sous les yeux d’Arlene, sa femme, et de son fils, il tente de se suicider en plongeant dans sa piscine. Caren est une jeune yogi qui a eu une paralysie inexplicable. Deux mois se sont écoulés depuis les événements de l’épisode précédent, et House, la jambe guérie, reprend le travail en s’occupant de ces deux cas. S’il est toujours aussi cynique, son entourage est surpris de le voir plus gentil et attentionné…


Le titre du premier épisode de la saison 3 mérite bien son nom, se centrant sur le retour de notre diagnosticien chéri. D’où une question qui nous brûle les lèvres : a-t-il changé ? C’est le thème de cet épisode un peu trop sage, mais dont le traitement des histoires est satisfaisant.

La tonique introduction voit House sur ses deux jambes, pressé de travailler, ne laissant même pas le temps à son équipe de le saluer : entrée fracassante en sueur dans le bureau de Cuddy, un moment de solitude pour Chase, un foutage de gueule pour Cameron.
Un homme pour qui son corps est un tombeau. Conscient mais impuissant à agir. Une situation horrible mais réelle pour Richard McNeil (reprise dans Je suis vivant ! en saison 5). House a cependant un comportement très bizarre : il réconforte l’épouse, lui donne des faux espoirs pour la maintenir dans l’espérance, assiste à l’opération... soit une attitude très hypocrite pour celui qui, dans A la vie, à la mort tournait en dérision la volonté de changement de Foreman. La série signale ainsi la différence entre la connaissance d'un savoir et son expérience physique : l'homme est difficilement capable de saisir toutes les implications d'une expérience, d'une situation, tant qu'il ne l'a pas éprouvée. House se moquait de Foreman par ignorance, mais il doit aujourd'hui avouer que le changement après un traumatisme est possible.

La série distord l'apparente noblesse d'âme d'Arlene qui garde son mari encombrant chez elle : oui, Arlene l'aime, mais elle le garde sans plaisir. Son amour est dilué par la pitié et par le fait qu'elle se sente "obligée" de le garder. Ainsi, son courage est moins noble qu’à première vue, ce qui l’humanise pourtant davantage ; c'est adroit. Il est difficile de ne pas penser à Ruth Fisher faisant face à la folie de son second mari dans Six feet under. L'humanité du jeu de Kathleen Quinlan est évidente. Notez qu'Arlene accepte les opérations les plus dangereuses et que House est rassurant, comme tout docteur « normal ». Une inversion renforcée par Cameron inquiète sur sa complaisance. Le fan de Buffy regrettera seulement que Clare Kramer n'envoie pas de grosses mandales dans la gueule des médecins en tenue bimbo.

L'enquête reste classique, mais se suit sans déplaisir par son suspense entretenu. Le dernier acte enchaîne les surprises : le twist final est très surprenant (la scène d’intro était un trompe-l’œil) mais s'enchaîne à une seconde surprise : House a trouvé une solution limpide et élégante (rasoir d’Occam) mais qu’il est incapable de prouver. Aussi Cuddy refuse le traitement proposé par House, car ce serait lui donner trop de liberté : à terme son orgueil et sa certitude d'avoir raison sans preuves suffisantes pourraient avoir de graves conséquences pour un prochain patient. Absurde mais tristement crédible. En femme de tête impitoyable et rigide, Lisa Edelstein est fantastique. Le happy end, total et lumineux, extrêmement rare dans une série préférant les faux happy ends, est une autre surprise, tout comme Wilson convaincant Cuddy de tenir House dans l'ignorance. House avait tort moralement en jouant avec la vie de son patient : Qu’il ait eu raison ne l’empêche pas d’avoir eu tort ! Paradoxal ? Non, humain. En passant, un détail à noter : House se prescrit à lui-même de la Vicodin ; ça aura des répercussions par la suite.

Cameron (plus craquante que jamais) cuisine House au sujet de son changement. Cela aboutit à une scène qui fait débat parmi les fans du Hameron : House proposant un rendez-vous à Cameron !! Et cette fois, c’est Cameron qui décline sous le motif que House n’est pas « complètement guéri » !! Cette scène est d’autant plus estomaquante qu’on ne saura jamais le véritable état d’esprit de House : se payait-il la tête de son employée, ou bien était-il sincère et cherchait à renouer le lien qu’il avait si brutalement interrompu dans Des maux d’amour (saison 1) ? Nous savons depuis l’épisode précédent que House a des fantasmes sur Cameron. Est-ce parce qu’il s’en souvient qu’il veut se donner une seconde chance ? House en tout cas, se montre davantage humain.

Son édulcoration n'est heureusement que partielle, et on le voit dans le cas de Caren où il retrouve sa férocité, allant jusqu'à la malmener physiquement. Voir ensuite notre docteur tout penaud d'avoir tout faux est toujours un spectacle comique. Hugh Laurie, pour une des rares fois de la série, marche sur ses deux jambes et il le fait avec un plaisir non dissimulé. Il adoucit son personnage sans tomber dans le lénifiant.

Infos supplémentaires

- Wilson dit à la fin la devise de la série « Everybody lies ».

- Nous apprenons par Cuddy que House s’occupe de 24 cas par an en moyenne. (Soit deux fois par mois seulement). On remarque d’ailleurs que les saisons 2 et 3 comportent 24 épisodes, laissant penser que chaque saison se déroule sur un an et que nous voyons tous les cas qu’il examine.

- Fait rarissime : House s’occupe de deux cas en simultané (hors consultations).

- House habite à 13 km (8 miles) de l’hôpital. Le regard intéressé de deux jeunes filles quand il fait du skateboard nous confirme que le personnage ne laisse pas insensible la gent féminine !

- Jack Moriarty, le tireur fou de House à terre, n’a pas été retrouvé. Il n’en sera plus jamais fait mention dans la suite de la série.

- Edward Edwards reviendra dans le même rôle dans l’épisode suivant, fait très rare dans la série.

- House compare son patient à Stephen W. Hawking. Né en 1942, c'est un physicien anglais spécialisé dans la cosmologie et la physique quantique, qui a beaucoup étudié notamment les trous noirs et a écrit plusieurs ouvrages de vulgarisation qui furent des best-sellers internationaux (A Brief history of time). Atteint d’une sclérose latérale amyotrophique (SLA), il est aujourd’hui presque totalement paralysé, d’où le rapprochement ironique de House avec son patient immobilisé par une maladie aux effets similaires…

Erreurs :
- Sur le tableau des symptomes, le mot « diarrhea » est incorrectement orthographié « diarea ».
- Lorsque House fait sa prescription pour de la Vicodine ES, il écrit un dosage différent de celui dont est constitué la Vicodine ES : il met celui de la Vicodin « normale ».

- On entend à la fin de l’épisode You can’t always get what you want des Rolling Stones, qu’on entend à plusieurs reprises au cours de la série. En dehors des Rolling Stones, on entend aussi Feel good inc de Gorillaz et D. Jolicoeur, interprété par Gorillaz.

Acteurs

Edward Edwards reviendra dans l’épisode suivant La Vérité est ailleurs. Il a surtout joué à la télévision, comme dans les séries Code Quantum (épisode Le Sauvage), Buffy contre les vampires (épisode Le Soleil de Noël), L’incroyable Hulk, Shérif fais-moi peur, Desperate Housewives, JAG (2 épisodes chacun pour les trois dernières), ALF, Matlock, Le Prince de Bel-Air, La vie à tout prix, The Sentinel, Les Experts, Les Experts : Miami, 24 heures chrono, Monk, NIH alertes médicales, Frasier, Boston Justice, Esprits Criminels, Shameless US, FBI portés disparus (2 épisodes), etc.

Clare Kramer (1974) est surtout connue pour avoir été la sadique (et hilarante) Glory dans 13 épisodes de la série Buffy contre les vampires. Elle joue dans quelques films et séries mais est relativement discrète professionnellement. Elle a crée une série : Take five (13 épisodes).

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2. LA VÉRITÉ EST AILLEURS
(CANE & ABLE)



Scénario : Russel Friend et Garrett Lerner, d'après une histoire de Russel Friend, Garrett Lerner, Lawrence Kaplow, et David Shore
Réalisation : Daniel Sackheim

- House, Clancy's gone missing.
- You take Alpha Centauri, Foreman can look on Tatooine, and Cameron can set up an intergalactic checkpoint. Let's pray he hasn't gone into hyperdrive - we'll never catch him.

Clancy Green, 7 ans, est persuadé avoir été enlevé par des extraterrestres et que ses derniers vont revenir. Une nuit, il est « kidnappé » et on le retrouve le lendemain matin dans le jardin, avec une hémorragie rectale. House et son équipe ont du mal à résoudre ce cas bizarre car le corps de Clancy est peuplé de cellules étrangères. House constate avec colère que sa jambe recommence à lui faire mal…


Quand Dr.House rencontre X-Files

C’est bien à la glorieuse série de Chris Carter que David Shore rend hommage. Beaucoup de séries SF modernes ont rendu hommage à leur modèle, mais on voyait mal Dr.House lui faire un clin d’œil : confronter une série « rationnelle » et une série « SF » relève de la gageure, et en effet, l’épisode ne se penche pas trop du côté X-Files. Toutefois, on est amusé de voir le mystère des implants métalliques et des ADN étrangers expliqué de façon rationnelle. On aime aussi que House, rejettant toute hypothèse extra-terrestre, agit comme une Scully (ou un Doggett) l’aurait fait. On regrette que Chase, en mode « Mulder » (ou Monica) soit un peu mis sur la touche. La vérité est ailleurs - hommage évident au credo de la série - reste un épisode de Dr.House, un peu trop mécanique, mais dont les allures (faussement) fantastiques viennent à la rescousse.

Après vingt minutes toniques, l’épisode s’essouffle avec des diagnostics manquant d’humour ou d’allant et un final anticlimatique. Un statisme heureusement compensé par l'enchaînement trépidant des clins d'oeil à X-Files, fort délectables même pour ceux qui ne connaissent pas cette série, grâce à leur saveur Fantastique. Les mésaventures de Duane Barry, euh pardon, de Clancy Green (Skyler Gisondo, un peu tête à claques) commencent fort avec son « kidnapping » aux effets spéciaux inspirés directement des X-Files. Bon, on sait que ça ne peut être qu’une hallucination, mais l’effet est réussi. La télé qui déraille fait penser à celle d’Âmes damnées, Clancy, certain d’avoir un implant injecté par les aliens, s’ouvre la nuque avec un couteau, et y trouve... un implant, House se demandant si Clancy est un hybride renvoie à la Conspiration gouvernementale, Foreman mentionnant une disparition de temps est une référence aux enlèvements, le deuxième « enlèvement » de Clancy est copié/collé sur celui de Samantha Mulder dans Les petits hommes verts, l’opération finale invite les aliens de Roswell dans la partie, et le mémorable diagnostic final fait penser à l’épisode Les Calusari. Tout cela est confirmé par une citation explicite de la série par House (toujours accro au porno comme un certain agent du FBI…) qui vient de découvrir que son patient a deux ADN, soit un des symptômes les plus WTF de la série.

Wilson, Cuddy, et Cameron connaissent la Vérité sur le patient de l’épisode précédent, et ce Syndicat dirigé par Wilson (dans un rôle similaire à l’Homme à la Cigarette) ne dira pas la Vérité à House dans l’espoir de le voir redevenir humble. Wilson veut à tout prix nier en bloc cette "Conspiration" (le terme est de lui). House nous donne une clé de son comportement lors de sa dispute avec Wilson : il ne se prend pas pour Dieu, mais le fait d’avoir raison, envers et contre tout, est le moteur de sa vie, celui qui le rend si efficace. Une nouvelle application de son mélange de haine et d'admiration envers sa personne. Cette déclaration l’humanise étonnament.

Sheryl Lee joue la mère du patient, et on rappelle qu'elle fut le célèbre cadavre de Twin Peaks où un certain David Duchovny fit ses premières armes. L’histoire secondaire, House souffrant de nouveau de sa jambe, reste cependant périphérique. Mais on apprécie le final voyant House se résignant à reprendre sa canne, comme une porte de sortie physique et psychique qui claque sans plus jamais se rouvrir.

L'épisode trouve bien de la sève dans son humour : la vanne lourdement foireuse de Chase, House se déchaînant sur Cuddy en pensant qu'elle est enceinte, McNeil en convalescence songeant déjà à ses besoins sexuels, et surtout la tonitruante dispute entre Cameron et Cuddy (note : j‘ai un faible pour la première version de la scène, assez énorme…). Sans oublier le duel en acier trempé entre Chase et Foreman. Summertime... On remarquera que Stephanie Venditto, qui joue l’infirmière Brenda Previn, a pour une fois quelques lignes à prononcer.

En tout cas cet épisode n’est pas passé inaperçu puisque l’année suivante, le Dr.Joshua Lee demanderait à Christian Troy et Sean McNamara de lui enlever un implant métallique qui aurait été inséré à l’arrière de son crâne par des aliens (Nip/Tuck, épisode 5.07). Ce dernier épisode a pour titre VF… La Vérité est ailleurs. Décidément, on reste pantois devant les efforts démesurés des traducteurs français…

Infos supplémentaires

- La première version de la scène où Cameron se dispute avec Cuddy était beaucoup plus trash, les comédiennes lachant 32 mots orduriers en 58 secondes, avec interprétation outrepassant toutes les limites du cabotinage.

- House, quand il a du temps dans son bureau, mate des vidéos et films pornographiques. Au moins un point commun avec Mulder. Par contre, il ne regarde pas X-Files. Dommage…

- Cuddy dit que McNeil s’est levé après des années d’immobilisation tel « Rip van Winkle ». Il s’agit du personnage principal de la nouvelle éponyme de l’écrivain Washington Irving qui rencontre un équipage fantôme. Cet équipage lui fait boire une liqueur qui le fera dormir 20 années durant. Cette nouvelle inspira Rod Serling pour écrire le scénario de Rendez-vous dans un siècle (titre VO : The Rip wan Winkle Caper) de son anthologie télévisée La Quatrième Dimension. La VF remplace par Hibernatus.

- Lorsque Cameron demande de trouver un « cunning plan » pour aider House, elle cite un gimmick de la série des BlackAdder, où joua Hugh Laurie. Lorsque House dit « Il nous faudrait un plus gros bateau » : il cite la célèbre réplique des Dents de la mer (1975).

- La chanson de l’épisode est Gravity de et par John Mayer.

Acteurs

Skyler Gisondo (1997) a commencé très jeune à la télévision, jouant dans de nombreuses séries. Ses deux rôles les plus notoires sont le Shawn jeune dans Enquêteur malgré lui (11 épisodes), et Bryan Pearson dans The Bill Engvall show (31 épisodes), qui lui valut un Young artist's award. Il fut aussi dans Ce que j’aime chez toi, Monk, Cold Case, Esprits Criminels, Les Experts, Les Experts : Manhattan, Earl, Urgences (2 épisodes), Terminator les chroniques de Sarah Connor, House of lies, Once upon a time, etc. Il a joué quelques seconds rôles au cinéma comme The amazing Spider-man 1 et 2, La nuit au musée 3, etc.

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3. MARCHÉ CONCLU
(INFORMED CONSENT)


Scénario : David Foster
Réalisation : Laura Innes

- We have to do all of that in 24 hours ?
- Nah. Whatever you don't get done, you can finish at the autopsy.

Le prestigieux chercheur en cancérologie Ezra Powell, 71 ans, s’écroule dans son laboratoire alors qu’il menait une expérience sur des rats. La souffrance est telle qu'il demande à l’équipe de House de « l’aider à mourir ». House lui arrache un délai de 24 heures pour trouver ce qu’il a, mais échoue au bout du délai imparti à trouver le diagnostic. Powell réclame donc une dose létale de morphine, provoquant des dissensions dans l’équipe…

L’épisode s’intéresse à la grave question de l’euthanasie, cette « mort heureuse » donnée à des patients atteints d’horribles maladies. Cet épisode est généralement estimé des fans, ce qui n’est pas le cas de votre serviteur : alors que la série se montre très agile quand elle aborde des questions éthiques, elle échoue ici à mener un débat intéressant, préférant se concentrer sur le cas en lui-même (assez moyen) ainsi que sur les sentiments trop fluctuants de nos médecins, jusqu’à la lassitude (surtout Cameron).

Le cas démarre bien avec l’idée des 24 heures maintenant le début de épisode dans l’urgence. Hélas, l’épisode fait ensuite retomber la pression. S’ensuivent examens insipides, scènes longuettes, et rebondissements mous. Certes, la fin est sombre, bellement écrite, mais l’épisode n’arrive pas à émouvoir, encore moins à captiver. A-t-on le droit de tuer un être humain qui souffre horriblement et qui demande à en finir ? Les avis sont partagés : Chase défend l’euthanasie, disant que la décision est mûrement réfléchie et qu’il faut la respecter. Foreman est contre car veut encore croire en la guérison. Cameron a une opinion tout à fait stérile : tuer Powell avec de la morphine la met en horreur, tout comme celle de le voir souffrir. En fait, elle veut respecter sa volonté mais ne pas l’honorer. House, on s'en doute, n’a aucun jugement : il veut le préserver en vie juste pour résoudre son énigme. Les enjeux ne suivent pas car l’épisode n’apporte que des ressassements ou des réponses confuses. L'épisode dévie en rajoutant une face obscure à Powell dont on apprend les expériences douteuses sur des nourrissons, mais cela ne nourrit pas le débat. Cependant, dans un pays aussi religieux que les USA où le droit à la vie est primordial, voir des gens pour l’euthanasie sans les juger est une preuve du courage de la série. Dommage que la thèse de l’épisode soit si confuse. Mais Joel Grey a saisi toutes les nuances de son personnage.

Cameron, apprenant les expériences de Powell, dit que détester ce patient ne changera rien à sa décision de ne plus faire d‘examens… ce qu’elle fait pourtant. Agissant ainsi impulsivement, Cameron se décrédibilise. Ce personnage est certes bon pour l’expression des doutes en chacun de nous, mais utilisé à l’excès, cet aspect devient contre-productif. La réponse du professeur qui la félicite d’avoir enfin « défendu ses propres convictions » est improbable, déplacée, et contredite par le regard dur de Cameron. Le personnage fait ici un retour en arrière, ne sachant pas se décider dans les moments les plus importants, loin de l’ironie assumée dans Faux-semblants (saison 2) ou de l’intransigeance froide de … Au suivant. (saison 2). Jennifer Morrison transcrit chaque émotion avec réussite, ce qui paradoxalement plombe tout l'épisode à cause de ses changements incessants. Le revirement final est une énième contradiction, entâchant la beauté douloureuse de la coda. Bien que tout aussi moyen, Mise au jour (saison 7) ménera un débat sur le sujet plus convaincant.

Le cas secondaire est original car ce n’est pas le patient qui attire l’attention mais sa fille. En effet, cette jolie Lolita provocante semble avoir flashé sur House et lui fait des avances de plus en plus explicites. House semble flatté de l’attention qu’elle lui porte mais reste prudent, étant donné qu’elle est encore mineure, ce dont apparemment la fille a l'air de se moquer (on relèvera les regards effarés de Cameron).

Leighton Meester, ici dotée de sa blondeur naturelle, prouve que malgré qu’elle se soit commise par la suite dans une série aussi mièvre que Gossip Girl, elle est une brillante actrice en devenir. Là, elle se pose pas de questions, elle fonce, elle s’impose, et pis c’est tout ! L'anti Blair Waldorf quoi. On note que c’est en jetant un coup d’œil sur le string de la demoiselle que House trouve la solution du cas principal, une trouvaille bien décalée. Leur duo improbable et drôle donne les meilleurs moments de l’épisode. Cependant, une question nous taraude : House consentirait-il vraiment à coucher avec une fille de 18 ans ? Il est vraiment partagé entre l’amoralité de la chose et cette brûlante tentation. Affaire à suivre...

Pour info, cet épisode est à regarder en VO ainsi que le suivant, à cause de l’horrible voix VF de Meester qui dénature totalement son personnage.

Infos supplémentaires

- Septième échec de House, ici total ; son patient mourrant d'une maladie incurable.

- Joël Grey est le père de Jennifer Grey, qui sera à son tour une patiente dans House-sitter (saison 7).

- L’horloge dans la salle d’IRM est labellée « Stoia Tucker », un clin d’œil à l’épisode Être ou paraître (saison 2) où c’est le nom de la société qui sponsorise le combat de Sebastian Charles.

- La musique entendue dans le laboratoire de Powell dans l’introduction est le fameux Prélude de la Première (en sol majeur) des Six suites pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach (1685-1750), une de ses pièces les plus connues. C’est ici le violoncelliste japonais Yo-Yo Ma qui le joue.

- Il y’a une contradiction entre cet épisode et Retour en force, car House déclare s’occuper d’un patient par semaine, alors que Cuddy déclarait que House ne s’occupait que de 24 cas par an.

- Pay no attention to the man behind the curtain dit House à Powell, prononçant une réplique du Magicien d’Oz (1939), dont l'adaptation à Broadway compta d'ailleurs Joel Grey dans la distribution. Il dit aussi une réplique bien connue de Pulp Fiction (1994) : The rats « got médieval on his ass ». Il fait allusion aussi Misty May, une joueuse de Beach Volley, ce qui laisse à penser que House connaît bien ce sport ou du moins son versant féminin.

- Erreurs :
Lorsque House palpe les chevilles de Powell, sa jambe gauche réagit. L’instant d’après, House déclare qu’il n’a aucune réaction à la jambe gauche.
Quand House va injecter la morphine à Powell, la seringue est tantôt à moitié pleine, tantôt au quart pleine.
La balle de tennis de House est au début rouge et violette. Plus tard, elle est rouge et grise.
Quand House examine Mark, le père d’Ali, il pointe son doigt sur son sourcil, mais au plan suivant immédiatement, il le pointe sur son nez.

- La chanson de l’épisode est Into Dust de et par Mazzy Star.

Acteurs :

Joel Grey (1932) est surtout connu pour avoir été le Maître de cérémonies dans le film Cabaret (1972), rôle qu'il a créé dans le musical original de Broadway. Il a obtenu un Tony award et un Oscar pour ce même rôle, ce qui n'est arrivé qu'à sept autres acteurs. Il a fait une petite carrière au cinéma (Sherlock Holmes attaque l'Orient-Express, Dancer in the Dark...) mais a surtout joué au théâtre et dans les séries. Un de ses rôles les plus remarquables fut Adam, dans le double épisode final Conundrum du feuilleton Dallas. Mais il a aussi joué dans L'Homme de fer, Night Gallery, Au-delà du réel l'aventure continue (2 épisodes), Star Trek : Voyager, New York section criminelle, Oz (6 épisodes), Alias (épisodes Haute voltige, Sloane & Sloane, L'orchidée sauvage), Buffy contre les vampires (épisodes Pour toujours, Sans espoir, L'Apocalypse), Grey's anatomy, Private practice, Nurse Jackie, Warehouse 13, Les Experts, etc. Il est le père de Jennifer Grey (Dirty Dancing...).

Leighton Meester (1986) reviendra dans l'épisode suivant Dans les yeux, et retrouvera Hugh Laurie dans le film The Oranges où ils ont les rôles principaux. Née d'une mère qui passa plusieurs années en prison pour drogue, elle fut d'abord mannequin. Elle devint ensuite une des comédiennes les plus douées (et une des plus jolies !) de sa génération, malgré qu'elle doit sa célébrité pour s'être noyée dans le rôle de Blair Waldorf dans l'inénarrable Gossip Girl (121 épisodes). Elle a joué également dans New York police judiciaire, Boston Public, Deuxième chance, 7 à la maison, North Shore, Numb3rs, Les Experts : Miami, Veronica Mars (2 épisodes), 24 heures chrono (4 épisodes), etc. Elle est régulièrement dans le haut des classements des plus belles femmes du monde. Elle est également chanteuse d'électro-pop.

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4. DANS LES YEUX
(LINES IN THE SAND)


Scénario : David Hoselton
Réalisation : Newton Thomas Sigel

House doesn't have Asperger's. The diagnosis is much simpler : he's a jerk.

- After that look, I'm feeling a little frisky, looks like you're up.
- I'm ovulating, let's go.
- Oops, the "frisky" just went away.

- I want my old carpet back.
- It was stained with blood.
- Yeah. My blood. Which makes the carpet part of me. I want it back. I want to be buried with it !

- The girl would have sex with an invertebrate.
- Come on. You're not that bad.

Fecal smear, talk to me !!

Adam, 10 ans, est atteint d’autisme sévère. Ses parents l’amènent à l’hôpital après une crise d’étouffement. Tout au long de son traitement, il ne cesse de dessiner des petites vaguelettes. L’équipe a du mal à traiter le cas : Cuddy a fait changer la moquette du bureau de House, souillée de son sang depuis qu’il s’est fait tirer dessus, et refuse de lui remettre l'ancienne. House se venge en faisant ses diagnostics différentiels dans les lieux les plus incongrus de l’hôpital tant qu‘il ne l’aura pas récupérée. Pour ne rien arranger, Ali, la fille du patient secondaire de l’épisode précédent, entame un véritable harcèlement sexuel à son égard…


Cet épisode est un des plus drôles de la série entière. L’arrivée du scénariste David Hoselton crée l'événement. Son premier épisode pour la série est un véritable stand-up Housien. On rit d’un bout à l’autre d'un humour délirant et frénétique. A l’opposé, le cas principal permet en contrepoint de très beaux moments d’émotion et de gravité. Dans les yeux est ainsi un des épisodes les plus réussis de la série. Hoselton par la suite, si on excepte deux ou trois accidents, écrira parmi les meilleurs épisodes, généralement avec un humour dévastateur.

On ne sait pas trop quoi citer parmi tout le déferlement de vis comica : scène bien allumée où Cuddy traite House comme un enfant, consultation avec des patients atteignant des degrés de crétinisme à faire pâlir Max la Menace, et... scènes hilarantes avec la torride Ali. La demoiselle renouvelle ses avances sexuelles et se met en topless pour exciter notre cher médecin (caméra hélas trop pudique) qui n’en demandait pas tant. La deuxième scène est aussi tordante : elle l’attend dans le parking, refait son numéro, et House est déjà moins péremptoire quant à ses propositions. Evidemment Cuddy arrive à ce moment-là et ça vire au duel verbal.

La troisième scène est encore plus géniale : elle démarre très fort avec une engueulade génialissime entre House et Cuddy qui tente de faire passer Ali pour une monomaniaque, leur conflit est tel qu’on se croirait dans les disputes légendaires de Maddie Hayes et David Addison de la série Clair de Lune : les dialogues claquent à chaque seconde ! Puis, House redevient grave et accepte, sous l’insistance de Cuddy, de convaincre Ali de sa folie… mais si on espérait un moment plus sérieux, c’est râpé, House et Ali partant très vite dans une parodie de soap opera où ils parlent de leur liaison condamnée par la société à demeurer platonique… l’épisode y va vraiment à fond les manettes, dézinguant tous les clichés des « Daytime series ». Et comme si ça ne suffisait pas, un énorme twist final couronne cette histoire impeccable et nous laisse pliés en quatre. La chanson Waiting on an Angel de Ben Harper plus inappropriée à la situation tu meurs complète cette histoire de fous. Leighton Meester accomplit la performance d’être encore plus punchy que l’épisode précédent : TNT de sensualité et de loufoque ultra-concentrée ; c'est sans doute une de ses plus grandes compositions.

House ne veut pas faire de séances sans sa moquette : attaché comme un enfant à cette trace tragique de sa vie (la tâche de sang), il va gâcher la vie de l’hôpital en travaillant n’importe où pourvu que ça emmerde sa patronne : salle d’attente où House crie les examens à faire devant tout le monde, bureau de Wilson qui donc ne peut plus travailler correctement (magnifiques échanges avec House), puis salle de réunion, sabotant ainsi les rendez-vous administratifs de Cuddy. L’apothéose est quand il se prend pour Dieu en personne et fait la séance dans la chapelle de l’hôpital. Hugh Laurie en fait quinze tonnes. Gag final : Wilson parvient à convaincre Cuddy de redonner la moquette à House, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que c’était une combinaison de House. Brillantissime… Enfin, Wilson qui fait aussi une petite avance à Cuddy (non mais c’est le printemps ou quoi ?!!) c’est également à ne pas rater.

Au milieu du torrent comique de l’épisode, nous sommes pris de sympathie pour ce pauvre Adam, prisonnier de son corps. La réalisation de Newton Thomas Siegel, avec ses angles et couleurs bizarres nous plonge idéalement dans la tête de l’enfant. La détresse de ses parents, surprotégeant leur enfant comme par compensation, est émouvante, sans pathos, car restant à l'arrière-plan. L’affection de Wilson pour les jouets que lui donnent les petits cancéreux est touchante aussi. Mais ce sont les réflexions de House qui sont sublimes : ainsi cette incroyable scène où il envie le sort de son patient, débarrassé par son autisme des conventions sociales, de l’hypocrisie des rapports humains. Les règles du savoir-vivre bien-pensant ne sont indispensables que pour les médiocres comme disait Franz Liszt à Richard Wagner. Maxime qui pourrait être celle de House, qui en a marre d’évoluer dans ce monde faux, apparent. Ses déclarations, très Numéro 6, sont celles d’un homme fatigué de vivre et qui pourtant trouve ses raisons de vivre en se révoltant, en refusant tout conformisme. Il dénonce l’intolérance de la société à l’égard de ceux qui sont différents, qui pensent et agissent différemment de la norme. On est pas loin de ce chef-d'oeuvre mythique qu'est Le Prisonnier.

Le cas est classique mais efficace, avec ses moments de bravoure (l’œil qui bascule, House avec le masque…). La scène finale, avec son twist médical très rusé et intelligent est superbe, presque sans paroles. Nous voyons que House a de la compassion, mais c’est de la compassion froide, sans chaleur. House est décidément un des personnages les plus fascinants des séries télé. Le jeune Braeden Lemasters, non autiste dans la vie réelle, accomplit une prestation saisissante.



Infos supplémentaires :

- Une foultitude de références dans cet épisode. House pastiche Le Magicien d’Oz (1939) en saluant Ali d’un Hello my pretties ! Puis lors de la scène d’adieux avec Ali, Casablanca (1942) en mentionnant « Victor » (le mari d’Ilsa). Fait référence à 007, puis son cri « Attica, attica attica !… » quand Cuddy refuse de lui rendre sa moquette est tiré de Un après-midi de chien (1975).

- Erreurs :
La majorité sexuelle dans le New Jersey est de 16 ans et non de 18. House pourrait donc coucher avec Ali sans se préoccuper de la loi.
La moquette réinstallée dans le bureau de House est trop grande pour la pièce. De plus, House s’est écroulé dans House à terre (saison 2) dans le fond de la pièce et non juste devant la porte, là où se trouve maintenant la tâche de sang.
Adam trace des lignes pour exprimer ce qu’il voit. Mais à part à la fin, quand on voit ce qu’il voit de son point de vue, on ne voit pas les lignes.
House trouve les lignes dans son œil gauche, mais c’est pourtant son œil droit qui a été atteint.
Quand Adam commence à stresser, la position de ses mains varie d’un plan à l’autre.

- La chanson de l’épisode est Waiting on an Angel de et par Ben Harper.

Acteurs :

Braeden Lemasters (1996) a commencé sa carrière dans les séries télévisées. Entre autres, Six pieds sous terre, Esprits criminels, Urgences, The Closer : L.A Enquêtes prioritaires (épisode Enquête sous pression), Grey's anatomy, New York unité spéciale, Ghost Whisperer, Cold Case, NCIS : enquêtes spéciales, Men of a certain age (17 épisodes), Betrayal (13 épisodes), etc.

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5. L’AMOUR DE SA VIE
(FOOLS FOR LOVE)

Scénario : Peter Blake
Réalisation : David Platt

Infectious or environmental... all we have to do is check out parasites, viruses, bacteria, fungi, prions, radiation, toxins, chemicals ; or it's internet porn related. I'll check the internet, you guys cover the rest of the stuff.

Jeremy (caucasien), et Tracy (une métisse) sont un très jeune couple marié (20 ans). Un soir, ils sont pris dans un braquage de restaurant. Le choc entraîne une crise respiratoire de Tracy. Lorsque Jeremy tombe malade à son tour, la situation se complique. Pendant ce temps, House a surpris Wilson devisant avec Wendy, une nouvelle infirmière, et malgré ses dénégations, est persuadé qu’il sort avec elle. Pour ne rien arranger, House se moque ouvertement d’un patient qui exige des excuses. House refuse, ignorant qu’il vient de commettre une grave erreur…


Cet épisode se regarde sans déplaisir mais son cas traîne en longueur ; il vaut surtout pour son cruel twist final. L’épisode reprend des couleurs dès lors que House enquête sur la relation Wilson-Wendy, et quand il ouvre un arc narratif de sept épisodes : l’arc « Tritter ». L’ouverture de cet arc est l’intérêt principal de L’amour de sa vie où House, tombant sur un patient moins docile que d’habitude, commet l’erreur de le sous-estimer.

L’épisode commence bien avec House contrarié que Wilson s’entendant bien avec la jolie nouvelle recrue de l’hôpital. Evidemment, ça part vite dans les échanges bien piquants. L’instant psy est régalant : House dit s’inquiéter que Wilson flirte à tout bout de champ, et Wilson réplique que lui, House, a peur de le voir être engagé dans une relation stable. Ses trois mariages successifs ont été des échecs, et si la fois suivante était la bonne, House pourrait avoir peur de le perdre. D’ailleurs, la sorte de jalousie qu’éprouve House quand Wilson flirte est assez troublante. Sans aller parler d'homosexualité refoulée des personnages principaux, on constate que House est très possessif, et semble mal digérer que Wilson puisse ne pas avoir besoin de lui. D’ailleurs, la relation que nouera Wilson dans la saison 4 démontrera ce fait. Durant l’épisode, il fera tout pour savoir si Wilson sort ou non avec elle ce qui vaut plusieurs effarements Wilsoniens délicieux. Il est intéressant de comparer le "Hilson" de cette saison avec celui des trois dernières saisons, où le côté "amour vache" sera remplacé petit à petit par des démonstrations d'affection moins bourrues, plus émouvantes et profondes. La révélation finale déchaîne le rire, avec un House qui s'est laissé piéger par les apparences (et nous avec).

Le cas trop prévisible enchaîne diagnostics sans humour et péripéties convenues, même si le cauchemar suivi du coma subit de Tracy est une bonne idée. Cependant, les déclarations d’amour répétées de Jeremy lassent à la longue ; et le cas s’embourbe dans des complications malhabiles : on ne sait plus trop qui a quoi ni qui veut quoi. La situation confuse se dénoue brutalement avec le terrible twist final, vraiment méchant. On avait affaire à un couple qui semblait parfait, harmonieux, qui s’aimait vraiment. Loin de la vision pessimiste du Couple-qui-s’aime-mal de la série. Mais ce couple-là n’échappe pas non plus à son destin : Jeremy et Tracy sortent de leur maladie totalement détruits. L’épisode se termine là, sans qu’on sache si le couple arrivera à passer l’obstacle. Foreman doit alors sacrifier sa soirée pour faire son devoir de médecin et tenir compagnie à un Jeremy brisé. Encore un happy end qui est tout sauf happy ! Cette superbe fin est hélas affaiblie par le jeu souvent caricatural de Ricky Ullman et Jurnee Smollett.

Michael Tritter, nouveau nemesis de House, nous frappe dès les premières secondes par sa corpulence et son ton narquois. Pendant que House le vanne, il l’analyse en quelques secondes : misanthrope, solitaire, profitant de sa figure d’handicapé ; House en reste comme deux ronds de flan mais ne se prive pas de lui faire une mauvaise farce. Deuxième scène : Tritter revient réclamer des excuses, House refuse et surenchérit. Chaude ambiance (- Je ne veux pas vous intenter un procès. - C’est cool ! - Je veux vous voir vous débattre dans votre merde. - Moins cool !). La troisième scène est un coup de théâtre, Tritter a intelligemment calculé son coup en remarquant la dépendance de House à la Vicodin. L’affrontement s’annonce tendu. David Morse paraît déjà très inquiétant. Son allure massive, autoritaire, et son calme glaçant impressionnent. C’est un adversaire à la hauteur de House, bien plus dangereux que Vogler. Irritation et cynisme noir sont le carburant détonnant du jeu de Hugh Laurie dans cet épisode.

Trois melons tout juste.


Infos supplémentaires :

- Premier épisode (sur six) avec le personnage de Michael Tritter. David Morse connaissait David Shore qui avait travaillé sur une série où il tenait un des premiers rôles : Le justicier de l’ombre. Shore voulait un adversaire pour House qui pouvait également rivaliser avec lui par la taille. Il fit donc appel à David Morse, une des rares personnes de son entourage de haute taille qu’il connaissait. Morse ne connaissait pas la série, et en regardant le script, s’étonna qu’un personnage aussi antipathique que House eut un tel succès. Ce fut finalement sous le conseil d’amis complètement fous de la série (dixit l'acteur) qu’il accepta ce rôle.

- Le titre fait référence au film Fool for love de Robert Altman.

- Wilson et Foreman sont des amateurs de jazz.

- House joue à un jeu vidéo appelé Chyro City. Il semble que ce soit un jeu inventé spécialement pour l'épisode car aucun jeu ayant ce titre n'est référencé.

- Lorsque Tritter arrête House, il remarque que ses pupilles sont dilatées puis déclare qu'il est sous l'influence de Vicodin. Cependant, la Vicodin ne cause pas de dilatement des pupilles, même à haute dose.

- La chanson de l'épisode est Walter Reed de et par Michael Penn.


Acteurs :

David Morse (1953) et ses 1m93 ne sont pas passés inaperçus dans le milieu. Sa stature imposante et son grand talent lui ont ouvert rapidement les portes du cinéma où il demeure le plus actif (une cinquantaine de films). Côté télévision, on retiendra surtout son personnage de Jack Morrison dans 124 épisodes de la série Hospital St-Elsewhere, Mike Olshansky dans Le Justicier de l’ombre (40 épisodes), et Terry Colson dans Treme (30 épisodes). Mais on peut aussi citer Les contes de la crypte, Médium (le triple épisode Le Bon… La Brute… et L’Innocent), etc.

Jurnee Smollett (1986) est principalement une actrice récurrente et semi-régulière de séries télé, séries qui n'ont pas cependant traversé l'Atlantique : La fête à la maison (12 épisodes), Seuls au monde (20 épisodes, où elle joue avec ses quatre frères et sa soeur !), The Defenders (18 épisodes), Parenthood (7 épisodes), True Blood (17 épisodes), et surtout la populaire Friday night lights (26 épisodes), mais cette ravissante métisse a aussi joué dans d'autres séries plus connues comme Urgences, Grey's anatomy, New York police blues...

Raviv Ullman (1986) est un comédien de théâtre et des musicals de L.A (il est également batteur, guitariste, et chanteur pour un groupe de musique caritatif : Teen AIDS Prevention). Son rôle le plus connu est celui de Kip dans Rita Rocks (32 épisodes). Il a joué dans New York Section criminelle et Unité spéciale, Haine et passion, Big Love, Cold Case, Criminal Minds suspect behavior....

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6. QUE SERA SERA
(QUE SERÁ SERÁ)


Scénario : Thomas L. Moran
Réalisation : Deran Sarafian

Apparently, Cuddy has widened her sperm donor search to include Neanderthals.

George est un homme obèse de 250 kg. Il a sombré dans le coma dans son appartement et est amené à l’hôpital par les pompiers. House, libéré sous caution, revient à l’hôpital. Mais Tritter ne le lâche pas, et le poursuit pour détention illégale de stupéfiants : il a perquisitionné chez House et a trouvé chez lui un énorme stock de Vicodin. Il le menace d’un procès. Pendant ce temps, George se réveille de son coma en pleine séance d’IRM…


Le scénario de Thomas L. Moran n’a pas de faiblesse particulière mais est trop rigide, sans audaces ni fantaisies qui font habituellement tout le sel de la série. Ceci dit, l’action est menée tempo presto, ce qui n’est pas fréquent dans la série qui préfère généralement prendre son temps. Le cas en particulier fourmille de développements intéressants et bénéficie d’un patient astucieusement dessiné. Quant à la menace Tritter, elle enfle davantage dans cet épisode à la fin incertaine et instaure une tension qui va encore s’accentuer.

L’obésité est un thème qui avait déjà été traité dans Symptômes XXL (saison 1), et George est une version masculine de la tonique Mme Hernandez : assumant son poids et ne voulant rien y changer. Pas étonnant puisque Moran a écrit ces deux épisodes. On sent l’effet de répétition. Si l’épisode n'est pas tout à fait à la hauteur de son modèle, il défend tout aussi bien son plaidoyer pour la différence. Refusant de se plier aux canons, George clame sa fierté d’être ce qu’il est. Hédoniste, adepte de tous les plaisirs (musique, prostituées, et surtout bouffe), il refuse de se modérer, quitte à se détruire. Contrairement au défoncé Kalvin de Partie de Chasse (saison 2), Moran ne le juge pas et même semble le soutenir en approuvant son Carpe diem car George sait où il va, sait ce qu’il veut, à la différence de Kalvin. Mais Moran nuance son propos en le faisant mourir à la toute fin, semblant nous dire qu’une vie de plaisirs consommés à la chaîne mène fatalement à sa perte. Pourtant, après l’annonce du diagnostic létal, George ne regrette rien, et accepte sa mort. Il a aimé profondément sa vie, en a joui au maximum, et tel un sage, se retire. Ce personnage troublant, gros et heureux, est un excellent support à l’épisode. La voix douce et chaleureuse du toujours excellent Pruitt Taylor Vince (bien reprise en VF) fait un curieux effet. Bien entendu, l’équipe n’oublie pas de nous rappeler les méfaits de l’obésité via quelques rappels salutaires qui font particulièrement mouche (a fortiori au pays de la malbouffe que sont les USA).

D’excellents moments de bravoure et/ou comiques : le poids de George qui rend difficile l’IRM, le spectaculaire saut par la fenêtre, House qui donne des surnoms à son patient, George refusant tout examen en rapport avec son poids (tout comme la mère de Jessica à propos de sa fille dans Symptomes XXL), House ordonnant à Chase de rester sur son cul - en clair de ne rien faire - ou encore la scène du patient secondaire qui pourrait servir de maître-étalon sur l‘art et la manière de « vous foutre de la gueule d’un ahuri ». Sans oublier House qui sait vraiment bien plaidoyer sa cause devant son avocat blasé par tant de mauvaise foi.  Le parallèle établi entre George et House est assez poilant : anticonformistes, peu coopératifs, rationnels, aimant la musique et les prostituées… résultat : des échanges avec Wilson assez gratinés !

La guerre est déclarée entre Tritter et House. Leurs échanges perfides sont savoureux : si on ne s’étonne guère des remarques ironiques de House qui n’a décidément pas peur d’insulter un flic, on admire comment ce dernier l'analyse ou se montre aussi adroit que lui dans les concours de vannes (l’entendre dire qu’il surestime son pouvoir de domination est un superbe rabattage de caquet). La découverte de l’énorme sac de médocs (Ne jamais sous-estimer la bêtise d‘un drogué !), dans une scène toute en tension, va de pair avec le personnage de House qui exagère ses actions en tous domaines. Cette révélation fait envisager une hypothèse folle : et si House était shooté en permanence ? Si les patients savaient ça… Wilson tente de sauver House quand Tritter découvre les ordonnances falsifiées, mais Tritter n’est pas dupe. Lorsqu’il le quitte, s’éloignant lugubrement de l’écran, on se dit que la bataille est très mal engagée pour les deux médecins avec un adversaire aussi incisif. David Morse, minéral, imprime la rétine.

Enfin l’épisode ravira tous les fans du Hameron. Ainsi, Cameron ne cesse d’agir en faveur de House (donc contre les règles, voire la loi) : elle convainc ses co-équipiers de faire l’IRM, ment effrontément à Cuddy, s’inquiète davantage du retard de son boss que du patient. La scène finale joue beaucoup sur son attitude à la fois avenante et fermée. Elle refuse de dire à House pourquoi elle l’a aidé. Le spectateur en conclura que c’est par amour mais aussi pour son attirance naturelle envers les « gens cassés » comme House et George, avec qui elle se montre très protectrice. Cameron continue son chemin vers la maturité, délaissant peu à peu ses oripeaux soap, devenant moins lisse, plus rude. Evidemment, le Hameron reste terriblement à sens unique, House ne trouvant rien de mieux que de la traiter de chieuse après qu’elle lui ait sauvé la mise. Jennifer Morrison, en première place, a un investissement comparable à celui de son personnage, et est pour beaucoup dans le succès de ses scènes.

Un crû pas exceptionnel mais de bonne qualité.

Infos supplémentaires :

- Huitième échec de House (ici total) : son patient meurt d'une maladie incurable.

- House arrive généralement à son travail « entre 8h et 10h » (Cameron). Il aime les meubles danois et ce sont les femmes russes qui lui plaisent le plus. L'arrivée de Dominika Petrova en saison 7 confirmera ce fait. Sa guitare est une Gibson Les Paul.

- Chase déteste les obèses.

- Wilson aime les betteraves depuis qu’il a 5 ans. L’acoustique est parait-il excellente entre le bureau de Wilson et la salle de diagnostic différentiel.

- Les médecins remarquent que George a comme symptôme un nystagmus (trouble visuel intempestif). Pruitt Taylor Vince, l’interprète de George, est réellement atteint de ce trouble.

- House surnomme Tritter « Inspector Clouseau », ce qui est une référence à la fameuse comédie La Panthère rose (1963). Au début de l’épisode, il surnomme George « Jabba », ce qui renvoie au fameux « animatromique » du Retour du Jedi (1983), sixième volet de l’héxalogie Star Wars.

Acteurs :

Pruitt Taylor Vince (1960) est une figure familière du cinéma et des séries. Il débuta complètement par hasard dans la comédie : alors qu’il était encore étudiant, une erreur d’ordinateur l’inscrivit dans la classe de théâtre de son université ! Spécialiste dans les rôles de détraqués ou d’hystériques, on peut citer dans sa filmographie Sailor et Lula, L’échelle de Jacob, JFK, Tueurs-nés, Un homme presque parfait, Dans la brume électrique… Sur le petit écran : Code Quantum (épisode Cauchemar), Chicago Hope, Highlander (épisode L’Homme perdu), X-Files (épisode Les Hurleurs), Alias (épisode Volte-face), Justified, Les Experts, Bones, Hawaï 5-0, Deadwood, Médium (épisode Les larmes d’Eros), Mentalist (13 épisodes), True Blood (5 épisodes), The Walking Dead (2 épisodes), etc. Il reçut en 1997 l’Emmy Award du meilleur acteur invité dans une série dramatique dans la populaire série Murder One.

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7. 24 HEURES POUR VIVRE ET MOURIR
(SON OF A COMA GUY)


Scénario : Doris Egan
Réalisation : Daniel Attias

- Genetic tests take forever, you can't just keep testing for every inherited condition you think it might be.
- Well, not me, I'll be leaving early ; but you guys can.

House remarque une akinétopsie (incapacité à voir des objets en mouvement) chez Kyle, 22 ans. Son état s’aggrave soudainement. Convaincu que c’est héréditaire, House se tourne vers la seule famille de Kyle : son père Gabriel, dans le coma depuis 10 ans depuis qu’il a essayé de sauver sa femme lors de l’incendie de sa maison. House parvient à réveiller Gabriel mais seulement pour 24 heures, ensuite il retombera dans le coma. Mais Gabriel semble tout à fait indifférent au sort de son fils et oblige Wilson et House à faire un petit « trip » avec lui s’il veut répondre à leurs questions…

Doris Egan est une des rares scénaristes de la série à être d’une parfaite régularité : auteur d’épisodes systématiquement excellents, elle est gage de qualité. Cela est dû à l’idée initiale de ses histoires, toujours sortant de l’ordinaire. C’est ainsi qu’elle n’hésite pas ici à déformer le canevas de la série avec ce petit road-movie initiatique. Volontairement minimaliste, l’intrigue est efficace car la scénariste mise en fait sur les personnalités de House, Wilson, et Gabriel, franchement opposées, mais forcées de rester ensemble ; tandis qu’elle dresse un portrait d’eux avancé et cohérent. Ce trio central compense la mise à l’écart du patient et de l’équipe. Pas d’urgence ou de suspense mais de délicieux dialogues de velours, une mise en scène épurée, une interprétation sobre mais poignante... et un stressant cliffhanger.

L’épisode semble d’abord prendre un chemin tout à fait balisé, mais quand House se mèle de réveiller le père (coutumière intervention de Cuddy excédée), on suit un tout autre sentier. Première surprise : le père se réveille de son coma. Deuxième surprise : la première chose qu’il demande est… un steak ! Troisième surprise : il se fout comme de l’an 40 de ce qui est arrivé à son fils. Quatrième surprise : pour son unique jour de vie, il demande de manger un panini dans un restaurant italien, etc. Ces continuels virages à 180° qui ne cesseront pas avant la fin de l’épisode surprennent agréablement : impossible de savoir où l’épisode va nous mener. Ces effets décalés sont une sorte d’ersatz à l’humour, quasiment absent de cet épisode (on citera quand même le « ip-odd » ou les mésaventures de Wilson avec les traiteurs italiens).

Gabriel et House sont deux hommes qui aiment le pouvoir, leur cohabitation est donc au départ difficile (Le seul pouvoir qui me reste aujourd‘hui, c’est celui de vous emmerder). L'épisode nous tient grâce au secret de Gabriel dont on est étonné de l'indifférence qu'il porte à son fils. La réponse est astucieusement reportée par House qui lui n’en a rien à faire et ne veut pas le savoir ! Le contrat passé entre eux - Gabriel répond aux questions de House uniquement si House répond aux questions de Gabriel - permet échanges gaiement vifs, et approfondissement des personnages.

La deuxième partie de l’épisode se déroule dans une chambre d’hôtel-casino où les langues vont se délier. Wilson assure le côté décalé avec ses multiples tentatives d’obtenir des paninis italiens (un winner, ce Wilson). On est très touchés quand Gabriel dévoile ses sentiments envers son fils. Piégés par les apparences, cette révélation a l’émotion d’un aveu arraché mais libérateur : c’est la seule fois où Gabriel ose enfin s’emporter, laisser cours à sa douleur tandis que le poids de sa culpabilité est réellement prégnant. Quant à House expliquant la raison qu’il l’a fait devenir médecin, elle est une parfaite réponse à la révélation précédente. A 14 ans, House était déjà House et aspirait déjà à une vie pleine de savoir et d’intelligence, où la joie individuelle n'a pas sa place. Tout à fait le genre de « révélation » qui au lieu de nous en apprendre plus sur le personnage, ne le rend que plus mystérieux. Toute cette partie est un miracle de dialogues au cordeau, oscillant entre ironie, émotion, honte, et douceur. La résolution de l’intrigue aurait facilement pu tomber dans le piège lacrymal. Elle apparaît au contraire d’une lumineuse dignité. La courageuse décision de Gabe, qui voit là sa dernière chance d'avoir sa rédemption est à la fois héroïque et désespérée, à l’image des personnages de la série. Le diagnostic final, très étonnant, couronne magnifiquement ce cas particulier. Quant à House, il semble - enfin ! - reconnaître une partie de ses erreurs et embêté d’avoir embarqué Wilson dans cette affaire de fausse signature et de détention illégale. Un épisode catharsis. Le trio John Larroquette-Hugh Laurie-Robert Sean Leonard est le centre de gravité émotionnel de ce chef-d'oeuvre.

Tritter en rajoute une couche : interrogatoire des médecins ! Cameron, devinant les intentions de l’inspecteur, se met à son tour à mentir pour couvrir son patron et encourage les autres à faire de même, malgré que Tritter devine instantanément leurs jeux. Sans dire que c’est House version policier, il est lui aussi très fort en psychologie humaine (remarquable scène avec Foreman). Et le voir dire à son tour la réplique fétiche de la série Everybody lies ! est un brillant clin d’œil. N’ayant rien obtenu par la voie normale, Tritter passe à la vitesse supérieure et est l’instigateur de l’angoissant cliffhanger final, qui compromet dangereusement l'amitié du Hilson. David Morse continue d'intimider.


Infos supplémentaires :

- Nous apprenons pourquoi House a décidé de devenir médecin : lors d'un séjour au japon, House, âgé de 14 ans, fut témoin d'une scène étonnante : les médecins n'arrivaient pas à diagnostiquer la maladie d'un patient, et demandèrent donc l'avis d'un buraku (membre d'une caste inférieure japonaise, équivalent des dalits [intouchables] indiens) dont le métier était de faire le concierge, mais qui avait d'immenses connaissances en médecine. Ce « moins-que-rien » trouva en peu de temps la maladie du patient, événement qui bouleversa le jeune House.
Sinon, on apprend que House déjeune habituellement « avec » un comateux. Ce doit être celui vu dans Peine de vie (saison 2).

- L'épisode évoque le cas de Terri Schiavo (1953-2005). Cette américaine fut victime en 1991 d'une hypokaliémie (chute du taux de potassium) qui causa un arrêt cardiaque. Dans un état végétatif présenté comme incurable, elle ne mourait pas, et son ex-mari demanda son euthanasie en 1998, mais ne put la débrancher qu'en 2005. Cette affaire déchaîna les passions aux USA, et son nom reste attaché à la lutte pour ou contre l'euthanasie.

Erreurs :
- La scène où House, Wilson, et Gabriel sont à Atlantic City a été clairement tournée à Las Vegas.
- Il est étonnant que Gabriel se lève sans difficulté après 10 ans de coma, alors que ses muscles devraient être dans un état d'atrophie avancée.

Citations :
- House appelle Gabriel le "sleeper" et demande à ce qu'il ne touche pas à "l'orgasmatron", deux termes du film Woody et les robots (1973).
- We've all seen Awakenings. It made me cry. I wanna cry
dit House plus loin, paraphrasant une citation de L'Eveil (1990) de Penny Marshall.
- Enfin, il glisse une allusion à Hannibal Lecter (Le silence des agneaux, 1991), décidément un film qu'il aime bien car ce n'est pas la première fois qu'il le cite dans la série.

- L'émission regardée par House dans sa mini-TV est l'émission de télé-réalité Blind Date, qui prit fin en 2006. Le but de cette émission est de se faire rencontrer intimement des personnes qui communiquent tout en ne se voyant pas. Elle fut adaptée en France sous le titre L'amour est aveugle.

Acteurs :

John Larroquette (1947) abandonna la musique (clarinette et saxophone) pour se tourner vers la comédie après avoir assisté à une répétition d'une pièce de Tennessee Williams. Sa carrière décolla quand il maîtrisa sa dépendance à l'alcoolisme (il a animé plusieurs émissions sur ce thème). S'il a surtout joué au théâtre, il a également joué dans une vingtaine de films mais est surtout connu pour avoir interprété l'assistant D.A. Dan Fielding dans les 193 épisodes de la série Tribunal de Nuit, ainsi que dans 32 épisodes de Boston Justice, et la série de téléfilms McBride (10 épisodes). Il a également animé 93 épisodes durant la sitcom comique qui lui est dédiée : The John Larroquette Show. Mais il a aussi joué dans les séries Kojak (épisode Joyeux Noël), Le riche et le pauvre, Dallas, Joey, Chuck (2 épisodes pour chacun des trois), Remington Steele, A la maison blanche, The practice (6 épisodes), New York unité spéciale, Les Experts : Manhattan (3 épisodes), etc. Ce grand comédien (1m94) est très réputé en Amérique.

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8. JEUX D’ENFANTS
(WHAC-A-MOLE)


Scénario : Pamela Davis
Réalisation : Daniel Sackheim

- You can't lift your arm.
- You can't pee standing up.

Jack, 18 ans, est le tuteur de son frère et de sa soeur depuis la mort de leurs parents. Pendant qu’il officiait comme serveur, il est pris de vomissements, de convulsions, et fait un arrêt cardiaque. House trouve la solution rapidement, mais refuse de la dire à son équipe, voulant qu’elle trouve le diagnostic elle-même. Tritter tente de pousser Wilson à dénoncer House en le privant de son droit de prescription. House, ne pouvant plus prendre de Vicodin, tente de convaincre ses employés de lui en prescrire. L’état de Jack se révèle plus sérieux que ne le pensait House…

Cet épisode rejoint l’essence de la série. L’enquête médicale est une des meilleures proposées par les scénaristes. Le premier tiers, assez décalé, fait démarrer l’épisode dans une ambiance légère grâce au culot d’acier de House. Les deux autres contrastent par leur gravité. Scénario en béton, rythme soutenu, acteurs excellents, triomphe du pessimisme, House grandiose, rupture du Hilson, dialogues en or massif… l’épisode a de nombreuses cordes à son arc et s’impose comme un pic de cette saison 3.

Le cas est magistral, d’un suspense total. D’abord sous les habits de la farce : House tourne le cas en devinette et se moque de chacun d’eux. La meilleure scène est celle avec Cameron où il l’encourage à stresser le patient : Cameron obtempère (quelle évolution depuis le pilote !), puis House se paye sa tête en disant qu’elle est un méchant docteur qui torture ses patients… l’hôpital qui se fout d’la charité. Le gag énorme du contenu de l'enveloppe est tout à fait dans le style de la série. A l’inverse, on vire dans le drame après le brillant rebondissement central avec des diagnostics haletants, des examens soigneusement menés, des scènes climatiques (le sauna, l’effrayante IRM, le cocktail de maladies…) intensément réalisées. Les personnages bénéficient d’une étonnante recherche. Jack bien sûr mais aussi Kama (sa sœur) et Will (son frère). Orphelins, donc forcés d’être plus matures à leur jeune âge. Cela se voit surtout sur Kama, qui envisage sans broncher la mort de Jack. La série aime décidément les enfants matures (on remarquera qu’il savent ce que c’est qu’un anulingus), qui sont toujours des atouts dans des séries.

Jack aime son frère et sa sœur, mais au prix de son existence. Il est condamné à vivre pour eux, et ne peut profiter de sa propre vie. Il culpabilise de cette « mauvaise » pensée pourtant bien naturelle. Lorsque tombe le diagnostic final, exigeant une greffe de mœlle osseuse de la part de son jeune frère, il la refuse, par respect pour lui : il veut attendre la majorité de son frère pour qu’il puisse décider de faire cette opération lourde en toute connaissance de cause. Mais Pamela Davis nous sort un superbe twist : House rend caduc son « courage » en montrant que Jack ne souhaite pas l’opération uniquement pour rester à l’hôpital. Privé si tôt d’un environnement affectif nécessaire, il veut retrouver un ersatz en étant choyé par des médecins. Ainsi, il délaisse sa tâche de deuxième père pour penser enfin à lui, une décision qui questionne grandement nos valeurs morales. La scène d’adieux a une beauté qui n’a d’égale que sa bienvenue brièveté. Quasiment un unhappy end. Patrick Fugit éclaire toutes les facettes de son rôle difficile à interpréter par sa profondeur, les jeunes Cassi Thompson et Tanner Blaze sont aussi irréprochables.

Tritter est absent mais son ombre s’étend sur l’épisode via Wilson, qui voit successivement tout s’effondrer autour de lui jusqu'à son droit de prescription. Bien que House semble n’en avoir rien à cirer, il en subit le dommage collatéral, il n’a plus accès à la Vicodin. Il demande donc à ses « larbins » de lui en prescrire, ce qui permet trois petits solos : Chase fait une entorse à sa servilité habituelle, Foreman se contente d’un non ferme et clair, et Cameron refuse sèchement. Depuis le début de cette saison, elle s’est montrée plus tranchante, plus rebelle envers son boss. House échoue d'ailleurs à la culpabiliser. Que House n’insiste pas avec Foreman signifie bien qu’il a moins d’ascendant sur lui que sur les autres.


House ne veut pas s’avouer vaincu, et tente de calmer la douleur par tous les moyens (poilante scène avec la masseuse). Mais son obstination finit par lui coûter Wilson : fatigué, excédé, par la suffisance de House devant les malheurs qui l’accablent, il finit par lui hurler dessus dans une scène stupéfiante. House ne peut se défendre quand Wilson lui fait remarquer qu’il culpabilise déjà de ce qu’il lui fait : son épaule douloureuse est un avertissement de sa conscience qui sait bien au fond que c’est à cause de lui et non de Tritter, qui n’est qu’un « déclencheur », qu’ils sont dans une telle situation. La rupture du Hilson est très frappante tout comme le fait que le subconscient de House soit plus sensible, plus humain qu’on pourrait le penser. Le quasi one-man-show de Hugh Laurie est festif, on ne dira jamais assez combien sa palette de comédien est immense. Robert Sean Leonard concentre toute la rage de son personnage pour mieux exploser à la fin, effet garanti.

Instant Hameron : remarquez le regard étrange de Cameron et sa sollicitude à débarrasser House de l’écharpe ornant son bras. Ses gestes sont d’une grande douceur et même House semble concentrer un instant son attention sur elle (énorme devil mind en prime).

Infos supplémentaires :

- D’après l’enveloppe utilisée par House, l’hôpital de Princeton-Plainsboro se situe au 10 Burlington Boulevard. Princeton. New Jersey 08540.

- The game is a itchy foot écrit House sur l’enveloppe scellée. Il s’agit d’une réplique que Sherlock Holmes prononce parfois dans ses aventures. House étant modelé sur le personnage de Conan Doyle, cette allusion au célèbre détective n’est pas fortuite.

- House ne semble pas être fana des séries La vie des cinq et Newport Beach, mais dans la VF, il dit apprécier la première.

- Patrick Fugit a joué dans le film Bickford Shmeckler's Cool Ideas (2006) où il partageait l’affiche avec Olivia Wilde. L'actrice intégrera la série en saison 4.

- Une référence à la comédie Mr.Mom (1983) par House qui mentionne le film.

Acteurs :

Patrick Fugit (1982) fait sa carrière surtout dans le cinéma indépendant. Peu prolifique mais très régulier dans la qualité de ses rôles et interprétations, il n’a quasiment jamais tourné pour la télévision : très peu de séries dont Urgences (3 épisodes), et encore moins de téléfilms.


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9. RENDEZ-VOUS AVEC JUDAS
(FINDING JUDAS)


Scénario : Sara Hess
Réalisation : Deran Sarafian

Either you screwed me and you want absolution, or you didn't and you want applause. Either way, I'm not interested.

Alice, 6 ans, est prise de panique et de douleurs intenses alors qu’elle était sur un manège. L’équipe a du mal à traiter son cas car Edie et Rob, ses parents divorcés, ne cessent de se disputer. Tritter augmente sa pression en gelant les comptes bancaires des médecins. House reste sourd aux tentatives d’ouverture de Cuddy et se met à tempêter contre tout le monde, sous l’effet de la douleur qui devient de plus en plus aiguë…

Les scénaristes étonnent par leur capacité à forger des cas toujours plus imaginatifs. Cependant, on regrettera que les personnages du jour soient compassés. L’arc Tritter est au beau fixe, l’inspecteur donnant un tour de vis à la poigne de fer qu’il exerce désormais sur tout l’hôpital. Cuddy, plus présente, dynamise beaucoup cet épisode aux ruptures de ton soudaines mais judicieuses. L’opposition à la fois courageuse et ridicule de House ainsi que l’abattement mêlé de colère du trio donnent une ambiance orageuse. Le cliffhanger final marque la fin de la menace suspendue de Tritter qui a désormais les mains libres pour s’occuper plus directement de House.

Les disputes tonitruantes des parents marchent très bien : quand l’un parle, l’autre s‘oppose. Et cette mécanique apporte toute l’intensité nécessaire, comique (les deux scènes chez l’avocate), ou dramatique (les parents se criant dessus devant leur fille). Chacun veut écraser l’autre sans se rendre compte que leurs désaccords hypothèquent les chances de survie d'Alice : quand la rancœur, la frustration, la vengeance vous guident, on accorde pas d’attention aux dommages collatéraux, et des innocents peuvent en pâtir rappelle la série. Ce faisant, elle continue à enfoncer ses fers de lance dans le Couple, qui après s’être séparé continue à se pourrir la vie. La guérison de la fillette ne ressoudera évidemment pas le couple. Cet épisode est sans doute un des plus noirs sur l’être humain, incapable de compromis sincères, d’aimer durablement, et toujours égoïste. Ce qui manque est cependant un approfondissement de ce couple en mode automatique. Paula Cale et Christopher Gartin luttent difficilement contre les clichés.



Quand Sara Hess se concentre sur l’implosion du groupe, payant les pots cassés de son patron égotique, ça marche du tonnerre. Les disputes, les sautes d’humeur, crépitent à chaque scène, et montent en crescendo au fur et à mesure que les réserves de Vicodin vont decrescendo. Finalement, cela aboutit à une scène terrible : House ordonne qu’on ampute la pauvre petite fille d’un bras et une jambe pour la sauver. L’épisode s’achemine ainsi vers une horrible conclusion (gros plans sur les instruments chirurgicaux absolument glaçants) lorsque survient le retournement final salvateur (vive les lasers !) où à la surprise générale, c’est Chase qui trouve la véritable maladie. House, incrédule que la solution lui ait échappé, est catastrophé par l’énorme bavure qu’il allait commettre. Une fin très inattendue où l’élève dépasse un maître emprisonné dans son orgueil et sa douleur démesurés. Jesse Spencer, entre lâcheté et idéalisme, est convaincant.

Tritter révèle le House en lui : il connaît tout de suite les personnalités de l’équipe. La meilleure scène de l’épisode est son croisement de fer avec Cuddy. Tritter a le dernier mot car Cuddy sait qu’elle a donné trop de chances à House et que ce dernier n’a jamais voulu s’en saisir pour changer. Tritter est là pour lui faire payer l’échéance. Connaissant la rigueur de Foreman, Tritter le culpabilise en lui proposant un odieux chantage : son témoignage contre la libération de son frère qui a bien droit à une « seconde chance » comme Foreman l’a eue. Les fans du Hameron hurleront de joie à entendre Tritter dire à Cameron qu’elle est amoureuse de son patron : il suffit de voir le lien avec son passé (son mari malade) et sa volonté de défendre House à tout crin. Pour Chase, il stimule son côté opportuniste et le compromet devant tout l’hôpital. On en vient à une situation assez délirante avec le trio furieux d’apprendre que leurs comptes ont été dégelés car cela implique que l’un d’entre eux a trahi House. Chase, au courant de la manœuvre de Tritter qui ne vise qu’à les faire douter, ne peut rien dire sans qu’on l’accuse de compromission. Quel tacticien ! House n’est pas dupe mais choisit la stratégie la plus idiote : il persiste dans sa voie de protestation. Les esprits sont très échauffés...


Cuddy fait un sacré numéro. On commence par une bonne enguelade avec House qui pointe un laser sur son affriolant balcon (Lisa Edelstein est sexy au plus haut point), annonçant les futures allusions sexuelles housiennes répétées jusqu’à l’obsession. Elle montre, à l’inverse, sa tolérance pour ses méthodes peu orthodoxes mais toujours justifiées. Mais peut-être aussi, pour les fans du Huddy, son attirance cachée. Elle se retranche toutefois derrière le fait (exact) que c’est pour défendre les intérêts de l’hôpital. Retarder le véritable début du jeu de cache-cache amoureux entre les deux docteurs montre que la série maîtrise son sujet et peut se permettre de faire durer le plaisir. Femme forte, mais souffrant de ne pas être mère, Cuddy tente de compenser en se montrant d’une débordante gentillesse avec Alice. Laissant de nouveau parler son cœur au lieu de rester stoïque, elle multiplie les erreurs de jugement, jusqu’à la terrible scène de la douche où House lui hurle la pire chose qu’il pouvait lui dire. Cuddy, meurtrie au plus profond de sa chair, s’effondre en larmes. Wilson lui-même s’en étonnera : c’est la première fois que House parvient à assommer Cuddy (il y réussira une seconde fois dans Parle avec elle [saison 5]). Nous voyons combien House, déchiré par la douleur, peut perdre tout self-control et combien on peut s’effondrer quand quelqu’un parvient à vous atteindre là où ça fait mal. La variété du jeu de Lisa Edelstein, et les déchaînements de fureur contrôlées de Hugh Laurie sont de purs joyaux.

La bavure médicale de House + une équipe ayant perdu son harmonie + le chagrin de Cuddy = trop c’est trop. Et Wilson va trahir House. Dans Dr.House, dénoncer quelqu'un est aussi un acte d’amitié, et c'est la raison du geste de Wilson. L’épisode se termine sur le sourire sinistre de Tritter. Le durcissement du jeu de David Morse est électrifiant. Encore un happy end qui tombe à l’eau.


Infos supplémentaires :

- Premier épisode où House échoue à trouver le diagnostic qui est trouvé par un autre membre de son équipe (Chase).

- Nous apprenons que Foreman a un frère : Marcus. Et que ce dernier est en prison pour trafic de drogues. Marcus apparaîtra dans l'épisode Passage à l'offensive (saison 6).

- House frappe Chase dans cet épisode, ce genre d'événement reste exceptionnel dans la série. Plus légèrement, House serait arrivé deuxième à un « concours des trucs les plus tordus sortis d’un orifice » en extirpant un laser.

- Clin d’œil à un running gag de la série : dans beaucoup d’épisodes, le lupus est un moment considéré comme hypothèse de la maladie d’un patient. Ici, House dissimule sa cachette à comprimés dans un livre sur le lupus car comme il dit à Foreman : Ce n’est jamais un lupus. Raté, car l’épisode Le dessous des cartes (saison 4) se conclura par un diagnostic de lupus !

- House fait une comparaison entre sa patiente et Le patient anglais (1996).

Acteurs :

Paula Cale (1970) suivit simultanément des études d’enseignement, d’arts plastiques (Fine Arts) et de comédie. Elle opta pour cette dernière carrière. Elle doit sa petite notoriété en étant une des héroïnes de la série Providence dont elle joua 81 épisodes. Actrice de télévision, elle joua aussi dans Cybill (2 épisodes), Ghost Whisperer, Joey (3 épisodes), $#*! my dad says, Pretty little liars, etc. Elle semble avoir arrêté de tourner.

Christopher Gartin (1968) s’est également spécialisé à la télévision : Alerte à Malibu, Madame est servie, Melrose Place (2 épisodes), La vie à cinq, New York police judiciaire, NYPD Blue, Private Practice, True Blood (3 épisodes), Drop dead diva, Numb3rs, Les Experts (2 épisodes), Les Experts : Manhattan, Desperate Housewives, MentalistSouthland, Shameless US etc.

Alyssa Shafer (1998) a mis entre parenthèses sa carrière, encore strictement télévisuelle : NIH alertes médicales, How I met your mother, Las Vegas, Private Practice, Desperate Housewives, Grey’s anatomy, Parks and recreation, et surtout The unit (22 épisodes), etc.

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10. ACCEPTERA… OU PAS ?
(MERRY LITTLE CHRISTMAS)


Scénario : Liz Friedman
Réalisation : Tony To

- What are you gonna do ?
- I thought I'd get your theories, mock them, then embrace my own. The usual.

Un des poumons d’Abigail, 15 ans, se dégonfle. Abigail est la fille de Maddy, atteinte de nanisme, et comme sa mère, aussi de très petite taille. Tritter, fort du témoignage de Wilson, propose un marché à House : ou il passe deux mois en désintox, ou bien ils vont jusqu’au procès, et la prison sera inévitable. House ne veut rien lâcher et ordonne ses pilules de codéine pour résoudre le cas. Cuddy refuse et lui retire le cas. Mais les médecins, privés de House, n’arrivent pas à résoudre le cas. Cuddy cependant refuse de céder et la douleur devient bientôt insupportable pour le diagnosticien…


Encore un chef-d’œuvre. Tritter inspire décidément les scénaristes. A bout de nerfs (saison 1) avait mis en scène un sevrage forcé de House. Cet épisode parvient toutefois à surpasser son modèle. Dans le premier, House se montrait simplement plus désagréable que de coutume, mais ici, il devient carrément infréquentable. Autodestructeur, victime, et bourreau, il est dans cet épisode aussi fascinant que repoussant. Le résultat est éclatant de virtuosité, même si Ecorchés vifs (saison 5) parviendra à aller encore plus loin. La guerre de tranchées que se livrent Cuddy et House, axe central de l’intrigue, est brillante. Le cas du jour, avec une mère qui a du répondant, la pesante semi-absence de House, et l’enchaînement impeccable des péripéties tient en haleine jusqu’à une chute finale proprement stupéfiante.

On démarre très fort avec House vannant sur les tailles d'Abigail et de Maddy, ce qui entraîne de jolis smashs verbaux. Si on peut regretter que l'épisode ne continue pas dans cette voie, le choix de se concentrer sur House, ici encore plus « extrême » que d’habitude, justifie le ton sérieux de l’ensemble. Les diagnostics différentiels sont tenus dans le deuxième tiers dans le bureau de Cuddy, une première (mais pas la dernière). La dispute Cameron-Wilson est excellente : Wilson se défend en disant avoir agi par altruisme, mais Cameron le méprise, convaincue qu’il ne la fait que pour améliorer sa situation personnelle. Ici, Cameron a le mauvais rôle. Les spectateurs connaissent le dévouement total de Wilson et il est certain que c’est pour aider son ami qu’il l’a trahi. Mais Cameron a été métamorphosée par House comme Tritter le lui disait dans l’épisode précédent : dans ses semblables elle voit maintenant davantage le mauvais côté que le bon. Cela la rend meilleure médecin mais moins humaniste, là où Martha Masters, ultérieurement, restera fidèle à son idéalisme. Wilson, ami fidèle et dévoué, prêt à tous les sacrifices, est ici mal récompensé de son courage.


Le cas est efficace et rythmé. L’absence de House donnant une plus grande incertitude aux décisions des médecins, le cas en devient plus urgent. La solution terminale est fantastique : House résolvant le cas à la suite d’une discussion loufoque avec une petite fille, la chute qui en résulte est une des plus renversantes de la série, et d’un irrésistible humour noir. Triomphe des apparences encore et toujours… bouquet final : une dernière discussion entre House et Maddy puis entre Maddy et Abigail sur le concept de la « normalité » : si on veut réagir contre l’ordre du monde, comme le fait un House ou un Numéro 6, doit-on le faire par tous les moyens ? Souffrir mais être fier d’être « différent », le jeu en vaut-il toujours la chandelle ? Les dialogues de cette double scène sont parmi les plus beaux de toute la série, avec happy end total exceptionnel. Merveilleux scénario, superbe leçon de vie. La scénariste Liz Friedman a été touchée par la grâce. Meredith Eaton, actrice réellement naine (1m30), est aussi superbe que talentueuse : mordante d’ironie (surtout dans les deux premières scènes), elle donne beaucoup de pêche à cet épisode.

Conscient qu’on lui tend la perche de la dernière chance, House la refuse pourtant. Et quand House ne veut rien entendre, toutes les Cuddy du monde n’y peuvent rien. Sa vantardise atteint ici des sommets proprement hallucinants : lorsque Cuddy lui retire le cas, il déclare qu’« elle reviendra le supplier ». Pire encore, même si sa patiente est en danger de mort, House préfère la laisser mourir pour que ça serve de leçon à Cuddy plutôt que de revenir sur sa décision. Le sommet est atteint est quand il utilise cet argument contre Cuddy pour la culpabiliser : ce serait sa faute si la gamine mourrait car elle lui a pas donné ses pilules. Et à ce jeu-là, House a le dessus. Il est vainqueur mais uniquement par un stoïcisme cruel. Angoissante question : le manque fait-il devenir House plus méchant, ou bien révèle-t-il sa vraie nature qu’on ne voit jamais car il est shooté en permanence ? Ce magistral anti-héros que l’on pense pourvu d’un cœur enterré sous le marbre de son cynisme, ne serait-il qu’une ordure totale ? On l'ignore alors, et on ne sera que plus rassurés quand il commencera à devenir moins inhumain à partir de la saison 6.


House commet une erreur que lui avait pourtant signalé Tritter dans Que sera sera : il surestime son pouvoir de domination. Il peut faire plier n’importe qui de « normal » : son équipe, Cuddy… mais Tritter n’est pas « normal ». Ce qui marche avec Cuddy échoue sur Tritter qui se bat finalement avec les mêmes armes que House. Or House semble ignorer un fait de taille : supérieurement intellectuellement à la majorité des hommes, ses erreurs de jugement sont en conséquence bien plus graves ; et il l’applique à la lettre : aussi génial soit-il, il commet une erreur d’une débilité faramineuse : il est prêt à risquer la prison et être interdit d’exercer rien que pour ne pas accepter le chantage de Tritter. Et surtout, il accepte une douleur horrible : la scène où Cameron vient le voir dans sa maison montre l’extrémité du personnage qui s'entaille pour contrer la douleur du manque. S’enfonçant dans une sorte de semi-démence, il en vient à commettre l’irréparable, non sans au passage de ravageurs échanges entre lui et Wilson. Wilson, révulsé de le voir plonger si profondément dans les eaux de la déchéance pour satisfaire son ego, abandonne son ami dans une scène impressionnante. Ce coup de fouet lui fait ravaler sa honte et accepter le marché de Tritter… mais c'est trop tard, et c’est sur un corrosif « Merry Christmas » que se termine cet épisode où House est allé au plus profond de son côté sombre. Hugh Laurie explose en homme cassé par la douleur et trop orgueilleux pour se remettre en question, une de ses prestations les plus explosives, Chapeau l’artiste !

Infos supplémentaires :

- House a une tante qui s’appelle Sarah.

- Erreurs :
Quand House demande de la Vicodin à un médecin d’un autre hôpital, ce dernier lui répond qu’il ne peut lui prescrire d’opiacés. Il était prêt cependant à lui donner de la Tylenol contenant de la codéine… qui est un opiacé.
Lorsque House va dans la chambre d’Abigail pour lui annoncer le diagnostic final, on peut voir que le nom de l’hôpital est mal orthographié en haut de la photo de l’IRM : « Plansboro » au lieu de « Plainsboro ».

- La chanson de l’épisode est une chanson populaire : Zat You, Santa Claus ?, interprétée par Louis Armstrong et le groupe des Commanders.

Acteurs :

Meredith Eaton (1974) est connue pour être la première femme naine à avoir interprété un rôle récurrent dans une série américaine en prime time (Associés pour la loi, 14 épisodes). Elle a aussi joué dans les séries NYPD Blue, Les Experts, FBI portés disparus, New York unité spéciale, Boston Justice (18 épisodes), NCIS (3 épisodes où elle joue le rôle d’une personne appelée Carol Wilson !!!), NCIS Nouvelle-Orléans, etc. etc. Elle poursuit en même temps une carrière de thérapeute (ayant fait des études de psychologie clinique tout en ayant quelques cours de théâtre). Elle est un rôle récurrent dans une autre série (co)créée par David Shore : Battle Creek (7 épisodes).

Kacie Borrowman a commencé très tôt une carrière d’actrice et de doublure de cinéma : en tant qu’actrice, elle a joué dans quelques séries comme JAG, Bones, Private Practice… et double régulièrement les enfants ayant des rôles de cinéma ou de séries.

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11. CŒURS BRISÉS
(WORDS AND DEEDS)


Scénario : Leonard Dick
Réalisation : Daniel Sackheim

- House, I just heard that you apologized to Wilson.
- Detoxing. I didn't know what I was saying.

Derek, un pompier, a tout à coup très froid, et se dirige vers un immeuble en flammes. Il n’est sauvé que par l’intervention d’Amy, sa collègue. L’équipe doit de nouveau travailler avec l’aide lointaine de House : Tritter ayant refusé d’abandonner les charges contre House, il a décidé de prouver sa « bonne foi » en suivant une cure de désintoxication. Cameron découvre que l’amour non partagé de Derek envers Amy le tue au sens propre. House ordonne alors que Derek subisse un électrochoc qui lui fera perdre la mémoire, sans savoir qu'il souffre également d’une autre maladie…

Cet épisode laisse des impressions mitigées. Un tempo assez lent gène le déroulement du cas qui mise beaucoup sur des morceaux de bravoure entrecoupés par pas mal de temps morts. Le twist, vertigineusement ironique, intervient trop tôt. La personnalité Housienne est intelligemment conduite, et l’efficace conclusion de l’arc Tritter sonne la fin de cette excellente première moitié de saison.

Le cas souffre de plusieurs défauts dont le moindre n’est pas les trois personnages académiques. Le dépit amoureux de Derek est exprimé avec peu d'émotion. Amy n’a aucun cachet, et son frère est transparent, et les trois comédiens sont assez médiocres, surtout l'inexpressive Meagan Good. Alors oui, il y’a des moments forts comme la spectaculaire strangulation de Cameron, l’électrochoc décisif, ou le twist central qui relance tout. Mais à part ces moments, il faut reconnaître que le cas fait davantage figure de remplissage entre les différentes séquences de l’affaire Tritter. La précipitée résolution finale est bien terne. Reconnaissons que l'incroyable maladie est tout à fait dans le cadre de la série qui prend toujours plaisir à casser la tête aux idées reçus : l’Amour est ici décrit comme un principe chimique qui peut vous tuer physiquement et rapidement !

House en desintox, vous ne l’avez jamais demandé, Leonard Dick l’a fait. Dans la majeure partie de l’épisode, il passe sa cure et semble en avoir ras-le-dos au bout seulement de deux jours. Il essaye de paraître gentil et raisonnable, et nous, pauvres crédules, sommes prêts à le croire. Le fait de se mesurer à un adversaire trop fort, d’être devant un obstacle insurmontable, nous fait souvent réfléchir. House agit-il de même ? Simule-t-il ou non la bonne volonté même « forcée » ? Eh bien, l’optimiste ira de désillusions en désillusions. Ainsi les excuses implorantes de House à Tritter tombent à l’eau : pour Tritter, les mots ne veulent rien dire s’ils ne sont pas suivis d’actes, et il perce à jour House en devinant qu’il n’est pas sincère. S’inscrivant en réaction en désintox pour marquer Tritter, il subit donc des affres, terribles pour lui, comiques pour nous (drogue qui le fait vomir, emmerdement pendant les séances genre « drogués anonymes »…).


Tritter, malgré les efforts de son nemesis, refuse de lâcher l’affaire à notre grande stupéfaction. Ce Javert des temps modernes ne croit pas en la rédemption, et House n’est pas Jean Valjean. Tritter semble devenir vraiment méchant car on est convaincu de la bonne foi de House. C’est sans compter sur le diabolique twist final des dernières secondes : Tritter s’est comporté comme un salaud mais il a eu raison : même les actes de House étaient bidon. Leonard Dick nous culpabilise ainsi de prendre parti pour House, c'est énorme.
Cet épisode est aussi pessimiste que les autres : la rédemption est-elle possible ? Certes, il s’agit ici de House, mais tout changement est douloureux pour chaque homme. Les excès de House forment un miroir explicite quant à tous nos travers humains : ravaler sa fierté, simuler la soumission… tout ça est humiliant, mais pouvons-nous toujours nous y soustraire quand on est sûr de son bon droit ? Le compromis n’est pas dans notre nature et il faut une force mentale forte pour l’accepter. A défaut, nous utilisons la manipulation. Dark, so dark...

Curieusement, House finit par tomber son attitude de révolté et de se replier vers la résignation. Il ne peut rien faire d’autre qu’attendre sa prévisible condamnation. Lorsqu’un homme n’a rien à perdre, il n’a plus de limite. Quelle autre sorte d’homme pourrait quitter une séance de tribunal pour regagner son lieu de travail, envoyant balader la procureure ?!! N’étant plus dans l’incertitude, il gagne une certaine sérénité en résolvant tranquillement le cas. L’étreinte de Cameron semble l’émouvoir brièvement mais il y met fin rapidement. C’est un des rares moments où House ne se moque pas de l’attirance que Cameron a pour lui. Moment Hameronien doucement filmé avec enfin une part de réciprocité…


Le spectaculaire parjure de Cuddy était programmé d’avance, mais reste plein d'effet. House est sauvé miraculeusement mais cherchez pas de happy end : Cuddy a subi la mauvaise influence de House en se parjurant, et pour la peine, lui promet la vie dure dès son retour à l’hôpital ! Lisa Edelstein est réjouissante dans la scène finale, toute en rage contenue et en joie féroce. Mais il y’a un revers : pourquoi l’intolérant Tritter finit-il par souhaiter bonne chance à House, et même lui faire un sourire encourageant à l’issue du non-lieu ? Ca fausse le personnage, et Tritter nous quitte ainsi sur une impression d’incohérence. David Morse, roc massif et talentueux, a quand même bien contribué au succès de son arc. On l’en remercie.

La fin est d’une amoralité sardonique, tout comme A bout de nerfs. Mais l’effet est plus fort car ici l’épreuve de House a duré le temps de six épisodes et non d’un seul… le résultat, identique, est donc encore plus fort : House n’a pas retenu la leçon et semble bien décidé à retourner à sa vie d’avant ! Wilson est consterné mais c’est alors qu’intervient une touche bien trouvée : House s’était auparavant excusé auprès de Wilson de l’avoir entraîné dans cette galère, excuses que nous pensons à la fin de l'épisode factices puisqu'il a tout simulé… mais alors pourquoi est-il allé jusque-là, jusqu’à s’excuser alors qu’il aurait pu ne rien dire du tout ? Et si une fois dans sa vie, il avait vraiment eu des regrets ? House reste ambigu. Mais ici, il nous est permis d'espérer que House s'est montré responsable. Une petite bulle d’espoir qui conclut cet épisode inégal.


Infos supplémentaires :

- Sixième et dernier épisode de la série avec David Morse (Michael Tritter).

- C’est cette fois Chase qui prononce la devise de la série Everybody lies.

- Nouvelle référence à Spinal Tap (1984), toujours via la citation par House consacrée au nombre 11. Et bien sûr, évocation claire et nette de la saga des Harry Potter avec le surnom « Voldemort » donné par House à son infirmier de désintox.

- La chanson de l’épisode est Season of the Witch de et par Donovan Leitch.

Acteurs :

Tory Kittles (1975) parfois surnommé « TK » est un acteur de cinéma qui a commencé sa carrière au début des années 2000. Après avoir eu la révélation avec L’Empire contre-attaque, il étudie la comédie et continue de jouer au basketball. Il a tourné dans plusieurs films, notamment ceux de Joel Schumacher. Il tourne un peu à la télévision : Les Experts : Manhattan, Intruders (8 épisodes), Sons of anarchy (11 épisodes), etc. Son rôle le plus connu est celui du détective Thomas Papania dans la série phénomène True Detective (8 épisodes).

Meagan Good (1981) commence sa carrière très tôt, à 4 ans, dans des publicités. Depuis, elle a étendu son registre au cinéma, à la télévision, et aux clips musicaux. Elle a son premier vrai rôle avec le film La rivière du bayou (1997) où elle partage l’affiche avec Jurnee Smollett (Tracy dans l’épisode L’amour de sa vie). Maintenant, elle passe son temps entre le cinéma et les séries comme Cousin Skeeter (52 épisodes), Cold Case, Californication (7 épisodes), La loi selon Harry, Deception (11 épisodes), New York unité spéciale, etc.

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12. DE PIÈCES EN PIÈCES
(ONE DAY, ONE ROOM)


Scénario : David Shore
Réalisation : Juan José Campanella (crédité comme "Juan J. Campanella")

- Start counting your heartbeats... Stop. How many ?
- 26.
- Okay, either you suck at math, or you're going to die in two seconds... (two seconds later). You suck at math.

Cuddy force House à travailler en consultation deux jours de suite pour payer en partie la dette qu’il a envers elle (voir épisode précédent). Il y rencontre Eve, une jeune femme victime d’un viol. Bien qu’elle n'ait attrapé qu’une MST bénigne, elle reste à l’hôpital dans le cas de sa thérapie. Mais Eve inexplicablement ne veut parler qu’à House, et rien qu’à House. A son corps défendant, le diagnosticien passe du temps avec elle, mais il n’est pas à l’aise : Eve veut parler de tout et de rien, et son comportement échappe à toute logique. Toutefois, un lien finit par se créer entre eux…

Cet épisode est unique dans la série. Il ne contient aucun cas médical et est centré totalement sur la relation entre House et sa patiente. Le personnage ayant l’habitude de n’avoir aucun lien avec ses patients, les codes de la série s’en voient bouleversés. A cause de son rythme très lent, de ses longs dialogues introspectifs, de sa mise en scène minimaliste, cet épisode est très controversé. Pour ma part, je l’ai d’abord détesté avant de le considérer aujourd’hui comme le plus bel épisode de la série, et peut-être son meilleur. C’est dire s’il ne laisse pas insensible ! Le magnifique scénario de David Shore, dont on peut regretter qu’il n’ait écrit que trop rarement, est certes déconcertant tant dans la forme que dans le fond, mais l'alchimie est au rendez-vous. L’épisode doit beaucoup au monumental génie d’actrice de Katheryn Winnick, la meilleure comédienne invitée de toute la série de très loin. D’une hyperexpressivité presque effrayante (larmes, révolte, abattement, rage...), elle est à l’opposé complet de Hugh Laurie qui minimalise au maximum son jeu ; paradoxalement, il n’en est que plus émouvant. Cet épisode hors-normes, d’une grande beauté, touche par sa fausse sécheresse Beckettienne, son art de l’implicite, et sa splendide fin.

Les dix premières minutes sont un festival House et ne servent que de prélude : dispute à pointes perfides entre House et Cuddy, House soudoyant les patients pour qu’ils débarrassent le plancher, House qui fait faire à son équipe des examens inutiles pour avoir la paix, pari d’une absurdité sans nom... survient une brutale bascule dramatique quand une pauvre fille hurle DON'T TOUCH ME !!! quand House veut prendre sa main. Ses yeux rougis de larmes, sa rage contenue, sa pâleur mortelle… l’effet est saisissant avec la comédie des précédentes secondes ! Eve est traumatisée par son viol, mais House, fermé aux états d’âme de ses semblables ne peut rien pour elle. Rien ? Le destin va curieusement en décider autrement…


Eve refuse de parler à un autre médecin que House (excellente scène avec Cuddy, à la compassion impuissante), la dernière personne qui semble utile dans cette situation. Eve ne sait pas pourquoi elle a confiance en House, qu’elle ne connaît pas, mais elle a l'intuition qu'il est le seul homme à pouvoir la comprendre. House se heurte à un comportement inexplicable rationnellement. Il essaye de s’en sortir par la logique pure, car l’inexplicable est sa plus grande peur (intelligente bien que fausse hypothèse du viol inversé). Le coup de folie d'Eve démontre que le lien qu'elle veut forger avec House est une question de vie ou de mort. Et d'ailleurs, House, inconsciemment, a commencé à créer un lien avec elle, se montrant curieux de son état pendant l'entretien psychologique. La parole, primordiale dans l’épisode, est renforcée par la réalisation très épurée de Juan J. Campanella.

Nous savons que House a besoin des autres pour exister (il ne peut travailler sans collaborateurs) mais ses liens sont ou purement professionnels ou dénués de chaleur (Wilson). Or, il doit faire une démarche d’empathie pour soigner sa patiente. Bien sûr, il pourrait s’en aller, car il a pas l'habitude de se soucier des états d'âme des patients, a fortiori souffrant de maladies bénignes. Mais le désespoir d’Eve semble curieusement l’atteindre, sans qu’il comprenne pourquoi. Lui aussi subit cette attraction ineffable. Eve ne veut pas parler de son viol, ni d’elle-même, ni de quoi que ce soit « d’important » ; elle attend de découvrir pourquoi son esprit la pousse vers cet homme. House s’emporte car pour lui toute discussion sur un sujet trivial est du temps perdu. Il ne peut comprendre que l’inertie volontaire est le seul remède contre quelque chose qu’on ne peut contrôler. Et on voit bien que ses tentatives d’action se brisent contre le mur érigé par Eve. Mais House finit par se laisser faire : via ses regards, ses dialogues, son lien avec Eve dépasse son "complexe du Rubik's cube" sans tomber dans le piège de la tension sexuelle qui aurait été hors sujet.


Comment communiquer ? House quémande des conseils à ses « larbins » mais ils se contredisent tous. Cela montre toute la difficulté qu’on a de se mettre à la place de quelqu’un qui a subi un traumatisme dont on ne connaît pas les effets en pratique, et in extenso, la difficulté de dialoguer entre humains tout court. De toute manière, House doit sacrifier une partie de ses idéaux pour la comprendre (lien affectif avec le patient). Crescendo d’intensité psychologique tout le long : la force de House, sa froideur, devient sa faiblesse car gênant son processus d'empathie. Pourtant des fenêtres commencent à s’ouvrir : Eve sent que les blessures intérieures de House correspondent aux siennes, et veut l’obliger lui à se confier ! La scène avec Wilson est révélatrice : House a peur de créer ce lien affectif qui contredirait sa croyance selon laquelle la science explique tout. Tout son monde moral s’effondre. Alors, il veut s’en sortir par le mensonge, mais Eve n’est pas dupe. House se heurte une nouvelle fois à sa froideur, il ne peut comprendre cette simple vérité : notre vie dépend de nos rencontres, qui ne rentrent pas dans un moule là où House veut classer chaque situation sous une rubrique. Aucune situation ne peut être estampillée sous une étiquette, il n’y a que des cas particuliers.

Eve est enceinte de son violeur. Cette révélation ne l’abat pas mais House y est très sensible (son regard quand il l’apprend veut tout dire) ; elle agit comme catalyseur : sa froideur commence à fondre devant la compassion qu'il ne peut s'empêcher d'éprouver pour elle, même s'il la contient (Hugh Laurie calcule son jeu avec une précision vertigineuse). Shore fait dériver son sujet vers l’avortement mais moins pour amener un débat sur le sujet qui serait inapproprié que pour comprendre davantage les personnages et leurs éthiques sur la justice, puis le libre-arbitre et les aléas. Leurs échanges sont de plus en plus philosophiques et bouleversants. Eve et House s'accordent sur le fait que la Vie a un sens, mais la première croit que la Vie a un but, et non House : la première voit la Vie comme un chemin vers un but, le second comme une "fuite des enfers terrestres" ; la première pense que c'est la conséquence ultime (renaissance de l'esprit après la mort) qui donne de la valeur aux actions de la vie terrestre, le second que l'absence de conséquence ultime donne au contraire les actions terrestres leur valeur, même si cela implique qu'il n'y a pas de but dans la vie. Eve ne peut être d'accord avec House car elle veut trouver une raison, une leçon à retenir pour ne pas être prisonnière de son mal. Elle a besoin de croire que sa vie n’est qu’une transition entre le néant et l’après-vie, que de son mal peut naître un bien (le bébé, ou un développement de son courage). Le concept de Vérité est questionné : il est pour l'homme généralement moins fort que les croyances, dont la véracité n'est pas d'important : seuls comptent les effets positifs qu'il tire de ses croyances. Eve croit en l'après-vie parce qu'elle en a besoin, House n'y croit pas parce qu'il en a aussi besoin. Leur lien s'intensifie jusqu'à l'aveu poignant du docteur : Ce qui m’intéresse, c’est-ce que vous ressentez. Il n’avait jamais dit cela à personne. Ils arrivent enfin à communiquer, et Eve comprend enfin pourquoi elle voulait House : elle a senti qu'il est aussi ravagé qu’elle, qu'il comprendrait son traumatisme. Un aveu qui la libère, et lui permet de parler de son horrible nuit. Elle commence sa reconstruction.

L’ultime scène est splendide, Cuddy et Wilson félicitent House d’avoir communiqué avec quelqu’un, mais il n’en est pas satisfait. S’il sait pourquoi Eve l’a choisi, House ne sait pas pourquoi il s’est attaché à elle. Pour nous, c’est évident : House a été chaleureux, humain, compatissant… avec une étrangère. Il est trop désespéré et orgueilleux pour le reconnaître mais n’est pas sorti indemne : Eve lui manque mais il doit retourner à son travail. One day, one room… Entendez, un autre jour, une autre pièce demain, la vie continue malgré tout. Une fin tout en retenue et bouleversante. L’intelligence et la logique du texte n’excluent pas l’émotion, bien présente tout au long de l’épisode. En cela, Shore et Campanella ne sont pas loin d'un Rohmer. Ils sont bien aidés par leurs acteurs qui vivent vraiment leurs personnages.

On n’oubliera pas en parallèle le cas du clochard condamné qui a tout fait pour donner satisfaction à un père indigne qui lui a prophétisé une vie ratée. Mais il ne veut pas rater sa mort, et adopte une solution désespérée : il supplie Cameron de le regarder mourir douloureusement, afin qu’elle soit marquée par lui. Au-delà de son désespoir, ce pauvre homme est le reflet de notre interrogation sur ce que deviendra le monde après nous : que laisserons-nous ? Comment quitterons-nous cette Terre ? Ce personnage apporte une émotion supplémentaire, accentuée par l’impuissance de Cameron, ne pouvant que le contempler pour exaucer sa dernière volonté. Elle en ressort secouée… comme le vieil homme le souhaitait. Geoffrey Lewis est excellent. Une note plus joyeuse : le Huddy émerge dans cet épisode avec House lui faisant des avances. House s'intéressee de plus en plus à son boss depuis qu'elle lui a sauvé la mise.

Que dire de la pulpeuse Katheryn Winnick, si ce n’est qu’elle accomplit un numéro d’acteur comme on en voit rarement à la télévision ? L’émotion faite femme tout simplement. Le fait que sa carrière ait pris un nouvel élan après cet épisode n’est pas anodin.

Ce n’est certes pas un épisode facile, qui se laisse cerner aisément. Un deuxième visionnage peut s’avérer nécessaire. Mais De pièces en pièces est véritablement un épisode inoubliable, qui touche au sublime.

Infos supplémentaires :

- Dans une interview à TVGuide.com, Katheryn Winnick devait déclarer à propos de son personnage : It's probably one of the biggest guest-star roles ever written — not just in terms of the size and amount of material, but in the way it goes very in-depth for a guest star, as Eve goes head-to-head with Dr.House. I don't know how much I can give away, but she's a rape victim who goes through a lot of different stuff within the episode. It was pretty intense while shooting it.

- Katheryn Winnick a joué dans le même épisode d'Esprits criminels que Peter Jacobson, futur interprète du Dr.Chris Taub dans la série. Il s'agit de l'épisode Crimes à la une (saison 1). (Merci à Shinishi du forum Dr.House pour cette info)

- On apprend que House, enfant, a subi des mauvais traitements de la part de son père. Cela explique sa haine envers lui…

- Plusieurs faux raccords dans la scène dans le bureau de Wilson, avec la position de la canne qui ne cesse de changer.

- Les deux chansons de l’épisode sont Listen Here de et par Eddie Harris, et Grey Room de et par Damien Rice.


Acteurs :

Katheryn Winnick (1977) est non seulement actrice mais aussi une émérite artiste martial (3e dan de tae kwon do, 2e dan de karaté) qui a une licence de garde du corps. Cette talentueuse comédienne perce au cinéma depuis plusieurs années, et tient le rôle principal de Lagertha dans la série Vikings (28 épisodes). Elle a illuminé de sa présence les séries Sydney Fox, Oz, Les Experts (les trois séries), Esprits Criminels, New York police judiciaire, New York section criminelle (2 épisodes), Bones (7 épisodes), The Glades, Person of Interest, Nikita, etc. Sa carrière d'actrice décolla après sa participation à cet épisode.

Geoffrey Lewis (1935-2015) étudia les arts dramatiques mais commence par faire quelques one-man-shows. Quelques apparitions plus tard dans des musicals de Broadway, il se consacra enfin aux écrans à partir des années 70. Il a derrière lui une immense filmographie. Il a joué dans près de 60 films dont certains très prestigieux (L’homme des hautes plaines, La porte du paradis, Minuit dans le jardin du bien et du mal, Doux, dur, et dingue…). Il a joué dans de très nombreuses séries telles Mannix (2 épisodes), Cannon (épisodes Le cobaye et Le pigeon), Bonanza, Mission : Impossible (épisodes La Vérité et La Lettre), Gunsmoke, Kung-fu, Starsky et Hutch, Les Rues de San Francisco (épisode L‘école de la peur), L’homme qui valait 3 milliards, Hawaïi police d’Etat (épisode Une bonne couverture), La petite maison dans la prairie, L’agence tous risques, Magnum, Dawson (2 épisodes pour les quatre), Tonnerre de feu, Falcon Crest (9 épisodes), L’homme qui tombe à pic, Histoires fantastiques, McGyver, Walker texas ranger, Arabesque (4 épisodes), X-Files (épisode Photo mortelle), Nip/Tuck, Cold case, New York section criminelle, Earl, Esprits criminels, etc.

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Crédits photo: FOX.

Images capturées par Clément Diaz.

 saison 1 saison 3

DR HOUSE

SAISON 1

 


PRÉSENTATION DE LA SAISON 1

Cette saison met en place toutes les caractéristiques de la série. Les enquêtes médicales, façon Experts, fascinent tout de suite par l’importance donnée au vocabulaire scientifique, aux tests, et à la méthode socratique du diagnosticien, échangeant ses hypothèses avec celles de son équipe. La première ère de la série (qui va jusqu’à la saison 3) est caractérisée par un soin scrupuleux du cahier des charges demandé : peu d’interférence dans la vie privée des docteurs, les enquêtes médicales d’abord, absence d’arc narratif principal (n’empêchant pas de brefs arcs secondaires)… Si les ères suivantes de la série assoupliront ce cadre, il restera de première importance. Cependant, d’autres ingrédients comme le mélange parfait entre humour (acide) et dramatisme, la complexité et le charisme de House, la compétence et la complémentarité des médecins, les répliques qui font mouche, l’éthique déontologique allégrement balancée à la corbeille etc. resteront fermement jusqu’à la fin. Hormis House, les trois médecins sont Eric Foreman (Omar Epps), neurologue, Allison Cameron (Jennifer Morrison), immunologue, et Robert Chase (Jesse Spencer), chirurgien. Cette équipe sera remplacée en saison 4 sans que les personnages disparaissent cependant de l’écran. Ils ont environ 30 ans, viennent juste de sortir de leurs longues études de médecine. Chacun a son caractère, et participe à la diversité de la série.

Présentation également de deux autres personnages importants : James Wilson (Robert Sean Leonard), oncologue, et Lisa Cuddy (Lisa Edelstein), endocrinologue, et directrice de l’hôpital où officient nos héros. Le premier est l’unique ami de House mais dont la relation tranchante et souvent agitée en fait une relation curieuse et déséquilibrée, très « amour vache ». Le « Hilson » (House-Wilson) est au rendez-vous dès le pilote, s’imposant comme la plus improbable (et une des plus riches) histoire d’amitié du petit écran. La deuxième a avec House une relation conflictuelle, pleine d’enguelades et de tension sexuelle, dans la lignée des grands couples mixtes qui ont jalonné l’histoire de la télévision. Evidemment, ce conflit n’exclut pas le respect mutuel.

Les « ships » amoureux de la série sont pour le moment absents ou simplement évoqués. Dans le « Hameron » (House-Cameron), Cameron tente de séduire son patron et de briser sa glace. D’abord implicite, il devient un sujet central dans les épisodes 19 et 20 avant de s'estomper. Le « Houcy » (House-Stacy) est évoqué à partir de l’épisode 21. Il fascine derechef par son contenu turbulent, alternant (beaucoup d’) éclairs et (peu de) calme. Curieusement, alors que Dr.House admet l'influence des Experts ; l’interprète de Stacy, Sela Ward, intégrera l’équipe de Mac Taylor dans la saison 7 des Experts : Manhattan !

Deux petits arcs secondaires pimentent cette saison. La première allant de l’épisode 14 à l’épisode 18 met en scène l’affrontement acéré entre House et le nouveau directeur du conseil d’administration Edward Vogler qui goûte fort modéremment ses méthodes. Le deuxième commence à l’épisode 21 et reste en suspens à la fin de la saison, faisant entrer en scène l’ex-compagne de House et son nouveau mari.

Enfin, une note légère. Jennifer Morrison et Jesse Spencer se rencontrèrent sur le plateau de la série, et commencèrent à sortir ensemble dès le début de la saison. Il est possible que cela ait influencé les scénaristes par la suite…

Cette saison réussit parfaitement son contrat en présentant idéalement tous les atouts de la série. Le traitement scénaristique s’avère génialement architecturé grâce aux thématiques proposées (amour possessif, dilemmes moraux, dérapages de l’industrie pharmaceutique, maturité précoce forcée, attaque contre les règles canoniques sociales…). La saison 1 de Dr.House ouvre on ne peut mieux la série.

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1. LES SYMPTÔMES DE REBECCA ADLER
(PILOT – EVERYBODY LIES)



Scénario : David Shore
Réalisation : Bryan Singer
 
- Everybody lies. [...]
- Isn't treating patients why we became doctors ?
- No, treating illnesses is why we became doctors. Treating patients is what makes most doctors miserable.

Une jeune institutrice de 29 ans, Rebecca Adler, s'écroule dans sa salle de classe, victime de convulsions. Son cas provoquant la perplexité des médecins, elle est confiée à une équipe de jeunes docteurs créée et dirigée par le brillant mais cynique Dr. Gregory House. Ce dernier a accepté de mauvaise grâce son cas à la demande du Dr.Wilson. Tout en essayant de la soigner, les médecins de House s'aperçoivent que ce dernier ne les a pas choisis pour leurs facultés mais pour un motif bien à lui, ce qui n'est pas sans les contrarier. Parallèlement, Lisa Cuddy, directrice de l'hôpital, ne cesse d'entrer en conflit avec lui. Pendant ce temps, la santé de Rebecca Adler se détériore rapidement...

La série prend un excellent départ avec cet épisode pilote qui introduit efficacement les personnages principaux de l'histoire tout en exposant les atouts de la série. En premier lieu, les personnages.

Nous rencontrons d’abord le Dr.House, médecin tout à fait hors normes et qui tranche avec toutes les autres figures de médecins des précédentes séries médicales (voir Présentation de la série). La célèbre citation "Everybody lies" (Tout le monde ment), titre original de l'épisode et qui est la devise du docteur, est prononcée dès cet épisode et sera presque toujours le soubâssement des intrigues. Ce docteur sans blouse qui différencie patients (sans intérêt) et maladies (sa passion), vérité et bonheur, médecine et humanisme, attire tout de suite le public par son originalité.

Les cinq autres personnages principaux de la série sont bien rendus. Un exploit de la part de David Shore et Bryan Singer qui nous donnent des esquisses poussées de chacun des personnages en seulement un épisode. La sensibilité de Cameron, le professionnalisme de Chase (ici en retrait), la rigueur de Foreman, se rejoignent harmonieusement pour former une équipe compétente, mais parfois en proie aux dissensions. Foreman doit renouer avec les démons de son passé pour éviter le décès de sa patiente tandis que Cameron avoue une fragilité qu’avait détectée House. Nous nous situons loin des sentiments élémentaires et des problèmes classiques de certains héros de séries télé.

Mais les deux personnages qui se détachent le plus (hormis House) sont James Wilson et Lisa Cuddy. Le premier, seul ami de l’irascible docteur, entretient pourtant avec lui des relations tendues (la dernière scène, bien que calme, ne cache pas le malaise entre les deux amis) et ce dès la première scène où ils discutent du cas Adler. Aimable, souriant, et chaleureux, c’est le personnage le plus sympathique de la série, porté par l’interprétation de Robert Sean Leonard. La deuxième se distingue par sa relation crépitante, corrosive et tendue avec House, accentuée par la composition cynique de Lisa Edelstein. Ce duo étincelant n’est pas sans rappeler la relation entre Steed et Cathy dont elle est quasi un copié/collé. D’ailleurs, la suite des événements nous montrera que Cuddy respecte House en dépit de ses manières ampoulées. Ce duo est donc dans la tradition des duos mal assortis qui se disputent tout le temps, atout considérable dans les mains de scénaristes intelligents. C’est le cas ici : toutes leurs scènes tournent au vinaigre (scène de l’ascenseur, dans le bureau de Cuddy…) pour des rafales de piques tout à fait réjouissantes !

En parallèle, quelques rituels de la série sont déjà posés comme le walk and talk : ce procédé (crée par le scénariste Aaron Sorkin et le réalisateur Thomas Schlamme) où les personnages parlent tout en marchant vers la caméra qui ne cesse de reculer, dynamisent les scènes dialoguées en leur donnant une impression d'urgence - les 1m85 de Hugh Laurie sont un plus indéniable. Également, les séances de diagnostic différentiel où l’équipe, via les symptômes du malade, émet des hypothèses pour trouver le diagnostic. Le langage essentiellement scientifico-médical est difficile, mais la rapidité de ces scènes ainsi que les explications finales (incluant schémas et vidéos) font que le public lambda comprend tout ce qui se passe. Il y a aussi les poilantes séances de consultation : Cuddy ayant réussi à contraindre House à en faire (chose qu’il abhorre), nous survolons, comme contrepoint au cas grave de Rebecca, trois cas annexes très drôles. House carbure à l’humour noir (et au Vicodin) dans ces scènes où il se moque ouvertement des patients, balance son diagnostic sans fioritures pour terminer au plus vite ce détestable travail : la scène avec le patient « orange » est un excellent exemple où il lui annonce en même temps ses ennuis de santé… et conjugaux ! Pendant les premières saisons, nous aurons droit à ces « intrigues secondaires » qui apportent un humour noir seyant à l’atmosphère de la série.

Le pilote prenant le parti de présenter les personnages et les atouts de la série, l’intrigue est un peu au second plan. Mais nous nous attachons rapidement à la descente aux enfers de Rebecca qui sombre dans la maladie au point de devenir méconnaissable. L’interprétation de Robin Tunney est magistrale en tous points, touchante et vibrante au fur et à mesure que la mort se rapproche, donnant une grande émotion lors de son unique rencontre avec House. Leur scène, sommet de l’épisode, présente deux fiertés blessées à fleur de peau. Nous apprenons pourquoi House est condamné à vie à marcher avec une canne. En même temps, lui et Rebecca doivent faire face à leurs contradictions idéologiques. Dès le début, la série se montre capable d'émotion dépourvue du pathos classique hospitalier tout en posant des questions éthiques et philosophiques au spectateur : Que signifie vivre "dignement" ? Y'a-t-il une mort "belle" ? Pourquoi nous jugeons-nous par rapport aux autres puisque nous n'en tirons aucun profit ?

Quelques longueurs desservent l’ensemble mais il y a aussi des scènes assez fortes comme la crise convulsive (un gimmick de la série) et la trachéotomie, filmées en montage rapide, qui donnent quelques coups de fouet à l’épisode. La chanson des Rolling Stones You can't always get what you want, utilisée dès cet épisode, reviendra de temps à autre dans la série, jusqu'à en devenir sa chanson emblématique.

Bref, une entrée en scène assez réussie !

 

Infos supplémentaires :

- Le pilote durait originellement 47 minutes 30. David Shore dut couper 4 minutes pour qu'il puisse être diffusé. Il fut nommé aux Emmy awards dans la catégorie meilleure musique d'épisode.

- House et Cuddy font référence à Mick Jagger (le philosophe Jagger déclame House) avec la chanson des Rolling Stones : You can’t always get what you want, entendue à la fin de l’épisode. Cette chanson deviendra indissociable de la série qui la réutilisera de temps en temps. Elle fut d'ailleurs également la première chanson entendue dans le pilote de Californication. Cette référence est la première manifestation de la grande érudition de House en matière de culture contemporaine. Cuddy mentionne également le médecin nazi Mengele et la sinistre affaire Tuskegee (1932-1972) où à leur insu, 399 patients noirs atteints de syphilis ne furent pas soignés à la pénicilline dans le cadre d'une expérience sur l'évolution de la maladie quand elle n'est pas traitée.

- Le nom de la patiente, Rebecca Adler, est une référence claire à Irène Adler, seule femme ayant tenu tête à Sherlock Holmes (Un scandale en Bohème). Dans l'épisode Le divin enfant (saison 5), Wilson prétendra que House est tombé amoureux d'une patiente appelée Irène Adler.

- Foreman a été choisi parce qu’il était un ancien cambrioleur qui avait volé à 16 ans une famille (les Felker). Ce fut son professeur de gym qui le signala à House. Cameron parce qu’elle est très jolie, et Chase parce que son père (un ancien médecin) a téléphoné à House. Cameron a tenu sans casier judiciaire jusqu’à 17 ans mais on ne saura jamais ce qu'elle a fait.

- Nous en saurons davantage sur les circonstances de l’irréversible infarctus de House dans le 21e épisode de cette saison : Cours magistral.

- Foreman a étudié à l’université Johns-Hopkins. C’est une des meilleures facultés de médecine américaines. Fondée en 1876 à Baltimore, elle accueille la crème des étudiants en médecine de tous bords avec ses cours de très haute qualité. Sa sélection drastique (seul 1 postulant sur 4 parvient à y entrer) en fait une école très exigeante et de renommée internationale. Elle est classée 13e meilleure école de médecine à l’échelle mondiale.

- House regarde en secret des magazines érotiques (Les 100 célébrités les plus sexy). Il est également fan de la série médicale Hôpital Central (General Hospital en VO) dont il préfère regarder les épisodes plutôt que de soigner ses patients. Cette série existe réellement : c'est un soap opera toujours en cours de production depuis 1963. Plus de 12 000 épisodes (de 52 minutes chacun) ont vu le jour, et la série est encore un grand succès outre-atlantique. Il s'agit des premiers indices de la prédilection de House pour l'érotisme et la pornographie, et pour les soap operas.

- Erreurs de continuité : Rebecca Adler a un pull bleu dans le bus qui vire au vert quand elle entre dans l'école. Quand elle entre en classe, une petite fille aux longs cheveux marrons est assise au premier rang, mais est debout l'instant suivant. Erreur médicale : Rebecca Adler prend de l'Albendazole mais ce médicament devrait en fait empirer son état, des stéroïdes seraient plus appropriés. La présence d'objets en métaux pour la trachéotomie d'urgence est douteuse car la machine d'IRM devrait les attirer comme un aimant. Les bandages de Rebecca après la trachéotomie sont placés trop haut. Erreurs factuelles : General Hospital est diffusé au New Jersey à 15h, et non à 13h comme le dit House. Le générique de fin crédite Rekha Sharma comme "Reika".

Acteurs

Robin Tunney (1972), d’origine irlandaise, fait ses études à la Chicago Academy for the Arts puis apparaît dans quelques séries (Corky, Perry Mason…) avant de parvenir à la reconnaissance dans son rôle d’une jeune fille suicidaire dans Empire Records (1995). Elle continue depuis de tourner au cinéma (meilleure actrice à la Mostra de Venise dans Niagara, Niagara) : Vertical Limit, The Zodiac, La Fin des temps… Mais c’est dans les séries qu’elle trouve le plus de succès avec son personnage de Veronica dans la première saison de Prison Break et surtout celui de Teresa Lisbon, la cheftaine de Patrick Jane dans Mentalist (151 épisodes).

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2. TEST DE PATERNITÉ
(PATERNITY)


Scénario : Lawrence Kaplow
Réalisation : Peter O'Fallon

— What are you doing back here ? A patient ?
— No, a hooker. Went to my office instead of my home.

Un adolescent de 16 ans s'écroule pendant un match de cross. Il souffre depuis de terreurs nocturnes et de troubles moteurs inquiétants. De nouveaux symptômes apparaissent par la suite, invalidant systématiquement les diagnostics successifs de l'équipe. House soupçonne non seulement que les parents du malade lui ont menti mais aussi que le père de l'enfant n'est pas son véritable père biologique et en fait le pari avec son équipe. Cependant, une surprise l'attend en fin de course...

Après nous avoir donné un très bon pilote, la série accuse déjà une petite faiblesse dès le 2e épisode. En cause une distribution encore un peu maladroite des atouts de la série.
Alors que le pilote nous offrait de bons moments d'humour noir, force est de constater que House n'est ici guère en verve à quelques exceptions près (lecture de magazines dans la salle d'examen), il se contente uniquement de poser des diagnostics qui foirent. Le principal intérêt de l'épisode est justement ce comique de répétition bien noir voyant nos docteurs se tromper et aggraver l'état du patient à chaque échec. Pour secouer une action un peu indolente est ajouté la réussie scène de suspense de la disparition de Dan, et la scène du toit où le spectateur peut tout supposer, même le pire. Le recours utilisé par House pour savoir qui est le vrai père est assez hilarant... et le résultat sera très surprenant, belle idée du scénariste ! Le diagnostic final est également bien trouvé, un concours de circonstances improbable bien que crédible ayant abouti à une maladie rarissime.

L'équipe de House ne brille guère dans cet épisode (on notera quand même le "plaquage" de Chase et le talent de faussaire de Cameron), tout comme Cuddy, malgré un amusant pari entre elle et son employé. Les "intrigues secondaires" marchent une fois sur deux : on se moque absolument du patient blessé au genou pour s'intéresser à la mère "contre les vaccins", plus piquante ; elle est d'ailleurs symptomatique des dérives auxquelles certains pharmaciens et médecins peuvent se laissent entraîner, causant une défiance parfois légitime. House admet que quelques confrères ont un peu abusé de la confiance de ses patients. On signalera que pour la première fois, House résout le cas principal en s'occupant d'un cas secondaire qui lui inspire la solution. Par la suite, ce sera plus en s'occupant d'une tâche non médicale qu'il aura l'illumination (reconnaissable à la tête caractéristique de House à ce moment-là, le running gag le plus fameux de la série).

Le jeune Scott Mechlowicz est trop lisse dans son personnage d'adolescent tourmenté. Les parents, un peu absents, sont plus marquants par leurs zones d'ombre. La scène de la cafétéria où House leur débite tous les symptômes de leur fils, alors qu'il ne l'a jamais vu devant leur air hébété est une première manifestation de son prodigieux esprit de synthèse utilisé ici pour épater le spectateur (et on marche). Le gag final - car c'est bien un gag - termine l'épisode sur une bonne note, car House aurait pu éviter une coûteuse analyse de 3 200 $ s'il avait mieux observé son patient, comme quoi, la méthode House n'est pas parfaite !

On l'aura compris, cet épisode a du suspense mais ni l'humour (transparent) ni l'interprétation (inégale) ni le scénario plein d'idées et de longueurs, ne suivent véritablement. Tous les atouts de la série sont présents mais à petite échelle.

Infos supplémentaires

- L'épisode fut nommé au Golden Reel award du meilleur montage sonore.

- Premier épisode de la série à comporter un pari de House. Cela deviendra une running joke de la série.

- House réalise un test ADN en s'emparant du gobelet de café laissé par le père qui y a laissé ses empreintes. Il (ainsi que Wilson) réutilisera la même idée dans l'épisode De confessions en confessions (saison 8) pour obtenir l'ADN de Taub ; mais ce dernier se montrera plus vigilant !

- Nous découvrons le générique de la série. Originellement, il s'agit d'une brève (une trentaine de secondes) version instrumentale de la chanson Teardrop du groupe Massive Attack. Cependant, pour une question de droits, il n'est pas diffusé en France. À la place, un morceau électronique composé spécialement est entendu. La musique originale sera quelque peu modifiée dans les saisons suivantes.

- Cameron n'est pas fille unique. Nous apprendrons ultérieurement qu'elle a un frère aîné, sans plus de précisions. Durant leur temps libre à l'hôpital, Cameron trie le courrier de House, tandis que Foreman et Chase font des mots croisés. Cette scène avec Foreman et Chase est en fait extraite d'une scène coupée du pilote.

- On aperçoit pour la première fois une partie de l'appartement de House. On remarque un piano. Il est en effet musicien et joue souvent de cet instrument. Il s'agit entre autres d'un hommage à Sherlock Holmes qui était lui aussi musicien (il jouait du violon).

- La chanson de l'épisode est On Saturday Afternoons in 1963 de Rickie Lee Jones.

- Quelques erreurs dans cet épisode :
Lorsque Chase fait des mots croisés, on peut voir le mot cretinism écrit sur la grille, pourtant il demande ce même mot à Foreman juste après ! Erreur de House : pour ne pas oblitérer les empreintes digitales, il met les gobelets dans du sac plastique. Problème : le plastique peut modifier l'ADN. Il aurait mieux valu des sacs en papier. Enfin, à la fin de l'épisode, on fait passer l'aiguille à travers la cornée : c'est très dangereux car cela peut endommager la vision, même sous anesthésie. Il vaut mieux passer à travers la sclère (le blanc des yeux). Enfin, House a changé de chaussures entre le moment où Wilson le surprend en salle de consultation et le moment où il établit le diagnostic différentiel.

Acteurs :

Scott Mechlowicz (1981) a commencé sa carrière avec un rôle comique dans un film d'ados (Eurotrip) puis se tourne rapidement vers le drame (il reçut un prix pour son interprétation dans Mean Creek, un film indépendant). Sa participation à Dr.House, un de ses premiers rôles, est son seul référencé pour la télévision.

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3. CHERCHEZ L'ERREUR
(OCCAM'S RAZOR)


Scénario : David Shore
Réalisation : Bryan Singer

— I think your argument is specious.
— I think your tie is ugly.

Après un rapport sexuel fougueux avec sa petite amie, Brandon, 22 ans, s'écroule, inanimé. L'équipe de House est perplexe : aucune maladie n'explique les symptômes du jeune homme. House pense qu'il a attrapé deux maladies simultanées tandis que Foreman pense qu'il n'y en a quand même qu'une seule. L'équipe s'interroge sur House, doivent-ils toujours lui obéir en tous points ? De plus Chase paraît troublé par l'influence que Cameron exerce sur lui...

Cet épisode s'impose d'emblée comme un chef-d'œuvre, car contrairement au précédent, tous les atouts de la série sont distribués avec brio, avec en plus un scénario enchaînant les rebondissements avec maîtrise.
L'intrigue du jour prend le contrepied habituel des intrigues traditionnelles de la série : alors qu'en temps normal House et son équipe hésitent devant plusieurs maladies, ici aucune ne convient ! Cela permet un suspense plus incisif, notre équipe étant tout à fait sans repères. La complication du cas, classique dans la série, aide normalement les docteurs grâce aux symptômes supplémentaires ; mais ici, l'absence de repères dès le début ne les éclaire pas davantage. Nous sommes vraiment en plein "polar" médical où le but n'est pas de chercher le symptôme "coupable" qui débloquera tout mais le symptôme "innocent", le symptôme en trop qui paralyse la recherche. Un jeu perpétuel sur la corde raide, couronné par un triple rebondissement final. Ce cas joue avec virtuosité sur différents registres : humour noir, malaise, attente, inquiétude...

Les cas secondaires sont très gratifiants, provoquant le rire par les vannes de House qui se prend comme d'habitude pour Sherlock Holmes : le cas de la femme aux ennuis professionnels ou encore le gars qui a avalé un mp3 - entre autres - permettent à House de sortir tout son humour corrosif pour notre plus grande joie entre deux parties de Game Boy Advance (on connaît son amour des consultations).
En filigrane, un défilé de scènes amusantes pimente cet épisode. Ainsi, l'introduction de la scène sexuelle vigoureuse - avec femelle dominatrice - annonce certains épisodes qui démarreront similairement (bon, Kevin Zegers porte toujours son caleçon pendant la scène, mais on est sur la puritaine FOX). La série posera souvent un regard ironique sur le sexe, optique médicale oblige), les séances de diagnostic différentiel sont très drôles (la grande tirade jem'enfoutiste de House), Foreman surprenant le regard intéressé de Chase sur la belle Cameron, Chase mettant un point d'honneur à nier en bloc avec autant de conviction que s'il disait manger des araignées Tchernobylisées au p'tit dej, les sérénades discordantes entre Cuddy et House (répliques mortelles à tout va !), sans oublier le petit cours de Cameron : que se passe-t-il dans notre corps quand on fait l'amour ? La réponse, tragi-comique, devrait décourager les obsédés de la "chose" !

Cependant, la gravité demeure présente : tension entre la fiancée et sa future belle-mère, implicite mais bien réelle (scène de la pharmacie, parents ignorant superbement la compagnie de leur fils), Foreman s'opposant à House, Wilson reprochant à House d'humilier sans cesse son équipe sans oublier la confrontation entre House et les parents de Brandon, assez malaisée (quand on connaît le doigté de House !).

L'épisode bénéficie par ailleurs d'une excellente interprétation : Kevin Zegers joue correctement son rôle de malade tandis qu'Alexis Thorpe, qu'on a rarement vu aussi bien, joue excellement la fiancée inquiète. Faith Prince et John Kelly sont des parents un peu caricaturaux mais pas désagréables. Les acteurs sont en grande forme, Lisa Edelstein et Hugh Laurie en tête bien sûr. Robert Sean Leonard existe davantage, ses scènes avec House où il parle des différences entre réalité et rêve ou de respect de l'autre sont astucieusement dialoguées. Jennifer Morrison, bloquant son jeu, joue en-dessous de ses capacités. Généralement, l'actrice ne sera pas au même niveau de jeu de ses partenaires - c'est particulièrement visible en saisons 1 et 2 - voguant entre monolithisme et cabotinage entre deux prestations plus abouties. Cependant, son jeu s'améliorera au fil de la série.

Bref, un superbe épisode, à ne pas rater !

Infos supplémentaires

- House est médecin depuis 20 ans. Malgré ses méthodes peu déontologiques, il a toujours refusé de faire du "lèche" à sa patronne pour obtenir une faveur. Il admettra toutefois un point de rupture dans Acceptera... ou pas ? (saison 3). Il joue pendant les consultations à la Game Boy Advance SP. Le jeu en question est Metroid Zero Mission - bien que les effets sonores ne correspondent pas à ce jeu. Nous le voyons pour la première fois réfléchir pendant plusieurs heures sur le cas de son patient. Lorsqu'un cas s'annonce ardu, il est prêt en effet à rester dans son bureau pour y réfléchir jusqu'à ce qu'il trouve la solution, quel que soit le temps que cela prenne.

- Nous voyons également pour la première fois Cuddy pratiquer sur un patient.

- La légère calvitie de Hugh Laurie est en partie visible durant cet épisode. Pendant toute la suite de la série, les producteurs le feront coiffer de telle manière qu'elle n'apparaisse pas.

- Le rasoir d'Occam, titre et thème de l'épisode, est un principe logique formulé par le moine franciscain Guillaume d'Occam (1285-1347) : Pluralitas non est ponenda sine necessitate (Les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité). Il signifie qu'entre plusieurs hypothèses, la plus simple et la plus élégante logiquement est la meilleure. Base de la logique scientifique, il encourage devant des phénomènes ou problèmes compliqués à rechercher une solution claire (claire et non "facile"). Cet outil, qui a pourtant plus d'intérêt théorique que pratique, est très utilisé dans les œuvres de fiction, en premier lieu Sherlock Holmes qui, sans la nommer, applique cette théorie dans de nombreuses déductions. L'épisode en question montre bien l'application de cette méthode : la solution du jour en effet est claire, d'une logique implacable mais terriblement difficile à trouver... On orthographie parfois Occam en Ockham.
L’anti-rasoir de Chatton, exprimé par un contemporain d’Occam, est un contre-argument à cet outil logique…

- La chanson de l'épisode est One is the loneliest number (1967) de Harry Nilsson et interprétée par le groupe Three Dog Night, leur version permit à ce groupe pop-rock-soul d'atteindre le succès.

- Erreurs :
House dit que la sinusite et l'hypothyroïdie couvrent tous les symptômes du patient : mais l'éruption cutanée (rash) n'est pas un symptôme de ces deux maladies. Foreman provoque involontairement un battement ectopique (battement de cœur irrégulier), mais lorsqu'on regarde l'écran du moniteur, on s'aperçoit que le battement est tout à fait régulier.

Acteurs :

Kevin Zegers (1984) est à la fois mannequin et acteur. Il est surtout connu pour avoir joué dans la franchise Air Bud le rôle de Josh Framm. Il a tourné également dans plusieurs films d'horreur canadiens. Son rôle dans le film Transamerica lui a valu le trophée Chopard au Festival de Cannes. Il continue de tourner au cinéma sans dédaigner la télévision, étant déjà apparu dans plusieurs séries comme X-Files (épisode Révélations, saison 3), Titans, Smallville... Il joue depuis à la télévision dans des rôles récurrents (10 épisodes de Gossip Girl) ou principaux dans des mini-séries (Titanic : Blood and Steel, Gracepoint...)

Alexis Thorpe (1980) est surtout connue pour avoir joué pas moins de 228 fois le rôle de l'étudiante Cassie Brady dans le soap opera Des Jours et des Vies. Cette ravissante jeune femme commit également le rôle de Jennifer dans American Pie 3, apparut deux fois dans le soap Les Feux de l'Amour, une fois dans un épisode de Nip/Tuck et fit un caméo dans F.R.I.E.N.D.S. Elle a mis cependant sa carrière entre parenthèses depuis 2007.

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4. PANIQUE À LA MATERNITÉ
(MATERNITY)


Scénario : Peter Blake
Réalisation : Newton Thomas Siegel

— I'm still amazed you're actually in the same room with a patient.
— People don't bug me until they get teeth.

Deux nourrissons attrapent la même maladie à quatre heures d'intervalle, il n'en faut pas plus pour que House soupçonne une épidémie et demande de fermer la maternité. Cuddy refuse mais doit se rendre à l'évidence quand d'autres bébés commencent à être atteints des mêmes maux. House se voit forcé, pour trouver la solution du problème, d'accepter un terrible sacrifice... Parallèlement, les bébés atteints n'ayant aucun lien, comment ont-ils pu attraper la maladie ?

Ce quatrième épisode dévoile une autre des facettes de la série : un sens consommé du drame psychologique, caractéristique de l'écriture puissamment sombre et intense de Peter Blake, qui va devenir le scénariste le plus prolifique de la série (24 épisodes) et un de ses tous meilleurs. On ne s'étonne pas que David Shore fit appel à lui pour co-écrire l'épisode final de la série. Peu d'humour dans cet épisode qui fait la part belle à une intrigue inhabituellement plus sombre, mais qui n'évite pas de nombreuses maladresses.

L'idée est excellente : le cas du jour est constitué de six bébés gravement atteints par la même maladie. Le fait que les malades soient des nouveaux-nés permet un plus grand sentiment de sympathie envers eux. Ainsi la classique étape de la dégradation de la santé des patients est-elle plus forte. De plus, cet épisode est bien emblématique du "polar médical" : il y a deux énigmes, quelle est la maladie et quelle est sa cause ? La première énigme ne sera résolue qu'après bien des épreuves assez dures. Quant à la deuxième, la solution, révélée in extremis à la dernière minute, se révèle d'un humour noir terriblement ironique ; une fin qui détournerait la fameuse citation d'Oscar Wilde : On tue ce que l'on aime deviendrait ce que l'on aime vous tue !

On apprécie les séances de diagnostic plus fiévreuses qu'à l'accoutumée (participation exceptionnelle de Cuddy en prime), ces séances d'urgence psychologique au rythme haletant. Aussi, d'autres scènes comme la confrontation des méthodes de Cameron et de Foreman. Le sommet de l'épisode, le cruel dilemme de House contraint d'assumer une décision lourde de conséquences est remarquablement mis en scène ; le diagnosticien y fêle son armure de froideur. Hugh Laurie est ambigu à souhait dans cet épisode, entre désinvolture feinte et trouble réel. Parallèlement, l'épisode traite des différences entre Cameron et le reste du groupe : sa sensibilité lui interdit d'accomplir certains actes pourtant tout à fait classiques pour un médecin comme dire des mauvaises nouvelles, ce qui lui est justement reproché par House et Wilson. Jennifer Morrison est convaincante quand elle est submergée par des pics d'émotion malgré quelques affleurements de surjeu. Cuddy n’échappe pas non plus à la gravité de l’épisode, devenant plus expressive, et anticipant sur ses plus ou moins heureuses interférences futures dans certains cas, quand sa sensibilité dépassera son devoir de réserve médical.

Peu d'humour ou de vannes, mais on citera la première scène dans le bureau de Cuddy et surtout la séquence où, perdant ses nerfs, elle coupe froidement la cravate d’un étudiant !! L'hilarant cas de la patiente atteinte d'un déni de grossesse permet à House de flamboyants dialogues sarcastiques, apportant une lumière bienvenue. Hedy Burress, excellente dans le registre de la blonde un peu bébête, a d'autant plus de mérite de jouer un rôle comique qu'elle venait de perdre son mari d'un accident d'avion. Surprise : House, à la fin, s'humanise en agréant la demande de sa patiente, mais pour des raisons cependant moins altruistes que l'on pourrait croire : House reste lui-même !

En dépit de ses atouts, l'épisode a du mal à convaincre à cause d'un défaut que la série corrigera heureusement très vite : une surcharge de pathos. La scène des couvertures de l'enfant apparaît bien naïve, les dialogues sont très conventionnels, la souffrance des parents est appuyée (malgré l'émouvante Ever Carradine). L'on compte pas mal de dégoulinades comme l'effondrement du couple endeuillé, qui en fait beaucoup trop. La fin "idyllique" tournée au ralenti très "hollywoodienne" agace encore davantage. La main lourde dans l'émotion est de plus appuyée par un considérable essoufflement du rythme dans la 2e partie. Au final, un épisode fondamental pour comprendre toutes les facettes de la série, mais inabouti.

Infos supplémentaires

- Premier échec de House. Il essuie plutôt un semi-échec ici car si l'un de ses patients meurt, il parvient à sauver les autres.

- House a 45 ans, aime l'eau gazeuse et il semble qu'il ait été viré de son précédent travail. L'épisode Culpabilité (saison 2) apportera plus de précisions sur ce point.

- C'est la première fois que nous voyons Cuddy participer à un diagnostic différentiel. Première fois aussi que nous voyons des étudiants stagiaires à l'hôpital.

- Wilson appelle Cameron pour la première fois par son prénom : Allison. Nous découvrons qu'elle a perdu un être cher. Nous saurons son identité dans l'épisode Question de fidélité.

- Quoi de plus logique que d'appeler un épisode Maternity après un épisode Paternity !

Deux références cinéma dans l'épisode :
Au lieu de rabbits, House prononce wabbits comme dans le court-métrage animé de la Warner A wild hare (1940) où Elmer le chasseur le prononce comme ça. Ce court marque la première apparition de Bugs Bunny au cinéma.
House demande dans le premier diagnostic différentiel les usual suspects. C'est bien entendu un hommage au film éponyme (1995) de Bryan Singer (producteur de la série) et dont le directeur de la photographie s'appelle Newton Thomas Sigel... qui est le réalisateur de l'épisode ! Ce terme de Usual Suspects [suspects habituels] est tiré du film Casablanca (1942) où il est prononcé par le capitaine Renault (Claude Rains).

Erreurs de continuité : Lorsqu'à la fin de l'épisode, la famille sort de l'ascenseur, le père tient des fleurs. L'instant d'après, c'est la personne poussant le fauteuil roulant qui les tient. À la fin aussi, House déclare qu'il y aura un accouchement dans cinq mois, fin mars... sauf que nous sommes début décembre (donc 4 mois avant !). Wilson déclare, lors du diagnostic des virus, qu'il faut éliminer le RSV. Il est cependant ajouté peu après au tableau.
Erreurs médicales : Lors du diagnostic des virus, Foreman invoque une toxoplasmose comme conséquence d'un virus... sauf qu'il s'agit d'une conséquence d'un parasite. Cuddy écarte l'idée d'un virus herpès mais Chase cite comme possibilité le cytomégalovirus... qui est un virus herpès. Pas d'erreur sur le tableau cependant : ce virus particulier doit bien aller dans la colonne "yes" et les autres virus herpès dans le "no". Un des bébés a une pression de 80/40, ce que l'équipe considère comme une tension basse... sauf que cette tension est plutôt bonne pour un nourrisson ! Chase confond asystolie et fibrillation ventriculaire. Dans l'introduction, les parents disent que leur bébé n'a rien mangé mais il paraît improbable qu'un bébé ne soit pas nourri pendant les 36 premières heures de sa naissance.

Acteurs

Ever Carradine (1974) appartient à la prestigieuse famille de comédiens Carradine (Robert, John, Keith, et bien sûr le grand David dont elle est la nièce). Elle a surtout joué dans des séries télés : Deuxième Chance, Les Experts, Grey's Anatomy, 24 Heures Chrono (5 épisodes), Eureka (8 épisodes), Supernatural, Castle, Mentalist, Rizzoli & Isles, Les Experts (2 épisodes), Bones, Major Crimes (4 épisodes)... Elle a interprété également quelques petits rôles au cinéma.

Hedy Burress (1973) est une actrice de théâtre qui a parallèlement prêté sa voix à des jeux vidéo (Final Fantasy...). Elle a joué dans plusieurs séries comme The Closer (les deux séries ! 10 épisodes dans la première), Cold Case, Urgences (4 épisodes), Les Experts, Lie to me, Esprits Criminels, Shameless (US), Southland (8 épisodes)... et parfois devant le grand écran.

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5. L'ERREUR EST HUMAINE
(DAMNED IF YOU DO)


Scénario : Sara B. Cooper
Réalisation : Greg Yaitanes

Sister Augustine believes in things that aren't real.
— I thought that was a job requirement for you people.

Une religieuse souffrant d'allergie est soignée par House, mais ce dernier, en la traitant, provoque accidentellement un arrêt cardiaque. House et son équipe se demandent quelle est la cause de son allergie tandis que chacun s'interroge : House se serait-il trompé de dosage ? L'intéressé, se croyant infaillible, refuse d'admettre qu'il ait pu faire une erreur. House enquête sur le passé de sa patiente qui va se révéler chaotique...


Cet épisode fut le premier de la série que vit votre serviteur et qui le fit devenir fan de la série. Il n'y a pas à s'en étonner car il s’impose comme un des meilleurs de cette saison. La raison en est principalement un superbe scénario tournant autour du personnage de la religieuse, des concepts de foi, culpabilité, Dieu… notamment à travers les scènes entre Sœur Augustine et Chase. Nous voyons House confronté à la possibilité d’avoir commis une erreur professionnelle (chose qui ne lui est jamais arrivé). La conjonction de ces éléments forme un petit bijou télévisuel, magnifié par la mise en scène très inspirée de Greg Yaitanes, qui va devenir le metteur en scène le plus important de la série (30 épisodes), mais aussi son plus audacieux, et qui sera même un de ses futurs producteurs exécutifs.

L’épisode fascine grâce à cette religieuse hypocondriaque, mentant comme elle respire, et honteuse de son passé. Pour une fois, son cas médical est moins mis en avant, car la scénariste Sara Cooper préfère se pencher sur elle. Le succès est total, et la série va bientôt donner plus d'importance aux patients dont la personnalité sera souvent un facteur important dans la conduite d'un épisode. Une histoire émouvante, avec secrets cachés, culpabilité, foi violemment ébranlée, mensonges débités... cet épisode joue beaucoup sur des émotions rentrées qui ne demandent qu’à se libérer.
Le personnage de la religieuse, atypique, est le sujet du récit, disant tout haut qu’elle a confiance en Dieu avant de se rétracter et de subir une « nuit de la foi ». Son entrée au monastère s’expliquant non par choix mais par volonté de fuir un monde extérieur trop cruel pour elle. Jamais le poids du mensonge et de la culpabilité (entretenue par d’autres religieuses peu secourables) n'a été aussi visible à l’écran tout en gardant une certaine retenue. Allergique à Dieu ? s’interroge Wilson. Non, allergique à elle-même, tout simplement. Il n’est donc pas surprenant que la cause de son cas se trouve en elle. La maladie de son corps devenant la personnification de son âme brisée.

Le cas conduit nos docteurs à s’interroger sur le concept de foi et de Dieu. Surtout Chase, en vedette dans cet épisode. Il a une aversion des bonnes sœurs que House diagnostique comme conséquence d’une éducation religieuse rigoriste, un passage d’ailleurs superbement réalisé. La scène la plus forte émotionnellement est le moment où Chase, pourtant en colère contre Dieu, réconforte la religieuse en crise de « foi » (sans jeu de mots). Une scène formidable, bouleversante. Le voir, à la fin, rester un moment dans l’église, prouve qu’il n'est pas sorti indemne de cette rencontre. Elizabeth Mitchell incarne à la perfection cette nonne tour à tour fataliste, résignée, délirante, souriante, effondrée. Jesse Spencer trouve lui aussi le ton juste.

L’humour reste présent puisque House, pour tenir le coup devant la perspective de l'erreur médicale, se doit d’être au meilleur de sa forme. L’unique cas secondaire, expédié en une minute, est très réjouissant par le traitement hallucinant qu’il exige. Enfin, entre House et Cuddy, ça crépite toujours autant mais aussi avec les autres médecins, ou avec Sœur Eucharist (Lucinda Jenney, remarquable en bonne soeur cynique) : il lui envoie des piques, elle répond en pointant ses contradictions. Un dialogue brillant ! Cependant, il a beau se montrer plus désinvolte et ironique que jamais, il ne peut cacher son malaise.

Le suspense de l’épisode est dû à la possible erreur de House. Pris en position de faiblesse car finissant par douter de son « infaillibilité » (crise de foi pour tout le monde aujourd’hui !), House cache mal son inquiétude. Wilson le remarque et le remet à sa place. L'épisode positionne ainsi Wilson en tant que conscience de House, le seul à réussir à lui imposer des limites (un élément-clé de leur relation). House est athée, le revendique et endosse même le rôle de « tentateur » dans la chapelle, son pessimisme s'opposant à l'angélisme de la religieuse. Hugh Laurie est toujours aussi méchamment réjouissant, tandis que Robert Sean Leonard exprime les deux pôles de l'amitié du "Hilson" : il contredit, tourne House en dérision, mais pourtant passe Noël avec lui pour le sauver de sa solitude, même si ça implique que sa femme doit réveillonner seule. Un épisode parfait.

Infos supplémentaires :

- Le titre de l'épisode est extrait d'une citation d'Eleanor Roosevelt : Do what you feel in your heart to be right, for you'll be criticized anyway. You'll be damned if you do, and damned if you don't. L'épisode fut nommé au Prix Humanitas.

- Le cas secondaire où House prescrit au patient des cigarettes s'inspire du sketch Doctor Tobacco de la série Fry & Laurie. Hugh Laurie jouait un patient que Stephen Fry, en médecin, tentait de persuader de se mettre à fumer.

- House mange une barre de chocolat Cadbury Dairy Milk dans la chapelle. Hugh Laurie avait prêté sa voix pour une publicité de ce produit.

- L'introduction est d'une longueur inhabituelle : 4 minutes et 20 secondes. Elle se passe pour la première fois à l'hôpital et en présence de House.

- Nous en apprenons un peu plus sur les croyances des personnages. Nous savions déjà que Wilson était juif (épisode pilote). Nous apprenons que House est athée, Chase croyant mais en conflit avec Dieu, Foreman croyant, Cameron déiste. Nous saurons ultérieurement ce qu'il en est de Cuddy. Chase déteste les bonnes sœurs. Il a séjourné, enfant, au petit séminaire. Nous apprenons que sa mère est morte il y a 10 ans.

- Les passages bibliques de l'épisode sont extraits de plusieurs livres : le passage préféré de Chase est la première épître de Pierre (chap.1, v.7), celui de la religieuse, la conclusion de la parabole du fils prodigue (Luc 15.32). Dans une crise de délire, Sœur Augustine cite Jonas : il s'agit d'un homme envoyé par Dieu pour prêcher sa Parole mais Jonas, craintif, préféra fuir. Il lui faudrait connaître trois longues nuits d'angoisse dans le ventre d'une baleine qui l'avait avalé vivant lors du naufrage de son bateau pour retrouver sa foi et sa confiance. Une fois ceci fait, la baleine le recracha (Jonas 1-2). Il s'agit d'une référence à la propre épreuve de la religieuse.

- House regarde dans la chapelle un épisode de la série North Shore : Hôtel du Pacifique. Cette série était alors en cours lors de la diffusion de l'épisode. Il mentionne l'écrivain Dante Alighieri, un des plus importants auteurs italiens, auteur de la Divine Comédie.

- La chanson de l'épisode est un chant traditionnel The Twelve Days of Christmas de la fin du XVIIIe siècle. Interprétée par Paul et Brenda Neal.

- House cite une fameuse chanson de La Mélodie du bonheur (1965) en disant How do you solve a problem like dermatitis ? Référence à la chanson How Do You Solve a Problem Like Maria ?

- Erreurs de continuité : une mèche de cheveux de Chase tombe sur sa blouse dans la chambre stérile lorsque les docteurs arrivent pour sauver Augustine, elle disparaît cependant au plan suivant. Entre le moment où Chase tend la main pour prendre le poignet de la sœur et le moment où il le saisit, le cardiofréquencemètre a changé de côté. Enfin, un musicien remarquera que lorsque House joue Douce Nuit au piano, la mélodie sonne une octave trop basse par rapport à ce qu'il joue en réalité. C'est cependant bien l'acteur qui exécute le morceau au piano (Hugh Laurie étant aussi musicien). Erreur médicale : Chase prend le pouls de la sœur. Mais le bandage du poignet devrait l'empêcher de l'entendre ! De même, House oublie d'accrocher son stéthoscope à ses oreilles quand il écoute le coeur de la religieuse. Foreman prononce le mot eophinosil au lieu de eosinophil.

Acteurs

Elizabeth Mitchell (1970) obtient une licence de théâtre à la Stephen College de Columbia avant de jouer dans beaucoup de théâtres américains. Malgré sa carrière théâtrale (tant classique que contemporaine), elle reste connue du grand public pour avoir interprété le rôle régulier de Juliet Burke dans Lost : Les Disparus (46 épisodes). Cette actrice, très appréciée pour son professionnalisme, a joué dans une douzaine de films et participa à quelques séries comme JAG, Spin City, Urgences (14 épisodes), Les Experts, V (22 épisodes), New York unité spéciale (2 épisodes), Once upon a time (9 épisodes), etc.

Lucinda Jenney (1954) a joué dans plus de 80 films et séries. Sur le grand écran, on retiendra entre autres ses seconds rôles dans Rain Man, Panic sur Florida Beach ou Treize jours. Sur le petit, elle a tourné dans nombre de téléfilms et de séries comme The Shield (sept épisodes), 24 Heures Chrono (quatre épisodes), Cold Case, Battlestar Galactica, Urgences, New York Section Criminelle, Six Pieds sous Terre, Monk, Los Angeles police judiciaire...

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6. UNE MÈRE À CHARGE
(THE SOCRATIC METHOD)


Scénario : John Mankiewicz
Réalisation :
Peter Medak

It turns out your best judgment is not good enough. Here's an idea - next time, use mine.

Pendant un rendez-vous administratif avec son fils, une mère schizophrène s’écroule. Elle attire l’attention de House qui se demande comment une femme de 38 ans a pu attraper si tôt une thrombose veineuse. House doit également composer avec le fils de sa patiente, relié par un attachement viscéral et anormal à sa mère, ainsi que la mère elle-même, perdue dans son monde à elle. Commence alors un véritable jeu de manipulations…

À l’inverse de l’épisode précédent, Une mère à charge s’intéresse davantage à la maladie de la patiente qu’à la patiente elle-même. Cela donne un épisode médical plus classique. Cependant, nous sommes toujours chez le Dr.House, et ce cas, qui aurait pu rester banal, se voit relevé par une superbe succession de détails croustillants et de jeux de dupes. On s'attendrait presque à voir débarquer les Lannister ou les Stark tellement tout le monde veut duper tout le monde pour arriver à ses fins : Lucas se garde bien de tout dire à House, House force son secret en faisant du bluff, Cuddy trompe House pour savoir ce qu’il est en train de faire, Lucy trompe son propre fils pour ne pas être un poids, Lucy et House dupent Lucas pour ne pas envenimer la situation, House trompe le chirurgien pour qu’il opère sur une tumeur… Pas mal pour un seul épisode !

Cette incessante succession de tromperies et trahisons permet de brillants moments d’humour et d’émotion et fait la valeur de l’épisode. Mais il tire aussi sa force de l’humanisation inattendue de House qui prend en sympathie sa malade. Mais entre quelqu’un qui a laissé son cœur au vestiaire et l’autre sa raison, il est normal que ces deux-là se soient compris, ce qui renforce les scènes plus émotionnelles.



Le personnage central est davantage le fils que la mère. Attaché à l’excès à elle, il essaye d’être fort et de se croire capable de l’aider alors qu’il n’est qu’un ado. Aaron Himmelstein, trop statique, ne convainc cependant qu'à moitié, alors que Stacy Edwards a le bon sens de ne pas surjouer son rôle de folle. La scène où Chase et Foreman fouillent le domicile est assez glaçante, voyant que le fils veut contrôler l’incontrôlable : alimentation, vêtements, médicaments, carnets de notes... Du coup, la sensation de culpabilité étouffe sa mère qui, dans un moment de lucidité, voudra couper le cordon pour libérer son enfant. Elle apporte beaucoup d’émotion par son comportement cyclothymique et imprévisible (scène-choc de la prise de sang), y compris à la fin où les illusions, peu à peu, se dissipent.

L’épisode aborde plusieurs sujets sociologiques en dehors du complexe d’Œdipe de Lucas : La malbouffe qui causr l’aggravation de l'état de Lucy ; grave phénomène qui s'est aujourd'hui, hélas, banalisé. L'amour possessif : dans un des cas secondaires, House doit faire face à une mère possessive qui prive sa fille de sucre pour qu’elle ne grossisse pas et qu’elle puisse lui ressembler (jusqu'à leurs bracelets). Ainsi, elle paraîtrait plus jeune tout en privant sa fille de son individualité. House, plus holmésien que jamais, le devine et ne se gène pas pour y aller franco en donnant un conseil amoral mais justifié par la situation ! Le syndrome Florence Nightingale : Cameron (très bonne Jennifer Morrison) montre clairement les premiers signes d’un attachement affectueux à son irascible patron. C’est la jeune fille sensible qui ne peut aider son monde qu’en s’y attachant profondément. Ce comportement sera développé jusqu’au sommet que sera la fameuse scène de dîner dans Des maux d’amour. Nous voyons ici que Dr.House affiche une ambition étonnante en se voulant être une étude de l'humanité, ambition réservée qu'aux séries les plus exigeantes (telle Six feet under). Si la série connaîtra des périodes plus creuses, elle n'abdiquera jamais de ce côté-ci, ce qu'on ne peut que saluer.

L’épisode ne serait pas intéressant sans l’humour (Foreman dérobant la clé de Lucas) et le lot de piques habituelles : House et Wilson s'envoyant des vannes, House en verve devant son équipe ou devant Cuddy (hilarante scène des toilettes) dont une superbe devil mind qui devrait ravir les amateurs des Avengers. Sinon, attention aux âmes sensibles qui pourraient être choquées du brutal vomissement de sang de Lucy : la scène, courte, est quand même assez réaliste ! La série n'usera que très occasionnellement de telles scènes, gardant l'effet de chaque occurrence.

Infos supplémentaires

Pour la première fois, House sympathise avec un patient, cas rarissime étant donné sa misanthropie légendaire. Cet événement se reproduira de temps en temps au sein de la série. Dans cet épisode, il parle au téléphone avec un accent anglais. Ce n'est pas étonnant car Hugh Laurie est un acteur anglais et non américain. Pour la série, il parle avec une parfaite imitation de l'accent américain. C'est la seule fois où on l'entend parler avec son véritable accent d'Oxford (il le fit avec l'accord de la production).

Cameron ferait du charme au personnel pour obtenir des résultats d'analyse plus rapidement. Elle ne le ferait cependant que dans des cas urgents ! Pour la même raison, House se verra obligé de payer de sa personne avec une belle infirmière dans Faux-semblants (saison 2).

Chase se trouble lorsqu’on lui parle des alcooliques qui n’arrivent jamais à revenir dans le droit chemin. Sa réaction sera expliquée dans l'épisode Le mauvais oeil.

Lucy et son fils vivent dans l'appartement 101 de leur immeuble. Il s'agit peut-être d'une référence à 1984 de Georges Orwell car la chambre de tortures tant redoutée du roman est la n°101. Ce numéro revient parfois dans quelques séries ou films (comme Matrix) comme une allusion à une pièce où il se passe quelque chose de grave.

Le livre lu par Lucas, House, et enfin Lucy est un livre du poète et dramaturge irlandais William Butler Yeats (1865-1939), prix Nobel de littérature en 1923. Cet immense poète irlandais a laissé une œuvre importante et toujours riche. Le livre lu est le recueil de poèmes Les Cygnes sauvages à Coole, exaltant le patriotisme et l'esthétique de son pays natal.

La chanson de l’épisode est Rudolph the Red Nosed Reindeer, interprétée par Johnny Marks. C’est un chant de Noël.

House dit de Galen qu'il est "Le Marcus Welby de la Grèce Antique". C'est une référence à la série Docteur Marcus Welby (1969-1976), une des premières séries médicales jamais réalisées, avec Robert Young dans le rôle-titre. Chase mentionne le roi George III quand Cameron parle de porphyrie. Il s'agit d'une allusion au film La Folie du Roi George (1994). George III a en effet été atteint par cette maladie.

Erreurs de continuité :
Quand House parle de la déficience en vitamine K de sa patiente, le couvercle de la boîte de sauce tomate est tantôt ouvert, tantôt fermé.
Quand Cuddy rencontre House dans le hall, elle a un collier de perles, qui disparaît quelques minutes plus tard !
Erreur médicale : le diagnostic final est confirmé par la présence d'un anneau de Kayser-Fleischer dans l'œil de Lucy... mais il n'est pas de la bonne couleur ; il devrait être gris-vert et non cuivré.

Acteurs

Stacy Edwards (1965) mène parallèlement une carrière d'actrice et de danseuse. Elle se fit connaître en obtenant le rôle récurrent de Hayley Benson dans 194 épisodes du soap opera Santa Barbara (1986-1988), rôle qu'elle obtint au détriment de Julia Roberts. Elle joua également 44 fois le rôle de Lisa Catera dans la série médicale La Vie à Tout Prix. Elle a depuis tourné dans une vingtaine de films et dans de nombreuses séries : Arabesque, La Loi de Los Angeles (2 épisodes chacun), Matlock, Code Quantum (épisode Le sauvage), FBI, Portés Disparus, NCIS, Les Experts, Les Experts : Manhattan (2 épisodes), La loi selon Harry (2 épisodes), Cold Case, Numb3rs, Esprits Criminels, Ghost Whisperer, Lie to Me, Veronica Mars, Mentalist, New York unité spéciale, Private Practice, Hawaï 5-0, Grey's anatomy, Castle, Shameless (2 épisodes)... et bien d'autres.

Aaron Himelstein (1985) est surtout connu pour avoir interprété le rôle du jeune Austin Powers dans le troisième volet de la saga éponyme : Austin Powers dans Goldmember. Il a joué depuis quelques seconds rôles au cinéma mais joue surtout dans quelques séries télé américaines nationales depuis le rôle récurrent de Friedman dans Le Monde de Joan (33 épisodes). Mais il a aussi joué dans L'Hôtel du Pacifique, Community, Las Vegas. Il a également réalisé, écrit ou produit quelques courts-métrages.

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7. QUESTION DE FIDÉLITÉ
(FIDELITY)


Scénario : Thomas L. Moran
Réalisation : Bryan Spicer

- You want me to ask a man whose wife is about to die if he cheated on her ?
- No, I want you to be polite and let her die.

Depuis trois jours, Elise Snow ne se lève pas de son lit, dormant jusqu’à 18 heures par jour et ayant des sautes d’humeur brusques. Son mari, Ed, la fait admettre à l’hôpital, mais elle devient de plus en plus fatiguée et angoissée. House découvre que sa patiente souffre d’une maladie rare qu’elle n’a pu attraper que par voie sexuelle. Conséquence : l’un des deux époux a eu une relation extraconjugale. Pendant ce temps, Cameron cache mal sa dépression actuelle, due à ses douloureux souvenirs…

Cet épisode avait tout pour être intéressant car pose la question de la pérennité des couples (cible favorite de la série) : peut-on pardonner à l’autre ? Quelle est la force de notre amour face aux révélations douloureuses ? La confiance absolue est-elle possible ? Hélas, le scénario, traînant en longueur et ne reposant que sur les dernières minutes, déçoit, s'attachant plus à la maladie qu'au couple lui-même, point qui eut pu être mieux exploité. A posteriori, Thomas L. Moran nous dit déjà qu'il sera le scénariste le plus inégal de la série.

Les séances de diagnostic différentiel sont moins travaillées, moins intenses, sans la fièvre habituelle. Quelques scènes font remplissage comme la séquence du restaurant et la mammographie. Les « moments forts » de l’épisode sont répétitifs (crises de convulsion, serments de confiance mutuelle entre les deux époux lassante…), et l’interrogatoire des époux manque d’intensité. Les états d’âme des Snow ne nous touchent guère en raison d'une maladroite fragmentation des intrigues. Toutefois, la scène du coma et l’apparition des petites bébêtes font leur petit effet.

Mais si l’essentiel passe à l’as, des détails hilarants pimentent l’histoire avec bonheur, notamment le cas secondaire de la jeune femme à la poitrine généreuse. House et Wilson ont l’air très intéressés par cette patiente, ce qui nous vaut des scènes drolatiques avec Cuddy (Vous faites des examens pour couvrir votre lubricité ?). La fameuse cravate de Wilson nous vaut aussi des pointes housiennes à se tordre !

À la fin de l’enquête, l’épisode rebondit grâce à un dilemme que le scénariste amène habilement : si le traitement rate, la patiente meurt, s’il réussit, la preuve de l’infidélité sera définitive et minera le couple. Une terrible situation qui enfin donne du tonus à l’épisode qui menaçait de s’endormir (sans jeu de mots). Pendant ce temps, Cameron dévoile son secret : une tragique histoire sentimentale passée très originale, qui de plus, nous en dit beaucoup sur la jeune doctoresse. L’interprétation de la scène, clou de l’épisode, est superbe et ouvre quelques horizons inattendus : House a-t-il subi une histoire pareille qui serait cause de sa misanthropie ? Jennifer Morrison ose plus d'expressivité, et domine le cast.

Très bon choix aussi que de faire un unhappy end. Le dénouement, triste et inexorable, prouve l’agilité de la série dans tous les domaines, y compris celui du drame. Cependant la fin est gâchée par un rebondissement final peu crédible (qui étonnera même le rationaliste House) ; il pourrait être excusé si la toute fin suivait le même sens, ce qui n’est pas le cas, prenant le virage opposé ! Cet épisode n’est vraiment pas un plaidoyer pour le mariage, la confiance mutuelle étant décrite ici que comme une chimère. Il sera toujours intéressant de voir comment la série traite les couples présentés, avec une variété de situations et de questions recoupant une grande partie du comportement amoureux humain. La question de la culpabilité est également abordée avec la souffrance de l’infidèle qui cache sa faute et la personne trompée qui ne sait si elle doit pardonner ou pas. A Dominic Purcell, parfois confus, on préférera l'émouvante Myndy Crist. Un épisode aux bonnes idées mais au traitement inégal.

Infos Supplémentaires

L’identité du proche perdu par Cameron (Panique à la maternité) est révélée : il s’agit de son mari. À 21 ans, elle tomba amoureuse de lui à la faculté, mais apprit qu’il souffrait d’un cancer de la thyroïde métastasé au cerveau, ce qui ne lui laissait que quelques mois. Malgré cette terrible échéance, Cameron l’épousa. Il mourut six mois plus tard. C’est sans doute depuis cet événement qu’elle se montre d’une sensibilité confondante. Si l’amour fut une raison de la courageuse décision de Cameron (épouser un homme condamné), il y a également une autre raison, expliquée par House dans Des maux d’amour et par Cameron elle-même dans Peine de vie (saison 2). On apprend qu'elle n'a jamais pris de vitamine B9.

La femme de Wilson s’appelle Julie. Wilson possède cinq cravates (dont une en cachemire) et en met une différente chaque jour. Il arbore parfois (quand il déjeune avec une jolie fille), des chaussures noires françaises.

House parle couramment le portugais (premier exemple de son talent de polyglotte) et aime regarder la télévision quand il doit réfléchir sur un cas épineux (!) Il aime également regarder dans les dossiers de son équipe.

Erreur de continuité : quand Elise tombe dans le coma, trois fils conducteurs et un tuyau d’oxygène traversent l’oreiller par le haut mais lors des plans suivants, les fils vont tantôt vers le bas, tantôt vers le haut.

Acteurs

Myndy Crist (1975) a principalement tourné dans des téléfilms et surtout dans des séries comme Urgences (2 épisodes), Le Protecteur, FBI Portés Disparus, Six Pieds Sous Terre (4 épisodes), Cold Case, 24 Heures Chrono, Les Experts : Miami, Grey’s Anatomy, Mentalist, Bones, NCIS : Los Angeles, 90210 Beverly Hills nouvelle génération, Les Experts...

Dominic Purcell (1970) est principalement connu pour avoir tenu le rôle régulier de Lincoln Burrows dans 81 épisodes de la série Prison Break. D’origine australienne, il obtient un des rôles principaux de la courte série Raw FM (13 épisodes) avant de décrocher son premier vrai rôle en jouant le héros éponyme de la série John Doe (22 épisodes). Il a joué également dans Castle, North Shore : Hôtel du pacifique (5 épisodes)... Il semble cependant préférer le cinéma depuis la fin de Prison Break où il joue régulièrement des seconds rôles remarqués : Visitors, Mission Impossible 2, Blade Trinity…

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8. EMPOISONNEMENT
(POISON)


Scénario : Matt Witten
Réalisation :
Guy Ferland

- Who are you ?
- I'm the doctor who's trying to save your son. You're the mom who's letting him die. Clarification, it's a beautiful thing.

Pendant un examen, Matt Davis, un étudiant, est pris de nausées et s’effondre dans la salle de classe. L'équipe de House fait face à plusieurs difficultés dont la moindre n’est pas la mère surprotectrice du patient, qui refuse à plusieurs reprises leurs interventions. House et son équipe avancent plusieurs théories qui sont balayées lorsqu’un autre lycéen, qui semble n’avoir aucun lien avec Matt, présente les mêmes symptômes…

Cet intéressant épisode renoue avec ce qui est un des points forts de la série : le portrait d’un personnage au caractère peu commun et son influence sur le cas médical. Ici, ce n’est pas le jeune ado qui nous préoccupe (un simple « McGuffin ») mais sa génitrice au tempérament bien trempé.

Margo Davis, jouée par une Roxanne Hart très pro, est une mère carrée, froide, sévère, même austère : un adversaire redoutable qui met des bâtons dans les roues des médecins. Notre équipe a fort à faire : trouver le poison inconnu et gérer les excès de la mère. Aveuglée par son amour maternel, elle est sur la défensive lorsque quelqu’un s’approche de son fils. Cet excès d’amour, qui ressemble fort à un complexe d’Œdipe inversé, est exploité finement, ayant également la force d’une attaque contre l’attachement excessif qui existe entre certains parents et leurs enfants ainsi privés de leur liberté (thématique analogue aux deux cas d’Une mère à charge). House ne manque pas de le lui dire. Mais son amour maternel rend finalement le personnage moins antipathique qu'il n'y paraît, sans excuser son attitude. Un portrait de femme bien croqué qui – surprise – s’adoucira vers la fin. Le reste du temps, son attitude produit des étincelles, instaurant une tension qui sert l’intrigue.

Pas vraiment de rebondissements dans l’épisode, si ce n’est la découverte du second cas qui remet en question toutes les théories précédentes, ou la révélation finale, assez ironique. Si l’épisode se laisse voir, c’est surtout pour la succession étonnante des échecs de nos héros qui, à chaque fois qu’ils trouvent un indice, se heurtent à un mur. Cette suite d’obstacles, divertissante et pleine de suspense, est un atout précieux pour un épisode très CSI (notamment lors de la seconde fouille). Malheureusement, ce scénario linéaire et prévisible est le revers d’Empoisonnement. S’il n’y avait la mère, le cas serait désespérément dépourvu d’originalité. De plus, la mise à l’écart du fils ne donne pas de scènes qui auraient pu approfondir davantage la relation avec sa mère, observée uniquement du point de vue de cette dernière. Enfin, le second étudiant et ses parents font tapisserie, leur seul intérêt étant de faire contrepoint au cas principal.

L’humour, caractéristique essentielle de la série, a la part belle : Foreman constatant avec effroi que son attitude se rapproche de House, et les toujours délicieuses piques du docteur, surtout en présence de Cuddy. Mais surtout grâce au personnage loufoque de Georgia, octogénaire qui redécouvre le goût de fantasmer sur des « cute butts » et qui se paie le luxe de draguer ouvertement House ! Ajoutez à cela son fils collet monté et cul serré, et vous obtenez un feu d’artifice de répliques et de situations irrésistibles. A l'opposé des "vieilles qui jouent au canasta", Georgia a un décalage mordant (qu'on retrouvera avec le vieux couple de Des maux d’amour). Shirley Knight s'amuse et nous aussi. Un bon épisode.




Infos supplémentaires

Chase, comme son interprète Jesse Spencer, est australien.

Pour la première fois, le patient n’est pas le personnage central de l’épisode. C’est ici sa mère qui joue ce rôle.

Par suite de tableau blanc indisponible pendant le tournage (le précédent ayant cassé), Hugh Laurie écrit sur un tableau transparent. Bientôt, un nouveau tableau blanc, plus solide, prendra définitivement sa place dans la salle de diagnostic.

Premier épisode où les personnalités de Foreman et House commencent à se révéler similaires.

La robe de Cameron, quand elle fouille la première fois la maison des Davis, est celle qu’on voit à la fin de l’épisode précédent Question de fidélité.

House achète sa sauce tomate sur internet.

Georgia déclare avoir un faible pour Ashton Kutcher. C’est une référence au film L’Effet papillon car Kutcher jouait dans ce film le rôle d’Evan qui, quand il avait 13 ans, était incarné par John Patrick Amedori (Matt Davis).

Référence par Wilson à Godot, arlésienne de la célèbre pièce En attendant Godot de Samuel Beckett où ce personnage, attendu en vain, n’apparaît jamais.

Erreurs de continuité :
Lorsque Matt se met à convulser sous les yeux de sa mère, elle apparaît tantôt avec tantôt sans ses lunettes !
Lorsque Cameron fouille la maison des Davis, un chat s’assoit en face d’elle. Deux secondes et un autre plan plus tard, le chat a disparu !

Acteurs

Roxanne Hart (1952) joue souvent au théâtre, en particulier à Broadway, tout en tenant des rôles dans des films, téléfilms et séries. Elle est surtout connue pour avoir joué le rôle de Brenda Hyatt dans Highlander (1986) et pour avoir tenu dans 46 épisodes le rôle récurrent de Camille Shutt dans la série médicale La Vie à Tout Prix. On l’a également vue dans Urgences (2 épisodes), Oz (3 épisodes), Médium (7 épisodes), Cold Case, Numb3rs, Grey’s Anatomy, Daybreak, Bones, Ghost Whisperer, Walker, Texas Ranger, Private Practice, Les Experts, Mentalist, Hung (8 épisodes), etc.

John Patrick Amedori (1987) mène parallèlement une carrière de guitariste-chanteur dans le groupe de rock indépendant Ceesau, et une carrière d’acteur. Son rôle le plus notable fut celui du jeune Evan dans le film L’Effet papillon (2004), prélude à sa carrière cinématographique naissante. Il joue également dans plusieurs séries comme Le Protecteur, Ghost Whisperer, Nip/Tuck, Numb3rs, New York, Unité Spéciale, Les Experts (Miami et Manhattan), Los Angeles police judiciaire, Esprits criminels, et joue un des rôles principaux de la série Hindsight (10 épisodes en 2015)… Il a également commis six fois le rôle récurrent d’Aaron Rose dans la série Gossip Girl.

Shirley Knight (1936) a joué dans plus de 160 films et séries au cours de sa carrière audiovisuelle. Elle commence par un rôle récurrent dans la série Buckskin, et fut nominée deux fois à l’oscar de la meilleure actrice dans un second rôle (1960 et 1962). Elle a cependant préféré se tourner vers le petit écran en enchaînant sans faiblir plusieurs seconds rôles remarquables dans quelques grandes séries : Maverick, The Eleventh Hour, Au-delà du Réel, Le Fugitif (3 épisodes), Les Envahisseurs (épisode Les espions), Les Rues de San Francisco (épisode Chambre d'en face), Dr. Marcus Welby, The Equalizer (épisode Passé, présent, avenir), Arabesque (2 épisodes), etc. Plus récemment, on l’a vue dans Ally McBeal, Urgences, New York, Unité Spéciale, Cold Case, Desperate Housewives (5 épisodes)... Cette infatigable comédienne continue encore de tourner sur les deux écrans.

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9. VIVRE OU LAISSER MOURIR
(DNR)


Scénario : David Foster
Réalisation : Frederick King Keller

- My pants tell you I have diabetes ?
- No, they tell me you're an idiot.

John Henry Giles, célèbre trompettiste de jazz, est cloué sur un fauteuil roulant depuis deux ans. Pendant un enregistrement, il a une crise respiratoire et perd connaissance. Transporté à l'hôpital, il redoute une mort douloureuse, et signe un papier (un DNR) exigeant qu'il ne soit pas réanimé s'il tombe dans le coma. Hélas, c'est ce qui arrive. Mais House, bravant l'interdiction et sûr qu'il peut guérir non seulement sa maladie mais aussi sa paralysie, le réanime, ce qui lui vaut un procès. Peu de temps après, un ami de Giles arrive pour, à sa demande, le débrancher...

Cet épisode est très étrange, il fait partie de ces épisodes qui ont une intrigue guère développée, où le cas médical est insuffisamment traité, pour se concentrer sur les détails. Un tel choix est très osé car passer les détails au détriment de l'essentiel peut engendrer un épisode ennuyeux. Force nous est d'admettre que David Foster s'en sort bien en nous offrant un épisode très divertissant, riche en situations et personnages intenses.

L'intérêt de l'épisode réside dans l'opposition de quatre personnages : Foreman, Giles, Hamilton et House, les trois premiers se disputant avec le quatrième. Le quatuor donne lieu à des scènes assez fortes lors de leurs éclats de voix. Non seulement Foreman empiète sur les prérogatives de House (dirigeant le cas de Giles), mais il reçoit une proposition alléchante d'Hamilton, son ancien patron, qui lui permettrait de quitter l'hôpital et son colérique supérieur pour un poste (et un salaire) très avantageux. Par conséquent, House ne peut être que désagréable envers Foreman (et vice-versa). Le choix que fera Foreman, s'il est prévisible, n'est cependant amené qu'après de longs et instructifs dialogues entre lui et House sur les vues bien différentes sur la médecine des deux docteurs. En même temps, nous voyons le paradoxe Foreman : il partage les mêmes sentiments que House sur son métier, mais est le plus rétif de l'équipe à ses ordres. Omar Epps a bien saisi son personnage, le plus intéressant du trio qu'il compose avec Chase et Cameron (jusqu'à la saison 4 du moins).




La tension entre Giles et House est très palpable. Leurs confrontations se déroulent dans une atmosphère faussement apaisée, donnant une intensité tout à fait équivalente à un grand déballage décibelique. La tirade de Giles sur le sort des « élitistes » - le sacrifice des artistes pour son public, souvent au détriment de leurs vies personnelles - est très touchante et d’un amer réalisme ; même House semble gêné d’être renvoyé en face de lui-même, gêne qu’il dissimule avec sa froideur habituelle. Leur différend vient de la façon dont ils voient la Vie et cet affrontement calme entre eux deux apporte beaucoup à l’épisode.,Le peu de cas que House fait de la volonté de son patient est lié en réalité à un souvenir très difficile qui sera exposé dans Cours magistral. La scène finale, qui voit leur réconciliation, reste très mélancolique, avec toujours ce goût aigre-doux des fins « heureuses » de la série. Très bonne interprétation d’Harry Lennix, qui donne une grande épaisseur à son personnage. Ce qui déçoit en revanche est la confrontation entre les deux médecins. Le transparent Hamilton ne parvient pas à captiver. Simple faire-valoir binaire, on aurait pu en faire largement l'économie d'autant que David Conrad est terriblement tête à claques ici. Dans une idée similaire, Être ou paraître (saison 2) évitera mieux cet écueil, même s’il n’échappera pas à d’autres défauts.


L’ironie de House n’est pas au beau fixe : son humour noir, en petite forme, ne fait pas de contrepoint au sérieux global de l’épisode (à l’exception de la trop courte scène du procès). Heureusement, Cuddy et Wilson permettent de passer quelques bons moments, ce qui compense un cas secondaire un peu bâclé. La scène où Cuddy – plus blasé tu meurs – explique à House qu’elle savait ce qui l’attendait lorsqu’elle a engagé le diagnosticien est la plus drôle de l’épisode, surtout grâce aux mimiques des acteurs. Mentionnons aussi le gag énorme que trouve House pour ne pas aller en consultations. On notera, dans la scène d’introduction, l’apparition en guest star de la chanteuse de pop/R’n.b Brandy (Norwood). La saison 1 a trouvé un bon rythme, mais on sent que la série traîne encore un peu les défauts du formula show qui n'implique pas le public autant que la forme semi-feuilletonesque qui est aujourd'hui l'apanage de la majorité des séries actuelles. Durant la saison, la série va chercher un supplément d'âme avec plus d'audace et d'ambition, pour devenir graduellement ce chef-d'oeuvre de richesse philosophique et psychologique qu'elle est devenue.


Infos supplémentaires

Wilson dit que House a le complexe du Rubik’s cube : il veut à tout prix résoudre une énigme quand il en a une devant lui.

House appelle Foreman par son prénom, Eric, pour la première fois. C’est également la première fois qu’il nomme Wilson par le diminutif affectueux de son prénom : Jimmy.

À demi-mot, nous apprenons que Foreman vit en concubinage. Rencontre sportive nous apprendra qu'en réalité, il préfère les brèves aventures. D'autre part, il a été en internat avec Hamilton qui fut son boss pendant un temps.

Cuddy envoie des strip-teaseuses à House... du moins c’est ce qu’il prétend.

Comme le précise House, DNR veut dire Do Not Ressucitate, c’est le formulaire demandé par Giles qui consiste à le laisser mourir s’il devait sombrer dans le coma.

À la sortie du procès, House évoque la série Matlock (1986-1995). C’est une série judiciaire américaine qui met en scène un brillant avocat (joué par Andy Griffith) qui se donne le pari de gagner n’importe quel procès par tous les moyens. Il est vrai que House se comporte ici comme le manipulateur Benjamin Matlock !

Lorsque House, allongé sur le sol, écoute un disque de jazz, la musique entendue est en fait un morceau composé par Jon Ehrlich et Michael Wayne Jones : Harmon Jazz. La chanson entendue à la fin de l’épisode est le célèbre What a wonderful world de Bob Thiele et George David Weiss. Évidemment, on l’entend dans la célébrissime interprétation de Louis Armstrong.

Erreur de continuité : lorsque Giles s’évanouit dans la scène d’introduction, son chapeau tombe sur le sol, l’instant d’après, il se retrouve sur sa tête !
Erreur médicale : La SLA (Sclérose latérale amyotrophique) n'entraîne pas de déficit sensitif or dans l'épisode, le patient souffre d'une perte de sensibilité de ses jambes. Pourquoi House et Hamilton n’en ont-ils pas déduit que ce n’était pas la bonne maladie ?

Acteurs

Harry Lennix (1964), troisième du nom, est surtout connu pour avoir joué les rôles de Boyd Langton dans la série Dollhouse (27 épisodes) et Harold Cooper dans The Blacklist (36 épisodes en 2015). Il est très actif au cinéma (Matrix reloaded, Matrix Revolutions, The five heartbeats, Ray, Man of Steel, H4, Batman v. Superman, William Shakespeare's Macbeth…) et a joué dans plusieurs séries comme Urgences (6 épisodes), Ally McBeal, 24 Heures Chrono, JAG, Los Angeles police judiciaire, Emily Owens MD (6 épisodes), etc. Il a obtenu 3 Joseph Jefferson Awards en tant que comédien de théâtre.

David Conrad (1967) est célèbre pour avoir joué 107 fois aux côtés de Jennifer Love Hewitt le rôle régulier de Jim Clancy dans la série Ghost Whisperer de 2005 à 2010. Excepté des apparitions dans des films, il a été vu dans quelques autres séries comme Les Experts : Miami, The Good Wife, New York unité spéciale, Roswell (5 fois), Boston Public, Agents of S.H.I.E.L.D (7 épisodes chacun)…

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10. L'HISTOIRE D'UNE VIE
(HISTORIES)


Scénario : Joël Anderson Thompson (crédité comme "Joël Thompson")
Réalisation : Daniel Attias

- And what is the treatment for advanced ovarian cancer ?
- Pine box.

Victoria Madsen, une SDF crevant de froid, entre dans une boîte glauque pour se réchauffer, mais l'ambiance psychédélique la fait vaciller. Lorsque les policiers arrivent pour interdire la fête illégale, elle reçoit plusieurs coups et s'écroule. Transportée à l'hôpital, elle ne parvient pas à se rétablir, mais Foreman soupçonne que sa patiente simule la maladie pour pouvoir rester au chaud. Ce dernier trouve son cahier où elle a dessiné plusieurs histoires qui pourraient bien avoir un sens et expliquer sa confusion mentale...


Épisode triste à tous les sens du terme. À la fois baignant dans une atmosphère chagrine et construit sur un scénario faiblard, l’épisode tente de nouveau de mettre l’émotion au premier plan. Alors que la série réussit généralement à émouvoir, il faut avouer que là, la sauce ne prend pas.

Passée la saisissante introduction, l’épisode se complaît dans une routine classieuse. L’obstination de Foreman à penser que Victoria simule la maladie éveille la curiosité mais est contreproductif car nous savons dès l’introduction qu'elle est malade. Le suspense repose donc sur le temps que mettra Foreman à reconnaître son erreur : inefficace. Les scènes de diagnostic différentiel déçoivent : multipliées à l'excès et avec moins de housismes que de coutume, elles enferment l’épisode dans l'atonie.
La faiblesse principale d'Histories est qu’il se concentre trop sur l’examen du cas médical. Corollaire : le personnage de la patiente est complètement passé à l’as, à l’exception des dernières minutes. L'épisode ne s'attarde pas non plus sur les dessins de la patiente, leur secret n'étant révélé que lors d'une scène vite expédiée à la fin : une autre bonne piste gâchée. La révélation de la 2e maladie est cependant une bonne surprise, attirant l'attention. Curieusement, c’est le cas secondaire qui est le plus intéressant dans cet épisode. Deux étudiantes, sous le parrainage pas super chalereux de House (litote !), doivent résoudre cet hilarant cas (les mimiques de Leslie Karpman valent le coup d'oeil).


Heureusement, un coup de fouet est donné à la 25e minute : la patiente a fugué de l’hôpital et House « cuisine » un policier irresponsable cherchant à dissimuler une faute professionnelle. L'épisode prend ainsi des allures de réquisitoire contre l'abus de pouvoir des policiers, et le malaise social que constitue la mise à l'écart des SDF et des laissés-pour-compte. Ca y’est, l’épisode a trouvé sa vitesse de croisière, mais le réveil est un peu tardif !

Lorsque l’équipe trouve enfin la maladie finale, la gravité de la situation est prenante, nous prenant au dépourvu car c’est la première fois que House et son équipe sont impuissants. Les docteurs ne sont pas invincibles nous rappelle la série : même Gregory House et son équipe de choc ne peuvent empêcher l’inexorable. Tout au long de la série, House et son équipe devront digérer des échecs, ce qui rend intact le suspense de chaque épisode : on est jamais sûr que les patients seront sauvés. La révélation sur le passé de la SDF est précipitée mais reste émouvante. La scène finale rattrape le niveau en offrant une courte mais superbe fin avec Foreman consolant par un mensonge la pauvre Victoria qui souffrait d’un terrible complexe de culpabilité. Plus que Hugh Laurie, c'est Omar Epps qui est sur le devant des projecteurs, grâce aux différentes émotions que ressent son personnage. La sad end ne l’est cependant pas totalement, et nous dit que la mort n’est pas forcément une malédiction. Pour Victoria, elle est synonyme de délivrance. C’est bien joué de la part du scénariste car habituellement, la mort chez les médecins est toujours vécue comme un échec. Ici, c’était peut-être la meilleure issue possible. On est pas loin du final de l'opéra Pélleas et Mélisande de Debussy où l'héroïne quitte sereinement un monde de souffrances trop dur pour elle, Victoria part l’âme apaisée. Leslie Hope est une grande comédienne, mais n'a cependant pas grand-chose à défendre.


On regrettera que l’épisode ne se termine pas par cette scène mais par une surcharge de pathos avec la révélation appuyée de Wilson sur son frère qui ne vient vraiment pas à point.

Tout n’est pas mauvais dans cet épisode, loin de là, mais il est sans aucun doute le plus faible de la saison.

Infos supplémentaires

Deuxième échec de House. C’est ici le premier échec total car l'unique patiente décède alors que dans l’épisode Panique à la maternité, cinq des six bébés survécurent.

Nous apprenons que Wilson a deux frères. Il s'est brouillé avec l'un des deux il y a neuf ans. Depuis, il ne l'a plus revu et il ignore s'il est encore vivant. Il est encore très affecté par cette disparition. Nous aurons plus de précisions sur ce sujet dans Je dis tout ce que je pense (saison 5).

House semble avoir des notions de yiddish et connaît les mœurs juives. Lorsque Wilson dit ironiquement Mazel tov ! (Bonne chance ou félicitations), il répond Kenahora. Littéralement, ce mot signifie sans le mauvais œil. En effet, dans la culture juive, lorsqu'on adresse des félicitations à quelqu'un, ce quelqu'un, traditionnellement, atténue le compliment par un ou deux mots de souhait ou de prière pour se garder du mauvais œil. C'est une manière de rester modeste... Plus légèrement, House regarde la série Newport Beach.

Deuxième et dernière fois que House appelle Foreman par son prénom : Eric.

Foreman aurait passé son concours en obtenant la note maximale (20/20) d'après Wilson. Ses parents, mariés depuis 40 ans, sont à la retraite. Nous verrons son père dans ... Au suivant (saison 2), et sa mère dans Mauvaises décisions (saison 3). Il semble avoir bien connu les SDF, et depuis, a une sorte d'aversion envers eux.

Lorsque Foreman se rend dans le coin où "vit" la sans-abri, on peut voir une affiche vantant l'entreprise "Kaplow's". Il s'agit d'un clin d'œil à Lawrence Kaplow, un des scénaristes et producteurs de la série.

Les chansons de l'épisode sont On fire like this de Buck A. E. Down et Atom Smith, interprétée par The Mutaytor et Trip like I do de et par The Crystal Method.

Acteurs

Leslie Hope (1965) est surtout connue pour avoir joué (24 fois) Teri Bauer, la femme de Jack Bauer dans la saison 1 de 24 Heures Chrono. Diplômée d'une université en droit, elle renonce à sa carrière d'avocate en devenant actrice. Elle commence par un petit rôle dans Love Streams de John Cassavetes qu'elle suit à Los Angeles pour pouvoir intégrer son équipe. Son apprentissage terminé, elle fonde sa propre compagnie de théâtre – The Wilton Project – et continue depuis de tourner, réaliser, scénariser et produire pour le cinéma, la télévision et le théâtre. Elle a joué dans quelques films (comme le Bruiser de George A. Romero) et surtout dans des séries : Star Trek, La Vie à Tout Prix (2 épisodes), Au-Delà du Réel - l'Aventure Continue, Robocop, The Eleventh Hour, Les Experts : Miami, New York - Section criminelle (2 épisodes), Mentalist, NCIS (4 épisodes chacun)...

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11. À BOUT DE NERFS
(DETOX)


Scénario : Lawrence Kaplow et Thomas L. Moran
Réalisation : Nelson McCormick

About how big your ass has gotten lately ?

Keith Foster, 16 ans, fait une virée en voiture avec Pam, sa petite amie. Mais il se met subitement à saigner, provoquant un grave accident. Pam est indemne, mais Keith souffre toujours de l'hemorragie qui l'a saisi avant l'accident. Cuddy fait un pari avec House : pour l'obliger à reconnaître sa dépendance à la codéine, il doit tenir une semaine sans prendre d'anti-douleur, et le dispensera d'un mois de consultations s'il y parvient. House accepte, mais la douleur le fait bientôt souffrir horriblement, l'empêchant de traiter efficacement le cas de l'adolescent...

Cet excellent épisode est un sommet d'humour noir, ponctué de dialogues incisifs et de situations à fleur de peau. Le cas médical du jour cède la place à l'épreuve de House, au premier plan. Le chemin de croix du diagnosticien influe profondément sur le déroulement de l'épisode.

L'introduction est à coup sûr une des meilleures de la série avec une minute de dialogue à double sens, et trois rebondissements consécutifs en vingt secondes. Voilà un début tonique ! Évidemment le tempo se relâche ensuite mais ce n'est pas très génant car relayé par la douloureuse expérience de House. Touché dans son ego (sa plus grande qualité et son plus grand défaut) par une Cuddy qui sait comment le provoquer, il arrête le Vicodin et les choses se gâtent très vite : House devient plus irritable et difficile que de coutume (oui, oui, c'est possible !), d'où une rebellion de son équipe - dont il n'a évidemment rien à faire - Comme tentative de compensation, House crache plus de fiel que de coutume, un spectacle repoussant.

Le sevrage se manifeste par le visage de plus en plus hagard du docteur (félicitations aux maquilleuses !) et surtout par le prodigieux effort qu'il fait pour se mentir à lui-même : Déniant son addiction, il ne stoppe pas ce pari dangereux pour lui mais aussi pour Keith qui en est le dommage collatéral. Le crescendo s'opère par des scènes de plus en plus fortes : inattention, halètements pathétiques, scène avec la jolie masseuse, puis un premier pic de tension lorsqu'il lâche une blague noire à la limite de la méchanceté pure, indignation de la sensible Cameron à la clé. C'est sans doute à ce moment-là qu'il réalise sa dépendance irréversible, mais l'ego du diagnosticien continue de batailler contre sa raison en ne voulant pas donner satisfaction à Cuddy, allant jusqu'à l'auto-mutilation pour calmer la douleur !


Après la douleur physique, le psychologique prend le relais. House décide carrément de jouer avec la vie du patient pour prouver qu'il a raison et devient d'une antipathie incroyable. Cuddy, pourtant habituée à ses frasques, en est dégoûté. C'est la première fois qu'il va aussi loin dans la noirceur, et en cela, Hugh Laurie anticipe le comportement de son personnage durant les saisons suivantes où il repoussera sans cesse les limites, quitte à perdre la sympathie du spectateur (la série est fidèle à donner du plaisir et non du confort au spectateur). Parallèlement, il devient totalement méconnaissable, transpirant, souffrant à chaque pas. Il provoque ainsi une émotion complexe sur le spectateur qui ne sait s'il veut le voir capituler ou résister, soit tout à fait un genre de situation que n'aurait pas renié Sir Alfred Hitchcock, maître de l'ambiguité. On peut regretter alors que la scène avec le chirurgien soit anticlimatique car cassant la relation complexe que House entretenait avec le spectateur. Malgré cela, le passage est réussi car House n'est jamais aussi régalant que quand il sabote sans subtilité une opération qui lui vaut un coup de poing dans la tronche ! Immense Hugh Laurie dans cette très expressive descente aux enfers de son personnage.

La scène la plus intéressante se revèle la dernière où House reconnaît enfin sa dépendance. Mais House est House, et donc déclare qu'il n'a pas de problème : il est accro à la codéine et alors ? Du moment qu'il fait son boulot et que ça calme sa douleur, pourquoi arrêterait-il d'en prendre désormais ? Cette coda dont il sort totalement indemne et sans en tirer de leçon est d'un amoralisme et d'un pessimisme stupéfiant, et à contrecourant du dépassement de soi-même via les leçons apprises de ses erreurs (une pierre fondatrice de l'american way of life).
On remarquera quelque chose d'important : House, aveuglé par la haute opinion qu'il a de lui-même, ne tire jamais des leçons de ses échecs, et cela lui sera préjudiciable à plusieurs reprises, notamment lorsque Stacy entrera en scène.


Le cas Foster est très agréable à suivre. Malgré quelques longueurs et des dialogues assez mièvres entre les deux amoureux, heureusement rares, (Amanda Seyfried, pas encore la célébrité qu'elle est maintenant est certes excellente, mais Nicholas d'Agosto est très plat), la complication de la maladie, tout en suspense, et les quelques scènes d'électrochoc (vomissement brutal, foie pourri ou l'autopsie de "Jules") dynamisent à intervalles réguliers le tempo de l'épisode. Tous les personnages et acteurs tiennent une forme olympique à l'exception d'une Jennifer Morrison en surjeu : Foreman révolté, Chase malaisé, Wilson cynique, Cuddy, froide et révulsée.. la tension est partout et ne se relâche pas. L'ironie, maîtresse de l'épisode, domine tout, y compris le twist final. L'épisode attaque aussi à mots couverts le manque de moyens dans les hôpitaux qui ne servent pas toujours une nourriture convenable. Detox ouvre une fenêtre sur les futurs grands chefs-d'oeuvre noirs de la série.

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Premier épisode où House se fait frapper, ce ne sera pas la dernière !

Première apparition du Dr.Hourani, joué par Maurice Godin. Il apparaîtra dans 3 autres épisodes de la série : Tout seul (saison 4), 16 heures de la vie d'une femme, et Comme à l'école (saison 6).

L'introduction, qui débute par une scène de lit entre un garçon et sa petite amie, n'est pas sans rappeler celle de Cherchez l'erreur. Dans les deux cas, c'est la fille qui domine ! Il y'aura d'autres introductions "sexuelles" qui dégénereront dans la série.

D'après House, Wilson n'a jamais "emballé" au lycée. Par contre, nous ne savons pas si House était dans le même cas !

Chase est un garçon issu d'une famille aisée tandis que Foreman vient d'une famille plus modeste. Foreman a cependant un beau cursus derrière lui : quatre années de faculté, quatre années d'école de médecine, deux années d'internat et quatre années de spécialisation !

House, d'après lui-même, fait fuir les gens depuis qu'il a trois ans. À la fin de l'épisode, il reconnaît être addictif à la codéine mais dit que cela ne lui pose pas de problème.

Deux chansons dans l'épisode : Feelin' Alright de Dave Mason, interprété par Joe Cocker, et You don't have to worry par Wayne Jones et Windy Wagner, chantée par cette dernière.

Acteurs

Nicholas d'Agosto (1980) a baigné très tôt dans le théâtre et dans les spectacles musicaux. Diplômé en Histoire et en théâtre, il choisit une carrière d'acteur et obtient son premier rôle dans le film L'Arriviste. Depuis, il joue aussi bien au cinéma (Destination Finale 5...) qu'à la télévision où il a joué dans des séries comme Six Feet Under, Cold Case, Supernatural, FBI : Portés Disparus, Grey's anatomy (2 épisodes), Urgences (2 épisodes), The Office, Gotham (3 épisodes chacun), etc. Ses rôles les plus connus sont West Rosen, dans Heroes (9 épisodes) et Ethan Haas dans Masters of sex (14 épisodes).

Amanda Seyfried (1985) est une des comédiennes les plus prometteuses de sa génération. Sa vocation naît quand elle regarde à 10 ans Romeo + Juliette de Baz Luhrmann (avec Leonardo di Caprio). Elle commence toutefois comme mannequin tout en prenant des cours de chant et de comédie. Elle débute sur le petit écran grâce au rôle de Lucinda Montgomery dans le soap opera As the World Turns (27 épisodes), mais elle se fait vraiment remarquer en jouant un second rôle dans le film Lolita malgré moi. Pressentie pour jouer le rôle éponyme de la série Veronica Mars (qui échut à Kristen Bell), elle apparut dans cependant 11 épisodes de la série (rôle de Lilly Kane). Ayant reçu plusieurs récompenses, elle continue sa fructueuse carrière jouant dans des films comme Nine lives, Mamma mia !, Jennifer's body, Le chaperon rouge, Time out, Les Misérables, Lovelace, Albert à l'Ouest... Elle n'a joué que dans peu de séries sauf le rôle majeur de Sarah Henrickson de la série Big Love (43 épisodes)...

Mark Harelik (1951) est un acteur de télévision, de théâtre et des musicals de Broadway. Il est également dramaturge (sa pièce The Immigrant fut en 1991 un succès phénoménal dans tous les Etats-Unis). D'abord au théâtre, il ne vient vraiment devant le petit écran qu'à partir de 1993. Il a obtenu un rôle récurrent dans Getting on (10 épisodes) et a joué dans de nombreuses séries : Star Trek : Voyager, Angel (épisode Les coulisses de l'éternité), Les Experts : Miami, Desperate Housewives, Six Feet Under, Numb3rs, Grey's anatomy, Bones, Urgences, Medium (épisode Le cougar), Breaking bad (épisode Kafkaïen), Lie to me, The Good Wife, Scandal, Castle, Mentalist... et beaucoup d'autres ! On l'a peu vu au cinéma, mais on peut noter qu'il joue un petit rôle dans Jurassic Park III.

Maurice Godin est un acteur canadien connu pour ses participations à Robocop, Seinfeld, Lois & Clark, The practice, Spin City, Ally McBeal, Alias (épisode Véritable identité), NIH alertes médicales, Monk, Friends, Chair de Poule (2 épisodes chacun), Malcolm, Jericho, Tell me you love me (épisode 3), Los Angeles police judiciaire, Suits : avocats sur mesure, etc.

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12. RENCONTRE SPORTIVE
(SPORTS MEDECINE)


Scénario : John Mankiewicz et David Shore
Réalisation : Keith Gordon

- See ? Steroid use shrinks the testicles.
- I am clean, man - no steroids, no nothing.
- Your lips say no, your prunes say yes.

Hank Wiggen, champion de baseball, tourne un clip de prévention contre la drogue ; lui-même est un ancien drogué. Mais pendant le tournage, l'os de son bras se casse net. House est certain qu'il continue à se droguer aux stéroïdes ce qui expliquerait son ostéoporose (os d'une excessive fragilité) mais son épouse et lui-même démentent. Les analyses faites montrent qu'ils disent vrai. Pendant ce temps, House cherche quelqu'un pour l'accompagner à un match...

Bon épisode renouant avec le thème du secret plus ou moins honteux du patient, qui a déjà fait le succès de plusieurs épisodes. Tout au long de l'intrigue, le déroulement du cas médical ne nous ennuie jamais. L'histoire du jour a beau être classique, elle n'en est pas moins plaisante à suivre.

Le patient du jour, assez rétif, capte tout de suite notre attention par le sourd conflit qu'il instaure entre lui et ses médecins. Tout au long du premier quart d'heure, riche en dialogues acides, la tension est bien perceptible. La complication du cas (rein pourrissant), routinière dans la série, est cependant réhaussée par le dilemme de la situation : Lola est enceinte, elle accepterait une IVG pour donner un rein à son mari, mais Hank refuse : il veut son enfant (ils ont eu du mal à en avoir un), quitte à y laisser la vie. Scott Foley passe complètement à côté de son personnage, avec des mimiques outrancières. Mais Meredith Monroe est sobre juste ce qu'il faut. C'est là qu'on s'aperçoit de l'étendue de la sécheresse sentimentale du docteur : pour lui, une IVG est quelque chose de normal, il n'y voit qu'un moyen de guérir le champion, et non pas la mort d'un enfant/foetus. Mais cette absence de compassion est caractéristique de ce personnage qui ne cherche pas à être aimé ou approuvé. La conversation qui s'ensuit entre House et Hank est tendue : le premier veut outrepasser la volonté du deuxième (House et le serment d'Hippocrate, ça fait deux). Lorsqu'arrive la pirouette finale, on se dit que tout le programme a été suivi à la lettre, mais qu'on a eu droit à de bonnes surprises : la fausse piste de l'entraîneur (Art LaFleur, qui ressemble étonnamment à Guy Roux) est bien trouvée. L'épisode fait réfléchir par ses sujets : l'avortement - l'épisode ne tranche pas, mais admet au moins son utilité dans les cas "extrêmes" - les cas de conscience, et la confiance en l'autre avec l'harmonie du couple Hank-Lola brutalement fragilisée par les évènements. Tout cela crée un contraste avec la détente des scènes secondaires, drôles et bon enfant.


La redoutable performance de Hugh Laurie de l'épisode précédent pouvait laisser penser qu'il subirait un contrecoup. Il n'en est rien : souffrant ou pas, House n'est jamais infidèle à sa réputation. On retrouve ses échanges électrisants avec Cuddy (Si vous voulez vraiment me contrarier, demandez-moi un truc que je peux accepter !). Sans oublier une scène tordante : House tente de partir un quart d'heure en avance, mais Cuddy l'en empêche car il y a quatre patients à traiter en consultation. Une minute plus tard, il a diagnostiqué tout le monde, laissant une Cuddy sciée ! Ses réparties face à son patient et surtout face à son équipe sont plus énergiques que de coutume, un vrai régal de dialogues qui fusent. D'autres scènes comme celle où Cameron, Chase et Foreman discutent de leur boss, notamment de sa sexualité, ne sont immanquables !

En parallèle, deux petites histoires pimentent l'épisode : Foreman vient de sortir d'une nuit d'amour avec une jolie black, leur petite discussion entre eux est très savoureuse. Moment à déguster car la vie privée des protagonistes de la série, contrairement aux autres séries médicales, n'est que très rarement mise en avant (du moins dans les 4 premières saisons). Cette histoire est source de quelques scènes d'humour : House s'étonnant que Foreman s'excuse pour un retard de seulement deux minutes, ou pendant la scène du restaurant, quand il débarque chez ses subordonnés sans avoir été invité et cherchant à deviner lequel des trois (Cameron comprise !) couche avec la fille ! Mais ce qui est le plus intéressant, c'est House qui veut absolument inviter Wilson puis ses collaborateurs à une course de Monster truck (course de 4x4). On notera que House exprime rarement des émotions devant des situations difficiles, mais ce simple refus semble l'embêter profondément (bon, il faut dire qu'il a payé très cher les places) ! Finalement Cameron acceptera l'offre, et, autre surprise, fèle sa posture de Sainte-Nitouche en se "lâchant" quelque peu. Mais il faudra attendre Partie de chasse (saison 2), pour la voir vraiment à l'opposé de son image habituelle. Très craquante, Jennifer Morrison force toutefois son jeu. On préferera ses collègues masculins.


Toutefois, un certain malaise naît de cette histoire d'invitation car Wilson a menti à House pour ne pas aller au show pour des raisons assez délicates. Raisons qui font disparaître la morgue de House, pour une fois gêné et hésitant. C'est la première fois que nous entendons parler de cette personne qui apparaîtra bientôt dans la série. Encore un peu de patience...

Infos supplémentaires

Première référence à "Stacy", une avocate en droit constitutionnel avec qui doit dîner Wilson. Nous apprendrons plus tard (dans l'épisode Cours magistral) qui est réellement Stacy.

Première apparition de la canne noir et argent de House (à la toute fin), on ne la verra cependant plus avant l'épisode Douze ans après (saison 2).

Bryan Singer, réalisateur et producteur de la série, fait un caméo dans l'introduction : il joue son propre rôle en interprétant le réalisateur du spot.

Le titre VF est ridicule : il ne correspond à rien.

La vie privée de Foreman est pour une fois évoquée : il est célibataire, mais a quelques aventures. Une boîte de preservatifs magnum coûte 5.57 $ d'après Sharon : le plaisir n'a pas de prix !

Premier rendez-vous entre Cameron et House. Il est purement amical bien qu'on puisse sentir les sentiments de la doctoresse envers son patron. House est un fan de courses de monster truck. Cameron, moins, mais ça semble quand même lui plaire.

Pendant la discussion au café, l'équipe de House s'interroge s'il voit des prostituées ou pas. Les saisons suivantes nous apporteront la réponse à cette question.

Cuddy dit ironiquement que sa raison de vivre est de s'opposer incessament à House. L'épisode Culpabilité (saison 2) nous apprendra cependant qu'elle s'en veut de toujours avoir cette attitude.

L'épouse de Scott Foley (Hank), Marika Dominczyk, jouera dans l'épisode Flou artistique (saison 5).

Erreur de continuité : dans la scène du dîner au restaurant, Cameron tient la fourchette de la main gauche et le couteau à la main droite. L'instant d'après, elle tient la fourchette à la main droite et rien à la main gauche.

House dit en VO " I'm Dr. House, and this is the coolest day of my life. " C'est une distorsion de la fameuse phrase de Jack Bauer dans la saison 1 de 24 heures chrono " I'm Federal Agent Jack Bauer, and this is the longest day of my life." House fera de temps à autre référence à l'insubmersible agent de la CAT de Los Angeles. Après Panique à la maternité, il y a une nouvelle référence à Usual Suspects de Bryan Singer (cette fois par Chase).

Pas moins de quatre chansons dans l'épisode : "You Better Stop" par Wayne Jones et Robbie Wyckoff, chantée par Robbie Wyckoff. "I Never Saw It Coming" et "I Found Out" par Wayne Jones et Windy Wagner chantées par cette dernière. "I'm Not Afraid To Tell You" par Wayne Jones et Melanie Taylor chantée par cette dernière.

Acteurs

Scott Foley (1972) perça sur le petit écran en jouant 84 fois Noel Crane, un des rôles principaux de la série Felicity, et en tenant le rôle principal de Bob Brown de la série The Unit : Commando d'Élite (69 fois). Son rôle cinématographique le plus connu reste celui de Roman Bridger de Scream 3. À ce jour, il a joué des rôles récurrents dans plusieurs séries comme Dawson (5 épisodes), Scrubs (12 épisodes), Cougar Town (4 épisodes), Grey's Anatomy (15 épisodes), True Blood (10 épisodes). Son role le plus connu est celui de Jake Ballard dans Scandal (41 épisodes).

Meredith Monroe (1968) est surtout connue pour avoir joué à 69 reprises le rôle d'Andie McPhee (16 ans dans la série soit 13 ans de moins que son interprète !) dans la série adolescente Dawson. Elle commenca à apparaître sur les écrans à la fin des années 90. Elle a davantage tourné dans des séries que dans des films. On a pu la voir dans Les Experts, Les Experts : Miami, Les Experts : Manhattan, Hawai 5-0 Cold Case, Bones, Californication (épisode Vaginatown), Mentalist, NCIS, NCIS : Los Angeles, Esprits Criminels (14 épisodes), The Closer L.A. (épisode Conflit parental) etc.

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13. LE MAUVAIS ŒIL
(CURSED)


Scénario : Matt Witten et Peter Blake
Réalisation : Daniel Sackheim

— How would you feel if I interfered in your personal life ?
— I'd hate it.
That's why I cleverly have no personal life.

Lors d'une séance de spiritisme entre adolescents, la ouija (planchette de bois permettant aux esprits de s'exprimer) révèle que l'un d'entre eux, Gabriel Reilich, mourra dans l'année. Une semaine plus tard, il attrape une forte fièvre et son état s'aggrave subitement. Rowan Chase, célèbre rhumatologue vient rendre visite à son fils, mais Robert n'apprécie pas son arrivée. House s'interroge sur le motif de cette venue subite...

Cet épisode est intéressant au niveau de la construction scénaristique, qui sait toujours nous captiver : nous sommes d'abord curieux du vindicatif personnage de Jeffrey, le père de Gabe, puis de l'énigmatique Rowan Chase ; puis, dans un subtil contrepoint, du parallèle entre les deux rapports filiaux, donnant une scène finale d'une grande beauté. L'interlude du secret de Jeffrey achève de donner à l'épisode une architecture solide mais qui ne laisse pas place à des scènes très vives ou originales.

L'introduction où l'adolescent tombe malade après avoir été maudit pouvait laisser présager beaucoup, mais l'épisode ne suit pas dans cette veine (pseudo-) fantastique. C'est dommage car on aurait eu un épisode atypique, mais La malédiction reste un simple McGuffin, qui ne sera plus abordé par la suite. Jeffrey Reilich, colérique et bouillonnant, est la première chose qui nous frappe. Comme Margo Davis (Empoisonnement), il est trop protecteur vis-à-vis de son fils. Cachant un honteux secret sous des dehors ostentatoires et autoritaires. S'énervant, gesticulant, criant parfois, il gène profondément le travail des médecins et cet antagonisme donne de la force à l'épisode. On peut cependant regretter qu'il reste à cette attitude excessive, sans réel changement. Nestor Carbonell déçoit, cabotinant à l'excès une fois l'effet de surprise passé. On préférera Tracy Middendorf, une comédienne hors de pair encore trop sous-employée, dans un rôle hélas anecdotique.

C'est l'autre père, celui de Chase, qui est le plus intéressant.

Dès son entrée, on pressent un malaise, qui n'est pas désamorcé par les déductions "holmesiennes" et ironiques de House. D'ailleurs, Rowan se montre très mystérieux : ses dehors calmes, son air de vieux sage, intriguent. Il se contente de participer aux séances de diagnostic, et d'essayer de discuter sereinement avec son fils qui s'y refuse, trouvant tous les prétextes possibles pour éviter de lui parler. Rowan lui-même, ne dit à aucun moment qu'il regrette ce qu'il a fait. On ne saura pas si c'est le cas ou pas, le personnage demeurant assez sphinx. Ce mystère, la fine écriture des dialogues et la prestation des comédiens font du passage obligé (et parfois lourd) de la famille dysfonctionnelle, une histoire divertissante.

La grande scène de l'épisode est évidemment le déballage de Chase, qui lâche ses quatre vérités à son paternel. Puis, disant à House, de manière moins passionnée mais toujours avec autant de force, ce qu'il ressent réellement envers son père. Cette relation qui s'apparente à de l'amour-haine sans qu'elle le soit pour autant est vraiment bien trouvée. Elle montre la difficulté du pardon, et plus terriblement : l'indifférence sèche, la négation des sentiments comme antidote aux souffrances psychologiques : Chase fuit son père car il ne veut plus souffrir à cause de lui. Ce choix confirme son sentiment permanent de peur qu'il avait déjà avoué à Sœur Augustine dans L'erreur est humaine, et qu'il confirmera plus tard par différentes attitudes de traîtrises ou de lâcheté. Attitudes motivées par son désir d'ambition mais surtout à cause de sa peur intérieure. Ce faisant, Chase montre le point commun qu'il a avec House : il est toujours dans une fuite en avant, se noyant dans son travail...



La scène finale est un faux happy end dans toute sa splendeur : Chase quitte son père l'âme plus apaisée, mais pas guérie ; rien ne s'est vraiment passé entre eux. Si grâce au comportement de Gabriel, déçu par son père qui n'avait jamais voulu lui dire son humiliant secret, il fêle la glace entre lui et le rhumatologue, on sent bien que la blessure ne cicatrisera jamais (et l'épisode L'Erreur en saison 2 confirmera l'échec de leur lien)... Patrick Bauchau, énigmatique, avec un jeu monolithique impressionnant, marque durablement ses temps de présence. À l'inverse, Jesse Spencer est en force contenue, en pleine tension nerveuse. Leur talent éclate dans leurs intenses scènes communes.

Le cas médical se regarde sans peine, malgré un second patient non développé (David Henrie, le fils de Ted Mosby pour les amateurs de How I met your mother). On notera une scène de bravoure : l'équipe, en état d'urgence, devant débloquer la respiration de Gabe aidée par Cuddy (une première). Cette scène, inhabituellement longue, énergise l'épisode. La recherche policière de la maladie, avec Chase s'improvisant en Sherlock Holmes est suffisamment prenante pour que l'on soit pleinement dans l'épisode. Comme d'habitude, l'humour noir de House fait merveille, se montrant désobilgeant dans des moments qui demanderaient pourtant plus de tact - quand il cuisine Chase par exemple - On regrettera l'absence de cas secondaire extravagant qui aurait pimenté l'épisode.

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Nous en apprenons plus sur Chase : il ne supporte pas son père qui a divorcé et quitté sa mère il y a quinze ans. La mère de Chase sombra dans l'alcoolisme et mourut cinq années plus tard. Si Chase ne déteste pas son père, il l'a trop déçu et le désigne comme responsable de la mort de sa mère. Rowan Chase, le père de Robert, est un rhumatologue renommé. Atteint d'un cancer du poumon en phase 4 (terminale), le Dr.Wilson lui donne trois mois à vivre. Il mourra en fait seulement deux mois plus tard dans l'épisode L'erreur (saison 2). Il est australien mais d'origine tchèque.

House a une excellente oreille car il trouve rapidement quel est l'accent de Rowan Chase en l'écoutant parler (tchèque avec 30 années d'Australie).

Première fois que nous voyons Cuddy participer activement à une opération sur un patient.

Quatre erreurs médicales :
– Le nerf ulnaire ne passe pas par le canal carpien contrairement à ce que dit House.
– La thalidomide ne s'injecte pas en intraveineuse comme le dit House, uniquement par pilules ou injection.
– Chase (Jr.) dit que les médicaments utilisés pour l'anthrax soignent aussi la lèpre. Ce n'est pas le cas.
– Chase, encore, dit que l'anthrax ne peut causer des nodules respiratoires. En réalité, c'est possible.
Erreur historique : House demande qu'on aille chercher la thalidomide dans la léproserie de Carville. Problème, elle est fermée depuis 1998 ! (L'épisode date de 2005)
Erreur de continuité : dans le dernier diagnostic différentiel, Rowan Chase est, d'un plan à l'autre, tantôt debout, tantôt assis.

Acteurs

Patrick Bauchau (1938) est le fils de l'écrivain belge Henry Bauchau (et beau-frère de Brigitte Bardot). Polyglotte (il parle cinq langues couramment), il a mené sa carrière en Europe aussi bien qu'en Amérique. Son premier grand rôle est celui d'Adrien dans La Collectionneuse d'Eric Rohmer qu'il a co-dialogué. S'ouvre alors dans les années 80 une fructueuse carrière internationale pour ce comédien réputé, avec des films comme Dangereusement vôtre (Scarpine), puis vinrent Phenomena, Conseil de famille, Le Maître de musique, Lisbon Story, Panic Room, Ray, 2012... Il a joué dans beaucoup de séries, son rôle le plus emblématique étant celui de Sydney dans Le Caméléon (86 épisodes). On citera aussi Colombo, Arabesque, Nestor Burma, Les Experts : Manhattan, Alias (2 épisodes : A l'air libre, et L'Horizon), 24 heures chrono, Castle, Numb3rs, Burn notice... Soit en tout plus de 140 séries et films différents.

Nestor Carbonell (1967) est particulièrement réputé pour avoir joué à 34 reprises l'ambigu Richard Alpert dans la série Lost : les Disparus. Sa carrière d'acteur se joue principalement dans les séries télé. Il a ainsi tenu trois rôles principaux : Luis Rivera dans Suddenly Susan (93 épisodes), Victor Machado dans Ringer (17 épisodes), et Alex Romero dans Bates Motel (21 épisodes en 2015). Mais il a joué aussi dans New York, Police Judiciaire, Melrose Place, Ally McBeal, Scrubs, Monk, DayBreak, Cold Case (3 épisodes), Person of interest, The Good wife, etc. Il a joué quelques seconds rôles au cinéma comme le major Garcia dans The Dark Knight : Le Chevalier noir.

Tracy Middendorf (1970) est un des meilleurs seconds rôles américains télévisuels. Elle obtient son premier rôle en jouant temporairement le personnage de Carrie Brady dans le téléfilm et le soap opera Des Jours et des Vies. Depuis, elle enchaîne les seconds rôles d'importance à la télévision. Elle a peu joué au cinéma mais on a pu la voir interpréter Julie dans Freddy sort de la nuit, 7e volet de la franchise Freddy ou dans Mission : Impossible III (Ashley). Elle est plus active dans les séries comme dans Beverly Hills (6 épisodes), Arabesque, La vie à tout prix, X-Files (épisode La morsure du mal), MillenniuM (épisode L'oeil de Darwin), Six Pieds sous Terre, JAG, Cold Case, NIH : Alertes Médicales, Mentalist, Bones, NCIS, Esprits criminels, Ally McBeal (2 épisodes), Lost (2 épisodes), 24 heures chrono (4 épisodes), Boardwalk Empire (9 épisodes), Scream (9 épisodes en 2015)... qui ne sont que quelques titres de sa longue liste de rôles. Elle a joué également Tina dans le pilote d'Angel, peut-être son rôle le plus connu.

Daryl Sabara (1992) est apparu devant une caméra dès sa naissance dans la série Murphy Brown ! Il n'est donc pas étonnant qu'il se soit engagé dans la voie d'acteur assez vite ! Il a commencé à apparaître au cinéma dans la franchise Spy Kids (Juni Cortez) puis dans Pôle express, Un drôle de Noël de Scrooge, Machete, John Carter... Parallèlement, il a joué dans beaucoup de séries (une soixantaine à l'âge de 20 ans !) comme Roswell, Will and Grace, Friends, Esprits Criminels, The Closer (épisode Un enfant enragé), Weeds (7 épisodes), Grimm etc.

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14. CHANGEMENT DE DIRECTION
(CONTROL)


Scénario : Lawrence Kaplow
Réalisation : Randall Zisk

— I need you to wear your lab coat.
— I need two days of outrageous sex with someone obscenely younger than you. Like half your age.

Carly, 32 ans, PDG d'une entreprise et bourreau de travail, est soudain prise en pleine réunion de violentes douleurs à la jambe. Princeton-Plainsboro est chamboulé par l'arrivée d'Edward Vogler. Ce milliardaire, contre 100 millions de dollars, devient président du conseil d'administration de l'hôpital. Vogler voit la santé comme un business : il faut guérir le plus possible pour bien la vendre. Ainsi, dès son arrivée, il entretient un contact tendu et difficile avec le sardonique diagnosticien qui l'irrite par son anti-conformisme, et par le fait qu'il ne soigne pas beaucoup de patients...


Épisode décevant. Malgré l'entrée en scène d'un nouveau personnage dont la présence n'a d'égal que sa corpulence, il faut admettre que le scénario repose trop sur son arrivée. Du coup, le cas médical du jour se trouve moins pensé. Les scènes trop rallongées témoignent de ce sentiment de remplissage. Cependant, quelques moments assez tendus, et l'inititation d'une exploration psychologique du trio de docteurs vont permettre à Changement de direction d'éviter le fiasco total.

Le cas clinique de Carly est inintéressant au possible : diagnostics, échecs, améliorations... s'enchaînent mollement. La patiente n'a pas grand-chose à cacher et n'a aucun trait de caractère particulier. L'interprétation déchirante de Sarah Clarke est un exemple type d'une actrice plus intéressante que son personnage. Les docteurs, sauf Cameron (Jennifer Morrison est plus convaincante qu'à l'habitude), se mettent en mode automatique, on les oublie assez vite. Le cas secondaire est aussi peu reluisant. Heureusement, notre docteur favori est le moteur de plusieurs scènes intenses : D'abord, sa première scène avec Carly est plutôt réussie, il demande d'elle une sincérité totale, de dépasser sa honte (plus psychologique que réelle) pour qu'elle retrouve le goût de vivre à tout prix, toutefois moins par altruisme que par raison médicale. La scène n'est pas un pep talk optimiste mais plutôt une tirade stressante faite pour qu'elle craque (méthode House) ! Le final, avec un House inhabituellement doux, est le pendant apaisé de cette scène, donnant un chiasme dramatique réussi. Entre les deux scènes, celle du comité de greffe (avec une Cuddy inquiétante) est d'une tension très forte : House met son avenir professionnel en jeu en mentant effrontément pour sauver sa patiente.


Il y a aussi la "traîtrise" de Chase qui confirme que la peur et l'ambition sont les sentiments dominants chez lui ; il est prêt à tout pour se faire bien voir, quitte à avoir une attitude de "lèche" qui se confirmera dans les épisodes suivants avant que son évolution - sous l'influence de Cameron et House le tirent hors de cette attitude négative. On assiste ici au début d'un intéressant parcours psychologique. Quant à Cameron, à l'instar d'une Tara King, elle commence à dévoiler ses sentiments envers son patron. Les personnages se craquèlent, atténuant la froideur clinique de leurs portraits passés. Sans doute la série avait-elle besoin d'un délai pour mieux appréhender leurs personnages. On verra qu'à l'inverse, la seconde équipe de la saison 4 sera instantanément sur les rails, preuve d'une plus grande aisance d'écriture de la part des scénaristes.

Le sujet majeur de l'épisode est Edward Vogler. Ce personnage, sous des dehors débonnaires, s'avère prodigieusement antipathique de par sa tendance ultra-libérale. Ce milliardaire ne voit que le côté business des choses. Tout est business et la Santé doit être pour lui un service rentable : il faut guérir beaucoup et vite, ce qui n'est pas sans rappeler quelques méthodes de management de triste mémoire encore en cours aujourd'hui. La rentabilité à tout prix détruit la vision humaniste de l'art de la médecine qui consiste à sauver des vies. Cuddy elle-même cache mal son malaise quand elle commence à découvrir la face sombre de Vogler. Mais que peut-elle faire face au pouvoir de l'argent ? Lisa Edelstein brise pour la première fois le cynisme de Cuddy pour mettre l'accent sur son côté plus humaniste.
La réaction de House est intéressante : si froid et détestable soit-il, il a toujours à cœur de guérir une maladie, et s'il le faut, d'y consacrer tout son temps, son énergie, son argent (parfois sa vie même). Vogler, lui, n'est intéressé ni par les maladies ni par les patients : sa volonté de fermer le service de House, non rentable, en dit long. Sa volonté de transformer l'hôpital en laboratoire d'essais thérapeutiques choque profondément House qui juge cette orientation contraire à "l'éthique", terme pourtant peu familier dans sa bouche (excellent dialogue à l'humour noir avec Wilson). L'épisode tire sa force de ses thèmes toujours actuels : l'ostentation de certains riches à montrer leur "charité", le triomphe des apparences doucereuses qui cachent un esprit bien moins bienveillant que l'on pourrait croire. Voilà des sujets tout à fait propres à une autre série : Le Prisonnier, qui dénonçait déjà en 1967 la fausseté des dirigeants et des relations humaines. Il y'a en effet du Numéro 6 chez Gregory House... En réalité, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une OPA : Vogler achète du pouvoir pour satisfaire son désir de puissance même s'il est hors de doute qu'il tient sincèrement à aider la Recherche. Ainsi, s'aveuglant volontairement sous ses belles apparences, n'a-t-il aucune honte de ce qu'il fait. La scène finale nous montre que House n'a pas peur de lui, même après le frisson menaçant que fait passer Vogler lors de sa dernière pique. En passant, House jouant le générique des Experts : Manhattan au synthétiseur est un amusant clin d'oeil à CSI, série dont House n'a jamais caché l'influence.


Toutefois, le beau soin apporté à ce changement est affaibli par la description binaire de Vogler, dont on sent trop qu'il ne sert que de repoussoir pour faire dire au spectateur que finalement House n'est pas si noir que ça. Mais nous sommes dans les tous premiers pas de la série, au sujet et au héros déjà extrêmement audacieux, et l'on comprend que David Shore ait voulu se rassurer par cette facilité pour ne pas trop choquer le public des grandes chaînes, plus amateur d'héros aseptisés que ceux du câble. Il n'aura d'ailleurs plus jamais recours à une telle stratégie (Tritter aura une tout autre stature). D'ailleurs l'entrée en scène de Vogler où il narre sa vie (avec violons grinçants de rigueur !) est franchement manquée, d'autant que Chi McBride n'est absolument pas crédible. Ce n'est que lorsqu'il entre en conflit avec le héros que ses airs faussement bonhommes font mouche. En lui-même, il faut avouer que le scénario de l'épisode reste assez plat et que la mise en scène est souvent bancale et peine à donner tout le suspense voulu. Un épisode pas mauvais, mais en-dessous de la qualité habituelle.

Infos supplémentaires

Première apparition sur cinq épisodes du personnage d'Edward Vogler (Chi McBride) qui devient ainsi le premier personnage récurrent de la série.

Sunny Mabrey (Jenny) était alors l'épouse d'Ethan Embry qui jouera Mickey, le patient de Brouillages (saison 6). Ils ont cependant divorcé en 2012.

Vogler insinue que Cuddy aurait déjà couché avec House. Curieusement, Cuddy se garde bien de répondre. Nous saurons dans l'épisode L'homme de ses rêves (saison 3) qu'ils ont en fait déjà passé une nuit ensemble quand ils étaient à la fac.

Le service de House, nécessaire mais peu rentable (un patient par semaine environ) coûte trois millions de dollars par an à l'hôpital même si, comme le dit Cuddy, il trouve à chaque fois le diagnostic.

House aime jouer au yo-yo et a vu tous les films d'horreur jamais réalisés.

Chase flirte avec Jenny, une collègue. Il passe souvent ses vacances à faire du snowboard à Gstaad (Suisse).

Cameron a une tante : Elysa, qui vit à Philadelphie. Dans cet épisode, elle appelle ses collègues "Eric" et "Robert". En retour, ils l'appellent "Allison".

Il existe un autre Dr.Wilson à l'hôpital, il est ophtalmologue.

Le patient secondaire, le père muet et son fils, portent le nom de famille de van der Meer ; c'est un clin d'œil à Gerrit van der Meer, un des producteurs exécutifs de la série.

Lorsque House évoque comme signe de mauvais augure un chœur de garçons et deux jumelles de six ans devant un ascenseur ensanglanté, il s'agit de références respectives à La Malediction (de Richard Donner) et à Shining (de Stanley Kubrick). Foreman, lui, évoque la série L'Île des Naufragés (en VF, ça devient Bambi !).

Deux chansons dans l'épisode : Hava Nagila, une chanson juive traditionnelle chantée par The Klezmer Fiesta, et Baba O'Riley de Pete Townsend interprété par The Who (chanson du générique de CSI : NY).

Acteurs

Sarah Clarke (1972) est surtout connue pour avoir joué Renée Dwyer, la mère de Bella Swan (Kristen Stewart) dans l'adaptation cinématographique des tomes 1, 3 et 4 de Twilight. Elle est connue aussi pour avoir interprété Nina Myers dans 24 heures chrono (36 épisodes) Etudiante en Italien, Beaux-Arts et photographie, elle prit des cours de théâtre avant de connaître la notoriété grâce à 24. Elle a joué dans quelques séries comme Sex and the City, Life, Las Vegas, Nikita (3 épisodes), Covert affairs (10 épisodes), etc. et alterne séries et cinéma.

Chi McBride (1961) en dehors du rôle de Vogler, est surtout reconnu pour avoir joué Emerson Cod dans la série Pushing Daisies (22 épisodes), Winston dans Human Target : la Cible (25 épisodes), et Lou Grover dans Hawai 5-0 (32 épisodes en 2015). Son prénom "Chi" est en fait le diminutif de Chicago, sa ville natale (son vrai prenom est Kenneth). Il a enchaîné des rôles recurrents dans des séries populaires comme The John Larroquette Show (84 épisodes), Boston Public (81 épisodes), Killer Instinct, The Nine (13 épisodes chacun), How I met your mother, Suits, etc. On l'a vu au cinéma souvent dans des rôles d'homme de main comme Code Mercury (avec Bruce Willis) ou Le Terminal (avec Tom Hanks) et dans d'autres films plus divers...

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15. UN TÉMOIN ENCOMBRANT
(MOB RULES)


Scénario : David Foster et John Mankiewicz
Réalisation :
Tim Hunter

— Need the lawyer.
— Who'd you kill ?
— Nobody, but it's not even lunch.

Joey Arnello, un mafioso repenti, s'apprête à témoigner contre son milieu lors d'un important procès. Son frère, Bill, qui est son avocat et lié à la Mafia, veut l'en empêcher car, attaché à lui, il pense que la procédure de protection des témoins ne sera pas suffisante pour le protéger. Mais Joey s'évanouit dans son appartement et est transporté à l'hôpital. Bill veut retarder voire même empêcher House de trouver un traitement contre sa maladie pour dissuader son frère de témoigner. Pendant ce temps, Vogler se montre de plus en plus menaçant envers House...

Bon épisode qui renoue avec le thème du personnage-pas-commode-qui-donne-du-fil-à-retordre-aux-docteurs. À travers un passionnant cas médical, deux portraits de mafiosos bien différents et un cas secondaire très rigolo, on ne s'ennuie pas un seul instant dans cet épisode qui, sans être un chef-d'œuvre, est très caractéristique de la série.

L'épisode trouve vite sa vitesse de croisière grâce à Bill Arnello : glacial, menaçant, acharné, d'un calme presque terrifiant ; il laisse le malaise partout où il passe. La pression est accusée par House, avec un stoïcisme Steedesque qui laisse pantois. Mais ses emportements soudains, sa condescendance envers le monde indiquent une âme tordue, capable d'émotions que violentes. Si l'on ajoute ses manières et ses idées ampoulées, il semble tout droit sorti de la famille Corleone ! Bien sûr, on peut arguer que le nom italien, le costard impec, et ses airs fuyants sont autant de clichés inhérents à ce type de personnage, mais son écriture subtile les dépasse, et fait projeter une ombre anxiogène sur chaque scène. À l'inverse, Joey est plus anecdotique. Le jeu compact et acéré de Danny Nucci est complémentaire de celui moins rugueux de Joseph Lyle Taylor.

Le scénario raconte très bien l'évolution du cas de Joey, et se double d'une autre intrigue : House cherchant à découvrir le "traître" qui a prévenu Vogler. Les scènes de "remplissage" acquierent ainsi un intérêt par les petites phrases innocentes, les non-dits, les retraits soudains de House pour forcer le "coupable" à se dévoiler. Les rebondissements du cas sont toujours intéressants, on notera le cadeau empoisonné offert à House : peut-on accepter le fastueux présent d'un gangster ? Ce sujet grave, pour une fois, est résolu par un humour léger peu courant dans la série. On note aussi l'ahurissante apparition d'un cochon en plein hôpital !!!


Le diagnostic final place Bill dans une délicate situation : pour son frère, sera-t-il capable de dépasser ses préjugés ? Il doit "pardonner" à son frère un penchant qu'il considèrera toujours comme honteux. Ainsi, la scène finale est-elle ambiguë : tel Le Parrain, il place l'amour fraternel au-dessus de tout, mais c'est plus par "obligation familiale" qu'il consent à lui lâcher la bride : il choisit de n'y plus penser plutôt que d'y faire vraiment face. Joey et Bill ne se reverront plus et leurs adieux sont tout sauf chaleureux. Encore une belle démonstration d'une fin aigre-douce, typique de la série. A l'inverse, le cas secondaire est extrêmement drôle, avec House extrayant du nez d'un enfant un, deux, trois, puis quatre objets qu'il avait fourrés dans sa narine !! Le choix des figurines est d'ailleurs bien pensé car témoigne d'une certaine précocité dans la logique de l'enfant !

Bien que Vogler soit moins présent, son ombre traverse l'épisode. Cuddy tente d'assurer un rôle de médiatrice mais échoue devant les persistances de Vogler et de House. Son inquiétude, son stress, inhabituels chez elle, sont palpables et renforcent une atmosphère déjà bien lourde. Vogler accentue sa pression sur House d'autant plus efficacement qu'il n'agit pas vraiment, mais se contente de menaces suspendues : le fait que House consente enfin à porter une blouse (le choc !) ou à se montrer moins acide, prouve que, bien qu'il ne le laisse pas paraître, il commence à avoir peur.


Fait rare, cet épisode se termine sur un cliffhanger inattendu, voyant la mécanique Housienne routinière se grippant. Cela est d'autant plus fort que House est prisonnier d'une volonté de contrôle absolu sur ses actions (Cuddy demeure tolérante des excès de House) qu'il perd à cette occasion. Terminé sur une note suspensive, cet épisode est décidément un modèle de construction avec surprises astucieusement insérées. Il bénéficie aussi d'une réalisation tellement épatante qu'elle mérite d'être signalée, l'utilisation notamment des plongées impressionnantes et une caméra nerveuse et fluide. Félicitations à Tim Hunter pour ce remarquable travail !

Infos supplémentaires

On apprend que cela fait huit ans que House travaille à Princeton-Plainsboro. Cependant, d'autres indices dans les saisons ultérieures font penser qu'il est en réalité dans cet hôpital depuis plus longtemps que ça. Prudent, House dépasse rarement la troisième vitesse quand il est en ville.

Âmes sensibles s'abstenir : House porte pour la première fois... une blouse !! Cet événement ne se produira en tout que cinq fois.

Chase se fait frapper dans cet épisode. Ce genre d'incident sur un médecin autre que House restera occasionnel. Chase recevra toutefois un autre coup, par House lui-même, dans Rendez-vous avec Judas (saison 3) ; il lui renverra la pareille dans Heureux les ignorants (saison 6).

Il y a une ménagerie au sous-sol de l'hôpital, où sont élevés des animaux. Très instructive, cette série...

Erreurs de continuité :
– Le médicament chinois contre le tabac de l'épisode est en fait un flacon contenant des pastilles contre la toux... japonais !
– Dans les dernières images de l'épisode, le tableau est vierge? mais l'instant d'après, il est couvert d'annotations sans que House ait eu le temps d'écrire quoi que ce soit.
– La Corvette offerte à House date non de 1965 comme il le dit mais de 1963, cela se voit en observant les dents des pneus avant.
– Lorsque House et Foreman discutent de la transplantation, le T-shirt de Foreman vire du bleu au vert, puis du vert au bleu, et enfin du bleu au vert encore !
– Lorsque House fait sortir les objets du nez de l'enfant, certains objets ont tantôt une partie couverte de mucus, tantôt sont totalement propres !

Erreur médicale : lorsque Joey tombe dans le coma, il est à 8 sur l'échelle de Glasgow et donc serait "presque mort". En réalité, le degré 8 ne correspond pas à cet état gravissime, ce serait plutôt le degré 3.

House fait clairement allusion à Babe, le cochon devenu berger lors de la scène où le sang de Joey circule dans le foie du cochon. Le jeu vidéo que colle House à l'oreille de Joey est Metroid Prime : Hunters

La chanson de l'épisode est Crazy World de et par Daniel Moynahan.

Acteurs

Joseph Lyle Taylor Jr. (1964) n'a que peu tourné devant les écrans, si ce n'est quelques petites participations à des séries comme les New York unité spéciale, New York Police Judiciaire (3 épisodes de chaque), New York 911 (2 épisodes), Les Experts, Les Experts : Miami, Grey's Anatomy, Dexter, Numb3rs, Lie to Me, Justified (11 épisodes), Mentalist, Masters of sex...

Danny Nucci (1968) est surtout connu pour avoir joué le rôle de Fabrizio, l'ami de Jack Dawson, dans Titanic (1997) de James Cameron.Il est très actif au cinéma, comme dans des blockbusters des années 90 (L'Effaceur, Rock, Les Survivants...). On l'a surtout vu à la télévision, où il incarne le, rôle régulier de Mike Foster dans The Fosters (33 épisodes en 2015), dans des soap operas comme Falcon Crest (16 épisodes) ou Des jours et des Vies mais aussi dans bien des séries comme Code Quantum, La Cinquième Dimension, Magnum... et plus récemment Joey, Mentalist, FBI : Portés Disparus, Les Experts, Les Experts : Miami, Les Experts : Manhattan, Castle (3 épisodes), Esprits criminels, NCIS, NCIS Los Angeles, etc.

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16. SYMPTÔMES XXL
(HEAVY)


Scénario : Thomas L. Moran
Réalisation : Fred Gerber

It will be more cost-efficient once I've grabbed Cameron's ass, called Foreman a spade, and Chase... well... I can grab his ass, too.

Jessica Simms, une fillette de 10 ans, est atteinte d'obésité morbide, et fait une crise cardiaque alors qu'elle sautait à la corde. House et son équipe se demandent si son obésité est la cause de sa crise, mais sa mère en a assez que l'on ne voit que l'obésité de sa fille. Les diagnostics sont perturbés par le poids du renvoi qui pèse sur les trois jeunes médecins. L'équipe, en proie aux dissensions, se déchire, et House va devoir rendre sa décision...


Superbe épisode qui est certainement le premier à fêler l'harmonie apparente qui existe entre les trois membres de l'équipe de House. Jusque-là, Cameron, Chase, et Foreman semblaient bien s'entendre, mais la menace du licenciement les change et les font s'étriper furieusement. Indépendamment de cette situation, le cas principal, traitant d'une très jeune obèse, est fort bien raconté à l'écran. Adroitement, le cas secondaire, est tout à fait réjouissant pour lui-même mais aussi par son miroir envers le cas principal.

La série continue à poser ses pessimistes fondations en jetant un regard sardonique sur une tristement célèbre tare humaine : l'instinct de conservation jusqu'à l'égoïsme dès lors qu'une menace fait voler en éclats l'illusion de respectabilité d'apparence façonnée par une société encourageant le paraître et l'individualisme dévoyé. Chase est la cible principale : ambitieux et opportuniste, il est prêt à tout pour garder son emploi et préfère jouer "perso" plutôt que de respecter l'esprit d'équipe : il se montre soudain plus prolixe pour parler de Jessica dans les diagnostics, entraînant une joute féroce avec Cameron. Ce comportement culmine une première fois dans la scène où il "lâche" Cameron en disant qu'elle a peut-être commis une erreur médicale. Et la deuxième fois, quand on apprend qu'il s'est "abaissé" à être l'informateur de Vogler sur ce qui se passe dans l'hôpital (et c'est lui qui traite Cameron de lèche-cul !). Même Foreman fragilise sa position traditionnelle de neutralité. Lorsque House le cuisine, il parvient à lui soutirer le fait qu'il n'aime pas trop Chase qu'il accuse de paresse. Vogler, également, le met en face de ses contradictions lorsqu'il met en balance le désir d'indépendance de Foreman et sa féodalité envers House, même si elle est tendue. Les scènes communes entre docteurs sont sous tension (gêne mutuelle lors de l'opération de la patiente).

Finalement, Cameron est la plus "pure" des trois. Malgré la pression, elle ne se renie pas. Au contraire, elle n'hésite pas à se disputer avec son patron (alors que ce n'est pas le meilleur moment), refuse de laisser tomber ses collègues, pensant même démissionner de son propre chef pour éviter les ennuis. Son "angélisme" est mis à mal par la dure réalité autour d'elle : ici, c'est chacun pour soi et elle ne le supporte pas. A posteriori, cela apparaît tragique car Cameron parvient encore à conserver son idéalisme, mais sera à la fin éclaboussée par la noirceur de House qui l'endurcira pour le meilleur comme pour le pire. Il est ironique qu'elle perdra la partie en luttant là où Martha Masters se préservera grâce à une arme souvent sous-estimée, et en particulier aux Etats-Unis : la fuite. En attendant, c'est sa colère qui domine, la scène qu'elle a avec House est d'une splendide intensité, portée par la superbe interprétation de Jennifer Morrison, qui ne joue jamais aussi bien que quand son personnage quitte ses postures d'angélique battant des cils.

Nous nous passionnons également pour Jessica, dont l'obsésité cause un terrible dégoût de soi, renforcé par le regard que les autres portent sur elle - thème repris dans le très abouti Le divin enfant (saison 5) - ses petits camarades vachards mais aussi les médecins qui ne regardent que ça. Encore une fois, l'amour maternel est également un frein car sa mère n'exige pas de sa fille qu'elle maigrisse, parce que de son regard de parent, elle aime sa fille quelle qu'elle soit. Le cas se déroule très bien avec complications (ablation des seins envisagée !), secrets, et suspense de rigueur comme dans le dernier diagnostic différentiel, établi dans l'urgence. Jennifer Stone est la précurseure des acteurs invités de Dr.House dont la jeunesse n'exclut pas un talent précoce dans la comédie. Elle prélude au succès de l'épisode Autopsy de la saison 2 qui poussera la production à engager plus d'enfants ou adolescents acteurs talentueux. Cynthia Ettinger en mère aveuglée est convaincante.

Mais l'épisode est assez habile pour nous proposer une autre vision de l'obésité. Thomas Moran a la géniale idée d'exposer un autre cas d'obésité mais vu cette fois sous un angle positif : Mme Hernandez aime son corps pulpeux et ne veut pas maigrir. Si son attitude s'explique par le secret ahurissant qu'elle garde, elle est sincère quand elle dit aimer son corps. Ce cas secondaire est hilarant car elle est sanguine et a des dialogues percutants avec ses médecins sur sa condition !

Finalement cet épisode illustre très bien la morale d'Epictète : Ce ne sont pas les choses qui nous rendent malheureux, c'est l'idée que nous en faisons. Grâce à ce cas secondaire, cet épisode est un véritable plaidoyer pour la différence : nous n'avons pas à nous sentir honteux de notre corps. De fait, la tirade de Chase sur la dictature de la minceur, imposée par la société (ou la mode), pour que nous puissions "plaire", rejoint la thèse de Mme Hernandez. Susan Slome fait un tabac en "forte en gueule". Chase, décidément en grande forme (tout comme Jesse Spencer), dénonce également le phénomène de l'obésité, grandissant dans le monde mais surtout en Amérique. Il n'y a pas de contradiction, car l'obésité dont parle Chase est l'obésité "négative" qui vous rend malade, pas celle qui est assumée - celle de Mme Hernandez. De nos jours, bien des gens, en particulier les jeunes, ne font plus d'exercice physique et se gavent de nourriture industrielle, de malbouffe (déjà dénoncée dans Une mère à charge). Au final, l'épisode sonne une charge bourrée d'acide contre le triomphe des apparences, combat éternel de la série résumé par son fameux "Everybody lies".

Infos supplémentaires

Pour donner l'impression d'être obèse, Jennifer Stone dut porter des prothèses et un énorme pull durant tout l'épisode, ce fut selon ses dires une expérience très fatigante.

Erreur de continuité : lorsque House écrit au tableau, des mots sont entourés et non entourés d'un plan à l'autre.

Lorsque Foreman prétend avoir été gros quand il était enfant et qu'on l'appelait "Rerun", il s'agit d'une référence à un personnage d'une sitcom populaire des années 70 What's happening !! qui était lui aussi obèse.

La chanson de l'épisode est Got To Be More Careful de et par Jon Cleary.

Acteurs

Jennifer Stone (1993) est surtout connue pour avoir joué le rôle d'Harper Finkle dans la sitcom adolescente Les sorciers de Waverly Place (106 épisodes) ainsi que dans son adaptation cinématographique. Montée sur les planches à six ans après avoir vu son frère répéter, elle décroche un premier contrat publicitaire à huit ans et obtient rapidement deux Young artist awards, dont un pour sa participation à cet épisode. Elle a joué surtout dans des téléfilms et parfois dans des séries (comme FBI : Portés Disparus ou Body of proof).

Cynthia Ettinger est une actrice de télévision et de théâtre. Après un petit rôle dans Le Silence des agneaux, elle se tourne vers le petit écran où elle se fait connaître par son rôle régulier de Rita Sue Dreyfuss dans la série La Caravane de l'Étrange (23 épisodes). Cette comédienne a surtout joué, hors théâtre, dans des séries comme Gilmore Girls, Larry et son nombril, Seinfeld, Lois & Clark, The practice, Felicity, New York : Unité Spéciale, Urgences (2 épisodes chacun), Smallville, FBI : Portés Disparus, Grey's Anatomy, Cold Case, Deadwood (10 épisodes), etc.

Susan Slome (1967) est actrice et chanteuse. Elle a souvent joué dans des comédies musicales à la scène et consacre également son temps à la télévision, jouant dans des téléfilms ou dans plusieurs séries comme Mariés deux enfants, X-Files (épisode Appétit monstre), FBI : Portés Disparus, F.R.I.E.N.D.S, Angel (épisode Conviction), Tout le Monde Déteste Chris, Scrubs, Grey's Anatomy, The Mindy project, Mentalist, Les Experts, etc.

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17. DOUBLE DISCOURS
(ROLE MODEL)


Scénario : Matt Witten
Réalisation
: Peter O'Fallon

- Look, if this case is as trivial as you think, it'll take you three minutes to diagnose.
- Uh-huh - three minutes that I could sit on the toilet with the funny pages.

Gary.H.Wright, un sénateur noir-américain, s'écroule à la fin de son discours. House qui diagnostique le SIDA. Mais le patient refuse de croire qu'il ait pu contracter cette maladie, et lui ordonne de chercher une autre cause. Vogler passe un marché avec House : si le diagnoticien vante le nouveau médicament produit par la boîte de Vogler, il consentira à lui laisser son équipe au complet. Mais House est dégoûté de faire la réclame de ce produit qu'il considère comme inutile. Sa conscience essaye de résoudre ce dilemme...

Les scénaristes continuent à tirer tout le profit possible de la présence de Vogler. Dans l'épisode précédent, la série avait parlé des réactions possibles face à une menace : marchandage, illusion de force, courage... Ici, la porte de sortie que Vogler offre à House nous interroge sur nos valeurs morales, absolues (incorruptibles), et relatives (supportant une entorse). Le cas de conscience de House est relevé par le fait qu'il n'a rien à gagner personnellement de la situation : les conséquences de son choix concernent ses employés ; son dilemme : vendre son âme, ou saborder son équipe, gagne donc en intérêt mais aussi en complexité, car sa misanthropie notoire joue également sur ses décisions. En contrepoint, le cas difficile du senateur est excellent, et permet à House de trancher ce nœud gordien. Au total, un épisode de bonne facture qui interroge le téléspectateur sur des points qui méritent réflexion.

Le cas du sénateur occupe une place importante. Il est riche en rebondissements et situations fortes (méthode "hard" de House pour le faire parler, à la limite de la torture physique). Sa foi en lui, son refus de la fatalité, et son indépendance concourent à faire de ce politicien un homme droit et intègre, plus proche de The West Wing que de la réalité. Candidat à la présidence des USA, il sait que la couleur de sa peau joue contre lui et qu'il n'a aucune chance de gagner au fond de lui-même. L'épisode date de 2005, et a donc un peu vieilli depuis l'élection de Barack Obama (dont Wright est assez voisin). Mais Matt Witten a l'acuité de ne pas se focaliser sur les problèmes des politiciens noirs pour parler plus généralement des problèmes raciaux. Les préjugés ont la vie dure et les mandats semés d'embûches du premier président noir des USA font que la situation décrite dans cet épisode n'est pas si inactuelle. Les hommes d'origine africaine, généralement, ont du mal à faire valoir leurs droits dans une société hypocrite. Même les non-racistes montrent une attitude ambiguë ; et les noirs eux-mêmes peuvent développer un racisme contre les blancs comme l'attestera l'épisode Culpabilité (saison 2).

L'opposition entre House et Wright est finement dessinée : House est cynique, misanthrope, désabusé ; Wright est gentil, philanthrope et idéaliste. House ne veut plus croire en la bonté des gens car il sait qu'il sera déçu, Wright a le comportement inverse : il sait qu'il pourra être déçu mais il ne le regrettera pas quoi qu'il arrive. Sa foi en l'homme est diamétralement opposée au réalisme pessimiste de House. En cela, il accepte de prendre des risques tandis que House, qui passe son temps à risquer la vie de ses patients, au contraire ne prend pas de "risques". House est donc en face de ses contradictions et ne peut que fuir le sujet lorsque le sénateur le remet à sa place. Pour Wright, c'est se battre qui est le plus important, pour House, c'est le résultat qui compte. Qu'importe à Wright qu'il ne soit jamais élu s'il pense qu'il a eu raison de lutter et ait contribué à changer un peu le cours des choses, ce n'est pas grave si on ne gagne pas toutes les parties. Fait rare, House en sera troublé !

Mais la série prouve alors son adresse dans le maniement de l'ironie : House, influencé par le sénateur, optera finalement dans son dilemme la décision la plus égoïste, mais qui lui permettra d'être en paix avec lui-même et avec ses valeurs : la recherche éternelle de la justice à tout prix, quelles qu'en soient les conséquences. Un homme entier, qui préfère la vérité au bonheur, une philosophie très platonicienne, difficile à assumer... Ce fanatique de la justice qu'est notre héros est torturé par son cruel dilemme. Il doit en effet renier le peu d'éthique qu'il a en lui pour en faire la publicité. L'amertume du personnage transparaît en permanence, comme lors de sa scène où il repousse sèchement les remerciements de Cameron. Justement, le discours de House est un grand moment de la série. House se déchaîne dans un violent pamphlet en dénonçant la spirale déshumanisée infernale du profit incontrôlé. Thème tristement actuel avec les dérives de certains laboratoires pharmaceutiques. La coda avec Cameron, sans épanchements, mais avec une noble pudeur, montre un House honteux de lui-même, pas suffisamment cependant pour serrer la main que lui tend son ex-assistante ; complexifiant encore son portrait. Une fin émouvante mais sombre.


En prime, nous avons droit à un cas secondaire assez rigolo avec une jeune femme qui est enceinte mais qui affirme n'avoir pas eu de rapports sexuels depuis un an et qui n'a pas été droguée. Comment est-ce arrivé ? La réponse est d'une ironie drôlissime. Quant à la maladie du sénateur, elle est fructueuse en rebondissements, le cas est merveilleusement traité :
Côté interprétation, Joe Morton accomplit une superbe performance, aidé par le dessin d'un personnage précis et sympathique. Jennifer Morrison, en avant dans cet épisode, est généreuse et sensible grâce à des dialogues tendus et claquants mais sur la corde raide. Le départ de Cameron est admirablement mis en scène. Missy Crider est une patiente amusante, qu'on adore voir sans cesse étonnée par ce qui lui arrive.

Infos supplémentaires

Première apparition de l'infirmière jouée par Bobbin Bergström. Infirmière réelle, Bergström est conseillère sur la série en indiquant les gestes des figurants jouant les infirmiers. Toujours en rôle muet, elle apparaîtra dans 134 épisodes (sur 176) de la série, faisant d'elle une des figurantes les plus régulières dans une série télévisée ! Bergström jouera toujours des rôles d'infirmière dans ses épisodiques apparitions télévisuelles, tout en conseillant les séries.

House ne vote jamais. Ça vous étonne ?

Cameron déteste les métaphores sportives. On apprend que son attirance pour House vient aussi du fait que malgré son caractère, elle pensait qu'il aimait aider les gens. Elle est détrompée dans cet épisode. Cependant, la vraie raison de son attirance sera exposée dans Des maux d'amour.

Erreur médicale : Lorsque les docteurs trouvent la toxoplasmose, ils disent qu'elle est causée par un champignon, soit un parasite pluricellulaire. En réalité, cette maladie est causée par le toxoplasma gondii qui est un parasite monocellulaire. Erreur de continuité : Lorsque le sénateur passe un scan complet de son corps, il croise les bras sur sa poitrine. Mais lorsque le scan devient visible à l'écran, le sénateur a ses bras repliés sur sa tête.

La chanson de l'épisode est It's OK to think about ending de et par Earlimart.

Acteurs

Joe Morton (1947) est un acteur de théâtre, de cinéma et de télévision. Il est surtout connu pour avoir joué Miles Dyson dans Terminator 2. Il fait des débuts remarqués en participant à la comédie musicale Hair. Il a joué dans plus de 70 films dont La Malédiction de la panthère rose, L'Héritier de la panthère rose, Speed, Blues Brothers, Des Souris et des Hommes... et a tourné dans un grand nombre de séries. Hormis les rôles principaux de Equal Justice (26 épisodes, Mike James), Watch your mouth (26 épisodes, Raymond Greeter), d'Eureka (76 épisodes, Henry Deacon), et ses rôles récurrents dans Scandal (33 épisodes) et The Good Wife (11 épisodes), on a pu le voir dans Mission : Impossible, Deux flics à Miami, M.A.S.H, Madame est servie, Equalizer (4 épisodes), X-files (épisode Combattre le passé), JAG, New York : Unité Spéciale, Numb3rs, Warehouse 13, Les Experts : Manhattan (2 épisodes), Homicide (2 épisodes), Smallville (4 épisodes), New York : Police judiciaire (5 épisodes), etc.

Melissa Lahlitah (dite Missy) Crider (1974) fut d'abord violoniste country avant de bifurquer vers le métier de comédienne. On l'a souvent vue au cinéma, parfois figurante, parfois en premier rôle (Mulholland Drive, Instinct to kill, Emprise, Amours troubles... ) et également à la TV, que ce soient des téléfilms ou des séries. Cette très belle actrice est visible dans des séries comme New York : Section Criminelle, MillenniuM (épisode Un enfant en Arcadie), FBI : portés disparus, 90210 Beverly Hills : Nouvelle génération, Les Experts, Les Experts : Miami, 24 heures chrono (4 épisodes), Esprits criminels, etc.

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18. SACRIFICES
(BABIES & BATHWATER)


Scénario : Peter Blake et David Shore, d'après une histoire de Peter Blake
Réalisation :
Bill Johnson

— So, there is some hope.
— Always. But just in case, I special-ordered a jumbo-sized coffin.
— Hey...
— Don't thank me.
It's just who I am.

Naomi Randolph, enceinte de sept mois, s'effondre. Elle est atteinte d'un grave cancer et doit subir un traitement dangereux qui pourrait coûter la vie à son bébé. Ayant déjà fait trois fausses couches, Naomi veut absolument ce bébé et refuse l'opération immédiate, préfèrant attendre pour augmenter les chances de survie de son fœtus, quitte à en mourir. Sean, son mari, veut au contraire l'opération immédiatement. Pendant ce temps, Vogler demande au conseil d'administration d'ordonner le renvoi de House, malgré l'opposition de Wilson...


Comme le titre le laisse supposer, cet épisode est un des plus sombres de la série, renforcé par l'absence d'humour : même le cas secondaire est traité de manière grave. Fait rare, la maladie est trouvée au bout de dix-huit minutes seulement ! Et encore, même pas par House mais par Wilson ! Un choix surprenant qui permet de se concentrer sur le dilemme terriblement douloureux de Naomi et le duel Vogler-House, qui atteint ici son climax de tension. Loin de la retenue usuelle de la série, les sentiments débordent, les larmes coulent, le chagrin envahit l'écran, la douleur morale augmente de minute en minute, et Sacrifices réussit là où Panique à la maternité avait échoué : l'émotion passe, toute entière, avec ses séquences plus poignantes les unes que les autres.

Naomi est courageuse et égoïste à la fois. Courageuse car prête à mourir pour son enfant. Égoiste car, enfermée dans un drame qu'elle a vécu, elle refuse de prendre en compte l'amour de son mari. On remarque que l'on a affaire à la situation inverse de celle de Rencontre sportive. L'on sent dès le début et tout au long de l'épisode cette marche vers une tragédie inelcutable : l'on a beau attendre que la situation se débloque ; House peut bien éructer, les médecins déployer tout leur savoir-faire, ils sont impuissants. Sans rémission possible, le récit suit son cours jusqu'à sa fin tragique, que n'éclairera que faiblement une petite lueur. C'est vraiment un épisode très dur, avec un House nettement plus affecté que de coutume, utilisant même l'émotion comme arme pour faire plier le mari. Sacrifice d'une vie mais aussi sacrifice du bonheur, décidément, ce n'est pas un épisode roboratif ! Si Michael Goorjian est inégal, Marin Hinkle est d'une ultra-expressivité saisissante.

En parallèle, le duel à distance Vogler-House nous captive.

Le compte à rebours est lancé : Vogler veut éjecter House de l'hôpital. Il se montre plus odieux et plus méchant que jamais, pourrissant la vie de son (in)subordonné jusqu'à annuler l'opération salvatrice qui eut pu sauver Naomi. Ce choix, qui la tuera d'une certaine manière, donne naissance à une scène où House et Vogler se hurlent dessus. Ce genre de scènes n'est pas typique de la série qui n'a pas besoin de faire crier les gens pour faire passer les sentiments, mais est justifié ici par sa situation extrême et par le crescendo de tension, l'effet est remarquable et tombe a tempo.
Les deux scènes du conseil d'administration sont chargées de suspense : Vogler, haineux, tient le conseil à sa botte, menaçant de partir, lui et son argent, s'il ne lui obéit pas. On voit donc la prédiction de House accomplie : Vogler règne en dictateur et l'hôpital est devenu une "entreprise où l'on vend de la santé" avec rentabilité exigée ou comment transformer le noble art de la médecine en industrie ultralibérale à la recherche du profit. Il suffit de 100 millions de dollars et d'avoir de la gueule et même la personne la plus revêche devra se rallier à vous. Peter Blake et David Shore ont l'audace de pousser ce postulat jusqu'à déchoir Cuddy qui a toujours été sympathique pour le spectateur : elle se corrompt et abandonne House à son sort. Les auteurs sous-entendent cependant que ses reponsabilités de directrice et ses obligations de résultat ne sont pas étrangers à ce coup de Jarnac, ce qui explique à défaut d'excuser son geste.

L'amitié Wilson-House est mise à rude épreuve, Wilson accusant House d'être responsable de sa chute et de placer ses principes plus haut que leur "amitié débile" ; House, embourbé dans ses contradictions, ne peut que faire profil bas. Cet épisode est décidément riche en surprises ! Nous voyons ici toute l'ambiguité du "Hilson" : profond, sensible, implicite, bouleversant derrière la comédie de l'amour vache, et ses nombreuses fêlures que rien ni personne ne parviendra pourtant à rompre. Le Hilson se montre déjà abyssal d'intelligence et d'émotion à travers cette première rupture. Robert Sean Leonard, toujours sympathique, donne le meilleur de lui-même dans le rôle de celui qui ne reçoit qu'ingratitude en échange de son amitié.


C'est via un cas secondaire dramatique que House retrouve le crédit auprès de Cuddy. Son retournement fait tout basculer : elle s'oppose à Vogler, trouve le courage de lui jeter ses quatre vérités, dénonçant son OPA sur l'hôpital. La scène est d'une grande force, sans éclats de voix, où elle s'en prend à ses collègues – muselés par l'argent – qui vendent leur conscience pour ce soutien financier ainsi que leur liberté de choix. Une fois elle, Wilson et House disparus, qui pourra s'opposer à Vogler ? Cette situation fait terriblement penser au Prisonnier où, en échange d'une captivité dorée et luxueuse, les habitants du Village acceptent de se laisser gouverner. Lisa Edelstein accomplit une prodigieuse performance avec une Cuddy lâche et "méchante" avant son réveil moral tardif. Vogler se voit poussé vers la sortie (hourra !). Chi McBride se donne à fond en saligaud pur et simple, il réussit parfaitement sa sortie. Mais ce dénouement n'est pas heureux pour autant. La fin garde un arrière-goût amer édifiant : House et ses collègues sablent le champagne pour arroser la victoire de Cuddy (les fans des Avengers ne peuvent qu'être ravis devant cette tradition Steedesque)... mais quand elle arrive, elle casse l'ambiance en énonçant tous les sacrifices que le comportement de House a impliqués, brisant l'euphorie de cette fin dont on espérait qu'elle contrebalancerait celle de Naomi. C'est donc sur une note discordante que se termine cet épisode très rude, annonciateur des futurs grands diamants noirs de la série, et qui apporte une inflexion clé dans le développement des personnages.


Infos supplémentaires

Premier épisode sans Cameron, le personnage ayant démissionné à la fin de l'épisode précédent. Elle est la seule à savoir où se trouve le sucre dans la salle de diagnostic différentiel.

Troisième échec de House : Naomi meurt. Mais son bébé étant sauvé, House n'essuie donc qu'un semi-échec.

Cinquième et dernier épisode avec le personnage de Vogler (Chi McBride).

House et Wilson font parfois du bowling le mercredi soir. House prétend certaines nuits regarder du porno sur Internet.

Erreur médicale : après l'opération de Naomi, elle a un estomac tendu et une sonde endotrachéale. Normalement, l'opération aurait dû lui rendre un estomac normal, et elle ne devrait plus porter la sonde.

La chanson de l'épisode est Happiness de et par Grant Lee Buffalo.

Acteurs

Marin Hinkle (1966) ne s'engage dans une vocation d'actrice qu'à 30 ans. Elle connaît la popularité grâce à deux séries TV où elle interprête les rôles principaux : Deuxième Chance (58 épisodes, Judy Brooks) et Mon Oncle Charlie (84 épisodes, Judith Melnick). Elle a joué plusieurs seconds rôles dans une trentaine de films (comme En quarantaine, le remake du film d'horreur [REC]), et a participé à plusieurs séries comme Spin City, FBI : Portés disparus, Urgences, Private Practice, Deception (11 épisodes), The Affair, Brothers & sisters (3 épisodes), et les New York : Unité Spéciale, Section Criminelle et Police Judiciaire (3 épisodes)

Michael A. Goorjian (1971) s'intéresse au théâtre dès 13 ans. Il étudie la comédie, la danse, et la réalisation. Il cofonde avec des amis le renommé Buffalo Nights Theatre. Bien qu'attaché principalement aux planches, il a joué tant au cinéma qu'à la télévision où son rôle le plus fameux fut celui de Justin Thompson dans la série La Vie à Cinq (41 épisodes). Tantôt acteur, réalisateur, monteur, producteur, ce comédien complet a joué dans plusieurs séries comme FBI : Portés Disparus, Alias (épisode Confusion mentale), Monk, Chicago Hope, Les Experts, Les Experts : Miami, Lie to MeCovert affairs (3 épisodes), etc.

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19. EN PLEIN CHAOS
(KIDS)


Scénario : Thomas L. Moran et Laurence Kaplow
Réalisation :
Deran Sarafian

— Dr. House ! We need you here.
— Sorry, lotta sick people.
I might catch something.

C'est la pagaille à Princeton-Plainsboro : une épidémie de méningite s'est répandue et tous les docteurs sont réquisitionnés pour canaliser l'infection. House s'aperçoit que Mary Carroll, une jeune nageuse de 12 ans, présente d'étranges symptômes et décide de traiter son cas à elle en particulier malgré la pression de Cuddy et le manque de lits disponible. House tente sans succès de convaincre Cameron de revenir dans son équipe. Ne digérant pas ce refus, il se montre intransigeant envers les candidats au poste de Cameron...


Centré quasi uniquement sur la maladie de la jeune patiente, l'épisode ne semble pas très mémorable. Mais une succession de détails délicieux permettent à cet épisode mineur d'être amplement recommandable. La guest star du jour, Skye McCole Bartusiak, montre malgré son jeune âge des talents indéniables d'actrice. Celle qui nous a tragiquement quittés à seulement 21 ans est pour beaucoup dans la réussite de cet épisode.

L'épisode se déroule dans une atmosphère d'urgence. L'épidémie, objet de stress, donne un surcroît d'intérêt à l'histoire qui gagne en tension. House est pressé par le peu de temps que Cuddy daigne lui accorder et doit donc tout faire à la va-vite. Cependant, les auteurs dosent mal la conduite dramatique et l'ambiance anxiogène diminue peu à peu... et l'intérêt du spectateur tout autant (le revirement tardif de Cuddy passe mal). Le cas médical ne se distingue pas vraiment malgré quelques scènes pas piquées des vers (ponction lombaire dans une morgue). Par contre, le rebondissement final est absolument renversant. Dans cet épisode apparaît pour la première fois ce qui va devenir une des plus grandes forces de la série : les twists finaux, généralement spectaculaires et très noirs, qui entraînent la guérison (ou pas) du patient tout en le brisant psychologiquement. Cette pratique du faux happy end sera une constante de la série, et prendra parfois des dimensions énormes.

Mary est une fille extrêmement précoce pour son âge. Pas pudibonde, d'un calme olympien malgré sa maladie, très directe, et d'une grande patience ; elle met un point d'honneur à ne jamais se plaindre, anticipant l'Andie de Leçon d'espoir (saison 2). Voilà un rare et beau portrait d'adolescente (en plus très jolie). La scène finale, où elle avoue d'elle-même à ses parents ce qu'elle a fait, le montre bien : elle assume ses actes. On ne peut qu'applaudir le talent de Skye McCole Bartusiak qui, avec un jeu froid et rentré, parvient à établir un grand décalage entre son âge et la maturité de son personnage. On ne regrette que davantage la disparition prématurée d'une si prometteuse actrice. Quelques détails amusants pimentent cette intrigue un peu compassée : diagnostic foldingue d'un cas secondaire, House pastichant Tartuffe avec un Cachez ce sein que je ne saurais voir à propos du décolleté de Cuddy, House asticotant quelqu'un qui a du mal à déféquer, Wilson et ses mimiques d'impuissance. Le diagnostic différentiel en pleine séance de dépistage vaut également le détour.

On aime bien aussi le délire sur les remplaçants de Cameron : trois postulants se présentent et House à chaque fois envoie dans le décor leurs aspirations. Le premier se la joue anti-conformiste branché, mais House lui indique la porte avec intelligence : l'anticonformisme est un mode de pensée et non une allure extérieure. House en est l'exemple type : il n'a pas besoin de jouer au yippie pour ne pas être dans le rang. La deuxième donne la scène la plus réjouissante de l'épisode : à la hauteur de House, la jeune femme (incisive Erin Foster) se lance dans un déluge de piques qui arrive à destabiliser le diagnosticien en surenchérissant dans la provoc'. Pour équilibrer avec la subtilité précédente, les auteurs décident de choisir une raison de refus pour un motif joyeusement ridicule. On atteint un sommet avec la troisième où il ne donne aucune raison ! Notre cher docteur est décidément en grande forme.

House veut à tout prix récupérer Cameron, c'est pour cette raison qu'il ne donne aucune chance aux postulants et qu'on le voit dans la première scène la supplier de revenir. Le spectateur croit alors que House ressent quelque chose, et Cameron aussi. Le suspense sentimental naît de l'attente de voir House avouer clairement qu'il est attaché à elle lui aussi. Ce début est remarquable car proposant une inversion de rôles : Cameron a les cartes en main et House est en infériorité. Le final en miroir est un splendide trompe-l'oeil : House avoue enfin qu'il tient à Cameron, mais sans le savoir, Cameron tout comme le spectateur se trompe sur le véritable sens de cet aveu, ce qui amènera la dramatique méprise de l'épisode suivant. Le piège que préparent les scénaristes est admirablement construit et camouflé, et tout le monde va gaîement tomber dans le panneau dans l'épisode suivant. La véritable explication du comportement de House ne sera jamais explicitement formulée, mais une clé sera apportée dans les épisodes 4x01 et 5x22 où apparaîtront deux traits de caractère du diagnosticien qui expliqueront son attitude. En attendant, Cameron accepte de revenir à une condition sine qua non stupéfiante, mais logique, finalement ! La scène, toute en justesse et en émotion, est d'une grande force, bien que grêvée par une Jennifer Morrison trop excessive dans un moment pensé comme sobre.

Infos supplémentaires

Première apparition de l'infirmière Brenda Previn, jouée par Stéphanie Venditto. Elle apparaîtra dans 11 épisodes, jusqu'à la saison 3 ; son rôle sera le plus souvent muet.

Cameron est très sportive. Elle prend souvent tout au premier degré. Première fois que nous voyons son appartement, sobre et rangé, à son image...

Erreurs de continuité :
– La doublure de Skye McCole Bartusiak, lors de son saut, est clairement visible dans la scène d'introduction quand elle est au fond de l'eau. Elle a notamment une poitrine plus développée ! À côté, la fameuse doublure de Diana Rigg dans Le mort vivant (saison 5 des Avengers) est un modèle de discrétion.
– House orthographie mal hemorrage (hémorragie) en l'écrivant hemorrhage.

Erreurs médicales :
– Lorsque les docteurs de l'hôpital examinent les patients à la chaîne pour la méningite, aucun ne pense à changer de gants et à se laver les mains entre chaque patient. C'est une négligence des règles de sécurité très grave.
– Quand Foreman examine Mary avec une sonde à ultra-sons, il la tient près du côté gauche de sa tête, du mauvais côté, entraînant son réveil. Un plan plus tard, la sonde est près du côté droit (le bon côté).

Wilson, après avoir vu Petra Gilmar, s'exclame That's our Hitler !! reprenant une citation d'un film de 1968 : Les Producteurs. À noter que la VF, comme à son habitude, passe à l'as cette référence pas forcément connue du public français.

Acteurs

Skye McCole Bartusiak (1992-2014) a commencé à tourner dès l'âge de 7 ans. Elle joua tant au cinéma qu'à la télévision. Sur le grand écran, on l'a vue dans Dans les cordes (avec Omar Epps), The Patriot, ou jouer la fille de Michael Douglas dans Pas un mot. Elle joua dans beaucoup de films indépendants avec à la clé quelques récompenses pour ses rôles souvent dramatiques (Boogeyman). Elle est également montée sur les planches (jouant avec Hilary Swank). À la télévision, elle est surtout connue pour avoir joué dans 8 épisodes de la saison 2 de 24 heures chrono, mais a aussi joué dans JAG, New York : Unité Spéciale, Lost, Les Experts... Elle est décédée d'une surdose de médicaments considérée comme accidentelle.

Erin Foster (1982) est la fille du compositeur David Foster. Elle s'est tournée jeune vers la télévision. Bien qu'elle n'ait pas eu à ce jour de rôle marquant, son rôle d'Heather, l'ennemie de Marissa Cooper dans la série Newport Beach (5 épisodes) l'a fait remarquer. Elle a tourné dans Roswell, Les Experts, Gilmore Girls, FBI : Portés Disparus, Castle, Tell me you love me (2 épisodes), Los Angeles police judiciaire, NCIS Los Angeles, etc.

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20. DES MAUX D'AMOUR
(LOVE HURTS)


Scénario : Sara B. Cooper
Réalisation : Bryan Spicer

— Wow. Well, you've certainly given me a lot to think about. If only I was as open as you.
— Well...
— Actually, it was your blouse I was talking to.

Harvey Parks, un jeune homme de 22 ans, subit une attaque après que House lui a crié dessus. Amené dans une chambre, il reçoit la visite de son amie Annette qui semble avoir un fort ascendant sur lui, ce qui n'est pas sans étonner les médecins. Pendant ce temps, l'hôpital ne parle que du rendez-vous que House a consenti à avoir avec Cameron, et dont tout le monde se demande comment il se terminera...

Ce brillantissime épisode inaugure avec force cette fin de saison qui place la barre très haut niveau qualité. Le cas médical du jour est du plus grand intérêt, la relation Cameron-House atteint son climax et un cas secondaire à mourir de rire achève d'élever l'épisode vers les sommets. Émotion, humour, suspense, surprises... cet épisode est véritablement un incontournable de la série.

L'introduction enjouée avec House se défendant contre les plaisanteries de Wilson et d'un patient au sujet du retour de Cameron est d'un grand comique. Le cas présenté est un régal dès le premier diagnostic différentiel avec le retour de Cameron. La mystérieuse Annette intrigue : elle a un tempéramment de cheftaine, et semble régir la vie d'Harvey. Cette dominance est accentuée par le saisissant jeu froid de Christina Cox. La relation Annette-Harvey est en fait une relation de perversion. Elle est une dominatrice et il aime être dominé. Cependant la série reconsidère ce jeu de rôles comme composante fondamentale de leur relation et non pas comme un jeu purement sexuel. Cette révélation apparaît dans la spectaculaire scène de strangulation. Annette est un vrai sphinx et apporte beaucoup à l'épisode, dommage qu'elle soit par la suite un peu écartée. En parallèle, Harvey est un candide. Sa "perversion", libre et consentie, est également un manifeste pour la liberté sexuelle. Même si ces pratiques sont de moins en moins taboues à l'heure actuelle, il demeure une certaine opposition puritaine, surtout dans une Amérique toujours aussi schizophrénique sur la question. Opposition ici incarnée par les parents d'Harvey qui l'ont renié. House devra d'ailleurs recourir à deux bobards hallucinants pour pouvoir arriver à ses fins. Le faux happy end, typique de la série, émeut, avec une réconciliation qui n'a pas lieu, un couple sans repères, et un House mal à l'aise. John Cho et Christina Cox forment un couple déséquilibré, improbable, mais sincère et même émouvant.

Tout le monde s'interroge sur le date : Foreman voit ce rendez-vous d'un mauvais œil et s'inquiète pour sa collègue. Excellent mélange cynisme-sérieux chez Omar Epps. Chase invite Cameron à sauter carrément House si elle veut l'avoir, Cuddy approuve en disant que Cameron sera la seule à le supporter tandis que Wilson s'inquiète pour House car il a peur qu'elle lui brise le cœur. Ce défilé de joyeuses saynètes donne lieu à des dialogues vifs et un humour permanent tandis que nous attendons avec impatience le rendez-vous. L'attitude de Cameron, inhabituellement souriante et ironique (C'est mon patron, j'ai le droit de le harceler sexuellement !) donne une autre allure à son personnage. L'hilarante scène qui précède le dîner permet de voir Wilson en conseiller séduction - technique du DHA à retenir - tandis que House tente de trouver une excuse pour ne pas y aller.

La série ne déroge pas à sa règle de ne pas rater les scènes les plus attendues ; et en effet, la scène du dîner est magistrale. Jennifer Morrison n'a jamais été aussi belle et désirable, à se damner ! House se montre d'un banalisme impossible - impressionnant silence de 16 secondes qui font l'effet d'un siècle - Cameron tente de limiter la casse en dérivant la conversation sur une orientation freudienne (!!) où elle tente de le convaincre qu'il l'aime quelle que soit son attitude (on reste pantois devant la persistance de Cameron à nier l'évidence) mais la tension demeure et on sent que le dîner ne se passe pas très bien. Finalement, Cameron ose enfin demander à son boss ce qu'il ressent pour elle. House sort alors une des plus belles tirades de la série qui casse défintivement tout espoir pour Cameron. Le climax émotionnel de la scène dévoile totalement la personnalité de Cameron, amoureuse non d'un homme, mais des blessures d'un homme. House démontre toute sa perspicacité et son amour de la vérité plus fort que tout : il ne supporterait pas une relation basée sur un double mensonge de départ, quand bien même sa subordonnée possède la beauté d'une madone. Le retour à la réalité est brutal pour Cameron. On peut accuser House de se montrer si léger à propos de l'événement mais c'est dans le ton du personnage. Mille bravos pour Sara B. Cooper qui a écrit une scène d'une puissance remarquable, ainsi qu'à Hugh Laurie et Jennifer Morrison, qui signe là sa meilleure prestation de la saison.

En parallèle, un cas secondaire très drôle pimente cet épisode...


...avec un vieux couple qui se pose des questions sur sa sexualité. Ses réactions et ses répliques sont cependant celles d'ados plus ou moins immatures (la première scène avec Ramona !), décalage garanti ! Pilules bleues or not pilules bleues ? C'est la question du jour et House a l'air à la fois amusé et consterné par ce cas abscons. Une chute finale d'un comique ravageur couronne ce cas désopilant. Quel plaisir de retrouver maître Peter Graves, à cent mille lieues de son personnage de Jim Phelps, mais pourvu toujours de son même génie d'acteur qui lui permet ici de se montrer très poilant, d'autant que June Squibb lui donne parfaitement bien la réplique.

Le meilleur épisode de la saison.

Infos supplémentaires

Fait rare, l'introduction (une des plus réussies de la série !) se déroule à l'hôpital.

Cameron dit qu'elle a un salaire de misère à l'hôpital. Ses boucles d'oreilles sont un cadeau de sa mère. Durant le dîner, elle commande des raviolis et du vin. Elle est amoureuse non de House mais du fait que House soit un homme brisé moralement, transformant sa compassion en attachement affectueux.

House a eu une relation amoureuse qui s'est mal terminée il y a cinq ans. Stacy, son ex, apparaîtra dès l'épisode suivant. House, au cours du dîner, prétend que le café Spoleto était avant une boîte de strip-tease. Or, dans l'épisode Peine de vie (saison 2), nous apprenons que House a rencontré Stacy dans une boîte de strip-tease. Et s'il avait rencontré Stacy au café Spoleto ? D'après Wilson, House n'est plus sorti avec une fille depuis la fin des années disco... Plus anecdotiquement, il a commandé du pain à l'ail et de la puttanesca. La puttanesca est un accompagnement de pâtes (souvent les spaghettis) à la tomate, à l'ail, et aux olives noires.

Chase est sorti avec une banquière qui adorait se faire brûler. La relation a fait long feu ! Il connaît vaguement Annette ce qui prouve qu'il est sans doute allé à des soirées... particulières ! (SM ?) Plus légèrement, il aime les pastilles à la menthe.

Au début de la première scène, Chase termine une blague par "Et le renard s'essuie avec le lapin". La blague complète, d'une subtilité Bergmanienne, est la suivante : C'est un lapin qui fait ses besoins dans une clairière. Arrive un renard qui lui dit : "Beurk, tu es dégueulasse, tu chies sans t'essuyer le derrière". Le lapin lui répond : "Tu sais, ça ne me dérange pas d'avoir un peu de merde sur les poils". Et le renard s'essuie avec le lapin (oui, je vous avais prévénu que c'était subtil).
 
Référence cinéma : House appelle ironiquement Annette Maîtresse Ilsa. C'est une référence au film Ilsa la louve (1975).

Les chansons de l'épisode sont Need to be with you de Wayne Jones et Windy Wagner, chantée par cette dernière, et Some Devil de et par Dave Matthews.

Acteurs

Peter Graves (1926-2010) restera dans les mémoires pour avoir été Jim Phelps, le cerveau de l'équipe de la série culte Mission : Impossible (143 épisodes) et de sa suite (35 épisodes) qui lui vaudra un Golden Globe Award. Il commence au cinéma en étant le compagnon de cellule de Robert Mitchum dans un classique du 7e art : La Nuit du chasseur de Charles Laughton. Il a parallèlement beaucoup de premiers rôles au cinéma, surtout dans des thrillers ou des films noirs comme Rogue River, Le Fort de la vengeance, The congrégation, Stalag 17 (de Billy Wilder) et bien d'autres. Son premier succès à la télévision est la série Fury où il joue 116 fois le rôle principal de Jim Newton. Après c'est Mission : Impossible qui le rend célèbre et le film parodique Y'a-t-il un pilote dans l'avion ? et sa suite (où il parodie son ancien rôle de Jim Phelps), puis la suite de la série qui l'a tant fait connaître. Il a moins tourné par la suite mais resta actif jusqu'à sa mort. Ayant à son actif une quarantaine de téléfilms (et autant de films) et un grand nombre d'apparitions dans des séries comme Match contre la vie, Les Envahisseurs, Arabesque, L'Île fantastique (6 épisodes), La croisière s'amuse (4 épisodes), Cold Case, Sept à la maison (11 épisodes), il demeure l'une des figures les plus importantes de l'histoire de la télévision.

John Cho (1972) étudie la comédie et la littérature anglaise. Il travaille ensuite à l'Asian American Theatre Company tout en commençant une carrière de musicien dans un band de Los Angeles. Il retient l'attention avec un petit rôle dans les trois premiers volets de la sous-saga American Pie. C'est le début de sa carrière cinématographique avec des premiers rôles dans les comédies Harold et Kumar, dans Star Trek, Better Luck Tomorrow... ou des seconds rôles comme dans Smiley Face, Solaris... Dans l'univers des séries, il est surtout familier avec son incarnation de Demetri Noh, un des personnages principaux de la série FlashForward (22 épisodes) mais on l'a aussi vu dans Charmed, Grey's Anatomy, How I met your Mother, Ugly Betty (3 épisodes), etc. Il fut considéré comme un des hommes les plus sexy au monde en 2006 et 2009 par le People Magazine.

Christina Cox (1971) se destinait à la danse et à la gymnastique de haut niveau. Des problèmes de hanche avortèrent ses souhaits et elle se tourna vers une carrière d'actrice. Sportive accomplie (Tae Kwon do, kickboxing, boxe, Muay Thai...), elle est d'abord une comédienne de théâtre renommée depuis sa sortie de l'Arts York. Elle est principalement connue pour ses rôles dans les films Better than chocolate, Les Chroniques de Riddick et pour les séries F/X, Effets Spéciaux (38 épisodes) et surtout Blood Ties (22 épisodes) où elle joue le rôle principal. On l'a vue dans Kung Fu, Au-delà du Réel : l'Aventure Continue, Stargate SG-1 (2 épisodes : Les esprits, et La sentinelle), Stargate Atlantis, Spy Girls, Cold Case, Andromeda, Les Experts : Miami, Numb3rs, Bones, Dexter, 24 heures chrono, Mentalist, NCIS, Castle, Defying gravity (13 épisodes), etc.

June Squibb (1935) a eu une carrière exclusivement consacrée au théâtre et aux music-halls de Broadway, elle ne s'est tournée devant les écrans qu'à 55 ans en 1990 ! Elle n'a pas joué beaucoup au cinéma (on citera Rencontre avec Joe Black avec Brad Pitt) et est plus familière des séries télé. On l'a vue dans Urgences, Mon oncle Charlie, Larry et son nombril, Sept à la maison, Cold Case, Ghost Whisperer (6 épisodes) ou encore jouer Pearl dans 23 épisodes des Feux de l'Amour, etc.

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21. COURS MAGISTRAL
(THREE STORIES)


Scénario : David Shore
Réalisation :
Paris Barclay

- Why is it always me ?
- Because the world hates you. Or because it's a class of diagnostics. Pick whichever reason feeds your narcissism better.

Stacy Warner, avocate en droit constitutionnel et ex petite-amie de House, débarque à l'hôpital. Elle s'est remariée et est certaine que son nouveau mari est malade. House décline sa demande de le soigner. Parallèlement, Cuddy ordonne que House fasse un cours de diagnostic à des étudiants. Bon gré mal gré, il accepte et interroge les étudiants sur trois cas imaginaires. Son équipe, présente dans la classe, se rend compte qu'un des trois cas est réel, et concerne quelqu'un qu'ils connaissent très bien...

Le final de la saison 1 commence par cet épisode devenu un classique de la série. Il est souvent considéré par les fans comme le meilleur épisode de cette saison et un des tous meilleurs de la série. Au risque d'attirer les foudres des fans, l'auteur de ces lignes, s'il conçoit que Three stories est brillant dans bien des domaines, critique une histoire confuse dans les deux premiers tiers. Il reste malgré tout un must see de la série, capital pour comprendre l'histoire de House. Le créateur de la série a écrit un magnifique scénario, même s'il n'échappe pas à des développements tortueux.

L'arrivée de Stacy Warner crée l'évenement. Ayant partagé la vie du diagnosticien, elle le connaît très bien. Aussi leur dialogue, très tendu, où House a bien du mal à dissimuler son agacement, est un passage très fort où elle cherche à trouver la faille. Dans ce premier contact, Stacy réussit très bien son entrée, elle échappe à tout poncif, à tout cliché inhérent à ce type de scènes. Quant à House, le voilà pris dans les rêts d'un sentiment normalement incompatible avec sa misanthropie : la jalousie. Revenant au niveau des hommes "normaux" qui éprouvent des sentiments, House se voit humanisé, alors même que son égoïsme lui donne le mauvais rôle. Un paradoxe psychologique remarquable.
L'épisode débute pleinement avec le cours de House qui va parler de trois cas de patients qui ont des douleurs à la jambe. Cet épisode est en fait construit comme une fugue musicale à trois voix : le sujet de la fugue est la douleur à la jambe, et ce sujet intervient pour les trois patients. Le sujet passe ainsi aux différents malades avec une telle rapidité qu'on en est hélas perdu. Ainsi le "divertissement" (développement) de cette fugue cinématographique est desservi par le fait qu'on passe d'un malade à l'autre trop rapidement, rendant l'ensemble décousu. Toutefois, Shore ne rate pas son unisson : les trois patients doivent tous être opérés de la jambe et peut-être même amputés ! Cet accord est très réussi et fait son effet.
Quelques détails très drôles parsèment l'ensemble comme Carmen Electra - une des patientes - qui s'autoparodie légèrement et nous rappelle qu'elle a des jambes très... Purdeyiennes. La dame a le bon sens de s'en tenir qu'au "sois belle et tais-toi", Alerte à Malibu nous ayant rappelés que le cerveau humain n'est pas adapté pour apprécier ses qualités de jeu d'actrice.

En même temps, House exhorte ses étudiants à être pleinement matures, leur filant une pression monstrueuse, à assumer une situation où ils doivent faire face à la mort prochaine d'un patient, et surtout leur faire prendre conscience que tôt ou tard, ils commettront des erreurs qui tueront un patient. Bref, House casse la tête au mythe du gentil docteur en le transformant en un homme responsable, faillible, et sans émotion. Une pointe qui vise non seulement les fadasses docteurs du tout-venant des séries médicales, mais aussi Cameron dont l'angélisme lui brouillerait la vue et tuerait sa patiente. House invite les étudiants à avoir de grandes connaissances pour pouvoir trouver l'espèce d'un serpent coupable (qui sera en réalité un drôle de serpent !!), et un bon esprit d'analyse pour déterminer si un patient simule ou pas. Il leur fait voir la dure réalité du métier.

Le twist nous plongeant dans le passé de House réoriente l'histoire, du cours magistral au mélodrame poignant, supérieurement écrit et interprété. Cuddy, dans ce flashback, est devenue plus compatissante, mais c'est bien entendu le désaccord entre Stacy et House qui domine. House s'obstine à refuser l'amputation qui le sauverait, préférant prendre le risque de mourir pour guérir totalement, tandis que Cuddy et Stacy essayent de le faire changer d'avis. Mais Stacy n'est pas qu'une amoureuse attachante. Pour exister face à House, elle a dû batailler et ce trait de caractère est visible quand elle accomplit un superbe sacrifice d'amour. Elle sait à ce moment-là que c'est la fin de son couple car House ne pourra lui pardonner une telle décision, lui qui place le libre-arbitre au-dessus du tout. Sacrifier son couple pour sauver son compagnon, c'est une éblouissante preuve de courage. Il est à noter que House a les larmes aux yeux quand il évoque ce triste souvenir, et semble si faible quand un étudiant lui dit qu'il a agi comme un con. C'est là un des rares moments de laisser-aller du docteur. Toute cette séquence démontre la progression qualitative de la saison dont la fin est le couronnement. Ce cours a été d'autant plus fort que House sait aujourd'hui qu'il a mal agi envers Stacy. Un changement s'est déjà produit en lui comme l'atteste la coda ouverte, qui déroule le tapis rouge pour le finale de la saison.

Remarquons que la mise en scène de Paris Barclay est éblouissante, avec un montage craquant (l'apparition truquée et successive des trois étudiants dans la chambre de Carmen et du fermier, ou les 16 personnes agglutinés chez l'adolescente) et une fluidité qui fait vraiment plaisir !

Tant de scènes magnifiques... pourquoi seulement trois H ? Parce que l'épisode accuse un second défaut : Sela Ward. En effet, l'interprétation de l'actrice est décevante. Elle emprunte fortement son jeu et sa scène de "sacrifice" est amputée d'une bonne partie de sa force par son cabotinage. Elle se rattrapera heureusement dès l'épisode suivant. Hugh Laurie est protéiforme, il passe du cynisme à la tristesse, de l'ironie à la révolte, de la violence à la sobriété avec une aisance bluffante. Un incontournable.

Infos supplémentaires

Première apparition de Stacy Warner, ex-compagne de House, interprétée par Sela Ward. Elle apparaîtra dans en tout 10 épisodes de la série. L'actrice confessa avoir été en larmes en lisant les scripts des deux derniers épisodes de la saison, et fut décidée à obtenir ce rôle.

L'introduction, fait rare, a lieu à l'hôpital, et en présence de House.

Un des rares épisodes où House ne traite pas un patient, n'étant constitué que du cours qu'il donne aux étudiants.

On en apprend beaucoup sur House : sa rupture avec Stacy vient de ce qu'elle avait pris la décision qu'on lui enlève son muscle mort contre sa volonté, le condamnant à une douleur incurable permanente alors qu'il voulait tenter de récupérer l'usage complet de sa jambe, quitte à risquer sa vie. Il subit d'ailleurs une mort clinique d'une minute. Nous apprenons qu'il aime les chiots et se balader sous la pluie (il reste encore un peu de romantisme chez House !). Il a de très bonnes notions d'herpétologie (étude des reptiles). Nous apprenons qu'il déteste les compromis (ça, on s'en doutait !) et qu'il donne 10$ à Wilson chaque fois qu'un patient remercie son ami quand il lui annonce qu'il va mourir (ce qu'il réussit très souvent). Il considère enfin Carmen Electra comme une golfeuse-née.

Erreurs médicales :
– House prétend que trois serpents vénimeux habitent le New Jersey : le copperhead, le serpent à sonnette et le serpent corail. En réalité, on ne trouve pas de serpent corail dans le New Jersey.
– Durant l'opération des trois patients, on constate qu'aucun d'entre eux n'a les yeux fermés avec du ruban adhésif, ce qui est nécessaire dans ce type d'opération.

Erreur de continuité : le tableau derrière House ne cesse de changer durant tout le cours : tantôt un tableau blanc, tantôt un tableau où il peut écrire avec une craie.

La présence de Carmen Electra permet une référence à la série Alerte à Malibu, mentionnée par un des étudiants lorsque House évoque la playmate.

Acteurs

Sela Ward (1956), aujourd'hui, est surtout connue et appréciée par son rôle dans la série. Elle aime beaucoup Hugh Laurie, qu'elle admire. Elle tente sa chance comme mannequin pendant cinq ans, puis comme actrice. Elle fait ses débuts dans la série Emerald Point N.A.S (22 épisodes) mais c'est son premier rôle dans la série Les Sœurs Reed (122 épisodes, Teddy Reed) puis de Deuxième Chance (63 épisodes, Lily Manning) qui la fait connaître à la télévision où elle joue depuis régulièrement. Candidate malheureuse au casting de Demain ne meurt jamais, elle a néanmoins percé quelque peu au cinéma comme dans Studio 54, Dirty Dancing 2, Le Jour d'après, Le Beau-Père... À la télévision, elle a joué dans beaucoup de téléfilms mais pas beaucoup de séries quoiqu'elle ait décroché le rôle régulier de Jo Danville dans les deux dernières saisons des Experts : Manhattan (57 épisodes, Jo Danville).

Carmen Electra (1972) née Tara Patrick est surtout connue pour avoir joué 13 fois la voluptueuse Lani McKenzie dans Alerte à Malibu ainsi que dans les adaptations en téléfilm. Cette célèbre playmate (couverture de Playboy historique en 1996) a d'abord commis un disque de rap, soutenue par Prince qui lui donna son surnom. Le flop de l'album l'incita à s'orienter devant les caméras. Au cinéma, ses rôles les plus marquants sont dans les Scary Movie 1 et 4 dont elle assura la promo en posant nue dans des magazines, mais joue souvent en guest star grâce à son physique pulpeux (Sexy Movie, Big Movie, Naked Movie, Starsky et Hutch...). Si elle continue de tourner fréquemment, elle est cependant davantage adepte des shows et divertissement télé dans lesquels elle ne se prive pas de mettre en avant ses atouts. On l'a vue dans quelques séries comme Joey, 90210 (2 épisodes chacun), Monk, etc.

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22. LE CHOIX DE L'AUTRE
(HONEYMOON)


Scénario : Lawrence Kaplow et John Mankiewicz
Réalisation : Frederick King Keller

— What happened to "Everybody lies" ?
— I was lying.

House drogue Mark Warner, le mari de son ex, pour pouvoir le soigner à l'hôpital. Mais tous les examens sont négatifs. Mark serait donc en excellente santé ce qui n'est pas l'avis de House, aussi convaincu que Stacy qu'il a quelque chose. House, durant le traitement de Mark, cherche à se rapprocher de son ex mais elle le tient à distance. Leur relation devient de moins en moins supportable tandis que Mark, régulièrement harcelé par House, angoisse à l'idée que Stacy pourrait le quitter...


La saison 1 se termine en un splendide bouquet final avec cet épisode, suite du précédent. L'épisode sacrifie à un marronier des séries télévisées : la rencontre avec l'ex. Alléluia, la version proposée par la série dépasse le cliché du fond par une forme soignée : la tension (sexuelle entre autres) entre House et Stacy est électrisante, les anciens amants échouant à garder un ton correct. L'impuissance du mari, souffre-douleur d'un House plus féroce que jamais, face à cette situation, termine de rendre cet épisode intense.

On démarre fort avec un concours de vannes entre House et Mark sous l'œil froid de leur belle. Cet échange méchamment acéré prend fin de manière spectaculaire mais tout à fait caractéristique des méthodes fortes du docteur. Le cas de Mark prend rapidement une direction particulière : tous ses symptômes sont bénins, mais House, têtu, persiste, allant même jusqu'à commander une opération chirurgicale sans diagnostic formel. House a déjà avoué quelques fissures dans son coeur de glace, mais ici une fêlure importante s'y creuse : cette foi aveugle en l'instinct de son ex, sa perte d'objectivité qui le pousse à poursuivre un cas sans symptomes est un premier coup de projecteur sur ses faiblesses et sa psychologie abyssale, que très peu de personnages de série télé comptent, et qui ira crescendo tout au long de la série, surtout à partir de la saison 6. L'évolution de House vers plus de fragilité et de lumière sera un des axes majeurs de la série. Cette enquête médicale où l'on cherche ze indice qui débloquera tout est de plus riche en suspense, privilégiant une atmosphère épaisse à la vitesse - impressionnante scène de convulsions, dont la violence expressioniste sera seulement surpassée par celle de Protection reprochée (saison 2). L'absence quasi totale d'humour renforce le côté sombre de cet épisode. Mark dynamise le tout par son oppostion systématique à House.

Bien entendu, c'est l'explosive relation entre Stacy et House qui est l'atout majeur de cet épisode. Stacy connaît bien House, donc elle connaît ses moyens pour arriver à ses fins. Elle lit dans la tête de House comme dans un livre ouvert. Ce jeu psychologique où House essaye de trouver la faille dans le ménage Warner permet un suspense moral très prenant. House, en effet, n'est pas guéri d'elle tandis que la volonté farouche, presque exacerbée que met Stacy à s'éloigner de son ex est une protection, un bouclier contre la tentation de l'adultère car elle n'est pas sûre d'elle.
L'épisode se paye le luxe de nous offrir des scènes plus climatiques les unes que les autres : House joue avec les nerfs de Mark en lui posant des questions intimes sur son mariage sous couvert de médical, provoquant la colère de Stacy. Mark, angoissé, supplie que Stacy reste auprès de lui et ne parle plus au diagnosticien. Une scène splendide nous montre House, attablé à un bar, expliquant à Wilson qu'une partie de lui souhaite sa mort qui lui permettrait de récupérer Stacy ou bien de la faire souffrir. Ce sadisme inconscient jete une ombre sur House. A l'avenir, sa face sombre s'exprimera toujours sous forme d'autodestruction, plus tôt que contre quelqu'un d'autre. Rétrospectivement, l'épisode apparaît comme franchement audacieux car le seul sentiment de haine (hormis contre lui-même) qu'éprouvera House est dû au plus noble des sentiments : l'amour, ici dépeint comme étant égoïste et noir, une face enténébrée que seuls les films et séries les plus ambitieuses exploreront vraiment.

Finalement House applique la théorie Freudienne que Cameron lui avait expliqué dans Des maux d'amour : il veut dominer Stacy pour pouvoir la reconquérir ou bien lui faire mal en retour de ce qu'elle lui a fait il y a cinq ans : il refuse de pratiquer un test important sur Mark, prétextant que c'est la volonté du patient d'où un gros coup de gueule de Stacy devant tant de mauvaise foi : House respecte rarement les volontés de ses patients !
Mais le climax est atteint quand Chase, Cameron et Foreman s'interposent pour empêcher House d'administrer un "cocktail" à Mark. Currie Graham est un excellent choix en mari tourmenté par la peur et la jalousie.

La scène finale est un sommet de romantisme. Les dialogues prennent une certaine emphase mais ne sont jamais exagérés. La superbe déclaration de Stacy est pleine de justesse. La décision de House d'accepter que Stacy travaille désormais à l'hôpital finit cette saison sur un point d'interrogation : que va-t-il se passer ? Entre House et Stacy, sera-ce l'entente cordiale ou bien le conflit ouvert ? Sela Ward maîtrise davantage son jeu. Acide, déterminée, émouvante, elle énergise son interprétation qui soutient solidement cet épisode. Hugh Laurie crève l'écran et repousse les limites du cynisme avec un jeu acerbe et glacial, mais aussi triste et plus doux quand il s'interroge sur ses souhaits. L'épisode se termine comme s'achevait le premier : par la chanson des Rolling Stones You can't always get what you want. Dommage que Jennifer Morrison accomplit une de ses pires prestations en sentimentale. Tout au long de la saison, elle fut inférieure à ses partenaires, sauf quand elle sortait de l'habitude de son personnage (comme dans Love hurts). Heureusement, le meilleur est à venir pour elle.

En bref, un épisode grandiose, digne de conclure cette première saison qui nous a initiés avec une réussite complète à l'univers du plus désagréable médecin de l'histoire des séries télé.

Infos supplémentaires

Première apparition de Mark Warner, mari de Stacy, joué par Currie Graham. Il jouera en tout dans 4 épisodes de la série.

Le premier rendez-vous entre House et Stacy fut calamiteux et elle jura de ne plus jamais le revoir. Une semaine plus tard, elle emménageait chez lui et commençait une relation qui durera cinq ans. Stacy est athée mais garde toujours sur elle la croix de sa mère, unique bijou qu'elle consent à porter. D'après Mark, elle ne porte pas de lingerie. Elle prend son milkshake sucré (elle le prenait sans sucre quand elle était avec House). Son rêve d'adolescente était de partir à Paris (ce qu'elle n'a pas encore fait). Apparemment les USA continuent de penser Paris comme la cité romantique par excellence (qui s'est plaint ?).

Mark est professeur. De quoi ? Nous n'aurons pas plus de précision. Ses parents sont morts dans un accident de voiture et il est marié à Stacy depuis trois ans. Il faisait du VTT avant sa maladie avant de se mettre au yoga.

D'après Stacy, House était "à peu près le même" avant son intervention. Donc, le caractère aigri du docteur ne vient pas de ce triste événement. Par ailleurs, s'il voit une lettre timbrée sur le sol, il ne la poste pas. Comme c'est étonnant...

À noter que House prononce le mot français Garçon ! pour appeler un serveur.

Erreurs de continuité :
– Quand Mark subit son attaque causée par son angoisse, une infirmière se rue vers son lit. Quelques secondes plus tard, la même infirmière sort de l'ascenseur avec Stacy et House ! Aurait-elle le don d'ubiquité ?
– Lorsque House prélève l'urine de Mark, la seringue ne contient pas d'air. Dans le plan suivant, elle a une grosse poche d'air !

À deux reprises, Foreman est surnommé Dr. "Mandingo", référence à l'esclave noir du film du même nom (1975) de Richard Fleischer (avec James Mason).

En plus de la chanson des Stones, deux autres chansons dans l'épisode : Delia de et par Blind Willie McTell et I call it love de Wayne Jones et Windy Wagner par cette dernière.

Acteurs

Currie Graham (1967) a étudié à l'American Academy of Dramatic Arts de New York. Actif aussi bien au théâtre que devant les écrans, il a joué dans une dizaine de films dont Stargate, l'arche de vérité. On l'a vu sur le petit écran dans de nombreuses séries telles New York - Police Judiciaire, Urgences, Monk, Les Experts : Miami, Esprits Criminels, Ghost Whisperer, Lie to Me, Castle, The Closer (épisode Voir les étoiles et mourir), Weeds, Private Practice, 24 heures chrono, Mentalist, Los Angeles police judiciaire, House of lies (2 épisodes pour ces cinq derniers), Dallas 2012, Les Experts (3 épisodes chacun), Suits, Grimm, Fringe, NCIS Los Angeles, La loi selon Harry, Arrow, Grey's anatomy, etc. et des rôles récurrents chez Les Experts (3 épisodes), Desperate Housewives (9 épisodes), Men in Trees (10 épisodes), Boston Justice (9 épisodes), Murder in the first (20 épisodes)...

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TOP 5 DE LA SAISON 1

1. Des maux d'amour : Le cas principal du plus réjouissant intérêt, et le personnage troublant d'Annette dominent cet épisode rempli de surprises. Le cas secondaire (avec Peter Graves) est un des plus décalés de la série. La scène du dîner est un classique pour les fans. Réussite totale.

2. L'erreur est humaine : Très bel épisode sur une religieuse qui n'arrive pas à suivre ses convictions. Le poids de la culpabilité et la honte d'avoir peur sont les thèmes de cet épisode grave et méditatif mais finalement optimiste. Elizabeth Mitchell et Jesse Spencer sont au sommet de leur talent.

3. Le choix de l'autre : Bouleversant épisode à la tension et à l'émotion débordantes, dominé par le duel psychologique entre House, Mark, et Stacy. Climax sur climax, cet épisode est un miracle de précision scénaristique jusqu'à sa fin ouverte. Lumineuse interprétation de Sela Ward.

4. Sacrifices : Épisode tragique sur un dilemme terrible, impossible à trancher sans tomber dans la culpabilité et le chagrin. L'épisode flirte avec le pathos mais n'y sombre jamais. Unhappy end intégral, y compris dans la résolution de l'affaire Vogler. Triste mais beau.

5. Cherchez l'erreur : Le polar médical à l'état pur, une enquête passionnante avec rebondissements à la chaîne. L'essence de la série n'a jamais été aussi présente que dans cet épisode.

Accessits d'honneur : À bout de nerfs, Cours magistral, Symptômes XXL

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Crédits photo: FOX.

Images capturées par Clément Diaz.

 saison 1 saison 3

DR HOUSE

SAISON 2

 


PRÉSENTATION DE LA SAISON 2

La saison 2 persiste dans la direction entreprise. Après un démarrage en fanfare, la saison enchaîne avec une rare régularité les chefs-d’œuvre. Après une très bonne saison 1 mais devant prendre le temps d'assurer son écriture, la série trouve une confortable vitesse de croisière avant le prochain virage qui aura lieu en saison 4. Au niveau du fond, la série étudie tour à tour le thème de la culpabilité (Peine de vie, Culpabilité), la célébrité à tout prix, et ses effets secondaires (La course au mensonge, Confusion des genres), la jeunesse chaotique, qu’elle soit sévèrement bridée (Protection reprochée), ou se perdant dans des orgies à la chaîne (Partie de chasse), sans oublier bien sûr, depuis Question de fidélité (saison 1), l’impossibilité pour un couple de ne pas faire du mal à l’autre (Bonheur conjugal, Désirs illusoires…)… et bien d’autres thèmes !

Cette saison accentue les contrastes par rapport à la précédente en tournant dans un même épisode autant de moments furieusement comiques qu'implacablement dramatiques, de manière plus flagrante.

Une seule intrigue secondaire brille au milieu de cette saison : la cohabitation House-Stacy initiée dans les deux derniers épisodes de la saison 1 et qui se poursuivra jusqu’à l’épisode 11 de la présente saison. Riche en échanges et actions assassins entre les deux ex, elle dynamise considérablement cette première moitié de saison.

Le trio de médecins devient plus important : Chase est confronté à la bavure médicale (L’erreur), Cameron à la possibilité du SIDA (Partie de Chasse), Foreman devient lui-même un patient en danger de mort (De l’autre côté/Au suivant). Chacun subit des dilemmes moraux, et s’en sort avec des réactions très différentes. Après les sous-entendus du Hameron, le « Huddy » (relation House-Cuddy), commence à émerger à la fin de la saison, il reste cependant marginal.

Par son développement harmonieux des personnages, la haute qualité régulière des scénarios, la psychologie des différents patients, l’intéraction maîtrisée de leurs différents rapports sociaux, ainsi que son humour piquant et acerbe n’excluant pas la tragédie la plus sombre, cette saison 2 s’impose comme un sommet absolu de la série. Elle se paye le luxe de se terminer avec un épisode en feu d’artifice et un étonnant cliffhanger.

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1. PEINE DE VIE
(ACCEPTANCE)




Scénario : Russel Friend et Garrett Lerner
Réalisation : Daniel Attias (crédité comme "Dan Attias")

- She's got metastatic squamous cell lung cancer.
- Have you even looked at the x-ray?
- No, just guessing. It's a new game. If it's wrong, she gets a stuffed bear.

Clarence, condamné pour un quadruple meurtre, attend dans le couloir de la mort son exécution. Mais il est soudain pris d’un accès de rage et de délire qui lui cause une crise cardiaque. Grâce aux relations de Stacy, House parvient à le faire sortir pour traiter son cas. Cameron tente de convaincre House de s’occuper du cas de Cindy, une étudiante qui pourrait être en phase terminale de cancer. Mais House, pas intéressé par ce cas « simple », refuse à la grande fureur de Cameron…


La saison 2 démarre en force avec cet épisode tonique et au rythme enlevé marquant l'entrée en scène d'un fabuleux duo de scénaristes : Russel Friend et Garrett Lerner, qui vont écrire parmi les épisodes les plus originaux et/ou intenses de la série. Grâce à une idée de base géniale (pourquoi soigner un homme condamné à mort ?), l’épisode développe sans temps mort des situations très stimulantes. On note un changement d'esthétique grâce à Roy H. Wagner, le chef opérateur qui opte pour une photographie agréablement plus lumineuse.

Le patient du jour est bourrin, violent, d’une présence massive et inquiétante. Perpetuellement antipathique par son orgueil et son tempéramment sanguin, Clarence révulse et fascine à la fois. Par conséquent, une rencontre avec House ne peut qu’être étincelant ! Et en effet, House parvient à capter son attention en adoptant une attitude « fun », source de plusieurs scènes décalées. La plus symptomatique est la « beuverie » de House et Clarence... sous un prétexte médical justifié ! Les méthodes Housiennes resteront toujours une valeur sûre de la série. L’ambiguité étant une qualité chérie dans la série, Clarence gagne en épaisseur quand il mentionne sa volonté de vouloir contrôler sa vie et sa part d’humanité sans tomber pour autant dans l’angelisme, Foreman ramenant à la réalité un Clarence qui s’épanchait. Foreman a une attitude équivoque dans cet épisode : il donne un coup au cliché des noirs « forcément solidaires avec leurs compagnons de ghetto ». Quant à House, s'il accepte de soigner quelqu'un qui mourra de toute façon, c'est uniquement pour traiter un cas à sa hauteur. La vérité et rien d'autre, comme son modèle Holmesien qui pratiquait son métier par amour de l'art. Une rigueur glaciale qui donne une force intérieure stupéfiante au personnage, et qui rendra d'autant plus fort son évolution future.


L'excellent twist final, est - c'est une rareté - positif, la compassion l’emportant finalement sur cet assassin malgré lui. Armé de ce twist final, le scénariste ne tombe pourtant pas dans la facilité : la décision finale, « humaine » de Foreman est moralement pas irréprochable. D'où l'arrière-goût d'une conclusion qui ne rend pas le happy end totalement « happy ». Quelle adresse ! Le méditatif Hallelujah de Leonard Cohen est d’ailleurs un excellent choix pour finir l’épisode. Comme il le montrera dans NCIS Los Angeles, LL Cool J n'a aucune subtilité dans son jeu (cas classique du rappeur qui veut jouer l'acteur, on aura toutefois une exception en saison 6), mais son personnage ne l'étant pas, la pilule est moins dure à gober.

Le cas de Cindy Kramer permet à Cameron de s’imposer. Elle fait preuve comme d’habitude de son angélisme indéfectible. Défendant bec et ongles la figure tire-larmes de la belle jeune étudiante seule et malade (un classique depuis Love Story), elle se brise à chaque fois devant la froideur de House qui semble devenu plus odieux depuis l’arrivée de Stacy. Cameron s’attache presque viscéralement à cette condamnée et réagit comme une enfant en espérant de tout cœur une erreur de diagnostic, niant l'évidence. Sa conversation avec Wilson est bouleversante où elle explique que la mort de toute bonne personne est une tragédie et qu’il doit exister au moins une personne qui doit souffrir de sa disparition pour ne pas que cette vie soit inutile (raison pour laquelle elle se maria avec un cancéreux incurable). Le personnage de Jennifer Morrison, digne parfois des pires soaps, flirte avec le pathos, mais parvient à ne pas y sombrer grâce à la prudente retenue des auteurs.
Après avoir retardé l’échéance, Cameron parvient enfin à délivrer la terrible nouvelle à Cindy (un progrès donc depuis Panique à la maternité). En même temps, elle se révolte contre le cynisme de House. Le personnage amorce ainsi sa transition mais doit encore perdre ses illusions. Jennifer Morrison surprend en variant son jeu de la colère exacerbée à la sensibilité à fleur de peau. Elle reste plus à l'aise dans le premier registre.

House, ne se réfrénant aucunement en matière d'antipathie vigoureuse, empoisonne la vie de tout le monde, en gâchant l’après-midi de Chase, ou bien disputant un concours de piques avec Stacy. Leurs scènes tournent toutes au duel verbal dès le début, quand House lâche un mensonge énorme à son ex : l'énorme débarquement de policiers dans l’hôpital est à la hauteur du personnage. Cuddy n’est pas en reste et tente de maintenir son employé qui franchit lignes jaunes sur lignes jaunes. Ce trio est vraiment explosif ! Stacy continue de se comporter de manière trouble avec House, instaurant comme une sorte de relation Steed-Cathy. A retenir, sa mise en garde à Cuddy : Il est craquant, faites attention ! Hugh Laurie repousse les limites de la méchanceté de son personnage avec un entrain délicieux. Sela Ward est son pendant parfait en étant aussi piquante que lui.

Un épisode qui fait réfléchir enfin sur quelques thèmes : tout homme a-t-il droit aux mêmes soins, qu’il soit saint homme ou bourreau de la pire espèce ? (Quand House invente une « hiérarchie » volontairement stupide de criminels). Pouquoi sommes-nous jugés sur notre part d’ombre et non notre part lumineuse ? Est-ce la faute à la société paranoïaque dans laquelle nous vivons ? Autant de questions qui naissent à la vue de cet épisode particulièrement réussi, dynamisé par la mise en scène de Daniel Attias, un des plus talentueux réalisateurs de série télé.

Infos supplémentaires

- Le générique français est légèrement réorchestré à partir de cette saison. Ses qualités musicales restent cependant très limitées ! Les décors de l’hôpital sont, eux, plus neufs et plus colorés.

- Le titre de l’épisode original Acceptance (Résignation) désigne en fait le stade final qui précède l’appréhension de la mort, et plus généralement un événement traumatique, comme le mentionne House. Il désigne ici la résignation de Cameron à annoncer la nouvelle fatale à Cindy. Le titre français est plus axé sur Clarence…

- House n’aime pas quand on écrit sur SON tableau blanc ! Il déjeune régulièrement dans la chambre d’un comateux pour être tranquille et regarder la télé. D’après Stacy, il tient mal l’alcool. Il continue de regarder le soap opera Hospital central. Par un curieux hasard, Christie Lynn Smith jouera par la suite dans 8 épisodes de cette série.

- Nous apprenons que Cuddy est juive, House mentionnant à son sujet le site de rencontres J-date, site de rencontres juif (traduit assez fidèlement par chercheunmecjuif.com). Son mot de passe pour accéder à sa base de données est partypants (porte-jarretelles). Le sous-titre français (mais pas la VF heureusement) édulcore par trouble-fête. L'assistant de Cuddy n’apparaît que dans cet épisode.

- Fait surprenant, on voit Stacy en blouse. Elle a rencontré son mari à un gala de charité ; House, dans un bar à strip-tease dont l’entrée était à 2$ (qu’elle regrette depuis avoir dépensés). Dans Des maux d’amour (saison 1), House disait que le café Spoleto était un ancien bar à strip-tease, est-ce là qu’il l’a rencontrée ? Elle dit qu’elle aime le faire souffrir quand elle lui parle. Selon House, elle a une voix stridente.

- Jennifer Morrison s’est teint les cheveux en blond. Sa couleur changera cependant au fil des épisodes. Reflexion de Clarence, le condamné, sur la jeune femme : That's the finest piece I seen in ten years (Le plus beau cul que j’ai vu en dix ans).

- Foreman a un tatouage amérindien au poignet droit, son symbole a pour sens « Force de vie ». Il dealait de l’origan quand il était en prison.

- Chase sait faire de la voile. Il est contre la peine de mort par principe, mais préfère « voir un meurtrier subir cette peine que d’avoir des ennuis avec son patron ».

- House, pour se moquer du moyen mnémotechnique de Chase, mentionne le Yahtzee. C’est un jeu où l’on jette cinq dès. On garde un ou plusieurs des dés et on jette les autres, on refait la même recette une troisième fois. Le but est d’obtenir à la fin (ou avant) une combinaison gagnante. La plus haute combinaison est celle où l'on a cinq fois la même valeur aux dès, ce qu'on appelle le Yahtzee, et qui donne son titre au jeu.

Erreurs médicales :
- Quand Wilson examine la radiographie de Cindy que Cameron lui remet, il la tient à l’envers ! Un clin d'oeil à Scrubs ?
- Quand House examine Clarence au dispensaire, il tient mal son stéthoscope : il le pointe vers l’arrière de sa tête, au lieu de l’avant.

House mentionne le chef-d’œuvre de John Boorman Délivrance quand il envoie Chase interroger les détenus car il a « une belle gueule » (prettier mouth). Quand House appelle Cindy Cindy Lou Who, il fait référence à un fameux dessin animé américain de Noël : Comment le Grinch a volé Noël ! (How the Grinch Stole Christmas!). Quand Cuddy l’apostrophe, House réplique par l’onomatopée ruh-roh, à la manière de Scoubidou.

- La chanson de l’épisode est Hallelujah de Leonard Cohen, interprétée par Jeff Buckley.

Acteurs

LL Cool J (1968), abréviation de "ladies love cool James" est un acteur et rappeur américain. Après avoir vécu une enfance chaotique (voyant son père tuer sous ses yeux sa mère et sa grand-mère), il sort son premier album de rap à 17 ans qui est un succès. Il sort régulièrement plusieurs albums tout en menant une carrière d’acteur au cinéma (Halloween, 20 ans après, Peur bleue, Charlie et ses Drôles de Dames, Le Deal, SWAT…). Il écrit parfois la musique de certains films. Après avoir été Marion Hill dans 76 épisodes de la série In the House, "Uncle L" est revenu aux séries 10 ans plus tard avec 30 Rock, Hawaï 5-0 et surtout NCIS Los Angeles où il joue un rôle principal : Sam Hanna (140 épisodes en 2015).

Christie Lynn Smith a commencé par tourner quelques publicités. Marquée par le film Grease, elle s’oriente vers la comédie. Une pièce de théâtre en 2001 lui permet d’attirer l’attention sur ses capacités à jouer des rôles demandant beaucoup d‘émotion. Cette superbe blonde a joué dans beaucoup de séries comme Les dessous de Palm Beach, Beverly Hills, 7 à la Maison, Charmed, Alerte à Malibu, JAG, Les Experts, Malcolm, Des jours et des vies (2 épisodes), Las Vegas, Monk, Bones, Dexter, Urgences, FBI : portés disparus, Hôpital Central (8 épisodes), Beverly Hills, 90210 nouvelle génération, Castle, Justified, Weeds, NCIS, Esprits criminels... ainsi que quelques téléfilms…

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2. LEÇON D'ESPOIR
(AUTOPSY)


Scénario : Lawrence Kaplow
Réalisation : Deran Sarafian

- If she's never kissed a boy, it's a fair bet she's never had sex.
- Tell that to all the hookers who won't kiss me on the mouth.

Andie, 9 ans, est atteinte d’un cancer incurable. Alors qu’elle était dans sa salle de bain, elle est prise d’hallucinations. Amenée à l’hôpital, elle surprend House par le courage qu’elle manifeste devant l’imminence de sa mort. House et son équipe tentent de trouver ce qui a causé ses hallucinations. Ils ignorent qu’ils seront contraints d’adopter, pour résoudre ce cas, une technique « extrême »…


Cet épisode, un des plus aimés de la série, atteint une grande intensité dramatique, pas fréquent dans une série médicale. Il le doit beaucoup au patient du jour, furieusement atypique et émouvant.

Andie, cancéreuse incurable, fait preuve d’un hallucinant courage : alors que sa vie, dont on sait qu’elle sera tristement brève, risque d’être encore abrégée à cause de sa nouvelle maladie, elle arrive à rester digne, confiante, souriante. Ses deux scènes avec Chase sont à cet égard tout à fait remarquables : dans la première, elle fait montre d’une bonne humeur plutôt décalée, étonnant Chase par sa connaissance de tous les risques. La deuxième est encore meilleure où elle se montre d’une gravité et d’une maturité rarissimes pour une enfant de son âge, désarçonnant tous les médecins et Chase en premier lieu. Leur scène est remarquable de ton et aboutit au fameux baiser entre les deux personnages. Voir une enfant de 9 ans embrasser un homme de 30 ans sans qu’il y ait le moindre sous-entendu obscène est une preuve que cette série est décidément à part dans l’univers médical ! La grande réussite de ces scènes doit beaucoup à la complicité entre Sasha Pieterse et Jesse Spencer.

Contrairement à sa mère - judicieusement à l'arrière-plan pour éviter tout pathos inutile - Andie a déjà fait ce long et douloureux chemin intérieur d'acceptation. Son courage est la grande affaire de l’épisode : alors que tous les médecins sont admiratifs, House entretient une jalousie féroce à son égard : lui qui n’aime pas ses semblables est devant une jeune enfant pure, sans défaut et sans peur, qu’il ne peut rabaisser ou attaquer. Les tentatives de House de nier son courage - cherchant à prouver qu'il serait dû à un dysfonctionnement du centre de la peur du cerveau donc, qui serait caduc - ou à le briser provoquent un suspense original où House pousse à sa limite son antipathie, ce qui provoque un Go to hell ! dégoûté de Wilson. Il essaiera même de l’effrayer en lui disant en quoi va consister la terrible intervention désespérée (par sadisme ou par respect pour sa maturité ? Délicieuse ambiguité) que les chirurgiens vont essayer. Si Andie finit enfin par pleurer ce n’est pas pour elle mais pour sa mère qui serait inconsolable après sa mort : House ne peut rien dire face à une telle déclaration d’amour filial. Kaplow est suffisamment habile pour nuancer l'antipathie massive de House, en réalité une désespérée tentative de compensation devant la perte de ses repères misanthropes face à Andie. Ce que Hugh Laurie fait sentir sans peine. Notons la performance de Robert Sean Leonard, en acharné de la contradiction si généreux.

La noirceur de House se voit tempérée par la scène finale : il descend la voir et Andie le serre dans ses bras. House reste d’une froideur innommable mais son regard puissant et troublé montre bien la confusion qui est en lui : il est capable d’émotion mais par peur de paraître humain (donc faible), il tente de le cacher. Andie, décidément enfant parfaite, devine ce qui se passe dans la tête de House et lui donne conseil de profiter de cette journée, de la Vie, ce qu'il finit par faire. L'on voit que House n’a pas perdu toute son humanité, et un des axes de la série sera la libération de cette humanité de sa prison de glace. On reste pantois devant le talent incroyable de Sasha Pieterse. A 9 ans, elle accomplit une superbe performance d’actrice et parvient dans ses quatre scènes principales, à être impressionnante de vérité et d’émotion, un second rôle hors-classe !

Tout au long de l’épisode, l’intensité dramatique ne faiblit jamais : la recherche médicale est passionnante : Wilson modère les propositions trop risquées de House (scène du balcon, humoristique mais très intense) qui pour une fois l’écoute. Mais aussi l’écoute des battements du cœur d’Andie dans la salle des douches, l’opération à cœur ouvert, les trois diagnostics différentiels. Et bien entendu le coup de théâtre de l'opération finale au suspense effroyable, et une des idées les plus hallucinantes de la série.

Le cas secondaire du jour est drôlement absurde : un homme, pour satisfaire sa copine juive, s’est auto-circoncis avec un cutter… et ça n’a pas très bien marché ! C’est pas tous les jours qu’on voit des patients qui ont un tel grain dans la tête, et House lui-même reste sans voix.
Détail : on remarquera que House est surpris, qu’au début, que Cameron lui sert une boisson. Le bref regard qu’ils échangent est ambigu tout comme le curieux mensonge de House qui prétend apprécier le nouveau mélange de Cameron. Finissons sur Lisa Edelstein, craquante dans ses échanges avec House (On peut faire une autopsie sur quelqu'un de vivant ?……. - Vous êtes raide ?!!). Un épisode superbe.

Infos supplémentaires

- L’introduction de l’épisode dure 1’09, c’est une des plus courtes de la série. La salle de bains est en fait une maquette, nécessaire pour pouvoir filmer le « tremblement de terre ». Le balcon qui relie les bureaux de House et Wilson est en fait un décor intérieur.

- Lawrence Kaplow reçut un Writers Guild of America Award pour cet épisode. Au départ, la patiente devait avoir 40 ans. Son âge fut ramené à 9 car permettant plus d’émotion. Le recours à l’autopsie sur une personne vivante fut le point de départ de l’histoire, Kaplow souhaitant que quelqu’un soit tué pour sauver l’enfant. Finalement, le scénario décida de tuer l’enfant elle-même… pour la sauver ! Détail : Hugh Laurie n’était pas enrhumé pendant l’épisode, c’est simplement une idée de Kaplow. La scène du baiser Andie-Chase inquiéta beaucoup la production qui avait peur qu’elle fut censurée par la chaîne. Heureusement, la direction comprit l’innocence de la scène et la conserva. A noter : certains détails médicaux sont rajoutés en post-production pour les épisodes. Ici, ce fut le cas, avec par exemple le sang dans l’œil d’Andie. De même, les dialogues de la scène finale furent coupés, accompagnés seulement de la chanson. Quant au plan final, il est virtuel : c’est un effet spécial avec ajout par ordinateur d’un motocycliste.

- House a un goût très modéré pour le mélange noix-gingembre (d‘après Shore, cet échange fut improvisé par les comédiens). Il se shooterait tous les mardis et confirme qu’il voit à l’occasion des prostituées. Quand il est trop malade pour écrire au tableau, House délègue cette tâche à Cameron, et sinon, à Foreman. Chase, lui, n’est « pas prêt ». Chase écrira pourtant sur le tableau dans l’épisode House contre Dieu. House prend parfois du « baume du tigre ».

- La balle de House dans la saison 1 fut volée. Dans la saison 2, on a une nouvelle balle. La disparition d’accessoires est courante dans une série. Ainsi, les perruques blondes de Linda Thorson durant la saison 6 de Chapeau melon et bottes de cuir connurent par exemple le même sort.

- House écoute dans les douches de l’hôpital (parce que l’acoustique y est meilleure !) le célèbre air Nessun Dorma, extrait du troisième acte de Turandot, le dernier opéra (inachevé) de Giacomo Puccini (1858-1924). Cet air de ténor, très difficile et éclatant a été rendu populaire par l’interprétation qu’en fit Luciano Pavarotti. C’est une des rares fois où l’on voit House écouter de la musique classique, bien qu’il en joue parfois sur son piano, et un signe de son affection pour la plupart des genres musicaux…

- Chase a 30 ans. Mais Jesse Spencer (26 ans à l‘époque) n’était pas convaincu que le public penserait qu’il aurait réellement cet âge !

- Wilson a une affiche du film Vertigo de Sir Alfred Hitchcock (1958), dans son bureau. Il semble ne pas aimer les chiffres et flirterait avec Debbie, la comptable de l’hôpital, d’après House. Debbie sera mentionnée à nouveau dans Douze ans après.

- House, au sujet du patient qui s’est (mal) autocirconcis, mentionne Rifkah, qui est en fait le prénom Rebecca. La belle-fille d’Abraham est un personnage du livre de la Genèse dans la Bible, et importante figure matriarcale des religions. Elle fut en effet la mère d‘Esaü, fondateur de la branche juive, et de Jacob, fondateur de la branche musulmane. House manifeste donc ici toute sa dérision envers les religions et les exigences stupides de la petite amie du patient…

Erreurs médicales :
- Dans la scène d’introduction, Andie s’injecte du produit contenu dans une seringue… mais la seringue est vide !
- Lorsque Wilson dit à House de prendre du Benedryl, celui-ci répond qu’il en prend des doses de 1000 mg… ce qui est 20 fois la dose recommandée ! Mais on peut supposer qu’il se paye simplement la tête de son ami.

- Erreur de continuité : La moto conduite par House à la fin est un Aprilia RSV 1000 mais le bruit de son moteur évoquerait plutôt un inline-4 bike.

- Mis à part l’opéra de Puccini, la soundtrack est constituée de deux morceaux : In the deep de Michael Becker et Kathleen York, chantée par cette dernière, ainsi que la chanson de Linda Perry Beautiful interprétée dans l’introduction par Christina Aguilera et à la fin par Elvis Costello (qui la chanta exclusivement pour cet épisode). Le choix de Costello s’explique par le fait que Shore ne pensait pas que le style d’Aguliera convenait à la série.

Acteurs

Sasha Pieterse (1996) est une enfant précoce, à la fois actrice, mannequin, et auteur-compositeur-interprète : elle tourne dès l’âge de six ans dans la série Family Affair (8 épisodes) et depuis tourne à la télévision dans des séries comme Stargate SG-1 (épisode Le voyage intérieur), Les Experts : Miami, FBI : portés disparus, Medium (épisode Toi et moi pour l'éternité), Hawaï 5-0, Heroes (11 épisodes)... Sa performance dans cet épisode a beaucoup contribué à la faire connaître. Elle a tourné dans quelques films comme X-Men : le commencement et son rôle le plus connu est celui d'Alison DiLaurentis dans la populaire Pretty little liars (83 épisodes en 2015). Elle est également musicienne de country-rock sudiste et a sorti 4 singles.

Il est à noter que David Shore et Katie Jacobs furent admiratifs de la performance de la jeune comédienne. Elle portait évidemment une perruque chauve qui la plupart du temps ne recouvrait qu’à moitié ses cheveux, aussi ne voit-on jamais l’arrière de son crâne (à l'exception de l'introduction).

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3. CULPABILITÉ
(HUMPTY DUMPTY)


Scénario : Matt Witten
Réalisation : Daniel Attias

- He loses that hand, he loses his job, he loses his home, his kid brother drops out...
- American dream destroyed. Very sad, very emotional. Not one medical fact in the whole pathetic tale. You've lost perspective, Cuddy. You've stopped looking at this as a doctor. You're acting like someone who shoved somebody off their roof. You want to make things right ? Too bad. Nothing's ever right !

Parce qu’elle prépare un dîner, Cuddy demande à Alfredo, son couvreur mexicain, de travailler plus longtemps malgré son asthme. Mais Alfredo finit par tomber du toit. Amené à l’hôpital, tout le monde constate avec horreur que sa main droite noircit : elle se nécrose et il risque de perdre tout espoir de travailler. Cuddy, en proie à une profonde culpabilité, interfère dans le diagnostic de House dans l’espoir de se racheter mais ne fait qu’aggraver son état. Stacy tente de calmer le jeu entre les deux médecins...

Pour la première fois depuis le début de la série, un épisode donne le premier rôle à Cuddy. L’occasion pour Lisa Edelstein de nous éblouir de son talent quand il s’agit de jouer le drame. De plus, cet épisode nous offre un intéressant cas médical couplé à de superbes dialogues. Malgré quelques longueurs, cet épisode est un des plus marquants de cette saison.

Le sujet de l’épisode est l’opposition Cuddy/House, arbitré de loin par Stacy. Cuddy à l'occasion de mettre au premier plan son côté plus humain jusque-là seulement sous-entendu par la froideur qu'exige son métier. Tout comme House dans l'épisode précédent, Cuddy va elle aussi fêler son armure, et tout au long de la série, chercher elle aussi à faire ressortir son côté émotionnel. Il est logique que cet apprentissage commence par la gestion d'une émotion négative : la culpabilité. Le symptôme le plus éloquent étant ses diagnostics axés uniquement sur le fait qu’elle est coupable. Cuddy n'admettant pas ses faiblesses comme House, elle n'arrive pas à en prendre conscience. Stacy doit jouer de son comportement dominateur pour la calmer. Voir Cuddy « qui ne joue pas sa Cuddy » est un agréable changement et permet de mieux considérer la femme derrière le médecin. Lisa Edelstein surjoue dans le premier quart d'heure, mais se rattrape superbement par la suite en femme ravagée par la culpabilité.

Les dialogues sont d’une puissance incroyable. House sermonne Cuddy sur sa faiblesse : elle est attachée à Alfredo, donc son diagnostic n’est pas neutre, donc son jugement est faussé. Curieusement, House subira de temps à autre des pertes d'objectivité (dès cette saison, dans Euphoria). Mais en attendant, House « ayant raison » profite de sa supériorité pour mettre Cuddy en face d’elle-même avec cette fois un ton doux inhabituel. Le final dans le bureau où il prononce une de ses plus belles tirades est un grand moment d'émotion… qu’il réduit immédiatement en pièces en faisant une énorme avance sexuelle ! Eh oui, House, ennemi du sentiment jusqu’au bout.

L'épisode n'édulcore aucunement le sort tragique qui va frapper la famille d'Alfredo ; on pourrait craindre qu’un pathos lourd en découle, mais les auteurs se servent de House pour saboter joyeusement tout début de dégoulinade via réparties grinçantes ou colères contre Cuddy et Stacy (qui parvient toutefois à le mater avec un sec Shut up !), sortant du drame lacrygène vers une attaque amère du rêve américain. Le spectateur prend par ailleurs conscience de la force qui anime Stacy, et comment elle a pu supporter House pendant cinq ans : elle est aussi solide, aussi entière, aussi forte en déduction que Sherlock House, et est la Raison incarnée. Mais comme on le sait, House est le premier mot du dictionnaire des antonymes quand on regarde à "Raison". On aime beaucoup ainsi la scène où House se venge de son ex dans la salle de consultation (où il ne consulte personne bien entendu). Sela Ward enchaîne réprimandes et coups de gueule avec un entrain communicatif.
Un double coup de tonnerre conclut l’épisode : la révélation de la maladie apparaît sous les habits de l’humour noir, et surtout le retournement final qui propulse la fin dans un happy end d’un cynisme dévastateur ! Félicitations au scénariste Matt Witten qui noircit finalement la victime sans pour autant la juger. Ignacio Sericchio est correct dans le rôle du patient, mais sans plus. Il vaut quand même mieux que les comédiens incarnant sa famille, figés dans des figures lacrymales. En lui-même, le cas médical est bien construit, et son suspense (amputation or not amputation ? Vivra ou pas ?) joue avec les nerfs du spectateur, pris dans ce diagnostic difficile.

L’humour n’est pas absent car la fouille de l’appartement de Cuddy est un moment de pure comédie entre paris truqués, farces débiles, et considérations sur les strings et les tampons de Cuddy, ce qui nous vaudra une scène hilarante de cette dernière. Stacy nous prouve qu'elle sait jouer à Sherlock Holmes en devinant ce que lui cache Wilson. Shippers : à vos claviers : une tension sexuelle s’instaure lors des fouilles des appartements avec une Cuddy éludant les questions sur ses rapports avec House (et inversement).

Le cas médical secondaire manque d’humour mais est révélateur de la paranoïa du racisme : un vieil homme noir refuse de prendre un médicament qui a spécialement été conçu pour eux, il veut celui des « blancs » (racisme anti-blanc présent dans les échanges, rappel que le racisme marche dans les deux sens) ce qui nous vaut quelques échanges bien secs entre lui et House - qui le dupe avec son sans-gêne coutumier - La dispute de Foreman avec House sur l’ambiguité de l’attitude des Blancs, même non-racistes, envers les Noirs est également lourde de sens, et fait désespérer qu’un tel fléau disparaîtra. Un épisode très divers, centré avec réussite sur Cuddy.

Infos supplémentaires

- Humpty Dumpty est le titre d’une comptine enfantine à propos d’un personnage qui chute du toit d’une maison. Le titre original de l’épisode s'explique.

- Nous en apprenons davantage sur Cuddy : elle rêvait d’être médecin dès l’âge de 12 ans. Elle fut diplômée d’une l’école de médecine du Michigan à 25 ans, arrivant - à sa grande fureur - deuxième de sa promotion. Bien que cela ne soit pas dit, on peut supposer qu’elle fut dans la même promotion que House et que ce fut lui qui fut le premier. Elle fut nommée médecin-chef à 32 ans, ce qui en fait la deuxième femme médecin-chef la plus jeune de l’histoire de la médecine. Cependant, l'épisode Chacun sa croix (saison 7) nous apprendra qu'elle avait en réalité 29 ans au moment de sa nomination, mais qu'elle tricha sur son âge (prétendant en avoir 31) pour avoir l'air plus mature. Elle ne pratique plus depuis 10 ans. Elle semble affectée de contredire toujours House. Elle habite au 925 de sa rue et c’est la première fois dans la série que nous voyons son appartement. Elle fait régulièrement du jogging. Plus légèrement, elle a dans son tiroir de sous-vêtements des strings roses-rouges (et aucune photo de Chase), et utilise des tampons « super ». Enfin, selon House, elle est très sexy quand elle hurle…

- House a déjà été viré quatre fois d’un hôpital. Bien que Cuddy refuse de dire pourquoi elle a engagé House à Cameron, nous aurons la réponse dans l’épisode L’homme de ses rêves (saison 3). D’après elle, quand House étudiait dans le Michigan, il était « déjà une légende ». House parle également parfaitement espagnol.

- Stacy voulait être avocate depuis l’âge de 6 ans. Nous apprenons que c’est elle qui a plaqué House et non l’inverse.

- House demande à Cuddy de consulter son équipe qu’il surnomme le « scooby-gang ». Il s’agit bien entendu d’une référence au film Scoubidou (1969). Quoiqu’il est possible que ce soit aussi une allusion à l’autre Scooby-gang, le groupe qui lutte contre les forces des ténèbres dans la fameuse série Buffy contre les vampires.

- La soundtrack de l’épisode est constituée de la chanson Delicate de et par Damien Rice, et de la Salsa Habanero de Wayne Jones.

 

Acteurs :

Ignacio Serricchio (1982) a commencé sa carrière avec cet épisode. Il poursuit depuis une bonne carrière avec des rôles récurrents dans plusieurs séries : Hôpital Central (20 épisodes), Ghost Whisperer, Privilegied (6 épisodes chacun), Bones (4 épisodes), Witches of the east end (9 épisodes), The Bay (14 épisodes), Les Experts, Les Experts : Miami, Covert affairs...

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4. ÊTRE OU PARAITRE
(TB OR NOT TB)


Scénario : David Foster
Réalisation : Peter O'Fallon

- You're just mad because he's closer to a Nobel Prize than you are.
- But I've nailed more Swedish babes.

Sebastian Charles, un médecin très populaire, combat la tuberculose en Afrique. Lors d’une réunion avec son sponsor, il s’écroule. Il est certain d’avoir attrapé la maladie mais House pense qu’il souffre d’un mal plus sérieux. House déteste tout de suite son patient « exemplaire ». Lorsque Charles commence à flirter avec Cameron qui ne semble pas insensible, House craint qu'elle perde son objectivité…

La saison 2 a parfaitement réussi son lancement avec trois épisodes de haute qualité. Du coup, la brusque descente du niveau se fait ressentir à la vue de cet épisode qui bien qu’original, subit une surcharge de verbiage et de pathos.

Pourtant le début était prometteur : Charles étant médecin, il produit quelques étincelles avec House - en désaccord, comme par hasard - qui n’apprécie pas vraiment qu’on marche sur ses plates-bandes (ce qui nous vaut quelques vannes joliment acidifiées).
Malheureusement, on doit déchanter car la poursuite du cas est poussive (même l’opération finale manque de suspense). On retient quand même qu’il vaut mieux surveiller House quand il fait le « test de la bascule » car il dépasse vite les normes de sécurité - gagnant au passage un pari stupide - mais sinon, rien de bien palpitant car on n’arrive jamais à s’inquiéter pour Charles, qui ne pâlit pas trop si ce n‘est une peu marquante chute d’escalier. Du coup, l‘atmosphère d‘urgence qui sied si bien à la série est absente. Le « rebondissement » central avec la ridicule décision de Charles nuit à la crédibilité du script. C'est moins de la grandeur d‘âme que de la bêtise. Le patient de la semaine est en fait d’un ennui rare. Il est certes sympathique car « humaniste », mais ses discours ronflants sur le mal qui sévit en Afrique martelés d'un ton moralisateur tout au long de l’épisode tapent sérieusement sur les nerfs. Le fond est bon mais la forme pénible. Ce défaut culmine lors de la scène de télévision, bien trop "pathos".

En fait, l'on voit que Foster a voulu donner une opposition à House avec un médecin gentil, mais sa fadeur le rend insignifiant, et échoue à donner une alternative valable. On comprend alors qu'il ait voulu éviter avec un personnage si faible une confrontation directe avec le diagnosticien (Cameron sert d'intermédiaire), mais cela confirme l'inanité de l'idée de départ. Il faudra attendre Martha Masters en saison 7 pour avoir un médecin gentil qui tienne la dragée haute à House.

L'auteur a voulu en contrepoint montrer un commencement de romance entre Cameron et Charles (avec une pointe de jalousie de Chase, annonciateur de ce qui arrivera dans les épisodes suivants), mais cette facette de l’histoire est d’une médiocrité agaçante : non seulement, les comédiens adoptent un jeu compassé, mais l’académisme des situations plombe le rythme : Cameron défendant Charles, Cameron veillant sur Charles, Cameron souriant à la drague pas très subtile de Charles, etc. Les fans du Hameron (relation Cameron-House) doivent passer ici leur chemin tant House a l’air tout à fait au-dessus de cette amourette sans lendemain. L’étreinte platonique entre les deux intéressés apparaît donc comme logique et constitue le seul point réussi de cette tentative. Ron Livingston sous-joue son personnage, Jennifer Morrison est atone à souhait quand elle ne surjoue pas la colère. L'actrice doit vraiment affiner son jeu (ça ne tardera plus, rassurez-vous).

Heureusement l’épisode est relevé grâce à un House bien salaud qui balance traits sur traits et fait disjoncter toutes les règles de bienséance (interview sabotée, cours sur l‘art d'insulter une patiente, vol de steak à la cantine...) si par hasard on avait encore quelques doutes sur le sujet !

Le cas secondaire marche cette fois à l’humour noir où Foreman commet une bourde… et c’est House qui paye les pots cassés grâce à Cuddy qui semblait n’attendre que ça. C’est finalement la résolution de ce cas qui constitue la meilleure scène de l’épisode : House, profitant de son handicap (la faiblesse devient une force) réussit à s’excuser auprès de la patiente… sans s’excuser ! Ce faux-semblant est tellement énorme qu’il déchaîne le rire. Cameron elle-même en semble amusée. Ca y’est, elle commence enfin sa mue… Hugh Laurie, survolté, et Andrea Bendewald, très cassante sont excellents. Donc un scénario faible, un patient oubliable, mais des dialogues étincelants !


Infos supplémentaires

- Le titre original de l’épisode est évidemment un pastiche de la célèbre phrase To be or not to be inaugurant le monologue d’Hamlet (Acte III scène 1) de William Shakespeare (1564-1616), souvent considéré comme le passage de littérature anglaise le plus renommé au monde. TB désignant en fait l’abréviation du mot tuberculosis.

- Ron Livingston (Sebastien Charles) jouait Jack Berger dans la saison 5 et 6 de Sex and the city, un des (nombreux) amants de Carrie Bradshaw. Curieusement, Cynthia Nixon (Miranda Hobbes), un des principaux rôles de la série, jouera dans un épisode de cette saison : Faux-semblants. Enfin, Jason Lewis (Smith Jerrod), dernier amant de Samantha Jones (jouée par Kim Cattrall) jouera dans deux épisodes de la saison 4 : Trop gentil pour être vrai et Pour l’amour du soap. Trois comédiens de Sex and the city ont donc joué dans la série !

- Première fois que la scène d’introduction se passe à l’étranger (ici en Afrique).

- Le groupe pharmaceutique sponsorisant les actions de Charles s’appelle Stoia Tucker. C’est un clin d’œil à Chris Stoia, premier assistant réalisateur de la série.

Erreurs de continuité :
- A Princeton-Plainsboro, on utilise des pilules qui bougent toutes seules ! Quand Charles regarde les pilules, il y’en a quatre, quand il les verse sur la table, il y’en a plus que trois. Et lorsque Charles manipule les quatre pilules colorées (tiens y’en a une qui est réapparue), elles changent trois fois de place.
- Frederique Tirmont semble avoir eu un moment d’égarement sur le plateau de doublage : En VO, Cuddy dit aux journalistes de la TV que l’état de Charles est stable et non contagieux. En VF il y a un gros blanc à la place !

- Référence à la comédie musicale Spinal Tap (1980) quand House demande « d’aller jusqu’à 11 » (le 11 étant le chiffre central du film).

- La chanson de l’épisode est Stranger in a strange land de et par Leon Russell.

Acteurs

Ron Livingston (1967) a joué dans plusieurs séries comme JAG, The Practice (12 épisodes), Sex and the city (8 épisodes), Boardwalk Empire (6 épisodes)... et un des rôles principaux de l’éphémère Defying gravity (13 épisodes) etc. Il est cependant plus actif au cinéma où il a joué dans une cinquantaine de films pour la plupart inédits hors USA.

Andrea Bendewald (1970) se lance dans la comédie dès sa sortie de l'université. Principalement connue pour son rôle de Maddy Piper dans la populaire série Susan ! (59 épisodes), on l’a vue surtout dans des séries dont F.R.I.E.N.D.S, Les Experts : Miami, Mon Oncle Charlie, FBI portés disparus sont les plus connues. Elle tourne quelquefois au cinéma.

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5. FILS À PAPA
(DADDY'S BOY)


Scénario : Thomas L. Moran
Réalisation : Greg Yaitanes

- Why would you need $5,000 ?
- Bad night at poker or great night with a hooker.

Carnell Hall, un jeune lutteur, termine son année en faisant la fête ; mais en plein milieu de soirée, de violentes décharges électriques le saisissent et le font hurler de douleur. A l’hôpital, House et son équipe se rendent compte que lui et Ken, son père, ne cessent de se mentir l’un l’autre. Quant à House, il reçoit un appel de ses parents qui, de passage, veulent lui rendre visite ; House tente alors par tous les moyens d’éviter de les voir…

Daddy's boy est une mauvaise surprise : en 26 épisodes, la série nous a habitués à des épisodes magistraux, au pire corrects. Voilà qu'elle nous fourgue soudainement ce navet qui est une catastrophe sur tous les plans, tant scénaristiquement qu’émotionnellement. Les clichés les plus sirupeux s’enchaînent durant toute l’histoire, ne permettant que de brefs instants de réjouissance. L’épisode tient surtout à la relation fils-père hélas désastreusement écrite. Elle part d’abord sur une profonde incohérence : mettre un père et son fils dans de bonnes relations mais qui ne cesse de se défier à coups de mensonges et de secrets inavoués. Grévée de ce postulat de départ et d'un tempo soporifique, l'épisode ne convainc pas.

La plus grande erreur de l’épisode est de s’embourber dans le chantage à l’émotion. Rien ne nous est épargné : le père, noir et modeste, qui pousse son fils à « s’en sortir », mais qui en même temps lui met un frein, promet déjà de grosses scènes tire-larmes. Le fils qui désobéit au père en cachant ses vacances qu’il a faites à la sauvette puis qui demande pardon ; et son père qui le comprend lui et les erreurs qu’il a faites en lui imposant trop de travail. Et le père qui a menti sur la mort de sa femme pour ne pas entraver son fils qui est révolté par ce mensonge, puis qui comprend l‘attitude de son père, et que je te mets une réconciliation larmoyante, etc. Si encore les scènes étaient bien écrites, on pourrait supporter un tel étalage de poncifs, mais les dialogues d’une banalité outrageante et une interprétation lourde enlèvent tout intérêt possible. On se croirait dans un de ses vulgaires soaps guimauves, personnification de ce que la télévision peut faire de pire.

La scène finale est ainsi une des plus désolantes écrites pour la série, avec une scène de faux espoirs non seulement insupportable en elle-même mais qui rend vain tout ce qui a précédé : aucune évolution ne s'est faite tant chez le fils que chez le père, positive ou négative. Si le pessimisme est souvent présent dans la série, il est ici lourd, pesant, et vidé de toute émotion par sa vacuité. Seule la surprise du diagnostic final est bien trouvée. Clifton Powell arrive à se dépêtrer dans son rôle lacrymal, ce qui n’est pas le cas de Vicellous Reon Shannon qui s’enfonce sans rémission.

Thomas L. Moran se paie même le luxe de rater complètement l’histoire secondaire avec House confronté à la visite de ses parents. On s’attend à de fulgurants housismes ou des situations rocambolesques, on n'aura que quelques remarques inoffensives sans humour. Moran reste trop sérieux et gâche la découverte des parents de House, ici très inintéressants ;  un comble pour un des médecins les plus flamboyants des séries télé ! Les talents des vétérans Diane Baker et Ronald Lee Ermey tournent à vide face à leurs rôles sans relief. La scène du dîner, géographiquement sommet de l’épisode, n’a aucune saveur : tout est convenu, banal au possible. Certes, c’est pour nous montrer que même House, devant ses parents, se comporte ordinairement (à quelques piques près), mais quel manque de fantaisie, quel manque d’imagination ! Pire, alors qu’on nous a décrit Blythe House comme quelqu’un de sans illusions sur son fils, elle lui dit « tu es parfait comme tu es ! » Euh, au secours ! Sortez-nous de là !
Bon, tout n’est pas mauvais dans cet épisode. House frimant avec sa nouvelle moto par exemple.

Mais la scène la plus réussie demeure celle où House se paye la tête de Wilson en « testant » son amitié. Mais il ne voit pas le retour de bâton venir et Wilson lui répond du tac au tac, le laissant maté. La scène où House demande des consultations nocturnes à Cuddy (c’est le monde à l’envers !) est également bien acérée, chacun rembarrant l’autre avec délectation. Sans oublier LA réplique de l’épisode : House disant Bonjour maman, je suis content de te voir, et sa mère de répondre : Oh Greg, ne mens pas !

Cet épisode est le plus mauvais de cette saison 2 souvent excellente. Une faute d'autant moins excusable.

Infos supplémentaires

- Aka. Devine qui vient dîner.

- Quatrième échec de House. L’échec est total car son unique patient ne peut être sauvé.

- Gregory House est le fils de John, ancien Marine, et Blythe House, femme au foyer. Nous apprendrons ultérieurement qu’en réalité, il y a un lourd secret de famille (L’origine du mal, saison 5). Ses parents sont mariés depuis 47 ans, et Gregory est leur unique enfant. Il décrit sa mère comme « gentille, ayant un super sens de l’humour, ayant horreur de l’affrontement, et qui a un détecteur de mensonges dans la tête », et son père comme « moraliste au point qu’il est incapable de mentir ». House hait son père (une des raisons de ce désamour sera expliquée dans De pièces en pièces, en saison 3), mais aime sa mère à qui il ne ment jamais. Cela fait au moins dix ans qu’ils ne se sont pas vus, puisque lors de leur rencontre, House avait encore sa jambe droite en bon état.

- House avait un chien qui s’appellait Taddy. Il a un nouveau blouson et a emprunté à quatre reprises de belles sommes d’argent à Wilson (qui lui, ment régulièrement quand il fait des compliments à House). Il a acheté une nouvelle deux-roues, une Honda (pouvant aller jusqu’à 290 km/h).

- Wilson a des ennuis avec sa femme qui ne veut plus lui parler. Première référence à la vie sentimentale tourmentée de l’oncologue. Plus légèrement on remarquera que comparé à celle, très claire, de House, Wilson a une écriture de cochon !

- House menace Cuddy de lancer une rumeur comme quoi elle serait transsexuelle. C'est une allusion à un précédent rôle de Lisa Edelstein dans la série Ally McBeal. Durant cinq épisodes de la saison 4, elle incarnait Cindy McCauliff, une transsexuelle qui séduisait malgré elle Mark Albert, un des avocats du cabinet Cage & Fish, ignorant son secret (merci à Dayllahc du forum Dr.House pour cette information).

- Cuddy ment à sa mère depuis l’âge de 12 ans.

- Chase aime bien les Beatles.

- Détail : Vicellous Reon Shannon est censé jouer un étudiant finissant son année… malgré que l’acteur ait 34 ans au moment de l’épisode !

- House cite Evel Knievel (1938-2007), il s’agit d’un fameux motard cascadeur américain connu dans son pays pour avoir réalisé des cascades aussi spectaculaires que dangereuses dont une au-dessus du Snake River Canyon. Sa vie a été l’objet d’une adaptation scénique sous forme d’opéra rock : Ek opera rock. (Source : Wikipédia)

- Erreur de continuité : Lorsque House arbore pour la première fois son nouveau blouson de cuir, on voit écrit sur le côté droit « KTAI Sports ». Mais dans la scène du parking avec Wilson et les autres, le lettrage est devenu « RTAI Sports ».

- La chanson de l‘épisode est Word Up de Larry Blackmon et Tomi Jenkins, interprétée par le groupe Korn.

Acteurs

Diane Baker (1938) sera une des rares personnes qui reviendra dans la série : elle y reviendra dans 3 épisodes (dont le finale de la série). Elle étudia la comédie et le ballet. Elle est connue du grand public pour avoir joué Lil Mainwaring, belle-sœur de Mark Rutland (Sean Connery) dont elle est amoureuse dans le sublime Pas de printemps pour Marnie (1964) de Sir Alfred Hitchcock. Malgré cette prestation remarquée et quelques autres films (Le Journal d’Anne Frank, Voyage au centre de la Terre, le Silence des Agneaux, Mirage avec Gregory Peck et Walter Matthau, etc.) elle se cantonna ensuite dans des petits rôles à la télévision : tout au long de sa longue carrière (débutée en 1959) elle a joué dans des séries aussi diverses que Les Envahisseurs, le Fugitif, Mission : Impossible (triple épisode de la saison 4 : Le Faucon), Night Gallery, Bonanza, Les Rues de San Francisco (épisode La griffe du chat), Columbo (épisode La montre témoin), Kojak (double épisode de la saison 5 : L’été 69), La Croisière s’amuse, L’île fantastique (4 épisodes), Arabesque (3 épisodes), Une nounou d’enfer, Urgences, New York unité spéciale, Lie to me, etc. Elle continue de tourner tout en enseignant la comédie à l’Academy of Art University de San Francisco qu‘elle dirige par ailleurs.

Ronald Lee Ermey (1944) commença sa carrière sous l’étoile de Stanley Kubrick en jouant l’horrible sergent Hartman dans Full metal Jacket (1984). Ce rôle explosif le spécialisa dans les rôles de militaires - il fut lui-même Marine durant 11 ans, et de ce fait conseilla F.F. Coppola dans Apocalypse Now, John House est d’ailleurs un ancien Marine - tant au cinéma (L’école des héros, Terrain miné, Se7en, Massacre à la tronçonneuse, les Toy Story…) qu’à la TV. Il joua notamment dans Deux flics à Miami, Les Simpson, X-Files (épisode Révélations), JAG, Les Griffin, New York unité spéciale, etc.

Clifton Powell (1956) est surtout connu en Amérique comme acteur de cinéma (Rush Hour, Bones, Ray…) Il n’a commencé à tourner qu’au début des années 90 et ce dans beaucoup de séries comme Matlock, Arabesque (2 épisodes), Walker texas Ranger, The practice, New York 911, New York section criminelle, Les Experts, Daybreak, Numb3rs, Cold Case, Mentalist

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6. LA COURSE AU MENSONGE
(SPIN)


Scénario : Sara Hess
Réalisation : Fred Gerber

- Is there a light somewhere that goes on when I have food ?
- Green for food, orange for beverages, red for impure thoughts ; that bulb burns out every two weeks.

Jeff Forster, cycliste de haut niveau, s’effondre en pleine course. Lui et Moira, son manager, ne cachent pas au Dr.House qu’il se dope régulièrement par transfusion sanguine. Mais curieusement, son dopage ne semble pas être la cause de sa maladie. Cameron ressent une vive antipathie pour ce « tricheur » et se demande si elle ne doit pas le dénoncer. De son côté, Stacy hurle après House depuis qu’il a volontairement énervé Mark. Malgré ses démentis, House soupçonne que Stacy n’est pas heureuse auprès de son mari…


La course au mensonge présente un des cas les plus originaux de toute la série, que la conclusion, d’un humour noir féroce mémorable, couronne justement. La tension du trio House-Stacy-Mark apporte une plus-value non négligeable, sans oublier quelques questionnements éthiques proposés par les personnalités de Cameron et de Wilson. Sara Hess impose déjà son écriture virtuose - parfois un peu vaine - mais énergique.

Il est vrai que ce n’est pas tous les jours qu’un sportif avoue spontanément à ses docteurs qu’il se dope en permanence. C’est encore moins fréquent que son dopage n’influe pas sur sa santé ! La chute finale réside moins dans le diagnostic que dans son traitement brillamment amoral. Hors cette belle trouvaille, tout le cas médical reste stimulant au plus haut point, avec cet homme sans regrets de la triche qu’il s’impose (belle scène quand Cameron l’attaque froidement à ce sujet). Plus que Forster, on s'intéresse beaucoup à sa manager, mentant et agissant effrontément avec une constance étonnante : les multiples mensonges qu’elle raconte aux journalistes sur la maladie de son client sont assez gros, mais le sommet reste quand elle paye un gros pot-de-vin à Cuddy pour qu’elle puisse accélérer les traitements ! Sa relation très protectrice envers Jeff (dont elle est peut-être amoureuse) lui donne une plaisante ambiguité. Bien qu’elle ait le mauvais rôle, toutes ses actions sont dictées au moins par un devoir de fidélité envers lui, alors que Jeff se montre négatif, étant d'un sans-gêne et d'un pragmatisme immoral, faisant payer à Moira le prix lourd de ses erreurs, tout comme celles des médecins. Grisé par le succès, Jeff ne voit de plus aucun mal à se doper car il a ainsi l’admiration des foules (sa tirade sur le sentiment d’admiration est très révélatrice) et c’est cette gloriole qui est sa raison de vivre. Un être vraiment superficiel là où Moira est plus affectueuse et volontariste. Dans le duo Henson-Polaha, la première l'emporte largement.

Cameron est mise en avant, seule à ne pas apprécier le malade car ni ses collègues ni House sont choqués de son dopage (désabusés, ils sont à deux doigts de le justifier !). Le bouillonnement de Cameron, sur le point de tout révéler aux journalistes est palpable tandis que Wilson s’interroge avec elle sur le devoir de vérité : faut-il dire la vérité à tout prix ? Certes, Jeff a triché mais sa faute rejaillerait sur ses proches et elle se comporterait en moralisatrice si elle déballait l’affaire : pourquoi faire une révélation qui ne servirait qu’à faire du mal sans autre contrepartie que de sauver la morale ? Le jeu en vaut-il la chandelle ? Finalement, le passé de Cameron vient la rattraper et lui fait prendre sa décision tandis que nous apprenons que Wilson est - comme House - quelqu’un qui assume ses choix et ses erreurs (son infidélité), sans qu’il en tire gloire pour autant. Leurs deux scènes communes marchent parfaitement bien, surtout la deuxième où ils ne peuvent que constater l’amoralité de la situation finale. La colère prend ici les traits de l’ironie et cela accentue l’amertume du happy end. Jennifer Morrison ne parvient toujours pas à débloquer son jeu restreint, à la différence de Robert Sean Leonard, systématiquement bon. On est ravis que son rôle soit plus étendu dans cet épisode.

Le cas secondaire, quoiqu'anodin, se montre joyeusement absurde, et bénéficie de l'inénarrable Tom Lenk que les amateurs du Buffyverse connaissent très bien pour avoir été l'hilarant Andrew, parangon de la geekitude bouffonne ; sans atteindre de tels extrêmes, on s'amuse quand même bien en sa compagnie. Curieusement, quelques visages de marque de Buffy vont défiler au cours de la série (Dawn et Warren cette saison).

L’épisode demeure sous haute tension grâce à la tournure acide que prend la relation entre House et les Warner. Les affrontements entre House et Mark sont des échanges de flèches empoisonnées dégainées à toute vitesse, tandis que House et Stacy s'engueulent à fond la caisse ; c'est rythmé, et rétrospectivement, on aurait pas été contre un prolongement de ce duel des esprits qui épice au tabasco ces épisodes. Finalement, la réconciliation provisoire de « Greg » et Stacy, bien que surprenante, est cohérente, dans la lignée de leur relation agitée. La scène dans le bureau de l’avocate, grâce aux jeux subtils et expressifs de Sela Ward et Hugh Laurie, est la clé de voûte de l’épisode, quand sont dévoilés les sentiments contradictoires de Stacy. Fait rare, l'épisode se finit par un cliffhanger, où l'on sent que le "Houcy" va crépiter encore davantage ! Sela Ward, pleine de cynisme et de fureur, réussit une de ses meilleures interprétations tandis que Currie Graham joue bien son rôle d’opposant ironique et irrité.


Infos supplémentaires

- D’après le chèque barré par Moira, l’épisode a lieu le 15 novembre 2005.

- Nous apprenons que Cameron est tombée amoureuse du meilleur ami de son mari (un certain Joe, qui fut leur témoin). Elle sortait même avec lui alors que son époux était malade. Cependant, elle n’a jamais succombé à la tentation de coucher avec lui. Plus anecdotiquement, c’est elle qui écrit les comptes-rendus de son patron (trop paresseux pour le faire).

- Nous apprenons que Wilson en est à son troisième mariage, et ce n’est pas encore le bon puisque ça se dégrade encore avec sa femme : il couche sur le canapé. Ses deux précédents mariages ont capoté car il trompait ses épouses.

- Cuddy consulte le site de rencontres DocMixer.com (site fictif) et communique avec un certain Maxwell Abatte. Cuddy cherche donc un homme et la suite de la saison ainsi que la suivante vont nous montrer en fait son véritable but.

- House, selon Stacy, aurait un casier judiciaire chargé ; on est les premiers à s’en étonner ! Il participerait à un club littéraire le lundi matin et ferait du poker le jeudi (honnêtement, on y croit pas des masses).

- Stacy aime les bonbons à la menthe et consulte un psy. Mark aime faire du squash.

- Foreman lit le Forbes. Son oncle est capable de cracher un noyau de cerise à 50 mètres.

- Chase cite Mickey Mantle et Barbara Walters.
Mickey Mantle (1931-1995), américain, est considéré comme un des plus grands joueurs de baseball de tous les temps, ayant une puissance de frappe exceptionnelle et étant frappeur ambidextre. Il est 13e au classement des frappeurs (536 coups de circuit dans sa carrière) et 1er ambidextre. Il fait partie de L’équipe du siècle (les meilleurs joueurs de baseball) en tant que voltigeur.
Barbara Walters (1929) est une journaliste américaine connue pour son franc-parler et ses déclarations souvent tranchantes (notamment vis-à-vis du catholicisme). Elle a animé beaucoup d’émissions sur la chaîne ABC. Elle a interviewé tous les présidents américains depuis Nixon, et même Monica Lewinsky.

- Erreur médicale : la seringue qu’utilise House pour piquer son patient est vide.

- Erreur de continuité : lorsque Chase pompe la bulle d’air, il ne porte pas de gants mais à la fin de l’opération, il en porte.

- Référence à La Guerre des étoiles quand House fait une citation sur le sabre laser.

- La chanson de l’épisode est None of us are free de et par Solomon Burke.

 Acteurs

Kristoffer Polaha (1977) est un comédien qui s’est surtout consacré à la télévision. Il a surtout joué dans des séries très populaires et souvent de grande qualité comme Angel (épisode Billy), Roswell, Tru Calling (3 épisodes), North Shore (21 épisodes), Les Experts, Les Experts : Miami, Bones, FBI portés disparus, Dollhouse, Mad Men (4 épisodes), etc. Et joue un des rôles principaux (Henry Gallagher) de la série Ringer aux côtés de Sarah Michelle Gellar (qui joue sa maîtresse).

Taraji Penda Henson (1970), est une descendante de Matthew Henson, le légitime découvreur du Pôle Nord géographique. Chanteuse (elle continue de chanter) et danseuse dans des cafés pendant ses études, elle passe avec brio son examen dans les arts théâtraux. Elle est surtout connue pour avoir joué la mère de Benjamin dans L’Etrange histoire de Benjamin Button, performance saluée par la critique qui lui a décerné plusieurs prix. Elle a d’abord privilégié la télévision avec des rôles dans le téléfilm L’heure de la justice, troisième téléfilm (sur quatre) dérivé de la série Arabesque, et dans les séries Urgences (2 épisodes), Division d’élite (14 épisodes), Boston Justice (12 épisodes), etc. Elle a joué deux rôles principaux : Joss Carter dans Person of Interest (54 épisodes), et Cookie Lyon dans Empire (24 épisodes). Depuis 2005, elle se tourne de plus en plus vers le cinéma.

Tom Lenk (1976) est surtout connu pour avoir été Andrew Wells dans 26 épisodes de Buffy contre les vampires, et 2 de son spin-off d'Angel. Fidèle comparse de Joss Whedon (Beaucoup de bruit pour rien, La cabane dans les bois), il fut également de Six feet under, Joey, How I met your mother, Nip/tuck, The Guild, etc.

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7. PARTIE DE CHASSE
(HUNTING)


Scénario : Liz Friedman
Réalisation : Gloria Muzio

- Where are you ?
- At your girlfriend's place. Ignore the moaning and squeaking.

Kalvin, un jeune homosexuel séropositif qui ne pense qu’au sexe, aux drogues, et à l’alcool, harcèle House pour qu’il s’occupe de lui. Le diagnosticien refuse car selon lui, il n’a pas d’autre maladie que le SIDA. Mais il se voit forcé de l’examiner quand il s’aperçoit qu’il a tort. Pendant les examens, Kalvin projette du sang contaminé sur Cameron qui a maintenant des chances d’avoir attrapé la MST. House, lui, tente de se rapprocher de Stacy…


Cet épisode tonique aux multiples scènes de bravoure reste longtemps dans la tête par la densité de son scénario et ses dialogues rythmés. Liz Friedman confirme dès ce premier épisode une maîtrise certaine de la psychologie des personnages les plus originaux, tout en opérant un virage évolutif du Dr.Cameron. Deux conséquences positives en découleront : une intéressante évolution psychologique, et un jeu moins encombré de lourdeurs chez Jennifer Morrison.

Kalvin s’impose comme un des patients les plus hors-normes de cette saison. Tête brûlée, vivant à 600 à l’heure, jouisseur, alcoolo, hédoniste fervent, ce Sardanapale des temps modernes utilise toute la fougue de sa jeunesse pour vivre pleinement une vie de débauche, saturée de plaisirs éphémères. Kalvin - nom très mal choisi car évoquant l’austérité sévère du calvinisme - marque par son attitude d’écorché vif, draguant ouvertement Chase (Sensitive… and cute !), apportant sa came à l’hôpital tout en récitant son credo à longueur de journée (sexe et drogue). Le revers de la médaille est à la hauteur de la face visible de l'iceberg : Seul, sans repères, brûlant tous ses vaisseaux, il mène une vie sans but, ponctuée seulement de coups d’un soir, de poudre blanche et de bouteilles d’alcool. Une vie remplie à l’extérieur mais désespérément vide à l’intérieur. Sa « culpabilité » le ronge en fait car c’est son mode de vie qui « a tué » sa mère, et l’a poussé définitivement dans ce monde psychédélique.

L’épisode traite aussi efficacement le lien s’instaurant entre Kalvin et Cameron, à l‘opposé complet l‘un de l‘autre : la sainte-nitouche et le jouisseur impénitent. Leurs scènes communes se déroulent selon le principe souvent frucutueux des vases communicants : Cameron fait prendre conscience à son patient de la vacuité de sa vie, tandis que Kalvin réussira à la décoincer de son angélisme excessif, ce qui mènera à son hallucinant coup de folie. Si Cameron va amorcer sa mue, l’épisode se termine sans que l’on sache si Kalvin réussira à changer de vie ou si, piégé dans sa spirale, il la gaspillera jusqu’à ce qu’il s’effondre. Encore un happy end bien amer malgré le possible pardon de son père… Matthew John Armstrong apporte une composition impeccable, bien servi par un personnage profond ; un talent volontaire et enthousiaste ! Ce pan de l'histoire est savamment écrit. Si le cas est très bon, on retient surtout la méthode extrême utilisée par House pour confirmer le diagnostic, on reste pantois devant une telle audace.

House et Stacy prennent le virage opposé de l’épisode précédent. Ils se rapprochent sous l’impulsion d’un House plus manipulateur que jamais. Sachant désormais que Stacy ne couche plus avec son mari, il se montre aimable, gentil (c’est délirant hein !)… et Stacy est touchée par cette soudaine chaleur, ne voyant pas que House cherche à la séparer de Mark. Le rat du grenier est un McGuffin très drôle pour que House squatte chez elle ! Leurs scènes sont de plus en plus intenses jusqu’à la celle du grenier où House semble regretter ses erreurs. Il est impossible de savoir s’il est sincère ou s’il joue son numéro de reconquête - quoique les épisodes suivants inclineront en faveur de la première hypothèse, signe que House peut être vrai dans un processus de manipulation, ce qui le rend encore plus fascinant. Cette suave ambiguïté est toujours très émouvante. Le jeu de leurs regards, le ton de leurs voix est maîtrisé à la perfection ! Sela Ward parvient après son échec dans Cours Magistral (saison 1), à adoucir son personnage de manière convaincante. Mais House, dans la dernière scène, finit par se trahir car il a sous-estimé la connaissance que Stacy a de lui. En plus de ce suspense sentimental, c'est bien à un affrontement mental intense auquel nous assistons.

L’humour domine cet épisode pourtant sombre dans ses thématiques. Une des scènes les plus burlesques est un pastiche de western-spaghetti quand House tente d’attraper le rat du grenier (Ca va saigner !!!) : silence total, gros plans à la Leone, main qui s’avance vers l’arme… Gloria Muzio, en grande forme dans cet épisode, réussit parfaitement cette scène complètement décalée, il ne manque plus que la musique de Morricone… On cite House demandant à Foreman de diagnostiquer la maladie du rat, l'hommage dada à Steve McQueen, et bien sûr LA scène de l’épisode où Cameron, l'ange idéaliste, se transforme en bête de sexe sous l'influence d'un peu de neige qui fait rire. D’ailleurs la descente est difficile car Cameron subit le lendemain une énorme gueule de bois ce qui nous vaut un joli échange sur le port des capotes ! Jennifer Morrison accomplit sa première grande réussite d'actrice dans la série en réussissant tous ses changements d’attitude : jeu normal au début, jeu blanc pour la dépression, cabotinage hilarant pour la scène de défonce et de descente, expressive sans excès dans la colère, poignante dans l'inquiétude.

Bref, un épisode à ne pas manquer !

Infos Supplémentaires

- Cet épisode marque le début du Chaseron, la relation entre Cameron et Chase, qui couchent ensemble pour la première fois. D’ailleurs, d’après Chase, leur première fois « n’était pas nul » (« it didn't suck » ). L’épisode marque aussi l’apparition de Steve McQueen, le rat adopté par House. Il s'agit bien sûr d'un hommage à l'acteur de Bullitt ; le réalisateur éponyme de 12 years a slave était encore relativement inconnu alors.

- La salle de diagnostic est au 3e étage (Cameron appuie sur ce bouton de l’ascenseur).

- Foreman, Chase et House sont prudents : ils mettent toujours des capotes quand ils font l’amour (mais House, c’est parce que sinon, la « tapineuse refuse »). Le débat reste ouvert quant aux exigences de Cameron.

- Dans le grenier de Stacy, House sifflote (en VF seulement) le premier thème du premier mouvement Molto allegro de la Symphonie n° 40 en sol mineur KV550 de W.A.Mozart. Un des thèmes les plus connus du répertoire classique.

- Deuxième épisode où House se fait frapper après A bout de nerfs en saison 1. Mais cette fois, il a tout fait pour !

- Rowan Chase, le père de Robert, a travaillé sur la berylliose aiguë. Son fils connaît donc bien cette maladie.

- Stacy commença à fumer deux semaines après l’opération de House. Des menthol puis des light. Quand elle en fumait une, ça allait ; quand elle en fumait six ou plus, elle avait le moral à zéro.

- House demande si Kalvin connaît par cœur les films 42e rue (1933) et The Wiz (1978), remake décevant du Magicien d’Oz de Victor Fleming (1939). House fait référence aussi à La Grande Évasion (1963) quand dans son bureau, il joue avec sa balle de la même manière que le Capitaine Hilts quand il est enfermé dans le « frigo » du camp du film. House donne d’ailleurs au rat de l’épisode le nom de son interprète : Steve McQueen.

- La chanson de l’épisode est Colors de et par Amos Lee.

Acteurs

Matthew John Armstrong (1973) a surtout joué à la télévision. Notamment dans les séries The Shield, Numb3rs, Heroes (8 épisodes, il y rencontra son épouse), Private Practice, Les Experts : Miami, Mentalist, Bones, Supernatural (épisode Les Mystères de l'ouest), Justified, Body of proof

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8. L'ERREUR
(THE MISTAKE)


Scénario : Peter Blake
Réalisation : David Semel

- If Chase screwed up so badly, why didn't you fire him ?
- He has great hair.

Le Dr.Chase doit comparaître devant ses supérieurs pour avoir, six mois plus tôt, tué par négligence Kayla, une de ses patientes. House, responsable de Chase, est également sur la sellette. Cuddy demande à Stacy de défendre Chase, mais l’avocate doit aussi parler à House, avec qui elle est en conflit total. Pour ne rien arranger, elle s’aperçoit que les deux accusés ne cessent de lui mentir…

A l'exception de Cours Magistral (saison 1), aucun épisode « particulier » brisant le canevas habituel de la série n’avait été réalisé. L’Erreur est donc une plaisante surprise, car changeant un peu la routine. L’épisode étant axé sur Stacy (heureuse idée) menant son enquête policière et judiciaire, tout ce qui fait le sel de la série est présent sous d’autres formes. De plus, il est la parfaite démonstration de l’aphorisme Housien Everybody lies !

Impossible de s’ennuyer durant les interrogatoires de Stacy. Chase n'est pas tout à fait franc, mais quand on a vécu avec House durant cinq ans, on sait très bien quand on vous cache la vérité ! Chase n’a donc aucune possibilité de travestissement d’autant que son interlocutrice, très doucereuse et méthodique, cherche vraiment à l’aider avec un grand professionalisme. Sela Ward parvient à être encore plus féroce que de coutume et mène tout l’épisode avec brio, elle vole la vedette à Jesse Spencer, au jeu un peu trop minimal. Le cas médical de Kayla n’apparaît d’abord guère original, mais on assiste, ébahi, à un improbable engrenage catastrophique vers sa triste issue, déclenché seulement par une risible omission. La série manie toujours avec autant d'adresse l'ironie du sort. Chaque tentative pour rétablir la situation ne fait que l’aggraver. Le sommet est atteint quand Chase est sur le point d’accompagner Kayla pour une transplantation de rein illégale dans des conditions exécrables. On voit combien Chase est effondré par sa bévue et qu’il tente de la réparer par tous les moyens, y compris les plus désespérés, jusqu‘à sa résignation finale. L’issue fatale bien qu’annoncée dès le début de l’épisode, est touchante, après une dernière déclaration d’affection de la condamnée à son frère sonnant très juste. Allison Smith est une patiente très émouvante mais Ryan Hurst a du mal à se dépatouiller de son personnage trop caricatural.

Que Chase apparaisse plutôt transparent dans un épisode centré sur lui montre que l'épisode n'est pas arrivé à aller jusqu'au bout de son concept. La série réussira davantage ses épisodes "conceptuels" en saison 6. House lui vole donc la vedette que ce soit pour engueuler un Chase révolté, ou à répondre du tac au tac à son ex avec qui il multiplie les passes d’armes, etc. On s'autorisera quand même une réserve : pourquoi Chase n’a-t-il pas révélé à Stacy d’entrée la raison de sa distraction ? Cette chute, empreinte de gravité est même un peu forcée. Le verdict final a une part d'imprévisibilité car House subit une sanction inattendue, bénigne et humiliante. Mais il faut noter le mauvais sourire en coin qu’il décoche dans le plan final : il a perdu une partie, mais Foreman n’a qu’à bien se tenir !

La grande force de l’épisode, outre le plaisir de voir Stacy en premier rôle, réside surtout dans sa forte concentration en répliques assassines. L’Erreur est un des épisodes les plus inspirés au niveau des dialogues cinglants, débités à la vitesse de l’éclair par un House défoncé à l’humour sulfurique, que ce soit quand il parle à Stacy ou dans les flash-backs. Les vannes pleuvent : démonstration de sa possible homosexualité, apologie des plans cul à quatre, énorme mensonge à un patient terrorisé, chantage à l’adultère (le clou de l‘épisode), désinvolture outrancière dans les situations les plus graves, coup de gueule final… Hugh Laurie devait jubiler à l’idée d’être aussi caustique et il le montre bien, tellement il a l’air enthousiaste à jouer le son of a bitch qu’il prétend être. Une véritable bacchanale de bons mots brillantissimes !


Dans cet épisode en flashbacks, des fantaisies de mises en scène sont disséminées çà et là comme Stacy apparaissant tout à coup à côté de Chase pour vérifier ses dires, ou des arrêts sur image le temps de revenir à la réalité, ou une scène vue sous différents angles selon que Chase ou House mentent plus ou moins, sans oublier le gag décalé du flacon de vicodine. La grande variété des plans accordée aux scènes de dialogue permet une grande vivacité. David Semel accomplit là un excellent travail.

Un bon épisode, peut-être un peu surestimé.

Infos supplémentaires

- Aka. Erreur Médicale ou Six mois après.

- Cinquième échec de House : sa patiente meurt mais cela est davantage dû aux erreurs combinées de Chase et de Sam.

- On apprend que 40% des procès intentés à l’hôpital sont dus au comportement de House. Sacré Greg !

- Nous apprenons que Rowan Chase s’est remarié après avoir quitté la mère de son fils.

- Chase est un docteur très aimé de ses patients, mais d’après Foreman, ce lien n’est pas réciproque, Chase mépriserait en privé ses patients. Cependant, cela ne sera jamais vraiment affirmé (ou infirmé).

- On remarque, après Symptômes XXL (saison 1), une nouvelle preuve de l’animosité de Foreman envers Chase.

- Robert Sean Leonard a dit s’être inspiré de l’accent du « Never » d’Alfred (Michael Caine) dans Batman Begins (2005) pour parodier la voix de Chase dans cet épisode.

- Il est impossible d’envisager la durée qui sépare deux épisodes car elle ne cesse de varier : ainsi plus d’un an s’est passé depuis que House a engagé les trois docteurs (fraîchement débarqués de la fac dans le pilote) d’après Stacy. Mais il ne s’est écoulé que deux mois entre la visite de Rowan Chase dans le 13e épisode Le Mauvais œil (saison 1) et son décès lors du cas Kayla. Donc au moins 10 mois se sont écoulés entre l’épisode 1 et l’épisode 13 et seulement 8 (2+6) mois entre l’épisode 13 et l’épisode 30.

- L’enfant qui joue du violon dans les toutes premières secondes de l’épisode exécute - également au sens propre - les premières mesures du thème de L’Hymne à la joie, thème principal du dernier mouvement de la Neuvième Symphonie de Ludwig van Beethoven (1770-1827).

Acteurs

Allison Smith (1969) se fait remarquer très tôt par son joli timbre de voix dans sa ville de Waldwick (Marta dans La Mélodie du bonheur, Baby June dans Gypsy…). A Broadway, elle tient notamment plus d’un millier de fois le rôle-titre de Little Orphan Annie et joue dans Evita. Elle termine ses études à New York University’s School of Arts and Sciences tout en jouant dans la sitcom populaire Aline et Cathy (95 épisodes). Elle a par la suite continué de chanter et de jouer au théâtre (son activité principale) mais a tourné également au cinéma, aussi bien des comédies que des drames. A la télévision, on l’a vue dans des séries comme Arabesque, Beverly Hills, X-Files (Patti dans Trust no one, saison 9), Urgences, The Closer, FBI portés disparus, Scrubs, Ghost Whisperer, A la Maison Blanche (11 épisodes), Nip/Tuck, Cold Case, Numb3rs, Les Experts (2 épisodes), etc.

Ryan Hurst (1976) est surtout connu pour avoir joué dans Le plus beau des combats (2002), et Michael, le frère d’Allison Dubois de la série Médium (3 épisodes) ainsi que le rôle d‘Opie dans Sons of Anarchy (54 épisodes). Après des études à la Santa Monica High School de Californie, il se tourna vers la comédie en jouant tant au cinéma (Il faut sauver le soldat Ryan…) qu’à la télévision : Beverly Hills, JAG, Emmerdale Farm, Les Experts : Miami, New York Unité Spéciale, Bates Motel...


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9. FAUX-SEMBLANTS
(DECEPTION)


Scénario : Michael Roger Perry (crédité comme "Michael R. Perry")
Réalisation : Deran Sarafian

- What do you expect me to do, House ? Quit ? Cry ?
- Actually, I expect you to act like what you are : my employee, my subordinate, my bitch.
 
Anica Javanovitch s’évanouit dans un bar sous les yeux de House. Cependant, la patiente semble être habituée aux rendez-vous médicaux à tel point que Cameron soupçonne Anica de s’injecter des produits pour se rendre malade et ainsi rester le plus possible dans les lieux médicaux (Syndrome de Munchausen). House pense à autre chose de plus grave. Mais étant désormais sous les ordres de Foreman, sa marge de manœuvre est limitée, ce qui n’est pas sans l’irriter...

Faux-semblants est un épisode d'acteurs, leurs personnages ont l'occasion d'annexer de nouveaux traits de caractère.

Le point négatif de l’épisode est qu’il ne se concentre pas assez sur Anica, le personnage est insuffisamment dessiné. Sa psychose, uniquement suggérée, n’est que rarement marquante, et les promesses de l’introduction qui laissaient supposer une patiente hors-normes ne sont pas tenues. Son cas commence par inquiéter à cause de son inquiétant classicisme. Heureusement, quelques scènes assez joyeuses font rapidement leur apparition, dont la mondre n’est pas la ponction lombaire réalisée par un House faisant exprès d’être maladroit, ou la tordante scène du questionnaire qui permet de mesurer toute la complicité entre Hugh Laurie et Cynthia Nixon. Vers la fin, l’émotion se profile à l’horizon, autorisant une très belle scène entre les deux comédiens. Le cas, tout en rebondissements, nous tient en haleine jusqu’au surprenant retournement final brillamment humoristique. Le comportement inqualifiable de House permet une belle tirade inquiète de Foreman quand il voit Cuddy continuer à défendre House, étonnament prémonitoire. Cuddy va en effet avoir de plus en plus de mal à tenir la bride à son incontrôlable employé, source de scènes autant comiques que dramatiques. Cynthia Nixon est craquante : légèreté, fausse légèreté, stress, négation, ou acceptation, on discerne quelques traces de la fantaisie qu’elle manifestait dans Sex and the city.

Cameron surprend tout le public : elle se transforme en manipulatrice qui refuse de se laisser prendre au jeu d’Anica en lui balançant ce qu’elle pense réellement d’elle. Le piège pervers qu’elle lui tend est machiavélique, digne… de House ! D’ailleurs, lui-même n’a pas l’air d’en revenir ! Cameron, persiste en crachant son venin sur Cuddy qu’elle accuse d’être misogyne car ayant peur qu’une autre femme comme elle ait du pouvoir. Chase et House se montrent peu solidaires ; derrière le vernis comique de leurs vannes, l'on voit à quel point les bonnes relations ne sont que des façades, chaque personnage voulant écraser l’autre sous la couche policée des politesses de rigueur. Rarement, cette fissure aura été si palpable. Jennifer Morrison rend convaincant l'insoupçonné côté intéressé, ambitieux, et manipulateur de Cameron. Il s'agit ici de la première manifestation de l'influence de la méthode House, influence qui nous vaudra de beaux moments sombres.

C’est dans la relation House-Foreman que l’épisode pétille le plus. Forcé d’obéir à son « subordonné », House commence à le tyranniser avec force coups tordus en crescendo burlesque ou carrément amoral (trucage d'examens, un gimmick de la série). Foreman a la possibilité de s’imposer face à son ancien patron et avancer SES hypothèses et SA façon d’agir, coups de gueule à la clé. Mais Foreman ne peut l’égaler en domination comme quand House lui démontre que sa prudence est guidée par sa poltronnerie, et son incapacité à prendre une décision tranchante. Omar Epps, en « boss » dépassé est excellent. House étant limité dans ses mouvements, cela mène à une scène ahurissante : il fait du charme à une belle infirmière pour avoir des résultats, et le pire, c’est que ça marche ! Le sex-appeal de House est décidément très élevé, les fans féminines ne diront pas le contraire. Si le revirement de Cuddy sur ses projets à propos de Foreman était attendu, il reste ambigu : était-elle sincère ou non ? Quoiqu’il en soit, même si Foreman est incontestablement le médecin le plus compétent du trio, il n’arrivera jamais à contrôler House ou à le surpasser en audace ou en coups tordus. Sa nomination provisoire est donc bel et bien un cadeau empoisonné.


Fans du Hameron, vous noterez que Cameron a un grand sourire quand House prend ses mains pour qu’elle l’enlace sur la moto. Plus légèrement, quand Wilson paye quelque chose pour House, ce dernier prend aussi la monnaie. Culot, quand tu nous tiens…
Le cas secondaire est joyeusement dégueulasse : une jeune femme a trouvé dans un produit commun des vertus spermicides mais qui lui cause des irritations au vagin. House a du mal à se retenir de pouffer. A croire qu’il n’y a que des fêlés du bocal qui se présentent en consultations (quelqu'un s'est plaint ?).

Infos supplémentaires

- House est présent dans l’introduction. On y apprend qu’il aime jouer aux courses et prendre des sandwiches au jambon avec de la bière. Il mise davantage sur les jockeys que sur les chevaux.

- Foreman prend son café avec du sucre.

- Cynthia Nixon joua Miranda Hobbes, un des rôles principaux de la série Sex and the city. Elle apparaît dans Dr.House après Ron Livingston, qui jouait Jack Berger, un des (nombreux) amants de Carrie Bradshaw dans la saison 5 et 6 de Sex and the city. Enfin, Jason Lewis, qui jouait Smith Jerrod, dernier amant de Samantha Jones (Kim Cattrall) jouera dans un épisode de la saison 4 : Pour l’amour du soap. Trois comédiens de Sex and the city ont donc joué dans la série.

- Dans la vie d’Anica, le sexe ne semble pas partie importante de sa vie. Quand on sait que Cynthia Nixon a joué un personnage à la vie sexuelle assez riche, on ne peut s’empêcher de sourire !

- Dans l’épisode, Anica fait référence à Franklin Delano Roosevelt. Petite autocitation car Cynthia Nixon venait de jouer dans un film : Warm Springs (2005) où elle interprétait Eleanor, l’épouse du président.

- L’enfant qui criait au loup mentionné par House est une fable d’Esope (620-564 av J.C) : un jeune berger décide de faire une farce aux habitants du village en prétendant qu’un loup est en train de dévorer ses moutons. Les villageois accourent mais ne trouvent évidemment rien. L’enfant rit de sa blague, et la refait le lendemain. Les villageois tombent encore dans le panneau. La troisième fois, hélas, le loup est réel et pensant qu’il leur refait sa farce, les villageois restent sourd aux cris du berger. Le loup dévore les moutons et le berger lui-même (dans certaines fins, seuls les moutons meurent). House rajoute que les parents du berger finissent aussi dans le ventre de la bête. C’est évidemment une pure invention Housienne !

- Erreur de continuité : lors de la conversation entre Anica et House au dehors, la neige s’accumule sur la tête et les épaules de la comédienne mais ne cesse de changer de place ensuite.

- Imelda cite Salma Hayek comme modèle de beauté. Salma Hayek (1966) est une actrice-réalisatrice-productrice mexicano-libanaise, réputée pour son talent d’actrice mais surtout pour sa grande beauté physique. L'infirmière réapparaîtra dans Tout seul (saison 4).

- House est déjà allé à un concert de Ricky Martin (1971). Ce chanteur de pop latino est surtout connu pour son tube Un dos très (1995), très populaire encore aujourd’hui. Il continue de chanter. Il a aussi joué dans quelques séries TV.

- Foreman fait référence à Rosa Parks (1913-2005). Rosa Parks était une couturière noire qui travaillait à Montgomery, ville profondément raciste. Elle refusa, un soir de décembre 1955, de se lever de son siège de bus pour laisser sa place à un blanc, provoquant son arrestation. Ce geste de défi déclencha aux USA une vague de révolte contre la ségrégation raciale qui sévissait en Amérique. Le pasteur Martin Luther King, meneur de cette révolte non-violente, prit sa défense et parvint à abolir peu à peu les lois ségrégationnistes à l'encontre des noirs. Rosa Parks est une icône en Amérique, car porte-drapeau de cette révolution. Elle reçut le titre de Mère du mouvement des droits civiques.

- Deux références cinéma : Le cheval gagnant de l’introduction est Termigator. La référence au célèbre Terminator (1984) est évidente. Enfin, House dit qu’il aime « l’odeur du napalm au matin », ce qui est une citation d’Apocalypse now (1979).

Acteurs

Cynthia Nixon (1966) est surtout connue en tant qu'interprète de Miranda Hobbes dans la série Sex and the city (94 épisodes) et dans les films dérivés. Cette talentueuse comédienne s'est investie d'abord dans le théâtre (Angels in America, The Women... à Broadway), au cinéma (comme Amadeus, Les valeurs de la famille Adams, l'Affaire Pélican). Malgré un Theatre World Award à 14 ans, elle reste discrête jusqu'à ce que la série Sex and the city lui donne la notoriété. On l'a vue dans les séries My body, my child (avec une certaine Sarah Jessica Parker), The Equalizer (épisode Fureur silencieuse), New York (Police judiciaire, Unité spéciale et Section criminelle), Arabesque, Au delà du réel, Urgences, The Big C (10 épisodes), 30 Rock, Hannibal (4 épisodes)... Elle fut candidate au rôle de Dana Scully dans X-Files.

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10. PROBLÈMES DE COMMUNICATION
(FAILURE TO COMMUNICATE)


Scénario : Doris Egan
Réalisation : Jace Alexander

I teach you to lie, cheat, and steal, and as soon as my back is turned you wait in line ?

Lors d’une fête en l’honneur d’une rédactrice en chef d’un journal ; Fletch, l’un des journalistes, s’effondre en plein laïus et se cogne contre un bureau. Le choc lui entraîne une aphasie de Wernicke : il s’exprime avec des suites de mots sans lien logique. Quelle maladie a pu causer la chute et qu’essaye-t-il de dire ? L’équipe doit gérer le cas en l’absence de House, retenu avec Stacy à Baltimore. House tente de les aider au mieux par téléphone tandis que lui et son ex se rapprochent dangereusement…


Cet épisode marque l'entrée en scène de Doris Egan, personnellement ma scénariste préférée de la série (avec Matthew V. Lewis). Chaque épisode écrit par elle est une merveille d'écriture : sa connaissance parfaite des ressorts psychologiques, ses dialogues extrêmement habiles et précis, et son sens brillant de la dramedy en fait l'auteur parfaite pour la série. Pour ce premier épisode, Egan se traîne toutefois un gros handicap : le cas du jour, laborieux et traînard est d’un ennui total (premier et unique faux pas de sa carrière dans le show). Il est heureusement largement relevé par la nouvelle tournure que prend la relation House-Stacy, et l’animosité permanente entre médecins quand leur boss est loin d’eux.

L’épisode réussit en effet la détestable performance de rendre le cas ET les personnages ridicules. Fletch est simplement un idiot qui s’exprime bizarrement, Greta ne sert à rien, et Elisabeth est la figure clichetonneuse de la femme inquiète pour son mari. Cette maladresse dans l'écriture des personnages loupe l’émotion recherchée. Reste qu'on retrouve un autre faux happy end dont la série est passée maître. Le cas médical est lui-même très routinier, sans rythme ni rebondissement, on ne ressent jamais d’urgence. La scène où House finit par déchiffrer les phrases nonsensiques du patient est complètement ratée : longue, bavarde, complexe, aux explications brouillonnes.


Doris Egan a cependant eu la bonne idée de laisser le premier plan à la relation House-Stacy qui franchit un nouveau cap. Après l'hilarante scène judiciaire introductive, la tension sexuelle s'accroît avec un House très chaleureux non par les mots mais par un body language plus intime (quelle précision dans le jeu de Hugh Laurie !), et une Stacy qui se bat pour rester réfrigérante, figée dans la peur de ne pas pouvoir se contrôler. L’adrénaline monte lorsque Stacy réserve pour eux deux une chambre d’hôtel avec lit double : on commence à flirter dangereusement avec la ligne jaune ! Cette scène est le sommet de l’épisode : l'on retient son souffle tandis que Stacy dit la déclaration d’amour la plus épicée des séries TV (God, I really miss curry) où le curry vindaloo, condiment fort et pimenté est la métaphore de leur relation : terriblement addictive et douloureuse à la fois. La série aimera de temps à autre comparer les relations amoureuses avec la nourriture. Cette scène, très intimiste, drôle, et sobre, est excellemment réalisée par Jace Alexander avec des plans bien axés sur le lit à deux places qui attend les amants. House chauffe encore plus l'ambiance avec un jeu d’attraction/répulsion très excitant. Reste que son attitude est encore une fois ambiguë : et s’il avait subitement peur de l’acte et tente de retrouver un semblant de morale ? On ne le saura jamais, le baiser brûlant de Stacy l’interrompant…

... mais voilà : après les coups de sonnette d'Allez coucher ailleurs, les coups de révolver de Max la Menace, et l’abeille de X-Files… succède la sonnerie de portable la plus irritante des séries télé ! Ce n'est toutefois que partie remise car House et Stacy ne sortent pas indemnes de cette incartade, et promettent une tension encore plus forte à leur retour. Hugh Laurie et Sela Ward, plus alchimiques que jamais, assurent le show.


En parallèle, une fronde se met en marche avec l’animosité de Chase qui ne veut pas obéir à Foreman. Le remplaçant de House semble avoir abandonné tout espoir de se faire respecter. Lui-même préfère déléguer la direction du cas à House. Cameron est la seule à réagir avec bon sens en maintenant la diplomatie. Mais tout comme un musicien d’orchestre ne peut s’improviser chef, Foreman n’a pas assez d’autorité comparé au misanthrope diagnosticien. D’ailleurs, on s’aperçoit combien nos trois médecins sont impuissants sans House : l’état s’empirant sans explication, une Cuddy peu encline à leur faire confiance... la scène où le trio se gêne mutuellement dans la séquence d’asphyxie montre leur confusion. Ou comment quelqu’un que l’on déteste et craint reste indispensable. Ce sentiment de haine/respect entre House et ses subordonnés est un atout bien utilisé dans la série. Ils ont besoin de lui, et eux-mêmes l’avoueront à la fin de la saison 3.

On remarquera que la série attaque aussi la modernisation outrancière des hôpitaux. Ainsi, la robotisation générale a failli tuer le patient alors qu’un simple examen empirique de son sang suffit à trouver le diagnostic final. Comme quoi, le progrès n’a pas que de bons côtés ! La machine ne pourra jamais remplacer un cerveau humain nous rappelle salutairement la série. L’humanisme est une valeur défendue par la série, même si pour des besoins dramatiques, elle montre souvent notre face d’ombre.

Infos supplémentaires

- Premier épisode où House est absent de l’hôpital.

-  Chase prononce la devise de la série : Everybody lies !

- La croix de Stacy lui vient de sa mère (décédée depuis). Elle y tient beaucoup au point qu’un jour, alors qu'elle était encore avec House, lorsque les canalisations de leur maison explosèrent, causant une inondation, Stacy plongea dans l’eau et nagea à contre-courant pour récupérer le précieux souvenir. Stacy se maquille également souvent avant de sortir.

- House lit dans l’aéroport Classic lesbian prison stories. Sans commentaire…

- D’après House, Cameron est de nature prévisible.

- Pour une des rares fois de la série, on voit Foreman s’opposer à Cuddy.

- Erreurs de continuité :
Quand Fletch s’effondre dans la scène d’introduction, Elisabeth se lève de son banc. Mais au plan suivant, on la voit assise et en train de se mettre debout.
Stacy possède un stylo vivant ! Quand elle attend avec House dans l’aéroport, elle a le stylo dans sa bouche, au plan suivant, derrière son oreille, et au plan qui suit encore, il a tout bonnement disparu.
Sachant qu’il n’y a que deux heures entre Princeton et Baltimore, on se demande bien pourquoi House et Stacy ne prennent pas un taxi pour les y amener au lieu de patienter des heures dans un aéroport !

- Références cinéma : en dehors de House qui continue de lancer sa balle « à la Hilts » (La grande évasion (1963)), le titre de l’épisode fait référence au film Luke la main froide (1967) qui comporte la réplique : What we have here is a failure to communicate. Le nom du patient évoque le film Fletch aux trousses (1985).

Acteurs

Michael O’Keefe (1955), après des études à la Royal Academy of Dramatic Art de New-York, commence sa carrière par une pub pour Colgate. Il enchaîne ensuite films et séries. Il est surtout un acteur de cinéma, qui a joué dans près de soixante-dix films et téléfilms. Il a joué également dans quelques séries comme Alfred Hitchcock présente, Au-delà du réel l’aventure continue, New York Police judiciaire, New York section criminelle (2 épisodes), New York Unité spéciale (2 épisodes), A la maison blanche, Les Experts, The Closer L.A (épisode Mafia blues), Esprits criminels, Numb3rs, Ghost Whisperer (2 épisodes), Burn Notice, Saving Grace, Brothers & sisters (3 épisodes), Daybreak, Homeland (8 épisodes), etc.

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11. DÉSIRS ILLUSOIRES
(NEED TO KNOW)


Scénario : Pamela Davis
Réalisation : David Semel

- Hyper-vigilance, sudden irritability.
- Symptomatic of... lunch with Cuddy ?

Margot Dalton, mère de famille débordée vivant à cent à l’heure, est prise de spasmes incontrôlables. L'équipe pense d'abord à un effet secondaire de son traitement contre la stérilité, mais son état empire sans explication. De leur côté, House et Stacy sont au pied du mur : doivent-ils se remettre ensemble et abandonner Mark ?…

On se réjouit que le « Houcy » (relation House-Stacy) se termine par ce dernier épisode d’une splendide beauté dramatique. Pamela Davis évite le piège du tire-larmes et du ton moralisateur. De plus, le cas médical du jour se révèle passionnant à suivre, couronné par une chute amère et cynique, même si elle laisse place à un réel espoir, quand bien même fragile et curieusement amoral. Questions philosophiques, humour irrésistible, dialogues festifs, force dramatique puissante… L’épisode réussit tout.

Le cas Margot est excellent. Cette « supermaman » à l’emploi du temps énorme nous intéresse de suite par son caractère ambivalent entre douceur et dureté, tendresse et coups de colère. Un suspense fort prend tout le long, et les séances de diagnostic différentiel se révèlent enlevées et captivantes. La chute finale est terriblement cinglante, dans la lignée de la vision pessimiste du Couple défendue par la série. Le désaccord Foreman-House reste toujours aussi tendu avec des répliques claquantes à chaque scène, rajoutant de l’humour en plus des vannes de House. L’innocence de Stella (la fille du mari de Margot) permet également une scène drolatique avec House. Et tout ça au milieu d’un cas très dramatique. Julie Warner accomplit une mémorable performance.

Malgré le soin apporté au cas, c’est la conclusion du Houcy qui est la raison d’être de cet épisode. Les fuites de House et la confusion de Stacy concourent à une tension très forte. Il est vrai que la situation ici présente a été mille fois vue dans tout feuilleton sentimental, mais la performance des acteurs ainsi que la fin retenue rehausse le niveau. Le running gag grinçant du téléphone sonne au mauvais moment nous rappelle que le travail prime avant tout pour House, même dans ses moments les plus intimes, même à contrecœur.


Alors que Stacy accepte de briser son mariage, l’intervention de Mark chamboule tout. Cette scène est le climax de l’épisode. Mark pressent la vérité, et se lève de son fauteuil roulant pour rattraper un House fuyant son regard. Ce faisant, il ruine entièrement ses trois mois de rééducation. House, mi-méprisant, mi-choqué, prend enfin conscience que bien que Stacy soit la femme de sa vie, Mark l’aime davantage que lui. La scène finale est splendide car jouant à fond sur une de ses meilleures cartes : la psychologie. House choisit un déchirant sacrifice qui n’est pas sans rappeler le final de Casablanca (1942) de Michael Curtiz, en plus triste, car il n’y a pas de « beautiful friendship » qui compenserait ce final bouleversant. La personnalité de House fait que cette fin conventionnelle au premier abord devient originale et inattendue.

Mais c’est à ce moment que Wilson arrive pour remettre brutalement House à sa place. Il détruit toute la beauté de son geste, le considérant non comme un sacrifice courageux mais comme une couardise idiote : House est incapable de s’imaginer heureux. Masochiste au fond de lui-même, il refuse le bonheur car cela le rendrait « humain ». Or House, à aucun prix, ne se défera de son enveloppe de glace, primordiale pour qu’il demeure efficace dans son travail. Le superbe aphorisme de Wilson : Tu ne t’aimes pas mais tu t’admires résume tout le personnage qui n’aurait finalement agi que par égoïsme et stupidité. Cette déclaration fracassante laisse House et le téléspectateur muets, précipitant la fin dans une grande noirceur. Wilson a raison, mais le triste panorama final demande une nuance : House n'a cessé de suggérer de plus en plus explicitement son amour pour Stacy, et il est clair que sa décision finale relève autant de son souhait de bonheur pour elle que de sa capacité à détruire tout sentiment de bonheur en lui. House s'impose décidément comme un des personnages les plus complexes de l'histoire des séries télé. Cet épisode interroge sur le thème du bonheur : sait-on ce qui nous rendrait heureux ? Comment y parvenir si on s’invente mille excuses pour ne pas y arriver ?


Ainsi nous quitte Stacy Warner, qui neuf épisodes durant, nous aura tant apporté. Le Houcy, supérieurement écrit, nous a captivés jusqu‘à son émouvante fin. Les scénaristes ne retrouveront plus un tel niveau dans les écritures amoureuses ultérieures, tout en compensant par une maîtrise sidérante de la psyché humaine. Au revoir aussi à Mark Warner. Le triangle Hugh Laurie-Sela Ward-Currie Graham se met en quatre pour nous émouvoir, et ils y réussissent. Hugh Laurie joue con brio l'équilibriste sur la corde raide d'un personnage bourré de contradictions.

Derrière un fameux bobard qui a fait soupirer bon nombre de fans du Hameron, l’épisode pose une question existentielle : faut-il toujours tout savoir ? Ignorer une information importante mais tragique, est-ce mieux que de tout déballer ? Encore le dilemme éternel de Socrate : vérité ou bonheur ? Comme si ces deux notions restaient tragiquement incompatibles, d'autant que la devise de Cameron dans l’épisode 2.15 semblera le confirmer. Nouvel exploit de l’épisode : il évite la prévisibilité lors de la remise des résultats de Cameron par le comportement de House qui se comporte vraiment en salaud génial pour le coup. On finit en mentionnant l’imitation de Stacy par Cuddy (devil mind au passage), et Wilson préparant de la marijuana pour une de ses patientes. Ca y'est, on tient le fournisseur de la clinique McNamara/Troy !


Infos supplémentaires

- Séla Ward (Stacy Warner) quitte la série après cet épisode. Elle reviendra cependant une dernière fois dans le finale de la série Tout le monde meurt (saison 8). Currie Graham (Mark Warner) quitte lui aussi la série.

- House fut, d’après Wilson, anéanti par le départ de Stacy il y'a cinq ans. Notre docteur a donc bien un p’tit cœur qui bat… Il est connaisseur en tabac et drogues tout comme Sherlock Holmes, modèle du personnage. Il semble être kleptomane : il pique des journaux et tente également d‘escamoter une cigarette de marijuana. Il arrive en avance dans cet épisode, cas unique qui laisse à penser qu’il est systématiquement en retard à son travail.

- L’équipe prend des céréales Animal crackers.

- L’épisode se déroule entre le 4 et le 6 mai.

- Erreur de continuité : dans la scène d’introduction, le reflet du caméraman est visible quand le mari ouvre la porte de la voiture.

- Références cinéma : Quand House surnomme Foreman « Miss Daisy » en comparant le cas à « sa limo », il s’agit bien entendu d’un hommage au film Miss Daisy et son chauffeur (1989). Quand Foreman et Cameron fouillent la maison, on voit un DVD du film Dunston - Panique au palace (1996).

Acteurs

Julie Warner (1965) rencontra à 12 ans un agent qui l’encouragea à se tourner dans la comédie. Après un bref rôle dans le soap opera Haine et Passion, elle décroche un diplôme en art théâtral. Elle travaille à Los Angeles comme serveuse puis commence à se faire connaître au cinéma : Doc Hollywood (avec Michael J.Fox), Mr.Saturday Night (avec Billy Crystal), An Indian Summer, etc. Elle continue au cinéma mais sa carrière fait un bond avec son rôle récurrent de Danny Lipton dans la série Associées pour la loi (49 épisodes). Elle a joué aussi dans les séries Star Trek : la nouvelle génération (2 épisodes), Nip/Tuck, Crash (7 épisodes chacun), Scrubs, Dexter, Grey's anatomy, etc.

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12. CASSE-TÊTE
(DISTRACTIONS)


Scénario : Lawrence Kaplow
Réalisation : Daniel Attias

- I hear bowling is more fun than stalking.
- But I'm better at this.

Adam, un adolescent, et son père, font du quad ensemble quand Adam perd le contrôle de son véhicule qui se crashe, prenant feu. House et son équipe tentent de déterminer la maladie qui a provoqué l’accident, mais Adam étant grièvement brûlé, on ne peut lui faire les tests habituels. Le Dr.Philip Weber, de passage à Princeton-Plainsboro, fait l'éloge de son nouveau médicament à l'hôpital. Il a causé le renvoi de House de l’école de médecine vingt ans plus tôt, et House va se venger en essayant de démontrer que son nouveau médicament n’a aucun effet…


Malgré le départ de Stacy, la série n’accuse pas de baisse de forme et continue à nous fournir des cas aussi intéressants que complexes. L’histoire parallèle avec le Dr.Weber permet un ravissant jeu de massacre.

Le cas réserve son lot de surprises : la condition de grand brûlé d’Adam oblige House a trouver des compromis comme un réveil traumatisant, une utilisation d’un appareil aujourd’hui révolu et d'un scanner pour les femmes enceintes, une ponction lombaire hyperdangereuse, la réaction spéciale d'Adam dans le caisson hyperbare. Si la révélation finale apparaît faible après une telle succession de scènes, elle n’en demeure pas moins ironique tout en dénonçant, une fois de plus après Un témoin encombrant (saison 1), l’achat de médicaments sur Internet. Le tout en posant comme d’habitude un regard pessimiste sur les liens familiaux.


Mais comme souvent dans la série, c’est l’histoire parallèle qui excite notre intérêt. La confrontation Weber-House donne une succession de scènes toutes aussi entraînantes qu’hilarantes, bien entamé par Cuddy bien humiliée par une manipulation Housienne, et poursuivie par House perturbant royalement le cours de Weber sous les yeux épouvantés de Wilson. Le duel verbal entre les deux rivaux est dévastateur en diable, et Weber parvient même à remporter la première manche. L’épisode mentionne une ressemblance de plus entre House et Sherlock Holmes : Dans Une étude en rouge, Stamford dit à Watson que Holmes serait capable de s’administrer lui-même un produit dangereux juste pour connaître les effets du poison. Ainsi, House s’injecte lui-même le fameux produit censé prévenir toutes les migraines possibles après s’être injecté… de la nitroglycérine pour avoir une migraine ! Toutefois, alors que Holmes aurait fait cette expérience par amour de l’art, une raison bien plus perverse a dirigé House dans cette décision. Ainsi, House s’inspire de son modèle mais tout en conservant sa personnalité propre.

Cette raison est révélée dans le moment « psychologie » rituel où Wilson frappe à la porte de la conscience de House. Ce moment est ici particulièrement réussi : House était perdant dans tous les cas : ou il se serait condamné à souffrir physiquement car le médicament ne marche pas, ou il aurait été frustré de ne pouvoir contredire son adversaire. Wilson lie la recrudescence du masochisme de son ami au départ de Stacy. Bien que House le nie, la suite de la saison prouvera que Wilson, comme toujours, ne s’était pas trompé… On mesure à quel point la relation que noue House avec lui-même est complexe : il se déteste profondément, s’obligeant à souffrir comme une sorte d’autopunition inconsciente (sa vengeance envers Weber n’est qu‘un prétexte pour se faire souffrir). Mais en même temps, il a une telle admiration de lui-même qu’il est sûr d’avoir toujours raison. Ainsi la maxime de Wilson de l’épisode précédent Tu ne t’aimes pas mais tu t’admires trouve sa parfaite illustration. Dan Butler est excellent en neurologue aussi caustique que son collègue. Que les intentions de Weber ne soient pas mauvaises au fond évite tout manichéisme.


La scène de résolution où House philosophe en regrettant que « l’univers » devrait tout équilibrer alors qu’il ne le fait pas est plus forte qu’à première vue : elle révèle que House regrette un manque de justice, un manque d’équilibre dans les situations du monde. Sa tristesse devant cette Vie pleine d’aléas est peut-être la cause de son athéisme. C’est d’ailleurs la première raison invoquée par ceux qui se réclament comme non-croyants. Cette scène braque d'ailleurs un premier projecteur vers le finale de la saison 4.

Voir House diriger le diagnostic alors que sa migraine épouvantable le torture est d’un excellent effet : malgré la douleur intense, il trouve le moyen de vanner, de rappeler à l’ordre… Finalement, il se met à délirer, complètement défoncé et voyant des hallucinations : une scène à ne pas manquer avec musique appropriée. La discussion finale avec Cuddy est une des plus dingues de la série. Sa victoire finale permet aussi de dénoncer le manque de rigueur des laboratoires pharmaceutiques ou les pratiques douteuses, appliquées dans des pays pauvres pour diminuer les coûts et faire des tests tout aussi douteux en toute discrétion. Entre autres scènes, on s’amusera des fausses sorties de House, de ses réparties vachardes, ou de la scène finale qui montre le vide de sa vie personnelle et sa frustration sexuelle (superbe plan de House seul dans son grand appartement) : il ne couche plus avec son ex, sa libido crie famine, et il revient aux « tapineuses », symbole de son échec sentimental. Une fin amère.

Infos supplémentaires

- On en sait un peu plus sur House : étudiant à l'université Johns-Hopkins dans la classe dirigée par les Dr. Brightman et Gilmar, il aurait dû décrocher l'envié poste d'interne de la clinique Mayo. Mais il fut renvoyé de la fac quand Weber le dénonça pour tricherie. House l'appelle "von liebermann" (homme aimant en allemand) par dérision. Sinon, on voit House solliciter les services d'une prostituée. On apprend aussi qu'il a de bonnes notions en hindi, et que comme Holmes, il ose tester sur lui-même des produits dangereux.

- Cuddy a une assistante. Toutefois, on ne la voit jamais...

- House mentionne les docteurs Einthoven et Larrey. Willem Einthoven (1860-1927) est un physiologiste néerlandais (et non belge comme le prétend House), lauréat du prix Nobel de physiologie ou médecine en 1924. Il est l'inventeur du galvanomètre à cordes cité par House, premier électrocardiographe du genre. Dominique-Jean Larrey (1766-1842) fut le chirurgien français de la Grande Armée Impériale de Napoléon Bonaparte. Novateur en matière de techniques chirurgicales (dont la fameuse asticothérapie) et de premiers secours aux blessés, il fut très populaire en son temps, et est encore étudié aujourd'hui.

- House mentionne aussi Rabbi Hillel. Hillel l'Ancien (-110 +10) est considéré comme un des plus grands Sages juifs religieux. D'une grande humilité, d'une intelligence hors normes, et d'un esprit tolérant - sa lecture de la Loi est considérée comme assez souple - il dirigea le peuple juif durant les quarante dernières années de sa vie avec sagesse. C'est lui qui énonça la « règle d'or » des religions : Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse (éthique de réciprocité). C'est une des figures juives les plus importantes.

- Wilson, en saluant ironiquement House d'un « Dr. Jekyll, I presume », fait référence à Stevenson et sa nouvelle Dr.Jekyll et Mr.Hyde, ainsi qu'à la fameuse salutation du Dr.Stanley au Dr.Livingstone.

- Erreurs de continuité :
- On voit le reflet de la caméra sur les casques des protagonistes de la scène d'introduction.
- Quand House sort de la douche, il a des sous-vêtements sous sa serviette.
- House s'injecte directement la nitroglycérine mais aurait dû la diluer avant (risque d'hypotension sévère).

- La chanson de l'épisode est Get Miles de et par Gomez.

Acteurs

Dan Butler (1954) migra à San Francisco pour travailler au théâtre régional. Il a par la suite joué souvent au cinéma (les deux premiers Hannibal Lecter), mais cet acteur apprécié a joué dans beaucoup de séries comme X-Files (épisode La Main de l'Enfer), Columbo, Code Quantum (Amour à vendre et Le Grand Voyage), Star Trek : Voyager, Malcolm, Ally McBeal, Supernatural (épisode L'homme au crochet), Monk, New York section criminelle. Son rôle le plus connu est celui de "Bulldog" Briscoe dans la série Frasier (52 épisodes).

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13. CONFUSION DES GENRES
(SKIN DEEP)


Scénario : Russel Friend, Garrett Lerner, et David Shore, d'après une histoire de Russel Friend et Garrett Lerner
Réalisation : James Hayman (crédité comme "Jim Hayman")

- Could we talk about her health instead of her breasts ?
- Come on, Cameron. It's nothing to be ashamed of. Many women develop breasts.
 
Alex, jeune top-model de 15 ans aux formes généreuses et à la féminité exacerbée, est prise de nausées durant un défilé de mode, frappe violemment une autre mannequin, et s’évanouit. House soupçonne une prise d’héroïne, puis son père Martin (aussi son manager), d’abuser sexuellement de sa fille. Toutefois, il a du mal à traiter le cas efficacement car la douleur de sa jambe est devenue subitement plus forte…


Un des meilleurs épisodes de la saison, et un des sommets de la série.

Cet épisode triomphe sur tous les tableaux : le cas médical est absolument passionnant, accumulant fausses pistes et retournements de situation à la chaîne, jusqu’à une chute spectaculaire, l’une des plus impressionnantes de la série entière, avec faux happy end de rigueur. Une grande intensité dramatique se met en place par la mise au jour progressive de la personnalité du mannequin et de son père, de leur relation pervertie, ainsi que de la révolte de Cameron. Pourtant Confusion des genres (quelle horreur ce titre !) est aussi marqué par des moments de burlesque pur, grâce à House et Wilson, et un cas secondaire mémorable. L’épreuve douloureuse de House est très bien narrée alternant comédie et drame. Enfin, l’épisode procède à une attaque en règle contre l’artificialité du métier de mannequin.

Alexandra Robinson est un personnage moins lisse qu’il n’y paraît. Faussement superficielle, vraie manipulatrice arriviste, prête à tout pour briller sous les projecteurs, usant de ses charmes pour mettre son monde dans sa poche. Un portrait adouci par le fait qu'elle soit une femme-enfant : son corps est celui d’un adulte mais son esprit ne suit pas la même vitesse. Elle n’a pas eu le temps de grandir, source de sa souffrance intérieure. Elle est d’ailleurs consciente que son intelligence est limitée et que son corps est son meilleur atout : une blonde sotte pas si sotte… La juste révolte de Cameron touche du doigt un point sensible sur la conservation appropriée ou non du secret médical (que House transgresse ou respecte… à sa guise !). Cela n’est pas sans rappeler le dilemme des chirurgiens de Nip/Tuck dans le pilote où ils doivent changer le visage d’un pédophile activement recherché. L’épisode aborde ainsi le thème tabou de l’inceste père-fille mais le revisite génialement, ni pulsion libidineuse paternelle, ni complexe d’Electre ; simplement un moyen utilisé pour son profit. Le cas se déroule à tempo très vif, multipliant les fausses pistes (la drogue, le sexe, le cancer invisible…) et nous gratifiant de plusieurs scènes marquantes - sevrage express, l’amnésie subite… - jusqu’à la stupéfiante chute finale.

L’humour alimente l’épisode grâce à un House survolté : il adopte tout de suite le cas car c’est une top-model, se moque de Cameron, crie à une femme enceinte trop braillarde de la fermer, s‘amuse à faire apparaître et disparaître les symptômes d‘Alex, ou encore la mauvaise blague de fin… Même les deux révélations finales ont quelque chose de comique. Mais ce sont les scènes avec Wilson qui déchaînent le plus de rires, quand House le frappe avec sa canne, et surtout la scène en plein délire de l’IRM. Il y'a aussi le cas secondaire assez burlesque où Cuddy se retient de pouffer.

En parallèle, les moments psychologiques sont très bons : la jambe de House est douloureuse, plus que d’habitude, et Wilson diagnostique que c’est psychosomatique : House ne s’est pas remis de sa rupture avec Stacy et cette douleur psychique est liée à la douleur physique. House bien entendu n’en croit rien, refusant d’admettre une telle faiblesse. Mais il en est réduit à demander de la morphine à Cuddy. Ses deux scènes avec elle sont impeccablement écrites, la première est sous tension, grave, jusqu’à l’acte à la fois désespéré et ridicule de House, symbole de sa détermination poignante. La deuxième scène est jouissivement ironique avec une chute désopilante où le manipulateur s’est retrouvé manipulé à son tour, acculé devant une évidence qu’il ne peut nier davantage.


L’épisode frappe fort quand il s’agit de dénoncer le monde des apparences dans lequel nous vivons. Après Symptômes XXL (saison 1) et la dictature de la minceur, Confusion des genres exprime bien la dictature de la beauté, atout artificiel érigé en condition sine qua non pour réussir vite et bien. Les filles du défilé de la scène d’intro sont hyperformatées, le père d’Alex utilise un langage aussi formaté, cru pour vanter la beauté de sa fille, distinguant son statut de père et celui de manager. Le fléau de la drogue est également sous-entendu tandis que celui des coucheries est mis en avant avec force lors de la scène Alex-Cameron : Alex, blasée, a couché avec tous les hommes dont elle avait besoin pour grimper les échelons ; elle ne l’a fait ni par plaisir ni par dégoût : prix à payer pour vivre dans un monde de strass, de paillettes, où le clinquant triomphe de tout, qui vous procure gloriole (mais temporaire) et argent (jusqu’à ce que vous ne soyez plus assez belle). Bref, un monde rempli d’apparences, et on a presque pitié de cette pauvre fille dont la féminité est l'unique atout : la révélation finale est donc d’une grande cruauté pour elle car niant cet avantage charnel. D’où un faux happy end flirtant avec le unhappy end tout court. Bonne interprétation de Cameron Richardson, mais Tom Verica est plus limité. Jennifer Morrison confirme les récents progrès de son jeu avec de bonnes scènes de révolte, mais c’est Hugh Laurie et Robert Sean Leonard, dans leurs scènes de pure comédie, qui raflent la mise par les rires qu’ils déchaînent.

Un épisode parfait et complet en tous points.

Infos supplémentaires

- Chase aime regarder les magazines de mannequins.

- House avait un oncle qui aimait raconter des histoires dégueulasses… ça explique bien des choses ! C’est un des rares épisodes où on voit la blessure de House.

- Cameron Richardson avait 26 ans lors de l’épisode, ce qui explique sa féminité très développée pour un personnage qui n’en a que 15 !

Erreurs :
- House dit qu’il faut attendre 3 ans avant qu’Alex, 15 ans, atteigne sa majorité sexuelle. Mais dans le New Jersey, la majorité sexuelle est à 16 ans.
- Lors de l’explication de la biopsie du cerveau, l’attitude d’Alex est fluctuante : tantôt agitée, tantôt calme.
- Dans la scène d’intro, Alex tombe face contre terre. Au plan suivant, elle est sur le dos.
- Si Wilson voit les faux ovaires, comment n’a-t-il pas remarqué l’absence d’utérus ?

- House fait référence au Roi Lion (1994) en évoquant le « cercle de la vie » et Jerry Maguire (1996) en parlant des « teenage supermodel ».

- La soundtrack est constituée de « Desire » de et par Ryan Adams et « Dance With You » par Wayne Jones et Jon Ehrlich.

Acteurs

Cameron Richardson (1979) commença une carrière de mannequin, mais ses agents la persuadèrent de se tourner rapidement vers la comédie. "Cam-Bones" usa sa petite notoriété - étant généralement dans le classement des femmes les plus « hot » de la planète - pour jouer dans plusieurs séries dont Skin (5 épisodes), FBI family (24 épisodes), Point Pleasant (13 épisodes), Les Experts, Shameless US (2 épisodes). Elle se tourne de plus en plus vers le cinéma.

Tom Verica (1964) est un acteur complet (TV, cinéma, théâtre). Sa filmographie compte des films comme Die Hard 2, Dragon rouge, Mémoires de nos pères, Zodiac… mais aussi de nombreuses séries comme son rôle le plus célèbre : Jack Pryor dans 61 épisodes de la série Mes plus belles années, mais aussi Code Quantum (épisode Le kamikaze hilarant), Les 4400 (3 épisodes), New York unité spéciale, Boston Justice, Lie to me, Grey’s anatomy, The Closer L.A (épisode Le cerveau), Médium (épisode La loi des nombres), How to get away with murder (11 épisodes), etc.

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14. MALADIES D'AMOUR
(SEX KILLS)


Scénario : Matt Witten
Réalisation : David Semel

- I assume that you've been in love.
- Is that the one that makes your pants feel funny ?

Henry Errington, 66 ans, a des absences inquiétantes. Son infection, trop avancée, nécessite une transplantation cardiaque. Mais le comité de greffe rejette la demande de House car le patient est trop âgé. House va donc essayer d’obtenir par une voie moins "officielle" le cœur d’une accidentée de la route qui vient de décéder. Les complications ne font que commencer…


Cet épisode original malmène le canevas de la série : au bout de quinze minutes, la maladie du patient est découverte. Car l’intérêt de Maladies d’amour n’est pas le diagnostic, mais le traitement, beaucoup plus compliqué à pratiquer ! La série vire alors dans le pur suspense, multipliant les situations surprenantes, jusqu‘au sinistre twist final. Bonus : le cas secondaire est de plus loin le plus foldingue de la saison.

Le cas démarre sans tambour ni trompette malgré une gratinée tirade de House sur le cancer du testicule. Alors que l’épisode aurait pu donner son point de vue sur un sujet aussi original que la sexualité des séniors, ce point reste en filigrane. La fille du patient est d’un désintérêt total ; la voix de Keri Lynn Pratt est d'ailleurs vite insupportable (en VO comme en VF). Le cas sert uniquement de prétexte jusqu'au vrai démarrage de l'intrigue dans le deuxième tiers de l'épisode. D'où un premier quart d'heure longuet. La course contre la montre pour trouver un cœur est d’un suspense omniprésent, que l’humour caustique de House contrebalance finement : House devant le comité de greffe, House qui imagine une diabolique manipulation burlesque et dramatique (le sommet de l‘épisode, House dans son état le plus pur !), jusqu’à cette ahurissante idée d’un diagnostic différentiel d’une personne décédée. L’élément le plus fort de l’épisode réside dans le chemin de croix de l’infortuné mari, subissant les assauts de House qui veut le cœur de sa femme, alors qu’il n’a même pas le temps de faire son deuil, de réaliser pleinement la mort de sa chère et tendre. Greg Grunberg fait de son mieux, mais l'ayant personnellement vu dans pas mal d'autres rôles, je dois avouer n'avoir jamais été sensible à son jeu très monolithique. A la fois drôle et triste. Le comique acide de House donne beaucoup de force à ces scènes.


Mais le sérieux n’est pas défavorisé avec l’énorme bévue involontaire de l’employée de l’agence, et les souffrances psychiques répétées du mari jusqu’au surprenant double twist final avec deux révélations très noires, symptomatique de la vision de la série toujours pessimiste des époux, qui s’aiment sincèrement, mais jamais francs entre eux. On va d'ailleurs en avoir le nadir dans le terrible épisode suivant. Parallèlement, on s’amuse des difficultés à répétition que rencontre House dans ses quêtes de cœur (sans jeu de mots). A noter que le veuf a tout de suite cerné le personnage de House : "I assume House is a great doctor, because when you're that big a jerk, you're either great or unemployed". Cet épisode n’échappe pas à la veine militantiste de la série qui s’attaque cette fois à ces laissés-pour-compte que sont les séniors. La scène du comité de greffe véhicule ce message : les membres du comité refusent la salvatrice transplantation car le patient est trop âgé. House les accuse de préférer réserver leurs ukases aux jeunes personnes malades (car les grands-pères ont déjà bien vécu…) d’où une démonstration de la différence de traitement accordé aux patients selon leur âge. Mais la scène ne tombe pas dans le manichéisme car la décision des médecins demeure bien difficile à démêler éthiquement. Ce cas de conscience évite l’opposition House a raison/méchants autres médecins.

Wilson est dans une mauvaise forme. Gregory Holmes, très mentaliste décrypte ses attitudes et en conclut qu’il est en froid avec sa femme et qu’il va voir une maîtresse. Evidemment, son ton très léger est peu supportable pour Wilson qui préférait davantage de compassion et non de l’ironie. Finalement, l’épisode annonce un nouvel arc narratif : chassé du domicile conjugal après une énième dispute, Wiwi est forcé d’emménager chez House. Notre imagination vagabonde en se demandant comment va se dérouler la cohabitation… Disons-le tout de suite, ce sera un impitoyable jeu de massacre ! Robert Sean Leonard explore avec réussite une face plus désespérée de son personnage.


Le cas secondaire est absolument hé-nau-rme, avec un jeune homme qui avoue avoir des penchants zoophiles envers les vaches ! La rencontre entre ce malade de première et un House déchaîné permet trois petites scènes de pur burlesque ; d’autant que le jeune homme est interprété par Adam Busch qui retrouve des intonations du supercrétin Warren Mears (du moins, dans ses premiers épisodes de Buffy) avec un festival de mimiques excessives. La conclusion est à se serrer les côtes. Un cas joyeusement barré. D’ailleurs, Michelle Trachtenberg (Dawn) va se retrouver bientôt à Princeton-Plainsboro, de quoi regretter que Sarah Michelle Gellar n'y soit jamais venue (ou Alyson Hannigan ; signé un fan d'Alyson Hannigan). Un cross/over entre les deux séries aurait pu donner quelques scènes croustillantes ; je voyais bien House diagnostiquer Spike pendant qu'ils battent le record du monde du championnat de tchatche, Drusilla en quête d'un coeur tout chaud, ou Buffy tuant un démon avec une seringue…


Infos supplémentaires

- Deuxième épisode où House porte une blouse. On apprend que l’actuelle femme de Wilson (la 3e) le déteste. Nous apprendrons que c'est aussi le cas de sa deuxième femme (Mauvaises décisions, saison 3) et de la première (Amour courtois, saison 6). Un fait toujours en débat sur le sens de la véritable relation entre House et Wilson. Troisième épisode où House se fait frapper.

- House finit son travail à 18h.

- Wilson et sa femme rompent dans cet épisode. Il joue avec House au baby-foot, inaugurant un nouveau rituel dans la série.

- C’est sur le tournage de l’épisode que Greg Grunberg proposa à Hugh Laurie d’intégrer son groupe musical Band from TV. Laurie y fera les claviers et les vocals. Ce groupe de cover band (spécialisé dans les reprises de chansons), composé d’acteurs de séries musiciens, propose CD et concerts dont les bénéfices sont intégralement reversés à des associations caritatives. Jesse Spencer (violon) a rejoint le groupe un peu plus tard. On peut aussi citer parmi les membres James Denton (guitare), et Teri Hatcher (voix) (Desperate Housewives).

- La chanson de l’épisode est Honky Tonk Women de Mick Jagger et Keith Richards, chantée par Taj Mahal.

Acteurs

Greg Grunberg (1966) commença dans la publicité avant de s’engager dans la comédie. Egalement bon musicien amateur (percussions), il est le fondateur du groupe Band from TV. Il milite contre l’épilepsie (un de ses fils en est atteint). On l’a vu souvent à la télévision, notamment dans les productions de son ami J.J.Abrams comme dans les rôles respectifs de Sean Blumberg et Eric Weiss dans Felicity et Alias (66 épisodes chacun). Il fut aussi le Matt Parkman d'Heroes (59 épisodes), le Dale Levlin de The Client list (13 épisodes). Mais il joua aussi dans Lost, Hawaï 5-0 (2 épisodes chacun), Melrose Place, Profiler, What about Brian, Monk, Les Experts, Esprits criminels, Masters of sex (6 épisodes), etc.

Adam Busch (1978) est surtout renommé pour avoir été l'hilarant et sanglant Warren Meers, un membre du « Trio » dans 16 épisodes de Buffy contre les vampires. Il a joué deux rôles principaux de série : Neal de Men at work (31 épisodes), et Indie de MyMusic (58 épisodes). Il a fait partie d'un groupe de jazz-rock : Common Rotation. Il a joué dans les séries New York police judiciaire, Le fugitif, Terminator : les chroniques de Sarah Connor, Point pleasant (7 épisodes), Les Experts, Major Crimes, Grey's anatomy, etc.

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15. BONHEUR CONJUGAL
(CLUELESS)


Scénario : Thomas L. Moran
Réalisation : Deran Sarafian

You do realize that the point of metaphors is to scare people from doing things by telling them that something much scarier is going to happen. God, I wish I had a metaphor to explain that better.

Lors d’un intense ébat sexuel avec sa femme Maria, Bob Palko s’étouffe. House et son équipe se demandent si la cause n’est pas leurs fantasmes sexuels très énergiques. Malgré leur sexualité extravertie, House est certain que le couple n’est pas heureux en ménage (« comme les autres ») et en fait le pari avec Cameron. Pendant ce temps, la cohabitation House-Wilson tourne rapidement à l‘affrontement...


Cet épisode pêche par son côté trop « cérébral ». De trop nombreuses scènes de diagnostic différentiel empâtent un peu l’épisode. Malgré cette petite réserve, un cas médical de la plus grande efficacité dramatique, servi par des comédiens en état de grâce, assure un spectacle permanent. La chute finale est d’une noirceur perverse à couper le souffle, consacrant cet épisode comme un des plus pessimistes de la série entière. A côté, le « Hilson » prend des allures de sitcom très hilarantes !

Le ton est donné avec l'introduction où une jeune femme se fait agresser par un homme masqué qui tente de la violer… mais les apparences sont trompeuses : le violeur n’est autre que son propre mari. Fantasme du viol… un fantasme d’une extrême perversité qui en dit long sur ce couple original et sur ce qui va suivre ! L’effet de répétition des diagnostics est largement compensé par leur contenu, grâce aux vannes de House ou à certains gags assez cinglants. C’est ainsi qu’avec le plus grand sérieux, Cameron, qui a pourtant le moins de chances de faire une telle déclaration, défend le triolisme (modéré) en disant que « une partie à trois tous les sept ans, ça soude un couple » ! C’est aussi une très bonne idée de faire un diagnostic différentiel dans les toilettes des hommes. Le décor très inhabituel donnant un côté décalé à la situation.
Le couple apparaît soudé. Maria est toujours au chevet de Bob, guettant ses moindres réactions. Leur amour dure depuis l’enfance et semble s’être fortifié au cours des années. Beaux, ouverts, confiants, c’est un couple qui semble enviable. L’apogée est atteint lors de la scène de souvenirs, portée par la formidable performance de Samantha Mathis. Aussi, la révélation finale fait partie des moments les plus terrifiants de la série.


La série n’a jamais raté une occasion de pilonner le Couple. Dès Question de fidélité (saison 1), la série donnait sa thèse : l’amour dans le couple est sincère mais les époux restent étrangers l’un à l’autre. Déçu forcément par celui ou celle que l’on aime, la douleur, la tristesse entrent alors dans la vie quotidienne. On peut essayer de détruire la routine par un changement de vie ou par une sexualité débridée (comme ici ou comme le fera le ménage Taub dans Le héros du jour en saison 7), mais ce n’est qu’un écran de fumée masquant de manière éphémère l’échec de la relation. La Vérité est un concept souvent étudié dans la série ; ici, l’épisode nous apprend à la fois son utilité et l’effet destructeur. Lorsque Maria a ouvert les yeux sur l’état réel de son couple, elle en vient à une décision destructrice et désespérée alors que si elle avait maintenu l’illusion, elle aurait pu entretenir un semblant de bonheur. Il est donc logique que la dernière phrase de Cameron sonne si juste et soit devenue une des citations les plus connues de la série. Le choix d'une chanson ayant pour titre Love and Happiness pour accompagner le douloureux final apparaît comme une dernière pointe d'ironie pour conclure cet épisode noir et sans espoir. Samantha Mathis mélange l'amour et la passion de son personnage de manière éblouissante, une des meilleures guest stars de la série.

Le final est un dur revers pour Cameron qui avait parié sur le bonheur des Palko. Jamais la série n’avait poussé à fond l’axiome platonicien de l’incompatibilité des concepts de Vérité et de Bonheur. Sa dernière scène avec House montre bien leur différence : House est pour la Vérité (et il n’est pas heureux d’avoir gagné son pari, il n’a fait que constater) et Cameron pour le Bonheur. Il est fascinant de voir comment Cameron s’éloigne (ses valeurs) et se rapproche (ses attitudes) de House à la fois… Jennifer Morrison comprend de mieux en mieux son personnage, ça fait plaisir.


Les disputes continuelles du Hilson donnent une véritable farandole de situations toujours plus drôles : Wilson perturbant le sommeil de House (qui songe à voir un conseiller conjugal), House arrachant la télécommande, House mangeant à deux reprises le repas de Wilson, House qui préfère les crèpes de Wilson aux 72 vierges de l’Islam, etc. On s’étonne toutefois du dernier plan : House ne souhaite qu’une chose, que Wilson dégage de sa maison. Pourtant, il efface le message adressé à Wilson à propos d’un appartement qu’il aurait trouvé. Conséquence : House, au fond, veut que Wilson reste un peu plus de temps, symbole de son besoin d'avoir près de lui sa présence. Quelle étrange amitié… Ces saynètes détendent l’atmosphère sombre de l’épisode. Le cas secondaire montre un homme ayant un herpès. Autrement dit, lui ou sa femme est infidèle (Hugh Laurie est en pleine forme dans ce passage) et il parvient finalement à trouver qui est coupable grâce uniquement à la psychologie. On ne répétera jamais assez combien House est expert en relations humaines et en mensonges de tout poil !

Infos supplémentaires

- Chase ne parle pas espagnol.

- A noter que l’épisode s’appelle Clueless en VO, titre d’une série où Eddie Mills (Bob Palko) joua.

- House se nourrit essentiellement de soupe en conserve et de beurre de cacahuètes. On se demande comment son corps tient le coup si on ajoute ses manies de drogué. Il adore les pancakes aux noix de macadamia.

- House regarde les séries Blackadder qu’il enregistre fréquemment. Rien d’étonnant puisque Hugh Laurie a joué un des rôles principaux de cette série totalement barrée ! House regarde également les séries The New Yankee workshop, Bob l’éponge, et Newport Beach.

- House fait référence à Keisuke Miyagi, un maître de karaté fictif dans la saga Karaté Kid. Heureusement, en français, nous sommes respectueux de la toute-puissance de Chuck Norris qui prend donc logiquement la place du sensei dans le dialogue.

- La chanson de l’épisode est Love and Happiness de et par Al Green.

Acteurs

Samantha Mathis (1970) fut confrontée très tôt à l’industrie cinématographique et théâtrale et choisit immédiatement cette voie. Après quelques publicités, ses liaisons avec Christian Slater puis River Phoenix (qu’elle accompagna lors de sa mort) lui permirent de se frayer un chemin dans le milieu. Son talent d’actrice fit le reste. Elle a fait une honorable carrière cinématographique (plus de 40 films dont Les quatre filles du Dr. March, American Psycho, The Punisher, Broken Arrow…) et a joué dans des séries comme Harsh Realm (4 épisodes), La Treizième Dimension, New York (unité spéciale et section criminelle), Lost, Curb your enthousiasm, Grey’s anatomy (3 épisodes), New York unité spéciale (2 épisodes), The Good Wife, Under the Dome (7 épisodes), etc.

Eddie Mills (1972) est un acteur de séries, qu’on a pu voir dans Ally McBeal, Dawson (4 épisodes), Wasteland (13 épisodes, rôle principal de Vandy), Dead like me, Les Experts : Manhattan, FBI portés disparus, etc.

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16. PROTECTION REPROCHÉE
(SAFE)


Scénario : Peter Blake
Réalisation : Félix Enríquez Alcalá (crédité comme "Felix Alcala")

- You said... you'd hang the stethoscope if you were having sex.
- I didn't say it had to be with another person.
 
Mélinda Bardach, une adolescente immunodéprimée depuis une transplantation cardiaque, est confinée depuis plusieurs mois dans une chambre stérile chez elle. Alors qu’elle recevait la visite de son petit ami, elle a une violente attaque et est amenée à l’hôpital. Après aggravation de son état, Mélinda se retrouve avec deux puis trois graves symptômes impossibles à corréler. Pendant ce temps, House multiplie les vacheries envers Wilson…

Encore un chef d’œuvre pour cette saison 2 décidément de classe exceptionnelle ! Protection reprochée (excellent titre pour une fois) est très bien construit. Le cas médical fait penser à un pastiche bidon du Mystère de la Chambre jaune : comment Mélinda a pu tomber malade dans une chambre stérile ? Cela amène une intenable situation bloquée avec des symptômes qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. Mélinda est un personnage intéressant, et les huit dernières minutes de l’épisode comptent parmi les plus intenses de toute la série. En plus, House bat tous les records en matière de sournoiseries (pas si) gratuites envers Wilson !

Le cas Mélinda, au rythme soutenu et aux diagnostics différentiels à l'humour piquant remporte l’adhésion. Les recherches façon Experts, les bonnes actions qui n’en sont pas (prise d’un antibiotique qui aurait tout déclenché), les complications, ici vraiment inquiétantes, mettent pas mal de tension. Allant des scènes de recherche aux scènes « psychologiques », l’épisode dégage une agréable impression de maîtrise. Les fausses pistes sont disséminées tout au long du scénario, couronnés par un soufflant twist. Les situations d’urgence, plus nombreuses, s'enchaînent inlassablement jusqu'au final sous adrénaline, scène climatique et longue que n’aurait pas renié Hitchcock. La fin est joliment théâtrale et ironique (House passe également à deux doigts de la raclée). Faire l'amour peut tuer, ça on le savait, mais parfois plus vite que vous pourriez le croire !

Incarnée par la sensualissime Michelle Trachtenberg, actrice extraordinaire très à l'aise dans les rôles de casse-pieds - les fans de Six feet under n'ont pas oublié sa composition mémorable de superstar à rendre fou un maître zen - Mélinda n’est pas sans rappeler un des plus fameux rôles de la comédienne : Dawn Summers (en beaucoup moins lourdingue toutefois), de la série Buffy contre les vampires. Mélinda est proche de la sœur de Buffy dans la mesure où les deux personnages ne supportent pas de vivre dans l’ombre d’un être cher - une sœur dans Buffy, la mère dans l’épisode - et sont éprises de liberté et de reconnaissance. Mélinda et Dawn sont deux adolescentes se comportant comme telles, qui ont les doutes existentiels typiques de cet âge, ont leurs caprices, leurs révoltes... mais qui ne dissimulent pas une certaine maturité comme la lucidité envers elles-mêmes : Dawn mûrit progressivement dans Buffy tandis que Mélinda est consciente de sa si brève espérance de vie qu’elle a quand même accepté ; elle n’est pas dupe des airs qui se veulent rassurants de Foreman (scène de l’IRM). Comme Margo Dalton (Empoisonnement, saison 1), Barbara Bardach est une maman couvant trop son enfant malgré un vrai amour maternel. Un distinguo que l'on goûte fort. Mel Harris est très bien en mère surprotectrice.

On notera que Michelle Trachtenberg est certainement la comédienne la plus convaincante de la série dans le domaine des crises convulsives : toutes ses scènes de convulsions, bien plus longues que l’habitude, sont d’une violence réaliste très saisissante, comme celle de la spectaculaire introduction durant près de 40 secondes !

Et bien entendu, l’humour est de la partie, que ce soient les répliques toujours géniales de House, ou bien Cameron insinuant à demi-mot que Chase est éjaculateur précoce, les airs hébétés du petit ami… Mais on retient surtout la sitcom House-Wilson. House démarre en douceur en obligeant « Jimmy » à laver plus de vaisselle, puis le laisse dehors pendant des heures en prétextant être avec une prostituée (la scène est immense !), lui ment à répétition, bouffe toutes les friandises, efface ses messages téléphoniques, fait tremper sa main dans de l’eau pour qu’il urine dans son sommeil… ce défilé de mauvaises blagues est autant jouissivement tordant qu’il met mal à l’aise : pourquoi House se comporte-t-il ainsi ? La réponse est émouvante : il veut que Wilson réagisse. Wilson est en effet trop gentil et encaisse tout ce qu’il subit sans avoir la réaction de révolte appropriée, il se complaît dans sa déprime. House multiplie alors les saloperies les plus emmerdantes pour le mener au point de rupture, pour qu’enfin il cesse de se laisser marcher sur les pieds. D’ailleurs, regardez le visage de House quand Wilson accepte une fois de plus de faire la vaisselle : il est déçu. Et lorsque Wilson, à bout, rend la pareille à House, il sourit : Wilson a enfin réagi ; et en effet, le soir même, Wilson a le courage de divorcer d’avec sa troisième femme. Une thérapie hors normes, et un des plus beaux moments "Hilson".

Infos supplémentaires

- Cuddy porterait souvent des strings. Les strings de Cuddy revêteront une importance capitale dans l’épisode Le dessous des cartes (saison 4). Et elle n’aurait plus couché depuis 6 mois d’après House. Comment connaît-il si bien la vie sexuelle de sa patronne ?

- « Je n’ai jamais vu de mère aussi surprotectrice » déplore Foreman en parlant de Barbara Bardach. Il a manifestement oublié le cas Margo Dalton (Empoisonnement, saison 1).

- House met un stéthoscope - en lieu et place de la traditionnelle chaussette - devant sa porte quand il fait l’amour. Toutefois, il ne précise pas s’il y’a une prostituée dans l’affaire ou s’il est tout seul…

- Wilson regarde Vertigo (1958) de Sir Alfred Hitchcock à la fin de l’épisode.

- La caméra fait un bruit à 17’48.

- House cite Tarzan (1932) dans la chambre de Mélinda, et fait référence à L’enfant bulle (1976) quand il ironise sur la surprotection de la mère « façon John Travolta dans sa bulle ». Barbara Bardach prétend chercher (Le monde de) Némo (2003).

- La soundtrack de l’épisode est constituée de Orange Sky de et par Alexi Murdoch, et de Pain in My Heart de Naomi Neville chantée par Otis Redding.

Acteurs

Michelle Trachtenberg (1985) est surtout renommée pour avoir joué grâce à Sarah Michelle Gellar, amie de longue date, Dawn Summers, la petite sœur de l'héroïne de la série culte Buffy contre les vampires (66 épisodes). Connue aussi pour son rôle de Georgina Sparks dans Gossip girl (28 épisodes), ou pour sa participation à la série Mercy (22 épisodes). Elle a joué dans les séries New York (Police judiciaire et section criminelle), Weeds (5 épisodes), Six feet under (4 épisodes), Weeds, Robot chicken (5 épisodes chacun), Esprits criminels, NCIS : Los Angeles, Sleepy Hollow, etc. Cette superbe femme fut dans plusieurs classements de beauté mondiaux. Elle a commencé la comédie et la danse très tôt et accéda à la célébrité avant ses 18 ans. Elle a débuté une carrière prometteuse au cinéma…

Mel Harris (1956) est une comédienne appréciée en Amérique pour son talent et sa beauté. Elle a surtout joué dans des séries : Alfred Hitchcock présente, Dawson, JAG (2 épisodes), Stargate SG-1 (3 épisodes : Zénith, La dernière chance, Pour la vie), Cold Case, Les Experts : Manhattan, Esprits criminels, New York unité spéciale (2 épisodes), etc. Sa vie privée fut assez mouvementée car elle se maria et divorça cinq fois !

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17. DOUZE ANS APRÈS
(ALL IN)


Scénario : David Foster
Réalisation : Fred Gerber

Hey, how's that anal fissure ? Did it heal yet, or is it still draining ?

Ian Alston, 6 ans, souffre de diarrhées sanglantes. House, Cuddy, et Wilson sont à l’hôpital où ils jouent à un tournoi de poker caritatif. Sans en avertir Cuddy, House quitte la table et se saisit du cas car il est persuadé que Ian est atteint d’une maladie qui a tué douze ans auparavant Esther Doyle, une vieille femme qu’il n’a pas réussi à sauver et encore moins à diagnostiquer. Une course contre la mort s’engage car la maladie inconnue progresse à une rapidité fulgurante…


Quand Dr.House rencontre Cold Case.

L’épisode joue sur deux histoires : un cas médical d’une formidable originalité (House face à ses démons), et l’homérique partie de poker. Le premier se distingue par une urgence permanente, le deuxième est prétexte à de mémorables échanges piquants ! La résolution finale, synthèse des deux tableaux, est à la fois maligne et étonnante.

On démarre très fort avec une introduction réussie (pourtant loin d’être un point fort de la série) puis sur la partie de poker avec un choc : le House débraillé et négligé que l’on connaît est en smoking impeccable (mais quand même pas rasé, y’a des limites tout de même) et fume un gros cigare ! Le costume rigoureusement identique de Wilson donne un effet comique et confirme que Robert Sean Leonard et Hugh Laurie portent beau en tenue de soirée. Mais que dire de Cuddy, à fondre dans sa superbe robe bleue très échancrée où la beauté naturelle de Lisa Edelstein resplendit de mille feux ? Sans doute une de ses tenues les plus affriolantes. Jesse Spencer et Omar Epps sont très élégants dans leurs costumes, et Jennifer Morrison arbore une superbe robe à bustier très sexy.

Le cas renouvelle le genre grâce à sa configuration inédite. House est rongé par le souvenir d’Esther. Il va se jeter tout entier dans ce cas, quitte à saboter la soirée de tout le monde (pauvre Chase). Mais plus qu’un « remake » de ce cas, House semble considérer Ian comme un cas de métempsycose ; il utilise les données d’Esther pour les appliquer à l’enfant, comme s’il était Esther ! House a ainsi un jugement parfois brouillé, à tel point que le quatuor (Wilson participant également) de médecins devra le rappeler à l’ordre plusieurs fois.

Il permet aussi un schéma intéressant. Alors que nos médecins, généralement, sont soumis au déroulement aléatoire du cas, devant réviser leurs positions en permanence ; ici, ils savent exactement comment le cas va se dérouler et traitent donc en avance les symptômes à venir. Mais coup de Jarnac, ils accélèrent la catastrophe ! Cela donne un suspense parfaitement chronométré. L’intervention inopportune de Cuddy précipite la dernière partie de l’épisode sous haute tension jusqu’au dilemme final : 7 maladies envisagées, 3 tests possibles uniquement. La chute finale, très originale, vient au détour d’une main de poker de Wilson : la maladie a fait un coup de bluff ! Cependant, la décision de House, pour la première fois de la série, comporte un élément de hasard : il pourrait aussi bien avoir raison que tort. En fait, c’est l’élégance et la beauté du raisonnement logique final qui fait que House prend le risque de retenir son hypothèse. Ainsi, il confirme son attachement au rasoir d’Occam. Un certain amour de la beauté, visible dans l'enchaînement harmonieux de ses déductions, anime ce personnage. Un goût qui transparaît dans son amour pour la musique (tout ce qui est difficile est beau disait Beethoven). Par opposition, la caméra de Fred Gerber magnifie les belles tenues, les lumières vives, et l’ambiance de fête, donnant un puissant contraste à l’ensemble.

Au milieu du cas, les scènes de poker sont autant de déchaînements de rire ! En plus des délires verbaux de House qui improvise des cours de sexologie animale pour analyser les réactions de ses adversaires et savoir si leurs jeux sont bons ou pas, nous avons le running gag du « code secret » entre Wilson et House pour s’échanger des renseignements sans que Cuddy parvienne à les déchiffrer, savoureux pastiche des mots de passe d’espionnage. House a intérêt à faire durer la partie, et en sachant par téléphone le comportement de Cuddy, peut conduire le jeu à sa guise grâce à son prodigieux don en matière de psychologie humaine - on retient sa déduction surréaliste d'une main exacte de Wilson, les auteurs parviennent quand même à nous faire avaler une telle improbabilité - il fait volontairement perdre Wilson, puis le fait volontairement gagner selon ses besoins, mais il se fait avoir en se trompant la 3e fois ! Oui, il arrive que House se plante... Tout au long de la partie, l’irritation et l’agacement qui gagnent Cuddy (très douée au jeu) avec mimiques outrées et répliques assassines sont autant de moments comiques à savourer.


Hugh Laurie et Robert Sean Leonard (avec un rôle plus étoffé, pour notre plus grande joie), à la fois complices et toujours en opposition, et Lisa Edelstein, en Cuddy sentant la moutarde lui monter en nez, dominent la distribution. Jennifer Morrison retombe hélas dans la niaiserie (les gros yeux suppliants lors du diagnostic final, ouch, quelle lourdeur !). Un nouveau chef-d'oeuvre !

Infos supplémentaires

- House a un chiffre fétiche : le 42. Une référence bien connue des geeks car 42 est la « réponse ultime » à La grande question sur la vie, l'univers, et le reste selon le Guide du voyageur intergalactique de Douglas Adams. Le problème est que la « question ultime » reste inconnue à ce jour.
Avec Wilson, il a imaginé un code pour s’échanger des informations lors de parties de poker. Il est également un peu magicien (s’amusant à faire disparaître des jetons dans la main).

- House arbore une nouvelle canne, plus « luxueuse » que la précédente. Fait rare, on le voit fumer.

- Wilson met du vernis à ongles sur les pieds. Ah la honte ! Et il semble toujours en pincer pour l’arlésienne « Debbie de la compta ».

- Cuddy a un sein plus petit que l’autre. Mais House a toujours eu l’œil sur ce genre de détail existentiel…

- All in (Tapis en français) est un terme de poker désignant l'action d'un joueur misant l'intégralité de ses ressources sur un coup. Cette action est l'unique possible pour un joueur s'il veut suivre des enchères supérieures à la quantité d'argent qu'il lui reste. Dans ce cas, faire ce coup permet de rester dans la partie comme si on avait payé l'enchère demandée, tout en risquant de quitter la table dès ce coup si on perd. C'est donc une action dangereuse mais courante dans ce jeu. Ici, le titre original désigne aussi bien les différents tapis de Wilson que la décision finale de House qui fait tapis de la même manière lors de sa partie de poker métaphorique contre la maladie.

Erreurs :
- Esther est orthographié « Ester » sur le dossier médical.
- On voit un reflet de caméra à 11’46.
- Le cigare de House disparaît entre deux plans lors de la partie de poker.
- Quand Ian est sous respirateur artificiel, l’oreiller change de place plusieurs fois.
- Ian bouge ses mains en état d’inconscience ou en état d’arrêt cardiaque.
- Lors de la biopsie du cœur, les volets sont tour à tour ouverts ou fermés, et les parents sont tantôt derrière les volets, tantôt dans la salle d’attente.

- La chanson de l’épisode est Deed I do de Fred Rose et Walter Hirsch, chantée par Diana Krall. Hugh Laurie joue au piano Hymn to Freedom d'Oscar Peterson.

Acteurs :

Carter Page (1998) ne semble pas avoir poursuivi sa carrière d'acteur. Son rôle dans cet épisode est à l'heure actuelle son unique référencé.

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18. INSOMNIES
(SLEEPING DOGS LIE)


Scénario : Sara Hess
Réalisation : Greg Yaitanes

- Do you have any idea what it feels like to have a six foot long hose shoved into your large intestine ?
- No, but I now have a much greater respect for whatever basketball player you dated in college.

Une jeune femme, Hannah, n’arrive pas à dormir depuis 10 jours entiers ! Une boîte entière de somnifères n’y change rien. Cameron est en conflit ouvert avec Foreman car il a volé son travail à son profit. Bientôt, il faut une greffe de foie à Hannah, et Max, sa compagne, accepte de lui donner le sien. Problème : House et Cameron apprennent qu’Hannah est sur le point de larguer Max, et Cameron souhaite que Max soit au courant. House tente de la contrecarrer pour ne pas hypothéquer la greffe…

Cet épisode est un des plus profonds de la série. L’intrigue médicale se double d’un superbe problème éthique. Cameron, mise en avant, est un pilier excellent pour l’épisode tandis que le couple saphique Hannah-Max est très touchant mais n’échappe pas à la vision pessimiste du Couple prônée par la série. La touche d’espoir finale est par ailleurs très tordue.

La scène d’intro, sans évanouissement ni convulsions théâtraux, donne un climat d’angoisse et de mystère avec ces plans répétés sur les grands yeux cernés de l’insomniaque. La série met au premier plan ce couple sans insister sur l’homosexualité d’Hannah et de Max comme si elle allait de soi. On remarquera que House ne lâchera aucune blague sur cette relation alors qu’il n’hésitera pas ultérieurement à vanner à répétition sur la bisexualité d’un membre de sa future deuxième équipe. La difficulté du cas est ici particulièrement ressentie, avec quelques scènes assez difficiles psychologiquement : la veille forcée de la jeune femme est ainsi prolongée par House pour qu'il fasse ses tests. L’opposition Cameron-House sur l’éthique de la situation domine l'épisode : Hannah vaut-elle la peine que Max lui donne la moitié de son foie, opération lourde, qui peut lui coûter la vie, sachant que comme récompense, Hannah la quittera dès la sortie de l'hôpital ? House résout vite le dilemme car il ne regarde aucunement le facteur humain : il doit sauver une patiente, donc il doit cacher cette révélation. Que Max soit plaquée par la suite, la belle affaire, du moment qu’Hannah guérisse ! Un pragmatisme s'opposant à la morale défendue par Cameron qui ne souhaite pas une telle manipulation. Les dialogues féroces entre l’immunologue et le diagnosticien sont autant de percutantes flèches lancées, et le suspense de Cameron tentant d'échapper à la surveillance de House est maintenu tout le long. Ce duel est une nouvelle déclinaison de l‘éternel duel Vérité contre Bonheur avec ici une inversion puisque c’est House qui soutient le « bonheur » du couple (mais uniquement pour sauver sa patiente).

Max est courageuse et généreuse. Elle est prête à sacrifier sa vie pour Hannah. Devant incertitudes et doutes, elle manifeste une incroyable bravoure. Un personnage d’une sympathie et d’une compassion rares. Les sentiments, en climax permanent (amour fou de Max, colère de Cameron, mépris de Foreman…) donnent un caractère bouleversant, presque opératique, à l’ensemble. Bien qu’Hannah ait le mauvais rôle, elle n’est coupable que de frivolité, faiblesse tristement humaine. On n’est pas si loin de la douce amoureuse qu’est l'Emma Pillsbury de Glee. La surprenante révélation finale est à double tranchant : elle est dans la traditionnelle vision pessimiste du Couple, car Hannah est frivole et Max joue au chantage affectif. Leur relation est désespérément tordue et immorale (au sens des sentiments). Hannah est maintenant otage, prisonnière de sa dette envers Max qu’elle ne peut plus quitter sans culpabiliser. Malgré la lueur d'espérance finale, ça reste bien ironique. Jayma Mays, bien aidée par des maquilleuses efficaces est convaincante en malade souffrant le martyre, et la sobriété de Dahlia Salem sous-entend à merveille toute la passion de Max.

Un autre atout de la série est le conflit Foreman-Cameron, qui prend peu à peu conscience d'être dans un univers d’hypocrites et d’arrivistes. Refusant qu’une telle bassesse soit dans la nature humaine comme le lui dit House, sa naïveté est telle que le réveil n’en est que plus foudroyant. Le cas Martha Masters dans la saison 7 ira même encore plus loin. La force de l’épisode doit beaucoup à leurs affrontements avec un Foreman inhabituellement cynique et manipulateur. Omar Epps est génialement surprenant en opportuniste antipathique. Sa tirade finale à l'adresse de Cameron soutient la comparaison avec les plus grandes méchancetés de House ! Cameron, c’est aussi l’histoire d’une jeune femme qui n’a pas encore troqué son idéalisme béat d’enfant contre un réalisme brut et dur d‘adulte (alors que son veuvage précoce l’a rendue mature sur d’autres points). Elle s’en débarrassera bientôt, mais le prix qu'elle paiera sera cher… La scène où Cuddy lui conseille de se venger enfonce le clou. Cuddy rappelant que la vengeance est un sentiment agréable, qui n’a même pas besoin de motif pour se justifier. Un décidément triste constat sur la nature humaine. Jennifer Morrison réussit très bien son numéro d’idéaliste qui se fait posséder par moins fair-play qu’elle.


La série renoue pour notre plus grande joie avec les cas secondaires : House, à la demande d’une jeune chinoise, lui prescrit la pilule à l‘insu de sa mère présente - qui ne parle que le mandarin - Malheureusement, les choses ne se passeront pas comme prévu : la résolution est d’un burlesque rafraîchissant au milieu du drame intense qui se joue par ailleurs.

Dans la rubrique attention les yeux : gare à l'hideuse chemise à fleurs de Cameron, c'est assez traumatisant...

Infos supplémentaires

- Nouveau talent de House : il parle correctement le mandarin. Il dit à Mrs.Ling dans cette langue « Félicitations, vous allez être grand-mère ! ».

- House, en faisant un somme, utilise comme oreiller Gray’s anatomy ce qui est moins une référence à la série du même nom (à une lettre près) qu’au livre lui-même, classique de la littérature médicale en anatomie humaine, écrit en 1858 par Henry Gray. Il est toujours étudié aujourd'hui.

- Le sous-titrage français est erroné : il indique que sans sommeil, les neurones se régénèrent. Bien entendu, ils ne se régénèrent pas du tout dans ce cas !

Acteurs

Jayma Mays (1979) est surtout connue pour son rôle d’Emma Pillsbury dans la série musicale à succès Glee (61 épisodes), et celui de Debbie dans The Millers (34 épisodes). Son rôle dans Dr.House est un des tous premiers de sa carrière. Elle a joué aussi dans Joey, Six feet under, Studio 60 on the sunset strip, How I met your mother (2 épisodes), Ghost Whisperer, Ugly Betty (8 épisodes), Heroes (6 épisodes), etc. Dotée d’une belle voix et d’un talent naturel de comédienne, elle a obtenu son diplôme en théâtre avec une mention de félicitations unanimes. Elle perce de plus en plus dans le monde du cinéma avec davantage de rôles principaux.

Dahlia Salem (1971) décide de sa vocation d’actrice grâce à Jessica Lange. D’origine égyptienne, cette belle brune s’est lancée tôt dans sa vocation. New York 911, Les Experts, Les Experts : Miami, JAG, Urgences (7 épisodes), Esprits Criminels, Castle, Médium (épisode La femme aux deux visages), US Marshals, Private Practice, Touch, Body of proof... font partie des séries auxquelles elle a participé. Elle reste cependant connue grâce à son rôle de Claire Walsh dans 134 épisodes du soap opera Hôpital central. Elle a également ouvert un laboratoire de chocolat « Amélie » (en hommage à Amélie Poulain).

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19. HOUSE CONTRE DIEU
(HOUSE VS. GOD)


Scénario : Doris Egan
Réalisation : John F. Showalter

You talk to God, you're religious ; God talks to you, you're psychotic.

Boyd, un adolescent de 15 ans, a une foi si grande en Dieu qu’il est capable de faire des miracles de guérison. Lors d’un sermon où il guérit une vieille femme, lui-même est pris de violentes douleurs et s’écroule. House, athée pur et dur, méprise ouvertement son patient qui étonne son équipe par ses dons. Boyd interfère de plus dans le cas de Grace, une cancéreuse condamnée, patiente de Wilson, et prétend l’avoir « guérie ». Quelques heures plus tard, le cancer incurable de Grace se résorbe. House est effaré et tente de trouver et une explication rationnelle et la maladie de Boyd…


On se demande vraiment à quoi carburent les scénaristes qui enchaînent les chefs d’œuvre avec une régularité sidérante ! Les épisodes « religieux » ont souvent été des succès au sein des séries, que ce soit X-Files (L’Eglise des miracles, Révélations…), La Quatrième Dimension (Enfer ou Paradis ? L’homme qui hurle…) et tant d’autres. Dr.House ne fait pas exception avec cet épisode qui s’intéresse à la question de la foi, et celle, souvent risquée, des miracles. La confrontation House/Boyd et l’évocation de la religion permettent des scènes fortes et pleines de réflexion entre les travaillées scènes médicales, jusqu’à son étourdissante conclusion. L’épisode se hisse au niveau du bouleversant L’erreur est humaine (saison 1), il reste un des meilleurs épisodes de toute la série. Il est à noter que Supernatural reprendra le thème d'un "mécréant athée" face à un guérisseur religieux dans le bouleversant Magie noire, avec une réussite égale dans le traitement de la foi et des miracles.

House l’athée est face à Boyd le croyant, et cet affrontement d’acier donne une entraînante saveur pimentée. Leur duel idéologique et verbal est scénarisé avec une maîtrise totale, dont les temps forts sont soulignés par l’hilarant tableau de scores qui compte les points de chaque côté. Le match prendra fin de la meilleure façon possible avec en plus une possible ouverture. Boyd est un des patients auxquels les scénaristes ont attaché le plus de soin. L’ardeur de sa foi le rend ainsi très vivant. Dès l’intro où sa foi donne un enthousiasme communicatif sidérant à l’assemblée, on a une bonne idée du personnage. Mais c’est un garçon qui a de la cervelle car, tout guérisseur qu’il est, il sait que les médecins sont nécessaires et fait donc confiance à House. Il se distingue par-là de sœur Augustine (L’erreur est humaine) qui, animée par sa seule foi, se négligeait alors que lui-même fait attention. Il a la tête dans les cieux mais les pieds sur terre (Just because I believe in prayer doesn't mean I don't believe in germs and toxins). Il donne ainsi ironiquement le mauvais rôle à House, qui l'est non pas à cause de son athéisme mais de son mépris.

Lorsque House est lui-même confronté à plusieurs « miracles » de Boyd, il essaiera (et réussira !) à chaque fois de trouver une explication rationnelle. Une telle opposition permet d’excellents échanges et House contre Dieu n’en est pas avare. Ainsi House tente de destabiliser son patient avec des sarcasmes sur ses pouvoirs de guérison et surtout sur sa foi, principe indémontrable et irrationnel par nature. Boyd répond avec la solidité et la confiance qu’il a en Dieu. Ca crépite ! Le sommet est atteint quand Boyd, en pleine crise (hallucinatoire ou mystique ?), touche Grace, une cancéreuse incurable, en prétendant la guérir... et voilà le cancer résorbé !

Une nouvelle fois après Protection reprochée, on mesure combien les tendres qualités de Wilson le jettent dans des situations pas possibles : son affection pour Grace l'a conduit à coucher avec elle ! Côté jus de crâne concentré, il y a son intense joute verbale avec House d’une grande puissance rhétorique et théologique : Être croyant implique-t-il être soumis à une autorité ? Pourquoi croire à un concept qu’on ne peut prouver scientifiquement ? Les athées ont-ils peur de Dieu et cachent-ils leur peur par la négation de son existence ? Une chute sinistre clôt ce cas de manière éblouissante : Boyd, en dépit de sa croyance solidement ancrée, a « pêché ». Ce « pêché » explique que bien qu’étant presque un saint, Boyd reste homme avec les tentations qui vont avec. Et son père, oubliant que la confiance en Dieu ne le dispensait pas de ses devoirs de père, retrouve la vue à l'issue du cas. La jubilation de House d’avoir trouvé la faille chez Boyd est tempérée par Wilson qui lui rappelle qu’il est mal placé pour donner des leçons. Boyd finit par quitter House en bons termes (et réciproquement) dans une jolie scène pudique. De plus, son « don » n’a pas disparu : il ne provenait pas de sa maladie. Doris Egan ne prend pas parti, présentant simplement les débats avec son brio coutumier.

Mieux encore : la révélation sur le cancer de Grace peut autant s’expliquer comme un miracle que comme un enchaînement rationnel de circonstances hautement improbable (mais possible). Aussi, Dieu et House marquent un point chacun d’où l’évidence du score terminal. On touche au sublime avec le twist final : Boyd a bel et bien guéri Grace mais pas dans le sens physique : dans le sens spirituel. Avant, Grace était résignée et sans joie sur son cancer incurable. Son expérience avec Boyd a ravivé son feu intérieur : animée par une foi toute neuve, elle retrouve le goût de vivre : si son corps va mourir, son esprit, lui, mourra en pleine force ; elle triomphe de ses démons grâce à la foi. N’est-ce pas là une forme de guérison ? D’autant que si on lit attentivement les déclarations de Boyd, il ne lui a jamais promis une rémission corporelle, simplement une « guérison ». Tout était sous-jacent… L’adresse de Doris Egan dans l’écriture de son histoire est admirable. Une fin lumineuse.

On dit parfois que pour un acteur, le sentiment le plus difficile à interpréter est la foi religieuse. Si c’est le cas, on ne peut qu’applaudir vivement la performance de Thomas Dekker qui rend saisissant la foi intense de son personnage. Le choix de Tamara Braun, actrice de soap, pouvait faire ricaner à l’avance ; mais elle livre une composition douce et claire qui surprend agréablement. Royal Hugh Laurie qui se déchaîne sans compter dans son rôle d’athée condescendant mais plus troublé qu’il ne veut le faire paraître. Robert Sean Leonard confirme qu’il est un grand comédien en restituant les errements, les paniques, et les convictions de son personnage. Jesse Spencer a presque un rôle d’amuseur dans cet épisode, qui lui sied très bien. Jennifer Morrison et Omar Epps jouent sous tension. Un sans-faute !

Infos supplémentaires

- Stacy est Taureau.

- Wilson, pour entrer chez House, frappe quatre coups rapprochés. Signe de connivence ?

- Dekker cite l’évangile de Matthieu 13:44-47 : la parabole du trésor caché où le Christ explique à son auditoire que le royaume de Dieu est comme un trésor caché dans un champ. Lorsqu’il l’a trouvé, l’Homme, pour l’avoir, vend tous ses biens pour acheter le champ. Une manière de dire que les biens spirituels sont plus durables et plus forts que les biens terrestres.

- House fait référence à la chanteuse et actrice Lindsay Lohan (1986) dont la trajectoire professionnelle en dents de scie, son investissement dans la mode, et ses démêlés avec la justice (vol ou plus souvent état d’ivresse) ont fait les choux gras des magazines people. Il fait aussi référence à un de ses films où elle jouait : Lolita malgré moi (2004).

Acteurs

Thomas Dekker (1987) a eu le privilège de jouer le rôle principal de John Connor dans 30 épisodes de la série Terminator, les chroniques de Sarah Connor et celui d'Adam Conant dans The secret circle (22 épisodes). Il tourne son premier rôle à 6 ans. On l’a vu également dans Les feux de l’amour, une nounou d’enfer, Star Trek : Générations et Voyager (2 épisodes), Boston Public, Les Experts, Backstrom (8 épisodes), Sept à la maison, Heroes (12 épisodes), etc. Il poursuit une belle carrière au cinéma avec des films comme Kaboom, Freddy les griffes de la nuit (remake), Le village des Damnés (remake), Angels Crest, etc. Il est également compositeur, influencé par le classique, l'électro, et la folk.

Tamara Braun (1971) s’est surtout fait connaître en jouant dans plusieurs soaps : La force du destin (82 épisodes), Des jours et des vies (138 épisodes) et surtout Hôpital central (515 épisodes !!!). Elle est apparue dans 2 épisodes de Saving Grace et Buffy contre les vampires (La métamorphose de Buffy et Un charme déroutant), mais aussi dans Sept à la maison, Cold Case, Le Caméléon, Ghost Whisperer, FBI portés disparus, Les Experts, Castle, La diva du divan, Supernatural (épisode Les trois épreuves), etc.

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20. DE L'AUTRE CÔTÉ...
(EUPHORIA. PART 1)


Scénario : Matthew V. Lewis
Réalisation : Deran Sarafian

- I can't even imagine the backwards logic you used to rationalize shooting a corpse.
- Well if I'd shot a live person, there'd be a lot more paperwork.

Joe Luria, policier, procède à une arrestation quand il est saisi d’euphorie soudaine, n’arrêtant pas de rire bêtement. L’interpellé lui colle alors une balle dans le crâne et Luria s’écroule, toujours en riant. House envoie Foreman inspecter la maison du flic qui est une vraie porcherie. L’état du patient se dégrade mais cela n'attire que les rires et les ricanements de Foreman : il a lui aussi attrapé la maladie, et est confiné dans la chambre stérile où est installé le flic. Une course contre la mort s’engage…


Au milieu de cette cavalcade à en avoir le vertige d’épisodes tous aussi géniaux les uns que les autres, apparaît (tout aussi génial) le premier véritable double épisode de la série, souvent synonyme de réussite. Et en effet, l’épisode joue à fond la carte du suspense et construit une ambiance délétère psychologique qui monte dans un crescendo tendu. Matthew V. Lewis, à mon sens le meilleur auteur de la série avec Doris Egan, imprime d'emblée une écriture d'une intensité continue. Dans cette première partie, il faut un peu de temps pour que s’installe l’angoisse mais elle ne lâchera bientôt plus le téléspectateur.

L’intro en elle-même, presque en caméra subjective, est déjà assez flippante avec ce flic rigolard qui continue de se marrer même après avoir reçu une balle. L’épisode démarre tranquillement mais sous le signe de l’humour noir, avec les piques de House, et aussi celles de Foreman, bien en verve, bien en haine envers la police (lié à son passé de voleur ?) et dont la condescendance (scène de radiographie) fait penser à House. Ou encore la scène énorme de House flinguant un cadavre (défilé de blagues à la clé), ou Luria prétendant que son appartement est « clean » alors que même une soue de cochons est d’une impeccable propreté à côté. Ses vannes foireuses apportent un élément décalé drôlatique… mais Foreman attrape à son tour la maladie ; et par une subtile transition, l’humour s’efface devant l’avancée du drame. Il y'avait déjà des prémices quand Foreman trouvait comique une crise presque fatale de son patient, plus affolante que drôle.
Sinon, on peut remarquer une nouvelle preuve que House (et son interprète) a un certain succès auprès de la gent féminine : regardez le beau sourire de la femme du commissariat...

L’atmosphère se noircit, et on peut l'attribuer à la réalisation de Deran Sarafian (qui fera encore mieux en saison 7 avec The After Hours) et à la photographie de Roy H.Wagner qui jouent intelligemment de lumières plus pâles, lugubres, comme si une ombre maléfique s’étendait sur l’hôpital. La tension prend rapidement une jubilante dimension « crispatoire » quand l'hyperalgésie du flic devient presque insoutenable : il souffre et ni la morphine, ni - pire - le coma, ne peuvent l’empêcher de ressentir une douleur inhumaine. La terreur de Foreman à l’idée d’endurer mille morts à son tour est donc très horrifique. Plus que la peur de la mort, la peur de souffrir est très présente dans l’esprit humain, nous rappelle l'épisode. Le geste désespéré de Foreman sur Cameron, où il semble atteindre le point de non-retour, est frappante. Ses remords tardifs sont tournés en dérision mais cette fois par Chase. Monde cruel… Le cas se poursuit sans réelle avancée et l’effondrement physique des deux patients est vraiment effrayant. Entre euphorie et douleur, Scott Michael Campbell joue remarquablement.

La maladie de Foreman permet à House de faire tomber un masque : il veut rester lui-même mais ne peut s’empêcher de se trahir : il met son cynisme en veilleuse, arbore des expressions pensives et impatientes, et surtout, devant un Wilson toujours aussi observateur, se montre d’une prudence inédite : Foreman est davantage qu’un patient et House ne parvient pas, pour une fois, à être neutre. Le House qui emmerdait tout le temps Foreman, est obligé ici de montrer le lien qui l’unit à lui. A force de côtoyer une personne durant quelque temps, on nourrit un lien envers cette personne, même s’il n’est pas forcément positif (on en reparlera lors du final de la saison 4). House se moquait de l’investissement excessif de sa patronne dans Culpabilité mais se retrouve piégé à son tour.


Cameron n’y échappe pas non plus. Alors qu’elle a toutes les raisons du monde d’haïr ce jerk qu’est Foreman, elle s’investit au maximum pour essayer de le sauver, prétextant qu’elle « ne fait que son job ». Le jeu aussi tranchant que l’acier de Jennifer Morrison nous laisse dans une excitante indécision : est-elle aussi neutre qu’elle le prétend ? Ou un effet de sa nature angélique ? Sans doute les deux comme le remarque House. Malgré qu’elle ne soit pas croyante, Cameron se comporte comme telle, en essayant d’aimer son entourage, qui souvent le lui rend si mal. Elle est décidément le personnage le plus étranger de la série (et donc un des moins intéressants), mais, paradoxe, elle y apporte beaucoup de valeur. Elle est le plus proche de nous et son identification au spectateur est plus évidente que les autres personnages.

On note l’adresse de la fin : quelques scènes lentes et calmes pour donner un sentiment de détente, mais lorsque Cameron se rend compte que la théorie de House est fausse, la scène s’accélère brusquement (eh oui, les portables, c’est pas toujours fiable !) avec un dernier suspense cravaché : les plans filent à toute allure pour déboucher sur un tétanisant cliffhanger qui tombe comme un couperet… To be continued !


Infos supplémentaires

- Premier épisode sans diagnostic final. Cinquième échec de House : son patient meurt d'une maladie inconnue. C'est cependant un semi-échec car Foreman est encore en vie.

- La présence de Scott Michael Campbell n’est pas anodine. Il avait déjà tourné avec Hugh Laurie dans le film Le vol du phénix (2004). Pendant le tournage du film, Laurie passa son audition pour être dans le casting de Dr.House, et c’est Campbell qui lui donna la réplique lors de l’audition filmée (disponible d’ailleurs dans les bonus de la saison 1).

- Foreman n’aime pas les flics. Il a de bonnes connaissances en matière de balistique et en particulier sur les balles de révolver. Rodney, son père, est très croyant.

- House n’est pas fort en mathématiques. Même notre cher docteur a ses limites…

- House fait référence à West Side Story (1961), appelant le flic « officer Krupke ».

Erreurs :
- Lorsque Joe augmente sa dose de morphine, elle atteint le niveau « 16 », mais quand Foreman lui demande d’augmenter encore la dose, Cameron répond qu’il a dépassé 20.
- Quand Baby Shoes tire sur Luria, il tient le révolver dans ses deux mains. Au plan suivant, avec la balle partant au ralenti, il tient le révolver que dans une seule main.
- Lorsque Luria est victime d’un saignement de l'œil, ledit œil, à certains plans, n’a pas de trace de sang.

Acteurs

Scott Michael Campbell (1971) obtient à 20 ans son diplôme en art dramatique. Il a surtout fait sa carrière à la télévision, jouant dans un incroyable nombre de séries, notamment Urgences (7 épisodes), A la maison blanche, Les Experts, Les Experts : Miami, Grey’s anatomy, NCIS, NCIS : Nouvelle-Orléans (épisode Careful What You Wish For), Gilmore girls, Cold Case, 24 heures chrono, Boston Justice, Burn notice, Esprits criminels, The Shield, Private Practice, Southland, Bones, Supernatural (épisode Seuls sur la route), Dexter, Castle, Touch, Masters of sex, etc. On l’a vu cependant dans quelques films dont Mission Evasion, Die hard 5, et Le secret de Brokeback Mountain.

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21. ...AU SUIVANT
(EUPHORIA. PART 2)


Scénario : Russel Friend, Garrett Lerner, et David Shore
Réalisation : Deran Sarafian

- Joe's death elevates this situation to a bio-safety level three.
- Call Jack Bauer.

Luria est mort, et Cuddy, par crainte d’une épidémie, refuse envers et contre tous son autopsie. House, Chase, et Cameron repartent de zéro et tentent par tous les moyens de retarder la mort d’un Foreman brisé par la douleur et l‘angoisse. Rodney, le père de l’infortuné docteur, vient à la clinique tenter de réconforter son fils…

La deuxième partie de l’épisode est un pur joyau de suspense entraînant et angoissant. La crainte d’une fin horrible pour Foreman se fait fortement sentir. ...Au suivant s’impose comme un nouveau chef-d’œuvre total par son scénario implacable et lancinant.

Les confrontations House-Cuddy, laissées de côté depuis un certain temps, reprennent des couleurs. La position que doit prendre Cuddy permet en effet des disputes féroces : seule contre tous, elle assume courageusement sa difficile décision de ne pas entreprendre l’opération qui pourrait sauver Foreman, pour ne pas risquer une épidémie mortelle. Cuddy donne l’image d’une femme émue mais contrainte de faire passer la sécurité de tous avant la vie de son employé. Le jeu magistral de Lisa Edelstein entre femme de cœur que directrice impitoyable semble l'évidence même. Rodney Foreman ne peut que tristement approuver tandis que House bouillonne d’exaspération, ne voyant pas qu'il cède, lui, à l’émotion, contrairement à Cuddy qui parvient à rester neutre, soit une géniale inversion des rôles par rapport à Humpty Dumpty.
Rodney Foreman est un père aimant, réfléchi, et calme, judicieux contrepoint aux autres esprits à fleur de peau. Certes, il est dévoré d’angoisse mais ne veut pas que la douleur ou l’hystérie ne lui fasse perdre la tête. Un beau personnage sincère, et la scène de l’église fait comprendre que House a du respect pour cet homme, ce qui est rare venant de sa part ! La scène où Rodney (excellent Charles Dutton) étreint la main de son fils, tout en pudeur, avant sa plongée dans le coma est très émouvante, sans pathos graisseux. Le cas est toujours aussi passionnant et stressant. Quelques scènes brutales dérogent à la sobriété de la série pour électriser cet épisode plus écorché que la moyenne comme l'énorme cocktail de pilules, le fracas spectaculaire de la fiole, ou démence de Foreman faisant ployer Cuddy sous une rafale de violences verbales.

L'épisode ne laisse aucun réconfort au calvaire de Foreman ; il en est ainsi de l'endurcissement de Cameron refusant de pardonner à Foreman aux portes de la mort, ne lui laissant rien pour apaiser sa conscience. Cette scène surprenante et imprévue est une démonstration éloquente de la série à se tenir éloignée de toute émotion invraisemblable. Alors, le revirement de Cameron n’est pas contradictoire : sa peur et sa sympathie reprennent le dessus, elle le fait au dernier moment, sous la pression, sans réfléchir. La série joue très habilement de la psychologie de ses personnages. Le rebondissement scénaristique central voyant subitement Cameron seul maître à bord est une trouvaille royale. House, meilleur rempart pour Foreman, se voit paralysé, ce qui fait encore monter la sauce. Le jeu métallique de Jennifer Morrison se fond parfaitement dans le suspense de l'épisode, et Hugh Laurie fait sentir dans ses moindres détails tout le trouble de son personnage, avec un talent pantagruelique.

La course contre la montre finale fait penser à un 24 heures chrono hospitalier (référence non anodine à l'agent secret le plus tourmenté des séries télé), avec un taux de Sat O2 chutant inexorablement en guise de tick-tock infernal. La résolution finale, loin de baisser la pression comme à l‘habitude, la renforce encore, et nous sommes suspendus à la coda avec son mini-cliffhanger, dernier trait de génie. On remarquera l’ironie de la situation finale : alors que pendant tout l’épisode, on cherchait la maladie qui a tué Luria, la maladie est trouvée simultanément à la fin par trois moyens différents ! Omar Epps a un jeu d‘une intensité ravageuse hyperréaliste. Sa performance va en crescendo, de la moquerie et du cynisme jusqu‘à ses explosions de rage.

Au milieu des ténèbres, apparaît un cas secondaire vraiment pas piqué des hannetons ! Une mère s’inquiète que sa petite fille ait des troubles corporels bizarres. House trouve rapidement le diagnostic (à tomber par terre !) ce qui lui permet des petites saillies d’un comique enfantin irrésistible. On retient aussi le spectacle de House et Wilson espionnant « Steve McQueen » pour savoir si le rat va tomber malade, une scène d’un surréalisme que n'aurait pas renié Scrubs. Euphoria constitue au final un des sommets du suspense hospitalier.


Infos supplémentaires

- En consultation, House donne une sucette à une petite fille. C’est le monde à l’envers !

- Première apparition de Rodney Foreman, le père d’Eric. La mère de Foreman est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Nous la verrons dans l'épisode Mauvaises décisions (saison 3). Nous apprenons aussi que Foreman a un frère mais nous ignorons tout de lui pour le moment, si ce n’est qu’il s’est éloigné de sa famille. Nous le verrons dans l'épisode Passage à l'offensive (saison 6). Fait rare, Foreman appelle Cameron par son prénom lors de sa crise d’angoisse : Allison.

- House fait référence à la chanteuse Alanis Morissette et à sa chanson Ironic (1996) quand il se moque de Cuddy sur le fait que faire ses heures de consultation est comme s’il pleuvait le jour de son propre mariage.

- House fait référence à la série 24 heures chrono en disant que la situation d’urgence de l’hôpital exige l’intervention de Jack Bauer. Il cite aussi en consultation des petites phrases enfantines inspirées des films Les divins secrets, Le monde de Némo, et La marche de l’empereur pour ne pas prononcer le mot « masturbation ».

- La chanson de l’épisode est One Safe Place de Phil Galdston et Marc Cohn, et chanté par ce dernier.

Acteurs

Charles Stanley Dutton (1951) reviendra dans la série avec le même rôle dans l’épisode Mauvaises décisions (saison 3). Il commença bien mal avec une détention illégale d’armes et un mauvais comportement en prison, ce qui lui valut en tout sept ans et demi en geôle. Il découvrit le théâtre lors de son incarcération, et se reconvertit à sa libération en intégrant un groupe de théâtre. Depuis, il a réussi sa reconversion, en jouant au théâtre, dans plusieurs films (Alien 3, Compte à rebours mortel, Fame…) ou des séries comme Equalizer (épisode Embuscade), Deux flics à Miami, FBI portés disparus (2 épisodes chacun), Cagney et Lacey, Oz, Les Soprano, Esprits criminels, Les Experts : Manhattan, Earl, Esprits criminels, The Good Wife, Longmire (6 épisodes), Los Angeles police judiciaire, sans oublier The L Word (épisodes Locatrices, Lacis, Lancinante, et La croisière s’amuse), etc.

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22. A LA VIE, A LA MORT
(FOREVER)


Scénario : Liz Friedman
Réalisation : Daniel Sackheim

Seizures : cool to watch, boring to diagnose.

Brent Mason surprend sa femme Kara en train de convulser dans sa baignoire. Pire, elle a lâché Mikey, leur bébé, dans l’eau. Le bébé et sa mère sont dans un état critique. L’équipe de House se demande si Kara a eu un délire cérébral ou si elle a voulu tuer consciemment son enfant. Foreman, se remettant de son mal, est désormais d’une sérénité à toute épreuve ce qui irrite son boss qui ne le reconnaît plus. Chase, lui, a pris de la distance en changeant provisoirement de poste. Cuddy a invité Wilson à dîner. Wilson est certain que c’est un rencard, House, non. Qui a raison ?...


Au sein d’une saison 2 d’une richesse à en rester baba, cet épisode détonne brusquement. Trop sérieux, A la vie, à la mort enchaîne les péripéties médicales propres à la série en mode automatique, sans surprise. Malgré une fin bien noire, toute l’histoire reste statique, se résumant à une suite de diagnostics différentiels barbants. Heureusement, les histoires annexes (Foreman sympa, rendez-vous Cuddy-Wilson, motivations de Chase…) donnent un peu de fantaisie à cet épisode trop rigide.

L’introduction est un remarquable trompe-l’œil mais le reste ne suit pas. La série veut nous refaire le coup de la grosse émotion avec un bébé (et sa mère) gravement malade, souvent synonyme d’épisode médiocre dans la série - on en reparlera en saison 5. Ce chantage à l’émotion convoque tous les clichés des autres séries hospitalières (scènes tire-larmes, inquiétude lourde des parents...). Ce cas ne doit son salut qu’à la solide interprétation de comédiens très sobres. Liz Friedman passe d’un cas à l’autre avec un collage douteux, elle n’arrive pas à insuffler la tension nécessaire, du moins pas avant le revirement central. Peu à peu, les atours de l’épisode finissent par devenir de plus en plus sombres, se parant d’un suspense qui joue avec nos nerfs. La fin est malheureusement trop outrancière : la scénariste veut à tout prix plaquer sa fin terrible - c'est en effet un des échecs les plus cinglants de House - mais au mépris de toute psychologie. Kara est peut-être fragile, mais renoncer volontairement à sa planche de salut sous prétexte d'une culpabilité aussi massive que fictive alors qu'elle a toujours son mari, ne passe pas. En mère de famille paniquée par ses pulsions, Hillary Tuck fait du bon travail. Kip Pardue, le mari, est plus anecdotique.

Première apparition d’une relation certes mineure mais originale : le « Wuddy » (relation Wilson-Cuddy).

Cuddy a invité Wilson à dîner. Evénement assez ahurissant qui entraîne des scènes très cocasses dans le triangle House-Cuddy-Wilson : Que ce soit House qui s’introduit dans le bureau de Cuddy, la poubelle de Cuddy étalée sur le bureau de Wilson, le dîner totalement foireux, l’examen secret de la patronne jusqu’à l’abattement final de Wiwi ; on s'amuse. On n'oublie pas la case émotion avec la solitude et la souffrance de Cuddy, décidément très différente entre sa vie professionnelle et sa vie intime si vide. Ce dernier point n'est que suggéré, évitant ainsi un focus sentimentaliste hors sujet. Le comportement de House retient l’attention. Se moquant ouvertement de Wilson, il se démène pour démontrer que le but de Cuddy était davantage professionnel que romantique. Toujours via l'implicité, l'auteur nous fait voir qu'il s'agit moins d'une pique "amour vache" qu’une marque de jalousie. Et on voit ici les premiers symptômes de ce qui deviendra le « Huddy » : avec un House plus intéressé envers sa patronne qu’il ne veut le montrer. Ce genre d'histoire classique dans les séries hospitalières a comme différence un ton aussi pétillant qu'une opérette de Strauss, une absence de sérieux délicieuse. Le Wuddy refera son apparition dans la saison 5, avec le même triste résultat pour l’oncologue.

Le comportement fuyant de Chase nous intrigue mais on est plus attirés par sa sensibilité, qui finit par constituer un des axes de l’épisode. Son désarroi est particulièrement poignant lors de la mort du bébé, n’arrivant plus à travailler. Il faut que House le secoue de manière assez directe pour qu’il arrive à se reprendre. Sa prière avant l'autopsie est mêlée de confiance, de chagrin, et de colère. Une foi peut être ébranlée par un choc (comme Foreman lors de sa maladie) et Chase, déjà en conflit avec Dieu, ne sait comment apprivoiser une telle situation. Chase est un personnage plus intéressant qu’il n’y paraît et on ne peut qu’être énervé de le voir tout le temps à l’arrière-plan. Jesse Spencer - enfin ! - au premier plan, joue remarquablement la crise existentielle et de foi de son personnage, perdu au milieu d’un monde cynique et injuste, au bord de l’abandon.

La comédie de House essayant de casser la sérénité de Foreman est très drôle, mais on ressent un malaise quand il parvient à détruire son calme par un nihilisme ici vu comme triomphant, soit un basculement dans l'excès : l'éthique de House a toujours été plus désespérée que convaincue. La série, pessimiste dans son ton, a toujours défendu les résurrections psychologiques ; ici, elle viole une de ses règles, se complaisant dans du noir mal dosé - elle reproduira la même erreur en début de saison 5.

Infos supplémentaires

- Sixième échec de House. Le bébé meurt avant que la maladie a été découverte, et la mère, se sentant coupable, se laisse mourir.

- House est fan de la série The L Word (sans le son). Il prend son café noir.

- Nous apprenons que Rowan Chase a déshérité son fils Robert.

- Début du « Wuddy », la relation (amicale) entre Wilson et Cuddy.

- Cameron prépare de piètres cafés ; du moins, au goût de House…

- Référence à l’épisode Leçon d’espoir lorsque House demande à Chase s’il a choisi de travailler temporairement en néo-nat pour embrasser des petites filles de 9 ans.

- House fait une allusion au Magicien d’Oz (1939) en comparant Foreman au personnage de Scarecrow.

- La soundtrack de l’épisode est constituée d’Over Yonder d’Howard Hunt Jr, chantée par The American Boychoir, et la Salsa Habanero de Wayne Jones.

- Erreur de continuité : lorsque l’on voit le bébé à l’hôpital pour la première fois, il a un bas noué autour du pied gauche, puis la fois suivante, au droit, et au plan encore suivant, à gauche.

Acteurs

Hillary Tuck (1978) commence à tourner dès l’âge de 15 ans dans quelques publicités avant de s’ouvrir à la télévision et au cinéma. Elle est par ailleurs danseuse accomplie (jazz et moderne). Elle est très active au sein des associations de sourds et malentendants. Elle a joué dans les séries FBI portés disparus, Cold Case, The Closer L.A (épisode Rédemption), Bones, Ghost Whisperer, Grey’s anatomy, US Marshals, 90210 Beverly Hills nouvelle génération, Mentalist, NCIS, etc. Elle est cousine de Dennis Quaid.

Kip Pardue (1975) a commencé par le football américain et le baseball, puis par le mannequinat avant de se tourner vers le cinéma. Il a joué dans quelques films (Les lois de l‘attraction, Le plus beau des combats, Hostel 3, etc.) avec un certain succès. Il n’a pas suivi de carrière à la télévision. On citera entre autres Sept à la maison, Urgences (6 épisodes), Mad men (2 épisodes), et Ray Donovan (5 épisodes).

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23. DE PÈRE INCONNU
(WHO'S YOUR DADDY ?) 


Scénario : Lawrence Kaplow et John Mankiewicz, d'après une histoire de Charles M. Duncan et John Mankiewicz
Réalisation : Martha Mitchell

I'm a really good secret keeper, I never told anybody that Wilson wets his bed... Oh, you tricked me.

Dylan Crandall, une vieille connaissance de House, lui confie Leona, sa fille malade qu’il vient de retrouver 16 ans après sa naissance, et victime de l‘ouragan Katrina. House est persuadé que Leona n’est pas sa fille et qu’elle tente d’escroquer son « père ». Cuddy souhaite un don de sperme et demande conseil à House pour choisir le bon donneur…


Cet épisode nous laisse encore plus frustrés que le précédent. Le cas, trop présent, est d’une indigence rare. Heureusement, cet épisode plat est sauvé d’extrême justesse par des scènes « Huddy » piquantes et drôles. De père inconnu peut être considéré comme le plus correct des épisodes mauvais ou le plus mauvais des épisodes corrects.

L’épisode tente de s’intéresser à l’actualité avec le fameux ouragan Katrina qui dévasta la Nouvelle-Orléans en 2005. Mais alors qu’on aurait pu s’attendre à des critiques vitriolées sur tout ce qui concernait la catastrophe (gestion calamiteuse, misère, inégalités ethniques…), l’épisode reste en surface, sans jamais étudier la question. La superbe série Treme est à conseiller pour ceux que ça intéresse. Diagnostics différentiels secs, manque d’humour, tempo soporifique, rebondissements mous du genou, interprétation mécanique… l’épisode ne décolle jamais. Les états d’âme de Crandall sont téléphonés. Ses scènes où il veut se convaincre qu’il est bien le père ne tiennent que grâce à la performance du comédien. Le trio des docteurs est impuissant, même l'acidité de House semble s’être diluée au contact du lénifiant général de l’épisode. La recrudescence de la douleur de House aurait pu donner des scènes intéressantes mais se limite seulement à plus de déambulations dans l’hôpital. Inoffensif…

On distingue ça et là quelques perles dans la fange générale : House vannant son camarade naïf, se montrant faussement sadique avec Leona (Supernatural n'aurait pas renié la scène d'hallucination). L’interrogation Dylan est-il le père ? donne un suspense relatif qui se résout assez élégamment par un énième mensonge de House mais permettant une belle scène de réconciliation. C'est une des rares fois où notre docteur ne respecte pas son credo de vérité, laissant en paix Crandall. House se révèle comme quelqu'un de secrètement généreux. Il l'est à sa manière : en étant ironique, méprisant, froid. D.B.Sweeney est correcte, mais Aasha Davis qui ne fait que crier ou ne rien dire est vite crispante.

Le Huddy fait une belle avancée. D’abord, la tenue de Lisa Edelstein est diablement sexy, mettant bien en avant sa poitrine et ses longues jambes. Cuddy cherche un donneur de sperme et consulte House sur la personnalité des prétendants. Cette intrigue aurait pu être indigente, mais les scénaristes envoient balader toute lourdeur par un humour permanent. House se déchaîne contre Cuddy (la scène du prétendant 613 avec un Christopher Carley en benêt hors classe est un superbe peloton d'exécution), mais on sent qu'il est frustré d’être tenu à l’écart de sa vie privée. Fait rare, il gardera le secret de Cuddy, alors qu’il ne l’aurait fait pour personne d’autre (même pas Wilson) : preuve de son intérêt.

Les deux scènes d'injection sont appetissantes par leur soupçon d'érotisme et les attitudes d'House et Cuddy faisant penser à deux amants interdits s‘accordant une brève étreinte illicite. La scène finale est un modèle de litote amoureuse où Cuddy (plus belle que jamais), les yeux humides par l’émotion, refuse au dernier moment d'accorder à House la preuve de confiance qu'il lui demandait implicitement - House préfererait crever que d'avouer ce qu'il ressent, mais ne trompe personne - Plus que Laurie, mal servi par des dialogues moyens, c'est Lisa Edelstein qui est en vedette, elle trouve de savoureuses expressions à chaque séquence, et rend vivant les premières étincelles du Huddy.

La scène où Ingrid (America Olivo, déjà vue dans A bout de nerfs) fait le massage à House dans une position, euh… équivoque, est franchement hilarante, et compense un cas secondaire peu travaillé. On remarquera que le répondeur de House est très accueillant envers ceux qui veulent le contacter (Huhum), et que notre médecin favori s’adonne à la morphine, ce qui n’est pas sans rappeler le modèle Holmésien.

Infos supplémentaires

- Unique scénario de la carrière de Charles M. Duncan.

- Aasha Davis joue la possible fille de D.B.Sweeney bien qu'elle n'ait que trois ans de moins que lui.

- House n’aime pas Mozart (Wolfgang Amadeus). Personne n’est parfait…

- Wilson pisserait au lit d’après House. On se demande comment il est au courant…

- L’ami de House s’appelle Crandall comme la costumière de la série Cathy Crandall.

- House fait référence au show Bill Nye, the science guy (1993-1998), émission scientifique pour enfants qui fut très appréciée. Nye est reconnu pour ses talents de pédagogue.

- House fait remarquer à Cuddy que le patient 613 a un « numéro juif ». En effet, La Torah compte 613 mitzvoth ou « commandements » que doivent respecter les juifs pratiquants. Les mitzvoth comportent 365 prescriptions négatives (nombre de jours dans une année terrestre) et 248 prescriptions positives (nombre de parties du corps humain). Le choix de ce numéro s’explique par la valeur du mot « Torah » en hébreu, qui en notation guematria classique - l‘alphabet hébraïque donne aux lettres des valeurs numériques - vaut 611. Si on ajoute les deux premiers commandements du Décalogue que les juifs entendirent de Dieu lui-même, on obtient 613. D’ailleurs l’expression be Torah (« dans la Torah » ) vaut aussi 613.

- La chanson de l’épisode est Tipitina de et par Roy Bird.

Acteurs

Daniel Bernard Sweeney (1971) eut un accident de moto qui mit fin à ses rêves de joueur de baseball professionnel. Il se tourna vers le théâtre puis commença à apparaître au cinéma avec plusieurs films (dont deux sur le baseball), surtout au cours des années 90. Il a ensuite diversifié son activité en l’étendant à la télévision. Il a joué dans les séries Harsh Realm (9 épisodes), Au-delà du réel - l’aventure continue, Les Experts, Les Experts : Miami, Les Experts : Manhattan, Esprits Criminels (3 épisodes), 24 heures chrono, Major crimes (2 épisodes chacun), Hawaï 5-0, Castle, The Closer L.A (épisode Sous surveillance), Touch (4 épisodes), Mon oncle Charlie (10 épisodes), etc.

Aasha Devis (1974) a surtout fait sa carrière à la télévision. Son rôle le plus connu étant celui de Racey Jones dans The Unwritten rules (30 épisodes). Elle a joué dans les séries Boston Public, Gilmore girls, The Shield, Urgences, Grey’s anatomy (2 épisodes), Esprits criminels, Castle, etc.

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24. HOUSE À TERRE
(NO REASON)


Scénario : David Shore, d'après une histoire de Lawrence Kaplow et David Shore
Réalisation : David Shore

You pretend to buck the system, pretend to be a rebel, claim to hate rules. But all you do is substitute your own rules for society's. And it's a nice, simple rule: tell the blunt, honest truth in the starkest, darkest way. And what will be, will be. What will be, should be. And everyone else is a coward. But you're wrong. It's not cowardly to not call someone an idiot. People aren't tactful or polite just because it's nice. They do it because they've got an ounce of humility. 'Cause they know that they will make mistakes. They know that their actions have consequences. And they know that those consequences are their fault. Why do you want so bad not to be human, House ?

Alors que House et son équipe travaillent sur Vince, un patient à la langue enflée ; Jack Moriarty, un de ses anciens patients, entre, et tire deux balles de révolver sur House !! House se réveille deux jours plus tard aux côtés de son agresseur, touché par un vigile et transporté dans la même salle que lui. House s’aperçoit que sa jambe est guérie, mais que son cerveau a été atteint suite au traitement expérimental décidé par Cuddy. House veut résoudre le cas du patient à la langue enflée mais ce cas devient vite absurde, d’autant qu'il n’arrive à plus à distinguer le réel de l’imaginaire…

Quand Dr.House rencontre Inception

Un de mes épisodes préférés. La saison 2 se termine en feu d’artifice avec ce brillant scénario à tiroirs, multipliant fausses pistes, réalité, et illusions, plongeant le spectateur dans un effarant labyrinthe logico-sémantique. L’épisode revisite le principe du verrou temporel - on se croirait devant une version sombre et onirique d'Un jour sans fin - que House doit absolument briser pour sortir de cette situation ubuesque. Cet épisode co-écrit et réalisé par David Shore, le créateur de la série, est un pic absolu.

Tout comme le Lundi des X-Files, cet épisode de piège temporel est parsemé de scènes d’humour à croquer. Mais à la différence de Vince Gilligan et John Shiban, Shore se sert du comique pour renforcer l'impression d'enfermement insoluble et stressant. Le cas médical devient rapidement d’une absurdité démente. Les symptômes deviennent tellement abscons que House envisage les possibilités les plus débiles (le patient n’est pas humain, son corps n’en est pas un, aucun appareil ne marche…), symptomatique de la confusion générale. L’état du patient devient si catastrophique qu’il en devient comique - mention aux explosions de l'oeil et du testicule - On se prend à rêver de ce que Dana Scully aurait dit si elle avait dû autopsier le corps. Les discussions de l’équipe, larguée, donnent un savoureux comique de répétition, mais ce crescendo de bizarrerie loufoque imprime simultanément un crescendo de malaise et d'effroi alors que la frontière réel/imaginaire ne cesse de s'estomper et d'emprisonner House.

La première bascule dans l'imaginaire se produit sans qu'on s'en aperçoive. L'affrontement à fleurets mouchetés entre House et la belle Judy est une scène forte où l'âme du diagnosticien mise à nu n’offre aucune défense. Mais nous ne nous attendons pas non plus aux autres hallucinations qui se multiplient. Du coup, le labyrinthe infernal se referme aussi sur le téléspectateur, prisonnier de ce scénario en vase clos. Plus nous avançons, plus nous prenons conscience que House passe de plus en plus de temps dans l’imaginaire. Voir House et Moriarty manger tranquillement dans un restaurant en blouse de malade est d’un surréalisme tordant, car en réalité, ils ne sont pas là et seul House parle, Moriarty devenant son double, l’interrogeant sur le sens des réalités et de la vie avec des dialogues merveilleusement écrits. Leurs discours sur la nature du réel rappellent un autre classique du verrou temporel : Peine Capitale, épisode très ambigu de La Quatrième Dimension.

Moriarty (un nom très Holmésien) devient le Némésis de House, qui pointe ses contradictions : Pour fuir à tout prix son appartenance au genre humain, House ne respecte pas les règles iniques de la société. Mais en les remplaçant par ses propres règles, son "anti-système" devient en lui-même un système, version ironique du paradoxe de Russell. En mode hallucinatoire, le trio n’est qu’une émanation d’un autre double de House. Aussi, les diagnostics différentiels tournent toujours court, puisque il ne parle qu'avec lui-même (sous-texte : House n'est pas performant sans les autres, le comble pour un misanthrope), il faut donc qu'il accepte de perdre le contrôle, dans l'espoir de trouver la sortie de son cauchemar fractal, telle est la conclusion de Moriarty. Mais à la vue des multiples illusions qui frappent House, on voit que cette méthode, perversement, l'empêche de résoudre ce problème : dans les deux cas, il est perdant. Le piège de Moriarty semble indestructible.

La séance de psychologie avec Wilson est encore plus réussie : Si House n’est pas heureux d’avoir retrouvé sa jambe grâce au traitement de Cuddy, ce n'est pas parce que son cerveau qui est tout ce qui lui importe chez lui a été grillé au passage, c’est parce que son handicap était partie intégrante de sa personnalité : le martyr qui souffre mais n'en tire aucune leçon. Son amour de l’anti-conformisme jusqu’àu pathétisme est une excellente définition du personnage. Mais la séance vire à un interrogatoire terrible lors d'une séquence d’une intensité dramatique à couper le souffle, avec des angles de caméra bizarres comme une réalité qui commence à perdre pied. Piégé dans ses niveaux oniriques à rendre fou, House voit que son cerveau est grillé. Lorsque Moriarty lui fait comprendre avec justesse que, cerveau grillé, il n'a plus aucune raison de vivre, House comprend qu’on l’invite à accepter la mort. Mais le twist final des ultimes secondes est particulièrement stupéfiant, nous faisant voir TOUT l’épisode avec un autre œil ! D’autant qu’il vient juste après la scène de « révélation » qui restera comme la scène la plus gore de toute la série. Une brutale bascule.

Les fans du Hameron sont à la fête avec deux scènes très suggestives. Dans la première, House défie Cameron qu’elle ne pourra pas le toucher car cela impliquerait « un contact physique trop sexuel »… mais elle le touche et l’échange de regards entre les deux est très révélateur : Cameron est fascinée derrière sa dureté, House est entre sarcasme et désir. S'il n’a jamais aimé Cameron, il l’a désirée, certainement. La deuxième scène est plus explicite avec la machine à microcoupures relevant lentement le chemisier de la jeune femme… une charge sexuelle intense se dégage de cette scène, aussi lourde de sens qu’une étreinte charnelle... mais pas encore de baiser (rendez-vous en saison 3). On apprécie fort la savante ambiguité entre Hugh Laurie sur orbite durant tout l'épisode et une Jennifer Morrison au jeu expressif libéré de ses cabotinages précédents.

La réalisation de David Shore est très agitée : c'est sans doute l’enthousiasme du débutant. Mais la fièvre permanente de son jeu de caméra est brillante dans un épisode aussi puissant, réussissant quelques plans ingénieux (panoramique du bureau de Cuddy, zoom arrière et floutage de visage, cadrages audacieux). Bref, le créateur de la série montre qu’il est à l’aise derrière une caméra. Elias Koteas est le choix parfait pour jouer tant l'assassin menaçant que le double inconscient et tordu de House.

Cet épisode est un vrai miracle de scénario et de réalisation. La quintessence de la série est tout entière concentrée dans cet épisode, pourtant très particulier et sortant du carcan habituel de la série. A ne manquer sous aucun prétexte !


Infos supplémentaires

- Première réalisation de David Shore (sur un de ses scenarii), le créateur de la série. Il explique que « pour réaliser cet épisode assez barré, il fallait prendre quelqu’un qui n’y connaissait rien ! ». Shore réalisera un deuxième épisode : Tout le monde meurt (saison 8), qui est le final de la série.

- Premier épisode où on voit House marcher normalement.

- Deuxième épisode sans diagnostic final. Mais là, il s'agit d'une erreur des scénaristes : Vince, le patient à la langue enflée, est bel et bien réel, mais on ne saura jamais sa maladie, ni s'il en a réchappé.

- Gregory House est né en Ohio le 11 juin 1959 selon le bracelet médical qu’il porte. Il s’agit également de la date de naissance de Hugh Laurie. House a les narines qui bougent quand il dort. Il compare Vince à Harpo Marx, un des cinq frères Marx qui dans les films ne parlait jamais, se contentant d’un comique intégralement visuel.

- Des membres de l’équipe ainsi que Hugh lui-même étaient embarrassés lors de la scène où House utilise le robot pour ouvrir le chemisier de Cameron. La légendaire pudibonderie américaine...

- Hugh Laurie insista pour que la scène d’intro le montre en bonne santé, pour rendre un vrai contraste avec le reste de l’épisode. Elle fut difficile à tourner car le faux sang ne jaillissait pas au bon moment lors du coup de feu.

- La langue boursouflée est bien entendue une prothèse, et l’aiguille à biopser une aiguille rétractable. Shore devait jouer le chirurgien mais finit par refuser, arguant qu’il « passe mal à l’écran ». Cette scène fut tournée 8 fois !

- La femme décédée du patient s’appelle Judy dans le script. Il s’agit du prénom de la femme de David Shore. Sympa ! Le nom du tireur, Moriarty (le pire ennemi de Sherlock Holmes, modèle de House) est dans le script, mais jamais prononcé dans l’épisode car « C’était trop gros » prétend David. Pourtant, Wilson ne se généra pas pour mentionner une certaine Irène Adler - la seule femme qui tint en échec le célèbre détective - dans l’épisode Le divin enfant (saison 5). A noter qu’Elias Koteas fut le premier choix de David Shore pour jouer le personnage.

- Le plan partant du haut du restaurant mexicain pour aller jusqu’à House en train de parler est inspiré du premier plan du pilote (hors intro et générique) : Bryan Singer filmait les pieds de Wilson et House parlant pour remonter jusqu’à eux. Dans plusieurs plans de la scène du restaurant, on voit l’image de la « main de Dieu » extrait du tableau La création d’Adam de Michel-Ange, un ajout fait par Shore. Par ailleurs, 8 prises furent nécéssaires pour tourner le monologue de Moriarty avec House feignant de dormir.

- Robert Sean Leonard et Jesse Spencer faisaient semblant de marcher sur le tapis roulant : en marche, il était trop bruyant et couvrait le dialogue.

- Le dialogue House-Cuddy sur le seuil de la salle de consultation fut la première scène tournée de l’épisode. Ce simple dialogue convenait pour assurer les débuts de Shore derrière la caméra.

- La scène du testicule qui explose est une idée de Lawrence Kaplow.

- Les trois robinets des toilettes marchaient véritablement, ce qui est rare dans un décor crée de toutes pièces.

- Shore avait envisagé de supprimer la scène avec Cameron étendue sur la table d’opération, mais l’équipe lui en dissuada. La machine à microcoupures (ainsi que le garage) a été inventée de toutes pièces spécialement pour l’épisode.

Acteurs

Elias Koteas (1961) a étudié à l’American Academy of Dramatic Arts puis à l’Actors Studio de New York. Il décroche par la suite beaucoup de rôles cinématographiques (près de 70 films), devenant un des acteurs canadiens les plus populaires, dont la notoriété s’étend grâce à son interprétation d’un scientifique pervers dans Crash de David Cronenberg, dont il est un comédien récurrent dans ses films (tout comme ceux d’Atom Egoyan). Jouant aussi au théâtre (Broadway…), c’est surtout au cinéma qu’il est le plus connu : Les Tortues Ninja, Bienvenue à Gattaca, La Ligne rouge, Zodiac, Two lovers, L’Etrange histoire de Benjamin Button, The Killer inside me, Shutter Island, etc. Son investissement dans le grand écran fait qu’il ne s’est pas beaucoup intéressé à la télévision. Il a joué dans Les Soprano, Traffic, Les Experts : Manhattan, The Killing US (10 épisodes), etc. et a joué Alvin Olinsky dans Chicago P.D. (33 épisodes).  

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TOP 5 DE LA SAISON 2

1. House à terre : Labyrinthe onirique infernal mélangeant un cas médical exceptionnel, le thème du verrou temporel, les questionnements sur la réalité et sur nos désirs, les joutes rhétoriques, le monde de l’absurde, la frontière réalité-imaginaire, et du bon gore ! Une ambiance de cauchemar sans fin se dégage de cet épisode qui dose savamment humour et drame jusqu'à sa chute retentissante.

2. House contre Dieu : La série aborde la question des miracles et de la foi religieuse avec une intensité qui laisse pantois. Sans prosélytisme, la série nous offre un superbe duel spirituel entre le rationnel et l’inexplicable, grâce à des dialogues ciselés au millimètre.

3. Confusion des genres : Une attaque en règle contre le triomphe des apparences via le mannequinat. Le cas médical est un des plus passionnants de la série, l’humour, dévastateur, les situations, très insolites, et la chute spectaculaire est digne de La Quatrième Dimension !

4. De l'autre côté/Au suivant : Ce double épisode est un bijou de suspense féroce et d'humour noir. Cette haletante course-poursuite Hitchcockienne contre un ennemi inconnu est soutenue par la composition hallucinante d’Omar Epps.

5. Bonheur conjugal : Un choix douloureux pour cette cinquième place. Leçon d’espoir, Partie de Chasse, Désirs Illusoires, Douze ans après, ou Insomnies la méritaient tous. Mais Clueless se distingue par sa noirceur indélébile et tragique, et par Samantha Mathis, en état de grâce.


Accessits d’honneur : Désirs Illusoires, Douze ans après, Insomnies.

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Crédits photo: FOX.

Images capturées par Clément Diaz.

 saison 1 saison 3

DR HOUSE

SAISON 4


PRÉSENTATION DE LA SAISON 4

Saison de « transition » entre la première et la seconde équipe, la saison 4 de la série en constitue aussi son apogée. L'inspiration des scénaristes semble sans limite, créant des épisodes poussant le suspense à leur paroxysme, maîtrisant l'humour le plus joyeux, les dialogues les plus crépitants (on rivalise avec les meilleures sitcoms), et se montrant d'une profondeur encore plus abyssale dans les thèmes traités. La grève des scénaristes de 2007 qui toucha de plein fouet plusieurs séries, contraignit la production de ramener le nombre d’épisodes de 24 à 16. Une concision forcée, qui a interdit tout épuisement narratif.

La saison 4 se divise en quatre périodes. La première est constituée par le premier épisode (Tout seul) : seul après le départ de son équipe, House frôle un échec retentissant en voulant résoudre un cas sans aide. Il se résigne à avoir une nouvelle équipe et recrute 30 candidats pour les éliminer au fur et à mesure.

La deuxième va de l’épisode 4.02 à l’épisode 4.09. Elle décrit l’élimination progressive des candidats jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que 3. Les cas sont de purs miracles d’enquêtes trépidantes et enlevées, couronnées par des jeux de massacre en tous genres grâce aux candidats qui jouent chacun pour soi, et par House qui « s’amuse » avec eux.
En réalité, la production cherchait des acteurs pour succéder au trio initial - qui reste cependant à l’écran malgré un temps de présence bien plus réduit - Mais la série avait atteint de tels succès (19 millions de spectateurs en saison 3) que la liste de candidatures fut très fournie. Elle eut alors une idée inédite à la télévision : procéder à la sélection par les épisodes eux-mêmes !! Les scénaristes donnèrent des figures types aux prétendants (garce manipulatrice, fille secrète, mormon rigoriste, alter ego de House…) et au fur et à mesure, éliminèrent des acteurs. Précisons que malgré ce que l’on voit à l’écran, la sélection se passa dans une très bonne atmosphère de cordialité parmi les comédiens.

La troisième période va de l’épisode 4.10 à l’épisode 4.14. Elle se caractérise par la mise en place de l’équipe finalement retenue. La deuxième équipe est très différente de la première, mais sa fraîcheur et son potentiel à s’insérer dans la « dramedy » sera pour beaucoup dans la longévité de la série. L’unique ship de la saison s’y trouve, et sa brièveté concise ainsi que ses aspérités en feront un excellent ship.

Enfin, la saison se termine par un double épisode (4.15/4.16) qui compte parmi les plus grands « season finale » de tous les temps. D’une intensité fulgurante, d’une émotion douloureuse, elle achève cette merveilleuse saison par un tonitruant feu d’artifice de désespoir et de noirceur. Une pareille force a été rarement égalée à la télévision. Il n’est pas anodin qu’il soit quasi unanimement déclaré « meilleur épisode de toute la série » non seulement par les fans, mais aussi par les acteurs eux-mêmes !

La foudroyante apothéose finale portera un coup terrible à la série dont elle ne s’en remettra jamais totalement. Cette saison et ce finale forment la consécration ultime du respect de tous les codes que s'est imposé la série dès son départ. A partir des saisons suivantes, elle n’arrivera plus à respecter toutes les nombreuses règles du cahier des charges. Pour éviter l’immobilisme, elle injectera des éléments étrangers à son univers, perturbant sa qualité. A cause de cela, la seconde moitié de la série est moins bien considérée que sa première. C'est un jugement pourtant hâtif, car les quatre dernières saisons se rattraperont sur un terrain audacieux : la psychologie. Davantage que la saison précédente, c’est bien une page entière qui se tourne pour Dr.House. Mais en attendant, plongez dans la meilleure saison de la série...

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1. TOUT SEUL
(ALONE)





Scénario : Peter Blake et David Shore, d'après une histoire de Peter Blake
Réalisation : Deran Sarafian

This will be the longest job interview of your life. I will test you in ways that you will often consider unfair, demeaning, and illegal. And you will often be right. Look to your left. Now look to your right. By the end of six weeks, one of you will be gone. As will 28 more of you.

Deux semaines après la dissolution de son équipe, House n’est toujours pas pressé d'en recruter une nouvelle, malgré les insistances de Cuddy. Il lui propose un marché : s’il arrive à trouver sans aide le diagnostic de Megan Bradberry, 26 ans, victime de l’effondrement de son lieu de travail, mais aux curieux symptômes, elle devra encore attendre. Cuddy accepte. Mais House s’aperçoit bientôt que la jeune femme avait beaucoup de squelettes dans son placard, qu’elle cachait à sa mère et à son petit ami. Pour faire pression sur House et l’inciter à recruter, Wilson kidnappe sa guitare…


La fin de la saison 3 laissait House sans équipe. Comment la série va-t-elle gérer ce tournant ? Quelle sera la nouvelle équipe ? Avec malice, David Shore diffère la réponse en commençant cette nouvelle saison par un épisode de transition. Une démonstration de l’impossibilité pour le médecin le plus misanthrope de l’histoire des séries télé de travailler seul. Nous avons vu qu’une des forces de la série est la « méthode socratique » utilisée par le diagnosticien : ses subordonnés parlent, font des propositions, lui permettent d’ouvrir et de supprimer des possibilités, et trouve par élimination. Enlevez l’équipe, que reste-t-il ? Un homme sûr de lui, à l’intelligence encyclopédique, mais curieusement moins efficace. C’est le sujet de ce cas médical passionnant, mélangeant tension et comédie avec brio. L’épisode se conclut par ailleurs par une fracassante chute finale d’une cruauté noire qui rappelle les grandes heures de séries telle Alfred Hitchcock présente. Une vraie réussite.

Après le spectaculaire effondrement d’immeuble qui sert de prélude, on enchaîne au bon vieux rituel de Cuddy la psychorigide lançant une nouvelle tempete verbale avec un House dont on ne jurerait pas qu'il n'a pas pris un peu de poudre euphorisante. Après ce tonique début, l’épisode persévère dans la comédie en braconnant sur les terres du débridé Scrubs avec des gags franchement massifs. House se rend vite compte qu’il ne peut rien faire tout seul. Comme il ne l’avouera pas à Cuddy pour la faire enrager, il va s’arranger durant tout l’épisode pour obtenir de l’aide, tandis que Cuddy tente de le contrer à chaque tentative, avec des succès divers. Cette situation loufoque est une tonitruante machine à gags, mais d'une ironie grinçante, car montrant la dépendance de House à des collaborateurs, ce que son ego prend mal. Le message de la série est évident : le génie seul ne peut pas faire grand-chose, la réussite est une affaie d'équipe. Nous avions déjà vu dans Y’a-t-il un médecin dans l’avion ? (saison 3) que même la présence de trois quidams qui ne connaissent rien à la médecine suffisait à stimuler House qui va donc s’adresser au concierge de l’hôpital pour un premier diagnostic différentiel qui frise la parodie pure, Il faut voir l’air effondré de Cuddy quand elle découvre le pot-aux-roses.

House cependant risque la vie de sa patiente par sa vantardise, et cela inquiète sa patronne. S'ensuit un amusant comique de répétition où Cuddy jure qu’elle n’aidera pas House… pour finalement se raviser et l’assister (rappelant le chantage de House dans Acceptera ou pas ? [saison 3]), avant de rechanger d’avis, puis de revenir l’aider, etc. Lisa Edelstein (toujours aussi affriolante), se surpasse en cyclotymique stressée. Cela culmine lorsqu’elle fait une annonce à tout l’hôpital demandant de ne pas aider House… et que House la piège à son propre jeu ! Aucun doute, on est pas au Cook County ici… Simultanément, Wilson se surpasse en «  kidnappant  » la guitare de House et reprend tous les gimmicks des kidnappings : voix grave et menaçante au téléphone, lettre anonyme, torture de «  l’otage  », nouvelles de ce dernier, demande de rançon, tentative de libération... Robert Sean Léonard démontre une fois de plus ses dons de comique avec cette histoire absurde. Les vengeances de House (la telenovela, le cancéreux…) sont tout aussi drôles. On n’oubliera pas non plus une floraison de dialogues percutants.

En dépit de tous ses gags, Tout seul est un épisode très sombre par la gravité de son cas principal, obéissant à la recette de la série de toujours mélanger avec un grand équilibre le comique et le tragique. Les maquilleurs de la série n’ont pas perdu la main en métamorphosant une ravissante jeune femme en blessée grave recousue et sanguinolente ! La mise en scène aux tons gris, parfois assez glauque de Deran Sarafian, a tout à fait sa place. Le cas repose sur une succession d’improbabilités de plus en plus énormes, qui seraient burlesques si la situation ne se compliquait pas davantage, jusqu’à distiller un profond malaise. L’épisode nous interroge aussi sur la clé de bien des conflits conjugaux : jusqu’où doit-on accepter de ne pas connaître entièrement son conjoint ? S’il est nécessaire de lui laisser un espace personnel, à partir de quand cet espace met-il en péril le couple ? Ben, à sa grande horreur, voit une autre femme se dessiner devant lui, qui n’est plus la femme qu’il croyait aimer : une femme alcoolo, droguée, dépressive… Les révélations consécutives assomment également la mère de l’intéressée, dépassée par les événements. On notera que comme beaucoup de mères, elle a du mal à approuver les fréquentations de sa progéniture. House trouve là un moyen de confirmer sa célèbre maxime Tout le monde ment ! Et il s’en donne à cœur joie avec une jouissance parfois destabilisante. Conor Dubin en amoureux falot, et Kay Lenz, en mère égarée, sont convaincants en personnes confrontées à l’effondrement de leurs mondes. La scène où House reçoit le soutien inattendu d’une jeune doctoresse (Kathryn Adams, vue dans le finale de la saison 3), clône avoué de Cameron, est également réussie.


Nous savons que La série est inégalable quand il s’agit de faire triompher les apparences, mais l'horrible twist final n'en est pas moins un gros coup à l’estomac. Ce cas de plus en plus dément n’est pas sans rappeler celui de House à terre (saison 2) que House résout pareillement par l'application d'un proverbe de son modèle Sherlock Holmes : Lorsque vous avez éliminé l'impossible, tout ce qu'il reste, même si c'est improbable, est forcément la vérité. Le tout se voit couronné par une magnifique discussion avec Cuddy qui remet son employé à sa place et lui expose froidement que les «  faiblesses » de ses employés l’auraient paradoxalement aidé. Faire des faiblesses humaines une force, voilà bien l’ultime trait de génie de cet épisode. La fin montre House prêt à commencer son impitoyable sélection de médecins. Sa tirade finale, au-delà du cynisme, nous fait espérer un écrémage sauvage… eh bien, on ne sera pas déçus, parole de fan !

Infos supplémentaires :

- Aka. La corde sensible.

- 2e apparition du Dr.Hourani. 2e et dernière apparition de l'infirmière Imelda (Xhercis Mendez).

- Le twist final de l'épisode est en fait inspiré d'un accident arrivé à Grant County, Indiana, en 2006.

- La guitare de House est une Flying V 67 à 12000 $. Dans la première scène, il joue des riffs de Van Halen, un groupe de hard-rock-heavy metal réputé pour ses prouesses techniques instrumentales.

- Wilson apprend l’espagnol en regardant El fuego del amor, une telenovela (soap-opera espagnol) fictive.

- Plusieurs références cinéma : lorsque Wilson effectue la mise en scène avec une boîte en carton, cela fait bien sûr référence au final du film Se7en. Pendant leur dispute téléphonique, House et Wilson font référence à Raid sur Entebbe, un téléfilm américain devenu un film de Irvin Kershner, réalisé en 1976. Enfin, House, lorsque personne ne lui répond, se croit être dans un film de M.Night Shyamalan. Ce réalisateur est en effet renommé pour ses films fantastiques aux situations bizarres.

- Cet épisode fut diffusé le 25 septembre 2007 aux Etats-Unis soit environ presque quatre mois après le dernier épisode de la saison précédente qui était diffusé le 29 mai. Or, Cuddy révèle que House est sans équipe depuis près de deux semaines. Le temps de la série diffère donc du temps "réel", là où les trois premières saisons restaient ambiguës.

- Le titre de cet épisode en VF fait plus ou moins référence à une chanson de Didier Sustrac sortie en 1993.

- C'est le premier épisode où Jesse Spencer (Chase) et Omar Epps (Foreman) sont totalement absents. C'est le deuxième où l'on ne voit pas Jennifer Morrison (Cameron). Réapparition de Katheryn Adams, dans le rôle d'un médecin.

- House fait équipe avec un concierge, ce qui est sans doute un clin d'oeil à Scrubs. Il a de la chance que ce ne soit pas celui du Sacred Heart Hospital...

- Dans l’introduction, quand Ben encourage Mégan à voir Un nouvel espoir, il argumente : c’est pas cette connerie où Greedo tire le premier. Il fait référence à une controverse née de cette scène du film appelée «  Han shot first  ». Originalement, Han Solo (Harrison Ford) abat le chasseur de primes Greedo sans sommation. Mais en 1997, pour la version remasterisée, la scène fut changée et Solo ne tue Greedo qu’après que ce dernier lui ait tiré dessus (et l’ait manqué). George Lucas justifia ce choix pour ne pas choquer les enfants du comportement peu chevaleresque de Han. Toutefois, la plupart des fans originels (comme Ben) furent mécontents de ce choix qui fait perdre l’ambiguité du personnage, présenté d’abord comme un anti-héros peu commode avant sa métamorphose. Le fait que Greedo, sensé être un professionnel, rate sa cible à deux mètres ne convainquit pas non plus. Si les deux versions existent ; de nos jours, c’est la scène originale qui est la plus plébiscitée.

Acteurs :

Conor Dubin (1976) est apparu occasionnellement dans des séries télé : Spin City, New York 911, Les Experts, Les Experts : Manhattan, Cold Case, NCIS, FBI portés disparus, Bones, etc.

Kay Lenz (1953), fille d’un producteur de séries TV, tourna dès son plus jeune âge dans des séries, téléfilms et publicités. Elle continua dans cette voie, jusqu’à avoir une petite notoriété en ayant le premier rôle dans Breezy de Clint Eastwood (où elle joue la jeune maîtresse de William Holden). Malheureusement, malgré un talent certain, elle n’arriva jamais à transformer l’essai au cinéma, la télévision demeurant finalement le terrain où elle est la plus reconnue. Elle a ainsi participé à Clair de Lune (épisode Cendrillon), L’homme de fer (épisode Cold hard cash), Les rues de San Francisco (épisode Le harem), Gunsmoke, Cannon, Capitaine Furillo, Magnum, Cagney et Lacey, Arabesque, MacGyver, Lois et Clark, Urgences, JAG, NCIS, New York unité spéciale, Cold Case, The Closer L.A. (épisode Garde rapprochée), Southland, Les Experts, Bones, etc.

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2. LE BOULOT DE SES RÊVES
(THE RIGHT STUFF)


Scénario : Doris Egan et Léonard Dick
Réalisation : Deran Sarafian

Luckily, violence is not the last resort - extortion is. So go ahead : extort her.

House a recruté pas moins de 30 candidats pour les trois postes à pourvoir de sa nouvelle équipe. Le premier tour des éliminatoires se joue sur le cas de Greta Cooper, jeune capitaine de l’armée de l’air postulante au rang d’astronaute, atteinte soudainement de troubles visuels et auditifs. Elle demande à House que son nom ne figure nulle part pour ne pas que sa hiérarchie apprenne sa maladie. Sans rien dire à Cuddy, House ordonne aux postulants diverses tâches, certaines en rapport avec la patiente, d’autres... beaucoup moins. House a toutefois des doutes : il a croisé brièvement dans l’hôpital Chase, Cameron, et Foreman. Le problème est qu’ils ont tous quitté l'hôpital depuis leurs départs...


Jeu de massacre, acte premier. The right stuff constitue la véritable entame de saison. L’élimination successive des postulants donne des scènes méchamment drôles. Ce prétexte comique va donner un dynamisme vitriolé et hilarant à toute la première moitié de la saison. House se déchaîne avec ses nouveaux jouets, se moquant d’eux à chaque fois qu’il ouvre la bouche. Ajoutez que les candidats sont sans pitié les uns contre les autres, et vous avez une idée de la chaude ambiance qui règne. La galerie de portraits représente un microcosme du genre humain dans sa globalité, mais ornés de quelques excès joyeusement croquignolle : de la garce manipulatrice à la naïve étrangère en passant par le faux sage… Mais Doris Egan et Léonard Dick n’oublient pas qu’une succession de sketches ne fait pas une histoire, et le cas médical qu’ils imaginent est d’un grand intérêt. On n’oubliera pas l’étonnant twist final, ni l’histoire secondaire avec les «  visions  » de House. Bref, une fulgurante entrée en matière !

L’épisode engage une farandole endiablée de dialogues assassins et de personnages craquants. Parmi les prétendants, une bonne dizaine (les acteurs les plus sérieusement envisagés) sont au centre de la scène. Donner à chacun l’occasion d’exister en 42 minutes tenait de la gageure. Mais si les personnages ne sont pas à égalité - certains sont transparents et quittent la partie assez tôt (Numéro 11), d’autres sont encore inexistants (Dr.Desai, Dr.Brennan, aucun rapport avec Temperance !) - la plupart ont leur mot à dire, preuve d'une habileté d'écriture certaine de l'épisode.

Parmi ceux qui émergent du choeur, Chris Taub (Peter Jacobson) n’intervient qu’aux moments les plus critiques, mais il est très compétent. C’est lui qui sauve la situation désespérée à la fin avec une idée hallucinante mais la seule possible. Taub n’a pas peur d’aller loin pour sauver sa patiente, et on voit déjà en lui le docteur plein d’idées mais très posé. Henry Dobson est joué avec une malice désarmante par le grand Carmen Argenziano. Tout comme le Jacob Carter de Stargate SG-1, son personnage est intelligent, qui cache son jeu. La découverte de son secret par House à la toute fin est mémorable, même House reconnaît qu’il y est allé fort ! Ses vannes, ses ruses, et son sang-froid en font un personnage qui sied bien à la série. Lawrence Kutner (Kal Penn) se fait virer par sa maladresse (le coup de l’incendie dans la chambre hyperbare est assez énorme) mais se rattrape in extremis en proposant un traitement à la House tout à fait estomaquant. Son culot d’acier qui le pousse à revenir dans l’amphithéâtre après son renvoi ne manque pas de piquant ! Numéro 13 (Olivia Wilde) étonne par un air monolithique et froid. Si son interprète a un registre encore limité, elle a déjà compris l’ambiance de secrets autour de son personnage (elle est la seule à ne pas vouloir dire son nom), et on sent déjà la femme qui joue sur du velours. Mason (Jonathan Sadowski) est un arriviste qui n’hésite pas à trahir House pour Cuddy pour se faire bien voir de la patronne. Jeffrey Cole, le mormon (Edi Gathegi) est celui qui bénéficie de la partition la plus étendue de l’épisode. Son duel théologique avec House vaut le coup d’œil, où le diagnosticien athée utilise carrément des arguments chrétiens pour le convaincre de boire de l’alcool… pour ensuite les resservir pour défendre la thèse opposée ! House manipulateur des mots, la chose n’est pas nouvelle, mais on marche à chaque fois. Cole est attentif, réfléchi, et sait être souple avec ses croyances, complexifiant son personnage.

Mais le postulant le plus frappant, le personnage le plus intéressant de cette saison 4, voire même un des plus intéressants de toute la série, est celle que House va surnommer «  l’abominable garce  » (cut-throat bitch). J’ai nommé Amber Volakis ! Jouée par une Anne Dudek qui n’hésite pas à enfoncer le clou, elle a le rôle le plus jouissif de la saison, son caractère fait irrésistiblement penser à celui de House. Glaciale, manipulatrice (se débarrassant d'une demi-douzaine de rivaux en 60 secondes chrono), adepte de la délation, hypocrite, elle menace cependant de tomber dans ses propres pièges. Prête à tout pour avoir ce poste, elle n’épargne rien ni personne. Enjoy !

L’épisode séduit également par son côté McGyver : pour ne pas donner satisfaction à Cuddy, House interdit tout examen officiel à la patiente à ses candidats. Du coup, chacun doit déployer des trésors d’ingéniosité pour répondre aux attentes de House. Ainsi, ceux qui se montreront les plus audacieux (Kutner, Taub, Amber…) auront le droit de se faire martyriser encore une semaine tandis que ceux qui seront trop prudents ou trop attachés aux règles sont éliminés (Ashka). On voit un point capital dans les valeurs de House : il ne punit pas les erreurs si elles sont nées d’un coup d’audace, ou d’un désir de sauver le patient malgré l’éthique. Pour lui, oser quitte à se tromper est une qualité déterminante chez un médecin - ce qui expliquera pourquoi Numéro 13 évitera le renvoi dans un épisode ultérieur. Lorsque Wilson dit que House ne choisira pas ses élus pour leurs qualités médicales, il est loin d’avoir tort. Il a encore plus raison lorsqu’il prédit à House qu’il choisira des candidats très éloignés de lui car ainsi il les supportera mieux, ce qui expliquera l’élimination de certains médecins par la suite. L’épisode nous interroge sur les limites de la déontologie et sur les critères par lequel nous choisissons notre entourage. Nos relations marcheront d’autant mieux si elles ne nous ressemblent pas, car nous cherchons chez les autres ce que nous n’avons pas (principe qui marche aussi, bien que plus partiellement en amour). Le choix final de House répondra à merveille à cette assertion, que vérifiait aussi sa première équipe.

Plusieurs scènes enlevées entre House et Cuddy qui sait mieux que quiconque comment faire enrager le diagnosticien sont à relever. On retiendra son épouvante en voyant les 30 postulants, sa tirade des « copies », ou la confrontation finale où elle finit par lacher la bride à House, confirmant le changement observé par Wilson dans Le petit con (saison 3) : bien qu’elle ne montre ni n’accepte ses sentiments pour son subordonné, elle lui laisse les mains libres pour une opération finale qu’elle ne peut normalement pas approuver. Lisa Edelstein reste très sobre, faisant pétiller la tension sexuelle entre son personnage et House. L’actrice est par ailleurs de plus en plus accorte...

La patiente du jour est jouée avec sincérité par Essence Atkins. L’histoire secondaire avec ses apparitions à la Sixième sens (couronnées pareillement par un double twist final) n’est pas dénuée d’humour. Est-ce que House se sent coupable d’avoir perdu son équipe ? Difficile à dire, d’autant que le cas Foreman est diaboliquement irrésolu : la vision de Foreman était-elle due à une hallucination causée par les remords de House… ou parce qu’il venait de boire un peu trop de tequila ? Au spectateur de juger ; mais en tous cas, House semble moins que jamais enclin à laisser affleurer ce qu’il reste d’humain en lui, bien qu'il trouve toujours des raisons tordues ou médicales pour justifier ses actes altruistes. Une fuite en avant délectable et grinçante à la fois. Pour terminer, on notera que Cameron est devenue blonde et cela lui donne un côté volontairement plus vulgaire. Pour se démarquer de sa soumission d’antan à son ex-patron ? Quant à House, il assure le show jusqu’au bout, toujours plus ironique et je-m’en-foutiste, Hugh Laurie fait une fois de plus des merveilles. Un début de saison prometteur !

Infos supplémentaires :

- Aka. La tête dans les étoiles.

- N°23 croit que l’homme représenté sur l’écran est Néville Chamberlain (1869-1940). Chamberlain fut un homme politique britannique dans le parti conservateur. Il fut premier ministre de 1937 à 1940. Il contribua à la politique d’apaisement décidée par l’Europe pour éviter la guerre lorsqu’Hitler voulut annexer la Tchécoslovaquie. Il cosigna les accords de Munich en 1938, ce qui n’empêcha pas la seconde guerre mondiale de se déclencher l’année suivante. Plus tard, House traite d’idiots les admiratrices d’Alex Rodriguez. « A-Rod » est un joueur de troisième but de baseball, réputé pour être un des meilleurs joueurs américains. Il a joué dans l’équipe des Yankees de New York.

- House fait allusion à Brigham Young (1801-1877). Ce pasteur fut le successeur de Joseph Smith, le fondateur du Mormonisme. Il contribua beaucoup au développement de la communauté, en y instaurant les grandes règles. Personnage parfois controversé, c’est une figure-phare dans l’histoire des Etats-Unis.

- 3e et dernière apparition de Katheryn Adams, elle est la première candidate (N°23) à être renvoyée. Première apparition dans la série des acteurs Caitlin Dahl, Melinda Dahl, Meera Simhan, Andy Comeau, Carmen Argenziano, Anne Dudek, Peter Jacobson, Kal Penn, Olivia Wilde, et Edi Gathegi.

- C'est la première fois que l'on revoit Chase et Cameron depuis leur renvoi/démission. Cameron s'est teint les cheveux en blond, couleur naturelle de Jennifer Morrison. On apprend que Chase a été muté au service chirurgical, Cameron à celui des immunologies. On peut supposer que c'est par amour pour elle que Chase a demandé à Cuddy de lui trouver un poste afin de pouvoir rester.

- Omar Epps apparaît dans cet épisode mais ne prononce pas le moindre mot. Son personnage sert d'hallucination.

Acteurs :

Essence Atkins (1972) est une actrice jouant sur les deux écrans. Elle a joué dans plusieurs séries souvent inédites en France, dont Half & Half (91 épisodes), Smart Guy (51 épisodes), Are we there yet ? (73 épisodes), et Mr. Box office (20 épisodes) où elle joue des rôles principaux. Elle fut aussi dans The Cosby show, Sabrina l'apprentie sorcière (2 épisodes chacun), Sauvés par le gong : les années lycée, etc.

Anne Dudek (1975) est la sixième actrice à jouer dans House et Charmed. La première était Lori Rom, le deuxième Dakin Matthews (L'erreur est humaine). Les trois autres à savoir Matt Malloy, John Cho et Elisabeth Chung, ont joué dans Des maux d'amour (faisant de Cho et Sung la deuxième oeuvre cinématographique où ils interprètent un rôle mère-fils). Curieusement, Anne Dudek dans Charmed, joue également un rôle de pimbêche corrompue par le pouvoir.

Jason Manuel Olazabal (le médecin en fauteuil roulant) joue également dans la dernière saison de Charmed.

Olivia Wilde (1984) interprète "Numéro 13", le docteur dont on ne connaîtra le vrai nom que bien plus tard. Plus récemment, elle a joué dans "Echange Standard" avec Jason Bateman.

Peter Jacobson (1965) est un diplômé des sciences politiques de Julliard. C'est la seconde fois qu'il travaille avec Lisa Edelstein au cinéma, la première étant dans Pour le pire et pour le meilleur avec Jack Nicholson où ils incarnaient un couple au restaurant.

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3. 97 SECONDES
(97 SECONDS)


Scénario : Russel Friend et Garrett Lerner
Réalisation : David Platt

- How advanced is the pneumonia ?
- It's taking college courses.

Stark, handicapé moteur, perd connaissance au beau milieu de la chaussée. Il est le prochain cas que devront traiter les dix candidats restants. House sépare le groupe en deux : les filles contre les garçons ! L’équipe qui trouvera le diagnostic sera conservée, et l’autre virée. Amber Volakis, cependant, demande à intégrer le groupe des garçons. House rencontre un patient qui s’électrocute volontairement sous ses yeux en enfonçant un couteau dans une prise ; il tente de comprendre son acte…


97 secondes déçoit par un défaut de la série qui arrive sporadiquement : surcharge de vocabulaire médical. L’accumulation des diagnostics différentiels lasse. Si la première partie de l’épisode est très enlevée, grâce à l’antagonisme des deux équipes, la deuxième souffre de longueurs, dès leur « réunion ». Toutefois, le glaçant twist final qui conclut sinistrement cet épisode est un véritable coup de poing dans la figure ! L’épisode remplit par ailleurs largement son contrat au niveau des personnages, avec notamment une prestation tonique d’Anne Dudek qui confirme avec éclat les promesses de l’épisode précédent. House délaisse son ironie gratuite pour devenir totalement irresponsable, au comportement parfois démentiel. Le résultat est à la hauteur des attentes de ce côté-là, et de très loin.

La première partie de l’épisode rappelle Jeux d'enfants (saison 3) où House connaît la maladie du patient, mais laisse les candidats se débrouiller. En coupant son équipe en deux, House peut s’amuser de les voir se déchirer, mais comme de telles décisions ne sont presque jamais gratuites, le spectateur comprend qu'il s'agit d'une épreuve permettant de tester les nerfs de chacun, et de renforcer encore davantage l'esprit de compétition. Ainsi, le premier diagnostic différentiel se joue davantage sur des déductions concernant le partage des équipes que sur les symptômes du patient ! Coups bas et remarques désobligeantes pleuvent ; et dans ce royaume, la subversive Amber est reine, se jouant de tout le monde avec une maestria qui la place en égale de House. Elle convainc les garçons de la laisser intégrer leur équipe tout en se payant leur tête, parvient à convaincre un Chase récalcitrant de l’aider, se faufile à quatre pattes du bureau de House à celui de Wilson… et ça marche ! Il faut la voir aussi toute flattée d’avoir été « choisie » par House pour le secourir après son « accident ». Hélas, la désillusion est cruelle, House lui donne une raison logique qui n’a aucun rapport avec ses facultés ou ses méthodes. Rabat-joie, va… Les scénaristes ont compris de suite son potentiel énorme.

Le triomphe des filles fait long feu grâce encore à Amber qui malgré les interdits et son renvoi, parvient à renverser toute la situation… tout en montrant une erreur de House ! Une situation qui rappelle encore Jeux d’enfants (saison 3). Mais comme House n’apprend rien de ses erreurs, eh ben, il retombe dans le même piège. La percutante Anne Dudek domine aisément la distribution. Les autres comédiens sont bons aussi. « Big love » Cole et Dobson ont moins à jouer pour laisser la place à leurs petits camarades comme Brennan, Kutner, et Taub. Mais c’est Numéro 13 qui est ici mise en lumière. Son atmosphère de mystère s’épaissit (son refus de répondre aux questions de House), et elle a une vraie présence pendant la deuxième partie, entre vannes et inquiétude. Les deux jumelles sont assez marrantes en étant souvent à côté de la plaque !

La paranthèse avec Foreman est intéressante, car il se rend compte trop tard que sa fuite de Princeton-Plainsboro n’a rien résolu : désormais, il agit exactement comme House, allant jusqu’à violer les règles de l’éthique pour sauver une patiente. Il est immédiatement renvoyé pour cela hic & nunc, ce qui prépare son retour. Pendant ce temps, Chase parvient à s’opposer à son ex-boss, sous les regards admiratifs de Cameron. Cet éloignement a été salutaire : il montre qu’une fois coupé les liens qui vous rattachent à ceux qu’on admire (et/ou qu’on craint), on parvient à être totalement libre. Chase a beaucoup appris de House mais il y’avait cette crainte en lui. Désormais, n’étant plus sous son pouvoir, il peut parler avec lui d’égal à égal, et l’embêter (en aidant Amber) comme il le veut. Cameron qui avait déjà accompli ce travail psychologique de ne prendre que le meilleur de ce qu’on a hérité, est évidemment très heureuse de voir son bien-aimé prendre la même voie.

Pendant tout ce temps, répliques qui cassent et lavages de linge sale avec Cuddy fusent joyeusement. La spectaculaire électrocution du patient secondaire est une de ces scènes-choc que la série réussit en en usant que modérément. Au-delà de la volonté de donner un coup de fouet à un épisode assez lent, elle introduit une intéressante digression sur un des plus vieux sujets métaphysiques du monde - Y’a-t-il une vie après la mort ? - via un patient qui a l’air de s’être échappé de l’Hôpital du Sacré-Cœur ! Nous savons que House est athée et ne croit pas à un autre monde, mais comme il ne peut le prouver (superbe dialogue avec Wilson), il ne peut qu’admettre que sa théorie repose sur une… croyance ! House choisit donc sa méthode à lui pour en être sûr : il s’éléctrocute lui aussi !!!

Mais ce qui aurait pu être une farce vire au tragique. Ne pensant qu’à ce mystère d’outre-tombe, plongé dans l’inconscience, House ne peut plus superviser les candidats. Par ailleurs, il ne révélera jamais ce qu’il a vu pendant son inconscience. Peut-être que cela lui fait peur, que ça allait à l’encontre de ce qu’il croit… Indirectement, il est responsable de la dégradation fatale du patient, les postulants n’étant pas encore assez expérimentés pour se passer de lui. Le savon que lui passe Cuddy pour cet acte stupide vaut le coup d’œil. La série nous offre alors une nouvelle chute renversante à couper le souffle. C’est dans une atmosphère glacée et sans lumière que se termine l’épisode.

Infos supplémentaires :

- Foreman a sa propre histoire dans cet épisode et curieusement, son équipe se compose comme celle de House : un homme caucasien, une femme du même type et un homme latino américain.

- House se sert de l'émission Koh Lanta (inspirée de l‘émission équivalente aux USA : Survivors), mettant en avant deux clans - qui s'affrontent avant que les survivants ne s'unissent - pour diviser ses candidats en deux parties, les hommes et les femmes. Quand il divise les candidats, il fait référence aux Yankees (Nordistes) et aux Confédérés (Sudistes) présents durant la guerre de Sécession.

- Dixième et onzième échec de la série. House ne guérit pas son patient secondaire suicidaire, et le patient principal décède faute de soins par les candidats.

- House dit que Kutner a été adopté, ce qui s'avérera exact dans la saison 5.

- Premier épisode où Amber et Wilson se rencontrent, bien que brièvement.

- Les chansons de l’épisode sont Let me in des Hot Hot Heat, et Not as we par Alanis Morissette.

Acteurs :

Brian Klugman (1975) est le neveu de Jack Klugman, fameux acteur de théâtre et de télévision (4 participations marquantes à La Quatrième Dimension). Acteur sur les deux écrans, Brian a joué dans les séries Le Caméléon, Felicity (7 épisodes), Frasier (6 épisodes), NYPD Blue (2 épisodes), Urgences, Les Experts, Mad Men, FBI portés disparus, Joan of Arcadia, Castle, Bones (5 épisodes), etc.

Kathleen York, dite « Bird York » est à la fois chanteuse et actrice. Dans la musique, elle a accédé à une certaine notoriété en interprétant la chanson du film Crash : In the deep qui fut un grand succès. Cette chanson est par ailleurs utilisée dans l’épisode Leçon d’espoir (saison 2). En même temps qu’un relatif succès musical par la suite, elle poursuit une carrière d’actrice prolifique sur les deux écrans, son talent dans ce domaine a été unanimement acclamé dès ses premiers rôles. Elle a joué dans plusieurs séries comme Les contes de la crypte, Malcolm, Desperate Housewives (3 épisodes), Newport Beach (4 épisodes), NCIS, Ghost Whisperer, Les Experts, Les Experts : Miami, Les Experts : Manhattan, The Client list (8 épisodes), Bones, Revenge, True Blood, Longemire, Sleepy Hollow, Castle, Jane the virgin... Ainsi que des rôles récurrents dans Dallas (10 épisodes), Aaron’s way (14 épisodes), A la maison blanche (15 épisodes) Ultime recours (16 épisodes), etc. 

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4. LES REVENANTS
(GUARDIAN ANGELS)


Scénario : David Hoselton
Réalisation : Deran Sarafian

- Big Love, have I humiliated you in the last half hour ?
- No.
- Check your e-mail.

Irène, jeune femme travaillant dans une morgue, « voit » ses clients se lever et tenter de la violer ! Elle est le prochain cas du Dr.House et de ses sept assistants qui doivent comprendre les raisons de ces hallucinations mais aussi pourquoi elle voit sa mère, morte depuis longtemps, dont elle ne croit pas au décès. Guerre ouverte dans l’assistance : Taub attaque Dobson car il n’est pas médecin, Amber tente de destabiliser Numéro 13, et House se déchaîne sur Cole, certain que ses principes religieux l’empêcheront de répliquer à ses humiliations. Il en fait d’ailleurs le pari avec Cameron. Pendant ce temps, Foreman n’arrive pas à trouver un nouvel emploi...

Quand Dr.House rencontre Le sixième sens.

Une personne communiquant avec les morts, voilà un sujet de Science-Fiction qui a fait le miel de bien des séries, La Quatrième Dimension en tête, mais elle est aussi utilisée dans des séries plus cartésiennes pour donner un éclairage sur les sentiments d'un personnage (Six feet under en particulier)
. Cette idée restant toutefois étrangère à la rigueur réaliste de Dr.House, elle va simplement servir à alimenter une enquête enlevée parfois iconoclaste. On sent que David Hoselton s’est bien amusé avec ce script. De plus, les personnages sont à la fête, House en premier qui se trouve un souffre-douleur. Quelques scènes assez joyeusement absurdes pimentent ce très réussi épisode.

Le rythme de l’épisode est plutôt rapide pour la série, on est pas loin de la vivacité d’Urgences. L’histoire est un modèle de construction en plusieurs parties qui se fondent dans le montage fluide de la mise en scène. Un humour assez délirant (Hoselton’s manner !) vient frapper à plusieurs reprises : l’exhumation forcée du cadavre (Cole est bien content que ce soit jour de sabbat), Amber qui apporte café et croissants mais qui se garde bien de creuser, le dialogue en direct avec la morte qui est purement médical, rendant la banalité de cette conservation vraiment tordante, Amber qui tente de faire du zèle, mais qui se fait envoyer sur les roses par Cuddy, le « tripotage » de Cole par Irène, etc. Azura Skye cabotine en patiente butée et hystérique, la rendant assez tête à claques, mais Caroline Lagerfelt (une française !) en mère est d’une grande retenue. C'est elle qui rend convaincante la scène de révélation, la seule "en-dessous" dans l'épisode pour cause de quelques ajouts guimauves.

Cependant l’épisode intéresse aussi par son utilisation de la psychologie. Un véritable cortège de manipulations et de faux-semblants défile sous nous yeux. Nous voyons Foreman perdre sa partie de bluff contre une finaude Cuddy qui ne laisse pas les sentiments influer dans la partie dès lors qu'il s'agit de pognon, demeurant fidèle à son côté femme de tête. Ses airs peu sympathiques de la directrice sont calculés exactement pour ne pas noircir trop le personnage qui a simplement le sens des priorités, tout comme House.
Nous voyons House manipuler adroitement sa patiente pour lui soutirer des renseignements, jusqu’à feindre la surprise. Quant au mystère des visions de Stark et au peu d’affabilité de la patiente envers Numéro 13, qui en prend pas mal pour son grade dans cet épisode, c’est encore un simple coup psychologique. La flamboyante manœuvre d’Amber est démoniaque, elle surjoue l’hypocrite en sachant très bien que 13 n’est pas dupe. 13, sûre qu’elle n’a rien à craindre d’Amber, baisse la garde, et Amber lui porte un coup d’estoc sournois ! Mais voilà, 13 a un atout : elle est secrète. Or House veut tout savoir et ne supporte pas de rester dans l’ignorance de la vie de sa candidate. Cela fait deux fois que 13 commet une bourde, mais sa carapace lui assure une sorte d’immunité. Numéro 13 a d’ailleurs un rôle plus important en se montrant plus active, plus dynamique. Mais le cas de la patiente lui fait subir un choc émotionnel qu’elle a du mal à contenir. Première fêlure dans l’armure, House ne va pas tarder à y plonger.

Si Kutner et Brennan sont transparents, Cole par contre a un rôle étendu en tant que souffre-douleur de House. La sûreté de House, sa confiance inaltérable en lui, son égocentrisme font qu’il se croit tout-puissant et libre de martyriser qui il veut (spécialement un croyant). Toutes les humiliations successives sont autant de moments de pure méchanceté rigolards. Cameron truque son propre pari en allant voir Cole et l’inciter à répondre à House via un prétexte tout à fait vrai : House aime qu’on lui résiste, et ne l’embauchera qu’à cette condition ! De nouveau de la manipulation pure et simple, nouvelle preuve que Cameron a bien changé. House finit par chuter de son piedestal, et suivant sa loi absurde, conserve Cole pour acte de rebellion justifié ! Tordu hein ? Edi Gathegi a un stoïcisme étudié qui lui va très bien.

Les diagnostics différentiels sont très rigolos à suivre grâce au duo d'opérette House-Dobson. La rivalité Dobson-Taub qui tente de le discréditer pour sa « fraude » tourne en sa faveur grâce à ses compétences et à son calme, ne jouant jamais son jeu. Que le meilleur des médecins n’en soit pas un, voilà une belle idée anar de l’épisode ! L’entente entre Hugh Laurie et Carmen Argenziano, au centre de l’épisode avec sa bonhomie et sa malice, est manifeste. Peter Jacobson est lui aussi très bon en opposant irrité mais impuissant. Après l’élimination à la Koh-Lanta de la semaine dernière, voici l’élimination made in Bachelor ! House offre six fleurs pour sept candidats tout en les soumettant à un captieux examen psychologique. L’élimination finale du "jumeau de House" est assez triste, car le personnage était très amusant. Pourtant le motif de son renvoi est très malin : sa conception de l’éthique, son intelligence, son humour noir le font trop ressembler à House (l'antipathie en moins). Et que pourrait apporter à House quelqu’un qui pense comme lui ? La prédiction de Wilson concernant le goût de House pour les personnes à l’opposé de lui est appliquée à la lettre.

Infos supplémentaires :

- Aka. Esprits frappeurs.

- C'est la première fois que House se fait frapper par un médecin, à savoir Cole. On apprend par ailleurs que House aime les capuccinos, que Cole est père célibataire, et que Kutner le connaissait depuis longtemps puisqu'il a déjà gardé son fils.

- House appelle Henry "Bosley" en référence au sympathique sidekick des Drôles de dames. Par ailleurs, le début de l’épisode fait penser à cette série car House parle aux candidats via un visiophone, comme la célèbre arlésienne de la série. Brennan est surnommé Grincheux en référence au nain de Blanche-Neige. Le surnom de Cole, Big Love, est une référence à la série du même nom, qui a pour sujet la vie conjugale mouvementée d’un mormon polygame.

- Foreman, après avoir échoué à d'autres entretiens d'embauche, revient travailler à PPTH. Il faudra attendre l'épisode suivant pour qu'il croise à nouveau House sur son chemin (ce qui n’a plus été vu depuis la fin du 3x24).

- House renvoie Henry (Carmen Argenziano) dans cet épisode. Henry sera pourtant l'un des rares avec lequel House aura voulu former une amitié. Il lui conseillera de rester en tant qu'assistant et d'appeler Wilson au cas où. Cependant, Dobson ne reviendra pas dans la série.

- Erreurs : Quand House parie avec Cameron, sa tasse de café change de place d’un plan à l’autre. Il est surprenant par ailleurs que le cercueil « exhumé » par l’équipe se trouve directement sous le sol alors qu’il est d’usage de l’enfermer dans un caisson métallique ou un caveau aux Etats-Unis. Dans cette même scène, il est aussi visible que la tasse de Numéro 13 est vide dès le début.

- House pour garder ses candidats s'inspire de Bachelor, le gentleman célibataire, où un dandy distribue des fleurs aux femmes qu'il veut garder en fin d'émission.

- La chanson de l’épisode est All my life par DJ Harry.

 
Acteurs :

Azura Skye (1981) a joué dans plusieurs séries depuis son rôle principal de Jane Cooper dans Zoé, Duncan, Jack, and Jane (25 épisodes) : Chicago hope, Smallville, John Doe, Buffy contre les vampires (épisodes La prédiction et Connivences), Les Experts : Miami (4 épisodes), Bones, Ghost Whisperer, Mentalist, Cold Case, American horror story (4 épisodes), Grimm, Working the engels (12 épisodes), etc. Elle débute pareillement une carrière au cinéma.

Caroline Lagerfelt (1947) a eu une fructueuse carrière au théâtre, à Broadway, sa première passion. Son talent éclatant lui valu une considérable carrière à la télévision, jouant dans les séries La cinquième dimension, Equalizer (épisode Des jeunes filles sous influence), New York police judiciaire, NYPD Blue, Urgences, Star Trek Deep Spice Nine, Chicago Hope, Beverly Hills (5 épisodes), X-Files (épisode Dévoreur d’âmes), Six feet under, Buffy contre les vampires (épisode Un lourd passé), New York section criminelle, Frasier, How I met your mother, Numb3rs, Weeds, Gossip Girl (10 épisodes), Castle, Les Experts, Masters of sex, The Mindy project, Gotham (2 épisodes), etc.

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5. LE SYNDROME DU MIROIR 
(MIRROR MIRROR)


Scénario : David Foster
Réalisation : David Platt

Did you get a raise ? Because then you're a whore. Or you didn't, because then you're a stupid whore.

Un homme est admis à Princeton-Plainsboro après avoir toussé sans pouvoir s’arrêter. Amnésique et sans moyen de l’identifier, House et les candidats remarquent que son comportement est bizarre : il copie les symptômes des malades et les attitudes des médecins qui l’entourent pour compenser son problème d’identité ; c’est le syndrome du miroir. Entretemps, une infection s’est déclarée dans son organisme et menace de le faire mourir de froid. House ne tolère pas le retour de Foreman et choisit de mener la vie dure à Cuddy par vengeance…

David Foster a l’idée originale d’explorer la personnalité des médecins en leur tendant un miroir sous la forme d'un patient polymorphe qui les « copie ». Cependant, cette riche idée n’est que partiellement bien traitée ; certaines révélations intéressent, d’autres non. De plus, la polyphonie si bien organisée des précédents épisodes laisse ici voir quelques maladresses comme la trop longue absence de Cole et de Numéro 13. Malgré tout, l’épisode convainc par son enquête rondement menée, et par le triangle Cuddy-Foreman-House, se livrant à de croustillantes batailles d’egos !

Les diagnostics différentiels ont toute leur saveur entre les toujours bienvenues métaphores de House et l’opposition avec Foreman qui a quelques velléités de dirigeant, perturbant le déroulement des séances. Frank Whaley joue excellemment l’ahuri ne comprenant rien à la réalité, et amuse lorsqu’il singe tout son entourage. La course à l’infection marche grâce à une progression saccadée mais inexorable de la maladie. La guérison repose tout entier sur l'identité de l'homme, cachée dans un recoin de sa mémoire. Aussi, et c’est une nouveauté intelligente, la tâche des docteurs consiste à retrouver les pièces de son puzzle mental, d’où un épisode très centré sur la psychologie, un peu comme l’avait fait Son of a coma guy (saison 2). Finalement, l’unique moyen de débloquer la situation sera d’apposer un second miroir au premier : House se faisant passer pour lui en se servant des maigres renseignements de Cole et Numéro 13, et parvenant à réfléchir au patient sa propre image, c’est très malin ! La révélation du métier du patient est pleine d’humour, pas le genre de métier que l’on connaît.

Nos médecins sont pastichés inégalement. Le patient lit que l’inconscient de Brennan n’aime pas travailler dans cet hôpital. Aussi, Brennan aura-t-il l’intention de quitter la course, ce qui gène House : c’est tellement plus jouissif de renvoyer ! Il va même jusqu’à dire qu’il est un bon médecin, alors qu’il a été surtout transparent jusque-là. De plus, sa volte-face où il décide de rester rend le tout peu crédible. Kutner serait masochiste selon le patient, mais cet aspect n’est pas développé. On préfère retenir de Kutner sa spectaculaire électrocution, qui ajouté à sa « pyromanie »  (Le boulot de ses rêves) est décidément bien gaffeur ! Le miroir de Taub, jaloux du caractère libertaire d’Amber, n’est guère transcendant non plus.
Le miroir d’Amber est à demi-réussi : son côté garce est une protection qu’elle érige pour masquer sa peur de ne pas être à la hauteur… exactement comme Foreman l’avait avoué dans Mauvaises décisions (saison 3). Cette redite est un peu dommage. Mais elle confirme combien Amber, House, et Foreman se ressemblent.
Le miroir de Numéro 13 est plus réussi : il reflète un sentiment de peur intérieure derrière le paravent de sa froideur. Toutefois, on apprendra plus tard que cette peur n’est pas la cause unique de son attitude, seulement un de ses mystères. D’où l’éloignement de 13 du patient : elle ne veut pas que House apprenne quoique ce soit sur elle, via ce miroir.

Le miroir de Wilson est de loin le plus génial : le patient copie l’attitude de la personne la plus influente dans la pièce ; et entre House et Wilson, il copie… Wilson ! Cette révélation est très efficace : la « domination »  de House s’exprime par son ego énorme, mais celle de Wilson est plus subtile, plus humaine : Wilson décide somme toute de leur amitié en étant à chaque fois la conscience de House. Sa bonté influe sur les actes altruistes que House fait à son corps défendant. D’où la « domination » de Wilson, que House bien entendu nie par une pirouette qui ne dupe personne.
Cole n’est pas imité. Après avoir dominé l’écran dans les trois précédents épisodes, les auteurs ont dû préférer ici le mettre à l’arrière-plan.

Etonnamment, House se montre compréhensif envers un Foreman retourné à la case départ. Par cet altruisme que lui instille Wilson, il ne souhaite pas le martyriser car il est déjà malheureux. Toute la colère de House s’oriente donc vers Cuddy. Or, ni elle ni House ne cèdent un pouce de terrain. Ainsi, comment résoudre la crise ? Eh bien grâce encore au « miroir », cette fois celui de Foreman qui lui révèle qu’en fait, il se sent bien dans l’hôpital ! Foreman s’était arrêté à la tyrannie de House, mais en réalité, il a l’occasion, tant qu’il est ici, de faire un travail qu’il aime, d'être dans des conditions certes dures mais qui l'obligent à être au top en permanence. Il change donc d'avis et House comprend que Foreman vient de trancher pour eux deux, il ne peut plus s’opposer à Foreman et se rend à l’évidence.

Enfin, le plus drôle est les disputes House-Cuddy. Leur relation prend de plus en plus des atours de ménage conflictuel, mais avec des enfantillages démesurés entre fausses épidémies, suppression d'équipe, tests à la con, doses de laxatifs... on a l’impression de voir des enfants au bac à sable tant tout paraît joyeusement ridicule. Le sommet de l’absurde est atteint quand Wilson imagine pour Cuddy une stratégie tordue pour mettre fin à ce duel idiot... mais que House devine instantanément. Désolé Wilson, mais sur le terrain de la psychologie, c’est impossible de bluffer House ! Le gag truculent où House et Cuddy cherchent à savoir qui est le plus dominant des deux est à mourir de rire, une excellente pique !

Candidats et médecins ont fait des paris avec Chase pour savoir qui House allait virer. Le résultat final est absolument génial, une énorme plaisanterie bien acide qui termine avec panache ce bon épisode.



Infos supplémentaires :

- Aka. Miroir, miroir.

- Cuddy dit qu'elle a supprimé à House son « droit de veto » le jour où il regardait son émission de téléréalité alors qu’un de ses patients mourait.

- Cuddy pense que ses seins sont un des meilleurs atouts de sa séduction. Curieux, quelqu’un en doutait ?

- Kutner déteste les bains. Il s'électrocute pour la deuxième fois, mettant en avant son côté gaffeur.

- Frank Whaley (le patient) connaît bien Robert Sean Leonard : ils ont tous les deux co-créée la compagnie de théâtre Malaparte avec Ethan Hawke et Steve Zahn. Amusante coïncidence, Whaley a joué dans Jeux de rôles, un épisode de La Treizième Dimension où il incarnait un homme ordinaire voulant changer de vie.

- Personne ne démissionne ou ne se fait virer parmi les six candidats restants dans cet épisode.

- House est moins dominant que Wilson, mais plus que Cuddy.

- House surnomme Amber « Tanya Harding ». Tanya Harding (1972) est une joueuse de softball australienne. Elle remporta 1 médaille d’argent et 3 médailles de bronze aux Jeux Olympiques. Cette discipline est cousine du baseball. Le côté « fonceur » de ce jeu se retrouve évidemment chez Amber.

Acteurs :

Frank Whaley (1963) est un acteur très renommé aux Etats-Unis. Au cinéma, il a joué dans une quarantaine de films comme Pulp Fiction, Broken Arrow, ou The Doors (où il incarnait Robby Krieger), et collabore souvent avec Oliver Stone. C’est également un comédien de théâtre, jouant fréquemment dans le New Group theater. Il a pareillement joué dans les séries Equalizer (épisode L’engrenage), Au-delà du réel l’aventure continue, Blue bloods (2 épisodes chacun), New York police judiciaire, section criminelle, et Unité spéciale, NCIS, Les Experts, Ugly Betty, Médium (épisode M. Justice), Ray Donovan (7 épisodes), The Blacklist, Gotham, etc. ainsi que dans bien des téléfilms. Il est occasionnellement scénariste et réalisateur.

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6. EN MISSION SPÉCIALE 
(WHATEVER IT TAKES)


Scénario : Thomas L. Moran et Peter Blake, d'après une histoire de Thomas L. Moran
Réalisation : Juan J. Campanella

You've gotta get down here. They've got a satellite aimed directly into Cuddy's vagina. I told them that chances of invasion are slim to none.

Casey, jeune pilote automobile, est prise de troubles auditifs et visuels. Son cas est le prochain que devra traiter les six candidats, mais sans House : en effet, ce dernier a été convoqué par la CIA pour porter assistance au Dr.Samira Terzi, médecin des services secrets. Elle peine à trouver un diagnostic pour un agent secret revenu de mission, et qui aurait été empoisonné. Pendant ce temps, Foreman tente tant bien que mal de superviser l’équipe en l’absence de House, mais doit faire face aux initiatives pas toujours heureuses des candidats, particulièrement Brennan…

Cet épisode tonique et entraînant est une des meilleures idées de l’inégal Thomas L.Moran. Les deux cas sont traités avec une maîtrise époustouflante, chacun a sa propre autonomie et ne souffre pas de la cohabitation. Non sans humour, l’épisode met en avant les similitudes de ces deux cas très différents. Le festif jeu de séduction entre House et la jolie Samira Terzi est bourré de répliques à double sens d’une drôlerie parfois lysergique. L’épisode s’attarde avec bon sens sur Foreman contrarié dans son autorité, et surtout Brennan qui existe davantage par son optimisme et son abnégation. En plus d’un ironique cliffhanger, l’épisode finit sur une double chute : la première est grinçante, mais la seconde est une énorme volée de bois vert qu’on reçoit en pleine figure ! Où un personnage cache sous le vernis de son affabilité une folie à glacer le sang...

House doit faire équipe non seulement avec Mademoiselle Terzi mais aussi avec le conformiste Curtis dont il se paye la tête tout au long (excellente vanne sur la cale du piano). House est tellement sûr de ses diagnostics qu’il se moque des propositions de son collègue. Sa persistance têtue dans ses erreurs est tout à fait dans l’esprit du personnage. La résolution finale est une redoutable astuce. Elle rappelle la célèbre chute de Pour servir l’homme, fameuse nouvelle de Damon Knight adaptée dans l’anthologie La Quatrième Dimension. La CIA ne sort pas grandie de cet épisode…



Ce qui fait le prix du premier cas est surtout la tarentelle verbale entre House et le Dr.Terzi. Les amateurs de la série Urgences auront reconnu le Dr.Cleo Finch car c’est bien la sculpturale Michael Michele qui l’incarne, et on s’amuse de la voir flirter avec un médecin aussi arrogant et cynique que Peter Benton ! Doit-on y voir une idée de Paul Attanasio, producteur de Dr.House, qui avait déjà engagé la comédienne dans sa série policière Homicide ? Les tentatives si raffinées de House pour séduire la réfrigérante Samira sont impayables. Immédiatement sous le charme, il va multiplier les sous-entendus sexuels bien lourds, recevant en réponse non des râteaux mais carrément tout le matériel de jardinage qui va avec. Les bons mots fusent à chaque fois : en matière de réparties, Samira n’a rien à apprendre de Cuddy. Mais malgré tous les revers qu’elle lui inflige, on voit qu’elle n’est pas insensible. Les méthodes peu orthodoxes de House exercent sur elle une fascination qui fait du diagnosticien un homme si séduisant. Elle se laisse draguer bien que sans lui donner le moindre espoir. Pour un peu, on se croirait dans Clair de Lune. Les dernières secondes sont acidulées, avec House acculé dans une situation qu’il n’avait pas prévue. Le spectateur trépigne déjà de connaître la suite.
Mais celui qui en prend plein la tête est finalement Wilson. D’abord « compromis » par House, il se fait tailler un costard par Cuddy qui ne croit évidemment pas à cette histoire de CIA. Pauvre Wilson, mais quand on pense que cette saison lui réserve bien pire…

Jeux de pouvoir en tous genres rythment le deuxième cas. House délègue ses pouvoirs à Foreman, mais ce dernier peine à s’imposer (comment ça encore ?) Tout le monde joue à celui qui pissera le plus loin, et on adore ces périodes d'anarchie. Amber se rapproche de Taub (encore une manipulation ?) mais ce dernier la tient à distance, ce qui ne l’empêche pas de collaborer avec elle. Leur duo, bien que momentané, n’est pas dénué d’humour, grâce à l’ironie de Peter Jacobson et l’acide corrosif qui suinte par tous les pores d’Anne Dudek. Mais c’est Andy Comeau qui fait le show. Le volontariat de Brennan s’assimile à celui de House (il ne respecte pas non plus les règles), mais avec bien plus de douceur. Toutefois cette bonne humeur, rare dans la série, finit par se briser devant un événement horrifique, la série restant fidèle à son ironie séculaire. En dehors de tout ça, le parallélisme entre les deux cas est assez drôle : les médecins se trompent en même temps, essayent un traitement expérimental en simultané…

La sacralisation du métier de médecin est un poids lourd à porter. Responsables de la santé des hommes, ils peuvent parfois se tromper, ce qu’un patient a du mal à accepter. Cela est visible chez Casey qui refuse de voir Foreman après qu’il ait commis une erreur. Cette responsabilité ne peut être gérée que si l'on n’est pas dans l’affectif (credo de House que doit adopter Foreman). Cela est bien mis en scène. De même, l’ombre d’un mentor aussi fort que House est toujours difficile à laisser de côté. Cameron en fait l’expérience en s’investissant dans un cas qui n’est pas le sien. Davantage que ses sentiments qu’elle prétend ne plus ressentir pour House, c’est bien sa fascination plus "générale" pour son ancien mentor qui fait qu’elle a du mal à « raccrocher ». Elle dit bien qu’elle ne ressent plus le frisson d’excitation de son ancien job. Alors que Foreman agit comme House, c'est donc curieusement le plus « faible » de l’équipe originale, Chase, qui s’en sort le mieux, ayant définitivement mis ce passé derrière lui.

C’est alors que se révèle au grand jour toute la personnalité déviante du mouton noir de l'équipe. Son obsession mégalomaniaque a failli tuer la patiente. Par une ironie mordante, il ne peut être puni par House de son acte horrible ; car son comportement était motivé par des raisons que House ne peut désavouer. Certes la morale est sauve à la fin, mais la porte de sortie prise rend mal à l’aise, House ne condamnant finalement pas l’acte. Cette fin tranchante est une des plus dérangeantes de la série, et questionne l'éthique Housienne.

Infos supplémentaires :

- Aka. Espion et mensonge.

- Une des très rares fois où House aura un coup de cœur pour une femme. A l’exception de Stacy et de Cuddy, seules Honey (Démission
… saison 2), Cate (Celle qui venait du froid, saison 4), et Lydia (Toucher le fond et refaire surface, saison 6) feront battre son cœur. Le cas Dominika (saisons 7-8) sera moins clair. Les fans du Hameron se plaisent à rajouter Cameron dans la liste, bien que ce soit beaucoup plus discutable.

- Wilson n’est jamais allé en Afghanistan.

- On apprend que Taub est juif (il dit à Amber que « Les goys, c’est que pour rentrer »).

- House est absent de l'hôpital pour la quatrième fois. Foreman le remplace pour le cas de la pilote.

- Le docteur Samira Terzi, interprétée par Michael Michele, reviendra dans l'épisode suivant.

Acteurs :

Michael Michele (1966) est surtout connue pour ses deux rôles principaux dans les séries Homicide (21 épisodes), et Urgences (52 épisodes). Ses débuts furent cependant difficiles car ayant subi les avances pressantes d’Eddie Murphy, elle dut renoncer à figurer à l’affiche de son film Les nuits de Harlem. Actrice jouant principalement à la télévision, elle a eu un certain nombre de rôles récurrents et réguliers : Dangerous Curves (34 épisodes), New York Undercover (12 épisodes), Central Park West (17 épisodes), Kevin Hill (21 épisodes), etc. Ainsi que quelques rôles dans New York police judiciaire et unité spéciale, Gossip girl (4 épisodes), etc. Elle a un peu joué au cinéma.

Amy Dudgeon (1978) ne semble jouer qu’occasionnellement à la télévision (Urgences, Desperate Housewives, Bones, Cold Case, etc.).

Joel Bissonnette a commencé sa carrière au Canada en jouant du théâtre au Dawson College Theatre Program de Montreal. Il a joué dans les séries The Shield, Cold Case, Les Experts, NYPD Blue, Veronica Mars, Alias (épisodes En péril et A l'air libre), FBI portés disparus, Nip/tuck, Mentalist, 24 heures chrono (4 épisodes), The Closer, NCIS Los Angeles (2 épisodes), etc. Il a également à son actif plusieurs participations remarquées dans des films de David Fincher (Zodiac, Fight Club, L’étrange histoire de Benjamin Button), etc.

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7. LA BELLE ET LA BÊTE
(UGLY)


Scénario : Sean Whitesell
Réalisation : David Straiton

- You think I like the cameras ? You think I want the whole world watching you check out my ass and question my wardrobe ?
- Would it be better if I checked out your wardrobe and questioned your ass ?

Kenny, 16 ans, souffre d‘une lourde déformation faciale, et doit subir une chirurgie réparatrice qui lui permettra de retrouver un visage normal. Il est le sujet d’une émission de télévision qui le suit depuis quelques jours. Mais au moment de passer sur la table, il a une attaque cardiaque. L’opération est repoussée jusqu’à ce que House et ses candidats trouvent le diagnostic. L’équipe de télévision s’attache aux pas de House à la grande irritation du diagnosticien. Qui a d’ailleurs un autre problème : Samira Terzi, qu’il a été forcé d'engager, est trop incompétente dans les diagnostics différentiels…

En lui-même, cet épisode s’insère très bien dans cette saison 4 brillante et inventive, grâce à deux idées originales : le tournage de l’émission télé, et l’incompétence de Samira Terzi. Malheureusement, l’unique contribution de Sean Whitesell - qui avait déjà officié en tant qu’acteur et scénariste dans la précédente création de Paul Attanasio : Homicide - à la série sabote ses excellentes idées de départ en ne leur donnant qu’un timide développement, remplacé par un bavardage lourd et interminable, malgré quelques scènes réussies.

L’idée d’inviter les caméras de télévision dans un épisode de fiction est une idée qui n’est pas nouvelle mais qui permet un décalage bienvenu entre fiction et réalité. Tout en donnant un cachet réaliste supplémentaire avec ce côté « télé-réalité ». Plusieurs séries l’ont testée avec plus ou moins de brio. On cite dans les réussites le joyeusement parodique 200 de Stargate SG-1, les épisodes en direct d'Urgences et de 30 Rock ; la référence en la matière restant le mythique Peur bleue des X-Files. Mais la tentative de House MD semble hélas loin de tels succès.

Le gag récurrent est les tentatives de House pour échapper aux caméras. Du coup, ce dernier doit imaginer des coups tordus pour rester tranquille, via gros bobards, et réunions dans des salles strictement interdites aux caméras. Cuddy est à la fête dans cet épisode, plus affriolante que jamais - et cible de massifs sous-entendus sexuels - devant sans cesse courir derrière House pour remettre les pendules à l’heure. Il n’y a pas jusqu’aux candidats qui soient troublés par ces caméras : Amber forçant sur le rouge à lèvres, Kutner arborant une cravate voyante, ou Cameron échappant un « J’aime le Dr.House » avant de rectifier pour s’empêtrer encore plus ! Le gag final dingo, démonstration du tout-puissant politiquement correct à la télévision (tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil… même House) avec une Cuddy ravie et un House consterné par cette « abomination » vaut le coup d’œil ! C’est fou tout ce qu’on peut faire avec un montage habile (l'« effet Koulechov »).

Mais à part tirer quelques gags ou des dialogues tranchants, l’épisode ne se démarque pas. On aurait rêvé d’une caméra subjective, ou d'une mise en abyme particulière. L’épisode commet une erreur en n’exploitant pas davantage les caméras. Khleo Thomas est inégal : il joue avec dignité son personnage écrasé par son « anormalité », mais son monolithisme énerve de temps en temps. Sur le tème du comportement parental trop protecteur, Empoisonnement (saison 1) ou Protection reprochée (saison 2) étaient plus convaincantes. Ici on plonge parfois dans le lachrymal. Tous les bons moments de cet épisode sont noyés dans des diagnostics différentiels secs et chargés. La réalisation de David Staiton, très bon réalisateur par ailleurs, déçoit par rapport aux possibilités qu'il lui était offertes.

Une autre erreur est Samira Terzi. Alors qu’elle avait illuminé l’épisode précédent, elle est ici honteusement transparente et naïve. Elle ne prononce pas plus de cinq répliques, un comble alors qu’elle est l’axe secondaire de l’histoire. Sa mise à l’écart est inexplicable, d’autant que Michael Michele semble s’ennuyer. Alors oui, les discussions House-Wilson sont amusantes - superbe Robert Sean Leonard - mais par leur répétition, finissent par tourner à vide. House est catastrophé que la beauté de la doctoresse lui ait fait perdre son jugement. Que House se soit comporté en homme sensible à la beauté féminine - bref un homme comme les autres - jusqu’à y laisser son jugement lui fait mal, lui qui attaque si souvent les apparences trompeuses. Et nous on rigole. Il faut qu’il se ressaisisse pour retrouver son objectivité, même si cela implique de briser la carrière de sa protégée. La fin est très noire, on souffre vraiment pour Samira qui a tout perdu, mais House pouvait-il persister dans son choix ? Ah le malaise…

Le cas de Taub est plus intéressant, mais vaut surtout pour l’interprétation confondante de Peter Jacobson, décidément un des meilleurs comédiens de la série. Nous découvrons l’origine de son comportement si amer qui nous intrigue depuis le début. Si sa découverte est surtout l’occasion pour House de s’amuser à ses dépens, on est agacé par cette histoire de fesses qui n’a pas sa place dans la série. L’arrivée de Rachel Taub plus tard dans la série contribuera à donner à la série un côté soap opera dont elle se serait bien passée. Si pour le moment ce n’est pas trop grave, le ver est déjà dans le fruit. Toutefois, son opposition convaincue aux thèses de House - qui veut sans cesse repousser l’opération - sonne bien. Mais l’idée selon laquelle House souhaiterait en secret que l’opération ne se déroule pas pour ne pas « normaliser » le garçon n’a aucune valeur. Certes, on sait que House n’aime pas les gens normaux, mais la guérison d’une maladie lui tient à cœur. Le personnage se contredit ici. Sans parler d'échec, il s'agit de l'unique aveu de faiblesse de la meilleure saison de la série.

Infos supplémentaires :

- Aka. Trop belle, trop bête ?

- L'actrice Laurie Fortier joue le rôle de Darnell. Elle est l'épouse de Deran Sarafian, réalisateur régulier et coproducteur délégué de la série.

- House n'aime pas être filmé ni remercié.

- House se moque de l’équipe en déclarant être devenu médecin après avoir vu le film Dr.Patch
… qui date de 1998 !

- Quand House va voir l’ex-employeur de Taub, qui dirige une clinique de chirurgie esthétique, ce dernier lui dit : Dites-moi ce que vous n’aimez pas chez vous ? C’est une allusion à la catchphrase de la série Nip/tuck.

- Taub fut licencié de son hôpital pour avoir eu une relation extraconjugale avec une secrétaire. Il signa une clause de non-concurrence (qui le force donc à renoncer à pratiquer la chirurgie esthétique) en échange du silence de ses collègues de ne rien dire à sa femme.

- House commet une erreur en écartant la maladie de Lyme sous prétexte que le patient n’a pas d’éruption cutanée. Ce symptôme, bien que fréquent en cas de cette maladie, n’est cependant pas systématique.

- Le titre français de l’épisode est évidemment une référence au film du même nom.

- La chanson de l’épisode est My home is in your head, de Joseph Arthur.

Acteurs :

Khleo Thomas (1989) a joué dans quelques films et aussi dans des séries comme Urgences, Les Experts, 90210 nouvelle génération, Sons of anarchy, Bones, etc. Il a également débuté une carrière de rappeur.

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8. LES DESSOUS DES CARTES
(YOU DON’T WANT TO KNOW)

Cette critique est dédiée à Nicolas Bouland (1963-2012)


Scénario : Sara Hess
Réalisation : Lesli Linka Glatter (créditée comme "Lesli Glatter")

Ladies and Gentlemen. I have nothing in my hands, nothing up my sleeve. I do have something in my pants, but that's not going to help with this particular trick.

Flynn, un prestidigitateur, a un arrêt cardiaque alors qu’il doit s’évader d’une malle remplie d’eau. Secouru à temps par Kutner et Cole qui se trouvaient là, il devient le prochain patient de House. Le diagnosticien lance un défi aux candidats : celui ou celle qui lui rapportera le string de Cuddy aura l’immunité et désignera deux de ses concurrents, dont l’un sera éliminé par House. Pendant ce temps, le comportement de Numéro 13 intrigue House qui en vient à penser qu’elle est peut-être gravement malade…

L’épatante Sara Hess signe avec cet épisode un parfait concerto pour orchestre : chacun des personnages principaux joue une partition complète et pétillante. Non contente de composer un cas médical très intéressant et mystérieux, elle revient à une pratique que la série avait abandonnée depuis un certain temps : un patient original et haut en couleurs dont les échanges avec House sont à la fois festifs et psychologiques. Le gag énorme du string de Cuddy permet des études de caractère hilarants, couronné par une chute renversante mais inéluctablement logique ; qui en définitive est étonnamment noire après toute cette drôlerie. Enfin, la place accordée à Numéro 13 permet à Olivia Wilde de faire une interprétation intense et d’approfondir élégamment son personnage si secret. A tous les niveaux, cet épisode contient donc tout ce qu’on adore dans la série.

L’introduction n’est pas sans évoquer celle de La nuit du mort-vivant de la série Clair de Lune. Flynn est un personnage bon vivant, que Steve Valentine joue avec entrain. Sa maîtrise du jeu de cartes permet quelques effets, notamment pour clouer le bec de House, énervé de ne pas trouver son « truc », que Flynn l’amuseur, même à l'article de la mort, se refuse à lui dévoiler - ce qui lui vaudra une grinçante revanche d'un House bien rancunier. D’ailleurs, la maladie qui a truqué les résultats de tous les examens est le comble pour un magicien ! House développe une sorte d’admiration-haine pour lui. Le mensonge est une seconde nature chez House, tout comme chez Flynn dont c’est le métier de "mentir" pour faire rêver les gens. Cette similtude donne un piquant effet à leurs échanges : vaut-il mieux garder la fascination qu’exerce des mystères irrésolus, ou tout savoir pour satisfaire notre besoin d’apprendre ? Leurs dialogues sur les concepts de Vérité et de Rêve sont d’une patte sûre et réfléchie.

Le cas est une suite de saynètes efficaces et drôles, avec un Kutner plus présent. C’est une des rares fois où la bonhomie du personnage est altérée par l’inquiétude. Ensuite, le suspense prend et contrabalance la tonalité humoristique de l’ensemble. House est véritablement le clône de Sherlock Holmes aujourd’hui car n’hésitant pas à se piquer avec du sang contaminé pour trouver le diagnostic… on retrouve ici une situation analogue à Casse-tête (saison 2). Comme souvent, c’est au cours d’un dialogue de sourds avec Wilson que House trouve la réponse. Fait inhabituel, ce twist final, atteignant les cimes de l’ironie pure est tout simplement drôle, tout en mettant fin au running gag de la série sur le lupus.

L’épreuve complètement débile du string de Cuddy est moins un gag qu’une peinture des différents candidats. Amber est la seule à relever le défi, avant d’être rejointe par Taub. Amber montre une supériorité stratégique, mais ce sera match nul, chacun faisant échouer le plan de l’autre. Ils finissent par s’allier en tentant de duper House qui cependant déjoue leur feinte via une règle vestimentaire implacable. Toutefois, quand c’est Cole qui parvient à décrocher la timbale, House est acculé : il a bel et bien réussi à faucher le string de la patronne !! Tout le reste de l’épisode se résume à une danse du ventre des concurrents de Cole pour ne pas être éliminés
. L'hypocrisie plus ou moins affichée des menacés va être jubilatoire.

Amber joue une carte surprenante : la franchise. Elle met à nu son âme manipulatrice pour mieux impressionner Cole. Kutner joue sur le chantage affectif : c’est le pote de Cole, pourquoi l’éliminerait-il ? Taub choisit la méthode directe en le corrompant carrément, lui faisant miroiter que ce qui reste de sa fortune personnelle comme chirurgien pourrait aider son fils à poursuivre de hautes études. Taub est d’une inattendue froideur, sa détermination justifie son rapprochement avec Amber, même si la série n’explorera pas plus loin cette possibilité. Quant à Numéro 13, elle ne tente rien, préférant laisser Cole seul juge, une intégrité qui mystifie le mormon. Numéro 13 est finalement la plus honnête, la plus droite de tous les concurrents. Elle est d'ailleurs à la fête car ses « symptômes » attirent le regard de House. Il est intéressant de voir comment elle évolue dans l'épisode : ping-pong cynique, puis grande scène de colère où House a manipulé 13 avec une machination qui fait penser à celle de Démission… (saison 3). Puis l’arroseur arrosé, c’est 13 qui le manipule à son tour : voilà ce qui arrive quand on enseigne le non-respect des règles à ses élèves !
13 est aussi une défensive. Incapable de faire face à la possibilité de l’inévitable, elle se replie dans l’ignorance. Entre l’ironie et la colère, le personnage est aussi hanté par la peur, malgré le coaching de House qui l’invite à en finir avec le doute. Ces trois traits de caractère sont traduits par la magnifique prestance d'Olivia Wilde, exécutant un numéro d’actrice qu’elle aura hélas peu l’occasion de réitérer. Son abattement quand elle confesse son fameux secret à un House qui pour une fois se montre à son écoute est une des scènes les plus touchantes de l’épisode. Comme beaucoup d’hommes, elle préfère la douceur réconfortante du doute à la vérité souvent si coupante.

Le whodunit de l’épisode : qui sera renvoyé ? se dénoue à la toute fin avec un brutal renversement de situation qu’un Agatha Christie n’aurait pas renié. House a prouvé qu’il était capable de mettre des limites à sa transgression des règles (épisode précédent), et il recadre sévèrement le « traître » de l’épisode qui lui aussi est allé trop loin. Les « élèves » de House peuvent être davantage manipulateurs que lui, renvoyant à la thématique du créateur effrayé de perdre le contrôle de ses créatures, ce qui peut être le motif de sa décision. Cette noirceur est accentuée par le sacrifice de Cole - Edi Gathegi joue bien le côté torturé de son personnage - qui préfère finalement perdre son ami que son job. Ce pessimisme sur les rapports humains, où l’amitié peut prendre la forme de simple monnaie d’échange, rejoint les fondamentaux de la série.


Infos supplémentaires :

- Cet épisode est dédié à Barbara Issak, monteuse du son de la série qui mourut en 2007 peu après la production de l’épisode Poussées d’hormones (saison 3).

- Aka. La part de mystère.

- House a eu trois allergies en dix ans. Il est du type sanguin AB. Wilson de type O.

- Premier épisode où House se fait droguer. C’est aussi le premier où il drogue également quelqu'un autre qu'un personnage principal.

- Il est suggéré que 13 pourrait souffrir de la maladie de Huntington mais elle ne veut rien savoir. Elle trouvera finalement la force de faire le test dans le finale de la saison : ... Dans le coeur de Wilson.

- Steve Valentine est réellement magicien. Il a aussi joué un illusionniste dans Monk. Il est le huitième acteur à être apparu dans Charmed où curieusement, il interprétait un être magique.

- Episode sans Jennifer Morrison et Jesse Spencer. Omar Epps n'apparaît que très peu.

- Erreurs : Foreman explique que le lupus du patient a rendu caduc le résultat du test des anticorps. Mais en réalité, le test des anticorps est suffisamment sûr pour leur permettre de deviner la vérité.

- Deux références : Cuddy fait référence à Pitcairn Island lorsqu’elle évoque les désagréments que lui cause l’équipe de House, il s’agit d’un clin d’œil au film Les révoltés du Bounty (1935). House pose par ailleurs la question Just tell me, does Cuddy have her groove back ? déformant le titre du film How Stella got her groove back (1998).

Acteurs :

Steve Valentine (1966), en plus d’être magicien professionnel, a joué le Dr.Nigel Townsend, un des premiers rôles de la série Preuve à l’appui (113 épisodes), et fut Derek Jupiter dans I'm in the band (31 épisodes). Il a aussi joué dans plusieurs séries comme Melrose Place, Amour gloire et beauté, JAG, Charmed, Chuck, Monk, NCIS, La loi selon Harry, Warehouse 13, Supernatural (épisode Un après-midi de chien), Les Experts, The Big Bang Theory, Major crimes (2 épisodes), etc. A noter que comme Hugh Laurie, il est britannique et non américain.

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9. LES JEUX SONT FAITS
(GAMES)


Scénario : Eli Attie
Réalisation : Deran Sarafian

- Dying's easy. Living's hard !
- That can't possibly be as poignant as it sounded.

Jimmy Quidd, guitariste punk et drogué incurable, se met à tousser du sang. Son cas excite la curiosité de House qui pense que le drogué a trop de symptômes liés à la drogue pour ne pas avoir une maladie plus grave (!!). Ce dernier cas est sous haute tension car Cuddy ordonne à House de retenir une équipe finale juste après ce cas. Mais pendant que Jimmy est au plus mal, House s’aperçoit qu’il veut garder les quatre docteurs…

On n’épiloguera pas inutilement. Certes cet épisode clôture avec brillance la fin de la compétition, en s’imposant comme un des meilleurs épisodes de cette saison si relevée : scénario plein de rebondissements, twist final percutant, interprétation virtuose, patient captivant, dialogues pétaradants, patient secondaire excellent... Eli Attie, nouveau scénariste de la série qui a fait ses armes en écrivant pour des politiciens, puis en se formant à l'école Aaron Sorkin (dialogues brillantissimes + personnages magistralement dessinés) gagne sur tous les tableaux. On comprend que David Shore s'assura de ses services lorsqu'il écrivit le finale de la série. Mais Games est aussi marqué par une des plus regrettables décisions de la série : l’élimination d’Amber Volakis, personnage récurrent le plus fort, le plus pimenté de la série. Supprimer un tel atout est un singulier contresens. Le personnage acquerra d’ailleurs une nouvelle dimension lors de son come-back ultérieur, ce qui renforce l'impression de gâchis. On reconnaîtra toutefois que la justification des auteurs est très recevable, cohérente avec le diagnosticien.

Le point de départ est plein d’humour noir, House démontrant qu’un drogué ayant trop de symptômes liés à la drogue souffre certainement d’autre chose. Encore un exemple de la fausseté des apparences, décidément une lutte que la série ne cesse d’engager. L’enquête est conduite à un rythme soutenu, avec une succession de rebondissements de plus en plus complexes, jusqu’à son étonnante chute, incarnation type de "l'ironie du sort". A Princeton-Plainsboro, les patients ont toujours la maladie qu’ils "méritent" ! Le fil rouge de l’épisode est le bilan tiré par les quatre protagonistes dont le cas les force à révéler leurs natures cachées. Le moyen utilisé (discussions avec House) est moins original que le miroir de Mirror, mirror, mais pourtant plus efficace. Comme quoi, c’est dans les vieux pots… L’épisode s’axe sur House qui pour la première fois est incapable de prendre une décision : qui éliminer ? On voit que House est mal à l’aise : le tableau de points permet pas mal de scènes comiques, mais on sent que c’est un moyen désespéré pour lui. Il faut le voir carrément demander l’avis de Cuddy et de Chase (!) pour avoir une idée de sa confusion.

Pour son dernier épisode en tant que candidate, Amber nous gratifie d’un éblouissant numéro. Portée par la flamme fougueuse d’Anne Dudek, « l’abominable garce » est plus fascinante que jamais. Son intelligence, son sens de la répartie, lui valent de battre House au concours de vannes, soit une rareté ! Elle est confrontée à Jimmy, drogué irrécupérable, musicien de troisième zone… et heureux malgré tout ! Jimmy (Jeremy Renner, pas encore la star qu'il est devenu) est un patient remarquable : musicien méprisant son public, égocentrique, bardé de seringues… et aimant énormément les enfants. Derrière son caractère détestable, se cache un homme capable de beaucoup d’affection. La scène où Taub et 13, émus, le découvrent dans l’aile pédiatrique est joliment filmée par Deran Sarafian. Grand enfant qui n’a jamais voulu grandir, Jimmy, par son je-m’en-foutisme total, s’emprisonne dans une bulle chimérique qui le maintient heureux. Cette situation bouleverse le monde d’Amber selon lequel drogue et bonheur réel sont deux antonymes, contrairement aux trois autres qui ont compris que la personnalité des patients ne doit pas les inflencer. Amber se montre par ailleurs remarquable quand House tente de lui faire peur. Les dialogues Jimmy-House sont eux aussi une merveille d’écriture.

Chris Taub, avec le toujours fabuleux Peter Jacobson, continue le portrait de son personnage, de plus en plus sombre et réaliste, mais demeurant sympathique, a contrario d’Amber. Son comportement n’est égoïste qu’en apparence, House nous ayant montré que les médecins ne doivent avoir aucun sentiment pour leurs clients sous peine de s’effondrer (Foreman et Cameron l’ont subi à des degrés divers). Taub a compris l’essentiel de ce boulot, il est donc évident qu’il soit retenu. Numéro 13 est une des rares à voir au-delà des apparences. Seule à croire dans ce cas que la drogue est de la poudre (sans jeu de mots) aux yeux, elle permet à l’équipe de s’orienter dans la bonne direction. Quant à Kutner, c’est le plus pragmatique de l’équipe, et malgré son humour enfantin, c’est celui qui garde toujours tous ses esprits devant les imprévus. A cet égard, la scène où il est forcé avec 13 de trouver un diagnostic plausible sous peine d’être viré immédiatement montre que tous deux sont vifs comme l’éclair. La pression immense qui pesait sur eux les a forcés à mobiliser leurs ressources. Travailler dans l’urgence donne des résultats étonnants nous rappelle la série.



En contrepoint, une grinçante inversion du cas a lieu avec Wilson qui a mal diagnostiqué un patient, lui ayant prédit trois mois auparavant un cancer en phase terminale alors qu’il n’a rien. Et, surprise, le patient est lourdement embêté car lui et ses proches s’étaient tellement préparés à sa mort qu’il est maintenant totalement perdu psychologiquement… et financièrement, car il a flambé pas mal d’argent pour ses « derniers mois » ! Du coup, il veut attaquer l’oncologue en justice ! Wilson atteint décidément des sommets d’emmerdements rarement vus dans une série. Au-delà du rire jaune, l’épisode nous fait voir combien s’il est difficile de se préparer à la mort, il l’est encore plus de savoir vivre. Ainsi, la phénoménale dispute entre House et Wilson est d’autant plus violente que tous deux ont la même manie : ils veulent tout contrôler : House en manipulant tout le monde, Wilson en essayant d’être un Messie de substitution pour chacun de ses patients. Dans les deux cas, ils sont dans l’excès. La résolution finale s’appuie sur un désarçonnant résultat : chacun des quatre candidats s'est trompé… et House en déduit la bonne réponse par élimination. Il donne ainsi corps à la remarque de Cuddy dans Tout seul : les faiblesses des médecins réunies deviennent une force. La sortie d’Amber (dont Anne Dudek restitue avec ferveur son abattement) est émouvante mais vraiment dommageable. A la décharge des auteurs, les auteurs se rendront compte que le personnage est si fort qu’ils le feront revenir plus tard, rendant possible un des plus grands moments de l’histoire des séries télé. Nous quittons toutefois cet épisode avec une malicieuse coda qui nous donne un sourire attendri, un événement assez rare pour être remarqué.

Infos supplémentaires :

- Troisième épisode où House porte une blouse.

- House n’aime pas la musique punk, ni garer sa moto au parking E.

- Cuddy suggère de garder Taub et Kutner, mais dans l'épisode précédent, elle tenait à renvoyer ce dernier.

- Erreur assez énorme : pour faire convulser son patient, House veut mettre de la musique, mais il utilise non un lecteur CD… mais un ampli de guitare. Par nature, un ampli de guitare ne fait aucun bruit s’il n’y a pas de guitare !

- Référence au jazzman Thelonious Monk (1917-1982) quand House ironise sur les influences du patient. Monk fut renommé pour sa musique souvent très discordante, son jeu pianistique libre et singulier, donnant lieu à des mélodies dissonantes et un rythme inventif et novateur.

- Jimmy Quidd est nommé d’après Jimmi Quidd, un chanteur punk membre du groupe The Dots.

- Les deux chansons de l’épisode sont Spirit in the sky de Norman Greenbaum, et Slow ride de Foghat.

Acteurs :

Jeremy Renner (1971) est un acteur de cinéma dont la carrière explosa en succédant à Matt Damon dans le 4e volet de la saga des Jason Bourne (où il incarne Aaron Cross). Curieux et touche-à-tout (suivant des études informatiques, de criminologie, de psychologie), il se tourna finalement vers le grand écran, jouant dans plusieurs succès au box-office : 28 semaines plus tard, l'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, Démineur(s), Mission : Impossible 4 et 5, Thor, Avengers 1 et 2, The Immigrant, etc. Il est peu apparu dans des séries, on notera toutefois Angel (épisode Rêves prémonitoires), Les Experts, Louie (2 épisodes), The Unusuals (10 épisodes), etc. 

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10. PIEUX MENSONGE
(IT’S A WONDERFUL LIE)


Scénario : Pamela Davis
Réalisation : Matt Shakman

- Prostitutes wear religious symbols ?
- I think they just like kneeling.

Maggie, mère célibataire, a ses mains subitement paralysées. Elle attire la curiosité de House car elle prétend que ni elle ni Jane, sa fille, ne mentent ; elles ne se cachent rien. Tout en essayant de résoudre ce cas, House cherche à les prendre en défaut. Pendant ce temps, acceptant une idée de Kutner, House organise une loterie de Noël entre lui et son équipe, mais curieusement pour des motifs loin d’être altruistes…

Le parallèle avec le chef-d’œuvre optimiste de Frank Capra It’s a wonderful life (1946) saute aux yeux à la vision de cet épisode de Noël. Là où Merry little Christmas (saison 3) était un épisode sombre, It’s a wonderful lie arrache in extremis son happy end, malgré son arrière-goût amer, caractéristique de la série. Pamela Davis signe une superbe histoire, n’hésitant pas à s’attaquer à la pierre angulaire de la série : le Everybody lies de House. Superbe double portrait d’une mère et de sa fille, dialogues ciselés au millimètre, cas secondaire à se tordre, retournements successifs, réflexions sur la Vérité, gag de plus en plus ironique du cadeau de Noël... la scénariste écrit un nouveau succès total pour Dr.House.

Le cas de House est un paradoxe : poursuiveur infatigable de la Vérité, il est pourtant diplômé ès bobards, mentant, trichant, manipulant continuellement. Vivant dans un monde cynique où les faux-semblants sont rois, il utilise les tares de ce monde pour mieux les dénoncer. Or voilà qu’il se trouve devant deux personnes pour qui le mensonge est étranger. De rafraîchissants dialogues rythment ce cas au fur et à mesure que House échoue à les prendre en défaut - la conversation avec Jane sur la sexualité de sa mère est tout à fait hilarante. Tentateur, House encourage la fille (Liana Liberato, qui se débrouille bien) à mentir à sa mère sans succès, à asticoter sa patiente sur les vertus du « pieux mensonge », celui que l’on dit pour soulager ou aider quelqu’un... Son rôle n’est pas négatif car il se rend compte que Jane n’a aucune vie privée, puisqu’elle dit tout à sa mère. Il nous rappelle que dire sans cesse la Vérité n’est pas toujours sain. Une théorie qui sera amplifiée dans Je dis tout ce que je pense, en saison 5, et également lorsque Martha Masters intégrera l'équipe de House en saison 7. Taub et Foreman font du House en piégeant avec acuité un des one-night-stand de Maggie, scène qui rappelle la manipulation de House dans Airborne (saison 3).


L’épisode ne promeut pas le mensonge, mais son utilité lors de cas difficiles, comme pour sauvegarder un bonheur sincère mais fragile. Plusieurs fois, la série a déploré l’impossibilité pour la Vérité et le Bonheur de s’allier. Cet épisode semble faire exception mais le cataclysmique twist final confirme bien cette triste thèse : l’alliance entre ces deux concepts n’est possible qu’au prix d’un sacrifice déchirant... Cela vaut-il vraiment le coup ? On apprécie aussi le retour de bâton que reçoit la mère lorsque sa fille qui ne sait pas mentir lui assène qu’il n’y a aucun espoir pour elle. Pas de mensonge réconfortant, rien qu’une vérité crue, et dure. Même House reconnaît être effrayé par cette vision de la Vérité à nu. Loin du charme enlevé et joyeux de Donna Moss (après Eli Attie, on dirait un revival West Wing !), Janel Moloney étonne en femme brisée et dégoûtée d'elle-même.

Le cas médical est impérialement conduit par Pam Davis, qui entre scènes chocs (chute de la fille, yeux sanguinolents de la mère…) et diagnostics en urgence instaure un suspense terrible prenant le chemin d’une conclusion noire. D’autant plus noire que nous sommes la nuit de Noël. Maggie ressemble de plus en plus à un zombie, et si les médecins répriment leur inquiétude - règle d’or de la médecine pour House - on sent leur angoisse. Heureusement, les miracles de Noël existent et House sauve la situation lors d’une conversation avec Wilson (spectaculaire apparition de Robert Sean Léonard). Le happy end est assuré grâce au second retournement final assez dément, rejoignant certains des diagnostics les plus allumés de la série. Mais l’amertume ressentie lors du premier twist demeure, d’autant qu’il est sous-entendu que Jane a deviné le secret de sa mère. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle affectant le couple Hugo-Jaimie de la remarquable série Tell me you love me.

Un des grands regrets que laisse la série est d’avoir abandonné si tôt les cas secondaires, alors quand les auteurs décident d’en insérer un, on le déguste à petites gorgées. Et en effet, le cas secondaire du jour est aussi lumineux, fantaisiste que le cas principal est grave, House soignant une très jolie prostituée (sculpturale Jennifer Hall). Un mini-jeu de séduction s’installe entre eux tandis que l’on se plie en quatre en entendant le diagnostic, hyper salace... avant d’être détrompés par la scène finale. Ce qu’on peut avoir l’esprit mal tourné parfois… D’ailleurs cette séquence finale est très belle avec le rôle que joue cette fille de joie, House lui-même semble touché. Et puis, le voir dans une église, ce n’est pas si fréquent.
Tout en se posant en tentateur du mensonge et en exprimant son dégoût habituel que lui inspire la fête « hypocrite » de Noël, House organise une loterie de Noël truquée pour que sa toute fraîche équipe se chamaille pour maintenir l’esprit de compétition, évaporé depuis la fin des éliminatoires. Cela les rendrait plus efficaces. Seule Numéro 13, fine psychologue, s'en rend compte, mais impuissante à raisonner ses camarades, finit par jouer le jeu de House… ou presque car si House parvient à les manipuler, il ne parvient pas à semer la zizanie, le quatuor restant en bons termes. Même le boss ne peut gagner à tous les coups, et qui s’en plaindra ?

Cet axe de l’intrigue, riche en humour noir, est frétillant. Si Jacobson et Penn sont égaux à eux-mêmes, Olivia Wilde est un peu au-dessus avec sa froideur cynique. Hélas, ce sera quasiment le seul registre sur lequel elle jouera, jeu bon mais limité. Tout de même, elle se montre plus égale que Jennifer Morrison. La fin exalte la magie de Noël, avec une famille guérie de son obsession de la Vérité, des médecins se réunissant tous pour passer un bon moment ensemble, et House allant voir un spectacle. Décorations et chansons de Noël rythment cet épisode optimiste.


Infos supplémentaires :

- Aka. La vérité, rien que la vérité ?

- House aurait eu un procès de la part de Foreman pour l’avoir appelé « Choupinette ». Bien qu’athée, House a une bonne connaissance des saints chrétiens.

- Parmi ses cadeaux, House reçoit un ouvrage avec la mention « deuxième édition de Conan Doyle ». Nouveau clin d’œil à Sherlock Holmes, influence majeure du personnage.

- Deuxième épisode sur le thème de Noël.

- Le mail de vente du stepper date de juin 2005, 18 mois avant les événements de cet épisode d’après House. Nous serions donc en décembre 2006, ce qui est impossible car le mail suivant, envoyé il y’a un an d’après House, date d’octobre 2006. De plus, Taub et House devraient savoir qu’un enfant ne peut avoir une correspondance au-delà de 3/6 avec sa mère pour un don de mœlle osseuse, car il n’a que la moitié de son matériel génétique. Enfin, Taub commet deux erreurs en intubant le patient : il ne retire pas l’oreiller, et tient à l’envers le laryngoscope.

- Les membres de l'ancienne équipe rencontrent pour la première fois ceux de la nouvelle équipe.

- Jennifer Morrison apparaît dans cet épisode mais ne parle pas.

- La soundtrack de l’épisode est constituée de Who took the merry out of Christmas ? des Staple Singers, The little drummer boy des « Fab Four » (le groupe hommage aux Beatles), Love for Christmas de Felix Gross, Trim your tree de Jimmy Butler, God rest you, merry gentlemen, et Santa Claus is coming for town du Ramsey Lewis trio.


Acteurs :

Janel Moloney (1969) est surtout connue pour avoir tenu le rôle principal de Donna Moss dans la série politique A la maison blanche (142 épisodes). Rôle qu'elle décrocha après avoir subi une longue traversée du désert après sa sortie de l'université. Elle est apparue aussi dans Sports Night, Urgences, Arabesque, 30 Rock, New York section criminelle, The Good Wife, Life on mars US, The Blacklist (2 épisodes), etc.

Jennifer Hall (1977) a suivi tôt des cours de théâtre et de chant, et joua ensuite à Broadway. C'est une figure souvent apparue dans des séries très connues : New York unité spéciale, NCIS, Monk, Esprits Criminels, Nip/tuck (3 épisodes), Les Experts, Les Experts : Miami (2 épisodes), Les Soprano, Private Practice, Castle, etc. Elle a tenu un rôle récurrent dans Up all night (24 épisodes). Elle a aussi été au cinéma (La vengeance d'une blonde, Confessions d'un homme dangereux, etc.)

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11. CELLE QUI VENAIT DU FROID
(FROZEN)


Scénario : Liz Friedman
Réalisation : David Straiton

- Lots of books. I'm betting all medical.
- Only if you count the pornstar Jenna Jameson's autobiography as a gynaecological text.

Cate Milton, docteur et psychiatre, a intégré une base scientifique en Antarctique. Mais elle commence à éprouver d’horribles douleurs. Les vents violents n’autorisant aucun secours, elle devient la prochaine patiente de House, qui supervise son cas via webcam. House est surpris et séduit par la jeune femme qui lui tient souvent tête. Le cas est difficile car le matériel médical là-bas est très réduit. House a également deux autres soucis : il veut persuader Cameron de convaincre le comité du budget d’installer le câble à l’hôpital, et savoir qui est la nouvelle petite amie de Wilson…

Quoi, encore un quatre melons ? Eh oui, mais il faut croire qu’en cette glorieuse saison, les scénaristes réussissent tout à la perfection. Liz Friedman enchaîne à tempo effréné les déflagrations d’humour dans cet épisode vif et joyeux, qui n’oublie pas quelques moments de tension. Plus encore que Le boulot de ses rêves, il doit son intérêt à transformer House et ses collaborateurs en McGyver dû au peu de matériel présent à la base. Voir House perdre les pédales (juste après l’égarement Samira Terzi) à cause de la séduction de sa patiente est très drôle, autorisant dialogues à la mitraillette, twists vertigineux, et effarements de Wilson. Le mystère du date de Wilson, jusqu’à son dénouement imprévu tient aussi en haleine. Le harcèlement stupide de Cameron est très festif, final roublard inclus. Il n’est pas étonnant que Frozen soit un des épisodes les plus estimés des fans.

La série explore un nouveau concept dans cette saison si riche en innovations : le diagnostic à longue distance, avec moyens limités. Toutefois, l’essentiel est ailleurs, l’axe principal de l’épisode étant la perte d’objectivité de House, soucieux davantage du bien-être de sa patiente que de sa santé. Cela le pousse à une erreur en apparence bénigne qui prendra tout son sens qu’à la toute fin. Si ce twist est plus aisément devinable, il n’est pas dénué de l’ironie coutumière de la série. Cate séduit par son franc-parler, gagnant systématiquement tous ses duels verbaux avec House, qu'ils soient sexuels, éthiques, professionnels, et en lui balançant à son tour ses quatre vérités. Comble de malchance pour House, Cate est psychiatre et l’analyse fort bien. Enfin une personne qui lui résiste ! Comme le prêtre de Unfaithful (saison 5) le devinera plus tard, House, fatigué d’avoir toujours raison, a besoin de chercher des opposants, et il est séduit de cette opposition qu'il espérait secrêtement.

On se régale des dialogues de haut vol entre House et Cate. Même quand il fait plus sombre, Friedman ne renonce pas à son humour gouleyant (la dégustation d’urine…). Le sommet est certainement la parodie de rendez-vous galant où House demande à sa patiente de se déshabiller tout en mettant de la musique douce et un bourbon sur la table… la scène, pastiche éclatant de rendez-vous galant et de rapport sexuel, restera comme un des highlights de la saison ! Chez House, l’humour dans les situations dramatiques accentue le drame par le décalage produit. Wilson est témoin de l’effet de Cate sur House : il s’inquiète pour elle, l’appelle par son prénom, veut prendre moins de risques que d’habitude… Ses foireuses tentatives de le raisonner participent à la folie douce de l’ensemble. Robert Sean Leonard est irrésistible dans les scènes comiques.

Cate elle-même mèle cynisme et philanthropie : elle utilise peu de médicaments car d’autres membres de son équipe en ont besoin. Elle refuse tout traitement préventif. House, obsédé par elle, est à deux doigts d’exploser devant cette rétivité. Cate a les mêmes attitudes que House, mais elle est altruiste, et il n’est pas anodin qu’elle apprécie la bonté de Wilson qu’elle juge « parfait ». Un tel personnage aussi relevé ne peut que donner une plus-value à un épisode déjà bien abouti. On pourra certes gloser sur la fadeur du technicien amoureux, qui joue les utilités. La scène où il perce le crâne de Cate avec la foreuse fait toutefois son effet. Le diagnostic final est comme toujours ironique, l’occasion pour House une fois de plus de montrer la nécessaire objectivité dans un cas sous peine de grosses bêtises ! Omar Epps de son côté joue ici une excellente prestation en médecin attentif et luttant pour recadrer House. Tandis que la complicité entre Wilson et Cate autorise quelques scènes délicieuses.


L’épisode a commencé assez fort avec House cherchant les chaînes du câble sous prétexte de rendre service... à un comateux. Passées les mimiques exaspérées de Cuddy, on a droit à House version enfant gâté pas content qui veut énerver Cameron qui veut pas l’aider. Quand House revêt des airs de garderie version adulte, c’est souvent plein de sève. Du coup, il ordonne à Taub, Kutner, et 13 de lui mener la vie dure. Une des scènes les plus hilarantes de l’épisode est quand ils jouent franc jeu avec Cameron en lui disant à l’avance qu’ils vont l’espionner. Leur confrontation avec House à la fin est un moment d’anthologie, reflet parfait du cas principal. Il est caractéristique du besoin vital pour House de dialoguer avec des personnes qui ne lui ressemblent pas. Amoureux des débats, il est comme un Don Juan pour qui une victoire n’a de sens que si elle est l’objet d’une bataille, les femmes remplaçant ici la recherche de la Vérité. Sinon, c’est à croire que même hors équipe, Cameron reste un souffre-douleur pour House.

Enfin, l’épisode termine sa réussite avec la troisième histoire, celle de la petite amie de Wilson, dont House devine l’existence en voyant seulement la chemise lavande de son ami. Cet épisode est décidément un des mieux dialogués de la série, car ce n’est pas seulement House qui vanne, mais Wilson aussi, qui bénéficie des meilleures répliques. Il essaye d’échapper aux questions de House par tous les moyens, y compris en piquant un sprint ! Ce suspense léger se dénoue dans les toutes dernières secondes avec l’apparition de l’élue, pour finir l’épisode sur un événement tout à fait inattendu. La formation de ce couple on ne peut plus mal assorti est une surprise, qui de plus donnera lieu à une relation que la série traitera avec brio, ce qui ne sera pas toujours le cas des ships futurs. Alors, enjoy !


Infos supplémentaires :

- Episode le plus regardé de la série. Il fut diffusé juste après la finale du SuperBowl, attirant ainsi 29 millions de téléspectateurs !

- Mira Sorvino gagna l'oscar de la meilleure actrice invitée dans une série pour cet épisode.

- Anne Dudek n'est pas créditée au générique du début, pour garder la surprise de la fin.

- Kutner aime regarder la chaîne Découverte, particulièrement quand les géologues peuvent faire « sauter des trucs ». Ben voyons…

- House a dragué la femme de Carlson, dermatologue et chef du comité du budget de l’hôpital, en pensant que c’était sa fille. Il est accro au câble, a chez lui des bios de stars du porno, et boit du bourbon. Seulement douze personnes sont communes à Wilson et lui. Autopromotion : House déclare qu’il ne peut se passer du câble que le mardi soir… moment où FOX, chaîne généraliste, diffuse justement Dr.House.

- Clin d’œil : quand Wilson est surpris que House appelle Kate par son prénom, House réplique en l’appelant « Bob », le diminutif du prénom de Robert Sean Leonard.

- Wilson ne sort jamais déjeuner.

- Erreurs : Wilson demande à Cate de pousser l’aiguille de la seringue au lieu du piston de la seringue. Lorsque House utilise son Mac, le symbole de la pomme devrait être allumé. Dans l’introduction, le sang du blessé s’arrête de coaguler, mais même à -60°, le sang ne s’arrêterait pas de couler ; et la colle utilisée par Cate serait tout aussi inefficace. Par ailleurs, les turbines tournent alternativement dans un sens et dans l’autre, et changent d’orientation entre deux plans.

- Cas unique dans l'épisode, House réalise l'intervention via webcam. Cet épisode est en fait inspiré du docteur Jerri Nielsen qui coincée en Antarctique, se diagnostiqua un cancer du sein, et dut demander conseil auprès de collègues via webcam pour faire des analyses de tissus de son corps.

- Jesse Spencer n'apparaît pas dans cet épisode.

- Trois chansons dans l’épisode : Let’s get it on de Marvin Gaye, Human de Civil Twilight, et Awake de Mungal et Nitin Sawhney.

Acteurs :

Mira Sorvino (1967) est une enfant surdouée. Après avoir décroché haut-la-main les félicitations pour une thèse sur les conflits raciaux en Chine, elle se tourne vers le cinéma où ses talents de comédienne attirent l'attention rapidement. Woody Allen l'engage pour Maudite Aphrodite (oscar à la clé pour elle), lançant définitivement sa carrière. Elle a depuis tourné dans une soixantaine de films. Très active et travailleuse, elle est une actrice assez réputée aux USA. Son rôle dans Dr.House est un des rares qu'elle ait accepté pour la télévision. Plus récemment, elle est apparue dans Falling skies (6 épisodes), Intruders (8 épisodes), Enquêteur malgré lui, Stalker (3 épisodes chacun), etc.

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12. CHANGEMENT SALUTAIRE
(DON’T EVER CHANGE)


Scénario : Doris Egan et Leonard Dick
Réalisation : Deran Sarafian

This isn't just about sex. You like her personality. You like that she's conniving. You like that she has no regard for consequences. You like that she can humiliate someone if it serves... Oh my God, you're sleeping with me !

Roz, 38 ans, s’est convertie au judaïsme. Lors de son mariage (arrangé) avec Yonatan, elle s’évanouit, et du sang tâche sa robe. Elle est le prochain cas de House qui pense que sa conversion est synonyme de déréglement mental. Pendant que le cas se complique, House tente de connaître les vraies motivations d’Amber à entretenir une relation avec Wilson. Il veut convaincre ce dernier qu’il fait une erreur en étant avec elle…

Cinquième 4 melons de suite ! Mais encore une fois pleinement mérité. Bien aidés par le toujours réjouissant personnage d’Amber, qui marque une évolution inattendue sans perdre de son piment, Doris Egan et Leonard Dick ont également la suprême audace d’écrire un épisode splendidement optimiste qui réduit en pièces les théories pessimistes de House, ce qui n’était quasiment jamais arrivé jusqu’ici. Le cas se mue en essai anthropologique sur la capacité des gens à changer de vie, et sur les rituels de la religion. L’humour n’est pas absent loin de là.

Plaisante introduction avec ce mariage juif joliment reconstitué et sa musique enlevée. Zoom sur le cas où on s’amuse de voir House considérer la conversion religieuse comme un symptôme neurologique ! Don’t ever change s’intéresse à un point rarement traité dans les sujets religieux : les rituels de la religion. Que sont ces rituels ? : Perennisation non actualisée d’un message ? Ou profession de foi intemporelle passant par des actes concrets ? L’épisode nous laisse juge, montrant simplement les deux côtés, bons et nocifs, de ces rituels. Ces rituels sont questionnés ici sur leur pertinence. Il ne s’agit nullement d’une critique envers le judaïsme, mais seulement d’un questionnement sur la religion en général. Ainsi, le sabbat interdisant toute action est un rituel bien près de tuer la patiente qui veut quand même le respecter. Seule l’idée lumineuse de Chase, typiquement Housienne, ainsi que l’acceptation du mari, la sauveront. On voit que Yonatan sait infléchir ses croyances dans un cas extrême. L’épisode nous livre finalement sa thèse : quand il s’agit de sauver une vie, de soulager quelqu’un, les rituels religieux doivent être infléchis. Cela n'est pas sans rappeler un passage de l'Evangile de Luc où le Christ est accusé d'avoir guéri un infirme pendant le jour de repos. On peut y voir une attaque à peine voilée contre l’extrêmisme religieux, qui distord des messages de paix et d’amour pour asservir les hommes. Souvent jusqu’à la violence…


La discussion Foreman-Taub sur les mariages arrangés est très intéressante. Taub condamne cette pratique au nom de la liberté de choisir, Foreman est moins dur, disant que fondamentalement cette pratique a du bon, puisqu’il s’agit de choisir un conjoint qui analysé par votre famille vous conviendra. Bien entendu, on est plus proche de l’utopie que de la réalité, car les abus, les tromperies, et les erreurs de jugement sont légion dans cette pratique. Pourquoi Roz a-t-elle plaqué sa vie de sex, drugs and rock’n’roll pour une branche religieuse austère ? C’est un instinct de survie, d’une prise de conscience de ses tendances à se détruire (physiquement, elle apparaît plus que ses 38 ans), un moyen de se reconstruire. Elle passe d’un extrême à l’autre, comportement naturel lorsqu’on veut fuir quelque chose qui nous oppresse, et non le masochisme supposé par House. Le soutien de son mari (Eyal Podell, parfait dans un rôle qui aurait pu sombrer dans la dégoulinade) est un atout. Fait extrêmement rare, un des couples les moins sûrs de la série sortira renforcé de l’orage ! La série sait nous surprendre.

House pointe aussi l’hypocrisie du nombre incalculable des règles de vie de toute religion, souvent faites d’interdits (et source considérable de malentendus). Pour House, l’homme doit imposer ses propres limites, mesurer sa conscience, et non qu’on lui dicte sa conduite. Le refus de toute autorité - même aux intentions philanthropiques - est caractéristique du personnage. Les patients de House ont souvent voulu changer de vie. Mais leur changement est illusoire, ils restent les mêmes au fond. Cette incapacité à changer est une source du pessimisme de la série qui prend des allures de fable, dans la plus pure tradition de la Twilight Zone : un individu est confronté à ses propres démons via un évenement surnaturel, ici remplacé par une maladie rare. Pourtant, House devra admettre que sa patiente a réussi à se libérer de sa vie antérieure, malgré l’ingéniosité de ses discours à charge. Le changement est possible nous dit l’épisode, même si la force morale demandée est si immense que bien peu y arrivent. Le cas est bien écrit. La dose standard de suspense est accrue par l’intrusion de la religion (on s’amuse de voir House férailler avec le mari). Nos médecins doivent se résoudre à des ruses pour progresser. Mention à Taub, en pleine forme.


Mais les moments les plus jouissifs de l’épisode sont donnés par le triangle House-Amber-Wilson. House veut savoir le « plan » d’Amber. Mais ce n’est décidément pas un bon jour pour House qui se goure de nouveau, tout comme le spectateur : Amber est réellement amoureuse de Wilson et n’a aucun plan en tête ! Anne Dudek est une grande actrice, car airs cassants et ironiques demeurent alors que son personnage commence une évolution plus douce. Les deux caractères cohabitent harmonieusement. Amber irradie dans ses deux scènes avec House qui lui propose le poste qu’elle désirait tant si elle laisse Wilson. Oui, Amber a aussi réellement changé et a enfin ce qu’elle veut avec Wilson : respect et amour, qu’elle croyait incompatibles. House ne peut que s’incliner. Wilson se montre déterminé malgré les avertissements de House et de Cuddy. Ses duels rhétoriques avec House sont de purs chefs-d’œuvre comme lorsque House conclut que Wilson cherche en Amber un House féminin, ou que Wilson imagine qu’il aurait pu former un couple avec House (Whaaaaaa !!!) si ce dernier n’avait pas été en même temps si égocentrique et si haineux de lui-même.
Encore une surprise : Wilson a tendance à aimer des femmes qui ont besoin de lui, mais ce n’est pas tout à fait vrai avec Amber, qu’il aime pour elle-même, malgré (pour ?) son caractère. Signe qu’il a mûri, et qu’il y’a de bonnes chances que ça dure.

Le « Houson », hypothèse selon laquelle House et Wilson ressentiraient l’un l’autre plus que de l’amitié, fait ici ses premiers pas. Bien qu’une pareille thèse soit sans doute exagérée, on voit que House a peur de voir une femme lui « chiper » son ami. Tout ça est alimenté par une course de dialogues à se plier en huit entre vannes de punching-ball et débats philosophiques décalés. Quel rythme ! Enfin, une pensée pour Thirteen dont Foreman puis House devinent qu’elle est bisexuelle (via un sournois double sens). House va donc pouvoir la taquiner sur son « ouverture ». Ca promet... Avec un tel lot de surprises, on ne s’étonnera pas que l’épisode ose le happy end total, avec la patiente guérie et heureuse, et House acceptant la liaison de Wiwi. Enfin, accepter… l’armistice n’est pas signé, et on aura l’occasion de le constater !



Infos supplémentaires :

- Taub se décrit comme un juif hassidique non pratiquant. Cela fait 12 ans qu'il est marié à Rachel. Pourtant, moins de 3 ans plus tard, dans Le héros du jour (saison 7), il dira être marié depuis 22 ans.

- Wilson pleure en regardant Victoire sur la nuit (Dark Victory en titre original). C'est un film de 1939 d’Edmund Golding avec Bette Davis interprétant une femme atteinte d’une tumeur inopérable au cerveau. Il y’a par ailleurs une référence au film La solitude du coureur de fond (1962) de Tony Richardson.

- Wilson et Amber sont ensemble depuis 1 mois. Le temps a donc passé vite entre le 4x09 et le 4x11. Kutner a tenté de la draguer sans succès. Le "Wamber" est donc bien officialisé.

- Kutner est fan de SF, littérature inclue. Outre les classiques Planète des singes (et la série dérivée), et Star Wars cités, il se prend pour un Maître Dahar de l’empire Klingon, allusion que seuls les fans de Star Trek : Deep Space Nine comprendront.

- House connaît bien les traditions juives. A l’arrivée d’Amber, il était en train de lire l’autobiographie d’Ashley Bowen, premier marin américain à avoir écrit son autobiographie.

- Dans l’introduction, quand Roz regarde Yonatan, elle le voit à travers son voile… qu’on lui a retiré quelques secondes auparavant. Wilson conduit une volvo S80, mais les clés qu’il tient n’appartiennent vraisemblablement pas à une telle voiture.

- Jennifer Morrison n'apparaît pas dans cet épisode.

- La soundtrack de l’épisode est constituée de Jerry Weintraubl de Weldeck, le traditionnel Nani Nani par l’ensemble Accentus, puis par Eshet Chayill, et Waiting on a friend des Rolling Stones, groupe séculaire accompagnant la série depuis le pilote.

 

Acteurs :

Laura Silverman (1966) est surtout connue pour avoir prêté sa voix au personnage de Laura de la série animée Dr.Katz (79 épisodes) dont elle a écrit 35 épisodes, son propre rôle dans le show animé par sa soeur actrice The Sarah Silverman Program (32 épisodes), et le rôle de Jane Benson dans Mon comeback (20 épisodes), joué dans les séries Buffy contre les vampires (épisode Kendra), Angel (épisode Cinq sur Cinq), Les Griffin, Larry et son nombril, Nurse Jackie (4 épisodes), etc. Elle est la soeur de Sarah Silverman, humoriste très populaire et controversée aux USA.

Eyal Podell (1975) est d'abord un acteur de théâtre, mais s'est souvent tourné vers la télévision. Il a joué dans les séries Ally McBeal, La loi selon Harry, A la maison blanche, Urgences, JAG, FBI portés disparus, Charmed (2 épisodes), Angel (épisode Le sous-marin), Les Experts, Les Experts : Manhattan, Preuve à l'appui, NCIS, NCIS : Los Angeles, NCIS : Nouvelle-Orléans (épisodes Le maître de l'horreur, et Une fin annoncée), Lost, 24 heures chrono (4 épisodes), The Event, Bones, Mentalist, Private Practice, Touch, Esprits criminels, etc. Il fut également le Dr.Evram Mintz, un des premiers rôles de Defying Gravity (13 épisodes), et Adrian Korbel dans 146 épisodes des Feux de l'amour

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13. TROP GENTIL POUR ÊTRE VRAI
(NO MORE, MR. NICE GUY)


Scénario : David Hoselton et David Shore
Réalisation : Deran Sarafian

He is happy. I have to stop this before it spreads.

Jeff, la quarantaine, est un homme exagérément gentil et optimiste, ignorant la colère et le chagrin. Après s’être évanoui, il est admis à Princeton-Plainsboro. House est persuadé que sa gentillesse excessive est le symptôme d’une maladie grave. L’équipe fait une terrible découverte concernant House. Ce dernier tente d’apaiser la tension entre lui et Amber en faisant un compromis : tous deux auront la « garde alternée » de Wilson. En même temps, Cuddy ordonne que House fasse le bilan de compétences de son équipe…

No more, Mr. nice guy n'est pas sans rappeler un subtil épisode d'Ally McBeal (Du rire aux larmes) où un homme est incessamment heureux après un accident cérébral. Mais ici qui trop embrasse mal étreint. Même si la série sait comment correspondre les différentes intrigues de ses épisodes, les auteurs présument de leurs forces en mélangeant pas moins de quatre intrigues ! Du coup, l’épisode s’éparpille dans tous les sens, temps morts en prime. Bien que décousu, l’épisode parvient tout de même à captiver grâce à l’humour délirant de situations absurdes (la marque d’Hoselton), et une véritable partie d’échecs psychologique super tordue mais jouissive entre les différents protagonistes (la marque du créateur). Au final, l’épisode remplit son contrat, mais déçoit un peu après cette brillante succession de chefs-d’œuvre.

Shore et Hoselton jonglant un peu trop d’une intrigue à l’autre, oublient de bâtir une vraie enquête. Les péripéties paraissent forcées, schématisées à l’excès. La réalisation plus calme de Deran Sarafian équilibre, mais n’évite pas des moments de statisme. Nos médecins fatigués ne brillent guère, anonnant des hypothèses sans y croire. Toutefois, on lèvera le pouce pour Paul Rae qui en fait des caisses dans son interprétation du gars tout gentil, jusqu’à en devenir tête à claques. Il fait furieusement penser au déchaîné Parker de Friends (Celui qui était trop positif) en optimiste intégral joyeusement lourdingue. Deb, sa femme (la jolie et compétente Chad Morgan) décrit bien l’enfer de sa vie de couple : condamnée à être « moins bien » que son chaleureux mari, elle est sous pression. Certes, elle l’aime, mais son caractère joyeux qui ne cesse jamais finit par la stresser. Remake inversé du poème Portraits de femmes de Baudelaire où un homme perd tout contrôle à cause d'une épouse trop parfaite, cet épisode rénove son approche pessimiste du couple. Ce dézingage des couples modèles contient une morale vacharde : un couple ne peut s'épanouir que s'il y'a des disputes ; vous avez dit cynique ? Méchamment, la série nous livre une fin ambiguë : et si finalement la gentillesse excessive de Jeff faisait partie intégrante de sa personnalité et non de sa maladie ? Le cauchemar va-t-il continuer pour Deb ? On en frémit...

Une autre intrigue était largement dispensable, celle de la « maladie » de House qui expliquerait son caractère de cochon. Dilemme des docteurs : doivent-ils « soigner » leur patron au risque de le transformer en médecin « basique » (le mépris de l’affectif pour House lui permet de développer tout ce qui est cérébral) ou laisser la maladie le ronger ? Si le nouveau trio marche sur une gamme d’émotions plus large que l’équipe primitive, quiconque a un peu suivi la série flairera tout de suite que ce n’est qu’une supercherie. De plus ne débouchant sur aucun résultat dramatique. Le dilemme est expédiée en une résignation hâtive, sapant tout débat sur notre capacité à juger sur ce qui est bon pour l’être humain. On passe.

Heureusement, les deux autres intrigues sont bien mieux écrites. Ainsi, House doit écrire un bilan de compétences, paperasse qu'il délègue très vite à Foreman, honoré de cette preuve de confiance. Mais c’est méconnaître House qui lui donne ce pouvoir que pour mieux l’humilier ! Voir Taub - définitivement le membre le plus relevé de l’équipe - lui fournir une pétillante explication de texte vaut le coup d’œil. Taub qui par ailleurs barbote 5$ à Kutner pour lui montrer que la gentillesse est une valeur dépassée dans notre monde cynique : le fiel sous l’humour, typique de la série. Toutefois, c’est bien Kutner qui est ici au premier plan, toujours avec son humour enfantin qui adoucit l’ironie de l’histoire. Il est très drôle d’entendre les différents bilans de compétence, en particulier quand Cuddy exécute proprement House en lui balançant toutes ses tares comme si elle lisait un (long) acte d'accusation. House se venge en faisant celui de sa patronne, extrêmement vitriolé… mais loin d’être faux, Cuddy est bien trop intelligente pour le nier, se contentant d’encaisser sereinement. House commence déjà à taquiner Numéro 13 sur sa bisexualité, choueeette.

La conversation avec Chase est assez rigolote tout en s’intéressant à la politique forcée du compromis, lot de tout couple, et qu’il faut accepter car c’est une preuve d’amour. Une leçon que House a dû regretter de ne pas avoir suivie quand Cuddy le quittera. Cela s’enchaîne au segment le plus abouti de l’épisode : la garde alternée démente de Wilson où House et Amber se prennent pour deux divorcés se partageant leur enfant ! Wilson est tellement effrayé par ce duo infernal qu’il se laisse faire. Pour la première fois, House parvient à renvoyer Amber dans les cordes, mais sa vengeance sera terrible... et conduira House au diagnostic final. Improbable ? Ben oui, mais on marche comme des gosses !

S'ensuivent dialogues mortels et séquences mémorables (beuverie de Wilson, chantage de House, réactions d’Amber…) dont la moindre n’est pas le déplacement hilarant du triangle chez Cuddy mise en position d'arbitre sans qu'elle n'ait rien demandé. Le tout se voit couronné par le châtiment final. Mais sous la couche de rire, les dialogues House-Wilson montrent combien chacun connaît l’autre. Wilson accepte de se laisser manipuler par House. Victime sacrificielle consentante, il savait comment tout ça allait se passer, tout comme House. Le lien entre les deux amis est très fort, chacun sait à quoi pense l’autre, comment va agir l’autre, le tout sans paroles explicites. Le vernis de la comédie laisse affleurer l’émotion de cette histoire d’amitié fascinante, tout en confirmant la véracité du « Wamber ». Amber aime réellement Wilson, elle est sincère avec lui, mais ne se prive pas de dire que c’est un froussard. Le personnage reste très rugueux, malgré sa métamorphose. Et on ne s’en plaindra pas, on l’aime comme ça !

Pour terminer, House regarde son soap favori à la télé. L’acteur qui y est présent sera de la partie dans le prochain épisode !



Infos supplémentaires :

- House lit TV Soap Chronicles. Il a un piano Yamaha. Il est fan de Miley Cyrus (Mariah Carey en VF). Oui, House a des plaisirs coupables.

- Il est sous-entendu que 13 est bisexuelle. Cela sera confirmé dans La vie privée de Numéro 13 (saison 5).

- Chase joue très bien au bowling. House moins. On remarquera que la mécanique de la salle foire : après que Chase fait son dernier strike, la machine remet quand même trois quilles, comme s’il en avait fait tomber que sept !

- Cameron a une amie insupportable (une seule ? s’étonne House).

- Amber va au yoga le mercredi soir.

- Wilson tient mal l’alcool.

- Nouvelle référence à la série L Word, que House préconise comme aphrodisiaque !

- La grève des infirmières (ainsi que la manifestation de l’introduction) est en fait une référence à la grève des scénaristes qui frappa les Etats-Unis, forçant de nombreuses séries à raccourcir leurs saisons en cours (comme Dr.House). Cet épisode fut le premier écrit après la grève.

- Soundtrack de l’épisode : I want it de Kristen Mari, Everyday people de Sly Stone, You keep me hanging on par Les Supremes, et enfin Salsa Habanero par Wayne Jones. Par ailleurs, Paul Rae chantonne dans l'épisode Baby, I'm-A want you de David Gates.

Acteurs :

Paul Rae (1968) a surtout joué à la télévision, comme dans les séries Sabrina l'apprentie sorcière, Les Experts, Star Trek : Enterprise (épisode Les hors-la-loi), Monk, Desperate Housewives (2 épisodes), NCIS, A la maison blanche (2 épisodes), Malcolm, The Closer, Moonlight, Californication, Esprits criminels, Fringe, Justified, Mad Men, True blood, Supernatural (épisode Que le diable l'emporte), Aquarius (2 épisodes), etc. Il a un peu joué au cinéma (Massacre à la tronçonneuse 3D, True Grit, etc.).

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14. POUR L’AMOUR DU SOAP
(LIVING THE DREAM)


Scénario : Sara Hess et Liz Friedman
Réalisation : David Straiton

- You lied to me !
- I kidnapped you. You’re surprised that I lied to you ?

Evan Greer joue le rôle principal du soap opera médical « Passion sur ordonnance ». Fan assidû de la série, House remarque quelques détails sur le comédien et en vient à penser qu’il a une tumeur. Il le kidnappe à la sortie du tournage et lui fait des tests ! Cuddy est sous pression car l’hôpital est inspecté. Elle supplie House de ne pas faire d’esclandre. Enfin, Wilson est surpris par la gentillesse d’Amber qui le laisse faire des choix sans elle ; cela cache-t-il un piège ?

Cet épisode connaît un départ pétaradant avec sa situation de départ fêlée. Mais revient à des normes plus classiques une fois passée ce portique brillant. Ca n’empêche pas l’épisode de se laisser regarder, Sara Hess et Liz Friedman alternant subtilement comédie et drame. Entre deux rires, l’épisode entame une charge percutante contre les soap operas, et observe le décalage entre la réussite professionnelle et la réussite personnelle, qui ne vont pas forcément de pair. Enfin, le problème éthique du jour entre House et Cuddy atteint son but, et permet de constater une nouvelle évolution dans leur relation. La bonne humeur de cet épisode ne laisse pas du tout présager la violente tragédie du season finale qui va lui succéder.

L’introduction casse avec l’habitude de la série avec le tournage hilarant de ce soap caricatural (comme tous les soaps) où tout sonne faux ; première des piques que va envoyer l’épisode sur l’univers des « Daytime series ». Il n’est pas interdit d’y voir une attaque contre Hospital central, le soap opera médical séculaire des Etats-Unis (depuis 1963 !), ou même contre Grey’s anatomy, la concurrente directe de la série, l’une des bouses les plus magistrales des années 2000. On bascule dans une autre dimension avec les explications de House sur ses soupçons quant à la santé de l’acteur : un texte lu 2 secondes plus lent, un tic sur son visage, un temps de réaction allongé de 0.8 seconde… et comme c’est House, ben, on y croit !! Il est surprenant de voir House, ennemi du sentimentalisme, suivre passionnément un soap opéra dont il connaît toutes les intrigues alambiquées. Cela n'est pas sans rappeler le bad guy Spike de Buffy contre les vampires, connaisseur assidû d'un soap. La scène la plus OVNI est le diagnostic différentiel où les médecins regardent les épisodes de la série pour trouver des symptômes. Bienvenue à Princeton-Plainsboro…

Le cas médical est meilleur que le précédent, mais reste en-deça de ce que nous a offert cette saison. En fait, l’originalité du cas est assurée par le come-back de Cameron qui doit faire la paperasse de son ancien boss sous les ordres d’une Cuddy sur les nerfs. Les réflexions grinçantes qu’elle balance à House sont dans la logique de son évolution plus rude. Débute alors une running joke qui va durer quelque temps, où House propose à Cameron de revenir dans son équipe. Les fans du Hameron frétillent : malgré qu’il prétendait bluffer, House était peut-être sincère, et souhaitait sa réintégration. Mais si son ancien job, si excitant, manque à Cameron (impeccable Jennifer Morrison), House, lui, ne lui manque plus du tout. Ce distinguo approfondit le personnage qui gagne en indépendance. Le Hameron émerveille par son minimalisme maîtrisé, "à-côté" qui garnit l’épisode.

Le patient présente le cas type de la célébrité qui n’aime pas ce qu’elle fait. Evan (Jason Lewis, convaincant) s’ennuie dans ce tournage de soap, rappellant qu’il s’agit de ce que fait de plus bas la télévision (quoique la téléréalité…). Malgré son succès, il n’a que mépris pour ce show où ni histoires ni comédiens sont crédibles, et ciblant les fans de ces shows comme des crétins. Au-delà de ce regard acide, c’est bien le drame d’un homme qui est contraint pour survivre à prostituer son talent qui interpelle (on est pas loin du Tootsie réalisé par Pollack). Femmes en folie et sécurité financière ne sont pas synonymes de bonheur rappelle la série qui exalte au contraire le respect de nos valeurs morales dont l'irrespect empêche de s'épanouir. Ainsi, House a vendu son bonheur contre le respect de sa moralité : la vérité à tout prix, Taub a vendu sa situation luxueuse pour conserver son ménage, etc. et ainsi s’estiment
relativement heureux (belles discussions de la team). Il ne serait cependant pas faux de dire que c'est aussi à force de voir le monde en noir que House et Taub ne peuvent plus être déçus, la série cherchant toujours à complexifier ses persos.

Mis à part les gros gros sous-entendus sexuels de House, le cas finit par devenir un révélateur du "Huddy" par les limites éthiques qu'il transgresse, et le laisser-faire de Cuddy. Certes, on a déjà vu ça, et l'idée d'une inspection ne change rien, mais on apprécie ces scènes comiques comme le chantage de la télévision et la scène de la morgue. Mais la tension finit par s'installer : si House se trompe, Cuddy sera virée pour faute grave, et House avec. Mais House, héraut de la vérité, place sa recherche avant tout, boulot compris, du coup Cuddy est en position de faiblesse. Pourtant, elle aura l’audace de lui faire pleinement confiance et se remet tout entier entre ses mains. Le twist final est anticlimatique mais est d’une ironie brillante, avec encore un triomphe des apparences. Un tel risque ne va absolument pas avec la prudence de Cuddy. Il s’agit donc d’une graine de plus dans le Huddy, duo au-delà du simple rapport professionnel, à la confiance solide, même si on est encore loin d’un rapprochement.

Amber nous surprend. Tout fan de X-Files s’amusera avec la survenue d’un monstrueux waterbed qui donne autant de misères à Wilson que Mulder un lundi de sinistre mémoire. Robert Sean Leonard et Anne Dudek s’entendent parfaitement et composent un couple très crédible. L’histoire débile du choix du lit montre à quel point Wilson est quelqu’un de trop généreux. A force de vouloir faire plaisir aux autres, il s’oublie lui-même, ce dont Amber lui fait prendre conscience, et l’encourage à accepter de recevoir, qu’on s’occupe un peu de lui. Amber nous fait par ailleurs un numéro de pleureuse pour faire baisser les prix à un vendeur : oui Amber est en réalité un p'tit ange, mais ne renonce pas à ses tordantes manipulations ! House, refusant de s’avouer vaincu, est sûr qu’Amber tend un piège à son petit ami avec ce choix cornélien. Raté, Amber poursuit son adoucissement en demeurant d’une sincérité totale. Que House se trompe autant sur Amber est normal, car selon son credo, personne ne peut changer. Que ce soit un personnage cynique qui démolisse une croyance de House ne manque pas de piquant !

Maintenant. Préparez vos mouchoirs…

Infos supplémentaires :

- House a des revues pornos dans son tiroir (revue fictive Pandora’s).

- Kutner a travaillé dans un magasin, section parfums pour homme. Il y était très mal payé.

- Premier épisode où Cameron retourne temporairement dans l'équipe de House.

- Jason Lewis a joué dans Sex and the City - comme Cynthia Nixon dans Faux-semblants (saison 2). Il est le neuvième acteur à avoir participé à Charmed.

- Cet épisode est inspiré d’une histoire vraie : un chirurgien, en examinant pendant une émission le visage de Conor Lenihan, ministre des affaires étrangères en Irlande en novembre 2006, diagnostiqua le début d’une tumeur. Il contacta le ministre qui était bel et bien atteint, et lui empêcha ainsi d’être défiguré par sa maladie.

- La chanson de l’épisode est Needles in my eyes par The Beta Band.

Acteurs :

Jason Lewis (1971) est un ancien top model. Il a joué aussi bien au cinéma qu'à la télévision. On a pu le voir dans les séries Beverly Hills (4 épisodes), Les Experts, Les Experts : Miami, Brothers & sisters (8 épisodes), Charmed (6 épisodes), How I met your mother, etc. Il est surtout connu pour avoir été Smith Jerrod, personnage qui passa la bague au doigt de Samantha Jones, la croqueuse d'hommes de Sex and the city (16 épisodes), ainsi que dans les deux films adaptés de la série. 

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15. DANS LA TÊTE DE HOUSE… 
(HOUSE’S HEAD…)


Scénario : Peter Blake, David Foster, Russel Friend, et Garrett Lerner, d'après une histoire de Doris Egan
Réalisation : Greg Yaitanes

- Did you take my cell phone ?
- My large colon did. I’m negotiating its release.

Soir. House est dans un bar à strip-tease. Il est ivre, a une sévère contusion au crâne, et ne se souvient pas de ce qui s’est passé depuis qu’il a quitté l’hôpital. Il a cependant le sentiment que « quelqu’un va mourir ». Il sort et voit qu’il y’a eu un grave accident de bus et qu‘il était dedans ! Pompiers et policiers évacuent les blessés. House, malgré son état, doit absolument trouver qui et pourquoi un des passagers du bus a attiré son attention. Pour cela, il doit interroger son cerveau pour revenir dans le passé, quitte à s’épuiser mortellement…

Le grand finale de la saison 4, le meilleur de la série, impose dès les premières secondes son ambiance de cauchemar éveillé. Le scénario, écrit à dix mains, instaure un suspense terrifiant qui ne cesse d’aller en crescendo. Il est centré sur l’incandescente composition de Hugh Laurie, jouant un House prisonnier d’une amnésie oppressante. L’épisode déroule en simultané un cas classique mais magnifié par la caméra crépusculaire de Greg Yaitanes, imprimant une ambiance eschatologique tout le long. Les scènes d’hallucinations dégageant une aura maléfique, un House suicidaire, une énigme désespérée, une course contre le temps… tout concourt à faire sortir cet épisode du cadre traditionnel pour revêtir des allures de thriller onirique. S’il n’évite pas quelques délayages, l’intrigue est menée tambour battant, s’achevant sur un cinglant cliffhanger.

L’introduction aurait pu jouer sur l’humour noir, avec House s’examinant lui-même, mais la mise en scène en clair-obscur de Yaitanes - avec des flashes en noir et blanc -, et la présence d’une strip-teaseuse envahissante (Jennifer Lee Wiggins), font basculer l’épisode dans une atmosphère très Twilight Zone. La vision d’horreur du bus renversé entame la longue descente aux enfers de House. Une fois planté ce tableau, l’épisode s'accorde pas mal de folies. Les doses d’humour ne dégagent au mieux qu’un rire nerveux tant l’atmosphère nocturne que l’urgence ne permettent aucun adoucissement. L’épisode alterne scènes oniriques et retours dans la réalité, mais ces derniers seront parfois un peu longs. Car ce sont bien les plongées dans l’inconscient de House qui fascineront le plus, comme l’avait si bien démontré House à terre (saison 2).


Le premier rêve voit House retourner dans le bus et dans le café. Lumière faible, visages flous, apparitions et disparitions successives de Chase et Wilson, le tout dans une ambiance fantomatique et alcoolique, avec en plus l’irruption d’Amber en tant que fantasme qui vient tout perturber... tout cela compose une atmosphère pleine d'ombres inquiétantes. La pâle pénombre du bus vide accentue le malaise. Pour avoir plus de renseignements, House fait une overdose volontaire de Vicodin pour déclencher une deuxième hallucination. Elle atteint un nouveau pic de mystère avec l’apparition d’une très belle femme brune qui se présente comme étant « la réponse ». Ivana Miličević, sphinx indéchiffrable, joue d’un jeu statique, d’un sourire indéfinissable, et d’une stature ambiguë, pour symboliser une vérité en prosopoppée, qui ne s’ouvre qu’au fur et à mesure. Ce concours de figures fictives et réelles, de souvenirs et de fantasmes, sème le trouble recherché.

L’obstination de House à rechercher LE détail qui a attiré son attention est le moteur de toute l’histoire. Les diagnostics différentiels n’ont pas la saveur comique normale, mais évitent l’aridité par l’angoisse et la fatigue de House et de son entourage - le jeu tendu à la limite de la sobriété traditionnelle des comédiens les rend bien. Plus l’épisode avance, plus House prend des risques avec sa propre santé, menaçant de s’effondrer à tout moment. Il est dommage que les scénaristes s’attardent dans le monde réel, car du coup on dirait que l’épisode - comme  effrayé de son audace - veut retomber sur des bases plus terre à terre. Cela n’empêche pas le cas d’être bien fait. Systématiquement, nos docteurs se heurtent sans cesse face à des murs de symptômes sans corrélation. Tout comme House, au moment d’avoir une révélation, voit la lumière s’éloigner. Ce sentiment d’échec répété ne se débloque qu’après le troisième rêve qui contient une des scènes les plus célèbres de la série : le strip-tease de Lisa Cuddy !!!


Cette idée démente de scénariste est justifiée par le fait que House ne peut plus faire la différence entre cérébral et émotion, entre le niveau intellectuel et les fantasmes. D’où cette hallucination où House et Cuddy discutent du patient pendant qu’elle se déshabille suggestivement. On peut rendre hommage à Lisa Edelstein, extrêmement pudique, de casser son image coincée, même si elle s’arrête avant « le moment intéressant ». La frustration de House (Dance, woman !!) - et des spectateurs esthètes - est contredite par l’analyse fataliste de Cuddy : son cerveau droit a repris le dessus : il préfère fantasmer sur des symptômes que sur des femmes ! Cette scène unaniment acclamée par les fans n’est pas un prétexte gratuit, elle fait avancer l’enquête tout en faisant le point sur l’attirance de House pour sa boss, tout en proclamant le triomphe sinistre de l’intellect sur les instincts naturels de cet homme. On ne sait donc pas si c'est une scène optimiste ou pessimiste quant au "Huddy".

Les hallucinations successives lessivent House qui fait un retour forcé au bercail. La variété des sentiments et impressions est un gros point fort de cet épisode, qui alterne sans cesse comédie et drame tout en s’inscrivant dans une trajectoire déjà tragique. On apprécie que la résolution du cas ne s’appuie pas sur un flash de House, ce qui aurait été trop « attendu » mais bien sur une de ses habituelles illuminations. La coda du cas décuple brutalement la tension avec Numéro 13 (Dr.Hadley désormais), forcée de trancher un dilemme en quelques secondes. Quelle urgence !

Mais on se doute que ce cas a été trop tôt résolu, et effectivement, un rebondissement fiévreux renverse la donne avec la spectaculaire réapparition de « la réponse ». On remarque en passant que Cuddy, pour garder un œil sur son subordonné épuisé, dort chez lui - pas dans le même lit - il y'en aura un écho dans le final de Sous l’apparence (saison 5). L’épisode est décidément très malin, car il nous a mené en bateau tout le long : et comme House, nous avons inversé cause et conséquence. Diaboliques scénaristes !

L’épisode amorce un nouveau virage avec le quasi-suicide de House, prêt à toutes les folies pour résoudre cette diablesse d’intrigue sous l’effarement général. Le complexe du Rubik’s cube comme dirait Wilson, mais poussé dans ses extrêmes limites. On ne peut s’empêcher d’admirer un tel jusqu’auboutisme. Ultime confrontation avec « la réponse » où House déchire le voile de l’illusion pour une révélation terrifiante : le cauchemar ne commence désormais que maintenant pour les protagonistes !! La reconstitution de l’accident, avec un soin habile du ralenti, est d’un sordide haletant. La fameuse scène du bouche-à-bouche de Cuddy qui a émoustillé bien des fans du Huddy devient anecdotique devant le cliffhanger final. La seconde partie s’annonce très prometteuse… et très noire.



Infos supplémentaires :

- Cet épisode et le suivant qui s’y enchaîne est le préféré d’Omar Epps, Jennifer Morrison, Jesse Spencer, Anne Dudek, et Lisa Edelstein.

- Chase a suivi un stage d’hypnose à Melbourne.

- Amber a une marque de naissance sur l’omoplate.

- Curieusement, Ivana Miličević a joué un personnage nommé Amber dans le film Allergique à l'amour (1999) !

- Le barman (qu'on revoit dans l'épisode suivant) est joué par le compositeur Fred Durst.

- Premier épisode où un personnage souffre d'amnésie.

- House pense parfois à Amber nue. On le comprend.

- Nous apprenons le vrai nom de Numéro 13 : Dr.Hadley. Les producteurs ne dévoileront son identité qu’au compte-gouttes : son prénom sera divulgué dans Le petit paradis (saison 5), et son second prénom dans Brouillages (saison 6).

Acteurs :

Ivana Miličević (1974) est la soeur de Tomo Miličević, guitariste du groupe 30 seconds to Mars. Après une brève carrière de mannequin, cette ravissante brune a été comédienne de stand-up avant de commencer à percer au cinéma et à la télévision. Surtout connue pour son rôle de Carrie Hopewell dans la série Banshee (38 épisodes), elle a joué aussi dans Seinfeld, Une nounou d'enfer, Buffy contre les vampires (épisode La roue tourne), Friends, Charmed (2 épisodes), Les Experts : Miami, Ugly Betty (2 épisodes), Chuck, FBI : portés disparus, Hawaïi 5-0, Charlie's Angels, etc. Au cinéma, elle a tourné assez fréquemment. On l'a vue dans le rôle de Valenka, la petite amie du Chiffre dans Casino Royale (2006), mais aussi dans (S)ex List, Vanilla Sky, Love Actually, etc.

Henry Hayashi (pseudonyme d'Eidan Hanzei), descendant d'une famille de samouraïs, s'est engagé d'abord dans la criminologie avant de se tourner vers une carrière d'acteur. Il a joué dans Santa Barbara, Southland (2 épisodes chacun), Star Trek : Deep Space Nine, Hawai 5-0, Boston Justice, Heroes, Castle, etc. Il a aussi débuté une carrière au cinéma (Tortues Ninja III, Hypertension 2, Ultimate game, etc.).

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16. … DANS LE CŒUR DE WILSON 
(… WILSON’S HEART)



Scénario : Peter Blake, David Foster, Russel Friend, et Garrett Lerner
Réalisation : Katie Jacobs

- It's okay.
- It's not okay. Why is it okay with you ? Why aren't you angry ?
- That's... not... the last feeling I want to experience.

Amber est transportée d’urgence à Princeton-Plainsboro. Elle est mise sous hypodermie pour ralentir la progression de son mal inconnu. La situation angoisse Numéro 13 qui n’arrive plus à travailler. Wilson parvient à convaincre House qu’une information capitale est encore cachée dans sa tête. Au risque de détruire ce qui reste de son cerveau, House subit des impulsions électriques pour revenir dans le passé…

Ténèbres, tout n’est que ténèbres… La deuxième partie du finale de la saison 4 traite du point le plus délicat possible dans une série médicale : faire pleurer dans les chaumières sans tomber dans le pathos gras. Nombre de séries se brisèrent sur ce récif, et il ne faut pas trop d’un quatuor de scénaristes chevronnés pour le franchir. Wilson's heart, par un suspense poussé dans ses derniers retranchements, force le spectateur à se mettre petit à petit dans l’état idoine pour être pleinement assommé par la fin. Après trente minutes de recherche frénétique, l’épisode élargit le mouvement pour se terminer dans une massive coda où les trompettes de la mort sonnent à toute volée. Noir de bout en bout, cet épisode est un sommet de technique et d’émotion qui est la digne pierre de touche de cette saison si inspirée.

L'épisode se déplace sur un terrain plus conventionnel, le thriller onirique est remplacé par une course contre la mort. Mais à coups de dialogues subtils, et d’une interprétation unanimement parfaite, l’épisode réussit haut-la-main son pari, brisant le masque de la sobriété pour filmer l’angoisse et la douleur dans toute leur crûdité. House, Cameron, Foreman, et Chase dans une moindre mesure, ont tous subi une perte temporaire de leur jugement lors d’un précédent épisode. C’est au tour de Wilson d’y passer : mortifié à la pensée qu’Amber pourrait mourir, il se montre d’une prudence exagérée, refusant tout test non sûr à 100% (Ca n’existe pas ! lui rappelle House), préférant demeurer dans le doute, retarder sans cesse le moment où il faudra l’analyser. House, plus ému qu’il veut le laisser paraître, appuie sa cause, violant sa règle de ne pas laisser l’émotion guider sa conduite, provoquant la rebellion de sa team. C'est tendu.

House et 13 sont confrontés à leur propres contradictions dans la poignante scène des toilettes : tous deux pleurent sur le sort d’Amber et Wilson. Le corollaire est terrible : 13 n’accepte pas par ricochet de faire face à sa propre épreuve, et House est devant une situation absurde : il retire sa subordonnée du cas parce qu’elle laisse l’affectif prendre le dessus sur la raison… ce qu’il est pourtant en train de faire lui aussi. Il faut attendre l’inattendue rebellion de Foreman et Cuddy, pour que House reprenne ses esprits et trouve la force d’éloigner Wilson. Les diagnostics différentiels de cet épisode sont particulièrement stressants. L’angoisse de Wilson, les indécisions de House, l’éloignement de Cuddy, les pleurs de 13 perturbent le cas. Wilson déguste particulièrement car la possibilité que House et sa chérie aient été amants pointe le bout de son nez. L’hallucination de House qui fantasme cette fois sur Amber est une des séquences les plus troublantes de l’épisode : L’Amber onirique vampe torridement un House sans défense, Anne Dudek joue décidément tous les registres à la perfection !

Aucun remplissage : chaque scène a son intérêt dans cette machine infernale. Comme la fouille de l’appartement d’Amber où Kutner gère, et 13 pas du tout, les yeux d’Amber virant au jaune pourri, son spectaculaire réveil, nouvelle hallucination de House, avec un autre imbroglio au menu - comment savait-il qu’elle avait un « rash » dans le bas du dos ? Le mystère de ce qui s’est réellement passé la veille entre House et Amber est habilement entretenu quand en même temps, Foreman aggrave involontairement son état. Les deux fronts sont explorés par les scénaristes simultanément, ce qui accélère le mouvement. La mise en scène de Katie Jacobs suit bien l'ensemble, réussissant plusieurs plans suggestifs.

Et puis, il y’a ce merveilleux moment où Wilson fait comprendre à House qu’Amber compte plus pour lui que lui. House se « sacrifie » en sollicitant encore son cerveau presque HS pour trouver l’information manquante. House est prêt à mourir pour rendre service à un ami. Il s’agit d’un des plus beaux actes d’amitié possible, et de la part de House, c’est sublime. Cet ultime retour dans le temps sera sans appel, avec un démoniaque double twist final, une des plus horribles ironies du sort que nous est offert la série. Tout espoir est anéanti, alors que House sombre dans le coma, épuisé. Les adieux de Wilson et d’Amber sont heartbreaking, partageant une ultime étreinte, que Wilson fait durer encore et encore, retardant de nouveau la mort de celle qu’il appelait déjà - avec l’avis de House - « sa femme ». La composition à fleur de peau d’Anne Dudek et de Robert Sean Leonard, magnifiée par la délicate caméra de Jacobs, est à pleurer d’émotion. L’épisode n’oublie pas de tirer une morale typique de la série : on a toujours tendance à rendre plus sympathique quelqu’un qui meurt sous vos yeux. Le quatuor n’aimait pas Amber, mais ils ne peuvent empêcher l’émotion de les submerger. D’un commun d’accord, ils vont la voir sur son lit de mort, sans dire un mot. Cette Cène muette est un beau cortège funèbre.

Amber, au moment de mourir, révèle toute sa grandeur d’âme en refusant d’éprouver quoi que ce soit de négatif : colère, douleur… en partant avec un sentiment d’amour débordant pour Wilson, lorsque ce dernier se résout enfin à la débrancher. La garce manipulatrice était en fait une femme généreuse et pleine d’amour. Le dernier rêve de House est aussi poignant que la scène précédente. Transfigurée, Amber est d'une beauté surréelle, et House se voit à côté d’elle dans un bus vide, une lumière éclatante brillant au-dehors. Très belle image de « l’entre-deux mondes ». On voit alors une scène unique dans la série : House hurle contre l’injustice qui veut qu’une grande âme comme Amber (ce sont ses termes) meurt alors que les sales misanthropes égoïstes comme lui survivent. Il a même l’intention de l’accompagner dans la mort plutôt que d‘affronter la haine de Wilson, à qui House tient bien plus qu’il ne le prétendait. C’est Amber qui doit le consoler et lui ordonner de sortir du bus, de regagner la vie, tandis qu’elle, part au-delà… Le spectateur ne peut qu'être écrasé par ces gigantesques vagues d'émotion.



House se réveille pour croiser le regard assassin de Wilson qui - à raison - considère House comme le responsable de ce qui s’est passé. La possible destruction du Hilson est bien plus saisissante que la tendresse de Cuddy qui veille sur House. Wilson finit par s’effondrer dans son lit - subissant une dernière pointe ironique en passant - qui paraît alors tragiquement immense, renforçant sa solitude, tandis que House a les yeux humides.
Pour parachever le tout, Numéro 13 trouve le courage de faire le test… et d’apprendre qu’elle aussi est condamnée. Aucune lumière dans cet épisode, qui nous fait comprendre que The show must go on : Taub retrouve sa femme, Kutner regarde la télévision, Foreman va voir ses anciens collègues. La vie continue, et c’est cela le plus cruel.

Pour être honnête, il y'a un domaine où Wilson’s heart frappe totalement à côté : la musique. Inappropriée, envahissante, les chansons qui accompagnent les moments les plus forts ne conviennent pas du tout, et amoindrissent l’émotion. Il aurait mieux valu un accompagnement minimaliste ou tout simplement aucun fond sonore plutôt que ces chansons parasites. Mais qu’importe : … Dans le cœur de Wilson est bien l’épisode le plus bouleversant jamais écrit dans une série médicale. Après cet achèvement, la série va se transformer et dee En même temps qu’Amber meurt, c’est bien la série elle-même qui dit adieu à sa première ère, la plus fidèle à son ADN de départ. La disparition d'Amber, qui aurait été un trésor sans prix dans les saisons suivantes est un des plus grands regrets laissés par la série. Mais il est vrai que nous n’aurions pas eu ce sublime finale.



Infos supplémentaires :

- Douzième échec de House, et le plus cruel : cet épisode marque la mort d'Amber Volakis. Amber réapparaîtra néanmoins sous forme d'hallucination dans les quatre derniers épisodes de la saison 5, ainsi que dans l’épisode final de la série, Tout le monde meurt (saison 8).

- Première apparition de Jennifer Crystal Foley dans le rôle de Rachel, la femme de Taub ; elle ne fait toutefois qu'un caméo muet, tout comme Jennifer Morrison. Elle apparaîtra dans 17 épisodes de la série, dont le finale de la série.

- Premier épisode avec le nom de Wilson dans le titre. Le second sera L'ami de Wilson (Wilson en VO), en saison 6.

- Numéro 13 apprend qu'elle souffre de la chorée de Huntington.

- House boit du scotch, bière, gin, rhum, mais pas de sherry. Amber boit du Cosmopolitan (jus de Canneberge).

- Kutner, prophétiquement, dit à Numéro 13 « Tout le monde meurt », titre du dernier épisode de la série.

- Kutner a perdu ses parents à 6 ans, assassinés par un braqueur derrière le comptoir de leur magasin. Il fut adopté par une autre famille dont il prit le nom mais pas la religion (juive).


Acteurs :

Jennifer Crystal Foley (1973) est la fille de Billy Crystal. Elle a joué dans les séries Beverly Hills (3 épisodes), Urgences, Space 2063, NYPD Blue, Les Experts, NCIS, etc. Elle a un peu joué au cinéma mais c’est son rôle récurrent de Christie Parker dans Deuxième chance (17 épisodes) ainsi que celui de Rachel Taub qui sont les plus connus de sa filmographie.

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TOP 5 DE LA SAISON 4 

1. Dans la tête de House/Dans le cœur de Wilson : Considéré à juste titre comme l'apothéose de la série, le finale de cette quatrième saison doit sa réussite à un scénario ténébreux passant du thriller onirique à la tragédie humaine, à une mise en scène crépusculaire, et une interprétation bouleversante. Entre émotion d'une suprême violence, suspense oppressant, et flashes troublants, ce double épisode est l'un des plus grands season finale jamais réalisés. Un choc.

2. Tout seul : Épisode grinçant mettant en avant le paradoxe Housien : misanthrope irrécupérable mais ayant vitalement besoin des autres. L'épisode ose un humour parfois dadaïste qui contrebalance la noirceur du cas médical. Le crescendo d'improbabilités constaté est à la fois ironique et malaisé, et se conclut par une chute fracassante.

3. Celle qui venait du froid : Episode conceptuel, mix étonnant de McGyver et des Experts. Scènes parodiques et cas malin font le prix de cet épisode particulier où House instaure une relation platonique avec une patiente percutante pour un résultat aussi décalé que divertissant. Dialogues de haut vol assurés.

4. Les jeux sont faits : Malgré la peu judicieuse élimination d'Amber, cet épisode synthétise sa triple intrigue avec un brio inattaquable, tout en apportant une conclusion franche au concours des candidats. Entre politiquement incorrect, dilemme difficile, patient à la tête brûlée, et humour sous acide chlorhydrique, un épisode énergique et complet.

5. Les dessous des cartes : Virtuose épisode choral où chacun des personnages joue en soliste sans se gêner mutuellement. Les fielleuses mais ô combien jouissives études de caractère se mêlent à une des meilleures réflexions de la série sur la concept de Vérité. Gags et chute finale très astucieuse parachèvent cette réussite.

Accessits d'honneur : Pieux mensonge, Changement salutaire, En mission spéciale.

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Crédits photo: FOX.

Images capturées par Clément Diaz.