SAISON 3 - PARTIE 2
13. Une aiguille dans une botte de foin (Needle in a Haystack) 14. Sans peur et sans douleur (Insensitive) 16. L'Homme de ses rêves (Top Secret) 19. Poussées d'hormones (Act Your Age) 20. Mauvaises Décisions (House Training) 13. UNE AIGUILLE DANS UNE BOTTE DE FOIN Scénario : David Foster - His liver's actually improving. We plug one hole and end up poking another. Alors qu’il « bâtifolait » avec Leah, sa petite amie, Stevie éprouve d’intenses difficultés respiratoires. A l’hôpital, il refuse de prévenir ses parents, allant jusqu’à mentir sur leur adresse. Leah révèle alors que Stevie est un romanichel et que sa communauté, fâchée avec les « gadjé » (non gitans), évite autant que possible de les rencontrer. Quand sa famille finit par arriver, elle sabote tous les efforts des médecins. Pendant ce temps, House a un gros problème : Cuddy lui a sucré sa place de parking au profit d’un autre médecin en fauteuil roulant. House, pour récupérer sa place, fait alors le pari qu’il peut rester assis sur un fauteuil pendant une semaine… Un des rares faux pas de cette excellente saison 3. Le cas est empesé et répétitif. Son plus grand travers est son objectif trop flou : dénonce-t-il la généralisation des préjugés contre les gitans (affreux, sales, et méchants) ? Dans ce cas, la famille romanichelle que l’on voit ici est d’une si forte antipathie qu’elle ruine totalement cette idée. Les gitans ne sont-ils qu’un prétexte pour raconter l’emprisonnement de ce jeune homme dans sa famille ? Dans ce cas, personnages caricaturaux et situations téléphonées sabotent le tout. L’épisode est cependant sauvé par la belle description du jeune patient, son éclatant faux happy end, et les amusantes scènes Housiennes. Patatras ! Lorsque la famille de Stevie débarque, les poncifs les plus grossiers s’enchaînent à vive allure. Certes, on comprend que David Foster ait voulu opposer le conservatisme de la communauté à l’esprit d’ouverture de Stevie. Mais de manière aussi exagérée, l’effet tombe à plat. Certes on peut rire (jaune) de ces parents tellement bornés qu’ils ne voient pas que leur fils va vraiment mal, ou bien « l’aménagement » de sa chambre, mais ce premier degré massif détonne au sein d’une série d’ordinaire plus subtile. Leur opposition face aux médecins donne le prétexte nécessaire pour donner de la tension, et est expliqué par l’incisif dialogue où les romanos rappellent qu’ils ont été et demeurent un peuple persécuté. Mais leur paranoïa use nos nerfs. On nage en plein irréalisme quand la famille du patient exige que l’équipe de House et Leah, jugée ridiculement comme responsable de son état, ne s’approche plus de Stevie. Depuis quand les familles font la loi dans un hôpital ? Les acteurs en font trop, et particulièrement Arabella Field et Rob Brownstein, vraiment imbuvables. Cuddy déplace à son désavantage la place de parking de House au profit d’un autre médecin en fauteuil roulant : du coup, House passe son temps à râler. Oui, il y'a la dispute avec Cuddy qui semble vraiment prendre plaisir à le faire enrager, la médecin en question pas sans réparties (bien qu'on aurait souhaité de Wendy Makkena plus d'ironie), la partie débile d'autotamponneuses, le parcours du combattant de la descente des escaliers en fauteuil, la scène des toilettes avec Wilson... mais le tout reste trop « gentil ». Dr.House adore pousser le bouchon très loin, mais on dirait que le scénariste se retient. La résolution finale quand House culpabilise Cuddy avec succès ne marche qu’à moitié : on y croit pas vraiment. Quelques autres scènes assez drôles : Cameron et Chase, trompés par Stevie, se gourent d’appartement et dérangent un couple en pleine partie de jambes en l’air. Voir Chase se prendre pour House en déduisant que ce n’est pas un couple « légitime » est assez décalé ! 14. SANS PEUR ET SANS DOULEUR Scénario : Matthew V. Lewis - Boys can't hold me for too long because I can overheat. Instant Hameron fugitif : surveillez le bref regard d’intelligence de Cameron quand House lui dit qu’il y’a un lien entre sa douleur et son irascibilité… Puisque le grand amour n’est pas pour demain, pourquoi ne pas « s’amuser » ? Pragmatique ? Mais il faut bien mettre de l’eau réaliste dans le vin de notre idéalisme pour vivre. Cela aboutit à une des plus grandioses scènes finales de la série, d’un humour allant au-delà de l’ironie. Cameron suit le conseil de Foreman et propose à Chase de coucher ensemble, simplement pour coucher. Et là, la série pousse décidément le bouchon très loin car pulvérisant les codes de ce genre de relation :
Scénario : Lawrence Kaplow One small feel for man, one giant ass for mankind ! Patrick Obyedkov, 34 ans, est handicapé mental depuis un accident qu'il a eu à 10 ans. Cela ne l'a pas empêché de devenir un pianiste virtuose. Lors d’un concert, sa main droite se paralyse. House veut résoudre non seulement sa maladie mais aussi pourquoi Patrick est devenu pianiste à la suite de son accident. Cameron découvre entretemps que House a contacté l’hôpital de Boston. Elle apprend alors une terrible nouvelle… Cet épisode est un classique de la série par son fameux baiser entre le Dr.Cameron et Gregory House. Mais indépendamment de cette scène, l’épisode a beaucoup d’atouts en main, grâce au scénario de Lawrence Kaplow. Même s’il mérite bien ses quatre melons par sa richesse, il souffre quand même de deux défauts : un cas qui n’exploite pas toutes ses ressources jusqu’au bout, et la mise en scène malhabile de Katie Jacobs, l’un des trois « cerveaux » du show. Si Jacobs se montre médiocre lors de cette première tentative, elle sera beaucoup plus satisfaisante par la suite. House a une maladie mortelle incurable ! Mais si vous attendez un numéro de révolte de House, passez votre chemin, il n’en a rien à cirer. D’où une situation comiquement absurde : tout le monde s’inquiète pour lui, veut le « réconforter » ce qui ne fait que l’irriter davantage (Un thème repris dans L'origine du mal en saison 5). Trois ans ensemble, cela forge des liens même s’il n’y a pas d’amitié réelle - la série le rappellera plusieurs fois - Le trio a forgé un lien avec House, une sorte d'attachement sans affection, comme peut l'avoir un employé envers un boss qu'il respecte profondément mais sans plus ; c'est écrit avec justesse. L'on remarque un signe Huddy lorsque stressée, Cuddy reprend inconsciemment certains gestes de son subordonné (élastique trituré...). Mais la série, avec son pessimisme foncier, semble nous dire que si nous sommes programmés pour prendre en pitié les gens plus malheureux que nous, cette compassion n'est pas sincère mais « fabriquée » pour la circonstance selon nos modèles sociétaux. Les rapports humains sont si factices déplore la série qu’on ne sait même plus ce que l’on ressent comme l'atteste la scène finale. Même si on sait qu’il y’a anguille sous roche, le twist final est un des plus ironiquement renversants de la série, d'un humour très noir et acrimonieux. Trait de génie, l’épisode a beaucoup d’éléments comiques, mais c’est un des plus sombres de la saison ! Le baiser valut à l'épisode d'être très commenté, car il était un prétexte pour Cameron pour faire une prise de sang de House en douce. Elle échange avec lui un profond baiser tandis qu’elle sort la seringue de sa poche… mais House reste attentif et attrape la main de Cameron. Raté ! Mais ce baiser était-il au fond réciproque ? J’ai personnellement repassé la scène une quinzaine de fois sans trouver une réponse franche : OUI Cameron apparaît comme hypnotisée quand elle marche vers lui, MAIS House lève les yeux au ciel en devinant ses intentions. OUI Cameron apprécie pleinement ce moment, MAIS House n’est pas attentif puisque anticipant le geste de Cameron. OUI Cameron l’embrasse fougueusement, MAIS House est plutôt passif, ne bougeant presque pas sa posture. OUI, Cameron a l’air de l’embrasser pour concrétiser son attirance envers lui, MAIS si c’était par pitié et non par désir qu’elle embrasse ? Car l'on connaît son attirance pour les « gens cassés »… OUI House fait une énorme devil mind MAIS son ton agressif ne semble pas sincère. Cette ambiguïté irrésolue montre que la série sait complexifier les relations sans nuire à l’émotion. Notons que c’est une des rares scènes de l’épisode que Katie Jacobs réussit vraiment. L’épisode réserve un coup de maître : c’est en fait autant un épisode Huddy que Hameron. La scène où House dit au revoir à Cuddy est le pendant parfait de la précédente : il se rend chez elle à 3h du mat pour l’admirer en peignoir alors qu’un simple coup de téléphone suffisait. D’autre part, House est bien plus cynique… et troublé devant elle que devant Cameron. La scène révélatrice est quand après une étreinte (presque) platonique, House tente de suivre Cuddy dans sa chambre… mais elle l’envoie sur les roses en lui balançant un monumental râteau. La conclusion reste aussi ambiguë, mais une chose est claire : House désire Cameron mais fantasme davantage sur Cuddy. La tension sexuelle explose entre Cuddy et House, tandis que seuls les sous-entendus alimentent le Hameron. D'ailleurs, le baiser de Rêves éveillés (saison 5) sera bien plus réciproque.
- Ce cas est inspiré de faits réels. David Shore a participé à l’écriture de cet épisode. C’est lui qui eut l’idée d’introduire le piano à l’hôpital. - Bien que Dave Matthews ne soit pas pianiste, c’est lui qui joue - en playback - le début de la sonate Waldstein dans l’introduction. Ce ne sont pas ses mains que l’on voit lors des séquences de gros plan, mais celles d’une doublure. Dans cette même scène, il n’y a en fait que 200 figurants ; un trucage permit d’en faire apparaître plus. - L’épisode durait presque une heure dans sa première version. - La scène du baiser fut la première tournée de l’épisode. - La réplique de House « Je continuerai [de le biopsier] même si je le tue » devait être supprimée, mais Hugh Laurie persuada Katie Jacobs de la garder. - La scène où House enlace Cuddy est la préférée de Katie Jacobs. - Le nom d’Eric Foreman, homonyme quasi parfait du personnage de That 70’s show est une pure coïncidence : Shore l’a choisi totalement au hasard. - Les deux compositeurs de la série font un caméo à la fin : Jon Ehrlich est le pianiste du bar, et Jason Derlatka le serveur. - Les quelques notes que joue Patrick d’une seule main sont les premières mesures du fameux rag-time The Entertainer de Scott Joplin (1867-1917), rendu célèbre pour être la musique du film L’Arnaque (1973). La musique que joue House sur le piano avant que Patrick l’imite est une chanson du groupe The Boomtown Rats : I don’t like mondays. Jon Ehrlich a composé la pièce sensée avoir été composée par House au lycée (il « tombait les nanas » avec), mais n’a jamais pu en composer la fin, d’où l’idée d’utiliser cette mélodie. En plus des musiques classiques (Beethoven et Bizet) et de ces chansons, on entend aussi durant l’épisode Rainy Day Lament de et par Joe Purdy et See the world de et par Gomez.
16. L’HOMME DE SES RÊVES Scénario : Thomas L. Moran We are going to figure out what's wrong with you. But first we need to know one thing : Have you ever appeared in any pornos ? Coïncidence ? Lien de cause à effet ? House n’arrive plus à uriner, et on ne peut pas dire que cela le rend de meilleure humeur. Finissant par se désintéresser du cas, il n’arrive plus à dormir et commence à délirer avec visages qui fondent, de l’urine bien jaune, et du sang qui coule. Baaaark !! Le rebondissement qui s’ensuit est sacrément bien trouvé, on a rien vu venir. Finalement, la scène la plus violente est quand House s’enfonce un tube dans l’urètre pour guérir son mal, scène éprouvante et allongée alors que la caméra suggère davantage qu’elle ne montre. Les fans du couple piquant House-Cuddy seront évidemment intéressés par la révélation finale, pimentée des propositions indécentes de House "grosses comme les fesses de Cuddy" (sic), illustrations de son violent désir, tandis qu’elle lui balance râteaux sur râteaux. Un ré-gal. La condescendance jouée par Lisa Edelstein étonne mais est justifiée. On note que c’est grâce à ses opiacés que House a résolu le cas, et c’est grâce à une masturbation sous la douche qu’il a découvert la vraie identité du patient. Qui a dit « La fin justifie les moyens » ? Et les deux fois où ils font l’amour, ça ne se passe pas comme prévu. Leur premier bâtifolage (hilarant vampage de Cameron) se produit quand Kelley a une crise. Foreman blesse la virilité de Chase quand il refuse de croire que lui et Cameron sont amants. Sympa. La deuxième scène est pas mal non plus : notre duo remet le couvert dans un placard… et House se pointe à ce moment-là, jette des papiers dans la poubelle, et quitte la salle comme si de rien n’était ! Mais son sourire en coin montre qu’il s'est amusé à les avoir surpris. Cette scène s’inspire du pilote de Scrubs où J.D et Elliot étaient enfermés dans un placard, et où leur supérieur, le Dr.Cox, les surprenait sans faire le moindre commentaire. Dans les deux cas, les réactions de Cox et House sont joliment surréalistes. Le duo Spencer-Morrison, à défaut d'être vraiment alchimique, est joyeusement léger. - Curieusement, la série embauchera un scénariste à la fin de la saison 6 du nom de John C. Kelley ! 17. L’ENFANT MIROIR Scénario : Russel Friend et Garrett Lerner - No, I dropped an anvil on its chest to prevent lung development. I'm trying to extinguish the human race one fetus at a time. Emma Sloan, femme célibataire de 42 ans, et enceinte, a une attaque. Ses reins et son foie commencent à lâcher. House diagnostique un syndrome du miroir : le fœtus qu’elle porte la tue à petit feu. House lui demande d’avorter pour la sauver, mais elle refuse de tuer son bébé. Cuddy intervient, et tente par tous les moyens de la guérir sans recourir à l’avortement, quitte à risquer la vie de sa patiente et du bébé… L’épisode passe à la dimension supérieure quand Cuddy intervient directement dans le cas. Elle finit par se mettre à dos toute l’équipe, fatiguée de son investissement excessif. Elle fait l’expérience d’un grand moment de solitude qui l’affecte, alors que House, blindé, ne l’est jamais. Cette course contre la montre donne un climat de tension incroyable, surtout lorsque Cuddy voit tous ses espoirs s’effondrer autour d’elle. La trouvaille de l’opération finale tient alors du miracle. C’est là qu’intervient une scène proprement stupéfiante : lors de l’opération, le bras du foetus jaillit de l’utérus et touche la main de House. Aussitôt, le temps s’arrête, et House contemple ce petit bras qui semble d’accrocher à lui. On ne voit de lui que les yeux, mais l’étincelle de son regard bleu est surchargée d’émotion. Il est déconcerté par cette déclaration de vie, lui qui a toujours considéré cet être comme un fœtus pas encore vivant, et ce n’est pas sa vanne sur Alien qui dissipera cet impression d’éternité. Qu’il commette un lapsus à la fin en appelant le petit être « bébé » et non plus « foetus » témoigne de sa confusion. Une scène précieuse et rare où House s'est un instant humanisé. Hugh Laurie, en cynique glacial laissant échapper un peu d’humanité mérite tous les vivats. Le jem’enfoutisme apparent de Chase quand il envisage la possibilité de n'être qu'un moyen pour Cameron de rendre House jaloux lui donne un côté assez drôle. Curieux, car l’épisode suivant va totalement fêler cette glace. Incohérence ? Non, plutôt une distanciation, un souhait de Chase de ne pas se rappeler la précédente passion de Cameron. Le personnage apparaît moins faible, plus confiant, et le jeu de Jesse Spencer s'anime davantage. Dans tous les cas, House est loin de tout ça. Les sous-entendus sexuels adressés à Hameron n'ont rien à avoir avec ceux adressés à Cuddy, bien plus sérieux et obsessionnels. Malgré tout, le Hameron reste un modèle en matière "d'à-côté" séduisant. D'autres moments comiques comme House se payant (une fois de plus) la tête de Cameron, la réaction outrée de Cameron quand elle apprend que House a tout dit sur elle et Chase à Cuddy, le trio analysant le cliché de House croqué par Emma où il a une allure… gentille, Cameron surprise de l’air attirant et beau de Chase sur une photo, ignorant que cette photo fut prise au moment où il regardait une photo d’elle. Enfin, Emma affiche à la fin chez elle des photos de toute l’équipe… sauf House qui a voulu tuer son bébé. Encore une fin ironique.
18. Y’A-T-IL UN MÉDECIN DANS L’AVION ? Scénario : David Hoselton - Nobody speak Korean on this flight ? Partie 1 : House doit faire un diagnostic différentiel… sans son équipe ! Or comme le redémontrera Tout seul (saison 4), House, malgré sa grande intelligence, ne peut travailler si on ne lui soumet pas des idées. En cela, il est plus proche de Mycroft que de Sherlock Holmes : il peut faire des synthèses prodigieuses à partir de peu de données, pourvu qu’on les lui fournisse… mais là personne ne peut l’aider. Adonc, il choisit un jeune garçon blond, un indien, et une jeune femme assez féroce pour jouer les rôles de Chase, Foreman, et Cameron ; tant pis s’ils n’y connaissent rien. D’ailleurs, le faux trio adopte involontairement les caractères du vrai trio ! Toujours ces situations improbables qu'on aime tant dans la série. La concentration de répliques qui fusent dépasse tout ce qu’on a vu depuis le début de la série (Vous êtes enceinte, ça explique les nausées, les éruptions, et le fait que vous coinciez votre 90D dans un 85C - C‘est impossible ! - Vous êtes vierge ? - Euh, non, mais… - Alors vous êtes enceinte, Mazel tov !). House fait un one-man-show, panique les passagers, se moque de Cuddy, se plante royalement mais sans broncher, minimise erreurs et états des malades… C’est à se demander s’il marche pas au LSD ! Partie 2 : Cuddy tombe malade à son tour. Affolement général, effervescence bouillonnante, et stoïcisme inflexible de House, qui sait ne pas s'affoler. Une délicate scène Huddy (à sens unique) voit House examiner Cuddy, avec des regards sans équivoque, malgré son ton froid. Mais la situation a beau empirer, Hoselton refuse de retirer son humour qui devient de plus en plus ravageur et culotté (la quête des antibiotiques prend des allures franchement clownesques). Cette audace, loin de désamorcer la tension, l'accroît, car un tel humour dans une telle situation met vraiment mal à l’aise. Le premier diagnostic est un summum d’ironie ; la « manipulation » de House est franchement jouissive. En même temps qu’elle est révélatrice de la puissance de la notion de PNL (Programmation Neuro-Linguistique) : tout ce qui arrive à notre corps, nos sensations, dépend grandement de nos pensées, de nos attitudes morales. L’esprit contrôle la matière triomphe House, et la démonstration par l’état pitoyable de Cuddy de la force de notre cerveau est une véritable secousse ! Mais le coréen, lui, est toujours en danger de mort… ce n’est pas fini. Partie 3 : Nouveau diagnostic différentiel avec Cuddy et les trois hurluberlus complètement largués. L’épisode attaque en passant la prostitution facile de l’Asie du Sud-Est. Le tourisme sexuel, illégal, est en plus dangereux pour la santé vu les révélateurs dialogues de Cuddy et de House à propos des capotes vendues là-bas. La tension continue à monter jusqu'à la révélation finale… qui n'est pas piquée des hannetons ! Evidemment, elle est dans la grande tradition des ironies du sort familières de la série. Tout finit bien. Cuddy et House se jètent quelques mots à la tête, et House quitte l’aéroport en flirtant avec l’hôtesse. La tête de Cuddy est inoubliable. On remarquera qu’Hoselton a pris grand-soin d’accorder une place importante à cette hôtesse chaleureuse dont la douce présence a beaucoup apporté à l’histoire. Tess Lina est vraiment sympathique dans cet épisode. Du trio Connor Webb-Pej Vahdat-Melissa Kite, la dernière se détache avec un jeu exagérément frigide, comique d’un bout à l’autre. Mention aussi à Krista Kalmus en blonde paniquée. Evidemment, Hugh Laurie et Lisa Edelstein mènent la danse, carburant au kérozène. Le cas de l’hôpital pâlit d’un tel éclat. Le cas de Fran est médicalement pas très intéressant. Mais il est agréable à suivre grâce à deux atouts : Robin, et les dissensions de l’équipe. L’introduction assez étonnante (une femme âgée demandant une call-girl très attirante) nous met sur une fausse piste : malgré le côté vénal de la jeune femme (qui prend bien soin de prendre l’argent avant d’appeler l’hôpital), elle commence à manifester une sincère sympathie envers sa cliente qu’elle ne connaît ni d’Eve ni d’Adam. Dans ce métier où les relations sont artificielles, corrompues par l’argent, Robin se montre compatissante. Quand son travail la rappelle, elle retarde plusieurs fois son départ, et ne semble pas heureuse de quitter l’hôpital quand elle ne peut plus délayer. On la comprend : c’est là où elle se montre la plus humaine, loin de son rôle d’objet sexuel. La blague finale où Wilson rappelle Robin dans l’intention évidente d’avoir un rencard finit néanmoins le cas avec le sourire ! Jenny O'Hara émeut en femme mature solitaire, tandis que Meta Golding a une délicieuse ambivalence, jouant aussi bien la cupidité que la compassion. Chase et Cameron sont d’accord sur tout, restreignant la portée des diagnostics, ou prenant du bon temps pendant les horaires de travail. Mais quand ils s’aperçoivent qu’ils ont médicalement la vue brouillée par leur lien, le choc est rude. La fin crève l’abcès mais un autre abcès : Chase avoue enfin ses sentiments plus forts envers Cameron… qui rompt immédiatement ! Son côté masculin est prédominant tandis que la virilité de Chase semble réduite à la portion congrue. Première fin (déjà) du Chaseron qui nous aura bien divertis par son inversion des rôles, son humour, et sa concision. On regrette que Jesse Spencer et Jennifer Morrison soient assez ternes.
19. POUSSÉES D’HORMONES Scénario : Sara Hess - Blasphemer ! She's not a friend of the opposite sex, she's a different species ; she's an administrator, she's gonna eat your head after she's done ! Lucy, 6 ans, est victime d’une attaque. Ses symptômes ne correspondant pas à des maladies de son âge. L'enquête de l'équipe piétine, mais il faut dire que la rupture entre Chase et Cameron ne contribue pas à apaiser l’atmosphère. Jasper, le frère de Lucy, est violemment attiré par Cameron et se montre très agressif envers Chase. Pendant ce temps, House donne deux places de théâtre à Wilson pour qu’il emmène une possible conquête avec elle. Le lendemain, House est stupéfait d’apprendre que Wilson a invité… Cuddy ! Le cas médical n’arrive pas à nous convaincre dans les premier et troisième tiers, trop immobiles. Lucy ne fait pas partie de ces incroyables enfants que la série invite depuis Leçon d’espoir (saison 2), se contentant d’être allongée et de crier. Deran, le père, est plus convenu tu meurs, et occupe une place trop importante pour un personnage aussi inintéressant. Le twist final est très tortueux ; aller chercher l‘animatrice de la garderie du diable vauvert n’est pas la meilleure idée qu’ait eu Sara Hess. C’est le deuxième tiers de l’épisode qui est le plus intéressant avec la découverte du sang venant de nulle part (comment une petite fille peut-elle avoir des vêtements tachés de son sang si elle n'a ni été violée, ni s'est blessée ?). La révélation centrale est surprenante, et l’épisode retrouve du nerf dès que l’état de Lucy s’aggrave. Jasper est le personnage qui nous intéresse le plus. Fortement attiré par Cameron, il se montre étonnamment entreprenant pour un garçon de son âge. Cameron, flattée et voulant se venger de Chase l'encourage dans cette voie, mais s'en mordra les doigts quand Jasper passera la ligne jaune. Il perd cependant tout intérêt quand il sera admis en chambre d’hôpital. Les acteurs invités rivalisent de fadeur. Enfin, veine militante oblige, l’épisode dénonce à nouveau la malbouffe (fléau de première catégorie aux Etats-Unis) avec les dangers de la nourriture industrielle, et son utilisation des hormones dont on bourre les animaux pour qu’ils soient plus charnus et consistants. Les produits de lavage passent aussi au crible pour l’utilisation de produits inquiétants, jusqu’aux gels utilisés pour augmenter les performances sexuelles. Et sur ce dernier cas, la série nous montre toute l’ampleur des conséquences de façon effrayante. Sexe et bouffe, la série cogne là où ça fait mal !
20. MAUVAISES DÉCISIONS Scénario : Doris Egan - James Wilson, carefully calibrating his level of protectiveness for your individual needs. Lupe, une jeune femme, est prise d'aboulie : elle ne sait plus prendre la moindre décision. Cette fille des banlieues, toujours au chômage, n’a jamais réussi à se relever de ses échecs. Foreman la prend en grippe pour sa faiblesse et sa propension à se droguer. House de son côté craint que Wilson ait des vues sur Cuddy et tente d’en savoir plus sur la vie privée de son ami grâce à sa deuxième ex-femme. Foreman trouve rapidement le diagnostic et met en marche le traitement, mais il vient de commettre une erreur fatale… La terrible scène de révélation est magnifiquement interprétée. Foreman s’enfonce dans un mélange de dépression et de rage. Sa volonté de se « rattraper » est à la fois pathétique (le changement de chambre) et héroïque (quand il s’oppose à House). On est habitués à l’absence d’émotions chez House, mais ici, elle bat des records. Plus « Coxien » que jamais, le diagnosticien reste d’une froideur innommable, appliquant à la lettre son credo de ne jamais se lier avec un patient. Résultat, il n’en souffre pas et peut passer à autre chose. C’est pourquoi c’est un si bon médecin. Foreman laissant l’affectif prendre la place du devoir, perd la distanciation nécessaire. La série souligne ici ce qu’il y’a peut-être de plus terrible dans le noble métier de médecin : celui de remiser ses émotions au vestiaire. C’est d’autant plus fort qu’elle recourt non pas à l’ironie ou à l’humour noir comme elle le fait d‘habitude, mais à l’émotion vraie. La dernière discussion entre Foreman et Lupe est très touchante, d’autant qu’elle est doublée d’une forte satire sociale avec les laissés-pour-compte du Système. Où les banlieues ressemblent de plus en plus à des ghettos et des zones de non-droit. Bien sûr, si Lupe a échoué et Foreman a réussi, alors qu’ils viennent du même terreau, c’est aussi parce que Foreman a su dépasser les peu reluisants atouts qu’il avait au départ, tandis que Lupe s’est immédiatement sentie perdue d’avance. Mais même le succès de Foreman n’est pas sans sacrifices : son orgueil cache une peur de ne pas se donner à fond, de ne pas être toujours au top, ainsi que de laisser sa famille de côté. La plus grande erreur de Lupe est d’avoir pensé qu’elle pourrait toujours reporter le moment où elle se reprendrait en main : sa jeunesse lui brouillait la vue. L'évenement est d’autant plus amer qu’elle a l’impression d’avoir été inutile jusque là (solitaire, sans buts, sans raisons de vivre). Une coda d'une grande noirceur. On regrettera seulement que la chanson de fin ne colle pas du tout avec l’action. Egan nous achève avec deux twists méchants : la cause de la maladie de Lupe est d’une banalité tellement stupide qu'elle renforce le tragique de la chose. Enfin, quand Foreman cherche consolation auprès de sa mère, elle ne peut lui donner qu’un réconfort faux et dénué d’amour maternel. La réalisation de Paul McCrane rend cet épisode encore plus éprouvant. Monique Gabriela Curnen joue merveilleusement la jeune femme révoltée contre la cruauté de la vie et surtout contre elle-même, et on ne boudera pas le flamboyant numéro de tourmenté incurable d'Omar Epps. Le début de l’épisode est léger : Foreman et Chase se disputent comme jamais, et House envoie des perches (énormes, évidemment) à Cuddy qui lui renvoie des vents à la même vitesse. La visite de House à Bonnie (craquante Jane Adams) est vraiment drôle tout en soulignant délicieusement la candeur de Wilson : s’il a du succès avec les femmes, c’est parce qu’il ne cherche pas à les séduire. Le sommet est quand Bonnie parle des performances sexuelles de Wilson, et que House lui ressort exactement le contraire de ce qu’elle a dit. Cuddy s'amuse de l'attirance de Wilson envers elle, mais le Widdy ne marche que dans un seul sens. Rajoutons la révélation de la liaison passée Bonnie-House (ah, ces sous-entendus…), et nous avons un épisode aux allures très shipper qui est pourtant anti-ship. Par contre, Egan aurait pu faire l’économie de Chase rappellant à Cameron chaque mardi, tel un rituel, qu’il l’aime encore. C’est lourd, et hélas annonciateur de la déliquescence du Chaseron dans la saison 5. Un grand grand épisode. Scénario : Liz Friedman - Do you have anything to add to this debate ? Nick, 14 ans, est leucémique. Il a besoin d’une greffe de mœlle osseuse de la part de Matty, son jeune frère. Mais Matty éternue : il a une infection et la greffe devient impossible sous peine de contamination ! L’équipe doit trouver de quoi Matty souffre, car l’infection détruit progressivement sa moelle, menaçant de condamner tout espoir également pour Nick. Foreman est quant à lui acculé à l’évidence : il devient de plus en plus « Housien » dans ses habitudes, ce qui le répugne particulièrement… House, sans émotions, ne peut comprendre le sens profond de la lutte de la dernière chance que finit par mener ses trois subordonnés, mais l’accepte quand même par pragmatisme. Même si le trio a évolué depuis le début, ils refusent de perdre leur humanité, là où House ne voit qu’une solution pratique. Fascinant personnage que House prenant toujours des décisions sans être motivé par le profit, personnel, ou pour les autres. Les disputes avec Wilson sont des bijoux de dialogues car interrogeant le pouvoir du médecin : doit-il manipuler les patients ou leur laisser le libre-arbitre ? Le chaleureux Wilson instaure la confiance avec ses patients ; House, froid calculateur, est partisan de tous les moyens pour arriver à son but, et donc ment, dissimule, travestit, pour leur bien. Cette opposition entre les deux amis est supérieurement écrite. Sans en être conscient, Foreman, en se rebellant contre House, a fait ce qu’il croyait être le meilleur parti pour Nick. Il a - encore plus paradoxalement - suivi une méthode Housienne alors que House n’était pas d’accord avec lui. La virtuosité de la série dans les situations éthiques est vraiment stupéfiante ! De ce panorama, émerge le cliffhanger, psychologique mais inattendu. L’épisode nous parle aussi de l’influence de nos idoles. Foreman veut être un médecin hors pair, mais si le prix à payer est de copier House et par conséquent avoir une désastreuse vie privée et une misanthropie glaciale, cela en vaut-il la peine ? L’influence est ici subie, non assumée. Finalement, Cameron et Chase digèreront mieux cet héritage. Leurs départs futurs arriveront au bon moment, là où celui de Foreman ressemble davantage à une fuite : il n’a pas encore réussi à gérer cet héritage, ce qui expliquera son retour au bercail. La situation est d’autant plus curieuse qu’il est le plus doué du trio. La série aime décidément nous surprendre là où nous nous attendons le moins. L‘humour est peu présent, à part Hector, le chien de Wilson, qui sème la pagaille chez House, cassant tout chez lui. House est copieusement emmerdé par ce clebs qu’il envisage de tuer. Hector défoncé à la Vicodin restera ainsi comme un des plus gros gags de la saison. La scène la plus « culte » de l’épisode est toutefois House crânant avec sa toute nouvelle canne flambant neuve, avec en arrière-fond Highway to hell des AC/DC, Wah, le frimeur !! Au fait, c’est la deuxième fois que Chase se montre lourd avec Cameron, et on en a déjà marre. Heureusement que la fin de la saison arrive prochainement, qu’il arrête avec cette manie stupide. Sinon, Cuddy est de plus en plus pulpeuse, ce que House ne manque pas de relever via un sous-entendu qui ne trompe personne. La quête du Huddy continue.
- Why's Foreman quitting ? Pendant un cours de karaté, Addie, 19 ans, crache du sang. L’équipe n’est pas au beau fixe depuis que Foreman a annoncé sa démission. House tente subtilement de le retenir. Envers et contre tous, House pense qu’Addie a attrapé une infection, mais le diagnostic est difficile à cause de symptômes qui vont et reviennent sans arrêt. House soupçonne Wilson de cacher quelque chose de personnel. Il va essayer de découvrir quoi… House et Foreman se livrent à une partie de ping-pong : House tend plusieurs perches à Foreman dont il n’accepte pas la décision, et Foreman, malgré sa détermination crânement affichée, commence à douter. Il est marrant de voir House tout faire pour le garder auprès de lui. Ses allusions font d’autant plus rire qu’elles ne sont pas finaudes, et que Chase ne cesse d’en rajouter alors qu’on lui a rien demandé. Jesse Spencer a une partition plus étendue, et sait en profiter. House a fini par s’attacher à Foreman (sa métaphore sur l’équipe considérée comme une famille, même dite avec ironie, n’est certainement pas fortuite) et accepte mal cette séparation. Il faut aussi ajouter la nature du personnage qui aime tout contrôler… et qui est ici devant le fait accompli, situation qui n’est pas pour le réjouir. La partie « humour adonf » est assurée par le cas secondaire : un homme a des problèmes de selles, et il est accompagné d’Honey, sa compagne. Entre ce gars qui parle de défécations sans la moindre gène et House faisant son Sherlock Holmes, c’est un moment joyeusement enlevé. Le tout vire à la farce avec le diagnostic et surtout la réaction de Honey, un grand moment de burlesque. House ne ménage pas ses patients, ça, on le sait bien, mais son comportement est tout de même curieux : à l’évidence attiré par la belle femme, il casse le couple en déballant « l’infidélité » (très particulière !) de son compagnon… pour aussitôt draguer la belle !! Et si pour une fois, c’était davantage ses hormones que sa sincérité outrancière qui le dirigeaient ? Le final est tout simplement énorme avec House rencardant une Honey pas insensible : un gag par seconde, une absurdité par réplique, un rencard givré ! Honey ne reviendra pas, on peut le regretter, mais c’est le signe que la série a toujours suffisamment de ressources pour se passer d’un tel atout. Exploit qu’elle tiendra jusqu’au début de la saison 5. Charme un peu vulgaire, légéreté, stoïcisme hilarant, duo avec House détonnant, la sculpturale Piper Perabo éclipse tout le monde.
Scénario : Leonard Dick You are one evil, cunning woman. It's a massive turn-on. La grande scène de l’épisode est la partie d’échecs disputée par House et Nate : sous haute tension, chacun vannant l’autre, chacun essayant de l’écraser. Elle est filmée avec talent par Daniel Sackheim. Cette partie d’échecs a une raison d’être purement médicale : House veut simplement stresser son patient pour tirer des nouveaux symptômes, mais est si irrité par ce jerk qu’après la partie, il en fait une affaire personnelle. On peut féliciter Nate, une des rares personnes à avoir réussi à perdre son sang-froid à House. Foreman ne rate d'ailleurs pas l’occasion d’enfoncer le clou. Lorsqu'à la toute fin, House croit avoir triomphé en ayant trouvé la parade, Nate lui révèle qu’il n’y a pas qu’un seul fin psychologue dans la salle : cet ado l’a battu à son propre jeu. Echec et mat ! Et House ne peut s’empêcher de marmonner dans sa barbe « p’tit con ». Le twist final est d’une brûlante acidité. Le cauchemar de la mère ne se terminera sans doute jamais. Ce percutant faux happy end fait vraiment très mal. Nick Lane a la tête de l'emploi en jerk mais son cabotinage crispe rapidement. Wilson accuse Cameron. Motif : le même que Wilson, mais elle aurait agi parce qu’elle est toujours amoureuse de House. Que Wilson lui mente montre qu’il est devenu moins chatouilleux quant à son amour de la franchise. Cameron parachève l’évolution observée de son personnage en perçant Wilson à jour immédiatement. Ce n’est plus la Cameron du début (Il y’a trois ans, vous m’auriez crû soupire Wilson). Elle nie être encore amoureuse de House, mais la saison 5 nous confirmera qu’elle n’en a peut-être pas fini avec ses sentiments. De tous les personnages, elle était la plus convenue au départ, mais c’est elle qui a finalement eu l’évolution mentale et éthique la plus grande. Quelle adresse ! Cameron accuse Chase. Motif : Chase est un con revanchard qui veut juste emmerder Foreman qu’il n’aime pas trop. Dick prend ici l’option inverse : Chase n’a pas vraiment changé en trois ans, symbole de l’échec de House à son sujet, ce qui ouvre la porte à l’épisode suivant. Dick boucle la boucle avec Chase accusant House qui avait tout intérêt à créer et maintenir ce climat de suspicion pour que Foreman reste. Et Foreman ? A part le fait qu’il veut échapper à l’emprise de House, on voit qu’il n’est pas encore sûr de lui. Foreman est déchiré : il sait qu’il part trop tôt mais rester encore serait courir le risque de devenir un House II. Bref, on applaudit à pleines mains la virtuosité éblouissante en peinture psychologique de la série. Et encore, la série montrera qu'elle peut aller encore plus loin dans les trois dernières saisons. Le sextuor principal convainc chacun dans son rôle. 24. DERNIER ESPOIR Scénario : Thomas L. Moran et Lawrence Kaplow - You have no pulse, but you're talking. Cough, Cough again, Keep coughing, it'll push blood into your head. Voyons justement cette intrigue, de main plus sûre. House espère faire revenir Foreman sur sa décision tout en gardant la face. Ainsi, il fait tout pour ne pas le contrarier, le dédouane totalement du coma de Marina alors que rien ne le prouve (le human error du titre original). Il perd sa neutralité, ce que Wilson ne manque pas de lui dire (par écran interposé). Le fracassant renvoi de Chase est d’une savoureuse ambiguïté : tentative désespérée de conserver Foreman au prix de ce « lèche-bottes » ? Ou bien la « raison officielle » donnée par House est-elle réellement la vraie ? Chase, après tout, n’a plus rien à apprendre de House : il a sans doute changé dans le domaine des connaissances médicales (qu’on se rappelle son coup de génie salvateur dans Rendez-vous avec Judas), mais guère changé dans son approche éthique. Dans les deux cas, House n’a plus rien à lui apprendre. On remarque que Chase a eu le temps, depuis une des rares fois depuis trois ans, de s'opposer vigoureusement à son boss. House lui a appris en 3 ans bien plus que ce que d’autres apprennent tout au long d’une vie. Cuddy avait dit d’ailleurs la même chose à Foreman dans l’épisode précédent. Finalement, dans tout ça, c’est ce qui pousse House à agir ainsi qui est le plus intéressant : il déteste le changement (succulent dialogue initial avec Wilson). Se cloîtrant dans une bulle de « confort », il est habitué à cette équipe et c’est moins par amour pour elle que par conservatisme qu’il veut la maintenir soudée. Lorsque son monde s’effondre, il est amer… mais pas malheureux. C’est par principe qu’il a voulu tenir l‘équilibre, non par amour car il n’a pas voulu créer des liens étroits avec son équipe. Mais tous les évenements de ce jour l’ont incité à accepter le changement. Le voir fumer des havanes avec Esteban est une belle image de joie sincère. La dernière image le voit jouer sur sa nouvelle guitare, tandis que la chanson Good man est on ne peut mieux appropriée, la musique semble « regarder » House avec bienveillance. Mais hormis ce dernier point psychologique, l’épisode n’offre pas le feu d’artifice espéré. Remarquez en passant la présence de Kathryn Adams. Cette jeune comédienne joue l’étudiante à qui House demande son CV. C'est elle qui va faire le lien entre les deux saisons car elle donnera un coup de main à House dans le 4.01, et sera une des candidates malheureuses dans le 4.02.
Ainsi finit la première ère de la série. Pendant trois saisons, la série a fixé ses marques, a joué de ses nombreux atouts avec assurance, et avec une qualité constante. Les accidents de parcours ont été quasi inexistants. Cette première période fidèle à l’extrême au cahier des charges séduit par la saine rigueur de ses scénarios qui n’interdisent jamais l’émotion. Maintenant que l’équipe initiale est partie, place à une nouvelle ère, place à de nouveaux cas, place à de nouveaux personnages ! La série va-t-elle réussir son lifting ? Réponse à la saison suivante ! 1. De pièces en pièces : Sublime dialogue moral et métaphysique entre deux éclopés de la vie, d'une émotion omniprésente. Katheryn Winnick est la meilleure actrice invitée dans la série : son impressionnante, voire effrayante ultraexpressivité s’oppose à la statue de glace qui se frêle qui lui fait face. Le chef-d’œuvre le plus atypique de la série, et aussi son plus « beau ». Crédits photo: FOX. Images capturées par Clément Diaz. |
SAISON 3 - PARTIE 1
2. La vérité est ailleurs (Cane & Able) 3. Marché conclu (Informed Consent) 6. Que sera sera (Que Será Será) 7. 24 heures pour vivre et mourir (Son of Coma Guy) 8. Jeux d’enfants (Whac-A-Mole) 9. Rendez-vous avec Judas (Finding Judas) 10. Acceptera… ou pas ? (Merry Little Chrismas) La saison 3 termine avec maestria la première période de la série. Elle se caractérise par une plus grande noirceur des cas traités. Si elle n’a pas tout à fait l’intensité de la saison 2, elle prépare la direction plus sombre des ères suivantes de la série. Deux intrigues secondaires figurent dans cette saison. La première est l'affrontement entre House et l’inspecteur Tritter (David Morse) de l’épisode 5 à l’épisode 11. Tritter se venge de House qui l’a humilié en consultation en cherchant à prouver qu’il est un drogué incurable, et le mettre en prison ou en désintoxication. La deuxième est la démission du docteur Eric Foreman qui survient à la fin de l’épisode 21 (Démission). L'épisode 14 (Sans peur et sans douleur) apparaît rétrospectivement comme étant le pivôt de la série, ses conséquences s'étendront jusqu'au finale de la saison 7. Bien que la saison mette toujours au premier plan ses enquêtes et son regard furieux sur notre monde, les ships commencent à fleurir. Le « Chaseron » (relation Chase-Cameron) débute à l’épisode 14. Son aspect purement charnel lui donne un charme piquant. Entre leur rupture qui s’ensuit, puis leur réconciliation, apparaissent hélas les premiers signes de l’affadissement de ce couple dans les saisons suivantes. Le « Huddy » naît véritablement au cours du même épisode, car House, touché par une héroïque audace de Cuddy, semble enfin s’intéresser à elle. La tension sexuelle, jusque-là subodorée, éclate au grand jour. Le « Huddy » d’une écriture acerbe et enlevée, est superbement présenté. Sa concrétisation est toutefois encore lointaine. Par opposition, le Hameron décline, Cameron tentant encore quelques efforts (Demi-prodige) avant de se libérer peu à peu de cette attirance. Les trois années passées avec leur patron ont changé le comportement des trois médecins. Ils deviennent plus professionnels, moins émotifs, plus durs. Leur évolution (surtout Cameron) est de plus en plus évidente, jusqu’à provoquer la dissolution de l’équipe. A cet égard, l'épisode 23 (Le petit con) est la digne conclusion psychologique de la première ère de la série, le finale ne faisant que baisser le rideau. La saison 3 réussit son pari de maintenir le niveau de qualité et d’apporter quelques innovations sans jamais édulcorer la spécificité de la série. Elle clôt un chapitre et ouvre élégamment la voie à une nouvelle ère, à une nouvelle équipe.
- The fifth level of happiness involves creation, changing lives. La série distord l'apparente noblesse d'âme d'Arlene qui garde son mari encombrant chez elle : oui, Arlene l'aime, mais elle le garde sans plaisir. Son amour est dilué par la pitié et par le fait qu'elle se sente "obligée" de le garder. Ainsi, son courage est moins noble qu’à première vue, ce qui l’humanise pourtant davantage ; c'est adroit. Il est difficile de ne pas penser à Ruth Fisher faisant face à la folie de son second mari dans Six feet under. L'humanité du jeu de Kathleen Quinlan est évidente. Notez qu'Arlene accepte les opérations les plus dangereuses et que House est rassurant, comme tout docteur « normal ». Une inversion renforcée par Cameron inquiète sur sa complaisance. Le fan de Buffy regrettera seulement que Clare Kramer n'envoie pas de grosses mandales dans la gueule des médecins en tenue bimbo. L'enquête reste classique, mais se suit sans déplaisir par son suspense entretenu. Le dernier acte enchaîne les surprises : le twist final est très surprenant (la scène d’intro était un trompe-l’œil) mais s'enchaîne à une seconde surprise : House a trouvé une solution limpide et élégante (rasoir d’Occam) mais qu’il est incapable de prouver. Aussi Cuddy refuse le traitement proposé par House, car ce serait lui donner trop de liberté : à terme son orgueil et sa certitude d'avoir raison sans preuves suffisantes pourraient avoir de graves conséquences pour un prochain patient. Absurde mais tristement crédible. En femme de tête impitoyable et rigide, Lisa Edelstein est fantastique. Le happy end, total et lumineux, extrêmement rare dans une série préférant les faux happy ends, est une autre surprise, tout comme Wilson convaincant Cuddy de tenir House dans l'ignorance. House avait tort moralement en jouant avec la vie de son patient : Qu’il ait eu raison ne l’empêche pas d’avoir eu tort ! Paradoxal ? Non, humain. En passant, un détail à noter : House se prescrit à lui-même de la Vicodin ; ça aura des répercussions par la suite. Son édulcoration n'est heureusement que partielle, et on le voit dans le cas de Caren où il retrouve sa férocité, allant jusqu'à la malmener physiquement. Voir ensuite notre docteur tout penaud d'avoir tout faux est toujours un spectacle comique. Hugh Laurie, pour une des rares fois de la série, marche sur ses deux jambes et il le fait avec un plaisir non dissimulé. Il adoucit son personnage sans tomber dans le lénifiant. Infos supplémentaires - Wilson dit à la fin la devise de la série « Everybody lies ». Acteurs Edward Edwards reviendra dans l’épisode suivant La Vérité est ailleurs. Il a surtout joué à la télévision, comme dans les séries Code Quantum (épisode Le Sauvage), Buffy contre les vampires (épisode Le Soleil de Noël), L’incroyable Hulk, Shérif fais-moi peur, Desperate Housewives, JAG (2 épisodes chacun pour les trois dernières), ALF, Matlock, Le Prince de Bel-Air, La vie à tout prix, The Sentinel, Les Experts, Les Experts : Miami, 24 heures chrono, Monk, NIH alertes médicales, Frasier, Boston Justice, Esprits Criminels, Shameless US, FBI portés disparus (2 épisodes), etc. Clare Kramer (1974) est surtout connue pour avoir été la sadique (et hilarante) Glory dans 13 épisodes de la série Buffy contre les vampires. Elle joue dans quelques films et séries mais est relativement discrète professionnellement. Elle a crée une série : Take five (13 épisodes). 2. LA VÉRITÉ EST AILLEURS
- House, Clancy's gone missing. Wilson, Cuddy, et Cameron connaissent la Vérité sur le patient de l’épisode précédent, et ce Syndicat dirigé par Wilson (dans un rôle similaire à l’Homme à la Cigarette) ne dira pas la Vérité à House dans l’espoir de le voir redevenir humble. Wilson veut à tout prix nier en bloc cette "Conspiration" (le terme est de lui). House nous donne une clé de son comportement lors de sa dispute avec Wilson : il ne se prend pas pour Dieu, mais le fait d’avoir raison, envers et contre tout, est le moteur de sa vie, celui qui le rend si efficace. Une nouvelle application de son mélange de haine et d'admiration envers sa personne. Cette déclaration l’humanise étonnament. Sheryl Lee joue la mère du patient, et on rappelle qu'elle fut le célèbre cadavre de Twin Peaks où un certain David Duchovny fit ses premières armes. L’histoire secondaire, House souffrant de nouveau de sa jambe, reste cependant périphérique. Mais on apprécie le final voyant House se résignant à reprendre sa canne, comme une porte de sortie physique et psychique qui claque sans plus jamais se rouvrir. L'épisode trouve bien de la sève dans son humour : la vanne lourdement foireuse de Chase, House se déchaînant sur Cuddy en pensant qu'elle est enceinte, McNeil en convalescence songeant déjà à ses besoins sexuels, et surtout la tonitruante dispute entre Cameron et Cuddy (note : j‘ai un faible pour la première version de la scène, assez énorme…). Sans oublier le duel en acier trempé entre Chase et Foreman. Summertime... On remarquera que Stephanie Venditto, qui joue l’infirmière Brenda Previn, a pour une fois quelques lignes à prononcer. En tout cas cet épisode n’est pas passé inaperçu puisque l’année suivante, le Dr.Joshua Lee demanderait à Christian Troy et Sean McNamara de lui enlever un implant métallique qui aurait été inséré à l’arrière de son crâne par des aliens (Nip/Tuck, épisode 5.07). Ce dernier épisode a pour titre VF… La Vérité est ailleurs. Décidément, on reste pantois devant les efforts démesurés des traducteurs français… Infos supplémentaires - La première version de la scène où Cameron se dispute avec Cuddy était beaucoup plus trash, les comédiennes lachant 32 mots orduriers en 58 secondes, avec interprétation outrepassant toutes les limites du cabotinage. - House, quand il a du temps dans son bureau, mate des vidéos et films pornographiques. Au moins un point commun avec Mulder. Par contre, il ne regarde pas X-Files. Dommage… - Cuddy dit que McNeil s’est levé après des années d’immobilisation tel « Rip van Winkle ». Il s’agit du personnage principal de la nouvelle éponyme de l’écrivain Washington Irving qui rencontre un équipage fantôme. Cet équipage lui fait boire une liqueur qui le fera dormir 20 années durant. Cette nouvelle inspira Rod Serling pour écrire le scénario de Rendez-vous dans un siècle (titre VO : The Rip wan Winkle Caper) de son anthologie télévisée La Quatrième Dimension. La VF remplace par Hibernatus. - Lorsque Cameron demande de trouver un « cunning plan » pour aider House, elle cite un gimmick de la série des BlackAdder, où joua Hugh Laurie. Lorsque House dit « Il nous faudrait un plus gros bateau » : il cite la célèbre réplique des Dents de la mer (1975). - La chanson de l’épisode est Gravity de et par John Mayer. Acteurs Skyler Gisondo (1997) a commencé très jeune à la télévision, jouant dans de nombreuses séries. Ses deux rôles les plus notoires sont le Shawn jeune dans Enquêteur malgré lui (11 épisodes), et Bryan Pearson dans The Bill Engvall show (31 épisodes), qui lui valut un Young artist's award. Il fut aussi dans Ce que j’aime chez toi, Monk, Cold Case, Esprits Criminels, Les Experts, Les Experts : Manhattan, Earl, Urgences (2 épisodes), Terminator les chroniques de Sarah Connor, House of lies, Once upon a time, etc. Il a joué quelques seconds rôles au cinéma comme The amazing Spider-man 1 et 2, La nuit au musée 3, etc. 3. MARCHÉ CONCLU Scénario : David Foster - We have to do all of that in 24 hours ? Le prestigieux chercheur en cancérologie Ezra Powell, 71 ans, s’écroule dans son laboratoire alors qu’il menait une expérience sur des rats. La souffrance est telle qu'il demande à l’équipe de House de « l’aider à mourir ». House lui arrache un délai de 24 heures pour trouver ce qu’il a, mais échoue au bout du délai imparti à trouver le diagnostic. Powell réclame donc une dose létale de morphine, provoquant des dissensions dans l’équipe… Cameron, apprenant les expériences de Powell, dit que détester ce patient ne changera rien à sa décision de ne plus faire d‘examens… ce qu’elle fait pourtant. Agissant ainsi impulsivement, Cameron se décrédibilise. Ce personnage est certes bon pour l’expression des doutes en chacun de nous, mais utilisé à l’excès, cet aspect devient contre-productif. La réponse du professeur qui la félicite d’avoir enfin « défendu ses propres convictions » est improbable, déplacée, et contredite par le regard dur de Cameron. Le personnage fait ici un retour en arrière, ne sachant pas se décider dans les moments les plus importants, loin de l’ironie assumée dans Faux-semblants (saison 2) ou de l’intransigeance froide de … Au suivant. (saison 2). Jennifer Morrison transcrit chaque émotion avec réussite, ce qui paradoxalement plombe tout l'épisode à cause de ses changements incessants. Le revirement final est une énième contradiction, entâchant la beauté douloureuse de la coda. Bien que tout aussi moyen, Mise au jour (saison 7) ménera un débat sur le sujet plus convaincant. Leighton Meester, ici dotée de sa blondeur naturelle, prouve que malgré qu’elle se soit commise par la suite dans une série aussi mièvre que Gossip Girl, elle est une brillante actrice en devenir. Là, elle se pose pas de questions, elle fonce, elle s’impose, et pis c’est tout ! L'anti Blair Waldorf quoi. On note que c’est en jetant un coup d’œil sur le string de la demoiselle que House trouve la solution du cas principal, une trouvaille bien décalée. Leur duo improbable et drôle donne les meilleurs moments de l’épisode. Cependant, une question nous taraude : House consentirait-il vraiment à coucher avec une fille de 18 ans ? Il est vraiment partagé entre l’amoralité de la chose et cette brûlante tentation. Affaire à suivre... Infos supplémentaires - Septième échec de House, ici total ; son patient mourrant d'une maladie incurable. - Joël Grey est le père de Jennifer Grey, qui sera à son tour une patiente dans House-sitter (saison 7). - L’horloge dans la salle d’IRM est labellée « Stoia Tucker », un clin d’œil à l’épisode Être ou paraître (saison 2) où c’est le nom de la société qui sponsorise le combat de Sebastian Charles. Acteurs : 4. DANS LES YEUX Scénario : David Hoselton House doesn't have Asperger's. The diagnosis is much simpler : he's a jerk. - After that look, I'm feeling a little frisky, looks like you're up. - Come on. You're not that bad. Fecal smear, talk to me !! La troisième scène est encore plus géniale : elle démarre très fort avec une engueulade génialissime entre House et Cuddy qui tente de faire passer Ali pour une monomaniaque, leur conflit est tel qu’on se croirait dans les disputes légendaires de Maddie Hayes et David Addison de la série Clair de Lune : les dialogues claquent à chaque seconde ! Puis, House redevient grave et accepte, sous l’insistance de Cuddy, de convaincre Ali de sa folie… mais si on espérait un moment plus sérieux, c’est râpé, House et Ali partant très vite dans une parodie de soap opera où ils parlent de leur liaison condamnée par la société à demeurer platonique… l’épisode y va vraiment à fond les manettes, dézinguant tous les clichés des « Daytime series ». Et comme si ça ne suffisait pas, un énorme twist final couronne cette histoire impeccable et nous laisse pliés en quatre. La chanson Waiting on an Angel de Ben Harper plus inappropriée à la situation tu meurs complète cette histoire de fous. Leighton Meester accomplit la performance d’être encore plus punchy que l’épisode précédent : TNT de sensualité et de loufoque ultra-concentrée ; c'est sans doute une de ses plus grandes compositions. Au milieu du torrent comique de l’épisode, nous sommes pris de sympathie pour ce pauvre Adam, prisonnier de son corps. La réalisation de Newton Thomas Siegel, avec ses angles et couleurs bizarres nous plonge idéalement dans la tête de l’enfant. La détresse de ses parents, surprotégeant leur enfant comme par compensation, est émouvante, sans pathos, car restant à l'arrière-plan. L’affection de Wilson pour les jouets que lui donnent les petits cancéreux est touchante aussi. Mais ce sont les réflexions de House qui sont sublimes : ainsi cette incroyable scène où il envie le sort de son patient, débarrassé par son autisme des conventions sociales, de l’hypocrisie des rapports humains. Les règles du savoir-vivre bien-pensant ne sont indispensables que pour les médiocres comme disait Franz Liszt à Richard Wagner. Maxime qui pourrait être celle de House, qui en a marre d’évoluer dans ce monde faux, apparent. Ses déclarations, très Numéro 6, sont celles d’un homme fatigué de vivre et qui pourtant trouve ses raisons de vivre en se révoltant, en refusant tout conformisme. Il dénonce l’intolérance de la société à l’égard de ceux qui sont différents, qui pensent et agissent différemment de la norme. On est pas loin de ce chef-d'oeuvre mythique qu'est Le Prisonnier.
5. L’AMOUR DE SA VIE Scénario : Peter Blake Infectious or environmental... all we have to do is check out parasites, viruses, bacteria, fungi, prions, radiation, toxins, chemicals ; or it's internet porn related. I'll check the internet, you guys cover the rest of the stuff. Le cas trop prévisible enchaîne diagnostics sans humour et péripéties convenues, même si le cauchemar suivi du coma subit de Tracy est une bonne idée. Cependant, les déclarations d’amour répétées de Jeremy lassent à la longue ; et le cas s’embourbe dans des complications malhabiles : on ne sait plus trop qui a quoi ni qui veut quoi. La situation confuse se dénoue brutalement avec le terrible twist final, vraiment méchant. On avait affaire à un couple qui semblait parfait, harmonieux, qui s’aimait vraiment. Loin de la vision pessimiste du Couple-qui-s’aime-mal de la série. Mais ce couple-là n’échappe pas non plus à son destin : Jeremy et Tracy sortent de leur maladie totalement détruits. L’épisode se termine là, sans qu’on sache si le couple arrivera à passer l’obstacle. Foreman doit alors sacrifier sa soirée pour faire son devoir de médecin et tenir compagnie à un Jeremy brisé. Encore un happy end qui est tout sauf happy ! Cette superbe fin est hélas affaiblie par le jeu souvent caricatural de Ricky Ullman et Jurnee Smollett. Trois melons tout juste.
6. QUE SERA SERA Scénario : Thomas L. Moran Apparently, Cuddy has widened her sperm donor search to include Neanderthals. D’excellents moments de bravoure et/ou comiques : le poids de George qui rend difficile l’IRM, le spectaculaire saut par la fenêtre, House qui donne des surnoms à son patient, George refusant tout examen en rapport avec son poids (tout comme la mère de Jessica à propos de sa fille dans Symptomes XXL), House ordonnant à Chase de rester sur son cul - en clair de ne rien faire - ou encore la scène du patient secondaire qui pourrait servir de maître-étalon sur l‘art et la manière de « vous foutre de la gueule d’un ahuri ». Sans oublier House qui sait vraiment bien plaidoyer sa cause devant son avocat blasé par tant de mauvaise foi. Le parallèle établi entre George et House est assez poilant : anticonformistes, peu coopératifs, rationnels, aimant la musique et les prostituées… résultat : des échanges avec Wilson assez gratinés ! Enfin l’épisode ravira tous les fans du Hameron. Ainsi, Cameron ne cesse d’agir en faveur de House (donc contre les règles, voire la loi) : elle convainc ses co-équipiers de faire l’IRM, ment effrontément à Cuddy, s’inquiète davantage du retard de son boss que du patient. La scène finale joue beaucoup sur son attitude à la fois avenante et fermée. Elle refuse de dire à House pourquoi elle l’a aidé. Le spectateur en conclura que c’est par amour mais aussi pour son attirance naturelle envers les « gens cassés » comme House et George, avec qui elle se montre très protectrice. Cameron continue son chemin vers la maturité, délaissant peu à peu ses oripeaux soap, devenant moins lisse, plus rude. Evidemment, le Hameron reste terriblement à sens unique, House ne trouvant rien de mieux que de la traiter de chieuse après qu’elle lui ait sauvé la mise. Jennifer Morrison, en première place, a un investissement comparable à celui de son personnage, et est pour beaucoup dans le succès de ses scènes. Un crû pas exceptionnel mais de bonne qualité. 7. 24 HEURES POUR VIVRE ET MOURIR Scénario : Doris Egan - Genetic tests take forever, you can't just keep testing for every inherited condition you think it might be. House remarque une akinétopsie (incapacité à voir des objets en mouvement) chez Kyle, 22 ans. Son état s’aggrave soudainement. Convaincu que c’est héréditaire, House se tourne vers la seule famille de Kyle : son père Gabriel, dans le coma depuis 10 ans depuis qu’il a essayé de sauver sa femme lors de l’incendie de sa maison. House parvient à réveiller Gabriel mais seulement pour 24 heures, ensuite il retombera dans le coma. Mais Gabriel semble tout à fait indifférent au sort de son fils et oblige Wilson et House à faire un petit « trip » avec lui s’il veut répondre à leurs questions… Gabriel et House sont deux hommes qui aiment le pouvoir, leur cohabitation est donc au départ difficile (Le seul pouvoir qui me reste aujourd‘hui, c’est celui de vous emmerder). L'épisode nous tient grâce au secret de Gabriel dont on est étonné de l'indifférence qu'il porte à son fils. La réponse est astucieusement reportée par House qui lui n’en a rien à faire et ne veut pas le savoir ! Le contrat passé entre eux - Gabriel répond aux questions de House uniquement si House répond aux questions de Gabriel - permet échanges gaiement vifs, et approfondissement des personnages. Tritter en rajoute une couche : interrogatoire des médecins ! Cameron, devinant les intentions de l’inspecteur, se met à son tour à mentir pour couvrir son patron et encourage les autres à faire de même, malgré que Tritter devine instantanément leurs jeux. Sans dire que c’est House version policier, il est lui aussi très fort en psychologie humaine (remarquable scène avec Foreman). Et le voir dire à son tour la réplique fétiche de la série Everybody lies ! est un brillant clin d’œil. N’ayant rien obtenu par la voie normale, Tritter passe à la vitesse supérieure et est l’instigateur de l’angoissant cliffhanger final, qui compromet dangereusement l'amitié du Hilson. David Morse continue d'intimider. Citations : 8. JEUX D’ENFANTS Scénario : Pamela Davis - You can't lift your arm. Jack, 18 ans, est le tuteur de son frère et de sa soeur depuis la mort de leurs parents. Pendant qu’il officiait comme serveur, il est pris de vomissements, de convulsions, et fait un arrêt cardiaque. House trouve la solution rapidement, mais refuse de la dire à son équipe, voulant qu’elle trouve le diagnostic elle-même. Tritter tente de pousser Wilson à dénoncer House en le privant de son droit de prescription. House, ne pouvant plus prendre de Vicodin, tente de convaincre ses employés de lui en prescrire. L’état de Jack se révèle plus sérieux que ne le pensait House… Jack aime son frère et sa sœur, mais au prix de son existence. Il est condamné à vivre pour eux, et ne peut profiter de sa propre vie. Il culpabilise de cette « mauvaise » pensée pourtant bien naturelle. Lorsque tombe le diagnostic final, exigeant une greffe de mœlle osseuse de la part de son jeune frère, il la refuse, par respect pour lui : il veut attendre la majorité de son frère pour qu’il puisse décider de faire cette opération lourde en toute connaissance de cause. Mais Pamela Davis nous sort un superbe twist : House rend caduc son « courage » en montrant que Jack ne souhaite pas l’opération uniquement pour rester à l’hôpital. Privé si tôt d’un environnement affectif nécessaire, il veut retrouver un ersatz en étant choyé par des médecins. Ainsi, il délaisse sa tâche de deuxième père pour penser enfin à lui, une décision qui questionne grandement nos valeurs morales. La scène d’adieux a une beauté qui n’a d’égale que sa bienvenue brièveté. Quasiment un unhappy end. Patrick Fugit éclaire toutes les facettes de son rôle difficile à interpréter par sa profondeur, les jeunes Cassi Thompson et Tanner Blaze sont aussi irréprochables. Tritter est absent mais son ombre s’étend sur l’épisode via Wilson, qui voit successivement tout s’effondrer autour de lui jusqu'à son droit de prescription. Bien que House semble n’en avoir rien à cirer, il en subit le dommage collatéral, il n’a plus accès à la Vicodin. Il demande donc à ses « larbins » de lui en prescrire, ce qui permet trois petits solos : Chase fait une entorse à sa servilité habituelle, Foreman se contente d’un non ferme et clair, et Cameron refuse sèchement. Depuis le début de cette saison, elle s’est montrée plus tranchante, plus rebelle envers son boss. House échoue d'ailleurs à la culpabiliser. Que House n’insiste pas avec Foreman signifie bien qu’il a moins d’ascendant sur lui que sur les autres. House ne veut pas s’avouer vaincu, et tente de calmer la douleur par tous les moyens (poilante scène avec la masseuse). Mais son obstination finit par lui coûter Wilson : fatigué, excédé, par la suffisance de House devant les malheurs qui l’accablent, il finit par lui hurler dessus dans une scène stupéfiante. House ne peut se défendre quand Wilson lui fait remarquer qu’il culpabilise déjà de ce qu’il lui fait : son épaule douloureuse est un avertissement de sa conscience qui sait bien au fond que c’est à cause de lui et non de Tritter, qui n’est qu’un « déclencheur », qu’ils sont dans une telle situation. La rupture du Hilson est très frappante tout comme le fait que le subconscient de House soit plus sensible, plus humain qu’on pourrait le penser. Le quasi one-man-show de Hugh Laurie est festif, on ne dira jamais assez combien sa palette de comédien est immense. Robert Sean Leonard concentre toute la rage de son personnage pour mieux exploser à la fin, effet garanti. 9. RENDEZ-VOUS AVEC JUDAS Scénario : Sara Hess Either you screwed me and you want absolution, or you didn't and you want applause. Either way, I'm not interested. Alice, 6 ans, est prise de panique et de douleurs intenses alors qu’elle était sur un manège. L’équipe a du mal à traiter son cas car Edie et Rob, ses parents divorcés, ne cessent de se disputer. Tritter augmente sa pression en gelant les comptes bancaires des médecins. House reste sourd aux tentatives d’ouverture de Cuddy et se met à tempêter contre tout le monde, sous l’effet de la douleur qui devient de plus en plus aiguë… Quand Sara Hess se concentre sur l’implosion du groupe, payant les pots cassés de son patron égotique, ça marche du tonnerre. Les disputes, les sautes d’humeur, crépitent à chaque scène, et montent en crescendo au fur et à mesure que les réserves de Vicodin vont decrescendo. Finalement, cela aboutit à une scène terrible : House ordonne qu’on ampute la pauvre petite fille d’un bras et une jambe pour la sauver. L’épisode s’achemine ainsi vers une horrible conclusion (gros plans sur les instruments chirurgicaux absolument glaçants) lorsque survient le retournement final salvateur (vive les lasers !) où à la surprise générale, c’est Chase qui trouve la véritable maladie. House, incrédule que la solution lui ait échappé, est catastrophé par l’énorme bavure qu’il allait commettre. Une fin très inattendue où l’élève dépasse un maître emprisonné dans son orgueil et sa douleur démesurés. Jesse Spencer, entre lâcheté et idéalisme, est convaincant. Cuddy fait un sacré numéro. On commence par une bonne enguelade avec House qui pointe un laser sur son affriolant balcon (Lisa Edelstein est sexy au plus haut point), annonçant les futures allusions sexuelles housiennes répétées jusqu’à l’obsession. Elle montre, à l’inverse, sa tolérance pour ses méthodes peu orthodoxes mais toujours justifiées. Mais peut-être aussi, pour les fans du Huddy, son attirance cachée. Elle se retranche toutefois derrière le fait (exact) que c’est pour défendre les intérêts de l’hôpital. Retarder le véritable début du jeu de cache-cache amoureux entre les deux docteurs montre que la série maîtrise son sujet et peut se permettre de faire durer le plaisir. Femme forte, mais souffrant de ne pas être mère, Cuddy tente de compenser en se montrant d’une débordante gentillesse avec Alice. Laissant de nouveau parler son cœur au lieu de rester stoïque, elle multiplie les erreurs de jugement, jusqu’à la terrible scène de la douche où House lui hurle la pire chose qu’il pouvait lui dire. Cuddy, meurtrie au plus profond de sa chair, s’effondre en larmes. Wilson lui-même s’en étonnera : c’est la première fois que House parvient à assommer Cuddy (il y réussira une seconde fois dans Parle avec elle [saison 5]). Nous voyons combien House, déchiré par la douleur, peut perdre tout self-control et combien on peut s’effondrer quand quelqu’un parvient à vous atteindre là où ça fait mal. La variété du jeu de Lisa Edelstein, et les déchaînements de fureur contrôlées de Hugh Laurie sont de purs joyaux. 10. ACCEPTERA… OU PAS ? Scénario : Liz Friedman - What are you gonna do ? Le cas est efficace et rythmé. L’absence de House donnant une plus grande incertitude aux décisions des médecins, le cas en devient plus urgent. La solution terminale est fantastique : House résolvant le cas à la suite d’une discussion loufoque avec une petite fille, la chute qui en résulte est une des plus renversantes de la série, et d’un irrésistible humour noir. Triomphe des apparences encore et toujours… bouquet final : une dernière discussion entre House et Maddy puis entre Maddy et Abigail sur le concept de la « normalité » : si on veut réagir contre l’ordre du monde, comme le fait un House ou un Numéro 6, doit-on le faire par tous les moyens ? Souffrir mais être fier d’être « différent », le jeu en vaut-il toujours la chandelle ? Les dialogues de cette double scène sont parmi les plus beaux de toute la série, avec happy end total exceptionnel. Merveilleux scénario, superbe leçon de vie. La scénariste Liz Friedman a été touchée par la grâce. Meredith Eaton, actrice réellement naine (1m30), est aussi superbe que talentueuse : mordante d’ironie (surtout dans les deux premières scènes), elle donne beaucoup de pêche à cet épisode. House commet une erreur que lui avait pourtant signalé Tritter dans Que sera sera : il surestime son pouvoir de domination. Il peut faire plier n’importe qui de « normal » : son équipe, Cuddy… mais Tritter n’est pas « normal ». Ce qui marche avec Cuddy échoue sur Tritter qui se bat finalement avec les mêmes armes que House. Or House semble ignorer un fait de taille : supérieurement intellectuellement à la majorité des hommes, ses erreurs de jugement sont en conséquence bien plus graves ; et il l’applique à la lettre : aussi génial soit-il, il commet une erreur d’une débilité faramineuse : il est prêt à risquer la prison et être interdit d’exercer rien que pour ne pas accepter le chantage de Tritter. Et surtout, il accepte une douleur horrible : la scène où Cameron vient le voir dans sa maison montre l’extrémité du personnage qui s'entaille pour contrer la douleur du manque. S’enfonçant dans une sorte de semi-démence, il en vient à commettre l’irréparable, non sans au passage de ravageurs échanges entre lui et Wilson. Wilson, révulsé de le voir plonger si profondément dans les eaux de la déchéance pour satisfaire son ego, abandonne son ami dans une scène impressionnante. Ce coup de fouet lui fait ravaler sa honte et accepter le marché de Tritter… mais c'est trop tard, et c’est sur un corrosif « Merry Christmas » que se termine cet épisode où House est allé au plus profond de son côté sombre. Hugh Laurie explose en homme cassé par la douleur et trop orgueilleux pour se remettre en question, une de ses prestations les plus explosives, Chapeau l’artiste ! 11. CŒURS BRISÉS Scénario : Leonard Dick - House, I just heard that you apologized to Wilson. Derek, un pompier, a tout à coup très froid, et se dirige vers un immeuble en flammes. Il n’est sauvé que par l’intervention d’Amy, sa collègue. L’équipe doit de nouveau travailler avec l’aide lointaine de House : Tritter ayant refusé d’abandonner les charges contre House, il a décidé de prouver sa « bonne foi » en suivant une cure de désintoxication. Cameron découvre que l’amour non partagé de Derek envers Amy le tue au sens propre. House ordonne alors que Derek subisse un électrochoc qui lui fera perdre la mémoire, sans savoir qu'il souffre également d’une autre maladie… Tritter, malgré les efforts de son nemesis, refuse de lâcher l’affaire à notre grande stupéfaction. Ce Javert des temps modernes ne croit pas en la rédemption, et House n’est pas Jean Valjean. Tritter semble devenir vraiment méchant car on est convaincu de la bonne foi de House. C’est sans compter sur le diabolique twist final des dernières secondes : Tritter s’est comporté comme un salaud mais il a eu raison : même les actes de House étaient bidon. Leonard Dick nous culpabilise ainsi de prendre parti pour House, c'est énorme. Le spectaculaire parjure de Cuddy était programmé d’avance, mais reste plein d'effet. House est sauvé miraculeusement mais cherchez pas de happy end : Cuddy a subi la mauvaise influence de House en se parjurant, et pour la peine, lui promet la vie dure dès son retour à l’hôpital ! Lisa Edelstein est réjouissante dans la scène finale, toute en rage contenue et en joie féroce. Mais il y’a un revers : pourquoi l’intolérant Tritter finit-il par souhaiter bonne chance à House, et même lui faire un sourire encourageant à l’issue du non-lieu ? Ca fausse le personnage, et Tritter nous quitte ainsi sur une impression d’incohérence. David Morse, roc massif et talentueux, a quand même bien contribué au succès de son arc. On l’en remercie. 12. DE PIÈCES EN PIÈCES Scénario : David Shore - Start counting your heartbeats... Stop. How many ? Les dix premières minutes sont un festival House et ne servent que de prélude : dispute à pointes perfides entre House et Cuddy, House soudoyant les patients pour qu’ils débarrassent le plancher, House qui fait faire à son équipe des examens inutiles pour avoir la paix, pari d’une absurdité sans nom... survient une brutale bascule dramatique quand une pauvre fille hurle DON'T TOUCH ME !!! quand House veut prendre sa main. Ses yeux rougis de larmes, sa rage contenue, sa pâleur mortelle… l’effet est saisissant avec la comédie des précédentes secondes ! Eve est traumatisée par son viol, mais House, fermé aux états d’âme de ses semblables ne peut rien pour elle. Rien ? Le destin va curieusement en décider autrement… Eve refuse de parler à un autre médecin que House (excellente scène avec Cuddy, à la compassion impuissante), la dernière personne qui semble utile dans cette situation. Eve ne sait pas pourquoi elle a confiance en House, qu’elle ne connaît pas, mais elle a l'intuition qu'il est le seul homme à pouvoir la comprendre. House se heurte à un comportement inexplicable rationnellement. Il essaye de s’en sortir par la logique pure, car l’inexplicable est sa plus grande peur (intelligente bien que fausse hypothèse du viol inversé). Le coup de folie d'Eve démontre que le lien qu'elle veut forger avec House est une question de vie ou de mort. Et d'ailleurs, House, inconsciemment, a commencé à créer un lien avec elle, se montrant curieux de son état pendant l'entretien psychologique. La parole, primordiale dans l’épisode, est renforcée par la réalisation très épurée de Juan J. Campanella. Comment communiquer ? House quémande des conseils à ses « larbins » mais ils se contredisent tous. Cela montre toute la difficulté qu’on a de se mettre à la place de quelqu’un qui a subi un traumatisme dont on ne connaît pas les effets en pratique, et in extenso, la difficulté de dialoguer entre humains tout court. De toute manière, House doit sacrifier une partie de ses idéaux pour la comprendre (lien affectif avec le patient). Crescendo d’intensité psychologique tout le long : la force de House, sa froideur, devient sa faiblesse car gênant son processus d'empathie. Pourtant des fenêtres commencent à s’ouvrir : Eve sent que les blessures intérieures de House correspondent aux siennes, et veut l’obliger lui à se confier ! La scène avec Wilson est révélatrice : House a peur de créer ce lien affectif qui contredirait sa croyance selon laquelle la science explique tout. Tout son monde moral s’effondre. Alors, il veut s’en sortir par le mensonge, mais Eve n’est pas dupe. House se heurte une nouvelle fois à sa froideur, il ne peut comprendre cette simple vérité : notre vie dépend de nos rencontres, qui ne rentrent pas dans un moule là où House veut classer chaque situation sous une rubrique. Aucune situation ne peut être estampillée sous une étiquette, il n’y a que des cas particuliers. Eve est enceinte de son violeur. Cette révélation ne l’abat pas mais House y est très sensible (son regard quand il l’apprend veut tout dire) ; elle agit comme catalyseur : sa froideur commence à fondre devant la compassion qu'il ne peut s'empêcher d'éprouver pour elle, même s'il la contient (Hugh Laurie calcule son jeu avec une précision vertigineuse). Shore fait dériver son sujet vers l’avortement mais moins pour amener un débat sur le sujet qui serait inapproprié que pour comprendre davantage les personnages et leurs éthiques sur la justice, puis le libre-arbitre et les aléas. Leurs échanges sont de plus en plus philosophiques et bouleversants. Eve et House s'accordent sur le fait que la Vie a un sens, mais la première croit que la Vie a un but, et non House : la première voit la Vie comme un chemin vers un but, le second comme une "fuite des enfers terrestres" ; la première pense que c'est la conséquence ultime (renaissance de l'esprit après la mort) qui donne de la valeur aux actions de la vie terrestre, le second que l'absence de conséquence ultime donne au contraire les actions terrestres leur valeur, même si cela implique qu'il n'y a pas de but dans la vie. Eve ne peut être d'accord avec House car elle veut trouver une raison, une leçon à retenir pour ne pas être prisonnière de son mal. Elle a besoin de croire que sa vie n’est qu’une transition entre le néant et l’après-vie, que de son mal peut naître un bien (le bébé, ou un développement de son courage). Le concept de Vérité est questionné : il est pour l'homme généralement moins fort que les croyances, dont la véracité n'est pas d'important : seuls comptent les effets positifs qu'il tire de ses croyances. Eve croit en l'après-vie parce qu'elle en a besoin, House n'y croit pas parce qu'il en a aussi besoin. Leur lien s'intensifie jusqu'à l'aveu poignant du docteur : Ce qui m’intéresse, c’est-ce que vous ressentez. Il n’avait jamais dit cela à personne. Ils arrivent enfin à communiquer, et Eve comprend enfin pourquoi elle voulait House : elle a senti qu'il est aussi ravagé qu’elle, qu'il comprendrait son traumatisme. Un aveu qui la libère, et lui permet de parler de son horrible nuit. Elle commence sa reconstruction. L’ultime scène est splendide, Cuddy et Wilson félicitent House d’avoir communiqué avec quelqu’un, mais il n’en est pas satisfait. S’il sait pourquoi Eve l’a choisi, House ne sait pas pourquoi il s’est attaché à elle. Pour nous, c’est évident : House a été chaleureux, humain, compatissant… avec une étrangère. Il est trop désespéré et orgueilleux pour le reconnaître mais n’est pas sorti indemne : Eve lui manque mais il doit retourner à son travail. One day, one room… Entendez, un autre jour, une autre pièce demain, la vie continue malgré tout. Une fin tout en retenue et bouleversante. L’intelligence et la logique du texte n’excluent pas l’émotion, bien présente tout au long de l’épisode. En cela, Shore et Campanella ne sont pas loin d'un Rohmer. Ils sont bien aidés par leurs acteurs qui vivent vraiment leurs personnages. Que dire de la pulpeuse Katheryn Winnick, si ce n’est qu’elle accomplit un numéro d’acteur comme on en voit rarement à la télévision ? L’émotion faite femme tout simplement. Le fait que sa carrière ait pris un nouvel élan après cet épisode n’est pas anodin. - Katheryn Winnick a joué dans le même épisode d'Esprits criminels que Peter Jacobson, futur interprète du Dr.Chris Taub dans la série. Il s'agit de l'épisode Crimes à la une (saison 1). (Merci à Shinishi du forum Dr.House pour cette info) Crédits photo: FOX. Images capturées par Clément Diaz. |
SAISON 1
1. Les symptômes de Rebecca Adler (Pilot – Everybody Lies) 2. Test de paternité (Paternity) 3. Cherchez l'erreur (Occam's Razor) 4. Panique à la maternité (Maternity) 5. L'erreur est humaine (Damned If You Do) 6. Une mère à charge (The Socratic Method) 7. Question de fidélité (Fidelity) 9. Vivre ou laisser mourir (DNR) 12. Rencontre sportive (Sports Medicine) 14. Changement de direction (Control) 15. Un témoin encombrant (Mob Rules) 17. Double discours (Role Model) 18. Sacrifices (Babies & Bathwater) 20. Des maux d'amour (Love Hurts) 21. Cours magistral (Three Stories) Cette saison met en place toutes les caractéristiques de la série. Les enquêtes médicales, façon Experts, fascinent tout de suite par l’importance donnée au vocabulaire scientifique, aux tests, et à la méthode socratique du diagnosticien, échangeant ses hypothèses avec celles de son équipe. La première ère de la série (qui va jusqu’à la saison 3) est caractérisée par un soin scrupuleux du cahier des charges demandé : peu d’interférence dans la vie privée des docteurs, les enquêtes médicales d’abord, absence d’arc narratif principal (n’empêchant pas de brefs arcs secondaires)… Si les ères suivantes de la série assoupliront ce cadre, il restera de première importance. Cependant, d’autres ingrédients comme le mélange parfait entre humour (acide) et dramatisme, la complexité et le charisme de House, la compétence et la complémentarité des médecins, les répliques qui font mouche, l’éthique déontologique allégrement balancée à la corbeille etc. resteront fermement jusqu’à la fin. Hormis House, les trois médecins sont Eric Foreman (Omar Epps), neurologue, Allison Cameron (Jennifer Morrison), immunologue, et Robert Chase (Jesse Spencer), chirurgien. Cette équipe sera remplacée en saison 4 sans que les personnages disparaissent cependant de l’écran. Ils ont environ 30 ans, viennent juste de sortir de leurs longues études de médecine. Chacun a son caractère, et participe à la diversité de la série. Présentation également de deux autres personnages importants : James Wilson (Robert Sean Leonard), oncologue, et Lisa Cuddy (Lisa Edelstein), endocrinologue, et directrice de l’hôpital où officient nos héros. Le premier est l’unique ami de House mais dont la relation tranchante et souvent agitée en fait une relation curieuse et déséquilibrée, très « amour vache ». Le « Hilson » (House-Wilson) est au rendez-vous dès le pilote, s’imposant comme la plus improbable (et une des plus riches) histoire d’amitié du petit écran. La deuxième a avec House une relation conflictuelle, pleine d’enguelades et de tension sexuelle, dans la lignée des grands couples mixtes qui ont jalonné l’histoire de la télévision. Evidemment, ce conflit n’exclut pas le respect mutuel. Les « ships » amoureux de la série sont pour le moment absents ou simplement évoqués. Dans le « Hameron » (House-Cameron), Cameron tente de séduire son patron et de briser sa glace. D’abord implicite, il devient un sujet central dans les épisodes 19 et 20 avant de s'estomper. Le « Houcy » (House-Stacy) est évoqué à partir de l’épisode 21. Il fascine derechef par son contenu turbulent, alternant (beaucoup d’) éclairs et (peu de) calme. Curieusement, alors que Dr.House admet l'influence des Experts ; l’interprète de Stacy, Sela Ward, intégrera l’équipe de Mac Taylor dans la saison 7 des Experts : Manhattan ! Deux petits arcs secondaires pimentent cette saison. La première allant de l’épisode 14 à l’épisode 18 met en scène l’affrontement acéré entre House et le nouveau directeur du conseil d’administration Edward Vogler qui goûte fort modéremment ses méthodes. Le deuxième commence à l’épisode 21 et reste en suspens à la fin de la saison, faisant entrer en scène l’ex-compagne de House et son nouveau mari. Enfin, une note légère. Jennifer Morrison et Jesse Spencer se rencontrèrent sur le plateau de la série, et commencèrent à sortir ensemble dès le début de la saison. Il est possible que cela ait influencé les scénaristes par la suite… Cette saison réussit parfaitement son contrat en présentant idéalement tous les atouts de la série. Le traitement scénaristique s’avère génialement architecturé grâce aux thématiques proposées (amour possessif, dilemmes moraux, dérapages de l’industrie pharmaceutique, maturité précoce forcée, attaque contre les règles canoniques sociales…). La saison 1 de Dr.House ouvre on ne peut mieux la série. 1. LES SYMPTÔMES DE REBECCA ADLER
Réalisation : Bryan Singer
- Everybody lies. [...]
- Isn't treating patients why we became doctors ? - No, treating illnesses is why we became doctors. Treating patients is what makes most doctors miserable. Une jeune institutrice de 29 ans, Rebecca Adler, s'écroule dans sa salle de classe, victime de convulsions. Son cas provoquant la perplexité des médecins, elle est confiée à une équipe de jeunes docteurs créée et dirigée par le brillant mais cynique Dr. Gregory House. Ce dernier a accepté de mauvaise grâce son cas à la demande du Dr.Wilson. Tout en essayant de la soigner, les médecins de House s'aperçoivent que ce dernier ne les a pas choisis pour leurs facultés mais pour un motif bien à lui, ce qui n'est pas sans les contrarier. Parallèlement, Lisa Cuddy, directrice de l'hôpital, ne cesse d'entrer en conflit avec lui. Pendant ce temps, la santé de Rebecca Adler se détériore rapidement... La série prend un excellent départ avec cet épisode pilote qui introduit efficacement les personnages principaux de l'histoire tout en exposant les atouts de la série. En premier lieu, les personnages. Nous rencontrons d’abord le Dr.House, médecin tout à fait hors normes et qui tranche avec toutes les autres figures de médecins des précédentes séries médicales (voir Présentation de la série). La célèbre citation "Everybody lies" (Tout le monde ment), titre original de l'épisode et qui est la devise du docteur, est prononcée dès cet épisode et sera presque toujours le soubâssement des intrigues. Ce docteur sans blouse qui différencie patients (sans intérêt) et maladies (sa passion), vérité et bonheur, médecine et humanisme, attire tout de suite le public par son originalité. Les cinq autres personnages principaux de la série sont bien rendus. Un exploit de la part de David Shore et Bryan Singer qui nous donnent des esquisses poussées de chacun des personnages en seulement un épisode. La sensibilité de Cameron, le professionnalisme de Chase (ici en retrait), la rigueur de Foreman, se rejoignent harmonieusement pour former une équipe compétente, mais parfois en proie aux dissensions. Foreman doit renouer avec les démons de son passé pour éviter le décès de sa patiente tandis que Cameron avoue une fragilité qu’avait détectée House. Nous nous situons loin des sentiments élémentaires et des problèmes classiques de certains héros de séries télé. En parallèle, quelques rituels de la série sont déjà posés comme le walk and talk : ce procédé (crée par le scénariste Aaron Sorkin et le réalisateur Thomas Schlamme) où les personnages parlent tout en marchant vers la caméra qui ne cesse de reculer, dynamisent les scènes dialoguées en leur donnant une impression d'urgence - les 1m85 de Hugh Laurie sont un plus indéniable. Également, les séances de diagnostic différentiel où l’équipe, via les symptômes du malade, émet des hypothèses pour trouver le diagnostic. Le langage essentiellement scientifico-médical est difficile, mais la rapidité de ces scènes ainsi que les explications finales (incluant schémas et vidéos) font que le public lambda comprend tout ce qui se passe. Il y a aussi les poilantes séances de consultation : Cuddy ayant réussi à contraindre House à en faire (chose qu’il abhorre), nous survolons, comme contrepoint au cas grave de Rebecca, trois cas annexes très drôles. House carbure à l’humour noir (et au Vicodin) dans ces scènes où il se moque ouvertement des patients, balance son diagnostic sans fioritures pour terminer au plus vite ce détestable travail : la scène avec le patient « orange » est un excellent exemple où il lui annonce en même temps ses ennuis de santé… et conjugaux ! Pendant les premières saisons, nous aurons droit à ces « intrigues secondaires » qui apportent un humour noir seyant à l’atmosphère de la série. Le pilote prenant le parti de présenter les personnages et les atouts de la série, l’intrigue est un peu au second plan. Mais nous nous attachons rapidement à la descente aux enfers de Rebecca qui sombre dans la maladie au point de devenir méconnaissable. L’interprétation de Robin Tunney est magistrale en tous points, touchante et vibrante au fur et à mesure que la mort se rapproche, donnant une grande émotion lors de son unique rencontre avec House. Leur scène, sommet de l’épisode, présente deux fiertés blessées à fleur de peau. Nous apprenons pourquoi House est condamné à vie à marcher avec une canne. En même temps, lui et Rebecca doivent faire face à leurs contradictions idéologiques. Dès le début, la série se montre capable d'émotion dépourvue du pathos classique hospitalier tout en posant des questions éthiques et philosophiques au spectateur : Que signifie vivre "dignement" ? Y'a-t-il une mort "belle" ? Pourquoi nous jugeons-nous par rapport aux autres puisque nous n'en tirons aucun profit ? Quelques longueurs desservent l’ensemble mais il y a aussi des scènes assez fortes comme la crise convulsive (un gimmick de la série) et la trachéotomie, filmées en montage rapide, qui donnent quelques coups de fouet à l’épisode. La chanson des Rolling Stones You can't always get what you want, utilisée dès cet épisode, reviendra de temps à autre dans la série, jusqu'à en devenir sa chanson emblématique. Bref, une entrée en scène assez réussie !
Infos supplémentaires : - Le pilote durait originellement 47 minutes 30. David Shore dut couper 4 minutes pour qu'il puisse être diffusé. Il fut nommé aux Emmy awards dans la catégorie meilleure musique d'épisode. - House et Cuddy font référence à Mick Jagger (le philosophe Jagger déclame House) avec la chanson des Rolling Stones : You can’t always get what you want, entendue à la fin de l’épisode. Cette chanson deviendra indissociable de la série qui la réutilisera de temps en temps. Elle fut d'ailleurs également la première chanson entendue dans le pilote de Californication. Cette référence est la première manifestation de la grande érudition de House en matière de culture contemporaine. Cuddy mentionne également le médecin nazi Mengele et la sinistre affaire Tuskegee (1932-1972) où à leur insu, 399 patients noirs atteints de syphilis ne furent pas soignés à la pénicilline dans le cadre d'une expérience sur l'évolution de la maladie quand elle n'est pas traitée. - Le nom de la patiente, Rebecca Adler, est une référence claire à Irène Adler, seule femme ayant tenu tête à Sherlock Holmes (Un scandale en Bohème). Dans l'épisode Le divin enfant (saison 5), Wilson prétendra que House est tombé amoureux d'une patiente appelée Irène Adler. - Foreman a été choisi parce qu’il était un ancien cambrioleur qui avait volé à 16 ans une famille (les Felker). Ce fut son professeur de gym qui le signala à House. Cameron parce qu’elle est très jolie, et Chase parce que son père (un ancien médecin) a téléphoné à House. Cameron a tenu sans casier judiciaire jusqu’à 17 ans mais on ne saura jamais ce qu'elle a fait. - Nous en saurons davantage sur les circonstances de l’irréversible infarctus de House dans le 21e épisode de cette saison : Cours magistral. - Foreman a étudié à l’université Johns-Hopkins. C’est une des meilleures facultés de médecine américaines. Fondée en 1876 à Baltimore, elle accueille la crème des étudiants en médecine de tous bords avec ses cours de très haute qualité. Sa sélection drastique (seul 1 postulant sur 4 parvient à y entrer) en fait une école très exigeante et de renommée internationale. Elle est classée 13e meilleure école de médecine à l’échelle mondiale. - House regarde en secret des magazines érotiques (Les 100 célébrités les plus sexy). Il est également fan de la série médicale Hôpital Central (General Hospital en VO) dont il préfère regarder les épisodes plutôt que de soigner ses patients. Cette série existe réellement : c'est un soap opera toujours en cours de production depuis 1963. Plus de 12 000 épisodes (de 52 minutes chacun) ont vu le jour, et la série est encore un grand succès outre-atlantique. Il s'agit des premiers indices de la prédilection de House pour l'érotisme et la pornographie, et pour les soap operas. - Erreurs de continuité : Rebecca Adler a un pull bleu dans le bus qui vire au vert quand elle entre dans l'école. Quand elle entre en classe, une petite fille aux longs cheveux marrons est assise au premier rang, mais est debout l'instant suivant. Erreur médicale : Rebecca Adler prend de l'Albendazole mais ce médicament devrait en fait empirer son état, des stéroïdes seraient plus appropriés. La présence d'objets en métaux pour la trachéotomie d'urgence est douteuse car la machine d'IRM devrait les attirer comme un aimant. Les bandages de Rebecca après la trachéotomie sont placés trop haut. Erreurs factuelles : General Hospital est diffusé au New Jersey à 15h, et non à 13h comme le dit House. Le générique de fin crédite Rekha Sharma comme "Reika". Acteurs Robin Tunney (1972), d’origine irlandaise, fait ses études à la Chicago Academy for the Arts puis apparaît dans quelques séries (Corky, Perry Mason…) avant de parvenir à la reconnaissance dans son rôle d’une jeune fille suicidaire dans Empire Records (1995). Elle continue depuis de tourner au cinéma (meilleure actrice à la Mostra de Venise dans Niagara, Niagara) : Vertical Limit, The Zodiac, La Fin des temps… Mais c’est dans les séries qu’elle trouve le plus de succès avec son personnage de Veronica dans la première saison de Prison Break et surtout celui de Teresa Lisbon, la cheftaine de Patrick Jane dans Mentalist (151 épisodes). 2. TEST DE PATERNITÉ Réalisation : Peter O'Fallon — What are you doing back here ? A patient ? Après nous avoir donné un très bon pilote, la série accuse déjà une petite faiblesse dès le 2e épisode. En cause une distribution encore un peu maladroite des atouts de la série. L'équipe de House ne brille guère dans cet épisode (on notera quand même le "plaquage" de Chase et le talent de faussaire de Cameron), tout comme Cuddy, malgré un amusant pari entre elle et son employé. Les "intrigues secondaires" marchent une fois sur deux : on se moque absolument du patient blessé au genou pour s'intéresser à la mère "contre les vaccins", plus piquante ; elle est d'ailleurs symptomatique des dérives auxquelles certains pharmaciens et médecins peuvent se laissent entraîner, causant une défiance parfois légitime. House admet que quelques confrères ont un peu abusé de la confiance de ses patients. On signalera que pour la première fois, House résout le cas principal en s'occupant d'un cas secondaire qui lui inspire la solution. Par la suite, ce sera plus en s'occupant d'une tâche non médicale qu'il aura l'illumination (reconnaissable à la tête caractéristique de House à ce moment-là, le running gag le plus fameux de la série). Le jeune Scott Mechlowicz est trop lisse dans son personnage d'adolescent tourmenté. Les parents, un peu absents, sont plus marquants par leurs zones d'ombre. La scène de la cafétéria où House leur débite tous les symptômes de leur fils, alors qu'il ne l'a jamais vu devant leur air hébété est une première manifestation de son prodigieux esprit de synthèse utilisé ici pour épater le spectateur (et on marche). Le gag final - car c'est bien un gag - termine l'épisode sur une bonne note, car House aurait pu éviter une coûteuse analyse de 3 200 $ s'il avait mieux observé son patient, comme quoi, la méthode House n'est pas parfaite ! On l'aura compris, cet épisode a du suspense mais ni l'humour (transparent) ni l'interprétation (inégale) ni le scénario plein d'idées et de longueurs, ne suivent véritablement. Tous les atouts de la série sont présents mais à petite échelle. Infos supplémentaires - L'épisode fut nommé au Golden Reel award du meilleur montage sonore. - Premier épisode de la série à comporter un pari de House. Cela deviendra une running joke de la série. - House réalise un test ADN en s'emparant du gobelet de café laissé par le père qui y a laissé ses empreintes. Il (ainsi que Wilson) réutilisera la même idée dans l'épisode De confessions en confessions (saison 8) pour obtenir l'ADN de Taub ; mais ce dernier se montrera plus vigilant ! - Nous découvrons le générique de la série. Originellement, il s'agit d'une brève (une trentaine de secondes) version instrumentale de la chanson Teardrop du groupe Massive Attack. Cependant, pour une question de droits, il n'est pas diffusé en France. À la place, un morceau électronique composé spécialement est entendu. La musique originale sera quelque peu modifiée dans les saisons suivantes. - Cameron n'est pas fille unique. Nous apprendrons ultérieurement qu'elle a un frère aîné, sans plus de précisions. Durant leur temps libre à l'hôpital, Cameron trie le courrier de House, tandis que Foreman et Chase font des mots croisés. Cette scène avec Foreman et Chase est en fait extraite d'une scène coupée du pilote. - On aperçoit pour la première fois une partie de l'appartement de House. On remarque un piano. Il est en effet musicien et joue souvent de cet instrument. Il s'agit entre autres d'un hommage à Sherlock Holmes qui était lui aussi musicien (il jouait du violon). - La chanson de l'épisode est On Saturday Afternoons in 1963 de Rickie Lee Jones. - Quelques erreurs dans cet épisode : Acteurs : Scott Mechlowicz (1981) a commencé sa carrière avec un rôle comique dans un film d'ados (Eurotrip) puis se tourne rapidement vers le drame (il reçut un prix pour son interprétation dans Mean Creek, un film indépendant). Sa participation à Dr.House, un de ses premiers rôles, est son seul référencé pour la télévision. 3. CHERCHEZ L'ERREUR Réalisation : Bryan Singer — I think your argument is specious. Après un rapport sexuel fougueux avec sa petite amie, Brandon, 22 ans, s'écroule, inanimé. L'équipe de House est perplexe : aucune maladie n'explique les symptômes du jeune homme. House pense qu'il a attrapé deux maladies simultanées tandis que Foreman pense qu'il n'y en a quand même qu'une seule. L'équipe s'interroge sur House, doivent-ils toujours lui obéir en tous points ? De plus Chase paraît troublé par l'influence que Cameron exerce sur lui... Les cas secondaires sont très gratifiants, provoquant le rire par les vannes de House qui se prend comme d'habitude pour Sherlock Holmes : le cas de la femme aux ennuis professionnels ou encore le gars qui a avalé un mp3 - entre autres - permettent à House de sortir tout son humour corrosif pour notre plus grande joie entre deux parties de Game Boy Advance (on connaît son amour des consultations). L'épisode bénéficie par ailleurs d'une excellente interprétation : Kevin Zegers joue correctement son rôle de malade tandis qu'Alexis Thorpe, qu'on a rarement vu aussi bien, joue excellement la fiancée inquiète. Faith Prince et John Kelly sont des parents un peu caricaturaux mais pas désagréables. Les acteurs sont en grande forme, Lisa Edelstein et Hugh Laurie en tête bien sûr. Robert Sean Leonard existe davantage, ses scènes avec House où il parle des différences entre réalité et rêve ou de respect de l'autre sont astucieusement dialoguées. Jennifer Morrison, bloquant son jeu, joue en-dessous de ses capacités. Généralement, l'actrice ne sera pas au même niveau de jeu de ses partenaires - c'est particulièrement visible en saisons 1 et 2 - voguant entre monolithisme et cabotinage entre deux prestations plus abouties. Cependant, son jeu s'améliorera au fil de la série. Bref, un superbe épisode, à ne pas rater ! Infos supplémentaires - House est médecin depuis 20 ans. Malgré ses méthodes peu déontologiques, il a toujours refusé de faire du "lèche" à sa patronne pour obtenir une faveur. Il admettra toutefois un point de rupture dans Acceptera... ou pas ? (saison 3). Il joue pendant les consultations à la Game Boy Advance SP. Le jeu en question est Metroid Zero Mission - bien que les effets sonores ne correspondent pas à ce jeu. Nous le voyons pour la première fois réfléchir pendant plusieurs heures sur le cas de son patient. Lorsqu'un cas s'annonce ardu, il est prêt en effet à rester dans son bureau pour y réfléchir jusqu'à ce qu'il trouve la solution, quel que soit le temps que cela prenne. - Nous voyons également pour la première fois Cuddy pratiquer sur un patient. - La légère calvitie de Hugh Laurie est en partie visible durant cet épisode. Pendant toute la suite de la série, les producteurs le feront coiffer de telle manière qu'elle n'apparaisse pas. - Le rasoir d'Occam, titre et thème de l'épisode, est un principe logique formulé par le moine franciscain Guillaume d'Occam (1285-1347) : Pluralitas non est ponenda sine necessitate (Les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité). Il signifie qu'entre plusieurs hypothèses, la plus simple et la plus élégante logiquement est la meilleure. Base de la logique scientifique, il encourage devant des phénomènes ou problèmes compliqués à rechercher une solution claire (claire et non "facile"). Cet outil, qui a pourtant plus d'intérêt théorique que pratique, est très utilisé dans les œuvres de fiction, en premier lieu Sherlock Holmes qui, sans la nommer, applique cette théorie dans de nombreuses déductions. L'épisode en question montre bien l'application de cette méthode : la solution du jour en effet est claire, d'une logique implacable mais terriblement difficile à trouver... On orthographie parfois Occam en Ockham. Acteurs : 4. PANIQUE À LA MATERNITÉ Scénario : Peter Blake — I'm still amazed you're actually in the same room with a patient. On apprécie les séances de diagnostic plus fiévreuses qu'à l'accoutumée (participation exceptionnelle de Cuddy en prime), ces séances d'urgence psychologique au rythme haletant. Aussi, d'autres scènes comme la confrontation des méthodes de Cameron et de Foreman. Le sommet de l'épisode, le cruel dilemme de House contraint d'assumer une décision lourde de conséquences est remarquablement mis en scène ; le diagnosticien y fêle son armure de froideur. Hugh Laurie est ambigu à souhait dans cet épisode, entre désinvolture feinte et trouble réel. Parallèlement, l'épisode traite des différences entre Cameron et le reste du groupe : sa sensibilité lui interdit d'accomplir certains actes pourtant tout à fait classiques pour un médecin comme dire des mauvaises nouvelles, ce qui lui est justement reproché par House et Wilson. Jennifer Morrison est convaincante quand elle est submergée par des pics d'émotion malgré quelques affleurements de surjeu. Cuddy n’échappe pas non plus à la gravité de l’épisode, devenant plus expressive, et anticipant sur ses plus ou moins heureuses interférences futures dans certains cas, quand sa sensibilité dépassera son devoir de réserve médical. Peu d'humour ou de vannes, mais on citera la première scène dans le bureau de Cuddy et surtout la séquence où, perdant ses nerfs, elle coupe froidement la cravate d’un étudiant !! L'hilarant cas de la patiente atteinte d'un déni de grossesse permet à House de flamboyants dialogues sarcastiques, apportant une lumière bienvenue. Hedy Burress, excellente dans le registre de la blonde un peu bébête, a d'autant plus de mérite de jouer un rôle comique qu'elle venait de perdre son mari d'un accident d'avion. Surprise : House, à la fin, s'humanise en agréant la demande de sa patiente, mais pour des raisons cependant moins altruistes que l'on pourrait croire : House reste lui-même ! En dépit de ses atouts, l'épisode a du mal à convaincre à cause d'un défaut que la série corrigera heureusement très vite : une surcharge de pathos. La scène des couvertures de l'enfant apparaît bien naïve, les dialogues sont très conventionnels, la souffrance des parents est appuyée (malgré l'émouvante Ever Carradine). L'on compte pas mal de dégoulinades comme l'effondrement du couple endeuillé, qui en fait beaucoup trop. La fin "idyllique" tournée au ralenti très "hollywoodienne" agace encore davantage. La main lourde dans l'émotion est de plus appuyée par un considérable essoufflement du rythme dans la 2e partie. Au final, un épisode fondamental pour comprendre toutes les facettes de la série, mais inabouti. 5. L'ERREUR EST HUMAINE Scénario : Sara B. Cooper — Sister Augustine believes in things that aren't real. Le cas conduit nos docteurs à s’interroger sur le concept de foi et de Dieu. Surtout Chase, en vedette dans cet épisode. Il a une aversion des bonnes sœurs que House diagnostique comme conséquence d’une éducation religieuse rigoriste, un passage d’ailleurs superbement réalisé. La scène la plus forte émotionnellement est le moment où Chase, pourtant en colère contre Dieu, réconforte la religieuse en crise de « foi » (sans jeu de mots). Une scène formidable, bouleversante. Le voir, à la fin, rester un moment dans l’église, prouve qu’il n'est pas sorti indemne de cette rencontre. Elizabeth Mitchell incarne à la perfection cette nonne tour à tour fataliste, résignée, délirante, souriante, effondrée. Jesse Spencer trouve lui aussi le ton juste. L’humour reste présent puisque House, pour tenir le coup devant la perspective de l'erreur médicale, se doit d’être au meilleur de sa forme. L’unique cas secondaire, expédié en une minute, est très réjouissant par le traitement hallucinant qu’il exige. Enfin, entre House et Cuddy, ça crépite toujours autant mais aussi avec les autres médecins, ou avec Sœur Eucharist (Lucinda Jenney, remarquable en bonne soeur cynique) : il lui envoie des piques, elle répond en pointant ses contradictions. Un dialogue brillant ! Cependant, il a beau se montrer plus désinvolte et ironique que jamais, il ne peut cacher son malaise. Le suspense de l’épisode est dû à la possible erreur de House. Pris en position de faiblesse car finissant par douter de son « infaillibilité » (crise de foi pour tout le monde aujourd’hui !), House cache mal son inquiétude. Wilson le remarque et le remet à sa place. L'épisode positionne ainsi Wilson en tant que conscience de House, le seul à réussir à lui imposer des limites (un élément-clé de leur relation). House est athée, le revendique et endosse même le rôle de « tentateur » dans la chapelle, son pessimisme s'opposant à l'angélisme de la religieuse. Hugh Laurie est toujours aussi méchamment réjouissant, tandis que Robert Sean Leonard exprime les deux pôles de l'amitié du "Hilson" : il contredit, tourne House en dérision, mais pourtant passe Noël avec lui pour le sauver de sa solitude, même si ça implique que sa femme doit réveillonner seule. Un épisode parfait. - Le titre de l'épisode est extrait d'une citation d'Eleanor Roosevelt : Do what you feel in your heart to be right, for you'll be criticized anyway. You'll be damned if you do, and damned if you don't. L'épisode fut nommé au Prix Humanitas. - Le cas secondaire où House prescrit au patient des cigarettes s'inspire du sketch Doctor Tobacco de la série Fry & Laurie. Hugh Laurie jouait un patient que Stephen Fry, en médecin, tentait de persuader de se mettre à fumer. - House mange une barre de chocolat Cadbury Dairy Milk dans la chapelle. Hugh Laurie avait prêté sa voix pour une publicité de ce produit. - L'introduction est d'une longueur inhabituelle : 4 minutes et 20 secondes. Elle se passe pour la première fois à l'hôpital et en présence de House. - House cite une fameuse chanson de La Mélodie du bonheur (1965) en disant How do you solve a problem like dermatitis ? Référence à la chanson How Do You Solve a Problem Like Maria ? 6. UNE MÈRE À CHARGE Scénario : John Mankiewicz It turns out your best judgment is not good enough. Here's an idea - next time, use mine. Le personnage central est davantage le fils que la mère. Attaché à l’excès à elle, il essaye d’être fort et de se croire capable de l’aider alors qu’il n’est qu’un ado. Aaron Himmelstein, trop statique, ne convainc cependant qu'à moitié, alors que Stacy Edwards a le bon sens de ne pas surjouer son rôle de folle. La scène où Chase et Foreman fouillent le domicile est assez glaçante, voyant que le fils veut contrôler l’incontrôlable : alimentation, vêtements, médicaments, carnets de notes... Du coup, la sensation de culpabilité étouffe sa mère qui, dans un moment de lucidité, voudra couper le cordon pour libérer son enfant. Elle apporte beaucoup d’émotion par son comportement cyclothymique et imprévisible (scène-choc de la prise de sang), y compris à la fin où les illusions, peu à peu, se dissipent. L’épisode aborde plusieurs sujets sociologiques en dehors du complexe d’Œdipe de Lucas : La malbouffe qui causr l’aggravation de l'état de Lucy ; grave phénomène qui s'est aujourd'hui, hélas, banalisé. L'amour possessif : dans un des cas secondaires, House doit faire face à une mère possessive qui prive sa fille de sucre pour qu’elle ne grossisse pas et qu’elle puisse lui ressembler (jusqu'à leurs bracelets). Ainsi, elle paraîtrait plus jeune tout en privant sa fille de son individualité. House, plus holmésien que jamais, le devine et ne se gène pas pour y aller franco en donnant un conseil amoral mais justifié par la situation ! Le syndrome Florence Nightingale : Cameron (très bonne Jennifer Morrison) montre clairement les premiers signes d’un attachement affectueux à son irascible patron. C’est la jeune fille sensible qui ne peut aider son monde qu’en s’y attachant profondément. Ce comportement sera développé jusqu’au sommet que sera la fameuse scène de dîner dans Des maux d’amour. Nous voyons ici que Dr.House affiche une ambition étonnante en se voulant être une étude de l'humanité, ambition réservée qu'aux séries les plus exigeantes (telle Six feet under). Si la série connaîtra des périodes plus creuses, elle n'abdiquera jamais de ce côté-ci, ce qu'on ne peut que saluer. L’épisode ne serait pas intéressant sans l’humour (Foreman dérobant la clé de Lucas) et le lot de piques habituelles : House et Wilson s'envoyant des vannes, House en verve devant son équipe ou devant Cuddy (hilarante scène des toilettes) dont une superbe devil mind qui devrait ravir les amateurs des Avengers. Sinon, attention aux âmes sensibles qui pourraient être choquées du brutal vomissement de sang de Lucy : la scène, courte, est quand même assez réaliste ! La série n'usera que très occasionnellement de telles scènes, gardant l'effet de chaque occurrence. 7. QUESTION DE FIDÉLITÉ Scénario : Thomas L. Moran - You want me to ask a man whose wife is about to die if he cheated on her ? Mais si l’essentiel passe à l’as, des détails hilarants pimentent l’histoire avec bonheur, notamment le cas secondaire de la jeune femme à la poitrine généreuse. House et Wilson ont l’air très intéressés par cette patiente, ce qui nous vaut des scènes drolatiques avec Cuddy (Vous faites des examens pour couvrir votre lubricité ?). La fameuse cravate de Wilson nous vaut aussi des pointes housiennes à se tordre ! À la fin de l’enquête, l’épisode rebondit grâce à un dilemme que le scénariste amène habilement : si le traitement rate, la patiente meurt, s’il réussit, la preuve de l’infidélité sera définitive et minera le couple. Une terrible situation qui enfin donne du tonus à l’épisode qui menaçait de s’endormir (sans jeu de mots). Pendant ce temps, Cameron dévoile son secret : une tragique histoire sentimentale passée très originale, qui de plus, nous en dit beaucoup sur la jeune doctoresse. L’interprétation de la scène, clou de l’épisode, est superbe et ouvre quelques horizons inattendus : House a-t-il subi une histoire pareille qui serait cause de sa misanthropie ? Jennifer Morrison ose plus d'expressivité, et domine le cast. Très bon choix aussi que de faire un unhappy end. Le dénouement, triste et inexorable, prouve l’agilité de la série dans tous les domaines, y compris celui du drame. Cependant la fin est gâchée par un rebondissement final peu crédible (qui étonnera même le rationaliste House) ; il pourrait être excusé si la toute fin suivait le même sens, ce qui n’est pas le cas, prenant le virage opposé ! Cet épisode n’est vraiment pas un plaidoyer pour le mariage, la confiance mutuelle étant décrite ici que comme une chimère. Il sera toujours intéressant de voir comment la série traite les couples présentés, avec une variété de situations et de questions recoupant une grande partie du comportement amoureux humain. La question de la culpabilité est également abordée avec la souffrance de l’infidèle qui cache sa faute et la personne trompée qui ne sait si elle doit pardonner ou pas. A Dominic Purcell, parfois confus, on préférera l'émouvante Myndy Crist. Un épisode aux bonnes idées mais au traitement inégal. Scénario : Matt Witten - Who are you ? Pas vraiment de rebondissements dans l’épisode, si ce n’est la découverte du second cas qui remet en question toutes les théories précédentes, ou la révélation finale, assez ironique. Si l’épisode se laisse voir, c’est surtout pour la succession étonnante des échecs de nos héros qui, à chaque fois qu’ils trouvent un indice, se heurtent à un mur. Cette suite d’obstacles, divertissante et pleine de suspense, est un atout précieux pour un épisode très CSI (notamment lors de la seconde fouille). Malheureusement, ce scénario linéaire et prévisible est le revers d’Empoisonnement. S’il n’y avait la mère, le cas serait désespérément dépourvu d’originalité. De plus, la mise à l’écart du fils ne donne pas de scènes qui auraient pu approfondir davantage la relation avec sa mère, observée uniquement du point de vue de cette dernière. Enfin, le second étudiant et ses parents font tapisserie, leur seul intérêt étant de faire contrepoint au cas principal.
Pour la première fois, le patient n’est pas le personnage central de l’épisode. C’est ici sa mère qui joue ce rôle. 9. VIVRE OU LAISSER MOURIR Scénario : David Foster - My pants tell you I have diabetes ?
L’ironie de House n’est pas au beau fixe : son humour noir, en petite forme, ne fait pas de contrepoint au sérieux global de l’épisode (à l’exception de la trop courte scène du procès). Heureusement, Cuddy et Wilson permettent de passer quelques bons moments, ce qui compense un cas secondaire un peu bâclé. La scène où Cuddy – plus blasé tu meurs – explique à House qu’elle savait ce qui l’attendait lorsqu’elle a engagé le diagnosticien est la plus drôle de l’épisode, surtout grâce aux mimiques des acteurs. Mentionnons aussi le gag énorme que trouve House pour ne pas aller en consultations. On notera, dans la scène d’introduction, l’apparition en guest star de la chanteuse de pop/R’n.b Brandy (Norwood). La saison 1 a trouvé un bon rythme, mais on sent que la série traîne encore un peu les défauts du formula show qui n'implique pas le public autant que la forme semi-feuilletonesque qui est aujourd'hui l'apanage de la majorité des séries actuelles. Durant la saison, la série va chercher un supplément d'âme avec plus d'audace et d'ambition, pour devenir graduellement ce chef-d'oeuvre de richesse philosophique et psychologique qu'elle est devenue. 10. L'HISTOIRE D'UNE VIE Scénario : Joël Anderson Thompson (crédité comme "Joël Thompson") - And what is the treatment for advanced ovarian cancer ? Heureusement, un coup de fouet est donné à la 25e minute : la patiente a fugué de l’hôpital et House « cuisine » un policier irresponsable cherchant à dissimuler une faute professionnelle. L'épisode prend ainsi des allures de réquisitoire contre l'abus de pouvoir des policiers, et le malaise social que constitue la mise à l'écart des SDF et des laissés-pour-compte. Ca y’est, l’épisode a trouvé sa vitesse de croisière, mais le réveil est un peu tardif ! On regrettera que l’épisode ne se termine pas par cette scène mais par une surcharge de pathos avec la révélation appuyée de Wilson sur son frère qui ne vient vraiment pas à point. Scénario : Lawrence Kaplow et Thomas L. Moran About how big your ass has gotten lately ? Après la douleur physique, le psychologique prend le relais. House décide carrément de jouer avec la vie du patient pour prouver qu'il a raison et devient d'une antipathie incroyable. Cuddy, pourtant habituée à ses frasques, en est dégoûté. C'est la première fois qu'il va aussi loin dans la noirceur, et en cela, Hugh Laurie anticipe le comportement de son personnage durant les saisons suivantes où il repoussera sans cesse les limites, quitte à perdre la sympathie du spectateur (la série est fidèle à donner du plaisir et non du confort au spectateur). Parallèlement, il devient totalement méconnaissable, transpirant, souffrant à chaque pas. Il provoque ainsi une émotion complexe sur le spectateur qui ne sait s'il veut le voir capituler ou résister, soit tout à fait un genre de situation que n'aurait pas renié Sir Alfred Hitchcock, maître de l'ambiguité. On peut regretter alors que la scène avec le chirurgien soit anticlimatique car cassant la relation complexe que House entretenait avec le spectateur. Malgré cela, le passage est réussi car House n'est jamais aussi régalant que quand il sabote sans subtilité une opération qui lui vaut un coup de poing dans la tronche ! Immense Hugh Laurie dans cette très expressive descente aux enfers de son personnage. Le cas Foster est très agréable à suivre. Malgré quelques longueurs et des dialogues assez mièvres entre les deux amoureux, heureusement rares, (Amanda Seyfried, pas encore la célébrité qu'elle est maintenant est certes excellente, mais Nicholas d'Agosto est très plat), la complication de la maladie, tout en suspense, et les quelques scènes d'électrochoc (vomissement brutal, foie pourri ou l'autopsie de "Jules") dynamisent à intervalles réguliers le tempo de l'épisode. Tous les personnages et acteurs tiennent une forme olympique à l'exception d'une Jennifer Morrison en surjeu : Foreman révolté, Chase malaisé, Wilson cynique, Cuddy, froide et révulsée.. la tension est partout et ne se relâche pas. L'ironie, maîtresse de l'épisode, domine tout, y compris le twist final. L'épisode attaque aussi à mots couverts le manque de moyens dans les hôpitaux qui ne servent pas toujours une nourriture convenable. Detox ouvre une fenêtre sur les futurs grands chefs-d'oeuvre noirs de la série. Première apparition du Dr.Hourani, joué par Maurice Godin. Il apparaîtra dans 3 autres épisodes de la série : Tout seul (saison 4), 16 heures de la vie d'une femme, et Comme à l'école (saison 6). Amanda Seyfried (1985) est une des comédiennes les plus prometteuses de sa génération. Sa vocation naît quand elle regarde à 10 ans Romeo + Juliette de Baz Luhrmann (avec Leonardo di Caprio). Elle commence toutefois comme mannequin tout en prenant des cours de chant et de comédie. Elle débute sur le petit écran grâce au rôle de Lucinda Montgomery dans le soap opera As the World Turns (27 épisodes), mais elle se fait vraiment remarquer en jouant un second rôle dans le film Lolita malgré moi. Pressentie pour jouer le rôle éponyme de la série Veronica Mars (qui échut à Kristen Bell), elle apparut dans cependant 11 épisodes de la série (rôle de Lilly Kane). Ayant reçu plusieurs récompenses, elle continue sa fructueuse carrière jouant dans des films comme Nine lives, Mamma mia !, Jennifer's body, Le chaperon rouge, Time out, Les Misérables, Lovelace, Albert à l'Ouest... Elle n'a joué que dans peu de séries sauf le rôle majeur de Sarah Henrickson de la série Big Love (43 épisodes)... Mark Harelik (1951) est un acteur de télévision, de théâtre et des musicals de Broadway. Il est également dramaturge (sa pièce The Immigrant fut en 1991 un succès phénoménal dans tous les Etats-Unis). D'abord au théâtre, il ne vient vraiment devant le petit écran qu'à partir de 1993. Il a obtenu un rôle récurrent dans Getting on (10 épisodes) et a joué dans de nombreuses séries : Star Trek : Voyager, Angel (épisode Les coulisses de l'éternité), Les Experts : Miami, Desperate Housewives, Six Feet Under, Numb3rs, Grey's anatomy, Bones, Urgences, Medium (épisode Le cougar), Breaking bad (épisode Kafkaïen), Lie to me, The Good Wife, Scandal, Castle, Mentalist... et beaucoup d'autres ! On l'a peu vu au cinéma, mais on peut noter qu'il joue un petit rôle dans Jurassic Park III. Maurice Godin est un acteur canadien connu pour ses participations à Robocop, Seinfeld, Lois & Clark, The practice, Spin City, Ally McBeal, Alias (épisode Véritable identité), NIH alertes médicales, Monk, Friends, Chair de Poule (2 épisodes chacun), Malcolm, Jericho, Tell me you love me (épisode 3), Los Angeles police judiciaire, Suits : avocats sur mesure, etc. 12. RENCONTRE SPORTIVE Scénario : John Mankiewicz et David Shore - See ? Steroid use shrinks the testicles. La redoutable performance de Hugh Laurie de l'épisode précédent pouvait laisser penser qu'il subirait un contrecoup. Il n'en est rien : souffrant ou pas, House n'est jamais infidèle à sa réputation. On retrouve ses échanges électrisants avec Cuddy (Si vous voulez vraiment me contrarier, demandez-moi un truc que je peux accepter !). Sans oublier une scène tordante : House tente de partir un quart d'heure en avance, mais Cuddy l'en empêche car il y a quatre patients à traiter en consultation. Une minute plus tard, il a diagnostiqué tout le monde, laissant une Cuddy sciée ! Ses réparties face à son patient et surtout face à son équipe sont plus énergiques que de coutume, un vrai régal de dialogues qui fusent. D'autres scènes comme celle où Cameron, Chase et Foreman discutent de leur boss, notamment de sa sexualité, ne sont immanquables ! Toutefois, un certain malaise naît de cette histoire d'invitation car Wilson a menti à House pour ne pas aller au show pour des raisons assez délicates. Raisons qui font disparaître la morgue de House, pour une fois gêné et hésitant. C'est la première fois que nous entendons parler de cette personne qui apparaîtra bientôt dans la série. Encore un peu de patience... Première apparition de la canne noir et argent de House (à la toute fin), on ne la verra cependant plus avant l'épisode Douze ans après (saison 2). Bryan Singer, réalisateur et producteur de la série, fait un caméo dans l'introduction : il joue son propre rôle en interprétant le réalisateur du spot. Le titre VF est ridicule : il ne correspond à rien. L'épouse de Scott Foley (Hank), Marika Dominczyk, jouera dans l'épisode Flou artistique (saison 5). Meredith Monroe (1968) est surtout connue pour avoir joué à 69 reprises le rôle d'Andie McPhee (16 ans dans la série soit 13 ans de moins que son interprète !) dans la série adolescente Dawson. Elle commenca à apparaître sur les écrans à la fin des années 90. Elle a davantage tourné dans des séries que dans des films. On a pu la voir dans Les Experts, Les Experts : Miami, Les Experts : Manhattan, Hawai 5-0 Cold Case, Bones, Californication (épisode Vaginatown), Mentalist, NCIS, NCIS : Los Angeles, Esprits Criminels (14 épisodes), The Closer L.A. (épisode Conflit parental) etc. Réalisation : Daniel Sackheim — How would you feel if I interfered in your personal life ? Dès son entrée, on pressent un malaise, qui n'est pas désamorcé par les déductions "holmesiennes" et ironiques de House. D'ailleurs, Rowan se montre très mystérieux : ses dehors calmes, son air de vieux sage, intriguent. Il se contente de participer aux séances de diagnostic, et d'essayer de discuter sereinement avec son fils qui s'y refuse, trouvant tous les prétextes possibles pour éviter de lui parler. Rowan lui-même, ne dit à aucun moment qu'il regrette ce qu'il a fait. On ne saura pas si c'est le cas ou pas, le personnage demeurant assez sphinx. Ce mystère, la fine écriture des dialogues et la prestation des comédiens font du passage obligé (et parfois lourd) de la famille dysfonctionnelle, une histoire divertissante. La grande scène de l'épisode est évidemment le déballage de Chase, qui lâche ses quatre vérités à son paternel. Puis, disant à House, de manière moins passionnée mais toujours avec autant de force, ce qu'il ressent réellement envers son père. Cette relation qui s'apparente à de l'amour-haine sans qu'elle le soit pour autant est vraiment bien trouvée. Elle montre la difficulté du pardon, et plus terriblement : l'indifférence sèche, la négation des sentiments comme antidote aux souffrances psychologiques : Chase fuit son père car il ne veut plus souffrir à cause de lui. Ce choix confirme son sentiment permanent de peur qu'il avait déjà avoué à Sœur Augustine dans L'erreur est humaine, et qu'il confirmera plus tard par différentes attitudes de traîtrises ou de lâcheté. Attitudes motivées par son désir d'ambition mais surtout à cause de sa peur intérieure. Ce faisant, Chase montre le point commun qu'il a avec House : il est toujours dans une fuite en avant, se noyant dans son travail...
Le cas médical se regarde sans peine, malgré un second patient non développé (David Henrie, le fils de Ted Mosby pour les amateurs de How I met your mother). On notera une scène de bravoure : l'équipe, en état d'urgence, devant débloquer la respiration de Gabe aidée par Cuddy (une première). Cette scène, inhabituellement longue, énergise l'épisode. La recherche policière de la maladie, avec Chase s'improvisant en Sherlock Holmes est suffisamment prenante pour que l'on soit pleinement dans l'épisode. Comme d'habitude, l'humour noir de House fait merveille, se montrant désobilgeant dans des moments qui demanderaient pourtant plus de tact - quand il cuisine Chase par exemple - On regrettera l'absence de cas secondaire extravagant qui aurait pimenté l'épisode. 14. CHANGEMENT DE DIRECTION Scénario : Lawrence Kaplow — I need you to wear your lab coat. Il y a aussi la "traîtrise" de Chase qui confirme que la peur et l'ambition sont les sentiments dominants chez lui ; il est prêt à tout pour se faire bien voir, quitte à avoir une attitude de "lèche" qui se confirmera dans les épisodes suivants avant que son évolution - sous l'influence de Cameron et House le tirent hors de cette attitude négative. On assiste ici au début d'un intéressant parcours psychologique. Quant à Cameron, à l'instar d'une Tara King, elle commence à dévoiler ses sentiments envers son patron. Les personnages se craquèlent, atténuant la froideur clinique de leurs portraits passés. Sans doute la série avait-elle besoin d'un délai pour mieux appréhender leurs personnages. On verra qu'à l'inverse, la seconde équipe de la saison 4 sera instantanément sur les rails, preuve d'une plus grande aisance d'écriture de la part des scénaristes. Le sujet majeur de l'épisode est Edward Vogler. Ce personnage, sous des dehors débonnaires, s'avère prodigieusement antipathique de par sa tendance ultra-libérale. Ce milliardaire ne voit que le côté business des choses. Tout est business et la Santé doit être pour lui un service rentable : il faut guérir beaucoup et vite, ce qui n'est pas sans rappeler quelques méthodes de management de triste mémoire encore en cours aujourd'hui. La rentabilité à tout prix détruit la vision humaniste de l'art de la médecine qui consiste à sauver des vies. Cuddy elle-même cache mal son malaise quand elle commence à découvrir la face sombre de Vogler. Mais que peut-elle faire face au pouvoir de l'argent ? Lisa Edelstein brise pour la première fois le cynisme de Cuddy pour mettre l'accent sur son côté plus humaniste. Toutefois, le beau soin apporté à ce changement est affaibli par la description binaire de Vogler, dont on sent trop qu'il ne sert que de repoussoir pour faire dire au spectateur que finalement House n'est pas si noir que ça. Mais nous sommes dans les tous premiers pas de la série, au sujet et au héros déjà extrêmement audacieux, et l'on comprend que David Shore ait voulu se rassurer par cette facilité pour ne pas trop choquer le public des grandes chaînes, plus amateur d'héros aseptisés que ceux du câble. Il n'aura d'ailleurs plus jamais recours à une telle stratégie (Tritter aura une tout autre stature). D'ailleurs l'entrée en scène de Vogler où il narre sa vie (avec violons grinçants de rigueur !) est franchement manquée, d'autant que Chi McBride n'est absolument pas crédible. Ce n'est que lorsqu'il entre en conflit avec le héros que ses airs faussement bonhommes font mouche. En lui-même, il faut avouer que le scénario de l'épisode reste assez plat et que la mise en scène est souvent bancale et peine à donner tout le suspense voulu. Un épisode pas mauvais, mais en-dessous de la qualité habituelle. Sunny Mabrey (Jenny) était alors l'épouse d'Ethan Embry qui jouera Mickey, le patient de Brouillages (saison 6). Ils ont cependant divorcé en 2012. Chi McBride (1961) en dehors du rôle de Vogler, est surtout reconnu pour avoir joué Emerson Cod dans la série Pushing Daisies (22 épisodes), Winston dans Human Target : la Cible (25 épisodes), et Lou Grover dans Hawai 5-0 (32 épisodes en 2015). Son prénom "Chi" est en fait le diminutif de Chicago, sa ville natale (son vrai prenom est Kenneth). Il a enchaîné des rôles recurrents dans des séries populaires comme The John Larroquette Show (84 épisodes), Boston Public (81 épisodes), Killer Instinct, The Nine (13 épisodes chacun), How I met your mother, Suits, etc. On l'a vu au cinéma souvent dans des rôles d'homme de main comme Code Mercury (avec Bruce Willis) ou Le Terminal (avec Tom Hanks) et dans d'autres films plus divers... 15. UN TÉMOIN ENCOMBRANT Scénario : David Foster et John Mankiewicz — Need the lawyer. Le diagnostic final place Bill dans une délicate situation : pour son frère, sera-t-il capable de dépasser ses préjugés ? Il doit "pardonner" à son frère un penchant qu'il considèrera toujours comme honteux. Ainsi, la scène finale est-elle ambiguë : tel Le Parrain, il place l'amour fraternel au-dessus de tout, mais c'est plus par "obligation familiale" qu'il consent à lui lâcher la bride : il choisit de n'y plus penser plutôt que d'y faire vraiment face. Joey et Bill ne se reverront plus et leurs adieux sont tout sauf chaleureux. Encore une belle démonstration d'une fin aigre-douce, typique de la série. A l'inverse, le cas secondaire est extrêmement drôle, avec House extrayant du nez d'un enfant un, deux, trois, puis quatre objets qu'il avait fourrés dans sa narine !! Le choix des figurines est d'ailleurs bien pensé car témoigne d'une certaine précocité dans la logique de l'enfant ! Fait rare, cet épisode se termine sur un cliffhanger inattendu, voyant la mécanique Housienne routinière se grippant. Cela est d'autant plus fort que House est prisonnier d'une volonté de contrôle absolu sur ses actions (Cuddy demeure tolérante des excès de House) qu'il perd à cette occasion. Terminé sur une note suspensive, cet épisode est décidément un modèle de construction avec surprises astucieusement insérées. Il bénéficie aussi d'une réalisation tellement épatante qu'elle mérite d'être signalée, l'utilisation notamment des plongées impressionnantes et une caméra nerveuse et fluide. Félicitations à Tim Hunter pour ce remarquable travail ! Scénario : Thomas L. Moran It will be more cost-efficient once I've grabbed Cameron's ass, called Foreman a spade, and Chase... well... I can grab his ass, too. Finalement, Cameron est la plus "pure" des trois. Malgré la pression, elle ne se renie pas. Au contraire, elle n'hésite pas à se disputer avec son patron (alors que ce n'est pas le meilleur moment), refuse de laisser tomber ses collègues, pensant même démissionner de son propre chef pour éviter les ennuis. Son "angélisme" est mis à mal par la dure réalité autour d'elle : ici, c'est chacun pour soi et elle ne le supporte pas. A posteriori, cela apparaît tragique car Cameron parvient encore à conserver son idéalisme, mais sera à la fin éclaboussée par la noirceur de House qui l'endurcira pour le meilleur comme pour le pire. Il est ironique qu'elle perdra la partie en luttant là où Martha Masters se préservera grâce à une arme souvent sous-estimée, et en particulier aux Etats-Unis : la fuite. En attendant, c'est sa colère qui domine, la scène qu'elle a avec House est d'une splendide intensité, portée par la superbe interprétation de Jennifer Morrison, qui ne joue jamais aussi bien que quand son personnage quitte ses postures d'angélique battant des cils. Finalement cet épisode illustre très bien la morale d'Epictète : Ce ne sont pas les choses qui nous rendent malheureux, c'est l'idée que nous en faisons. Grâce à ce cas secondaire, cet épisode est un véritable plaidoyer pour la différence : nous n'avons pas à nous sentir honteux de notre corps. De fait, la tirade de Chase sur la dictature de la minceur, imposée par la société (ou la mode), pour que nous puissions "plaire", rejoint la thèse de Mme Hernandez. Susan Slome fait un tabac en "forte en gueule". Chase, décidément en grande forme (tout comme Jesse Spencer), dénonce également le phénomène de l'obésité, grandissant dans le monde mais surtout en Amérique. Il n'y a pas de contradiction, car l'obésité dont parle Chase est l'obésité "négative" qui vous rend malade, pas celle qui est assumée - celle de Mme Hernandez. De nos jours, bien des gens, en particulier les jeunes, ne font plus d'exercice physique et se gavent de nourriture industrielle, de malbouffe (déjà dénoncée dans Une mère à charge). Au final, l'épisode sonne une charge bourrée d'acide contre le triomphe des apparences, combat éternel de la série résumé par son fameux "Everybody lies". 17. DOUBLE DISCOURS Scénario : Matt Witten - Look, if this case is as trivial as you think, it'll take you three minutes to diagnose. L'opposition entre House et Wright est finement dessinée : House est cynique, misanthrope, désabusé ; Wright est gentil, philanthrope et idéaliste. House ne veut plus croire en la bonté des gens car il sait qu'il sera déçu, Wright a le comportement inverse : il sait qu'il pourra être déçu mais il ne le regrettera pas quoi qu'il arrive. Sa foi en l'homme est diamétralement opposée au réalisme pessimiste de House. En cela, il accepte de prendre des risques tandis que House, qui passe son temps à risquer la vie de ses patients, au contraire ne prend pas de "risques". House est donc en face de ses contradictions et ne peut que fuir le sujet lorsque le sénateur le remet à sa place. Pour Wright, c'est se battre qui est le plus important, pour House, c'est le résultat qui compte. Qu'importe à Wright qu'il ne soit jamais élu s'il pense qu'il a eu raison de lutter et ait contribué à changer un peu le cours des choses, ce n'est pas grave si on ne gagne pas toutes les parties. Fait rare, House en sera troublé ! En prime, nous avons droit à un cas secondaire assez rigolo avec une jeune femme qui est enceinte mais qui affirme n'avoir pas eu de rapports sexuels depuis un an et qui n'a pas été droguée. Comment est-ce arrivé ? La réponse est d'une ironie drôlissime. Quant à la maladie du sénateur, elle est fructueuse en rebondissements, le cas est merveilleusement traité : House ne vote jamais. Ça vous étonne ? 18. SACRIFICES Scénario : Peter Blake et David Shore, d'après une histoire de Peter Blake — So, there is some hope. Le compte à rebours est lancé : Vogler veut éjecter House de l'hôpital. Il se montre plus odieux et plus méchant que jamais, pourrissant la vie de son (in)subordonné jusqu'à annuler l'opération salvatrice qui eut pu sauver Naomi. Ce choix, qui la tuera d'une certaine manière, donne naissance à une scène où House et Vogler se hurlent dessus. Ce genre de scènes n'est pas typique de la série qui n'a pas besoin de faire crier les gens pour faire passer les sentiments, mais est justifié ici par sa situation extrême et par le crescendo de tension, l'effet est remarquable et tombe a tempo. L'amitié Wilson-House est mise à rude épreuve, Wilson accusant House d'être responsable de sa chute et de placer ses principes plus haut que leur "amitié débile" ; House, embourbé dans ses contradictions, ne peut que faire profil bas. Cet épisode est décidément riche en surprises ! Nous voyons ici toute l'ambiguité du "Hilson" : profond, sensible, implicite, bouleversant derrière la comédie de l'amour vache, et ses nombreuses fêlures que rien ni personne ne parviendra pourtant à rompre. Le Hilson se montre déjà abyssal d'intelligence et d'émotion à travers cette première rupture. Robert Sean Leonard, toujours sympathique, donne le meilleur de lui-même dans le rôle de celui qui ne reçoit qu'ingratitude en échange de son amitié. C'est via un cas secondaire dramatique que House retrouve le crédit auprès de Cuddy. Son retournement fait tout basculer : elle s'oppose à Vogler, trouve le courage de lui jeter ses quatre vérités, dénonçant son OPA sur l'hôpital. La scène est d'une grande force, sans éclats de voix, où elle s'en prend à ses collègues – muselés par l'argent – qui vendent leur conscience pour ce soutien financier ainsi que leur liberté de choix. Une fois elle, Wilson et House disparus, qui pourra s'opposer à Vogler ? Cette situation fait terriblement penser au Prisonnier où, en échange d'une captivité dorée et luxueuse, les habitants du Village acceptent de se laisser gouverner. Lisa Edelstein accomplit une prodigieuse performance avec une Cuddy lâche et "méchante" avant son réveil moral tardif. Vogler se voit poussé vers la sortie (hourra !). Chi McBride se donne à fond en saligaud pur et simple, il réussit parfaitement sa sortie. Mais ce dénouement n'est pas heureux pour autant. La fin garde un arrière-goût amer édifiant : House et ses collègues sablent le champagne pour arroser la victoire de Cuddy (les fans des Avengers ne peuvent qu'être ravis devant cette tradition Steedesque)... mais quand elle arrive, elle casse l'ambiance en énonçant tous les sacrifices que le comportement de House a impliqués, brisant l'euphorie de cette fin dont on espérait qu'elle contrebalancerait celle de Naomi. C'est donc sur une note discordante que se termine cet épisode très rude, annonciateur des futurs grands diamants noirs de la série, et qui apporte une inflexion clé dans le développement des personnages.
Cinquième et dernier épisode avec le personnage de Vogler (Chi McBride). Scénario : Thomas L. Moran et Laurence Kaplow — Dr. House ! We need you here. Mary est une fille extrêmement précoce pour son âge. Pas pudibonde, d'un calme olympien malgré sa maladie, très directe, et d'une grande patience ; elle met un point d'honneur à ne jamais se plaindre, anticipant l'Andie de Leçon d'espoir (saison 2). Voilà un rare et beau portrait d'adolescente (en plus très jolie). La scène finale, où elle avoue d'elle-même à ses parents ce qu'elle a fait, le montre bien : elle assume ses actes. On ne peut qu'applaudir le talent de Skye McCole Bartusiak qui, avec un jeu froid et rentré, parvient à établir un grand décalage entre son âge et la maturité de son personnage. On ne regrette que davantage la disparition prématurée d'une si prometteuse actrice. Quelques détails amusants pimentent cette intrigue un peu compassée : diagnostic foldingue d'un cas secondaire, House pastichant Tartuffe avec un Cachez ce sein que je ne saurais voir à propos du décolleté de Cuddy, House asticotant quelqu'un qui a du mal à déféquer, Wilson et ses mimiques d'impuissance. Le diagnostic différentiel en pleine séance de dépistage vaut également le détour. House veut à tout prix récupérer Cameron, c'est pour cette raison qu'il ne donne aucune chance aux postulants et qu'on le voit dans la première scène la supplier de revenir. Le spectateur croit alors que House ressent quelque chose, et Cameron aussi. Le suspense sentimental naît de l'attente de voir House avouer clairement qu'il est attaché à elle lui aussi. Ce début est remarquable car proposant une inversion de rôles : Cameron a les cartes en main et House est en infériorité. Le final en miroir est un splendide trompe-l'oeil : House avoue enfin qu'il tient à Cameron, mais sans le savoir, Cameron tout comme le spectateur se trompe sur le véritable sens de cet aveu, ce qui amènera la dramatique méprise de l'épisode suivant. Le piège que préparent les scénaristes est admirablement construit et camouflé, et tout le monde va gaîement tomber dans le panneau dans l'épisode suivant. La véritable explication du comportement de House ne sera jamais explicitement formulée, mais une clé sera apportée dans les épisodes 4x01 et 5x22 où apparaîtront deux traits de caractère du diagnosticien qui expliqueront son attitude. En attendant, Cameron accepte de revenir à une condition sine qua non stupéfiante, mais logique, finalement ! La scène, toute en justesse et en émotion, est d'une grande force, bien que grêvée par une Jennifer Morrison trop excessive dans un moment pensé comme sobre. Cameron est très sportive. Elle prend souvent tout au premier degré. Première fois que nous voyons son appartement, sobre et rangé, à son image... 20. DES MAUX D'AMOUR Scénario : Sara B. Cooper — Wow. Well, you've certainly given me a lot to think about. If only I was as open as you. Tout le monde s'interroge sur le date : Foreman voit ce rendez-vous d'un mauvais œil et s'inquiète pour sa collègue. Excellent mélange cynisme-sérieux chez Omar Epps. Chase invite Cameron à sauter carrément House si elle veut l'avoir, Cuddy approuve en disant que Cameron sera la seule à le supporter tandis que Wilson s'inquiète pour House car il a peur qu'elle lui brise le cœur. Ce défilé de joyeuses saynètes donne lieu à des dialogues vifs et un humour permanent tandis que nous attendons avec impatience le rendez-vous. L'attitude de Cameron, inhabituellement souriante et ironique (C'est mon patron, j'ai le droit de le harceler sexuellement !) donne une autre allure à son personnage. L'hilarante scène qui précède le dîner permet de voir Wilson en conseiller séduction - technique du DHA à retenir - tandis que House tente de trouver une excuse pour ne pas y aller. ...avec un vieux couple qui se pose des questions sur sa sexualité. Ses réactions et ses répliques sont cependant celles d'ados plus ou moins immatures (la première scène avec Ramona !), décalage garanti ! Pilules bleues or not pilules bleues ? C'est la question du jour et House a l'air à la fois amusé et consterné par ce cas abscons. Une chute finale d'un comique ravageur couronne ce cas désopilant. Quel plaisir de retrouver maître Peter Graves, à cent mille lieues de son personnage de Jim Phelps, mais pourvu toujours de son même génie d'acteur qui lui permet ici de se montrer très poilant, d'autant que June Squibb lui donne parfaitement bien la réplique. Au début de la première scène, Chase termine une blague par "Et le renard s'essuie avec le lapin". La blague complète, d'une subtilité Bergmanienne, est la suivante : C'est un lapin qui fait ses besoins dans une clairière. Arrive un renard qui lui dit : "Beurk, tu es dégueulasse, tu chies sans t'essuyer le derrière". Le lapin lui répond : "Tu sais, ça ne me dérange pas d'avoir un peu de merde sur les poils". Et le renard s'essuie avec le lapin (oui, je vous avais prévénu que c'était subtil). 21. COURS MAGISTRAL Scénario : David Shore - Why is it always me ? En même temps, House exhorte ses étudiants à être pleinement matures, leur filant une pression monstrueuse, à assumer une situation où ils doivent faire face à la mort prochaine d'un patient, et surtout leur faire prendre conscience que tôt ou tard, ils commettront des erreurs qui tueront un patient. Bref, House casse la tête au mythe du gentil docteur en le transformant en un homme responsable, faillible, et sans émotion. Une pointe qui vise non seulement les fadasses docteurs du tout-venant des séries médicales, mais aussi Cameron dont l'angélisme lui brouillerait la vue et tuerait sa patiente. House invite les étudiants à avoir de grandes connaissances pour pouvoir trouver l'espèce d'un serpent coupable (qui sera en réalité un drôle de serpent !!), et un bon esprit d'analyse pour déterminer si un patient simule ou pas. Il leur fait voir la dure réalité du métier. Remarquons que la mise en scène de Paris Barclay est éblouissante, avec un montage craquant (l'apparition truquée et successive des trois étudiants dans la chambre de Carmen et du fermier, ou les 16 personnes agglutinés chez l'adolescente) et une fluidité qui fait vraiment plaisir ! 22. LE CHOIX DE L'AUTRE Scénario : Lawrence Kaplow et John Mankiewicz — What happened to "Everybody lies" ? Bien entendu, c'est l'explosive relation entre Stacy et House qui est l'atout majeur de cet épisode. Stacy connaît bien House, donc elle connaît ses moyens pour arriver à ses fins. Elle lit dans la tête de House comme dans un livre ouvert. Ce jeu psychologique où House essaye de trouver la faille dans le ménage Warner permet un suspense moral très prenant. House, en effet, n'est pas guéri d'elle tandis que la volonté farouche, presque exacerbée que met Stacy à s'éloigner de son ex est une protection, un bouclier contre la tentation de l'adultère car elle n'est pas sûre d'elle. Finalement House applique la théorie Freudienne que Cameron lui avait expliqué dans Des maux d'amour : il veut dominer Stacy pour pouvoir la reconquérir ou bien lui faire mal en retour de ce qu'elle lui a fait il y a cinq ans : il refuse de pratiquer un test important sur Mark, prétextant que c'est la volonté du patient d'où un gros coup de gueule de Stacy devant tant de mauvaise foi : House respecte rarement les volontés de ses patients ! La scène finale est un sommet de romantisme. Les dialogues prennent une certaine emphase mais ne sont jamais exagérés. La superbe déclaration de Stacy est pleine de justesse. La décision de House d'accepter que Stacy travaille désormais à l'hôpital finit cette saison sur un point d'interrogation : que va-t-il se passer ? Entre House et Stacy, sera-ce l'entente cordiale ou bien le conflit ouvert ? Sela Ward maîtrise davantage son jeu. Acide, déterminée, émouvante, elle énergise son interprétation qui soutient solidement cet épisode. Hugh Laurie crève l'écran et repousse les limites du cynisme avec un jeu acerbe et glacial, mais aussi triste et plus doux quand il s'interroge sur ses souhaits. L'épisode se termine comme s'achevait le premier : par la chanson des Rolling Stones You can't always get what you want. Dommage que Jennifer Morrison accomplit une de ses pires prestations en sentimentale. Tout au long de la saison, elle fut inférieure à ses partenaires, sauf quand elle sortait de l'habitude de son personnage (comme dans Love hurts). Heureusement, le meilleur est à venir pour elle. À noter que House prononce le mot français Garçon ! pour appeler un serveur. 1. Des maux d'amour : Le cas principal du plus réjouissant intérêt, et le personnage troublant d'Annette dominent cet épisode rempli de surprises. Le cas secondaire (avec Peter Graves) est un des plus décalés de la série. La scène du dîner est un classique pour les fans. Réussite totale. 3. Le choix de l'autre : Bouleversant épisode à la tension et à l'émotion débordantes, dominé par le duel psychologique entre House, Mark, et Stacy. Climax sur climax, cet épisode est un miracle de précision scénaristique jusqu'à sa fin ouverte. Lumineuse interprétation de Sela Ward. Crédits photo: FOX. Images capturées par Clément Diaz. |
SAISON 2
3. Culpabilité (Humpty Dumpty) 4. Être ou paraître (TB or Not TB) 6. La Course au mensonge (Spin) 10. Problèmes de communication (Failure to Communicate) 13. Confusion des genres (Skin Deep) 14. Maladies d'amour (Sex Kills) 15. Bonheur conjugal (Clueless) 16. Protection rapprochée (Safe) 18. Insomnies (Sleeping Dogs Lie) 19. House contre Dieu (House vs. God) 20. De l'autre côté (Euphoria – Part 1) 21. Au suivant… (Euphoria – Part 2) 22. À la vie, à la mort (Forever) La saison 2 persiste dans la direction entreprise. Après un démarrage en fanfare, la saison enchaîne avec une rare régularité les chefs-d’œuvre. Après une très bonne saison 1 mais devant prendre le temps d'assurer son écriture, la série trouve une confortable vitesse de croisière avant le prochain virage qui aura lieu en saison 4. Au niveau du fond, la série étudie tour à tour le thème de la culpabilité (Peine de vie, Culpabilité), la célébrité à tout prix, et ses effets secondaires (La course au mensonge, Confusion des genres), la jeunesse chaotique, qu’elle soit sévèrement bridée (Protection reprochée), ou se perdant dans des orgies à la chaîne (Partie de chasse), sans oublier bien sûr, depuis Question de fidélité (saison 1), l’impossibilité pour un couple de ne pas faire du mal à l’autre (Bonheur conjugal, Désirs illusoires…)… et bien d’autres thèmes ! Cette saison accentue les contrastes par rapport à la précédente en tournant dans un même épisode autant de moments furieusement comiques qu'implacablement dramatiques, de manière plus flagrante. Une seule intrigue secondaire brille au milieu de cette saison : la cohabitation House-Stacy initiée dans les deux derniers épisodes de la saison 1 et qui se poursuivra jusqu’à l’épisode 11 de la présente saison. Riche en échanges et actions assassins entre les deux ex, elle dynamise considérablement cette première moitié de saison. Le trio de médecins devient plus important : Chase est confronté à la bavure médicale (L’erreur), Cameron à la possibilité du SIDA (Partie de Chasse), Foreman devient lui-même un patient en danger de mort (De l’autre côté/Au suivant). Chacun subit des dilemmes moraux, et s’en sort avec des réactions très différentes. Après les sous-entendus du Hameron, le « Huddy » (relation House-Cuddy), commence à émerger à la fin de la saison, il reste cependant marginal. Par son développement harmonieux des personnages, la haute qualité régulière des scénarios, la psychologie des différents patients, l’intéraction maîtrisée de leurs différents rapports sociaux, ainsi que son humour piquant et acerbe n’excluant pas la tragédie la plus sombre, cette saison 2 s’impose comme un sommet absolu de la série. Elle se paye le luxe de se terminer avec un épisode en feu d’artifice et un étonnant cliffhanger. Scénario : Russel Friend et Garrett Lerner - She's got metastatic squamous cell lung cancer.
House, ne se réfrénant aucunement en matière d'antipathie vigoureuse, empoisonne la vie de tout le monde, en gâchant l’après-midi de Chase, ou bien disputant un concours de piques avec Stacy. Leurs scènes tournent toutes au duel verbal dès le début, quand House lâche un mensonge énorme à son ex : l'énorme débarquement de policiers dans l’hôpital est à la hauteur du personnage. Cuddy n’est pas en reste et tente de maintenir son employé qui franchit lignes jaunes sur lignes jaunes. Ce trio est vraiment explosif ! Stacy continue de se comporter de manière trouble avec House, instaurant comme une sorte de relation Steed-Cathy. A retenir, sa mise en garde à Cuddy : Il est craquant, faites attention ! Hugh Laurie repousse les limites de la méchanceté de son personnage avec un entrain délicieux. Sela Ward est son pendant parfait en étant aussi piquante que lui. Un épisode qui fait réfléchir enfin sur quelques thèmes : tout homme a-t-il droit aux mêmes soins, qu’il soit saint homme ou bourreau de la pire espèce ? (Quand House invente une « hiérarchie » volontairement stupide de criminels). Pouquoi sommes-nous jugés sur notre part d’ombre et non notre part lumineuse ? Est-ce la faute à la société paranoïaque dans laquelle nous vivons ? Autant de questions qui naissent à la vue de cet épisode particulièrement réussi, dynamisé par la mise en scène de Daniel Attias, un des plus talentueux réalisateurs de série télé. Infos supplémentaires - Le générique français est légèrement réorchestré à partir de cette saison. Ses qualités musicales restent cependant très limitées ! Les décors de l’hôpital sont, eux, plus neufs et plus colorés. - Fait surprenant, on voit Stacy en blouse. Elle a rencontré son mari à un gala de charité ; House, dans un bar à strip-tease dont l’entrée était à 2$ (qu’elle regrette depuis avoir dépensés). Dans Des maux d’amour (saison 1), House disait que le café Spoleto était un ancien bar à strip-tease, est-ce là qu’il l’a rencontrée ? Elle dit qu’elle aime le faire souffrir quand elle lui parle. Selon House, elle a une voix stridente. - La chanson de l’épisode est Hallelujah de Leonard Cohen, interprétée par Jeff Buckley. Acteurs LL Cool J (1968), abréviation de "ladies love cool James" est un acteur et rappeur américain. Après avoir vécu une enfance chaotique (voyant son père tuer sous ses yeux sa mère et sa grand-mère), il sort son premier album de rap à 17 ans qui est un succès. Il sort régulièrement plusieurs albums tout en menant une carrière d’acteur au cinéma (Halloween, 20 ans après, Peur bleue, Charlie et ses Drôles de Dames, Le Deal, SWAT…). Il écrit parfois la musique de certains films. Après avoir été Marion Hill dans 76 épisodes de la série In the House, "Uncle L" est revenu aux séries 10 ans plus tard avec 30 Rock, Hawaï 5-0 et surtout NCIS Los Angeles où il joue un rôle principal : Sam Hanna (140 épisodes en 2015). Scénario : Lawrence Kaplow - If she's never kissed a boy, it's a fair bet she's never had sex. La noirceur de House se voit tempérée par la scène finale : il descend la voir et Andie le serre dans ses bras. House reste d’une froideur innommable mais son regard puissant et troublé montre bien la confusion qui est en lui : il est capable d’émotion mais par peur de paraître humain (donc faible), il tente de le cacher. Andie, décidément enfant parfaite, devine ce qui se passe dans la tête de House et lui donne conseil de profiter de cette journée, de la Vie, ce qu'il finit par faire. L'on voit que House n’a pas perdu toute son humanité, et un des axes de la série sera la libération de cette humanité de sa prison de glace. On reste pantois devant le talent incroyable de Sasha Pieterse. A 9 ans, elle accomplit une superbe performance d’actrice et parvient dans ses quatre scènes principales, à être impressionnante de vérité et d’émotion, un second rôle hors-classe ! Le cas secondaire du jour est drôlement absurde : un homme, pour satisfaire sa copine juive, s’est auto-circoncis avec un cutter… et ça n’a pas très bien marché ! C’est pas tous les jours qu’on voit des patients qui ont un tel grain dans la tête, et House lui-même reste sans voix. Infos supplémentaires - L’introduction de l’épisode dure 1’09, c’est une des plus courtes de la série. La salle de bains est en fait une maquette, nécessaire pour pouvoir filmer le « tremblement de terre ». Le balcon qui relie les bureaux de House et Wilson est en fait un décor intérieur. Acteurs Sasha Pieterse (1996) est une enfant précoce, à la fois actrice, mannequin, et auteur-compositeur-interprète : elle tourne dès l’âge de six ans dans la série Family Affair (8 épisodes) et depuis tourne à la télévision dans des séries comme Stargate SG-1 (épisode Le voyage intérieur), Les Experts : Miami, FBI : portés disparus, Medium (épisode Toi et moi pour l'éternité), Hawaï 5-0, Heroes (11 épisodes)... Sa performance dans cet épisode a beaucoup contribué à la faire connaître. Elle a tourné dans quelques films comme X-Men : le commencement et son rôle le plus connu est celui d'Alison DiLaurentis dans la populaire Pretty little liars (83 épisodes en 2015). Elle est également musicienne de country-rock sudiste et a sorti 4 singles. 3. CULPABILITÉ Scénario : Matt Witten - He loses that hand, he loses his job, he loses his home, his kid brother drops out... Parce qu’elle prépare un dîner, Cuddy demande à Alfredo, son couvreur mexicain, de travailler plus longtemps malgré son asthme. Mais Alfredo finit par tomber du toit. Amené à l’hôpital, tout le monde constate avec horreur que sa main droite noircit : elle se nécrose et il risque de perdre tout espoir de travailler. Cuddy, en proie à une profonde culpabilité, interfère dans le diagnostic de House dans l’espoir de se racheter mais ne fait qu’aggraver son état. Stacy tente de calmer le jeu entre les deux médecins... Les dialogues sont d’une puissance incroyable. House sermonne Cuddy sur sa faiblesse : elle est attachée à Alfredo, donc son diagnostic n’est pas neutre, donc son jugement est faussé. Curieusement, House subira de temps à autre des pertes d'objectivité (dès cette saison, dans Euphoria). Mais en attendant, House « ayant raison » profite de sa supériorité pour mettre Cuddy en face d’elle-même avec cette fois un ton doux inhabituel. Le final dans le bureau où il prononce une de ses plus belles tirades est un grand moment d'émotion… qu’il réduit immédiatement en pièces en faisant une énorme avance sexuelle ! Eh oui, House, ennemi du sentiment jusqu’au bout. L'épisode n'édulcore aucunement le sort tragique qui va frapper la famille d'Alfredo ; on pourrait craindre qu’un pathos lourd en découle, mais les auteurs se servent de House pour saboter joyeusement tout début de dégoulinade via réparties grinçantes ou colères contre Cuddy et Stacy (qui parvient toutefois à le mater avec un sec Shut up !), sortant du drame lacrygène vers une attaque amère du rêve américain. Le spectateur prend par ailleurs conscience de la force qui anime Stacy, et comment elle a pu supporter House pendant cinq ans : elle est aussi solide, aussi entière, aussi forte en déduction que Sherlock House, et est la Raison incarnée. Mais comme on le sait, House est le premier mot du dictionnaire des antonymes quand on regarde à "Raison". On aime beaucoup ainsi la scène où House se venge de son ex dans la salle de consultation (où il ne consulte personne bien entendu). Sela Ward enchaîne réprimandes et coups de gueule avec un entrain communicatif. L’humour n’est pas absent car la fouille de l’appartement de Cuddy est un moment de pure comédie entre paris truqués, farces débiles, et considérations sur les strings et les tampons de Cuddy, ce qui nous vaudra une scène hilarante de cette dernière. Stacy nous prouve qu'elle sait jouer à Sherlock Holmes en devinant ce que lui cache Wilson. Shippers : à vos claviers : une tension sexuelle s’instaure lors des fouilles des appartements avec une Cuddy éludant les questions sur ses rapports avec House (et inversement). Infos supplémentaires
Acteurs : Ignacio Serricchio (1982) a commencé sa carrière avec cet épisode. Il poursuit depuis une bonne carrière avec des rôles récurrents dans plusieurs séries : Hôpital Central (20 épisodes), Ghost Whisperer, Privilegied (6 épisodes chacun), Bones (4 épisodes), Witches of the east end (9 épisodes), The Bay (14 épisodes), Les Experts, Les Experts : Miami, Covert affairs... 4. ÊTRE OU PARAITRE Scénario : David Foster - You're just mad because he's closer to a Nobel Prize than you are. Sebastian Charles, un médecin très populaire, combat la tuberculose en Afrique. Lors d’une réunion avec son sponsor, il s’écroule. Il est certain d’avoir attrapé la maladie mais House pense qu’il souffre d’un mal plus sérieux. House déteste tout de suite son patient « exemplaire ». Lorsque Charles commence à flirter avec Cameron qui ne semble pas insensible, House craint qu'elle perde son objectivité… En fait, l'on voit que Foster a voulu donner une opposition à House avec un médecin gentil, mais sa fadeur le rend insignifiant, et échoue à donner une alternative valable. On comprend alors qu'il ait voulu éviter avec un personnage si faible une confrontation directe avec le diagnosticien (Cameron sert d'intermédiaire), mais cela confirme l'inanité de l'idée de départ. Il faudra attendre Martha Masters en saison 7 pour avoir un médecin gentil qui tienne la dragée haute à House. L'auteur a voulu en contrepoint montrer un commencement de romance entre Cameron et Charles (avec une pointe de jalousie de Chase, annonciateur de ce qui arrivera dans les épisodes suivants), mais cette facette de l’histoire est d’une médiocrité agaçante : non seulement, les comédiens adoptent un jeu compassé, mais l’académisme des situations plombe le rythme : Cameron défendant Charles, Cameron veillant sur Charles, Cameron souriant à la drague pas très subtile de Charles, etc. Les fans du Hameron (relation Cameron-House) doivent passer ici leur chemin tant House a l’air tout à fait au-dessus de cette amourette sans lendemain. L’étreinte platonique entre les deux intéressés apparaît donc comme logique et constitue le seul point réussi de cette tentative. Ron Livingston sous-joue son personnage, Jennifer Morrison est atone à souhait quand elle ne surjoue pas la colère. L'actrice doit vraiment affiner son jeu (ça ne tardera plus, rassurez-vous). Heureusement l’épisode est relevé grâce à un House bien salaud qui balance traits sur traits et fait disjoncter toutes les règles de bienséance (interview sabotée, cours sur l‘art d'insulter une patiente, vol de steak à la cantine...) si par hasard on avait encore quelques doutes sur le sujet ! Le cas secondaire marche cette fois à l’humour noir où Foreman commet une bourde… et c’est House qui paye les pots cassés grâce à Cuddy qui semblait n’attendre que ça. C’est finalement la résolution de ce cas qui constitue la meilleure scène de l’épisode : House, profitant de son handicap (la faiblesse devient une force) réussit à s’excuser auprès de la patiente… sans s’excuser ! Ce faux-semblant est tellement énorme qu’il déchaîne le rire. Cameron elle-même en semble amusée. Ca y’est, elle commence enfin sa mue… Hugh Laurie, survolté, et Andrea Bendewald, très cassante sont excellents. Donc un scénario faible, un patient oubliable, mais des dialogues étincelants !
Scénario : Thomas L. Moran - Bad night at poker or great night with a hooker. Carnell Hall, un jeune lutteur, termine son année en faisant la fête ; mais en plein milieu de soirée, de violentes décharges électriques le saisissent et le font hurler de douleur. A l’hôpital, House et son équipe se rendent compte que lui et Ken, son père, ne cessent de se mentir l’un l’autre. Quant à House, il reçoit un appel de ses parents qui, de passage, veulent lui rendre visite ; House tente alors par tous les moyens d’éviter de les voir… La scène finale est ainsi une des plus désolantes écrites pour la série, avec une scène de faux espoirs non seulement insupportable en elle-même mais qui rend vain tout ce qui a précédé : aucune évolution ne s'est faite tant chez le fils que chez le père, positive ou négative. Si le pessimisme est souvent présent dans la série, il est ici lourd, pesant, et vidé de toute émotion par sa vacuité. Seule la surprise du diagnostic final est bien trouvée. Clifton Powell arrive à se dépêtrer dans son rôle lacrymal, ce qui n’est pas le cas de Vicellous Reon Shannon qui s’enfonce sans rémission. Mais la scène la plus réussie demeure celle où House se paye la tête de Wilson en « testant » son amitié. Mais il ne voit pas le retour de bâton venir et Wilson lui répond du tac au tac, le laissant maté. La scène où House demande des consultations nocturnes à Cuddy (c’est le monde à l’envers !) est également bien acérée, chacun rembarrant l’autre avec délectation. Sans oublier LA réplique de l’épisode : House disant Bonjour maman, je suis content de te voir, et sa mère de répondre : Oh Greg, ne mens pas ! - House menace Cuddy de lancer une rumeur comme quoi elle serait transsexuelle. C'est une allusion à un précédent rôle de Lisa Edelstein dans la série Ally McBeal. Durant cinq épisodes de la saison 4, elle incarnait Cindy McCauliff, une transsexuelle qui séduisait malgré elle Mark Albert, un des avocats du cabinet Cage & Fish, ignorant son secret (merci à Dayllahc du forum Dr.House pour cette information). 6. LA COURSE AU MENSONGE Scénario : Sara Hess - Is there a light somewhere that goes on when I have food ? Cameron est mise en avant, seule à ne pas apprécier le malade car ni ses collègues ni House sont choqués de son dopage (désabusés, ils sont à deux doigts de le justifier !). Le bouillonnement de Cameron, sur le point de tout révéler aux journalistes est palpable tandis que Wilson s’interroge avec elle sur le devoir de vérité : faut-il dire la vérité à tout prix ? Certes, Jeff a triché mais sa faute rejaillerait sur ses proches et elle se comporterait en moralisatrice si elle déballait l’affaire : pourquoi faire une révélation qui ne servirait qu’à faire du mal sans autre contrepartie que de sauver la morale ? Le jeu en vaut-il la chandelle ? Finalement, le passé de Cameron vient la rattraper et lui fait prendre sa décision tandis que nous apprenons que Wilson est - comme House - quelqu’un qui assume ses choix et ses erreurs (son infidélité), sans qu’il en tire gloire pour autant. Leurs deux scènes communes marchent parfaitement bien, surtout la deuxième où ils ne peuvent que constater l’amoralité de la situation finale. La colère prend ici les traits de l’ironie et cela accentue l’amertume du happy end. Jennifer Morrison ne parvient toujours pas à débloquer son jeu restreint, à la différence de Robert Sean Leonard, systématiquement bon. On est ravis que son rôle soit plus étendu dans cet épisode. Le cas secondaire, quoiqu'anodin, se montre joyeusement absurde, et bénéficie de l'inénarrable Tom Lenk que les amateurs du Buffyverse connaissent très bien pour avoir été l'hilarant Andrew, parangon de la geekitude bouffonne ; sans atteindre de tels extrêmes, on s'amuse quand même bien en sa compagnie. Curieusement, quelques visages de marque de Buffy vont défiler au cours de la série (Dawn et Warren cette saison). L’épisode demeure sous haute tension grâce à la tournure acide que prend la relation entre House et les Warner. Les affrontements entre House et Mark sont des échanges de flèches empoisonnées dégainées à toute vitesse, tandis que House et Stacy s'engueulent à fond la caisse ; c'est rythmé, et rétrospectivement, on aurait pas été contre un prolongement de ce duel des esprits qui épice au tabasco ces épisodes. Finalement, la réconciliation provisoire de « Greg » et Stacy, bien que surprenante, est cohérente, dans la lignée de leur relation agitée. La scène dans le bureau de l’avocate, grâce aux jeux subtils et expressifs de Sela Ward et Hugh Laurie, est la clé de voûte de l’épisode, quand sont dévoilés les sentiments contradictoires de Stacy. Fait rare, l'épisode se finit par un cliffhanger, où l'on sent que le "Houcy" va crépiter encore davantage ! Sela Ward, pleine de cynisme et de fureur, réussit une de ses meilleures interprétations tandis que Currie Graham joue bien son rôle d’opposant ironique et irrité.
- Cuddy consulte le site de rencontres DocMixer.com (site fictif) et communique avec un certain Maxwell Abatte. Cuddy cherche donc un homme et la suite de la saison ainsi que la suivante vont nous montrer en fait son véritable but. Acteurs Kristoffer Polaha (1977) est un comédien qui s’est surtout consacré à la télévision. Il a surtout joué dans des séries très populaires et souvent de grande qualité comme Angel (épisode Billy), Roswell, Tru Calling (3 épisodes), North Shore (21 épisodes), Les Experts, Les Experts : Miami, Bones, FBI portés disparus, Dollhouse, Mad Men (4 épisodes), etc. Et joue un des rôles principaux (Henry Gallagher) de la série Ringer aux côtés de Sarah Michelle Gellar (qui joue sa maîtresse). Tom Lenk (1976) est surtout connu pour avoir été Andrew Wells dans 26 épisodes de Buffy contre les vampires, et 2 de son spin-off d'Angel. Fidèle comparse de Joss Whedon (Beaucoup de bruit pour rien, La cabane dans les bois), il fut également de Six feet under, Joey, How I met your mother, Nip/tuck, The Guild, etc. Scénario : Liz Friedman - Where are you ? L’épisode traite aussi efficacement le lien s’instaurant entre Kalvin et Cameron, à l‘opposé complet l‘un de l‘autre : la sainte-nitouche et le jouisseur impénitent. Leurs scènes communes se déroulent selon le principe souvent frucutueux des vases communicants : Cameron fait prendre conscience à son patient de la vacuité de sa vie, tandis que Kalvin réussira à la décoincer de son angélisme excessif, ce qui mènera à son hallucinant coup de folie. Si Cameron va amorcer sa mue, l’épisode se termine sans que l’on sache si Kalvin réussira à changer de vie ou si, piégé dans sa spirale, il la gaspillera jusqu’à ce qu’il s’effondre. Encore un happy end bien amer malgré le possible pardon de son père… Matthew John Armstrong apporte une composition impeccable, bien servi par un personnage profond ; un talent volontaire et enthousiaste ! Ce pan de l'histoire est savamment écrit. Si le cas est très bon, on retient surtout la méthode extrême utilisée par House pour confirmer le diagnostic, on reste pantois devant une telle audace. House et Stacy prennent le virage opposé de l’épisode précédent. Ils se rapprochent sous l’impulsion d’un House plus manipulateur que jamais. Sachant désormais que Stacy ne couche plus avec son mari, il se montre aimable, gentil (c’est délirant hein !)… et Stacy est touchée par cette soudaine chaleur, ne voyant pas que House cherche à la séparer de Mark. Le rat du grenier est un McGuffin très drôle pour que House squatte chez elle ! Leurs scènes sont de plus en plus intenses jusqu’à la celle du grenier où House semble regretter ses erreurs. Il est impossible de savoir s’il est sincère ou s’il joue son numéro de reconquête - quoique les épisodes suivants inclineront en faveur de la première hypothèse, signe que House peut être vrai dans un processus de manipulation, ce qui le rend encore plus fascinant. Cette suave ambiguïté est toujours très émouvante. Le jeu de leurs regards, le ton de leurs voix est maîtrisé à la perfection ! Sela Ward parvient après son échec dans Cours Magistral (saison 1), à adoucir son personnage de manière convaincante. Mais House, dans la dernière scène, finit par se trahir car il a sous-estimé la connaissance que Stacy a de lui. En plus de ce suspense sentimental, c'est bien à un affrontement mental intense auquel nous assistons. L’humour domine cet épisode pourtant sombre dans ses thématiques. Une des scènes les plus burlesques est un pastiche de western-spaghetti quand House tente d’attraper le rat du grenier (Ca va saigner !!!) : silence total, gros plans à la Leone, main qui s’avance vers l’arme… Gloria Muzio, en grande forme dans cet épisode, réussit parfaitement cette scène complètement décalée, il ne manque plus que la musique de Morricone… On cite House demandant à Foreman de diagnostiquer la maladie du rat, l'hommage dada à Steve McQueen, et bien sûr LA scène de l’épisode où Cameron, l'ange idéaliste, se transforme en bête de sexe sous l'influence d'un peu de neige qui fait rire. D’ailleurs la descente est difficile car Cameron subit le lendemain une énorme gueule de bois ce qui nous vaut un joli échange sur le port des capotes ! Jennifer Morrison accomplit sa première grande réussite d'actrice dans la série en réussissant tous ses changements d’attitude : jeu normal au début, jeu blanc pour la dépression, cabotinage hilarant pour la scène de défonce et de descente, expressive sans excès dans la colère, poignante dans l'inquiétude. Bref, un épisode à ne pas manquer ! - La salle de diagnostic est au 3e étage (Cameron appuie sur ce bouton de l’ascenseur). Scénario : Peter Blake - If Chase screwed up so badly, why didn't you fire him ? Le Dr.Chase doit comparaître devant ses supérieurs pour avoir, six mois plus tôt, tué par négligence Kayla, une de ses patientes. House, responsable de Chase, est également sur la sellette. Cuddy demande à Stacy de défendre Chase, mais l’avocate doit aussi parler à House, avec qui elle est en conflit total. Pour ne rien arranger, elle s’aperçoit que les deux accusés ne cessent de lui mentir… Que Chase apparaisse plutôt transparent dans un épisode centré sur lui montre que l'épisode n'est pas arrivé à aller jusqu'au bout de son concept. La série réussira davantage ses épisodes "conceptuels" en saison 6. House lui vole donc la vedette que ce soit pour engueuler un Chase révolté, ou à répondre du tac au tac à son ex avec qui il multiplie les passes d’armes, etc. On s'autorisera quand même une réserve : pourquoi Chase n’a-t-il pas révélé à Stacy d’entrée la raison de sa distraction ? Cette chute, empreinte de gravité est même un peu forcée. Le verdict final a une part d'imprévisibilité car House subit une sanction inattendue, bénigne et humiliante. Mais il faut noter le mauvais sourire en coin qu’il décoche dans le plan final : il a perdu une partie, mais Foreman n’a qu’à bien se tenir ! Dans cet épisode en flashbacks, des fantaisies de mises en scène sont disséminées çà et là comme Stacy apparaissant tout à coup à côté de Chase pour vérifier ses dires, ou des arrêts sur image le temps de revenir à la réalité, ou une scène vue sous différents angles selon que Chase ou House mentent plus ou moins, sans oublier le gag décalé du flacon de vicodine. La grande variété des plans accordée aux scènes de dialogue permet une grande vivacité. David Semel accomplit là un excellent travail. Scénario : Michael Roger Perry (crédité comme "Michael R. Perry") - What do you expect me to do, House ? Quit ? Cry ?
- Actually, I expect you to act like what you are : my employee, my subordinate, my bitch.
Anica Javanovitch s’évanouit dans un bar sous les yeux de House. Cependant, la patiente semble être habituée aux rendez-vous médicaux à tel point que Cameron soupçonne Anica de s’injecter des produits pour se rendre malade et ainsi rester le plus possible dans les lieux médicaux (Syndrome de Munchausen). House pense à autre chose de plus grave. Mais étant désormais sous les ordres de Foreman, sa marge de manœuvre est limitée, ce qui n’est pas sans l’irriter...
Faux-semblants est un épisode d'acteurs, leurs personnages ont l'occasion d'annexer de nouveaux traits de caractère. Cameron surprend tout le public : elle se transforme en manipulatrice qui refuse de se laisser prendre au jeu d’Anica en lui balançant ce qu’elle pense réellement d’elle. Le piège pervers qu’elle lui tend est machiavélique, digne… de House ! D’ailleurs, lui-même n’a pas l’air d’en revenir ! Cameron, persiste en crachant son venin sur Cuddy qu’elle accuse d’être misogyne car ayant peur qu’une autre femme comme elle ait du pouvoir. Chase et House se montrent peu solidaires ; derrière le vernis comique de leurs vannes, l'on voit à quel point les bonnes relations ne sont que des façades, chaque personnage voulant écraser l’autre sous la couche policée des politesses de rigueur. Rarement, cette fissure aura été si palpable. Jennifer Morrison rend convaincant l'insoupçonné côté intéressé, ambitieux, et manipulateur de Cameron. Il s'agit ici de la première manifestation de l'influence de la méthode House, influence qui nous vaudra de beaux moments sombres. C’est dans la relation House-Foreman que l’épisode pétille le plus. Forcé d’obéir à son « subordonné », House commence à le tyranniser avec force coups tordus en crescendo burlesque ou carrément amoral (trucage d'examens, un gimmick de la série). Foreman a la possibilité de s’imposer face à son ancien patron et avancer SES hypothèses et SA façon d’agir, coups de gueule à la clé. Mais Foreman ne peut l’égaler en domination comme quand House lui démontre que sa prudence est guidée par sa poltronnerie, et son incapacité à prendre une décision tranchante. Omar Epps, en « boss » dépassé est excellent. House étant limité dans ses mouvements, cela mène à une scène ahurissante : il fait du charme à une belle infirmière pour avoir des résultats, et le pire, c’est que ça marche ! Le sex-appeal de House est décidément très élevé, les fans féminines ne diront pas le contraire. Si le revirement de Cuddy sur ses projets à propos de Foreman était attendu, il reste ambigu : était-elle sincère ou non ? Quoiqu’il en soit, même si Foreman est incontestablement le médecin le plus compétent du trio, il n’arrivera jamais à contrôler House ou à le surpasser en audace ou en coups tordus. Sa nomination provisoire est donc bel et bien un cadeau empoisonné. Fans du Hameron, vous noterez que Cameron a un grand sourire quand House prend ses mains pour qu’elle l’enlace sur la moto. Plus légèrement, quand Wilson paye quelque chose pour House, ce dernier prend aussi la monnaie. Culot, quand tu nous tiens… - Dans la vie d’Anica, le sexe ne semble pas partie importante de sa vie. Quand on sait que Cynthia Nixon a joué un personnage à la vie sexuelle assez riche, on ne peut s’empêcher de sourire ! - Imelda cite Salma Hayek comme modèle de beauté. Salma Hayek (1966) est une actrice-réalisatrice-productrice mexicano-libanaise, réputée pour son talent d’actrice mais surtout pour sa grande beauté physique. L'infirmière réapparaîtra dans Tout seul (saison 4). 10. PROBLÈMES DE COMMUNICATION Scénario : Doris Egan I teach you to lie, cheat, and steal, and as soon as my back is turned you wait in line ? Doris Egan a cependant eu la bonne idée de laisser le premier plan à la relation House-Stacy qui franchit un nouveau cap. Après l'hilarante scène judiciaire introductive, la tension sexuelle s'accroît avec un House très chaleureux non par les mots mais par un body language plus intime (quelle précision dans le jeu de Hugh Laurie !), et une Stacy qui se bat pour rester réfrigérante, figée dans la peur de ne pas pouvoir se contrôler. L’adrénaline monte lorsque Stacy réserve pour eux deux une chambre d’hôtel avec lit double : on commence à flirter dangereusement avec la ligne jaune ! Cette scène est le sommet de l’épisode : l'on retient son souffle tandis que Stacy dit la déclaration d’amour la plus épicée des séries TV (God, I really miss curry) où le curry vindaloo, condiment fort et pimenté est la métaphore de leur relation : terriblement addictive et douloureuse à la fois. La série aimera de temps à autre comparer les relations amoureuses avec la nourriture. Cette scène, très intimiste, drôle, et sobre, est excellemment réalisée par Jace Alexander avec des plans bien axés sur le lit à deux places qui attend les amants. House chauffe encore plus l'ambiance avec un jeu d’attraction/répulsion très excitant. Reste que son attitude est encore une fois ambiguë : et s’il avait subitement peur de l’acte et tente de retrouver un semblant de morale ? On ne le saura jamais, le baiser brûlant de Stacy l’interrompant… En parallèle, une fronde se met en marche avec l’animosité de Chase qui ne veut pas obéir à Foreman. Le remplaçant de House semble avoir abandonné tout espoir de se faire respecter. Lui-même préfère déléguer la direction du cas à House. Cameron est la seule à réagir avec bon sens en maintenant la diplomatie. Mais tout comme un musicien d’orchestre ne peut s’improviser chef, Foreman n’a pas assez d’autorité comparé au misanthrope diagnosticien. D’ailleurs, on s’aperçoit combien nos trois médecins sont impuissants sans House : l’état s’empirant sans explication, une Cuddy peu encline à leur faire confiance... la scène où le trio se gêne mutuellement dans la séquence d’asphyxie montre leur confusion. Ou comment quelqu’un que l’on déteste et craint reste indispensable. Ce sentiment de haine/respect entre House et ses subordonnés est un atout bien utilisé dans la série. Ils ont besoin de lui, et eux-mêmes l’avoueront à la fin de la saison 3. On remarquera que la série attaque aussi la modernisation outrancière des hôpitaux. Ainsi, la robotisation générale a failli tuer le patient alors qu’un simple examen empirique de son sang suffit à trouver le diagnostic final. Comme quoi, le progrès n’a pas que de bons côtés ! La machine ne pourra jamais remplacer un cerveau humain nous rappelle salutairement la série. L’humanisme est une valeur défendue par la série, même si pour des besoins dramatiques, elle montre souvent notre face d’ombre.
11. DÉSIRS ILLUSOIRES Scénario : Pamela Davis - Symptomatic of... lunch with Cuddy ? Margot Dalton, mère de famille débordée vivant à cent à l’heure, est prise de spasmes incontrôlables. L'équipe pense d'abord à un effet secondaire de son traitement contre la stérilité, mais son état empire sans explication. De leur côté, House et Stacy sont au pied du mur : doivent-ils se remettre ensemble et abandonner Mark ?… Alors que Stacy accepte de briser son mariage, l’intervention de Mark chamboule tout. Cette scène est le climax de l’épisode. Mark pressent la vérité, et se lève de son fauteuil roulant pour rattraper un House fuyant son regard. Ce faisant, il ruine entièrement ses trois mois de rééducation. House, mi-méprisant, mi-choqué, prend enfin conscience que bien que Stacy soit la femme de sa vie, Mark l’aime davantage que lui. La scène finale est splendide car jouant à fond sur une de ses meilleures cartes : la psychologie. House choisit un déchirant sacrifice qui n’est pas sans rappeler le final de Casablanca (1942) de Michael Curtiz, en plus triste, car il n’y a pas de « beautiful friendship » qui compenserait ce final bouleversant. La personnalité de House fait que cette fin conventionnelle au premier abord devient originale et inattendue. Mais c’est à ce moment que Wilson arrive pour remettre brutalement House à sa place. Il détruit toute la beauté de son geste, le considérant non comme un sacrifice courageux mais comme une couardise idiote : House est incapable de s’imaginer heureux. Masochiste au fond de lui-même, il refuse le bonheur car cela le rendrait « humain ». Or House, à aucun prix, ne se défera de son enveloppe de glace, primordiale pour qu’il demeure efficace dans son travail. Le superbe aphorisme de Wilson : Tu ne t’aimes pas mais tu t’admires résume tout le personnage qui n’aurait finalement agi que par égoïsme et stupidité. Cette déclaration fracassante laisse House et le téléspectateur muets, précipitant la fin dans une grande noirceur. Wilson a raison, mais le triste panorama final demande une nuance : House n'a cessé de suggérer de plus en plus explicitement son amour pour Stacy, et il est clair que sa décision finale relève autant de son souhait de bonheur pour elle que de sa capacité à détruire tout sentiment de bonheur en lui. House s'impose décidément comme un des personnages les plus complexes de l'histoire des séries télé. Cet épisode interroge sur le thème du bonheur : sait-on ce qui nous rendrait heureux ? Comment y parvenir si on s’invente mille excuses pour ne pas y arriver ? Ainsi nous quitte Stacy Warner, qui neuf épisodes durant, nous aura tant apporté. Le Houcy, supérieurement écrit, nous a captivés jusqu‘à son émouvante fin. Les scénaristes ne retrouveront plus un tel niveau dans les écritures amoureuses ultérieures, tout en compensant par une maîtrise sidérante de la psyché humaine. Au revoir aussi à Mark Warner. Le triangle Hugh Laurie-Sela Ward-Currie Graham se met en quatre pour nous émouvoir, et ils y réussissent. Hugh Laurie joue con brio l'équilibriste sur la corde raide d'un personnage bourré de contradictions. Derrière un fameux bobard qui a fait soupirer bon nombre de fans du Hameron, l’épisode pose une question existentielle : faut-il toujours tout savoir ? Ignorer une information importante mais tragique, est-ce mieux que de tout déballer ? Encore le dilemme éternel de Socrate : vérité ou bonheur ? Comme si ces deux notions restaient tragiquement incompatibles, d'autant que la devise de Cameron dans l’épisode 2.15 semblera le confirmer. Nouvel exploit de l’épisode : il évite la prévisibilité lors de la remise des résultats de Cameron par le comportement de House qui se comporte vraiment en salaud génial pour le coup. On finit en mentionnant l’imitation de Stacy par Cuddy (devil mind au passage), et Wilson préparant de la marijuana pour une de ses patientes. Ca y'est, on tient le fournisseur de la clinique McNamara/Troy !
Scénario : Lawrence Kaplow - I hear bowling is more fun than stalking. Mais comme souvent dans la série, c’est l’histoire parallèle qui excite notre intérêt. La confrontation Weber-House donne une succession de scènes toutes aussi entraînantes qu’hilarantes, bien entamé par Cuddy bien humiliée par une manipulation Housienne, et poursuivie par House perturbant royalement le cours de Weber sous les yeux épouvantés de Wilson. Le duel verbal entre les deux rivaux est dévastateur en diable, et Weber parvient même à remporter la première manche. L’épisode mentionne une ressemblance de plus entre House et Sherlock Holmes : Dans Une étude en rouge, Stamford dit à Watson que Holmes serait capable de s’administrer lui-même un produit dangereux juste pour connaître les effets du poison. Ainsi, House s’injecte lui-même le fameux produit censé prévenir toutes les migraines possibles après s’être injecté… de la nitroglycérine pour avoir une migraine ! Toutefois, alors que Holmes aurait fait cette expérience par amour de l’art, une raison bien plus perverse a dirigé House dans cette décision. Ainsi, House s’inspire de son modèle mais tout en conservant sa personnalité propre. Cette raison est révélée dans le moment « psychologie » rituel où Wilson frappe à la porte de la conscience de House. Ce moment est ici particulièrement réussi : House était perdant dans tous les cas : ou il se serait condamné à souffrir physiquement car le médicament ne marche pas, ou il aurait été frustré de ne pouvoir contredire son adversaire. Wilson lie la recrudescence du masochisme de son ami au départ de Stacy. Bien que House le nie, la suite de la saison prouvera que Wilson, comme toujours, ne s’était pas trompé… On mesure à quel point la relation que noue House avec lui-même est complexe : il se déteste profondément, s’obligeant à souffrir comme une sorte d’autopunition inconsciente (sa vengeance envers Weber n’est qu‘un prétexte pour se faire souffrir). Mais en même temps, il a une telle admiration de lui-même qu’il est sûr d’avoir toujours raison. Ainsi la maxime de Wilson de l’épisode précédent Tu ne t’aimes pas mais tu t’admires trouve sa parfaite illustration. Dan Butler est excellent en neurologue aussi caustique que son collègue. Que les intentions de Weber ne soient pas mauvaises au fond évite tout manichéisme. La scène de résolution où House philosophe en regrettant que « l’univers » devrait tout équilibrer alors qu’il ne le fait pas est plus forte qu’à première vue : elle révèle que House regrette un manque de justice, un manque d’équilibre dans les situations du monde. Sa tristesse devant cette Vie pleine d’aléas est peut-être la cause de son athéisme. C’est d’ailleurs la première raison invoquée par ceux qui se réclament comme non-croyants. Cette scène braque d'ailleurs un premier projecteur vers le finale de la saison 4. Voir House diriger le diagnostic alors que sa migraine épouvantable le torture est d’un excellent effet : malgré la douleur intense, il trouve le moyen de vanner, de rappeler à l’ordre… Finalement, il se met à délirer, complètement défoncé et voyant des hallucinations : une scène à ne pas manquer avec musique appropriée. La discussion finale avec Cuddy est une des plus dingues de la série. Sa victoire finale permet aussi de dénoncer le manque de rigueur des laboratoires pharmaceutiques ou les pratiques douteuses, appliquées dans des pays pauvres pour diminuer les coûts et faire des tests tout aussi douteux en toute discrétion. Entre autres scènes, on s’amusera des fausses sorties de House, de ses réparties vachardes, ou de la scène finale qui montre le vide de sa vie personnelle et sa frustration sexuelle (superbe plan de House seul dans son grand appartement) : il ne couche plus avec son ex, sa libido crie famine, et il revient aux « tapineuses », symbole de son échec sentimental. Une fin amère. 13. CONFUSION DES GENRES Scénario : Russel Friend, Garrett Lerner, et David Shore, d'après une histoire de Russel Friend et Garrett Lerner - Come on, Cameron. It's nothing to be ashamed of. Many women develop breasts.
Alex, jeune top-model de 15 ans aux formes généreuses et à la féminité exacerbée, est prise de nausées durant un défilé de mode, frappe violemment une autre mannequin, et s’évanouit. House soupçonne une prise d’héroïne, puis son père Martin (aussi son manager), d’abuser sexuellement de sa fille. Toutefois, il a du mal à traiter le cas efficacement car la douleur de sa jambe est devenue subitement plus forte…
L’humour alimente l’épisode grâce à un House survolté : il adopte tout de suite le cas car c’est une top-model, se moque de Cameron, crie à une femme enceinte trop braillarde de la fermer, s‘amuse à faire apparaître et disparaître les symptômes d‘Alex, ou encore la mauvaise blague de fin… Même les deux révélations finales ont quelque chose de comique. Mais ce sont les scènes avec Wilson qui déchaînent le plus de rires, quand House le frappe avec sa canne, et surtout la scène en plein délire de l’IRM. Il y'a aussi le cas secondaire assez burlesque où Cuddy se retient de pouffer. L’épisode frappe fort quand il s’agit de dénoncer le monde des apparences dans lequel nous vivons. Après Symptômes XXL (saison 1) et la dictature de la minceur, Confusion des genres exprime bien la dictature de la beauté, atout artificiel érigé en condition sine qua non pour réussir vite et bien. Les filles du défilé de la scène d’intro sont hyperformatées, le père d’Alex utilise un langage aussi formaté, cru pour vanter la beauté de sa fille, distinguant son statut de père et celui de manager. Le fléau de la drogue est également sous-entendu tandis que celui des coucheries est mis en avant avec force lors de la scène Alex-Cameron : Alex, blasée, a couché avec tous les hommes dont elle avait besoin pour grimper les échelons ; elle ne l’a fait ni par plaisir ni par dégoût : prix à payer pour vivre dans un monde de strass, de paillettes, où le clinquant triomphe de tout, qui vous procure gloriole (mais temporaire) et argent (jusqu’à ce que vous ne soyez plus assez belle). Bref, un monde rempli d’apparences, et on a presque pitié de cette pauvre fille dont la féminité est l'unique atout : la révélation finale est donc d’une grande cruauté pour elle car niant cet avantage charnel. D’où un faux happy end flirtant avec le unhappy end tout court. Bonne interprétation de Cameron Richardson, mais Tom Verica est plus limité. Jennifer Morrison confirme les récents progrès de son jeu avec de bonnes scènes de révolte, mais c’est Hugh Laurie et Robert Sean Leonard, dans leurs scènes de pure comédie, qui raflent la mise par les rires qu’ils déchaînent. 14. MALADIES D'AMOUR Scénario : Matt Witten - I assume that you've been in love. Mais le sérieux n’est pas défavorisé avec l’énorme bévue involontaire de l’employée de l’agence, et les souffrances psychiques répétées du mari jusqu’au surprenant double twist final avec deux révélations très noires, symptomatique de la vision de la série toujours pessimiste des époux, qui s’aiment sincèrement, mais jamais francs entre eux. On va d'ailleurs en avoir le nadir dans le terrible épisode suivant. Parallèlement, on s’amuse des difficultés à répétition que rencontre House dans ses quêtes de cœur (sans jeu de mots). A noter que le veuf a tout de suite cerné le personnage de House : "I assume House is a great doctor, because when you're that big a jerk, you're either great or unemployed". Cet épisode n’échappe pas à la veine militantiste de la série qui s’attaque cette fois à ces laissés-pour-compte que sont les séniors. La scène du comité de greffe véhicule ce message : les membres du comité refusent la salvatrice transplantation car le patient est trop âgé. House les accuse de préférer réserver leurs ukases aux jeunes personnes malades (car les grands-pères ont déjà bien vécu…) d’où une démonstration de la différence de traitement accordé aux patients selon leur âge. Mais la scène ne tombe pas dans le manichéisme car la décision des médecins demeure bien difficile à démêler éthiquement. Ce cas de conscience évite l’opposition House a raison/méchants autres médecins. Le cas secondaire est absolument hé-nau-rme, avec un jeune homme qui avoue avoir des penchants zoophiles envers les vaches ! La rencontre entre ce malade de première et un House déchaîné permet trois petites scènes de pur burlesque ; d’autant que le jeune homme est interprété par Adam Busch qui retrouve des intonations du supercrétin Warren Mears (du moins, dans ses premiers épisodes de Buffy) avec un festival de mimiques excessives. La conclusion est à se serrer les côtes. Un cas joyeusement barré. D’ailleurs, Michelle Trachtenberg (Dawn) va se retrouver bientôt à Princeton-Plainsboro, de quoi regretter que Sarah Michelle Gellar n'y soit jamais venue (ou Alyson Hannigan ; signé un fan d'Alyson Hannigan). Un cross/over entre les deux séries aurait pu donner quelques scènes croustillantes ; je voyais bien House diagnostiquer Spike pendant qu'ils battent le record du monde du championnat de tchatche, Drusilla en quête d'un coeur tout chaud, ou Buffy tuant un démon avec une seringue… 15. BONHEUR CONJUGAL Scénario : Thomas L. Moran You do realize that the point of metaphors is to scare people from doing things by telling them that something much scarier is going to happen. God, I wish I had a metaphor to explain that better. La série n’a jamais raté une occasion de pilonner le Couple. Dès Question de fidélité (saison 1), la série donnait sa thèse : l’amour dans le couple est sincère mais les époux restent étrangers l’un à l’autre. Déçu forcément par celui ou celle que l’on aime, la douleur, la tristesse entrent alors dans la vie quotidienne. On peut essayer de détruire la routine par un changement de vie ou par une sexualité débridée (comme ici ou comme le fera le ménage Taub dans Le héros du jour en saison 7), mais ce n’est qu’un écran de fumée masquant de manière éphémère l’échec de la relation. La Vérité est un concept souvent étudié dans la série ; ici, l’épisode nous apprend à la fois son utilité et l’effet destructeur. Lorsque Maria a ouvert les yeux sur l’état réel de son couple, elle en vient à une décision destructrice et désespérée alors que si elle avait maintenu l’illusion, elle aurait pu entretenir un semblant de bonheur. Il est donc logique que la dernière phrase de Cameron sonne si juste et soit devenue une des citations les plus connues de la série. Le choix d'une chanson ayant pour titre Love and Happiness pour accompagner le douloureux final apparaît comme une dernière pointe d'ironie pour conclure cet épisode noir et sans espoir. Samantha Mathis mélange l'amour et la passion de son personnage de manière éblouissante, une des meilleures guest stars de la série. Le final est un dur revers pour Cameron qui avait parié sur le bonheur des Palko. Jamais la série n’avait poussé à fond l’axiome platonicien de l’incompatibilité des concepts de Vérité et de Bonheur. Sa dernière scène avec House montre bien leur différence : House est pour la Vérité (et il n’est pas heureux d’avoir gagné son pari, il n’a fait que constater) et Cameron pour le Bonheur. Il est fascinant de voir comment Cameron s’éloigne (ses valeurs) et se rapproche (ses attitudes) de House à la fois… Jennifer Morrison comprend de mieux en mieux son personnage, ça fait plaisir. Les disputes continuelles du Hilson donnent une véritable farandole de situations toujours plus drôles : Wilson perturbant le sommeil de House (qui songe à voir un conseiller conjugal), House arrachant la télécommande, House mangeant à deux reprises le repas de Wilson, House qui préfère les crèpes de Wilson aux 72 vierges de l’Islam, etc. On s’étonne toutefois du dernier plan : House ne souhaite qu’une chose, que Wilson dégage de sa maison. Pourtant, il efface le message adressé à Wilson à propos d’un appartement qu’il aurait trouvé. Conséquence : House, au fond, veut que Wilson reste un peu plus de temps, symbole de son besoin d'avoir près de lui sa présence. Quelle étrange amitié… Ces saynètes détendent l’atmosphère sombre de l’épisode. Le cas secondaire montre un homme ayant un herpès. Autrement dit, lui ou sa femme est infidèle (Hugh Laurie est en pleine forme dans ce passage) et il parvient finalement à trouver qui est coupable grâce uniquement à la psychologie. On ne répétera jamais assez combien House est expert en relations humaines et en mensonges de tout poil ! 16. PROTECTION REPROCHÉE Scénario : Peter Blake - I didn't say it had to be with another person.
Mélinda Bardach, une adolescente immunodéprimée depuis une transplantation cardiaque, est confinée depuis plusieurs mois dans une chambre stérile chez elle. Alors qu’elle recevait la visite de son petit ami, elle a une violente attaque et est amenée à l’hôpital. Après aggravation de son état, Mélinda se retrouve avec deux puis trois graves symptômes impossibles à corréler. Pendant ce temps, House multiplie les vacheries envers Wilson…
Encore un chef d’œuvre pour cette saison 2 décidément de classe exceptionnelle ! Protection reprochée (excellent titre pour une fois) est très bien construit. Le cas médical fait penser à un pastiche bidon du Mystère de la Chambre jaune : comment Mélinda a pu tomber malade dans une chambre stérile ? Cela amène une intenable situation bloquée avec des symptômes qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. Mélinda est un personnage intéressant, et les huit dernières minutes de l’épisode comptent parmi les plus intenses de toute la série. En plus, House bat tous les records en matière de sournoiseries (pas si) gratuites envers Wilson ! Incarnée par la sensualissime Michelle Trachtenberg, actrice extraordinaire très à l'aise dans les rôles de casse-pieds - les fans de Six feet under n'ont pas oublié sa composition mémorable de superstar à rendre fou un maître zen - Mélinda n’est pas sans rappeler un des plus fameux rôles de la comédienne : Dawn Summers (en beaucoup moins lourdingue toutefois), de la série Buffy contre les vampires. Mélinda est proche de la sœur de Buffy dans la mesure où les deux personnages ne supportent pas de vivre dans l’ombre d’un être cher - une sœur dans Buffy, la mère dans l’épisode - et sont éprises de liberté et de reconnaissance. Mélinda et Dawn sont deux adolescentes se comportant comme telles, qui ont les doutes existentiels typiques de cet âge, ont leurs caprices, leurs révoltes... mais qui ne dissimulent pas une certaine maturité comme la lucidité envers elles-mêmes : Dawn mûrit progressivement dans Buffy tandis que Mélinda est consciente de sa si brève espérance de vie qu’elle a quand même accepté ; elle n’est pas dupe des airs qui se veulent rassurants de Foreman (scène de l’IRM). Comme Margo Dalton (Empoisonnement, saison 1), Barbara Bardach est une maman couvant trop son enfant malgré un vrai amour maternel. Un distinguo que l'on goûte fort. Mel Harris est très bien en mère surprotectrice. Et bien entendu, l’humour est de la partie, que ce soient les répliques toujours géniales de House, ou bien Cameron insinuant à demi-mot que Chase est éjaculateur précoce, les airs hébétés du petit ami… Mais on retient surtout la sitcom House-Wilson. House démarre en douceur en obligeant « Jimmy » à laver plus de vaisselle, puis le laisse dehors pendant des heures en prétextant être avec une prostituée (la scène est immense !), lui ment à répétition, bouffe toutes les friandises, efface ses messages téléphoniques, fait tremper sa main dans de l’eau pour qu’il urine dans son sommeil… ce défilé de mauvaises blagues est autant jouissivement tordant qu’il met mal à l’aise : pourquoi House se comporte-t-il ainsi ? La réponse est émouvante : il veut que Wilson réagisse. Wilson est en effet trop gentil et encaisse tout ce qu’il subit sans avoir la réaction de révolte appropriée, il se complaît dans sa déprime. House multiplie alors les saloperies les plus emmerdantes pour le mener au point de rupture, pour qu’enfin il cesse de se laisser marcher sur les pieds. D’ailleurs, regardez le visage de House quand Wilson accepte une fois de plus de faire la vaisselle : il est déçu. Et lorsque Wilson, à bout, rend la pareille à House, il sourit : Wilson a enfin réagi ; et en effet, le soir même, Wilson a le courage de divorcer d’avec sa troisième femme. Une thérapie hors normes, et un des plus beaux moments "Hilson". - Cuddy porterait souvent des strings. Les strings de Cuddy revêteront une importance capitale dans l’épisode Le dessous des cartes (saison 4). Et elle n’aurait plus couché depuis 6 mois d’après House. Comment connaît-il si bien la vie sexuelle de sa patronne ? Scénario : David Foster Hey, how's that anal fissure ? Did it heal yet, or is it still draining ? Il permet aussi un schéma intéressant. Alors que nos médecins, généralement, sont soumis au déroulement aléatoire du cas, devant réviser leurs positions en permanence ; ici, ils savent exactement comment le cas va se dérouler et traitent donc en avance les symptômes à venir. Mais coup de Jarnac, ils accélèrent la catastrophe ! Cela donne un suspense parfaitement chronométré. L’intervention inopportune de Cuddy précipite la dernière partie de l’épisode sous haute tension jusqu’au dilemme final : 7 maladies envisagées, 3 tests possibles uniquement. La chute finale, très originale, vient au détour d’une main de poker de Wilson : la maladie a fait un coup de bluff ! Cependant, la décision de House, pour la première fois de la série, comporte un élément de hasard : il pourrait aussi bien avoir raison que tort. En fait, c’est l’élégance et la beauté du raisonnement logique final qui fait que House prend le risque de retenir son hypothèse. Ainsi, il confirme son attachement au rasoir d’Occam. Un certain amour de la beauté, visible dans l'enchaînement harmonieux de ses déductions, anime ce personnage. Un goût qui transparaît dans son amour pour la musique (tout ce qui est difficile est beau disait Beethoven). Par opposition, la caméra de Fred Gerber magnifie les belles tenues, les lumières vives, et l’ambiance de fête, donnant un puissant contraste à l’ensemble. Hugh Laurie et Robert Sean Leonard (avec un rôle plus étoffé, pour notre plus grande joie), à la fois complices et toujours en opposition, et Lisa Edelstein, en Cuddy sentant la moutarde lui monter en nez, dominent la distribution. Jennifer Morrison retombe hélas dans la niaiserie (les gros yeux suppliants lors du diagnostic final, ouch, quelle lourdeur !). Un nouveau chef-d'oeuvre ! Acteurs : Carter Page (1998) ne semble pas avoir poursuivi sa carrière d'acteur. Son rôle dans cet épisode est à l'heure actuelle son unique référencé. 18. INSOMNIES Scénario : Sara Hess - No, but I now have a much greater respect for whatever basketball player you dated in college. Une jeune femme, Hannah, n’arrive pas à dormir depuis 10 jours entiers ! Une boîte entière de somnifères n’y change rien. Cameron est en conflit ouvert avec Foreman car il a volé son travail à son profit. Bientôt, il faut une greffe de foie à Hannah, et Max, sa compagne, accepte de lui donner le sien. Problème : House et Cameron apprennent qu’Hannah est sur le point de larguer Max, et Cameron souhaite que Max soit au courant. House tente de la contrecarrer pour ne pas hypothéquer la greffe… Max est courageuse et généreuse. Elle est prête à sacrifier sa vie pour Hannah. Devant incertitudes et doutes, elle manifeste une incroyable bravoure. Un personnage d’une sympathie et d’une compassion rares. Les sentiments, en climax permanent (amour fou de Max, colère de Cameron, mépris de Foreman…) donnent un caractère bouleversant, presque opératique, à l’ensemble. Bien qu’Hannah ait le mauvais rôle, elle n’est coupable que de frivolité, faiblesse tristement humaine. On n’est pas si loin de la douce amoureuse qu’est l'Emma Pillsbury de Glee. La surprenante révélation finale est à double tranchant : elle est dans la traditionnelle vision pessimiste du Couple, car Hannah est frivole et Max joue au chantage affectif. Leur relation est désespérément tordue et immorale (au sens des sentiments). Hannah est maintenant otage, prisonnière de sa dette envers Max qu’elle ne peut plus quitter sans culpabiliser. Malgré la lueur d'espérance finale, ça reste bien ironique. Jayma Mays, bien aidée par des maquilleuses efficaces est convaincante en malade souffrant le martyre, et la sobriété de Dahlia Salem sous-entend à merveille toute la passion de Max. La série renoue pour notre plus grande joie avec les cas secondaires : House, à la demande d’une jeune chinoise, lui prescrit la pilule à l‘insu de sa mère présente - qui ne parle que le mandarin - Malheureusement, les choses ne se passeront pas comme prévu : la résolution est d’un burlesque rafraîchissant au milieu du drame intense qui se joue par ailleurs. 19. HOUSE CONTRE DIEU Scénario : Doris Egan You talk to God, you're religious ; God talks to you, you're psychotic. Lorsque House est lui-même confronté à plusieurs « miracles » de Boyd, il essaiera (et réussira !) à chaque fois de trouver une explication rationnelle. Une telle opposition permet d’excellents échanges et House contre Dieu n’en est pas avare. Ainsi House tente de destabiliser son patient avec des sarcasmes sur ses pouvoirs de guérison et surtout sur sa foi, principe indémontrable et irrationnel par nature. Boyd répond avec la solidité et la confiance qu’il a en Dieu. Ca crépite ! Le sommet est atteint quand Boyd, en pleine crise (hallucinatoire ou mystique ?), touche Grace, une cancéreuse incurable, en prétendant la guérir... et voilà le cancer résorbé ! Mieux encore : la révélation sur le cancer de Grace peut autant s’expliquer comme un miracle que comme un enchaînement rationnel de circonstances hautement improbable (mais possible). Aussi, Dieu et House marquent un point chacun d’où l’évidence du score terminal. On touche au sublime avec le twist final : Boyd a bel et bien guéri Grace mais pas dans le sens physique : dans le sens spirituel. Avant, Grace était résignée et sans joie sur son cancer incurable. Son expérience avec Boyd a ravivé son feu intérieur : animée par une foi toute neuve, elle retrouve le goût de vivre : si son corps va mourir, son esprit, lui, mourra en pleine force ; elle triomphe de ses démons grâce à la foi. N’est-ce pas là une forme de guérison ? D’autant que si on lit attentivement les déclarations de Boyd, il ne lui a jamais promis une rémission corporelle, simplement une « guérison ». Tout était sous-jacent… L’adresse de Doris Egan dans l’écriture de son histoire est admirable. Une fin lumineuse. 20. DE L'AUTRE CÔTÉ... Scénario : Matthew V. Lewis - I can't even imagine the backwards logic you used to rationalize shooting a corpse. L’atmosphère se noircit, et on peut l'attribuer à la réalisation de Deran Sarafian (qui fera encore mieux en saison 7 avec The After Hours) et à la photographie de Roy H.Wagner qui jouent intelligemment de lumières plus pâles, lugubres, comme si une ombre maléfique s’étendait sur l’hôpital. La tension prend rapidement une jubilante dimension « crispatoire » quand l'hyperalgésie du flic devient presque insoutenable : il souffre et ni la morphine, ni - pire - le coma, ne peuvent l’empêcher de ressentir une douleur inhumaine. La terreur de Foreman à l’idée d’endurer mille morts à son tour est donc très horrifique. Plus que la peur de la mort, la peur de souffrir est très présente dans l’esprit humain, nous rappelle l'épisode. Le geste désespéré de Foreman sur Cameron, où il semble atteindre le point de non-retour, est frappante. Ses remords tardifs sont tournés en dérision mais cette fois par Chase. Monde cruel… Le cas se poursuit sans réelle avancée et l’effondrement physique des deux patients est vraiment effrayant. Entre euphorie et douleur, Scott Michael Campbell joue remarquablement. Cameron n’y échappe pas non plus. Alors qu’elle a toutes les raisons du monde d’haïr ce jerk qu’est Foreman, elle s’investit au maximum pour essayer de le sauver, prétextant qu’elle « ne fait que son job ». Le jeu aussi tranchant que l’acier de Jennifer Morrison nous laisse dans une excitante indécision : est-elle aussi neutre qu’elle le prétend ? Ou un effet de sa nature angélique ? Sans doute les deux comme le remarque House. Malgré qu’elle ne soit pas croyante, Cameron se comporte comme telle, en essayant d’aimer son entourage, qui souvent le lui rend si mal. Elle est décidément le personnage le plus étranger de la série (et donc un des moins intéressants), mais, paradoxe, elle y apporte beaucoup de valeur. Elle est le plus proche de nous et son identification au spectateur est plus évidente que les autres personnages.
21. ...AU SUIVANT Scénario : Russel Friend, Garrett Lerner, et David Shore - Call Jack Bauer. Luria est mort, et Cuddy, par crainte d’une épidémie, refuse envers et contre tous son autopsie. House, Chase, et Cameron repartent de zéro et tentent par tous les moyens de retarder la mort d’un Foreman brisé par la douleur et l‘angoisse. Rodney, le père de l’infortuné docteur, vient à la clinique tenter de réconforter son fils… L'épisode ne laisse aucun réconfort au calvaire de Foreman ; il en est ainsi de l'endurcissement de Cameron refusant de pardonner à Foreman aux portes de la mort, ne lui laissant rien pour apaiser sa conscience. Cette scène surprenante et imprévue est une démonstration éloquente de la série à se tenir éloignée de toute émotion invraisemblable. Alors, le revirement de Cameron n’est pas contradictoire : sa peur et sa sympathie reprennent le dessus, elle le fait au dernier moment, sous la pression, sans réfléchir. La série joue très habilement de la psychologie de ses personnages. Le rebondissement scénaristique central voyant subitement Cameron seul maître à bord est une trouvaille royale. House, meilleur rempart pour Foreman, se voit paralysé, ce qui fait encore monter la sauce. Le jeu métallique de Jennifer Morrison se fond parfaitement dans le suspense de l'épisode, et Hugh Laurie fait sentir dans ses moindres détails tout le trouble de son personnage, avec un talent pantagruelique. Au milieu des ténèbres, apparaît un cas secondaire vraiment pas piqué des hannetons ! Une mère s’inquiète que sa petite fille ait des troubles corporels bizarres. House trouve rapidement le diagnostic (à tomber par terre !) ce qui lui permet des petites saillies d’un comique enfantin irrésistible. On retient aussi le spectacle de House et Wilson espionnant « Steve McQueen » pour savoir si le rat va tomber malade, une scène d’un surréalisme que n'aurait pas renié Scrubs. Euphoria constitue au final un des sommets du suspense hospitalier. 22. A LA VIE, A LA MORT Scénario : Liz Friedman Seizures : cool to watch, boring to diagnose. Cuddy a invité Wilson à dîner. Evénement assez ahurissant qui entraîne des scènes très cocasses dans le triangle House-Cuddy-Wilson : Que ce soit House qui s’introduit dans le bureau de Cuddy, la poubelle de Cuddy étalée sur le bureau de Wilson, le dîner totalement foireux, l’examen secret de la patronne jusqu’à l’abattement final de Wiwi ; on s'amuse. On n'oublie pas la case émotion avec la solitude et la souffrance de Cuddy, décidément très différente entre sa vie professionnelle et sa vie intime si vide. Ce dernier point n'est que suggéré, évitant ainsi un focus sentimentaliste hors sujet. Le comportement de House retient l’attention. Se moquant ouvertement de Wilson, il se démène pour démontrer que le but de Cuddy était davantage professionnel que romantique. Toujours via l'implicité, l'auteur nous fait voir qu'il s'agit moins d'une pique "amour vache" qu’une marque de jalousie. Et on voit ici les premiers symptômes de ce qui deviendra le « Huddy » : avec un House plus intéressé envers sa patronne qu’il ne veut le montrer. Ce genre d'histoire classique dans les séries hospitalières a comme différence un ton aussi pétillant qu'une opérette de Strauss, une absence de sérieux délicieuse. Le Wuddy refera son apparition dans la saison 5, avec le même triste résultat pour l’oncologue. La comédie de House essayant de casser la sérénité de Foreman est très drôle, mais on ressent un malaise quand il parvient à détruire son calme par un nihilisme ici vu comme triomphant, soit un basculement dans l'excès : l'éthique de House a toujours été plus désespérée que convaincue. La série, pessimiste dans son ton, a toujours défendu les résurrections psychologiques ; ici, elle viole une de ses règles, se complaisant dans du noir mal dosé - elle reproduira la même erreur en début de saison 5. - House est fan de la série The L Word (sans le son). Il prend son café noir. 23. DE PÈRE INCONNU Scénario : Lawrence Kaplow et John Mankiewicz, d'après une histoire de Charles M. Duncan et John Mankiewicz I'm a really good secret keeper, I never told anybody that Wilson wets his bed... Oh, you tricked me. On distingue ça et là quelques perles dans la fange générale : House vannant son camarade naïf, se montrant faussement sadique avec Leona (Supernatural n'aurait pas renié la scène d'hallucination). L’interrogation Dylan est-il le père ? donne un suspense relatif qui se résout assez élégamment par un énième mensonge de House mais permettant une belle scène de réconciliation. C'est une des rares fois où notre docteur ne respecte pas son credo de vérité, laissant en paix Crandall. House se révèle comme quelqu'un de secrètement généreux. Il l'est à sa manière : en étant ironique, méprisant, froid. D.B.Sweeney est correcte, mais Aasha Davis qui ne fait que crier ou ne rien dire est vite crispante. Le Huddy fait une belle avancée. D’abord, la tenue de Lisa Edelstein est diablement sexy, mettant bien en avant sa poitrine et ses longues jambes. Cuddy cherche un donneur de sperme et consulte House sur la personnalité des prétendants. Cette intrigue aurait pu être indigente, mais les scénaristes envoient balader toute lourdeur par un humour permanent. House se déchaîne contre Cuddy (la scène du prétendant 613 avec un Christopher Carley en benêt hors classe est un superbe peloton d'exécution), mais on sent qu'il est frustré d’être tenu à l’écart de sa vie privée. Fait rare, il gardera le secret de Cuddy, alors qu’il ne l’aurait fait pour personne d’autre (même pas Wilson) : preuve de son intérêt. La scène où Ingrid (America Olivo, déjà vue dans A bout de nerfs) fait le massage à House dans une position, euh… équivoque, est franchement hilarante, et compense un cas secondaire peu travaillé. On remarquera que le répondeur de House est très accueillant envers ceux qui veulent le contacter (Huhum), et que notre médecin favori s’adonne à la morphine, ce qui n’est pas sans rappeler le modèle Holmésien. - Aasha Davis joue la possible fille de D.B.Sweeney bien qu'elle n'ait que trois ans de moins que lui. Scénario : David Shore, d'après une histoire de Lawrence Kaplow et David Shore You pretend to buck the system, pretend to be a rebel, claim to hate rules. But all you do is substitute your own rules for society's. And it's a nice, simple rule: tell the blunt, honest truth in the starkest, darkest way. And what will be, will be. What will be, should be. And everyone else is a coward. But you're wrong. It's not cowardly to not call someone an idiot. People aren't tactful or polite just because it's nice. They do it because they've got an ounce of humility. 'Cause they know that they will make mistakes. They know that their actions have consequences. And they know that those consequences are their fault. Why do you want so bad not to be human, House ? Alors que House et son équipe travaillent sur Vince, un patient à la langue enflée ; Jack Moriarty, un de ses anciens patients, entre, et tire deux balles de révolver sur House !! House se réveille deux jours plus tard aux côtés de son agresseur, touché par un vigile et transporté dans la même salle que lui. House s’aperçoit que sa jambe est guérie, mais que son cerveau a été atteint suite au traitement expérimental décidé par Cuddy. House veut résoudre le cas du patient à la langue enflée mais ce cas devient vite absurde, d’autant qu'il n’arrive à plus à distinguer le réel de l’imaginaire… Un de mes épisodes préférés. La saison 2 se termine en feu d’artifice avec ce brillant scénario à tiroirs, multipliant fausses pistes, réalité, et illusions, plongeant le spectateur dans un effarant labyrinthe logico-sémantique. L’épisode revisite le principe du verrou temporel - on se croirait devant une version sombre et onirique d'Un jour sans fin - que House doit absolument briser pour sortir de cette situation ubuesque. Cet épisode co-écrit et réalisé par David Shore, le créateur de la série, est un pic absolu. La première bascule dans l'imaginaire se produit sans qu'on s'en aperçoive. L'affrontement à fleurets mouchetés entre House et la belle Judy est une scène forte où l'âme du diagnosticien mise à nu n’offre aucune défense. Mais nous ne nous attendons pas non plus aux autres hallucinations qui se multiplient. Du coup, le labyrinthe infernal se referme aussi sur le téléspectateur, prisonnier de ce scénario en vase clos. Plus nous avançons, plus nous prenons conscience que House passe de plus en plus de temps dans l’imaginaire. Voir House et Moriarty manger tranquillement dans un restaurant en blouse de malade est d’un surréalisme tordant, car en réalité, ils ne sont pas là et seul House parle, Moriarty devenant son double, l’interrogeant sur le sens des réalités et de la vie avec des dialogues merveilleusement écrits. Leurs discours sur la nature du réel rappellent un autre classique du verrou temporel : Peine Capitale, épisode très ambigu de La Quatrième Dimension. Moriarty (un nom très Holmésien) devient le Némésis de House, qui pointe ses contradictions : Pour fuir à tout prix son appartenance au genre humain, House ne respecte pas les règles iniques de la société. Mais en les remplaçant par ses propres règles, son "anti-système" devient en lui-même un système, version ironique du paradoxe de Russell. En mode hallucinatoire, le trio n’est qu’une émanation d’un autre double de House. Aussi, les diagnostics différentiels tournent toujours court, puisque il ne parle qu'avec lui-même (sous-texte : House n'est pas performant sans les autres, le comble pour un misanthrope), il faut donc qu'il accepte de perdre le contrôle, dans l'espoir de trouver la sortie de son cauchemar fractal, telle est la conclusion de Moriarty. Mais à la vue des multiples illusions qui frappent House, on voit que cette méthode, perversement, l'empêche de résoudre ce problème : dans les deux cas, il est perdant. Le piège de Moriarty semble indestructible. La séance de psychologie avec Wilson est encore plus réussie : Si House n’est pas heureux d’avoir retrouvé sa jambe grâce au traitement de Cuddy, ce n'est pas parce que son cerveau qui est tout ce qui lui importe chez lui a été grillé au passage, c’est parce que son handicap était partie intégrante de sa personnalité : le martyr qui souffre mais n'en tire aucune leçon. Son amour de l’anti-conformisme jusqu’àu pathétisme est une excellente définition du personnage. Mais la séance vire à un interrogatoire terrible lors d'une séquence d’une intensité dramatique à couper le souffle, avec des angles de caméra bizarres comme une réalité qui commence à perdre pied. Piégé dans ses niveaux oniriques à rendre fou, House voit que son cerveau est grillé. Lorsque Moriarty lui fait comprendre avec justesse que, cerveau grillé, il n'a plus aucune raison de vivre, House comprend qu’on l’invite à accepter la mort. Mais le twist final des ultimes secondes est particulièrement stupéfiant, nous faisant voir TOUT l’épisode avec un autre œil ! D’autant qu’il vient juste après la scène de « révélation » qui restera comme la scène la plus gore de toute la série. Une brutale bascule. Les fans du Hameron sont à la fête avec deux scènes très suggestives. Dans la première, House défie Cameron qu’elle ne pourra pas le toucher car cela impliquerait « un contact physique trop sexuel »… mais elle le touche et l’échange de regards entre les deux est très révélateur : Cameron est fascinée derrière sa dureté, House est entre sarcasme et désir. S'il n’a jamais aimé Cameron, il l’a désirée, certainement. La deuxième scène est plus explicite avec la machine à microcoupures relevant lentement le chemisier de la jeune femme… une charge sexuelle intense se dégage de cette scène, aussi lourde de sens qu’une étreinte charnelle... mais pas encore de baiser (rendez-vous en saison 3). On apprécie fort la savante ambiguité entre Hugh Laurie sur orbite durant tout l'épisode et une Jennifer Morrison au jeu expressif libéré de ses cabotinages précédents. La réalisation de David Shore est très agitée : c'est sans doute l’enthousiasme du débutant. Mais la fièvre permanente de son jeu de caméra est brillante dans un épisode aussi puissant, réussissant quelques plans ingénieux (panoramique du bureau de Cuddy, zoom arrière et floutage de visage, cadrages audacieux). Bref, le créateur de la série montre qu’il est à l’aise derrière une caméra. Elias Koteas est le choix parfait pour jouer tant l'assassin menaçant que le double inconscient et tordu de House. Cet épisode est un vrai miracle de scénario et de réalisation. La quintessence de la série est tout entière concentrée dans cet épisode, pourtant très particulier et sortant du carcan habituel de la série. A ne manquer sous aucun prétexte !
- Premier épisode où on voit House marcher normalement. - Deuxième épisode sans diagnostic final. Mais là, il s'agit d'une erreur des scénaristes : Vince, le patient à la langue enflée, est bel et bien réel, mais on ne saura jamais sa maladie, ni s'il en a réchappé. 1. House à terre : Labyrinthe onirique infernal mélangeant un cas médical exceptionnel, le thème du verrou temporel, les questionnements sur la réalité et sur nos désirs, les joutes rhétoriques, le monde de l’absurde, la frontière réalité-imaginaire, et du bon gore ! Une ambiance de cauchemar sans fin se dégage de cet épisode qui dose savamment humour et drame jusqu'à sa chute retentissante. 2. House contre Dieu : La série aborde la question des miracles et de la foi religieuse avec une intensité qui laisse pantois. Sans prosélytisme, la série nous offre un superbe duel spirituel entre le rationnel et l’inexplicable, grâce à des dialogues ciselés au millimètre. 3. Confusion des genres : Une attaque en règle contre le triomphe des apparences via le mannequinat. Le cas médical est un des plus passionnants de la série, l’humour, dévastateur, les situations, très insolites, et la chute spectaculaire est digne de La Quatrième Dimension !
Crédits photo: FOX. Images capturées par Clément Diaz. |
SAISON 4 2. Le boulot de ses rêves (The Right Stuff) 4. Les revenants (Guardian Angels) 5. Miroir, miroir (Mirror, mirror) 6. En mission spéciale (Whatever It Takes) 9. Les jeux sont faits (Games) 10. La vérité, rien que la vérité (It's A Wonderful Lie) 11. Celle qui venait du froid (Frozen) 12. Virage à 180° (Don't Ever Change) 13. Trop gentil pour être vrai (No More Mr. Nice Guy) 14. Pour l'amour du soap (Living the Dream) 15. Dans la tête de House... (House's Head) Saison de « transition » entre la première et la seconde équipe, la saison 4 de la série en constitue aussi son apogée. L'inspiration des scénaristes semble sans limite, créant des épisodes poussant le suspense à leur paroxysme, maîtrisant l'humour le plus joyeux, les dialogues les plus crépitants (on rivalise avec les meilleures sitcoms), et se montrant d'une profondeur encore plus abyssale dans les thèmes traités. La grève des scénaristes de 2007 qui toucha de plein fouet plusieurs séries, contraignit la production de ramener le nombre d’épisodes de 24 à 16. Une concision forcée, qui a interdit tout épuisement narratif. La saison 4 se divise en quatre périodes. La première est constituée par le premier épisode (Tout seul) : seul après le départ de son équipe, House frôle un échec retentissant en voulant résoudre un cas sans aide. Il se résigne à avoir une nouvelle équipe et recrute 30 candidats pour les éliminer au fur et à mesure. La deuxième va de l’épisode 4.02 à l’épisode 4.09. Elle décrit l’élimination progressive des candidats jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que 3. Les cas sont de purs miracles d’enquêtes trépidantes et enlevées, couronnées par des jeux de massacre en tous genres grâce aux candidats qui jouent chacun pour soi, et par House qui « s’amuse » avec eux. La troisième période va de l’épisode 4.10 à l’épisode 4.14. Elle se caractérise par la mise en place de l’équipe finalement retenue. La deuxième équipe est très différente de la première, mais sa fraîcheur et son potentiel à s’insérer dans la « dramedy » sera pour beaucoup dans la longévité de la série. L’unique ship de la saison s’y trouve, et sa brièveté concise ainsi que ses aspérités en feront un excellent ship. Enfin, la saison se termine par un double épisode (4.15/4.16) qui compte parmi les plus grands « season finale » de tous les temps. D’une intensité fulgurante, d’une émotion douloureuse, elle achève cette merveilleuse saison par un tonitruant feu d’artifice de désespoir et de noirceur. Une pareille force a été rarement égalée à la télévision. Il n’est pas anodin qu’il soit quasi unanimement déclaré « meilleur épisode de toute la série » non seulement par les fans, mais aussi par les acteurs eux-mêmes ! La foudroyante apothéose finale portera un coup terrible à la série dont elle ne s’en remettra jamais totalement. Cette saison et ce finale forment la consécration ultime du respect de tous les codes que s'est imposé la série dès son départ. A partir des saisons suivantes, elle n’arrivera plus à respecter toutes les nombreuses règles du cahier des charges. Pour éviter l’immobilisme, elle injectera des éléments étrangers à son univers, perturbant sa qualité. A cause de cela, la seconde moitié de la série est moins bien considérée que sa première. C'est un jugement pourtant hâtif, car les quatre dernières saisons se rattraperont sur un terrain audacieux : la psychologie. Davantage que la saison précédente, c’est bien une page entière qui se tourne pour Dr.House. Mais en attendant, plongez dans la meilleure saison de la série... Scénario : Peter Blake et David Shore, d'après une histoire de Peter Blake
Réalisation : Deran Sarafian
This will be the longest job interview of your life. I will test you in ways that you will often consider unfair, demeaning, and illegal. And you will often be right. Look to your left. Now look to your right. By the end of six weeks, one of you will be gone. As will 28 more of you. House cependant risque la vie de sa patiente par sa vantardise, et cela inquiète sa patronne. S'ensuit un amusant comique de répétition où Cuddy jure qu’elle n’aidera pas House… pour finalement se raviser et l’assister (rappelant le chantage de House dans Acceptera ou pas ? [saison 3]), avant de rechanger d’avis, puis de revenir l’aider, etc. Lisa Edelstein (toujours aussi affriolante), se surpasse en cyclotymique stressée. Cela culmine lorsqu’elle fait une annonce à tout l’hôpital demandant de ne pas aider House… et que House la piège à son propre jeu ! Aucun doute, on est pas au Cook County ici… Simultanément, Wilson se surpasse en « kidnappant » la guitare de House et reprend tous les gimmicks des kidnappings : voix grave et menaçante au téléphone, lettre anonyme, torture de « l’otage », nouvelles de ce dernier, demande de rançon, tentative de libération... Robert Sean Léonard démontre une fois de plus ses dons de comique avec cette histoire absurde. Les vengeances de House (la telenovela, le cancéreux…) sont tout aussi drôles. On n’oubliera pas non plus une floraison de dialogues percutants. En dépit de tous ses gags, Tout seul est un épisode très sombre par la gravité de son cas principal, obéissant à la recette de la série de toujours mélanger avec un grand équilibre le comique et le tragique. Les maquilleurs de la série n’ont pas perdu la main en métamorphosant une ravissante jeune femme en blessée grave recousue et sanguinolente ! La mise en scène aux tons gris, parfois assez glauque de Deran Sarafian, a tout à fait sa place. Le cas repose sur une succession d’improbabilités de plus en plus énormes, qui seraient burlesques si la situation ne se compliquait pas davantage, jusqu’à distiller un profond malaise. L’épisode nous interroge aussi sur la clé de bien des conflits conjugaux : jusqu’où doit-on accepter de ne pas connaître entièrement son conjoint ? S’il est nécessaire de lui laisser un espace personnel, à partir de quand cet espace met-il en péril le couple ? Ben, à sa grande horreur, voit une autre femme se dessiner devant lui, qui n’est plus la femme qu’il croyait aimer : une femme alcoolo, droguée, dépressive… Les révélations consécutives assomment également la mère de l’intéressée, dépassée par les événements. On notera que comme beaucoup de mères, elle a du mal à approuver les fréquentations de sa progéniture. House trouve là un moyen de confirmer sa célèbre maxime Tout le monde ment ! Et il s’en donne à cœur joie avec une jouissance parfois destabilisante. Conor Dubin en amoureux falot, et Kay Lenz, en mère égarée, sont convaincants en personnes confrontées à l’effondrement de leurs mondes. La scène où House reçoit le soutien inattendu d’une jeune doctoresse (Kathryn Adams, vue dans le finale de la saison 3), clône avoué de Cameron, est également réussie. Nous savons que La série est inégalable quand il s’agit de faire triompher les apparences, mais l'horrible twist final n'en est pas moins un gros coup à l’estomac. Ce cas de plus en plus dément n’est pas sans rappeler celui de House à terre (saison 2) que House résout pareillement par l'application d'un proverbe de son modèle Sherlock Holmes : Lorsque vous avez éliminé l'impossible, tout ce qu'il reste, même si c'est improbable, est forcément la vérité. Le tout se voit couronné par une magnifique discussion avec Cuddy qui remet son employé à sa place et lui expose froidement que les « faiblesses » de ses employés l’auraient paradoxalement aidé. Faire des faiblesses humaines une force, voilà bien l’ultime trait de génie de cet épisode. La fin montre House prêt à commencer son impitoyable sélection de médecins. Sa tirade finale, au-delà du cynisme, nous fait espérer un écrémage sauvage… eh bien, on ne sera pas déçus, parole de fan ! - 2e apparition du Dr.Hourani. 2e et dernière apparition de l'infirmière Imelda (Xhercis Mendez). - Le twist final de l'épisode est en fait inspiré d'un accident arrivé à Grant County, Indiana, en 2006. - La guitare de House est une Flying V 67 à 12000 $. Dans la première scène, il joue des riffs de Van Halen, un groupe de hard-rock-heavy metal réputé pour ses prouesses techniques instrumentales. 2. LE BOULOT DE SES RÊVES Scénario : Doris Egan et Léonard Dick Luckily, violence is not the last resort - extortion is. So go ahead : extort her. Parmi ceux qui émergent du choeur, Chris Taub (Peter Jacobson) n’intervient qu’aux moments les plus critiques, mais il est très compétent. C’est lui qui sauve la situation désespérée à la fin avec une idée hallucinante mais la seule possible. Taub n’a pas peur d’aller loin pour sauver sa patiente, et on voit déjà en lui le docteur plein d’idées mais très posé. Henry Dobson est joué avec une malice désarmante par le grand Carmen Argenziano. Tout comme le Jacob Carter de Stargate SG-1, son personnage est intelligent, qui cache son jeu. La découverte de son secret par House à la toute fin est mémorable, même House reconnaît qu’il y est allé fort ! Ses vannes, ses ruses, et son sang-froid en font un personnage qui sied bien à la série. Lawrence Kutner (Kal Penn) se fait virer par sa maladresse (le coup de l’incendie dans la chambre hyperbare est assez énorme) mais se rattrape in extremis en proposant un traitement à la House tout à fait estomaquant. Son culot d’acier qui le pousse à revenir dans l’amphithéâtre après son renvoi ne manque pas de piquant ! Numéro 13 (Olivia Wilde) étonne par un air monolithique et froid. Si son interprète a un registre encore limité, elle a déjà compris l’ambiance de secrets autour de son personnage (elle est la seule à ne pas vouloir dire son nom), et on sent déjà la femme qui joue sur du velours. Mason (Jonathan Sadowski) est un arriviste qui n’hésite pas à trahir House pour Cuddy pour se faire bien voir de la patronne. Jeffrey Cole, le mormon (Edi Gathegi) est celui qui bénéficie de la partition la plus étendue de l’épisode. Son duel théologique avec House vaut le coup d’œil, où le diagnosticien athée utilise carrément des arguments chrétiens pour le convaincre de boire de l’alcool… pour ensuite les resservir pour défendre la thèse opposée ! House manipulateur des mots, la chose n’est pas nouvelle, mais on marche à chaque fois. Cole est attentif, réfléchi, et sait être souple avec ses croyances, complexifiant son personnage. Mais le postulant le plus frappant, le personnage le plus intéressant de cette saison 4, voire même un des plus intéressants de toute la série, est celle que House va surnommer « l’abominable garce » (cut-throat bitch). J’ai nommé Amber Volakis ! Jouée par une Anne Dudek qui n’hésite pas à enfoncer le clou, elle a le rôle le plus jouissif de la saison, son caractère fait irrésistiblement penser à celui de House. Glaciale, manipulatrice (se débarrassant d'une demi-douzaine de rivaux en 60 secondes chrono), adepte de la délation, hypocrite, elle menace cependant de tomber dans ses propres pièges. Prête à tout pour avoir ce poste, elle n’épargne rien ni personne. Enjoy ! L’épisode séduit également par son côté McGyver : pour ne pas donner satisfaction à Cuddy, House interdit tout examen officiel à la patiente à ses candidats. Du coup, chacun doit déployer des trésors d’ingéniosité pour répondre aux attentes de House. Ainsi, ceux qui se montreront les plus audacieux (Kutner, Taub, Amber…) auront le droit de se faire martyriser encore une semaine tandis que ceux qui seront trop prudents ou trop attachés aux règles sont éliminés (Ashka). On voit un point capital dans les valeurs de House : il ne punit pas les erreurs si elles sont nées d’un coup d’audace, ou d’un désir de sauver le patient malgré l’éthique. Pour lui, oser quitte à se tromper est une qualité déterminante chez un médecin - ce qui expliquera pourquoi Numéro 13 évitera le renvoi dans un épisode ultérieur. Lorsque Wilson dit que House ne choisira pas ses élus pour leurs qualités médicales, il est loin d’avoir tort. Il a encore plus raison lorsqu’il prédit à House qu’il choisira des candidats très éloignés de lui car ainsi il les supportera mieux, ce qui expliquera l’élimination de certains médecins par la suite. L’épisode nous interroge sur les limites de la déontologie et sur les critères par lequel nous choisissons notre entourage. Nos relations marcheront d’autant mieux si elles ne nous ressemblent pas, car nous cherchons chez les autres ce que nous n’avons pas (principe qui marche aussi, bien que plus partiellement en amour). Le choix final de House répondra à merveille à cette assertion, que vérifiait aussi sa première équipe. Plusieurs scènes enlevées entre House et Cuddy qui sait mieux que quiconque comment faire enrager le diagnosticien sont à relever. On retiendra son épouvante en voyant les 30 postulants, sa tirade des « copies », ou la confrontation finale où elle finit par lacher la bride à House, confirmant le changement observé par Wilson dans Le petit con (saison 3) : bien qu’elle ne montre ni n’accepte ses sentiments pour son subordonné, elle lui laisse les mains libres pour une opération finale qu’elle ne peut normalement pas approuver. Lisa Edelstein reste très sobre, faisant pétiller la tension sexuelle entre son personnage et House. L’actrice est par ailleurs de plus en plus accorte... La patiente du jour est jouée avec sincérité par Essence Atkins. L’histoire secondaire avec ses apparitions à la Sixième sens (couronnées pareillement par un double twist final) n’est pas dénuée d’humour. Est-ce que House se sent coupable d’avoir perdu son équipe ? Difficile à dire, d’autant que le cas Foreman est diaboliquement irrésolu : la vision de Foreman était-elle due à une hallucination causée par les remords de House… ou parce qu’il venait de boire un peu trop de tequila ? Au spectateur de juger ; mais en tous cas, House semble moins que jamais enclin à laisser affleurer ce qu’il reste d’humain en lui, bien qu'il trouve toujours des raisons tordues ou médicales pour justifier ses actes altruistes. Une fuite en avant délectable et grinçante à la fois. Pour terminer, on notera que Cameron est devenue blonde et cela lui donne un côté volontairement plus vulgaire. Pour se démarquer de sa soumission d’antan à son ex-patron ? Quant à House, il assure le show jusqu’au bout, toujours plus ironique et je-m’en-foutiste, Hugh Laurie fait une fois de plus des merveilles. Un début de saison prometteur ! Infos supplémentaires : Scénario : Russel Friend et Garrett Lerner - How advanced is the pneumonia ? Le triomphe des filles fait long feu grâce encore à Amber qui malgré les interdits et son renvoi, parvient à renverser toute la situation… tout en montrant une erreur de House ! Une situation qui rappelle encore Jeux d’enfants (saison 3). Mais comme House n’apprend rien de ses erreurs, eh ben, il retombe dans le même piège. La percutante Anne Dudek domine aisément la distribution. Les autres comédiens sont bons aussi. « Big love » Cole et Dobson ont moins à jouer pour laisser la place à leurs petits camarades comme Brennan, Kutner, et Taub. Mais c’est Numéro 13 qui est ici mise en lumière. Son atmosphère de mystère s’épaissit (son refus de répondre aux questions de House), et elle a une vraie présence pendant la deuxième partie, entre vannes et inquiétude. Les deux jumelles sont assez marrantes en étant souvent à côté de la plaque ! Pendant tout ce temps, répliques qui cassent et lavages de linge sale avec Cuddy fusent joyeusement. La spectaculaire électrocution du patient secondaire est une de ces scènes-choc que la série réussit en en usant que modérément. Au-delà de la volonté de donner un coup de fouet à un épisode assez lent, elle introduit une intéressante digression sur un des plus vieux sujets métaphysiques du monde - Y’a-t-il une vie après la mort ? - via un patient qui a l’air de s’être échappé de l’Hôpital du Sacré-Cœur ! Nous savons que House est athée et ne croit pas à un autre monde, mais comme il ne peut le prouver (superbe dialogue avec Wilson), il ne peut qu’admettre que sa théorie repose sur une… croyance ! House choisit donc sa méthode à lui pour en être sûr : il s’éléctrocute lui aussi !!! Mais ce qui aurait pu être une farce vire au tragique. Ne pensant qu’à ce mystère d’outre-tombe, plongé dans l’inconscience, House ne peut plus superviser les candidats. Par ailleurs, il ne révélera jamais ce qu’il a vu pendant son inconscience. Peut-être que cela lui fait peur, que ça allait à l’encontre de ce qu’il croit… Indirectement, il est responsable de la dégradation fatale du patient, les postulants n’étant pas encore assez expérimentés pour se passer de lui. Le savon que lui passe Cuddy pour cet acte stupide vaut le coup d’œil. La série nous offre alors une nouvelle chute renversante à couper le souffle. C’est dans une atmosphère glacée et sans lumière que se termine l’épisode. - Dixième et onzième échec de la série. House ne guérit pas son patient secondaire suicidaire, et le patient principal décède faute de soins par les candidats. 4. LES REVENANTS Scénario : David Hoselton - Big Love, have I humiliated you in the last half hour ? Irène, jeune femme travaillant dans une morgue, « voit » ses clients se lever et tenter de la violer ! Elle est le prochain cas du Dr.House et de ses sept assistants qui doivent comprendre les raisons de ces hallucinations mais aussi pourquoi elle voit sa mère, morte depuis longtemps, dont elle ne croit pas au décès. Guerre ouverte dans l’assistance : Taub attaque Dobson car il n’est pas médecin, Amber tente de destabiliser Numéro 13, et House se déchaîne sur Cole, certain que ses principes religieux l’empêcheront de répliquer à ses humiliations. Il en fait d’ailleurs le pari avec Cameron. Pendant ce temps, Foreman n’arrive pas à trouver un nouvel emploi... Cependant l’épisode intéresse aussi par son utilisation de la psychologie. Un véritable cortège de manipulations et de faux-semblants défile sous nous yeux. Nous voyons Foreman perdre sa partie de bluff contre une finaude Cuddy qui ne laisse pas les sentiments influer dans la partie dès lors qu'il s'agit de pognon, demeurant fidèle à son côté femme de tête. Ses airs peu sympathiques de la directrice sont calculés exactement pour ne pas noircir trop le personnage qui a simplement le sens des priorités, tout comme House. Si Kutner et Brennan sont transparents, Cole par contre a un rôle étendu en tant que souffre-douleur de House. La sûreté de House, sa confiance inaltérable en lui, son égocentrisme font qu’il se croit tout-puissant et libre de martyriser qui il veut (spécialement un croyant). Toutes les humiliations successives sont autant de moments de pure méchanceté rigolards. Cameron truque son propre pari en allant voir Cole et l’inciter à répondre à House via un prétexte tout à fait vrai : House aime qu’on lui résiste, et ne l’embauchera qu’à cette condition ! De nouveau de la manipulation pure et simple, nouvelle preuve que Cameron a bien changé. House finit par chuter de son piedestal, et suivant sa loi absurde, conserve Cole pour acte de rebellion justifié ! Tordu hein ? Edi Gathegi a un stoïcisme étudié qui lui va très bien. Infos supplémentaires : 5. LE SYNDROME DU MIROIR Scénario : David Foster Did you get a raise ? Because then you're a whore. Or you didn't, because then you're a stupid whore. Un homme est admis à Princeton-Plainsboro après avoir toussé sans pouvoir s’arrêter. Amnésique et sans moyen de l’identifier, House et les candidats remarquent que son comportement est bizarre : il copie les symptômes des malades et les attitudes des médecins qui l’entourent pour compenser son problème d’identité ; c’est le syndrome du miroir. Entretemps, une infection s’est déclarée dans son organisme et menace de le faire mourir de froid. House ne tolère pas le retour de Foreman et choisit de mener la vie dure à Cuddy par vengeance… Nos médecins sont pastichés inégalement. Le patient lit que l’inconscient de Brennan n’aime pas travailler dans cet hôpital. Aussi, Brennan aura-t-il l’intention de quitter la course, ce qui gène House : c’est tellement plus jouissif de renvoyer ! Il va même jusqu’à dire qu’il est un bon médecin, alors qu’il a été surtout transparent jusque-là. De plus, sa volte-face où il décide de rester rend le tout peu crédible. Kutner serait masochiste selon le patient, mais cet aspect n’est pas développé. On préfère retenir de Kutner sa spectaculaire électrocution, qui ajouté à sa « pyromanie » (Le boulot de ses rêves) est décidément bien gaffeur ! Le miroir de Taub, jaloux du caractère libertaire d’Amber, n’est guère transcendant non plus. Le miroir de Wilson est de loin le plus génial : le patient copie l’attitude de la personne la plus influente dans la pièce ; et entre House et Wilson, il copie… Wilson ! Cette révélation est très efficace : la « domination » de House s’exprime par son ego énorme, mais celle de Wilson est plus subtile, plus humaine : Wilson décide somme toute de leur amitié en étant à chaque fois la conscience de House. Sa bonté influe sur les actes altruistes que House fait à son corps défendant. D’où la « domination » de Wilson, que House bien entendu nie par une pirouette qui ne dupe personne. Etonnamment, House se montre compréhensif envers un Foreman retourné à la case départ. Par cet altruisme que lui instille Wilson, il ne souhaite pas le martyriser car il est déjà malheureux. Toute la colère de House s’oriente donc vers Cuddy. Or, ni elle ni House ne cèdent un pouce de terrain. Ainsi, comment résoudre la crise ? Eh bien grâce encore au « miroir », cette fois celui de Foreman qui lui révèle qu’en fait, il se sent bien dans l’hôpital ! Foreman s’était arrêté à la tyrannie de House, mais en réalité, il a l’occasion, tant qu’il est ici, de faire un travail qu’il aime, d'être dans des conditions certes dures mais qui l'obligent à être au top en permanence. Il change donc d'avis et House comprend que Foreman vient de trancher pour eux deux, il ne peut plus s’opposer à Foreman et se rend à l’évidence. Enfin, le plus drôle est les disputes House-Cuddy. Leur relation prend de plus en plus des atours de ménage conflictuel, mais avec des enfantillages démesurés entre fausses épidémies, suppression d'équipe, tests à la con, doses de laxatifs... on a l’impression de voir des enfants au bac à sable tant tout paraît joyeusement ridicule. Le sommet de l’absurde est atteint quand Wilson imagine pour Cuddy une stratégie tordue pour mettre fin à ce duel idiot... mais que House devine instantanément. Désolé Wilson, mais sur le terrain de la psychologie, c’est impossible de bluffer House ! Le gag truculent où House et Cuddy cherchent à savoir qui est le plus dominant des deux est à mourir de rire, une excellente pique ! Candidats et médecins ont fait des paris avec Chase pour savoir qui House allait virer. Le résultat final est absolument génial, une énorme plaisanterie bien acide qui termine avec panache ce bon épisode. Infos supplémentaires : 6. EN MISSION SPÉCIALE Scénario : Thomas L. Moran et Peter Blake, d'après une histoire de Thomas L. Moran You've gotta get down here. They've got a satellite aimed directly into Cuddy's vagina. I told them that chances of invasion are slim to none. Casey, jeune pilote automobile, est prise de troubles auditifs et visuels. Son cas est le prochain que devra traiter les six candidats, mais sans House : en effet, ce dernier a été convoqué par la CIA pour porter assistance au Dr.Samira Terzi, médecin des services secrets. Elle peine à trouver un diagnostic pour un agent secret revenu de mission, et qui aurait été empoisonné. Pendant ce temps, Foreman tente tant bien que mal de superviser l’équipe en l’absence de House, mais doit faire face aux initiatives pas toujours heureuses des candidats, particulièrement Brennan… House doit faire équipe non seulement avec Mademoiselle Terzi mais aussi avec le conformiste Curtis dont il se paye la tête tout au long (excellente vanne sur la cale du piano). House est tellement sûr de ses diagnostics qu’il se moque des propositions de son collègue. Sa persistance têtue dans ses erreurs est tout à fait dans l’esprit du personnage. La résolution finale est une redoutable astuce. Elle rappelle la célèbre chute de Pour servir l’homme, fameuse nouvelle de Damon Knight adaptée dans l’anthologie La Quatrième Dimension. La CIA ne sort pas grandie de cet épisode… Ce qui fait le prix du premier cas est surtout la tarentelle verbale entre House et le Dr.Terzi. Les amateurs de la série Urgences auront reconnu le Dr.Cleo Finch car c’est bien la sculpturale Michael Michele qui l’incarne, et on s’amuse de la voir flirter avec un médecin aussi arrogant et cynique que Peter Benton ! Doit-on y voir une idée de Paul Attanasio, producteur de Dr.House, qui avait déjà engagé la comédienne dans sa série policière Homicide ? Les tentatives si raffinées de House pour séduire la réfrigérante Samira sont impayables. Immédiatement sous le charme, il va multiplier les sous-entendus sexuels bien lourds, recevant en réponse non des râteaux mais carrément tout le matériel de jardinage qui va avec. Les bons mots fusent à chaque fois : en matière de réparties, Samira n’a rien à apprendre de Cuddy. Mais malgré tous les revers qu’elle lui inflige, on voit qu’elle n’est pas insensible. Les méthodes peu orthodoxes de House exercent sur elle une fascination qui fait du diagnosticien un homme si séduisant. Elle se laisse draguer bien que sans lui donner le moindre espoir. Pour un peu, on se croirait dans Clair de Lune. Les dernières secondes sont acidulées, avec House acculé dans une situation qu’il n’avait pas prévue. Le spectateur trépigne déjà de connaître la suite. Jeux de pouvoir en tous genres rythment le deuxième cas. House délègue ses pouvoirs à Foreman, mais ce dernier peine à s’imposer (comment ça encore ?) Tout le monde joue à celui qui pissera le plus loin, et on adore ces périodes d'anarchie. Amber se rapproche de Taub (encore une manipulation ?) mais ce dernier la tient à distance, ce qui ne l’empêche pas de collaborer avec elle. Leur duo, bien que momentané, n’est pas dénué d’humour, grâce à l’ironie de Peter Jacobson et l’acide corrosif qui suinte par tous les pores d’Anne Dudek. Mais c’est Andy Comeau qui fait le show. Le volontariat de Brennan s’assimile à celui de House (il ne respecte pas non plus les règles), mais avec bien plus de douceur. Toutefois cette bonne humeur, rare dans la série, finit par se briser devant un événement horrifique, la série restant fidèle à son ironie séculaire. En dehors de tout ça, le parallélisme entre les deux cas est assez drôle : les médecins se trompent en même temps, essayent un traitement expérimental en simultané… La sacralisation du métier de médecin est un poids lourd à porter. Responsables de la santé des hommes, ils peuvent parfois se tromper, ce qu’un patient a du mal à accepter. Cela est visible chez Casey qui refuse de voir Foreman après qu’il ait commis une erreur. Cette responsabilité ne peut être gérée que si l'on n’est pas dans l’affectif (credo de House que doit adopter Foreman). Cela est bien mis en scène. De même, l’ombre d’un mentor aussi fort que House est toujours difficile à laisser de côté. Cameron en fait l’expérience en s’investissant dans un cas qui n’est pas le sien. Davantage que ses sentiments qu’elle prétend ne plus ressentir pour House, c’est bien sa fascination plus "générale" pour son ancien mentor qui fait qu’elle a du mal à « raccrocher ». Elle dit bien qu’elle ne ressent plus le frisson d’excitation de son ancien job. Alors que Foreman agit comme House, c'est donc curieusement le plus « faible » de l’équipe originale, Chase, qui s’en sort le mieux, ayant définitivement mis ce passé derrière lui. Infos supplémentaires : - Wilson n’est jamais allé en Afghanistan. Scénario : Sean Whitesell - You think I like the cameras ? You think I want the whole world watching you check out my ass and question my wardrobe ? Kenny, 16 ans, souffre d‘une lourde déformation faciale, et doit subir une chirurgie réparatrice qui lui permettra de retrouver un visage normal. Il est le sujet d’une émission de télévision qui le suit depuis quelques jours. Mais au moment de passer sur la table, il a une attaque cardiaque. L’opération est repoussée jusqu’à ce que House et ses candidats trouvent le diagnostic. L’équipe de télévision s’attache aux pas de House à la grande irritation du diagnosticien. Qui a d’ailleurs un autre problème : Samira Terzi, qu’il a été forcé d'engager, est trop incompétente dans les diagnostics différentiels… Le gag récurrent est les tentatives de House pour échapper aux caméras. Du coup, ce dernier doit imaginer des coups tordus pour rester tranquille, via gros bobards, et réunions dans des salles strictement interdites aux caméras. Cuddy est à la fête dans cet épisode, plus affriolante que jamais - et cible de massifs sous-entendus sexuels - devant sans cesse courir derrière House pour remettre les pendules à l’heure. Il n’y a pas jusqu’aux candidats qui soient troublés par ces caméras : Amber forçant sur le rouge à lèvres, Kutner arborant une cravate voyante, ou Cameron échappant un « J’aime le Dr.House » avant de rectifier pour s’empêtrer encore plus ! Le gag final dingo, démonstration du tout-puissant politiquement correct à la télévision (tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil… même House) avec une Cuddy ravie et un House consterné par cette « abomination » vaut le coup d’œil ! C’est fou tout ce qu’on peut faire avec un montage habile (l'« effet Koulechov »). Mais à part tirer quelques gags ou des dialogues tranchants, l’épisode ne se démarque pas. On aurait rêvé d’une caméra subjective, ou d'une mise en abyme particulière. L’épisode commet une erreur en n’exploitant pas davantage les caméras. Khleo Thomas est inégal : il joue avec dignité son personnage écrasé par son « anormalité », mais son monolithisme énerve de temps en temps. Sur le tème du comportement parental trop protecteur, Empoisonnement (saison 1) ou Protection reprochée (saison 2) étaient plus convaincantes. Ici on plonge parfois dans le lachrymal. Tous les bons moments de cet épisode sont noyés dans des diagnostics différentiels secs et chargés. La réalisation de David Staiton, très bon réalisateur par ailleurs, déçoit par rapport aux possibilités qu'il lui était offertes. Une autre erreur est Samira Terzi. Alors qu’elle avait illuminé l’épisode précédent, elle est ici honteusement transparente et naïve. Elle ne prononce pas plus de cinq répliques, un comble alors qu’elle est l’axe secondaire de l’histoire. Sa mise à l’écart est inexplicable, d’autant que Michael Michele semble s’ennuyer. Alors oui, les discussions House-Wilson sont amusantes - superbe Robert Sean Leonard - mais par leur répétition, finissent par tourner à vide. House est catastrophé que la beauté de la doctoresse lui ait fait perdre son jugement. Que House se soit comporté en homme sensible à la beauté féminine - bref un homme comme les autres - jusqu’à y laisser son jugement lui fait mal, lui qui attaque si souvent les apparences trompeuses. Et nous on rigole. Il faut qu’il se ressaisisse pour retrouver son objectivité, même si cela implique de briser la carrière de sa protégée. La fin est très noire, on souffre vraiment pour Samira qui a tout perdu, mais House pouvait-il persister dans son choix ? Ah le malaise… Le cas de Taub est plus intéressant, mais vaut surtout pour l’interprétation confondante de Peter Jacobson, décidément un des meilleurs comédiens de la série. Nous découvrons l’origine de son comportement si amer qui nous intrigue depuis le début. Si sa découverte est surtout l’occasion pour House de s’amuser à ses dépens, on est agacé par cette histoire de fesses qui n’a pas sa place dans la série. L’arrivée de Rachel Taub plus tard dans la série contribuera à donner à la série un côté soap opera dont elle se serait bien passée. Si pour le moment ce n’est pas trop grave, le ver est déjà dans le fruit. Toutefois, son opposition convaincue aux thèses de House - qui veut sans cesse repousser l’opération - sonne bien. Mais l’idée selon laquelle House souhaiterait en secret que l’opération ne se déroule pas pour ne pas « normaliser » le garçon n’a aucune valeur. Certes, on sait que House n’aime pas les gens normaux, mais la guérison d’une maladie lui tient à cœur. Le personnage se contredit ici. Sans parler d'échec, il s'agit de l'unique aveu de faiblesse de la meilleure saison de la série. Infos supplémentaires : - L'actrice Laurie Fortier joue le rôle de Darnell. Elle est l'épouse de Deran Sarafian, réalisateur régulier et coproducteur délégué de la série. 8. LES DESSOUS DES CARTES Cette critique est dédiée à Nicolas Bouland (1963-2012) Scénario : Sara Hess Ladies and Gentlemen. I have nothing in my hands, nothing up my sleeve. I do have something in my pants, but that's not going to help with this particular trick. Flynn, un prestidigitateur, a un arrêt cardiaque alors qu’il doit s’évader d’une malle remplie d’eau. Secouru à temps par Kutner et Cole qui se trouvaient là, il devient le prochain patient de House. Le diagnosticien lance un défi aux candidats : celui ou celle qui lui rapportera le string de Cuddy aura l’immunité et désignera deux de ses concurrents, dont l’un sera éliminé par House. Pendant ce temps, le comportement de Numéro 13 intrigue House qui en vient à penser qu’elle est peut-être gravement malade… Le cas est une suite de saynètes efficaces et drôles, avec un Kutner plus présent. C’est une des rares fois où la bonhomie du personnage est altérée par l’inquiétude. Ensuite, le suspense prend et contrabalance la tonalité humoristique de l’ensemble. House est véritablement le clône de Sherlock Holmes aujourd’hui car n’hésitant pas à se piquer avec du sang contaminé pour trouver le diagnostic… on retrouve ici une situation analogue à Casse-tête (saison 2). Comme souvent, c’est au cours d’un dialogue de sourds avec Wilson que House trouve la réponse. Fait inhabituel, ce twist final, atteignant les cimes de l’ironie pure est tout simplement drôle, tout en mettant fin au running gag de la série sur le lupus. Amber joue une carte surprenante : la franchise. Elle met à nu son âme manipulatrice pour mieux impressionner Cole. Kutner joue sur le chantage affectif : c’est le pote de Cole, pourquoi l’éliminerait-il ? Taub choisit la méthode directe en le corrompant carrément, lui faisant miroiter que ce qui reste de sa fortune personnelle comme chirurgien pourrait aider son fils à poursuivre de hautes études. Taub est d’une inattendue froideur, sa détermination justifie son rapprochement avec Amber, même si la série n’explorera pas plus loin cette possibilité. Quant à Numéro 13, elle ne tente rien, préférant laisser Cole seul juge, une intégrité qui mystifie le mormon. Numéro 13 est finalement la plus honnête, la plus droite de tous les concurrents. Elle est d'ailleurs à la fête car ses « symptômes » attirent le regard de House. Il est intéressant de voir comment elle évolue dans l'épisode : ping-pong cynique, puis grande scène de colère où House a manipulé 13 avec une machination qui fait penser à celle de Démission… (saison 3). Puis l’arroseur arrosé, c’est 13 qui le manipule à son tour : voilà ce qui arrive quand on enseigne le non-respect des règles à ses élèves ! Le whodunit de l’épisode : qui sera renvoyé ? se dénoue à la toute fin avec un brutal renversement de situation qu’un Agatha Christie n’aurait pas renié. House a prouvé qu’il était capable de mettre des limites à sa transgression des règles (épisode précédent), et il recadre sévèrement le « traître » de l’épisode qui lui aussi est allé trop loin. Les « élèves » de House peuvent être davantage manipulateurs que lui, renvoyant à la thématique du créateur effrayé de perdre le contrôle de ses créatures, ce qui peut être le motif de sa décision. Cette noirceur est accentuée par le sacrifice de Cole - Edi Gathegi joue bien le côté torturé de son personnage - qui préfère finalement perdre son ami que son job. Ce pessimisme sur les rapports humains, où l’amitié peut prendre la forme de simple monnaie d’échange, rejoint les fondamentaux de la série.
- Aka. La part de mystère. - House a eu trois allergies en dix ans. Il est du type sanguin AB. Wilson de type O. Acteurs : Scénario : Eli Attie - Dying's easy. Living's hard ! Jimmy Quidd, guitariste punk et drogué incurable, se met à tousser du sang. Son cas excite la curiosité de House qui pense que le drogué a trop de symptômes liés à la drogue pour ne pas avoir une maladie plus grave (!!). Ce dernier cas est sous haute tension car Cuddy ordonne à House de retenir une équipe finale juste après ce cas. Mais pendant que Jimmy est au plus mal, House s’aperçoit qu’il veut garder les quatre docteurs… Le point de départ est plein d’humour noir, House démontrant qu’un drogué ayant trop de symptômes liés à la drogue souffre certainement d’autre chose. Encore un exemple de la fausseté des apparences, décidément une lutte que la série ne cesse d’engager. L’enquête est conduite à un rythme soutenu, avec une succession de rebondissements de plus en plus complexes, jusqu’à son étonnante chute, incarnation type de "l'ironie du sort". A Princeton-Plainsboro, les patients ont toujours la maladie qu’ils "méritent" ! Le fil rouge de l’épisode est le bilan tiré par les quatre protagonistes dont le cas les force à révéler leurs natures cachées. Le moyen utilisé (discussions avec House) est moins original que le miroir de Mirror, mirror, mais pourtant plus efficace. Comme quoi, c’est dans les vieux pots… L’épisode s’axe sur House qui pour la première fois est incapable de prendre une décision : qui éliminer ? On voit que House est mal à l’aise : le tableau de points permet pas mal de scènes comiques, mais on sent que c’est un moyen désespéré pour lui. Il faut le voir carrément demander l’avis de Cuddy et de Chase (!) pour avoir une idée de sa confusion. Pour son dernier épisode en tant que candidate, Amber nous gratifie d’un éblouissant numéro. Portée par la flamme fougueuse d’Anne Dudek, « l’abominable garce » est plus fascinante que jamais. Son intelligence, son sens de la répartie, lui valent de battre House au concours de vannes, soit une rareté ! Elle est confrontée à Jimmy, drogué irrécupérable, musicien de troisième zone… et heureux malgré tout ! Jimmy (Jeremy Renner, pas encore la star qu'il est devenu) est un patient remarquable : musicien méprisant son public, égocentrique, bardé de seringues… et aimant énormément les enfants. Derrière son caractère détestable, se cache un homme capable de beaucoup d’affection. La scène où Taub et 13, émus, le découvrent dans l’aile pédiatrique est joliment filmée par Deran Sarafian. Grand enfant qui n’a jamais voulu grandir, Jimmy, par son je-m’en-foutisme total, s’emprisonne dans une bulle chimérique qui le maintient heureux. Cette situation bouleverse le monde d’Amber selon lequel drogue et bonheur réel sont deux antonymes, contrairement aux trois autres qui ont compris que la personnalité des patients ne doit pas les inflencer. Amber se montre par ailleurs remarquable quand House tente de lui faire peur. Les dialogues Jimmy-House sont eux aussi une merveille d’écriture. Chris Taub, avec le toujours fabuleux Peter Jacobson, continue le portrait de son personnage, de plus en plus sombre et réaliste, mais demeurant sympathique, a contrario d’Amber. Son comportement n’est égoïste qu’en apparence, House nous ayant montré que les médecins ne doivent avoir aucun sentiment pour leurs clients sous peine de s’effondrer (Foreman et Cameron l’ont subi à des degrés divers). Taub a compris l’essentiel de ce boulot, il est donc évident qu’il soit retenu. Numéro 13 est une des rares à voir au-delà des apparences. Seule à croire dans ce cas que la drogue est de la poudre (sans jeu de mots) aux yeux, elle permet à l’équipe de s’orienter dans la bonne direction. Quant à Kutner, c’est le plus pragmatique de l’équipe, et malgré son humour enfantin, c’est celui qui garde toujours tous ses esprits devant les imprévus. A cet égard, la scène où il est forcé avec 13 de trouver un diagnostic plausible sous peine d’être viré immédiatement montre que tous deux sont vifs comme l’éclair. La pression immense qui pesait sur eux les a forcés à mobiliser leurs ressources. Travailler dans l’urgence donne des résultats étonnants nous rappelle la série. En contrepoint, une grinçante inversion du cas a lieu avec Wilson qui a mal diagnostiqué un patient, lui ayant prédit trois mois auparavant un cancer en phase terminale alors qu’il n’a rien. Et, surprise, le patient est lourdement embêté car lui et ses proches s’étaient tellement préparés à sa mort qu’il est maintenant totalement perdu psychologiquement… et financièrement, car il a flambé pas mal d’argent pour ses « derniers mois » ! Du coup, il veut attaquer l’oncologue en justice ! Wilson atteint décidément des sommets d’emmerdements rarement vus dans une série. Au-delà du rire jaune, l’épisode nous fait voir combien s’il est difficile de se préparer à la mort, il l’est encore plus de savoir vivre. Ainsi, la phénoménale dispute entre House et Wilson est d’autant plus violente que tous deux ont la même manie : ils veulent tout contrôler : House en manipulant tout le monde, Wilson en essayant d’être un Messie de substitution pour chacun de ses patients. Dans les deux cas, ils sont dans l’excès. La résolution finale s’appuie sur un désarçonnant résultat : chacun des quatre candidats s'est trompé… et House en déduit la bonne réponse par élimination. Il donne ainsi corps à la remarque de Cuddy dans Tout seul : les faiblesses des médecins réunies deviennent une force. La sortie d’Amber (dont Anne Dudek restitue avec ferveur son abattement) est émouvante mais vraiment dommageable. A la décharge des auteurs, les auteurs se rendront compte que le personnage est si fort qu’ils le feront revenir plus tard, rendant possible un des plus grands moments de l’histoire des séries télé. Nous quittons toutefois cet épisode avec une malicieuse coda qui nous donne un sourire attendri, un événement assez rare pour être remarqué. Infos supplémentaires : - House n’aime pas la musique punk, ni garer sa moto au parking E. Acteurs : 10. PIEUX MENSONGE
Scénario : Pamela Davis
Réalisation : Matt Shakman
- Prostitutes wear religious symbols ?
- I think they just like kneeling. Maggie, mère célibataire, a ses mains subitement paralysées. Elle attire la curiosité de House car elle prétend que ni elle ni Jane, sa fille, ne mentent ; elles ne se cachent rien. Tout en essayant de résoudre ce cas, House cherche à les prendre en défaut. Pendant ce temps, acceptant une idée de Kutner, House organise une loterie de Noël entre lui et son équipe, mais curieusement pour des motifs loin d’être altruistes… L’épisode ne promeut pas le mensonge, mais son utilité lors de cas difficiles, comme pour sauvegarder un bonheur sincère mais fragile. Plusieurs fois, la série a déploré l’impossibilité pour la Vérité et le Bonheur de s’allier. Cet épisode semble faire exception mais le cataclysmique twist final confirme bien cette triste thèse : l’alliance entre ces deux concepts n’est possible qu’au prix d’un sacrifice déchirant... Cela vaut-il vraiment le coup ? On apprécie aussi le retour de bâton que reçoit la mère lorsque sa fille qui ne sait pas mentir lui assène qu’il n’y a aucun espoir pour elle. Pas de mensonge réconfortant, rien qu’une vérité crue, et dure. Même House reconnaît être effrayé par cette vision de la Vérité à nu. Loin du charme enlevé et joyeux de Donna Moss (après Eli Attie, on dirait un revival West Wing !), Janel Moloney étonne en femme brisée et dégoûtée d'elle-même. Un des grands regrets que laisse la série est d’avoir abandonné si tôt les cas secondaires, alors quand les auteurs décident d’en insérer un, on le déguste à petites gorgées. Et en effet, le cas secondaire du jour est aussi lumineux, fantaisiste que le cas principal est grave, House soignant une très jolie prostituée (sculpturale Jennifer Hall). Un mini-jeu de séduction s’installe entre eux tandis que l’on se plie en quatre en entendant le diagnostic, hyper salace... avant d’être détrompés par la scène finale. Ce qu’on peut avoir l’esprit mal tourné parfois… D’ailleurs cette séquence finale est très belle avec le rôle que joue cette fille de joie, House lui-même semble touché. Et puis, le voir dans une église, ce n’est pas si fréquent. Cet axe de l’intrigue, riche en humour noir, est frétillant. Si Jacobson et Penn sont égaux à eux-mêmes, Olivia Wilde est un peu au-dessus avec sa froideur cynique. Hélas, ce sera quasiment le seul registre sur lequel elle jouera, jeu bon mais limité. Tout de même, elle se montre plus égale que Jennifer Morrison. La fin exalte la magie de Noël, avec une famille guérie de son obsession de la Vérité, des médecins se réunissant tous pour passer un bon moment ensemble, et House allant voir un spectacle. Décorations et chansons de Noël rythment cet épisode optimiste.
11. CELLE QUI VENAIT DU FROID Scénario : Liz Friedman - Lots of books. I'm betting all medical. Cate Milton, docteur et psychiatre, a intégré une base scientifique en Antarctique. Mais elle commence à éprouver d’horribles douleurs. Les vents violents n’autorisant aucun secours, elle devient la prochaine patiente de House, qui supervise son cas via webcam. House est surpris et séduit par la jeune femme qui lui tient souvent tête. Le cas est difficile car le matériel médical là-bas est très réduit. House a également deux autres soucis : il veut persuader Cameron de convaincre le comité du budget d’installer le câble à l’hôpital, et savoir qui est la nouvelle petite amie de Wilson… On se régale des dialogues de haut vol entre House et Cate. Même quand il fait plus sombre, Friedman ne renonce pas à son humour gouleyant (la dégustation d’urine…). Le sommet est certainement la parodie de rendez-vous galant où House demande à sa patiente de se déshabiller tout en mettant de la musique douce et un bourbon sur la table… la scène, pastiche éclatant de rendez-vous galant et de rapport sexuel, restera comme un des highlights de la saison ! Chez House, l’humour dans les situations dramatiques accentue le drame par le décalage produit. Wilson est témoin de l’effet de Cate sur House : il s’inquiète pour elle, l’appelle par son prénom, veut prendre moins de risques que d’habitude… Ses foireuses tentatives de le raisonner participent à la folie douce de l’ensemble. Robert Sean Leonard est irrésistible dans les scènes comiques. Cate elle-même mèle cynisme et philanthropie : elle utilise peu de médicaments car d’autres membres de son équipe en ont besoin. Elle refuse tout traitement préventif. House, obsédé par elle, est à deux doigts d’exploser devant cette rétivité. Cate a les mêmes attitudes que House, mais elle est altruiste, et il n’est pas anodin qu’elle apprécie la bonté de Wilson qu’elle juge « parfait ». Un tel personnage aussi relevé ne peut que donner une plus-value à un épisode déjà bien abouti. On pourra certes gloser sur la fadeur du technicien amoureux, qui joue les utilités. La scène où il perce le crâne de Cate avec la foreuse fait toutefois son effet. Le diagnostic final est comme toujours ironique, l’occasion pour House une fois de plus de montrer la nécessaire objectivité dans un cas sous peine de grosses bêtises ! Omar Epps de son côté joue ici une excellente prestation en médecin attentif et luttant pour recadrer House. Tandis que la complicité entre Wilson et Cate autorise quelques scènes délicieuses. L’épisode a commencé assez fort avec House cherchant les chaînes du câble sous prétexte de rendre service... à un comateux. Passées les mimiques exaspérées de Cuddy, on a droit à House version enfant gâté pas content qui veut énerver Cameron qui veut pas l’aider. Quand House revêt des airs de garderie version adulte, c’est souvent plein de sève. Du coup, il ordonne à Taub, Kutner, et 13 de lui mener la vie dure. Une des scènes les plus hilarantes de l’épisode est quand ils jouent franc jeu avec Cameron en lui disant à l’avance qu’ils vont l’espionner. Leur confrontation avec House à la fin est un moment d’anthologie, reflet parfait du cas principal. Il est caractéristique du besoin vital pour House de dialoguer avec des personnes qui ne lui ressemblent pas. Amoureux des débats, il est comme un Don Juan pour qui une victoire n’a de sens que si elle est l’objet d’une bataille, les femmes remplaçant ici la recherche de la Vérité. Sinon, c’est à croire que même hors équipe, Cameron reste un souffre-douleur pour House. Enfin, l’épisode termine sa réussite avec la troisième histoire, celle de la petite amie de Wilson, dont House devine l’existence en voyant seulement la chemise lavande de son ami. Cet épisode est décidément un des mieux dialogués de la série, car ce n’est pas seulement House qui vanne, mais Wilson aussi, qui bénéficie des meilleures répliques. Il essaye d’échapper aux questions de House par tous les moyens, y compris en piquant un sprint ! Ce suspense léger se dénoue dans les toutes dernières secondes avec l’apparition de l’élue, pour finir l’épisode sur un événement tout à fait inattendu. La formation de ce couple on ne peut plus mal assorti est une surprise, qui de plus donnera lieu à une relation que la série traitera avec brio, ce qui ne sera pas toujours le cas des ships futurs. Alors, enjoy !
- Anne Dudek n'est pas créditée au générique du début, pour garder la surprise de la fin. 12. CHANGEMENT SALUTAIRE Scénario : Doris Egan et Leonard Dick This isn't just about sex. You like her personality. You like that she's conniving. You like that she has no regard for consequences. You like that she can humiliate someone if it serves... Oh my God, you're sleeping with me ! Roz, 38 ans, s’est convertie au judaïsme. Lors de son mariage (arrangé) avec Yonatan, elle s’évanouit, et du sang tâche sa robe. Elle est le prochain cas de House qui pense que sa conversion est synonyme de déréglement mental. Pendant que le cas se complique, House tente de connaître les vraies motivations d’Amber à entretenir une relation avec Wilson. Il veut convaincre ce dernier qu’il fait une erreur en étant avec elle… La discussion Foreman-Taub sur les mariages arrangés est très intéressante. Taub condamne cette pratique au nom de la liberté de choisir, Foreman est moins dur, disant que fondamentalement cette pratique a du bon, puisqu’il s’agit de choisir un conjoint qui analysé par votre famille vous conviendra. Bien entendu, on est plus proche de l’utopie que de la réalité, car les abus, les tromperies, et les erreurs de jugement sont légion dans cette pratique. Pourquoi Roz a-t-elle plaqué sa vie de sex, drugs and rock’n’roll pour une branche religieuse austère ? C’est un instinct de survie, d’une prise de conscience de ses tendances à se détruire (physiquement, elle apparaît plus que ses 38 ans), un moyen de se reconstruire. Elle passe d’un extrême à l’autre, comportement naturel lorsqu’on veut fuir quelque chose qui nous oppresse, et non le masochisme supposé par House. Le soutien de son mari (Eyal Podell, parfait dans un rôle qui aurait pu sombrer dans la dégoulinade) est un atout. Fait extrêmement rare, un des couples les moins sûrs de la série sortira renforcé de l’orage ! La série sait nous surprendre. Mais les moments les plus jouissifs de l’épisode sont donnés par le triangle House-Amber-Wilson. House veut savoir le « plan » d’Amber. Mais ce n’est décidément pas un bon jour pour House qui se goure de nouveau, tout comme le spectateur : Amber est réellement amoureuse de Wilson et n’a aucun plan en tête ! Anne Dudek est une grande actrice, car airs cassants et ironiques demeurent alors que son personnage commence une évolution plus douce. Les deux caractères cohabitent harmonieusement. Amber irradie dans ses deux scènes avec House qui lui propose le poste qu’elle désirait tant si elle laisse Wilson. Oui, Amber a aussi réellement changé et a enfin ce qu’elle veut avec Wilson : respect et amour, qu’elle croyait incompatibles. House ne peut que s’incliner. Wilson se montre déterminé malgré les avertissements de House et de Cuddy. Ses duels rhétoriques avec House sont de purs chefs-d’œuvre comme lorsque House conclut que Wilson cherche en Amber un House féminin, ou que Wilson imagine qu’il aurait pu former un couple avec House (Whaaaaaa !!!) si ce dernier n’avait pas été en même temps si égocentrique et si haineux de lui-même. Le « Houson », hypothèse selon laquelle House et Wilson ressentiraient l’un l’autre plus que de l’amitié, fait ici ses premiers pas. Bien qu’une pareille thèse soit sans doute exagérée, on voit que House a peur de voir une femme lui « chiper » son ami. Tout ça est alimenté par une course de dialogues à se plier en huit entre vannes de punching-ball et débats philosophiques décalés. Quel rythme ! Enfin, une pensée pour Thirteen dont Foreman puis House devinent qu’elle est bisexuelle (via un sournois double sens). House va donc pouvoir la taquiner sur son « ouverture ». Ca promet... Avec un tel lot de surprises, on ne s’étonnera pas que l’épisode ose le happy end total, avec la patiente guérie et heureuse, et House acceptant la liaison de Wiwi. Enfin, accepter… l’armistice n’est pas signé, et on aura l’occasion de le constater ! Infos supplémentaires : - Taub se décrit comme un juif hassidique non pratiquant. Cela fait 12 ans qu'il est marié à Rachel. Pourtant, moins de 3 ans plus tard, dans Le héros du jour (saison 7), il dira être marié depuis 22 ans. - Wilson pleure en regardant Victoire sur la nuit (Dark Victory en titre original). C'est un film de 1939 d’Edmund Golding avec Bette Davis interprétant une femme atteinte d’une tumeur inopérable au cerveau. Il y’a par ailleurs une référence au film La solitude du coureur de fond (1962) de Tony Richardson.
Acteurs : 13. TROP GENTIL POUR ÊTRE VRAI
Scénario : David Hoselton et David Shore
Réalisation : Deran Sarafian He is happy. I have to stop this before it spreads. Jeff, la quarantaine, est un homme exagérément gentil et optimiste, ignorant la colère et le chagrin. Après s’être évanoui, il est admis à Princeton-Plainsboro. House est persuadé que sa gentillesse excessive est le symptôme d’une maladie grave. L’équipe fait une terrible découverte concernant House. Ce dernier tente d’apaiser la tension entre lui et Amber en faisant un compromis : tous deux auront la « garde alternée » de Wilson. En même temps, Cuddy ordonne que House fasse le bilan de compétences de son équipe… No more, Mr. nice guy n'est pas sans rappeler un subtil épisode d'Ally McBeal (Du rire aux larmes) où un homme est incessamment heureux après un accident cérébral. Mais ici qui trop embrasse mal étreint. Même si la série sait comment correspondre les différentes intrigues de ses épisodes, les auteurs présument de leurs forces en mélangeant pas moins de quatre intrigues ! Du coup, l’épisode s’éparpille dans tous les sens, temps morts en prime. Bien que décousu, l’épisode parvient tout de même à captiver grâce à l’humour délirant de situations absurdes (la marque d’Hoselton), et une véritable partie d’échecs psychologique super tordue mais jouissive entre les différents protagonistes (la marque du créateur). Au final, l’épisode remplit son contrat, mais déçoit un peu après cette brillante succession de chefs-d’œuvre. Une autre intrigue était largement dispensable, celle de la « maladie » de House qui expliquerait son caractère de cochon. Dilemme des docteurs : doivent-ils « soigner » leur patron au risque de le transformer en médecin « basique » (le mépris de l’affectif pour House lui permet de développer tout ce qui est cérébral) ou laisser la maladie le ronger ? Si le nouveau trio marche sur une gamme d’émotions plus large que l’équipe primitive, quiconque a un peu suivi la série flairera tout de suite que ce n’est qu’une supercherie. De plus ne débouchant sur aucun résultat dramatique. Le dilemme est expédiée en une résignation hâtive, sapant tout débat sur notre capacité à juger sur ce qui est bon pour l’être humain. On passe. La conversation avec Chase est assez rigolote tout en s’intéressant à la politique forcée du compromis, lot de tout couple, et qu’il faut accepter car c’est une preuve d’amour. Une leçon que House a dû regretter de ne pas avoir suivie quand Cuddy le quittera. Cela s’enchaîne au segment le plus abouti de l’épisode : la garde alternée démente de Wilson où House et Amber se prennent pour deux divorcés se partageant leur enfant ! Wilson est tellement effrayé par ce duo infernal qu’il se laisse faire. Pour la première fois, House parvient à renvoyer Amber dans les cordes, mais sa vengeance sera terrible... et conduira House au diagnostic final. Improbable ? Ben oui, mais on marche comme des gosses ! S'ensuivent dialogues mortels et séquences mémorables (beuverie de Wilson, chantage de House, réactions d’Amber…) dont la moindre n’est pas le déplacement hilarant du triangle chez Cuddy mise en position d'arbitre sans qu'elle n'ait rien demandé. Le tout se voit couronné par le châtiment final. Mais sous la couche de rire, les dialogues House-Wilson montrent combien chacun connaît l’autre. Wilson accepte de se laisser manipuler par House. Victime sacrificielle consentante, il savait comment tout ça allait se passer, tout comme House. Le lien entre les deux amis est très fort, chacun sait à quoi pense l’autre, comment va agir l’autre, le tout sans paroles explicites. Le vernis de la comédie laisse affleurer l’émotion de cette histoire d’amitié fascinante, tout en confirmant la véracité du « Wamber ». Amber aime réellement Wilson, elle est sincère avec lui, mais ne se prive pas de dire que c’est un froussard. Le personnage reste très rugueux, malgré sa métamorphose. Et on ne s’en plaindra pas, on l’aime comme ça ! Infos supplémentaires : 14. POUR L’AMOUR DU SOAP
Scénario : Sara Hess et Liz Friedman
Réalisation : David Straiton
- You lied to me !
- I kidnapped you. You’re surprised that I lied to you ? Evan Greer joue le rôle principal du soap opera médical « Passion sur ordonnance ». Fan assidû de la série, House remarque quelques détails sur le comédien et en vient à penser qu’il a une tumeur. Il le kidnappe à la sortie du tournage et lui fait des tests ! Cuddy est sous pression car l’hôpital est inspecté. Elle supplie House de ne pas faire d’esclandre. Enfin, Wilson est surpris par la gentillesse d’Amber qui le laisse faire des choix sans elle ; cela cache-t-il un piège ? Le cas médical est meilleur que le précédent, mais reste en-deça de ce que nous a offert cette saison. En fait, l’originalité du cas est assurée par le come-back de Cameron qui doit faire la paperasse de son ancien boss sous les ordres d’une Cuddy sur les nerfs. Les réflexions grinçantes qu’elle balance à House sont dans la logique de son évolution plus rude. Débute alors une running joke qui va durer quelque temps, où House propose à Cameron de revenir dans son équipe. Les fans du Hameron frétillent : malgré qu’il prétendait bluffer, House était peut-être sincère, et souhaitait sa réintégration. Mais si son ancien job, si excitant, manque à Cameron (impeccable Jennifer Morrison), House, lui, ne lui manque plus du tout. Ce distinguo approfondit le personnage qui gagne en indépendance. Le Hameron émerveille par son minimalisme maîtrisé, "à-côté" qui garnit l’épisode. Mis à part les gros gros sous-entendus sexuels de House, le cas finit par devenir un révélateur du "Huddy" par les limites éthiques qu'il transgresse, et le laisser-faire de Cuddy. Certes, on a déjà vu ça, et l'idée d'une inspection ne change rien, mais on apprécie ces scènes comiques comme le chantage de la télévision et la scène de la morgue. Mais la tension finit par s'installer : si House se trompe, Cuddy sera virée pour faute grave, et House avec. Mais House, héraut de la vérité, place sa recherche avant tout, boulot compris, du coup Cuddy est en position de faiblesse. Pourtant, elle aura l’audace de lui faire pleinement confiance et se remet tout entier entre ses mains. Le twist final est anticlimatique mais est d’une ironie brillante, avec encore un triomphe des apparences. Un tel risque ne va absolument pas avec la prudence de Cuddy. Il s’agit donc d’une graine de plus dans le Huddy, duo au-delà du simple rapport professionnel, à la confiance solide, même si on est encore loin d’un rapprochement. Amber nous surprend. Tout fan de X-Files s’amusera avec la survenue d’un monstrueux waterbed qui donne autant de misères à Wilson que Mulder un lundi de sinistre mémoire. Robert Sean Leonard et Anne Dudek s’entendent parfaitement et composent un couple très crédible. L’histoire débile du choix du lit montre à quel point Wilson est quelqu’un de trop généreux. A force de vouloir faire plaisir aux autres, il s’oublie lui-même, ce dont Amber lui fait prendre conscience, et l’encourage à accepter de recevoir, qu’on s’occupe un peu de lui. Amber nous fait par ailleurs un numéro de pleureuse pour faire baisser les prix à un vendeur : oui Amber est en réalité un p'tit ange, mais ne renonce pas à ses tordantes manipulations ! House, refusant de s’avouer vaincu, est sûr qu’Amber tend un piège à son petit ami avec ce choix cornélien. Raté, Amber poursuit son adoucissement en demeurant d’une sincérité totale. Que House se trompe autant sur Amber est normal, car selon son credo, personne ne peut changer. Que ce soit un personnage cynique qui démolisse une croyance de House ne manque pas de piquant ! Infos supplémentaires : Acteurs : 15. DANS LA TÊTE DE HOUSE… Scénario : Peter Blake, David Foster, Russel Friend, et Garrett Lerner, d'après une histoire de Doris Egan - Did you take my cell phone ? Soir. House est dans un bar à strip-tease. Il est ivre, a une sévère contusion au crâne, et ne se souvient pas de ce qui s’est passé depuis qu’il a quitté l’hôpital. Il a cependant le sentiment que « quelqu’un va mourir ». Il sort et voit qu’il y’a eu un grave accident de bus et qu‘il était dedans ! Pompiers et policiers évacuent les blessés. House, malgré son état, doit absolument trouver qui et pourquoi un des passagers du bus a attiré son attention. Pour cela, il doit interroger son cerveau pour revenir dans le passé, quitte à s’épuiser mortellement… Le premier rêve voit House retourner dans le bus et dans le café. Lumière faible, visages flous, apparitions et disparitions successives de Chase et Wilson, le tout dans une ambiance fantomatique et alcoolique, avec en plus l’irruption d’Amber en tant que fantasme qui vient tout perturber... tout cela compose une atmosphère pleine d'ombres inquiétantes. La pâle pénombre du bus vide accentue le malaise. Pour avoir plus de renseignements, House fait une overdose volontaire de Vicodin pour déclencher une deuxième hallucination. Elle atteint un nouveau pic de mystère avec l’apparition d’une très belle femme brune qui se présente comme étant « la réponse ». Ivana Miličević, sphinx indéchiffrable, joue d’un jeu statique, d’un sourire indéfinissable, et d’une stature ambiguë, pour symboliser une vérité en prosopoppée, qui ne s’ouvre qu’au fur et à mesure. Ce concours de figures fictives et réelles, de souvenirs et de fantasmes, sème le trouble recherché. Cette idée démente de scénariste est justifiée par le fait que House ne peut plus faire la différence entre cérébral et émotion, entre le niveau intellectuel et les fantasmes. D’où cette hallucination où House et Cuddy discutent du patient pendant qu’elle se déshabille suggestivement. On peut rendre hommage à Lisa Edelstein, extrêmement pudique, de casser son image coincée, même si elle s’arrête avant « le moment intéressant ». La frustration de House (Dance, woman !!) - et des spectateurs esthètes - est contredite par l’analyse fataliste de Cuddy : son cerveau droit a repris le dessus : il préfère fantasmer sur des symptômes que sur des femmes ! Cette scène unaniment acclamée par les fans n’est pas un prétexte gratuit, elle fait avancer l’enquête tout en faisant le point sur l’attirance de House pour sa boss, tout en proclamant le triomphe sinistre de l’intellect sur les instincts naturels de cet homme. On ne sait donc pas si c'est une scène optimiste ou pessimiste quant au "Huddy". Les hallucinations successives lessivent House qui fait un retour forcé au bercail. La variété des sentiments et impressions est un gros point fort de cet épisode, qui alterne sans cesse comédie et drame tout en s’inscrivant dans une trajectoire déjà tragique. On apprécie que la résolution du cas ne s’appuie pas sur un flash de House, ce qui aurait été trop « attendu » mais bien sur une de ses habituelles illuminations. La coda du cas décuple brutalement la tension avec Numéro 13 (Dr.Hadley désormais), forcée de trancher un dilemme en quelques secondes. Quelle urgence ! Mais on se doute que ce cas a été trop tôt résolu, et effectivement, un rebondissement fiévreux renverse la donne avec la spectaculaire réapparition de « la réponse ». On remarque en passant que Cuddy, pour garder un œil sur son subordonné épuisé, dort chez lui - pas dans le même lit - il y'en aura un écho dans le final de Sous l’apparence (saison 5). L’épisode est décidément très malin, car il nous a mené en bateau tout le long : et comme House, nous avons inversé cause et conséquence. Diaboliques scénaristes ! L’épisode amorce un nouveau virage avec le quasi-suicide de House, prêt à toutes les folies pour résoudre cette diablesse d’intrigue sous l’effarement général. Le complexe du Rubik’s cube comme dirait Wilson, mais poussé dans ses extrêmes limites. On ne peut s’empêcher d’admirer un tel jusqu’auboutisme. Ultime confrontation avec « la réponse » où House déchire le voile de l’illusion pour une révélation terrifiante : le cauchemar ne commence désormais que maintenant pour les protagonistes !! La reconstitution de l’accident, avec un soin habile du ralenti, est d’un sordide haletant. La fameuse scène du bouche-à-bouche de Cuddy qui a émoustillé bien des fans du Huddy devient anecdotique devant le cliffhanger final. La seconde partie s’annonce très prometteuse… et très noire.
- Chase a suivi un stage d’hypnose à Melbourne. 16. … DANS LE CŒUR DE WILSON
- It's okay. Amber est transportée d’urgence à Princeton-Plainsboro. Elle est mise sous hypodermie pour ralentir la progression de son mal inconnu. La situation angoisse Numéro 13 qui n’arrive plus à travailler. Wilson parvient à convaincre House qu’une information capitale est encore cachée dans sa tête. Au risque de détruire ce qui reste de son cerveau, House subit des impulsions électriques pour revenir dans le passé… L'épisode se déplace sur un terrain plus conventionnel, le thriller onirique est remplacé par une course contre la mort. Mais à coups de dialogues subtils, et d’une interprétation unanimement parfaite, l’épisode réussit haut-la-main son pari, brisant le masque de la sobriété pour filmer l’angoisse et la douleur dans toute leur crûdité. House, Cameron, Foreman, et Chase dans une moindre mesure, ont tous subi une perte temporaire de leur jugement lors d’un précédent épisode. C’est au tour de Wilson d’y passer : mortifié à la pensée qu’Amber pourrait mourir, il se montre d’une prudence exagérée, refusant tout test non sûr à 100% (Ca n’existe pas ! lui rappelle House), préférant demeurer dans le doute, retarder sans cesse le moment où il faudra l’analyser. House, plus ému qu’il veut le laisser paraître, appuie sa cause, violant sa règle de ne pas laisser l’émotion guider sa conduite, provoquant la rebellion de sa team. C'est tendu. House et 13 sont confrontés à leur propres contradictions dans la poignante scène des toilettes : tous deux pleurent sur le sort d’Amber et Wilson. Le corollaire est terrible : 13 n’accepte pas par ricochet de faire face à sa propre épreuve, et House est devant une situation absurde : il retire sa subordonnée du cas parce qu’elle laisse l’affectif prendre le dessus sur la raison… ce qu’il est pourtant en train de faire lui aussi. Il faut attendre l’inattendue rebellion de Foreman et Cuddy, pour que House reprenne ses esprits et trouve la force d’éloigner Wilson. Les diagnostics différentiels de cet épisode sont particulièrement stressants. L’angoisse de Wilson, les indécisions de House, l’éloignement de Cuddy, les pleurs de 13 perturbent le cas. Wilson déguste particulièrement car la possibilité que House et sa chérie aient été amants pointe le bout de son nez. L’hallucination de House qui fantasme cette fois sur Amber est une des séquences les plus troublantes de l’épisode : L’Amber onirique vampe torridement un House sans défense, Anne Dudek joue décidément tous les registres à la perfection ! Aucun remplissage : chaque scène a son intérêt dans cette machine infernale. Comme la fouille de l’appartement d’Amber où Kutner gère, et 13 pas du tout, les yeux d’Amber virant au jaune pourri, son spectaculaire réveil, nouvelle hallucination de House, avec un autre imbroglio au menu - comment savait-il qu’elle avait un « rash » dans le bas du dos ? Le mystère de ce qui s’est réellement passé la veille entre House et Amber est habilement entretenu quand en même temps, Foreman aggrave involontairement son état. Les deux fronts sont explorés par les scénaristes simultanément, ce qui accélère le mouvement. La mise en scène de Katie Jacobs suit bien l'ensemble, réussissant plusieurs plans suggestifs. Et puis, il y’a ce merveilleux moment où Wilson fait comprendre à House qu’Amber compte plus pour lui que lui. House se « sacrifie » en sollicitant encore son cerveau presque HS pour trouver l’information manquante. House est prêt à mourir pour rendre service à un ami. Il s’agit d’un des plus beaux actes d’amitié possible, et de la part de House, c’est sublime. Cet ultime retour dans le temps sera sans appel, avec un démoniaque double twist final, une des plus horribles ironies du sort que nous est offert la série. Tout espoir est anéanti, alors que House sombre dans le coma, épuisé. Les adieux de Wilson et d’Amber sont heartbreaking, partageant une ultime étreinte, que Wilson fait durer encore et encore, retardant de nouveau la mort de celle qu’il appelait déjà - avec l’avis de House - « sa femme ». La composition à fleur de peau d’Anne Dudek et de Robert Sean Leonard, magnifiée par la délicate caméra de Jacobs, est à pleurer d’émotion. L’épisode n’oublie pas de tirer une morale typique de la série : on a toujours tendance à rendre plus sympathique quelqu’un qui meurt sous vos yeux. Le quatuor n’aimait pas Amber, mais ils ne peuvent empêcher l’émotion de les submerger. D’un commun d’accord, ils vont la voir sur son lit de mort, sans dire un mot. Cette Cène muette est un beau cortège funèbre. Amber, au moment de mourir, révèle toute sa grandeur d’âme en refusant d’éprouver quoi que ce soit de négatif : colère, douleur… en partant avec un sentiment d’amour débordant pour Wilson, lorsque ce dernier se résout enfin à la débrancher. La garce manipulatrice était en fait une femme généreuse et pleine d’amour. Le dernier rêve de House est aussi poignant que la scène précédente. Transfigurée, Amber est d'une beauté surréelle, et House se voit à côté d’elle dans un bus vide, une lumière éclatante brillant au-dehors. Très belle image de « l’entre-deux mondes ». On voit alors une scène unique dans la série : House hurle contre l’injustice qui veut qu’une grande âme comme Amber (ce sont ses termes) meurt alors que les sales misanthropes égoïstes comme lui survivent. Il a même l’intention de l’accompagner dans la mort plutôt que d‘affronter la haine de Wilson, à qui House tient bien plus qu’il ne le prétendait. C’est Amber qui doit le consoler et lui ordonner de sortir du bus, de regagner la vie, tandis qu’elle, part au-delà… Le spectateur ne peut qu'être écrasé par ces gigantesques vagues d'émotion. House se réveille pour croiser le regard assassin de Wilson qui - à raison - considère House comme le responsable de ce qui s’est passé. La possible destruction du Hilson est bien plus saisissante que la tendresse de Cuddy qui veille sur House. Wilson finit par s’effondrer dans son lit - subissant une dernière pointe ironique en passant - qui paraît alors tragiquement immense, renforçant sa solitude, tandis que House a les yeux humides. Pour être honnête, il y'a un domaine où Wilson’s heart frappe totalement à côté : la musique. Inappropriée, envahissante, les chansons qui accompagnent les moments les plus forts ne conviennent pas du tout, et amoindrissent l’émotion. Il aurait mieux valu un accompagnement minimaliste ou tout simplement aucun fond sonore plutôt que ces chansons parasites. Mais qu’importe : … Dans le cœur de Wilson est bien l’épisode le plus bouleversant jamais écrit dans une série médicale. Après cet achèvement, la série va se transformer et dee En même temps qu’Amber meurt, c’est bien la série elle-même qui dit adieu à sa première ère, la plus fidèle à son ADN de départ. La disparition d'Amber, qui aurait été un trésor sans prix dans les saisons suivantes est un des plus grands regrets laissés par la série. Mais il est vrai que nous n’aurions pas eu ce sublime finale.
Infos supplémentaires : - Première apparition de Jennifer Crystal Foley dans le rôle de Rachel, la femme de Taub ; elle ne fait toutefois qu'un caméo muet, tout comme Jennifer Morrison. Elle apparaîtra dans 17 épisodes de la série, dont le finale de la série. - Premier épisode avec le nom de Wilson dans le titre. Le second sera L'ami de Wilson (Wilson en VO), en saison 6. - Numéro 13 apprend qu'elle souffre de la chorée de Huntington. - House boit du scotch, bière, gin, rhum, mais pas de sherry. Amber boit du Cosmopolitan (jus de Canneberge).
1. Dans la tête de House/Dans le cœur de Wilson : Considéré à juste titre comme l'apothéose de la série, le finale de cette quatrième saison doit sa réussite à un scénario ténébreux passant du thriller onirique à la tragédie humaine, à une mise en scène crépusculaire, et une interprétation bouleversante. Entre émotion d'une suprême violence, suspense oppressant, et flashes troublants, ce double épisode est l'un des plus grands season finale jamais réalisés. Un choc. 3. Celle qui venait du froid : Episode conceptuel, mix étonnant de McGyver et des Experts. Scènes parodiques et cas malin font le prix de cet épisode particulier où House instaure une relation platonique avec une patiente percutante pour un résultat aussi décalé que divertissant. Dialogues de haut vol assurés. Crédits photo: FOX. Images capturées par Clément Diaz.
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