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Interview de Didier Liardet
par Steed3003

de Diana

Interview de Didier Liardet, auteur du livre Chapeau melon et bottes de cuir, au Royaume de l'imaginaire aux éditions Yris. C'est le compagnon essentiel de tout bon fan de la série !


LE LIVRE


Comment vous est venue l'idée d'écrire un livre sur cette série, alors que de nombreux ouvrages lui avaient déjà été consacrés ?

En réalité, seuls deux livres existaient déjà à l'époque en langue française. Un volume paru dans la collection de poche Le guide du téléfan, pour laquelle j'avais d' ailleurs travaillé auparavant, et un livre constitué pour l'essentiel de nombreuses photos. Aucun des deux ne contenait les éléments qui caractérisent notre collection d' ouvrages sur les séries, qui sont avant tout des livres de référence. La série étant l'une des plus appréciées du public français, nous souhaitions la traiter dès le lancement de la collection.

Combien de temps de travail a représenté le livre ?

L'écriture du livre a représenté environ six mois de travail en comptant le temps alloué aux recherches, aux entretiens puis à la rédaction proprement dite. La maquette est un élément très important dans nos ouvrages avec la création de pages de présentation (notamment pour les annexes et le guide des épisodes) et de logos spécifiques à chaque titre. Vous avez sans doute également remarqué le soin apporté à l'élaboration de la couverture, un élément permettant de rendre hommage aux séries traitées en présentant un instantané de leur univers. Tout ceci fait que la maquette demande plusieurs semaines d'élaboration.

Avez-vous eu des difficultés à trouver un éditeur ?

Je dirige la collection Télévision en séries des Éditions Yris, société dans laquelle j'exerce aussi d'autres responsabilités. Les éditeurs français susceptibles de publier des ouvrages de ce type sont très rares, ce qui explique le peu de livres existants sur le sujet. La préférence est donnée aux traductions d'ouvrages anglais, notamment des guides officiels, au détriment de la création intellectuelle. Une telle collection n'existant pas en langue anglaise, où les ouvrages sur les séries sont pourtant très nombreux, il aurait été impossible de trouver un éditeur français susceptible de se lancer dans un tel projet (aucun autre ouvrage n'a, du reste, été publié en France sur la série, depuis lors).

On trouve de nombreuses photos dans votre livre, avez-vous obtenu l'autorisation facilement ?

Cette autorisation, comme souvent dans ce genre de cas, a demandé d'assez longues négociations. Nous prenons toujours un soin particulier à l'iconographie en cherchant à publier des documents inédits ou peu souvent utilisés auparavant. Nous disposons en parallèle d' une importante collection privée dans laquelle nous avons pu puiser.

Lors de la préparation de votre livre, avez-vous été amené à visionner des documents exceptionnels, telle la version de Voyage sans retour tournée avec Elisabeth Shepherd ?

Effectivement, je me souviens d'avoir pu visionner l'épisode Passage à tabac avec Ian Hendry, qui était encore inédit en France à l'époque. Cela dit, la première mouture de l'ouvrage remonte maintenant à huit ans et je ne me souviens pas d'autres faits de ce type.

L'analyse formelle des différentes saisons est un des points les plus intéressants de votre livre et le différencie de ses concurrents. Pourquoi cette idée ? Comment vous y êtes-vous pris ?

Je suis sans doute l'un des premiers à avoir travaillé sur les séries en milieu universitaire, à la fin des années 80. Malgré l'hostilité des enseignants de l'époque, il me semblait évident que l'analyse filmique pouvait être l'un des composants d'une étude sur les séries au même titre qu'une étude sur n'importe quel film.

L'analyse du montage, de la mise en scène, de la bande-son ou de la photographie sont des éléments liés à l'étude de toute fiction, cinématographique ou télévisée, n'en déplaise à certaines personnes. Après l'obtention de mon Doctorat (en Lettres & Arts), j'ai décidé de créer une collection de livres originale selon des critères bien précis : proposer des ouvrages de référence regroupant le plus d'informations possibles (biographies, filmographies, guide des épisodes, coulisses du tournages, annexes, etc.) qui contiendraient aussi une étude analytique sur le sujet choisi.

Sans oublier une iconographie de qualité pour des ouvrages proposés à un prix abordable, des éléments qui nous différencient très nettement des deux éditeurs qui publiaient auparavant avec régularité des livres sur les séries (et qui ont d' ailleurs disparu aujourd'hui) ou des rares ouvrages en français édités aujourd'hui par de grands groupes et qui sont le plus souvent des traductions de textes anglais.

Comment avez-vous trouvé les nombreuses informations présentes dans ce livre ?

En dehors de la consultation d' une masse de documents de tout ordre, le cœur de chaque ouvrage résulte du visionnage des épisodes dans leur globalité et des entretiens réalisés, des éléments qui permettent de réduire le risque d'erreurs et de mieux se rendre compte des principaux composants de la série.


LE LIVRE (2)


Vous n'avez pas hésité à donner un avis positif sur le film, que je partage entièrement d'ailleurs, dans le livre. N'avez-vous pas eu peur de choquer les puristes ?

J'ai étayé mon point de vue par des arguments et, malgré l'avis souvent contraire des « puristes » comme vous dites, je m'y tiens encore aujourd'hui après avoir revu le film à plusieurs reprises. Malgré des imperfections, ce film demeure une adaptation relativement fidèle, ce qui n'est pas le cas de la plupart des autres adaptations cinématographiques de séries pour lesquelles les mêmes puristes ont été beaucoup plus discrets lors de leur sortie en salles. De plus, certains médias avaient lapidé le film avant sa sortie sans même l'avoir vu, en se contentant de lire les dossiers de presse distribués par la production.

Comment avez-vous réussi à rencontrer Honor Blackman et à lui faire écrire la préface de votre livre ? Comment s'est déroulée cette rencontre ?

Honor Blackman s'était peu exprimée sur son personnage et sur la série, au contraire de Patrick Macnee et Linda Thorson qui avaient donné de nombreuses interviews. Il nous semblait donc indispensable de lui demander son avis et de rattrapper cette « injustice » en lui accordant un espace privilégié afin de s'exprimer tel qu'elle le souhaitait. Nous l'avons tout simplement contactée grâce à son agent artistique.

La maquette du livre, notamment celle du guide des épisodes, est particulièrement réussie. Avez-vous conseillé votre collaborateur Gérard Pourrière à ce sujet ?

La maquette a été élaborée dès le second titre de la collection et n'a que peu évolué depuis lors. Dans cette optique, le travail du maquettiste est de s'adapter aux spécificités de la collection. De manière plus précise, je détermine le placement des photos ainsi que les montages et les pages spéciales en fonction du texte en établissant une sorte de story-board auquel le maquettiste a l'obligation de se tenir.

Pourquoi ce titre : Au Royaume de l'imaginaire ?

Le choix du sous-titre est une spécificité de la collection, un moyen de préciser l'élément conceptuel dominant de la série : dans ce cas précis, il s'agit d'une allusion au Royaume-Uni et à l' imaginaire qui teinte la série lors des saisons avec Diana Rigg et Linda Thorson.

Le livre s'est-il bien vendu ? Comment se situe-t-il par rapport aux autres titres de la collection ?

L'ouvrage sur la série fait partie des meilleures ventes de la collection. Du reste, le troisième tirage étant quasiment épuisé, nous en préparons un nouveau pour cette année.

Vous préparez une nouvelle réédition [NDR: édition sortie le 20/06/2005] de ce livre. Que contiendra-t-elle de plus ? Quand sortira-t-elle ?

Ce nouveau tirage contiendra seize pages supplémentaires ainsi qu'une vingtaine de nouvelles photos. Le texte sera remis à jour avec notamment une présentation des nouveautés (livres, revues, DVD, etc.). Sa sortie est prévue pour le courant de cette année.

Votre livre est aujourd'hui considéré comme une référence dans la communauté française de Chapeau Melon. En êtes-vous fier ?

Nous sommes surtout fiers d'avoir réussi à publier ce type d'ouvrages dans un contexte difficile pour les éditeurs indépendants et devant des circuits de distribution réfractaires à ce genre d'ouvrages. Le public français n'est pas davantage téléphile que cinéphile et la lecture d'un livre passe souvent bien après l'achat de DVD ou de CD (en parcourant votre site, j'ai du reste lu que certains fans de la série ne possédaient pas notre ouvrage, ce qui montre bien la difficulté de se spécialiser dans ce type de publications).

Il semble que vous vous êtes spécialisé dans les anciennes séries cultes, comme en témoignent vos ouvrages sur : Le Prisonnier, Les Mystères de l'Ouest, Amicalement Vôtre... Comptez-vous vous attaquer à des séries plus récentes (X Files, NYPD Blue, Friends...) mais tout aussi cultes ?

Il me semble indispensable de publier maintenant des ouvrages sur les séries des années 60 car la génération qui les a découvertes lors de leur première diffusion a désormais atteint l' âge de s' intéresser à ce type de livre. Nous avons débuté une encyclopédie des séries par décennie l'année dernière (en sept volumes) avec un premier tome qui présente les séries américaines des années 1949-1969. Les séries plus récentes seront abordées dans les volumes qui paraîtront au fur et à mesure.

Parmi les autres livres consacrés à la série, lequel conseilleriez-vous le plus ?

Sans aucun doute The Avengers and me écrit par Patrick Macnee, qui demeure le plus intéressant par son point de vue et ses anecdotes sur le tournage, même s'il ne s'agit pas d'un ouvrage de référence.


LA SÉRIE


Est-ce votre série préférée ?

Chapeau Melon et Bottes de Cuir fait bien entendu partie des séries que j'affectionne le plus. Cependant, je la placerai au même niveau que Les Mystères de l' Ouest et Mission : Impossible dans la liste de mes préférences.

Comment l'avez-vous découverte ?

Durant les années 70, mais il m'est impossible de vous préciser à quelle occasion.

Quelle est votre saison préférée ?

La quatrième saison – la première avec Diana Rigg – pour la justesse de l'interprétation dans une nouvelle configuration après le départ d'Honor Blackman à la fin de la troisième saison, son ambiance et ses décors auxquels le noir & blanc donne une dimension particulière que l'on retrouve parfois dans certaines autres séries de la même époque filmées avec le même procédé.

Votre Avengers girl préférée ?

Je n'ai pas de préférence pour l'une ou l'autre des actrices, chacune ayant apporté sa touche personnelle à la série et contribué à la pérénnité de son succès. Quant aux personnages, celui d'Emma Peel me semble le plus abouti au niveau conceptuel mais également le plus fascinant par sa capacité à mêler une réelle modernité et une véritable indépendance aux qualités féminines les plus remarquables.

Les épisodes que vous aimez le plus ?

Je citerai sans ordre de préférence : Le sorcier (saison 2), Les fossoyeurs et Ne vous retournez pas (saison 3), Les Cybernautes, Avec vue imprenable, Le club de l'enfer, L'héritage diabolique et Du miel pour le prince (saison 4), Le vengeur volant, Caméra meurtre, Le dernier des sept, Le retour des Cybernautes et Mission très improbable (saison 5), Ne m' oubliez pas, Jeux et Étrange hôtel (saison 6).

Les épisodes que vous détestez le plus ?

Aucun, même si la qualité varie parfois sensiblement d'un épisode à l'autre.

Que pensez-vous de la collection kiosque ?

C'est bien entendu un excellent moyen de faire découvrir la série au plus grand nombre, même si on peut être déçu par le traitement accordé à l'édition en DVD de Chapeau Melon et Bottes de Cuir (problème de son, d'images, bonus souvent sans grand intérêt) par rapport à d'autres grandes séries sorties entre-temps.

Que pensez-vous des récentes sorties DVD des New Avengers ?

Certains épisodes des New Avengers sont d'excellente qualité et avec l'abondance des séries éditées en DVD, cette sortie était inéluctable même si, encore une fois, on aurait apprécié un bien meilleur traitement.

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©Steed3003

Interview de Ian Gibson
par Denis Chauvet

de Diana

Couverture du premier volume de Steed and Mrs Peel

Ian Gibson est l'auteur de trois recueils de bandes dessinées publiés au début des années 90 et inspirés de la série. Ian Gibson est connu pour son travail en noir et blanc dans les années 80 pour le magazine 2000AD et, comme Grant Morrison, il s’est fait un nom aux États-Unis. Il fut également caricaturiste. Il a accordé à Denis un entretien au sujet de son travail pour la série. Plus d'infos sur son site officiel.

Voir la fiche bibliothèque de Steed and Mrs Peel


Quand et comment avez-vous découvert Chapeau Melon et Bottes de Cuir ?

Mon premier contact avec les Avengers remonte à de nombreuses années, à la télévision, bien entendu. À l’époque où Ian Hendry faisait partie de l’équipe. J’ai toujours pensé qu’il était, alors, un très bon acteur et je fus triste de le voir quitter la série. Je n’ai jamais aimé Honor Blackman. J’ai toujours trouvé qu’elle paraissait trop artificielle.

Quels sont vos saisons et épisodes préférés ?

Mes saisons préférées sont celles avec Emma Peel. Je trouve qu’elle est beaucoup plus naturelle et la relation entre elle et Steed permit d’élaborer une charmante histoire.

Je fus donc très satisfaisait que ce soit surtout elle que j’ai eue à reproduire dans la bande dessinée.

Pourquoi avez-vous décidé de dessiner The Avengers ?

Je ne l’ai même pas décidé, seulement saisi l’occasion. Je n’avais jamais travaillé avec Grant Morrison auparavant. C’était une chance de travailler avec quelqu’un de nouveau sur un projet qui avait l’air de me convenir. C’était pour le trentième anniversaire de la série. Je fus donc très flatté qu’on me demande de bosser là-dessus.

Cela fut-il facile de dessiner Steed et Mrs Peel ?

Steed était un personnage beaucoup plus facile à cerner que Emma Peel. Chaque image que je voyais d’elle paraissait légèrement différente car elle possédait un côté énigmatique dans sa beauté qui m’échappait souvent. Je pense que je l’ai dessinée correctement de temps à autre. C’était beaucoup plus contraignant de travailler sur ce personnage que sur Steed.

Combien de temps avez-vous passé à trouver les esquisses correctes des personnages ?

Comme je l’ai dit, Steed était beaucoup plus facile. J’ai passé quelque temps à faire des recherches sur des vidéos et des livres et j’ai eu rapidement une bonne sensation pour Steed. Son visage et l’expression de ses yeux se prêtaient à une transposition sous forme de caricature que je pouvais transformer en illustration sans que cela apparaisse trop ‘comique’. Dans les esquisses originales que j’ai présentées aux acteurs pour leur accord, j’avais mieux réussi à dessiner Emma Peel que certaines fois dans la bande dessinée. Cela était sûrement dû aux esquisses qui étaient faites au crayon. La douceur de Mrs Peel était facilement rendue par ce moyen alors que la transposition à la dureté de l’encre était plus difficile.

Avez-vous rencontré Patrick Macnee et Diana Rigg ?

Je n’ai pas eu la chance de les rencontrer en personne. J’ai dû leur soumettre mes esquisses pour approbation par courrier. Un très vieux procédé vu les techniques modernes ! Mais j’ai eu l’impression, d’après les dires des éditeurs, qu’ils étaient ravis d’être honorés de cette façon.

Avez-vous eu des retours d'acteurs, de la production ou de fans ?

Il n’y a pas eu beaucoup de retours. Cela peut vraisemblablement avoir un rapport avec le fait que l’anniversaire, pour lequel la bande dessinée fut conçue, a été éclipsé par Stormin’Norman (1) et son opération Tempête du Désert qui a débuté exactement le jour du trentième anniversaire des Avengers. Les gens étaient trop obnubilés par la tempête de sable provoquée en Irak pour s’intéresser à une vieille série et à une bande dessinée s’y rapportant.

Quelle sorte d’aide Dave Rogers, mentionné comme consultant, vous a-t-il apportée ?

Je pense que sa participation était pour la partie scénario avec Grant Morrison. Je ne savais même pas qu’il avait contribué. Si j’avais produit quelque chose de vraiment mauvais, je pense que j’en aurais entendu parler. Donc, j’ose espérer que mon travail fut satisfaisant.

Pourquoi Mère-Grand est-il chauve dans la bande dessinée ?

Je n’ai pas d’exemplaire de la BD concernant Mère-Grand. Mais je me souviens que je n’avais pas l’autorisation d’utiliser l’apparence du personnage original, j’ai donc dû composer quelque chose de ‘générique’. Il devait surtout représenter une personne drôle dans son bateau à vapeur à pédales.

(1) Nom donné à Norman Schwarzkopf, le général qui dirigeait les forces de coalition lors de la première guerre du Golf en 1991.

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©Denis Chauvet

Interview de John Garforth
par Denis Chauvet

de Diana

John Garforth

John Garforth est un londonien un peu touche-à-tout : écrivain, politicien, directeur artistique, animateur d’œuvres sociales. Il est l'auteur de quatre romans sur la série parus dès avril 1967 aux États-Unis : Le Flambeur Flambé, Drôles de Morts, Pop Crime et Heil Harris !. Il a son blog et son site personnels depuis début 2008. On peut y lire qu‘il a une piètre opinion de ses écrits Avengeresques : "'Je recommande à toute personne qui par hasard verrait l'un de ces romans dans une librairie d'occasion ou une vente de charité de les acheter et de les détruire immédiatement sans même les avoir lus. Je vous rembourserai les 50p ou plus que vous avez payés. Vous rendrez service à la littérature ! ".

Voir la fiche bibliothèque des romans de John Garforth.


Quand et comment avez-vous découvert "Chapeau Melon et Bottes de Cuir" ?

J’ai découvert la série avec les saisons Honor Blackman. Elles étaient prises plus au sérieux il y a quarante ans qu’elles ne le sont maintenant.

Quels sont vos saisons et épisodes préférés ?

Je ne peux pas répondre à cela ; elles sont une continuité dans ma mémoire et je ne les divise pas en épisodes. Mes saisons préférées sont celles avec Honor Blackman et Joanna Lumley. Il m’a toujours semblé que Diana Rigg jouait avec des sous-titres inscrits en bas de l’écran ; ‘faire semblant’ et elle était beaucoup trop sérieuse pour le programme. Mais j’ai des préjugés. Je l’ai reprise au sérieux au moment de Bleak House (1).

C’est pourquoi ma saison préférée des Avengers est la période Joanna Lumley. Je suis certain que j’aurais pu tomber amoureux d’elle. Mais, en 1967, la série avait déjà de gros problèmes car les Américains pensaient que Patrick Macnee était trop vieux et ils voulaient le remplacer par Roger Moore qui, en fait, avait d’autres projets plus importants. À cette époque, ils ont également rappelé le producteur original (John Pierce ou quelque chose comme ça (2)) qui m’a fait perdre beaucoup de temps à discuter des idées de scénarios, le vieux dilemme au sujet des nouvelles idées et des nouveaux scénaristes, avant de filer la nouvelle série (c’était Tara King maintenant) à la même équipe qui écrivait tout à l’époque.

Pourquoi avez-vous décidé d'écrire des romans sur la série ?

Je ne l’ai pas décidé. Mon agent à l’époque m’a demandé de le faire car il pensait que je combinais dans mes écrits le suspense, la comédie et la classe. Je pensais que j’étais apte à faire ce genre de travail.

Quel est votre roman préféré ?

Drôles de Morts fut conçu avec originalité, un premier chapitre innovateur (j’en ai donné des lectures publiques) et il contient des passages intéressants. Heil Harris! doit avoir certaines qualités car l’éditeur allemand a pris les trois autres mais il a refusé de publier celui-ci. L’histoire que je préférais était Pop Crime car c’était pour moi l’époque où on entendait continuellement à la radio Twiggy (3) et je pensais alors que j’avais bien rendu l’atmosphère dans ce roman. Mon gros regret est d'avoir écrit les quatre livres avec une date butoir de l'imprimeur. Je pense que le quatrième, Heil Harris !, fut écrit dans la précipitation et cela s'en ressent.

C’est sympa d’évoquer si naturellement mon commentaire plutôt frivole à la fin de votre mail (4). C’est, bien sûr, complètement gratuit et j’ai pensé retirer ce commentaire plusieurs fois. Le fait est que pour un romancier ‘sérieux’, mon C.V. est un obstacle pour être considéré comme un écrivain digne de ce nom. À l’époque, au milieu des années 60, j’envisageais ce travail avec beaucoup d’enthousiasme.

Vous avez écrit que vous avez rencontré Diana Rigg ; quelle fut sa réaction à la lecture de vos romans ?

C’est en rencontrant Diana Rigg et Marie Donaldson, sa secrétaire personnelle, à son appartement de Dolphin Square que je me suis rendu compte que les écrits sur les séries télévisées étaient un genre méprisé. Je ne pense pas que Diana Rigg avait lu un seul des livres mais Marie Donaldson (5) les avait tous passés au crible et elle pensait que l’un d’entre eux (sûrement Pop Crime) déviait dangereusement vers une scène de sexe explicite. J’expliquais ce que j’essayais de faire et Mademoiselle Rigg m’a interrompu d’une façon arrogante en ces termes : ‘Je sais ce que vous essayez de faire !’. J’ai donc abandonné toute discussion intelligente avec elle. Elle agissait comme si elle était membre de la famille royale et elle était traitée comme tel par tous ses sujets.

Avez-vous rencontré d’autres membres de la distribution ou de la production ?

C’est lors d’une des réunions évoquées plus haut avec le producteur John Bryce, où je fus convoqué à Elstree, que j’ai vu Tara King esquiver des portes et courir le long d’un balcon. Je pense que c’était un test d’audition. C’est comme cela, également, que j’ai rencontré Bette Davis.

Cela a-t-il été facile d’écrire sur les "Avengers" comparé avec d’autres romans adaptés de séries comme "Les Champions" et "Paul Temple" ?

Ce fut assez simple pour tous. C’est peut-être pour cela que je fus choisi pour le faire. Si vous lisez Les Champions, vous remarquerez que j’ai réussi le tour de force de combiner le pilote (qui n’avait pas été diffusé à l’époque) et les deux premiers épisodes dans une même intrigue. Je pense que j’ai pas mal réussi mais c’est aux autres de juger. Au moins, ce travail m’a intéressé.

Les romans étaient-ils basés sur des épisodes de la série ?

Pas ceux des Avengers. Par contre, ceux sur Les Champions et Paul Temple l’étaient. Les scripts pour Paul Temple étaient basés sur de vieilles séries radiophoniques (6) que je pensais datées. J’ai essayé de les rendre plus abordables comme la série avec Francis Matthews auxquels ils se référaient. Je pense que Francis Durbridge (7) fut un peu froissé que la même bande (voir paragraphe 3) ait écrit les scénarios de la série à sa place et du coup, il avait des soupçons à mon égard, supprimant toute comédie qu’il trouvait.

Avez-vous eu des retours d’acteurs, de membres de la production ou de fans ?

Aucun retour. Les acteurs ne réagissent pas aux scripts écrits. Ils comptent le nombre de mots, évaluent leur rôle. Si ça marche, ils en retirent tout le bénéfice, sinon, c’est que c’était mal écrit. Ce qui est normal car nous avons plus de bons acteurs que de scénaristes.

Vos romans ont été un succès mondial et traduits dans plusieurs langues : français, allemand, néerlandais et ils ont même été vendus au Chili. Comment expliquez-vous ce succès ?

Le succès des romans Avengers a été dû au succès de la série télévisée. Les romans furent réédités dans de nombreux pays au début des années 90 grâce à Joanna Lumley et Absolutely Fabulous. Je n’y suis pour rien.

Okay, Denis, Je pense avoir répondu à toutes vos questions.

Je suis désolé que mon site soit plus orienté politique et que les passages de ma vie décousue des années 60 et 70 soient traités rapidement. Je connais certaines personnes à Tamworth qui ont de l’estime pour moi à cause des Champions.

Je vais lire vos critiques des romans mais je promets de ne pas discuter ce qu’il y a d’écrit. Votre jugement a autant de valeur (peut être plus) que mes intentions il y a quarante ans.

(1) "Bleak House" est une adaptation par la BBC du roman de Dickens. Cette mini série de 1985 a huit épisodes.

(2) En fait, John Bryce.

(3) Twiggy (née le 19 septembre 1949), est un mannequin, actrice et chanteuse britannique. Avec ses grands yeux, ses longs cils et sa minceur, elle est connue pour être un emblème des années 1960 et une des mannequins les plus célèbres de cette époque. Patrick Macnee en John Steed a fait de nombreuses photos avec elle.

(4) "Je recommande à toute personne qui par hasard verrait l'un de ces romans dans une librairie d'occasion ou une vente de charité de les acheter et de les détruire immédiatement sans même les avoir lus. Je vous rembourserai les 50p ou plus que vous avez payés. Vous rendrez service à la littérature !".

(5) Marie Donaldson est surtout connue pour avoir inventé le nom d’Emma Peel…

(6) "Paul Temple" fut créé pour la radio. En Grande-Bretagne, plusieurs séries radiophoniques de "Paul Temple" furent diffusées des années 30 aux années 60.

(7) Francis Durbridge (1912-1998) créa le personnage de Paul Temple en 1938.

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©Denis Chauvet

Interview de Rodney Marshall
par Denis Chauvet

Rodney Marshall est né le 23 février 1966 à Londres. Il est le fils de Roger Marshall, scénariste ayant écrit quinze épisodes de Chapeau melon et bottes de cuir de la saison 2 à la saison 5. Rodney Marshall fut maître de conférences en littérature victorienne à l’université d’Exeter. Il se partage entre l’enseignement et le journalisme ; il écrivit pour le Sunday Times et il fut un chroniqueur régulier de French Property News, consacré aux belles demeures françaises. Il partage son existence entre le Suffolk et le Sud-ouest de la France. L’auteur a trois passions : Rebus, The Avengers et…les Chamois Niortais FC, club de seconde division qui joua une saison dans l’élite.

En 2012, il écrivit une étude sur l’inspecteur Rebus, le personnage principal des romans de l’écrivain Ian Rankin, intitulée : Blurred Boundaries: Rankin's Rebus (Amazon, 2012). En 2013, il a écrit trois livres sur les Avengers : Subversive Champagne sur la période Peel (en février pour la version remaniée) puis Making It New?: A reappraisal of The New Avengers et Adventure & Comic Strip: Exploring Tara King's The Avengers (tous les deux en novembre). Un quatrième ouvrage regroupant des écrits de fans sortira en 2014 sous le titre Bright Horizons.   

Voir la fiche bibliothèque de Subversive Champagne


Quand et comment avez-vous découvert la série ? Quels sont vos épisodes et saison préférés ?

J’avais dix ans lorsque j’ai découvert ‘The New Avengers’ à la télé. A l’époque, je n’avais jamais vu l’original et je n’étais pas au courant que mon père avait écrit des épisodes ! Pour moi, c’était une série neuve et excitante. Mes favoris ? Comme saison, je pense que la série atteint sa plénitude à la quatrième saison. Les épisodes? Le Top Ten: The Town of No Return, Death at Bargain Prices, The Murder Market, The Gravediggers, The Cybernauts, L’Heure Perdue, Too Many Christmas Trees, Epic, Murdersville, Stay-Tuned.

Pourquoi avez-vous décidé d’écrire des livres sur la série ?

J’ai trois passions dans la vie : les Chamois Niortais FC, les romans de Rebus (les romans policiers de Ian Rankin) et The Avengers. J’ai écrit sur le forum des Chamois mille fois et je fais des déplacements partout en France avec mon fils pour encourager mon club de cœur ; j’ai écrit un livre sur Rebus ; pourquoi pas The Avengers ? Il y a des histoires sur la série qui sont basées sur des faits, mais pas beaucoup qui font la part belle aux scenarios, quelque chose de plus intéressant et subjectif à mon avis.

L’absence d’excellents épisodes comme A Touch of Brimstone et Castle De’ath dans Subversive Champagne correspond-t-elle à un choix délibéré ou à une contrainte de volume de l’ouvrage ?

Quand j’ai choisi les épisodes, c’était une question de sélectionner les épisodes qui possèdent un mélange d’humour inimitable, d’esprit, avec un conflit interne entre le réalisme et le surréalisme, avec aussi un courant sous-jacent noir, sombre ou troublant. Sans oublier la subtilité et la finesse, des éléments absents (ou presque) en couleur. A Touch of Brimstone manque de subtilité et de finesse à mon avis. (Peut être The House that Jack Built est plus intéressant mais il y a un manque d’humour). L’épisode classique a besoin de jongler avec tous les éléments.

Un livre consacré à la période Cathy Gale est-il envisageable, développant en quoi elle contient les germes de la saison Emma Peel monochrome, notamment dans ses épisodes tardifs comme l’excellent Mandrake ?

Estuaire44 avait raison quand il a dit que mon livre manquait de quelque chose, sans traiter les épisodes tardifs de Cathy Gale ; maintenant, il y a un chapitre sur Mandrake, où je parle des éléments déjà là avant l’arrivée d’Emma Peel. Mais un livre ? Pour l’instant je cherche des écrivains pour le livre Bright Horizons, une étude des 26 épisodes monochromes d’Emma Peel.

Roger Marshall a-t-il observé des similitudes entre The Gilded Cage et le film Goldfinger ?

Je dois lui demander, mais je pense que ‘non’. C’est clair que les films de James Bond ont utilisé des idées d’Avengers et ont ‘volé’ deux actrices aussi !

Roger Marshall a-t-il apprécié l’exercice de réécriture de Mort d'un grand danois pour Un petit déjeuner trop lourd ? Comment lui est venue l’idée d’une antagoniste cette fois féminine ? A-t-il connu des difficultés pour adapter le script originel à une nouvelle époque de la série, très différente ?

Mon père n’était pas content à l’époque parce que Brian Clemens a beaucoup changé ses scenarios. Mon père a demandé à résilier son contrat mais il était obligé d’en écrire encore un et c’était plus rapide d’utiliser un scénario de Gale. (Patrick Macnee a dit que Death of a Great Dane a sauvé la série a l’époque, et que c’était un scénario important.) Mon père a changé des petits détails, comme l’antagoniste et le club des cigares. ‘Pourquoi pas ?’ 

Les auteurs des Avengers disposaient-ils d’une grande liberté de thèmes et de ton, ou était-ils très encadrés par la supervision des scénarios ?

C’était la grande liberté de thèmes, de ton, etc. Ils étaient obligés d’utiliser un certain convenu, comme les scènes à la fin (‘tag scenes’, en anglais), mais, après ça….

Vous mentionnez plusieurs fois Harold Pinter dans Subversive Champagne, quel est le lien qui existe entre l’écrivain et la série ?

Pinter était l’acteur idéal pour le rôle du clochard dans L’Heure Perdue – mon père a demandé Pinter - mais ils ont trouvé Roy Kinnear qui était superbe. Pinter a dit que : « Sous les conversations de mes caractères, il y a une autre conversation. » C'est-à-dire que ses pièces possèdent plusieurs couches (noires) ; c’est comme ça avec The Avengers.

Pensez-vous qu’une seconde saison monochrome aurait eu autant de succès que la première ?

Non ! Déjà, quelque chose a changé, déjà l’équilibre parfait était perdu.

Est-ce que l’épisode Une petite gare désaffectée est le tournant de la série ? L’équilibre entre le sérieux et la comédie est-il rompu et la série penche-elle définitivement vers la fantaisie, parfois la bêtise, ce qui a déplu à votre père ?

A mon avis, ce n’est jamais si simple que ça ! Regarde Take-Over (Noël en Février), l’avant-dernier épisode de Tara King. C’est un scenario très sérieux, horrible en effet (dans le sens positif). Le conflit entre le sérieux et la comédie, entre le réalisme et le surréalisme reste en place jusqu'à la fin de la série, ainsi que la présence des scenarios fantaisistes et stupides.

La saison  Tara King ne fait-elle que poursuivre l’évolution déjà observée en saison couleur Emma Peel (américanisation, style Comics, etc.) ou le phénomène s’aggrave-t-il ?

La présence de Tara et Mother change beaucoup. L’équilibre ou le conflit intellectuel et physique entre Steed et Gale/Peel est perdu. Il est comme un oncle avec King. Mais il y a plus de variété avec la saison 6 que la 5.

Que pense Roger Marshall des New Avengers, qui est une série très controversée ? The New Avengers TNA auraient-ils pu connaître un succès davantage considérable si leur ton avait été plus proche de la fantaisie restée dans les mémoires pour les Avengers ?

Mon père n’a jamais vu un épisode ! Après son départ, il a tourné la page. Moi, je pense que la première saison est excellente, mais qu’il y a un manque de variété pendant la deuxième et que c’était une mauvais idée de tourner en France et au Canada, même si j’aime beaucoup K is for Kill. La fantaisie était parfaite pour les années 60, mais pas pour les années 70 ; une période avec une crise, et l’arrivée de Madame Thatcher à la tête des Conservateurs !

Depuis quelques années, on assiste aux Etats-Unis à une grande vogue de remake de séries. Un retour des Avengers serait-il  envisageable, sous quelles conditions ? Un éventuel remake serait-il plus propice s’il était produit par des Anglais ?

C’est une mauvaise idée ! Ce n’était pas une série intemporelle ; c’était un produit des sixties. Et sans Macnee ? Impossible. Regarde le film de 1998 : désastre, catastrophe ! La période des années 60 est terminée, comme The Avengers.

A part The Avengers, Roger Marshall a écrit pour plusieurs séries, dont certaines sont connues en France comme Regan (The Sweeney), Les professionnels et un superbe épisode de Mission casse-cou (Dempsey and Makepeace). Est-ce qu’écrire pour The Avengers était différent des autres séries ?

Complètement. Au début c’était une série avec une mauvaise réputation et mon père a écrit ses scenarios avec un collègue ; mais pendant les saisons 3 et 4, c’était une série culte et les acteurs, les réalisateurs et les écrivains étaient super contents d’être là.

Pourquoi la série est-elle restée populaire cinquante ans après son apparition en Grande-Bretagne ?

Ca c’est LA question ! The Avengers est un vrai paradoxe. Pur produit des années 60, Gale/Peel/King sont des femmes de l’époque, mais Steed reste un personnage  intemporel. Regarde un épisode classique aujourd’hui, comme The Town of No Return : ce n’est pas démodé ou dépassé, et les extérieurs et les plateaux sont hors du temps. Regarde L’Heure Perdue et c’est quelque chose incroyable, pas comme les autres séries. The Avengers à sa perfection absolue possède une recette unique. Les sixties restent toujours à la mode aussi !

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©Denis Chauvet