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Interview de Chris Bentley
par Denis Chauvet

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Interview d e Chris Bentley, auteur du livre The Avengers on Location paru en 2007 chez Reynolds & Hearn.

Consulter la fiche du livre dans la FAQ Bibliothèque.


LA SÉRIE


Quand et comment avez-vous découvert la série ?

J’ai découvert la série avec The New Avengers ; la série originale fut diffusée lorsque j’étais trop jeune pour l’avoir vue la première fois bien que j’en avais une vague idée grâce à une bande dessinée dans TV Comic.  Lorsque The New Avengers est apparu à la télévision britannique en 1976, j’avais 13-14 ans et plus enclin à apprécier les histoires d’action et d’espionnage que lorsque j’étais enfant. The New Avengers c'était justement ça et je trouvais cette série plus intéressante que les autres à cause des aspects liés à la science-fiction comme les cybernautes et l’énorme rat.

Durant cette période, une sœur d’un copain me conseilla de regarder des épisodes de la série originale qui étaient, d’après elle, bien meilleurs. Elle avait un des premiers enregistreurs de cassettes vidéos, un Philips avec les cassettes carrées, et elle possédait plusieurs épisodes. Celui qu’elle me montra fut Remontons le temps et ce fut donc le premier épisode de la série originale que j’ai vu. Elle était sûre que je l’aimerais à cause des différentes périodes temporelles. En fait, je fus un peu décontenancé  à cause des séquences de Mackidockie Court que je trouvais irréelles et trop planifiées.

Je n’ai pas vu d’autres épisodes de la série originale avant la rediffusion sur Channel 4 en 1982. À l’époque, j’étais étudiant en dessin au lycée. The Avengers était devenu culte et on rentrait rapidement avec mes amis des pubs et soirées pour la regarder le samedi soir. Cela fut ma véritable découverte de la série version années 60 et je l’adore depuis.

Quels sont vos épisodes et saison préférés ?

The New Avengers est toujours la période que je préfère, la première saison un peu plus que la seconde. Mes épisodes préférés sont Méfiez-vous des morts, Le repaire de l’aigle, Jeu à trois mains et Le S 95.

Quoique j’adore les épisodes Emma Peel, j’ai un petit faible pour la saison Tara King de la série originale. Peut-être parce que le style est plus dans celui des New Avengers. Les premiers épisodes ne sont pas bons mais dès que Brian Clemens et Albert Fennell sont revenus, les choses se sont améliorées. Je pense que la saison a vraiment décollé avec l’apparition de Terry Nation qui a permis d’avoir, à mon avis, les meilleurs épisodes de la série. J’aime particulièrement Je vous tuerai à midi, Mais qui est Steed ?, Le matin d’après et L’homme au sommet.


LE LIVRE


Pourquoi avez-vous décidé d’écrire un livre sur la série ?

La principale raison est que je pressentais depuis quelques temps qu’il y avait de la place sur l’étagère Avengers pour un ouvrage intéressant sur les lieux de tournage. Une sorte de guide pour tous les fans désireux de visiter les différents endroits où fut tournée la série mais également quelque chose d’intéressant et d’instructif pour les téléspectateurs voulant simplement en apprendre plus sur les endroits vus à l’écran.

Certains livres, articles de journaux ou websites ont fournit des listes de lieux de tournage mais j’étais plus intéressé par l’histoire et l’architecture de ces endroits : comment, quand et pourquoi ils furent bâtis, qui les a conçus et construits, qui y a vécu et travaillé, quelle était l’utilité du bâtiment lorsque l’équipe de tournage l’a occupé et l’aspect de ces lieux de nos jours. C’était une facette des Avengers et New Avengers qui n’avait jamais été évoquée auparavant. J’ai donc combiné l’histoire architecturale avec celle de la production de la série en y greffant les facilités d’accès pour les lecteurs désireux de se  rendre sur place. J’y ai ajouté des photos de production jamais publiées jusqu’à alors et j’ai pensé que les fans trouveraient l’ouvrage intéressant et utile.

Par une pure coïncidence, le fait de s’intéresser aux lieux de tournage a permis de centrer le livre un peu plus sur la saison Tara King et les New Avengers vu que ces deux périodes ont plus de scènes tournées en extérieur. J’ai toujours été déçu que les saisons que je préférais soient régulièrement plus ou moins éclipsées dans la plupart des livres sur la série.

Cela n’est pas une critique sur les autres ouvrages consacrés à la série car je suis conscient que la popularité des Avengers est principalement fondée sur les saisons Emma Peel et Cathy Gale ; ainsi, quiconque rédigeant un ouvrage général sur la série va mettre en évidence ces saisons. Mais pour les fans qui préfèrent les dernières saisons comme moi  (Tara King, New Avengers), c’est un peu frustrant de constamment trouver ces épisodes relégués comme faire-valoir. Les épisodes Emma Peel sont fabuleux et méritent amplement leur statut, mais le départ de Diana Rigg ne signifiait pas la fin de l’histoire. Heureusement, The Avengers on Location permet de rétablir l’équilibre très naturellement pour les lecteurs.

Avez-vous visité les 500 lieux de tournage et plus cités dans le livre ? Lequel avez-vous préféré ?

Je ne peux pas dire que j’ai visité personnellement tous les lieux énumérés dans le livre. Cela serait une épreuve titanesque même pour le fan le plus mordu. J’ai dû avoir visité et revisité plus des trois quarts durant les vingt dernières années. Il m’est impossible de choisir un lieu que j’affectionne plus que les autres. Eilean Donan Castle sur la côte ouest de l’Écosse est, bien entendu, un endroit incontournable mais j’aime beaucoup aussi Knebworth House, Aldenham House, Shenley Hall et les villages de Aldbury et Letchmore Heath, tous dans le Hertfordshire.

Si je devais néanmoins choisir un lieu, je pense avoir une petite préférence pour Cumberland Terrace à l’est de Regent’s Park. J’aime beaucoup l’architecture de John Nash et je pense que les ‘terraces’ et les ‘crescents’ qu’il a conçus autour de Regent’s Park font partie des plus belles et impressionnantes architectures de Londres. À vos souhaits est un de mes épisodes préférés du début de la saison Tara King et cela fut très gratifiant de localiser le principal lieu de tournage de cette aventure. Les bureaux de Padley, Seaton et Herrick, les  oto-rhino-laryngologistes, sont sur, incontestablement, les plus magnifiques ‘terraces’ de Nash à Regent’s Park.


LE LIVRE (2e partie)


Qui peut être intéressé par les lieux de tournage d’une série vieille de quarante ans à part les ‘vieux’ fans nostalgiques ?

Les nouveaux fans nostalgiques ! La chose merveilleuse que nous avons découverte avec La chasse au trésor (ndlr : The Avengers Dead Man’s Treasure Hunt organisée chaque année en juin) c'est que les jeunes générations redécouvrent The Avengers et The New Avengers, soit grâce aux DVD, soit par les rediffusions comme celles actuellement sur BBC4. Ils adorent les épisodes comme nous, les ‘vieux’, à notre époque. Le tourisme lié aux lieux de tournage (pas seulement pour The Avengers mais également pour beaucoup de séries et de films) est en nette progression et les plus jeunes deviennent  autant intéressés que nous qui le faisons depuis déjà longtemps.

Votre livre est tantôt un guide touristique, tantôt un livre d’histoire ; combien de temps a-t-il été nécessaire pour rassembler toutes ces informations ?

C’est assez difficile de répondre. Certaines de ces informations font partie des documents de recherches que j’effectue depuis une dizaine d’années pour la préparation de La chasse au trésor. Néanmoins,  la majorité des informations provienne d’un travail de recherche intensif sur une période de six mois durant l’élaboration de cet ouvrage.

Comment avez-vous réussi à contacter John Hough ? Avez-vous eu d’autres contacts avec des membres de la production ?

J’ai rencontré John pour la première fois il y a environ douze ans lors de  mon travail pour la société de Gerry Anderson, Fanderson. John a mis en scène quelques épisodes de la série d’action de Gerry, Poigne de Fer et Séduction, et ils sont restés amis. John fut très coopératif en fournissant un aperçu sur le travail pour trouver des lieux de tournage en extérieur ; pour The Avengers mais également d’autres séries des années 60 comme Le Baron, Les Champions et Le Saint.  Il détailla également comment le tournage en extérieur de ces séries s’organisait avec les prises en studio.

Gareth Hunt était un type adorable, très amical et particulièrement drôle. Il se souvenait très bien du tournage des New Avengers et de certaines anecdotes croustillantes, beaucoup trop osées pour être imprimées. Malheureusement, il est décédé pendant la rédaction du livre et il était naturel de lui dédier l’ouvrage une fois terminé.

Brian Clemens fut d’une grande inspiration et très encourageant. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois lorsque je l’ai interviewé pour La chasse au trésor de 2007 et une véritable amitié s’est établie depuis cette date. Il m’a donné un indice qui m’a permis de localiser le village de pêcheurs de l’épisode Le repaire de l’aigle.

Comment avez-vous pu obtenir autant de photographies inédites qui rendent le livre captivant, même pour les fans qui ne comprennent pas l’anglais ?

Les gens de Studio Canal des studios Pinewood furent très coopératifs et ils ouvrirent en grand les portes de leur réserve Avengers et nous avons pu dégoter exactement le genre de photos de tournage que je désirais pour le livre. Ces photos étaient dans les archives Canal Plus depuis des années mais elles ne devaient pas correspondre aux images ‘idéales’ recherchées par les auteurs des autres ouvrages sur la série. Pour The Avengers on Location, je recherchais, avec mon éditeur, des photos prises pendant le tournage car c’était l’essence du livre et cela a permis la publication de nombreux documents inédits.


LES PROJETS


Sur quelles séries envisagez-vous de travailler après "UFO", "Thunderbirds" et "The Avengers" ? Un autre livre sur la série ?

En ce moment, il est vraisemblable d’écrire que les prochains livres auxquels je participerai seront étroitement liés au monde de Gerry Anderson. Cependant, je serais très intéressé d’écrire autre chose sur les Avengers si un aspect innovant se présente. J’ai quelques idées en tête qui pourrait germer un jour ou l’autre, mais pas avant quelques années. ries envisagez-vous de travailler après UFO, Thunderbirds et The Avengers ? Un autre livre sur la série ?

Vous êtes un des organisateurs de l’annuelle Chasse au Trésor, la 22e édition vient juste d’avoir lieu (ndlr, édition de juin 2008), quelles étaient les surprises ?

Nous essayons toujours de trouver quelques surprises et je pense que nous avons réussi, encore une fois, à surprendre les personnes présentes. Après 21 rencontres, c’est difficile de trouver des lieux inconnus et inexplorés mais, cette année, nous avons visité six endroits que nous n’avions pas encore parcourus lors de ces rencontres ainsi que quelques-uns que nous n’avions pas vus depuis longtemps.

Le thème de La chasse de cette année était The New Avengers et trois de nos arrêts furent à St Mary’s Church à Harefield (où Irwin Gunner se cache dans Pour attraper un rat), Oakley Court près de Windsor (lieu de la soirée costumée du Baiser de Midas) et Cantley House à Wokingham (le quartier général temporaire de Juventor dans Jeu à trois mains). Les deux derniers endroits étaient particulièrement intéressants car ils étaient à l’abandon lors du tournage de la série et, après rénovation, ce sont maintenant de magnifiques hôtels de haut standing. Le personnel de ces lieux fut  très accueillant et nous avons pu visiter les trois pièces qui furent utilisées pour le tournage en intérieur de Jeu à trois mains. 

Pour les deux éditions passées, en 2006 et 2007, nous avions délibérément axé ces week-ends sur les lieux de tournage des Avengers mais, traditionnellement,  nous nous rendons également à des endroits utilisés  pour le tournage de perses séries ITV des années 60 et 70. Nous voulions revenir à cela cette année et ce fut une décision unanime. Nous avons donc visité Bhaktivedanta Manor (appelé auparavant Piggot’s Manor), le temple Hare Krishna à Letchmore Heath vu dans des épisodes de Département S et Randall and Hopkirk Deceased. Beaucoup de nos ‘touristes’ ont parlé de la beauté et de la sérénité du bâtiment et de ses jardins. Ce fut un des temps forts de cette réunion bien que ce lieu n’apparaisse pas dans les Avengers. Nous espérons pouvoir présenter d’autres surprises de ce genre pour la prochaine édition.

 

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©Denis Chauvet

Interview de Alain Carrazé
et Jean-Luc Putheaud

par Alex Taylor

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L'entretien retranscrit de quinze minutes n'est qu'une des quatre parties originales. La première était avec Laurence Bourne et les trois suivantes avec les auteurs du livre paru aux Éditions Huitième Art, Alain Carrazé et Jean-Luc Putheaud. Cette retranscription est la deuxième avec les auteurs du livre. Elle faisait suite à la projection de l'épisode Le jeu s'arrête au 13 le 16 juillet 1991.
Votre livre est une traduction de livre anglais ou une œuvre inédite et originale ?

Alain Carrazé : Quelle honte ! Une traduction ! Ah non ! On a puisé nos informations d'abord car Jean Luc tout comme moi, aimons la série depuis des années ; on a entendu ce qui se faisait sur la série depuis pas mal de temps ; on a rencontré les personnages clés : Brian Clemens, le producteur, Patrick Macnee et Diana Rigg puis on a glané pas mal d'éléments. De plus, comme c'est un livre d'art, on a surtout voulu montrer un maximum de documents photographiques. Une recherche à travers beaucoup d'instituts dont le British Film Institute qui nous a fourni un maximum de plans jamais vus.

Jean-Luc Putheaud : On tenait à avoir une qualité iconographique très spéciale, représentative de la série.

Brian Clemens, la grande force créatrice de la série, vous l'avez rencontré ; où, quand, comment ?

Alain Carrazé : On n'a pas rencontré Brian Clemens malheureusement de visu car il partait pour Los Angeles pour écrire une série. Il a été extrêmement sympathique : on lui a téléphoné, parlé de ce qu'on voulait faire et envoyé notre précédent ouvrage et puis il a dit d'accord. « Je vais avoir un vol assez long (de Londres à Los Angeles), envoyez-moi des idées et questions et je vais vous écrire tout ce dont je me souviens et je vous le faxe dès mon arrivée ». Il nous a envoyé huit à dix pages de texte en tout petits caractères sans interligne ; c'était presque un livre.
In English ?

Alain Carrazé : Of course, in English. À partir de là, on a coupé un peu à droite et à gauche et on a gardé la substantifique moelle et on s'en est servi pour faire notre livre. On a repris de très larges morceaux en laissant la parole à Brian Clemens car c'est un peu lui qui a créé Chapeau Melon et Bottes de Cuir. C'est l'ange gardien en tout cas, c'est lui qui a créé Chapeau Melon dans la forme que l'on connaît.

Il vous a donné son impression sur les épisodes ?

Alain Carrazé : Tout à fait. Il nous a dit les épisodes qu'il préfère et ceux qu'il n'aime pas. Évidemment, c'est à prendre quelquefois au second degré car, comme par hasard, ceux qu'il n'aime pas sont ceux qui ont été faits sans lui !

Qu'est ce qu'il n'aimait pas ?
Jean-Luc Putheaud : Il n'a pas aimé l'arrivée de Linda Thorson/Tara King.
On l'a appris avec Laurence Bourne car c'était la petite amie du producteur.

Jean-Luc Putheaud : Elle a été imposée et Brian Clemens prend le prétexte qu'elle manquait d'humour. Il a créé le personnage de Mère-Grand uniquement parce que Tara King n'avait pas d'humour. Linda Thorson ne passait pas bien, c'était une actrice débutante inexpérimentée beaucoup trop jeune. Le personnage ne lui plaisait pas. Petit à petit, il s'y est fait. Faut dire aussi que Patrick Macnee a beaucoup aidé Linda Thorson, il l'a défendue contre Brian Clemens.

Vous avez aussi rencontré Patrick Macnee, c'était facile ?

Alain Carrazé : Ce n'était pas évident car ses agents artistiques ont fait un blocage ; Patrick Macnee tourne encore beaucoup de choses, il est assez insaisissable. (1)

Ce n'est pas ce qu'on a appris avec Laurence Bourne ; on a l'impression qu'il passe ses journées sur une plage à Malibu...
Jean-Luc Putheaud : Il tourne beaucoup de choses fantastiques en ce moment comme un remake du Masque de la mort rouge d'Edgar Poe, Hurlements, Spaceship et quelques séries..
Est-ce vraiment un bon acteur ? On a tellement l'impression que c'est lui-même qu'il joue !
Alain Carrazé : Voilà, c'est cela le problème ; il est prisonnier de son rôle.
Je l'ai vu dans une autre série : c'est Steed sans le chapeau !
Alain Carrazé :Steed, c'est beaucoup Patrick Macnee au départ. De toute façon, il a beaucoup mis de son personnage dans Steed.
Steed s'est-il imposé dès le premier épisode comme Diana Rigg dans "Voyage sans retour" ou y a-t-il une évolution du personnage ? (2)
Jean-Luc Putheaud :Il y a une évolution flagrante dès le début. C'est un policier. Il faut préciser que lorsque Chapeau Melon et Bottes de Cuir a débuté en France, on ne savait pas qui ils étaient ; on ne voyait jamais leur chef, on ne savait rien d'eux. Ça a démarré en France en 1966 (3) sur la première chaîne.
En Grande-Bretagne, en 1961...
Jean-Luc Putheaud : Exactement. On a débuté en France avec les épisodes que vous diffusez actuellement. On s'est demandé qui étaient ces gens.
Tous n'ont pas été diffusés. Je tiens à le dire, la moitié de cette série sont des inédits. Cette série n'est passée qu'une seule fois en France dans les années soixante.

Jean-Luc Putheaud : Tout à fait. Quand j'étais gosse, je pensais que c'était des détectives privés. Il manquait un peu cette petite logique des séries de l'époque. D'un seul coup, il y a eu le déclic : ce sont des agents secrets et des missions d'espionnage.

(1) : Nous sommes en 1991 !

(2) : Voyage sans retour est en fait quatorzième en ordre de production.

(3) : En fait c'était le 4 avril 1967.

Moi non plus. J'étais anglais mais je ne comprenais pas ce qu'était le MI5. Ils ont eu des problèmes avec les américains ?

Alain Carrazé :Oui, les américains ne comprenaient pas car ils ont pris la série comme nous avec les épisodes que Continentales diffuse en ce moment et pour les américains qui ont un esprit cartésien, on a fait une petite séquence générique supplémentaire (4). C'était 30 secondes au début de chaque épisode pour tenter d'expliquer aux américains ce qu'était cette histoire un peu bizarre.

Jean-Luc Putheaud :Qui n'existe pas sur les copies françaises et britanniques.

J'ai essayé de négocier pour obtenir le générique américain avec la société qui détient les droits. Ils ont fait de leur mieux mais c'est pratiquement introuvable.

Alain Carrazé : Tourné uniquement pour les américains pour essayer de leur expliquer.
Il y a une différence de générique, de look entre la série noir et blanc et la deuxième saison Emma Peel que l'on connaît beaucoup mieux car diffusée sur Antenne 2.

Jean-Luc Putheaud : Réalisé par Brian Clemens d'ailleurs.

C'est beaucoup plus dans le look tandis que le générique noir et blanc a des images fixes. C'est un peu décevant, non ?

Alain Carrazé : Un peu décevant, peut-être ! Mais il faut préciser que plus la série avance dans le temps, plus elle a du succès, plus elle est vendue dans différents pays et aux États-Unis. Il y a plus d'argent qui rentre puis la série devient en couleur ce qui coûtait très cher à l'époque. Ils ont plus de moyens. Malgré le fait que les épisodes avec Diana Rigg, qui est une actrice extraordinaire, sont les meilleurs ; les épisodes les plus léchés au niveau de la réalisation pure, cinématographiquement parlant, sont sans doute les derniers avec Linda Thorson pour lesquels il y avait visiblement beaucoup d'argent.

Point de vue réalisation, pas point de vue scénario ?

Alain Carrazé : Non, scénario sûrement pas !

Jean-Luc Putheaud : Il y avait un parti pris volontairement esthétisant pour la saison Linda Thorson ; il y avait des metteurs en scène de renom comme Robert Fuest [NDR: C'est faux: Robert Fuest avait signé avec les Avengers ses toutes premières mises en scène !] qui avait travaillé pour la Hammer ; le budget était plus fort et on voulait soigner l'image. Par exemple, la victime se reflétait dans les phares d'une voiture à travers un égout ; des plans très stylisés.

Les réalisateurs de la série noir et blanc, étaient-ce des gens connus ? J'imagine qu'on a pris des débutants pleins d'idées.

Jean-Luc Putheaud : C'était quant même des spécialistes de séries comme Le Saint ; ils avaient déjà travaillé pour des petites productions britanniques de fantastique ou de science-fiction ou pour la Hammer. Des gens motivés, choisis pour leur sens esthétique de l'image. Brian Clemens nous a affirmé que les réalisateurs n'avaient pas été pris au hasard ; il fallait des gens bourrés d'humour, de l'invention, qu'ils aient un sens du dynamisme et qu'ils respectent le montage. Le montage est tellement important dans la série.

Absolument ! À l'époque à la TV britannique, il y avait Le Saint , Destination Danger, Le Prisonnier que j 'ose à peine aborder avec vous tellement vous aimez cette série.

Jean-Luc Puthaud :L'Homme à la Valise, Le Baron...

L'Homme à la Valise, je ne connais même pas ! Pourquoi ces séries n'existent-elles plus maintenant ?

Alain Carrazé : Il y a une grosse raison. 90% des séries qu'on vient de citer sont dûes à la grosse boîte anglaise, ITC, qui a fait des deals avec les États-Unis. Elle a décidé d'arrêter la production de séries TV et de se consacrer à des mini séries et des longs-métrages. Cela a arrêté ce genre de production très rentable à l'époque et vendue dans le monde entier. Des séries d'action et d'aventure (Les Champions, Département S ) destinées au public anglais mais surtout au public américain avec le British flavour.

Avez-vous rencontré les filles ?
Alain Carrazé :On n'a pas rencontré Diana Rigg, elle est très difficile à avoir et c'est très délicat de la faire parler sur les Avengers.
J'ai lu un article du Times il y a un mois où on évoque brièvement son passé.
Alain Carrazé :Elle n'aime plus cela. Mettez-vous à sa place. C'est une actrice, cela date de vingt ans maintenant (5) tout ça et à chaque fois que les journalistes viennent la voir, même quand elle fait une nouvelle pièce de théâtre ou une production télévisée, c'est pour lui parler des Avengers !
Dans l'article du Times, le journaliste disait « cette femme que j'ai adorée » !
Alain Carrazé : Frustrant pour elle. Elle a décidé de ne plus parler de cela. Patrick Macnee était sur le tournage d'une mini série consacrée à Sherlock Holmes (dans le rôle du Docteur Watson). On lui a dit qu'on aimerait voir Diana Rigg, qu'on faisait des tentatives avec son agent. « Écoutez, je vais peut-être vous aider » a-t-il dit. Par miracle, quelques semaines plus tard, un agent de Diana Rigg nous a contactés pour nous dire qu'elle acceptait de répondre à nos questions. Le moment n'était pas très facile pour elle à cause de soucis personnels et nous n'avions pas beaucoup de temps car le livre était presque terminé. On a échangé quelques fax et s'en est resté là.
Qu'est-ce qu'elle vous a écrit ?

Alain Carrazé :Principalement, quelque chose qui est presque un non évènement ; pour elle Chapeau Melon et Bottes de Cuir était une chance extraordinaire, elle reconnaît maintenant vingt ans après que c'était peut-être son plus beau rôle, mais qu'il faut continuer à aller de l'avant. Elle ne refuse pas son passé même si elle ne veut pas en parler.

Dans la presse de l'époque, je me rappelle qu'elle insistait pour sortir du studio à seize heures pour aller jouer Shakespeare. Elle y tenait. Elle était très bien payée à l'époque bien qu'au début assez mal. Je me souviens des titres de la presse « Diana Rigg réclame £100 par semaine » ; à l'époque, cela a fait les gros titres. Elle savait qu'on ne pouvait pas lui refuser.

Jean-Luc Putheaud : Elle savait qu'elle était indispensable à la série. Elle avait marqué son empreinte, les gens étaient tombés amoureux d'elle. Les spectateurs britanniques ne voyaient que par Diana Rigg.

Quel est le premier épisode que vous avez vu ?

Jean-Luc Putheaud : En 1966, Meurtre par téléphone. (6)

Alain Carrazé : L'épisode des Cybernautes.

Je me rappelle très bien le premier épisode que j'ai vu ; c'était "Les fossoyeurs". Je me rappelle cette séquence où Steed et un des vieux cheminots sont dans un train et font semblant de voyager et quelqu'un derrière court pour dérouler le paysage. Ça m'a accroché tout de suite à la série. On vous retrouve demain pour parler de cette série. On peut trouver votre livre aux Éditions huitième art ou le gagner en jouant avec nous au 3615 FR3 code CEE où vous pourrez trouver le vocabulaire de l'épisode de demain qui s'appelle Small Game for Big Hunters.

(4) : C'est la séquence de l'échiquier aujourd'hui disponible en DVD.

(5) : Quarante ans, Diana Rigg est devenue Emma Peel le 10 décembre 1964 !

(6) : Sûrement le 4 avril 1967 !

©Denis Chauvet

Crédits photos:Europe 1,Steed&Co

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