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Sweeney Todd (2008)Dark Shadows (2012)

Saga Tim Burton

Alice au Pays des merveilles (2010)


ALICE AU PAYS DES MERVEILLES
(ALICE IN WONDERLAND)

Résumé :

Dans l’Angleterre victorienne, Alice est insatisfaite de sa vie et de celle qu’on lui propose. Elle fuit et replonge dans un lieu où on l’attendait mais qu’elle a complètement oublié, le Pays des Merveilles. Mais c’est un lieu dévasté et la jeune fille va devoir surmonter bien des épreuves.

320

Critique :

L’adaptation que réalise Tim Burton du livre de Lewis Carroll est littéralement une réappropriation. Le réalisateur s’empare des lieux, des personnages et en restitue une œuvre personnelle, grandiose, sombre et poétique.

L’ouverture prend dix minutes. Il faut poser les bases, présenter Alice, une jeune fille en âge de se marier mais qui est fort peu conventionnelle, à la fois distraite et rêveuse mais aussi dotée d’une certaine force de caractère. Pressée de dire « oui » à une demande en mariage, elle élude la question et n’y répondra qu’à la toute fin, même si le suspense n’est pas grand. D’emblée, Mia Wasikowska s’empare du rôle et s’impose comme une évidence ; son jeu donne d’Alice une image douce, jolie mais pas du tout décorative comme ce que la société victorienne attendait d’une jeune fille de bonne famille. Irrévérence plutôt que rébellion ; elle veut qu’on la laisse vivre. La fuite d’Alice est celle d’un jeune qui n’est pas encore devenu adulte. C’est tout autant un film d’apprentissage qu’un film fantastique. Le merveilleux a un rôle ; il n’est pas purement décoratif chez Burton.

La vision du Pays des Merveilles est en rupture complète avec ce que l’on pourrait pu attendre : c’est un lieu dévasté, abandonné dans lequel Alice entre après les épreuves bien connues mais les interrogations chuchotées sont bien plus intéressantes. En effet, tout au long du film, la question de l’identité d’Alice va être posée et s’imposer à la jeune fille. L’obstination de celle-ci à considérer le Pays des Merveilles comme un rêve peut se lire comme un refus d’accepter la réalité. Dans ce cas-là, comment savoir qui l’on est ? La formule de la chenille Absolem – « Elle est loin d’être Alice » - est assez claire malgré son énoncé sibyllin. Le Pays des Merveilles – des décors numériques soignés dans lesquels domine la couleur grise – n’est pas un endroit paisible pour Alice.

C’est un lieu d’épreuves mais, au-delà des péripéties menées tambour battant – aucune longueur, aucune perte de temps – l’enjeu a été posé d’emblée. Tous attendent le retour de la « véritable Alice » pour le « jour frabieux » - le film regorge de ces mots étranges forgés par Lewis Carroll qui adorait les inventer – le jour où le champion de la Reine Blanche (merveilleuse Anne Hathaway, à la fois éthérée et pleine de résolution, tout autant que d’empathie) affrontera le Jabberwocky, un dragon aux ordres de la Reine Rouge, sœur de la précédente à qui elle a dérobé le trône. Tout est écrit mais, une fois encore, Alice refuse de se plier à ce qu’on attend d’elle : « Le chemin, c’est moi qui le trace » assène-t-elle avec détermination. Le jour venu, le Chapelier fou lance la révolte. Alice devra faire un choix. Acceptant le Pays des Merveilles, elle accepte sa part de rêve et affronte le monstre. Le décor du combat est un jeu d’échec géant et les couleurs sont le blanc et l’orange avec le gris dominant. Tim Burton réalise une œuvre au noir d’où sortira la lumière. Alice change la grisaille en couleur ; elle est un alchimiste à sa façon. A l’issue du combat, Alice est plus sûre d’elle-même.

Ce qui fait la force de l’univers créé par Tim Burton, c’est sa consistance car le réalisateur a su donner vie au Pays des Merveilles. Son coup de génie de ne pas adapter purement l’histoire mais de se situer dans un après qui place le spectateur dans la même position qu’Alice : il connaît le Pays des Merveilles mais l’a oublié et doit le redécouvrir. A la lecture métaphorique s’ajoute donc une lecture psychanalytique. Alice doit devenir adulte et le spectateur doit redevenir un enfant. Pour réussir ce tour de magie, Tim Burton dispose bien sûr de toute la machinerie des effets spéciaux dont il sait intelligemment user et surtout leur donner une part de poésie et de noirceur. Le Chat de Cheshire est ainsi à la fois beau visuellement mais aussi mystérieux et vaguement inquiétant. Le réalisateur a surtout des acteurs de premier ordre, au premier rang desquels Johnny Depp. L’acteur n’est jamais meilleur que quand il tourne avec Burton et cela se réalise encore ici. Inspiré, littéralement habité par son rôle, il joue avec une flamme un personnage totalement allumé mais chez qui la « folie » est poésie. Sa danse finale, quoique brève, est un joli morceau à la fois drôle et tendre. C’est à la mesure de l’univers de Burton, on peut y rire mais plus souvent y sourire car l’effroi n’est jamais loin.

En Reine Rouge, Helena Bonham Carter est prodigieuse et elle compose une adversaire à la fois ridicule mais dangereuse. Son obsession de couper des têtes – sentence énoncée d’une voix glapissante – montre un personnage totalement déséquilibré mais qui s’efforce d’instaurer un ordre sur lequel elle aura prise. Sentiment bien connu des despotes et des usurpateurs. Le choix de Mia Wasikowska est validé, lui, à chaque plan du film car la jeune actrice ne quitte pas souvent la scène ! Burton voulait quelqu’un ayant une « force intérieure latente », à la fois « belle et dure ». La jeune Australienne est prodigieuse ; souriante, déterminée, courageuse ; son Alice, qu’elle crée petit à petit, est une réussite complète.

Anecdotes :

  • Sortie US : 5 mars 2010 Sortie France : 24 mars 2010

  • Le budget était de 200 millions$. Le film en a rapporté 1 024 391 110$.

  • Scénario : Linda Woolverton (d'après les romans de Lewis Carroll). Scénariste américaine, elle a écrit pour Disney les scenarii de Le Roi Lion (1994), Mulan (1998), Maléfique (2014) et Alice de l’autre côté du miroir (2016)

  • Lewis Carroll : écrivain anglais né Charles Lutwidge Dodgson (1832-1898), il fut professeur de mathématiques et photographe. C’est pour une petite fille, Alice Liddell, qu’il imagine les histoires rassemblées dans Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles (1865). De l’autre côté du miroir paraît en 1871 et, si sa partie de jeu d’échecs est restée célèbre, c’est aussi un ouvrage de nonsense et de surréalisme avant l’heure. La chasse au Snark (1876), œuvre en vers, va plus loin et n’est pas une œuvre gaie. Sa dernière œuvre sera Sylvie et Bruno (1889) où il essaye d’accoler le rêve et la réalité. Son œuvre mathématique, publiée sous son vrai nom, a été reconsidérée positivement au vingtième siècle.

  • Le film a remporté l’Oscar de la meilleure direction artistique et l’Oscar de la meilleure création de costumes.

  • Johnny Depp a remporté le Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie.

  • Crispin Glover ne mesurant pas les 2,30 mètres de haut de son personnage, il a dû tourner ses scènes avec sur des échasses. De la même façon, Matt Lucas (Tweedledee et Tweedledum) a été filmé dans un costume vert en forme de poire, qui l’empêchait d’avoir les bras collés le long du corps. Grâce à ces accessoires, les deux comédiens pouvaient ainsi mieux entrer dans la peau de leur personnage respectif, tandis que Tim Burton pouvait faire intervenir des personnes de tailles différentes dans un même plan.

  • Avec Alice au pays des merveilles, Johnny Depp tourne pour la septième fois (et la quatrième d’affilée) avec Tim Burton, soit une fois de plus qu’Helena Bonham Carter, qui en est ici à sa sixième collaboration avec son réalisateur de mari. Le film marque par ailleurs les retrouvailles de Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Alan Rickman et Timothy Spall, qui s’étaient donné la réplique (en chanson) dans Sweeney Todd, le précédent film de Tim Burton.

  • Helena Bonham Carter, Alan Rickman, Timothy Spall, Imelda Staunton et Frances de la Tour, s’étaient déjà croisés sur quelques épisodes de la saga Harry Potter.

  • En faisant des recherches pour son personnage, Johnny Depp a découvert que les chapeliers du XIXème siècle souffraient d’empoisonnement au mercure : « L’expression « fou comme un chapelier » provient en fait des vrais chapeliers qui, pour fabriquer des hauts-de-forme en peau de castor, utilisaient une colle qui contenait une concentration élevée de mercure. Elle tâchait leurs mains et le mercure finissait par les rendre fous », raconte le comédien.

  • Outre la bande-originale « classique » composée par Danny Elfman, Alice au pays des merveilles bénéficie également d’une compilation de titres inédits signés Avril Lavigne, Franz Ferdinand, Wolfmother ou encore Tokio Hotel.

  • Les prises de vues n’ont duré que 40 jours, entre septembre et octobre 2008, avant de laisser place aux effets spéciaux.

  • Si la tête d’Helena Bonham Carter a été retouchée par ordinateur pour paraître deux fois plus grosse sur l’écran que dans la réalité, la comédienne devait néanmoins passer par une longue séance de maquillage : « Cela prenait trois heures, mais j’adore être royale. Le problème, c'est que comme elle n’arrête pas de hurler, je perdais ma voix presque tous les jours vers 10h00... (...) C’était vraiment épuisant toutes ces colères ! », raconte l’actrice.

  • Avec le rôle du Dodo, Tim Burton a réussi à faire sortir Michael Gough de sa retraite pour la troisième fois, après Sleepy Hollow (2000) et Les Noces funèbres (2005), et signe sa cinquième collaboration avec lui. Ce fut le dernier film de Michael Gough avant sa mort le 17 mars 2011 à l’âge de 94 ans.

  • Les noms d’Amanda Seyfried et Lindsay Lohan avaient circulé pour le rôle d’Alice.

  • Avant que Tim Burton ne participe au projet, Anne Hathaway avait refusé le rôle d’Alice car elle le trouvait trop semblable à d’autres rôles qu'elle avait précédemment joués. Cependant, elle était désireuse de travailler avec Burton et joue donc la Reine Blanche. Elle a tourné toutes ses scènes en deux semaines.

  • Johnny Depp a admis avoir trouvé le processus de tournage sur un écran vert « épuisant », et qu’il se sentait « confus à la fin de la journée ».

  • Tous les personnages du Pays des merveilles ont un nom propre. Ces noms ont été inventés pour ce film, car dans les livres et la plupart des autres versions de films, ils ne sont mentionnés que par des titres descriptifs. Les potions de changement de taille sont également nommées pour la première fois.

  • Stephen Fry, Alan Rickman, Barbara Windsor, Sir Christopher Lee, Michael Gough, Imelda Staunton et Jim Carter ont tous enregistré leur dialogue en une seule journée.

  • La Reine rouge et Stayne affirment qu’il vaut mieux être craint qu’aimer. Cela paraphrase une citation célèbre du « Prince » de Nicolas Machiavel : « On peut répondre que l’on devrait souhaiter être les deux, mais parce qu’il est difficile de les unir en une seule personne, il est beaucoup plus sûr d’être craint qu’aimé. »

  • L'année de la sortie de ce film a marqué le 145e anniversaire du livre.

  • Mia Wasikowska/Alice : actrice australienne d’origine polonaise, elle débute sa carrière artistique comme danseuse de ballet. Elle débute au cinéma avec Le Feu sous la peau (2006) puis enchaîne avec Les Insurgés (2008, avec Daniel Craig), Amelia (2009, avec Hillary Swank). Suivront Jane Eyre (2011), Des hommes sans loi (2012, avec Jessica Chastain), Madame Bovary (2014), Crimson Peak (2015, avec Jessica Chastain). Elle reprend le rôle d’Alice pour Alice de l’autre côté du miroir (2016) avant d’enchaîner avec HHhH (2017).

  • Anne Hathaway/La Reine blanche : actrice américaine, une des plus douées de sa génération. Elle est lancée par Garry Marshall avec la comédie Princesse malgré elle (2003) et va tourner quelques films dans la même veine : Un mariage de princesse (2004), Rachel se marie (2008), Meilleures ennemies (2009) ajoutant la comédie dramatique à son arc : Jane (2007), Love et autres drogues (2010), Un jour (2011). Elle se hisse au plus haut avec ses participations à The Dark Knight Rises (2012), Les Misérables (2013, Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle ainsi que Golden Globe et BAFTA), Interstellar (2014). Elle a également beaucoup joué dans des comédies : Le Diable s’habille en Prada (2006) qui l’installe définitivement, Max la Menace (2008), Le Nouveau stagiaire (2015), Ocean’8 (2018).

  • Crispin Glover/Stayne, le Valet de Cœur : acteur américain vu dans Vendredi 13- chapitre final (1984), Retour vers le futur (1985), Tout pour réussir (1990), Sailor et Lula (1990), The Doors (1991), Larry Flint (1996), Charlie et ses drôles de dames (2000), Charlie’s Angels : les anges se déchaînent (2003), La légende de Beowulf (2007).

  • Matt Lucas/Tweedledee et Tweedledum : acteur britannique, vu dans Astro Boy (2009), Mes meilleures amies (2011), Alice de l’autre côté du miroir (2016). A la télévision, on l’a vu dans Docteur Who (2015-2017).

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Alice au Pays des merveilles (2010)Frankenweenie (2012)

Saga Tim Burton

Dark Shadows (2012)


DARK SHADOWS
(DARK SHADOWS)

Résumé :

En 1760, parce qu’il a repoussé l’amour d’Angélique, qui est en fait une sorcière, Barnabas Collins est métamorphosé en vampire et enfermé dans un cercueil dont il ne sort qu’en 1972. Il est décidé à redonner à sa famille son lustre d’antan. Mais la sorcière mal-aimée, toujours vivante elle aussi, tente de déjouer ses plans en utilisant tous ses charmes.

320

Critique :

Adaptation d’une série télévisée, ce film est un bijou d’humour totalement survolté. Fan de la série, Johnny Depp apporta à Tim Burton l’idée de la porter sur grand écran. Il tient le rôle phare de Barnabas Collins avec une autorité incontestable. Le bémol, c’est que, faute de pouvoir développer tous les membres de la famille Collins (une belle brochette d’inadaptés sociaux), le film se concentre sur la lutte brûlante de Barnabas et d’Angélique au point de laisser les autres personnages au rang de silhouettes. Seule l’expérimentée Michelle Pfeiffer sort son épingle du jeu.

Au niveau des décors, c’est très réussi et notamment Collinwood, la maison de maîtres, absolument somptueuse. Si le grand salon avec son lustre magnifique et son grand escalier est la pièce que l’on voit le plus, son caractère gothique est souligné par sa décoration soignée. La description énamourée qu’en fait Barnabas à Elizabeth est une des scènes clés du commencement du film. Sa remise en ordre, qui donne lieu à une succession de saynètes amusantes, marque le retour du maître. Symbole de la famille, il sera logiquement la cible de la sorcière.

La famille Collins est un des moteurs de l’action, pas tant par ses individualités, assez lamentables, mais par ce qu’elle représente, par le passé qui est le sien. La complainte du sang qui ouvre le film est éloquente : on est d’abord quelqu’un parce que l’on s’insère dans une histoire familiale. D’où aussi le regroupement des Collins malgré leur dénuement : ils sont solidaires parce qu’ils sont des Collins, peu importe qu’ils ne s’aiment pas. Et gare à ceux qui trahissent ! Leur châtiment peut être…définitif. Vouloir redonner son rang à sa famille n’est pas une lubie pour Barnabas, c’est son devoir. Peu importe là encore qu’il soit un vampire, il est un Collins. En matriarche d’un clan qu’elle s’efforce de préserver, Elizabeth est le second besogneux du chef génial. On la voit très souvent à son bureau, mettant en œuvre, on imagine, les idées de Barnabas. La loyauté d’Elizabeth au nom des Collins est appréciée de Barnabas qui n’hésite pas à lui dévoiler le secret du manoir. Avoir confié ce rôle à Michelle Pfeiffer est une idée lumineuse de Tim Burton tellement l’actrice s’impose par son charisme.

La survenue du vampire en 1972 – curieusement, la même année que Dracula chez la Hammer ! – est parfaitement anecdotique. A quelques répliques amusantes et scènes assez drôles (mais brèves), la confrontation du vampire venu du XVIIIème siècle et de la modernité des années 70 sera tout juste survolée. Quelque part, ce n’est pas très grave.

Le clou du film, sa colonne vertébrale, c’est la lutte implacable entre deux anciens amants, Barnabas et Angélique. Les deux monstres (elle se qualifie elle-même ainsi) s’affrontent à quatre reprises. Chacune de leurs scènes est un mélange de chaud/froid fascinant. Angélique est une maîtresse femme qui ne s’en laisse pas compter. A sa façon, elle incarne cette modernité où les femmes décident par elle-même ce qu’elles veulent faire, travailler (elle dirige la firme qui a ruiné les Collins, est membre du conseil municipal) et faire l’amour quand elles le décident. Nouvelle venue dans l’univers de Tim Burton (on la reverra), Éva Green crève l’écran et s’impose. Son Angélique représente une certaine revanche sociale, de ces petites gens qui surent s’élever par leur travail et damnent le pion aux grandes familles aristocratiques. Angélique n’a pas peur : elle provoque même, elle « allume » (Johnny Depp en est soufflé !), elle jouit de sa propre perversité.

Le duel de Barnabas et d’Angélique est également alimenté par une formidable attraction sexuelle qui culmine dans une scène dantesque où ils détruisent littéralement toute la pièce ! L’actrice s’amuse mais elle rend également visible l’intense douleur intérieure de son personnage ; celle qui alimente sa prodigieuse soif de pouvoir et de revanche ; celle qui est un gouffre insondable d’une violence qui ne peut mener qu’à la destruction. Le talent d’Éva Green est de réussir à faire de cette femme un être complexe, attachant à sa façon, moderne et digne.

Anecdotes :

  • Dark Shadows fut d’abord une série en 1245 épisodes de 23 minutes diffusés entre 1966 et 1971. Elle est toujours inédite dans les pays francophones. Le film est dédié à Dan Curtis, créateur de la série.

  • Tim Burton remit au scénariste Seth Graham-Smith coffrets, ouvrages, CD, novellisation, description des personnages, un premier jet de John August (crédité) et son expertise de fan plus celle de Johnny Depp. Le scénariste est un admirateur du réalisateur.

  • C’est la dernière fois que Christopher Lee (Silas Clearney) joue dans un film de Tim Burton. L’acteur, qui avait retrouvé une nouvelle carrière grâce à Sleepy Hollow, aura participé en tout à 5 films pour Burton.

  • Nouvelle curiosité capillaire : Eva Green, brune au naturel, est ici blonde.

  • Éva Green/Angélique Bouchard : actrice française, vue au cinéma dans Arsène Lupin (2004), Casino Royale (2006), A la croisée des mondes : la boussole d’or (2007), Sin City : j’ai tué pour elle (2014), D’après une histoire vraie (2017). Elle a également joué à la télévision : Camelot (2011), Penny Dreadful (2014-2016).

  • Michelle Pfeiffer/Elizabeth : actrice américaine dont la carrière est particulièrement riche : Grease 2 (1982), Scarface (1983), Les sorcières d’Eastwick (1987), Les liaisons dangereuses (1988, BAFTA de la meilleure actrice dans un second rôle), Susie et les Baker Boys(1989, Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique),    Batman : le Défi (1992), Wolf (1994), Le songe d’une nuit d’été (1999), Sam, je suis Sam (2001), Chéri (2009), Malavita (2013), Maléfique : le pouvoir du mal (2019).

  • Jackie Earle Haley/Willie : acteur américain, il débute au cinéma avec Un homme est mort (1972). On le verra ensuite dans La bande des quatre (1979), Nemesis (1993), Watchmen-Les Gardiens (2009), Freddy-Les Griffes de la nuit (2010), La chute de Londres (2016), La Tour sombre (2017). Il tourne aussi pour la télévision : La planète des singes (1974), La croisière s’amuse (1979), MacGyver (1985), Arabesque (1986), Human Target (2010-2011), Preacher (2016), Narcos-Mexico (2018).

  • Jonny Lee Miller/Roger : acteur anglais révélé par Trainspotting (1996). Au cinéma, on l’a vu dans Dracula 2001 (2000), Melinda et Melinda (2004), Byzantium (2012), Trainspotting 2 (2017). Il tourne également pour la télévision : Inspecteur Morse (1991), Cadfael (1994), The Canterbury Tales (2003), Dexter (2010), Elementary (2012-2019).

  • Bella Heathcote/Victoria/Josette : actrice australienne, vue au cinéma dans Time Out (2011), The Neon Demon (2016), Cinquante nuances plus sombres (2017).

  • Chloé Grace Moretz/Carolyn : actrice américaine vue au cinéma dans Amityville (2005), Kick-Ass (2010), Hugo Cabret (2011), Kick-Ass 2 (2013), My Movie Project (2013), La Cinquième vague (2016), Suspiria (2018). Elle tourne aussi pour la télévision : Le Protecteur (2004), Desperate Housewifes (2006-2007), Dirty Sexy Money (2007-2008), 30 Rock (3 épisodes, 2011-2013).

  • Gully McGrath/David : acteur australien, vu dans Rush (TV, 2008), Hugo Cabret (2011), Lincoln (2012), Boys in the trees (2016).

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Frankenweenie (2012)Big Eyes (2014)

Saga Tim Burton

Frankenweenie (2012)


FRANKENWEENIE
(FRANKENWEENIE)

Résumé :

Victor Frankenstein ne se console pas de la perte de son chien Sparky. Il utilise la science pour ramener Sparky à la vie. Il essaye de cacher sa créature mais Sparky s’échappe et tout le monde va en subir les conséquences.

320

Critique :

Un film globalement décevant. On a certes de bons moments, quelques bonnes idées (pour redonner de l’énergie à Sparky, Victor le branche sur le secteur !) mais le scénario est très linéaire, très prévisible. Une nette sensation que Burton bégaye ses précédents films domine et les références à d’autres films du même genre manquent de subtilité.

C’est en préparant l’exposition qui lui était consacré par le Musée d’art moderne de Los Angeles en 2008 que Burton tomba sur des croquis datant de 1984. Cette année-là, il avait réalisé un court-métrage de 29’ appelé « Frankenweenie » pour Disney. Jugé trop sombre, il n’était finalement sorti qu’en complément de Batman, le défi (1992).

Tourné à Londres de juillet 2010 à fin 2011, ce film de marionnettes animé grâce au procédé image par image (200 au total) coûta 39 millions de dollars et en rapporta 81. Il veut rendre hommage aux films de genre tant d’horreur que des Kaijus nippons mais le résultat est ambivalent.

En effet, les références sont vraiment trop évidentes et semblent n’avoir qu’un effet « décoratif ». Une tombe dans le cimetière pour animaux (sinistre certes mais peu effrayant) porte le nom de « Shelley », la romancière qui écrivit Frankenstein…dont le prénom est Victor justement. La fillette qui chante à la fête s’appelle Elsa Van Helsing. Le nom complet d’Edgar est Edgar E. Gore (subtil !). Plus amusant est le recyclage des anciens films de Burton qui s’insère plutôt bien dans la narration. La maison des Frankenstein et le quartier sont tirés de Edward aux mains d’argent. Tout le décorum hollandais et surtout l’incendie du moulin sont directement pompés sur Sleepy Hollow. Hommage ou nostalgie ?

Tout cela est amusant certes mais cela ne donne pas un scénario pour autant. Passés la tendre scène d’ouverture, où on perçoit en écho le regret de Tim Burton qui aurait voulu avoir une famille qui accueille favorablement son besoin artistique, et la résurrection de Sparky, le film ne développe plus grand-chose. Le concours de sciences comme moteur de l’action est un prétexte un peu court. De même, le spectateur n’est pas vraiment surpris que tout le monde finisse par connaître l’exigence du prodige (comme dans Edward d’ailleurs), ni même que les expériences des autres enfants tournent mal. C’était inévitable pour créer une perturbation dramatique. Les problèmes sont résolus avec brio par Victor sans trop de difficultés quand même. Il n’y a pas d’antagoniste ; le maire s’avérant moins antipathique qu’envisagé. Sans s’ennuyer, le spectateur ressort de là avec l’impression d’un film sincère certes, mais vite vu, vite oublié.

Anecdotes :

  • Scénario : John August et Tim Burton

  • Casting vocal original : Charlie Tahan (Victor Frankenstein), Martin Short (M. Edward Frankenstein / M. Bergermeister / Nassor), Catherine O’Hara (Mme Susan Frankenstein / la fille étrange / la prof de gym), Martin Landau (M. Rzykruski), Wynona Ryder (Elsa Van Helsing)
  • Amusement : une tombe proclame « Goodbye Kitty ». « Hello Kitty » est un personnage imaginaire japonais au fort merchandising.

  • La chienne d’Elsa s’appelle Perséphone. Dans la mythologie grecque, c’est le nom de l’épouse d’Hadès, maître des Enfers.

  • La première scène du film est un hommage au genre des Kaijū dont sont issus entre autres Gamera et Godzilla. C'est Sparky qui endosse le rôle du monstre géant.

  • Le nom Van Helsing fait référence au chasseur de vampires créé par Bram Stoker dans Dracula.

  • Dans une scène, les parents de Victor sont en train de regarder un film à la télévision, il s'agit du Cauchemar de Dracula (film de Terence Fisher, 1958), dont l'acteur principal est Christopher Lee.

  • L’apparence de Nassor est fortement inspirée de celle de Boris Karloff, interprète de Frankenstein dans le film éponyme de 1931 et ses suites. La scène où Nassor est momifié fait référence au rôle de Boris Karloff dans La Momie (1932).

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Les Noces funèbres (2005)Alice au Pays des merveilles (2010)

Saga Tim Burton

Sweeney Todd (2008)


SWEENEY TODD
(SWEENEY TODD)

Résumé :

Obsédé par la vengeance, le barbier Sweeney Todd obtiendra cette dernière à coups de rasoir. Il reçoit l’aide d’une vendeuse de tourtes. A eux deux, ils vont ensanglanter Londres.

320

Critique :

Conte d’une noirceur épouvantable telle qu’on n’en avait encore jamais vu chez Burton, ce film, à la base adaptation de l’opéra gothique de Stephen Sondheim, devient une comédie musicale d’horreur et un thriller. C’est quelque part la rencontre du comte de Monte-Cristo avec la Hammer. Impossible de ne pas penser à la firme britannique quand on voit le traitement réservé au sang. A la façon de Terence Fisher, Tim Burton le veut rougeoyant et goûteux. D’emblée, le ton a été donné : de l’orgue en ouverture, du sang dès le générique, mais un rythme très enlevé.

La rencontre de Todd et de Mrs Lovett, la vendeuse de tourtes, donne le ton du film. C’est atroce, c’est sinistre mais c’est aussi très drôle parce que décalé. Une ironie féroce va ainsi parcourir tout le film ; le spectateur va s’amuser avec des scènes qui feraient « normalement » vomir ! Leur idée criminelle commune donne lieu à une des scènes les plus comiques du film. C’est de l’humour vraiment très noir. Burton voulait de « l’interdit aux moins de 13 ans » ; c’est gagné ! Même les scènes de meurtres sont traitées à la chaîne (parce qu’elles ne sont qu’un détail) sur un mode mêlant gore et amusement. Leur enchaînement finit par créer un comique de répétition. C’est épouvantable et on en redemande !

Pourtant, cette même scène initiale entre les deux protagonistes porte en germe leur drame commun. Leurs chants sont conjoints mais non communs. Ils sont côte à côte et non ensembles. Elle ne cesse de l’inciter à la patience et s’échine à faire partie de sa vie. Lorsque madame rêve, monsieur est visiblement ailleurs. Cette saynète, très colorée, détonne dans une photographie faite de nuances de gris et de noir et blanc. Clairement, le réalisateur nous dit que ce rêve n’est ni commun ni même réaliste. La danse finale des assassins renvoie à leur danse initiale dans une symétrie très noire.

Pour réussir ce prodige d’équilibre, il fallait des acteurs de haut vol tout comme des acteurs capables de faire confiance à Tim Burton pour réussir. D’autant qu’à la base, c’est Sam Mendès qui devait adapter l’œuvre de Sondheim mais il passa l’éponge après quatre ans de travail. Burton avait découvert l’opéra en 1979 à Drury Lane, à Londres, et avait été fasciné. Il voulait ses acteurs fétiches Johnny Depp et Helena Bonham Carter, parce que, n’étant pas des acteurs d’opéra, ils ne seraient pas comparés à Broadway. Stephen Sondheim avait le dernier mot ; il approuva et on ne peut que le remercier tellement ce couple, qui se connaît maintenant très bien (c’est leur 4ème film ensemble), est en symbiose tout en sachant marquer les limites de l’alliance de Todd et Lovett. Pour Depp, Todd est déjà mort ; c’est un être triste que seule son obsession maintient en vie. Il sait donner corps à la profonde amertume de Todd ou à sa frustration lorsque son plan échoue. Helena Bonham Carter ne cache pas le profond déséquilibre de Mrs Lovett que son amour pour Todd achève de faire dérailler psychologiquement.

A leurs côtés, c’est tout aussi une réussite. Sacha Baron Cohen n’a qu’un petit rôle mais, alors qu’on le prendrait pour un bouffon charger d’apporter un contrepoint comique, il se révèle violent et abject. Timothy Spall, dans le rôle du bailli, rappelle un peu sa prestation dans Harry Potter ; celle de l’être grossier, immonde, vil et veule. Le genre dont on souhaite la disparition pour que le monde soit un peu plus vivable. Et que dire d’Alan Rickman ? Chacune de ses scènes porte la marque du Mal ; de l’être déchu moralement mais que la société porte haut de part ses fonctions. L’entendre chanter, de concert avec Depp, les joies de l’amour et des jolies femmes, est proprement surréaliste ! Deux aphorismes contradictoires résonnent dans le film : tous les hommes méritent de mourir (!) et « La vie est faite pour les vivants ». Affirmation contestable vu que l’on est chez Burton !

Anecdotes :

  • Tim Burton simplifia l’œuvre de Stephen Sondheim : des chansons furent tronquées, le chœur grec supprimé ainsi que le prologue.

  • Johnny Depp s’enferma avec un ami producteur de musique et fit écouter la cassette au producteur Richard D. Zanuck.

  • Tim Burton voulait du gore : « Comment voulez-vous rester politiquement correct quand il est question d’un type qui égorge ses victimes pour farcir de leurs chairs des tourtes à la viande ? » (Time Out, janvier 2008)

  • Le budget était de 55 millions de $. Les recettes s’élevèrent à 152 millions.

  • Quand la version originale se déroule en 1846, le film est indéfinissable chronologiquement. Burton a refusé les écrans verts pour des décors inspirés des films d’horreur des années 30.

  • Johnny Depp remporta le Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie. Le film obtint l’Oscar des meilleurs décors.

  • Alan Rickman/juge Turpin : acteur, réalisateur et scénariste britannique (1946-2016), il débuta au théâtre et joua avec la Royal Shakespeare Company. Il ne joue au cinéma qu’à plus de quarante ans dans Piège de cristal (1988). Le rôle le révèle et il ne cessera plus de tourner : Robin des Bois, prince des voleurs (1991, BAFTA du meilleur acteur dans un second rôle), Michael Collins (1996), Love Actually (2003), Gambit : arnaque à l’anglaise (2013), Le Majordome (2013). Il participa également à la saga Harry Potter (2001, 2002, 2004, 2005, 2007, 2009, 2010, 2011). Il réalisa deux films : L’invitée de l’hiver (1997) et Les Jardins du Roi (2014).

  • Timothy Spall/le bailli Bamford : acteur anglais, vu au cinéma dans Chasseur blanc, cœur noir (1990), Hamlet (1996), Vatel (2000), Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire (2004), Le discours d’un roi (2011), Duo d’escrocs (2013), Mr Turner (2014), Le procès du siècle (2016). Il participa à la saga Harry Potter (2004, 2005, 2007, 2009, 2010, 2011).

  • Sacha Baron Cohen/Pirelli : acteur et humoriste britannique, il débute à la télévision en 1995. Il a notamment joué au cinéma dans Borat (2006), Brüno (2009), The Dictator (2012), Les Misérables (2013), Alice de l’autre côté du miroir (2016).

  • Jaimie Campbell Bower/Anthony : acteur britannique dont c’est le premier rôle. Il a ensuite tourné dans Twilight (2009, 2011, 2012), Harry Potter et les reliques de la mort 1ère partie (2010), Anonymous (2011), The Mortal Instruments- La cité des ténèbres (2013), Les animaux fantastiques : les crimes de Grindelwald (2018).

  • Jayne Wisemer/Johanna : actrice et chanteuse britannique, révélée grâce à ce film, elle fait ensuite largement carrière à la télévision : Casualty (2010), 6Degrees (2012-2015).

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