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 saison 4 saison 6

Hercule Poirot

Saison 5

 
 

1. LA MALÉDICTION DU TOMBEAU ÉGYPTIEN
(THE ADVENTURE OF THE EGYPTIAN TOMB)

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En Egypte, les membres d’une expédition ayant mis à jour une tombe royale décèdent les uns après les autres. Bien qu’il s’agisse apparemment de morts naturelles ou de suicides, la rumeur d’une malédiction se met à courir. La mère d’un jeune homme appartenant aux victimes potentielles demande à Hercule Poirot de faire  le jour sur cette mystérieuse affaire. Accompagné de son fidèle Hastings, le détective belge se rend sur les lieux.

A l’occasion de cette saison 5, la série en revient au format de 50 minutes, ce qui peut s’assimiler à un  certain retour en arrière, alors que les téléfilms de la période précédente s’étaient avérés convaincants. Ce sentiment se ressent avec d’autant plus de force que ce premier opus ne convainc que partiellement. Publiée en 1923, La nouvelle d’Agatha présentait l’intérêt de se situer dans l’actualité de la fameuse affaire de la malédiction du tombeau de Toutankhamon (1922) et la mise en scène sait jouer sur cet aspect, avec un environnement égyptien troublant à souhait. Le Faux Dieu apparaissant fugacement dans la nuit n’est autre qu’Anubis, ce qui parlera aux amateurs de Stargate ! La Porte des Etoiles sera d’ailleurs découverte non loin de là, en 1928.

Mais le récit s’éteint par la suite, toute la première moitié de l’épisode étant consacrée à une succession de meurtres vite répétitive. Faute de moyens, la réalisation ne peut développer grand-chose et cette histoire égyptienne aurait sans doute gagné à être tournée à l’époque des grands téléfilms tel Appointment with Death. Le séjour d’Hastings à New York parait de même totalement artificiel, avec d’ailleurs des inserts déjà employés dans The Million Dollar Bond Robbery. La tardive entrée en scène de Poirot apporte enfin du sang neuf mais l’assassin est facile à découvrir, ne serait-ce que pour des raisons d’opportunité. Concernant son mobile, des informations clé sont révélées trop tardivement. Le duo formé avec Hastings produit toujours des étincelles, mais l’on regrette le traitement réservé à Miss Lemon. Alors que l’on enregistre enfin son retour, elle se voit affublée d’une image de vieille fille à chats et de superstitieuse crédule, ce qui n’est guère heureux. 

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2. L'AFFAIRE DE L'INVENTION VOLÉE
(THE UNDERDOG)

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Poirot parvient à se faire inviter chez Reuben Astwell, riche et puissant industriel. En effet ce dernier possède une superbe collection de statuettes belges que Poirot, grand admirateur, souhaite contempler. Mais son hôte se révèle être un homme en tous points détestable et un tyran pour ses proches. Aussi les suspects ne manquent-ils pas quand il est assassiné peu de temps après, chez sa famille, comme chez ses collaborateurs. Poirot va tâcher de déterminer lequel d’entre eux est passé  à l’acte.

L’épisode souffre d’une intrigue adaptant maladroitement celle d’Agatha Christie. Ce défilé ininterrompu transformant le bureau de la victime en salle des pas perdus avoisine l’auto-parodie. Il demeure dommageable que le mobile de l’assassin  ne soit présenté par le récit qu’après la révélation de son identité, le spectateur n’ayant pas toutes les cartes en main pour participer à la partie. Le recours à l’hypnose pour approfondir le témoignage d’un témoin capital apparaît hors sujet, voire comme quasiment un faux-fuyant (on se croirait dans les X-Files). Les fausses pistes se montrent trop  évidentes pour ne pas susciter la défiance. Au moins l’opus a-t-il la bonne idée de confier le rôle d’hypnotiseur à Miss Lemon, au lieu du professionnel de la nouvelle d’Agatha, un effet particulièrement amusant.

Fort heureusement les qualités traditionnelles de la série perdurent également au-delà de ce scénario décevant. L’interprétation se montre ainsi d’une grande qualité, tandis que les localisations du tournage (résidence et usine) relèvent de l’Art Déco le plus esthétique et lumineux que l’on puisse imaginer. Le reste de la reconstitution historique brille de son élégance coutumière. Le trio vedette instille davantage d’humour que lors du précédent The Adventure of the Egyptian Tomb (notamment lors de l’épatant tag de fin). On aurait tout de même espéré un opus plus marquant au moment où la série achève sa première moitié (35ème épisode sur 70).

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3. L'IRIS JAUNE
(THE YELLOW IRIS)

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Poirot a jadis connu un échec. Se rendant dans le ranch argentin de son ami Hastings,  il séjourne  à Buenos Aires quans il assiste à la mort soudaine de la jeune Iris Russel, dans un restaurant.  La police conclua à un suicide par poison, et ne permit pas à un Poirot dubitatif de mener à bien son quête. Deux ans plus tard, le veuf éploré d’Iris réunit à Londres les personnes assistant au dîner fatal, pour commémorer le drame. Poirot va saisir l’opportunité de résoudre pour de bon cette énigme.

On pourra certes objecter le côté artificiel de la situation posée par le récit, mais les enquêtes du Belge se déroulent souvent  plus ou moins au sein d’un cadre particulier, tel  est le prix à payer pour leur aspect si ludique. L’étrangeté de ce double dîner apporte par contre une originalité supplémentaire à l’énigme du jour, tout en doublant des indices d’un niveau de difficulté plus aisé qu’à l’accoutumée, tant du point du vue du modus operandi que du mobile. La réalisation apparaît toujours aussi soignée, avec notamment une photographie particulièrement raffinée lors des scènes semi-obscures.

L’épisode a aussi l’excellente idée de profiter d’une action somme toute assez figée pour creuser ses personnages secondaires, réalisant une belle galerie de portraits, de l’industriel marron et anxieux au jeune couple aux excellentes scènes de dépit amoureux. Suchet demeure bien entendu au centre des débats, aussi impérial dans le drame que dans la comédie et évidement lors d’un enthousiasmant final, théâtral à souhait. L’adaptation développe sans doute un peu trop le contexte historique argentin sans que cela soit réellement utile, mais cela nous vaut une agréable ambiance musicale et une incandescente diva argentine, l’un des grands souvenirs de cette saison

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4. L'AFFAIRE DU TESTAMENT DISPARU
(THE CASE OF THE MISSING WILL)

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Voici plusieurs années, le très riche Andrew Marsh décide publiquement de léguer sa fortune à des œuvres de bienfaisance et à quelques parents. Il dédaigne sa pupille Violet, estimant qu’une femme doit être entretenue par son mari. Sentant venir la fin de ses jours, il confie à son ami Hercule Poirot vouloir réécrire son testament, se repentant de son mépris pour Violet. Mais il décède subitement, apparemment de causes naturelles, avant d’avoir pu agir. Poirot ne va pas s’en laisser conter.

L’intrigue diffère singulièrement de l’originale, mais l’épisode n’en perd pas en intérêt pour autant. On retrouve certes le jeu coutumier de « à qui profite le crime ? » autour du testament rituel, mais agréablement complexifié. La personnalité de la victime se montre également plus subtile et attachante qu’à l’accoutumée, évitant la double poncif du simple prétexte ou du tyran imbuvable. Son amitié de longue date avec Poirot apporte également une intensité particulière au déroulement de la partie en cours, ainsi que plusieurs scènes marquantes (notamment chez l’avoué).

L’opus s’adorne également d’éléments culturels enrichissant le récit : les rites de cet univers éminemment particulier qu’est le Cambridge des 30’s, mais aussi les luttes féministes de l’entre-deux guerres. Les situations discriminantes présentées apparaissent caricaturales mais leur époque n’est pas si éloignée. Cet aspect rejoint le féminisme discret mais  incisif d’Agatha Christie, bien entendu plus présent chez Miss Marple et Tuppence que chez le Belge. Le retour de l’Inspecteur Japp, et de son inépuisable rivalité amicale avec Poirot, parachève le succès de l’épisode, d’autant que Philip Jackson a conservé tout sa malice. 

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5. UN DÎNER PEU ORDINAIRE
(THE ADVENTURE OF THE ITALIAN NOBLEMAN)

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Via l’achat d’une voiture de luxe par Hastings, Poirot est amené à s’intéresser zu Comte Foscatiniti, noble italien installé à Londres. Celui-ci, qui serait en délicatesse avec l’Italie fasciste, est retrouvé assassiné. Or il s’avère que le valet du défunt est devenu très proche de Miss Lemon ! De son côté Hastings est fasciné par la beauté latine de la brune Margharita, vendeuse de voitures. Poirot va s’attacher à découvrir la vérité cachée de cette affaire embrouillée.

Tout en conservant le Whodunit emblématique d’Agatha Christie (certes simplifié), l’épisode met en place une véritable intrigue de roman noir : multiplicité des intervenants, milieu interlope, intrigue tortueuse, MacGuffin de rigueur (voire deux, l’argent et les lettres), etc. Cette originalité apporte une touche savoureuse au récit, même si ce dernier se montre parfois trop ambitieux, le format court obligeant à en laisser certains aspects dans le flou (pourquoi l’employé d’ambassade prend-il le risque de dénoncer son supérieur à Poirot ?). La dimension italienne, avec ses personnages relevant du cliché mais sans lourdeur, représente un atout supplémentaire.

La malicieuse Margharita tire particulièrement son jeu (sublime Anna Mazzotti). Toutes ses scènes avec un Hastings totalement dépassé représentent autant de moments de pure comédie. Notre valeureux Capitaine connaît tout toutefois enfin son heure de gloire lors de la course poursuite, jusqu’ici la plus nerveuse de la série. Les autres complices du Belge se voient également gâtés, avec une Miss Lemon (Felicity) peu abattue par la déception amoureuse et récupérant un chat après le drame de début de saison et un Inspecteur Japp à la présence considérablement accrue vis-à-vis de la de la nouvelle initiale, où il était simplement évoqué. 

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6. LA BOÎTE DE CHOCOLATS
(THE CHOCOLATE BOX)

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Poirot accompagne l’inspecteur Japp à Bruxelles, où celui-ci doit recevoir une importante distinction policière. Faisant visiter Bruxelles à son ami, Poirot lui narre l’une de ses premières enquêtes de policier, voyant un important homme politique être assassiné via une boite de chocolats belges empoisonnés. Japp va découvrir que Poirot y a fait la connaissance de la belle Virginie, un souvenir particulièrement cher à son cœur.

Cet épisode particulièrement riche brille de multiples qualités. Il s'avère visuellement magnifique, tant du point des costumes que des superbes images de Belgique, avec un excellent choix de localisation (gare d'Anvers, Grande Place et Palais de Justice de Bruxelles, etc.). Le soin accordé au travail de production reste l'une des forces de cette série. Entre renversements de situation et profils psychologiques aiguisés, l’enquête du jeune Poirot, impressionnant dans son uniforme, se montre absolument prenante et ludique. On apprécie également que l'inspecteur Japp ne se limite pas au seul rôle de confident et qu'il apporte une vraie saveur au récit, tandis que son épouse prend toujours davantage des allures de Mme Columbo ! Mais l'attrait majeur de l'opus réside bien entendu dans son précieux éclairage de Poirot, à la fois biographique (la fameuse boutonnière) et psychologique. Jusqu'ici essentiellement dédiée à l'humour et à l'observation caustique des travers britanniques, c'est toute sa dimension belge qui va prendre chair.

Plus jeune (félicitations aux maquilleurs et accessoiristes), vêtu tout comme le Commissaire Valentin, c'est un Poirot encore en devenir que nous découvrons, plus direct et ouvert  avec ses compatriotes qu'il ne le deviendra avec les Anglais. Suchet sait parfaitement exprimer cette dualité, au long de flashbacks parfaitement cadencés et portés par une musique convenant idéalement à cette histoire profondément mélancolique sous son humour apparent. Les ombres du passé s'incarnent en Virginie, à qui Anna Chancellor apporte toute sa beauté authentiquement aristocratique (et qui incarnera évidement Irène Adler par la suite). Le duo, irrésistiblement complice, restitue avec talent cette merveilleuse rencontre, à l'émotion si éloignée du quotidien du Poirot actuel. Cet immense comédien qu'est Suchet se montre bouleversant lors d'une chute surprenante, qui répond avec cruauté à une interrogation informulée mais omniprésente tout au long du récit. Assurément l'un des tous meilleurs de la série, l’opus nous révèle sans doute l'une des causes principales de l'exil anglais prolongé d’« Hercule ».

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7. LE MIROIR DU MORT
(DEAD MAN'S MIRROR)

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Poirot souhaite acheter aux enchères un superbe miroir, mais se voit devancé par l’intrigant affairiste Gervais Chevenix. Celui-ci propose au Belge un étonnant marché : il lui remettra le miroir si Poirot parvient à démontrer que l’un de ses associés en affaires l’escroque. Poirot se rend chez Chevenix et y découvre une famille déchirée, à l’atmosphère oppressante. Soudain Chevenix est assassiné.

Après le marquant et très original The Chocolate Box, on en revient ici à une intrigue totalement classique. Après l’amusante scène des enchères, les évènements se déroulent sans surprise aucune. Les personnages secondaires s’avèrent trop passe-partout pour vraiment dynamiser le récit, le seul réellement intéressant étant la victime ! On peut regretter que dans une série aussi reliée à l’Art Déco, la dimension artistique de l'opus n’ait pas été davantage développée.

La mise en scène demeure atone et souffre de quelques maladresses, comme cette musique omniprésente voulant évoquer le mystère et ressemblant en fait à une sirène de pompiers. Le manque de relief de l’ensemble permet toutefois par contraste de distinguer la scène de l’incendie. Le mystère de la chambre close tombe trop vite et l’identité de l’assassin se devine aisément, même si le modus operandi se montre astucieux.

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8. VOL DE BIJOUX À L'HÔTEL MÉTROPOLE
(THE JEWEL ROBBERY AT THE GRAND METROPOLITAN)

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Fatigué, Poirot est envoyé par son médecin respirer le bon air marin de Brighton et prendre du repos. La première d’une importante pièce de théâtre va y être donnée et Poirot n’apprécie guère que sa présence soit détournée publicitairement par le producteur. Ce dernier présente également une somptueuse parure portée par l’actrice principale. Or le bijou disparaît soudainement. Les soupçons pèsent sur une jeune domestique, mais Poirot en a plus qu’assez de ses vacances.

Pour son ultime opus de format cout, la série opte clairement pour la comédie. Le sujet du jour résulte plus léger qu’à l’ordinaire et son traitement amuse volontiers, entre un producteur pittoresque (et son épouse ayant autrement plus les pieds sur terre) et un Poirot fulminant en permanence. Son moindre enjeu n’empêche pas de constituer un intéressant problème, à la solution d’une redoutable simplicité. Tout ceci apparaît quelque peu théâtral mais correspond bien, en définitive, à l’univers décrit

Comme toujours l’interprétation se montre de qualité, avec notamment une Hermione Norris particulièrement convaincante dans le rôle de la sympathique Clarisse. On apprécie que ce final de saison voie les  quatre figures de la bande à Poirot participer pleinement à l’action, ce qui ne survient pas si souvent. L’épisode s’enrichit également des belles vues de Brighton (Art déco et environnement marin), ainsi que de plusieurs références à Oscar Wilde (De l’importance d’être Constant, Salomé…). L’ultime scène permet à cette saison assez inégale de s’achever sur un pur moment d’humour insolite.

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Saison 6

 

  
 
 

1. LE NOËL D'HERCULE POIROT
(HERCULE POIROT'S CHRISTMAS)

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Peu de temps avant Noël, Poirot reçoit un appel du richissime Simeon Lee. Celui-ci, qui a fait fortune dans le diamant en Afrique du Sud, se sent en danger. Il invite Poirot à passer les Fêtes dans sa propriété du Kent. Arrivé sur place, le Belge découvre que Siméon est un véritable tyran domestique. Il règne sur ses trois fils et sur sa petite-fille Pilar, élevée en Espagne. Soudain Simeon est retrouvé assassiné, dans une chambre close de l’intérieur.

Contrairement au précédent Christmas Pudding, chantant avec ferveur les louanges de la famille et du Noël Britannique, les Fêtes servent avant tout ici de décor à une situation somme toute classique de vieux tyran familial entouré d’avides héritiers. On appréciera néanmoins la qualité de la production veillant à aérer le récit par plusieurs écoutes de somptueux chants de Noël anglais. A partir d’une situation convenue, l’intrigue sait néanmoins s’extirper des sentiers battus, expédiant très rapidement la figure imposée de la chambre close, pour jouer sur des indices essentiellement visuels. La transposition du récit à l’écran devient dès lors une force, en lieu et place du handicap habituel des maquillages évidents. L’épisode devient un pur rébus, absolument ludique et parfaitement solutionné par la scène de révélation orchestrée par Poirot. Comme souvent des différences se repèrent vis à vis du roman initial (Johnson remplacé par Japp), mais l’essentiel est préservé, même si on peut regretter un prologue trop suggestif. Le calendrier art-déco scandant les jours jusqu’à Noël compose une jolie idée de mise en scène.

L’étude de caractères se montre également à la hauteur, avec  tout un habile dégradé de personnalités au sein de la famille. Les héritiers avides et détestables répondent certes à l’appel, mais on y trouve aussi des figures plus lumineuses, dont l’admirable Lydia, voire plus excentriques, comme le couple hétéroclite mais étonnamment bien assorti formé par le pittoresque Harry et la brune et sensuelle Pilar, tous deux fort dessalés (épatante Sasha Behar, à l’amusant accent espagnol). La distribution s’avère de qualité mais demeure toutefois dominée par le grand numéro du vétéran Vernon Dobtcheff, grandiose en vieillard  haïssable en tous points. La superbe demeure se montre idéalement choisie, à la fois grand train et parfaitement sinistre. L’Inspecteur Japp et Poirot poursuivent évidemment leur rivalité amicale, un numéro bien rodé mais toujours irrésistible. Le potage Windsor si peu apprécié par Poirot est une soupe anglaise sophistiquée, à base de crème de riz, de pieds de veaux et de mirepoix au vin blanc.

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2. PENSION VANILOS
(HICKORY DICKORY DOCK)

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De menus vols se multiplient dans la pension d’étudiants tenue par la propre sœur de Miss Lemon. Celle-ci demande à Poirot d’intervenir. Il accepte, intéressé par la diversité insolite des objets dérobés. Une étudiante en pharmacologie s’accuse d’être kleptomane et d’en avoir subtilisé la plupart. Mais elle est promptement assassinée, confirmant les soupçons de Poirot selon lesquels ces apparents petits larcins dissimuleraient une vérité bien plus sinistre.

Cette histoire complexe, aux tenants et aboutissants particulièrement nombreux, s’insère pleinement dans les épisodes de format téléfilm,  ce qui rend plus sensible qu’à l’ordinaire le rythme très tranquille de l’action et de la mise en scène, assez inévitablement pour des récits se résumant essentiellement à des dialogues. Cependant le spectateur saura gré aux auteurs de tout tenter pour dynamiser l’ensemble, avec une grande multiplication des localisations (pension, Whitehaven Mansions, hôpital, université, pharmacie, etc.) et des scènes rendues les plus brèves possibles, afin d’en accélérer la rotation au maximum. On va jusqu’à rajouter des scènes d’action non prévues dans le texte (course poursuite dans le métro) La mise en scène réussit quelques jolis coups, comme les déambulations de l’amusante souris, fil rouge de l’histoire, ou la plongée dans le passé de  Japp filmée comme un cauchemar éveillé. L’humour gastronomique du trio Poirot/Japp/Miss Lemon apporte une précieuse obole, mais, malgré tous ces louables efforts, regarder d’une traite l’épisode résulte parfois assez long.

Et pourtant l’adaptation s’avère de qualité. Le passage à l’écran permet de mieux visualiser les nombreux étudiants ainsi que  l’inventaire à la Prévert des différents objets volés. Le dévoilement progressif d’une intrigue à tiroirs très imbriqués s’effectue avec fluidité et clarté. L’épisode apporte quelques distorsions vis à vis du récit original. Certains ne posent pas réellement problèmes, comme le déplacement de l’action des années 50 aux 30, la série ayant décidé d’y situer l’essentiel de ses opus pour donner une impression d’univers continu. Nettement plus gênant demeure la  disparition des étudiants non anglais, dont la présence apportait une vraie saveur au récit et était plus en phase avec la nature cosmopolite de l’Université de Londres, au cœur de l’Empire. Comme toujours, la distribution apparaît de haut niveau, s’adornant de plus de quelques visages connus : Paris Jefferson (Athéna dans Xéna), David Burke (le Dr. Watson dans une partie de la série de Jeremy Brett) ou surtout un tout jeune Damian Lewis, bien avant Band of Brothers, Life et Homeland

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3. LE CRIME DU GOLF
(MURDER ON THE LINKS)

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A Deauville, où il est en villégiature avec Hastings, Poirot est abordé par le riche Paul Raynaud, qui craint pour sa vie. Le lendemain, Raynaud est retrouvé assassiné, près d’un club de golf. Poirot mène l’enquête mais subit l’hostilité de l’Inspecteur Giraud, de la Sûreté, très imbu de lui-même. Les deux hommes décident d’un pari : si Poirot débusque  en premier le coupable, Giraud renoncera à sa fameuse pipe, dans le cas contraire Poirot rasera ses célèbres moustaches !

L’épisode s’empare pleinement de l’idée  initiale du roman d’Agatha : ne pas cette fois composer une seule grande révélation par Poirot concluant ce récit, mais diviser ce passage incontournable en plusieurs fragments distincts, dont l’insertion permet à chaque fois de dynamiser l’intrigue. Cela suscite bien davantage de twists retentissants que les rebondissements classiques du scénario. Le procédé soutient également une intrigue particulièrement complexe et fertile, riche en passions humaines voyant un esprit diabolique manipuler sans pitié amour et altruisme. Une mécanique fascinante, encore adornée par des indices savamment en trompe l’œil et des situations dignes du meilleur théâtre. Alors qu’il pouvait sembler que le roman utilisait l’Inspecteur Giraud pour décrire avec une brillante ironie  les méthodes déductives de Sherlock Holmes, ici il vise clairement Maigret. La rivalité avec Poirot n’est passez développée pour pleinement fonctionner mais nous vaut malgré tout plusieurs scènes savoureuses.

Plus inventive et tonique qu’à l’accoutumée, la mise en scène tire la meilleur parti de sa localisation dans ce paradis anglais sur le Continent qu’est Deauville. Palaces, superbes villas et paysages normands, urbanisation élégante du front marin, golf emblématique (1929) : l’opus est un enchantement pour le regard, le tout se voyant filmé avec goût et une parfaite photographie. L’atmosphère et la douceur de vivre française servent idéalement à la grande aventure romantique du valeureux Capitaine Hastings. L’espace imparti à ce dernier, bien au-delà de son rôle humoristique coutumier permet à l’épatant Hugh Fraser de donner une prestation de grande qualité, en incarnant cet homme bon, pris entre sa loyauté envers Poirot et la protection qu’il assure à celle en qui il a enfin trouvé le grand amour. Cette histoire émouvante connaît l’un de ces aboutissements heureux si chers à Agatha, grâce à un Poirot en grande forme, aussi impérial en défenseur de la Justice que généreux en amitié. Suchet se montre une nouvelle fois parfait, avec ici un sabir français parfois étonnant. En toute logique, Poirot devrait s’exprimer en français avec nombre de ses interlocuteurs !

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4. TÉMOIN MUET
(DUMB WITNESS)

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Poirot et Hastings sont invités par un ami de ce denier, Charles Arundell, à assister à la démonstration de son nouveau  bateau ultra rapide. Malheureusement cela s’avère un échec La riche tante d’Arundell affirme publiquement qu’elle ne financera plus ses travaux, ce qui le rend furieux. Ayant été victime d’une tentative de meurtre, elle indique à Poirot craindre l’avidité de ses héritiers. Poirot mène l’enquête, avec l’aide d’un petit chien particulièrement sympathique.

L’épisode se montre relativement décevant, alors même qu’il fut en son temps annoncé comme le final de la série, avant que celle-ci ne reprenne trois ans plus tard. L’intrigue se montre relativement minimaliste, avec une énigme sensiblement plus facile à résoudre qu’à l’accoutumée (indice, opportunité et mobiles évidents), ponctuée par quelques péripéties interchangeables. Même si les deux sœurs mediums résultent tout à fait sympathiques et bienveillantes, le recours à un simili fantastique ne produit guère d’étincelles véritables, hormis l’emploi aussi morbide que spectaculaire du phosphore. Ce n’est pas là l’ADN de la série, même si Agatha a par ailleurs écrit de superbes nouvelles relevant pleinement de ce genre particulier. La galerie de portraits formée par les personnages secondaires ne se départit qu’occasionnellement du classicisme.

Pour débusquer quelques points forts, il faut s’attacher aux à-côtés. La localisation du tournage dans le Lake Dictrict autorise quelques superbes panoramas et vues nautiques, la région s’avère authentiquement magnifique. Les standards de production et la distribution maintiennent leur qualité habituelle. Suchet impulse avec talent une facette du Belge plus grave, voire plus sombre, qu’à l’accoutumée. Avouons que le charmant et vaillant petit chien allié de Poirot se montre particulièrement attendrissant, leurs adieux permettant de conclure la saison sur une note touchante, mais aussi humoristique. Il en vole la vedette à un Hastings ne disposant guère de scènes porteuses, même si Fraser demeure un comédien de grand talent.

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1. LE MEURTRE DE ROGER ACKROYD
 (THE MURDER OF ROGER ACKROYD)

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Lassé par les crimes, Poirot a décidé de faire retraite dans le paisible village de King’s Abbott. Il y cultive son jardin et se lie d’amitié avec l’industriel Roger Ackroyd, mais  ce dernier est assassiné à son domicile. La victime était sur le point de découvrir l’identité d’un maître-chanteur ayant conduit au suicide une femme dont il s’était épris. De nombreux suspects sont à envisager, mais le Belge va de nouveau s’associer à l’Inspecteur Japp.

Le roman original avait marqué les esprits par son style et sa chute, particulièrement originale et déstabilisante. Ceci jusqu’à choquer une partie non négligeable du lectorat de la Duchesse de la Mort au moment de sa publication, estimant que celle-ci n’avait pas respecté ses propres règles. Le procédé était difficilement adaptable à l’écran et le biais choisi, la lecture a posteriori du journal fatidique par Hercule Poirot (au lieu de l’être directement par le public) relativise grandement son impact, en le normalisant. L’épisode se rattrape partiellement en assimilant astucieusement le hiatus de trois ans vécu par la série au retrait campagnard de Poirot. Cela nous vaut plusieurs scènes drôles et touchantes, notamment lors des retrouvailles avec l’inspecteur Japp et Whitehaven Mansions, autant de moments qui iront droit au cœur de l’amateur d’une production ici relancée. On demeure néanmoins avec l’impression qu’un roman profondément singulier a été délibérément coulé dans le moule de la série.

Même s’il n’égale pas son tonitruant et quasi expérimental alter ego littéraire, le scénario s’avère toutefois non dénué d’intérêt, animé par quelques rebondissements et surtout un pénétrant portrait de la psychologie distordue de la personne ourdissant le complot. L’opposition de deux femmes aux parcours divers mais se ressemblant dans leur lutte pour s’affranchir de l’impécuniosité nous vaut de beaux portraits, superbement interprétés. Une mise en scène toute en élégance et en excellentes localisations tire un fort bon parti du pittoresque village de Castle Combe, connu pour avoir conservé intégralement son apparence d’avant la Grande Guerre, ce qui lui a permis d’accueillir de nombreux tournages. On regrettera toutefois le recours derechef à une vaine poursuite en fin de parcours, afin de susciter un brin d’action, un exercice superflu et ici très maladroit.

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2. LE COUTEAU SUR LA NUQUE 
(LORD EDGWARE DIES)

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Le mari de la belle et talentueuse actrice Jane Wilkinson, Lord Edgware, est fort opportunément assassiné, ce qui va permettre à la dame de convoler en nouvelles noces avec l’une des plus grandes fortunes du royaume. Malgré un alibi inespéré, tout désigne Jane comme étant la coupable. Mais Poirot, qui reprend son activité, estime probable qu’elle soit la proie d’un complot utilisant les services d’une imitatrice très douée, Miss Carlotta Adams.

L’épisode exprime à la perfection les qualités éminemment  ludiques de l’œuvre d’Agatha Christie, en adaptant admirablement et fidèlement l’un de ses romans les plus stimulants pour les petites cellules grises du lecteur. Les indices se disposent en jeu de pistes, grâce aux cinq questions énumérées à plusieurs reprises par Poirot et titillant admirablement la perspicacité du spectateur. La résolution de l’énigme peut s’articuler de diverses manières, mais seule l’exacte permet de découvrir les cinq réponses, ce qui est magistralement ordonnancé. Tous les indices nécessaires sont bien évidemment à la disposition du public. La mise en scène, toujours élégante et sans préciosité, contourne pour une fois admirablement l’obstacle des maquillages repérables à l’écran (semi obscurité, angles de vue), ce qui s’avère particulièrement déterminant ici. L’opus ne se contente toutefois pas du jeu logique de la déduction. Celui-ci s’anime grâce à son insertion dans le monde particulier du théâtre, avec ses egos et ses personnalités hors normes.

Cet univers à la fois fascinant et cruel trouve un développement naturel dans la conspiration mise en place, machiavélique et si narcissique. La scène constitue évidemment l’endroit rêvé pour que Poirot nous délivre l’une de ses scènes de révélation les plus abouties. Alors que les localisations relevant de l’Art Déco demeurent sublimes,  la distribution brille particulièrement, notamment avec une Helen Grace campant une irrésistible Jane Wilkinson. Lord Edgware est incarné avec tempérament par John Castle, le Colonel 'Mad Jack' Miller de l’épisode Commando très spécial des New Avengers. Dans le très bref rôle de la servante de Jane Wilkinson, les amateurs de Doctor Who reconnaîtront Fenella Woolgar, à qui échoira l’honneur d’incarner Dame Agatha Christie dans l’épisode The Unicorn And The Wasp, dédié à la grande écrivaine. La réouverture du bureau de Whitehaven Mansions s’accompagne judicieusement d’un joli portrait de groupe de la bande à Poirot. Un moment heureux, car celle-ci s’apprête à gagner les coulisses à l’issue de la courte saison prochaine, du moins avant le rappel final. David Suchet incarna l’Inspecteur Japp dans une autre adaptation du roman, voyant le rôle de Poirot être tenu par Peter Ustinov (1985).

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1. LES VACANCES D'HERCULE POIROT
 
 (EVIL UNDER THE SUN)

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Suite à un léger malaise, Poirot, accompagné de son fidèle Hastings, part pour une cure dans un hôtel situé sur une petite île de la côte du Devon. Parmi les vacanciers, la vie scandaleuse de l’actrice Arlena Stuart fait sensation, avant que celle-ci ne soit assassinée. Poirot va vite s’apercevoir que tous les pensionnaires avaient un mobile pour commettre le meurtre. L’aide de ses trois acolytes ne sera pas de trop pour résoudre cette énigme !

Chaque opus de Poirot doit répondre au double défi de l’attente du public et d’une adaptation souvent jaugée de près par les amateurs d’Agatha Christie. Vient ici s’ajouter l’inévitable comparaison avec la fameuse grande production de 1982, portée par Peter Ustinov et tout un aréopage de stars. Or il apparaît que, pour cette fois, la télévision doive être préférée au cinéma. Les très belles vues méditerranéennes, parfois filmées en mode carte postale, ne peuvent rivaliser avec le site de l’hôtel de Bigbury-on-Sea, sur l’île de Burgh. Celui-ci convient idéalement à l’action, fort logiquement puisque que c’est là qu’Agatha a écrit le roman original (tout comme Dix Petits Nègres), en s’inspirant des lieux. Cette passionnante visite anime l’un des plus longs opus de la série. La beauté Art-déco, le sublime panorama et la tonalité si anglaise de l’établissement se savourent également comme il convient. Conjointement, la distribution s’avère ici composée d’acteurs bien davantage choisis en adéquation avec les personnages du roman que ceux du film, avant tout retenus pour leur aura et leur célébrité.

La structure unique d’un film conduit les comédiens à inéluctablement rechercher la performance, quitte à cabotiner, parfois avec infiniment de talent. Ici les comédiens résultent au seul service de l’intrigue, tandis que le quatuor de la bande à Poirot (au rôle accru vis-à-vis du texte originel) bénéficie de toute la sympathie accumulée par des protagonistes de série télé au long cours. Comparer les prestations du génie en roue libre qu’est Ustinov et du grand acteur totalement dédié au Poirot littéraire qu’est Suchet suffit à appréhender la différence de philosophie entre les deux productions. Evidemment, on regrettera certain superbes numéros, dont celui de la propre Diana Rigg, insurpassable dans sa vision d’Arlena Marshall. Au total, localisation, mise en scène et distribution concourent ici à mettre davantage en avant les grands atouts du récit : son intrigue particulièrement diabolique et sa magistrale résolution par Poirot, autant d’éléments certes non trahis, mais minorés par le film. Un succès tombant à pic pour saluer le départ de Miss Lemon et de l’Inspecteur Japp, que l’on ne retrouvera qu’en saison finale.

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2. MEURTRE EN MÉSOPOTAMIE 
(MURDER IN MESOPOTAMIA)

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Poirot se rend à Bagdad, dans l’espoir, hélas déçu, d’y retrouver sa chère Comtesse Rossakoff. En compagnie du fidèle Hastings, il visite un site archéologique mésopotamien, où travaille un neveu de ce dernier. L’épouse du chef de la mission, le Dr. Leidner, est alors assassinée, selon un modus operandi mystérieux. Poirot va découvrir que cette femme avait suscité de fortes inimitiés au sein des différents membres de l’expédition.

 

La saison 8 apparaît comme un moment pivot dans le parcours de la série. A un Evil Under The Sun tourné des années avant sa diffusion et emblématique d’une première période organisée autour de la Bande à Poirot succède un long téléfilm, voyant un Poirot fonctionner presqu’en solitaire. Pour son ultime prestation avant son retour pour la dernière saison, le brave Hastings apparaît en effet limité à sa sympathie (Poirot n’hésite pas à s’en séparer pour aller mener l’enquête à Bagdad), même s’il phagocyte une partie du rôle imparti initialement à l’infirmière, devenue un simple membre de l’expédition. La série inaugure également son cycle de téléfilms événementiels, n’hésitant pas à délocaliser les tournages (ici sur le site archéologique d’Oudna, en Tunisie), grâce à de providentiels investisseurs américains. La première diffusion de l’opus s’effectuera d’ailleurs pour la première fois dans le Nouveau Monde et non plus en Grande-Bretagne. Le fameux thème de Christopher Gunning se voit réduit au générique de fin et à quelques effets amusants, dont une orchestration arabisante.

Malheureusement cet intérêt documentaire demeure le plus substantiel atout de l’épisode. La mise en scène cède au vertige des extérieurs et multiplie jusqu’à plus soif et sans guère d’inventivité les vues du site archéologique, effectivement superbe mais dont on a assez vite fait le tour. Ceci délaye le récit, jusqu’à en étirer la mise en place sur un tiers du parcours, alors que l’ensemble aurait pu résulter autrement plus nerveux et concis. Les événements gagnent quelque peu en intensité quand on en arrive au cœur des débats, mais la conspiration s’avère plus restreinte qu’à l’ordinaire (une simple variation autour du thème de la chambre close) et malmenée par un recours maladroit à un effet mélodramatique vraiment peu crédible (présent dans le roman d’Agatha, il est vrai). Le scénario meuble avec quelques fausses pistes facilement repérables et des personnages secondaires à l’intérêt variable, existant uniquement par rapport à Poirot et insuffisamment relevés par la distribution. Demeure un savoureux Hugh Fraser (Hastings va terriblement manquer à la série) et un Suchet toujours aussi impérial, mais le temps apparaît parfois fort long au cours de ce pensum.

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Images capturées par Estuaire44.

 

L'Entraide