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 saison 4 saison 6

Hercule Poirot

Saison 5

 
 

1. LA MALÉDICTION DU TOMBEAU ÉGYPTIEN
(THE ADVENTURE OF THE EGYPTIAN TOMB)

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En Egypte, les membres d’une expédition ayant mis à jour une tombe royale décèdent les uns après les autres. Bien qu’il s’agisse apparemment de morts naturelles ou de suicides, la rumeur d’une malédiction se met à courir. La mère d’un jeune homme appartenant aux victimes potentielles demande à Hercule Poirot de faire  le jour sur cette mystérieuse affaire. Accompagné de son fidèle Hastings, le détective belge se rend sur les lieux.

A l’occasion de cette saison 5, la série en revient au format de 50 minutes, ce qui peut s’assimiler à un  certain retour en arrière, alors que les téléfilms de la période précédente s’étaient avérés convaincants. Ce sentiment se ressent avec d’autant plus de force que ce premier opus ne convainc que partiellement. Publiée en 1923, La nouvelle d’Agatha présentait l’intérêt de se situer dans l’actualité de la fameuse affaire de la malédiction du tombeau de Toutankhamon (1922) et la mise en scène sait jouer sur cet aspect, avec un environnement égyptien troublant à souhait. Le Faux Dieu apparaissant fugacement dans la nuit n’est autre qu’Anubis, ce qui parlera aux amateurs de Stargate ! La Porte des Etoiles sera d’ailleurs découverte non loin de là, en 1928.

Mais le récit s’éteint par la suite, toute la première moitié de l’épisode étant consacrée à une succession de meurtres vite répétitive. Faute de moyens, la réalisation ne peut développer grand-chose et cette histoire égyptienne aurait sans doute gagné à être tournée à l’époque des grands téléfilms tel Appointment with Death. Le séjour d’Hastings à New York parait de même totalement artificiel, avec d’ailleurs des inserts déjà employés dans The Million Dollar Bond Robbery. La tardive entrée en scène de Poirot apporte enfin du sang neuf mais l’assassin est facile à découvrir, ne serait-ce que pour des raisons d’opportunité. Concernant son mobile, des informations clé sont révélées trop tardivement. Le duo formé avec Hastings produit toujours des étincelles, mais l’on regrette le traitement réservé à Miss Lemon. Alors que l’on enregistre enfin son retour, elle se voit affublée d’une image de vieille fille à chats et de superstitieuse crédule, ce qui n’est guère heureux. 

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2. L'AFFAIRE DE L'INVENTION VOLÉE
(THE UNDERDOG)

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Poirot parvient à se faire inviter chez Reuben Astwell, riche et puissant industriel. En effet ce dernier possède une superbe collection de statuettes belges que Poirot, grand admirateur, souhaite contempler. Mais son hôte se révèle être un homme en tous points détestable et un tyran pour ses proches. Aussi les suspects ne manquent-ils pas quand il est assassiné peu de temps après, chez sa famille, comme chez ses collaborateurs. Poirot va tâcher de déterminer lequel d’entre eux est passé  à l’acte.

L’épisode souffre d’une intrigue adaptant maladroitement celle d’Agatha Christie. Ce défilé ininterrompu transformant le bureau de la victime en salle des pas perdus avoisine l’auto-parodie. Il demeure dommageable que le mobile de l’assassin  ne soit présenté par le récit qu’après la révélation de son identité, le spectateur n’ayant pas toutes les cartes en main pour participer à la partie. Le recours à l’hypnose pour approfondir le témoignage d’un témoin capital apparaît hors sujet, voire comme quasiment un faux-fuyant (on se croirait dans les X-Files). Les fausses pistes se montrent trop  évidentes pour ne pas susciter la défiance. Au moins l’opus a-t-il la bonne idée de confier le rôle d’hypnotiseur à Miss Lemon, au lieu du professionnel de la nouvelle d’Agatha, un effet particulièrement amusant.

Fort heureusement les qualités traditionnelles de la série perdurent également au-delà de ce scénario décevant. L’interprétation se montre ainsi d’une grande qualité, tandis que les localisations du tournage (résidence et usine) relèvent de l’Art Déco le plus esthétique et lumineux que l’on puisse imaginer. Le reste de la reconstitution historique brille de son élégance coutumière. Le trio vedette instille davantage d’humour que lors du précédent The Adventure of the Egyptian Tomb (notamment lors de l’épatant tag de fin). On aurait tout de même espéré un opus plus marquant au moment où la série achève sa première moitié (35ème épisode sur 70).

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3. L'IRIS JAUNE
(THE YELLOW IRIS)

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Poirot a jadis connu un échec. Se rendant dans le ranch argentin de son ami Hastings,  il séjourne  à Buenos Aires quans il assiste à la mort soudaine de la jeune Iris Russel, dans un restaurant.  La police conclua à un suicide par poison, et ne permit pas à un Poirot dubitatif de mener à bien son quête. Deux ans plus tard, le veuf éploré d’Iris réunit à Londres les personnes assistant au dîner fatal, pour commémorer le drame. Poirot va saisir l’opportunité de résoudre pour de bon cette énigme.

On pourra certes objecter le côté artificiel de la situation posée par le récit, mais les enquêtes du Belge se déroulent souvent  plus ou moins au sein d’un cadre particulier, tel  est le prix à payer pour leur aspect si ludique. L’étrangeté de ce double dîner apporte par contre une originalité supplémentaire à l’énigme du jour, tout en doublant des indices d’un niveau de difficulté plus aisé qu’à l’accoutumée, tant du point du vue du modus operandi que du mobile. La réalisation apparaît toujours aussi soignée, avec notamment une photographie particulièrement raffinée lors des scènes semi-obscures.

L’épisode a aussi l’excellente idée de profiter d’une action somme toute assez figée pour creuser ses personnages secondaires, réalisant une belle galerie de portraits, de l’industriel marron et anxieux au jeune couple aux excellentes scènes de dépit amoureux. Suchet demeure bien entendu au centre des débats, aussi impérial dans le drame que dans la comédie et évidement lors d’un enthousiasmant final, théâtral à souhait. L’adaptation développe sans doute un peu trop le contexte historique argentin sans que cela soit réellement utile, mais cela nous vaut une agréable ambiance musicale et une incandescente diva argentine, l’un des grands souvenirs de cette saison

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4. L'AFFAIRE DU TESTAMENT DISPARU
(THE CASE OF THE MISSING WILL)

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Voici plusieurs années, le très riche Andrew Marsh décide publiquement de léguer sa fortune à des œuvres de bienfaisance et à quelques parents. Il dédaigne sa pupille Violet, estimant qu’une femme doit être entretenue par son mari. Sentant venir la fin de ses jours, il confie à son ami Hercule Poirot vouloir réécrire son testament, se repentant de son mépris pour Violet. Mais il décède subitement, apparemment de causes naturelles, avant d’avoir pu agir. Poirot ne va pas s’en laisser conter.

L’intrigue diffère singulièrement de l’originale, mais l’épisode n’en perd pas en intérêt pour autant. On retrouve certes le jeu coutumier de « à qui profite le crime ? » autour du testament rituel, mais agréablement complexifié. La personnalité de la victime se montre également plus subtile et attachante qu’à l’accoutumée, évitant la double poncif du simple prétexte ou du tyran imbuvable. Son amitié de longue date avec Poirot apporte également une intensité particulière au déroulement de la partie en cours, ainsi que plusieurs scènes marquantes (notamment chez l’avoué).

L’opus s’adorne également d’éléments culturels enrichissant le récit : les rites de cet univers éminemment particulier qu’est le Cambridge des 30’s, mais aussi les luttes féministes de l’entre-deux guerres. Les situations discriminantes présentées apparaissent caricaturales mais leur époque n’est pas si éloignée. Cet aspect rejoint le féminisme discret mais  incisif d’Agatha Christie, bien entendu plus présent chez Miss Marple et Tuppence que chez le Belge. Le retour de l’Inspecteur Japp, et de son inépuisable rivalité amicale avec Poirot, parachève le succès de l’épisode, d’autant que Philip Jackson a conservé tout sa malice. 

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5. UN DÎNER PEU ORDINAIRE
(THE ADVENTURE OF THE ITALIAN NOBLEMAN)

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Via l’achat d’une voiture de luxe par Hastings, Poirot est amené à s’intéresser zu Comte Foscatiniti, noble italien installé à Londres. Celui-ci, qui serait en délicatesse avec l’Italie fasciste, est retrouvé assassiné. Or il s’avère que le valet du défunt est devenu très proche de Miss Lemon ! De son côté Hastings est fasciné par la beauté latine de la brune Margharita, vendeuse de voitures. Poirot va s’attacher à découvrir la vérité cachée de cette affaire embrouillée.

Tout en conservant le Whodunit emblématique d’Agatha Christie (certes simplifié), l’épisode met en place une véritable intrigue de roman noir : multiplicité des intervenants, milieu interlope, intrigue tortueuse, MacGuffin de rigueur (voire deux, l’argent et les lettres), etc. Cette originalité apporte une touche savoureuse au récit, même si ce dernier se montre parfois trop ambitieux, le format court obligeant à en laisser certains aspects dans le flou (pourquoi l’employé d’ambassade prend-il le risque de dénoncer son supérieur à Poirot ?). La dimension italienne, avec ses personnages relevant du cliché mais sans lourdeur, représente un atout supplémentaire.

La malicieuse Margharita tire particulièrement son jeu (sublime Anna Mazzotti). Toutes ses scènes avec un Hastings totalement dépassé représentent autant de moments de pure comédie. Notre valeureux Capitaine connaît tout toutefois enfin son heure de gloire lors de la course poursuite, jusqu’ici la plus nerveuse de la série. Les autres complices du Belge se voient également gâtés, avec une Miss Lemon (Felicity) peu abattue par la déception amoureuse et récupérant un chat après le drame de début de saison et un Inspecteur Japp à la présence considérablement accrue vis-à-vis de la de la nouvelle initiale, où il était simplement évoqué. 

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6. LA BOÎTE DE CHOCOLATS
(THE CHOCOLATE BOX)

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Poirot accompagne l’inspecteur Japp à Bruxelles, où celui-ci doit recevoir une importante distinction policière. Faisant visiter Bruxelles à son ami, Poirot lui narre l’une de ses premières enquêtes de policier, voyant un important homme politique être assassiné via une boite de chocolats belges empoisonnés. Japp va découvrir que Poirot y a fait la connaissance de la belle Virginie, un souvenir particulièrement cher à son cœur.

Cet épisode particulièrement riche brille de multiples qualités. Il s'avère visuellement magnifique, tant du point des costumes que des superbes images de Belgique, avec un excellent choix de localisation (gare d'Anvers, Grande Place et Palais de Justice de Bruxelles, etc.). Le soin accordé au travail de production reste l'une des forces de cette série. Entre renversements de situation et profils psychologiques aiguisés, l’enquête du jeune Poirot, impressionnant dans son uniforme, se montre absolument prenante et ludique. On apprécie également que l'inspecteur Japp ne se limite pas au seul rôle de confident et qu'il apporte une vraie saveur au récit, tandis que son épouse prend toujours davantage des allures de Mme Columbo ! Mais l'attrait majeur de l'opus réside bien entendu dans son précieux éclairage de Poirot, à la fois biographique (la fameuse boutonnière) et psychologique. Jusqu'ici essentiellement dédiée à l'humour et à l'observation caustique des travers britanniques, c'est toute sa dimension belge qui va prendre chair.

Plus jeune (félicitations aux maquilleurs et accessoiristes), vêtu tout comme le Commissaire Valentin, c'est un Poirot encore en devenir que nous découvrons, plus direct et ouvert  avec ses compatriotes qu'il ne le deviendra avec les Anglais. Suchet sait parfaitement exprimer cette dualité, au long de flashbacks parfaitement cadencés et portés par une musique convenant idéalement à cette histoire profondément mélancolique sous son humour apparent. Les ombres du passé s'incarnent en Virginie, à qui Anna Chancellor apporte toute sa beauté authentiquement aristocratique (et qui incarnera évidement Irène Adler par la suite). Le duo, irrésistiblement complice, restitue avec talent cette merveilleuse rencontre, à l'émotion si éloignée du quotidien du Poirot actuel. Cet immense comédien qu'est Suchet se montre bouleversant lors d'une chute surprenante, qui répond avec cruauté à une interrogation informulée mais omniprésente tout au long du récit. Assurément l'un des tous meilleurs de la série, l’opus nous révèle sans doute l'une des causes principales de l'exil anglais prolongé d’« Hercule ».

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7. LE MIROIR DU MORT
(DEAD MAN'S MIRROR)

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Poirot souhaite acheter aux enchères un superbe miroir, mais se voit devancé par l’intrigant affairiste Gervais Chevenix. Celui-ci propose au Belge un étonnant marché : il lui remettra le miroir si Poirot parvient à démontrer que l’un de ses associés en affaires l’escroque. Poirot se rend chez Chevenix et y découvre une famille déchirée, à l’atmosphère oppressante. Soudain Chevenix est assassiné.

Après le marquant et très original The Chocolate Box, on en revient ici à une intrigue totalement classique. Après l’amusante scène des enchères, les évènements se déroulent sans surprise aucune. Les personnages secondaires s’avèrent trop passe-partout pour vraiment dynamiser le récit, le seul réellement intéressant étant la victime ! On peut regretter que dans une série aussi reliée à l’Art Déco, la dimension artistique de l'opus n’ait pas été davantage développée.

La mise en scène demeure atone et souffre de quelques maladresses, comme cette musique omniprésente voulant évoquer le mystère et ressemblant en fait à une sirène de pompiers. Le manque de relief de l’ensemble permet toutefois par contraste de distinguer la scène de l’incendie. Le mystère de la chambre close tombe trop vite et l’identité de l’assassin se devine aisément, même si le modus operandi se montre astucieux.

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8. VOL DE BIJOUX À L'HÔTEL MÉTROPOLE
(THE JEWEL ROBBERY AT THE GRAND METROPOLITAN)

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Fatigué, Poirot est envoyé par son médecin respirer le bon air marin de Brighton et prendre du repos. La première d’une importante pièce de théâtre va y être donnée et Poirot n’apprécie guère que sa présence soit détournée publicitairement par le producteur. Ce dernier présente également une somptueuse parure portée par l’actrice principale. Or le bijou disparaît soudainement. Les soupçons pèsent sur une jeune domestique, mais Poirot en a plus qu’assez de ses vacances.

Pour son ultime opus de format cout, la série opte clairement pour la comédie. Le sujet du jour résulte plus léger qu’à l’ordinaire et son traitement amuse volontiers, entre un producteur pittoresque (et son épouse ayant autrement plus les pieds sur terre) et un Poirot fulminant en permanence. Son moindre enjeu n’empêche pas de constituer un intéressant problème, à la solution d’une redoutable simplicité. Tout ceci apparaît quelque peu théâtral mais correspond bien, en définitive, à l’univers décrit

Comme toujours l’interprétation se montre de qualité, avec notamment une Hermione Norris particulièrement convaincante dans le rôle de la sympathique Clarisse. On apprécie que ce final de saison voie les  quatre figures de la bande à Poirot participer pleinement à l’action, ce qui ne survient pas si souvent. L’épisode s’enrichit également des belles vues de Brighton (Art déco et environnement marin), ainsi que de plusieurs références à Oscar Wilde (De l’importance d’être Constant, Salomé…). L’ultime scène permet à cette saison assez inégale de s’achever sur un pur moment d’humour insolite.

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Images capturées par Estuaire44.

 

L'Entraide