Open menu

La planète des singesCharlie et la chocolaterie

Saga Tim Burton

Big Fish (2003)


BIG FISH
(BIG FISH)

Résumé :

Will Bloom n’a jamais été proche de son père Edward. Mais, lorsqu’il apprend que ce dernier va bientôt mourir, il tente de se rapprocher de cet homme qui, selon lui, s’est caché toute sa vie derrière les histoires extraordinaires qu’il racontait.

320

Critique :

Après le blockbuster qu’était La planète des singes, Tim Burton voulait retrouver un tournage plus modeste. Cette histoire d’incommunicabilité entre un père et son fils ne pouvait que lui parler, puisque ce fut précisément son cas. Il avait perdu le sien en 2000 et avait également changé de compagne et même de ville puisqu’il avait emménagé à Londres. Pour achever le parallèle, à l’instar de Will dans le film, le réalisateur s’apprêtait également à devenir père pour la première fois. On ne peut donc pas douter de la sincérité et de l’engagement du réalisateur dans cette production qui porte bien sa patte. Néanmoins, le résultat n’est pas totalement satisfaisant.

Ainsi, le film, en visant à donner une impression « légèrement exagérée mais pas onirique » pour citer Ewan McGregor laisse une sensation d’entre-deux. L’irréel aurait sans doute été mieux en assumant un fantastique qu’il tient en lisière. La sorcière du premier récit prend place dans une séquence à la fois classique (la demeure rongée par la végétation ; le défi entre gamins) et décalée puisque le héros finit par s’entendre avec la vieille femme ! Mais de « sorcière » point. C’est en fait une histoire intimiste où le fils veut démêler les fils du mystère pour rechercher l’homme qu’était son père.

Le film est construit sur une sorte de flash-back entrecoupés de séquences dans le présent lorsque Will et sa femme Joséphine sont auprès d’Edward et Sarah. Pour Burton, le film est un puzzle. Certes, mais, du coup, sa lisibilité s’en ressent. Les histoires toutes plus abracadabrantesque d’Ed finissent par lasser malgré l’indéniable bonne volonté d’Ewan McGregor qui fut ravi de jouer « un type bien qui aime sa femme et aide les gens ». Certes, mais les bons sentiments ne font pas souvent de bonnes œuvres. Billy Crudup sauve aussi la mise en faisant parfaitement ressortir à la fois la profonde amertume et l’amour qu’il éprouve également pour son père. Tout le monde aime Ed mais lui ne sait pas qui est son père. Pourtant, quand Ed est sur son lit d’hôpital, c’est lui qui va raconter la fin, s’extirpant pour une fois du prosaïsme qu’il incarne. C’est une séquence très émouvante.

La multitude des histoires comporte le défaut inhérent aux films à sketches, l’inégalité. On retrouve cependant de-ci de-là la touche de Tim Burton. Ainsi, c’est dans un cirque qu’Ed croise Sarah qui deviendra sa femme. Le cirque est un univers privilégié pour Burton car il réunit dans un même lieu des personnages « fantastiques » à tous les sens du terme. On retrouve ce lieu dans son Dumbo (2019) et le parallèle va plus loin puisque, dans les deux cas, c’est Danny DeVito qui est le M. Loyal. Ce passage au cirque est aussi une référence au film Freaks, de Tod Browning. La fête foraine se retrouve aussi dans son Miss Peregrine (2016). Autre séquence type, la traversée de la forêt et, là, selon Ewan McGregor, celle-ci est très « Burton-esque » ! Obscurité, brume, arbres tordus et araignées sauteuses !! On reprend des images qu’on aurait pu voir dans Sleepy Hollow mais sur un mode comique qui ne dépareille pas.

La distribution est riche mais l’essentiel du casting tient à trois acteurs. Ewan McGregor qui dégage une sympathie par l’énergie et la bonne humeur qu’il met dans son jeu. Albert Finney tient là un joli rôle pour sa vieillesse. Jamais il n’en fera trop malgré les énormités que paraît débiter Ed. Quand il est qualifié d « d’imposteur », il donne une allure de dignité outragée à son personnage et répond carrément qu’il n’a jamais cessé d’être lui-même dans toute sa vie. Billy Crudup avait un rôle plus ingrat puisque son personnage n’a jamais compris ce père et qu’il en souffre. L’acteur n’enferme cependant pas Will dans cette négativité puisqu’il le joue également  aimant avec sa femme et attentionné avec sa mère. Avec justesse, Billy Crudup montre cet homme qui aurait voulu partager quelque chose avec un père qui sera un inconnu presque jusqu’au bout.

Anecdotes :

  • Sortie US : 9 janvier 2004 Sortie française : 3 mars 2004

  • Scénario de John August (qui écrira trois autres scenarii pour Burton) d’après Big Fish: A Novel of Mythic Proportions de Daniel Wallace (traduction française, 2004)

  • Dans le New York Times du 9 novembre 2003, Tim Burton définit ainsi son film: « Big Fish traite de ce qui est réel et de ce qui est imaginaire, de ce qui est vrai et de ce qui ne l’est pas, de ce qui est en partie vrai et de quelle manière, à la fin, tout devient vrai. »

  • Ewan McGregor a été choisi pour le rôle d’Ed Bloom jeune lorsque les producteurs ont remarqué la similitude frappante entre lui et les photos du jeune Albert Finney, qui joue le rôle d’Ed Bloom âgé.

  • Même si Edward jeune atterrit en Corée, le ventriloque et sa marionnette parlent le tagalog (langue des Philippines), tandis que les jumelles siamoises et Edward parlent le cantonais (un dialecte chinois). Les soldats qui retirent le ventriloque de la scène parlent le chinois mandarin (langue de la Chine continentale et de Taiwan), tandis que les autres soldats parlent le coréen.

  • En tant que grande fan de Tim Burton, Marion Cotillard a dormi avec le scénario du film sous son oreiller pendant un mois, jusqu’à ce qu’elle obtienne le rôle.

  • Le maquillage de la sorcière a pris environ cinq heures à appliquer.

  • Les scènes d’Auburn devaient à l’origine être tournées sur le campus de l’Université Auburn à Auburn, en Alabama, mais les responsables de l’école ont demandé l’approbation du scénario et la production n’a pas eu le temps d’attendre. Ils ont donc filmé les scènes du Huntingdon College à Montgomery, Alabama à la place.

  • Bien que Spectre soit une ville fictive, le code postal indiqué sur l’acte de vente de la maison de Jenny est bien réel. 36104 est l’un des codes postaux de Montgomery, Alabama.

  • Miley Cyrus a un petit rôle en tant que membre du groupe d’amis d’enfance d’Edward.

  • Même si Helena Bonham Carter a joué un personnage dix ans plus jeune qu’Ewan McGregor,  dans la vie réelle, elle a cinq ans de plus que lui.

  • Quand le jeune Will est dans son bureau UPI à Paris, il reçoit une lettre de sa maison adressée au 2, rue Gabriel dans le 8ème arrondissement. C’est en fait l’adresse de l’ambassade américaine.

  • La ville de Spectre fut construite sur l’île Jackson, près de Millbreak en Alabama.

  • Le film rapporta 122 millions de $ et fut un succès public et critique

  • Ewan McGregor/Ed Bloom jeune : acteur écossais, il est remarqué par Danny Boyle dans Petits meurtres entre amis (1994). Le cinéaste le choisi pour Trainspotting (1996) qui le révèle. Il tournera ensuite dans Star Wars I, II et III (1999, 2002, 2005), Miss Potter (2006), Le rêve de Cassandre (2009), The Ghost Writer (2010), Des saumons dans le désert (2012), Jane got a gun (2015), T2 Trainspotting (2017).

  • Albert Finney/Ed Bloom âgé : acteur britannique (1936-2019) qui a, entre autres, tourné dans Tom Jones (1963), Voyage à deux (1967), Scrooge (1970, Golden Globe du meilleur acteur dans une comédie),  Le crime de l’Orient-Express (1974), Annie (1982), Au-dessous du volcan (1984), Erin Brockovitch, seule contre tous (2000), Ocean’s Twelve (2004), Skyfall (2012).

  • Billy Crudup/Will Bloom : acteur américain, vu au cinéma dans Sleepers (1996), Mission : Impossible 3 (2006), Watchmen-Les Gardiens (2009), Mange, prie, aime (2010), Jackie (2016).

  • Jessica Lange/Sandra Bloom âgée : actrice américaine, ancien mannequin, elle fut découverte et lancée par le producteur Dino De Laurentis avec King Kong (1976). Suivront Tootsie (1982, Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle, Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle), Les moissons de la colère (1984), Les nerfs à vif (1991), Blue Sky (1994, Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique, Oscar de la meilleure actrice), Rob Roy (1995), Broken Flowers (2005). Depuis 2011, elle tourne dans la série American Horror Story qui lui apporte le Golden Globe de la meilleure actrice dans une minisérie ou un téléfilm (2013).

  • Alison Lohman/Sandra Bloom jeune : actrice américaine, vue au cinéma dans Les Associés (2003), La vérité nue (2005), La légende de Beowulf (2007), Ultimate Game (2009), The Duke (2016).

  • Marion Cotillard/Joséphine : actrice française dont c’est la première apparition dans un film américain qui lui permet de changer de registre après sa participation à la saga Taxi (1998, 2000, 2003). Sa carrière décolle ensuite et compte entre autre Un long dimanche de fiançailles (2004, César de la meilleure actrice dans un second rôle), La Môme (2007, César, Golden Globe, BAFTA et Oscar de la meilleure actrice), Public Enemies (2009), Inception (2010), Les petits mouchoirs (2010), The Dark Knight Rises (2012), De rouille et d’os (2012), Juste la fin du monde (2016), Rock’n Roll (2017).

  • Steve Buschemi/Norther Winslow : acteur américain, vu au cinéma dans New York Stories (1989), Reservoir Dogs (1992), Fargo (1996), The Big Lebowski (1998), The Island (2005), La mort de Staline (2017). Il tourne aussi pour la télévision : Deux flics à Miami (1986), Homicide (1995), Les Soprano (2004-2006), Urgences (2008), Boardwalk Empire (2010-2014), Miracle Workers (2019)

  • Helena Bonham Carter (Jenny) et Danny DeVito (Amos Calloway) ont déjà tourné pour Tim Burton.

Retour à l'index