La planète des singes (2001) Résumé : En 2029, sur la station spatiale Oberon, des chimpanzés sont entraînés pour les explorations à risque. Lorsque l’un de ces animaux disparaît dans une tempête électromagnétique, Léo Davidson essaie de le retrouver. Mais il perd le contrôle de son module et se retrouve sur une planète étrange où les singes ont pris le pouvoir.
Critique : Deux ans après ce chef-d’œuvre qu’est Sleepy Hollow, Tim Burton réalise son plus mauvais film. Visiblement peu à l’aise avec un blockbuster, il livre là sa réalisation la plus impersonnelle sans grâce ni charme. Lui qui prend beaucoup de plaisir au milieu du fantastique et des monstres se montre emprunté et peu à l’aise avec la science-fiction. Tout le propos du film se situe au début où les personnages, à diverses occasions (dont un dîner un peu longuet parce que fort didactique) échangent des propos définitifs sur les différentes espèces et leur place respective. Personne n’est vraiment épargné : de Leo avec ses « macaques parlant » aux singes de l’élite où l’on peut remplacer les mots « hommes » et « singes » par « Noirs », « femmes », « homosexuels » etc. pour avoir le discours type du dominant sûr de lui et, par contraste attendu, quelqu’un qui tient le discours inverse, le propos non-conformiste que le spectateur est censé suivre puisque le premier type de discours est tenu par les « méchants » et le second par les « gentils ». Un manichéisme peu subtil plombe tout le propos et la référence aux « groupes des droits de l’homme » (pour qu’ils soient les égaux des singes) donne vraiment un côté bien-pensant au film. Tout cela manque d’ironie et de subtilité ; ce qui aurait sollicité les facultés intellectuels du spectateur au lieu de bassement lui montrer le « bon côté ». Par contre, avec le recul, il y a comme une annonce du discours antispéciste ! Involontaire sans doute mais à écouter. Une fois que le spectateur a bien intégré les deux camps (personnifiés par le général Thade et Ari pour que l’on ne s’égare pas), le film se réduit à une course poursuite vers un lieu « interdit » forcément (le poncif absolu du récit d’aventure) entre un groupe mixte d’humains en fuite et de singes dissidents et l’armée du vilain général qui a obtenu les pleins pouvoirs d’un Sénat…réduit à un seul singe pour faire court ! Une parodie de Star Wars ! On termine évidemment avec la grande bataille finale qui se réduit très vite à quelques duels individuels ; écueil que Peter Jackson (un temps pressenti pour prendre en charge ce projet) ne saura pas non plus éviter dans La bataille des cinq armées quelques années plus tard. Seul le retournement de situation est surprenant. Durant l’essentiel du temps, la réalisation de Tim Burton, sans être ratée, manque de magie et se contente d’aligner les scènes. Quelques-unes surnagent cependant. La capture des humains au tout début est la conclusion réussit d’une séquence très dynamique ; le héros fuit avec des inconnus devant un danger qui l’est davantage. La traversée du camp militaire filmée de nuit est également très réussie. Le début de la bataille finale est enfin réussi. Tim Burton maîtrise également ses décors. La cité des singes est très bien faite et les intérieurs distingués et bien différenciés. Si la station spatiale est d’un classicisme achevé, les ruines de Calima sont très impressionnantes, jaillissant au soleil au milieu d’un décor désertique. La patte de Burton pourrait se lire aussi dans le refus de la moindre image de synthèse.
Outre son propos politique mal digéré et son absence de dynamisme durant une bonne partie, ce qui plombe définitivement ce film c’est son casting désastreux. Si Tim Roth donne un physique menaçant et altier au général Thade, ou Michael Clarke Duncan de la noblesse au colonel, le choix de Mark Whalberg pour incarner Leo Davidson est une erreur magistrale. S’il est crédible dans les séquences d’action, celles-ci ne sont pas assez nombreuses pour masquer son manque de charisme général et son absence de profondeur lors de séquences qui devraient être des moments importants. Lorsque Davidson évoque les « macaques parlant », l’acteur est incapable de montrer si son personnage croit ou non ce qu’il dit. Les scènes avec Helena Bonham Carter manquent complètement de chaleur alors que l’actrice avait su, elle, donner de l’épaisseur à Ari, et nous donner de l’émotion. Quant à Estella Warren, c’est une catastrophe industrielle à elle toute seule. A part son décolleté généreux, elle ne nous montrera jamais rien. Son regard est vide, son visage plus lisse qu’un miroir. Aucune chaleur ne se dégage des scènes qu’elle partage avec Mark Wahlberg. C’est le cliché complet de la « demoiselle en détresse » ! Même chez Edgar Rice Burrough, le créateur de Tarzan, pourtant pas un as de la psychologie, les personnages et Jane notamment ont plus de fond et dégagent plus de vérité. Le problème avec ce manque d’incarnation, c’est que le spectateur ne croit pas au message et se désintéresse du récit.
Anecdotes :
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