Piège de cristal (1988) Scénario : Steven E. De Souza et Jeb Stuart Réalisation : John McTiernan Sortie US : 15 juillet 1988 Sortie France : 21 septembre 1988 Résumé : John McClane, policier de new York, vient à Los Angeles pour passer le réveillon de Noël avec son épouse Holly qui travaille dans la tour Nakatomi. Mais, l’immeuble est attaqué par l’équipe d’Hans Gruber. Tout avait été minutieusement préparé par ce dernier, sauf la présence de McClane ! Critique : Le premier film de la saga est une merveille et reste probablement le meilleur de tous. Beaucoup d’action mais à laquelle ni l’humour ni la psychologie ou l’émotion ne sont sacrifiés. On commence d’ailleurs par une ambiance légère (le passager de l’avion, le chauffeur qui est une vraie pipelette et même le coup du changement d’état-civil de Holly qui a repris son nom de jeune fille !). Et c’est Noël, une petite fête d’entreprise a lieu chez Nakatomi pour ses employés. Tout cela installe une bonne ambiance et un faux rythme qui vole en éclat brusquement avec l’entrée en scène brutale d’une douzaine d’hommes armés. Leur leader, un livre en main, dans une attitude de précheur évangélique, tient un discours dont le texte décalé est rendu sinistre par le ton posé avec lequel il est débité. Pour obtenir du patron qu’il se montre, il récite sa biographie d’un ton froid. Son plan, il l’expose crûment et simplement à ce dernier : il veut le code d’accès au coffre qui recèle 600 millions ! Ledit patron ne pouvant le renseigner est abattu de sang-froid ! Alan Rickman a réussi son entrée. Portant beau le costume, barbe bien taillé, il représente un homme élégant, cultivé, mais absolument impitoyable. La froideur qu’il maintiendra tout au long du film n’est pas pour bien dans le charisme qu’il déploie. Jusqu’à présent, McClane est resté plutôt passif sans que Bruce Willis ne nous ennuie d’ailleurs le moins du monde. Dès le départ, on sent bien que le personnage est en complet décalage avec ce qui l’entoure et l’acteur rend tout cela très bien avec des mimiques et un certain humour. Ayant échappé à la rafle, le policier – on évite ainsi le cliché du quidam qui se révèle un super-héros – tente une première fois d’alerter les secours. Il essaiera une seconde fois et, dans les deux cas, se fera repérer d’où des fusillades . La seconde est une des meilleures scènes : filmée de haut avec un mouvement circulaire de la caméra de la droite vers la gauche. Histoire de montrer une traque en action. Les passages de fusillade seront traités intelligemment : sans abus, sans durer des plombes mais soulignant toujours le moment idoine. Elles scandent le film sans le noyer : l’action est ainsi mise au service de l’histoire et non l’inverse. La seconde alerte a fait venir sur place un des seconds rôles principaux, le sergent Al Powell à qui Reginald VelJohnson donne une profonde humanité, de l’intelligence (on n’en dira pas autant de sa hiérarchie !) et un certain sens de l’humour. Ses discussions avec McClane serviront de scènes de transition entre des moments plus violents dans l’immeuble mais ils ne meubleront pas pour de rien dire, servant notamment d’échanges d’information. Les « dernières volontés » de McClane, outre qu’elles montrent un Bruce Willis crédible dans l’émotion profonde, seront extrêmement touchantes. Le premier contact entre McClane et le chef des preneurs d’otage, Hans, se fait via un talkie-walkie. Si le ton est posé, il est d’une ironie mauvaise du côté de Hans et très direct côté McClane ! Très référence en culture américaine (ce que l’on retrouvera dans le final), il est aussi un moment complètement décalé : le policier prévient qu’il va passer, se définit comme cun « emmerdeur » et, surtout, il lance la réplique culte : « Yippee-kee-kay, pauvre con ! » On se doute de l’effet produit ! Si Powell fait l’effet d’un type compétent on mesure toute l’inanité de la police de la cité des Anges lorsqu’elle se fait canarder lors de sa tentative pitoyable d’entrer en force. La mise en position des bandits est en outre soulignée par la musique – un élement important tout au long du film – et le spectateur est ainsi conditionné, prévoyant le massacre avant qu’il ait lieu. McClane doit intervenir pour l’arrêter. Cette mise à l’écart temporaire était nécessaire pour déployer le versant « extérieur » de la prise d’otage et, en montrant McClane se remettant de ses émotions, le maintient dans un certain réalisme. Bruce Willis est impeccable et la colère désespérée de son personnage lorsqu’il voit ce qui va se passer est poignante. La réaction, explosive, montre toutefois que nous sommes dans un film d’action et pas dans une comédie de Noël ! Entendre McClane dire qu’il se sent « mal aimé » (traqué par les bandits et incendié par la police) est, par contre, une embellie comique bien trouvée. C’est alors que prend place le passage obligé de l’otage qui se prend pour plus intelligent qu’il ne l’est et croit malin de négocier avec des hommes armés. Outre que son sourire autosatisfait le désigne comme le boulet dans son milieu naturel, son imbécilité profonde et suicidaire lui fait manquer l’ironie froide avec laquelle Hans Gruber - et Alan Rickman fait peur avec sa mine fermée et son regard hostile - accueille ses déclarations ronflantes à l’effet comique certain cependant ! Le retour au dur sera souligné par un coup de feu que nous ne ferons qu’entendre. Toute la malice de Gruber éclate dans ses rapports avec la police puis le FBI (brillante prestation de Robert Davi en agent fédéral brutal et sûr de lui). Il a parfaitement intégré la manière de procéder tant des révolutionnaires dont il reproduit le discours à la perfection que des policiers. Superbe effet pour le spectateur qui voit bien que Guber raconte un mensonge puis voit les policiers gober l’appât avec l’hameçon parce qu’il entre très bien dans leur schéma de pensée. Évidemment, cela finira mal pour les fédéraux mais, visuellement, c’est splendide avec un effet de ralenti posé mais pas exagérément comme Matrix le popularisera quelques années plus tard. Le final est rendu très nerveux lorsque Gruber découvre qu’Holly est la femme de McClane. Bonnie Bedelia a très bien tenu son rôle, affirmant l’identité propre d’Holly (une femme indépendante qui n’a pas hésité à partir lorsqu’une opportunité professionnelle s’est présentée) et doté d’un certain sang-froid notamment lors d’une première entrevue tendue mais polie avec Gruber. Dans une atmopshère rougeoyante, saturée d’eau et de fumée, la confrontation finale sera aussi un grand moment. Le « fou rire » des deux protagonistes, alors que McClane est désarmé et que Gruber lui a « rendu » sa réplique est totalement décalée, surréaliste et brutalement interompu ! La mort de Hans Gruber est un des moments les plus spectaculaires avec ce gros plan sur le visage d’Alan Rickman puis ce ralenti sur la chute mortelle qui commence sous nos yeux. C’est vraiment impressionnant. Un peu de légèreté pour conclure avec une phrase « prophétique » du toujours aussi bavard chauffeur ! Du grand spectacle mais du grand spectacle intelligent, qui se déguste et s’apprécie à chaque passage. Anecdotes :
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58 minutes pour vivre (1990) Scénario : Steven E. De Souza et Doug Richardson Réalisation : Renny Harlin Sortie US : 4 juillet 1990 Sortie France : 3 octobre 1990 Résumé : Le soir du réveillon, des terroristes prennent le contrôle de l’aéroport de Washington dans le but de libérer un dictateur déchu. Un plan minutieux a été mis au point. Il ne comptait pas sans un grain de sable nommé John McClane ! Critique : Deux ans après le premier opus, voici la suite et, vu que, outre Bruce Willis, trois autre acteurs reprennent leurs rôles, on peut même dire que nous sommes dans la suite directe. Désormais flic à Los Angeles, John McClane est venu à l’aéroport de Washington pour attendre sa femme Holly. Il récolte au passage une prune qui est comme un clin d’œil à la définition même de McClane, être là où il ne faut pas être ! Il en fera d’ailleurs lui-même la remarque avec cet humour distancié qui a fait tout le sel de la saga (et sans doute constitue une des meilleures parts du jeu de Bruce Willis). Toujours en alerte, il repère le manège de deux hommes (la musique est d’ailleurs stressante à ce moment ; la partition sera un régal tout au long du film) et, dans le lieu où transitent les bagages (beau décor mécanique), s’ensuivent une fusillade et une bagarre spectaculaire. L’un des terroristes meurt de façon atroce. On tient là la patte de Renny Harlin ; beaucoup plus spectaculaire et violent que John McTiernan, il renouvelle l’approche de Die Hard avec un côté plus dur mais sans rogner l’humour. En revanche, il y aura beaucoup moins d’émotion et les personnages sont plus schématiques. Le colonel Stuart est monolithique et le jeu sec et tranché de William Sadler en fait l’archétype du soldat perdu. Néanmoins, la froide détermination qu’il insuffle à son personnage impressionne. Fred Dalton Thompson compose un Trudeau professionnel qui, s’il ne fait pas spontanément confiance à McClane, n’a rien d’un bureaucrate et joue le rôle de l’homme qui doit faire ce qu’il a à faire sans pouvoir agir directement. Par contre, la trouvaille du film c’est Dennis Franz. Son Lorenzo est une merveille de flicaillon borné, routinier, grande gueule (mais toujours contre McClane !). Néanmoins, l’homme n’est ni une andouille, ni un incapable, juste un homme sans beaucoup d’envergure qui veut juste faire son boulot et rentrer chez lui mais qui, au moment venu, se rangera du bon côté. La gouaille de Dennis Franz en fait un personnage irrésistible de drôlerie, un peu ridicule sans être caricatural. Le mort était un défunt si l’on en croit les renseignements obtenus ! Avec cette info, McClane pénètre dans la tour de contrôle. Selon lui, les terroristes sont là pour le général Espinoza, dictateur déchu extradé pour trafic de drogue. C’est à ce moment-là que l’aéroport passe sous le contrôle à distance d’hommes armés ! La plongée des pistes dans le noir, la panique grandissante des équipes techniques sont très bien rendus. Les exigences des bandits sont claires : dans 58 minutes, l’avion d’ Espinoza atterira là où ils l’auront décidé. Juste après se place un gag récurrent dans le film : McClane se faisant éconduire ! C’eut pu être un procédé mais on peut compter sur Bruce Willis pour nous faire rire ! L’acteur est très juste tout au long : son McClane est déterminé mais jamais froid, en colère quand il se heurtre à la bêtise et à l’ignorance mais jamais arrogant ; il fait le job parcequ’il faut que quelqu’un le fasse. Il connaît également le passage à vide (victoire des terroristes après le massacre des meilleurs hommes de Lorenzo dans une tentative de reprise du contrôle de l’aéroport). McClane est humain et vraiment pas un super-héros. C’est ensuite que prend place l’inévitable confrontation verbale entre McClane et le colonel Stuart. Clin d’œil avec le premier opus, c’est par talkie-walkie interposé qu’ils s’affronteront. La vengeance de Stuart confirme la violence criminelle, mais pas aveugle, du militaire. C’est un passage extrêmement éprouvant pour le spectateur d’autant que la musique est particulièrement angoissante. Le malaise d’un des hommes de Stuart, montré par intermittence, ajoute une touche d’émotion à ce moment très dur. Le réalisateur nous montre encore sa maîtrise avec l’atterrissage en catastrophe du général Espinoza avec en contre-point comique Bruce Willis dont le personnage ne sait pas dans quelle direction il doit aller ! Symétriquement, le rouge est associé à Espinoza et le blanc à McClane. Par contre, la scène des grenades et du siège éjectable est exagérée et les effets spéciaux pas du meilleur effet ! Trudeau, dépassé, a fait appel à l’armée et une unité commandée par le commandant Grant débarque et ça se passe électriquement avec McClane ! Jon Amos est plutôt bon dans son interprétation d’un militaire de carrière qui apprécie peu la présence d’un civil. C’est bien vu, d’autant que son intervention contre la base de Stuart scelle la réconciliation avec McClane. On tient là deux moments importants : la course-poursuite en motoneige qui fait très James Bond avec un décor forestier rendu magnifique par la nuit et la neige. Soudain, un détail attire l’attention de McClane. La tension monte d’un cran, surtout qu’à ce moment, le journaliste débile du premier opus décide de faire un scoop et de révéler tout ce qui se passe…causant une panique monstre ! Sa « neutralisation » est un moment rigolo. La révélation que fait McClane renverse tout à coup le jeu et relance l’action. Bien écrit et bien amené, ce moment nous prend par surprise et nous vaut une démonstration la fois spectaculaire et hautement comique par Bruce Willis ! Avec l’aide d’une journaliste (et de l’hélicoptère de cette dernière), il rattrape le Boeing qui doit emmener Espinoza ! Dire qu’il rattrape un avion au vol serait à peine exagéré !! Il est amusant de voir aussi les deux visages de la presse ; entre l’arrogant égocentrique prêt à tout pour le scoop et la sympathique reporter tenace mais mesurée et capable de savoir s’arrêter. La lutte qui s’engage sur l’aile de l’avion est un summum du film et résume la méthode Harlin : du spectaculaire et du violent (voire même un peu gore). On ne boudera surtout pas notre plaisir avec cette fin pleine de joie et d’humour. Anecdotes :
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Die Hard 4 : Retour en enfer (2007) Scénario : Mark Bomback, sur une idée de Mark Bomback et de David Marconi, d'après certains personnages créés par Roderick Thorp, d'après l'article de presse A Farewell to Arms (1997) de John Carlin[] Réalisation : Len Wiseman Sortie US : 27 juin 2007 Sortie France : 4 juillet 2007 Résumé : Une cyber-attaque gigantesque frappe Washington. Chargé de ramener au FBI un hacker, John McClane se retrouve impliqué dans ce qui est une veangeance mené par un pirate de haut vol qui avait pesé chaque détail. Sauf un : John McClane ! Critique : Film spectaculaire qui ne dépareille pas dans la saga. Le scénario est inventif, brillant ; il la modernise sans lui faire perdre trop de ses qualités. Si la réalisation est également excellente, elle sacrifie beaucoup trop au spectaculaire justement jusqu’à tomber dans l’esbrouffe et le tape-à-l’œil. La partition musicale est de qualité, soulignant les phases importantes de l’action. On regrettera la disparition du classique qui donnait une patine « chic » et originale. Bruce Willis déroule son personnage mais est constamment impliqué. Plusieurs scènes sont ainsi consacrées à la psychologie de John McClane, ce qui évite au film de sombrer dans le film de bourrins. C’est probablement la meilleure œuvre de Len Viseman dont le reste du travail n’est vraiment pas un cadeau pour l’histoire du cinéma ! Ce qui est bien dans les Die Hard, c’est le commencement. Toujours calme et qui soudain part en vrille ! L’entrée en matière est ici intrigante et on sait vite qu’il s’agit d’un piratage informatique dirigé contre la cyber-division du FBI ! Mais tout de suite après on se retrouve en pleine crise familiale avec Lucy « Gennero » qui ne veut plus parler à son père, John McClane. Au-delà du clin d’œil au premier opus avec les noms de ces dames, voici l’entrée en scène de Mary Elizabeth Winstead. La scène est à la fois tendue et pathétique. En colère, l’actrice a le regard superbe (comme le reste de sa personne d’ailleurs) et, d’emblée, elle réussit à nous convaincre qu’elle interprète la fille de McClane avec ce caractère fort. Le pirate en fera aussi le constat, non sans en sourire ! La mission du jour est « simple » : ramener un hacker nommé Matt Farrell à Washington. Justin Long incarne Farrell et saura faire évoluer son personnage entre le hacker un peu tête à claque du début jusqu’à (presque) un héros qui aura compris l’ampleur de sa faute et aura su évoluer. Sur place, McClane tombe sur une équipe de tueurs venu éliminer ce dernier ! La première fusillade (il y en aura beaucoup d’autres, ce qui marque une escalade par rapport aux premiers films) est très réussie : brutale, nerveuse, dynamique, baignant dans une ambiance mal éclairée presque glauque et une musique haletante. On a plaisir aussi à retrouver le flic le plus cool du siècle (« ça ne risque pas de réveiller les voisins ? » se demande-t-il !). Au même moment, le pirate encore anonyme lance l’attaque contre le réseau de transports de New York, semant une pagaille monstre, filmée avec conviction (les bruitages sont excellents) puis s’en prend à la Bourse, avant d’envoyer un message menaçant détournant des images des présidents américains (notamment Nixon, c’est plus anxiogène !). C’est ici que le scénario raccroche le spectateur en lui expliquant le concept de « liquidation » (qui fait froid dans le dos). Le fait que McClane n’y connaisse rien en technologie en fait le représentant de beaucoup de spectateurs ; Farrell doit donc expliquer simplement. Après une nouvelle fusillade se place le moment tant attendu : le premier contact (via la radio, exit le talkie-walkie) entre le méchant et McClane. On appréciera particulièrement l’ironie du pirate (« Vous êtes une montre à remontoir à l’heure du numérique ») ; il définit très bien McClane. Côté répliques, Timothy Olyphant est servi. L’acteur est tout simplement impeccable de bout en bout. Très calme, parfois dur, il n’est jamais glacial. Vêtu simplement et sobrement, il dégage une aura de normalité qui mets mal à l’aise, surtout que le regard de l’acteur dévoile l’appétit de puissance et de folie de son personnage. L’acteur est charismatique à faire peur. Len Viseman a aussi une idée géniale en le filmant souvent face caméra. Il s’adresse à nous autant qu’à McClane et nous prend à témoin. Cette façon de procéder raccroche le spectateur au film. Pendant que se déroulent diverses péripéties, une équipe de criminels s’empare du site de Woodlawn, dont nous découvrirons l’utilité ultérireurement. Cette équipe est dirigée par Maï, compagne du chef. Plus qu’une informaticienne, c’est une guerrière et le choix de Maggie Q était tout indiqué. Le côté lisse de l’actrice est ici parfaitement approprié : Maï est une combattante émérite et McClane a bien du mal à s’en défaire ! A travers ce personnage, et aussi de celui de Lucy, on note la vraie innovation de ce film dans la saga : créer des rôles féminins forts. Symboliquement, on a en un dans chaque camp. Cette touche féministe n’est pas une concession gratuite à « l’air du temps » car les deux personnages ont chacun leur personnalité et influent sur l’action. On mettra de côté le personnage de Taylor (Christina Chang) beaucoup plus conventionnel et dont la disparition inexpliquée ne cause pas de dommage au film. Maï éliminée au terme d’une séquence spectaculaire, second contact entre le pirate et McClane, qui pourra l’identifier grâce à Farrell et au FBI. Il s’appelle Thomas Gabriel et avait prévenu que ce qui se passe pouvait arriver. N’ayant pas été écouté, il se venge. Si la police n’a pas été à la noce dans les précédents opus (et le FBI non plus dans le premier !), retournement de situation avec Bowman, chef de la cyber-division. Lui ne prend jamais McClane de haut et ne considère jamais qu’il est en trop ou pas à sa place. Cliff Curtis lui confère une stature d’homme de responsabilité mais aussi d’humanité. La grossièreté volontaire de McClane vis-à-vis de Gabriel nous vaut la preuve de la folie meurtière qui rôde dans l’esprit de ce dernier et une séquence d’une grande violence pyrotechnique ! Pour se venger de McClane – Gabriel est rancunier ! – il fait enlever Lucy et Mary Elizabeth Winstead a de nouveau l’occasion de se montrer à son avantage. La lucidité de son personnage dans une situation dangereuse est incroyable mais crédible vu ses antécédents familiaux. L’ironie froide de Gabriel est un des sommets du duel avec McClane. Les deux adversaires se parlent (toujours indirectement sauf dans la séquence finale) beaucoup plus que les précédents adversaires de McClane. C’est que le scénario, s’il sacrifie au toujours plus, a aussi l’habileté de « redescendre sur terre » en déplaçant, ou plutôt en superposant une dimension personnelle au monstrueux plan de Gabriel. McClane n’était pas prévu, Gabriel s’est adapté ; le policier s’accroche et le combat devient personnel. La justification grandiloquente de ses actions par Gabriel se voit ainsi pulvérisée par une réplique cinglante de McClane. Pour s’en débarraser, Gabriel va même obtenir d’un F-35 (un avion de chasse) qu’il prenne le camion que conduit McClane pour cible ! Occasion pour s’en prendre à ce qui coûte le 4ème melon au film : l’abus de spectaculaire qui vire à l’énormissime et pas loin de l’invraisemblable. C’est aussi la marque de fabrique de Len Viseman mais ce qui peut relativement passer quand on filme des vampires et des loups-garous est beaucoup moins crédible dans le monde réel. Le coup du tueur acrobate (à deux reprises) c’est presque un gag et on hausse le sourcil d’incrédulité mais ça pourrait passer. L’attaque de l’hélico, c’est déjà plus compliqué mais la façon dont McClane s’en débarasse, c’est tout simplement invraisemblable ! On sent l’influence des Mission : Impossible à la sauce Tom Cruise. Plus c’est gros et plus on y croit. Sauf que non. Le clou du spectacle c’est donc le duel entre un camion et un avion. Une séquence qui dure longtemps (environ 5 minutes) et qui est résolument n’importe quoi. Même la façon dont McClane s’en sort dépasse l’entendement. L’implication de Bruce Willis permet cependant de ne pas tomber dans le ridicule, mais on n’y passe pas loin. La séquence finale est relativement brève mais intense et entre Farrell qui panique mais reste quand même concentré, Lucy toujours combattive, le duel Gabriel/McClane atteint un sommet dans la tension. Saluons le retour du « yeppee-ky-kay, pauvre con » qui nous avait manqué ! Ce clin d’œil ponctue une manière de s’en sortir assez peu conventionnelle, violente mais excellente. Le film n’est pas une banale suite car le scénario incorpore des scènes plus intimistes qui en font plus qu’un film d’action et approfondissent le concept « John McClane ». Dans les différentes discussions entre le policier et le hacker (très bonne idée que d’avoir exposé la question à plusieurs moments, cela évite le pensum), c’est l’amertume qui domine McClane et Bruce Willis est excellent dans son interprétation d’un homme qui refuse d’être un héros mais qui y contraint parce qu’il faut faire le job. S’il n’a perdu ni son humour ni sa « coolitude », Bruce Willis renvoie plutôt l’image d’un homme blessé. Anecdotes :
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Une journée en enfer (1995) Scénario : Jonathan Hensleigh, d’après les personnages créés par Roderick Thorp Réalisation : John McTiernan Sortie US : 19 mai 1995 Sortie France : 2 août 1995 Résumé : Simon, un mystérieux poseur de bombes, exige que John McClane participe à son sinistre jeu consistant à devoir résoudre des énigmes dans tout New York sinon il fera exploser d’autres bombes ! Simon a d’autres projets et a tout prévu, sauf que McClane est imprévisible ! Critique : Le troisième volet donne des signes d’essoufflement mais demeure plaisant à voir. Bruce Willis tient son personnage et parvient à l’approfondir. On n’aura jamais connu McClane en aussi mauvais état. Le traditionnel « coup de barre » des deux premiers volets est ainsi exposé d’entrée (il a une gueule de bois carabinée et réclamera de l’aspirine tout au long du film, ce qui finira par être utile !) et on va assister à une montée en puissance. D’abord complètement largué dans un jeu aussi ridicule que dangereux – se promener avec une pancarte « Je hais les nègres » en plein Harlem par exemple ! – il doit faire équipe avec un quidam, dénommé Zeus ( !), plein de préjugés contre les Blancs ; Simon surnommera « le Samaritain », ce qui est plutôt bien vu. Non dénué de courage, il va accompagner contre sa volonté le policier jusqu’au bout. Plein d’énergie, Samuel L. Jackson n’est pas loin de voler la vedette à Bruce Willis, notamment dans la première partie du film. Zeus sera ainsi embrigadé dans l’aventure à cause d’une réflexion un peu salée qu’il a décoché à Simon aussi joueur qu’il a peu d’humour. Manière sans doute de dénoncer le racisme même si cela tourne parfois au procédé et n’ajoute que peu au film. Toute la partie « jeu » du film est alerte, assez drôle, tendue aussi puisqu’il s’agit de course contre la montre. Le meilleur moment c’est la course avec un taxi lorsque McClane traverse littéralement Central Park pour gagner du temps. Voilà un moment nerveux, dynamique, filmé avec un véritable entrain, cocasse même. Le tandem est très drôle entre Bruce Willis monstre de « coolitude » et Samuel L. Jackson complètement paniqué ! C’est Zeus qui trouve une solution hilarante quoique immorale pour se faire dégager la circulation. Divisée en « partie », cette course garde ainsi de la tension et ne nous lâche pas. Le passage dans le métro est presque un classique du film d’action avec le héros qui y entre n’importe comment (mais pas par la porte, à se demander pourquoi on en fait) et en sort n’importe comment également ; ce qui n’exclue pas bien sûr des moments on ne peut plus tendus ! Il est alors temps de révéler le vrai visage de Simon, un colonel de l’ex-Allemagne de l’Est dont le nom est Simon Pieter Gruber, frère de ce Hans que McClane a fait tomber de haut à Los Angeles. La vengeance est donc le mobile de tout ce micmac mais, pour McClane qui a retrouvé une partie de ses moyens (il paraît que courir est bon pour éliminer les toxines présentes dans le corps), quelque chose cloche. Et il a raison. Lorsqu’un nouveau coup de fil annonçant qu’il y a une bombe dans une école de Manhattan déclenche un branle-bas de combat général, on voit pour la première fois apparaître Simon – on est alors à la 43ème minutes – ce dernier a un plan bien plus simple : voler 140 milliards en lingot d’or dans la succursale de la Réserve fédérale ! Jeremy Irons incarne ce bandit de grand chemin dont l’amplitude du larcin ne cache pas la nature. Froid, Simon est aussi doté d’un charisme certain, d’un humour glacé mais il n’a pas la carrure ni l’élégance de son frère. Vêtu d’un simple polo tout au long du film, il manque d’élégance. Il est cependant plus violent et beaucoup plus dans l’action. Il ne se contente pas de piloter les autres, il agit lui-même. Le jeu de Jeremy Irons opère ainsi une synthèse entre l’élégance cruelle d’Alan Rickman et la froideur meurtrière du colonel Stuart. C’est ainsi un « méchant » de bonne facture mais le coup du discours tiers-mondiste pour dissimuler son crime est un décalque du pseudo-discours révolutionnaire du premier volet. Même pour un clin d’œil cela manque de subtilité. Autre clin d’œil, et vrai gimmick de la saga, le héros se paye le méchant via un talkie-walkie. Mais, au moins, c’est drôle. S’il est normal que de petits détails mettent McClane sur la bonne piste, le jeu n’est qu’un gigantesque leurre, le procédé est trop sollicité et c’est carrément le hasard qui le mettra sur la piste des fuyards. Facilité dommageable tout comme la manière dont il échappe à la noyade dans le tunnel. Si le coup du fauteuil éjectable dans 58 minutes pour vivre était exagéré, le coup du geyser c’est d’un ridicule complet. D’autant que les effets spéciaux sont ratés. Et ils le seront encore moins lorsque nos duettistes attaquent le cargo dans lequel Simon a pris place. Tout est ici très classique. Heureusement, Bruce Willis se démène et la mine un peu perdu qu’il arbore reste comique. Capturé comme il se doit, il ne perd pas le nord et se paye le luxe de casser du sucre sur le dos de feu Hans Gruber devant son frère, presque obligé de rire devant cette audace et ce portait au vitriol mais pas faux. Les héros seront attachés sur une bombe géante au fond du cargo mais ils s’en sortiront. On remercie d’autant plus Bruce Willis et Samuel L. Jackson pour réussir à faire passer ce cliché absolu. La conversation décalée sur les déboires conjugaux de McClane (d’où la gueule de bois) donne une légèreté surprenante mais crédible à un moment extrêmement tendu ! Le duel final se manquera pas de force et le réalisateur le filmera avec assez d’énergie parvenant à rendre crédible la lutte d’un homme contre un hélicoptère ! Dernier clin d’œil, McClane n’avait plus que deux balles et il en fera lui-même la remarque !! Cet humour distancié est l’ADN du personnage et la vraie différence entre Die Hard et ses confrères du film d’action. Osons maintenant un parallèle entre McClane et Tarzan. Les deux présentent plusieurs similitudes (sauf pour l’humour dont le Seigneur de la jungle est totalement dépourvu) : deux hommes placés dans une circonstance dramatique mais qui parviennent à s’en sortir et à trouver l’amour. Cela pourrait s’arrêter là mais le succès appelle une suite à leurs aventures et, dans les deux cas, la femme disparaît. John McClane et Tarzan ne sont pas des hommes qui rentrent bien sagement à la maison le soir. Ce sont des viveurs d’aventures et ils doivent le faire seul. Dernier parallèle, bien que célibataires, ils vivront chastement. Anecdotes :
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Die Hard : Belle journée pour mourir (2013) Scénario : Skip Woods Réalisation : John Moore Sortie US : 14 février 2013 Sortie France : 20 février 2013 Résumé Yuri Kamarov, prisonnier politique russe, va être jugé mais son ennemi Viktor Chagarin veut l’assassiner. La CIA a prévu d’exfiltrer Kamarov qui détient un dossier compromettant sur Chagarin. Tout avait été prévu…sauf l’intervention de John McClane ! Critique : L’opus de trop. Lessivé par trop de spectaculaire, le film laisse voir un scénario squelettique, sans réelle originalité. Très peu d’humour, très peu d’émotion, des personnages stéréotypés ; seul Bruce Willis assure encore le minimum syndical. En rupture avec les précédents films, celui-ci ne commence pas par une saynète bucolique mais par une scène menaçante entre Chagarin et Kamarov. Classique mais la photographie verdâtre apporte une touche glauque plutôt bienvenu. Ce sera une des qualités du film que de savoir créer des ambiances chromatiques (grise au tribunal, jaune dans la centrale, rouge dans l’hélicoptère). Quant à Sebastian Koch, qui incarne Kamarov, il est une bonne découverte. A priori indifférent au procès qui attend son personnage, il le montre ensuite perdu puis se raffermissant au fur et à mesure que la situation semble aller en s’arrangeant pour lui. En père inquiet et aimant, il se montrera bon. Contrairement aux autres films également, McClane n’est pas par malchance au mauvais endroit : il s’y rend de lui-même ! Il veut aider son fils, John Jr dit « Jack », qui est en mauvaise situation à Moscou. C’eut pu être une bonne idée que de renverser le classique démarrage mais encore eu-il fallu que le scénario suivît. Le réalisateur, qui ne se débrouille pas trop mal, va nous offrir un moment agréable (surtout par rapport à ce qui va suivre) : après la fermeture des portes du tribunal qui va juger en même temps Jack et Kamarov, quasi-silence (de 13’52 à 15’18) avant une violente explosion à la voiture piégée. A la triple voiture piégée. Il faut ce qu’il faut ! Mais on a déjà un aperçu d’une des tares du film : la surenchère dans le spectaculaire. Quand il décidera de poser sa caméra et de laisser jouer ses acteurs, John Moore obtiendra de beaux moments. Mais trop peu. Jack veut emmener Kamarov mais il tombe sur…son père : « Tu ne devrais pas être là » lance le fils glacial. Ce qui est la définition même de McClane ! Cette intervention fait rater la mission : Jack est un agent de la CIA ! Auparavant, nous avons subi une très longue course poursuite dans les rues de Moscou, très heurtée évidemment, avec fusillade au lance-roquette ! La musique, très dure, souligne très bien l’action mais finit par lasser. Globalement, la partition est bien faite, efficace mais vite oubliée. Bruce Willis « anime » la poursuite avec des commentaires décalés (dont une conversation téléphonique) qui arrachent un sourire au fan ardent. A 28’14, la poursuite s’arrête enfin. A peine le temps de souffler que la planque de la CIA est compromise et qu’on repart de plus belle dans le flingage à tout va et l’explosif qui va avec. A ce stade, parler de « scénario » est insultant pour les personnes qui font profession d’écrire pour le cinéma. On parlera plus justement de « prétexte ». Skip Wood se rattrapera partiellement ensuite. Pour retrouver le dossier compromettant, il faut une clé qui se trouve dans un hôtel où doit les retrouver Irina, la fille de Kamarov. C’est très classique comme traitement et la trahison d’Irina ne surprend personne. La violence envers les McClane de la part d’Alik, bras droit (ou main armée) de Chagarin apparaît par contre gratuite et la figure même d’Alik s’ajoute à la longue liste des « tueurs » soldés par des maîtres tout puissants. Qu’il croque une carotte en apparaissant aurait pu être une bonne base pour un excentrique ; il n’en est rien. Ça ne sert juste à rien. Tout comme les claquettes. Toute la partie à l’hôtel sonne complètement faux et, si on apprécie la contre-plongée quand l’hélico canarde les McClane, ce n’est jamais qu’une scène scepctaculaire de plus. Comme l’a dit quelqu’un, tout ce qui excessif est insignifiant. Illustration parfaite ici. En revanche, le désarroi de Jack, absolument pas habitué à ne pas avoir de plan, et le discours sarcastique de McClane pour lui fouetter l’orgueil sonnent justes. Dans le rôle de John McClane Jr, Jay Courtney se montre ambivalent. Crédible dans les scènes d’action, il pourrait être un successeur de Bruce Willis dans ce domaine. Mais il lui manque de la profondeur et, surtout, le sens de l’humour. Ce qu’il montre dans ce dernier cas est assez maigre. Même jouant automatiquement, Bruce Willis est meilleur. Il comprend McClane jusque dans les moindes détails. Jay Courtney n’a pas ce recul. Moins d’expérience également. Le tandem n’a pas non plus de liaison comme Bruce Willis et Mary Elizabeth Winstead avait su en nouer dans l’opus précédent. Ici, on a davantage l’impression d’un duo que d’un père et de son fils. Ce n’est que sur la fin, et par éclipse, qu’il s’installera un peu d’émotion, surtout quand McClane confessera avoir passé une belle journée (!) avec un fils qu’il aime. Là, Bruce Willis hausse son jeu et parvient à nous toucher sincèrement. Avec une voiture volée, les McClane se rendent à Tchernobyl où se trouve le dossier qui stopperait l’ascension de Chagarin. Le décor est plutôt bien rendu et les entrailles du bâtiment inquiétants même s’ils ne brillent pas par leur originalité. Le coup de théâtre qui survient ne surprend qu’à moitié tellement le cliché imbibait tout le scénario, trop pour qu’on applaudisse à ce retournement de situation. L’idée n’est pas mauvaise en soi mais le traitement choisi lui ôte beaucoup de son percutant. Yuliya Snigir, qui campe Irina, ne brille pas non plus par ses qualités de comédienne. En fille apeurée, elle était très quelconque et, en criminelle, c’est mieux mais il y a du chemin jusqu’à l’Oscar. On regrette Maggie Q dans ce rôle de mannequin femme d’action. Yuliya Snigir a clairement été engagé pour son physique…dont on profite assez peu au final ! Seul rôle féminin, Irina est une franche déception et ce personnage un recul énorme par rapport à ce que Retour en enfer nous avait proposé. L’arrivée des McClane père et fils provoque l’explication finale à coup de fusillades, d’explosions diverses et de duel contre un hélicoptère de combat. Si un universitaire est en mal de sujet, il pourra se pencher sur « L’hélicoptère dans la saga Die Hard » ; leur nombre et le fait qu’ils finissent tous par terre ressemble à un fil rouge involontaire. Celui-ci est de grande taille (la surenchère,toujours) et la façon dont le duo s’en sort est invraisemblable si l’on est gentil. Heureusement, le film se termine sur un sourire : « Tes emmerdes, c’est toi qui les cherche ou c’est elle qui le trouvent ? » demande Jack et son père de répondre : « Après toutes ces années, c’est une question qu’il m’arrive encore de me poser ». C’est tout de même bien peu. Anecdotes :
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