Une journée en enfer (1995) Scénario : Jonathan Hensleigh, d’après les personnages créés par Roderick Thorp Réalisation : John McTiernan Sortie US : 19 mai 1995 Sortie France : 2 août 1995 Résumé : Simon, un mystérieux poseur de bombes, exige que John McClane participe à son sinistre jeu consistant à devoir résoudre des énigmes dans tout New York sinon il fera exploser d’autres bombes ! Simon a d’autres projets et a tout prévu, sauf que McClane est imprévisible ! Critique : Le troisième volet donne des signes d’essoufflement mais demeure plaisant à voir. Bruce Willis tient son personnage et parvient à l’approfondir. On n’aura jamais connu McClane en aussi mauvais état. Le traditionnel « coup de barre » des deux premiers volets est ainsi exposé d’entrée (il a une gueule de bois carabinée et réclamera de l’aspirine tout au long du film, ce qui finira par être utile !) et on va assister à une montée en puissance. D’abord complètement largué dans un jeu aussi ridicule que dangereux – se promener avec une pancarte « Je hais les nègres » en plein Harlem par exemple ! – il doit faire équipe avec un quidam, dénommé Zeus ( !), plein de préjugés contre les Blancs ; Simon surnommera « le Samaritain », ce qui est plutôt bien vu. Non dénué de courage, il va accompagner contre sa volonté le policier jusqu’au bout. Plein d’énergie, Samuel L. Jackson n’est pas loin de voler la vedette à Bruce Willis, notamment dans la première partie du film. Zeus sera ainsi embrigadé dans l’aventure à cause d’une réflexion un peu salée qu’il a décoché à Simon aussi joueur qu’il a peu d’humour. Manière sans doute de dénoncer le racisme même si cela tourne parfois au procédé et n’ajoute que peu au film. Toute la partie « jeu » du film est alerte, assez drôle, tendue aussi puisqu’il s’agit de course contre la montre. Le meilleur moment c’est la course avec un taxi lorsque McClane traverse littéralement Central Park pour gagner du temps. Voilà un moment nerveux, dynamique, filmé avec un véritable entrain, cocasse même. Le tandem est très drôle entre Bruce Willis monstre de « coolitude » et Samuel L. Jackson complètement paniqué ! C’est Zeus qui trouve une solution hilarante quoique immorale pour se faire dégager la circulation. Divisée en « partie », cette course garde ainsi de la tension et ne nous lâche pas. Le passage dans le métro est presque un classique du film d’action avec le héros qui y entre n’importe comment (mais pas par la porte, à se demander pourquoi on en fait) et en sort n’importe comment également ; ce qui n’exclue pas bien sûr des moments on ne peut plus tendus ! Il est alors temps de révéler le vrai visage de Simon, un colonel de l’ex-Allemagne de l’Est dont le nom est Simon Pieter Gruber, frère de ce Hans que McClane a fait tomber de haut à Los Angeles. La vengeance est donc le mobile de tout ce micmac mais, pour McClane qui a retrouvé une partie de ses moyens (il paraît que courir est bon pour éliminer les toxines présentes dans le corps), quelque chose cloche. Et il a raison. Lorsqu’un nouveau coup de fil annonçant qu’il y a une bombe dans une école de Manhattan déclenche un branle-bas de combat général, on voit pour la première fois apparaître Simon – on est alors à la 43ème minutes – ce dernier a un plan bien plus simple : voler 140 milliards en lingot d’or dans la succursale de la Réserve fédérale ! Jeremy Irons incarne ce bandit de grand chemin dont l’amplitude du larcin ne cache pas la nature. Froid, Simon est aussi doté d’un charisme certain, d’un humour glacé mais il n’a pas la carrure ni l’élégance de son frère. Vêtu d’un simple polo tout au long du film, il manque d’élégance. Il est cependant plus violent et beaucoup plus dans l’action. Il ne se contente pas de piloter les autres, il agit lui-même. Le jeu de Jeremy Irons opère ainsi une synthèse entre l’élégance cruelle d’Alan Rickman et la froideur meurtrière du colonel Stuart. C’est ainsi un « méchant » de bonne facture mais le coup du discours tiers-mondiste pour dissimuler son crime est un décalque du pseudo-discours révolutionnaire du premier volet. Même pour un clin d’œil cela manque de subtilité. Autre clin d’œil, et vrai gimmick de la saga, le héros se paye le méchant via un talkie-walkie. Mais, au moins, c’est drôle. S’il est normal que de petits détails mettent McClane sur la bonne piste, le jeu n’est qu’un gigantesque leurre, le procédé est trop sollicité et c’est carrément le hasard qui le mettra sur la piste des fuyards. Facilité dommageable tout comme la manière dont il échappe à la noyade dans le tunnel. Si le coup du fauteuil éjectable dans 58 minutes pour vivre était exagéré, le coup du geyser c’est d’un ridicule complet. D’autant que les effets spéciaux sont ratés. Et ils le seront encore moins lorsque nos duettistes attaquent le cargo dans lequel Simon a pris place. Tout est ici très classique. Heureusement, Bruce Willis se démène et la mine un peu perdu qu’il arbore reste comique. Capturé comme il se doit, il ne perd pas le nord et se paye le luxe de casser du sucre sur le dos de feu Hans Gruber devant son frère, presque obligé de rire devant cette audace et ce portait au vitriol mais pas faux. Les héros seront attachés sur une bombe géante au fond du cargo mais ils s’en sortiront. On remercie d’autant plus Bruce Willis et Samuel L. Jackson pour réussir à faire passer ce cliché absolu. La conversation décalée sur les déboires conjugaux de McClane (d’où la gueule de bois) donne une légèreté surprenante mais crédible à un moment extrêmement tendu ! Le duel final se manquera pas de force et le réalisateur le filmera avec assez d’énergie parvenant à rendre crédible la lutte d’un homme contre un hélicoptère ! Dernier clin d’œil, McClane n’avait plus que deux balles et il en fera lui-même la remarque !! Cet humour distancié est l’ADN du personnage et la vraie différence entre Die Hard et ses confrères du film d’action. Osons maintenant un parallèle entre McClane et Tarzan. Les deux présentent plusieurs similitudes (sauf pour l’humour dont le Seigneur de la jungle est totalement dépourvu) : deux hommes placés dans une circonstance dramatique mais qui parviennent à s’en sortir et à trouver l’amour. Cela pourrait s’arrêter là mais le succès appelle une suite à leurs aventures et, dans les deux cas, la femme disparaît. John McClane et Tarzan ne sont pas des hommes qui rentrent bien sagement à la maison le soir. Ce sont des viveurs d’aventures et ils doivent le faire seul. Dernier parallèle, bien que célibataires, ils vivront chastement. Anecdotes :
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