58 minutes pour vivre (1990) Scénario : Steven E. De Souza et Doug Richardson Réalisation : Renny Harlin Sortie US : 4 juillet 1990 Sortie France : 3 octobre 1990 Résumé : Le soir du réveillon, des terroristes prennent le contrôle de l’aéroport de Washington dans le but de libérer un dictateur déchu. Un plan minutieux a été mis au point. Il ne comptait pas sans un grain de sable nommé John McClane ! Critique : Deux ans après le premier opus, voici la suite et, vu que, outre Bruce Willis, trois autre acteurs reprennent leurs rôles, on peut même dire que nous sommes dans la suite directe. Désormais flic à Los Angeles, John McClane est venu à l’aéroport de Washington pour attendre sa femme Holly. Il récolte au passage une prune qui est comme un clin d’œil à la définition même de McClane, être là où il ne faut pas être ! Il en fera d’ailleurs lui-même la remarque avec cet humour distancié qui a fait tout le sel de la saga (et sans doute constitue une des meilleures parts du jeu de Bruce Willis). Toujours en alerte, il repère le manège de deux hommes (la musique est d’ailleurs stressante à ce moment ; la partition sera un régal tout au long du film) et, dans le lieu où transitent les bagages (beau décor mécanique), s’ensuivent une fusillade et une bagarre spectaculaire. L’un des terroristes meurt de façon atroce. On tient là la patte de Renny Harlin ; beaucoup plus spectaculaire et violent que John McTiernan, il renouvelle l’approche de Die Hard avec un côté plus dur mais sans rogner l’humour. En revanche, il y aura beaucoup moins d’émotion et les personnages sont plus schématiques. Le colonel Stuart est monolithique et le jeu sec et tranché de William Sadler en fait l’archétype du soldat perdu. Néanmoins, la froide détermination qu’il insuffle à son personnage impressionne. Fred Dalton Thompson compose un Trudeau professionnel qui, s’il ne fait pas spontanément confiance à McClane, n’a rien d’un bureaucrate et joue le rôle de l’homme qui doit faire ce qu’il a à faire sans pouvoir agir directement. Par contre, la trouvaille du film c’est Dennis Franz. Son Lorenzo est une merveille de flicaillon borné, routinier, grande gueule (mais toujours contre McClane !). Néanmoins, l’homme n’est ni une andouille, ni un incapable, juste un homme sans beaucoup d’envergure qui veut juste faire son boulot et rentrer chez lui mais qui, au moment venu, se rangera du bon côté. La gouaille de Dennis Franz en fait un personnage irrésistible de drôlerie, un peu ridicule sans être caricatural. Le mort était un défunt si l’on en croit les renseignements obtenus ! Avec cette info, McClane pénètre dans la tour de contrôle. Selon lui, les terroristes sont là pour le général Espinoza, dictateur déchu extradé pour trafic de drogue. C’est à ce moment-là que l’aéroport passe sous le contrôle à distance d’hommes armés ! La plongée des pistes dans le noir, la panique grandissante des équipes techniques sont très bien rendus. Les exigences des bandits sont claires : dans 58 minutes, l’avion d’ Espinoza atterira là où ils l’auront décidé. Juste après se place un gag récurrent dans le film : McClane se faisant éconduire ! C’eut pu être un procédé mais on peut compter sur Bruce Willis pour nous faire rire ! L’acteur est très juste tout au long : son McClane est déterminé mais jamais froid, en colère quand il se heurtre à la bêtise et à l’ignorance mais jamais arrogant ; il fait le job parcequ’il faut que quelqu’un le fasse. Il connaît également le passage à vide (victoire des terroristes après le massacre des meilleurs hommes de Lorenzo dans une tentative de reprise du contrôle de l’aéroport). McClane est humain et vraiment pas un super-héros. C’est ensuite que prend place l’inévitable confrontation verbale entre McClane et le colonel Stuart. Clin d’œil avec le premier opus, c’est par talkie-walkie interposé qu’ils s’affronteront. La vengeance de Stuart confirme la violence criminelle, mais pas aveugle, du militaire. C’est un passage extrêmement éprouvant pour le spectateur d’autant que la musique est particulièrement angoissante. Le malaise d’un des hommes de Stuart, montré par intermittence, ajoute une touche d’émotion à ce moment très dur. Le réalisateur nous montre encore sa maîtrise avec l’atterrissage en catastrophe du général Espinoza avec en contre-point comique Bruce Willis dont le personnage ne sait pas dans quelle direction il doit aller ! Symétriquement, le rouge est associé à Espinoza et le blanc à McClane. Par contre, la scène des grenades et du siège éjectable est exagérée et les effets spéciaux pas du meilleur effet ! Trudeau, dépassé, a fait appel à l’armée et une unité commandée par le commandant Grant débarque et ça se passe électriquement avec McClane ! Jon Amos est plutôt bon dans son interprétation d’un militaire de carrière qui apprécie peu la présence d’un civil. C’est bien vu, d’autant que son intervention contre la base de Stuart scelle la réconciliation avec McClane. On tient là deux moments importants : la course-poursuite en motoneige qui fait très James Bond avec un décor forestier rendu magnifique par la nuit et la neige. Soudain, un détail attire l’attention de McClane. La tension monte d’un cran, surtout qu’à ce moment, le journaliste débile du premier opus décide de faire un scoop et de révéler tout ce qui se passe…causant une panique monstre ! Sa « neutralisation » est un moment rigolo. La révélation que fait McClane renverse tout à coup le jeu et relance l’action. Bien écrit et bien amené, ce moment nous prend par surprise et nous vaut une démonstration la fois spectaculaire et hautement comique par Bruce Willis ! Avec l’aide d’une journaliste (et de l’hélicoptère de cette dernière), il rattrape le Boeing qui doit emmener Espinoza ! Dire qu’il rattrape un avion au vol serait à peine exagéré !! Il est amusant de voir aussi les deux visages de la presse ; entre l’arrogant égocentrique prêt à tout pour le scoop et la sympathique reporter tenace mais mesurée et capable de savoir s’arrêter. La lutte qui s’engage sur l’aile de l’avion est un summum du film et résume la méthode Harlin : du spectaculaire et du violent (voire même un peu gore). On ne boudera surtout pas notre plaisir avec cette fin pleine de joie et d’humour. Anecdotes :
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