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Volume 8Présentation

La caméra explore le temps

Volume 9



1. LA TERREUR ET LA VERTU - ROBESPIERRE

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Date de diffusion : 17 Octobre 1964

Auteur : Alain Decaux et André Castelot

Résumé :

Débarrassé d’Hébert et de Danton, Robespierre domine sans partage le Comité de Salut Public et la Révolution de février à juillet 1794. Son pouvoir atteint son zénith quand il impose le Culte de l’Etre Suprême comme nouvelle religion nationale et promulgue la loi de la Grande Terreur. Toutefois la misère du peuple et sa lassitude font monter l’opposition, d’autant que l’Incorruptible menace des cadres révolutionnaires corrompus, comme Barras, ou sanguinaires comme le dangereux Fouché. Ses ennemis coalisés parviennent à le mettre en minorité à la Convention le 8 Thermidor de l’an II (le 26 juillet 1794). Arrêté, il est exécuté avec ses fidèles alliés, Saint-Just et Couthon.

Critique :

Le deuxième volet de La Terreur et la Vertu débute par un coup d’éclat : la fantastique synthèse des péripéties précédentes par Alain Decaux. On tient déjà là le conteur captivant et inspiré du futur Alain Decaux raconte (1969-1987), encore et toujours la meilleure émission historique que nous ait jamais proposé la télévision française. On avouera avoir été subjugué. Par la suite la narration des trois derniers mois de la vie de Robespierre tient toutes les promesses du premier volet. Malgré la précision des faits historiques rapportés et la profusion des personnages, l’ensemble demeure très vivant et se découvre comme un thriller politique particulièrement prenant, bien avant House of Cards. Le récit se centre sur la figure particulièrement complexe de Robespierre et devient à l’occasion davantage intimiste.

 Jean Negroni réussit une impressionnante performance, s’identifiant totalement au personnage et lui apportant une indéniable grandeur. Il trouve un partenaire à la hauteur en la personne de Denis Manuel lui aussi saisissant de présence et de vérité dans son incarnation de Saint-Just, l’Archange de la Révolution. Ce second volet accroît également la perception positive du parcours de l’Incorruptible, d’ailleurs parfaitement assumée par Lorenzi et Decaux. La passion toujours présente aujourd’hui autour de cet événement controversé et disruptif de notre Histoire que constitue la Révolution nous vaut d’ailleurs un débat final particulièrement animé et bien plus accrocheur qu’a l’accoutumée. Castelot oppose ainsi les charrettes de sinistre mémoire à un Decaux déterminé à défendre la mémoire de Robespierre. Une controverse de haute volée et un grand moment de télévision.

Anecdotes :

  • La chanson entendue durant le générique de fin est le Chant du Départ. Cette ode à la liberté fut composée par Marie-Joseph Chénier pour la fête du 14 juillet 1794. Le chant fut très apprécié par Robespierre, qui en fit l’hymne des armées de la Révolution. Conservé par Napoléon puis par la République, il est toujours régulièrement repris aujourd’hui par l’armée française.

  • Jean Négroni (Robespierre) fut avant tout un metteur en scène et comédien de théâtre, proche de Jean Vilar et de Robert Hossein. Également un grand acteur de voix, il est le narrateur du classique de la Science-fiction au cinéma qu’est La Jetée (1962).

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2. L'AFFAIRE LEDRU

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Date de diffusion : 22 juin 1965

Auteur : Alain Decaux et André Castelot

Résumé :

En 1836, le jeune et brillant avocat Charles Ledru a défendu en vain Louis Alibeau, qui avait tenté d’assassiner le roi Louis-Philippe. En 1842 il fait l’objet de pressions de la part d’un haut magistrat pour qu’il ne défende pas un homme visé par le régime de Louis-Philippe. Ledru refuse et remporté le procès. Dès lors il va devenir la cible du pouvoir royal, qui, via diverses manipulations, va obtenir sa révocation à vie du barreau.

Critique :

Le manque de notoriété de l’affaire ne suscite guère l’intérêt, d’autant que le récit, très judiciarisé et procédurier, ne suscite guère d’intérêt. La conclusion se devine également très vite, tant les deux parties en présence s’avèrent déséquilibrées. Le jeu non dépourvu d’élégance, mais aussi très théâtralisé, de Marc Cassot et Régine Blaess n’aide pas non plus à s’immerger dans cette histoire, malgré de superbes costumes. Jean-Roger Caussimon s’en sort nettement mieux dans le rôle de l’exécrable et cynique magistrat aux ordres du pouvoir royal.

 Avouons aussi que, coincé entre les grands tumultes de la Révolution et de la Croisade des Albigeois, L’Affaire Ledru semble manquer de dimension, jusqu’à simplement former comme une respiration entre ces deux épisodes phares de La Caméra explore le Temps. Reconnaissons-lui tout de même le mérite de nous rappeler que l’absolutisme était encore au cœur de la Monarchie de Juillet, ainsi que les périls d’une prédominance sans partage du politique sur le judiciaire. On s’amusera encore de la Flèche du Parthe que constitue cet épisode de la part du trio d’auteurs, cette condamnation sans appel de l’arbitraire d’État tombant à point nommé (et certainement pas par hasard) après l’annonce de la suppression très politique de l’anthologie.   

Anecdotes :

  • Lors de sa diffusion de l’épisode la fin de La Caméra explore le Temps était connue depuis plusieurs mois. En effet Stello Lorenzi, proche du Parti Communiste et de la CGT, avait été l’une des figures de proue d’une grève de l’audiovisuel survenue au début de 1965. Cela déplut fortement au pouvoir gaulliste et le directeur de l’ORTF, Claude Contamine, décida la fin de l’anthologie en mars 1965, Decaux et Castelot ayant refusé de se désolidariser de Lorenzi. En 1999, les deux Académiciens s’étant liés d’amitié, Alain Peyrefitte indiqua à Decaux que l’ordre émanait directement du Général. 

  • Marc Cassot (Ledru) travailla essentiellement pour le théâtre et la télévision, il fut d’ailleurs une figure régulière d’Au théâtre ce soir. Également un grand acteur de voix (Paul Newman, Christopher Lee, Richard Harris…), il fut même l’un des doyens de la profession, car il était encore en activité à 92 ans.

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3. LES CATHARES

Date de diffusion : 22 et 29 Mars 1966

Auteur : André Castelot et Jean-François Chiappe

Résumé :

Au début du XIIIe siècle, en Occitanie, les efforts de Dominique pour réduire l’hérésie cathare (ou albigeoise) par le prêche échouent. Le Pape déclare la Croisade quand son Légat est assassiné, en 1208. Le Roi de France s’y rallie, voyant l’occasion d‘agréger le riche et quasi indépendant domaine des Comtes de Toulouse au sien. La direction militaire de la Croisade est confiée à Simon de Montfort, qui ravage le Languedoc et s’empare de Toulouse. Mais les Comtes (Raymond VI, puis son fils), résistent malgré l’excommunication, soutenus par un sursaut nationaliste du peuple et par l’aide anglaise. Saint-Louis intervient directement après que Toulouse soit reprise par Raymond VII et triomphe définitivement à la Bataille de Taillebourg, en 1242. L’ultime forteresse cathare, Montségur, est prise en 1244 et ceux refusant de se convertir sont brûlés vifs.

Critique :

Pour son ultime opus, La Caméra explore le Temps s’offre une splendide et mémorable saga médiévale, d’autant plus appréciable qu’elle ne se sera en définitive guère intéressée au Moyen-Age, sa période de prédiction demeurant le triptyque Révolution – Empire – Restauration. On y trouve le même allant et le même sens du rythme que lors du précédent double opus, dédié à la Terreur, mais, alors que l’action s’y centrait sur seulement quelques mois, nous découvrons ici près d’un demi-siècle de conflit. Avec également à la clef nettement plus de protagonistes, le temps qui passe suscitant des successions (Raymond VI, puis VII, notamment). Par conséquent on éprouve ici davantage l’impression d’assister à une véritable fresque historique, d’autant que les décors et costumes médiévaux rajoutent encore au spectaculaire. De quoi regretter que La Caméra explore le Temps ait de peu raté son rendez-vous avec la télévision en couleurs, celle-ci s’installant en France en octobre 1967.

Plusieurs scènes restent inoubliables, comme le bûcher de Montségur. Les superbes performances des acteurs parachèvent le spectacle, on appréciera en particulier les prestations de Jean Topart en Raymond VI, celle de Denis Manuel en Raymond VII ou encore de Denis Manuel en évêque cathare, mais toute la distribution est digne d’éloges. L’anthologie brille une ultime fois par son sens de la narration claire et pédagogique, nous faisant découvrir toutes les dimensions politiques, militaires et religieuses d’un vaste conflit voyant la puissance des Rois capétiens atteindre désormais les Pyrénées et la Méditerranée. Par le feu et par le sang, c’est aussi la France qui s’édifie. La Caméra explore le Temps s'achève par une ultime controverse de haut vol entre André Castelot et Alain Decaux, le premier critiquant les Cathares, alors que le second pointe du doigt les excès de L’Église favorisant le développement de l'hérésie.

Anecdotes :

  • Il s'agit de l'ultime opus de l'anthologie, qui aura duré près d’une décennie. La production du double épisode était lancée quand fut décidé l'arrêt de La Caméra explore le Temps, ce qui lui permit d'aller jusqu'à son terme. Le thème de l'épisode suivant, non tourné, avait déjà été déterminé : il s’agissait de la jeunesse de Louis XIII et son accession au pouvoir.

  • L’annonce de la fin de La Caméra explore le Temps à l’apogée de sa popularité suscita une vague d’indignation, aussi bien dans la presse que parmi le public. L’ORTF ne céda pas, même si, bien avant Internet, c’est à cette occasion que furent enregistrées en France les premières grandes campagnes de pétitions pour demander le maintien d’une série télévisée annulée.

  • Il faut dire qu’en cette période de chaîne unique, le programme le plus populaire de France connaissait un audimat laissant rêveur aujourd’hui. Le soir de l’ultime diffusion, Télé 7 jours consacrait une double page à l’événement, intitulée « Vingt millions de téléspectateurs brimés disent ce soir adieu à La Caméra explore le Temps ».

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Saison 1Téléfilms

La caméra explore le temps

Présentation


Présentation :

Jean d’Arcy (1913-1983) fut l’un des grands pionniers de la télévision française, en tant que directeur des programmes de la Radiodiffusion-télévision française (RTF) de 1952 à 1959, organisme qui devint la première chaine de l’ORTF en 1964. Cet homme aux brillantes intuitions (il fonde notamment le concours de l’Eurovision en 1954) fait un constat en 1956 : parmi les dramatiques en direct alors proposées par la RTF, celle qui remporte le plus de succès est En votre âme et conscience (de Dumayet et Desgraupes), c'est-à-dire la seule dont la forme s’apparente à une série télévisée classique. En effet ces reconstitutions de procès fameux suivent un déroulement répétitif (y compris avec le verdict final du public), tandis que les autres productions varient totalement à chaque fois, comme dans une anthologie. Il décide donc de désormais donner la priorité à ce format de thème récurrent.

Seront ainsi lancées les célèbres Cinq dernières minutes (1958-1998), de Claude Loursais, mais aussi Enigmes de l’Histoire (1956-1957), émission proposée par le réalisateur Stellio Lorenzi. Il s’agit là aussi de donner la possibilité au public d’arbitrer entre différentes thèses, cette fois autour de célèbres mystères demeurés irrésolus pour l’histoire ; le choix est décidé après une dramatique reconstituant les évènements connus, puis un débat entre experts. Lorenzi, qui a déjà une grande expérience télévisuelle, est en charge du projet. Pour écrire les textes, il fait appel à deux historiens populaires, André Castelot et Alain Decaux. Ce dernier a alors moins de trente ans, Lorenzi en compte trente-cinq. Les deux auteurs comptent déjà plusieurs publications à leur actif et sont habitués à travailler ensemble via leur émission de radio à succès La Tribune de l’Histoire, lancée en 1951 sur Paris Inter et qui se poursuivra jusqu’en en 1997 dans la Maison Ronde de Radio France. 

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Toutefois ils ignorent tout de la télévision, en cette époque où l’Etrange lucarne n’est encore détenue que par 300 000 foyers français. Alain Decaux confie d’ailleurs dans ses captivants mémoires (Tous les personnages sont vrais, 2005) que ni lui, ni Castelot, n’en possède, de même que son effarement devant la mécanique du tournage des dramatiques en direct, où acteurs et techniciens travaillent à un rythme d’enfer (il en ira pareillement pour les trois premières saisons de Chapeau Melon et Bottes de Cuir). Malgré leurs parcours différents le courant passe fort bien entre le duo et Lorenzi, un indéfectible amitié unissant bientôt un trio fonctionnant dès lors de concert. Au total onze épisode vont être produits, tous les deux mois, alternativement écrits et présentés à l’écran par Decaux et Castelot, devant la caméra de Lorenzi. S’inspirant du livre de Decaux De l’Atlantide à Mayerling, les sujets seront très variés (le Masque de fer, Mayerling, Anastasia, la Marie-Céleste, etc.) et connaîtront un grand succès.

Jean d’Arcy, très satisfait de l’émission, décide d’élargir son objet. Les Enigmes de L’Histoire deviennent alors La Caméra explore le Temps en septembre 1957 (titre chois par Decaux). Les deux historiens vont désormais aborder l’ensemble de l’Histoire de France, sans plus qu’il n’y ait d’énigme à trancher par le public, Le débat opposera désormais amicalement Decaux et Castelot, qui assurent également la présentation de l’émission. D’Arcy augmente quelque peu les modestes moyens mis à disposition de l’équipe et soutiendra toujours une production lui tenant particulièrement à cœur, acceptant régulièrement les dépassements d’horaires et ce budget sollicités par Lorenzi, toujours chef du projet. Le trio continue à collaborer de manière toujours plus approfondie, Lorenzi disant désormais son mot sur l’écriture des textes, en bonne entente avec les historiens.

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Un certain équilibre politique contribue à l’harmonie de cette relecture des grandes pages du roman national, Lorenzi, certainement le plus militant des trois, étant proche du parti communiste (il s’engagera notamment contre l’OAS en cette période troublée), tandis que Decaux se situe au centre gauche et Castelot au centre droit. La qualité de l’écriture et de la mise en scène valent derechef un grand succès à cette émission figurant désormais au patrimoine de notre télévision. Elle doit également son écho à la distribution relevée apparaissant régulièrement à l’écran, choisis par Lorenzi. Entre bien d’autres, on peut citer : Michel Bouquet, Roger Carel, Georges Descrières, Claudine Auger, Bernard Fresson, Claude Gensac, Raymond Pellegrin, Michel Piccoli, Jean Rochefort, etc.

L’aventure va se prolonger jusqu’en 1966, survivant, malgré une chaude alerte,  au départ de d’Arcy, remplacé par Albert Ollivier, ancien résistant et proche d’André Malraux, tout puissant Ministre de la Culture du Général désormais revenu au pouvoir. L’émission reste également à l’antenne après la refonte de la RTF en ORTF, en 1964. En tout 38 épisodes seront produits au fil des 9 saisons, abordant des sujets extrêmement variés, même si françaisen grande majorité, débutant par Marie Walewska et s’achevant par les Cathares. Malgré les contraintes techniques du tournage en direct imposant un ensemble enserré sur quelques plateaux (quelques inserts donnant le temps de modifier décors et costumes), l’ensemble constitue un magnifique album d’images de l’Histoire de France, avec une écriture et une réalisation de haut vol. 

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La série s’arrête soudain en pleine gloire, une décision brusquement prise par Claude Contamine, directeur de la télévision à l’ORTF (appartenant pourtant à une famille de grands historiens. Dans ses mémoires, Alain Decaux met clairement en cause une volonté d’épuration en provenance de l’Elysée et relayée par le Ministre de l’Information, Alain Peyrefitte, dont Contamine fut le chef de cabinet. Le but était d’exfiltrer de l’ORTF un syndicaliste et communiste notoire comme Lorenzi (tout comme Max-Pol Fouchet), après que le pouvoir eut été effarouché par une grève survenant dans l’audiovisuel public. Ainsi s’achève une brillante exploration de notre passé, butant contre les aléas du présent et sur un certain éternel français.

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A Chicago, malgré le scepticisme de son rédacteur en chef et ami de longue date Tony Vincenzo, le journaliste Carl Kolchak s’acharne à enquêter sur des crimes aussi abominables que mystérieux, le plus souvent nocturnes. Surnommé le Guetteur de Nuit, Kolchak s’intéresse particulièrement aux meurtres relevant du Surnaturel, allant plus loin que ne le peut, ou ne le désire, aller la police de la ville. Celle-ci est représentée par le Capitaine Siska, souvent exaspéré par ce journaliste venant régulièrement perturber son travail, tandis que la Goule, employé de la morgue, s’avère un allié précieux. Mais Kolchak doit avant tout faire face aux monstres qu’il découvre au terme des pistes qu’il remonte avec une passion opiniâtre, encore et toujours en quête de la vérité.

Malgré l’aide de son appareil photo et de son magnétophone, Kolchak doit malgré tout souvent composer avec le manque de preuves matérielles. Adorant sa Ford Mustang jaune, New-yorkais jusqu’au bout des ongles, toujours vêtu en journaliste des années 50 et au faîte de toutes les ficelles de son métier, il forme également une figure pittoresque de son agence d’informations, l’Independant News Service. Lié d’amitié avec Miss Emily Cowles, en charge du courrier des lecteurs, son mépris des conventions sociales et des puissants lui vaut par contre l’hostilité du chroniqueur mondain Ron Updyke. Malgré ses sonores colères devant les théories farfelues avancées par Kolchak, Tony Vincenzo, grande gueule sympathique, lui maintient son amitié et le laisse œuvrer à sa guise, tout au long de ses périlleuses enquêtes hors normes menées au cœur de la nuit de Chicago.