Open menu

Inspecteur la Bavure

Saga Coluche au Cinéma

Les vécés étaient fermés de l'intérieur (1976)


LES VÉCÉS ÉTAIENT FERMÉS DE L'INTÉRIEUR

classe 4

Résumé :

Un matin, un poinçonneur du métro parisien explose dans ses toilettes, celles-ci étant fermées de l’intérieur. Le commissaire Pichard et l’inspecteur Charbonnier vont mener l’enquête…

unechance 7

Critique :

Quel étrange objet ! On a très vite le sentiment d'être devant un film des “ZAZ” raté. Bizarre, iconoclaste, le récit est émaillé de gags et dialogues tout droit sortis de l’imagination touffue de Marcel Gotlib.

Mais, malheureusement, le rythme reste plat à mon plus grand désespoir. Une comédie sans tempo, y a-t-il pire expérience cinématographique, plus pitoyable ? En effet, on peut même s’ennuyer devant ce film, alors que sur le papier cette enquête pour le moins loufoque aurait pu donner un spectacle des plus drôles.

Est-ce que la défiance de Jean Rochefort vis à vis de son réalisateur a fini de plomber l’ambiance ou bien est-elle le déclencheur de cet échec ? Je ne sais pas, mais l’on sent effectivement que le comédien est “ailleurs”.

Patrice Leconte aussi. Sa réalisation est très poussive. Peu de gros plans, peu de recherche dans l’accompagnement de l’action, une mauvaise adéquation entre les dialogues et le jeu des comédiens. Même la prise de son est aléatoire. On a le sentiment d'être devant un film d’étudiant, mal foutu, pas très bien filmé, un truc qui balbutie. 

ladoublure 3

Et c’est très frustrant au regard de la belle distribution. Coluche est très jeune. Sa coiffure est celle qu’il arbore au café-théâtre quand il joue “C’est l’histoire d’un mec”.

Tout de même, le film met plutôt bien en valeur un acteur pas assez connu à mon goût, l’inimitable Roland Dubillard, acteur que j’adore, dont le débit et la trogne sont très particuliers. Il joue un personnage énigmatique avec cette scansion mal assurée qui ajoute au mystère.

Patrice Leconte est allé chercher un acteur aussi improbable que Billy Bourbon pour jouer un réparateur de manège : une gueule pas possible, un tarin mémorable. Ce film aurait bien pu être signé Jean-Pierre Mocky à ce compte-là!

Effectivement, les décors sont succincts, la musique pas très bien employée également, bref l’aspect “amateurisme de débutant” asphyxie peu à peu le film.

Le visionnage n’est pas non plus désagréable. On peut même se surprendre à sourire à un gag ou deux. Mais dans l’ensemble, je m’attendais à bien mieux de la part de tout ce petit monde. Que le génial Gotlib n’ait pas su intégrer son humour et sa folie au cinéma reste pour moi une des pires catastrophes, une désillusion attristante.

Anecdotes :

  • Il s’agit du premier film de Patrice Leconte. Le tournage fut pour lui très éprouvant notamment en raison d’une véritable guerre que lui mena Jean Rochefort. Ce dernier s’est rendu compte au cours du tournage que le scénario et la mise en scène étaient désastreux. Il a longtemps considéré ce film comme l’un des pires dans lesquels il eut à jouer. Rochefort considérait que Patrice Leconte, trop jeune et inexpérimenté, était trop mauvais pour mener à bien l’entreprise. Et il réussit à convaincre la production de surveiller le tournage (et son réalisateur) au plus près.

  • Du point de vue du réalisateur, cette aventure avait plutôt bien commencé : l’écriture du scénario aux côtés de Marcel Gotlib, le dessinateur de bandes dessinées, s’était déroulé avec bonheur pour les deux hommes. Mais dès le premier jour du tournage, sa relation avec Jean Rochefort a été très mal vécue. Avec le temps, les deux hommes se sont retrouvés et ont oublié ce pénible tournage. Ils ont tourné plusieurs fois ensemble depuis. Cependant, Patrice Leconte dit être encore marqué par cette expérience qui n’a pas tout à fait cicatrisé.

  • Avec Coluche, le tournage était plus facile. Il était “goguenard” selon le mot de Leconte.

 

Retour à l'index

Tchao PantinLa vengeance du serpent à plumes

Saga Coluche au Cinéma

Le Bon Roi Dagobert (1984)


LE BON ROI DAGOBERT

classe 4

Résumé :

Après avoir survécu de justesse à une attaque ennemie, le roi Dagobert, sous la surveillance de son moine Otarius qui fustige son comportement sexuel et son manque de respect à l’égard de la spiritualité chrétienne, décide de s’amender auprès du Pape à Rome.

unechance 7

Critique :

J’ai pour Dino Risi, de même que pour la comédie italienne en général, beaucoup d’affection, surtout une admiration sans borne. Pourtant, avec tout le respect que l’on doit à ce pan immense du cinéma mondial, on se voit contraint de déclarer que ce “bon roi Dagobert” n’a pas mis uniquement sa culotte à l’envers. Cela ne fonctionne pas. Jamais.

Il y a quelque chose qui cloche dans ce scénario, dans ces dialogues trop peu percutants. Malgré les présences d’Age et de Gérard Brach au générique, le récit ne décolle pas, les personnages restent peu pertinents et le rythme est piètrement trop mollasson. Il est vrai que sur ce dernier point le montage peut être le premier responsable, ou du moins davantage que le scénario.

Mais, fondamentalement, je cherche encore en quoi cette histoire a pu paraître intéressante à tous ces créateurs, souvent géniaux par ailleurs. 

L’aspect historique semble avoir été à peu près respecté sur le plan formel. Le réalisme, la crudité de l’époque pourrait être un argument en faveur d’une satire féroce de la société médiévale, quand l'Église et le pouvoir commençaient à lier des relations hautement cyniques. Cependant, le résultat manque de nerf, de verve. Il n’y a guère de risque pris là-dedans. Point d'égratignure contre les institutions ou les puissants. En fait, on s’ennuie.

Encore heureux que l’historien qui sommeille en moi s'intéresse naturellement à la peinture que nous propose Risi de la période. Encore heureux que la distribution soit alléchante. Sinon que nous resterait-il de ce film? Pour être honnête : rien! 

Tout le film repose sur son trio d’acteurs phénoménaux (Coluche, Serrault, Tognazzi). Or, aucun n’est en mesure de sauver le film. Coluche paraît un peu paresseux. Je me demande si ce n’est pas la post-synchro qui donne cette impression, mais dans sa voix un manque de conviction se fait sentir avec force. De même, Ugo Tognazzi ne parvient pas à faire friser son œil habituellement plus moqueur. Alors que Michel Serrault a un rôle en or, de moine dont la foi est mise à rude épreuve, il ne donne pas toute l’ampleur, la folie qu’on espère de lui. Forcément, on est déçu.

Voilà un Risi mineur, un Coluche en demi-teinte : le film n’est pas indispensable, vous l’aurez compris.

ladoublure 3

Anecdotes :

  • La chanson concernant le "bon roi Dagobert" (roi des Francs de 632 à 639), qui est reprise comme de bien entendu dans le film, date en fait de la Révolution Française. En effet, elle a été écrite pour fustiger et ridiculiser la royauté. Évidemment, elle aurait bien été cependant inspirée de la vie plutôt débauchée du vrai roi Dagobert et qui se serait rendu à un conseil avec son pantalon mal ajusté.

  • Le bon roi Dagobert est le premier film tourné par Coluche avec Dino Risi. Ils collaboreront l’année suivante une nouvelle et dernière fois pour Le fou de guerre. Les deux films ne connaîtront pas le succès, pas même critique.

  • Plutôt satisfait, Coluche a résumé son personnage en disant qu’il jouait dans ce film “un gros con”.

Retour à l'index

La Vengeance du serpent à plumes (1984)Vos 10 Séquences cultes

Saga Coluche au Cinéma

Le Fou de guerre (1985)


LE FOU DE GUERRE

classe 4

Résumé :

Un jeune psychiatre italien est mobilisé et envoyé dans un hôpital militaire dans le désert libyen. Il y fait la connaissance d’un officier pour le moins étrange. Peu à peu, il se rend compte que son comportement est de plus en plus dangereux...

unechance 7

Critique :

J’aurais dû aimer ce film : Age, Scarpelli, Risi et Coluche, un quatuor gagnant, assurément ! Tellement de promesses au générique ! Or, de comédie italienne, je n’ai pas eu la saveur. Ou bien dans son sens le plus large et pas toujours brillant.

Le fou de guerre est une farce très cruelle, construite comme son titre l’indique sur la folie meurtrière d’un handicapé de la vie. Coluche interprète un officier de l'armée italienne au cours de la seconde guerre mondiale dont l’immaturité affective constitue en plein conflit un péril aussi dangereux que l'ennemi.

Coluche livre d’ailleurs une prestation impressionnante, dérangeante, plongeant son personnage dans un abyme de cruauté et dans la seconde suivante devenant un enfant apeuré, un être fragile. 

ladoublure 3

L’aspect historique semble avoir été à peu près respecté sur le plan formel. Le réalisme, la crudité de l’époque pourrait être un argument en faveur d’une satire féroce de la société médiévale, quand l'Église et le pouvoir commençaient à lier des relations hautement cyniques. Cependant, le résultat manque de nerf, de verve. Il n’y a guère de risque pris là-dedans. Point d'égratignure contre les institutions ou les puissants. En fait, on s’ennuie.

Encore heureux que l’historien qui sommeille en moi s'intéresse naturellement à la peinture que nous propose Risi de la période. Encore heureux que la distribution soit alléchante. Sinon que nous resterait-il de ce film? Pour être honnête : rien! 

Il y a quelques éléments ajoutés qui me gênent également, des scènes autour du personnage joué par Beppe Grillo qui me semblent hautement dispensables, notamment l’auscultation de la jeune femme.

Bref, le scénario ne me paraît pas véritablement abouti, en partie à cause de ces déséquilibres. Peut-être que je suis injuste et qu’ils ont cherché surtout à créer un personnage ambigu, susciter une espèce de fascination pour lui, voire de présenter une poésie morbide de la folie. Mais si c’est bien cette ambition qui a présidé à l’écriture, je reste frustré. La folie est un thème majeur de la filmographie de Dino Risi et je crois qu’en dehors des “Monstres” où elle éclatait de mille feux et rires, il a été bien plus efficace avec “Ames perdues”. Ici, c’est un coup d’épée dans le sable du désert.

Anecdotes :

  • Le scénario du film est tiré d’un roman écrit par un véritable médecin psychiatre, Mario Tobino, qui travailla dans un asile pour déficient mentaux. D’ailleurs, Dino Risi ayant fait des études de psychiatrie dans sa jeunesse, a été plus à même de comprendre son sujet et ses personnages.

  • Coluche n’est pas le premier choix de Risi. Vittorio Gassman, Marcello Mastroianni et Alberto Sordi avaient été pressentis avant lui.

  • L’histoire du film est censée se dérouler en Libye pendant la deuxième guerre mondiale, mais a été en réalité tournée en Tunisie dans la région de Sfax pendant l’été 1984.

  • On remarque que les deux interprètes principaux, Coluche et Beppe Grillo, ont tous les deux été plus ou moins impliqués dans la vie politique de leurs pays respectifs.

  • Alors que le film a été tourné en italien, Coluche n’avait pas trop de mal, étant d’origine italienne (Michel Colucci) avec un léger accent français, pendant que Bernard Blier, l’autre français de la distribution, s’en tirait plutôt avec un fort accent gaulois. Ce dernier a joué à de nombreuses reprises en Italie.

Retour à l'index

Inspecteur la Bavure

Saga Coluche au Cinéma

Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine (1977)


VOUS N'AUREZ PAS L'ALSACE ET LA LORRAINE

classe 4

Résumé :

Le roi Pif 1er, à force de ripailles et d’excès en tout genre, s’est mis à dos des personnages importants à la cour. A la suite d’un complot, il est fait emprisonné, mais le Chevalier Blanc parvient à le faire évader… Réussira-t-il à reprendre le pouvoir?

unechance 7

Critique :

Objet complètement foutraque très difficile à identifier. Le générique réserve déjà quelques surprises, comme la présence de Serge Gainsbourg signant les chansons ou même celle de Coluche en tant que metteur en scène.

Mais c’est surtout cette histoire qui part dans tous les sens avec plus ou moins de bonheur. Peut-on pour autant parler de série de sketchs ? Une certaine cohérence semble de la partie : le personnage du roi joué par Coluche affronte des courtisans comploteurs avec l’aide du chevalier blanc (Gérard Lanvin).

Reste que la réalisation pas vraiment heureuse et le rythme pas du tout maîtrisé donnent une impression d’amateurisme pénalisant. Certains gags mal filmés perdent en percussion. Un peu plus de lumière et de meilleurs plans sur les acteurs auraient donné plus de clarté et de force à leur jex. Beaucoup de maladresse ou manque de moyens ? Peu importe, le résultat cause une frustration assez nette. 

ladoublure 3

La distribution est royale mais on n’en profite pas véritablement. La caméra trop éloignée ou l’image trop floue, la réalisation par Coluche se révèle être une “fausse bonne idée”.

Les décors essaient d’ancrer le récit dans une certaine réalité historique quand le scénario et les personnages s’évertuent à nous en sortir. L’équilibre ne se fait pas vraiment, de sorte qu’on peut même trouver ce traitement rébarbatif parfois. De là à s’ennuyer, il n’y a qu’un pas.

Heureusement que la deuxième moitié du film est un peu plus remuante et drôle. Peut-être est-elle un poil plus débridée aussi ? 

Quoiqu'il en soit de la tenue d’ensemble du film, on est tout de même heureux de retrouver les numéros d’acteurs de Coluche ou de Jean Jacques. Martin Lamotte tient un rôle de bouffon colérique plutôt réjouissant. Comment oublier le chevalier d’opérette concocté par Gérard Lanvin ?

Le détournement de figures historiques est un prétexte récurrent à rire. Celui-ci n’est pas abouti. Ses auteurs manquent encore d’expérience. Néanmoins, la tentative est louable ; il lui arrive même de toucher au but à deux ou trois reprises. Pas une grande comédie, mais une curiosité à voir pour son jeune et prometteur casting.

Anecdotes :

  • Ce film est le premier et le dernier film de Coluche en tant que réalisateur. En effet, il ne s’y essayera plus jamais, ayant constaté que la réalisation est une affaire plus compliquée qu’il le pensait. Il a pu également considérer l’échec du film à sa sortie comme la conséquence directe de son manque de talent dans ce domaine.

  • Gérard Lanvin avait déjà joué le chevalier blanc au café-théâtre dans “La revanche de Louis XI”. La chanson d’opérette “On m’appelle le chevalier blanc” a été composée par Serge Gainsbourg. Olivier Constantin est la véritable voix qui chante cette chanson, Gérard Lanvin la reprenant en play-back.

  • C’est le premier grand rôle de Gérard Lanvin au cinéma. Certes, il avait déjà un petit rôle dans “L’aile ou la cuisse” en tant que collège de Coluche dans le petit cirque itinérant. Curieusement, Gérard Lanvin éprouva quelques difficultés à se voir proposer de nouveaux rôles après celui-ci, tellement pittoresque.

  • Ce film a été imaginée depuis quelques temps déjà par Coluche, Romain Bouteille et l’ensemble de la troupe théâtrale du Café de la Gare. L’élaboration du film a évolué longtemps avant le tournage. Le projet initial a été décrit par un de ses membres majeurs, Patrick Dewaere. Il expliqua sur France Inter en mars 1976 qu’était prévu le tournage d’une comédie sur Robin des Bois avec la troupe du Café de la Gare. Romain Bouteille devait le mettre en scène, à partir de mai 1976. Son titre devait être “Yeomen sans colère”. Le film aurait dû être une satire de mai 68 au coeur du Moyen-Age. Ce projet tomba à l’eau malgré tous les efforts de la troupe. Reste que Coluche s’en inspira très nettement pour écrire “Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine”.

  • La distribution est le fruit d’une collaboration collective complexe. En effet, elle réunit des comédiens de troupes différentes : certains proviennent de la troupe du “Splendid”, d’autres de celle de “La Veuve Pichard”, d’autres encore de celle du “Café de Gare” et enfin de la troupe tout juste créée par Coluche, “Le Vrai Chic parisien”.

  • Hommage à Edith Piaf et aux compagnons de la chanson : un dialogue entre Gérard Lanvin et Coluche est directement tiré de la chanson “Les trois cloches” composée en 1939 : Gérard Lanvin : - “Regardez ce petit village au fond de la vallée!” / Coluche : -”Égaré, presque ignoré…

 

Retour à l'index