Banzaï (1983) Résumé : Un homme travaillant dans une société assurant une assistance aux touristes en détresse s’est fiancé à une hôtesse de l’air. Celle-ci promet de quitter son travail pour éviter d’être trop longtemps séparés. Mais, elle doit encore faire quelques derniers longs voyages, qu’elle va camoufler à son fiancé, pendant que lui même se trouve obligé de partir en mission. Évidemment, quiproquos et mensonges pèsent de plus en plus lourds pour le couple. Critique : Banzaï est un film pour les enfants. Claude Zidi fait partie de ces réalisateurs pour lequel j'éprouve les pires difficultés à forger une véritable estime. Rares sont ses films (et pourtant, j'en ai bouffé étant môme) qui m'ont marqué favorablement. Je les ai souvent trouvé mal écrits, passablement mis en scène et presque toujours laids. Ce Banzaï en est une bonne illustration. Suite de sketchs plus ou moins drôles où Coluche comble les vides par sa faconde et son comique physique naturels, le scénario est bâti sur le parcours parallèle d'un jeune couple (Coluche / Valérie Mairesse) à travers le monde, prétexte à diverses cartes postales exoticomiques. Les deux amoureux doivent se cacher leurs activités "touristiques" respectives. Forger l'essentiel du rire sur ce simple canevas est un pari risqué et qui me semble plutôt raté. Cela plaira néanmoins aux lardons, parce que Coluche trimbale sa joviale face de clown avec bonhomie et qu'il émane de sa personne un souffle comique en même temps qu'une luminosité très accessible, très communicatrice, une chaleur humaine réconfortante, quelque chose de primaire (dans le bon sens du terme : essentiel et naturel). Le film est festif, se veut rigolo, très léger. Et Coluche est parfois drôle, la répartie facile, très à l'aise, dans un rôle qui n'a rien de composé. Le film ne fait pas de mal. Valérie Mairesse n'est pas toujours très bonne. C'est une comédienne qui ne m'a jamais trop inspiré. Elle est pourtant assez présente dans les comédies françaises des années 80. On peut toujours s'amuser à reconnaître quelques trognes sympathiques, mais ça fait un peu juste, hein? Un film modeste qui ne doit pas être pris pour autre chose qu'un petit film pour faire rire les marmots. On n'est pas dans la comédie française de qualité. Il suffit d'être au courant dès le départ et puis voilà, en roule ma poule pour la risette enfantine! Quelque fois, ça m'a fait penser à ces navets de Philippe Clair, avec Aldo Maccione. C'est dire... Misère! Anecdotes :
Séquences cultes : Et toi, t'es toujours arabe ? Ça va ? Nan, je déconne ! C'est Marcel qui fait le con ! Pourquoi tu dis qu'ils sont bêtes les arabes ? Négociation Monsieur Rex Le train, c'était pas pour moi. Qu'est-ce qu'il y a ? Help ! |
La Vengeance du serpent à plumes (1984) Résumé : Loulou, personnage un brin cynique et sans idéal, hérite d’un superbe et vaste appartement dans Paris. Lorsqu'il emménage, il découvre que le lieu est déjà habitée par deux demoiselles dont l’une, très belle, n’est pas sans le charmer. Or, ces femmes essaient de lui cacher leur activisme politique radical et notamment un lourd matériel terroriste. Critique : Comédie d'aventure très poussive. Gérard Oury est déjà vieux et Danièle Thompson, brave fille qui suit gentiment papa, nous pondent un scénario laborieux, ronronnant et surtout pas drôle, accumulant des séquences sans grand liant, des ingrédients majeurs pour la recette du succès (le nichon de Maruschka Detmers, le cynisme de Coluche, l'exotisme mexicain, une course poursuite, du suspense, etc.) mais la sauce ne prend pas : on regarde et on s'ennuie. Le petit (7 ans) a adoré. J'imagine que le singe, les bombes, la poursuite, les giclées de sang pour de faux, la chevelure blonde de Coluche, le quiproquo dans le lit (déjà exploité dans "La grande vadrouille", mais on n'est pas deux ou trois redites près pour Oury), tout cela l'a fait rire. Un rire d'enfant, c'est déjà ça, vous me direz. Je me considère comme plutôt conciliant d’habitude, mais là j'avoue que j'ai eu du mal à l’être. Le petit enfant en moi dormait, du sommeil du juste. Je ne trouve pas d'angle, de brèche pour m'y faufiler. Rien. Philippe Khorsand, un comédien que j'aimais beaucoup a un tout petit rôle, c'est pas plus mal d'ailleurs qu'il soit minuscule parce qu'il se limite à un gimmick gentillet. Ged Marlon et Farid Chopel, acteurs que je n'aime pas trop ne m'invitent pas à changer d'avis à leur égard. Coluche a une sale tête, triste, malade, qui m'attriste. Pas de rire. Je le trouve pathétique. Les couches de peinture que Maruschka Detmers se met sur le visage cache sa jeunesse et sa beauté. Voyez, je n’y arrive décidément pas. Et puis, l'histoire entre elle et Coluche ne me touche pas. Je n'y crois pas. L’écart est si grand entre les deux personnages, que le scénario peine à instaurer une véritable relation… ne serait-ce qu’une entente… alors une relation amoureuse, non, je n’y crois pas une seule seconde. Bref, je me suis royalement emmerdé. Et à la limite, je trouve même que ce film me rend maussade. Une comédie qui rend triste, ce n’est tout de même pas commun. Malsain. Sans doute que j’aime beaucoup trop Coluche pour trouver matière à risette devant une composition de l’acteur aussi laborieuse? Anecdotes :
Séquences cultes : Vos gueules, c'est ma grand mère qu'est morte ! Je me dis chouette en voilà un qui s'en va. J'aime bien me balader tout nu en jouant du saxophone. Métro Mon meilleur ami est portugais J'étais discret. La blanche, c'est plus distingué ! On a volé la moto de Jésus ! Evidemment ça m'a fait plaisir ! |
La Femme de mon pote (1983) Résumé : Dans une station de ski de Haute Savoie, deux amis très chers voient leur amitié dangereusement contrariée par la venue inopportune d’une femme très séduisante et dont le rapport aux deux hommes est pour le moins ambigu. Critique : Film particulier pour moi. Je l’ai vu à sa sortie en salle, j’avais 12 ans. C’était une époque bénie où le cinéma ne coûtait rien ; j’y allais deux trois fois par semaine. Je dévorais du ciné comme un affamé ; je m’en remplissais. Et j’ai le souvenir que ce film m’avait fait un drôle d’effet dans la masse que j’avais déjà ingurgité. Notamment par rapport à Coluche. Je n’avais pas vu “Tchao pantin”, que je vis plus tard en VHS. La femme de mon pote était pour moi le premier film où Coluche ne faisait pas le pitre. Et pourtant, on l’y retrouvait un peu tout de même, dans sa manière de parler, sa gouaille. Certes, il n’a pas le même tonus, l’entrain habituel. Mais, outre ses problèmes personnels durant cette période, considérons bien qu’un scénario de Bertrand Blier ne porte guère à l’outrance et la grimace. L’humour vient des situations et parfois des dialogues. Le cinéma de Blier se distingue essentiellement de cette propension des personnages à tenir des discussions étranges poussant l’absurde jusqu’à ses extrémités, d’où l’humour surgit avec plus ou moins de mélancolie parfois ou un certain désenchantement. Bref, la petite musique des mots de Blier ne s'accommode pas bien des pouet-pouets comiques ordinaires. Par contre, la verve de Coluche, son bagou populaire fonctionne ici très bien. La femme de mon pote n’est pas le meilleur de Blier, loin de là. Je lui préfère nettement le génial Buffet froid, mais il est tout de même bien au dessus de ses films ultérieurs où le cinéaste semble s'être un peu fourvoyé dans des sentiers qu’il aurait mieux fait de ne pas battre. Ce qui peut plomber la lecture de ce film, c’est son rythme alangui, contemplatif par rapport à des dialogues qui demandent à mon avis un peu plus de peps. J’ai eu le sentiment qu'après 50 minutes, il y avait comme un creux, un ventre mou où l’ennui guettait, et puis la fin redonne du souffle à l’intrigue. Ce qui m’a davantage plu est à voir du côté du personnage joué par Isabelle Huppert, très ambiguë, dont la liberté n’est peut-être pas tout à fait réaliste (évidemment puisqu’on est dans une farce absurde avec ce ménage à trois improbable) mais dont la justesse de jeu dans la perversité est impressionnante. Le jeu de Thierry Lhermitte me plaît moyennement : il y manque quelque chose. Sa fièvre amoureuse manque de chair. Coluche est triste à souhait, comme je disais plus haut. Il est assez juste, toutefois on sent une retenue qu’il n’y aura pas dans Tchao pantin. Sans doute que son implication, son intimité avec l’histoire et ses déboires existentiels y sont pour beaucoup, bien entendu. La réalisation de Bertrand Blier m’intrigue. L’usage du CinémaScope est curieux ; il ne paraît pas indispensable, surtout avec un film tourné presque en huis clos finalement. Il n’y a guère d’espace à remplir. L’horizontalité du cadrage n’est pas utilisée sauf quelques plans lointains, d’ensemble sur quelques scènes. On a droit à quelques doux travellings qui donnent un peu de vie à certaines scènes, mais l’essentiel du film se joue sur le talent des acteurs, leur interaction, sur les visages. Alors pourquoi un CinémaScope ici? Je ne sais pas. De fait, ce film m’a marqué. Je l’ai revu plusieurs fois pour comprendre ce qui me plaisait ou pas. Aujourd’hui encore je reste perplexe. Je n’arrive pas à me détacher d’une sorte de fascination pour ce trio d’acteurs, cette alchimie bizarre que le scénario propose peu à peu, par cet univers très en adéquation avec son époque finalement, où l’interdit n’existe plus trop, où Blier peut tout de même encore passer pour un excentrique, à défaut d’un avant-gardiste. Coluche tâte de l’encre noire d’un jeu de plus en plus triste. L’ensemble n’a pas donné un grand succès. Il n'empêche, il y a un petit quelque chose, un mystère qui demande une explication, qui me plaît bien de traquer de temps en temps, toujours en vain, sans doute par nostalgie parce que vu à l’aube de ma cinéphilie. Anecdotes :
Séquences cultes : Tu dois en connaître un rayon sur la matelasserie française. Sous prétexte d'épater une gonzesse avec tes pectoraux de savoyard ! Le type bien il a pas les couilles d'être un salaud. La terre tourne ! Je suis un malade qui pue ! T'as froid ? |
Tchao Pantin (1983) Résumé : Lambert, un pompiste travaillant de nuit, fait connaissance d’un jeune dealer d’origine arabe avec qui il se lie d’amitié. Mais la mort de ce dernier va pousser Lambert à retrouver ses meurtriers. Se faisant, le pompiste déprimé va en quelque sorte pourchasser ses propres démons. Critique : Tchao pantin est un film noir, ultra noir, composé de deux parties bien distinctes. La première présente les personnages et montre très délicatement, avec beaucoup de soin et de patience comment se construit la relation amicale, puis filiale entre Lambert (Coluche) et Youssef (Richard Anconina). La seconde détaille avec un peu plus de fracas la vendetta de Lambert sous les yeux et le cœur de Lola (Agnès Soral). La première partie opte pour un ton très doux, bien qu’entouré par les brumes du noir. La photo est éclairée par une lumière sombre et rehaussée par des couleurs très crues de la ville, bleues et rouges la plupart du temps. Alors que la deuxième me semble encore plus ténébreuse, sauf un joli plan final rayonnant du ciel de Paris, zébré du vol des pigeons et des premiers rais de soleil matinaux, semblant comme une résurrection, un éclair de vie pour Lambert. A 99,99% très noir, le film ne l’est pas uniquement sur l’image bien sûr. Ce parcours en forme de rédemption est tout simple, assez classique bien qu’il met en branle tout un monde interlope marqué par son temps, un Paris populaire, cosmopolite, pauvre, où tout le monde essaie de survivre, se télescopant parfois, oubliant sa solitude comme il peut, dans l’alcool, la dope ou dans des espoirs minces d’amour, d’amitié, de mains et de lèvres tendues. Rien de révolutionnaire, sauf que le scénario et la mise en scène de Claude Berri manient tout cela de façon très habile : à la fois par son réalisme cru, au limite du pathétisme, le film, sans tomber non plus dans la caricature exprime une tendresse évidente de générosité pour ses personnages. Lambert a beau dire : il n’est pas aussi mort qu’il le croit, et c’est là son drame. Mais comme il s’agit d’un film noir, forcément sa vie ne tient plus qu’à un fil. Trop tard pour la renaissance. La direction d’acteurs est impressionnante. Les comédiens restent toujours dans les clous, ultra précis et offrent des prestations merveilleuses. J’ai bien conscience que l’adjectif est fort, mais en aucun cas il n’est disproportionné ni usurpé. Le jeune Richard Anconina se révèle extrêmement juste, sobre. Coup de maître pour son premier grand rôle. La performance d’Agnès Soral, elle aussi révélée par ce film, est remarquable pour un rôle tellement casse-gueule. Son personnage doit jouer de l’esbroufe punk, mais en plus elle doit opérer de compliqués virages à 90 degrés avec Anconina d’abord, puis avec Coluche. Elle pourtant fort bien la route, crédible du début à la fin. La prestation de Coluche est désormais historique : dès qu’un comique dévoilera son talent de tragédien, on parlera dorénavant de son “Tchao pantin” en guise de mètre-étalon de la conversion réussie et révélatrice. En effet, Coluche nous met une belle claque : très fermé, très sobre lui aussi, il maintient un jeu efficace, sans éclat particulier, dont les nuances apparaissent progressivement avec une puissance inattendue, jusqu’à cette fameuse scène finale où il nous fait totalement oublier le clown pour nous cueillir par ses larmes, simples, pudiques qui soulignent toute la finesse de son jeu. Dans l’humour comme la tristesse, Coluche aura su jouer avec sincérité et largesse. Pas étonnant que ce film ait reçu autant de prix ; il les mérite amplement ! Anecdotes :
Séquences cultes : Ça va pas non ? L'avantage avec les putes c'est que tu sais à quoi t'en tenir. J'ai mal. Et alors si t'en casses quatre, ça va faire une omelette. T'es un poulet ? J'attends que ça de crever. Tricolore jusqu'au slip |