Les Compères (1983) Résumé : Face à l’incapacité de la police de retrouver son fils, Christine décide de renouer contact avec deux de ses anciens amants aux profils très différents en laissant croire à chacun qu’il est le père de l’enfant. Critique : Construit autour du même duo, Les Compères est objectivement et dans sa globalité un meilleur film que La Chèvre, mais contient moins de moments marquants, à l’image du fameux coup de boule par exemple. Si l’ensemble rappelle fortement les années 80 et paraît parfois daté, Les Compères se revoit toujours avec grand plaisir aujourd’hui. Les errements de La Chèvre ont été corrigés. La narration est nettement mieux structurée et le rythme resserré, même si on n’évite pas quelques longueurs. L’antagonisme du duo principal, unique moteur de La Chèvre, est ici adouci. Les personnages de bande-dessinée de La Chèvre ont pris une vraie épaisseur. Le ton est moins burlesque et Francis Veber lorgne plus vers la comédie humaine, en posant un regard juste sur chacun de ses personnages. Seul l’adolescent dans ses excès n’évite pas les clichés, mais reste porté avec conviction pas son interprète Stéphane Bierry. Avec sa superbe galerie de personnages, Francis Veber laisse s’installer l’émotion autour de cette histoire de paternité mais laisse toujours une place prépondérante à l’humour, avec des gags moins inégaux que La Chèvre. Il nous offre aussi une belle conclusion douce-amère. Les deux acteurs vedette sont toujours impeccables, Gérard Depardieu a affiné son jeu et son personnage est plus étoffé. Pierre Richard a gommé tous ses maniérismes et se laisse embarquer par Francis Veber, il nous donne des beaux moments de tendresse dans le film. Au contraire de La Chèvre où le film reposait sur leurs seuls épaules, les deux sont entourés d’un excellent casting : une formidable et pétillante Anny Duperey, un Michel Aumont juste et émouvant, ainsi que les regrettés Philippe Khorsand et Roland Blanche. Enfin, on retrouve toujours avec grand plaisir la musique de Vladimir Cosma. À nouveau très inspiré, il nous offre ici une de ses plus belles compositions. Sans atteindre les sommets de La Chèvre, Les Compères rassemblera un large public en salles avec plus de 4,8 million d’entrées et sera un indiscutable succès au box-office. Anecdotes :
Les séquences cultes : Et ben moi ça va pas trop mal
C'est le plombier, vous le prenez?
Il est bouleversé
Salut les jeunes
Coup de boule
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Les Fugitifs (1986) Résumé : François Pignon est désespéré. Chômeur de longue durée et à court d’argent, il commet un braquage dans une banque pour subvenir aux besoins de sa fille. Alors que la situation dégénère, il prend un otage. Pas de chance, il s’agit d’un ancien braqueur, Jean Lucas, qui vient de purger sa peine et sortir de prison le jour même. Critique : De la trilogie Gérard Depardieu/Pierre Richard, Les Fugitifs est le film le plus abouti. C’est une belle histoire d’amour et d’amitié pleine d’humanité mais sans niaiserie, une histoire portée par deux grands acteurs et emmenée par un Francis Veber virtuose. Et si le ton est nettement moins burlesque et plus dramatique que les deux films précédents, le film contient suffisamment de scènes tordantes pour régaler les amateurs de bonne comédie. Oscillant constamment entre humour et émotion, Les Fugitifs réussit à la fois à nous attendrir et à nous faire rire, parfois lors de la même scène. Il faut saluer l’incroyable talent de Pierre Richard, dans ce rôle de père veuf s’accrochant à sa fille. Il est éblouissant de bout en bout et accomplit un numéro d’équilibriste exceptionnel, à la fois irrésistiblement drôle et touchant. Gérard Depardieu est lui aussi impeccable, et profite pleinement du ton plus subtil de ce troisième opus pour composer un personnage moins mécanisé et plus attendrissant. Ensemble, le duo fait toujours des étincelles et fonctionne comme jamais. Sur un scénario parfaitement construit laissant échapper une grande sensibilité et des dialogues toujours ciselés, Francis Veber propose une réalisation plus dynamique que les deux précédents. De la trilogie, c’est certainement le plus riche et le plus inventif en termes de mise en scène. On saluera notamment une fin ouverte est parmi les plus belles et réussies des films de Francis Veber, Gérard Jugnot en reprendra l’idée des années plus tard pour Monsieur Batignole. Dans un rôle quasi-muet, la jeune Anaïs Bret qui interprète la fille de Pierre Richard a une belle présence. On notera aussi des seconds rôles exceptionnels, desquels on retiendra un Jean Carmet génial en vétérinaire s’improvisant urgentiste et un Michel Blanc irrésistible en docteur pompette. A nouveau, nous retrouvons avec bonheur Vladimir Cosma à la bande-originale qui compose encore une fois un thème inoubliable, devenu un classique aujourd’hui. L’accueil du public fut similaire aux Compères : un excellent score avec plus de 4,4 millions d’entrées sans toutefois atteindre les sommets de La Chèvre. Anecdotes :
Les séquences cultes : Lancez-moi ça, vite!
Je me sens pas très bien...
C'est quoi comme race?
Qu'est-ce que vous faites docteur?
Elle a pris un mauvais pli non?
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Tais-toi ! (2003) Résumé : Ruby cherche à venger l’homme qui a tué la femme qu’il aimait. Il rencontre Quentin en prison, un homme gentil mais simplet. Ce dernier va l’aider à s’échapper et les deux entament une cavale. Critique : Avec Tais-toi !, Francis Veber cherche à recapturer l’esprit des buddy-movies qui avait fait son succès dans les années 80 avec cette comédie d’action. Malheureusement, malgré un Gérard Depardieu réjouissant, cela ne fonctionne plus. Tout y est trop attendu et le film se déroule sans surprises avec une mise en scène des plus conventionnelles. Gérard Depardieu métamorphosé en homme tendre et sensible donne tout son intérêt à un film qui n’arrive jamais vraiment à trouver son rythme. Faisant preuve d’une inventivité et d’une fantaisie permanente, ce film est là pour nous rappeler qu’au-delà de ses frasques, notre Gégé national fait partie de nos plus grands comédiens et nous livre régulièrement des performances frisant le génie. A l’opposé, Jean Reno dans un rôle limité et mécanique n’offre pas de contrepoint et de caisse de résonnance à la dynamique de Gérard Depardieu. On en regrette amèrement… Gérard Depardieu qui tenait parfaitement ce rôle auparavant. Peut-être la solution aurait-été de rendre les deux personnages jumeaux avec un double rôle pour Depardieu? Mais au final, cette dynamique Reno/Depardieu ne fonctionne tout simplement pas. Malgré un bon début, le film s’enlise donc assez rapidement dans des séquences répétitives pour aboutir à une conclusion qui laisse un goût d’inachevé. Jamais la mécanique de Francis Veber n’a été aussi voyante, tout apparaît forcé et trop huilé pour fonctionner ; seules quelques bonnes répliques l’attention. Toutes les séquences d’action et de poursuite sont sans intérêt et mollassonnes. On pourra regretter, mais c’est une tare récurrente dans le cinéma de Francis Veber, l’absence de personnages féminins. Même les seconds rôles, pourtant souvent un point fort chez Francis Veber, sont sans saveur, à l’image d’un Richard Berry dans le personnage aussi archétypal qu’archaïque du commissaire de police. Seul André Dussollier, sans se forcer, émerge dans un ensemble moribond. L’ensemble paraît donc vieillot et dépassé. Tais-toi ! stigmatise un manque criant de renouvellement chez Francis Veber. Si la comédie à l’ancienne a souvent du bon, et Tais-toi ! n’est pas sans moments savoureux, on a juste l’impression d’avoir déjà vu ce film mille fois avant, et en nettement mieux, que ce soit chez Francis Veber ou d’autres cinéastes français. Faisant suite aux triomphes du Dîner de Cons et du Placard, Tais-toi ! fut encore une fois un joli succès en salles pour Francis Veber avec plus de 3,1 millions d’entrées. Anecdotes :
Les séquences cultes : Je m'appelle Quentin, je suis de Montargis
Il est pas mort du tout!
T'as vu les yeux?
Il se fâche très vite
Je me suis juste présenté
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Le Jaguar (1996) Résumé : Perrin rencontre par hasard un indien d’Amazonie, Wanu, en passage à Paris pour alerter l’opinion sur les dangers de la déforestation. L’indien s’attache inexplicablement à lui. Critique : Francis Veber s’éloigne de la comédie pour nous offrir un film d’aventures ambitieux, aux accents fantastiques. C’est plutôt une bonne surprise. Le Jaguar décevra certainement ceux qui s’attendaient à une comédie dans la lignée des films précédents, mais Le Jaguar reste un pari réussi pour Francis Veber. Ce dernier excelle sur un terrain où on ne l’attendait pas. Après une séquence parisienne un peu longuette, Le Jaguar prend son envol en Amazonie. La mise en scène de Francis Veber est véritablement le gros point fort du Jaguar. Loin de ses sentiers habituels et bénéficiant d’un budget confortable, celui qui se dit avant tout scénariste se révèle ici comme un réalisateur d’envergure. Le film est soigné avec une superbe photographie, sans compter le cadre sublime de l’Amazonie habilement exploité et apportant au film toute sa dimension spectaculaire. On soulignera encore une fois la très belle musique de Vladimir Cosma. Le Jaguar n’a rien à envier aux meilleurs films d’aventures hollywoodiens et est un divertissement plaisant. Même si Perrin et Campana sont de retour, les gags et le burlesque sont absents du film. On est même surpris parfois de la violence de certaines scènes pour un film grand public. Patrick Bruel est convaincant, Jean Reno impeccable. Ni l’un ni l’autre ne font des étincelles mais ce nouveau tandem fonctionne bien. On regrette les potentiels comiques de leurs prédécesseurs, mais on sent rapidement que le but du film n’est de toute façon pas là. Danny Trejo, alors tout juste découvert par Robert Rodriguez, compose un méchant d’envergure. Francis Veber nous propose un film d'aventures léger, enlevé et dépaysant. Une aventure de BD sans éclats mais distrayante, malgré quelques scènes Manimal aux frontières du nanar. Ce film d’aventures connut un succès honorable au vu de son budget lors de sa sortie en salles avec plus de 2,3 millions d’entrées. Anecdotes :
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