Film : Le Saint (1997) Réalisation : Philip Noyce Scénario : Jonathan Hensleigh Résumé : Ivan Tretiak, un milliardaire russe fascisant, utilise secrètement sa maîtrise du gaz et du pétrole pour plonger Moscou dans le froid. Il escompte ainsi attiser le mécontentement populaire, afin de s'emparer du pouvoir. Il désire également s'emparer des recherches du Dr. Emma Russell, une jeune scientifique anglaise dont les travaux sur la production d’énergie grâce à la fusion nucléaire se montrent prometteurs. Mais l’aventurier international surnommé le Saint va voler au secours de la belle Emma et prendre le vil Tretiak à son propre piège. Critique : La platitude quasi absolue du film inspire un ennui sans cesse croissant au fil de son interminable parcours (pratiquement deux heures). Cette insipidité avoisinant, hélas bien davantage un fade navet qu’un réjouissant nanar, repose sur plusieurs facteurs. Le manque d’originalité d’une intrigue entièrement prévisible dès ses prémices déçoit de la part de Jonathan Hensleigh, que l’on a connu davantage créatif même aux côtés de Michael Bay. Ici les péripéties ne servent qu’à étaler le budget lors d’un tournage international et à insérer le quota réglementaire de scènes d’action au sein d’un blockbuster standard. Malheureusement Philip Noyce filme sans relief aucun ces diverses scènes, qui présentent de plus le défaut de toutes se dérouler selon le même schéma, le Saint poursuivi par de multiples adversaires, encore et toujours. Si le film bénéficie de superbes extérieurs (Londres, Oxford, la Place Rouge...), ses décors intérieurs détonnent régulièrement, ne manifestant guère de cachet. Si la solidité et le métier de Rade Šerbedžija apportent de la présence à Tretiak et si la beauté et l’expressivité d’Elisabeth Shue font d’Emma le seul véritable atout du film, ce dernier achève de sombrer du fait de l’impavidité d’un Val Kilmer totalement transparent, en dehors d’un cabotinage risible lors des nombreuses scènes de travestissement. La comparaison entre la prestation sans saveur ni charisme fournie par cet acteur et celles jadis proposée par Roger Moore prive le film de toute auréole. C’est datant plus dommageable que toute la comparaison entre le film et la série dont il prétend découler s’avère de la même eau. Les producteurs ont recours à quelques astuces pour donner le change (Robert S. Baker parmi les producteurs), mais se détournent rapidement du héros d’ITV. Alors que le Simon Templar télévisuel n’a ainsi que très modérément fait appel aux déguisements, celui de Kilmer en fait un usage aussi massif que pesant, on se croirait dans Le Chacal de Bruce Willis, la même année. Idem pour l’usage de gadgets high tech (enfin, d’il y a 20 ans...), dont Roger Moore n’a jamais eu besoin pour pimenter ses aventures. Le Saint d’ITV se meut dans un univers élégant, racé et aventureux, irrésistiblement 60’s. Avec Noyce, tout semble au contraire terne et sans grâce. Simon se nimbait de mystère, tandis que Jonathan Hensleigh s’acharne à nous en décrire l’origine avec une psychanalyse de bazar, au cours d’une introduction d’une rare pesanteur se substituant aux si divertissants monologues de Moore. Alors que la nature des rapports entre le Saint et les dames rencontrées se voyait recouverte d’un non-dit discret et très britannique, ici tout se montre banalement explicite entre Simon et Emma. Le Saint a décidément perdu toute spécificité pour ne plus composer qu’un protagoniste standard de blockbuster. Le film réalise un exploit en faisant intervenir l’Inspecteur Teal sans jamais citer son nom une seule fois. On doit se pencher sur la distribution pour le découvrir, il faut dire que jamais ne se met en place la pittoresque et savoureuse complicité existant naguère entre lui et Templar. La griffe du Saint (l’auréole, l’indicatif musical, une Volvo, le message radio lu par Roger Moore en faveur de l’UNICEF) se voit expédiée dans l’ultime minute du film, selon la même logique ayant relégué le Gunbarrel de 007 au rang de boulet à traîner. Au total le film présente le mérite de nous faire mieux apprécier le Chapeau Melon et Bottes de cuir de 1998, qui connaît certes bien des travers, mais dont le soin apporté au travail de production contraste singulièrement avec la consternante désinvolture présente. Anecdotes :
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Téléfilm : The Saint (2017) Résumé : Simon Templar, aventurier et Robin des Bois moderne, affronte The Fixer. Celui-ci est le banquier d’une mystérieuse organisation criminelle, The Brotherhood. L’homme a organisé un vaste détournement de fonds publics, avant de kidnapper la fille d’un associé l’ayant doublé. Celui-ci appelle Simon à l’aide, mais est abattu par Rayt Marius, homme de main du Fixer. Aidé par son amie Patricia Holm, Simon va retrouver la jeune femme, échapper aux agents du FBI lancé à ses trousses et finalement triompher de son adversaire, qui s'avère être également l'homme ayant jadis assassiné ses parents. Critique : Pilote de série ensuite transformé en un téléfilm formant un ensemble fini, la nature composite de The Saint 2017 suscite quelques difficultés. Il en va ainsi de sa nature d’Origin Story, type de récit dont la période actuelle nous abreuve à satiété via la vogue des films de super héros et qui se serait davantage justifié dans le cas d’un pilote de série. Le téléfilm aurait pu en faire l’économie et en profiter pour muscler l’intrigue du jour. De même la relation entre Simon et Patricia appelle clairement une suite. Le plus pénible réside dans la description de The Brotherhood (le SPECTRE local), originellement développé comme adversaire permanent, mais désormais minoré jusqu’à ne plus former qu’une coquille vide sans saveur. Cela aurait également permis d’accroître un tantinet la présence de Roger Moore. Malgré une très belle qualité d’image, la production souffre également d’un patent manque de moyens. Outre quelques combats schématiquement chorégraphiés, cela se perçoit à travers le faible nombre de caméras dont dispose l’équipe technique, mais aussi via l’important recours aux inserts afin de figurer l’aspect international des aventures. Mais il vrai qu’en cela le téléfilm ne fait que renouer avec la série des années 60 ! D’ailleurs, ces quelques réserves étant posées, on reconnaîtra au téléfilm le mérite de mener à bien un projet cohérent : agréger les aspects modernes du film de 1997 (scènes d’action, dimension technologique) à l’esprit des séries d’aventures Sixties que sublimait la série de Roger Moore et que savait retrouver celle d’Ian Ogilvy. De fait, pour peu que l’on apprécie ce type d’histoires très identifié, on goûtera pleinement un cocktail fort plaisant de glamour, de péripéties mouvementées et d’humour, le tout remis au goût du jour. Le Saint 2017 vise un public sans doute restreint, car les amateurs des séries Sixties placeront toujours le Saint de Roger Moore sur un inaccessible piédestal, mais il parvient à trouver le tempo assurant le spectacle, agrémenté de dialogues affrontements spectaculaires et d’amusants gadgets. Evidemment cela rend le récit quelque peu prévisible, mais aussi au combien distrayant. On pourra regretter que l’action ne se situe pas dans cette décennie, mais le téléfilm ne fait en cela que s’inscrire dans la tradition, chacun de ses prédécesseurs ayant placé le Saint dans sa propre époque. La production s’appuie également sur une distribution convaincante. L’ultime apparition à l’écran de Sir Roger Moore crée évidemment une émotion particulière. Si Adam Rayner ne dispose pas du même charme que son illustre prédécesseur (à l’impossible nul n’est tenu), il n’en compose pas moins un Simon Templar convaincant, bien supérieur au fade et impavide Val Kilmer. Il trouve une partenaire de choix en la personne d’Eliza Dushku, idéalement profilée pour le rôle, jusqu’à parfois lui voler la vedette. Grâce à elle, l’introduction de Pat Holm, déjà en avance sur son temps chez Charteris, participe pleinement à l’approche de modernisation de la série aventures 60’s. On est loin des Templar Girls de jadis, quasiment toujours de parfaites Damsels in distress ! L’élément clef que constitue l’Opposition bénéficie de la savoureuse prestation d’Ian Ogilvy, bien davantage présent que Roger Moore et savourant avec une évidente gourmandise l’opportunité d’incarner l’un des Masterminds de jadis. Incarnés par Thomas Kretschmann et par la talentueuse franco-américaine Béatrice Rosen, ses séides se montrent également plaisamment emblématiques. Par contre, les différents agents fédéraux restent transparents et ne feront certes pas d’ombre à l’Inspecteur Teal d’Ivor Dean. Malgré quelques faiblesses, le téléfilm résulte très distrayant et laisse des regrets quant à une série apparaissant en mesure de mener à bien une convaincante modernisation du chevalier errant anglais jadis campé par Roger Moore. Anecdotes :
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