Saison 13 Résumé : Après une première rencontre explosive avec Sam et Dean, Jack part à la recherche de Castiel. Les Winchester le rattrapent chez le shérif local, où il fait autant étalage de ses pouvoirs que de sa gentillesse naïve. Ils triomphent d’un commando angélique commandé par Myriam. Après avoir en vain imploré Chuck, Dean allume le bûcher funéraire de Castiel et Kelly. Lui et Sam estiment que Lucifer a tué Mary, mais ils se trompent. Critique : Cette saison 13 débute à petite vitesse. Toute l’action se déroule à un rythme très lent et n’apporte pas grand-chose de nouveau au décor de cette nouvelle période, hormis l’information que Mary est toujours vivante, ce dont on ne doutait guère. Les pérégrinations de Sam ne passionnent guère, tant elles se montrent peu intenses, tandis que les personnes croisées se résument à des silhouettes. Durant toute sa première moitié, le récit s’efforce de jouer sur l’ambiguïté de la nature de Jack, amicale ou hostile, mais le mystère se dissipe bien vite de lui-même, En fait l’épisode constitue surtout un avant-goût du côté Forest Gump de Jack (irréprochable Alexander Calvert), ce côté naïf et gentillet, doublé d’une capacité rare à s’attirer tous les malheurs du monde, qui va lui valoir les faveurs de son public. La seconde partie de l’intrigue se révèle plus animée. Ange réellement sadique et trouble (il reste dommage que son aspect d’anti -Jack ne soit pas davantage fouillé), Myriam pimente quelque peu les péripéties, d’autant que Carlena Britch n’a jamais peur d’en faire trop. L’affrontement entre les Anges et les Winchester se montre impitoyable comme on aime, tout en assurant enfin le spectacle. Le bûcher et surtout l’imploration de Chuck par Dean, encore un grand numéro de Jensen Ackles, apportent enfin de l’émotion, même si l’on sait parfaitement que Castiel va bientôt revenir, d’une manière ou d’une autre. Toutes les vues extérieures, notamment du lac, sont magnifiques. Au total le pilote de saison échoue à lancer la série sur un nouveau récit, tout en présentant d‘ores et déjà Jack comme un boulet que Sam et Dean vont avoir à traîner. Anecdotes :
2. VAGUE DE PUISSANCE Résumé : En route vers le Bunker, Sam, Dean et Jack sont rattrapés par Donatello, lors d’une halte à un motel. Le Prophète a été attiré par le pouvoir du Nephilim. Or Amsmodeus, nouveau Roi de l’Enfer, va duper Jack en se faisant passer pour Donatello. Il l’incite à libérer les Shedim, des Démons ancestraux. Mais les Winchester et le vrai Donatello interviennent à temps. Mary et Lucifer sont confrontés à l’Archange Michael alternatif, qui prend le dessus sur son « frère ». Critique : Après les Anges, voici les Démons, décidément l’univers entier en veut au pauvre Jack, si gentil et si pur. On poursuit sur la même veine larmoyante que lors du lancement de saison, celle qui restera dominante par la suite concernant le nouveau venu, il faut bien le dire. Mais le récit va se montrer plus riche que précédemment. On apprécie ainsi la découverte progressive du Monde de l’Apocalypse en compagnie de Mary et d’un Lucifer manifestant toujours son humour bien à lui. Les auteurs savent alterner action et révélations progressives, jusqu’à une confrontation choc avec le Michael local, encore plus sinistre que le nôtre. On retrouve également Donatello avec plaisir, d’autant que Keith Szarabajka se révèle toujours aussi savoureux. On note toutefois que la disparition de son âme n’a aucun impact sur sa personnalité, tandis que le combat entre Lucifer et Michael, censé causer l’Apocalypse en saison 5, se résume à quelques coups de poings. Le duo de nouveaux showrunners semble décidé à avoir les coudées franches, espérons que cela n’aille pas trop loin. L’arrivée d’Asmodeus apparaît globalement réussie, même s’il se montre moins subtil que Crowley ou Azazel. Il manifeste assez de ruse et puissance pour tenir son rang, et Jeffrey Vincent Parise lui apporte une saveur de méchant de Western assez plaisante. Il est bon que, contrairement aux autres Princes de l’Enfer, il ne soit pas soumis à Lucifer, cela va permettre d’agrémenter la partie. Si les effets spéciaux demeurent limités par le modeste budget de la série, la production se rattrape sur les bagarres et cascades, et surtout sur les décors, une valeur sûre de la série. La chambre du motel vaut une nouvelle fois le coup d’œil, de même que le bar ou la boutique du tatoueur. Le récit installe aussi un parallèle sensible entre le difficile rapport au père qu’éprouve Jack et celui vécu par Sam et Dean. Les saisons passent, mais la famille reste bien au cœur de Supernatural. L’hostilité de ce dernier vis-à-vis de Jack se justifie par le trauma de la perte de Mary et Castiel, mais l’on sent bien que cela évolue déjà. Jensen Ackles nous émeut par la découverte progressive de la paternité par Dean. Anecdotes :
Résumé : Missouri Moseley demande l’aide des Winchester quand un Wright se met à tuer des Médiums pour se nourrir de leur cerveau particulier. Sa petite-fille Patience est menacée. Tandis que Sam veille sur Jack, Dean intervient en compagnie de Jody. Missouri est tuée, mais les deux Chasseurs triomphent du monstre, grâce aux pouvoirs nouvellement révélés de Patience. Jody laisse ses coordonnées à Patience, au cas où celle-ci déciderait de se joindre à la Chasse. Sans s’en rendre compte, Jack ressuscite Castiel, qui se retrouve dans le Vide. Critique : Cette succession de meurtres de voyants fait agréablement songer, toutes proportions gardées, au formidable épisode des X-Files que forma Voyance par procuration (3-04), l’un des tous meilleurs de cette série. Mais l’auteur Darin Morgan (à consommer sans modération aucune) avait su ne pas interrompre cette singulière enquête de Mulder et Scully par de sempiternelles et ennuyeuses digressions. Or Supernatural butte au contraire sur cette ornière, par les retours successifs à Jack et à son cortège incessant de pathos et de prostration scénaristique. Le parallèle avec l’ostracisme qu’a vécu Sam lors de la période du Sang de Démon sonne juste, mais reste très démonstratif. On remarque aussi que le grand trauma sur la mort cette fois bien réelle, c’est promis, de Castiel (la cinquième au compteur), lancé par les deux showrunners durant l’intersaison, aura duré en tout et pour tout trois épisodes, mais au moins la présence du Vide suscite une curiosité. L’opus retrouve fort heureusement des couleurs avec le retour émouvant de Missouri, avec un efficace effet rétroviseur, dès avant la saison 15. Même si abrégée par les séquences Jack (le recours à la lithomancie tombe à pic pour accélérer les événements), la Chasse du jour se suit également avec plaisir, grâce à un Wright sardonique à souhait. Visiblement les deux nouveaux showrunners ont décidé d’en revenir à des monstres étant des ordures intégrales, mais aussi de doper les scènes de bagarres, réellement fracassantes depuis le début de la saison et sans effets spéciaux. De la bonne castagne à la Walker Texas Ranger. Mais le grand atout de l’opus demeure bien entendu Patience, pour laquelle on éprouvera aisément un authentique coup de cœur. La très douée Clark Backo communique parfaitement son trouble face à son univers qui s’effondre, mais aussi sa résilience et so courage. Outre qu’elle permet de démontrer la dynamique qu’apporte l’association de Chasseurs et de Médiums (l’une des originalités du projet Wayward Sisters), Patience devient instantanément un personnage que l’on a envie de suivre. Le contraste avec les pleurnicheries de Jack, face à leur trouble existentiel, saute également aux yeux. On comprend que les auteurs n’aient pas eu envie de creuser ce parallèle-là. Anecdotes :
Résumé : Sam convainc Dean, toujours méfiant envers Jack, de l’accepter dans leur nouvelle affaire. Il s‘agit d’un Changeur de Formes tuant ses victimes après avoir revêtu l’aspect de proches disparus. Mais une de ses semblables utilise la même technique afin de donner la chance de pouvoir dire adieu aux décédés. Pendant ce temps. Castiel se confronter à l’Entité Cosmique régnant sur le Vide, et parvient à l’obliger à le renvoyer sur Terre. Critique : Retour aux classiques lors de ces retrouvailles avec les Changeurs de Formes, créatures comptant parmi les plus anciens adversaires de Sam et Dean. L’intrigue utilise efficacement leur pouvoir et leur ruse permettant de semer le trouble sur l’inusable formule de The Thing. Évidemment les auteurs succombent à la facilité usuelle les concernant, voulant que leur métamorphose soit longue et gorissime, ou au contraire quasi immédiate et magique, selon les besoins du scénario. Mais ce phénomène reste suffisamment limité pour ne pas trop déranger. On suit la Chasse du jour avec d’autant plus de plaisir que la présence de deux Changeurs de Formes résolument antagonistes s’en viennent brouiller les cartes. Comme toujours les scènes d’action s’avèrent réellement nerveuses cette saison et sans effets spéciaux (quasiment). Là encore la formule fonctionne. La séance de conciliation improvisée entre les Wincehster, via le Changeur de Formes positif (sans doute le clou de l’épisode), permet d’exprimer avec force le trauma de Dean face à la double perte de Mary et Castiel. On regrettera une nouvelle fois la touche pathétique et la surenchère de pathos qu’y apporte Jack. On comprend que les auteurs aient décidé de laisser le maximum d’espace à cette Chasse réussie, quitte à limiter les confrontations entre Castiel et l’Entité. Malgré le joli double numéro d’interprétation de Misha Collins, Castiel n’est que de passage et l’on sent bien que les mystères du Vide sont laissés pour plus tard (la saison 14 le confirmera). Son retour imminent va sans doute redonner son allant à Dean et, espérons-le, secouer son apathie désespérée, afin que la saison débute vraiment. Le statu quo actuel ne gagnerait rien à se prolonger. Anecdotes :
5. QUOI DE NEUF, DOCTEUR ? Résumé : Sam et Dean enquêtent sur un meurtre survenu dans asile psychiatrique désaffecté. Ils détruisent le fantôme d’un psychiatre fou, mais l’endroit demeure hanté. Dean procède à sa mort clinique pour pouvoir traquer les fantômes, mais Billie, la nouvelle Mort, intervient. Elle fait passer les âmes dans l’Au-delà et révèle à Dean toutes ses morts possibles à l’avenir. Mais elle estime que les Winchester doivent survivre pour fermer la faille dimensionnelle. Castiel rejoint les deux frères. Critique : Outre l’absence bienvenue de Jack, l’épisode a la bonne idée de nous offrir l’histoire la plus effrayante que l’on ait vu dans Supernatural depuis belle lurette. Ainsi la traditionnelle séquence horrifique d’avant générique se voit particulièrement allongée et exacerbée en mode Blairwitch. Le décor s’y prête à merveille, avec une nouvelle réussite des artistes de la série. Le fantôme du bon docteur s’avère également particulièrement tordu et amateur de trépanations, un vrai régal. Les masques participent également à cet aspect visuel particulièrement réussi. Le décès du jeune Shawn émeut particulièrement. Depuis les événements de la fin de saison dernière, cela faisait finalement pas mal de temps que l’on n’avait pas vus Sam et Dean simplement mener une affaire ensembles et cela fait plaisir de les retrouver ainsi, en duo. Le voyage de Dean au Royaume de la Mort demeure le grand moment de l’opus, avec une tension dramatique toujours renouvelée, même si c’est déjà la troisième fois qu’il pratique cet exercice depuis le début de la série. Instituer pleinement Billie comme la nouvelle incarnation de la Mort continue de développer l’univers de la série, même si, à force de la retrouver d’épisode en épisode, on l’avait déjà quelque peu assimilée à cette fonction à cette fonction. Sa Bibliothèque des morts à venir constitue un nouveau décor très évocateur, décidément l’aspect graphique reste une valeur sûre de la période. Jensen Ackles et la toujours parfaite Lisa Berry portent avec éloquence le dialogue autour du désir de mort de Dean. La saison 13 continue à planter son décor, en prenant son temps, mais avec un sens certain du détail. Beau moment d’émotion silencieuse, es retrouvailles avec Castiel achèvent ce mouvement et permet enfin de débloquer l’action principale. Anecdotes :
6. RÈGLEMENT DE COMPTE A OK CORRAL Résumé : Sam, Dean, Castiel et Jack se rendent à Dodge City pour enquêter sur de mystérieuses disparitions de cadavres survenant dans un cimetière. Dean est dans son élément dans cette ville de cow-boys. Ils triomphent d’une goule ayant revêtu la forme d’un célèbre hors la loi de Western et s’étant fiancée avec la tenancière des pompes funèbres situées à côté du cimetière. Mais durant l’affrontement Jack tue accidentellement un innocent. Effondré, il s’enfuit soudainement. Critique : Le retour de Castiel a l’heureuse fortune d’évaporer la sinistrose de Dean, qui menaçait de devenir ennuyeuse. La bonne humeur du gaillard est telle que l’épisode deviendra sans doute très populaire chez les amateurs du ship Destiel ! D’ailleurs les auteurs ne manquent de plaisanter là-dessus, avec les commentaires de Castiel à propos des réveils difficiles de Dean ou à les montrer arborant chapeau de cow-boy, quelque part entre les Village People et Brokeback Mountain. Misha Collins et Jensen Ackles s’amusent bien, nous aussi. L’autre source euphorisante de cet opus longtemps distrayant reste les retrouvailles entre Dean et l’ambiance Western dont il raffole. Sans aller jusqu’à un voyage dans le temps comme lors de Les Mystères de l’Ouest (6-18), Règlement de compte à OK Corral devient quasiment un épisode thématique, où rien ne manque. Personnages archétypaux, bande son aux petits oignons, références au cinéma ou au folklore, présence bienvenue de Natifs, affrontement effectivement très à la Ok Corral, inévitable chambre de motel au goût du jour… Supernatural fait feu de tout bois, avec allant et bonne humeur. On remarque au passage que Castiel et Dean se font passer pour des Texas Rangers. Pas Sam, mais ce n’est sans doute que partie remise ! Évidemment cela ne va pas sans sacrifier quelque peu la densité de l’intrigue, d’autant que la goule ne représente pas vraiment l’adversaire le plus redoutable affronté par les Winchester. Mais elle participe à la bonne ambiance avec une caricature des bandits de Western à peu près aussi joyeusement caricaturale que le fut naguère celle du Dracula des classiques d’Universal Studios. Malheureusement la fête se gâchée sur le tard par un nouveau malheur s’abattant sur le pauvre Jack, qui n’interrompt ses jérémiades que pour s’enfuir. Tout ceci se montre pachydermique au possible. Jack a beau être un jeune adulte, il est néanmoins en train de gagner sa place au sein de la longue série des ados têtes à claques des séries télé. Anecdotes :
7. FAUX JUMEAUX Résumé : Michel utilise la Grâce de Lucifer pour rouvrir le Portail, mais ce dernier s’échappe. Il se retrouve sur Terre, très affaibli. Il fait alliance avec Castiel pour retrouver Jack, lui assurant que son fils est le seul à pouvoir stopper Michael. Au bord de l’extinction, les Anges recherchent aussi Jack, car ils ont besoin de lui pour soutenir le Paradis. Asmodeus s’en même en capturant Castiel et Lucifer. Pendant ce temps Sam et Dean retrouvent Kesh ayant ressuscité grâce à Rowena. Critique : On espérait que le retour de Castiel permettrait enfin de débloquer une saison jusque-là enchâssée dans le pathos de Jack et la quasi-dépression de Dean. Faux Jumeaux répond idéalement à cette attente, par la succession effrénée de rebondissements et de scènes d’action dont il nous régale. C’est d’autant plus vrai que cette intrigue échevelée se voit mise en scène avec dynamisme par le toujours efficace Richard Speight Jr. De plus elle embrasse l’ensemble des nombreuses factions recherchant Jack. Cela se bouscule derrière le Néphilim, au point que l’on songe parfois à l’épisode Le Legs de Chapeau Melon. Mais l’histoire demeure structurée avec suffisamment de clarté pour que l’on suive parfaitement les péripéties, tout en découvrant les motivations de chacun. Ainsi chaque partie se voit-elle gratifiée d’au moins une scène particulièrement révélatrice, que cela soit pour la cruauté et la puissance d’un Michael alternatif encore plus sinistre que le nôtre, ou un Ketch toujours agréablement planté en agent secret du Fantastique, menant double, voire triple jeu. Dumah et la faction angélique ont du mal à nous émouvoir après ce que les Anges ont démontré lors des saisons précédentes, à quelques notables exceptions près. Mais après tout il faut bien que quelqu’un veille sur le Paradis. Dumah (Erica Serra, toujours fabuleuse) et ses deux amies manieuses de lames forment un trio féminin pour le moins redoutable, les Anges de Supernatural n’ont rien à envier à ceux de Charlie question baston ! Une nouvelle fois, on apprécie particulièrement Lucifer. Avoir les ailes rognées le force à se rabattre sur la ruse (il joue de Castiel comme d’une harpe) et l’humour vachard. Mark Pellegrino se délecte d’une situation qui n’est pas sans évoquer celle de Spike avec sa puce intégrée. Les amateurs de Sam et Dean pourront regretter de voir leur importance relativisée dans le flot des événements. Mais c’est la conséquence logique d’un échiquier désormais aussi élargi, ils ne peuvent tout simplement pas être partout. Asmodéus tire efficacement son épingle du jeu, mais l’on ne peut s’empêcher de regretter l’absence de Crowley au sein d’un tel enchevêtrement d’intrigues, on se serait certainement davantage amusé. Il s’avère très difficile de succéder à celui qui restera définitivement le seul vrai Roi de l’Enfer pour les fans. On peut aussi noter que le retour de Kevin, ou du moins de son alter ego du Monde de l’Apocalypse, relève d’un pur fan service. Michael aurait très bien pu prononcer le sortilège lui-même. Qu’importe, cette fois la saison 13 est sur les rails. Anecdotes :
8. LE CASSE DU SIÈCLE Résumé : Le Démon des Carrefours Barthamus propose à Sam et Dean de leur procurer un sortilège permettant de retrouver Jack. Toutefois il leur demande en échange de participer à un cambriolage chez Luther, collectionneur d’artefacts magiques. L’expédition réussit, même si Asmodeus a fait prévenir Luther. Mais les Winchester préfèrent finalement détruire le Démon des Carrefours et libérer ainsi une une jeune femme de son emprise, quitte à renoncer au sortilège. Critique : Après une introduction sans doute un tantinet trop longue et consacrée à quelques péripéties dispensables (un tiers de l’opus est déjà passé quand débute le cambriolage proprement dit), l’intrigue prend rapidement la forme clairement identifiable d’un film de casse agrémenté de Fantastique. Si l’alliance de ce type de récit avec la Science-fiction a pu donner de beaux fruits (Braquage temporel dans Doctor Who, notamment), il s’agit d’une longue tradition concernant la fantasy. Après tout Le Hobbit et son Cambrioleur c’était déjà un peu ça, ainsi que bon nombre d’aventures de Donjons et Dragons. Indiana Jones a également donné ses lettres de noblesse au genre à l’écran, et l’épisode collant assidûment à ce modèle, il en devient aussi distrayant que prévisible. Au moins joue-t-il franchement la carte de l’amusement, davantage que lors du similaire La Boîte de Werther (10-13), bien aidé en cela par l’absence de Jack, décidément meilleur en MacGuffin qu’en personnage. Les diverses rencontres et péripéties jouent clairement la carte de l’humour, sans pour autant que l’ensemble aile jusqu’à verser dans la parodie. On y retrouve pour le coup une touche très Supernatural, entre gags bien gore comme on aime et un Dean en roue libre, avec un Jensen Ackles tout à son affaire. Les résolutions de pièges résultent très malines et jouant à merveille des codes de la série :artefacts, pactes des Démons des Carrefours, passé de Dean en Enfer, etc. On regrettera simplement que la jeune cambrioleuse soumise à Barthamus s’avère une simple réplique de Charlie (d’autant que l’on ne peut s’empêcher de penser qu’elle aurait pu permettre d’astucieuses retrouvailles avec Bela Talbot). Mais l’épisode vaut également pour les deux antagonistes rivaux du jour, interprétés avec beaucoup de saveur de présence par les excellents Richard Brake et David Cubitt. Assez logiquement pour un Démon des Carrefours pur jus, on apprécie en particulier que Barthamus nous fasse retrouver des scènes à la Crowley, bien davantage que le bien plus impérieux que byzantin Asmodeus. Anecdotes :
9. LES MARCHE-RÊVES Résumé : Sam et Dean retrouvent Jack quand celui-ci prend contact avec Kaia, une jeune Medium amérindienne. Ses pouvoirs de Marche-rêves lui donnent accès à d’autres mondes et les Winchester espèrent rallier l’Univers de l’Apocalypse pour sauver Mary. Mais une intervention des Anges perturbe le rituel. Jack rejoint Mary, mais Sam et Dean sont projetés dans un univers préhistorique peuplé de monstres. Patience prévient Jody qu’un danger menace. Critique : The Bad Place souffre d’accumuler trop d’éléments disparates. Première partie d’un double épisode censé mettre en orbite la série dérivée Wayward Sisters, son rythme effréné lui vaut de survoler plusieurs sujets de manière frustrante, sans doute un troisième opus aurait-il été nécessaire à cet arc. Ainsi si l’on se réjouit de voir Supernatural enfin d’intéresser aux mythes amérindiens, très peu présents jusqu’ici dans son parcours, on aurait aimé en savoir plus sur les Marche-rêves, ici considérés avant tout d’un point de vue fonctionnel. Le personnage de Kaia (excellente Yadira Guevara-Prip) se voit trop rapidement dépeint et se plie trop facilement aux nécessités du scénario. Initialement une droguée à la dérive du fait de ses visions, elle se mue quasi immédiatement en alliée badass des Winchester et absorbe remarquablement bien une quantité record de révélations fracassantes en un minimum de temps. Les Anges hostiles demeurent à peine esquissés eux-aussi. En fait on perçoit de manière voyante les ficelles du scénario constituant le nouveau groupe à marche forcée. Mais l’opus trouve heureusement un second souffle grâce à son action échevelée lors de ‘affrontement dans le bateau échoué, un décor anxiogène à souhait même s’il résulte un tantinet moins efficacement mis en valeur lors de l’épisode Ghouli de la saison 11 des X-Files. On apprécie que l’intrigue prenne au moins le temps de dépeindre le choc que représente la révélation de la survie de Mary pour es deux fils. La férocité de Dean prêt à la violence pour forcer Kaia à ouvrir la Porte entre les Mondes afin de sauver sa mère se montre très éloquente. On aime que Supernatural ne fasse pas semblant quant à l’autre visage d’un Dean Winchester restant toujours un homme dangereux. La convergence des alliés du clan apporte un élan épique supplémentaire à la séquence finale, propulsant l’épisode comme l’in des carrefours de cette saison. Le cliffhanger se révèle fracassant à souhait, tout en permettant in fine à The Bad Place de remplir sa mission. Relégués dans la version locale de Jurassic Park, ce sont cette fois Sam et Dean qui ont besoin d’aide. Heureusement les copines sont là. Anecdotes :
10. COMPAGNES D'ARMES Résumé : Jody rallie Donna, Alex et Claire. Aidées par les visions de Patience, elles partent à la recherche de Sam et Dean, toujours exilés dans le Bad Place et menacés par une redoutable créature. Les Wayward Sisters retrouvent Kaia et font face à des monstres en provenance de la faille. Sam, et Dean sont sauvés par le groupe, mais Kaia est tuée par l’entité. Celle-ci parvient à s’introduire subrepticement dans notre monde, après avoir revêtu l’apparence de Kaia. Claire jure de venger Kaia, dont elle était devenue proche. Critique : L'épisode n'est pas sans défaut, notamment des effets spéciaux et des maquillages assez grossiers (Supernatural et son budget), ainsi que l'emploi trop visible de raccourcis scénaristiques afin de libérer du temps nécessaire à mise en place du groupe et des relations entre les nouvelles venues et les anciennes. Mais l’essentiel est que ce volet psychologique et émotionnel porte effectivement ses fruits. En effet à la fin de l'histoire on a une idée précise du caractère de chacune des protagonistes et du relationnel avec les autres, idem pour les pouvoirs et les compétences. Autant de temps gagné par ce pilote backdoor au profit de la série à venir…. Et finalement annulée. L'univers en lui-même est bien connu, puisqu'il s'agit très exactement de celui de la Chasse. Le récit aussi de ne pas perdre de temps là-dessus, d’autant que l’union entre Médiums et Chasseuses assure une certaine nouveauté vis-à-vis du Clan Winchester. On aime beaucoup ce groupe féminin très tonique et solidaire, mis en place au fil des saisons. L'intrigue est classique mais se suit sans déplaisir, d'autant qu'il demeure amusant de voir Sam et Dean tenir le rôle de Damsell in distress. Wayward Sisters est sans doute l'épisode de Supernatural où ils accomplissent le moins d'actions, mais c'est justifié car en définitive ils ne forment ici qu'un prétexte. Il est judicieux que l'action revienne rapidement sur notre Terre, Jurassic Park ou King Kong Island n'était pas du tout formatés à terme pour la série. Claire a contre elle de ne constituer jusqu'ici qu'un simple décalque littéral du Dean (contrairement à Jo Harvelle), mais l'épisode marque une inflexion de sa nature et de son rapport aux autres. Suivre le développement de cette évolution psychologique aurait pu devenir un intéressant fil rouge pour la nouvelle série. On apprécie la la chute finale, elle suscite à la fois une énigme et un Big Bad pour la nouvelle série (finalement Dark Kaia se joindra à la lutte contre Michael). Wayward Sisters se profilait comme une prometteuse série féministe exempte d’abus de Politiquement correct, revoir l’épisode aujourd’hui ravive beaucoup de regrets. Anecdotes :
11. L'AFFAIRE PAPILLON Résumé : Sam et Dean acceptent d’aider Donna quand sa nièce disparaît. La jeune femme a été victime du Butterfly, secrètement un agent du FBI associé à un Vampire. Il pratique des kidnappings depuis des années, vendant ses victimes à des monstres. Les Winchester et Donna parviennent à le vaincre et à libérer la nièce. Mais ils ont été aidés par le fiancé de Donna, également policier. Or celui-ci décide de rompre avec elle, terrorisé par sa découverte du monde de la Chasse. Critique : Cet épisode marque un vrai trou d’air après la mise en orbite si réussie des Wayward Sisters. Son seul authentique intérêt consiste à placer Donna dans une situation plus sombre et attristée qu’à l’ordinaire, quand sa bonne humeur naturelle évoque plutôt la Marge Gunderson de Fargo. On peut conjecturer que cette nouvelle facette du personnage était appelée à connaître un développement dans la série dérivée finalement annulée, mais le récit ne nous captive pas assez pour convaincre. Il est ainsi difficile de réellement s'émouvoir de la rupture entre Donna et son fiancé, car ce dernier n'avait pas du tout été installé au préalable, ni même jamais évoqué. Il n'entre dans la série que pour en sortir, avec une péripétie prévisible à des kilomètres. L'ensemble sent trop le procédé, d'autant que les facilités scénaristiques ne manquent pas. Par ailleurs le récit manque d’ambition ne dégageant pas grand-chose d’autre qu’une atmosphère glauque, rapidement rébarbative. L’opposition du jour ne suscitera guère d’étincelles non plus, elle atteint rapidement ses limites entre un simple humain et un Vampire, créature située au bas de l’échelle des forces des ténèbres dans le monde de Supernatural. Tenter de pimenter les débats en faisant de l’adversaire un agent du FBI n’apporte pas grand-chose, tant le Bureau est exogène à l’univers de la série. Les précédentes rencontres avec les Fédéraux n’ont guère troublé les Winchester, l’épisode n’apporte rien de neuf là-dessus. De plus le business du Butterfly n’a guère de sens en soi car inutilement compliqué alors qu’un monstre n’a qu’à traverser la rue pour trouver son prochain repas. Un épisode très dispensable, d’autant que l’on se languit désormais d’avoir des nouvelles de Castiel et Lucifer. Anecdotes :
12. LE GRIMOIRE NOIR Résumé : Deux jeunes sorcières, les sœurs Plum, jettent un sort d’amour sur Dean et s’emparent ainsi du Grimoire. Ressuscitée grâce à sa magie, Rowena intervient pour aider les Winchester à récupérer le livre (exit les Plum). Sam et Dean l’autorisent à l’utiliser pour qu’elle regagne ses pleins pouvoirs... Castiel et Lucifer s’associent pour échapper à Asmodeus, mais Castiel attaque ensuite Lucifer, toujours affaibli après que Michael l’ait privé de la majeure partie de sa Grâce. Critique : On a pu critiquer à bon droit le trop grande libéralité de Supernatural en matière de résurrections, mais force est de constater que cet épisode assur à Rowena un retour aux affaires particulièrement jouissif. La rousse Écossaise brûle de tous ses feux tout au long de ce récit peuplé de Sorcières cruelles s’adonnant à des mises à mort choc. Les sortilèges de Supernatural demeurent toujours autrement corsés que dans Charmed. En opposantes du jour, les Sœurs Plum assurent le spectacle avec leur mélange explosif d’entrain juvénile et de folie homicide. Non apparentées, leurs deux interprètes ont de plus été parfaitement choisies pour créer l’illusion d’une sororité. Devenue à la fois plus sympathique et considérablement plus puissante, Rowena retrouve pleinement sa place au cœur de la série, en tant qu’alliée éminemment particulière des Winchester. Sam et Dean ne sont pas négligés pour autant. Le pic émotionnel de lépisode survient quand, au flirt habituel de Rowena envers Sam, tous les deux se reconnaissent une m^me identité de victimes de Lucifer, dont ils ont vu, le vrai visage. Cette communion et épiphanie se montre très émouvante et achève de forger un pacte qui ne sera jamais remis en question par la suite. L’alliance est également scellée par le don de la page du Grimoire permettant à Rowena de pleinement se retrouver, uj autrement fort. Jensen Ackles saisit pleinement l’opportunité d’un nouveau numéro comique quand Dean est sous l’emprise du sortilège amoureux. Dans la meilleure tradition de la série, l’entreprise des Plum, prêtes à tout pour retrouver leur mère, trouve également un écho dans propre violence d’un Dean lui aussi en quête acharnée de la sienne. On s’amuse également beaucoup du duo éminemment dysfonctionnel formé par Lucifer et Castiel, une figure de style pour laquelle l’Ange du Jeudi se prête décidément à merveille après Dean ou Crowley. Anecdotes :
13. LONGUE VIE AU ROI Résumé : Castiel rejoint les Winchester et ils tentent de faire traduire la Tablette des Démons afin de trouver le sortilège ouvrant la porte de l’Univers de l’Apocalypse. Lucifer sympathise avec Anael, qui, sous le nom de sœur Jo, fait profession de guérisseuse. Les Anges se rallient à lui quand il leur jure pouvoir sauver le Paradis. Ketch s’allie avec les Winchester et trahit Asmodeus, qui s’avère détenir Gabriel, mais aussi une épée capable de tuer des Archanges. Critique : Après une parenthèse à des degrés divers dédiée à l’installation du prometteur spin-off Wayward Sisters et au retour de Rowena, Supernatural en revient enfin à son intrigue première avec Devil’s Bargain. Les événements et coups de théâtre s’y précipitent comme rarement depuis le début désormais lointain de la série. On a en fait l’impression que toutes les péripéties qui auraient dû survenir durant l’arc Jurassic World sont concentrées sur cet unique opus. Ce feu d’artifice ébranle l’ensemble de la cosmogonie de la série, avec un glissement d’alliances global à double, voire triple niveau. On se croirait dans une partie de Diplomacy particulièrement échevelée. Après tant de temps, la série demeure décidément vivante comme au premier jour et capable d’exciter les fans, entremêlant vieilles recettes toujours affûtées (énième artefact miraculeux jailli de nulle part, énième assourdissant retour d’un personnage perdu de vue depuis un paquet de saisons et prétendument mort) et pétillantes nouveautés Il en va ainsi de l’entrée en scène particulièrement réussie de Danneel Ackles en équivalent angélique des Démons des Carrefours. Elle entame un pétillant partenariat avec le Prince des Mensonges. L’univers de Supernatural se voit porté à son paroxysme avec une intrigue complexe mais à la narration parfaitement claire. Mais ce qui, en définitive, rend Devil’s Bargain aussi purement jouissif reste bien le show non stop de Lucifer. Le portagoniste le plus Rock’n Roll de cette série si Rock’n Roll, continue à distiller un humour toujours aussi irrévérencieux (la Bible traite en Fake News) et coups de poker brillantissimes, sans que cela n’empêche son véritable et abominable véritable visage de se faire jour. Mark Pellegrino s’avère une nouvelle fois inouï dans l’expression des diverses facettes d’un Lucifer connaissant sans-doute ici la plus retentissante de ses victoires. Anecdotes :
14. LES BONNES INTENTIONS Résumé : Corrompu par la tablette, Donatello s’en prend aux Winchester et à castiel, mais l’Ange n’hésite pas à briser son esprit afin de découvrir les ingrédients du sortilège la grâce d’un Archange, un fruit de l’Arbre de Vie le Sceau de Salomon et le sang de l’homme le plus saint. D’ans le Monde de l’Apocalypse, Jack et Mary s’enfuient, puis retrouvent Bobby. Ils sont attaqués par Zacharie, mais Jack le tue avant de décider de partir en guerre contre Michael. Critique : En faisant progresser l’intrigue principale d’un Supernatural décidément devenu très feuilletonnesque, Les bonnes intentions poursuit l’impulsion donnée par l’opus précédent, mais avec un succès moindre. La liste d’ingrédients à réunir afin de lancer le sortilège résulte agréablement poétique mais promet surtout un développement de saison hyper balisé, en forme de chasse au trésor. On renoue l’impression de déjà-vu qu’avait suscité l’apparition d’un autre artefact miraculeux, l’Épée de Gabriel, lors de Longue vie au roi. Les showrunners ne prennent pas de risques mais s’en tiennent à des ficelles usées. La rencontre avec Gog et Magog détonne également quelque peu, par son humour assez balourd. Tout le segment se déroulant sur Terre vaut en définitive surtout pour la scène choc voyant Castiel décérébrer Donatello, décidément, après Dean, la période actuelle n’hésite pas à noircir ses protagonistes ! Le versant du Monde de l’Apocalypse confirme malheureusement les craintes que cet univers-miroir puisse rapidement virer au fan service en multiplient les possibilités de retour de personnages. La série pratique depuis longtemps cet exercice, le plus souvent avec succès, mais ici ne se donne même plus la peine de justifier comment autant de figures connues des spectateurs peuvent se trouver concentrées sur un espace géographique finalement réduit. On aurait également davantage apprécié le retour de Zach si celui-ci avait été incarné par l’excellent Kurt Fuller et non par un nouvel acteur. Bobby fait évidemment davantage sensation, d 'autant que ce retour permet de découvrir les survivants humains de la catastrophe, ce qui lui fournit une justification. On apprécie la complicité établie avec naturel entre Mary et Jack, mais aussi que ce dernier se décide à réellement entrer dans l'action, sans pathos. On va peut-être en faire quelque chose. Anecdotes :
15. LE PLUS SAINT DES HOMMES Résumé : Les Winchester contactent le marché noir des reliques, afin d’acquérir du sang de saint, premier ingrédient du sortilège. Ils se retrouvent immergés dans une sombre affaire entre mafieux désirant mettre la main sur le crâne de Saint-Pierre, volé dans un monastère de Malte. Ils rencontrent également le père Lucca, venu du Vatican pour récupérer cette relique. Après qu’ils l’aient aidé à réussir sa quête, la saint homme accepte de donner un peu de son sang aux Winchester. Critique : Avec cet épisode débute l’inévitable quête des ingrédients du sortilège dimensionnel, d’autant plus un marronnier que la série avait procédé exactement de la sorte quand il s‘agissait de fermer les portes de l’Enfer. Sam et Dean ont leur liste de commission, tandis que Castiel part en Syrie pour débusquer un fruit de l’Arbre de Vie (toujours sur les bons plans, celui-là). Mais la saison va avoir la bonne idée de tout tenter pour apporter de l’originalité à cette voie si tracée à l’avance. Avec son action essentiellement située à Seattle et à San Francisco, l’opus reste ainsi l’un des rares de Supernatural à développer une ambiance urbaine. Loin d’être un simple prétexte, le père Lucca constitue une magnifique rencontre pour Sam et Dean, lumineuse et réconfortante au sein de cette période très ombre. Surtout, il s’inscrit dans la famille des épisodes thématiques, valeur sûre de Supernatural, le sujet du jour étant le Film noir, en particulier l’option détective privé, que l’on peut retrouver dans d’autres séries comme Mike Hammer ou Jessica Jones. Outre une très belle photographie, le travail de production s’avère digne d’éloges, entre superbes costumes évoquant les années 40 et 50, une musique particulièrement évocatrice (inévitable saxophone) et des décors à l’unisson, un ho^tel particulièrement classieux venant se substituer à l’habituel motel. L’humour est également de la partie, avec une joyeuse parodie de la complexité des intrigues du genre. On aurait néanmoins aimé que les gangsters soient plus inquiétants. Sans réelle opposition, l’épisode menace parfois de virer à l’exercice de style. Anecdotes :
16. SCOOBYNATURAL Résumé : Du fait d’un artefact magique, les Winchester sont précipités dans le dessin animé préféré de Dean, Scooby-Doo. Sam et Dean sont bientôt rejoints par Castiel, de retour de Syrie avec le fruit de l’Arbre de Vie. Ils sympathisent avec le Scooby Gang et s’efforcent de résoudre l’affaire du jour en leur compagnie, afin de pouvoir rentrer chez eux. Les choses se compliquent quand se manifeste un effroyable fantôme en provenance lui aussi de l’univers de Supernatural. Critique : Irrésistible et absolu succès que Scoobynatural, épisode renouant avec la meilleure tradition des épisodes massivement barrés de Supernatural. La forme désormais très feuilletonnante de la série avait conduit à les raréfier ces dernières saisons (mais a-t-on vraiment besoin d’épisodes décalés quand on dispose de ce Lucifer ?), mais c’est un retour grand train. Évidemment on songe beaucoup au TVland de Changing Channels et l’épisode a d’ailleurs l’habilité de référencer explicitement le regretté Trickster. Mais dans sa 13e saison et lors de son 280e épisode, Supernatural parvient décidément encore à se renouveler car en fait la problématique s’avère ici exactement opposée. Là où Sam et Dean devaient jouer les rôles impartis pour passer d’un programme à l’autre, ici ils doivent au contraire parvenir à s’affirmer pour sauver la journée. Et ce n’est pas si facile, car la grande idée de Scoobynatural, au-delà de dessins et d’animation de grande qualité et de nombre de gags hilarants, consiste à faire s’opposer deux univers absolument opposés dans leur approche du Fantastique horrifique. ScoobyLand doit faire face à l’arrivée de l’épouvante Supernatural mais est bien décidé à ne rien changer à sa bible. Le Scoobygang s’entête à reproduire ses rituels (les pièges absurdes en guise de seule enquête, négation du surnaturel, les courses poursuites, etc.) et les Bros s’acharnent à imposer cette notion étrange qu’est la « réalité ». Ce méta récit s’agrémente d’effets secondaires astucieux, comme les scènes les plus gores vues à travers le prisme du dessin animé ou le gag récurrent des bides du Dean cherchant à (censuré) la Daphné au sein d’un univers où le sexe n’existe simplement pas. Bon courage au Dino s’il devait un jour se retrouver à bord du TARDIS. Castiel n’a pas été amusé. Le récit sait aussi jouer des diverses perceptions de nos héros, entre un Dean geek total de Scooby, Sam amateur plus modéré et cas en néophyte absolu, stupéfait devant un chien qui parle. Si la problématique de Supernatural finit logiquement par s’imposer quand les Bros se décident à renverser la table, ScoobyLand n’est jamais moqué, bien au contraire. Au terme de l’affaire la perturbation qu’il subit n’est d’ailleurs que temporaire, comme des ronds sur l’eau. De plus l’épisode s’offre l’élégance d’une conclusion voyant le rituel final de Scooby brusquement émerger dans la réalité de Supernatural (And I would have gotten away with it, too, if it weren't for you meddling kids !), un bel hommage. Un magnifique épisode, audacieux et hilarant, techniquement irréprochable et qui, mine de rien, interpelle le spectateur sur la notion de Réel. Maintenant, avant que Supernatural ne s’achève (un jour ou l’autre), il faut absolument que l’Impala aille faire un tour à Sunnydale, les auteurs n’ont simplement plus le choix. Anecdotes :
17. LE SCEAU DE SALOMON Résumé : Sam et Dean recherchent le Sceau de Salomon, dans le bunker des Hommes de Lettres de Portsmouth. Les descendants des Hommes de lettres leur offrent l’artefact, après qu’ils soient parvenus à expulser dans son univers d’origine l’entité maléfique Yokoth, enfermée dans l’édifice depuis 1925. Ketch leur amène Gabriel et son épée. Le sortilège peut être prononcé, Dean et ketch pénètrent dans le Monde de l’Apocalypse pour enfin sauver Jack et Mary. Critique : La saison continue à enrichir sa chasse au trésor, ou aux ingrédients de sortilège, par des aventures à thème. Après le Film Noir des années 40 et 50, nous abordons ici les années 20 et H. P. Lovecraft. Après avoir exploré tant d’inspirations de la culture populaire américaine, que la série en vienne au Maître de Providence à l’occasion d’un récit tournant autour d’une indicible abomination en provenance d’une autre dimension résulte aussi logique que judicieux. La production déploie son savoir-faire en matière de décors et costumes, mais aussi en références, tout au long d’un épisode riche en rebondissements spectaculaires. Le twist ironique quant à la propension des deux frères à jouer les chevaliers blancs auprès de damoiselles en détresse pimente le tout d’une belle ironie, tandis que la découverte d’une nouvelle société secrète nous confirme que l’univers de Supernatural n’a pas épuisé toutes ses potentialités. Le budget semble toutefois largement écorné par l’efficace effet spécial des tentacules jaillissant de la faille dimensionnelle, effectivement spectaculaire même si Angel y avait déjà songé (L'Ombre des génies, 4-05). Du coup il est manifeste que, pour constituer la retraite des Hommes de Lettres à Portmouth, les décorateurs se sont contentés de recycler divers éléments du Bunker des Winchester, une recette typique des Telenovelas sud-américaines fauchées. Le fait fait que Sam et Dean puissent servi de vaisseau à des entités a également été déjà largement exploité par le passé ; On reste également confondu par la facilité avec laquelle Ketch soustrait Gabriel et son épée à Asmodeus ! Au moins la saison aura-t-elle rondement mené à bien cette quête-ci, sans délayer et avec des opus somme toute plaisants. Anecdotes :
18. LES SOUFFRANCES DE GABRIEL Résumé : Dean et Ketch libèrent la Charlie du Monde de l’Apocalypse, qui leur révèle que Jack et Mary ont rallié la résistance contre Michael. La faille allant se refermer, Dean regagne notre monde, Ketch restant préparer son retour. Asmodeus attaque le Bunker pour récupérer Gabriel, mais celui-ci s’est remis sur pieds grâce à Sam et Castiel et il tue son bourreau. Il disparaît au lieu d’aider les Winchester contre Michael. Lucifer n’arrive à rien au Paradis et se brouille avec Sister Jo. Critique : Évidemment l’apparition de la Charlie alternative accrît encore l’impression d’artificialité et de fan service ressentie devant ces multiples rencontres avec des personnes connues de Winchester survenant dans un secteur géographiquement restreint (quelques journées de marche, tout au plus), sans qu’aucune explication factuelle n’en soit donnée. A sa manière, Supernatural invente l’anti-syndrome Chuck Cunningham globalisé, cette propension à faire sans raison disparaître des personnages. Pour autant l’on n’a pas le cœur à s’en plaindre : cela fait réellement plaisir de retrouver la toujours épatante Felicia Day et les auteurs évitent la facilité de la rendre par trop semblable à l’originale. Tout son côté Geek et Pop Culture est ainsi absent, logiquement au sein du monde de l’Apocalypse. Et puis avons que Supernatural devait bien ça à Charlie. Dean et Ketch constituent un de ces duos hétéroclites si appréciés de la séie. On s’amuse bien, d’autant que Ketch pour le coup n’a pas perdu sa British touch. L’opus voit également le retour plein et entier de Gabriel, enfin sorti de sa prostration, après plusieurs scènes émouvantes (grande prestation de Richard Speight Jr.). On se réjouit bien entendu de retrouver le pétillent et férocement ironique Trickster, même temporairement. On comprend que son départ soudain est bien pratique pour repousser de quelques épisodes la confrontation avec Michael, mais après tout agir ainsi à toujours été son style. La série reste cohérente avec elle-même. Trop vite disparu, Asmodeus n’aura jamais eu vraiment sa chance de réellement succéder à Crowley, mais il est vrai que c’était mission impossible. Toute la séquence de Lucifer au Paradis s’avère délicieusement tragi-comique. On rit beaucoup de l’échec de ses tentatives de singer Dieu, mais il s’agit pour lui d’une défaite cruellement intime : aussi haut montera-t-il, il ne sera jamais son Père. On reste impatient de voir venir jouer les perturbateurs. La saison 13 sait décidément agrémenter sa forme feuilletonnesque d’épisodes denses, ce qui ne sera pas toujours le cas par la suite. Anecdotes :
Résumé : Castiel a la surprise de découvrir Naomi au Paradis. Elle a survécu à Métatron mais a eu besoin de temps pour guérir de ses blessures. Elle lui révèle qu’il ne reste plus qu’une poignée d’Anges encore vivants. Les Winchester convainquent Rowena d’arrêter de tuer des Faucheurs pour forcer Billie à ressusciter Crowley. Leur alliance est renforcée même après que Billie ait prophétisé que Rowena mourra de la main de Sam. Critique : Si l’épisode résulte avant tout utilitaire, plantant le décor de l’arc final de la saison (avec Rowena, sans les Anges), il parvient à accompagner ces informations d’une vraie sensibilité funèbre, grâce à ses excellentes actrices. On est ravi du retour d’Amanda Tapping, quitte à fermer ler yeux sur le fait que Naomi était bien entendu morte et non blessée. La solennité empreinte de dignité qu’apporte Naomi à l’aveu de la dramatique faiblesse du Paradis est émotionnellement très forte. Les Anges renoncent à chercher Jack et scellent le Paradis, ce qui permet aux auteurs de ne pas se disperser clairement mettre le focus sur le combat à venir contre le Michael alternatif. Au passage on apprend que Lucifer a quitté le Paradis une fois découverte son imposture, lui est donc parfaitement disponible pour la virée à venir dans le Monde de l’Apocalypse, on s’en réjouit d’avance. Rowena est une nouvelle fois au centre de l’épisode, avec une Ruth Connell toujours éblouissante. Elle fait parfaitement la détresse de Rowena face à la mort de son fils, au-delà de leur affrontement passé. Au passage l’opus indique clairement aux fans que le Roi de l’Enfer ne reviendra pas ! On apprécie que Rowena ne soit pas non plus devenue lénifiante lors de son alliance avec les Winchester et qu’elle conserve suffisamment de cruauté pour maintenir sa spécificité au sein de la série. La confrontation avec Billie apporte un vrai pic émotionnel à l’opus, y compris avec l’annonce glaçante faite par la Mort. Le familier de la sorcière se montre très amusant et l’on regrette que le finalement sympathique Bernard se voit aussi rapidement occis par Dean, mais il faut bien que la nature s’exprime. Anecdotes :
20. LE PANTHÉON NORDIQUE Résumé : Michael se prépare à envahir notre monde et provoque un attentat suicide en sacrifiant Kevin. Jack et Mary sont indemnes ; mais Jack se désespère. Pendant ce temps, Gabriel mène une vendetta contre Lokiet ses fils, les dieux païens nordiques l’ayant naguère vendu à Asmodeus, alors qu’il menait la belle vie sur la Riviera. Blessé et affaibli, il triomphe néanmoins avec l’aide de Castiel, Sam et Dean. Il décide dès lors de les aider dans leur combat. Critique : L’épisode comporte des défauts l’empêchant d’être la fête que l’on espérait à propos du retour de Gabriel. Le personnage demeure évidemment très amusant, mais l’on attendait davantage du retour du Trickster, cet irrésistible personnage ayant marqué de manière indélébile la mémoire des fans en à peine une poignée d’épisodes décalés, comptant il est vrai parmi ce que Supernatural nous a proposé de meilleur, toutes saisons confondues. Première déconvenue, il s’agit d’un épisode somme tout banal, tout à fait dans l’esprit de la saison et non d’un délire bon teint. Le Trickter s’est normalisé en devenant pleinement Gabriel et il subit la perte d’aura et de mystère subi par les autres Archanges au fil du temps. Par ailleurs, tout en restant plaisant, l’aspect pastiche de Tarantino avait déjà été tenté, en mieux, par Richard Speight Jr., lors de La Lance de Michel (12-12). Il faut dire qu’en tant que metteur en scène il commet la fréquente erreur de centrer l’épisode sur son personnage. Il dédie beaucoup d’efforts à se filmer lui-même et un certain narcissisme se ressent jusqu’à en devenir contre-productif. Même si quelques amusantes références au Panthéon nordiques sont insérées (on ne fera jamais mieux que Xena et Gaby au pays des blondes Walkyries), les trop nombreux dieux païens n’ont pas assez d’espace pour être autre chose que des silhouettes. Au lieu de ce morne défilé de brutes, avec un prime psychopathe pour Loki, le Trickster nous aurait jadis gratifié d’une parodie pas piquée des vers du Thor de Marvel et de ses copains, mais ces temps sont bien révolus. On reconnaîtra à l’opus de combler le besoin d’informations que ressentaient les fans à propos du hiatus de Gabriel (et avec les Pornstars promises depuis belle lurette), et de parvenir à faire vivre le Monde de l’Apocalypse sans les protagonistes du show. Évidemment Jack retombe dans ses jérémiades, mais on commence à en prendre notre parti (ou pas). Au moins tout est-il réuni pour que débute l’arc final. Anecdotes :
21. LA FAILLE Résumé : La Grâce de Gabriel étant trop faible pour déclencher le sortilège, le groupe capture Lucifer et le saigne pour ouvrir la faille. Toutefois Lucifer échappe à la garde de Rowena et pénètre à son tour dans le Monde de l’Apocalypse. Les Winchester sont agressés par de puissant Vampires et Sam et tué.Lucifer arrive sur les lieux et ressuscite Sam. Il demande à intégrer le groupe pour renouer avec Jack arguant que Sam et Dean auront besoin de lui contre Michael. Sam accepte. Critique : L’épisode remplit à merveille sa fonction première : pleinement nous propulser dans l’acte final de la saison. Ultime électron libre, Lucifer est intégré au groupe hétéroclite s’élançant dans le Monde de l’Apocalypse et les frères Winchester retrouvent enfin Jack et Mary. La balade s’avère riche en péripéties, à travers ce Monde de l’Apocalypse gagnant décidément en intérêt dès lors qu’il ne se résume pas à une opportunité de retour de personnages.La bonne idée des monstres ayant gagné en puissance depuis la catastrophe accentue son côté post-apo. bien qu’il s’agisse de la septième itération depuis le début de la série, la mort, très rapidement annulée, de Sam suscite également une vraie sensation, car la résurrection est cette fois l’œuvre du Diable en personne. Lucifer atteint ici le summum de son enthousiasment rôle d’Homme-mystère, d’élément chaotique venant rompre la prévisibilité du choc entre les deux camps d’essence loyale que sont le Clan Winchester et l’armée de Michael. Qu’en est-il de ses sentiments envers Jack, quel est son véritable but dans tout ceci. La saison sait garder cet atout en réserve, d’autant plus jouissive ment que le, Prince des Mensonges est ici à son affaire, en plus grand spécialiste es coups tordus de Supernatural depuis le départ de Crowley. Pellegrino et Speight Jr. Se (re)trouvent immédiatement et les échanges de piques entre les deux frères ailés fait crépiter l’épisode d’une tension remontant à la légère différence de point de vue exprimée dans le Panthéon. En alignant deux Archanges, l’opus a de quoi rugir. De quoi regretter la très faible présence de Michael tout au long d’une saison dont il compose tout de même le Big Bad. Mais il est vrai qu’être l’Archange du Premier Rayon et le Capitaine de la Milice Céleste (et accessoirement le saint patron de la France) suffit à poser unn personnage. Et pourtant ce que l’on retient surtout de cet opus hors normes est sa première partie, encore située dans notre monde, où cette fois les auteurs de Supernatural ont complètement craqué. Ou alors on a fait venir les saladiers disponibles depuis la conclusion de Californication, on ne sait pas. La Faille y devient temporairement l’un des épisodes les plus hilarants de la série... et l’un des plus sexuels. Certes on avait déjà eu le Pizza Man, les conquêts de Dean (dont Anna) ou encore l’épopée de Dean et Castiel au lupanar. Mais ici, c’est Byzance, entre Castiel qui compare l’extraction de Grâce à de la masturbation avant de se plonger dans la lecture d’un ouvrage dédié à l’art de la pipe (l’objet, hein, mais on a bien compris). Ou encore Rowena et Gabriel se précipitant pour forniquer, avant que, interrompu, l’Archange dissimule à grand peine la manifestation physique de son désir inassouvi. Vaguement hagard, on réalise que l’on parle tout de même de l’Archange de la Visitation,vant de vite replonger dans le délire ambiant ,tant on a plaisir à retrouver le Trickster de la Casa Erotica. Tous les personnages (hormis Sam et Dean, parfaits en témoins effondrés), sont en roue libre, y compris Lucifer en train de se saouler consciencieusement dans un troquet de seconde zone, en ressassant son rapport au Père, tout en écoutant le Folk dépressif du parfaitement choisi Cat's in the Cradle. Tout un poème, qui permet en outre de quelque peu justifier la facilité de sa capture. Son duo antagoniste avec Rowena fait aussi feu de tout bois. Beat the Devil, un épisode au plaisir de Supernatural, de ses personnages inoubliables et de la complicité fusionnelle de ses interprètes. Anecdotes :
Résumé : Tandis que Jack se rapproche de Lucifer, Jack et Dean décident d’évacuer tout le groupe de Mary à travers la Faille. Ketch et Charlie sont capturés et torturés par le Castiel alternatif. Ils sont sauvés par Jack et Castiel, qui tue son alter ego. Le groupe franchit la Faille, que Rowena est parvenue à maintenir ouverte. Michael survient, tue Gabriel et vainc Lucifer, laissé par Sam et Dean dans le Monde de l’Apocalypse. Lucifer propose à Michael de l’aider çn rouvrir la Faille. Critique : Le scénario de l’épisode se montre certes très simple et linéaire, tenant tout entier dans son titre. Le rcit nous raconte effectivement de bout en bout un exode, aussi bien sous l’acception usuelle que biblique (Gabriel tenant le rôle de Moïse ne voyant pas la Terre promise). Mais dans ce Road movie particulier et dramatique, le récit va parvenir à insérer de grands moments d’émotion. Celle du groupe, d’abord, qui nous fait ressentir le drame tristement réel des réfugiés, ce qui n’est pas anodin ç l’époque Trump. La fête finale reste un grand moment de liesse communicative, comme la série en aura finalement peu connu dans son parcours. Dans ce cadre plusieurs personnages subissent de fortes épreuves les amenant à puiser dans leur courage, avec une grande force dramatique, comme Charlie, Bobby, Gabriel ou même Rowena s’acharnant à maintenir la Faille ouverte envers et contre tout. La présence du Castiel alternatif nous écarte quelqu peu de ce canevas et distrait inutilement l’attention, sans que cela nuise gravement à l’opus. L’autre grand exploit de l’épisode demeure la conviction avec laquelle il s’emploie à rendre envisageable la possibilité d’une rédemption de Lucifer par un amour paternel envers Jack. Le talent de Mark Pellegrino participe bien entendu puissamment à ce mouvement, qui sait s’agrémenter de suffisamment d’humour pour ne pas sombrer dans le mélo (les réactions dubitatives des témoins valent le coup d’œil). On y croirait presque, mais les amateurs de la série se demanderont eux-aussi où est l’embrouille. On regrettera toutefois l’immédiateté avec laquelle Jack tombe dans le panneau, de manière assez contradictoire avec ce qu’il a montré et connu de son père jusqu’ici. Face à ces nombreux personnages mis en avant les Frères Winchester apparaissent relativement mis en retrait. Quelques moments forts sont à néanmoins à leur actif, comme Sam bloquant Lucifer dans le Monde de l’Enfer, une belle revanche face à son bourreau de toujours. Anecdotes :
23. L'ÉPÉE DE ST. MICHEL Résumé : Lucifer et Michael pénètrent dans notre monde. Michael attaque le Bunker, tandis que Lucifer tente de convaincre Jack de se rallier à lui. Jack rejette son père, dont il a perçu la vraie nature et combat Michael. Lucifer vole la Grâce de Jack, la seule chose qui l’intéressait vraiment, et devient surpuissant. Dean accepte de se laisser temporairement posséder par Michael et parvient ainsi à tuer Lucifer avec l’Épée des Archanges. Mais Michael refuse de le libérer et disparaît. Critique : D’un point de vue clinique L'Épée de St. Michel remplit très largement ses devoirs de final de saison. Il se montre volontiers spectaculaire, entre péripéties et rebondissements menés tambour battant, avec comme points saillants les fracassants combats menés contre Michael et Lucifer. Alors que l’on a ressenti à plusieurs reprises au cours de cette saison que le budget de Supernatural, déjà chiche, connaissait désormais une décrue devenant réellement handicapante par moments, l’opus sait s’offrir des effets spectaculaires supérieurs à l’ordinaire de la s sé rie, lors de la mort de Lucifer, ou de la révélation de Michael possédant désormais Dean. De fait on se trouve réellement face à un épisode de rupture, achevant l’arc de Monde de L’Apocalypse, en déplaçant le conflit dans le nôtre. La chute de Lucifer, jusqu’ici le survivant absolu de Supernatural, clôt évidemment un grand chapitre, tout en semblant parfaitement logique. Après toute la victoire d’un Michael disposant enfin de son Vaisseau idéal avait été prophétisée depuis la saison 5. Et pourtant ce beau panorama révèle quelques lézardes quand on y regarde de plus près. Un grand enjeu de cette saison 5 avait consisté a empêché la destruction d’une bonne partie de notre monde, or ici l’Evènement survient mais totalement dépourvu de son caractère catastrophique ; quoique plus spectaculaire qu’à l’accoutumée, la mort de Lucifer demeure en définitive celle d’un Ange, sans explication donnée, idem pour le combat proprement dit. De plus il s’agit d’un énième recours à un artefact miraculeux, tout ceci manque quelque peu de dimension. La question de l’effondrement prochain du Paradis se voit également passée sous silence, apparemment plus personne ne s’en soucie. Par ailleurs, ce qu’annonce l’épisode pour la saison 14 de convainc guère. Au total celle-ci devra faire sans Crowley ni Lucifer, mais avec un Jack toujours égal à lui-même et un Michael n’étant que terne brutalité, pas sûr que l’on y gagne au change. C’est d’autant plus vrai que Jensen Ackles ne semble pas à son aise avec ce personnage glacial et renfrogné, lui qui privilégie toujours l’expressivité. Anecdotes :
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Saison 14 1. L'ÉTRANGER Résumé : Quelques semaines après avoir possédé Dean, Michael étend sa domination sur les monstres de notre monde. Sam a pris la direction des survivants du Monde de l’Apocalypse, devenus des Chasseurs. Privé de ses pouvoirs, Jack est formé à la Chasse par Bobby. L’Ange Anael alerte Sam à propos de l’armée que rassemble Michael. Castiel tue le Démon Kip, qui ambitionnait de devenir le nouveau Roi de l’Enfer et en fait un exemple pour que le trône demeure inoccupé. Critique : Si l’épisode a le mérite d’installer une nouvelle atmosphère à cette saison qui débute après avoir définitivement laissé de côté le Monde de l’Apocalypse, rien de ce qui est montré ne nous convainc de l’intérêt du décor ainsi planté. L’absence de Dean se fait terriblement ressentir, alors que Michael ne dégage à peu près rien. Il ne fait que réitérer mécaniquement son plan du Monde de l’Apocalypse : réunir une armée autour de lui. Comme il n’y a quasiment plus d’Anges ici (on se demande bien pourquoi il laisse Anael prévenir Sam), il se rabat sur les Monstres, voilà toute l’affaire ; Il est toujours réducteur qu’un Big Bad se révèle incapable de faire évoluer son plan initial, on ressent d’autant plus cela que Lucifer était un champion en la matière, en opportuniste total et narquois. Perpétuellement figé, Michael, lui, n’instille aucun humour, d’autant plus qu’il se confirme que Jensen Ackles, si excellent dans l’expressivité, que cela soit dans la comédie, la tragédie ou l’action, n’est pas à son aise dans un rôle aussi froid et inerte. Jared Padalecki se montre plus à son aise dans l’incarnation d’un Sam tourmenté, mais bien décidé à se substituer à son aîné pour que la Chasse perdure (on ira jusqu’à pardonner l’afféterie de sa barbe). Mais il ne peut pas grand-chose face à l’accentuation du marasme, quand le pathos autour de Jack ne fait que s’accentuer (oui, encore). Nick est également là pour en rajouter une cauche dans ce domaine et pour aviver la nostalgie de Lucifer. Certes un poids plume face à Crowley ou même Asmodeus, Le seul personnage un brin amusant reste Kip, un nom qui évoquera de plus un autre Démon aux mateurs d’Angel. Bien entendu on se dépêche de l’expédier, pour bien confirmer le cap vers l’ennui impulsé par ce début de saison. L’opus confirme que Supernatural ne peut se passer du duo fraternel, mais cela fait désormais plus d’une décennie que l’on est au courant. Anecdotes :
2. COMPLÈTEMENT MARTEAU ! Résumé : En pleine déprime, Jack rend visite incognito à ses grand-parents, afin d’en apprendre plus sur sa mère. Ancien Vaisseau de Lucifer, Nick manifeste des troubles de la personnalité, ayant été imprégné par le Diable et part en quête des assassins de sa famille. Michael accroît les pouvoirs de ses monstres en les abreuvant d’une potion à base de Grâce angélique. Soudain Dean réapparaît, libéré inexplicablement de l’Archange et amnésique. Critique : Autant on les avait suivis le plus souvent avec plaisir durant la précédente saison, autant pour la présente on se perd réellement en conjectures à propos de ce que les deux showrunners ont en tête. Au lieu de s’organiser fils rouges porteurs pour la période qui débute, le récit semble très éclaté, avec des thèmes peu porteurs (le spleen de jack, les pulsions homicides de Nick, le plan de Mickael connaissant un trou d’air inexpliqué…). Aucune synergie ni perspective n’est installée, il s’agit simplement d’une atomisation de la narration. Le panorama devient encore plus désolant quand on le considère en détail. On pensait avoir tout vu en matière de misérabilisme autour de Jack, mais la visite familiale explose tous les records. On ne se souvient pas d’avoir jamais vu Supernatural aussi ennuyeux et larmoyant. La présence de Mark Pellegrino, impeccable dans son évocation de la violence s’emparant inexorablement de Nick, apporte de l’intérêt au personnage. Mais l’on sent bien que Nick ne sera jamais un nouveau Lucifer. Le pire demeure sans doute une nouvelle fois Michael, tant son idée de doper des monstres avec de la Grâce angélique nous laisse sceptiques et s’assimile à de l’exploitation jusqu’au-boutiste de l’univers de la série. Le jeu de Jensen Ackles compose peut-être uns serial killer potable, mais l’on ne ressent jamais la présence d’un Archange, même dévoyé. Le retour Dean, absolument pas, préparé, ressemble à un lapin tiré du chapeau, reformant le duo fraternel sans se soucier d’une explication remise simplement à plus tard. Tout reste trop flou pour que l’on ressent réellement une énigme à résoudre ou une menace à parer. Au moins Sam et Dean sont-ils réunis, de quoi espérer que la saison puisse réellement démarrer, ne serait-ce que par ses épisodes isolés, tant son fil rouge se voit compromis. A côté d’un Sam bien plus aux abonnés absents que lors du pilote de saison, Mary et Bobby sont les seuls à véritablement tirer leur épingle du jeu, mais ils ne peuvent contrecarrer à eux-seuls l’impression d’un démarrage de saison raté comme jamais Supernatural en aura connu jusqu’ici... Anecdotes :
Résumé : En explorant la mémoire de Dean, Castiel voit que Michael a combattu l’être en provenance du Monde préhistorique et que celui-ci lui a infligé avec sa lance la marque portée par Dean à son bras. Les Winchester remontent la piste avec l’aide de Jody, L’entité est capturée et s’avère être le double de Kaia. Elle sauve Sam et Dean d’une attaque de Vampires renforcés, puis disparaît. Jack parvient à mener à bien une Chasse, mais dissimule à Castiel que désormais il tousse du sang. Critique : The Scar se perçoit avant tout comme l’implacable constat d’un échec. Après s’être gargarisé durant l’intersaison à propos des nouveautés qu’il allait apporter au programme, le duo de showrunners tire ici prestement les conséquences de l’évident échec de leur tentative. Dean est rapidement ressorti du placard, remettant à plus tard le soin de justifier l’explication du retour et revoilà les Winchester repartant tracer la route à bord de l’Impala. Évidemment retrouver le schéma classique de la série, ainsi que son duo incontournable, signifie une amélioration vis-à-vis de la bouillie précédente, mais on renonce pour le coup à toute nouveauté pour le coup, le retour de balancier s’avère particulièrement marqué. Significativement la blessure de la lance s’ajoute aux précédents stigmates de Dean, que cela soit la main de Castiel naguère, ou, plus récemment, la marque de Caïn. On empile. Supernatural semble condamné à se répéter, et l’on ne saurait exclure que la décision de non-reconduction ne trouve ici son origine. L’impression de redite se ressent d’autant plus fortement que Robert Berens choisit cet épisode pour renouer le fil défait des Wayward Girls. Yadira Guevara-Prip manifeste toujours une belle présence mais la réduction à cet épisode de ce qui devait constituer le fil rouge d’une saison ne pas sans perte de subtilité. Tout va trop vite et les vampires de la série, même renforcés, ne font guère palpiter. On sent bien que c’est la lance qui intéresse davantage les auteurs plutôt que Bad Kaia. Pour le reste, si la saison est enfin remise en selle, elle reste un grand chantier, avec Nick aux abonnés absents, un Michael en goguette et un Jack continuant à accumuler le pathos de manière toujours plus désespérante. Le voici maintenant devenu une nouvelle Dame aux Camélias, on croit rêver. Empêtrée dans ses problèmes d’écriture, la saison ne nous a pas encore délivré un seul épisode stimulant, il est grand temps d’y parvenir. Anecdotes :
4. L'HOMME À LA HACHE Résumé : Durant Halloween, les Winchester partent en chasse dans l’Ohio, où le tueur d’un Slaher Movie culte,All Saints' Day, a apparemment pris vie et commet une série de meurtres inspirés du genre. ils ont en réalité affaire à l’esprit vengeur du propriétaire d’une boutique de DVD et Comics très remonté contre Halloween. Heureusement Dean est un grand fan du film et connaît son déroulement par cœur. Mais le fantôme est-il réellement vaincu ? Critique : Avec Mint Condition (diffusé le 01 novembre 2018), Supernatural a cette saison pleinement joué le jeu de l’épisode Halloween. On apprécie d’autant plus l’opus que son humour tombe à point nommé, la série ayant coché toutes les mauvaises cases comme jamais depuis sa reprise. Dans ce qui restera comme sa période la plus faible, Supernatural est devenu un feuilleton ennuyeux à base de jérémiades diverses et variées et d’un Big Bad raté, d’ailleurs déjà. Même la connexion avec les Wayward Sisters n’avait guère produit d’étincelles. Heureusement que le maintien de l’ami Pellegrino au sein de la distribution laisse espérer un retour de Lucifer, car SPN a désespérément besoin de pétillement. Et c’est précisément ce qu’apporte The Mint Condition, épisode thématique rendant hommage au Slasher Movies de la grande époque (Elm Street, Massacre à la tronçonneuse, Vendredi 13, etc.) sur le modèle de Film d’épouvante (4-05) pour les classiques de la Universal. La réussite de ce dernier du point de vue de la mise en scène n’est pas tout à fait égalé, car cette fois ce ne sont pas les Bros qui entrent dans le film (en quelque sorte), mais la créature qui vient à eux. L’exercice formel apparaît ainsi minoré, mais les quelques extraits d’un savoureux mélange entre Freddy et Jason valent réellement le coup d’œil : le côté 80’s et les figures obligées du genre sont reconstitués avec beaucoup de saveur et d’à-propos. L’affaire gravitant autour d’une boutique de Comics tenu par des Nerds assez irrésistibles, l’humour référencé coule à flots (un peu comme l’hémoglobine). On remarque au passage que les marques explicites s’avèrent particulièrement nombreuses concernant DC Comics, bien au-delà de ce que cette série traditionnellement fauchée au blé peut s’offrir. Merci Berlanti et The CW ! L’ensemble revêt une saveur à la Scream assez jouissive, d’autant que le Dean est bien entendu un fan fini du tueur et qu’ils se réjouit comme un enfant de cette Chasse particulière. Bien entendu Sam reste bien plus circonspect, notant que c’est de toutes manières leur vie qui ressemble à un Slasher. L’épisode renoue aussi bien avec la version traditionnelle des personnages, convenant idéalement aux acteurs, qu’avec le plaisir des chasses simples de naguère. Un épisode très divertissant, que l’on aurait pu espérer un peu plus Gore, mais qui tombe à pic. Que c’est bon de s’amuser de nouveau avec Supernatural. Anecdotes :
5. LA LOGIQUE DU CAUCHEMAR Résumé : Jeune recrue en provenance du Monde de l’Apocalypse, Maggie disparaît lors de sa première Chasse en solo. Sam, Dean, Mary et Bobby volent à son secours. Mais la maison où ils la libèrent connaît des distorsions de la réalité, du fait de l’influence d’un Djinn dont Michael a accru les pouvoirs. Ils parviennent à tuer le Djinn, mais réalisent que Michael a installé d’autres pièges à travers le pays et préviennent les autres Chasseurs. Blessé, Bobby prend du recul, assisté par Mary. Critique : La saison confirme ici son retour à du classique, hormis la connexion avec Michel, le scénario du jour s’en tenant à une chasse finalement assez classique, face à un type d’adversaire déjà rencontré. Toutefois l’opus va se montrer remarquablement dense, illustrant que Supernatural sait toujours raconter de bonnes histoires à défaut d’innover. On apprécie ainsi que le récit prenne le temps de nous montrer comment fonctionne et évolue le groupe des rescapés recréant de fait l’alliance entre Hommes de Lettres et chasseurs, quitte à s’emparer de la technologie de la faction britannique mais sans les dévoyer. En tant que dirigeant Sam passe enfin au premier plan avec une fine étude de ses rapports avec Marry, Bobby et un Dean très fier de son cadet (Dean aura été bien des choses au fil des saisons, mais jamais quelqu’un de mesquin). Narrée avec un bon sens du rythme, l’histoire se prolonge également avec une autre famille au parcours difficile, avec à la clef une scène très sensible entre Dean et la jeune Sasha, portée par l’excellente guest qu’est Leah Cairns (Travelers, Battlestar Galactica). On retrouve avec plaisir un Djinn, l’un des meilleurs monstres de Supernatural, d’autant que ses pouvoirs mettant en lumière les rêve et cauchemars de chacun s’avèrent habilement exploités ici. Cette fois l’augmentation de ses capacités par Michael se révèle plus intéressante que pour les Vampires, avec des manipulations du réelle narrativement plus riches que simplement cogner plus fort. Malheureusement, cette belle impulsion se voit en partie gâchée par les contraintes budgétaires pesant de plus en plus sur la série depuis la conclusion de la saison 11, le prix sans doute à payer pour la longévité extrême du programme. Supernatural n’a jamais disposé d’un budget pharamineux, mais ici le jeu avec la réalité se voit directement impacté par une mise en scène réduite à un huis clos peu onéreux, quasi dépourvue d’extérieurs et de déplacement de l’action. On ne trouve ici rien de comparable à ce que proposait jadis un épisode comme Comme dans un rêve (2-20). L’ensemble en devient quelque peu artificiel, même si la mise en scène fait preuve de talent, notamment lors des quelques scènes de l’Impala. Anecdotes :
Résumé : Sam et Charlie mène une Chasse éprouvante contre un répugnant homme-mouche. Dean et Jack mènent l’enquête sur le meurtre d’un jeune homme et découvrent que la jeune nécromancienne Harper Sayles tue ses petits amis afin de les conserver auprès d’elle comme zombie. Harper parvient à s’échapper après avoir jeté son dévolu sur Jack. La toux sanguinolente de Jack devient irrépressible et il finit par s’évanouir devant un Dean horrifié. Critique : Subdiviser une intrigue en des segments totalement distincts est rarement une bonne idée, on préfère souvent que des synergies puissent enrichir l’histoire. Mais Optimism assume crânement son choix et sait s’unifier par la thématique d’un humour noir et déjanté, admirable servi par la fantaisie propre à Richard Speight Jr., une nouvelle fois très en forme derrière la caméra. Le segment de Sam et Charlie se montre souvent hilarant par le côté totalement crade de l’homme-mouche, la série sera rarement allé aussi loin dans ce domaine que lors de cette réjouissante parodie de La Mouche noire. Les X-Files avaient déjà exploré cette veine dans un épisode comme Le Seigneur des mouches (9-05), mais Supernatural revendique davantage le côté humoristique de l’antagoniste, à la fois incongru et immonde. On louche pas mal vers Les Contes de la Crypte, avec une grande réussite. Cela n’empêche pas une vraie sensibilité lors des discussions entre Sam et Charlie, y compris autour du départ de celle-ci. On apprécie que la série n’ait jamais fait passer la Charlie alternative pour un simple clone de la première, idem pour les Bobby. Le segment de la douce et si équilibrée Harper s’avère lui aussi un vrai bijou de comédie macabre, débuté avec fracas lors de ce grand moment d’humour total voyant la mort horrible du jeune homme avec le Stayin' Alive des Bee Gees. Harper est un authentique poème, synthétisant à merveille les divers clichés associés aux nécromanciens : sophistiqués, érudits, pervers et totalement, irrémédiablement fous. Elle apparaît comme une charmante petit cousine de celui d’Angel (Justes Récompenses, 5-02), tout comme l’original décor de son appartement, entre horreur et Romcom sucrée, n’est pas sans évoquer les licornes de la Vampire Harmony. On se doute bien que Jack ne pèse pas lourd face à la rouerie et la cruauté de la Damoiselle jamais réellement en péril, mais Dean a déjà expédié des dossiers plus ardus. Au terme de ce segment encore plus joyeusement malsain que l’autre, on se réjouit toutefois de voir Harper lui échapper également. Après le départ indemne de la Charlie alternative et la survie de Maggie précédemment, on se dit que la série a décidément évolué depuis le CharlieGate concernant la mort des personnages féminins et ce n’est pas plus mal. Évidemment Jack fait in fine plonger l’opus dans le pathos, mais ainsi va Supernatural dans son dernier tronçon. Anecdotes :
Résumé : Rowena prognostique que la maladie de Jack est due au conflit entre ses composantes humaines et angéliques. Jack décide de passer ses derniers jours voyager avec Dean. Le Shaman Sergi fournit un sortilège de guérison, contre une faveur à venir de la part des Winchester, mais cela ne fait qu’empirer son état. Nick torture et tue un policier afin de remonter la piste du Démon Abraxas et découvre qu’il aime faire le Mal. Ses prières réveillent Lucifer dans le vide. Critique : L’épisode se montre assez original au sein de la série, au sens qu’il ne contient aucune Chasse ou Monstre de la semaine. Au contraire il se centre sur le parcours de deux personnages, Jack et Nick. Malheureusement pour cette nouvelle tentative de sortir des sentiers battus, la réussite ne va être que partiellement au rendez-vous. En effet, concernant Jack, l’épisode se limite une nouvelle fois à empiler les couches de pathos, sans trop de finesse, ni même de logique. Comment les Winchester peuvent-ils croire que le problème de jack va se traiter dans un hôpital classique ? Comment la Sorcière Rowena peut-elle en connaître plus sur les Nephilims que l’Ange Castiel ? Le segment jack devient une espèce de films à sketchs sirupeux, avec en point d’orgue les scènes mièvres entre Jack et Dean. Heureusement Mark Pellegrino sauve l’épisode de la vacuité grâce à l’émotion qu’il apporte et à la terrible véracité qu’il apporte à la terrible dérive de Nick. Sa magistrale interprétation et la rapidité avec laquelle il s’est emparé du personnage forcent l’admiration. Évidemment la série joue quelque peu cyniquement de la perspective d’un retour de Lucifer, mais le portrait de cet homme devenu littéralement dépendant au Mal et au plus infâme des assujettissements à quelque chose de réellement tragique. Le pic émotionnel demeure la prière finale à Lucifer, mais l’émergence de ce dernier au sein du Vide des voit en partie gâchée par le toujours criant manque de moyens, d’autant que cette médiocre CGI ressemble trop à Terminator pour son bien. A son corps défendant l’épisode illustre une nouvelle fois la difficulté qu’a la série à se renouveler (surtout s’il s’agit de mauvais roman photo), la saison gagnerait à se centrer sur le registre classique de Supernatural. Anecdotes :
8. LA PLUS MERVEILLEUSE DES VIES Résumé : Après la mort de jack, Lily Sunder offre d’utiliser sa magie angélique pour le ressusciter, mais demande aux Winchester de s’assurer qu’elle aille au Paradis après sa mort. Castiel se rend au Paradis, envahi par l’Entité Cosmique du Vide, désireuse de s’emparer de l’âme de Jack. Castiel sauve la situation en promettant sa propre âme à l’Entité. Jack est ressuscité par Lily, ce qui assure le Paradis à celle-ci. Pour remercier Castiel, Naomi lui révèle où se trouve Michael. Critique : L’épisode débute par la mort de Jack, qui n’aura jamais donc pu se remettre du vol de sa Grâce par son paternel. L’événement ne résulte pas illogique en soi, mais le choc qu’il est censé suscité se voit considérablement amoindri par la propension bien connue de Supernatural à ressusciter ses protagonistes autant que de besoin. Par ailleurs, jack a désormais pris une telle importance au sein de la série et de son univers, que sa mort ne serait crédible qu’au terme de toute une saison (on en reparlera). L’odyssée de Castiel au Paradis se laisse suivre avec plaisir, d’autant qu’elle s’avère riche en péripéties et qu’elle marque le retour dans l’action de ce haut lieu (et surtout d’Amanda Tapping !). L’ensemble demeure prenant, jusqu’à un astucieux twist moral permettant de conclure sur une note lumineuse, malgré le retour du Jack. Toutefois la trame narrative du jour demeure essentiellement un patchwork, faisant appel à des éléments particulièrement composite du vaste univers de la série : l’Entité du Vide, le retour surpris de Naomi, Anubis dieu égyptien de la Mort jugeant les âmes, Kelly, Lily et sa magie énochienne… Sur le thème toujours efficace mais très classique en soi du voyage à étapes, l’opus part un peu dans tous les sens. En ce sens il participe au sentiment que la saison, bien que presque rendue à mi-parcours, cherche assez désespéramment son sujet, depuis l’éviction rapide de son Big Bad. Au moins a-t-elle la chance que les deux showrunners blanchis sous le harnais connaissent admirablement leur sujet (à la manière de Berlanti puisant dans l’inépuisable Univers DC afin d’édifier l’Arrowverse, également sur The CW). Mais tout ceci ne saurait remplacer un authentique projet. Au moins la confrontation annoncée avec Michael permet-elle d’espérer un retour aux sources. Anecdotes :
9. L’ŒUF ET LA LANCE
Résumé : Garth infiltre les forces de Michael, prêtes à investir Kansas City la veille de Noël. Sam et jack partent le rejoindre, tandis que Dean et Castiel reçoivent la lance de Dark Kaia, contre la promesse de l’aider à repartir dans son monde. Les alliés réunis attaquent Michael (désormais dans un vaisseau féminin) avec la Lance. Dean est sur le point de tuer l’Archange, quand celui-ci s’empare à nouveau de son esprit. Michael claque les doigts pour ordonner à son armée d’attaquer. Critique : Final de mi-saison en demi-teinte pour Supernatural avec The Spear. Cette saison continue à valoir avant tout pour ses loners, souvent réussis, alors que son fil rouge ne convainc guère. La destinée très mélo de Jack continue à en faire trop, le personnage restant trop uniformément gentil et mignon. La nature composite de l’intrigue principale pousse les auteurs à continuellement rechercher des explications alambiquées et guère convaincantes le concernant. Cela occupe trop d’espace, au détriment de l’action. Idem pour Dark Kaia, la Big Bad de Wayward Sisters, dont la récupération dans Supernatural reste assez artificielle et ne débouchant finalement que le don de la Lance à Dean… avant qu’elle ne soit brisée par Michael. Tout ça pour ça. L’Archange Michael continue à former un Big Bad autrement moins divertissant que Lucifer, même si Felisha Terrell, l’actrice incarnant son vaisseau du jour lui apporte une indéniable classe. Par ailleurs le coup de l’armée des monstres a déjà été tenté par Eve et les Vampires locaux continuent à ne pas être les plus croustillants qui soient. L’épisode nous vaut néanmoins quelques scènes réussies, comme le côté horrifico-humoristique de Noël à la sauce Supernatural, les scènes de coucou coupe-coupe entre Sam et les Vampires ou le cliffhanger parodiant le désormais fameux claquement de doigts de Thanos. Tout ceci composerait un épisode très potable, mais demeure en deçà de l’attente suscitée avant la pause des Fêtes. Anecdotes :
Résumé : Michael est menotté par le groupe, qui est téléporté au Bunker par la Faucheuse Violet. L’armée de Michael converge vers le Bunker. Sam et XCastiel utilisent la technologie de Tony pour pénétrer dans l’esprit de Dean. Ils y emprisonnent Michael, libérant Dean. Jack puise dans son âme pour ralentir les monstres, avant qu’ils ne se dispersent quand Michael ne les dirige plus. Billie révèle à Dean le seul vrai moyen d’en finir avec Michael, qui finira par s’échapper. Dean est horrifié. Critique : La résolution de la possession de Dean par Michael ne cherche pas l’innovation à tout prix, comme les auteurs ont parfois pu le pratiquer depuis le début de cette saison plus éclatée que de coutume. ? La victoire, certes temporaire, contre l’Archange, fait appel à divers éléments déjà mis en place au cours de la série, avec un modus operandi assez similaire à celui de Crowley allant à la rescousse d’un Castiel possédé par Lucifer en saison 11, avec l’emploi astucieux du matériel employée par Toni en fin de saison 12, quand il s’agissait pour Dean de libérer l’esprit de sa mère. Mais l’ensemble fonctionne fort efficacement, avec une progression dramatique parfaitement maîtrisée. La parabole de Michael enfermé dans le placard fonctionne à merveille, tandis que le très beau décor, si évocateur, du bar de Dean, apporte un surréalisme bienvenu au récit. Décidément les artistes décorateurs de la série excellent toujours autant. Supernatural continue néanmoins à souffrir de son étranglement budgétaire accentué. La fameuse armée de Michael fait peine à voir, essentiellement dépeinte en narration indirecte ici (le pansement des petits moyens, à des destinations des fans qui comprennent et pardonnent) et ici à une bande de bras cassés. Mais la perspective ouverte par un Jack ayant dû partiellement épuiser son âme pour le retarder permet enfin d’entrevoir que l’on puisse enfin pimenter le personnage (pour le mélodrame perpétuel, on s’est fait une raison). L’intervention de Billie accroit encore les enjeux, énigmatique à souhait quant au terrible prix à payer pour régler définitivement l’affaire Michael. Au total, au sortir du traditionnel hiatus des fêtes de fin d’année, l’épisode relance efficacement la saison et en laisse espérer une seconde partie plus construite. Anecdotes :
11. LA BOITE DE MA'LAK Résumé : Chez Donna, Dean commence à fabriquer une mystérieuse Boîte de taille humaine. Nick enlève Mary quand il découvre qu’elle a capturé Abraxas. Il la force à le conduire jusqu’à lui. Sam et Dean interviennent, mais Nick tue Abraxas, qui a assassiné sa famille sur l’ordre de Lucifer. Il est arrêté par Donna. Dean avoue à Sam qu’il va s’emprisonner à jamais dans la Boîte magique, afin que Michael ne puisse s’échapper. Malgré ses réticences, Sam accepte de l’aider. Critique : L’épisode se centre sur Nick, dont jusqu’ici l’histoire, hormis pour le talent de Pellegrino, a surtout contribué à amplifier le sentiment de dispersion que suscite cette quatorzième saison. L’opus s’intéresse avant tout à sa vendetta privée, alors que chez lui, le plus intéressant demeure le relationnel avec Lucifer. On avait déjà compris que sa vengeance ne lui servait qu’à justifier en surface sa soif toujours plus grande de meurtres et de cruauté, pour se rapprocher de celui dont il est devenu si pitoyablement dépendant, comme on l’est à une drogue. Mark Pellegrino continue à tirer le meilleur de son rôle, mais l’épisode n’apporte rien de vraiment neuf sur le sujet. La dérive se poursuit, on se rapproche d’une confrontation que l’on sait inévitable avec le Clan Winchester. Les péripéties empêchent que l’on s’ennuie réellement, mais l’ensemble reste bavard. C’est d’autant plus vrai que l’action demeure à nouveau enchâssée dans un huis-clos Ce n’est pas non plus cette affaire de Boîte qui va enthousiasmer le spectateur, du fait de l’épaisse incrédulité qu’elle génère. Tout d’abord parce que les destins envisagés pour Dean est bien trop abominable pour qu’il se produise jamais. C’est encore pire que pour Angel immergé dans un semblable cercueil à l’issue de sa saison 3. Et puis, même si s’est habitué à ce que la sorcellerie puise agir sur Lucifer au gré des nécessités des scénarios, on peine à croire qu’une simple Boîte améliorée puisse indéfiniment retenir un Archange. Sam cède aussi trop facilement à ce plan damnant son frère pour l’éternité. Tout ceci apparaît trop aisément comme une fausse piste,d ‘autant que l’on en est encore qu’à mi-saison. Un épisode d’attente donc, de toutes manières, à ce moment-là du parcours de Supernatural, tout le monde n’avait plus que l’épisode 300 en tête, on ne va pas raconter d’histoire. Le retour de Mary constitue évidemment une bonne nouvelle en soi. Anecdotes :
12. LE GRIMOIRE NOIR Résumé : Nick s’évade. Le fantôme de son épouse lui demande d’abandonner Lucifer et de la laisser partir pour l’Au-delà, mais il en est incapable. Pour distraire Dean de son obsession pour la Boîte, Sam l’emmène enquêter sur un meurtre. Le coupable est un Prophète partiel, dû à l’état de Donatello. Il croyait accomplir la volonté de Dieu et se suicide. Castel parvient à guérir Donatello, même si celui-ci demeure dépourvu d’âme. Sam et Castiel convainquent Dean de renoncer à la Boîte. Critique : A première vue, l’opus se caractérise par les mêmes défauts que le précédents, inhérents à la saison. L’intrigue principale fait du surplace, avec des allées et venues de personnages en guise de moteur. Nick s’échappe aussitôt capturé, confirmant une nouvelle fois l’inanité de l’intervention des forces de l’ordre au sein de l’univers de Supernatural. Pour émouvante qu’apparaisse la rencontre entre Nick et sa femme défunte, principalement du fait des comédiens, ici encore Nick ne fait que ressasser sa dérive. Tout l’arc Abraxas n’a guère fait évoluer le personnage, mais simplement accentuer ses traits. Dean renonce déjà à la Boîte, encore un développement largement prévisible et un arc intermédiaire bien vite conclu. Bien entendu on se réjouit du retour de l’excellent Donatello, mais là aussi les événements ne font qu’effacer ceux liés à Asmodeus et à Castiel, on se retrouve au même point qu’en fin de saison 11. Le Nouveau Prophète conserve néanmoins de solides atouts, évitant ainsi de virer au pensum. Il s’agit ainsi de l’opus le plus effrayant que Supernatural nous ait proposé depuis longtemps. Les scènes de meurtre résultent bien plus épicées que l’ordinaire de la série en cette saison 14. Le cauchemar montrant Dean dans la Boîte se montre également particulièrement horrifique. Mais ce sont bien les conversations entre les deux frères qui constituent l’ossature du récit, avec une vraie émotion et sans mélodrame outrancier. Jensen Ackles et Jared Paladecki maîtrisent si bien leur personnage que cette introspection et ce retour sur leur parcours revêt une force particulière, jusqu’à pouvoir former comme un bilan de la série elle-même. Par ailleurs John est bien entendu évoqué, ce qui permet d’ores et déjà de mettre en orbite l’épisode 300, avec le retour tant attendu de la figure paternelle. Anecdotes :
13. LE NOUVEAU PROPHÈTE Résumé : Sam et Dean s’emparent d’une perle magique ayant le pouvoir de réaliser le plus grand souhait de son détenteur. Dean escompte ainsi vaincre Michael, mais la Perle fait venir John depuis l’an 2003. Il évite ainsi sa confrontation mortelle avec Azazel, à la grande joie de sa famille. Toutefois l’absence de John dans le continuum a eu des conséquences catastrophiques. La famille décide alors de détruire la Perle, afin d’annuler le sortilège. Tout ceci ne sera qu’un rêve pour John. Critique : Objet d’une immense attente, l’épisode 300 de la série aura parfaitement rempli son cahier des charges. Même trop devancée sur Internet, l’émotion des retrouvailles nous submerge purement et simplement grâce aux comédiens. Évidemment l’affaire demeure avant tout enlevée par l’immense Jeffrey Dean Morgan, avec qui l'émotion est toujours à fleur de peau, mais toute l'émotion du cast est littéralement palpable. Le scénario se montre astucieux lassant libre cours au sentiment mais en la limitant dans la durée, ce qui évite de sombrer dans le mélodrame. On joue astucieusement la carte du paroxystique, la brièveté du retour de John permettant également d’élargir le récit à ces surprises bonnes ou mauvaises que nous réserve l’existence, au caractère profondément imprévisible de celle-ci. Une expérience partagée aussi bien par les Winchester que par les spectateurs, ce qui renforce encore l’empathie ressentie. Les événements justifient parfaitement cette éphémère rencontre, les auteurs ne sombrent jamais dans le travers du retour simplement pour le retour. L’intrigue secondaire tient la route, à défaut d’apparaître foncièrement originale. Elle permet également à Sam et Dean de procéder à l’une de ces mises à mort sanguinaires sans lesquelles un épisode de Supernatural ne saurait être tout à fait complet. Le sujet du regard porté par les habitants de Lebanon sur ces deux type aussi mystérieux qu’inquiétants dans leur Impala couleur de Nuit se montre très astucieux, il aurait sans doute mérité de se voir accorder un épisode complet. L’épisode 300 n’oublie pas non plus de glisser quelques références au parcours ds Winchester, mais dose suffisamment les inclusions pour qu’elles ne virent pas au procédé. J’ai particulièrement apprécié de retrouver passagèrement le Castiel des premiers temps, quand il était un Ange du seigneur en mode Terminator, il est terrifiant. On mesure tout le chemin parcouru. Je regretterai simplement que John et Mary n’aient pas eu leur scène à eux, sans Sam & Dean. Mais Supernatural continue à répondre présent pour ses grands rendez-vous. Il demeure tellement rare qu’une attente aussi longue ne soit pas déçue in fine. Anecdotes :
14. LE BAISER DE LA GORGONE Résumé : Les Winchester et leurs alliés traquent une Gorgone qui paralyse puis dévore ses victimes. Dean est assommé durant l’affrontement, mais Jack parvient à tuer le monstre. Le coma de Dean fait que Michael parvient à s’échapper, prenant Rowena comme nouveau Vaisseau. Il entreprend de massacrer les Chasseurs, mais est exorcisé puis tué par Jack, qui doit consommer une bonne partie de son âme pour y parvenir. Il retrouve ses pouvoirs après avoir absorbé la grâce de l’Archange. Critique : Le Michael alternatif demeurera sans doute le Big bad au comportement le plus erratique et improbable que la série au long cours ne nous ait jamais proposé. Après son plan manquant d’envergure, sa personnalité peu enthousiasmante et ses éclipses taillées sur mesure pour ne pas priver Supernatural de Dean, il prend ici la sortie précipitamment et sans gloire. Tout ça pour ça, ne peut-on s’empêcher de penser une nouvelle fois à son propos. Le fait qu’il quitte la scène alors qu’un tiers de la saison est encore à venir en dit long qr son potentiel limité et sur l’échec qu’il représente pour les showrunners. La Gorgone et ses capacités prédictives, aussi ludiques qu’horrifiques, aurait sans doute mérité un épisode complet, au lieu de simplement servir de prétexte au dernier combat contre l’Archange. L’apport de Rowena demeure toutefois bienvenu, on est d’ailleurs ravi qu’elle reste en scène à l’issue des événements, tant elle occupe désormais une place appréciable dans l’univers de la série. Les duos Sam / Rowena et Dean / Castiel fonctionnent avec leur efficacité habituelle. Surtout, l’épisode sait se trouver une justification avec Jack ayant brûlé son âme pour terrasser Michae. Ceci qui laisse entrevoir l’opportunité d’un personnage enfin assombri et gagnant en menace comme Sam l’avait été jadis, en saison 6. De quoi promettre une fin de parcours plus intense que ce que l’on a connu jusqu’ici. La manière dont Jack cannibalise littéralement la Grâce de Michael ouvre judicieusement les débats. Ce dernier arc débute ici représente une dernière chance pour cette saison 14 décidément très composite. Anecdotes :
15. LA CLÉ DU BONHEUR Résumé : Dean s’inquiète pour l’âme de Jack, qui a peut-être désormais perdu son humanité. Les indices inquiétants se multiplient, même s’il reste sous l’influence des Winchester. Une nouvelle enquête conduit Sam et Dean dans une petite ville semblant figée dans les années 50, y compris pour les mœurs. Un homme y est mort quand sa tête a explosé. Le Maire utilise ses pouvoirs psychiques pour créer cette société qu’il juge idéale, mais n’a aucune influence sur Castiel. Critique : Comme à l’accoutumée (jurisprudence X-Files), Supernatural introduit ici une respiration entre les moments clés de sa saison, avec un épisode centré sur une Chasse, même si Jack reste dans le décor. Cela fait plaisir de retrouver l’ordonnancement classique de la série, au sein d’une période passablement chaotique. Le duo formé par Sam et Castiel apporte une relative nouveauté au sein de cette formule classique, leur association demeurant finalement assez rare. Il en va de même pour les Psychiques, une catégorie assez peu employée dans le bestiaire de Supernatural, et à laquelle Wayward Sisters semblait davantage s’intéresser. La Chasse du jour vaut également pour sa reconstitution classieuse des Fifties, bien dans la tradition des petits villages étranges, et suscitant une agréable énigme. On apprécie également la verve satirique de l’ensemble, mais si Peace of Mind va là-dessus moins loin que l’épisode Arcadia (6-15) des X-Files. Malgré ses limites financières bien connues, Supernatural nous délivre une reconstitution historique de qualité, aux détails extrêmement soignés et aux nombreux figurants. Cet opus d’ambiance fait honneur aux décorateurs et costumiers de la production. La Chasse en elle-même se déroule sans trop de surprises mais reste efficace, avec une conclusion plus sensible que les mises à mort coutumières du programme. Laisser Castiel occuper le premier plan est une bonne idée, en écho avec ses virées au paradis désormais montrées et non plus seulement évoquées. Castiel apparaît plus présent dans l’action qu’il a parfois été au cours de Supernatural, on ne peut que s’en réjouir. La visite de Dean et Jack s’avère parfaitement minutée pour donner de la consistance au dernier fil rouge de la saison, sans pour autant nuire à l’intrigue principale. Anecdotes :
16. KOHONTA Résumé : Un monstre assassine une jeune femme dans une petite ville de l’Iowa, l’un des nombreux meurtres similaires survenus dans cette région depuis des décennies. Sam et Dean parviennent à tuer le Kohonta, une créature cannibale du folklore amérindien, sauvant ainsi la vie du fils du shérif. Jack sympathise avec les jeunes gens ayant vu le fantôme de John Wayne Gacy, mais manque de tuer l’un d’entre eux, ce qu’il dissimule à Sam et Dean. Critique : L’épisode reprend la même formule que le précédent, à savoir narrer une Chasse tout en accroissant la menace représentée par un Jack quasi dépourvu d’âme. Toutefois le succès résulte moindre que lors de Peace of Mind, car le récit du jour s’inscrit bien davantage dans le simple quotidien de la série que la belle reconstitution des années 50. Malgré son cachet amérindien, le Monstre de la Semaine demeure assez banal en soi, de même que l’enquête menée par les héros. Entre figure classique de l’énigme en forêt et du monstre aux apparitions cyclique, le récit reste plaisamment archétypal, mais aussi dépourvu de réelle ambition. Le récit secondaire autour de la dérive de Jack se montre astucieux, avec le retour bienvenu du groupe de jeunes rencontrés lors de Lebanon et ayant entraperçu l’envers du décor de l’univers horrifique et fantastique de la série. Tout comme le dialogue avec le shérif, cela interpelle le spectateur car l’on a si longtemps épousé le point de vue des Winchester et de leur clan, que l’on en avait oublié le rapport du reste de l’humanité vis-à-vis de ce surnaturel ayant malgré tout pas mal défrayé la chronique ces derniers temps. La série opère ici un rattrapage intéressant, même si la traditionnelle suspension d’incrédulité fait qu’une large partie du public passera sans doute outre cette problématique, surtout si tard dans le parcours de Supernatural. Le refus des Chasseurs de révéler la réalité du monde se voit confirmée, permettant à la série de ne pas avoir à tardivement redéfinir tout son paradigme, quitte à accepter une certaine invraisemblance. Anecdotes :
17. LE PLEIN D'ÂME Résumé : Nick kidnappe Donatello, afin d’utiliser ses capacités de Prophète pour atteindre le Vide. Il prononce alors un sortilège destiné à libérer Lucifer, dont il veut redevenir le Vaisseau. Jack et Mary le font échouer au dernier moment, avant que Jack ne l’exécute atrocement. Jack tue également Mary, par accident. Castiel mène une quête aboutissant à une amulette permettant d’entrer en contact avec Chuck. Il Lui demande de restaurer l’âme de Jack, mais rien ne se passe. Critique : Game Night, ou quand Supernatural sacrifie Lucifer et Mary, mais conserve Jack. Cela fait déjà beaucoup pour un seul épisode, mais la forme ne vient pas non plus rédimer le fond. Malgré tout le talent de Mark Pellegrino, jusqu’au bout l’histoire de Nick sera demeurée de seconde main, et voici qu’on la prive de son aboutissement, à la dernière minute. On ne peut s’empêcher de trouver assez cynique la façon dont Supernatural nous aura longtemps laisser entrevoir le retour de Lucifer, son Big Bad absolu et irrésistible, pour ici nous claquer la porte au nez. De manière décevante, Nick sera toujours resté une pâle copie de son héros. Qui plus est, les images générées par ordinateur montrant Lucifer imprégné par le Vide s’avèrent vraiment laides. Le départ sans gloire de Mary se montre également cruellement anti-climatique après son retour durable et somme toute très réussi. Si Nick avait sans doute fait son temps, Mary nous manquera lors de l’ultime ligne droite de la série, dont on venait alors d’apprendre la non-reconduction après la saison 15. Pour le reste, l’épisode confirme que la saison 14 nous fait un lan à la Dark Willow pour sa conclusion, mais l’affaire semble moins efficacement engagée que lors de la saison 6 de Buffy contre les Vampires. La sidération suscitée par l’effet de surprise y jouait effectivement à plein, alors qu’ici le mouvement s’est vu venir de loin. Par ailleurs Whedon assumait pleinement la chute dans les ténèbres de Willow, tandis qu’ici on en reste dans un entre-deux permanent autour de Jack. Pendant ce temps Sam et Dean continuent à jouer les utilités, mais aussi à laisser Castiel sur le devant de la scène, jusqu’à ramener pleinement les Anges dans la partie, Cet aspect-là fonctionne toujours à fond avec Misha Collins comme locomotive, mais ne suffit pas à dissiper l’impression d’un gâchis. Anecdotes :
Résumé : Jack commence à avoir des hallucinations de Lucifer, qui s’adresse à lui. Il tente de ressusciter Mary avec l’aide de Rowena, mais ne parvient qu’à ramener son corps. Castiel découvre que Mary et John se sont retrouvés au Paradis et sont désormais en paix. Sam et Dean accorde le traditionnel bûcher funéraire des Chasseurs à la dépouille de leur mère. Pendant ce temps Lucifer enjoint à Jack de se méfier des Winchester et de leur soif de vengeance. Critique : L’arc final se poursuit ici sans hiatus, ce qui conforte le, sentiment de crise vécue par le Clan Winchester. On peut regretter une inutile hésitation autour du destin de Mary, alors que l’épisode précédent s’était montré sans ambiguïté là-dessus. Le suspense n’était pas véritablement une carte à jouer, car toute autre option que celle finalement retenue ici aurait signifié un happy end bien trop artificiel. Pour poursuivre la comparaison entre le Jack sans âme et Dark Willow comme Big Bad sorti du chapeau en fin de sa saison, c’est le choix contraire qui avait été fait autour de la mort de Tara : aucune ambiguïté autour d’un trauma immédiat et sans retour. Tout le délayage avec Rowena devient une palinodie contre-productive, découlant de l’incapacité des auteurs à véritablement faire chuter Jack, même temporairement. On apprécie néanmoins les apparitions de Lucifer, prolongeant la présence de Pellegrino dans la série. L’épisode devient bien plus émouvant quand il tourne à l’hommage à Mary, à sa personnalité et à son parcours. C’est une nouvelle fois Castiel qui vient à la rescousse, par son joli flashback aussi bien que par sa nouvelle excursion au Paradis, accordant à John et Mary un happy end bien mérité, tout en évitant d’alourdir le récit. A moins que showrunners aient déjà été au courant de la fin prochaine de la série lors de l’écriture de la série, et que cette conclusion propre aux parents des héros entame déjà le bouclage des dossiers en suspens, on reste malgré tout dubitatif quant à la nécessité de sacrifier Mary. C’est cher payer la dramatisation de la dérive de Jack, d’autant que le récit ne l’exploite pas à fond. Au moins cela dote les deux derniers épisodes d’un véritable enjeu, le basculement ou non de Jack dans le côté obscur, face des frères Winchester toujours fidèle au bon vieux principe d’action- réaction, par le plomb, le feu ou la lame. Anecdotes :
19. SANS PITIÉ Résumé : Sam, Dean et Castiel traquent Jack, désormais manipulé par Dumah, qui a supplanté Naomi et pris le contrôle du Paradis. Elle lui fit transformer des fidèles en Anges, tout en faisant régner la terreur sur Terre. Castiel la tue, tandis que le Winchester trompe Jack en l’enfermant dans la Boîte. Castiel est horrifié par ce qu’ont ourdi les deux frères. Lucifer convainc Jack de se libérer et ce dernier parvient à briser la Boîte. Critique : Il est décidément grand temps que l’arc du vilain mais pas trop Jack s’achève, car le personnage se voit décidément employé à toutes les sauces (ici transformer des humains en Anges, à l’échelle industrielle) ce qui lui fait perdre en substance car le réduisant à un simple prétexte à épisodes. L’opus vient également conclure de manière décevante le réveil des Anges qui représentait l’un des atouts de la période ; D’une facilité déconcertante, le meurtre de Dumah par Castiel devient du coup l’une des actions les plus sordides jamais perpétrées par l’Ange du Jeudi. Le complot de Dumah n’apporte pas non plus de solution directe à la menace imminente d’un effondrement du paradis, une question pourtant essentielle pour l’univers de la série et que les showrunners ne cessent de négliger. Sans doute l’un des dossiers que la saison 15 aura à refermer, mais cela s’éternise (c’est logique au Paradis, vous me direz). Les contraintes financières font aussi que l’action reste enchâssée dans les décors réguliers de la série, le Paradis et le Bunker, avec un relatif effet d’enfermement. Le seul intérêt de la séquence réside dans l’écho rencontrée avec celle de la Boîte, autour du thème de l’effarante crédulité de Jack. Effectivement l’association de cet esprit puéril et d’une quasi toute puissance rend le personnage singulièrement dangereux. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle le rend intéressant. Certes les pouvoirs comptent dans l’aura d’un Big Bad en devenir, mais ce sont avant tout son intelligence et sa personnalité qui priment, dès lors que l’on vise une écriture avec un minimum d’ambition. Jack demeure pathétique et continue à accumuler du pathos, comme depuis le début de son parcours. Reste que le sinistre complot ourdi par Sam et Dean dramatise efficacement le récit tandis que la colère de jack furieux d’avoir été trompé semble promettre un affrontement spectaculaire en conclusion de l’histoire. In fine, Jack in the Box remplit donc cette habituelle fonction de mise en orbite du final de saison, avec cliffhanger explosif de rigueur. Anecdotes :
Résumé : Jack lance un sortilège mondial empêchant les humains de mentir, ce qui suscite le Chaos. Chuck apparaît et offre à Sam et Dean un pistolet capable de tuer Jack, qu’Il estime trop dangereux. Jack accepte la sentence, mais Sam et Dean comprennent que Chuck les manipule à l’instar des personnages de Ses romans et refusent de tirer. Chuck tue Jack et Sam retourne alors l’arme contre Lui. Blessé, Chuck disparaît après avoir proclamé qu’Il mettait fin à l’histoire. Il ouvre les Portes des Enfers, lâchant les Damnés sur le Monde. Critique : Moriah, ou le miracle venant sauver toute cette fin de saison jusqu’ici décevante. L’opus vient confirmer le principe universel voulant que, quand des scénaristes parviennent réellement à nous surprendre, voire à nous stupéfier, c’est souvent bon signe. Et il y a de quoi être sidéré ici quand il s’avère que Jack n’était en fait pas le réel Big Bad ultime de la saison, pas plus que Michael. Un piège dans le piège dans le piège, pour le coup Supernatural rajoute un étage supplémentaire à ce que proposait Buffy contre les Vampires autour de Black Willow, avec un complet succès. La sidération joue d’autant plus à plein que l’ennemi ultime ainsi révélé n’est nul autre que Chuck, un choix explosif aussi bien par Sa nature que par l’immensité du défi à relever. C’est assez comme si Jack Bauer devait affronter le Président, quelque chose de dingue. Au-delà de cette perspective virevoltante, c’est avec beaucoup, de plaisir que l’on retrouve l’excellent Rob Benedict. Celui-ci sait sa glisser avec aisance dans cette version soudainement hostile de Chuck. Difficile d’imaginer Deus Ex Machina plus absolu, mais la grande habileté des showrunners consiste à pleinement embrasser les opportunités méta que suscite le retour de Dieu en auteur des aventures de Sam et Dean (validant de fait les vues de Métatron). Ils s’autorisent ainsi plusieurs coups d’audace, comme se projeter en Lui quand Il proclame la fin prochaine de la grande histoire, à l’instar d’un Steven Moffat prenant congé en s’exprimant par la bouche du Docteur. Mais là où Moffat se donnait du grandiose (on en attendait pas moins de lui), ici les auteurs se moquent joyeusement d’eux-mêmes, pointant les moments creux de la série (les envahisseurs anglais, les léviathans), les résurrections à répétition ou admettant que Supernatural n’a plus rien à raconter. Tout en préparant déjà la saison 15 (lien crée entre Sam et Chuck, Jack se réveillant dans le Vide, Dieu blessé par Sa propre création…), ils renversent totalement la table par la surpression des barrières entre ce monde et l’Au-delà, autorisant tous les retours à venir en guise d’habile rétrospective de la série. Nous pénétrons dans le volet 3 des règles de trilogie de Scream : tout devient possible, la règle est qu’il n’y a plus de règle. La scène la plus explosive survient quand Sam tire à bout portant sur Chuck : à notre connaissance c’est la première fois qu’une série américaine montre une tentative de très littéralement tuer Dieu, rien à voir avec Friedrich Nietzsche. Xéna la Guerrière avait à peu près occis le Panthéon, mais l’effet n’est pas le même. Une audace sans doute seulement envisageable parce que la série a déjà été annulée ! Une ouverture très prometteuse pour l’ultime récital de Supernatural, avec évidemment le cliffhanger de folie qui convient. Superntural demeure l’une des rares séries où l’une de ses saisons les plus médiocres peut déboucher sur l’un de ses tous meilleurs épisodes. Évidemment tout ceci passionnera surtout les fans au long cours, mais qui d’autre serait parvenu au bout de 14 saisons ? Anecdotes :
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Saison 15 1. FANTÔMES ET ZOMBIES Résumé : D’abord réfugiés dans une crypte du cimetière, Sam, Dean et Castiel échappent aux Zombies grâce à l’intervention du Démon Belphégor. Occupant le corps du défunt Jack, celui-ci veut également que les âmes des Damnés retournent en Enfer, et une alliance malaisée se met en place. Le groupe triomphe d’esprits vengeurs jadis affrontés par les Winchester et qui s’en prennent à une petite ville. La blessure causée à Sam par l’Equalizer semble avoir des conséquences insoupçonnées. Critique : L’ultime saison à bord de l’Impala démarre véritablement sur les chapeaux de roue, grâce à l’introduction formidablement pertinente de Belphégor. Outre la dimension passablement surréaliste que revêt ce nom pour le public français, le Démon accélère considérablement la mise en place de l’univers très particulier de cette saison 15 voyant un grand nombre de damnés, dont des esprits jadis combattus par les Winchester, être renvoyés sur Terre par Chuck. Outre son sortilège permettant de résoudre efficacement le cliffhanger de fin de saison 14, Belphégor communique de manière aussi rapide qu’amusante de nombreuses informations vitales à nos héros (dont l’ouverture, de la Cage, hum, à suivre…). Certes, le procédé scénaristique se voit comme le nez au milieu de la figure, mais les dialogues s’avèrent suffisamment imprégnés d’humour pour qu’il n’empèse pas le récit. L’excellent Alexander Calvert interprète avec un plaisir communicatif le très amusant et cynique Belphégor, loin du pathos permanent inhérent à Jack. Comme on le comprend. Back and to the Future (nom de Zeus !) a également la bonne idée d’installer une épouvante fort efficace, Les Zombies ont recours aux grands classiques du genre. On s’attendrait presque à voir débouler Negan avec Lucille en pogne. Mais on apprécie surtout que l’épisode saisisse d’emblée les potentialités offertes par le retour des âmes d’années, en opposant à Sam, Dean et Castiel quelques-uns des esprits vengeurs ou fantômes les plus mémorables de la série. L’effet madeleine joue d’autant plus à plein que les interprètes reprennent leur rôle, même des années plus tard (Gacy le Clown, Bloody Mary, Lizzie Borden...). La seule exception notable demeure l’absence de Sarah Shahi pour l’emblème Dame Blanche affrontée lors du pilote de Supernatural, mais l’on se doute bien que le cachet de l’actrice est désormais inabordable pour la série. Le manque de moyens se retrouve également dans la moindre sophistication de la représentation des esprits mais la mobilité d’une caméra toujours imaginative et un montage nerveux compensent largement cette faiblesse. Riche en action horrifique l’opus prend également le temps d’installer l’autre excellent fil rouge de la saison, avec la connexion entre Chuck et Sam révélant à ce dernier des visions de fins alternatives à Supernatural, immuablement abominables. Un pilote de saison agréablement tonique, évidemment taillé sur mesure pour les fans et augurant fort bien de l’ultime combat du Clan Winchester Anecdotes :
2. L'ATTRAPE-ÂMES Résumé : Les esprits sont désormais menés par Jack l’Éventreur. Rowena et le fantôme de Kevin interviennent pour rendre les barrières permanentes, puis pour enfermer les esprits vengeurs dans un cristal. Ketch arrive également, annonçant avoir été engagé par le Démon Ardat pour tuer Belphégor, son rival. Diminué par le tir de l’Equalizer, Chuck ne peut plus quitter cet univers. Il demande de l’aide à Amara, mais celle-ci critique son comportement et refuse d’intervenir. Critique : Raising Hell confirme que, si le callback de personnages est depuis longtemps pratiqué à grande échelle par Supernatural (encore récemment avec l’univers-miroir de l’Apocalypse), ce procédé d’écriture va devenir une vraie martingale lors de cette ultime saison, en forme de rétroviseur. Le récit du jour se voit en effet marqué par un défilé de retours fatalement inégaux, avec des figures dont on avait parfois pris congé depuis plusieurs saisons. On recycle, mais avec talent, sans abdiquer l’ambition narrative, du moins le plus souvent. On adore en particulier les retrouvailles avec Amara, personnage agréablement renouvelé par le rejet assumé du mode « je suis les Ténèbres » pour un style de vie nettement plus épicurien. Le contraste fonctionne parfaitement et suscite un vrai choc surréaliste. De nouveau portée avec beaucoup de présence par la formidable Emily Swallow (récemment dans SEAL Team et, bon, The Mandalorian), Amara sait néanmoins préserver son aura et porter un regard toujours aussi cinglant sur Chuck, nettement moins à son aise que lors de la confrontation avec Métatron. La révélation de Sa blessure, astucieusement auto-infligée, reste un judicieux moyen de rendre la saison tout simplement envisageable. Le seul regret est que la neutralité affichée d'Amara fait qu'on ne la reverra sans doute pas ultérieurement, sauf peut-être pour le grand final. On reste nettement plus réservé sur le retour du sympathique Kevin, car il nous smeble relever du simple fan service. L'histoire aurait très bien pu se passer de lui, et sa réapparition n'aurait véritablement pris sens que s'il avait retrouvé sa mère. Le pathos condamnation à l'errance oblige également à une circonvolution assez artificielle autour de Chuck et de la destinée de John et Bobby. On apprécie bien davantage de retrouver Rowena et Ketch, personnages d'autant plus amusants qu'ils savent conserver leur cachet British mais aussi une pointe acidulée de leur ancien dévouement au Mal, alors même qu'ils sont désormais pleinement intégrés au Clan Winchester. Une fois de plus (la dernière ?), on se dit que l’on tenait là un bon sujet de série dérivée, autour d’une romance improbable mais savoureuse, et d’une action déplacée en Grande Bretagne, au folklore si riche. Le fin duo présente aussi le mérite d’apporter un humour que le trio vedette est incapable d’insuffler, car logiquement marqué par les morts de Jack et Mary. Malgré ses retours l’épisode sait ne pas mettre trop en retrait Sam, Dean et Castiel. Il exploite ainsi l’enracinement géographique (assez original au sein d’une série aussi nomade que Supernatural) de l’arc des esprits pour explorer l’état des relations au sein du trio, mais aussi susciter une intéressante controverse autour de Chuck et du libre arbitre. Amusante par son côté décalé, la confrontation avec Jack l’Éventreur souffre cependant d’un certain manque de souffle. Anecdotes :
3. LE BÂTON DE LILITH Résumé : Rowena comprend que les barrières vont fatalement s’effondrer. Belphégor et Castiel se rendent en Enfer pour récupérer la Corne de Lilith. Ardat tue Ketch et attaque Belphégor, qu’il accuse de vouloir en réalité devenir le Roi de l’Enfer, mais perd le combat. Castiel brise la Corne et tue Belphégor. Rowena se résout à utiliser un sortilège capturant les esprits en elle, avant de mourir en les emportant en Enfer avec elle. Dévasté, Sam accepte de la poignarder, accomplissant ainsi l’ancienne prophétie. Castiel prend du recul, comprenant que Dean lui reproche la mort de Mary. Critique : La conclusion de l’arc des esprits et de la Ghostapocalypse, comme l’appelle Dean, manifeste toutes les qualités et toute la force d’une authentique fin de saison. En effet, il se montre particulièrement riche en action et en péripéties, mais développe aussi, d’une manière réellement surprenante, une intense émotion. Il sait embrasser l’ensemble des forces en présence, avec la participation bienvenue de la communauté des Chasseurs venue en renfort du Clan Winchester, mais aussi en déployant la narration aussi bien sur Terre qu’en Enfer. Si les contraintes budgétaires se font toujours autant ressentir, notamment en ce qui concerne les effets spéciaux, la visite de ce domaine finalement très peu exploré par Supernatural qu’est l’Enfer (nettement moins que le Paradis) reste un beau morceau de bravoure. On le doit une nouvelle fois aux décorateurs de la série, qui nous régale d’une Chambre de Lilith aussi gothique qu’évocatrice avec. Son vestibule et ses statues. Les combats répondent évidemment à l’appel, en particulier grâce à la très badass Ardat, interprétée par la spécialiste es rôles d’action qu’est Sharon Taylor (Faora dans Smallville). De quoi compenser la trop grande facilité de la victoire de Castiel sur Belphégor. Mais c’est par son insertion dans la saison 15 que l’opus revêt toute sa dimension. En effet, à, côté de la succession des retours, Supernatural veille à conclure les dossiers et parcours de ses personnages au long cours. Après Kevin et Amara, nous disons ici adieu avec émotion à Ketch et Rowena, tombés au champ d’honneur. Le sacrifice de la Sorcière se montre particulièrement bouleversant grâce au lien installé entre elle et Sam, au soin apporté à la conclusion de la prophétie les concernant et a la toujours parfaite entente entre Jared Padalecki et Ruth Connell. Ces moments s’avèrent particulièrement cruels car, même si elle trouve ici son aboutissement, on ne sait en définitive pas si la marche vers la rédemption de Ketch et Rowena a été couronnée de succès et s’ils ont gagné le paradis. Pour la Sorcière, c’est même le contraire qui est clairement indiqué. Ceci-dit, Supernatural reste Supernatural, et il ne s’agit peut-être que d’un au-revoir. La séparation entre Dean et Castiel, qu j’ai trouvé pleinement conçue comme une rupture amoureuse, concoure pleinement à cet ensemble très sombre, même si l’on se doute bien que la série ne va pas se passer durablement de l’Ange. En définitive l’opus sait nous faire ressentir l’originalité déstabilisante d’une conclusion voyant Chuck échouer pour la toute première fois échouer en tant qu’écrivain suprême. En effet, même la non survenue de l’Apocalypse biblique en fin de saison 5 correspondait à Son Dessein, au considérable effarement de Michael. Ici la Fin de l’histoire qu’Il avait proclamée se voit déjouée, autant dire que Chuck, déjà diminué dans Ses pouvoirs et Son essence, se voit désormais confronté au test ultime des meilleurs antagonistes de série télé : savoir rebondir après l’échec du Maître Plan initial. Après avoir achevé l’héritage de la saison 14, Supernatural aborde dorénavant des territoires totalement inconnus, mais l’on conserve confiance en cette saison 15 pour l’heure pleinement aboutie : inépuisable est l’imagination de Chuck et imprévisibles sont Ses Voies. . Anecdotes :
4. UN ÉCRIVAIN DE TALENT Résumé : Sam fait un cauchemar le voyant retomber sous l’emprise du Sang de Démon, puis tuer Dean et Benny. Toujours brisé par la mort de Rowena, il participe ensuite à une Chasse au Vampire avec Dean, durant laquelle il se montre quasi dépressif. Lui aussi abattu, Chuck se rend chez Becky, sous son identité de Carver. Elle le convainc de se remettre à écrire Il annihile ensuite Becky et sa famille, avant de commencer à écrire la Fin de Supernatural. Critique : Atomice Monsters vient apporter son premier trou d’air à une saison 15 jusqu’ici très relevée. Via une Chasse au Monstre de la Semaine, Supernatural y introduit la traditionnelle respiration succédant à un épisode clef du fil rouge de saison. Malheureusement l’affaire du jour s’avère longtemps dépourvue de tout réel intérêt. L’enquête tourne court, du fait d’un enregistrement vidéo providentiel, tandis que le décor ultra balisé d’un collège américain, avec ses rituels et ses figures connues par cœur ne suscite aucune étincelle. La saison 15 ne viendra pas non plus rehausser l’intérêt des Vampires de Supernatural, décidément de bien faibles adversaires. On devine aisément le pot aux roses et l’émotion du jeune home préférant mourir plutôt que de devenir un monstre n’intervient que bien tardivement. Et, manifestement cela ne trouble guère les Winchester non plus. Couic. Le trouble de Sam, incapable de se sentir libre vis-à-vis de sa destinée aurait été ment plus troublant d’un point de vue existentiel si l’on ignorait que Chuck est toujours à la manœuvre. Or l’autre récit de l’épisode consiste précisément à Le remettre en selle, avec cette fois un réel succès. Revoir la toujours adorable Becky fait évidemment plaisir, d’autant que le personnage a su mûrir et évoluer. Emily Perkins rend le personnage toujours aussi lumineux, ce qui tombe à pic à ce moment particulièrement sombre de la saison. Chuck continue à être magnifiquement exploité par les auteurs, entre auto-critique narquoise ou distinction entre la dimension horrifique du programme et les fan fictions qu’il génère encore et toujours. Cette approche méta constitue un bel hommage aux fans, dans la droite ligne de l’épisode 200. Mais l’opus acquiert avant tout son impact en montrant Chuck définitivement basculer dans le Mal quand Il vaporise Becky, un moment des plus troublants, relayé par la fin particulièrement sinistre qu’il entreprend d’écrire pour Sam et Dean on pressent d’emblée une connexion avec le cauchemar de Sam, moment de bravoure d’une mise en scène de Jensen Ackles par ailleurs trop sage. Anecdotes :
5. TROP FACILE Résumé : Dean et Sam affrontent deux frères Loups-Garous ayant capturé une jeune fille. A leur grande surprise, celle-ci se révèle être Lilith, ressuscitée par Chuck au sein du Vide, puis envoyée en quête de l’Equalizer. Elle détruit l’arme et révèle que Chuck prévoit comme fin de Supernatural que Sam et Dean s’entre-tuent. Sam comprend que ses cauchemars sont en fait des fins alternatives imaginées par Chuck, qu’il perçoit du fait de la connexion existant entre eux. Critique : L’épisode se situe dans le prolongement du précédent, avec un certain retour à la formule classique de Supernatural, après le grand chambardement initial connu par la saison. Mais là où Atomic Monsters dissociait totalement ses événements marquants et mythologiques de la Chasse menée par Sam et Dean, contribuant ainsi à la rendre ultra classique et prévisible, Proverbs 17:3 a la bonne idée de fusionner le tout, qui en devient délicieusement étrange. Cette formule fonctionne d’autant mieux qu’elle s’effectue via un twist ravageur, avec cette fois le retour de nulle autre que Lilith. Le fait même que l’enquête soit jusque à ce moment assez classique en soi (Loups-garous se substituant ici aux Vampires, habituel parallèle entre l’histoire du jour et la situation des Winchester) concourent astucieusement à donner plus de force encore au retournement de situation. L’évocation de Lilith en quasi-déité du Mal lors de The Rupture tombait également à pic, c’était finement joué de la part des showrunners. S’il reste parfaitement logique et cohérent que Lilith n’occupe désormais plus le même Vaisseau (seul Lucifer aura eu, la plupart du temps, ce privilège), on regrettera toutefois une relative moindre présence à l’écran d’Anna Grace Barlow vis-à-vis de l’inoubliable Katherine Boecher. Mais on évite toute catastrophe car, même si elle est devenue un simple instrument de la volonté divine, Lilith reste Lilith : cruelle et surpuissante, aux répliques narquoises toujours aussi redoutables. Son aura se voit affirmée par la destruction de l’Equalizer, tout comme ce fut le cas pour Dagon avec le Colt. Évidemment le symbole phallique manque de finesse, mais c’est précisément là que l’opus prend tout son sens, par la révélation que Chuck est de retour en manipulateur des événements. Car si Son Écriture est aussi le Verbe, elle se manifeste bien par le manque de subtilité déjà pointé par Becky dans Atomic Monsters. Par cette mise en perspective aussi maligne que cohérente, les showrunners justifient ainsi brillamment le manque de relief des aventures de ces deux épisodes en soi si quelconques. Ce ne sont pas eux les auteurs, mais bien Chuck, nous signifient-ils en clignant de l’œil, une jolie justification de la faiblesse s’avérant en définitive une force, par effet de dévoilement. Les fins alternatives de Supernatural peuplant les cauchemars de Sam font également leur effet. La saison 15 continue à déployer un sens aigu et maîtrisé du méta-récit ludique, on se régale. Décidément Andrew Dabb et Robert Singer sont en train de prendre une magistrale revanche sur leur saison 14 en demi-teinte. Anecdotes :
6. LORDO MAGNIFICARUM Résumé : Jadis entraînée en Enfer par le Molosse de Crowley, l’âme d’Eileen vient demander de l’aide à Sam et Dean. Sam découvre un sortilège de résurrection préparé par Rowena et l’utilise pour redonner vie à Eileen, malgré l’opposition d’autres Sorcières résolues à s’en emparer. Alors qu’il prend des vacances, Castiel affronte de nouveau les créatures des ténèbres quand un Djinn s’en prend à un jeune garçon. Les cas des Sorcières et du Djinn sont traités. Critique : L’épisode souffre du défaut inhérent à nombre de scénarios divisés en deux parties totalement disjointes : chacun des deux segments aurait certainement mérité un développement supplémentaire, même s’ils demeurent efficaces ici. A défaut d’une action sophistiquée, l’opus sait toutefois jouer habilement du ressort de l’émotion. Cela vaut en premier lieu pour le segment autour de Sam et d’Eileen, dont le retour se montre absolument touchant, d’autant que le courant passe toujours aussi bien entre Jared Padalecki et l’épatante Shoshannah Stern. Si le retour d’Eileen résulte peut-être moins immédiatement spectaculaire que celui de Lilith, il reste le plus émotionnellement fort que la saison nous ait proposé jusqu’ici. A défaut d’une intrigue supérieurement développée, cette partie joue habilement du doute hantant désormais Dean face à la notion de libre arbitre, ce qui le conduit à baisser les bras dès lors que Sam n’est pas en danger. De plus les Sorcières se montrent aussi cruelles et divertissantes qu’à l’accoutumée, d’autant que le casting apparaît très relevé, avec Jodelle Ferland (Dark Matter) et surtout Keegan Connor Tracy jouant de manière très amusante une Sorcière diabolique grand train, alors qu’elle incarna la Fée bleue dans Once Upon A Time. Le volet Castiel bénéficie aussi du joli casting de Jennifer Sopence, figure régulière des séries tournées à Vancouver (Continuum, Stargate Universe…). Mais ici le volet émotionnel fonctionne un tantinet moins bien, car, si Castiel décide assez théâtralement de sortir de sa retraite, il n’aura finalement été absent… que deux épisodes. Soit la durée habituelle de ces ruptures au sein du trio vedette, auxquelles plus personne ne croit vraiment depuis des années. A peine entraperçu avant d’être occis, le Djinn du jour ne restera pas non plus dans les annales de la série. Reste quelques jolis extérieurs de lacs et forêts, à une époque où l’étranglement budgétaire à conduit la série à se cantonner à des huis-clos en décor (nous restons loin de L'Esprit du Lac, en saison 1). De quoi contribuer à rendre plaisant cet opus relativement mineur mais soigné. Anecdotes :
7. BLESSURE DIVINE Résumé : Au Texas, Dean retrouve son vieil ami et ancien Chasseur Lee Webb, durant une enquête sur la disparition d’une jeune femme. Il découvre que Lee est le responsable. Ayant perdu la foi en l’Humanité, il offre des sacrifices à une sombre entité, afin d’obtenir richesse et longévité. A contrecœur, Dean tue Lee et son commanditaire. Avec l’aide de Bobby, Castiel force le shaman Sergei à aider Sam, qui découvre l’affaiblissement de Chuck. Critique : Les épisodes continuent à se scinder en deux parties quasi étanches, mais il est vrai que le compte à rebours a débuté et qu’il reste encore bien des choses à raconter ! Le segment autour des retrouvailles entre Lee et Dean souffre d’une faiblesse qu’il s’acharne à accentuer ; le fait que l’on devine instantanément que Lee est le coupable, ce qu’il ne cesse de confirmer par les maladroites fausses pistes qu’il s’efforce de semer. Mais il est vrai qu’ici c’est sans doute Chuck qui est à l’écriture, d’autant qu’en définitive Il atteint son but : les deux frères, d’armes sinon de sang, finissent par combattre à mort. La saison continue à jouer de manière originale avec le spectateur à propos de qui écrit réellement les scénarios et même la grande part prise par la musique va dans ce sens, car la controverse avec Métatron avait révélé que Chuck éprouvait un grand penchant pour la guitare. Grâce à la complicité entre Jensen Ackles et Christian Kane (encore un acteur en provenance du Buffyverse), cette partie musicale apporte une vraie valeur ajoutée ; qui devrait plaire aux amateurs d’une série comme Nashville. La partie consacrée au retour de Castiel et à la blessure de Sam présente le mérite de faire progresser l’action principale, même si cela se limite à confirmer ce que le spectateur avait déjà deviné comme la connexion entre Sam et Chuck, L’annonce de la faiblesse de ce dernier tombe à pic pour susciter quelques espoirs et dramatiser le final de mi-saison à venir, en le promettant riche en action. Cet aspect utilitaire, joint au rythme galopant imposé par le faible temps imparti, fait que les péripéties résultent quelque peu schématiques. Mais les auteurs ont l’habileté de tirer parti du relationnel pour pimenter quelque peu les choses, avec Castiel pleinement revenu en lice et un Serguei toujours aussi pittoresque et amusant. On apprécie le lien très fort qui s’installe désormais clairement entre Sam et Eileen, décidément la meilleure recrue de la saison jusqu’ici. Le récit apparaît plus habile et maîtrisé. Évidemment ce n’est pas cette fois Chuck qui est à l’écriture, à moins que qu’Il ne soit particulièrement machiavélique ! Anecdotes :
8. TALON D'ACHILLE Résumé : Avec l’aide de Donatello, Sam et Dean découvrent que Chuck a un point faible, qu’Il a seulement révélé à Michael. Rowena est devenue la Reine de l’Enfer et leur révèle que Michael a quitté l’Enfer. Michael accepte désormais de partager son Vaisseau avec l’esprit d’Adam et tue Lilith quand celle-ci tente de le conduire à Chuck. Michael révèle à Castiel comment emprisonner Chuck et lui ouvre un portail vers le Purgatoire, où se trouve une fleur nécessaire au sortilège. Sam et Eileen s’associent pour une Chasse au Vampire, mais il s’agit d’un piège tendu par Chuck. Critique : Ce final de mi-saison synthétise à merveille l’esprit animant cette si particulière saison 15: un happening permanent et débridé, mais se sombrant jamais dans la facilité. Entre effroi et humour caustique, la première partie de l’épisode accumule ainsi les scènes chocs, sur des registres divers. Ainsi la vision d’un Chuck totalement à la dérive dans son casino funèbre glace le sang, d’autant qu’il est difficile de ne pas songer au protagoniste du classique de La Quatrième Dimension que constitue C’est une belle vie: un enfant tout puissant, cruel et narcissique. Autrui n’existe que pour Son amusement, autant dire que la série peut encore aller très loin sur le sujet. On apprécie également l’élégance consistant à, pour la toute première fois, ne pas conclure la demi-saison sur un cliffhanger, un subtil moyen de confirmer que cette saison n’est pas comme les autres. Anecdotes :
9. BUTCH CASSIDY ET LE KID
Résumé : Dean et Castiel se rendent au Purgatoire, où ils se réconcilient et découvrent la fleur. Chuck entreprend de révéler à Sam le Futur, au cas où Lui-même serait vaincu par les Winchester : les monstres prolifèrent en l'absence de Dieu, les amis de Sam et Dean sont tués et ces derniers deviennent des Vampires. Sam, choqué par la révélation, refuse de prononcer le sortilège salvateur et Chuck récupère toute Sa puissance. Ébranlée, Eileen décide de prendre du recul. Critique : Avec The Trap, la saison 15 poursuit toujours aussi efficacement son tour de piste de l'ensemble de Supernatural. Lors de la séquence du Purgatoire les références aux Léviathans, à Eve, aux Alphas, à Benny Lafitte ou à tout le voyage qu'y effectuent Castiel et Dean en saison 8 se déroulent avec fluidité. Le procédé apporte de la saveur au récit, sans jamais l'appesantir. Robert Berens a l'excellente de consacrer cette partie de l'épisode non tant à de l'action déjà vue et revue dans la série, qu'à la réconciliation entre Dean et Castiel. Outre qu'elle nous ramène à la saison 4 et aux premiers temps de leur relation, la prière de Dean à Castiel compose un bouleversant moment d'émotion et une nouvelle superbe interprétation de Jensen Ackles. Mais la vraie vedette de l'épisode demeure bien entendu Chuck, toujours interprété avec éclat par Rob Benedict. Une partie du public sera sans doute troublée de voir Dien constituer le Big Bad ultime de Supernatural, mais il faut bien reconnaître qu'en Diabolical Mastermind, Chuck est Perfection, conformément à Son essence. On se régale littéralement de chacune de Ses cruelles fourberies, de ses punchlines et de Son humour faussement patelin. Sa capacité à adapter Ses plans face aux diverses tentatives des Héros et à ne jamais (jamais) perdre le contrôle du Jeu, même aux instants les plus critiques, impressionne réellement. Chuck introduit également un doute pour le moins gouleyant quant à la nature du Futur qu'il expose à Sam. Partage-t-Il réellement Son Omniscience avec ce dernier, ou ne s'agit-il que d'une vision truquée ? Rien ne l'affirme réellement, mais Sam y croît et on a tendance à le suivre, Chuck n'a pas l'ego pou s'abaisser à jouer au faussaire. Le seul regret de The Trap reste le fait que réaliser le sortilège à 11 épisodes du grand final annonçait clairement l'échec. Mais cela reste un détail. L'épisode compose un mix parfait entre horreur, humour et émotion (notamment entre Sam et Eileen) tient pleinement son rôle, concluant les arcs de la première moitié de saison (les visions de Sam, son lien avec Chuck, le sortilège) et la relance avec le pouvoir retrouvé de Chuck et le retour annoncé de Jack. Reste à voir ce que donne ra ce dernier point. Anecdotes :
10. L'ÉTOFFE DES HEROS Résumé : Un cousin lui-même lycanthrope de l'épouse louve-garou de Garth a été grièvement blessé dans un Fight Club de monstres. Désormais retiré de la Chasse, Garth fait appel à Sam et Dean pour traiter le problème, mais Chuck leur a réservé une surprise à sa façon : les Winchester sont désormais privés des divers passe-droits et capacités providentielles des Héros, devenant des personnes ordinaires. Diminués, ils ne pourront remplir leur mission qu'avec l'aide de Garth. Critique : Décidément, cette saison 15 sera méta ou ne sera pas. Andrew Dabb et Robert Singer continue à user à merveille de Chuck afin d'apporter tout un humour acidulé à l'ultime tour de piste de Supernatural. On apprécie d'autant plus la dernière fourberie divine que la suspension d'incrédulité entourant les exploits de Sam et Dean, certes accentuée par la durée de la série, et donc de leur survie, demeure commune à tous les protagonistes de ce type de programme. C'est bien à un totem de la série d'aventures que s'attaquent joyeusement les auteurs, toujours vivace même si les irrésistibles excès des années 60 sont désormais derrière nous. Évidemment Chuck demeure un auteur privilégiant l'effet à la simplicité et les Winchester des personnages de série télé, donc ne pouvant être tout à fait ordinaires. Leur perte de statut se traduit donc par une avalanche de petites catastrophes finissant par devenir excessives se tournant à la comédie (l'Impala tombant deux fois en panne : hérésie). Cela finit par faire quelque peu doublon avec Baraka (3-03), même si Sam et Dean ne s'effondrent pas comme a pu le faire Bob Saint-Clar dans Le Magnifique, quand son Auteur l'a pareillement pris en grippe. On regrettera davantage le côté bâclé du Monsters Fight Club, évidemment un sujet prétexte, mais que néanmoins l'on ressent par trop survolé. Pour compléter l'épisode les auteurs ont d'ailleurs inséré un numéro onirique de claquettes entre Dean et Garth, A notre avis, le spectacle ne casse pas des briques, mais cela reste subjectif. Ackles est une nouvelle fois davantage convaincant sur le registre de la comédie. En revanche, l'épisode se rattrape largement en profitant de l'éclipse des Winchester pour positionner Garth en sauveur de la journée et authentique Héros. Une jolie manière de conclure ce que l'on pressent constituer des adieux à ce sympathique allié de Sam et Dean, présent depuis la saison 7. A l'issue d'un épisode plaisamment irrévérencieux envers les Winchester, le bonheur familial et apaisé de Garth leur apporte comme une lueur d'espoir. Anecdotes :
11. ATROX FORTUNA Résumé : Suivant le conseil de Garth, les Winchester se rendent en Alaska, afin de retrouver leur bonne fortune. Ils découvrent un bar où des parties de billard se déroulent entre adversaires désirant s’accaparer la chance de l’autre. L’endroit est dirigé par la déesse Fortuna, prélevant au passage sa dîme de chance en guise de sacrifice. Éprouvant une rancune envers Chuck, et appréciant les Héros audacieux, elle rend leur baraka à Sam et Dean. Castiel retrouve Jack, ressuscité par Billie. Critique : The Gamblers demeure un bel épisode d’actrice. Lynda Boyd apportant émotion et présence à Fortuna, de même que Hanneke Talbot (bien loin de l’USS Enterprise de Star Trek Discovery) pour la barwoman que la divinité romaine a lié telle un Démon des Carrefours. On apprécie également le choix de la Fortune, qui sourit naturellement aux audacieux, pour sans doute conclure le défilé des dieux païens constituant l’un des atouts de Supernatural. C’est d’autant plus vrai que son soutien aux valeureux Héros que sont Sam et Dean n’est pas sans évoquer la Dame, son équivalent du Disque-Monde se confrontant au Destin en leur faveur. C’est notamment le cas dans La Huitième Couleur, ce Livre premier des Annales auquel on songera à plusieurs reprises au cours de l’épisode. Bien qu’un tantinet tirée à la ligne la justification de la querelle entre Chuck et les dieux païens, n revient directement à American Gods, ce roman entourant la grande source d’inspiration de Supernatural sur ce sujet.Réunir ces vieux complices que furent Terry Pratchett et Neil Gaiman reste un vrai plaisir de l’opus, ais celui-ci va néanmoins échouer entant que relance de la saison 15. Les affrontements des Dieux du Disque fonctionnaient dans le cadre d’un polythéisme, mais ne sont plus valides à l’aune du monothéisme dominant qu’est Supernatural. Dans Le Panthéon, on a pu voir Lucifer littéralement massacrer les deux païens on a donc du mal à croire que Fortuna puisse s’imposer à Chuck. Les auteurs tentent clairement de glisser sur un trou majeur du scénario : rien n’empêche Chuck d’à nouveau priver Sam et Dean de leur baraka de Héros… Idem pour le retour de Jack, toujours accompagné de son pathos coutumier. On a aussi beaucoup de mal à accepter que ne pas utiliser ses pouvoirs empêche Chuck de le repérer, du fait de Son Omniscience, mais aussi on ne voit pas pourquoi Il échouerait là où Castiel a réussi. Et ce n’est pas comme si Chuck n’avait pas en permanence les yeux rivés sur Sam et Dean. Toujours accompagné de son pathos coutumier, on éprouve aussi de la difficulté à percevoir Jack comme un vrai péril pour son grand-père. Les auteurs estiment sans doute que l’émotion suscitée par le retour de Jack va faire passer sur tout cela, c’est un pari. Au total on aura aimé Fortuna, mais l’épisode sollicite trop notre suspension d’incrédulité. Anecdotes :
12. L'AUTRE KAIA Résumé : Dark Gaia capture Jodie pour forcer les Winchester à tenir leur promesse de la ramener dans son monde. Sam et Dean acceptent de l'aider, quand elle révèle que son monde est en train de se détruire et que Gaia y est toujours vivante. Avec l'aide de Jack, les Winchester parviennent à mener l'opération à bien, mais Dark Gaia décide de rester dans son monde. Billie indique que Chuck a entrepris de détruire tous les univers parallèles, pour se concentrer sur le duel avec les Winchester. Critique : La saison 15 et dernière s'est jusqu'ici constituée autour de trois axes : le conflit avec Chuck, au multiples résonances méta, l'effet rétroviseur suscité par le retour de nombreux personnages, mais aussi, plus classiquement, la conclusion des dossiers encore en cours. Si Galaxy Brain se centre sur ce dernier point, bouclant l'intrigue de ce qui aurait dû représenter le fil rouge de la première saison de Wayward Sisters, il aborde aussi les deux autres thèmes, d'où parfois une impression de trop plein. Il va néanmoins parvenir à en partie dépasser cette difficulté, grâce à la qualité de l'interprétation. Ainsi la désormais traditionnelle divertissante séquence méta de Chuck demeure simplement un élément de décor, sans interactions directe avec les Winchesters. On s'amuse néanmoins toujours de la saveur du jeu de Rob Benedict, mais aussi des évidentes convergences entre le coup de balai cosmique donné par Chuck, et le récent crossover massif de l'Arrowverse, supprimant pareillement tous les univers parallèles édifiés au cours des années précédentes. Le (vrai) retour de Billie tourne également quelque peu à vide, n'apportant rien de vraiment nouveau, ou qui n'aurait été anticipé, même si Lisa Berry manifeste derechef une remarquable présence. Le sujet principal se voit quelque peu réduit par les secondaires, mais subit surtout l'impact de cette restriction budgétaire ayant tant pesé sur les dernières saisons de Supernatural. En effet, au lieu de partir à l'aventure dans le Bad Place, le clan passe beaucoup de temps au Bunker, à ressasser des éléments déjà connus ou à perdre du temps sur de fausses pistes. L'aventure se réduit à un simple aller-retour de moins de 10 minutes. Il reste paradoxal qu'un récit autour d'un univers parallèle ressemble si longtemps à un épisode bottle ! On apprécie néanmoins le sérieux avec lequel Richard Berens répond aux diverses questions encore en suspens autour des Wayward Sisters (encore que le mystère de la Lance perdure) et le courage avec lequel il affronte l'absence de la plupart des jeunes actrices, désormais parties vers d'autres séries, et on les comprend. L'émotion dégagée par la formidable Yadira Guevara-Prip, autour des deux versions de Gaia et de leur interaction, sauve la journée, mais aussi avive les regrets quant à cette série dérivée qui va bien nous manquer. La mise en scène de Richard Speight, Jr. retrouve quelques couleurs avec les fléaux déployés par Chuck, judicieusement bibliques (comètes, déluge...), là où l'Arrowverse demeurait purement dans la Science-fiction. Anecdotes :
13. L'OCCULTUM Résumé : Billie envoie Sam, Dean et Castiel retrouver l'Occultum, artefact mystique aux immenses pouvoirs. Au cours d'une quête les emmenant en Enfer, dans le Vide et au Jardin d'Eden, ils découvrent que l'objet a été naguère possédé par Anael et Ruby. En échange de la révélation de l'emplacement de l'Occultum, Castiel ressuscite Ruby, malgré la colère du Vide ayant pris la forme de Meg. Une fois retrouvé, l'Occultum rend son âme à Jack, Sam et Dean rencontrent également des doubles d'eux-mêmes, ayant fui leur univers alternatif détruit par Chuck. Critique : On pourra reprocher à l'épisode de constricteur une énième quête à l'objet miracle tombant à pic pour résoudre les difficultés du Clan Winchester, un procédé dont la série aura décidément usé et abusé. Et il n'est pas dit qi'il ne s'agisse de la dernière de la série. Une fois cette réserve posée, ce scénario certes prétexte va déboucher sur un épisode fort plaisant, sachant tirer parti des vastes opportunités de l'univers de la série. Assez logiquement après 15 saisons, la quête de Sam, Dean et Castiel se montre en effet moins initiatique qu'humoristique et nostalgique, revisitant divers lieux, époques et personnages ayant marqué cette étonnante aventure qu'aura été Supernatural. La saison 15 joue ici pleinement la carte du regard dans le rétroviseur, en laissant la part belle aux personnages féminins. On apprécie en effet que tout se structure autour d'un carré de dames : Billie, Anael, Meg et Ruby. Quatre figures aussi fortes que différentes, rappelant à juste propos que Supernatural s'est souvent avérée plus complexe que l’image de série machiste lui ayant parfois collé à la peau. Destiny's Child plaira également à la large fraction des fans du programme désirant voir les couples Ackles et Padalecki participer tous les deux à un même épisode. On évite toutefois un scénario sombrant dans l''excès de fan service en ne le triturant pas pour que le quatuor apparaisse ensemble à l'écran. Entre péripéties, pièges tendus par Ruby et Anael, Bille devenant l'oracle du groupe ou encore un Vide devenu terriblement menaçant et cruel sous les traits de Meg, on ne s'ennuie pas tout au long de cette aventure joliment dialoguées et réalisée. Quelques regrets toutefois, dont l'absence de rencontre entre Sam et Ruby, qui ne fait que rencontrer Castiel. Mais ce n'est peut-être que partie remise après sa résurrection. Le côté chasseuses d'objets mystiques de Ruby et Anael ravive le regret de ne pas voir Bela participer aux retours de la saison, idem pour Jo et Ellen à propos des figures féminines. Assez lourds, les Sam et Dean se montrent aussi envahissants qu'inutiles, on a compris depuis longtemps compris qu'il convenait de suspendre notre incrédulité concernant les failles de l'Omniscience de Chuck. Anecdotes :
Résumé : Dean libère accidentellement une Dryade, Mrs Butters. Celle-ci était la gouvernante des Hommes de Lettres durant les années 50. Elle va assumer le même rôle auprès des Winchester. Une période euphorique s'en suit, les Chasses s'effectuant avec efficacité et le Bunker étant bien tenu. Mrs Butters est prête à tout pour défendre Sam et Dean, qui lui rend son affection. Mais ils ignorent qu'elle perçoit Jack comme un monstre, étant le fils de Lucifer. Critique : Last Holiday, où le parfait épisode de reprise pour Supernatural, après un hiatus de plus d’un semestre. Habilement, les échanges entre protagonistes dressent un panorama de la situation et des paris en présence, un élément utile si l’on n’a pas fait ses devoirs de rentrée. Au passage, l’opus se permet le luxe d’encore d’accroître les enjeux de cette ultime saison, puisque la Mort a révélé que Jack, e plus de Chuck devait occire Amara. Un challenge, d’autant que l’on se souvient qu’en saison 11 toutes les puissances de l’univers de Supernatural avaient échoué à la détruire. Mais un mouvement astucieux, puisque cela empêcherait que la Création soit engloutie par les Ténèbres éternelles et primordiales après la mort de Chuck, autre postulat établi par cette mémorable saison. Plus que jamais les jeux sont ouverts et le suspense demeure total quant à la conclusion de cette histoire au combien singulière. Mais Last Holiday s’inscrit également dans la vaste relecture de la série entreprise par la saison 15, revenant sur les Hommes de Lettres et, surtout, rendant un bel hommage au Bunker, devenu au fil des années un vrai foyer pour les Winchester. Avec l’apparition de Mrs. Butters, le récit utilise ainsi habilement l’inépuisable capacité de surprise des nombreux secrets de cet endroit, quitte à ce que cela tourne quelque peu au procédé après une si longue occupation des lieux (à ce niveau-là, on ne voit que l’Île des Disparus comme équivalent). De même l’épisode continue à fermer les dossiers résolvant les questions laissées en suspens autour des artefacts du Bunker (la table-planisphère, le Télescope, voire la télévision de la Deancave), toujours avec astuce et humour. Dans ce quasi-huis clos (voire épisode Bottle), animé avec talent par Eduardo Sánchez, l’insertion de nombreux clins d’œil au passé des Winchester ravira les fans, en un vrai quiz de la série. Plus que jamais la saison 15 place s’adresse aux fans de longue date. Ces compagnons de route apprécieront sans doute de retrouver une divinité païenne, si souvent gage d’épisode réussi. Mrs. Butters se montre délectable, autorisant quelques joyeux moments de Gore comme on aime (tête et ongles arrachés, un plaisir), tandis que l’épatante Meagen Fay apporte de la véracité à sa double nature, entre Mary Poppins et Nurse Ratched. Ce choc des deux personnalités apporte de l’humour à un récit, avec un également un Dean en roue libre. Toutefois l’on regrettera que, pour humoristique qu’il soit, Last Holiday ne devienne jamais vraiment ce pur épisode décalé que l’on apprécierait de découvrir avant la fin de Supernatural, la série s’étant montrée si généreuse sur le sujet. On aimerait également que les superbes motels de jadis, quasiment disparus depuis l’arrivée du bunker, aient aussi droit à leur hommage. La nature de Dryade de Mrs. Butters reste trop périphérique. Mais le vrai boulet de l’opus demeure Jack, encore et toujours abonné aux jérémiades diverses et variées. D’aussi loin que l’on s’en souvienne, le personnage aura chouiné en permanence sur lui-même, sur la cruauté du destin, la misère du pauvre monde, etc. On n’en peut plus de ce trauma sur pattes. Anecdotes :
Résumé : Sam et Dean se confrontent à Amara. D'abord désireuse de demeurer neutre, elle envisage de les aider contre Chuck, influencée par Dean. Pendant ce temps, Jack et Castiel enquêtent sur une série de meurtres atroces survenus dans une communauté religieuse. Castiel apprend que le sortilège de Billie fera de Jack une bombe qui annihilera Chuck et Amara, mais qui le tuera aussi. Refusant cette option, l'Ange part à la recherche d'une autre solution.
Critique : A cinq encablures du port, alors que l'opus précédent se positionnait en panorama d'ensemble, Gimme Shelter n'hésite pas à bouleverser l'univers de la série. Révélation du vrai lien entre Chuck et Amara (deux jumeaux dont la « séparation » a donné le Big Bang), interdiction des Pactes par une Rowena mettant au chômage tous les Démons des Carrefours, dévoilement du plan de la Mort, fatal pour Jack, départ de l'Ange, etc. L'effet s'avère un vrai choc pour le spectateur, le tout se voyant sans doute couronné par le retour d'Amara et la permanence réaffirmée du liant l'unissant à Dean. Tout cela nous vaut un épisode plein à ras bord mais sachant résister à la tentation du rythme échevelé accentuant encore la frénésie des révélations. Bien au contraire le récit prend le temps d'installer pleinement l'émotion, dans ses deux segments. Décidément les rares épisodes voyant l'antagoniste être un simple être humain constituent toujours des réussites. Gimme Shelter place ainsi de nouveau la famille au cœur de Supernatural, sans doute l'une des constantes les plus fortes de cette série au si long cours. Castiel en père de substitution de Jack se montre ainsi très émouvant lors de ses entretiens avec le pasteur (Misha Collins dans ses œuvres), il en va de même lors de l'évocation de Mary entre Dean et Amara ou de la spécificité du lien entre cette dernière et Chuck. La spiritualité se voit également abordée avec éloquence, avec cette communauté de personnes aux croyances différentes, mais unies par la recherche du bien commun, un élément revêtant une force particulière en notre période troublée. Cela n’empêche pas pas cet opus de haut niveau de nous apporter quelques touches d'humour, mais aussi de pur effroi. Oscillant entre Seven et Saw, ses scènes de meurtres et de supplices sont les plus dérangeantes que nous ait proposé Supernatural depuis longtemps. Anecdotes :
Résumé : En 1993, alors que John les avait laissés dans un motel afin de mener une Chasse, Sam et Dean avaient sympathisé avec Caitlin et Travis. Ensemble, ils avaient apparemment triomphé de Baba Yaga, monstre s'en prenant aux jeunes gens. De nos jours, Travis est tué et Caitlin envoie un SOS aux Winchester : Baba Yaga est de retour. La Mort révèle que Chuck a fini de détruire les autres univers et qu'Il est en chemin. Billie ne pourra plus intervenir avant la confrontation finale. Critique : Les joies simples sont souvent les meilleures : alors que, lors de Last Hilidays, nous regrettions que les superbes motels n'aient pas eu droit à leur épisode hommage, au même titre que le Bunker. Et c'est précisément ce que nous offre ici Drag Me Away (From You),. Le Rooster's Sunrise s'avère en effet agréablement évocateur de ces établissements à la fois surréalistes et très graphiques, ayant régulièrement illustré le talent des décorateurs de la série. Cet effet madeleine se ressent d'autant plus fortement que l'établissement se situe bien au cœur de l'intrigue, l'unicité de lieu qu'il génère jetant un pont entre les deux époques du récit. Tout fait l'objet d'un grand soin, aussi bien les chambres que les couloirs et l'extérieur, un vrai plaisir pour le fan. Par ailleurs ce décor se voit mis au service d'une intrigue au bon goût de jadis, quand chaque épisode voyait les Frères Winchester voler au secours d'une Damoiselle en détresse, avant que l'Impala ne disparaisse à l'horizon. Les jeunes acteurs sont tous excellents. L'intrigue se voit par ailleurs enrichie d'une thématique Stephen King réussie. Le Rooster's Sunrise revêt rapidement des allures d'Overlook Hotel, ce que souligne judicieusement la mise en scène par fois à la Shining (toutes proportions gardées). On apprécie également les nombreuses références à Ca, entre la juxtaposition de deux époques, le retour d'un tueur d'enfants qu l'on croyait vaincu ou la place du souvenir pour les protagonistes, entre autres éléments. La chambre d’hôtel maudite évoque aussi 1408. Malheureusement si Drag Me Away (From You) convainc en tant que Stand Alone, il en va différemment de ses rapports au fil rouge de la saison. Alors que le spectateur attend avec impatience les événements de l'arc final, il était sans doute maladroit de se replonger dans la jeunesse de Sam et Dean, déjà moultes fois explorée par le passé. Il s'avère aussi quelque peu lassant de seulement évoquer les événements en cours par ouï-dire, Billie succédant ici à Jack ou au Démon des Carrefours. Il est grand temps que l'acte final débute. Anecdotes :
Résumé : Chuck est de retour et rencontre Amara, qui plaide pour qu’Il épargne la Création. Avec l’aide d’une côte offerte par Adam, Dean et Jack initient le rituel devant transformer ce dernier en trou noir aspirant Chuck et Amara. Sam se confronte au Vide et découvre que Billie souhaite en réalité remplacer Dieu. Mais Chuck tire toutes les ficelles et convainc Amara de se fondre en lui, révélant la trahison de Dean. Il espère également que l’affrontement entre Dean et Sam à propos du sort de Jack devienne meurtrier, assurant enfin Sa fin de l’histoire. Mais Sam persuade Dean de renoncer à la violence. Les deux frères font face à la colère divine alors que Jack est sur le point de déchaîner son pouvoir. Critique : Carrefour de la saison, Unity marque avec un éclat particulier le lancement de cet arc final tant attendu. Le prologue permet à Emily Swallow de briller de toutes ses qualités de comédienne, une délicate attention au moment où elle quitte sans doute Supernatural. Unity a le grand mérite d’oser renoncer au rythme échevelé de l’action caractérisant souvent ce type d’épisode-carrefour bouleversant l’univers de la série (jurisprudence Anasazi des X-Files). Au contraire, le drame se divise en trois actes chacun centré sur l’un des protagonistes (Amara, Dean et Sam), ce qui permet de poser et d’enrichir le discours sans rien renoncer à l’intensité de multiples confrontations savamment théâtralisée. La controverse entre Amara et Chuck revêt des accents du mémorable Chuck tout-puissant (11-20), mais la perspective a changé. Amara parle en égale à Dieu, contrairement à Métatron, et, surtout, c’est autant la Création qu’elle s’efforce de sauver que Chuck lui-même, du piège tendu par les Winchester (dont elle ignore la vraie nature) aussi bien que du complexe (au combien) divin dévorant son frère. Voir l’ego d’artiste de Chuck, exacerbé devant la perspective d’une toile blanche Le conduire à refuser toutes les opportunités offertes revêt une force terrible. Tout ceci résulte merveilleusement interprété et filmé avec notamment tout un travail sur les costumes, les couleurs et la noirceur s’inversant entre les deux protagonistes. L’acte de Jack et Dean se montre très amusant dans un premier temps avec son Adam halluciné, en mode hippie revanchard et flanqué d’une Séraphina aussi angélique qu’allumée. Les divertissants dieux païens de Supernatural relevaient souvent d’American Gods, ici, pour le coup, on se situe en plein dans De bons présages ! Mais sa discussion avec Jack pose aussi Dean en champion réaffirmé du libre arbitre, une constante de la série depuis la saison 5. Derrière ses héros en jean et sa fantaisie, Supernatural pose ici avec acuité la question de savoir si la présence même de Dieu n’empêche pas l’Humanité d’être libre, sa disparition n’empêchant pas que l’on opte pour le Bien en impératif catégorique. Le duo Castiel Sam connaît sans doute l’intrigue la plus épique, avec l’expédition dans la Bibliothèque de la Mort et la confrontation mortifère avec le Vide. Jusqu’au bout la série aura usé, et peut-être abusé, des artefacts et portails magiques du Bunker (on se croirait dans Warehouse 13), mais ici cela nous vaut des scènes intenses et le plaisir de retrouver encore une fois Rachel Miner, tandis que la révélation du vrai but poursuivi par la Mort change magistralement la donne. Avec la Bibliothèque et le Paradis, l’opus boucle joliment la revue des principaux décors de la série entrepris par cette ultime saison. Le tout s’effectue sans réellement trahir le profil de Billie, puisqu’en définitive elle n’aura jamais menti aux Winchester... autrement que par omission. Avec émotion Sam se voit confirmé en boussole morale de la fratrie, face aux inclinaisons violentes de Dean. L’acte final apporte à Unity la coda qu’il mérite,avec le hoc induit par la rencontre explosive de toutes les trajectoires des personnages (quitte à tirer un peu sur la chronologie, mais après tout Chuck est aux commandes). On renoue ici avec le rythme trépidant des coups de théâtre et des twists sans retour, dans la meilleure tradition du genre. L’astuce magistrale des scénaristes réside dans la révélation parfaitement orchestrée que tous les événements participaient au maître plan divin, ce qui confirme Chuck en complotiste de génie (il ferait un tabac à Port-Réal). D’autant qu’Il doit Son succès moins à Ses facultés qu’à Son intelligence supérieure. L’habileté va jusqu’à utiliser ce twist pour pallier aux faiblesses du fil rouge de la saison : l’omniscience de Chuck n’a finalement pas été prise en défaut, tout ceci était un vaste complot. Cette conclusion place Sam et Dean en position périlleuse, Chuck, lassé, renonçant à Sa fin de l’histoire et ayant absorbé Amara grâce à sa brillante exploitation de la trahison perpétrée par Dean. Plus que jamais les jeux sont ouverts, tandis que Jack sur le point d’imploser nous vaut l’un des cliffhangers les plus percutants de la série, même si Chuck n’est guère impressionné. On pourra certes pointer que Castiel se voit réduit à un commentateur de l’action (mais avec tellement d’émotion apportée par Misha Collins), tandis que c’est l’unique personnage féminin demeurant en lice qui disparaît. Même s’il ne s’agit pas de mort à proprement parler pour les Ténèbres, le final semble promis à être exclusivement masculin Supernatural reste Supernatural. Mais, tel quel, Unity confirme l’éclatant succès de cette ultime saison et s’impose comme l’un des épisodes phares de Supernatural. Anecdotes :
Résumé : Au moment de son explosion, Billie téléporte Jack dans le Vide, ce qui le sauve, mais le laisse sans pouvoirs. Elle tente de s'emparer de lui, estimant qu'il peut encore jouer un rôle contre Chuck, mais Dean l'en empêche, s'étant emparé de sa faux. Les êtres humains disparaissent dans le monde entier, y compris ceux venus du Monde de l'Apocalypse. Billie affirme qu'il s'agit de l’œuvre de Chuck, non la sienne. Castiel fait venir le Vide, se sacrifiant pour que Billie y soit aussi engloutie, afin de sauver Dean. Avant d'être anéanti, il avoue son amour à Dean. Sam, Dean et Jack sont seuls au monde, tandis que l'Archange Michael ne répond pas à leur prière. Critique : Despair continue à développer l'arc final de Supernatural avec le même brio que lors de son lancement dans Unity mais aussi avec un art similaire de la segmentation de la narration. Là où l'opus précédent disait son histoire an actes centrés sur chaque protagoniste, ici les effets se renouvellent toutefois avec une division plus classiquement chronologique. Un premier temps se voit ainsi dédié à la résolution très efficace du cliffhanger. Les auteurs continuent à pleinement maîtriser l'écheveau des parties en présence, avec une trépidante succession d’événements, conduisant à sauver Jack de manière à la fois cohérente et spectaculaire. L'habilité suprême réside dans l’explosion de la coalition anti Chuck que suscite cette réaction en chaîne, parachevant Son succès de manière trop éclatante pour que l'on puisse croire au hasard. Ici encore Chuck est à l’œuvre et l'affrontement entre Billie, les Winchester et le Vide s'annonce au combien mortel. Entre-temps, l'opus, là aussi tout comme le précédent, n'hésite pas à ralentir le rythme des péripéties, afin de mettre le focus sur les personnages. La disparition de nombreux alliés des Winchester porte à son zénith les retours de visages connus pratiqués par la saison, mais ils valent surtout par l'humanité des quelques scènes précédent le drame. Le récit porte bien la marque de Robert Berens, auteur ayant souvent privilégié la psychologie à, l'action. Nous retrouvons ainsi tels qu'en eux-mêmes Bobby, Charlie (ceux du Monde de l'Apocalypse, bien sûr), Eileen, Donna... Le terrible reboot universel lancé par Chuck après son absorption des Ténèbres (Thanos est largement battu !) revêt de la sorte un impact émotionnel terrible. Cela permet également de glisser sur le fait que le scénario minimise clairement les conséquences apocalyptiques qu'aurait la disparition soudaine de l'Humanité (voitures, avions, machines...). L'acte final, filmé avec dynamisme par Richard Speight Jr., renoue avec l'action échevelée, toujours au service d'un récit intelligemment maîtrisé. Ainsi, sans rien sacrifier du point de vue des combats et des effets spéciaux (cet arc final bénéficiant clairement de plus de moyens que l'ordinaire de la série lors des saisons tardives), les auteurs n'oublient pas de boucler les dossiers encore en cours, comme le ressentiment de Billie contre Castiel, qui l'a un peu tuée jadis, où la résolution du pacte signé entre le Vide et l'Ange du Jeudi. Mais c'est par sa conclusion que l'opus marque définitivement les esprits, avec la terrible double disparition de Billie (toujours parfaite Lisa Berry) et, surtout, de Castiel. A l'issue d'une série ayant tant usé et abusé des morts et résurrections diverses et variées de ses protagonistes, parvenir à préserver tout l'impact émotionnel de la scène constitue un bel exploit, devant aussi beaucoup à un ultime superbe numéro de Misha Collins. On ne trouve pas les mots pour célébrer tout ce que ce merveilleux acteur aura apporté à Supernatural. Le parfait minutage du coming out de Castiel parachève le succès de Despair, d'autant qu'il s'avère cohérent aussi bien pour ce dernier que pour Dean. Anecdotes :
Résumé : Sam, Dean et Jack sont les derniers êtres vivants au Monde, le châtiment décidé par Chuck, pour avoir refusé Sa fin de l'Histoire. D'abord rejoints par Michael, ils le sont ensuite par Lucifer, renvoyé sur Terre par le Vide pour se venger de Chuck. Mais le Diable travaille en fait pour son Père, créant une nouvelle incarnation de la Mort pour avoir accès au Livre des Jours de Dieu. Sam et Dean remettent l’Épée des Archanges à Michael, qui peut enfin tuer Lucifer. Mais l'Archange les trahit à son tour, avant d'être lui-même tué par Chuck, qui déchaîne sa colère sur les Winchester. Mais le sortilège de Billie a fonctionné et ces événements ont été en fait orchestrés par Sam et Dean pour permettre à Jack d'absorber la puissance divine, rendant Chuck désormais impuissant. Jack restaure la Création, tandis que Sam et Dean sont enfin libres de l'histoire écrite par Chuck. Critique : Inherit the Earth vient superbement boucler l'arc final (mais non la série !) de Supernatural. Les auteurs savent d'abord ménager le suspense quant à la manière dont cette situation pour le moins inextricable va bien pouvoir se résoudre. Presque la moitié de l'opus se voit ainsi dédiée à la peinture de ce Monde vide et silencieux, dans une ambiance et une désespérance assez voisines de celles de Solitude, le pilote de La Quatrième Dimension. La mise en scène parvient à susciter une véritable atmosphère, grâce à quelques superbes extérieurs. Décidément, sans pour autant revenir aux années, la production bénéficie de quelques moyens supplémentaires pour cette ultime ligne droite. On apprécie certains détails, comme l'importance donnée à Route comme élément de décor, un élément consubstantiel à Supernatural, aussi bien que cette Amérique profonde évoquée par une astucieuse référence à Road 66. Souvent très beaux, les inserts (la Tour Eiffel et le Café de Flore pour Paris, mais sans Emily) évoqueront aussi agréablement les séries Sixties pour leurs aficionados, du Saint à Destination Danger. Dès lors que l'on bascule dans la confrontation ultime le rythme des péripéties et des trahisons passe en surmultipliée. Tout ceci s'avère particulièrement prenant, d'autant que les auteurs s'avèrent une nouvelle fois jouer à merveille des diverses ressources offertes par l'Univers Supernatural, afin de résoudre la situation. Tout ceci s’emboîte à merveille, tout en mettant un terme aux derniers dossiers encore en cours (fin de partie pour la quatre Archanges), ou quasi. Le scénario s'impose comme un modèle d'habilité, même si la vitesse de l'action aide à passer outre quelques failles qui perdurent malgré tout. Il n'est ainsi pas clairement expliqué comment l'omniscience de Chuck a pu être prise en défaut par le pouvoir de Jack, mais, vraiment, la performance demeure admirable de maîtrise. La cruauté du destin réservé à Chuck frappe l'esprit (Rob Benedict éblouissant jusqu'au bout), mais on aime que là comme partout ailleurs durant quinze saisons, Supernatural soit allé jusqu'au bout de ses idées. Le choix par Jack d'une divinité non plus monothéiste, mais panthéiste, concilie astucieusement la volonté de libre arbitre de Sam et Dean et la permanence d'un lien entre Dieu et l'Humanité, une belle conclusion pour cette fable morale qu'au aussi su devenir cette ultime saison. Le clou du spectacle reste bien entendu le retour aussi surprise que désiré (on n'y croyait plus!) de Lucifer. Un passage certes bref, mais avec un Mark Pellegrino en totale roue libre comme on aime, un pur plaisir. L'ultime retour (ou pas !) de la saison 15 se ressent comme son plus savoureux. Certes le montage final en forme d'album souvenir, agrémenté de l'Impala s'amenuisant vers l'horizon, ne compose pas un modèle d'originalité, mais il est parfaitement exécuté. On apprécie d'autant plus que la séquence initialement prévue, prévoyant de nombreux guests dut être réécrite du fait du COVID, Un feu d'artifices de souvenirs et un bel hommage aux enthousiasmants seconds rôles de la série, mais aussi une ultime session de rattrapage pour les inévitables oubliés de la saison 15. On avouera avoir particulièrement aimé de revoir Jo et Ellen Harvelle, ainsi que Bela Talbot, toujours dans nos cœurs malgré le temps qui passe. Inherit the Earth offre à Supernatural une parfaite conclusion, ainsi que leur liberté à Sam et Dean, ce qui ménage un beau suspense à propos de ce que va bien pouvoir nous raconter Carry On, sans doute une coda intime pour la fratrie. Anecdotes :
Résumé : Les Frères Winchester ont repris leur vie de Chasseurs de Démons, mais Dean meurt lors d'un combat contre des Vampires. Il est accueilli au Paradis par Bobby, qui lui révèle que Jack, aidé par Castiel, est en train de transformer les lieux : les âmes sont désormais libres de leurs cellules virtuelles et peuvent désormais se rencontrer. Dean part pour une randonnée au volant de l'Impala. Sam vit une longue vie loin de la Chasse et a un fils, avant de mourir à son tour et de retrouver son frère. Critique : Là où Inherit the Earth achevait aussi bien la saison 15 que l'arc de Chuck, Carry On se veut bel et bien la conclusion de toute la série. A cette fin, les showrunners posent une question aussi simple que fondamentale : en définitive, qu'était-ce que Supernatural ? A travers une coda intimiste et touchante, en parfaite harmonie envers tous leurs prédécesseurs, à commence par Eric Kripke, ils réaffirment ici qu'il s'est toujours s'agit de l'histoire d'une fratrie. Les deux se confondent, aussi bien à l'Alpha qu'à l'Oméga. Quel que soit l'intérêt que l'on ait porté à une relation aussi forte que Destiel, où à la cosmogonie de l'univers de Supernatural, ou à toute autre des multiples dimensions culturelles développées par une série si longue et féconde, le lien indissoluble entre Sam et Dean aura toujours été le cœur de Supernatural et son principe moteur. Si cette affirmation séduit par sa cohérence, elle y parvient aussi par sa prise de risques assumée et son soin apporté aux détails. Cabb et Singer logiquement centrent l'opus sur la seule fratrie, aucun autre personnage récurrent n'apparaît, hormis baby, bien entendu indissociable du duo depuis toujours, et la brêve mais précieuse apparition de Bobby. La facilité d'un retour fatalement émotionnel de Castiel se voit donc refusée, ce qui demeure bienvenu dans une série ayant déjà tant abusé des résurrections et qui évite de rendre triviale l'émotion suscitée par le parfait départ de Castiel. Et puis les auteurs indiquent bien que Cass a été sauvé du Vide par Jack et qu'il œuvre désormais au nouveau Paradis. Les fans d'un Destiel désormais canonisé seront donc libres de continuer développer à loisir leurs Fans Fictions, c'est aussi cela, le sens de Carry On. L'autre grande prise de risque reste la mort de Dean, surtout lors d'une aventure somme toute volontairement banale, presque insignifiante. S'en scandaliser serait oublier que la grandeur des Chasseurs réside précisément là : dans tous leurs combats leur vie est mise sur la balance. Et puis Dean a toujours été un guerrier, une telle fin paraît aussi digne de lui que logique. Dans ses premières notes sur Supernatural, Kripke l'assimilait explicitement au Gunslinger, le Pistolero de La Tour Sombre. On ne peut ici que laisser la parole à Stephen King, à propos du décès similaire d'Eddie, devenu lui-même un Pistolero aux côtés de Roland de Gilead : « Car ce garçon était un Pistolero, vrai, et c'était la seule fin possible pour un homme tel que lui.» (La Tour Sombre, chapitre 11). Comme pour Destiel, les showrunners demeurent fidèles à la tradition bien établie de Supernatural d'aller jusqu'au bout de ses idées, contre vents et marées. Carry On s'appuie également sur une ultime grand composition d Jensen Ackles et Jared paladecki, aussi lors de la déchirante séparation que des lumineuses retrouvailles, ou lors des moments humoristiques (parce que, oui, on se sera souvent bien amusé à bord de l'Impala). Il s'appuie de même sur une réalisation très sensible, rendant notamment un bel et ultime hommage aux sublimes forêts de la Colombie britannique, un autre lien avec les X-Files. On apprécie également le grand soin apporté à l'écriture et à la mise en scène d'absolument chaque scène, multipliant les passerelles à vers les premières saisons du programme, à travers postures, dialogues, costumes ou éléments de décor. Le dialogue final entre les deux frères reprend ainsi mot pour mot celui de leur première rencontre lors du pilote, et un pont joue un rôle crucial, comme lors de la confrontation avec la Dame Blanche, leur première adversaire. La posture de la mort de Dean évoque celle de Sam lors de All Hell Breaks Loose (2-21), il est fait référence au tourtes et bières préférées de Dean, l’enquête se montre plaisamment archétypale, etc. On pourrait multiplier les exemples, mais chaque moment de Carry On compose une apothéose du vaste revival, particulièrement réussi, entrepris par la saison 15. Derechef la série s'adresse avant tout aux fans de longue date. Il est également cohérent que, pour Sam, la Chasse s'interrompe dès la mort de Dean, ou que sa vie de famille ne soit que survolée, ici encore tout réside dans la fratrie. On avouera avoir particulièrement apprécié que l'émouvante rencontre avec le Bobby historique ait permis de lever le voile sur les derniers dossiers en suspens : son devenir, ainsi que celui du Paradis. Tous les livres de Supernatural sont désormais refermés. Avec cet ultime chef d’œuvre que constitue Carry On, Supernatural achève de prendre place au sein de l'un ces ces Panthéons qu'elle a tant affectionnés, celui des plus grandes séries américaines relevant de l'Imaginaire. Ce captivant Road Movie à travers une Amérique folklorique et biblique, au son du meilleur Classic Rock, restera assurément dans l'histoire télévisuelle. On ne peut que souhaiter que le lancement d'une franchise permette un jour de poursuivre le voyage. Anecdotes :
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Saison 2 1. LE SACRIFICE Épisode Mythologique Scénario : Eric Kripke You, conjuring me, John ? I'm surprised. I took you for a lot of things, but suicidally reckless wasn't one of them. Résumé : Sam fait fuir le démon sur le point de les achever avant de s’écrouler. Il se réveille à l’hôpital ; lui et John s’en sont sortis, mais Dean est entre la vie et la mort : son esprit erre dans les couloirs de l’hôpital où il ne cesse de croiser le spectre de la mort prenant des patients, et il semble bien être le prochain sur la liste... Il rencontre Tessa, une jeune femme, qui elle aussi erre dans les couloirs… Gambit Winchester : figure du jeu d'échecs où un joueur se sacrifie pour permettre aux autres de continuer la lutte. Particularité : il est pris sans l'accord des bénéficiaires, sinon, ce serait pas fun. La critique de Clément Diaz : À la suite du déferlement du finale de la saison 1, Kripke adopte pour In my time of dying (titre 100% plaqué or) un ton plus introspectif qui lui donne l'occasion de réfléchir sur le thème de la mort. Chacun des trois Winchester est dans une intrigue bien à lui, au caractère différent des autres, mais toutes s'inscrivent dans une seule trajectoire continue, aboutissant à une émouvante coda à en avoir le cœur en puzzle. L'histoire de Sam développe jusqu'au bout son impossibilité de trouver la paix avec non seulement son père mais aussi lui-même. À ce titre, la grande gueulante entre le père et le fils sous un Dean impuissant se montre particulièrement dure : au moment où ils devraient rester le plus soudés face à l'état de Dean, ils ne peuvent s'empêcher de se disputer encore et encore. Entre un Sam qui ne cesse de changer de convictions à chaque renversement émotionnel (le plus important, c'est Dean, non en fait c'est de tuer le démon, non en fait c'est Dean, etc.) et un John qui accepte de subir les foudres de ses fils, déçus et furieux de le voir ou seulement obsédé par zieujônes (en apparence), ou bien momentanément anéanti - Dean qui voit son idéalisation du père invincible en morceaux, ça fait mal - l'ambiance n'est pas du tout au calme zen. Au milieu de ce sombre panorama, Sam apporte quelques moments d'humour comme la sacralisation de l'Impala, décidément personnage principal de la série autant que les bros, ou l'énorme gag de la planche Ouija (j'ai piqué 30 secondes de fou rire en voyant la tête de Dean). Celle de Dean est la plus profonde, et possède bien des points communs avec l'Audrey Pauley des X-Files, la poésie en moins, la métaphysique en plus. Il traverse d'abord un suspense intenable avec cette poursuite dans les corridors de l'hôpital avec un spectre qui fout sacrément bien la trouille. Par suite, le twist de Tessa développe toute une remarquable discussion sur l'approche de la mort, de plus en plus apaisée. Magnifique Lindsay McKeon en faucheuse finalement très humaine (et diablement sexy). Remarquable est la trouvaille de l'origine des esprits vengeurs, logique et crédible. Nous avons une Mort qui n'accable pas, ne juge pas, dénuée de cruauté, se montrant parfois consolatrice, tout en restant ferme à n'accorder aucun sursis et à bien casser l'ego de Dean. Sans atteindre les cimes de Six feet under, Supernatural, dans un moment ambitieux, expurge la terreur humaine face à l'inconnu et incite au "lâcher-prise", à un sain renoncement tant chez les morts que chez les vivants. Quant à John, on peut parler de rédemption – un thème aussi typiquement américain que puissant. Ce n'est qu'a posteriori que l'on comprend sa froideur et son apparent désintérêt pour son fils aîné. Son subjuguant pacte avec le diable marque durablement car commis par amour et non par égoïsme faustien. C'est l'histoire qui m'a le plus touché car il se livre à un acte d'amour sublime qu'aucun de ses fils ne saura jamais, les laissant sur une vision encore chargée de rancune de leur part ; une pointe de cruauté digne des meilleurs shows. On aime comment la simple négociation envisagée par John - déjà en soi vachement kamikaze - laisse place à un dilemme déchirant qu'il n'hésite pourtant pas à accepter. Son courage implacable face à yeux-jaunes, dont on craint à chaque seconde un coup fourré, est à rendre cardiaque (un Big Bad de premier ordre, incontestablement). Par suite, ses derniers oripeaux de paternel trop rude et dur s'effacent, et on le voit se détendre peu à peu lors de la sublime scène finale, où il fait face à son destin avec le sourire du condamné fier d'avoir pris sa décision. Le dialogue avec Dean est un des plus beaux qui m'ait été donné de voir, grâce à la performance tout simplement parfaite de Jeffrey Dean Morgan. Le voir enfin se comporter en vrai père pour la première et unique fois de la série est un très grand moment de fiction, avant la terrible conclusion. Un début de saison où nos héros lost in translation vont devoir composer avec la nouvelle donne des enjeux, et dont on ne peut pas dire qu'elle leur soit spécialement favorable. La critique d'Estuaire44 :
Effectivement un fort efficace pilote de saison rebattant totalement les cartes et installant le décor des réjouissances à venir (même si des rencontres importantes auront encore lieu au prochain opus). Le scénario se montre très ambitieux, développant trois points de vue différents sur une même situation en interaction. Malgré cette situation complexe, l’intrigue sait rester fluide et multiplier les twists (je confesse qu’à l’époque Tessa m’avait bien eu ; en même temps, les Bros avaient rencontré tellement de damoiselles en détresse). Effectivement, du côté de Dean, on retrouve une ambiance à la Audrey Pauley, hormis le fait qu’il soit toujours relié à ses partenaires contrairement à Monica ; un loner peut se permettre une telle immersion, pas le final d’un arc sur-vitaminé mené en commun. L’épisode complète joliment Faith, qui avait abordé la mort sous l’angle de la Foi, tandis qu’ici on aborde la destinée humaine d’un point de vue davantage philosophique. Deux superbes seconds rôles viennent compléter ce riche panorama : Yellow Eyes, parfait en pourriture intégrale et sardonique, on l’aime déjà d’amour, et la belle Tessa à qui le noir va si bien. Ses dialogues avec Dean constituent le sommet de l’épisode, abordant la thématique de la Mort avec une sensibilité étonnante pour Supernatural où le sujet s’accompagne d’habitude de hurlements et de divers objets contondants du meilleur goût. L’humanité sincère et compatissante de Tessa est un joli contrepied aux Faucheurs classiques tel celui de Faith, sans aller toutefois jusqu’à l’humour parfumé aux champignons qui font rire de la joyeuse bande de Dead like me. J’aime bien que grâce à l’ami Azazel (qui ne craint visiblement pas le courroux du patron de Tessa), la réponse définitive de Dean soit laissée à l’appréciation du spectateur. Perso, je pense qu’il allait la suivre, comme la vieille dame à suivi la Mort dans l’épisode Nothing in the Dark de La Quatrième Dimension. Adieu John, merci à son formidable interprète, jusqu’au bout impressionnant de présence et d’implication. L'acte de contrition de John Winchester reste un immense moment, emportant toutes les digues. Avec le recul, on aime bien le médecin qui estime qu’un Ange a veillé sur Dean, tout va bien alors, pas de souci à se faire. Anecdotes :
2. LE CLOWN Épisode semi-mythologique Scénario : John Shiban - Dean, […] we’ve been at Bobby’s for over a week now and you haven’t brought up Dad once. Résumé : Après avoir brûlé le corps de leur père, Sam et Dean retrouvent la trace d’une de ses connaissances : Ellen. Avec sa fille Jo et un aide du nom d’Ash, elle tient le Roadhouse, un bar servant de point de ralliement pour tous les chasseurs de démons. C’est là qu’ils apprennent que des meurtres ont eu lieu pas loin du bar, commis par des clowns qui se servent de l’innocence des enfants pour entrer chez eux et massacrer tout le monde. L’enquête s’annonce cependant difficile, car les Winchester doivent commencer à porter le deuil de leur père… Où l'on apprend que traiter quelqu'un de clown n'est pas toujours le meilleur plan santé qui soit... La critique de Clément Diaz : Everybody loves a clown parlera certainement aux coulrophobes, mais cette histoire de clown tueur se montre quoiqu'il en soit trop minimaliste. Accumulant les clichés horrifiques sans la moindre originalité autour de ce récit tant de fois vu ailleurs, l’épisode serait un fiasco s’il n’était pas relevé par l’introduction de la Roadhouse, bar à l’ambiance si agréablement poisseuse et métal, présidé par un duo de dames de choc et un geek halluciné qu’on adore immédiatement. La gestion différente entre les deux frères du deuil qu’ils doivent porter sonne également juste. Loin du gore d’un Stephen King (Ça) ou de l’humour azimuté de Darin Morgan (Humbug dans X-Files), cette version du clown tueur apparaît singulièrement simpliste. Nos amis vont traîner leurs jeans dans un cirque, suivent quelques fausses pistes de routine, puis finissent par péter la gueule du méchant clown sans que rien ne se soit vraiment passé. Cette paresse narrative plombe la majeure partie de l’épisode, et le réalisateur n’y peut pas grand-chose. Toutefois, on peut être indulgent envers John Shiban qui devait aussi assurer l’introduction de la Roadhouse, repère de chasseurs et d’amoureux de bibines qui arrachent la gorge, et de l’état psychologique des deux frères après la mort de papounet. Les Harvelle frappent très fort d’entrée, les deux dames parvenant à faire mordre la poussière à nos Winchester pourtant experts en bastons ! Ellen et Jo se montrent fougueusement badass, tenant la dragée haute à nos héros par leur caractère pétaradant, leur froideur tranchante, et concernant Jo, un côté métalleuse sexy qui se met à faire la danse de la séduction à un Dean réduit à l’état de proie (et Lucifer sait qu’il faut aller très loin pour que ce séducteur soit dominé par une minette !). Pour Ellen, c’est son côté matriarche intransigeante qui force l’admiration. Alona Tal flamboie de sensualité et de présence, tandis que Samantha Ferris déploie une intensité de jeu particulièrement stupéfiante. Chad Lindberg en fait des caisses en geek enfumé et abruti, surprenante addition aux beaucoup moins rigolardes Harvelle, mais la surprise fonctionne à plein. On aime aussi la honte pas du tout rentrée des frérots quand ils doivent faire le voyage à pied sans leur grosse tire, on se marreuh. L’épisode sait aussi émouvoir par un Sam parvenant à surmonter l’épreuve plus efficacement que Dean, vu pourtant comme l’élément dominant du duo, mais payant sa proximité plus proche envers son père. La fin de l’épisode se montre très amère, Dean semblant encore perdu dans des orages psychologiques où chagrin, fureur, vengeance, impuissance, culpabilité semblent se liguer pour le faire craquer, et qu’il laisse échapper en se défoulant sur Sam (Dean massacrant l’Impala, une image traumatisante à l’échelle de la série). Sam lui-même doit faire face au regret d’avoir perdu un père qu’il n’a jamais vraiment connu et qui est resté pour toujours un étranger. Les deux frères semblent bien épuisés. Supernatural démontre ici que ses fondations sont suffisamment solides pour venir en aide à une histoire faiblarde. La critique d'Estuaire44 :
Passons rapidement sur l’intrigue du jour. L’affaire est rondement menée et permet de concrétiser la phobie de Sammy de manière amusante, mais le clown tueur reste un sujet tout de même éculé. Même si l’apparence du Clown s’avère très réussie, on ne fera jamais aussi bien que le Ça de Stephen King, et l’épisode n’a pas le temps de creuser l’univers très particulier du cirque. C’est dommage, mais cela évite aussi de périlleuses comparaisons avec Carnivale. Et puis, après Yellow Eyes et la Mort, le Clown figure dans la catégorie poids plume. L’épisode sert surtout à développer la mythologie des Hunters et à achever de planter le décor de la saison, avec l’introduction d’un point fixe pour les Winchester (chose rare), The Roadhouse, et surtout trois nouveaux personnages en or massif : Ash l’allumé (hilarant), Ellen la mère courage de Supernatural (excellents parents de substitution avec Bobby), et la piquante et attachante Jo qui démarre un flirt avec Dean s’étendant sur toute la saison. Deux personnages féminins particulièrement forts et attachants. Dean n’a pas trop la tête à la bagatelle, son intériorisation de la souffrance paraissant d’ailleurs plus intéressante que le bla bla continuel de Sam, assez saoulant. Son explosion et le massacre de l’Impala composent ainsi une scène particulièrement choquante. L’épisode expose brillamment la différente approche de la mort du père que connaît chacun des frères. Rassurons-nous, la Chewy Impala sera de retour dès le prochain épisode, et flambant neuve. Telle est la magie des séries télé. Anecdotes :
3. AU-DELÀ DES APPARENCES Scénario : Sera Gamble Give you a couple of severed heads and a pile of dead cows, and you're Mr. Sunshine. Résumé : Sam et Dean font la connaissance de Gordon Walker, un chasseur de démons, alors qu’ils enquêtent sur des décapitations dans le Montana. Sam est capturé par un groupe de vampires dirigé par leur leader Lenore ; il va vite se rendre compte que les monstres qu’il imaginait affronter ne sont pas ceux qu’il croyait… Oh mon Dieu, ils ont vampirisé Tara ! Espèces d'enfoirés ! La critique de Clément Diaz : Encore une fois, on pioche chez Whedon (casting inclus) avec la thématique des fameuses "zones de gris" dans le combat entre le Bien et le Mal puisque l'épisode apparaît très proche du That old gang of mine (saison 3) d'Angel, et son inversion des rôles : humains bad bad contre monsters good good (enfin, à peu près). Cependant, la version de Supernatural réussit davantage le traitement de la fausseté des apparences et de l'anti-manichéisme : ici, des monstres demandant juste qu'on leur f... la paix se voient pourchassés par des humains qui ne veulent rien entendre et mettre tout le monde dans le même sac (métaphore évidente de la xénophobie et de l'amalgame). L'inversion est telle que ce n'est pas seulement ce taré de Gordon - très bien interprété dans son nihilisme sadique - qui passe au grill, mais aussi Dean lui-même qui se retrouve face à son propre reflet. Comme Gordon, Dean n'est pas allé à l'hôtel Hyperion, et a donc une vision bichrome du Bien et du Mal - legs pourri du paternel - il pallie aux douleurs de sa vocation en prenant son pied à casser du monstre. Or, cette jouissance de tuer pour le "bon droit" l'entraîne du côté Gordon, un vrai “violence addict”. C'est vraiment l'épisode des inversions, car comme le confirme Dean, c'est Sam qui en effet "protège" son grand frère de la tentation des ténèbres injectée par son passif paternel. Dean est décidément bien assaisonné car il a encore du mal à gérer la mort de John, mais dans sa volonté sacrificielle et égocentrique à la fois (tiens, comme Angel), il veut agir en "homme", ne voyant pas qu'il évacue la tension en massacrant des vampires (tiens, comme Faith). Alors, certes le scénario est insuffisant, déroulant trop de dialogues avec Gordon et limitant l'action à une décollation à la scie sauteuse (la subtilité légendaire de la série) et à un affrontement psychologique final, mais à la rescousse, miss Amber Benson ! Mon Dieu, que Tara euh Lenore est belle, dans son opulente chevelure brune. Elle donne gravité et émotion à un rôle pourtant assez limité. La séquence de la tentation du sang est d'une intensité palpable, où Lenore repousse finalement sa nature et se sauve elle-même au sens propre et figuré. Le lien avec Dean, qui a réussi difficilement à contenir ses pulsions de meurtre, est bien trouvé. Un épisode limité niveau action, mais thématiquement, la série fait jeu égal avec ses modèles. Sinon, les vannes entre les deux bros marchent toujours ; j'aime bien comment Sam torture Dean en refusant de lui donner un coup de poing pour "équilibrer" ; ça fait du bien de voir "le grand dadais" prendre l'ascendant de temps en temps. La critique d'Estuaire44 :
Épisode effectivement réussi. Opposer un alter ego négatif au héros est une formule fonctionnant toujours. C’est d’autant plus le cas qu’ici Gordon représente davantage : ce que Dean pourrait devenir s’il se laissait aller à ses pulsions. L’idée sera reprise en saison 10, mais sans finesse, autour de la Marque de Caïn. La série n’hésite pas à questionner ses protagonistes et à rendre la fratrie agréablement complexe, avec ses deux frères à la fois très différents mais aux liens totalement interpénétrés où chacun apporte à l’autre. Un superbe moteur pour Supernatural qui sait également se montrer moins manichéenne que l’on pourrait le croire dans son discours, y compris sur les Chasseurs. C’était également le cas à Sunnydale, avec le Chasseur que Buffy devait « tempérer » dans Phases. Excellente interprétation des deux acteurs invités. Sterling K. Brown rend réellement inquiétant ce sociopathe de la plus belle eau qu’est Gordon ; les Bros se sont fait un bon copain qui ne va pas les oublier. Amber se montre toujours supérieurement douée, variant son registre tout en maintenant le clin d’œil à Sunnydale, c’est astucieux. Bon, les vampires de Supernatural ne crèvent pas trop l’écran et n’électrisent pas l’épisode, mais ils sont plus un prétexte que le vrai sujet de l’histoire. Et puis, l’Impala est de retour ! Gordon à une voiture méga classe lui aussi, c’est ça aussi, la Chasse. Anecdotes :
4. VENGEANCE D’OUTRE-TOMBE Scénario : Raelle Tucker I've heard of some people doing some pretty desperate things to get laid, but resurrect the corpse of a hot chick… you take the cake ! Résumé : Sam et Dean enquêtent sur le meurtre du petit ami infidèle d’Angela Mason, une adolescente morte quelques jours auparavant. Ils découvrent que le cercueil d'Angela est vide, et comprennent qu’elle est devenue un mort-vivant cherchant à se venger. Elle compte maintenant tuer sa colocataire (l’amante de son petit ami), ainsi que tous ceux se mettant en travers de son chemin Message de la Prévention pour les maladies sexuellement transmissibles : la nécrophilie n'est pas la pratique la plus recommandée, surtout avec un zombie qui a 5 cases en moins dans le ciboulot. La critique de Clément Diaz : Le scénario ultra-linéaire de Raelle Tucker est bien prêt de saborder totalement l’épisode. Oui, parce que bon, on est pas dupe : ce n'est pas parce qu'on remplace un esprit frappeur (enfin, égorgeur, on est dans SPN quand même) qui veut assouvir sa terrible vengeaaance par un zombie qu'on va surprendre le public. Donc, voilà, on regarde abasourdis l'épisode dérouler tranquillement tous les marronniers de ce genre d'histoire avec une première fausse piste, un meurtre bien sadique comme on les aime (c'est fou la quantité de faux sang disponible pour un épisode), puis une tentative avortée, puis une confrontation avec le tireur de ficelles, puis le mano a mano final, et voilà, c'est fini, plié, lavé, repassé. Alors, pour équilibrer, on tente l'émotion avec un conflit entre les deux bros et Dean qui veut toujours se la jouer dur de dur, mais bon, trois épisodes d'affilée qu'il nous fiche le même numéro, on commence à surcharger un poil. Sam sentant qu'il est en train de perdre son frère est toutefois émouvant. L'apprenti sorcier est bête et transparent comme ses pieds, deux ennemis au lieu d'un seul auraient ajouté plus de piquant. Évidemment, Sam joue à la fin le rôle de l'appât ; c'est marrant, c'est toujours lui qui en prend le plus plein la gueule. On pense au Forever de Buffy dans le thème de l'épisode : le désir de revoir un être aimé décédé, quitte à violer les lois naturelles. Heureusement, la mise en scène répond à l'appel. Ok, Tamara Feldman joue le rôle cliché du zombie ici sous forme de jolie brune torride (ça change des anti Rudolf Valentino de Romero), mais elle donne justement un petit côté série B pas désagréable, et sait être fichtrement inquiétante dans la folie sanguinaire de son personnage. Et puis bon, suggérer une copulation entre un vivant et une jolie morte, c'est toujours toniquement vomitif. La réalisation de Kim Manners reste assez classique, mais instille suffisamment de tension pour pallier aux insuffisances du script, tandis que la musique de Christopher Lennertz est joliment évocatrice. C'est surtout à l'aune de sa coda qu'il faut considérer l'épisode : la scénariste réussit en beauté sa sortie, avec encore une parenté avec Buffy, cette fois avec le début de la saison 6 avec une Tueuse se sentant morte à l'intérieur d'elle-même. Dean déchirant le masque pour confesser sa culpabilité d'être en vie est saisissant, et Jensen Ackles est grandiose. L'instant dramatique est tel que Tucker délaisse même le rituel de la Chevrolet partant dans le lointain. Une fin aussi magnifique qu'inattendue. La critique d'Estuaire44 : Le titre original fait référence au classique de Bob Clark en 1972, archétype du film d’épouvante ultra fauché devenu culte par la suite. Tout comme dans l’épisode, l’action prend place au sein d'un cimetière avec des sorciers amateurs, inconséquents, et pas vraiment futés, pour qui les histoires de résurrection vont mal tourner (en plus ils sont coincés sur une île). Dans mon souvenir (mais je n’ai pas vu l’épisode puis longtemps), l’histoire reconstituait bien l’ambiance de Zombie Movie du film originel et son humour bas du front et gore assez jouissif, ainsi que ses mises à mort joyeusement craignos. En plus, des allusions à Romero et à Pet Sematary, c’est un peu le Zombie Festival comme concept ; je m’étais bien amusé à l’époque. Je me souviens d’avoir bien aimé comment descendre la jeune fille n’avait pas posé de problème existentiel aux gentlemen que sont les Bros en toutes circonstances. Les personnages rencontrés sont standards au possible, mais cela fait aussi partie du genre avec ses victimes interchangeables (hormis décibels et tessiture des glapissements et hurlements). Mine de rien, le récit est fortement macabre et sexué, on est hors champ d’une programmation mainstream, et Kim Manners démontre toujours un sacré métier. Bon, la connexion entre les sentiments des frères et les événements est assez immédiate, mais les acteurs possèdent suffisamment leurs personnages pour rendre cela sensible et même émouvant à l’occasion. Mention spéciale à Jensen ici, qui imprime réellement sa marque sur cet arc autour d’un Dean assombri, comme Angel a pu l’être en son temps. Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : Ben Edlund - If you want to find Andy, just look for a van with a barbarian queen painted on the side. Résumé : Sam a la vision d’un homme recevant un coup de téléphone, puis se dirigeant vers une armurerie où il prend une arme, tue le caissier, puis se suicide. Sam et Dean découvrent qu’un jeune homme, Andy, a le don d’imposer sa volonté à qui il souhaite. Toutefois, tout n’est pas aussi simple… Un duel des esprits... au sens propre. La critique de Clément Diaz : Voilà un épisode 100% creepy, 100% métal, 100% saignant, c’est bien du Supernatural, tout est tranquille. Ben Edlund, ancien scénariste chez Joss Whedon, se saisit d’une thématique chère au Geeklord (Buffy restera toujours une grande influence de la série) : le rapport des humains au pouvoir, et en offre un brillant traitement. Le pouvoir d’imposer sa volonté, antique fantasme humain, est présente dans bien des romans et séries (La Quatrième Dimension, Agents of SHIELD…) ; avec les deux portraits d’Andy et Ansen, l’épisode s’enrichit d’une réflexion sur ce thème éternel, coulée dans une histoire enchaînant les rebondissements et les scènes chocs à une cadence effrénée jusqu’à un final pétrifiant de suspense. Tout comme Le musée rouge des X-Files, l’autre influence de la série, l’épisode nous leurre en paraissant être un loner avant de dévoiler ses traits Mythologiques. Les scènes de manipulation d’esprit se montrent dès l’introduction remplies d’un suspense équivalent à celui de Nightmare, car rien ne garantit que nos deux hérauts vont arriver à temps. Edlund dépeint Andy (Gabriel Tigerman, très digne et juste) avec beaucoup de subtilité et de sympathie. L’identification est immédiate, et le contraste avec les scènes horrifiques d’attaque est saisissant, le tout sans jamais perdre un rythme très rapide. Un twist central vient orienter l’épisode vers le véritable tireur des ficelles, un psychopathe total resplendissant de cruauté et de sadisme. Elias Toufexis a la gueule de l’emploi : son regard de prédateur est le meilleur effet spécial de l’épisode. Ces deux êtres qui se ressemblent tant sont chacun le miroir inversé de l’autre, une configuration toujours payante dans un scénario : l’un que le pouvoir rend fou, insatisfait éternel, et vengeur ; l’autre quasi bouddhiste par son détachement, usant de son pouvoir certes pour lui-même mais modérément et sans intention de nuire. À l’issue d’un double affrontement plein de suspense et au twist final creusant encore plus le mystère de « Yeux jaunes », l’épisode pervertit avec finesse son happy end, où Andy ploie désormais sous son fardeau ensanglanté, comme une innocence brisée. Plusieurs thématiques s’ajoutent à l’épisode : l’acte de tuer tapi en chaque être humain et pouvant être déclenché pourvu que l’on pousse les bons boutons, ou l’écœurante facilité à se procurer des armes aux USA, cause de tant de catastrophes. On est aussi très sensible à l’atmosphère métal de l’épisode, avec Andy fan pur et dur qui ringardise nos deux bros, caisse comprise. À Roadhouse, l’équivalent du Bronze ou du Caritas Buffyesque, nous entrons dans un petit paradis entre flipper où l’on passe à la sulfateuse des cerfs, du whisky bien frappé, de la BO au gros son, et bien sûr Ellen et Jo, les deux tourterelles qu’il vaut mieux ne pas baver sur les rouleaux. On aura rarement vu Dean, qui pourtant mange des démons pour son quatre heures, repousser les énormes perches - enfin là, c’est carrément le George Washington Bridge - que lui tend Jo. Il est vrai que sa maman kickass n’aime pas trop qu’on fricote avec sa fifille. La scène où Jo insère une balade romantique dans le juke-box est à pleurer de rire, qui monte d’un cran quand Dean l’entonne à 140 décibels devant les yeux effondrés de Sam. On retrouve avec amour notre cher Ash alias Dr.Badass (!), toujours aussi imbibé et à la vision très large de la notion de pudeur. Ces moments comiques et musicaux sont le joyau ornant la couronne de cet épisode. La critique d'Estuaire44 :
Simon Said (encore un titre génial) introduit de plein pied les psychiques dans l'univers de la série, en l'occurrence les télépathes. Une bonne idée, le modus operandi et l'atmosphère se distinguant considérablement du Fantastique/folklore aperçu jusqu'ici (et ce ne sont pas les joueurs de Donj blanchis sous le harnais qui diront le contraire). Et de fait, l'on retrouve finalement des ressorts très similaires à ceux des X-Files version Pusher, on se croit parfois dans un remake (même les deux meurtres font très X-Files). On se régale donc pareillement de tout un lot de scènes incongrues, drôles, ou horrifiques, liées à la suggestion mentale. Le procédé fonctionne toujours, même si l'on peut regretter que les deux psychiques, le gentil (très attachant) et le méchant (plus caricatural) n'atteignent jamais le brio et la virtuosité de l'ami Modell. Pour le coup Supernatural crépite, mais un peu moins que son évident modèle. On retiendra tout de même la scène-choc où Dean largue l'Impala sourire aux lèvres ou le presque suicide sur le barrage, un endroit déjà usité de la sorte dans MillenniuM. On a de nouveau droit à une mise en abîme cette saison, avec un parallèle évident entre les situations des deux fratries un peu trop appuyé (on a compris que Dean risque d'avoir lui aussi à tuer Sam). L'équipe de la Roadhouse tient son rang, avec des scènes très amusantes et du bon son comme on aime. Anecdotes :
Scénario : Matt Witten - So, this job as glamorous as you thought it would be ? Résumé : Une jeune femme blonde venant de s’installer dans un appartement remarque une substance noire avant de se faire kidnapper par un esprit. Depuis 80 ans, des enlèvements de jeunes blondes ont lieu dans cet immeuble. Sam et Dean partent s’en occuper. Jo, avide d’aventures, tente de les accompagner, mais Ellen, qui ne veut pas la perdre après avoir perdu son mari, refuse. Sur place, Sam et Dean ont la surprise de voir débarquer Jo qui a apparemment joué la fille de l’air… Tiens, encore des blondes qui morflent grave. Mais que fait Buffy ? La critique de Clément Diaz : En cette saison 2, Supernatural délaisse les codes du formula show de la saison précédente pour devenir beaucoup plus libre de forme, même dans ses épisodes Monster of the week. De fait de l’écriture bien plus classique de Matt Witten, scénariste doué mais habitué aux séries s’épanouissant dans un cadre plus formaté, naît un antagonisme débouchant sur un décevant canevas de chasse au monstre schématique : examens fantastico-scientifiques, deuxième attaque du monstre, recherches « historiques », (trop) gentilles vannes entre les membres de l’équipe, suspense formaté… le scénario est réglé comme du papier à musique, et on a l’impression de regarder une version fantasy des Experts. Witten est habitué aux scénarios a tempo modéré (Law & Order, House MD, CSI : Miami…), et il peine à accélérer son écriture pour une série davantage rapide. Comme il ne rentabilise pas non plus l’atout charme qu’est Jo, on se console avec la mise en scène toujours parfaite de Kim Manners, et nos deux bros assurant toujours le spectacle. Witten finit par épouser même tardivement les codes plus délirants de la série avec un final aussi spectaculaire que joyeusement excessif. Passé le débarquement en fanfare de Jo, toujours désopilante quand elle fait du rentre-dedans à Dean, l’épisode se contente de dérouler. La succession mécanique de fouilles et de brainstormings enferme l’épisode dans un plan narratif restreint. L’esprit manque aussi de consistance (façon de parler…), se contentant de suppurer un fluide noir gluant certes bigrement repoussant, mais ne manifestant guère de menaces à côté. Le mobile de ses crimes apparaît très convenu, et sa véritable identité n’est pas non plus un événement. Manners parvient à soutenir un semblant d’intérêt lors de l’exploration des couloirs secrets, bien humides et obscurs comme on les aime. Sa caméra longe les murs et donne à chaque micro-péripétie un cachet horrifique. Le final permet heureusement un grand défouloir : l’édification de la prison éternelle aux mitrailleuses, la survenue d’une énorme bétonnière, ou le gros malaise dans la voiture lorsqu’Ellen casse le babil de Dean rien qu’avec ses regards de Rambo pas content. Jo déçoit aussi : la badass dynamique devenant une terne amatrice toujours à la remorque du duo, puis basculant dans le peu glorieux statut de damsel in distress malgré quelques élans comme lorsqu’elle poignarde l’esprit. Alona Tal n’a pas l’occasion de répéter son gouleyant numéro habituel. On sera plus sensible devant l’inquiétude féroce d’Ellen : Samantha Ferris synthétise à merveille la fureur et la panique animant sa figure de mère protectrice, mais aussi son émotion dès lors que le passé revient la hanter (glaçante révélation finale). La critique d'Estuaire44 :
No exit suscite un seul regret (léger) : je trouve qu'il arrive trop tôt dans la saison. Un petit univers bien sympathique était en train de se développer dans la Roadhouse, donner un point fixe aux Winchester promettait d'intéressants développements de même que la timide romance entre Jo et le Dean. L'épisode envoie promener tout cela, on l'aurait plus vu en mi-saison. Dommage que la scène finale soit une douche froide inutile, on sait bien qu'il n'y a pas de place pour une compagne dans la vie des Winchester (hormis la Route). Bon, pour le reste, c'est 100% du bonheur. Bien avant l'arrivée de l'Ange du Jeudi, No exit introduit avec un percutant succès la dynamique du trio, d'où pas mal de situations originales. Le Monstre de la Semaine est sans conteste le plus effrayant vu jusqu'ici dans cette saison tant par ses manifestations à la Poltergeist que par sa personnalité de serial killer bien jouasse (mais que fait Frank Black ?). Bonne idée que de fouiller dans l’histoire de l’Amérique pour y débusquer le premier tueur en série répertorié en tant que tel : tous les monstres ne relèvent pas du folklore ; on adore toujours le côté viscéralement américain de Supernatural, un vrai cachet pour la série. Le huis clos mis en place devient vite oppressant à souhait, Kim Manners dans ses œuvres. Mais No Exit demeure avant tout un grand cru Jo, la Miss dynamisant l'ensemble du récit par son allant, son naturel, son mélange de hardiesse et de manque d'expérience, et sa manière assez irrésistible d'empoisonner la vie de Dean. Alona Tal est vraiment épatante de bout en bout. L'épisode évite la démagogie, il est logique que Jo commette des erreurs lors de sa première chasse. Ellen n'est pas en reste, le silence glacial dans l'Impala est vraiment à se tordre, nos deux tueurs la ramenant nettement moins (choix musical hilarant de Cold as ice). Anecdotes :
7. LA MAIN DE LA JUSTICE Scénario : Cathryn Humphris My name is Dean Winchester. I am Aquarius. I enjoy long walks on the beach and frisky women. Résumé : Quelques jours après l’assassinat de son père, Karen Giles meurt égorgée peu après avoir vu le fantôme d’une femme blonde. Dean, présent sur les lieux du crime, est arrêté pour meurtre. Sam est aussi interpellé, et interrogé par l’inspecteur Diana Ballard qui a beaucoup de mal à croire ses histoires surnaturelles. L’unique indice qu’ont les Winchester est un nom : « Dana Shulps ». Monopoly version Supernatural : si vous êtes un Winchester, sautez la case prison. La critique de Clément Diaz : Cathryn Humphris prend un risque en séparant les deux frères durant la quasi-totalité de l’épisode. Mais elle pare à la perte de dynamisme en montrant toutes les ressources (physiques, intellectuelles, intuitives…) qu’ils peuvent déployer chacun dos au mur. Le scénario assume un côté volontairement basique (mais un joli twist final est à prévoir), avec en plus un coupable évident, pour jouer sur d’amusants décalages et un aspect multi-référencé du récit jusqu’à la guest star du jour, dont le personnage est par ailleurs impeccablement dessiné, et digne d’enquêter aux côtés de nos héros. L’épisode apparaît comme un hommage non seulement au film éponyme mais aussi à un épisode particulier des X-Files : Unusual Suspects, où les Bandits Solitaires doivent répondre aux questions d’un inspecteur pour s’être trouvés au mauvais endroit au mauvais moment (un pléonasme pour eux). Supernatural se voulant une série référencée sur le genre horreur, le guesting de Linda Blair-ta-mère-suce-des-bites-en-enfer est pour le coup assez ultime. Dans cet épisode décidément très X-Files, elle semble agir comme un John Doggett : sceptique, dure, froide de surface, elle sait toutefois s’adapter à l’évolution des situations, et accepter à défaut de comprendre l’irruption du surnaturel. L’actrice a un excellent feeling avec Jared Padalecki, leur duo à la fois allié et antagoniste est le moteur de tout le récit. Loin d’être à la remorque, elle participe activement à l’action et apporte son efficacité de policière à l’enquête, faisant particulièrement mouche lors de la confrontation finale où coincée entre son devoir et ses sentiments personnels… elle jette ses derniers à la corbeille en trois secondes et tire dans le tas. Ça, c’est du personnage féminin comme on les aime dans la série ! Ses adieux aux bros sont par ailleurs assez poilants. Les autres références jouent avec le spectateur : outre Dana Scully euh pardon Dana Shelps répété et imprimé partout alla Shining, on retient le cadavre caché dans la mur, ce qui parlera aux amateurs d’Angel (Room with a view) et encore de X-Files (Release), à Buffy (un certain « Anthony Giles »), à La grande évasion - une scène assez énorme - voire… 200 dollars plus les frais ! Malgré que Dean risque sa tête, l’épisode maintient de plaisantes saveurs humoristiques : voir les frères tenter d’avaler leurs histoires surnaturelles à la police est plaisant, on aime aussi quand les flashbacks nous montrent le rigoureux inverse de ce que dit Sam à Ballard, un effet comique qui depuis La femme modèle marche systématiquement, ou lorsque les deux frères se servent de leur avocat uniquement comme messager sous-fifre. Dean balançant tous ses délires à un inspecteur cuit à point pour dégainer la boîte à mandales nous vaut la scène la plus hilarante. On reste admiratifs de la vivacité d’esprit dont font preuve les Winchester nonobstant leur séparation, pour s’en sortir et remonter tout le fil par une enquête simple mais bien conduite par la mise en scène très mobile de Mike Rohl. Un bon loner. La critique d'Estuaire44 :
On n’accroche pas vraiment à The usual suspects. D'abord Unusual suspects était un bien meilleur titre (souvenirs, souvenirs), et puis l'épisode cumule plusieurs faiblesses comme un esprit vengeur trop classique et assez faiblard comparé à d'autres, un coupable qu'il nous faut bien cinq secondes pour déterminer, genre il porterait une pancarte « Guilty » autour du cou, ce serait pareil, une relative fadeur de la mise en scène, ou une interprétation un peu en dessous des standards particulièrement élevés de Supernatural. Les vannes de Dean sont marrantes et cela fait plaisir de retrouver Linda Blair, mais l'épisode vaut surtout pour sa description des rapports entre Hunters et forces de l'ordre. Être un Chasseur requiert décidément des talents très divers, et Sam excelle particulièrement dans ce jeu d'esquive. Une approche intéressante (super importante pour un JDR) mais que la série ne développera jamais tout à fait, les différents cops et agents ne demeurant jamais qu'une gêne passagère pour les Winchester, jamais une entrave réaliste. Et puis on sait bien quels sont les deux seuls Agents du Bureau capables de les coincer, mais ils ne sont pas dans le coup, dommage. Les représentants de l'ordre seront également moins marquants que monstres, anges, et démons, la plus intéressante demeurant la future shérif amie de Bobby avec celle de la saison 1 qui avait, déjà, laissé partir les deux frères. Un épisode essentiellement utilitaire, le supplément "cops" d'un Jeu de rôles Supernatural. Anecdotes :
Scénario : Sera Gamble Secretary’s name is Carly, she is 23, she kayaks, and « they » are real… Résumé : Un architecte au talent fou qui connut une ascension fulgurante il y a 10 ans vient d’être retrouvé mort, le corps lacéré. Une doctoresse réputée qui atteignit rapidement la notoriété il y a également 10 ans subit le même sort. Leur point commun : ils étaient clients du Lloyd’s bar, situé au carrefour où le bluesman Robert Johnson aurait jadis conclu un pacte avec le diable. Sam et Dean tentent de protéger les survivants en sursis ayant cédé à la tentation diabolique, mais cela implique pour Dean de traverser une ordalie particulièrement douloureuse… Dean : 1, Faust : 0 La critique de Clément Diaz : Le mythe de Faust demeure vivace dans les séries et la littérature Fantastiques. La version de Supernatural s’en tient à un cadre classique, mais ne s’en montre pas moins puissante et éloquente. Sera Gamble, l’une des meilleures auteures de la série, va avoir l’intuition de délaisser son scénario pour se concentrer sur une galerie de portraits aussi riche que diverse, héros compris, ce qui lui permet de disserter brillamment sur la peur si humaine de manquer ses rêves, mais aussi sur le pouvoir écrasant de l’amour (sentimental ou familial). Les différentes rencontres se montrent passionnantes, scandées par ces scènes d’attaque qui pour être seulement suggérées, n’en sont pas moins effrayantes. L’épisode se voit couronné par une longue et captivante confrontation avec le démon, à la violence psychologique redoutable. Cette sombre épreuve déteint sur une coda à la gravité saisissante. Gamble soigne notre duo central : Dean est un self-made-man, dont la persévérance (parfois obsessionnelle), le goût de l’épreuve, et une haine de soi masochiste transmutée en un ego démesuré semblent constituer les seuls moteurs l’animant. On voit donc cet être non apaisé, qui ne se voit qu‘au travers de son « travail», être volontiers persifleur envers les « faibles » qui tentent de se construire par la facilité, et ricanant lorsque l’addition leur tombe dessus. À cela, Sam répond par une compassion plus ouverte, comprenant et sympathisant davantage devant ces manifestations désespérées de la peur de l’échec – un mal qui pour être humain est de surcroît en plein cœur du mode de vie américain - En plus de ce distinguo, Gamble décrit des artistes rongés par l’angoisse de ne jamais se faire connaître ; cela est particulièrement poignant chez Darrow dont le détachement progressif du monde est moins spirituel que nihiliste, remâchant perpétuellement l’échec de sa vie et l’injustice amère d’un monde où talent n’est pas synonyme de succès. Le voir refuser l’aide des Winchester pour se jeter dans le châtiment promis restera comme un cas d’école vraiment étonnant dans la série ! Les différentes mises à mort sont une vraie orfèvrerie artistique alors même qu'elles restent suggérées, une performance. On note aussi de beaux flashbacks sur la campagne américaine des années 30 et son blues immortel. La réalisation de Steve Boyum distille un authentique sens de la terreur. L’acidité de Dean finit par se briser lors du cas Hudson, cas poignant de l’amour fou jusqu’à la damnation, un sacrifice ultime qui évidemment renvoie au cas John Winchester. L’épisode trouve toute sa justification dans l’éprouvant mano a mano final avec le démon, un des plus splendidement intenses et dialogués de toute la série. Jensen Ackles trouve une partenaire de choix en la sublime Jeannette Sousa, campant un Mephistophélès absolument irrésistible ; on comprend mieux pourquoi les victimes n’ont pas réfléchi à deux fois ! L’actrice, aussi sensuelle que douée, use d’un jeu habilement emphatique pour retranscrire l’ambiance à la fois de confrontation et de séduction avec Dean (il n’y a que dans Supernatural où vous flirtez avec des démons de l’enfer). L’on assiste, angoissés, à l’effondrement progressif de l’assurance de Dean devant les coups de boutoir du démon le mettant face à sa culpabilité d’avoir causé non seulement la mort de son père, mais aussi sa damnation ; puis lui promettant de rééquilibrer la balance naturelle, ce que la culpabilité dévorante de Dean cherche à tout prix. Les dialogues sont tranchants comme des rasoirs, et ce sadisme raffiné est quasi insoutenable. Les éléments se déchaînant chez Hudson ne contribuent pas à détendre l’ambiance. L'épreuve est telle que la libération finale ne provoque le retour d’aucun soleil, et une fin sur un Dean pas du tout apaisé, au sombre mutisme. Un épisode optimisant au maximum toutes les potentialités de ce thème si riche et fascinant qu’est le pacte diabolique. La critique d'Estuaire44 :
Comme souvent dans Supernatural, Crossroads blues s’empare d’un classique du folklore, pour le dépoussiérer avec talent tout en veillant scrupuleusement à en conserver la quintessence. Les auteurs s’attaquent ici au pacte faustien, dont Yellow Eyes nous avait déjà donné un aperçu fort goûteux en début de saison. La séduisante, tentatrice, et vénéneuse Démone des Carrefours fait encore plus fort lors de scènes aux dialogues dorés à l’or fin. Elle est matoise, la garce… Toutefois, malgré un recours à une figure de l’histoire américaine, le bluesman maudit Robert Johnson, un procédé dont on raffole toujours, on pourra reprocher une certaine répétitivité au scénario. Le récit s’en tient à une réitération, il s’agit principalement de découvrir à plusieurs reprises les Hellhounds (nouveaux venus eux aussi ; welcome, on vous déteste déjà) venir chercher leurs proies, inexorablement. Mais alors pour le coup on pénètre franchement dans l’horreur : les scènes ont un impact terrible, on oublie d’ailleurs totalement que les malheureux damnés y ont contribué. La confrontation entre la commerciale de choc (Crowley School of Business) est un joyau de duel d’intelligence. Surtout, l’épisode apporte sa pierre à sa saison où tout converge vers un final que l’on pressent déjà festif : on sent bien que Dean à tout juste résisté à la tentation pour John, alors avec la menace planant sur Sam, on voit venir l’affaire et cela fait froid dans le dos. Une superbe introduction pour Démons des Carrefours et Chiens de l’Enfer, appelés à connaître de grands lendemains dans la suite de la série. Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : John Shiban - Do you mind stepping out of the car for a minute ? Résumé : Sam a la vision de Dean exécutant un jeune homme hurlant « il n’est pas en moi ». Arrivés dans le village où doit avoir lieu l’événement, Sam et Dean constatent que plusieurs personnes se mettent soudainement à devenir violents jusqu’au meurtre. Tout le village, aux issues barrées, est peu à peu atteint par ce contagieux « virus démoniaque ». Sam et Dean trouvent refuge dans le cabinet d’un médecin en compagnie d’autres rescapés. Mais le virus a déjà infecté l’un d’entre eux… L'office de tourisme du village vous souhaite un long, éternel, séjour. La critique de Clément Diaz : Épisode très TZ et très X-Files que Croatoan. Le lieu isolé où des forces obscures sont à l’œuvre rappelle Serling tandis que le huis-clos avec virus fantastique mortel rappelle irrésistiblement plusieurs grands épisodes de X-Files, notamment Projet arctique. L'on voit que John Shiban a voulu rendre hommage à la série où il a fait ses armes. La réussite de l'épisode doit toutefois davantage aux luttes intérieures de nos héros qu'au suspense du huis-clos, assez pré-fabriqué et à la mise en scène simplement correcte. De fait, on suit un chemin super bien balisé et prévisible, avec figures-types (l'excité du fusil, la victime sacrificielle, la scientifique impuissant, l'infecté cachant son jeu), relevé toutefois par quelques bons twists. Cependant, on salue toujours cette volonté de la série de lier ses épisodes à l'histoire des États-Unis, ici une légende entourant une vieille colonie anglaise, ce qui lui donne toujours un cachet d'authenticité bienvenue. L'interprétation est au diapason, avec notamment une excellente composition de la très belle Kate Jennings Grant en médecin gardant la tête froide et au jeu ambigu. Le travail sur le décor du village où aucun être sensé passerait ne serait-ce qu'une nuit est à saluer. Supernatural est une série sombre, mais cet épisode franchit un palier de plus car Shiban a l'heureuse idée de broder autour de la personnalité fiévreuse de Dean, axe central du récit. Se débattant contre une rage et un chagrin internes liés aux dernières paroles de John, Dean s'assimile de plus en plus à un ange exterminateur, particulièrement intense et violent lors de scènes d'exécution d'humains filmées dans toute leur crudité. Le voir enfermer son frère pour aller exécuter Duane se montre particulièrement effrayant. Jensen Ackles est monstrueux de talent dans cette inflexion ravagée du personnage. De fait, l'épisode semble totalement le déshumaniser jusqu'à même lui enlever le plaisir certes sadique, mais au moins familier, de ventiler les monstres. Face à un Dean semblant devenir pareil aux monstres qu'ils combattent, Sam ne peut opposer que des avertissements touchants par leur impuissance (mais Jared Padalecki tombe trop dans le surjeu). Une fenêtre s'ouvre lorsque Sam et Dean se retrouvent seuls et que ce dernier, dans un inouï retournement de veste, expose toute sa lassitude et sa douleur intolérable d'un "job" qu'il ne supporte plus. Son quasi-suicide, étonnant acte d'amour, nous fait comprendre que Sam semble bien la dernière chose au monde qui l'empêche de se transformer en Terminator fatal. La relation entre les deux frères demeure bien le moteur solide de la série, et les variations autour de la dépendance de Dean à Sam, alors même qu'il est le plus "fort" des deux, compensent leur répétitivité par toujours plus d'intensité. Le twist final est un maître coup d'ironie où l'on entend dans le lointain le rire du Mastermind ravi d'avoir si bien manipulé nos héros - et le spectateur par la même occasion. Mine de rien, notre duo, pour la première fois, ne résout pas l'énigme, et doit admettre une inédite défaite accentuée par une coda douloureuse où l'on pressent qu'une intolérable tragédie va s'abattre. La critique d'Estuaire44 :
Comme on rigolait beaucoup trop dans la Saison de la Joie, Supernatural prend les mesures qui s’imposent et nous décoche un pur cauchemar. Croatoan s’avère un épisode particulièrement riche, entremêlant sur un tempo parfaitement orchestré différentes sources de paranoïa : petite village isolé à la Twilight Zone évidemment vite coupé du reste du monde, version locale des Profanateurs de Sépultures, une nouvelle fois un emprunt au folklore US avec ces villes vidées mystérieusement (genre King dans La Tempête du Siècle), l’idée démentielle du virus au sulfure démoniaque, etc. On pourrait craindre le surplus mais le scénario parient à coordonner le tout lors d’une implacable et continue hausse de pression alors que les mâchoires du piège se referment toujours davantage sur les Winchester. Les seconds rôles sont criants de vérité et superbement interprétés, leurs morts successives n’a rien de mécanique, bien au contraire. On retrouve le fil rouge de la saison avec cette épée de Damoclès pesant en permanence sur Sam ici portée au paroxysme. C’est encore Super Dean, ici. La chute est finale est aussi inattendue qu’horrifique, un vrai coup de poing (et qui mine de rien pare à la seule faiblesse de l’intrigue, l’absence d’assaut sur le fortin). Et quand on croit en avoir fini, on a encore le cliffhanger de la mort qui tue avec la prochaine révélation du Grand Secret de John. Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : Raelle Tucker - Are you okay ? Résumé : Dean révèle à Sam que les dernières paroles de leur père étaient qu’il devait trouver un moyen de contrer le plan du démon aux yeux jaunes qui est d’élever une armée de ténèbres dont Sam doit faire partie ! S’il devenait un monstre, Dean devrait le tuer. Sonné par cette révélation, Sam joue la fille de l’air et tombe sur une psychique qui lui prédit qu’il mourra assassiné par une bombe après qu'elle ait rêvé de lui ! Peu de temps après, Dean est kidnappé par une vieille connaissance… Le retour du psycho... La critique de Clément Diaz : L’épisode vaut essentiellement par la foudroyante révélation suivant le cliffhanger de l’épisode précédent, avec Sam confronté à un destin horrible qui semble inévitable. Deux changements sont à prévoir dans la donne de l’histoire : une relation entre les Weuh désormais pesant sous le poids du fatum promis à Sam, et une traque des chasseurs contre les psychiques, Sam inclus, pour contrer le masterplan du Démon. Cela promet beaucoup, mais l’épisode ne fait qu’exposer cette thématique. Ce qui prendrait dix minutes s’étale sur toute la durée de l’épisode. Malgré le retour de Gordon, l’épisode ressasse encore et encore la situation jusqu’à saturation, le suspense éventé du piège de Gordon n’aide pas. On retient toutefois un formidable premier acte et une coda glaçante où de sombres nuages commencent à s’amonceler. Le scénario se montre d’abord astucieux en se penchant plus avant sur la population des psychiques, hommes et femmes ordinaires confrontés à un pouvoir qui les violente, les perturbe, les fait se considérer négativement. La cold open chez le psy se montre aussi frissonnante qu’émouvante par le calvaire enduré par Scott, tandis que panique et effroi sont le lot quotidien d’Ava. Malheureusement, le portrait trop peu travaillé de ce personnage féminin, contrairement à l’habitude de Supernatural, déçoit, malgré l’interprétation justement fébrile de Katharine Isabelle. Le duo avec Sam est également tué dans l’œuf par son évacuation trop preste de la scène pour laisser (trop grande) place à Gordon, le déséquilibre narratif saute aux yeux. Si on adore retrouver ce bon psychopathe qu’est Gordon, il ne fait que répéter son obstination à tuer Sam, tandis que Dean, ligoté sur une chaise, se contente de donner mollement le change par des protestations tournant en boucle. Le suspense de la bombe ne marche clairement pas depuis qu’Ava a pu prévenir Sam, mais on apprécie le bon tour final, mélange imparable de stratégie et d’opération suicide, c’est de plus franchement drôle. Le corps de l’épisode n’étant constitué que du duo Sam-Ava et Dean-Gordon, tous deux tombant à l’eau, demeure une impression de vacuité. Consacrer tout un épisode à une seule révélation est une erreur malgré quelques bonnes scènes comme Dean pensant que Sam a « emballé » Ava, Dean sautant sur Gordon, la choquante première scène, et bien sûr la dispute initiale où Dean et Sam, abattus par la révélation de papounet, se déchirent inexorablement. Soudainement, nous avons une vision de l’esprit de Dean, totalement angoissé et dévasté par la perspective de devoir tuer non seulement la personne qu’il aime le plus au monde, mais aussi son dernier rempart face à la tentation de sombrer dans les ténèbres. Sam, assommé, n’arrive qu’à se défouler contre son frérot qui peut à peine répondre. S’il l’accable injustement, on peut difficilement le condamner car sa réaction est tristement rationnelle. Promis à un sombre destin, Sam ne peut que clamer sa rage et sa révolte sur la seule personne autour de lui : Dean. Ce duel électrique est véritablement le point d’orgue d’un épisode insuffisant par ailleurs. On retient pour finir la coda sanglante où un froid glacial envahit l’écran ; le compte à rebours est lancé pour Sam… La critique d'Estuaire44 : Dans la continuité immédiate du précédent, Hunted débute par la scène magistrale, très à la tragédie grecque, où Dean lâche le morceau. Le décor naturel est superbe, à la sérénité mettant en valeur la terrible violence de l'échange. Le duo traverse une terrible crise (on n’aime pas la réaction de Sam, assez nombriliste) ce qui rend crédible la scène suivante où celui-ci s'en va, le conduisant à sa perte. Une belle habileté, qui reste d'ailleurs la marque de cet épisode remarquablement écrit et soulignant à quel point cette saison 2 se construit de manière cohérente et dense. Le personnage d'Ava est ainsi introduit sous une forme particulièrement sympathique, ce qui nous promet un beau twist lors du final, que sa disparition met déjà en place. Gordon se montre également passionnant car il vient nous rappeler la vraie nature des Chasseurs dissimulée par l'affection portée aux héros : des tueurs paranos et impitoyables, même si (le plus souvent…), pour la bonne cause. Évidemment, chez lui, c'est porté au paroxysme, mais est-ce si différent chez nos amis ? Son acteur restitue parfaitement le côté psychopathe de l’individu durant la très éprouvante veillée d'armes en compagnie de Dean (percutants dialogues là aussi). Hunted constitue un excellent épisode mythologique, jouant admirablement du grand sujet de la saison, la relation fusionnelle et tourmentée des deux frères. Les Winchester se retrouvent après la crise et peuvent dès lors retrouver logiquement retrouver une certaine routine lors des prochains opus, en attendant le mano à mano face à Azazel. Anecdotes :
11. MAGGIE ET ROSE Scénario : Matt Witten - The most troubling question is why these people assume we’re gay ? Résumé : Susan Thompson doit se résigner à vendre l’hôtel familial. Bizarrement, les deux possibles repreneurs meurent accidentellement dans l’hôtel : à chaque fois, une des poupées de la maison est retrouvée dans la même position que la victime. Sam et Dean trouvent des inscriptions Hoodoo dans l’hôtel… Chers clients, profitez de nos réductions sur nos maisons de poupées, réductions s'appliquant aussi à votre durée de vie, nous vous souhaitons de joyeuses fêtes. La critique de Clément Diaz : Le scénario de Matt Witten mett du temps à décoller mais arrive pourtant à faire monter la tension progressivement tout en faisant perdre une à une les certitudes du spectateur. Plusieurs bons twists au cours de cet aventure, mais le dernier acte final déçoit par sa précipitation et son deus ex machina de dernière minute rendant caduc tous les efforts de nos héros. Heureusement, les auteurs peuvent toujours s’appuyer sur la fascinante relation entre les frérots qui à chaque épisode réussissent à être toujours plus ravagés, et surtout sur la maîtrise tout simplement époustouflante de l’équipe technique, vraiment au sommet de son art. Charles Beeson se montre supérieurement doué dans les cadrages, les décors, et les accessoires, et confirme que Supernatural est autant une série de réalisateurs que de scénaristes, un cas relativement rare à la télévision. Witten reste sur un moule classique : poupées dont aucune petite fille sensée serrerait dans ses bras au moment de faire dodo, fillettes aussi monolithiques qu’effrayantes, un grenier où siège la clé de l’énigme, des objets qui bougent tout seuls pour trucider des pauvres types, un secret de famille… le catalogue est complet, mais est sublimé par la brillante réalisation de Beeson : grands plans larges couvrant la majesté des décors (le bar de l’hôtel !), contrastes tranchants avec de gros plans aux moments critiques, impressionnantes plongées et contre-plongées, petits plans-séquences délicats. Il faudrait aussi mentionner le montage extraordinairement varié d’Anthony Pinker qui impulse une grande vitalité à l’histoire. Si l’histoire ne semble pas décoller au premier abord, l’angoisse étend son grand manteau d’ombre par le jeu des fausses pistes, bien malin celui qui aura prévu l’effarant twist central ! Le suspense monte dangereusement jusqu’à un final qui bien qu’en demi-teinte, se clôt sur un troublant épilogue baigné d’une lumière irréelle. Annie Wersching manifeste son talent coutumier à exprimer énormément de sentiments avec un jeu très intérieur tout en subtilité : le secret de son jeu électrique qui fera tant merveille dans 24 heures chrono. Si Matreya Fedor est très bonne, c’est surtout l’interprétation formidablement effrayante de Conchita Campbell en petite fille capricieuse qui déchaîne l’enthousiasme. À aucun moment la jeune actrice est prise en défaut, manifestant toute sa compréhension de la perversité égoïste de son personnage. Même nos bros demeureront impuissants à lui rendre le monnaie de sa pièce, d’où un tenace malaise à la fin. Justement, chez les Weuh, on est solidaires : dès qu’un des frères commence à aller bien, c’est l’autre qui se charge de prendre le relais du dolorisme, de la dépression, de la culpabilité, etc. on attend toujours un épisode où les deux gars seront bien dans leurs jeans. Adonc, Sam, cassé par la terrible échéance qui le menace, gobe des mouches, vide tout le bar de la chambre, se flagelle (métaphoriquement)… devant un Dean de plus en plus babysitter. Cela passe par des dialogues percutants et des délires gay sur leur relation (une running joke de la série) - on retient le moment où Dean fait passer Sam pour un efféminé aux goûts girly, on rigoleuh - mais aussi de touchantes séquences comme les tentatives acharnées de Sam de reprendre le contrôle sur ses émotions ou cette déchirante scène où il supplie Dean de veiller sur lui. La terreur, la panique, de devenir un monstre de Sam, est très bien rendue par Jared Padalecki. Un bon épisode. La critique d'Estuaire44 : Playthings se définit avant tout comme un lieu et une atmosphère. Le décor de l'hôtel s'avère absolument remarquable et d'excellent goût, admirablement mis en valeur par une mise en scène subtilement feutrée. Comme un morceau de vieille Angleterre tombé au beau milieu des colonies, les amateurs des Persuaders se croiront d'ailleurs dans Greensleeves ! On se régale d'autant que l'édifice sert de parfait écrin à un Fantastique lui aussi en rupture avec le ton yankee de Supernatural car très victorien : fantômes, poupées bien sinistres, parallèle entre leur maison et la réalité, un vieux thème déjà usité par de nombreuses séries mais parfaitement mis en scène ici. Du joli travail, d'autant que le récit exploite parfaitement le choc entre cette ambiance et les Winchester qui déboulent ici comme des chiens dans un jeu de quille. On retrouve avec amusement avec la running joke de la relation gay supposée, comme dans toutes les saisons. L'histoire a l'habileté de demeurer classique, en accord avec l'atmosphère. Évidemment, avec ces deux sœurs, on a encore une mise en abîme des Bros cette saison, pourquoi pas. D'excellentes actrices viennent encore renforcer cet épisode que l'on peut aussi trouver très féminin, la Annie Wersching de 24h Chrono et la toujours marquante Conchita Campbell, géniale dans les 4400. Après le joyeux tableau de famille de la saison précédente, les étranges petites filles réussissent décidément bien à Supernatural, et Lilith n'est pas encore là ! Plusieurs excellents clins d'œil à Shining (rigoureusement inévitables) dont la mythique scène du bar. Anecdotes :
12. LE POLYMORPHE Scénario : Ben Edlund - You’re lead dog now, but you would just love my full cooperation. Résumé : Des vols sont commis par des employés modèles à Milwaukee, ils sont ensuite retrouvés morts chez eux. Sam et Dean font malgré eux équipe avec Ronald, un geek paranoïaque, pour retrouver le changeur de formes qui se prépare à voler une banque. Mais la situation dégénère et le trio est enfermé hermétiquement dans la banque avec un monstre qui ne cesse de changer de forme parmi les clients de la banque, et le SWAT et le FBI juste à côté les prenant pour des fous dangereux… Un film de casse... mais version Supernatural. La critique de Clément Diaz : Après plusieurs épisodes centrés sur la relation entre nos deux héros, on en revient à un épisode d’horreur pur. Commençant sur un ton plutôt léger, l’épisode se mue bientôt en une frénétique chasse au monstre en local clos appartenant aux meilleurs avatars du genre, rehaussé par la menace policière planant sur nos héros. Le contrepoint comique apporté par la guest star du jour s’avère goûteux au sein d’un épisode décidé à river le spectateur sur le banc du suspense. Coup de cœur immédiat pour Ron qui perpétue après les Ghostfacers la figure bien connue du geek aussi passionné qu’allumé, aussi débile qu’involontairement efficace (à sa manière). Ben Edlund a l’ingénieuse idée d’exposer l’affaire par son intermédiaire, lors d’une tirade paranoïaque d’anthologie proprement hilarante devant les bros préparés à tout sauf à ce prodige (l’irruption du Cyberman dans Supernatural fait éclater à gorge déployée tous les Whovians). Sa chambre n’a d’ailleurs pas grand-chose à envier à l’allumé de Roswell des X-Files. En l’intégrant au cœur de l’action, qu’il dynamite à coup de bouffonneries continuelles, Ron insuffle une bienvenue énergie supplémentaire. L’humour ne manque pas entre Dean en agent du FBI prenant le numéro de téléphone d’une jolie fille par « patriotisme » ou Sam en mode man in black. Mais cette déferlante se brise lorsque se forge le huis clos. Dès lors, une tension galopante se développe : la caméra de Phil Sgriccia colle au plus près de l’action lors de ses courses-poursuites au sein de la banque plongée dans le noir, ponctuée par de fracassants électrochocs comme les apparitions toujours bien dégoûtantes des chairs liquéfiées, la sortie de scène de Ron saisissant le spectateur par surprise, ou le coup de poker final se résolvant en une électrisante bagarre (Georgia Craig et Jensen Ackles sont impressionnants de sauvagerie). La survenue des fédéraux est un coup de maître, car faisant naître une seconde menace à l’extérieur pour nos héros, semblant bien piégés dans une voie sans issue ; le dialogue entre Dean et Henriksen se montre tendu à souhait. Le sauvetage in extremis de nos amis ne libère que partiellement la tension tant l’on ressort éprouvé par cet épisode qui n’a cessé d’enrouler et dévider la pelote que l’histoire a fait avec nos nerfs. La critique d'Estuaire44 : Autant les Vampires de Supernatural sont ternes, autant les Métamorphes dépotent toujours sévèrement comme Nightshifter vient nous le rappeler avec une percutante efficacité. Évidemment les The Thing-like sont courants dans les productions SF/fantastique (l’épisode Bank job de Sanctuary d'ailleurs ressemble beaucoup à l'épisode), mais celui-ci se situe vraiment dans le haut du panier pour l'intensité du huis clos, son tempo effréné, et sa mise en scène hyper stressante. Tout cela pulse méchamment, encore une longue nuit pour les Winchester après le siège de Croatoan. D'autant que ce métamorphe-là est encore plus vicieux et malin que son collègue de la saison 1. Entre humour et émotion, le vrai coup de cœur de l'épisode demeure Ronald dont la mort tristement réaliste nous cisaille, on ne voulait pas y croire. Le gag des Cybermen reste vraiment génial, dommage que le Docteur ne soit pas venu le sortir de là ! Par contre, l'épisode, après celui de Linda Blair, essaie très très fort de nous faire encore croire à la terrible menace policière avec un résultat assez moyen. De toutes manières, le tour de passe-passe enfantin utilisé par les deux frères pour s'échapper remet tout ça à sa juste place. On a l'impression que dorénavant les Winchester devront raser les murs : du pipeau. Les Winchester iront en prison quand ils le voudront et en sortiront pareil. Supernatural en fait trop ou pas assez sur l'impact des policiers sur la Chasse. Anecdotes :
13. ANGE OU DÉMON Scénario : Sera Gamble - A Spongebob placemat instead of an altar cloth ? Résumé : Sam et Dean enquêtent sur des meurtres étranges : les assassins, des hommes et des femmes ordinaires à la dérive, disent avoir été « visités » par une lumière surnaturelle qui leur a incité à tuer des criminels qui ont échappé à la police. Malgré qu’ils soient emprisonnés, ils semblent maintenant tous baigner dans un état de rédemption sereine. Sam est convaincu qu’un ange les a visités, Dean penche pour un esprit vengeur. La situation se complique quand Sam est visité à son tour par la lumière… Car telle est la volonté de Dieu : mates cet épisode. La critique de Clément Diaz : Après Faith, Sera Gamble affirme à nouveau son intérêt pour le thème de la foi religieuse. Sans atteindre sa richesse, Houses of the holy développe de belles réflexions sur la justice et les motivations des hommes à adopter ou non le chemin de la foi. Malheureusement, le récit est des plus frustrants : insuffisant narrativement, absence de réel méchant, sans rythme et prévisible au plus haut point ; même le chevronné Kim Manners ne peut animer ce script, en fait pensé comme une respiration au sein de la course ténébreuse de la saison. Les Winchester paraissent très vite en marge de l’affaire. Ils passent la moitié de l’épisode à fouiller chez les victimes, à parler avec des témoins sans que leur enquête n’avance en quoi que ce soit. Leur première action influençant les événements n’apparaît qu’à la 35e minute. Le sommet se voit atteint avec une séance de spiritisme pour Sam sans terreur ni suspense et une course de bagnoles (moyennement filmée) pour Dean : pour un « climax », on est loin du compte. De fait, leur enquête est sans conteste l’une des plus faibles de la série. L’épisode vaut en fait pour la poursuite de la réflexion religieuse entamée dans Faith. Nous constatons qu’aucun des deux frères ne parvient à vivre leur croyance de manière saine. Sam est croyant, mais sa foi n’est guidée que par la peur, celle de tomber dans la folie tendue par les ténèbres qu’il combat chaque jour. Ne pouvant avoir pleinement confiance en Dean pour le sauver de son horrible destin, il renforce sa foi artificiellement, en espérant qu’un pouvoir supérieur veille sur lui comme un ange (Castiel se marre en coulisses). L’on n’est pas loin de l’analyse Freudienne des religions où l’homme invente Dieu comme substitution d’un pouvoir protecteur qui serait plus fiable qu’un père terrestre faillible. Parallèlement, traumatisé par le mensonge involontaire de sa mère, Dean fait de son athéisme moins une conviction qu’un bouclier désespéré contre la laideur du monde. Ayant vu tant d’horreurs, il ne peut croire en d’invisibles beautés, et demande des preuves que seuls ses yeux pourraient juger comme recevables. Ne jouissant d’aucune spiritualité qu’il ne compense pas par des valeurs morales puissantes, mais seulement par devoir familial et par vengeance (de sa mère), sa vie est condamnée à l’amertume perpétuelle, sans espoir ni joie sincères. Aussi la coda où chacun fend l’armure est-elle très émotionnelle, avec en plus le jeu très sensible des comédiens. Gamble parle aussi de « justice divine ». Elle reste fidèle en une vision d’un Dieu qui n’est pas juge. Elle peut s’appuyer sur la magnifique figure du Père Reynolds qui, s’il demande l’aide de Dieu, ne souhaite pas une rétribution selon la loi du Talion, car cela violerait le libre-arbitre des hommes : automatiquement punis par Dieu, nos choix humains deviendraient alors forcés, car nous n’agirions plus que par peur. Implicitement, Reynolds demande à ce que les coupables tombent dans leurs propres pièges que leur déviance a construits. Gregory compose une intéressante figure de fanatique, persuadé d’agir au nom de Dieu, et cherchant à être utile au-delà de la mort en se prenant pour un ange exterminateur (la métaphore de l’extrémisme religieux se voit sans peine). Le voir réaliser l’étendue de son erreur et accepter la rédemption s’avère très émouvant. La mort très Destination Finale du psychopathe est un moment d’humour macabre très réjouissant. Il ne manquait à cet épisode qu’une histoire plus prenante pour rejoindre les sommets d’une série qui sait s’épanouir autant dans l’horreur que dans les réflexions sur l’humanité et sa part divine. La critique d'Estuaire44 :
Revoir cette saison 2 offre de nouvelles perspectives que lors d'une première diffusion, on apprécie ainsi davantage toute la convergence savamment organisée vers le grand final. Mais cet aspect connaît un summum lors de Houses of the Holy avec évidemment un première évocation des Anges qui prendront tant d'importance par la suite. Toute l'incrédulité de Dean devient ainsi très divertissante, de même que l'espoir de salut de Sam apparaît vite particulièrement émouvant quand on sait ce qui l'attend. Le meilleur réside dans la représentation dans toute leur pompe et leur gloire de Michel (L'Archange du Premier Rayon, le Chef des Milices Célestes...) et de Raphaël (Le Seigneur de l'Air, le Prince des Séraphins...). C’est absolument ironique quand on songe à quoi ils ressembleront une fois descendus de leur tableau. Le coup de la mort du pervers s'inspirant de la Lance de Michel est également bien vu, on se demande si le jovial et débonnaire Michel n'est pas déjà sur place, en fait. Coucou, Michel. Pour le reste, le récit introduit des variations judicieuses au thème de l'esprit vengeur avec deux excellents acteurs comme invités du jour (comme d’habitude pour Supernatural). La scène où l'esprit comprend qu'il n'est pas un Ange est vraiment bouleversante. Travail de production tout à fait soigné avec de superbes décors, église, et objets d'art, mais aussi un de ces motels azimutés et si américains dont les artistes de la série ont le secret. Heureusement, l'accès de dévotion de Dean l'Incrédule ne durera pas, d'où un joyeux moment à l'arrivée du son protecteur ailé. Une très belle réussite, même si l'on pourra préférer la beauté funèbre et la profondeur du Metatron des X-Files. Tiens, on le verra aussi dans Supernatural, celui-ci.
Anecdotes :
14. POSSÉDÉ Épisode semi-mythologique Scénario : Cathryn Humphris You checked in two days ago under the name Richard Sambora. I think the scariest part about this is that you’re a Bon Jovi fan. Résumé : Sam disparaît pendant une semaine. Lorsque Dean le retrouve dans une chambre d’hôtel, Sam est couvert de sang et ne se souvient de rien. Les deux frères tentent de remonter le parcours de Sam pour reconstituer le fil des événements. Sam se demande si le plan de « Yeux jaunes » à son égard n’a pas déjà commencé… Sam met ses poings où il veut, et c'est souvent dans la gueule. La critique de Clément Diaz : Cette version démoniaque de Very bad trip (la gueule de bois en moins, l’hémoglobine en plus) captive par la terrifiante métamorphose de Sam en serviteur des ténèbres. Cathryn Humphris exploite avec brio le thème toujours payant du héros tombé du côté obscur. Après un premier acte où la menace plane au-dessus des Winchester, elle fond en piqué sur eux pour provoquer de multiples affrontements rivalisant d’intensité jusqu’à déboucher sur un duel époustouflant de fureur. L’allure faussement tranquille du premier acte ne trompe pas : la succession d’indices menant à une terrible vérité provoque un frisson permanent, pas seulement perceptible chez un Sam épouvanté par l’horrible conjecture, mais aussi chez Dean, touchant dans sa volonté de nier l’évidence jusqu’à ce qu’il y soit acculé. Le désarroi des personnages touche immédiatement, lorsque le coup de poing terminant cette première partie fasse basculer le scénario dans un quasi thriller, avec Sam en homme à abattre et Dean en détective acharné, dans la grande tradition du film noir si chère au cinéma américain. Rien ne manque : bars poisseux, flingues, duels verbaux, jeux de dupes de chaque côté, jolie blonde en détresse (Jo !), et tempo effréné (on salue le sens du timing de J. Miller Robin, faisant encore plus monter la sauce). Un déferlement de scènes-chocs s’abat sur l’épisode : l’agression de Sam sur Jo, dérangeante par ses atours libidineux, Dean à la rescousse, la fusillade dans l’entrepôt et sa glaçante conclusion… l’interprétation de Jared Padalecki, d’une férocité inattendue, est le détonateur des bombes successivement assénées par les auteurs. Autant que sa violence, on apprécie beaucoup comment Sam, très Angelus ici, se sert des vérités les plus cruelles pour blesser ceux qui l’affrontent. Voir Dean se contenir pour éviter de tuer son frère malgré ses multiples demandes est d’un palpitant suspense, et touchant par sa détermination à le sauver envers et contre tout. Alona Tal est toujours ravissante, mais il est dommage que la tenancière de choc soit encore une fois en demoiselle en détresse, même si sa frustration d’une relation inaboutie avec un Dean qui a la tête ailleurs la rend émouvante. Mais à ce bal terrifique, le roi de la soirée se prénomme bien Bobby Singer ! L’allié de nos héros, beaucoup trop discret, fait ici un retour sensationnel pour un final de furie où tous les compteurs du cardiomètre virent au rouge (le rebondissement du verrou de sang est une sacrée trouvaille !) : on retrouve le Bobby qu’on adore : roublard, inquiétant, aussi tordu que les démons qu’il combat, et pas vraiment partisan de la demi-mesure. La flamboyance du jeu de Jim Beaver est un vrai délice. Le twist final ne manquera pas de surprendre : comme Sam, le spectateur aura certainement sauté trop vite aux conclusions et ne peut qu’applaudir l’ingéniosité du script. C’est au terme de cette poursuite infernale que le spectateur respire en voyant les Weuh rire de bon cœur pendant qu’on retrouve cette image iconique de l’Impala s’éloignant dans le lointain dont on avait été privés quelque temps. La critique d'Estuaire44 :
Born under a bad sign parvient à créer un road movie caractérisé au sein d'une série qui en constitue elle-même un de taille gigantesque. Une jolie performance, où les deux Winchester, au lieu d’investir un lieu maudit, demeurent continuellement en mouvement, car le point zéro, cette fois, c'est Sammy. Le caractère original du récit est souligné dès l'introduction avec la révélation percutante de la disparition de Sam depuis une semaine. Tout est fait pour que l'on croie que, oui ça y est, Sam est tombé dans le Côté obscur. Le récit n'y arrive pas tout à fait, on se doute bien qu'il y a un truc, quel qu'il soit, mais la tentative demeure brillamment menée avec conviction et imagination. On va sans aussi loin qu'il est possible d'aller sur ce terrain avec l'exécution d’un Chasseur et une enquête post-amnésie assez à la Hitchcock. Le scénario bascule juste à temps avant que cela ne devienne assez artificiel, devenant dès lors un passionnant duel. Excellente idée de retrouver Jo, toujours incarnée avec sensibilité par la craquante Alona Tal. Toute la scène avec « Sammy » est éprouvante, c'est absolument horrible. Nous disons au revoir encore une fois à l’épatante Jo (Dean aussi), mais elle reviendra ; Supernatural restera jusqu’au bout une série adorant les call-backs de personnages secondaires. J'aimais déjà beaucoup Bobby, mais c'est bien lors de cette épisode que le vieux parano est devenu une de mes idoles sur la série, le coup de la bière à l'eau bénite c'est juste énorme. Go Bobby ! Un exorcisme bien goûteux vient conclure dans l'allégresse cette balade bonne pour le teint, d'autant que l'on retrouve cette bonne vieille Meg (les call backs, encore et toujours), sympa comme idée même si pas vraiment nécessaire. Une diablesse grand train, cela fait chaud au cœur de la savoir toujours en piste. Anecdotes :
15. FRÈRES ENNEMIS Scénario : John Shiban - Dean, did you touch my computer ? Résumé : Des événements aussi bizarres que mortels se produisent dans un campus universitaire. Sam et Dean ne cessant de se disputer depuis qu’ils enquêtent sur cette affaire, ils décident de faire appel à Bobby pour les aider ; mais même ce dernier semble stupéfié du récit de leur enquête qui ne cesse d’être de plus en plus débile… Le méchant le plus hilarant de la série. La critique de Clément Diaz : Cette grosse plaisanterie que constitue Tall Tales sert de pause au concours des scénaristes consistant à savoir lequel réussira à plus plonger dans la merde nos pauvres bros. Plus de problèmes existentiels, de monstres terrifiants, mais par contre un véritable festival d’humour parodique et de gore juteux. John Shiban rend clairement hommage aux X-Files, série sur lequel il a travaillé 8 années, et plus particulièrement à ses deux grands auteurs comiques : Darin Morgan et Vince Gilligan. Du premier, il reprend un humour dément couplé de gore tonique ; du second, il reprend l’architecture solide des histoires et un goût assumé pour l’absurde. Shiban maîtrise à fond son sujet et réussit l’exploit de donner une version parodique de la série tout en restant fidèle à son univers. De fait, l’épisode est à la série ce que Jose Chung from outer space est aux X-Files : une véritable histoire horrifique dans l’ADN de la série submergée par un tsunami burlesque. Shiban reprend également le principe du mythique épisode Bad Blood (écrit par Gilligan) avec nos deux frères ne cessant de démolir l’autre en proposant chacun leur version de l’histoire. L’épisode décolle définitivement avec l’apparition du Trickster, devenant dès maintenant le méchant (bien trop rare hélas) le plus gratiné et allumé de la série. Autant les personnages que l’histoire se voient joyeusement ventilés façon puzzle : la relation si tourmentée entre les deux frères devient ici le prétexte à un concours infantile de qui pissera le plus loin avec Bobby-la-terreur en arbitre consterné (les mimiques dubitatives de Jim Beaver sont impayables). Totalement survoltés, Jared Padalecki et Jensen Ackles dégainent vannes et mauvaises farces à un rythme convulsif. Chacune de leurs versions de l’histoire sert moins d’exposé que de démolition en règle. Ainsi, pour Sam, Dean est un ivrogne contant fleurette aux filles les plus cruches de l’Amérique, accro à des sites montrant, disons, une vision rapprochée de la gynécologie féminine, et bouffant comme un porc. Dean réplique en dépeignant Sam comme un frustré qui a trois pois chiches en guise de cervelle, et inépuisable en matière de déclarations idiotes, tout en rappelant que lui, en revanche, est un charmeur de premier ordre qui ne lève que des bombes surintelligentes. Tout comme Gilligan naguère, l’adresse de Shiban est de prendre des traits véritables de la personnalité de ses héros mais en les grossissant en les faisant passer sous le filtre partial de l’autre. Même l’émouvante réconciliation apparaît comme une dernière blague. Quant à l’histoire, elle est presque impossible à raconter à cause de l’avalanche d’absurdités sur laquelle bute notre trio. On regrette vraiment que Shiban n’ait quasiment jamais écrit de comédie dans les X-Files quand on voit ce qu’il nous assène : témoins en roue libre, riche galerie de jolies filles en folie caricaturant les bimbos, loufoquerie saignante des événements (Darin Morgan se serait prosterné devant le slow romantique de l’alien). Cela ne cache pas une vraie histoire, solidement écrite, au whodunit et modus operandi plaisamment étudiés, et à un vrai suspense lorsque le Trickster tombe le masque. L’interprétation déphasée de Richard Speight Jr. est-ce qu’il fallait pour achever la réussite de cet épisode : arrogant, hédoniste, moins ange du mal qu’ange du chaos, s’amusant comme un sale gosse de ses pièges aussi mortels qu’hilarants, il est aussi un vilain raffiné, chevaleresque, généreux, démesuré, et semblant vraiment aimer nos frères malgré qu’ils soient ennemis. Le grand affrontement final avec bimbos en petite tenue championnes de karaté et Frankenstein à tronçonneuse se montre aussi hilarant que stressant. L’épisode s’achève sur la promesse du retour prochain de cet adversaire jouissif. Si quelqu’un a la vidéo du brainstorming de la writers’ room pour cet épisode, on est preneur. Cette parenthèse fait du bien alors que la saison va reprendre ses histoires bien dark et bien sadiques comme on les aime. La critique d'Estuaire44 :
Et le miracle Tall Tales survint : au sein d’une saison marquée par la marche à l’abîme et nombre d’histoires particulièrement sombres, voici que déboule un épisode décalé absolument hilarant à contre-courant. Cela susciterait déjà l’intérêt en soi, mais le récit va développer deux veines comiques absolument irrésistibles. La guéguerre entre les deux frères permet de joyeuses caricatures, d’autant que la complicité des deux comédiens dynamise réellement l’ensemble. On les sent vraiment ravis de sortir de la teinte fuligineuse coutumière. Pendant ce temps, Bobby est plus Bobby que jamais, on s’en régale. Certes le procédé de double narration antagoniste n’est pas original, il s’agit d’un décalque de ce que les X-Files avaient réalisé dans Bad Blood, mais la drôlerie des deux opus paraît équivalente (mention spéciale au numéro de sensibilité pleurnicharde de Sammy, Paladecki se défoule !). L’autre pilier du succès de Tall Tales réside bien entendu dans la révélation du formidable Trickster, de son humour total bien à lui, de sa personnalité ambivalente, et de son effarante capacité à faire basculer l’univers dans un absurde toujours imaginatif et surprenant. Le personnage crève déjà l’écran ici, mais on devine bien que l’on ne tient ici que les prémisses d’un filon en or massif, et, de fait, les apparitions suivantes de l’Embrouilleur frapperont sans cesse plus fort, un prodige. On appréciera le savoureux clin d'œil aux aliens des X-Files, bien avant la saison 6, ainsi que le numéro irrésistible de Richard Speight qui a à l’évidence tout compris d’emblée au Trickster. Anecdotes :
16. LE TEMPS DES ADIEUX Scénario : Raelle Tucker You're like a walking encyclopedia of weirdness. Résumé : Autoroute 41. Nuit. L’esprit de Jonah Greeley fait dérailler la voiture de David et Molly McNamara qui devaient féter leur anniversaire de mariage. Ils percutent un arbre. Quand Molly se réveille, David a disparu. Revenant sur la route, elle croise Sam et Dean qui arrivent pour détruire cet esprit tuant ceux qui traversent cette route. Voulant retrouver son mari, Molly s’associe à eux, mais les Winchester lui ont-ils bien tout dit ?… Vous ne savez pas quoi offrir à votre femme ? Offrez-lui une nuit mémorable avec Winchester & Co. avec des méchants esprits en comité d'accueil. Attention, nous déclinons toute responsabilité en cas de mort bien gore. La critique de Clément Diaz : L’épisode reprend le thème de la tierce personne dont l’univers percute celui des héros, ce qui permet un renouvellement des codes de la série et un suspense supplémentaire. Mais Roadkill pousse le mimétisme jusqu’à le filmer quasi exclusivement du point de vue de cette personne (on songe au Hungry des X-Files), les Winchester étant repoussés au second plan. Un acteur à la présence électrique était indispensable pour légitimer ce renversement de perspectives, c’est chose faite grâce à la magnifique Tricia Helfer qui entre deux duplications de Cylons s’invite dans la série le temps de cette chasse trépidante contre un esprit vengeur, animée par la flamme de l’espoir et de l’amour pour son mari qui la pousse à risquer sa vie. Ce magnifique récit d’horreur et d’amour, aux prétentions philosophiques, est aussi effrayant que poignant, se résolvant sur un explosif twist final certes pas inédit, mais dont la puissance est telle qu’il nécessite de revoir une deuxième fois cet épisode pour voir à quel point la géniale Raelle Tucker a réussi à faire tourner la tête des spectateurs dans la mauvaise direction. Moins qu’un brillant outil scénaristique (comme Croatoan), le twist déverse toute l’émotion alors contenue jusqu’ici dans une déchirante coda. Les figures féminines de Supernatural sont souvent des personnalités couillues, énergiques, maximalistes dans la lumière comme dans les ténèbres (surtout dans les ténèbres), mais parfois, comme la Leyla de Faith, elles existent par l’émotion qu’elles font naître. Lorsqu’elle bascule du réel au surnaturel, Molly se bat alors contre sa terreur en invoquant l’amour conjugal qui la lie à David, et accompagne les Winchester. Ce combat permanent émeut sans problème ; dans l’imaginaire collectif, l’amour est (et devrait toujours être) vu comme une force détruisant toute peur - comme l’amour fraternel de Sam et Dean reste leur plus grande arme, même s’ils ne l’expriment jamais directement ; le parallélisme est d’ailleurs clairement évident. Tout au long de l’épisode, Molly est aussi révélateur de leur humanité : Sam s’épanche sur son incertitude quant à la place après la mort d’esprits bons à l’origine, mais rendus maléfiques par la folie de ne jamais trouver la rédemption, alors que Dean, malgré ses airs de dur-à-cuire, fêle progressivement sa vision encore bichrome du bien et du mal à son contact. Ces thématiques philosophiques auraient toutefois pu être plus poussées, mais on comprend que les scénaristes aient préféré se concentrer sur l’histoire. Le tempo volontairement ralenti permet au décidément génial Charles Beeson de déchaîner toute la panoplie du genre : esprit répugnant, maisons monstrueuses, forêt pluvieuse et ténébreuse, gros jets de sang… avec une efficacité optimale. Cet épisode d’atmosphère presque intimiste fait frissonner de bout en bout. Tricia Helfer incarne un des plus beaux personnages de la série, d’une vibrante sensibilité : le provisoire trio de l’épisode n’a ainsi rien d’artificiel. C’est à l’aune de son rebondissement final que l’on voit que l’épisode est comme une sorte de roman policier : on se frappe la tête en voyant le train d’indices qui nous est passé sous le nez. Même si les plus intelligents peuvent l’avoir deviné, le moment où l’épisode opère une foudroyante bascule, passant du point de vue de Molly à celui de Sam et Dean, est à couper le souffle, nous rendant solidaires du calvaire tragique et perpétuel de l’esprit. La mélancolique coda se déroule sous une aurore sonnant comme une délivrance (quelle photographie !). Le déchirement de l’esprit à accepter enfin sa résilience est beau à en pleurer. Cette fin douce-amère est une des plus belles de la série. La critique d'Estuaire44 : Roadkill nous raconte avant tout un superbe drame amoureux, prouvant que, oui, il est possible d’associer romantique et Fantastique sans sombrer dans le nunuche. Son grand atout demeure la bouleversante émotion apportée de celle qui restera sans nul doute l’une des guests les plus marquantes de la saison 2, la très belle et talentueuse Tricia Helfer, aux antipodes de la Numéro Six de Battlestar Galactica ! Le courant passe très bien avec des frères Winchester (et leurs interprètes), qui s’évertuent à cacher le grand secret (il est aussi très intéressant de revoir l’épisode en sachant la vérité, pour apprécier leurs postures). Le récit confirme une intéressante propension de cette saison 2 à proposer des antagonistes entre ombre et lumière, moins manichéens qu’à l’ordinaire dans Supernatural, après ce Trickster que l’on ne peut s’empêcher de trouver sympathique ou l’émouvant Lycanthrope de l’opus suivant, sans parler du final. Le versant fantastique horrifique de l’histoire est également bien rendu, avec une de ces longues nuits dans la forêt canadienne comme on l’aime. La mise en scène demeure décidément l’un des atouts maîtres du programme. On avouera que l’Impala nous semble encore plus sublime quand on l’admire de nuit. L’esprit fou est abominable à souhait. Même si l’on a à peu près deviné l’histoire (on ne s’attarde pas dans la Quatrième Dimension sans mémoriser certaines astuces, d’autant que l’histoire résulte comme un mix malin d’After Hours et de Ring-a-ding girl), l’effort narratif apparaît particulièrement bien mené et la conclusion se montre des plus émouvantes. Pour la première fois, un esprit s’en sort vers le haut, il ne sera pas le dernier cette saison. Une rencontre atypique et mémorable pour nos héros. Anecdotes :
Scénario : Sera Gamble - You go after the creepy ex. I’m gonna hang here with the hot chick. Résumé : Un avocat est retrouvé dépecé et le cœur arraché. Sam et Dean tentent de retrouver le loup-garou à l’origine de l’attaque. Ils s’intéressent à Madison, une femme harcelée par son ex et qui voyait d’un mauvais œil le rapprochement entre elle et l’avocat. Sam ne tarde pas à tomber amoureux de Madison… Une histoire d'amour à rendre « à crocs » La critique de Clément Diaz : Le Fantastique (et la Science-Fiction) a la qualité de pouvoir aborder sous le prisme du surnaturel n’importe quel genre narratif. Supernatural ose à cette occasion un genre d’une extrême difficulté : le mélodrame. Toute l’histoire « lycanthropique » paraît accessoire devant l’histoire d’amour se nouant entre Sam et Madison. Cependant, le pari ne résulte pas tout à fait réussi, le lien entre les deux protagonistes est amené d’une manière trop forcée. Cependant, la qualité des dialogues, la réalisation de Kim Manners, autant maître de l’horreur que des sentiments humains, le remarquable portrait de Madison incarnée par une sublime Emmanuelle Vaugier, et l’éclatante alchimie qu’elle instaure avec Jared Padalecki parviennent à susciter l’émotion et l’espérance d’une belle histoire, avant le fracas d’une coda considérée à juste titre comme une des plus tragiques de la série. La belle série de cadavres plus ou moins sanguinolents (franchement, les fournisseurs de faux sang ont trouvé le tiroir-caisse) restera comme l’attraction horrifique du jour. L’évacuation immédiate des fausses pistes, le twist central plutôt classique, la contorsion scénaristique du loup-garou à tuer pour guérir ceux qui ont été mordus (même l’auteure ne semble pas y croire elle-même), l’inexplicable nuit tranquille, ou la non-utilisation de la méthode Oz - pour les fans de Buffy - témoignent du passage pas totalement assumé au second plan de l’enquête. L’étalement temporel piétine l’impetus de l’ensemble. Le coup de foudre Sam-Madison est un peu trop précipité, tandis que cette dernière se résigne trop rapidement à l’inévitable (comme Buffy dans Prophecy girl). Heureusement, Sera Gamble fait montre une nouvelle fois de son talent inouï à dessiner des personnages marquants. Madison impressionne par sa lumineuse sympathie, sa triomphante féminité, sa volonté de sortir d’un sombre passé et de marcher vers un avenir plus brillant dont elle serait le seul artisan. Elle incarne une héroïne du quotidien, sûre d’elle-même. Emmanuelle Vaugier lui accorde une grâce et une chaleur folles, et l’on comprend qu’elle tourne totalement la tête du pauvre Sam, jusqu’à motiver ce dernier à s’opposer à Dean qui voudrait bien marcher sur ses plates-bandes (la partie de pierre-feuille-ciseaux est hilarante), chose qu’il n’avait rigoureusement jamais fait jusqu’ici. Mais Sam restant assez timide, c’est madame qui doit se taper tout le boulot, que ce soit par une exposition désopilante de sous-vêtements, une conversion aux soap operas (tiens, Dr.Sexy pointe déjà le bout de son nez ?), ou de pétillantes conversations. Le couple devient de plus en plus intense et leur rapprochement accroît sans cesse l’allégresse du spectateur, ravi de voir enfin Sam oser une histoire depuis Jessica (la Sarah de Provenance était plus une « rebound girl »), et il faut voir toute l’énergie déployée par Sam pour la sauver d’un horrible destin. Dean, plus ému qu’il veut le laisser paraître, se soumet même à ses ordres pour trouver une solution alternative, Madison chamboule décidément totalement les deux frères, pas seulement Sam ! Mais, syndrome Bonanza oblige, le spectateur devine au fond de lui-même la tragédie qui s’apprête à foudroyer les personnages. Cela rend la parenthèse de bonheur absolu (magnifique scène d’amour, rendue à la fois ardente et pudique par maestro Kim Manners) aussi sublime que douloureuse, comme pouvait l’être les retrouvailles Buffy-Angel dans I will remember you d’Angel. Les cinq dernières minutes de l’épisode atteignent des sommets d’émotion dévastatrice : les larmes coulent sans retenue, les dialogues atteignent une grande épure lyrique, les personnages vont jusqu’au bout de leurs sentiments paroxystiques, et les regrets éternels d’une histoire condamnée dès le début. Voir Dean à son tour verser une larme montre bien à quel point la situation devient intenable, avant le couperet final et le froid écran noir. De quoi aviver quelques regrets devant cet épisode inabouti tant ce puissant mélodrame, malgré ses défauts, reste en mémoire encore longtemps. La critique d'Estuaire44 : Heart apparaît un peu trop classique et prévisible, on avait d’ailleurs eu un épisode très similaire dans Angel. On observe au passage qu’en sa saison 5, le Prince ténébreux de Los Angeles se montre en définitive plus conciliant et généreux avec Nina que les deux frères avec Madison, sans même parler de Buffy et Willow avec Oz à Sunnydale. Les frères Winchester ont un intéressant accès de faiblesse, mais, finalement, ils restent bien des équarrisseurs. À leur décharge, ils subissent la nature nomade de leur activité, ils ne disposent pas du support que représente la Bibliothèque de Giles (ou les locaux de Wolfram & Hart) pour gérer la Lycanthrope. On imagine mal le Bobby en nounou, d’autant que sa cave a bien d’autres emplois que de servir de garderie. Le mélo du jour souffre également de s’insérer dans un loner pur et dur, il semble du coup trop soudain pour ne pas résulter passablement artificiel. Oz avait bénéficié de davantage de temps et d’une forme feuilletonnante pour développer sa relation avec Willow. On n’est guère surpris par les successives péripéties mélodramatiques, mais les à-côtés du récit sont réussis. Les scènes de lycanthropie se montrent performantes, avec d’impressionnants maquillages, tandis que la Lune se voit somptueusement filmée. La boucherie est également fidèle au rendez-vous des poètes. Le côté protecteur du frère aîné est bien mis en valeur, de même que la sensibilité de Sam. On remarque qu’il n’a décidément pas de chance avec les fiancées qui passent et trépassent, et Ruby n’est pas encore arrivée. On retiendra surtout la bouleversante composition de la sublime Emmanuelle Vaugier, une actrice que l’on adore. Si la nécessité de contracter le récit au sein d’un loner fait qu’elle accepte trop facilement de passer à l’abattoir ; grâce à son interprète, Madison parvient à s’affirmer comme un riche personnage à part entière, et non comme un simple prétexte lacrymal. Anecdotes :
18. LE CHEF-D’ŒUVRE DE L’HORREUR Scénario : Ben Edlund - Hey, we gotta go check out Joey Ramone's grave when we're done. Résumé : Un meurtre vient d’être perpétré pendant la production d’un film d’horreur à Hollywood. Sam et Dean partent enquêter, soupçonnant qu’un esprit vengeur est à l’œuvre, mais l’ambiance surexcitée du plateau ne rend pas leur enquête facile… Vous qui entrez dans le royaume des séries Z d'Hollywood, abandonnez tout espoir... de bon goût. La critique de Clément Diaz : Cet épisode comique, sans atteindre les cimes de Tall Tales, lorgne clairement sur le Hollywood A.D. des X-Files par son enquête dans le milieu de l’usine à rêves californienne, prétexte à sortir la mitraillette à acide, et à tirer dans le tas. Ben Edlund, dont on sait depuis Angel qu’il est un excellent auteur dans la comédie, n’épargne rien ni personne, et sa charge se montre aussi hilarante que furieuse, tout en flirtant ouvertement avec le méta-récit. Mais Edlund pose également un regard affectueux envers cette industrie du spectacle qui rassemble tant d’hommes, créateurs comme public, autour du 7e art. Cependant, on sent que les auteurs ont voulu avant tout se faire plaisir, et de fait, l’humour de l’épisode s’axe surtout sur d’obscurs références aux nanars horrifiques des années 80, 90, et 2000, soit incompréhensibles pour la grande majorité du public. De fait, on ne s’immerge pas complètement dans l’épisode si l’on est pas un connaisseur ultime. Cette vision survoltée d’Hollywood se montre d’une hilarante férocité, au point de rivaliser avec les saisons 5 et 7 de Californication qui frapperont par la suite encore plus fort : producteurs aussi invasifs que cuistres, réalisateurs à la ramasse, scénaristes frustrés, techniciens respirant tout sauf la joie de vivre… Le film en question étant un film d’horreur de série Z destinés aux nanardeurs les plus déviants, les vannes deviennent encore plus corrosives : décors plus faux que nature, scénarios idiots, guéguerres minables, acteurs en roue libre… sans oublier le trailer du film, vrai joyau de pathétisme burlesque (Edlund s’est-il rappelé du clip du Harm’s way d’Angel ?). Chapeau bas à Elizabeth Whitmere, parfaite à hurler de rire en actrice jouant encore plus faux que ses pieds (une belle performance) et copine comme cochon avec Dean qu’on aime toujours autant en mode Pick-Up Artist. Ces deux-là semblent anticiper franchement Hank et Sasha dans la série de Tom Kapinos. Le gag final du décor bidon que n’aurait pas désavoué Moonlighting plaira aux fans des Avengers (Caméra meurtre). Les auteurs persiflent aussi contre la pratique vulgaire du buzz gratuit, uniquement destiné à faire de l’audience. Dans cet univers en folie, Dean est comme un poisson dans l’eau et prend son job d’assistant réalisateur avec un sérieux à pouffer de rire, poussant Sam à se surpasser en mimiques désolées, on adore. On apprécie toutefois la foi de fer des artisans de la série dans leur métier : réalisateur décidé à continuer la bataille (très belle tirade de rassemblement), volonté de crédibilité, croyance sincère en le travail de chacun, acteurs finalement sympas, professionnalisme général… Le méta-récit se développe avec plusieurs têtes pensantes de la série redessinés à l’écran (le producteur McG, le chef opérateur Serge Ladouceur…), une énorme vanne initiale sur le précédent rôle de Jared Padalecki dans Gilmore Girls, et comme base de l’épisode, la frustration induite par le superbe mais ingrat métier de scénariste, condamné à voir en permanence ses créations réécrites, et parfois pas de la meilleure façon, jusqu’au 4e mur à double détente voyant Sam et Dean devant faire le ménage quand l’horreur réelle s’invite dans l’horreur fictive (joli effet de miroir, très Scream), regardant tout droit envers le magnum opus futur d’Edlund que sera The french mistake. Les scènes d’horreur se montrent fort goûtues en broyage, éviscération, et charcutages en tout genre, et le suspense maintenu de l’ensemble. Malheureusement, l’épisode multiplie à l’excès sa principale source d’humour : les références obscures à la contre-culture cinéma la plus confidentielle, rendant une grande partie de l’épisode hermétique. Les scénaristes se sont fait plaisir, mais perdent le spectateur en chemin, mais qui leur pardonne tant cette charge autant comique qu’horrifique et satirique fait mouche souvent. La critique d'Estuaire44 :
Hollywood Babylon demeure une réussite hélas imparfaite. Son côté méta-épisode nous vaut pas mal de scènes amusantes sur le tournage d’une production d’épouvante, mais il n’arrive pas à choisir clairement entre cet aspect et celui d’une enquête classique, plutôt bien faite mais manquant d’originalité, sinon de folie. Du coup l’on en reste sur un entre deux assez frustrant. L’épisode souffre aussi d'une double comparaison : d’une part, il succède rapidement à un autre épisode humoristique, Tall Tales, alors que celui-ci reste dix fois plus percutant ; d’autre part, et surtout, sur le mode méta, il n’arrive pas à la cheville du postérieur The French Mistake (autre opus se déroulant sur un tournage), qui lui choisira judicieusement de totalement jouer cette carte, quitte à ne conserver qu’un scénario minimaliste. On apprécie quelques private jokes sur le parcours des deux acteurs, mais aussi sur de précédents épisodes de Supernatural repris comme des Séries Z des années 80/90 (Scarecrow, Everybody loves a clown…). Les rencontres féminines marquantes se succèdent pour les Bros, on peut gager que Dean, ici comme un poisson dans l’eau, se souviendra longtemps de la sympathique Tara. De quoi oublier que sa chère Impala n’apparaît jamais à l’écran, pour la toute première fois de la série. Jensen Ackles et Jared Padalecki confirment leur talent pour la comédie au cours de ce réjouissant équivalent local de l’Hollywood A. D. des X-Files. La conclusion se montre amusante et fort bien mis en scène sur la rivalité opposant Hollywood et Vancouver. Anecdotes :
19. LES TAULARDS Scénario : John Shiban - I wish I had a baseball, you know, like Steve McQueen. Résumé : Un esprit commet plusieurs meurtres dans une prison. Deacon, ancien ami de leur père, demande aux Winchester de l’en débarrasser. Sam et Dean n’ont pas d’autre choix que de se laisser attraper par la police pour être conduits dans ladite prison tout en prévoyant un plan d’évasion sous le coude. Mais l’esprit se montre compliqué à identifier, et l’agent Henriksen qui traquait nos héros les surveille de très près… Dean la main froide. La critique de Clément Diaz : On poursuit la relecture des thèmes X-Filesiens avec cette fois un palimpseste du très moyen La liste. Mais là où Chris Carter se laissait aller à une glauque complaisance, Shiban, décidément en verve comique, écrit pour son neuvième et dernier épisode pour la série, non seulement un épisode d’horreur mais aussi une comédie carcérale. Il s’appuie très fort sur le grand numéro de Dean/Jensen Ackles en dur à cuire qui se sent remarquablement bien dans ce milieu, dynamitant chaque passage dramatique. Sam/Jared Padalecki compose un excellent faire-valoir catastrophé. Bon, les auteurs commencent sérieusement à abuser de la vengeance spiritique, (le 8e épisode sur le sujet rien que pour cette saison !), mais les doses de suspense, d’effroi, et de gore restent bien équilibrés pour que l’on ne s’ennuie pas une seconde. Ce qui restera un bon moment comme le plan le plus tordu des deux frères va permettre de déchaîner gags et blagues qu’on attendait pas normalement d’un épisode sur le thème de la prison. Ainsi, Dean dégaine les one-liners comme autant de perles, prend une pose de crâneur pour sa photo de prisonnier, se moque joyeusement de son frère beaucoup moins rassuré, insulte des montagnes de muscles, se fait tabasser par les matons, devient psy involontaire d’une grosse brute, plume des caïds au poker, voit la prison comme son royaume, devient pote avec les rebuts de la société… même quand Henriksen arrive pour compliquer la situation, Dean ne peut s’empêcher de le rembarrer avec délices. Sam est logiquement en retrait pour permettre ces déflagrations drolatiques. Le twist central se montre bienvenu, le plan d’évasion des frères était aussi culotté que… très simple finalement. Mais Dean sait aussi nous impressionner par son sens du devoir, risquant tout, y compris sa liberté, seulement pour honorer une dette d’honneur. Les Winchester ont beau être des nettoyeurs en vadrouille perpétuelle, ils ont un fort code moral qui leur donne comme une grandeur. Certains thèmes plus graves sont aussi passés en revue comme la prison vue comme une jungle, ce qu’elle est réellement, ou le sadisme de certains gardiens. Le côté horrifique n’est pas absent loin de là, avec ces apparitions aussi glaçantes que mortelles de l’esprit, des moments toujours très efficaces dans Supernatural. Et puis, la répétition de ce thème est atténuée par les motivations de l’esprit qui changent quelque peu de la vengeance d’outre-tombe. La poursuite finale a un suspense savamment dosé. Heureusement, nos héros peuvent compter sur leur avocate vraiment sympa (craquante Bridget White) pour leur ménager une porte de sortie aussi miraculeuse que drôle. Disons-le, on sourit vraiment de plaisir quand les deux bros remontent dans leur Impala pour sillonner de nouveau l’Amérique. La critique d'Estuaire44 :
Épisode en dessous que Folsom Prison Blues. D’abord on ne raffole pas des épisodes de prison s‘insérant ponctuellement dans des séries traitant d’autres sujets car ils se limitent à quelques clichés, toujours les mêmes. Celui-ci ne fait d’ailleurs pas exception (il en va différemment pour les séries traitant sérieusement le thème comme Oz ou Capadocia). Tout ce rituel rebattu ennuie assez, mais la palme revient au redoutable (paraît-il) Agent fédéral traquant les Bros : Il n’est pour rien dans leur arrestation que l’on devine d’ailleurs d’emblée volontaire, et il demeure entièrement inopérant lors de leur évasion d'une facilité confondante. En substance, l’opus nous confirme qu’il n’est clairement là que pour le remplissage et pour servir de confident à Dean pour ses bonnes vannes coutumières. D’ailleurs tout l’aspect Dean en vacances dans une colo pour garçons tandis que Sam est nettement moins jouasse est franchement rigolo, cela sauve l’épisode du fiasco. Pour le reste l’esprit vengeur est classique mais vraiment flippant. Henriksen aurait peut être été davantage intéressant s’il avait conscience du surnaturel (mais cela ferait tellement Affaires Non Classées), là il est vraiment trop hors jeu. Anecdotes :
20. COMME DANS UN RÊVE Scénario : Raelle Tucker - How did I end up with such a cool chick ? Résumé : Alors que Sam est à l’hôtel, Dean est attaqué par un Djinn et perd connaissance. Le choc est rude à son réveil : il travaille dans un garage, sa mère est toujours en vie, il a une petite amie officielle du nom de Carmen, Sam est toujours avec Jessica, bien vivante, et étudie le droit. Dean comprend qu’il vit enfin la vie « normale » dont il a toujours rêvé. Mais un spectre ne cesse de surgir sporadiquement, perturbant cette belle perspective… Le prix des héros... La critique de Clément Diaz : Le thème de l’univers parallèle est un pilier majeur de la Science-Fiction. Raelle Tucker va toutefois à contre-courant de la dystopie, quasiment la règle pour ce genre d’histoires, pour au contraire présenter un monde où Dean est libéré de toutes ses souffrances. Cette utopie vire évidemment à la prison dorée (on songe au Prisonnier), exigeant du protagoniste une véritable interrogation sur le libre-arbitre et le statut de héros, similaire à celle développée par Joss Whedon (dont Kripke avoue l’influence dans le commentaire audio) dans Angel : dépouillé de toute lumière, désacralisé, se sacrifiant en permanence, ne recevant rien en retour. L’histoire retombe brutalement sur une banale chasse au monstre à mi-parcours, mais se ressaisit par un final sur le fil du suspense. Passée l’attaque initiale, l’épisode délaisse les codes de la série : plus d’enquête ni de flots de sang, triomphe de l’émotion sur le suspense, photographie lumineuse, tempo contemplatif… la réalité dans laquelle se réveille Dean a tout du paradis comparée à sa vie de chasseur de monstres. L’épisode pousse l’audace à affirmer la vraie nature de Dean : généreux, aimant, monogame (!), n’aspirant qu’à mener une vie heureuse et tranquille. Son caractère depuis le pilote de la série provient donc bien du terrible héritage paternel. Dean est ici presque vu comme un enfant redécouvrant son innocence, et s’accrochant comme un perdu à cette seconde chance qui lui tend les bras, celle où il retrouve son vrai soi et un bonheur durable. On a beaucoup de plaisir à retrouver Adrianne Palicki et Samantha Smith, la deuxième bénéficie par ailleurs d’une émouvante scène de retrouvailles filiales avec Dean. Kripke a également la main heureuse en choisissant comme incarnation de la petite amie idéale Michelle Borth, l’une des plus sublimes et talentueuses actrices américaines de la télévision. Brasier de sensualité, tendresse constante, mais très professionnelle et indépendante par ailleurs, Carmen a tout de l’éternel féminin, et son duo avec Dean donne les moments les plus affectueux de l’épisode. Le trio de dames est d’une beauté capiteuse mais instille chacune une émotion aussi différente que puissante selon leur rapport à Dean (et Sam), d’où une première moitié d’épisode osant l’émotion comme unique moteur, mais la profondeur du personnage de Dean fait que ce pari culotté est gagné haut-la-main. Jensen Ackles excelle à montrer cette face cachée de Dean, faisant à l’occasion l’un de ses plus beaux récitals d’acteur. Le dilemme de Dean est si tentant : Conscient du caractère irréel de la situation, il voudrait pourtant ne plus quitter cette nouvelle et heureuse réalité. Cela s’exprime par des mouvements de joie (tondre le gazon !), d’affection inédites, mais aussi ce rageur monologue devant la tombe de John où l’on s’aperçoit de son dégoût, de sa colère d’être un « héros » devant tout sacrifier pour sauver ceux qui ont besoin de lui (car sont morts dans cette réalité tous ceux que lui et Sam ont sauvés). L’épisode nous interpelle ouvertement : que ferions-nous à la place de Dean ? Se retirer du combat entre le Bien et le Mal pour cultiver son jardin, ou combattre sans fin comme un héros ? Si Dean choisit finalement de renoncer à ce doux rêve, c’est parce que le sens du devoir est plus fort, et aussi parce que dans cette réalité, lui et Sam sont étrangers l’un à l’autre. C’est bien là un coup de maître des auteurs que le pire cauchemar de Dean soit en définitive de vivre loin de son frère, dans une relation sans chaleur. Les scènes entre les deux frères prennent aux tripes devant le mur de glace érigé par Sam, si loin de la bourrue mais sincère complicité à laquelle nous sommes habitués. Aussi, il est dommage que cette tornade émotionnelle s’évanouisse quand les Weuh partent chasser le Djinn : on quitte les hauteurs du rêve pour une vadrouille conventionnelle. Le Djinn se montre finalement le plus pervers des monstres rencontrés jusqu’ici car tuant ses victimes avec leur consentement, puisqu’il leur offre un sentiment de béatitude éternelle. La dernière tentation semble si irrésistible que Dean est bien près de sombrer, et c’est avec colère et chagrin qu’il doit s’extirper de son rêve pour clore l’épisode dans une bagarre sombrement rageuse. Malgré une coda inutilement allongée (Tucker n’avait-elle pas confiance dans ses capacités à émouvoir ?), What is and what should never be démontre qu’une série, quelle qu’elle soit, s’épanouira toujours de la plus belle façon quand elle osera l’émotion sans partage. La critique d'Estuaire44 : What is and what should never be retrouve le thème toujours particulièrement porteur des univers miroirs et de leur fameux What if ? Les chefs d’œuvre TV du genre demeurent sans doute le The Wish de Buffy et le Turn left du Docteur, mais l’opus présent joue habilement avec l’univers de la série, frappant précisément en son point nodal : la mort de la mère. Les différences en résultant sont finement mises en place et sonnent très justes, notamment entre les deux frères, soudain si distants. On aime aussi l'ambivalence de cette vie, à la fois plus sûre, tranquille et normale, mais aussi tellement ennuyeuse comparée à la Chasse trépidante. Évidemment, à chacun d’imaginer ce que Sam aurait vu à la place de Dean, et comment il aurait réagi. Le dévoilement successif de ce nouveau monde pas si idéal que cela (dans Supernatural, il y a toujours un prix à payer) se réalise avec grande efficacité, tandis qu’Ackles démontre une fois de plus qu’il compte plus d’une corde à son arc. Le suspense de savoir si Dean va accepter ou non la situation joue d’autant qu’il lui est pleinement possible de faire son choix, le parallèle avec les paradis artificiels proposés par les drogues se montre très habile. Le Djinn lui même frappe par son apparence étrange et l’horrible destin de ses victimes, il demeure plus marquant que ses collègues de la saison 6, y compris leur Aînée, pas inoubliable. Comme toujours, la série maîtrise parfaitement le retour de personnages secondaires marquants, une technique pas si facile à utiliser de manière optimale. Carmen est bien jolie, mais elle représente notre seul léger regret, on aurait préféré découvrir Jo à sa place (fleur bleue quand tu nous tiens). On remarque que John n’est plus là, Jeffrey Dean Morgan était clairement devenu trop cher pour la série ; s’il y a bien quelque chose qui tue plus efficacement que démons et vampires dans Supernatural, c’est bien l’enveloppe budgétaire ! Après cet épisode en forme de bilan, c’est tout naturellement que l’on passe au final de saison, mais aussi de la première séquence de la série. Anecdotes :
21-22. L’ARMÉE DES TÉNÈBRES Épisode Mythologique Scénario : Sera Gamble (1re partie) et Eric Kripke, d’après une histoire d’Eric Kripke & Michael T. Moore (2e partie) You saved my life over and over. Man, you sacrifice everything for me, don't you think I'd do the same for you ? You're my big brother, there's nothing I wouldn't do for you. And I don't care, I'm going to get you out of this. I'm going to save your ass for a change. Résumé : Sam disparaît sous les yeux de Dean après avoir causé un carnage dans un restaurant routier. Il est « téléporté » dans une ville fantôme en compagnie de quatre autres psychiques dont Andy (Simon Said) et Ava (Hunted). Le démon aux yeux jaunes entame alors la première partie diabolique de son plan… Dean et Bobby se rendent à la Roadhouse mais un terrible spectacle les attend. Lorsqu’ils retrouvent Sam, une catastrophe s’abat sur eux. Dean va devoir faire un horrible marché pour continuer la lutte et tenter de stopper l’armée des ténèbres prête à envahir le monde… The road so far... Il y a quelque chose de pourri dans le royaume des yeux jaunes, et les Winchester vont faire le ménage ! La critique de Clément Diaz : Le finale de la saison 2 n’apparaît pas aussi violemment rythmé que celui de la saison 1, il n’en reste pas moins un show à grand spectacle où à l’étrange frissonnant de la 1re partie succède une 2e partie plus émotionnelle et psychologique. Si l’on regrette un certain manque d’action pour un finale de saison, ce double épisode est dominé par l’ombre maléfique de Yellow Eyes, déployant pouvoirs et ruses diaboliques à pleine puissance, entraînant les deux frères dans un tourbillon sauvage et sanglant allant crescendo jusqu’à une coda où tous les chiens de l’enfer sont lâchés. La première partie rappelle irrésistiblement La Quatrième Dimension autant par sa narration que ses thématiques. On croit voir un remake de Cinq personnages en quête d’une sortie avec ce cercle de psychiques perdu dans une ville fantôme (tiens, au nombre de cinq !) et n’ayant aucune idée de l’endroit où ils sont et du but de leur présence. Cette saisissante ouverture, avec retours appréciés des sympathiques Andy et Ava, se dilue cependant assez vite dans une exploration assez paresseuse de la ville, avec quelques attaques d’esprits pour donner une sensation de mouvement. Cette version du huis clos horrifique ne rend pas la terreur souhaitée contrairement à Nightshifter, la faute à une trop longue exposition et le peu de péripéties s’ensuivant, malgré les efforts d’un Robert Singer ne se ménageant pas pour animer tout ça. Gamble positionne cependant idéalement Sam en leader cachant sa terreur pour maintenir soudé un groupe peu à peu décimé. Le récit rebondit avec la spectaculaire apparition de Yellow Eyes en personne, haussant soudainement les enjeux par le jeu cruel qu’il instaure avec ses « candidats ». Il demeure un tireur de ficelles hors pair, et sa confrontation avec Sam est d’une violence psychologique ardente (la révélation concernant la mort de Mary et le destin de Sam est d’une éclatante cruauté). Dès lors, Jake et Ava deviennent d’intéressants sujets d’étude, leur bonté intérieure vacillant devant le retour de la loi de la jungle (un thème classique de la SF/Fantastique) et questionnant douloureusement le spectateur sur ce qu’il ferait dans une telle situation « limite ». Le coup de théâtre central se montre particulièrement dévastateur, devant beaucoup à la performance époustouflante de Katharine Isabelle, tandis qu’Aldis Hodge, malgré un jeu trop répétitif, parvient à sous-entendre son déchirement entre morale et instinct de survie. La quête désespérée de Dean et Bobby se montre émouvante, le duo exprimant avec force leur angoisse à l’idée de la catastrophe à venir. Le twist de la Roadhouse étend les ténèbres de ce sacré numéro qu’est Yellow Eyes, ne ménageant pas sa peine pour frapper ses adversaires là où ça fait le plus mal. Ce contrepoint de folle inquiétude achève de donner émotion et suspense cravaché, jusqu’au cliffhanger final, l’un des plus barbares de l’histoire des séries télé, où devant les cris d’horreur du public, l’impensable se produit, le laissant sonné. Supernatural doit ses meilleurs moments lorsqu’elle tourmente ses héros à fleur de peau, les mettant en face d’eux-mêmes, de leurs désirs, de leurs devoirs. Autant dire que la vision de Dean devant le choc qui vient de lui exploser à la figure fait très fort : devant un Bobby à l’impuissante compassion, il se noie dans une culpabilité quasi destructrice d’une force inouïe. Sur un tempo certes moindre que Salvation/Devil’s trap, le finale se décide enfin à presser l’accélérateur et retrouver un style Anasazi avec une explosive succession de rebondissements-chocs et de confrontations électriques dans une atmosphère de paranoïa et de pyrotechnie. Ainsi, le marché de dupes avec le démon du carrefour se montre aussi désiré que non souhaité, et retrouve l’intensité frénétique de Crossroads blues, mais cette fois, le démon a l’avantage, et fait plier Dean sous nos yeux horrifiés, Ona Grauer se montre aussi perverse dans son interprétation que Jeannette Sousa. Dean subjugue par son obstination à veiller sur son frère, quitte à réitérer le même sacrifice ultime que son père tout en violant les lois naturelles, ce à quoi il s’était toujours refusé ; ce qui nous vaut une splendide réaction désespérée de Bobby, si humain derrière son côté bourrin, et toujours parfaitement incarné par Jim Beaver. Le sacrifice reste une thématique puissante dans Supernatural, et par là, Dean se transcende dans une grandeur quasi symphonique. Mais on ignore toutefois si Dean a réellement pris la « bonne » décision. Kripke pose un regard plein de compassion envers Dean, l’absolvant de sa chute volontaire dans les ténèbres : quand l’amour vous guide, la raison se tait. Les retrouvailles avec Ellen restent une rare parenthèse de lumière justement appréciée. Le final dans le cimetière se montre fastueux à souhait. Kim Manners accomplit ici une de ses plus grandes prouesses à l’occasion, filmant l’émotion à fleur de peau comme l’invasion infernale avec un sens de l’image-choc à en rester baba. Yellow Eyes se déploie dans toute sa magnificence à l’occasion de ce final d’apocalypse, porté par la composition stratosphérique de Fredric Lehne qui semble totalement possédé par son rôle (sans jeu de mots). Il écrase toute opposition avec une facilité féroce, tout en semant un doute terrible sur Sam, qui comme Dean, passe lui aussi en mode Terminator lors de son explosion vengeresse face à Jake, à en rester pantelant d’effroi. Le foudroyant deus ex machina final est un des plus grands moments de la série entière, sonnant comme une libération apaisée, mais le happy end n’est que de surface : Dean a maintenant sa terrible échéance, et nul doute qu’elle sera au cœur de la saison 3. Malgré un début à retardement, All hell breaks loose est bien un finale de saison aussi frénétique qu’émouvant, mené par un méchant majestueux que l’on se surprend déjà (un peu) à regretter. La critique d'Estuaire44 : Après une introduction tonitruante frappant les trois coups, la première partie d’All Hell Breaks Loose prend les allures d’un Big Brother diabolique totalement irrésistible. On retrouve avec plaisir des visages connus de la saison dont une Amy ayant bien caché son jeu ; leur disparition n’en revêt que plus d’impact. La série continue à gérer impeccablement les personnages secondaires, ici moins manichéens qu’à l’ordinaire, et des retrouvailles émouvantes avec Helen. Tandis que la tension nerveuse demeure en permanence à son zénith, Azazel se délecte avec un sadisme consommé de son rôle de maître de cérémonie. La partie en cours (très à la Battle Royale, ou à la Hunger Games comme on le dirait hélas aujourd’hui) s’entrecoupe de moments également des plus intenses comme le voyage onirique dans le passé traumatique des deux frères ou la révélation de la destruction de The Roadhouse (so long, Ash). Ce captivant récit débouche sur le cliffhanger sans doute le plus insoutenable que pouvait nous décocher Supernatural. Tout ce que la seconde partie parvient à contenir, sans jamais un seul instant donner l’impression de bâcler, relève du prodige. Le scénario demeure suprêmement efficace, alors même qu’il entremêle émotion et action tout en concluant magistralement la saison. On apprécie au plus haut point de constater à quel point celle-ci à été savamment construite, notamment lors de l’inévitable recours au Démon des Carrefours. Dean a pu résister à la tentation concernant John, mais, fatalement, inexorablement, il en est incapable pour Sam. La scène où il s’adresse à la dépouille de son frère ressort comme l’une des plus bouleversantes d’une saison particulièrement riche en la matière. L’ultime scène culmine avec des effets spéciaux spectaculaires et un bouleversement de l’univers de la série, désormais plus périlleux encore, mais aussi l’affrontement tant attendu (la dernière balle !) entre Azazel et les Winchester. Le retour totalement inattendu de John constitue la géniale idée de scénario caractérisant les grandes fins de saison. On a encore un grand moment d’émotion lors des adieux silencieux du père, pleurant de fierté devant ses fils. Azazel quitte la scène sur un ultime grand numéro, il aura marqué toute la première période de Supernatural, une série qui va maintenant pouvoir chercher d’autres pistes de narration (il faut sauver le soldat Dean) et s’ouvrir à d’autres antagonistes récurrents (hello, girls). Un immense final de saison ! Anecdotes :
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