Saison 10
1. LA VIE RÊVÉE DES ANGES Résumé : Depuis six semaines Crowley et Dean-le-Démon écument les bars à karaoké, tandis que le premier se sert du second pour abattre les derniers fidèles de la défunte Abaddon. Sam est sur le point de les rattraper, quand il est kidnappé par Cole Trenton, lui aussi à la recherche de Dean. Ce dernier se désintéresse du sort de Sam. Castiel et Hannah traquent deux Anges en rupture de ban, car désireux de vivre librement parmi les Humains. Critique : Cette saison 10, qui ne restera pas comme la plus mémorable de l’ère Jeremy Carver, débute par un pilote en demi-teinte, caractérisé par un manque d’intensité et des occasions seulement à demi saisies. Si on apprécie le lien désormais installé entre Castiel et Hannah, leur simili road-trip en quête des Anges objecteurs de conscience laisse dubitatif. Avec Hannah on renoue pleinement avec l’Ange militant qu’illustrait Castiel à ses débuts dans la série, ce qui laisse largement de côté le mouvement pour le libre arbitre au sein du Paradis mis en avant lors de la chute de Métatron (pourquoi est-il si crucial que tous les Anges rentrent au bercail ?). Le récit ne se donne pas la peine de réellement justifier ce revirement, tandis que la narration des événements au Paradis par Hannah reproduit la propension de la saison précédente à seulement évoquer par ouï-dire ce versant du conflit. Pour l’heure la perspective épuisement de la Grace de Castiel n’apporte pas de gravit marquée au récit. Si la permanente tournée des grands ducs de Dean-Démon (Deanmon) et de Crowley se montre souvent divertissante et autorise un nouveau festival de Mark Sheppard, on demeure assez confondu devant le faible parti qu’en tire en définitive la série. Deanmon ne fait qu’accentuer les diverses appétences de Dean pour les différents plaisirs de la chair, tandis que le scénario veille scrupuleusement à ne pas lui faire franchir la ligne rouge : Deanmon ne tue que d’autres Démons, surtout pas des Humains innocents (contrairement à Faith chez Whedon). Il aurait été réellement audacieux, et agréablement perturbant, d’interpeller le spectateur sur la question de savoir si désormais Dean mérite réellement d’être sauvé. Au-delà de la péripétie de l’enlèvement de Sam, la survenue de Cole vaut surtout par ce qu’elle va impliquer comme vraie tentation de meurtre chez Deanmon. Pour l’heure il nous faut nous contenter du refus d’aider Sam, ainsi que de la belle interprétation de Jared, exprimant la solitude inquiète de son personnage. Anecdotes :
2. ACCRO À LA MORT Résumé : Cole révèle à Sam qu’il désire se venger de Dean car celui-ci a tué son père des années plus tôt. Il laisse Sam s‘échapper et le suit jusqu’à Dean, qui a échappé à l’influence de Crowley. Dean triomphe de Cole mais l’épargne pour le laisser vivre dans la honte d’avoir échoué. Sam capture son frère avec l’aide de Crowley, en l’échange de la Première lame. Castiel, dont la Grace s’épuise, refuse que Métatron le sauve, malgré l’intervention d’Hannah. Critique : Ce deuxième opus de l’arc Deanmon confirme malheureusement que le talentueux Jeremy Carver s’est pour une fois fourvoyé avec cette histoire de Dean devenu démon. En effet Supernatural demeure structurellement incapable de faire commettre des actes irréparables à l’un de ses deux héros, mais en plus la situation ne débouche sur rien de réellement original. Le thème des Démons des carrefours a déjà été maintes fois exploré et le récit du jour n’apporte rien de réellement neuf ou probant sur la question. Même l’autonomie désormais acquise vis-à-vis de Crowley ne permet pas de lancer de piste scénaristique porteuse. On devine déjà que tout ceci va rapidement arriver à son terme, comme à chaque fois que Supernatural s’autorise des libertés avec sa fratrie emblématique (Cf. les précédentes séparations entre Dean et Sam, ayant toutes tournées court). L’épisode regagne des couleurs avec son versant angélique. Évidemment l’on ne prend pas réellement au sérieux la menace d’une mort prochaine de Castiel suite à un épuisement de sa Grâce, mais cela entretient un certain suspense quant à ce qu’il demeurera de ses pouvoirs au terme du processus. Sa confrontation avec Métatron compose certainement la scène la plus intense de l’opus, grâce aux talents toujours si en phase de Misha Collins et Curtis Amstrong. L’intrigue permet également de parachever le portrait d’Hannah, l’un des Anges les plus attachants que la série nous ait proposé jusqu’ici. Le retour de Métatron permet d’apporter un vrai antagoniste à cette saison, tandis que Crowley se montre bien plus amical que la normale pour un Démon et que, Cole ne constitue pas un défi crédible pour les protagonistes. Anecdotes :
3. TRAITEMENT DE CHOC Résumé : Crowley sauve Castiel, très affaibli, quand celui-ci est attaqué par l’Ange Adina et il lui offre la Grâce de celle-ci. Accaparé par la gouvernance de l’Enfer, il demande en échange à Castiel de régler le cas Dean. Au bunker, Sam et Castiel allient leurs efforts afin de mener a bien un rituel retransformant Dean en humain, malgré la résistance de ce dernier. La Marque de Caïn reste néanmoins présente. Critique : Après à peine trois épisodes, que Jeremy Carver renonce aussi vite à l’arc Deanmon confirme bien la faiblesse de ce démarrage de saison. Certes les vraies prises de distance entre Sam et Dean n’ont jamais perduré très longtemps, mais l’on reste malgré tout loin de la trajectoire sensiblement plus longue qu’aura connu celle qui reste sans doute la meilleure de toutes, avec le Sam dépourvu d’âme. L’arc RoboSam avait perduré durant toute la première moitié de la saison 6. Mais l’épisode permet de rebooter le récit principal, sa manière ne convainc que partiellement. Le road movie d’Hannah et Dean se suit agréablement mais résulte trop déconnecté de l’intrigue du jour. Les scènes autour de Crowley semblent maladroites (les immolations des démons protestataires) ou peu convaincantes quand le Roi de l’Enfer demande à Castiel de gérer Dean. En substance, l’épisode semble nous indiquer que même Crowley trouve désormais Dean ennuyeux. Jusqu’au bout Carver aura paru de pas savoir quoi faire de Deanmon, ou demeurer paralysé par l’impossibilité de le faire réellement basculer dans le côté obscur. Tout se passe comme si le showrunner n’avait pas réellement réfléchi à la question au-delà de la scène choc concluant la saison précédente, ce qui tonne de sa part. Outre quelques décors réussis (la salle du trône de Crowley, gothique mais pas trop) l’opus sauve néanmoins les meubles grâce à la séquence cruciale de la transformation de Dean. Rejoignant la grande tradition des exorcismes à l’écran, elle donne lieu à un grand nuémro de Jensen Akles, aussi bien comme acteur que comme metteur en scène. Même les traditionnelles lumières oculaires surnaturelles se voient sollicitées avec talent. Sam demeure une nouvelle fois le sacrifié de ce qui demeure avant tout une confrontation entre Dean et Castiel, mais au moins Deanmon réussit sa sortie. La série va désormais pouvoir se ressourcer avec quelques Chasses indépendantes, en attendant que la Marque de Caïn, toujours présente, ne refasse parler d’elle. Anecdotes :
4. LUNE DE PAPIER Résumé : Sam et Dean enquêtent sur meurtres causés par un Loup-garou et suspectent Kate, qu’ils avaient précédemment épargné. Alors qu’ils s’apprêtent à procéder, ils découvrent que la coupable est en fait Tasha, la sœur de Kate. Celle-ci l’a transformé afin de la sauver après un accident de la route. Tasha est en train de créer une meute et Kate doit se résoudre à l’abattre, tandis que Sam et Dean traitent les autres Loups-garous. Critique : Lune de papier en revient clairement à la forme la plus ancienne et usuelle des épisodes de Supernatural, avec un récit organisé autour d’une Chasse concernant un grand classique, les Loups-garous. Un sujet particulièrement balisé, donc, sans Anges ni Démons, mais il demeure agréable d’en revenir aux classiques après la décevante expérimentation de Deanmon. On apprécie d’autant plus le spectacle que les deux actrices invitées (Brit Sheridan et Emily Tennant) apportent beaucoup de personnalité aux deux sœurs antagonistes et que le récit sait pimenter un propos toujours moins manichéen que lors des premières saisons. En effet, même si l’on ne doute jamais véritablement de l’innocence de Kate, le trouble éprouvé par les Winchester du fait de l’avoir précédemment épargnée pimente les débats. Assez prévisible en soi, l’effet miroir organisé entre les deux sœurs confrontées à la chute morale de l’une d’entre elles fait intelligemment écho à ce que viennent de vivre Sam et Dean. La relation entre les deux frères, enfin débarrassée des faux semblants et de l’incommunicabilité, permet des scène d’une touchante sincérité. Elle est à l’image de cet épisode de facture classique, mais relançant efficacement une série ainsi sortie d’une belle ornière. Anecdotes :
Résumé : Quand Sam et Dean enquêtent sur la disparition d’une professeure, ils ont la surprise de découvrir que ses élèves préparent un spectacle musical dédié... à Supernatural, adaptant les romans de Chuck. Alliée à un Épouvantail, la Muse Calliope a entrepris de transformer la représentation en sacrifice humain. Sam et Dean vont s’associer à leurs fans pour la vaincre, tout en permettant au spectacle d’avoir lieu. Critique : Un magnifique hommage, sincère mais jamais obséquieux, est ici rendu aux fans, via le méta récit introduit depuis la saison 4 par l’irruption des romans Supernatural, Chuck est toujours culte, et ce n’est pas fini. L’épisode s’avère aussi formidablement émouvant que drôle, émouvant. La difficulté était que ce type d’histoire a déjà été mis en scène à plusieurs reprises au cours de Supernatural et que par conséquent l’opus 200 ne sera pas totalement à part, on songe ainsi souvent à l’opus Les Incroyables Aventures de Sam et Dean (5.09). Outre la spécificité musicale, très réussie, les auteurs résolvent cette contradiction en l’assumant pleinement : l’opus 200 de Supernatural n’est pas à proprement parler un épisode totalement décalé comme chez Stargate SG-1, alors que Supernatural nous en a déjà proposé plusieurs. Mais c’est un excellent épisode, narrant une Chasse illustrant subtilement les qualités épiques et psychologiques ayant permis à la série de perdurer jusqu’alors. Un bilan bien présent, mais évitant le trop démonstratif. Les auteurs évitent aussi le sirupeux en se moquant parfois gentiment des fans (les Fanfics, c’est quelque chose) : comme toujours avec Supernatural, on est en famille. Le récit en revient également habilement aux origines, laissant de côté l’aspect biblique apparu avec Castiel, pour en revenir aux adversaires des premières saisons : créatures du folklore américain (un Épouvantail horrifique comme on aime) et Dieux Païens mégalomanes et fous, tous avides de sacrifices humains. L’élue du jour n’est rien moins que Calliope, Muse de l’Epopée, une divinité une nouvelle fois idéalement choisie. Bien entendu les héros font alliance avec les jeunes fans pour massacrer la dame et son allié. Un récit prenant, avec action, humour et émotion : un régal, d’autant que toutes les jeunes actrices sont enthousiasmantes. Anecdotes :
6. SECRET D'ALCÔVE Résumé : Sam et Dean découvrent que Bobby est destinataire d’un riche héritage. Ils se présentent comme ses propres héritiers, se retrouvant ainsi impliqués dans une succession de meurtres survenant dans un magnifique manoir. Ils sont arrêtés par la police en tant que principaux suspects, mais une Changeuse de Formes est en fait à l’œuvre. Jadis épargnée par Bobby, elle est en fait la vraie héritière. Critique : La bonne humeur instillée par l’épisode et son sujet plairont sans doute aux amateurs de Whodunit, après tout un similaire mélange des genres entre humour parodique et mystère avait efficacement fonctionné lors de l’épisode Agatha Christie mène l’enquête du Doctor Who moderne (4-07). Même si placer un deuxième opus léger après la barre mise singulièrement haut par Fan Fiction complique la donne, L’épisode bénéficie de quelques atouts. Il en va ainsi de la séquence récapitulative multipliant à l’envie les monstres les plus divers afin de brouiller les pistes, ou de l’emploi d’un superbe manoir, figure incontournable du récit d’épouvante en définitive peu usitée jusqu’ici dans Supernatural. Il n’en reste pas moins que l’opus déçoit par un certain manque d’ambition. Ainsi il de disperse entre parodie du roman à énigme, clins d’œil à Cluedo (jeu et film), et satire sociale des WASP. Chacun de ces éléments se voit seulement survolé. En 2013 une série comme Psych saura plus tard accroître la dimension décalée de son centième épisode en se centrant sur le seul film Cluedo, avec une approche plus fouillée (Une soirée mystérieuse, 7-05). Les personnages rencontrés s’en tiennent à des stéréotypes et interagissent très peu entre eux, renforçant ainsi le ressenti d’un simple catalogue. Le scénario se refuse également à mettre en place une véritable enquête impliquant le spectateur, renonçant de la sorte à une bonne partie de son potentiel ludique. Anecdotes :
7. ROWENA Résumé : Sam et Dean s’intéressent à une maison close tenue par des Démons, quand Rowena, puissante sorcière écossaise désormais déchue, entreprend de s’en emparer. Dean parvient à la capturer, mais elle s’échappe après une nouvelle attaque de Cole. Dean vainc ce dernier, mais l’épargne de nouveau, après une ultime explication. Crowley s’intéresse à Rowena et a la surprise de reconnaître en elle sa propre mère. Critique : Avec un titre tel que Girls, Girls, Girls, on aurait pu croire qu'un épisode débutant avec Dean draguant sur Internet (pseudonyme « Impala67 ») aurait rapidement à la comédie légère. Il n'en est rien, mais ce joli contre-pied va donner lieu à un récit intimiste et mélancolique, agréablement dédié aux personnages secondaires de la saison. On pourrait reprocher à ce carrefour de départs et d'arrivées d'embrasser trop large, avec pas moins de quatre personnages considérés (Rowena, Cole, Hannah et les jeunes femmes), dont tous auraient mérité d'avoir leur propre opus, mais ces histoires demeurent suffisamment développées et écrites avec sentiment pour réellement susciter l'émotion. Hannah arrive ainsi au terme de son road movie avec Castiel, souvent touchant, mais où jusqu'au bout on se sera malicieusement demandé si cela allait se faire ou non entre eux. Même si l'on sait qu'avec Supernatural les départs ne sont jamais définitifs, rendre volontairement sa liberté à son Vaisseau reste un beau et original moyen de prendre congé, tout en lançant Castiel sur une nouvelle piste narrative. Erica Carroll, qui, elle, ne reviendra pas, demeurera l'un des bons souvenirs de cette saison inégale. Rowena s'impose d'emblée comme un personnage nettement plus riche et complexe que les adversaires coutumiers des Winchester. On apprécie qu'elle ait eu le temps de se présenter pour elle-même, avant la révélation du twist final concernant Crowley, particulièrement prometteur. Cole, lors de sa réconciliation avec Dean, et les deux jeunes femmes participent également à ce panorama sensible et abouti. Alors que la saison 10 approche déjà le tiers de son parcours, on regrette toutefois absence d'un véritable fil rouge succédant à la déconfiture de l'arc Deanmon. Aussi réussies soient-elles, les trajectoires des personnages secondaires ne sauraient en soi constituer la colonne vertébrale de toute une saison. Anecdotes :
8. SHÉRIF, FAIS-MOI PEUR Résumé : Jody se lient d’amitié avec sa collègue Donna Hanscum, durant un séminaire de shérif isolé dans la campagne. Quand des meurtres abominables surviennent, Jody fait appel aux Winchester et Donna se lance dans l'action. Tous les quatre vont triompher d’un clan de Vampires et Jody accueille Donna dans son groupe. La Marque de Caïn semble demeurer inactive. Critique : L'épisode se situe dans l'exact sillon du précédent. En attendant le probable retour de l'emprise de la Marque de Caïn (au sujet de laquelle la série nous envoie régulièrement des cartes postales), le seul moteur de la saison 10 reste la gestion des personnages secondaires, à travers ce qui reste fondamentalement des récits de Monstres de la Semaine. Ici le récit fait se rencontrer les deux shérifs alliés des Winchester, Jody et Donna. De fait cet aspect-là fonctionne à merveille. Les deux femmes sont complémentaires, la rude introvertie et la dynamique extravertie, tandis que Kim Rhodes et Briana Buckmaster fonctionnent d'emblée parfaitement ensemble. Sam et Dean apparaissent par contre ici clairement en tant que seconds rôles, mais le jeu en vaut la chandelle. Donna a droit à davantage d'exposition qu'en saison 9 et apporte beaucoup d'humour. Malheureusement tout le reste de l'opus se montre beaucoup moins convaincant. Au-delà d'un simple prétexte justifiant la rencontre entre Jody et Donna, le récit ne tire quasiment aucun parti de la convention des shérifs, un contexte tout de même particulier pour les Frères Winchester. Par ailleurs les adversaires du jour échouent totalement à constituer une menace crédible. Figures déjà multi-utilisées par la série, et par toujours pour le meilleur, ces Vampires suscitent peu d'action ou d'émotion forte. Ils se montrent par ailleurs assez bavards et renoncent curieusement à la consommation traditionnelle de sang humain. Décidément cette saison 10 apparaît moins dense et effrayante que la norme de Supernatural. Anecdotes :
9. AU NOM DU PÈRE Résumé : Tourmenté par ce qu’ont subi son Vaisseau et la famille de celui-ci, Castiel s’intéresse à la fille de Novak, Claire. La jeune femme est désormais à la dérive. Castiel s’efforce de la sauver des mauvaises influences avec lesquelles elle s'est liée, mais elle le rend responsable de ce qu’est devenue sa vie. Durant les événements, Dean subit à nouveau l’influence de la Marque de Caïn et provoque un massacre. Critique : Sur le point de connaître la pause coutumière de fin d'année, la saison 10 continue à exploiter l'inépuisable filon des personnages secondaires de Supernatural en guise de moteur. Cette fois elle s'en va chercher Claire Novak, que l'on n'avait plus aperçue depuis... la saison 4. Un choix que l'on pourrait croire capillotracté, mais qui va donner à ce qui constitue sans doute le meilleur opus de la séquence. Ainsi le départ d'Hannah libérant son Vaisseau a-t-il idéalement préparer le terrain pour la culpabilisation de terrain, tandis que l'intrigue en profite pour insérer des informations relatives au parcours de Castiel (idem pour Crowley et Rowena). Surtout, Kathryn Newton s'avère une parfaite interprète pour Claire. Elle et Misha Collins nous délivrent plusieurs scènes d'émotion à fleur de peau. Le scénario sait également se trouver une thématique globale, autour des conséquences d'une relation perturbée subie les enfants du fait des parents. La figure de John Winchester est bien entendu évoquée, tandis que Crowley et Rowena continuent à explorer leur relation aussi forte que dysfonctionnelle. L'opus jette également les bases de la seconde mi-saison à venir, en réactivant enfin la Marque de Caïn. Un mouvement utile, mais ne justifie pas en quoi ce qui a échoué du fait du refus de rendre Dean réellement démoniaque pourrait fonctionner cette fois. On reste également sceptique sur la capacité de la Marque, qui représente une menace pour le seul Dean et non pour le Monde, à soutenir l'intérêt d'une deuxième saison. Anecdotes :
Résumé : Afin de sauver Dean de l’influence de la Marque, Castiel se tourne vers Métatron. L’Ange du Livre lui révèle que la Première Lame est nécessaire pour y parvenir, alors qu’elle a été dissimulée par Crowley. Métatron va comploter pour aggraver la situation de Dean, afin de rendre son aide encore plus essentielle. Pendant ce temps Rowena poursuit son conflit personnel contre Crowley et Castiel s’efforce de protéger Claire. Critique : Survenant après le hiatus de fin d'année, ce pilote de mi-saison déçoit par le manque de réelle impulsion qu'il suscite. En effet, il se place en tous domaines dans la continuité immédiate de l'opus précédent,jusqu'à pouvoir parler de double épisode ne disant pas son nom. Certes Fergus présente l'intérêt de définitivement replacer la Marque de Caïn au cœur de la saison et de l'histoire personnelle des Frères Winchester. Mais, à l'instar de la Marque elle-même, les différentes trames secondaires ne font que suivre le chemin passablement tracé. Heureusement l'interprétation reste au rendez-vous pour maintenir l'intérêt. La rencontre entre Claire et Castiel continue à susciter l'émotion, même si le caractère de la jeune femme résulte quelque peu caricatural quand elle préfère une vie aventureuse à la sécurité proposée par l'Ange Mais il est vrai que la destinée de sa mère demeure un mystère. On avouera préférer le duo antagoniste et original formé par Rowena et Crowley, à la rivalité jouissive et pétillante. L'arc autour de Sam et Dean prend la forme d'une énième recherche d'artefact, formule ayant déjà bien servi, mais qui présente le mérite d'exister. SI le retour de Métatron n'apporte rien de bien neuf à propos de l'Ange du Livre, toujours aussi manipulateur et amateur de drama, Curtis Amstrong assure toujours le spectacle avec talent. Même si tout ceci manque encore d'intensité et de sens du péril, la saison 10 est (enfin) en ordre de bataille pour narrer une histoire. Anecdotes :
11. DU CÔTÉ OBSCUR Résumé : Sam et Dean découvrent que Charlie est revenue d’Oz et qu’elle a débuté une vendetta sanguinaire afin de venger ses parents. Suite à un marché passé avec le Magicien d’Oz, il existe désormais deux Charlie, l’une positive et l’autre négative, qui a brisé la Clé d’Oz. La sombre Charlie tue le Magicien d Oz et son double humain, mais Sam et Dean parviennent à annuler le sortilège. Charlie, réunifiée, va désormais les aider à effacer la Marque de Caïn. Critique : A son tour Charlie prend place parmi la kyrielle de personnages secondaires invoquées par la saison 10, et l’on ne va certes pas se plaindre de ce retour surprise en provenance d’Oz (l’univers, pas la prison). Comme à l’accoutumée, un épisode dédié à Charlie nous régale de ses clins d’œil et références à la Pop Culture, mais le récit du jour va se distinguer du lot par son ton très sombre. Outre qu’elle renvoie à la figure toujours captivante du Doppelgänger, cette césure jadis déjà connue par le Capitaine Kirk (L’Imposteur, Star Trek 1-05) suscite une version de Charlie réellement enténébrée. L’épisode ne fait pas semblant là-dessus. L’effroi est réel, d’autant que Felicia Day se montre convaincante sur un registre tout à fait nouveau pour elle. Outre un thriller horrifique de qualité, le récit sait également offrir un beau effet miroir au drame intime vécu par Dean, à l’âme également tiraillée par l’emprise toujours plus présente de la Marque de Caïn. Une Charlie réunifiée et ayant vaincu ses démons intérieurs sera particulièrement en situation de l’aider. On regrettera toutefois l’argument assez emberlificoté autour du Magicien d’Oz pour à la fois justifier le retour et la séparation des Charlie qui prend réellement des libertés vis-à-vis du roman. Le contraste semble également top marque entre la Charlie sombre capable de bouleverser deux univers (et de voler l’Impala) et la lumineuse, longtemps similaire à un boulet, à croire que toutes ses qualités proviennent de sa part de ténèbres. Il demeure également dommage que Supernatural n’ait en définitive pas saisi l’occasion d’une virée de Sam et Dean au Pays d’Oz. Après tout l’expédition très Fantasy d’Angel et compagnie à Pyléa nous avait voulu de bons moments. Anecdotes :
12. LA FONTAINE DE JOUVENCE Résumé : Sam et Dean enquêtent sur de mystérieuses disparitions accompagnées d’un flash de lumière. Dean subit le phénomène et se retrouve tel qu’à 14 ans. Lui et Sam vont découvrir qu’ils ont affaire au fameux Hansel. Il est soumis à la méchante sorcière Katja qui a dévoré le cœur de Gretel et lui fournit de la chair fraîche de jeunes gens depuis des siècles. Mais Hansel est lui-même perverti, tandis que Katja est liée au même convent que Rowena. Critique : Ce n’est certes pas la première fois que Supernatural joue avec l’âge de ses personnages, Dean avait ainsi considérablement vieilli dans le déjà réussi Jeu d'argent, jeu de temps (5-07). Ce qui aurait pu s’assimiler à de l’exploitation de filon va au contraire s’avérer une vraie pépite d’humour, et l’un des meilleurs épisodes de la saison. On s’amuse en effet beaucoup de la jeunesse retrouvée de Dean, à l’occasion d’une cure de jouvence aussi bien pour le personnage que pour le spectateur. En effet on le découvre quasiment tel qu’il fut aux tous débuts, déjà bien lointains de la série, Considérant la Chasse avec un enthousiasme juvénile. L’inversion du duo entre un Sam désormais devenu l’aîné et Dean tout feu tout flamme fonctionne du tonnerre. Le fait que la jeune femme parvienne à saisir l’opportunité d’une nouvelle vie parachève la fête. Évidemment, comme souvent dans les moments forts de Supernatural, l’émotion n’est pas loin des rire. Il reste particulièrement touchant de voir Sam soutenir Dean quelque soin choix, tandis que ce dernier renonce à cette authentique seconde chance, débarrassé de la Marque, au profit de son frère. L’épisode bénéfice également d’une excellente prestation de Dylan Everett, qui ait admirablement s’inspirer des mimiques de Dean (ou de Jensen Ackles) et l’essence du personnage, tout en faisant aisément croire qu’il a réellement 14 ans. On apprécie par ailleurs la version très sarcastique du conte d’Hansel et Gretel. La présence en guest de Lesley Nicol en Sorcière aimant cuisiner la chair fraîche ajoute encore un degré de surréalisme. Un mythe décidément porteur puisqu’il avait déjà inspiré l’assez délirant Intolérance dans Buffy contre les Vampires (3-11), ainsi que la sorcière aveugle d’Once Upon A Time, jouée par Emma Caulfield. Anecdotes :
13. MEURTRE PAR ACCIDENT
Résumé : Sam et Dean luttent contre les manifestations létales d’un esprit vengeur s’acharnant sur un groupe d’étudiants. Mais le corps du défunt a été incinéré et l’esprit ne semble attaché à aucun objet particulier. Ils comprennent que le fantôme a pénétré l’Internet suite à un contact électrique, avant d’exercer sa vengeance sur ceux qu’il estime responsable de sa mort. Son épouse parvient à le convaincre de reposer en paix en dialoguant avec lui via FaceTime. Critique : L’épisode est typique de ces récits indépendants ou quasi), servant de fond de sauce à une saison trop longue pour ne comporter que des scénarios réellement ambitieux. Un cas d’école assez inévitable pour une série étant jusqu’au bout demeurée fidèle au format désormais vieillissant de saisons comptabilisant plus de vingt opus. Sans surprise ou renoue donc ici avec le grand classique de l’esprit vengeur et tout ce qui s’ensuit : identifier son identité et son réceptacle, le tout entrecoupé par des scènes de meurtres fort goûteuses. Un tel épisode de Supernatural fonctionne quasiment tout seul, mais demeure extrêmement prévisible. Reconnaissons toutefois que le scénario se rattrape en partie sur l’inventivité des scènes d’épouvante ou sur l’originalité d’une absence totale de dépouille mortuaire du coupable. The Strange Case of the Missing Corpse, diraient Steed et Mrs Peel. Mais la spécificité de l’opus tient surtout à son environnement informatique.Outre un joli cas de placement de produit désinhibé autour de FaceTime, tous ces écrans instillent une atmosphère à la Black Mirror qui doit sans doute très peu au hasard. On pense notamment à l’épisode Bientôt de retour (2-01, avec Hayley Atwell) qui présente de nombreuses convergences scénaristiques, dont les conversations « longue distance » via Internet. Trois ans avant l’épisode Rm9sbG93ZXJz des X-Files (11-07), il reste amusant de découvrir Supernatural explorer le potentiel horrifique des machines qui font bip. L’intrigue s’élargit également à la comparaison des différences culturelles existant désormais entre Dean et les jeunes d’aujourd’hui, comme une métaphore de Supernatural qui désormais vieillirait à côtés de productions plus récentes. Un épisode où l’astuce de la forme sait compenser le classicisme du fond. Anecdotes :
14. LE CHANT DU BOURREAU Résumé : Caïn a de nouveau succombé à la Marque jadis apposée par Lucifer et a entrepris de tuer tous ses nombreux descendants, car il les estime eux-aussi souillés. Afin de récupérer la Première Lame, Dean affirme à Crowley que celui-ci est sur la liste. Caïn est tué par Dean, non sans lui avoir révélé qu’il n’y avait pas de remède à la Marque. Dean transmet la Première Lame à Castiel, à la grande fureur de Crowley, qui subit les moqueries de Rowena. Critique : La saison 10 connaît ici un énième retour de personnage secondaire, cette fois-ci en la personne de Caïn. En soi le mouvement résulte plutôt savoureux, grâce à une nouvelle grande performance du toujours aussi excellent Timothy Omundson (à voir absolument en roue libre dans Galavant) et à cette sinistre histoire de décimation, bien dans la démesure du personnage. On apprécie également l’ambiguïté de sa mort, constituant probablement un suicide avec Dean comme instrument, une originalité pour un antagoniste de Supernatural. Malheureusement cette intervention échoue dans son dessein premier : relancer véritablement l’intérêt de l’interminable arc de la Marque de Caïn. Deux saisons dédiées à cet élément dont on connaît désormais parfaitement les tenants et les aboutissants cela reste beaucoup trop long, d’autant qu’il n’y a pas de péril global de type Apocalypse pour dramatiser les enjeux (les Ténèbres n’interviendront qu’un toute fin de parcours). Cette histoire présente également comme défaut de mécaniquement laisser Sam dans son coin. Les divers éléments éléments apportés par l’épisode ou sont anticipés depuis longtemps (pas de remède connu, Dean destiné à tuer Sam), ou tombent à plat (la fameuse Première Lame prestement escamotée). L’histoire secondaire entre Rowena et Crowley produit quelques étincelles, notamment par le langage très coloré de la dame, mais cela ne suffit pas. Anecdotes :
15. LE VER DE KHAN Résumé : Sam et Dean enquêtent sur le cas d’un homme s’étant suicidé après avoir vidé une femme de son sang. Cette folie semble contagieuse et ils découvrent que Cole s’intéresse également à l’affaire. Ils forment équipe face à un ancien militaire ayant été infecté par un ver maléfique en Irak. Sam et Dean parviennent à sauver Cole quand celui-ci est infecté à son tour. Il rentre alors dans sa famille, pleinement réconcilié avec les Chasseurs. Critique : En son essence, l'épisode du jour nous propose une Chasse, certes classique, mais menée avec efficacité. De quoi nous offrir une pause bienvenue dans l'interminable Affaire de la Marque. Outre une parabole sur les traumas de guerre, le ver venu des sables nous assure également un quota conséquent en scène gores, à un niveau inédit depuis un bon bout de temps. L'occasion de constater à quel point Supernatural s'est progressivement allégé en substance horrifique, l'atmosphère n'est plus la même que lors des sombres premières saisons. Pour le coup, on se régale, d'autant que le scénario tire efficacement parti des diverses potentialités du monstre. On reste davantage circonspect quant au retour de Cole. Oui, derechef, un personnage secondaire revient dire coucou. Si Cole est une figure solide, il n'avait pas réellement suscité notre enthousiasme. Vaille que vaille, sa précédente sortie de scène et la paix conclue avec Dean nous semblaient suffisantes en soi. Le fait qu'une amitié existe désormais entre les deux hommes ne nous passionne guère. D'ailleurs Cole ne réapparaîtra pas par la suite, comme on peut le prévoir dans une série où les Héros passent d'une aventure à l'autre. Structurellement, on ne s'y intéresse pas à ce que deviennent les personnes sauvées, à moins qu'elles ne rejoignent le combat, ce qui n'est pas le cas ici. Que les Chasseurs soient mortels est une évidence depuis longtemps, que Cole ait failli mourir n'apporte rien de neuf là-dessus. Anecdotes :
16. EXAMEN DE CONSCIENCE Résumé : Dans une petite ville, Sam et Dean découvrent que les victimes de meurtres horribles fréquentaient la même paroisse catholique, où ils allaient se faire entendre en confession. Ils ont été victimes du fantôme d’une sorcière du XVIe siècle. Rowena s’intéresse aux Winchester, car son convent originel a été jadis été pillé par les Hommes de Lettres, dont ils sont les héritiers. Elle espère récupérer les artefacts ensorcelés avec l’aide de Crowley. Critique : Autant le ver monstrueux de l'opus précédent apportait une vraie nouveauté au sein de bestiaire de la série, autant ici on en revient au marronnier des esprits vengeurs. Un déjà-vu que se ressent d'autant plus fortement que son collègue de Meurtre par accident (10-13) est encore récent dans les esprits. Mais le miracle Supernatural continue à opérer, la série va de nouveau parvenir à raconter la même histoire de manière aussi différente qu'attrayante. Le cadre religieux crée ainsi une vraie ambiance, tandis que le lien établi entre les deux femmes à travers le Temps. De plus le tableau constitue un réceptacle original, et un intéressant artefact au sein de la série, comme une touche de Warehouse 13 au sein de Supernatural. La vraie série dans la série qu'est devenu le duo Rowena / Crowley franchit ici un pallier en en terminant avec le thème du Convent après la victoire sur Olivette (excellent guesting de Teryl Rothery) et surtout la mise en place d'un conflit direct avec les Winchester via l'excellente idée de l'héritage des Hommes de Lettres. De quoi rendre Rowena considérablement moins périphérique, tout en en installant un prometteuse ambivalence sur la position de Crowle, entre ses « associés » et sa mère. Toutefois le succès de cet épisode ne dissimule pas à quel point l'arc de la Marque est désormais figé, tandis que Castiel demeure désespéramment, même dans un épisode aussi marqué par la religion. Anecdotes :
17. L'ÉCHAPPÉE BELLE Résumé : Sam et Castiel veulent faire sortir Métatron du Paradis, afin de sauver Dean de la Marque. Hannah s’y oppose mais ils y parviennent avec l’aide de Bobby. Castiel prive Métatron de sa Grâce afin de le rendre mortel et le contraindre ainsi à révéler ce qu’il sait. Métatron avoue ne pas savoir comment sauver Dean mais révèle où se trouve la Grâce de Castiel. Dean parvient à rétablir le contact avec Crowley et à le brouiller avec Rowena. Critique : Cette saison 10 ayant massivement recours au retour de personnages en guise de moteur frappe ici un grand coup avec celui de Bobby. Avouons un certain désappointement quant au fait que cet événement attendu depuis Taxi Driver (8-19) ne survienne qu'à l'occasion d'une énième tentative avortée de faire progresser l'intrigue de la Marque de Caïn. Mais pour le reste cette réunion tient toute ses promesses, aussi bien dans l'action, lors de l'évasion de Métatron, que dans l'émotion, avec la lettre-testament envoyée à Sam : Bobby tel qu'en lui-même, toujours aussi sensible et paternel. Jim Beaver incarne toujours aussi parfaitement Bobby, c'est à juste titre qu'il demeure l'unique acteur à être intervenu dans toutes les saisons de Supernatural, en dehors du duo vedette. Outre le retour de Castiel et du toujours aussi réussi Métatron de Curtis Armstrong, l'épisode nous propose une visite approfondie et assez glaçante du Paradis décidément dystopique de Supernatural, avec ces couloirs glacés de cellules individuelles organisées en micro-univers simulacres, à la Philip K. Dick. Décidément tout ne tourne pas rond dans la Création. Si l'épisode met pour une fois l'accent sur Sam, Dean n'est pas en reste pour autant. Entre scènes humoristiques et de complicité avec Crowley, inévitablement autour d'un verre, il participe pleinement au succès de l'opus. Le Roi de l'Enfer semble en définitive être plus proche de lui que sa propre mère, ce qui n'étonnera guère. Anecdotes :
18. LE LIVRE DES DAMNÉS Résumé : Charlie prévient Sam et Dean qu’elle a découvert un puissant grimoire maléfique, le Livre des Damnés, peut-être capable de détruire la marque. Jacob Styne le réclame comme propriété de son abominable famille. Dean veut détruire le livre dangereux, mais Sam le confie secrètement à Rowena, en échange de son aide. Métatron échappe à Castiel et s’empare de la Tablette des Démons. Castiel récupère toutefois partiellement sa Grâce. Critique : Nous parvenons ici à l'épisode 18 de la saison, autant dire qu'il était grand temps d'enfin trouver un moyen de solder cette histoire de Marque de Caïn. La providentielle porte de sortie semble revêtir la forme de ce Livre des Damnés (pas des Ombres), c'est à dire un énième artefact miraculeux tombant à point nommé au sein de cette série. Outre le contraste installé autour de la peinture grandiloquente des Styne et ce qu'ils montrent à l'écran, tout ceci n'est guère original. On ressent cela d'autant plus fortement que, tant Castiel auprès de Métatron que Sam auprès de Rowena tendent vers la figure classique du sacrifice ou du lourd prix à payer pour sauver autrui, figure au combien rituelle du Clan Winchester. Il faut toutefois reconnaître que les auteurs savent vêtir d'émotions ces figures imposées. Le duo antinomique forme par Castiel et Métatron se montre ainsi particulièrement amusant. Avoir dissimilé la Grâce de Castiel dans un exemplaire de Don Quichotte constitue une belle ironie, digne de l'Ange du Livre. Sam et Rowena instillent un sentiment davantage malicieux, d'autant que la Sorcière bien-aimée éprouvera toujours un faible particulier pour « Samuel ». Le ship Samwena a encore de beaux jours devant lui ! Mais c'est bien Charlie qui s'impose en moteur et figure centrale de l'épisode. Tandis qu'elle a enfin le privilège de rencontrer Castiel, elle joue un rôle primordial dans l'action, avec son astuce et son énergie coutumières. Felicia Day se montre toujours épatante, notamment durant la discussion où Sam avoue enfin se vivre désormais pleinement comme un Chasseur de Démons. Quel chemin parcouru ! Charlie achève elle-même de se dépouiller de ses oripeaux de Geekette sympa pour devenir pleinement une Chasseuse accomplie. Elle semble devenir désormais essentielle pour Supernatural. D'ailleurs la série ne saurait se passer de ce précieux personnage féminin au long cours, pas vrai ? Anecdotes :
19. LA BOÎTE DE WERTHER Résumé : Bientôt rejoint par Dean, Sam part à la recherche du Codex de Nadya, ouvrage dont Rowena a besoin pour traduire le Livre des Damnés. Celle-ci a accepté d’aider Sam en échange de l’assassinat de Crowley. Magnus avait dissimulé le Codex dans la Boîte de Werther, un coffre protégé par de puissants enchantements, dont les Winchester finissent par triompher. Sam apporte le livre à Rowena, mais enchaîne celle-ci pour s’assurer qu’elle tienne parole. Critique : Alors que l’on aimerait enfin converger vers l’issue du marathon de la Marque de Caïn, voici que la saison nous oppose un nouveau détour, heureusement sans interrompre la piste inaugurée par le Livre des Damnés. On peut également regretter un certain manque d’imagination dans le fait d’ajouter un deuxième artefact miraculeux au premier, on empile. Mais le récit parvient à sortir par la haut de cette situation mi-figue, mi-raisin, grâce à la saveur très rôliste de ce coffre maléfique à ouvrir, une excellente exploitation du personnage de Magnus. On se croirait presque face à une épreuve du Labyrinthe du Baron Sukumvit, avec des pièges aussi imaginatifs que sinistres. Le scénario aurait sans doute dû crânement tout miser sur cet aspect ludique, éventuellement avec l’aide d’une Charlie qui aurait été toute à son affaire. La séquence introspective et onirique de Dean au Purgatoire ne manque ainsi pas d’intérêt, mais semble ici hors sujet dans un épisode menaçant de brasser trop de thèmes divers. Le récit sait néanmoins se rattraper via l’ambiance réussie de maison hantée et par d’intéressantes informations supplémentaires à propos du passé des Hommes de Lettres, un sujet décidément inépuisable. Pendant ce temps Rowena et Sam continuent à coopérer et l’on sent bien que quelque chose bouge chez la Sorcière, même si elle trahira évidemment à la première occasion. Outre un ship amusant, rendre Rowena utile aux Winchester permet de la placer au cœur de la série, au lieu de la limiter à des intrigues secondaires. Bon courage à Samuel face à Crowley ! Un épisode inégal, mais distrayant au final. Anecdotes :
20. PLANÈTE CLAIRE Résumé : Claire est agressée alors qu’elle recherche sa mère, Amélia. Castiel et les Winchester viennent l’aider dans son enquête, qui les emmène jusqu’à un guérisseur suspect. Celui-ci se révèle être un Gregori, un Ange ayant sombré dans le Mal et vampirisant les âmes des mortels. Il a assujetti Amélia, qui se sacrifie pour pouvoir l’abattre. Tamiel est finalement tué par Claire. Celle-ci rejoint le groupe de Judy et s’apprête à devenir une Chasseuse de Démons. Critique : Planète Claire apporte une nouvelle parenthèse à cette saison aux multiples détour et voies sans issues, mais l’épisode répond à une véritable nécessité, conclure l’arc de Castiel et de Claire Novak, avant d’entamer l’arc final. Une série aussi centrée sur la famille que l’est et le sera toujours Supernatural ne saurait faire l’impasse sur ce drame n’étant pas sans évoquer les conséquences des morts de John et Mary sur leurs fils. Le scénario procède pour cela à un nouveau rappel de personnage, avec Amélia, plus vue depuis l’épisode Le Pénitent (4-20), à l’occasion d’une réunion familiale menaçant à plus une reprise de sombrer dans le mélodrame… Mais qui en fait surnage toujours. On doit d’éviter ce péril avant tout au talent des comédiens, sachant toujours exprimer l’émotion sans en faire trop. Ainsi Misha Collins sait toujours aussi justement incarner la fibre paternelle et les remords de Castiel. Étonnante d’énergie, Kathryn Newton se montra convaincante dans ce véritable passage à l’âge adulte de Claire, concomitante à son grand début en tant que Chasseuse de Démons. Déjà un beau trophée à son actif, avec l’épée du Gregori, un exemple assez abominable de déchéance morale chez un Ange, même si son modus operandi demeure trop proche de celui des Djinns de la série. Dans cet opus mettant quelque peu Dan et Sam en retrait, on appréciera également la grande prestation de Leisha Hailey. A des années lumière de l’Alice de The L World, elle sait restituer à merveille la dimension tragique d’Amélia, victime de Grégory, mais aussi des choix de son mari. Anecdotes :
21. ŒIL POUR ŒIL Résumé : L’antique clan des Styne déclare la guerre aux Winchester afin de récupérer le Livre des Damnés. Grâce à lui, les Styne manipulent une large part de l’histoire de l’humanité depuis des siècles. Charlie est tuée par le clan maléfique mais a auparavant transmis à Sam et Dean les informations permettant à Rowena de décrypter le Livre. De son côté Crowley cherche à retrouver sa mère disparue. Critique : C’est dommage, car on pouvait aisément trouver plusieurs motifs de satisfaction dans Œil pour œil. La jusque-là très improbable famille Scytte gagne en intérêt grâce à ses allures de Clan Frankenstein lochant clairement vers les classiques des Universal Monsters (excellent Markus Flanagan). Cahin-caha la quête du secret du livre des Damnés se poursuit selon des ressorts solides et éprouvés, à défaut de résulter originaux. Rowena continue à trouver sa place et à s’imposer au sein de l’univers Supernatural. La scène de dialogue entre Crowley et le « hamster » vaut son pesant d’or, avec en prime le souvenir de la Amy de Buffy contre les vampires. Et pourtant tout ceci se voit balayé par le scandale de mort de Charlie, qui fait de l’épisode le N'abandonnez jamais de Supernatural pour les mateurs des Bandits Solitaires des X-Files. Particulièrement choquante, cette mort scandalise par son inutilité, puisqu’en définitive elle ne fait progresser l’histoire que par un sensationnalisme facile. Charlie avait encore tout un potentiel à exprimer au sein de la série, aussi bien par sa personnalité que par ses apports à la Chasse. L’outrage se ressent d’autant plus fortement que la mort de Charlie résulte à peu près aussi sordide que celle des Bandits Solitaires (elle n’a même pas droit à son combat) et qu’un relationnel prometteur commençait à peine à se bâtir avec Castiel. L’Ange du Jeudi aurait évidemment dû être là pour la sauver au lieu de veiller inutilement sur Rowena. Un gâchis qui n’allait pas rédimer l’image du programme auprès des féministes ! Anecdotes :
22. LA VENGEANCE À TOUT PRIX Résumé : Tandis que Sam continue à collaborer avec Rowena malgré la volonté de Dean, ce dernier entreprend de massacrer le clan Styne après le bûcher funéraire de Charlie. Sam doit remplir sa partie du contrat mais Crowley survit à son attaque. Le Roi des Enfers redevient alors un adversaire total et entreprend de tuer de Rowena. Après son opération rondement menée, Dean sombre dans une violence folle et menace de tuer Castiel et Sam s’il les revoie. Critique : La Vengeance à tout prix débute par le moment très fort émotionnellement qu’est le bûcher funéraire de Charlie. Celle-ci méritait évidemment cet honneur accordé aux Chasseurs tombés au combat, qui est assez à Supernatural ce que le carillon silencieux est à 24h Chrono. Mais par la suite un authentique chape de plomb tombre sur l’épisode, tant le spectateur est frappé par la violence irrépressible emportant Dean, avec à la clef une nouvelle intense composition de Jensen Ackles. Celui-ci confirme la force de son talent, il est d’ailleurs fort heureux que sa carrière se soit prolongée après sa flageolante participation à la saison 4 de Smallville. On apprécie également d’en avoir fini avec les Styne, qui n’étaient pas dimensionnés pour devenir des adversaires à long terme, malgré leur amusant numéro à la Frankenstein De fait l’épisode tombe à point nommé pour résoudre l’une des difficultés de cette saison 10 finissante. En effet on aura y vu la Marque de Caïn érigée en menace pour l’équilibre mental de Dean, avec de plus un Sam proclamant sans cesse que son frère ne tournait plus rond... alors que Dean en définitive apparaissait le plus souvent égal à lui-même ! La scène du massacre du clan Styne (y compris son membre le plus faible et innocent) par un Dean dont l’inexorabilité a effacé toute l’humanité, l’un des moments les plus éprouvants de la série, ainsi que le tabassage en règle de Castiel, anéantissent ce paradoxe. La tentative de meurtre de Crowley par un Sam également impitoyable et la rechute du Roi de l’Enfer participent à ce grand moment de noirceur parvenant enfin à dramatiser la saison, juste avant son final. Anecdotes :
23. EX NIHILO Résumé : Après un nouveau drame, Dean invoque la Mort pour en finir avant qu’il ne tue quelqu’un d’autre. La Mort lui révèle que la Marque est la prison d’un Mal antique, les Ténèbres elles-mêmes. Pour intervenir, elle exige que Dean tue Sam, mais Dean l’exécute alors avec sa propre faux. Tandis que Castiel affronte Crowley, Rowena parvient à prolonger le sortilège effaçant la Marque, mais les Ténèbres jaillissent et engloutissent les Winchester. Critique : Même dans ses périodes les plus médiocres Supernatural a pu compter sur ses mémorables fins de saison pour sauver la situation (encore récemment, en saison 14…) et c’est bien le quasi-miracle que signifie Ex Nihilo. Et pourtant l’on revenait de loin et l’épisode, après avoir son temps avant de réellement débuter, prend le risque de présenter la Mort comme un Deus Ex Machina bien pratique, et la spectaculaire apparition des Ténèbres comme un effet spécial tombant à point nommé pour faire passer le reste. Il y a un peu de cela, mais le récit parvient à aller au-delà du simple plaisir de la résolution enfin survenue de l’interminable affaire de la Marque de Caïn et déjà planter avec talent le décor de la saison 11. A travers péripéties et dialogues, l’opus sait en effet se,doter d’une vraie problématique, la présence du Mal en nous et dans le Monde. Ainsi découvre-t-on des Frères Winchester déconcertés par leurs actions, là où Rowena et crowley et Rowena plastronnent volontiers et où les Ténèbres semblent déjà tout recouvrir. Un ensemble aussi troublant que sombre, encore enrichi par les perspectives offertes par une Rowena échappée avec le Livre des Damnés, une fratrie Winchester réaffirmée ou un Crowley ragaillardi par l’affirmation de sa véritable nature. Les révélations de la Mort bouleversent la cosmogonie de la série, avec cet audacieux concept d’un Mil primordial, antérieur même à Dieu. De quoi promettre un Big Bad d’un tout autre niveau qu’Eve ou les Léviathans. Conclu par un mémorable et tonitruant cliffhanger, l’épisode parvient donc aussi bien à apporter une conclusion satisfaisante à la saison 10 qu’à mettre en orbite la saison 11 en stimulant l’imagination du spectateur. Il est vrai que l’on savoure d’autant plus son succès qu’avec le recul nous savons qu’Amara - les Ténèbres va tenir toutes les promesses faites ici, et que la période va même s’offrir un deuxième grand antagoniste d’exception. Anecdotes :
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Saison 11 1. AMARA Résumé : A proximité du jaillissement des Ténèbres, les humains sont contaminés par une épidémie de folie homicide. Dean est immunisé, mais est hanté par une mystérieuse femme vêtue de noir. L’incarnation des Ténèbres lui annonce que désormais ils sont liés. Les Winchester portent secours à Jenna, jeune shérif ayant recueilli Amara, un bébé dont les parents ont été victimes du fléau. Mais ils ignorent qu’Amara porte la Marque de Caïn. Anges et Démons sont en alerte. Critique : Le pilote de la (déjà) onzième saison de Supernatural se caractérise par une parfaite maîtrise de l’art du dévoilement : comment développer un sujet juste assez pour optimiser son sujet, tout en laissant encore de côté largement de quoi soutenir toute une saison. Ainsi à l’issue de la saison 10 les Ténèbres se limitaient à un simple effet visuel doublé d’un cliffhanger, tandis qu’elles se voient ici sublimées par leur énigmatique incarnation féminine : la déjà hiératique et hors monde Emily Swallow, absolument parfaite dans le rôle. Sa riche voix de grande actrice de théâtre contribue à donner une grande force posant le personnage, sa dimension et son mystère : si antique qu’elle ne connaît pas la Mort et établissant une trouble interaction avec Dean. L’impact de sa manifestation se voit encore accentué par sa brièveté. La matérialisation en ce monde sous la forme d’un bébé parvient encore à nous surprendre, tout en nous laissant entrevoir que nous ne sommes qu’au prologue des révélations. Les autres personnages participent pleinement à cet authentique manifeste en faveur de la nouvelle saison, chacun contribuant à démontrer la grande richesse d’un univers qui ne cesse de se développer et de se complexifier, même après un parcours de plus d’une décennie. Ainsi les tribulations de Rowena et de Crowley se montrent aussi inquiétantes que distrayantes. Déjà plongés dans l’action et directement menacés, Sam et Dean accroissent encore les enjeux en confirmant qu’ils doivent désormais changer, se concentrer davantage sur les périls et moins sur leur personne, et éviter de répéter les schémas du passé. Avec l’effet horrifique très réussi du fléau propagé par les Ténèbres, zombiesque mais pas trop, déjà proto-apocalyptique, autant dire que la nouvelle saison se présente sous les meilleurs auspices, le summum provenant sans doute de l’annonce d’une agitation en provenance de la Cage. C’est décidément tout l’univers de Supernatural qui crépite devant la tempête à venir, avec comme seule réserve l’énième éloignement de Castiel. Le séparer des Winchester évoque pour le coup une narration déjà vue et rarement porteuse. Le trio est fait pour fonctionner uni. Anecdotes :
2. L'ÊTRE ET LE NÉANT Résumé : Quand Amara manifeste d’étranges pouvoirs, la grand-mère de Jenna appelle un exorciste, qui se révèle être Crowley. Dean comprend qu’Amara est les Ténèbres, et qu’elle se nourrit en dévorant l’âme de ses victimes. Sam est infecté, mais parvient à se guérir grâce à de l’huile sacrée. Amara grandit surnaturellement vite, tandis que Crowley entreprend de devenir son mentor. Grâce au sacrifice d’Hannah, Castiel parvient à échapper aux Anges, après avoir été torturé. Critique : L’épisode succède immédiatement au pilote de saison, qui lui-même s’était inséré immédiatement après le traditionnel cliffhanger. La forme feuilletonnesque continue à s’installer au sein de Supernatural, même si elle ne triomphera qu’après le départ de Jeremy Carver. Pour l’heure la saison 11 débute avec un authentique double épisode taisant son nom et cette deuxième partie va idéalement développer les thèmes installés par Amara et confirmer les prometteuses impulsions données à la nouvelle période. Ainsi le rythme des rebondissements se maintient à un rythme remarquablement levé, témoignant d’une belle vitalité. Amara se voit définitivement instituée comme Big Bad d’exception, par l’ampleur prise par son fléau, quelque part entre The Walking Dead et les souvenirs du Virus Croatoan, aussi bien que par sa propre nature antédiluvienne et hostile. La révélation du caractère particulièrement sinistre de ses pouvoirs ou la surprenante image de son saut immédiat à l’enfance frappent les esprits. Il n va pareillement pour son troublant lien avec Dean, celui qui l’a libérée du piège immémorial de la Marque de Caïn. Certes ce n’est pas la première fois que Supernatural a recours à un enfant glauque au possible (Cf. Lilith) et l’Adria de Stargate SG-1 avait déjà connu un parcours similaire. Mais la narration s’impose ici comme particulièrement efficace, avec une menace apocalyptique clairement davantage palpable qu’elle ne l’avait jamais été depuis le final de la saison 5. Outre l’élévation du niveau de la menace, L'Être et le Néant (titre sartrien en Diable) continue à régler les problèmes enkystés au fil des saisons. Ainsi la période pleurnicharde est bien achevée pour Crowley, sans sacrifier pour autant sa originale complicité amusée avec le Winchester : le Roi de l’Enfer et de la vanne est pleinement de retour dans la partie et il se bat pour assurer sa domination, non plus pour être aimé. L’avènement de Billie la Faucheuse (beaucoup de présence) proclame que l’ère des résurrections à répétitions est achevée : la Mort redevient définitive pour les Winchester. Confrontés à tout ce joyeux panorama, sans même parler de Rowena et de Métatron encore dans la nature, Sam et Dean tiennent leur promesse de se centrer avant tout sur leur tâche et non plus sur leurs émois et mensonges. Sans pour autant que leur relation fraternelle soit passée par pertes et profits, la saison 11 ne sera pas le drama enflé et perpétuel qu’avait fini par devenir l’interminable histoire de la Marque. Le fait que Castiel soit désormais diminué va permettre de le gérer autrement qu’en l’éloignant des Winchester. Si le scénario gère parfaitement sa division en récits séparés, la réunion du trio au Bunker à l’issue de cet épisode haletant et rempli jusqu’à la gueule sonne comme une coda. Jeremy Carver a accompli un fracassant aggiornamento global de Supernatural et la saison 11 peut dès lors pleinement s’élancer. Évidemment le fait que l’incarnation du Mal primordial, antérieur même à la Création, voire à Dieu, soit une femme crispera les féministes, mais ce n’est pas comme si Supernatural n’avait pas pour le coup une tradition solidement établie à ce sujet. Anecdotes :
Résumé : Sam et Dean retrouvent Rowena et lui font annuler le sort de rage meurtrière toujours présent en Castiel. Ils recherchent Métatron afin d’obtenir des informations sur Amara. Crowley donne des Démons à Amara qui les dévore et devient une jeune fille toujours plus affamée. Pendant ce temps un Ange et un Démon de bas niveau trinquent dans un bar et estiment que leurs hiérarchies ne pourront pas empêcher les Ténèbres d’engloutir la Création. Critique : Au lieu de marquer une respiration après les bouleversements précédemment introduits, la saison 11 opte pour poursuivre ses fils rouges, au lieu d’insérer une respiration via un Monstre de la semaine ou un éventuel opus décalé tonitruant (ce sera pour la prochaine fois). De ce fait Affamée subit le contrecoup d’une comparaison directe quand, inévitablement le rythme des coups de théâtre faiblit et que le récit se normalise. Toutefois les développements du jour demeurent solides et dignes d’intérêt. De plus ils filmés avec efficacité par un Jensen Ackles ayant parfaitement (et logiquement) intégré les codes visuels de la série. Ainsi le binôme antinomique au possible formé par Crowley en papa poule et la jeune Amara toujours plus édifiée en idole du Mal s’avère très amusant. Par ce qu’il présente comme pastiche de sitcom familiale à la Famille Addams, mais aussi par ce qu’il laisse deviner d’un Roi de l’Enfer progressivement totalement dépassé, tant les deux comparses divergent profondément dans leurs objectifs. Crowley se satisfait en définitive fort bien d’un Monde qui l’amuse et qui lui assure un business juteux, là où Amara brasse de vastes projets de réécriture de la Création, évidemment à son image. On songe beaucoup à l’opposition entre Spike et Angelus en saison 2 de Buffy contre les Vampires, gage de joyeux développements à venir entre les associés. La scène du miroir, l’une des plus troublantes et mystiques de la série, couronne toute cette séquence très réussie. S’il a le mérite de faire revenir la toujours amusante Rowena et le Livre des Damnés dans le jeu, le volet dédié à la guérison de Castiel s’inscrit davantage dans le commun de la série. Survenant après que Dean eut pareillement échappé à la Marque de Caïn, puis Sam au Fléau d’Amara, ce troisième rétablissement se contente de s’inscrire dans une continuité nous permettant d’enfin retrouver le fin trio tel qu’en lui-même. Tout ceci se voit correctement développé et présente le mérite de ne pas perdre de temps (à l’image de la rapide croissance d’Amara), mais l’au contraire très originale scène du bar entre l’Ange et le Démon demeurera certainement davantage dans les mémoires. Un bel hommage au formidable roman De bons présages, de la part d’une série fantastique devant déjà tant à Neil Gaiman, ne serait-ce que pour les Dieux païens d’American Gods. Anecdotes :
4. COMME AU BON VIEUX TEMPS Résumé : Sam et Dean mènent un Chasse contre un Nachzehrer, mais Sam à des visions de John jeune, l’enjoignant de vaincre les Ténèbres. Des symboles bibliques font que Sam pense que ces messages proviennent de Dieu. Les Frères Winchester sont sur le point d’être vaincus par le Nachzehrer, toutefois ils parviennent à le tuer grâce à leur fidèle Impala et aux objets qu’ils y trouvent providentiellement. Mais se pourrait-il que Baby leur ait réellement porté secours ? Critique : En son temps unanimement salué par la critique comme par les fans, Baby rend un vibrant hommage à la valeureuse et loyale Chevrolet Impala 1967, sœur d’armes de la famille Winchester depuis toujours, ou presque. Bien des séries ont associé une voiture aisément reconnaissable à leur protagoniste (imagine-t-on Thomas Magnum sans sa Ferrari 308, Simon Templar sans sa Volvo 1800 ?), mais bien peu ont poussé l’identification aussi loin que Supernatural. L’Impala n’est pas seulement le véhicule indissociable de Sam et Dean, elle est leur foyer véritable et un compagnon d’aventures à art entière. Par bien des côtés, elle synthétise le concept même de la série, comme une authentique métaphore. C’est ce relationnel particulièrement fort qu’exprime à la perfection Baby, créant ainsi une émotion particulière et toujours renouvelée parmi le public du programme. Le premier volet de ce succès repose sur l’impressionnante mise en scène de Thomas J. Wright, qui va parvenir à tourner l’intégralité de l’action comme si elle était vue par l’Impala. Plans larges, angles de caméra complexes, vues de l’intérieur de la voiture comme de son environnement immédiat se succèdent avec une indéniable maestria. Cette approche particulière englobe également le son, avec l’astucieuse intégration des seuls sons ou chansons entendus à l’intérieur ou à portée d’oreille de l’Impala. On n’ira pas jusqu’à parler d’un épisode expérimental, mais le résultat se montre réellement saisissant à l’écran. Baby n’est pas Christine ou Duel et Thomas J. Wright sait savamment empêcher que sa mise en scène ne s’imprègne de paranoïa, notamment pour les scènes situées à l’intérieur de la voiture. Kim Manners aurait été fier qu’un tel bijou prenne place dans la série qu’il a tant contribué à lancer. Le scénario s’avère aussi finement dosé que la réalisation, le récit sachant mettre en avant les différentes facettes de l’Impala, moyen de transport mais aussi foyer des héros. Il en va ainsi avec de touchants dialogues entre Sam et Dean, mais aussi avec une rareté au sein de la série : l’introduction d’authentiques tranches de vie au sein de la fratrie, déconnectées de toute Chasse ou crise en cours, un régal. La dimension militante de la valeureuse voiture se voit également illustrée, entre décapitation du monstre à coups de portière et dommages subi, mais aussi l’émouvante et poétique conclusion des objets hébergés au fil du temps et sauvant quasi miraculeusement nos héros (la Quatrième Dimension n’est pas loin !). Les auteurs ont également l’habileté de ne finalement insérer qu’une Chasse très classique en soi, pour l’attention reste bien centrée sur l’Impala. L’opus s’insère également pleinement dans la saison, avec l’évocation d’une Amara terrifiant même les monstres, et surtout une fratrie rayonnante et pleinement retrouvée après le drama de la Marque. Jared Padalecki et Jensen Ackles insufflent d’ailleurs l’émotion et la sincérité parachevant le succès de l’un des tous meilleurs épisodes de Supernatural. Anecdotes :
5. SANS ÉTAT D'ÂME Résumé : Un couple est assassiné dans un hôtel installé dans l’ancienne demeure de Lizzie Borden. Sam et Dean s’aperçoivent que les signes surnaturels sont en fait des attrapes-nigauds destinés aux touristes, mais les meurtres se poursuivent. Ils sont en fait l’œuvre de personnes dont l’âme a été dévorée par les Ténèbres. Les Winchester s’en vont après avoir réglé le sujet, mais Amara les observe en coulisse, remettant à plus tard sa rencontre avec Dean. Critique : Tout comme lors du précédent opus, les auteurs joue la carte d’une Chasse initialement classique, mais se révélant finalement connectée au fil rouge de la saison, Amara. Cette dernière se voit d’ailleurs cette fois directement impliquée dans l’action, mais le succès va pourtant se révéler moindre que lors de Baby. Ainsi il s’agit du deuxième épisode d’affilée sans Castiel, ce qui commence à se faire sentir, même si l’on comprend qu’il soit resté au Bunker pour regarder la saison 2 de The Wire. Après tout il s’agit d’un très efficace moyen de comprendre la réalité du genre humain ! Toujours efficace, la mise en scène se montre toutefois davantage normée que lors du récit centré sur l’Impala (une Baby miraculeusement déjà intacte ici, la magie des séries télé). On demeure également déçu que, malgré la pittoresque évocation de son hôtel et de ses fans, Lizzie Borden ne soit ici qu’un élément du décor. Son histoire riche en mystères se serait prêtée à merveille à une rencontre, tout comme Sam, Dean et la très regrettée Jo s’étaient naguère confrontés au bon Docteur H. H. Holmes (Sans issue, 2 -06). L’intrigue du jour demeure néanmoins solidement bâtie, sachant très bien jouer au jeu des fausses pistes. On apprécie que les victimes ne se contentent pas de dupliquer le Sam dépourvu d’âme de la saison six (la Chasse pour le pur plaisir de la violence), mais au contraire développent leur propre personnalité, avec des échos parfois étonamment émouvants d’un reste d’humanité. La présence d’Amara électrise toujours l’intrigue, même si devenue adolescente, elle s’avère moins perturbante qu’en enfant. La jeune actrice imprime moins l’écran que sa devancière, et on a déjà eu notre lot d’ado tête à claques dans des séries fantastiques de chasse aux monstres. Le côté fan de serial killers tiens et de Dean aussi) se montre néanmoins amusant, de quoi patienter jusqu’à l’étape suivante, d’autant que les auteurs semblent bien décidés à nous mener rapidement jusqu’à l’âge adulte. Anecdotes :
6. NI DIEU NI MAÎTRE Résumé : Crowley tue les personnes dont Amara a dévoré l’âme, afin de préserver son secret. Mais Sam et Dean remontent la piste et se confrontent au duo dans un hôpital psychiatrique désaffecté. Devenue une jeune adulte, Amara brise la tutelle de Crowley et le supplicie quand celui-ci veut s’en prendre à Dean. Castiel retrouve Métatron, qui lui apprend qu’Amara est la propre sœur de Dieu, qui l’a jadis enfermé pour préserver sa Création. Sam à des visions de la Cage. Critique : La saison 11 en revient ici à un épisode mythologique, événement accompagné de la déferlante de péripéties qui convient. Outre l’éclatement anticipé de longue date, mais spectaculaire, de l’alliance entre Crowlety et Amara, le récit va implanter diverses informations accroissant encore les enjeux de la partie ; il en va ainsi du visuel direct de la Cage des Archanges, dont on sent bien qu’il s’y trame quelque chose de menaçant, mais surtout de la tonitruante révélation d’Amara en sœur aînée de Dieu, emprisonnée pour que survienne la Création. Un joli coup d’audace, permettant aussi à Supernatural de réaffirmer sa nature de série familiale. Après la famille Winchester, celle de Crowley ou la fratrie des Archanges, voici que surgit un nouveau lien familial des plus captivants. Amara a également la bonne fortune de montrer davantage de présence en jeune adulte qu’en adolescente. Outre qu’il permet à Castiel de s’extirper de son immobilisme post traumatique, le retour d’un Métatron ayant perdu de sa superbe permet de retrouver un Curtis Armstrong toujours autant en verve. L’Ange du Livre se montre toujours aussi perspicace concernant nos héros, cela permet de souligner un autre atout d’un opus : questionner les protagonistes quant à leur rapport à la violence. La volonté de Sam de ne plus passer par pertes et profits les victimes de possession rejoint Castiel épargnant in fine Métatron. Cette moindre propension à la tuerie pourrait également concernant, au relationnel toujours aussi trouble avec Amara. Autant de jalons prometteurs pour le futur, pour un épisode également caractérisé par de superbes décors : asile psychiatrique délicieusement sinistre et la rituelle chambre de motel reproduisant de manière amusante le plateau de Supernatural - la sitcom, vu dans Téléportation (5-08). Anecdotes :
Résumé : Donna appelle les Winchester à l’aide quand des meurtres sont perpétrés sans raison apparente par des personnes portant des déguisements d’animaux. Ils comprennent que les costumes sont hantés par leur ancien propriétaire, un comédien spécialisé dans les spectacles pour enfants s’étant suicidé. Sam s’efforce de convaincre Dean que, si Dieu lui envoie des images de la Cage, c’est parce que les Archanges peuvent intervenir contre Amara. Critique : Bas les masques constitue le premier épisode de la saison où il n’est (quasiment) pas fait mention d’Amara. Les auteurs vont avoir la bonne idée de jouer à fond la carte de la contre-programmation. Sans aller jusqu’à parler d’épisode décalé, l’opus se caractérise en effet par un ton volontiers humoristique en décalage avec la tonalité très sombre de la saison. Le retour de Donna tombe ainsi à point nommé, apportant tout sa gaîté et sa fraîcheur. On est ravi de voir ce sympathique personnage trouver toute sa place dans la série, avec un parfait équilibre entre humour et efficacité bien réelle dans l’enquête. Mais le grand atout de l’opus reste son recours aux masques. Les artistes de la production Supernatural réalisent en effet un nouvel exploit, avec ces créations savamment grotesques, entre esprit Cartoon, et un réel malaise, également suscité par des angles de prise de vue toujours parfaits. En fait le récit exploite à merveille l’idée de masque, l’un des thèmes classiques de l’épouvante autant par ce qu’il montre que par ce qu’il dissimule. Cela vaut également pour celui du clown, lors de la scène certainement la plus drôle du jour, quand Sam se voit confronté à son éternelle Némésis, avec un excellent Padalecki. On regrettera toutefois qu’au-delà de cette idée réussie, les auteurs ne cherchent jamais à aller plus loin qu’une simple Chasse à l’esprit vengeur, un cas de figure maintes fois abordé au cours de la série et dont le scénario retrouve les poncifs à plusieurs reprises. Anecdotes :
8. NOS AMIS IMAGINAIRES Résumé : Sam a la surprise de voir apparaître Sully son « ami imaginaire » lorsqu’il était petit enfant. Sully vient demander son aide car les êtres de son espèce, les Zână, sont apparemment traqués et exécutés par un ennemi inconnu. Les Frères Winchester partent à la recherche du tueur qui s’avère être une jeune femme, Reese, pour qui Sully est le responsable de la mort de sa sœur. Sam et Dean parviennent à les réconcilier et Sully veillera désormais sur Reese. Critique : Dans la foulée du alors récent Vice-versa (sorti aux USA quelques mois avant la diffusion de l’épisode) et de l’inoubliable Bing Bong, Just My Imagination va s’intéresser aux amis imaginaires de notre enfance. Avec une belle originalité à la clef, tant les créatures surnaturelles positives s s’avèrent rare dans cette série (et ne parlons même pas des Anges et Archanges). La première partie du récit s’avère très amusante valant également pour ce mélange d’humour et d’horreur propre à Supernatural. Les meurtres des charmants Zânăs par Reeses s’avèrent en effet tout autant abominables que l’ordinaire de la série. Supernatural aborde le Merveilleux, mais n’y sacrifie pas. L’opus doit beaucoup à la fantaisie naturelle de Richard Speight, Jr., cette fois derrière la caméra, ainsi qu’à extraordinaire prestation de Nate Torrence en Sully, entre humour et tendresse. Il est vrai que l’histoire sait évoluer et s’imprégner d’émotion avec la force du lien unissant Sully à Reese (voir Sully prêt à se sacrifier pour aider celle dont il avait la garde est bouleversant). C’est également le cas quand l’épisode élargit son sujet avec un nouvel abord des jeunes années des frères Winchester, durant la croisade de John. On a ici la bonne idée de se centrer sur le jeune Sam, alors que ce type d’opus s’était le plus souvent centré sur Dean jusqu’ici. Le nouveau jeune acteur interprétant Sam (une conséquence de la durée hors normes du programme) s’en sort avec les honneurs, tandis que Jared Paladecki sort de cette aventure avec l’intention bien arrêtée d’exorciser ses frayeurs intimes et donc d’aborder sans détours la question de la Cage. Cet habile raccordement à la trame principale de la saison illustre in fine la remarquable capacité de cet épisode à élargir son propos initial. Anecdotes :
9. DIVINE COMÉDIE Résumé : Désormais adulte, Amara commence à tuer des prêtres, afin de forcer Dieu à se confronter à elle. Sous l’impulsion de Sam, une alliance se forme avec Crowley et Rowena, afin d’accéder à la Cage, tandis que Dean part à la rencontre d’Amara. Elle l’embrasse, mais doit faire face à une attaque massive venue du Paradis. La Cage se matérialise et Lucifer propose son aide contre Amara, si Sam accepte de devenir son vaisseau. Mais tout ceci est en réalité un piège tendu par le Malin. Critique : Le mid season finale frappe vraiment très fort et porte la saison 11 à incandescence. Les ultimes personnages survivants formant une alliance désespérée contre les deux plus puissants Big Bads de la série, dont une Amara gagnant toujours en dimension grâce à l’entrée en scène de la fabuleuse Emily Swallow, et le Diable dont on savoure le retour, même s’il était devenu quelque peu prévisible. Le choix de deux longues confrontations au lieu d'une succession épique d'événements s'avère payant grâce à l'aura des antagonistes et à leurs interprètes. Longtemps attendu le face à face entre Amara et Dean tient toutes ses promesses, tandis que la révélation de la machination de Lucifer se voit portée par un Mark Pellegrino retrouvant le rôle avec une aisance confondante, comme s’il l’avait quitté la veille. On se demande certes ce que devient Michel / Adam de son côté, mai Lucifer capte (logiquement) toute la lumière. Tandis que Lucifer le contemple avidement, voir Sam pleurer de désespoir devant l’effondrement de ses espérances est bouleversant, l’événement est quasi inédit das la série. On se dit que l'Absent va vraiment devoir se manifester cette-fois ci, surtout avec une Amara en mode totalement psychotique, un pur plaisir. Seul Castiel manque à la fête, mais l’on devine que cen’est que temporaire, tant la catastrophe devient globale pour ses amis. Une longue attente débute durant les Fêtes de fin d’année pour des fans sidérés par tout ce que cette captivante saison 11 envoie épisode après épisode, après une 10 pourtant en demi-teinte. Supernatural retrouve tout son éclat et établit une connexion totalement réussie établie avec la saison 5, comme si tout l’intervalle entre ces deux périodes ne formait qu’une longue parenthèse. Anecdotes :
10. DIS-MOI OUI Résumé : Lucifer a secrètement manipulé aussi bien Rowena que Sam. En l’absence de Dieu et des Archanges, il affirme être le seul à pouvoir vaincre Amara, qui a survécu à l’attaque angélique. Mais Sam et Dean refusent obstinément de le libérer. Toutefois Castiel se laisse convaincre et accepte secrètement de devenir son Vaisseau. Lucifer sort ainsi de la Cage, à l’insu des Winchester. Dès leur départ, il tue Rowena, seule capable de l’emprisonner à nouveau et capture Crowley. Critique : Magistral retour aux affaires de Supernatural après le hiatus hivernal : The Devil in the Details (toujours ces titres arrosés au champagne) porte la saison 11 à l’incandescence. L'épisode exploite à la perfection la figure de Lucifer à travers un scénario particulièrement riche en rebondissements (cette saison roule à 300kmh et continue à accélérer) : ruses et stratagèmes, pure jouissance du Mal, terrifiante puissance, relation à la fois antagoniste et intime avec Sam. On adore le voir réduire instantanément Crawley au rang de sous-fifre, le Patron est de retour. Mark Pellegrino est impérial, comme toujours, il assure le show à lui tout seul, en meilleur Satan télévisuel (et il y en a d'excellents). La Ténébreuse n'est pas oubliée, elle a droit à sa scène coutumière d'effroi pur, mais, même si elle dépasse sans doute le Cornu en puissance pure, on lui souhaite bien du plaisir. Avec cette victoire majeure de Lucifer, la série parvient à mettre les Bros encore plus bas qu'en fin de mi saison, ce qui semblait réellement impossible. Cela va être chaud, à moins qu'Il ne se décide à se pointer en Personne ou que Michael nous réserve une surprise. Seule légère réserve, même si elle est soigneusement préparée par les scénaristes, la décision de Castiel survient un peu trop facilement. un épisode enthousiasmant, la saison 11 continue à envoyer missile sur missile, même si elle va envoyer quelques loners sympathiques pour temporiser afin de passer au final. Anecdotes :
11. LE CRI DE LA BANSHEE Résumé : Sam et Dean traquent une Banshee, qui entrepris de se nourrir du cerveau des pensionnaires d’une maison de retraite, après que son Cri les ait fait sombrer dans la folie. Ils reçoivent l’aide d’Aileen, une Irlandaise descendant d’Hommes de Lettres jadis tués par la même Banshee. Elle-même a été rendue sourde par cette attaque, alors qu’elle était encore un nourrisson. Sous les traits de Castiel Lucifer cherche un moyen de tuer Amara et apprend la connexion existante entre elle et Dean. Critique : Comme de coutume après le bouleversement de mi-saison, Supernatural en revient ici à un épisode de facture plus classique, ainsi d’éviter qu’un excès de rebondissement ne finisse par blaser le spectateur. Misha Collins continue néanmoins à assurer le spectacle en s’appropriant le rôle de Lucifer avec talent. On retrouve ici un récit classique de Chasse au Monstre de la semaine, mais qui va pour autant se révéler très plaisant à suivre. Les auteurs ont effet la bonne idée de moins parier sur le ressort de l’intrigue, fatalement prévisibles, ou sur la figure bien connue de la Banshee (encore que l’effet spécial la représentant s’avère particulièrement réussi) que sur les personnages rencontrés. De fait l’opus gagne en singularité en nous présentant non seulement deux personnages féminins forts… Et qui survivent ! Il en va ainsi de Mildred, nouvelle preuve de la sensibilité toujours manifestée par Supernatural quand il s’agit d’aborder la vieillesse. Jouée avec beaucoup de naturel par Dee Dee Wallace, elle apporte de la vie à l’épisode, de l’humour aussi par son flirt amusant avec Dean, jamais ridicule. Ce ton très positif se retrouve avec la vaillante Eileen, déterminée et efficace dans sa lutte malgré son handicap, avec cette fois une belle rencontre entrée sur Sam. On apprécie que ce soient Mildred et Eileen qui sauvent la situation, l’épisode constituant un bel exemple de mise en avant de personnages féminins sans sacrifier le récit ni sombrer dans l’excès de politiquement correct. Les Winchester ne se voient pas sacrifiés pour autant, entre considérations sur la perspective de leur propre vieillesse, regrets sur l’affaire du purgatoire pour Sam ou rappel menaçant de la connexion avec Amara pour Dean. Anecdotes :
12. LINGE SALE EN FAMILLE Résumé : Après plusieurs fausses alertes, Jody et les Winschester se montrent sceptiques quand Claire s’intéresse à une nouvelle affaire, cette fois dans le lycée d’Alex. Toutefois le concierge s’avère réellement être un Vampire, ayant également transformé le petit ami d’Alex. Les Winchester et leurs amies parviennent à triompher des Vampires. Sam et Dean repartent en laissant Claire et Alex plus unies que jamais autour de Jody. Critique : Voici venu le temps du désormais rituel épisode annuel de Shérif Jody et de sa bande de Chasseuses en devenir. On avouera fort apprécier suivre ainsi de loin en loi l’édification de cette vaillante famille recomposée, qui aurait certainement donné lieu à une série dérivée d’un grand intérêt. Tout comme l’opus précédent, Baiser mortel nous fait donc rencontrer des personnages féminins forts et positifs, sans qu’aucune mort ne soit derechef à déplorer. On sent que, pour Jeremy Carver, la tumultueuse Affaire Charlie est passée par là et que décidément chat échaudé craint l’eau froide. Mais l’on ne s’en plaindra certes pas, d’autant que Supernatural évite encore une fois de s’enliser dans un politiquement correct lourdement démonstratif. Bien au contraire le série revêt ici des allures de Teen Movie pétillant à souhait et accordant un grand soin à l’écriture de ses personnages. On apprécie chacune des toniques prises de bec venant émailler la vie de ce trio féminin avant tout uni par l’amour et la solidarité, mais sans mièvrerie. Beaucoup d’humour se voit également apporté par Sam et Dean totalement débordés par la situation et décontenancés par les discussions autour de la sexualité féminine (Dean en particulier est un poème, bien entendu). L’épisode n’évite toutefois pas la difficulté de Vampires bien peu effrayants, comme souvent dans Supernatural, mais nous sommes avant là pour la réunion de famille. Plus gênante est l’absence de Castiel face au danger, ce qui est contraire à son relationnel fort et quasi paternel avec Claire. Le sujet n’est jamais soulevé, les auteurs déidant de clairement éluder cette difficulté liée à Castifer. Anecdotes :
13. BAISER MORTEL Résumé : Durant la Saint-Valentin, Sam et Dean s’intéressent à des morts survenant quand un baiser est échangé. Une sorcière voulant punir les hommes infidèles et les femmes stupides fait apparaître une créature tuant ses proies en ayant revêtu l’apparence de leur grand amour. Quand l’entité s’en prend à Dean, elle revêt la forme d’Amara, ce qui l’oblige à avouer à Sam ses sentiments envers elle, une fois la sorcière occise. Sam lui promet de s’occuper seul d’Amara, le moment venu. Critique : Depuis les années 70, il existe toute une tradition du film d’épouvante (relevant souvent du Slasher Movie) liée à la saint-Valentin : Picnic at Hanging Rock (1975), My Bloody Valentine (1981), Valentine (2001), Shaun of the Dead (2004), etc. En 2019, Jensen Ackles avait lui-même participé à My Bloody Valentine 3D. Il était donc logique que Supernatural, à côté des incontournables de Noël ou d’Halloween finisse par dédier un épisode complet à la fête des amoureux et des tueurs en série. La production de Baiser mortel s’avère d’ailleurs un grand succès les artistes de la série s’étant visiblement passionné pour la création de décors liés au thème. L’appartement des premières victimes s’avère ainsi un délice de kitsch, de même que l’inévitable chambre de motel. De son côté, le détournement du symbole du cœur donne lieu à des effets gore bien revigorants comme on aime. Malheureusement ces indéniables efforts se voient gâchés par une narration plus malhabile qu’à l’accoutumée. Ainsi le récit perd beaucoup de temps à installer le rationnel du triangle amoureux, sans que cela apporte grand-chose. L’intrigue semble d’ailleurs inutilement embrouillée, un élément encore accentué par l’apparition de la fausse Amara. On ne sait pas trop où le récit veut en venir, notamment s’il pointe Dean en tant que bourreau des cœurs, alors même qu’il ‘y volontairement exposé pour sauver une potentielle victime. L’ensemble se montre maladroit, tout l’aveu de sa connexion avec Amara résulte quelque peu théâtral. Après tout ce n’est pas comme si Sam n’avait eu un dossier Ruby, en son temps. Anecdotes :
14. L'ARCHE D'ALLIANCE Résumé : Sam découvre qu’un puissant artefact, la Main de Dieu, a peut-être le pouvoir de détruire Amara. En 1943, l’objet a été dérobé aux Nazis par Delphine, une Femme de Lettres française, mais le sous-marin la ramenant a été coulé. Lucifer/Castiel envoie Dean à travers le Temps pour récupérer l’objet. La mission est remplie grâce au sacrifice de Delphine, mais la Main a épuisé son pouvoir. Sûr de lui, Lucifer se révèle aux Winchester, mais ils parviennent à le bannir grâce à un sceau. Critique : Arrivée à sa saison 11, Supernatural dispose d’une solide expérience en matière de voyages dans le Temps, notamment du fait d’un original pouvoir angélique. Néanmoins les Chrononautes n’en profitent guère guère car un destin ne peut être changé, comme on l’a déjà expérimenté pour la famille Winchester. Cette donnée se voit soulignée avec une force rare à l’occasion d’un épisode particulièrement tragique, où la force dramatique se voit en définitive davantage insufflée par le trépas immuable de Delphine et de l’équipage que par l’échec de la mission. Cette conclusion, dont l’amertume poursuit le spectateur bien après la vision de l’épisode, se situe à l’inverse opposé des multiples morts horrifiques de Supernatural. Elle gagne en densité et en intimité par la très belle rencontre entre Dean et Delphine, parfaitement interprétée par Weronika Rosati. On note au passage que, si Delphine ne survit pas, elle prend place parmi toute une succession de femmes courageuses envers lesquelles les Winchester sont redevables cette saison. La série a également opéré une petite révolution sur ce sujet, sans esprit de contre-productif démonstration pesante. Le public hexagonal sera évidemment particulièrement sensible à la dimension française de Delphine, dont le sacrifice se voit parfaitement accompagné par le Non, je ne regrette rien de Piaf (nonobstant l’évident anachronisme). L’équipage est lui aussi bien présent et prend place parmi un superbe décor de sous-marin, extrêmement travaillé et réaliste. Sur ce point Supernatural va clairement plus loin qu’Angel lors de l’épisode assez similaire qu’est Le Sous-marin (5-13). À la mise en scène, John Badham en tire le meilleur parti pour instaurer une atmosphère claustrophobe à souhait. L’un des chefs-d’œuvre de cette remarquable saison 11, The Vessel en contribue à intensifier les périls, puisqu’en plus d’Amara, Sam et Dean doivent désormais faire face à Lucifer. La menace se ressent d’autant plus fortement qu’il s’avère désormais évident que Lucifer à bluffé pour rouler Castiel et qu’il n’a pas la moindre idée de comment vaincre les Ténèbres. L’exploit de l’opus consiste à opérer cette révélation sans que le statut du Diable se voit réduit le moins du monde. Toujours excellemment joué par Misha Collins, il se montre toujours aussi dominateur et ironique envers les Winchester, mais aussi follement cruel dans le châtiment volontiers connoté SM et kinky de cet usurpateur de Crowley. Se met ici en place une guerre qui formera comme une série dans la série jusqu’au terme de la saison 12. Anecdotes :
15. SUR LE RING Résumé : Sam et Dean découvrent qu’un catcheur travaille comme collecteur d’âmes pour un Démon des Carrefours. Il paie ainsi sa propre dette, pour un pacte passé dix ans plus tôt. Il préfère tuer le Démon plutôt que les Winchester, quitte à être emporté par un molosse infernal. Lucifer règne désormais sur l’Enfer et tend un piège à son prisonnier Crowley pour que celui-ci lui révèle où il détient une Main de Dieu. Crowley parvient à s’échapper, après avoir utilisé le pouvoir de la Main. Critique : Sur le ring constitue le parfait cas d’école d’un épisode non pas décalé, mais thématique, comme Supernatural en expérimente parfois. C’est à la fois sa force et sa limite, car l’opinion du spectateur restera inévitablement tributaire de l’intérêt qu’il porte au sujet du jour. Ainsi un (certes lointain) passé de rôliste nous avait fait particulièrement apprécier L'Arbre et la Douleur (9-11), opus largement dédié au Jeu de rôle grandeur nature, ainsi qu’à la regrettée Charlie. A contrario, on avouera demeurer assez extérieur à cette évocation du monde du catch et de la passion qu’il inspire. Sans doute la discipline connaît-elle un plus large public aux USA qu’en France, encore que notre pays compte aussi ses aficionados. Ceci n’empêche pas d’apprécier le grand soin apporté à la reconstitution de cet univers, ou l’hilarante prestation d’un Jensen Ackles particulièrement déchaîné, en dehors et sur le ring. Si l’intrigue se contente en définitive sur le thème maintes fois exploré, mais il est vrai très riche, des Démons des Carrefours, elle se montre habile et sait créer une véritable émotion autour du courageux Gunnar. On reste davantage réservé sur la nouvelle manche du jour du match Lucifer / Crowley. Le volet catch occupe tant d’espace que les péripéties de l’affrontement s’avèrent trop précipitées. Cela rend la victoire de Crowley un tantinet artificielle, Lucifer nous ayant habitué à mieux, mais la partie ne fait que débuter. Par ailleurs, autant avec Casifer Misha Collins excelle dans les moments humoristiques ou hâbleurs du Porteur de Lumière, autant il ne rivalise pas avec Mark Pellegrino pour l’aura menaçante. Reste que les Mains de Dieu constituent un beau réservoir d’artefacts bibliques (pour l’Arche d’Alliance, c’est déjà pris), on se croirait dans Warehouse 13. Anecdotes :
16. LA PREMIÈRE RÈGLE Résumé : Une mère et sa fille sombrent dans le coma dans une maison hantée. Sam et Dean découvrent que sept ans plus tôt, Bobby et Rufus avaient déjà enquête sur cette demeure, pour tenter de sauver une autre famille. Un Mangeur d’Âmes a capturé l’essence de ses victimes dans son repaire situé en dehors du Temps. Bobby et Dean vont s’y retrouver brièvement, avant de triompher de l’entité et de libérer ses prisonniers. Critique : Tout au long de son vaste parcours, Supernatural aura tué un nombre pour le moins conséquent de personnages absolument formidables. En usant des infinies possibilités proposées par le Fantastique, soit le genre laissant le plus libre cours à l’imagination, le programme a, quasi inévitablement, pris l’habitude de faire revenir ponctuellement ses regrettés disparus. Ainsi le propre Bobby aidait-il ses garçons depuis le Paradis lors de L’Échappée belle (10-17). Il serait d’ailleurs sympathique que la saison 15 et ultime nous révèle ce qui lui est advenu face à la colère des Anges. Au-delà de l’évidente nostalgie qui nous étreint lors des retrouvailles avec le duo Bobby / Rufus, l’épisode va sans doute constituer l’une de ces tentatives les plus abouties et ambitieuses Le récit sait en effet exploiter toutes les potentialités de cet authentique Cold Case à la sauce Supernatural, avec tout un subtil travail de correspondance entre les deux enquêtes, à des années d’intervalle. On s’amuse ainsi beaucoup en voyant Sam et Dean redécouvrir les mêmes indices et témoins, mais des années plus tard et ayant encore en souvenir le mémorable duo de Chasseurs vétérans, ou en comparant les méthodes et personnalités très diverses des enquêteurs. L’introduction de l’univers de poche hors de l’espace-temps accroît encore les enjeux, les équipes progressant aussi bien vers la vérité que littéralement l’une vers l’autre. Un double suspense original se met en place, à propos de la raison de l’échec relatif de Rufus et Bobby, mais aussi si Bobby et Dean vont réellement finir par se rencontrer dans les corridors du Temps. L’évènement se montre aussi fugace qu’émouvant, tout en silence et regards, comme jadis lors du départ de John. On apprécie que le récit sache ne pas sombrer dans le pathos, pour au contraire demeurer très pudique, à l’image des protagonistes eux-mêmes. Outre les facultés de son repaire, le Mangeur d’Âmes se révèle sinistre à souhait, son effroi devant Amara ne s’en ressent qu’avec plus de force encore. Formidable cadeau pour les fans, La Première Règle reste aussi un grand épisode d’interprétation. Jim Beaver et Steven Williams nous font pleinement ressentir leur enthousiasme à retrouver leur rôle et leur duo. Ils excellent dans leur peinture de ce duo plus expérimenté que les Winchester, mais aussi alcooliques bon teint, marqué au fer par la Route et peut-être sourdement conscient de vivre l’une de ses dernières Chasses. Le seul regret de l’épisode est de nous faire ressentir que le sujet d’une série dérivée de Supernatural était sans doute là. Anecdotes :
17. DEUXIÈME CHANCE Résumé : Une Chasse au Loup-garou tourne mal et Sam semble être mort. Dean commet un suicide contrôlé afin d’atteindre l’Au-delà et de convaincre Billie la Faucheuse de laisser Sam repartir, ne serait-ce que pour combattre Amara. Mais Sam est en fait toujours vivant et un médecin parvient à ranimer Dean avant que Billie ne le jette dans le Vide. De nouveau sur pieds, les frères Winchester en terminent avec les Loup-garous. Critique : L’épisode du jour nous laisse quelque peu dubitatif. Il tente en effet de développer plusieurs voies dans son récit, mais avec un succès inégal. On perçoit que l’histoire du couple maudit veut dépeindre les conséquences d’un amour toxique et de l’emprise masculine sur une femme, mais le recours au Fantastique vient brouiller le message. En effet on ne mesure pas assez ce qui relève de la réelle personnalité de l’individu ou de sa transformation en Loup-garou, c’est-à-dire en monstre. Le recours à une mise en scène faisant le pari du réalisme apporte une valeur ajoutée et un ton grisâtre propice à un récit teinté de social, sans que cela aille bien loin pour autant. Mme si l’on trouve assez anti-climatique la fausse mort de Sam, un effet scénaristique assez pesant, le réit permet d’illustrer la force du lien fraternel entre les protagonistes. Cet aspect s’appuie sur une solide prestation de Jensen Ackles, très convaincant tout au long du véritable chemin e croix vécu par Dean durant cet épisode. Mais qu’un frère Winchester soit prêt à tous les sacrifices pour sauver l’autre a déjà été maintes fois montré au fil de la série, Red Meat n’apporte rien de nouveau là-dessus. En définitive, le seul réel point fort de l’opus consiste à définitivement installer Billie au sein de Supernatural, avec une Lisa Berry confirmant toute sa présence. Outre l’impact immédiat, la confirmation que les menaces de Billie à propos du Vide n’étaient pas gratuites dramatisent un final de saison se profilant à l’horizon. Anecdotes :
18. LA CORNE DE JOSUÉ Résumé : Crowley s’empare d’une nouvelle Main de Dieu, la Corne de Josué, tandis que Lucifer impose sa volonté aux Anges paniqués devant Amara. Crowley, Rowena, Sam et Dean reconstituent leu alliance et tendent un piègeau Diable, pour le contraindre à libérer Castiel. Lucifer triomphe et se sert de la Main de Dieu contre Amara, en vain. Crowley et Rowena s’échappent, pendant qu’Amara libère Sam et Dean. Amara entreprend de torturer son neveu, pour forcer Dieu à apparaître. Critique : La Corne de Josué marque le retour en fanfare des épisodes mythologiques au sein d’une saison dont il préfigure déjà le final. On remarque que l’élément déclencheur de la survoltée succession d’évènements est bien Crowley et sa découverte d’un nouvel artefact divin. De quoi confirmer les similitudes existantes entre les saisons 5 et 11, voyant pareillement une marche à l’Apocalypse via l’affrontement programmé de deux hyper puissances. Crowley y avait pareillement renversé la partie en réintroduisant le Colt dans l’équation. Toutefois les auteurs, ici comme durant l’ensemble la période, savent varier suffisamment leurs effets pour que cette convergence ne devienne pas pénalisante. Si l’épisode se caractérise par la réunion de l’ensemble des acteurs du conflit en cours, il accorde la part belle aux retours dont celui d’Amara, enfin remise de l’attaque du feu angélique et plus dominatrice que jamais, ou encore sa récente alliée Rowena, très en verve. Mais le retour le plus sensationnel demeure celui de Lucifer au Paradis, d’autant que l’opus a la bonne idée de prermttre à Misha Collins d’y aller totalement en roue libre. On s’amuse beaucoup d’hilarante réparties, sans que cela réduise l’impact d’une prise de possession encore facilitée par la panique des Anges face aux Ténèbres montantes. Le pic de l’action survient bien entendu lors de la spectaculaire confrontation tant attendue entre Amara et Lucifer détenteur de la Main de Dieu. Avoir élevé le Diable au fait de sa puissance ne rend que plus retentissante encore sa chute, ainsi que son terrible destin aux mains des Ténèbres. La suite des évènements se profile comme effroyable, l’ultime recours paraissant être Celui qui, avec obstination, ne s’est encore jamais révélé jusqu’ici dans la série. La seule faiblesse de ce mémorable épisode réside dans le fait que, cette fois, Supernatural ne peut éviter que ses deux protagonistes n’apparaissent comme totalement dépassés par les forces en présence. Les Winchester ne sont plus réellement des acteurs du conflit, au mieux en demeurent-ils un enjeu secondaire. Anecdotes :
Résumé : Sam et Dean s’intéressent à des monstres apparaissant tous les 27 ans pour s’en prendre à de jeunes gens. Ils sont aidés par deux autres Chasseurs, César et Jessy, dont le frère avait jadis été victime des créatures. Celles-ci sont des mouches monstrueuses vivant dans les bois. Elles pénètrent puis contrôlent le corps de leurs proies humaines et s’en servent comme hôtes pour leurs œufs. Sam et Dan préfèrent laisser leurs amis connaître la paix, au lieu de les recruter contre Amara. Critique : On aurait sans doute davantage apprécié Les Bisaan s'il avait pris place plus tôt dans la saison. Après le paroxysme de l'opus précédent, cette chasse isolée s'en vient effectivement rompre le rythme impulsé autour de l'affrontement contre Amara. Cela se ressent d'autant plus intensément que l'intrigue du jour se voit introduite par le marronnier absolu de la série voyant les Winchester s'offrant une Chasse car n'ayant rien de nouveau sur le front principal. Si l'épisode peut compter sur une guest de qualité en la personne de la toujours excellente Kandyse McClure, l'opposition du jour manque quelque peu le coche. Cette histoire de type L'Invasion des profanateurs de sépultures (ou Œufs surprises chez Buffy) aurait sans doute été davantage intense si l'un des deux frères avait été contaminé. Et pourtant cet ultime loner de Jeremy Carver vaut largement le coup d’œil car l'on ressent à cette occasion que le showrunner a voulu nous proposer son épisode somme sur Supernatural, avant la grande déflagration finale. Ainsi une atmosphère caractéristique des premières saisons de la série se voit-elle installée, comme la ruralité ou l'importance du lien familial, voire la convergence d'alors avec les X-Files. A partir de ce retour aux origines, Carver nous délivre son testament sur Supernatural, avec une claire négation d'une fin heureuse pour les frères Winchester. Là où César et Jessy saisissent leur chance de quitter la Chasse à l'issue de leur quête personnelle, il est désormais trop tard pour Sam et Dean, tant sont lourdes les chaînes dont leur histoire personnelle et familiale les a chargés. Il en va ainsi pour les Héros immergeant leur vie dans leur combat ou leur métier, pour qui seule leur action compte. Il en va ainsi de Fox Mulder, Angel, Jessica Jones, ou Bruce Wayne, voire, dans un autre genre, d'Hannah dans Secret Diary of a Call Girl. Il y a beaucoup d'émotion à voir Sam et Dean refuser de recruter leurs amis dans la lutte contre Amara, pour leur laisser pleinement leur chance. Premiers Chasseurs ouvertement gays de la série, César et Jessy permettent également à Jeremy Carver d'effectuer un rattrapage, après le CharlieGate l'ayant réellement éprouvé. Par la représentation positive qu'autorise le couple (même si encore plus chaste que Willow et Tara, même pas un baiser), le showrunner indique qu'il est possible pour Supernatural d'être plus ouvert sur certaines thématiques. Après cet opus bien plus personnel et intimiste qu'il n'y paraît à première vue, Carver va pouvoir pleinement se consacrer à l'ébouriffant final de son ère à la tête de Supernatural, d'autant qu'un visiteur inattendu est sur le point de frapper à la porte de la série. Anecdotes :
20. CHUCK TOUT-PUISSANT Résumé : Devenu un clochard, Métatron se trouve soudain transporté dans un bar situé en dehors du monde et dans lequel Dieu l’accueille : il s’agit de nul autre que Chuck. Métatron va s’efforcer de convaincre un Dieu septique que l’Humanité mérite d’être sauvée contre Amara. Parallèlement, celle-ci lance un nouveau fléau conte une petite ville, que Sam et Sean s‘efforcent désespérément de protéger. Dieu sauve in extremis la situation et se révèle aux frères Winchester. Critique : Et voilà, au terme de 238 épisodes l’Évènement tant espéré par les fans est enfin survenu : l’Absent a cessé de l’être. Don't Call Me Shurley (note de 9,5 actuellement sur IMDB) confirme ainsi les pronostics concernant la fin de saison mais aussi l’identité qu’Il avait revêtue au cours de la série, largement devinée par le public depuis belle lurette il est vrai. Au-delà de l’impact inévitable de Sa venue sur l’intrigue principale (Amara les Ténèbres et Lucifer se préparent des petits matins blafards) l’épisode vaut pour le brillantissime dialogue établi entre le Père et Métatron, Ange du Livre et Son Biographe, occupant les quatre cinquièmes du récit. Après une très amusante première passe d’armes bourrée de références et clins d’œil à Kripke le Créateur, ce long entretien permet de répondre à toutes les interrogations posées par le splendide isolement entretenu par Dieu.Les réponses, parfois audacieuses, voire presque sacrilèges par moments (notamment quand Metatron Lui reproche Sa lâcheté et Son égoïsme) convaincront ou non le spectateur selon le regard qu’il porte sur le Divin. Mais elles présentent le mérite de la cohérence, de l’exhaustivité et d’un certain courage : Supernatural, cette si surprenante série, aura bien été à la hauteur de ce rendez-vous clef de son histoire. Curtis Armstrong et Rob Benedict sont extraordinaires tout au long de ce huis clos théâtralisé avec talent par la mise en scène. La très riche bande son s’avère l’une des meilleures de la série, ce qui n’est pas peu dire assez logiquement avec ce Dieu citant la musique comme plus belle invention de l’humanité. Que Rob Benedict interprète lui-même, somptueusement, la chanson voyant Dieu semblant annoncer un prochain sacrifice, ajoute encore à l’émotion illuminant toute la dernière séquence du récit. L’aventure désespérée vécue par les Winchester permet d’idéalement scander la controverse entre Dieu et l’Ange, jusqu’à ce que la rencontre tant attendue ne conclue les débats et n’ouvre avec une singulière intensité l’arc final de la saison. Cette scène magnifique s’avère aussi chaleureuse que lumineuse, tandis que, pour une fois entre toutes, en définitive personne ne meurt. Un épisode fabuleux, confirmant tout le potentiel de cette inépuisable saison 11. Anecdotes :
21. DONATELLO Résumé : Dieu admet avoir laissé le Monde trouver seul son chemin, mais il est désormais désireux d’intervenir contre Amara, quitte à se livrer à elle. Pour éviter cela, Donatello, le nouveau Prophète, Métatron et Sam tentent de sauver Lucifer, tandis que Dean distrait Amara. Métatron se sacrifie pour que les autres puissent s’enfuir et être téléportés par Chuck au Bunker. Lucifer annonce se joindre à l’alliance, avant la grande bataille contre les Ténèbres. Critique : A l'occasion de cet épisode, les auteurs devaient faire face à un défi de taille : alors même que le duo protagoniste paraissait déjà largement dépassé par les forces en présence, comment ne pas encore aggraver la situation avec l'entrée en lice du Créateur et principe moteur de l'Univers ? Ainsi afin d'éviter le sacrifice annoncé lors du dénouement de l'opus précédent, Dieu reste-t-il en retrait lors de l'expédition dans doute la plus périlleuse et désespérée des expéditions de la série. Il reste également Chuck, conservant son plaisant côté décalé et humoristique mais aussi permettant un dialogue à hauteur d'homme entre Lui et les Winchester. Cette possibilité se voit pleinement saisie, avec un Sam émerveillé, mais aussi un Dean autrement plus revendicatif et sans doute porte-parole d'un bon nombre de fans de la série. Parfait prolongement d'un pari scénaristique particulièrement ambitieux, l'épisode met également en valeur les relations entre Chuck et les autres personnages. Si le retour express du populaire Kevin relève avant tout du fan service (et que va devenir sa mère ?), son successeur Donatello s'avère absolument délicieux. On aime aussi qu'il soit interprété par le toujours excellent Keith Szarabajka, qui prend place à son tour sur la liste des acteurs du Buffyverse ou des X-Files ayant participé à Supernatural. Lucifer en ado rebelle face à son père compréhensif est aussi un régal, on s'amuse bien. Métatron achève logiquement son parcours de rédemption par un émovant sacrifice (l'une des plus cruelles mises à mort perpétrées par les Ténèbres). On quitte à regret l'Ange du Livre, parfait confident d'un Dieu lui-même écrivain, et qui aura su devenir un passionné avocat du genre humain. Le passge de Curtis Armstrong aura réllement marqué Supernatural. Anecdotes :
22. L'OMBRE ET LA LUMIÈRE Résumé : Les Anges du Paradis, les Démons de Crowley et les sorcières de Rowena se joignent aux alliés pour affronter Amara. Celle-ci triomphe et dévore l’âme de Donatello. Toutefois elle est affaiblie et Chuck tente de l’enfermer à nouveau dans la Marque de Caïn, qui serait dès lors portée par Sam. Mais Amara prend le dessus sur Lui après avoir expulsé Lucifer hors de Castiel et stoppé les Winchester. Elle disparaît après avoir blessé Dieu mortellement. Critique : L’intrigue de L’Ombre et la Lumière demeure très linaire en soi : avant, pendant et après le combat contre Amara. Mais si le canevas est simple, chacun de ces segments va produire un maximum d’effets. Anisi la veille d’arme assure-t-elle une solennité particulière en unifiant l’ensemble des forces constituées de la série. Anges, Démons, Sorcières et Clan Winchester (dont un certain Chuck) tous répondent : tous répondent à l’appel aux armes. Tout comme lors du préambule de l’affrontement final entre les Tueuses (bon, et Spike) et la horde de la Force à l’issue de Buffy contre les Vampires, l’humour reste toutefois présent. C’est notamment le cas de la crise d’ado rebelle de Lucifer face à Chuck, développée jusqu’à en devenir une espèce de sitcom passablement décalée. Rob Benedict et Misha Collins se régalent : nous aussi. Ces diverses vannes pourraient sembler anti-climatiques mais elles sont le calme avant la tempête, une élégance devant l’abîme. Évidemment l’épisode frappe un grand coup, car, cette fois a contrario de Chosen, la bataille finale contre la force primordiale des Ténèbres est perdue, voire vire au désastre. Même si elle prend quelques coups au passage, il s’avère littéralement terrifiant de voir Amara laminer un à un ses adversaires. L’actrice shakespearienne qu’est Emily Swallow au théâtre sort le grand jeu (quelle présence !) et Supernatural met les petits plats dans les grands concernant les effets spéciaux, même si la série, comme toujours, ne dispose que d’un budget limité. Alors que les Ténèbres semblent ployer devant la lumière divine, Jeremy Carver nous surprend avec l’un de ses plus grands coups d’audace quand, par un peu effort de volonté, Amara terrasse finalement Chuck. Tout au long de son parcours Supernatural sera allé jusqu’au bout de ses concepts, et le démontre une nouvelle fois ici (en attendant le final de la saison 14). Un tonitruant cliffhanger ouvrant sur un final de saison ayant basculé dans l’inconnu. Anecdotes :
23. LES LIENS DU SANG Résumé : Du fait de l’agonie de Dieu, le Soleil s’éteint progressivement. Pour tenter de tuer Amara, les Winchester accumulent des âmes dans Dean, avec l’aide de Billie. Dean se transforme en bombe mystique, mais choisit plutôt de convaincre Amara de se réconcilier avec Chuck. Elle guérit Dieu, qui libère les âmes, et tous deux quittent l’Univers pour se retrouver. Amara ressuscite Mary pour remercier Dean. Lady Antonia, des Hommes de lettres anglais, bannit Castiel puis tire sur Sam. Critique : À l’issue d’une formidable saison 11, sa conclusion s’avère mi-figue, mi-raisin. On comprend les raisons ayant poussé à opter pour une conclusion essentiellement basée sur des dialogues. La série est allée budgétairement au bout de ses limites lors du précédent opus et n’aurait pas pu proposer le surcroît de spectaculaire que l’on requiert d’un Season finale. Le soleil s’éteignant en même temps que Chuck apporte tout de même un bel effet visuel Plus fondamentalement, une issue définitive de l’affrontement par la mort de l’un des deux adversaires étant exclue sous peine de destruction de l’univers, une issue par une réconciliation vaut sans doute mieux que de botter en touche avec le marronnier du combat sans fin. Par ailleurs l’écriture parvient habilement à placer les frères Winchester au cœur du récit, soit l’un des défis de la saison : Sam demeure le ciment de l’alliance, tandis que Dean permet les retrouvailles. Malgré tout, il n’en demeure pas moins que proposer comme final l’épisode sans doute le plus dépourvu d’action de toute la série ne pouvait qu’apparaître anti-climatique aux yeux d’un public auquel on avait vendu une forme de Ragnarök. Sans surprise, bon nombre de fans furent déçus et Les Liens du sang reste encore aujourd’hui le final de saison de Supernatural le plus mal noté sur IMDB ( avec une note de 8,5, tout de même). Le plus gênant réside sur le caractère précipité de cette réconciliation miraculeuse et si pratique, insuffisamment préparée en amont et faisant bon marché des multiples meurtres abominables commis par Amara. Les deux cliffhangers semblent également bien soudains. Au moins le retour de Mary avait-il été quelque peu annoncé Amara regardant sa photographie lors de l’épisode précédent, mais Les hommes de lettres britanniques surgissent vraiment de nulle part et avec fracas. On a l’impression que l’auteur Andrew Dabb s’empresse de nous immerger dans la saison 12, assez logiquement puisqu’il va en devenir le co-showrunner. Mais qu’importe, Amara restera un grand souvenir. On ne désespère d’ailleurs pas de la retrouver en saison 15, d’autant que la relation entre Chuck et les Winchester vient de connaître comme un léger trou d’air. Anecdotes :
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Saison 12 1. RÉSURRECTION Résumé : Toni Bevell révèle à Sam que les Hommes de Lettres anglais dominent la Grande-Bretagne et veulent désormais s’étendre aux USA. Quand Sam refuse de lui communiquer les noms des Chasseurs américains, elle le torture avec l’aide de Mrs Watt, son assistante. Dean retrouve Mary et part au secours de Sam avec l’aide de Castiel. Mary tue Mrs Watt, que Toni avait envoyée à leur rencontre. Pendant ce temps, Crowley et Lucifer poursuivent leur affrontement. Critique : L’épisode prend immédiatement la suite des événements concluant la saison précédente, tout en procédant à un tri adéquat. En effet, au lieu d’épiloguer sur les conséquences cosmiques du départ de Chuck et Amara vers des territoires inconnus, le récit se centre sur ce qui, au-delà de toutes les péripéties, formera toujours le cœur de Supernatural : la destinée de la famille Winchester. L’opus accorde ainsi une grande part aux retrouvailles entre Mary et Dean, puis à la rencontre avec Castiel, qu’elle n’a effectivement jamais connu. Ces scènes résultent superbement interprétées et dialoguées, Samantha Smith trouvant instantanément le parfait tempo face à ses partenaires. Humour et émotion sont au rendez-vous, avec une analyse du personnage suffisamment riche pour distinguer entre la Chasseuse immédiatement d’attaque (comme il sied à cette aimable congrégation pour qui il s’agit toujours de vaincre ou de périr) et la femme, l’épouse, la mère, au contraire en plein trouble existentiel. L’inévitable contrepartie de ce choix captivant consiste en une certaine lenteur de l’action, surtout après la conflagration entre Dieu et le Ténèbres, même si quelques scènes se montrent davantage spectaculaires. Il en va ainsi du duel impitoyable entre la tueuse anglaise ou du mémorable atterrissage de Castiel parodiant clairement celui du vaisseau de Superman en provenance de Krypton, dans l’imagerie traditionnelle de DC Comics (en guise de bienvenue, puisqu’au même moment Kara Zor-El débarque sur The CW). Le jeu en vaut néanmoins la chandelle. On demeure un peu plus circonspect concernant l’aspect volontiers caricatural des Anglais, bien dans la tendance de nombreuses séries américaines, y compris dans celles de Joss Whedon ayant tant inspiré Supernatural (difficile de na pas songer aux pires aspects des Observateurs). La découverte encore mystérieuse de Toni lors de l’opus précédent nous semblait promettre davantage de subtilité, encore que l’éprouvante confrontation avec Sam nous vaille une très belle prestation de Jared Padalecki. Anecdotes :
Résumé : Dean est à son tour capturé et torturé par Toni, mais l’intervention de Mary inverse la situation. Mark Davies, chef des Hommes de Lettres anglais en Amérique, désavoue Toni et affirme aux Winchester vouloir collaborer avec eux. Il a toutefois secrètement fait appel au principal tueur de l’organisation, Arthur Ketch. Crowley échoue à enfermer Lucifer dans la Cage et s’enfuit, laissant Rowena aux mains du Diable. Critique : Succédant à Résurrection, Mamma Mia constitue manifestement le second volet d’un double épisode introductif ne voulant pas dire son nom. De ce point de vue, il présente la faiblesse de ne rien apporter de réellement nouveau à ce que présentait déjà le pilote de saison, aucune nouvelle ligne narrative ne se voyant ouverte. Par contre il sait talentueusement développer l’aspect familial du récit, soit l’atout maître de la période. Ainsi, après l’émotion première, le récit envisage avec finesses toutes les retombées du retour de Mary, parfois malaisées pour un Dean habitué à être le chef en tant que frère aîné et se trouve relégué au second rang. Un chemin encore plus difficile s’annonce avec Sam émerveillé par la découverte de cette mère qu’il n’a jamais connue, mais qui reste minée par la culpabilité d’avoir comme abandonné son nouveau-né aux Yeux Jaunes. Sur ce panorama flotte bien entendu le fantôme de John, à la fois socle de la famille reconstituée et profond élément de divergence, tant le souvenir qu’en conserve Mary diffère de celui qu’ont connu Sam et Dean durant toute leur jeunesse. Portée par une excellente interprétation, cette très riche psychologique permet de relativiser la déception que représentent les Hommes de lettre anglais, toujours plus réduits à une brutalité atavique via Toni et dont les motivations demeurent floues (qu’ont-ils à gagner à vouloir se charger des monstres américains, en quoi se battre contre les Chasseurs va-t-il favoriser le combat commun contre les Ténèbres). On ressent une certaine gêne à voir Crowley et Rowena se confronter à l’Adversaire central de l’univers de Supernatural, tandis que les Winchester se cantonnent à une Opposition autrement moins convaincante. Rick Springfield apparaît très à l’aise dans le rôle d’un Lucifer dont le soudain côté Rock and Roll convient idéalement à la série comme à la légende noire de cette musique si américaine, mais comment ne pas demeurer nostalgique de l’irrésistible interprétation de Mark Pellegrino ? La saison va jouer beaucoup de son intérêt sur le sang neuf que va prochainement apporter, ou pas, le menaçant et mystérieux Mr Ketch. Anecdotes :
Résumé : A la demande de Mary, Sam et Dean s’intéressent à un cas de maison hantée. Ils y découvrent les fantômes de plusieurs enfants. Mary admet souffrir de ne pas avoir vécu la jeunesse de ses enfants. Elle quitte temporairement le Bunker, ayant besoin d’être seule pour retrouver son équilibre. Castiel et Crowley s’associent contre Lucifer. Mais ce dernier est exilé au fond de l’océan après avoir été dupé par Rowena. Les trois décident de faire ensemble quand Lucifer sera revenu. Critique : L’épisode nous vaut un bel exemple de la qualité globale d’écriture de Supernatural, série pour laquelle un loner ne se résume que rarement à une simple Chasse de plus. Ainsi assiste-t-on à un joli dégradé de l’atmosphère. Après les émotions du lancement de saison, débuter par un petit déjeuner pétillant d’humour au sein de la Famille Winchester se montre particulièrement réjouissant… avant de progressivement s’immerger dans une affaire des plus sombres, avec comme point d’orgue Sam et Dean boutant cette fois le feu à dépouille d’un petit enfant. Supernatural n’est certes jamais tombé dans le piège consistant à décrire la Chasse comme une activité joyeuse, mais là elle se surpasse ! Le récit développe également avec sensibilité l’écho rencontré par cette dramatique histoire chez une Mary toujours habitée par la culpabilité concernant ses propres enfants. On pourra sourire de la voir réagir en se coupant les cheveux, pendant féminin du cliché voyant le héros masculin remonter sur le ring après s’être rasé la barbe, mais le jeu de Samantha Smith emporte l’adhésion. Et après tout cela correspond bel et bien aux nécessités de la Chasse. Le départ temporaire de Mary se voit pleinement justifié, ce qui apporte aussi de la liberté aux auteurs. L’épisode contribue également à crédibiliser la dissociation entre les Frères Winchester et l’opposition à Lucifer. Si Rowena apporte un précieux grain de sel, on apprécie particulièrement l’hilarante association entre Castiel et Crowley. Visiblement fort satisfaits l’un de l’autre, Misha Collins et Mark Sheppard se régalent avc cette version passablement décalée du binôme Good Cop / Bad Cop, encore un excellent thème de série dérivée qui ne verra pas le jour ! Anecdotes :
4. LE CAUCHEMAR DE MARGA Résumé : Sam et Dean enquêtent après la mort étrange de plusieurs membres d’une famille très religieuse. Ils soupçonnent le fantôme de Marga, la benjamine récemment décède du clan. Mais ils découvrent que Marga est bien vivante et enfermée à la cave par ses parents prenant ses facultés psychiques pour de la sorcellerie. Elle tue inconsciemment en lançant des appels au secours. Magda est sauvée par les Winchester mais ultérieurement assassinée par Ketch. Critique : American Nightmare annonce clairement la couleur lors de sa séquence introductive remplie d'extraits d'extraits de très anciens épisodes. Outre que cela permet de vérifier une nouvelle fois à quel point la coupe de cheveux de Sam aura été davantage fluctuante que celle de Dean (on repère aussi facilement la saison qu'avec Dana Scully), ceci annonce un nouvel opus rétro, comme Supernatural aime à s'autoriser de temps à autres. Effectivement les éléments constitutifs de ce type d'épisodes vont par la suite se succéder efficacement, mais aussi sans surprise. A commencer par l'absence totale de Castiel et Crowley laissant Sam et Dean livrés à eux-mêmes comme au tout début de la série.Par ailleurs, on renoue ici avec la tonalité d'épouvante caractérisant les premiers jours de Supernatural, série s'étant progressivement édulcorée (avant même l'arrivée de Jack). C'est notamment le cas avec un récit très à la Carrie et quelques morts en apparence mystiques mais authentiquement abominables. Le thème des Psychiques nous ramène également directement à l'emprise des Yeux Jaunes sur Sam, ici davantage mis en avant que Dean. La faille elle-même évoque un épisode comme Les Chasseurs (The Benders, 1-15), avec leur amour réel mais dévoyé jusqu'à en devenir profondément dérangeant, à l'instar de la Meute des X-Files. Autant d'éléments qui satisferont les nostalgiques, mais qui laissera sur sa faim le public espérant encore de la nouveauté de la part de la série. La cruelle et inattendue conclusion apportée par Ketch tombe à pic pour les rassurer en dramatisant l'émergence des Hommes de Lettres britanniques. Anecdotes :
5. FUREUR DE VIVRE Résumé : L’attention des Winchester est éveillée quand l’Ordre de Thulé assassine une vieille dame pour s’emparer d’une montre à gousset. Celle-ci contient l’âme d’Hitler, que l’Ordre avait préservée en 1945. Désormais l’organisation veut ressusciter Hitler, à l’aide d’un hôte approprié. Aidés par un jeune membre de l’Ordre, Sam exécute le haut commandement de Thulé, tandis que Dean en termine avec Hitler ressuscité. Critique : The One You've Been Waiting For amusera les amateurs des New Avengers par sa reprise de l’idée de base du Repaire de l’Aigle ; un groupe de nazis s’efforçant de faire revivre Hitler. Bien tentendu le sel réside dans la manière opérée, puisque d’une hibernation somme toute très classique dans extrapolation scientifique, on passe ici à un fantastique tournant rapidement à la farce irrésistible ; En effet l’épisode se montre très rapidement amusant avec cette variation outrée sur le thème de Thulé, agrémentée de références geeks comme toujours très amusantes dans cette série (la référence à Indiana Jones était incontournable) et surtout d’’une avalanche d’effets gore surpassant le standard pourtant élevé de la production (beaucoup de flammes et de sang, beaucoup). Autour de ces Nécromanciens Zombies Nazis, on retrouve ainsi une surenchère permanente et joyeusement féroce, sur une tonalité nous ayant déjà valu au cinéma des succès scandaleusement jubilatoires, comme Dead Snow ou Iron Sky. Alors il ne s’agit certes pas de l’épisode le plus subtil de Supernatural, c’est bourrin copieux, mais l’accumulation d’énormités et de rebondissements scénaristiques effrénés divertira le spectateur. L’effet comique consistant à faire s’écrouler en permanence le ciel sur la tête de la jeune fille en détresse de la semaine fonctionne redoutablement. Après toute cette orgie de violence (Dean a malheureusement du renoncer au lance grenades), le clou du spectacle consiste à montrer Hitler retrouvé non pas en génie du mal, mais en bouffon sanguinaire et fou, comme un Néron au rabais, une ironie mordante particulièrement destructrice. Décidément Supernatural sait divertir avec les figures les plus emblématiques du Mal, une précieuse spécificité. On regrettera toutefois l’écriture approximative du jeune nazi, alors que le personnage offrait de réelles potentialités. L’épisode confirme l’habilité de cette saison consistant à revenir en apparence aux loners d’enquêtes des premières saisons, afin de rompre avec l’élévation continue et feuilletonnante des enjeux, mais en fait osant beaucoup plus le décalé et l’audacieux, c’est finement joué. Anecdotes :
6. VEILLÉE FUNÈBRE Résumé : En 1980, le jeune Asa Fox fut sauvé d’un Loup-garou par Mary. Il devint un Chasseur de Démons réputé, avant de mourir en 2016. Mary, Sam, Dean et Jody se rendent à sa veillée funèbre, au Manitoba. Mais le Démon Jael vient perturber la cérémonie, tuant de Chasseurs et révélant qu’Asa a été tué accidentellement par son associé, Bucky. Joel est exorcisé et Bucky est renié par les Chasseurs. Billie propose à Mary, toujours troublée, de la ramener dans l’Au-delà. Mary refuse. Critique : Dans une époque antérieure, moins contaminée par l’informatique, Veillée funèbre aurait constitué le parfait scénario d’accompagnement pour le supplément « Chasseurs » du Jeu de Rôles papier « Supernatural ». En effet, l’opus expose avec beaucoup de saveur, d’humour et d’émotion, les us et coutumes de ce microcosme bien particulier que forment les Chasseurs de Démons américains. L’argument de la réunion se montre volontiers ludique, puisque empruntant dans le détail au Whounit à la Agatha Christe (les Anglais sont décidément partout, en ce moment), formule souvent divertissante et fort peu employée dans la série jusqu’ici. On se prête d’autant plus au jeu que, si Jael ne représente sans doute pas le plus mémorable des Démons des Carrefours, sa capacité de possession induit un fort appréciable suspense à la The Thing. Mais c’est bien par son fond que l’opus nous touche le plus, avec son portrait sensible et pétri d’humanité de la communauté des Chasseurs : une grande famille que l’on n’avait que fugacement entrevu depuis la disparition du Road House des regrettées Jo et Ellen (évidemment évoquées ici). Une éclipse que la série justifie habilement par le statut particulier, à la fois glorieux et troublant qu’occupent désormais Dean et Sam de par leur relation avec les Puissances qui sont. Chaque Chasseur rencontré se voit habilement caractérisé et interprété, on apprécie d’ailleurs particulièrement que Supernatural y laisse la place à des figures féminines forte, à commencer par Mary et Jody, cette dernière confirmant qu’elle appartient désormais pleinement au clan. Les auteurs évitent également de verser dans l’hagiographie : les Chasseurs sont dépeints avec réalisme comme de grands blessés de la vie, la Chasse comme une drogue aliénante et la sanction d’exil intérieur frappe par sa cruauté. Malgré tout, on demeure réellement ému par la force des liens perdurant sous l’apparente anarchie des Chasseurs, une force que ne saisissent pas les Britanniques imbus de leur organisation au contraire hiérarchisée, impitoyable et high tech. Un aveuglement qu’ils finiront par payer au prix le plus fort. Cette habile opposition établie entre les deux camps rivaux nous fait définitivement choisir notre camp, tant l’individu doit prévaloir sur le système. L’un des opus les plus originaux et aboutis de la saison, Veillée funèbre demeure également essentiel pour bien appréhender le si riche univers de Supernatural. Anecdotes :
7. ANGUILLE SOUS ROCK Résumé : Vince Vincente, star sur le déclin du Rock and Roll, est désormais le Vaisseau de Lucifer. Lucifer prépare un grand concert destiné à piéger le public. Pour y parvenir, il n’hésite pas à assassiner les musiciens et l’agent de Vince quand ils lui mettent des bâtons dans la roue. Sam, Dean, Castiel et Crowley parviennent à empêcher le projet. Lucifer disparaît après avoir révélé qu’il sombrait désormais dans le nihilisme, suite au départ de Chuck . Critique : Anguille sous Rock apparaît de prime abord comme un épisode à part au sein de Supernatural, série où bien peu d’intrigues se déroulent au sein d’une grande ville, ou relèvent de quelque façon que cela soit de la Fantasy urbaine. Nouvel opus thématique, son focus porté sur le Rock’n Roll lui permet néanmoins de rejoindre l’univers de la série. D’ailleurs son titre anglais synthétise en trois mots la bande-son de quinze saisons ! L’approche satirique de Los Angeles et d’Hollywood se montre certes très divertissante, notamment grâce à des dialogues affûtés et à la reconstitution de l’hilarant duo antagoniste formé par Castiel et Crowley. Mais, outre que ceci résulte assez superficiel, l’ambition de l’épisode se voit clairement contrecarrée par le manque de moyens de sa mise en scène. Durant les années 2010, on aura rarement autant d’inserts évidents et de plateaux en studios pour reconstituer une destination, on en st littéralement revenu à ce que pouvoir proposer des séries 60’s comme Le Saint, Destination Danger, ou parfois Chapeau Melon, d’où un tenace sentiment d’artificialité. Le volet Rock convainc bien davantage, car la survenue de Lucifer permet un joli portrait en coupe de la Musique du Diable, comme elle fut initialement désignée par ses contempteurs. Sa légende noire et son défilé de morts précoces se voient ainsi abordés de même que les mille et un petits travers de son petit monde, on se croirait d’ailleurs par moments dans l’épatante saison 6 de Californication. On s’amuse beaucoup, avec bien évidemment un Crowley comme un poisson dans l’eau au sein de cet univers. Le récit évoque également avec force la richesse et l’inaltérable vitalité de cette musique, de même que le rapport fusionnel existant entre stars et public, On trouve d’ailleurs ici la véritable justification de la présence de Rick Springfield, dont l’agréable Lucifer n’aura pas rivalisé avec celui de Mark Pellegrino. De quoi volontiers pardonner un scénario dont l’argument se résume essentiellement à une longue partie de cache-cache assez peu structurée entre les Winchester et le Diable. L’aveu de son trouble existentiel par ce dernier, suite au départ de Chuck se montre étonnamment émouvante, tout en dramatisant encore la menace qu’il représente. Anecdotes :
Résumé : Lucifer prend le Président des États-Unis comme nouveau Vaisseau. Par ailleurs, il commet l’acte de chair avec l’assistante du Président, Kelly Kline. Tombée enceinte, Kelly est destinée à donner naissance à un Nephilim, puissante créature mi-humaine, mi-angélique. Aidés par Kelly et Ketch, Sam et Dean exorcisent Lucifer Mais ils sont arrêtés par le Service Secret, pour qui ils ont tenté d’assassiner le Président. Kelly refuse d’avorter et s’enfuit avec Castiel. Critique : Après plusieurs épisodes réussis, force est de constater que la saison connaît ici un léger trou d’air. L’épisode est certes loin de représenter une catastrophe, le récit ne connaît pas de temps mort et bénéficie de quelques-uns des atouts de cette saison certes inférieure à la précédente, mais restant le plus souvent de qualité. Le duo improbable formé entre Castiel et Crowley tient de nouveau toutes ses promesses. Il se confirme que l’on tenait décidément là un intéressant sujet pour un éventuel spin off. Mr Ketch, l’exécuteur des hautes œuvres des Hommes de Lettres apporte un pastiche de 007 très réussi, avec ses gadgets mystiques joyeusement débiles et son tempérament du tueur bon teint. Mais le recours au Président des États-Unis (POTUS) est tellement exogène à l’ADN de la série que l’on se dit que les scénaristes ont vraiment eu une panne d’inspiration. Succédant à l’intéressant épisode dédié à l’esprit du Rock and Roll, où il manifestait un nihilisme nouveau et très porteur, c’est ici Lucifer qui devient le point faible du récit. Visiblement les auteurs ne savent plus que faire de Lui, c’est la nouvelle inquiétante du jour, car tout ce qu’il a accompli ici et exprime aurait très pu l’être par un puisant démon. Or le Sombre Seigneur a toujours été le Principe premier du Mal, doublé d’un fou magnifique. On ne peut pas réduire Lucifer à un démon supérieur de plus, comme la série en a tant connu. Certes l’arc de l’Antéchrist s’annonçant ne manque pas d’attraits, tandis que le côté geek de la série suscite déjà des clins d’œil à Damien, mais cela ne compense pas cette éclipse temporaire. Même si ses successeurs n’ont pas failli, Lucifer ne s’est jamais vraiment remis du départ de Pellegrino, avec qui il était devenu consubstantiel. Ce inal de mi-saison suscite en définitive davantage d’interrogations que d’enthousiasme. Anecdotes :
9. LE DEAL DE BILLY Résumé : Après deux mois passés au secret dans un site gouvernemental de haute sécurité, les Winchester parviennent à s’enfuir en simulant leur mort. Grâce à Mick, ils sont retrouvés par Castiel et Mary, ce qui incite celle-ci à collaborer avec les Anglais. Mais leur fausse mort a été suscitée par Bille, après la signature d’un pacte : un Winchester doit définitivement mourir à minuit. Pour sauver ses amis, Castiel tue Billie, quitte à risquer de bouleverser l’ordre cosmique. Critique : L'épisode souffre d'une longue première partie très morne voyant les Bros se morfondre en prison, sans qu’il ne se déroule pas grand-chose autour, hormis une vague chasse menée par Mary, dont on n’aperçoit que quelques fragments (assez goûteux il est vrai la découpe, il n’y a que ça de vrai). On comprend que l’on cherche à installer une désespérance chez nos héros, les conduisant à signer un nouveau pacte aux conséquences dramatiques. L’enfermement est très bien filmé et les acteurs se montent convaincants mais le postulat de départ ne tient pas. On a vu les Winchester et Castiel relever trop de défis insensés, leur univers à trop minoré les forces de l’ordre, pour faire croire maintenant à une mise en échec les conduisant à une mesure autant désespérée que celle entreprise avec la Faucheuse. C’est d’autant plus vrai que le scénario multiplie les contorsions, comme Castiel et Mary subitement inertes, ou Crowley ayant comme par hasard des hommes à lui partout dans l’appareil d’état, sauf là, précisément. Tout s’anime enfin dans le dernier segment, avec l’évasion conduisant à une résolution ultra brutale par des Winchester se la jouant Rambo sans concession (Sam, et Dean furibards, c’est quelque chose) et la résolution impitoyable du pacte par Castiel, avec un Misha sortant une nouvelle fois le grand jeu. On apprécie surtout que les Hommes de lettres anglais s’immiscent une nouvelle fois dans la partie encours, toujours aussi arrogants, classieux et perfides, British style. L’élévation de leur menace et de leur mainmise sur les Chasseurs de démons américains constitue d’ailleurs la meilleure nouvelle de l’opus. Même s’il est sauvé par son dernier quart d’heure, l’épisode manque toutefois de dimension et d’éclat pour un pilote de mi-saison. Anecdotes :
10. LILY SUNDER Résumé : Les Winchester et Castiel mènent l’enquête quand sont assassinés des Anges étant d’anciens amis de ce dernier. Ils ont victimes de Lily Sunder, victime faisant appel à la magie pour tuer ce groupe d’Anges. Jadis elle fut l’épouse d’un Ange, que le groupe exécuta pour ce crime, ainsi que leur fille. Or l’enfant n’était un Néphilim le complot fut ourdi par un Ange jaloux. Castiel tue celui-ci et présente ses excuses à Lily. Celle-ci part après lui avoir pardonné. Critique : Lily Sunder constitue le premier opus angélique de la saison, d’où de fortes attentes car les Anges dystopiques de Supernatural demeurent l’une des créations les plus originales et audacieuses de cette série. La réussite est au rendrez-vous, malgré quelques imperfections. Ainsi on peut regretter la dramatisation trop téléphonée autour du Néphilim à venir, cette évocation d’un cas antérieur tombant à point nommé juste après les démêlés initiés dans LOTUS. Tout ceci manque un peu de finesse, d’autant que l’on se demande bien comment Lily aurait pu anticiper la Chute des Anges. Par ailleurs, les séquences rétro, tournées avec talent par John Badham, auraient mérité bien davantage d’espace : ici l’on ne va pas beaucoup plus loin de ce que pouvait proposer un épisode standard d’Highlander. Sans doute aurait-il fallu dédié tout un épisode à cette séquence (mais peut-on seulement imaginer Supernatural sans Sam ni Dean ?), puis un deuxième centré sur Lily Sunder. Mais si ces flashbacks ont comme un goût de trop peu, c’est bien du fait de leur grand intérêt. Interprétés avec beaucoup de sentiment par d’excellents acteurs (dont le toujours parfait Ian Tracey), ils mettent en scène des Anges complexes et tourmentés, avec une captivante dynamique de tragédie antique. Les changements de Vaisseaux survenus entre les deux époques s’avèrent particulièrement marqués ici du fait du montage. Il en découle que les changements d’ethnie ou de genre, déjà survenus par le passé, sont ici particulièrement mis en avant pour différents Anges. Que les sentiments perdurent malgré tout situe Supernatural bien davantage dans les thématiques actuelles que l’image que l’on se fait habituellement de la série, d’autant que récit vitupère l’attitude suprématiste des Anges vis-à-vis des Humains. Évidemment le fait que, notamment Castiel ait jadis été une femme plaira aux tenants de Destiel... On apprécie également la performance d’Alicia Witt, qui sait doter Lily d’une vraie présence tout en exprimant à merveille le resserrement émotionnel de son âme. La sombre magie énochienne, sacrifier des parcelles de son âme pour s’en prendre aux Anges, étend encore la vaste mythologie de la série, tout en paraissant plus convaincante que le si pratique Livre des Damnés de Rowena. L’opus nous délivre enfin des éléments d’autant plus précieux du passé de Castiel que ceux-ci restent très rares. L’Ange du Jeudi représente en effet un paradoxe vivant : au combien présent depuis la saison 4, on le connaît par cœur, mais la majeure partie de son parcours nous demeure un livre fermé. On se dit qu’il y avait peut-être là le sujet pour une série dérivée, une de plus. Anecdotes :
11. C'EST QUI DEAN ? Résumé : Victime d’un sortilège, Dean perd de plus en plus la mémoire. Afin de sauver son frère, Sam part en guerre contre une famille de druides. Il reçoit la précieuse aide de Rowena, qui connaît ce clan de longue date. Dean lui-même intervient de manière déterminante, grâce à des instructions laissées par Rowena. Sam et Dean reconnaissent être en dette envers la Sorcière, mais refusent néanmoins de lui laisser le grimoire des druides ! Critique : Regarding Dean s’inscrit dans la tradition des épisodes isolés n’apportant rien de bien novateur ou de fondamentalement ambitieux, mais manifestant néanmoins suffisamment de savoir-faire pour accrocher l’intérêt. Une telle figure est rendue indispensable par la formule des saisons comportant une vingtaine d’épisodes, à laquelle, Supernatural sera, à peu près, demeuré toujours fidèle, mais qui a du plomb dans l’aile aujourd’hui. Reste que la série va ici s’en sortir fort honorablement. Ce n’est certes pas la première fois que Dean se voit soumis à une malédiction variant du cocasse au tragique, mais alors que la plupart des récits précédents partent de l’humoristique pour parvenir au poignant, ici le stout s’entremêle dans le tragi-comique. Il reste ainsi émouvant de voir Dean si heureux en ayant oublié la Chasse, tandis que le système des notes à la Memento fonctionne à plein régime. La situation permet à Jensen Ackles de monter toute la variété de son talent, même si on lui trouve une saveur particulière dans le domaine comique. Véritable co héroïne de l’épisode, Rowena quitte s’affranchit ici des épisodes mythologiques pour désormais participer aux stand-alones, un indice supplémentaire de son enracinement dans l’univers de la série. Toujours aussi amusante et badass, la Sorcière nous divertit toujours autant, d’autant que les auteurs savent conjuguer sa cruauté avec une complicité toujours plus marquée avec Sam et Dean (qui veillent au grain, tout de même !). Une évolution similaire à celle de Crowley, mais davantage marquée encore. L’épisode sait aussi soigner la caractérisation de son trio de druides maléfiques, se montrant volontiers ambitieux pour celles qui demeurent avant tout un prétexte à la mésaventure de Dean. Décidément il en faut plus que le Pouvoir des Trois pour prendre le dessus sur le clan Winchester ! Anecdotes :
12. LA LANCE DE MICHEL Résumé : À travers une chronologie déstructurée, nous suivons les étapes de l’affrontement entre le clan Winchester et un puissant Démon nommé Ramiel. Crowley lui a jadis offert la Lance de l’Archange Michael en échange du Trône et Ramiel s’en sert pour abattre Castiel. Sam l’abat avec la Lance, qui est brisée pour sauver Castiel. Ramiel possédait également le Colt, que Mary récupère pour le compte des Anglais. Crowley parvient à enchaîner Lucifer. Critique : L'épisode se révèle un très amusant pastiche du cinéma de Quentin Tarantino. Outre une brillante déstructuration de la narration en mode Pulp Fiction, l'habile réalisation de Richard Speight Jr. nous vaut plusieurs beaux faits d'armes. Entre autres, on pourrait citer la scène d'ouverture voyant le Clan Winchester discuter dans une cafétéria à la Reservoir Dogs, Castiel (fatalement Castiel) saigner continuellement durant tout l'épisode tel Mr. Orange, ou un magnifique Mexican standoff s'instaurer entre les Winchester et Ramiel. Cette spectaculaire figure de style - une confrontation armée sans vainqueur possible - est en effet appréciée par Tarantino qui en a peuplé ses films (Pulp Fiction, Inglourious Basterds ou encore Reservoir Dogs), à l'image de ses mentors John Woo et Sergio Leone. L'opus est d'ailleurs baigné par une musique évoquant les films de ce dernier. Mais le véritable mérite de cet épisode consiste à ne pas se contenter de cet exercice de style effectivement très réussi. Bien au contraire, tout au long d'une narration électrique, événements et révélations relancent l'ensemble de la saison. L'entrée en lice des Princes de l'Enfer dévoués à Lucifer et la réapparition du Colt mythique frappent ainsi les esprits et complètent des éléments clefs de la mythologie de Supernatural. Mais le vrai bouleversement survient quand Mark Pellegrino reprend le rôle d'un Lucifer aussitôt asservi magiquement par Crowley. La série bascule dans l'inconnu, tandis que la confrontation aux Enfers atteint un palier inédit. Le récit sait toutefois ne pas ensevelir ses protagonistes sous les péripéties et accorde une belle place aux personnages. La réussite de l'épisode montre à quel point la saison 12, sans certes atteindre les sommets de la précédente, sait demeurer pleinement vivante et palpitante. Anecdotes :
Résumé : Sam et Dean enquêtent sur des meurtres commis par un esprit vengeur, qui se révèle être celui de Fiona, la fiancée du fils de Crowley, Gavin. Celui-ci retourne dans son époque pour sauver Fiona et son époque, quitte à en périr. Deux Anges s’apprêtent à tuer Kelly pour empêcher la naissance du Nephilim, mais il sont abattus par Dagon. Le troisième Prince de l’Enfer est aux ordres de Lucifer, qui compte sur son fils pour reprendre l’avantage sur Crowley. Critique : L'opus a pour mérite d'illustrer à quel point Supernatural, saison après saison, demeure une série plaçant la notion de famille en son centre. Outre celle des Winchester, le récit s'appuie en effet sur celles de Crowley et Lucifer, chacune dysfonctionnelle à sa manière, mais aux liens pareillement intenses. Malheureusement l'histoire se divise en de trop nombreuses sous-intrigues, chacune demeurant cloisonnée, sans souffle global. Certaines parties se voient même réduites à du quasi purement informationnel, comme lorsque Mary révèle à Sam et Dean sa collaboration avec Ketch. Le segment le plus développé se centre sur le fils de Crowley, qui se révèle toujours aussi fadasse, tandis que sa promise Fiona constitue un esprit vengeur certes convaincant, mais qui ne distingue pas vraiment des nombreux autres déjà alignés par Supernatural. Heureusement Crowley et Rowena continuent à susciter davantage d'étincelles, tandis que d'autres à-côtés viennent heureusement pimenter l'opus. Entre scènes enneigées, assez rares au sein de la série, et manifestations de l'esprit, la mise en scène nous ménage quelques jolis moments. Certes bien loin de l'entité de Lovecraft, Dagon s'avère néanmoins une adversaire coriace et souvent amusante par son humour vache. La confrontation entre Crowley et Lucifer continue de former une série dans la série d'autant plus divertissante que se sont bien trouvés. Évidemment, même quand l'Archange est au creux de la vague, l'issue ultime du combat ne fait guère de doute, mais le duel sait jouer davantage du brio de Crowley que d'un suspense classique. De quoi rehausser quelque peu redorer un épisode en soi assez peu savoureux. Anecdotes :
14. RAID SUR LES VAMPIRES Résumé : Afin de démontrer leur efficacité, les Anglais ont commencé à exterminer l’intégralité des Vampires américains. Contrairement à Sam, approché par Mary, Dean reste hostile jusqu’à ce que Ketch lui fasse participer à la destruction des Vampires. Le Vampire Alpha attaque le QG des Anglais et provoque un massacre, avant d’être abattu par Sam armé du Colt. Sam décide de rallier les Hommes de Lettres anglais et Dean accepte sa décision, tout comme celle de Mary Critique : Toute l’action autour du raid vampirique dans la base des Hommes de Lettres se montre riche en rebondissement et féroces péripéties, ce qui vaut à l’épisode de demeurer certainement très prenant. On apprécie de voir travailler Sam et Mary en tandem, une association quasi inédite, de même que le dénouement astucieux de la situation. Même si Mick Davies y joue un rôle non négligeable, l’impact pris par l’intervention de Sam illustre à que point, malgré leur arsenal et leur organisation, les Anglais restent tributaires du sens de l’initiative des Chasseurs. Le récit sait également accorder au Vampire Alpha, ennemi de longue date toujours très classieux, la sortie de scène qu’il méritait, au cours d’une ultime intense confrontation et avec un emploi du Colt qui ravira évidemment les fans. Si le projet d’éradiquer tous les Vampires d’Amérique du Nord titillera agréablement l’amateur de Buffy contre les Vampires, le recrutement de Sam et Mary par les Hommes de Lettres décevra par contre celui d’Angel. En effet on ne retrouve pas ici la résonance que présentait l’absorption d’Angel Investigations par Wolfram & Hart, couronnement de l’inexorable parcours moral des héros. Ici, même si l’on comprend les motivations de nos amis, la manœuvre apparaît comme un simple accident de parcours, exogène au dessein profond de la série. C’est d’autant plus vrai que l’autonomie préservée de Dean lasse entrevoir un piège, ce que confirment les perversions de Toni et Ketch, tortures et meurtres, là où Mick ressort au mieux comme une dupe. Une péripétie que l’on devine déjà passagère et qui ne vient pas contrebalancer l’impression que la trame principale de la saison repose sur la venue prochaine du Nephilim. Anecdotes :
15. DE MAUVAIS POIL Résumé : Sam entraîne Dean sur une affaire secrètement indiquée par Mick : un molosse infernal tue des humains n’ayant pas contracté de Pacte démoniaque. Crowley leur révèle que la bête a échappé à son contrôle, étant loyale envers Lucifer. Il les aide Sam à le tuer. Désormais informé de la collaboration avec Mick, Dean accepte de lui donner une chance. Lucifer est sur le point de s’échapper mais Crowley lui révèle cruellement que c’est son Vaisseau qui est ensorcelé, non ses chaînes. Critique : La chasse au Molosse Ramsey se montre volontiers divertissante, d’autant que Jensen Ackles, Jared Paladecki et Mark Sheppard s’amusent visiblement beaucoup du crapahut en forêt et savent rendre communicative leur bonne humeur. Les scènes en extérieur et l’affrontement final se voient tournées avec efficacité et Gwen Hernandez (épatante Angélique Rivera) constitue une belle rencontre,d d’autant que les personnages hispaniques demeurent une rareté dans Supernatural, il faut bien le constater. La confrontation finale entre Crowley et Lucifer compose un monument de cruauté ironique, d’autant qu’elle est portée par deux merveilleux comédiens totalement investis dans leur personnage, pour l’un des sommets de cette très réussie série dans la série que représente ce duel. Autant d’éléments rendant l’épisode fort prenant, mais, si l’on ne s’y ennuie certes pas, il n’en porte pas moins témoignage d’une évolution pas toujours positive d’une série toujours plus amusante et moins effrayante. Ainsi, lors des premières saisons, notamment lors de l’Heure Zéro de Dean ou Bela, ces monstres suscitaient de purs moments d’effroi ou d’horreur. Ici la bête devient un monstre relativement facile à chasser, dépouillé de son angoissante invisibilité pour des héros secondés par le Roi de l’Enfer. On se situe bien loin du contre la montre haletant de Les Chiens de l'enfer (3-16). Lucifer aussi continue a plus se développer dans la veine comique (ici face aux Démons qu’il vaporise), même si heureusement Mark Pellegrino préserve son aura. Les deux fils de la saison (Lucifer et les Hommes de Lettres), continuent aussi à cohabiter sans interactions autres que ponctuelles. Autant d’élément pouvant se ressentir comme une perte d’intensité, même si le récit sait en prendre acte avec talent. Au moins la série sait-elle s’épargner un énième drame éphémère entre les deux frères, à propos de la collaboration avec les Anglais. Anecdotes :
16. ÉMANCIPATION Résumé : Désirant faire ses preuves sur le terrain, Mick accompagne Sam et Dean dans une Chasse au Loup-Garou. Or Claire enquête également sur l’affaire, sans l'avoir dit à Jody. Elle est mordue par le monstre, mais ses trois compagnons d'aventure parviennent à la sauver. Si cette Chasse permet de vérifier la cruauté des Hommes de Lettres anglais, Mick devient moins insensible envers les victimes grâce à Sam et Dean. Leur amitié est scellée. Critique : Avec une nouvelle chasse au Loup-Garou, le thème d’Émancipation pourrait sembler rebattu, mais en soi l’évolution de la série apporte de la nouveauté, avec une approche moins manichéenne du monstre. Là encore on a fait du chemin depuis un épisode aussi sombre et désespéré que le fut Les Loups-garous (2-17), en son temps. Surtout, les auteurs vont s’échiner à pimenter cette affaire grâce à des apports extérieurs. L’association avec Mick porte ainsi ses fruits, par l’humour qu’elle véhicule, mais aussi par une intéressante comparaison entre les méthodes des Hommes de Lettres et des Chasseurs. Chacun apprend judicieusement de l’autre et la césure entre Mick et ses partenaires anglais s’avère décidément non feinte, de quoi pimenter l’affrontement à venir, que l’on pressent inexorable. Le côté British de Mick apporte aussi son écot au récit, avec notamment un hôtel sensiblement plus classieux que les coutumiers motels folkloriques des Winchester. Depuis son lancement, l’arc des Hommes de Lettres anglais s’alimente régulièrement des personnages secondaires de Supernatural, alliés ou antagonistes, et celui-ci ne fera pas exception puisqu’il devient le rituel épisode annuel dédié à Claire. Même si l’on s’étonne de l’absence de Castiel alors que sa protégée subit une telle épreuve, le portrait de la jeune femme s’avère une réussite. On apprécie de la voir s’affirmer en Chasseuse à part entière, en dehors de la protection de Jody (difficile de ne pas songer à Jo et Ellen). C’est d’autant plus vrai que Supernatural sait ici ne pas s’édulcorer : pour Claire la Chasse étant devenue une drogue aussi dure que pour ses confrères et consœurs. Évidemment l’intrigue du jour et son issue heureuse demeurent largement prévisibles. Claire est désormais bien installée dans l’univers de la série et les auteurs ne prendront certainement pas le risque d’un nouveau CharlieGate. Mais Kathryn Newton sait rendre émouvantes les émotions de son attachant personnage. Anecdotes :
17. ERREUR DE JEUNESSE Résumé : Par flash-backs, nous découvrons la formation du jeune Mick à l'Académie Kendrick des Hommes de Lettres anglais. Les jeunes gens sont soumis à un traitement particulièrement impitoyable par le Dr. Hess. Celle-ci ordonne la mort du Nephilim, et de celle des Winchester s'ils s'y opposent. Quand la Chasseuse Eileen tue accidentellement un Homme de Lettres lors d'un affrontement conte Dagon, la faction agressive des Anglais prend le dessus. Ketch exécute Mick. Critique : A l’inverse des épisodes l’ayant précédé, The British Invasion relève du pur mythologique. Un exercice dans lequel il se montre particulièrement efficace, puisqu’il introduit une nette césure au sein de la saison, le Rubicon étant franchi lors de sa terrible conclusion sans retour. Dans le sang et la mort, l'épisode achève d'installer une fin de saison à l'ambiance sentant la poudre entre les Bros et nos bons amis anglais. Après 17 épisodes les Britanniques n'ont visiblement toujours pas compris qui sont réellement les Frères Winchester mais, pas de souci, Sam et Dean vont le leur expliquer. Le vaste flash-back sur la sympathique école des Hommes de Lettres (à côté Serpentard, c’est le Club Med) se montre glacial à souhait, achevant de révéler sans fard la névrose profonde sur laquelle repose l’organisation. Une grande réussite, dans laquelle on se contentera de regretter le frappant manque de ressemblance entre le Mick jeune et l’adulte. La série nous a habitué à beaucoup mieux avec Sam et Dean. Retrouver Eileen fut un vrai plaisir, mais avoir une meute de sociopathes surarmés à ses trousses augure mal de son avenir, il en faut généralement moins que cela pour occire un personnage féminin dans Supernatural. On se fait moins de souci pour Kelly, tant il est désormais évident que le nephilim est appelé à naître. Pendant ce temps Castiel a regagné le Paradis et mène son propre combat, tandis que Lucifer et Crowley continuent leur vendetta personnelle et Impitoyable pour le Trône des Enfers. Crowley à l'avantage mais le Cornu en a vu d'autres... et il est lui. Mark Sheppard et Mark Pellegrino sont fascinants à contempler, à chacune de leurs scènes. La saison 12 continue à mobiliser avec talent chacune des ressources de l'univers de la série. Les fans seront ravis, les nouveaux venus seront exclus quasiment d'office, c'est un luxe qu’une série se permettre quand elle en est à sa saison 12 et avec ses fidèles toujours au rendez-vous. Anecdotes :
18. BLACK BILL Résumé : Ketch envoie les Winchester sur une affaire, en se faisant passer pour le défunt Mick. Cela lui permet de fouiller le Bunker et d'y dissimuler des caméras. Sam et Dean enquête sur un village où une disparition mystérieuse survient une fois par an, depuis plus d'un siècle. Ils découvrent que les caciques locaux obtiennent leur fortune grâce à un sacrifice annuel au dieu païen Moloch. Moloch est tué grâce au Colt. Critique : Après l’intensité de The British Invasion, le présent épisode souffre d’une forte impression de déjà-vu. En effet, le thème du sacrifice pour assurer la prospérité d’une communauté avait déjà été largement exploité dans le très marquant L’Épouvantail (1-11), en plus de l’être dans le roman American Gods, l’une des inspirations majeures de Superatural. Même le fait de dissimuler des caméras dans le quartier général des héros évoque clairement le Trio procédant pareillement dans la Boutique de Magie de Giles durant la saison 6 de Buffy contre les Vampires. L’impression de surplace se ressent d’autant plus fortement qu’une crise majeure semblait sur le point d’éclater entre Chasseurs et Hommes de Lettres, en lieu et place d’un nouveau monstre de la Semaine. Aussi classique soit-elle, la chasse du jour demeure heureusement habilement menée. Le récit prend ainsi le temps de caractériser un minimum les deux premières victimes, ce qui apporte un impact supplémentaire à leur trépas. La mise en scène s’offre de jolis panoramas naturels neigeux, une rareté au sein de la série. Le parallèle entre les Winchester et la famille antagoniste pimente également les enjeux, une figure de style classique mais toujours efficace. Même s’il se voit venir à des encablures, le dieu païen local se situe honorablement parmi ses pairs toujours avides de sacrifices humain, tandis que l’affrontement final se montre tendu à souhait. On apprécie que la fouille du Bunker et la pose des caméras permettent de soigner le côté espion britannique de Ketch. Soit un bon goût de Spies Show, un univers auquel Sam et Dean ne sont judicieusement pas préparés. Anecdotes :
Résumé : Kelly se suicide, mais est ressuscitée par le Nephilim, Elle comprend alors qu'il n'est pas mauvais. Castiel s'empare du Colt et part abattre le Nephilim et sa mère, avec un groupe d'Anges. Il ne peut se résoudre à tuer Kelly. Aiguillonnée par la colère de Lucifer, Dagon tue les Anges et détruit le Colt. Le Nephilim prend possession de Castiel et incinère Dagon. Castiel part avec Kelly, après avoir indiqué aux Winchester que le Nephilim devait naître à tout prix. Critique : Hormis quelques passerelles ponctuelles, la saison continue à balancer entre les deux intrigues des Hommes de lettres et du Nephilim. Ici elle se centre sur ce dernier, avec une réussite inégale. Le camp du Bien se voit en effet peu mis en valeur par des évocations éphémères de tactiques nébuleuses visant à régler le cas du prochainement né : se réfugier au Paradis tout en supprimant l’enveloppe corporelle, annihilation de son essence angélique… Rien de tout cela n’apparaît très convaincant, d’autant que nous sommes dans Supernatural et que l’on sait donc très bien que tout se résoudra par un duel au soleil et non un recours à des ressorts théologiques. La rapide annihilation de Joshua par Dagon achève de réduire à bien peu de choses l’expédition de Castiel au Paradis, même si cela présente le mérite d’éclaircir le tableau pour le combat final : les Anges sont hors-jeu. Le parallèle évident mis en place avec la Nativité semble également assez pesant (surtout quand avec le recul on sait que toit ceci débouchera sur Jack le Boulet). Finalement le seul véritable crépitement de l’opus se doit à Dagon, qui effectue un vrai festival à l’occasion de sa sortie de scène. On se régale autant de ses saillies que de son pouvoir destructeur, réellement impressionnant (le Colt !). Cette digne remplaçante d’Abaddon, bien servie par la mise en scène d’Amanda Tapping, se voit finement caractérisée par des scènes annexes, se régalant de la déconfiture de candidats à un jeu télévisé, ou pétrifiée par un effroi révérenciel envers Lucifer. Une épatante adversaire, même si elle s’avère finalement sous-exploitée à l’échelle de la saison. Au moins le titre originel de l’épisode est-il judicieusement choisi, les débuts peu passionnants de Jack augurant effectivement du futur de la série. Anecdotes :
20. BRINDILLES ET FICELLES Résumé : Sam et Dean viennent en aide à Alicia et Max, les deux enfants d’Asa Fox et d'une Sorcière amicale, assassinée par une rivale maléfique. Celle-ci crée de parfaites répliques de ses victimes, en les animant grâce au cœur qu'elle leur a arraché. Alicia est tuée mais Max en crée un simulacre ignorant ce qui est advenu. Mary devient méfiante envers Ketch devenu son amant et découvre le cadavre de Mick. Elle tente d'avertir ses fils, mais elle est capturée et torturée par Toni. Critique : Le procédé consistant à mettre en place une famille miroir de celle des Winchester a déjà été employé tant de fois au cours de la série, que l’épisode ne peut s’affranchir d’une certaine prévisibilité. C’est d’autant plus vrai que le parallèle se voit ici poussé particulièrement loin, jusqu’à spécifiquement intégrer le personnage de la mère au cœur de l’histoire, au moment où Mary se voit-elle-même en position délicate quand elle comprend enfin la vraie nature des Hommes de Lettres. Et ce n’est pas trop tôt, tant sa relation avec Ketch ne nous a jamais passionné. Cela présente aussi le mérite de déjà nous catapulter dans le final de saison. L’adversaire du jour s’avère de plus immédiatement identifiable, il est vrai que les antagonistes de Supernatural sont progressivement devenus les prétextes plutôt que les sujets des récits. Et pourtant cet ultime opus indépendant de la saison va parvenir à capter notre intérêt. Il a ainsi la bonne idée de se situer dans la continuité de l’excellent Veillée funèbre, cette saison. Déjà connaître Alicia et Max nous sensibilisent davantage à leurs déboires et le récit développe son précieux aspect documentaire sur l’inépuisable sujet que constitue l’univers de la Chasse. Nous découvrons ainsi que des couples peuvent se former avec de créatures magiques et des Chasseurs se voir eux-mêmes dotés de pouvoirs magiques, quitte à en payer le prix. Nous sommes loin de la réprobation concernant les capacités cette fois démoniaque de Dam, voici bien longtemps. Autour d’un nouveau type de magie, l’habile mise en scène de Richard Speight Jr. compose un Merveilleux hofrifique original au sein de la série. Tout ceci s’avère captivant, mêle si l’épisode confirme sans doute que Supernatural aura sans doute sous-exploité la communauté des Chasseurs. Anecdotes :
21. LAVAGE DE CERVEAU Résumé : Les Anglais entreprennent d'éliminer les Chasseurs américains : Ketch tue Eileen grâce à un Molosse fourni par Crowley, Toni lave le cerveau de Mary pour qu'elle tue ses amis l’un après l’autre. Mais Eileen a eu le temps de prévenir Sam et Dean, qui capturent Toni. Ketch et Mary donnent l'assaut au Bunker, y emmurant Sam et Dean. Lucifer parvient à inverser le sortilège l'emprisonnant, et triomphe enfin de Crowley. Il part à la recherche de son fils devant naître prochainement. Critique : L’épisode répond à un objectif clair, net et précis : dramatiser au maximum tous les enjeux envisageables des histoires en cours, afin de mettre idéalement en orbite le double final de saison qui s’annonce. La feuille de route se voit remplie avec un plein succès. Ainsi la conflagration avec les Hommes de lettres britanniques se voit portée à incandescence quand ceux-ci lancent leur grande offensive. Celle-ci a le mérite de se montrer particulièrement abjecte, y compris à l’échelle d’une série peuplée de tant d’horreurs. Ainsi les terribles destins réservés à Eileen et, sans doute pire encore, à Mary, nous font prendre pleinement cause commune avec les Winchester et leurs alliés (en plus de s’inscrire dans la grande tradition Supernatural des sorts funestes réservés aux personnages féminins). Ketch et Toni sont en grande forme et tiennent visiblement à ce que cela se sache. La narration s’effectue avec dynamisme tout en veillant à conserver aux Hommes de lettres leur saveur d’organisation typique des Spies Shows anglais des Sixties, qui aura pimenté l’ensemble de la saison. Ainsi le lavage de cerveau (excellente Samantha Smith) constitue une pratique emblématique de l’époque, ayant d’ailleurs émaillé plusieurs épisodes de Chapeau Melon (Lavage de cerveau, Le visage, etc.). Ketch partant s’en s’assurer de la mort des héros s’avère également caractéristiques des méchants de l’époque, une attitude d’ailleurs justement parodiée dans les Austin Powers. Pile à l’heure pour le final, Lucifer triomphe enfin de Crowley (dont évidemment personne ne croit à la mort), à l’issue d’une confrontation imprégnée de leur cruelle ironie coutumière. Cette montée en puissance globale s’accompagne de plusieurs effets visuels réussis, comme une nouvelle chambre de motel étrange (une rareté cette saison) ou Lucifer posant en Maître du Monde au sommet d’une montagne. Tout est place pour un tonitruant final. Anecdotes :
22. JE VOUS SALUE MARY Résumé : Mary est capturée quand elle s'attaque à Jody et Claire. Dean utilise le lance-grenades pour ouvrir le Bunker. Toni aide Dean à pénétrer dans l'esprit de Mary, pour la guérir. Ketch survient et tue sa rivale Tony, mais Dean et Mary remportent leur duel. Pendant ce temps, Sam rallie les Chasseurs américains et ils attaquent la base des Hommes de lettre anglais, qui sont massacrés. Les Winchester se réconcilient et découvrent que Lucifer est à nouveau libre. Critique : Malheureusement l’épisode confirme ce que l’on subodorait : le final de saison ne sera pas l’occasion d’une étonnante fusion entre les deux grands fils narratifs que forment les Hommes de Lettres et Lucifer/le Nephilim. Jusqu’au bout les auteurs les auront maintenus (pour l’essentiel) séparés, ce qui manifeste ici un relatif manque d’ambition et qui positionne quelque peu Who Whe Are comme un simple prologue, puisque c’est bien entendu le futur mano à mano avec un Lucifer désormais libre de se déverser sur le Monde qui focalise l’attention, en tant qu’ennemi ultime des Winchester. Et pourtant, malgré ce handicap formel, c’est bien l’enthousiasme que va susciter Je vous salue Mary. Les amateurs d’action se verront par comblés par un festival quai ininterrompus et varié. Le spectaculaire emploi du lance-grenades pour sortir du Bunker tombe à point nommé pour conclure ce sujet de longue date relancé par la saison. Le duel entre Ketch et Dean se montre haletant à souhait, avant d’être judicieusement conclu par Mary. Au passage Ketch en aura terminé avec sa rivale Lady Toni, évitant à Dean d’avoir à tuer une femme, les auteurs ont déjà donné à ce sujet. L’assaut du QG des Anglais par les Chasseurs américains reste un vaste morceau de bravoure aussi animé que sanguinaire, on n’avait plus vu une extermination aussi implacable depuis que Dean s’était occupé des assassins de Charlie. La pyrotechnie finale produit également son effet : depuis la destruction de Sunnydale High, on sait que l’un des moyens les plus efficaces de conclure une saison reste la destruction de son décor principal, un principe une nouvelle fois démontré ici. Mais Who We Are justifie son titre très à la MillenniuM, tout en manifestant le surcroît d’ambition dont il avait besoin. En effet, il utilise cette débauche de violence (extrême même au sein de Supernatural, car exclusivement l’œuvre d’Humains) afin de révéler chaque personnage dans sa vérité. Les Chasseurs lisent libre cours à leur fureur vengeresse, mais aussi à leur nature profonde. Décidément le tabou concernant la vie humaine ne les concerne pas, pour le coup nous sommes loin de Buffy. On distingue en particulier Jody, qui n’hésite pas à exécuter de sang-froid la cheffe désarmée des Anglais. La Chasse l’ayant désormais complètement rattrapée. Aiguillonné par les tortures subies par sa mère, le gentil Sam nous confirme qu’il et bien du même bois, et avec le tempérament d’un leader. Plusieurs séquences se montrent émotionnellement fortes, comme la séparation des deux frères partants chacun pour son combat, ou Dean et Ketch se reconnaissant une même identité de tueurs. La coda de l’épisode survient quand, au terme d’une bouleversante séquence portée par Jensen Ackles, Dean se réconcilie enfin avec Mary, à propos du pacte avec Azazel. Ce retour aux sources de la série boucle élégamment la boucle initiée avec le retour de Mary. La touchante image de la famille enfin pleinement réunifiée aurait apporté une parfaite conclusion à la série, mais les Winchester ont encore un rendez-vous à leur agenda. Anecdotes :
23. L'AUTRE MONDE Résumé : Lucifer tue Rowena tandis que Sam, Dean et Crowley découvrent le refuge de Castiel et Kelly, sur le point d'accoucher. Le Nephilim encore à naître ouvre une faille donnant sur un univers parallèle, où l'Apocalypse biblique a eu lieu. Une bataille s'y déroule avec l'aide du Bobby alternatif. Malgré le sacrifice de Crowley, Lucifer triomphe et tue Castiel. Mary parvient à s'emprisonner dans l'autre monde avec Lucifer. Jack le Nephilim naît, annihilant Kelly et prenant une forme adulte. Critique : Cet ultime opus de la saison suscite des sentiments plus mêlés que la Saint-Barthélémy des Hommes de Lettres britanniques. Certes la narration se montre riche en coups de théâtres et scène choc, mais en usant et abusant de la mort de personnages. On compte ainsi pas moins de trois figures clefs de la série tombant au champ d’honneur : Rowena, Crowley et Castiel. On comprend bien qu’un final de saison doive se distinguer, mais, outre que trop d’effet tue l’effet, l’épisode ne peut que subir le fait que voici bien longtemps que la mort n’est plus définitive dans Supernatural, ce qui émousse singulièrement le procédé ici. Par ailleurs ces morts se montrent inégales. On arrive après la bataille pour Rowena (même si l’ironie luciférienne envers Sam vaut le détour) et le sacrifice de Crowley visant à emprisonner Lucifer dans le monde parallèle échoue en définitive piteusement, soit une manière singulièrement anti-climatique de prendre congé du Roi de l’Enfer. La mort la plus retentissante demeure celle de Castiel, tant l’épisode s’échine à nous faire croire à la défaite de Lucifer, mais, bien entendu, personne ne peut croire que Supernatural puisse se passer durablement de l’Ange. Le récit se montre également trop gourmand, l’opus servant autant (sinon moins) à conclure la saison actuelle qu’à lancer la suivante. La mise en place des thèmes principaux de la saison 13 (Jack, l’Univers de l’Apocalypse) prend beaucoup de temps, au détriment de ce qui aurait dû constituer son cœur : le combat acharné mais désespéré de tous les protagonistes contre seul Lucifer. Là aussi les sentiments sont mêlés. L’univers parallèle apporte en soi une nouveauté au sein de la série, hormis quelques épisodes décalés comme The French Mistake, Changing Channels ou My Heart Will Go On. Toutefois la formule du What If résulte très classique vis-à-vis de ces expérimentations précédentes, même s’il reste judicieux que le point d’inflexion soit la non-existence des Winchester, après tout c’est ce que Chuck nous raconte dans ses romans. M^me si, l’apparition du Bobby alternatif, si irrésistiblement proche du nôtre, nous ravit, on devine également que cet univers-miroir pourrait facilement donner lieu à du fan-service facile. La cause de la création de la faille par le Nephilim demeure également floue. La venue au monde au monde de Jack (le début du crépuscule de Supernatural) se justifie grâce à l’émotion suscitée par la disparition de sa mère et la belle composition de Courtney Ford, que fort heureusement on retrouvera ensuite très vite dans l’Arrowverse. Malgré ces fortes réserves, l’opus parvient néanmoins à susciter un véritable intérêt autour de l’affrontement avec l’Archange déchu. Avec le recul, on peut d‘ailleurs volontiers tracer un parallèle, toutes proportions gardées, avec la bataille de la Longue Nuit, dans Game of Thrones : une veillée d’armes propice aux réunions émouvantes, l’attente face au Fléau, un combat cruel et enténébré contre un inexorable Seigneur des Ténèbres, contre lequel même l’héroïsme le plus absolu et déterminé semble ne jamais prévaloir et, à la fin des fins, une victoire quasi miraculeuse obtenue par une femme. Car c’est bien à Mary qu’il échoit de remporter la partie par son sacrifice délibéré, on ne dira jamais assez à quel point la série se montre souvent plus complexe que le machisme dont elle se voit régulièrement accusée. Le moment se montre d’autant plus bouleversant qu’il la laisse à la merci d’un Lucifer ivre de rage, un cliffhanger en définitive autrement plus percutant que la naissance de jack, annoncée depuis belle lurette. Chaque personnage reste sur son registre bien identifié, mais les acteurs donnent tout et parviennent à rendre malgré tout assez inoubliable cette ultime résistance face à l’Ennemi. Entre tous on discernera Mark Pellegrino, à l’occasion d’un festival où il nous régale de toutes les facettes de son si riche Lucifer : l’humour, la puissance, la cruauté, l’intelligence, la folie, la certitude absolue en soi et en sa destinée… All Along the Watchtower ne forme peut-être pas la plus marquante des fins de saison de Supernatural, mais, il reste un grand épisode Lucifer, et c’est déjà beaucoup. Anecdotes :
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Saison 9
1. BIENVENUE SUR TERRE Résumé : Devenus humains, les Anges cherchent à se venger de Castiel. Sam est mourant, suite aux événements précédents et rencontre Bobby en esprit, puis la Mort elle-même. Dean conclue un accord avec l’Ange Ezéquiel : celui-ci va secrètement s’installer dans Sam pour le guérir progressivement, tandis que lui-même se remettra de la Chute. Critique : A l'inverse de la saison passée, qui instaurait un hiatus de plusieurs mois, la présente opte pour la continuité immédiate de l'action. Il en découle un épisode essentiellement dédié à régler les affaires laissées pendantes : la destinée des Anges tombés du ciel et devenus humains, mais aussi Sam se trouvant aux portes de la mort suite au processus du sortilège, cessé in extremis. L'abord de ces deux questions va s'avérer prenant, mais aussi imparfait. La découverte du sort des Anges s’effectue en grande partie via Castiel, ce qui autorise autant d'humour que d'émotion lorsqu’il est confronté aux contraintes d'une vie quotidienne sans pouvoirs. Misha Collins nous régale d'une nouvelle grande composition, mais avec l'ami des Winchester nous sommes en terrain connu, qui plus est particulier, puisqu'il constitue sans doute l'Ange ayant la plus grande expérience de la vie sur Terre. Pour les autres, il reste frustrant de ne percevoir les conséquences de la Chute qu'essentiellement à travers leur ressentiment envers Castiel. Le voyage intérieur de Sam compose sans doute la partie la plus forte de l'opus. Le choix astucieux de Dean figurant son penchant le plus combatif et s'opposant à celui prêt à partir, représenté par Bobby, nous vaut une narration proche d'une transe shamanique, Le voyage est couronné par la rencontre avec la Mort elle-même, personnage toujours aussi succulent. On apprécie que Bobby soit représenté moins en capitulard qu'animé par son réalisme coutumier et que l'épisode ait su aller aussi loin que possible pour rendre envisageable un décès d'un Sam purifié et en paix après l'ordalie des épreuves successives. Évidemment Dean s'acharne au contraire à le sauver (difficile de ne pas songer à Kim face à Jack en fin de Jour 7 dans 24h Chrono). Le recours à l'Ange se montre astucieux, mais nous ramène aussi à une certaine routine du drama entre frères, à base de secrets et de mensonges, alors que la conclusion de la saison 8 avait semblé s'en extraire. Anecdotes :
2. QUE LE DIABLE L'EMPORTE Résumé : Abaddon tend un piège aux Winchester mais est repoussé par Ezéquiel, toujours à l’insu de Sam. Sam et Dean emmènent Crowley au Bunker, afin qu’il révèle l’emplacement des Démons sur Terre. Malgré l’annonce que sa mère est toujours vivante, Kevin demeure au Bunker, pour chercher un moyen de contrer le sortilège de Metatron. Critique : L'épisode forme un véritable diptyque avec le pilote de saison, achevant de dresser un état des lieux global. Après les Anges, on en vient aux Démons et la situation continue à s'emberlificoter puisque, après le Paradis, voici qu'un conflit s'annonce aux Enfers. L'increvable Abaddon est en effet de retour et de manière particulièrement déchaînée, sensuelle et cruelle. L'abattage d'Alaina Huffman est toujours incroyable, d'autant que la flamboyante actrice a visiblement décidé d'y aller à fond. Elle peut d'autant plus se le permettre que positionner Abaddon en mal absolu permet d'enrichir le conflit avec Crowley au-delà d'une simple rivalité d'ambitions. En effet, certes relative, la partielle humanisation de Crowley porte ses fruits et le Roi des Enfers suscite une certaine émotion dans son désir d'être aimé. Un beau duel s'annonce et il sera intéressant de constater si les nouveaux sentiments de Crowley s’avéreront une force ou une faiblesse. Les péripéties permettent également d'éclairer la position de Kevin, même si le suspense autour de la survie de sa mère est en bois, le personnage étant beaucoup trop populaire pour disparaître aussi subrepticement. L'apport d'Ezéquiel à Sam est également démontré, même si la situation demeure pour le moins ambiguë. Dean a toute l'attention de la très sensuelle Abaddon, ce qui ne surprendra guère. On regrettera toutefois le manque d’épaisseur des jeunes Chasseurs, même si le côté Tueuse de Vampires à la Buffy de Tracy est assez amusant. D'autant qu'avec les pseudonymes d'Avengers revêtus par Sam & Dean, l'opus finit paR prendre une saveur à la Joss Whedon. Au total la saison se voit lancée de manière prometteuse, d'autant que, si Metatron reste absent, le Scribe de Dieu doit certainement ourdir de nouvelles fourberies. Anecdotes :
3. HUMAIN, TROP HUMAIN Résumé : L’Ange Barthélémy a recours à des prédicateurs pour trouver des humains acceptant de servir de Vaisseaux aux Anges. Il a également recours à une Faucheuse, afin qu’elle tende un piège à Castiel et l’assassine. Ezéquiel la tue et ressuscite Castiel, mais il refuse que celui-ci reste auprès des Winschester, ne voulant pas attirer la colère des Anges. Critique : Au-delà des péripéties du jour, Humain, trop humain, demeure avant tout un épisode centré sur Castiel. On ne peut que saluer l’audace de l’entreprise consistant à laisser une aussi grande place à un austère apprentissage du quotidien, au sein d’une série de trépidantes aventures fantastiques. En effet, les nombreuses scènes voyant Castiel apprendre péniblement à se conformer aux dures et prosaïques réalités de la condition humaine se montrent bouleversantes grâce à l’immense talent de Misha Collins. Tout au long des multiples et variées vicissitudes vécues par l’Ange du Jeudi, il reste toujours aussi magique de découvrir un grand comédien rencontrer éternellement le rôle de sa vie. L’épisode va beaucoup plus loin dans la minutie et le détail de cette pénible renaissance que ce que Supernatural nous avait narré à propos d’Anna mais conserve pareillement la jouissance sexuelle comme viatique, comme l’Espérance à pu l’être au sein de la Boite de Pandore. Castiel franchit le Rubicon, une nouvelle audace pour des auteurs achevant par ailleurs de rendre cet épisode détestable pour les amateurs de Destiel. En effet l’ultime cruauté du reniement de l’Ange par Dean accordant la priorité à Sam apporte une coda achevant de manière cinglante le calvaire vécu par l’Ange. Le reste de l’épisode apparaît toutefois plus inégal. Ezéquiel autorise de véritables twists, positifs ou négatifs, mais l’imposture organisée de concert avec Dean apparaît de plus en plus improbable au fur et à mesure qu’elle se prolonge. Malgré la plaisante satire des prêcheurs télévisuels, Barthélémy manque de dimension et ressemble trop à un doublon de Dick Roman, il ne fera pas oublier Naomi. Alors que Supernatural a su structurer son univers (contrairement à une série comme Charmed), les Faucheurs rebelles demeurent dans un flou trop pratique (comment réagit la Mort ?). Anecdotes :
4. LA CLÉ D'OZ Résumé : Héroïne du Magicien d’Oz et Chasseuse de Démons, Dorothy parvient à capturer la Méchante Sorcière de l’Ouest en 1935. Elle l’enferme au Bunker en se sacrifiant pour sceller sa prison. Les deux femmes sont toutefois accidentellement libérées quand Charlie intervient pour remettre à jour l’informatique des Winchester. Après avoir définitivement vaincu la Sorcière, Dorothée et Charlie partent ensemble à Oz. Critique : Le premier ressenti que laisse l’opus est un authentique saisissement devant l’audace des auteurs. Auparavant Supernatural avait déjà annexé à son univers des pans entières d’éléments culturels exogènes, et pas des moindres : mythologies et folklore, voire la Bible elle-même, à chaque fois après un processus d’adaptation. Ici on se situe au contraire dans le même horizon, la culture populaire américaine moderne dans son approche du Fantastique et dans une acception considérablement plus littérale. Toutes proportions gardées, pour la Science-fiction ce serait assez comme si les protagonistes de Stargate SG-1, autre série empruntant largement aux mythologies, franchissaient la Porte des Etoiles pour se retrouver sur Gallifrey, Trantor ou Arrakis : la sidération est totale. Heureusement le processus se voit mené avec soin, l’épisode développant tout un continuum afin de bâtir un pont entre l’œuvre de L. Frank Baum et la série, dont tous les éléments relatifs au littéraire se voient ici mobilisés : Hommes de Lettres (l’écrivain en devient un, bien entendu), romans métas de Chuck, Métatron, Charlie etc. Ceci permet de doter le récit d’un corpus apportant un habile alibi supplémentaire à l’entreprise, au-delà de son aspect distrayant, Celui-ci répond néanmoins à l’appel, on s’amuse beaucoup devant les péripéties du jour, auxquelles la Charlie de Félicia Day apporte son allant et son naturel coutumiers. Outre le plaisir pas si fréquent dans Supernatural de découvrir un opus centré sur des femmes, an apprécie divers à-côtés du récit, comme l’ordinateur préhistorique (les épisodes Charlie raviront toujours les geeks), l’incontournable mais jouissive, rencontre entre la Méchante Sorcière et Crowley, la même saveur dystopique se retrouvant au pays d’Oz qu’au Paradis ou encore l’adorable romance entre Charlie et Dorothy. On se régale, tout en passant outre l’absence bien pratique de Kevin, ou sur l’inventaire décidément inépuisable du Bunker, (encore un peu et on sera dans Warehouse 13). Un épisode iconoclaste et virtuose, où la série semble s’exclamer : « bienvenue au club, Dorothée ! ». Anecdotes :
5. UN APRÈS-MIDI DE CHIEN Résumé : Un chaman utilise ses pouvoirs animaliers afin de s’emparer de l’énergie vitale de ses victimes. Grâce à un sortilège, Dean peut communiquer avec le Colonel, chien de l’une des victimes ayant assisté à l’assassinat, mais il acquiert aussi des réflexes canins. Souffrant d’un cancer, le chaman va tenter de dévorer Sam, pour s’emparer de son pouvoir de guérison. Critique : Loin des soubresauts d’un univers de plus en plus déglingué en l’absence de son Créateur, Un après -midi de chien constitue le premier pur stand-alone de la saison. On peut déjà être cetain qu’il en demeurera largement l’un des plus drôles. Les auteurs ont en effet clairement décidé de laisser libre cours la vis comica de Jensen Ackles, dont on ne dira jamais assez à quel point il excelle sur le registre de l’humour. Même si Jared apporte également appréciable contribution, cet opus longtemps en forme de comédie animalière assume pleinement sa nature de pur récital pour Jensen. On rit beaucoup, que cela soit quand Dean est très Dean, ou quand il prend des tics de chien (la Méthode revue et corrigée). On reconnaîtra également au scénario d’élargir son propos à la cause animale, jusqu’à interroger le rapport entre l’homme et ses animaux de compagnie. On apprécie notamment de découvrir des Vegans sympathiques et positifs dans une série nous parlant autant de l’Amérique que Supernatural. Et on éprouve bien entendu un vrai coup de cœur pour le vaillant Colonel. L’opus compose un bel exemple de l’insertion habile de thèmes sociétaux au sein d’une série d’aventures, sans ou impacter l’action ou sombrer dans le déclamatoire. Comme quoi cela demeure possible, sur The CW aussi bien que sur la BBC. Le récit souffre néanmoins d’un peu d‘épaisseur pour tenir complètement la distance. On rsent l’impression que l’intrigue n’est parfois là que pour permettre une respiration entre deux performances de Jensen. Le Shaman résulte également à contre-temps, car donnant lieu à des scènes totalement sinistres, en rupture avec la bonne humeur jusque-là installée. Si l’horreur est toujours chez elle dans Supernatural, on goûte également une unité de ton quand on s’essaie à un épisode quasi décalé. L’approche du Shamanisme, ici dépeint avec une palette particulièrement sombre, mériterait une seconde opportunité. Anecdotes :
6. LES MAINS DE LA MISÉRICORDE Résumé : Dean et Castiel (désormais employé par une épicerie) enquêtent sur de mystérieux cas de combustion spontanée. Castiel reconnaît l’œuvre d’un Rit Zien, Ange abrégeant les souffrances de ses frères blessés et incurables. Crowley aide Kevin à traduire la tablette, après qu’il lui ait été permis de communiquer avec Abaddon, dont l’influence s’étend en Enfer. Mais le sortilège de Metatron s’avère irréversible. Critique : L’épisode a la bonne idée de décrire en parallèle l’évolution concomitante de Crowley et Castiel vers l’Humanité, d’où un joli effet d’optique. Les excellents comédiens que sont encore et toujours acteur Misha Collins et Mark Sheppard s’emparent avec une visible gourmandise de ce nouveau répertoire et en tirent le meilleur parti. Pour autant, aussi intéressante qu’apparaisse cette double approche psychologique, il reste dommage qu’elle s’effectue au détriment du développement de l’action principale de la saison. En effet si l’on comprend que, concernant Castiel, on passe à une étape désormais plus apaisée et résignée que lors du trauma de Humain, trop humain, on ressent malgré tout un doublon partiel. L’impression de surplace se ressent d’autant plus fortement que, si l’intrigue du jour ne manque pas d’originalité, elle ne demeure que partiellement connectée aux intrigues de Métatron. Le récit s’en sort mieux avec Crowley. Le cheminement intérieur de Castiel a en réalité débuté voici bien longtemps, tandis que la nouveauté reste encore ici de mise pour le Roi de l’Enfer. En tant que personnage, Crowley reçoit un précieux appui de la part de la belle et au combien diabolique Abaddon. En effet cette dernière lui sert habilement de point de repère mesurant ce qui le sépare désormais du mal absolu, tandis que leur rivalité éclatant au grand jour permet de connecter l’opus au récit principal de la période. Il n’en reste pas moins vrai qu’il devient frustrant de voir Crowley en permanence rivé à sa chaise ! Séparés et placés presque en arrière-plan, les frères Winchester se mettent une nouvelle fois au service des personnages secondaires, comme pour Charlie lors du récent La Clé d'Oz, ce qui pourrait devenir négatif à terme. Au total l’épisode n’est pas déplaisant, mais le fil rouge de la saison a besoin de progresser. Anecdotes :
Résumé : Dean revient dans une école où il a jadis connu la jeune Robin, avant de la quitter sans explication quand John est venu le reprendre à ses côtés. Le directeur de l’école a appelé Dean à l’aide, suite à un meurtre survenu dans l’établissement. Un élève est protégé par l’esprit de sa mère défunte, mais celle-ci a progressivement sombré dans la folie. Critique : Outre le fait que les récits de jeunesse des frères Winchester ne représentent pas la famille d'épisodes nous passionnant le plus, Mauvaise Graine souffre d'un mauvais timing. Cette parenthèse survient en effet au moment où l'on ressent que l'intrigue principale de la saison nécessiterait une relance, dont il constitue l'antithèse absolue. Par ailleurs, si le portrait d'une école pour jeunes délinquants reste assez justement croqué, l'intrigue du jour semble malgré tout anecdotique. Le thème de l'esprit vengeur est un des plus vieux marronniers de Supernatural et ce n'est pas le twist modéré de la mère se substituant à l'adolescent qui contrecarrera une solide impression de déjà-vu. Développée entre des flash-backs guère imaginatifs, la romance entre Dean et Robin ne sort pas non plus des sentiers battus. L'épisode vaut néanmoins par son évocation de l'amour farouche porté par Dean à John, malgré toutes les erreurs de ce dernier, toujours obnubilé par sa croisade. De ce point de vue il est en résonance avec l'épisode 300 récemment diffusé, où ce sentiment se situait au cœur du récit. Il reste ainsi particulièrement évocateur de voir Dean abandonner son premier amour et une étape en définitive heureuse de sa vie, dès que résonne l'appel du clan. Cela ne sera d'ailleurs pas sans conséquence, Dean apparaissant nettement plus cynique dans son rapport avec les femmes lors de l'épisode suivant dans sa chronologie personnelle (L'Esprit vengeur, 4-13). L'opus bénéficie d'un jeune acteur très convaincant dans le rôle du jeune Dean, mais souffre de l'absence persistante de Jeffrey Dean Morgan, qui le fait tourner partiellement à vide. Anecdotes :
8. VŒU DE CHASTETÉ Résumé : Le Shérif Jody Mills demande aux Winchester d’intervenir à propos de mystérieuses disparitions. Sam et Dean découvrent que les victimes appartiennent toutes à un groupe de chasteté, au sein d’une église. Ils vont s’y intégrer afin de mener leur enquête et Dean découvre que le groupe est dirigé par l’une de ses stars du porno préférées, qui a décidé de prendre un nouveau départ ! La déesse païenne Vesta est en fait à l’œuvre. Critique : Outre l'ouverture en soi intéressante sur la pratique très américaine formée par les groupes de chasteté, l'épisode vaut largement vaut sa dimension humoristique. En effet placer Dean au sein d'un groupe de pures jeunes femmes permet de dérouler tout un comique plus volontiers gaulois que yankee, pour le coup. Certes tout ceci n'est guère original concernant Dean, mais cela tombe à pic pour souligner le chemin parcouru avec le jeune homme encore timide remémoré lors de l'opus précédent. Si l'on a connu des épisodes humoristiques davantage relevés au cours de Supernatural, celui-ci demeure néanmoins efficace grâce à des dialoguistes déchaînés, au contrepoint aussi décalé qu'hilarant de la pruderie de Sam, et bien entendu à l’inextinguible énergie de Jensen Ackles particulièrement à son affaire. Cet épisode passablement grivois (les scènes de sexe demeurent en soi assez rare au sein de la série) présente l'habileté de valoir aussi par ses femmes. Avec Vestale, Lindy Booth nous régale d'une Déesse païenne estampillée Supernatural, dans la meilleure tradition du genre. Le Jody effectue un retour appécié, enrichissant l'approche religieuse du récit et assurant l'essentiel du boulot avec Sam, tandis que Dean s'en va baguenauder dans les champs. On apprécie que ce soit elle qui finisse par occire la Déesse. L'irrésistible Jody confirme tout le potentiel lui permettant d'être encore en saison 14 l'indéfectible alliée et amie des Winchester, là où tant d'autres personnages secondaires sont tombés au champ d'honneur. Voici une shérif que des morts vivants n’impressionneraient guère. L'intervention ambivalente d'Ezékiel permet également d'enfin annoncer du nouveau pour le fil rouge de la saison. Anecdotes :
9. LA SAINTE MÉLODIE Résumé : Un conflit éclate entre la faction angélique dirigée par Barthélémy et celle de l’anarchiste Malachi. Celui-ci torture Castiel pour en apprendre plus sur Metatron. Castiel s’échappe après avoir volé la Grâce du lieutenant de Malchi, ce qui lui fait partiellement retrouver ses pouvoirs. Metatron s’associe avec Ezékiel qui s’avère être en réalité Gadreel, jadis gardien du Jardin d’Eden dupé par Lucifer. Gadreel tue Kevin et s’empare des deux tablettes. Critique : Holy Terror ne constitue pas seulement un final de mi-saison enthousiasment et au combien dynamique, déboulant tel une avalanche sur le tonitruant cliffhanger de rigueur. Il vient en fit apporter ce que nécessitait une saison 9 semblant s’éparpiller lors d’opus épars, parfois secondaires. Les auteurs réinstallent le fil rouge de la saison au cœur des débats, avec un éclat particulier. Jusque-là essentiellement en arrière fond, la déflagration du paradis bondit au premier plan, confirmant toute la cruauté pouvant animer ces singulières entités que forment les Anges de Supernatural. L’horreur suscitée par le conflit sait varier ses effets, se montrant aussi bien globale (la massacre des Anges) qu’individuelle, avec le drame absolu signifié par la mort du si attachant Kevin Tran. Les auteurs s’entendent à rendre l’avènement le plus douloureux possible pour le spectateur, en lui refusant le réconfort d’une éventuelle action d’éclat menée par le Prophète. Le récit sait également s’enrichir de toute une acception mystique, entre Livres de Malachie et d’Enoch (avec Gadreel, Gadriel). Les assistants en écriture ont bien travaillé ! Le maelstrom emporte également les destinées, occasionnant deux grands retours. Celui d’un Métatron toujours aussi savoureux et pourri jusqu’à la moelle des os (un pur régal), mais aussi et surtout celui de Castiel, renouant enfin, même partiellement, avec sa nature angélique. Le cliffhanger semble un tantinet moins fort concernant Sam, qui, naguère, fut aussi le Vaisseau de Lucifer, mais l’impact émotionnel perdure. Dean semble aux abois, mais l’on sait qu’il devient alors plus dangereux que jamais. Décidément, Holly Terror reste jusqu’au bout un épisode largement imprévisible, une denrée devenue rare dans cette déjà neuvième saison de Supernatural. Anecdotes :
Résumé : Gadreel continue à assassiner des opposants à Metatron, mais Sam parvient à l’expulser, avec l’aide de Crowley. La santé de Sam s’est suffisamment restaurée pour qu’il puisse être guéri par Castiel. Dean entreprend de retrouver et détruire Gadreel. La rivalité d’influence se poursuit entre Abaddon et Crowley au sein de l’Enfer. Critique : Dans la droite suite de l’opus précédent, union sacrée continue à décrire avec élan le vaste tumulte s’étant emparé des différents Plans de la Création, version Supernatural. Initialement centrée sur le conflit angélique, cette deuxième partie du double épisode de mi saison a la bonne idée d’élargir le panorama sur le duel entre Abaddon et Crowley pour la domination des Enfers, ce qui accroît encore le souffle du récit. Néanmoins, au-delà des moultes péripéties ce sont bien les portraits des personnages qui nous séduisent. On apprécie ainsi que l’exécuteur Gadreel, impeccablement interprété par Tahmoh Penikett, trouve ici un authentique second souffle, les auteurs sachant lui trouver une nouvelle utilité au-delà de la possession de Sam, désormais révolue. Le duo formé avec son maître Métatron fonctionne fort bien, difficile de ne pas songer au binôme génie du mal / tueur invincible ayant tant apporté aux films de James Bond. Enfin libéré de sa chaise, Crowley débute une lutte de pouvoir brillamment exploitée par les auteurs en confrontation entre deux personnalités que tout oppose, la flamboyante Abaddon adepte de l’action directe et notre madré Roi des Enfers, nettement plus politique et diplomate une araignée tissant patiemment sa toile. On s’amuse beaucoup, d’autant que l’alliance forgée avec les Winchester constitue un coup de maître. San que cela épuise sa verve maléfique ni ses savoureuses réparties, le Roi de l’Enfer relativement humanisé débute ici sa convergence avec Sam & Dean. Cette complicité croissante n’est sans pas sans savoureusement évoquer celle de Spike envers le Scooby Gang et va permettre à Mark Sheppard d’apporter une dimension supplémentaire à son talent. Dans cet épisode sachant susciter l’émotion (le bûcher funéraire des Chasseurs attribué à Kevin, Castiel retrouvant son trench coat…), on regrettera simplement que Sam et Dean nous rejouent une énième fois la grande scène d’une séparation fatalement éphémère. Même parfaitement exécutée cette manœuvre sent le réchauffé, comme si la fratrie ne se situait désormais plus au cœur des événements. Anecdotes :
11. LA PREMIÈRE LAME Résumé : Dean et Crowley s’associent pour retrouver la Première Lame, cette épée mythique étant la seule arme pouvant détruire Abaddon. Ils remontent la piste conduisant à Cain, qui a détruit tous les autres Chevaliers de l’Enfer, avant de vivre retiré. Dean reçoit de lui la Marque jadis apposée par Lucifer, qui permet de contrôler la Première Lame. Cain a depuis jeté celle-ci dans l’océan. Critique : Évidemment ou pourra reprocher à l'épisode de lancer une énième chasse à l'artefact miraculeux tombant à point nommé. Il s'agit effectivement de l'un des marronniers de Supernatural (et ce n'est pas fini), tout comme ce l'était jadis chez la Tueuse de Sunnydale. Toutefois l'épisode ne contente pas de cette figure imposée, loin s'en faut. La Lame se voit couplée à la Marque de Caïn, ce qui projette une ombre menaçante pour l'avenir de Dean. Caïn lui-même représentait une vraie prise de risque, concernant l'une des figures les plus connues de l'Ancien Testament. Pari gagné : Supernatural sait intégrer Caïn à son univers, tandis que Timothy Omundson lui apporte une vraie intensité, à mille lieues de l'hilarant Roi Richard de Galavant. La chasseuse Tara compose un personnage féminin fort et attachant, on peut regretter son départ précoce (qui rime avec atroce). First Born a surtout l'excellente idée d'optimiser la liberté d'action désormais accordée à des protagonistes souvent enfermés dans des routines en première partie de saison. L'étonnant duo formé par un Crowley se pourléchant les babines et un Dean en ayant gros se montre particulièrement amusant. Cela renouvelle les situations et cette alliance promet promet beaucoup pour l'avenir, car l'on se doute bien que le Roi de l'Enfer et de la vanne a son propre agenda. Un peu plus en retrait, l'association entre Sam et Castiel vaut elle apporte elle aussi son lot de nouveautés. Sam a finalement peu eu affaire aux Anges jusqu'ici (même si Lucifer reste techniquement un Archange) et il est bon pour Castiel de ne pas rester collé à Dean, on pourrait finir par jaser. La réalisation de John Badham se montre de grande qualité, nous offrant notamment un spectaculaire affrontement contre les Démons. Anecdotes :
12. UNE FAIM DE LOUP Résumé : Sam et Dean découvrent que leur ami Garth, un autre Chasseur de démons, vit désormais avec une Louve-garou. Garth lui-même a été mordu, mais il affirme aux Winchester que son couple ne présente aucun danger pour les Humains. Ils vivent dans une communauté de Lycanthropes vénérant Fenris. Ceux-ci croient que le Ragnarök approche et qu’ensuite les Loups-garous régneront sur les Humains. Critique : L’épisode nous permet de retrouver Garth, personnage au long cours toujours sympathique dans sa posture originale du chasseur nettement plus cool que la moyenne. Le récit permet également de combler en partie les trous subsistant dans son parcours, notamment après qu’il ait quitté Kevin. Si les Loups-Garous font partie des créatures déjà largement explorées au fil de la série, cette Église du Ragnarök apporte une idée originale. Celle-ci aurait sans doute été beaucoup mieux exploitée avec un Dieu païen bien gratiné et sanguinaire comme on aime, au lieu d’une lénifiante resucée de Twilight se contentant de substituer les Lycanthropes aux Vampires. À côté du manque d’intensité de l’histoire, les Loups-garous du jour pâtissent également de maquillages nous ayant semblé inférieurs aux normes usuelles de la série (hormis une courte séquence en CGI) et d’un manque de supervision d’écriture. La situation aurait dû éveiller des réminiscences de Madison (Les Loups-Garous, 2-17), chez Sam, or celle-ci n’est jamais évoquée. On ressent d’autant plus une impression de trous d’air après le tumulte de mi-saison, que la totalité des nombreux et captivants personnages secondaires est aux abonnés absents. L’opus met bien entendu déjà fin à la séparation des deux frères, tout en s’efforçant de prolonger ce drama demeurant là aussi en deçà des ambitions novatrices de la saison. Anecdotes :
Résumé : Sam et Dean s’intéressent à des meurtres dont les victimes ont inexplicablement minci. Ils remarquent des traces de succion et suivent une piste les menant à un spa en vogue pour ses spectaculaires résultats en matière de perte de poids. L’établissement est en fait tenu par des Pishtacos, créatures péruviennes se nourrissant de graisse humaine. Critique : Dix-huit ans avant la diffusion de l’épisode, les X-Files s’attaquaient déjà au phénomène de la liposuccion sous un angle de récit démoniaque, à l’occasion de l’un des épisodes les plus sombres et gores de cette série (Sanguinarium, 4-06). L’amateur de ses deux séries ayant tant de choses en commun pourra ainsi s’amuser des différences de traitement apportées au même sujet, d‘autant que, pour cette fois, Supernatural s’avère moins enténébré que sa devancière. Tout en constituant une Chasse efficacement menée, l’opus résulte ainsi davantage humoristique et léger, sans pour autant verser dans la comédie. Plus lumineux également, à travers sa photographie et son traitement des décors. Le public féminin saura apprécier à sa juste valeur un épisode où Jared arbore si longtemps un débardeur. Les personnages secondaires valent également le coup d’œil, avec l’épatante Shérif Donna entamant ici son parcours d’alliée fidèle des Winchester. Outre l’agréable ouverture sur un folklore exotique et méconnu, les Pishtacos participent pleinement à la volonté de la saison de rendre moins manichéennes les créatures rencontrées, tout en résultant moins empesés que les Loup-Garous de l’épisode précédent. Les auteurs s’ingénient également à établir la crise entre frère et sœur en tant que miroir de celle traversée par les Winchester. Mais c’est précisément là que le bât blesse car cette zizanie occupe une place toujours plus exagérée, tout en devenant ridicule par moments. Il en va ainsi d’un Sam s’imaginant que Dean l’a sauvé par égoïsme, ou ce dernier devenant toujours énervé par son cadet, sans raison véritable. Avec le recul, on devine que la Marque de Caïn commence à agir, mais pour l’heure on ressent surtout que la saison s’efforce d’établir un second fil rouge, bien moins prenant que le conflit au sein de la Création. C’est d’autant plus dommage que se débarrasser de ce mélo aurait permis à l’opus de s’améliorer en développant son côté satirique envers liposuccions et autres spas. Anecdotes :
14. EN ATTENTE DU PARADIS Résumé : A la demande du fantôme de Kevin (empêché d’entrer au Paradis par Metatron), Sam et Dean interviennent pour libérer sa mère Linda. Celle-ci était retenue par des Démons aux ordres de Crowley. Kevin et sa mère vont pouvoir vivre ensemble. Castiel tue l’Ange Barthélémy en légitime défense et se voit rejoint par plusieurs de ses fidèles, désormais privés de chef. Critique : Cet épisode d’adieu aux Chan s’adresse bien évidemment avant tout aux fans de cette attachante famille, il est vrai très nombreux au sein du public de la série. La destinée de Linda Tran constituait une béance scénaristique majeure, qu’il convenait de combler. Les retrouvailles entre mère et fils s’avèrent très émouvants, d’autant que chacun des deux personnages conserve ses qualités de cœur. Toutefois, si l’on comprend aisément le désir de happy ending, denrée finalement assez rare dans Supernatural, on perçoit également trop aisément les ficelles employées à cette fin. Mme Chan se débarrasse bien aisément du Démon et on glisse volontiers sur le risque qu’à terme Kévin puisse devenir un esprit vengeur. Après tout c’est bien ce qui est advenu à Bobby ! L’union régnant au sein de la famille Chan sert évidemment à souligner en écho la brouille constituant à subsister entre Sam et Dean, un mélo devant décidément un second fil rouge de cette deuxième partie de saison, alors même que l’on préférerait replonger dans le vaste conflit en cours. Au moins, contrairement au précédent, l’épisode ouvre-t-il une fenêtre sur ces avènements, grâce à l’intrigue secondaire dédiée à Castiel (toujours séparé des Winchesters, nous avons bien deux arcs disjoints). Si la victoire obtenue sur Barthélémy semble un tantinet rapide, elle demeure sans doute logique et débouche sur une saisissante confirmation du besoin atavique des Anges d’avoir un maître. Un élément en définitive plus inquiétant que la perpétuelle foire d’empoigne des Enfers. Anecdotes :
15. FAÇON SCOOBY-DOO Résumé : Quand le Thinman, une légende urbaine, semble faire de vraies victimes. Sam et Dean interviennent. Ils trouvent une nouvelle fois les Ghostfacers sur leur chemin, désormais réduits à Harry et Ed. Ce dernier avoue avoir inventé le Thinman pour que Harry ne renonce pas au Surnaturel. La créature sert en fait de couverture à des tueurs psychopathes. Critique : Dès que l’on aperçoit les Ghostfacers (ou moins leur noyau dur), on se dit que l’on va avoir droit à un épisode bien drôle et déjanté, leur marque de fabrique. Cela tomberait d’ailleurs à pic à ce moment de la saison. Eh bien non, pas du tout, car Supernatural a l’idée pour une fois fois néfaste de se situer derechef dans le sillon des X-Files. La série sacrifie les Facers tout comme naguère Chris Carter le perpétra avec leurs devanciers des Bandits Solitaires (N’abandonnez jamais, 9-15). Certes Harry et Ed survivent, mais ils sont bel et bien morts aux yeux du programme, puisqu’ils ne reviendront jamais dans une série pratiquant aussi largement le retour de personnages. Par ailleurs leur scission à l’âcre goût de la trahison, là où les Bandits étaient demeurés soudés jusqu’au bout. On aurait pu envisager tant d’autres portes de sortie davantage gratifiantes pour le sympathique duo, comme par exemple devenir des Chasseurs à part entière. Mais ce qui irrite le plus demeure le fait que le duo se voit en définitive sacrifié pour servir d’énième miroir au malaise persistant entre les deux frères, là aussi pour cause de mensonge. Soit exactement la même technique de narration que lors de épisodes précédents, l’impression de répétition s’ajoutant à la maladresse consistant à habiller Ed à la manière de Dean, et Harry à celle de Sam. On a connu Supernatural plus subtil. Par ailleurs le récit constitue une fade resucée de Scream, le fait que les antagonistes soient humains ne suscite pas cette fois une horreur particulière dans la série. Le seul moment réellement marquant de l’opus reste quand Dean abat aussi froidement l’un des tueurs. Contrairement à Buffy, les Chasseurs n’ont pas d’interdit concernant les humains : dès lors que ceux-ci fricotent avec les Ténèbres, ils sont sur la liste. Mais ce n’est justement pas le cas ici et l’on ressent bien que quelque chose ne tourne plus très rond chez Dean Winchester. Pour le reste, un épisode amèrement décevant. Anecdotes :
16. BLADE RUNNERS Résumé : Sam et Dean refont équipe avec Crowley pour retrouver la Première Lame. Ils sont en compétition avec Magnus, un collectionneur d’objets et créatures ésotériques, qui enlèvent Dean. Libéré par Crowley, Dean tue Magnus avec la Première Lame. Crowley s’empare l’arme, et déclare au Winchester qu’il la leur rendra quand ils auront retrouvé Abaddon. Critique : La quête de la Première lame se poursuit, avec à la clef des péripéties évoquant quelque peu le film de casse. L’ensemble demeure distrayant mais l’épisode n’optimise pas tout à fait ses points forts. Ainsi consacre-t-il sans doute trop de temps aux seuls préparatifs de l’action ainsi qu’au portrait de Magnus. Certes savoureusement interprété par Kavan Smith (Stargate Atlantis), Magnus demeure avant tout un méchant générique dans la tradition des Musées des Horreurs. Sa dimension d’Homme de Lettres ayant sombré dans le Côté Obscur s’exprime avant tout par son repaire, qui résulte comme la parfaite antithèse du Bunker. Là où celui-ci brille par sa simplicité monacale mise au service de l’efficacité, l’opulent domaine de Magnus exprime à merveille sa démesure et sa voracité de collectionneur. Toutefois ce beau décor, nouvel exploit des artistes de la série, se voit réellement filmé à satiété, ce qui finit par prélever du temps à l’autre grand atout de l’épisode : Crowley. Fort heureusement le conflit entre frères est par contre relativement mis en sourdine, ce qui permet au Roi de l’Enfer (désormais accro au sang humain) de dynamiser le récit grâce à la performance de Mark Sheppard, rendant une nouvelle fois délectable sa récente alliance avec Sam et Dean. Décidément Crowley aura été, au moins passagèrement, le détenteur de la plupart des artefacts majeurs de la série. On se régale, de quoi presque oublier la non présence de la rousse Abaddon. Quoique sympathique et plutôt bien troussée, la prestation de Snooki en Démon des Carrefours demeure assez anecdotique, elle ne fera pas d’ombre à Paris Hilton. Anecdotes :
17. LE COUVENT DES ÂMES Résumé : Sam découvre un couvent où Abaddon volait les âmes des mortels en 1958, jusqu’à ce qu’intervienne Henry Winchester. Il tue le Démon poursuivant cette sinistre activité. Du coup Sam est désormais autant persuadé que Dean de la nécessité de tuer Abaddon. Pendant ce temps Dean s’inquiète des conséquences de la Marque et en discute avec Crowley. Critique : Certes, on regrettera que cette rencontre avec Abaddon le Fléau ne s’effectue en définitive que par procuration, via les flashbacks ouvrant sur les prémices de la confrontation avec Henry Winchester vécue lors de l’épisode Abaddon (8-12). Même si l’on comprend bien qu’un voyage dans le passé de Sam aurait altéré la causalité, les confrontations directes avec ce formidable antagoniste restent trop rares pour que l’on ne ressente pas de la frustration. Il n’en demeure pas moins que la reconstitution d’époque s’avère soignée et qu’il est plaisant de retrouver Henry, même fugacement. L’épopée des diverses ramifications de la famille Winchester apparaît décidément inépuisable ! Le récit au sein du couvent suscite également une réelle épouvante, la tonalité de cette partie de l’épisode résulte d’ailleurs particulièrement sombre (efficace mise en scène de Misha Collins). Les religieuses rencontrées sont croquées avec soin et Alaina Huffman assume parfaitement son double rôle. Mais l’opus atteint toute sa dimension avec son deuxième volet autour des étonnants dialogues entre un Dean angoissé par la progressive emprise de la Marque de Caïn et un Crowley toujours expert es manipulations. Jensen Ackles et Mark Sheppard se sont bien trouvés et savent donner toute sa saveur à cette nouvelle étape du parcours de leurs personnages. On aime également que la parcelle de sincérité chez Crowley ne le prive point de toujours tisser sa toile, poussant Dean à se ressaisir pour s’en prendre directement à Abaddon, pour qu’au moins son sacrifice ne soit pas vain. Le récit établit ainsi une belle convergence avec un Sam lui aussi motivé, par l’écho personnel que trouve en lui les menées d’Abaddon, puisqu’il a éprouvé la privation d’âme en saison 6. Un parfait terreau pour la réconciliation des deux frères, avis de tempête pour notre rousse prédatrice en cette fin de saison qui se profile. Anecdotes :
18. LE HÉROS DE L'HISTOIRE Résumé : Castiel prend la tête des opposants à Metatron mais il se rend compte que le Scribe de Dieu perçoit le conflit angélique comme une histoire dont il serait le héros. Metatron n’hésite d’ailleurs pas à nous questionner sur ce qui fait une bonne histoire. Il libère facilement Gadreel, capturé par les Winchester. Dean semble toujours plus sous l’influence de la Marque de Caïn. Critique : Alors que se profilait un classique affrontement de fin de saison, voici que Supernatural nous propose l’un de ses épisodes les plus ambitieux. Certes Meta Fiction ne tient pas tout à fait les promesses de son titre original, en ce sens qu’il résulte en définitive moins méta que de purs OVNIS tels The French Mistake ou Fan Fiction. Ici le récit demeure davantage enchâssé dans la trame de la saison, le côté méta concernant surtout le discours (la master class) que nous délivre Métatron à travers le Quatrième Mur. Dans sa forme, ce brillant discours autour de l’art de raconter une histoire) n’est pas non plus sans évoquer le mémorable Storyteller de Buffy (7-16). On y trouve la même idée que tout méchant est le héros de sa propre histoire, mais les deux opus divergent de par la nature éminemment singulière du Scribe de Dieu. La narration par Métatron s’avère très riche et prenante, recouvrant l’ensemble des évènements en cours et élevant Castiel au rang d’Archi vilain. Les scénaristes nous parlent avec bonheur de leur métier, mais cela n’empêche ni l’action (Dean contre Gadreel) ou l’insolite du retour (ou pas) de Gabriel. Métatron se voit encore sublimé par la superbe performance d’un Curtis Amstrong au sommet de son art. Mais au-delà de ce savoureux exercice de style, l’épisode compose un saisissant portrait de ce sincère passionné de littérature aussi bien que de Pop Culture. Métatron s’affirme décidément comme l’un des meilleurs antagonistes de la série et l’une des plus grandes réussites de l’ère Jeremy Carver. Le récit rejoint d’ailleurs la tonalité biblique de l’épisode parce qu’il révèle de Métatron en tant que scénariste. Le Scribe s’inscrit ainsi dans la tradition d’auteurs la conclusion - l’Eschaton ici – prime sur les péripéties intermédiaires (le combat des Winchester, qu’il méprise). Sa conviction que l’histoire qu’il raconte devient la réalité rejoint également la notion du Verbe divin. En fait Métatron se construit en néo Dieu face à Celui dont l’absence perdure, de même que le crépuscule des Archanges (hormis l’un d’entre eux, mais bon…). Insidieusement se pose la question de savoir si, en dépit de la perversité narcissique du Scribe, il ne vaut pas mieux que le tumulte engloutissant progressivement la Création. Métatron ou le Chaos ? Anecdotes :
19. LE BAL DES VAMPIRES Résumé : Le Shérif Jody Mills alerte les Winchester quand elle découvre la jeune Alex. Celle-ci s’est échappée d’un clan vampirique l’ayant gardé prisonnière durant 8 ans. Elle servait à attirer des victimes et les Vampires s’en prennent de nouveau à elle. Sam et Dean parviennent à trouver le clan mais auront besoin de leurs alliées pour le vaincre. Critique : Une Chasse aux Vampires, autant dire que l’épisode semblait voué à braconner sur des terres déjà maintes fois exploitées par la série. Mais la jeune Alex et l’intervention de Jody vont sensiblement modifier la donne. Le rôle d’appât joué par Alex au sein du Clan vampirique paraît initialement pour le moins sinistre, d’autant qu’il évoquera le souvenir de terribles faits divers dans notre réalité (comme l’affaire du « Trio diabolique », en 1984). Auteur talentueux, Richard Berens s’entend à faire perdurer aussi longtemps que possible l’ambiguïté autour de la véritable personnalité de la jeune femme. Une question qui est tout sauf abstraite ou morale, car d’ordinaire les Frères Winchester ne tergiversèrent guère à procéder concernant les suppots humains des Ténèbres. Et Dean subit toujours davantage l’emprise de la Marque de Caïn… L’épisode trouve un second souffle grâce à Jody, qui va prendre Alex sous son aile de manière très émouvante un rapport mère-fille s’établissant pour ces deux femmes entre qui les souffrances vécues battissent un pont. Les deux actrices sont fabuleuses et il est intéressant de voir Berens établir les fondations de ce qui aurait du devenir Wayward Sisters, avec lui en showrunner. L’auteur accompagne efficacement les nouveautés de l’ère Carver, avec des personnages féminins forts et non destinés au trépas (Rowena et Amara vont bientôt frapper à la porte), mais aussi des monstres moins manichéens. Ainsi le Clan manifeste-t-il un certain attachement atavique envers Alex, jusqu’à instaurer un choix qu’Alex doit faire entre Jody et la Mère des Vampires. A sa manière, l’épisode redore ainsi le blason des vampires au sein de Supernatural. On regrettera toutefois un certain biais dans la présentation d’Alex, car quand on la découvre intervenir en tant qu’appât, la victime est une parfaite ordure alors que cela n’a pas forcément toujours été le cas au cours de toutes ces années. Par ailleurs, la plus-value du récit concerne essentiellement Alex et Jody, pour Dean et Sam, il demeure avant tout une Chasse basique. Déjà des sous-fifres dans le Monde selon Métatron, ils se voient de nouveau mis au second plan. Il ne faudrait pas que le duo vedette soit négligé par un showrunner ayant à cœur d’ouvrir de nouvelles voies. Anecdotes :
20. LA GUERRE DES MONSTRES Résumé : Sam et Dean viennent en aide à Ennis, homme menant une vendetta contre les cinq Familles de monstres régentant le Monde des Ténèbres à Chicago. Ils vont particulièrement se confronter à deux de ces clans, ceux des Changeurs de forme et des Loups-garous. Ce conflit va avoir des conséquences politiques au sein des dirigeants des Cinq Familles. Après le départ des Winchester, Ennis demeure à Chicago en tant que Chasseur. Critique : Backdoor pilote destiné à lancer une série dérivée du même, Bloodlines va parvenir à cocher à peu près toutes les mauvaises cases. Créer une série dérivée constitue un exercice toujours délicat : il faut susciter une nouveauté justifiant l’existence du nouveau programme, tout en conservant le ressenti de se trouver toujours dans le même univers. Des franchises comme Doctor Who, Stargate ou Star Trek ont toutefois régulièrement réussi l’exercice de style, mais Supernatural va ici connaître l’échec. Ainsi Ennis, le protagoniste de la nouvelle série, n’a pas été mis en place lors d’aventures précédentes avec les Winchester, il ne dispose donc que de cet unique épisode pour acquérir les faveurs d’un public par ailleurs farouchement attaché à Sam et Dean. Le manque total d’imagination de son écriture (une copie conforme du parcours de Sam) n’aide en rien, pas plus que le manque de charisme de l’interprète. Les Winchester ne font finalement que passer dans l’épisode et, même si Métatron et Abaddon obligent, il reste très gênant de les voir décamper aussi vite alors qu’un conflit est sur le point d’éclater, menaçant également les Humains. Décidément, ici de simples silhouettes, Sam et Dean ne sont guère à la fête en ce moment. Surtout, Bloodlines n’a vraiment guère à voir avec l’Univers Supernatural. Inséré dans Chicago, le Fantastique à base de monstres de Bloodlines relève de la Fantasy urbaine, ce qui n’a jamais été le cas pour Supernatural, dont les épisodes se déroulent toujours dans l’Amérique profonde et rurale, celle du terroir et des folklores. Bloodlines propose également des créatures organisées en clans mafieux puissants et hiérarchisés. Or, on n’a jamais vu cela dans Supernatural, où les monstres (et les Dieux païens) sont, soit solitaires, soit organisés en très petits groupes. Les Alphas sont des figures légendaires, pas des leaders, et Eve a fait long feu. Par ailleurs la Fantasy urbaine de l’épisode apparaît sommaire, et moins prenante que des séries comme Kindred (à San Francisco) voire même The Originals (à la Nouvelle-Orléans), sans même parler d’un Jeu de Rôles comme Le Monde des Ténèbres. Elle accumule les clichés, comme les princes de deux clans antagonistes tombant amoureux, ou des personnages de soap opera, semblant davantage relever de Dynasty (ne pas manquer l’inénarrable cheffe des Changeurs de Formes, l’Alexis locale). Le ton Supernatural s’y voit aussi considérablement édulcoré aussi bien musicalement (on passe du Classic Rock à de l’Électro sucrée et contemporaine, une souffrance) que dans les effets horrifiques. Ainsi les transformations des Changeurs de Formes, naguère longues et copieusement gores, deviennent ici immédiates et proprettes, abracadabra. Non mais, attendez. Des monstres devenus plus mignons, de la musique sirupeuse, des clans, des amours impossibles et larmoyants… Bloodlines ne serait tout de même pas en train de passer de Supernatural à Twilight ? Cela ne pouvait pas durer. Anecdotes :
21. LA NOUVELLE REINE Résumé : Castiel découvre que Metatron dispose d’une entrée secrète au Paradis et qu’il assemble une armée. Il négocie avec Gadreel pour que celui-ci le rejoigne. Un ultime affrontement a lieu entre Abaddon et Crowley, secrètement allié aux Winchester. Protégé par la Marque de Caïn et détenteur de la Première Lame, Dean parvient à tuer Abaddon, mais son ultra violence semble toujours plus irrépressible. Critique : Avec la chute d’Abaddon, La Nouvelle Reine clôt le volet infernal du grand conflit narré cette saison, nous révélant de la sorte que le grand final se centrera exclusivement sur la Guerre du Paradis. Ce choix peut se comprendre, cette partie de l’histoire permettra de regrouper tous les protagonistes du Clan Winchester, puisque Castiel s’y est exclusivement dédié. De plus, à tout prendre, Métatron reste sans doute un adversaire plus riche qu’Abaddon le Fléau. Cela rendra également la tâche plus aisée à des scénaristes n’ayant plus qu’un seul front à gérer. Peut-être est-ce le choix de la sagesse (sage est l’homme qui connaît ses limites), mais l’on reste malgré tout nostalgique d’une immense conflagration finale et globale, nous électrisant par son rythme déchaîné. D’autre part cette sortie quelque peu précipitée de la flamboyante démone (Alaina Huffman est incroyable de bout en bout) ravive notre regret d’une trop rare présence et de l’absence de toute rencontre avec Métatron. Mais du moins le dernier tour du piste du Fléau s’avère-t-il à la hauteur de nos attentes, entre un nouveau récital de cruauté débridée quand elle torture le fils de Crowley, on un épique combat final contre Dean. Celui-ci s’offre d’ailleurs le luxe d’appeler la Première Lame tel un Jedi s’ouvrant à la Force : Supernatural et ses références ! Le fait que Dean soit en train de perdre son humanité jette une ombre astucieuse sur le dernier combat à venir, tandis qu’a contrario, Crowley confirme sa (relative) nouvelle sensibilité en étant prêt à capituler pour sauver son fils. Un joli effet de bascule qui promet beaucoup pour la saison prochaine. Anecdotes :
22. JEU DE DAMES Résumé : Malgré les ordres de Castiel, des Anges de sa faction devenus fanatiques commettent des attentats suicides. La Faucheuse Tessa en fait également partie, elle s’empale sur la Première Lame lors d’une entrevue avec Dean. Décrédibilisé, Castiel est abandonné par ses partisans, or c’est Metatron qui a fanatisé les terroristes, en se faisant passer pour lui. Scandalisé, Gadreel rejoint Castiel et Sam, qui doivent neutraliser Dean pour l’empêcher de le tuer. Critique : Stairway to Heaven se positionne en préambule au grand final, soit une posture bien connue dans le déroulement classique d'une série d'aventures. Dépourvu de souffle et de réelles surprises, l'épisode échoue malheureusement à remplir l'objectif attendu de cet exercice de style : accroître les enjeux dramatiques et électriser le récit afin de catapulter le spectateur vers le dénouement. D'entrée il subit le choix préalable d'en finir avec le versant démoniaque du conflit, qui conduit mécaniquement à se centrer désormais sur le seul enjeu du Paradis, avec comme prolongement très prévisible de contourner sa clôture par Métatron. Le seul autre sujet demeure l'emprise toujours plus marquée de la Marque sur Caïn sur Dean, mais ce thème se voit minoré par le choix en définitive fait par les témoins de demeurer simples spectateurs. Ils s'inquiètent mais ne se mobilisent pas, cela en devient assez artificiel. Les quelques tentatives d'agrémenter le fil narratif ne parviennent guère à rehausser le niveau, même si au moins elles évitent à l'opus de sombrer dans l'ennui. Évidemment dès que Tessa apparaît on devine qu'elle va mourir, il s'avère décevant de sacrifier un personnage aussi apprécié depuis bien longtemps simplement pour pimenter une intrigue et sans réelle justification. Imaginer que les Faucheurs soient à ce point perturbés par la fermeture du Paradis laisse sceptique, car tout ceci se déroule en aval de leur intervention (et quid de la Mort ?). Transformer les Anges en pathétiques auteurs d'attentats suicides revient à pousser singulièrement loin leur déchéance, jusqu'à atteindre Métatron lui-même. Passer du démiurge préalablement décrit à ce tour de passe-passe malin mais digne d'un Changeur de Formes signifie un rude atterrissage. Le retournement de Gadreel reste sans doute l'élément le plus porteur, mais tout ceci est bien soudain. Anecdotes :
23. LE FAISEUR DE MIRACLES Résumé : Gadreel et Castiel décident de s’infiltrer au Paradis, afin de détruire la Tablette angélique, source du pouvoir de Métatron. De son côté, Sam affronte directement le Scribe de Dieu, rejoint par Dean avec l’aide de Crowley. Grâce au sacrifice de Gadreel, la tablette est détruite et Metatron, redevenu un Ange quelconque, est enfermé après que Castiel ait révélé son imposture. Dean succombe à ses blessures, mais la Marque de Caïn le transforme alors en Démon. Critique : L'action débute dans la continuité immédiate de Jeu de Dames, ce qui permet à ce véritable double épisode de plus que largement compenser les faiblesses de sa première partie. Ainsi le rythme des péripéties devient plus prenant, et l'ensemble davantage tonique. Le récit sait en particulier parfaitement exploiter le profil psychologique des personnages tel que dépeint au cours de la saison. Gadreel a ainsi droit à une sortie en majesté, via son sacrifice, même si la marche vers celui-ci aura été bien tardive. Curtis Amstrong brille toujours dans l'expression du mégalomane complexe divin de Métatron tandis que toute son expérience humaine influe Castiel au moment de choisir s'il s'empare ou non du pouvoir suprême. On aime en particulier qu'entre les deux Anges la victoire revienne en définitive au meilleur conteur d'histoire. Mais ce final de saison reste avant celui des surprises. En effet il s'inscrit dans le vent de nouveautés apporté par cette saison avec la survie du Big Bad, Castiel épargnant Métatron, ce qui promet déjà beaucoup par la suite. L'Ange Hannah, alliée indocile de Castiel survit également, ce qui contredit agréablement une certaine malédiction des personnages féminins dans cette série. Mais c'est bien entendu le choc final de la transformation de Dean en Démon qui apporte tout son impact à l'épisode. Outre la sidération du moment, la machination révélée de Crowley se savoure intensément, de même que la possible perspective d'un affrontement entre frères (l'héritage de Caïn). De quoi rebattre toutes les cartes et attendre impatiemment la saison suivante, mais aussi ouvrir des espaces à Sam, qui reste le sacrifié de ce final particulièrement relevé. Anecdotes :
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