Saison 3
1. LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX Épisode Mythologique Scénario : Eric Kripke - So, we're eating bacon cheeseburgers for breakfast, are we? Résumé : Une semaine après l’ouverture de la porte de l’Enfer (cf. finale de la saison 2), les centaines de démons libérés parcourent le monde et sèment le chaos chacun de leur côté. Bobby, Sam, et Dean se retrouvent dans une maison où ils découvrent un macabre spectacle. Ils comprennent rapidement que les démons assassins comptent parmi les plus puissants qu’ils n’ont jamais affrontés, et ne peuvent être tués. Un couple de chasseurs est également sur leur piste. Pendant ce temps, une jeune femme blonde suit Sam à distance… Sept monstres pour le prix d’un : le spectateur adore, les Winchester curieusement moins… La critique de Clément Diaz : La saison 3 démarre tous moteurs allumés : alimenté par des dialogues tourbillonnants, une réalisation tout feu tout flamme du toujours impeccable Kim Manners, et une BO entraînante, le scénario développe une confrontation tonitruante entre les héros et une flamboyante bande de démons high class au sadisme raffiné. Bobby est évidemment une attraction supplémentaire. L’inépuisable relation Sam/Dean est au rendez-vous, avec Sam luttant pour trouver un moyen de briser le marché fatal de Dean, ce dernier étant bien décidé à être plus… Dean que jamais pendant l’année qui lui reste, numéros d’acteurs bien goûtus à la clé ! La Mythologie se développe avec l’entrée en scène d’un mystérieux personnage, un procédé scénaristique archi rebattu mais dont on ne peut nier l’efficacité. Au final, The Magnificent Seven (quel titre !) lance brillamment cette nouvelle saison. Mesdames et messieurs : aujourd’hui, rien moins que les sept péchés capitaux en personne ! Leur mégalomanie délirante force notre trio à recourir à toutes leurs ressources. L’adjonction du duo de chasseurs dramatise les enjeux à point, notamment lors de l’effroyable séquence du bar, un des meurtres les plus horribles jamais imaginés par Supernatural. L’attaque des bros (avec l’Impala payant de sa personne) montre bien qu’ils ne se battent qu’avec l’énergie du désespoir. Bobby est au top : le voir épouvanté par ces démons ou mater une Tamara en pleine hystérie est excellent : quand Bobby parle, on la ferme, et pis c’est tout ! Jim Beaver est fantastique. Mais le septuor n’est pas qu’une bande d’assassins sadiques, ce sont avant tout des fins psychologues qui aiment s’infiltrer dans l’âme humaine, et faire ressortir ce qu’il y a de plus noir entre eux. Trois scènes se détachent particulièrement : la scène des chaussures est d’un humour saignant très percutant. Celle très Hannibal Lecter (ou Angelus pour les amateurs de Buffy et d’Angel) où l’Envie pilonne nos héros rien qu’avec des mots aussi dévastateurs que… justes ; dans Supernatural, la vision de l’humanité n’est guère riante, et cet aperçu de la lie en chacun de nous est très dérangeante, renvoyant à nous-mêmes. Grand numéro de Josh Daugherty. Sur le même mode, le numéro du faux Isaac qui martyrise verbalement Tamara vaut aussi le détour, tout comme le monologue inénarrable de l’Orgueil, absolument jouissif. L’attaque finale se déroule à plein suspense sur 4 fronts - Dean doit se battre avec… la luxure (pourquoi n’est-on pas étonnés ?). Le deus ex machina final augure bien des surprises pour la suite de la saison. On note que l’on ne s’appesantit pas sur le triste destin des possédés, pas le temps d’ouvrir son cœur lorsqu’on est en guerre… L’épisode vaut aussi pour nos frérots. Si Sam est toujours doloriste, Dean nous régale en étant décidé à vivre sa dernière année pleinement : junk food à tous les étages, partie à trois avec des jumelles (hilarante scène !), et dérouillage de baddies à fond la caisse. Leurs dialogues frénétiques à la Gilmore girls (ancienne série de Jared) dynamisent beaucoup leurs scènes communes. Dean effraie dans la mesure où il semble résigné à vivre seulement un an avant d’être précipité en Enfer. Mais il le fait en ayant la pêche, en étant en mode kamikaze en permanence. Dean demeure bien un grand personnage tragique, noyant son soi si sombre sous des dehors explosifs ; mais combien de temps tiendra-t-il à ce régime ? L’on est pas dupe du faux enthousiasme de la coda, le dialogue final, très amer, reste tenace. Un début en fanfare ! La critique d'Estuaire44 :
The Magnificent Seven, un titre génial, avec la version originale du film Les Sept Mercenaires. A rebours le titre français est très littéralement Les Sept Péchés Capitaux, une différence de tonalité souvent observée au cours de la série. L’épisode signifie une une jouissive entrée en matière pour cette saison ayant bien des défis à relever à l’orée d’une nouvelle ère, le post Azazel débute. Autant l’avouer on est saisit d’emblée par la séquence récapitulative au son d’un métal en fusion comme on aime (le divin Hell Bells d’AC/DC) avec la perspective de sillonner l’immensité de l’Amérique dans une voiture de folie, tout en écoutant les bons classiques. Dès sa spectaculaire introduction, l’épisode plante le décor de la saison : considérablement plus enténébrée, multiples et périlleuses entités libérées, défiance des Chasseurs envers les Winchester, le compte à rebours fatal de Dean. Dean est tel qu’en lui-même face à l’échéance fatale, la saison aura le temps d’exploiter cette veine. Même si l’on aurait pu espérer un traitement plus approfondi des Sept Péchés (ils auraient mérité un double épisode), l’essentiel est là : tous ont droit à leur scène, souvent pétillante d’humour noir et tendant un miroir obscur à l’humanité. Mention spéciale pour l’Orgueil et évidemment pour la Luxure s’accaparant Dean ! The Magnificent Seven apparaît également comme une étourdissante démonstration du talent de Kim Manners, excellant dans l’atmosphère horrifique, les scènes chocs (brutes de décoffrage !), la direction d’acteurs ; le sens de l’image…. Quel atout pour la série ! Coup de cœur pour Tamara, avec son look afro et son pieu elle m’a fait penser à l’une des Tueuses tombées au champ d’honneur face à Spike. J’ai adoré que, quand elle se précipité hors de la maison, ce ne se soit pas pour tomber dans le piège mais bien pour planter l’ordure. Brave cœur ! On en dira pas autant pour Ruby première version, introduite dans la série avec un certain manque d’originalité. On a déjà fait ici le tour de l’essentiel du personnage au cours de cette saison (trucider les démons avec le couteau magique, disparaître dans la nuit noire et obscure). Katie Cassidy est superbe mais ne dégage pas de véritable aura, elle sera bien mieux à son affaire dans Melrose Place ou Gossip Girls. Supernatural aura été un sacré tremplin pour sa carrière comportant de nombreuses productions d’horreur. On l’a déjà dit, on va le redire, on le redira sans cesse : Bobby est fabuleux. Ce prétendu second rôle achève ici de se placer au cœur de la série. Au total un pilote de saison, proche de la perfection. Anecdotes :
2. LES ENFANTS PERDUS Épisode semi-mythologique Scénario : Sera Gamble - So let me get this straight. You want to drive all the way to Cicero just to hook up with some random chick? Résumé : A Cicero, en Illinois, plusieurs « accidents » mortels touchant des pères de famille se sont produits. De plus, leurs enfants commencent à se comporter de manière très inquiétante envers leurs mères. Dean revoit une ancienne conquête de neuf ans, Lisa Braeden, dont Ben, le fils de 8 ans, a de troublantes similitudes de caractère et de goûts avec lui. La jeune femme blonde ayant tué trois des sept péchés capitaux (cf. épisode précédent) fait son retour : elle a bien des choses à dire à Sam… Quand on vous dit que les enfants pompent toute notre énergie… La critique de Clément Diaz :
Supernatural recourt de nouveau au thème des enfants maléfiques via l’intéressant mythe des Changelings, tout en exposant certains thèmes troublants comme l’enfant-roi - un concept très américain - ou le mystère du lien entre l’enfant et la mère qui l’a porté dans son ventre. Tandis que Sam et la blonde font avancer la Mythologie, Dean se voit confronté à une possibilité d’évasion de son sombre présent de chasseur. L’épisode développe de grands moments d’horreur développés davantage par la torture purement psychologique des enfants sur leurs mères que par des effets spéciaux néanmoins très flippants. Cependant, l’implication seulement périphérique des frères à l’affaire ne joue pas en faveur de l’épisode ; de fait, ils apparaissent presque au second plan sans qu’il y ait eu un changement de narration. Il y a quelque chose d’inquiétant dans l’étonnante facilité qu’ont les enfants acteurs de l’épisode à jouer avec autant de naturel les démoniaques Changelings. L’effroi suscité par ses créatures est rendu violent par le contraste tranchant entre leurs actions infernales d’un coté, et de l’autre leurs dialogues d’enfants adorant leur mère. Sera Gamble se montre adroite en axant son intrigue moins sur les petits monstres que sur les mères infortunées. Cela est particulièrement vrai pour la mère de Katie s’effondrant sous nos yeux jusqu’à commettre l’irréparable… avant de voir sa porte de sortie se refermer brusquement sur elle dans un pur moment d’épouvante. Joindre l’émotion à la terreur, on retrouve bien la marque de fabrique de cette talentueuse scénariste. Le final renoue avec les explications aux poings… et au lance-flammes car Supernatural ne serait pas Supernatural sans ses louches d’excès comme on les aime ! De fait, l’épisode fait beaucoup penser au grand classique de La Quatrième Dimension qu’est C’est une belle vie où un enfant-roi sème la terreur sans espoir de l’arrêter. Le lien si intime entre un enfant et une mère se voit magistralement distordu avec l’enfant tuant son père puis se « nourrissant » de sa mère… littéralement, jusqu’à la destruction. L’épisode semble ainsi poser un regard suspicieux sur le fâcheux concept d’enfant-roi, à qui on exauce tous ces caprices, et qui finalement vous vampirise. L’épisode trouve humour et encore de l’émotion avec le duo Dean-Ben. Il faut voir la réaction de Dean lorsqu’il percute la coïncidence des dates, et les similitudes entre lui et Ben, de plus en plus hilarantes : fan de gros son qui tâche, déjà amateur de chair fraîche, employant la manière forte quand on lui bave sur les rouleaux… mais aussi son côté désintéressé lors du final. Tout comme Dean, on se demande furieusement ce qui l’en est, d’autant que Jensen Ackles et Nicholas Elia affichent une bonne complicité bien virile. L’aventure fait réfléchir un Dean bien tenté par l’offre sous-entendue de Lisa : et s’il passait quelque temps avec elle et Ben ? Trouver un coin de repos où il aurait affection et responsabilités paternelles, n’est-ce pas tentant pour cet homme qui au fond de lui n’a jamais souhaité qu’une vie tranquille comme l’avait naguère montré What if and what should never be ? Son départ final, évidemment obligé, n’en distille pas moins une certaine mélancolie. Quant à la mystérieuse blonde, celle-ci montre une aisance dans la tchatche en balançant des répliques qui fusent non stop à un Sam un peu largué. Si le coup des révélations successives n’est guère original, elles gardent leur effet jusqu’au pétaradant cliffhanger. Si Katie Cassidy a tendance à surjouer son personnage, elle parvient à transcrire sa malice et son mystère. L’arc narratif de cette saison s’ébauche sous nos yeux, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on a une furieuse envie d’être déjà sur l’épisode suivant ! La critique d'Estuaire44 :
The Kids are Alright souffre d’un manque de cohérence de ses Monstres de la Semaine. Que des monstres se substituent aux enfants afin de pouvoir vampiriser la mère, tout en apparaissant selon leur vraie apparence dans la moindre surface réfléchissante ne tient pas la route, même à moyen terme. Toutefois si l’intensité demeure moindre qu’avec les Sept Péchés, la performance des jeunes acteurs parvient à insuffler un malaise allant croissant. A l’instar du film Le Village des Damnés, auquel il fait souvent songer, l’épisode joue joliment du contraste entre enfance et menace diffuse, de même qu’entre l’abomination et sa dissimulation au sein d’une souriante et ensoleillée banlieue. De fait on a davantage l’impression que les Bros ont débarqué moins à Sunnydale qu’à Westeria Lane, d’ailleurs Dean se voit confronté à deux redoutables Desperate Housewives lors de la scène la plus drôle de l’opus. L’épisode vaut également par l’entrée en scène de Ben et Lisa, impeccablement interprétée par Cindy Sampson. La caricature de Dean chez Ben résulte sans doute un peu trop appuyée, mais reste pleine d’humour, là aussi le casting est parfait. L’instinct paternel de Dean évoque avec émotion sa conscience du temps qui passe, de même que son départ, il sait qu’il n’a rien d’autre à offrir à Lisa qu’un prompt veuvage. La blonde démonique continue à développer classiquement un fil rouge, mais a le mérite mettre en valeur Sam dans cet épisode où il demeure en marge. Anecdotes :
3. BARAKA Scénario : Ben Edlund - I procure unique items for a select clientele. Résumé : Pendant que Kubrick, un chasseur fanatique, traque Sam pour le compte de Gordon - toujours en prison - les Winchester apprennent qu’un hangar de leur père où il avait entreposé des objets de toutes sortes a été « visité ». Les voleurs ont pris une boîte contenant un objet maudit : une patte de lapin donnant à son possesseur une chance insolente, mais à l’effet secondaire pervers. Sam et Dean tentent de récupérer l’objet, mais ils ne sont pas les seuls à vouloir y mettre la main… Où Sam s’en prend plein le carafon… RAS quoi. La critique de Clément Diaz : La martingale de Supernatural consistant à reprendre des épisodes du Buffyerse et des X-Files et à les passer à sa sauce continue de fonctionner. Bad day at Black Rock apparaît en effet comme une reprise de The Goldberg variation, épisode des X-Files où la chance la plus insolente cohabite avec la poisse la plus horrifiante. Là où les X-Files viraient dans un pathos hospitalier hors sujet, Supernatural reste fidèle à son idée et maintient un mélange d’humour et de suspense. La réussite n’apparaît cependant pas complète, le scénario restant très linéaire. Cela est toutefois compensé par une vraie dinguerie des auteurs lors des scènes de chance et de poisse, et l’entrée en scène de la rouée Bela, qui dès cet épisode en fait avaler des vertes et des pas mûres à nos héros. Le ressort comique de l’épisode est les effets absolument sidérants de la patte de lapin dès lors que son (mal)heureux possesseur déclenche sa magie. A ce titre, le gros n’importe quoi survenant lorsque Sam et Dean déboulent chez les voleurs est du 4 étoiles entre chutes improbables, maladresses impossibles, et balle magique que n’aurait pas reniée le rapport Warren… la chance aveugle de Dean lorsqu’il neutralise les deux affreux est aussi hilarante. Mais avouons-le, si on se fend la pêche devant cet épisode, c’est surtout lorsque Sam devient le punching-ball ultime (normal, c’est Sam), s’enfonçant toujours davantage dans une poisse de plus en plus catastrophique. Même si Sam en reçoit plein la gueule, le crescendo de plus en plus grinçant (mention au gag de la chaussure) finit par devenir franchement loufoque, jusqu’à évoquer les grandes slapstick comedies chères aux américains. Le spectateur jubile alors même que son héros est en danger de se faire tuer par sa mauvaise étoile. L’autre grand atout de l’opus consiste en ses personnages secondaires. Si Gordon reste sagement derrière les barreaux, on applaudit le guesting de Michael Massee, spécialiste des rôles déviants (24 heures chrono, X-Files…), qui transcrit parfaitement le délire fanatique de Kubrick. Il rayonne à la fois de drôlerie par ses poses caricaturales mais aussi d’effroi par le dévoiement de sa mission de chasseur, à force d’orgueil et de soif de sang. Supernatural frappe encore un bon coup avec l’arrivée de Miss Bela Talbot, interprétée par une Lauren Cohan bien décidée à tirer le maximum de fun de ce réjouissant personnage. Cette voleuse de charme, impitoyable en affaires, et à la vision très large du mot « scrupule », occasionne de mémorables scènes avec nos bros, toujours à deux doigts de perdre la face contre un adversaire aussi malin qu’eux. Pour terminer, mentionnons le décor magnifique du hangar de Winchester Sr. à la fois intime et inquiétant. Il ne manque à cet épisode qu’une histoire plus fournie que cette course au trésor sans rebondissement notable - scènes de chance/poisse mis à part. On peut aussi regretter que l’épisode hésite trop entre sérieux et comédie, ne tirant franchement aucune de ses cartes et restant dans un entre-deux. Mais cet épisode léger n’en remplit pas moins son rôle d’amusante distraction. La critique d'Estuaire44 :
Bad Day at Black Rock se montre souvent hilarant à la lisière de l’épisode décalé. L’idée géniale d’une chance et malchance alternativement maximales créent une succession d‘excellents gags, particulièrement propice au langage visuel. L’épisode fait très cartoon : comme Tex Avery l’avait bien compris, on rit davantage des malheurs que des heureuses fortunes, d’où un rôle de vedette pour Sam. Sa succession de catastrophes et de jérémiades le transforment en loser vraiment irrésistible. Les deux acteurs jouent totalement le jeu ! On n’oubliera cependant pas la mort horrifique du voyou, pour le coup très proche d’un Destination Finale. Les divers pieds nickelés peuplant l’écran sont pittoresques à souhait (mention spéciale à Kubrick, comme jailli d’un film des Frères Coen, impeccablement interprété par Michael Massee), tandis que Gordon prépare le retour de la vengeance qui tue. L’opus soigne décidément ses personnages secondaires (l’un des secrets d’une narration réussie) nous apporte aussi la bonne surprise de la révélation de la très entreprenante Miss Bela Talbot, bien mieux menée que celle de Ruby. Bela se voit d’emblée définie (Bobby représentant ici un efficace catalyseur du récit) et immergée directement dans l’action, avec des actions et des dialogues qui crépitent. Le potentiel du personnage est immédiatement exploité, au contraire de la damoiselle au couteau qui coupe. La performance de Lauren Cohan semble également davantage convaincante que celle de Katie Cassidy, avec l’accent anglais qui va bien dans les séries américaines pour les félons snobs et classieux. Derrière le glamour du jeu de chat et la souris avec Dean, on apprécie que l’opposition demeure réelle, voire féroce. Dans une série comme Supernatural, Bela n’aurait pu composer une antagoniste crédible sans faire couler le sang. Pas de fleuret moucheté dans l’armurerie, plutôt du gros calibre. On aime aussi beaucoup son appartement, raffiné et de bon goût, c'est-à-dire divergeant quelque peu de la casse de Bobby ou des motels usuels des Bros. L’extension de l’univers des Chasseurs à celui des traqueurs d’objets magiques produit d’intéressantes étincelles et une concurrence porteuse. Cela aurait pu ouvrir sur une divertissante série dérivée, avec d’autres artefacts aux effets imaginatifs, Bela a assez de potentiel pour tenir les rênes. Le seul regret laissé par l’épisode reste que l’on voit trop la ficelle selon laquelle après avoir associé Ruby à Sam, on associe maintenant Bela à Dean, d’où du grain à moudre pour chacun des héros. Un procédé efficace mais un rien mécanique. Anecdotes :
Épisode semi-Mythologique Scénario : Robert Singer & Jeremy Carver - Why don't you relax ? Résumé : Les habitants d’une petite ville ont délaissé toute morale et cèdent à toutes les tentations proposées récemment par le puissant Trotter qui a transformé la ville en « cité du pêché ». Sam et Dean sont persuadés que des démons ont pris possession des habitants, mais leur rencontre avec une jolie barmaid va révéler une vérité plus glaçante encore. Alors que Bobby tente de réparer le Colt, il reçoit la visite de Ruby… En vérité je vous le dis, ce serait un pêché que de manquer cet épisode… La critique de Clément Diaz : Ce formidable huis clos incisif s’inspire autant de La Quatrième Dimension par son utilisation du Fantastique à des fins anthropologiques qu’à Buffy contre les vampires pour son mix détonnant d’humour et d’effroi. Cependant, Supernatural passe ces influences à sa propre sauce, plus sombre (et saignante), et nous offre outre une enquête à rebondissements serrés une mémorable rencontre dissertant avec maestria sur la condition humaine… et des démons via un dialogue certes très long, mais jamais lassant par sa force thématique et son tranchant formel. La Mythologie de la série en profite pour avancer. Assisté de Robert Singer, le scénariste Jeremy Carver entre à grands pas dans une série à laquelle il sera l’une des futures têtes pensantes. L’épisode est axé sur la joute verbale entre Dean et la séduisante Casey, campée par une magnétique Sasha Barrese, jouant certes très avant la carte sexy (poses suggestives en tous genres), mais manifestant surtout un aveuglant talent d’actrice dans la puissance tranquille de son personnage. L’horreur la plus efficace demeurera toujours celle se nichant dans les sombres replis de l’âme humaine, et voir ici les démons ne jouer qu’un rôle de catalyseur, laissant les hommes se perdre de leur plein gré dans les bras trompeurs de la tentation, est bien plus fort que n’importe quel monstre. De fait, l’épisode apparaît comme une version des Monstres de Maple Street, iconique épisode de la Twilight Zone rappelant que le mal ne naît pas de démons ou autres monstres, mais bien des hommes. Pourquoi tourmenter les humains puisqu’ils sont si doués pour se détruire eux-mêmes ? dit en substance cet épisode très pessimiste sur l’humanité. L’épisode n’hésite pas à enfoncer le curseur et à pointer les troublantes similitudes entre l’humanité et les démons, dépeignant ses derniers comme ayant une foi en miroir inversé envers un « Dieu » à eux (Lucifer), détestant pourtant son royaume qu’ils sont avides de quitter… mais aussi capables d’amour fou ou de moments de faiblesse. De fait, l’épisode n’hésite pas à déranger la conscience du spectateur. La confiance naturelle de Dean se lézarde subtilement devant cet insaisissable adversaire qui casse son jem’enfoutisme quant à sa terrible échéance (remarquable finesse de jeu de Jensen Ackles). Autour de ce duo gagnant, l’épisode brode des situations bidonnantes rappelant les plus grandes créations de Joss Whedon : Dean appréciant beaucoup cette atmosphère de stupre et de corruption, barman proportionnellement bavard au nombre de billets dans sa main, Ruby défiant Bobby de lui tirer dessus… et qui en effet lui tire dessus ! (On t’aime Bobby), Sam pataugeant comme une andouille en jetant de l’eau bénite à tort et à travers, numéros décalés du prêtre regardant avec désabusement ses fidèles sombrer dans le pêché, et dialogues crépitants à la Buffy à tempo enlevé. Mais des frissons passent lorsque Sam se met en mode Terminator devant un Dean stupéfié, comme un rappel du lancinant avertissement de « Yeux jaunes » (Azazel désormais) sur le retour de Sam. La coda électrique avec une mutine Ruby (Katie Cassidy semble avoir trouvé toutes ses marques) ne dissipe pas cette fêlure inquiétante, accentuée par la rigidité soudaine du jeu de Jared Padalecki. Une pleine réussite. La critique d'Estuaire44 : Épisode hors des sentiers battus que Sin City, apportant de plus d’importants compléments à la mythologie de la série. Il est bien trouvé d’inverser la perspective entre des humains péchant et se damnant sans l’intervention de personne et des démons plus romantiques et – relativement - plus apaisés qu’à l’ordinaire. L’effet obtenu est plaisamment étrange, le summum se voyant atteint lors de cet impromptu entre Dean et la sublimissime Casey (irrésistible Sasha Barrese, que l’on aurait bien vu en Démon des Carrefours). Ce passage entre duel et connivence, impeccablement dialogué et tenant le spectateur en haleine, constitue le cœur de l’épisode, autour duquel il faut sans doute bâti. Au passage on apprend ici une quantité assez stupéfiante de faits devenus depuis des éléments de base de l’univers Supernatural, comme le nom Azazel (il était temps !) ou Lucifer pointant le bout de son nez comme Créateur et Dieu des Démons, mais aussi que Sam était bien censé devenir une espèce d’Antéchrist. D’où des interrogations sur les continuelles apparitions de Ruby, ici nettement plus intéressante que d’habitude, en réparatrice de Colt et en cible de Bobby, que l’on ne défi jamais impunément. L’Humanité a-t-elle vraiment besoin de deux Winchester quand elle dispose d’un Bobby Singer ? La distribution est impeccable avec, bien entendu, un grand coup de cœur pour Don S. Davis, pour l’un de ses tous derniers rôles. De manière amusante, on aperçoit brièvement au bar Julia Benson, qui tiendra le rôle récurrent de Vanessa James dans Stargate Universe. Un épisode Stargate dans Supernatural, Sin City est vraiment à part ! L’humeur répond également présent, notamment avec un Dean en goguette. Le seul regret provient de la dérive supposée de Sam, que l’on trouve artificiellement souligné par l’intrigue (il faut visiblement une autre intrigue que le rendez-vous prochain de Dean). Après tout il paraît simplement normal que Sam passe prestement à l’action face à Dean confronté à deux démons. Si les Bros devaient attendre à chaque démon rencontré d’être bien certain de ceci ou cela, il est fort à parier que la série n’aurait pas atteint onze saisons, et plus si affinités. Eux, leur affaire, c’est le plomb. Bon, on sait bien que le mauvais Chasseur c’est le gars qui a un fusil, il voit quelque chose qui bouge, il tire. Et le bon Chasseur, c’est le gars qui a un fusil, il voit quelque chose qui bouge, il tire, mais ce n’est pas la même chose, quoi. Anecdotes :
5. IL ÉTAIT UNE FOIS… Épisode semi-mythologique Scénario : Cathryn Humphris - Remember Cinderella? The pumpkin that turns into a coach and the mice that become horses? Résumé : Dans un chantier de construction, trois frères sont attaqués par « quelque chose » qui les mutile sauvagement. L’unique survivant raconte à Sam et Dean qu’il s’agissait d’un être humain. D’autres meurtres bizarres ont lieu ; à chaque fois, une petite fille est sur les lieux, contemplant le spectacle avant de disparaître. Sam comprend que les meurtres sont liés à des contes de fées du folklore. Mais qui est la petite fille ?… À la fin de l’enquête, Sam va tenter de briser le marché infernal qui condamne son frère… Des contes pour faire dodo… éternellement. La critique de Clément Diaz : L’originalité de cet épisode se voit grevé en ce qu’Eric Kripke avoue ici trop sa dette envers Buffy, puisqu’il ne fait rien moins qu’en mixer deux épisodes : Nightmares (pour l’enfant malade aux pouvoirs psychiques), et Gingerbread (pour les personnages de contes pas gentils). Si le tout fait penser à une amusante version comico-saignante de la future Once upon a time, le traitement particulier de la série ne compense pas suffisamment. De plus, le scénario s’épuise rapidement, laissant place à une litanie de meurtres répétitive que nos bros n’arrêtent qu’à la fin, une situation familière aux amateurs des Avengers, mais qui pour une série contemporaine, passe comme une paresse scénaristique. Bedtime stories souffre de plus d’être mal architecturé, l’enquête s’arrêtant au bout de 30 minutes pour ensuite opérer un virage mythologique totalement déconnecté. D’où l’impression de regarder deux épisodes raccordés à coup de ficelles aussi grosses que des câbles. Malgré ce choix, Cathryn Humphris parvient à tirer d’excellentes mises en scène de meurtres, injecte une sincère émotion autour du personnage du docteur, et rafle finalement la mise lors du duo final, retrouvant une partie de l’éclat du mémorable affrontement entre Dean et la démone dans Crossroads blues. Les auteurs ont des difficultés à mettre en place l’exposition, il faut plusieurs allers-retours consécutifs entre meurtres et interrogatoires pendant tout le 1er acte pour enfin parvenir à poser tous les enjeux, tandis que l’enquête des Weuh est réduite à la portion congrue, usant de raccourcis faciles (comment Dean trouve-t-il la maison du monstre ?). Cependant, l’épisode percute fort en rappelant explicitement toute la cruauté et le macabre afférents aux contes originaux, bien avant d’être édulcorés et dépouillés de toute dimension psychanalytique pour devenir des bluettes sucrées. C’est dans cette version « light » que Disney vendit et vend toujours ses adaptations filmées. A ce titre, l’épisode de Supernatural s’impose comme l’anti-Disney en rendant aux contes leur tranchant originel, mâtiné de son humour gore comme on l’aime toujours ; un choix bien plus tonique (mention à Hänsel et Gretel passant au hachoir, au sens propre bien entendu). Le thème de l’esprit vengeur est ici traité sous un angle plus émotionnel grâce au bouleversant mais chimérique espoir du médecin (excellent Christopher Cousins). Montrer un esprit ne pouvant trouver le repos à cause de quelqu’un en plein déni de réalité le « retenant » est une merveilleuse idée (on songe au glaçant Death ship de la Twilight Zone), permettant aux adieux finaux de vibrer d’émotion. On apprécie qu’après avoir dominé tant d’épisodes que Dean laisse toute sa place à Sam, clairement le leader de l’enquête, se contentant de quelques vannes et de lever la paluche contre le « grand méchant loup ». Le virage mythologique retrouve les scènes de pactes diaboliques qui ont toujours réussi à la série. Sandra McCoy campe un démon aussi stoïque que perfide, connaissant très bien un Sam souffrant de la présence de Dean qu’il porte comme un fardeau. Ses dialogues sont sur le fil du rasoir. La tension grimpe à des hauteurs fulgurantes alors que Sam voit progressivement son espoir s’écrouler devant l’évidence. Son coup de sang final exprime simultanément sa défaite et que décidément, il y a quelque chose de pas clair en lui depuis qu’il est revenu. La mission « saving private Dean » semble bien sans espoir La critique d'Estuaire44 :
Dans un premier temps Bedtime Stories (encore un titre en or massif) se présente comme un épisode décalé, drôle et imaginatif. Cette relecture des classiques des contes de fée à la sauce Supernatural sonne tout à fait juste. De fait, ces récits contiennent de nombreux éléments horrifiques et que les différents sketchs suscités trouvent toujours le parfait équilibre entre audace iconoclaste, respect des idées maîtresses de l’œuvre et rigolade féroce. Mention spéciale pour la maison en pain d’épice et sa charmante hôtesse. On se situe plus près de Grimm que cette relecture astucieuse de Disney que constitue Once Upon A Time. Christopher Cousins incarne avec sensibilité le médecin et poursuit l’amusante présence de figures de Stargate SG-1 après l’opus précédent (il y incarna le mari de Samantha Carter dans la trame temporelle des Aschen). On regrettera cependant que la situation se résolve trop rapidement et aisément : malgré l’émotion insufflée par cette évocation de la légende de Blanche Neige (qui dut effectivement son salut au Chasseur !), on revient en fait à un scénario classique. L’impression d’un atterrissage prédomine, d’autant qu’ultérieurement la série saura aller beaucoup plus loin en matière de fantaisie concernant fées et farfadets. Ici la rupture avec le danger de Formula Show que comporte le concept de Monstre de la semaine ne s’avère que partiel. L’exécution à froid du Démon des Carrefours permet à ce savoureux et sulfureux personnage de sortir par la grande porte (en attendant la relève), tout en crédibilisant quelque peu la thèse d’un Sam évoluant vers l’Obscur, guère convaincante jusqu’ici. En contraste Ruby s’affirme comme l’unique chance de Dean, cela lui confère un intérêt supplémentaire. Il est toutefois à regretter que l’aspect mythologique de l’épisode résulte à ce point disjoint du corps du récit, comme un sketch à part, on préfère qu’un loner abordant le fil rouge de la série sache plus finement entremêler ses thèmes. Anecdotes :
6. LE VAISSEAU FANTÔME Scénario : Laurence Andries - You know, Dean, when this is over, we should really have angry sex. Résumé : Plusieurs morts par noyade particulièrement improbables viennent de se produire au port de New York… mais sur la terre ! Chacune des victimes avait auparavant vu un vaisseau fantôme sur la baie. Sam et Dean doivent trouver le lien entre les victimes, mais pour se débarrasser de l’esprit assassin, ils vont devoir composer avec une vieille femme très « cougar », et avec Bela, venue ici « pour affaires »… Quand Bela Talbot passe, les Win’ sont dans la mélasse. La critique de Clément Diaz :
Supernatural reprend un autre thème bien connu du Fantastique, et d’ailleurs déjà exploité par sa devancière X-Files (Død Kalm), mais choisit de le réduire à l’état de McGuffin pour construire une hilarante screwball comedy dans les règles de l’art : joutes verbales à 300 à l’heure, guerre des sexes avec domination féminine, pluie de sous-entendus sexuels, ambiance de boulevard... L’indomptable Bela fait un véritable one-woman-show, renvoyant dans le décor notre viril duo ici rapidement largué. Les amateurs d’horreur auront droit à leurs meurtres bien horribles, malgré un dénouement anticlimatique, heureusement adouci par une hilarante coda. Les premières scènes horrifiques s’effacent vite devant une irruption retentissante de la comédie, amenée par l’explosive Bela. La dame a la rancune tenace et le challenge dans le sang. Sa prise de pouvoir sur nos deux frérots devenant vite de pauvres pantins, distancés par son efficacité et son culot, déchaîne une furia comique absolument trépidante, débutant par le coup déjà énorme de l’Impala à la fourrière (Dean passe à deux doigts de la crise cardiaque). Par suite, Bela, dans une robe noire à baver, entraîne Dean - engoncé dans un smoking qui doit bien lui mettre la honte - dans un vrai carnaval vaudevillesque, l’humiliant dix fois par minute à coup de répliques assassines (les répliques claquent à vitesse hallucinante), tout en enchaînant gags, quiproquos, et sous-entendus sexy à hurler de rire. La dame joue également de son avantageux physique pour arriver à ses fins : répartie, sensualité, absence de remords, efficacité, détermination… l’arsenal de Bela est immense. L’ultradynamique Lauren Cohan se montre d’un charme et d’un entrain irrésistible, moteur parfait de cette échevelée comédie. Dean se montre tout aussi drôle en échouant systématiquement à reprendre l’avantage. Sam est très bien accompagné, pris dans les filets d’une cougar de plus en plus entreprenante, enchaînant propositions indécentes et mains baladeuses à vitesse grand V. Grand bravo à Ellen Geer de nous tuer plusieurs fois de suite de la sorte. Leurs personnages faisant figure d’abrutis dévirilisés à côté de cette paire de dames en or, on est ravis que Jared et Jensen jouent le jeu avec un festival de mimiques exaspérées. Par suite le virage dramatique se montre moins convaincant, le final dans le cimetière est très hâtif, se limitant à une invocation simplement perturbée par un peu de vent, le baddie n’étant même pas éliminé par notre trio. On est toutefois content que Bela ravale son ego quand l’ironie du sort lui tombe dessus, et lâchant un « I need help » du bout des lèvres, parce que bon, il faut bien que les bros sauvent un peu la face quand même ! Cela dit, Bela reste une forte tête et non, elle ne rampera pas à leurs pieds, et se paye même le luxe de s’en sortir sans la moindre excuse ; bien sûr, on devine qu’elle ne tirera aucune leçon, et continuera d’emprunter sa voie sinueuse bien parallèle au droit chemin. Ce happy end cynique conclut avec éclat cet épisode très drôle, révélateur de la place désormais plus importante de l’humour au sein de la série. La critique d'Estuaire44 :
Red Sky at Morning représente sans doute le meilleur épisode Bela (hormis la bouleversante conclusion arrivant bien trop vite du fait de la grande grève des scénaristes). Elle apparaît ici au meilleur de sa forme, sublime en robe de soirée et Englishness à fond les manettes, se délectant à titiller Dean, qui d’ailleurs manifeste à l’occasion du répondant. La relation passablement tordue s’instaurant entre eux deux nous vaut quantité d’hilarants échanges, avec des réparties en or massif. On apprécie que Bela n’en ressorte pas édulcorée pour autant. Son aspect Dark Side n’est jamais mis sous le boisseau, bien au contraire avec la révélation encore partielle de son passé. Le gag sacrilège de l’Impala se montre transgressif à souhait, agrémenté de l’irrésistible mine agacée des Bros face au retour de Bela. On peut estimer qu’ils auraient encore préféré retrouver Gordon, au moins avec lui ils peuvent y aller franco. Miss Talbot demeure décidément la grande rencontre de cette saison parfois minorée. On continue de penser qu’elle aurait pu idéalement lancer une série dérivée autour des traqueurs de reliques, en Arsène Lupin du surnaturel (crossovers électriques garantis). L’opus se voit décidément marqué par des couples dysfonctionnels et hilarants, les tribulations de Sam avec le cougar mature valant le coup d’œil. Ellen Geer et Lauren Cohan sont épatantes, chacune dans son registre. L’aspect horrifique n’est pas négligé pour autant, avec des exécutions bien sordides et de très suggestives apparitions du simili Hollandais Volant. Ténébreuses ou ensoleillées, les scènes d’inspiration maritimes sont magnifiques. Elles apportent une spécificité à l’épisode, les Bros s’attachant de coutume à l’Amérique profonde, loin des côtes et de leurs mégapoles. Malgré la présence de l’eau, des effets variés empêchent tout doublon avec Dead in the Water, en saison 1. Anecdotes :
Scénario : Sera Gamble - Sam Winchester is the Antichrist. Résumé : Gordon Walker s’évade de prison grâce à son complice Kubrick. Il est plus que jamais décidé à tuer Sam qu’il pense être le futur Antéchrist. Alors que Sam et Dean sont sur les traces d’un vampire qui enlève des jeunes femmes pour les transformer, ils tombent sur Walker… Dans Supernatural, on fait le don du sang, mais celui des autres. La critique de Clément Diaz : Dans le bonus du finale de la saison 2, Sera Gamble avait déclaré qu’elle voulait toujours plus de gore dans Supernatural. On ne peut pas lui reprocher de ne pas tenir ses promesses, car c’est un vrai festival qu’elle concocte à l’occasion de Fresh blood. La scénariste y va toutefois au culot et décide de centrer l’épisode sur Gordon, soit un personnage foncièrement antipathique ; ne reculant devant rien, elle force le spectateur à éprouver une certaine compassion envers cet opposant taré et assoiffé de sang (à tous les sens du terme) lorsqu’elle le précipite plus bas que les enfers. Les petits coucous d’une Bela toujours aussi peu altruiste - bon, allez, en léger léger progrès - épicent cet épisode goulu. La visite de l’aussi pulpeuse que sympathique Mercedes McNab dans Supernatural donne une idée de la différence existant entre la série et le Buffyverse : chez Whedon, la sympathique Lucy aurait sans doute bénéficié de la compassion de la Tueuse. Par contre, chez les bros, on ne fait pas vraiment dans le sentiment, alors ils regrettent ce qui va se passer, mais ça se terminera quand même par une décapitation en bonne et due forme. Dans un rôle opposé à la loufoque Harmony, Mercedes McNab rend palpable tout le désespoir de son personnage, posant aux W2 un de ces dilemmes éthiques qui fait bien mal. Si l’épisode doit composer avec un tempo trop retenu et un certain éclatement de l’intrigue, Gordon fascine par sa volonté sincère mais dévoyée de se battre contre le Mal, sa détermination atteignant les rivages de la folie, et sa haine flamboyante envers les frérots, ferment du développement de son esprit névrotique (la face-à-face avec le vampire est une perle de dialogues au fer rouge). Le cataclysmique rebondissement central achève de le déshumaniser en lui faisant perdre ce qui restait d’humain en lui, tout en rendant son affrontement avec les Weuh plus intense et violent. Faire voir l’épisode de son point de vue permet de s’immerger pleinement dans une folie décuplée par sa transformation, jusqu’à briser sa règle de ne pas tuer d’innocents ; signe que le monstre en lui a désormais pris le pouvoir sur ce qui pouvait rester d’humain (byebye Kubrick). Le final du hangar se montre paroxystique à souhait, la démence de Gordon transpirant à chaque mot qu’il décoche comme autant de flèches à Sam, jusqu’à une bagarre d’une saisissante violence et une exécution rentrant dans le top 10 des morts les plus sanguinolentes de la série. Sterling K. Brown exprime comme personne cette chute sans retour dans les ténèbres, il quitte la série avec tous les honneurs après cette interprétation particulièrement ravageuse. Les quelques pointes de respiration sont données par la toujours pêchue Bela. Il est visible que Lauren Cohan s’éclate comme une gamine dans ce rôle réjouissant : la scène pré-générique est un modèle du genre, la dame ne se laissant pas impressionner par le révolver de Gordon, et lui extorquant même un sacré paquet d’oseille. Le rétropédalage la voyant regretter son erreur initiale et se débattre pour la réparer est assez gros, on sent un peu trop que les auteurs veulent orienter le personnage vers plus de sympathie, mais Cohan le fait sans perdre de son mordant à Bela. On est aussi très sensible lorsque Dean tombe enfin le masque de l’insouciance lorsque Sam le force à avouer sa terreur de son échéance fatale au cours d’une des scènes les plus remarquables entre les deux frères. Kim Manners multiplie les scènes gore à base de corps étêtés sauvagement, atteignant un taux d’hémoglobine inhabituellement élevé, y compris pour les standards de la série ; le reste du temps, sa dynamique mise en scène enferme chaque scène au sein d’ombres aussi opaques que glaçantes. La critique d'Estuaire44 :
Fresh Blood apporte un nouveau succès à cette troisième saison, même si décidément les Vampires de Supernatural sont plus glauques et pitoyables qu'effrayants et charismatiques. Le chef de clan résulte assez pathétique, en plus de mauvais stratège. La facilité avec laquelle Gordon sort de prison apparaît également trop expéditive. Quand c'est Faith qui fracasse sa geôle, on l’admet, mais les Chasseurs n'étant pas des entités légendaires, on apprécierait ici un peu d'explication. Idem pour l’embuscade tendue à Bela, même si on apprécie que celle-ci apporte son grain de sel, toujours aussi cynique et fine mouche. Tout ceci confirme que la thématique police/prison est globalement inopérante dans Supernatural. Mais l'effarante prestation du toujours excellent Sterling Brown en Gordon vampirisé sauve l'affaire concernant les Fils de la Nuit. L'impact est total, d'autant qu'il s'accompagne de vue subjective et de scènes bien Gore qui tache au plafond. Le voir tuer son meilleur (seul) ami, le plus bête que méchant Kubrick, rajoute encore à l'horreur. Il est agréablement troublant et pervers que l'ultime étincelle d’humanité à laquelle il se raccroche soit sa pulsion de meurtre envers Sam. De son côté ce dernier commence enfin à devenir réellement inquiétant. Un épisode abyssal, où même l’émouvante scène autour scène de l'Impala s’inscrit dans un panorama funèbre. L’association gagnante Sera Gamble / Kim Manners fonctionne à plein et donne lieu à un opus pleinement intense. Bien entendu l’épisode achève d’emporter l’adhésion par le revival Buffy qu’il met en place avec le guesting enthousiasmant de Mercedes McNab, qui campe une Vampire à la fois semblable et différente d’Harmony, avec une étonnante conviction pour un registre plus tragique qu’à l’ordinaire. Une nouvelle superbe prestation après celle d’Amber Benson dans Bloodlust. Le fil rouge se poursuit tout au long du récit, avec les Bros en chasse au Spider, soit le Bronze local, avant d’intervenir dans la proverbiale ruelle où le Vampire a entraîné sa victime, ou encore Sam tranchant la tête de Gordon au fil de fer, tout comme Buffy pour le Turok-Han dans Showtime. Anecdotes :
8. LE FESTIN DU PÈRE NOËL Scénario : Jeremy Carver - Well, for Bobby, we're not dealing with the anti-Claus. Résumé : Il y a un an, un homme déguisé en Père Noël est « aspiré » par sa cheminée sous les yeux de son fils. A l’approche de Noël, ce genre d’événements recommence. Sam et Dean émettent l’hypothèse qu’un « anti-Père Noël » est à l’origine de ses enlèvements, mais la vérité va être plus spectaculaire… Douce nuit, sanglante nuit,Sur le toit, Santa cuit. Le carnage annoncé s'accomplit. Des cadavres sur le sol s’ensuivent C’est un Noël pourri. C’est un Noël pourri. La critique de Clément Diaz : Tradition incontournable de toute série américaine qui se respecte, on est ravis que Supernatural se plie à l’exercice de l’épisode de Noël, évidemment dans son ton bien à lui (méchants cramés, meurtres gore…). Mais si le ton particulier de la série irrigue tout l’épisode, le scénario ne suit pas, son intrigue rapiécée et ses investigations vaines ne se voyant pas aidés par de longs flashbacks sur la jeunesse des bros très fastidieux. L’épisode se voit heureusement sauvé par son très décalé couple de vilains inaugurant un type d’adversaires assez allumés de Supernatural : les dieux païens cherchant à retrouver leur gloire passée depuis que le Dieu des religions monothéistes les a prié de faire place nette. L’affrontement avec les bros se révèle aussi hilarant que saignant. Malgré les scènes d’enlèvement filmées avec une sophistication fluide par J.Miller Tubin, Le rythme poussif de l’enquête ne provoque guère d’étincelles - à l’exception d’un massacre dans les règles de l’art de Silent Night perpétré par nos bros toujours aussi poilants quand ils improvisent avec une absence complète de brio. Notre duo assure en temps normal le spectacle, mais ici il ne pétille pas le moins du monde, l’on croit voir les avatars les plus classiques des enquêteurs policiers, aux dialogues purement fonctionnels. Le scénario de Carver tournant court, on ne peut s’empêcher de penser que le scénariste Ben Edlund, d’habitude si foisonnant de bonnes idées, s’est ici fourvoyé en lui proposant de le rallonger par des flashbacks ternes sur l’enfance des Winchester, n’apportant aucune valeur ajoutée à ce que proposait Something wicked en saison 1. La corde mélodramatique se voit tirée bien trop fort autour de Sam découvrant ses traumatismes le soir de Noël, tandis que le jeune Dean ne sort pas du cadre du « frère imbuvable », là où Something wicked se montrait plus nuancé, sans que la prestation des jeunes comédiens (très bien choisis) ne soit à mettre en cause. Ces flashbacks s’étirent sur l’équivalent d’un acte entier de l’épisode, cette excroissance prend ici bien trop de place sur l’enquête, il est vraie écrite à minima. Heureusement, la série sait s’y prendre avec ses monstres de la semaine, et avec cet aimable couple de dieux païens complètement frappés de la caboche, on trouve enfin l’étincelle que l’on cherchait désespérément depuis le début de l’enquête. Ce charmant couple fait un joyeux festival de décalages : sourires light/atelier de puzzle humain à la cave, table de Noël/invités ligotés et passés au scalpel, titre de dieux/déguisement d’habitants d’Amérique profonde intégrés sagement dans la communauté, et surtout de grosses tranches de délires pseudo-religieux, notamment sur ce « Jésus » qui a fait fondre leur business. Une fois de plus, l’on peut distinguer une influence de Buffy, car ils n’évoquent rien moins qu’Anyanka (davantage que la pince-sans-rire Illyria), démon sanguinaire rappelant souvent combien elle s’emmerde dans ce corps humain où elle est condamnée à demeurer, et ses pointes comiques sur les monstruosités qu’elle commettait jadis. Mais l’effet fonctionne parfaitement dans une série fonctionnant pas mal sur la mégalomanie des gromonstres. À l’opposé de la lourdeur des flashbacks, la coda rayonne d’une joie tranquille avec ce réveillon passé par les deux frères ensemble, dans une vibrante complicité, sans doute l’un de leurs rares moments de bonheur, et où enfin l’on sent l’esprit de Noël planer sur cet épisode. La critique d'Estuaire44 :
Passage incontournable que l'épisode spécial Noël, mais souvent casse-gueule, particulièrement pour les séries fantastiques. Sans atteindre le niveau d’un chef-d'œuvre comme le Amends de Buffy, le Christmas Carol du Docteur ou How the Ghosts stole Christmas des X-Files, A Very Supernatural Christmas remporte néanmoins la gageure, grâce à une introduction à la mise en scène d'une remarquable qualité mais aussi et surtout grâce au recours à l'un des meilleurs filons de Supernatural : les dieux païens. Tout en impliquant de réjouissantes références au folklore (notamment autour des sacrifices humains...), nos amis mégalomanes permettent également de laisser totalement le champ libre à l’imagination. C'est le cas ici avec ce couple de serial killers divins totalement barrés, se complaisant dans une mordante satire de l'American Way of Life des années 50. Les acteurs jouent le jeu à fond, tandis que l'on verse franchement dans un Gore des plus hilarants, façon Grand Guignol rigolard. Joyeux Noël ! Leur mise à mort s’avère nettement plus Rock’n Roll que celle de l’arbre du Scarecrow, en saison 1 On regrettera le mélo quelque peu à gros bouillons induit par les flash-backs, même si les jeunes comédiens se montrent performants. La scène finale, voyant les Bros se construire un (dernier) Noël de bric et de broc dans un de leurs sempiternels motels, se montre par contre très émouvante. Anecdotes :
9. LES REINES DU SABBAT Épisode Mythologique Scénario : Ben Edlund Yes, the same thing will happen to you. It might take centuries, but sooner or later, Hell will burn away your humanity. Every hell bound soul, every one, turns into something else. Turns you into us, so, yeah, you can count on it. […] That's what happens when you go to Hell, Dean. That's what Hell is. Forgetting what you are. Résumé : Janet Dutton meurt dans sa salle de bains en crachant abondamment sang et dents. Les Winchester comprennent rapidement que des sorcières sont à l’œuvre, mais ne réalisent pas encore qu’ils vont devoir affronter un adversaire beaucoup plus redoutable qu’ils le pensaient. Ruby intervient pour les aider, mais n’aurait-elle pas en réalité d’autres plans ?… Ma sorcière pas-du-tout-bien-aimée… La critique de Clément Diaz :
Ben Edlund confirme son sens du rythme avec ce brillant épisode démarrant comme une décapante relecture de Charmed version darkside, avant de tout chambouler par un époustouflant duel des esprits dont la folle intensité compense quelques erreurs de jugement de l’auteur. Sans temps mort, l’épisode court d’un rebondissement à l’autre tout en délivrant une nouvelle avancée de la mythologie, jusqu’à un terrible twist final où un gouffre sans fond semble s’ouvrir sous les pieds de Dean... Livre des ombres, pouvoir des trois, sorcières agissant (relativement) discrètement mais ne mesurant pas toutes les conséquences de leur pouvoir, formules poétiques, symboles cabalistiques… le mimétisme avec l’univers des sœurs Halliwell est frappant, d’autant que le trio de dames a chacune son caractère (la forte tête Tammi évoque Prue). Mais dès l’introduction où une pauv’nana casse sa pipe après avoir préalablement craché ses dents à la pelle, on comprend vite qu’on sera très loin de la vision sucrée d’Aaron Spelling. Effectivement, Singer réalise de fort juteux plans dont le côté sanglant et macabre se couple à une esthétique fort réussie (la contre-plongée via la table de verre sur le cadavre d’Amanda…), alors que l’enquête, ponctuée par la découverte de ces inquiétants « sacs de malédiction », fait montre d’une belle variété dans les différentes mises à mort, tout en maintenant un suspense constant quant à savoir si nos bros arriveront à temps à chaque tentative. Les théâtrales apparitions de Ruby menaceraient de tourner au procédé si elles n’étaient heureusement pas impeccablement minutées, tombant toujours à un moment critique, et à chaque fois fort différentes de la précédente ; on retient notamment une grosse engueulade entre elle et Dean, où elle ne trouve rien de mieux que de rembarrer un Dean hystérique la visant avec le colt, quelle badass ! L’on sait que le succès de Supernatural doit beaucoup à ses antagonistes déments, surtout féminins. Sur ce point, la démone du jour, campée avec fer et feu par la royale Marisa Ramirez, constitue une représentante de catégorie 1 tant ses pouvoirs phénoménaux et sa suintante perfidie assurent un show sans pareil (le trépas des sorcières est plaisamment ignoble). Ruby peut pour la première fois intervenir directement dans l’action (mis à part son entrée en scène dans le pilote de saison), avec une mémorable joute dialoguée puis une baston réellement sauvage, où Katie Cassidy imprime une présence plus forte qu’à son habitude. Cette fenêtre ouverte sur le monde des démons est d’autant plus captivante qu’elle s’insère très naturellement à l’action. On relève toutefois plusieurs incohérences: ainsi la démone aurait le temps de trucider 50 fois les frères, et préfère à cela dévoiler de long en large son masterplan, laissant tout le temps à Ruby de leur sauver la mise. On ne croyait pas que cet énorme cliché des années 60 était encore possible, il semble que si. On peut se demander aussi pourquoi après avoir tué les 2 premières sorcières, elle se désintéresse de la 3e, permettant à cette dernière de l’affaiblir décisivement. Enfin, même si le coup final est porté par Dean, nos frères restent finalement très périphériques à ce duel féminin. La tonnante réalisation de Singer, les dialogues d’Edlund, et l’interprétation permettent cependant de passer outre. Le meilleur est pour la fin, où Dean le fanfaron ne peut plus cacher sa panique lorsque Ruby, dans une étourdissante révélation, lui dévoile toute sa mystification, tout en donnant une vision de l’Enfer à la fois originale et abominablement effrayante. Simultanément, Ruby bénéficie d'une belle progression psychologique, avec cette émouvante révélation de son humanité qu'elle a de justesse sauvée, bouleversante alors même qu'elle crucifie Dean. Un épisode chargé à bloc. La critique d'Estuaire44 :
Le titre Malleus Maleficarum sonne tellement à la In Nomine Satanis ou Stella Inquisitorus, que cela suscite un coup de chapeau de la part de l’amateur de jeux de rôles à l’ancienne, à l’époque d’avant les ordinateurs, quand on jouait ensemble autour d’une table, en s’éclatant avec 2 crayons trois bouts de papier et des dés bizarroïdes. Avec des chips et du soda, aussi, beaucoup de chips, beaucoup de soda. Sinon l’épisode constitue avant tout un joyeux pastiche de Charmed (mélangée à Desperate Housewives) et autres convents wiccas, le tout à la sauce Supernatural : gorissime et joyeusement défoulatoire. Même Les Sorcières d'Eastwick sont laissées loin derrière, on rigole bien, popcorn pour tout le monde. Les portraits de ces dames résultent réellement cinglants. La démone du jour (épatante Marisa Ramirez) confirme que la disparition de sa collègue des carrefours ne signifie pas la in des piquantes adversaires féminines des frères Winchester, c’est la bonne nouvelle de l’épisode. On avouera par ailleurs un vrai coup de cœur pour le kitch ultra hispanique du Conquistador Motel, l’équipe artistique soigne décidément toujours ce rituel des décors de la série, la saison fait très fort dans ce domaine. On s’amuse également beaucoup de l’ingéniosité de l’auteur Ben Edlund et du metteur en scène Bob Singer concernant l’incontournable chapitre des morts répugnantes et abjectes, de la vive imagination et du sens de l’image. Le subtext lesbien pimente encore les débats, notamment entre Tammy et la sorcière qu’elle laisse un temps survivre, mais surtout entre elle et Ruby. Cette dernière fait encore son numéro, un rien lassant même si elle met ici davantage la main à la pâte. On éprouve toujours du mal à s’y intéresser, même si l’on glane au passage des informations intéressantes sur les liens existant entre humains et démons. Katie Cassidy se montre convaincante lors de la séance de baston (de fait l’épisode annonce de manière amusante les combats de la Black Canary d’Arrow), mais son jeu se montre toujours aussi peu subtil. Lauren Cohan brille décidément bien davantage et l’opus ne sera pas le Red Sky at Morning de Miss Cassidy, malgré Ben Edlund. Pour Dean le salut ne viendra pas de Ruby : en même temps ce n’est pas comme si l’on n’y avait jamais cru mais cela accroît malgré tout l’intensité du drame en cours. Anecdotes :
10. FAITES DE BEAUX RÊVES
Scénario : Cathryn Humphris, d’après une histoire de Sera Gamble & Cathryn Humphris You can't escape me, Dean. You're gonna die. And this. This is what you are going to become! Résumé : Bobby Singer a sombré dans le coma : il y fait des cauchemars horribles qui à terme pourraient le tuer ! Sam & Dean apprennent qu’il enquêtait sur la mort d’un docteur qui prétendait soigner des gens qui sont incapables de rêver pendant leur sommeil grâce au Silene undulata, une plante africaine. Ils comprennent qu’un « maître des rêves » a décidé de le tuer dans son sommeil pour couvrir ses traces ! Grâce à Bela, les Winchester rejoignent Bobby dans son cauchemar, mais leur adversaire compte également les tuer dans leur sommeil… … ou les griffes de la nuit La critique de Clément Diaz : Le monde des rêves est un thème-roi du Fantastique, l’esprit humain et ses secrets y voguent dans ce territoire entre la réalité et l’imaginaire ; il est difficile d’en exploiter pleinement la richesse, et Dream a little dream of me souffre d’en offrir qu’un traitement assez simplet alla Freddy Krueger. Il est visible que Kripke a voulu explorer plus avant ses personnages via ce moyen, sur le même mode que le Cauchemar de Buffy, mais on est loin du vertigineux voyage Lynchien de Joss Whedon. Mais si toute la partie consacrée à Bobby déçoit, l’épisode revient en force dans une seconde partie d’une furieuse intensité, culminant dans un soufflant duel psychologique entre Dean et lui-même. De fait, par ses codes narratifs et le thème d’un humain aux pouvoirs effrayants, le récit fait beaucoup penser à X-Files qui allait huit ans plus tard effleurer le sujet (Babylon, 10-05). Et puis, on se régale d’une Bela toujours aussi… Bela, toujours un coup d’avance sur nos bros. Le récit est malheureusement scindé en deux parties quasi indépendantes (cauchemar de Bobby/cauchemar de Dean), donnant l’impression de deux épisodes distincts raccordés par le fil onirique. Malgré la performance aussi brillante qu’inhabituelle de Jim Beaver en Bobby effrayé et réduit à l’impuissance, la première moitié de l’épisode se traîne dans une enquête routinière, sans étincelles, même si on apprécie les aussi discrètes que vibrantes déclarations d’affection de nos héros à celui qu’ils considèrent comme leur second père, tout comme le gratuit mais hilarant rêve érotique de Sam à propos de Bela. Lauren Cohan frappe fort côté sex-appeal, mais nous rappelle en même temps que le rêve érotique de Xander dans Buffy était considérablement plus riche et lourd de sens. Steve Boyum ne peut égaler le brio de Whedon - le budget est il est vrai pas le même - mais sa mise en scène n’en demeure pas moins d’une étincelante beauté et très efficace (superbe travail sur la photographie radieuse des extérieurs de la maison de Bobby), et donne un cachet d’étrangeté. L’immersion dans le cauchemar de Bobby ne sert de prétexte que d’exhumer un trauma du passé bien cliché et un esprit contentant de rabâcher les mêmes phrases. Le voyage dans la psyché de Dean demeure cependant bien plus relevé, alors que le serial killer du jour, 100% humain (une rareté dans Supernatural) étend son pouvoir avec un sadisme raffiné - glaçant G. Michael Gray. Face à un adversaire aux pouvoirs quasi divins qu’ils sont obligés d’affronter dans son monde, les Winchester doivent sous nos yeux inquiets tenir difficilement une telle cadence. Là où Sam s’en sort grâce à une jolie ruse, Dean doit d’abord affronter la vision de ce doux rêve d’une vie heureuse et normale avec une famille - sa dénégation à Sam ne trompe personne, soulignant au contraire son obsession condamnée à n’être jamais assouvie. Le tout culmine dans ce terrible affrontement entre les « deux Dean », un passage classique du Fantastique, mais ici porté à incandescence par des dialogues chauffés à blanc où Dean fait face à tout l’héritage maudit de son père qui a brisé sa vie et l’a transformé en soldat exterminateur fuyant humanité et émotions. Face à son démon intérieur, Dean craque enfin l’armure, et plonge dans une explosion de violence où il hurle sa peur et sa révolte contre un destin qui l’a injustement martyrisé, de son père castrateur à son actuelle échéance infernale. Jensen Ackles livre une double performance d’une puissance expressioniste à couper le souffle, l’une des plus grandioses de sa carrière d’acteur. Malgré cette victoire, la coda est une des plus noires de la série : Dean, après 10 épisodes à faire le fanfaron, a certes cessé de se fuir, mais semble plus bas que terre, tandis que le sinistre plan final, un des plus effrayants de toute la série, semble sceller la pierre de son tombeau. La critique d'Estuaire44 : Plus proche de l’inventivité narquoise d’un Freddy Krueger que de l’architecture un brin prétentieuse d’Inception, Dream a Little Dream of Me constitue un magnifique épisode onirique (encore bravo, pour le titre original et son amusante référence). On apprécie vivement l’efficacité du scénario, qui évite tout ralentissement, mais davantage la mise en scène, absolument magistrale. Le mouvement des caméras, les angles biscornus et l’impressionnant travail de photographie (ces couleurs !) propulsent littéralement le spectateur dans le Monde du Rêve. La première partie se montre très ludique, avec une Bela toujours aussi divertissante (et redoutable !), y compris dans les songeries de Sam. On en apprend davantage sur le passé de Bobby, la série continue de développer son univers, y compris pour le background des personnages. Bobby mériterait toutefois déjà un épisode lui étant entièrement consacré. On en arrive ensuite au véritable sujet du récit, la confrontation entre Dean et son futur démoniaque. Grâce au talent de Jensen, qui confirme une nouvelle fois qu’il n’est pas qu’un beau gosse, aux dialogues et à la mise en scène cette fois devenue glaciale, on assiste à l’une des scènes les plus effrayantes et troublantes de la saison. Elle accroît encore les enjeux de la fin de parcours qui se dessine, alors que les mâchoires du piège commencent à se refermer sur Dean. Seul le manque de charisme de l’adversaire du jour, une fois l’illusion dissipée, est à regretter, mais il n’était de toute façon là que comme prétexte. L’un des sommets de cette saison, qui indique de plus clairement à quel point Bobby est devenu indispensable à Supernatural. Les amateurs de X-Files s’amuseront également des convergences existant avec l'épisode de la saison 10 Babylon. Anecdotes :
11. UN JOUR SANS FIN Scénario : Jeremy Carver, d’après une histoire de Jeremy Carver & Emily McLaughlin Whoever said Dean was the dysfunctional one has never seen you with a sharp object in your hands. Résumé : Alors qu’ils enquêtent sur la disparition d’un homme qui enquêtait sur le « Mystery spot », un lieu où les lois naturelles seraient abolies, Sam voit Dean se faire assassiner par le propriétaire des lieux ! Mais l’instant d’après, Sam se réveille le matin du même jour, Dean bien vivant à ses côtés, ce dernier n’ayant aucun souvenir de ce qui vient de se passer... Sam ne tarde pas à comprendre qu’il est tombé dans un verrou temporel qui se déclenche à chaque fois que Dean meurt. Sam tente de changer le cours des événements, mais ne parvient pas à sortir du verrou… Supernatural, Tex Avery, même combat. La critique de Clément Diaz : L’on tient là un des plus grands chefs-d’œuvre de la série entière. Le piège du verrou temporel consistant à revivre sans fin une même période a souvent donné des chefs-d’œuvre grâce à la diabolique machinerie de sa narration, côté comique comme le génial et désormais culte Groundhog day ou le Window of opportunity de Stargate SG-1, ou côté tragique comme le Shadow play de Twilight Zone ou le Monday des X-Files. Jeremy Carver et Emily McNaughlin vont carrément mêler comique et tragique en exploitant avec une subjuguante maestria toutes les possibilités du sujet : le burlesque (les très variées morts de Dean), le suspense (Sam vs. Le verrou, la fausse piste initiale), le tragique (Sam basculant dans ses propres ténèbres), l’humour noir (le tireur de ficelles)… jusqu’à un happy end trop dissonant pour être honnête, achevant l’épisode sur une note sombre. Après un début ensoleillé où l’on se dit qu’on va assister à un épisode normal, la mort brutale de Dean, filmée sans filtre, provoque un véritable choc. Dès lors, on mesure tous les détails a priori anodins de la scène pré-générique - qui pour cette raison dure plus longtemps qu’à l’accoutumée : petit-déjeuner british, femme bousculée, déménageurs ronchons… qui ne cessent de changer à chaque itération du verrou temporel. Les auteurs se débarrassent rapidement de leur enquête qui ne pourrait que parasiter leur idée, et avec une habileté de maître, la première moitié de l’épisode suit une double pente simultanément comique et dramatique : les nombreuses morts de Dean (111 !!) sont aussi joliment variées que d’un absurde loufoque (même si dans le domaine des morts débiles, personne ne pourra faire mieux que l’hallucinée Dead like me), excitant des rires incontrôlables en plus de quelques gags ajoutés comme la conversation simultanée entre les bros. Les multiples hommages au Groundhog day (un tube d’Asia comme réveil-matin au lieu de Cher, Sam énumérant la vie de tous les clients du bar à force d’habitude, morts variées…) contribuent à l’amusement général. Mais de l’autre côté, Sam, brisé de voir son frère mourir encore et encore, a bientôt les nerfs à vif, sombre dans la paranoïa, et est en surtension permanente. Chaque itération du verrou l’entraîne près du point de rupture, alors même qu’il s’approche de la vérité. Une situation aussi absurde que mortelle ? Pour peu qu’on ait manqué le nom de son interprète au générique, on ne peut que se donner des claques pour ne pas avoir deviné l’évidence : seul ce diabolique farceur de Trickster pouvait avoir fait une chose pareille ! La scène où il tombe le masque permet de retrouver ce personnage aussi chaotique que son sens de l’humour si gratiné. Kim Manners est en terrain connu car il avait dirigé l’épisode de verrou temporel des X-Files, et sait donc insérer de subtiles modifications de mises en scène pour exprimer toute l’épuisante épreuve de Sam. Mais si le Trickster est un sale gosse qui adore s’amuser à distordre la réalité avec un humour aussi meurtrier qu’absurde, il se révèle aussi un fin moraliste, mettant Sam face à lui-même. Son positionnement ne lasse pas d’étonner : ni opposant ni adjuvant de nos héros, il veut simplement interpeller Sam à accepter la dernière phase de son état quasi traumatique dû à l’échéance de son frère : la résignation, où l’on accepte pleinement qu’il n’y a plus rien à faire devant l’inévitable ; là où Sam restait coincé à la case marchandage/déni depuis le début de la saison. Une thérapie de choc, mais qui va encore plus loin : le twist voyant le verrou se briser au plus mauvais moment donne lieu à une dernière partie versant cette fois dans l’épouvante psychologique. Sous nos yeux, Sam devient un néo-Dean, impitoyable machine à tuer, assoiffé de sang, perdant toute notion de bien et de mal. Alors que la série a souvent dépeint Sam comme dernier rempart à l’humanité de Dean, Kripke nous fait savoir que cela marche dans l’autre sens, et que sans son frère, Sam n’est plus que ténèbres. Le climax de la scène si désespérée face à Bobby est un ultime coup brillant du Trickster, mettant en évidence Sam en dépendance totale vis-à-vis de son frère, et donnant corps aux paroles de Ruby qui souhaitait « préparer » Sam à la vie sans Dean. Il n’est manifestement pas prêt, et c’est bien là le génie des auteurs que de conférer au Trickster un rôle de thérapeute-révélateur (à sa manière…), ce qui lui donne une toute nouvelle aura. L’intensité fiévreuse du jeu de Jared Padalecki est d’une puissance quasi sauvage, tandis que Richard Speight Jr. injecte plus de sarcasme dans son rôle décalé avec un contrôle parfait. Rien à espérer d’une coda où tout rentre dans l’ordre, mais où Sam semble au bout du rouleau. Un chef-d’œuvre de noirceur mâtiné d’humour, et une exploitation brillantissime du thème du verrou temporel. La critique d'Estuaire44 : Avec Mystery Spot, Supernatural sacrifie au thème incontournable pour les séries fantastiques qu'est devenu le verrou temporel. Cette figure devenue rituelle s’apprécie aussi par la finesse de son intégration à la série concernée. Il résulte astucieux qu’une programme aussi référencé que Supernatural soit celui retenant l’option la plus similaire à l’emblématique Un jour sans fin. Par ailleurs, une fois de plus on apprécie le côté Amérique profonde de l'attraction locale bizarroïde, un rituel observé aux quatre coins des USA version Country (l'excellent roman American Gods s'en fait le joyeux écho). Le mécanisme du verrou s'installe avec une rare efficacité, avec une première mort choc de Dean, absolument inattendue. Un vrai coup de poing, paradoxalement pour sa survenue commune mais aussi du fait du fil rouge de la saison en forme d’épée de Damoclès Dans un second temps, on comprend enfin où l'épisode nous emmène, d'où un certain atterrissage dans une zone plus balisée, mais le soulagement prédomine ! On apprécie le côté psychologique particulièrement crucial, (le sombre désespoir de Sam), ainsi que le grand atout de Mystery Spot que représente le côté cartoonesque mâtiné d'humour noir déferlant sur les multiples morts de Dean, c'est à mourir de rire. Évidemment le Trickster est à la manœuvre, avec un immanquablement génial Richard Speight. L'entité apparaît toujours aussi jouissive et ambivalente envers les Winchester, un vrai régal. Cet exercice de style particulièrement abouti et hilarant qu'est Mystery Spot constitue un nouvel éloquent exemple du vent de folie que cet être totalement singulier au sein de la série est capable de faire souffler, jusqu’à emporter tout un épisode. Anecdotes :
12. JUS IN BELLO Épisode Mythologique Scénario : Sera Gamble - So, turns out demons are real. Résumé : Les Winchester à ses trousses pour récupérer le colt, Bela les fait tomber dans un traquenard : Sam et Dean sont arrêtés par l’agent Henriksen, qui les traque depuis 2 ans. Alors qu’il s’apprête à les transférer dans une prison de haute sécurité, le commissariat où ils sont détenus est attaqué par une armée de démons… Loi de Winchester : voir à « loi de l’emmerdement maximal. » La critique de Clément Diaz :
Pure orfèvrerie de suspense haletant, et bien relayé par une mise en scène à la flamboyante énergie, Jus in bello est un véritable « page-turner » : dès la première minute, scènes d’action trépidantes, rebondissements du tonnerre, surprises, s’enchaînent à une vitesse supersonique, tout en dressant de superbes portraits de chacun des personnages, principaux ou secondaires, et en faisant entrer en scène un new player in town. La cruauté du twist final et de la terrible leçon qui en découle couronnent le travail de Sera Gamble, ici au sommet de son talent de scénariste. La suprématie éclatante de Bela sur nos bros atteint un nouveau palier avec le piège initial, franchement jouissif. L’accumulation d’épic fails de nos héros face à cette tornade devient un sacré running gag de la saison, d’autant que Lauren Cohan continue à déchaîner l’enthousiasme par sa tchatche pétulante. Par suite, l’épisode ne cesse de gagner en virtuosité par sa manière de jouer sur tous les claviers du suspense et son enchaînement d’idées chocs et ingénieuses dignes d’un final de saison : interrogation sur comment notre fin duo va s’en sortir cette fois, paranoïa maniaque d’Henriksen (toujours aussi diplomate avec ses subordonnés…) absolument impayable en fier-à-bras expansif, attaque brutale du premier démon, et l’idée absolument géniale d’un siège de toilettes transformé en expulseur de démons - brillants réflexes d’un Sam décidément de plus en plus rusé. Ce ne sont pourtant « que » de brillants préludes à un crescendo massif pendant laquelle la résistance s’organise alors que l’armée démoniaque se presse aux portes du poste, ponctuée par l’arrivée en fanfare de Ruby qui chauffe encore les débats. Chaque rebondissement survient a tempo pour électriser encore plus une situation déjà intenable. Le climax de la bagarre finale est à perdre haleine, où Phil Sgriccia maîtrise à la perfection chaque mano a mano, atteignant son apothéose par une résolution aussi intelligente qu’inattendue. Et comme si cela ne suffisait pas, Lilith frappe les trois coups par une tonitruante entrée en scène, qui ne rougit pas de la comparaison avec son collègue aux yeux jaunes. L’épisode ne se contente pas d’aligner les scènes spectaculaires ou mâtinées d’humour (surtout autour de la touchante Nancy…), mais dessine une belle réhabilitation d’Henriksen. Nous avons toujours vu ce personnage comme un enquiquineur désagréable, car filmé du point de vue de nos héros, mais la malicieuse scénariste, nous le présente dans sa vérité propre : policier intègre et déterminé, leader solide, animé d’une réelle flamme dans son combat contre le mal, mais se jugeant inutile dans un monde semblant foncer tête baissée dans des ténèbres de plus en plus épaisses. Par là, il apparaît comme une version de la trop souvent mésestimée Kate d’Angel (la dette de Supernatural envers Whedon n’est plus à prouver), un représentant de l’ordre sensible, émouvant, fort, mais là où Kate ne parviendra jamais à accepter le surnaturel, le vaillant policier va y arriver et se montrer aussi décisif que nos frères. Charles Malik Whitfield est redoutablement convaincant. La jeune et naïve secrétaire incarne une idée très américaine mais optimiste de la citoyenne lambda qui dépasse sa peur pour contribuer à repousser le danger, jusqu’au don de soi. Ruby, derrière son volontarisme tapageur, dévoile une autre facette de sa personnalité : sa propension au sacrifice pour le plus grand bien, mais également son peu de morale quand elle envisage rien moins que de tuer un innocent pour le même but. Si Katie Cassidy comprend que le tempérament guerrier de Ruby limite ses émotions, on avoue toutefois qu’un jeu plus souple aurait rendu plus émouvant ces révélations de sa personnalité. La virtuosité permanente de Sera Gamble semble sans limite car elle touche également les deux frères, dans une formidable inversion de leurs personnalités : ainsi le Dean adepte des solutions franches et directes repousse sous nos yeux ébahis l’offre sanguinaire de Bela, là où Sam l’humaniste nous stupéfie par son accord implicite mais flagrant. Certes le « 100% pur Sam » doit y être pour quelque chose, mais on peut voir aussi une conséquence de la machiavélique machination du Trickster dans l’épisode précédent où Sam marchait vers des ombres encore plus opaques que celles de Dean. La révolte émotionnelle de Dean pour sauver Nancy frappe au cœur par sa force et sa sincérité, refusant d’appliquer des lois de guerre posant bien souvent des problèmes éthiques. Si dans le fond de son cœur, le spectateur lui donne raison, Gamble fait tomber un sanglant couperet final, d’une cruauté horrible, donnant ironiquement raison à Bela : à partir du moment où votre adversaire ne se pose aucune limite, vous devez vous montrer aussi impitoyable que lui. Une terrible épiphanie pour nos héros, décidément moins durs à cuire qu’on l’aurait cru, et un choc pour le spectateur contemplant impuissants les merveilleux efforts de Dean réduits à néant. Un épisode tachycardiaque, aussi intense, émouvant, que cruel. La critique d'Estuaire44 :
À l’occasion de Jus in Bello, la surdouée Sera Gamble (actuellement l’une des très bonnes raisons de découvrir Aquarius), trousse un remake audacieux et parfaitement abouti d’Assault on Precinct 13, le chef d’œuvre de John Carpenter (1976) voyant un commissariat pareillement assiégé par une alliance de gangs urbains. De fait l’épisode rivalise par moments avec ce film devenu culte, par l’intensité du suspense et ses péripéties menées à train d’enfer (au sens propre), mais aussi par on approche psychologique des caractères se révélant dans l’épreuve. Sera Gamble sait merveilleusement dépeindre et rendre attachant chacun des personnages du drame, soutenant ainsi l’action et conférant une force terrible à l’épouvantable dénouement. L’introduction réussie du Fantastique insuffle une dynamique supplémentaire. La série gère toujours aussi efficacement les arcs narratifs de ses personnages secondaires, l’un de ses moteurs perpétuellement renouvelés, et l’Agent Henriksen a sans doute droit à sa meilleure prestation pour son ultime épisode. On regrettera simplement le cliché voyant la jeune femme vierge et religieuse être incarnée par une actrice aussi clairement identifiée comme hispanique qu’Aimée Garcia. Si l’on peut regretter une énième intervention miraculeuse de Ruby, avec une Katie Cassidy malheureusement toujours plus terne que Lauren Cohan, le débat moral qu’elle suscite entre les deux frères rehausse encore les enjeux de l’opus. Bela (toujours en grande forme) et Ruby ne se croiseront décidément pas. On peut le regretter (tout comme pour Vénus et Cathy en saison 2 de Chapeau Melon), mais insérer l’événement aurait trop mobilisé un scénario déjà fort rempli, Sara Gamble a raison de renoncer à une fausse bonne idée. Alors que la fin de saison avance déjà à grands pas du fait de la grande grève des guildes de scénaristes, Jus in Bello présente également l’intérêt d’introduire la suivante, avec l’arrivée d’une première figure biblique, Lilith, et un Sam toujours plus enténébré, préfigurant sa tragique dérive à venir. On avouera aussi que c’est lors de la découverte de cet épisode que notre méfiance s’est éveillée vis-à-vis de Ruby, dont les motivations évasives (détester les démons) ne cadrent pas avec la prise de risque qu’implique l’intervention dans un tel traquenard. Cela aurait pu constituer une faiblesse de l’intrigue, si la suite n’avait pas révélé une toute autre motivation. Anecdotes :
13. LES GHOSTFACERS Scénario : Ben Edlund Ghost! Ghostfacers! Résumé : Ed et Harry, les geeks crétins amateurs de paranormal (cf. épisode « Hell House ») sont de retour ! Avec Maggie, la sœur d’Ed, Kenny, un caméraman, et Alan, un cuisinier, ils ont fondé les Ghostfacers dans le but de poursuivre leurs rêves de gloire : à savoir, se filmer en direct en train de résoudre une affaire non classée, et vendre la vidéo à une chaîne dans l’espoir qu’elle produise une téléréalité centrée sur eux et leurs enquêtes paranormales. Mais alors qu’ils enquêtent sur une maison hantée tous les 29 février, ils tombent sur Sam et Dean qui ont entendu parler de cette maison. Le septuor s’y retrouve bientôt enfermé, en compagnie d’un esprit totalement dérangé… Ils arrivent pour sauver le monde et pour en prendre plein la gueule. Mission réussie à 50%. La critique de Clément Diaz :
Et voici l’épisode décalé de la saison ! Cette fois, Supernatural s’inspire d’un des épisodes les plus OVNI des X-Files (et certainement de l’histoire des séries TV) : X-Cops où des policiers de la réelle émission de téléréalité Cops collaborent avec Mulder et Scully le temps d’une enquête mémorable. S’il ne se montre pas aussi percutant que son modèle, Ghostfacers partage les mêmes caractéristiques : centralisation sur le groupe héros de la téléréalité, héros de la série originale intervenant comme des intrus, caméra à l’épaule sur le mode du Blair Witch Project, générique de la téléréalité remplaçant celui de la série, mots vulgaires bipés, gestes obscènes floutés, absence de musique… le mimétisme avec les émissions de téléréalité est poussé jusqu’à son paroxysme. La spécificité de cet épisode réside néanmoins dans un brillant équilibre entre burlesque crétin et horreur (là où Gilligan jouait sur le suspense pur), et développe en sous-main une véritable charge à l’acide contre la téléréalité et la vanité humaine dans son ensemble, rendant cet épisode très fun et divertissant moins gratuit comme on pourrait le croire. Le choix de Kripke de déléguer l’écriture à Ben Edlund, maître dans la comédie, était tout désigné. Passée une introduction pompeuse donnant immédiatement le ton (on songe à Jonathan au début du Storyteller de Buffy), nous faisons connaissance avec ce quintette de débiles qui vont enchaîner les foirades épiques avec une détermination jusqu’auboutiste. Ed et Harry en leaders bouffons et mal préparés ont su trouver des partenaires à la hauteur avec une soeurette ronchonne, un cuisinier raté secrètement amoureux d’Ed, et un cameraman racoleur : le prélude dans leur QG miteux les présente tel qu’en eux-mêmes : orgueilleux, gesticulateurs, paniquant au moindre bruit, stratèges de niveau zéro, QI d’une quiche, cancer de la geekerie métastasé… le festival est lancé et ne s’arrête jamais. On a peine à croire que ces bras cassés vont se mesurer à des esprits sanguinaires, mais ils le font, et évidemment ils vont bien morfler pour notre plus grand plaisir sadique. Heureusement, les bros sont là pour veiller sur eux, avec l’enthousiasme délirant attendu. Que les Weuh eux-mêmes peinent davantage que d’habitude avec le monstre du jour donne une idée du carnage qui se serait ensuivi s’ils n’avaient pas été là ! Pendant toute l’enquête, l’épisode parvient à alterner scènes d’horreur et éclats de rire dans un équilibre parfait : décor lugubre, esprit en folie dure de dure, apparitions à geler le sang, suspense infernal quant à la survie de chacun, fausses alertes suivies aussitôt de vraies alertes, généreuses giclées de gore… sont contrebalancés par des Ghostfacers exacerbant leurs réactions de terreur ou accumulant les gaffes qui eux par contre nous font bien rigoler (les acteurs jouent à qui cabotinera le mieux, c’est jouissif en diable). On reste pantois devant les efforts de Phil Sgriccia, dont la réalisation subjective extrêmement agitée et frénétique ne fatigue pourtant jamais l’œil, tout en impulsant un dynamisme trépidant à l’ensemble. L’horrible trépas d’un des Facers vient nous rappeler que personne n’est à l’abri de la mort dans Supernatural, si sympathiques soyez-vous. Mais cette grosse comédie horrifique aborde aussi des thématiques plus fines. Ainsi, en ridiculisant les Ghostfacers, l’on voit que les auteurs se moquent des stars de la téléréalité, poussées par la vanité, la soif de gloriole, l’argent facile, et prêt à toutes les vulgarités ou les pires folies pour y arriver (un point absent d’X-Cops, dont les thématiques sont ailleurs). Si cela irrigue tout l’épisode, la coda se montre particulièrement éloquente : les quatre Facers survivants exploitent sans vergogne la mort de leur compagnon dans un but promotionnel - et l’on est ravi du twist final, une exaltante perfidie de Dean mettant une fin définitive à leurs espoirs. Misogynie et homophobie sont également pointés du doigt, Maggie n’étant finalement présente qu’en temps que pomme de discorde entre Ed et Harry, leur dispute infantile à son sujet rappelant les vulgaires coups de gueule des stars de téléréalité ; tandis que le touchant Alan, sans cesse rabaissé par ses camarades, quittera ce monde sur une dernière hypocrisie d’Ed lui disant ce qu’il a envie d’entendre pour s’en sortir. Chacun des Facers se montre d’un individualisme et d’un manque total de solidarité envers les autres. Pourtant, l’on ne parvient pas à détester ce groupe, en réalité pris au piège non de la méchanceté mais de leur bêtise, et par les trompeuses sirènes d’un rêve américain réalisé en deux temps trois mouvements. En apparence simple galéjade déphasée, Ghostfacers est finalement un des épisodes les plus grinçants de la série. La critique d'Estuaire44 :
Cette chronique est dédiée à la mémoire d'Allan J. Corbett, 1985-2008, le Roi de l’Impossible restera à jamais dans nos cœurs. Ghostfacers compose une cinglante parodie d’une téléréalité alors en plein essor, constitue un vrai cas d'école de l'art toujours malaisé de la contre programmation. Alors que l'on le martyre de Dean approche toujours inexorablement et que la tonalité de la saison s'assombrit sans cesse, nous proposer un épisode aussi décalé et humoristique est aussi audacieux que terriblement casse gueule. Le pari résulte à l'évidence gagné tant l'épisode regorge de prouesses et d'excellentes idées. Encore davantage qu'en saison 1, Les Facers eux mêmes sont absolument hilarants, en caricatures de Geeks adulescents, passionnés mais totalement inopérants sur le terrain, mais aussi imbus d’eux-mêmes et avides de célébrités (le profil typique des candidats à ce genre d’émission). Les crispations avec les Bros (évidemment en particulier avec Dean) se montrent vraiment électriques. La photographie et le montage caméra sur l'épaule se montrent époustouflants d'adresse. Quel rythme et quel sens de l'image ! Les auteurs y vont vraiment à fond, tant mieux, ils ont tout compris. Le réalisateur a visiblement parfaitement intégré le meilleur de Blair Witch Project. Ben Edlund a également l'excellente idée de jouer du contraste confronter les Nullos à ce qui reste sans doute l'une des affaires les plus glauques et sinistres de SPN, s'aventurant très loin dans la démence. Du coup on s'éclate toujours plus au fur et à mesure que l'on descend le grand escalier de l'horreur et qu'ils en prennent plein le carafon. Irrésistible. On apprécie également l'ultime pirouette nous faisant revenir au format classique de la série, dans l'Impala. Une élégante façon de refermer la parenthèse et d'en revenir aux affaires. Un génialissime épisode décalé. Anecdotes :
14. REJOINS-MOI Scénario : Jeremy Carver I just talked to an 84-year-old grandmother who's having phone sex with her husband. Who died in Korea. […] Completely rocked my understanding of the word necrophilia. Résumé : Harcelé au téléphone depuis deux semaines par une ex-compagne décédée, Ben Waters accède à sa demande, « la rejoindre », et se suicide. Plusieurs habitants dans le voisinage ont reçu des appels de parents décédés qui leur ont tous demandé de se tuer pour les rejoindre ; chose étrange, le numéro utilisé est toujours le même, mais n’est plus en service depuis 100 ans ! Sam et Dean enquêtent, mais la situation se complique quand Dean reçoit un coup de téléphone de… son père. Un monstre qui gonfle la facture téléphonique ? Ça, c’est diabolique ! La critique de Clément Diaz : L’épisode évoque celui du même nom de la Twilight Zone, dont il reprend l’argument (un parent décédé demandant à un vivant de se tuer pour le rejoindre). Mais il faut avouer que l’excellent Jeremy Carver semble bien moins à son aise sur ce sujet que sur le piège temporel précédent, ne parvenant pas à dépasser une intrigue convenue de départ : prévisibilité intégrale des situations, monstre sans personnalité, effets faciles et répétitifs, action comme cache-misère… le sujet de l’épisode se prêtait à l’émotion (comme chez Charles Beaumont), ou la terreur psychologique, mais ne marche clairement pas dans le suspense visuel, in fine la « ligne éditoriale » de Kripke, ce qui condamne d’entrée la tentative de Carver. Malgré une introduction fort effrayante, l’épisode rabâche sans cesse son unique ressort surnaturel : les coups de téléphone de « l’au-delà », variée seulement lors de la séquence de l’ordinateur (manifestement pompée sur Ghost, mais bon…). On ne croit pas un seul instant à un appel de John, ce qui ruine le suspense général de l’épisode. La fausse piste du téléphone d’Edison eut pu fonctionner si elle avait été maintenue plus longtemps au lieu d’être rapidement expédiée en une scène. De fait, l’on assiste à une scission de l’intrigue en deux où chacun des bros part de son côté ; or l’expérience nous apprend souvent que séparer un duo d’héros dans une enquête la prive de sa dynamique, tout en rendant difficile la cohabitation des deux segments. Long distance call n’y échappe pas, le rythme s’effondrant dès que Sam rend visite à la fille harcelée. De fait, Carver se voit obligé de dénouer ses récits par de l’action pure, sans résolution agencée. L’absence de personnalisation des rôles secondaires est un autre problème, chez des victimes transparentes ou un monstre-du-jour certes bien ignoble, mais qui à part ouvrir les crocs et se friter avec Sammy ne dégage absolument rien. Ce serait un moindre mal si son action parlait pour lui (comme le Djinn de What is and what should never be), mais la répétition à satiété de son plan ne joue pas en sa faveur. On apprécie quelques traits épars : alors même leur père a été crématisé il y a 2 ans, les Weuh parviennent encore à se disputer à son propos (niveau famille dysfonctionnelle, ils sont clairement en haut du panier), l’employé du téléphone accro au X et nos bros en durs de durs à cuire suscitent quelques rires, tandis que la critique d’une société hyperconnectée et ne pouvant se passer des outils de communication affleure sous le discours du monstre. L’épisode reste cependant le trou d’air de la saison. La critique d'Estuaire44 :
Long Distance Call traite d'un des grands classiques du Fantastique, l'appel en provenance d'outre tombe, de l’épisode de La Quatrième Dimension du même nom à Poltergeist II (1986) en passant par Making Contact (1985). On apprécie que Supernatural s’empare pleinement du sujet, en y apportant sa touche particulière. Foin de quête spirituelle ou d'émoi psychologique (hormis la relation filiale entre John et Dean, déjà examinée sous toutes les coutures), mais place à un Monstre de la Semaine résolument efficace. En effet, entre le cynisme de son procédé, son sourire si aiguisé et son humour à froid, le roi du téléphone constitue un bel adversaire. Derrière ces péripéties, le récit brosse l’amer portrait toujours d’une Humanité toujours enfermée dans la solitude, malgré le développement des moyens de communication. Par ailleurs la présence de plus en plus tangible de la date fatale se voit également bien rendue, il est poignant de voir avec quel empressement Dean s’accroche à n’importe quel espoir, de ce point de vue l’épisode met déjà en orbite l’arc final. Encore que Dean pourrait encore résulter davantage désespéré : après tout que son âme soi dévorée pourrait constituer un moyen d’échapper à l’Enfer (oui, être un tantinet psychopathe ne fait jamais de mal). On aime toujours quand une série télé nous entraîne dans des endroits originaux ou insolites et ce central téléphonique reste une belle trouvaille, de même que son opérateur totalement fondu. Un épisode solide, souffrant d'un certain classicisme de sa chasse au monstre le rendant parfois prévisible. Anecdotes :
15. LE SECRET DE L’IMMORTALITÉ Épisode Mythologique Scénario : Sera Gamble I’ll see you in Hell… Résumé : Un docteur sadique et immortel enlève plusieurs personnes pour leur prélever des organes plus ou moins vitaux. Alors que Sam et Dean le pourchassent, Bobby contacte ce dernier : Rufus Turner, un chasseur parano, a retrouvé la trace de Bela. Sam continue d’enquêter sur le docteur dans l’espoir de lui soutirer le secret de l’immortalité qui rendrait inopérant le pacte de Dean, tandis que ce dernier va voir Turner, qui va lui révéler le secret de Bela… Supernatural accueille aujourd’hui Frank Einstein… La critique de Clément Diaz : Time is on my side (c’est moi ou un prix est décerné pour le scénariste qui trouvera le titrequitue ?) est le type même de l’épisode commençant modéremment pour ensuite monter dans un crescendo fulgurant jusqu’à un final d’anthologie, ici un des plus glaçants de toute la série. Les deux histoires de l’épisode doivent cohabiter, mais contrairement à l’épisode précédent, une cohérence est assurée par le sablier du destin de Dean dont le sable a bientôt fini de s’écouler, atténuant la sensation. Si l’horreur physique de l’enquête du jour est bien fignolée, c’est bien pour la conclusion-choc de l’arc Bela que l’épisode réussit son coup, avec une double confrontation finale d’une intensité dantesque. L’intrigue du docteur attire l’attention par ses meurtres bien sanguinolents. Mention à l’ablation chirurgicale du cœur (idée géniale du cardiomètre), un des plus gros moments de gore total de toute la série, joyeusement immonde (il se confirme que l’auteure est encore plus sanguinaire que son patron, l’élève dépasse le maître). Si l’enquête sur le mad doctor reste schématique - l’intérêt de l’histoire s’axe davantage sur Bela - la personnalité totalement perverse du docteur y pallie amplement, avec un Billy Drago halluciné. Cette variation sur le thème de Frankenstein n’est pas sans évoquer le Some assembly required de Buffy mais en plus horrifique et malsain. On éprouve un vrai plaisir quand un Dean très inspiré se débarrasse de lui avec des raffinements de cruauté (on songe au châtiment d’Arvin Sloane à la fin d’Alias). Mais le docteur agit aussi comme révélateur des ténèbres de Sam, qui à son tour ne veut rien moins que violer les lois de la nature pour sauver son frangin. À ce titre, la dispute entre Dean et Sam, habituellement le « raisonnable », se montre d’une grande intensité, le premier préférant les flammes éternelles que de devenir un de ces monstres qu’il ne cesse de combattre (l’affaire Gordon est encore fraîche). Sam, toujours plus fuyant et adepte des solutions extrêmes, est plus inquiétant que jamais, tandis que Dean touche par son abnégation à rester fidèle à soi-même, fut-ce son éternité soit en jeu. C’est cependant pour la clôture de The Bela Talbot affair que l’épisode culmine à ses cimes. Supernatural, assumant toujours ses influences, fait hurler de rire tous les X-Philes de la Terre (et au-delà) en donnant un rôle d’informateur pas commode à Steven Williams, qui incarnait le misanthrope Mr.X, l’informateur le moins… souriant on va dire, de Fox Mulder ! Sa longue scène avec Dean se montre passionnante par la présentation de ce chasseur paranoïaque misanthrope, demandant à Dean une sacrée dose de patience pour le voir cracher la vérité morceau par morceau. La confrontation Dean/Bela se montre électrique, leur tension, pour aussi antagoniste qu’elle soit, n’est curieusement pas dénuée de tension sexuelle : dialogues bruts, interprétation tendue, gros plans continuels, haine transpirant du visage de Jensen Ackles… la scène atteint une concentration de suspense inouïe, tandis qu’est dévoilé le secret de Bela. C’est cependant pour sa coda, chef-d’œuvre absolu de terreur glacée, que Time is on my side demeure incontournable (ah, le fatal décompte des minutes), lorsqu’explose la tragédie de Bela, qui par son individualisme, son orgueil, et surtout sa fierté à ne pas demander de l’aide, cloue son propre cercueil, et s’effondrant doucement devant l’inéluctable (magnétique Lauren Cohan), une vraie justice poétique. Jamais plan final n’aura exprimé un couperet de guillotine plus tranchant que ce bruit de porte fracassée… Tout semble aussi perdu pour Dean, et les chiens de l’enfer arrivent maintenant pour réclamer leur proie… La critique d'Estuaire44 :
C'est avec un impact total que Time is on my side (un titre très Doctor Who) frappe les trois coups d’un grand final idéalement mis en orbite (le rôle par excellence d’un avant dernier épisode). La théorie folle retenue par Sam souligne éloquemment l'étendue de son désespoir et nous vaut une de ces intenses confrontations fraternelles ayant émaillé la saison. Le Dr Zombie est vraiment un méchant de haut vol, d'autant que les auteurs ne mégotent pas sur leurs effets et qu'il se voit interprété par le toujours génial Billy Drago. La scène de l'enterrement du frigo demeure sans doute l'un des plus horrifiques de Supernatural, tendance Contes de la Crypte. Les Winchester ne rigolent pas, nous oui. Les guests apparaissent d'ailleurs remarquables, puisque Steven Williams réussit une magistrale entrée en matière pour Rufus. Une histoire à la Buffy (Some Assembly Required, 2-02) avec une figure emblématique des X-Files, rarement la série aura aussi clairement affiché son double héritage. On retiendra cependant avant tout les bouleversants et au combien dramatiques adieux de Bela, après que la séquence du Colt eut porté à son paroxysme cette captivante relation d'attraction/répulsion l'unissant à Dean. Tout le flashback et la conversation téléphonique entre elle et Dean (et sa conclusion) résulte absolument magistrale d'interprétation et de mise en scène. Jusqu’au bout Lauren Cohan aura défendu son personnage avec éclat, Le spectateur en a réellement le souffle coupé. On note d'ailleurs que Bela reste également la grande victime de la grève des scénaristes, son passionnait parcours se voyant abrégé (trop d'informations et de péripéties concentrées sur un unique épisode), alors que, contrairement à Ruby et Dean, elle ne reviendra plus par la suite. Avec le Colt, c'est le dernier espoir envisageable pour Dean qui s'évanouit, tandis qu'il vient d'avoir un aperçu pour le moins éloquent de son futur (très) immédiat. Tout est en place pour un éprouvant final, jusqu'au bout du suspense. Anecdotes :
16. LES CHIENS DE L’ENFER Épisode Mythologique Scénario : Eric Kripke HELP! NO! SOMEBODY HELP ME! SAM!! SAAAAAAAM!!!!! Résumé : Il ne reste plus que 30 heures de vie pour Dean. Sam convoque Ruby pour lui demander son aide, mais Dean n’a pas confiance en elle et l’emprisonne dans un piège à démons pour lui voler son couteau, seule arme pouvant vaincre Lilith. Dean, Sam, et Bobby lancent une attaque désespérée contre Lilith et ses sbires, mais les chiens de l’enfer sont maintenant tout proches… The road so far... La critique de Clément Diaz : Impitoyable course à la mort alimentée par l’énergie du désespoir, No rest for the wicked (encore un titre massif) est parcouru de bout en bout par un souffle tragique, pierre de touche d’une saison toujours plus inéluctable. Cet ultime sursaut condense action, émotion, horreur avec un rare impact, tout en exprimant un sombre fatalisme chez un Dean ne cessant de passer de la révolte à la résignation. Lilith dirige les débats par sa perversité foisonnante, donnant au duel final et sa coda d’apocalypse toute l’intensité nécessaire pour rendre KO le spectateur littéralement assommé par la violence envahissant l’écran. Kripke reste fidèle à la bonne vieille recette Anasazi X-Filesienne : le finale s’articule autour d’une kyrielle de scènes toutes plus haletantes les unes que les autres. À partir de la prémonitoire introduction, un sentiment d’urgence sans espoir déverse toute sa frénésie, jusqu’à diviser les deux frères : Sam est prêt à faire un pacte ambigu avec Ruby, même si cela doit le transformer en serviteur de ténèbres, là où Dean refuse de prendre une porte de sortie qui le condamnerait. L’amour fraternel, soubassement de la série, s’exprime d’une manière particulièrement forte et déchirante alors que les frères sont prêts à tout pour l’autre (leur duo chanté dans l’Impala), mais cela s’étend aussi à l’amour paternel lorsque Bobby ne veut pas laisser ceux qu’il considère comme ses fils s’amuser sans lui avec Lilith ; c’est simple et beau. Le retour de Ruby s’effectue avec un grand impact, consommant ouvertement la terreur de Dean, qui ne va cesser de descendre un escalier sans fin vers l’horreur alors que les démons forment un cercle de plus en plus rapproché autour de lui. Chaque poussée du crescendo parvenant à rendre la situation plus terrible pour lui, mais aussi pour Sam, dont la passivité volontaire ne se montre pas moins douloureuse, sa peur l’empêchant de prendre un ascendant qui pourtant serait décisif, comme il le réalisera hélas trop tard. Supernatural raffole des enfants démoniaques, une des figures les plus dérangeantes qui soit par cette incarnation de l’innocence devenue outil du démon. Elle nous offre à cette occasion un des plus splendides représentants de cette espèce avec Lilith, dans un remake avoué de It’s a good life, un des épisodes les plus effrayants de La Quatrième Dimension. On retrouve la figure de cet enfant-roi semant la terreur dans une respectable petite famille, jouet de ses caprices abominables et mortels. La pure petite fille s’y montre aussi gratuitement sadique qu’Anthony Fremont ; l’épisode ne rougit en rien de la comparaison avec son modèle, surtout grâce à Sierra McCormick, incarnation vivante de ce cauchemar éveillé, et au juste focus sur sa famille se délabrant toujours davantage. Mais c’est dans ses cinq dernières minutes que le finale déchaîne un furieux pandémonium, lors d’un tonitruant twist final achevant de crucifier les derniers grammes d’espoir des frères - Katie Cassidy signe sa meilleure performance, on aura rarement vu autant de folie dans le jeu d’une actrice - La mutilation sauvage de Dean (quelle mise en scène !) se montre si gorissime qu’elle traumatisera même les mordus du genre, surtout qu’elle est couplée à la démence de la démone et à l’impuissance révulsée de Sam. Le plan final achève de couler dans le marbre ces pures 42 minutes de cauchemar. L'anxiogène réalisation de Kim Manners, au sommet de son talent de conteur horrifique, termine de faire de No rest for the wicked un des finales les plus ouvertement choquants de la télévision. La critique d'Estuaire44 : No rest for the wicked constitue bien le final épique et sur le fil du rasoir que l’on espérait ; outre le coup de génie de renoncer au happy end trop facile, les auteurs se montrent remarquablement sadiques, cette fois non pas envers les Winchester, mais bien envers le spectateur. Parce ce que le prodige de l’épisode, par sa narration et son timing, consiste à ce que jusque bout, avec une totale véracité, on peut (et on veut) y croire. Un remarquable travail, nous faisant demeurer en haleine jusqu’à l’effroyable dénouement. Alors oui, la situation est objectivement désespérée, mais après tout ce sont les Winchester, ils marquent des points et le vieux Bobby, toujours si rusé, entre dans la danse. Les diaboliques scénaristes ont l’habileté de concentrer sur sa conclusion toute l’essence de ce final vers lequel converge toute la saison, afin d’encore en optimiser l’impact, au bout du suspense. Plusieurs excellentes scènes viennent encore rehausser le succès de cet ébouriffant final, comme les scènes d’adieux dignes mais bouleversantes entre les deux frères, ou le cri du cœur de Bobby (la famille ne s’arrête pas au sang). Même la Ruby de Katie Cassidy, enfin réellement expressive, tient là son meilleur épisode. On aime comment, après une tirade absolument magnifique, Dean décide tout de même de balancer par dessus bord la dignité chevaleresque, pour se battre jusqu’au bout. C’est ça, un Chasseur, pas un Perceval en armure et oriflamme. Sous nos yeux éberlués, Lilith nous gratifie également d’un savoureux pastiche de l’un des meilleurs épisodes de The Twilight Zone, It’s A Good Life, poussant jusqu’à son terme le concept d’enfant démoniaque ! On s‘y croirait, même si l’on n’y retrouve pas les fantasmagories horrifiques issues de l’imagination de ce qui demeure un enfant. Lilith se contente de terminer ses victimes, ce qui concorde d’ailleurs avec l’univers Supernatural. La saison n’allait évidemment pas prendre congé sans le petit moment Gore au coin du feu et l’atroce mort de Dean se pose un peu là dans ce domaine, un vrai coup de poing pour le spectateur. Ils l’ont fait ! Petite pensée pour Bela. Bon, on se doute bien que le Dean sera bien de retour sur nos écrans, mais tout de même. Le pouvoir ressuscité bien tardivement de Sam introduit également la période à venir. Seul (léger) regret, la vision de l’Enfer ne s’imposait pas, dans ce domaine l’imagination vaut toujours mieux que la démonstration (comme avec Bela). Anecdotes :
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Saison 4
1. LA MAIN DE DIEU Scénario : Eric Kripke Réalisation : Kim Manners - Dean. Your chest was ribbons. Your insides were slop. And you've been buried four months. Even if you could slip outta Hell and back into your meatsuit... - I know. I should look like a Thriller video reject. Résumé : Quatre mois après son horrible trépas et sa chute en Enfer (cf. épisode précédent), Dean Winchester se réveille, vivant, et le corps intact dans sa tombe. Après s’être dégagé, il retrouve la trace de Bobby et Sam (alors prenant du bon temps avec une jolie fille) et enquêtent sur l’identité de l’entité ayant réussi à accomplir un tel prodige. Ils vont aller de surprises en surprises… Où vous n’aurez plus envie d’appeler votre cher(e) et tendre « mon ange ». La critique de Clément Diaz : L’ouverture de cette quatrième saison se tenait face à un défi : comment légitimer la résurrection de Dean ? Eric Kripke y parvient haut-la-main avec une enquête palpitante parsemée de révélations tonitruantes développant deux arcs de la saison promettant énormément ; mais le récit sait ne pas sacrifier le relationnel, plus que jamais le cœur de cette série. Si le retour gagnant d’un réjouissant personnage à la personnalité encore mystérieuse nous ravit, c’est bien entendu pour la spectaculaire entrée en scène de Castiel, porté par un magnétique Misha Collins déjà en pleine possession de ce rôle fascinant que l’épisode frappe d’entrée un coup massif. Les sept premières minutes de l’épisode recèlent la substantifique mœlle du talent monstrueux de Kim Manners. Sans presque aucun dialogue, il nous fait partager l’état de choc, l’incompréhension, la faiblesse, de Dean lors de sa résurrection, d’une manière certes proche de la fameuse scène du cercueil de Kill Bill 2 mais aussi du début de la saison 6 de Buffy. Si l’on peut préférer le contenu plus horrifique des modèles, la caméra de Manners, très lente, presque fixe nous fait plonger dans un temps presque arrêté, inquiétant. Par suite, les scénaristes montrent qu’ils n’ont rien perdu de leur virtuosité en rendant les scènes de retrouvailles aussi comiques (Bobby et Sam tentant chacun de tuer Dean) qu’émouvantes (la réalisation de l’incroyable vérité). Le numéro d’adresse de Kripke est de concilier un tempo beaucoup plus retenu que l’habitude de la série pour nous faire rentrer dans la tête de nos personnages ici beaucoup plus sonnés qu’à l’ordinaire, et une succession démente de scènes-chocs, chacune imprimant une force horrifique ou menaçante. À ce titre, la double crémation oculaire se montre particulièrement atroce, tandis que ces moments où la terre tremble témoignent du savoir-faire de l’équipe technique de la série, toujours prompte à nous en mettre plein la vue avec très peu de moyens. Voir les démons infernaux être autant terrorisés par le new boss in town en dit long sur l’impact de l’inconnu, tandis que le twist de l’identité de la jolie fille est également un joli coup d’audace. Lorsqu’on connaît la suite, on ne peut que sourire quand Genevieve Cortese (aujourd’hui Mme Padalecki) fait son entrée en tant qu’amante du personnage de Jared Padalecki ! Mais indépendamment de l’anecdote, c’est de voir cette sorte de coach préserver un mystère bien à elle qui fascine, l’on se doute bien qu’il y a anguille sous roche. La grande révélation finale était attendue au tournant ; l’on ne peut que se rendre à l’évidence : après nous avoir mis au bord de la crise de nerfs, Kripke parvient à trouver une solution aussi démesurée qu’élégante, tout en plaçant immédiatement la barre très haut pour ce que le personnage doit apporter à la série. Kripke se montre d‘une exigence assez audacieuse, mais Castiel va bien se révéler comme un atout brillantissime de la série. Et cela commence dès son entrée aussi impériale qu’inquiétante, d’une intensité survoltée grâce aux angles de mises en scène parfaits de Manners : travelling vertical nous le faisant découvrir, légère contre-plongée inclinée alors qu’il dévisage Dean, plan américain pour l’effet spécial des ailes… mais aussi grâce à l’électricité statique déployée par un Misha Collins extrêmement intériorisé, mais à la présence physique éblouissante. Après la tragédie intimiste d’In my time of dying et la décharge d’adrénaline de The Magnificent Seven, la série continue d’affirmer son brio pour les season premiere ! Une saison qui démarre déjà au sommet, et dont on trépigne d’impatience à l’idée de voir la suite ! La critique d'Estuaire44 :
Lazarus Rising ne se contente pas de représenter un parfait lancement de saison, mais va instaurer un véritable reboot de l'univers de la série. Kripke s'extirpe de la classique dichotomie d'un pilote (scénario du jour Vs.mise en place du décor) en biffant purement et simplement la première option. Un choix audacieux (l’épisode se limite au retrouvailles puis à un enquête express) mais lui permettant de contenir une quantité astronomique d'informations, tout en modulant à loisir son timing. Après le terriblement suggestif gros plan sur l'oeil de Dean contemplant l'Enfer, sans doute l’une des images la plus anxiogène de la série, l'épisode peut ainsi nous offrir toute la magnifique séquence quasi muette du retour de Dean, impeccablement mise en scène par Kim Manners et interprétée avec intensité par Jensen Ackles. Comme Dean reprend vie dans son cercueil, sans personne pour l'aider à en sortir, les amateurs de Buffy remarqueront au passage qu'un Angel of the Lord ne s'en sort guère mieux qu'une apprentie sorcière. On aime beaucoup le réalisme montrant le Héros américain pillant sans aucun état d'âme un magasin, le Tao de la survie reste bien la Bible des Chasseurs. On apprécie par ailleurs l’émotion des diverses retrouvailles, avec, comme souvent dans Supernatural, l'humour surgissant envers et contre tout (l'Impala profanée, l'eau bénite). Le récit a la cruelle intelligence d'instiller dès ce moment le poison du mensonge entre les, deux frères, d'ailleurs bientôt nantis de coachs pour le moins antagonistes. La dérive de Sam est déjà parfaitement explicite, avec une Ruby II pour laquelle, pour diverses raisons, on éprouve déjà un gros coup de cœur (et puis, avec le recul, cette entrée en scène de Geneviève Cortese est évidemment très amusante). La quintessence, le centre de gravité de l'épisode demeure cependant l'avènement de Castiel, annoncé avec éclat par des scènes à la fois terrifiantes et originales dans la série (dont la crémation des yeux, moins stylisée que pour le Métatron des X-Files, nous sommes bien dans Supernatural). La rencontre avec Dean, s’avère spectaculaire et impeccablement dialoguée. Chapeau bas devant la prestation du formidable Misha Collins, à qui il suffit d'apparaître pour doter instantanément Castiel de mystère, immanence et charisme. Quelle entrée ! Et encore, l'humour est encore absent mais il reste intéressant de redécouvrir Castiel avant qu'il ne devienne « Cas », l'ami des Bros, pour les bons et les mauvais jours. Il indique déjà la vraie nature des Anges dans Supernatural. Non des angelots avec Lyre dorée et auréole, mais plutôt des tueurs ailés surpuissants, avec, tout là-haut, un Père si longtemps énigmatique et distant, voire absent, bien davantage qu’aimant et compatissant. Le décor est idéalement planté pour cette saison 4. Castiel va déployer ses ailes et hisser Supernatural jusqu'à de nouveaux sommets. Anecdotes :
2. ANGES ET DÉMONS Scénario : Sera Gamble, d’après une histoire de Sera Gamble & Lou Bollo Réalisation : Phil Sgriccia - You built a panic room ? - I had a week end off. Résumé : Plusieurs chasseurs ont été retrouvés assassinés, les tripes arrachées. Sam, Dean, et Bobby comprennent que les responsables sont les fantômes des victimes que les chasseurs n’ont pas réussi à sauver et qui se vengent ainsi. Bientôt, pas moins de cinq fantômes se mettent à les harceler. Toujours incrédule à l’existence des Anges (sans parler de Dieu), Dean va apprendre pourtant de Castiel le but ultime de Lilith… Mieux que la rave party, la ghost party : apportez vos tripes, on vous en débarrasse au vestiaire. La critique de Clément Diaz : L’épisode me paraît souffrir de deux faiblesses d’écriture : l’épisode commence par le marronnier de la litanie de meurtres que notre trio n’arrive pas à empêcher (un cliché bien connu des amateurs des Avengers), puis enchaîne sur la réitération incessante d’une seule idée, celle des fantômes apparaissant toutes les minutes pour tourmenter nos héros ; leur numéro finit par lasser très vite alors qu’il est répété ad nauseam. Cependant, on apprécie le triple call-back de ces anciens personnages de la série revenus ici faire un petit coucou, la découverte de la cave de Bobby (parano un jour, parano toujours), tandis que la Mythologie de cette saison continue de se développer grâce au toujours rigolard Castiel. Malgré de joyeux moments gore réalisés sans doute par des maquilleurs ayant sniffé de l’héro et fait bamboula toute la nuit précédente, on éprouve une certaine peine à s’immerger dans une histoire où notre trio ne fait que courir d’un cadavre à l’autre. Une fois ce trop long temps d’exposition achevé, le duo Gamble-Bollo parvient à électriser l’ensemble grâce au triple retour d’Henriksen, de Ronald (le geek malchanceux de Le polymorphe, saison 2), et de cette bonne vieille Meg. Si Ronald et les deux petites filles (oui, les gars, on a compris que vous connaissiez Shining par cœur) ne font que de la figuration et qu’Henriksen se contente de quelques phrases fourre-tout, les auteurs parviennent heureusement à rentabiliser l’atout Meg par un détour malin : ce n’est plus la démone auquel on a affaire, mais à la jeune femme dont elle avait pris le corps, et qui vit son destin scellé quand Dean balança son corps par la fenêtre dans Daeva (saison 1). Ce faisant, l’épisode ouvre une fenêtre sombre sur la nécessité pour nos frères de verrouiller leurs cœurs, pour ne pas se préoccuper du trépas des humains dont ils tuent les démons ayant pris possession d’eux, faute de quoi, la culpabilité les briserait irréversiblement. Dans le rôle de cette jeune femme morte par la maladresse de nos frères et hurlant vengeance, Nicki Aycox change brillamment de registre (et d’apparence !) et apporte intensément lors de ses duels. Le raccordement inattendu à la Mythologie par Bobby puis Castiel élève encore les débats quant aux enjeux de la saison. La bataille finale, quoique correctement filmée par l’expérimenté Phil Sgriccia, ne fait toutefois que jouer sur l’apparition/disparition des spectres et à des fusils mécaniquement déchargés, bridant grandement l’adrénaline souhaitée. Cependant, voir Sam de plus en plus sec et saignant nous montre également qu’il va falloir le surveiller lui aussi, on sent que mine de rien, les ténèbres commencent à le gagner, rendant la présence de Ruby d’une anxieuse ambiguïté. L’épisode trouve sa valeur grâce au Dean show : le voir piquer une crise quand cet athée convaincu se trouve face à la possibilité de l’existence de Dieu nous vaut une scène de déni vraiment hilarante, qui touche au gag gratiné quand il apprend le lendemain l’existence de Lucifer (ça fait beaucoup à digérer là !). Bien entendu, la réapparition de Castiel lors de la longue coda entraîne une petite explication bien saignante. Cette vision des anges comme des soldats exterminateurs qui ont laissé amour divin et compassion au vestiaire pour désentripailler les démons est certes très bizarre, mais cela donne un décalage assez amusant entre le comportement attendu et celui réel du personnage. D’autant que bon, le livre de l’Apocalypse nous décrit bien une guerre entre démons et anges, alors on comprend que ces derniers tirent un peu la gueule. Castiel dégage cependant une véritable inquiétude, relativisant grandement le combat de nos frérots, simple petit détail d’une guerre beaucoup plus importante se préparant, et franchement angoissant quand il menace Dean de le renvoyer à la poêle à frire là tout en bas. Castiel semble tout aussi impitoyable et sans pitié que ceux qu’il combat (les temps de guerre…). Avec une Ruby plus fragile, « gentille », l’inversion de Kripke voyant les démons plus sympathiques - du moins en apparence - que les anges ne manque décidément pas d’air ! Le grand roulement de tambours sur la menace Lucifer achève cet épisode sur une note de suspense fort bienvenue. Les enjeux de la saison sont maintenant posés ! La critique d'Estuaire44 :
Are You There, God? It's Me, Dean Winchester déçoit par la faiblesse de son histoire du jour. Dean paniqué à l'idée d'être l'Elu et la St Barthélémy sanguinaire des Chasseurs sont certes des concepts prometteurs, d’autant que leur parano solitaire les transforme logiquement en cibles solitaires. Hélas le coup des fantômes revendicatifs attaquant les prétendus responsables de leur mort devient très vite ultra répétitif, tant le même circuit se réitère encore et encore. D’ailleurs les auteurs vont désespérément tenter de pimenter la sauce avec divers artifices plus ou moins convaincants, comme des réapparitions plus rapides qu’à l’ordinaire, ou surtout l’emploi de personnages rn call-back. Mais ce procédé aussi devient répétitif itou, puisque seulement 4 personnages tournent en boucle encore et encore, et pas forcément les plus captivants des trois premières saisons, hormis Meg. La plus intéressante (et mieux interprétée) des visiteurs en fait cependant trop dans le mélo avec cette histoire de petite sœur. On lui doit pourtant la plus forte scène de la séquence, avec la révélation du visage sombre de Sam. Ca fait froid dans le dos, Ruby a bien bossé, la gueuse. Bobby trouve la clé de l’énigme, avec une vitesse et une aisance vraiment trop ahurissantes pour ne pas devenir artificielles, Giles est dans les cordes. Hormis la découverte du nouveau décor récurrent qu’est la géniale cave-bunker du dit Bobby (promise à de nombreuses merguez parties), on se dit que tout cela va être un coup pour rien. Mais c’est alors que survient la grandiose scène de conclusion, confirmant que a) Misha Collins est le casting du siècle, b) ces rencontres Dean/Castiel vont devenir l’un des atouts majeurs de la saison, c) c’est parti pour l’Apocalypse, comme à Sunnydale, mais là celle du Livre de la Révélation selon St Jean. L’épisode confère son fil directeur à la saison, avec Lilith ayant entrepris de faire tomber les Sceaux afin de libérer la bête, Lucifer en personne. L’intervention de l’Ange du Rire Franc et Joyeux demeure toutefois trop tardive pour compenser les faiblesses du récit. Anecdotes :
3. AU COMMENCEMENT Scénario : Jeremy Carver Réalisation : Steve Boyum Sammy, wherever you are, Mom is a babe!… I'm going to hell. Again. Résumé : Castiel entraîne Dean en 1973 où il rencontre ses parents, alors tout jeunes, ainsi que la famille de Mary. Il réalise qu’il va participer aux événements qui ont déclenché la malédiction des Winchester lancée par Azazel. Il va alors mettre tout en œuvre pour changer le cours du temps. Mais était-ce bien le but de Castiel ?… Définition d’ « Ange du Seigneur » : Seigneur du Temps sans TARDIS. Ouais, on comprend pourquoi le Castiel il a toujours une tronche d’enterrement. La critique de Clément Diaz :
Le grand flash-back dans la vie des héros est aujourd’hui un passage obligé pour les séries télévisées. Cependant, Supernatural y imprime une brillante originalité, semblant démarrer comme un remake fun de Retour vers le futur avant de bifurquer vers des eaux plus ambitieuses. En effet, nous ne pouvons croire un instant que Dean parviendra à modifier le passé, car cela annulerait les trois premières saisons comme nous les connaissons (même la spécialiste en contorsions scénaristiques qu’est Dallas a limité les frais à une saison). Jeremy Carver, déjà auteur du génial Mystery spot, confirme son aisance dans le thème du voyage temporel et va substituer au « est-ce que ? » le « comment ? » et construire un suspense avant tout émotionnel, centré sur un Dean déchirant dans sa poursuite désespérée à empêcher l’inéluctable. La superbe écriture de Mary et Samuel Winchester, mais aussi d’un Azazel plus pourriture que jamais, légitime cette orientation alors même que l’action est menée sans temps mort. In the beginning est bien un modèle d’efficacité narrative à l’américaine, sachant émouvoir par des personnages sans cesse plongés dans une action trépidante. Au lieu de la virtuose superposition comédie/drame de Mystery Spot, Carver opte pour une non moins virtuose progression dramatique, démarrant dans la comédie, puis passant par le suspense, puis l’horreur, pour aboutir à la terreur pure, portée à un degré tellement élevé que la coda en gardera des marques. De fait, le trompe l’œil initial voyant Dean et John faire connaissance reste humoristique, et c’est alors qu’en un seul plan, tout bascule avec l’attaque de Mary, éjectant de facto John à l’arrière-plan. Dès lors, l’épisode captive le fan par une chaîne de rebondissements explosifs, avec la véritable situation de Mary (magnifiquement incarnée par la sublime Amy Gumenick, à la ressemblance idoine avec Samantha Smith), superbement émouvante dès lors qu’elle fait le vœu d’un avenir loin des souffrances des chasseurs, condamné hélas à ne jamais se réaliser, puis l’irruption d’Azazel, toujours roi des marchés de dupes, ainsi que l’énorme twist du dernier acte, et le pacte final, tout en insérant des scènes d’action propres à exciter les nerfs. Les X-Philes s’étaient déjà régalés de l’apparition de l’Homme à la Cigarette (L’Épouvantail, 1-11), autant dire que la venue de Mitch Pileggi ne pouvait que susciter une standing ovation. Bourru mais généreux, et jouant de son impressionnante présence physique, Pileggi n’est pas qu’un guest appelé spécialement pour créer l’événement, mais aussi un casting affûté pour jouer ce patriarche sombre, impitoyable, mais inarrêtable, finalement assez voisin de Skinner, d’autant que par sa manie de ne pas respecter ses ordres tout en suivant le même objectif, Dean prend des allures de Mulder ! La partition demandée à Pileggi a beau être extrêmement étendue, l’acteur la transcende par sa fascinante puissance de jeu. Si la vivacité courageuse de Mary illumine l’épisode d’une lumière claire, la lumière sombre est apportée en grandes pompes par ce damné félon d’Azazel, qui ajoute au démoniaque une certaine lubricité poisseuse. Ses marchés pervers broient des vies humaines avec une mortelle efficacité. À ce titre, le coup de poignard et l’horrible serment final se montrent d’un sadisme raffiné, tandis que ses assassinats glacials nous rappellent combien ces yeux jaunes s’illuminant soudainement ont su nous effrayer. Après 12 saisons, Azazel, le premier Big Bad de la série, demeure toujours une des plus intenses créations de Supernatural. Même mort, il continue d’éprouver nos frères au-delà du supportable. Bien sûr, on peut penser que Castiel aurait pu s’y prendre plus simplement, mais vu son caractère, il est patent qu’il privilégiera plutôt les méthodes hardcore pour former son padawan ! Avec cinq minutes seulement à l’écran, Misha Collins rayonne d’intensité à chaque apparition, et l’on comprend sans peine que ce personnage au départ simple ajout d’une saison, ait rapidement été promu au rang de personnage majeur de la série. Le cliffhanger, pour aussi simple qu’il soit, n’en est pas moins à sensation ! La critique d'Estuaire44 :
In the Beginning débute par le départ en catimini de Sam d'un de ces motels estampillés SPN, pour une nuit de turpitudes diverses et variées avec la Ruby. La scène, entièrement muette, s'avère remarquable par le malaise qu'elle suscite déjà. Il y a quelque chose de pourri au royaume des Winchester. Et d'un coup d'un seul Castiel apparaît et propulse Dean dans le tout premier de ces similis crossovers entre Supernatural et Retour vers le Futur, qui verront les Bros voyager de manière très similaire à Doc et Marty. Les auteurs ont d'ailleurs l'élégance d'insérer un clin d'oeil sympathique à la mythique DeLorean, c'est judicieux. Le grand mérite de l'épisode consiste à ne pas se contenter de surfer sur une idée originale et rigolote mais de s'en servir pour passer progressivement de la comédie réussie (les 70's joyeusement caricaturaux, l'arrivée de l'Impala) à une réécriture magistrale et terriblement assombrie de la mythologie même de Supernatural : la malédiction familiale des Winchester. Pour cela le récit use de plusieurs idées fulgurantes, comme un John totalement en dehors de la Chasse et une Mary au contraire immergée dans cet univers, une fabuleuse inversion de perspective, que la parfaite interprétation rend poignante (lumineuse Amy Gumenick). On adore, par ce que sonne tellement juste, que Dean ne s'arrête aux diverses conséquences d'une modification des évènements, la famille avant tout c'est tellement lui. Évidemment cela échoue (même le Docteur a dû en payer le prix lors de Waters of Mars), malgré la ludique réapparition du Colt, car Azazel s'avère un adversaire toujours aussi jouissif, digne du formidable Big Bad qu'il aura été deux saisons durant. Et là un casting idéal achève de rendre l'épisode enthousiasmant, avec un immense Mitch Pileggi, aussi parfait dans le rôle de Samuel que de celui d'Azazel, champagne ! La conclusion apparaît aussi inexorable que tragique, un travail particulièrement abouti. Lors de cette relecture de l’univers Supernatural on voit bien quel point cette série parvient à optimiser absolument tous les outils à s disposition, y compris sa propre mythologie. Castiel est lui aussi excellent en Homme Mystère, tout au long du récit. Si impénétrables sont les Voies du Seigneur, tortueuses sont celles de l'Ange et cela sert idéalement l’intrigue (Misha Collins toujours aussi magnétique). Toutefois il sait être explicite à l’occasion : quand il indique à Dean que s'il ne stoppe pas Sam, c'est lui qui le fera, on comprend qu'il faut y aller, là, tout de suite maintenant. On se projette dans l’épisode suivant à l’unisson de Dean. Anecdotes :
Eric Kripke indique apprécier Jeremy Carver pour sa maîtrise des dialogues, qu’il juge supérieure aux siens et à ceux de Robert Singer dans ce domaine. Dans la première version de son scénario, Jeremy Carver avait imaginé que tous les clients du café seraient en tenues bariolées (et configurations capillaires à l’avenant) typiques des années 70, et en train de faire la fiesta. Dean devait se distinguer en faisant du skate-board sur la BO de Saturday night fever. À la vue de ce franc délire, Kripke somma promptement Carver de renoncer à cette idée pour cause de contraintes financières et de temps du département costumes ! Carver put toutefois garder le serveur givré. Pour les mêmes raisons financières et de temps, Carver dut supprimer une scène d’action de Mary et quelques répliques spirituelles de sa part. L’histoire de cet épisode avait déjà été élaborée en saison 3, et devait y être incluse. La grève des scénaristes de 2007 en empêcha alors la production. En cette même saison, l’équipe bloquait quant à apporter une justification crédible permettant le voyage temporel ; l’arrivée de Castiel fournit à Kripke un excellent alibi. Originellement, John devait être au centre de l’histoire avant que Mary ne prenne finalement plus d’importance, jusqu’à le laisser en périphérie. Quant au twist voyant Mary être un chasseur et non John, il était présent à l’esprit du créateur dès le pilote. Jeremy Carver écrivit l’épisode la semaine précédant l’accouchement de sa femme de leur petite fille, ce qui le mit dans un état particulier. Il dut cependant demander un congé parental ensuite, et ce furent Eric Kripke et Ben Edlund qui réécrivirent un nombre considérable de fois le monologue d’Azazel face à Dean, car constituant l’origine de la malédiction des Winchester, tout en devant demeurer parfaitement crédible en regard de tout ce que la série avait alors raconté. Carver dut également jouer sur du velours à propos de Castiel car le tournage du premier épisode n’ayant pas encore commencé, il n’avait aucune idée de son apparence ni de sa personnalité. Kripke dit avoir eu du mal à faire comprendre à Jensen Ackles la boucle temporelle fermée de l’achat de l’Impala : aucun des deux événements 1. John achète sous les conseils de Dean la Chevrolet en 1973, 2. Dean remonte le temps en 2007, ne se déroule avant ou après l’autre : c’est un cercle temporel sans antériorité ni postériorité. Le thème de la boucle temporelle sans avant ni après fut notamment exploité dans le célèbre La Jetée de Chris Marker (1962) et son faux remake L’armée des douze singes réalisé par Terry Gilliam. La scène de combat entre Mary et Dean fut tournée sans doublures : Jensen Ackles était maintenant plus assuré pour les scènes de combat tandis qu’Amy Gumenick a une formation de danseuse de ballet qui la rendait efficace pour les chorégraphies de combat, un atout qu’exploita le réalisateur Steve Boyum, lui-même ancien danseur. 4. MÉTAMORPHOSE Scénario : Cathryn Humphris Réalisation : Kim Manners It's already gone too far, Sam. If I didn't know you, I would want to hunt you. Résumé : Une crise éclate entre Dean et Sam : l’utilisation de ses pouvoirs de ténèbres et sa fréquentation de Ruby entraînent Sam sur une pente dangereuse, ce que Dean ne supporte pas. Ils doivent toutefois mettre de côté leur conflit pour surveiller Jack Montgomery, un Rugaru, c’est-à-dire un monstre ayant tout de l’humain mais qui n’a pas conscience d’en être un. Or, Jack a environ trente ans, âge où le Rugaru qu’il est commence à ressentir une faim dévorante et inassouvie : qu’il dévore un morceau de chair humaine, et il se transformera à jamais en monstre anthropophage. Dean et Travis, un chasseur qu’ils connaissent bien, veulent le tuer par prévention, car aucun Rugaru n’a pu résister à cette envie, mais Sam souhaite le convaincre à résister à ses pulsions pour éviter d’en venir à cette extrémité… Bouffons-nous les uns les autres. La critique de Clément Diaz : À ses débuts, Supernatural offrait souvent des versions d’épisodes d’X-Files encore trop inféodées à leurs modèles, avant de trouver finalement son identité propre. Malheureusement, Metamorphosis constitue un éloquent retour arrière car constituant un succédané sans imagination d’Appétit monstre, un épisode malin d’X-Files - la chair crue remplaçant les cerveaux - mais sans l’éclat de la narration enlevée de Vince Gilligan. Cathryn Humphris offre cependant suffisamment de scènes-choc pour permettre à maestro Kim Manners (tiens, aussi le réalisateur d’Appétit monstre), de composer un digne chant du cygne par une surenchère gore juteuse, tandis que la platitude générale de l’intrigue est relevée par l’émotion du personnage de Jack et de troublantes questions éthiques. Même si l’on ne compare pas cet épisode avec son modèle, le premier loner (bon, semi-loner) de la saison n’est guère convaincant, la faute à un cruel manque d’action : aucun cadavre avant une demi-heure, allers-retours sans résultat de Montgomery répétant sans cesse le même numéro « Me want food, me want food » (c’était la minute 30 Rock fan), nos bros ne faisant rien sinon l’espionner longuement ou parler tranquillement avec Travis. Alors que Montgomery pourrait devenir incontrôlable à tout moment, le personnage de Travis est trop peu creusé pour qu’il importe dans l’histoire (son trépas ne fait ni chaud ni froid), évacuation de l’épouse qui fait que l’épisode oublie de boucler une de ses intrigues (alors qu’un débat éthique sur quant à supprimer sa progéniture aurait pu tonifier l’ensemble), crescendo trop indolent - le passage avec le dragueur lourd n’apporte rien... le calvaire de Montgomery eût pu davantage toucher si l’épisode avait été filmé de son point de vue, ce qui aurait été certes pompé sur Appétit monstre, mais aurait au moins assuré une immersion plus prégnante. Même le duel final manque de suspense (on se doute que Dean ne va pas finir en matière fécale d’un cannibale) et se voit résumé à une petite flambée, très loin du feu de joie attendu. Heureusement, grâce à la lumière bleu glacée de Serge Ladouceur et l’épatante réalisation de Manners, une atmosphère sinistre parvient à passer, notamment lors des sommets gore de l’épisode, avec gros sillons épais de sang, cadavres à demi-dévorés, et maquillage horrifique de Jack, tout barbouillé du sang de sa victime, accentués par le jeu brillamment névrotique de Dameon Clarke. Les tourbillonnements éthiques de l’épisode en font sa valeur. Ainsi, Sam dévale tranquillement sa pente de ténèbres, pensant (sans doute à tort) qu’il peut garder le contrôle. Ruby, en étant toujours plus proche de Sam, ne fait que grandir l’inquiétude, elle n’a rien à gagner de son alliance avec ses héros, et l’on attend un coup fourré qui ne saurait manquer de surgir. Dans une position très ange exterminateur (au sens figuré, voir Castiel pour le sens propre), Sam tente d’utiliser des outils démoniaques pour le Bien, exhumant un vieux dilemme que l’on retrouve d’ailleurs avec la dernière saison d’Angel, le vampire tentant d’utiliser à des succès très irréguliers la machinerie diabolique de Wolfram & Hart pour le Bien. L’inquiétude de Dean est saisissante, et leurs disputes successives expriment bien tout le poison de cette situation, mais aussi leur angoisse commune : les quatre mois d’enfer solitaire pour Sam, la peur de perdre son frère pour Dean. Les auteurs semblent avoir levé le pied sur les happy ends, car on a du mal à être convaincu du serment de Sam qui promis juré n’utilisera plus ses pouvoirs. On est également remué par la question de tuer « préventivement » un homme dont il est certain qu’il ne pourra résister à ses pulsions, dans une optique très Minority Report. Si la morale est sauve (Montgomery meurt après son assassinat), l’on voit qu’il n’y avait aucun bon choix : par sa ferveur à vouloir tout arranger, Sam met en danger des innocents, tandis que Travis et Dean souhaitaient tuer un homme encore innocent à ce moment-là. Travis irait même jusqu’à tuer un fœtus héritier de cette malédiction ; décidément la vie de chasseur demande beaucoup de délestage en matière d’humanisme. Ce dilemme irrésolu hante encore le spectateur après le générique de fin, permettant à cet épisode de rester quand même mémorable. La critique d'Estuaire44 : Metamorphosis a l'excellente idée de placer assez tôt dans la saison l'inévitable crise de la révélation du lien Ruby/Sam et du développement du pouvoir de celui-ci. Cela permet d'éviter de figer la situation, tout en libérant la place pour la thématique du retour du Cornu. Tout le passage sonne juste, comme si souvent au sein de la fratrie, mais se voit surtout rondement mené, ce qui autorise le développement efficace d'une intrigue autonome, une bonne surprise. Le drame est noué, se montrant prometteur pour le reste de la saison. On apprécie l’intensité apportée par les acteurs, mais aussi que Ruby joue d’autres armes que martiales, cela renouvelle le personnage (ou son Incarnation, comme on le dirait à la BBC). Le vieux complice de John s'insère également à point nommé, permettant de bien visualiser l'abîme séparant le jeune homme du précédent At the beginning, du prédateur impitoyable que deviendra John Winchester, le grand Chasseur de démons. Le saut d’un épisode à l’autre s’avère réellement glaçant. L'histoire du Rugaru, sans se départir d'un certain classicisme, parvient à susciter plusieurs effets réussis, notamment par un parallèle finement élaboré avec la situation de Sam, mais aussi de l'écho que cette situation éveille chez Dean, nettement plus sensibilisé que lors de Heart (2.17), face à la louve garou. La mise en scène se révèle aussi intense que sinistre, tout en s'ornementant d’un arsenal Gore massif, y compris à l'échelle de Supernatural. Âmes sensibles, s'abstenir : le grand Kim Manners est à la manœuvre pour son ultime mise en scène. Excellente interprétation, avec un intéressant guesting de Joanna Kelly, juste avant qu'elle ne devienne la covedette de Warehouse 13 et parfaitement convaincante sur un registre très différent de cette production guillerette et légère. Anecdotes :
5. FILM D’ÉPOUVANTE Scénario : Ben Edlund Réalisation : Robert Singer - So, you guys are like Mulder and Scully or something, and the X-Files are real? - No, "The X-Files" is a TV show. This is real. Résumé : Sam et Dean arrivent à Canonburg, en Pennsylvanie : un témoin prétend avoir vu Dracula en personne assassiner une jeune femme. D’autres meurtres sont commis par un loup-garou qui n’en a pas les caractéristiques et une momie se réveillant d’un cercueil bidon ; notre duo, assisté d’une accorte serveuse, enquête sur cette affaire totalement barrée… Ça a le QI d’une quiche, ça bouffe des pizzas, et ça se dit Fils de la Nuit… La critique de Clément Diaz :
En 1986, Clair de Lune lançait un énorme pavé esthétique avec The dream sequence always rings twice, épisode reprenant dans un mimétisme complet les codes d’un genre : le film noir des années 40, noir et blanc inclus. Exemple suivi par de nombreuses séries dont X-Files, qui signa un énorme chef-d’œuvre avec Post-modern Prometheus, épisode noir et blanc reprenant les codes des comics anciens et des films sur Frankenstein. Supernatural, habituée à faire des versions personnelles des modèles X-Filesiens, prend un risque redoutable en créant sa version de ce magnifique joyau télévisuel, mais le pari résulte gagné tant la beauté de la mise en scène de Robert Singer impressionne de bout en bout. Surtout, l’épisode évite la comparaison avec la tragi-comédie émotionnelle des X-Files en choisissant purement et simplement de faire une parodie des films d’horreur de la Hammer, gonflant à l’hélium les clichés du genre jusqu’à les faire exploser de burlesque, faisant se télescoper dans un décalage à pleurer de rire une histoire de style ancien avec une forme très contemporaine, tout en alignant des saynètes de pur non-sense. L’épisode apparaît tout aussi proche du classieux épisode de bichromie d’X-Files que de Bad Blood, autre classique de la série de Chris Carter lançant des missiles d’acide sur les histoires de vampire (et incluant également un livreur de pizza). Ben Edlund, un des scénaristes les plus allumés de série télé, et auteur attitré des épisodes loufoques de Supernatural, parvient encore à battre ses records comiques dans cette totalement jetée histoire. Bichromie, générique dans le style de l’âge d’or de la Hammer, musique symphonique avec orgue spectaculaire… bienvenue dans un film d’horreur semblant classique, mais dès le premier gag de la pancarte, l’on comprend rapidement que l’on va avoir affaire à l’un de ces épisodes décalés si goûteux de la série. Sans égaler tout à fait la maestria de Carter, Singer maîtrise les jeux d’ombres, les angles biscornus, le hors-champ, l’utilisation ad hoc d’une musique orchestrale grandiloquente, magnifie un impressionnant manoir avec salle de tortures… mais surtout, il peut compter sur Edlund qui en plus d’enchaîner les dialogues brillants (dont une énorme vanne sur X-Files), s’empare du bréviaire de la Hammer et en aligne absolument tous les clichés, mais avec des verres grossissants dévastateurs : des apparitions théâtrales des différents monstres à la blonde capiteuse (pulpeuse et sympathique Melinda Sward dont on apprécie la grande participation à l’action), tout y passe, au karcher. Chaque scène attendue se voit caricaturée avec un humour absurde à la Monty Python : enquête joyeusement débile par les natures différentes du monstre (et ses fournisseurs), irruption de la terrifiante Toccata en ré mineur pour orgue de Bach pour une péripétie bien ridicule, eau de rose parodique avec Dean racontant la douloureuse histoire de sa vie (j’en avais les larmes aux yeux… de rire bien sûr), sans oublier la classique facilité scénaristique voyant le méchant être interrompu au moment d’exécuter le héros (Singer dilatant bien la scène pour nous achever) et remettant aux calendes grecques son exécution. Mais la source quasi infinie de comique demeure bien le méchant de l’histoire lui-même. Outre que son identité fait l’objet d’un excellent twist central, ce Dracula de pacotille maquillé et habillé avec un mauvais goût certain est un démiurge mégalo 100% pur sang, aux répliques assassines, et aussi sanguinaire que pathétique qu’hilarant. Le cliché absolu du trauma d’enfance - pompé senza vergogna sur le Fantôme de l’opéra - se voit ainsi passé à la centrifugeuse tandis que l’on demeure longtemps sur les sommets d’imbécillité atteints par le personnage par ses obsessions totalement délirantes, ou par des scènes véritablement sous coke comme celle du livreur de pizza, un des plus grands moments de n’importe quoi de la série ! Même sa mort est une énorme blague. Todd Stashwick carbure à l’acide à chaque scène, et devient un challenger de valeur pour être le roi de Cabotinageland. Mais ce Dracula frappé n’est pas seulement loufoque, mais aussi le porte-parole d’Edlund sur la magie du Septième Art, tellement plus grand et passionnant que la vie. Edlund avait déjà exprimé sa foi en l’industrie du cinéma dans Hollywood Babylon, ici, c’est envers l’art lui-même. « Dracula » n’est pas satisfait de sa vie de paria, alors il transcende sa malédiction en modelant la Vie selon les codes du cinéma, comme Z.Z. von Schnerk magnifie la vie (et la mort) d’Emma Peel dans le Caméra Meurtre des Avengers pour trouver un sens à sa vie. Il se rêve en héros de film pour compenser son rejet de la société, comme Andrew voyait Sunnydale comme une scène géante pour oublier son passé d’assassin dans Buffy. Il donne ainsi une émotion derrière les tempêtes de rire qu’il déchaîne à chaque minute. Caractéristiquement, l’épisode est bien plus fou que l’ordinaire des Winchester, qui ici jouent pleinement le jeu, avec une prime pour un Dean en roue libre totale dans une ville où filles torrides et bière coulent à flots (la scène du « repucelage » est à se plier en seize !). Un épisode follement jubilatoire ! Et un des plus grands chefs-d’œuvre de la série. La critique d'Estuaire44 :
Après tout un arc narratif majeur, sombre et éprouvant, Supernatural a l'excellente idée d'octroyer une pause au spectateur, avec cet épisode décalé suprêment réjouissant qu'est Monster Movie. L'idée de convertir la série au format des classiques des films d'horreurs s'avère finement jouée, particulièrement grâce au sein apporté à la production (noir et blanc, angles de caméra, décors et maquillages très à la manière de, générique original, musique génialement grandiloquente, etc.). Outre la mise en scène, le mimétisme s’étend également à la narration, avec un rythme relativement lent correspondant très exactement à celui de ces films, considérablement plus déclamatoires que ceux qui existent aujourd’hui. Jensen Ackles, particulièrement à l’honneur ici, a également tout d’un jeune premier de RKO Pictures ! Le recours à l'Oktober Fest apporte un farfelu supplémentaire bienvenu, tandis que l'on admire ce qui demeurera sans doute le meilleur calembour de la série (Pennsylvanie/Transylvanie). Le meilleur de l’humour réside dans la prestation hallucinante et hallucinée de XXX, l'acteur incarnat le méchant du jour, qui met un talent fou à jouer les ringards absolus, c'est franchement irrésistible. A cet égard, on se dit qu’une belle carrière l’attend chez Z.Z. von Schnerk, tant les amateurs des Avengers songeront à la grande réussite de caméra meurtres tout au long de cet autre grand épisode dédié au cinéma et à sa magie. L’humour iconoclaste, parfois aux lisières de l’absurde, de Ben Edlund débouche en effet sur un sublime hommage au pouvoir d’évocation du Septième Art, avec ce portrait aussi original qu’en définitive émouvant de ce monstre cherchant à se sublimer à travers ses archétypes. Les autres seconds rôles (la radieuse Jamie, Ed l’Immense). S’il demeure l’un des meilleurs épisodes décalés de Supernatural, on pourrait regretter une moindre virtuosité narrative et visuelle que lors du fabuleux Prométhée post moderne des X-Files, son évident modèle. Mais, outre que la barre se voit ainsi posée singulièrement haut, la formidable référence faite à la série de Chris Carter achève d’emporte l’adhésion. Anecdotes :
6. LE MAL DES FANTÔMES Scénario : Andrew Dabb & Daniel Loflin Réalisation : Phil Sgriccia - We just wanna see the results of Frank's autopsy. - What autopsy? - The one you're gonna do. Résumé : Trois hommes en parfaite santé physique ont été retrouvés morts, d’une crise cardiaque inexplicable. Il semble que les victimes aient souffert de crises de peur de plus en plus intenses jusqu’à en mourir. La situation se complique quand Dean commence à en souffrir les premiers effets. Dean réduit à la quasi-impuissance, Sam a moins de 48 heures avant que le cœur de son frère lâche… Nom : Dean Winchester. Profession : chasseur de monstres, occasionnellement scream queen. La critique de Clément Diaz :
La peur, domaine-roi des séries fantastiques, demeure un des plus fascinants sujets humains. C’est donc avec ambition que deux nouveaux scénaristes, Daniel Loflin et Andrew Dabb, auteur appelé à prendre une place considérable dans la série, donnent naissance à leur premier opus au sein de la série. Cependant, les peurs de Dean vont s’exprimer surtout visuellement, un parti pris logique pour l’horreur typique de la série, mais incomparablement moins riche que les peurs les plus effrayantes : celles se nichant au plus profond de nous, et qui n’est que la portion congrue de cet épisode. De fait, l’épisode, malgré de bons effets et un excellent Jensen Ackles, mise plutôt sur un humour sur la corde raide et ne se montre pas aussi effrayant que pouvait l’être Nocturne de la série Alias, chef-d’œuvre de terreur pure et qui, lui, misait à fond sur les peurs intimes de l’héroïne. Yellow fever (encore un titre sensationnel !) est malgré tout efficace tout en dramatisant en passant les enjeux de la saison. L’épisode démarre très fort sur Dean paniqué à la vue d’un… Yorkshire avec un ruban rose, aussitôt suivi par une scène d’autopsie d’un humour gore que n’aurait pas désavoué X-Files ! Par suite, l’épisode va traiter les peurs de Dean sous un double angle : le suspense par le compte à rebours létal, et l’humour par les réactions de panique d’un des héros les plus durs à cuire des séries TV. De fait, l’un empêche le développement complet de l’autre, mais ce périlleux équilibre reste plutôt bien assuré grâce au talent protéiforme d’Ackles et la mise en scène justement diverse de Phil Sgriccia. Cependant, l’on avoue qu’on rigole plus qu’on ne tremble dans les trente premières minutes, Jensen Ackles étant visiblement ravi de jouer complètement hors du personnage en le montrant froussard, parano maladif, allant jusqu’à se biturer pour se donner du cœur au ventre ; à la clé plusieurs scènes vraiment hilarantes comme la scène chez l’amateur de serpents, Dean roulant très lentement ou demandant une chambre au premier étage par peur des hauteurs… le festival semble sans fin ; en point d’orgue, sa fuite précipitée dès qu’il voit l’esprit et son mémorable cri lors de l’ouverture du casier, deux pépites de rigolade d’or pur. Mais l’humour fait que le suspense a du mal à s’inviter. De plus, Sam semble se montrer bien peu concerné par l’affaire, alors qu’il était autrement plus expansif en saison précédente, ce qui nuit quelque peu à l’émotion. Il faut vraiment attendre le dernier acte quand deux yeux jaunes apparaissent pour que l’horreur commence à reprendre le dessus. On retiendra le moment le plus fort de l’épisode qui est finalement la scène d’horreur la moins visuelle et la plus psychologique : le grand coup de gueule de Dean sur sa condition de chasseur, balançant toute sa haine de son « métier » et toute l’absurdité de cette activité, « anormale » par rapport à l’existence du commun des mortels, tellement moins dangereuse et rassurante, avec son frère comme unique compagnie, ce qui même avec le plus grand amour fraternel au monde, donne de sporadiques conflits parfois violents et épuisants. Le côté industrieux de leur entreprise apparaît comme particulièrement éprouvant, et humanise grandement le personnage. Le duo Loflin-Dabb a manifestement tout compris d’entrée à la série. Dès lors, les mâchoires de la peur semblent engloutir Dean définitivement tandis que le twist final se montre particulièrement anxiogène. Sierra McCormick confirme que bien qu’enfant à l’époque, elle savait se montrer aussi terrifiante que tout acteur confirmé : son harcèlement écrasant contre un Dean dans les affres de l’agonie met les nerfs à vif, tandis que le mano a mano final se montre haletant à souhait avec une idée bien tordue et pas franchement éthique de Sam qui laissera même troublé Bobby (ah, Jim, Jim, mais qu’est-ce qu’on ferait sans toi ?). Supernatural continue de creuser son chemin de noirceur avec des codas désormais de moins en moins riantes : Dean a beau être sorti du cauchemar, le frisson glacial de fin (une idée en or) ne donnera aucun réconfort au spectateur. Aussi, on ne boudera pas la surprise inattendue du « bonus » de l’épisode : un show de Jensen Ackles sur Eye of the Tiger à se rouler par terre et appelé à devenir culte parmi les fans ! Ce cassage spécial de 4e mur n’avait plus eu d’équivalent depuis le final de la saison 4 de Clair de Lune, qui se terminait aussi sur un bonus : Herbert Viola chantant une version délirante de Wooly Bully. Tiens, mais ça tombe bien, Curtis Armstrong, son interprète, fera plus tard son entrée dans la série dans le rôle du Métatron. À croire que c’était prédestiné... La critique d'Estuaire44 :
Yellow Fever reprend avec succès l’excellente idée déjà développée dans Bad Day at Black Rock : réaliser non pas un épisode décalé, mais bien un récit suivant l’ordonnancement classique, tout en en rendant l’élément fantasmatique suffisamment farfelu pour que l’on se situe à la lisière. L’imagination transgressive s’appuie ainsi sur des ressorts narratifs éprouvés, forçant à l’efficacité. On pourra certes regretter une plus grande mono définition de l’humour que lors du précédent opus, où la malchance extrême de Sam autorisant des figures virtuoses à la Destination Finale, Ben Edlund reste difficilement égalable sur ce registre. Ici l’unique ressort comique (ou quasi) repose sur la réaction sur paniquée de Dean face aux évènements. Le risque réside dans la répétitivité, mais l’épisode contourne ce péril grâce à d’excellentes idées, dont le joyeux parallèle entre Hellhound et petit chien mignon, ou encore une Lilith très en forme, bien qu’onirique. Mais l’atout de l’épisode demeure l’étonnant numéro de Jensen Ackles, absolument hilarant de bout en bout, un vrai stand up (génialement prolongé par la désarmais mythique interprétation de Eye of the Tiger). C’est désormais officel : jensen aura vraitout fait pour cette série. La complicité avec Jared joue aussi pleinement, on pourra difficilement affirmer après cet épisode qu’il s(agit d’acteurs fades. On aime aussi quand, régulièrement, Supernatural nous entraîne dans des endroits originaux et consubstantiellement américains, c’est ici le cas avec cette impressionnante scierie. Tout comme Monster Movie souffrait d’une comparaison avec Prométhée post-moderne, le fabuleux X-Cops montre davantage d’audace et de finesse scénaristiques sur un sujet quasi similaire à celui de Yellow Fever, mais qu’importe, l’exercice de style demeure hautement réussi et parfaitement réjouissant. Anecdotes :
7. LA LÉGENDE D’HALLOWEEN Scénario : Julie Siege Réalisation : Charles Beeson Zombie-ghost orgy, huh? Well, that's it. I'm torching everybody ! Résumé : Deux jours avant Halloween : un homme meurt après avoir avalé 4 lames de rasoir ayant mystérieusement apparu dans des bonbons. Veille d’Halloween : une adolescente meurt immergée dans de l’eau ayant subitement bouilli. Dans les deux cas, un sac de malédiction a été retrouvé ; pourtant aucune des deux victimes n’avait d’ennemi. Lors de leur enquête, Sam et Dean reçoivent la visite de Castiel et d’Uriel, un autre ange : quelqu’un va essayer le soir d’Halloween d’invoquer un des plus puissants démons de l’enfer ainsi que toute une armée derrière lui, et ils ont reçu des ordres divins pour le moins… expéditifs. Pour votre Ange personnel, nous avons le modèle tire-la-gueule, et le modèle tire-vraiment-la-gueule. La critique de Clément Diaz :
La scénariste Julie Siege, qui ne restera que deux saisons, compose le premier de ses moult chefs-d’œuvre avec le détour obligé des séries fantastiques : Halloween. On admire toujours cette bonne vieille recette, celle du Red Museum des X-Files, consistant à nous dire, eh les gars, c’est qu’un loner, reposez-vous, ah non en fait, on va virer dans la grosse Mythologie à mi-parcours, haha, elle est bonne ma blague (léger désaccord des Weuh). L’épisode parvient en effet à rassembler en 42 minutes une captivante enquête sachant plaquer ses twists fracassants à tempo, tout un discours sur la justice et le libre-arbitre par rapport à la religion développé avec une grande réussite philosophique et émotionnelle, une nouvelle poussée en avant de la Mythologie de la série qui approfondit les portraits des Anges (décidément peu festifs en temps de guerre), tout en dramatisant encore davantage les relations entre deux frères, avec enfin un focus sur Sam après toute une période consacrée essentiellement à Dean. Une telle concentration propulse un scénario gonflé aux amphets, magistralement servi par Charles Beeson, décidément un des meilleurs réalisateurs de la série. Cet éblouissant début de saison nous confirme qu’après trois bonnes saisons en crescendo, la saison 4 joue en virtuose sur tous les claviers de la Mythologie et de ses codes visuels et narratifs. Avec une ironie mordante, Siege s’amuse à reprendre toutes les attractions d’Halloween pour les tourner en catastrophe : les bonbons cachant des rasoirs (une légende urbaine américaine régulièrement ressortie), le bassin de pommes cramant le visage d’une pauvre adolescente (la contreplongée de Beeson est désarmante d’effroi), la fiesta dans le cimetière qui devient cimetière pour ceux qui font la fiesta, voire même sous un angle mineur les conséquences de ne pas donner aux enfants les friandises demandées sous peine de retour de flamme hilarant (pour le public, pas pour Dean, hein). L’excellente Ashley Benson se montre joliment perverse dans un rôle à double face, bien plus attrayant que l’aseptisée Hanna Marin de Pretty little liars. Mais l’enquête rebondit soudainement quand les Anges s’en mêlent. Si Castiel n’est pas assez sympa pour vous, vous risquez de recevoir une sévère douche froide avec son pote Uriel, adepte des méthodes radicales, et pas franchement fan des bros. Cela dit, on adore voir les frères ne pas se laisser démonter par leurs supérieurs (Dean insinuant qu’Uriel « en a une petite » est sans prix), quels dialogues ! Il est surtout bouleversant de voir Sam et Dean s’opposer franchement à eux pour défendre la vie des humains face à une « justice divine » certes logique quantitativement, mais injustifiable moralement. Il ne s’agit pas là d’une attaque antichrétienne comme on a pu le penser (On connaît depuis Faith le respect de Supernatural envers les religions), mais d’une gonflée désacralisation des Anges, vus avant tout comme des guerriers devant user de méthodes extrêmes pour contrer les plans du Diable (ce qui quand on lit l’Apocalypse de Saint Jean, n’est pas si absurde que ça). Si Uriel est ok avec ça, Castiel exprime des doutes abyssaux pour quelqu’un de son rang, partagé entre devoir envers son patron et le respect pour les hommes. À ce titre, la magnifique coda le voyant avouer un vrai amour pour les créatures forgées par Dieu que sont les hommes, et soulagé de la décision de Dean, adoucit cette amertume. Ce n’est pas le moindre exploit de Kripke de développer une vision particulièrement vitriolée des Anges et de Dieu, mue par les obligations dramatiques de la série et non par antithéisme. Le résultat est une grandiose extension du domaine de la lutte : la menace Lucifer ne cesse d’augmenter tandis que Lilith travaille en sous-main, obligeant tous les protagonistes principaux à être au plus près de la bataille. Uriel promet de jolies complications à l’avenir. L’intrigue du jour n’est qu’une simple course-poursuite, mais quelle poursuite ! Émaillée de scènes-chocs comme celle frissonnante du masque, ou de l’invocation de Samhain recelant deux twists consécutifs à effet maximal, l’immersion dans l’action est totale, culminant avec une double bataille entre Dean d’un côté et Sam de l’autre. Le difficile exorcisme de Sam, qui à cette occasion semble basculer un cran de plus dans les ténèbres, est bien près de tout faire disjoncter tant la tension est à son comble. Incarné avec conviction par Don McManus, Samhein se montre un adversaire de taille, nos deux héros ne parvenant à triompher qu’après avoir été jusqu’au bout de leurs forces. Plusieurs voyants rouges viennent de s’allumer, et il semble bien que la saison se dirige à pas de géants vers une flamboyante apocalypse. Un épisode non seulement riche en lui-même mais qui promet de même beaucoup par la suite. La critique d'Estuaire44 :
La première réflexion que suscite le particulièrement riche Its the Great Pumpkin, Sam Winchester est « Bon Dieu, mais c’est bien sûr, il n’y avait encore pas eu d’épisode Halloween dans Supernatural ». Cela ne nous avait pas frappé, sans doute par ce que la série elle-même est un Halloween permanent, virtuose et sur vitaminé. Tout l’aspect Halloween est divertissant en diable, entre humour sarcastique et morts atroces bien jouasses, avec le recours bien trouvé à la sorcellerie telle qu’entrevue la saison passée (très bon le gros plan vu de l’intérieur de la bouche et les masques immondes !). Hélas, Ashley Benson, la jeune actrice interprétant la sorcière, minaude sans manifester une réelle présence. On se dit alors que l’on est parti pour un bon épisode à la manière de la saison 1, un Search and Kill des familles, agrémenté par le côté celtique et ce lycée où rode le mal (souvenirs, souvenirs), quand explose la méga bombe avec l’arrivée surprise de Castiel et du souriant Uriel (spécialiste es « purifications » de masse). Le duo est tellement Good Cop/Bad Cop qu’il en devient franchement amusant. On adore la scène où celui qui n’est pas encore Cas se décide finalement à serrer la main de Sam le Corrompu. Beaucoup de choses se débloquent à ce moment-là, comme une grande porte qui s’ouvre. Castiel confirme à quel point il électrise un scénario classique de Supernatural, tandis que le méga plan des deux Shérifs célestes et la saine réaction des Winchester introduit déjà la thématique du libre arbitre, appelé à devenir si important dans la série. Tout le final face à Samain entremêle joyeusement humour gore (Dean énorme face aux zombies) et pur Effroi (Sam laissant s’exprimer the Démon en lui), un grand moment. On retiendra cependant les deux ultimes confrontations angéliques, très différentes, comme parfaites développements de l’action principale. Cet épisode particulièrement dense demeurera celui où Castiel débute son cheminement personnel, une évolution malaisée mais captivante, que la série va entreprendre de nous raconter. Anecdotes :
8. LE PUITS AUX SOUHAITS Scénario : Ben Edlund, d’après une histoire de Ben Edlund & Lou Bollo Réalisation : Robert Singer - Aren't you the guys from the Health Department? - Yeah. And florists on the side. - Plus FBI. And on Thursdays, we're teddy bear doctors. Résumé : Une jeune femme surprise sous sa douche par un fantôme timide, des immenses traces de pas attribués à Bigfoot, la créature légendaire, une fiancée collante jusqu’à l’asphyxie, un petit garçon effrayant tous ses camarades… Cet inventaire à la Prévert constitue l’enquête du jour pour nos Winchester, qui se demandent bien dans quel délire ils ont mis les pieds… Je souhaite que Supernatural dure au moins 12 saisons… Yeeeeeeah, ça a marché ! La critique de Clément Diaz :
Ben Edlund au scénar dit logiquement gros épisode barré. Effectivement, le scénariste nous régale d’un épisode gentiment fêlé, à l’allure très nonchalante, faisant l’effet d’une légère ivresse, celle qu’on a après avoir bu une coupe de champagne de trop. Cette bulle de légèreté fait du bien dans une saison marquée par une bataille à distance contre Lucifer en personne, d’autant qu’elle ne se montre pas gratuite : le sujet et les péripéties s’inscrivent dans un ton très moral éminemment Twilight Zone sur l’inépuisable thème de la lampe magique (on pense beaucoup à The man in the bottle dont l’humour est très similaire). S’il ne montre pas l’intelligence caustique du Je Souhaite des X-Files, peut-être l’avatar le plus réussi de ce thème, l’épisode sait ne pas être artificiel et ironise sur la recherche de la facilité et l’impatience humaines, ici responsables de vœux certes exaucés mais se retournant contre les demandeurs. À un tempo tranquillement retenu mais jamais longuet, l’épisode mise sur une atmosphère fêlée plutôt que sur le gag frénétique caractérisant les épisodes comiques de Supernatural. On lâche quelques fous rires tout en ayant toujours le sourire aux lèvres, avec quelques scènes totalement frappadingues comme l’ours en peluche - présageant l’hilarant Ted de Seth MacFarlane - qui entre deux vulgarités nous régale de la tentative de suicide la plus WTF des séries fantastiques (même le Spike de Buffy est battu), le Casper plus bête que méchant, le Benoît Brisefer local, et en point d’orgue une mort très à la Beep-Beep et Coyote ! On aime beaucoup le cas principal, un remake de l’excellent The Chaser de La Quatrième Dimension, avec un homme peu gâté physiquement obtenant les faveurs d’une jolie femme attachante… trop attachante (la sublime Anita Brown cabotine délicieusement), scènes de couple grinçantes et enlevées au menu ! Là aussi, le « profiteur » est décrit plus comme désespéré que manipulateur, souhaitant abandonner cette mascarade, mais trop lâche pour y arriver. Heureusement, il y a nos Weuh… Le crescendo inquiétant des vœux permet la dramatisation toujours nécessaire dans un épisode comique. Moral mais pas moraliste, on apprécie qu’Edlund adopte un regard tendre envers ceux s’approchant du puits de souhaits de l’épisode, dans l’acception inverse des démons des carrefours (l’épisode est un des très rares de la série où personne ne meurt à la fin). Les « victimes » sont tous des personnes souffrant d’une vie difficile (rejet de la gent féminine, solitude d’une petite fille, harcèlement) et souhaitent donc une « compensation immédiate » via des souhaits automatiques. Dans la grande tradition de La Quatrième Dimension, les souhaits se retournent contre ceux qui les ont émis, avec une ironie acide, Edlund et Bollo n’excusant pas pour autant ce choix de céder à la tentation et exaltant une idée très américaine de se construire soi-même en prenant le temps qu’il faut. Vouloir défier les lois de l’univers, même dans le Fantastique, demeure dangereux. De même, ils pointent le travers humain à prendre des mesures excessives pour conserver un bonheur illusoire, jusqu’à l’injustifiable (le vœu d’assassinat). Malgré leurs défauts, Dean et Sam se montrent plus sages, le second ne tentant pas sa chance, et le premier se contentant d’un délicieux sandwich (pêché de gourmandise qu’il paie rapidement…). L’épisode marque également l’évolution de Sam, désormais immergé à plein dans une vie qu’il a accepté et où il ne désire plus retourner en arrière, même si on lui en offrait la possibilité. Or, Dean, après What is and what should ever be, et plus récemment In the beginning, troquerait volontiers son présent « héroïque » contre un présent « normal ». La différence entre les deux frères est sans cesse accentuée, pour le meilleur mais beaucoup pour le pire, leurs points de vue différents sur la Vie ayant débouché jadis sur de terribles conflits, et qui ne s’arrêteront sans doute pas. Dean refusant de parler de son séjour infernal à Sam creuse une nouvelle fêlure entre eux deux, alors même que ces souvenirs le hanteront pour toujours. Une coda dramatique terminant justement cet épisode foufou. La critique d'Estuaire44 :
Scénario finalement très à la Twilight Zone pour Wishful Thinking, avec cette fontaine aux souhaits fournissant miracle sur miracle. L’anthologie de Rod Serling recèle plusieurs histoires au tour du thème du cadeau apparemment enchanté, mais en fait piégé, avec une conclusion se teintant de morale. On retrouve ici le même dispositif, avec des idées d’intérêt divers. Le billet gagnant à la loterie ou la flèche de cupidon ne sortent guère de l’ordinaire. Mais le récit bénéficie néanmoins de plusieurs excellentes idées, comme le Big Foot (excellentes vannes) ou, l’éclair de cartoon à la Tex Avery, ou, surtout, le passage totalement délirant du Teddy Bear animé par une adorable petite fille et se révélant totalement suicidaire et nihiliste. Cultissime. Le traitement global de l’histoire demeure tout de même assez léger, évacuant trop vite l’aspect de formidable arme potentielle que représente la source pour les Bros (je souhaite que Lilith meure). De plus, l'histoire des souvenirs torturés de Dean tombe ici quelque peu à contre temps. La rupture de ton semble trop marquée avec le corpus central du réccit, et commuer un épisode décalé en un mythologique reste plus acrobatique qu’à partir d’un loner standard. Le talent comique des deux comédiens principaux, toujours aussi complices, assure néanmoins le spectacle tout au long du récit. Amusant guesting de Ted Raimi, le Joxer de Xéna, parfaitement à son affaire ici. Anecdotes :
9. SOUVENIRS DE L’AU-DELÀ Scénario : Sera Gamble Réalisation : Charles Beeson Who do I have to kill to get some French fries around here? Résumé : Anna Milton, une jeune journaliste, est internée dans un hôpital psychiatrique car elle est capable depuis peu d’entendre les Anges parler, en particulier de l’apocalypse se préparant. Parvenant à échapper à un démon, Anna s’enfuit et se cache, m ais finit par rencontrer Sam et Dean, sur les lieux grâce à Ruby. Alors que le trio doit protéger Anna des démons qui tireraient d’elle des informations capitales sur la stratégie des Anges, Sam révèle à Dean pourquoi il a pleine confiance en Ruby… Où Sam enlève le haut… bon, ben, 4 étoiles donc. La critique de Clément Diaz :
L’épisode paraît avant tout fonctionnel, car recourant au procédé éculé du flash-back pour nous délivrer d’importantes révélations, ici sur la relation si particulière unissant Sam et son coach, tandis que l’affaire du jour, resserrée, ne connaît qu’un développement minimal. Sera Gamble, la meilleure auteure de l’ère Kripke (avec ce dernier, Ben Edlund, et Julie Siege), se tire de cette double faiblesse en poussant au maximum son don naturel pour le suspense intense, qui irrigue deux intrigues très distinctes de forme, mais au ton pareillement enténébré, et émaillées chacune de scènes-chocs telles que Supernatural sait s’y bien en faire. Ruby bondit au premier plan, confirmant sa solide valeur ajoutée au show tandis que la saison bénéficie du savant dosage du crescendo élaboré par Kripke : les démons opposés à nos deux frères deviennent de plus en plus puissants, et les Anges de moins en moins… angéliques. Le récit fortement sombre de Sam a l’intelligence de ne pas que dérouler une péripétie passée, ou expliquer ses attitudes instables depuis le début de la saison : il s’agit véritablement d’une exploration quasi entomologique du personnage, à deux doigts de sombrer dans la folie alors qu’il évolue au sein de ténèbres dans lesquels il est plongé depuis la mort de Dean et échoue encore actuellement à s’extirper. Son nihilisme absolu transparaît lors de l’éprouvante discussion à couteaux tirés (sens propre comme figuré) avec le démon des carrefours ou sa résignation lorsqu’il croit voir sa dernière heure arriver, comme s’il souhaitait en finir avec une vie qu’il ne supporte plus. Jared Padalecki impressionne dans la rage doloriste tantôt exacerbée tantôt retenue de son personnage, se montrant effrayant mais aussi tragique dans son incapacité à accepter la mort de son frère. La mise en place de la relation de confiance avec Ruby s’effectue avec force rebondissements pour qu’on y croit, Ruby devant montrer plusieurs fois patte blanche pour prouver sa bonne foi (l’éthique est sauve quant à l’utilisation du nouveau vaisseau de chair), et y parvenant. Comme Dean, nous sommes acculés à l’évidence, Ruby semble bien du côté de nos héros. Mais si Sam retrouve le goût du combat grâce à elle, il reste très enténébré même depuis la résurrection de Dean, alors que Ruby excite son côté sombre pour le rendre plus fort, soit une intention louable sur le fond, mais contestable sur la forme. Rien ne paraît sain dans le lien Sam-Ruby, un couple Bonnie & Clyde du côté du « Bien » mais ne vivant que dans une détermination colérique, quasi hystérique. Leur scène sexuelle, inhabituellement torride, marque la force de leur lien, mais aussi interroge sur les intentions de la démone : passion ou manipulation ? Genevieve Cortese exprime toute la violence, la sensualité, et l’ambiguïté latente de Ruby avec une puissance indéniable. Gamble compense l’intrigue minimale du jour en faisant entrer en scène deux très forts personnages : le terrible Alastair, qui dispose des deux frérots avec une aisance horrifiante, et cette auditrice involontaire des paroles des soldats du Très-Haut. Piégée dans une situation inextricable, faiblement protégée par des Winchester plus en difficulté que jamais, mais acceptant pleinement l’horrible vérité, Anna est une excellente idée de scénariste non seulement en montant encore les enjeux de la saison, car puissante arme potentielle pour les démons, mais aussi pour elle-même, pour l’émotion de son personnage entre les griffes d’un destin inhumain, et dont le cliffhanger semble tuer tout espoir pour elle de s’en sortir. Belle interprétation de Julie McNiven. Cette saison 4, plus feuilletonnante que les trois premières, roule à tombeau ouvert, rendant le spectateur délicieusement tachycharde. La critique d'Estuaire44 :
I Know What You Did Last Summer achève de confirmer que le Démon de la Vanne s'est emparé des auteurs des titres de Supernatural. Il introduit également le formidable personnage d’Anna, l’un des grands coups d’éclat de cette saison. La rousse Anna est déjà parfaitement incarnée par la délicieusement évanescente Julie McNiven (difficile de ne pas tomber amoureux, tant elle apparaît elle-même angélique). On parlera toutefois d’elle lors du prochain opus ; ici ,le présent se consacrant de fait essentiellement à la découverte des six mois mystères entre Sam et Ruby, enfin, mystères, on avait bien compris que ça fricotait, hein. Le récit prend certes la forme d’un flash-back parfaitement minuté, agrémenté par les savoureuses interruptions de Dean. Le puzzle se met impeccablement en place mais on retient surtout l’excellente prestation de la brune Geneviève Cortese, qui apporte une sensibilité et une fragilité bienvenue à Ruby. La dimension religieuse de Lucifer en Dieu des démons est également indiquée, cela pose encore plus le personnage, si besoin en était. J’ai bien aimé que Ruby perde le duel au couteau face au gorille de Lilith, on ne saurait mieux expliciter qu’elle emploie désormais d’autres armes. Les auteurs ont la bonne d’idée d’insérer l’idée du vaisseau inanimé, qui vaut ce qu’elle vaut mais évite de rendre la situation insupportable moralement. Une histoire sombre et captivante où Ruby avance à l’évidence masquée, mais sans que l’on devine où le bat blesse. Quelques à-côtés viennent encore agrémenter le spectacle, l’excellent guesting de Mark Rolston en Alastair, le bras droit de Lilith appelé à être incarné par d’excellents acteurs, la perte du Couteau, le parallèle assez jouissif établi dans l’introduction entre Anna et Sarah Connor (Terminator 2) et bien entendu le cliffhanger pas piqué des vers, avec les deux Pistoleros en grande forme, A suivre, après ce nouvel épisode remarquablement dense. Anecdotes :
10. DISGRÂCE
Scénario : Eric Kripke, d’après une histoire de Trevor Sands Réalisation : J. Miller Tobin - Why would you want to be one of us? A bunch of miserable bastards; I mean, eating, crapping, confused, afraid. - I don't know, there’s loyalty, forgiveness, love. - Pain. - Chocolate cake. - Guilt. - Sex. - Yeah, you got me there. Résumé : Grâce à ses pouvoirs, Anna parvient à faire fuir Castiel et Uriel. Une séance d’hypnose chez Pamela Barnes (cf. La main de Dieu) révèle une stupéfiante vérité : elle est un ancien ange qui, en désaccord avec Dieu, a décidé de devenir humain. Coincée entre Castiel et Uriel qui ont reçu les ordres de la tuer, et Alastair qui cherche à l’amener en Enfer pour la forcer à lui transmettre toutes les conversations des Anges, aucune issue semble s’ouvrir pour Anna. Les Winchester et Ruby pourront-ils à la fois affronter les guerriers célestes et infernaux ?… Ne dites jamais à Dean que les anges n’ont pas de sexe, ça le ferait marrer… La critique de Clément Diaz : Un de mes épisodes favoris de toute la série. Après avoir amassé une formidable tension, la saison 4 la libère dans cet épisode de mid-season. Dans un hallucinant tournoiement de confrontations spectaculaires, de dialogues ambitieux, de rebondissements à réveiller les morts, et de révélations tonitruantes, l’épisode vole très haut sur les cimes du thriller, tout en carburant au moteur de l’émotion, mettant en scène une première bataille directe entre le Ciel et l’Enfer, à laquelle succède une des plus déchirantes codas de la série. L’histoire parfaitement architecturée de Trevor Sands (unique contribution à la série) happe le spectateur dès l’introduction, qui frappe en fanfare avec la première déroute des anges, résolvant brillamment le cliffhanger précédent. Si nous apprécions le bref retour de Pamela (toujours aussi entreprenante, Sam le confirme), le rebondissement spectaculaire d’Anna va entraîner une accélération vertigineuse de l’intrigue, menée entre autres par une Ruby plus terriblement ambiguë que jamais, domaine dans lequel Genevieve Cortese est pleinement à l’aise, tout en apportant un assouplissement plus chaleureux de son personnage ténébreux. Le sublime dialogue entre Anna et Dean fait ouvertement référence aux Ailes du désir de Wim Wenders, avec cet ange rejoignant les humains pour vivre comme eux, emportée non par amour sentimental comme l’ange Damiel, mais bien l’amour divin. Eric Kripke n’a jamais été si personnel que lors de cet échange où s’entremêlent la défense passionnée du libre-arbitre et l’exaltation de nos imperfections comme sources de bonheurs terrestres, tellement plus valorisants qu’une épuisante perfection, insatisfaisante à l’homme, et subie par des anges las. On peut y lire une critique du perfectionnisme sociétal et personnel. La description des anges comme des soldats obéissants et frustrés, sans le libre-arbitre accordé aux hommes, surprend, mais cette idée permet de donner un intérêt dramatique aux anges et de fêler l’armure de Castiel, en proie à des doutes abyssaux qui éclateront tôt ou tard (quel éclat sombre et triste dans les yeux de Misha Collins !). Anna flamboie d’émotion, que ce soit lors de sa scène d’amour avec Dean (oui, dans Supernatural, on peut tout faire, copuler avec des anges aussi) et dans son bouleversant pardon. Julie McNiven rayonne de compassion, rendant crédible et émouvant un personnage improbable. La veillée d’armes fourmille d’un suspense omniprésent où, à chaque seconde, on sent que tout, mais tout peut basculer, mais on ne sait jamais à quel moment. La double attaque simultanée d’Uriel et Alastair est un des plus grands sommets d’intensité atteints par Supernatural (Dean a bien du mérite). On reste pantois devant le plan tout simplement suicidaire de Sam, grandiose idée où il va parvenir à mettre les deux parties en présence pour s’entretuer. L’odieux chantage subi par Dean et la terrible torture de Ruby mènent à ce climatique final où le Ciel et l’Enfer bataillent pour la première fois, avec des fulgurances épiques filmées avec précision par le vétéran J. Miller Tobin, qui s’approche presque du niveau de Kim Manners (qui devait clairement le réaliser). Le triomphe céleste arraché de justesse, loin de soulager, ne résout rien. Dans cet épisode auquel on reprochera seulement l’absence de Bobby dans un moment si important et la facilité de la grâce d’Anna portée par Uriel, la coda finale élève définitivement l’épisode au panthéon des plus grands épisodes de télévision, avec le monologue à fleur de peau de Dean, révélation d’un tragique aussi tonitruant que sans espoir. Jensen Ackles se donne comme jamais dans cette scène magistrale, et l’on ressent pleinement l’émotion de l’acteur au moment de cette prise de parole. Frénétique, ambitieux, enchaînant les rebondissements assassins comme les émotions les plus violentes, Heaven and Hell clôt cette première moitié de saison 4 de la meilleure des façons, tout en offrant à la série un de ses plus grands chefs-d’œuvre. La critique d'Estuaire44 : Heaven and Hell demeure certainement l'un des opus les plus ambitieux de Supernatural. Se structurant en double épisode avec I Know What You Did Last Summer, il introduit une magistrale symétrie entre les confessions des deux frères, et leur pareille recherche d'un répit passager à leurs souffrances, ou non, auprès de partenaire se refusant à juger. Plus concise, celle de Dean apparaît également davantage bouleversante que celle de Sam, par l'impact de ce qu'elle révèle mais aussi grâce à un étonnante composition de Jensen Ackles, décidément convaincant sur bien des registres différents. Un moment particulièrement fort et âpre. Heaven and Hell permet également de mesurer la féconde complexité désormais atteinte par l'univers de Supernatural, avec un de parties adverses et ramifiées s'opposant au cours d'un récit dense mais toujours clair et dynamique. Du bel ouvrage, la saison 1 et ses simples monstres de la semaine apparaissent bien loin. Uriel et Alastair confirment la solidité de leur caractérisation. Après avoir été précédemment centrale, Ruby demeure logiquement en retrait (quand elle ne subit pas la torture). Outre Dean, l'épisode demeure cependant dominé par Ana et Castiel. La diaphane et éthérée Julie McNiven exprime merveilleusement le côté décalé d'Anna, à mi-chemin entre deux mondes et n'appartenant réellement à aucun. Le côté road movie initiatique du récit est passionnant. Cette évocation de la Grâce et de la Chute s'élève au-dessus du fracas des combats, couronnée par la vison majestueuse de l'Arbre. Sublime et étonnamment solennel. On apprécie aussi de découvrir le regard que porte Castiel sur les événements et l'écho que cela éveille dans ess propres sentiments (somptueux Misha Collins). Comme quoi tout est possible dans Supernatural, y compris le raffinement psychologique. Sans oublier bien entendu l'action, Castiel reste d'ailleurs une sacrée Killing Machine, tout en évitant le piège de l'invincibilité. Anna, crucial catalyseur pour Dean, demeurera une superbe rencontre. Anecdotes :
11. ENTRE LES MURS Scénario : Jeremy Carver Réalisation : Philip Sgriccia - There was blood everywhere. - And Mr. Gibson, where was he? - Everywhere. Résumé : Bill Gibson, un vieil homme, est retrouvé sauvagement assassiné dans sa maison à la campagne. Les Winchester pensent qu’un fantôme vengeur occupe les lieux mais ne peuvent empêcher la famille Carter de s’installer dans la nouvelle maison qu’ils ont achetée juste après la mort de Gibson. Toutefois, le fantôme n’agit pas comme l’ordinaire des fantômes, notamment en dérobant toutes les armes de Sam et Dean, maintenant démunis pour protéger les Carter contre son ire… Supernatural ne fait pas de discrimination envers les enfants : ce sont tous des monstres. La critique de Clément Diaz : Malgré les deux twists de son histoire, il faut avouer que Family Remains ne se distingue pas vraiment des autres histoires d’esprit vengeur (un loner sur trois dans la série), de plus pas sans quelques trous scénaristiques assez gênants. Carver s’est appuyé un peu trop sur son idée de base, qui ne modifie en rien le schéma de l’histoire-type de vengeance d’outre-tombe et la prévisibilité de ses péripéties. Heureusement, il n’en est pas moins un efficace conteur, et le suspense de l’intrigue se montre relevé par son respect global de la triple unité de lieu, d’action, et de temps. L’atout de l’épisode est toutefois bien sa force visuelle, où les décorateurs de la série se montrent au sommet de leur art pour imaginer cette maison confortable en apparence, horrifiante dès qu’on perce les murs, et la fantastique réalisation de Philip Sgriccia, ruisselante d’idées anxiogènes. L’épisode ressemble beaucoup à un assemblage d’histoires précédentes : la famille piégée dans la maison rappelle Home et Salvation, le huis clos rappelle Asylum et Ghostfacers, l’enfant « dégénérée » fait penser à The Benders, le mode opératoire du fantôme est calqué sur No exit… ceci dit, le suspense n’a aucun mal à monter avec le comportement sans cesse inattendu de l’opposant, effrayant tour à tour les Carter et les Weuh par des manifestations théâtrales : étranges jeux avec les enfants, messages sur les murs mais sans une goutte de sang, scène du cercle de sel, filmée avec un sens consommé de l’horreur et de la surprise, cambriolage de l’Impala (entraînant une logique crise de nerfs de Dean)… mais n’édulcorant en rien ses pulsions sanguinaires. Les auteurs ont le bon sens de ne pas étirer trop longtemps le mystère, et de fait, font tout entier confiance à l’équipe technique pour transcender l’ultra classicisme de leur histoire (mis à part le twist final). Supernatural étant autant une série de réalisateurs que de scénaristes, l’épisode maintient sans problème sa qualité au moment de l’exploration éprouvante du repaire de Lizzie, véritable cauchemar glaçant où l’angoisse monte à chaque instant. L’épisode doit beaucoup à son interprète, Mandy Playdon, qui dans un rôle muet, déchaîne la terreur comme jamais (mention à la scène du rat), une performance donnant pleine mesure de son talent de comédienne de théâtre, au-delà de son maquillage halluciné. Par contre, on regrette certaines incohérences : une analphabète parvenant à écrire des messages, une force exceptionnelle pour une enfant, les effets spéciaux de l’introduction, ses allers-retours très rapides parfois peu explicables si ce n’est par un pouvoir de téléportation dont elle est manifestement dépourvue… À l’exception de l’oncle transparent, la famille Carter se voit joliment décrite, caution émotion convaincante de cet épisode. Le grand talent d’Helen Slater trouve à s’exprimer dans cette mère tantôt passive, tantôt déterminée à sauver la chair de sa chair. Elle aurait quand même pu se faciliter la tâche en absorbant les radiations du soleil comme tout bon kryptonien qui se respecte… La remarquable évolution du père, d’incrédule terrorisé à nettoyeur déterminé, se suit avec intérêt, grâce au très bon David Newsom. Si encore une fois Sam est en retrait, il est touchant de voir Dean, impuissant à pardonner ses activités démoniaques passées, ne prendre aucun repos pour ne pas y penser. Shakespearien au possible, Dean est un personnage d’une grandeur et d’une détermination ténébreuses, parfois à lui tout seul locomotive de toute la série. L’on apprécie que l’épisode se conclut sans les trompettes de la franche victoire, l’opposition ne faisait après tout que « protéger » son domaine comme un animal apeuré et violent à la fois, avant tout malade et névrosé : sa fin sonne certes celle des meurtres, mais au niveau éthique, les bros n’ont pas de quoi être fiers, même si l’on aurait difficilement pu trouver une autre solution. La conclusion fait toutefois doublon avec la coda de l’épisode précédent, même si plus resserrée, et bénéficiant toujours d’un grand Jensen Ackles. La critique d'Estuaire44 : Après une cavalcade mythologique, Family Remains permet de rythmer la saison grâce à un pur loner idéalement placé, mais le spectateur ne va pas souffler pour autant. Certes non. Cet épisode dégage une véritable épouvante, ayant l'excellente idée d'entremêler le meilleurs de deux traditions, les histoires de revenants et celles de dégénérés genre Bender. La mise en scène s'entend à dégager un véritable effroi, par des plans hautement suggestifs et un emploi savamment anxiogène d'un décor claustrophobique comme jamais. Bienvenue dans la crypte. L'histoire de ces deux gamins s'avère également choquante au possible, comme un pur cauchemar en contraste avec la famille du dessus. Celle-ci se montre vraiment attachante, les auteurs ayant le sadisme d'en développer la rencontre bien davantage qu'à l'ordinaire, histoire d'accroître l'impact émotionnel d'une perte éventuelle. L'épisode reste un vrai one shot, quasiment déconnecté du corpus de Supernatural, hormis quelques vannes sur l'Impala ou autres discussions secondaires entre frères. Excellent guesting en optique inversée d'Helen Slater, la Supergirl du cinéma (un très bon souvenir des 80’s, quoi que l’on en dise), toujours aussi lumineuse, mais avec du métier en plus. Anecdotes :
12. COMME PAR MAGIE Scénario : Julie Siege Réalisation : Robert Singer Oh, come on Jay, his misdirect is shaking his ass like an Eighth Avenue hooker. Résumé : Trois vieux prestidigitateurs, Jay, Vernon, et Charlie, se souviennent avec nostalgie de leur gloire passée. Vance, un jeune magicien insupportable, se moque de Jay. Comme un baroud d’honneur, Jay décide de faire un numéro à très haut risque où il peut se faire transpercer de plusieurs épées. Il réussit son tour, mais c’est alors que Vance tombe mort : ses blessures correspondant aux épées ! Sam et Dean soupçonnent Jay de s’être ainsi vengé de son humiliation. Mais dans le monde de la magie, les apparences sont souvent trompeuses… Les magiciens de Supernatural sont des vrais mecs : ils sortent pas des lapins de leur chapeau, ils sortent des cadavres. La critique de Clément Diaz : Excellente idée de confronter dans le monde de Supernatural la magie « réelle » inhérente au show à la magie « artificielle » des prestidigitateurs. Cette sombre histoire de complot faustien privilégie cependant l’émotion à l’action, avec un touchant portrait du trio d’anciennes gloires, et plus particulièrement de Jay, ici au centre de l’épisode. Siege développe une cruelle histoire sur la tyrannie du temps, source d’oubli et d’abandon, sur le passage de témoin pas toujours apaisé entre les deux générations, sur le coût de l’amitié… la scénariste maîtrise à la perfection les différents leviers de l’émotion, quitte à se contenter d’une intrigue assez schématique. Fait rare, notre duo reste en arrière-plan et n’abattra pas le monstre final, un événement curieux mais qui se justifie pleinement ici. L’épisode jette un regard acrimonieux sur ce milieu. Il met en scène tant de jeunes loups méprisants envers leurs aînés, que ces derniers se contentant d’encaisser les coups et de marmonner dans leur barbe « décadence ». L’auteure exagère sans doute le milieu en dépeignant les nouveaux magiciens comme des métalleux anars et les anciens comme des frustrés ronchons, mais a le mérite de souligner que dans chaque milieu artistique, le passage d’une génération à une autre ne se fait pas toujours de la plus harmonieuse des façons. La surenchère du spectaculaire, rendant désuet le charme délicieux des tours d’antan, est finement dénoncée, tandis que l’oubli attendant presque chaque artiste au soir de sa vie, est souligné avec une tristesse naturaliste. Supernatural prend ici la vision inverse des X-Files dont l’épisode sur les prestidigitateurs (Maleeni le prodigieux) se montrait plus lumineux, confirmant que le show apparaît bien comme un miroir enténébré de sa prestigieuse aînée. Le trio de prestidigitateurs a également le mérite de faire la leçon à nos bros peut-être trop sûrs d’eux, dont Dean en particulier lors de sa rencontre mémorable avec le « Chef », mais aussi en se débarrassant d’eux grâce à leur vivacité d’esprit et leurs « trucs » : cela fait du bien de voir notre duo redescendre sur Terre parfois ! Les scènes de meurtres sont mis en scène avec la qualité horrifiante habituelle de la série (mention à la pendaison), tandis que l’épisode ne résiste pas à nous montrer quelques tours amusants. C’est un épisode d’acteurs. Kripke fait appel à trois brillants comédiens ayant désormais la plus grande partie de leur carrière derrière eux, et l’on sent une émotion sincère dans l’appropriation de leurs personnages, qui tracent un parallèle avec eux. Si Vernon est d’un souriant détachement (amusant Richard Libertini) et Charlie (excellentissime John Rubinstein, dans un rôle in fine proche du Linwood Murrow d’Angel) partagé entre révolte et résignation, Jay s’enfonce dans une amertume corrosive le menant à un point de non-retour personnel. L’étincelant Barry Botswick joue merveilleusement ce personnage désormais sans avenir, cherchant vainement un retour de gloire, quitte à en mourir, et n’ayant que son amitié avec Vernon (dangereusement psycho vers la fin) et Charlie pour tenir. On sait depuis Six feet Under que Michael Weston est un casting de rêve pour jouer un pur psychopathe, il le confirme ici : sa démence froide soutient un final au rasoir où les chimères de la jeunesse éternelle frappent avec leur plus cruelle férocité. La série n’hésite pas à nous mettre mal à l’aise car Jay va payer très cher le prix de son intégrité, et nos frères ne peuvent rien contre sa juste colère dans la coda où il a vraiment tout perdu. Alors que Sam s’apprête à descendre encore plus bas l’escalier de ténèbres, guidé par une Ruby à la fois alliée et danger potentiel, l’épisode a le mérite de maintenir l’atmosphère de plus en plus sombre de la Mythologie au sein de ses loners, et de montrer que loin d’être une simple série fantastico-gore, Supernatural ne le cède en rien sur l’émotion. La critique d'Estuaire44 :
Criss Angel Is A Douchebag a l’immense mérite de nous immerger dans un univers fascinant et toujours propice pour l’étrange, celui de la prestidigitation. Le ressenti que l’on conservera de l’épisode va partiellement dépendre de l’intérêt que l’on porte à cette fascinante et si exigeante discipline. Sans tout à fait parvenir à égaler la virtuosité virevoltante de The Amazing Maleeni (qui a de plus la fabuleuse idée de recruter de vrais magiciens) dans The X-Files, La mise en scène reconstitue admirablement cette atmosphère si particulière, Les amateurs de DC Comics songeront sans doute à Zatanna Zatara, pour ce mélange de magie cl de prestidigitation. Au long d’une habile intrigue bâtie judicieusement autour du thème de la mystification, on découvre également trois magiciens vieillis mas pas abattus, impeccablement interprétés par des guests grand train. On se régale de leurs dialogues et de leurs facéties. Mention particulière à John Rubinstein, incidemment un ancien d’Angel (Attorneys at Law). Excellente idée d’avoir choisi son fils pour incarner le personnage rajeuni, la ressemblance s’avère stupéfiante. A travers l’opposition à l’illusion moderne (notamment les shows souvent tapageurs de Las Vegas) le scénario développe également une morale amère autour du vieillissement et du déclassement que celui-ci entraîne, renvoyant un habile effet miroir aux Winchester. Même les héros vieillissent sous le harnais et finissant par rester sur le bord de la route, (quand ils ont de la chance), c’est assez glaçant. Geneviève Cortese nous offre une nouvelle scène irrésistible, sa Ruby manipulant toujours aussi magistralement un Sammy tragiquement malléable. L’actrice excelle dans le Dark Side, on en redemande. On n’oubliera pas l’aventure absolument énorme de Dean dans la boite queer/cuir, même Cas n’a pas osé se montrer. Anecdotes :
13. L’ESPRIT VENGEUR Scénario : Andrew Dabb & Daniel Loflin Réalisation : Adam Kane That ghost is dead : I'm gonna rip its lungs out! ...Well, you know what I mean. Résumé : À la Truman High School, une adolescente assassine en la noyant une camarade de classe qui l’avait traitée de laide et de moche. Sam et Dean reviennent donc dans cette école où ils ont été scolarisés deux mois il y a plus de dix ans ; ils soupçonnent en effet que l’assassin a été possédée par le fantôme vengeur d’un élève que Sam a bien connu… Pendant leur enquête, des souvenirs des semaines passées entre les murs de l’école leur reviennent. Sam & Dean contre l’esprit vengeur (comment ça, encore ?). La critique de Clément Diaz : After School Special est globalement un échec. Les auteurs ont voulu écrire une intrigue reliée à des flash-backs forcément révélateurs sur nos héros ; malheureusement, les flash-backs sur la jeunesse des Winchester ne nous apprennent rien de plus que ce que la série nous a déjà raconté, ce que le duo Dabb-Loflin tente de compenser par la caricature, surtout du côté de Dean. L’enquête rachitique ne vaut pas mieux. L’épisode convainc par sa description documentaire au vitriol du milieu scolaire, américain de surcroît, pré-jungle et microcosme cruel de la société. L’investigation des frères est réduite à peu de choses, et quelques cache-misères ne font pas illusion, même si on apprécie Dean en professeur de sport à la rigueur militaire et en tenue… inhabituelle, ou encore l’agression sur Sam, bénéficiant d’un effet spécial assez spectaculaire. La poésie lyrique des agressions (ah, ces mixers…) est également un bel atout, bien qu’on tique avec cet énième histoire d’esprit vengeur (les X-Files montraient quand même plus de variété), à la personnalité grossière, uniquement présent pour présenter des flash-backs sur les Weuh vu qu’il n’existe pas par lui-même. L’enquête demeure longiligne et sa résolution conventionnelle se fait sans tambours ni trompettes. C’est dans son approche des lycées américains que l’épisode se doit d’être vu. L’on pense beaucoup au percutant Mean Girls et sa description de la faune adolescente vue comme une communauté agressive et sans pitié, mais qui serait ici étendu aux mecs, sans perdre beaucoup du venin qu’avait su instiller Tina Fey. Ici, aucune rédemption ne se pointe à l’horizon entre haine de la différence, harcèlement des plus faibles (jusqu’au suicide), nouvelle génération déculturée, obsession de la violence, et inversion parfois rapide des rôles entre bourreau et victime, dont la possession par le fantôme ne fait finalement qu’accentuer les traits. On frémit en pensant que ce panorama s’étend avec peu de problèmes dans les autres pays. À l’arrière-plan, les adultes ont une marge de manœuvre quasi absente, il est donc touchant de voir le professeur de Sam se démener pour tenter de « sauver » une âme en l’incitant à suivre sa voie, ce que Sam fera, avant d’être privé au dernier moment de la vie « normale » qu’il rêvait. Un rêve brisé qui touche. La scène finale, pudique, se montre très émouvante, le silence final de Sam en disant plus long que tous les discours. La culpabilité de Sam d’être assassin par procuration est aussi subtilement capturée, l’épisode exprimant amèrement les regrets du passé et une recherche de rédemption souvent incertaine. Quant aux jeunes acteurs, on retrouve avec plaisir le très doué Colin Ford en jeune Sam, déjà une tête pensante mais qui sait faire parler les poings dès lors qu’on lui bave sur les rouleaux. Brock Kelly et sa ressemblance étonnante avec Jensen Ackles joue excellemment un Dean malheureusement trop caricatural, mais dont on apprécie que sa virilité dont il tire gloire ne s’exprime que dans la violence ou la sexualité, ce qui lui vaut une percutante explication de texte finale. Dans son ego désespéré, il choisira de ne pas l’entendre. Pauvre Dean : vouloir à tout prix être un héros au sens romantique du terme alors que la vision de l’héroïsme que donne finalement Supernatural est bien plus proche de celle désenchantée et sacrificielle des séries de Joss Whedon, dont l’influence thématique paraît ici très prégnante. La critique d'Estuaire44 :
L’épisode flash back After school special détonne singulièrement. Centré quasi exclusivement sur le seul Sam, il se prive en grande partie de l’irremplaçable dynamique existant entre les deux frères Winchester. La remplace tout un fatras de clichés sirupeux et faciles propres aux productions à destination des ados, vu et revus au sein de tant de collèges et lycées du petit écran (y compris la figure du professeur mentor, chez Buffy il se fait bouffer d’entrée par la mante religieuse, et ce n’est pas plus mal). On peine vraiment à y retrouver le ton Supernatural, et l’inanité de la chose fait que l’on s’ennuie rapidement, malgré une interprétation correcte. Les épisodes flashback n’ont d’intérêt réel que s’ils apportent un éclairage sur la situation encours ou interagissent avec elles, ce n’est ici que fort marginalement le cas. On s’intéresse au parcours antérieur de Sam, d’où une certaine déconnexion. L’épisode ne constitue même pas une curiosité, se bornant à du remplissage dépourvu d’imagination. Anecdotes :
14. LE VENIN DE LA SIRÈNE Scénario : Cathryn Humphris Réalisation : Charles Beeson - Just take him to the strip club, keep an eye out for the siren. Come on, Dean. Just, just focus on the naked girls. You'll forget he's even there. - I'm not doing this for you, I'm doing it for the girls. Résumé : En deux mois, 3 hommes heureux en ménage ont tué leur femme dans la même ville. Leur point commun : ils fréquentaient tous des strip-teaseuses. Bobby prévient Sam et Dean qu’ils ont sans doute affaire à une sirène polymorphe capable de rendre les hommes fous par son charme. Cependant, leur enquête est perturbée par deux incidents imprévus : Sam trouve une suspecte à son goût, et un agent du FBI a été envoyé enquêter lui aussi sur cette affaire… Imaginez Liaison Fatale avec plus de gros sang qui tâche… ben voilà. La critique de Clément Diaz :
Le succès de cette saison 4 tient beaucoup à ses audaces, ses histoires sur la forme ou sur le fond marquantes : parodie luxueuse de films d’horreur (Monster movie), débat sur le libre-arbitre humain (It’s the great pumpkin, Sam Winchester), rapport des hommes et des anges à Dieu (Heaven and Hell)… mais Sex and violence revient se caler sur des rails éprouvés, sans prise de risque, délivrant tranquillement une intrigue mécanique, tandis que le problème de fond de l’épisode : le déballage de printemps entre les Weuh n’apporte rien de plus que ce que les auteurs ont déjà explorés (notamment en saison 2). Mais même en mode automatique, Supernatural parvient à divertir quelque peu au cours d’une histoire aux twists scientifiquement dosés. La chasse à la sirène ne se montre pas des plus exaltantes, rigoureusement privée d’action, et délayée en bavardages incessants et banals (les discussions avec la doctoresse et l’agent sont longuettes). Si la série a souvent été accusée de sexisme - il serait plus juste de dire qu’elle n’est simplement pas féministe, mais l’accusation de misogynie semble à mon humble avis excessive - ce n’est certes pas avec cet épisode qu’elle arrange son cas car le premier de ses deux sujets (si on exclut le quelque-chose-de-pourri-au-royaume-des-Winchester, une fois par épisode depuis le pilote), qui n’est autre que la corruption de l’âme des hommes par les charmes féminins… It is the woman's part; be it lying, note it/The woman's; flattering, hers; deceiving, hers/For even to vice, they are not constant, but are changing still... comme dirait le Barde. Il aurait été enchanté que le changement se fasse aussi au sens propre, surtout que la sensualité torride de Moneca Delain imprime violemment la rétine, mais on a quand même l’impression que les jolies filles sont surtout là pour pallier à la déficience du scénario. La charmante doctoresse est si transparente qu’elle ne dégage aucune émotion, malgré une Maite Schwartz nous faisant un mémorable numéro de séduction mais dont l’attirance pour Sam semble bien précipitée (aux dernières nouvelles, il n’est pas possédé par l’esprit de 007), rien à voir avec la louve-garou. On notera cependant que Cara reste vivante après une relation sexuelle avec Sam, faisant d’elle la deuxième femme à échapper au « Peen of Death ». Le copinage de l’agent du FBI avec Dean ne dégage rien de plus qu’une virile amitié, mais inoffensive et sans originalité (Gordon avait plus de gueule). L’épisode trouve une certaine grâce par le savoir-faire aiguisé de Charles Beeson, décidément le digne héritier de Kim Manners : il rend l’ambiance étouffante et aguicheuse des strip-club sans trop insister sur la chair vulgairement dévoilée aux mâles en folie, maîtrise le tempo juste pour chaque scène, lui permettant d’en tirer tout le suspense possible (fixité dérangeante de la caméra lors de la séduction de Cara ou de la machination de Belle, frénésie mais toujours claire lors du combat des chefs…). Cathryn Humphris parvient également à trouver de réjouissantes idées comme l’hilarante intervention de Bobby matant le fâcheux de service avec entrain - le gag des téléphones est à mourir de rire, mais aussi révélateur de l’organisation stricte de la team Dean-Sam-Bobby. On apprécie le twist final ainsi que la bataille entre les deux héros qui se frappent à la gueule au sens propre comme au figuré, mais aussi à quel point Bobby est indispensable au show, comme il le montre au cours de son intervention décisive. Le monstre du jour souffrant du même complexe que le Fantôme de l’opéra, permet de se rendre compte de sa fielleuse perversité, que sa frustration rongée par l’égoïsme a donné naissance, dommage qu’il n’acquiert cette aura qu’en fin de parcours. On a beau être habitués maintenant, mais on reste toujours fan de ces codas sans soleil, où Sam et Dean s’assurent qu’ils vont oublier ce qui s’est passé tout en ne prenant pas la peine de sauver les apparences. À l’exception des parenthèses burlesques des épisodes décalés, on sent bien qu’on suit une progression de plus en plus désespérée dans cette saison, quel suspense ! La critique d'Estuaire44 :
Sex and Violence, titre pour le moins explicite pour une relecture du mythe de la sirène, se révélant un tantinet décevant par manque d’originalité. Concrètement on se limite en effet à retrouver pour l’essentiel la figure traditionnelle de l’incube. De plus si l’affaire paraît comme toujours rondement menée, on regrette que certaines convergences entre la suspecte et le monstre ne soient pas réellement explicitées. Le véritable sujet du récit demeure néanmoins le délitement continu et désormais terriblement manifeste du lien unissant les deux frères, soit le moteur ultime de la série. Malgré les différents efforts menés les mensonges (surtout du côté de Sam, il est vrai) continuent à saper cette relation, laissant déjà pressentir un désastre en fin de saison. On est sur le fil de rasoir, le malaise apparaissant d’autant plus aigu et superbement narré que le temps des colères, éventuellement salvatrices, est passé. On se situe désormais dans une espèce de marasme froid et empoissonné, sans porte de sortie en vue tant l’emprise de Ruby sur Sam résulte prégnante. C’est dramatiquement très fort, d’autant que les résonnances avec l’intrigue du jour sont finement agencées. Les stripteaseuses typiquement US sont joyeusement pittoresques, on remarque qu’elles portent toutes des noms reliées à Disney, ce qui est raccord avec la sirène ! On apprécie que la sirène ne soit pas Cara, ce qui aurait été très cliché, mais aussi que Sam puisse se lier à une femme sans que celle-ci ne meure (il est aussi Veuve noire que la Sam de Stargate SG-1). L’épisode bénéfice également du retour de Bobby, bien trop rare depuis quelques temps. Son intervention est aussi royale qu’à l’accoutumée et on découvre avec plaisir ses diverses astucieuses combines pour aider les Chasseurs en backstage, une excellente idée qui sera développée dans l’épatant Week end at Bobby’s. Le travail de production résulte une nouvelle fois irréprochable, l’épisode constitue un sommet en matière d’étranges chambres de motel, véritable série dans la série. Anecdotes :
15. DE L’AUTRE CÔTÉ Scénario : Jeremy Carver Réalisation : Steve Boyum - Alastair ! I thought you got deep fried, extra-crispy. - Nah. Just the pediatrician I was riding. His wife's still looking for him. It's hilarious. Anyway, no time to chat : you got a hot date with death. Résumé : À Greybull, un homme reçoit une balle en plein cœur, mais il se relève sans aucune trace de blessure : depuis dix jours, il est impossible aux habitants de la ville de mourir. Sam et Dean comprennent que les démons de Lilith ont kidnappé le faucheur local pour briser un autre sceau. Ils n’ont pas le choix que d’entreprendre une projection astrale pour le retrouver, mais ce faisant, ils deviennent très vulnérables face au démon… Valar morghulis… zut, mauvaise série. La critique de Clément Diaz : Death takes a holiday se cantonne à une nouvelle chasse au démon, tandis que le lien s’effritant entre les deux frères tourne à vide à force de répétition continuelle des mêmes thèmes (mensonges et pouvoirs de Sam, Ruby, humeur sombre de Dean). L’épisode est toutefois relevé par tout un discours sur l’appréhension de la mort par l’homme et l’originalité du voyage astral, en effet l’idée la plus kamikaze des frères depuis longtemps. Cela permet de donner une impression de nouveauté à cette aventure, d’autant que l’opposition, deux très appréciés come-back, et le twist final donnent une agréable saveur ajoutée. Dans l’épisode One Night at Mercy de La Treizième Dimension, un docteur convainquait une Mort dépressive de ne plus prendre d’âmes au kilomètre et de laisser les humains vivre, ce qui résultait en un dawa d’enfer. Sur un sujet similaire, Carver éprouve toutefois de la difficulté à assurer un rythme soutenu à l’histoire tout en développant un discours sur l’approche de la mort éprouvée par les hommes qui ne fait que diluer un rythme déjà lent. Plus que l’enquête des Winchester, seulement correcte, c’est la sombre pertinence de ce discours qui fait le prix de cet épisode. Le retour de la haute en couleur Pamela est accueilli avec liesse, d’autant qu’elle ne se prive pas de leur dire ses quatre vérités aux bros quant à leur idée tordue. À défaut d’une véritable personnalité, Alastair est un plaisant pain in the ass, démon qui surgit hors de la nuit, courant vers la baston au galop, et dont la mégalomanie assure un vrai show, merci à Christopher Heyerdahl de ne se réfréner en aucun cas dans ce registre, il fait vraiment peur. Sam se mue toujours plus en machine de guerre, la Ruby magic school produit apparemment des résultats… spectaculaires ! Mais chaque utilisation de ce pouvoir contribue à renforcer les ombres de Sam, accumulant sans cesse les mensonges à son frère qui commence à légèrement s’énerver de le perdre peu à peu. La photographie bleutée du voyage astral imaginée par Serge Ladouceur se montre étrange et fascinante, on a l’impression de pénétrer dans une nouvelle dimension, une dimension faite non seulement de paysages de sons, mais surtout d’esprits. L’élégante simplicité des effets spéciaux et la réalisation tantôt intime tantôt fastueuse de Steve Boyum (mémorable sanctuaire) créent avec peu de moyens un monde parallèle très convaincant. On regrette cependant le tempo très retenu de l’épisode et l’évacuation précipitée d’Alastair, même si cela permet un joli twist final avec une nouvelle apparition d’un Castiel toujours le cœur en fête. Il faudra qu’on nous explique comment Misha Collins parvient autant à tirer le maximum d’effet à chacune de ses apparitions, un magnétisme rare. La fin de Pamela, partant le cœur chargé de rancune et de haine, est une bouleversante et terrible coda, sèche dans son ton très abrupt. Décidément, Castiel aura causé bien des dégâts… Le retour de l’aussi magnifique que mystérieuse Tessa (fascinante Lindsey McKeon, à la beauté irréelle et funèbre) et l’interaction avec l’enfant entre deux mondes - superbe Alexander Gould dans un rôle particulièrement exigeant - sont les sources les plus riches de l’épisode. Prend forme tout un discours sur la peur de la mort et les dérivatifs utilisés par les hommes pour la tenir en distance (espérance d’une résurrection, d’un monde meilleur…). Comme dans In my time of dying, Tessa incarne une mort consolatrice et compatissante, mais ferme dans ses intentions - le gros mensonge de Sam est une phase particulièrement dure de l’épisode - Il est touchant de voir Dean, athée en crise de « foi », s’illusionner sur une éventuelle seconde chance religieuse avant que Tessa remette les pendules à l’heure, tout comme Sam s’illusionner sur ses intentions pures à utiliser un pouvoir de ténèbres, mais recevant cette fois l’explication de texte de Pamela. Sans en avoir l’air, l’épisode déchire encore plus les faibles espoirs des deux frères quant à leur rédemption et leur avenir. Alors que Dean croit en l’égalité des êtres, Sam croit que leur nature de héros fait qu’ils sont « autorisés » à violer les lois naturelles, comme leurs résurrections, point confirmé par Castiel. Il est étonnant de voir que des deux frères, le plus propret et mignon devient le moins moral, le plus ambigu, rendant la frénésie débaucharde et suicidaire de Dean paradoxalement moins dangereuse que cette dérive spirituelle. L’émotion n’est pas absente avec une exploitation inversée de l’idée de Bedtime stories où cette fois, c’est le mort qui, en s’accrochant aux vivants, ne s’autorise pas à partir, tout en blessant aussi l’être aimé qui reste. La délivrance de la mère éplorée conjointe à la merveilleuse tirade de Tessa est un vibrant appel à ne pas laisser ses sentiments, si nobles peuvent-ils être, jouer avec les lois de la vie et de la mort (leçon que n’ont pas retenu les esprits vengeurs). Le départ de Cole, dans une grande douceur, adoucit la dureté de la mort de Pamela, puissante fin à un épisode plus intéressant sur le fond que sur la forme. La critique d'Estuaire44 :
Death Takes an Holiday séduit par le côté original de son sujet, avoisinant joyeusement le spiritisme des Victoriens. Les auteurs et la mise en scène utilisent habilement les différentes potentialités offertes par la transformation des Winchester en fantômes : ambiance spectrale, bizarrerie des situations, humour d'excellents dialogues ultra référencés (avec l'inévitable Ghost, mais aussi Star Wars et tutti quanti), clin d'oïl jouissif voyant les Winchester se faire à leur tour désintégrer au sel, soit un retournement joyeusement sadique d'une leurs armes principales... Si la gamine demeure bien trop lisse, on adore retrouver Tessa, un personnage toujours aussi attachant, humain et compatissant, interprété de nouveau avec beaucoup de sensibilité par Lindsey McKeon. Décidément une belle rencontre pour Dean, Il y aurait d'ailleurs tout un chapitre à écrire sur les nombreuses femmes croisant sa vie, alors que derrière, les bravades, il y laisse toujours une part de lui-même. Sam se cantonne aux louves garous et aux roulures démoniaques, c'est un style. Grand coup de cœur pour la nouvelle incarnation d'Alastair, puisqu'il s'agit du formidable Christopher Heyerdhal, bien connu des amateurs de Sanctuary. Son Alastair revêt d'ailleurs d'excellentes intonations genre Druitt des mauvais jours. Fin de partie réussie pour Pam, l'un de ces personnages secondaires relevés mais météoriques constituant l'une des griffes de Supernatural. Le nombre de personnages féminins à y périr vire assez au record, et ce n'est pas hélas pas fini. Anecdotes :
16. LE PREMIER SCEAU Scénario : Ben Edlund Réalisation : Mike Rohl You ask me to open that door and walk through it... You will not like what walks back out. Résumé : Sept anges ont été assassinés. Castiel et Uriel ayant échoué à faire avouer Alastair l’identité du meurtrier, ils forcent Dean, son « meilleur étudiant » en Enfer, à le torturer à leur place. Alors que Dean le torture avec raffinement, il apprend une nouvelle qui l’anéantit. Castiel, dévoré par le doute, est tenté de suivre la voie d’Anna et de désobéir à Dieu, et découvre une atroce vérité. Sam franchit un énorme pas en direction des ténèbres pour aider Dean sur le point de craquer… Boucherie Winchester : ouverte 24 heures sur 24. Demandez Dean. La critique de Clément Diaz : C’est un dantesque orage de noirceur sauvage qui s’abat sur cet épisode infernal. Au fil de révélations semant un désastre sans nom, la violence ne cesse d’enfler, de tortures en trahisons en passant par de l’hémoglobine servi à volonté et des dialogues comme autant de coups de couteau. Mythologie, scénario, réalisation, et interprétation s’harmonisent pour nous livrer un des épisodes les plus éprouvants de la série entière, jusqu’à briser net le trio Sam-Dean-Castiel, désormais totalement perdus. Dirigé par l’écriture assassine de Ben Edlund, l’épisode compte parmi les plus grands opus du show, versant noir, très noir. Ben Edlund au scénario : ah, on va rigoler alors !… Ben non. Si l’auteur en avait marre d’être l’amuseur de service, il pouvait difficilement exprimer mieux sa réprobation qu’avec cet épisode qui ne fait rien moins que pousser Sam, Dean, et Castiel au fond d’abîmes différents, mais tous aussi profonds les uns que les autres. Alors qu’on sentait que Sam du côté obscur de la force, des deux pieds, il plongeait, voilà que Kripke se décide qu’il est temps d’accélérer les choses. Si l’on était ému que Dean sacrifiât son salut éternel pour sauver son frère, c’est un pur déchirement de voir Sam se métamorphoser de plus en plus en agent des ténèbres pour lui rendre la pareille. Notre héros peut bien arguer qu’il a de bonnes intentions, mais il se laisse corrompre par les illusions fatales d’une Ruby terriblement manipulatrice (ce sourire torve quand Sam suce son sang…) et aux intentions toujours aussi floues, même si le jeu vénéneux de Genevieve Cortese est une porte ouverte à un désastre imminent pour les Winchester. Ange exterminateur glissant sur une pente ombrée, Sam ne se rend pas compte de sa métamorphose, et l’on craint à juste titre une catastrophe irréversible que même les Anges ne pourront arrêter. Rarement équarrissage de démon aura autant fait frémir… On ne peut qu’être secoué devant les ordres d’Uriel, attirant l’horreur de Dean quant à la perspective de redevenir, même pour un moment, l’un des meilleurs bourreaux de l’Enfer. Craintes confirmées, tant le raffinement de Dean à torturer Alastair est à donner la nausée : ne laissant aucune perfidie du démon le toucher, Dean verrouille tout sentiment pour devenir aussi horrible que lui. Si Jensen Ackles casse la baraque en bloc de haine monolithique (l’expression « regard de tueur » n’est pas un cliché pour lui), l’acteur a reconnu loyalement qu’il se faisait voler la vedette par son partenaire. Effectivement, on reste soufflé par les déflagrations sarcastiques et cruelles d’Alastair, incarné avec une puissance tellurique par un Christopher Heyerdahl lançant missile après missile, jusqu’à foudroyer Dean lors de la spectaculaire révélation du premier sceau, entraînant ipso facto sa destruction morale et un choc profond pour le spectateur. L’onde de choc frappe également Castiel : tourmenté par une affection envers son protégé qui lui est interdite, il est impuissant à contrevenir à un ordre qui peut briser ce dernier et assiste impuissant à la confrontation. L’intervention de l’ange révolté, Anna (Julie McNiven toujours entre glace et feu), va brouiller davantage encore ce doute le rongeant comme jamais, Castiel étant sur le point de défier Dieu comme Lucifer le fit avant lui : comme Anna naguère, il met en question le jugement du Tout-Puissant. Qui pourrait le reprocher en voyant tout ce qu’il a dû commettre en cette saison ? Uriel demeure tel qu’en lui-même, sociopathe et condescendant (Robert Wisdom est sinistre à souhait). L’explosif twist final a l’inconvénient de déplacer le centre de gravité de l’épisode de Dean à Castiel, soit une perte d’unité, mais met au jour les effets désastreux de la jalousie, ainsi qu’un intéressant point de vue : Dieu aimerait davantage les humains que les anges, ces derniers voyant leur puissance sapée par leur servilité alors que les humains disposent du libre-arbitre. Elle tend aussi à montrer un Lucifer ayant agi sous une doctrine toute prométhéenne, cherchant lui aussi un libre arbitre qui lui fut refusé, mais qui se mua en un orgueil démesuré et mégalomane, d’où une rébellion entraînant pour toujours désolation et fêlure dans les royaumes terrestres et supra-terrestres. Les actions des anges s’appliquent d’ailleurs avant tout aux humains, faisant de la garde rapprochée de Dieu une situation moins… angélique qu’on pouvait le croire. Cet épisode explique finalement une saison jusqu’alors marquée par un point de vue féroce sur le Divin. Castiel, moins cruel que son déchu confrère, est aussi tenté par cette voie, d’où un dilemme pesant que Misha Collins sait reporter à merveille. La crise de désespoir de Dean couronne cette bombe de noirceur, laissant les frères et leur ange gardien à la ramasse, l’un pour cause d’avilissement moral consenti, les deux autres broyés par l’ampleur de la tâche qui les attend. Six épisodes avant la fin, et on a le sentiment que nos héros en morceaux ne vont qu’être pulvérisés encore et encore, alors que le Prince des Ténèbres prépare son évasion. Un épisode tranchant comme un diamant noir. La critique d'Estuaire44 : Plus noir que la nuit la plus noire, on trouve On the Head of a Pin, qui va inexorablement, implacablement, méticuleusement s’attacher à détruire Dean Winchester, par l’abîme moral dans lequel le précipite la longue et éprouvante scène de torture d’Alastair (Christopher Hayerdhal une nouvelle fois génial). Le choc de l’Œdipe avec John écrase la performance de sa résistance en Enfer, soit son ultime alibi, par le gouffre désormais béant ouvert entre lui et un Sam définitivement tombé du côté obscur. Que ce dernier triomphe in fine d’Alastair n’y change symboliquement rien. Sam buvant le sang de Ruby apparaît comme une image particulièrement forte, et inversée de celle de Buffy apportant le sien à Angel, la damnation se substituant à la chance de rédemption, la sujétion à l’amour. On sent que la véritable apocalypse de l’univers de Supernatural réside dans cette scission, bien davantage que dans la survenue de Lucifer. Peu d’espoir également chez les Anges, avec la révélation de leur pourrissement via Uriel, l’épisode apporte un précieux éclairage sur cette faction de l’univers de la série (comme on dirait dans un Jeu de Rôles). Tout de même, demeure Anna, magnifique. Il est judicieux que ce soit elle qui sauve la situation son esprit libre lui autorisant davantage de latitude qu’à un castiel encore enrégimenté, pour qui la vérité est simplement inconcevable. Davantage qu’à l’accoutumée, on savoure es échanges entre Castiel et Dean, plus précieux que jamais. Que cet opus abyssal précède de peu un franc délire comme The Monster at the End of This Book témoigne des grands écarts que Supernatural peut accomplir avec succès. Anecdotes :
17. NÉS POUR CHASSER Résumé : Cela fait trois semaines que Sam Wesson est employé au service technique de l’entreprise Sandover Bridge & Iron Inc. Mais il a la désagréable sensation de ne pas être à sa place. La nuit, il rêve qu’il chasse des monstres en compagnie de son supérieur, Dean Smith, nommé directeur des ventes et Marketing en même temps qu’il est entré dans l’entreprise. Lorsque deux des employés se « suicident » dans des circonstances bizarres et que Mr. Smith est témoin d’une apparition spectrale, les deux hommes, qui ne se connaissent pas, décident cependant de s’allier pour comprendre ce qui se passe… Comment motiver vos clients : 1. Rendez-les amnésiques. 2. Envoyez-leur un esprit sanguinaire. 3. Laissez-les se démerder. 4. N’intervenez pas même s’ils se font tuer. 5. S’ils gagnent, ne les réconfortez surtout pas, cassez-les bien. Efficace hein ? La critique de Clément Diaz : Comment succéder à un chef-d’œuvre comme On the head of a pin ? La meilleure solution consisterait à en prendre son parti et écrire un épisode solide à défaut d’être aussi transcendant. Les auteurs vont toutefois être ambitieux et y succéder un épisode quasi décalé avec le thème bien connu de la réalité parallèle, peut-être dans l’espoir de garder une intensité différente mais de même force. Malheureusement, Sera Gamble ne parvient pas à dépasser une fausse bonne idée de départ (Sam et Dean parfaits étrangers, associés contre le crime) et s’enlise dans une chasse au fantôme sans surprise rappelant les loners souvent schématiques de la première saison, tout en restant trop sage sur les difficultés de cohabitation entre les deux frères amnésiques, qui en définitive forment une alliance sans grandes aspérités. Quelques scènes faisant leur effet, un discret sous-texte sur la pression pesant sur les employés d’entreprise, et un final malin parviennent à soutenir un script assez terne. Cette version pâle de What is and what should never be ne convainc pas par son écriture singulièrement lourde. Cela est particulièrement visible pour Sam, délivrant une version du quidam pressentant un glissement de réalité avec répliques clichés à la pelle et comportement à l’avenant. Quant à Dean, il n’est guère mieux loti car passé le choc du clip initial le voyant en jeune cadre dynamique, il n’est guère approfondi et reste à la remorque de Sam. De fait, il n’y a aucun changement de comportement entre les Sam et Dean connus et ceux présentés ici, et plus grave encore, leur relation, malgré leur amnésie, restant finalement similaire à l’ordinaire du show. Plus porteur aurait été une vadrouille chargée d’oppositions, mais l’on retombe vite dans la complicité fraternelle, cela sape du même coup tout l’effet de la réalité parallèle. Les indices progressifs laissés aux héros (et au spectateur) sur la fausse réalité n’ont aucune originalité (les réflexes de chasseur retrouvés à la Jason Bourne…), même si on apprécie le clin d’œil à Ellen, Jo, Bobby, et la Madison de Heart (saison 2). Quant au fantôme du jour, il se contente d’envoyer des mandales et de tendre un doigt menaçant à ses victimes, on pouvait espérer mieux. Quelques friandises surchargent au milieu de cette soupe peu engageante, très bien filmée par James Conway, avec notamment cette photographie plus lumineuse caractéristique des mondes parallèles de la série. Il est joyeusement vachard de la part de Miss Gamble de donner un apprentissage accéléré de chasseur de fantômes à nos héros grâce… aux Ghostfacers !! Soit les experts les plus débiles en la matière des séries TV, l’occasion de quelques passages hilarants où le duo se montre dans toute sa splendeur tout en se payant la tête de nos Weuh ! Le duo A.J.Buckley-Travis Wester est inépuisable, et on discerne une pointe de maturité lorsqu’ils confessent (du bout du bout des lèvres) qu’ils ont tout appris des W2. La boucle est bouclée, et mine de rien, ils se montrent utiles pour la première vraie fois de leur vie. Les scènes de mort rivalisent d’explosions d’hémoglobine bien goûtues, dont une pompée (mais avec suspense et talent) sur une des plus mémorables intros de Six feet under (Untitled, saison 4), série remarquable entre autres par ses introductions létales et inventives ! Dean en col blanc se shootant aux détoxifiants vaut aussi le coup d’œil ! On apprécie aussi l’attaque contre la déshumanisation inhérente au capitalisme, le fantôme transformant les employés en chair à canon prêts à se tuer pour la plus bénigne erreur : le burn-out, certes, mais aussi cet enfer modernisé qu’est la course au succès social, épuisante, sans repos ni but, qui n’est pas sans évoquer le puissant A stop at Willoughby de la Twilight Zone, via notamment le marché final. Si le twist final n’a rien d’imprévisible, le mémorable dialogue qui s’ensuit se montre dense et percutant, notamment grâce à l’impeccable composition de Kurt Fuller, où Dean, acculé à l’évidence, comprend qu’il est incapable de faire autre chose que chasseur. Le poids d’une destinée imposée pèse sur Dean, mais qui maintenant peut repartir à l’attaque après cette thérapie de choc. Courage, les gars ! La critique d'Estuaire44 : Episode très à contretemps que It’s a terrible life (clin d’œil amusant à Capra) On perçoit bien ce que les auteurs ont voulu accomplir. D’une part instaurer une situation étrange et décalée, mais de fait on comprend très vite de quoi il en retourne et le récit embraye finalement sur une chasse au fantôme assez classique. Par ailleurs le but réel reste de souligner que le lien entre les frères est profond, subsistant à travers la crise actuelle. Mais cela on l’avait compris, le souligner aussi pesamment paraît maladroit. Ce qui nous intéresse dans cet ultime tronçon de la saison c’est bien le déroulement inexorable de la crise actuelle et les conséquences qu’elle va connaître in fine, pas que l’on nous raconte que tout cela compte pour du beurre. Si le fond semble contre-productif, la forme demeure hyper efficace, avec une chasse réussie et de nombreux petits indices disséminés de ci de là à propos du monde réel, qu’il est ludique de repérer (le coup du dessin se retrouve dans Dr Who, lors de l’épisode équivalent Human Nature). Le summum demeure l’excellent gag des Facers apprenant les bases du métier aux Winchester. Le sommet de leur carrière, gloire à eux. L’épisode a aussi le mérite d’installer le réjouissant personnage de cette bonne pourriture de Zacharie, interprétée avec une formidable présence par Kurt Fuller. Anecdotes :
18. LE PROPHÈTE Scénario : Julie Siege, d’après une histoire de Julie Siege & Nancy Weiner Réalisation : Mike Rohl One day, these books – they'll be known as the Winchester gospel. Supernatural. It was a series. Didn't sell a lot of copies, though. Kind of had more of an underground cult following. It's always nice to hear from fans. But for your own good, I strongly suggest you get a life. Oh, my god! That was one of my favorite ones, because Dean was so... strong... and sad and brave. And Sam... I mean, the best parts are when they'd cry. You know, like in – In "Heart," when Sam had to kill Madison, the first woman since Jessica he really loved. And in "Home," when Dean had to call John and ask him for help. Gosh... if only real men were so open and in touch with their feelings. Everything is in here, I mean everything, from the racist truck to me having sex. I'm full frontal in here, dude. Résumé : Coup de tonnerre ! Sam et Dean apprennent que la majorité de leurs aventures ont été écrites sous forme d’une collection de romans, baptisée Supernatural !! Leur stupéfaction s’accroît quand ils réalisent que l’auteur Carver Edlund, de son vrai nom Chuck Shurley - un loser pathétique - prédit en fait leurs péripéties à l’avance ! Malgré tous leurs efforts pour aller à l’encontre des prédictions de Chuck, Sam et Dean ne peuvent empêcher ces dernières de se réaliser. Or, Chuck a prédit que Sam aurait un moment très intime avec Lilith… Livre de Chuck, chapitre 1 verset 1 : Au commencement étaient deux gros bras qui en bavaient grave. Puis, Supernatural est arrivé. Depuis ce jour… ils en chient encore plus. La critique de Clément Diaz : Méta-épisode décalé de la plus belle eau, The Monster at the end of this book confirme que Supernatural est tout simplement l’une des meilleures séries en matière d’idées sous fumette ! Fortement inspiré du déjanté A world of his own de La Quatrième Dimension, cet épisode narre une hilarante collusion entre créateur et créations, née d’une idée désopilante de Nancy Weiner (assistante des scénaristes) : et si les scénaristes de la série se mettaient en scène via un personnage qui se présenterait comme le créateur des aventures de Sam & Dean ? Au fil de révélations s’aventurant toujours plus loin dans le délire, mais brillamment maîtrisées, la très douée Julie Siege fait avancer la Mythologie par des dialogues sous acide et des situations rocambolesques naissant de cette très particulière collusion entre réel et imaginaire. Cela n’empêche aucunement le développement d’une véritable intrigue au suspense aigu, faisant de cet épisode un des plus denses de la série, et un nouveau sommet pour cette saison 4 roulant à tombeau ouvert. Les deux premiers actes sont lancés à bride desserrée tandis que Supernatural se livre à sa propre autocritique : succès certain mais très confidentiel, descriptions grinçantes des héros, Sam en particulier (la scène du lavomatique est tout un poème), fans en folie fantasmant sur le « Wincest » au grand dégoût des héros, ou plus modérément exprimant leur amour de la série, particulièrement ses moments émotionnels (hilarant personnage de Sera Siege atomisant sans s’en rendre compte ses personnages chéris). L’arrivée en fanfare du prolifique mais déguenillé Chuck Shirley, avatar des scénaristes et du créateur Eric Kripke, précipite l’ensemble dans une joyeuse folie lorsque nos frères se font reconnaître de lui (une des rencontres les plus allumées de la série !). Par-là, les auteurs s’auto-flagellent avec un pur entrain : sadisme de leurs histoires, héros très (trop ?) martyrisés, histoires parfois mal écrites… mais aussi leur propension assumée à l’ego, que ce soit dans le pseudonyme de l’auteur (Carver Edlund) ou de la fan (Sera Siege) mais surtout lors de la mise en abyme ultime où Shirley se rêve en créateur rencontrant ses créatures et en prophète tout-puissant, avec immédiate réalisation dans la réalité ! Les scénaristes de la série s’amusent comme des gosses, et leur joie est si communicative que le spectateur ne peut que la partager, se tapant le derrière par terre tout le long de cette fantaisie lysergique. L’énorme twist central sur l’identité de Shirley, permettant un numéro bidonnant de Castiel alignant les phrases les plus solennellement vaticinantes avec son monolithisme habituel, achève d’envoyer l’histoire dans la stratosphère, tout en sauvegardant le libre-arbitre de nos frères… ou presque. Car l’humour du récit provient aussi de leurs efforts à échapper aux prophéties (c’est le cas de le dire !) de Chuck, mais voyant à chaque fois un facétieux destin se charger de les remettre sur le droit chemin dès lors qu’ils essayent de s’en écarter (mention au cheeseburger et aux pansements de petite fille). L’épisode se paye même le luxe de rendre hommage aux X-Files, son influence tutélaire, avec un caméo de Megan Leitch, interprète des différents avatars de Samantha Mulder adulte, que c’est mignon ! En écrivain inspiré mais à la ramasse, Rob Benedict surjoue sans frein ; sans doute une des plus remarquables prestations d’une guest star dans la série. Le versant thriller n’est pas oublié avec la venue de Lilith provoquant une autre crise - tiens, encore ? - entre les Winchester, Dean préférant la prudence, et Sam croyant encore en son libre-arbitre et cherchant le combat, avec une alliance de courage et de témérité. La confrontation avec Lilith, cette fois sous les traits d’une aussi séduisante qu’empoisonnante Katherine Boecher, prend la forme d’un tango mortel avec Sam, conclu par la contre-attaque ingénieuse de Dean (avec un Castiel décidément plus soucieux de Dean qu’il veut le laisser croire). La coda avec Zachariah, avec un Kurt Fuller doucereusement matois mais bien cynique, met bien en avant le dilemme de l’écrivain, qui même au bout du rouleau, même dépassé par ses propres histoires, personnages, ou drames personnels, doit toujours écrire et écrire, car tel est son but. En sous-main, on peut voir dans cet épisode une application de la théorie de Mondrian voyant en l’Artiste moins un créateur qu’un canal, l’intermédiaire entre une inspiration divine, et sa réalisation dans le monde terrestre, ce qui n’est ni plus ni moins le cas de Chuck. Un méta-épisode fun, malin, et abouti, un sommet de la série. La critique d'Estuaire44 : The monster at the end of this book sacrifie avec réussite au genre particulièrement risqué du méta épisode, parvenant à trouver le parfait minutage d’auto parodie et den private jokes dédiées aux fans que nécessite cet exercice de style. Cette géniale idée du Prophète Chuck (épatant Rob Benedict), écrivant L’Evangile des Winchester sous forme de romans de garen nous vaut ainsi une réjouissante première partie, tandis que crépitent les vannes et que les Winchester se prennent l’effet miroir en pleine figure. Un joyeux prologue pour le formidable The Real Ghostbusters, qui ira encore plus loin dans ce domaine. Tout l’audacieux parallèle avec les prophètes bibliques apporte une dimension supplémentaire à l’humour, d’autant que Castiel en rajoute à plaisir. Comme souvent dans Supernatural, une première partie humoristique bascule dans l’horreur, ici avec le retour gagnant de Lilith, qui s’apprête à ne faire qu’une bouchée d’un Sam toujours aussi présomptueux. Bien loin de constituer un simple canular, l’opus se révèle très finement écrit, intégrant un sujet totalement décalé à la trame de la saison, tout en jonglant avec naturel entre des scènes hilarantes et d’autres absolument dramatiques. Le gambit de Castiel se montre inventif en diable, illustrant le talent de l’Ange pour la ruse mais scellant également l’amitié avec Dean. Episode aux nombreuses facettes, The monster at the end of this book restera en définitive celui où Cas entre de plein pied dans le clan des Bros, même s’il partage encore cette affection avec son allégeance céleste. Joli guesting de Keegan Connor Tracy en éditrice groupie et de Katherine Boecher, parfaite en Lilith devenue adulte (voire très adulte). On ressent une légère frustration de ne pas voir l’Archange, mais on sera bientôt largement servi sur ce point ! Anecdotes :
19. TROIS FRÈRES É Scénario : Andrew Dabb & Daniel Loflin Réalisation : Phil Sgriccia - Dad didn't have a choice with us, okay? But with Adam, he did. Adam doesn't have to be cursed. - He's a Winchester. He's already cursed. Résumé : Dean reçoit un appel sur le portable de son père, il émane d’un certain Adam Milligan, qui prétend être le fils de John Winchester !! Une rencontre et quelques enquêtes convainquent les incrédules frérots qu’ils ont bel et bien un demi-frère, issu d’une brève liaison que leur père eut avec une femme harcelée par des monstres. Or, la raison de l’appel d’Adam est que ces mêmes monstres ont réattaqué, kidnappant plusieurs personnes… Et l’Oscar du pire père de la télévision revient pour la quatrième année consécutive à John Winchester ! La critique de Clément Diaz : Parmi les nouveaux auteurs, il faut avouer que le duo Andrew Dabb-Daniel Loflin éprouve du mal à intégrer les codes de la série, se contentant de prendre une idée originale et… ne pas en tirer grand-chose. Si Yellow Fever divertissait surtout grâce à la performance de Jensen Ackles, After School Spécial montrait déjà les limites de leur écriture, et ce n’est pas Jump the Shark qui va davantage nous convaincre. Si les saisons suivantes montreront un plus grand dynamisme de leurs histoires, une certaine dose d’indulgence est requise pour apprécier le rebondissement très soap opera du troisième frère. Une fois avalée cette grosse pilule, l’on arrive à s’intéresser aux états d’âme des trois Winchester, bien que l’on appréciera surtout un final très rouge sang. Dean nous fait certes bien rire durant tout le premier acte où il tente vainement de prouver qu’Adam n’est pas celui qu’il prétend être (mémorables tests au restaurant, très à la Bobby), mais toute la prise de contact entre les trois frères se montre assez laborieuse. Par son « innocence », Adam offre un contrepoint étonnant à la famille Winchester, tous plus ou moins des têtes brûlées et ténébreuses, mais le contraste est si tranché qu’il flirte souvent avec la fadeur, l’interprétation effacée de Jake Abel abonde d’ailleurs en ce sens. Les monstres ne se montrent pas avant l’affrontement final, privant l’enquête d’une énergie pourtant nécessaire. De fait l’épisode ressemble à un très long prélude à l’explication finale, certes réussie, mais qui ne valait pas une attente amorphe aussi étendue. Le cœur de l’épisode, la famille Winchester elle-même, irrigue quelques couches émotionnelles pendant ce surplace, notamment avec la volonté de Dean d’épargner une vie de souffrances à son frangin « pur », se heurtant en cela à un Sam décidément bien changé depuis le pilote, et appliquant désormais plus doctement l’héritage paternel pourri dont Dean mit tant de temps à s’en débarrasser. Il est difficile de prendre parti, chacun des deux frères aînés ayant d’excellentes raisons, le spectateur choisira de trancher selon son idéalisme ou son réalisme, ou préférera s’abstenir dans une incisive ambivalence (là aussi on se situe dans les raisonnements de Joss Whedon). Pointe à l’avant-plan un regard décidément bien pessimiste sur la dynastie Winchester, incapable de dévier de ses sombres (et parfois mortels) destins, même quand il s’agit de l’agneau innocent : l’émotion des scénaristes quant au fatum de leurs héros n’est pas absente, derrière l’apparent sadisme dont-ils font preuve pour les démolir consciencieusement à longueur d’arcs apocalyptiques tous plus catastrophiques les uns les autres. Le twist final, peut-être pas tout à fait imprévisible, ne se montre pas moins coupant. Dedee Pfeiffer (sœur de Michelle) assure un excellent numéro dans l’abominable vengeance de son personnage, tandis que l’exploration désespérée de Dean emmuré vivant se montre anxiogène et morbide à souhait. Mais à ce titre, c’est bien pour le calvaire de Sam, écorché vif avec force flots de sang que l’on a le cœur au bord des lèvres, où Phil Sgriccia fait exploser l’intensité qui couvait jusque-là. C’est vraiment in extremis que Dean le sauve, tandis que l’amateur d’X-Files ne pourra songer de penser au bien nommé Sanguinarium pour son gore amené en scène de la même façon. Un épisode simplement correct, à la base trop outré pour convaincre sans effort. La critique d'Estuaire44 : Jump the Shark reste évidemment un titre à part pour les fans des Bandits Solitaires, mais l’épisode va plutôt ennuyer qu’autre chose. Faire apparaître ex nihilo ce troisième frère suscite du mélo gratuit et facile, tout en égratignant inutilement la statue de John. Il ne faudrait pas que Supernatural tourne à la saga familiale faisandée, voire à la Telenovela. Les scènes proposées apparaissent de facto assez dépourvues d’intensité, d’autant que l’interprétation de Jake Abel se situe clairement en deçà du niveau coutumier de la série. Cela lui vaudra d’ailleurs de gâcher partiellement la future confrontation apocalyptique. La révélation d’Adam ne se justifiera réellement qu’en saison 5, ici on se situe dans un travail de préparation dépourvu de dimension, purement fonctionnel. . Les Goules se montrent par contre amusantes, mais entrent trop tardivement en scène. Un épisode très dispensable, même s’il évoque (une nouvelle fois) habilement le fossé béant existant désormais entre Sam et Dean. Anecdotes :
Scénario : Jeremy Carver Réalisation : Charles Beeson You used to be strong enough to kill Alistair. Now you can't even kill, uh, stunt-demon number 3? Résumé : Sam et Dean découvrent Castiel inanimé : il a été en effet rappelé au Ciel, laissant son vaisseau de chair, Jimmy Novak, désemparé ! Sonnés par la perte de leur allié, Sam et Dean veulent protéger Novak des démons qui souhaitent le capturer pour avoir accès à des informations cachées dans sa mémoire. Profitant de la faiblesse de Sam, en manque de sang de démon dont il est devenu dépendant, Novak s’échappe pour retrouver sa famille qu’il a abandonnée sans avoir eu le temps de lui dire au revoir il y a un an, mais les démons sont à ses trousses… Quand les Anges merdent, ils vont au Ciel. Logique… La critique de Clément Diaz : À travers ce magnifique épisode, Supernatural explore avec une émotion renouvelée le déchirement se produisant lorsqu’un être humain décide d’embrasser un destin héroïque, et sacrifiant « pour le plus grand bien » son bonheur personnel. A contrario de Sam et Dean, Jimmy est un homme ayant vécu longtemps une vie enviable, avant que ses convictions religieuses brisent son bonheur terrestre. Ce dilemme douloureux hante tout cet épisode qui n’oublie pas d’être captivant, aux multiples coups de théâtre, tandis que Sam s’approche de plus en plus du point zéro de son irrémédiable chute ténébreuse. Misha Collins réussit son dernier test en montrant qu’il peut tenir tout un épisode alors que Jared et Jensen sont en périphérie. Supernatural n’a pas vraiment la main heureuse dans ses flashbacks, les plongées dans le passé des deux frères sont restées très anodines (mis à part le très spécial In the beginning), et l’on pouvait redouter a fortiori un résultat encore pire pour Novak qui n’a jamais été approfondi. Mais c’est oublier le talent de Jeremy Carver, qui se joue du problème en axant son intrigue sur le fascinant mystère de la foi religieuse, qui a tant réussi à la série (Faith, Houses of the Holy), faisant du même coup ressortir son miroir inversé, la dérive spirituelle, celle de Sam, avec plus d’éclat. Cette foi religieuse épanouit Novak, et tant qu’il peut la partager avec la chaleur familiale, il trouve un équilibre. C’est quand sa ferveur, celle qui n’appartient qu’aux hommes et aux femmes appelées à changer le monde en profondeur, déborde, qu’une fêlure se produit, avec un déchirement entre le désir de rester avec ceux qu’on aime, et le fait d’être immergé tout entier dans une tâche immense. La résonance avec le destin « sacrificiel » de Sam et Dean, comme Jump the Shark l’avait rappelé, est évidente, mais se ressent plus fortement encore par la présence de la famille, passant ici par pertes et profits, et par une mission finalement plus éprouvante encore, car il s’agit de renoncer à vivre sa propre vie pour permettre à un ange d’aider plus efficacement à la lutte contre le mal. Les scènes déchirantes mais sans pathos aucun entre Novak et sa famille saisissent vraiment, tandis que se manifeste un autre problème bien connu des grands héros : la tentation d’abandonner. Car Novak n’en peut plus de voir son corps martyrisé, de délaisser sa famille, il est comme encombré de sa foi qui le dépasse, et c’est cela qui explique son attitude fuyante aux deux frères qui s’ils gardent la tête froide, ne peuvent tout à fait le comprendre, car ils ont depuis longtemps abandonné tout espoir d’une vie normale, pas Novak. Ses décisions seront jugées selon les croyances religieuses ou « prométhéennes » du spectateur, mais quoiqu’il en soit, il est difficile de ne pas être ému lors du choix final de Novak, qui mêle in extremis son amour familial bien qu’ici sacrifié, et sa foi, pour une ultime séparation à en avoir le cœur serré. Castiel quant à lui paye son affection pour son protégé avec un sévère avertissement, d’où une coda en rage rentrée. La lenteur presque contemplative de l’intrigue réserve ainsi des effets saisissants lors des attaques des démons perturbant soudainement ce calme malaisé, mais aussi lors des accès de folie de Sam, en amorce de descente alors qu’il se drogue depuis si longtemps au sang de Ruby. Il est sinistre de voir Dean ne plus arriver à réagir devant l’autodestruction de son frère, tant il est blasé, alors même qu’une vision saisissante nous montre Sam s’assimilant à un vampire démoniaque. Le grinçant cliffhanger (Bobby le renard) ouvre la voie à un avant-dernier épisode où l’on pressent que cela va chauffer, et au fer rouge minimum. La critique d'Estuaire44 : The Rapture a l’excellente idée de s’intéresser au Vaisseau de l’ami Castiel, ce qui permet non seulement de mieux comprendre le parcours de l’Ange mais aussi de nous valoir un récit riche en émotions, mais exempt de tout mélo. Les rapports complexes unissant Cas à son hôte sont passionnant à suivre et parfaitement exposés grâce à l’astuce diabolique du scénario. Sans avoir l’air d’y toucher, le récit établit un parallèle assez époustouflant entre les arrivées d’Azazel les Yeux Jaunes et de Castiel au sein d’une paisible famille et des conséquences que cela induit. Cas y met certes davantage les formes, mais l’élément humain apparaît bien secondaire. Cet aspect sombre de l’Ange (que les dramatiques évènements rendent tout de même supportable) bondit de nouveau en avant quand Castiel retombe dans ses ornières, tant sont lourdes les chaînes qu’il doit porter de par sa nature même. C’est habile et finalement assez logique, il aurait été décevant que la convergence de Castiel vers les Winchester soit un chemin semé de roses. En plus cela instille un élément dramatique supplémentaire pour le final de saison la fragile et récente alliance étant remise en cause. On regrettera cependant qu’Anna en paie le prix, il s’avère contre-productif de sacrifier aussi vite un aussi formidable personnage. On apprécie également la parfaite maîtrise de la mise en scène, notamment la photographie et l’aspect onirique de la formidable scène du lac (où l’on ne serait pas surpris de voir Scully flottant sur sa barque). La jeune interprète de la petite fille se montre épatante, mais l’on retiendra avant tout l’incomparable stand up de Misha Collins que constitue en définitive The Rapture. L’acteur se montre époustouflant de conviction dans chacune de ses incarnations successives, un véritable exploit. Les J2 excellent tout au long de Supernatural, mais la prestation de Collins demeure l’une des plus impressionnantes que j’ai découvert sur le petit écran lors de la période fin 2000/début 2010, avec David Tennant dans Doctor Who et Terry O’Quinn/Michael Emerson dans Lost. Sam tombe en morceaux, décidément tout se présente idéalement pour le grand final. Anecdotes :
21. LE DIABLE AU CORPS Scénario : Sera Gamble Réalisation : Robert Singer Now, correct me if I'm wrong, but you willingly signed up to be the angels' bitch?… I'm sorry ; you prefer "sucker"? Résumé : Emprisonné dans la cave de Bobby, Sam, en manque de sang de démon, subit de terribles hallucinations. Alors que les sceaux retenant Lucifer se brisent les uns après les autres, Dean, déterminé à laisser son frère hors de la bataille finale - faute de quoi, il serait probable qu’il doive le tuer - fait un pacte avec Castiel. Mais Sam finit par s’échapper et rejoint Ruby… Chez les Winchester, qui aime bien châtie bien : on démolit la face de l’autre parce qu’on l’aime. La critique de Clément Diaz : Grand prologue au final de saison, When the levee breaks s’axe tout entier sur la psychologie de Sam via différentes idées, et sa rupture semble-t-il définitive avec son frère, soit le cœur même de la série. L’épisode ne peut donc qu’être excellent, quoique Sera Gamble n’évite pas certains clichés en première moitié d’histoire, et se montre très chiche en matière d’action. Poussés dans leurs derniers retranchements émotionnels, le trio Sam-Dean-Bobby, à fleur de peau, sait toutefois impliquer le spectateur dans ce scénario courant droit à sa noire coda, une des plus désespérés de la série alors même que l’Apocalypse se profile à l’horizon. Gamble utilise une ficelle usée mais qui a fait ses preuves pour exprimer l’effet du manque sur Sam : les hallucinations « psy ». Pas de grinçant délire à la Trainspotting, plutôt une exploration de 4 des facettes de Sam : le chasseur terrorisé, l’adulte frustré, le fils sevré d’amour maternel, et le frère à la relation si compliquée avec Dean. Si Christopher Heyerdahl fanfaronne toujours sadiquement en Alastair, la séquence est surtout là pour des effets faciles. La révolte de Sam enfant face à ce qu’est devenu Sam adulte déroule des dialogues et des idées mille fois vues, malgré une bonne interprétation. Le casting surprise de Samantha Smith est en revanche une excellente idée, dont les attitudes prennent à contrepied le spectateur mais finalement de manière logique : la chasseuse ne peut qu’être fière que son fils ait pris la relève avec autant d’éclat, même si elle est triste que ce soit au prix d’une vie normale. Voir Sam se consoler sur son épaule est émouvant, et c’est sans doute la seule facette de lui-même, la fierté du travail accompli, qui est apaisée, et qui lui donne un moment de répit. Tant mieux car la confrontation avec sa projection de Dean se montre à l’opposé d’une dureté aiguë, où il n’arrive à imaginer qu’une vision négative voire haineuse que son frère a de lui. Le contraste avec les vraies pensées de Dean, exposées en alternance, est cruel pour Sam, mais ironiquement, ses actions finiront par user la patience de Dean dans la coda où réalité et fantasme vont se rejoindre pour le pire. Jared Padalecki est mémorable en junkie lessivé et patraque. L’impuissance rageuse de Dean et Bobby n’est pas moins corrosive, et il faut vraiment que Dean soit au bout du rouleau pour accepter de se soumettre aux ordres d’un Dieu invisible - auquel il n’a jamais vraiment cru et dont il doute le bien-fondé de ses actions - via un Castiel peut-être encore plus paumé que lui. L’ange en a ras l’imperméable de cacher tant de choses capitales à son padawan, doutant en permanence des ordres qu’il reçoit : au fond de lui, il souhaiterait sans doute suivre Anna la rebelle et non la remettre aux « autorités » divines. L’action reste immobilisée durant le huis clos, ce qui fait que l’épisode n’est pas sans longueurs. Après nous avoir fait suivre tout le parcours tragique de Sam en cette saison, Supernatural atteint enfin le fond du gouffre lorsque Sam choisit de faire confiance à Ruby plutôt qu’à Dean. Il est étonnant de constater que c’est encore une fois l’amour fraternel qui les pousse l’un contre l’autre : Dean préfère tuer son frère plutôt que le laisser devenir un monstre, et ainsi se montre impitoyable contre lui, tandis que Sam veut protéger son frère et n’a pas confiance en sa force pour empêcher l’apocalypse, alors qu’il s’agit pourtant du « plan de Dieu » (ou du moins, présenté comme tel), mais il est vrai que Dieu ne s’est guère clairement manifesté sur le sujet, et ce n’est pas les Anges, tous chauffés à blanc, qui vont nous rassurer en prenant l’intérim ! La tragédie est consommée lors de la si poignante scène où Bobby tente de retenir Sam, mais est impuissant à lui tirer dessus (I love that boy like a son. All I'm saying is maybe he's here right now instead of on the battlefield because we love him too much). Ruby, félonne grand train, manipule avec toujours autant de sensualité perverse notre pauvre Sammy, et l’on continue à se demander quel bénéfice elle en tire. Quoiqu’il en soit, le jeu de Genevieve Cortese commence tout doucement à surchauffer, un choix idoine quant à l’excitation de son personnage, sur le point de frapper un grand coup, on en doute pas ! L’explication finale entre Sam et Dean, désormais en pleine incommunicabilité, se montre aussi violente que sans espoir (réalisation électrique de Robert Singer), avec cette image terrible de Sam choisissant Ruby au lieu de Dean, car désormais trop dépendant : à sa volonté de sauver son frère, au pouvoir, peut-être aussi à la démone elle-même, et pas seulement son sang. Toujours unis au moment des finales de saison, le lien Sam et Dean, moteur du show, meilleure arme contre les forces du mal, est brisé, ce qui laisse augurer un final de saison bien intense ! La critique d'Estuaire44 : When the Levee Breaks présente l’intérêt de nous révéler vraiment ce qui anime Sam dans sa course à l’avilissement. En effet il est souvent malaisé de deviner ce que ressent cet introverti surdoué, bien davantage que chez Dean, plus direct et à qui Castiel sert couvent de confident. Malheureusement, malgré un Padalecki au sommet de son art, cet espèce de Christmas Carol inversé ne convainc que partiellement, avec ses visites ultra prévisibles et son arrière fond lourdement psychanalytique. Celui-ci voit Sam s’adresser à lui-même avec les figures marquantes de son passé symbolisant les diverses facettes de sa personnalité. Tout ceci demeure démonstratif et formaté au possible, mais la mise en scène maintient sa qualité et l’épisode sait se relancer quand Sam sort enfin du bunker. On a un premier choc quand on entrevoit la possibilité que Sam nous tue Bobby, là tout de suite, mais le grand moment survient lors de la grande confrontation qui éclaté enfin entre les deux frères. La scène, d’une âpreté sans concessions, se révèle d’une puissance émotionnelle terrible, d’autant qu’elle semble réellement sans retour. La vénéneuse Ruby triomphe, toujours campée avec brio par la brune Geneviève. Vraiment un adversaire grand train, n’ayant plus rien à voir avec la guerrière d’opérette de la saison précédente. Le scénario déplie tout un impressionnant mouvement, car Castiel connaît son nadir simultanément à celui des Winchester, lors de sa trahison d’Anna. Il a beau faire la moue, l’acte est bel et bien perpétré, et jamais l’Ange ne sera plus antipathique qu’à cet instant. C’est en guenilles, sinon en lambeaux, que la Team Winchester parvient au final de saison, ce glissement suscitant une impressionnante force narrative. Anecdotes :
22. LE RÉVEIL DE LUCIFER Scénario : Eric Kripke Réalisation : Eric Kripke Dean... HE's coming! Résumé : Sam kidnappe une alliée de Lilith et la force à lui avouer où elle brisera le dernier sceau qui libérera Lucifer : le couvent Sainte Marie dans le Maryland, où Azazel massacra 8 nonnes en 1972. Dean est téléporté dans une chambre divine par les Anges pour le préparer à l’Apocalypse. Les deux frères vont finir par comprendre qu’ils ont tous les deux été joués, mais n’est-il pas déjà trop tard ?… The road so far… Devinez qui vient dîner ce soir ! La critique de Clément Diaz : Lucifer Rising (et pan, encore un titre qui tue !) ne souhaite pas nous surprendre : le sens sans équivoque de son titre et les indices parsemés dans toute la saison (double jeu de Ruby, Sam déclenchant la catastrophe en croyant l’éviter…) font que l’intérêt du final n’est pas de nous choquer, mais de regarder, comme une tragédie grecque, nos héros se battant tant contre les Anges que contre les Démons, et faisant face à une inévitable Apocalypse (le créateur n’allait évidemment pas nous décevoir après nous avoir chauffé toute la saison). L’émotion est le moteur de tout ce finale riche en scènes spectaculaires, où Sam plonge sans retour dans les trompeuses promesses de Ruby, et où Dean tente de trouver une échappatoire au piège des Anges. La tension grimpe tout le long du récit, jusqu’à prendre feu dans une grandiose coda et un des plus hallucinants cliffhangers qu’une série ait pu nous proposer. La magistrale première séquence emboîte la dernière pièce du puzzle qu’est la Conspiration des démons pour libérer Lucifer, instaurant Azazel comme son authentique meneur, même par-delà sa mort. Le délire satanique du prêtre face à son assemblée frappe les esprits par son cynisme et sa mégalomanie. Eric Kripke fait face au challenge de devoir raconter deux segments presque déconnectés, mais ce faisant, il exprime bien la déroute des Winchester dès lors qu’ils ne travaillent plus ensemble. Surtout, les deux parties de l’histoire se montrent d’une intensité permanente. Côté Sam : Ruby ne cache plus son excitation et lève plusieurs fois le coin du masque (notamment avec la connaissance de Lilith) alors qu’elle accomplit les ultimes étapes du plan d’Azazel, dont elle est la cheville ouvrière depuis sa mort en fin de saison 2. Sam, dans sa ténébreuse addiction à son ego et au pouvoir, ne voit rien venir, plus ange exterminateur que jamais. Le voir accomplir docilement toutes les injonctions de Ruby fait froid dans le dos, alors même que l’on sait qu’il est en train de commettre une terrible erreur. Le voir à l’ultime moment repousser la main salvatrice de Dean pour commettre l’acte final, sous les yeux pervers d’une Ruby jubilante, est le couronnement du travail de sape de cette dernière ; de la belle ouvrage. Côté Dean : c’est un dialogue, enfin, une dispute, qui s’instaure avec Zachariah, subtilement perfide derrière ses airs narquois (un rôle taillé sur mesure pour l’éblouissant Kurt Fuller). Son inactivité forcée finit par éveiller un dangereux soupçon, jusqu’à ce que l’ange dévoile son plan dans un twist retentissant que les plus malins auront peut-être deviné. Mais voir les frères devoir après Heaven and Hell combattre une fois de plus le Ciel et l’Enfer simultanément a cette beauté tragique que l’on retrouve dans les meilleurs récits épiques. L’épisode consomme jusqu’au bout l’amertume des Anges devant des humains tellement plus faibles et pêcheurs, mais bénéficiaires du bien le plus précieux : le libre-arbitre. L’on peut se demander pourquoi Dieu « a quitté la boutique », mais nul doute que Supernatural nous donnera quelques explications à l’avenir ! Kripke porte une emphase particulière sur la condition des Anges, avant tout des guerriers bataillant contre le mal, et piaffant à l’idée d’en découdre une bonne fois pour toutes avec leur confrère travaillant dans les sous-sols. À leur tempérament belliqueux s’ajoute l’impatience, celle d’exterminer la race démoniaque, quitte à passer une humanité ingrate par les pertes et profits. Finalement, cet épisode n’est pas autre chose qu’une relecture certes spéciale de l’éternel sujet du frère aîné et du frère cadet rivaux se disputant l’amour (et l’héritage) du patriarche, dont l’affection se porte souvent sur le plus jeune. Seul grain de sable dans la machine, Castiel, qui par Dean, a appris à aimer les humains, et entre en sécession hélas dramatiquement tardive. Mais comment lui en vouloir, lui qui a tant à perdre et rien à gagner dans cette affaire ? Il est prêt à tout sacrifier pour apaiser sa conscience, et c’est par cela qu’il nous émeut, cela et le jeu si intériorisé et si déchirant à la fois de Misha Collins, décidément le casting idéal pour ce personnage si complexe. On apprécie également le coucou de ce bon vieux Chuck (inénarrable Rob Benedict), toujours paumé entre deux prophéties, et demandant juste qu’on lui foute la paix. Ouais, coco, mais comme t’es un prophète du Très-Haut, c’est pas gagné. La terrifiante coda, lorsque la terre s’embrase sous les pieds de Sam, comprenant trop tard sa monumentale erreur, ne lâche à aucun moment le spectateur, tandis que Ruby fait une tourbillonnante danse de joie méchante. Haïe par les fans du show, Genevieve Cortese n’aura pourtant jamais démérité face à Katie Cassidy, certes plus en présence physique, mais au jeu moins large que sa successeure, tellement plus félonne. Elle nous le prouve lors de son récital final. Qu’importe que les foudres de Dean s’abattent sur elle, le cliffhanger final, s’arrêtant quelques secondes avant la libération du Roi des Enfers devant nos frères prisonniers, est à hurler de rage - ce que tout cliffhanger qui se respecte doit faire - tout en portant les enjeux très très haut pour une saison 5 s’annonçant comme spectaculaire ! La critique d'Estuaire44 : Lucifer Rising (ça c’est du titre, les amis) débute après le toujours délicieux coup d‘œil dans le rétroviseur qu’est le The Road so Far, un rituel que l'on aime encore et toujours retrouver. Dès son commencement le Season finale se profile ainsi comme épique. Le scénario pourrait sembler souffrir d’un manque de rebondissements, tant ses articulations majeures sont prévisibles, assez inévitablement étant donné la force du récit précédent. Oui, Lucifer s’élève des tréfonds de la Cage (bon, c’est dans le titre), oui le complot de Ruby fonctionne jusqu’à son terme, oui les Anges veulent la Grande Bataille donnant un sens à leur existence, oui les Bros se retrouvent au moment ultime (mais trop tard), oui Castiel tourne casaque et redevient l’allié des frères au moment fatal (trop tard pour Anna), oui, tout cela était totalement scripté. Et pourtant l’épisode s’avère enthousiasmant de bout en bout, s’échappant par le haut grâce à la renversante qualité de ses dialogues (énorme tirade de Bobby sur John !), de sa mise en scène hyper nerveuse et de son interprétation, particulièrement incandescente ici. Geneviève Cortese se montre une nouvelle fois parfaite malgré les réserves parfois exprimées de-ci, de-là. Par ailleurs, initialement un peu lente mais gagnant sans cesse en énergie, l’intrigue nous réserve malgré tout quelques jolies surprises en cours de route, comme Azazel bouclant superbement la boucle, Lilith en sceau terminal, le retour hilarant du Chuck ou la découverte de cette étrange salle très à la séquence finale de 2001 Odyssée de l’Espace, où Zacharie nous régale encore une fois de son numéro de fripouille intégrale et satisfaite d’elle-même. Le final demeure également spectaculaire, on apprécie l’ironie voyant Ruby tuée par son propre couteau. Qui a vécu par l’épée etc, tellement biblique. J’aime aussi la jouissance de Dean à la trucider, c’est toujours ça de pris pour la Route. Certes nous refait le même coup qu’avec l’Archange du Prophète Chuck, car on ne voit du Déchu qu’une lumière vrombissante, mais cela suscite un cliffhanger assez ultime ! La saison 4 s’achève, d’un très haut niveau, elle confirme à quel point les auteurs de Supernatural ne craignent pas de pousser leurs intrigues et concepts jusqu’à leur terme ultime, aussi éprouvant soit-il. La cinquième, la préférée de nombreux fans, sera encore meilleure. Anecdotes :
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Saison 1 3. L'Esprit du lac (Dead in the Water) 4. Le Fantôme voyageur (Phantom Traveler) 5. La Légende de Bloody Mary (Bloody Mary) 7. L'Homme au crochet (Hook Man) 9. La Maison des cauchemars (Home) 10. Terreur à l'asile (Asylum) 15. Les Chasseurs (The Benders) 17. À force de volonté (Hell House) 18. La Strige (Something Wicked) 19. Le Tableau hanté (Provenance) 20. Le Retour des vampires (Dead Man's Blood) 21-22. Délivrance (Salvation /Devil's Trap) Épisode Mythologique Scénario : Eric Kripke Résumé : Il y a 22 ans, dans la maison de la famille Winchester, Sam et Dean sont encore des enfants lorsque leur mère se fait tuer par une force démoniaque qui enflamme la maison. Grâce à leur père, ils réussissent à s’en sortir. 22 ans plus tard, Sam (le cadet) vit avec sa petite amie Jessica et envisage déjà une vie toute tracée. Mais, un soir, Dean s’introduit chez lui pour lui faire part de ses inquiétudes : leur père à disparu depuis des jours alors qu’il était allé chasser des démons. Malgré quelques réticences, Sam accepte d’accompagner son frère à la recherche de leur père. La piste les mène à une petite ville où les hommes disparaissent... Bienvenue dans Supernatural... La critique de Clément Diaz et Cetp65 :
Même s’il ne fait partie des meilleurs épisodes de la série, le pilote est indispensable. C’est avec cet épisode que débute la grande mythologie de la série. Le pilote de Supernatural joue comme tous les pilotes sur trois points : l'atmosphère, les personnages, l'histoire, et il faut avouer que les deux derniers points sont encore faiblement ébauchés, alors que l'immersion dans l'univers d'horreur de la série s'effectue avec une efficacité renversante, et cela dès la tonitruante et pyrotechnique introduction, une merveille d'horreur fracassante. Par suite, l'épisode doit subir un ton passablement verbeux pour expliquer tout ce qu'il y a savoir : Cela passe par des tunnels dialogués assez longs. Le premier frère que l’on découvre est Sam Winchester, accompagné de sa petite amie Jessica Moore (Adrianne Palicki). La présentation, laborieuse, s'améliore avec la venue de Dean. Côté personnages, Dean et Sam livrent une version de ghostbusters contemporains innovante et prenante, mais demeurent encore grossièrement dessinés, et les acteurs sont encore peu assurés. On fait aussi connaissance des bonnes vannes de Dean ainsi que de la première dispute entre frères qui pourra aller de la légère engueulade (comme ici) à de très violentes bagarres (comme plus tard). À partir de ce moment, on va retrouver les codes de la série : le meurtre sanguinolent (d’habitude en intro), les recherches, les multiples usurpations d’identité (souvent des fédéraux) et surtout... la traversée sur les routes de l’Amérique dans la mythique Chevrolet Impala sur un fond de musique rock. Ce genre de scènes nous suivra tout de long de la série. Néanmoins, certains éléments ne sont pas encore en place : Sam parle des esprits au premier venu et l'histoire du jour bute sur une version de la Llorona mexicaine minimaliste. Il eut été aussi plus synergique que le duo enquêtât ensemble au lieu d'être séparés en milieu de parcours. Pour un premier épisode, c'est une maladresse. C’est bien dommage, car Sarah Shahi est dantesque en esprit fou et sauvage, dont l'évanescence et la grande beauté impriment une force peu commune - amusant de voir Duane Barry en passant, comme pour marquer la succession avec les X-Files. La cruelle épanadiplose finale est un coup magistral. Les défauts de la narration se voient joliment compensés par l'une des réalisations les plus flamboyantes du pilot whisperer David Nutter et du chef opérateur Aaron Schneider : on est immédiatement pris au cœur de l'ambiance d'horreur et de suspense à fouetter le sang (musique ad hoc de Christopher Lennertz), et aussi de l'Amérique profonde et ses légendes country qui soudain prennent vie. Les magnifiques paysages cachent avec brio le petit budget de la série tandis que les scènes d'effroi se voient magnifiquement mis en scène. Les apparitions de la Dame Blanche mettent d'emblée sur les nerfs, l'assassinat de la victime ou l'agression de Sam sont des cauchemars éveillés. Secousses garanties lorsque Sam "percute" la Dame. On sent l'atmosphère de folie sanglante à chaque plan de cette histoire effrayante. La critique d'Estuaire44 : La Dame blanche constitue un pilote de haut vol, campant parfaitement le décor de Supernatural et narrant avec une grande efficacité la tragédie familiale des Winchester, ainsi que le lien unissant les deux frères. Évidemment la série va progressivement développer ces éléments mais, l’essentiel est déjà là, à commencer par une Impala d’emblée mise en valeur. Malgré l’économie des moyens, les scènes horrifiques frappent d’emblée très fort, complétant le panorama d’une série puisant aussi bien se sources dans les folklores de l’Amérique profonde que dans les légendes urbaines. Le scénario sait ne pas sacrifier l’intrigue du jour. La sublime et talentueuse Sarah Shahi inaugure en grande pompe la tradition des invités de marque dans Supernatural. Le fait qu’elle venait juste de devenir la rayonnante Carmen de The L Word rend par contraste encore plus saisissante sa composition. De leur côté, Jensen Ackles et Jared Paladecki possèdent d’emblée leur rôle, ce qui va permettre de développer de manière convaincante la relation fraternelle lors des prochaines étapes de ce vaste road movie. De fait ce pilote constitue un authentique manifeste pour cette série se positionnant aussi bien en héritière des X-Files que de Buffy contre les Vampires, tout en forgeant son identité propre. On devine déjà que, sans tout à fait égaler ses prestigieuses devancières, elle va représenter une précieuse relève pour les amateurs. Anecdotes :
Épisode semi-mythologique Scénario : Eric Kripke, d'après une histoire de Ron Milbauer & Terri Hughes Burton Guns are useless, so are knives. Basically we gotta torch the sucker. Résumé : Après l’assassinat de Jessica, Sam a accompagné Dean dans sa traversée de l’Amérique pour retrouver leur père et el démon responsable de la mort de leur mère de Jessica. Ils suivent une piste qui les mène jusqu’à une jeune fille qui ne retrouve pas son frère parti camper en forêt. Promenons-nous dans les bois... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Au niveau scène d’introduction digne-des-meilleurs-films d’horreurs, on a vu mieux. Quoique la scène suivante nous montrant Sam au cimetière sur la tombe de Jess, contient une surprise de taille. Si l'on est pas contre de s'appuyer sur une situation cliché comme ici la forêt maléfique et ses campeurs malchanceux, il faut que le traitement adopté soit sinon original, du moins efficace. De fait, c'est ici ni l'un ni l'autre : sur le fond, la suite de l’épisode est assez classique, reprenant les règles habituelles de Supernatural. Sur la forme, l'on constate un cruel manque de suspense ou de pics d'intensité, malgré un David Nutter ne ménageant pas ses efforts pour faire monter la sauce (très belles vues de la forêt de Vancouver). Néanmoins, malgré quelques bons moments tels que les habituelles vannes de Dean, la très bonne interprétation de Gina Holden, ce cher Callum Keith Rennie en guide prétentieux, et des autres acteurs secondaires ainsi que la bonne volonté des scénaristes à créer du suspense, on s’ennuie un peu. Car du suspense on en a pas du tout : encore une fois, on devine tout ce qui va se passer. Les scènes dans la forêt se répètent et se ressemblent, mais on trouve quelques idées éparses : la référence aux Anasazi, les insultes de Dean au Wendigo (il gagne +10 en côte d'amour rien qu'avec ça) et surtout une comique substitution des miettes de pain par... les M&M's ! (c'est quand même du gâchis, pasque c'est bon les M&M's) L'épisode manque cependant d'humour, celui qui était si gouleyant dans l'épisode correspondant d'X-Files : Détour. L'épisode est toutefois plus réussi que l'idiotie commise par la version de Charmed. Très belle photographie, obscure juste ce qu'il faut pour limiter un budget un poil indigent, mais une première saison de série a presque toujours ce problème. La seule scène qui brise un peu la routine est le dialogue entre Sam et Dean à propos de leur père et de Jess. L'épisode trouve en effet un second souffle dans la relation entre les deux frérots, à la fois polaire - en surface - et chaleureuse - en-dessous - Sam enthousiasme comme dans le pilote par sa défiance, sa répugnance à servir la voie que le destin lui propose, tandis que Dean fêle un peu l'armure par ses motivations qui le poussent à continuer cette quête sans gratification ni gloire. Même si Jared Padalecki et Jensen Ackles sont très convaincants, cela reste bien peu. De plus, Sam et Dean mettent un temps fou à se rendre compte qu’ils traquent un Wendigo, beaucoup d’invraisemblances (donc, le Wendigo à tuer tout le monde sauf Tommy. Mouais...). En bref, on regarde l’heure toute les cinq minutes. Et ici, on n’a pas trop de bons effets spéciaux à se mettre sous la dent : le Wendigo fait très fabrication à l’ordinateur et sa mort est tout sauf spectaculaire. Mine de rien, l'on sent vraiment que la série a du potentiel, il n'y a qu'à attendre un scénario plus nerveux. La critique d'Estuaire44 : L'ambiance et les seconds rôles reconstituent de manière amusante la tonalité des films d’horreur en forêt, Supernatural s’avère déjà plaisamment référencée et bénéficie décidément d’excellents guests dès la première saison, un vrai indice de potentiel pour une nouvelle série. Le scénario se montre habile, ménageant le suspense avant de révéler le Wendigo et assurant un bon équilibre entre les actions des deux frères tout en approfondissant leurs différences vis-à-vis de la figure paternelle. Les auteurs sauront tisser une belle toile autour de cette opposition entre fils obéissant ou rebelle, jusqu’à lui conférer une dimension biblique. La mie en scène de David Nutter rsute toutefois moins intense que lors du pilote et Wendigo soufre de la comparaison avec Détour, épisode des X-Files mais au traitement davantage abouti. Anecdotes :
3. L'ESPRIT DU LAC Scénario : Sera Gamble & Raelle Tucker Oh god, we’re not going to have to hug or anything, are we ? Résumé : Une jeune fille s’est noyée, soi-disant accidentellement, dans un lac. Les frères Winchester, perplexe, se rendent sur place pour enquêter. Après une nouvelle victime qui appartenait à la même famille et qui s’est noyée dans un lavabo (!), Sam et Dean se plongent dans le passé de la famille.. Glou, glou... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Le mystère de l'énigme de ce faux monstre du Loch Ness se coule dans un épisode très classique mais particulièrement abouti. On se laisse prendre par cette histoire qui pour une fois ne joue ni sur le gore ni sur l’horreur. L’histoire pallie à sa prévisibilité par un crescendo horrifique magistralement amené, à la clef, un grand nombre de scènes haletantes : la scène finale est un vrai petit chef d’œuvre tandis que la tentative de noyade sur Andrea (sauvé in extremis par Sam... alors qu’elle est nue) bénéficient d’une réalisation hors-pair, comme très souvent dans la série. Les scènes de meurtres ne sont pas sanglantes comme d’habitude, mais elle restent tout de même assez spectaculaires, en particulier celle du lavabo. En revanche, le bateau qui se renverse, pas terrible... Le scénario a un mystère bien entretenu : nature du monstre, cible véritable, suspense véritable de l'enquête par ces fausses pistes incessantes. Les fans des X-Files et de Buffy/Angel, les influences premières de la série, seront comblés de voir dans le même épisode Kim Manners et la surdouée, la merveilleuse, la sublime, l'unique, la magnifique, etc. Amy Acker qui ne se résout pas à être mauvaise ou même simplement correcte. Non, Amy, c'est la perfection, c'est un présent pour un réalisateur, et la damoiselle insuffle une vraie émotion à son personnage. La critique d'Estuaire44 : L’Esprit du lac reste l’un des grands souvenirs de cette première saison. Contrairement à l’opus précédent, Supernatural rivalise ici pleinement avec les X-Files et leur Quagmire. Le scénario propose un joli tour d’horizon de la thématique de l’eau dans les productions d’épouvante : entrée à la Jaws, lac psychopompe à la Jason Voorhees ou infiltrations terrifiantes à la Dark Water. L’histoire traite également avec éloquence de la force indissoluble des liens familiaux, l’un des grands sujets d’une série qui reste autant une bromance qu’une odyssée dans le Fantastique. Amy Acker s’impose bien évidemment comme l’un des meilleurs guestings de la saison, aussi impressionnante qu’à l‘accoutumée dans l’expression du sentiment, que cela soit l’effroi ou le bonheur retrouvé. La palette de la talentueuse actrice se montre décidément particulièrement large et son professionnalisme aussi total pour une simple participation que pour un rôle récurrent. Elle sera loin d’être l’unique personnalité marquante du Buffyverse à participer à la série. L’épisode demeure l’un préférés de Jensen Ackles, pour le portrait de Dean mais aussi pour la première collaboration avec Kim Manners. Ce dernier se régale visiblement tout du long, avec ses scènes horrifiques toujours tirées au cordeau, ses perspectives de folie sur le lac et sa photographie hyper soignée instituant celui-ci comme lieu à part, entre ce monde et l’au-delà. L’épisode illustre à quel point Manners va devenir l’un des artisans majeurs du succès de la première époque de SPN, un moment toujours délicat pour une série. Comme commenté précédemment, SPN sera toujours bien loin d’être une superproduction, mais un grand metteur en scène n’a pas besoin d’effets spéciaux onéreux ou de plateaux somptueux pour instaurer une ambiance. Manners est en terrain connu, le lac est le même que celui qu’il avait déjà filmé pour Quagmire : Buntzen Lake, non loin de Vancouver (c’est aussi le lac de Freddy contre Jason). Anecdotes :
4. LE FANTÔME VOYAGEUR Scénario : Richard Hatem - Man. I look like one of the Blues Brothers. Résumé : Un ami des Winchester demande à Sam et Dean d’enquêter sur un étrange crash aérien : un homme aux yeux noirs aurait ouvert la porte en plein vol... Mesdames et messieurs, cher passagers, ici votre commandant de bord. Suite à une défaillance de l’appareil, nous allons mourir dans approximativement 2 minutes. Merci de bien vouloir attacher vos ceintures pour limiter la décomposition lors de l’impact. Si vous le désirez, nos hôtesses vont vous proposer des cafés à moitié prix... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Épisode mineur que Phantom traveler. Supernatural a encore du mal à trouver un ton à elle, mixant une intrigue à la Destination Finale avec un fantôme très Huile Noire, et l'épisode ne vaut pas son modèle qu'est le Tempus fugit des X-Files. Il y a une erreur de stratégie de révéler au spectateur la nature du monstre dès le début et attendre 18 minutes pour que les J2 percutent, d'où une enquête laborieuse. De plus, les Winchester qui ne chassent qu’un seul démon de « seconde classe » pendant tout un épisode, c’est inimaginable dans les saisons suivantes. Cette histoire fait très « saison 1 ». Le manque d'humour se fait vraiment sentir ici : la seule scène qui peut paraître amusante c’est Dean qui à peur dans l’avion. C’est bien peu. Cela dit, ce scénario bancal est un peu compensé par le savoir-faire de Robert Singer. Il semble qu'en ses premières heures, la série mise énormément sur ses réalisateurs, davantage que leurs scénaristes, ce qui est relativement rare au royaume de la télévision où les réalisations demeurent souvent impersonnelles : malgré l'indigence de l'effet spécial de la fumée noire, la mise en scène demeure très intense, dynamisant considérablement les scènes d'avion et de possession (bon, là, Angel a fait plus fort, mais c'est quand même réussi). Surtout, si l'on y est sensible, on peut trouver un certain agréable parfum de série B : budget fauché que la prod' tente de boucher méritoirement, nos deux héros pas vraiment sûrs d'eux – la scène où ils se font surprendre par les agents de la Homeland fait très pastiche de film d'espionnage. Les méthodes utilisées (eau bénite, exorcisme) font très préhistoriques si l’on compare au Colt où encore au couteau de Ruby (dès la saison 3), une vraie faiblesse de la saison ; mais le jusqu'auboutisme de ce point avec ici eau bénite, exorcisme latin, détecteur électromagnétique fabriqué avec deux bouts de ficelle... peut au final donner un vrai petit charme, celui des films d'horreurs fauchés que les amateurs du genre vénèrent particulièrement. La flèche du Parthe du démon sur Jessica sème un doute, ce qui permet une coda plus sombre que les deux épisodes précédents. Les débuts de Supernatural la voient encore trop inféodée à ses modèles (référence claire aux XF avec leur devise mythique), dont elle n'est encore qu'un ersatz ; mais un bon ersatz tout de même. La critique d'Estuaire44 : Épisode moins grandiose que le précédent, mains néanmoins habile. L’auteur joue habilement sur une peur des voyages en avions dont il sait qu’à coup sûr l’irrationalité sera partagée par une grande partie du public. Cela rejoint aussi cette vieille idée que le ciel demeure un territoire où les humains restent des intrus, un monde mystérieux et périlleux, aux drames échappant parfois à notre compréhension (un thème déjà fort présent dans La Quatrième Dimension, comme lors de Cauchemar à 20 000 pieds). Avec la phobie de Dean, le récit trouve aussi une explication à la fois élégante et amusante du choix de l’automobile pour les pérégrinations des Bros, là où les Américains ont très naturellement et fréquemment recours à l’aviation (l’Impala vous dit grand merci). Là aussi on mêle habilement le réel au surnaturel, car de tels passagers sont bien plus courants que ce que l’on pourrait croire. J’ai aussi apprécié comment le scénariste se débrouille pour rendre à peu près crédible le fait que l’hôtesse croit l’histoire des Winchester, ce n’était pas gagné d’avance. L’opus reste malgré tout en premier lieu un épisode de mise en scène. Effectivement c'est une dominante en ce début de série, de manière assez logique. La majeure partie de l'équipe technique sont des anciens des X-Files, tandis que Kim Manners impose un ton à la réalisation, même quand il n'est pas aux fourneaux. On a donc d’emblée un bloc performant et expérimenté, tandis que les auteurs en sont encore à roder personnages et univers, la série a déjà un atout en main, l’autre viendra progressivement. Les scènes de krach ont un bel impact et Bob Singer exploite efficacement le huis clos de l’avion. La carcasse de l’avion est fort bien reconstituée On découvre un joli éventail d’effets spéciaux, des traditionnels (la chemise s’enflammant, gros boulot du département costumes) jusqu’aux images informatiques, minimalistes, mais vieillissant bien. Évidemment le démon fait irrésistiblement songer à l’Huile Noire (à l’avenir ils revêtiront un look davantage gazeux), mais je ne pense pas qu’ici Supernatural s’inscrive ici totalement dans le sillon des X-Files. Chez Chris Carter, quand un avion s’écrase c’est lié à sa mythologie purement de Science-fiction, tandis qu’ici on se situe, comme toujours, dans le Fantastique. La nouvelle venue s’inscrit dans une famille des récits de l’imaginaire radicalement différente de celle du fil rouge des X-Files, c’est aussi une manière d’affirmer son identité. Très bonne interprétation d’ensemble, Jensen confirme qu’il est un acteur plus varié et subtil qu’il ne semble de prime abord. Il se situe déjà en progrès vis-à-vis de Dark Angel, sans même parler de ses débuts comme bellâtre. Léger regret, Brian Markinson est sous exploité, alors qu’il est formidable dans The L Word, Continuum, Sanctuary, etc. Un parallèle involontaire assez étonnant avec la tragique actualité aérienne de 2015 (le Vol 9525 de la Germanwings), en son temps le pilote d’Au cœur du complot évoquait déjà les futurs événements du 11 Septembre. Anecdotes :
5. LA LÉGENDE DE BLOODY MARY Scénario : Ron Milbauer & Terri Hughes Burton, d'après une histoire d'Eric Kripke Do I look like Paris Hilton ? Résumé : Lors d'une soirée entre copines, une jeune fille obtient le gage de prononcer trois fois le nom de "Bloody Mary" devant un miroir. Dans la même nuit, son père meurt, les yeux arrachés. Quand Sam et Dean entendent parler de cette histoire, ils décident d'enquêter. Légende urbaine... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Cet épisode est un des plus effrayants de la série. Bloody mary bénéficie d'une prise d'assurance des scénaristes. La nature des deux frères continue à s'approfondir, avec une centralisation sur Sam après trois épisodes destinés à adoucir la rugosité de Dean. La réalisation de Peter Ellis assure les moments forts. Les scénaristes utilisent ici avec succès l’une des plus célèbres légendes urbaines : Bloody Mary. Bon choix car on retrouve des éléments d'horreur excellents : le gage qui tourne mal, la silhouette dans le miroir (il y a toujours un miroir, quelle que soit la variante de la légende)... et la découverte du corps toujours bien mutilé. On commence déjà à pressentir que les cauchemars de Sam sont plus que de simples cauchemars. Malgré une enquête lente et verbeuse, on suit avec intérêt Winchesters Investigation dans leurs œuvres, avec une ingénieuse remontée des fils de l'affaire ponctuée d'apparitions à geler le thermomètre. La scène finale est une des plus impressionnantes de la série, concentrant remarquablement le folklore autour des miroirs, refuges d'esprits maléfiques – et quel rebondissement final ! Jovanna Huguet est vraiment impressionnante. On sera moins enthousiaste pour Marnette Paterson et Chelan Simmons, pas mauvaises, mais flirtant trop avec le niais : deux personnes assez idiotes pour prononcer les mots maudits, c'est au moins une de trop (la petite fille de l'intro avait l'excuse de l'enfance). C’est également une étrange coïncidence que dans le même groupe d’amies, chacune ait une mort différente sur la conscience. Jared Padalecki suit très bien une première évolution de son personnage, arpentant un chemin de réconciliation intérieure. Le soutien que lui manifeste Dean sous leurs petites piques fait chaud au cœur. Le leitmotiv de la mort de Jessica n'est pas utilisé à l'excès et reste efficace. Malgré les histoires et la Mythologie (en veilleuse) de la série, le chemin introspectif des deux frères et leur relation s'impose comme le fil rouge principal. C'est très habile qu'une série jouant autant sur le visuel ait comme fondation la plus solide quelque chose de purement psychologique ; c'est une alternative crédible au complot labyrinthique des X-Files. La critique d'Estuaire44 : On se souvient surtout des apparitions terrifiantes de Bloody Mary mais le reste du récit présente une saveur de pop-corn movie assez plaisante, on pense pas mal à Souviens toi... L'été dernier. En s'entêtant à répéter les fatidiques paroles les victimes agissent comme 95% des victimes de films d'épouvante, c'est à dire en se jetant direct dans la gueule du loup. Le cliché est poussé à l'extrême, c'est très drôle. Les Bros épluchant la presse à la recherche de l'inexplicable, comme les les Bandits Solitaires le font à la recherche du complot. Mary manque toutefois d’originalité, car composant une copie conforme de la Ring Girl, par son look et par sa sortie du miroir évoquant celle de la télé. Eric Kripke a d'ailleurs lui-même loyalement reconnu l'erreur commise. Belle performance malgré tout de l'actrice et de l'équipe maquillage/vêtements. J'ai beaucoup aimé le florilège d'effets spéciaux (sœurs jumelles et double décor symétrique, couloir apparemment droit mais subtilement incurvé pour que la caméra ne se voie pas dans le miroir, verre en sucre candi...). Le combat final reste un joli morceau de bravoure. Anecdotes :
Scénario : John Shiban - I think we're getting closer to its lair. Résumé : Une ancienne amie de Sam lui demande de l'aide. Son frère est accusé d'un meurtre horrible qu'il n'a pas commis. Il se trouvait à un autre endroit quand ce crime a eu lieu ! Les deux frères découvrent que le responsable est un polymorphe (Shapeshifter ou Skinwalker en VO), une créature capable de prendre l'apparence d'autres personnes pour commettre des crimes. Les choses se compliquent quand le monstre prend l'apparence de Dean pour continuer sa série de meurtres... Dean... & Dean La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Cet épisode commençait pourtant par une des meilleures scènes d’introduction de la série : pas d’ambiance film d’horreur, pas d’assassinat sanglant ou d’effet gore (juste un peu de sang), non ! Juste de l’inattendu, car cette scène d’introduction est un flashforward (procédé souvent utilisé dans les séries télévisées et qui informe le spectateur d’éléments futurs). Tout le début est construit sur un moule semblable aux épisodes précédents, si ce n’est quelques petites différences, dont l’utilisation d’une ancienne amie (ou petite amie) d’un des deux frères : ici c’est Sam, mais Dean y aura aussi droit dans Route 666 cette même saison. Malheureusement, tout se gâte ensuite... Il est difficile de garder de l'intérêt passée la dixième minute tant le moule de l'épisode est d'un académisme intégral : chasse infructueuse, possession du héros 1, héros 2 KO, évasion du héros 2, liaison avec le flashforward initial, dernière attaque du monstre, explication de gravures finale... tout cela était visible dès le début du récit. L'option humoristique prise par Vince Gilligan dans Small potatoes était bien plus porteuse et iconoclaste (mais Supernatural n'en est qu'à ses débuts et ne peut stratégiquement proposer déjà un épisode parodique, il faudra attendre un peu), d'autant que le monster of the day n'est à aucun moment vu comme un miroir inversé de Dean, qui aurait révélé sa face plus sombre, et n'est là qu'en tant qu'opposition. Le happy end est un peu trop éclatant pour un épisode aussi ténébreux qui nous a donné un aperçu des ténèbres de Dean, ce que Kripke va comprendre assez rapidement, car il va à l'avenir plus oser des fins malaisées, voire carrément noires. L'indigence du budget pénalise aussi les efforts de Robert Duncan, jusqu'à nuire au féroce combat "fratricide" final. Quelques bons points toutefois : Jared Padalecki et Jensen Ackles réalisent ici un numéro assez impressionnant. Quand à Amy Grabow (Rebecca Warren), son jeu est très correct. Mais attention, ces remarques élogieuses de ma part ne sont valables qu’en VO. En effet, si le doublage français est souvent de qualité, ce n’est pas le cas ici. Donc, si on veut apprécier la qualité de Faux frère, il est capital de le regarder en version originale. A noter aussi de très bons effets spéciaux, comme la transformation très gore de ce dernier (Leonard Betts est renvoyé loin derrière !). On sent que la série est très à l'aise dans l'horreur goûtue, et on attend de voir comment elle va s'en servir à l'avenir. La critique d'Estuaire44 : Le scénario s’en tient à la figure bien balisée du Métamorphe, Shiban n'a pas visiblement voulu se lancer dans un combat qu'il ne pouvait pas gagner. Oui, les Métamorphes, Lycantropes ou Changeurs de formes ont accumulé tous les clichés possibles tout au long de leurs innombrables participations dans les séries fantastiques ou de Science-fiction. Il était impossible de faire du neuf, d’autant que le sujet n’a pas la richesse narrative du Vampire par exemple. Je pense que l’auteur n’a dès lors pas cherché à jouer sur le séquençage des événements, en effet tout à fait classique, mais s’est concentré plutôt sur l’atmosphère. En accentuant sur la noirceur, les endroits sinistres et claustrophobiques ou encore en dotant le Monstre de la semaine d’une vraie personnalité de serial killer, autant un client pour Frank Black ou Dexter que pour les Bros. Cela s’appelle une stratégie d'évitement mais je la trouve plutôt bien menée (même si Shiban aurait pu faire plus fort sur l’aspect parano, surtout en provenance des X-Files), et relayée efficacement par la mise en scène, notamment dans la scène pré générique bien horrifique ou lors de la transformation. La bande son s’avère derechef très réussie Encore une fois Supernatural fait de faiblesse vertu, en optant pour les trucages traditionnels plutôt que les images générées par ordinateur. C’est superbement fait et supporte la comparaison avec l’équivalent mémorable du film Le Loup-garou de Londres. Après on peut se demander si un épisode Shapeshifter s’imposait réellement, mais c’est une figure très présente dans le folklore nord-américain, déjà présente chez les Amérindiens, avec les guerriers esprits changeurs de peau. Cela fait donc partie du cahier des charges de la série, et ce n’est d’ailleurs pas le dernier opus du genre... Par contre, l’actrice jouant l’amie de Sam apparaît assez empruntée et manquant de naturel, mais il est difficile d’être à niveau avec les diverses excellentes guests de la saison. Belle performance des interprètes principaux dans le combat les opposant, Cela n’y va pas avec le dos de la cuillère, on devine un important travail de préparation. Anecdotes :
7. L'HOMME AU CROCHET Scénario : John Shiban - Told him you were a dumb-ass pledge and that we were hazing you. Résumé : Lorsqu’un adolescent est retrouvé éventré et pendu par les pieds, les frères Winchester partent enquêter. Ils pensent à la célèbre légende urbaine de « l’homme au crochet ». Après un second meurtre, Sam et Dean découvrent un point commun entre les victimes : une jeune fille nommée Lori. ...Ou le jumeau démoniaque du capitaine Crochet... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Voici un épisode très divertissant, nouvelle preuve que les scénaristes de Supernatural savent y faire avec les légendes urbaines... un scénario à suspense, un bon whodunit, un affrontement climatique, un monstre saignant à point, un bon débit de vannes entre les bros, une mise en scène très affûtée... Après l'introduction évoquant le Phases de Buffy (le crocheteur remplaçant le loup-garou), on se laisse prendre à une enquête adroite grâce au distinguo de Shiban : on sait vite qui est le monstre, mais justement, on ne sait pas qui il est réellement ni comment il agit. Une double interrogation qui tient l'épisode dans une atmosphère menaçante ponctuée par ces toujours savoureux dépeçages, un atout que la série balbutiante a assuré d'entrée. L'enquête sait dérouler ses twists a tempo pour relancer l'histoire avec des perspectives horrifiantes de plus en plus fortes, jusqu'à l'affrontement final. On salue l'ingénieux rebondissement ironique de la croix, talisman contre les forces du mal devenant ici le pouvoir même du démon ; un détournement sacrilège très audacieux. L'épisode développe parallèlement une attaque fulminante contre l'influence funeste du puritanisme religieux sur les jeunes esprits, d'une manière plus aboutie que le Where the wild things are de Buffy. En effet, c'est le déchirement entre les désirs de Lori et son éducation rigoriste qui sont la boîte de Pandore de l'épisode. Cet affrontement entre les instincts naturels et une religion dévoyée, en plus d'être une excellente analyse des désirs humains contrariés, surtout chez les adolescents se coule bien dans cette série trash métal. Pour en revenir au scénario, il est pratiquement parfait en fait : le suspense sur celui qui contrôle l’homme au crochet, la scène finale, prenante, et la réalisation impeccable. Les interventions de Captain Bloody Crochet, bien qu'analogues à l'arracheuse de mirettes, sont bien frissonnantes. Ceux qui sont en manque de meurtres sanglants vont être ravis. Dan Butler est lui aussi impressionnant. La mise en scène de David Jackson et cette photographie bien dark siéent si bien aux joyeusetés en tous genres de la série. L'auteur fait évoluer Sam en développant son côté compassionnel. Quant à Dean, il fait bien rigoler avec ses vannes continuelles ou lorsqu'il ronchonne à la party ou au cimetière. Un seul regret : ce n'est pas gentil d'évoquer une naked pillow fight sans la montrer à l'écran... La critique d'Estuaire44 : On apprécie le recours à une légende urbaine très populaire aux USA, cela renouvelait les thématiques de la série et variait les plaisirs. Le vrai twist a résidé dans le développement de l’idée originelle, on s’attend à un Popcorn movie rigolard, pas du tout. L’un des soubassements de Supernatural est l’exaltation de la Liberté, que cela soit par l’affirmation du libre arbitre, même face à la volonté divine, par un appel de la Route assez semblable à celui des Beatniks ou par les rapports entre John et ses deux fils. Supernatural reste bien entendu l’une des séries où souffle le plus l’Esprit du Rock’n’Roll. Ici on traite avec finalement beaucoup de sensibilité mais aussi de courroux, des conséquences perverses du puritanisme, inséparable de l’histoire de l’Amérique, y compris concernant la liberté sexuelle. On s’aperçoit que le choix du Hook Man est tout sauf gratuit car, en fait, dans la légende urbaine originelle, son action n’a pas tant de tuer, que d’empêcher les jeunes gens de commettre le péché de chair. La résonance avec le parcours des personnages du jour est astucieusement trouvée. Le symbole de la véritable nature de la croix parle de lui-même. Un engagement assez audacieux pour une série n’en étant encore qu’à ses débuts et dont l’un ds autres thèmes est la puissance, parfois coercitive, du lien familial. Évidemment le plaidoyer n’empêche pas l’opus de représenter un spectacle horrifique aux petits oignis, avec un antagoniste bien flippant de sa race et un joli suspense. Très bonne interprétation. L’opinion de Kripke m’étonne, peut-être est-ce du à un tournage compliqué, marqué par un remplacement du metteur en scène car le premier ne parvenait pas à faire assez peur. De mémoire le résultat final est tout à fait à la hauteur. Je crois que c’est l’une des premières fois que des fusils sont chargés au sel, l’une des substances anti esprits les plus populaires du show. Oui, Jensen sera particulièrement à l’aise dans les épisodes humoristiques et décalés, ils ne vont pas manquer et deviendront plus fréquents au fil de la série. Anecdotes :
Scénario : Rachel Nave & Bill Coakley Résumé : Après être tombé dans un trou, un ouvrier est retrouvé le cerveau dévoré de l’intérieur. Entendent parler de cette mort plutôt hors du commun, les frères Winchester partent enquêter... Bzzzzz....Bzzzzz.... La critique de Clément Diaz et Cetp65 :
Épisode mineur mais efficace. Comparée aux gros méchants des légendes, une invasion d'insectes non commandée par un génie du mal semble sans saveur. Alors que Supernatural trouve sa voie dans ses gros démons bien saignants, le sujet se rapproche plus d'X-Files qui avait déjà traité ces invasions avec plus de réussite, notamment avec war of the coprophages. Les auteurs font montre de compassion envers la tragique histoire des native americans. On note des effets gores avec l’introduction ou encore la deuxième mort, avec les araignées qui sortent par centaines de la douche ....Brrr !!! Pas mal d’autres scènes intéressantes avec le vieil indien par exemple (Jimmy Herman, habitué à ce genre de rôles) ou amusantes lorsque tout le monde prend Sam et Dean... pour un couple – première vanne sur le « Wincest » début d'un séculaire running gag de la série. Les acteurs secondaires sont tous très bons. Mais malgré cette intrigue originale, on ne peut que regretter l’absence de réel adversaire ; les insectes, bien que redoutables, n’en constituant pas un. Et l’explication à tout ça (une malédiction indienne) ne compense pas l'absence de Diabolical Mastermind, c’est un peu facile... L'enquête des Winchester est assez palote, se promenant d'un endroit à l'autre jusqu'à tomber sur la solution plus ou moins par miracle. L'intérêt vient du conflit plus ouvert entre les deux frères : entre Sam l'enfant prodigue et Dean le fils modèle, ainsi que leur rapport au père, subsiste une fêlure que le temps ne comblera totalement, une belle gravité qui humanise des personnages qui doivent encore dépasser l'état d'esquisse. Heureusement, en dépit de ce script assez mou, il y a l'immense Kim Manners. Dans les bonus d'X-Files, Manners avait dit qu'on faisait désormais appel à lui dans les épisodes à insectes depuis qu'il avait réussi à se faire obéir d'une colonie de cafards dans cette série. Effectivement, il était le choix tout désigné ! Il déploie tout un climat de terreur. Son savoir-faire explose lors de la cataclysmique attaque de minuit, une longue et cauchemardesque scène de six minutes qui compte parmi les plus terrifiantes que l'on peut voir à la télévision. Bien que Manners fut le meilleur réalisateur d'X-Files (avec Bowman et Carter, sur un mode différent), Supernatural reste bien la série dans lequel il peut faire montre de tout son talent. Par contre, il est censé être minuit lorsque de l'attaque finale et six minutes plus tard, il fait jour ?!! Euh, les auteurs auraient pu avertir que le Docteur avait donné un petit coup de pouce à nos héros ! Ils ne savaient sans doute pas comment boucler l'histoire en fait. La critique d'Estuaire44 : Le scénario joue sur les différentes légendes urbaines liées aux insectes, très populaires aux USA (les Creepy Crawlers). Pour le reste il ne m'a pas marqué plus que cela, quoique le cimetière indien c'est tellement cliché que cela en devient rigolo. La scène finale m'a aussi impressionné, mais elle n'a pas plu à Kripke, tandis que Manners lui-même regrettait de ne pas avoir eu le temps matériel de vraiment la fignoler. Il regretta notamment d'avoir recouru aux images informatiques pour assister les centaines d'abeilles effectivement présentes. De fait ce genre d'ennemi parait moins fort que les humanoïdes doués de raison, avec lesquels davantage d’interactions peuvent se créer. C'est aussi pour cela que la série privilégia par la suite cette option, vis-à-vis du type d'épouvante mis en scène par l'épisode. Ce changement se fera pour le plus grand plaisir d’Ackles et Padalecki, pour qui le tournage de La vallée maudite s‘avéra particulièrement éprouvant. Anecdotes :
9. LA MAISON DES CAUCHEMARS Épisode Mythologique Scénario : Eric Kripke Résumé : Après avoir fait un rêve étrange, Sam persuade Dean de retourner dans la maison de leur enfance, là où leur mère est morte 22 ans plus tôt. Ils découvrent que la demeure pourrait être hantée et que les nouveaux habitants (une mère et sa fille) sont peut-être en danger. Les deux frères font alors appel à Missouri Moseley, une voyante. Home Sweet Home... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Devant développer son univers et son identité visuelle, Supernatural se concentre en début de partie sur des loners, entraînant une certaine impatience quant à sa Mythologie mise sous cloche. Les X-Files avaient rapidement pris le mors aux dents en alternant d'entrée ces deux types d'épisode. Heureusement, Home délivre une avancée de cette Mythologie via un épisode de fort bonne tenue, indispensable à la bonne compréhension de l’intrigue ; en particulier pour la révélation finale. Commençons d’abord par les points positifs de l’épisode : le premier qui vient en tête est bien entendu l’impressionnant casting. Kristin Richardson rend attachant son personnage de mère courage. Loretta Devine lui vole toutefois la vedette en excentrique voyante en mode Whoopi Goldberg. Sa fameuse réplique Boy, you put your foot on my coffee table, I'm gonna whack you with a spoon ! est devenue culte chez les fans. A noter que la VF traduit par Oh ne posez surtout les pieds sur ma table à café où je vous change en crapaud ! Mouais... Eric Kripke lance deux roulements de tambour : le "pouvoir" de Sam et le retour dans la maison infernale. L'auteur use avec habileté des objets du quotidien devenant soudain des objets de mort ; on se croirait devant un remake démoniaque de Allez-vous en Fintchley ! de la Twilight Zone. Le tout se déroule avec une belle variété d'effets, du gore de chez gore à la terreur psychologique en passant par le suspense diabolique. Le tout est orné de belles trouvailles comme ce singe à cymbales, peut-être l'image la plus flippante de l'épisode. Parmi les scènes les plus effrayantes et horribles (donc les meilleures) : l’introduction, le petit dans le réfrigérateur, le plombier qui se fait découper la main dans le broyeur à ordures (OUCH ! cliché certes, mais toujours efficace). De bonnes scènes d’action également quand le poltergeist attaque Sam et Dean. Mais l’épisode doit surtout être vu pour sa révélation finale. On peut à ce moment penser que Kripke a déjà bien en tête le fil rouge général, ce qui est toujours indispensable dans ce genre de séries. Dans Bloody Mary, on avait appris d’étranges choses au sujet de Sam, mais le tout restait assez flou. Le sujet est ici plus approfondi. Passons maintenant aux quelques points négatifs, concentrés surtout dans le dernier acte, qui relâche trop la tension. L'attaque finale se colle assez mal à l'intrigue, tandis que l'apparition finale du spectre de feu est trop courte pour apporter quoi que ce soit. Cette apparition deus ex machina minore pas mal le travail des bros. De plus, l’explication finale est un brin tirée par les cheveux. Mais un bilan plutôt positif au final. La critique d'Estuaire44 : Il était grand temps que survienne un épisode mythologique. Le fil rouge sera plus présent en seconde partie de saison, le Big Bad se manifestera d’ailleurs directement dans l’arc final de celle-ci. L’épisode ne se contente pas d’introduire des éléments qui serviront par la suite (dont le pouvoir parapsychique de Sam) mais apparaît en lui-même comme réussi, avec une relecture divertissante du film Poltergeist. Rien ne manque, maison inquiétante, esprit hostile, enfants, medium pittoresque mais sagace. L’apparition de John apporte un joli, twist final. L’épouvante sait varier les plaisirs : gore avec le broyeur (scène horrifique préférée de Kripke cette saison), à suspense avec le frigo, dans le suggéré avec les « rats », à effets spéciaux avec l’étonnant spectre igné. Un spectacle de qualité, même si légèrement frustrant du fait qu’en définitive les Bros ne règlent pas l’affaire eux-mêmes. Les trois actrices invitées sont chacune très attachantes à leur manière, le récit revêt grâce à elles une vraie émotion et ne se contente pas d’aligner les faits d’armes. Quelques allusions oujous appréciées à Stephen King, avec la référence au Shining ou le diabolique singe à cymbales, directement issu de sa nouvelle Le Singe. Anecdotes :
10. TERREUR À L'ASILE Scénario : Richard Hatem The only thing that makes me more nervous than a pissed off spirit is the pissed off spirit of a psycho killer. Résumé : Après avoir fait une ronde dans un asile psychiatrique abandonné, un policier abat sa femme sans aucune raison particulière, puis se donne la mort. Les frères Winchester, guidés par un texto de leur père, partent enquêtent dans l’ancien hôpital... Huis-clos terrifiant.. La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Très aimé des fans par son sujet horrifique et bien claustrophobe, on peut trouver pourtant bien des raisons de ne pas être emballé par Asylum. Pourtant, le scénario part d'une bonne idée car s'il y a bien des endroits où la folie sanglante règne, c'est bien les asiles abandonnés, siège des esprits les plus tordus. Comme un grand nombre d’épisodes de cette saison, l’ambiance est très sombre. Les W2 n'enquêtent véritablement qu'à l'issue d'un interminable premier acte. Si le twist de la nature des premiers esprits est bien trouvé, cela réduit malheureusement l'opposition à une seule véritable figure, qui se contente d'errer dans les dernières minutes. Les grands méfaits du monster-of-the-week sont seulement évoqués et son esprit apparaît plus pathétique qu'effrayant ; il se rattrape avec son maquillage assez dantesque et son affrontement final. Il faut avouer de plus qu'on ne goûte pas beaucoup de surprises dans cette histoire linéaire, des fausses alertes jusqu'au duo d'amoureux suffisamment crétin pour se promener la nuit. Heureusement, la jolie fille - magnifique Brooke Nevin - se montre plus courageuse que le mâle et permet de briser quelque peu la figure de la damsel in distress. Leurs personnages, typique des films d’horreurs, sont assez sympathiques, mais par leur présence, perturbe la vadrouille des frérots et réduisent la saveur du huis-clos. La musique, incontournable dans ce genre d'épisodes, est malheureusement aux abonnées absentes. La majeure partie de l’épisode se déroule dans les décors inquiétants et très réalistes de l’asile psychiatrique abandonné. Ce qui nous offre une atmosphère angoissante, voir terrifiante. La mise en scène de Guy Bee exploite très bien le décor. On peut égalemment noter l’aspect effrayant des esprits qui hantent l'asile, décomposés à en faire peur. Il n’y à rien à dire côté effets spéciaux, non plus : c’est parfait ! Sur un autre plan, le relationnel répond à l'appel pour maintenir l'intérêt d'une histoire inégale. Le fossé entre les deux frères semble s'élargir lors de la première dispute dans la chambre. Le tempérament protecteur de Dean, expression de son amour fraternel, ne serait-il pas aussi égoïste ? Il est vrai qu'il a toujours dirigé les opérations, ce qui a pu accumuler de la rancune jalouse chez Sammy. À ce titre, leur confrontation est un des moments les plus forts de l'épisode, avec l'image de Sam pressant la détente. Il n'est pas anodin que le départ traditionnel en voiture soit beaucoup plus malaisé. Enfin, l'épisode injecte de multiples citations de films par Dean qui commence à montrer sa geekside. Les dialogues se montrent aussi plus vifs qu'à l'accoutumée. La critique d'Estuaire44 : On se souvient surtout de cet épisode pour son superbe décor, claustrophobique, horrifique et labyrinthique à souhait. Un travail extrêmement soigné, à l’image des coiffures, maquillages, accessoires et autres effets spéciaux. Je pense que le pari a été fait de réaliser un épisode essentiellement visuel, unifiant ces divers savoir-faire. Le pari a peut-être été jusqu’au-boutiste en sacrifiant la musique pour ne jouer que sur ce décorum, comme une démonstration de force. Évidemment c‘était très casse-gueule, surtout avec la bande-son en or massif que déroule la saison depuis son commencement, mais on aime bien la prise de risque artistique, les couleurs remplacent la musique, c’est presque expérimental. L’histoire reste très prévisible en soi, mais le parti pris de l’épisode limite cette nuisance. Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : John Shiban, d'après une histoire de Patrick Sean Smith Résumé : John Winchester envoie à ses fils les coordonnées d’une petite bourgade. Sur le trajet, Sam et Dean se disputent violemment et se séparent : Dean suit les coordonnées laissés par son père tandis que Sam part en Californie pour tenter de retrouver ce-dernier. Sur le chemin, il rencontre une étrange jeune femme nommée Meg. Mais lorsque Dean se retrouve pris au piège pour servir de sacrifice, Sam part pour lui venir en aide. Première apparition de Meg Masters... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Dès la formidable introduction cauchemardesque, on pressent qu'on va assister à un épisode de haut niveau. Effectivement, Scarecrow répond aux attentes générales en exploitant une figure assez mineure dans l'horreur : ces fameux épouvantails ici décrits comme avatars corporels de Dieux païens qui n'y vont pas de main morte (ou de crochet mort) quand il s'agit parler d'hémoglobine. La thématique du justicier devant protéger un innocent contre son gré et cherchant un moyen de s'introduire légitimement dans sa vie est source d'un excellent suspense : Tru Calling en a fait un excellent moteur d'histoires. Ajoutez-y des joyeux lurons prêts à vous tabasser si vous vous montrez tout insistant, et un héros privé de son coéquipier, et la tension se maintient tout le long. La parabole sur l'aveuglement fanatique qui dévoie la notion de sacrifice pour "le plus grand bien" n'est certes pas de la première originalité, mais l'effroi devant cette déshumanisation demeure intacte à chaque version un tant soit peu appliquée. Supernatural capitalise beaucoup sur ces riants villages de campagne, dont le charme rustique et l'ambiance country se couplent fort bien à ces légendes macabres. Le village et le verger, malgré un budget tirant la langue, se voient fort bien exploités. L'épisode doit énormément à Kim Manners, trouvant toujours les angles et les plans les plus anxiogènes à chaque situation. Violente frustration toutefois par une résolution bâclée. Quelques scènes retiennent l'attention comme la dispute entre Sam et Dean (Ackles et Padalecki sont au meilleur de leur forme), le sanglant massacre final ou encore le cliffhanger qui ne sera pas résolu avant Daeva (1-16). Tom Butler et tous les autres acteurs secondaires sont vraiment exceptionnels. L'épisode prend un risque de creuser les dissensions entre les deux frères jusqu'à une première rupture, mais la performance très émouvante de Jensen Ackles dans un registre pourtant plus proche de son partenaire rend fort bien le déchirement de la séparation sous la bravade de façade, et la joie des retrouvailles. L'attraction du jour est bien sûr Meg Masters, campée par une excellente Nicki Aycox, qui va devenir un personnage très jouissif de cette première saison. On bat des mains lors du twist final : une énorme Conspiration soit à l’œuvre, et observe notre duo. Oui, Ils sont parmi nous, They're watching, il n'y a qu'une règle Resist or serve, etc. D'ailleurs, le Fumeur est en guest star, ils ne peuvent plus camoufler la vérité !! Supernatural lance à son tour sa Conspiration, en remplaçant les Aliens par les Démons, ce qui promet un traitement plus... saignant. On en redemande déjà. La critique d'Estuaire44 : Certes le morne bûcher final reste une triste manière de conclure les débats (rien à voir avec ceux de Mélisandre !). On aurait assurément préféré un mano à mano final entre l’épouvantable épouvantail et les Bros retrouvés. Mais le budget ayant déjà financé pas mal d’extérieurs, y compris de nuit, la série atteint ici ses limites. L’Epouvantail reste particulièrement remémoré par les fans (il sera repris dans l’épisode 200) car il est le premier de ces Dieux païens que l’on va retrouver tout au long de la série. Malgré tout le talent de Manners et des techniciens et artistes de la série, l’Epouvantail n’est à mon sens pas le meilleur, du fait de son mutisme et de son manque d’interaction avec les Winchester. Les suivants seront également tous friands de sacrifices humains mais aussi volubiles et mégalos, de bons psychopathes pour des épisodes souvent réjouissants. L’idée des dieux arrivés en Amérique par les croyances et les traditions des migrants se retrouve dans le chef d’œuvre qu’est le roman American Gods, de Neil Gaiman, probablement le grand inspirateur de SPN pour toutes ces histoires. On y trouve une histoire d’ailleurs très proche de celle de l’épisode. Le récit joue joliment des petites villes étranges chères à La Quatrième Dimension, le deux séries se rejoignent d’ailleurs par leur attachement à l’Amérique profonde. J’aime bien aussi la saveur X-Files de l’opus, avec Kim Manners dirigeant de nouveau William B. Davis, évidemment dans un rôle de félon couvrant une machination. Noblesse oblige. Dean n’est pas assez parano, ça s’apprend. Les inquiétants vergers de noisetiers sont aussi ceux de Shizogony, situés à Hazelmore farms, près Vancouver (pour Hazelnut, noisetier en angalis). Le scénario évoque aussi celui de La Main de l'Enfer, où un groupe vénère aussi une entité démoniaque for the Greater Good. Le scénario installe habilement un parallèle entre la brouille des deux frères, toujours aussi excellemment interprétés, mais formant toujours une famille, à la dissolution abjecte de celle basée sur le mensonge. Plusieurs moments forts, comme l’ouverture qui déchire tout, l’appel du Père bouleversant les deux frères, Sam qui s’affirme par la révolte ou Dean tentant désespérément de faire passer le message aux oies blanches destinées au sacrifice. Les victimes de ce genre de productions désirent vaiment mourir, c’est sûr. Une dimension mythologique vient parachever l’ensemble. On devine tout de cuite que cette sympathique jeune femme reviendra un de ces jours rendre une petite visite. Effectivement Meg Masters est là pour un bon bout de temps. Kim Manners s’est déclaré particulièrement ravi de son arrivée, car il militait pour l’installation d’une mythologie dont selon lui la série avait désespérément besoin. Compensant le final manquant de punch, le téléphone infernal est une bonne idée. Pour le coup on pourra vraiment dire qu’il y a de la friture sur la ligne. Anecdotes :
Scénario : Sera Gamble & Raelle Tucker I'm not gonna die in a hospital where the nurses aren't even hot. Résumé : Lors d’une chasse, Dean est mortellement blessé, et n’a plus que quelques heures à vivre. Pour le sauver, Sam l’emmène voir un certain Roy Lagrange, qui guérit miraculeusement les gens... Émouvant... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Sans doute le premier grand chef d’œuvre de la série, qui après 11 épisodes, ose enfin s'aventurer sur le terrain le plus difficile, mais sur lequel on juge la valeur d'une série : l'émotion. La sensibilité religieuse de cet épisode singulier est d'une force émotionnelle saisissante. De fait, au beau milieu d’une première saison très sombre, Faith apparaît comme un « éclaircissement ». Sera Gamble et Raelle Tucker bombardent leur script de questions éthiques et religieuses puissantes, et s'éloignent judicieusement de la version X-Filesienne (L'église des miracles), et ici avec plus de réussite que leur modèle déjà bon. Les scénaristes nous servent une histoire passionnante, mélange de fantastique et de religion, ce qui sera beaucoup utilisé dans la série à partir de la saison 4 avec l’apparition des anges. Le dégradé progressif de l'horrible situation se fait avec un suspense et un sens du tempo très maîtrisés, avec ces apparitions terrifiantes du Reaper local, aussi mutique qu'implacable ; le final où Dean est dans le collimateur est d'un suspense effroyable. Cette idée "d'une vie pour une vie", bien que pas nouvelle, est ici remarquablement traitée ; la terrible éthique de la situation fait mal. Le complexe de culpabilité de Dean qui doit faire face au "meurtre" commis pour lui sauver la vie, et le déchirement de ce dernier lorsqu'il empêche la guérison de Layla sont aussi très forts. Si nos bros ont pris une décision certainement juste, le prix à payer reste lourd. La réalisation d’Allan Kroeker est inspirée, mais le plus grand atout de cette historie demeure sa guest principale : Julie Benz. L'on est enchanté que Supernatural, après X-Files, convoque un mémorable guest du Buffyverse. Et d'ailleurs, l'actrice retrouve certaines intonations de Darla lorsqu'elle trouve sa rédemption (le final du The Trial d'Angel a manifestement inspiré la coda, elle n'en est pas moins déchirante). Elle interprète Layla magistralement, et nous fait passer beaucoup d’émotion. A son unisson, Jensen Ackles nous livre ici une de ses meilleures prestations de la série. On aime l'ironie à la Bernanos où le Révérend prétend guérir au nom de Dieu quand en fait, ce sont des forces noires qui sont à l’œuvre. Mais par-dessus tout, l'épisode se montre audacieux dans sa mise en pièces de la vision anachronique du Dieu rétributeur qui juge les hommes. Une vision incarnée par la foi dévoyée du fanatique Big Bad qui pourtant ne fait qu'agir par amour, un amour sincère qui le pousse jusqu'au satanisme assassin, ce qui ne fait que complexifier son portrait. Dean fait face à sa haine de lui-même lorsqu'il se juge indigne d'être guéri. Les événements répondent à sa question : pourquoi lui et pas Leyla qui "méritait" plus que lui de guérir ? Parce que le soleil brille pour tout le monde, même pour les non-croyants ; Dieu ne juge pas et ne fait pas de favoritisme. La sublime scène finale voyant Leyla consoler Dean (comme Darla consolait Angel) en n'éprouvant nulle haine, et reconnaissante envers la vie, sans peur ni révolte de la mort prochaine... est à en pleurer d'émotion. Le bouleversement de Dean, promettant de prier, est une manière magnifique de terminer cet épisode qui a misé à fond sur l'émotion sans abdiquer son identité d'horreur. Supernatural montre avec cet épisode qu'elle peut aller au-delà du divertissement. La critique d'Estuaire44 : Un épisode fort et singulier, abordant le thème de la Mort avec sensibilité alors qu’elle n’était apparue jusqu’ici que comme point d’orgue de scènes horrifiques l’approche très humaine s’effectue selon un scénario particulièrement riche, envisageant également une différentiation plus complexe que d’habitude entre le Bien et le Mal. Les Winchester doivent trouver une voie étroite et difficile entre des impératifs moraux conciliables non sans prix à payer. Ce récit irrigué par la foi chrétienne se situe idéalement en début de série, avant que Kripke n’ait développé sa propre vision de la Divine Comédie (y compris pour les Faucheurs et leur patron en personne), le récit et ses interrogations en résultent universels. L’épisode doit évidemment beaucoup à Julie Benz, à la présence toujours aussi forte à l’écran. L’au-revoir à Dean demeure l’un des scènes les plus émotionnellement fortes de la série et une évocation lumineuse du mystère de la Foi, loin de ses aspects dévoyés par le fanatisme. Oui, les auteurs ont certainement songé à Darla, qui a effectué le choix diamétralement opposé à celui de Leyla, reniant Dieu et acceptant de devenir un monstre aux mains du Maître, pour échapper à ce qui lui semble être l’anéantissement. Le parallèle entre les deux figures s’avère très éloquent sur la portée de nos actes. L’épisode est l’un des référés de Kripke et de Singer, instituant la relation entre l’homme à Dieu et le libre-arbitre comme l’une des thématiques centrales de la série. Le fait de n’avoir subi aucune censure sur un sujet toujours délicat incita Sera Gamble à s’investir davantage dans une série où elle allait prendre une importance croissante. Anecdotes :
Scénario : Brad Buckner & Eugenie Ross-Leming Résumé : Cassie, une ancienne petite amie de Dean, demande de l’aide à ce dernier : des gens de couleurs ont été assassinés par ce qui semble être...un camion. Les deux frères Winchester se rendent sur place pour enquêter. Le camion fantôme... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Après le voyage mortello-spirituel de l'épisode précédent, le retour sur Terre se fait sentir avec cet opus certes louable pour son attaque du racisme, fléau indissociable de l'histoire des Etats-Unis, mais au scénario... ronronnant. De fait, les auteurs semblent plus s'intéresser aux retrouvailles de Dean avec son ex. Une option valable, mais ce mélo se voit plombé par un manque d'alchimie entre Jensen Ackles (pas en très grande forme ici) et Megalyn Echikunwoke, cette dernière ayant d'ailleurs un jeu très limité ici. Comme il ne se passe rien si ce n'est des ressassements faciles du passé ou des réconciliations sur l'oreiller - gâchés par une photographie trop obscure - ce pan de l'histoire prend de la place et immobilise l'impetus de l'épisode. Toutefois, c'est assez amusant de voir notre dur-de-dur de Dean avouer qu'il a bien un p'tit cœur qui bat (et de bons goûts), car il en fait tellement un max quand il se la pète que le contraste marche très bien. L'intrigue du jour ne vaut guère mieux, cette histoire de malédiction venue de l'au-delà en plus de ne pas être convaincante et prévisible, forme un doublon avec Dead in the water, et l'effet du cadavre noyé entraînant ses victimes est quand même plus massif que le gros truck qui démolit tout. Une fois l'effet de surprise passé, le procédé s'use assez vite, même si plutôt original (on se croirait devant une version plus bourrine du Duel réalisé par Spielberg). L'explication est un poil tirée par les cheveux et quelques scènes pas du tout nécessaires frisent le ridicule, sans oublier une interminable confession de témoin. Quant à la résolution finale, elle frustre par sa fin pas très crédible et brutale, sans vrai mano a mano. L'évocation si américaine des longues routes campagnardes et de ses villages reculés demeure en filigrane. Heureusement, l'épisode trouve une planche de salut par la réalisation expérimentée de Paul Shapiro, qui parvient à passer quelques frissons lors des attaques de nuit, et distille merveilleusement une pincée d'angoisse dans chaque scène de suspense. La critique d'Estuaire44 : On conserve un bon souvenir du spectre automobile, également de découvrir cette fois l’Impala plongée au cœur de l’action. Toutes les scènes automobiles ont un vrai impact. La première version du script en contenait nettement plus, mais Kripke a du en rabattre finances obligent. On sent que le scénario a été colmaté à la hâte pour remplir les trous en résultant. Pour le reste la saison continue à visiter les plaies de l’histoire américaine, aussi bien que sa géographie. Après le puritanisme ou les communautés fermées, on trouve ici le racisme, traité sans trop de pathos. Les auteurs essaient de renouveler la justification de l’arrivée des Bros, au-delà des sempiternels articles de presse. Le coup des ex ou des copines de fac (pour Sam) , ce n’est clairement pas la meilleure solution, cela fait terriblement artificiel. J’étais content de retrouver Megalyn Echikunwoke , je l’avais bien aimé dans les 4400, ici elle se maintient dans un registre très convenu, à l’aune du personnage. Je me souviens aussi que c’est dans cet épisode que j’ai remarqué pour la première fois les pittoresques ou étranges motels dans lesquels descendent les Winchester. L’équipe technique et artistique va se faire plaisir tout au long de la série sur le sujet, avec des résultats parfois impressionnants. En plus cela correspond réellement à une tradition américaine. Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : Sera Gamble & Raelle Tucker Résumé : Après avoir fait un rêve où il voyait un homme assassiné par un esprit, Sam convainc Dean de l’accompagner pour empêcher le drame, mais ils arrivent trop tard. Les deux frères enquêtent, mais voila que le frère de la victime se fait assassiner à son tour... Immanquable... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Il semble patent que les auteurs connaissent leur Angel. Un quidam qui n'a rien demandé assailli soudainement de visions psychiques qui lui donne l'occasion de sauver un innocent des griffes du mal, et devant vider trois tubes d'aspirine après ? On t'a reconnue Cordy ! Comme dans pratiquement tous les épisodes de la saison, le suspense est présent de A à Z, en particulier dans la scène finale, haletante comme jamais. Les deux excellents seconds rôles principaux, Brendan Fletcher (Max) et Beth Broderick (Alice) crédibilisent cette scène. Le twist du whodunit produit un très bon effet théâtral ! A noter les très bons effets gores dans le deuxième meurtre, la décapitation à la fenêtre (pourquoi croyez-vous qu’on les appelle ‘’fenêtres à guillotine’’ ?). Sinon, d’où est-ce que Dean sort son gadget très futuriste ? Ce grand épisode est immanquable car il contient aussi des informations très importantes pour la bonne compréhension de la série. Ainsi, on en apprend plus sur les étranges pouvoirs de médium de Sam. Jusque ici, le sujet avait déjà été abordé (La maison des cauchemars), mais jamais en profondeur. Ici, en plus d’importantes découvertes, on suit une enquête passionnante de bout en bout. Cela est d'autant plus fort que Max renvoie à Sam un miroir inversé, et que ce dernier se voit forcé de relativiser sa rancune envers son père, finalement bon bougre comparé au père violent de Max... et relativiser son attitude face à son malheur, Sam ayant suivi un chemin moins destructeur que l'adversaire du jour, et cela il le doit à lui-même, et à son cher frère (émotion lorsque Dean assure qu'il n'arrivera rien à son cadet tant qu'il sera là, c'est à la fois viril, naturel, et beau). Sinon, Sam et Dean en prêtres font hurler de rire, crédibilité à aller chercher du côté des infinis négatifs, tout comme Dean comptant utiliser les dons de Sam pour gagner à Vegas... Un grand épisode qui lève le voile sur certaines questions et en commence de nouvelles. Dans tous les cas, on est désormais persuadé d’un futur sombre pour Sam... La critique d'Estuaire44 : Le thème de l’alter ego négatif est souvent porté à l’écran et c’est bien le cas ici, entre Sam et son quasi Doppelgänger, mais aussi entre les deux frères. L’étude psychologique et l’horreur font bon ménage. Effectivement cela laisse présager tout un développement autour de Sam, relié à la mythologie de la vendetta familiale (mais qui surviendra surtout en saison 2, de mémoire). Effectivement les Bros en prêtre cela reste un sacré souvenir ! La costumière de la série avait malicieusement veillé à ce que les tenues soient un brin trop courte pour l’imposante musculature de ces messieurs. Anecdotes :
15. LES CHASSEURS Scénario : John Shiban Résumé : Alors que les frères Winchester partent enquêter sur d’étranges enlèvements, c’est bientôt au tour de Sam de disparaître. Dean va alors faire équipe avec le sheriff Kathleen Hudack pour retrouver son frère, qui à été enlevé par une famille pour le moins...étrange. Une famille formidable... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Avec The Benders, Supernatural livre sa version des chasses du comte Zaroff. Cependant, cette intrigue de search and rescue souffre d'en rester à une veillée d'armes qui ne crépite que rarement. Après la saisissante introduction et une fois Sam kidnappé par les joyeux dégénérés, on assiste à une vadrouille routinière en compagnie de Dean et de la shérif où il ne se passe pas grand-chose, si ce n'est une scène de chasse en effet efficace. Sinon, Sammy est au chaud dans sa cage, la flic st désincarnée (malgré le coup des menottes), et il y a pas mal de raccourcis (comment Dean retrouve-t-il Sam ? Comment Sam sort-il de la cage ? Sacrée coïncidence de tomber sur une policière étant dans la même situation que Dean). Le final est très décevant, avec cette partie de cache-cache mille fois vue et revue. On est loin des modèles du genre. Même la version burlesque de Buffy (Homecoming) dépotait mieux. Un des points forts est la découverte tardive qu’il n’y a rien de surnaturel dans cette histoire (dans la saison 4, le non moins bon Entre les murs en fera autant), une bonne surprise, à rebours de ce que le spectateur pensait initialement. En parlant de guest, on est servi dans cet épisode : les 3 autres acteurs membres de cette joyeuse famille sont tellement bien choisis qu’on dirait qu’ils sont les personnages. Jessica Steen est également remarquable dans le rôle de Kathleen. Superbe Dean qui nous fait vraiment émouvoir en gars prêt à tout pour retrouver son frère, mais qui malgré tout n'est pas sans reproche : n'y-a-t-il pas un peu d'ego dans sa volonté d'être le protecteur de Sam ? Bonnes vannes entre les deux bros, ou bien la discussion absurde sur Godzilla. Supernatural assure côté personnages malgré des intrigues très disparates d'intérêt. La critique d'Estuaire44 : L’épisode joue pleinement la carte des retrouvailles avec une famille de films d’épouvante très populaires aux USA, celle du Survival horrifique, voyant des péquenauds dégénérés s’en prendre aux passants infortunés. Cela va des Massacre à tronçonneuse au Détour mortel d’Eliza Dushku, en passant par Délivrance ou la Colline a des yeux. On aime bien le côté référencé du récit qui reprend tous les principaux à-côtés du genre, dont le côté bien crado ou le gore souvent brut de décoffrage. Tout comme dans La Meute des X-Files, le shérif local en prend aussi plein la figure, là aussi une figure imposée de ce style de film, le faux espoir tombe à l’eau et la tuerie peut continuer, merci. L’épisode est moins singulier que La Meute, cela peut très bien être considéré comme une faiblesse, mais le côté B Movie est parfaitement assumé. J’ai trouvé la mise en scène plutôt efficace et sinistre à souhait. Les différents antagonistes sont parfaitement dessinés, mention spéciale à la petite fille, l’une des adversaires des Bros les plus dérangeantes cette saison. Évidemment cet épisode de Supernatural présente l’originalité d’être totalement dépourvu de surnaturel, ce qui peut décevoir les aficionados du Fantastique, mais c’était amusant de voir les Bros se retrouver dans la position des habituels ados massacrés copieux et être aussi à la peine, sinon plus que contre les créatures issues de la Bouche de l’Enfer, euh, du Paranormal. J’ai bien aimé les scènes entre Dean et la Shérif découvrant le monde étrange et périlleux de la Chasse. Son appel (souvent un drame familial) peut toucher quiconque, y compris une policière comme la Kate d’Angel. J’ai trouvé ses réactions assez justes avec un casting réussi de Jessica Steen, la première interprète de Liz Weir dans Stargate SG-1. Beau travail des maquilleurs et des costumiers, on a l’impression que les Benders ne sortent jamais de leurs fringues, c’est plaisamment immonde. Pour l’anecdote, l’acteur devant jouer Pa Bender en fut empêché par une tempête de neige, et la production dut trouver en urgence absolue un autre qui les porterait parfaitement. Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : Eric Kripke Résumé : Une jeune femme est retrouvée en plusieurs morceaux à son domicile fermé de l’intérieur. Les frères Winchester découvrent que le coupable est une Daeva, une ombre maléfique. Parallèlement, Sam retrouve Meg et découvre que la jeune femme n'est pas étrangère à ce meurtre... Les griffes de la nuit... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Eric Kripke prend la plume, mais n'accorde pas la moindre importance à l'histoire. Pourtant, on aurait pu en tirer quelque chose de ces Daevas bien flippants, mais à part deux-trois scènes on repassera. Le talent de Manners trouve à s'exprimer comme à son habitude, mais la déception reste. Dialogues trop abondants, absence d'action, tempo traînard, monstres plus silhouettes que consistants (sans jeu de mots). Et puis, bon, j'aime les W2 parce qu'ils savent rester sobres quand les émotions les atteignent, alors voir Sam et Dean subitement extérioriser ce qu'ils ressentent paraît un peu maladroit, d'autant qu'Ackles et Padalecki n'ont pas encore acquis une aisance de jeu dans ce registre – ça ne tardera heureusement pas. Kripke se laisse coincer par des clichés qu'il ne dépasse pas (le plan diabolique peu original, la filature de milieu d'épisode, la jolie fille de l'intro marchant seule dans la nuit et se faisant ventiler ; de la part d'un fan de Buffy, ça fait mal). La critique d'Estuaire44 : Manners réalise quelques beaux effets horrifiques avec les jeux d’ombres et les deux acteurs invités excellent chacun dans leur domaine. Les retrouvailles de John et de ses fils restent un grand moment, en particulier la réconciliation avec Sam, qui m’avait beaucoup touché à l’époque. L’intérêt demeure éveillé, malgré un récit ultra prévisible que Meg ait repéré les Bros (It’s a trap ! comme on dit chez Star Wars). Surdouée jusque-là, elle tombe dans le piège des Winchesters un peu trop facilement, une garce vipérine grand train toutefois. La séparation finale ressemble trop à une fuite des bros pour ne pas susciter la gêne. C’est sans doute basique, mais j’aime quand les frères gagnent sans fioritures (bon, on se doute bien qu’on reverra la péronnelle diabolique, rendez-vous pour le retour de la revanche de la vengeance). Et puis l’ADN de la série n’est pas grand-urbain, je trouve les Bros plus dans leur élément dans la cambrousse, ici on est hors sol. Si une série dérivée finit par se faire, elle se déroulera sans doute dans une grande ville, mais je préfère quand l’Impala parcourt les chemins de traverse de l’Amérique redneck, c’est son originalité. Au total on sent trop qu’il s’agit d’un simple préliminaire avant le combat contre le toujours mystérieux commanditaire de cette rafraîchissante rosière de Meg. Anecdotes :
17. A FORCE DE VOLONTÉ... Scénario : Trey Callaway - This stuff right here — this is our ticket to the big time. Fame, money, sex. With girls, okay? Be brave. Okay, WWBD. What would Buffy do? Huh? Résumé : Alors qu’ils visitaient une maison supposée hantée, une bande de jeunes se sont retrouvés nez à nez avec le corps d’une fille pendue à la cave. Les frères Winchester partent enquêter, mais ne trouvent rien de surnaturel dans la maison. Ils rencontrent également deux pseudo-chasseurs, trouillards et pathétiques. Que voulez-vous réellement... ? La critique de Clément Diaz et Cetp65 : L'unique épisode écrit par Trey Callaway mélange une histoire horrifique d'une prodigieuse originalité et un humour massif à se serrer les côtes. On a attendu un certain temps, mais ça y est, Supernatural ose enfin l'humour, et ça marche. Le mélange horreur-comique est parfait, et rappelle les grandes heures de Buffy et de X-Files. Surtout, cette idée sert aussi l'histoire en elle-même, la nature du monstre faisant en sorte qu'il agit de manière différente à chaque apparition. Il devient donc un adversaire quasi invincible, une opposition de choix pour nos bros qui d'ailleurs ne sortent pas tout à fait vainqueur du combat, un doute final planant sur le devenir du monstre. Le suspense est également omniprésent tout au long de l’histoire. Les scènes dans la maison sont assez effrayantes, dignes de vrais films d’horreur. Il y a peu d’effets spéciaux mais ils sont plutôt réussis. Le meurtre de la fille à la fin du premier acte, en montage rapide, est particulièrement sauvage. Le décor de la maison est glauque à mort, la photographie très noire, et la mise en scène de Chris Long est d'une tension de chaque instant, en plans fluides et continus, soudainement hachés lors des attaques. Par là, il s'agit du premier épisode de la série à vraiment jouer avec son public, et l'on sait que le succès de Supernatural doit beaucoup à son lien fusionnel avec ses fans. Cela est renforcé par la spectaculaire apparition de Jared en serviette de bain, ajoutée à la demande des spectatrices qui ont dû ressentir le même émoi que les femmes des années 60 en voyant Sean Connery sortir de sa douche. Jared et Jensen s'amusent vraiment beaucoup, et c'est avec grand-plaisir qu'au milieu de cette affaire sinistre, ils se lancent dans un concours de vacheries à tomber par terre. Un concentré d'horreur, d'humour, et d'amour envers le public, un sommet absolu de la saison. La critique d'Estuaire44 : Les blagues entre frères participent également à l’ambiance humoristique, de même que les vannes sur le Texas profond. J’aime bien qu’à côté de cela l’épisode ne cède rien sur l’aspect horrifique, on a un mélange réellement harmonieux et dynamique de deux éléments très disparates, un alliage bien connu des amateurs de Buffy. Sous l’influence des Bandits Solitaires, pas mal de séries (pas seulement fantastiques) ont incorporé des personnages geeks parmi leurs seconds rôles, avec des résultats très inégaux. Mais ici les Ghostfacers (pas encore nommés) s’avèrent totalement irrésistibles de fatuité et de nullité crasse, effectivement on en redemande. Appréciés par les fans de Supernatural qui ont toujours eu beaucoup d’humour, ils vont effectivement revenir, à la grande joie des Bros toujours ravis d’avoir à gérer les champions en plus du monstre de la semaine. Les Facers auront même droit à leur web série. D’ailleurs l’usage de l’Internet montre bien que nous sommes une décennie après le lancement des X-Files ou de Buffy, il est ici entré dans la vie quotidienne et n’est plus un objet exotique frétillant de nouveauté ou un fantasme parano. Kripke va réellement mettre en place le site des Facers, qui développera durant un temps, de manière humoristique, les thématiques de divers épisodes. Belle prestation d’Agam Darshi en victime du Tulpa, elle va devenir une belle recrue de Sanctuary. Supernatural va développer au fil du temps pas mal d’épisodes décalés humoristiques et jouer aussi des niveaux de réalité et du relationnel avec les fans. Gros boulot des décorateurs de la série et excellente bande son rock/métal, comme toujours. Anecdotes :
18. LA STRYGE Scénario : Daniel Knauf - Dude, dude, I am not using this ID! John Winchester laisse à ses deux fils les coordonnées d’une petite ville. Lorsqu’ils se rendent sur place, Sam et Dean remarquent qu’il y à très peu enfant dans les rues, une épidémie de pneumonie en ayant envoyé la majorité à l’hôpital dans un état critique... Quelque chose de méchant... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Something wicked se penche sur un thème très Whedonien qui avant lui a beaucoup intéressé les psychologues : la perte de l'innocence originelle ; ces moments où les délicieuses rêveries de l'enfance nous quittent devant la brutalité de ce monde. D'ailleurs, cet épisode fait penser au Killed by Death de Buffy avec ce croquemitaine s'attaquant aux enfants. Mais Daniel Knauf choisit de mettre l'histoire au second plan pour examiner le traumatisme originel qui sans doute rongera toujours Dean. Michael émeut aussi en subissant comme Dean la disparition des doux rêves de l'enfant devant l'agression du monstre. Malgré le courage dont il fait preuve, il ne sera plus jamais le même. La coda, d'une gravité amère, se montre éloquente là-dessus. Sammy est volontairement en position quasi passive, comme si Dean devait à nouveau porter son fardeau d'aîné qui le force à prendre soin de son frère. La famille Winchester semble décidément bien torturée, salis par la présence du mal qui ne les laisse jamais en repos. Alors, peu importe que le rythme soit assez lent, que la seule scène d’action soit bien en-dessous d’autres de cette saison, que le visage de la Stryge fait très... masque en latex, ou que le duel final soit un peu précipité, cet épisode creuse plus profondément la douleur des personnages, la meilleure chose à faire pour faire durer une série. La critique d'Estuaire44 : De toutes les familles d’épisodes de Supernatural, celle explorant la jeunesse des frères Winchester est sans doute celle qui m’intéresse le moins. Je pense qu’il aurait été bien plus subtil de nous faire percevoir leurs traumas passés via leurs répercussions sur leur relation et attitudes présentes. Aussi réussi soit l’opus, opérer par flash back c’est tout faire pour que le pathos apparaisse bien à l’écran, de la manière la plus misérabiliste possible. Ceci-dit je reconnais que les deux adolescents qui représentent Sam et Dean jeunes sont très bien choisis. Anecdotes :
19. LE TABLEAU HANTÉ Scénario : David Ehrman - Why are you trying so hard to get me laid? Résumé : Un couple est sauvagement assassiné au rasoir, alors que tout chez eux était bouclé. Les deux frères Winchester partent enquêter. Ils sont persuadés que le tableau acheté par les victimes le jour de leur mort n’est pas étranger au drame. Parallèlement, Sam fait la connaissance de Sarah Blake, une spécialiste en art... Le must, ou comment un meurtre sanglant peut-il devenir artistique... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Le must de la saison chez les loners (avec Faith), et un des meilleurs épisodes de la série. Il exploite le thème certes commun de l'objet maléfique, mais quelle maestria dans le traitement de David Ehrman ! La pâleur hiératique des personnages du tableau introduit dès les premières secondes un sentiment de frayeur qui ne lâche plus jusqu'à la dernière scène. Sarah Blake est un des meilleurs personnages secondaires féminins de la série, et pourtant il y en a des tonnes, de même que Taylor Cole est une des meilleurs guests. Ce personnage donne une force supplémentaire à l’épisode qui est déjà merveilleux. Déjà, l’intro, bien sanglante comme d’habitude, donne le ton... Cet esprit fou qui semble indestructible donne pas mal de sueurs froides à nos bros qui ont bien du mal à tenir la cadence, un de leurs adversaires les plus terrifiants, interprété de manière époustouflante. On retrouve tous les ingrédients nécessaires à la réussite d’un épisode : action (la scène finale), humour (le dîner entre Sam et Sarah, les habituelles répliques de Dean), horreur (les meurtres, le cadavre d’Evelyn, à nouveau la scène finale) et surtout suspense : la coda, le briquet qui refuse de s’allumer, les mouvements du tableau, les meurtres où la production semble décidée à ne pas faire dans la demi-mesure question faux sang, les échecs répétés des W2... la tension est permanente, et explose lors de la tornade finale, véritable tour de force horrifique, et en cette saison, un des rares mano a mano terminal à ne pas paraître hâtif ou décevant. Le scénario est rempli de fausses pistes, bien malin qui aura deviné le twist final. La réalisation est à la hauteur : angles de caméra inspirés, effets spéciaux corrects. Que du bon, donc ! La critique d'Estuaire44 : Épisode très relevé, avec des scènes sinistres ou horrifiques particulièrement goûtues. Le langage visuel s’exprime pleinement entre le sympathique tableau (un chef d’œuvre dans son genre) ou le mausolée familial et ses jolies poupées mortuaires, quelle charmante idée. Jodelle Ferland apporte son impact coutumier au très dérangeant spectre enfantin, elle est une parfaite invite pour la série. Nombre de rebondissements ponctuent efficacement ce récit mettant en avant la tradition des tableaux ouvrant sur d’autres mondes, tout comme ce fut le cas avec les miroirs de Bloody Mary. Le final se montre haletant au possible. Rien ne manque au succès de l’opus, y compris une superbe rencontre, avec la sublime et très attachante Sarah. On apprécie que le récit ne joue pas la carte du mélo qui verrait un Sam tiraillé entre Sarah et la Chasse avec son frère, ce ne serait pas crédible. Sarah permet aussi d’introduire la technique de narration toujours efficace qu’est la découverte du monde des héros par une tierce personne néophyte. Cela fonctionne ici à la perfection, ce qui démontre à quel point cette première saison aura su bâtir un univers solidement établi. Anecdotes :
20. LE RETOUR DES VAMPIRES Épisode Mythologique Scénario : Cathryn Humphris & John Shiban - You know, we could have some fun. I always like to make new friends. [Kisses Dean] Résumé : Daniel Elkins, un ami de John Winchster se fait assassiner par une bande de vampires. Ces derniers lui dérobent une arme qui pourrait tuer n’importe quelle créature : le Colt. Avec l’aide de ses deux fils, il va tenter de récupérer l’arme pour s’en servir d’arme contre le démon qui à tué Mary... Offre du jour : une transfusion sanguine gratos. La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Dead man's blood se laisse voir avec plaisir. Kripke fait tout pour se démarquer de l'écrasante influence de Buffy et des grands romans du genre, de Stoker à Stéphanie Meyer. C'est ainsi qu'il envoie balader tout le côté rituel (croix, pieu, soleil), et utilise un moyen attesté dans la littérature, mais peu connu du grand public, de se débarrasser des Fils de la Nuit (sang de cadavre). Intéressant, mais ce parti pris tournant le dos à la mythologie habituelle est un peu excessif. À un moment, on a peur qu’on nous sorte quelque chose du style « Pour les tuer, il faut leur arracher le nez ». Efforts méritoires, mais sans être connaisseur du genre, on coince devant une vision assez misérabiliste des vampires, ici en voie d'extinction, et d'une intelligence que l'on va qualifier de peu étendue, ce qui les désacralisent trop. Les auteurs auront toujours du mal avec les vampires, le pire sera dans la sixième saison où l’on découvre... qu’on peut se « dévampiriser » grâce à une espèce de médicament. Non, mais ça va pas ?! Toutefois, le côté série B marche très bien avec hémoglobine et sexualité torride à tous les étages, jusqu'à un excès franchement joyeux. Peut-être regrette-t-on simplement des bad guys demeurant à l'état de silhouettes, malgré le cabotinage assez jouissif de leurs interprètes. Pour le coup, on est loin de Sunnydale. On aurait bien aimé voir ce que les W3 auraient fait si Angelus avait pris des vacances dans le coin tant dans le côté sadico-saignant que dans ses perverses (et terriblement justes) analyses psychologiques. La critique d'Estuaire44 : Les Vampires de Supernatural ont triste mine : les crocs sont ridicules tandis que point de vue intellect et aura maléfique, on se situe loin de l’Angelus de Joss Whedon, c’est certain. La rencontre avec la haute figure du Vampire aurait dû constituer le thème central d’un épisode, or ici il compose vraiment la cinquième roue du carrosse. Le Clan n’est là que pour permettre la découverte du Colt, qui va devenir l’un des artefacts les plus importants et populaires de la série, mais aussi d‘arrière fond aux dissensions familiales des Winchester père et fils. De ce point de vue, l’épisode se révèle captivant et parfaitement interprété. Formidable prestation de Jeffrey Dean Morgan, totalement immergé dans son rôle, mais les Ackles et Padalecki sont à la hauteur. La famille Winchester, entre fêlures et amour viscéral, demeure un sujet inépuisable ; on aime que Supernatural ne soit pas un simple Formula Show, ne se contentant pas d’aligner les Monstres de la semaine. L’épisode annonce efficacement le final, on sent bien que c’est lancé pour la grande explication de gravures. Anecdotes :
21-22. DÉLIVRANCE Épisode Mythologique Scénario : Sera Gamble & Raelle Tucker (1re partie) et Eric Kripke (2e partie) - Where's our father, Meg? Résumé : Sam, Dean, et John ont enfin le Colt, l’arme qui pourrait tuer n’importe quelle espèce démoniaque ! Mais Meg, de retour, cherche à s’en emparer, et commence à tuer tous les amis des Winchester, clamant qu’elle va continuer jusqu’à ce que John lui remette la fameuse arme. Sam et Dean tentent de protéger une famille qui, selon les visions de Sam, se fera tuer par le même démon aux yeux jaunes qui a assassiné leur mère 22 ans plus tôt, tandis que John se rend au rendez-vous avec un faux Colt... Bobby Singer, chasseur et vieil ami de la famille, va aider les Winchester dans leur lutte. Ils vont en avoir besoin, car le démon aux yeux jaunes a enfin décidé de les affronter... Un final explosif. La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Cette saison a moins brillé par ses scénarios que par sa mise en scène et son casting, mais avec Salvation/Devil's trap, les scénaristes ont décidé de frapper un grand coup. Eh bien, ça ne rate pas : ce double final de saison enchaîne les scènes d'anthologie à un rythme fulgurant, semant twists, cliffhangers, affrontements de fer et de feu, scènes de pure terreur, suspense fouetté avec frénésie, relationnel bien dysfonctionnel. On ne s'attendait pas à une telle intensité de la part d'une série qui n'a pas encore trouvé toutes ses marques et qui a toujours dû composer avec un budget léger. Mais l'équipe parvient à nous faire un feu d'artifice permanent grâce à son ingéniosité. Les auteurs prennent un risque en séparant John de ses fils, mais miracle, les deux fronts d'attaque se voient impeccablement développés sans jamais se gêner. Nos deux bros ont une manière différente de gérer : là où Sam est sur le point de se laisser aller à des effusions, gagné par la peur de l'échec, Dean ne tolère aucun moment de faiblesse mais lui-même en fait trop en jouant au gars sûr de lui, masquant mal l'égale terreur qui l'anime. L’histoire est passionnante de bout en bout : du suspense à en mourir, une réalisation parfaite, de bons effets spéciaux (l’assassinat bien sanglant du prêtre en début d’épisode)...Que demander de plus ? Ah oui, de bonnes scènes d’action ! Pas de problème : L'affrontement dans la maison est d'un suspense phénoménal, avec la première apparition de ces yeux jaunes démoniaques. L’action et surtout le suspense sont aux rendez-vous durant le sauvetage, scène crédibilisée par les très bons effets spéciaux pyrotechniques qui rappellent le pilote. Erin Karpluck et David Lovgren (le couple sauvé) sont très convaincants. Il est juste de montrer Sam perdre les pédales sous le coup de l'émotion, se montrant soudain plus déterminé (jusqu'à la témérité) à tuer le grodémon que Dean. John mystifie par son sang-froid devant ce qui est une opération suicide. Car pour le coup, Meg (et son taiseux acolyte létal) se montre plus rouée et flamboyante que jamais. Nicki Aycox est fantastique de présence maléfique, de sourires mortels et sadiques, quelle beauté, et quelle opposition ! John qui tente d’échapper à Meg est une séquence prenante, haletante. Du grand art ! La première partie s’achève sur une scène à suspense qui nous laisse bouche bée... ... mais la deuxième va encore plus loin. Eric Kripke, totalement déchaîné, parvient à encore faire monter la sauce, et Kim Manners, par sa mise en scène de génie, provoque l'explosion. On assiste, hébétés, à un tas d’évènements haletants, riches en tout ce qui fait le succès de la série. L'auteur ne laisse aucun répit en mettant en scène le déni de Dean, qui dans un état psychique terrible, concentre toutes ses forces pour ne pas éclater et s'accrocher à une misérable lueur d'espoir. Mais surtout, le suspense et l’action sont encore plus présents, les fausses pistes se multiplient et...BOBBY ENTRE EN SCÈNE !!! C’est surtout cette dernière information qu’il faut retenir, car il s’agit d’un personnage clé, essentiel, INDISPENSABLE. Interprété par un Jim Beaver exceptionnel. L'arrivée théâtrale de Meg dans la maison de Bobby avec le retournement génial du cercle magique permet un premier acte jouant totalement sur la dynamique antagoniste entre les W2 et leur ennemie jurée : dialogues qui font mal, jeux d'acteurs en surchauffe permanente, réalisation en gros plans... la haine des personnages est quasi tangible. En revanche, cet épisode est le dernier où Nicki Aycox interprète le rôle du démon Meg (elle réapparaîtra dans la saison 4, mais cette fois-ci en tant qu’esprit). Elle passera le flambeau à l’encore meilleure Rachel Miner au début de la saison 5. Pas de temps mort, on enchaîne sans transition à l'haletant et musclé sauvetage de John : la variété des scènes physiques et psychologiques, écrites et réalisées avec un talent égal, est vraiment étonnante. On reste scotché tandis que la mission Saving private John se déroule avec le retour de l'acolyte de Meg qui en fait voir de belles au Winchester, comptant impuissants, les balles du colt qui se réduisent comme peau de chagrin. Kripke ne laisse aucun répit et nous jette immédiatement après dans le formidable affrontement entre le Démon et les Winchester, via un foudroyant twist final (Jeffrey Dean Morgan dévore l'écran !) avec des dialogues assassins et des effets spéciaux aussi simples qu'efficaces. Cet affrontement psycho-épique est saisissant, avec en point d'orgue, la déchirante hésitation de Sam, piégé dans un horrible dilemme. Si vous n’étiez pas entré dans un état de rage profond à la fin de la première partie (et oui, il y avait encore la deuxième), là ça ne serait tarder : la saison se termine sur un cliffhanger insoutenable et un épouvantable carnage... Bon, Kripke a tout simplement pompé le cliffhanger de la saison 4 d'Alias (diffusé l'année précédente), mais on lui pardonne tant cette conclusion-choc est mirobolante. Alors, allez-y : CASSEZ LA TÉLÉ ! ARGH ! La critique d'Estuaire44 : On trouve ici le même déferlement de rebondissements, de confrontations choc et de scènes percutantes que lors du mémorable arc Anasazi des X-Files, la référence absolue et séminale du final de saison, le tout dynamisé par un Kim Manners en pleine possession de son talent. Le double épisode conclut idéalement la première saison tout en lançant les bases de la deuxième, en introduisant deux nouveaux protagonistes, qui vont y prendre toute leur place : Azazel le Démon aux Yeux Jaunes, enfin révélé et qui abordera désormais directement les Bros (mais la série est loin d’en avoir fini avec Meg), encore aujourd’hui considéré comme le meilleur Big Bad de Supernatural par de nombreux fans, et Bobby, qui va tenir lieu de deuxième père (et quasi d’Observateur) aux Bros. La saison aura su mettre en place les protagonistes et l’univers de la série, l’affrontement direct contre les Yeux Jaunes peut désormais débuter. Anecdotes :
Crédits photo: Warner Bros. Images capturées par Clément Diaz. |
Épisode Mythologique
Scénario : Eric Kripke
Réalisation : David Nutter
- When I told Dad I was scared of the thing in my closet, he gave me a .45 !
- Well, what was he supposed to do ?
- I was *nine* years old ! He was supposed to say "don't be afraid of the dark!"
- Don't be afraid of the dark ? What are you, kidding me ? Of course you should be afraid of the dark. You know what's out there !
Il y a 22 ans, dans la maison de la famille Winchester, Sam et Dean sont encore des enfants lorsque leur mère se fait tuer par une force démoniaque qui enflamme la maison. Grâce à leur père, ils réussissent à s’en sortir. 22 ans plus tard, Sam (le cadet) vit avec sa petite amie Jessica et envisage déjà une vie toute tracée. Mais, un soir, Dean s’introduit chez lui pour lui faire part de ses inquiétudes : leur père à disparu depuis des jours alors qu’il était allé chasser des démons. Malgré quelques réticences, Sam accepte d’accompagner son frère à la recherche de leur père. La piste les mène à une petite ville où les hommes disparaissent...