Open menu

 saison 1 saison 3

SANCTUARY

SAISON 2


1/2. RENAISSANCE
(END OF NIGHTS)


La première partie de Renaissance s’avère une authentique catastrophe. L’ensemble apparaît verbeux et statique au possible, avec une discordance totale entre le manque de complexité du complot de la Cabale (créer des super mutants avec le Sang Originel) et la durée que la narration en représente. L’axe principal du récit abonde en scènes inutiles et porte l’art de souligner des évidences jusqu’à des horizons inexplorés.

En fait un épisode simple, éventuellement rallongé d’une dizaine de minutes, aurait largement suffi, compte tenu du sujet. Cette impression de vacuité se renforce par l’inanité des récits secondaires, comme le pathos outré autour de Bigfoot, ou cette relation cousue de fil blanc et à haute dose de bla-bla entre la scientifique et Ashley. Consacrer autant de temps à une relation aussi inepte, qui ne refera plus du tout surface par la suite et n’influera en rien sur le déroulement des évènements, laisse perplexe. La Cabale demeure aussi impersonnelle et falote que de coutume, même si depuis la saison précédente on a eu l’occasion de découvrir Lynda Boyd (Dana Whitcomb) en mère de famille nymphomane et lesbienne dans The L Word, ce qui rajoute un côté décalé à ce personnage se limitant à quelques poses et clichés. Entre split screens, poursuite à pseudo suspense et violent interrogatoire, la mise en scène se lance dans un simili 24h tellement dérisoire face à son modèle que l’on en ressent une vraie gêne.

Ce premier tronçon effraie, non seulement par sa faible qualité et par l’ennui massif qu’il dégage, mais surtout parce qu’il synthétise et pousse à l’extrême toutes les faiblesses observées au cours de la saison 1. À son issue, on s’inquiète franchement pour celle qui débute.

Fort heureusement la seconde partie de ce double épisode marque une brusque élévation de l’intérêt. Certes il s’agit d’action pour l’action, mais les batailles de Londres et du Sanctuaire constituent autant de moments nerveux et spectaculaires accrochant réellement le regard du spectateur.

Les diverses péripéties sont menées tambour battant, avec des effets spéciaux bien choisis. On ressent enfin l’impression de se trouver face à un pilote de saison digne de ce nom. Mais plus encore que l’affrontement, on est séduit par l’approfondissement des personnages, désormais tous bien dessinés et progressant nettement en pertinence, ce qui s’avère particulièrement prometteur pour la suite de la saison.

Moins monolithique, Druitt se montre plus profond et tourmenté, tandis que l’on se régale des saillies mordantes de Tesla, vampire alcoolo, arrogant et cynique. Will confirme son potentiel et Henry occupe un rôle accru, un choix particulièrement judicieux. Magnus continue cependant à dominer les débats, grâce au talent toujours renouvelé d’Amanda Tapping (à qui les tenues noires siéent véritablement à merveille). L’actrice  sait ainsi donner un impact réellement intense à la conclusion amère de l’épisode. Seule Emilie Eullerop échoue encore à hisser son Ashley au-dessus de la coquille vide. Le remplacement de celle-ci par Kate, autrement amusante et pimentée, demeure l’une des meilleures nouvelles de Renaissance. On passe d’une transparente pseudo Buffy à une amazone délurée évoquant avec bonheur Miss Faith Lehane, quel progrès !

Ravi par cette évolution générale, on passe volontiers sur quelques facilités, comme cette aisance à évacuer et à dissimuler en quelques heures des dizaines de « monstres » ou surtout la disparition bâclée et absurde de Clara. Il ne reste plus qu’à espérer que ce tournant influe sur la suite de la saison !

Retour à l'index


3. L'ULTIME ESPOIR
(EULOGY)


À l’occasion de ce troisième épisode, Sanctuary renoue avec l’un de ses penchants de la saison 1, la division de l’intrigue en deux récits totalement distincts, un choix souvent préjudiciable. La confirmation d’une amélioration de la série réside dans le fait que ces deux tronçons s’avèrent simultanément réussis, tandis que la suppression de la conclusion, toujours passablement artificielle, nouant ces fils se montre finalement positive.

La chasse au monstre dans les égouts n’est certes pas originale, du rat géant des NewAvengers à l’Hôte des X-Files, mais le segment est bien mené. L’épisode ne laisse pas passer la chance d’insérer définitivement Kate dans l’univers de la série, tandis que le tandem de celle-ci avec Henry fonctionne décidément au quart de tour. Agam Darshi donne une sacrée dégaine à son personnage le plus souvent divertissant, même si non exempt de clichés, il s’en faut de beaucoup. La quête impossible de Magnus se montre par contre très émouvante, grâce au talent d’Amanda Tapping, tenant toujours aussi parfaitement son rôle. Il se confirme que la relation entre Magnus et Will constitue l’axe fort de Sanctuary. Leurs scènes communes se traduisent quasi toujours par une intensité accrue de la narration.

Et puis les amateurs de Stargate SG1 seront ici au spectacle, car Magnus jonglant audacieusement avec la physique pour trouver une solution à un épineux problème nous rappelle infailliblement quelqu’un… Eulogy (éloge funèbre) s’offre même le luxe d’une troisième histoire en arrière fond, avec Druitt et Tesla décimant la Cabale. On se demande pourquoi cela n’a pas été fait auparavant  si c'était si facile, mais si ça permet d’évacuer ce boulet, on prend. D’autant que la confrontation entre Druitt et Magnus se montre très éloquemment exprimée. RIP Dana.

On remarque aussi la savoureuse présence de Hiro Kanagawa, vieux routier des séries fantastiques (X-Files, MillenniuM, Au cœur du Complot, SG1, Caprica, Smallville, Les 4 400 etc.).

Un épisode réussi et équilibré, soulignant le regain de cette saison 2.

Retour à l'index


4. LE SUPER-HÉROS
(HERO)

Sanctuary nous avait accoutumé à développer plus ou moins habilement deux fils narratifs distincts au sein d'un même épisode. Et voici que la série se surpasse, car, Mesdames et Messieurs, ce ne sont pas deux mais trois histoires que, devant vos yeux abasourdis, Hero s'en va vous conter.

 L'histoire du monstre insectoïde se suit sans déplaisir, d'autant qu'elle reprend quasi explicitement plusieurs codes des X-Files, avec, par exemple, Magnus ressortant une vieille affaire similaire de ses archives. L'aspect spectaculaire s'avère bien exploité, avec notamment des effets spéciaux très réussis, la créature apparaissant nettement plus convaincante que ses équivalents de Nick Cutter et les Portes du Temps. Par contre on se demande ce que font au juste dans les parages le chef du Sanctuaire de Londres et son commando jailli de nulle part.

On est déjà beaucoup plus circonspect quant à l'histoire  assez basique et en exogène à la série du super héros. Le pastiche reste un art malaisé et il ne suffit pas d'empiler jusqu'à satiété des références aux Comics pour y parvenir. L'ensemble manque singulièrement d'humour, un défaut majeur pour ce genre d'épisode décalé : Christopher Gauthier se montre plutôt pataud et ses accroches tombent vraiment à plat. Les effets spéciaux tiennent la route mais évoquent beaucoup trop l'homme volant de Heroes. La jonction des deux histoires (l'affrontement des deux protagonistes) est vraiment prévisible et cousue de fil blanc.

Les plus grands regrets proviennent cependant de l'histoire de Kate, non tant parce que la grande  sœur raisonnable venant au secours du petit frère fantasque  fait terriblement cliché (entre autres Tru Calling a raconté cela longuement) mais du fait des réelles potentialités perçues, puis gâchées par le faible espace imparti. Évoquer les conséquences de l'éradication de la Cabale sur l'arrière fond de l’univers de la série était une excellente idée, mais qui aurait nécessité qu'on lui dédie un épisode entier pour pouvoir s'exprimer pleinement.

Ici cet aspect demeure bien trop schématique, et Sanctuary se voit encore et toujours dépourvue d'un grand méchant récurrent à la hauteur. Fort heureusement on est toujours aussi séduit par la personnalité et le jeu plein d'allant d'Agam Darshi, qui achève ici de donner à sa Kate toute sa place dans la série. Visiblement, tout le monde a oublié la falote Ashley, nous aussi.

Retour à l'index


5. PAVOR NOCTURNUS
(PAVOR NOCTURNUS)


Pavor Nocturnus s'avère constituer l'authentique chef-d’œuvre de cette première partie de saison. Son lancement apparaît complètement et délicieusement énigmatique, d'autant que l'immortalité de Magnus autorise bien des hypothèses quant à cette résurrection au sein d'un futur totalement cauchemardesque. Par la suite le récit devient plus conforme à ce genre bien établi et codifié que constitue le post-apo, mais maintient intacte sa qualité. Les décors virtuels se voient ainsi optimisés, permettant de susciter une version formidablement sinistre et délabrée du Sanctuaire, comme de ses environs.

La mise en scène dynamique finit de conférer à l'ensemble un aspect de superbe jeu vidéo à l'atmosphère dantesque graphiquement remarquable, quelque part entre S.T.A.L.K.E.R. et Resident Evil. Les maquillages des monstres, tout comme leur organe s'extrayant de la bouche, apportent une horreur bienvenue aux nombreuses scènes d'action trépidante qui se succèdent.

Même l'interprétation, souvent le talon d'Achille de Sanctuary, reste assez remarquable, avec une très jeune Nicole Muñoz  se montrant tour à tour émouvante puis terrifiante. On ressent fortement le malaise profond qu'elle génère. Le scénario, à défaut d'apparaître totalement original, utilise à bon escient ses divers ingrédients : l'alternance entre les scènes de combat et de résolution de l'énigme représentée par la résurrection de Magnus s'effectue avec fluidité et empêche tout ennui de s'instaurer.

Surtout, tout comme lors de Requiem, déjà la grande réussite de la saison écoulée, Pavor Nocturnus tire le meilleur parti de la relation forte et  prenante existant entre Magnus et Will, les autres personnages étant absents. Cet axe confirme toute son importance au sein de la série, dont il constitue décidément l'atout premier. Amanda Tapping réalise une grande interprétation, dans une vision plus troublée qu'à l'accoutumée de son personnage.

On peut regretter le final à la Indiana Jones, quelque peu décalé du corps principal du récit, mais cela n'entache pas le succès particulièrement concluant de cet épisode en enfer.

Retour à l'index

6. LE PLEIKSIDARSUS
(FRAGMENTS)


Cette idée d'un hologramme multimédia reconstituant le décor d'un crime et permettant de l'analyser sous les moindres coutures s'avère un bon thème de Science-fiction, pas si inaccessible que cela après tout.

Malheureusement il ne peut baser à lui seul tout un épisode, ce qui conduit Fragments à devenir rapidement mortellement ennuyeux, une fois l'effet de surprise émoussé. En effet, pour le reste, l'épisode revêt des allures de vaste désert. L'énigme policière est prévisible au dernier degré, il ne reste à Gérald (bon casting de Colin Cunningham, le Major Davis de SG1) qu'à porter autour du cou une pancarte indiquant « Je suis le coupable » pour rendre l'affaire encore plus évidente.

De plus, on reste passablement effondré de voir Sanctuary avoisiner dangereusement les poncifs de la série hospitalière, entre suspense médical bidon, accompagné d'une profusion de termes abscons, et les innombrables scènes de pathos lacrymal à gogo. La discussion finale bien dégoulinante  entre Richard et Rachel se révèle effroyable à cet égard.

Outre le gadget prétexte, on apprécie également la prestation du comédien interprétant la créature, parvenant à rendre celle-ci touchante et compréhensible malgré son maquillage masquant les traits du visage.

Pour le reste, ce pensum est à oublier au plus vite.

Retour à l'index


7. VERITAS
(VERITAS)


Après une tentative pour le moins malheureuse dans le domaine, il est vrai si peu propice, de la série hospitalière, Sanctuary continue à tenter de varier la tonalité de ses récits, cette fois en lorgnant plus franchement du côté du policier à énigme. Alors que la faiblesse des intrigues apparaissait jusqu'ici comme une lacune  récurrente de la série, cette histoire, aux rouages bien huilés à défaut d'une exubérante originalité, se montre très astucieuse.

Les différents effets paraissent bien ajustés, accomplissant une fusion réussie entre SF et polar (télépathes et indices matériels), avec une légère consonance hitchcockienne autour de l'amnésie et de l'héroïne dépassée par des évènements en apparence incompréhensibles. Évidemment on devine bien qu'arnaque il y a, car on n'imagine pas un seul instant possible  la disparition d'un personnage aussi emblématique de la série comme Bigfoot, mais les fils s'avèrent suffisamment entremêlés et les suspects judicieusement introduits pour que le spectateur puisse s'amuser au jeu des hypothèses.

L'interprétation se montre également à la hauteur, avec au premier chef Amanda Tapping, parfaitement convaincante dans une version inédite et bouleversante d'une Hélène Magnus, totalement à la dérive. Voir le trio Will/Kate/Henry être privé de sa figure de proue et improviser en permanence constitue une originalité bienvenue, tandis que l'on apprécie l'adamantine fidélité de Will  face à l'accablante accumulation de preuves.

Veritas  enregistre également le fort appréciable renfort de la sublime Erica Cerra. Le guesting de cette figure en vue des séries fantastiques, entre Euréka et tant d'autres (au point de jouer une « vampire » quand elle s'aventure dans The L Word !) apporte une saveur supplémentaire, d'autant qu'elle se montre sobre et crédible dans son rôle de détective télépathe.

On regrettera le recours peut-être trop appuyé aux renseignements provenant de l'ordinateur infaillible d'Henry mais cela n'entache pas le succès de cet épisode subtilement agencé et exploitant au mieux le décor de la période post Cabale.

Retour à l'index


8. LE CALAMAR ET LE SCORPION
(NEXT TUESDAY)


Le calamar et le scorpion renoue avec cette lignée souvent particulièrement réussie des épisodes mettant uniquement en scène le duo Will/Magnus, au sein de situations peu enviables. S'il n'a pas la force dramatique du particulièrement intense Requiem, l'épisode le doit à son choix de privilégier un certain comique, dans les dialogues, souvent pétillants, comme dans  les situations.

Mais cette veine apparaît pleinement justifiée, tant l'humour constitue l'un des aspects de cette relation représentant l'un des axes fondamentaux de Sanctuary. Et, de fait, observer Will et Magnus se chamailler au beau milieu d'une catastrophe demeure continuellement plaisant, d'autant que les acteurs s'en donnent à cœur joie. La complicité entre Amanda Tapping et Robin Dunne a désormais eu largement le temps de s’épanouir et transparaît clairement à l'écran.

Outre cet important ressort, le scénario se montre supérieurement  habile, dans la mise en place de la nasse se refermant sur nos héros mais aussi dans la succession sans temps mort des péripéties s'y déroulant, évitant quasiment tout ralentissement à ce huis-clos. Voir son hélicoptère chuter dans le puits principal d'une plate-forme pétrolière n'est déjà pas commun, mais s'y retrouver coincé entre deux monstres marins antagonistes devient réellement diabolique.

Par ailleurs les scénaristes, très en verve, s'ingénient à multiplier les difficultés de tous genres auxquelles doit faire face le duo dynamique, et assister aux succès de l'intelligence face à ces défis souvent ludiques demeure très plaisant. L'emploi des différentes potentialités offertes par la carcasse de l'hélicoptère devient en soi un passionnant exercice de style. L'attitude décontractée des personnages fait que l'on ne s'inquiète jamais vraiment, mais le défi se montre prenant.

Next Tuesday représente également  une superbe démonstration du savoir-faire à la fois technique et artistique de l'équipe de production de Sanctuary. L'imbrication des décors réels et virtuels étonne  par sa perfection, tandis que les deux monstres sont réellement criants de vérité, en particulier le calamar vampire (l'introduction d'une dénomination comme celle de « calamar vampire » garantit ipso facto la réussite d'un épisode).

Le seul regret de cet opus réussi s'avère sa conclusion en forme de déconcertante pirouette, même si elle ne fait sans doute qu'éviter une scène assez passe-partout d'arrivée des secours.

Retour à l'index


9. PÉNITENCE
(PENANCE)


La grande attraction de Pénitence demeure bien évidemment la présence de Michael Shanks, l’inoubliable interprète de Daniel Jackson. Non seulement ceci comble une attente des fans de la série, qui se confondent souvent avec ceux de Stargate SG1,  mais de plus cette intervention apparaît agencée avec finesse. La rencontre avec Amanda Tapping produit les étincelles anticipées et, grâce à de divertissantes private jokes, ne déçoit pas.

Cependant Penance évite habilement de trop exploiter ce filon, ce qui deviendrait vite artificiel. Le virage narratif associant Kate à Jimmy (excellemment interprété par Shanks) apparaît ainsi judicieux, d’autant qu’il autorise un intéressant portrait psychologique. Agam Darshi défend également éloquemment son personnage : Kate a décidément pris ses quartiers dans la série et parvient à faire oublier la nature récente de son arrivée. On découvre ici son douloureux passé, ce qui lui apporte une profondeur supplémentaire vis-à-vis de son répertoire ironique coutumier. Elle demeure décidément l’excellente surprise de cette saison 2. On pourrait craindre que cette belle rencontre ne finisse par tourner au mélo, mais le redoutable twist du scénario, aussi surprenant soit-il, pare à cette difficulté de manière fort concluante.

Ce segment s’impose comme le moment fort de l’épisode, tant le surplus demeure en deçà, principalement du fait d’un scénario totalement stéréotypé. Cette figure de la prise d’otage pour forcer à restituer un butin, on a vu cela cent fois ailleurs, tandis que  les scénaristes ne reculent vraiment devant aucun cliché. L’on ressent trop clairement que toute cette trame ne constitue qu’un support permettant la rencontre entre Kate et Jimmy.

L’épisode limite cependant les dégâts grâce à l’efficacité de la mise en scène et surtout à l’excellent duo antinomique de méchants. Le froid intellect de son second, issu de la Cabale, met idéalement en valeur le caractère extraverti et ultra violent du Duke. Dans son costume tapageur, celui-ci fait irrésistiblement penser au Nitti des Incorruptibles, unissant de manière particulièrement divertissante la tradition des gangsters au Fantastique. Ses pouvoirs (et sa folie sanguinaire) nous valent de jolis effets spéciaux, ainsi que des passages assez croquignolets. L’imposant Aleks Paunovic, habitué des séries fantastiques (il incarna notamment un Jaffa), délivre une prestation des plus convaincantes.  

Malgré une intrigue trop passe-partout, la visite  de Michael Shanks au Sanctuaire reste en définitive une réussite, de quoi bien entendu raviver le désir d’enfin découvrir Richard Dean Anderson rejoindre le navire.

Retour à l'index


10. VAMPIRES
(SLEEPERS)


L’épisode de vampires reste un passage obligé pour bon nombre de séries fantastiques.  Un sujet aussi balisé s’avère cependant souvent risqué, entre les écueils de la redite et ceux de l’innovation peu concluante, sans parler de la navrante mode sirupeuse actuelle (vous savez, les vampires sympas qui scintillent et consorts). Même The X-Files s’y est à peu près cassé les dents, avec le médiocre Trois. Et pourtant Sanctuary relève le gant avec réussite, en jouant pleinement la carte d’un humour noir des plus jouissifs.

Cette idée d’un statut dormant de vampire comme remède anti addiction, mais activé par le trépas, paraît originale, folle et pétillante de cruelle ironie : on adore. Elle se voit de plus parfaitement exploitée par ces jeunes initialement dépassés et explorant leur nature à travers les clichés les plus éculés (et létaux) de la pop culture.

Une excellente idée pouvant servir de base à une série B rigolote comme on aime, et qui aurait mérité d’être ici davantage exploitée. Le seul bémol, hélas récurrent dans Sanctuary, consiste en la médiocre interprétation des invités du jour. Les jeunes acteurs s’avèrent bien fades et sans génie, jusqu’à priver l’épisode d’une partie de son impact.

Mais la véritable vedette de Sleepers demeure le fabuleux Nikola Tesla (trop longtemps absent), sans doute le meilleur personnage secondaire de la série et l’emblème de tout ce qu’ont pu apporter de positif les Cinq à celle-ci. Tesla, vampire with style,  mégalo extraverti et amateur de bons vins, est un peu le Spike de Sanctuary, le bad boy repenti développant une relation sensible avec l’héroïne mais dont la noirceur s’exprime par l’humour cynique (tout comme le Sanguinaire, il déguste régulièrement d’épisode en épisode, c’est très amusant). Ses chimères persistantes de domination mondiale, mais selon des plans aussi tordus que se voulant non violents, et sa jactance nous valent un festival permanent de bons mots, renouant plaisamment avec les fastueux vilains des Sixties.

Le récit lui laisse la vedette avec à-propos, quitte à laisser l’équipe de Magnus dans un relatif second plan. Jonathon Young se régale et plastronne à l’envie, ce qui ne l’empêche pas de conclure l’épisode avec une scène réellement émouvante, d’autant que le courant passe à merveille avec Amanda Tapping. On regrette presque que l’épisode se soit senti obligé de lui accorder un super pouvoir de substitution. Tesla, le Diabolical Mastermind sympathique, est irrésistible en lui-même et n’a aucun besoin d’une telle béquille pour nous divertir.

Retour à l'index


11. HANTÉ
(HAUNTED)


Le retour de Druitt fait pendant à celui-ci de Tesla. Si on apprécie que chacun des ultimes survivants des Cinq ait eu droit à son propre épisode, force est de constater que cette fois la réussite n’est pas au rendez-vous. L’intrigue accumule en effet les mauvais choix. L’un des principaux intérêts de Druitt provenait de sa dualité, oscillant sur le fil du rasoir entre le bien et le mal. Attribuer cela à sa possession par une entité maléfique réduit considérablement la portée psychologique du personnage et rend la série nettement moins mature. D’ailleurs sa personnalité complexe passe clairement au second plan, au profit d’un combat laborieux, bavard et interminable contre le diable jailli de la boîte.

L’adversaire divise les héros, ce qui conduit ceux-ci à expliquer continuellement les uns aux autres l’action en cours, une répétition vite pénible au possible. Cette impression de remplissage gratuit se voit accentuée par l’effet récurrent et vite lassant des empathiques pressentant la menace mais dont l’idiome étranger rend la compréhension impossible par l’équipe du Sanctuaire. Une fois, deux fois, trois fois etc.

 Le pire réside cependant dans les péripéties elles-mêmes, relevant du cliché absolu, comme la sempiternelle expédition dans les gaines d’aération ou les figures éculées autour de l’ascenseur. L’impression de déjà-vu se ressent d’autant plus fortement que, dans une situation similaire (une IA se substituant au démon) les X-Files nous avaient déjà narré tout cela dans Ghost in the Machine en... 1993.

Fort heureusement, Christopher Heyerdahl, en constant progrès depuis la première saison, sauve Haunted du fiasco complet par son talent. Il nous offre des duos relevés, émouvants avec Amanda Tapping et, en tant que Bigfoot et sur le registre de l’humour, avec la toujours piquante Agam Darshi.

Reste que la comparaison frontale avec Sleepers s’avère désastreuse et achève d’ensevelir cet opus réellement décevant  et soporifique.

Retour à l'index


12/13. LE CULTE DE KALI
(KALI)


Pour le final de saison, Sanctuary parvient à susciter l’évènement que l’on attendait, avec cet arc narratif absolument passionnant et appelé à se conclure ultérieurement. Si les récits précédents ont su, le plus souvent,  allier rapidité et efficacité, on apprécie vivement que la série prenne ici le temps de nous narrer une histoire plus complexe qu’à l’ordinaire, en soignant les détails et les seconds rôles.

Dans un premier temps l’accumulation de spectaculaires catastrophes à travers la planète nous fait bien ressentir la dimension mondiale du réseau des Sanctuaires, avant que le récit se centre sur l’Inde, dont la reconstitution réussie de l’atmosphère (même si non dépourvue de clichés) apporte un cachet bien agréable à Kali (notamment grâce à Agam Darshi). Les péripéties se succèdent harmonieusement, permettant à chacun des personnages de s’exprimer pleinement.

Le scénario, art du dévoilement, se montre des plus réussis, car c’est peu à peu que l’ampleur de la conspiration se fait jour, gardant jusqu’au bout sa part d’ombre. L’effet se montre éloquent, on éprouve réellement le sentiment de regarder un épisode à part. D’autant que l’histoire apparaît également comme une somme de la saison qui s’achève, avec l’entrée en scène de Big Bertha et de ces chasseurs de reliques et de créatures que la disparition de la Cabale semble avoir libérés.

Les artistes de la série se surpassent également, avec des créations virtuelles particulièrement esthétiques, comme la danse de Will (très Bollywood), le temple de Kali ou encore tout le pan maritime de l’aventure. Le cliffhanger conclusif de rigueur se montre par ailleurs  redoutable et spectaculaire.

Mais c’est grâce à ses guests que Kali parvient encore à se sublimer. Les transfuges de l’équipe de Stargate constituent évidemment toujours des recrues particulièrement bienvenues et l’épisode frappe fort avec Paul McGillion, qui incarna Ernest Littlefield dans SG1 et surtout Carson Beckett dans SGA. Il donne une délectable et visqueuse onctuosité à son personnage de félon arriviste, tout en permettant d’ajouter un aspect de rivalités internes des plus appréciables à l’épopée du Sanctuaire. Kali aura décidément su exploiter tous les aspects de l’univers de la série.

Cependant l’on avouera un  coup de cœur particulier pour la fabuleuse prestation de Callum Blue. Ce comédien, étonnamment polyvalent et hors normes par son talent, apporte toujours un authentique supplément d’âme aux séries particulièrement diverses auxquelles il participe. Son parcours, de l’inouï Dead Like Me à Smallville, en passant par Secret Diary of a Call Girl ou encore Les Tudor, s’avère l’un des plus enthousiasmants à suivre parmi les productions actuelles.

Une nouvelle fois, il accomplit ici une véritable performance : par sa flamme empreinte de pure folie et son nihilisme dissimulés par une apparence souriante et une brillante intelligence organisationnelle, il campe le meilleur méchant non récurrent de la série que l’on ait vu jusqu’ici. On n’a pas souvenir qu’Hélène Magnus ait jamais été confrontée à un adversaire aussi redoutable ! Forsythe demeure l’élément achevant de positionner l’arc de Kali en sommet de la saison. Il se situe bien au-dessus de la falote Cabale et Callum Blue vient ainsi combler la principale lacune de Sanctuary.

C’est d’ailleurs sur une vive satisfaction que nous quittons cette saison 2. La période antérieure nous avait laissé sur un sentiment pour le moins mitigé, mais Sanctuary est parvenue à opérer un redressement de trajectoire des plus nets. Scénarios bien davantage performants, interprétation globalement en hausse (même si demeurant perfectible), introduction de méchants le plus souvent réussis, passage de témoin couronné de succès entre Ashley le Boulet et l’irrésistible Kate... Toutes les insuffisances précédemment répertoriées ont été corrigées avec pertinence.

La toujours formidable Amanda Tapping, incomparable locomotive de la série, paraît en passe de réussir son pari et de parvenir à faire figurer son Sanctuary parmi les séries fantastiques contemporaines les plus relevées. Espérons que la saison 3 soit celle de la confirmation, d’autant que l’on attend déjà avec impatience la confrontation finale entre Magnus et le diabolique Forsythe.

Retour à l'index

Crédits photo : Syfy Universal.