Buffy Contre les Vampires (1997-2003) Saison 3 2. Le Masque de Cordolfo (Dead Man's Party) 3. La Nouvelle Petite Sœur (Faith, Hope & Trick) 4. Les Belles et les Bêtes (Beauty and the Beasts) 5. Le Bal de fin d'année (Homecoming) 6. Effet chocolat (Band Candy) 8. Amours contrariés (Lover's Walk) 9. Meilleurs Vœux de Cordelia (The Wish) 13. Le Zéro pointé (The Zeppo) 15. Au-dessus des lois (Consequences) 16. Les Deux Visages (Doppelgangland) 18. Voix intérieures (Earshot) 19. La Boîte de Gavrock (Choices) Scénario : Joss Whedon Réalisation : Joss Whedon Traumatisée par le prix très lourd qu'elle a dû payer pour empêcher l'apocalypse (cf. Épisode “Acathla”), Buffy abandonne sa quête de Slayer, s’exile à Los Angeles, prend un job de serveuse, et commence une vie « normale » et morne. Elle rencontre un jour Lily (Chanterelle dans l’épisode “Mensonge”) qui lui demande de retrouver son petit ami. Buffy ne peut résister à l’appel du devoir et enquête. Elle retrouve son cadavre… qui est celui d’un vieillard de 80 ans !!... La critique de Clément Diaz - What's the plan ? Après le cataclysme de Becoming, Whedon opte pour Anne un tempo lent et méditatif. Un choix courageux et logique qui permet d'épouser les tourments de Buffy, qui fuit un combat trop douloureux, pour mener une "normal life", aussi vide soit-elle. Les scènes de Sunnydale nagent quand même dans l’humour, indispensable pour parer à la tristesse de l'intrigue principale. Le Scooby foire avec un entrain épique leurs chasses au vampire - mention à Willow la vanneuse et Queen C l’appât pas du tout volontaire. Sans oublier les sempiternelles disputes Cordélia-Xander, on ne s’en lasse pas. Chacun tient vraiment à l'autre, comme dans la scène du lycée où chacun demande à Willow s'il est assez beau/belle pour l'autre - bien qu’ils préféreraient s’arracher la langue plutôt que de l’avouer à l’autre. L’abnégation de Giles à retrouver Buffy ressemble beaucoup à l'inquiétude d'un père envers sa fille. Le talent d’Anthony Head donne l’émotion nécessaire. Il y'a une séquence dure mais remarquable où Joyce toujours en pleine incompréhension, blâme Giles dont elle jalouse la relation plus complice qu'il a avec elle. Sarah Michelle Gellar nous sert un grand numéro d'héroïne en rupture de ban. Elle, d’habitude si rayonnante, comme elle semble apathique ! Solitude nocturne, songes d'amour perdus - chimérique scène de la plage - clients vulgaires... Mais comme dit un certain proverbe, on rencontre parfois son destin sur la route qu'on a pris pour l'éviter. Et c'est ce qui arrive avec le retour de Lily. Buffy ne peut résister à ses instincts de Slayer qui se réveillent : enquête, effraction, vannes... Cette histoire d'enfer souterrain - une métaphore de l’oubli - au temps distinct du nôtre a un grand mérite : celui d'ironiser sur la volonté de la Slayer d'être oubliée, de ne plus être "quelqu'un" : là voilà comblée au-delà de ses espérances ! Une pointe sardonique qui rappelle ces voeux de Génie qui se retournent contre ceux qui les invoquent (épisodes de La Quatrième Dimension ou le Je Souhaite des X-Files). Il faudra une bagarre mémorable et une affirmation claire et nette de son identité pour que Buffy sorte de son impasse. Sous-texte : on peut s'échapper de notre propre enfer par la seule force de notre volonté. Une morale optimiste, pour un début original mais maîtrisé. La critique d'Estuaire44 Premier épisode en forme de prologue, tout comme lors de la saison précédente, mais avec davantage de réussite et en évitant un retour en arrière improductif. La saison 3 (ma préférée) débute sous d'excellentes auspices avec une étude de caractère toute en subtilité et une grande Sarh-Michelle Gellar, décidément à l'aise sur différents registres. En perspective, elle montr Buffy dans une dérive pas totalement différente de celle connue plus tard par Faith et trouve en elle la force de s'en sortir, tandis que la Rogue Slayer... Décidément une belle ouverture. L'aspect spectaculaire n'est pas négligé, de même que les seconds rôles . Outre l'humour et la nécessité pratique de la lutte héroïque mené par le gang, mais forcément malhabile sans la patronne, on aime son aspect d'acte de foi. Tant que son combat perdurera, Buffy sera parmi eux, en attendant son retour. Tous les personnages et leurs interprètes sont au top : la saison est déjà en ordre de marche, c'est une bonne nouvelle. Anne annonce aussi Angel, pour l'environnement d'un L.A. crépusculaire et sinistre (on est loin du Venice d'Hank Moody ou du West Hollywood de Bette et Tina !), sa tonalité sombre et pour son contenu social parfois étonnamment critique pour une série grand public. Malgré les dénégations d'un Whedon sous pression, la question demeure de savoir si Buffy s'est bien battue armée d'une faucille et d'un marteau contre l'oppression capitaliste. On y retrouvera la douce Chanterelle/Lilly, qui finira par trouver sa voie sous le regard protecteur d'Angel. Un épisode original et ambitieux, laissant augurer le meilleur pour la suite.
2. LE MASQUE DE CORDOLFO Scénario : Marti Noxon Réalisation : James Whitmore Jr. Buffy revient à Sunnydale, mais l’accueil qui lui est fait est glacial : ses amis et sa mère n’ont pas supporté son abandon, et ne semblent pas disposés à lui pardonner. Une fête est tout de même organisée chez les Summers pour célébrer son retour. Joyce a fait l’acquisition d’un masque d’une divinité africaine et l’accroche dans sa maison. Mais elle ignore que ce masque a le pouvoir de réveiller les morts… La critique de Clément Diaz It looks dead. It smells dead. Yet it's movin' around. That's... interesting. La brillante Marti Noxon nous surprend. Attendions-nous des retrouvailles chaleureuses entre l'enfant prodigue et ses proches ? (Perso oui, shame on me) Paf, la scénariste appuie là où ça fait mal, avec Buffy contre un monstre plus horrible que tous les Dru et Angelus réunis : le désamour de ses proches. La bonne humeur de façade des premières minutes rouille rapidement quand tout le monde se met à faire à Buffy des salutations glaciales - l'humour foireux légendaire de Xander devient pour une fois source de malaise - Mais c’est finalement logique, on avait fini par oublier combien ses amis s'étaient sentis trahis par son abandon. Le Scooby-Gang n'est pas qu'un simple groupe d'alliés, mais un groupe d'hommes et de femmes faits de sentiments. L'ignorance superbe de Willow, le cynisme de Xander-Cordy, et la gêne de Joyce forment un étau glacé qui enserre la Tueuse jusqu'à la faire crier de douleur. La "méchanceté" des personnages est à la hauteur de leurs souffrances d'avoir vu leur leader et amie (ou fille) s'en aller. Ce sentiment s'accroît tout le long du récit, et se résout lors de la nouba tapageuse qui vire au grand déballage : dialogues tranchants et secs, émotions violentes, performances à contre-emploi maîtrisées. Ces scènes où le Scooby semble se désintégrer seront toujours remarquablement écrites (Facteur Yoko en saison 4, La Fronde en saison 7). On retrouve ici le thème grave des fugues adolescentes. Malheureusement, l'intrigue fantastique ne casse pas trois pattes à un canard. Bon, on apprécie l'originalité qui fait que c'est Joyce qui amène la catastrophe ; mais bon, des zombies qui cassent la gueule à tout le monde, c'est un peu court. Que Giles parvienne à persuader Snyder en une minute est un raccourci précipité. L'épisode souffre également de sa lenteur. Pour un peu, on aurait préféré pas d'intrigue fantastique du tout, le relationnel suffisait. Allez, on a une bonne bataille. Et puis quelques rires comme le "nighthawk", Snyder en exalté, ou le concours d'injures entre Buffy et Will. Un bon épisode, qui vaut surtout pour la crise interne des personnages. La critique d'Estuaire44 - Cordelia, it's me! It's me! Une reprise réussie à la Buffy de La nuits des morts vivants, parfaitement minutée (mais aussi du Simetierre de King, avec le chat). Joli coup des excellents maquilleurs de la série, avec le look passablement halluciné du masque sur la voisine déjà antipathique. De l’action, de l’humour, mais aussi une scène d’explications tranchante entre la Tueuse et les siens, appelant astucieusement le spectateur à choisir son camp. On opte plutôt pour Buffy, mais avec nuances, tout comme l’épisode, qui évite judicieusement de trop prendre parti. Oui, les circonstances expliquent son attitude, mais il est également vrai qu’elle a abandonné ses amis. Grand épisode de Giles, avec son moment d'émotion dans sa cuisine, son odyssée face aux zombies et l’instant « Ripper » face à Snyder. Antthony Head est toujours parfait. Ce sera plus compliqué face au Maire... La saison 3 se montre déjà particulièrement relevée, avant même l'entrée en scène de ses deux Big Bads. L’opus prend astucieusement le contrepoint du précédent, après une immersion dans le monde réel, on s’immerge pleinement dans le Fantastique : nous sommes bien revenus à Sunnydale.
3. LA NOUVELLE PETITE SŒUR Scénario : David Greenwalt Réalisation : James A. Contner Révolution à Sunnydale : la mort de Kendra a déclenché l’appel d’une nouvelle Slayer : Faith Lehane. Signes particuliers : hypersexuelle, adore la violence, totalement dingue, névrosée, d’un enthousiasme permanent et excessif. Sa venue dynamite le petit monde de Buffy. Un très ancien vampire, Kakistos, accompagné de son serviteur Mr.Trick, arrivent à leur tour : ils ont tué l’Observateur de Faith et veulent la tuer à son tour. Buffy revient au lycée de Sunnydale, et commence à sortir avec un camarade de classe, Scott Hope… La critique de Clément Diaz - So let me get this straight, I'm really back in school because the school board overruled you. Wow. That's like having your whole ability to do this job called into question, when you think about it. Faith, Hope, and Trick (un titre génial !) joue le rôle de School Hard en démarrant véritablement cette saison. Son intérêt est évidemment la rentrée subtile et tout en discrétion de l'explosive Faith (le meilleur personnage de la série avec Spike), campée par une Eliza Dushku shootée à l'ecsta, et à la sensualité désarmante. D'ailleurs, mis à part le cas particulier Willow, les filles se la jouent bombasse : Buffy en robe de soirée, tenues aguicheuses de Faith, sans parler de la robe rouge de Cordy... David Greenwalt choisit l'humour pour cet épisode, cela sied bien au choc des cultures avec Buffy, qui renouvelle sans copier l'affaire Kendra. En effet, Faith est bien plus extravertie et sociale que sa prédécesseure, rendant ses scènes avec Buffy toutes plus drôles les unes que les autres : premier contact gratiné, Faith qui boxe 77 fois de suite le même vampire entre deux pluies de vannes, Faith qui trouve Giles beau gosse, Faith vantant les vertus aphrodisiaques du "slayage" (tête de Buffy à pouffer de rire), Faith faisant la conquête de tout l'entourage de Buffy, y compris Hope, son nouveau petit ami (pas très contente la Buff). Quelques dialogues absurdes pimentent le tout (You never told me you died/It was just for a few minutes, mom). Faith dynamite tout Sunnydale, et on en redemande. Mais déjà apparaissent les premiers signes de sa folie psychotique, comme une petite ombre qui nous avertit qu’il faudra la garder à l’œil… Si Hope est bien fade, On lève le pouce pour Mr.Trick, qui entre deux répliques plus ou moins décalées, mord tout ce qui bouge, ou abandonne avec décontraction son vénéré maître. K.Todd Freeman est très bon. Satisfecit pour l'introduction avec une Alyson Hannigan incapable de s'arrêter sur le terrain des répliques hilarantes, sous le regard amusé du toujours sympathique Oz (Seth, on t'adore, vraiment). Bon, mais voilà, avec trois personnages à présenter, le scénariste n'a pas le temps de développer une intrigue. En fait, les scènes s'enchaînent sans direction claire, sans fil rouge. On arrive à la fin de l'histoire sans passer par la case début et milieu. Le combat final est vite expédié, avec Faith en mode paralysée, mode peu compatible avec sa personnalité. La diversion sur Acathla est au final un pétard mouillé. Voir Buffy enfin tirer un trait sur Angel est émouvant, mais vire à l'ironie noire quand arrive le rebondissement final. WTF ? L'héroïne n'en a pas fini avec ses sentiments… La critique d'Estuaire44 Faith (et Eliza Dushku) crèvent l’écran immédiatement, pour l’un des plus grands coups de cœur de la série. On découve également de Mister Trick, qui va devenir un comparse hilarant et classieux du Maire. Et puis, bien entendu, se déroule grand retour d’Angel, jamais vraiment expliqué avec certitude, mais qu’importe. C’est aussi un joli placement de produit supplémentaire pour le Claddagh ring, dont la version Buffy se vendit comme des petits pains. Un épisode très riche pour ce grand lever de rideau de la saison. Rien ne manque, même pas une riche bande son. Que la série dérivée sur le fabuleux personnage de Faith n’a jamais pu voir le jour demeure décevant, même si ce fut le choix de Dushku. Bon, Hope est oublié depuis longtemps. Il est exact que le récit demeure trop elliptique quant au passé de Faith et de son combat malheureux sur Kakistos, lui aussi trop brièvement décrit. L’excellent roman Moi, F, 17 ans, Tueuse de Vampires (éditions Milady), le journal intime de Faith jusqu’à son départ pour Sunnydale, remplit les cases blanches avec beaucoup de finesse et d’à-propos. Un ajout précieux pour l’épisode mais aussi pour l’ensemble de la saison, permettant de mieux appréhender le puzzle déstructuré qu’est l’esprit de la douce jeune fille.
4. LES BELLES ET LES BÊTES Scénario : Marti Noxon Réalisation : James Whitmore Jr. Un étudiant est retrouvé assassiné alors que la lune est presque pleine. Qui l’a tué ? Oz qui s’est peut-être échappé sous forme de loup garou de sa cellule pendant que Xander qui devait le surveiller dormait ? Angel, totalement fou et incontrôlable que Buffy ne peut qu’occasionnellement surveiller ? Ou bien Pete, un étudiant au comportement imprévisible et violent ?… La critique de Clément Diaz - I didn't ask for your help ! Un épisode qui joue une carte jusqu'ici peu usitée par la série, le whodunit : quiquicé qui a commis les meurtres ? Trois suspects en présence, sur lesquels Marti Noxon s'appuie totalement, négligeant quelque peu son scénario qui s'éparpille aux quatre vents : réapparition d'Angel, meurtres d'étudiants, Oz traversant ses trois jours critiques, Buffy en conflit avec elle-même... C'est un peu trop. Cela dit, la scénariste compense en exposant avec brio les personnages du jour. En premier lieu, Pete est victime de son peu de confiance en lui, d'où sa volonté de se transformer en "bad guy" pour séduire. Le twist le voyant révéler sa vraie nature est bien trouvé. On y trouve la frustration masculine à ne pas comprendre les femmes, la "potion-qui-rend-macho" est plus un acte désespéré que méchant. On y retrouve cette amertume que l'on ressent quand on pense qu'on "ne mérite pas" quelqu'un. Un thème plus évident que celui des femmes battues souvent accolé à l'épisode. La frustration de Pete peut d'ailleurs se rapprocher de celle de Xander qui se vengeait sur Buffy dans Les Hyènes en saison 1. Debbie, tiraillée entre la violence et l'amour paroxystique de son petit ami, est également un McGuffin intéressant. L’énergique bagarre Buffy-Angel prélude à leurs retrouvailles pour le moment assez "spéciales". David Boreanaz en dément mutique imprime la rétine, ça permet à Sarah Michelle Gellar de nous rappeler combien elle est géniale dans les scènes d'émotion. Faith a peu à défendre, mais l'entendre écouter du hard métal tout en lançant un coup de poing à Buff, ou énoncer son credo "all men are beasts" est toujours aussi comique. Oz, campé par le toujours flegmatique Seth Green, amateur d'humour ironique dans les situations les plus noires, est un gros gros coup de cœur. La volonté du jeune homme de ne pas blesser son aimée, qui elle-même met un point d'honneur à le veiller tendrement pendant ses nuits de lycanthrope, est touchante. Le courant passe vraiment bien avec Alyson Hannigan. Hope est une alternative à Angel par sa douceur, sa fragilité. Il est aussi un alter ego de Pete : il veut péter plus haut que son cul, mais à sa différence, demeure confiant et... sain d'esprit. Fab Filippo s’en sort bien. Un très bon épisode. La critique d'Estuaire44 Episode très fort sur le sujet toujours tristement d'actualité des femmes battues, mêlant habilement les scènes très dures et les nettement plus divertissantes. Plus globalement, le récit est très féministe, voire misandre. Alors que Faith prend se quartiers dans le Buffyverse, la scène la voyant critiquer auprès de Buffy le comportement prédateur des mâles fait partie des éléments donnant naissance à tout un courant de fanfics à l'ambiance quelque part entre The L Word et Xéna la Guerrière. Les scènes de combat sont également très réussies, particulièrement féroces. Très belles références à l’Appel de la Forêt, concernant Oz mais aussi Angel, personnage toujours torturé. Sublime roman, parfaitement bien choisi ici. Il se confirme que si la Slayer subit un un interdit concernant le meurtre d'humain (même pervers et psycho), cela ne pose pas trop de souci au repentant et pénitent Angel (la rédemption, tout ça). On trouve vite les limites de sa pitié, cela se confirmera dans sa série. Oz et Willsont toujours adorables. Bon, c'est un peu ballot d'avoir une fenêtre permettant de sortir de la cage, un mauvais point pour Giles.
5. LE BAL DE FIN D'ANNÉE Scénario : David Greenwalt Réalisation : David Greenwalt Buffy et Cordélia concourent toutes deux pour le titre de « Homecoming Queen » (un concours de filles qui a lieu chaque début d’année scolaire dans les établissements américains). Après une mémorable campagne, les deux rivales se rendent en voiture au Bronze pour la soirée du couronnement… mais elles tombent dans un piège : Mr.Trick a organisé le "SlayerFest98", un « jeu » où humains, démons, et monstres traquent les deux Slayers (Cordélia a été prise pour Faith) dans un labyrinthe dans le but de les tuer. A la fin de l’épisode, Mr.Trick fait la connaissance de Richard Wilkins III, le maléfique maire de Sunnydale… La critique de Clément Diaz - Okay, let's not say something we'll regret later, okay ? David Greenwalt nous refait le coup de School hard, avec autant de succès : entrée en scène d'un méchant et double intrigue croisée. En prime, un humour loufoque qui tire à la mitraillette. Buffy ayant été au départ une Cordélia (cf. le film de 1992), il est intéressant de confronter les deux demoiselles au cours d'un duel aussi hilarant qu'incisif. Sarah Michelle Gellar a l'occasion d'étendre sa palette, tandis que Charisma Carpenter, trop rare depuis le début de la saison, se déchaîne comme jamais. Leur bataille de vannesquituent emporte tout sur son passage, y compris le Scooby : la déclaration de guerre, le QG de campagne, l'échange d'injures, les coups bas... Dans un autre registre, la scène énorme des vêtements aphrodisiaques entre Willow et Xander (Yeeeeees !!!!), est aussi drôle que grinçante : drôle parce que les acteurs en font des tonnes, grinçant parce qu'ils font l'expérience de la tentation adultérine. La série a bien maîtrisé le concept dramedy. Pour le moment, Faith fait assez doublon avec Cordélia, on sent que les auteurs lui cherchent encore une voie à elle. En attendant, on salive en voyant les deux Slayers en tenue seyante. Eliza Dushku a toujours la pêche. La rupture avec le transparent Hope était prévisible, mais ironiquement, Buffy a le mauvais rôle alors que c'est lui qui rompt. Entrée du Maire, plutôt discrète, mais son obsession de la propreté, retranscrite avec un soupçon de folie douce par Harry Groener, est plein de promesses. Grandiose idée que ce "SlayerFest98". Une galerie de dégénérés pur jus mené par un Mr.Trick en pleine délectation traque sans merci nos deux poupées (Oh my God, the robes !!!). Vu la présence de Cordélia, Greenwalt maintient l'humour, pour notre plus grande joie. Cordy, Cordy, on t'adore, toujours à des kilomètres de la réalité, ne penser qu'au concours quand tu peux te faire tuer à chaque instant... les gags pleuvent comme le lance-roquettes, le saut raté par la fenêtre, les flingues qui partent tout seuls, et surtout le clou ultime : Cordélia matant à elle toute seule le redneck par une tirade de dure à cuire !! C'est tellement improbable que le fou rire est garanti. Même Buffy se lâche, participant à cette euphorie. Le twist final, méchamment drôle, renvoie le duo féminin à leurs chères études. Un épisode tonique et imaginatif. La critique d'Estuaire44
Le bal de fin d’année demeure un moment fort de la saison, pour la confrontation très réussie entre Cordy et Buffy. Cela nous vaut un rappel de la Buffy toute première version, avant la découverte de son destin, tandis que parallèlement Queen C évolue et en définitive fait face au vampire, commençant à devenir celle d’Angel Investigations (un des intérêts de la saison 3 sera de suivre en arrière plan comment Angel la série se met progressivement en place). Cordy se montre toujours aussi amusante, ici avec sa spatule ! On aime beaucoup le gros délire autour de la compétition des Miss (l’un des moments les plus drôles de la série, ce qui n’est pas peu dire) mais aussi du Slayerfest. La bande d’affreux réunie par l’hilarant Trick est vraiment gratinée, avec de nouveau le Cow Boy (Whedon assume ses choix même les plus controversés). On est enfin débarrassé de Scott tandis qu’effectivement que tandem Xander/Willow confirme qu’il a encore du potentiel. Et puis... Le Maire arrive et se révèle déjà génial, donc c’est plein de bonheur dont nous régale cet opus. Harry Groener a tout compris de son personnage. Un grand moment de comédie échevelé, on sent que la série sait parfaitement jouer de ses différents registres. Sans doute l’épiosde parfait pour la faire découvrir à de nouveaux spectateurs.
Scénario : Jane Espenson Réalisation : Michael Lange Le principal Snyder ordonne aux lycéens d’assurer une vente de chocolats dans toute la ville, au bénéfice de la fanfare du lycée. Mais Ethan Rayne et Mr.Trick ont trafiqué les chocolats : chaque adulte qui en mange redevient psychologiquement l’adolescent qu’il a été. Tous les adultes de Sunnydale ayant mangé des chocolats, la ville est bientôt en plein chaos. Buffy et ses amis doivent retrouver Ethan, tout en découvrant le véritable but caché du Maire derrière l’événement… La critique de Clément Diaz Giles at sixteen ? Less Together Guy, more Bad-Magic-Hates-The-World-Ticking-Time-Bomb Guy. L'épisode marque l’arrivée remarquée de Jane Espenson, la scénariste la plus appréciée des fans de la série (avec Whedon of course). Si elle écrira à l’occasion - et avec talent - des épisodes dramatiques, Espenson est surtout renommée pour sa force comique, et produira massivement des épisodes à l’humour ravageur et pétaradant, parfois totalement décalés (Superstar, Sous influence). Band Candy repose sur une intéressante idée : ironiser sur la volonté des adolescents d’avoir des parents plus proches d’eux, plus « cools ». Jane Espenson en tire un épisode hilarant, carburant à l’ironie ricanante. A ce titre, le trio d’adultes Giles-Joyce-Snyder s’éclate àdonf en volant le show à nos héros. Armin Shimerman va très loin dans le pathétique ridicule : veule, parasite, drague naze auprès de Joyce… il ne recule devant rien ! Mais c’est dans l’encanaillement de Joyce et Giles en mode Ripper qu’on trouve la source des fous rires en rafale qui agitent l’épisode. A la clé des scènes véritablement cultes comme le vol du manteau, ou celle des menottes (I don’t want to know !), voire celle du capot de voiture, ce qui prouve que la scénariste a beau débuter dans la série, elle n’a pas peur de "nitroglycériner" déjà les personnages. Kristine Sutherland est géniale, mais Anthony Head en révolté de la société nous offre un spectacle prodigieusement délirant. Les scènes dans le Bronze sont une véritable satire du « jeunisme » à tout prix qui entraîne bien des adultes dans le pathétique. On ne boude pas son plaisir de retrouver Ethan, et encore moins la montée de la tension sexuelle entre Xander et Willow. Toutefois, Espenson tombe dans un travers souvent de mise avec ce genre d’histoires : ne pas broder de trame consistante. C’est davantage une suite de sketches qu’une vraie histoire. Le démon Lucronis, Mr.Trick, le tribut… tout ça n’est que McGuffin. Pas non plus de crescendo dramatique et/ou burlesque (genre Bewitched, bothered, and bewildered). Le final, même au lance-flammes, tranche trop avec l’esprit de l’épisode. On le quitte toutefois avec un petit rire au coin des lèvres. La critique d'Estuaire44 La présence du Maire et d’Ethan devait fatalement produire un pur épisode d’anthologie. Axiome de base, même si le seul regret laissé par l’épisode demeure l’absence de scènes commune entre nos deux sorciers bien aimés. On se régale d’un humour délirant mais aussi audacieux, le scénario n’hésitant pas à aller au bout des conséquences de son postulat, y compris entre Giles et Joyce. Snyder est excellent lui aussi, il fait encore plus peur comme ça. L’arrivée du démon ophidien est bien plus réussie qu’avec les cultistes étudiants et le Maire se préoccupant de la voirie au moment où il va donner des bébés en sacrifice au monstre, c’est juste grandiose. Derrière son humour tonique et irrévérencieux, l’épisode évoque habilement le trouble adolescent consistant à désirer des parents ou des adultes plus proches d’eux mais déboussolés quand cela advient et qu’ils se retrouvent libres, sans cadres ou références. Grand épisode, vraiment, marquant aussi l’arrivée de la pétillante Jane Espenson, qui va peut-être devenir la meilleure auteure de la série, après Whedon. L’écouter évoquer son travail dans les suppléments des DVD s’avère vraiment enthousiasmant. On se situe encore au commencement mais il est déjà clair que le Maire et cette saison 3 vont vraiment nous régaler.
Scénario : Douglas Petrie Réalisation : James A. Contner Gwendolyn Post débarque à Sunnydale : cette anglaise exigeante et sévère a été nommée par le Conseil pour être la nouvelle Observatrice de Faith. Elle vient avec une mission pour les deux Slayers : empêcher un démon Lagos de s’emparer d’un artefact magique : le gant de Myneghon. Au cours des recherches, Xander tombe sur Angel, obligeant Buffy à s’expliquer sur son silence… La critique de Clément Diaz - What does he want from us, anyway? Whedon a décidément la main heureuse. Après Jane Espenson, voici les débuts de Douglas Petrie, personnellement mon scénariste favori de la série - avec le Boss. Petrie est le spécialiste des personnages, il les connaît sous toutes les coutures, et ses épisodes se distingueront souvent par des regards psychologiques toujours justes sur eux, sans oublier la farandole endiablée de ses dialogues. Il n’est pas anodin que "Doug" sera quasi systématiquement chargé d’écrire les épisodes les plus importants sur Spike et Faith, soit les personnages les plus complexes de la série. Par ailleurs, si les commentaires d’épisodes de la série dans les DVD peuvent être ternes, l’enthousiasme de l’auteur fait que ses commentaires à lui sont un plaisir sans égal. L’intrigue de Revelations n’est certes pas sans défauts mais est globalement solide. Le double jeu de la guest star du jour est évident dès sa première apparition. Mais on salue la mise en avant de Faith, d'autant que la trépidante Eliza Dushku creuse à cet occasion plus profondément son personnage. Faith cache sous sa sensualité exacerbée et sa bonne humeur un désert affectif. On sent tout le poids d'une solitude qu'elle n'assume pas. Là où Buffy s'enlisait dans une attitude éteinte (Anne), elle en fait des tonnes (on en reparlera dans le Cinq sur Cinq d'Angel), deux caractères différents. Malgré ses rebellions à l'autorité, elle éprouve le besoin d'avoir quelqu'un derrière elle (qu’elle trouvera plus tard, au grand malheur du Scooby). Jalouse de l'affection paternelle de Giles, elle l’est aussi de la vie sociale de Buffy, la sienne se résumant à des coups d’un soir. La dernière scène, s'attardant sur une Faith déprimée et seule, est saisissante. Gwen Post est jouée avec un entrain visible par Serena Scott Thomas (la jeune soeur de Kristin). Son portrait est bien fouillé, plus élaboré qu’un simple rôle de pain in the ass d'ailleurs non sans humour. L'aspect "amour impossible" de Buffy-Angel prend toute sa dimension : Où peut aller une relation si le charnel est tabou ? Les interprètes expriment bien la frustration des personnages (le long baiser passionné qui ne débouche sur rien). Mais c'est un nouveau gros déballage de linge sale qui est le pivot de l'épisode, lorsque Buffy doit expliquer avoir caché le retour de l'Angel. Chaque personnage réagit juste et intensément : jalousie égoïste de Xander, égocentrisme de Cordy, douceur de Willow, dignité blessée de Giles. Le final est un grand spectacle, avec un embrouillamini adroit du scénariste et une grosse bagarre entre les deux Slayers, cynégétique et captivante. Faith a la puissance, Buffy la technique : match nul. Tonnerre, éclairs, et folie mégalo de la méchante couronnent cet excellent épisode. Sinon, entre Will et Alex, ça commence à frétiller dangereusement. Leur baiser plein de fougue risque de les mener à une impasse, et cela dès l’épisode suivant. La critique d'Estuaire44 Un épisode particulièrement sombre et abouti que celui-ci. L'un des rares regrets que laisse cette saison est la trop faible présence de Faith durant la période Trick. Ici on se régale, avec la vitalité, voire la sauvagerie, qu'imprime la brune Eliza à son personnage, mais aussi sa fragilité émotionnelle. Au delà de ce déjà spectaculaire premier affrontement avec Buffy, le récit expose bien sa psyché à la dérive et son besoin désespéré d'avoir une boussole guidant sa vie. La rapidité avec laquelle elle se dévoue à la félonne est émouvante mais aussi potentiellement terrifiante, d'autant qu'avec le recul elle apparaît comme une annonciation du drame à venir. Par ailleurs, comme souvent chez Douglas Petrie, on trouve quelques scènes à double sens sur le ship Faith/Buffy, assez amusantes. L'épisode développe un nouveau drame passionnel au sein du Gang, les réactions de chacun sont parfaitement écrites et interprétées. Autant on appuyait à peu près Buffy dans la confrontation du Masque, autant là on donne totalement raison à Giles, d'une parfaite dignité. Décidément Xander et Angel ne seront jamais de grands copains, il est d'ailleurs le seul Sooby de l'époque à n'être jamais intervenu physiquement ou oralement dans Angel la série, on comprend pourquoi. La fin de saison se profile derechef, avec une prise de conscience de l'impasse dans laquelle sont enfermés Buffy et Angel. La série abuse une peu des artefacts miraculeux, parfois sujets de scénarios assez rabattus, mais la Main se montre spectaculaire, y compris dans l'impressionnant déferlement pyrotechnique final. Buffy se la joue Jack Bauer : aux grands maux les grands remèdes. Le grand atout de l'opus demeure néanmoins la si anglaise et machiavélique Gwendolyn Post (un nom déjà très 007,), un pur régal, dans ses dialogues fielleux comme dans sa dinguerie en roue libre. A travers elle le Conseil entre plus en avant dans la série (ce n'est pas fini), le Buffyverse n'a pas fini de se développer. Dans les séries US de tous genres, les Anglais résultent souvent fourbes, snobs et arrogants, ici on est assez servi en la matière. Serena Scott Thomas s’avère parfaite de bout en bout. Elle fait vraiment de la déjà piquante Gwen l'un de ces adversaires que l'on adore détester.
8. AMOURS CONTRARIÉES Scénario : Dan Vebber Réalisation : David Semel Spike revient à Sunnydale, bien déprimé : Drusilla l’a plaqué pour un démon. Il kidnappe Xander et Willow, et force cette dernière à exécuter un sortilège qui lui permettrait de regagner Drusilla. A la recherche d’ingrédients, Spike tombe sur Buffy et Angel, alors que Xander et Willow commettent une funeste erreur. Le Scooby-Gang ne sortira pas indemne du retour du vampire punk… La critique de Clément Diaz
You're not friends. You'll never be friends. You'll be in love till it kills you both. You'll fight, and you'll shag, and you'll hate each other till it makes you quiver, but you'll never be friends. Love isn't brains, children, it's blood... blood screaming inside you to work its will. I may be love's bitch, but at least I'm man enough to admit it. Nouveau tournant avec Lovers walk où comment un mélange d’hormones incontrôlables bousille un gang d’amis. En fait, j’ai à peine envie d’en parler, parce qu’il y’a… LE RETOUR DE SPIKE !!! Bon, d’accord, c’est seulement pour cet épisode, mais oh my god, que ça fait du bien de revoir James Marsters ! Justement, le Spike, il est pas joyeux, la méchante Dru l’a plaqué. Du coup, nous avons un Spike épuisé, dépouillé de sa virilité (sauf la violence, quand même), qui en veut au monde entier. Il déchoit au même niveau que Xander, en voulant que la sorcellerie remplace son incapacité à garder une femme. Ce qu’on admire dans le scénario de Dan Vebber, c’est qu’il respecte le caractère brillant et exalté de Spike. Le chagrin et le dégoût que ressent le personnage n’altèrent en rien sa flamboyance. Comme c’est la première fois qu’on le voit ainsi, ça donne des scènes vraiment décalées, qui regardent tout droit vers ses numéros burlesques des saisons suivantes : commander un sortilège de furoncles, manger des marshmallows, raconter ses malheurs à... Willow et Joyce (!!) Il y’a quelque chose de pathétiquement beau quand on voit qu’il n’a pas honte de ses sentiments. Il accepte d’être « faible » par amour, là où Buffy et Angel tentent de se leurrer en restant « good friends » ce qui leur vaut une explication de texte ébouriffante. Le final est douloureux mais magnifique, la sobriété des dialogues et des interprètes y compte pour beaucoup. Anti Saint-Valentin par excellence, cet épisode malmène fortement ses personnages. La tension sexuelle entre Willow et Xander grandit jusqu’à franchir la barrière de trop, à conséquences immédiates. Satisfecit de voir Cordélia cesser pour la première fois de s’illusionner. Elle aime Xander mais jusqu’ici en avait honte, se cachant derrière ses vannes et son ego. Mais là, elle cesse de jouer, et laisse couler les larmes. Inattendu et émouvant. Et Charisma Carpenter montre qu’elle sait jouer ce genre de scènes. Oz parvient à rester flegmatique (avec Tara, ça sera plus compliqué), mais son chagrin est indéniable. Trois ruptures, le bilan est lourd. Quel contraste avec Spike qui repart l’espoir au cœur, après une bonne bagarre (THAT was fun !). Un épisode poignant et « fun » à la fois, et un retour réussi du Spike et de James Marsters. La critique d'Estuaire44 On avait précédemment reproché à cette fabuleuse saison 3 le caractère intermittent des apparitions de Faith, jusqu’à ce qu’elle soit tombée dans le Côté Obscur de la Force. Mais, en toute logique, ici on trouve propice son absence, car permettant de donner tout l’espace nécessaire au retour fracassant de Spike. Faire réapparaître un personnage apprécié est souvent une bonne idée dans une série, ici la réussite est totale. L’épisode joue habilement de gags visuels (de nouveau la caisse de Spike qui défonce le panneau de bienvenue) mais aussi de dialogues hilarants ou passionnément romantiques (et parfois simultanément, un tour de force). Les dialogues constituent d ailleurs une véritable anthologie de citations de Spike. Le personnage débute (ou poursuit) son hallucinant parcours, de Big Bad à un irrésistible mix de méchant et de gag man. Et son parcours est encore loin d'être achevé. Avec ce retour gagnant, la romance avec Morticia, enfin Drusilla, se poursuit dans cet épisode particulièrement shipper : parallèle avec Buffy/Angel, crises chez Oz/Willow, game over pour Cordy/Alex… L'aspect de Spike est également finement travaillé, ses ongles noirs de sont assez logiques car correspondant parfaitement à sa personnalité de punk anglais : chevelure décolorée, fans des Sex Pistols (qu’il écoute en quittant la ville), buveur de bière… Rien ne manque ! A noter qu’Angel lit la Nausée de Sartre, c’est toujours l’enfer existentiel pour notre joyeux ami. L'épisode aura montré qui des deux vieux amis est le plus doué pour s’amuser. L’épisode demeure la seule apparition du dandy punk romantique cette saison, mais il effectuera son retour définitif dès la suivante. Tant mieux, il contribuera à ses meilleurs moments, pour une part non négligeable.
9. MEILLEURS VŒUX DE CORDELIA Scénario : Marti Noxon Réalisation : David Greenwalt Amère depuis sa rupture avec Xander, Cordélia a pris le Scooby-Gang en grippe. Elle ouvre son cœur à Anya Jenkins, une condisciple du lycée, et fait devant elle le souhait que Buffy - qu’elle accuse d’être l’origine de tous ses maux - ne soit jamais venue à Sunnydale. Gros problème, Anya est un démon dont la spécialité est d’exaucer les vœux de femmes trompées : Cordélia se retrouve donc projetée dans un Sunnydale alternatif, où tous les monstres de l’Enfer ont conquis la ville… La critique de Clément Diaz This is the part that's less fun. When there isn't any screaming. Période faste pour la série : après l’arrivée de Faith, le petit coucou de Spike, et l’entrée en scène de deux talentueux scénaristes, voici que le rideau s’ouvre sur la Reine du délire, l’impératrice de la comédie enlevée, la Maîtresse de Loufoqueland : j’ai nommé Anya Jenkins !! Toutefois, le personnage n’est encore qu’esquissé, et pour sa première apparition, Anya n’est qu’une figure démoniaque inquiétante, encore mineure. Il faudra attendre la fin de la saison 3, et surtout les 4 saisons suivantes, pour goûter aux numéros d’anthologie du personnage d’Emma Caulfield. Unanimement considéré comme un must de la série, The Wish n'est pourtant pas si convaincant. Le thème des univers parallèles est toujours excitant à explorer, donnant souvent d'excellentes mises en abyme, mais cette version de La vie est belle façon Buffy pêche par un cruel manque d'idées. Marti Noxon nous fait un coup à la Psychose en tuant Queen C dès le milieu de l'épisode, mais ça nous prive du regard de la seule personne à qui on pouvait s'identifier dans ce monde parallèle. Dès lors, le spectateur n'est plus sollicité. En fait, une fois l'effet de surprise passée, on se rend compte qu'il n'y a aucune histoire, remplacée par des raccourcis genre : Buffy arrive à Sunnydale en un rien de temps, on tue la Cordy sans qu'elle se soit tout à fait rendu compte de ce qui lui arrivait, la préparation du plan du Maître est squeezée, Giles trouve la solution en une seconde, on arrive tout de suite à la conclusion. La frayeur doit prendre du temps avant de s'installer. Ici tout va trop vite. Le final n'a aucun suspense vu que Giles n’a pas à s’inquiéter que tous nos héros meurent : tout rentrera dans l’ordre dès qu'il détruira le médaillon. La coda est en eau de boudin. C'est un épisode d'acteurs, le plaisir vient de les voir jouer une autre partition. Gros coup de coeur à Brendon et Hannigan en duo fatal aussi passionné que sadique - la scène où Will torture Angel est la meilleure de loin de l'épisode. Eliza Dushku, euh pardon Sarah Michelle Gellar est excellente en Faith... euh je veux dire en Buffy pas très "Buffyesque". Et quelle joie de retrouver Mark Metcalf, à qui l'on doit nos premiers frissons dans la série. Le Maître n'a rien perdu de sa mégalomanie réjouissante. Sur une idée analogue, le It's a wonderful job de Clair de Lune, était plus bouleversant et effrayant. Bonne nouvelle toutefois, l’excitante "Fowillow" (comme on dirait dans Fringe) fera son retour dans un des épisodes les plus défoncés de la saison (et de la série). La critique d'Estuaire44 Plusieurs bonnes idées viennent animer cet épisode. La découverte progressive de la situation par Cordy, donnant savamment une impression de fin du monde dans un Sunnydale past-apo. La mise en scène réalise un gros effort sur ce point.. A l'issue de cette phase, la mort de Queen C dramatise l'action car d'un seul coup on ne voit plus comment l'on va s'en sortir. Changement de ton majeur, ce ne sera pas Alice retraversant le Miroir, ce twist créet un vrai choc. Les acteurs s'en sortent bien dans des registres désormais différents, hormis Angel, toujours très Angel le sombre martyre. Amyssaon Alligan réussit un grande performance en vampire. On aime beaucoup que l'univers alternatif ne soit pas seulement une catastrophe pour la ville (où est le Maire ???) mais aussi pour Buffy, une excellente idée. En montrant par contraste comment sa mission transforme inexorablement une Slayer en machine à tuer déshumanisée, le récit rend en creux un superbe hommage aux Scoobies. Ils aident beaucoup Buffy en pratique, mais surtout ils lui permettent de rester elle même, de s'accrocher à le vie, en définitive de triompher. Ce sont bien eux qui déjouent la Prophétie, finalement davantage que la Tueuse elle même, cela nous est ici confirmé. Ce n'est pas si fréquent de voir une série partiellement désacraliser sa figure de proue. La machine produit son effet, un peu de Gore ne fait jamais de mal. L'épisode offre aussi une belle réhabilitation au Maître, après le semi-échec de sa sortie de scène et de la tentative de résurrection. L'action reste soutenue, on ne s'ennuie pas. Par contre l'épisode ne rend pas justice aupotentiel d'Anya, il faudra encore attendre pour cela. En tout une variation réussie et judicieusement adaptée au Buffyverse sur le thème bien connu "méfiez-vous de vos souhaits, ils pourraient être exaucés". L’épisode aura su comprendre que l’essentiel dans un What If ambitieux n’est pas tant la variation de l’univers, que ce qu’il révèle de la nature profonde des personnages.
10. LE SOLEIL DE NOËL Scénario : Joss Whedon Réalisation : Joss Whedon Oz pardonne à Willow son incartade avec Xander. Angel est tourmenté par une force démoniaque qui prend la forme de ses victimes pour le harceler et le pousser au suicide. Buffy tente de l’aider, mais cette force est indestructible. Il semble que seul un miracle empêchera la catastrophe… La critique de Clément Diaz - You think you can fight me ? I'm not a demon, little girl. I am something that you can't even conceive : The First Evil ! Beyond sin, beyond death. I am the thing the darkness fears. You'll never see me, but I am everywhere. Every being, every thought, every drop of hate... Effrayant mais in fine sublime épisode de Noël (le seul de la série), Amends est une belle œuvre de rédemption. Il doit beaucoup à la Force (“First Evil” en VO), le futur Big Bad de la saison 7, qui harcèle ses victimes grâce à une des plus grandes faiblesses des hommes : la part d'ombre en chacun de nous. On reste subjugués par la puissance émotionnelle qui se dégage de chaque scène d'harcèlement (contre-emploi étonnant de Robia LaMorte, à 100000 lieues de Jenny). Petit à petit, le poison s'infiltre chez Angel. Coup de maître : Whedon ajoute à la culpabilité le désir sexuel inassouvi. Ce n'est plus alors seulement contre Angelus qu'Angel doit lutter, mais aussi lui-même, contre sa passion physique interdite. La scène où il ne peut détacher ses yeux de Buffy, qu'il rêve de posséder une nouvelle fois, ne lâche pas une seconde. Le thème millénaire de la fascination du Mal sur les hommes est remarquablement développé. Angel a le désir caché de redevenir Angelus, son véritable soi. Boreanaz est parfait en tourmenté intégral. Et le tout culmine à ce final sur la colline, avec des dialogues surpuissants (It's not the demon in me that needs killing, Buffy. It's the man). Quand Buffy tente de persuader Angel de renoncer à son suicide, l'émotion tombe en cascades. Angel croit être courageux en se sacrifiant, mais Buffy le détrompe : il veut mourir parce qu'il est lâche (Mason dira la même chose à Jack Bauer dans la saison 2 de 24 heures chrono d'ailleurs). Le suspense est titanesque, il faut voir Buffy s'accrocher, abattre toutes ses cartes avec l'énergie du désespoir. Jusqu’au miracle final, un peu too much, mais c'est un épisode de Noël, alors tout est permis, y compris d'applaudir pendant le générique de fin. Oz, on l'adooooore. Il a une noblesse chevaleresque qui laisse rêveur. Son pardon à Willow est en soi magnifique (le contraste avec une Cordy retournée à la case départ se passe de commentaires). La scène où il repousse les avances aussi discrètes qu'un char d'assaut de sa belle, sentant bien qu'elle ne le lui propose pas pour de bonnes raisons,.. là, là, on s’incline, c'est du grand art. Seth Green est d'une justesse impressionnante : chaque mouvement de tête, chaque son de voix, est finement calculé. Will attire le regard quand elle sort le grand jeu (Barry White en arrière-fond, c'est la méthode John Cage, certifiée et éprouvée) ; comme toujours, Alyson est la plus douée de la distribution. Un merveilleux Christmas episode. La critique d'Estuaire44 Après un épisode d’Halloween parfait, on en trouve ici l’équivalent pour Noël, grande tradition des séries US. La Force manifeste un grand potentiel, avec cette idée géniale de pouvoir prendre l’apparence de personnages morts (bien avant LOST et l’Adversaire de Jacob). Ce potentiel sera exploité à merveille au cours de la dernière saison, dont elle suscitera nombre des meilleurs moments (avec un défilé de disparus jouant pleinement la carte du coup d'œil dans le rétroviseur, un axe fort de la période). Cela nous vaut déjà le plaisir de retrouver la merveilleuse Robia Lamorte une nouvelle fois extraordinaire lors de l’affrontement psychologique éprouvant entre the First et Angel. Son ultime apparition dans la série… Angel est très Angel, avec ce suicide au Clair de Soleil et ses tourments de l'âme parfaitement exprimés par Boreanaz. Heureusement que Buffy est là, pour un combat cette fois de d'esprit et non de poings, mais toujours aussi marquante. Ce très joli passage se conclue avec l’apparition de la neige, qui demeure l’une des images les plus fameuses du couple mais aussi de la série, elle est d’ailleurs reprise dans un spot publicitaire paru conjointement àl’épisode. Le fameux miracle (après tout, c’est un épisode de Noël) est souvent considéré chez les fans comme une manifestation des Puissances Supérieures, les futurs mentors du Vampire à Los Angeles, engagées dans un combat éternel contre la Force et ses suppôts.
Scénario : Jane Espenson, d’après une histoire de Thania St-John et Jane Espenson Réalisation : James Whitmore Jr. Violemment émus par le meurtre odieux de deux petits enfants, les adultes de Sunnydale décident d’« éradiquer le mal » qui sévit dans leur ville. Leur croisade finit par leur faire perdre la raison, sabotant non seulement les efforts du Scooby-Gang, mais aussi en s’en prenant à eux : Willow, Amy, et Buffy, courent bientôt un danger mortel ! Giles, Xander, Cordélia, et Oz doivent absolument trouver quel esprit diabolique est derrière tout ça. La réponse sera très surprenante… La critique de Clément Diaz I found you all unconscious again. How many times have you been knocked out, anyway ? I swear, one of these times, you're going to wake up in a coma ! Intéressant remake des Monstres de Maple Street (un classique de La Quatrième Dimension) que Gingerbread : le désastre du fanatisme, quelle qu’il soit. Beaucoup de mouvements fanatiques sont nés de bonnes volontés qui ont finalement été complètement dévoyées. Les adultes de Sunnydale veulent participer à la croisade contre le mal qui ravage leur ville, ce qui est un combat juste, mais leurs méthodes virent rapidement dans l’insoutenable. La progression dramatique est impeccablement dirigée. On est plutôt dans la comédie au début, avec Joyce qui s’invite au « slayage » de sa fifille, ou méga embarrassée quand elle croise Giles. Mais bientôt, le rire se coince quand les catastrophes s’abattent sur le Scooby : violation des droits fondamentaux par un Snyder très en verve, incommunication mutuelle entre Willow et sa mère, colère de Joyce de ne pas avoir une fille « normale » (Kristine Sutherland fait un numéro d’anthologie en déshumanisée), chasse aux sorcières qui frappe même les innocents, comme le punk tabassé. Une mécanique infernale qui trouve une apothéose dans le bûcher final, tout droit sorti du Fury de Fritz Lang : La foule est bête, elle ne pense pas disait l’innocent condamné : contaminez quelques personnes, laissez mijoter, ça va se répandre. Glaçant. On est agréablement surpris que Cordy soit la sauveuse, conjointement avec Giles. Cordy ne voit pas plus loin que son nombril, mais on l’aime toujours autant. Le démon du jour est roublard : pourquoi détruire les humains quand ils sont si doués pour se détruire eux-mêmes ? Les extraterrestres de la Twilight Zone l’avaient bien compris. Belle parenthèse philosophique que la discussion entre Buffy et Angel sur la bataille jamais gagnée contre le Mal, mais dont le fait même de se battre est le but de tout homme. On a beau finir sur une pirouette, le goût de cet épisode pessimiste sur l’humain demeure particulièrement amer. La critique d'Estuaire44 Le récit développe une dénonciation ardente et habile à la fois de tous les fanatismes. Le méchant est également astucieux (très Supernatural comme ambiance, avec l’introduction de personnages du folklore et du conte de fées) tandis que la série continue à jouer sur les altérations de personnalité, toujours avec bonheur. Cela fait plaisir de revoir Amy, d’autant que cela ne sera plus le cas avant un bon moment, sur deux jambes du moins. Le Maire continue à nous régaler, cette fois en politicard madré jouant habilement du populisme. C’est très ironique de voir le plus effroyable sorcier de Sunnydale manipuler les hystériques (en même temps, un bûcher peut paraître logique, car s’il y a un endroit où La nuit est sombre et pleine de terreurs, c’est bien à Sunnydale).Toujours se méfier de ceux qui prêchent la peur et les instincts les plus sombres, sous une apparence amène. Cordy est dans l’action, tandis que Buffy et Angel ont de bons moments. Il ne s’agit pas l’épisode le plus marquant de la saison, mais on trouve toujours une grande qualité.
Scénario : David Fury Réalisation : James A. Contner La veille de son 18e anniversaire, Buffy se sent très faible. En effet, Quentin Travers, chef du Conseil des Observateurs, a chargé Giles - malgré son opposition - de droguer Buffy pour qu’elle prépare son cruciamentum : un rituel datant du XIIe siècle où la Slayer de 18 ans, privée de ses pouvoirs, doit combattre un vampire jusqu’à sa mort… ou la sienne ! La critique de Clément Diaz
You know, nothing's really gonna change. The important thing is that I kept up my special birthday tradition of gut-wrenching misery and horror. L'idée de base de David Fury est tellement capillotractée qu'elle gâche une bonne partie du plaisir à voir cet épisode. Rendre la Slayer toute faiblarde, il y'avait certainement d'autres moyens plus convaincants (Halloween l'a bien montré). Tout comme Giles, on a du mal à croire que le Conseil, aussi réac soit-il, risque aussi gratuitement et inutilement la peau de ses Slayers avec ce Cruciamentum. Ceci dit, voir le chef félon de la NSA de 24 heures chrono en Gardien du Temple rigide est assez drôle. Le vampire fou est plutôt bien carbonisé du bulbe dans son genre, entre jets d'hémoglobine et délires poético-philosophiques. Une fois avalée tant bien que mal cette idée de départ, l'épisode a quelque intérêt. Voir la Slayer sans forces est une vision frissonnante, mais on traîne pas mal en longueur dès l'instant où l'on comprend de quoi il retourne. Giles qui se révolte, Travers flegmatique, Buffy qui se morfond… tristounette, l'ambiance. Les scènes d’Angel semblent anodines après le pic émotionnel d'Amends. Mais la fureur de Buffy quand elle apprend la "trahison" de Giles fait son effet (Gellar est incroyable, elle équilibre exactement colère et chagrin). La poursuite infernale a un suspense bien calculé, alternant angoisses suspendues, action pure et joli rebondissement final. Cela dit, on aurait bien aimé que Faith passe aussi le test, soirée pop-corn en perspective… On pourra préférer cependant l'évolution de la relation Giles-Buffy, plus père-fille que jamais - belle scène où elle veut lui faire tenir ce rôle lors de son anniversaire. C'est très touchant, tout comme Giles qui brave les ordres pour elle. Le final secoue vigoureusement, on ne peut pas dire que Whedon ne prend pas de risques. Enfin, qu'il fasse gaffe ou la prochaine fois on va avoir du n'importe quoi genre un trio de crétins qui devient le Big Bad d'une saison, ou une petite sœur qui tombe du ciel... hein, c'est ce qui est prévu ? Désolé, j'ai rien dit… La critique d'Estuaire44 Le test est intéressant pour ce qu’il indique en creux sur le Conseil, institution sclérosée et routinière, incapable désormais d’évoluer en dehors de traditions immuables ou d’évaluer correctement la Slayer concernée. Whedon oppose le conformisme adulte et rassis à l’énergie bouillonnante et irrespectueuse de la jeunesse, commettant certes parfois des erreurs mais synonyme de vie etd 'évolution. Ceci-dit, je trouve que le test à sa logique, car, contrairement à ce qu'annonce le générique, il n'y a pas qu'une seule Tueuse par génération. Quand l'une meure, une autre se manifeste immédiatement et visiblement le Conseil a les moyens de la repérer. On a donc un processus de sélection non naturelle, assurant de disposer en parmanence des meilleures. C'est horriblement cynique, mais les Observateurs se considèrent en guerre. Par contre Travers passe totalement à côté du côté unique de Buffy et de sa relation avec Giles et le Gang. Pas bon. Cela va permettre l'entrée en lice du remplaçant de Giles, qui va très vite se dépêcher de partir pour Angel la série, qui continue à se mettre en place dans l'arrière plan de la saison. Avec le recul c'est amusant à suivre. Le méchant est gratiné et Anthony Head est une nouvelle fois génial, come Sarah-Michelle Gellar, décidément une actrice complète. Excellents guestings de Harris Yulin (le cardinal dans l’épisode Hollywood des X-Files, effectivement que des rôles sympas) et de Jeff Kober, éternels seconds rôles savoureux des séries US. Et encore un anniversaire bien pourri de plus pour Buffy, l’une des runnings jokes de la série.
Scénario : Dan Vebber Réalisation : James Whitmore Jr. Xander n’assume pas d’être « inférieur » à ses amis, qui ont tous des superpouvoirs. Il fait la connaissance d’un mauvais garçon, Jack O’Toole, qui l’entraîne dans une nuit de folie. Xander va devoir mobiliser des ressources qu’il ne croyait pas avoir pour survivre à un enchaînement d’aventures délirantes et mortelles… La critique de Clément Diaz
If anyone sees my spine lying around, just try not to step on it. The Zeppo, chef d’œuvre massivement décalé de la série joue et gagne par son accumulation délirante de péripéties improbables qui frappe Xander, le "normal guy", celui qui n'a pas de pouvoirs, le "moins utile" (croit-on). Nicholas Brendon est à la hauteur de l'honneur qui lui est conféré. L’épisode a saveur d’autoparodie par les nombreux coups de griffe que la série porte à elle-même : histoire d'apocalypse de série Z - dialogues nanars inclus - Giles en intellectuel inefficace, relation Buffy-Angel caricaturée et pompeuse, Oz idole de coolitude… cette vision du Scooby vue du regard partial d’un Xander frustré et jaloux passe au vitriol, pour un résultat décapant. Sa souffrance d'être un "membre inférieur" du groupe éclate au grand jour. Il en devient pathétique, essayant lui aussi d'avoir un "quelque chose qui rend cool". Il croise en Jack O'Toole tout ce qu'il rêve d'être : le gars viril, fonceur, et téméraire. Mais il n'est jamais à la hauteur et subit humiliations sur humiliations. Drôle au début, sa descente aux Enfers, menée à un tempo frénétique, devient de plus en plus grinçante et acide, jusqu'au sommet que représente son dépucelage par une Faith totalement imbuvable. Finalement, seule Willow aura droit à une « bonne » première fois... C'est très dramatique derrière le rire. Mais son exploit final avec un bluff d’un courage étourdissant, est une magnifique réhabilitation du personnage, qui rien qu'avec ses mots a sauvé la vie de ses amis. L'épisode est une grande déclaration d'amour à Xander, touchante et sincère. Le voir sourire devant Queen C, désormais impuissante à le rabaisser, fait office de triomphe. Après cet épisode, Xander va véritablement transcender son "impuissance" et à plusieurs reprises, sauver la mise du groupe. Les épisodes centrés sur lui à l’avenir permettront de mesurer son évolution vers plus de responsabilité et de maturité. Que Dan Vebber ait si rapidement quitté la série après avoir écrit deux purs chefs-d’œuvre (le premier était Lovers walk) demeure un mystère. La critique d'Estuaire44 Ce que j'en pense c'est qu'il s'agit tout simplement de mon loner décalé préféré de la série, pour son regard distancié, voire ironique, sur les codes de celle-ci, la mise en avant méritée de Xander, personnage apportant immensément au show, conscience morale du Gang et miroir du spectateur, l’humour des situations, les dialogues massivement barrés, l’instant culte Xander/Faith (où Faith assume plus que Xander, un peu volage tout de même), son art du rebondissements, sa dinguerie aux confins de l’absurde,… Pas une once de gras, toutes les scènes sont du tonnerre et cela fait tellement plaisir de visionner un épisode imprévisible, où n’importe quoi, absolument n’importe quoi, peut survenir dans la minute suivante. Il était guère évident de créer une impression de nuit irréelle dans un univers relevant lui-même du pur Fantastique, mais l’opus y parvient. Superbe bande son et un de ces épisodes plaçant définitivement Buffy contre les Vampires au-dessus du commun des séries. Que cette saison 3 est donc incandescente ! Buffy et les Scoobies ne sont pas présentés aussi noirs que cela. La narration n'est pas objective, on voit tout du point de vue d'Alex, alors en plein spleen. Buffy et les autres ont perçus à travers ce prisme, d'où une relation avec Angel ridiculisée, une Buffy apitoyée ou distante, etc. C'est Alex qui se ressent comme le Zeppo et qui projette cela sur sa vision du Gang (avec une écriture scénaristique très fine). Il trouve alors l'énergie et les ressources de se prouver à lui-même qu'il est tellement plus que cela. Après Queen C c'est Queen C, on l'aime comme elle est.
Scénario : Douglas Petrie Réalisation : Michael Lange Wesley Wyndam-Price arrive à Sunnydale, il a été nommé par le Conseil pour remplacer Giles dans son rôle d’Observateur de Buffy. Mais Buffy (et Faith non plus d'ailleurs) ne respectent aucunement son autorité. Fascinée par Faith, Buffy sort de plus en plus avec elle, et subit sa néfaste influence. C’est alors qu’un fatal événement brise soudainement leur amitié… La critique de Clément Diaz - Are you not used to being given orders ? Ce qu'il y'a de bien avec Buffy, c'est que la routine n'a jamais le temps de s'installer, Whedon n'arrête pas de rebattre les cartes, parfois à chaque épisode. C'est encore le cas avec cet épisode centré sur la si particulière relation entre Faith et Buffy. Outre les plaisants sous-entendus lesbiens (le coeur dessiné sur la vitre), c'est surtout de voir peu à peu Buffy perdre toute morale, et de se jeter dans la grisante mais ô combien trompeuse liberté que lui propose Faith qui fascine. Voir Buffy casser du vampire avec une joie féroce, coller-serrer les garçons de la boite comme une fille facile (pour rester poli), confondre courage et témérité (le saut dans le gouffre), commettre des délits et éprouver un plaisir inhumain à tuer, est sur la forme drôle, mais au fond grinçant ; on n'est pas si loin de la Tueuse sans âme de The Wish. Avec adresse, Doug Petrie traite ce sujet dramatique sur le ton de la comédie légère. Le moment où elle méprise les talismans de Willow et par là son amitié est quand même assez cruel. Lorsqu'arrive le brutal rebondissement de la "méprise", la séparation se produit, et se confirme dans une coda qui frappe par sa sècheresse. Faith atteint un point de non-retour et bascule dans les ténèbres, conséquence d’une surcompensation de son soi ravagé et de sa folie latente. Eliza Dushku, déjantée et ambiguë, ne cesse de forcer notre admiration. Entrée en scène de Wesley Wyndam-Price. Intelligent, concon, froussard, le remplaçant non désiré de Giles inspire plus de pitié que d’hostilité, avalant toutes les couleuvres que lui envoie sa nouvelle protégée (Faith n'a toujours pas d'observateur au fait, les candidats doivent pas se bousculer au portillon...) subissant répliques qui tuent, peu de soutien de Giles (euphémisme), ou foutage de gueule direct. Un personnage comique, qui devra attendre la série Angel pour exprimer son potentiel héroïque. Alexis Denisof se coule bien dans le rôle. Au fond, on se fout pas mal de cette histoire d'amulette, du moment qu'on a de nombreuses scènes d'action, dont un final d'anthologie - Ah, Angel en mode baston, ça change... Et puis, il y'a le Maire, qui entre deux rendez-vous politiques, lit des comic-strips ou invoque un maléfice qui rend invincible. Moins megalo que ses prédécesseurs, son excentricité ravit toutefois en permanence. Ça tombe bien, la deuxième partie de la saison commence maintenant, et il va en être un artisan fondamental. La critique d'Estuaire44 Cette première partie d’un quasi double épisode est un tournant, ouvrant la seconde partie de la saison et provoquant une faille entre Faith et B. qui sera très longue à combler (si tant est qu’elle ne l’ait jamais été totalement). Très grand numéro d’Eliza Dushku, actrice sublime et supérieurement douée allant illuminer toute la suite de la période, d’autant que Faith va désormais tenir les premiers rôles. Le Démon n’est pas le plus réussi esthétiquement parlant mais on aime bien la fenêtre qu’il ouvre sur le passé du Maire et sa marche vers l’Ascension. Celui-ci devient invulnérable (excellent gag de la liste à cocher) ce qui va lui donner les coudées franches désormais.
15. AU-DESSUS DES LOIS Scénario : Marti Noxon Réalisation : Michael Gershman Buffy tente de raisonner Faith, mais elle refuse de l’écouter, et commence même à lui nuire. Conscients qu’elle représente un danger pour Sunnydale, Xander, Angel, et Wesley essaient à leur tour de la persuader de revenir dans le droit chemin… La critique de Clément Diaz
I know what it's like to take a life. To feel a future, a world of possibilities, snuffed out by your own hand. I know the power in it. The exhilaration. It was like a drug for me. On cause beaucoup dans Consequences, on ne fait même que ça. Heureusement, Aaron Sorkin, euh je veux dire Marti Noxon est une dialoguiste rompue, qui non seulement connaît bien ses personnages, mais a le sens de la progression dramatique. Grande performance d'Eliza Dushku, dont l'énergie joyeuse contraste avec la montée en puissance du côté obscur de Faith. Chaque scène distille une émotion forte et ardente. On commence par Buffy tentant de raisonner Faith, en relief le contraste saisissant entre l'humanisme de la première et le pragmatisme extrême de la seconde. Ensuite, il y'a la scène terrible de sa "trahison", où à la froideur, on ajoute la lâcheté. On adore aussi les illusions du naïf Xander, qui passe impitoyablement à la moulinette barbare de Faith, tout excitée de son nouveau pouvoir de faire le mal gratuitement. Angel se révèle plus psychologue (240 ans d'existence dont 100 de rédemption ça aide) dissertant sur l’excitation d'être un esprit corrompu au-dessus des lois. La Faith a beau vanner, on la sent secouée. Wesley est plus gaffeur que méchant mais on ne peut pas lui en vouloir avec la seconde tentative de meurtre de la Slayer gaga. Pourtant, tout espoir n'est pas perdu, car Faith finit par sauver Buffy. Distinguo de Noxon : Faith bascule peut-être dans les ténèbres, mais comme dirait Padmé Amidala "Il y'a du bon en elle". Mais le cliffhanger final claque fortement. Ouch ! Rubrique humour : rencontre surréaliste entre Wesley et Queen C. Les regards cabotins de Denisof et la légèreté embarrassée de Charisma suffisent à déclencher le rire. La relation Xander-Willow continue de fasciner : Willow a beau aimer Oz, elle est dévastée quand elle apprend que c'est Faith qui a pris le pucelage de Xander. Espérait-elle dans un coin de son cœur être la première ? Les sentiments qu'elle a pour lui (et vice-versa) demeureront toujours assez flous… La critique d'Estuaire44 Tout est en place pour que le duo avec Faith produise des étincelles, ce qui ne va pas manquer. On découvre Wesley, essentiellement comique dans Buffy contre les Vampires, mais qui va revêtir toute sa dimension dans la série Angel. So long Trick, qui nous aura bien diverti et qui aura eu droit à une belle sortie, mais il faut y aller maintenant, l’heure de Faith a sonné. Excellente partition pour Angel, qui se reconnaît dans bien des aspects de la personnalité de Faith, entre ombre et lumière (bon surtout ombre, là, maintenant). Ceci connaîtra un passionnant développement dans le double épisode de la première saison de sa série Five by Five/Sanctuary. Concernant l'entrée d'Angel dans le gourbi de Faith, avec un esprit un tantinet mal tourné, on pourrait inverser l'équation. Tiens donc, Angel qui entre chez la Rogue Slayer, mais alors elle l'a précédemment invité, et dans quel but je vous prie (surtout quand qu'on vient de voir dans The Zeppo comment Miss Lehane sait recevoir). Mais le Dark Avenger n'est pas du même bois que le cœur d'artichaut local ! En fait je crois plutôt que s'il peut entrer c'est que fondamentalement Faith ne se sent pas chez elle, pas plus qu'à sa place dans le Gang. C'est une déracinée sans foyer ni repère, et il s'agit d'une chambre où dormir, pas d'un domicile. Une manière de souligner à quel point Faith est à la dérive, sous ses airs de matamore. Ceci n'est que théorie !
16. LES DEUX VISAGES Scénario : Joss Whedon Réalisation : Joss Whedon Anya fait appel à Willow pour qu’elle lance un sortilège qui lui permettra de récupérer ses pouvoirs de démone. Non seulement le sortilège échoue, mais en plus il provoque un retour de flamme : le double vampirique de Willow (cf. épisode Meilleurs vœux de Cordélia) a été arraché de son monde et téléporté dans le vrai Sunnydale ! Et elle est bien décidée à semer la pagaille… La critique de Clément Diaz For a thousand years, I wielded the powers of The Wish. I brought ruin to the heads of unfaithful men. I brought forth destruction and chaos for the pleasure of the lower beings. I was feared and worshipped across the mortal globe. And now I'm stuck at Sunnydale High. Mortal. Child. And I'm flunking math. Doppelgangland est un foutoir cosmique comme on en a rarement vu à la télé. Les zygomatiques sont à la fête avec deux Willow pour le prix d'une ! Whedon à la plume et derrière la caméra se lâche totalement dans un scénario dada qui enchaîne les gags et les dialogues burlesques à tempo affolant. Il peut se reposer sur Alyson Hannigan (mon actrice préférée de la série) qui nous fait un double rôle du tonnerre. Son interprétation de Vampire Willow, mélange de Spike (pour le fun) et de Drusilla (pour la folie), qui lui vaut même une inattendue scène d'action, est une des plus enthousiasmantes de la série. Retour d'Anya dont la première apparition n'avait pas été mémorable. Elle est pas mal en peste égocentrique (I'm 1120 years old !!). Il est d'ailleurs amusant de constater les réactions différentes entre Anya et Illyria (en saison 5 d'Angel) devant la perte de leurs pouvoirs : là où Illyria cherchera une nouvelle raison de vivre ainsi qu'un "guide" philosophique, Anya va y parer par une folie douce et un investissement plein et entier dans une relation amoureuse. Bon, j'en viens au plus intéressant : les situations complètement délirantes de la faille spatio-temporelle avec la fausse Willow qui sème plus de comédie que d'horreur. On aime comment elle atomise tout le monde, ou quand elle se réveille vêtue des vêtements de la vraie Will (This is like a nightmare !). Hannigan est complètement débridée. Rires incontrôlables quand elle commence à menacer tout le monde et qu'Oz et Angel restent d'un flegme Steedesque. Les sous-entendus lesbiens de la fausse Willow devant la vraie sont suaves comme un bonbon au poivre. On atteint l'apothéose avec l'entrée de Queen C qui blablate sur Xander devant Vampire Willow totalement effondrée. Entre Wesley et Cordélia, ça commence à devenir chaud bouillant - ça va vite refroidir, rassurez-vous. On ignore à ce jour ce que Buffy a avalé avant de venir, mais proposer une idée aussi foireuse que la vraie Will se faisant passer pour la fausse, ça donne une grande scène de confrontation dont la tension est brisée par des dialogues de fous. La bagarre finale est impressionnante, aussi. Dans un esprit très Twilight Zone, la vampire Willow qui n’aspirait qu’à revenir chez elle se fait rattraper par son destin. La coda est hilarante. L’épisode fait beaucoup penser au bazar temporel de Retour vers le futur, en tout aussi allumé. L’épisode nous prépare aussi à l’évolution future de Willow, au niveau romantique et au niveau moral. Whedon voit déjà très loin. Un des highlights de la série. La critique d'Estuaire44 Whedon joue avec virtuosité des univers parallèles, tout en se montrant délicieusement malicieux envers des personnages qu'il maîtrise jusqu'au bout des ongles. Le ressort scénaristique reste certes celui du quiproquo, assez balisé, mais particulièrement efficace ici. Le grand double numéro d'Alyson consacre le succès de l'ensemble. Vampire Willow est un vrai délice, perverse mais aussi différente de Dru, pas de doublon. Whedon a déjà le devenir de ses protagonistes et de son univers en tête. Faith se trouve un vrai domicile, sa joie à découvrir son appartement montre qu'effectivement qu'elle n'était pas chez soi au motel. L’opus s’impose comme l’un des meilleures variations sur l’inépuisable thème du Dopplegänger, grâce à une fine étude de Willow et à un humour irrésistible.
Scénario : Douglas Petrie Réalisation : David Grossman Skyler, un démon, offre tour à tour à Buffy et à Faith de leur vendre des livres traitant de l’« Ascension ». En l’apprenant, le Maire demande à sa protégée de tuer le démon avant que Buffy n’obtienne les livres. Faith et le Maire décident également de porter un coup dur au Scooby-Gang : ils vont tenter de faire réapparaître Angelus… La critique de Clément Diaz Demons after money ? Whatever happened to the still-beating heart of a virgin ? No one has any standards anymore. Petite leçon de faux-semblants dans Enemies, épisode à partir duquel le Maire commence à avoir de plus en plus d'importance. Tout diabolique qu'il soit, il a toujours ses attitudes décalées : le golf miniature, le verre de menthe… il n’aurait pas dépareillé chez les Avengers ! Côté humour, le démon crétin vaut le détour, avec Faith le payant avec sa générosité habituelle. Le Scooby est quelque peu à la ramasse sauf bien sûr Cordélia, ah sa danse de séduction, ah ses excuses bidon pour séduire un Wesley pris de court... Charisma Carpenter retrouve des couleurs depuis la rupture de son personnage avec Xander. L'histoire Buffy-Angel atteint un palier supérieur avec un processus d’acceptation des deux protagonistes, et une transcendance plus spirituelle de leurs sentiments - quoique Contre-attaque en saison 7 réussira davantage ce point. Sydney Bristow, euh je veux dire Faith Lehane joue à l'agent double, mais a encore des progrès à faire si elle veut être embauchée à la CIA. Cette faille dans la perfection de son rôle rappelle combien en dépit de sa force, elle reste une fille fragile. Bizarre relation qui s'instaure avec Angel. Bien sûr, elle le manipule, mais cela ne lui empêche pas de dire la vérité à son propre sujet : Faith sait qu'ell est une fille sevrée d'amour qui ne demande qu'un peu d'affection, elle sait ce qui est en train de se passer, ce qui la rend d'autant plus effrayante. Après le mode allumeuse, le mode plus musclé, avec l'incroyable maléfice dévastateur. Quoiqu'il en soit, plaisir de voir David se redéchaîner en vampire sans foi ni loi, smackant Faith, faire une discussion d'anthologie avec le Maire, admirer les cheveux de Joyce, ou la scène la plus drôle, la petite tape sur l'épaule de Xander (This guy bugs me). Angelus et Faith, une sacrée combo gagnante ! (on en reparlera en saison 4 d’Angel) Le climax est bien sûr la grande scène du triangle Buffy-Angelus-Faith, où les dialogues de Petrie claquent à chaque seconde. La jalousie de Faith envers Buffy, jusque-là réprimée, explose en rage féroce grâce au génie d’Eliza Dushku qui la capte à merveille. Mais les quatre vérités que lui jette Buffy sont autant étincelants. Le twist final est un des plus brillants de la série. L'affrontement entre les deux Slayers peut enfin commencer. Ça va saigner !! La critique d'Estuaire44 Le twist final apparaît comme l’un des plus bluffants jamais vus dans une série télé. L'épisode doit beaucoup au talent de Boreanaz et à l'étonnant naturel par lequel il passe d'Angel à Angelus, cela n'aurait pu que difficilement fonctionner sans cela. Eliza Dushku brille aussi de tous ses feux, au moment où la relation entre Faith et le Maire s'installe dans une version Dark Side de Buffy/Giles assez jouissive. Toute la scène de la confrontation entre Angel/Faith/Buffy apparaît comme un authentique chef d'œuvre, impeccablement interprété, écrit et réalisé, même si finalement c'est le personnage implexe et tourmenté de Faith qui attire davantage l'attention. Seul regret, la trahison du démon en faveur de Rupert semble un peu triviale et tombant trop à pic. Le Maire et son golf miniature pour consoler Faith campe merveilleusement le personnage. Se dessine déjà un très grand mano à mano final entre les deux Tueuses.
Scénario : Jane Espenson Réalisation : Regis B. Kumble Après avoir touché le sang d’un démon, Buffy est désormais capable d’entendre les pensées de tous les gens. Amusant au départ, ce don ne la laisse plus en repos car elle entend en permanence tous les gens penser en même temps. Juste avant de sombrer dans la folie, Buffy a le temps d’apprendre que quelqu’un qu’elle n’a pas identifié projette de tuer tous les étudiants demain… La critique de Clément Diaz - I won't let anything happen to you if I can help it. No matter what, I'll always be with you. Hey, I'll love you, even if you're covered with slime. Ouille ! Après tant de chef-d'oeuvres, tomber sur Earshot fait l'effet d'un dur rappel à la réalité. Cette variante dramatique du A penny for your thoughts de La Quatrième Dimension bute sur le tempo traînant du script de Jane Espenson. L’auteure ne rate pas la scène comique des pensées du Scooby : Xander ne pense qu'à "ça", Cordélia pense... ce qu'elle dit, Oz en néo-Descartes, sans oublier cette chère Joyce (You slept with Giles... TWICE ??!!!). Mais à part cette scène, la prévisibilité intégrale de l'épisode joue contre elle, se résumant à un seul ressort narratif : Buffy lisant les pensées de tout le monde. Cela n'amène que des blagues faciles (pensées salaces...) ou moments "dramatiques" piochés dans le premier catalogue de clichés venu (souffrances adolescentes ou réflexions futiles). Le petit froid entre Buffy et Angel ne convainc pas : comment après l’épisode précédent peut-elle douter encore d'Angel ? Vivement la fin de saison car les auteurs tirent à la ligne avec ce ship. L'enquête du Scooby n'est pas plus exaltante, avec cette investigation au petit bonheur la chance. Ceci dit, l'épisode rappelle que les tueries dans les lycées américains ne sont hélas pas si rares. Par ironie, l'épisode devait être diffusé la semaine où eut lieu le massacre de Colombine. Les Lone Gunmen ne sont apparemment pas les seuls à être doués en prédictions... La fin de l'épisode est plus réussie, avec Buffy n'ayant que ses mots pour persuader Jonathan de renoncer à sa folie. La scène est supérieurement écrite, lorsqu'elle lui dit qu'il n'est pas le seul à souffrir, et qu'on a tous tendance à surestimer les autres et pas assez soi-même. Dommage que le twist gâche une partie de la scène, bonjour la crédibilité ! Par contre, le deuxième twist, ça, c'est du très bon ! Bonne idée de départ, mais un traitement superficiel. On saluera la réalisation de Régis Kumble, avec notamment une scène de folie très bien filmée, pas si éloignée de celle de Peter Hammond dans le Ne vous retournez pas des Avengers. La critique d'Estuaire44 Très bonne idée de scénario pour cet épisode tout à tour hilarant et poignant, avec une semblable intensité. Le thème de la télépathie se voit parfaitement exploité (pauvre Joyce !) tandis que le désespoir de Jonathan frappe au cœur. On pardonnera toujours beaucoup à ce personnage éminemment sympathique, même à l'époque du Trio. Une respiration également parfaitement minutée dans l'arc final de la saison. On aime bien Angel en chevalier à la rescousse de sa Damoiselle de cœur. L’intrigue demeure efficace de bout en bout, jouant habilement des diverses fausses pistes. L'épisode marqua l'occasion d'un grand débat dans l'équipe, car la tragédie de Columbine, survint peu de temps avant la date de diffusion. Whedon accepta finalement de décaler celle-ci. Concernant l'emplacement de la tentative de suicide, parfois jugée improbable, il est possible que Jonathan l’ait choisi pour souligner la responsabilité des autres élèves, pour le fusil il fait avec ce qu'il a. Ces moments-là ne sont pas forcément les plus rationnels.
19. LA BOÎTE DE GAVROCK Scénario : David Fury Réalisation : James A. Contner Les résultats scolaires sont tombés à Sunnydale. Tout le Scooby-Gang se met à penser à ses plans d’avenir. Mais Buffy apprend que Faith a intercepté une boîte magique, la boîte de Gavrock, pour le Maire. Décidés à faire échouer les plans mystérieux du Maire, le Scooby-Gang s’infiltre chez lui et parvient à voler la boîte. Malheureusement, au cours de l’opération, Faith a capturé Willow… La critique de Clément Diaz
And once again, the gold medal in the being-wrong event goes to Xander I'm-as-stupid-as-I-look Harris ! Choices est un épisode de "statu quo". L'Ascension n'est pas encore pour demain, forçant les auteurs à délayer avant le duel final. Le scénario en souffre, banal et guère exaltant échange d'otages (Willow versus la thingumajig box), au suspense dilué, malgré une excellente scène d'infiltration à la Alias. Heureusement, David Fury compense en faisant la part belle aux personnages : - Le Maire nous fait un superbe numéro de Diabolical Mastermind et de père de substitution plein d'amour sincère pour Faith. Harry Groener et Eliza Dushku sont plaisamment complices : la dague, le dialogue Faith/Willow, l’évocation mélancolique de l’ancienne vie conjugale du Maire, avec une humaine qui vieillissait et lui qui restait jeune (Rose Tyler en soupire)... Faith n'a jamais parue aussi déshumanisée, et en même temps, épanouie d'être avec quelqu'un qu'elle aime. - Justesse des réactions du Scooby à l'annonce de la capture de Willow, mention à Oz qui pipe pas mot : il n'a qu'à spectaculairement fracasser le chaudron pour mettre tout le monde d'accord. Oz/Seth Green est vraiment une grande réussite de cette saison. - La vaillante Willow tient tête entre moments comiques (Vous n'avez pas l'autorisation de manger les otages !), et explications de texte bien acides à Faith, qui elle préfère répliquer avec autre chose que des paroles. Pas mal aussi le crayon qui lévite. Mais on retient la scène finale, quand elle lie son destin à celui de Buffy : elle combattra les forces du mal avec elle jusqu'au bout, renonçant à un brillant avenir pour devenir une justicière pleine et entière. Une scène vibrante et heureuse. - Cordélia prend conscience de sa superficialité quand Xander compare son combat contre les forces du mal avec ses priorités. Elle se pose des questions. On sent qu'Angel la série est sur les rails. Le sommet de l'épisode est sa fin, avec la puncheuse explication de texte du Maire à l'adresse de Buffy/Angel, condamnés à une relation sans espoir. Il le fait avec un ton dépourvu de cruauté, comme le ferait un parent, un psychologue. Un décalage sidérant qui rend d'autant plus efficace sa tirade. Le duo tente bien encore de nier cette vérité, mais le dernier plan est sans équivoque : ce déni ne va plus durer longtemps. Allez, finissons sur une bonne note : Snyder semant involontairement le bordel (You... all of you. Why couldn't you be dealing drugs like normal people ?). Un bon épisode, qui fait la part belle aux personnages. La critique d'Estuaire44 Cet épisode, l'un plus prenants de la série, accumule les scènes hautement électriques et sait tirer le meilleur parti des différents personnages. L’intrigue demeure assez classique, mais sait capitaliser sur les personnages. Entre autres passages d'anthologie, on retiendra la confrontation entre Willow et Faith, Faith fascinée par son poignard (qui a triomphé par l'épée, etc.) mais surtout le Maire crucifiant le couple Angel/Buffy, avec délectation perverse, avec aussi, il faut bien l'avouer, pertinence. L'inéluctable se met en place, de même que la première saison d'Angel (avec une Cordy ruinée). L’épisode est Épisode par contre chaudement déconseillé aux arachnophobes !
20. LES CHIENS DE L'ENFER Scénario : Marti Noxon Réalisation : David Solomon Conscients que leur relation ne mènera nulle part, Angel et Buffy rompent. Le vampire déclare qu’il quittera Sunnydale dès qu’ils auront empêché l’Ascension du Maire. Anya ressent malgré elle des sentiments pour Xander et cherche à en faire son cavalier pour le bal de fin d’année. Mais le bal pourrait être compromis par quatre chiens de l’enfer… La critique de Clément Diaz - I have witnessed a millennium of treachery and oppression from the males of the species, and I have nothing but contempt for the whole libidinous lot of them. The Prom est la conclusion psychologique des trois premières saisons de la série, grâce à la clôture élégante et émouvante des différents arcs « relationnels » de la saison. Un bilan mené par une Marti Noxon tendrement amoureuse de ses personnages. Un défaut toutefois : elle y greffe une « obligée » monster-of-the-week intrigue, écrite à la va-vite, avec un méchant sans charisme, résolue par Buffy illico presto ; c'est assez vain. Pourtant, c'est de nouveau un chef-d'oeuvre... ... parce que niveau personnages, c’est fromage et dessert. Après la jolie scène entre Angel et une Joyce terriblement lucide, la rupture tant attendue (ou pas) de Buffy et Angel est l’occasion d’une mémorable séquence. Dialogues et comédiens sont d’une émotion magnifique. Plus qu’Innocence, nous avons là le vrai passage à la maturité sentimentale de la Tueuse, qui doit tirer un trait sur sa première et plus intense histoire d’amour. Un déchirement terriblement beau. On comprend que la comédienne ait craqué plusieurs fois pendant le tournage. Il est triste de voir l’héroïne s’enfermer dans un rôle de « sauveuse solitaire du monde qui se sacrifie », sauvant les étudiants par rage, non par conviction. Aussi, la reconnaissance publique in extremis de son action est-elle un beau moment d’allégresse. Et puis, le slow d’Angel pour finir le bal, mes amis que de beauté ! Cordélia tombe le masque, prise au piège de ses faux-semblants. L’âme chevaleresque de Xander est admirable. En deux actions, il rétablit avec elle un lien plus amical et serein. La fermeture de leur conflit ne laisse pas insensible. Oz et Willow sont sur leur petit nuage, tandis qu’Anya fait une méga reconversion comique en ex-démon piégée par ses sentiments. Son duo avec Xander est aussi improbable qu’hilarant. Coup de cœur pour le naturel d’Emma Caulfield à énumérer toutes les horreurs qu’Anya a commises depuis un millénaire, pas tout à fait le sujet rêvé pour un premier rendez-vous (Xander le gagnant). Un superbe premier bilan de la première ère de la série. La saison n’a plus qu’à tirer le rideau mais non sans un dernier feu d’artifice… La critique d'Estuaire44 Encore un épisode fastueux, avec une action et un suspens haletants, des molosses impressionnants, mais surtout des passages vraiment très émouvants, sans guimauve mais sonnant au contraire parfaitement justes. : une dernière danse poignante pour Buffy et Angel, ainsi qu'une terrible rupture (les acteurs sont incroyables). Les situations ne sont pas tout à fait comparables, mais Angel se rend à ce bal comme Alice à la fête de départ de Tasha en fin de saison 4 de The L Word. Son apparition produit la même émotion et le même soulagement. Quoique l'avenir leur réserve il leur restera toujours ce moment. Mais on est également touché par la remise du trophée par Jonathan à Buffy. Cela vient couronner idéalement tout cette grandiose première période de la série, sur le point de s'achever en apothéose. Le sourire de Buffy fait vraiment plaisir à voir De nombreuses autres pépites dans ce récit fastueux, entre Wesley et Cordy, Buffy et Giles, Alex et Cordy etc. Cette saison, la série apparaît en pur état de grâce et réussit absolument tout à la perfection. Le Destin suspend son souffle tandis que la grande ombre du Maire semble recouvrir le devenir de tous les personnages. Le rideau s'ouvre sur l'une des fins de saison les plus enthousiasmantes de l'ensemble des séries télé. Oui, le méchant de la semaine reste assez oubliable, mais une série connaissant un succès aussi énorme et persistant a forcément plusieurs publics. Il ne faut en négliger aucun, y compris les amateurs d’action, d’où le respect du cahier des charges, même a minima. A noter que l'éleveur des Chiens est le frère du futur troisième membre du Trio, Andrew. Un personnage effectivement autrement plus mémorable !
21-22. LA CÉRÉMONIE Scénario : Joss Whedon Réalisation : Joss Whedon Faith blesse Angel avec un poison violent. Seul le sang d’une Slayer peut le guérir. Buffy comprend que le temps d’affronter Faith est arrivé. La cérémonie de remise des diplômes aura lieu demain, ce qui coïncidera avec la transformation du Maire en démon. Pressentant qu’ils ne pourront le défaire à eux seuls, le Scooby-Gang décide d’utiliser les grands moyens… La critique de Clément Diaz Y'know, Buffy, looking back at everything that's happened, maybe I should have sent you to a different school. Graduation Day est bien le big big finale de saison que l’on attendait. Après un début plutôt lumineux (le jeu de pendu, Anya draguant Xander), la tension s’installe dès que Faith est dans ses œuvres. La première moitié est plus un prélude mais les actions s’enchaînent sans temps mort, avec des pics d’intensité mirobolants ou franchement traumatisants (Faith en rose, au secours !). Il y’a bien évidemment le Maire profanant le temple sacré qu’est la bibliothèque de Giles (Harry Groener est en pleine forme) dans une scène d’anthologie, mais aussi les adieux touchants de Joyce. Nouvelle secousse avec l’attaque brutale de Faith sur Angel (qui aura plus de réflexes quand Faith lui rendra visite à L.A), et montée vertigineuse de la tension. On est tellement pris qu’on voit à peine les ficelles (le remède d’Angel permet la confrontation tant attendue). Magicien du dosage, Whedon n’oublie pas quelques instants comiques, histoire de décompresser : Willow et Oz passant à l’acte, et Anya complexée par ses sentiments. Sur ce dernier point, Xander nous touche par sa féodalité irréversible envers ses amis. Entre Faith et Buffy, petite floraison de sous-entendus lesbiens : Faith proposant de l’embrasser avant le combat, les menottes de Buffy, une sorte de jalousie de Faith envers Angel, sans parler du phallique coup de poignard. Leur grand grand duel final est d’une puissance haletante, et se finit par un cliffhanger dévastateur ! Haaaaaaaa ! Whedon démarre sa deuxième partie avec la scène la plus énorme des trois premières saisons réunies (voire de la série) : le dément sacrifice de Buffy qui force Angel à boire son sang. Impossible de respirer de toute la scène : le mélange horreur-effroi-érotisme a un effet écrasant, quasi physique. La charge sexuelle de la scène est inouïe, créditant la sentence d’un fan : la scène la plus sexuelle existante entre deux personnes habillées. On assiste à une véritable floraison d’arie di bravura avec le songe Faith-Buffy (annonçant déjà la saison… 5 !). Grand numéro du maire en assoiffé de vengeance face à Angel. Suspense explosif lors de la préparation du finish, avec quelques moments comiques réussis pour nous faire patienter (Wesley et Cordy qui ratent leur baiser…). Le superbe discours du Maire, très révélateur et pas sans vérités mène à la bataille finale, épique, et ce méga méga twist : pour sauver Sunnydale, TOUT le monde s’y met ! Idée généreuse et flamboyante (Cordy tue même un vampire, surprise du chef !). Le monstre est crédible, et l’apothéose tout autant, avec des moyens bien plus substantiels comparés à la saison 1. Pudiques adieux sans paroles entre Buffy et Angel, mais coda pleine d’espérance avec le Scooby main dans la main. S’il n’atteint pas tout à fait les cimes de Becoming, Graduation day est un superbe final digne de conclure la meilleure saison de la série. La critique d'Estuaire44 Ce double épisode constitue effectivement une succession haletante de scènes d'anthologies, tant le point de l'action la plus spectaculaire (lduel avec Faith, la Bataille finale) que de celui de l'émotion suscitée par les personnages (entre Angel et Buffy, ou chez les Scoobies). Il se situe parmi les plus formidables de saison que l'on ait pu découvrir, au niveau de l'arc Anasazi des X-Files ou des saisons 1 et 5 de LOST. Concernant le Maire, je trouve astucieux d'avoir exploité son attachement sincère pour Faith comme représentant son seul point faible, après il fallait bien trouver quelque chose, je pense que les explosifs tiennent la route. Autre grand moment, Angel mordant Buffy, scène incroyablement érotique. Et puis Buffy n'en a pas fini avec Richard Wilkins III, y compris durant les aventures en BD de la Tueuse.
Crédits photo : FPE |