Dumbo (2019) Résumé : Max Medici, directeur de cirque, se retrouve avec un éléphanteau aux oreilles disproportionnées, dont il confie la charge à Holt Frasier, revenu de la guerre et qui a beaucoup de mal à comprendre ses enfants. Ceux-ci découvrent que l’éléphanteau nommé Dumbo peut voler ! Il attire l’attention d’un entrepreneur de spectacle qui veut se faire beaucoup d’argent avec lui..
Critique : On a connu Tim Burton plus emballant et plus inspiré. La faute certainement à une histoire qui se prête mal à un long-métrage car, et c’était déjà le cas en 1941 avec le dessin animé, il y a très peu de choses à raconter : Dumbo, éléphant de cirque, est séparé de sa mère. Il se découvre la capacité de voler. Il retrouve sa mère. Ajoutez quelques péripéties pour faire durer le spectacle et c’est tout. La progression dramatique n’est pas non plus très convaincante. On a l’impression que l’histoire ne progresse que grâce à des accidents comme le baptême de Dumbo notamment qui est tragicomique. La première représentation de Dumbo tourne mal mais attire l’attention de Vandevere, le promoteur de spectacles. C’est encore la première entre Dumbo et Colette, la trapéziste, qui manque de tourner au fiasco mais qui fait pencher la jeune femme vers les « gentils », ulcérée qu’elle est par la prise de risque inconsidéré que son amant, qui fait fort peu de cas d’elle et s’est abstenu de la mettre au courant. Cette répétition ôte une grande partie de la tension et du suspens. Enfin, la dernière partie est sans surprise puisqu’elle se concentre sur l’opération de libération de Dumbo et de sa mère. C’est plein d’allant certes mais on connaît le dénouement. Tim Burton se montre également fort peu subtile lorsque, dans la conversation entre Vandevere, le banquier et Max, on entend le distinguo entre le « rêve » (le monde du cirque) et les « faits » (celui de la banque). Le premier, déjà mis en scène par Burton mais qui relève d’un thème qu’on peut faire remonter à Tod Browning (Freak, 1932), est bien sûr nettement valorisé. Le réalisateur consacre beaucoup de temps, parfois trop, aux numéros ; ce qui ralentit le rythme d’un film qui manque d’en devenir trop long.
Du côté du casting, c’est équilibré. Nouveau venu, Colin Farrell, est moyennement convainquant. Peu charismatique, il n’est pas habité par son rôle et dégage très peu de chaleur humaine. Il ne parvient pas à créer la connexion avec le personnage de Colette, incarnée avec sa maestria habituelle par Éva Green, alors que c’est un élément important dans la dramaturgie. C’est parce que Colette est touchée par la famille Holt, sa sincérité, sa tendresse envers Dumbo, qu’elle bascule de leur côté alors que sa première apparition en faisait la cocotte de Vandevere. Finley Hobbins (Millie) est la plus convaincante des deux enfants et celle dont le rôle est le plus développée. Les scènes entre les enfants et l’éléphanteau en images de synthèse sont les plus belles que réalisent Burton ; elles dégagent de l’émotion. Globalement, sur ce chapitre, le réalisateur réussit son coup. Il fait aussi appel à des habitués. Danny DeVito joue à nouveau un directeur de cirque (comme dans Big Fish) avec conviction et tendresse ; Mickael Keaton retrouve Burton presque trente ans après et il est impeccable dans ce rôle de « méchant ». A travers le personnage de Vandevere, on peut lire une critique virulente de quelqu’un comme Barnum et de la marchandisation de ce monde du rêve qu’est le cirque ainsi que des mauvais traitements infligés aux animaux. Le sort réservé à Dreamland, quand on sait que Disney produit le film, laisse songeur quant à son interprétation.
Anecdotes :
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