Miss Peregrine et les enfants particuliers (2016) Résumé : Autrefois, le grand-père de Jake lui racontait des histoires parlant d’un foyer pour des « enfants particuliers » sous l’autorité de Miss Peregrine. Plus tard, Jake a rejeté ces histoires mais la mort de son grand-père dans des circonstances étranges le pousse à se rendre au Pays de Galles où tout se serait passé. Et il rencontre effectivement Miss Peregrine et les enfants particuliers ! D’ailleurs, lui-même en est un ; ce qui va leur être particulièrement utile.. Critique : Un grand film où la patte de Tim Burton transforme une recherche de deuil en célébration de la vie, en ode à la différence. « Beaucoup de gens se sentent étrange » dit justement le réalisateur, en s’incluant dans le lot. Il leur donne à tous un miroir et un espoir. Bien que l’histoire ne soit pas une création originale de Burton, le grand réalisateur en a fait son œuvre par l’emploi de thèmes, de séquences, de marqueurs « burtonien ». Cela commence par l’ouverture en Floride (mais ce pourrait être n’importe où) avec cette architecture urbaine qui le répugne ; avec ces parents qui ne comprennent rien à leur enfant et l’emmène chez le psy plutôt que de l’écouter (que ce soit le père qui soit particulièrement visé n’est pas un hasard non plus) mais également dans l’architecture du foyer qui paraît issu d’un conte de fée (alors que le bâtiment existe bel et bien), la présence d’une fête foraine, plusieurs séquences horrifiques et bien entendu la mise en présence de deux mondes, le soi-disant « réel » qui est à périr d’ennui et le soi-disant « imaginaire » bien plus chaleureux. Le film s’articule en deux parties encadrées par une introduction et une conclusion. L’introduction présente Jack, son grand-père (interprétation sensible, pleine de classe et de tendresse de Terence Stamp, que Burton retrouve après Big Eyes) et insiste sur l’ancienne proximité entre eux qui n’a pas totalement disparu. Elle prend fin avec le départ de Jack pour le Pays de Galles. Symboliquement, on retrouvera le même duo pour la conclusion. La boucle (temporelle) sera bouclée. La première partie est une présentation de Miss Peregrine et des Enfants particuliers avec visite du foyer. Faite sous une belle lumière diurne, cette séquence est édénique et culmine avec le renouvellement de la boucle temporelle qui les protège tous. S’y ajoute le point noir que les enfants ne peuvent sortir de la boucle sous peine d’être rattrapé par le temps qui a passé. Nous sommes en effet en 1943 ! A cette première partie s’ajoute la scène dans l’épave (très beau décor sous-marin avec une pincée de macabre) entre Jack et Emma dans une optique clairement romantique mais empêchée par la différence des époques. C’est là aussi que Jack découvre sa particularité : il peut voir les monstres. C’est là la seconde partie : il existe une menace contre les enfants particuliers et elle vient de « particuliers malfaisants » appelés Sépulcreux menés par un certain Barron à qui Samuel L. Jackson donne un allant particulièrement menaçant, classieux mais dangereux. La lutte contre eux, qui culmine lors de la fête foraine, est le moment noir, plein d’action où Jack se révèle, surmonte la peur qui l’habitait, fait montre d’inventivité (d’imagination) et sauve à la fois les enfants et Miss Peregrine. Pour donner corps à ce monde, Tim Burton a fait appel pour la seconde fois à Éva Green qui campe fièrement Miss Peregrine et lui donne à la fois belle allure, autorité et amour pour les enfants dont elle a la garde. Même fumer la pipe, elle le fait avec une élégance aristocratique qui colle tout à fait avec le cadre et le personnage. Tim Burton définissait le personnage comme une « Mary Poppins effrayante » ! Ella Purnell incarne Emma avec délicatesse, beaucoup de sensibilité mais aucune sensiblerie. Asa Butterfield manque un peu de personnalité et de charisme pour pleinement faire ressortir toute la gamme d’émotions par lesquelles passe Jack. Mais il se défend plutôt bien et est très crédible lorsqu’il commande la bataille et face à un Samuel L. Jackson qui se régale à jouer une ordure de la plus belle eau. L’histoire se passe en 1943, une époque particulièrement tragique, et, du coup, certains éléments résonnent différemment. Ainsi les « enfants particuliers » ne pourraient-ils pas être une référence aux enfants juifs que certains ont caché pendant la guerre (Miss Peregrine serait ainsi une Juste) ? Abe, le grand-père, vient de Pologne et a passé sa vie à traquer les « malfaisants » ; comme une métaphore de Simon Wiesenthal qui traqua les nazis à travers le monde. Le film pourrait donc se lire à la fois comme une allégorie et un conte de fée ; les deux enseignant que la réalité n’est pas forcément ce que l’on croit, que les monstres existent et que l’on peut triompher d’eux. Anecdotes :
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