Maniac (1963) Résumé : Condamné pour avoir torturé au chalumeau l’homme qui avait violé sa fille, George Beynat a été envoyé dans un hôpital psychiatrique. Quatre ans plus tard, un Américain, de passage en Camargue, accepte d’aider la femme de ce dernier, Eve, à qui George a promis le divorce, à faire évader le forcené.
Critique : Le succès de Hurler de peur puis un certain intérêt de Jimmy Sangster pour la Camargue ont lancé cette coproduction franco-anglaise réalisée plutôt avec talent mais non sans imperfections par Michael Carreras, fils du patron de la Hammer, James Carreras, plus souvent producteur. Le film va jouer une grande partie de sa réussite dans un improbable mélange des genres mais toujours équilibré grâce à un scénario très inspiré de Jimmy Sangster. Ainsi l’ouverture est franchement violente mais elliptique puis on voit une automobile croiser une cavalière dans un vrai décor de western ! On peut rire grâce au personnage du policier alcoolique, ou avoir peur quand Annette se retrouve poursuivie par un maniaque. On croise des scènes de comédie romantique (Farrell séduisant ou séduit par Annette et Eve) ou dramatique (le cadavre dans le coffre). « Il faut un homme comme vous pour que tout commence » lance Annette à Farrell à peu près au tiers du film et c’est exact : Farrell, campé avec sobriété et élégance par Kerwin Matthews, sert de déclencheur, de mise en marche d’une situation bloquée dans une petite ville figée où chaque chose et chaque personne est « à sa place ». Sauf que la Hammer s’est faite une spécialité de faire exploser les convenances. Farrell n’est pas présenté comme « un type bien » ; il boit et fume très largement, drague la jeune Annette mais couche avec Eve, qui est la mère de la première. On a connu des princes charmants qui présentaient mieux !
Déclencheur mais aussi grain de sable. La réalisation de Michael Carreras recourt très souvent à l’ellipse (en partie par manque de moyens) et le spectateur ne sait pas si Farrell est bien conscient de ce dans quoi il s’est embarqué ou s’il joue sa propre partition. Quelque part, il illustre bien la dualité du film : dans de superbes paysages (il y a beaucoup d’extérieurs, ce qui est appréciable mais, c'est dans un espace clautrophobique que le film s’achève) se noue un drame atroce et, en fait, tous les personnages sont à deux visages et le terme de « maniaque » pourrait s’appliquer aussi bien au fou furieux qu’on veut faire évader, qu’à d’autres personnages enfermés à divers titres.
Anecdotes :
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