Les pirates du Diable (1964) Résumé : Commandé par le féroce capitaine Robeles, un galion espagnol, survivant de l’Invincible Armada, accoste en Angleterre. Son équipage de forbans fait croire aux habitants d’un village que l’Espagne a vaincu et qu’ils sont l’armée d’occupation. Mais la résistance s’organise.
Critique : Un film avec « pirates » dans le titre mais surtout avec des marins d’eau douce car, si l’on voit des bateaux dans la séquence d’ouverture (contrairement à L’attaque du San Cristobal), par la suite, nous n’aurons que l’épave du El Diablo (ce qui explique le titre sensationnaliste mais ça sonne quand même comme une facilité alors qu’on aurait pu s’attendre à un film fantastique). Un navire échoué, c’est aussi des économies pour la production. Pourtant, le succès de L’attaque poussa le studio à se montrer moins pingre. C’est un accessoire à 17 000£ qui fait office de bateau. La Hammer fait aussi des économies sur le casting car la majorité des acteurs est peu connue et l’un des plus charismatique, Andrew Keir, disparaît à la moitié du film. Aucune Hammer’s Girl non plus. La réalisation est également assez statique et le scénario linéaire. On sent que Jimmy Sangster, peu inspiré pour cette fois, a recyclé une partie des idées de L’attaque du San Cristobal comme le duel entre pirates dans la taverne mais ne propose pas grand-chose de plus. Plus grave, Don Sharp ne sublime pas son matériau. Ça manque de nerfs tout ça. S’il y a de bonnes scènes, c’est trop peu et pour trop peu de temps à chaque fois. La mort de sir Basil n’est pas crédible non plus. On ne sent pas vraiment l’oppression des Espagnols sur les Anglais. Ça manque de conviction. C’est frustrant au final.
D’autant plus frustrant qu’il y avait quand même matière. Cette histoire d’armée d’occupation et de résistance, comment ne pas y voir une métaphore de la Seconde guerre mondiale toute fraîche encore à cette époque ? Voir les autorités accommodantes et ne voulant pas s’attirer les foudres de l’occupant, cela sonne juste et peut renvoyer aux sbires du Troisième Reich ou à l’extrême prudence de Pie XII. Le double jeu, par idéalisme, d’un Espagnol, était une excellente idée, même jouée par un jeune premier un peu fade. Son opposition au cynique et désabusé capitaine Robeles (majestueux Christopher Lee) ne va hélas guère au-delà de l’échange d’idées. Bien dit mais quelque peu creux. Un film décevant.
Anecdotes :
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