Saison 3 1. Au-delà du Far West (Spectre of the Gun) 2. Hélène de Troie (Elaan of Troyius) 3. Illusion (The Paradise Syndrome) 4. Le Traître (The Enterprise Incident) 5. La Révolte des enfants (And the Children Shall Lead) 6. Le Cerveau de Spock (Spock's Brain) 7. Veritas (Is There in Truth No Beauty?) 9. Le Piège des Tholiens (The Tholian Web) 10. Au bout de l'Infini (For the World Is Hollow and I Have Touched the Sky) 13. Clin d'œil (Wink of an Eye) 14. Les Survivants (That Which Survives) 15. Le Dilemme (Let That Be Your Last Battlefield) 16. La Colère des dieux (Whom Gods Destroy) 17. Le Signe de Gédéon (The Mark of Gideon) 18. Les Lumières de Zetar (The Lights of Zetar) 19. Nuages (The Cloud Minders) 20. Le Chemin d'Eden (The Way to Eden) 21. Requiem pour Mathusalem (Requiem for Methuselah) 22. La Frontière (The Savage Curtain) 1. AU-DELÀ DU FAR WEST Date de diffusion : 25 octobre 1968 Auteur : Lee Cronin Réalisateur : Vincent McEveety Résumé : Pour avoir pénétré dans l'espace des Melkotiens, des êtres supérieurs, Kirk et son équipe sont condamnés à participer à la reconstitution d'un événement historique. Il s'agit de la célèbre fusillade d'O.K. Corral, à Tombstone, telle que le Capitaine la visionne dans son esprit. Les membres de l'équipage jouent le rôle du clan vaincu des Clanton. Ils devraient donc difficilement échapper à la mort, mais M. Spock estime que la solution réside dans les différences existant entre l’événement et la connaissance qu'en a le capitaine. Et les Clanton n'avaient pas de Vulcain parmi eux ! Critique : Star Trek débute sa troisième saison par un recours au Weird West, ce mélange de Science-fiction et de Western propre aux États-Unis, auquel La Quatrième Dimension de Rod Serling s'était déjà moultes fois intéressée. Cela apporte une apparence de nouveauté au scénario, même si, en soi, celui-ci évoque beaucoup celui d'Arena, en saison 1. L'épisode a le mérite de grandement soigner son aspect Western. La musique du saloon se plaisamment emblématique, spécialement composée par Jerry Fielding. La distribution se montre particulièrement à l'aise, puisque la majorité de ses membres avait déjà joué dans des Westerns, genre encore très populaire dans les Années 60, au cinéma comme à la télévision. Le grand atout de l'opus demeure toutefois les étranges décors de cet univers quasi onirique, entre silhouettes de bâtiments et couleurs saturées, l'un des chefs d’œuvre du directeur artistique Matt Jefferies, encore et toujours l'un des maîtres atouts du programme. Cette histoire de Western truqué ne sera pas sans évoquer un lointain écho de Caméra meurtre, pour les amateurs de Chapeau melon. Ce côté surréaliste va néanmoins être rapidement élucidé par le spectateur contemporain, habitué aux jeux vidéo virtuels (nous sommes assez près de l'idée du film Jumanji : bienvenue dans la jungle). L'épisode joue la carte de l'énigme à propos des événements en cours, assez logiquement puisque l'Holodeck n'a pas encore été incorporé à l'univers Star Trek. Mais, de fait, l'on comprend bien avant les protagonistes que tout ceci n'est que virtualité, ce qui fait perdre de son effet à une scène choc comme la « mort » de Chekov. L'épisode choisit également judicieusement l'affrontement de Tombstone comme sujet, soit l'un des événements les plus célèbres de l'Ouest sauvage et l'un des plus représentés en littérature, au cinéma ou à la télévision. Le public américain est donc à même de pourvoir apprécier les péripéties et les rencontres avec des figures historiques, ce qui sera moins le cas pour le français, à moins d'être un mordu du genre. Anecdotes :
2. HÉLÈNE DE TROIE Date de diffusion : 20 décembre 1968 Auteur : John Meredyth Lucas Réalisateur : John Meredyth Lucas Résumé : Un conflit se déroule entre les mondes d'Elas et de Troyius, pourtant tous deux membres de la Fédération. La paix devient d'autant plus urgente que la situation attire la convoitise de l'Empire klingon. L'Enterprise doit convoyer la reine Hélène d'Elas sur Troie, dont elle doit épouser le dirigeant. Mais cette femme fantasque et imprévisible renâcle au mariage et provoque un incident diplomatique avec l'Ambassadeur de Troie. Kirk à fort à faire, d'autant que les Klingons aussi sont bien décidés à empêcher la cérémonie et que les larmes de la reine sont littéralement un philtre d'amour. Critique : On peut regretter que cet épisode se révèle particulièrement daté dans son recours massif aux clichés traditionnels de la femme asiatique, la Dragon Lady si souvent mise en scène par Hollywood. Rien ne manque à l'appel : arrogance, manipulation sensuelle, manières abruptes, irrationalité... Cela se ressent d'autant plus fortement qu'en face l'homme occidental qu'est Kirk pose en champion de la Fédération, mais aussi de la la rationalité et de la domination masculine. D'ailleurs, à peu près à la moitié du récit, une fois qu'il se soit imposé dans le jeu de la séduction, Hélène se soumet totalement à lui, tout comme Pussy Galore à James Bond. La reine guerrière ne demandait qu'à être conquise, la Dragon Lady devient Geisha. Cela n'enlève rien à l'excellente performance de France Nuyen, qui assume les deux facettes du personnage avec conviction et un indéniable abattage. Mais Star Trek laisse ici transparaître son âge, tout comme désormais de nombreuses scènes des 007 de Sean Connery. Et pourtant on aime bien cet épisode. Costumiers et maquilleurs se sont déchaînés, transposant l'esthétique des Pulps au sein de l'Enterprise de manière très réjouissante. Héléne rejoint de fait la tradition des reines aliens exotiques et sensuelles de ces publications, que l'on retrouvera une décennie plus tard chez la Princesse Ardala de Buck Rogers. La Reine bénéfice d'ailleurs de la garde la plus variée et affriolante des rencontres féminines de Kirk, ce qui contribue à l'atmosphère d'opéra bouffe entourant cette belle Hélène plus égyptienne que grecque. Les péripéties ne manquent pas, d'autant que le fameux et redoutable D7 de la flotte klingonne effectue ici une entrée en lice efficace. Tout comme lors d’Un Tour à Babel, opus également diplomatique de la saison 2, on retrouve ici le plaisir des séries d'aventures d'espionnage des Sixties, avec une histoire qui pourrait aisément se voir retranscrite avec le Saint comme protagoniste. Cette adaptation de la Mégère apprivoisée apparaît moins irrésistible que celle de Clair de Lune, mais demeure divertissante, malgré ses clichés. Anecdotes :
3. ILLUSION Date de diffusion : 04 octobre 1968 Auteur : Margaret Armen Réalisateur : Jud Taylor Résumé : Kirk découvre un monde idyllique, habité par une peuplade paisible, très similaire aux Amérindiens. Alors qu'il étudie un étrange obélisque, nécessitant à l'évidence une technologie supérieure, il tombe dans une trappe et est touché par un rayon. Quand il sort à l'air libre, il a perdu la mémoire et découvre que les natifs, dont la belle Miramanee, le révèrent comme un dieu. Pendant ce temps, M. Spock et l'Enterprise doivent faire face à un astéroïde risquant de heurter la planète, ce qui provoquerait une catastrophe. Critique : L'épisode met en scène une nouvelle Terre parallèle, ici celles des Amérindiens (après celles des Romains ou des gangsters, etc.), une nouvelle fois sans réelle justification Mais cette fois on ne pourra pas accuser ce marronnier de la série d'être là pour réaliser des économies en coûts de production, tant le visuel s'avère son point fort. Les nombreuses scènes en extérieur s'avèrent de toute beauté, et très californiennes, tandis que l'impressionnant obélisque, conçu spécialement pour l'occasion demeure l'une des créations les plus impressionnantes du responsable des décors Matt Jefferies. Profitons-en, les budgets vont très vite devenir misérables. Par ailleurs, si l’épisode montre quelque peu de condescendance envers les natifs, à tout pendre cela vaut mieux que l'ordinaire des Westerns les montrant en barbares et ennemis héréditaires. Et puis Kirk demeure un héros des séries des Années 60, donc fatalement plus grand que la vie, même diminué par une amnésie. Le scénario du jour se caractérise malgré tout par nombre de facilités, comme l'obélisque se dévoilant à point nommé comme le sauveur de la situation, avec une coïncidence de chronologie entre les événements de la planète et ceux de l'Enterprise assez effarante, même selon les conventions des séries télévisées de l'époque. L'histoire de Kirk, une romance de plus, reste assez lénifiante e bout en bout, jusqu'à sombrer dans le mélodrame à la dernière minute, simplement pour que la série n'ai pas à gérer que le Capitaine séducteur ait désormais femme et enfant. Par ailleurs on a du mal à croire que le rival amoureux de Kirk puisse réellement représenter une menace pour lui, après tout ce qu'il a déjà traversé victorieusement. Surtout l'histoire n'explore jamais ce qui aurait pu devenir son sujet le plus intéressant : l ressenti de Kirk devant le fait d'être vénéré comme un dieu. Il n'est m^me jamais vraiment expliqué pourquoi il laisse les indigènes le croire. Anecdotes :
4. LE TRAÎTRE Date de diffusion : 27 septembre 1968 Auteur : D.C. Fontana Réalisateur : John Meredyth Lucas Résumé : Lorsqu'elle s'aventure dans la Zone neutre, l'Enterprise est cernée par la flotte de l'Empire Stellaire romulien. Convoqué par la Commandante romulienne, Kirk affirme que l'événement et dû à une erreur. Mais il est contredit parSpock, qui affirme que le Capitaine agit de manière erratique, sans ordres de Starfleet. La Commandante fait alors appel à McCoy pour juger de l'état mental du Capitaine. Furieux que Spock l'ait trahi, Kirk agresse violemment ce dernier, mais est tué par le Vulcain, par pincement neural. Mais qu'est-il réellement en train de se passer ? Critique : Jusqu'ici les différents épisodes, souvent d'essence diplomatiques, sacrifiant à la fameuse espionnite des Sixties relevaient du contre-espionnage, l'Enterprise devant faire face aux saboteurs et assassins de l'Opposition. D.C. Fontana innove ici, puisque cette fois Kirk et les siens s'en vont porter le fer en territoire ennemi. Cette autre famille des récits d'agents secrets a souvent suscité plus de suspense et de thriller que l'autre, puisque les protagonistes s'y avèrent bien plus exposés, jouant à l'extérieur. D. C. Fontana cette carte avec un récit particulièrement riche en twists, coups tordus, scènes d’action et mises en péril des Héros. Rien ne manque à l'appel ni les déguisements proverbiaux (Shatner en Romulien est à voir), ni les jeux d'agents doubles... potentiels. On se régale d'autant plus que le collage de l'espionnite à l'univers Star Trek (que D.C. Fontana a toujours maîtrisé au moins aussi bien que Roddenberry) n'a rien d'artificiel. Bien au contraire, le récit fait appel aux technologies, systèmes politiques et racines culturelles, communes entre Vulcains et Romuliens, mis jusqu'ici en place jusqu'ici, dans un ensemble aussi vaste que maîtrisé. Même le caractère rebelle de Kirk se voit mobilisé, permettant de faire accroire, du moins autant qu'il est possible à une dérive solitaire. Évidemment, on pourra tiquer en voyant Starfleet s'abaisser à du vulgaire espionnage, mais nécessité fait loi y compris dans les étoiles. Même une Utopie bien plus anarchiste et hédoniste que la Fédération, comme la Culture des merveilleux romans de Iain Banks, a eu sa section « Circonstances spéciales ». Surtout tout ceci demeure relativement éthique et sans violence, les héros agissant avant tout comme des arnaqueurs similaires à ceux de Mission Impossible, autre production de la Paramount. La Fédération Unie des Planètes ne délivre pas de Licence to Kill. Par ailleurs The Enterprise Incident demeure un beau as d'école d'un épisode ou l'antagoniste du jour fait de l'ombre aux héros récurrents. La Commandante romulienne (hélas, jamais nommée) compose certainement le souvenir le plus mémorable de l'épisode. il fallait être D.C. Fontana pour installer la première femme femme de la franchise à commander un vaisseau spatial, mais aussi proposer un personnage féminin aussi fort. Elle rend coup pour coup et se révèle l'un des adversaires les plus coriaces de Kirk. Contrairement clichés parfois misogynes dispensés par Roddenberry, elle n'est pas soumise à ses sentiments ou à sa sensualité, bien contraire, à côté d'une vive intelligence elle utilise son charme comme une arme, sans jamais rien perdre en classe ou en distinction. Sa tenue rompt d'ailleurs avec les habitudes du programme sur ce point. Joanne Linville lui apporte beaucoup de classe et de présence, une grande composition. Évidemment elle finit par mordre à l'hameçon, même avec des mâchoires en acier, et perdre à la partie, mais il s'agit bien moins d'une domination masculine que du schéma incontournable du récit d'espionnage. One ne put que rejoindre l'éloge final de M. Spock à son sujet. Avec The Enterprise Incident, D.C. Fontana permet à l'ère Roddenberry de s'achever sur une éclatante réussite, puisque ce dernier est alors sur le point de passer définitivement le témoin à Freiberger. Anecdotes :
5. LA RÉVOLTE DES ENFANTS Date de diffusion : 11 octobre 1968 Auteur : Edward J. Lasko Réalisateur : Marvin Chomsky Résumé : Kirk et son équipe découvrent que tous les adultes de la mission scientifique établie sur Triacus sont morts, après s'être apparemment suicidés. Les cinq enfants de l'expédition sont par contre resplendissants de santé et de joyeuse humeur. Kirk les emmène à bord de l'Enterprise. Mais ils s'avère que les cinq bambins sont sous la coupe de Gorgan, une entité maléfique leur ayant lavé le cerveau puis tué leurs parents. Leur dévotion accroît sa puissance et il veut en lever une armée. Grâce aux pouvoirs de Gorgan, les enfants s'emparent du vaisseau. Critique : On perçoit très clairement ce que Roddenberry entendait raconter avec cet épisode, une parabole des périls de l'embrigadement fanatique de l'enfance, que cela soit par des sectes, ou par des mouvements politiques. Ce fut notamment le cas avec les tristement célèbres et alors encore récentes Jeunesses hitlériennes de l'Allemagne nazie. Chapeau melon et Bottes de cuir procède de même avec une tranche d'âge légèrement plus élevée, lors de L'Invasion des Terriens (6-02). Le groupe d'enfants se compose de diverses ethnies, conformément au projet universaliste de Roddenberry, en un temps où tant de distributions demeuraient exclusivement blanches. Un beau sujet, d'autant qu'il demeure tristement d 'actualité de nos jours. Mais la concrétisation de cette idée par Freiberger va s'avérer catastrophique, augurant mal de la nouvelle ère s'ouvrant avec cet opus. Pour le coup, on va effectivement retrouver à peu près autant d'inepties que lors de L'Invasion des Terriens ! Après la mise en place de la situation, on assiste à un interminable surplace ponctué des postures vite répétitives et irritantes des jeunes personnages, avec lesquels l'épisode ne construit rien. Aucun d'entre eux n'apparaît un tant soit peu inquiétant, au rebours de celui du It's a Good life de La Quatrième Dimension. Les interventions de Gorgan n'arrangent rien. Vêtu de ce qui ressemble fort à un rideau de douche, Melvin Belli débite son texte de manière particulièrement ennuyeuse, à la manière d'un robot. Les membres de l'équipage ont droit à un florilège de scènes passablement grotesques, où l'on ne les reconnaît tout simplement pas. Il s'avère ridicule de voir McCoy sans cesse s'inquiéter du traumatisme que les actions de Kirk pourrait causer aux enfants, alors que ces derniers sont sous la coupe d'un quasi Démon et qu'ils ont assisté en souriant à l'assassinat de leurs parents. Un épisode navrant, quelque chose ne tourne plus rond à bord de l'Enterprise. Anecdotes :
6. LE CERVEAU DE SPOCK Date de diffusion : 20 septembre Auteur : Lee Cronin Réalisateur : Marc Daniels Résumé : Une mystérieuse et superbe jeune femme se matérialise dans la passerelle de l'Enterprise, et fait sombrer tout l'équipage dans l'inconscience. Au réveil, M, Spock demeure dans un état catatonique. McCoy découvre que son cerveau lui a été retiré ! Il mourra si son cerveau n'est pas remis en place sous 24 heures. Par contrôle mental, McCoy manipule le corps de Spock. Kirk rattrape le vaisseau de la belle Kara dans le système de Sigma Draconis et découvre que celle-ci n'a rien d'une lumière. Son peuple, composé exclusivement de femmes aussi sensuelles et demeurées qu'elle (mais aussi dominatrices sadiques), compte sur le cerveau de Spock pour contrôler le fonctionnement de divers équipements, auxquel elles ne comprennent rien. Critique : Par extraordinaire, il peut arriver qu'après avoir rédigé un résumé, toute critique paraisse superflue. On va pourtant s'y risquer concernant Le cerveau de Spock, qui réussit l'étonnant exploit de former un épisode OVNI au sein d'une série de Space-opéra. L'hilarité non intentionnelle, souvent la plus irrésistible, est de rigueur tout au long d'un récit absurde multipliant les idioties. Le gag de l'hypothèse de départ, Spock survivant sans, littéralement, son cerveau, se voit sans cesse mis en exergue par l'interminable sketch du Vulcain devenu Zombie et mentalement dirigé par McCoy. La saison 3 n'est sans doute pas la plus brillante, mais elle s'avère particulièrement dommageable pour Spock, comme le commenta Nimoy. Des trous béants apparaissent, comme Kara devinant que le cerveau logique de Spcok est le mieux outillé pour diriger des machines, alors qu'elle n'a aucun élément d'information pour cela. Afin d'insuffler un minimum d'intensité dramatique à la conclusion, on y va tout en touches subtiles, Spock devant expliquer à McCoy quoi faire au cours de l'opération de remise du cerveau en place, puisque le bon docteur a d'un seul coup oublié comment procéder. On croit rêver. Mais il s'agit peut-être de la fameuse intuition féminine, tant l'opus exacerbe les clichés misogynes habituels chez Roddenberry : femmes soumises aux émotions et très limitées en intellect, s'efforçant de réduire les hommes en esclavage, par le plaisir mais aussi la souffrance. Un summum survient en fin d'épisode, quand Kirk leur conseille de se trouver des hommes afin de progresser, y compris les hommes préhistoriques locaux. Les invitées du jour ne brillent pas par la finesse de leur jeu, mais il est vrai qu'on ne leur donne rien de=bien subtil à interpréter, comme l'illustrent les dialogues de Kara. Il est également évident que la distribution récurrente ne prend pas vraiment l'histoire aus sérieux. William Ware Theiss, aux costumes (très affriolants pour Kara and Co) et Matt Jefferies aux décors, réussissent leur affaire, on apprécie en particulier le design du casque télépathique de McCoy. Il est vrai qu'au 42e degré, les amateurs de Nanars pourront s'amuser d'un tel fatras, où les scènes sérieuses virent au comique, tandis que les humoristiques tombent à plat. Un épisode tellement idiot qu'il en devient une vraie curiosité pour connaisseurs. Anecdotes :
7. VERITAS Date de diffusion : 18 octobre 1968 Auteur : Jean L. Aroeste Réalisateur : Ralph Senensky Résumé : La Fédération mène une importante négociation de coopération avec les Médusiens. Cette espèce possède une navigation spatiale bien supérieure, mais est si hideuse que sa simple vue rend fous les êtres humanoïdes. L'Enterprise convoie Kollos, Ambassadeur des Médusiens, jusqu'à son mande natal. Il voyage dans un caisson pour ne pas être visible et est accompagné de Laurence Marvick, ingénieur terrien et de la télépathe aveugle Miranda Jones, chargés d'y établir une mission diplomatique. Marvick amoureux de Miranda et jaloux de sa relation avec Kollos regarde ce dernier par mégarde. Il sombre dans une folie qui va mettre en danger l'Enterprise. Pour résoudre la situation, Spock va se risquer à opérer une fusion mentale avec l'Ambassadeur. Critique : il s'avère difficile de ne pas remarquer à quel point les Médusiens empruntent aux navigateurs aux Navigateurs de la Guilde spatiale décrits dans le célèbre roman Dune, qui vient de remporter le prix Hugo en 1966 : difformités hideuses, vie en caissons, pouvoirs de navigation permettant de traverser le vide spatial à des vitesses incommensurables, etc. On s'y croirait, même si la copie n'est pas tout à fait conforme. Toute référence à l’Épice, ou autre substance similaire est effacée, cela deviendrait sans doute trop visible sinon. Outre cette gênante proximité, l'épisode souffre de reposer sur trop d’invraisemblances, comme la jalousie absurde de Marvick, qui s'ajoute au fait qu'il soit l'un des concepteurs de l'entreprise. Chaque personnage se voit lesté de caractéristiques trop manifestement conçues pour permettre au scénario de fonctionner, jusqu'à donner une impression globale d'artificialité. Les jalousies, coups de colères surjoués et péripéties énormes (L'Enterprise soudainement propulsée à l’extérieur de la Galaxie ?) pourraient donner des allures de Telenovela à l'épisode, mais la mise en scène vient au secours. Dans cette histoire évoquant la beauté comme étant, tout comme chez Rod Serling, dans l’œil de l'admirateur, un grand soins se voit apporté aux couleurs et à la photographie, avec plusieurs jolis effets chromatiques. Les angles de vue se montrent également agréablement sophistiqués. Quelques jolis moments d'émotions subsistent également, notamment grâce à la performance toute en sensibilité de Diana Muldaur. On apprécie également qu'une personne handicapée soit représentée de manière non misérabiliste ou larmoyante. Un épisode inégal, ne se situant pas parmi grands épisodes centrés sur Spock. Anecdotes :
Date de diffusion : 06 décembre 1968 Auteur : Joyce Muskat Réalisateur : John Erman Résumé : Afin d'évacuer deux scientifiques de la Fédération, l'Enterprise se rend dans un système dont le soleil est sur le point de se transformer en nova. Kirk, McCoy et M. Spock sont capturés par des aliens menant de cruelles expériences sur la résistance à la torture dans leur laboratoire souterrain. Les deux scientifiques en sont morts. Nos héros subissent à leur tour les supplices, mais font aussi connaissance avec Gem, une femme muette capable de totale empathie. Elle peut absorber la douleur et les blessures d'autrui. Gem est le véritable objet des expériences menées par les Aliens. Critique : On pourra reprocher à l'épisode les décors réellement minimalistes du laboratoire des Aliens (et des maquillages de ceux-ci, autant s'en passer). Cette fois le surréalisme venu au secours de l'étrange plateau de Spectre of the Gun, en début de saison, n'opère pas. Avec ces simples fonds noirs, la série ne peut plus guère guère cacher la misère. La violence parfois voyeuriste des scènes de torture semble excessive et en pas cadrer avec l'ensemble de la série, comme si cette émotion forte facile tentait de pallier au manque de spectacle. De plus il s'agit d'une énième version du marronnier voyant des Aliens tous puissants tester des sujets afin de vérifier s'ils méritent ou non leur intervention salvatrice. C'était déjà le cas dans Arena et Les Arbitres du Cosmos, en saison 1, entre autres. La seule relative nouveauté étant que cette fois ce n'est pas l'équipage (donc l'Humanité) qui se voit testé, mais Gem et son peuple. Et pourtant cet opus improbable se montre non dépourvu d'intérêt. En effet il sait mettre l'accent sur les protagonistes, domaine où le manque d'argent ne nuit en rien à la qualité d'écriture. A point particulièrement nommé, l'intrigue parvient ainsi à instaurer une véritable empathie entre le spectateur et Gem, personnage réellement tragique. Le surjeu savamment étudié de Kathryn Hays participe efficacement à ce résultant, aussi bien pour les attitudes corporelles que les expressions faciales. Mais l'on apprécie surtout que le fait que le trio vedette soit soumis à l'une de ses épreuves les plus cruelles depuis le commencement de la série serve à pleinement mettre en lumière leur vérité intime, ainsi que leur rôle au sein de la Trinité Star Trek. Kirk est l'âme de Star Trek, Capitaine et principe vital de l'action, là où Spock en est le cerveau rationnel et régulateur. L'un complète l'autre, formant une invincible mécanique, mais c'est bien McCoy qui forme le cœur de l'équipe. Parfois émotif, voire impulsif, toujours compatissant, entre deux Mint Juleps, le bon docteur reste celui qui établit un lien humain entre le spectateur et les deux surhommes à la tête de l'Enterprise. Par la scène du sacrifice, l'opus rend un bel hommage à cette dimension de McCoy. Par sa passion palpable pour les personnages comme pour leur relationnel, la jeune autrice non professionnelle qu'est Joyce Moskat se situe aux avant-postes de ces fanfictions allant accompagner le parcours des séries ultérieure. Anecdotes :
9. LE PIÈGE DES THOLIENS Date de diffusion : 15 novembre 1968 Auteur : Judy Burns et Chet Richards Réalisateur : Herb Wallerstein Résumé : L'Enterprise découvre l'USS Defiant, à la dérive au sein du territoire des Tholiens. Kirk se téléporte à bord avec une équipe d'intervention, et découvre que tout l'équipage est mort, après s’être visiblement entre-tué. Un phénomène énergétique déphase le Defiant dans l'espace-temps. M. Spock décide de maintenir l'Enterprise sur place afin de sauver le capitaine et ses hommes, bien que le phénomène de folie comme à toucher l'équipage. La situation se complique encore quand la flotte des Tholiens intervient pour enserrer l'Enterprise dans un immense filet énergétique et qu'une querelle oppose Spock à McCoy. . Critique : Comme, hélas, beaucoup d'autres épisodes de la saison 3, Le Piège des Tholiens forme une combinaison d'éléments déjà vus durant les deux premières. Une grande partie des péripéties a de ce fait comme un air de déjà vu : la réponse à un appel de détresse conduisant à un équipage entièrement mort (The Omega Glory, The Doomsday Machine), la confrontation avec une race alien très énervée et détentrice d'une technologie supérieure, un fléau s'abattant sur l'équipage et son état d'esprit, Kirk séparé de son cher vaisseau, etc. Tout ceci se suit sans déplaisir, mais sans guère d'enthousiasme non plus. Heureusement, comme dans toute série digne de ce nom, le relationnel vient au secours d'une intrigue peu relevée. Ainsi il reste absurde qu'en soi la cérémonie funèbre de Kirk se déroule en pleine crise, alors que M. Spock aurait aisément pu la remettre à un peu plus tard. Mais le passage des dernières volontés du capitaine reste très émouvant (même si l'on sait que bien entendu, il va revenir), alors même que, plus acerbe qu'à l'ordinaire, l'habituelle controverse entre Spock et McCoy pimente elle-aussi les débats. Visuellement l'épisode s'avère également une réussite, avec l'apparence menaçante des Tholiens, ou encore le mémorable effet spécial de leur grille énergétique, très en mode Space-Opera. Une nouvelle fois l'apport de la remastérisation de l'épisode apparaît très relatif là-dessus. L'emploi de lentilles focales lors de certains gros plans, pratique assez rare au sein de la série, est un pari gagné. Les tenues spatiales imaginées par William Ware Theiss participent également au spectacle, ainsi que les costumes d'une Uhura pouvant pour une fois échapper à la passerelle. Un esprit taquin pourra remarquer que quand elle déclare avoir vu le « fantôme » du capitaine, on la croit choquée, tandis que quand Scotty dit la même chose, tout le monde le croit. Mais il est qu'un second témoignage corroborant un premier semble toujours plus crédible. Un épisode beaucoup trop classique et prévisible sur le fond, mais se montrant convaincant sur la forme. Anecdotes :
10. AU BOUT DE L'INFINI Date de diffusion : 08 novembre 1968 Auteur : Rick Vollaerts Réalisateur : Tony Leader Résumé : Alors que McCoy découvre qu'il est atteint d'un mal incurable, l'Enterprise découvre qu'un astéroïde fonçant vers un monde habité est en fait creux et qu'il contient une population. Kirk, Spock et McCoy s'y téléportent et s'aperçoivent que les Fabrinis voyagent depuis si longtemps dans ce vaisseau, qu'ils le prennent pour leur monde. Ils vénèrent l'ordinateur le pilotant tel un dieu, le nommant l'Oracle. Mais en 10 000 ans l'Oracle est devenu défectueux. Kirk va devoir sauver les Fabrinis sans violer la Directive Première, tandis qu'une idylle se noue entre McCoy et Natira, la jeune prêtresse dirigeant la population au nom de l'Oracle. Critique : Les vaisseaux monde représentent l'un des plus vieux sujets abordés par la Science-fiction, d'autant plus intéressant qu'il s'agit d'un domaine où la littérature avoisine, peu ou prou, les recherches scientifiques. A travers plusieurs projets, ces migrations s'étendant sur un grand nombre de générations ont pu être théorisées comme un moyen de contourner les limites des vitesses atteignables par les vaisseaux, afin de pouvoir atteindre un autre système solaire pouvant abriter la vie. Peu de temps avant le lancement de la série, Robert A. Heinlein avait d'ailleurs remis le thème au goût du jour, avec la publication de son roman orphelins du Ciel, comme élément de sa grande Histoire du futur. Hélas, l'opus n'aborde que très superficiellement la question, préférant en revenir au recyclage d'éléments déjà vus lors des deux premières saisons. Ainsi un ordinateur devenu fou, s'en prenant à l'Enterprise et régnant tel un Dieu sur une société presque revenue à l'état de nature renvoie directement à La Pomme, en saison 2. Les dispositifs tueurs de l'ordinateur rajoutent, il est vrai, un élément supplémentaire de paranoïa. Pour le reste, le récit se borne à installer une énième romance, cette fois concernant McCoy et non l'inépuisable James T. Kirk, ce qui n’en bouleverse pas la donne. Si les amateurs de Chapeau melon et Bottes de Cuir retrouveront avec plaisir Kate Woodville (alors encore épouse de Macnee à la ville), il n'y a guère d'alchimie qui s'instaure entre elle et DeForest Kelley, peut-être du fait d'une trop rapide concrétisation. Que le livre des origines de l'Arche recèle le remède au mal incurable dont souffre McCoy pourrait servir d'épitomé à l'ensemble de ces énormes coïncidences caractérisant les productions des Années 60. Le recyclage de décors précédents devient également toujours plus visible. Anecdotes :
11. LA COLOMBE Date de diffusion : 01 novembre 1968 Auteur : Jerome Bixby Réalisateur : Marvin Chomsky Résumé : Répondant à l'appel d'une colonie humaine établie sur Béta XII-A, L'Enterprise ne trouve rien arrivée sur place, toute trace d'occupation a disparu. Peu après un vaisseau klingon arrive, après avoir subi une attaque dont il rend responsable l'Enterprise, tandis que Kirk estime qu'au contraire c'est lui qui a détruit la colonie. Un combat d'autant plus impitoyable débute à bord de l'Enterprise entre les équipages brusquement ivres de rage de Kirk et du Commandant Kang. Toutes les armes énergétiques sont subitement transformées en simples épées. Tout ceci est ourdi par une sinistre entité se nourrissant de la haine et de la violence qu'elle suscite. Critique : Avec La Colombe, la saison 3 poursuit inexorablement sa ré-écriture massive des deux précédentes, puisque l'on retrouve ici des pans entiers de l'intrigue de Un loup dans la bergerie (2-06). Les Klingons sont certes cette fois présent, mais ils servent surtout à dérouler une intrigue anti-militariste aussi sympathique que simpliste. Malheureusement il n'y a pas toujours de parti mauvais par essence et aisément repérable pour provoquer les conflits, la réalité s'avère régulièrement plus complexe et enchevêtrée que cela. Mais cela situe agréablement la série dans son époque de Flower Power. En cela, il acquiert une valeur testimoniale appréciable, nous illustrant la vision du phénomène de guerre qu'en avait le mouvement hippie alors à son zénith. D'un point de vue « historique », le début d'ouverture entre Fédération et Empire qu'inaugure l'épisode se verra exploité par la franchise, notamment avec le Lt. Worf de Next Generation. Les Klingons vont pleinement s'intégrer à l'univers Star Trek, au-delà de la posture de méchants de service et les Trekkies seront libres de les aimer (et de parler leur langage...). Il n'en aurait pas moins été davantage porteur que Klingons et Humains trouvent la voie de la paix en eux-mêmes, plutôt qu'en identifiant l'Alien néfaste. Dès lors tout s'ensuit avec une certaine confusion entre vrai refus de la voie guerrière et simple refus d'être manipulé. Les amateurs de Dallas apprécieront de retrouver Susan Howard, assez méconnaissable, dont la Donna reste il vrai l'un des bons souvenirs de la saga Ewing. Un esprit taquin pourra toutefois s'amuser de voir cette actrice aus sein d'un épisode profondément pacifiste, alors qu'elle deviendra bien plus tard un soutien affiché de la NRA au Texas. Le vrai atout de l'épisode demeure l'impressionnant Commandant Kang (excellent Michael Ansara), qui apporte une nouvelle figure de proue à l'Empire Klingon après Kor. Impitoyable, mais aussi rusé et amusant. On se surprend à bien aimer ce guerrier savoureux et féroce, ayant une vraie stature. On apprécie aussi que Mara soit l'officier scientifique des Klingons, et pas seulement l'épouse de Kang. Anecdotes :
12. LES DESCENDANTS Date de diffusion : 22 novembre 1968 Auteur : Meyer Dolinsky Réalisateur : David Alexander Résumé : L'Enterprise intervient sur Platonius, dont le dirigeant parmen est sur le point de mourir de maladie Les habitants de ce monde (qui ont vécu sur terre à, l'époque de Platon) ont en effet de grands pouvoirs psychiques, mais une très faible défense immunitaire. McCoy sauve Parmen et, si celui-ci se montre reconnaissant, il souhaite aussi que le docteur reste sur la planète. Après le refus poli de McCoy, les habitants vont faire vivre des épreuves humiliantes à Kirk, Spock, Chapel et Uhura, pour le forcer à changer d'avis. Le groupe va recevoir l'aide d'Alexandre, l'esclave nain de Parmen. Critique : Alexander, where I come from, size, shape, or color makes no difference. Cette belle déclaration de KirK à Alexandre synthétise l'aspect depositif de l'opus : l'acceptation de la différence, au-delà des préjugés. Le symbole en est bien sûr pour le fameux baiser inter-ethnique entre Kirk et Uhura, encore que, en termes de production, il a été précédé de celui entre William Shatner et France Nuyen dans Hélène de Troie, cette saison. Mais cela vaut aussi pour les handicaps, le nanisme d'Alexandre (venant rejoindre le mutisme de Gem (L'Impasse) et la cécité de Miranda (Veritas). Trois épisodes en une seule saison dédiés à une représentation positive des handicapés, bien peu de séries contemporaines à Star Trek peuvent en dire autant. Michael Dunn se montre une nouvelle fois parfait. En contrepoint, le portrait de Parmen autorise une critique des dangers de l'arbitraire. Et avec ceci, nous avons fait le tour, du principal, mais aussi unique, atout de l'épisode. Car, pour le reste, Les Descendants se résume à une série de sketchs assez pachydermiques consultant à ridiculiser encore et encore les protagonistes de la série. Le tout sans réel rapport avec Platon, qui n'en demandait pas tant, mais avec le surcroît de kitsch qu’autorise le décorum grec. On en avait déjà eu un avant-goût la saison dernière avec Pauvre Apollon, cela se confirme ici malgré de belles création,s dont l'échiquier géant à la Chapeau Melon. On reste assez confondu devant le caractère gratuit et répétitif de ces exercices de pilori, d'autant que les héros ne font que subir jusqu'à l'intervention salvatrice d'Alexandre. Au moins les épreuves subies par le Docteur et ses Compagnons face au Celestial Toymaster étaient-elles ludiques, et non un simple défilé d'idioties. On ne sait à quelle scène dédier le Prix du Nanar, peut-être au flamenco (danse grecque bien connue) dansé par Spock autour de Kirk, mais la concurrence est rude. Anecdotes :
13. CLIN D'ŒIL Date de diffusion : 29 novembre 1968 Auteur : Arthur Heinemann et Lee Cronin Réalisateur : Jud Taylor Résumé : Répondant à un appel de détresse émanant de la planète Scalos, l'Enterprise découvre ce qui semble être un monde désert. Suite à plusieurs phénomènes étranges survenus à bord, Kirk comprend que le métabolisme des Scalosiens leur permet de se déplacer à une hyper vitesse, les rendant invisibles pour l'équipage. Leur reine Deela mêle de l'eau scalosienne au café du Capitaine, ce qui permet un contact, même si Kirk devient aussi indécelable. Le belle Deela apprend alors à Kirk que son peuple va s'emparer du vaisseau. Par ailleurs, les membres masculins de l'équipage vont être mobilisés afin de pallier à la stérilité des Scalosiens mâles. Critique : L'idée d'espèces ou d'individus vivant à des rythmes différents rendant la communicabilité quasi impossible est une idée séduisante. Elle est également assez ancienne en Science-fiction, puisque, dès 1901 H. G. Wells y a recours dans sa nouvelle Le Nouvel Accélérateur et que DC Comics crée le Flash dès 1940. le thème présente néanmoins le mérite de ne jamais avair été mise en scène dans Star Trek jusqu'ici. Un choix qui tombait donc à pic pour une saison 3 jusque-là en panne d'idées nouvelles. Malheureusement cette tentative fait long feu, tant en en revient vite à des sentiers balisés : appel de détresse, tentative de détournement de l'Enterprise, nouvelle romance pour Kirk, etc. Cela se ressent d'autant plus fortement que ce récit essentiellement confiné à bord de l'Enterprise constitue un épisode bottle, hormis pour la charmante présence de Deela. Cette mesure d'économie (par définition les trucages ne coûtant pas bien cher ici) a pu être l'occasion pour des auteurs d'autres séries de compenser par un surcroît d'imagination, il n'en est rien ici. Par ailleurs le scénario présente plusieurs failles logiques, la plus gênante étant que le Temps semble s'écouler à la même vitesse pour l'équipage et les Scalosiens. Cela permet au scénario de fonctionner, mais, par exemple, le temps mis par M. Spock pour découvrir l'existence des Scalosiens (plutôt intelligemment, d'ailleurs) devrait être multiplié au bas mot plusieurs centaines de fois pour Deela, lui assurant la victoire. Évidemment le scénario de cesse de glisser là-dessus, de même que sur d'autres difficultés équivalentes. Si le spectateur procède pareillment, il pourra se laisser séduire par l'astucieuse mise en scène des Scalosiens (costumes masculins au-delà du kitsch, par contre), l'efficace collaboration entre McCoy et M. Spock, où la piquante relation, davantage explicite qu'à l'ordinaire, entre Deela et Kirk. Le charme de Kathie Browne ne saurait laisser indifférent, il faut bien l'avouer. Au final, un épisode distrayant, mais n'assumant pas suffisamment ses choix. Anecdotes :
14. LES SURVIVANTS Date de diffusion : 24 janvier 1969 Auteur : John Meredyth Lucas et Michael Richards Réalisateur : Herb Wallerstein Résumé : Une équipe menée par Kirk explore une planète aux grandes richesses géologiques. Mais une superbe jeune femme, Losira, apparaît et envoie l'Enterprise à 10 000 années lumières de ce monde. Elle s'attaque ensuite simultanément à l'équipe restée au sol et à l'équipage du vaisseau, abattant ses membres. La planète subit également un tremblement de terre. Kirk comprend que Losira est en fait un hologramme mortel envoyé par un ordinateur ancestral, chargé de défendre ce monde contre des envahisseurs. Critique : L'idée d'un « spectre » invincible traquant les membres de l'équipage aurait pu nous valoir un épisode trépidant ou horrifique. En substance, c'est déjà celle d'Alien pour le huis clos (pour la partie se déroulant dans l'Entreprise) et de Predator, en environnement hostile (pour celle au sol). Mais,peut-être par manque de budgets et de réels moyens de production mis à sa disposition, le scénariste ne sait sauver la tête des héros qu'en grevant Lostra de limitations toutes plus artificielles et frustrantes les unes que les autres. Pourquoi pas ne pouvoir tuer qu'une seule personne à la fois, mais devoir disposer pour cela de son nom, de son grade et de son matricule dans Starfleet apparaît assez ridicule et anti-climatique. Cette fois le relationnel ne vient pas aus cours de l'opus, tant M. Spock s'avère inutilement crispant, encore et encore. Par ailleurs, quand le pot aux roses est enfin découvert, celui-ci s'avère particulièrement décevant. On en revient à une énième histoire d'ordinateur déréglé prenant l'Enterprise pour un envahisseur (tout ça pour ça), avec un modus operandi pour le moins ahurissant. Utiliser des tremblements de terre comme moyen de défense semble relativement maladroit (litote), tandis que propulser un vaisseau littéralement à des milliers d'années-lumière de là résulte grandiloquent, y compris à l'échelle d'un Space-Opera. Un tel déferlement d'hyper technologie pour finalement échouer à protéger la population d'un virus, voici qui n'est guère emballant par les temps qui courent, mais c'est une autre histoire. Le plus triste demeure sans doute le sous-emploi de l'aussi excellente que sublime Lee Meriwether. Pour l'essentiel elle se voit cantonnée à des apparitions répétitives et peu développées, qui ne seront pas sans évoquer celles de Maitreya aux amateurs des X-Files. Un épisode où rien ne fonctionne vraiment, ni l'ordinateur, ni le scénario. Anecdotes :
15. LE DILEMME Date de diffusion : 10 janvier 1969 Auteur : Oliver Crawford et Lee Cronin Réalisateur : Jud Taylor Résumé : A bord d'une navette, Lokai demande l'asile politique à l'Enterprise. Il affirme être victime de persécution raciale sur son monde d'origine, Cheron. Peu de temps après un vaisseau de Cheron aborde l'Enterprise, le Commissionnaire Bele exigeant que Lokai lui soit remis. Kirk refuse et Bele lui explique que les traits de Lokai prouvent sa traîtrise : il a le visage noir à gauche et blanc à droite, inversement aux bons citoyens. Bele va tenter de s'emparer de l'Enterprise grâce à ses pouvoirs psychiques. Critique : On peut regretter la poursuite d'une certaine emphase bon marché dans l'écriture des scénarios. Lors de l'épisode précédent un ordinateur détraqué déplaçait l'Enterprise de 10 000 années lumières, voici que Bele poursuit Lokai depuis... 50 000 ans. A côté, notre Javert est un petit joueur. Tout cela est destiné à frapper l'imagination sans coûter un fifrelin en effets spéciaux, mais au moins la pirouette autorise ici la saisissante chute de l'intrigue. Par ailleurs Le Dilemme va démontrer suffisamment de qualités pour figurer parmi les quelques intéressants épisodes tardifs de Star Trek. Il constitue une parabole imagée et efficace des discriminations ethniques encore au combien présentes dans l'Amérique de la fin des années 60, mais aussi, de manière balancée une condamnation de la violence haineuse qui pourrait en résulter chez les opprimés. Ce cercle vicieux, hélas encore si présent aujourd'hui se voit ainsi pointé du doigt par une chute évoquant clairement celles de de La Quatrième Dimension. Cette morale de l'histoire ne nuit pas au spectacle,d 'autant que le scénario se montre bien plus original que bon nombre d'autres de la saison 3. Si les effets spéciaux demeurent tributaires du manque de budget étranglant désormais la production, les péripéties ne manquent pas. Le processus d'auto-destruction de l'Enterprise n'est pas foncièrement original, mais insuffle une vraie tension dramatique. Le rituel se verra d'ailleurs reproduit à l'identique lors du film Star Trek III : À la recherche de Spock, en 1984. Particulièrement saisissants, les maquillages appuient efficacement le message du récit, tout en demeurant très esthétiques. L'épisode nous vaut également le vif plaisir de retrouver la vivacité et l'expressivité du jeu de Frank Gorshin, qui, avec le Riddler composa l'un des meilleurs antagonistes de Batman 1966 (avec le Joker de César Romero). Anecdotes :
16. LA COLÈRE DES DIEUX Date de diffusion : 03 janvier 1969 Auteur : Lee Erwin et Jerry Sohl Réalisateur : Herb Installer et Jud Taylor (non crédité) Résumé : L'Enterprise vient apporter une importante livraison de médicaments à l''asile psychiatrique situé sur Elba II. Celui-ci contient les quinze derniers psychopathes criminels recensés dans la Fédération. Téléporté sur place avec M. Spock, Kirk découvre que les patients ont secrètement pris le pouvoir. Ils sont dirigés par Garth d'Izar, ancien prestigieux Capitaine de Starfleet. Il est devenu fou suite à un accident l'ayant défiguré, même si son corps a été reconstitué par des Aliens. Ce traitement lui a donné la faculté de changer d'apparence. Devenu un sosie de Kirk, il va tenter de s'emparer de l'Enterprise, mais pour cela il faut que le Capitaine lui révèle ses codes de commandement. Critique : Après la belle originalité de l'opus précédent, La Colère des Dieux retombe dans le travers de la saison 3 consistant à largement reproduire des scénarios des deux premières saisons. On retrouve ainsi de fortes convergences avec Les voleurs d'esprit (1-10), au détail près du fauteuil de torture. Cela se ressent d'autant plus fortement que ce dernier décor est resté le même qu'en saison 1, hormis quelques modifications de détail. L'élément nouveau que représente le pouvoir de métamorphe de de Garth revient simplement à installer une nouvelle de ces histoires de doubles dont les Années 60 auront été si friandes. Les différents retournements de situation liés aux identités d'emprunts de l'antagoniste sont installés sans guère de génie. A défaut de maladresses, les supposés twists émaillant l'action s'avèrent tous hautement prévisibles. On a également connu plus subtil comme approche de l'utopie représentée par la Fédération Unie des Planètes que cette révélation comme quoi son système de valeurs aurait empêché, ou quasi, toute apparition d'esprits déviés et criminels, la suite de la franchise reviendra d'ailleurs sur cet aspect assez grandiloquent. Que la criminalité et la folie soient décrites comme intimement liées laisse également sceptiques, idem pour l'idée qu'un médicament puisse avoir le m^me effet sur des êtres de différentes espèces, venus de diverses planètes. L'épisode retrouve des couleurs avec ses seconds rôles défendus avec une vraie conviction par leurs interprètes tranchant avec la médiocrité ambiante. On avouera un coup de cœur particulier pour Yvonne Craig, manifestant le même abattage que dans le rôle de l'éclatante Batgirl de la saison 3 de Batman 1966. Anecdotes :
17. LE SIGNE DE GÉDÉON Date de diffusion : 17 janvier 1969 Auteur : George F. Slavin et Stanley Adams Réalisateur : Jud Taylor Résumé : La Fédération mène des négociations compliquées afin de s'alleir à Gédéon, monde se présentant comme paradisiaque. Gédéon accepte la venue de Kirk comme unique Ambassadeur de la fédération. Téléporté, Kirk se retrouve au sein d'une Enterprise devenue déserte. Il y rencontre la belle Odona, qui affirme ne pas savoir comment elle est arrivée là. Pendant ce temps, la disparition de Kirk est signalée, mais Gédéon refuse l'ouverture d'une enquête. Kirk pressent qu'un sombre complot est à l’œuvre. Critique : La révélation de la vraie situation de Gédéon rejoint une préoccupation majeure se faisant jour à l'issue des années 60 (La tour des damnés, 1968): la crainte de la surpopulation mondiale. Cette inquiétude, qui va aller croissant au cours de la décennie suivante ne relève pas seulement de la Science-fiction, elle a concerné sociologues, économistes et futurologues, bien avant que l'alarme climatique, pourtant intimement liée n'occupe le devant de la scène On se souvient notamment d'un numéro de la vénérable émission L'Avenir du Futur (toute une époque), où le débat succédant à Soleil vert se révéla encore plus inquiétant que le film lui-même. On reconnaîtra à l'épisode de se situer aux avant-postes de cette thématique dont la Science-fiction allait s'emparer dans les années ultérieures. Dans la droite ligne d'une époque bien moins fondamentalement optimiste que ne le fut l'Age d'Or, les romans allaient en en effet fleurir sur le sujet : Billenium, 1970, Les Monades urbaines, 1971, Tous à Zanzibar, 1972, Soleil vert, 1973, etc. Malheureusement, cette valeur de témoignage que revêtira l'opus pour les amateurs de la petite histoire de la Science-fiction ne saurait occulter à quel point il bâcle son intrigue afin de pouvoir parvenir l'image de la population agglutinée autour du simulacre de l'Enterprise. Celle-ci crée effectivement une sensation, restée en mémoire de celui qui a découvert Star Trek voici bien longtemps, sur feue La Cinq. Mais pour y parvenir, que de trous béants dans le scénario, que de questions sans réponses ! Comment les dirigeants de Gédéon ont-ils pu détenir des plans aussi détaillés, au détail le plus infime près, de l'Enterprise ? A quoi sert au juste ce simulacre ? Troubler Kirk n'est guère convaincant pour fournir un tel effort. En quoi une possible romance avec Adona pourrait-elle inciter Kirk à demeurer sur Gédéon, alors même que le risque contagieux qu'il représente condamne la jeune femme à court terme ? Le manque de cohérence de l'histoire la fait s'effondrer, après un début très prometteur par son aspect énigmatique. Anecdotes :
18. LES LUMIÈRES DE ZETAR Date de diffusion : 31 janvier 1969 Auteur : Jeremy Tarcher et Shari Lewis Réalisateur : Herb Kenwith Résumé : Scotty tombe amoureux du Lieutenant Mira Romaine, jeune scientifique voyageant à bord de l'Enterprise, à destination de Memory-Alpha, la planète-bibliothèque de la Fédération. Une étrange tempête lumineuse frappe Memory-Alpha et en tue presque tous les habitants. Les lumières traversent également l'Enterprise, envoyant Mira à l'infirmerie. Elles sont en fait constituées de la force vitale des anciens habitants de Zetar, une planète désormais morte. Ceux-ci ont choisi Mira pour être leur nouveau réceptacle, mais Scotty veille au grain. Critique : Le scénario résulte pour le moins déséquilibré, consacrant énormément de temps à l'élucidation de la véritable nature des lumières, pour ensuite résoudre le problème de manière aussi expéditive que simpliste : mettre Mira dans un caisson de confinement, afin que la pression chasse les lumières de son corps, ce qui les ait mourir. Étonnant que personne n'ait encore pensé à cela pour vaincre le Covid. Malheureusement le récit va similairement gâcher les différentes opportunités qu'il contenait en germe. Au total ce qui aurait pu devenir une histoire d'épouvante via l'équivalent d'une possession démoniaque, ou le portrait fort d'une héroïne face à l'Inconnu, devient une longue et bavarde exposition, agrémenté d'une romance charmante en soi mais aussi très passe-partout. Les motivations des lumières demeurent floues et, du fait d'une production exsangue, la bonne idée d'une Planète-bibliothèque ne se voit guère exploitée. Jouée avec naturel par Jan Shutan, Mira se montre certes vive et attachante mais ne va pas beaucoup plus loin que la posture classique de la damoiselle en détresse sauvée par son preux chevalier. On reconnaîtra toutefois à l'épisode de l'exempter des clichés misogynes parfois vus chez Roddenberry. De même la mise en scène bénéfice du joli effet spécial des lumières, d'autant qu'elle sait jouer des beaux yeux de Mira en effet reflet. Les amateurs du Doctor Who moderne pourront évidemment s’amuser des convergences existant avec l'épatant double épisode Silence in the Library / Forest of the Dead de Steven Moffat (4-08-09), avec son autre Planète-bibliothèque où le péril provient cette fois non pas des lumières, mais des ombres. Mais, quel que soit la sympathie que nous inspire Mira Romaine, il reste patent qu'elle ne fera précisément pas d'ombre au Pr. River Song. Anecdotes :
19. NUAGES Date de diffusion : 29 février 1969 Auteur : Margaret Armen Réalisateur : Jud Taylor Résumé : Afin de stopper une épidémie, l'Enterprise doit se faire livrer une importante cargaison de Zénite, minerai extrait du sol de la planète Ardana. Toutefois Kirk découvre que les habitants du sol de la planète sont en rébellion, car exploités par ceux vivants dans la cité volante de Stratos. Kirk va devoir trouver une solution de justice, mais aussi permettant que la Fédération obtienne ce dont elle a besoin. Droxine, fille du dirigeant de Sartros est fascinée par M. SPock, mais sa servante Venna est secrètement la cheffe des rebelles. Critique : Du Métropolis de Fritz Lang aux plus récents Elysium, Upside-Down ou Hunger Games, l’épisode se situe de plain-pied dans cette tradition de films utilisant les ressources de la Science-fiction afin de présenter de manière particulièrement frappante l'opposition de classes entre riches et pauvres. Ici comme ailleurs, e propos y gagne parfois en suggestivité ce qu'il perd en complexité, même si pas obligatoirement en véracité. Au sein d'un Network des Années 60, le constat de l'exploitation sociale dressé par Star Trek apparaît certes en avance, mais demeure malgré tout très américain. En effet, assez logiquement utopiste dans le cadre, de la série, l'épisode exprime clairement que le progrès technologique (ici apporté par la Fédération) viendra apaiser la confrontation et solutionner toutes les difficultés. Il s'agit d'une pensée très présente Outre-Atlantique, faisant qu'encore aujourd’hui une bonne partie de la population y pense que la science résoudra le problème dur échauffement climatique, sans qu'il y ait à changer le fameux mode de vie. L'épisode déçoit en préférant s'en remettre à une vision idéalisée du progrès technique plutôt qu'en recherchant une solution sociale à sa problématique, tout en défendant l’interventionnisme pour la bonne cause (du point de vue de la grande puissance). On peut également s'étonner qu'avec un tel système Ardana, ait pu intégrer la Fédération. Avec la cité des nuages, l'opus nous vaut toutefois une nouvelle jolie création de Matt Jefferies. Celui-ci excelle toujours à créer de suggestifs décors, mais aussi à budgets minimalistes ! Pour le reste il demeure un épisode mineur, lesté par une romance improbable de M. Spock, contraire au personnage et g lobalement inutile. La relation entre vanna et Kirk fonctionne mieux, mais n'est jamais qu'une ligne de plus sur la liste du Capitaine. Il reste dommage de centrer l'action sur deux personnages féminins, pour ensuite les cantonner largement à des flirts. Anecdotes :
20. LE CHEMIN D'EDEN Date de diffusion : 21 février 1969 Auteur : Arthur Heinemann et Michael Richards Réalisateur : David Alexander Résumé : Un groupe de jeunes idéalistes menés par un scientifique, le Dr. Sevrin, s'est emparé d'un vaisseau de la fédération. A son bord, ils recherchent la mythique planète Eden, mais sont interceptés par l'Enterprise. Kirk doit faire preuve de diplomatie, car parmi eux se trouve Tongo Rad le fils de l'Ambassadeur de Catualla, avec qui la Fédération mène d'importantes négociations. De plus M. Spock se montre intéressé par les théories de Sevrin et aide à localiser Eden. La planète se situe dans l'Empire stellaire romulien. Critique : Disons-le, cet épisode est une pochade. L'entrée en scènes des Hippies dans l'Espace sert essentiellement à multiplier les clichés sarcastiques, mais surtout embarrassants, autour de ce mouvement. A l'époque de Roddenberry, Star trek en avait eu une approche bien plus intéressante et équilibrée, lors d’Un coin de Paradis (1-25). Si mouvement a effectivement connu des excès, il fait ici d'une écriture à charge pesante, sans qu'aucun membre du groupe ne viennent installer un contrepoint. Les hippies dans l'Espace aont aussi droit aux costumes et maquillages parmi les plus hideux de la série, sans doute par envie de les ridiculiser. De fait l'épisode est aussi une purge visuelle. L'épisode ne bénéficiant pas de la contextualisation que mettra en place, bien plus tard, le film Star Trek V : L'Ultime Frontière, le soudain intérêt de M. Spock pour la fumeuse théorie d'Enen (ou Katmandou) paraît déconnecté du personnage, de même que son soudain attachement au groupe. Tout ceci ne semble être là que pour apporter un prétexte aux pénibles scènes de chansons. Il reste aussi gênant de voir des gens présentés comme des zozos parvenir à s'emparer de l'Enterprise, là où tant d'autres redoutables adversaires se sont cassés les dents. La manipulation de Chekov par Irina rejoint d'ailleurs les clichés misogynes autour de la femme séductrice, pour le coup déjà présent sous Roddenberry. Avec Sevrin en Gourou, Tongo en détestable chef opérationnel du groupe et les imbéciles manipulés (dont plusieurs ex étudiants), les antagonistes évoquent leurs équivalents de L'Économe et le Sens de l'histoire. Cet épisode de Chapeau Melon et Bottes de Cuir (4-24) peut aussi s'analyser comme une charge des tenants de l'Establishment contre les tenants de la Contre-culture, reste néanmoins clairement meilleur à cet opus, parmi les plus faibles de Star Trek. Anecdotes :
21. REQUIEM POUR MATHUSALEM Date de diffusion : 14 février 1969 Auteur : Jerome Bixby Réalisateur : Murray Golden Résumé : Afin de contrer une épidémie s'étant déclarée à bord de l'Enterprise, Kirk, Spock et McCoy se téléporte sur la planète Holberg. Celle-ci n'est habitée que par un vieil ermite, Flint, et sa pupille Rayna. Celle-ci convainc Flint de fabriquer du Ryetalyn, seul antidote connu conte la maladie. Une romance n’ait entre elle et Kirk tandis que les visiteurs s'étonnent de la collection d'art contenue dans le superbe palais de Flint : elle contient plusieurs tableaux de Léonard de Vinci. Qui est réellement Flint, et que trame-t-il en secret ? Critique : On peut regretter que le prétexte du remède nécessaire contre une épidémie soit exactement le même que lors du récent Nuages, ou que Kirk soit à ce point dévasté par la mort de Rayna, alors que celles de Miramance et Edith Keeler l'avaient laissé bien davantage de marbre, après des romances autrement plus durables et marquantes. Autant de discordances soulignant sans doute que D.C. Fontana ne veille désormais plus au grain à la supervision des scénarios. Flint, Rayna et M4 (pour Robbie the Robot) ne sont pas non plus sans évoquer le trio du grand classique de la Science-fiction au cinéma qu'est Planète interdite (1956), mais cela reste suffisamment distancié pour ne pas gâcher le plaisir. Mais, pour le reste, on se régale, tant Requiem pour Mathusalem demeure la bonne surprise des épisodes tardifs de Star Trek. De fait, il constitue certainement le meilleur opus de sa saison. L'intrigue et la peinture des caractères utilisent ainsi habilement l'inusable thème de l'immortalité. Comme dans la plupart des meilleurs récits, aussi bien pour la Science-fiction que pour le Fantastique, celle-ci s'avère aussi bien une bénédiction qu'une malédiction. Malgré tous ses complots on prend ainsi réellement en commisération Flint et son parcours, d'autant que l'émotion se voit accrue par la belle prestation de James Daly (déjà excellent sur ce registre dans l'inoubliable Arrêt à Willoughby de La Quatrième Dimension). Louise Sorel défend aussi avec vivacité le rôle attachant de Rayna, vive d'esprit et si positive. On apprécie que Kirk ne la considère jamais comme sa propriété, à l'inverse de Flint. L'attachement de Spock à Kirk est également émouvant, l'épisode aura décidément manifesté une vraie empathie avec ses différents protagonistes, à côté d'un récit très prenant. Décidément, jusqu'au bout Jérôme Bixnby se sera révélé l'un des meilleurs auteurs de Star Trek. Anecdotes :
22. LA FRONTIÈRE Date de diffusion : 07 mars 1969 Auteur : Gene Roddenberry et Arthur Heinemann Réalisateur : Herschel Daugherty Résumé : Alors que l'Enterprise croise autour de la planète Excalbia, l'équipage a la surprise de découvrir Abraham Lincoln flottant à proximité du vaisseau. Il demande à être téléporté à bord et s'avère être une invitation envoyée par un habitant de la planète. Celui-ci désire éprouver les notions terriennes du Bien et du Mal. A cette fin, il organise un combat à mort entre, pour le Bien, Kirk, M. Spock et les représentations de Lincoln et Surak. L’inspirateur des Vulcains, et, pour le Mal, les représentations de Gengis Khan, du Klingon Kahless et de deux criminels de la Fédération, Zora et Green. Si Kirk refuse, la créature menace de détruire l'Enterprise. Critique : L'apparition surprise de Lincoln en début de récit produit indubitablement son effet, d'autant que l'insolite se voit efficacement relayé par l'humour des dialogues et la qualité d'interprétation de Lee Bergere. On oublie assez vite que l'on se trouve devant une représentation artificielle du Président, pour se laisser aller au plaisir de ces rencontres historiques qu'autorise la Science-fiction, comme déjà Doctor Who ou Au cœur du Temps à la même époque. Un moment d'émotion particulier apparaît bien entendu lors de la rencontre Uhura et Lincoln, une élégante manière de conclure le parcours lui aussi historique (pour la télévision) de Nichelle Nichols dans Star Trek. On peut y reconnaître la griffe de Gene Roddenberry, qui renoue avec le meilleur de sa série à l'occasion de son unique participation directe à la saison 3, même si le scénario fut écrit bien auparavant. Malheureusement, par la suite, le combat dépeint par l'épisode apparaît singulièrement naïf, malgré son amusant côté précurseur de Battle Royale et de Mortal Kombat. On ne voit pas pourquoi ni comment une lutte à mort pourrait trancher d'une controverse philosophique entre bien et mal. Il devient absurde de considérer Lincoln comme un combattant, lui dont la lutte fut politique et morale, et que Surak est le pacifisme incarné. L'amateur de séries historiques aurait sans doute préféré découvrir d'autres figures de notre passé, plutôt que des personnages de la franchise sortis du chapeau, et que l'on ne reverra pas avant longtemps (35 ans pour Surak). C'est d'autant plus vrai que le seul autre personnage historique, Gengis Khan, demeure clairement sous-employé, on lui préférera la version délicieusement saugrenue des Legends of Tomorrow, dans Mortal Khanbat (5-05). Globalement, la faction du Mal manque de saveur et d'intérêt. Par ailleurs, le manque de moyens de la réalisation empêche l'affrontement d'avoir vraiment du souffle, et l'on ne fait que recycler ici l'un des marronniers de la série. Reste la bonne idée de laisser le spectateur trancher si Surak est dignement mort pour ses idées pacifistes, ou alors simplement inutilement, comme l'estime M. Spock. . Anecdotes :
23. LE PASSÉ
Date de diffusion : 14 mars 1969 Auteur : Jean Lisette Aroeste Réalisateur : Marvin Chomsky Résumé : Kirk, Spock et McCoy se téléportent sur Sarpeidon, planète abritant une civilisation ayant atteint une très haute technologie, mais désormais menacée par la transformation prochaine de son soleil en supernova. Ils découvrent que le seul résident des lieux est désormais le Bibliothécaire Atoz. Celui-ci a sauvé toute la population en l'expédiant dans le passé, grâce à son invention, l'Atavachron. Involontairement, les membres du trio sont projetés à différentes époques de l'Histoire de Sarpeidon et doivent entamer un difficile retour. Critique : Arrivée presque à son terme, la saison 3 continue à recycler les deux précédentes, puisqu'on retrouve ici une intrigue en définitive très proche de celle Contretemps (1-28), avec la circonstance aggravante que, si les aventures de nos héros s'avèrent divertissantes, elles ne suscitent nullement l'écho du chef-d’œuvre d'Harlan Ellison. On peut aussi regretter plusieurs naïvetés, comme une civilisation hautement technologique incapable de prévoir plus tôt le changement de son soleil en supernova, ou supposer qu'un tel transfert massif de population ne va nullement bouleverser la causalité. On se peut aussi se demander comment la seule Enterprise allait bien pouvoir évacuer toute une planète. Ces réserves posées, on peut s'amuser du côté aventureux du voyage temporel de nos amis, chaque époque visitée s'accompagnant de péripéties se regardant sans ennui. Évidemment le passe de Sarpeidon ressemble beaucoup à celui de la Terre, afin de pouvoir recycler les costumes et décors des studios, mais on en a désormais l'habitude dans Star Trek. L'aller et retour de Kirk dans une période très à la Angleterre puritaine de Cromwell, avec l'inévitable accusation de sorcellerie, évoque joliment les épisodes de ce genre dans Doctor Who. Toutefois le segment demeure trop abrégé, le capitaine ayant aussi à régler la situation avec le pittoresque Bibliothécaire Atoz, une savoureuse rencontre. On préfère encore les tribulations de McCoy et Spock à l'ère glaciaire, d'autant que l'astucieuse idée d'une époque déteignant ses visiteurs fait régresser Spock à époque où Vulcain était encore sauvage. D'où une nouvelle superbe prestation de Nimoy, avec un Spock enfin libre d'extérioriser ressentiments, et de tomber amoureux de la charmante Zarabeth, sans pour autant être infidèle au personnage. La grotte où réside la très sexy jeune femme n'est pas sans vaguement évoquer le vaisseau de Barbarella, so Sixties. La séparation des deux amants se montre étonnamment mélancolique, d'autant que Spock redevient vite lui-même, comme une porte qui se referme ; on aime que l'épisode ait consacré suffisamment d'espace à ce segment réussi, quitte à, pour une fois, sacrifier les habituelles scènes de l'Enterprise. Un épisode somme toute réussi, qui aurait permis de conclure dignement la série. Anecdotes :
24. L'IMPORTUN
Date de diffusion : 03 juin 1969 Auteur : Arthur H. Singer et Gene Roddenberry Réalisateur : Herb Wallerstein Résumé : L'Enterprîse répond à l'appel de détresse émis par une mission scientifique établie sur camus II, dont les membre sont en train de mourir du dit de radiations mortelles. Elle est commandée par Janice Lester, ancienne petite amie de, Kirk à l'Académie de Starfleet. Quand Kirk arrive sur les lieux, les scientifiques sont presque tous morts et Lester agonise. Mais il s'agit d'un piège tendu par celle-ci. Elle a assassiné ses collègues et, grâce à un artefact alirn, échange son esprit avec celui de Kirk, qu'elle hait et jalouse car elle n'a jamais obtenu le commandement d'un vaisseau. Désormais dans le corps de Kirk, elle souhaite commander l'Enterprise, mais pour cela doit achever le Capitaine. Critique : Avec L'Importun (excellent titre français, au combien), Star Trek rejoint la trop longue liste de séries se concluant par un épisode indigne d'elle. Toutes les bonnes choses... aura épargné cette infortune à Next Generation, avec son incontournable ultime confrontation entre Q et Picard, de quoi rendre envieuse la série originelle. A défaut d'être foncièrement originale, l’idée de l'échange des corps peut susciter d'excellents épisodes. Cela a notamment été le cas pour Chapeau Melon (Qui suis-je ???), mais aussi pour Buffy contre les Vampires, avec l'excellent Une revenante. Les motivations de Faith ne sont d'ailleurs pas si différentes de celles de Lester : ressentiment, jalousie, mais aussi sentiment profond d'échec et de vacuité d'une vie. Mais là où Faith, à l'instant fatidique, s'avérait digne de sa mission de Slayer en un premier pas vers la rédemption, Lester connaît un échec aussi bien moral que factuel pour une unique raison, martelée durant le récit : elle n'est qu'une femme, donc par essence incapable de diriger un vaisseau comme l'Enterprise. Tout au long de Star Trek, une certaine misogynie de l'écriture s'est faite jour pour de nombreux personnages féminins, et il demeure particulièrement dommageable de voir cette série s'achever précisément sur l'opus portant cette tendance à son zénith. On ne peut que regretter que Star trek, en avance par tant d'aspects sur les séries de son temps, ne l'ait pas été davantage sur ce point-là. Même si cela ne fait pas oublier Uhura, Number One et quelques autres (dont la Commandante romulienne). On doit également louer la performance de William Shatner et de Sandra Smith, très convaincants dans un exercice d'inversion des personnalités n’étant jamais aisé. On apprécie également la loyauté et la perception de Spock, assez comme l'aura démontré Giles chez Joss Whedon. Même si cela reste assez classique en soi dans les séries de l'époque et que le rideau est tombé plus vite que prévu, on aurait malgré tout aimé éprouver un peu plus qu'il s'agit du final. La scène rajoutée lors de la remastérisation, tombe à pic, voyant l'Enterprise s'éloigner pour poursuivre ses voyages. L'aventure Star Trek ne fait que commencer. Anecdotes :
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Saison 1 1. Où l'homme dépasse l'homme (Where No Man Has Gone Before) 2. Fausses Manœuvres (The Corbomite Maneuver) 3. Trois Femmes dans un vaisseau (Mudd's Women) 4. L'Imposteur (The Enemy Within) 5. Ils étaient des millions (The Man Trap) 6. L'Équipage en folie (The Naked Time) 8. Zone de terreur (Balance of Terror) 9. La planète des illusions (What Are Little Girls Made Of ?) 10. Les Voleurs d'esprit (Dagger of the Mind) 12. La Conscience du Roi (The Conscience of the King) 13. Galilée ne répond plus (The Galileo Seven)
14. Cour Martiale (Court Martial) 15-16. La Ménagerie (The Menagerie) 17. Une partie de campagne (Shore Leave) 18. Le Chevalier de Dalos (The Squire of Gothos) 20. Les Jumeaux de l'Apocalypse (The Alternative Factor 21. Demain sera hier (Tomorrow Is Yesterday) 22. Le Retour des Archons (The Return of the Archons) 23. Échec et Diplomatie (A Taste of Armageddon) 24. Les Derniers Tyrans (Space Seed) 25. Un coin de paradis (This Side of Paradise) 26. Les Mines de Horta (The Devil in the Dark) 27. Les arbitres du cosmos (Errand of Mercy) 28. Contretemps (The City on the Edge of Forever) 29. La Lumière qui tue (Operation : Annihilate!)
Date de diffusion : 5 octobre 1988 (sortie en VHS en 1986) Auteur : Gene Roddenberry Réalisateur : Robert Butler Résumé : A la tête de l’USS Enterprise, le Capitaine Pike répond à l’appel de détresse envoyé par les survivants d’une mission scientifique (dont la belle Virna), depuis la planète Talos, Mais Virna est en fait l’unique survivante, le reste étant une illusion crée par les Talosiens, des Humanoïdes aux grands pouvoirs psychiques. Ils veulent que Pike et Virna donnent naissance à une race d’esclaves. L’intervention de Numéro Un, le bras droit du Capitaine, débloque la situation, tandis que les Talosiens renoncent à leur projet après avoir découvert l’attachement viscéral des Terriens à leur liberté. Virna choisit de demeurer sur Talos, car les illusions des Talosiens permettent de dissimuler qu’elle a été défigurée lors du crash de son vaisseau. Critique : Découvrir La Cage , avant que cet épisode ne soit incorporé au canon vie La ménagerie, permet de s'amuser du plaisir très ludique des univers alternatifs. En effet on ouvre ici une lucarne sur ce qu'aurait bien pu devenir Star Trek. Le fan de la série se plaira à en observer aussi bien les convergences (le design de l'Enterprise, le type d'histoire) que les divergences (les personnalités, les uniformes, les armes...). En ce domaine, le clou du spectacle demeure cette version de M. Spock, bien plus émotionnelle que le personnage ne le deviendra par la suite. Pour un amateur de Chapeau Melon, l’expérience se montre assez similaire à la Mrs Gale de Missive de mort, son premier opus, bien plus avenante envers Steed qu'elle ne le sera jamais par la suite. Évidemment le but du jeu consiste à se demander si Star Trek aurait connu une telle popularité ultérieure si La Cage en avait réellement été le pilote. Même si l'on apprécie beaucoup cet épisode, on est tenté de répondre par la négative Le fonctionnement de l'équipage y apparaît plus classiquement militaire qu'il ne le sera par la suite, et relevant d'un Space Opera davantage traditionnel. La faute en revient en partie au Capitaine Pike, qui se profile comme un héros tout à fait standard des productions du genre de l'époque, dépourvu de la vitalité et de l'humour qu'apportera la personnalité de William Shatner à James T. Kirk. Jeffrey Hunter ne démérite pas, mais ne s'extraie pas des poncifs virils de ce type de figure, assez interchangeable entre Western, Science-fiction, ou encore Policier. Globalement, le trio vedette pétille nettement moins que ce que l'on connaîtra avec Kirk, McCoy et M. Spock, mais il reste solide. On reconnaîtra un authentique atout à cette version de Star Trek en la personne de Numéro Un. Femme de tête et assurant pleinement le commandement, avec un caractère n'étant pas sans évoquer le futur M. Spock, elle tranche clairement avec les héroïnes de séries télé de son temps. Affirmée et indépendante, elle porte également un uniforme en pantalon très différent de la tenue sexy des membres féminins de Starfleet, qui sera tant reprochée au programme par les féministes. Majel Barrett apporte beaucoup de présence à son rôle, elle aura moins l'occasion d'y parvenir par la suite dans le rôle de l'infirmière de l'Enterprise. Si on comprend que l'épisode ait pu sembler figé et bavard aux décideurs de NBC ayant en tête un pur programme d'aventures spatiales, les diverses séquences virtuelles où les Talosiens tentent de circonvenir Pike apportent quelques moments d'action plaisamment variés, de même que la confrontation finale. Le moment le plus mémorable demeure la sensualité aussi brute qu'exotique de la mémorable Green Slave girl of Orion, Susan Oliver aura beaucoup apporté à The Cage par les différents rôles qu'elle endosse. L'ensemble résulte évidemment très daté aujourd’hui, avec un décorum d'ailleurs très inspiré des films équivalents des années 50 (Planète interdite), alors que Star Trek sera bien plus Pop et Sixties. Le tout bénéfice néanmoins d'une production d'une grande qualité, selon les standards des années 60, aussi bien pour les décors (avec de superbes peintures figurant l'horizon de la planète) que pour les effets spéciaux. Quelques jolies idées de mise en scène viennent encore rehausser le tout, comme les étoiles traversant littéralement l'Enterprise en hyper vitesse, ce qui ne sera plus revu par la suite, ou les Talosiens jouées par des femmes, mais dotées de voix télépathiques masculines, d'où une vraie étrangeté. L'épisode constitue clairement un important pari pour un studio relativement mineur comme Desilu (un budget de 600 000 $ a été évoqué), Les longues scènes de dialogues entre Pike et ses interlocuteurs apportent également un thème à l'épisode, avec la condamnation de l'illusion comme dérivatif aux difficultés de l'existence, un moyen détruisant à terme ceux-ci qui s'y adonnent, mais pouvant aussi servir à les asservir par les truqueurs. Cette parabole manifeste une belle audace à ce propos, en servant d'ouverture à une serie télévisée financée par la publicité ! Ironiquement Star Trek développera ultérieurement l'Holodeck, générateur de réalités fictives revenant peu ou prou à recréer le pouvoir des Talosiens, même si cette fois sous le contrôle de l'équipage (sauf que quand cela lui échappe). Elle conserve également une pleine modernité dans notre époque toujours davantage envahie par le virtuel et les possibilités techniques de truquer le réel. La résistance acharnée de Pike vient nous rappeler à quel point ces miroirs aux alouettes sont périlleux pour l'exercice de notre liberté. Anecdotes :
1. OÙ L'HOMME DÉPASSE L'HOMME Date de diffusion : 22 septembre 1966 Auteur : Samuel A. Peeples Réalisateur : James Goldstone Résumé : Le Capitaine James T. Kirk part à la recherche du Vaillant, un vaisseau terrien disparu 200 ans plus tôt. L'Enterpise est endommagé par une barrière énergétique, qui assomme Gary Mitchell et la psychiatre Elisabeth Dehner. Apèrs leur réveil, ils développent de terrifiants pouvoirs psychiques. Se prenant pour un dieu, Mitchell devient un tyran, et Kirk comprend que l'équipage du Vaillant s'est sabordé pour éviter la propagation du phénomène. Dehner se sacrifie pour permettre à Kirk de vaincre Mitchell. Critique : Afin de pleinement saisir la chance s'offrant à lui avec la commande d'un second pilote, Roddenberry va accomplir ce qui demeure sans doute le plus malaisé pour un showrunner dans l'âme : s'effacer. Tout en conservant le projet sous sa houlette, il a en effet largement confié l'écriture du nouveau scénario à l'un de ses collaborateurs, Samuel A. Peeples. Un choix judicieux, car Peebles s'avère bel et bien l'homme de la situation. Prolifique scénariste, à l'expérience encore supérieure à celle accumulée par Roddenberry, il saisit à la perfection ce que désirent les décideurs de NBC. Authentique fan de Science-fiction, il possède également l'une des plus grandes collections de Pulps magazines à Hollywood, ces merveilleux magazines des années 30 et 40 où, avec Amazing Stories en figure de proue, les meilleurs auteurs de l'Âge d'Or de la Science-fiction emmenaient leurs lecteurs dans les étoiles. Il va se tourner aussi bien vers son expérience professionnelle que vers l'émerveillement de sa jeunesse afin de mener son combat et remplir sa mission : sauver Star Trek. Grâce à lui, Where No Man Has Gone Before devient un magnifique cas d'école de la différence existant entre la solitude d'un écrivain, et les contraintes s'exerçant sur un scénariste de série télé. Peebles, trousse en effet un récit sachant répondre aux attentes de NBC, les explicites, comme les implicites. Ainsi dote-t-il son histoire de davantage de scènes spatiales et d'action. Il insère également ce qui manquait cruellement à The Cage, selon les canons du genre : un combat final entre le Héros et l'Adversaire, alors que tout y était résolu par le dialogue. Un choix philosophique assumé, mais aussi anti-climatique pour NBC (et aussi contraire à la série telle que l'avait vendue Roddenberry, il faut bien le dire). On en revient à des aventures davantage classiques, mais demeurant rythmées et prenantes, avec un beau suspense. De manière davantage contestable, Peeples répond aussi aux critiques implicites d'un Network des années 60 en entreprenant aussi une normalisation de la place impartie à la femme dans son histoire. Exit Numéro Un, l'état-major de l'Enterprise devient exclusivement masculin. Rodenberry évoquera plus tard un accueil très négatif du personnage par le public féminin des séances test, mais mais le fait demeure qu'il faudra attendre trente ans pour voir une série Star Trek centrée sur un capitaine féminin (Voyager). On gomme aussi l'érotisme brut de la Green Girl : l'on s'en tiendra aux tenues sexy de Starfleet et aux rencontres exotiques du capitaine Kirk (on sait que Roddenberry dotera Kirk de sa propre faiblesse envers le beau sexe). Si Dehner contribue à sauver la situation, on en demeure au registre sacrificiel : au total ce pilote ne tient pas les promesses féministes du premier. Le scénariste sait néanmoins préserver l'essentiel : Star Trek ne délivre pas seulement un Space Opéra distrayant, mais aussi doté d'un discours moral. Ici la condamnation véhémente du déséquilibre fatalement négatif qu'induit la toute-puissance, même si la personne le détenant n'est pas du tout un monstre initialement. Cet aspect-là, a du souffle, d'autant que Peebles sait coupler le regard de Kirk à celui du spectateur. Cette alliance du spectacle et du questionnement va demeurer caractéristique de Star Trek. Le scénario se voit également relayé par la mise en scène efficace du vétéran James Goldstone, sachant faire vite et bien, même s'il ne parvient pas à tout à fait dissimuler la différence de moyens existant avec le premier pilote. Mais c'est bien Roddenberry qui parachève le succès salvateur de Où l'homme dépasse l'homme, par son choix de la distribution. Léonard Nimoy sait parfaitement faire sienne la personnalité froide et analytique de Numéro un, qui s'accorde à merveille avec le côté alien de M. Spock, tandis que William Shatner apporte bien plus d'aura et de naturel à Kirk que ce proposait l'assez rigide Pike. La rencontre des deux comédiens est immédiate et concoure puissamment à mettre en place le duo mythique, déjà largement opérationnel ici. Star Trek est bien et bien lancé, l'Enterprise va pouvoir débuter sa mission de cinq ans. Anecdotes :
2. FAUSSES MANŒUVRES Date de diffusion : 10 novembre 1966 Auteur : Jerry Sohl Réalisateur : Joseph Sargent Résumé : L’Enterprise doit détruire une sonde spatiale cubique, au comportement agressif. Cela provoque l’intervention d’un gigantesque vaisseau militaire, aux ordres du mystérieux Balok, des forces de la Première Fédération. Celui-ci condamne l’équipage à mort, mais le capitaine Kirk va employer la ruse pour sauver la situation. Kirk doit aussi faire face à la panique rendant agressif l’un de ses navigateurs, le lieutenant Bailey. Critique : Premier épisode tourné après la phase des pilotes, Fausses Manœuvres est emblématique du style Star Trek. A travers la confrontation spatiale avec des Aliens (à-priori) hostiles, soit la quintessence du Space Opéra classique, l’épisode s’avère une rayonnante fable à propos de la Guerre Froide. Celle-ci se montre très à rebours du discours d’antagonisme entre les Blocs régnant sur les séries télé d’alors, notamment via l’espionnite. Mais Roddenburry a retenu les leçons de Rod Serling et sait utiliser les préjugés envers la Science-fiction, jugée infantile, pour contourner la censure. D’ailleurs Fausses Manœuvres est à Star Trek ce que La Seconde Chance (1-03) est à La Quatrième Dimension. A travers le déroulement de la crise, puis son étonnant dénouement, y résonne un vibrant refus de la logique de confrontation et un appel au dialogue pour une coexistence positive et pacifique Le véritable ennemi n’est pas tant le camp d’en face que cette peur de l’autre, profondément ancrée en nous et incarnée par Bailey. On pourrait trouver que la conclusion est naïve, mais on y retrouve le profond et joyeux soulagement ressenti lors de la Détente, animant également l’épisode Concerto de Chapeau Melon (3-01). Balok et Kirk finissent d’ailleurs par trinquer à la concorde, tout comme Steed et Zelenko ! Un tel hymne au dialogue et à l’esprit d’ouverture étonne de la part de Jerry Sohl, auteur de l’une des plus glaçantes uchronies à propos de la Guerre Froide, Point Ultimate, un roman remarquable de cruauté (l’URSS asservissant les USA) mais ne se caractérisant pas vraiment par une main tendue. Il fut dire qu’il fut écrit durant les polaires années 50 (1955). Sohl apporte par ailleurs son savoir-faire d’auteur pour La Quatrième Dimension (il suppléa un Beaumont malade pour trois épisodes) avec son sens de l’intensité dramatique, mais aussi de la chute inattendue. L’astuce à propos du mannequin de Balok permet de justifier une apparence peu convaincante, c’est finement joué. Roddenberry n’est pas en reste non plus, utilisant cet opus afin d’achever de planter le décor de sa série. Un rappel des objectifs et idéaux de Starfleet se voit ainsi inséré avec émotion et les personnages réguliers de la saison sont désormais au complet. McCoy est déjà pleinement McCoy, mais la grande œuvre de l’opus demeure le portrait de James Tiberius Kirk, tant par sa personnalité convenant si idéalement au Shat que sa stratégie à base de bluff et de coups de poker. Ces confrontations vont devenir ds classiques de la série. Évidemment un Capitaine accompli et résolu dans son refus de la violence, Kirk vite toutefois de perdre en substance en devenant un absurde parangon. Ainsi le voit-on se montrer inutilement cassant envers Bailey ou se lancer dans une mauvaise querelle avec son ami McCoy, au pire moment. Autant de moments émotionnellement forts. Mais Fausses Manœuvres se révèle également caractéristique de Star Trek en manifestant à quel point le féminisme ne deviendra décidément pas son premier cheval de bataille. Uhura n’a que trois lignes de dialogues et la participation majeure de Janice à la résolution de la crise consiste à servir un café au Capitaine (véridique). Au moins la série évitera de se montrer aussi caricaturale sur ce point que les 007 de Sean Connery à la même époque. Anecdotes :
3. TROIS FEMMES DANS UN VAISSEAU Date de diffusion : 13 octobre 1966 Auteur : Stephen Kandel Réalisateur : Harvey Hart Résumé : L'Enterprise intercepte le vaisseau du trafiquant Mudd, qui convoie trois jeunes femmes, Magda, Ruth et Eve, destinées à devenir les épouses de colons. Mudd emploie secrètement une drogue vénusienne afin de rendre ses associées particulièrement troublantes pour l'équipage et son Capitaine. La situation se complique quand l'Enterprise doit être réapprovisionnée en urgence en Dilithium et que la belle Eve refuse désormais d'employer la drogue. Critique : Évidemment, en notre année 2020 post MeToo (mais où il reste malgré tout des marges de progression du côté de la sélection des Césars), Mudd's Women sera perçu comme un épisode abominablement sexiste. Tout en recréant l'un des moments peu glorieux de la colonisation de plusieurs États du Commonwealth (ou de la Nouvelle France). Eve, Magda et la brune Ruth ne semblent considérer leur avenir qu'à travers leur rapport aux hommes. Le récit ne leur laisse le choix qu'entre deux statuts, la femme fatale ou la fée du logis, avec Eve virant vite à la Samantha Stephens. Il existe certes une troisième option, celle de la femme libre et indépendante, soit celle des membres féminins de l'équipage. Mais, comme par hasard, il s'agit de l'un des épisodes où elles s’avèrent le moins présentes, réduites à de silencieuses silhouettes. Rien ne doit venir troubler cette fantaisie très masculine de Roddenberry. Dans l'épisode Hathor de Stargate SG-1, ce sera à l'inverse les femmes du SGC qui sauveront la journée. Si l'on se veut un tantinet sévère, dans le couple finalement formé par Eve et le chef des mineurs, on peut discerner l'idée que l'assujettissement de l'épouse au mari est acceptable, pour peu que ce dernier se montre aimable. C'est assez ce que nous raconte Zorro à propos de la division de la société entre caciques et peones. Et pourtant nous considérons qu'il ne convient pas juger un épisode de 1966 à l'aune de notre époque. De fait, quand on le resitue dans son temps, Mudd's Women revêt un tout autre sens. Par la sensualité du trio et le style de ses vêtements, c'est toute toute la modernité des années 60 et de la libération sexuelle qu'elles impulsent que Roddenberry va ici malicieusement confronter à l'immuable statut de femme au foyer que promeuvent encore les Networks. S'il s'y rallie en toute fin d'épisode afin de pouvoir contourner la censure du diffuseur (Shatner indiquera ultérieurement qu'un tel épisode put alors être diffusé relevait du miracle), il érige l'essentiel du récit en manifeste de la sensualité féminine libérée des carcans moraux ou sociaux traditionnels. La Contre-culture frappe à la porte d'un Network mystifié, alors même qu'en 1966, elle est sur le point de connaître son apogée aux USA. C'est audacieusement joué, d'autant que cet opus, certes bien plus léger que d'autres, sait s'appuyer sur une mise en scène habilement dédiée aux actrices et déjà vaguement lysergique par moments. Roddenberry ne sacrifie pas non plus à son gambit les atouts traditionnels de Star Trek. Starfleet se refuse obstinément à employer la force pour contraindre les mineurs, tandis que le relationnel entre personnages se montre très amusant, avec un McCoy totalement cramé et le très womanizer Capitaine Kirk un temps déstabilisé par la puissance sexuelle féminine. Le tout sous le regard amusé d'un M. Spock se gardant bien d'intervenir pour ne pas gâcher le spectacle. Fascinating. Anecdotes :
4. L'IMPOSTEUR Date de diffusion : 06 octobre 1966 Auteur : Richard Matheson Réalisateur : Léo Penn Résumé : Un incident technique dérègle le téléporteur et le Capitaine Kirk est dissocié en deux versions opposées de lui-même : une positive mais hésitante, l'autre négative, mais apte à commander. La panne du téléporteur empêche également de faire revenir Sulu et quelques autres membres de l'équipage, restés à la surface d'une planète glacée et courant le risque de mourir de froid. Les deux Kirk vont se confronter, jusqu'à accepter de fusionner via une nouvelle téléportation. Critique : On avouera que l'un des souvenirs que l'on conservera de cet épisode restera l'adorable (et malheureux) petit chien à corne, un élément typique Sixties, en cet époque on l'on associe volontiers jeune public et amis à quatre pattes. Les chiens et la Science-fiction connaissent d 'ailleurs un grand succès, DC Comics venant alors de populariser Krypto, le chien de Superboy. Une Ligue animalière verra bientôt le jour. La lourdeur de la conclusion sur la prétendue attractivité du Bad Boy sur la gent féminine relève assurément de Roddenberry, mais un auteur profondément original et créatif comme Richard Matheson pourrait par contre décevoir en ayant recours à un autre poncif de cette décennie : le double maléfique, d'ailleurs bien connu des amateurs de Chapeau Melon. Star Trek n'a d'ailleurs pas fini d'y revenir ! Mais le traitement apporté au sujet séduit véritablement. Matheson évite le piège de la facilité que véhiculerait un schéma manichéen. Il n'y a pas simplement un bon et un mauvais Kirk, mais deux parties de sa personnalités subtilement découpées, comportant chacune des forces et des faiblesses. L'auteur en profite pour développer tout un discours inhérent à la personnalité humaine, ses parts d'ombre et de lumière devant coexister sous l'arbitrage de son intelligence et de sa moralité. Une thématique quasi psychanalytique, à laquelle on peut adhérer ou pas, mais qui aura le mérite de susciter la réflexion du spectateur. Si, comme à son accoutumée, William Shatner ne se montre pas économe de ses effets, il accomplit une belle performance d'acteurs en campant deux Kirk divergeant totalement dans leurs attitudes, dans le moindre détail. Cela apporte une force de conviction supplémentaire au récit, de même qu'une mise en scène très expressive. On ne partage pas les réserves de Matheson concernant le volet Sulu de l'action. L'auteur était sans doute habitué à davantage de liberté sur l'anthologie que constituait La Quatrième Dimension, d'autant que Rod Serling était un showrunner bien moins interventionniste que Gene Roddenberry. Mais il nous semble que la crise en cours contribue à mettre en avant les faiblesses inhérentes au Kirk « positif », tandis qu'elle donne enfin l'occasion à Sulu de disposer de quelques scènes gratifiantes, en dehors de son rôle de navigateur. On reste plus sceptique de voir l'Enterprise dépourvue de navette et aussi dépendante d'un téléporteur, pouvant, au sens propre, être déréglé par un gain de sable dans les rouages. Mais ce point demeure secondaire, on restera davantage sensible à la conclusion humaniste voyant le Kirk « négatif » être réconforté par son alter ego, un moment pour le coup très à la Rod Serling. Anecdotes :
5. ILS ÉTAIENT DES MILLIONS Date de diffusion : 08 septembre 1966 Auteur : George Clayton Johnson Résumé : L'Enterprise vient ravitailler le couple formé par Nancy et Robert Crater, seuls habitants d'une planète où ils étudient les ruines d'une civilisation disparue. Nancy est en outre un ancien amour du Dr. McCoy. Mais elle a été tuée et remplacée par la dernière survivante des natifs de ce monde, capable de modifier son apparence. Elle entreprend d'assassiner les membres de l'équipage, ayant un besoin vital de s'alimenter de leur sel. Jusqu'ici elle s'alimentait en prélevant peu à peu le sel de Crater, avec lequel elle avait créé une symbiose. McCoy la tue, sauvant ainsi Kirk. Critique : Avec The Man Trap, premier épisode diffusé, mais cinquième produit, Star Trek a désormais atteint sa vitesse de croisière, à l'instar de l'Enterprise. L'équipage est désormais parfaitement connu et identifié tel qu'il demeurera durant le reste de la saison, l'infirmière Chapel va bientôt arriver. Des découvertes continuent à avoir lieu, ici principalement concernant McCoy, mais elles résultent secondaires (passé amoureux, cabine que l'on ne reverra plus par la suite). La narration ne devient pas inintéressante pour autant, d'autant que les amateurs des séries de l'Imaginaire apprécieront de trouver ici les prémices d'un style d'histoire qui sera porté au pinacle par les X-Files ou Supernatural : succession de meurtres mystérieux, Monstre de la Semaine, enquête élucidant les pouvoirs et la nature de l'identité, confrontation finale. Ce schéma existe déjà ici, d'autant plus appréciable que, pour assurer le lancement de sa série, Gene Roddenberry continue à faire appel à des signatures de La Quatrième Dimension, ici, après Richard Matheson et Jerry Sohl. Ces écrivains ne poursuivront pas la collaboration, sans doute du fait qu'une série classique est plus contraignante qu'une anthologie, mais aussi parce que Roddenberry fut un showrunner réécrivant massivement les scénarios à sa guise, là où Serling voyait les autres auteurs comme ses pairs. Outre un scénario impeccablement minuté, George Clayton Johnson va savoir apporter une humanité troublante, voire émouvante, à la créature métamorphe (comme dans son Quatre d'entre nous sont mourants), tout en ne minimisant pas l'horreur de ses assassinats. Il est aidé par la remarquable expressivité du masque de glaise arboré par l'actrice (impeccable Francine Pyne), très dans la tradition de la tragédie grecque, genre impulsant le récit puisque le Vampire de Sel, dernière de son espèce, ne peut échapper à son destin, de par sa nature. Une tendresse insolite se noue également entre le mari et le substitut de son épouse, sans doute impulsée par l'effroi de la solitude sur cette planète dépeuplée, pour le coup on éprouve comme un écho d’un autre épisode de La Quatrième Dimension, Le Solitaire (1-07). On appréciera également la présence ironique de l'excellent Alfred Ryder en victime d'une Extra-terrestre, lui qui deviendra par la suite le Leader des Envahisseurs qu'affronte David Vincent. Évidemment, la dimension féminine de la créature créera polémique parmi le public des années MeToo, tant le Vampire de Sel rejoint clairement la tradition de la Succube. Le regard porté par les hommes de l'Enterprise sur les différents aspects revêtus par l'Alien est explicitement sexué, tandis que la pseudo Nancy accumule à, peu près tous les clichés féminins négatifs possibles : soumise à ses pulsions, voire à ses hormones, séduisant et manipulant les hommes, avant de les éliminer. Le râteau pris par Uhura draguant M. Spock n'aide pas, pas plus que la comparaison entre la créature... et le bison. A cela s'oppose le portrait de l'amitié virile et positive entre Spock, Kirk et McCoy (y compris avec les querelles de vieux couple entre ces deux derniers). Et pourtant, à l'instar de Trois Femmes dans un vaisseau, nous croyons qu'il importe ici de contextualiser l'opus. Lors de l'émergence de la contre-culture, l'épisode devient alors une métaphore de la libération sexuelle de la femme, désireuse de pleinement se réaliser en dehors des liens ennuyeux du mariage. Les couleurs insolites et saturées, aussi LSD que celles de Batman'66, favorisent le message, même si un auteur masculins sera fatalement maladroit dans l'évocation de la sexualité féminine et qu'il faut bien faire des concessions au moralisme du Network. Alors l'épisode est-il misogyne ou non ? Cela dépendra en définitive de son public, car, là comme ailleurs, la vérité est dans l'Œil de l'Admirateur. Anecdotes :
6. L'ÉQUIPAGE EN FOLIE Date de diffusion : 29 septembre 1966 Auteur : John D.F. Black Réalisateur : Marc Daniels Résumé : L’Entreprise vient à la rescousse d’une station scientifique installée sur une planète sur le point de se désintégrer. Le responsable est une substance l’accompagnateur de M. Spock ramène involontairement à bord du vaisseau. Une folie contagieuse s’empare de l’équipage et l’Enterprise devient ingouvernable. McCoy trouve in extremis un remède et le vaisseau peut échapper à destruction de la planète en recourant à la propulsion à l’anti-matière. Le saut ramène l’Enterprise trois jours en arrière et Kirk décide de ne pas se rendre sur place. Critique : Le très allumé (mais pas autant que The Naked Gun) The Naked Time constitue l'essence même de ce que l'on nomme un épisode Bottle, avec un scénario ne mettant en scène que les acteurs réguliers de la série (ou quasiment), au sein des décors eux-aussi réguliers ; on aperçoit bien une nouvelle, mais il s'agit du recyclage d'un décor, avec des costumes faits à partir de rideaux de douche et un évident mannequin pour représenter un corps. Autant dire que l'économie est à l'honneur, mais l'épisode séduit néanmoins car il embrasse pleinement le surcroît d'inventivité que ce cas d'école suscite généralement chez des scénaristes mis au défi. John D.F. Black a ainsi l'excellente idée d'un fléau agissant sur l'esprit des personnages subitement désinhibés, donc en rupture totale avec leurs comportements habituels. Le précédé manque certes un tantinet de subtilité, mais pas d'impact en fait tout se déroule comme si l'ensemble de l'équipage de l'Enterprise était absolument ivre, jusqu'à la déraison. Cette approche résulte certes moins subtile que les chefs d’œuvre similaires que Joss Whedon proposera ultérieurement chez Buffy (Tabula rasa) ou Angel (La Bouteille magique). Mais l'auteur y va franco, nous délivrant tout un florilège de scènes choc. Sulu en D'Artagnan exhibitionniste vaut ainsi le coup d’œil, Takei retrouvant l'énergie de sa prestation dans La Quatrième Dimension (La Rencontre), mais mieux justifiée par le scénario. On aime également le capitaine amoureux de son navire. Le procédé permet également de mettre en avant des membres de l'équipage jusqu'ici demeurés au second plan, comme Uhura ou Riley Le plus mémorable demeure toutefois celui voyant M. Spock être submergé par les émotions qu'il dissimule d'ordinaire sous le masque de la logique vulcaine, avec à la clef une grande prestation de Nimoy. De fait le scénario l'habileté de dévoiler la face cachée des protagonistes, au lieu de simplement rechercher le gag immédiat, de quoi largement pardonner certaines facilités, comme un Dr. McCoy inexplicablement immunisé contre le phénomène (ou alors c'est que le doc n'a aucune inhibition, tellement il est brut de décoffrage !). Rituellement diffusé lors des conventions, on comprend aisément que cet épisode aux confins du décalé soit l'un des favoris des Trekkies, même en l'absence du questionnement moral coutumier. Il sait également de pas se contenter de ce seul sujet. La résolution de l'énigme du phénomène et désagrégation de l'équipage se montrent savamment graduelles, de même que la crise en cours ne se voit nullement négligée. Le suspense dramatique demeure en permanence présent au sein du carnaval en cours. On apprécie également que Spock soit en définitive capable de surmonter la dualité de sa nature. The Naked Time permet aussi à Star Trek d’élargir pour la première fois la palette de sa Science-fiction au-delà du seul Space Opera, avec un premier déplacement temporel. L'expérience demeure embryonnaire du fait de l'historique de l'écriture de l'opus, mais se révèle déjà prometteuse pour la suite de la série. Anecdotes :
Date de diffusion : 15 septembre 1966 Auteur : D.C. Fontana et Gene Roddenberry Réalisateur : Lawrence Dobkin Résumé : L’Enterprise recueille Charlie, un jeune homme ayant survécu seul au crash du vaisseau familial sur Thasus, une planète isolée, durant 14 ans. Kirk se propose de l’emmener sur une planète où il a encore de la famille, mais il s’avère que Charlie est doté de terrifiantes capacités psychiques, doublées d’un caractère pour le moins instable. Il a ainsi détruit le vaisseau l’ayant découvert et remis à Kirk, car son équipage l’avait contrarié. Bientôt la terreur règne à bord de l’Enterprise, dont Charlie a pris le contrôle. Mais les Thasiens, qui ont doté Charlie de ses pouvoirs pour lui permettre de survivre, apparaissent et le ramènent avec eux l’empêcher de faire du mal à autrui. Critique : Charlie X (la lettre X, il n’est pas question du dernier Roi de France) s’en vient rompre la succession d’excellents épisodes caractérisant le lancement de Star Trek. Plusieurs faiblesses expliquent ce constat. Même si le début de la série a déjà été passablement marqué par La Quatrième Dimension, on assiste ici à un remake beaucoup trop évident du classique de cette anthologie que constitue C’est une belle vie (3-08). Peut-être la référence est-elle la nouvelle originelle de Jerome Bixby (1953), mais le résultat demeure le même à l’écran. On peut également pointer comme circonstances aggravantes qu’un adolescent (ou jeune adulte) se montre irritant là où un enfant se montrait mystérieux, d’autant qu’il faut dès lors aborder la problématique de la sexualité et que Star Trek se montre là-dessus aussi daté qu’à l’accoutumée. De plus, là où Rod Serling n’hésitait pas à conclure sur une note sombre et angoissante, la marche forcée au happy end conduit Fontana à voir recours à un Deus ex machina massif, ce qui ne représente jamais un indice de subtilité pour un scénario. Par ailleurs le thème de l’épisode, la toute puissante non régulée, évoque également Où l'homme dépasse l'homme. Fondamentalement ce type d’histoire paraîtra toujours commun dans un environnement purement de science-fiction que quand il s’agit de quidams confrontés à l’inconnu. Par ailleurs l’opus repose beaucoup sur la carence affective subie par Charlie, alors même qu’il ne fait qu’évoquer celle-ci par ouï-dire. Sa compréhension résulte compliquée du fait de l'intervention des super pouvoirs et des Aliens. Kirk met également beaucoup de temps à appréhender un péril que le spectateur perçoit immédiatement. Charlie X parvient néanmoins à demeurer distrayant par les manifestations insolites ou dérangeantes, voire horrifiques du pouvoir du protagoniste. La femme sans visage suscite ainsi le même effet choc que quand Doctor Who aura bien plus tard recours au même procédé dans L'Hystérique de l'étrange lucarne (2006). La mécanique voyant Kirk se confronter aux deux extrêmes que représentent la logique de M. Spock et l’émotivité de McCoy apparaît également bien rodée. L’impuissance à sauver Charlie lors du rebondissement final suscite également de l’émotion, d’autant que Robert Walker Jr. se montre excellent dans ce rôle tout à fait dans son emploi. Anecdotes :
8. ZONE DE TERREUR Date de diffusion : 15 décembre 1966 Auteur : Paul Schneider Réalisateur : Vincent McEveety Résumé : A proximité de la zone neutre séparant l'espace de la Fédération de celui de l'Empire Stellaire Romulien, Kirk découvre que plusieurs avant-postes terriens ont été détruits. Un duel débute entre l'Enterprise et l'attaquant : un Oiseau de Proie romulien, doté d'un bouclier occulteur. Alors que les deux capitaines répugnent à déclencher une guerre totale entre leurs nations, le commandant romulien s'avère un adversaire aussi compétent que Kirk. Une ultime ruse de Kirk décide de la victoire, et le Romulien décide de périr avec son navire. Critique : Zone de terreur souffre parfois d'une adaptation de récit de sous-marins trop tirée à la ligne. Ainsi la transmission des ordres de mise à feu perd inutilement du temps et apparaît hors d'âge. Caractéristiquement, la procédure se verra considérablement abrégée par la suite. De même la scénographie de l'affrontement se prive longtemps d'un contact direct entre Kirk et le commandant romulien (jamais nommé), soit un atout traditionnel de cette figure de style dans Star Trek. L'épisode n'en constitue pas moins l'occasion de la première véritable bataille spatiale proposée par la série et il sait être au rendez-vous de cet événement incontournable pour les amateurs de Space opéra. Intense et spectaculaire, la confrontation entre les deux capitaines tient toutes ses promesses, suscitant jusqu'au bout un authentique suspense dramatique. La réalisation va jusqu'au bout de ce que pouvait permettre le budget limité d'une production télévisée de l'époque et s'en sort avec les honneurs. L'opus développe conjointement une importante extension de l'univers Star Trek, avec l'introduction de la première entité rivale de la Fédération, l'Empire Stellaire Romulien. Outre le duel spatial, cette entrée en matière particulièrement réussie bénéficie également de l'amusant décorum romain, mais aussi de la troublante ressemblance avec M. Spock. L'occasion aussi pour l'épisode de critiquer les présupposés racistes,via l'attitude de Stiles envers le Vulcain. Le scénario développe également une ambition de critique de la Guerre froide. En effet, outre apporter une dimension psychologique au conflit, la convergence d'opinion entre Kirk et le commandant adverse montre qu'en définitive l'ennemi n'est pas si différent de nous. Cet épisode très riche en émotions masculines (la confiance absolue du Capitaine envers M. Spock achève de sceller leur amitié) sait également laisser une place à Uhura, qui se montre capable d'assurer la navigation de l'Enterprise au pic de la crise. Anecdotes :
9. LA PLANÈTE DES ILLUSIONS Date de diffusion : 20 octobre 1966 Auteur : Robert Bloch Réalisateur : James Goldstone Résumé : Sur la planète Exo III, Kirk découvre le laboratoire souterrain du Dr. Quirby, ancien fiancé de l'Infirmière Chapel, disparu depuis des années. Kirl découvre que Kirby vit entouré de deux androïdes, Brown et Andréa, qu'il a fabriqué avec l'aide d'un natif de la planète, Ruk. Quirby capture Kirk et crée sa double mécanique, qu'il envoie s'emparer de l'Enterprise M. Spock comprend l'entourloupe, tandis que Kirk découvre que Kirby lui-même est un androïde. Ce dernier se suicide quand il comprend avoir perdu l'amour de Chapel. Critique : L'épisode renoue avec la tradition très Sixties des doubles, qu'il porte à un niveau rarement égalé en recourant au thème très riche de la Science-fiction qu'est l'Androïde. Les amateurs de Chapeau Melon et Bottes de cuir ne se sentiront d'ailleurs pas dépaysés, tant l'on pense ici à Interférences, en saison 5. Le talent de Robert Bloch, grand romancier également rompu au métier de scénariste, nous vaut un scénario particulièrement riche, sachant allier rebondissements astucieux, moment purement étranges (la création du double de Kirk), allusions à son mentor H. P. Lovecraft mais aussi brillante utilisation de la figure de l'Androïde comme troublant miroir de l'être humain. L'épisode mène ainsi une captivante réflexion sur les risques de l'eugénisme et de la quête absolue de perfection qui nous ferait renoncer à notre humanité en annihilant les faiblesses et défauts qui en en sont absolument partie constituante. Cela vaut pour nos sociétés, mais aussi pour le métier d'auteur et scénariste, tant il s'agit d'un courant fléau d'écriture, en particulier à une époque où les questions de représentation prennent le pas sur toute autre considération. La planète des illusions s'offre également le luxe d'un humour sans doute partiellement involontaire avec la présence de Ted Cassidy, le Lurch de la Famille Addams revêtu des oripeaux de la Science-fiction valant largement le coup d 'œil. Mais la vedette de l'opus demeure incontestablement Andréa et le titre original indique bien à quel point un auteur aussi sagace que Bloch en a conscience. Evidemment cela se doit à sa tenue très glamour pour l'époque,en particulier sur un Network familial, mais aussi parce que Andréa est l'élément mystérieux de l'histoire, la seule androïde (y compris en englobant Kur) dont on ignore qui était le modèle initial. Malheureusement cet élément se voit en partie gâché par la sexualisation à outrance du personnage, sans dout due aux fantaisies de Roddenberry. C'est d'autant plus vrai que cela passe par une soumission à la virilité exacerbée d'un Capitaine Kirk apparaissant ici déjà pour la troisième fois torse nu, un élément en soi indicatif. Le malaise se voit encore accru à notre époque où les Sexbots deviennent plus qu'une perspective, bien après les créations de Warren chez Buffy, ou encore un film comme Une fiancée pas comme les autres (2007). On peut aussi regretter que la séparation de Kirk d'avec le Dr. McCoy et M. Spock prive l'épisode d'une dynamique d'ores et déjà placée au cœur de Star Trek. Anecdotes :
10. LES VOLEURS D'ESPRIT Date de diffusion : 03 novembre 1966 Auteur : S. Bar-David Réalisateur : Vincent McEveety Résumé : Alors que l'Enterprise vient ravitailler la colonie pénitentiaire de Tantalus V, un prisonnier s'évade et demande asile. M. Spock découvre qu'il s'agit du Dr. Van Gelder, l'un des administrateurs de la prison. Grâce à une fusion mentale, le Vulcain découvre que l'homme a été victime des expérimentations du directeur du site, le Dr. Tristan Adams. Celui-ci cherche à mettre au point un neutralisant neural permettant de reconditionner les criminels, quitte à détruire leur personnalité. Aidé par la psychologue Helen Noel, Kirk affronte le Dr. Adams, qui périt victime de son invention diabolique. Critique : De manière plaisante, Les Voleurs d’esprit continue à décliner les sujets fétiches des séries Sixties. Après les Doppelgangers de La planète des illusions, voici les manipulations d’esprit et autres lavages de cerveaux peuplant les Spy Shows alors en vogue. Les amateurs de Chapeau Melon et Bottes de Cuir se sentiront d’ailleurs comme chez eux par moments, dans le seul est présent chez Steed et ses associées, on songe notamment au très sombre Lavage de cerveau, en saison 3. C’est d’autant plus vrai que le duo formé par le toujours viril Capitaine Kirk et la psychologue de l’Enterprise Helen Noel (que l’on ne reverra hélas plus par la suite) commence par produire quelques étincelles. Bien évidemment Helen finira par succomber au charme immarcescible de James Tiberius Kirk : n’est pas Cathy Gale qui veut ! On peut aussi regretter qu’en Diabolical Mastermind du jour, le Dr. Adams ne défraie pas la chronique. Sa scène la plus marquante demeure celle de sa mort, bien entendu causée par sa propre invention ! Star Trek continue à diversifier sa Science-fiction au-delà de Space-opéra classique, tout en continuant à développer son propre univers. Ainsi la fusion mentale vulcaine opère-t-elle ici une entrée en matière remarquée, lors de l’une des scènes les plus troublantes et marquantes de l’Opus. Léonard Nimoy et Morgan Woodward s’y montrent remarquables, tandis que M. Spock se pose toujours davantage en atout maître. L'épisode poursuit la réflexion sur les dangers de la quête d'une perfection devenue inhumaine débutée lors de l'opus précédent, avec le problème toujours moderne de la réinsertion des criminels. On apprécie que les auteurs se montrent suffisamment audacieux pour interroger le modèle même de la Fédération, le savant fou n'étant pas un malade mental s'étant emparé d’un asile psychiatrique, mais bel et bien un responsable officiellement mis en place par cette utopie abordant la criminalité comme un fait psychiatrique. Avec les meilleures intentions du monde, mais rejoignant des régimes bien plus sinistres. Anecdotes :
Date de diffusion : 27 octobre 1966 Auteur : Adrian Spies Réalisateur : Vincent McEveety Résumé : L’Enterprise découvre une planète en toute point identique à la Terre, mais qui se serait figée dans les années 60. Kirk et Spock dirigent une équipe d’exploration, et constatent que les villes sont laissées à l’abandon. Ils font la connaissance de la jeune Miri et comprennent qu’une maladie monstrueuse frappe les habitants ayant atteint la puberté, les rendant fous. Cela est dû à une expérience destinée à prolonger la vie mais ayant jadis mal tournée. Les enfants sont demeurés tels quels depuis 300 ans. Bientôt toute l’équipe est contaminée, hormis M. Spock, mais le Dr. McCoy parvient à élaborer un vaccin grâce à l’aide de Miri. Critique : L’épisode présente l’intérêt de nous montrer un futur dystopique, une originalité au sein de la série, mais rendant compte des courants pessimistes devenant progressivement dominants au sein de la Science-fiction des années 60, avant de triompher au cours de la décennie suivante (avec des films comme Soleil Vert, Mondwest ou L’Age de Cristal). Mais le récit surprend en tirant à la ligne de manière pour le moins outrée son message sur le danger des expérimentations génétiques en créant à cette fin une Terre bis. Comme si les amateurs de Science-fiction avaient besoin d’un procédé aussi massif pour comprendre la portée de la mise en garde formulée. De plus le côté absurde de la situation se voit renforcé par le fait que le scénario ne se soucie jamais d’expliciter l’existence d’une autre Terre, totalement identique à la nôtre. On peut supposer que tout ceci sert en fait de justification à l’emploi de décors préexistants et à l’absence de maquillages aliens, un genre d’économies que Star Trek réitérera volontiers ultérieurement. Par ailleurs, on regrettera le manque d’ambition global du scénario, pour lequel cette dystopie ne sert en définitive que de décor, et non de sujet Pas un instant l’épisode ne tente de sérieusement imaginer et dépeindre une société d’enfants livrés à eux-mêmes depuis 300 ans, soit l’équivalent de Sa Majesté des Mouches ou de Peter Pan, toutes proportions gardées. Au contraire, le récit bifurque très rapidement sur un suspense médical, certes efficacement mené, mais aussi très classique et centré sur l’équipe de l’Enterprise, au lieu de servir de prétexte à l’exploration de ce monde. L’épisode reste même flou sur ce qu’il va advenir de l’immortalité des enfants après que le traitement leur soit administré. On appréciera néanmoins la présence de scènes en extérieur, pour la première fois depuis le pilote non diffusé. De même les personnages féminins semblent occuper une place plus importante qu’à l’accoutumée, avec une Janice Rand s’aventurant enfin en dehors de l’Enterprise et que Miri participant à la résolution de la crise. L’interprétation sensible de Miri par Kim Darby apporte également une belle véracité à son personnage. Le fait qu’elle soit jouée par une jeune adulte fait rend légèrement moins sulfureuses où la jeune Miri, à l’orée de la puberté se montre sensible au charme de Kirk. Mais décidément nous sommes bien dans les années 60 et leur libéralisation de la sexualité, cela passerait plus difficilement de nos jours ! Anecdotes :
12. LA CONSCIENCE DU ROI Date de diffusion : 08 décembre 1966 Auteur : Berry Trivers Réalisateur : Gerd Oswald Résumé : Le Capitaine Kirk est averti que'Anton Karidian, dirigeant d'une célérifère troupe de théâtre spécialisée dans les pièces de Shakespeare pourrait bien être Kodos, un ancien dirigeant de colonie qui aurait causé la mort de 4000 personnes. Les quelques personnes pouvant confirmer son identité sont assassinées ou manquent de l'être. Anton Karidian nie être Kodos, amis aussi l'instigateur des meurtres actuels. Le Capitaine va devoir découvrir l'identité du coupable.A cette fin il invite lma troupe à donner une représentation d'Hamlet à bord de l'Enterprise, mais son enquête se voit compliquée par le charme de la fille d'Anton, Lenore. Critique : L'épisode s'impose comme à part au sein de la saison, non pas comme tout à fait décalé, mais plutôt comme thématique, autour de la haute figure de Shakespeare. Au cœur de la culture anglo-saxonne, le Barde constitue une influence majeure sur nombre de séries, qu'il s'agisse d'adaptation directes ou indirectes. Les productions dédiées à l'Imaginaire ont parfois le privilège de le faire intervenir en tant que personnage, tout comme Rod Serling dans The Bard (4-18), sans doute l'épisode le plus irrésistiblement drôle de La Quatrième Dimension. Trois ans plus tard, sans se montrer aussi audacieux, Star Trek va séduire par l'ambition de son approche du Dramaturge. Très finement écrit, le récit emprunte en effet aussi bien à McBeth (crime envers le peuple au lieu du roi, assez logiquement en démocratie, rescapé désirant exercer le châtiment) qu'à Hamlet (malédiction familiale, dérèglement du souverain, Conscience du Roi donnant son titre à l'opus, fille sombrant dans la démence) pour pleinement camper le duo Anton-Lenore en quintessence du style shakespearien. Bien avant David Tennant dans le The Shakespeare Code de Doctor Who, le choix d'un grand acteur shakespearien en la personne d'Arnold Moss contribue puissamment au succès de l'entreprise. L'épisode s'offre même l'audace de décrire pareillement James T. Kirk, via les citations de Jules César par Lenore. On redécouvre ainsi complètement le vaillant et viril Ccapitaine, en homme miné par son passé et disposé à la sournoiserie d'un complot pour défaire son ennemi. La conversation entre McCoy et Spock reste également un grand moment dramatique. Barbara Anderson participe également à la démesure de l'ensemble, notamment lors de son impressionnant final. On regrettera par contre que le scénario choisisse ici la voix du Whodunit, assez à contretemps puisque qu'une fois saisie la mécanique shakespearienne à l’œuvre, l'identité du l'assassin ne fait plus guère de doute. On comprend que ce type de récit serve ici à dévoiler les personnalités hors normes du père et de la fille, mais les amateurs d'Agatha Christie se verront par contre sacrifiés, en l'absence de suspense et d'interrogation ludique. Star Trek n’en confirme pas moins ici la variété de ses potentialités en s'éloignant autant que possible ici de l'univers du Space-opera et sacrifiant les scènes d'action, ce qui valut d'ailleurs à l'opus un médiocre accueil auprès du public. C'est très naturellement que la série continuera par la suite à placer des références au Barde tout au long de son parcours. Anecdotes :
13. GALILÉE NE REPOND PLUS Date de diffusion : 5 janvier 1967 Auteur : Oliver Crawford et S. Bar-David Réalisateur : Robert Gist Résumé : Galilée, la navette de l'Enterprise, s'écrase sur une étrange planète alors qu'elle étudiait un phénomène énergétique. Les sept membres du groupe, dont M. Spock, McCoy et Scotty, ne peuvent plus communiquer avec le vaisseau et doivent faire face à des indigènes hostiles. Kirk recherche ses hommes mais doit aussi livrer de toute urgence des médicaments à la colonie de New Paris, ce qu'exige le Commissionnaire Farris. La tension monte dans le groupe quand deux de ses membres sont tués et que Spock continue à refuser d'employer la violence contre les agresseurs. Spock va devoir tenter une manœuvre illogique afin de sauver la situation. Critique : Au lieu de se centrer sur le Capitaine Kirk, The Galileo Seven a la riche idée d'accorder toute la place qu’ils méritent à ses deux officiers supérieurs, le Docteur McCoy et bien entendu M. Spock, véritable héros du récit. Le scénario s’intéresse aussi à la forte relation les unissant à à la fois si fraternelle et éruptive, tant l’humanité brute de décoffrage de McCoy se frotte à la pure logique proclamée du Vulcain. Bien entendu M. Spock va confirmer être en définitive bien plus qu’un ordinateur sur jambes. On se régale devant ce bel hommage à la place occupée dans la série et à la popularité alors grandissante de deux figures n’étant déjà plus des sidekicks. Le récit se montre également intense, avec l’emploi efficace d’un huis-clos à ciel ouvert pour dramatiser un suspense en soi classique. Kirk ne disparaît pas pour autant, l’intrigue le relègue au second plan avec élégance, mais les scènes avec son second et officier scientifique valent leur pesant d’or. La personnalité de Boma et son affrontement avec Spock contribue également à hisser l’épisode au-delà des aventures spatiales classiques de ce type. Les thèmes du racisme, mais aussi de ce qu’implique réellement la responsabilité du commandement apportent une densité supplémentaire, et on apprécie l’acharnement à défendre la non-violence, là où la facilité aurait conduit à privilégier des affrontements spectaculaires. La représentation des gigantesques indigènes et les effets spéciaux ont sans doute vieilli, mais la mie en scène reste remarquable selon la norme des séries télévisées de l’époque. Le décorum de la navette apporte une valeur ajoutée visuelle indéniable, tout en permettant à Scotty de pleinement participer aux événements. Outre la nouvelle grande performance de Léonard Nimoy, on appréciera également celle de Don Marshall dont le talent vient à l’appui d’un rôle difficile, mais davantage ambitieux que ceux qui étaient alors communément proposés aux Afro-Américains. Anecdotes :
14. COUR MARTIALE Date de diffusion : 02 février 1967 Auteur : Don M. Mankiewicz et Steven W. Carabatsos Réalisateur : Marc Daniels Résumé : Le capitaine Kirk demande à passer en cour martiale quand il fait l'objet de soupçons suite à la mort de l'un membres de son équipage, Finney, survenue lors d'une tempête d'énergie. La fille de la victime l'accuse d'avoir commis meurtre, car un contentieux les opposait. La procureure Arrel Shaw, ancienne conquête de Kirk, se monte très efficace, d'autant que des enregistrements viennent aggraver la situation du capitaine. Mais McCoy et M. Spock prouvent qu'ils ont été trafiqués : Finney eest toujours vivant à bord de l'Enterprise et a tenté de détruire la carrière de Kirk, par vengeance. Critique : La tentative d'insérer Star Trek dans le genre très codifié et très externe à la Science-fiction que constitue le drama judiciaire ne convainc ici que médiocrement. Peut-être parce que la manœuvre n'a pas tant l'ambition de procéder à une authentique convergence de genres différents que d'opérer quelques économies, la tentative se caractérise en effet par plusieurs facilités d'écriture. Ainsi l'ordinateur ne se voit-il pas assez développé en Intelligence Artificielle pour pouvoir constituer un témoin à part entière, nous demeurons encore loin des Cyberpunks. Les personnages secondaires ne cessent d'apparaître et de disparaître sans réelle explications, selon les besoins de la procédure, alors que plusieurs éléments clefs de celle-ci demeurent très flous (pourquoi Kirk a-t-il procédé à l'éjection de la nacelle, comment Finney est-il parvenu à se cacher aussi longtemps à bord de l'Enterprise, comment la procureure pet-elle avoir été aussi proche de Kirk sans être récusée, etc.). Les costumes très flashy n'aident pas non plus à apporter de l'intensité au débat. Le scénario, à la conclusion très précipitée, souffre en outre de plusieurs faiblesses initiales il n'aborde jamais le fait que Finney se condamne à rester à jamais dissimulé afin de ne pas réhabiliter Kirk. Plus fondamentalement, l'un des atouts majeurs du suspense judiciaire (l'accusé est-il coupable ?) s'avère totalement inopérant concernant le capitaine Kirk, héros de la série dont on ne peut douter de l'innocence. Il en va pareillement pour tous les personnages récurrents se retrouvant dans la même situation, que cela soit Walter Skinner dans La Visite des X-Files (3-21) ou encore Mère-Grand dans L'Homme au sommet de Chapeau Melon (6-24). Demeurent une solide interprétation, une évocation du danger des vidéos truquées et un amusant parallèle avec le classique de Sherlock Holmes que forme la nouvelle L'Entrepreneur de Norwood (1903), un parallèle malheureusement inexploité. On apprécie également que Star Trek confie un rôle d'officier supérieur à un acteur afro-canadien (excellent Percy Rodrigues), alors même que la ségrégation raciale ne fut formellement abolie qu'en 1964 et que peu de rôles d'autorité étaient encore confiés à des acteurs noirs. Anecdotes :
15-16. LA MÉNAGERIE Date de diffusion : 17 et 25 novembre 1966 Auteur : Gene Roddenberry Réalisateur : Marc Daniels et Robert Butler Résumé : Spock s'empare de l'Enterprise et s'en sert pour emmener son ancien commandant, le Capitaine Pike, sur Talos IV. La planète a été mise en quarantaine par la Fédération voici 13 ans, après une exploration durant laquelle était sous les ordres du désormais atrocement défiguré Pike. Kirk rattrape Spock, qui se constitue prisonnier en demandant à être jugé en cour martiale. Il va révéler les étonnants événements survenus naguère sur Talos IV. Critique : Le double épisode recycle, principalement dans sa seconde partie, les événements survenus dans La Cage, le pilote non diffusé de Star Trek. Cet épisode ayant déjà été chroniqué, nous allons ici nous intéresser à l'histoire imaginée en première partie, autour de la rébellion de Spock, puis de son passage en cour martiale. On reconnaîtra à l'histoire de ne pas se limiter à un simple prétexte, mais au contraire d'introduire un vrai suspense quant aux raisons cachées du détournement de l'Enterprise par Spock et aux péripéties survenues sur Talos IV. Léonard Nimoy et William Shatner jouent pleinement le jeu et apportent de la conviction à ce récit mettant en avant la complicité existante entre le Capitaine et son premier officier, mais aussi à la vraie nature de ce dernier, bien plus émotionnel qu'il ne daigne l'admettre. Le happy end, certes plus forcé que dans la cage, se montre également sensible et astucieux. Il n'en reste pas moins que le contraste d'ambition et d'intérêt avec La Cage demeure patent. De plus, quand on recadre la saison dans l'ordre de production des épisodes, le recyclage cette fois de Cour martiale apparaît lui aussi évident, avec ses récupérations de décors et de bouts d'histoire. On peut aussi s'étonner que ni Spock ni Kirk ne s'étonne que Numéro Un soit le sosie de l'infirmière de l'Enterprise, toutes deux étant interprétées par Majel Barrett ! Au total, si le cet emballage demeure suffisamment professionnel pour ne pas se moquer du public, on pourra néanmoins préférer visionner La Cage tel quel, sans fioritures non dépourvues d'intérêt, mais clairement inférieures à son corpus. Anecdotes :
17. UNE PARTIE DE CAMPAGNE Date de diffusion : 29 décembre 1966 Auteur : Théodore Sturgeon Réalisateur : Robert Sparr Résumé : L’Enterprise découvre une planète apparemment paradisiaque, et le Capitaine autorise l’équipage à prendre un congé au sol. Mais des personnages issus de la littérature et de l’Histoire de la Terre (dont Alice et le lapin blanc, mais aussi Don Juan) se manifestent inexplicablement. M. Spock établit que le monde donne réalité aux pensées de l’équipage et découvre une source d’énergie. Il s’avère que ce monde est un gigantesque parc d’attraction, dont l’amical « concierge » s’est donné pour but de réaliser les rêves de ses visiteurs. L’équipage va pouvoir apprécier un agréable séjour. Critique : Idéalement programmé durant les fêtes de fin d’année 1966, Short Leave constitue, sinon le premier épisode ouvertement décalé de Star Trek, du moins son premier opus à clairement verser dans la comédie. On rit beaucoup lors des manifestations étonnantes et incongrues (mais aussi parfois inquiétantes) des manifestations du pouvoir de la planète. Si le scénario ne se structure guère au-delà d’allées et venues entre ces phénomènes et l’apparition du Deus Ex Machina final, on apprécie l’inventivité et la variété des effets, jouant aussi bien la carte de la Science-fiction que du Fantastique, de l’Histoire et de la Guerre. Provenant de la psyché et des désirs des protagonistes, ces apparitions permettent habilement d’en découvrir davantage sur eux-mêmes. Il en va ainsi de la soif de revanche motivant la carrière de Kirk ou de la libido très à la Playboy du bon docteur. Très dans la lignée d’un Rodenberry donnant régulièrement écho à la libéralisation sexuelle de années 60, l’ensemble du récit se montre assez explicite, ce qui le date également. On regrettera que M. Spock ne connaisse aucune expérience de ce type, mais Sturgeon aura l’occasion d’y revenir la saison prochaine dans Le Mal du pays, épisode explorant l’arrière-cour de la roideur vulcaine. L’irruption du Deus Ex Machina s’avère plus habilement menée que lors de Charlie X. Elle est corrélée au reste de l’histoire et peut se deviner de manière assez ludique. De plus elle représente un joli pied de nez au poncif du lieu apparemment paradisiaque et se révélant piégé, puisqu’en définitive elle confirme la première impression ressentie. L’autre atout de l’épisode demeure la réalisation très efficace de Robert Sparr, sachant tirer un excellent parti des nombreuses scènes en extérieur et de l’étrangeté des apparitions, malgré les écritures imposées par Roddenberry à la dernière minute. On regrettera toutefois la réécriture massive du scénario original de Sturgeon, une pratique pouvant se justifier lorsqu’un écrivain n’est pas au fait de l’écriture télévisuelle, ce qui n’est pas le cas ici. Le showunner tire adroitement vers la comédie ce qui constituait certainement un récit plus profond autour de la notion de loisir, cette singularité caractérisant l’être humain au sein du règne animal, et la nécessité d’y impulser une fantaisie personnelle pour que l’expérience devienne pleinement féconde. Une condamnation du tourisme de masse s’instaurant durant les années 60, mais aussi une condamnation des parcs d’attraction à la Disney, dont la planète constitue l’antithèse absolue. Une idée qui se verra développée ultérieurement par cette étonnante et parfois troublante série qu’est L'Île fantastique (1977-1984), mais aussi par le propre Holodeck qu’installera plus tard la franchise Star Trek. Le film Mondwest (Westworld) de Michael Crichton saura également en donner une version assombrie et inquiétante, en 1973. Mais, tel quel, on goûtera volontiers l’humour, volontiers à la lisière de l’auto-parodie, de Shore Leave, ce qui lui assurera une belle popularité au sein des conventions. Anecdotes :
18. LE CHEVALIER DE DALOS Date de diffusion : 12 janvier 1967 Résumé : Alors que l'Enterprise passe à proximité d'une planète, Kirk et Sulu disparaissent soudainement. McCoy dirige une équipe d'exploration au sol, qui découvre que les deux hommes sont retenus dans un château fort n'ayant inexplicablement pas été détecté. Le maître des lieux se présente comme étant le Chevalier Trelane et les traite aussi bien comme des hôtes que comme des prisonniers. Une partie difficile s'engage contre cet être tout puissant, jusqu'à ce que deux de ses aînés viennent le sermonner. Critique : On reprochera au Chevalier de Dalos sa forte impression de déjà-vu. Dès ses commencements, et en attendant Q, la franchise Star Trek apprécie les êtres quasi divins et on retrouve ici plus d'une convergence avec Charlie X : toute puissance, immaturité infantile, conclusion pour lemoins similaire. Il n'y a pas jusqu'à la révélation finale que des événements longtemps inexplicables soient en définitive causés par un enfant qui ne rappelle l'un des classiques de La Quatrième Dimension, Étape dans une petite ville. On appréciera toutefois cet épisode comme l'un des plus divertissants de la saison, riche en péripéties et sensations fortes. Tous les twists s'avèrent ainsi minutés avec un art consommé du spectaculaire, y compris lors de la phase initiale et de son intrigant mystère. Le récit sait pour autant ne pas verser dans la vacuité de l'effet pour l'effet, notamment lors de la dramatisation apportée par un Kirk prêt à se sacrifier pour sauver son équipage. Exubérante et sans retenue aucune, la composition hors normes de William Campbell demeure le grand atout de l'opus, apportant à Trelane une personnalité crevant l'écran. Avec un vrai sens de l'exagération joyeuse et désinhibée fleurant bon une carrière largement dorée au soleil du Nanar, Campbell dynamite l'histoire dans la bonne humeur. A sa manière il fait de Trelane l'anti Spock absolu, et les scènes de confrontation entre les deux personnages acquièrent une indéniable intensité, avec une palpable hostilité réciproque. Léonard Nimoy n'a qu'à jour sur le registre habituel d'un Spock qu'il connaît désormais par cœur pour rendre l'ensemble détonnant. Le scénario échoue par contre à rendre la chute finale davantage convaincante que lors de Charlie X, la série tombant une nouvelle fois dans le piège que constitue l'aisance avec laquelle ces entités quasi divines peuvent devenir des Deus Ex Machina. Anecdotes :
Date de diffusion : 19 janvier 1967 Auteur : Fredric Brown et Gene L. Coon Résumé : L’Enterprise poursuit des Gorns ayant détruit un avant-poste de Fédération, sur Cestus III. Des entités supérieures, les Metrons, paralysent les deux vaisseaux, puis téléportent leurs commandants sur une planète aride. Le duel à mort de ces deux champions va décider de la survie de leur espèce. Le Gorn est supérieur physiquement, mais Kirk triomphe après avoir construit un canon rudimentaire. Toutefois il décide d’épargner son adversaire et les Metrons choisient de respecter sa volonté, ne détruisant pas les Gorns. Ils estiment que, dans quelques milliers d’années, les Terriens pourront devenir leurs alliés. Critique : Arena se distingue par plusieurs aspects de la nouvelle originelle de la nouvelle éponyme de Fredric Brown. Ainsi le célèbre duel entre le Capitaine Kirk et son alter ego Gorn (jamais nommé) ne débute-t-il qu’à la vingt-troisième minute, alors que Brown nous y immergeait quasiment d’entrée. Sans doute trop longue, cette introduction ne pénalise que partiellement l’épisode. Le récit initial plaira aux amateurs de Space-opera traditionnel, d’autant que l’Enterprise en mode de confrontation spatiale était demeurée jusqu’ici une relative rareté. Le duel lui-même se résout de manière moins subtile qu’en littérature, où il devenait en définitive un duel d’esprit, où il s’agissait en définitive de comprendre véritable la nature de l’Autre et les faiblesses inhérentes. Ici, en substance, la victoire revient à celui qui se construit le plus grand flingue. A contrario, on apprécie davantage la conclusion de l’opus, moraliste et positive, donc dans la lignée de la série, là où Brown se montrait sombre et impitoyable. En fin de partie, on retrouve la figure désormais classique de l’entité quasi divine, mais, cette fois préalablement insérée au récit, elle ne constitue pas ici un embarrassant Deus Ex Machina. Mais le plat de résistance d’Arena reste bien entendu le combat lui-même. C’est-à-dire l’un des moments les plus iconiques de la série entière, aussi admiré que moqué, et donnant au lieu à de nombreux hommages, mais aussi de parodies, au sein de la culture populaire (une référence absolue pour le Sheldon de The Big Bang Theory). Si, en digne précurseur des monstres de X-Or et consorts Metal Heroes, le costume du Gorn propulse effectivement la séquence vers les rieuses contrées du Nanarland, de même que les éléments en carton-pâte, on avouera apprécier son intensité, sa mise en scène au couteau et l’ingéniosité de ses péripéties. Un pur moment de bravoure télévisuelle, devant aussi beaucoup à l’apothéose de la virilité 60’s qu’incarne le Shat, mais aussi aux deux comédiens se succédant dans la peau du Gorn. Toutes proportions gardées, on songe volontiers à l’héroïsme des deux acteurs du mémorable combat préhistorique de An Unearthly Child, le légendaire pilote de Doctor Who. La version remastérisée s'efforce de résoudre cette dualité, en améliorant considérablement l’apparence du Gorn, mais nous tenons qu’en matière nanardesque le mieux est toujours l’ennemi du bien et demeurons fidèles à cette ode à la magie de l’imagination que transcende la Science-fiction. Anecdotes :
20. LES JUMEAUX DE L'APOCALYPSE Date de diffusion : 30 mars 1967 Auteur : Don Ingalls Réalisateur : Gerd Oswald Résumé : Alors que l'Enterprise cartographie une planète inconnue, de violentes turbulences énergétiques se produisent quand le dénommé Lazarus y apparaît brusquement. Il affirme être poursuivi par un adversaire provenant d'un autre univers. Spock établit que l'Anti Lazarus provient d'une dimension d'anti-matière et que s'il finissait par atteindre Lazarus, les deux univers seraient détruits par la déflagration en résultant. Kirk parvient à ce que la rencontre ait lieu dans un tunnel entre les deux dimensions, emprisonnant les deux Lazarus pour l'éternité. Critique : The Alternative Factor se voit généralement placé parmi les plus mauvais épisodes de la série (voire) de la franchise), alors que cet honneur douté est généralement réservé à la saison 3, avec des incontournables comme Spock’s Brain ou Turnabout Intruder. Et pourtant, en soi, son idée originale ne manquait pas d'atouts, avec une première incursion dans ce domaine si souvent fertile que représentent les univers parallèles, que la série saura exploiter avec autrement d'éclat ultérieurement. Le thème d'un personnage se sacrifiant pour sauver deux univers aurait également pu apporter un souffle dramatique à l'histoire. On avouera également apprécier le côté artisanal du trucage représentant l'affrontement éternel entre les deux Lazarus, l'un des souvenirs qui nous aura marqué lors de la désormais lointaine diffusion de Star Trek sur feue La Cinq. . Mais le soufflet va rapidement retomber, l'opus ayant sans aucun doute été irrémédiablement pénalisé par ses réécritures massives et laborieuses, ainsi que par un tournage ayant dû faire face à la désertion en rase campagne de l'artiste invité du jour. De fait le scénario manque de souffle et multiplie les maladresses. Ainsi l'épisode allie des justifications scientifiques hasardeuses à des trous scénaristiques béants, pour un résultat passablement ridicule. Ainsi si tout est parfaitement symétrique entre les deux univers-miroirs, on se demande bien pourquoi les deux Lazarus sont si différents, et où a bien pu passer l'Enterprise alternative. On encore pourquoi Starfleet se préoccupe de l'évacuation du vaisseau si la galaxie entière (au bas mot) va exploser, etc. Ayant dû improviser le rôle de Lazarus en catastrophe, Robert Brown en est réduit à cabotiner et échoue à faire réellement exister la dualité de caractère entre ses deux personnages. L'acteur n'est aidé non plus par ces séquences répétitives voyant Lazarus déambuler dans le désert, un évident procédé de remplissage. En fait on comprend qu'au lieu de réellement constituer un premier opus dédié aux univers parallèles, The Alternative Factor représente une bancale et énième exploitation du thème des doubles. Soit un poncif des années 60, auquel la saison a d'ailleurs déjà consacré deux épisodes, The Enemy Within et What are Little Girls Made Of ?. Une occasion manquée. Anecdotes :
21. DEMAIN SERA HIER Date de diffusion : 26 janvier 1967 Auteur : D.C. Fontana Réalisateur : Michael O'Herlihy Résumé : Un phénomène cosmique envoie l'Enterprise en orbite autour de la Terre, mais dans les années 1960. Un pilote de l'US Air Force, John Christopher, prend en chasse ce qu'il prend pour un OVNI. Afin de le sauver d'un crash, Kirk le fait téléporter à bord. En utilisant la gravité du Soleil, l’Enterprise va pouvoir revenir à son époque, mais aussi ramener Christopher juste avant les événements, empêchant ainsi que le Futur ne soit perturbé. Critique : Après la première excursion dans les Univers parallèles proposée par The Alternative Factor, la série s'essaie ici aux voyages temporels (hormis la très brève expérience de The Naked Time), mais cette fois le succès va s’avérer pleinement au rendez-vous. Certes, tourner dans des décors contemporains permet sans doute à la production de faire des économies vis-à-vis des décors, costumes et maquillages aliens, mais l'épisode ne se montre pas chiche pour autant. On apprécie en particulier les superbes plans de l’Enterprise surplombant la bonne vieille Terre. Surtout, l'opus va pleinement savoir saisir les différentes opportunités présentées par ce déplacement temporel. Ainsi placer l'action dans la contemporanéité du spectateur d’alors apporte une crédibilité supplémentaire à l'utopie que constituent la Fédération et Starfleet : la continuité entre notre Présent et ce Futur se voit réaffirmée. Le scénario sait déjouer l'évidente difficulté que constitue l'absence de tout réel danger pour Kirk et les siens, du fait du différentiel technologique, en jouant sur l'autre enjeu que constitue la sauvegarde impérative de la continuité historique. Cela débouche sur un récit riche en péripéties et souvent très drôle. De fait l'opus amuse beaucoup, avec le renfort des prises de bec spécialement toniques entre M. Spock et McCoy, ou encore l'humour de l'interrogatoire de Kirk, entre mensonges et vérités. Christopher est une rencontre attachante, qui contribue à enrichir le récit d'une interrogation morale sur la conduite à tenir. On est heureux que Kirk n'en ait pas fait un prisonnier du Futur, quitte à glisser sur les diverses facilités de la résolution du problème. Il reste très amusant en soi de voir l'Enterprise être considéré comme un vaisseau alien. Toutefois la vision des Années 60 donnée par l'épisode demeure très proprette et consensuelle, au moment où la Guerre du Vietnam et la Contre-culture frappent à la porte. Star Trek demeure une production la production d'un network de l'époque, aux normes d'autant plus impératives qu'il y est question de l'US Air Force. Le film Star Trek IV : Retour sur Terre saura développer une approche plus contrastée des années 80. Au total une très divertissante excursion 60's, comme le deviendra plus tard le finalement assez similaire 1969, de Stargate SG-1. Anecdotes :
22. LE RETOUR DES ARCHONS Date de diffusion : 09 février 1967 Auteur : Boris Sobelman et Gene Roddenberry Réalisateur : Joseph Pevney Résumé : Afin de mener une enquête, l'Enterprise aborde une planète où voici 100 ans un vaisseau terrien, l'Archon, a mystérieusement disparu. L'équipage découvre un régime autoritaire, d'un niveau scientifique équivalent à notre XIXe siècle, où tout semble figé. Les pulsions sociales s'expriment lors du Festival, où les violences se donnent libre cours. Kirk et les siens découvrent que cet ordre social trouve son origine dans le crash de l'Archon, mais aussi que le dirigeant Landru n'est en fait qu'un ordinateur géant. Critique : Avec Le Retour des Archons, la série continue à varier, sinon les plaisirs, du moins les fthèmes de la Science-fiction : après les Univers parallèles (Les Jumeaux de l'Apocalypse) et le Voyage dans le Temps (Demain sera hier), nous abordons la Dystopie. En soi une gageure au sein d'une série aussi fondamentalement utopiste que Star Trek, une telle approche pouvait légitimement susciter la curiosité. Malheureusement la critique sociale que développe le Monde selon landru embrasse trop large. On comprend qu'à larges trais, il s'agit d'une critique du collectivisme vis-à-vis de cette notion très américaine qu'est l'individualisme dans la quête du bonheur. Mais le collectivisme ici dépeint demeure trop générique pour que le pamphlet n'y perde en impact. Il pourrait tout aussi bien s'agir du Fascisme que du Communisme, de la Théocratie que de la menace des ordinateurs planifiant nos sociétés et nos vies. Avec dans ce dernier cas une approche très Sixties voyant l'ordinateur comme un simple objet fini, loin de la dispersion des réseaux à la Skynet, plus contemporaine. Certains membres de l'équipe ont même ultérieurement évoqué une critique voilée de la Guerre du Vietnam ! On aurait aussi pu envisager d'enrichir le propos en évoquant aussi les excès d'un individualisme à tout crin de l'individualisme (ou loi de la jungle), mais là encore Star Trek demeure une série produite par un Network des années 60. Ce flou du discours sous-jacent rejoint celui d'un scénario parfois inutilement complexifié, parfois trop vague. Ainsi la nature du Festival et son insertion au sien de la société ne sont-elles jamais réellement explicitées, de même que la victoire de Kirk sur l'ordinateur apparaît assez naïve. La Directive Première résulte moins clairement formulée qu'elle ne le deviendra par la suite. Au total cette première expérience dystopique ne convainc qu'imparfaitement, mais demeure en soi une démonstration de la variété des thèmes qu'autorise Star trek. De plus, ce monde anti-individualiste préfigure à sa manière le terrifiant Collectif Borg, doit l'un des apports majeurs de Star Trek Next Generation à la franchise. Anecdotes :
23. ÉCHEC ET DIPLOMATIE Date de diffusion : 23 février 1967 Auteur : Robert Hamner et Gene L. Coon Réalisateur : Joseph Pevney Résumé : L'Enterprise mène une mission diplomatique dans un système récemment découvert. Kirk découvre que deux planètes s'y mènent une guerre atomique paternellement virtuelle : les victimes sont déterminées par ordinateur avant de devoir aller dans des cabines de désintégration. Le conflit dure depuis des siècles, sans avoir détruit la civilisation ou l'environnement. L'Enterprise est menacée mais Kirk détruit les ordinateurs et les deux planètes préfèrent faire la paix plutôt que de basculer dans la guerre totale. Critique : Certes, on trouvera ici des doublons superficiels avec l'opus précédent, Le Retour des Archons : société dystopique gérée par des ordinateurs finalement détruits par Kirk. Toutefois Echec et diplomatie nous vaut une dénonciation de l'holocauste nucléaire particulièrement originale au sein de la série par son recours à l'humour noir et absurde. Soit un courant alors en vogue dans la science-fiction cette fois littéraire et de fait, le récit ne déparerait pas chez Robert Sheckley, Fredric Brown ou encore Stanislas Lem. Le spectateur se voit ainsi confronté au constat sans fard de la folie froide caractérisant l'équilibre de la terreur, avec un rare impact. Le scénario sait aussi se montrer étonnamment prophétique, puisque que, à notre époque, la guerre est effectivement devenue une forme de jeu vidéo, avec ses missiles et ses drones dirigés depuis un ordinateur parfois situé à des milliers de kilomètres de distance. Toutefois cette brillante idée de départ aurait sans doute été mieux exploitée au sein d'une anthologie comme La Quatrième Dimension, où elle aurait eu droit à toute l'attention de l'auteur. Ici elle doit partager l'écran avec la mécanique de la série, tout comme avec l'autre sujet que constituent la cour martiale de Scotty et la présence de l'Ambassadeur de la Fédération. Même si l'on apprécie que le vaillant et loyal chef des machines ait son quart d'heure de gloire, tout ceci demeure beaucoup plus classique que le thème principal, tout en empêchant d'installer celui-ci plus solidement. Au moins l'Ambassadeur s'avère-t-il plus complexe que le poncif du boulet de service et permet-il de découvrir les rouages de la Fédération en dehors de la seule Starfleet. Par ailleurs es costumes toujours à la fois très Sixties mais aussi relevant des Pulps, jouent un grand rôle dans l'atmosphère Star Trek. Ici, hormis pour la belle Mea 3, il se montrent contre-productifs, tant les uniformes apparaissent ridicules. Anecdotes :
24. LES DERNIERS TYRANS Date de diffusion : 16 février 1967 Auteur : Gene L. Coon et Carey Wilber Réalisateur : Marc Daniels Résumé : L'équipage découvre un vaisseau terrien à la dérive, le Botany Bay. Celui-ci date des années 1990 quand la Terre fut dévastée par les Guerres Eugéniques. Une équipe de l'Enterprise s'y téléporte, dont l'historienne Marla McGivers. Elle découvre des dizaines de corps en suspension et un homme inanimé. Celui-ci se révèle être Khan Noonien Singh, un seigneur de la guerre génétiquement amélioré afin d'avoir une force surhumaine. Avec ses semblables, et l'aide de McGivers tombée amoureuse de lui, Khan entreprend de s'emparer de l'Enterprise, mais Kirk et Spock retournent la situation. Khan et les siens sont exilés sur une planète hostile mais habitable. Critique : Le recul a fait que Les Derniers Tyrans ait désormais avant tout considéré comme le prologue de Star Trek II : La Colère de Khan (1982), encore à ce jours le film emblématique de la franchise pour le cœur historique des Trekkies, puis du davantage contesté Star Trek Into Darkness (2013). Et pourtant l'épisode vaut aussi par ses qualités propres. D'abord, par son évocation des Guerres Eugéniques, il commence à développer ce qui deviendra l'Histoire du Futur décrit par la franchise, l'un de ses atouts majeurs. Un thème de Science-fiction toujours captivant (La passé à travers Demain, et autres récits de Robert A. Heinlein, Fondation d'Isaac Asimov, Les Seigneurs de l’Instrumentalité de Cordwainer Smith, etc.). D'un point de vue rétro-futuriste, est déjà amusant en soi de constater qu'en 1967 on prévoyait des technologies génétiques aussi développées trente ans plus tard ! Magnifiquement dialogué et interprété avec un charisme incroyable par le grand Ricardo Montalbán, Khan apporte enfin à la fin l'un de ces méchants flamboyants à la mode des années 60. On s'en régale tout au long d'un récit riches en péripéties, alors même jusque-là la saison s'était montrée plutôt chiche en antagonistes intrinsèquement mauvais. On comprend sans peine l'espère de respect contraint que ressent Kirk, jusqu'à prendre sa décision la plus contestée en condamnant simplement Khan et les siens à l'exil (ce qui ultérieurement finira par coûter la vie à Spock...), mais un méchant de qualité, c'est aussi un méchant qui revient ! Cette fin préfigure idéalement l'inévitable retour de la vengeance, qui ne surviendra qu'au cinéma. L'épisode sait aussi hisser l'affrontement entre Kirk et Khan comme symbole de l'opposition entre les valeurs démocratique de la fédération et l'hubris du Fascisme. Équilibre et divers, l'équipage triomphe en définitive des surhommes auto-proclamés. On pourra regretter le portrait de l'historienne en femme immédiatement soumise au Mâle Alpha, mais Uhura est là pour contrebalancer l'ensemble. Anecdotes :
25. UN COIN DE PARADIS Date de diffusion : 02 mars 1967 Auteur : Nathan Butler et D.C. Fontana Résumé : Une colonie de la Fédération avait été détruite par un rayonnement mortel peu après sa création. Kirk a la surprise de découvrir que les colons sont toujours vivants. L'équipage est accueilli amicalement, mais découvre que toute vie non humaine a disparu. La population a été sauvée par des spores émises par d'étranges fleurs, mais celles-ci influent aussi sur le comportement, les humains devenant aussi heureux qu'apathiques. L'équipage (y compris M. Spock, qui tombe amoureux) est contaminé. Kirk sauve la situation, son attachement à Starfleet surpassant l'influence des spores. Critique : Avec le recul, et sans être berné par le voile de la « Science-fiction pour adolescents » ayant sans doute trompé le diffuseur, il reste difficile de ne pas percevoir cet épisode comme une métaphore du mouvement Hippie et de son penchant pour les substances relaxantes, alors même que la Contre-culture commençait à déferler sur les États-Unis. Plusieurs attitudes typiques de la consommation de cannabis, marijuana et consorts, sont ainsi aisément repérables tout au long de ce récit faisant écho au Mythe des Lotophages. Un coin de paradis reste également l'occasion pour les comédiens de sortir des sentiers battus, avec une prime pour DeForest Kelley, totalement en roue libre avec un Dr. McCoy particulièrement défoncé (ou plus alcoolisé que d'accoutumée, qui peut savoir). On s'amuse volontiers tout de long de cette histoire nos parlant en définitive davantage de l'utopie de la Flower Power Generation que de celle de la lointaine Fédération Unie des Planètes. Mais D.C. Fontana sait apporter un surcroît d'ambition à l'ensemble. Elle profite ainsi de l'occasion pour renverser astucieusement la formule de la série, voyant ici Kirk demeurer maître de son intellect tandis que M. Spock succombe totalement aux sentiments et aux sirènes de l'amour. Mise en valeur par le récit, la romance du Vulcain nous vaut une très émouvante prestation de Léonard Nimoy (qui eut très tôt une fan base féminine), formant une belle alchimie avec Jill Ireland. La scénariste installe également en sous-main comme une confrontation entre les Hippies et l'ordre établi. Cette controverse estv apparemment remportée par les tenants de l'ordre, via le succès d'un Kirk enraciné dans le devoir et le discours du dirigeant déplorant le temps perdu à ne rien faire. Mais la violence soudaine du Capitaine envers son et les bouleversantes larmes finales de ce dernier (For the first time in my life, I was happy) nous racontent une toute autre histoire. On ne saurait faire grief à Fontana de la tragédie qu'est devenue la consommation de stupéfiants à notre époque. Anecdotes :
26. LES MINES DE HORTA Date de diffusion : 09 mars 1967 Auteur : Gene L. Coon Résumé : L'Enterprise intervient quand une colonie minière est en proie à un monstre provenant des profondeurs et se rapprochant toujours plus de la surface. M. Spock découvre que la créature, le Horta, est faite de silicium et qu'elle est capable de passer à travers les murs. Kirk est partisan d'une mesure radicale, mais Spock parvient à établir un contact avec le Horta, grâce à ses pouvoirs psychiques de Vulcain. Il découvre qu les mineurs se sont fortuitement emparés de ses œufs. Une coexistence pacifique peut être établie entre les deux espèces. Critique : Apprécier Les Mines de Horta demande de composer avec plusieurs difficultés. Le tenues et couleurs saturées caractéristiques du design de la série conviennent idéalement à l'évocation de mondes exotiques, mais bien moins quand il s'agit plus prosaïquement de mines. Par contre les auteurs n'hésitent à du coup à supprimer les personnages féminins, le seul demeurant étant... le Horta ! Le scénario ne va pas sans quelques naïvetés, on se demande ainsi comment les galeries creusées depuis des éternités par les Hortas n'ont pas été détectées jusqu'ici par les moyens techniques de la fédération. On éprouve également du mal à croire qu'un œuf soit à ce point indifférenciation d'un caillou. Et puis, si on sait gré au Horta de rompre avec les Aleins invariablement humanoïde, il faut bien admettre que le résultat est à peu près aussi probant que le Gorn de Arena, comme une symbiose entre une pizza et un tapis animé. Mais ces problèmes restent en surface, le coeur de l'épisode restant remarquable. En effet, tout au long d'un récit parfaitement minuté et sachant entretenir le suspense, Star Trek opère ici une véritable révolution au sein du Space-opera. Ce genre, historiquement l'un des tous premiers de la Science-fiction, s'était jusqu'ici bâti autour d'Aliens uniformément hostiles et de héros les combattant sans défaillir. Ici c'est tout le contraire qui s'opère, la réconciliation entre Humanité et Hortas une fois dissipés la méfiance et les malentendus s'imposant comme l'un des sommets des idéaux de Roddenberry : compréhension de l'autre, et coopération plutôt résolution des conflits par la force brute. Si le récit accorde un bel espace à chacun des trois personnages principaux, le cœur de cette parabole demeure sans doute la scène où M. Spock utilise sas pouvoirs vulcains pour entrer en contact avec le Horta et exprime la souffrance ressentie par celui-ci. Un émouvant moment de communion et une nouvelle grande prestation de Léonard Nimoy. Un épisode précurseur, des décennies avant le finalement assez similaire Brûle avec moi de Doctor Who (3-07). Anecdotes :
27. LES ARBITRES DU COSMOS Date de diffusion : 23 mars 1967 Auteur : Gene L. Coon Réalisateur : John Newland Résumé : Alors qu'un conflit global menace d'éclater entre la Fédération et l'Empire Klingon, l'Enterprise mène une mission diplomatique sur Organia, une planète neutre proche de la frontière. Le vaisseau doit se replier quand les Klingons du Commandant Kor envahissent ce monde, laissant sur place Kirk et M. Spock. Malgré les exactions des Klingons, les Organiens s'entêtent à vouloir demeurer passifs. Ils se révèlent être des entités incorporelles toutes puissantes, quand ils empêchent qu'ait lieu une vaste bataille spatiale et imposent un cessez-le-feu. Critique : Après l'originalité de la collaboration inter-espèces développée dans Les Mines de Horta, on en revient ici aux fondamentaux du Space Opéra, avec un conflit entre puissances galactiques et même batailles spatiales. Toutefois l'opus fait néanmoins date, puisqu'il introduit ces Klingons allant longtemps demeurer les meilleurs ennemis de la Fédération. Pour un coup d'essai c'est un coup de maître, tant on se régale de leur brutalité virile, plus immédiatement ressentie devant l'écran que la sophistication glaciale des Romuliens. Évidemment cela ne change pas de clichés asiatiques propres aux productions des années 60, même si, comme pour contrebalancer, Sulu se retrouve pour la toute première fois à la tête de l'Enterprise. L'épisode déroule efficacement toute la panoplie, constituant une belle carte de visite pour l'Empire klingon, avec le succulent numéro de John Colicos en tête de gondole. Ce spécialiste des rôles de vilains se montre ici totalement en roue libre, et on en redemande. On peut toutefois regretter qu'un manque de moyens rende la planète visitée assez vide, limitée à quelques décors. Par ailleurs, en dehors des péripéties certes prenantes, l'épisode sait utiliser avec brio la confrontation entre Kor et Kirk, pour relever ironiquement les convergences entre les deux adversaires. En effet notre Capitaine se révèle bien prompt à partir en guerre, a contrario du pacifisme affiché par Starfleet. La série se livre à une vue en coupe ambitieuse de la réaction de son utopie face à une menace extérieure. La réaction de la fédération pouvant toutefois se comprendre s'il s'agit, non pas d'un conflit territorial ou d'une rivalité de puissance, mais d'une confrontation entre deux visions philosophiques, deux entités profondément antagonistes. C'est ce qu'en littérature l'autre Utopie que constitue la Culture a pu expérimenter lors de la Guerre idirane, dans le formidable roman Une forme de guerre (Iain M. Banks, 1987). Hélas, l'opus se voit en partie gâché par un énième recours cette saison au Deux Ex Machina des entités quasi divine. Non seulement la conclusion résulte abrupte, mais aussi contre-productive, tant il est aisé de demeurer neutre quand on surplombe les événements. La posture des Organiens aurait eu plus de poids s'ils avaient été effectivement concernés par le conflit. Anecdotes :
28. CONTRETEMPS Date de diffusion : 06 avril 1967 Auteur : Harlan Ellison Réalisateur : Joseph Pevney Résumé : S'étant accidentellement injecté un hallucinogène, McCoy se téléporte sur une planète sujette à des perturbations temporelles. Kirk et l'équipe de secours découvrent un portail lumineux se présentant comme le Gardien de l'Eternité. McCoy le franchit, ce qui le transporte dans le New York de la Grande Dépression et bouleverse l''Histoire. L'Enterprise disparaît et Kirk et Spock franchissent à leur tour le portail, afin de rétablir la causalité. Le trio doit se résoudre à laisser mourir la pacifiste Edith Keeler, initialement sauvée par McCoy et dont l'action fera triompher l'Allemagne nazie. Critique : Outre la fameuse controverse ayant opposé Roddenberry à Harlan Ellison, Contretemps est remémoré comme le meilleur épisode de la série, voire de la franchise, aussi bien, par une majorité aussi bien de Trekkies que de critiques. L'épisode marque en effet comme un aboutissement dans la progression connue par cette excellente première saison, qu'il aurait sans doute davantage mérité de conclure que La lumière qui tue. Il marque ainsi une nouvelle étape franchie dans le domaine des voyages temporels, grand thème de la Science-fiction appelé à devenir l'une des valeurs sûres de la franchise. Après l'esquisse de L'équipage en folie, puis l'aller et retour sympathique mais simplifié de Demain sera hier, Contretemps s'attache bien davantage à ne négliger aucune des conséquences du déplacement temporel, des enjeux installés au cœur même de son intrigue. Par son mystère et son superbe design le très réussi Gardien de l’Éternité constitue une justification particulièrement marquante du phénomène. On apprécie que, pour une fois la série se soit dispensée de ses sempiternels aliens humanoïdes, pour se centrer sur merveilleux artefact. Mais il ne s'agit là que de l'un des traits de ce grand épisode. On en apprécie également la jolie reconstitution historique des années 30, ainsi que la lumineuse figure d’Édith Keeler. Magnifiquement interprétée par Joan Collins, son aura et sa personnalité engagée et libre lui vaut de se détacher parmi les multiples rencontrez féminines de James T. Kirk. Toutes proportions gardées, elle est sa Teresa di Vicenzo, à l'issue tragique rendue encore plus douloureuse par le rôle joué par son amoureux lors de son décès. William Shatner sait idéalement accompagner ce mouvement, par une interprétation plus sensible qu'à l'accoutumée. Outre la tragédie des sentiments, on aime également que Star Trek sache ne pas se montrer trop moutonnier face au pacifisme alors en vogue dans son propre espace-temps et ne pas verser dans la mièvrerie. En effet c'est sans ambiguïté aucune que Keeler est désignée comme fautive dans son refus de la guerre au Nazisme. La série refuse ainsi de sacrifier sa responsabilité face à la défense de ses idéaux. Il est positif que le Capitaine Kirk ait à endosser des choix cruels, car cela le fait gagner en réalisme, et c'est également à ce prix que l'utopie de la Fédération ne se résume pas à une simple fantaisie. L'opus ne sombre pas dans le pathos pour autant, parvenant à alterner avec réussite le drame et l'humour. Anecdotes :
29. LA LUMIÈRE QUI TUE Date de diffusion : 13 avril 1967 Auteur : Steven W. Carabatsos Réalisateur : Herschel Daugherty Résumé : L'Enterprise intervient quand une épidémie de folie mortelle se répand dans tout un secteur galactique. La prochaine planète menacée est celle où réside le frère de Kirk et sa famille. Son frère est déjà décédé quand Kirk arrive, mais il parvient à sauver son neveu. La lutte contre le parasite causant le fléau se complique lorsque Spock est contaminé à son tour. Spock parvient à dominer sa folie et accepte de servir de cobaye, ce qui permet de découvrir que les créatures sont tuées par les rayons ultra-violets. Critique : Évidemment, regarder cette histoire de pandémie quasi galactique en pleine période de confinement covidien suscite un frisson particulier. Contexte, tout est contexte. Mais, en lui-même, le récit relève d'un suspense médical assez classique sous les oripeaux de la Science-fiction. L'ensemble se laisse suivre, malgré un certain manque de rythme. L'opus vaut pour une nouvelle performance de Léonard Nimoy sachant exprimer à merveille ls différents états psychologiques traversés par M. Spock. Il présente aussi le mérite de développer l'univers de la série, moins concernant la famille de Kirk que par de nouvelles révélations autour de l'inépuisable physiologie vulcaine. On apprécie également quelques localisations heureuses, notamment pour les scènes extérieures en surface de planète. Malheureusement tout ceci pâtit de maladresses souvent évidentes. Ainsi on reste surpris du peu d'émotion manifesté par Kirk devant le devenir de sa famille, même en période de crise. Ce désintérêt est d'ailleurs visiblement partagé par les scénaristes eux-mêmes car ils ne prennent même pas la peine de statuer sur le devenir du neveu, laissé dans un coma incertain. On se dit également que pour une poignée de minutes, McCoy aurait pu attendre le résultat des analyses avant de procéder au test sur Spock. On peut aussi sourire d'une certaine emphase dans la description des parasites, alors qu'ils résument ensuite à des bouts de plastiques évoquant vaguement des œufs brouillés. Rien de tout ceci n'est absolument dramatique, mais La Lumière qui tue sort difficilement du lot, alors que le remarquable opus précédent, Contretemps, aurait pu apporter une conclusion digne de ce nom à cette saison de haute volée. Anecdotes :
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Présentation Space: the final frontier. These are the voyages of the starship Enterprise. Its five-year mission: to explore strange new worlds. To seek out new life and new civilizations. To boldly go where no man has gone before! Les années 2260. Après avoir manqué de s’autodétruire, l'Humanité s'est tournée vers les étoiles et a rencontré d'autres espèces, notamment les Vulcains, les Tellarites et les Andoriens. Des liens d'amitié se sont créés avec ces mondes. Tirant profit des erreurs du passé et face à des forces hostiles, les Terriens et leurs alliés ont créé la Fédération Unie des Planètes, coopérative et démocratique, progressiste et ouverte. Cette utopie devenue réalité est une méritocratie, où chacun a pleinement sa chance, quel que soit son espèce, son ethnie ou son genre. A l'origine de la Fédération, la Terre en abrite les institutions centrales (la Présidence se trouve ainsi à Paris, Place de la Concorde), mais aussi le quartier général de Starfleet, à San Francisco. Cette flotte spatiale de la Fédération répond certes à un objectif militaire, protéger les Planètes Unies des entités hostiles, dont l'Empire Stellaire Romulien et le brutal Empire Klingon, en de nombreux points son antithèse. Mais Starfleet constitue aussi un creuset et l'incarnation la plus pure des idéaux de la Fédération, comme son pacifisme non interventionniste. Bien plus qu'une simple armada, Starfleet est une promesse. Dans ce cadre, alors que la Galaxie demeure largement terra incognita, l'Amirauté lance plusieurs missions d'exploration, diplomatiques et scientifiques. Au cours d'une mission de cinq ans, le valeureux équipage de l'USS Enterprise va tout risquer pour remplir la mission première de Starfleet : explorer des mondes nouveaux et étranges, découvrir de nouvelles formes de vie et de nouvelles civilisations, et avancer audacieusement vers l'Inconnu. A sa tête, le vaillant Capitaine James T. Kirk peut compter sur un nombre inépuisable d'enseignes à pull rouge, mais aussi sur ses exceptionnels lieutenants : M. Spock, son second et officier scientifique, le Dr. McCoy, médecin du vaisseau assisté de l'infirmière Christine Chapel, Montgomery Scott, dit « Scotty », chef ingénieur, Nyota Uhura, en charge des communications et les navigateurs Hikaru Sulu et Pavel Chekov. Star Trek va narrer leurs prodigieuses aventures, soigneusement consignées dans le Journal de bord du Capitaine. Passionné de Science-fiction et vétéran deux fois médaillé de l'US Air Force durant la Guerre du Pacifique, Gene Roddenberry n'est pas un novice en matière de télévision quand il écrit le premier scénario de Star Trek (1966-1969). Dès les années 50, il fait en effet ses classes de scénariste sur les productions de genre alors les plus en vogue sur les Networks américains, le Policier et le Western. Mais ses tentatives dans le domaine de la Science-fiction ne se concrétisèrent jamais, jusqu'à Star Trek, qu'il parvint à vendre aux Productions Desilu (Les Incorruptibles, Mission Impossible...), en mars 1964. Ce studio réalisa un premier pilote fin 1964 (La Cage), après avoir largement modifié le premier jet de Roddenberry. Trouver un diffuseur fut d'abord malaisé. CBS, un temps intéressé, préféra finalement parier sur Perdus dans l'Espace (1965-1968), d'Irwin Allen. Fort heureusement NBC se déclara intéressé par le concept et, chose rarissime dans l'industrie, n'hésita pas à financer un second pilote (Où l'homme dépasse l'homme). De La Cage (qui devait devenir culte bien plus tard), seul fut maintenu le M. Spock de Léonard Nimoy, tandis que l'actrice Majel Barrett fut conservée dans le rôle de l'infirmière Christine Chapel (elle épousera Roddenberry en 1969). Tous les autres personnages deviennent ceux que nous connaissons, idem pour la distribution. Chekov ne sera toutefois créé qu'en saison 2. Satisfaite de ce pilote, NBC acheta la série et en programma 19 épisodes pour la rentrée 1966. Après un début prometteur, l'audience se tassa progressivement, devenant moyenne. La série se voit ainsi régulièrement dépassée par la concurrence de CBS. Une mobilisation des auteurs de Science-fiction, emmenés par un Frederik Pohl (La Paix des Étoiles, La Grande Porte...) enthousiasmé par la série, connut un certain écho. Après que le destin de Star Trek eut été en suspens, NBC décide en mars 1967, de compléter la saison et d'en programmer une deuxième, convaincue par les alors récentes études marketing permettant d'aller au-delà du simple audimat global et montrant un vrai succès auprès de la jeunesse. Après que la case horaire de la série soit passée de 19h30-20h30 à 20h30-21h30, choix peu propice à son public jeune, l'audience de la série va continuer à se dégrader durant sa deuxième saison. Alors que plusieurs acteurs, dont William Shatner, commencent à anticiper un non-renouvellement du programme, NBC lui maintient in fine sa confiance. En effet si CBS demeure loin devant, Star Trek prend régulièrement le dessus sur ABC et son Hondo, éphémère série de Western (1967). De plus Star Trek rencontre un bon écho chez les classes aisées et éduquées qui apprécient son ambition. La série a un public restreint mais dynamique et enthousiaste. Le courrier est la voix des fans en ces temps si antérieurs à Internet et une forte mobilisation a lieu quand le renouvellement du programme est en question. Les passionnés de Science-fiction (mais aussi auteurs et universitaires) viennent à la rescousse de l'Enterprise, car ce sont les réseaux de leurs conventions qui organisent la campagne de courriers. NBC reçoit des milliers de lettres chaque semaine, tandis que des étudiants se mobilisent sur les plus prestigieux campus du pays. Aucune série n'avait jusqu'ici connu une mobilisation de cette ampleur. La reconduction est annoncée par NBC le 01 mars 1968. La troisième saison voit néanmoins le programme être relégué à 22h, le lundi, NBC accordant la priorité au très populaire programme humoristique Rowan & Martin's Laugh-In. Écrasant toute concurrence en cette saison 1968-1969, cette émission mettra fin à Chapeau Melon sur ABC, ce qui achèvera les aventures de Steed et Tara. Mais Star Trek en est une victime collatérale, car désormais la série est déconnectée de son public jeune, à la grande colère de Roddenberry. Ce dernier prend du recul, d'autant que NBC réduit fortement le budget d'une série lui rapportant moins en publicité, ce qui aura un impact direct sur la qualité de la production. Les extérieurs vont ainsi quasiment disparaître. Fred Freiberger remplace Roddenberry à la tête de Star Trek, avec à la clef une baisse de qualité des scénarios. Artistes et auteurs invités se raréfient. L'audience décroche et, alors que plusieurs commentateurs estiment que NBC a délibérément laissé mourir le programme, le tournage s'achève définitivement le 06 janvier 1969, malgré une ultime mobilisation. Le total de 79 épisodes tournés demeure assez nettement inférieur à la centaine que requiert traditionnellement le passage en syndication, mais la série est néanmoins achetée par la société spécialisée Kaiser Broadcasting, convaincue du potentiel de la série. Le passage en syndication va être un moment clef pour Star Trek, qui va se découvrir et un bien plus large public que sur NBC et pleinement devenir culte. Programmée en fin d'après-midi, ce qui convient bien mieux à son public, Star Trek voit son audience s'envoler durant les années 70 et elle devient le programme de syndication le plus suivi du pays durant les années 80. En 1979, le premier des six films dérivés de la série originelle, donne encore une nouvelle impulsion. Dès le début de la syndication, le fandom se développe et s'organise en conventions auxquelles participe activement activement les acteurs de la série : le phénomène Trekkies débute, avec tout un impressionnant merchandising. La première convention des Trekkies se déroule en janvier 1972, à New York, en présence de Roddenberry et d'Isaac Asimov. La série est la première a disposer d'une telle communauté, enthousiaste et passionnée : Star Trek trouve pleinement sa place au sein de la culture populaire américaine. Star Trek va durablement structurer le Space Opera et créer ce qui demeure encore aujourd'hui la plus grande des franchises télévisuelles de Science-fiction. Ce succès s'appuie sur plusieurs facteurs. Même si la production n'a jamais disposé de grands moyens, les costumes et le design intérieur et extérieur de l'USS Enterprise, œuvre du directeur artistique Matt Jefferies, sont à la pointe de ce qui se pratique à l'époque. La fameuse passerelle de l'Enterprise s'avère une merveille d'élégance, mais aussi de fonctionnalité. Le célèbre thème composé par Alexander Courage participe également à cet ensemble très évocateur, auquel la distribution donne pleinement vie. Les acteurs réguliers comprennent vite qu'ils tiennent là le rôle de leur vie et vont totalement se dédier au programme, même après la fin de Star Trek. Des guests stars viendront encore agrémenter l'ensemble. L'équipage de l'Enterprise, multi ethnique et national (y compris un navigateur russe et le premier rôle féminin noir d'importance), va devenir le vivant symbole des vues progressistes de Roddenberry. Celles-ci qui parleront particulièrement à la jeunesse des années 70. La franchise saura par la suite préserver cet héritage humaniste, allié à un sens efficace du spectacle, alors même que Roddenberry s'effacera progressivement, du fait d'une santé défaillante et de crises survenant au sein de son équipe (plusieurs auteurs l'accuseront de s'être emparé de leurs idées). Mais les protagonistes de la série ne se résument pas à des porte-paroles. Le duo antagoniste mais complémentaire formé entre le si humain et sujet aux émotions Capitaine Kirk et le logicien et partisan de l'humour à froid qu'est M. Spock va fonctionner formidablement, encore pimenté par le pittoresque Dr. McCoy. Les liens d'amitié et de solidarité existant au sein de l'équipage vont apporter une vraie vie à la série, bien au-delà du rôle imparti à chacun des officiers de bord. La série saura insuffler de l'humour au Space Opera (pas la caractéristique première du genre jusque-là) et même créer l'un des tous premiers épisodes décalés recensés, avec Tribulations (saison 2). Ceci rejoint une grande qualité globale des scénarios, que la série aura longtemps su préserver en accueillant plusieurs grandes plumes de la Science-fiction (Robert Bloch, Norman Spinrad, Harlan Ellison, Richard Matheson, Théodore Sturgeon, A. E. Van Vogt, etc.). L'impact culturel de la série originelle va être prolongé par l'immense franchise multi-genres (cinéma, télévision, romans, Comics, jeux vidéo...) à laquelle elle va donner naissance, sans équivalent à la télévision. En 2020, celle-ci totalise pas moins de treize films et de sept séries (série originelle, Next Generation, Deep Space Nine, Voyager, Enterprise, Discovery et Picard) à son actif, sans même compter les animées. Et rien ne semble indiquer que la franchise doive connaître un arrêt ou une pause. Bien au contraire, de nouveaux projets sont en développement. L'univers Star Strek n'aura jamais eu cesse lui-aussi de se développer et de se complexifier, devenant une authentique Histoire du Futur. Jamais série n'aura autant fait sienne l'une de ses citations légendaires : Live long and prosper. Sous le titre de La Patrouille du Cosmos, Star Trek sera diffusée par Télé Monte Carlo au début des années 70. Une diffusion nationale française de l'intégralité de la série devra attendre 1986 (soit vingt ans après son lancement), sur La Cinq. Elle est actuellement totalement disponible sur Netflix. Nous allons partir à la rencontre de l'équipage de l'Enterprise, en suivant l'ordre de production des épisodes. |
Saison 2 1. Dans les griffes du chat (Catspaw) 2. Guerre, amour et compagnon (Metamorphosis) 3. Un enfant doit mourir (Friday's Child) 4. Pauvre Apollon (Who Mourns for Adonais?) 6. La Machine infernale (The Doomsday Machine) 7. Un loup dans la bergerie (Wolf in the Fold) 8. Le Korrigan (The Changeling) 11. Les Années noires (The Deadly Years) 13. Tribulations (The Trouble with Tribbles)
14. Sur les chemins de Rome (Bread and Circuses) 15. Un tour à Babel (Journey to Babel) 16. Guerre et Magie (A Private Little War) 17. Les Enchères de Triskelion (The Gamesters of Triskelion) 19. Amibe (The Immunity Syndrome) 20. Une partie des actions (A Piece of the Action) 21. Tu n'es que poussière (By Any Other Name) 22. Retour sur soi-même (Return to Tomorrow) 23. Fraternitaire (Patterns of Force) 24. Unité multitronique (The Ultimate Computer) 25. Nous, le peuple (The Omega Glory) 26. Mission : Terre (Assignment: Earth)
1. DANS LES GRIFFES DU CHAT Date de diffusion : 27 octobre 1967 Auteur : Robert Bloch Réalisateur : Joseph Pevney Résumé : Alors que l'équipage explore la planète Pyris VII, une patrouille disparaît. Partis à sa recherche, Kirk, McCoy et M. Spock découvrent le château d'un Sorcier, Korob. Celui-ci a changé ses prisonniers en zombies ! Son familier est en apparence un chat, mais celui-ci est en réalité la belle Sylvia. Celle-ci confie à Kirk qu'elle et Korob sont une avant-garde venue d'une autre galaxie. Kirk va tenter de séduire Sylvia, afin de découvrir le secret du pouvoir de Korob, qui n'est qu'illusion. Critique : L'épisode constitue un spécial Halloween, un passage obligé pour de nombreuses séries américaines, à commencer par celles relevant du Fantastique, comme MillenniuM ou Buffy contre les Vampires. Toutefois, l'événement résulte nettement plus singulier concernant la pure Science-fiction, en particulier quand l'action se situe à des années lumières de la Terre ! C'est dans ce côté insolite que réside le plus grand attrait de l'opus : sa rencontre insolite entre les deux grandes familles de l'Imaginaire. Cela se ressent particulièrement durant le premier quart d'heure, le récit sachant nous faire vivre l'effarement du trio vedette face à ce qui relève, littéralement d'un autre univers. Le surjeu des comédiens et les effets musicaux participent pleinement à l'amusement, ainsi que tout le bric-à-brac paroxystique réuni à cette occasion, digne du train fantôme de Disneyland. Malheureusement tout se gâte ensuite, la confrontation entre Kirk et ses deux adversaires se montrant aussi figée que bavarde, voire déclamatoire en Diable. Si Theodore Marcuse sait apporter un brin de fantaisie à Korob, on reste loin de l'excellent Comte Manzeppi de Victor Buono dans Les Mystères de l'Ouest. L'épisode souffre aussi du manque de moyens de la production aussi bien pour les décors que pour les effets spéciaux. Le chat géant furibard fait est à peu près aussi effrayant que ses équivalents fourmis chez le Saint (Le Rocher du Dragon) ou rat chez les New Avengers (Le Monstres des Égouts). Mais le pire reste de le portrait de Sylvia, cruelle, infatuée et soumise à ses sens. Quand elle proclame « je suis toutes les femmes », on touche là cette misogynie se faisant parfois jour chez Roddenberry. On préfère l'apparition positive du russe Chekov (après le Illya Kuryakin des Agents très spéciaux), même s'il se voit handicapé par une perruque ridicule. Anecdotes :
2. GUERRE, AMOUR ET COMPAGNON Date de diffusion : 10 novembre 1967 Auteur : Gene L. Coon Réalisateur : Ralph Senensky Résumé : Nancy Hedford, Ambassadrice de la Fédération, a été infectée par un virus mortel alorsqu'elle menait une mission cruciale. McCoy, Kirk et Spock la ramènent à l'Enterpise à bord du Gallilée. La navette est déviée por une mystérieuse énergie. Arrivés sur un planétoïde, ils ont la surprise d'y découvrir Zefram Cochrane, inventeur de la propulsion stellaire disparu depuis 150 ans. Le mystérieux Compagnon le maintient en vie et a fait venir d'autres humains pour lui tenir compagnie. Kirk va devoir convaincre le Compagnon de les laisser repartir, alors même que l'Ambassadrice est en train de mourir. Critique : L'épisode est typique du style Star Trek, où la résolution d'une crise passe moins par un affrontement manichéen que par la compréhension et la concorde mutuelles, entre espèces pourtant très éloignées au départ. L'équation du problème se voit efficacement mise en scène, la situation se dévoilant progressivement, à l'unisson entre Kirk et le spectateur. Quelques facilités scénaristiques s'avèrent nécessaires pour y parvenir, mais cela demeure périphérique. Le scénario sait alterner ses effets, entre les différentes tactiques mises en œuvre par Kirk (de la force jusqu'à la l'ouverture à l'autre) mais aussi les différents points de vue et objectifs entre le médecin, le scientifique et le Capitaine. Le tout prend place dans un décor certes évident, mais aussi parvenant à dégager un vrai exotisme, avec un design au bout goût de Pulps de l'Age d'Or. Elinor Donahue se révèle aussi très expressive dans les émotions de l'Ambassadrice, avant et après la fusion avec l'entité. Le vrai point fort du récit reste la modernité de son discours sur la question de genre, puisque, de manière très surprenante au sein d'un Network des années 60, il dissocie la féminité de tous attributs physiques chez le Compagnon. Le genre devient une affinité, un état d'esprit non plus lié à un corps. Toutefois cette réflexion, en plus de considérations sur l'immoralité, reste bien menée par des hommes. Car si l'entité formée par la fusion de l'Ambassadrice et du Compagnon se révèle le moteur de la résolution de la crise, l'Ambassadrice elle-même demeure lestée de tous les clichés féminins si fréquents dans Star Trek : émotionnelle, capricieuse, n'intervenant en rien sur l'action. L'opus s'affirme donc bien caractéristique de la série : en clair progrès sur les productions de son époque, mais avec une marge de progression encore réelle. On regrettera aussi un final n'échappant pas à une certaine mièvrerie. Anecdotes :
3. UN ENFANT DOIT MOURIR Date de diffusion : 01 décembre 1967 Auteur : D.C. Fontana Réalisateur : Joseph Pevney Résumé : La Fédération et l'Empire klingon sont en compétition pour obtenir l'accès aux mines de Capella IV. Le peule guerrier local est divisé, et le leader de la faction pro klingonne assassine le dirigeant. Kirk, Spock et McCoy s'enfuient avec la veuve, Eileen, sur le point d'accoucher. McCoy doit mener l’accouchement dans des conditions difficiles, alors même que la future mère, guerrier dans l’âme, se désintéresse de l'enfant. L'Enterprise doit les laisser sur place faisant face à une attaque klingonne. Eileen parvient à abattre l'usurpateur et, devenue régente, s'allie à la Fédération. Critique : L'épisode a la bonne idée de mettre le focus sur McCoy, sur ses compétences quand il doit œuvrer dépourvu de son appareillage sophistique, mais aussi, et surtout, sur son humanité toujours à fleur de peau derrière son pittoresque. Un bel appel à la compassion, sur un monde où règne la loi des plus forts. Spock et Kirk ne sont pas sacrifiés pour autant, le côté boy scout de leur équipée et de leurs arcs improvisés se montrant volontiers distrayant, tandis que les échanges de piques amicales crépitent comme aux meilleurs moments de la série. C'est pourtant la formidable Julie Newmar qui rafle la mise, crevant l'écran en authentique proto Lucy Lawless. Après les questions de genre de l'opus précédent, ce portrait guerrière permet à la série de réaffirmer sa modernité, D.C. Fontana ayant à cœur de dépeindre une femme ne désirant pas d'enfant, sans être fustigée pour autant. Un cas assez unique dans les Années 60, même avec le happy ending de rigueur. L'usurpateur se montre également moins manichéen que ce l'on pourrait craindre, sa cruauté n'allant pas sans un certain code d'honneur, à l'image des Klingons eux-mêmes. L'épisode aurait d'ailleurs gagné à se centrer sur la société de Callista IV, l'introduction des Klingons (imposée à Fontana) conduisant à une multiplication de combats dont on ressent trop qu'ils sont simplement là pour épater la galerie. Il en va de même pour tout le récit secondaire autour de l'Enterprise : Scotty a son quart d'heure de gloire mais les va-et-vient entre les deux histoires s'avèrent pénibles. Au moins les tribulations de nos héros prennent-elles place dans la magnifique localisation de Vasquez Rocks, où furent également tournées les scènes de désert de Cauchemar, l'épisode onirique de Buffy contre les Vampires. Ces scènes en extérieur apportent beaucoup à l'épisode, profitons-en, car il n'en sera plus guère question en saison 3. Il faut pour cela parvenir à faire abstraction des tenues guerrières en fausse fourrures et bariolées de bas en haut avec un résultat résultat pour le moins improbable. Certes, on pourra questionner la cohérence de l'action de l'Entreprise vis-à-vis de la Directive première, mais à ce moment de la série on a bien compris que, tout en étant farouchement loyal à Starfleet, Kirk reste un rebelle dans l'âme. Il ne sera jamais un premier de la classe propret comme Picard. Anecdotes :
4. PAUVRE APOLLON Date de diffusion : 22 septembre 1967 Auteur : Gilbert Ralston Réalisateur : Marc Daniels Résumé : Alors que l'Enterprise croise à proximité de Pollux IV, une immense main verte se matérialise et immobilise le vaisseau. Elle est la manifestation d'une entité toute puissante résidant sur la planète et qui affirme être l'Apollon du Panthéon grec. Nostalgique de l'adoration des mortels, il souhaite que l'équipage demeure à tout jamais sur son monde, afin de lui rendre un culte. Apollon va tomber amoureux du Lt. Carolyn Palamas, au grand dam de Scotty. Critique : Pour les amateurs de Science-fiction (et de Stargate SG-1), l'opus va présenter un aspect quasi historique, car son thème se renoue avec la grande tradition des Extra-terrestres s'étant jadis fait passer pour des divinités, durant l'Antiquité. Or ce que l'on a pu nommer « la théorie des Anciens Astronautes » s'est précisément forgée durant les années 60. Un livre clef pour cette mouvance va d'ailleurs être publié peu de temps après la diffusion de l'épisode, le Présence des extraterrestres d'Erich von Däniken, mais des auteurs comme Robert Charroux avaient lancé le mouvement dès le début de la décennie. Par les multiples allusions à ces (Aliens) théories, via les déclarations d'Apollon ou les dialogues entre Kirk et McCoy, l'épisode illustre la diffusion d'idées devenues grand public. Cet aspect nous vaut une conclusion agréablement mélancolique de la part de Kirk, mais permet aussi à Who Mourns for Adonais? d'opus précédents à l'histoire en soi très similaire (Charlie X, Le Chevalier de Dalos). En effet, si Apollon se montre impéreiux et infantile, il demeure sincère dans son amour pour l'humanité et pour la belle Carolyn. L'histoire veille d'ailleurs à ce qu'il ne tue en définitive personne, malgré son divin courroux. A cette occasion, la série s'offre quelques-unes de ses effets spéciaux les plus spectaculaires, dont l'effet particulièrement réussi de la main gigantesque menaçant l'Enterprise. Costumes et décors s'avèrent plaisants, notamment le robe si Star Trek de Carolyn. Malheureusement l'histoire peine à trouver un second souffle une fois le panorama posé et devinent tristement répétitive, entre allers-et-retours d'Apollon, crise de colère, dialogue énamouré avec Carolyn et commentaires de la situation entre Kirk et McCoy. Jaloux, Scotty devient le malheureux symbole de la répétitivité de ce cycle, avec ces puériles attaques contre Apollon, vite irritantes. Les amateurs de Mythologie regretteront un Apollon trop générique, mais aussi proche de Zeus par ses pouvoirs électriques, lui qui fut la fascinante expression des idéaux de la Grèce antique. On appréciera qu'avec Carolyn, la série nous montre enfin une femme capable de faire passer son devoir avant ses sentiments et qu'Uhura joue u vrai rôle dans la résolution de l'affaire. De quoi atténuer l'effet désastreux du dialogue initial montrant Kirk et McCoy estimant qu'il va de soi que Carolyn quittera Starfleet après son mariage, pour s'occuper de son foyer. Anecdotes :
Date de diffusion : 15 septembre 1967 Auteur : Theodore Sturgeon Réalisateur : Joseph Pevney Résumé : Alors que son comportement est devenu erratique, M. Spock révèle qu'il doit se rendre rapidement sur Vulcain. Il est en effet entré dans la phase du Pon Farr, un bouleversement hormonal conduisant les Vulcains à s'accoupler, sous peine de mourir. Quitte à désobéir à l'Amirauté, Kirk met le cap sur Vulcain. Lui et McCoy vont servir de témoins à Spock et ils rencontrent celle qui est sa promise depuis l'enfance, T'Ping. Mais celle-ci, comme elle en a le droit, exige qu'un champion combatte Spock. Elle choisit alors Kirk. Critique : Amok Time apparaît comme un épisode clef de la série originelle, car c'est à cette occasion que Vulcain entre pleinement dans l'univers Star Trek. On est ravi que la série originelle ait eu l'idée d'un épisode dédié à l'un des mondes emblématiques, et le seul vrai regret qu'ils suscite reste l'absence de son équivalent pour la Terre en tant que siège de la Fédération Unie des Planètes, les trois épisodes terrestres (Tomorrow is Yesterday, The City on the Edge of Forever et Assignment : Earth) se déroulant à d'autres époques. En un seul opus, la visite de Vulcain s'avère évidemment incomplète mais donne un vrai panorama de ce monde, bénéficiant visiblement d'un effort budgétaire de la part de la production (décors, costumes et maquillages). Judicieusement, mais de manière étonnamment moderne et explicite pour le NBC des années 60, Théodore Sturgeon opte pour la sexualité comme guide de notre découverte de la civilisation vulcaine. On sait en sociologie à quel point ces rituels dépeignent une société et l'auteur a le grand mérite de prendre le spectateur a contre-pied. En effet on aurait pu s'attendre à une sexualité vulcaine guidée par la logique du contrôle des naissances, alors que c'est tout le contraire qui se produit. Par l’irruption chaotique du Pon Faar , Sturgeon intègre un versant négatif au choix philosophiques et à la voie civilisationnelle qu'ont pris les Vulcains. Ainsi il leur apporte une cohérence et une vraisemblance supplémentaires, car rien n'est jamais sans rétraction, sur Vulcain comme sur Terre. Le choix là aussi surprenant (et à contre-courant de ce que nous a souvent montré la série) d'une matriarchie séduit également, d'autant que cela nous vaut des personnages féminins plus forts qu'à l'accoutumée, à commencer par la dirigeante T'Pau, jouée avec beaucoup de présence par la vétérane Celia Lovsky (Soylent Green). T'Pring, incarnée avec la délicieusement exotique Arlene Martel, manifeste à sa manière une sacrée personnalité, même si elle retombe davantage dans les canons de la série. L'épisode s'offre également un beau morceau de bravoure avec le duel entre Spock et Kirk, certainement l'un des combats les plus spectaculaires de la série, avec une remarquable dissimulation des cascadeurs (on est loin de Chapeau Melon). Que l'émotion suscitée par l'apparente mort de Kirk ait libéré Spock du Pon Farr susciterait sans doute bien des fanfictions de nos jours ! Amok Time demeure l'un des opus les plus mémorables de Star Trek, porté par un Léonard Nimoy au sommet de son art. Anecdotes :
6. LA MACHINE INFERNALE Date de diffusion : 20 octobre 1967 Auteur : Norman Spinrad Réalisateur : Marc Daniels Résumé : L'Enterprise reçoit un message de détresse en provenance du Constellation, autre vaisseau de classe Constitution déployé par Starfleet. Le Constellation est à la dérive dans un secteur galactique où tous les systèmes solaires ont été anéantis. Le Capitaine Decker est le seul à bord. En état de choc il explique que le Constellation s'est en vain opposé à un gigantesque vaisseau destructeur de mondes, qui a tué tout l'équipage. Alors que Kirk et Scotty sont restés à bord du Constellation, Decker prend le commandement de l'Enterprise et repart à l'assaut de la machine infernale. Celle-ci se dirige vers des planètes habitées. Critique : L'épisode tomba à point pour nous rappeler que, si Star Trek a renouvelé le Space opéra tout en s'efforçant de s'ouvrir à d'autres familles de l'univers foisonnant qu'est la Science-fiction, la série excelle néanmoins dans le champ classique des affrontements spatiaux. Dès sa mise en place concise et efficace jusqu'à son final épique, cette authentique partie d'échecs (certes à trois joueurs) développe un suspense constant, ponctué de rebondissements parfaitement minutés. Presque la même échelle que pour Vulcain lors de l'opus précédent, l'opus reste aussi l'occasion de concrétiser la notion de Starfleet au sein de la série, jusqu'ici essentiellement évoquée à travers dialogues et rencontres, mais sans l'épreuve du feu. On apprécie que l'aura de mystère du Dévoreur de Mondes demeure inentamée, ce qui n’empêche pas le récit de se développer en parabole des périls d’une arme absolue comme l'est la dissuasion nucléaire, ou de se profiler en adaptation spatiale du mythe de Moby Dick et d'Achab. Ce grand spectacle constitue aussi, à notre sens, l'une des rares fois où la remastérisation des effets spéciaux du programme vaut réellement le coup, tant l'on préfère de coutume l'artisanat de naguère aux sempiternelles images de synthèse. Mais le brasier interne de la machine gagne ici en effroi, c'est indéniable. La narration n'est en rien représentative des œuvres les plus fameuses de Spinrad, tant pis. Fort heureusement cette bataille homérique ne laisse pas de côté son aspect humain, bien au contraire. Le Capitaine Kirk se révèle tel qu'en lui-même, la sauvegarde de son équipage et de son vaisseau primant toujours sur les alinéas et codicilles du règlement de Starfleet, ses successeurs dans les séries dérivée s 'avéreront davantage dans le moule. La victoire va exiger de Scotty plusieurs de ses miracles coutumiers. A l'instar de Kirk, le public n'en attendait pas moins de lui. L'épisode forme le plus beau des hommages à celui qui forme bel et bien l'arme ultime de l'Enterprise, Mais le grand protagoniste de l'épisode demeure le capitaine abandonné Matt Decker. L'interprétation hallucinée et bouleversante de William Windom fait de lui l'une des rencontres les plus poignantes que nous aura proposé la série, avec cet homme brisé, que n'animent plus que la soif de vengeance, et la haine, jusqu'à la déraison. A travers lui, le récit à l'habileté de nous montrer ce qui serait sinon inenvisageable : un Kirk ayant échoué, ou son alter ego, avec un impact dévastateur. Les scènes où sa misère morale s'opposent à la froideur logique de M. Spock, ou l'émouvante coda de son sacrifice le révélant à l'unisson de Kirk concernant l'honneur et la responsabilité d'un capitaine constituent autant de moments forts. Le souvenir de Decker poursuivra longtemps le spectateur, c'est à juste titre quen William Windom fut toujours l'un des invités les plus honorés des conventions Star Trek. Anecdotes :
7. UN LOUP DANS LA BERGERIE Date de diffusion : 22 décembre 1967 Auteur : Robert Bloch Réalisateur : Joseph Pevney Résumé : Lors d'un accident, Scotty est blessé à la tête. Kirk et McCoy l'emmènent alors sur Argelius II, planète dédiée au plaisir, afin qu'il y prenne du repos. Mais une résidente, puis une membre de l'équipage sont assassinés et à chaque fois Scotty fait figure de suspect, alors même qu'il souffre de troubles de mémoire. Hengist, chef de la police locale, veut le faire arrêter, mais le dirigeant de la planète fait appel aux dons de divination de son épouse, Sybo. Or elle aussi est tuée et tout accuse Scotty. Kirk et McCoy vont mener l'enquête, afin de sauver leur ami. Critique : Avec sa succession de meurtres, son Esprit diabolique (au sens propre !), son orientalisme d'opérette et sa danse du ventre à la Du miel pour le prince, Un loup dans la bergerie aura comme une agréable saveur de déjà-vu pour les amateurs de Chapeau Melon (saison 4). Il en ira pareillement pour ceux des X-Files, puisque cette entité invisible, sautant d'hôte en hôte et se nourrissant d'effroi n'est pas sans évoquer sa cousine de Peur bleue, épisode férocement décalé de la saison 7. Mais l'atout premier demeure bien d'être le plus personnel des trois écrits par Robert Bloch, à l'occasion de son ultime participation à la série. En effet on y retrouve plusieurs de ses thèmes favoris, comme Jack l’Éventreur (Yours Truly, Jack the Ripper, 1943) ou Sade (The Skull of the Marquis de Sade, 1945). Qu'une planète dédiée au plaisir ait développé un système d'exécution par torture lente évoque clairement le Divin Marquis, la cécité du Network se montre parfois étonnante. Mentor de l'écrivain Lovecraft est aussi de la partie, puisque la nature de l'entité résulte ambivalente, entre Science-fiction (alien) et Fantastique (démon), à l'image des plus fameuses créations du Maître de Providence. En définitive l'opus apporte une nouvelle corde à l'arc de Star trek, avec son mélange alors original de Space Opéra et de récit d'épouvante. La formule fonctionne de manière convaincante, avec une énigme policière sérieusement menée et prenante, sachant intégrer des moments effrayants et d'autres relevant purement de la Science-fiction (l'Enterprise, les psycho-détecteurs). On se laisse prendre au jeu, d'autant que les artistes invités du jour sont excellents. Certaines faiblesses se font néanmoins jour, avec quelques facilités scénaristiques : Sulu drogué parvenant néanmoins à diriger l'Enterprise, amnésies de Scotty au minutage jamais réellement explicité, etc. Le final rigolard semble également assez anti-climatique vis-à-vis de tout ce qui l'a précédé. . Anecdotes :
8. LE KORRIGAN Date de diffusion : 29 septembre 1967 Auteur : John Meredyth Lucas Réalisateur : Marc Daniels Résumé : L'Enterprise enquête sur la mort de l'entière population d'un système solaire. L'équipage va faire face à Nomad, ancienne sonde d'exploration spatiale terrienne. L'engin a fusionné avec un équivalent extra-terrestre, chargé d'analyser des mondes stériles. Il considère désormais que sa mission est d'éradiquer toute vie jugée imparfaite sur les différentes planètes qu'il croise, grâce à une radiation mortelle qu'il diffuse. Il épargne temporairement l'équipage de l'Enterprise, car il confond Kirk avec son créateur. Critique : Alors qu'en saison 1, Les derniers tyrans affirmait ses qualités propres vis-à-vis de Star Trek II : La Colère de Khan, Le Korrigan va davantage apparaître comme un simple premier jet pour Star Trek I, le film. Certes cette histoire comporte suffisamment de péripéties pour se suivre sans déplaisir ni ennui, d'autant qu'elle s'inscrit plaisamment dans la grande méfiance des Années 60 envers ordinateurs et automation, un inépuisable sujet. On apprécie également le design de l'engin ainsi que son évidemment déplacement via un marionnettiste, de l'artisanat délicieusement suranné. On ne se lasse pas également de ces scènes quelque peu surréalistes où Kirk discute avec un ordinateur et parvient à le convaincre de mourir. On y avait déjà eu droit la saison dernière, avec Le Retour des Archons, et ce sera de nouveau le cas lors d'Unité multitronique. De quoi regretter qu'Asimov n'ait jamais écrit pour cette série qu'il appréciait tant. Mais trop de maladresses s'avèrent présentes pour que l'histoire n'en pâtisse pas. Ainsi M. Spock effectue la fusion mentale avec ce qui reste une machine, alors même que le fonctionnement d 'une intelligence artificielle diffère fondamentalement d'une vivante. A contrario, mais d'une manière aussi peu satisfaisante, l'effacement de la mémoire d'Uhura fonctionne comme celle d'un ordinateur, on se croirait dans les derniers instants d'HAL 9000. Reste que la référence au Swahili est sympathique, de même que le surcroît de temps à l'image pour Nichelle Nichols. La mort, puis la résurrection de Scotty apporte un sensationnalisme passablement gratuit et sans conséquences. Le processus de création de Nomad, comme l'acquisition de sa mission et de ses pouvoirs, demeurent trop flous pour qu'il puisse prendre substance. Par ailleurs on ne comprend pas très bien comment Nomad peut ne pas reconnaître les Humains en tant qu'espèce, tout en reconnaissant en Kirk son créateur. Un épisode distrayant, mais guère mémorable. Anecdotes :
Date de diffusion : 13 octobre 1967 Auteur : Max Ehrlich et Gene L.Coon Réalisateur : Joseph Pevney Résumé : La planète Gamma Trianguli VI semblait paradisiaque, mais l'équipe d'exploration dirigée par Kirk ne cesse de tomber dans des traquenards mortels : dards empoisonnés projetés par des plantes, chutes de rochers, éclairs. Toute l'énergie de l'Enterprise est mystérieusement drainée, rendant le retour par téléportation impossible. Les habitants sont pacifiques mais adorent le Dieu Serpent Vaal, à qui ils font des offrandes quotidiennes de fruits. Kirk comprend que Vaal est un ordinateur et qu'il tente de détruire ce qu'il considère être des envahisseurs de son petit paradis. Critique : La Pomme repose sur une nouvelle histoire d'ordinateur hostile, ce qui survient sans doute trop vite après la rencontre mouvementée avec Nomad. Le Dieu Serpent Vaal (et non pas Ba'al, pour les amateurs de Stargate SG-1) se montre encore plus manichéen que son prédécesseur, tandis que l'historique de son origine devient, non plus floue, mais carrément inexistante. La narration ne nous révèle jamais comment la population de la planète a pu parvenir à cette situation et ne semble jamais s'en soucier non plus. Par contre, contrairement à Nomad, James T. Kirk n'a cette fois recours à une conversation mortifère avec l'ordinateur. Non, dans une action digne de l’inénarrable Zapp Brannigan, de l'Ordre Uni des Planètes (mais surtout de Futurama), il éradique la machine par bombardement orbital ! Un acte de guerre totale sans doute courant dans l'univers martial d'un Warhammer 40 000, mais qui, dans celui de Star Trek, constitue sans doute le viol le plus éclatant de la Première Directive jamais provoqué par Kirk, ce qui n'est pas peu dire. D'habitude on aime bien la personnalité d'électron libre de Kirk, mais là, comment dire, c'est un peu beaucoup. Au moins la « péripétie » nous vaut-elle une intéressante discussion entre Spock et McCoy, soit la scène la plus forte de tout l'opus. Par ce qu'à part cela, le récit se contente de dérouler paresseusement l'allégorie du Serpent dans le Jardin d’Éden, tout montrant un panorama singulièrement naïf l'état de nature. Aucune analyse de cette société particulière n'est réellement tentée. Rien de bien construit ne se déroule non plus, La Pomme fait d'ailleurs songer aux plus faibles opus de Chapeau Melon, où la succession de morts choquantes (ici de Pulls rouges) tient lieu de seule ossature de l'histoire. Le chef décorateur Peter Jefferies ne peut faire de miracle pour Vaal, mais il parvient à susciter une réelle impression de jardin luxuriant et originel. Les créations de William Ware Theiss vont toujours aussi bien aux Dames, mais s'avèrent autrement plus kitch chez les Messieurs, surtout avec ces moumoutes décolorées. Au total un épisode très indigent, malgré le courage certain de jeunes comédiens pris au piège de rôles improbables. David Soul est méconnaissable. Anecdotes :
Date de diffusion : 06 octobre 1967 Auteur : Jerome Bixby Réalisateur : Marc Daniels Résumé : Quand un orage ionique perturbe le téléporteur, Kirk, McCoy, Scotty et Uhura sont échangés contre leur alter ego en provenance d'un Univers-miroir sombre et violent. Le tyrannique Empire Terrien y remplace la Fédération. L'Enterprise a pour mission d'asservir le paisible peuple des Halkans. Pendant que Scotty essaie de trouver le chemin du retour, Kirk découvre qu'il ne peut demeurer Capitaine qu'en parvenant à tuer ceux qui veulent prendre sa place. Leurs doubles négatifs vont tenter de s'emparer de l'Enterprise de notre univers. Critique : Épisode de la série parmi les plus populaires chez les Trekkies, mais aussi l'un des plus parodiés dans la culture populaire (l'anti-Spock et sa barbichette), Miroirs marque les retrouvailles réussies de Star Trek avec le thème inépuisable des univers parallèles, après le considérablement plus terne Les Jumeaux de l'Apocalypse. En soi le scénario demeure de facture classique : entrée dans un univers dystopique, puis sortie mouvementée, assez comme ceux que Sliders proposera à profusion par la suite. Mais Bixby va avoir la bonne idée de ne pas tant s’appesantir sur les causes de son Uchronie que sur ses savoureuses conséquences. Il s'agit en premier d'une fenêtre ouverte sur un Empire galactique totalement fou, cruel et paranoïaque, que sa propre démence et ses luttes intestines condamne à brève échéance, mais nous vaut des scènes souvent jouissives. On sent bien que le sujet pourrait encore être développé, ce que ne manqueront pas de faire productions et romans ultérieurs. On se surprend à songer à quoi pourrait ressembler une série Star Trek alternative dans un tel univers en folie, la saison 1 de Discovery apportera quelques réponses. Les quelques mots fatidiques dits par Kirk à l'Anti-Spock et provoquant la chute de l'Empire constitueront l'un des sommets de la carrière du hardi Capitaine, il faudra attendre des décennies pour découvrir l'équivalent avec le Docteur face à Harriet Jones, Premier Ministre, dans L'Invasion de Noël. Mais si Kirk demeure le moteur de l'action, l'opus a la bonne idée de laisser bien plus d'espace que d'ordinaire aux autres personnages. Il en va ainsi pour Scotty et surtout Uhura, en mode Badass comme la série nous l'aura, hélas, bien trop rarement présentée. C'est notamment le cas lors de la confrontation avec Marlena, excellemment interprétée par BarBara Luna. Mais c'est surtout avec les antis Sulu et Chekov que l'on s'amuse, caricaturant à l'envie les délectables Esprits diaboliques des Sixties, chacune de leur scènes est un régal : dialogues, postures et complots. Mais c'est l'anti-Spock (avec sa barbichette), qui demeure le clou du spectacle, avec un grand Léonard Nimoy et l'excellente idée que la logique demeure la logique, même dans un univers inversé et que celle-ci révèle l'absurdité de ce monde. Un formidable rebondissement. On pourra certes opposer que, dans l'absolu, dans un univers purement miroir, M. Spock devrait au contraire devenir l'essence même du Chaos, mais le choix de l'épisode apparaît nettement plus porteur. Quelques autres petites faiblesses sont à relever, même si elles n'entachent pas le vif plaisir que suscite le récit. Il est ainsi étonnant que deux mondes si différents aient fabriqué rigoureusement la même Enterprise, à quelques détails près, mais les contraintes budgétaires demeurent la règle d'un troisième univers, le nôtre. Évidemment Kirk séduit Marlena, à ce stade de la série on aura compris qu'il convient de parler des Tiberius Girls, à l'instar de Simon Templar ou James Bond. Quelques zones de flou demeurent dans le processus d'échanges de personnages : pourquoi les uniformes sont-ils aussi changés, comment s'effectue le retour des doubles au sein de l'Empire, etc. Les antithèses du groupe de Kirk sont clairement sacrifiées au reste du récit, se voyant promptement découvertes par M. Spcok (celui sans barbichette), mais le scénario a raison de ne pas se disperser. Tel quel, Miroirs compose bel et bien l'un des plus beaux et mémorables succès de Star Trek. Anecdotes :
11. LES ANNÉES NOIRES Date de diffusion : 08 décembre 1967 Auteur : David P. Darmon Réalisateur : Joseph Pevney Résumé : Des radiations émises par une comète font que les membres d'un expédition scientifique installée sur Gamma Hydra IV vieillissent à vue d’œil. Kirk, Spock, McCoy et Scotty sont contaminés à leur tour et vieillissent de trente ans par jour. Kirk perd de plus en plus la mémoire, ce qui le rend inapte au commandement. Son remplaçant, le Contre-Amiral Stocker, manque d'expérience. Sa décision de traverser la Zone Neutre afin de rallier au plus vite une base de la Starfleet va irriter les Romuliens, qui attaquent l'Enterprise. Le Dr. Janet Walace découvre que l'adrénaline est le remède. Guéri, Kirk parvient à duper les Romuliens, sauvant in extremis l'Enterprise. Critique : En dehors des Littératures de l'Imaginaire (Le Portrait de Dorian Gray, Le Seigneur des Anneaux, avec Bilbo rattrapant son retard d'âge une fois dépossédé de l'Anneau Unique), on reconnaîtra à Les années noires de se montrer précurseur. En effet, à l'instar d'épisodes de La Quatrième Dimension tels Longue vie, Walter Jameson ou La Reine du Nil, il est l'un des tous premiers à aborder le thème du vieillissement accéléré. Or celui-ci deviendra l'un des marronniers des séries relevant de la Science-fiction ou du fantastique, puisque, avec une grande variété de justifications, il en sera question dans dans X-Files, Supernatural, Fringe, Doctor Who, Dossiers brûlants, Merlin, etc. Par ailleurs l'opus rend un bel hommage aux maquilleurs de la série. Ceux-ci, tout comme les décorateurs et les costumiers, auront souvent rivalisé d'astuce afin de pallier la pauvreté des moyens alloués à la production. Ici beaucoup repose sur les maquillages de vieillissement et ils s’avèrent très réussis, bien davantage que ce que l'on peut trouver d'équivalent dans nombre de séries de l'époque. On pourrait même dire qu'ils ont bien vieilli. Le récit a également l'habileté de varier ses effets, les conséquences du vieillissement accéléré se traduisant de manière différente selon chacun des protagonistes. Le scénario accorde pour fois un bel espace aux personnages féminins, puisque l'Infirmière Chapel et le Dr. Janet Walace,contribuent puissamment à résoudre la crise (mais avec l'aide de Spock et Kirk, bien entendu). Un esprit chagrin (mais lucide) pourrait toutefois remarquer que les dames de l'équipage restent immunisées au phénomène, comme si altérer leur plastique était inenvisageable. Bien évidemment, Janet est une ancienne conquête de Kirk. Outre un certain manque de rythme, Les Années noires reste une histoire typique du suspens médical, devenant de ce fait dépourvu de toute réelle surprise ; Le remède est l'adrénaline, pourquoi pas, mais cela aurait pu être très bien autre chose. On éprouve comme un air de déjà vu, puisque l'opus ressemble beaucoup à La Lumière qui tue, mais aussi parce que la manœuvre dont Kirk se sert pour rouler les Romuliens est quasiment identique à celle qu'il employa lors de Fausses manœuvres. Anecdotes :
Date de diffusion : 03 novembre 1967 Auteur : Stephen Kandel et David Gerrold Réalisateur : Marc Daniels Résumé : Nouveau membre de l'équipage, le Lieutenant Norman surprend Kirk quand il s'empare de l'Enterprise, et plus encore quand il s'avère être un androïde ! Il met le cap sur une planète non répertoriée et entièrement peuplée d'androïdes, mâles et femelles... et d'un unique humain : Mudd ! Celui-ci a ourdi ce complot pour que l'Enterprise lui fasse quitter ce monde, où son vaisseau s'est écrasé. Mais les machines, qui jusque-là l'avaient fidèlement servi, se retournent contre lui, convoitant le vaisseau pour elles-mêmes. Kirk et Spock court-circuitent Norman en le confrontant à des notions absurdes et abandonnent Mudd sur la planète, en compagnie de 500 copies de son épouse acariâtre. Critique : Pour les amateurs de Science-fiction, l'épisode présentera l'intérêt d'être un marqueur des fortes évolutions que connaît alors le genre. Dans le cadre plus vaste de la Contre-culture, les Années 60 tardives voit l'irruption de la New Wave SF mettre fin à l'Age d'Or. Cette révolution entraîne de nombreuses nouveautés : représentation des minorités, contestations politiques, restructuration de la narration littéraire, etc. mais aussi une insertion nettement plus explicite de la sexualité au sein récits (Barbarella, 1968). Cela se traduit notamment par apparition de Robots sexués, alors que ceux-ci étaient jusqu'ici neutres, ou masculins (le genre neutre estt en fait masculin dans nos sociétés), comme le sont encore les très datés Cybernautes de Chapeau Melon, en 1965. En 1969, Isaac Asimov, grande figure de l'Age d 'Or, crée ses premiers Roborts féminins, dans la nouvelle Feminine Intuition. Star Trek se fait ici l'écho de ce mouvement, en devenant l'une des premières séries télévisées à laisser une place aux Gynoïdes, ces Androïdes féminins récemment apparus. Ceux-c_ achèveront de se populariser durant les Années 70, avec, notamment les Fembots de Super Jaimie, la fausse Sarah Jane dans The Android Invasion (Doctor Who), le roman essentiel que sera Les femmes de Stepford, ou encore le film Mondwest. Par la suite les Gynoïdes se sexualiseront encore davantage, Comme dans Austin Powers ou Buffy contre les Vampires. Joss Whedon ne laisse guère planer d’ambiguïté quant à la nature de la relation qu'entretient Spike avec le Buffybot, création de cet esprit si créatif et propice qu'est Warren Mears. Le mouvement se poursuit et verra enfin des figures féministes émerger dans les séries des années 2000 et 2010, comme Cameron dans Les Chroniques de Sarah Connor, ou Dolores Abernathy dans Westworld. Pour le grand public, Mudd restera avant tout une plaisante comédie, un rien suranné. L'épisode compte en effet parmi les trois de Star Trek intégralement conçus comme humoristiques. Avec Tribulations et Une partie des actions. De fait la tonalité n'est plus la même que dans Trois Femmes dans un vaisseau, la mélancolie apportées par les femmes « convoyées » par Mudd a disparu au profit de la bonne humeur. Mudd lui-même résulte désormais nettement moins menaçant, relevant clairement de l'opérette. Les trucages à base de jumeaux et jumelles ont un charmant côté artisanal. La clef du succès de Mudd, comme d'ailleurs des deux autres opus comiques, réside toutefois dans la faculté de la série à se moquer de ses héros. Il en va ainsi des passages où Kirk et Spock adoptent un comportement absurde afin perturber les Androïdes. Mais le ton devient plus décapant encore en observant des réactions parfois étonnantes face à ce monde si particulier : Scotty enthousiasmé par ce prodige d'ingénierie, Uhura comme troublée par un rêve de jeunesse éternelle (toujours le ton Roddenberry concernant les femmes), ou encore Chekov manifestement stimulé par le charme de Gynoïdes. Le retournement de situation voyant les machines juger l'Humanité à l'aune de Mudd est également bien trouvé, de même que la fin en forme de gag. On s'amuse beaucoup durant cet épisode, malgré un certain sexisme, mais aussi quelques facilités scénaristiques, comme la disparition inexpliqué' des 400 membres de l'équipage. A croire que les officiers étaient seuls à bord. Le fait que faire disjoncter le seul Norman suffise à faire de même pour tous les autres demeure une facilité scénaristique classique, mais néanmoins embarrassante. Le scénario n’explique non plus jamais pourquoi une société à la technologie aussi avancée s'avère incapable de construire un vaisseau spatial. Anecdotes :
13. TRIBULATIONS Date de diffusion : 29 décembre 1967 Auteur : David Gerrold Réalisateur : Joseph Pevney Résumé : Kirk est irrité quand l'administrateur de la station spatiale K-7 fait appel à l'Enterprise pour veiller sur une cargaison de semences. Le capitaine accepte néanmoins quand un vaisseau klingon y fait escale, pour y prendre du repos. Une tension s'installe entre les deux équipages, d'autant que l'alcool coule à flots. Un négociant offre un Tribule à Uhura, une charmante et inoffensive petite boule de poils. Mais les Tribules se multiplient exponentiellement et la multitude infeste l'Enterprise comme la station. Les Tribules sont sur le point de dévorer les Semences que Kirk a promis de protéger. L'honneur du Capitaine est en péril. Critique : D'autres épisodes ont sans doute pu être considérés comme meilleurs, mais Tribulations demeure certainement le plus populaire de la série originelle chez les Trekkies. L'un des rares opus purement humoristiques de Star Trek, le fait qu'il parodie à ce point les personnages, à commencer par Kirk, lui a également valu d'être remarqué en dehors du public habituel du programme. Un Billet enthousiaste du digne New York Times salua ainsi son ton original et comique. De fait Tribulations demeure souvent considéré comme le premier épisode décalé de l'histoire des séries télévisées, du moins à devenir aussi marquant (parce que l'on peut débattre à propos du Un monde à soi de La Quatrième dimension). Un exploit d'autant plus notable qu'il faut dire que le Space Opéra avait été jusqu'ici un genre relevant le plus souvent d'un premier degré absolu. Mais, là comme ailleurs, les choses étaient en train de changer au royaume de la Science-fiction. Les Tribules eux-mêmes parodient joyeusement les monstres extraterrestres peuplant ce type de littérature, en jouant merveilleusement du contraste formé entre leur menace et leur côté mignon tout plein. Pour la toute première fois, les Klingons se voient également mobilisés au service de l'humour, la pittoresque bagarre de saloon et ses bordées d'insultes se substituant avec bonheur aux affrontements spatiaux. Au passage, Scotty fait merveille en dehors de sa salle des machines, ce qui ne lui arrive pas si souvent. Ridiculisé tout au long du récit, Kirk s'asseyant sur un Tribule comme sur un coussin péteur est à voir, de même que la mémorable scène de l'avalanche des charmantes bestioles. Shatner se plie à l'exercice avec un bonheur aussi évident que communicatif, de même que l'ensemble de la distribution, au service de dialogues souvent irrésistibles. Bien évidemment une issue tragique est épargnée aux Tribules, parachèvent le succès de cette pétillante comédie. Anecdotes :
14. SUR LES CHEMINS DE ROME Date de diffusion : 15 mars 1968 Auteur : Gene L. Coon et Gene Roddenberry Réalisateur : Ralph Senensky Résumé : A la recherche du Beagle, vaisseau de la fédération porté disparu, l'Enterprise aborde un monde dont la civilisation est très similaire à celle de l'Empire romain, mais avec un niveau technologique équivalent à celui du XXe siècle terrien. Kirk découvre que des dissidents, les Enfants du Soleil, s'opposent à la violence de cette société ayant conservé les cruels Jeux du Cirque pour distraire sa population. Il s'avère que le capitaine du Beagle est devenu le bras droit du dirigeant, après lui avoir vendu son propre équipage, comme esclaves et gladiateurs. Ce faisant, il a également violé la Directive première. Critique : Panem et circenses. Époque de changements, les Sixties se montrèrent volontiers irrévérencieuses envers des productions subitement ringardisées, dont le péplum à la Quo Vadis. Cette verve satirique a connu un immense succès à Broadway et au West End avec le Musical A Funny Thing Happened on the Way to the Forum (1962), ce qui a favorisé une mode également parodique à la télévision, des deux côtés de l'Atlantique. Les Avengers ont exploré Cette grandeur qu’était Rome en 1963 (avec la regrettée Honor Blackman dans le rôle de Cathy Gale). En 1965 le Docteur visitera une version rigolarde de la Rome de Néron dans The Romans et, en 1966, le Saint affrontera L’Homme qui aimait les lions. Un summum se verra atteint en 1969, avec le joyeusement délurée délurée Up Pompeii !. Avec Bread and Circuses, Star Trek se situe pleinement dans cette riche lignée, mais avec l'incongruité d'avoir à justifier la présence de l'Antique Rome au sein d'un récit de voyage spatial. Pour Doctor Who, il s'agissait d'un déplacement temporel, tandis que Simon Templar, Steed et Mrs gale étaient confrontés à la mégalomanie d'Esprits diaboliques. L'épisode solutionne ce problème de justification par le biais d'un déterminisme historique pour le moins fumeux. Un choix un tantinet frustrant et qui rend passablement prétentieuse la conclusion prédisant la chute de l'Empire. Sur le sujet, on pourra avantageusement lire la très belle Uchronie Roma Æterna (Robert Siverberg, 2003), décrivant un Empire romain devenu une puissance mondiale et perdurant deux millénaires. Telle quelle, sa fantaisie volontiers naïve fait que l'opus se laisse regarder sans déplaisir, ê^me s'il se contente le plus souvent d'entremêler les clichés du Péplum à ceux de la série originelle elle-même (énième conquête féminine pour Kirk, Directive première jetée aux orties, réemploi bon marché de costumes et décors sous l'excuse d'une Terre alternative, etc.). On notera toutefois que le traditionnel échange de piques entre McCoy et M. Spock s'avère plus acéré qu'à l'ordinaire, jusqu'à prendre des allures de séance d'analyse du Vulcain. Surtout, tout en justifiant son titre original, l’épisode parvient à se trouver un véritable sujet avec la critique caustique d'une télévision comparée au Jeux du Cirque. L'étrange lucarne s'y montre destinée à distraire le public à tout prix et à lui servir d'exutoire, y compris avec les émotions fortes de ces moments particuliers de télé réalité que sont les exécutions et supplices. Ulcéré par la perspective alors quasi certaine de l'annulation de sa série, Roddenberry se lâche véritable dans cette charge acide allant étonnamment loin. Applaudissements et sifflements enregistrés, course à l'audience, satire des impitoyables relations de travail au sein de l'industrie télévisuelle... Rien n'échappe à ce pamphlet étonnant de modernité, prouvant une nouvelle fois comment le couvert de la Science-fiction permit de contourner la censure des diffuseurs. Anecdotes :
15. UN TOUR À BABEL Date de diffusion : 17 novembre 1967 Auteur : D.C. Fontana Réalisateur : Joseph Pevney Résumé : Une importante conférence diplomatique va se dérouler sur la planète neutre Babel, à propos de l'intégration d'un nouveau monde au sein de la Fédération, Coridan. L'Enterprise assure le transport de plusieurs délégations dont la vulcaine. Celle-ci comprend les parents de Spock : l'Ambassadeur Sarek et son épouse humaine Amanda. Les retrouvailles entre père et fils sont glaciales, car ils se sont brouillés quand Spock a décidé d'intégrer Starfleet. Les discussions entre délégués s'avèrent très tendues et tout accuse Sarek quand l'envoyé des Tellarites est retrouvé assassiné. Sarek souffre également de graves problèmes de santé, comme le découvre McCoy. Seul Spock peut le sauver. Critique : On pourra reprocher à l'épisode d'aborder des thèmes très divers (conflit famille, diplomatie, whodunit, bataille spatiale, suspense médical), ainsi qu'une intrigue riche en rebondissements, ce qui laisse parfois l'impression d'un passage en revue accéléré, qui aurait mérité davantage de développements. Mais il demeure très agréablement dense, sans jamais donner l'impression de se disperser. On se situe en territoire agréablement connu, puisque cette histoire de sabotage de conférence internationale, avec intervention de félons de service comme agents de l'Opposition, s'apparente par beaucoup d'aspects aux scénarios des séries d'espionnage peuplant les Sixties. Il suffit de remplacer les pays par des planètes et le tour est joué. L'amateur du genre sera comblé. Le récit précise également le contour de la Fédération Unie des Planètes, en l'élargissant à des peuples plaisamment pittoresques, mais aussi en donnant des informations quant à son mode de fonctionnement. Tout n'est pas rose au pays de l'Utopie, ce qui accroît le réalisme de l'univers de la série. L'opus a aussi la bonne idée de laisser une large place à l'étude du caractère de ses protagonistes. Cela vaut pour les différents diplomates rencontrés, mais aussi et surtout pour les parents du Spock. On apprend ainsi beaucoup sur la passé du bars droit de Kirk tout en faisant connaissance de Sarek et Amanda appelés à revenir ultérieurement dans la franchise. Mark Lenard recycle avec beaucoup de talent son rôle de Rémulien tenu la saison précédente tandis que sa légère ressemblance avec Nimoy facilite les choses. Il compose avec une indéniable présence la figure de Sarek, parfaite incarnation du pur Vulcain, à la fois logique et orgueilleux de l'être. Par contraste, on mesure la précieuse spécificité de M. Spock ! On peut admirer Sarek il s'avère difficile de l'aimer. On apprécie beaucoup qu'Amanda ne lui soit pas sacrifiée. Bien au contraire, avec une grâce souriant elle s'impose comme une femme de caractère mais aussi la vraie diplomate du couple, ne renonçant jamais à réunifier sa famille. On ne saura jamais assez gré à D.C. Fontana d'avoir incorporé des personnages féminins forts dans Star Trek, alors que ce n'était pas le point fort de Gene Roddenberry, tant s'en faut. Le trio vulcain est magnifiquement interprété, au sein d'un épisode contribuant presque autant à placer ce monde au cœur de la mythologie de la série que ne le fit Le Mal du pays, cette saison. Le dernier mot (enfin !) laissé à McCoy face à M. Spock est une petite merveille, on en est tellement heureux pour lui ! Anecdotes :
16. GUERRE ET MAGIE Date de diffusion : 02 février 1968 Auteur : Gene Roddenberry et Jud Crucis Réalisateur : Marc Daniels Résumé : L'Enterprise aborde un monde primitif et paisible, déjà visité 13 ans plus tôt par Kirk. Celui-ci avait alors sympathisé avec le paisible Tyree. Il découvre que Tyree, devenu chef de sa tribu, doit faire face à une attaque de peuplades voisines, désormais armées de fusils. Soit une arme d'un niveau technique supérieur à ce que connaît la planète. En fait les mousquets ont été fournis par les Klingons, qui espèrent devenir les maîtres de fait de ce monde, à travers leurs vassaux. Kirk estme qu'il n'a pas d'autre choix que de fournir à son tour des armes, pour que le peuple de Tyree ne soit pas écrasé. Mais cela choque le pacifisme de McCoy. Critique : - Vous rappelez-vous les guerres du XXe siècle, en Asie ? Entre deux puissances géantes, comme les Klingons et nous. Aucune partie ne voulait se retirer. - Oui, je me rappelle. Le sang a coulé des années. Tout l'intérêt de l'épisode réside dans ce dialogue entre Kirlk et McCoy. Jusqu'à présent Star Trek s'était contenté de vagues allusions à la Guerre du Vietnam, alors qu'ici elle met carrément les pieds dans le plat. On se demande à quoi devait ressembler le script avant que cet aspect soit atténué par Roddenberry afin de le rendre diffusable par le Network, car même ainsi l'allégorie se montre particulièrement transparente. Il y a comme un goût de Quatrième Dimension dans ce conte moral, même si son approche ne se révèle pas tout à fait aussi subtile que chez Rod Serling. De fait il était logique que l'armistice imposé entre l'Empire Klingon et la Fédération en saison 1 (Les Arbitres du Cosmos) débouche sur Guerre froide similaire à la nôtre, où les deux puissances se mènent une compétition indirecte. Le récit tire un joli parti de cette situation, tout en montrant bien entendu le camp « occidental » sous un jour plus favorable que l'autre. La fin amère, soulignée par l'absence du joyeux indicatif traditionnel revête une force particulière/ Malheureusement la concrétisation de ce projet pacifiste ne va pas sans imperfections. Ainsi la coïncidence voulant que ce soit pile la tribu visitée par Kirk voici 13 ans qui soit visée par les Klingons est trop énorme pour ne pas confirmer que Star Trek est bien une série des Années 60. Par ailleurs le manque de moyens alloués à la production commence à vraiment se voir à l'écran, même si la série peut encore s'offrir des extérieurs, ce qui ne sera plus le cas en saison 3. Les tenues des natifs se montrent assez ridicules, mais le pompon revient au Mugato, plus fauché que kitsch. Au moins il nous vaut un clin d’œil amusant, puisqu'il n'est pas sans vaguement évoquer le monstre rencontré par dans Cauchemar à 20000 pieds. La Quatrième Dimension, encore et toujours. Le plus dommageable demeure personnage de Nona, épouse de Tyree prête à séduire et hypnotiser Kirk pour obtenir les armes les plus destructrices possibles. Femme fatale (y compris pour elle-même), elle agrège à peu près tous les clichés misogynes des personnages féminins de Roddenberry, tout en interférant avec la parabole mise en place. Anecdotes :
17. LES ENCHÈRES DE TRISKELION Date de diffusion : 05 janvier 1968 Auteur : Margaret Armen Réalisateur : Gene Nelson Résumé : Lors d'une téléportation, Kirk, Uhura et Chekov ne se matérialisent pas dans la destination prévue, mais sur la planète Triskelion. Ils ont été capturés par les Pourvoyeurs, des intelligences désincarnées toutes puissantes, et vont devoir participer aux combats de gladiateurs que ces dernières organisent pour leur distraction Kirk et ses amis doivent survivre au rude entraînement imposé par les Thralls, les subordonnés des pourvoyeurs. Mais le Capitaine parvient à séduire l'une des Thralls, la redoutable Shahna. Pendant ce temps, M.Spock remonte la piste conduisant aux Pourvoyeurs. Critique : L'épisode se centre sur des combats d'arène, peu de temps après Sur les chemins de Rome. Mais l'on change totalement d'environnement culturel, quittant le Péplum, pour aborder l'Heroic fantasy à Robert E. Howard et Edgar Rice Burroughs, avec son exaltation des musculatures (avant tout viriles) et son penchant pour les combats théâtralises. Tout le projet de l'épisode est là ; exoser James T. Kirk en digne continuateur de Conan et John Carter. Même le symbole du Triskell, donnant son nom à l'épisode et apparaissant sur le sol de l’arène renvoie au monde antique, tant apprécié par cette littérature. L'attirail quelque peu sadomasochiste (collier d'esclave, harnais en cuir, fouet...) fait même pencher le récit vers les romans très particuliers constituant les Chroniques de Gor, de John Norman, débutées en 1966. En soi l'idée d'un épisode à la Conan aurait pu s'envisager, avec les Pourvoyeurs se substituant aux Sorciers dégénérés typiques des tribulations du Cimmérien, d'autant que cela correspond aux postures viriles du Capitaine et que cela permet d'apporter de la diversité à la série. Malheureusement l'épisode n'a pas les moyens de ses ambitions. Ce type de littérature exige un minimum de souffle épique que la production, avec ses quelques costumes et décors, mais aussi le faible nombre de combattants (une poignée de comédiens) ne saurait apporter. Particulièrement centré sur Kirk, le scénario ne brille pas non plus par son originalité, avec son histoire de combats forcés et son recours à nombre de clichés de la série : énièmes aliens tous puissants, Kirk séduisant la demoiselle du jour, combats très chorégraphiés, etc. le message anti esclavage se voit largement contrecarré par le niveau de kitsch atteint. L'autre partie du scénario, à bord de l'Entreprise, fonctionne médiocrement. Ils s'avère étonnant, puis artificiel, de voir Scotty et McCoy s'acharner à contredire ainsi Spock. Les acteurs invités ne brillent pas non plus par la subtilité de leur jeu. L'épisode laisse place à des combattantes féminines, mais Uhura est sauvée par un Kirk protecteur, tandis que celui-ci a vite fait de faire succomber la très sexualisée Shanna, il est vrai impressionnante. Elles sont davantage là par les fantaisies de Roddenberry que pour la Fantasy. Anecdotes :
Date de diffusion : 15 décembre 1967 Auteur : Ralph Senensky Réalisateur : Art Wallace Résumé : Il y a 11 ans, une entité gazeuse se nourrissant des globules rouges humaines avait provoqué la mort de la moitié de son équipage de l'USS Farragut, le capitaine Garrovick comptant parmi les victimes ; Alors à bord entant que simple lieutenant, Kirk s'est toujours reproché une hésitation l'ayant empêché de tirer sur l'entité. Alors que l'Enterprise fait face à la même créature, le propre fils de Garrovick commet la même erreur. Furieux, Kirk le démet de ses fonctions et part en chasse du nuage vivant. Ce faisant, il néglige une mission médicale. Critique : Plus encore qu'avec le Capitaine Decker de La machine infernale, Star Trek nous propose une nouvelle adaptation du mythe de Moby Dick et d'Achab. Cela fait deux fois à peu près la m^me histoire au sein de cette saison 2, mais ce voisinage demeure consubstantiel à cette métaphore des romans d'aventures maritimes tissée avec application par la série depuis ses débuts. On comprend que les figures du genre se déploient aisément dans ces histoires de vaisseau sautant de planète en planète, comme d'autres d'îles en îles, aavec une flotte d'USS aux ordres d'une Amirauté interstellaire. Le récit du jour sait aussi varier ses effets, en assimilant cette fois le Capitaine Achab à Kirk, protagoniste de la série. De ce point de vue l'épisode est une réussite, apportant enfin des faiblesses humaines, donc de l'épaisseur, à un héros qu'elle statufie le plus souvent. Toutefois ce succès demeure limité dans le temps, il n'en est question que lors de cet opus, jamais avant, ni après. A défaut de-l'installer dans le temps long, Star Trek aurait pu donner plus d'intensité au traumatisme de Kirk en l'enracinant davantage à son parcours personnel, notamment en accroissant le nombre et la durée des scènes de flash-back, trop peu présentes. Le fait qu'il doive partager l'affiche avec un Enseigne à Pull rouge se montre également dommageable. Quelle que soit la sympathie, bien réelle, qu suscite le jeune homme, il demeure un personnage seulement rencontré occasionnellement, On s'attache donc moins à lui, sans même parler de la mortalité bien connue que subissent ses semblables et dont cet épisode, passablement cruel, fournit d'ailleurs un bel exemple. Le tableau de chasse du l’entité se montre impressionnant à cet égard. La menace apparaît de prime abord moins colossal qu'avec la Machine infernal, mais ce nuage vampire (qui n'est pas évoquer de loin le Rôdeur du Prisonnier), condamnant les humains à une horrible asphyxie et capable de franchir le vide spatial relève en définitive du registre de l'épouvante. Anecdotes :
19. AMIBE Date de diffusion : 19 janvier 1968 Auteur : Robert Sabaroff Réalisateur : Joseph Pevney Résumé : Starfleet envoie l'Enterprise à la recherche de l'Intrépid, vaisseau disparu à proximité uu système Gamma 7A. Spock est terrassé par une terrible onde psychique les 400 Vulcains formant l'équipage de l'Intrepid viennent de périr. Il en va de même pour les milliards d'habitants du système, victimes d'un gigantesque organisme unicellulaire. Spock et Mc Coy sont disposés à mener une mission suicide, se rendre avec le Galiléo à l'intérieur de l'entité, afin d'obtenir des informations cruciales. Kirk va devoir choisir quel ami il sacrifie. L'amibe géante se nourrit de l'énergie vitale d'autrui et en a désormais accumulé suffisamment pour se reproduire. Critique : Pour le coup l'épisode constitue un Space-opera pur sucre, dans la grande tradition du vaillant équipage terrien (et associés) combattant le grand Monstre de l'Espace. D'ailleurs le modus operandi de l'Amibe, se nourrir de l'énergie vitale d'autrui, fait quelque peu songer à l'Anabis, l'une des créatures imaginées de Van Vogt dans l'intéressant roman La Faune de l'Espace (1950), avec là aussi le valeureux vaisseau humain qui convient. Alors oui, l'épisode se veut uniquement distractif, sans illustrer de morale particulière, mais la série en bien le droit et, à tout prendre, on préfère cela au message anti esclavagiste minoré par un opus assez Nanar. La faiblesse d'Amibe réside plutôt dans sa trop grande similarité avec La Machine infernale, cette saison, sur le volet Space Opéra, là où Obsession s'y raccordait par la référence à Moby Dick. La convergence se montre d'autant plus forte que dans les deux cas la solution du problème passe par une expédition dans la gueule du monstre. Vis-à-vis de son prédécesseur Amibe manque de rythme et batailles spatiales, autant dire les éléments essentiels de ce type d'histoire. Les effets du pourvoir de l'Amibe s'avèrent plus anti-climatiques qu'autre chose. Le récit peut néanmoins compter sur le pic émotionnel que constitue la rivalité entre M. Spock et McCoy, ainsi que sur l'inquiétude que ce dernier s'obstine à nier contre toute vraisemblance durant la mission. Du 0grand McCoy / Spock, l'une des valeurs sûres de la série. L'effet spécial représentant l'Amibe résulte passablement lysergique, donc à l'unisson de son époque. Par ailleurs la vague psychique atteignant Spock lors de la disparition des Vulcains préfigure de manière piquante la grande perturbation dans la Force ressentie par Obi-Wan Kenobi lors du Désastre d'Alderaan. Anecdotes :
20. UNE PARTIE DES ACTIONS Date de diffusion : 12 janvier 1968 Auteur : David P. Harmon et Gene L. Coon Réalisateur : James Komack Résumé : L'Enterprise aborde un monde déjà visité par un vaisseau de la Fédération, l'USS Horizon, voici 100 ans. A l'époque la Directive Première n'avait pas été respectée et l'un des membres de l'équipage avait laissé sur place un livre d'histoire traitant des gangsters de Chicago à l'époque de la Prohibition. Quand l'Enterprise arrive, toute la planète a structuré sa sa société sur ce modèle, désormais gouvernée par des gangs rivaux. Kirk va s'efforcer de porter remède à cette perturbation culturelle majeure, mais lui, M. Spock et McCoy sont capturés par l'un des gangs. Leurs ravisseurs s'intéressent à leur armement de pointe. Critique : Si nous étions dans Sliders, l'épisode s'intitulerait sans doute Un Monde de gangsters. En fait lStar trek continue à dérouler son catalogue de Terres parallèles, autorisant des épisodes faisant bonne chère avec peu d’argent, grâce aux entrepôts des studios. Les gangsters à la Frank Nitti dans les Incorruptibles succèdent ici aux Romains de Péplum vus dans Sur les chemins de Rome, mais l'idée demaure la m^me. Toutefois ici l'épisode joue clairement la carte de la comédie, ce qui permet de meiux faire passer la justification de ce monde, d'ailleurs amusante et plutôt bien vue. On aurait pu imaginer un récit dans se déroulent dans une atmosphère de Film noi en lieu et place d'une parodie des gangsters de cinéma, mais la rupture de ton permet aussi de diminuer l'impression de doublon avec Un Monde de Romains. Pour le reste les amateurs de La Quatrième Dimension seront enterrain connue, puisque cette vison enjouée des films de gangsters rejoint trait pour trait celle développée dans la première partie du déjà divertissant Enfer ou Paradis (1-28). En rou libre,, William Shatner s'amuse beaucoup et rend l'ensemble irrésistible. C'est notamment le cas lors de la partie de cartes substituant le Fizzbin au Poker, avec des règles à peu près aussi absurdement complexes que celles du Cul de Chouette dans Kaamelott. Postures et dialogues (dont certains en argot) s'avèrent le plus souvent très drôles. Troisième de la trilogie des grands épisodes comiques de Star Trek, avec Tribulations et Mudd, Une partie des actions se savoure d'autant plus qu'il sait se montrer ironique avec un Kirk devant rattraper les conséquences d'un non-respect de la Directive Première, lui qui s'en soucie habituellement si peu. Anecdotes :
21. TU N'ES QUE POUSSIÈRE Date de diffusion : 23 février 1968 Auteur : D.C. Fontana et Jerome Bixby Réalisateur : Marc Daniels Résumé : L'Enterprise est détournée par des Kelvans, originaires de la Galaxie d'Andromède. Ces gigantesques créatures tentaculaires ont pris forme humaine afin de tester l'habitabilité de la Voie Lactée, leur monde étant en train de mourir. Leur vaisseau ayant été détruit par la Barrière galactique, il compte sur l'Enterprise pour les ramener chez eux, quitte à réduire en poussière quiconque s'y opposerait, puis revenir en envahisseurs. Mais des sentiments humains se sont aussi développés. Kirk va s'en servir pour retourner la situation, en séduisant la belle Kelinda, ce qui rend jaloux son compagnon Rojan. Critique : L'épisode constitue un nouveau recours à ces Aliens ayant revêtu forme humaine, un autre moyen bien pratique pour effectuer des économies, à peu près autant utilisé que les Terres parallèles piochant dans les entrepôts de costumes des studios. Toutefois on reconnaîtra à By Any Other Name de traiter cette idée au-delà d'un simple gadget, l'intégrant au contraire au cœur de son scénario astucieux. Que la nature humaine soit passe par les sensations vécues par le corps est un sentiment bien de l'époque souvent hédoniste de la Contre-culture, loin de considérations essentialistes ou théologiques. Évidemment, afin rendre manifeste l'évolution vécue par les Kelvans, on charge la barque en début de récit sur leur nature maléfique, avec les terribles réductions en poussière (l'exécution de Leslie Thompson demeure l'un des moments les plus effroyables de la série) mais aussi avec des dialogues martiaux du type : I am Rojan of Kelva. I am your commander from this moment on. Any effort to resist us or escape will be severely punished. You Humans must face the end of your existence as you have known it. Mais c'est aussi pour leurs méchants archétypaux que l'on aime les Années 60. Par ailleurs l'épisode sait alterner humour et épouvante, mais aussi varier ses effets puisque chacun des membres de l'équipage va mener sa manière, et selon sa personnalité, ce combat original consistant à rendre l'adversaire plus humain. Scotty et ses whiskys écossais (dont la mystérieuse mixture verte) se montre très amusant, de même que McCoy qui injecte aux Kelvans une substance les rendant... irritables ! Évidemment M. Spock est pour une fois hors-jeu ! Bien entendu Kirk séduit la belle Kelinda, un cliché de la série mais qui devient l'occasion pour D.C. Fontana d'affirmer la sexualité et les plaisirs de l'amour comme partie intégrante de ce qui nous rend Humains. Elle le fait certes à mots plus couverts que dans le script original de Jérôme Bixby, afin que le Network ne passe pas en alerte rouge. On mesure le chemin parcouru quand, bien plus tard, dans Supernatural, Dean et l'Ange Anna, dans une situation similaire feront plus que parler de ces sujets. Même la jalousie éveillée chez Rojan contribue à l'humaniser. La au combien charmante Barbara Bouchet et l'impressionnant Warren Stevens comptent certainement parmi les meilleurs guests de Star Trek. Au total l'épisode se révèle bien plus originale et ambitieux que ce que son introduction laissait envisager. Il est typique de l'apport que la plume imaginative de Bixby représentera pour la série. Anecdotes :
22. RETOUR SUR SOI-MÊME Date de diffusion : 09 février 1968 Auteur : John Kingsbridge Réalisateur : Ralph Senensky Résumé : L'Enterprise reçoit un appel de détresse émanant d'un monde mort, envoyé par un certain Sargon. Kirk découvre que Sargon, son épouse Thalassa et son ami Rnoch sont des consciences résidant dans des globes ; ils ont les derniers survivants de leur antique civilisation. Le trio demande à pouvoir occuper des corps humains, le temps de construire des androïdes qui serviront de réceptacles animés. M. Spock et Kirk laissent la conscience d'Enoch et Sargon occuper leur corps. Mais Enoch veut en réalité s'emparer de l'Enterprise et tuer Hénoch, donc le Capitaine Kirk. Thalassa occupe le corps du Dr. Ann Mulhall, une astrobiologiste. Elle souhaite le conserver. Critique : L'épisode succède sans doute trop vite à Tu n'es que poussière, avec un thème similaire d'Aliens revêtant forme humaine. Évidemment, le même but, assurer des économies en coûts de production, se voit atteint, mais Retour sur soi-même va malgré tout parvenir a affirmer sa singularité. En effet, il ne s'agit pas cette foi de créateurs que d'emprunteurs de corps. Ce phénomène, assez semblable à la possession des récits fantastiques, suscite un trouble particulier. A ce sujet on pourra avantageusement lire Le Voleur de corps, d'Anne Rice, où une mésaventure approchante survient à nul autre que le Vampire Lestat. Le récit exploite parfaitement cette situation, en faisant des deux co-vedettes de la série,les dindons de la farce. Évidement on pourra trouver artificiel que Kirk et M. Spock soient aussi naïfs, mais le discours de justification du Capitaine se montre particulièrement ; il s'agit sans doute du plus beau manifeste des idéaux de Starfleet et de la Fédération que la série nous ait proposé. Ce grand numéro de William Shatner trouve écho dans celui de Léonard Nimoy, particulièrement irrésistible et amusant dans le rôle d'Enoch, diabolique et séduisante, il s'avère aux antipodes de M. Spock. Les amateurs de Chapeau Melon seront en terrain connu, la séquence se montrant du même niveau que celui du « Steed » et la « Mrs Peel » de Qui suis-je ??? (5-16). L'adaptation d'Adam et Eve (et du Serpent) dans un contexte de Science-fiction ajoute encore de l'intérêt à ce thriller ne manquant pas de suspense. On regrettera néanmoins que l'élément féminin du trio se voit quelque sacrifié au combat opposant mâles, malgré une très belle composition de Diana Muldaur. Thalassa / Ann compte assez peu de scènes, tout en étant fascinée par la beauté et la jeunesse de son corps d'emprunt, une approche typique de Roddenberry concernant les personnages féminins. Le romantisme de la conclusion n'en demeure pas moins appréciable. Un épisode appréciable, à défaut d'être réellement original. Anecdotes :
23. FRATERNITAIRE Date de diffusion : 16 février 1968 Auteur : John Meredyth Lucas Réalisateur : Vincent McEveety Résumé : La Fédération n'a plus de nouvelles du Pr. John Gill, détaché en tant qu'observateur culturel sur Ekos, monde primitif et violent. L'Enterprise est envoyée en mission de secours, mais Kirk et M. Spock découvrent que Gill est devenu le Führer d'une société imitant désormais l'Allemagne nazie et en guerre contre une planète pacifiste, Zéon. Ils tentent de s'infiltrer dans le quartier général de Gill, mais sont trahis par les oreilles de Spock. Torturés, ils parviennent à s'échapper et à entrer en contact avec la résistance animée par la jeune Daras, par ailleurs héroïne du régime. Ils vont découvrir que Gill n'est que le pantin de son bras droit, qui prépare l'extermination du peuple de Zéon. Critique : Patterns of Force, ou l'épisode problématique, constable et contesté, de Star Trek. Encore proche dans le temps et présent dans les esprits, le régime nazi a été le sujet de plusieurs épisodes des séries des Années 60. Dans Chapeau Melon, Steed et Mrs Cathy Gale ont ainsi affronté une résurgence nazie dans The Mauritius Penny (2-11), de même que Simon Templar dans le Saint joue avec le feu (2-11), tandis que les voyageurs temporels d'Au cœur du Temps effectuaient une étape dans cette sinistre époque dans A la veille du 06 juin (1-15). Mais ces épisodes, bien entendu, présentent le Nazisme dans sa réalité crue, c'est à dire le Mal incarné. Pour son malheur, Star Trek va plutôt opter pour une approche davanatge en amont, s'intéressant à comment un peule peut se laisser séduire par un tel régime, comme les Allemands ont pu porter au pouvoir le parti nazi en 1933. Disons-le, en un unique épisode de 50 minutes c'était aller au casse-pipe. Certaines Séries, comme V ou Le Maître du Haut-Château ont su réussir une approche similaire, mais en s'installant dans le temps long d'une forme en feuilleton. Ici, la brièveté conduit à la maladresse, le pire étant sans doute la distinction apportée entre le Professeur et son bras droit, comme s'il existait une différence entre Nazisme modéré et intégral, alors que Gill se veut le symbole des personnes prisant avant tout la préservation ou la restauration de l'ordre promise par un régime autoritaire. De fait, l'opus prête le flanc à la critique l'assimilant à cette mouvance d'extrême-droite estimant que « Hitler a peut-être été excessif, mais a relancé l'économie et construit des autoroutes ». Pour le reste, le récit est riche en péripéties et accorde un beau rôle à un personnage féminin fort grâce à Daras. Mais les auteurs n'ont sans doute pas assez mesuré que l'Allemagne nazie ne pouvait pas constituer une simple Terre parallèle de plus, à l'instar de l'Empire romain ou des gangsters de la Prohibition. Anecdotes :
24. UNITÉ MULTITRONIQUE Date de diffusion : 08 mars 1968 Auteur : D.C. Fontana et Lawrence N. Wolfe Réalisateur : John Meredyth Lucas Résumé : Sur l'ordre express de Starfleet, l'Enterprise est désignée pour servir de test à un nouvel ordinateur surpuissant, le M-5, destiné à assumer seul le pilotage des vaisseaux dans l'avenir. Sceptique, Kirk embarque avec un équipage réduit au minimum, une fois la machine installée par son créateur, le Dr. Richard Daystrom, l'un des plus brillants scientifiques de la Fédération. Après des déuts prometteurs, l'expérience tourne à la catastrophe, l'ordinateur provoquant la mort de dizaines de personnes. Daystrom s'avérant incapable de déconnecter le M-5, Kirk comprend que Starfleet va devoir détruire l'Enterprise pour stopper l'ordinateur fou. Critique : Tout comme l'avait exprimé La Quatrième Dimension en 1964, dans l'un de ses épisodes tardifs (Automatisation, 5-33). Unité multitronique se fait l'écho d'une peur née dans les Années 60 et allant croissant : celle du remplacement de l'humain par la machine dans le monde du travail. Ce sentiment est apparu plusieurs fois au cours de l'Histoire, au fil des révolutions scientifiques ou industrielles, mais celle-ci nous touche particulièrement car elle demeure la nôtre aujourd'hui, à notre époque où tant de robots occupent désormais des emplois jadis tenus par des humains, sans même parler d'Internet. Cette fois la série de Gene Roddenberry surpasse celle de Rod Serling, cette angoisse du déclassement s'incarnant avec davantage de force, dès lors qu'elle touche aussi un héros de la stature de James T. Kirk, cruellement moqué par son supérieur de Starfleet. De fait on aura rarement vu une figure des séries d'aventures Sixties être touché de plein fouet par ce qu'il faut bien nommer la violence sociale. William Shatner s'y montre une nouvelle fois excellent. L'épisode se montre également riche en action, mais aussi en relationnel, D.C. Fontana ayant eu l'heureuse idée d’humaniser un script original assez aride et très en clin à anaylser le fonctionnement d'une Intelligence artificielle, sur un mode assez similaire aux Trois Lois de la Robotique. L'irrésistible et éternelle amicale controverse entre M. Spock et le Dr. McCoy se voit ainsi relayée par leur rapport à l'ordinateur. Le Vulcain n'a ainsi pas d'a priori contre la machine, dont il admire l'aspect logique, même s'il admet qu'il ne souhaite pas lui être soumis ! Ces dialogues enrichissent encore un récit nous proposant un déchirant portrait de Daystrom, hanté par le désir de retrouver les succès de sa jeunesse, et développant tout un relationnel toxique avec ce qu'il considère comme son enfant. On aime que l'humain demeure au centre de cet opus narrant une histoire d'ordinateur fou. Toutefois l'opus cède sur la fin au marronnier de Kirk convainquant une nouvelle fois un ordinateur de se donner la mort (avec ici comme un écho de la Première Loi d'Asimov). Anecdotes :
25. NOUS, LE PEUPLE Date de diffusion : 01 mars 1968 Auteur : Gene Roddenberry Réalisateur : Vincent McEveety Résumé : L'Enterprise découvre l'USS Exeter en orbite autour de la planète Oméga IV. Kirk, Spock et McCoy se téléportent à bord du vaisseau, découvrant que celui-ci est totalement vide. L'équipage a été réduit en poussière par un virus ayant également contaminé le trio. Ne pouvant revenir à bord de l'Enterprise, celui-ci se téléporte à la surface de la planète et y découvre le Capitaine Tracey, ultime survivant de l'Exeter. il leur apprend qu'ils ne risquent rien s'ils restent sur ce monde. Mais il est intervenu avec son armement dans le conflit opposant deux peuples, contrevenant à la Directive Première. Cette guerre ente Kohms et Yangs présente d'étranges ressemblances avec l'Histoire terrienne. Critique : Souvent cité parmi les moins bons épisodes de la série originale, The Omega Glory ne suscite en effet guère d'enthousiasme. Après l'intrigant prologue à bord de l'Exeter, la faute en revient à un développement bavard et passablement ennuyeux, aux nombreuses maladresses. Ainsi en va-t-l de l'absurde facilité avec laquelle, Tracey dévoile son plan devant Kirk, Les tentatives de politiser cette énième histoire de viol de la Directive Première n'apparaissent pas non plus cohérentes, cet affrontement entre Yangs (Yankees) et Kohms (Communistes chinois) se caractérisant par une transposition de notre Guerre froide dépourvue de toute justification et d'une naïveté désarmante. Le récit n'essaie jamais d'expliquer comment le drapeau et la Constitution des États-Unis se retrouvent sur une autre planète, tandis que l'évocation du peuple « asiatique » ne va pas sans quelques relents racistes autour du Péril jaune, un comble pour Star Trek. Le discours final façon Tea Party de Kirk, ultra patriotique jusqu'à en devenir pompier, couronne le tout. Un épisode à oublier, dans lequel la série ne se ressemble plus. Anecdotes :
26. MISSION : TERRE Date de diffusion : 29 mars 1968 Auteur : Art Wallace et Gene Roddenberry Réalisateur : Marc Daniels Résumé : La Fédération envoie l'Enterprise en 1968, afin de résoudre une énigme historique : comment cette année-là l'Humanité a-t-elle échappé à un conflit nucléaire qui semblait pourtant imminent ? Kirk repère un faisceau transportant un certain Gary Seven sur Terre, depuis l'Espace. Détenteur d'un équipement futuriste, mais aussi d'un chat doté d'intelligence, Seven affirme être un Humain que des puissances extra-terrestres ont chargé de sauver notre monde. Il insiste pour qu'on lui laisse accomplir sa mission. Critique : Pour l'amateur de la petite histoire de Star Trek Mission :Terre présente l'intérêt d'être un pilotes backdoor déjà pleinement assumé. Cette technique permettant un effet tremplin tout en économisant sur les frais de production d'un pilote,classique, deviendra l'activité principale de Roddenberry durant les années 70, avant Next Generation. L'écriture de l'opus ne va pas éviter deux écueils typiques de l'exercice. Ainsi, afin d'insérer les nouveau groupe de personnages, on n'hésite pas à modifier brusquement et sans justification réelle, l'univers de la série originelle.Le voyage dans le temps devient ici parfaitement maîtrisé par Starfleet et d'un emploi ne relevant pas de l’extraordinaire, alors que dans les épisodes précédents y ayant recours (dont Contretemps, en saison 1), il s'agissait d’événements externes à la fédération et vécus comme hors normes par l'équipage. Cette impression d'artificialité se voit également renforcée par le fait que l'on sent bien durant l'épisode que l'univers Star trek a été simplement collé sur une histoire préexistante. Kirk et les siens ne font essentiellement qu'observer des événements auxquels ils ne prennent pas part, le récit étant bel et bien celui de la mission menée par Gary Seven. Assez logiquement puisqu'il s'agit de ne surtout pas modifier un passé conduisant à l'Utopie, ce qui constitue un joli cul-de-sac narratif. Pour le reste le récit de l'aventure de Gary Seven, son associée Roberta Lincoln et son surprenant chat Isis (au combien) ne pétille pas vraiment, même si l'ensemble se suit sans réel ennui. Le tout reste assez daté et veut lancer une série d'aventures entremêlant futurisme et espionnage. Soit un concept très Sixties, alors que la décennie suivante frappe à la porte. Avec son côté alien, ses gadgets futuristes et son intelligence supérieure, Gary Seven aurait pu camper un simili Docteur américain, d'autant qu'il se voit rejoint par une jeune associée humaine et contemporaine, Roberta Lincoln. Mais l'épisode manque du brio et et de la fantaisie propres à Doctor Who, tandis que Seven apparaît autrement plus terne que le merveilleux Excentrique venu des Étoiles Le couple vedette manque aussi quelque peu d'alchimie. Il reste assez amusant que Seven évoque davantage M. Spock que Kirk, ce qui indique bien en filigrane qui était déjà le personnage le plus populaire de Star Trek. Anecdotes :
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