Saison 3 1. Au-delà du Far West (Spectre of the Gun) 2. Hélène de Troie (Elaan of Troyius) 3. Illusion (The Paradise Syndrome) 4. Le Traître (The Enterprise Incident) 5. La Révolte des enfants (And the Children Shall Lead) 6. Le Cerveau de Spock (Spock's Brain) 7. Veritas (Is There in Truth No Beauty?) 9. Le Piège des Tholiens (The Tholian Web) 10. Au bout de l'Infini (For the World Is Hollow and I Have Touched the Sky) 13. Clin d'œil (Wink of an Eye) 14. Les Survivants (That Which Survives) 15. Le Dilemme (Let That Be Your Last Battlefield) 16. La Colère des dieux (Whom Gods Destroy) 17. Le Signe de Gédéon (The Mark of Gideon) 18. Les Lumières de Zetar (The Lights of Zetar) 19. Nuages (The Cloud Minders) 20. Le Chemin d'Eden (The Way to Eden) 21. Requiem pour Mathusalem (Requiem for Methuselah) 22. La Frontière (The Savage Curtain) 1. AU-DELÀ DU FAR WEST Date de diffusion : 25 octobre 1968 Auteur : Lee Cronin Réalisateur : Vincent McEveety Résumé : Pour avoir pénétré dans l'espace des Melkotiens, des êtres supérieurs, Kirk et son équipe sont condamnés à participer à la reconstitution d'un événement historique. Il s'agit de la célèbre fusillade d'O.K. Corral, à Tombstone, telle que le Capitaine la visionne dans son esprit. Les membres de l'équipage jouent le rôle du clan vaincu des Clanton. Ils devraient donc difficilement échapper à la mort, mais M. Spock estime que la solution réside dans les différences existant entre l’événement et la connaissance qu'en a le capitaine. Et les Clanton n'avaient pas de Vulcain parmi eux ! Critique : Star Trek débute sa troisième saison par un recours au Weird West, ce mélange de Science-fiction et de Western propre aux États-Unis, auquel La Quatrième Dimension de Rod Serling s'était déjà moultes fois intéressée. Cela apporte une apparence de nouveauté au scénario, même si, en soi, celui-ci évoque beaucoup celui d'Arena, en saison 1. L'épisode a le mérite de grandement soigner son aspect Western. La musique du saloon se plaisamment emblématique, spécialement composée par Jerry Fielding. La distribution se montre particulièrement à l'aise, puisque la majorité de ses membres avait déjà joué dans des Westerns, genre encore très populaire dans les Années 60, au cinéma comme à la télévision. Le grand atout de l'opus demeure toutefois les étranges décors de cet univers quasi onirique, entre silhouettes de bâtiments et couleurs saturées, l'un des chefs d’œuvre du directeur artistique Matt Jefferies, encore et toujours l'un des maîtres atouts du programme. Cette histoire de Western truqué ne sera pas sans évoquer un lointain écho de Caméra meurtre, pour les amateurs de Chapeau melon. Ce côté surréaliste va néanmoins être rapidement élucidé par le spectateur contemporain, habitué aux jeux vidéo virtuels (nous sommes assez près de l'idée du film Jumanji : bienvenue dans la jungle). L'épisode joue la carte de l'énigme à propos des événements en cours, assez logiquement puisque l'Holodeck n'a pas encore été incorporé à l'univers Star Trek. Mais, de fait, l'on comprend bien avant les protagonistes que tout ceci n'est que virtualité, ce qui fait perdre de son effet à une scène choc comme la « mort » de Chekov. L'épisode choisit également judicieusement l'affrontement de Tombstone comme sujet, soit l'un des événements les plus célèbres de l'Ouest sauvage et l'un des plus représentés en littérature, au cinéma ou à la télévision. Le public américain est donc à même de pourvoir apprécier les péripéties et les rencontres avec des figures historiques, ce qui sera moins le cas pour le français, à moins d'être un mordu du genre. Anecdotes :
2. HÉLÈNE DE TROIE Date de diffusion : 20 décembre 1968 Auteur : John Meredyth Lucas Réalisateur : John Meredyth Lucas Résumé : Un conflit se déroule entre les mondes d'Elas et de Troyius, pourtant tous deux membres de la Fédération. La paix devient d'autant plus urgente que la situation attire la convoitise de l'Empire klingon. L'Enterprise doit convoyer la reine Hélène d'Elas sur Troie, dont elle doit épouser le dirigeant. Mais cette femme fantasque et imprévisible renâcle au mariage et provoque un incident diplomatique avec l'Ambassadeur de Troie. Kirk à fort à faire, d'autant que les Klingons aussi sont bien décidés à empêcher la cérémonie et que les larmes de la reine sont littéralement un philtre d'amour. Critique : On peut regretter que cet épisode se révèle particulièrement daté dans son recours massif aux clichés traditionnels de la femme asiatique, la Dragon Lady si souvent mise en scène par Hollywood. Rien ne manque à l'appel : arrogance, manipulation sensuelle, manières abruptes, irrationalité... Cela se ressent d'autant plus fortement qu'en face l'homme occidental qu'est Kirk pose en champion de la Fédération, mais aussi de la la rationalité et de la domination masculine. D'ailleurs, à peu près à la moitié du récit, une fois qu'il se soit imposé dans le jeu de la séduction, Hélène se soumet totalement à lui, tout comme Pussy Galore à James Bond. La reine guerrière ne demandait qu'à être conquise, la Dragon Lady devient Geisha. Cela n'enlève rien à l'excellente performance de France Nuyen, qui assume les deux facettes du personnage avec conviction et un indéniable abattage. Mais Star Trek laisse ici transparaître son âge, tout comme désormais de nombreuses scènes des 007 de Sean Connery. Et pourtant on aime bien cet épisode. Costumiers et maquilleurs se sont déchaînés, transposant l'esthétique des Pulps au sein de l'Enterprise de manière très réjouissante. Héléne rejoint de fait la tradition des reines aliens exotiques et sensuelles de ces publications, que l'on retrouvera une décennie plus tard chez la Princesse Ardala de Buck Rogers. La Reine bénéfice d'ailleurs de la garde la plus variée et affriolante des rencontres féminines de Kirk, ce qui contribue à l'atmosphère d'opéra bouffe entourant cette belle Hélène plus égyptienne que grecque. Les péripéties ne manquent pas, d'autant que le fameux et redoutable D7 de la flotte klingonne effectue ici une entrée en lice efficace. Tout comme lors d’Un Tour à Babel, opus également diplomatique de la saison 2, on retrouve ici le plaisir des séries d'aventures d'espionnage des Sixties, avec une histoire qui pourrait aisément se voir retranscrite avec le Saint comme protagoniste. Cette adaptation de la Mégère apprivoisée apparaît moins irrésistible que celle de Clair de Lune, mais demeure divertissante, malgré ses clichés. Anecdotes :
3. ILLUSION Date de diffusion : 04 octobre 1968 Auteur : Margaret Armen Réalisateur : Jud Taylor Résumé : Kirk découvre un monde idyllique, habité par une peuplade paisible, très similaire aux Amérindiens. Alors qu'il étudie un étrange obélisque, nécessitant à l'évidence une technologie supérieure, il tombe dans une trappe et est touché par un rayon. Quand il sort à l'air libre, il a perdu la mémoire et découvre que les natifs, dont la belle Miramanee, le révèrent comme un dieu. Pendant ce temps, M. Spock et l'Enterprise doivent faire face à un astéroïde risquant de heurter la planète, ce qui provoquerait une catastrophe. Critique : L'épisode met en scène une nouvelle Terre parallèle, ici celles des Amérindiens (après celles des Romains ou des gangsters, etc.), une nouvelle fois sans réelle justification Mais cette fois on ne pourra pas accuser ce marronnier de la série d'être là pour réaliser des économies en coûts de production, tant le visuel s'avère son point fort. Les nombreuses scènes en extérieur s'avèrent de toute beauté, et très californiennes, tandis que l'impressionnant obélisque, conçu spécialement pour l'occasion demeure l'une des créations les plus impressionnantes du responsable des décors Matt Jefferies. Profitons-en, les budgets vont très vite devenir misérables. Par ailleurs, si l’épisode montre quelque peu de condescendance envers les natifs, à tout pendre cela vaut mieux que l'ordinaire des Westerns les montrant en barbares et ennemis héréditaires. Et puis Kirk demeure un héros des séries des Années 60, donc fatalement plus grand que la vie, même diminué par une amnésie. Le scénario du jour se caractérise malgré tout par nombre de facilités, comme l'obélisque se dévoilant à point nommé comme le sauveur de la situation, avec une coïncidence de chronologie entre les événements de la planète et ceux de l'Enterprise assez effarante, même selon les conventions des séries télévisées de l'époque. L'histoire de Kirk, une romance de plus, reste assez lénifiante e bout en bout, jusqu'à sombrer dans le mélodrame à la dernière minute, simplement pour que la série n'ai pas à gérer que le Capitaine séducteur ait désormais femme et enfant. Par ailleurs on a du mal à croire que le rival amoureux de Kirk puisse réellement représenter une menace pour lui, après tout ce qu'il a déjà traversé victorieusement. Surtout l'histoire n'explore jamais ce qui aurait pu devenir son sujet le plus intéressant : l ressenti de Kirk devant le fait d'être vénéré comme un dieu. Il n'est m^me jamais vraiment expliqué pourquoi il laisse les indigènes le croire. Anecdotes :
4. LE TRAÎTRE Date de diffusion : 27 septembre 1968 Auteur : D.C. Fontana Réalisateur : John Meredyth Lucas Résumé : Lorsqu'elle s'aventure dans la Zone neutre, l'Enterprise est cernée par la flotte de l'Empire Stellaire romulien. Convoqué par la Commandante romulienne, Kirk affirme que l'événement et dû à une erreur. Mais il est contredit parSpock, qui affirme que le Capitaine agit de manière erratique, sans ordres de Starfleet. La Commandante fait alors appel à McCoy pour juger de l'état mental du Capitaine. Furieux que Spock l'ait trahi, Kirk agresse violemment ce dernier, mais est tué par le Vulcain, par pincement neural. Mais qu'est-il réellement en train de se passer ? Critique : Jusqu'ici les différents épisodes, souvent d'essence diplomatiques, sacrifiant à la fameuse espionnite des Sixties relevaient du contre-espionnage, l'Enterprise devant faire face aux saboteurs et assassins de l'Opposition. D.C. Fontana innove ici, puisque cette fois Kirk et les siens s'en vont porter le fer en territoire ennemi. Cette autre famille des récits d'agents secrets a souvent suscité plus de suspense et de thriller que l'autre, puisque les protagonistes s'y avèrent bien plus exposés, jouant à l'extérieur. D. C. Fontana cette carte avec un récit particulièrement riche en twists, coups tordus, scènes d’action et mises en péril des Héros. Rien ne manque à l'appel ni les déguisements proverbiaux (Shatner en Romulien est à voir), ni les jeux d'agents doubles... potentiels. On se régale d'autant plus que le collage de l'espionnite à l'univers Star Trek (que D.C. Fontana a toujours maîtrisé au moins aussi bien que Roddenberry) n'a rien d'artificiel. Bien au contraire, le récit fait appel aux technologies, systèmes politiques et racines culturelles, communes entre Vulcains et Romuliens, mis jusqu'ici en place jusqu'ici, dans un ensemble aussi vaste que maîtrisé. Même le caractère rebelle de Kirk se voit mobilisé, permettant de faire accroire, du moins autant qu'il est possible à une dérive solitaire. Évidemment, on pourra tiquer en voyant Starfleet s'abaisser à du vulgaire espionnage, mais nécessité fait loi y compris dans les étoiles. Même une Utopie bien plus anarchiste et hédoniste que la Fédération, comme la Culture des merveilleux romans de Iain Banks, a eu sa section « Circonstances spéciales ». Surtout tout ceci demeure relativement éthique et sans violence, les héros agissant avant tout comme des arnaqueurs similaires à ceux de Mission Impossible, autre production de la Paramount. La Fédération Unie des Planètes ne délivre pas de Licence to Kill. Par ailleurs The Enterprise Incident demeure un beau as d'école d'un épisode ou l'antagoniste du jour fait de l'ombre aux héros récurrents. La Commandante romulienne (hélas, jamais nommée) compose certainement le souvenir le plus mémorable de l'épisode. il fallait être D.C. Fontana pour installer la première femme femme de la franchise à commander un vaisseau spatial, mais aussi proposer un personnage féminin aussi fort. Elle rend coup pour coup et se révèle l'un des adversaires les plus coriaces de Kirk. Contrairement clichés parfois misogynes dispensés par Roddenberry, elle n'est pas soumise à ses sentiments ou à sa sensualité, bien contraire, à côté d'une vive intelligence elle utilise son charme comme une arme, sans jamais rien perdre en classe ou en distinction. Sa tenue rompt d'ailleurs avec les habitudes du programme sur ce point. Joanne Linville lui apporte beaucoup de classe et de présence, une grande composition. Évidemment elle finit par mordre à l'hameçon, même avec des mâchoires en acier, et perdre à la partie, mais il s'agit bien moins d'une domination masculine que du schéma incontournable du récit d'espionnage. One ne put que rejoindre l'éloge final de M. Spock à son sujet. Avec The Enterprise Incident, D.C. Fontana permet à l'ère Roddenberry de s'achever sur une éclatante réussite, puisque ce dernier est alors sur le point de passer définitivement le témoin à Freiberger. Anecdotes :
5. LA RÉVOLTE DES ENFANTS Date de diffusion : 11 octobre 1968 Auteur : Edward J. Lasko Réalisateur : Marvin Chomsky Résumé : Kirk et son équipe découvrent que tous les adultes de la mission scientifique établie sur Triacus sont morts, après s'être apparemment suicidés. Les cinq enfants de l'expédition sont par contre resplendissants de santé et de joyeuse humeur. Kirk les emmène à bord de l'Enterprise. Mais ils s'avère que les cinq bambins sont sous la coupe de Gorgan, une entité maléfique leur ayant lavé le cerveau puis tué leurs parents. Leur dévotion accroît sa puissance et il veut en lever une armée. Grâce aux pouvoirs de Gorgan, les enfants s'emparent du vaisseau. Critique : On perçoit très clairement ce que Roddenberry entendait raconter avec cet épisode, une parabole des périls de l'embrigadement fanatique de l'enfance, que cela soit par des sectes, ou par des mouvements politiques. Ce fut notamment le cas avec les tristement célèbres et alors encore récentes Jeunesses hitlériennes de l'Allemagne nazie. Chapeau melon et Bottes de cuir procède de même avec une tranche d'âge légèrement plus élevée, lors de L'Invasion des Terriens (6-02). Le groupe d'enfants se compose de diverses ethnies, conformément au projet universaliste de Roddenberry, en un temps où tant de distributions demeuraient exclusivement blanches. Un beau sujet, d'autant qu'il demeure tristement d 'actualité de nos jours. Mais la concrétisation de cette idée par Freiberger va s'avérer catastrophique, augurant mal de la nouvelle ère s'ouvrant avec cet opus. Pour le coup, on va effectivement retrouver à peu près autant d'inepties que lors de L'Invasion des Terriens ! Après la mise en place de la situation, on assiste à un interminable surplace ponctué des postures vite répétitives et irritantes des jeunes personnages, avec lesquels l'épisode ne construit rien. Aucun d'entre eux n'apparaît un tant soit peu inquiétant, au rebours de celui du It's a Good life de La Quatrième Dimension. Les interventions de Gorgan n'arrangent rien. Vêtu de ce qui ressemble fort à un rideau de douche, Melvin Belli débite son texte de manière particulièrement ennuyeuse, à la manière d'un robot. Les membres de l'équipage ont droit à un florilège de scènes passablement grotesques, où l'on ne les reconnaît tout simplement pas. Il s'avère ridicule de voir McCoy sans cesse s'inquiéter du traumatisme que les actions de Kirk pourrait causer aux enfants, alors que ces derniers sont sous la coupe d'un quasi Démon et qu'ils ont assisté en souriant à l'assassinat de leurs parents. Un épisode navrant, quelque chose ne tourne plus rond à bord de l'Enterprise. Anecdotes :
6. LE CERVEAU DE SPOCK Date de diffusion : 20 septembre Auteur : Lee Cronin Réalisateur : Marc Daniels Résumé : Une mystérieuse et superbe jeune femme se matérialise dans la passerelle de l'Enterprise, et fait sombrer tout l'équipage dans l'inconscience. Au réveil, M, Spock demeure dans un état catatonique. McCoy découvre que son cerveau lui a été retiré ! Il mourra si son cerveau n'est pas remis en place sous 24 heures. Par contrôle mental, McCoy manipule le corps de Spock. Kirk rattrape le vaisseau de la belle Kara dans le système de Sigma Draconis et découvre que celle-ci n'a rien d'une lumière. Son peuple, composé exclusivement de femmes aussi sensuelles et demeurées qu'elle (mais aussi dominatrices sadiques), compte sur le cerveau de Spock pour contrôler le fonctionnement de divers équipements, auxquel elles ne comprennent rien. Critique : Par extraordinaire, il peut arriver qu'après avoir rédigé un résumé, toute critique paraisse superflue. On va pourtant s'y risquer concernant Le cerveau de Spock, qui réussit l'étonnant exploit de former un épisode OVNI au sein d'une série de Space-opéra. L'hilarité non intentionnelle, souvent la plus irrésistible, est de rigueur tout au long d'un récit absurde multipliant les idioties. Le gag de l'hypothèse de départ, Spock survivant sans, littéralement, son cerveau, se voit sans cesse mis en exergue par l'interminable sketch du Vulcain devenu Zombie et mentalement dirigé par McCoy. La saison 3 n'est sans doute pas la plus brillante, mais elle s'avère particulièrement dommageable pour Spock, comme le commenta Nimoy. Des trous béants apparaissent, comme Kara devinant que le cerveau logique de Spcok est le mieux outillé pour diriger des machines, alors qu'elle n'a aucun élément d'information pour cela. Afin d'insuffler un minimum d'intensité dramatique à la conclusion, on y va tout en touches subtiles, Spock devant expliquer à McCoy quoi faire au cours de l'opération de remise du cerveau en place, puisque le bon docteur a d'un seul coup oublié comment procéder. On croit rêver. Mais il s'agit peut-être de la fameuse intuition féminine, tant l'opus exacerbe les clichés misogynes habituels chez Roddenberry : femmes soumises aux émotions et très limitées en intellect, s'efforçant de réduire les hommes en esclavage, par le plaisir mais aussi la souffrance. Un summum survient en fin d'épisode, quand Kirk leur conseille de se trouver des hommes afin de progresser, y compris les hommes préhistoriques locaux. Les invitées du jour ne brillent pas par la finesse de leur jeu, mais il est vrai qu'on ne leur donne rien de=bien subtil à interpréter, comme l'illustrent les dialogues de Kara. Il est également évident que la distribution récurrente ne prend pas vraiment l'histoire aus sérieux. William Ware Theiss, aux costumes (très affriolants pour Kara and Co) et Matt Jefferies aux décors, réussissent leur affaire, on apprécie en particulier le design du casque télépathique de McCoy. Il est vrai qu'au 42e degré, les amateurs de Nanars pourront s'amuser d'un tel fatras, où les scènes sérieuses virent au comique, tandis que les humoristiques tombent à plat. Un épisode tellement idiot qu'il en devient une vraie curiosité pour connaisseurs. Anecdotes :
7. VERITAS Date de diffusion : 18 octobre 1968 Auteur : Jean L. Aroeste Réalisateur : Ralph Senensky Résumé : La Fédération mène une importante négociation de coopération avec les Médusiens. Cette espèce possède une navigation spatiale bien supérieure, mais est si hideuse que sa simple vue rend fous les êtres humanoïdes. L'Enterprise convoie Kollos, Ambassadeur des Médusiens, jusqu'à son mande natal. Il voyage dans un caisson pour ne pas être visible et est accompagné de Laurence Marvick, ingénieur terrien et de la télépathe aveugle Miranda Jones, chargés d'y établir une mission diplomatique. Marvick amoureux de Miranda et jaloux de sa relation avec Kollos regarde ce dernier par mégarde. Il sombre dans une folie qui va mettre en danger l'Enterprise. Pour résoudre la situation, Spock va se risquer à opérer une fusion mentale avec l'Ambassadeur. Critique : il s'avère difficile de ne pas remarquer à quel point les Médusiens empruntent aux navigateurs aux Navigateurs de la Guilde spatiale décrits dans le célèbre roman Dune, qui vient de remporter le prix Hugo en 1966 : difformités hideuses, vie en caissons, pouvoirs de navigation permettant de traverser le vide spatial à des vitesses incommensurables, etc. On s'y croirait, même si la copie n'est pas tout à fait conforme. Toute référence à l’Épice, ou autre substance similaire est effacée, cela deviendrait sans doute trop visible sinon. Outre cette gênante proximité, l'épisode souffre de reposer sur trop d’invraisemblances, comme la jalousie absurde de Marvick, qui s'ajoute au fait qu'il soit l'un des concepteurs de l'entreprise. Chaque personnage se voit lesté de caractéristiques trop manifestement conçues pour permettre au scénario de fonctionner, jusqu'à donner une impression globale d'artificialité. Les jalousies, coups de colères surjoués et péripéties énormes (L'Enterprise soudainement propulsée à l’extérieur de la Galaxie ?) pourraient donner des allures de Telenovela à l'épisode, mais la mise en scène vient au secours. Dans cette histoire évoquant la beauté comme étant, tout comme chez Rod Serling, dans l’œil de l'admirateur, un grand soins se voit apporté aux couleurs et à la photographie, avec plusieurs jolis effets chromatiques. Les angles de vue se montrent également agréablement sophistiqués. Quelques jolis moments d'émotions subsistent également, notamment grâce à la performance toute en sensibilité de Diana Muldaur. On apprécie également qu'une personne handicapée soit représentée de manière non misérabiliste ou larmoyante. Un épisode inégal, ne se situant pas parmi grands épisodes centrés sur Spock. Anecdotes :
Date de diffusion : 06 décembre 1968 Auteur : Joyce Muskat Réalisateur : John Erman Résumé : Afin d'évacuer deux scientifiques de la Fédération, l'Enterprise se rend dans un système dont le soleil est sur le point de se transformer en nova. Kirk, McCoy et M. Spock sont capturés par des aliens menant de cruelles expériences sur la résistance à la torture dans leur laboratoire souterrain. Les deux scientifiques en sont morts. Nos héros subissent à leur tour les supplices, mais font aussi connaissance avec Gem, une femme muette capable de totale empathie. Elle peut absorber la douleur et les blessures d'autrui. Gem est le véritable objet des expériences menées par les Aliens. Critique : On pourra reprocher à l'épisode les décors réellement minimalistes du laboratoire des Aliens (et des maquillages de ceux-ci, autant s'en passer). Cette fois le surréalisme venu au secours de l'étrange plateau de Spectre of the Gun, en début de saison, n'opère pas. Avec ces simples fonds noirs, la série ne peut plus guère guère cacher la misère. La violence parfois voyeuriste des scènes de torture semble excessive et en pas cadrer avec l'ensemble de la série, comme si cette émotion forte facile tentait de pallier au manque de spectacle. De plus il s'agit d'une énième version du marronnier voyant des Aliens tous puissants tester des sujets afin de vérifier s'ils méritent ou non leur intervention salvatrice. C'était déjà le cas dans Arena et Les Arbitres du Cosmos, en saison 1, entre autres. La seule relative nouveauté étant que cette fois ce n'est pas l'équipage (donc l'Humanité) qui se voit testé, mais Gem et son peuple. Et pourtant cet opus improbable se montre non dépourvu d'intérêt. En effet il sait mettre l'accent sur les protagonistes, domaine où le manque d'argent ne nuit en rien à la qualité d'écriture. A point particulièrement nommé, l'intrigue parvient ainsi à instaurer une véritable empathie entre le spectateur et Gem, personnage réellement tragique. Le surjeu savamment étudié de Kathryn Hays participe efficacement à ce résultant, aussi bien pour les attitudes corporelles que les expressions faciales. Mais l'on apprécie surtout que le fait que le trio vedette soit soumis à l'une de ses épreuves les plus cruelles depuis le commencement de la série serve à pleinement mettre en lumière leur vérité intime, ainsi que leur rôle au sein de la Trinité Star Trek. Kirk est l'âme de Star Trek, Capitaine et principe vital de l'action, là où Spock en est le cerveau rationnel et régulateur. L'un complète l'autre, formant une invincible mécanique, mais c'est bien McCoy qui forme le cœur de l'équipe. Parfois émotif, voire impulsif, toujours compatissant, entre deux Mint Juleps, le bon docteur reste celui qui établit un lien humain entre le spectateur et les deux surhommes à la tête de l'Enterprise. Par la scène du sacrifice, l'opus rend un bel hommage à cette dimension de McCoy. Par sa passion palpable pour les personnages comme pour leur relationnel, la jeune autrice non professionnelle qu'est Joyce Moskat se situe aux avant-postes de ces fanfictions allant accompagner le parcours des séries ultérieure. Anecdotes :
9. LE PIÈGE DES THOLIENS Date de diffusion : 15 novembre 1968 Auteur : Judy Burns et Chet Richards Réalisateur : Herb Wallerstein Résumé : L'Enterprise découvre l'USS Defiant, à la dérive au sein du territoire des Tholiens. Kirk se téléporte à bord avec une équipe d'intervention, et découvre que tout l'équipage est mort, après s’être visiblement entre-tué. Un phénomène énergétique déphase le Defiant dans l'espace-temps. M. Spock décide de maintenir l'Enterprise sur place afin de sauver le capitaine et ses hommes, bien que le phénomène de folie comme à toucher l'équipage. La situation se complique encore quand la flotte des Tholiens intervient pour enserrer l'Enterprise dans un immense filet énergétique et qu'une querelle oppose Spock à McCoy. . Critique : Comme, hélas, beaucoup d'autres épisodes de la saison 3, Le Piège des Tholiens forme une combinaison d'éléments déjà vus durant les deux premières. Une grande partie des péripéties a de ce fait comme un air de déjà vu : la réponse à un appel de détresse conduisant à un équipage entièrement mort (The Omega Glory, The Doomsday Machine), la confrontation avec une race alien très énervée et détentrice d'une technologie supérieure, un fléau s'abattant sur l'équipage et son état d'esprit, Kirk séparé de son cher vaisseau, etc. Tout ceci se suit sans déplaisir, mais sans guère d'enthousiasme non plus. Heureusement, comme dans toute série digne de ce nom, le relationnel vient au secours d'une intrigue peu relevée. Ainsi il reste absurde qu'en soi la cérémonie funèbre de Kirk se déroule en pleine crise, alors que M. Spock aurait aisément pu la remettre à un peu plus tard. Mais le passage des dernières volontés du capitaine reste très émouvant (même si l'on sait que bien entendu, il va revenir), alors même que, plus acerbe qu'à l'ordinaire, l'habituelle controverse entre Spock et McCoy pimente elle-aussi les débats. Visuellement l'épisode s'avère également une réussite, avec l'apparence menaçante des Tholiens, ou encore le mémorable effet spécial de leur grille énergétique, très en mode Space-Opera. Une nouvelle fois l'apport de la remastérisation de l'épisode apparaît très relatif là-dessus. L'emploi de lentilles focales lors de certains gros plans, pratique assez rare au sein de la série, est un pari gagné. Les tenues spatiales imaginées par William Ware Theiss participent également au spectacle, ainsi que les costumes d'une Uhura pouvant pour une fois échapper à la passerelle. Un esprit taquin pourra remarquer que quand elle déclare avoir vu le « fantôme » du capitaine, on la croit choquée, tandis que quand Scotty dit la même chose, tout le monde le croit. Mais il est qu'un second témoignage corroborant un premier semble toujours plus crédible. Un épisode beaucoup trop classique et prévisible sur le fond, mais se montrant convaincant sur la forme. Anecdotes :
10. AU BOUT DE L'INFINI Date de diffusion : 08 novembre 1968 Auteur : Rick Vollaerts Réalisateur : Tony Leader Résumé : Alors que McCoy découvre qu'il est atteint d'un mal incurable, l'Enterprise découvre qu'un astéroïde fonçant vers un monde habité est en fait creux et qu'il contient une population. Kirk, Spock et McCoy s'y téléportent et s'aperçoivent que les Fabrinis voyagent depuis si longtemps dans ce vaisseau, qu'ils le prennent pour leur monde. Ils vénèrent l'ordinateur le pilotant tel un dieu, le nommant l'Oracle. Mais en 10 000 ans l'Oracle est devenu défectueux. Kirk va devoir sauver les Fabrinis sans violer la Directive Première, tandis qu'une idylle se noue entre McCoy et Natira, la jeune prêtresse dirigeant la population au nom de l'Oracle. Critique : Les vaisseaux monde représentent l'un des plus vieux sujets abordés par la Science-fiction, d'autant plus intéressant qu'il s'agit d'un domaine où la littérature avoisine, peu ou prou, les recherches scientifiques. A travers plusieurs projets, ces migrations s'étendant sur un grand nombre de générations ont pu être théorisées comme un moyen de contourner les limites des vitesses atteignables par les vaisseaux, afin de pouvoir atteindre un autre système solaire pouvant abriter la vie. Peu de temps avant le lancement de la série, Robert A. Heinlein avait d'ailleurs remis le thème au goût du jour, avec la publication de son roman orphelins du Ciel, comme élément de sa grande Histoire du futur. Hélas, l'opus n'aborde que très superficiellement la question, préférant en revenir au recyclage d'éléments déjà vus lors des deux premières saisons. Ainsi un ordinateur devenu fou, s'en prenant à l'Enterprise et régnant tel un Dieu sur une société presque revenue à l'état de nature renvoie directement à La Pomme, en saison 2. Les dispositifs tueurs de l'ordinateur rajoutent, il est vrai, un élément supplémentaire de paranoïa. Pour le reste, le récit se borne à installer une énième romance, cette fois concernant McCoy et non l'inépuisable James T. Kirk, ce qui n’en bouleverse pas la donne. Si les amateurs de Chapeau melon et Bottes de Cuir retrouveront avec plaisir Kate Woodville (alors encore épouse de Macnee à la ville), il n'y a guère d'alchimie qui s'instaure entre elle et DeForest Kelley, peut-être du fait d'une trop rapide concrétisation. Que le livre des origines de l'Arche recèle le remède au mal incurable dont souffre McCoy pourrait servir d'épitomé à l'ensemble de ces énormes coïncidences caractérisant les productions des Années 60. Le recyclage de décors précédents devient également toujours plus visible. Anecdotes :
11. LA COLOMBE Date de diffusion : 01 novembre 1968 Auteur : Jerome Bixby Réalisateur : Marvin Chomsky Résumé : Répondant à l'appel d'une colonie humaine établie sur Béta XII-A, L'Enterprise ne trouve rien arrivée sur place, toute trace d'occupation a disparu. Peu après un vaisseau klingon arrive, après avoir subi une attaque dont il rend responsable l'Enterprise, tandis que Kirk estime qu'au contraire c'est lui qui a détruit la colonie. Un combat d'autant plus impitoyable débute à bord de l'Enterprise entre les équipages brusquement ivres de rage de Kirk et du Commandant Kang. Toutes les armes énergétiques sont subitement transformées en simples épées. Tout ceci est ourdi par une sinistre entité se nourrissant de la haine et de la violence qu'elle suscite. Critique : Avec La Colombe, la saison 3 poursuit inexorablement sa ré-écriture massive des deux précédentes, puisque l'on retrouve ici des pans entiers de l'intrigue de Un loup dans la bergerie (2-06). Les Klingons sont certes cette fois présent, mais ils servent surtout à dérouler une intrigue anti-militariste aussi sympathique que simpliste. Malheureusement il n'y a pas toujours de parti mauvais par essence et aisément repérable pour provoquer les conflits, la réalité s'avère régulièrement plus complexe et enchevêtrée que cela. Mais cela situe agréablement la série dans son époque de Flower Power. En cela, il acquiert une valeur testimoniale appréciable, nous illustrant la vision du phénomène de guerre qu'en avait le mouvement hippie alors à son zénith. D'un point de vue « historique », le début d'ouverture entre Fédération et Empire qu'inaugure l'épisode se verra exploité par la franchise, notamment avec le Lt. Worf de Next Generation. Les Klingons vont pleinement s'intégrer à l'univers Star Trek, au-delà de la posture de méchants de service et les Trekkies seront libres de les aimer (et de parler leur langage...). Il n'en aurait pas moins été davantage porteur que Klingons et Humains trouvent la voie de la paix en eux-mêmes, plutôt qu'en identifiant l'Alien néfaste. Dès lors tout s'ensuit avec une certaine confusion entre vrai refus de la voie guerrière et simple refus d'être manipulé. Les amateurs de Dallas apprécieront de retrouver Susan Howard, assez méconnaissable, dont la Donna reste il vrai l'un des bons souvenirs de la saga Ewing. Un esprit taquin pourra toutefois s'amuser de voir cette actrice aus sein d'un épisode profondément pacifiste, alors qu'elle deviendra bien plus tard un soutien affiché de la NRA au Texas. Le vrai atout de l'épisode demeure l'impressionnant Commandant Kang (excellent Michael Ansara), qui apporte une nouvelle figure de proue à l'Empire Klingon après Kor. Impitoyable, mais aussi rusé et amusant. On se surprend à bien aimer ce guerrier savoureux et féroce, ayant une vraie stature. On apprécie aussi que Mara soit l'officier scientifique des Klingons, et pas seulement l'épouse de Kang. Anecdotes :
12. LES DESCENDANTS Date de diffusion : 22 novembre 1968 Auteur : Meyer Dolinsky Réalisateur : David Alexander Résumé : L'Enterprise intervient sur Platonius, dont le dirigeant parmen est sur le point de mourir de maladie Les habitants de ce monde (qui ont vécu sur terre à, l'époque de Platon) ont en effet de grands pouvoirs psychiques, mais une très faible défense immunitaire. McCoy sauve Parmen et, si celui-ci se montre reconnaissant, il souhaite aussi que le docteur reste sur la planète. Après le refus poli de McCoy, les habitants vont faire vivre des épreuves humiliantes à Kirk, Spock, Chapel et Uhura, pour le forcer à changer d'avis. Le groupe va recevoir l'aide d'Alexandre, l'esclave nain de Parmen. Critique : Alexander, where I come from, size, shape, or color makes no difference. Cette belle déclaration de KirK à Alexandre synthétise l'aspect depositif de l'opus : l'acceptation de la différence, au-delà des préjugés. Le symbole en est bien sûr pour le fameux baiser inter-ethnique entre Kirk et Uhura, encore que, en termes de production, il a été précédé de celui entre William Shatner et France Nuyen dans Hélène de Troie, cette saison. Mais cela vaut aussi pour les handicaps, le nanisme d'Alexandre (venant rejoindre le mutisme de Gem (L'Impasse) et la cécité de Miranda (Veritas). Trois épisodes en une seule saison dédiés à une représentation positive des handicapés, bien peu de séries contemporaines à Star Trek peuvent en dire autant. Michael Dunn se montre une nouvelle fois parfait. En contrepoint, le portrait de Parmen autorise une critique des dangers de l'arbitraire. Et avec ceci, nous avons fait le tour, du principal, mais aussi unique, atout de l'épisode. Car, pour le reste, Les Descendants se résume à une série de sketchs assez pachydermiques consultant à ridiculiser encore et encore les protagonistes de la série. Le tout sans réel rapport avec Platon, qui n'en demandait pas tant, mais avec le surcroît de kitsch qu’autorise le décorum grec. On en avait déjà eu un avant-goût la saison dernière avec Pauvre Apollon, cela se confirme ici malgré de belles création,s dont l'échiquier géant à la Chapeau Melon. On reste assez confondu devant le caractère gratuit et répétitif de ces exercices de pilori, d'autant que les héros ne font que subir jusqu'à l'intervention salvatrice d'Alexandre. Au moins les épreuves subies par le Docteur et ses Compagnons face au Celestial Toymaster étaient-elles ludiques, et non un simple défilé d'idioties. On ne sait à quelle scène dédier le Prix du Nanar, peut-être au flamenco (danse grecque bien connue) dansé par Spock autour de Kirk, mais la concurrence est rude. Anecdotes :
13. CLIN D'ŒIL Date de diffusion : 29 novembre 1968 Auteur : Arthur Heinemann et Lee Cronin Réalisateur : Jud Taylor Résumé : Répondant à un appel de détresse émanant de la planète Scalos, l'Enterprise découvre ce qui semble être un monde désert. Suite à plusieurs phénomènes étranges survenus à bord, Kirk comprend que le métabolisme des Scalosiens leur permet de se déplacer à une hyper vitesse, les rendant invisibles pour l'équipage. Leur reine Deela mêle de l'eau scalosienne au café du Capitaine, ce qui permet un contact, même si Kirk devient aussi indécelable. Le belle Deela apprend alors à Kirk que son peuple va s'emparer du vaisseau. Par ailleurs, les membres masculins de l'équipage vont être mobilisés afin de pallier à la stérilité des Scalosiens mâles. Critique : L'idée d'espèces ou d'individus vivant à des rythmes différents rendant la communicabilité quasi impossible est une idée séduisante. Elle est également assez ancienne en Science-fiction, puisque, dès 1901 H. G. Wells y a recours dans sa nouvelle Le Nouvel Accélérateur et que DC Comics crée le Flash dès 1940. le thème présente néanmoins le mérite de ne jamais avair été mise en scène dans Star Trek jusqu'ici. Un choix qui tombait donc à pic pour une saison 3 jusque-là en panne d'idées nouvelles. Malheureusement cette tentative fait long feu, tant en en revient vite à des sentiers balisés : appel de détresse, tentative de détournement de l'Enterprise, nouvelle romance pour Kirk, etc. Cela se ressent d'autant plus fortement que ce récit essentiellement confiné à bord de l'Enterprise constitue un épisode bottle, hormis pour la charmante présence de Deela. Cette mesure d'économie (par définition les trucages ne coûtant pas bien cher ici) a pu être l'occasion pour des auteurs d'autres séries de compenser par un surcroît d'imagination, il n'en est rien ici. Par ailleurs le scénario présente plusieurs failles logiques, la plus gênante étant que le Temps semble s'écouler à la même vitesse pour l'équipage et les Scalosiens. Cela permet au scénario de fonctionner, mais, par exemple, le temps mis par M. Spock pour découvrir l'existence des Scalosiens (plutôt intelligemment, d'ailleurs) devrait être multiplié au bas mot plusieurs centaines de fois pour Deela, lui assurant la victoire. Évidemment le scénario de cesse de glisser là-dessus, de même que sur d'autres difficultés équivalentes. Si le spectateur procède pareillment, il pourra se laisser séduire par l'astucieuse mise en scène des Scalosiens (costumes masculins au-delà du kitsch, par contre), l'efficace collaboration entre McCoy et M. Spock, où la piquante relation, davantage explicite qu'à l'ordinaire, entre Deela et Kirk. Le charme de Kathie Browne ne saurait laisser indifférent, il faut bien l'avouer. Au final, un épisode distrayant, mais n'assumant pas suffisamment ses choix. Anecdotes :
14. LES SURVIVANTS Date de diffusion : 24 janvier 1969 Auteur : John Meredyth Lucas et Michael Richards Réalisateur : Herb Wallerstein Résumé : Une équipe menée par Kirk explore une planète aux grandes richesses géologiques. Mais une superbe jeune femme, Losira, apparaît et envoie l'Enterprise à 10 000 années lumières de ce monde. Elle s'attaque ensuite simultanément à l'équipe restée au sol et à l'équipage du vaisseau, abattant ses membres. La planète subit également un tremblement de terre. Kirk comprend que Losira est en fait un hologramme mortel envoyé par un ordinateur ancestral, chargé de défendre ce monde contre des envahisseurs. Critique : L'idée d'un « spectre » invincible traquant les membres de l'équipage aurait pu nous valoir un épisode trépidant ou horrifique. En substance, c'est déjà celle d'Alien pour le huis clos (pour la partie se déroulant dans l'Entreprise) et de Predator, en environnement hostile (pour celle au sol). Mais,peut-être par manque de budgets et de réels moyens de production mis à sa disposition, le scénariste ne sait sauver la tête des héros qu'en grevant Lostra de limitations toutes plus artificielles et frustrantes les unes que les autres. Pourquoi pas ne pouvoir tuer qu'une seule personne à la fois, mais devoir disposer pour cela de son nom, de son grade et de son matricule dans Starfleet apparaît assez ridicule et anti-climatique. Cette fois le relationnel ne vient pas aus cours de l'opus, tant M. Spock s'avère inutilement crispant, encore et encore. Par ailleurs, quand le pot aux roses est enfin découvert, celui-ci s'avère particulièrement décevant. On en revient à une énième histoire d'ordinateur déréglé prenant l'Enterprise pour un envahisseur (tout ça pour ça), avec un modus operandi pour le moins ahurissant. Utiliser des tremblements de terre comme moyen de défense semble relativement maladroit (litote), tandis que propulser un vaisseau littéralement à des milliers d'années-lumière de là résulte grandiloquent, y compris à l'échelle d'un Space-Opera. Un tel déferlement d'hyper technologie pour finalement échouer à protéger la population d'un virus, voici qui n'est guère emballant par les temps qui courent, mais c'est une autre histoire. Le plus triste demeure sans doute le sous-emploi de l'aussi excellente que sublime Lee Meriwether. Pour l'essentiel elle se voit cantonnée à des apparitions répétitives et peu développées, qui ne seront pas sans évoquer celles de Maitreya aux amateurs des X-Files. Un épisode où rien ne fonctionne vraiment, ni l'ordinateur, ni le scénario. Anecdotes :
15. LE DILEMME Date de diffusion : 10 janvier 1969 Auteur : Oliver Crawford et Lee Cronin Réalisateur : Jud Taylor Résumé : A bord d'une navette, Lokai demande l'asile politique à l'Enterprise. Il affirme être victime de persécution raciale sur son monde d'origine, Cheron. Peu de temps après un vaisseau de Cheron aborde l'Enterprise, le Commissionnaire Bele exigeant que Lokai lui soit remis. Kirk refuse et Bele lui explique que les traits de Lokai prouvent sa traîtrise : il a le visage noir à gauche et blanc à droite, inversement aux bons citoyens. Bele va tenter de s'emparer de l'Enterprise grâce à ses pouvoirs psychiques. Critique : On peut regretter la poursuite d'une certaine emphase bon marché dans l'écriture des scénarios. Lors de l'épisode précédent un ordinateur détraqué déplaçait l'Enterprise de 10 000 années lumières, voici que Bele poursuit Lokai depuis... 50 000 ans. A côté, notre Javert est un petit joueur. Tout cela est destiné à frapper l'imagination sans coûter un fifrelin en effets spéciaux, mais au moins la pirouette autorise ici la saisissante chute de l'intrigue. Par ailleurs Le Dilemme va démontrer suffisamment de qualités pour figurer parmi les quelques intéressants épisodes tardifs de Star Trek. Il constitue une parabole imagée et efficace des discriminations ethniques encore au combien présentes dans l'Amérique de la fin des années 60, mais aussi, de manière balancée une condamnation de la violence haineuse qui pourrait en résulter chez les opprimés. Ce cercle vicieux, hélas encore si présent aujourd'hui se voit ainsi pointé du doigt par une chute évoquant clairement celles de de La Quatrième Dimension. Cette morale de l'histoire ne nuit pas au spectacle,d 'autant que le scénario se montre bien plus original que bon nombre d'autres de la saison 3. Si les effets spéciaux demeurent tributaires du manque de budget étranglant désormais la production, les péripéties ne manquent pas. Le processus d'auto-destruction de l'Enterprise n'est pas foncièrement original, mais insuffle une vraie tension dramatique. Le rituel se verra d'ailleurs reproduit à l'identique lors du film Star Trek III : À la recherche de Spock, en 1984. Particulièrement saisissants, les maquillages appuient efficacement le message du récit, tout en demeurant très esthétiques. L'épisode nous vaut également le vif plaisir de retrouver la vivacité et l'expressivité du jeu de Frank Gorshin, qui, avec le Riddler composa l'un des meilleurs antagonistes de Batman 1966 (avec le Joker de César Romero). Anecdotes :
16. LA COLÈRE DES DIEUX Date de diffusion : 03 janvier 1969 Auteur : Lee Erwin et Jerry Sohl Réalisateur : Herb Installer et Jud Taylor (non crédité) Résumé : L'Enterprise vient apporter une importante livraison de médicaments à l''asile psychiatrique situé sur Elba II. Celui-ci contient les quinze derniers psychopathes criminels recensés dans la Fédération. Téléporté sur place avec M. Spock, Kirk découvre que les patients ont secrètement pris le pouvoir. Ils sont dirigés par Garth d'Izar, ancien prestigieux Capitaine de Starfleet. Il est devenu fou suite à un accident l'ayant défiguré, même si son corps a été reconstitué par des Aliens. Ce traitement lui a donné la faculté de changer d'apparence. Devenu un sosie de Kirk, il va tenter de s'emparer de l'Enterprise, mais pour cela il faut que le Capitaine lui révèle ses codes de commandement. Critique : Après la belle originalité de l'opus précédent, La Colère des Dieux retombe dans le travers de la saison 3 consistant à largement reproduire des scénarios des deux premières saisons. On retrouve ainsi de fortes convergences avec Les voleurs d'esprit (1-10), au détail près du fauteuil de torture. Cela se ressent d'autant plus fortement que ce dernier décor est resté le même qu'en saison 1, hormis quelques modifications de détail. L'élément nouveau que représente le pouvoir de métamorphe de de Garth revient simplement à installer une nouvelle de ces histoires de doubles dont les Années 60 auront été si friandes. Les différents retournements de situation liés aux identités d'emprunts de l'antagoniste sont installés sans guère de génie. A défaut de maladresses, les supposés twists émaillant l'action s'avèrent tous hautement prévisibles. On a également connu plus subtil comme approche de l'utopie représentée par la Fédération Unie des Planètes que cette révélation comme quoi son système de valeurs aurait empêché, ou quasi, toute apparition d'esprits déviés et criminels, la suite de la franchise reviendra d'ailleurs sur cet aspect assez grandiloquent. Que la criminalité et la folie soient décrites comme intimement liées laisse également sceptiques, idem pour l'idée qu'un médicament puisse avoir le m^me effet sur des êtres de différentes espèces, venus de diverses planètes. L'épisode retrouve des couleurs avec ses seconds rôles défendus avec une vraie conviction par leurs interprètes tranchant avec la médiocrité ambiante. On avouera un coup de cœur particulier pour Yvonne Craig, manifestant le même abattage que dans le rôle de l'éclatante Batgirl de la saison 3 de Batman 1966. Anecdotes :
17. LE SIGNE DE GÉDÉON Date de diffusion : 17 janvier 1969 Auteur : George F. Slavin et Stanley Adams Réalisateur : Jud Taylor Résumé : La Fédération mène des négociations compliquées afin de s'alleir à Gédéon, monde se présentant comme paradisiaque. Gédéon accepte la venue de Kirk comme unique Ambassadeur de la fédération. Téléporté, Kirk se retrouve au sein d'une Enterprise devenue déserte. Il y rencontre la belle Odona, qui affirme ne pas savoir comment elle est arrivée là. Pendant ce temps, la disparition de Kirk est signalée, mais Gédéon refuse l'ouverture d'une enquête. Kirk pressent qu'un sombre complot est à l’œuvre. Critique : La révélation de la vraie situation de Gédéon rejoint une préoccupation majeure se faisant jour à l'issue des années 60 (La tour des damnés, 1968): la crainte de la surpopulation mondiale. Cette inquiétude, qui va aller croissant au cours de la décennie suivante ne relève pas seulement de la Science-fiction, elle a concerné sociologues, économistes et futurologues, bien avant que l'alarme climatique, pourtant intimement liée n'occupe le devant de la scène On se souvient notamment d'un numéro de la vénérable émission L'Avenir du Futur (toute une époque), où le débat succédant à Soleil vert se révéla encore plus inquiétant que le film lui-même. On reconnaîtra à l'épisode de se situer aux avant-postes de cette thématique dont la Science-fiction allait s'emparer dans les années ultérieures. Dans la droite ligne d'une époque bien moins fondamentalement optimiste que ne le fut l'Age d'Or, les romans allaient en en effet fleurir sur le sujet : Billenium, 1970, Les Monades urbaines, 1971, Tous à Zanzibar, 1972, Soleil vert, 1973, etc. Malheureusement, cette valeur de témoignage que revêtira l'opus pour les amateurs de la petite histoire de la Science-fiction ne saurait occulter à quel point il bâcle son intrigue afin de pouvoir parvenir l'image de la population agglutinée autour du simulacre de l'Enterprise. Celle-ci crée effectivement une sensation, restée en mémoire de celui qui a découvert Star Trek voici bien longtemps, sur feue La Cinq. Mais pour y parvenir, que de trous béants dans le scénario, que de questions sans réponses ! Comment les dirigeants de Gédéon ont-ils pu détenir des plans aussi détaillés, au détail le plus infime près, de l'Enterprise ? A quoi sert au juste ce simulacre ? Troubler Kirk n'est guère convaincant pour fournir un tel effort. En quoi une possible romance avec Adona pourrait-elle inciter Kirk à demeurer sur Gédéon, alors même que le risque contagieux qu'il représente condamne la jeune femme à court terme ? Le manque de cohérence de l'histoire la fait s'effondrer, après un début très prometteur par son aspect énigmatique. Anecdotes :
18. LES LUMIÈRES DE ZETAR Date de diffusion : 31 janvier 1969 Auteur : Jeremy Tarcher et Shari Lewis Réalisateur : Herb Kenwith Résumé : Scotty tombe amoureux du Lieutenant Mira Romaine, jeune scientifique voyageant à bord de l'Enterprise, à destination de Memory-Alpha, la planète-bibliothèque de la Fédération. Une étrange tempête lumineuse frappe Memory-Alpha et en tue presque tous les habitants. Les lumières traversent également l'Enterprise, envoyant Mira à l'infirmerie. Elles sont en fait constituées de la force vitale des anciens habitants de Zetar, une planète désormais morte. Ceux-ci ont choisi Mira pour être leur nouveau réceptacle, mais Scotty veille au grain. Critique : Le scénario résulte pour le moins déséquilibré, consacrant énormément de temps à l'élucidation de la véritable nature des lumières, pour ensuite résoudre le problème de manière aussi expéditive que simpliste : mettre Mira dans un caisson de confinement, afin que la pression chasse les lumières de son corps, ce qui les ait mourir. Étonnant que personne n'ait encore pensé à cela pour vaincre le Covid. Malheureusement le récit va similairement gâcher les différentes opportunités qu'il contenait en germe. Au total ce qui aurait pu devenir une histoire d'épouvante via l'équivalent d'une possession démoniaque, ou le portrait fort d'une héroïne face à l'Inconnu, devient une longue et bavarde exposition, agrémenté d'une romance charmante en soi mais aussi très passe-partout. Les motivations des lumières demeurent floues et, du fait d'une production exsangue, la bonne idée d'une Planète-bibliothèque ne se voit guère exploitée. Jouée avec naturel par Jan Shutan, Mira se montre certes vive et attachante mais ne va pas beaucoup plus loin que la posture classique de la damoiselle en détresse sauvée par son preux chevalier. On reconnaîtra toutefois à l'épisode de l'exempter des clichés misogynes parfois vus chez Roddenberry. De même la mise en scène bénéfice du joli effet spécial des lumières, d'autant qu'elle sait jouer des beaux yeux de Mira en effet reflet. Les amateurs du Doctor Who moderne pourront évidemment s’amuser des convergences existant avec l'épatant double épisode Silence in the Library / Forest of the Dead de Steven Moffat (4-08-09), avec son autre Planète-bibliothèque où le péril provient cette fois non pas des lumières, mais des ombres. Mais, quel que soit la sympathie que nous inspire Mira Romaine, il reste patent qu'elle ne fera précisément pas d'ombre au Pr. River Song. Anecdotes :
19. NUAGES Date de diffusion : 29 février 1969 Auteur : Margaret Armen Réalisateur : Jud Taylor Résumé : Afin de stopper une épidémie, l'Enterprise doit se faire livrer une importante cargaison de Zénite, minerai extrait du sol de la planète Ardana. Toutefois Kirk découvre que les habitants du sol de la planète sont en rébellion, car exploités par ceux vivants dans la cité volante de Stratos. Kirk va devoir trouver une solution de justice, mais aussi permettant que la Fédération obtienne ce dont elle a besoin. Droxine, fille du dirigeant de Sartros est fascinée par M. SPock, mais sa servante Venna est secrètement la cheffe des rebelles. Critique : Du Métropolis de Fritz Lang aux plus récents Elysium, Upside-Down ou Hunger Games, l’épisode se situe de plain-pied dans cette tradition de films utilisant les ressources de la Science-fiction afin de présenter de manière particulièrement frappante l'opposition de classes entre riches et pauvres. Ici comme ailleurs, e propos y gagne parfois en suggestivité ce qu'il perd en complexité, même si pas obligatoirement en véracité. Au sein d'un Network des Années 60, le constat de l'exploitation sociale dressé par Star Trek apparaît certes en avance, mais demeure malgré tout très américain. En effet, assez logiquement utopiste dans le cadre, de la série, l'épisode exprime clairement que le progrès technologique (ici apporté par la Fédération) viendra apaiser la confrontation et solutionner toutes les difficultés. Il s'agit d'une pensée très présente Outre-Atlantique, faisant qu'encore aujourd’hui une bonne partie de la population y pense que la science résoudra le problème dur échauffement climatique, sans qu'il y ait à changer le fameux mode de vie. L'épisode déçoit en préférant s'en remettre à une vision idéalisée du progrès technique plutôt qu'en recherchant une solution sociale à sa problématique, tout en défendant l’interventionnisme pour la bonne cause (du point de vue de la grande puissance). On peut également s'étonner qu'avec un tel système Ardana, ait pu intégrer la Fédération. Avec la cité des nuages, l'opus nous vaut toutefois une nouvelle jolie création de Matt Jefferies. Celui-ci excelle toujours à créer de suggestifs décors, mais aussi à budgets minimalistes ! Pour le reste il demeure un épisode mineur, lesté par une romance improbable de M. Spock, contraire au personnage et g lobalement inutile. La relation entre vanna et Kirk fonctionne mieux, mais n'est jamais qu'une ligne de plus sur la liste du Capitaine. Il reste dommage de centrer l'action sur deux personnages féminins, pour ensuite les cantonner largement à des flirts. Anecdotes :
20. LE CHEMIN D'EDEN Date de diffusion : 21 février 1969 Auteur : Arthur Heinemann et Michael Richards Réalisateur : David Alexander Résumé : Un groupe de jeunes idéalistes menés par un scientifique, le Dr. Sevrin, s'est emparé d'un vaisseau de la fédération. A son bord, ils recherchent la mythique planète Eden, mais sont interceptés par l'Enterprise. Kirk doit faire preuve de diplomatie, car parmi eux se trouve Tongo Rad le fils de l'Ambassadeur de Catualla, avec qui la Fédération mène d'importantes négociations. De plus M. Spock se montre intéressé par les théories de Sevrin et aide à localiser Eden. La planète se situe dans l'Empire stellaire romulien. Critique : Disons-le, cet épisode est une pochade. L'entrée en scènes des Hippies dans l'Espace sert essentiellement à multiplier les clichés sarcastiques, mais surtout embarrassants, autour de ce mouvement. A l'époque de Roddenberry, Star trek en avait eu une approche bien plus intéressante et équilibrée, lors d’Un coin de Paradis (1-25). Si mouvement a effectivement connu des excès, il fait ici d'une écriture à charge pesante, sans qu'aucun membre du groupe ne viennent installer un contrepoint. Les hippies dans l'Espace aont aussi droit aux costumes et maquillages parmi les plus hideux de la série, sans doute par envie de les ridiculiser. De fait l'épisode est aussi une purge visuelle. L'épisode ne bénéficiant pas de la contextualisation que mettra en place, bien plus tard, le film Star Trek V : L'Ultime Frontière, le soudain intérêt de M. Spock pour la fumeuse théorie d'Enen (ou Katmandou) paraît déconnecté du personnage, de même que son soudain attachement au groupe. Tout ceci ne semble être là que pour apporter un prétexte aux pénibles scènes de chansons. Il reste aussi gênant de voir des gens présentés comme des zozos parvenir à s'emparer de l'Enterprise, là où tant d'autres redoutables adversaires se sont cassés les dents. La manipulation de Chekov par Irina rejoint d'ailleurs les clichés misogynes autour de la femme séductrice, pour le coup déjà présent sous Roddenberry. Avec Sevrin en Gourou, Tongo en détestable chef opérationnel du groupe et les imbéciles manipulés (dont plusieurs ex étudiants), les antagonistes évoquent leurs équivalents de L'Économe et le Sens de l'histoire. Cet épisode de Chapeau Melon et Bottes de Cuir (4-24) peut aussi s'analyser comme une charge des tenants de l'Establishment contre les tenants de la Contre-culture, reste néanmoins clairement meilleur à cet opus, parmi les plus faibles de Star Trek. Anecdotes :
21. REQUIEM POUR MATHUSALEM Date de diffusion : 14 février 1969 Auteur : Jerome Bixby Réalisateur : Murray Golden Résumé : Afin de contrer une épidémie s'étant déclarée à bord de l'Enterprise, Kirk, Spock et McCoy se téléporte sur la planète Holberg. Celle-ci n'est habitée que par un vieil ermite, Flint, et sa pupille Rayna. Celle-ci convainc Flint de fabriquer du Ryetalyn, seul antidote connu conte la maladie. Une romance n’ait entre elle et Kirk tandis que les visiteurs s'étonnent de la collection d'art contenue dans le superbe palais de Flint : elle contient plusieurs tableaux de Léonard de Vinci. Qui est réellement Flint, et que trame-t-il en secret ? Critique : On peut regretter que le prétexte du remède nécessaire contre une épidémie soit exactement le même que lors du récent Nuages, ou que Kirk soit à ce point dévasté par la mort de Rayna, alors que celles de Miramance et Edith Keeler l'avaient laissé bien davantage de marbre, après des romances autrement plus durables et marquantes. Autant de discordances soulignant sans doute que D.C. Fontana ne veille désormais plus au grain à la supervision des scénarios. Flint, Rayna et M4 (pour Robbie the Robot) ne sont pas non plus sans évoquer le trio du grand classique de la Science-fiction au cinéma qu'est Planète interdite (1956), mais cela reste suffisamment distancié pour ne pas gâcher le plaisir. Mais, pour le reste, on se régale, tant Requiem pour Mathusalem demeure la bonne surprise des épisodes tardifs de Star Trek. De fait, il constitue certainement le meilleur opus de sa saison. L'intrigue et la peinture des caractères utilisent ainsi habilement l'inusable thème de l'immortalité. Comme dans la plupart des meilleurs récits, aussi bien pour la Science-fiction que pour le Fantastique, celle-ci s'avère aussi bien une bénédiction qu'une malédiction. Malgré tous ses complots on prend ainsi réellement en commisération Flint et son parcours, d'autant que l'émotion se voit accrue par la belle prestation de James Daly (déjà excellent sur ce registre dans l'inoubliable Arrêt à Willoughby de La Quatrième Dimension). Louise Sorel défend aussi avec vivacité le rôle attachant de Rayna, vive d'esprit et si positive. On apprécie que Kirk ne la considère jamais comme sa propriété, à l'inverse de Flint. L'attachement de Spock à Kirk est également émouvant, l'épisode aura décidément manifesté une vraie empathie avec ses différents protagonistes, à côté d'un récit très prenant. Décidément, jusqu'au bout Jérôme Bixnby se sera révélé l'un des meilleurs auteurs de Star Trek. Anecdotes :
22. LA FRONTIÈRE Date de diffusion : 07 mars 1969 Auteur : Gene Roddenberry et Arthur Heinemann Réalisateur : Herschel Daugherty Résumé : Alors que l'Enterprise croise autour de la planète Excalbia, l'équipage a la surprise de découvrir Abraham Lincoln flottant à proximité du vaisseau. Il demande à être téléporté à bord et s'avère être une invitation envoyée par un habitant de la planète. Celui-ci désire éprouver les notions terriennes du Bien et du Mal. A cette fin, il organise un combat à mort entre, pour le Bien, Kirk, M. Spock et les représentations de Lincoln et Surak. L’inspirateur des Vulcains, et, pour le Mal, les représentations de Gengis Khan, du Klingon Kahless et de deux criminels de la Fédération, Zora et Green. Si Kirk refuse, la créature menace de détruire l'Enterprise. Critique : L'apparition surprise de Lincoln en début de récit produit indubitablement son effet, d'autant que l'insolite se voit efficacement relayé par l'humour des dialogues et la qualité d'interprétation de Lee Bergere. On oublie assez vite que l'on se trouve devant une représentation artificielle du Président, pour se laisser aller au plaisir de ces rencontres historiques qu'autorise la Science-fiction, comme déjà Doctor Who ou Au cœur du Temps à la même époque. Un moment d'émotion particulier apparaît bien entendu lors de la rencontre Uhura et Lincoln, une élégante manière de conclure le parcours lui aussi historique (pour la télévision) de Nichelle Nichols dans Star Trek. On peut y reconnaître la griffe de Gene Roddenberry, qui renoue avec le meilleur de sa série à l'occasion de son unique participation directe à la saison 3, même si le scénario fut écrit bien auparavant. Malheureusement, par la suite, le combat dépeint par l'épisode apparaît singulièrement naïf, malgré son amusant côté précurseur de Battle Royale et de Mortal Kombat. On ne voit pas pourquoi ni comment une lutte à mort pourrait trancher d'une controverse philosophique entre bien et mal. Il devient absurde de considérer Lincoln comme un combattant, lui dont la lutte fut politique et morale, et que Surak est le pacifisme incarné. L'amateur de séries historiques aurait sans doute préféré découvrir d'autres figures de notre passé, plutôt que des personnages de la franchise sortis du chapeau, et que l'on ne reverra pas avant longtemps (35 ans pour Surak). C'est d'autant plus vrai que le seul autre personnage historique, Gengis Khan, demeure clairement sous-employé, on lui préférera la version délicieusement saugrenue des Legends of Tomorrow, dans Mortal Khanbat (5-05). Globalement, la faction du Mal manque de saveur et d'intérêt. Par ailleurs, le manque de moyens de la réalisation empêche l'affrontement d'avoir vraiment du souffle, et l'on ne fait que recycler ici l'un des marronniers de la série. Reste la bonne idée de laisser le spectateur trancher si Surak est dignement mort pour ses idées pacifistes, ou alors simplement inutilement, comme l'estime M. Spock. . Anecdotes :
23. LE PASSÉ
Date de diffusion : 14 mars 1969 Auteur : Jean Lisette Aroeste Réalisateur : Marvin Chomsky Résumé : Kirk, Spock et McCoy se téléportent sur Sarpeidon, planète abritant une civilisation ayant atteint une très haute technologie, mais désormais menacée par la transformation prochaine de son soleil en supernova. Ils découvrent que le seul résident des lieux est désormais le Bibliothécaire Atoz. Celui-ci a sauvé toute la population en l'expédiant dans le passé, grâce à son invention, l'Atavachron. Involontairement, les membres du trio sont projetés à différentes époques de l'Histoire de Sarpeidon et doivent entamer un difficile retour. Critique : Arrivée presque à son terme, la saison 3 continue à recycler les deux précédentes, puisqu'on retrouve ici une intrigue en définitive très proche de celle Contretemps (1-28), avec la circonstance aggravante que, si les aventures de nos héros s'avèrent divertissantes, elles ne suscitent nullement l'écho du chef-d’œuvre d'Harlan Ellison. On peut aussi regretter plusieurs naïvetés, comme une civilisation hautement technologique incapable de prévoir plus tôt le changement de son soleil en supernova, ou supposer qu'un tel transfert massif de population ne va nullement bouleverser la causalité. On se peut aussi se demander comment la seule Enterprise allait bien pouvoir évacuer toute une planète. Ces réserves posées, on peut s'amuser du côté aventureux du voyage temporel de nos amis, chaque époque visitée s'accompagnant de péripéties se regardant sans ennui. Évidemment le passe de Sarpeidon ressemble beaucoup à celui de la Terre, afin de pouvoir recycler les costumes et décors des studios, mais on en a désormais l'habitude dans Star Trek. L'aller et retour de Kirk dans une période très à la Angleterre puritaine de Cromwell, avec l'inévitable accusation de sorcellerie, évoque joliment les épisodes de ce genre dans Doctor Who. Toutefois le segment demeure trop abrégé, le capitaine ayant aussi à régler la situation avec le pittoresque Bibliothécaire Atoz, une savoureuse rencontre. On préfère encore les tribulations de McCoy et Spock à l'ère glaciaire, d'autant que l'astucieuse idée d'une époque déteignant ses visiteurs fait régresser Spock à époque où Vulcain était encore sauvage. D'où une nouvelle superbe prestation de Nimoy, avec un Spock enfin libre d'extérioriser ressentiments, et de tomber amoureux de la charmante Zarabeth, sans pour autant être infidèle au personnage. La grotte où réside la très sexy jeune femme n'est pas sans vaguement évoquer le vaisseau de Barbarella, so Sixties. La séparation des deux amants se montre étonnamment mélancolique, d'autant que Spock redevient vite lui-même, comme une porte qui se referme ; on aime que l'épisode ait consacré suffisamment d'espace à ce segment réussi, quitte à, pour une fois, sacrifier les habituelles scènes de l'Enterprise. Un épisode somme toute réussi, qui aurait permis de conclure dignement la série. Anecdotes :
24. L'IMPORTUN
Date de diffusion : 03 juin 1969 Auteur : Arthur H. Singer et Gene Roddenberry Réalisateur : Herb Wallerstein Résumé : L'Enterprîse répond à l'appel de détresse émis par une mission scientifique établie sur camus II, dont les membre sont en train de mourir du dit de radiations mortelles. Elle est commandée par Janice Lester, ancienne petite amie de, Kirk à l'Académie de Starfleet. Quand Kirk arrive sur les lieux, les scientifiques sont presque tous morts et Lester agonise. Mais il s'agit d'un piège tendu par celle-ci. Elle a assassiné ses collègues et, grâce à un artefact alirn, échange son esprit avec celui de Kirk, qu'elle hait et jalouse car elle n'a jamais obtenu le commandement d'un vaisseau. Désormais dans le corps de Kirk, elle souhaite commander l'Enterprise, mais pour cela doit achever le Capitaine. Critique : Avec L'Importun (excellent titre français, au combien), Star Trek rejoint la trop longue liste de séries se concluant par un épisode indigne d'elle. Toutes les bonnes choses... aura épargné cette infortune à Next Generation, avec son incontournable ultime confrontation entre Q et Picard, de quoi rendre envieuse la série originelle. A défaut d'être foncièrement originale, l’idée de l'échange des corps peut susciter d'excellents épisodes. Cela a notamment été le cas pour Chapeau Melon (Qui suis-je ???), mais aussi pour Buffy contre les Vampires, avec l'excellent Une revenante. Les motivations de Faith ne sont d'ailleurs pas si différentes de celles de Lester : ressentiment, jalousie, mais aussi sentiment profond d'échec et de vacuité d'une vie. Mais là où Faith, à l'instant fatidique, s'avérait digne de sa mission de Slayer en un premier pas vers la rédemption, Lester connaît un échec aussi bien moral que factuel pour une unique raison, martelée durant le récit : elle n'est qu'une femme, donc par essence incapable de diriger un vaisseau comme l'Enterprise. Tout au long de Star Trek, une certaine misogynie de l'écriture s'est faite jour pour de nombreux personnages féminins, et il demeure particulièrement dommageable de voir cette série s'achever précisément sur l'opus portant cette tendance à son zénith. On ne peut que regretter que Star trek, en avance par tant d'aspects sur les séries de son temps, ne l'ait pas été davantage sur ce point-là. Même si cela ne fait pas oublier Uhura, Number One et quelques autres (dont la Commandante romulienne). On doit également louer la performance de William Shatner et de Sandra Smith, très convaincants dans un exercice d'inversion des personnalités n’étant jamais aisé. On apprécie également la loyauté et la perception de Spock, assez comme l'aura démontré Giles chez Joss Whedon. Même si cela reste assez classique en soi dans les séries de l'époque et que le rideau est tombé plus vite que prévu, on aurait malgré tout aimé éprouver un peu plus qu'il s'agit du final. La scène rajoutée lors de la remastérisation, tombe à pic, voyant l'Enterprise s'éloigner pour poursuivre ses voyages. L'aventure Star Trek ne fait que commencer. Anecdotes :
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