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PrésentationSaison 2

Suspicion - The Alfred Hitchcock Hour

Saison 1

1. A Piece of the Action – Inédit en France

2. Chez les fous (Don't Look Behind You)

3. Le Chantage (Night of the Owl)

4. J’ai tout vu (I Saw the Whole Thing)

5. Le Traquenard (Captive Audience)

6. Final Vow – Inédit en France

7. Annabelle (Annabel) – Inédit en France

8. Le Sauveteur (House Guest) – Inédit en France

9. The Black Curtain – Inédit en France

10. L’autre homme (Day of Reckoning)

11. Ride the Nightmare – Inédit en France

12. Hangover – Inédit en France

13. Bonfire – Inédit en France

14. The Tender Poisoner – Inédit en France

15. Le 31 février (The Thirty-First of February)

16. What Really Happened – Inédit en France

17. Brouillard (Forecast: Low Clouds and Coastal Fog)

18. A Tangled Web – Inédit en France

19. To Catch a Butterfly – Inédit en France



1. A PIECE OF THE ACTION
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 20 septembre 1962

Auteur : Alfred Hayes, d’après une histoire originale d’Oliver H.P. Garrett 

Réalisateur : Bernard Girard

Duke, homme d’affaires prospère et heureux en ménage, est également un joueur invétéré de poker. Son addiction finit par menacer son mariage. Il décide d’arrêter, d’autant que son rival, le gangster Ed, se montre agressif. C’est alors que Chuck, le jeune frère de Duke, s’avère lui aussi atteint par la passion du poker, au péril de sa carrière d’avocat. Duke va imaginer un complot afin d’empêcher Chuck d’aller plus loin, le faire plumer par Ed, mais les conséquences vont s’en avérer inattendues.

L’anthologie débute par un épisode mineur. Le récit souffre en effet dès le départ d’une volonté trop manifeste de mettre en garde contre la passion du jeu, une intention certes louable, mais rendant vraiment le scénario trop démonstratif. Une semblable mésaventure était également survenue à The Twilight Zone, avec The Fever (saison 1), au résultat équivalent. Mais le recours à un Fantastique sensationnaliste se voit ici remplacé par une chronique familiale passablement mélodramatique. Les événements se montrent très prévisibles, jusqu’à un final sombrant dans le larmoyant. Par ailleurs on ne croit absolument pas à l’idée selon laquelle Duck, afin de stopper le parcours dangereux entrepris par son frère, précipiterait ce dernier dans les bras d’un dangereux gangster. D’autant plus qu’il sait qu’Ed a déjà tué des partenaires du jeu. Tout ceci demeure forcé, d’autant que l’intrigue n’explique jamais vraiment pourquoi Duck ne révèle pas la vérité à son frère sur sa propre addiction et ses conséquences néfastes.

Le spectateur doit aussi subir d’interminables scènes de poker, aux rebondissements visibles à des kilomètres. Au moins s’agit-il du poker classique, peut davantage suivre que durant Casino Royale. On appréciera une réalisation élégante et offrant quelques intéressantes perspectives sur le Californian Way of Life aisé du début des Sixties. Par ailleurs, si Robert Redford n’a guère matière à exprimer son talent, la distribution se montre de qualité, avec un Gene Evans parfaitement à son affaire dans le rôle du pittoresque et brutal Ed. l’ensemble se voit dominé par la très convaincante prestation de Gig Young, acteur talentueux qui apporte autant à l’opus que lors du Walking Distance de The Twilight Zone. La concomitance avec son destin personnel, l’alcool se substituant au jeu, vaut au récit une dimension émotionnelle supplémentaire.

  • Robert Redford (Chuck) se situe ici à l'orée de sa carrière, encore très télévisuelle (Maverick, Les Incorruptibles, La Quatrième Dimension…), avant de devenir l'une des plus grandes stars d'Hollywood : Butch Cassidy et le Kid (1969), Les Trois Jours du Condor (1975), Out of Africa (1985), Et au milieu coule une rivière (1992)…

  • Gig Young (Duke) débuta sa carrière au cinéma durant les années 40, où il jouait souvent les faire-valoir du héros. Le succès vint durant les années 50 et60  (On achève bien les chevaux, 1969), notamment par la télévision qui le fit connaître à travers de nombreuses séries (Warner Bros. Presents, Alfred Hitchcock Présente, La Quatrième Dimension…). Au moment du tournage de l'épisode, Gig Young se situe au faîte de sa popularité et est également l'époux d'Elisabeth Montgomery. Malheureusement il sombre dans l'alcoolisme, ce qui ruine sa carrière et détruit son mariage, en 1963. Le 19 octobre 1978, il abat sa cinquième épouse avant de se suicider.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

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2. CHEZ LES FOUS
(DON'T LOOK BEHIND YOU)

Date de diffusion : 27 septembre 1962

Auteur : Barre Lyndon

Réalisateur : John Brahm

La terreur règne sur  un campus universitaire, où depuis peu un maniaque poignarde de jeunes femmes. Un soir, il tente de  s’en prendre à Daphné, étudiante en médecine, alors que celle-ci se rendait à une soirée. Daphné parvient juste à temps à rallier la maison où se tient la réunion, bientôt rejointe par plusieurs hommes qui pourraient être le coupable : un médecin inquiétant, un trouble musicien, un professeur visiblement très épris d’elle, voire son propre fiancé, étudiant en psychologie fasciné par les tueurs en série. Celui-ci propose à Daphné de tendre une embuscade à l’assassin, où elle servirait d’appât. 

Cet épisode, au titre original qui plaira aux amateurs de l’époque Cathy Gale des Avengers, se révèle un excellent récit d’atmosphère. L’intrigue joue à plein sur l’effet produit par la malheureuse Daphné cernée par un groupe d’individus tous passablement psychotiques et potentiellement dangereux, un élément souligné avec une certaine vulgarité tapageuse par le titre français. La mise en scène relaie puissamment cet aspect, avec sa photographie soignée et quasi onirique. Le tournage en décors mis en valeurs par d’astucieuses perspectives accentue encore cette dimension cauchemardesque, de même qu’une musique parfaitement choisie. Les psychologies pour le moins troublées des joyeux drilles assemblés en cette fatidique  soirée, s’exprime par des dialogues certes volontiers déclamatoires, mais qu’une interprétation judicieusement exaltée exempte de ridicule. On se croirait par moments chez Poe, notamment lors de l’évocation des plus fameux serial killers de l’histoire. Déjà remarquable lors de l’épisode Mirror Image de The Twilight Zone, la talentueuse Vera Miles incarne avec brio une lumineuse Daphné, dont l’éclat et la tempérance contrastent éloquemment avec les prédateurs.

Malgré ces indéniables qualités, la réussite de l’opus demeure imparfaite. Pour devenir parfaitement efficace, le récit aurait du pleinement s’incarner, au lieu de se positionner en simple exercice de style, ce qu’à quoi contribue le manque de crédibilité de l’université présentée. On se croirait davantage chez Agatha Christie, avec ces étudiants manifestement trop âgés et ce milieu universitaire décrit comme très aristocratique. A peine un peu plus d’un an après la diffusion de l’épisode, Berkeley sera devenu le centre d’un mouvement contestataire qui marquera la décennie, une ébullition en cours qui n’est ici évoquée qu’au détour d’une phrase élusive. Par ailleurs le scénario reste assez statique, se limitant souvent à des dialogues entre Daphné et les suspects, sans que l’action n’avance le moins du monde, jusqu’à un final largement prévisible. Surtout Daphné se limite à un simili MacGuffin : elle n’accomplit absolument rien de tout l’épisode, se contentant de converser et de suivre les indications de son fiancé. Un personnage féminin aussi passif et docile correspond sans doute aux conventions du temps, aujourd’hui il détonne. 

  • Vera Miles (Daphné) débute au cinéma  au commencement des années 50 avant d'accéder à la célébrité avec La Prisonnière du désert (1954). Elle devient la nouvelle muse  d'Alfred Hitchcock, succédant à Grace Kelly (Pilote d’Alfred Hitchcock Présente, 1955 ; Le Faux Coupable, 1956 ; Psychose, 1960). Enceinte, elle dut renoncer à Sueurs froides (1958). Par la suite elle retourna au Western (L'Homme qui tua Liberty Valence, 1962) avant de collaborer longuement aux films de Disney. Durant les années 70 et 80 elle s'orienta vers les séries télé (Columbo, Les Rues de San-Francisco, Magnum, Arabesque, La Petite Maison dans la Prairie...). 

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3. LE CHANTAGE
(NIGHT OF THE OWL)

Date de diffusion : 4 octobre 1962

Auteur : Richard Fielder, d’après un roman End of the Track, d’Andrew Garve

Réalisateur : Alan Crosland, Jr.

Jim Mallory, un garde forestier, vit heureux en famille, avec son épouse et leurs deux filles, dont l’une, Anne, a été adoptée à 3 ans. Soudain un étranger se présente à Jim, se faisant passer pour un révérend. Or il s’agit d’un maître-chanteur, connaissant le terrible passé d’Anne.  Son père a jadis battu à mort sa mère, avant de se prendre en prison. L’inconnu menace de révéler cette déstabilisante vérité à la jeune fille, à moins que Jim ne lui verse une importante somme d’argent. Mais Jim ne va pas réagir comme il le prévoyait.

L’épisode constitue une éloquente démonstration du savoir faire narratif d’Andrew Grave, nom de plume du prolifique écrivain britannique que fut Paul Winterton. Sans s’immerger dans les abîmes introspectifs du Roman noir, il écrivit néanmoins de nombreux récits policiers ou d’espionnage parfaitement efficaces. Cette habileté se retrouve dans cette intrigue jouant efficacement de plusieurs ressorts. La narration introduit un suspense, certes ne débordant pas d’originalité, mais se montrant palpable quant à la résolution de la crise et sachant le prolonger jusqu’à son terme. Introduire deux maîtres chanteurs, le second autant brutal et psychotique que le premier se montre cauteleux et madré, permet une relance efficace de l’intrigue. On se retrouve de fait non pas face à une seule histoire s’étirant sur 50 minutes, mais à deux récits nerveux et denses.

L’aspect psychologique relaie également avec habileté l’événementiel, avec des personnes plus ambivalents que le portrait initial d’une idyllique famille américaine. Sans jamais le déclarer ouvertement, la mère établit une distinction entre ses filles naturelle et adoptive. L’interrogation selon laquelle la personnalité d’Anne pourrait être influencée par son hérédité date le récit mais apporte un enjeu supplémentaire. Le grand atout de l’opus demeure par ailleurs la bouleversante prestation de Brian Keth, débordant d’amour et prêt à tout pour sauver celle qu’il considère comme sa fille à part entière. Cette dimension paternelle  revêt une résonnance particulière vis à vis de son parcours personnel. On pourra regretter une conclusion trop précipitée et une réalisation très classique, mais l’épisode  demeure prenant de bout en bout.

  • Brian Keith (Jim) aura précédemment participé à pas moins de quatre épisodes d’Alfred Hitchcock présente. Il connaît une longue double carrière au cinéma et à la télévision, notamment dans les Westerns. Keith reste avant tout connu pour le rôle de Bill Davis dans la série Cher oncle Bill (1966-1971). Il se suicide en 1997, deux mois après que sa fille ait elle-même mis fin à ses jours.

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4. J’AI TOUT VU
(I SAW THE WHOLE THING)

Date de diffusion : 11 octobre 1962

Auteur : Henry Slesar, d’après une histoire d’Henry Cecil

Réalisateur : Alfred Hitchcock

Cinq témoins assistent à la collision d’une moto par une voiture ayant brûlé un stop et dont le pilote prend la fuite. L’auteur de romans policiers Michael Barnes  vient néanmoins se livrer à la police le lendemain, affirmant que c’est la moto qui l’a percuté, alors qu’il était à l’arrêt. Le conducteur de cette dernière et Barnes est alors poursuivi pour homicide. Il décide d’assurer sa propre défense lors d’un procès durant lequel il va mener bataille face à des accusateurs dont il pointe les contradictions.

Henry Cecil Leon, comme bon nombreux d’auteurs autant été adaptés par l’anthologie, est Britannique, l’influence d’Hitchcock n’y étant sans doute pas pour rien.  Lui-même un ancien juge, Cecil écrivit des romans procéduraux mettant habilement en valeur le système judiciaire anglais, qui plurent au Maître du Suspense. Durant les années 50, celui-ci tenta d’ailleurs vainement d’adapter l’une de ses œuvres au cinéma, No Bail for the Judge. Cet acte manqué explique vraisemblablement que cet épisode ait été retenu par Hitch pour son unique mise en scène de la série, d’autant que parmi les cinq témoins on retrouve des personnages récurrents de Cecil, tels l’autoritaire colonel à la retraite ou le pittoresque alcoolique.

Malheureusement ce choix s’avère décevant, car le réalisateur n’a aucunement l’occasion de mettre en valeur son talent lors de ce récit judiciaire au huis clos ne donnant lieu qu’à des postures vues maintes et maintes fois. On ne se situe jamais au-dessus de la moyenne des séries judiciaires, hormis lors de la scène de l’accident, astucieusement évoquée via les réactions horrifiées des témoins, sans que l’évènement lui-même soit directement vu à l’écran. Pour le reste Barnes manifeste une telle supériorité intellectuelle, que l’on n’éprouve jamais le moindre suspense quant à l’issue du procès.

De fait, la chute finale concerne plutôt la vérité ultime de sa culpabilité, avec une révélation très prévisible. Le format court aurait sans doute mieux convenu à l’intrigue : d’abord ludiques, les témoignages et autres péripéties ultra classiques s’éternisent vite. En définitive, on ne débat durant trois quarts d’heure que pour déterminer si une voiture s’est arrêtée ou non à un stop... Demeure l’impeccable prestation d’un Forsythe pleinement dans son emploi, autour duquel on s’amuse à  reconnaître plusieurs visages connus des séries de l’époque.

  • John Forsythe (Barnes) reste connu pour le rôle de Blake Carrington dans Dynastie (1981-1989), ainsi que pour la voix originale de Charlie dans Drôles de Dames (1976-1981). Il fut aussi un acteur apprécié d’Hitchcock, tournant dans Mais qui a tué Harry ? et L'Étau, ainsi que dans Alfred Hitchcock présente.                             

  • L’épisode reste le seul de l’anthologie à avoir été réalisé par Hitchcock. Il s’agit de son dernier travail pour la télévision, en tant que metteur en scène. 

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5. LE TRAQUENARD
(CAPTIVE AUDIENCE)

Date de diffusion : 18 octobre 1962

Auteur : Richard Levinson et William Link, d’après un roman de John Bingham

Réalisateur : Alf Kjellin

A San-Francisco, un éditeur reçoit des enregistrements successifs de la part d’un mystérieux auteur de romans policiers, Warren Barrow. Celui-ci le met au défi de deviner s’il s’agit d’un récit littéraire ou véridique. Narrée à la première personne, l’histoire raconte comme un veuf dépressif entreprend de se venger de Janet, une séductrice ayant tenté de le manipuler afin qu’il tue son riche mari. L’éditeur fait appel à un autre écrivain spécialisé, afin de déterminer le vrai du faux dans ce qui ressemble toujours davantage à la chronique d’un assassinat annoncé.

Le format long de l’épisode se voit habilement mis à profit, afin de développer l’excellente idée de la nature ambivalente du récit enregistré, réel ou imaginaire. Le doute saisit le spectateur de manière plaisamment ludique, avec une mise en perspective évoquant la puissance quasi magique du littéraire. On songe par moments au grand succès de The Twilight Zone que constitua A World Of His Own, où un écrivain pliait le Réel au gré de son bon plaisir, en une saisissante allégorie. Hélas, cette féconde originalité de l’intrigue se voit battue en brèche par un mauvais minutage, la levée du mystère survenant bien avant la chute finale, alors qu’il y aurait du y avoir concomitance. Il en va du scénario comme du Chat de Schrödinger : ouvrir la boite supprime un fascinant mystère, quelle que soit la vérité révélée. De fait, jusqu’à une conclusion décevante, le récit va devenir considérablement plus classique et prévisible.

La mise en scène demeure sobrement élégante, malgré une présence trop visible des décors. Le passage sur la Riviera évoque d’ailleurs l’univers du célèbre Simon Templar. Le Noir et Blanc se montre somptueux, d’autant que la restitution par le DVD s’avère parfaite. L’épisode se voit de plus porté par un duo de comédiens de très haut vol. Angie Dickinson, encore très jeune, impressionne par la maîtrise de son talent, elle incarne avec flamme la quintessence de la Femme fatale. James Mason restitue à merveille les tourments psychologiques de son personnage, un élément clef de l’opus. Avec une force rare, le couple maudit emplit l’épisode d’une trouble tension psychologique et sexuelle, rendant justice aux textes introspectifs de John Bingham, figure anglaise du Roman noir.

  • James Mason (Warren Barrow) s’est imposé après guerre comme l’un des plus grands acteurs anglais et hollywoodiens. Sa filmographie compte de plus de 130 films, avec des rôles très variés. En 1958, il incarne le ténébreux Philip Vandamm de La Mort aux trousses, aux côtés de Cary Grant et d’Eva Marie Saint.

  • Angie Dickinson (Janet) connaît une belle carrière au cinéma mais reste surtout connue pour ses personnages de policière dans les séries télévisées des années 70 (Police Story, Sergent Anderson), où elle tint des rôles pionniers. 

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6. FINAL VOW
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 25 octobre 1962

Auteur : Henry Slesar

Réalisateur : Norman Lloyd

Une figure de la pègre californienne offre une inestimable statuette de St-François, œuvre de Donatello, au couvent dont il fut jadis le pupille. L’œuvre est néanmoins volée à la jeune novice Sœur Pamela, par un petit malfrat. Doutant déjà de sa vocation, Pamela est ébranlée par l’évènement. Elle quitte le couvent, mais va néanmoins tenter de mener sa propre enquête afin de retrouver la statuette, espérant rattraper son erreur. Elle va plonger dans un monde interlope et périlleux dont elle ignore tout.

Le récit souffre d’un manque d’intensité  constant et aurait  certainement bénéficié d’avoir à se cadrer sur un format court. Toute la première partie située au couvent tient de l’imagerie d’Epinal, même si agréablement ensoleillée et californienne. Par la suite l’épisode cherche son chemin et refuse plusieurs options porteuses, comme la comédie pure d’une religieuse  confrontée à la Californie des Sixties, ou l’introspection d’une âme cherchant sa voie et se demandant si elle ne considère par Dieu uniquement comme un refuge face à un monde périlleux (le sujet est à peine esquissé). .Entre ce grand écart le scénario opte pour des propos lénifiants et une enquête paresseuse, se limitant à quelques raccourcis scénaristiques d’une simplicité navrante.

L’édulcoration générale se montre particulièrement pénible au sein d’une anthologie dont on attend des récits s’immergeant dans l’univers fascinant du Roman noir. Pas une seule fois on ne croit pas à la possibilité d’une issue fatale, l’absence de suspense se faisant cruellement sentir. La mise en scène se montre atone, même si l’épisode revêt une agréable valeur documentaire sur le mode  de vie de l’époque. En malfrat de bas étage, Clu Gulager nous épuise rapidement par ses vociférations, plusieurs seconds rôles se voient d’ailleurs interprétés avec davantage d’énergie que de finesse de jeu. Outre une chute astucieuse, l’épisode bénéfice toutefois de la prestation solide de R.G. Armstrong en gangster en quête de rédemption et surtout de la sensibilité à fleur de peau de Carol Lynley, qui parvient malgré tout à rendre émouvante Sœur Pamela, au courage discret mais indomptable.

  • Carol Lynley (Sœur Pamela) fut une actrice populaire dans les années 50 et 60, notamment dans le domaine du Polar, où elle tient des rôles de blonde platine (Harlow, 1965); Elle fut par la suite la vedette de nombreuses séries B d’horreur et apparût également à la télévision (Alfred Hitchcock présente, les Envahisseurs, Kojak, …)

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

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7. ANNABELLE
(ANNABEL)

Date de diffusion : 1er novembre 1962

Auteur : Robert Bloch, d’après le roman Ce mal étrange de Patricia Highsmith (1961)

Réalisateur : Paul Henreid

Jeune chimiste talentueux, David est secrètement miné par sa rupture avec Annabelle, désormais mariée à un autre. Son idée fixe le pousse à se créer une autre identité, avec laquelle, durant les week-ends, il s’imagine vivre avec Annabelle, dans un charmant cottage. Malgré cela il continue à harceler la jeune femme. Une collègue amoureuse de lui perce son secret, ce qui va faire s’effondrer l’équilibre psychique déjà fragile de David, avec de terribles conséquences.

Egalement adapté par le cinéma français en 1977, avec Depardieu et Miou-Miou dans les rôles principaux (Dites-lui que je l'aime), le fascinant roman de Patricia Highsmith demeure l’un des chefs d’œuvre de cet écrivain profondément singulier,  associant Polar et vertigineuses analyses de psychologies déréglées. Que l’auteure de L’Inconnu du Nord Express ait toute sa place au sein de l’anthologie relève de l’évidence, mais il n’en demeure pas moins que transposer tout un ouvrage au format d’un épisode de série télévisée fait encourir le risque d’une simplification des personnalités et des postures. De fait, l’opus n’y échappe pas tout à fait, avec une particulier une relative schématisation du puzzle complexe et éclaté que constitue la psyché de David. Néanmoins l’excellent choix d’une adaptation confiée à Robert Bloch, aux claires affinités avec Patricia Highsmith, permet de préserver les grandes lignes et cette impression fascinante de découvrir une mise en abime à la fois foisonnante et froidement cohérente, convergeant toujours davantage vers l’horreur psychologique.

Une difficulté supplémentaire provient de ce que l’on découvre ici de l’extérieur et non de l’intérieur l’esprit schizophrène de David, aimant non pas Annabelle mais le phantasme qu’il se fait d’elle, et implosant progressivement sous le poids de ses fêlures intimes. Fort heureusement, à côté de seconds rôles solidement interprétés (y compris par une étonnante Susan Oliver bien loin d’Orion), l’épisode bénéficie de la performance extraordinaire de Dean Stockwell. Le comédien, totalement possédé par son rôle, sait nous entrainer à sa suite  dans la découverte progressive de la démence de son personnage, jusqu’à un final réellement éprouvant. La mise en scène s’adapte avec intelligence à ce savant dégradé, se montrant d’abord charmante, bénéficiant même d’extérieurs californiens ensoleillés, pour ensuite s’immerger progressivement dans l’univers du Roman noir irrigué par l’aliénation mentale, jusqu’à un plan d’une sécheresse clinique marquant l’irruption de l’horreur à l’état pur. Un très grand épisode.

  • Dean Stockwell (David/William) fut un enfant star d'Hollywood durant les années 40 (Les vertes années, 1946). Hormis quelques rôles marquants chez David Lynch (Blue Velvet, 1986) et dans Veuve mais pas trop (1988), il reste principalement connu pour le rôle d’Al dans Code Quantum (1989-1993). Toujours actif, il participe notamment à Battlestar Galactica et à NCIS: New Orleans, où il retrouve son complice Scott Bakula.

  • Susan Oliver (Annabel) reste  une grande figure de Star Trek Classic, en tant que Vina, l’esclave verte en provenance d'Orion apparaissant dans les épisodes cultes The Cage et The Menagerie. Elle est apparue dans une multitude de séries en tous genres durant les années 60 et 70, avant d’être l’une des premières femmes à devenir réalisatrices. En 2014 un film documentaire lui est consacré, Green Girl.

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8. LE SAUVETEUR
(HOUSE GUEST)

Date de diffusion : 8 novembre 1962

Auteurs : Henry Slesar et Marc Randel, d’après un roman d’Andrew Garve

Réalisateur : Alan Crosland, Jr.

Ray Roscoe, se présentant come un ancien pilote de l’US Air Force, sauve de la noyade le jeune fils de John et Sally Mitchell. Ce couple aisé prend le héros sous son aile, mais Ray rév_le progressivement un côté plus sombre. Finalement prié de quitter les lieux, il exige alors 20 000 ,dollars à John  Il est alors tué lors d’une bagarre avec un autre de ses victimes, évènement qui va plonger les Mitchell dans un cauchemar.

Sur un modus operandi qui ne sera pas sans évoquer Harry, un ami qui vous veut du bien au spectateur contemporain, le scénario sait progressivement instiller une sombre menace auprès de la sympathique famille. La tension va croissant au fur et à mesure que le véritable visage de Roscoe se révèle et que tout tourne mal pour les Mitchell. Portée par une mise en scène dynamique, plus richement dotée en extérieurs californiens qu’à l’accoutumée, cette tension dramatique apporte un plus indéniable au récit. On y retrouve le savoir faire du spécialiste du Polar que fut l’auteur Andrew Carve, déjà discernable dans le précédent épisode Le chantage.

Toutefois les convergences entre les scénarios des deux opus, ainsi que le format long qui entraine les adaptateurs à prolonger l’effet au-delà du vraisemblable, finissent par éveiller un doute chez le spectateur, jusqu’à rendre la chute passablement devinable. Celle-ci perd  également en impact en rompant plutôt qu’en prolongeant le climat oppressant instauré jusque là. On touche là une limite de l’anthologie : contrairement à La Quatrième Dimension : les conclusions s’avèrent jusqu’ici morales, privilégiant le happy ending, jusqu’à en devenir bien davantage prévisibles et édulcorées. Les amateurs de l’anthologie de Rod Serling auront par contre le plaisir de retrouver Bill Mumy, interprétant un enfant autrement plus sympathique que celui de It's a Good Life.

  • Macdonald Carey (John) participa à ne nombreux films et séries, mais reste surtout dans les mémoires pour le rôle du Dr. Horton, qu’il tint durant près de trente ans pour Des jours et des vies, de 1965 à 1993. Il fut aussi un auteur de poésies et fit paraître ses mémoires en 1991, The Days of My Life.

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9. THE BLACK CURTAIN
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 15 novembre 1962

Auteur : Joel Murcott, d’après le roman Retour à Tillary Street, de Cornell Woolrich

Réalisateur : Sydney Pollack

Du fait d’un choc à la tête occasionné par deux voyous, Philip Townsend émerge d’une amnésie de trois ans, durant laquelle ils ‘était bâti une toute nouvelle identité. Sa mémoire en revient  brusquement au traumatisme antérieur, survenu alors qu’il se rendait à son mariage. Tout ce qui a suivi est effacé. Avec l’aide d’un sympathique chauffeur de taxi et de la belle Ruth, rencontrée durant les trois années effacées, il tente dès lors de recomposer le puzzle éclaté que constituent sa vie et sa mémoire. De terribles révélations l’attendent, autour d’un sinistre complot.

Cornell Woolrich fut l’un des grands maîtres du Roman noir, qu’il anima de protagonistes torturés et magnifiques, profondément blessés par la vie et animés d’une inextinguible soif de revanche, à travers lesquels il projetait ses propres fêlures. Son œuvre, d’une intensité et d’une qualité littéraire remarquables, fut celle du genre la plus souvent portée au cinéma. Elle attira  es plus grands, tels Truffaut avec La mariée était en noir, ou Hitchcock lui même avec Fenêtre sur cour. Inévitablement, transcrire un roman aussi complexe et foisonnant que Retour à Tillary Street dans le format d’un épisode d’anthologie induit une certaine schématisation des psychologies et des péripéties. Néanmoins l’immense mérite de l’opus reste bien d’avoir su reconstituer l’atmosphère chère à l’auteur

Le scenario sait à merveille soulever progressivement le « rideau noir » des souvenirs de Townsend, chaque révélation produisant un effet optimal, tout en préservant le cœur du mystère jusqu’à l’ultime minute. Les premières minutes du complexe récit, avant que les premiers points de repères cartésiens ne se mettent en place, s’avèrent réellement vertigineuses. On renoue avec un abîme psychologique et une angoisse existentielle similaires à l’un des plus grands succès de La Quatrième Dimension, Personne inconnue. On comprend que cette approche d’une personnalité fragmentée et en proie à des forces hostiles ait pu séduire Hitchcock. L’épisode sait aussi élargir son point de vue. L’étrange voyage de Townsend s’accompagne de nombreuses rencontres notables, avec des personnages tous parfaitement croqués, du sympathique chauffeur de taxi (excellent Harold J. Stone) au sinistre détective privé antagoniste.

On regrettera simplement que les deux mauvais garçons rencontrés de temps à autres disparaissent sans explication, leur segment n’aura en définitive débouché sur rien. Richard Baschart sait apporter à son personnage une très grande expressivité, laissant magnifiquement percevoir  son désarroi puis sa rage, en même temps qu’une précieuse crédibilité dépourvue d’emphase. La mise en scène du talentueux Sydney Pollack, au métier déjà remarquable, sature l’atmosphère d’électricité, tout en illustrant à la perfection les codes visuels du genre. Judicieusement l’ensemble de l’épisode est d’ailleurs imbibé de sublimes morceaux de jazz, un authentique régal. Même limité à cinquante minutes, The black Curtain se positionne à proximité des classiques du Film noir. Le roman initial fut d’ailleurs lui aussi adapté au cinéma, en 1942, avec Street of Chance.

  • Richard Basehart (Phillip Townsend) fut un comédien prolifique (Voyage au fond des mers, 1964-1968) mais sa voix riche et profonde lui valut également de devenir le narrateur de nombreux films et séries. Un mois avant sa mort, il assurait encore les annonces de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Los Angeles, en 1984.

  • Lola Albright (Ruth) fut un mannequin avant de jouer dans plusieurs Westerns de séries B durant les années 50 et 60, tout en participant à de nombreuses séries (Alfred Hitchcock Presents, The Man from U.N.C.L.E., Kojak, Columbo…). Son timbre particulier lui valut également de mener une carrière de chanteuse.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

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10. L’AUTRE HOMME
(DAY OF RECKONING)

Date de diffusion : 22 novembre 1962

Auteur : Richard Levinson et William Link, d’après un roman de John Garden

Réalisateur : Jerry Hopper

Durant une soirée donnée sur un yacht, une dispute éclate entre Paul et son épouse, car il est persuadé qu’elle veut le quitter pour un autre homme. Sous l’emprise de la colère, il la jette à l’eau, où elle se noie aussitôt. Les autres convives, ainsi que la police, croient à un accident. Plus tard, poursuivi par le remord, Paul avoue son crime, mais il s’aperçoit que tous refusent sa version, par incrédulité ou crainte du scandale.

Episode très mineur que celui-ci, du fait d’un scénario manquant de consistance et de direction. Une fois la situation posée, l’intrigue ne se développe qu’en rajoutant divers éléments volontiers mélodramatiques et en multipliant les discussions empesées ressassant le même sujet. Dialogues et postures sensationnalistes évoluent entre Santa Barbara et Melrose place. Le jeu solide mais dépourvu d’éclat de barry Sullivan ne suffit pas à animer le spectacle. Parmi les seconds rôles, le shérif Jordan  se détache, grâce à la présence coutumière de Claude Akins.

 Les auteurs préférant consacrer leur temps à faire tourner en boucle les déclarations de Paul, les autres seconds personnages se réduisent à de simples silhouettes. Le scénario hésite trop longtemps entre intrigue policière, mélodrame sentimental et satire de la bourgeoisie, sans aucun doute son meilleur sujet, mais hélas bâclé sur le tard. L’option de l’humour noir n’est, elle,  malheureusement jamais retenue, on en reste à un premier degré total.  Le duo Levinson & Link fait ses classes, il se montrera autrement  plus affuté quant à l’aspect social lors des enquêtes du Lieutenant Columbo.

  • Claude Akins (Shérif Jordan) se spécialisa dans les rôles durs et à forte personnalité. Il apparut dans de très nombreux westerns, au cinéma (Rio Bravo, 1953) comme à la télévision (La Grande Vallée, Bonanza, Gunsmoke, The Riffle Man...). Il fut également une figure familière des séries policières (Les Incorruptibles, Perry Mason, Alfred Hitchcock Présente...). 

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11. RIDE THE NIGHTMARE
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 29 novembre 1962

Auteur : Richard Matheson, d’après l’un de ses romans

Réalisateur : Bernard Girard

Un appel téléphonique nocturne bouleverse la vie du couple modèle formé par Christopher et Helen Martin. Un  correspondant anonyme annonce qu’il va venir tuer Christopher, en souvenir du passé. Helen découvre alors que son mari à un passé de gangster et que d’anciens complices s’étant évadés viennent solder leurs  comptes. Après un premier affrontement, le gang enlève Helen. Pour la sauver, Christopher va devoir réaliser de sanguinaires prouesses.

L’épisode constitue une excellente occasion de vérifier que l’immense talent de Richard Matheson, grande figure de la Science-fiction américaine et pilier de La Quatrième Dimension, ne se cantonne pas à un unique genre. Publié en 1959, son livre, empruntant au Roman noir mais davantage encore au Thriller, brille de qualité qu’il aura pleinement su transposer à l’écran, certainement à l’aide de la maîtrise télévisuelle acquise aux côtés de Rod Serling. L’opus multiplie ainsi les scènes d’action trépidantes, mais aussi les mises à mort d’un réalisme cru, tout en variant les effets : citadelle assiégée de la maison familiale durant une nuit d’angoisse, confrontation urbaine ou encore chasse à l’homme incandescente à travers les collines hollywoodiennes. Le tout s’effectue sans le moindre temps mort, Ride the Nightmare composant jusqu’ici l’épisode où le format long se sera fait le moins ressentir. La mise en scène de Bernard Girard s’adapte impeccablement à la nature électrique du récit, avec une caméra nerveuse à souhait, dont la mobilité souligne la violence des sentiments animant les protagonistes.

A côté des trognes patibulaires idoines des gangsters, Hugh O'Brian effectue une remarquable composition. Son expérience du Western lui vaut d’exceller lors d’affrontements s’inspirant parfois ouvertement du genre, mais il convainc également lors de précieuses scènes davantage introspectives, ou mari et femme s’interrogent et s’interpellent quant à la réalité de leur couple. La lumineuse et sensible Gena Rowlands apporte à cet égard toute une  dimension  supplémentaire  au récit. Elément remarquable, la personnalité de Richard Matheson lui permet de s’émanciper de la formule de l’anthologie d’Hitchcock, exemptant son histoire d’une rituelle chute surprise ici hors de propos. Le regard échangé entre les époux retrouvés s’avère bouleversant. On comprend que la qualité du récit ait également inspiré le cinéma, le roman de Matheson y étant également porté en 1972, avec une délocalisation de l’action dans la riviera française et Charles Bronson dans le rôle principal (De la part des copains, 1972).

  • Hugh O'Brian (Christopher) fut tune figure régulière des séries de Western, très présentes à la télévision américaine durant les années 50 et 60. Il tint notamment le rôle principal de The Life and Legend of Wyatt Earp, de 1955 à 1961. Ami de John Wayne, il fut également très actif au cinéma. En 1953, il remporte le Golden Globe pour The Man from the Alamo.

  • Gena Rowlands (Helen) fut l'épouse et la Muse du réalisateur John Cassavetes, avec qui elle réalisa dix films, principalement durant les années 70 et 80. Auparavant elle tint de nombreux rôles à la télévision, jouant aussi bien dans des séries policières que de Western. Elle fut proposée deux fois pour l'Oscar, pour Une femme sous influence (1974) et pour Gloria (1980).

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

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12. HANGOVER
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 6 décembre 1962

Auteur : Lou Rambeau, d’après deux histoires, de John D. MacDonald et Charles Runyon

Réalisateur : Bernard Girard

Hadley Purvis, publicitaire à succès mais souffrant d’alcoolisme, se réveille un matin avec une terrible gueule de bois. Il a perdu souvenir de ce qui s’est déroulé la veille et a la surprise de constater que son épouse a fait sa valise. Il a passé la nuit  aux côtés de Marion, une demi-mondaine rencontrée dans un bar. Peu à peu la mémoire lui revient et il découvre progressivement comment en une seule journée de dérive il perdu à la fois son mariage et son travail.

L’épisode reste le seul de l’anthologie à se composer de la fusion de textes différents, avec les nouvelles Hangover de John D. MacDonald (1956) et Marian, de Charles Runyan (1960). Il compose avant tout une dénonciation sincère de l’alcoolisme, élément souligné par l’adresse directe au public effectuée par Hitchcock, en lieu et place de l’amusant sketch final. Evidemment tout cela se montre démonstratif en diable, de bout en bout, avec un scénario minimaliste : Purvis se souvient progressivement, et de manière artificiellement linéaire, comment il a détruit sa vie privée et professionnelle en une seule journée d’ivresse. On ne sort jamais du rail ainsi tracé et le format long dilate inutilement certains flashbacks.

Néanmoins la personnalité et le pittoresque de l’excellent Tony Randall évitent au récit de sombrer dans l’ornière du pathos. L’amusement passagèrement ressenti rend d’autant plus sonore l’épouvantable chute finale. Quelques à-côtés pimentent le récit à la marge, comme la vision de ce parterre exclusivement masculin de publicitaires des Sixties, évoquant déjà Mad Men, ou encore le panorama sur le style de vie d’alors. La présence de l’adorable Jayne Mansfield au sein de ce pamphlet antialcoolique, alors que ce fléau va lui couter sa carrière et jusqu’à sa vie, projette une cruelle ironie.

  • Tony Randall (Hadley Purvis) fit carrière avant tout à Broadway, mais effectua plusieurs apparitions au cinéma et à la télévision. Il reste ainsi remémoré pour la sitcom The Odd Couple (1970-1975), aux côtés de Jack Klugman, l’adaptation d’un des plus grands succès du Broadway des Sixties.

  • Jayne Mansfield (Marion) fut l’un des sex-symbols majeurs des années 50 et la première moitié des années 60. Elle connut un succès modéré à l’écran (La Blonde et moi), mais se fit aussi connaître sur les planches et comme chanteuse dans les boites de nuit huppées. Jayne Mansfield remporta de nombreux concours de beauté et devint l’une des premières Playmates, en février 1955. Elle fut un important personnage médiatique, notamment pour sa vie privée haute en couleurs. Alcool et drogues vont néanmoins faire capoter sa carrière.. Elle meurt dans un accident automobile en 1967, à 34 ans.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

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13. BONFIRE
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 13 décembre 1962

Auteurs : William D. Gordon et Alfred Hayes, d’après une nouvelle de V. S. Pritchett

Réalisateur : Joseph Pevney

Le prêcheur Robert Evans séduit une charmante vieille dame cardiaque. Un soir il l’entraine dans une danse endiablée, jusqu’à ce quelle soit atteinte  d’un infarctus mortel. Il lui refuse les pilules qui auraient pu la sauver, guignant la superbe maison qu’elle lui a promise. Mais la victime n’avait rien signé et sa jeune nièce Linda hérite du bien. Evans va entreprendre  de l’épouser.

La scène d’ouverture se montre remarquable, illustrant le caractère psychiquement instable ainsi que le cynisme d’Evans. Peter Falk y excelle, tandis que l’on peut s’amuser à trouver des intonations très à la Columbo à cette révélation initiale de l’auteur et du modus operandi d’un assassinat. Par contre l’épisode connaît par la suite un interminable calme plat, uniquement constitué des diverses tentatives de séduction opérées par Evans. Pritchett, CBE, est un écrivain anglais de grande qualité et spécialiste de la nouvelle, mais pas un auteur policier.

On devine que le texte original se livre à une belle étude du caractère d’Evans, qui n’est pas parfois sans évoquer, sur un mode mineur, celui du prêcheur de La nuit du chasseur. Mais, passée à la moulinette de la télévision, l’intrigue se limite à un marivaudage à peine rendu étrange par le protagoniste. Le talent de Falk apporte de l’épaisseur au personnage mais ne peut rien quant au manque quasi-total d’action et de péripéties, jusqu’à un final largement prévisible et passablement déclamatoire. De son côté Dina Merrill apporte de l’élégance et de la classe à Laure, mais aucune intensité particulière au récit.

  • Dina Merrill (Laura), héritière d’une grande famille de financiers et d’industriels, fut considérée au début des années 60 comme pouvant succéder à Gene Kelly, après plusieurs succès au cinéma (La Vénus au vison, 1960). Réputée pour son glamour raffiné et son élégance aristocratique, elle connaît une belle carrière à Broadway tout en figurant régulièrement dans la chronique mondaine. Les années 60 vont la voir s’orienter davantage vers la télévision (Calamity Jan dans Batman), avant de se consacrer aux affaires et à la philanthropie. 

  • Peter Falk (Robert Evans) ne fut pas que l'interprète du célébrissime Inspecteur Columbo (1968-2003). Il compta également de nombreux succès au cinéma, notamment avec son ami Cassavetes (Husbands, 1970 ; Une femme sous influence, 1974) mais aussi Milliardaire pour un jour (1961) Princess Bride (1987), Les Ailes du Désir (1987) etc. Sa belle carrière lui valut deux sélections aux Oscars. Si Columbo le monopolisa en grande partie à la télévision, il tourna auparavant notamment dans Les Incorruptibles, La Quatrième Dimension et Alfred Hitchcock Présente.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

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14. THE TENDER POISONER
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 20 décembre 1962

Auteur : Lukas Heller, d’après un roman de John Bingham

Réalisateur : Leonard J. Horn

Barney avoue à son ami Peter qu’il va quitter sa femme Béatrice, étant tombé amoureux de la jeune Lorna. Mais Peter va lui-même être séduit par Lorna et va dès lors s’ingénier à contrecarrer toute possibilité de divorce entre Béatrice et Barney. Acculé, ce dernier se résout alors à empoisonner sa femme. Les deux machinations parallèles vont se percuter au cours d’une nuit fatale.

A la fois original et maîtrisé, le scénario instille tout du long un humour noir aussi discret qu’acéré, une rareté jusqu’ici au sein de l’anthologie. Si l’environnement s’avère tout à fait californien (quelles voitures et quelle contrée !), on y savoure de fait une tonalité très anglaise, à l’image de l’auteur John Bingham, l’une des grandes griffes du Roman noir britannique. En contrepoint du récit, puis toujours davantage au premier plan, on savoure la mise en place progressive de mécaniques conduisant inévitablement au meurtre, cette convergence des destins qu’Agatha Christie nommait l’Heure Zéro. Tout ceci demeure certes artificiel, mais aussi ludique en diable, comme bon nombre des écrits de la Duchesse de la Mort. Le chef d’œuvre de cette pétillante histoire réside dans le fait qu’en définitive l’assassinat vers lequel tout conduit ne survient jamais, le Destin se jouant décidemment des œuvres humaines, c’est très fort.

La construction de l’intrigue ne demeure pas uniquement  intellectuelle ou subtilement humoristique, elle s’appuie également sur une féroce étude de caractères. Les hommes, veules et lâches, s’avèrent prêt à tout pour satisfaire leurs désirs, mais les femmes sont elles-mêmes loin de figurer des anges, Béatrice cocufiant joyeusement Barney et Lorna cédant elle aussi facilement à ses inclinaisons. Ce sombre portrait de l’Humanité installe une jolie passerelle entre le Roman noir et le Whodunit anglais, dont le récit constitue un anti-portrait expert. Si la mise en scène s’avère classique, L’interprétation se montre de qualité, à commencer pa  un Howard Duff parfait en félon de roman faisant feu de tous bois pour parvenir à ses fins. On regrettera simplement que les auteurs cèdent à la tentation de la chute choc, ici inutile, n’hésitant pas pour cela à rendre les comportements brusquement illogiques. C’est dommage, mais l’épisode demeure un exercice de style élégant et plaisamment sarcastique.

  • Jan Sterling (Beatrice) mena carrière à la télévision et au cinéma, où elle eut son heure de gloire durant les années 50. Elle reçut un Golden Globe pour The High and the Mighty (1954). De graves difficultés devaient entrainer son retrait progressif durant les années 70. Elle appartient à une famille ayant compté deux présidents américains, John Adams et John Quincy Adams.

  • Howard Duff (Peter) débuta à la radio et dans les films noirs de l'immédiat après-guerre (La Cité sans voiles, 1948). Il vit alors une relation tumultueuse avec Ava Garner, avant d'épouser Ida Lupino en 1961. Sa carrière cinématographique se poursuit jusqu'aux années 1980 (Kramer contre Kramer, 1979 ; Sens unique, 1987). À la télévision il apparaît dans La Quatrième Dimension Batman, L'Immortel, Le Virginien, Mannix, Shaft, Dallas

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

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15. LE 31 FÉVRIER
(THE THIRTY-FIRST OF FEBRUARY)

Date de diffusion : 4 janvier 1963

Auteur : Richard Matheson, d’après un roman de Julian Symons

Réalisateur : Alf Kjellin

La femme d’Andrew Anderson, important cadre d’une société  de design, décède brusquement dans une chute d’escalier. Malgré les doutes du Sergent Reese, la justice décide que le décès est accidentel. Toutefois Anderson reçoit à son bureau plusieurs lettres anonymes l’accusant d’avoir commis un assassinat. Suspectant ses collègues et rivaux, il sombre peu à peu dans la paranoïa.

De manière très amusante pour l’amateur de La Quatrième Dimension, Richard Matheson adapte la nouvelle initiale de manière à ce que l’épisode s’assimile autant que possible à l’anthologie de Rod Serling, à laquelle il a puissamment participé. L’étrange et la montée irrépressible de la folie pallient au recours au Fantastique ou à la Science-fiction, mais l’on retrouve pareillement cette  idée d’un dérèglement de la réalité emportant un malheureux quidam, comme aux plus belles heures de The Twilight Zone. Le procédé s’avère savamment maîtrisé par Matheson, mais l’auteur ne peut qu’imparfaitement pallier à la contradiction entre le format long et un récit se cristallisant sur l’attente de la chute finale, élément particulièrement important chez The Twilight Zone.

On butte sur le même effet dilatoire que durant la saison 4 de cette anthologie, alors que The Alfred Hitchcock Hour aura su contourner l’obstacle en densifiant ses récits, adaptant des romans entiers, avec une part impartie à la conclusion davantage relativisée. Matheson reste trop habile pour recourir à du délayage à proprement parler, mais certains éléments tombent à plat, comme cette improbable romance entre Andrew et la dessinatrice. Tentative imparfaite, Le 31 février compte néanmoins plusieurs moments particulièrement intenses, grâce à la composition inspirée de David Wayne, mais aussi  à la présence inquiétante de William Conrad, parfait en policier faussement onctueux et bonasse, au regard si inquisiteur. La chute s’avère idéale, évitant jusqu’au bout le Fantastique, mais conservant le mystère quant à la véritable nature de la mort de l’épouse,  Matheson sachant pertinemment à quel point  l’inexpliqué trouble toujours.

  • David Wayne (Andrew Anderson) perça à Broadway, au théâtre et dans des revues. Son sens du comique lui valut une belle carrière après-guerre dans les comédies d'Hollywood, où il fut notamment un partenaire coutumier de Marilyn Monroe (Rendez-moi ma femme, 1951 ; La Sarabande des pantins, 1952 ; Comment épouser un millionnaire, 1953 etc.). À la télévision il fut le Chapelier Fou, adversaire récurrent de Batman (1966-1968), mais il apparut également dans La Quatrième Dimension Mannix, Hawaï Police d'État, Mannix, Dallas

  • William Conrad (Sgt Creese) fut un acteur de télévision reconnu (Cannon, L’homme à l’orchidée, La loi est la loi…). Il réalisa également les voix off de nombreuses séries, comme Manimal, Buck Rodgers ou Le Fugitif. Il fut également très présent à la radio. Conrad admit souvent que son tempérament gourmand et sa corpulence l’empêchèrent d’atteindre les premiers rôles au cinéma.

  • Bob Crane (Charlie) est très connu pour le rôle du colonel Hogan dans la série Stalag 13 (1965-1971). Il fut aussi un disc jockey populaire. Un mystère entoure sa mort, ayant été retrouvé battu à mort dans une chambre d’hôtel, en 1978. 

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16. WHAT REALLY HAPPENED
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 11 janvier 1963

Auteur : Henry Slesar, d’après un roman de Marie Adelaide Belloc Lowndes

Réalisateur : Jack Smight

Eve,  jeune et fortunée veuve, doit se défendre au tribunal du meurtre de son mari et faire face aux véhémentes accusations de la mère de ce dernier, Mme Raydon. Mais c’est en fait Addie, gouvernante de la demeure et amie d’Eve qui a commis secrètement le crime, le maître de maison désirant la renvoyer car ne supportant plus son jeune fils. Les débats révèlent que le garçon est en fait le fils secret d’Eve !

Avec la franco-britannique Marie Belloc Lowndes, l’anthologie accueille son premier auteur féminin, un gage d’ouverture d’esprit en ce début des années 60. Romancière prolifique, Marie Adelaide Belloc Lowndes composa avant guerre d’efficaces récits policiers, qui surent ne jamais délaisser la dimension psychologique des personnages. Son ouvrage le plus célébré, The Lodger,  fut d’ailleurs adapté au cinéma par le Maître du Suspense en 1927 (Les cheveux d’or). Le récit va néanmoins cumuler les handicaps, avec une bonne dose de mélodrame et un recours au récit procédural, à l’intérêt fatalement limité dès lors que l’on connaît déjà la coupable. De plus, la contrainte de cacher un enfant conçu hors mariage se concevait à l’époque de l’écriture du roman (elle se retrouve d’ailleurs à plusieurs reprises chez Agatha Christie), mais cela date désormais l’ensemble de l’opus.

Toutefois un suspense psychologique, certes relatif, demeure quant à savoir si Addie va révéler le pot aux roses afin de sauver son amie. Par ailleurs la mise en scène parvient à s’extirper du huis-clos si convenu du tribunal, lors de flashbacks que les versions antagonistes d’Eve et de Mme Raydon rendent ludiques. Surtout, on s’intéresse au récit  du fait des trois magnifiques comédiennes qui l’animent de bout en bout. Gladys Cooper campe une Mme Raydon impressionnante en incarnation de la vengeance et Ruth Roman joue avec une précieuse sensibilité le personnage tourmenté d’Addie, lui apportant ainsi une crédibilité atténuant la dimension mélodramatique du sujet Ann Francis compose avec le talent qu’on lui connaît le portait central d’une Eve ambigüe, légère et dépensière mais veillant également tendrement sur son fils. Ce portrait de trois femmes identiques par l’amour absolu qu’elle prote à leur progéniture, y compris adoptive, apporte une forte unité dramatique à l’épisode.

  • Anne Francis (Eve) fut l'inoubliable Altaira Morbius, vedette féminine du grand classique de la Science-Fiction qu’est  Planète Interdite (1956). Elle reste également dans les mémoires pour la pétillante Honey West (1965-1966), première série de détective au rôle principal féminin. Elle joua également dans Les Incorruptibles, Cannon, Dallas, Riptide, Arabesque, L'Île Fantastique, Vegas, Drôles de Dames, Matlock… Cet ancien mannequin participa également à deux épisodes de La Quatrième Dimension : Neuvième étage et  Jess-Belle.

  • Ruth Roman (Addie) se fit connaître au cinéma après guerre, avant de s’orienter vers la télévision à partir des années 60. L’un de ses rôles les plus marquants demeure celui d’Anne Morton  dans L'Inconnu du Nord-Express, d’Alfred Hitchcock (1951). En 1956, elle survécut au naufrage du paquebot Andrea Doria, qui avait percuté le Stockholm,  l’une des catastrophes les plus retentissantes de l’histoire de la marine.

  • Gladys Cooper (Mme Raydon) fut une modèle réputée et une figure du théâtre britannique, avant de franchir l'Atlantique dans les années 40 pour connaître également une belle carrière au cinéma (Rebecca, 1940 ; My fair Lady, 1964…). Toujours active au soir de sa vie, elle participe également à plusieurs séries des années 60, don La Quatrième Dimension, son ultime rôle étant celui de la Duchesse Ozerov dans Amicalement Vôtre.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

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17. BROUILLARD
(FORECAST: LOW CLOUDS AND COASTAL FOG)

Date de diffusion : 18 janvier 1963

Auteur : Lee Erwin

Réalisateur : Charles F. Haas

Alors que son mari est en voyage d’affaires à San Francisco, Karen Wilson s’inquiète de se retrouver seule dans leur maison située sur une plage isolée. Durant la nuit, un Hispanique vient frapper à sa porte, affirmant être en panne d’essence et demandant à passer un coup de téléphone. Karen refuse de le laisser entrer et, alors qu’il se rend à pied jusqu’à une station service, sa fiancée est mortellement agressée par un inconnu. Karen doit faire face à la colère vengeresse de l’homme, mais aussi à la présence d’un inquiétant voisin, pouvant être le tueur.

La deuxième moitié de saison débute par un épisode inégal. L’intrigue suscite un huis clos quasi-total au sein de cette maison se refermant comme un piège autour de Karen,  mais ne parvient pas à en maintenir l’intensité jusqu’à son terme. La faute en revient au manque de relai que subit la situation initiale, conjointement  à un format long ici contreproductif. Le récit cherche à pallier à son immobilisme en multipliant le nombre de personnages, mais les successives visites à Karen, plus ou moins inquiétantes, se succèdent trop mécaniquement, jusqu’à lasser. L’espèce de vaudeville rassemblant tout le monde lors des dernières minutes résulte également artificiel. L’instauration d’un Whodunit à la Agatha Christie aurait pu apporter un précieux second souffle, mais cette carte n’est jamais jouée. Bien au contraire, on retrouve le tic d’écriture selon lequel un second rôle ne démontrant pas d’autre utilité est souvent le coupable, d’où un relatif manque d’impact lors de la révélation finale. La mise en scène en studio reste assez paresseuse, de plus lestée de quelques inserts grossiers.

L’opus conserve toutefois quelques à-côtés intéressants, comme l’évocation de la vogue 60’s du surf en Californie, avec des copies conformes des Beach Boys. Tout en évitant des se montrer trop pesamment démonstratif, le récit développe une thématique anti raciste assez en avance sur son temps. Il n’est jamais dit explicitement que Karen se méfie de Sanchez car il est Hispanique, mais le clair sous-entendu se voit encore souligne par la chute de l’histoire. De même, la distribution se montre de qualité, dont Greg Morris  (le futur Barney de Mission Impossible), pour l’une de ses toutes premières apparitions à l’écran. En définitive Forecast: Low Clouds and Coastal Fog s’appuie avant tout sur l’émouvante composition d’Inger Stevens, dont la sensibilité à fleur de peau et l’expressivité évoquent l’inoubliable portrait d’une autre femme en danger qu’elle composa dans The Twilight Zone (The Hitch-Hiker, 1960). Le format long présente au moins l’opportunité de lui permettre d’exprimer pleinement les angoisses et le remords de Karen.

  • A San Francisco, le mari de Karen est descendu au Mark Hopkins Hotel. Bâti sur une colline surplombant la ville, ce palace est situé sur l’emplacement de la résidence du magnat du chemin de fer Mark Hopkins, détruite lors du tremblement de terre de 1906. Inauguré en 1926, la beauté de son architecture et de sa décoration intérieure lui valent d’avoir été classé au patrimoine national. A son sommet se trouve un restaurant célèbre pour sa vue sue la ville et la baie de San Francisco.

  • Inger Stevens (Karen Wilson), actrice américaine d'origine suédoise, débuta à 16 ans dans des revues, avant de devenir élève de l'Actor's Studio en 1955. Après plusieurs fugaces apparitions au cinéma et de nombreuses publicités, le début des années 60 la voit accéder à la célébrité par la télévision (La Quatrième Dimension, Bonanza, rôle récurrent dans The Farmer's Daughter, 1963-1966…). Par la suite, malgré une santé très fragile, elle passa avec succès au cinéma (Pendez-les haut et court, 1967 ; Madigan, 1968…), tout en faisant les délices des échotiers par ses nombreuses liaisons : Anthony Quinn, Harry Belafonte, Dean Martin, Burt Reynolds… Après une première tentative en 1959 (suite à une rupture avec Bing Crosby), elle se suicide le 30 avril 1970 par l'absorption d'un mélange de médicaments et d'alcool. 

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18. A TANGLED WEB
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 25 janvier 1963

Auteur : James Bridges, d’après un roman de Nicholas Blake (1956)

Réalisateur : Alf Kjellin

David, fil de famille mais voleur compulsif, tombe amoureux de Marie, la bonne française de la maison. Face à l’opposition de sa mère, il s’enfuit avec elle. Mais un homme est tué durant un cambriolage tournant mal et il est emprisonné, après avoir confié Marie à Karl, son ami et complice. Or Karl s’éprend également de Marie et va dès lors comploter afin d’expédier David sur la chaise électrique.

L’auteur roman originel, Nicholas Blake, est en fait le pseudonyme de Cecil Day-Lewis. Par ailleurs père du comédien Daniel Day-Lewis, il fut l’un des poètes anglais les plus célèbres du XXème siècle. En 1968, Day-Lewis fut nommé poète officiel de la Cour (Poet Laureate of the United Kingdom) par la Reine, qui l’anoblit également en l’élevant au rang de Commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique. Mais avant de connaître la gloire, il vécut en se lançant avant guerre dans une carrière d’ auteur de polars à succès, ayant comme héros le détective Nigel Strangeways. Autant de récit pouvant être aisément portés à l’écran sous formes de thrillers. Or c’est un roman totalement à part que va étrangement retenir anthologie, avec A Tangled Web (1956) Bien que nanti d’un ressort policier, le livre développe essentiellement le portrait psychologique de l’héroïne, avec une atmosphère proche du mélodrame, sur un ton assez empesé.

Malheureusement, l’adaptation se montre sans génie. Le scénario ne va jamais pallier aux faiblesses de l’ouvrage en passant de l’écriture littéraire à la télévisuelle. Certes, alors que le livre dévoile d’emblée la conclusion, avant d’opérer par un vaste flashback, au moins l’intrigue ménage ici un relatif suspense, relativisé par le ton moraliste laissant aisément prévoir la conclusion des débats. Mais la description du caractère des uns et des autres s’éternise beaucoup trop. La part impartie aux rouages de la machination relève de la portion congrue, le tout s'engluant dans le misérabilisme. Le format long accentue l’ennui s’emparant progressivement du spectateur, l’opus aurait sans doute davantage eu sa place au sein d’Alfred Hitchcock présente. La scène finale sombre dans le mélodrame outré le plus lacrymal qui soit.

La mise en scène reste académique au possible et n’apporte aucune plus-value. La distribution, fort relevée, suscite au moins un effet de curiosité, mais les comédiens se se montrent pas à leur meilleur niveau. Robert Redford se contente de capitaliser sur son charme naturel. Le cascadeur lui servant de doublure résulte particulièrement évident. Quoique davantage consistant, Barry Morse ne retrouve que partiellement la flamme sinistre qui l’animait l’année précédente dans La Quatrième Dimension (A Piano in the House). Bien que moins connue, Zohra Lampert (ici nantie d’un charmant accent français) leur dame aisément le pion, son éloquente expressivité dans la description des souffrances de Marie demeurant le seul véritable moteur de l’épisode.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Robert Redford (David) se situe ici à l'orée de sa carrière, encore très télévisuelle (Maverick, Les Incorruptibles…), avant de devenir l'une des plus grandes stars d'Hollywood : Butch Cassidy et le Kid (1969), Les Trois Jours du Condor (1975), Out of Africa (1985), Et au milieu coule une rivière (1992)…

  • Barry Morse (Karl) constitue une figure importante de l'histoire des séries télé, grâce, notamment,  à ses rôles récurrents dans Le Fugitif, Cosmos 1999 (inoubliable Pr. Victor Bergman) ou encore L'Aventurier. Il connut également une longue et active carrière à la radio, au théâtre et au cinéma, tout en restant remémoré pour sa grande implication dans de nombreuses œuvres de charité.

  • Zohra Lampert (Marie) ne parvint pas à réellement percer au cinéma, malgré de nombreux seconds rôles. Elle reste néanmoins une figure régulière des séries américaines des années 60 à 70. Elle reçut un Emmy Award en 1975, pour sa participation à Kojak (Queen of the Gypsies).

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19. TO CATCH A BUTTERFLY
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 2 février 1963

Auteur : Richard Fielder

Réalisateur : David Lowell Rich

Bill et Janet Nelson, un jeune couple sans enfants, emménage dans une nouvelle demeure, située dans un sympathique quartier résidentiel. Toutefois il est d’emblée en butte à l’hostilité d’Eddie, le fils du voisin Jack Stander. L’enfant manifeste une authentique cruauté et va jusqu’à tuer le chien des Nelson et à blesser Janet, avant de préparer pire encore. Toutefois, quand Bill se confronte à Jack, il comprend que qu’Eddie souffre de la mauvaise influence de son père, et qu’il a avant tout besoin d’aide.

Durant sa majeure partie, l’épisode stupéfie véritablement par la véracité sans détours de son évocation de la personnalité sadique d’un enfant, un sujet éminemment transgressif et dérangeant. Alors qu’à un tel degré d’intensité une telle histoire serait totalement inenvisageable sur nos écrans d’aujourd’hui, l’anthologie n’hésite pas à aller très loin sur le sujet, jusqu’à se montrer réellement dérangeante. C’est à la véritable formation de la personnalité d’un serial killer à laquelle nous assistons, un thème que l’on préfère évoquer a posteriori à notre époque où Spielberg et Disney (entre autres), mais aussi le consumérisme, ont édulcoré l’approche de l’enfance, un territoire pouvant également se révéler sombre et périlleux. C’est un joli pied de nez que les Sixties adressent ici à notre époque ayant édifié bien des tabous.

Le récit n’est pas sans évoquer celui d’un grand classique de La Quatrième Dimension, It's a Good Life, où l’irruption du Fantastique accroisait l’effroi suscité par l’enfant diabolique. Mais, par son enracinement dans le réel, The Alfred Hitchcock Hour rend finalement plus troublante encore cette évocation de l’Obscur naissant au sein d’une radieuse banlieue. Il demeure extrêmement dommageable qu’in extremis l’opus opte pour la mièvrerie d’un happy end où chacun se réconcilie. Sur le tard l’anthologie de Rod Serling rattrape son retard, elle qui aura su ne pas dévier de son sillon initial. La mise en scène sert habilement le portrait d’Eddie, impeccablement interprété par Mickey Sholdar. Les adultes jouent solidement leurs rôles, mais sans brio particulier, ce qui met idéalement en avant le jeune comédien. En arrière-plan, le récit évoque l’émergence durant les 60’s de ces suburbs aisés, installés loin des centres-villes, également décrits dans Desperate Housewives ou l’Arcadia des X-Files.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Edward Asner (Jack Stander), dit Ed, participa à de très nombreuses productions américaines. Il remporta un Emmy Award pour le rôle très populaire du journaliste Lou Grant, qui participe à pas moins de quatre séries (1970-1988). Asner est l'acteur comptant le plus d'Emmys à son actif, avec un total de sept trophées. Toujours actif, il participe notamment à The Crazy Ones, en 2013. 

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20. THE PARAGON
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 9 février 1963

Auteur : Alfred Hayes, d’après une histoire de Rebecca West

Réalisateur : Jack Smight

La riche et dynamique Alice Pemberton est persuadée d’incarner la perfection. Sans aucun tact, elle ne cesse d’intervenir dans la vie de ses proches pour qu’ils deviennent à son image tout en  décochant des conseils remplis d’un inconscient mépris. Particulièrement écrasé, son mari observe leurs relations se détourner toujours plus de leur couple, jusqu’à ce la manie d’Alice devienne insupportable à tous. A bout de ressources, après une ultime confrontation n’ayant servi à rien, il se décide d’assassiner Alice.

L’épisode ne comporte guère d’action, mais développe une frappante étude psychologique, animée par l’impressionnant abattage de Joan Fontaine. L’actrice apporte beaucoup de force et de suggestion à ce portrait d’une forte femme, dont la folie se découvre progressivement,  tout en se montrant dérangeante par son originalité. A l’inverse du jeune serial killer en devenir de l’épisode précédent, Alice n’a aucune mauvaise intention, mais son égocentrisme pathologie transmue son altruisme en envahissement toujours plus oppressant. Elle dessine une astucieuse distorsion des vertus traditionnelles de la femme au foyer, à l’interventionnisme dévastateur dans la vie de chacun, avec un manque d’empathie devenant réellement effrayant. A sa manière, l‘opus met en exergue le rôle important tenu par les femmes dans la vie sociale, un thème chère à la grande auteure féministe que fut Rebecca West.

Malgré la qualité de la prestation de la star, l’épisode présente le défaut de trop se centrer sur elle, sans doute parce qu’elle fut si déterminante dans la carrière d’Hitchcock lui-même, lors de ses débuts aux Etats-Unis. Les conséquences du dérèglement d’Alice sur son entourage demeurent principalement exposées à travers leur narration par le mari, dont l’interprète manque d’expressivité. Jusque-là les personnes rencontrées paraissent désagréables, sans que l’on perçoive l’étendue de leur propre souffrance. Le panorama  résulte ainsi déséquilibré, ce qui enlève de sa crédibilité à l’option définitive retenue par le mari. L’artificialité de la conclusion se voit rehaussée par un inutile recours à un simili Fantastique, puis par une information supplémentaire sans grand intérêt apportée par Hitchcock lors de sa conclusion.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • La nouvelle de Rebacca West ici adaptée est The Salt of the Earth, contenue dans le recueil The Harsh Voice (1935).

  • Joan Fontaine fut une star de l’Age d’or d’Hollywood. Elle joua un grand rôle dans l’installation réussie d’Alfred Hitchcock à travers les succès de Rebecca (1940) et de Soupçons (1941), pour lequel elle obtint l’Oscar. Son succès allant décroissant au cinéma, elle se tourne comme tant d’autres vers la télévision, à partir des années 60. Elle est la sœur d’Olivia de Havilland, avec qui les relations furent empreintes de rivalité.

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21. I'LL BE JUDGE - I'LL BE JURY
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 15 février 1963

Auteur : Lukas Heller, d’après une histoire d’Elizabeth Hely

Réalisateur : James Sheldon

Alors qu'un couple de jeunes mariés est en lune de miel au Mexique, l'épouse est assassinée par un déséquilibré. La police locale a identifié l’assassin. De plus elle est certaine qu'il ne s'agit pas de son premier meurtre, mais manque de preuves pour l'arrêter. Le veuf, Mark, décide alors de faire justice lui-même, mais c’est lui qui périt lors de l’affrontement. La sœur de la défunte et son mari Alex vont monter une arnaque afin d’obtenir les aveux du meurtrier.

La première grande partie de l’opus suscite un réel intérêt. Relative rareté au sein de l’anthologie, la mise en scène bénéfice de jolis extérieurs californiens, rendant ainsi crédible la reconstitution du Mexique. Si le portrait du pays et de ses habitants ne s’affranchit pas de certains clichés (ah, cette taverne et ces sombreros), il paraît néanmoins exempt de cette condescendance imbibant nombre des productions américaines de l’époque. Le scénario ménage habilement le jeu du chat et de la souris entre Mark et l’assassin, avec une progressive élévation de l’intensité dramatique et l’instauration d’un suspense bien présent quant à l’issue des événements. Les acteurs se montrent très convaincants et apportent une indéniable électricité à la confrontation fatale. On apprécie en particulier la solide prestation d’un imposant Peter Graves, ici au sortir de sa période hollywoodienne de seconds rôles de films d’action et abordant cette télévision allant lui apporter la gloire. Il exprime avec talent la colère froide et inexorable animant son personnage.

Toutefois la différence de gabarit entre lui et son antagoniste rend quelque peu gratuit le twist de son soudan trépas, sur les circonstances duquel la réalisation jette d’ailleurs un voile bien pratique. De fait le dernier tiers du récit va se révéler décevant, du fait d’une théâtralisation outrée de nombreuses scènes de l’arnaque, dont celle de la simili pendaison. Cette artificialité se retrouve dans le jeu trop accentué des acteurs et dans un manque de cohérence dans le profil de l’assassin, tueur traqué n’ayant plus rien à perdre et pourtant devenu bien docile. On a aussi  du mal à croire qu’un couple de quidams puisse monter un plan aussi compliqué en aussi peu de temps. Demeure le plaisir d’un récit référencé, même involontairement. Ce portrait d’un tueur de femmes dominé par sa mère évoque de loin Norman Bates et l’arnaque mise en place dans le but de le faire chuter précède les futures machinations orchestrées par Jim Phelps et ses compagnons d’aventure.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Peter Graves (Mark) est évidemment surtout connu pour le rôle de Jim  Phelps dans Mission Impossible, rôle pour lequel il remporta le Golden Globe en 1971. Il connaît néanmoins une belle carrière au cinéma (La nuit du Chasseur, Airplane !) et à la télévision (Le Virginien, Les Envahisseurs, La croisière s’amuse…).

  • Ed Nelson (1928) débuta comme réalisateur, avant de rapidement devenir comédien à part entière dans les années 50. Il participe à un très grand nombre de séries américaines : Bonanza, Laramie, Les Incorruptibles, Le Fugitif, Cannon, Le Sixième Sens, Les Rues de San Francisco, Super Jaimie, Dynastie, Arabesque etc. 

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22. DIAGNOSIS: DANGER
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 01 mars 1963

Auteur : Roland Kibbee

Réalisateur : Sydney Pollack

Une forme particulièrement pernicieuse de l’anthrax se répand à Los Angeles, amenée depuis le Mexique par un percussionniste de jazz. Mortelle en une journée, la maladie se propage car le bongo du musicien, contenant le bacille, passe de mains en mains. Le LAPD et les autorités sanitaires conjuguent leurs efforts pour résoudre la crise sans créer de panique. Le jeune et iconoclaste Dr. Dana va diriger les opérations, sans se soucier du respect des procédures, suscitant l’irritation mais aussi le respect de son supérieur.

Initialement produit pour servir de pilote à une série médicale-policière, l’épisode apporte une vraie rupture de ton au sein d’une anthologie pour l’heure essentiellement dédiée à l’adaptation de romans issus de grands auteurs. On y retrouve une narration bien plus similaire à l’ordinaire d’une série télévisée, le scénario relevant dès l’origine d’une cirure télévisuelle et non littéraire. Tout est dédié à l’efficacité et au rythme, même si la description des personnages ne se voit pas dédaignée, comme il se doit dans un pilote.  Toute la première partie se voit d’ailleurs consacrée à la mise en place du décor des bureaux sanitaires et de leurs occupants, mais cela demeure heureusement fort rondement mené comparativement à d’autres lancements de séries. Les figures classiques du héros et du supérieur sont installées, mais avec humour et sans caricature facile. Le chef de service s’appuie ainsi sur les procédures, mais davantage par bon sens et expérience que par esprit de routine. Le bouillant héros, interprété avec flamme par Michael parks, doit parfois modérer ses ardeurs pour prendre en compte le facteur psychologique.

Les seconds rôles abondent, souvent pittoresques. Le scenario sait allier à merveille les deux composantes de l’enquête  médicale et policière, avec un exposé scientifique solide mais non envahissant, tandis que les péripéties conservent une vraisemblance. Les piques amicales entre policiers et médecin nous valent également des dialogues animés et souvent amusants. Tous demeurent humains dans leur approche du fléau, agissant sans brutalité n’hésitant pas à s’acharner à sauver la vie d’un voyou peu reluisant. Le suspense devient grandissant au fil de la progression de l’équipe jusqu’à un final très tonique, le tout animé par la caméra déjà électrique de Sydney Pollack. Ce pilote très réussi plaira aux amateurs des Avengers comme une version américaine, de Police Surgeon, la série de Ian Hendry, dans sa narration comme dans son environnement. Il s’avère très divertissant de découvrir le matériel et les procédures alors en vigueur, mais aussi  un modèle Sixties en diable d’un format médical-policier en vogue aujourd’hui, comme un proto N.I.H. : alertes médicales ou Crossing Jordan.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Auteur et producteur, Roland Kibbee (Columbo) écrivit cet épisode comme pilote d’une série médicale à suspense, mais le projet ne se concrétisa pas.

  • Sydney Pollack, le réalisateur de l’épisode, allait devenir une figure majeure  du cinéma américain. Il débuta sa carrière avec des mises en scènes remarquées de séries télé (Le Fugitif, Alfred Hitchcock Présente...) avant d'accumuler les succès au cinéma : On achève bien les chevaux (1969), Les Trois Jours du Condor (1975), Tootsie (1982), Out of Africa (1985), La Firme (1993)... Il mena également une carrière d'acteur, apparaissant  dans plusieurs films et séries (Frasier, Dingue de toi, Will & Grace, Les Soprano, Entourage...).

  • Michael Parks (Dr. Dan Dana) est apparu dans de nombreuses séries américianes des années 60 aaux 80. Il mène avec succès une double carrière de chanteur et d’acteur. Toujours actif,  il participe à plusieurs films de Tarantino : Kill Bill 1 et 2, : Django Unchained, Boulevard de la Mort.

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23. THE LONELY HOURS
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 8 mars 1963

Auteur : William D. Morgan, d’après un roman de Celia Fremlin

Réalisateur : Jack Smight

Alors que son mari est en voyage d’affaires, Louise Henderson, mère de trois enfants dont un bébé, prend une certaine Vera Brandon comme locataire. D’abord charmante, il s’avère que cette dernière cherche de plus en plus à se substituer à Louise dans on rôle de mère. Troublée, Louise découvre que Vera a eu un enfant mort né et qu’elle a abordé d’autres familles. Avant qu’elle puisse intervenir, Vera la drogue et enlève le bébé.

L’un des grands mérites de The Alfred Hitchcock Hour consiste à nous présenter un intéressant panorama d’ouvres de grands auteurs policiers, notamment anglais. Parmi ces derniers, les femmes tiennent une place importante, même si peu connues en France, car peut-être dissimulées par la grande ombre de la Duchesse de la Mort. L’épisode représente la quintessence de cet aspect de l’anthologie, abordant The Hours Before Dawn, l’un des romans majeurs de Celia Fremlin. Celle-ci fut une grande spécialiste de ce genre éminemment britannique qu’est le roman à sensation, qu’elle contribua à ancrer dans la modernité. Parfaitement retranscrite à l’écran, on y retrouve la même description de l’emprise exercée par le sentiment maternel frustré chez une femme que la douleur accule à la folie froide et au déni du réel.

Le récit revêt la forme d’une particulièrement inquiétante marche vers un enlèvement que le spectateur pressent bien avant Louise. L’éveil progressif de la méfiance de celle-ci ne menace jamais de stopper la machine infernale et ses menées ne servent en définitive qu’à dévoiler par des touches habiles l’idée fixe s’emparant progressivement de Vera. L’angoisse de ce thriller psychologique, dépourvu d’action mais au combien intense, doit aussi beaucoup au talent des deux comédiennes principales, évitant toujours de tomber dans l’emphase. Sans aborder totalement le Fantastique, auquel s’est parfois adonné Celia Fremlin, l’opus dégage une étrangeté contribuant à lui conférer une tonalité de cauchemar éveillé. Il en va ainsi de ce récit entièrement peuplé de femmes, ou de ces poupées filmées avec un réalisme dérangeant figurant les bébés de substitution de Vera. Un épisode singulier, à la confluence de The Alfred Hitchcock Hour et de The Twilight Zone.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • A l’initiative de Joan Harrison, productrice de l’anthologie et collaboratrice de longue date d’Alfred Hitchcock, la distribution est exclusivement féminine, un cas unique dans le parcours du Maître du Suspense. Outre des bébés, les seuls hommes apparaissant sont des médecins de l’hôpital, fugacement entraperçus et ne prononçant pas un mot.

  • Le roman originel de Celia Fremlin s’intitule The Hours Before Dawn (1958). Avec un humour parfois cinglant, mais aussi un authentique sens de l’épouvante, elle y aborde la force de l’instinct maternel. II fut primé par The Mystery Writers of America, importante guilde d’auteurs de romans policiers.

  • Le motel montré dans l’épisode se compose en fait des bungalows mis à disposition des artistes durant les tournages, par les studios Universal. Hitchcock y résida de temps à autres durant la production de la série.

  • Gena Rowlands (Louise Henderson) fut l'épouse et la Muse du réalisateur John Cassavetes, avec qui elle réalisa dix films, principalement durant les années 70 et 80. Auparavant elle tint de nombreux rôles à la télévision, jouant aussi bien dans des séries policières que de Western. Elle fut proposée deux fois pour l'Oscar, pour Une femme sous influence (1974) et pour Gloria (1980).

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24. PANIQUE
(THE STAR JUROR)

Date de diffusion : 15 mars 1963

Auteur : James Bridges, d’après un roman de Francis Didelot

Réalisateur : Herschel Daugherty

Notable d’une petite ville, le pharmacien George Davies tue une femme sur le coup d’une impulsion.  J.J. jeune marginal  connaissant la victime, est immédiatement soupçonné. Davies est nommé juré lors du procès et, hanté par le remords, va tout faire pour éviter que J.J. ne soit condamné. J.J. est acquitté, mais la vindicte populaire le pousse au suicide, tandis que tous refusent de croire George quand il passe aux aveux.

L’anthologie commet ici une infidélité à ses auteurs anglo-saxons de prédilection, optant pour le français Francis Didelot, soit l’une des plumes les plus prolifiques du Masque. L’adaptation de son œuvre maîtresse, Le septième juré, se montre d’une adamantine fidélité, hormis la nécessaire adéquation technique au système judiciaire américain. Surtout, la férocité du  discours social du roman ne se voit en rien atténuée, ce qui nous vaut un opus poussivement hors normes au sein d’une production 60’s d’un Network comme CBS. Le système judiciaire américain se voit passé à la centrifugeuse, animé par des juges et des policiers pareillement abrutis et considérant leurs préjugés comme autant de preuves en bonne et due forme. Les liaisons dangereuses entre carrières politiques et judiciaires, propres au système américain, sont également pointées du doigt, sans emphase mais fort clairement. La peine de mort est explicitement décrite comme pouvant s’abattre sur des innocents, ce qui n’était pas si fréquent dans les productions de l’époque.

L’intrigue à la bonne idée de réduire au minimum le rituel ultra balisé et coutumier aux séries judicaires, en développant davantage l’environnement que les scènes de tribunal proprement dites. La charge s’élargit d’ailleurs à la population elle-même, nullement épargnée dans ce portrait la montrant prompte au lynchage, tandis que ses plus sombres instincts prennent facilement le dessus. On se situe à proximité du grand classique de La Quatrième Dimension que constitue Les monstres de Mapple Street. Le fait que celui manifestant en définitive le plus d‘humanité soit en fait l’assassin rend la satire sociale particulièrement grinçante, tandis que le refus de croire George induit une conclusion à la cruelle ironie. La mise en scène se montre sobrement efficace et le métier de Dean Jagger apporte une grande crédibilité au récit. Le reste de la distribution se montre plus terne, tandis que le jeune acteur interprétant J.J. surjoue malheureusement en permanence.  

  • Le roman de Francis Didelot ici adapté est Le septième juré (1958), son œuvre la plus connue. Il  fut également porté au cinéma par Georges Lautner en 1962, avec Bernard Blier dans le rôle principal. Le livre fit aussi l’objet d’un téléfilm diffusé en 2008 sur France 2.

  • Dean Jagger (George Davies) tint de très nombreux seconds rôles au cinéma (White Christmas, 1954). À la télévision il apparut dans Mr Novak, Bonanza, Kung Fu, Hill Street Blues… En 1957, il incarna le principal personnage d'un film de Science-fiction britannique, X : The Unknown, où l'on retrouve différents comédiens des Avengers (dont Edwin Richfield) et le  réalisateur Peter Hammond, dans un petit rôle. Dean Jagger fit alors scandale en obtenant le renvoi du metteur en scène Joseph Losey, sous prétexte que ce dernier était inscrit sur la fameuse liste noire du sénateur Mccarthy. 

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25. LONG SILENCE
(THE LONG SILENCE)

Date de diffusion : 22 mars 1963

Auteur : Charles Beaumont, William D. Gordon, d’après une histoire d’Hilda Lawrence

Réalisateur : Robert Douglas

Ralph Manson a épousé une riche veuve, Nora, uniquement par cupidité. Il détourne 200 000 dollars mais est percé à jour par l’un des deux fils de son épouse, qu’il assassine. Alors qu’il met en scène le suicide par pendaison du jeune homme, il est découvert par Nora, que le choc rend catatonique. Toute en demeurant muette et semi paralysée, Nora simule par la suite l’amnésie, afin d’éviter que son mari ne la tue. Soupçonneux, il finit par décider de passer à l’acte, mais elle est sauvée in extremis par une vaillante infirmière.

L’auteure de romans policiers Hilda Lawrence fut populaire durant les années 40 et 50, notamment pour ses livres malicieux où deux charmantes vieilles dames, situées quelque part entre Miss Marple et les tantes de Mother, apportaient un précieux concours à un rude et viril détective privé. Mark East. On ne trouve pourtant nulle trace de cette atmosphère humoristique au sein de l’opus. Il faut dire que le texte initial, déjà sinistre, se voit sublimé dans l’effroi par Charles Beaumont. Cet écrivain aussi talentueux que particulier, l’une des grandes plumes de La Quatrième Dimension, imprime réellement sa marque au récit, en le saturant de sa trouble fascination pour la mort. Comme dans un supplice figé, Nora demeure tout au long du récit confinée aux lisières du trépas, de par son corps brisé et par la menace représentée par son mari. La parfaite utilisation d’une voix hors champ permet de nous faire ressentir pleinement les pensées et tourments de la muette. Le processus d’identification joue à plein, un précieux atout pour la transposition à l’écran d’un récit d’épouvante. Sans jamais basculer dans le Fantastique, l’abominable incongruité de la situation tend à susciter un Étrange que Beaumont transfigure, avec un art consommé, en cauchemar éveillé.

Le récit génère un suspense toujours plus aigu, tandis que s’intensifie la confrontation entre la lumineuse infirmière et le ténébreux Ralph, autour du corps inerte de la malheureuse, tels des  incarnations antagonistes de sa destinée. La psychologie des personnages évite les poncifs : Ralph apparaît lui-même à la dérive dans une fuite en avant éperdue, davantage que comme un assassin machiavélique de sang-froid, ce qui pallie à une faiblesse du scénario le voyant systématiquement échouer dans ses entreprises. Au terme de cet éprouvant voyage immobile au seuil de la mort, le hurlement salvateur poussé par une Nora brisant enfin les murs de sa prison silencieuse revêt une terrible intensité. La mise en scène se montre idéalement oppressante, avec des moments fulgurants (simulacre de pendaison, tentatives de meurtres), avoisinant à la théâtralité du cinéma d’épouvante de Roger Corman, si cher à Beaumont. Elle sert également à la perfection une excellente distribution. Michael Rennie et Phyllis Thaxter sont totalement habités par leurs personnages et la sublime Natalie Trundy apporte une vitalité et une humanité remarquables à celui de l’infirmière, comme une lumière dans la nuit. Un très grand épisode, de quoi regretter qu’il s’agisse de l’unique participation de Charles Beaumont à l’anthologie.

  • Le court roman d’Hilda Lawrence ici adapté s’intitule Composition for Four Hands (1949). Il a été publié au Masque, sous le titre Jeux de mains, en 1950.

  • Phyllis Thaxter tint de nombreux rôles de femmes au foyer dans les films de la MGM et de la Warner des années 40 et 50. Atteint de poliomyélite, elle dut quitter les studios, avant de réussir un retour à la télévision durant les 60’s. Elle incarne également Martha Kent dans le film Superman de 1978.

  • Michael Rennie fut remarqué dès 1936 par son compatriote Alfred Hitchcock, pour son inquiétante et longue silhouette qui lui valut un petit rôle dans Secret Agent. Il accéda à la gloire avec le rôle du l’extra-terrestre Klaatu dans le grand classique de la Science-fiction qu’est Le Jour où la Terre s'arrêta (1951). Rennie effectua également des participations remarquées à de nombreuses séries télévisées. Il fut ainsi le capitaine du Titanic dans le pilote d’Au cœur du Temps et un mémorable adversaire de David Vincent dans Conférence au sommet, unique double épisode des Envahisseurs.

  • Natalie Trundy fut une jeune vedette dans plusieurs comédies des années 50, avant qu’un accident de la route, survenu peu de temps après le tournage de l’épisode, ne vienne gravement nuire à sa prometteuse carrière. En 1968 elle épousa le producteur Arthur P. Jacobs et tint plusieurs rôles dans ses divers films ou série autour de La planète des singes. Elle dirige la société de production APJAC depuis la mort de son mari, survenue en 1973.

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26. OSCAR
(AN OUT FOR OSCAR)



Date de diffusion : 5 avril 1963

Auteur : David Goodis, d’après un roman d’Henry Kane

Réalisateur : Bernard Girard

Avec son partenaire Bill, la séduisante Eva tente de plumer le gérant d’un casino du désert des Mojaves, or l’arnaque tourne mal et l’homme est tué. Les complices doivent prestement quitter l’établissement. Mais Eva a jeté son dévolu sur Oscar, employé de banque client du casino. Elle l’épouse et s’installe avec lui à Los Angeles. Bill réapparaît et les deux escrocs vont tenter d’extorquer une forte somme d’argent à l’honnête Oscar, mais celui-ci leur réserve une surprise.

Le scénario apparaît à l’image des écrits d’Henry Kane, prolifique plume du Masque : rondement mené, sans fioritures, mais aussi sans prétentions littéraires. Les personnages se voient décrits avec saveur, mais demeurent de simples poncifs de la série noire : la vile séductrice, le mauvais garçon et le pigeon. Contrairement à plusieurs opus précédents, celui-ci relève uniquement du roman de genre. Cela ne l’empêche pas de se monter particulièrement prenant par ses péripéties impeccablement minutées et l’humour picaresque qui l’anime, jusqu’à un retournement de situation pétillant d’un véritable humour noir en guise de conclusion. Comme à chaque fois qu’un épisode se termine de manière grinçante, en lieu et place d’un happy ending, Hitchcock vient d’ailleurs ajouter une information lors de sa conclusion, renvoyant l’intrigue dans le droit chemin moral.

De ce point de vue l’anthologie résulte décidément bien moins audacieuse que ne le fut La Quatrième Dimension. Outre un joli témoignage sur l’époque, et épisode goguenard vaut également par sa distribution, Henry Silva retrouvant son rôle fétiche de crapule et Larry Storch  exprimant efficacement la double nature d’Oscar. Le clou du spectacle reste toutefois le numéro hilarant de la séduisante Linda Christian en cocotte dessalée et vénale, mais aussi crépitante de vitalité et de rouerie féminine. On apprécie également la brève apparition de deux comédiens sur le point d ‘obtenir leur grand rôle : Alan Napier, futur Alfred de Batman 1966 et David White, prochain Larry White de Ma sorcière bien aimée.

 

  • Linda Christian (Eva), actrice d’origine mexicaine, eut une vie itinérante entre Etats-Unis et Espagne. Bien que spécialiste des rôles de femmes fatales, elle reste plus connue pour avoir défrayé la chronique d’Hollywood que pour ses films. Elle fut ainsi l’épouse de Tyrone Power et connut par la suite plusieurs liaisons tumultueuses, notamment avec le courrier automobile espagnol Alfonso de Portago. Linda Christian fut la toute première James Bond Girl, incarnant Valerie Mathis dans le Casino Royale de 1954. Elle est la mère de la chanteuse Romina Power.

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27. DEATH AND THE JOYFUL WOMAN
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 12 avril 1963

Auteur : James Bridges, d’après un roman d’Ellis Peters

Réalisateur : John Bram

Lors d’une soirée donnée pour son anniversaire, un riche propriétaire de vignes chasse son fils et le déshérite, car celui-ci, amoureux d’une simple vigneronne, refuse d’épouser une riche héritière qui conforterait le patrimoine familial. Il tente alors de l’épouser lui-même. Mais cela éveille la colère de sa secrétaire, à qui il avait promis le mariage après 20 ans d’attente. Ulcérée, celle-ci le tue, puis tente d’assassiner le serviteur témoin de la scène, en le jetant dans une cuve se remplissant d’eau.

Ellis Peters est une écrivaine d’une grande richesse, à qui l’on doit notamment les passionnantes enquêtes historico-policières de Frère Cadfael, elles-mêmes superbement adaptées à la télévision par ITV. Malheureusement le roman ici retenu, tel que transparaissant à travers son adaptation, résulte d’un médiocre intérêt. Le scénario se résume à une succession de péripéties passablement grandiloquentes, reliées par un fil ténu. Toute une première moitié du récit se voit ainsi occupée par la confrontation outrée entre le père et le fils, via un duel de boisson tournant vite au mauvais mélodrame. Tout ceci n’aura nulle conséquence par la suite (le fils dessoule même comme apr miracle). La secrétaire ne change de changer de caractère, jusqu’à l’absurde, afin de servir de cheville ouvrière à l’auteur, sans finesse aucune ;

Elle apparaît ainsi portée par sa colère, puis ourdissant de sang-froid un second meurtre, avant de sombrer sans raison factuelle dans un désarroi la conduisant à une tentative de suicide. Afin de meubler, on multiplie les scènes de traversées de couloirs et de pièces diverses, jusqu’à satiété.  Les scènes montrant le serviteur assommé dans une cuve se remplissant d’eau suscite un suspense trop mécanique, d’autant que la mise en scène demeure très plate. De plus il n’est pas relayé par une enquête digne de ce nom, la coupable avouant tout d’elle-même. L’histoire aurait pu opposer le père cupide et égoïste à l’altruiste représenté par le shérif, mais celui-ci ne survient que lors des toutes dernières minutes de l’opus. La distribution ne parvient pas à transcender l’absence d’histoire solide. L’unique mérite de l’épisode demeure l’évocation de vignobles californiens déjà prospères durant les années 60 !

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Le roman originel d’Ellis Peters fut récompensé par l’Edgar Award en 1963. Cette récompense est décernée par l’association des auteurs de romans policiers américains.

  • Laraine Day (la secrétaire) fut l’une des étoiles de la MGM durant les années 40 et 50. Elle avait déjà tourné avec Hitchcock dans Correspondant 17 (1940). Par la suite elle se tourna vers la télévision, mais ne tourna plus que ponctuellement après les années 60, pour se consacrer à sa famille. 

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28. LAST SEEN WEARING BLUE JEANS
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 19 avril 1963

Auteur : Lou Rambeau, d’après un roman d’Amber Dean

Réalisateur : Alan Crosland, Jr.

Une famille anglaise passe des vacances dans l’Arizona. Durant un dîner nocturne, la fille, Loren, retrouve dormir dans la voiture de ses parents, mais la confond avec celle de deux malfrats. Ceux-ci l’emmènent sans s’en rendre compte au Mexique, où Loren assiste à un meurtre. Dès lors, elle est traquée dans un pays dont elle ignore la langue.  Aux Etats-Unis, es parents font face à l’hostilité du shérif local. Loren va toutefois rencontrer un jeune américain, qui va aider cette aventure à connaître une fin heureuse.

L’amateur des séries anglaises des années 60 aura assisté à bien d’aimables caricatures d’autres pays, à commencer par la France. C’est donc avec amusement que l’on découvre nos amis Britanniques bénéficier ici du même traitement, avec ces parents archétypaux, à l’accent caricatural et tenant à savourer une cup of tea dans cet établissement perdu au fin fond de l’Arizona. A leurs côtés, la juvénile Loren incarne toute une autre génération (épatante Katherine Crawford), déjà portée par le Swinging London. Cela nous vaut quelques scènes de comédie, notamment quand son compagnon d’aventures apprend à Karen comment se faire passer pour une Américaine, afin de pouvoir retraverser la frontière (dont le sympathique douanier jouera d’ailleurs un rôle clé dans la résolution de la situation).

Mais l’épisode sait aller au-delà d’une charmante romance juvénile et d’une comédie liée aux relations entre Mother England et son ancienne colonie (avec une  légère saveur d’Amicalement vôtre à rebours). En effet l’odyssée de Loren au Mexique revêt des aspects d’intense thriller paranoïaque. On ressent pleinement son désarroi et sa panique en cette terre étrangère ou personne ne la comprend et où elle ne dispose d’aucun point de repère. Le récit sait faite la part des choses entre son trouble et le monde réel, tout en introduisant quelques personnages mexicains bienveillants, pour parer à toute accusation de xénophobie. On regrettera toutefois un certain abus en coïncidence, tant pour installer la situation que pour la résoudre.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Anna Lee (la mère), d’origine anglaise, fut une figure du Hollywood d’avant-guerre apparaissant dans Les mines du roi Salomon (1937), Qu'elle était verte ma vallée (1941), Fort Apache (1948)... Elle participa activement aux premiers pas de la télévision, notamment à travers les anthologies des années 50. Elle est également la petite fille de Sir Arthur Conan Doyle.

  • Katherine Crawford (Loren) a connu une carrière limite aux années 60 et 70 et exclusivement dédiée à la télévision (Le Virginien, L’homme de fer, Opération Vol...). En 1965 elle épouse Frank Price, l’un des grands dirigeants de CBS, puis d’Universal.

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29. THE DARK POOL
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 03 mai 1963

Auteur : William D. Gordon, d’après une histoire d’Alec Coppel

Réalisateur : Jack Smight

Un couple très aisé adopte un orphelin. L’épouse, Dianne, connaît des problèmes récurrents d’alcoolisme et, tandis qu’elle est partie boire un verre, l’enfant se noie dans la piscine. Brisée mais absoute par la justice, Dianne reçoit la visite de Consuela, mère du petit garçon. Celle-ci fait chanter Dianne en menaçant de révéler la vérité à son mari à propos de la boisson. Dianne doit la laisser s’infiltrer dans la vie du couple. En fait  Consuela  projette de d’achever de faire sombrer Dianne dans l’alcoolisme en exacerbant  ses remords, afin de lui ravir son fortuné mari.

Le romancier et dramaturge australien Alec Coppel a souvent plongé ses personnages, eux-mêmes sujets à faiblesse, dans des mécaniques infernales les menaçant d’une catastrophe jusqu’au bout du suspense. Sur un mode humoristique, cette approche a pu être découverte en France dans le film Jo (1971), adaptant l’une de ses pièces. Ce talent pour les intrigues diaboliques a été apprécié de longue date par le Maître du Suspense, d’où une collaboration sur La Main au collet (1955) et Vertigo (1958), mais aussi pour plusieurs épisodes d’Alfred Hitchcock présente. Le scénario du jour présente l’intérêt de parfaitement s’insérer dans les thématiques de Coppel, dont il constitue longtemps une efficace évocation.

Le récit frappe d’emblée l’imagination avec l’effroi de la mort d’un enfant, une scène ne perdant pas en force par ce que son déroulement s’avère suggéré plutôt que montré. Le piège se refermant sur Dianne se montre implacable et l’on ressent une véritable empathie avec cette femme se sentant inexorablement dépouillée de sa vie. L’expressivité de Lois Nettleton apporte beaucoup à l’ensemble, de même que celui de Madlyn Rhue en tourmenteuse vénale et totalement haïssable. On comprend sans peine pourquoi ces deux comédiennes ont connu une très belle carrière à la télévision. L’impression de chute inexorable se voit parfaitement conduite par le scénario, développant concomitamment le complot de Consuela et le naufrage dans l’alcoolisme de Dianne. La mise en scène se montre élégante, mais aussi d’une grande force quand l’héroïne menace de sombrer dans son abime intérieur, avec plusieurs scènes s’accaparant quelques effets avoisinant le Fantastique.

Malheureusement l’opus souffre d’une trop grande proximité avec The Lonely Hours, dont il partage plusieurs thèmes, un mari souvent absent, l’affrontement impitoyable de deux femmes et l’ombre d’un enfant mort. Surtout, le format de cette anthologie grand public diffusée sur un Network, avec son happy ending quasi systématique (à la différence notable de The Twilight Zone), contrecarre visiblement les menées de Coppel.  La conclusion heureuse apparaît bien théâtrale, on se demande d’ailleurs bien pourquoi Dianne n’est pas allée plus tôt vérifier les dires de Consuela à l’orphelinat. Le final à tout pour faire pleurer dans les chaumières, tandis que le récit moralisateur sur les ravages, avérés, de l’alcool résulte pesamment didactique.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Lois Nettleton (Dianne Castillejo) Lois Nettleton (1927-2008) mena une active carrière au théâtre comme à la télévision, ce qui lui valut de remporter deux Emmy Awards. Elle participe à Decoy, La Quatrième Dimension Le Fugitif, Bonanza, Cannon, Hawaii Police d'État, Kung-Fu, Les Rues de San-Francisco, Le Caméléon... Figure de Broadway, elle est membre à vie de l’Actors Studio. 

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30. DEAR UNCLE GEORGE
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 10 mai 1963

Auteur : James Bridges, Richard Levinson et William Link

Réalisateur : Joseph M. Newman

Sous le pseudonyme d’Oncle George,  John Chambers répond au courrier du cœur d’un important journal. Une lettre l’informe lui apprend fortuitement que sa femme le trompe. Il assassine celle-ci et organise un complot afin d’incriminer celui qu’il estime être l’amant. Mais un pittoresque inspecteur de police, le faussement effacé Lt. Wolfson, se méfie. Chambers découvre que le véritable amant de sa femme est son ^propre patron. Il tente de réorganiser les choses pour que celui-ci soit accusé, mais ce faisant commet une erreur permettant au policier de le démasquer.

Pour l’amateur de séries policière, l’opus présentera le grand intérêt de montrer comment le duo Richard Levinson & William Link portait en lui de longue date le projet de Columbo. En effet, de manière aussi frappante qu’amusante, on retrouve déjà ici nombre d’éléments constitutifs de ce programme. Toute une importante première partie du récit se voit ainsi consacrée à relater par le détail l’identité et les motivations de l’assassin, ainsi que le déroulement du crime. Par la suite on retrouve le  chat du jeu et de la souris entre le coupable et un inspecteur de policier patelin et faussement débonnaire, aimant à évoquer sa femme que l’on ne voit jamais (une conversation téléphonique a lieu). L’épisode se conclue par un échec et mat retentissant, l’assassin trop confiant se voyant indubitablement découvert.

Lou Jacobi apporte un amusant pittoresque au Lt. Wolfson, tandis que Gene Barry manifeste cet alliage d’élégance, d’humour et de présence physique faisant de lui un acteur souvent intéressant.  Sa présence renforce d’ailleurs le parallèle avec Columbo, car il interprètera pareillement un mari assassin de son épouse lors du pilote de cette série. Toutefois, des divergences existent entre ce proto Columbo et le définitif, correspondant à autant de faiblesses de l’épisode. Ainsi Chambers agit par impulsions successives et une quasi constante improvisation (également lors du crime), ce qui minore la dimension du duel d’intellect avec Wolfson. Le récit se centre également trop sur le criminel et ne laisse pas assez d’espace au policier, tout en développant une intrigue demeurant peu élaborée en comparaison de celles de la série de Peter Falk. 

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Gene Barry (John Chambers) se fit connaître au cinéma dans des rôles d’hommes d’action The Atomic City (1952), The War of The Worlds (1953)... A partir des années 60, il s’oriente vers la télévision, où il connaît plusieurs succès : Bat Masterson, L’homme à la Rolls (Golden globe en 1965), Les règles du jeu, L’Aventurier...

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31. RUN FOR DOOM
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 17 mai 1963

Auteur : James : Bridges, d’après un roman d’Henry Kane

Réalisateur : Bernard Girard

Le jeune docteur Don Reed tombe éperdument amoureux de Nicki, une sublime chanteuse de jazz. Malgré des mises en garde l’avertissant du naufrage des trois précédents mariages de la belle, il décide de l’épouser. Or Nicki se révèle vénale, uniquement intéressée par l’argent de Reed, tout en se montrant rapidement infidèle. Comme prévu, le mariage tourne à la catastrophe, mais la haine s’étant installée entre les époux va connaître des développements insoupçonnés.

De manière tout à fait inattendue et réussie, l’épisode renoue avec la formule du récit à chute, abandonnée pour l’essentiel depuis le passage au format  long, caractérisant The Alfred Hitchcock Hour vis-à-vis d’Alfred Hitchcock présente. La présente anthologie avait en effet jusqu’ici privilégié des histoires ordonnancées de manière plus classique. La seconde partie de l’opus installe ainsi un final particulièrement grinçant, où, à travers plusieurs twists percutants, le trio (le mari, la femme, l’amant) parvient à faire son malheur, le tout empreint d’un humour agréablement grinçant. On y retrouve le métier de cet auteur prolifique et imaginatif que fut Henry Kane, l’un des grands habitués de la Série noire.

Reste à gérer la longueur, et il est vrai que toute la première partie se se contente d’aligner une bluette assez inoffensive, brodant sur les clichés afférents à la femme fatale. Mais la difficulté se voit contournée par le recours au jazz, imbibant ce qui constitue dès lors un épisode devenu semi musical. Le fait d’avoir à gratter quelques minutes produit même des effets bénéfiques, psoque cela nous permet d’écouter quasiment in extenso de superbes standards de jazz, interprétés avec un indéniable  talent par Diana Dors. Par sa sensualité brute et sa présence à l’écran,  l’actrice représente un autre atout  de l’opus, crevant littéralement l’écran, au-delà d’un portait finalement assez convenu de la femme de mauvaise vie. John Gavin percute moins mais joue de manière suffisamment juste pour ne pas réellement grever son personnage.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Le trio de jazz vu à l’image ne comporte aucun percussionniste, mais l’on entend pourtant des tambours.

  • Diana Dors interprète deux standards de jazz : Just One Of Those Things, de Cole Porter (1935) et How Long Has This Been Going On ?, de Gorge et Ira Gershwin (1928). La chanteuse du cabaret (Cathie Taylor), en interprète un troisième Baby, Won't You Please Come Home, de Charles Warfield et Clarence Williams (1919).

  • John Gavin (Dr. Don Reed ) connut un belle carrière de jeune premier au cinéma durant les années 50. Il participe ainsi à Psychose (1960) Il s’oriente ensuite vers la télévision, mais avec des résultats mitigés le faisant revenir au grand écran. Il devint le OSS 117 d’André Hunebelle, avant d’être recruté pour incarner James Bond dans Les diamants sont éternels. Un choix devenu caduque avec le retour de Sean Connery. Gavin fut également envisagé pour Live and Let Die, mais la production voulut finalement un acteur anglais et retint Roger Moore. Très proche des Républicains, son ami Ronald Reagan le nomma ambassadeur au Mexique, durant les années 80.

  • Diana Dors (Nicki) fut le sex-symbol blond du cinéma anglais des années 50, tout en se faisant connaître à l’étranger. Elle joue ainsi on propre rôle dans le Allez France de Robert Dhéry (1964). Les rôles devenant plus rares à partir des années 60, elle se reconvertit avec succès à la télévision, tout en demeurant une figure des films d’épouvante. Elle participe ainsi avec Diana Rigg à Théâtre de sang, en 1973. Elle connut également un grand succès comme chanteuse à Las Vegas.

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32. DEATH OF A COP
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 24 mai 1963

Auteur : Leigh Brackett

Réalisateur : Joseph M. Newman

Policier vétéran et exemplaire, le détective Paul Reardon a la douleur de perdre son fils, également membre du LPAD .Celui-ci a été exécuté par une bande de voyous à la solde de trafiquants de cocaïne. Afin de procéder leur arrestation, il va mener un combat qui va progressivement l’éloigner du respect de la loi, jusqu’à devoir démissionner, en vain. Il va alors tendre un ultime piège aux assassins de son fils.

On reprochera à l’intrigue de ne pas parvenir à s’extraire de nombreux lieux communs et clichés divers des récits de policiers et de gangsters. La plupart des scènes ici découvertes ont été maintes voies vues ailleurs, autour de personnages interchangeables à volonté : les voyous insolents, les avocats marrons, les trafiquants uniquement intéressés par leur commerce illégal, les policiers blanchis sous le harnais… Rien de nouveau sous le soleil.  Mais la mise en scène sait jouer habilement de cet environnement archétypal pour instaurer toute une ambiance.

Surtout, à ses meilleurs moments, l’épisode parvient à acquérir une dimension supplémentaire grâce à l’éloquent portait psychologique d’un protagoniste en plein désarroi existentiel, incapable de faire face à son sentiment de culpabilité et progressivement broyé par une vendetta l’entrainant toujours plus à la dérive. Si on n’échappe pas à une certaine théâtralité, la remarquable composition de Victor Jury demeure un atout majeur pour l’opus. Ainsi que des dialogues sonnant justes et jamais grandiloquents. La solution ultime lui permettant de conjuguer ses impératifs moraux et sa soif de vengeance ne manque ni de grandeur ni de sens tragique.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Victor Jory (Det. Paul Reardon) devint un spécialiste reconnu des rôles de méchants dans le Hollywood d’avant-guerre (Autant en emporte le vent, Le songe d’une nuit d’été...). Il est également remémoré pour le rôle principal de la série policière Manhunt (1956-1961). Il participe par ailleurs à Au nom de la loi, Le Virginien, Banacek, Kung-Fu, 200 dollars plus les frais...

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PrésentationSaison 2

Suspicion - The Alfred Hitchcock Hour

Saison 2



1. A HOME AWAY FROM HOME 
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 27 septembre 1963

Auteur : Robert Bloch

Réalisateur : Herschel Daugherty

Résumé :

La jeune Natalie Rivers rend visite à son oncle le Docteur Norton, directeur d’un asile d’aliénés. Elle n’a jamais eu l’occasion de le rencontrer jusqu’ici. Or Norton, tenant de thérapies ouvertes accordant une semi-liberté à ses patients, a été assassiné par Howard Fennick, lui-même ancien médecin devenu totalement psychotique. Avec l’aide des autres fous, ce dernier enferme le personnel et prend la tête de l’établissement, attribuant à chacun de ses complices le rôle d’un des employés. Il se fait passer pour Norton auprès de Natalie, mais celle-ci va progressivement comprendre l’effroyable vérité.

Critique :

Avec Robert Bloch, l’anthologie choisit l'auteur idéal pour débuter sa deuxième saison sous les meilleurs auspices. On sait à quel point ce maître de l’horreur psychologique collabora puissamment à l’œuvre d’Hitchcock (Psychose), y compris dans le cadre d’Alfred Hitchcock présente, pour laquelle il proposa dix scénarios. Le récit se montre effectivement très efficace, plongeant progressivement la jeune Natalie au sein d’un authentique cauchemar éveillé, au fur et à mesure que la réalité consensuelle part en lambeaux et que le piège semble toujours plus inextricable. Certains pittoresques patients évoquant davantage les Excentriques des Avengers que des psychopathes criminels à la Norman Bates, l’intrigue ne sera pas sans évoquer Caméra Meurtre aux amateurs de Chapeau Melon. Voir les fous jouer avec application et dévouement les rôles impartis par Fennick, mais de manière désaxée et imprévisible (y compris un sympathique faux Policeman), suscite un étrange d’abord comique puis de plus en lus inquiétant. La menace s’exacerbe en effet par le huis clos dans laquelle l’héroïne est enfermée, de même que la menaçante présence de Fennick, dont la folie homicide se dévoile concomitamment à la situation.

Alors que le cabotinage outré des comédiens convient idéalement aux seconds rôles, le métier et l’expressivité de Ray Milland apportent un véritable impact à la double nature de Fennick, en apparence logique et cohérent, et en définitive totalement, définitivement fou. Claire Griswold joue de manière classique mais convaincante le rôle classique de la Damoiselle en péril, mais, hélas, son personnage n’est que cela, se limitant aux clichés inhérents au genre. Le récit soufre ici des limitations de son époque, Natalie se débat mais le salut provient en définitive de l’extérieur, tout à fait indépendamment de ses efforts. Le happy-end se veut ironique envers Fennick, mais résulte si soudain qu’il en devient totalement artificiel. L’anthologie continue à connaître bien davantage de difficultés que La Quatrième Dimension à s’affranchir de ce poncif de la fin heureuse. Le scénario souffre de quelques faiblesses, comme Natalie ne cessant de tomber par hasard sur la dépouille dissimulée de Norton, ou une introduction révélant d’emblée le pot aux roses, alors que l’on aurait pu accompagner le regard de Natalie dès le départ, puis découvrir progressivement la réalité. Même s’il aura été traité avec pertinence, le sujet présente comme un air de déjà vu : l’intrigue ressemble souvent à celle du Système du docteur Goudron et du professeur Plume (1845), nouvelle d’Edgar Allan Poe, dont Bloch fut un grand admirateur (même si avant tout l’un des disciples de Lovecraft).

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • La nouvelle initiale de Robert Bloch fut publiée en juin 1961 dans la revue Alfred Hitchock's Mystery Magazine. Publiée depuis 1956, ce magazine contient des nouvelles policières ou à suspense souvent signées par les meilleurs auteurs du genre, ainsi que quelques jeux à énigme. Elle ne fut pas formellement reliée à Alfred Hitchcock Presents ou à The Alfred Hitchcock Hour, mais les producteurs de ces anthologies y puisaient régulièrement des textes à adapter.

  • L’une des patientes, ancienne comédienne, se souvient être partie en tournée avec Fred Karno (1866-1941). Il fut un important impresario et producteur de music hall britannique, notamment dans les domaines du pantomime et du burlesque. Karno reste connu pour avoir découvert de nombreux talents, dont Charlie Chaplin et Stan Laurel (recruté initialement comme doublure du précédent). Une tradition veut qu’il soit l’inventeur du fameux gag de la tarte à la crème.

  • Ray Milland (Dr. Howard Fennick), acteur et réalisateur gallois, se fit connaître en Grande-Bretagne avant de devenir l’une des étoiles de la Paramount dans le Hollywood des années 40 et 50. Il remporta l’Oscar pour le rôle de l’écrivain alcoolique du film noir Le poison (1945). Face à Grace Kelly, il est également le mari machiavélique de Le crime était presque parfait, d’Alfred Hitchcock (1954).

  • Claire Griswold (Natalie Rivers) tient ici quasiment le dernier rôle d’une carrière ne s’étant pas étendue au-delà des années 60. En 1958, elle avait épousé le réalisateur Sydney Pollack et se retira pour se dédier à l’éducation de ses enfants. Elle fut retenue par Alfred Hitchcock comme actrice remplaçant Tippi Hedren en cas d’indisponibilité de cette dernière pour le tournage de Pas de printemps pour Marnie (1963).  

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2. UN CHARME IRRÉSISTIBLE
(A NICE TOUCH)

Date de diffusion : 4 octobre 1963

Auteur : Mann Rubin

Réalisateur : Joseph Pevney

Résumé :

La star Larry Duke doit son succès à l’agente de casting Janice Brandt. Celle-ci n’a cesser de l’avantager, après qu’il l’ait séduite. Mais le mari alcoolique et violent de Janice refuse le divorce et menace désormais de faire éclater un scandale pouvant ruiner la carrière de Duke. Au cours d’une longue conversation téléphonique, ce dernier va progressivement persuader Janice d’assassiner son mari.

Critique :

L’épisode opte pour un style de narration original au travers de cette conversation téléphonique et l’omniprésence du téléphone, y compris dans les séquences de flashbacks, lui apporte un certain cachet. Malheureusement ce choix aurait nécessité des dialogues percutants ou pétillants et c’est bien là où le bas blesse. On s’ennuie rapidement tant ils se limitent à des clichés convenus autour du poncif du vil séducteur. Les retours en arrière saucissonnent trop l’action, d’autant qu’ils avoisinent parfois le remplissage. Les personnages s’avèrent également caricaturaux, d’autant que, si Anne Baxter se montre très convaincante, l’interprétation du jeune George Segal demeure encore bien rugueuse. La mise en scène apparaît efficace, à défaut de réellement imaginative.

En outre le récit gâche plusieurs opportunités. Il critique ainsi l’arrivisme forcené régnant à Hollywood, mais se centre sur un Luke dépeint comme hors normes, ce qui limite quelque peu l’impact de cette approche. Janice Brandt occupe un poste en vue dans une entreprise, une indépendance bien rarement de mise dans les séries des années 60 (voire 70), mais cette modernité se voit battue en brèche par le portrait d’une femme avant tout émotionnelle et soumise à son amant jusqu’à la caricature. L’opus nous offre une chute, certes pas tout à fait imprévisible, mais néanmoins cinglante et étonnement cynique, mais voici que le commentaire final d’Hitchcock vient ruiner cette effet, ramenant l’anthologie dans le droit chemin comme à chaque fois qu’elle semble dévier d’un happy end ou d’une conclusion morale.  

Anecdotes :

  • Mann Rubin a écrit le scénario à partir de l’une de ses propres nouvelles, parue dans la revue Alfred Hitchock's Mystery Magazine.

  • Anne Baxter (Janice Brandt) tint plusieurs rôles marquants après-guerre au cinéma, remportant notamment un Oscar pour Le fil du rasoir (1946) et jouant Néfertari, l’épouse du pharaon des Dix Commandements (1956). Hitchcock pensa à elle pour Rebecca (1940), mais la considéra trop jeune pour le rôle-titre. Elle participera néanmoins à La loi du silence (1953), puis à Alfred Hitchcock présente. Souvent cantonnée aux seconds rôles dans les productions destinées au grand public, elle gagna une vraie aura comme égérie du cinéma d’auteur américain. A partir des années 60, elle se tourna vers la télévision, interprétant notamment une mémorable Reine des Cosaques dans Batman 1966.

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3. TERROR AT NORTHFIELD
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 11 octobre 1963

Auteur : Leigh Brackett, d’après un roman d’Ellery Queen

Réalisateur : Harvey Hart

Résumé :

Alors qu’il avait disparu depuis un mois, le fils du fermier John Cooley est découvert mort, renversé par un chauffard. Très religieux, Colley identifie la voiture grâce à un bris de phare, ce qu’il prend pour un signe divin l’appelant à châtier le criminel. Or la voiture a récemment plusieurs fois changé de main, ce qui pousse Colley à assassiner les propriétaires successifs pour être certain d’atteindre sa cible. La panique gagne le village au fil des meurtres et la dernière cible de Cooley n’est autre que la bibliothécaire, fiancée du Shérif Pearce menant l’enquête.

Critique :

Epouse du grand écrivain de Science-fiction Edmond Hamilton, elle-même auteure notable de Fantasy et de Romans noirs, Leigh Brackett fut une scénariste souvent talentueuse. Après avoir brillé dans le Western durant les années 60, elle écrivit ainsi le premier jet du script de L’Empire contre-attaque. On retrouve ici son audace coutumière, car elle n’hésite pas à réécrire largement la nouvelle initiale d’Ellery Queen, avec plusieurs partis pris marqués. Elle opte ainsi pour un polar efficace mais classique, assez dans le sillon tracé par l’anthologie. La panique gagnant les concitoyens, et justifiant pourtant le titre, ne devient ici qu’un élément du décor, n’apparaissant jamais prégnante ou comme le sujet du récit. On tourne ainsi le dos à l’ambition que manifesta La Quatrième Dimension à travers son classique The Monsters Are Due on Maple Street,

Mais le récit n’en demeure pas moins solidement charpenté et insufflant un suspense constant. Contrairement à Queen, Leigh Brackett choisit également de révéler dès le début l’identité de l’assassin ainsi que le pot aux roses de son mobile. Au lieu du Whodunit, elle joue la carte du Thriller autour de l’inévitable Damoiselle en détresse, un pari d’ailleurs gagné par son art du rebondissement et de l’accélération des évènements. Dans les rôles du Shérif et de sa fiancée, Dick York et Jacqueline Scott forment un couple attachant, leur charme permettant aux personnages de devenir plus que des silhouettes. Mais le véritable atout de l’opus réside dans l’intense composition de R. G. Amstrong, renouant avec le rôle de fanatique religieux qu’il incarna souvent dans les Westerns de Sam Peckinpah. Un épisode rythmé et prenant.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • La série sur laquelle ironise Hitchcock durant son introduction à propos de montagnards frustres ayant découvert du pétrole sur leurs terres est The Beverly Hillbillies (1962-1971), inédite en France mais grand succès de CBS. The Alfred HichcockHour était diffusée sur le network rival NBC.

  • La nouvelle originelle de Ellery Queen, Terror Town, furt publiée en 1956 dans le prestigieux magazine Argosy (1882-1978).

  • R. G. Amstrong (John Coley) travailla fut un acteur fétiche de Sam Peckinpah, interprétant souvent des fanatiques religieux dans ses Westerns : Ride the High Country (1962), Major Dundee (1965), Pat Garrett and Billy the Kid (1973). Apparu dans un grand nombre de séries télévisées, il reste  remémoré des amateurs du MillenniuM de Chris Carter (1996-1999), comme le Patriarche du Groupe.

  • Dick York (Shérif Pearce) reste bien entendu le premier interprète de Darrin Stephens (Jean-Pierre), le mari de Ma Sorcière Bien-Aimée, de 1964 à 1969. Outre quelques petits rôles au cinéma, il apparaît également dans les autres anthologies de l'époque, comme Alfred Hichcock Présente, pour pas moins de six épisodes. Après l'avoir forcé à abandonner Bewitched, ses problèmes récurrents de santé (douleurs au dos, puis emphysème) pénalisèrent gravement sa carrière. Il se limita par la suite à de rares apparitions (Simon et Simon, L'Île Fantastique). 

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4. YOU'LL BE THE DEATH OF ME’AI
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 18 octobre 1963

Auteur : William D. Gordon, d’après un roman d’Anthony Gilbert

Réalisateur : Robert Douglas

Résumé :

De retour de la Guerre de Corée, Arthur, chauffeur de bus dans un petit village, a ramené une épouse indigène, Ce mariage surprise excite la colère de sa petite amie d’avant le conflit, qui ne cesse de le provoquer. Arthur personnage frustre et violent, l’étrangle sur un coup de tête. L’épouse comprend qu’Arthur est l’assassin, ce qui fait qu’il la tue aussi. Il pense alors être à l’abri de la police. 

Critique :

La mise en place de la situation occupe toute la première moitié de l’épisode, un temps beaucoup trop long s’accompagnant de dialogues répétitifs et très cliché entre Arthur et son ancienne fiancée. Malgré quelques jolis extérieurs ruraux, la mise en scène demeure également très statique. Le récit ne trouve véritablement son sujet que lorsqu’un suspense s’instaure autour de l’épouse asiatique et du péril que l’on sent monter autour d’elle, quand elle découvre progressivement la vérité. Mais le personnage est rendu trop caricatural dans ses démarches et son accusation véhémente d’Arthur, comme si elle ne voyait jamais le danger ou s’acharnait à rechercher les ennuis.

Tout cela nuit à la crédibilité de l’ensemble, donc à l’impact de l’intrigue. Histoire de remplir le format long de l’opus, le scénario multiplie les seconds rôles, mais ceux-ci n’interviennent réellement que lors de la chute, d’une simplicité enfantine. Les seuls véritables atouts de You'll Be the Death of Me résident dans une évocation sans fard mais à peine esquissée de la vie dans l’Amérique rurale, et surtout dans la composition intense de Robert Loggia, qui sait rendre tragique son personnage devenu assassin par compulsion plus que par préméditation.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Le générique indique que la nouvelle originale d’Anthony Gilbert a été publiée dans l’Ellery Queen Mystery Magazine, mais le commentaire inséré dans le DVD évoque l’Alfred Hitchock's Mystery Magazine.

  • Robert Loggia (Arthur) se fit connaître dans les séries Disney, puis avec la série T.H.E. Cat (1966). Il interpréta de nombreux gangsters, au cinéma (L’honneur des Prizzi, Sarface...), comme à la télévision (Les Incorruptibles, Les Sopranos...).

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5. BLOOD BARGAIN
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 25 octobre 1963

Auteur : Henry Slesar, d’après l’une de ses nouvelles

Réalisateur : Bernard Girard

Résumé :

Un important bookmaker contracte le tueur professionnel Jim Derry, pour que celui-ci exécute Eddie Breech l’un de ses subordonnés. Celui-ci l’a escroqué en détournant une partie de la clientèle à son profit. Derry s’aperçoit que Connie, l’épouse d’Eddie, est paralysée des jambes, suite à une violente dispute conjugale. Depuis Derry tente de se racheter et le couple semble vivre un bonheur parfait. Emu et sensible à la grande beauté de Connie, Derry se fait connaître des Breech et va tenter de sauver Eddie. Mais une cruelle désillusion l’attend.

Critique :

Bien que rare au sein de l’anthologie, la figure du tueur à gages reste l’une des figures emblématiques du Film noir. Par ce biais, Henry Slesar a l’habileté d’installer une situation conventionnelle, avant de surprendre le spectateur par contraste, en détournant tous les poncifs. En effet les différents personnages s’avèrent tous avoir une face cachée, divergeant des schémas coutumiers. Le tueur se montre capable de pitié et tombe amoureux de l’épouse de sa victime, le bookmaker est un sympathique père de famille, Breech apparaît comme une sombre crapule ne voie de rédemption et Connie, incarnation de la femme aimante et courageuse, s’avère une boule de haine et de ressentiment, rejoignant in fine le statut de femme fatale, soit l’exact opposé de ce qu’il apparaissait au premier abord. Cet arrière-plan psychologique, parfaitement maîtrisé par l’auteur, irrigue l’ensemble du récit par les nombreux rebondissements qu’il suscite, jusqu’à une chute aussi magistrale que cruelle.

Ce moyen astucieux de renouveler un genre extrêmement ritualisé permet de dynamiser une intrigue par ailleurs efficace. L’ensemble s’appuie sur une mise en scène élégante, mettant en valeur l’excellente prestation des comédiens. Le casting très relevé tient en effet toutes ses promesses, Richard Kiley joue avec sobriété et présence physique l’assassin amoureux, tandis que Richard Long apporte une précieuse ambigüité au mari, dont la véritable nature constitue un élément clé du drame. Ils cèdent toutefois le pas à la sublime Anne Francis, sachant parfaitement exprimer la dualité de Connie, dont le visage d’ange dissimule un esprit haineux et retors, impitoyable. Tous parachèvent le succès d’un suspense psychologique de haute volée, avec, pour les amateurs de La Quatrième Dimension, le plaisir supplémentaire de retrouver en couple les protagonistes de deux des opus les plus marquants de cette anthologie, The After Hours et Person or Persons Unknown.

Anecdotes :

  • Derry est arrêté devant un cinéma, dont on aperçoit le film à l’affiche, il s’agit du Western Six chevaux dans la plaine (1962).

  • La chanson écoutée au jukebox par Connie et Derry est une version américaine de Domino, un grand succès d’André Claveau en 1950. La chanson est prise par Bing Crosby

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Richard Kiley (Jim Derry) fut avant tout un acteur de scène et une grande figure de Broadway, pour le théâtre comme pour les comédies musicales. Sa superbe voix de baryton lui valut de grand succès, comme lors de la version musicale de Don Quichotte, en 1965 il fut également un grand acteur de voix, réalisant de nombreux commentaires et autres interventions hors champ. Il apparaît néanmoins régulièrement à la télévision, au cours d’une carrière lui apportant trois Emmy Awards et deux Golden Globe Awards.

  • Richard Long (Eddie Breech) reste principalement remémoré pour son rôle récurrent de Jarrod Barkley dans La Grande Vallée (1965-1969). Il joue également dans Bonanza, Maverick, Alfred Hitchcock Présente, La Quatrième Dimension, etc. Richard Long décède prématurément d'un infarctus.

  • Anne Francis (Connie Breech) ancienne mannequin, fut l'inoubliable Altaira Morbius, vedette féminine d’un grand classique de la Science-Fiction, Planète Interdite (1956). Elle reste également dans les mémoires pour la pétillante Honey West (1965-1966), première série de détective au rôle-titre féminin. Elle joua également dans Les Incorruptibles, Des agents très spéciaux, Cannon, La Quatrième Dimension, L’homme de fer, Arabesque, L'Île Fantastique, Vegas, Drôles de Dames, Matlock… 

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6. NOTHING EVER HAPPENS IN LINVALE
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 08 novembre 1963

Auteur : Richard Levinson et William Link

Réalisateur : Herschel Daugherty

Résumé :

Dans la paisible bourgade de Linvale, Mme Logan épie son voisin, Harry Jarvis. Celui-ci se laisse visiblement aller, alors que son épouse n’est pas apparue depuis trois jours. Soupçonnant un meurtre, elle fait appel au Shérif Ben Wister. D’abord Sceptique, le Shérif mène une enquête de voisinage et doit bien constater que Mme Jarvis semble bel et bien avoir disparu.  a situation s’aggrave quand Mme Logan l’avertit que Jarvis creuse un grand trou dans son jardin, la nuit venue. 

Critique :

Futurs créateurs de Columbo, le duo Richard Levinson / William Link prend ici de manière amusante le contre-point absolu des futures enquêtes du lieutenant du LAPD. Au lieu d’un crime clairement explicité dès le début du récit, l’épisode se bâtit sur le doute même qu’un meurtre ait eu lieu. On retrouve toutefois la griffe des auteurs dans leur portrait d’un Shérif légèrement décalé par son affabilité et sa bonhommie, mais acharné et bien plus malin qu’il ne le semble au premier coup d’œil. Surtout les auteurs annoncent brillent déjà par leur penchant pour la satire sociale, profitant des entretiens menés par le Shérif pour brosser le portrait d’un bourgeoise provinciale oisive et dédiée au cancanage.

 Le récit souffre toutefois du format long choisi par l’anthologie, car l’accumulation des preuves de la disparition de Mme Jarvis menace de devenir répétitive. Richard Levinson et William Link compensent toutefois largement cette relative faiblesse par une chute renversante, l’une des plus imprévisibles de l’anthologie et illustrant à merveille leur talent pour les mécaniques astucieuses. Les amateurs du Maître du Suspense s’amuseront par ailleurs des convergences existant entre cette intrigue et celle de Fenêtre sur Cour. L’interprétation se montre remarquable, contribuant pleinement à l’impact final, de même qu’une mise en scène et une musique alertes.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Phyllis Thaxter (Mme Logan) tint de nombreux rôles de femmes au foyer dans les films de la MGM et de la Warner des années 40 et 50. Atteint de poliomyélite, elle dut quitter les studios, avant de réussir un retour à la télévision durant les 60’s. Elle incarne également Martha Kent dans le film Superman de 1978. Elle participa à six reprises à Alfred Hitchcock présente

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7. STARRING THE DEFENSE
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 15 novembre 1963

Auteur : Henry Slesar, d’après l’une de ses nouvelles

Réalisateur : Joseph Pevney

Résumé :

Après un début de carrière prometteur le comédien Miles Crawford vu le succès l'abandonner. Spécialisé dans les rôles d'avocats, il a quitté Hollywood pour embrasser réellement cette carrière. Des années plus tard son fils est poursuivi pour meurtre, à la suite d’une bagarre ayant mal tourné. Tout en s’appuyant sur un spécialiste du pénal, Crawford décide d’assurer lui-même la défense de son fils. Désespéré par l’évolution des débats, lors de sa plaidoirie il a l’idée de reprendre une scène magistrale de l’un de ses anciens films.

Critique :

Après A Nice Touch en début de saison, l’anthologie s’en retourne à Hollywood. Les deux épisodes forment d’ailleurs comme un diptyque sur le thème de la formidable puissance exercée par le cinéma sur l’esprit des hommes. Le premier épisode traitait de l’Usine des rêves de l’intérieur, montrée comme suscitant de terribles ambitions. Ici nous abordons davantage le rapport au public le succès initialement remporté Henry Slesar évite les poncifs mélodramatiques en ne campant pas Crawford en nostalgique éploré. L’homme est en paix avec lui-même et avec ses souvenirs et le récit, le récit d’abordera pas le poncif de la vedette sur le déclin. Mais les effets de la plaidoirie enflammée de Miles Crawford, montre bien comment agit le cinéma, en créant une version idéalisée, ou fantasmée, du réel, à laquelle les spectateurs ne demandent qu’à croire : une pure Magie, aussi illusoire qu’irrésistible. Sur un sujet similaire, on conseillera vivement Moving Pictures, l’un des purs chefs d’œuvre du regretté Terry Pratchett et de son merveilleux Disque-Monde.

 L’épilogue sait se montrer suffisamment astucieux pour tirer le meilleur parti de l’effet miroir produit par la remarquable prestation de Richard Basehart, dont la voix envoutante et la conviction conviennent idéalement à l’exercice (le maquillage le vieillissant résulte par contre très visible). L’épisode s’offre même le luxe d’une véhémente condamnation de l’horreur de la peine de mort, une rareté au sein des séries américaines, surtout à cette époque. Mais ces éléments très riches se voient malheureusement concentrés dans l’ultime segment du récit. Jusque-là l’épisode revêt la forme d’une intrigue procédurale solide mais classique. On n’échappe dès lors pas aux passages obligés de ce rituel télévisuel, mais les amateurs des Avengers s’amuseront de constater que la séparation des rôles entre les deux avocats rejoint en définitive le système anglais dépeint avec ironie dans le brillant épisode Plaidoirie pour un meurtre, en saison 3.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Le juge est incarné par John Zaremba, qui interprète l’également très humain Dr. Raymond Swain d’Au cœur du Temps (1966-1967).

  • La légendaire Jean Harlow apparaît dans l’album de photos souvenirs de Miles Crawford.

  • Richard Basehart (Miles Crawford) fut un comédien prolifique (Voyage au fond des mers, 1964-1968) mais sa voix riche et profonde lui valut également de devenir le narrateur de nombreux films et séries. Un mois avant sa mort, il assurait encore les annonces de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Los Angeles. 

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8. THE CADAVER
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 29 novembre 1963

Auteur : James Bridges

Réalisateur : Alf Kjellin

Résumé :

Dans une faculté de médecine Doc Carroll, un étudiant très doué mais aussi amateur de blagues parfois de mauvais goût, décide de venir en aide à un camarade, Skip. Celui-ci sombre dans l’alcool, jusqu’à menacer la poursuite de ces études. A l’occasion d’Halloween Doc s’empare d’un cadavre destiné aux dissections, afin de faire croire à Skip que celui-ci a tué quelqu’un sous l’empire de la boisson. Il espère que la frayeur ressentie le ramènera dans le droit chemin, mais le canular va avoir des conséquences aussi dramatiques qu’inattendues.

Critique :

Il s’avère particulièrement regrettable que le scénario ne parvienne pas à correctement développer une idée originale pourtant prometteuse. En effet le canular, au lieu de propulser Skip  dans un cauchemar éveillé à la After hours de Martin Scorsese (toutes proportions gardées), ne va donner lieu qu’à un amoncellement de péripéties de mauvais Boulevard. Skip ne cesse d’être mis en danger de découverte du cadavre, jusqu’à la caricature et des concours de circonstances relevant du ridicule. Le scénario autorise également quelques dommageables facilités quant aux conséquences pratiques du démembrement d’un cadavre

Il en va pareillement pour portrait de Skip, dont on ne saisit pas très bien comment il a pu jusque là mener ses études et avoir une activité sportive en étant autant à la dérive (une trentaine de canette par soirée). De fait la dénonciation moraliste de l’alcoolisme s’en vient régulièrement parasiter et délayer (comme avec Mme Mcnevitt) ce qui aurait dû demeurer une farce grinçante de nuit d’Halloween et qui, au total, manque singulièrement d’intensité. La fin paraît également bien précipitée, la recherche d’effet sacrifiant soudain la vraisemblance. Même si Michael Parks réussit quelques effets, l’ensemble de la distribution résulte assez fade, à l’instar de la mise en scène.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Michael Parks (Skip Baxter) incarnait déjà le héros de Diagnosis : Danger, en saison 1. Il est apparu dans de nombreuses séries américaines des années 60 aux 80. Il mène avec succès une double carrière de chanteur et d’acteur. Toujours actif, il participe à plusieurs films de Tarantino : Kill Bill 1 et 2, : Django Unchained, Boulevard de la Mort.

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9.  THE DIVIDING WALL
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 6 décembre 1963

Auteur : Joel Murcott

Réalisateur : Bernard Girard

Résumé :

Sous couvert d’un garage, une bande de malfrats prépare le vol d’un coffre-fort situé dans un entrepôt et contenant une forte somme d’argent liquide. Après la réussite mouvementée de l’opération, ils ouvrent le coffre dans leur établissement mais découvrent qu’il contient également du Cobalt 60, extrêmement radioactif. Alors que les autorités de sécurité nucléaires lancent une grande chasse à l’homme, ils s’enfuient, laissant la substance contaminer les alentours du garage, Mais l’un d’entre eux est amoureux de la jolie vendeuse de la boutique voisine.

Critique :

Tout comme Diagnosis : Danger en première saison, The Dividing Wall résulte très différent des histoires à chute souvent représentées dans l’anthologie. De plus deux épisodes coïncident sur le thème du compte à rebours voyant les autorités tenter de prévenir l’imminence d’une catastrophe majeure.  Mais à cet aspect de suspense, s’joute ici toute une première moitié de récit relevant du film de casse. La narration s’avère tonique et efficace, constituant un digest réussi du genre : préparation chronométrée à la seconde près, détail prévu durant l’opération et finalement surmontée, querelle entre les complices entrainant en définitive leur échec… Rien n’y manque. Mais tout ceci se voit mené si rapidement que l’ensemble finit par perdre quelque peu en intensité.

Il faut dire qu’en plus de ces deux facettes le scénario introduit également la claustrophobie permettant aux gangsters de manipuler le héros, mais aussi la romance du jeune homme avec sa voisine au passé également meurtri. Cette accumulation conduit parfois à une impression de survol, pour une fois le format long de l’anthologie résulte trop bref ! Mais la mise en scène du réalisateur vétéran Bernard Girard rend l’ensemble nerveux à souhait, de même qu’elle restitue efficacement l’oppressant sentiment d’enfermement induit par la claustrophobie. L’histoire d’amour peut sembler naïve, mais bénéficie du charme et de l’expressivité de deux jeunes comédiens talentueux : Chris Robinson et Katharine Ross

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • On peut s’étonner de voir un nucléide aussi radioactif que le Cobalt 60, employé dans l’élaboration de certaines bombes atomiques, être ainsi conservé dans un entrepôt. Mais, outre ses applications pour l’imagerie médicale, il est également utilisé industriellement afin de stériliser du matériel, voire des aliments. Une méthode parfois contestée pour ses conséquences, mais validée par l’OMS. La France fait partie des cinq pays de l’union européenne l’ayant autorisée, même si pas pour tous les aliments. 

  • Katharine Ross (Carol Brandt) se situe ici à l’orée d’une carrière la voyant tenir plusieurs rôles marquants au cinéma au cours des années 60 et 70. Elle participe ainsi à Le Lauréat (1967), Butch Cassidy et le Kid (1969), Les Femmes de Stepford (1975), Le Voyage des Damnés (1976), avant de s’orienter vers la télévision. Depuis 1984, elle est l’épouse de l’acteur Sam Eliott. 

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10. AU REVOIR GEORGE
(GOOD-BYE, GEORGE)

Date de diffusion : 13 décembre 1963

Auteur : William Fay

Réalisateur : Robert Stevens

Résumé :

Aujourd’hui star adulée d’Hollywood venant de remporter l’Oscar, Lana Layne a jadis eu de mauvaises fréquentations et épousé un gangster minable, George. Alors que celui-ci s’était fait passer pour mort durant des années, elle a la mauvaise de le voir débarquer à la soirée d’après la cérémonie des Oscars. Alors qu’il entreprend de la faire chanter, une violente dispute éclate et elle le tue avec l’un de ses trophées. Avec l’un de son fiancé, le mondain Harry Lawrence, elle va tenter d’enterrer le cadre dans la mission de campagne de ce dernier. Mais l’expédition va connaître un dénouement surprenant.

Critique :

Au revoir George, l’un des rares opus de l’anthologie à disposer d’une version française, a contre lui de traiter deux thèmes déjà abordés cette saison, avec A Nice Touch et la dissimulation d’un   cadavre, avec The Cadaver. Cette impression de déjà-vu se ressent d’autant plus fortement que l’odyssée des deux amants ayant la dépouille dans le coffre de leur voiture et l’intervention d’un motard de la police évoquent clairement l’un des épisodes d’Alfred Hitchcock Présente, Incident de parcours (2.28). Mais il est vrai que toute cette seconde partie apparaît en soi fantaisiste (quand on dissimule un corps, on ne prévoit pas de franchir deux fois une frontière) et sert avant tout à apporter une conclusion à l’histoire, dont le véritable sujet est ailleurs.En effet le cœur de l’opus réside dans sa description des rites hollywoodiens à travers les multiples seconds rôles apparaissant au cours de la longue scène de la party d’après la cérémonie des Oscars.

Vanités, hypocrisie et ambitions transparaissent vite derrière le glamour et les amitiés de façade, avec des portraits aussi prestement croqués que dialogués avec humour. Au lieu d’un pensum moral, l’épisode a la bonne idée d’opter franchement pour une comédie des mœurs acérée, comme le montre d’ailleurs le choix des comédiens humoristes, tels Stubby Kaye pour l’infortuné George, ou Bernie Kopell pour le metteur en scène. Le public français goûtera particulièrement le personnage de la chroniqueuse mondaine, spécialiste ès ragots, un profil assez peu connu dans nos contrées, mais faisant et défaisant les réputations des stars aux USA. Alice Pearce (la première M Kravitz de Bewitched) l’incarne avec vrai pittoresque. Rober Culp et Patricia Harry, habitués à jouer en duo, apportent du naturel et du brio à ce couple situé au sommet de la montagne, passablement snob et persuadé de pouvoir triompher aisément d’une adversité passagère.

Anecdotes :

  • La statuette aperçue durant l’épisode est vraiment l’une de celles servant à représenter l’Oscar. La production bénéficia d’une autorisation spéciale de l’Academy of Motion Picture, Arts and Sciences, détentrice des droits.

  • Robert Culp (Harry Lawrence) a joué au théâtre et au cinéma, mais reste surtout remémoré pour ses rôles télévisuels. l fut ainsi l’un des deux protagonistes de la série Les Espions (1965-1968) et apparut dans de nombreuses autres séries, pour lesquelles il exerça également en tant que scénariste. Avec quatre participations, il est l’invité le plus fréquent de Columbo, à égalité avec Patrick McGoohan.

  • Patricia Barry (Lana Layne) compte à son actif 130 participations à des films ou séries. Après de nombreux seconds rôles au cinéma, elle s’orienta vers la télévision. Elle devint en particulier une figure du soap opera, jouant dans Haine et Passion, Des jours et des vies, La force du destin...

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11. HOW TO GET RID OF YOUR WIFE
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 20 décembre 1963

Auteur : Robert Gould

Réalisateur : Alf Kjellin

Résumé :

Gerald Swinney est persécuté par son épouse Édith, à l’épouvantable caractère et qui refuse de divorcer. Il va monter un plan diabolique pour se débarrasser d’elle. Il lui fait croire qu’il va l’assassiner, afin de la rendre hystérique et paranoïaque aux yeux des voisins et de la famille, puis montre une arnaque suggérant qu’elle veut l’empoisonner. Une fois Édith condamnée pour tentative d’assassinat, il peu dès lors se rapprocher de Rosie Feather, une belle actrice qu’il a utilisé à son insu dans la machination. Mais une désillusion l’attend.

Critique :

L’épisode s’inscrit dans la thématique de ces meurtres conjugaux chers à Alfred Hitchcock, avec l’originalité astucieuse selon laquelle l’assassinat tant et tant de fois évoqué ou suggéré ne survient en définitive, jamais. Il s’agit de l’un des biens rares opus de The Alfred Hitchcock Hour où personne ne meurt ‘où un effet comique habilement renforcé par une musique à la foi jazzy et guillerette très présente, ainsi que par la narration joyeusement cynique de la conspiration. Robert Gould (dont c’est aussi malheureusement l’unique participation à l’anthologie) s’avère un auteur habile, ayant l’excellente idée de faire conter l’ensemble par Gerald lui-même, rajoutant ainsi à la causticité du propos. Si l’on regretter un pot aux roses découvert trop rapidement, ce long flash-back conserve jusqu’au bout son entrain.

En arrière-plan il développe également une satire sociale affûtée quant à la misogynie d’une société américaine demeurant encore enracinée dans les années 50, où, dès lors qu’une épouse déroge au modèle de la parfaite femme au foyer, elle devient mal considérée (par les hommes, mais aussi par les autres femmes, d’ailleurs). La distribution brille par l’humour de Bob Newhart, mais aussi par le charme de Joyce Jameson. On regrettera simplement une chute bien peu crédible, mais permettant une conclusion morale châtiant le comploteur. Un carcan final toujours aussi incontournable pour l’anthologie, mais au moins s’insère-t-il dans le récit, et non pas comme un cheveu sur la soupe lors de la conclusion d’Hitchcock.

Anecdotes :

  • Parcourue en long et en large lors de la machination, la maison des Swinney est en fait celle ayant servi de décor principal à la sitcom familiale Leave it to Beaver (1957-1963). Sise au sein des Studios Universal, cette demeure sert de décors à plusieurs autres productions, dont Marcus Welby, M.D. (1969-1976) et Desperate Housewives (2004-2012). Elle et sa rue, la Colonial Street des Studios, constituent en effet le principal décor extérieur représentant Wisteria Lane.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Joyce Jameson (Rosie Feather) réalisa de nombreuses brèves apparitions de charme dans le cinéma des années 50, souvent non créditées. Elle perça à la télévision au cours des années 60 et 70 (La Quatrième Dimension, Perry Mason, Les Drôles de Dames...). Son rôle le plus connu demeure celui de la joueuse Skippy dans The Andy Griffith Show (1960-1968). Elle fut longtemps très proche de Robert Vaughn. Dépressive elle se suicide par ingestion de médicaments, en 1987.

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12. THREE WIVES TOO MANY
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 03 janvier 1964

Auteur : Arthur A. Ross, d’après une nouvelle de Kenneth Fearing

Réalisateur : Joseph M. Newman

Résumé :

Raymond Brown a secrètement épousé quatre femmes autant par amour que pour leur argent. Les vivent aux quatre coins du pays et il se fait passer pour un démarcheur commercial afin de justifier ses absences. Il profite également de ces voyages pour jouer gros aux courses. Marion, la plus âgée et la plus riche des quatre épouses, découvre le pot aux roses. Furieuse, elle refuse néanmoins d’avoir du mal à retrouver un mari à son âge, aussi elle entreprend d’assassiner successivement les trois autres, en les empoisonnant au cyanure. Raymond aura la vie sauve, mais ne va néanmoins pas s’en tirer à bon compte.

Critique :

Three Wives Too Many (à ne pas confondre avec Two is Crowd) constitue un parfait diptyque avec l’opus précédent. Tout en nous faisant retrouver la verve sarcastique de cet écrivain rebelle que fut Kenneth Fearing, on retrouve en effet le thème des meurtres conjugaux, si souvent source d’inspiration chez Alfred Hitchcock. Mais cette fois c’est l’épouse (enfin, l’une des épouses) qui se trouve à la manœuvre de la conspiration, ce qui nous vaut une conclusion à la cruauté encore plus raffinée et perfide que précédemment. Un effet bien en entendu une nouvelle fois contrecarré par le discours final d’Hitchcock, se voulant décalé mais en fait très bourgeois quant à la morale de l’affaire. Entre-temps on s’amuse beaucoup de l’humour noir de cette succession de meurtre très à la Noblesse oblige, d’autant qu’elle s’agrémente encore de la plaisanterie récurrente d’un Raymond de plus effondré couvrant les scènes macabres et s’enfonçant dans un piège dont il ne comprendra que trop tard la nature.

Aucun second rôle ne se voit négligé, notamment les différents policiers interrogeant Raymond, dont certains ne sont d’ailleurs pas sans évoquer le futur Lieutenant Columbo. Si la distribution confirme que l’anthologie accueille quelques-unes des belles actrices hollywoodiennes de l’époque (notamment les sublimes Linda Lawson et Jean Hale), et si Dan Duryea se montre efficace en escroc en définitive sympathique, le clou du spectacle réside indubitablement dans la prestation grand train de Teresa Wright, incarnant parfaitement la folie froide et machiavélique animant Marion. Tout comme lors de How to Get Rid of Your Wife, on apprécie la fenêtre ouverte sur l’American Way of Life d’années 60 encore très marquées par la décennie précédente tellement loin de l’instantanéité de l’information permise par l’Internet. Par ailleurs le récit ne va pas sans s’accompagner d’une satire sociale du temps, montrant des femmes au foyer ne vivant qu’à travers leur mari (y compris Marion), tandis que ce dernier reste nettement plus libre de ses actes.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • La nouvelle initiale de Kenneth Fearing fut publiée dans le magazine Best Detective Stories, en 1957.

  • Teresa Wright (Marion Brown) fut remarquée par Samuel Goldwyn en 1939, à Broadway. Propulsée au premier rang d’Hollywood, elle emporte un Oscar en 1942 pour Madame Milliver. En 1943, elle est la jeune Charlie, l’héroïne de L’ombre d’un doute, d’Alfred Hitchcock. A partir des années 60 elle connaît une belle carrière à la télévision. Elle reste réputée pour avoir toujours citiqué l’aspect glamour du star system, allant jusqu’à se brouiller avec la MGM. 

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13. THE MAGIC SHOP
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 10 janvier 1964

Auteur : John Collier, d’après un roman d’H.G. Wells

Réalisateur : Robert Stevens

Résumé :

Parmi ses cadeaux d’anniversaire, le jeune Tony vient de toucher 15 dollars. Lui et son père Steven partent les dépenser dans une boutique de magie située à proximité. Steven pense qu’il s’agit d’un établissement de farces et attrapes, mais le magasin s’avère rempli d’objets troublants, aux facultés inexplicables. L’étrangeté s’accroît quand survient l’intrigant tenancier ; M. Dulong. Sous un aspect courtois, il s’avère menaçant, mais une complicité s’établit entre lui et Tony à propos de la « véritable magie ». Tous deux disparaissent brusquement, alors que Steven perd connaissance. Tony ne réapparaît que le lendemain. Il dispose désormais de pouvoirs surnaturels, qu’il emploie pour des amusements toujours plus cruels.

Critique :

L’épisode se montre d’emblée singulier, car il s’agit du tout premier à relever du Fantastique, les recours à ce genre demeurant rarissimes au sein des anthologies d’Alfred Hitchcock. Cette perspective résulte d’autant plus prometteuse que le récit s’inspire d’une nouvelle d’H. G. Wells, (1903), l’une des plumes les plus prestigieuses des littératures de l’imaginaire. Et, de fait, toute la première partie de l’opus, au sein de l’étrange boutique, relevant directement de la nouvelle de Wells, s’avère réussie. Avec de faibles moyens, la mise en scène sait créer une véritable atmosphère bizarre devenant toujours plus menaçante. Elle s’offre même quelques jolis secrets, tels les transformations de Dulong, de mannequin à humain, puis inversement. Si l’ensemble reste malgré tout moins macabre que chez Wells, une vraie sensation de suspense s’instaure. En père toujours davantage alarmé, Leslie Nielsen confirme que son talent ne se cantonne pas à la comédie et David Opatoshu, pleinement dans son emploi, excelle dans l’incarnation de cet intrigant gentleman. Ils parviennent à faire oublier la fadeur du jeune John Megna.

Malheureusement tout se gâte dans la seconde moitié de l’opus. Là où H. G. Wells concluait sur une fin ouverte, au non-dit à la fois très suggestif et si anglais, le récit choisit de poursuivre par une série de tours de magie évoquant, au mieux, ceux de Ma sorcière bien aimée. Or, si ce genre de scène convient merveilleusement à une fantaisie humoristique, il parvient difficilement à atteindre son objectif quand il s’agit de faire peur. La surenchère finale tourne au ridicule, tout en relevant d’un Fantastique très conventionnel. En fait tout se déroule comme si l’épisode s’inspirait beaucoup du grand classique de La Quatrième Dimension qu’est It’s a Good Life (3.08), diffusé trois ans plus tôt, mais de manière singulièrement maladroite. On remplace ici le mystère initial par un long préambule (également délayé durant la période d’absence de Tony), manifestations insolite remplacées par de la sorcellerie conventionnelle, ambiance prégnante d’effroi réduite aux minutes finales, rapport à l’enfance prestement évacué, un acteur peu expressif ici... Une adaptation très terne.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Leslie Nielsen (Grainger) se fit connaître pour des rôles sérieux, parfois même sombres (Planète interdite, 1956. L’aventure du Poséidon, 1972), avant d’opter pour la comédie à la fin des années 70 à travers les productions du trio .Z.A.Z. (Y a-t-il un  pilote ?et Y a-t-il un flic ?, Police Squad, Scary Movie...). Il participa également à de nombreux jeux télévisés. Nielsen fut aussi un passionné de golf, et ses vidéos apprentissage de ce sport, réalisées avec beaucoup d’humour, connurent un grand succès aux USA. 

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14. MESSAGE DE L’AU-DELÀ
(BEYOND THE SEA OF DEATH)

Date de diffusion : 24 janvier 1964

Auteur : William D. Gordon et Alfred Hayes, d’après une nouvelle de Miriam Allen DeFord

Réalisateur : Alf Kjellin

Résumé :

La jeune héritière Grace Renford est certaine des sentiments de son soupirant, un jeune et prometteur ingénieur des mines, car elle lui a caché l’étendue de sa fortune. Elle le lui révèle malgré tout, avant qu’il ne parte pour une mission en Bolivie, mais apprend peu de temps plus tard qu’il est mort dans un éboulement. Désespérée, elle fait appel au Dr. Shankara, un mystique affirmant pouvoir permettre une communication avec le défunt. Shankara exerce une influence croissante sur Grace et entreprend de s’approprier son argent, mais la meilleure amie de la jeune femme découvre alors que Shankara et le prétendu disparu sont des escrocs. Grace Renford va réagir de manière inattendue à cette révélation.

Critique :

Peu connue dans nos contrées, Miriam Allen DeFord fut une prolifique auteure de récits policiers ou de Science-fiction, parus après-guerre dans de nombreux Pulps ou magazines. Malheureusement, l’épisode ne rend pas le plus convaincant des hommages à l’écrivaine, tant il s’avère creux et ennuyeux. Toute la première partie résulte peut-être très romantique dans le texte, à l’écran on n’y distingue qu’une bluette à l’eau de rose, que les continuelles citations de poésie rendent également quelque peu précieuse. Que la révélation survenant vers la fin du récit change l’optique de l’affaire n’efface en rien l’ennui suscité, d’autant que le Dr. Shankara s’avère d’entrée tellement caricatural que tout en devient très prévisible.

Par ailleurs, la chute finit de faire sombrer l’entreprise dans le mélodrame absolu, un mouvement déjà copieusement entamé par le jeu très appuyé de Diana Hyland. En fait l’on sait que Miriam Allen DeFord fut une figure passionnée et en vue du mouvement fortéen, continuateur de Charles Fort (1874-1932). Cet auteur de Science-fiction dédia une grande part de son activité à expliciter nombre de phénomènes supposés paranormaux et à dénoncer les mystificateurs. De fait, le récit constitue un vibrant pamphlet comme les charlatans et arnaqueurs faisant commerce de la crédulité humaine. De louables intentions, mais qui se voient privées de toute subtilité par une transcription à gros sabots dans le langage télévisuel.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Plusieurs fois référencée dans les dialogues, la poétesse anglaise Christina Rossetti (1830-1894) appartient à une famille d’écrivains proches de Lord Byron. Elle fut remarquée pour ses prises de position en rupture de son temps, notamment féministes et pacifistes. Son œuvre s’inspire souvent vers le folklore féérique anglais, mais traite également de la mort et de la douleur de l’absence, comme relaté dans l’épisode. Le titre original Beyond the Sea of Death reprend celui de l’un de ses poèmes, en partie lu par Grace Renford.

  • Diana Hyland (Grace Renford) participa à plusieurs séries prestigieuses (Le Fugitif, La Quatrième Dimension, Les Envahisseurs, Happy Days, Mannix...) et devint la compagne du jeune John Travolta, rencontré durant le tournage de Le garçon dans la bulle de plastique (1976). Elle décéda prématurément d'un cancer du sein, veillée par l'acteur. Un Emmy Award posthume lui fut décerné, reçu en son nom par Travolta. 

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15. NIGHT CALLER
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 31 janvier 1964

Auteur : Robert Westerby, d’après une histoire de Gabrielle Upton

Réalisateur : Alf Kjellin

Résumé :

Alors qu’elle prend le soleil dans son jardin, Marcia Fowler est épiée par son jeune voisin Roy Bullock. Elle est effrayée par le voyeur, mais son mari ne la prend pas au sérieux et se lie même d’amitié avec le jeune homme. Alors que ce dernier est en voyage, Marcia est confrontée à des appels nocturnes injurieux et menaçants. Persuadée que Roy en est l’auteur, elle sombre progressivement dans la panique.

Critique :

L’épisode tente de créer une tension grandissante, avec comme point d’orgue l’irruption de Roy au domicile de Marcia. Malheureusement, s’il parvient à installer une intéressante ambigüité quant à l’auteur des coups de téléphone anonymes, le scénario gère fort mal la montée en puissance de la menace planant sur la jeune femme. On perd beaucoup de temps avec des sujets secondaires comme l’enfant caricatural, les dialogues convenus avec le mari sceptique, forcément sceptique, ou les allées et venues de l’héroïne. Autant de scènes délayées au point de relever du remplissage. De plus l’intrigue commet plusieurs maladresses.

Alors qu’elle est terrorisée par son voisin, Marcia préfère rester seule chez elle plutôt que d’accompagner son mari, sans raison claire et le récit apparaît malheureusement ambigu quand Roy énonce que les femmes souffrant de harcèlement méritent ce qui leur arrive, quand elles se montrent séduisantes. L’intensité ne s’élève véritablement que lors des dix dernières minutes, mais avec une conclusion précipitée, qu’Alfred Hitchcock doit d’ailleurs poursuivre encore plus qu’à l’ordinaire dans on commentaire. Night Caller reste toutefois un épisode d’acteurs, les deux protagonistes excellant chacun dans sa partition.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • En novembre 1985, sous le titre The Night Caller (Obsession), un remake de l’épisode prit place dans la version 80’s d’Alfred Hitchcock Présente.

  • Felicia Farr (Marcia Fowler) se fit connaître comme modèle durant les années 50, avant de percer au cinéma, principalement dans le domaine du Western (L’homme de nulle part, 1956, 3 h 10 pourBYuma, 1957). Elle participe également à de nombreuses séries (Bonanza,The Alfred Hitchcock Hour, Bonanza, Ben Casey, Burke's Law...). Elle fut l’épouse de Jack Lemmon, de 1962 jusqu’au décès de ce dernier, en 2001.

  • Bruce Dern (Roy Bullock) fut très tôt spécialisé les rôles de méchants. Il est le seul acteur à avoir tué John Wayne dans un film (The Cowboys, 1972). En 1964 il  joue dans Pas de printemps pour Marnie, et en 1972 dans Complot de famille, deux films d’Hitchcock. Toujours actif, Bruce Dern participe en 2015 à Les huit salopards. Il est le père de l’actrice Laura Dern. 

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16. THE EVIL OF ADELAIDE WINTERS
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 07 février 1964

Auteur : Arthur A. Ross

Réalisateur : Laslo Benedek

Résumé :

Durant la seconde guerre mondiale, Adelaïde Winters exerce une fort lucrative activité. Avec un associé spécialiste en trucage, elle se fait passer pour un médium capable d’établir une communication entre les soldats morts, et leurs parents prêts à débourser de grosses sommes. Le riche père d’un lieutenant tué durant le Débarquement est fasciné par l’expérience et propose à Adelaïde de résider chez lui, afin d’obtenir l’exclusivité de ses services. Trouvant cela malsain, l’associé d’Adelaïde part, mais celle-ci demeure sur place, dans l’espoir d’un mariage rémunérateur.

Critique :

L’intrigue présente la particularité d’évoquer de très près celle de Beyond the Sea of Death, épisode diffusé à peine deux semaines plus tôt. Dans les deux cas, l’on trouve des escrocs tirant partie de la souffrance de personnes prêtes à tout pour pouvoir communiquer avec de chers disparus, mais aussi les conséquences psychologiques dramatiques de la manipulation sur ses dupes. Toutefois les deux opus divergent du tout au tout, tant les choix narratifs s’avèrent ici plus astucieux que le mélodrame simpliste précédent. En effet, l’attention se porte ici non sur la victime, mais sur l’affabulatrice, qui va se trouver en mauvaise posture suis à un retournement de situation très astucieux, au percutant humour noir.

 Certes le twist manque quelque de vraisemblance, mais le talent de Laslo Benedek (Mort d'un commis voyageur, L'Équipée sauvage) permet de filmer toute la séquence finale telle un cauchemar éveillé, ce qui pallie à cette difficulté. Portée par une remarquable Kim Hunter, Adelaïde Winters s’avère un passionnant personnage de femme forte, dont le cynisme affirmé se tempère de quelques émotions. On se situe très loin de la caricature passablement ridicule que composait son collègue de Beyond the Sea of Death. Certes le format long fait que l’épisode souffre d’une baisse de rythme à mi-parcours, avec des séances de spiritisme un brin répétitives, mais le portrait ainsi dressé apporte une vraie intensité à la narration.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Kim Hunter (Adelaïde Winters) débuta à l’Actor’s Studio avant de se lancer au cinéma à la fin des années 30. Suspectée de sympathie envers le communisme pour avoir participé à des productions féministes, elle dut se cantonner au théâtre durant le Maccarthysme. En 1947 elle triomphe à Broadway aux côtés de Marlon Brando, dans Un Tramway nommé Désir, dont l’adaptation à l’écran en 1951 lui valut un Oscar. Même si elle participa à plusieurs séries télévisées et tint le rôle marquant du Dr. Zira dans la saga de La Planète des Singes, elle reste avant tout une comédienne de théâtre. 

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17. THE JAR
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 14 février 1964

Auteur : James Bridges, d’après une nouvelle de Ray Bradbury

Réalisateur : Norman Lloyd

Résumé :

Durant un carnaval, Charlie, un campagnard, achète un étrange bocal dont le contenu, indéfinissable, flotte dans une solution transparente. L’acheteur est fasciné, tout comme les autres villageois qui viennent régulièrement chez lui contempler l’objet. Charlie se réjouit de la respectabilité ainsi gagnée, mais sa femme, qui par ailleurs le trompe, demeure sceptique, puis hostile, au bocal,

Critique :

L’épisode doit faire face à l’inévitable obstacle d’avoir à créer à l’écran l’énigmatique contenu du bocal, alors que ce dernier connaît un impact bien supérieur quand il s’adresse à l’imagination. Mais, aussi rudimentaire soit-il, l’artéfact remplit finalement efficacement son office à l’écran, en s’avérant mystérieux à souhait. Le grand mérite de l’opus repose sur la parfaite reconstitution de l’atmosphère de la remarquable nouvelle de Bradbury. Grâce à la mise en scène expressive de Norman Lloyd, un proche d’Alfred Hitchcock, et à de remarquables comédiens, souvent méconnus dans nos contrées, on retrouve parfaitement l’atmosphère poisseuse et oppressante de ce petit village en bordure des marais.

On renoue également pleinement avec ce talent pour le macabre ressurgissant régulièrement chez Bradbury, écrivain pouvant par ailleurs nous offrir des textes d’un rare merveilleux. La mécanique infernale conduisant à l’abominable révélation finale résulte particulièrement glaçante, chacun œuvrant aveuglément à la marche des évènements. On retrouve également l’atmosphère de ces étranges carnavals qu’appréciait l’auteur, établissant une subtile ironie entre le monde des monstres de foire et les habitants du village. La conclusion relative au contenu du bocal s’avère moins ambivalente que dans la nouvelle, qui présentait une dimension davantage religieuse, mais développe comme une parabole pessimiste sur l’attraction opérée par le spectacle sur le public, que cela soit le cinéma ou la télévision/

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • La nouvelle de Bradbury a été originellement publiée dans le Pulp Weird Tales, en 1944, puis reprise dans le recueil Le Pays d’Octobre (1955). Le titre français en est Le Bocal.

  • En 1986, un remake de l'épisode réalisé par Tim Burton prendra place dans la nouvelle anthologie Alfred Hitchcock présente (1985-1989)

  • James Best (Tom Carmody) fut un spécialiste des seconds rôles de Western, genre dans lequel il apparut près de 300 fois au grand comme au petit écran. Il reste néanmoins remémoré pour son rôle de shérif abruti dans Shérif, fais-moi peur (1978-1985). James Best a publié ses mémoires en 2009.

  • Pat Buttram (Charlie Hill) conserva un timbre de voix juvénile qui lui vaut ne belle carrière d’acteur de voix, notamment pour les dramatiques radios. Il joua également régulièrement dans les productions de Walt Disney il est ainsi la voix du chien napoléon dans Les Aristochats et du Shérif de Nottingham dans Robin des Bois. Il fut un fervent soutien de la carrière politique de son ami Ronald Reagan et participa à la rédaction de ses discours.

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18. FINAL ESCAPE
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 21 février 1964

Auteur : John Resko, d’après une nouvelle de Thomas H. Cannan Jr. et Randall Hood

Réalisateur : William Witney

Résumé :

Dans un pénitencier d’état, le vieux prisonnier Doc, malade et alcoolique, fait un pacte avec un jeune gangster. Celui-ci est emprisonné pour 10 ans et est surveillé de près par le chef des gardes.  Contre le financement d’une opération dont sa petite fille a besoin, Doc va faire entrer le gangster dans un cercueil destiné à un détenu venant de mourir et dont il doit préparer la tombe, située à l’extérieur de la prison. Il pourra ainsi le libérer dès que les gardes se seront absentés.

Critique :

La véracité de la lugubre description de la vie carcérale d’alors apporte beaucoup à l’épisode, le dotant d’un intérêt quasi documentaire. L’auteur John Resko, qui écrit ici son unique scénario de l’anthologie, connaît en effet bien le monde de la prison, ayant été condamné pour meurtre au début des années 30. Roosevelt, alors gouverneur de l’Etat de New York, commua sa peine de mort en détention à vie, alors qu’il était sur le point de passer sur la chaise électrique. Son dossier ayant été requalifié, il fut libéré au début des années 50 et débuta une double carrière de peintre et d’écrivain.

Il évite ici toute caricature pouvant rendre artificielle sa description des travaux forcés. Ni le capitaine des gardes, ni le jeune gangster ne se montrent cruels, bien au contraire, mais le système les place mécaniquement en opposition. Robert Keith se montre bouleversant dans le rôle de Doc, véritable protagoniste de l’histoire, tandis que le metteur en scène William Witney sait apporter de l’intensité à ce huis clos à ciel ouvert. On regrettera toutefois que la chute macabre, très à la Contes de la Crypte, soit aisément devinable dès la mise en place du scénario. 

Anecdotes :

  • Parmi les prisonniers, on reconnaît brièvement Bernie Hamilton, le futur capitaine Dobey de Starsky et Hutch.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  •  Durant la dernière scène, on voit clairement le mort cligner des yeux à plusieurs reprises.

  • Le metteur en scène William Witney fut une grande figure de serials d’avant-guerre. Appréciant son savoir-faire, Hithcock lui confie le tournage des scènes de chasse à courre de Pas de printemps pour Marnie. Le film et l’épisode furent tournés la même année, en 1964.

  • Les mémoires de John Resko furent adaptées en film en 1962 (Convicts 4). Son rôle y est tenu par Ben Gazzara.

  • Robert Keith (Doc) apparut dans de nombreux films des années 40 et 50, ainsi que régulièrement à Broadway. Il fut également un auteur de pièces à succès. Dans Le Prisonnier, il interpréta le père de Richard Kimble. Il est également le père de l'acteur Brian Keith (Cher oncle Bill).

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19. MURDER CASE
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 6 mars 1964

Auteur : James Bridges, Richard Levinson et William Link 

Réalisateur : John Brahm

Résumé :

A Londres, Lee Griffin et Diana Justin, deux comédiens anciens amants, se retrouvent lors des répétions d’une pièce. Leur passion renait rapidement, mais Diana a épousé un riche et âgé diamantaire anglais. Lee et Diana décident de l’assassiner afin de pouvoir vivre librement leur amour, tout en conservant sa fortune. Ils décident dès lors de mettre au point le crime parfait. 

Critique :

Cet épisode très riche bénéficie de nombreux atouts. Au-delà de l’effet de curiosité suscité, la présence du futur couple mythique du cinéma formé par Gena Rowlands et John Cassavetes apporte toute une intensité particulière au récit. Les deux comédiens savent magnifiquement exprimer la sauvage soif de vivre de leurs personnages, se caractérisant aussi bien par une vitalité crevant l’écran que par un monstrueux égoïsme nombriliste. La perspective ouverte sur le monde du théâtre, avec ses passions et ses cruautés, se montre également intéressante. Issus de la scène, Rowlands et Cassavetes s’y montrent particulièrement à l’aise, d’autant que leur histoire personnelle rejoint le récit, car l’on sait que tous deux se sont également rencontrés lors de répétitions théâtrales.

En contrepoint, Murray Matheson joue sur du velours, étant parfaitement dans son emploi avec ce nouveau rôle d’Anglais de la meilleure société. On s’amuse également de reconnaître John Banner en pittoresque douanier hollandais, peu de temps avant qu’il ne devienne le fameux Sergent Schultz de Stalag 13. Le duo Levinson & Link, futur créateur du lieutenant Columbo (là aussi au théâtre) installe ses thématiques favorites : révélation très explicite des rouages d’un crime se vouant parfait et de l’identité de son auteur, importance centrale accordée à l’alibi, opposition entre les classes sociales. Malheureusement, c’est là que le bât blesse, car ces éléments se voient relégués en fin d’épisode et leur résolution traitée de manière expéditive. La tentative de meurtre initiale, inutile, aura fait perdre du temps que la narration ne parvient pas à rattraper,

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Gena Rowlands (Diana Justin) devint l'épouse du réalisateur John Cassavetes (Lee Griffin) en 1954 et en fut la Muse. Ils tournèrent ensemble dix films, principalement durant les années 70 et 80. Auparavant elle tint de nombreux rôles à la télévision, jouant aussi bien dans des séries policières que de Western. Elle fut proposée deux fois pour l'Oscar, pour Une femme sous influence (1974) et pour Gloria (1980). Lors du tournage de l’épisode, ils étaient mariés depuis près de dix années. 

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20. ANYONE FOR MURDER ?
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 13 mars 1964

Auteur : Jack Ritchie

Réalisateur : Leo Penn

Résumé :

Via des petites annonces suggestives, un professeur de psychologie mène u expérience en grandeur réelle, tâchant de déterminer les ressorts du meurtre conjugal. Il rencontre de la sorte un tueur professionnel, puis le propre amant de sa femme, désireux de le tuer sans connaître son identité. Il va dès lors engager l’assassin pour tuer son rival, mais rien ne va se dérouler comme prévu.

Critique :

L’épisode représente une tentative, intéressante en soi, d’orienter l’anthologie vers la comédie d’humour noir, aux confins du non-sens. Mais la tentative échoue platement, car le scénario confond absurde et artificialité. Ces personnages, dont les états d’âme, les buts et les attitudes ne cessent de varier du tout au tout d’une scène à l’autre, sonnent bien trop creux pour réellement intéresser. De plus, l’histoire se traine du fait de scènes bavardes et répétitives où chacun s’épanche pesamment sur ce qu’il ressent, encore et encore. Après un vaste surplace, l’action accélère pied au plancher dans les ultimes minutes du récit, l’artificialité des situations rejoignant ainsi celle des caractères.

On apprécie toutefois l’excellente distribution, avec des acteurs de talents parfaitement dans leur emploi (l’inquiétant Edward Andrews, l’amusant Richard Dawson, la piquante Patricia Breslin…), ainsi que les méritoires efforts, parfois couronnés de succès, du réalisateur Leo Penn afin de tenter d’animer le pensum. Ces efforts n’empêchent malheureusement pas la chute de totalement sombrer dans le sentencieux, avant qu’Hitchcock n’intervienne une nouvelle fois durant la séquence finale, remettant en cause tout ce qui pourrait résulter malgré tout comme légèrement transgressif dans la conclusion.  Une habitude de l’anthologie décidément contreproductive.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Patricia Breslin (Doris Pakerson) connut son heure de gloire au cours des années 50 et 60, après lesquelles elle mit un terme à sa carrière. Tout en apparaissant régulièrement à Broadway, elle participa à plusieurs séries : Peyton Place, General Hospital, Maverick, Perry Mason… Elle joue l’épouse du personnage de William Shatner dans l’épisode Les Prédictions de La Quatrième Dimension.

  • Le réalisateur Leo Penn est le père des acteurs Sean et Chris Penn. Il débuta comme acteur après-guerre, mais il fut inscrit sur la liste noire du maccarthysme du fait de ses activités syndicales. Par la suite il se tourna vers la mise en scène et participa à un grand nombre de séries télévisées. 

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21. BEAST IN VIEW
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 20 mars 1964

Auteur : James Bridges, d’après un roman de Margaret Millar

Réalisateur : Joseph M. Newman

Résumé :

La jeune et riche Helen appelle à l’aide son ami et conseilleur juridique, Paul. En effet, elle se plaint du harcèlement sans cesse plus acharné et violent que lui fait subir sa demi-sœur Dorothy. Celle-ci, très belle et bohême, est en effet consumée de jalousie devant la fortune d’Helen. Paul débute unz enquête cherchant à trouver des preuves formelles du comportement de Dorothy, mais une considérable surprise l’attend.

Critique :

L’anthologie en revient ici à ses fondamentaux, avec de nouveau l’adaptation de tout un roman entier. Mortellement vôtre demeure l’un des récits les plus fameux de Margaret Millar, populaire auteur de romans policiers et thrillers profondément californiens, mais aussi figure du mouvement écologiste aux États-Unis. Le passage de l’écrit à l’image induit inévitablement une simplification, ici dommageable sur un point précis : pour l’amateur éprouvé des anthologies à chute, le rebondissement final devient très rapidement prévisible du fait de l’épure apportée au récit. Par ailleurs une partie des rouages de l’intrigue repose sur le fait que Dorothy soit nettement plus belle qu’Helen, or The Alfred Hitchcock Hour ne sait pas ici déroger à sa coutume (d’ordinaire fort louable…) de retenir quelques-unes des plus belle actrices de son temps. De fait cette dimension esthétique se voit totalement gommée à l’écran.

Toutefois les passionnants ressorts psychologiques du roman se voient habilement préservés, et avoir largement anticipé la chute ne prive nullement le spectateur de ressentir une fascination horrifiée devant l’étude en coupe de la personnalité d’Helen. De plus on appréciera la totalité authentiquement hitchcockienne du récit, avec son approche du dédoublement de la personnalité à la Psychose et la formidable séquence voyant la folie d’Helen se refléter dans son miroir, avec des effets surréalistes évoquant La Maison du docteur Edwardes (les amateurs des Avengers songeront à la scène équivalente de Ne vous retournez pas). La plume de Margaret Millar se retrouve dans on approche acérée du style de vie californien, avec sa primauté accordée à l’égocentrisme et à l’illusion de l’image, mais aussi via plusieurs personnages féminins forts. Au sein d’un aréopage d’excellentes actrices, on notera également la nouvelle superbe performance de Kevin McCarthy dans le rôle du héros masculin se voulant dominateur mais en fait aveuglé par son approche protectrice des femmes.

Anecdotes :

  • Mortellement vôtre, le roman original de Margaret Millar (1955), reste l’une de ses œuvres les plus renommées. En 1956, il reçoit le Prix Edgar-Allan Poe du meilleur roman.
  • Le roman sera également adapté au cours de la reprise de l’anthologie dans les années 80, sous le titre La Bête (1.14, 1986).

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Kevin McCarthy (Paul Blackshear) cousin éloigné du tristement célèbre sénateur, connut une longue carrière de seconds rôles dans les films de genre (notamment pour Joe Dante) mais demeure dans les mémoires pour avoir interprété le héros de L'Invasion des profanateurs de sépultures (1956), l'un des grands classiques de la Science-fiction au cinéma. À la télévision il apparut dans Alfred Hitchcock Présente, La Quatrième Dimension, Le Fugitif, Les Envahisseurs, Mission Impossible, L'Île Fantastique, Arabesque… Il participe également à la version cinéma de La Quatrième Dimension, en 1983, dans la partie réalisée par son ami Joe Dante. 

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22. BEHIND THE LOCKED DOOR
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 27 mars 1964

Auteur : Joel Murcott

Réalisateur : Robert Douglas

Résumé :

Dave et Bonnie forment un jeune couple amoureux, mais désargenté. En effet, Mrs Daniels, la riche mère de Bonnie, leur a coupé les vivres, se méfiant des intentions de Dave. Celui-ci, bien plus vénal que ce qu’il laisse croire à Bonnie, convainc celle-ci de mettre en scène une fausse tentative de suicide aux somnifères. Mais la mystification se déroule mal et Bonnie meurt. Mrs Daniels va dès lors ourdir une terrible vengeance.

Critique :

L’épisode peut capitaliser sur une introduction mystérieuse à souhait, ainsi que sur une conclusion choc, horrifique à tout crin. Dans ces circonstances, la composition plaisamment surannée et déclamatoire de Gloria Swanson fait réellement merveille en mère dominatrice, d’autant que l’élégante mise en scène de Robert Douglas prend soin de recréer celle des films gothiques de l’Hollywood d’avant-guerre, dans lesquels s’illustra si souvent la star. Malheureusement le récit souffre du format du long de l’opus meublant tout du long par le mélodrame du couple Dave/Bonnie, peu avare en clichés.

Bonnie (peu convaincante Lynn Loring) se montre particulièrement irritante en en cessant de proclamer en boucle son amour inconditionnel et soumis envers son mari. Par ailleurs le scénario ne se montre pas exempt de fatalités, avec une Bonnie totalement ignorante de son état de santé, jusqu’à l’invraisemblance, ou pariant tout sur le fait que Dave ne regarde rien avant de franchir la fameuse porte du titre. Reste le plaisir de reconnaître certains acteurs de l’époque autour du totem Gloria Swanson, comme James MacArthur (Hawaï, police d'état) ou Whit Bissel (Au cœur du Temps).

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Gloria Swanson (Mrs. Daniels) fut une grande vedette hollywoodienne de l’époque du muet, et ‘une des premières femmes à devenir productrice. Elle est restée également fameuse pour sa liaison avec Joseph Kennedy, patron de RKO Pictures et père de JFK. La venue du parlant nuisit grandement à sa carrière, mais elle se reconvertit avec succès à la télévision. Son rôle le plus remémoré demeure celui, quasiment autobiographique, d’une star déchue du muet, dans Boulevard du Crépuscule (1950).

  • Lynn Loring (Bonnie Daniels), ancienne enfant star, apparut dans de nombreuses séries des années 60 : Gunsmoke, Perry Mason, La Grande Vallée, Des Agents très spéciaux, Les Mystères de l’Ouest... De 1967 à 1984 elle fut l’épouse de Roy Thinnes, avec qui elle tourna à plusieurs reprises (épisode The Panic des Envahisseurs). A partir des années 70, elle débuta une carrière à succès de productrice de téléfilms. 

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23. A MATTER OF MURDER
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 03 avril 1964

Auteur : Boris Sobelman

Réalisateur : David Lowell Rich

Résumé :

Sympathique et non violent voleur de voitures, Philadelphia Harry a la mauvaise surprise de découvrir le cadavre d‘une femme dans le coffre de Rolls Royce qu’il vient de dérober. Le mari de la victime, Sheridan Westcott, projetait en effet d’immerger la dépouille de la victime dans le lac. Il va profiter de l’occasion pour tenter de faire porter le chapeau à Philadelphia. Commence alors un duel à distance entre les deux hommes pour parvenir à se débarrasser de l’encombrant cadavre.

Critique :

A l’instar de Mais qui a tué Harry ? en 1955, l’épisode a l’excellente idée de muer le classique du récit policier que constitue le cadavre incriminant en un élément de pure comédie d’humour noir. Pour développer son intrigue, il opte par contre plutôt pour le vaudeville, avec un indéniable succès. En effet le rythme effréné du déplacement du cadavre, avec le gag à répétition de ses réapparitions surprises se montre très divertissant, d’autant que la mise en scène se montre suffisamment dynamique pour coller au rythme des évènements, sans temps morts. Le scénario ne ne contente pas de l’impact visuel et insuffle une vraie ruse aux deux adversaires, avec à la clef un véritable suspense, tandis que l’enquête de police, correctement développée, ne représente pas qu’une simple utilité scénaristique.

L’opus bénéficie également d’une distribution de premier ordre, avec un Telly Savalas et un Darren McGavin manifestant tout l’abatage qui les caractérisera dans les rôles de Kojak et de Kolchak, la décennie suivante. Les amateurs du lieutenant du NYPD apprécieront d’ailleurs de voir Philadelphia user d’un cure dent comme plus tard Kojak de ses sucettes. Les deux acteurs trouvent un écho dans les nombreux seconds rôles amusants que leur propose le récit comme confidents et complices, pittoresques gangsters pour rire d’un côté et maîtresse pas piquée des vers de l’autre (excellente Patricia Crowley). Plusieurs belles voitures d’époque et une musique guillerette enjolivent encore le spectacle. On regrettera simplement une conclusion un tantinet brusque, mais aussi que les deux acteurs vedettes ne disposent en définitive d’aucune scène en commun.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • La Rolls Royce noire est supposée avoir été repeinte en couleur argent, mais il s’agit à l’évidence d’un autre modèle de voiture.

  • Darren McGavin (Sheridan Westcott) mena une prolifique carrière d’acters, mais aussi de scénariste et e producteur. Il joua dans de nombreux Westerns, au petit comme au grand écran. Mais ses rôles le plus connus demeurent celui du détective Mike Hammer (1958-1959) et du journaliste passionné de surnaturel Karl Kolchak dans Dossiers brûlants (1974-1975). L’influence de cette série sur les X-Files lui valut d’y incarner l’Agent Arthur Dales.

  • Telly Savalas (Philadelphia Harry) reste bien entendu célèbre pour les rôles du lieutenant Théo Kojak et de Blofeld dans Au service secret de sa Majesté. La même année (1969), il retrouve Diana Rigg dans The Assassination Bureau. Il tint également divers rôles marquants au cinéma, notamment dans des rôles de sadiques, avant Kojak (Le Prisonnier d'Alcatraz, Les Douze Salopards...). À la télévision, il participe à Bonanza, Le Fugitif, Les Incorruptibles, La Quatrième Dimension... Il est également le parrain de Jennifer Aniston, ayant été un proche de son père, le comédien John Aniston. Ce dernier avait également des origines grecques, pays auquel Telly Savalas, fils d'émigrants, demeura toujours très attaché. 

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24. THE GENTLEMAN CALLER
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 10 avril 1964

Auteur : James Bridges

Réalisateur : Joseph M. Newman

Résumé :

Le gangster Gerald Musgrove est en fuite, avec un butin de 100 000 $ provenant d’un cambriolage durant lequel il a tué un homme. Croisant une chorale de rue, il y fait la connaissance d’une aimable vieille dame. Emmy Wright. Il se lie d’amitié avec elle, profitant de sa solitude et sa légère sénilité. Il projette en effet de dissimuler l’argent chez elle, puis de devenir son héritier, afin de pouvoir justifier de l’origine de sa soudaine fortune. Mais Emmy va se révéler bien plus difficile à assassiner que prévue. 

Critique :

L’intrigue a le mérite de présenter de manière fluide et relativement crédible une situation de départ passablement alambiquée. Dès que se mettent en place les tentatives de meurtres avortées visant à récolter le magot, le spectateur français aura le plaisir de retrouver une mécanique qu’il connaît bien. En effet le scénario s’assimile finalement à celui du Viager, le fameux téléfilm de Pierre Tchernia et René Goscinny (1972), où Louis Martinet échappait pareillement encore et toujours aux menées homicides de la famille Galipeau. Malheureusement la comparaison s’arrête là, tant les situations et péripéties de l’épisode manquent singulièrement d’humour et de brio.

Tout s’effectue de manière mécanique, avec des dialogues aussi fades que la terne mise en scène. De plus, pour meubler, le scénario multiplie les personnages n’apportant pas grand-chose, comme les voisines d’Emmy où l’irritante épouse idiote de Musgrove. Après une ultime itération, la conclusion tente de jouer la carte de la chute ironique, un effort rapidement contrecarré par une énième intervention d’Hitchcock visant à assurer le triomphe de la morale. Restent deux belles performances d’acteur, Ruth McDevitt créant une attachante Emmy, tandis qu’avec l’ignoble Musgrove, Roddy McDowall se régale avec un rôle taillé idéalement pour lui.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Parmi les chansons interprétées par la chorale, on entend deux classiques, la valse Meet Me Tonight In Dreamland (1909) et la country You Are My Sunshine (1939).

  • Roddy McDowall (Gerald Musgrove) débuta dans quelques films de son Angleterre natale avant de se faire connaître à Hollywood pour son personnage dans Qu'elle était verte, ma vallée (1941). Il s'y lie d'amitié avec Elizabeth Taylor, aux côtés de laquelle il connaîtra plusieurs rôles marquants (Octave dans Cléopâtre, 1963). Sa longue carrière au cinéma fut également marquée par les quatre films de La Planète des Singes. Outre la série en découlant (1974), il apparut également à la télévision dans La Quatrième Dimension, Les Envahisseurs, Columbo, L'Île Fantastique, Wonder Woman, Code Quantum… 

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25. LE COFFRE-FORT
(THE ORDEAL OF MRS. SNOW)

Date de diffusion : 17 avril 1964

Auteur : Alvin Sargent

Réalisateur : Robert Stevens

Résumé :

Bruce, un jeune homme cupide, épouse Lorna, une riche héritière dont la fortune est encore administrée par sa tante, Adelaïde. Poursuivi par des dettes de jeu, Bruce dérobe de l’argent à Adelaïde, mais celle-ci s’en rend compte. Bruce l’enferme alors dans la chambre forte familiale, alors que lui et Lorna partent en vacances. Il escompte que la vieille femme trouve la mort, mais Lorna se fait du souci pour sa tante.

Critique :

Après un début relativement délayé et fastidieux (le format long nécessitant parfois quelques inutiles circonvolutions), le récit installe une situation assez similaire à celle du Mystère de la chambre forte, un futur épisode de Columbo particulièrement remarquable. Mais là où le lieutenant du LAPD mènera son coutumier jeu du chat et de la souris avec une simili Agatha Christie, l’épisode joue plutôt la double carte du suspense quant au devenir d’Adelaïde Snow et de la description du calvaire vécue par celle-ci. Ce second élément reste sans doute celui qui fonctionne le moins, car se composant de scénettes bien davantage édifiantes qu’horrifiques ou bouleversantes.

L’aspect thriller se montre par contre remarquable, le scénario sachant à merveille multiplier les coups du sort mettant en péril la conspiration abominable ourdie par un Bruce poursuivi par une déveine implacable, mais tout à fait ludique pour le téléspectateur. Le criminel se débat néanmoins et semble tous surnager, encore et encore. On apprécie que la jugeote, mais aussi le courage, de Lorna, lui donnent du fil à retordre, on s’extraie ainsi des clichés féminins caractérisant parfois l’anthologie. Jessica Walter et Don Chastain apportent du tempérament à leur personnage tout au long d’une intrigue efficacement troussée et conclue sur un petit bijou d’ironie.

Anecdotes :

  • L’adresse indiquée sur le chèque d’Adelaide Snow est 199, Central Park West. Quand Hillary y arrive, le numéro marqué sur la porte est 615.

  • Jessica Walter (Lorna Richmond) fut une figure régulière de la télévision américaine, apparaissant dans un grand nombre de séries. Encore active aujourd’hui, elle tint notamment le rôle récurent de Lucille Bluth dans la sitcom Arrested Development, de 2003 à 2013. Elle est la sœur de Richard Walter, universitaire en charge de la chaire d’écriture de scénario à l’UCLA, exerçant une grande influence sur nombre d’auteurs hollywoodiens. 

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26. TEN MINUTES FROM NOW
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 01 mai 1964

Auteur : Arthur A. Ross, d’après une nouvelle de Jack Ritchie

Réalisateur : Alf Kjellin

Résumé :

Un peintre en veut à un responsable politique municipal de ne pas lui avoir permis d’organiser une exposition dans le musée local. Après des menaces, il sème le terreur en venant déposer successivement plusieurs fausses bombes au musée et à la mairie. La police est sur les dents, mais impuissante, car aucun crime n’est commis.

Critique :

L’épisode joue sur deux ressorts s’avérant être autant de pétards mouillés. Le suspense quant à savoir si la bombe est présente et va exploser se dégonfle très vite, car on comprend bien que tout ceci est une mystification ayant un but. L’autre sujet reste la visée même du complot en cours et il est vrai que la solution survient lors d’une chute efficacement troussée et assez astucieuse, même s’il ne s’agit pas à proprement parler de la plus renversante de la saison. Mais pour y parvenir le spectateur aura subi un interminable pensum débordant d’ennui.

La réitération de la fausse bombe se traduit par quatre sketchs se déroulant en essence toujours de la même façon, avec seulement une évolution dans quelques éléments superficiels de décorum. L’action devient aussi répétitive que prévisible, encore lestée de dialogues particulièrement artificiels et emphatiques. La mise en scène ne tire guère parti de l’élément pictural pour au moins que l’œil ait sa part. L’interprétation demeure agréable, tandis que cette histoire d’attentats et de questionnement sur l’incapacité d’arrêter un assassin potentiel n’ayant pas encore passé à l’acte prend un relief supplémentaire en notre époque troublée.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • La peinture dérobée au musée est Le Concert, de Johannes Vermeer (1666). L’ironie est que le tableau fut effectivement volé au Isabella Stewart Gardner Museum de Boston, en mars 1990 et n’a toujours pas été retrouvé depuis. Estimée à 200 millions de dollars, il s’agit de l’une des peintures les plus chères dont on ait perdu la trace. Dans l’épisode American History X-cellent des Simpsons (2010), M. Burns est arrêté, car il s’avère que c’est lui qui détient le tableau !

  • Non crédité, on reconnaît parmi les complices du peintre un jeune David Carradine, le futur Kung Fu (1972-1975).

  • Donnelly Rhodes (James Bellington), en provenance du théâtre, effectua une belle carrière à la télévision américaine. Il est entre autres connu pour le rôle du Dr. Cottle dans Battlestar Galactica (2004-2009) et de Dutch Leitner dans Soap (1977-1981). 

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27. THE SIGN OF SATAN
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 08 mai 1964

Auteur : Barré Lyndon, à partir d’une histoire de Robert Bloch

Réalisateur : Robert Douglas

Résumé :

Le propriétaire d’un important studio hollywoodien décide de produire une version américanisée d’un petit film autrichien mettant en scène un culte satanique. L’œuvre doit sa rare force d’invocation à l’acteur Karl Jorla, que le producteur fait venir à Hollywood, afin qu’il reprenne son rôle. Jorla révèle que la secte existe vraiment et qu’elle le traque pour avoir révélé ses secrets. Sa vie est désormais en danger.

Critique :

Grande figure du cinéma fantastique et de science-fiction, l’élégant scénariste d’origine anglaise Barré Lyndon (La Guerre des Mondes, 1953) sait pleinement renouer avec le goût du macre si présent chez Robert Bloch, l’auteur de Psychose. Son talent s’associe parfaitement avec la présence de son compatriote Christopher Lee, alors acteur vedette de la Hammer traversant l’Atlantique pour la première fois de sa carrière. Aidés par une mise en scène intelligente, ils reconstituent une horreur gothique de qualité, louchant clairement vers la Hammer, que cela soit dans la très efficace scène représentant le film autrichien, ou lors des fulgurances de Jorla au studio hollywoodien. Le choc entre une épouvante jaillie de la vieille Europe et l’industrie hollywoodienne produit un effet saisissant, d’autant que l’auteur préfère opter pour le réalisme documenté dans son évocation du studio, plutôt que pour une satire facile.

Mais le scénario va au-delà de cette reconstitution réussie, en jouant la carte du méta récit. Voir Christopher Lee interpréter un acteur de film d’épouvante se découvrant confronté au satanisme, conjointement à un empilement de niveaux de réalité entre images tournées et réelles dans la perspective du spectateur produit une atmosphère réellement étrange, distincte du gothisme traditionnel. Barré Lyndon a également la bonne intuition d’incorporer des éléments déjà passablement datés à son époque (secte à la Sax Rohmer, final très inspiré d’Edgar Allan Poe), dont le caractère aujourd’hui hors d’âge renforce aujourd’hui l’aspect insolite de l’ensemble. Si Christopher Lee, magnifique, accapare évidemment l’attention, le reste de la distribution s’avère de qualité, notamment une sensible Gia Scala. Incursion aussi rare que réussie au sein du Fantastique, The Sign of Satan apparaît comme un épisode profondément à part au sein de l’anthologie.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • L’étrange créature apparaissant lors de la présentation de l’épisode par Hitchcock est des Aliens du film Le Météore de la nuit (1953). Ce classique de la Science-fiction au cinéma fut l’un des premiers films réalisés en 3D.

  • Il s’agit du premier rôle tenu par Christopher Lee à Hollywood. L’acteur a indiqué avoir été attiré par le faux présupposé que l’épisode serait dirigé par le Maître du Suspense en personne. Il conserva néanmoins un bon souvenir de l’expérience, même s’il ne fut pas présenté à Hitchcock.

  • Durant le tournage, Jorla réside au Canyon de Topanga. Situé dans les montagnes de Santa Monica, ce canyon fut durant les années 60 une résidence appréciée par les artistes puis par les hippies, devenant une enclave bohème du grand Los Angeles. Plusieurs festivals culturels s’y déroulent encore aujourd’hui.

  • Christopher Lee (Karl Jorla) a fait ses débuts en 1948, mais ce sont ses films d'horreur avec la Hammer qui le firent connaître mondialement dans les années 50 jusqu'au début des années 70. Il tourna de nombreux films avec Peter Cushing. Il a également joué dans La vie privée de Sherlock Holmes et il est L'homme au pistolet d'or dans le James Bond du même nom. Il avait déjà été pressenti pour être le docteur No dans le premier film de la série. Il fit également une apparition dans le second et troisième volet de La guerre des étoiles, ainsi ue ans Le Seigneur des Anneaux, en tant que Saroumane le Blanc En 2001, il fut fait Commandant de l'ordre de l'empire britannique pour sa longue carrière (227 films) et officier des arts et des lettres en 2002. Il a joué dans deux épisodes des Avengers, Interférence et Interrogatoires.

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28. WHO NEEDS AN ENEMY ?
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 15 mai 1964

Auteur : Arthur A. Ross

Réalisateur : Harry Morgan

Résumé :

Le courtier Charlie Osgood détourne l’argent de la société qu’il possède en commun avec son vieil Eddie Turtin. Il dilapide joyeusement l’argent avec sa belle fiancée, jusqu’à ce que sa combine soit découverte par Eddie. Charlie simule alors un suicide afin de pouvoir s’enfuir avec le reste du magot et sa petite amie.

Critique :

Dès le début orienté vers la comédie pure, le récit ne développe guère d’intrigue entre le postulat initial et une chute quelque peu prévisible. Il brille toutefois par sa bonne humeur, ses nombreux gags et ses dialogues joyeusement cyniques, tout en dressant le portrait vif et réussi d’un caractère. Charlie est en effet demeuré un grand enfant, refusant toute responsabilité dans ses agissements, ainsi que de modérer ses envies, mais sa naïveté et sa franchise même le rendent en définitive aussi sympathique que désarmant.

L’intérêt de l’opus réside également dans sa distribution, assurant la rencontre de deux grandes figures des séries télévisées, Richard Anderson et Steven Hill, avent qu’ils n’obtiennent leurs rôles les plus connus. Tous deux comprennent pleinement la dimension de farce de l’épisode du jour et cabotinent sans retenue aucune, dans un ensemble assez irrésistible. Si elle imprime un peu moins l’écran, la charmante Joanna Moore apporte aussi sa contribution avec un amusant pastiche des femmes fatales des films noirs. Montage et réalisation apportent l’énergie requise à cette divertissante histoire

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  •  Richard Anderson (Eddie Turtin) débuta à Hollywood, dans le cinéma d’après-guerre, avant de se faire remarquer grâce au rôle de Ricardo del Amo dans Zorro. Il devient par la suite une figure familière des séries américaines, avant de pleinement accéder à la célébrité grâce au rôle d’Oscar Goldman, patron des héros bioniques, Steve Austin et Jaimie Sommers. Il sera le coproducteur des deux derniers téléfilms bioniques.

  • Steven Hill (Charlie Osgood) débuta au théâtre, où il fut membre de l’actor’s studio. La plus grande part de sa carrière se déroula à la télévision. A côte de nombreuses participations dans des séries ou des téléfilms, ses rôles les plus connus demeurent ceux de Daniel Briggs, le premier leader de l’équipe de Mission impossible, et celui du procureur Adam Schiff dans New York, police judiciaire

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29. BED OF ROSES
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 22 mai 1964

Auteur : James Bridges, d’après une histoire d’Emily Neff

Réalisateur : Philip Leacock

Résumé :

George Maxwell, ancien acteur, a épousé la riche Mavis maxwell. Un soir il se rend chez une ancienne amie d’Hollywood, qui l’a appelé à l’aide. Il découvre le cadavre de la jeune femme et décide de ne pas avertir la police, craignant des complications avec son épouse. Le chauffeur de taxi l’ayant conduit sur les lieux le soumet alors à un chantage, Mais George va recevoir le renfort inattendu de Mavis.

Critique :

L’épisode connaît deux parties très distinctes l’une de l’autre. La première narre la mise en place de la situation et du chantage par le chauffeur de taxi, sur une tonalité classique de roman noir. Caractéristiquement les divers échantillons d’humanité rencontrés s’avèrent aussi peu reluisants les uns que les autres, dans un ensemble bien coordonné. Les péripéties, largement anticipées, se déroulent de manière conventionnelle mais solides, avec une interprétation se coulant avec fluidité dans les conventions du genre. Mise en scène et musique se montrent à l’unisson.

Le fait que l’on se situe en terrain aussi connu et balisé rend d’autant plus sonore le twist fracassant que constitue l’intervention choc de Mavis. Le scénario profite de l’effet suscite pour renouveler l’intrigue et la dévier vers la comédie d’humour noir. L’abatage des deux acteurs principaux fait merveille, avec un humour cynique et goguenard fonctionnant fort bien. Le récit s’offre même le luxe de devenir légèrement transgressif, avec ce tableau d’un homme soumis à une épouse forte et décisionnaire derrière son tempérament juvénile, soit la posture inverse de l’immense majorité des épisodes de l’anthologie, une amusante originalité.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Patrick O'Neal (George Maxwell) fut avant tout un comédien de théâtre, issu de l'Actor's Studio. Il accomplit quelques apparitions au cinéma et à la télévision. Il fit finalement fortune dans la restauration, possédant à New York plusieurs établissements de grand standing.

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30. THE SECOND VERDICT
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 29 mai 1964

Auteur : Alfred Hayes

Réalisateur : Lewis Teague

Résumé :

Ned Murray, un avocat pour qui l’éthique prime sur toute autre considération, obtient l’acquittement d’un homme jugé pour meurtre. Mais celui-ci, déséquilibré et jaloux maladif envers sa compagne, lui avoue qu’il est en fait l’assassin. Ned connaît alors un conflit avec son employeur, qui en veut pas que le procureur soit averti, le secret professionnel devant être respecté. La situation se complique encore quand un gangster devant une faveur à Ned décide de faire lui-même justice.

Critique :

Le scénario se veut ambitieux, opposant l’éthique aux règles de fonctionnement de l’institution judiciaire. Malheureusement le scénario et les dialogues s’avèrent démonstratifs et didactiques au possible, sur un ton très appliqué. On éprouve souvent l’impression de contempler une composition de droit mise en images, plutôt qu’un authentique épisode d’une anthologie de thrillers. La mise en scène, totalement figée, ne dynamise en rien ces scènes de dissertation dépourvues de toute subtilité, avec des personnages n’existant qu’à travers les points de vue qu’ils défendent.

L’opus présente un intérêt historique, car il illustre à quel point les meilleures séries judiciaires actuelles savent désormais développer leurs problématiques de manière plus intelligente, ne sacrifiant pas l’histoire à un message moral. La conclusion des débats se voit assénée au spectateur sans qu’il lui soit loisible de réfléchir. La moralité se résume bien entendu à faire confiance au système, assez logiquement dans cette anthologie où le message final d’Hitchcock sert régulièrement à ramener l’histoire dans une édifiante convenance passablement bourgeoise (rien de comparable dans La Quatrième Dimension). L’interprétation sauve l’essentiel, avec un bouleversant Martin Landau et une Nancy Kovack séduisante en diable, mais aussi un William Dozier très convaincant en psychopathe, alors qu’il s’apprête à devenir le Sphinx dans Batman’66.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Martin Landau (Ned Murray), issu de l'Actor's Studio, participe à plusieurs grands films : La Mort aux trousses (1959), Cléopâtre (1963), Ed Wood (1994, inoubliable en Bela Lugosi), mais aussi X-Files : Fight the Future en 1998. Il reste néanmoins immortalisé pour sa participation marquante à deux séries cultissimes : Mission : Impossible et Cosmos 1999. En 1957, il avait épousé Barbara Bain, également élève de l'Actor's Studio, qui sera sa partenaire dans ces deux séries (leur fille Juliet sera la Drusilla de Buffy). Toujours actif, Landau est également apparu dans La Quatrième Dimension, Au-delà du Réel, Des agents très spéciaux, Les Incorruptibles, Les Mystères de l'Ouest, Arabesque, Columbo

  • Nancy Kovack (Karen Osterman) est une figure en vue des séries télévisées durant les années 50 et 60 (L’Homme à la Rolls, Honey West, Les Envahisseurs, Mannix, Ma sorcière bien aimée, Star Trek...). Cela lui permet de percer à Hollywood, où elle incarne notamment Médée dans Jason et les Argonautes (1963). Elle se retire durant les années 70, après son mariage avec le grand chef d’orchestre Zubin Mehta, dirigeant alors le Philharmonique de Los Angeles.

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31. ISABEL
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 05 juin 1964

Auteur : William Fay, d’après un roman de S.B. Hough |

Réalisateur :  Alf Kjellin

Résumé :

Howard Clements est faussement accusé d’agression par Isabel, une femme quelque peu mythomane, alors qu’il n’a fait que la croiser dans la rue. Malgré ses dénégations, il est condamné à un an de prison. A sa sortie, il débute une vengeance commençant par séduire puis épouser son accusatrice.

Critique :

La première moitié de l’épisode se montre plaisamment intrigante, avec une ouverture en forme de cauchemar judiciaire éveillé, auquel succède le mystère savamment entretenu quant à la finalité du complot ourdi par Clements. Le brillant jeu de Bradford Dillman contribue pour beaucoup au succès de ce segment, tant il sait exprimer la soif obsessionnelle de vengeance derrière la façade de justicier qu’aime à se donner Clements. Par ailleurs, à défaut d’une mise en scène réellement inventive, le montage parvient à apporter du rythme à l’ensemble.

Malheureusement, la seconde partie de l’opus voit l’intrigue en revenir à une vengeance beaucoup plus conventionnelle que ce que promettait son préambule, d’où un certain sentiment de frustration. La peinture des sentiments d’Isabel aurait pu relancer le récit mais l’actrice Barbara Barrie s’avère bien moins marquante que son partenaire. Dès lors la succession des évènements devient quelque peu fastidieuse. La conclusion présente le mérite de jouer la carte de l’originalité, mais souffre de trop multiplier les invraisemblances pour y parvenir.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Bradford Dillman (Howard Clements), issu de l’Actor’s Studio, connut de nombreux succès à Broadway, tout en apparaissant dans de très nombreuses séries : Ironside, The Big Valley, , Columbo, Wild Wild West The Eleventh Hour, Mission Impossible, The Man From U.N.C.L.E., The Incredible Hulk... Il fut l’époux de l’actrice Suzy Parker.

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32. BODY IN THE BARN
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 03 juillet 1964

Auteur : Harold Swanton, d’après un roman de Margaret Manners

Réalisateur : Joseph M. Newman

Résumé :

Vieille dame respectée de la communauté rurale où elle réside depuis toujours, Bessie Carnby est en butte à l’hostilité de sa jeune et autoritaire voisine. Après que le sympathique mari de cette dernière ait brusquement disparu, Bessie, soupçonneuse, découvre un cadavre dissimulé dans la grange de sa voisine. Celle-ci est exécutée pour le meurtre de son mari, mais la vérité va s’avérer bien différente de ce qu’envisageait Bessie.

Critique :

Pour son ultime épisode de la saison, l’anthologie réussit une nouvelle fois une magnifique adaptation de roman noir. L’intrigue, particulièrement riche en rebondissements et en meurtres machiavéliques, se découvre avec fascination, tant l’âme noire de ses protagonistes contraste avec leur charmant environnement rural. L’auteur sait demeurer subtilement ambivalent quant aux motivations de chacun, en premier lieu concernant Bessie. Poursuite de la justice, mais aussi haine de classe et curiosité maladive se disputent âprement son caractère.

Le fait que la protagoniste soit mourante ajoute encore au ton macabre du récit. La prestation de Lillian Gish en Bessie s’avère un atout majeur, car la grande actrice opte pour une véracité totale de son personnage, plutôt que pour les postures paroxystiques de Gloria Swanson, autre ancienne gloire de l’Hollywood d’antan, dans Behind The Locked Door, cette saison. Chacun des personnages secondaires se voit caractérisé avec soin et interprété avec talent. On apprécie que l’anthologie s’affranchisse ici d’un certain conformisme moral, avec cette histoire s’articulant autour de deux monstrueuses erreurs judiciaires.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Initialement programmé le 22 novembre 1963, l’épisode fut diffusé ultérieurement car l’antenne fut dédiée à l’assassinat de JFK, survenu ce jour-là.

  • Il s’agit du dernier épisode de l’anthologie diffusé sur CBS, l’ultime saison le sera sur NBC.

  • Lillian Gish (Bessie Carnby) fut l’une des plus grandes stars de l’époque du muet, durant laquelle elle tourne avec tous les grands pionniers d’Hollywood, en particulier D. W. Griffith (Naissance d’une Nation, 1915). Débutant dans les années 1910, elle se spécialisa dans les rôles tragiques des mélodrames alors en vogue, avec de nombreux rôles de pures jeunes filles sur lesquelles s’acharne le Destin. Tout en tenant encore des rôles marquants (La Nuit du Chasseur, 1955), elle s’éloigne progressivement du cinéma à partir des années trente, pour se centrer sur le théâtre. Lillian Gish fut l’une des muses exerçant le plus d’influence sur Hollywood, devenant notamment l’une des toutes premières à passer derrière la caméra, dès 1920. En 1973, François Truffault lui dédia La nuit américaine

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Saison 2Saison 1

Suspicion - The Alfred Hitchcock Hour

Présentation 


En septembre 1962, The Alfred Hitchcock Hour va prendre la suite d’Alfred Hitchcock Presents. La structure en anthologie de récits noirs et le rituel de la présentation par le Maître du Suspense, en prologue puis en conclusion d’épisode, se voient conservés. Toutefois, la durée des épisodes augmente, passant de 25 à 50 minutes, afin de mieux s’insérer dans les grilles de programme américaines, traditionnellement découpées en heures pleines. Contrairement à La Quatrième Dimension, qui tentera pareillement l’expérience lors de sa quatrième saison, en 1963, ce format long va s’imposer. Il perdurera jusqu’au terme de l’anthologie, en juin 1965. Cette dernière sait se servir du temps supplémentaire pour enrichir intrigues et personnages, tout en maintenant ses chutes retentissantes. The Alfred Hitchcock souffre cependant d’une moindre présence d’Hitchcock derrière la caméra : de fait celui-ci ne réalisera qu’un unique épisode, I Saw the Whole Thing.

Toutefois l’anthologie continue à bénéficier du renfort d’excellents scénaristes et réalisateurs, mais aussi d’artistes invités de qualité, d’ailleurs souvent également vus dans La Quatrième Dimension : Robert Redford, Vera miles, John Forsythe, Anne Francis, Dean Stockwell, Peter Falk, Angie Dickinson, etc. Parfois considérée comme formant les saisons 8 à 10 d’Alfred Hitchcock Presents, The Alfred Hitchcock Hour va comporter 93 épisodes, diffusés sur CBS jusqu’en juillet 1964, puis sur NBC. En France la série fut partiellement diffusée à partir du 9 octobre 1965 sur la deuxième chaîne de l’ORTF, sous le nom de Suspicion, ainsi que sur 13e Rue, en 2000. Nonobstant une reprise durant les années 80, à l’instar de La Quatrième Dimension, The Alfred Hitchcock Hour demeure l’ultime avatar de l’Age d’or des anthologies télévisées, le format de série classique achevant de s’imposer au cours des années 60. 

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Toucher le fond… (Broken - Part 1)

Saison 2Présentation

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Suspicion - The Alfred Hitchcock Hour

Saison 3

1. Return of Verge Likens – Inédit en France

2. Change of Address – Inédit en France

3. Water's Edge – Inédit en France

4. The Life Work of Juan Diaz – Inédit en France

5. See the Monkey Dance – Inédit en France

6. Lonely Place – Inédit en France

7. The McGregor Affair – Inédit en France

8. Misadventure – Inédit en France

9. Triumph – Inédit en France

10. Memo from Purgatory – Inédit en France

11. Consider Her Ways – Inédit en France

12. Crimson Witness – Inédit en France

13. Where the Woodbine Twineth – Inédit en France

14. Final Performance – Inédit en France

 

15. Thanatos Palace Hotel – Inédit en France

16. One of the Family – Inédit en France

17. An Unlocked Window – Inédit en France

18. The Trap – Inédit en France

19. Wally the Beard – Inédit en France

20. Death Scene – Inédit en France

21. The Photographer and the Undertaker – Inédit en France

22. Thou Still Unravished Bride – Inédit en France

23. Completely Foolproof – Inédit en France

24. Power of Attorney – Inédit en France

25. The World's Oldest Motive – Inédit en France

26. The Monkey's Paw - A Retelling – Inédit en France

27. The Second Wife – Inédit en France

28. Night Fever – Inédit en France

29. Off Season – Inédit en France

 



1. RETURN OF VERGE LIKENS
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 05 octobre 1964

Auteur : James Bridges, d’après une nouvelle de Davis Grubb

Réalisateur : Arnold Laven

Résumé :

Le cacique d’une petite ville de l’Amérique rurale tue un homme dont il guignait les terres. Le shérif à ses ordres fait passer l’affaire pour de la légitime défense. Verge Likens, fils ainé de la victime, confie la ferme familiale à son cadet simplet et quitte la ville en déclarant qu’il va suivre des études. En réalité, il ourdit une vengeance en forme de crime parfait.

Critique :

Bien qu’il se soit également adonné au Fantastique (ses nouvelles alimentent aussi bien The Alfred hitchcock Hour que The Night Gallery de Rod Serling), Davis Grubb demeure surtout remémoré pour ses thrillers particulièrement angoissants, où il met le plus souvent en scène une Amérique profonde violente, aux hypocrites mœurs puritaines. Son bestseller La Nuit du Chasseur fut ainsi adapté avec retentissement au cinéma, en 1955. Ici, l’anthologie sélectionne judicieusement une nouvelle mettant particulièrement en exergue ces deux fondements de l’œuvre de Grubb.

Toute la longue partie succédant au meurtre initial, filmé avec une véracité brute, dépeint ainsi une société seulement civilisée en façade, en fait à peine sortie de la violence de l’ouest sauvage. Ayant le shérif et les notables dans sa main, le cacique et ses hommes de main font régner leur férule sur la petite, avec la lâche complicité passive des habitants. La dénonciation sociale se montre éloquente, tandis que le suspense s’installe quant à ce que peut bien mijoter Verge (excellent Peter Fonda).

 La séquence finale vire au thriller horrifique, avec une scène non seulement électrique, mais aussi emboitant parfaitement les différentes pièces du puzzle. La mise en scène d’Arnold Leven se montre aussi efficace qu’imaginative. L’épisode marque réellement les esprits, d’autant que cette fois Hitchcock a le bon goût de ne pas venir contredire le crime parfait lors de son speech final.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • La nouvelle originale de Davis Grubb est parue le 15 juillet 1950 dans Collier’s. En activité de 1888 à 1957, Collier’s fut l’une des premières revues d’investigation d’Amérique, mêlant enquêtes journalistiques et nouvelles souvent policières. Il a publié pour la première fois aux Etats-Unis plusieurs aventures de Sherlock Holmes.

  • La citation biblique qu’utilise Verge Likens pour justifier son action est tirée du Lévitique 24:17-20 : Celui qui frappera un homme mortellement sera puni de mort. Celui qui frappera un animal mortellement le remplacera : vie pour vie. Si quelqu'un blesse son prochain, il lui sera fait comme il a fait.  Fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent ; il lui sera fait la même blessure qu'il a faite à son prochain.

  • Peter Fonda (Verge Likens) appartient à une grande famille de comédiens. Il est le fils de d’Henry Fonda, le frère de Jane et le père de Bridget, mais aussi le beau-frère de Roger Vadim. Son rôle de Wyatt dans Easy Rider (1969), où il fume notamment de la vraie marijuana devant la caméra, lui valut de devenir l’un des symboles de la Contre-culture des 60’s. 

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2. CHANGE OF ADDRESS 
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 12 octobre 1964

Auteur : Morton S. Fine et David Friedkin, d’après une histoire d’Andrew Benedict

Réalisateur : David Friedkin

Résumé :

Keith et Elsa forment un couple battant de l’aile. Afin de sauver leur mariage, ils déménagent et changent totalement d’environnement en s’installant dans une maison isolée de Malibu, proche de l’océan. Mais Elsa déteste l’endroit, ce qui la rend très irritable, tandis que Keith est sensible à la beauté d’une jeune surfeuse des environs. Bientôt celui-ci creuse une tranchée dans la cave, affirmant vouloir en drainer l’humidité.

Critique :

Change of Adress souffre d’un manque certain de changement dans le sujet ; En effet il s’agit d’une énième variation, ne brillant guère par son originalité, autour du thème du meurtre conjugal, soit le sujet largement le plus représenté au sein The Alfred Hitchcock Hour. Cela se ressent d’autant plus fortement que le récit se centre sur un autre cliché, celui du cadavre de l’épouse à enterrer dans la cave. De fait limitée essentiellement à ces figures imposées, l’intrigue manque de substance pour pouvoir maintenir l’intérêt tout au long du format long de l’anthologie. Il en découle un style redondant de narration, encore souligné par quelques scènes relevant du pur remplissage, telles les scènes de danse, même si elles se situent efficacement l’épisode dans son époque. Même la conclusion ne délivre pas le twist attendu, tant la chute se voit largement annoncée par les évènements précédents.

 Le récit tente d’utiliser le temps disponible pour dépeindre avec force détail les motivations des deux époux (solitude aigrie de la femme au foyer et refus de vieillir d’un vieux beau), mais avoir réparti d’emblée clairement les rôles entre gentille et méchant limite l’intérêt psychologique de l’entreprise.  Cette tentative permet au moins de mettre en valeur la qualité de l’interprétation, seul réel atout de opus, avec un intéressant travail de production. Change of Adress demeure en effet l’un des épisodes à jusqu’ici comporter le plus de scènes en extérieur, ce qui met joliment en avant la douceur de vivre des plages de Malibu durant les années 60.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Phyllis Thaxter (Elsa) tint de nombreux rôles de femmes au foyer dans les films de la MGM et de la Warner des années 40 et 50. Atteint de poliomyélite, elle dut quitter les studios, avant de réussir un retour à la télévision durant les 60’s. Elle incarne également Martha Kent dans le film Superman de 1978.

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3. WATER'S EDGE
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 19 octobre 1964

Auteur : Alfred Hayes, d’après une nouvelle de Robert Bloch

Réalisateur : Bernard Girard

Résumé :

Le voisin de cellule du bandit Rusty Krause est sur le pont de mourir de pneumonie. Il lui révèle que le butin de son vol repose avec son ancien complice. Une fois sorti de prison rusty part à la chasse au trésor avec la fiancée du défunt, Helen. Tous deux découvrent l’argent dans une bicoque abandonné, située près d’un lac et remplie de rats. Ils se combattent alors pour la possession du magot, avec des conséquences abominables.

Critique :

L’épisode se montre inégal, avec deux parties relevant d’un intérêt fortement contrasté. L’e récit commence sur un tempo lent, avec des scènes de confessions rocambolesques en prison d’un grand classicisme (on pourrait faire remonter ce type d’histoire jusqu’à Edmond Dantès et l’abbé Faria). Par la suite, la chasse au trésor n’intéresse clairement pas l’auteur en tant que sujet. Cela peut tout à fait se comprendre, mais alors il aurait mieux fallut l’abréger plutôt que d’aligner les indices naïfs et les rebondissements fabriqués.

Le récit revêt un tout éclat à mi-parcours, avec l’entrée en scène de la maison abandonnée et de ses habitants : l’épisode est clairement à déconseiller aux spectateurs souffrant de musophobie !  Sans que l’on puisse absolument parler de Gore, la fin dépasse en choc horrifique tout ce que l’anthologie a pu proposer jusqu’ici ! On y retrouve pleinement l’empreinte de l’esprit profondément macabre de Robert Bloch.

Une conclusion tout à fait hors normes pour un Network de l’époque, en fait guère éloignée de ce que montrera Willard en 1971. Habilement l’abomination morale rejoint la physique, avec deux protagonistes dévorés par l’avidité, sinistres jusqu’au vertige. Cassavetes apparaît pleinement dans son emploi avec ce rôle ténébreux, tandis qu’Ann Sothern crée la sensation, loin des rôles comiques dans lesquels elle brilla durant les années 40.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • La nouvelle initiale de Robert Bloch fut publiée dans le Mike Shayne Mystery Magazine, en septembre 1956. Créé la même année et publié jusque dans les années 80, ce magazine était dédié à Mike Shayne, détective privé créé par Bret Halliday dans les années 30, tout en accueillant d’autres nouvelles policières

  • Le bus amenant Rusty en ville s’arrête dans le fameux décor de la tour de l’horloge rendu célèbre par le film Retour vers le Futur, également aperçu dans de multiples autres productions, y compris La Quatrième Dimension.

  • John Cassavetes (Rusty) reste célèbre pour son mariage avec Gena Rowlands, sa Muse. Ils tournèrent ensemble dix films qu’il écrivit et réalisa, principalement durant les années 70 et 80, exerçant une forte influence sur le cinéma américain. Venu du théâtre, il mena par ailleurs une belle carrière d’acteur, au cinéma comme à la télévision. 

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4. THE LIFE WORK OF JUAN DIAZ 
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 26 octobre 1964

Auteur : Ray Bradbury

Réalisateur : Norman Lloyd

Résumé :

Un mexicain pauvre, Juan Diaz, loue une tombe pour deux ans et avertit sa femme de ne pas se laisser avoir par le malhonnête propriétaire du cimetière. Il décède ensuite rapidement d’une maladie. Après une année le propriétaire exige de l’argent, sinon la dépouille sera mise à la fosse commune. L’épouse s’empare du cadavre momifié et entreprend d’en faire une attraction touristique, afin de pouvoir nourrir ses enfants. Ulcéré, le propriétaire décide de faire appel à la police.

Critique :

Le futur grand auteur Ray Bradbury revint extrêmement marqué d’un voyage de jeunesse effectué au Mexique. En effet sa vive imagination fut stimulée par la vision macabre des Momies de Guanajuato. Lors d’une grande épidémie de choléra survenue en 1833, les cadavres enterrés dans une catacombe furent momifiés du fait des propriétés asséchantes du lieu. Leur redécouverte en fit une attraction touristique, les dépouilles dont les pauvres familles ne pouvaient s’acquitter d’une taxe locale étant exhumées à cette fin. La pratique fut interdite en 1958. 

A partir de cette péripétie, Bradbury tisse une histoire où s’exprime sa fibre sociale coutumier, avec une condamnation de l’avidité humaine, faisant qu’un pauvre vaut plus mort que vivant. A travers le portrait de l’épouse se révèle également une histoire d’amour aussi forte que singulière, où une famille s’attache à ce que le défunt reste parmi elle et y remplisse son rôle de soutien, malgré les vicissitudes de la vie. Malheureusement Bradbury adapta lui-même sa nouvelle initiale et il s’avère clairement peu coutumier du langage télévisuel. Le rythme s’avère très lent et les dialogues résultent trop édifiants et pas assez mordants pour réellement convaincre.

Très démonstratif, l’auteur n’évite pas non plus certains clichés usuels à propos du Mexique. Néanmoins cette maladresse se voit en grande partie par la qualité de l’interprétation et, davantage encore, par l’excellente mise en scène de Norman Lloyd. Même créé en studio, le village mexicain donne ainsi l’impression d’être réel. Les images des momies et de la catacombe exhalent une macabre étrangeté, également fort bien filmée et apportant tout un cachet supplémentaire à l’épisode. Le noir et blanc convient parfaitement à cette ambiance, grâce à une photographie superbement maîtrisée. La musique fait également l’objet d’un soin particulier.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Ami d’Alfred Hitchcock, le réalisateur Norman Lloyd est également le coproducteur de l’anthologie, avec Joan Harison, autre proche du maître du suspense. Il joue l’antagoniste du film d’Hitchcock, La cinquième colonne (1942), tombant de la Statue de la Liberté.

  • La nouvelle originale de Ray Bradbury fut publiée dans Playboy, en septembre 1963. A côté de ses fameuses pages de charme, la revue fondée en 1953 par Hugh Hefner a accueilli de nombreuses grandes plumes de diverses branches de la littérature (Ian Fleming, Arthur C. Clarke...), pour des nouvelles souvent de qualité.

  • Alejandro Rey (Juan Diaz), acteur d’origine argentine se fit connaître dans les telenovelas de son pays. Il s’installa aux USA au début des années 60 et fut naturalisé en américain en 1967. Il tint de nombreux seconds rôles durant les années 60 à 80, se spécialisant dans les rôles d’Hispaniques pittoresques. Son rôle le plus connu demeure celui de Carlos Ramirez, le propriétaire du casino dans The Flying Nun (1967-1970).

  • Pina Pellicer (Maria Diaz) fut une vedette du cinéma mexicain, qu’elle marqua par un jeu volontairement réaliste, à l’opposé des poses mélodramatiques alors fréquentes dans les films comme dans les telenovelas de l’Amérique latine.  Elle fut la partenaire de Marlon Brando dans le seul film réalisé par celui-ci (La vengeance aux deux visages, 1961). Souffrant d’une grave dépression, elle se suicide en 1964, à l’âge de 30 ans. 

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5. SEE THE MONKEY DANCE
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 09 novembre 1964

Auteur : Lewis Davidson

Réalisateur : Joseph M. Newman

Résumé :

George voyage en train pour passer le week-end avec sa petite amie, dans sa maison de campagne. Il est abordé par un inconnu lui déclarant tout savoir de cette relation et être le mari de la jeune femme. L’homme se montre menaçant et tente d’effrayer George en creusant une tombe dans le jardin de celui-ci. Lors d’une confrontation, il s’avère que les deux hommes sont manipulés par la femme, qui souhaite qu’ils s’entre-tuent. L’inconnu admet alors n’être en fait qu’un autre de ses amants et conseille à George d’assassiner sa maîtresse. Mais la vérité est encore différente...

Critique :

L’histoire entend se positionner en thriller, en développant la narration d’une complexe manipulation. Le suspense se développe autour de diverses questions s’entrecroisant. Qui est au juste le mystérieux inconnu ? Le complot va-t-il réussir ? Quel est son but ultime ? Une situation évoquant effectivement le cinéma d’Alfred Hitchcock, d’autant que la rencontre impromptue dans le train effectue comme un lointain clin d’œil à L'Inconnu du Nord-Express. Le scénario soigne son versant psychologique, détaillant comme l’inconnu manœuvre George, d’abord en suscitant la peur puis la dissipant, le soulagement lors ressenti favorisant la connivence, puis la complicité (un schéma bien connu des émissions de caméra invisible).

Malheureusement cette intéressante situation ne se concrétise que médiocrement. L’histoire résulte très statique, avec une mise en scène échouant totalement à électriser les nombreuses scènes de dialogues entre l’inconnu et George. La narration ne sème aucun indice ludique permettant au spectateur de jouer au détective et de tenter de deviner le pot aux roses. Elle préfère tout parier sur la surprise finale, ce qui ne représente pas forcément le meilleur choix dans le cadre du format long des épisodes de l’anthologie. Cela se ressent d’autant plus fortement que la chute, certes appréciable, paraît loin d’être a plus retentissante de The Alfred Hitchcock Hour. Demeure une interprétation convaincante, même si légèrement théâtrale, et le charme certain de Patricia Medina.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • L’insert montrant le train entrer en gare a visiblement été intégré à l’envers comme le montre l’écriture inversée des panneaux de signalisation.

  • Roddy McDowall (George) débuta dans quelques films de son Angleterre natale avant de se faire connaître à Hollywood pour son personnage dans Qu'elle était verte, ma vallée (1941). Il s'y lie d'amitié avec Elizabeth Taylor, aux côtés de laquelle il connaîtra plusieurs rôles marquants (Octave dans Cléopâtre, 1963). Sa longue carrière au cinéma fut également marquée par les quatre films de La Planète des Singes. Outre la série en découlant (1974), il apparut également à la télévision dans La Quatrième Dimension, Les Envahisseurs, Columbo, L'Île Fantastique, Wonder Woman, Code Quantum… 

  • Efrem Zimbalist Jr. (Stranger) est connu notamment pour avoir tenu le rôle principal des séries 77 Sunset Strip (1958-1964) et The FBI (1965-1974), important succès d’ABC. Il assure également la voix d’Alfred dans l’excellent dessin animé Batman : The Animatd Series (1994-1995), ainsi que dans plusieurs autres productions de DC Comics. Il est le père de Stephanie Zimbalist, Laura Holt dans la série Les Enquêtes de Remington Steele (1982-1987).

  • Patricia Medina (Wife), d’origine anglaise et espagnole, arrive à Hollywood au début des années 50. Elle s’y fit connaître à travers un nombre prolifique de films historiques ou de mélodrames, où elle tint souvent des rôles de beauté exotique. A partir des années 60 elle se tourne vers la télévision, interprétant notamment Margarita Cortazar dans quatre épisodes de Zorro. Elle fut l’épouse de l’acteur Joseph Cotten, avec lequel elle connut plusieurs succès à Broadway. 

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6. LONELY PLACE
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 16 novembre 1964

Auteur : Francis Gwaltney

Réalisateur : Harvey Hart

Résumé :

Un couple de cultivateurs de pêches vit chichement de leur exploitation très isolée. Afin de gagner plus d’argent, le fermier embauche un vagabond, qu’il entend bien exploiter. Mais l’homme s’avère agressif envers l’épouse, qu’il ne cesse de tourmenter de manière toujours plus cruelle et obsessionnelle. Le mari demeure indifférent, davantage sensible aux quelques dollars de plus de gagnés. Alors que la situation devient insupportable, la jeune épouse s’interroge sur la vraie personnalité de son mari.

Critique :

Le retentissant succès de cet épisode tout à fait remarquable repose sur plusieurs atouts. Il nous fait ainsi découvrir une Californie pauvre et rurale, bien moins connue que celle des grandes villes des rivages du Pacifique ou que les rouages de l’Usine des rêves. Bien loin du rêve californien, la vie apparaît ici très âpre, cette vision à la Steinbeck apportant un cadre déjà sombre à la tragédie se déroulant. Celle-ci s’appuie sur le ressort dramatique entre tous que constitue la solitude, celle du couple au sein de son exploitation reculée, mais aussi de chacun de ses membres entre qui l’incommunicabilité semble avoir été toujours présente. La crise signifiée par la présence du vagabond et l’indifférence du mari est ressentie avec force comme une révélation plutôt qu’un bouleversement.

La mise en scène intègre fort efficacement la dimension théâtrale du récit en se conformant au mieux la toujours intense triple unité d’action de temps et de lieu. La caméra souligne également avec intelligence l’excellent jeu des comédiens, à commencer par une bouleversante Teresa Wright. Le scénario revêt rapidement la forme de la chronique d’une mort annoncée, mais avec un saisissant retournement de situation quand sonne le glas. La narration s’offre même le luxe d’un dilemme moral lors de sa conclusion, dont elle laisse le spectateur être le juge : un meurtre peut-il se justifier dès lors que l’on est acculé, mais sans se situer dans le strict cadre de la légitime défense ? Une fin savoureusement ambivalente, mais battue une nouvelle fois en brèche par un Hitchcock toujours gardien de l’orthodoxie d’un Network familial, sous un humour au simple vernis d’irrévérence.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Teresa Wright (Stella) connut une grande polarité durant les années 40. Elle remporta un Oscar en 1942 pour Mme Miniver et tourna L’ombre d’un doute avec Alfred Hitchcock en 1943. Plusieurs échecs durant les années 50 la conduisirent à se tourner vers le théâtre et la télévision. Elle fut l’épouse du romancier Niven Busch, auteur notamment de Le facteur sonne toujours deux fois

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7. THE MCGREGOR AFFAIR
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 23 novembre 1964

Auteur : David Friedkin

Réalisateur : David Friedkin

Résumé :

 A Edinburgh, en 1827, John McGregor travaille dur afin de subvenir aux besoins de sa femme Aggie, une ivrogne parfaitement désagréable. Il songe régulièrement à assassiner celle-ci, mais ne parvient pas à trouver un moyen sûr d’agir. McGregor sert de transporteur aux sinistres Burke et Hare, qui livrent des corps secrètement aux facultés de médecine. McGregor comprend un jour que tous les cadavres ne proviennent pas des cimetières, mais qu’ils sont aussi le produit d’assassinats. Il va alors avoir une idée.

Critique :

En propulsant l’action au sien de l’Ecosse du XIXème siècle The McGregor Affair apporte une originalité bienvenue à une anthologie se déroulant jusqu’ici essentiellement dans son Amérique contemporaine. De fait, l’opus impulse déjà un mouvement voyant The Alfred Hitchcock Hour explorer de nouvelles voies lors de son ultime saison, entre étrange et Science-fiction. De plus, le déplacement temporel s’avère une vraie réussite grâce à une reconstitution puisant pleinement dans le savoir-faire en la matière des studios hollywoodiens, également grâce à une superbe et évocatrice musique d’ambiance.

Dans la même veine que les voyages temporels menés depuis l’année précédente par le Docteur sur la BBC, cette excursion dans le passé permet en outre de découvrir une véritable péripétie historique, le duo Hare / Burke ayant réellement existé, fournissant en cadavres à l’origine plus que douteuse les cours d’anatomie de l’innocent et digne Dr. Knox (rien à voir avec Scrubs !). C’est là où résident à la fois l’intérêt et la limite de l’intrigue. En effet l’anecdote est alors passée depuis longtemps dans la culture populaire anglo-saxonne, aussi bien britannique qu’américaine, et  le récit n’apportera pas grand-chose de neuf à un sujet déjà maintes fois vu au cinéma et à la télévision (pour le public français cela signifiera par contre une piquante découverte).

Le sujet supplémentaire autour du simplet McGregor et de sa monstrueuse femme apparaît en effet trop ténu, avec de plus une chute très prévisible. Si ce segment résulte trop bavard (avec notamment le protagoniste énumérant longuement les divers moyens d’occire son épouse), il peut néanmoins compter sur la faconde de comédiens n’hésitant pas à en faire joyeusement des tonnes en matière d’accent écossais pittoresque. Un épisode original au sein de l’anthologie et au ton joyeusement macabre, même si le récit s’étire trop.

Anecdotes :

  • En 1827 et 1828, le duo Hare / Burke assassina 17 personnes, dont ils revendirent les dépouilles au Dr. Knox, en lui affirmant qu’ils les avaient récupérés en fraude au cimetière. Les cours d’anatomie et de dissection de l’Université d’Edimbourg manquaient alors de cadavres, la seule source légale étant ceux des condamnés à mort. Découvert, Burke fut pendu, tandis qu’Hare sauvait sa vie grâce à ses aveux. L’ironie voulut que Burke fut à son tour accueilli par l’Université, qui conserve son squelette et sa peau tannée au  musée du collège de médecine. Le fin duo est passé la culture populaire anglo-saxonne, le terme burking, devenant synonyme d’assassinat expéditif. Il est également apparu à la télévision et au cinéma, notamment avec The Body Snatcher, de Robert Wise (1945) et Cadavres à la pelle de John Landis (2010).

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Andrew Duggan (John McGregor) apparut dans de nombreuses productions policières ou de Western, au cinéma comme à la télévision (Bonanza, Colt 45, Cheyenne, Hawaï police d'État…), souvent dans des rôles d’autorité. Il se produisit régalement régulièrement à Broadway. Son imposante taille de 1,96 mètre lui valait la réputation d’être l’un des plus grands acteurs d’Hollywood. 

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8. MISADVENTURE
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 7 décembre 1964

Auteur : Lewis Davidson

Réalisateur : Joseph M. Newman

Résumé :

Alors que son mari vient de partir à son travail, une femme attend l’arrivée de son amant. Or l’employé du gaz chargé de relever les compteurs se présente de matière inattendue à sa porte. A peine est-il entré que l’homme exige de prendre une douche, affirmant souffrir d’une attaque de malaria ! Surprise, la femme accepte mais va vite comprendre que son visiteur n’est pas du tout ce qu’il prétend être. Que cherche-t-il en réalité ?

Critique :

L’épisode constitue un thriller entendant jouer la carte de l’étrange et du mystère. Un choix ambitieux qui nécessite un scénario maîtrisé, or c’est précisément là que le bas blesse. En effet le récit peine tout du long à se remettre de l’incongruité de son lancement, tant l’on peine à croire que l’épouse ait gobé cette ridicule histoire de malaria et de douche. Ce manque de crédibilité se retrouve dans l’enchaînement des diverses péripéties, empêchant toute réelle intensité de s’installer.

On ressent le sentiment de se trouver face à un exercice de style tournant à vide, malgré la présence d’une excellente Lola Albright à qui l’on doit le seul intérêt subsistant de l’entreprise, malgré un personnage passablement artificiel. Le reste de la distribution se montre en effet bien davantage inégal. Le vague suspense relatif à l’action encours et le twist final ne suffisent pas à contrebalancer le manque de substance d’un ensemble totalement irréaliste.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Lola Albright (Eva Martin) fut un mannequin avant de jouer dans plusieurs Westerns de séries B durant les années 50 et 60, tout en participant à de nombreuses séries (Alfred Hitchcock Presents, The Man from U.N.C.L.E., Kojak, Columbo…). Son timbre particulier lui valut également de mener une carrière de chanteuse.

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9.  TRIUMPH
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 14 décembre 1964

Auteur : Arthur A. Ross

Réalisateur : Harvey Hart

Résumé :

Une épidémie de choléra de choléra faisant rage dans la jungle hindoue, un couple de missionnaires, John et Lucy Sprague, vient en renforcer un autre, Thomas et Mary Fitzgibbons, qui gérant un établissement médical. Mary considère avec hostilité les nouveaux venus, les considérant comme des rivaux. Quand elle s’imagine que son mari se rapproche de Lucy et se rend dans la chambre de cette dernière, un scalpel à la main. Absent des lieux, John apprend que sa femme est morte du choléra. Méfiant, il demande à ce que le cercueil soit ouvert.

Critique :

Triumph représente un très bel épisode d’ambiance. Il reconstitue à merveille l’environnement oppressant de l’étouffante jungle indienne. Le savoir-faire des studios répond une nouvelle fois à l’appel. Quelques séquences visuellement fortes apparaissent également au fil du récit, notamment l’excursion en bateau de Thomas et Lucy. Cette grande qualité du travail de production ne constitue pas une performance gratuite. En effet il recrée à la perfection l’un des décors chers à Agatha Christie et Conan Doyle, celui des contrées hostiles de l’Empire, Soit le cadre idéal pour le Whodunit à l’anglaise s’y déroulant, d’autant que l’atmosphère poisseuse exacerbe l’hostilité s’installant entre les personnages antagonistes.

Malheureusement, malgré des personnages agréablement classiques et fort bien interprétés, le Whodunit ne tient pas toutes ses promesses initiales. La faute en revient à un scénario insuffisamment maîtrisé, débouchant sur une conclusion trop soudainement accélérée. Le récit comporte ainsi plsuieurs lacunes (comment John a-t-il pu ne pas reconnaître le corps présent  dans le cercueil ?). Un Whodunnit doit manifester une grande clarté concernant l’identité du coupable, sa motivation et son modus operandi, autant d’éléments que l’épisode laisse par trop dans le flou. Au spectateur de deviner, alors qu’il ne dispose pas d’assez d’éléments pour connaître une certitude.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Jeanette Nolan (Mary Fitzgibbon) se fit connaître comme une importante actrice de radio, dans les années 30 et 40. Elle y fit la connaissance d’Orson Welles, qui l’intronisa au cinéma en en faisant sa Lady Macbeth (Macbeth, 1948). A côté de nombreux rôles au cinéma et à la télévision, Jeanette Nolan resta une actrice voix, participant à plusieurs productions de Walt Disney. 

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10. MEMO FROM PURGATORY
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 21 décembre 1964

Auteur : Harlan Ellison

Réalisateur : Joseph Pevney

Résumé :

Jeune écrivain, Jay désire écrire un livre sur les gangs de jeunes à New York. Afin d’en trouver le matériel, il entreprend de devenir membre d’un gang important, dirigé par Tiger. Au fil des épreuves d’admission, il gagne le respect et l’amitié de Tiger, ainsi que l’amour d’une groupie du gang, mais aussi la haine du bras droit du chef. La situation va déboucher sur un drame.

Critique :

Harlan Ellison reste avant tout connu comme l’une des grandes plumes de la Science-fiction américaine, avec une œuvre notamment peuplée de saisissantes visions surréalistes.  Toutefois, avant de connaître un sursaut salvateur, il connut une jeunesse aventureuse et fugueuse, l’amenant à exercer de nombreux métiers mais aussi à fréquenter ces gangs new-yorkais du début des années 50, composés de garçons à la dérive. Une expérience qu’il retranscrira dans un ensemble de nouvelles largement autobiographiques, Memos from Purgatory, publié en 1961.

L’anthologie a l’excellente idée de confier l’adaptation du texte au propre Harlan Ellison (qui travailla régulièrement pour la télévision, comme nombre d’écrivains de l’époque). Cela apporte au scénario une formidable valeur documentaire. En effet, aussi amendé et édulcoré soit-elle afin de satisfaire aux exigences du diffuseur, l’intrigue se montre étonnamment sombre et violente, avec des personnages restitués dans leur complexité parfois fascinante. Tout ceci sonne autrement plus juste que la version romantique et musicale donnée par West Side Story, dont on retrouvera l’écho jusque dans Le Gendarme à New York !

Cette intensité du récit, aux nombreuses scènes fortes et captivantes, se voit portée par l’excellente interprétation de comédiens encore peu connus. Crevant l’écran, James Caan domine l’ensemble, mais on apprécie également la surprenante prestation de Walter Koenig, dans le rôle d’un chef de gang à l’opposé absolu du futur Chekov de Star Trek ! L’ironie veut que cet épisode si réaliste souffre d’une curieuse impression de déjà-vu. Le héros s’infiltrant dans un gang en gagnant l’amitié du chef mais aussi en éveillant la méfiance du bras droit constitue en effet l’un des poncifs des séries d’aventures des Sixties, mais la conclusion s’en distingue par sa résonnance tragique.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Devant la gravité du sujet, Hitchcock renonce à sa présentation humoristique habituelle, remplacée pour un plaidoyer en faveur de solutions adaptées pour la délinquance juvénile.

  • James Caan (Jay Shaw/Phil Beldone) est ici à l’orée d’une carrière l’amenant à tenir plusieurs rôles marquants au cinéma, dont celui de Sonny Corleone dans Le Parrain (1972). Il perce peu de temps après le tournage de l’épisode, avec El Dorado, western d’Howard Hawks, (1966). 

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11. CONSIDER HER WAYS
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 28 décembre 1964

Auteur : Oscar Millard

Réalisateur : Robert Stevens

Résumé :

Quand le Dr Jane Waverleigh se réveille, elle a la surprise de découvrir qu’elle est alitée dans une maternité et qu’elle est devenue obèse. Confrontée à l’Historienne, Jane découvre progressivement qu’elle s’est trouvée transportée dans un monde post apocalyptique, où seules les femmes ont survécu à une terrible épidémie. Une société totalitaire s’est mise en place où chacune se voit cantonne à rôle précis, elles les abeilles d’une ruche. Janet est une « Mère », inséminée artificiellement et dédie à la reproduction de l’espèce. Mais tout ceci est-il réellement en train d’arriver ?

Critique :

Le choix de retenir un texte purement de Science-fiction de l’Anglais John Wyndham (Le Jour des Triffides) illustre particulièrement la volonté de l’Anthologie de développer de nouvelles voies en cette ultime saison. Ainsi, en saison sept, Alfred Hitchcock Presents avait par contre choisi une nouvelle policière de cet auteur relevant, Maria. Et de fait l’ambiance étrange du récit, son mystère et ses résonances morales évoquent bien davantage La Quatrième Dimension de Rod Serling.

Le scénario ne se contente pas de l’incongruité troublante d’un lancement perçant l’héroïne face à l’incompréhensible, en parfaite concomitance avec le spectateur. A ce procédé toujours efficace vient s’ajouter celui consistant à petit à petit dévoiler les contours d’une dystopie par touches progressives distordant le réel et non pas en la décrivant de manière scolaire. Les discussions entre Jane et l’Historienne (impeccable Gladys Cooper) s’avèrent idéalement profilées pour obtenir cet effet d’imprégnation progressive du cauchemar. L’intrigue s’offre également le luxe de deux twists absolument renversants, à mi-parcours et en conclusion.

Clairement si le sujet de l’opus apparaît singulier au sein de l’anthologie, son budget s’inscrit lui dans la normalité et c’est donc avec une grande économie de moyens que le réalisateur vétéran Robert Stevens parvient à créer une authentique atmosphère surréaliste. Le metteur en scène se voit puissamment aidé par les mélodies très évocatrices de Bernard Herrmann, compositeur ayant précisément œuvré pour La Quatrième Dimension. Le jeu bouleversant de Barbara Barrie se voit également efficacement mis en avant, avec une Janet dont l’humanité crève l’écran au sein de cette société robotisée.

 Bien davantage qu’à l’accoutumée dans The Alfred Hitchcock Hour, Consider Her Ways n’hésite pas à interpeller moralement le spectateur. Bien davantage que l’approche misogyne que pourrait inspirer cette vision d’un monde abominable exclusivement peuplé de femmes le récit développe sans fards les cruelles extrémités engendrées par la lutte pour la survie, poussant le public à se demander si cette dernière mérite réellement l’abdication de notre humanité. Par ailleurs si le moyen de fécondation des « Mères » demeure ici dans le flou, pour le spectateur contemporain il résulte désormais grandement validé par les progrès scientifiques. A sa manière certes particulièrement tranchée, l’opus vient ainsi apporter sa pierre à l’un des grands débats de société actuels.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Gladys Cooper (L’Historienne), élevée au rang de Dame de l'Empire Britannique en 1967, fut l'une des plus grandes gloires du théâtre anglais, tout au long d'une carrière débutée en 1905. Elle connut également le succès dans de nombreux films hollywoodiens (My Fair Lady, 1964).  Sur le petit écran elle participe également à La Quatrième Dimension, où elle est la partenaire de Robert Redford dans Nothing in the Dark (1962). Gladys Cooper décéda peu de temps après le tournage de L'Héritage d'Ozerov et, dans ses mémoires, Roger Moore fait part de son émotion d'avoir donné la réplique à la grande actrice, pour son dernier rôle.

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12. CRIMSON WITNESS
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 4 janvier 1965

Auteur : David Friedkin

Réalisateur : David Friedkin

Résumé :

L’ingénieur Ernie a pris sa secrétaire comme maîtresse, finançant leur romance par des malversations. Un beau jour Ernie apprend qu’il est rétrogradé et remplacé par son propre frère Farnum. Son épouse et sa maîtresse lui annoncent également le quitter pour Farnum, jugé irrésistible. Ernie touche ensuite le fond quand Farnum découvre ses entourloupes. Dès lors, il projette de se venger en ourdissant l’assassinat de son frère.

Critique :

Cet épisode essentiellement humoristique montre certes l’épaisseur d’une bulle de savon et souffre de plus d’un manque d’ambition dans sa mise en scène. Celle-ci aurait pu lui insuffler davantage de tonicité, mais l’inventivité nécessaire reste absente. Par contre la narration commence largement cette faiblesse grâce à des moteurs comiques d’une grande efficacité. Le comique de répétition s’instaurant via l’hallucinante succession de catastrophes s’abattant sur le nouveau Job que devient Ernie se montre irrésistible. Le scénario soigne suffisamment ses effets pour que cette avalanche flirte agréablement avec l’absurde, jusqu’à avoiner, sans tout à fait rejoindre, les distorsions du réel chères à La Quatrième Dimension de Rod Serling.

La distribution joue également un rôle crucial dans le succès de l’opus. Le contre-emploi de Peter Lawford, membre tonique du Rat-Pack et grand séducteur d’Hollywood, en perdant absolu s’avère délicieux, d’autant que l’acteur joue crânement le jeu, non sans panache. Dans le rôle du crispant et imbuvable Farnum, Roger C. Carmel se montre également excellent, aussi convaincant que son Harry Mudd de Star Trek Classic. Les jolies actrices blondes, épouse et secrétaire, accroissent encore le pétillement de l’épisode. Jusqu’au bout les anthologies d’Alfred Hitchcock auront su retenir des comédiennes aussi belles que talentueuses. L’affaire du meurtre et sa conclusion résultent plus anecdotiques, mais restent efficaces, permettant de rattacher le récit à l’anthologie

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Peter Lawford (Ernie Mullett) fut une étoile de la MGM et connut une très belle carrière dans le Hollywood de l’après-guerre ((Le portrait de Dorian gray, 1945), avant de s’orienter vers la télévision au début des années 60. Grand séducteur, il s’afficha avec Ava Gardner, Anne Baxter, Judy Garland, Judy Holliday, Lana Turner, etc. Ce membre du fameux Rat pack joua un grand rôle dans la campagne présidentielle de 1960, mobilisant de nombreuses figures d’Hollywood autour de son beau-frère JFK, dont il avait épousé la sœur Patricia en 1954.

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13. WHERE THE WOODBINE TWINETH
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 11 janvier 1965

Auteur : James Bridges

Réalisateur : Alf Kjellin

Résumé :

Quand la petite Eva devient orpheline, elle part vivre chez sa tante Nell, fille d’un capitaine navigant sur le Mississipi. Nell s’avère vite agacée devant la manie d’Eva de parler à des amis invisibles. Cette habitude atteint des sommets quand le capitaine offre Numa, une poupée noire, à sa petite fille. Eva déclare qu’elle et Numa sont désormais inséparables. Un jour Nell, excédée, découvre Eva en train de jouer avec une petite fille noire, qu’elle chasse.

Critique :

Ce récit fantastique poursuit la diversification des sujets entreprise par l’anthologie durant son dernier segment. Il s’y insère néanmoins avec aisance, le scénario ne basculant ouvertement dans le surnaturel qu’en toute fin de parcours. Jusque-là il s’agit avant tout d’un thriller psychologique, habilement mené autour de l’opposition des caractères de la petite Eva, fuyant son chagrin dans une monde imaginaire, et sa rude et prosaïque tante, ayant à s’occuper seule d’un foyer. S’appuyant sur une magnifique interprétation, L’intrigue développe habilement une crispation grandissante, annonçant un drame à venir. L’environnement du Mississipi apporte également de la saveur à l’ensemble

Parallèlement l’Etrange s’insère par petites touches subtiles habilement orchestrées au sein d’une histoire demeurant ancrée dans le réel. L’auteur tente manifestement de jouer de l’ambiguïté de la situation et du suspense quant à savoir si Eva imagine tout ou si le Fantastique va sa donner libre cours. Mais ce ressort-là ne fonctionne guère, l’opus prenant place dans une riche veine de scénarios de poupées animées, notamment ceux développés par Rod Serling pour La Quatrième Dimension (dont Living Doll, avec Telly Savalas). L’ambigüité paraît d’autant moins de mise que la présente narration partage nombre de points communs avec l’épisode The Doll de Night Gallery. Autant dire que la conclusion choc résulte quelque peu éventée.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • La nouvelle initiale de David Grubb est parue dans Ellery Queen’s Mystery Magazine, en février1964.

  • Margaret Leighton (Nell Snyder) fut une actrice anglaise spécialisée dans les rôles de dames de la haute société, qu’elle joua surtout au théâtre. Elle débuta dans les années 30, aux côtés de Laurence Olivier, au West End et à Broadway. Au cinéma, elle participa notamment au film d’Alfred Hitchcock Les amants du capricorne (1949). Elle fut anoblie par le Reine (CBE) en 1954, pour sa carrière comportant également bon nombre de rôles shakespeariens. 

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14. FINAL PERFORMANCE
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 18 janvier 1965

Auteur : Robert Bloch

Réalisateur : John Brahm

Résumé :

En route vers Hollywood sur une route isolée, Ralph, auteur de scénarios, fait la connaissance de la jeune Rosie. Celle-ci est fiancée au propriétaire de l’hôtel local, Rudolph, lui-même grand nostalgique de sa carrière d’acteur. Rosie déclare à Ralph ne pas vouloir épouser Rudolph et demande à partir avec lui à Hollywood. Le lendemain, alors que Ralph s’apprête à partir, Rosie semble avoir inexplicablement changé d’avis.

Critique :

Même si elle met un tantinet trop de temps à se mettre réellement en place (le format long demeure bien un défi permanent pour l’anthologie), l’intrigue présente le mérite de pleinement préserver l’impact d’une histoire caractéristique de l’esprit aussi fécond que sinistre de Robert Bloch. Les amateurs des films d’Alfred Hitchcock apprécieront d’ailleurs les nombreuses convergences avec son Psychose (1960) : route déserte, hôtel isolé, tenancier à l’esprit pour le moins déséquilibré, meurtre épouvantable et inattendu d’une jeune femme… Toutes proportions gardées entre cinéma et télévision, le travail de production apparaît également soigné : décors, musiques et costumes s’avèrent de grande qualité, de même que l’interprétation.

S’il autorise un nouveau détour apprécié par la Californie rurale, le récit évoque néanmoins avec force l’attractivité exercée par Hollywood et l’empreinte du cinéma sur l’esprit des hommes. Il y a du Z.Z. von Schnerk chez cet hôtelier vivant dans le mirage de son passé cinématographique et dont l’esprit malade entremêle de manière morbide le réel et l’imaginaire, jusqu’à mettre en scène sa destinée et celle de sa jeune compagne. Final Performance se montre très évocateur sur ce point, évoquant à plusieurs reprises cette immense réussite de Chapeau Melon et Bottes de Cuir que constitue Caméra Meurtre.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Franchot Tone (Rudolph Bitzner), issu d’une grande famille de la côte est, connut un beau succès dans le Hollywood des années 30 au 50, où il joua souvent dans des rôles de soupirant, souvent en association avec de grandes stars féminines. Il participa à sept films avec Joan Crawford, dont il fut le mari de 1935 à 1939. Il décède trois ans après le tournage de l’épisode, d’un cancer du poumon, après avoir été un fumeur compulsif.  

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15. THANATOS PALACE HOTEL
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 1 février 1965

Auteur : Arthur A. Ross, d’après une nouvelle d’André Maurois

Réalisateur : Laslo Benedek

Résumé :

Dépressif, Norman Manners tente de suicider, mais est sauvé par les pompiers Un certain John Smith l’invite alors à séjourner au Thanatos Palace Hotel. Cette superbe résidence est dédiée aux suicidaires, afin qu’ils puissent se préparer confortablement à leur passage dans l’autre monde, qui survient sans qu’ils en soient avertis et sans souffrance. Norman y fait connaissance avec la belle Ariane, qui s’y trouve depuis six mois. Chacun apporte à l’autre une raison de vivre. Mais qui est exactement Ariane ?

Critique :

Les prémices de l’épisode séduisent indéniablement, avec cet original concept du Thanatos Palace Hotel, dont l’aspect insolite, sinon étrange, propulse de nouveau l’anthologie du côté de La Quatrième Dimension, une habitude cette saison. L’intéressant décor, très Western,  oscille agréablement entre acception mythologique (temple de Thanatos, le Dieu grec de la Mort) et psychanalytique (le récit opposant Eros et Thanatos, à l’instar de Sigmund Freud). Au passage, on se dit que les rencontres entre clients du Thanatos Palace Hotel constitueraient un cadre joyeusement macabre pour ces productions à mi-chemin entre anthologie et série qui connaîtront le succès durant les années 70, comme Fantasy Island ou Love Boat.

Malheureusement, après la mise en place réussie du concept, l’intrigue connaît un long surplace, aussi confus qu'ennuyeux, jusqu’à, il est vrai, déboucher sur une mémorable chute. Un format court aurait dans doute davantage convenu à l’épisode. Le personnage central d’Ariane bénéficie bien entendu de la beauté et du grand talent d’Angie Dickinson, mais le scénariste ne sait visiblement pas vraiment quoi faire d’elle, au-delà de son intrigante présence. Le solide Steven Hill, habitué aux rôles d’autorité, éprouve également des difficultés à retranscrire le tempérament suicidaire de Norman.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Angie Dickinson (Ariane Shaw) connaît une belle carrière au cinéma (Rio Bravo, 1959), mais reste surtout connue pour ses personnages de policière dans les séries télévisées des années 70 (Police Story, Sergent Anderson), où elle tint des rôles pionniers. 

  • Steven Hill (Robert Manners) débuta au théâtre, où il fut membre de l’actor’s studio. La plus grande part de sa carrière se déroula à la télévision. A côte de nombreuses participations dans des séries ou des téléfilms, ses rôles les plus connus demeurent ceux de Daniel Briggs, le premier leader de l’équipe de Mission impossible, et celui du procureur Adam Schiff dans New York, police judiciaire

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16. ONE OF THE FAMILY
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 8 février 1965

Auteur : Oscar Millard, d’après une nouvelle de James Yafee

Réalisateur : Joseph Pevney

Résumé :

Devant prochainement partir en voyage en Europe, un jeune couple fait appel à l’ancienne nounou du mari pour s’occuper de son bébé. Celle-ci donne entièrement satisfaction mais la mère soupçonne bientôt que la nourrice est en fuite après l’empoisonnement d’un autre bébé, drame dont les journaux parlent abondamment. Le mari reste sceptique. 

Critique :

L’épisode bénéficie d’une excellente distribution, notamment grâce à l’actrice austro-américaine Lilia Skala jouant avec beaucoup de naturel une nourrice d’origine allemande. Ce personnage rude, avec son vocabulaire pittoresque, mais aussi certains poncifs liés à l’Allemagne (la discipline, le ton cassant…), permet ainsi d’associer habilement la méfiance envers l’étranger à la peur ancestrale du péril planant sur le berceau, largement exploitée par le scénario. Par ailleurs, tenues et éléments de décor nous indiquent de manière plaisante que la série s’insère désormais totalement dans les années Soixante, loin des premiers opus d’Alfred Hitchcock Présente. Les amateurs de Chapeau Melon s’amuseront d’une certaine ressemblance entre Emma Peel et l’épouse (excellente Kathryn Hays).

Malheureusement l’intrigue gâche ces éléments, par paresse. En effet, dans une longue première partie, elle se contente d’aligner les scènes fades, ponctuées d’indices aiguillant la méfiance de la mère, mais ne tentant jamais de créer une tension dramatique allant croissant. La mise en scène apparaît d’ailleurs en phase avec cette atonie, se contentant de filmer platement de longs et répétitifs dialogues. La résolution de l’énigme survient de manière trop anticipée, avant de virer totalement au mélodrame outrancier. Il reste particulièrement dommageable pour le suspense que la mère, jusque-là protagoniste de l’histoire, ne joue aucun rôle dans la résolution de celle-ci, la coupable s’effondrant purement et simplement avec l’excuse tellement pratique de la folie pour justifier l’incohérence. De fait, même la chute manque cruellement d’intensité, ce qui s’avère très pénalisant dans ce type d’anthologie.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • La distribution comporte deux actrices qui deviendront plus tard des grandes figures des soaps. Kathryn Hays va tenir le rôle de Kim Sullivan Hughes de 1972 à 2010 dans As the World Turns (1956-2010). Frances Reid va incarner Alice Horton, de novembre 1965 à 2007, dans Des jours et des vies (depuis 1965).

  • James Yafee (décédé en 2017) fut un important universitaire du Colorado. Il publia régulièrement des nouvelles policières dans The Ellery Queen’s Mystery Magazine, One of the Family y est parue en 1956. Son héroïne récurrente était Mom, une mère juive résolvant des énigmes grâce à la sagesse acquise à travers ses relations difficiles avec ses voisins.

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17. AN UNLOCKED WINDOW
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 15 février 1965

Auteur : James Bridges, d’après une nouvelle d’Ethel Lina White

Réalisateur : Joseph M. Newman

Résumé :

La police ne parvient pas à arrêter un serial killer étranglant des infirmières. Deux infirmières, Stella et Betty, veillent sur un patient gravement malade du cœur vivant dans une maison isolée. Lors d’une nuit orageuse, elles reçoivent un menaçant appel téléphonique du tueur. Elles se barricadent, mais Stella oublie de fermer une fenêtre donnant sur la cave.

Critique :

An Unlocked Window, l’un des épisodes les plus marquants de l’anthologie, s’appuie sur une véritable confluence des talents. On y retrouve ainsi l’un de ses meilleurs metteurs en scène en la personne de Joseph M. Newman (10 épisodes à son actif) ainsi que l’autre pilier de The Alfred Hitchcock Hour que représente James Bridges (16 épisodes). Celui-ci va effectuer un travail d'adaptation efficace et subtil de l’œuvre d’Ethel Lina White, sachant en préserver toute la sourde angoisse, jusqu’à avoisiner non plus le thriller mais bien le récit d’épouvante. Le choix de Dana Wynter pour le rôle clef de Stella s’avère également précieux, tant sa sombre beauté participe toujours efficacement à l’ambiance paranoïaque, que son personnage en soit l’instigateur ou la victime. La musique de Bernard Herrmann vaut une force supplémentaire à ce huis clos quasi onirique. Mais l’apport le plus déterminant demeure sans doute celui de Stanley Cortez. Le directeur de la photographie de La Nuit du Chasseur effectue ici son unique participation à l'anthologie et lui apporte tout son art consommé de l'utilisation des contrastes du noir et blanc afin de créer une atmosphère semi-surréaliste et cauchemardesque. Grâce à lui l’opus se hisse au niveau d’authentique œuvre d’art morbide.

La présence de Louise Latham et de l’emblématique manoir gothique de Psychose, ainsi que le style quasiment pré hitchcockien d’Ethel Lina White confère à An Unlocked Window une affinité particulière au maître du Suspense, bien davantage que lors de la majorité des épisodes de l’anthologie. On apprécie une montée implacable du suspense horrifique, similaire à celle du remarquable et très similaire épisode de Chapeau Melon qu’est Ne vous retournez pas. Les frissons seront immanquablement au rendez-vous. Ils seront scandés par la formidable idée de mise en scène que constituent les retours silencieux et terrifiants retours sur la fenêtre fatidique, auxquels Joseph M. Newman et Stanley Cortez confèrent un impact tout particulier. On pourra caractéristiquement comparer l’intensité paroxystique du récit au précédent opus, par contre plat comme une limande, alors qu’il jouait pareillement sur l’idée d’un serial-killer possiblement introduit dans une maison. La chute se révèle également mémorable, elle reste l’une des plus dérangeantes et inattendues de The Alfred Hitchcock Hour.

Anecdotes :

  • La production veilla particulièrement à ce que la chute de l’intrigue ne fuite pas. La fin du script ne fut révélée que lors du tournage de la scène finale, auquel ne participèrent que les deux comédiens concernés et une équipe technique réduite.

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • La vieille maison utilisée pour les vues extérieures est une nouvelle fois celle de Psychose. Cet élément de décor des Studios Universal est apparu à de multiples reprises dans les productions des années 60 et 70.

  • L’épisode fera l’objet d’un remake lors de la reprise de l’anthologie durant les années 80 (1985-1989). Il sera compris dans le téléfilm de deux heures regroupant quatre histoires et servant de pilote à la nouvelle anthologie.

  • Dana Wynter (Stella) a tenu le premier rôle féminin de L’Invasion des profanateurs de tombes (1956).

  • Louise Latham (Maude Isles) est remémorée pour le rôle de Bernice Edgar dans le film d’Hitchcock Pas de printemps de Marnie (1964).

  • Avec un score de 8,8, l’épisode est le mieux noté de l’anthologie sur IMDB.

  • En 1966, An Unlocked Window reçut l’Edgar Allan Poe Award du meilleur épisode de série télévisée.

  • Ethel Lina White (1876-1944) fut une romancière anglaise notamment connue pour ses thrillers entremêlant suspense et récits aux limites du macabre (Fear Stalks the Village Some Must Watch The First Time He Died...). Alfred Hitchcock en était un grand admirateur et il adapta au cinéma son roman le plus connu, The Wheel Spins (Une femme disparaît, 1938).

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18. THE TRAP
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 22 février 1965

Auteur : Lee Kalcheim, d’après une nouvelle de Stanley Abbott

Réalisateur : John Brahm

Résumé :

La très sensuelle Peg Beale s’éprend du viril et ambitieux nouvel assistant de son époux, fabricant de jouets étant lui-même resté un grand enfant. Peg trame alors un sinistre complot pour se débarrasser de son ennuyeux mari, mais l’issue va s’en révéler aussi sinistre qu’imprévue.

Critique :

L’épisode aurait certainement été meilleur s’il se situait au sein d’Alfred Hitchcock Presents. En effet le format court d’une demi-heure aurait mieux convenu à cette intrigue, de fait basée avant tout sur sa chute. Pour le reste on se retrouve avec un triangle fatal ultra classique, une situation d’ailleurs déjà maintes fois rencontrées au cours de la présente anthologie et sur laquelle il n’y a guère manière à broder. Tout le premier des deux segments de l’opus se montre ennuyeux, tant l’auteur délaye son récit à profusion, jusqu’à multiplier des allées et venues totalement inutiles à travers les couloirs. Les jouets des années 60 meublent toutefois agréablement les décors.

Au lieu d’un marivaudage très convenu, s’il fallait meubler alors il aurait mieux valu se centrer sur la personnalité du mari passionné de jouets, seule véritable originalité de l’épisode et élément clef de la résolution de l’affaire. Ce type de personnage a valu de grands épisodes chez Chapeau Melon (Game) ou chez Le Saint (The Man Who Liked Toys) et l’on apprécie d’en retrouver ici une version américaine, aussi excentrique qu’impitoyable homme d’affaires. Malheureusement l’opus joue insuffisamment la carte de la satire sociale, misant tout sur une chute valant par son côté morbide, mais trop largement prévisible. Demeure une nouvelle superbe prestation d’Anne Francis, dont le talent apporte une surprenante émotion à Peg, personnage par ailleurs enseveli sous les clichés.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Anne Francis (Peg Beale) débuta sa carrière comme enfant mannequin durant la Grande Dépression et se lança à Broadway à l’âge de onze ans. Sa voix sensuelle lui valut également de percer dans les dramatiques radios. Elle devint l'inoubliable Altaira Morbius, vedette féminine de Planète Interdite (1956), grand classique de la Science-fiction. Mais elle tint surtout des seconds-rôles au cinéma et fit principalement carrière à la télévision à partir des années 60. Elle reste célébrée pour la pétillante Honey West (1965-1966), première série de détective au protagoniste féminin. Le rôle lui valut le Golden globe en 1966 et une nomination aux Emmy Awards. 

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19. WALLY THE BEARD
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 1 mars 1965

Auteur : Arthur A. Ross

Réalisateur : James H. Brown

Résumé :

Walter Mills, informaticien chauve et falot, est quitté par sa fiancée. Il fait alors l’acquisition d’une perruque et d’une barbe, afin de changer de vie. Il devient alors Philip Marshall, yachtman aussi racé que viril, ce qui va améliorer ses relations avec les femmes, mais aussi lui créer d’autres problèmes quand son secret est découvert par un maître chanteur.

Critique :

Le récit aurait pu aisément basculer dans La Quatrième Dimension, avec un véritable transfert de personnalité et une morale sur le thème de la véritable nature d’une personnalité primant sur la superficialité de l’apparence. D’une manière certes cohérente avec la tonalité de l’anthologie, l’épisode refuse ce choix, ce qui rend malgré tout difficile à croire qu’un homme puisse autant changer par la simple intercession d’artefacts capillaires. En l’occurrence, l’habit fait le moine !

Larry Blyden effectue toutefois une jolie performance d’acteur sur son registre humoristique naturel de la comédie. De fait on s’en tient essentiellement à un registre comique, certes léger mais distrayant. Quelques éléments plus dramatiques viennent cependant apporter de la consistance à cet opus agréablement Sixties (ah, ces ordinateurs à cartes perforées !) et à la chute réussie, mais s’appuyant un peu trop sur les épaules de son interprète principal.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • James H. Brown, ici aux commandes derrière la caméra pour l’unique fois de l’anthologie, effectua l’essentiel de sa carrière en tant qu’assistant réalisateur. Il le fut ainsi sur Les Oiseaux et sur Pas de printemps pour Marnie, ainsi que lors de nombreux épisodes dAlfred Hitchcock présente.

  • Larry Blyden (Wally) réalisa quelques apparitions à l'écran mais demeure surtout connu pour sa carrière aux nombreux succès sur les scènes de Broadway. Il devint également très populaire comme animateur de jeux télévisés ou d'émissions de variété durant les années 50 et 60. Il décède des suites d'un accident de voiture survenu durant des vacances au Maroc, en 1975.

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20. DEATH SCENE
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 8 mars 1965

Auteur : James Bridges

Réalisateur : Harvey Hart

Résumé :

Nicky, fille du célèbre mais vieillissant réalisateur Gavin Revere, tombe amoureuse d’un pauvre mais ambitieux garagiste, Léo. Revere s’oppose à leur mariage, soupçonnant que Léo est intéressé par la fortune qui reviendra à sa famille, il change d’avis quand Léo contracte une importante assurance vie en faveur de Nicky. Toutefois Léo se moque de l’un de ses films, Death Scene, ce qui le fait définitivement refuser le mariage. Mais Léo ne m’entend pas de cette oreille.

Critique :

L’épisode sait à merveille utiliser le format long de l’anthologie afin de nous emmener dans le Hollywood des célèbres superbes manoirs de Beverly Hills. Cela nous vaut quelques splendides images, mais la visite se teinte rapidement d’amertume. C’est d’abord le cas lors d’une évocation sans fards des criantes inégalités sociales caractérisant la Mecque du Cinéma, concernant aussi bien les revenus que ce mépris de classe se retrouvant jusque chez une radieuse jeune femme comme Nicky. Mais le récit s’imprègne surtout de la mélancolie du temps qui passe. Ces somptueuses mansions furent souvent édifiées durant les années 20 et 30, pour une génération de stars connaissant le déclin et la vieillesse lors des années 60. Ce sentiment crépusculaire s’incarne avec force chez Revere, désormais en fauteuil roulant dans a résidence transformée en musée de sa gloire passée, s’étendant jusqu’au Muet.

Ce sentiment d’une Atlantide désormais révolue (avec l’insertion habile d’une télévision criarde) évoquera par moments Caméra meurtre aux amateurs des Avengers, d’autant que les deux récits convergent en fin de parcours. On apprécie d’autant plus que la psychologie des personnages se voit réellement développée que les comédiens les incarnent admirablement. Vera Miles rayonne encore davantage qu’au cinéma tandis qu’un jeune James Farentino apporte du flamboiement à son Rastignac hollywoodien et John Carradine une formidable véracité au metteur en scène en prie aux affres de l’âge et du déclassement. Toute cette dimension humaine n’entrave en rien la mise en place d’un efficace récit à suspense, avec plusieurs scènes forte (la projection, la piscine). Si le tout demeure quelques peu prévisible, l’épisode sait réserver une tonitruante surprise lors d’une chute renversant totalement la table.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • La musique de l’épisode reste l’ultime contribution de Bernard Herrmann à l’anthologie. Cela reste l’une des ultimes collaborations entre le compositeur et Alfred Hitchcock. Débutée en 1955, leur association (Mais qui a tué Harry ?, L'Homme qui en savait trop, Sueurs froides, Les Oiseaux…) s’achève en effet en 1966, quand Hitchcock refusa les compositions d’Hermann pour Le Rideau déchiré, jugées trop sinistres pour plaire au public. Amer, le musicien quittera alors Hollywood, pour s’installer à Londres.

  • Vera Miles (Nicky Revere) débute au cinéma au commencement des années 50 avant d'accéder à la célébrité avec La Prisonnière du désert (1954). Elle devient la nouvelle muse d'Alfred Hitchcock, succédant à Grace Kelly (Alfred Hitchcock présente, 1955 ; Le Faux Coupable, 1956 ; Psychose, 1960). Enceinte, elle dut renoncer à Sueurs froides (1958). Par la suite, elle retourna au Western (L'Homme qui tua Liberty Valence, 1962...) avant de collaborer longuement aux films de Disney. Durant les années 70 et 80, elle s'orienta vers les séries télévisées.

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21. THE PHOTOGRAPHER AND THE UNDERTAKER
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 15 mars 1965

Auteur : Alfred Hayes, d’après une nouvelle de James Holding

Réalisateur : Alex March

Résumé :

Dissimulés sous leur couverture respective de photographe et de croquemort, Arthur Mannix et Hiram Price sont en fait des tueurs professionnels. Tous deux travaillent pour la Compagnie, une grande organisation criminelle. Or, pour réduire ses coûts, celle-ci ordonne à chacun de tuer l’autre, avec une promotion à la clef. Cela arrangerait particulièrement Arthur, fiancé à la belle Sylvia, mais devant gagner plus pour pouvoir se marier.

Critique :

L’opus a la bonne idée de tenter une approche originale, en s’éloignant d’un énième récit de roman noir, pour initialement développer une parodie critique du management dans les grandes entreprises américaines. Le féroce parallèle dressé avec les méthodes cruelles de la Compagnie et celles du service GRH d’une firme se montre ainsi joyeusement goguenard et relevant d’un excellent humour noir. Malheureusement, cette prometteuse piste se voit promptement abandonnée au profit de la relation chargée en poncifs entre le Photographe et Sylvia (superbe Jocelyn Lane) et d’un pseudo duel entre les deux tueurs, traité avec beaucoup de maladresse.

En effet le combat apparaît totalement déséquilibré, et donc sans suspense, tant il résulte totalement déséquilibré en faveur du Photographe. Il domine totalement son adversaire et, même si leur ultime confrontation délivre quelques étincelles, elle demeure essentiellement verbeuse et statique, à l’image de l’ensemble de l’épisode. De fait le Photographe est traité comme s’il était le héros récurrent de sa série, à contresens d’une anthologie. De plus le talentueux Jack Cassidy insuffle beaucoup de charme et de suavité au photographe (en plus d’une scène de travestissement assez pesante), là encore en contradiction avec sa nature d’assassin professionnel. Cela conviendrait à un justicier comme Simon Templar, mais la spécificité du Photographe reste sa noirceur morbide, or l’on ne la ressent ici qu’a minima.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Le photographe cite Hamlet (Ace 1, scène 4) en disant Me thinks something stinks in Denmark, au lieu de Something is rotten in the state of Denmark.

  • Jack Cassidy (le Photographe) connut une très belle carrière à Broadway (nombreuses nominations aux Tony Awards, qu'il remporta une fois), comme au cinéma, où il fut récompensé par deux Emmy Awards, en 1968 et 1971. Très présent à la télévision, Cassidy fut également un adversaire régulier de l'Inspecteur Columbo, participant à pas moins de trois épisodes de la série. La fin de sa vie fut obscurcie par des désordres psychologiques et l'alcoolisme. Il décède en 1976, une cigarette ayant mis le feu à son matelas alors qu'il était en état d'ivresse.

  • Jocelyn Lane (Sylvia) fut un sex–symbol des années 50 et 60, exerçant comme actrice et mannequin, tout comme sa sœur Mara. Elle multiplia les apparitions dans les films et séries de l’époque, étant notamment réputée ressembler à Brigitte Bardot. Elle se retira en 1971, après avoir épousé le prince von Hohenlohe-Langenburg.

  • James Holding (1907-1997) fut un auteur policier réputé pour ses nouvelles pastichant de grandes plumes du genre. Il créa également plusieurs cycles autour de personnages récurrents dont le Photographe, tueur professionnel prenant des photos des dépouilles de ses victimes pour prouver leur exécution. La nouvelle adaptée ici est la deuxième de cette série débutée en 1960 et conclue en 1984. 

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22. THOU STILL UNRAVISHED BRIDE
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 22 mars 1965

Auteur : David Friedkin, d’après une histoire d’Avram Davidson

Réalisateur : David Friedkin

Résumé :

Inspecteur à Scotland Yard, Tommy Bonn fait face à un serial killer étranglant des jeunes femmes avec des bas de soie. Bonn est également sur le point d’épouser Sally Benner, sa fiancée américaine. Mais la jeune femme décide de faire une promenade dans Londres peu de temps avant la cérémonie et se rend dans plusieurs boutiques. Or elle n’apparait pas au mariage et Bonn, inquiet, se lance à sa recherche.

Critique :

L’épisode souffre d’un certain manque de rythme dans le déroulement des évènements, jusqu’à un dénouement peu stimulant. L’anthologie subit une nouvelle fois son format long, une faiblesse perceptible dès lors que le scénario du jour manque de substance. De fait ce dernier ici où se limite longtemps aux différentes boutiques visitées par Stella, jusqu’à une peu retentissante chute. L’ensemble se suit néanmoins avec plaisir du fait de la plaisante excentricité très british des personnes rencontrées par Sally durant sa promenade.

Les amateurs de Chapeau Melon et Bottes de Cuir y seront évidemment particulièrement sensibles ! Le sujet de l’épisode devient dès lors le prétexte dans d’une balade dans le Londres des années 60, moderne ou intemporel, d’autant que tout ceci n’est pas sans évoquer de loin Jack l’Eventreur. La distribution se montre également solide et expérimentée (Alan Napier, toujours excellent). On y remarque deux jeunes comédiens encore peu connus, mais appelés à connaître une belle carrière télévisuelle, Sally Kellerman (la Hot Lips de MASH) et David Carradine (Kung Fu).

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • L’épisode est basé sur la nouvelle Thou Still Unravished Bride, d’Avram Davidson. Elle fut initialement publiée dans The Ellery Queen's Mystery Magazine, en octobre 1958.

  • Kent Smith et Edith Atwater, qui jouent le couple Benner, étaient mariés dans la vraie vie.

  • Le titre Thou still unravished bride est la première strophe du poème Ode sur une urne grecque, de John Keats (1820). Il est généralement traduit par Ô toi ! Epouse encore inviolée de la quiétude.

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23. COMPLETELY FOOLPROOF
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 29 mars 1965

Auteur : Anthony Terpiloff

Réalisateur : Alf Kjellin

Résumé :

Mari aussi riche qu’infidèle, Joe Brisson se découvre épié par un détective privé. Son épouse Lisa, qui a elle-même un petit ami, désire en effet obtenir un divorce très lucratif. Elle entend en effet obtenir les trois quarts de la fortune de Joe. La situation s’envenime et chaque époux envoie un homme de main assassiner l’autre.

Critique :

Le mariage, souvent décrit comme négatif, aura décidément été une source d’inspiration inépuisable pour cette anthologie. On assiste à un summum à l’occasion de cet épisode, qui nous vaut comme une version roman noir de La Guerre des Rose. L’ensemble manque certes quel peu de démesure et demeure enserré dans les conventions du genre. Mais on reconnaitra à Completely Foolproof de repousser très loin les limites du sordide. Cela vaut finalement moins pour le couple que pour son entourage, composé d’être veules ou cupides, avec une noirceur apportant une vraie force au récit.

Au milieu de ce marécage, le couple fatal montre au moins une vitalité hors du commun dans sa détestation et sa volonté de destruction. L’opus doit d’ailleurs beaucoup à la performance des interprètes, avec un J.D. Cannon solide et ténébreux à souhait, mais aussi et surtout une Patricia Barry totalement déchainée. Grâce à sa prestation, Patricia compose le cœur vivant et authentiquement maléfique du récit, dans la meilleure tradition de la femme fatale. On pourra reprocher sa prévisibilité à la chute de l’histoire, mais elle reste cohérente face à la course à l’abîme irrémédiablement entreprise par ces époux davantage liés par la haine que bien d’autres ne le sont par l’amour.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Patricia Barry (Lisa Brisson) fut une étoile de la Columbia durant les années 40-50, spécialisée dans les rôles de grandes dames. Elle épousa le producteur Philip Barry, avec lequel elle s'associa pour de nombreux projets, notamment à la télévision à partir des années 60.

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24. POWER OF ATTORNEY
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion: 5 avril 1965

Auteur : James Bridges

Réalisateur : Harvey Hart

Résumé :

Un habile et cynique escroc séduit les femmes esseulées, avant de disparaître après avoir dérobé leurs économies.  Il s’en prend à une dame âgée rencontrée dans un avion, et la ruine totalement en gérant frauduleusement sa fortune. Sa victime se suicide, mais son amie et dame de compagnie va ourdir une terrible vengeance.

Critique :

Certes le thème du vil séducteur n’apparaît en rien original au sein d’une anthologie aux thèmes moins variés que les traitements qu’elle y apporte. De fait l’intrigue apparaît longtemps ultra classique, même si un meurtre vient la pimenter en assombrissant encore davantage son protagoniste. Mais Power of Attorney s’impose en tant que brillant épisode d’acteurs. C’est avant tout le cas grâce à la forte prestation de Richard Johnson, qui rend particulièrement veule et haïssable son personnage d’escroc. Mais pas seulement car ce dernier s’avère lui-même un comédien accompli, sachant incorporer une part de véritable émotion dans son numéro afin de convaincre ses victimes.

De ce point de vue, le récit devient comme une allégorie du pouvoir de conviction de l’artiste, pouvant aussi bien émerveiller que duper. La partie féminine de la distribution n’est pas reste pour autant. Les victimes savent rendre palpable leur souffrance intime tandis que la dame de compagnie (interprétée avec une froide crédibilité par Geraldine Fitzgerald) se montre à son tour d’une absolue cruauté quand elle prend le félon à son propre piège. Cette féroce conclusion demeure l’une des plus mémorables de l’anthologie, toute comme sa victime en compose l’une de ses figures les plus sinistres.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Richard Johnson (l’escroc), issu de la RADA, débuta comme interprète shakespearien à Londres. Il connut une certaine popularité aux USA durant les années, quand il fut sous contrat à la MGM (La Maison du Diable). A partir des années 70, il poursuivit une carrière très éclectique entre séries télévisées (Cosmos 1999), dignes adaptations théâtrales à la BBC et pittoresques films d’épouvante italiens.

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25. THE WORLD'S OLDEST MOTIVE
INÉDIT EN FRANCE

Date de diffusion : 12 avril 1965

Auteur : Lewis Davidson

Réalisateur : Harry Morgan

Résumé :

Un mari souhaite se débarrassera de sa peu séduisante épouse, afin de convoler avec sa jeune maitresse. Il loue les services d’un tueur, mais sa concubine se montre scandalisée en apprenant le complot. Dès lors, l’infortuné mari doit tout faire pour rattraper l’assassin avant qu’il ne passe à exécution.

Critique :

L’intrigue du jour en revient une énième fois à la thématique du triangle amoureux fatal, tant de fois explorée au cours de l’anthologie et de cette troisième saison, si riche en histoires de mariages fatals. Au moins le traitement présent opte-t-telle clairement pour la comédie, ce qui rend l’end l’ensemble regardable à défaut de vraiment prenant. En effet si le tout distrait, il demeure relativement anodin et prévisible, à l’image d’une conclusion sarcastique mais également moralisante et constituant tout sauf une surprise.

Comme souvent dans le cadre de ce programme, la distribution demeure un atout, même si aucun des quatre comédiens principaux ne quitte la zone de confort de son répertoire usuel (le gangster pittoresque pour Robert Loggia, le mari veule pour Henry Jones, la femme fatale pour Linda Lawson, l’épouse peu sexy pour Kathleen Freeman). Assez oubliable en soi, l’épisode évoque en creux une l’usure d’une anthologie à l’univers désormais délimité et aux ressorts usés dès lors qu’un scénario ne se montre pas hors normes.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Kathleen Freeman (l’épouse) est souvent apparue au cinéma et à la télévision dans des rôles humoristiques. Outre des contributions à de très nombreuses séries, elle fut régulièrement associée à Jerry Lewis au cinéma durant les années 50 et 60 (Le Zinzin d’Hollywood, 1961).

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26. THE MONKEY'S PAW
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 19 avril 1965

Auteur : Anthony Terpiloff, d’après une nouvelle de W. W. Jacobs

Réalisateur : Robert Stevens

Résumé :

Paul et Anne White se rendent aux Bahamas, où leur fils Howard Participe à une compétition automobile. Sur place, ils rencontrent une bohémienne qui leur procure une patte de singe censée pouvoir satisfaire trois souhaits. Paul va entreprendre d’utiliser l’artefact afin de sauver son entreprise battant de l’aile, mais il va découvrir que chaque souhait réalisé est aux dépends de son fils, de terrible manière.

Critique :

Cette adaptation Sixties du grand classique de W. W. Jacobs ne convainc guère. Un format court aurait ainsi bien mieux convaincu à un texte lui-même assez court et basé sur le rythme rapide des révélations horrifiques des conséquences inattendues des souhaits effectués. D’ailleurs, dans son essence-même, l’épisode aurait certainement été traité dans La Quatrième Dimension ou Night Gallery, tant le Fantastique pur vu par The Alfred Hitchcock Hour se traduit par des postures outrées jusqu’au ridicule. Afin de meubler ses cinquante minutes le récit a ainsi perpétuellement recours à des dialogues privés de tout impact par leur emphase et à une certaine obsession pour les rivalités féminines (entres amies, entre mère et fiancée, entre vaudou et tradition bohémienne…).

La direction d’acteurs est au diapason, conduisant le vétéran Leif Erickson et l’épatante Jane Wyatt (bien connue des Trekkies pour avoir incarné la mère humaine de M. Spock) à cabotiner lourdement. A l’inverse le jeune Lee Majors résulte bien falot, loin de la si forte présence du Colonel Steve Austin. Il faut dire qu’afin d’accroitre la dimension tragique de son destin, le scénario rend son personnage gentil jusqu’à confiner à la niaiserie. Pour le reste la réalisation reste le plus souvent statique, avec des inserts encore bien plus voyants que ceux du Saint à la même époque. Demeurent toutefois les atouts intrinsèques de la si cruelle l’intrigue originelle et la fascination horrifiée qu’elle exerce, mais l’épisode n’en restitue qu’un écho bien atténué.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Lee Majors (Howard) est acteur très populaire de la télévision américaine, à travers ses rôles récurrents de La Grande Vallée, L’homme qui tombe à pic et surtout Steve Austin, le fameux Homme qui valait trois milliards.

  • L’épisode adapte la nouvelle de La Patte de Singe, de l’Anglais W. W. Jacobs, grand spécialiste es histoires macabres. Il s’agit d’un grand classique de la littérature d’épouvante, narrant comment une patte de singe accorde trois souhaits à son détenteur, chacun se retournant cruellement contre le fils du détenteur (elle met pareillement en scène la famille White, mais dans l’environnement hindou des années 1900). Adaptée dès 1903 au théâtre, elle a l’a été depuis régulièrement été sur de multiples supports. Le texte a initié un nouveau type de récit fantastique voyant un quidam être confronté aux conséquences inattendues des souhaits qu’il a formulé et qui se sont réalisés via un Génie de la Lampe, ou autre phénomène surnaturel. 

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27. THE SECOND WIFE
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 26 avril 1965

Auteur : Robert Bloch, d’après une histoire de Richard Deming

Réalisateur : Joseph M. Newman

Résumé :

Martha épouse le frustre Like Hunter, charpentier, après avoir échangé avec lui par correspondance. La découverte de plusieurs indices la fait soupçonner que son mari a assassiné sa première épouse afin de s’emparer de son argent. Or l’histoire semble désormais se répéter.

Critique :

On pourra reprocher à l’épisode de ne développer qu’un suspense en bois, du fait de la structure même de récits à chute de l’anthologie. Dans ce contexte, accumuler un tel faisceau convergent d’indices sur un individu, c’est déjà en soi révéler la réponse à la question de sa culpabilité. A moins, bien entendu, que l’absence de chute ne devienne la chute, or jamais The Alfred Hitchcock Hour n’est jusqu’ici risqué à ce jeu. Mais cette prévisibilité ne constitue pas réellement une difficulté, car le suspense ne représente ici qu’un moyen. La véritable finalité du récit du toujours aussi surdoué consiste à décrire l’immersion d’un esprit dans une paranoïa toujours plus prégnante et absolue, quasiment sur un registre d’épouvante. Tout va concourir au succès de l’entreprise.

Il en va ainsi de la narration savamment orchestrée par un auteur sachant accroître progressivement la tension dramatique mais aussi distiller les indices de manière à conférer une implacable apparence de logique au développement de la psychose. Bloch a la suprême habileté de se détourner de la description classique d’un profil psychologique. Il n’explique absolument rien du parcours de l’héroïne ni de ce qui l’a conduit à épouser un parfait inconnu après avoir échangé à peine quelques lettres avec lui. Martha n’existe qu’à travers la montée irrépressible de son angoisse, ce qui rend celle-ci particulièrement prégnante, à l’image de ce qu’installe un film récent comme Dunkerque

 La mise en scène se met idéalement dans les pas de l’écriture, avec une maison d’abord présentée comme frustre, puis devenant peu à peu un lieu d’épouvante, entre ombre protée des feux de cheminée et enfermement progressif de Martha entre des portes hermétiquement closes de plus en plus nombreuses. La clef de voute de cet opus particulièrement ambitieux et réussi reste toutefois l’effarante prestation de June Lockhart, qui nous fait littéralement suivre l’histoire à travers le regard angoissé de son personnage à la dérive.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • June Lockhart (Martha) a réalisé l’essentiel de sa carrière à la télévision, même si elle connut aussi un beau parcours au théâtre. Elle est ainsi remémorée pour les rôles de la mère du jeune héros de Lassie et du Dr. Maureen Robinson dans Lost in Space, aux côtés de Guy Williams. Elle est la mère de l’actrice Anne Lockhart (Shaba dans Battlestar Galactica).

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28. NIGHT FEVER
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 3 mai 1965

Auteur : Gilbert Ralston, d’après une histoire de Clark Howard

Réalisateur : Herbert Coleman

Résumé :

Lors d’un cambriolage ayant mal tourné, un policier un tué. Blessé, le jeune malfaiteur est hospitalisé sous bonne garde. Une infirmière sympathise avec lui et il entreprend de la séduire et de la convaincre de l’aider à s’évader.

Critique :

L’épisode résulte peu stimulant, du fait d’une action longtemps très statique et cantonnée dans les couloirs interchangeables d’un hôpital. Le huis clos ne véhicule aucune intensité particulière, d’autant que l’on reste totalement sceptique à propos de l’argument du jour du jour : un digne infirmière qui succomberait au charme d’un tueur de policier. Night Fever peut au moins compter sur sa distribution, avec une Colleen Dewhurst s’arque boutant à rendre crédible son personnage censé basculer amoureusement après une vie aussi rangée que terne et un Tom Simcox parfait en jeune truand viril. On s’amuse également d’une brève apparition d’une jeune Peggy Lipton, qui deviendra bientôt la Julie Barnes de The Mod Squad, probablement la plus Contre-culture des séries policières, puis la Norma Jennings de Twin Peaks. Quoique classique, la chute demeure également bien amenée.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • L’épisode fit l’objet d’un remake lors de la reprise de l’anthologie, en 1985.

  • Colleen Dewhurst (l’infirmière) est avant tout connue pour sa superbe carrière théâtrale. Surnommée la Reine de Broadway, elle y interpréta notamment les grands rôles shakespeariens. 

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29. OFF SEASON
INÉDIT EN FRANCE



Date de diffusion : 10 mai 1965

Auteur : Robert Bloch, d’après une histoire d’Edward D. Hoch

Réalisateur : William Friedkin

Résumé :

John Kendall doit démissionner de la police, à cause de sa trop grande propension à la violence. Il s’installe dans une petite ville tranquille, où il est chargé de surveiller les maisons inoccupées des touristes. Il remplace Milt Woodman, licencié pour avoir eu une liaison en service. Ce dernier prend Kendall en grippe et s’intéresse à sa fiancée, Sandy.

Critique :

L’anthologie connaît l’heureuse fortune de se conclure sur un épisode de fort bonne tenue. Singulier également, tant il échappe au canon de The Alfred Hitchcock Hour. En effet, au lieu d’un thriller à suspense ou d’un récit à chute, Of Season apparaît avant tout comme le portrait psychologique d’un individu tourmenté, en prises à ses démons mais tentant de s’améliorer envers et contre tout. L’excellente prestation de John Gavin rend le récit très sensible, tandis que Robert Bloch sait également rompre avec le manichéisme en demeurant réaliste sur la nature intrinsèquement violente de son protagoniste. On lui sait également gré ne pas avoir opté pour une conclusion artificiellement choc, privilégiant au contraire la cohérence, quitte à être plus prévisible qu’à l’ordinaire. Le format court aurait toutefois sans doute été davantage efficace, le rythme paraissant assez lent, malgré la caméra habile de William Friedkin. La présence de Gavin et du décor du motel de Psychose apportent également un cachet hitchcockien particulièrement bienvenu à cette occasion.

Anecdotes :

  • On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

  • Le metteur en scène William Friedkin effectue sa première et dernière (par définition) contribution à l’anthologie. Venu du documentaire, il débute également ici dans la fiction. Par la suite il connait une belle carrière au cinéma (French Connection, L’Exorciste…).

  • On retrouve une ultime fois la maison de Norman Bates dans Psychose, élément de décor des Studios Universal. L’auteur de l’épisode, Robert Bloch, fut également le scénariste de ce film. John Gavin (Kendall) y participa également.

  • Il s’agit de l’épisode final de l’anthologie, mais rien ne l’indique, y compris dans sa présentation par Alfred Hitchcock, qui conclue en souhaitant une bonne nuit au public et en lui disant « à la prochaine fois ».

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Date de diffusion : 09 novembre 1964

Auteur : Lewis Davidson

Réalisateur : Joseph M. Newman

Résumé :

George voyage en train pour passer le week-end avec sa petite amie, dans sa maison de campagne. Il est abordé par un inconnu lui déclarant tout savoir de cette relation et être le mari de la jeune femme. L’homme se montre menaçant et tente d’effrayer George en creusant une tombe dans le jardin de celui-ci. Lors d’une confrontation, il s’avère que les deux hommes sont manipulés par la femme, qui souhaite qu’ils s’entre-tuent. L’inconnu admet alors n’être en fait qu’un autre de ses amants et conseille à George d’assassiner sa maîtresse. Mais la vérité est encore différente...

Critique :

L’histoire entend se positionner en thriller, en développant la narration d’une complexe manipulation. Le suspense se développe autour de diverses questions s’entrecroisant. Qui est au juste le mystérieux inconnu ? Le complot va-t-il réussir ? Quel est son but ultime ? Une situation évoquant effectivement le cinéma d’Alfred Hitchcock, d’autant que la rencontre impromptue dans le train effectue comme un lointain clin d’œil à L'Inconnu du Nord-Express. Le scénario soigne son versant psychologique, détaillant comme l’inconnu manœuvre George, d’abord en suscitant la peur puis la dissipant, le soulagement lors ressenti favorisant la connivence, puis la complicité (un schéma bien connu des émissions de caméra invisible).

Malheureusement cette intéressante situation ne se concrétise que médiocrement. L’histoire résulte très statique, avec une mise en scène échouant totalement à électriser les nombreuses scènes de dialogues entre l’inconnu et George. La narration ne sème aucun indice ludique permettant au spectateur de jouer au détective et de tenter de deviner le pot aux roses. Elle préfère tout parier sur la surprise finale, ce qui ne représente pas forcément le meilleur choix dans le cadre du format long des épisodes de l’anthologie. Cela se ressent d’autant plus fortement que la chute, certes appréciable, paraît loin d’être a plus retentissante de The Alfred Hitchcock Hour. Demeure une interprétation convaincante, même si légèrement théâtrale, et le charme certain de Patricia Medina.

Anecdotes :

On ne dispose que du titre original de l’épisode, car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

L’insert montrant le train entrer en gare a visiblement été intégré à l’envers comme le montre l’écriture inversée des panneaux de signalisation.

Roddy McDowall (George) débuta dans quelques films de son Angleterre natale avant de se faire connaître à Hollywood pour son personnage dans Qu'elle était verte, ma vallée (1941). Il s'y lie d'amitié avec Elizabeth Taylor, aux côtés de laquelle il connaîtra plusieurs rôles marquants (Octave dans Cléopâtre, 1963). Sa longue carrière au cinéma fut également marquée par les quatre films de La Planète des Singes. Outre la série en découlant (1974), il apparut également à la télévision dans La Quatrième Dimension, Les Envahisseurs, Columbo, L'Île Fantastique, Wonder Woman, Code Quantum… 

Efrem Zimbalist Jr. (Stranger) est connu notamment pour avoir tenu le rôle principal des séries 77 Sunset Strip (1958-1964) et The FBI (1965-1974), important succès d’ABC. Il assure également la voix d’Alfred dans l’excellent dessin animé Batman : The Animatd Series (1994-1995), ainsi que dans plusieurs autres productions de DC Comics. Il est le père de Stephanie Zimbalist, Laura Holt dans la série Les Enquêtes de Remington Steele (1982-1987).

Patricia Medina (Wife), d’origine anglaise et espagnole, arrive à Hollywood au début des années 50. Elle s’y fit connaître à travers un nombre prolifique de films historiques ou de mélodrames, où elle tint souvent des rôles de beauté exotique. A partir des années 60 elle se tourne vers la télévision, interprétant notamment Margarita Cortazar dans quatre épisodes de Zorro. Elle fut l’épouse de l’acteur Joseph Cotten, avec lequel elle connut plusieurs succès à Broadway.