Suspicion - The Alfred Hitchcock Hour Saison 2 1. A Home Away from Home – Inédit en France 2. Un Charme irrésistible (A Nice Touch) 3. Terror at Northfield – Inédit en France 4. You'll Be the Death of Me’ai – Inédit en France 5. Blood Bargain – Inédit en France 6. Nothing Ever Happens in Linvale – Inédit en France 7. Starring the Defense– Inédit en France 8. The Cadaver – Inédit en France 9. The Dividing Wal l– Inédit en France 10. Au revoir George (Good-Bye, George) 11. How to Get Rid of Your Wife – Inédit en France 12. Three Wives Too Many – Inédit en France 13. The Magic Shop – Inédit en France 14. Message de l’au-delà (Beyond the Sea of Death) 18. Final Escape – Inédit en France 19. Murder Case – Inédit en France 20. Anyone for Murder ? – Inédit en France 21. Beast in View – Inédit en France 22. Behind the Locked Door – Inédit en France 23. A Matter of Murder – Inédit en France 24. The Gentleman Caller– Inédit en France 25. Le coffre-fort (The Ordeal of Mrs. Snow) 26. Ten Minutes from Now– Inédit en France 27. The Sign of Satan – Inédit en France 28. Who Needs an Enemy ? – Inédit en France 29. Bed of Roses – Inédit en France 1. A HOME AWAY FROM HOME Date de diffusion : 27 septembre 1963 Auteur : Robert Bloch Réalisateur : Herschel Daugherty Résumé : La jeune Natalie Rivers rend visite à son oncle le Docteur Norton, directeur d’un asile d’aliénés. Elle n’a jamais eu l’occasion de le rencontrer jusqu’ici. Or Norton, tenant de thérapies ouvertes accordant une semi-liberté à ses patients, a été assassiné par Howard Fennick, lui-même ancien médecin devenu totalement psychotique. Avec l’aide des autres fous, ce dernier enferme le personnel et prend la tête de l’établissement, attribuant à chacun de ses complices le rôle d’un des employés. Il se fait passer pour Norton auprès de Natalie, mais celle-ci va progressivement comprendre l’effroyable vérité. Critique : Avec Robert Bloch, l’anthologie choisit l'auteur idéal pour débuter sa deuxième saison sous les meilleurs auspices. On sait à quel point ce maître de l’horreur psychologique collabora puissamment à l’œuvre d’Hitchcock (Psychose), y compris dans le cadre d’Alfred Hitchcock présente, pour laquelle il proposa dix scénarios. Le récit se montre effectivement très efficace, plongeant progressivement la jeune Natalie au sein d’un authentique cauchemar éveillé, au fur et à mesure que la réalité consensuelle part en lambeaux et que le piège semble toujours plus inextricable. Certains pittoresques patients évoquant davantage les Excentriques des Avengers que des psychopathes criminels à la Norman Bates, l’intrigue ne sera pas sans évoquer Caméra Meurtre aux amateurs de Chapeau Melon. Voir les fous jouer avec application et dévouement les rôles impartis par Fennick, mais de manière désaxée et imprévisible (y compris un sympathique faux Policeman), suscite un étrange d’abord comique puis de plus en lus inquiétant. La menace s’exacerbe en effet par le huis clos dans laquelle l’héroïne est enfermée, de même que la menaçante présence de Fennick, dont la folie homicide se dévoile concomitamment à la situation. Alors que le cabotinage outré des comédiens convient idéalement aux seconds rôles, le métier et l’expressivité de Ray Milland apportent un véritable impact à la double nature de Fennick, en apparence logique et cohérent, et en définitive totalement, définitivement fou. Claire Griswold joue de manière classique mais convaincante le rôle classique de la Damoiselle en péril, mais, hélas, son personnage n’est que cela, se limitant aux clichés inhérents au genre. Le récit soufre ici des limitations de son époque, Natalie se débat mais le salut provient en définitive de l’extérieur, tout à fait indépendamment de ses efforts. Le happy-end se veut ironique envers Fennick, mais résulte si soudain qu’il en devient totalement artificiel. L’anthologie continue à connaître bien davantage de difficultés que La Quatrième Dimension à s’affranchir de ce poncif de la fin heureuse. Le scénario souffre de quelques faiblesses, comme Natalie ne cessant de tomber par hasard sur la dépouille dissimulée de Norton, ou une introduction révélant d’emblée le pot aux roses, alors que l’on aurait pu accompagner le regard de Natalie dès le départ, puis découvrir progressivement la réalité. Même s’il aura été traité avec pertinence, le sujet présente comme un air de déjà vu : l’intrigue ressemble souvent à celle du Système du docteur Goudron et du professeur Plume (1845), nouvelle d’Edgar Allan Poe, dont Bloch fut un grand admirateur (même si avant tout l’un des disciples de Lovecraft). Anecdotes :
2. UN CHARME IRRÉSISTIBLE Date de diffusion : 4 octobre 1963 Auteur : Mann Rubin Réalisateur : Joseph Pevney Résumé : La star Larry Duke doit son succès à l’agente de casting Janice Brandt. Celle-ci n’a cesser de l’avantager, après qu’il l’ait séduite. Mais le mari alcoolique et violent de Janice refuse le divorce et menace désormais de faire éclater un scandale pouvant ruiner la carrière de Duke. Au cours d’une longue conversation téléphonique, ce dernier va progressivement persuader Janice d’assassiner son mari. Critique : L’épisode opte pour un style de narration original au travers de cette conversation téléphonique et l’omniprésence du téléphone, y compris dans les séquences de flashbacks, lui apporte un certain cachet. Malheureusement ce choix aurait nécessité des dialogues percutants ou pétillants et c’est bien là où le bas blesse. On s’ennuie rapidement tant ils se limitent à des clichés convenus autour du poncif du vil séducteur. Les retours en arrière saucissonnent trop l’action, d’autant qu’ils avoisinent parfois le remplissage. Les personnages s’avèrent également caricaturaux, d’autant que, si Anne Baxter se montre très convaincante, l’interprétation du jeune George Segal demeure encore bien rugueuse. La mise en scène apparaît efficace, à défaut de réellement imaginative. En outre le récit gâche plusieurs opportunités. Il critique ainsi l’arrivisme forcené régnant à Hollywood, mais se centre sur un Luke dépeint comme hors normes, ce qui limite quelque peu l’impact de cette approche. Janice Brandt occupe un poste en vue dans une entreprise, une indépendance bien rarement de mise dans les séries des années 60 (voire 70), mais cette modernité se voit battue en brèche par le portrait d’une femme avant tout émotionnelle et soumise à son amant jusqu’à la caricature. L’opus nous offre une chute, certes pas tout à fait imprévisible, mais néanmoins cinglante et étonnement cynique, mais voici que le commentaire final d’Hitchcock vient ruiner cette effet, ramenant l’anthologie dans le droit chemin comme à chaque fois qu’elle semble dévier d’un happy end ou d’une conclusion morale. Anecdotes :
3. TERROR AT NORTHFIELD Date de diffusion : 11 octobre 1963 Auteur : Leigh Brackett, d’après un roman d’Ellery Queen Réalisateur : Harvey Hart Résumé : Alors qu’il avait disparu depuis un mois, le fils du fermier John Cooley est découvert mort, renversé par un chauffard. Très religieux, Colley identifie la voiture grâce à un bris de phare, ce qu’il prend pour un signe divin l’appelant à châtier le criminel. Or la voiture a récemment plusieurs fois changé de main, ce qui pousse Colley à assassiner les propriétaires successifs pour être certain d’atteindre sa cible. La panique gagne le village au fil des meurtres et la dernière cible de Cooley n’est autre que la bibliothécaire, fiancée du Shérif Pearce menant l’enquête. Critique : Epouse du grand écrivain de Science-fiction Edmond Hamilton, elle-même auteure notable de Fantasy et de Romans noirs, Leigh Brackett fut une scénariste souvent talentueuse. Après avoir brillé dans le Western durant les années 60, elle écrivit ainsi le premier jet du script de L’Empire contre-attaque. On retrouve ici son audace coutumière, car elle n’hésite pas à réécrire largement la nouvelle initiale d’Ellery Queen, avec plusieurs partis pris marqués. Elle opte ainsi pour un polar efficace mais classique, assez dans le sillon tracé par l’anthologie. La panique gagnant les concitoyens, et justifiant pourtant le titre, ne devient ici qu’un élément du décor, n’apparaissant jamais prégnante ou comme le sujet du récit. On tourne ainsi le dos à l’ambition que manifesta La Quatrième Dimension à travers son classique The Monsters Are Due on Maple Street, Mais le récit n’en demeure pas moins solidement charpenté et insufflant un suspense constant. Contrairement à Queen, Leigh Brackett choisit également de révéler dès le début l’identité de l’assassin ainsi que le pot aux roses de son mobile. Au lieu du Whodunit, elle joue la carte du Thriller autour de l’inévitable Damoiselle en détresse, un pari d’ailleurs gagné par son art du rebondissement et de l’accélération des évènements. Dans les rôles du Shérif et de sa fiancée, Dick York et Jacqueline Scott forment un couple attachant, leur charme permettant aux personnages de devenir plus que des silhouettes. Mais le véritable atout de l’opus réside dans l’intense composition de R. G. Amstrong, renouant avec le rôle de fanatique religieux qu’il incarna souvent dans les Westerns de Sam Peckinpah. Un épisode rythmé et prenant. Anecdotes :
4. YOU'LL BE THE DEATH OF ME’AI Date de diffusion : 18 octobre 1963 Auteur : William D. Gordon, d’après un roman d’Anthony Gilbert Réalisateur : Robert Douglas Résumé : De retour de la Guerre de Corée, Arthur, chauffeur de bus dans un petit village, a ramené une épouse indigène, Ce mariage surprise excite la colère de sa petite amie d’avant le conflit, qui ne cesse de le provoquer. Arthur personnage frustre et violent, l’étrangle sur un coup de tête. L’épouse comprend qu’Arthur est l’assassin, ce qui fait qu’il la tue aussi. Il pense alors être à l’abri de la police. Critique : La mise en place de la situation occupe toute la première moitié de l’épisode, un temps beaucoup trop long s’accompagnant de dialogues répétitifs et très cliché entre Arthur et son ancienne fiancée. Malgré quelques jolis extérieurs ruraux, la mise en scène demeure également très statique. Le récit ne trouve véritablement son sujet que lorsqu’un suspense s’instaure autour de l’épouse asiatique et du péril que l’on sent monter autour d’elle, quand elle découvre progressivement la vérité. Mais le personnage est rendu trop caricatural dans ses démarches et son accusation véhémente d’Arthur, comme si elle ne voyait jamais le danger ou s’acharnait à rechercher les ennuis. Tout cela nuit à la crédibilité de l’ensemble, donc à l’impact de l’intrigue. Histoire de remplir le format long de l’opus, le scénario multiplie les seconds rôles, mais ceux-ci n’interviennent réellement que lors de la chute, d’une simplicité enfantine. Les seuls véritables atouts de You'll Be the Death of Me résident dans une évocation sans fard mais à peine esquissée de la vie dans l’Amérique rurale, et surtout dans la composition intense de Robert Loggia, qui sait rendre tragique son personnage devenu assassin par compulsion plus que par préméditation. Anecdotes :
5. BLOOD BARGAIN Date de diffusion : 25 octobre 1963 Auteur : Henry Slesar, d’après l’une de ses nouvelles Réalisateur : Bernard Girard Résumé : Un important bookmaker contracte le tueur professionnel Jim Derry, pour que celui-ci exécute Eddie Breech l’un de ses subordonnés. Celui-ci l’a escroqué en détournant une partie de la clientèle à son profit. Derry s’aperçoit que Connie, l’épouse d’Eddie, est paralysée des jambes, suite à une violente dispute conjugale. Depuis Derry tente de se racheter et le couple semble vivre un bonheur parfait. Emu et sensible à la grande beauté de Connie, Derry se fait connaître des Breech et va tenter de sauver Eddie. Mais une cruelle désillusion l’attend. Critique : Bien que rare au sein de l’anthologie, la figure du tueur à gages reste l’une des figures emblématiques du Film noir. Par ce biais, Henry Slesar a l’habileté d’installer une situation conventionnelle, avant de surprendre le spectateur par contraste, en détournant tous les poncifs. En effet les différents personnages s’avèrent tous avoir une face cachée, divergeant des schémas coutumiers. Le tueur se montre capable de pitié et tombe amoureux de l’épouse de sa victime, le bookmaker est un sympathique père de famille, Breech apparaît comme une sombre crapule ne voie de rédemption et Connie, incarnation de la femme aimante et courageuse, s’avère une boule de haine et de ressentiment, rejoignant in fine le statut de femme fatale, soit l’exact opposé de ce qu’il apparaissait au premier abord. Cet arrière-plan psychologique, parfaitement maîtrisé par l’auteur, irrigue l’ensemble du récit par les nombreux rebondissements qu’il suscite, jusqu’à une chute aussi magistrale que cruelle. Ce moyen astucieux de renouveler un genre extrêmement ritualisé permet de dynamiser une intrigue par ailleurs efficace. L’ensemble s’appuie sur une mise en scène élégante, mettant en valeur l’excellente prestation des comédiens. Le casting très relevé tient en effet toutes ses promesses, Richard Kiley joue avec sobriété et présence physique l’assassin amoureux, tandis que Richard Long apporte une précieuse ambigüité au mari, dont la véritable nature constitue un élément clé du drame. Ils cèdent toutefois le pas à la sublime Anne Francis, sachant parfaitement exprimer la dualité de Connie, dont le visage d’ange dissimule un esprit haineux et retors, impitoyable. Tous parachèvent le succès d’un suspense psychologique de haute volée, avec, pour les amateurs de La Quatrième Dimension, le plaisir supplémentaire de retrouver en couple les protagonistes de deux des opus les plus marquants de cette anthologie, The After Hours et Person or Persons Unknown. Anecdotes :
6. NOTHING EVER HAPPENS IN LINVALE Date de diffusion : 08 novembre 1963 Auteur : Richard Levinson et William Link Réalisateur : Herschel Daugherty Résumé : Dans la paisible bourgade de Linvale, Mme Logan épie son voisin, Harry Jarvis. Celui-ci se laisse visiblement aller, alors que son épouse n’est pas apparue depuis trois jours. Soupçonnant un meurtre, elle fait appel au Shérif Ben Wister. D’abord Sceptique, le Shérif mène une enquête de voisinage et doit bien constater que Mme Jarvis semble bel et bien avoir disparu. a situation s’aggrave quand Mme Logan l’avertit que Jarvis creuse un grand trou dans son jardin, la nuit venue. Critique : Futurs créateurs de Columbo, le duo Richard Levinson / William Link prend ici de manière amusante le contre-point absolu des futures enquêtes du lieutenant du LAPD. Au lieu d’un crime clairement explicité dès le début du récit, l’épisode se bâtit sur le doute même qu’un meurtre ait eu lieu. On retrouve toutefois la griffe des auteurs dans leur portrait d’un Shérif légèrement décalé par son affabilité et sa bonhommie, mais acharné et bien plus malin qu’il ne le semble au premier coup d’œil. Surtout les auteurs annoncent brillent déjà par leur penchant pour la satire sociale, profitant des entretiens menés par le Shérif pour brosser le portrait d’un bourgeoise provinciale oisive et dédiée au cancanage. Le récit souffre toutefois du format long choisi par l’anthologie, car l’accumulation des preuves de la disparition de Mme Jarvis menace de devenir répétitive. Richard Levinson et William Link compensent toutefois largement cette relative faiblesse par une chute renversante, l’une des plus imprévisibles de l’anthologie et illustrant à merveille leur talent pour les mécaniques astucieuses. Les amateurs du Maître du Suspense s’amuseront par ailleurs des convergences existant entre cette intrigue et celle de Fenêtre sur Cour. L’interprétation se montre remarquable, contribuant pleinement à l’impact final, de même qu’une mise en scène et une musique alertes. Anecdotes :
7. STARRING THE DEFENSE Date de diffusion : 15 novembre 1963 Auteur : Henry Slesar, d’après l’une de ses nouvelles Réalisateur : Joseph Pevney Résumé : Après un début de carrière prometteur le comédien Miles Crawford vu le succès l'abandonner. Spécialisé dans les rôles d'avocats, il a quitté Hollywood pour embrasser réellement cette carrière. Des années plus tard son fils est poursuivi pour meurtre, à la suite d’une bagarre ayant mal tourné. Tout en s’appuyant sur un spécialiste du pénal, Crawford décide d’assurer lui-même la défense de son fils. Désespéré par l’évolution des débats, lors de sa plaidoirie il a l’idée de reprendre une scène magistrale de l’un de ses anciens films. Critique : Après A Nice Touch en début de saison, l’anthologie s’en retourne à Hollywood. Les deux épisodes forment d’ailleurs comme un diptyque sur le thème de la formidable puissance exercée par le cinéma sur l’esprit des hommes. Le premier épisode traitait de l’Usine des rêves de l’intérieur, montrée comme suscitant de terribles ambitions. Ici nous abordons davantage le rapport au public le succès initialement remporté Henry Slesar évite les poncifs mélodramatiques en ne campant pas Crawford en nostalgique éploré. L’homme est en paix avec lui-même et avec ses souvenirs et le récit, le récit d’abordera pas le poncif de la vedette sur le déclin. Mais les effets de la plaidoirie enflammée de Miles Crawford, montre bien comment agit le cinéma, en créant une version idéalisée, ou fantasmée, du réel, à laquelle les spectateurs ne demandent qu’à croire : une pure Magie, aussi illusoire qu’irrésistible. Sur un sujet similaire, on conseillera vivement Moving Pictures, l’un des purs chefs d’œuvre du regretté Terry Pratchett et de son merveilleux Disque-Monde. L’épilogue sait se montrer suffisamment astucieux pour tirer le meilleur parti de l’effet miroir produit par la remarquable prestation de Richard Basehart, dont la voix envoutante et la conviction conviennent idéalement à l’exercice (le maquillage le vieillissant résulte par contre très visible). L’épisode s’offre même le luxe d’une véhémente condamnation de l’horreur de la peine de mort, une rareté au sein des séries américaines, surtout à cette époque. Mais ces éléments très riches se voient malheureusement concentrés dans l’ultime segment du récit. Jusque-là l’épisode revêt la forme d’une intrigue procédurale solide mais classique. On n’échappe dès lors pas aux passages obligés de ce rituel télévisuel, mais les amateurs des Avengers s’amuseront de constater que la séparation des rôles entre les deux avocats rejoint en définitive le système anglais dépeint avec ironie dans le brillant épisode Plaidoirie pour un meurtre, en saison 3. Anecdotes :
8. THE CADAVER Date de diffusion : 29 novembre 1963 Auteur : James Bridges Réalisateur : Alf Kjellin Résumé : Dans une faculté de médecine Doc Carroll, un étudiant très doué mais aussi amateur de blagues parfois de mauvais goût, décide de venir en aide à un camarade, Skip. Celui-ci sombre dans l’alcool, jusqu’à menacer la poursuite de ces études. A l’occasion d’Halloween Doc s’empare d’un cadavre destiné aux dissections, afin de faire croire à Skip que celui-ci a tué quelqu’un sous l’empire de la boisson. Il espère que la frayeur ressentie le ramènera dans le droit chemin, mais le canular va avoir des conséquences aussi dramatiques qu’inattendues. Critique : Il s’avère particulièrement regrettable que le scénario ne parvienne pas à correctement développer une idée originale pourtant prometteuse. En effet le canular, au lieu de propulser Skip dans un cauchemar éveillé à la After hours de Martin Scorsese (toutes proportions gardées), ne va donner lieu qu’à un amoncellement de péripéties de mauvais Boulevard. Skip ne cesse d’être mis en danger de découverte du cadavre, jusqu’à la caricature et des concours de circonstances relevant du ridicule. Le scénario autorise également quelques dommageables facilités quant aux conséquences pratiques du démembrement d’un cadavre Il en va pareillement pour portrait de Skip, dont on ne saisit pas très bien comment il a pu jusque là mener ses études et avoir une activité sportive en étant autant à la dérive (une trentaine de canette par soirée). De fait la dénonciation moraliste de l’alcoolisme s’en vient régulièrement parasiter et délayer (comme avec Mme Mcnevitt) ce qui aurait dû demeurer une farce grinçante de nuit d’Halloween et qui, au total, manque singulièrement d’intensité. La fin paraît également bien précipitée, la recherche d’effet sacrifiant soudain la vraisemblance. Même si Michael Parks réussit quelques effets, l’ensemble de la distribution résulte assez fade, à l’instar de la mise en scène. Anecdotes :
9. THE DIVIDING WALL Date de diffusion : 6 décembre 1963 Auteur : Joel Murcott Réalisateur : Bernard Girard Résumé : Sous couvert d’un garage, une bande de malfrats prépare le vol d’un coffre-fort situé dans un entrepôt et contenant une forte somme d’argent liquide. Après la réussite mouvementée de l’opération, ils ouvrent le coffre dans leur établissement mais découvrent qu’il contient également du Cobalt 60, extrêmement radioactif. Alors que les autorités de sécurité nucléaires lancent une grande chasse à l’homme, ils s’enfuient, laissant la substance contaminer les alentours du garage, Mais l’un d’entre eux est amoureux de la jolie vendeuse de la boutique voisine. Critique : Tout comme Diagnosis : Danger en première saison, The Dividing Wall résulte très différent des histoires à chute souvent représentées dans l’anthologie. De plus deux épisodes coïncident sur le thème du compte à rebours voyant les autorités tenter de prévenir l’imminence d’une catastrophe majeure. Mais à cet aspect de suspense, s’joute ici toute une première moitié de récit relevant du film de casse. La narration s’avère tonique et efficace, constituant un digest réussi du genre : préparation chronométrée à la seconde près, détail prévu durant l’opération et finalement surmontée, querelle entre les complices entrainant en définitive leur échec… Rien n’y manque. Mais tout ceci se voit mené si rapidement que l’ensemble finit par perdre quelque peu en intensité. Il faut dire qu’en plus de ces deux facettes le scénario introduit également la claustrophobie permettant aux gangsters de manipuler le héros, mais aussi la romance du jeune homme avec sa voisine au passé également meurtri. Cette accumulation conduit parfois à une impression de survol, pour une fois le format long de l’anthologie résulte trop bref ! Mais la mise en scène du réalisateur vétéran Bernard Girard rend l’ensemble nerveux à souhait, de même qu’elle restitue efficacement l’oppressant sentiment d’enfermement induit par la claustrophobie. L’histoire d’amour peut sembler naïve, mais bénéficie du charme et de l’expressivité de deux jeunes comédiens talentueux : Chris Robinson et Katharine Ross Anecdotes :
10. AU REVOIR GEORGE Date de diffusion : 13 décembre 1963 Auteur : William Fay Réalisateur : Robert Stevens Résumé : Aujourd’hui star adulée d’Hollywood venant de remporter l’Oscar, Lana Layne a jadis eu de mauvaises fréquentations et épousé un gangster minable, George. Alors que celui-ci s’était fait passer pour mort durant des années, elle a la mauvaise de le voir débarquer à la soirée d’après la cérémonie des Oscars. Alors qu’il entreprend de la faire chanter, une violente dispute éclate et elle le tue avec l’un de ses trophées. Avec l’un de son fiancé, le mondain Harry Lawrence, elle va tenter d’enterrer le cadre dans la mission de campagne de ce dernier. Mais l’expédition va connaître un dénouement surprenant. Critique : Au revoir George, l’un des rares opus de l’anthologie à disposer d’une version française, a contre lui de traiter deux thèmes déjà abordés cette saison, avec A Nice Touch et la dissimulation d’un cadavre, avec The Cadaver. Cette impression de déjà-vu se ressent d’autant plus fortement que l’odyssée des deux amants ayant la dépouille dans le coffre de leur voiture et l’intervention d’un motard de la police évoquent clairement l’un des épisodes d’Alfred Hitchcock Présente, Incident de parcours (2.28). Mais il est vrai que toute cette seconde partie apparaît en soi fantaisiste (quand on dissimule un corps, on ne prévoit pas de franchir deux fois une frontière) et sert avant tout à apporter une conclusion à l’histoire, dont le véritable sujet est ailleurs.En effet le cœur de l’opus réside dans sa description des rites hollywoodiens à travers les multiples seconds rôles apparaissant au cours de la longue scène de la party d’après la cérémonie des Oscars. Vanités, hypocrisie et ambitions transparaissent vite derrière le glamour et les amitiés de façade, avec des portraits aussi prestement croqués que dialogués avec humour. Au lieu d’un pensum moral, l’épisode a la bonne idée d’opter franchement pour une comédie des mœurs acérée, comme le montre d’ailleurs le choix des comédiens humoristes, tels Stubby Kaye pour l’infortuné George, ou Bernie Kopell pour le metteur en scène. Le public français goûtera particulièrement le personnage de la chroniqueuse mondaine, spécialiste ès ragots, un profil assez peu connu dans nos contrées, mais faisant et défaisant les réputations des stars aux USA. Alice Pearce (la première M Kravitz de Bewitched) l’incarne avec vrai pittoresque. Rober Culp et Patricia Harry, habitués à jouer en duo, apportent du naturel et du brio à ce couple situé au sommet de la montagne, passablement snob et persuadé de pouvoir triompher aisément d’une adversité passagère. Anecdotes :
11. HOW TO GET RID OF YOUR WIFE Date de diffusion : 20 décembre 1963 Auteur : Robert Gould Réalisateur : Alf Kjellin Résumé : Gerald Swinney est persécuté par son épouse Édith, à l’épouvantable caractère et qui refuse de divorcer. Il va monter un plan diabolique pour se débarrasser d’elle. Il lui fait croire qu’il va l’assassiner, afin de la rendre hystérique et paranoïaque aux yeux des voisins et de la famille, puis montre une arnaque suggérant qu’elle veut l’empoisonner. Une fois Édith condamnée pour tentative d’assassinat, il peu dès lors se rapprocher de Rosie Feather, une belle actrice qu’il a utilisé à son insu dans la machination. Mais une désillusion l’attend. Critique : L’épisode s’inscrit dans la thématique de ces meurtres conjugaux chers à Alfred Hitchcock, avec l’originalité astucieuse selon laquelle l’assassinat tant et tant de fois évoqué ou suggéré ne survient en définitive, jamais. Il s’agit de l’un des biens rares opus de The Alfred Hitchcock Hour où personne ne meurt ‘où un effet comique habilement renforcé par une musique à la foi jazzy et guillerette très présente, ainsi que par la narration joyeusement cynique de la conspiration. Robert Gould (dont c’est aussi malheureusement l’unique participation à l’anthologie) s’avère un auteur habile, ayant l’excellente idée de faire conter l’ensemble par Gerald lui-même, rajoutant ainsi à la causticité du propos. Si l’on regretter un pot aux roses découvert trop rapidement, ce long flash-back conserve jusqu’au bout son entrain. En arrière-plan il développe également une satire sociale affûtée quant à la misogynie d’une société américaine demeurant encore enracinée dans les années 50, où, dès lors qu’une épouse déroge au modèle de la parfaite femme au foyer, elle devient mal considérée (par les hommes, mais aussi par les autres femmes, d’ailleurs). La distribution brille par l’humour de Bob Newhart, mais aussi par le charme de Joyce Jameson. On regrettera simplement une chute bien peu crédible, mais permettant une conclusion morale châtiant le comploteur. Un carcan final toujours aussi incontournable pour l’anthologie, mais au moins s’insère-t-il dans le récit, et non pas comme un cheveu sur la soupe lors de la conclusion d’Hitchcock. Anecdotes :
12. THREE WIVES TOO MANY Date de diffusion : 03 janvier 1964 Auteur : Arthur A. Ross, d’après une nouvelle de Kenneth Fearing Réalisateur : Joseph M. Newman Résumé : Raymond Brown a secrètement épousé quatre femmes autant par amour que pour leur argent. Les vivent aux quatre coins du pays et il se fait passer pour un démarcheur commercial afin de justifier ses absences. Il profite également de ces voyages pour jouer gros aux courses. Marion, la plus âgée et la plus riche des quatre épouses, découvre le pot aux roses. Furieuse, elle refuse néanmoins d’avoir du mal à retrouver un mari à son âge, aussi elle entreprend d’assassiner successivement les trois autres, en les empoisonnant au cyanure. Raymond aura la vie sauve, mais ne va néanmoins pas s’en tirer à bon compte. Critique : Three Wives Too Many (à ne pas confondre avec Two is Crowd) constitue un parfait diptyque avec l’opus précédent. Tout en nous faisant retrouver la verve sarcastique de cet écrivain rebelle que fut Kenneth Fearing, on retrouve en effet le thème des meurtres conjugaux, si souvent source d’inspiration chez Alfred Hitchcock. Mais cette fois c’est l’épouse (enfin, l’une des épouses) qui se trouve à la manœuvre de la conspiration, ce qui nous vaut une conclusion à la cruauté encore plus raffinée et perfide que précédemment. Un effet bien en entendu une nouvelle fois contrecarré par le discours final d’Hitchcock, se voulant décalé mais en fait très bourgeois quant à la morale de l’affaire. Entre-temps on s’amuse beaucoup de l’humour noir de cette succession de meurtre très à la Noblesse oblige, d’autant qu’elle s’agrémente encore de la plaisanterie récurrente d’un Raymond de plus effondré couvrant les scènes macabres et s’enfonçant dans un piège dont il ne comprendra que trop tard la nature. Aucun second rôle ne se voit négligé, notamment les différents policiers interrogeant Raymond, dont certains ne sont d’ailleurs pas sans évoquer le futur Lieutenant Columbo. Si la distribution confirme que l’anthologie accueille quelques-unes des belles actrices hollywoodiennes de l’époque (notamment les sublimes Linda Lawson et Jean Hale), et si Dan Duryea se montre efficace en escroc en définitive sympathique, le clou du spectacle réside indubitablement dans la prestation grand train de Teresa Wright, incarnant parfaitement la folie froide et machiavélique animant Marion. Tout comme lors de How to Get Rid of Your Wife, on apprécie la fenêtre ouverte sur l’American Way of Life d’années 60 encore très marquées par la décennie précédente tellement loin de l’instantanéité de l’information permise par l’Internet. Par ailleurs le récit ne va pas sans s’accompagner d’une satire sociale du temps, montrant des femmes au foyer ne vivant qu’à travers leur mari (y compris Marion), tandis que ce dernier reste nettement plus libre de ses actes. Anecdotes :
13. THE MAGIC SHOP Date de diffusion : 10 janvier 1964 Auteur : John Collier, d’après un roman d’H.G. Wells Réalisateur : Robert Stevens Résumé : Parmi ses cadeaux d’anniversaire, le jeune Tony vient de toucher 15 dollars. Lui et son père Steven partent les dépenser dans une boutique de magie située à proximité. Steven pense qu’il s’agit d’un établissement de farces et attrapes, mais le magasin s’avère rempli d’objets troublants, aux facultés inexplicables. L’étrangeté s’accroît quand survient l’intrigant tenancier ; M. Dulong. Sous un aspect courtois, il s’avère menaçant, mais une complicité s’établit entre lui et Tony à propos de la « véritable magie ». Tous deux disparaissent brusquement, alors que Steven perd connaissance. Tony ne réapparaît que le lendemain. Il dispose désormais de pouvoirs surnaturels, qu’il emploie pour des amusements toujours plus cruels. Critique : L’épisode se montre d’emblée singulier, car il s’agit du tout premier à relever du Fantastique, les recours à ce genre demeurant rarissimes au sein des anthologies d’Alfred Hitchcock. Cette perspective résulte d’autant plus prometteuse que le récit s’inspire d’une nouvelle d’H. G. Wells, (1903), l’une des plumes les plus prestigieuses des littératures de l’imaginaire. Et, de fait, toute la première partie de l’opus, au sein de l’étrange boutique, relevant directement de la nouvelle de Wells, s’avère réussie. Avec de faibles moyens, la mise en scène sait créer une véritable atmosphère bizarre devenant toujours plus menaçante. Elle s’offre même quelques jolis secrets, tels les transformations de Dulong, de mannequin à humain, puis inversement. Si l’ensemble reste malgré tout moins macabre que chez Wells, une vraie sensation de suspense s’instaure. En père toujours davantage alarmé, Leslie Nielsen confirme que son talent ne se cantonne pas à la comédie et David Opatoshu, pleinement dans son emploi, excelle dans l’incarnation de cet intrigant gentleman. Ils parviennent à faire oublier la fadeur du jeune John Megna. Malheureusement tout se gâte dans la seconde moitié de l’opus. Là où H. G. Wells concluait sur une fin ouverte, au non-dit à la fois très suggestif et si anglais, le récit choisit de poursuivre par une série de tours de magie évoquant, au mieux, ceux de Ma sorcière bien aimée. Or, si ce genre de scène convient merveilleusement à une fantaisie humoristique, il parvient difficilement à atteindre son objectif quand il s’agit de faire peur. La surenchère finale tourne au ridicule, tout en relevant d’un Fantastique très conventionnel. En fait tout se déroule comme si l’épisode s’inspirait beaucoup du grand classique de La Quatrième Dimension qu’est It’s a Good Life (3.08), diffusé trois ans plus tôt, mais de manière singulièrement maladroite. On remplace ici le mystère initial par un long préambule (également délayé durant la période d’absence de Tony), manifestations insolite remplacées par de la sorcellerie conventionnelle, ambiance prégnante d’effroi réduite aux minutes finales, rapport à l’enfance prestement évacué, un acteur peu expressif ici... Une adaptation très terne. Anecdotes :
14. MESSAGE DE L’AU-DELÀ Date de diffusion : 24 janvier 1964 Auteur : William D. Gordon et Alfred Hayes, d’après une nouvelle de Miriam Allen DeFord Réalisateur : Alf Kjellin Résumé : La jeune héritière Grace Renford est certaine des sentiments de son soupirant, un jeune et prometteur ingénieur des mines, car elle lui a caché l’étendue de sa fortune. Elle le lui révèle malgré tout, avant qu’il ne parte pour une mission en Bolivie, mais apprend peu de temps plus tard qu’il est mort dans un éboulement. Désespérée, elle fait appel au Dr. Shankara, un mystique affirmant pouvoir permettre une communication avec le défunt. Shankara exerce une influence croissante sur Grace et entreprend de s’approprier son argent, mais la meilleure amie de la jeune femme découvre alors que Shankara et le prétendu disparu sont des escrocs. Grace Renford va réagir de manière inattendue à cette révélation. Critique : Peu connue dans nos contrées, Miriam Allen DeFord fut une prolifique auteure de récits policiers ou de Science-fiction, parus après-guerre dans de nombreux Pulps ou magazines. Malheureusement, l’épisode ne rend pas le plus convaincant des hommages à l’écrivaine, tant il s’avère creux et ennuyeux. Toute la première partie résulte peut-être très romantique dans le texte, à l’écran on n’y distingue qu’une bluette à l’eau de rose, que les continuelles citations de poésie rendent également quelque peu précieuse. Que la révélation survenant vers la fin du récit change l’optique de l’affaire n’efface en rien l’ennui suscité, d’autant que le Dr. Shankara s’avère d’entrée tellement caricatural que tout en devient très prévisible. Par ailleurs, la chute finit de faire sombrer l’entreprise dans le mélodrame absolu, un mouvement déjà copieusement entamé par le jeu très appuyé de Diana Hyland. En fait l’on sait que Miriam Allen DeFord fut une figure passionnée et en vue du mouvement fortéen, continuateur de Charles Fort (1874-1932). Cet auteur de Science-fiction dédia une grande part de son activité à expliciter nombre de phénomènes supposés paranormaux et à dénoncer les mystificateurs. De fait, le récit constitue un vibrant pamphlet comme les charlatans et arnaqueurs faisant commerce de la crédulité humaine. De louables intentions, mais qui se voient privées de toute subtilité par une transcription à gros sabots dans le langage télévisuel. Anecdotes :
15. NIGHT CALLER Date de diffusion : 31 janvier 1964 Auteur : Robert Westerby, d’après une histoire de Gabrielle Upton Réalisateur : Alf Kjellin Résumé : Alors qu’elle prend le soleil dans son jardin, Marcia Fowler est épiée par son jeune voisin Roy Bullock. Elle est effrayée par le voyeur, mais son mari ne la prend pas au sérieux et se lie même d’amitié avec le jeune homme. Alors que ce dernier est en voyage, Marcia est confrontée à des appels nocturnes injurieux et menaçants. Persuadée que Roy en est l’auteur, elle sombre progressivement dans la panique. Critique : L’épisode tente de créer une tension grandissante, avec comme point d’orgue l’irruption de Roy au domicile de Marcia. Malheureusement, s’il parvient à installer une intéressante ambigüité quant à l’auteur des coups de téléphone anonymes, le scénario gère fort mal la montée en puissance de la menace planant sur la jeune femme. On perd beaucoup de temps avec des sujets secondaires comme l’enfant caricatural, les dialogues convenus avec le mari sceptique, forcément sceptique, ou les allées et venues de l’héroïne. Autant de scènes délayées au point de relever du remplissage. De plus l’intrigue commet plusieurs maladresses. Alors qu’elle est terrorisée par son voisin, Marcia préfère rester seule chez elle plutôt que d’accompagner son mari, sans raison claire et le récit apparaît malheureusement ambigu quand Roy énonce que les femmes souffrant de harcèlement méritent ce qui leur arrive, quand elles se montrent séduisantes. L’intensité ne s’élève véritablement que lors des dix dernières minutes, mais avec une conclusion précipitée, qu’Alfred Hitchcock doit d’ailleurs poursuivre encore plus qu’à l’ordinaire dans on commentaire. Night Caller reste toutefois un épisode d’acteurs, les deux protagonistes excellant chacun dans sa partition. Anecdotes :
16. THE EVIL OF ADELAIDE WINTERS Date de diffusion : 07 février 1964 Auteur : Arthur A. Ross Réalisateur : Laslo Benedek Résumé : Durant la seconde guerre mondiale, Adelaïde Winters exerce une fort lucrative activité. Avec un associé spécialiste en trucage, elle se fait passer pour un médium capable d’établir une communication entre les soldats morts, et leurs parents prêts à débourser de grosses sommes. Le riche père d’un lieutenant tué durant le Débarquement est fasciné par l’expérience et propose à Adelaïde de résider chez lui, afin d’obtenir l’exclusivité de ses services. Trouvant cela malsain, l’associé d’Adelaïde part, mais celle-ci demeure sur place, dans l’espoir d’un mariage rémunérateur. Critique : L’intrigue présente la particularité d’évoquer de très près celle de Beyond the Sea of Death, épisode diffusé à peine deux semaines plus tôt. Dans les deux cas, l’on trouve des escrocs tirant partie de la souffrance de personnes prêtes à tout pour pouvoir communiquer avec de chers disparus, mais aussi les conséquences psychologiques dramatiques de la manipulation sur ses dupes. Toutefois les deux opus divergent du tout au tout, tant les choix narratifs s’avèrent ici plus astucieux que le mélodrame simpliste précédent. En effet, l’attention se porte ici non sur la victime, mais sur l’affabulatrice, qui va se trouver en mauvaise posture suis à un retournement de situation très astucieux, au percutant humour noir. Certes le twist manque quelque de vraisemblance, mais le talent de Laslo Benedek (Mort d'un commis voyageur, L'Équipée sauvage) permet de filmer toute la séquence finale telle un cauchemar éveillé, ce qui pallie à cette difficulté. Portée par une remarquable Kim Hunter, Adelaïde Winters s’avère un passionnant personnage de femme forte, dont le cynisme affirmé se tempère de quelques émotions. On se situe très loin de la caricature passablement ridicule que composait son collègue de Beyond the Sea of Death. Certes le format long fait que l’épisode souffre d’une baisse de rythme à mi-parcours, avec des séances de spiritisme un brin répétitives, mais le portrait ainsi dressé apporte une vraie intensité à la narration. Anecdotes :
Date de diffusion : 14 février 1964 Auteur : James Bridges, d’après une nouvelle de Ray Bradbury Réalisateur : Norman Lloyd Résumé : Durant un carnaval, Charlie, un campagnard, achète un étrange bocal dont le contenu, indéfinissable, flotte dans une solution transparente. L’acheteur est fasciné, tout comme les autres villageois qui viennent régulièrement chez lui contempler l’objet. Charlie se réjouit de la respectabilité ainsi gagnée, mais sa femme, qui par ailleurs le trompe, demeure sceptique, puis hostile, au bocal, Critique : L’épisode doit faire face à l’inévitable obstacle d’avoir à créer à l’écran l’énigmatique contenu du bocal, alors que ce dernier connaît un impact bien supérieur quand il s’adresse à l’imagination. Mais, aussi rudimentaire soit-il, l’artéfact remplit finalement efficacement son office à l’écran, en s’avérant mystérieux à souhait. Le grand mérite de l’opus repose sur la parfaite reconstitution de l’atmosphère de la remarquable nouvelle de Bradbury. Grâce à la mise en scène expressive de Norman Lloyd, un proche d’Alfred Hitchcock, et à de remarquables comédiens, souvent méconnus dans nos contrées, on retrouve parfaitement l’atmosphère poisseuse et oppressante de ce petit village en bordure des marais. On renoue également pleinement avec ce talent pour le macabre ressurgissant régulièrement chez Bradbury, écrivain pouvant par ailleurs nous offrir des textes d’un rare merveilleux. La mécanique infernale conduisant à l’abominable révélation finale résulte particulièrement glaçante, chacun œuvrant aveuglément à la marche des évènements. On retrouve également l’atmosphère de ces étranges carnavals qu’appréciait l’auteur, établissant une subtile ironie entre le monde des monstres de foire et les habitants du village. La conclusion relative au contenu du bocal s’avère moins ambivalente que dans la nouvelle, qui présentait une dimension davantage religieuse, mais développe comme une parabole pessimiste sur l’attraction opérée par le spectacle sur le public, que cela soit le cinéma ou la télévision/ Anecdotes :
18. FINAL ESCAPE Date de diffusion : 21 février 1964 Auteur : John Resko, d’après une nouvelle de Thomas H. Cannan Jr. et Randall Hood Réalisateur : William Witney Résumé : Dans un pénitencier d’état, le vieux prisonnier Doc, malade et alcoolique, fait un pacte avec un jeune gangster. Celui-ci est emprisonné pour 10 ans et est surveillé de près par le chef des gardes. Contre le financement d’une opération dont sa petite fille a besoin, Doc va faire entrer le gangster dans un cercueil destiné à un détenu venant de mourir et dont il doit préparer la tombe, située à l’extérieur de la prison. Il pourra ainsi le libérer dès que les gardes se seront absentés. Critique : La véracité de la lugubre description de la vie carcérale d’alors apporte beaucoup à l’épisode, le dotant d’un intérêt quasi documentaire. L’auteur John Resko, qui écrit ici son unique scénario de l’anthologie, connaît en effet bien le monde de la prison, ayant été condamné pour meurtre au début des années 30. Roosevelt, alors gouverneur de l’Etat de New York, commua sa peine de mort en détention à vie, alors qu’il était sur le point de passer sur la chaise électrique. Son dossier ayant été requalifié, il fut libéré au début des années 50 et débuta une double carrière de peintre et d’écrivain. Il évite ici toute caricature pouvant rendre artificielle sa description des travaux forcés. Ni le capitaine des gardes, ni le jeune gangster ne se montrent cruels, bien au contraire, mais le système les place mécaniquement en opposition. Robert Keith se montre bouleversant dans le rôle de Doc, véritable protagoniste de l’histoire, tandis que le metteur en scène William Witney sait apporter de l’intensité à ce huis clos à ciel ouvert. On regrettera toutefois que la chute macabre, très à la Contes de la Crypte, soit aisément devinable dès la mise en place du scénario. Anecdotes :
19. MURDER CASE Date de diffusion : 6 mars 1964 Auteur : James Bridges, Richard Levinson et William Link Réalisateur : John Brahm Résumé : A Londres, Lee Griffin et Diana Justin, deux comédiens anciens amants, se retrouvent lors des répétions d’une pièce. Leur passion renait rapidement, mais Diana a épousé un riche et âgé diamantaire anglais. Lee et Diana décident de l’assassiner afin de pouvoir vivre librement leur amour, tout en conservant sa fortune. Ils décident dès lors de mettre au point le crime parfait. Critique : Cet épisode très riche bénéficie de nombreux atouts. Au-delà de l’effet de curiosité suscité, la présence du futur couple mythique du cinéma formé par Gena Rowlands et John Cassavetes apporte toute une intensité particulière au récit. Les deux comédiens savent magnifiquement exprimer la sauvage soif de vivre de leurs personnages, se caractérisant aussi bien par une vitalité crevant l’écran que par un monstrueux égoïsme nombriliste. La perspective ouverte sur le monde du théâtre, avec ses passions et ses cruautés, se montre également intéressante. Issus de la scène, Rowlands et Cassavetes s’y montrent particulièrement à l’aise, d’autant que leur histoire personnelle rejoint le récit, car l’on sait que tous deux se sont également rencontrés lors de répétitions théâtrales. En contrepoint, Murray Matheson joue sur du velours, étant parfaitement dans son emploi avec ce nouveau rôle d’Anglais de la meilleure société. On s’amuse également de reconnaître John Banner en pittoresque douanier hollandais, peu de temps avant qu’il ne devienne le fameux Sergent Schultz de Stalag 13. Le duo Levinson & Link, futur créateur du lieutenant Columbo (là aussi au théâtre) installe ses thématiques favorites : révélation très explicite des rouages d’un crime se vouant parfait et de l’identité de son auteur, importance centrale accordée à l’alibi, opposition entre les classes sociales. Malheureusement, c’est là que le bât blesse, car ces éléments se voient relégués en fin d’épisode et leur résolution traitée de manière expéditive. La tentative de meurtre initiale, inutile, aura fait perdre du temps que la narration ne parvient pas à rattraper, Anecdotes :
20. ANYONE FOR MURDER ? Date de diffusion : 13 mars 1964 Auteur : Jack Ritchie Réalisateur : Leo Penn Résumé : Via des petites annonces suggestives, un professeur de psychologie mène u expérience en grandeur réelle, tâchant de déterminer les ressorts du meurtre conjugal. Il rencontre de la sorte un tueur professionnel, puis le propre amant de sa femme, désireux de le tuer sans connaître son identité. Il va dès lors engager l’assassin pour tuer son rival, mais rien ne va se dérouler comme prévu. Critique : L’épisode représente une tentative, intéressante en soi, d’orienter l’anthologie vers la comédie d’humour noir, aux confins du non-sens. Mais la tentative échoue platement, car le scénario confond absurde et artificialité. Ces personnages, dont les états d’âme, les buts et les attitudes ne cessent de varier du tout au tout d’une scène à l’autre, sonnent bien trop creux pour réellement intéresser. De plus, l’histoire se traine du fait de scènes bavardes et répétitives où chacun s’épanche pesamment sur ce qu’il ressent, encore et encore. Après un vaste surplace, l’action accélère pied au plancher dans les ultimes minutes du récit, l’artificialité des situations rejoignant ainsi celle des caractères. On apprécie toutefois l’excellente distribution, avec des acteurs de talents parfaitement dans leur emploi (l’inquiétant Edward Andrews, l’amusant Richard Dawson, la piquante Patricia Breslin…), ainsi que les méritoires efforts, parfois couronnés de succès, du réalisateur Leo Penn afin de tenter d’animer le pensum. Ces efforts n’empêchent malheureusement pas la chute de totalement sombrer dans le sentencieux, avant qu’Hitchcock n’intervienne une nouvelle fois durant la séquence finale, remettant en cause tout ce qui pourrait résulter malgré tout comme légèrement transgressif dans la conclusion. Une habitude de l’anthologie décidément contreproductive. Anecdotes :
21. BEAST IN VIEW Date de diffusion : 20 mars 1964 Auteur : James Bridges, d’après un roman de Margaret Millar Réalisateur : Joseph M. Newman Résumé : La jeune et riche Helen appelle à l’aide son ami et conseilleur juridique, Paul. En effet, elle se plaint du harcèlement sans cesse plus acharné et violent que lui fait subir sa demi-sœur Dorothy. Celle-ci, très belle et bohême, est en effet consumée de jalousie devant la fortune d’Helen. Paul débute unz enquête cherchant à trouver des preuves formelles du comportement de Dorothy, mais une considérable surprise l’attend. Critique : L’anthologie en revient ici à ses fondamentaux, avec de nouveau l’adaptation de tout un roman entier. Mortellement vôtre demeure l’un des récits les plus fameux de Margaret Millar, populaire auteur de romans policiers et thrillers profondément californiens, mais aussi figure du mouvement écologiste aux États-Unis. Le passage de l’écrit à l’image induit inévitablement une simplification, ici dommageable sur un point précis : pour l’amateur éprouvé des anthologies à chute, le rebondissement final devient très rapidement prévisible du fait de l’épure apportée au récit. Par ailleurs une partie des rouages de l’intrigue repose sur le fait que Dorothy soit nettement plus belle qu’Helen, or The Alfred Hitchcock Hour ne sait pas ici déroger à sa coutume (d’ordinaire fort louable…) de retenir quelques-unes des plus belle actrices de son temps. De fait cette dimension esthétique se voit totalement gommée à l’écran. Toutefois les passionnants ressorts psychologiques du roman se voient habilement préservés, et avoir largement anticipé la chute ne prive nullement le spectateur de ressentir une fascination horrifiée devant l’étude en coupe de la personnalité d’Helen. De plus on appréciera la totalité authentiquement hitchcockienne du récit, avec son approche du dédoublement de la personnalité à la Psychose et la formidable séquence voyant la folie d’Helen se refléter dans son miroir, avec des effets surréalistes évoquant La Maison du docteur Edwardes (les amateurs des Avengers songeront à la scène équivalente de Ne vous retournez pas). La plume de Margaret Millar se retrouve dans on approche acérée du style de vie californien, avec sa primauté accordée à l’égocentrisme et à l’illusion de l’image, mais aussi via plusieurs personnages féminins forts. Au sein d’un aréopage d’excellentes actrices, on notera également la nouvelle superbe performance de Kevin McCarthy dans le rôle du héros masculin se voulant dominateur mais en fait aveuglé par son approche protectrice des femmes. Anecdotes :
22. BEHIND THE LOCKED DOOR Date de diffusion : 27 mars 1964 Auteur : Joel Murcott Réalisateur : Robert Douglas Résumé : Dave et Bonnie forment un jeune couple amoureux, mais désargenté. En effet, Mrs Daniels, la riche mère de Bonnie, leur a coupé les vivres, se méfiant des intentions de Dave. Celui-ci, bien plus vénal que ce qu’il laisse croire à Bonnie, convainc celle-ci de mettre en scène une fausse tentative de suicide aux somnifères. Mais la mystification se déroule mal et Bonnie meurt. Mrs Daniels va dès lors ourdir une terrible vengeance. Critique : L’épisode peut capitaliser sur une introduction mystérieuse à souhait, ainsi que sur une conclusion choc, horrifique à tout crin. Dans ces circonstances, la composition plaisamment surannée et déclamatoire de Gloria Swanson fait réellement merveille en mère dominatrice, d’autant que l’élégante mise en scène de Robert Douglas prend soin de recréer celle des films gothiques de l’Hollywood d’avant-guerre, dans lesquels s’illustra si souvent la star. Malheureusement le récit souffre du format du long de l’opus meublant tout du long par le mélodrame du couple Dave/Bonnie, peu avare en clichés. Bonnie (peu convaincante Lynn Loring) se montre particulièrement irritante en en cessant de proclamer en boucle son amour inconditionnel et soumis envers son mari. Par ailleurs le scénario ne se montre pas exempt de fatalités, avec une Bonnie totalement ignorante de son état de santé, jusqu’à l’invraisemblance, ou pariant tout sur le fait que Dave ne regarde rien avant de franchir la fameuse porte du titre. Reste le plaisir de reconnaître certains acteurs de l’époque autour du totem Gloria Swanson, comme James MacArthur (Hawaï, police d'état) ou Whit Bissel (Au cœur du Temps). Anecdotes :
23. A MATTER OF MURDER Date de diffusion : 03 avril 1964 Auteur : Boris Sobelman Réalisateur : David Lowell Rich Résumé : Sympathique et non violent voleur de voitures, Philadelphia Harry a la mauvaise surprise de découvrir le cadavre d‘une femme dans le coffre de Rolls Royce qu’il vient de dérober. Le mari de la victime, Sheridan Westcott, projetait en effet d’immerger la dépouille de la victime dans le lac. Il va profiter de l’occasion pour tenter de faire porter le chapeau à Philadelphia. Commence alors un duel à distance entre les deux hommes pour parvenir à se débarrasser de l’encombrant cadavre. Critique : A l’instar de Mais qui a tué Harry ? en 1955, l’épisode a l’excellente idée de muer le classique du récit policier que constitue le cadavre incriminant en un élément de pure comédie d’humour noir. Pour développer son intrigue, il opte par contre plutôt pour le vaudeville, avec un indéniable succès. En effet le rythme effréné du déplacement du cadavre, avec le gag à répétition de ses réapparitions surprises se montre très divertissant, d’autant que la mise en scène se montre suffisamment dynamique pour coller au rythme des évènements, sans temps morts. Le scénario ne ne contente pas de l’impact visuel et insuffle une vraie ruse aux deux adversaires, avec à la clef un véritable suspense, tandis que l’enquête de police, correctement développée, ne représente pas qu’une simple utilité scénaristique. L’opus bénéficie également d’une distribution de premier ordre, avec un Telly Savalas et un Darren McGavin manifestant tout l’abatage qui les caractérisera dans les rôles de Kojak et de Kolchak, la décennie suivante. Les amateurs du lieutenant du NYPD apprécieront d’ailleurs de voir Philadelphia user d’un cure dent comme plus tard Kojak de ses sucettes. Les deux acteurs trouvent un écho dans les nombreux seconds rôles amusants que leur propose le récit comme confidents et complices, pittoresques gangsters pour rire d’un côté et maîtresse pas piquée des vers de l’autre (excellente Patricia Crowley). Plusieurs belles voitures d’époque et une musique guillerette enjolivent encore le spectacle. On regrettera simplement une conclusion un tantinet brusque, mais aussi que les deux acteurs vedettes ne disposent en définitive d’aucune scène en commun. Anecdotes :
24. THE GENTLEMAN CALLER Date de diffusion : 10 avril 1964 Auteur : James Bridges Réalisateur : Joseph M. Newman Résumé : Le gangster Gerald Musgrove est en fuite, avec un butin de 100 000 $ provenant d’un cambriolage durant lequel il a tué un homme. Croisant une chorale de rue, il y fait la connaissance d’une aimable vieille dame. Emmy Wright. Il se lie d’amitié avec elle, profitant de sa solitude et sa légère sénilité. Il projette en effet de dissimuler l’argent chez elle, puis de devenir son héritier, afin de pouvoir justifier de l’origine de sa soudaine fortune. Mais Emmy va se révéler bien plus difficile à assassiner que prévue. Critique : L’intrigue a le mérite de présenter de manière fluide et relativement crédible une situation de départ passablement alambiquée. Dès que se mettent en place les tentatives de meurtres avortées visant à récolter le magot, le spectateur français aura le plaisir de retrouver une mécanique qu’il connaît bien. En effet le scénario s’assimile finalement à celui du Viager, le fameux téléfilm de Pierre Tchernia et René Goscinny (1972), où Louis Martinet échappait pareillement encore et toujours aux menées homicides de la famille Galipeau. Malheureusement la comparaison s’arrête là, tant les situations et péripéties de l’épisode manquent singulièrement d’humour et de brio. Tout s’effectue de manière mécanique, avec des dialogues aussi fades que la terne mise en scène. De plus, pour meubler, le scénario multiplie les personnages n’apportant pas grand-chose, comme les voisines d’Emmy où l’irritante épouse idiote de Musgrove. Après une ultime itération, la conclusion tente de jouer la carte de la chute ironique, un effort rapidement contrecarré par une énième intervention d’Hitchcock visant à assurer le triomphe de la morale. Restent deux belles performances d’acteur, Ruth McDevitt créant une attachante Emmy, tandis qu’avec l’ignoble Musgrove, Roddy McDowall se régale avec un rôle taillé idéalement pour lui. Anecdotes :
25. LE COFFRE-FORT Date de diffusion : 17 avril 1964 Auteur : Alvin Sargent Réalisateur : Robert Stevens Résumé : Bruce, un jeune homme cupide, épouse Lorna, une riche héritière dont la fortune est encore administrée par sa tante, Adelaïde. Poursuivi par des dettes de jeu, Bruce dérobe de l’argent à Adelaïde, mais celle-ci s’en rend compte. Bruce l’enferme alors dans la chambre forte familiale, alors que lui et Lorna partent en vacances. Il escompte que la vieille femme trouve la mort, mais Lorna se fait du souci pour sa tante. Critique : Après un début relativement délayé et fastidieux (le format long nécessitant parfois quelques inutiles circonvolutions), le récit installe une situation assez similaire à celle du Mystère de la chambre forte, un futur épisode de Columbo particulièrement remarquable. Mais là où le lieutenant du LAPD mènera son coutumier jeu du chat et de la souris avec une simili Agatha Christie, l’épisode joue plutôt la double carte du suspense quant au devenir d’Adelaïde Snow et de la description du calvaire vécue par celle-ci. Ce second élément reste sans doute celui qui fonctionne le moins, car se composant de scénettes bien davantage édifiantes qu’horrifiques ou bouleversantes. L’aspect thriller se montre par contre remarquable, le scénario sachant à merveille multiplier les coups du sort mettant en péril la conspiration abominable ourdie par un Bruce poursuivi par une déveine implacable, mais tout à fait ludique pour le téléspectateur. Le criminel se débat néanmoins et semble tous surnager, encore et encore. On apprécie que la jugeote, mais aussi le courage, de Lorna, lui donnent du fil à retordre, on s’extraie ainsi des clichés féminins caractérisant parfois l’anthologie. Jessica Walter et Don Chastain apportent du tempérament à leur personnage tout au long d’une intrigue efficacement troussée et conclue sur un petit bijou d’ironie. Anecdotes :
26. TEN MINUTES FROM NOW Date de diffusion : 01 mai 1964 Auteur : Arthur A. Ross, d’après une nouvelle de Jack Ritchie Réalisateur : Alf Kjellin Résumé : Un peintre en veut à un responsable politique municipal de ne pas lui avoir permis d’organiser une exposition dans le musée local. Après des menaces, il sème le terreur en venant déposer successivement plusieurs fausses bombes au musée et à la mairie. La police est sur les dents, mais impuissante, car aucun crime n’est commis. Critique : L’épisode joue sur deux ressorts s’avérant être autant de pétards mouillés. Le suspense quant à savoir si la bombe est présente et va exploser se dégonfle très vite, car on comprend bien que tout ceci est une mystification ayant un but. L’autre sujet reste la visée même du complot en cours et il est vrai que la solution survient lors d’une chute efficacement troussée et assez astucieuse, même s’il ne s’agit pas à proprement parler de la plus renversante de la saison. Mais pour y parvenir le spectateur aura subi un interminable pensum débordant d’ennui. La réitération de la fausse bombe se traduit par quatre sketchs se déroulant en essence toujours de la même façon, avec seulement une évolution dans quelques éléments superficiels de décorum. L’action devient aussi répétitive que prévisible, encore lestée de dialogues particulièrement artificiels et emphatiques. La mise en scène ne tire guère parti de l’élément pictural pour au moins que l’œil ait sa part. L’interprétation demeure agréable, tandis que cette histoire d’attentats et de questionnement sur l’incapacité d’arrêter un assassin potentiel n’ayant pas encore passé à l’acte prend un relief supplémentaire en notre époque troublée. Anecdotes :
27. THE SIGN OF SATAN Date de diffusion : 08 mai 1964 Auteur : Barré Lyndon, à partir d’une histoire de Robert Bloch Réalisateur : Robert Douglas Résumé : Le propriétaire d’un important studio hollywoodien décide de produire une version américanisée d’un petit film autrichien mettant en scène un culte satanique. L’œuvre doit sa rare force d’invocation à l’acteur Karl Jorla, que le producteur fait venir à Hollywood, afin qu’il reprenne son rôle. Jorla révèle que la secte existe vraiment et qu’elle le traque pour avoir révélé ses secrets. Sa vie est désormais en danger. Critique : Grande figure du cinéma fantastique et de science-fiction, l’élégant scénariste d’origine anglaise Barré Lyndon (La Guerre des Mondes, 1953) sait pleinement renouer avec le goût du macre si présent chez Robert Bloch, l’auteur de Psychose. Son talent s’associe parfaitement avec la présence de son compatriote Christopher Lee, alors acteur vedette de la Hammer traversant l’Atlantique pour la première fois de sa carrière. Aidés par une mise en scène intelligente, ils reconstituent une horreur gothique de qualité, louchant clairement vers la Hammer, que cela soit dans la très efficace scène représentant le film autrichien, ou lors des fulgurances de Jorla au studio hollywoodien. Le choc entre une épouvante jaillie de la vieille Europe et l’industrie hollywoodienne produit un effet saisissant, d’autant que l’auteur préfère opter pour le réalisme documenté dans son évocation du studio, plutôt que pour une satire facile. Mais le scénario va au-delà de cette reconstitution réussie, en jouant la carte du méta récit. Voir Christopher Lee interpréter un acteur de film d’épouvante se découvrant confronté au satanisme, conjointement à un empilement de niveaux de réalité entre images tournées et réelles dans la perspective du spectateur produit une atmosphère réellement étrange, distincte du gothisme traditionnel. Barré Lyndon a également la bonne intuition d’incorporer des éléments déjà passablement datés à son époque (secte à la Sax Rohmer, final très inspiré d’Edgar Allan Poe), dont le caractère aujourd’hui hors d’âge renforce aujourd’hui l’aspect insolite de l’ensemble. Si Christopher Lee, magnifique, accapare évidemment l’attention, le reste de la distribution s’avère de qualité, notamment une sensible Gia Scala. Incursion aussi rare que réussie au sein du Fantastique, The Sign of Satan apparaît comme un épisode profondément à part au sein de l’anthologie. Anecdotes :
28. WHO NEEDS AN ENEMY ? Date de diffusion : 15 mai 1964 Auteur : Arthur A. Ross Réalisateur : Harry Morgan Résumé : Le courtier Charlie Osgood détourne l’argent de la société qu’il possède en commun avec son vieil Eddie Turtin. Il dilapide joyeusement l’argent avec sa belle fiancée, jusqu’à ce que sa combine soit découverte par Eddie. Charlie simule alors un suicide afin de pouvoir s’enfuir avec le reste du magot et sa petite amie. Critique : Dès le début orienté vers la comédie pure, le récit ne développe guère d’intrigue entre le postulat initial et une chute quelque peu prévisible. Il brille toutefois par sa bonne humeur, ses nombreux gags et ses dialogues joyeusement cyniques, tout en dressant le portrait vif et réussi d’un caractère. Charlie est en effet demeuré un grand enfant, refusant toute responsabilité dans ses agissements, ainsi que de modérer ses envies, mais sa naïveté et sa franchise même le rendent en définitive aussi sympathique que désarmant. L’intérêt de l’opus réside également dans sa distribution, assurant la rencontre de deux grandes figures des séries télévisées, Richard Anderson et Steven Hill, avent qu’ils n’obtiennent leurs rôles les plus connus. Tous deux comprennent pleinement la dimension de farce de l’épisode du jour et cabotinent sans retenue aucune, dans un ensemble assez irrésistible. Si elle imprime un peu moins l’écran, la charmante Joanna Moore apporte aussi sa contribution avec un amusant pastiche des femmes fatales des films noirs. Montage et réalisation apportent l’énergie requise à cette divertissante histoire Anecdotes :
29. BED OF ROSES Date de diffusion : 22 mai 1964 Auteur : James Bridges, d’après une histoire d’Emily Neff Réalisateur : Philip Leacock Résumé : George Maxwell, ancien acteur, a épousé la riche Mavis maxwell. Un soir il se rend chez une ancienne amie d’Hollywood, qui l’a appelé à l’aide. Il découvre le cadavre de la jeune femme et décide de ne pas avertir la police, craignant des complications avec son épouse. Le chauffeur de taxi l’ayant conduit sur les lieux le soumet alors à un chantage, Mais George va recevoir le renfort inattendu de Mavis. Critique : L’épisode connaît deux parties très distinctes l’une de l’autre. La première narre la mise en place de la situation et du chantage par le chauffeur de taxi, sur une tonalité classique de roman noir. Caractéristiquement les divers échantillons d’humanité rencontrés s’avèrent aussi peu reluisants les uns que les autres, dans un ensemble bien coordonné. Les péripéties, largement anticipées, se déroulent de manière conventionnelle mais solides, avec une interprétation se coulant avec fluidité dans les conventions du genre. Mise en scène et musique se montrent à l’unisson. Le fait que l’on se situe en terrain aussi connu et balisé rend d’autant plus sonore le twist fracassant que constitue l’intervention choc de Mavis. Le scénario profite de l’effet suscite pour renouveler l’intrigue et la dévier vers la comédie d’humour noir. L’abatage des deux acteurs principaux fait merveille, avec un humour cynique et goguenard fonctionnant fort bien. Le récit s’offre même le luxe de devenir légèrement transgressif, avec ce tableau d’un homme soumis à une épouse forte et décisionnaire derrière son tempérament juvénile, soit la posture inverse de l’immense majorité des épisodes de l’anthologie, une amusante originalité. Anecdotes :
30. THE SECOND VERDICT Date de diffusion : 29 mai 1964 Auteur : Alfred Hayes Réalisateur : Lewis Teague Résumé : Ned Murray, un avocat pour qui l’éthique prime sur toute autre considération, obtient l’acquittement d’un homme jugé pour meurtre. Mais celui-ci, déséquilibré et jaloux maladif envers sa compagne, lui avoue qu’il est en fait l’assassin. Ned connaît alors un conflit avec son employeur, qui en veut pas que le procureur soit averti, le secret professionnel devant être respecté. La situation se complique encore quand un gangster devant une faveur à Ned décide de faire lui-même justice. Critique : Le scénario se veut ambitieux, opposant l’éthique aux règles de fonctionnement de l’institution judiciaire. Malheureusement le scénario et les dialogues s’avèrent démonstratifs et didactiques au possible, sur un ton très appliqué. On éprouve souvent l’impression de contempler une composition de droit mise en images, plutôt qu’un authentique épisode d’une anthologie de thrillers. La mise en scène, totalement figée, ne dynamise en rien ces scènes de dissertation dépourvues de toute subtilité, avec des personnages n’existant qu’à travers les points de vue qu’ils défendent. L’opus présente un intérêt historique, car il illustre à quel point les meilleures séries judiciaires actuelles savent désormais développer leurs problématiques de manière plus intelligente, ne sacrifiant pas l’histoire à un message moral. La conclusion des débats se voit assénée au spectateur sans qu’il lui soit loisible de réfléchir. La moralité se résume bien entendu à faire confiance au système, assez logiquement dans cette anthologie où le message final d’Hitchcock sert régulièrement à ramener l’histoire dans une édifiante convenance passablement bourgeoise (rien de comparable dans La Quatrième Dimension). L’interprétation sauve l’essentiel, avec un bouleversant Martin Landau et une Nancy Kovack séduisante en diable, mais aussi un William Dozier très convaincant en psychopathe, alors qu’il s’apprête à devenir le Sphinx dans Batman’66. Anecdotes :
Date de diffusion : 05 juin 1964 Auteur : William Fay, d’après un roman de S.B. Hough | Réalisateur : Alf Kjellin Résumé : Howard Clements est faussement accusé d’agression par Isabel, une femme quelque peu mythomane, alors qu’il n’a fait que la croiser dans la rue. Malgré ses dénégations, il est condamné à un an de prison. A sa sortie, il débute une vengeance commençant par séduire puis épouser son accusatrice. Critique : La première moitié de l’épisode se montre plaisamment intrigante, avec une ouverture en forme de cauchemar judiciaire éveillé, auquel succède le mystère savamment entretenu quant à la finalité du complot ourdi par Clements. Le brillant jeu de Bradford Dillman contribue pour beaucoup au succès de ce segment, tant il sait exprimer la soif obsessionnelle de vengeance derrière la façade de justicier qu’aime à se donner Clements. Par ailleurs, à défaut d’une mise en scène réellement inventive, le montage parvient à apporter du rythme à l’ensemble. Malheureusement, la seconde partie de l’opus voit l’intrigue en revenir à une vengeance beaucoup plus conventionnelle que ce que promettait son préambule, d’où un certain sentiment de frustration. La peinture des sentiments d’Isabel aurait pu relancer le récit mais l’actrice Barbara Barrie s’avère bien moins marquante que son partenaire. Dès lors la succession des évènements devient quelque peu fastidieuse. La conclusion présente le mérite de jouer la carte de l’originalité, mais souffre de trop multiplier les invraisemblances pour y parvenir. Anecdotes :
32. BODY IN THE BARN Date de diffusion : 03 juillet 1964 Auteur : Harold Swanton, d’après un roman de Margaret Manners Réalisateur : Joseph M. Newman Résumé : Vieille dame respectée de la communauté rurale où elle réside depuis toujours, Bessie Carnby est en butte à l’hostilité de sa jeune et autoritaire voisine. Après que le sympathique mari de cette dernière ait brusquement disparu, Bessie, soupçonneuse, découvre un cadavre dissimulé dans la grange de sa voisine. Celle-ci est exécutée pour le meurtre de son mari, mais la vérité va s’avérer bien différente de ce qu’envisageait Bessie. Critique : Pour son ultime épisode de la saison, l’anthologie réussit une nouvelle fois une magnifique adaptation de roman noir. L’intrigue, particulièrement riche en rebondissements et en meurtres machiavéliques, se découvre avec fascination, tant l’âme noire de ses protagonistes contraste avec leur charmant environnement rural. L’auteur sait demeurer subtilement ambivalent quant aux motivations de chacun, en premier lieu concernant Bessie. Poursuite de la justice, mais aussi haine de classe et curiosité maladive se disputent âprement son caractère. Le fait que la protagoniste soit mourante ajoute encore au ton macabre du récit. La prestation de Lillian Gish en Bessie s’avère un atout majeur, car la grande actrice opte pour une véracité totale de son personnage, plutôt que pour les postures paroxystiques de Gloria Swanson, autre ancienne gloire de l’Hollywood d’antan, dans Behind The Locked Door, cette saison. Chacun des personnages secondaires se voit caractérisé avec soin et interprété avec talent. On apprécie que l’anthologie s’affranchisse ici d’un certain conformisme moral, avec cette histoire s’articulant autour de deux monstrueuses erreurs judiciaires. Anecdotes :
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