Saison 1 1. Agent double (Truth be told) 2. Opération « Tonnerre six » (So It Begins...) 3. Meilleures ennemies (Parity) 4. Cœur brisé (A Broken Heart) 5. Copie conforme (Doppelganger) 6. Véritable identité (Reckoning) 8. Sale temps (Time Will Tell) 13. Jeux dangereux – 2e partie (The Box – Part 2) 16. La prophétie (The Prophecy) 17. Questions-réponses (Q and A) 1. AGENT DOUBLE Scénario : J.J.Abrams Réalisation : J.J.Abrams Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Pour sa deuxième grande série, J.J.Abrams, qui sait qu’il faut scotcher le public à son écran dès les premières secondes, débute in medias res par une scène où une jeune femme de choc se fait bastonner sévère par des gardes chinois. La scène s’enchaîne aussitôt à… la fin d’un examen scolaire où la même jeune femme se dépêche de rendre sa copie ! Comme début, difficile de trouver plus accrocheur ! Alias est une série très riche, et Abrams veut nous présenter tous ses nombreux atouts dès le début : multitude de personnages variés, nombre incroyable d’enjeux différents, intrigues d’espionnage palpitantes… tout en décrivant le changement de vie de l’héroïne. Aussi, ce pilote tombe quelque peu dans la confusion. Cependant, Abrams est un réalisateur suffisamment adroit pour nous présenter rapidement et clairement tout ça. L’épisode alterne scènes d’espionnage (les plus intéressantes) avec les scènes « quotidiennes ». Le tout avec un montage dynamique allant sans cesse de l’un à l’autre. Cette situation de double vie - qui durera jusqu’à la fin de la saison 2 - fait tout le charme de cette première ère d’Alias, la plus réussie. On comprend immédiatement à qui on a affaire : une héroïne étudiante le jour/espionne de choc la nuit, un père glacial et peu sympathique (Victor Garber, d’un impressionnant monolithisme), un chef impitoyable et machiavélique (Ron Rifkin, qui écrase tout le reste de sa distribution), un inventeur génial mais assez concon (Kevin Weisman, cabot jusqu‘au boutiste, on aime ou on déteste), un partenaire de mission très strict mais chaleureux (Carl Lumbly, très convaincant). On peut ajouter la bonne copine (Très bonne Merrin Dungey), qui malheureusement sera inutile du début à la fin, et un bon copain secrètement attiré par l’héroïne (Bradley Cooper, très à l’aise), qui aura de l’intérêt en saison 1, mais plus du tout dans les suivantes. Cette craquante galerie de portraits souffre cependant de la présence de Michael Vaughn, le futur supérieur de Sydney, joué par un Michael Vartan très fadasse. Au niveau acteurs invités, Ric Young glace la mœlle des os de chaque spectateur en dentiste sadique. Tandis qu’Edward Atterton joue très bien un fiancé bébéte mais responsable (aux capacités de chant toutefois joyeusement atroces). Rien à dire sur les scènes d’espionnage : on est immédiatement pris dans la tornade. Les infiltrations à la Mission : Impossible, les gadgets à la James Bond (homologue de Q inclus), les bastons chorégraphiées avec une vigueur trépidante, les rebondissements massifs (toutes les cartes de la situation initiale sont redistribuées non pas une mais carrément trois fois), le suspense et une musique agitée qui en baignent chaque moment. Dans le rôle principal, Jennifer Garner est d’une beauté, d’une solidité, et d’une fougue implacables ; elle rend crédible ce personnage de femme fatale qui joue sur deux - bientôt trois - fronts différents. Une espionne idéale. Mais tout comme il y’a deux Sydney, il y’a deux Jennifer Garner : l’une idéale dans la partie « action », l’autre très limitée dans la partie « émotion ». Garner est en fait une comédienne restreinte, qui sortie de l’habit d’espionne, peut se montrer décevante. Les scènes estudiantines sont assez ennuyeuses. Bien sûr, il faut montrer ce pan de vie-là, mais elles sentent trop le Dawson (la justesse psychologique en moins) pour qu’on les supporte plus d’une minute. De plus, toute la partie « deuil » de Sydney est beaucoup trop longue, et s’enlise dans la guimauve. Dans l’ensemble, les ruptures de ton et de tempo sont encore maladroites mais seront améliorées par la suite. En bref, Truth be told est un très bon pilote, porté par un scénario à l’architecture admirable, aux nombreux rebondissements, une réalisation fastueuse (quoique parfois clinquante), et un casting très investi. Mais son ambition le pousse à surcharger un peu grassement ce début. Mais maintenant que l’exposition est terminée, la série va enfin démarrer, et ne va plus vous lâcher une seule seconde. Alors prenez votre respiration, et embarquez-vous dans la folle aventure d’Alias ! Les infos supplémentaires 2. OPÉRATION « TONNERRE SIX » Scénario : J.J. Abrams Réalisation : Ken Olin Résumé Durant la guerre froide, les soviétiques ont caché une bombe nucléaire dans un cimetière en Virginie. En mission à Paris, puis à Moscou, Sydney Bristow doit empêcher l’achat de cette bombe dont la localisation se trouve sur deux disquettes par le soudanais Ineni Hassan. Marcus Dixon prend l’identité d’Hassan pour empêcher la transaction. Tout en livrant l’information à la vraie CIA, Sydney permet au SD6 de récupérer la bombe, mais cette organisation la vend à Hassan au Caire. En voulant la récupérer, elle désamorce l’engin mais se retrouve avec un révolver sur la tempe. La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz Ce grand prologue est précédé d’une introduction trépidante où Sydney se prend pour James Bond : en trois minutes, elle vole des documents, court à toute vitesse, bastonne trois-quatre méchants, dégaine ses gadgets, glisse le long d’un câble d’ascenseur… le tout sans une égratignure. Cette portion de mission soulève déjà beaucoup de choses : en particulier, un parti pris anti-réaliste résolument assumé. Si les péripéties sont crédibles, leur accumulation, et le tempo effréné, nous donnent déjà une clé de lecture de la série : Alias est une série fantasmagorique. Une série où les codes de l’espionnage se voient poussés au-delà de toute limite, la rendant presque irréelle. C’est une immersion dans un univers dangereux, paranoïaque, sans pitié. Le spectateur subissant la routine journalière vivant par procuration le frisson de l’aventure, Abrams donne ainsi corps à la raison d’être du Divertissement : une fuite d’un réel banal, représenté métaphoriquement ici par les meilleurs amis de Sydney, à la vie routinière. La mission à Moscou s’inscrit dans un registre analogue : gadgets à rendre un Q jaloux, l’espionne femme fatale - la robe bleu électrique de Sydney est certainement son costume le plus spectaculaire - échange de documents en deux minutes chrono, violence des bagarres… on admire aussi les engrenages implacables déclenchés par Sydney qui se retrouve bientôt à genoux sur une arme nucléaire active ! Vous n’y croyez pas ? Welcome in Alias, la série prête à tout pour vous surprendre et vous ficher la frousse ! Cela est d’autant plus remarquable que tous les sujets de missions ne sont que des McGuffin : le spectateur se fout de la récupération d’une disquette, d’une arme, d’un document, etc. du moment que nos héros doivent plonger dans la mélasse et essayer de s’en extirper tous seuls. Sur ce point, la série ne décevra jamais, et surtout pas dans ce premier vrai épisode énergique et au suspense omniprésent. La grandeur immense de l’ennemi à abattre : un SD6 tentaculaire que même Sydney n’imaginait pas, renforce cette idée de croisade plus ou moins solitaire de héros luttant contre un ennemi sans nombre. L’aventure est au rendez-vous ! Will Tippin fait montre d’une solide fidélité à son amie. Par contre, il est étonnant de le voir refuser les avances de Jenny (Sarah Shahi), sa jolie collaboratrice. En début de carrière, et déjà bourreau des cœurs, notre Bradley ! Mais le mystère demeure autour d’Arvin Sloane, couvant encore son machiavélisme débordant, et sur les lourds secrets qu’on devine sous le saisissant monolithisme de Jack Bristow. RAS en revanche du côté de la transparente Francie et son petit ami Charlie. Jennifer Garner s’affirme comme interprète intelligent d’un agent double efficace et batailleur mais reste toujours limitée dans l’émotion. Michael Vartan est d’une fadeur innommable, mais patientons, il s’améliorera (un peu) par la suite. L’épisode se finit par un cliffhanger, marque de fabrique pour presque tous les épisodes de cette saison. Une efficacité énorme dont on regrettera la disparition dans les saisons suivantes. Bref, un excellent épisode post-pilote. Action ! Les infos supplémentaires J.J.Abrams accomplit dans cet épisode son unique « apparition » au sein de la série. Il est la voix qui, au téléphone, dit à Sydney « Joey’s pizza ? ». 3. MEILLEURES ENNEMIES
Scénario : Alex Kurtzman, Roberto Orci, et J.J.Abrams (non crédité) Réalisation : Mikael Salomon Résumé La critique de Patrick Sansano: La critique de Clément Diaz:
Episode fondamental pour le fan. Parity met en place la « Mythologie » de la série. J.J.Abrams ébauche ce fil rouge SF/Fantastique qui durera jusqu’à l’ultime épisode. Et il faut avouer que la quête des artefacts de Rambaldi sera vraiment passionnante. L’épisode introduit également une des meilleures (mais trop rare) méchantes de la série : Anna Espinosa, interprétée par la sculpturale Gina Torres. Son charme cubain, sa stature imposante, ses airs effrontés, son regard mielleux… tout contribue à rendre cette Bad Girl une adversaire taillée sur mesure pour Sydney Bristow. Les multiples pistes du pilote sont chacune creusées finement, et le cliffhanger est un modèle du genre. Si vous avez envie de pousser un cri de rage à la fin, c’est compréhensible ! On a souvent reproché au duo Orci-Kurtzman d’avoir écrit pour le cinéma des scénarios sans subtilité, dépourvus de psychologie. Sans doute retient-on trop d’eux leur funeste collaboration avec le bourrin Michael Bay (The Island, et Transformers I et II) et oublie-t-on leur sens du rythme. Ce duo sait enchaîner l’action avec justesse et énergie. Dans une série comme Alias qui ne s’embarrasse pas de réalisme, leurs qualités ont donc tout à s’exprimer, et ils signeront souvent de brillants épisodes. On est tout de suite fasciné par Milo Rambaldi, précurseur entre autres du transistor, du téléphone portable, du langage informatique…(!) A cette teinte SF, répond une mission bien terrestre, mais dont l’intérêt est décuplé par la présence de ce formidable adversaire qu’est Anna Espinosa.. La course à mille à l’heure entre les deux rivales pour le contrôle de la mallette convoitée est vraiment haletante. Orci et Kurtzman ne négligent aucun des multiples mystères de la série alors qu’ils ne disposent que de 42 minutes. Une prouesse de concision - la plus haute qualité pour un scénariste comme disait Pierre Bost - à saluer. L’affaire de la mort de la mère de Sydney pue la machination à plein nez. Jack se montre dur, repoussant chaque fois sa fille lorsqu’elle lui pose des questions. Victor Garber impressionne en père indigne (parait-il). Will commence à fouiller la m erde sur l’affaire Danny, bon courage ! Les scènes de « calme » avec Sydney et ses amis rayonnent de bonne humeur et d’euphorie entre deux dangers mortels. La scène finale voit Anna et Sydney contraintes de faire équipe. Les diaboliques scénaristes imaginent ainsi un cliffhanger absolument génial qui termine l’épisode en pleine tension. Les infos supplémentaires 4. CŒUR BRISÉ
Scénario : Vanessa Taylor Réalisation : Harry Winer Résumé La critique de Patrick Sansano: La critique de Clément Diaz:
Vanessa Taylor, alors à ses débuts, montre ici sa capacité à s’intégrer à n’importe quelle série. Après l’espionnage, elle fera autant merveille dans la « psycho-sexualité » (la trop méconnue Tell me you love me) et dans la fantasy épique (Game of Thrones). Son esprit caméléon se montre apte à assurer tous les côtés de la série. Côté missions, rien à dire, on apprécie le peps de l’héroïne protéiforme qui court à droite à gauche, combat un colosse brutal et la vigoureuse Anna, rampe dans les conduits… L’ingénieuse Taylor se sert des stéréotypes de l’espionnage autant comme un moyen (scotcher le spectateur sur l’écran) que de but : elles contribuent une à une à provoquer un burn out chez Sydney en fin d’épisode. La « trahison affective » du père qui laisse seule sa fifille, sera la goutte d’eau qui fait déborder le vase : elle craque devant Vaughn dont on sent la gène à être plus proche qu’il le croyait de cette femme. Légère amélioration du jeu des deux acteurs à cette occasion. Côté comédie, Marshall et surtout Will ici assurent, notamment en obligeant Jenny à accepter un rencard avec son informateur pour qu’il ait une info ! Bradley Cooper a une présence fantastique. La comparaison avec Michael Vartan, engoncé dans le rôle du supérieur beau gosse est terrible pour ce dernier. Côté soap, Merrin Dungey limite les clichés par un étonnant jeu plein de conviction. Les dialogues sonnent juste et compensent l’intrigue éculée sur son couple. Le problème majeur de cet épisode est une trop grande place donnée à la « vie publique » de Sydney, tellement moins palpitante que quand elle travaille. Malgré une machination spectaculaire, la dernière mission et le cliffhanger sont bien moins relevés que d’habitude. Un bon épisode dans l’ensemble, mais moins tonique. Les infos supplémentaires Laura Bristow, la mère de Sydney, apparaît pour la première fois dans cet épisode quand Jack se souvient d’elle lors du test psychologique. Comme les auteurs ignoraient encore qu’elle prendrait davantage d’importance par la suite, ils n’accordèrent pas d’attention à son interprète. Il n’est donc pas étonnant que Laura ait eu 4 visages différents. Elle a ici les traits d’Arabella Holzbog, comme dans les épisodes Véritable identité, Jeux dangereux - 1re partie, et Questions-réponses (sous forme de médaillon et de photographie). Elle sera plus tard incarnée par Natacha Pavlovich dans Face cachée sur la vidéo détenue par la CIA, puis par April Webster - en ombre chinoise - dans Danger immédiat. Ce n’est qu’à partir de la saison 2 qu’elle trouvera son interprète définitive en la personne de Lena Olin. 5. COPIE CONFORME
Scénario : Daniel Arkin Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano:
Le générique de début intervient à 12 minutes du début pour une durée de 42 ! En fait, et c’est un cas unique dans l’univers des séries, la conclusion d’un épisode est diffusée dans le suivant. La critique de Clément Diaz:
Le tempo de la série était déjà bien enlevé, mais là, le métronome monte encore de plusieurs crans ! Tant le scénario au rythme fulgurant de Daniel Arkin que la mise en scène ad hoc de Ken Olin et le montage vif de Mary Jo Markey font des merveilles. Les premières minutes de l’épisode sont une dynamite de suspense urgent où Sydney conduit à toute vitesse une ambulance pendant que Dixon tente d’extraire une bombe qui éclatera si leurs poursuivants se rapprochent trop ! Pas le temps de respirer, on passe à la mission suivante : exfiltration d’un scientifique allemand prêt à collaborer avec le SD6. Jennifer Garner confirme son aisance dans ce rôle très physique. Arkin nous leurre en nous mettant dans un sentiment de sécurité au moment où éclate un rebondissement terrible. Les auteurs ont le sens de la surprise foudroyante ! Un suspense s’achève qu’un autre prend déjà le relais : made in Alias. Sloane prend plus d’ampleur par son intelligence suspicieuse ; Ron Rifkin respire la menace par tous les pores. Le plan malin de Vaughn, visant à la destruction du SD6, semble marcher, mais nos héros apprendront vite que toute médaille a son revers ! La moindre importance consacrée à Fran permet de se consacrer à l’essentiel, même si elle permet de nous faire voir une Sydney habillée en fée pour Halloween ! Deux nouveaux mystères s’ajoutent à la cohorte déjà bien bourrée : la loyauté de Jack Bristow (par ailleurs, talentueux « déliateur de langues ») est mise en doute. Et il y’a l’existence d’un personnage qu’on croyait imaginaire, et qui malgré sa mort il y’a quelques années est bien vivant ! Le jeu énigmatique de la belle Lori Heuring est à noter.Tant de mystères, peu de réponses, on se croirait déjà dans Lost ! Doppelgänger est l’essence d’un épisode parfait d’Alias : un tourbillon d’action, de mystères, de suspense, d’histoires qui s’emmêlent dans un tempo infernal ! Le cliffhanger, 100% tragique, est un énorme coup de massue qui conclut en feu d’artifice ce magistral épisode. Les infos supplémentaires Article de Will sur les Tests d’entrée à l’université : anticipe sur son boulot de la saison 2 ! Premier échec de Sydney. A la toute fin de la scène Fran-Will, une boîte tombe d’une table sans un bruit.. 6. VÉRITABLE IDENTITÉ
Scénario : Jesse Alexander Réalisation : Daniel Attias Résumé La critique de Patrick Sansano:
La critique de Clément Diaz:
Reckoning est une réponse plus calme au déferlement du précédent épisode. Culpabilité de Sydney, résolution inattendue de la crise Fran-Charlie, mur du silence de Jack… sont au menu. Mais là où le scénario de Jesse Alexander pêche, c’est qu’il remplace l’action par une tension assez faible, qui attend la 30e minute pour passer à la puissance 100. Avec une menace mortelle qui plane sur la tête de l’héroïne, et une mission qui s’annonce déjà comme une des plus mémorables de la saison. L’épisode se penche sur les pensées intérieures de Sydney. Ce manque d’action n’est pas compensé par une recherche psychologique approfondie du personnage. Dialogues conventionnels et jeu encore trop faux de Michael Vartan n’arrangent rien. Regain d’énergie quand Sydney se déguise en starlette bling-bling pour récupérer un McGuffin très sophistiqué : un décrypteur de codes secrets basés sur un ADN de personne décédée ! Garner est mémorable, mais Lumbly en amateur d’art vaut aussi le détour. On apprécie une scène très Hitchcockienne où un garde met un temps infini à déverrouiller une porte alors que Sydney est juchée… sur des tuyaux brûlants ! Le volet Fran gagne en intérêt. On s’amuse de l’inversion de la situation de son petit ami par rapport à Sydney : il cache sous des dehors scabreux quelque chose de tout à fait innocent. Dans Alias, tout le monde cache quelque chose ! La scène du bar - avec une Merrin Dungey incroyablement sexy - est un rare moment d‘euphorie. Suspense côté Will, qui commence à se heurter à des murs invisibles. Insensible aux charmes de la languissante Jenny (quel crime !), il fait face à un événement inattendu sur Kate Jones. On apprécie aussi le silence de Jack sur l’affaire de la mort de la mère de Sydney, provoquant une flambée de colère chez elle. Le temps est à l’orage. C’est la fin de l’épisode qui est la plus réussie : d’une manière inattendue, la belle idée de Vaughn se transforme en piège pour les Bristow : Sloane sait désormais qu’il y’a une taupe. La tête de Rifkin est effrayante quand il passe son coup de téléphone. L’immersion criante de réalisme dans un asile de fous où se trouve un patient que Sydney doit contacter est le clou de l’épisode. La photographie mortuaire de Michael Bonvillain, alliée à des décors étouffants produisent un effet anxiogène tenace. La composition de folle de Jennifer Garner constitue certainement une de ses meilleures prestations, on se croirait parfois dans Vol au-dessus d’un nid de coucou. Sydney se rend compte trop tard qu’elle est tombée dans un nid de guêpes : le cliffhanger est plein d’effet avec Sydney désormais seule contre tous. Violemment addictif ! Les infos supplémentaires Changement de séquence introductive. 1re apparition de Diane Dixon.
Scénario : Roberto Orci et Alex Kurtzman Réalisation : Jack Bender Résumé La critique de Patrick Sansano:
Un très bon épisode avec des combats de plus en plus crédibles, même si les scénaristes manquent d’imagination en nous ressortant les vieux clichés rebattus sur les pays de l’Est (Ici dans l’ère post-soviétique, en Roumanie). Nous ne sommes plus pendant la guerre froide, et plus personne ne croit à ces images d'épinal avariées et non réalistes. La critique de Clément Diaz:
23 minutes de suspense, 7 minutes de tension, 12 minutes de decrescendo : le duo Orci-Kurtzman joue et gagne sur les trois tableaux. L’épisode remplit son contrat de présenter une des missions les plus périlleuses de Sydney, (magistrale guest star en prime). Color blind, même dans son dernier tiers, trouble l’apaisement final grâce à un Sloane plus vautour que jamais. L’épisode est brillamment architecturé. A l’asile, Sydney bagarre un peu, mais doit surtout user de tous ses talents de déduction et de diplomatie afin de convaincre Shepard de l’aider, faute de quoi, elle mourra. Shepard fascine par son état d’épave humaine, tellement anéanti qu’il se raccroche au semblant de tranquillité que lui donne la prison. John Hannah est ébouriffant, entre folie et lucidité. Les gros plans à répétition de Jack Bender permettent d’être au plus près des tourments des personnages. Garner subjugue en bête piégée. Le suspense quand elle essaye vainement de le convaincre, est à mettre les nerfs à vif ! La grande scène de la cabane où les voiles de l’oubli se déchirent pour laisser place à une vérité douloureuse, est un summum d’ironie, un vrai choc ! L’enquête de Tippin étant au point mort, on s’intéressera plutôt aux tentatives de séduction de Jenny - y compris un baiser arraché - foirant toutes impitoyablement. Fran et Charlie sont sur un petit nuage, et détendent agréablement cette fin d’épisode. Jack avait passé au laminoir le pauvre Danny dans le pilote, Jack - encore impeccable Victor Garber - massacre maintenant impitoyablement ce pauvre Vaughn. L’épisode ne se finit pas sur un cliffhanger. Mais attention, ça va repartir aussi sec ! Le plus grand apport de cet épisode est peut-être l’ébauche d’une autre personnalité de Sloane : il aime Sydney comme sa propre fille, et voudrait avoir un lien plus personnel avec elle. Un amour paternel d’autant plus repoussant que Sloane - immense Ron Rifkin qui rend crédible cette trace d’humanité dans ce Big Bad - sera pour Sydney (et pour le public) et pour toujours l’homme à abattre n° 1. Les infos supplémentaires 8. SALE TEMPS
Scénario : Jeff Pinkner Réalisation : Perry Lang Résumé
La critique de Clément Diaz:
Apparemment, la tranquillité du spectateur constitue la dernière des priorités pour les scénaristes d’Alias. Le scénario cinglant de Jeff Pinkner suit un intense crescendo progressif qui culmine dans une furieuse coda et un cliffhanger dévastateur ! Deux missions + une épée de Damoclès qui tourne au-dessus de Sydney + un petit gadget + un passé terrifiant qui refait surface + Rambaldi = épisode sans temps mort ! On retrouve avec plaisir la pulpeuse (et puncheuse) Anna Espinosa pour un beau duel de jolies dames qui tient ses promesses. Force vs vitesse, Feu contre glace, ça crépite ! La Mythologie est toujours centrale : la scène de l’horloger où un simple lapsus ouvre à nos yeux ébahis une touche saisissante de Fantastique. Pinkner enchaîne immédiatement avec une course-poursuite (Coucou Anna !). Dans les épisodes les plus roboratifs d’Alias, le spectateur ne respire que pendant le générique ! Selon toute apparence, mener une triple vie (Université-SD6-CIA) est encore insuffisant pour Pinkner : Syd doit affronter un interrogateur, Dreyer, joué ici par le premier d’une longue liste de guests star : Mr. Tobin Bell ! Bell n’a beau apparaître qu’une quarantaine de secondes, un seul plan, un seul regard suffit à vous liquéfier le sang, surtout quand il démasque Sydney. Ajoutez à cela qu’elle découvre que son père a sûrement trahi son pays pendant la guerre froide, et on se demande si Sydney Bristow n’est pas la preuve vivante de la loi de l’emmerdement maximal. Tippin veut lâcher l’affaire pour ne pas faire de mal à son amie, heureusement son mauvais destin le rappelle à l’ordre : il commence à comprendre qu’il est en train de ferrer non un poisson, non un requin, mais bien une baleine au bout de sa canne. Jack quant à lui, s’humanise par le bluff fragile qu’il lance à Sloane, prétendant qu’il tuera Will s’il devient trop gênant : la froideur de Garber laisse voir quelques fêlures. Le final dans la grotte est une TNT d’action urgente avec Anna qui revient foutre le b ordel. Ironie du sort : Sydney a gagné toutes ses batailles contre elle, mais perd la guerre sur un monumental cliffhanger qui met le spectateur KO debout. Les infos supplémentaires
Scénario : Debra J. Fisher et Erica Messer Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano: La critique de Clément Diaz:
Le duo Fisher-Messer s’applique à martyriser son héroïne avec une insistance sadique, et cela sans la moindre scène de bagarre, axant beaucoup sur la psychologie. Pari gagné : sueurs froides en pagaille. Il permet aussi de faire décoller un aspect important de la série jusque-là mis en veilleuse : l’intelligence diabolique de Sloane. Deux petites scènes avec Sloane, cela suffit à Tobin Bell pour donner à Karl Dreyer une aura d’effroi. On regrette qu’il n’apparaisse plus par la suite. D’une ébouriffante perspicacité, il démasque le double jeu de Sydney avec un raisonnement tordu mais logique. Pour l’éliminer, Sloane imagine un plan machiavélique qui maintient l’angoisse dans le public, qui se révelera d’ailleurs être un splendide trompe-l’œil. De plus, l’ambiguité du personnage éclate lorsqu’il révèle à Sydney tous ses sentiments paternels à son égard. Sloane pense certainement ce qu’il dit, mais il le dit d’une telle manière que Sydney ait encore plus les chocottes. C’est gai. Pendant ce temps, les auteurs plantent un nouveau danger qui germera en temps voulu : Dixon percevant vaguement que Sydney ne prononce pas le bon nom de code. Le moment où il s’en souviendra risque d’être difficile pour Syd ! La deuxième mission concernant Ineni Hassan a pour origine une ironie mordante : Syd devant réparer les pots… qu’on lui avait ordonné de casser ! Côté Will, notre journaliste - via le gadget d’Eloise Kurtz - est aux prises avec des forces obscures qui le surveillent et se manifestent d’une manière… mystérieuse (Abrams’touch évidemment). Le mystère et la guerre psychologique font partie de l’arsenal d’Alias, qui l’utilise encore et encore, jusqu’au vertige. La preuve avec le terrible piège de Sloane dans lequel la CIA est prête à s’engouffrer. La minute de vérité semble durer une éternité, une vraie guerre de nerfs, et on en redemande ! Et c’est au moment où l’on croit Sydney hors de danger… qu’elle se trahit et se fait promptement capturer par le SD-6 ! (Ah, Marshall, pourquoi es-tu si vigilant ?!!). Le cliffhanger est tranchant. Ca ne peut pas aller pire pour Syd (en fait si…). Les infos supplémentaires Le film préféré de Will est La dame du vendredi (1940) d’Howard Hawks, film qui a décidé de sa vocation de journaliste. Ce film, représentatif de la screwball comedy (grosso modo, un couple conflictuel à la tension sexuelle pétillante est entraîné dans une farandole d’aventures loufoques), est connu pour le débit frénétique de ses dialogues, le plus élevé de l’histoire du cinéma (seul The Social Network, écrit par Aaron Sorkin, spécialiste des dialogues-mitraillette, tient la comparaison). C’est un classique de la comédie américaine, et une satire imparable du journalisme.
Scénario : J.J.Abrams et Vanessa Taylor Réalisation : Jack Bender Résumé La critique de Patrick Sansano: Jennifer Garner en bikini est la huitième merveille du monde. Peu sensuelle « au naturel » lorsqu’elle fréquente ses amis Francie et Tippin (Charlie n’a toujours pas réapparu), elle devient au kenya, malgré une perruque blonde qui n’était pas indispensable, un agent en forme et en formes. Cette immense sex appeal qui apparaît/disparaît montre bien la dualité entre la vie secrète et publique de Sydney. Elle n’est cependant jamais vulgaire, très loin des Pamela Anderson et autres bimbos, rappelant plutôt les bikinis des années soixante de Lynda Day pas encore George dans « Mannix » et « Cannon ». Sydney reste en bikini durant toute la séquence au Kenya, d'abord en maillot deux pièces, puis vêtue d'un paréo en guise de jupe. La critique de Clément Diaz: Le créateur de la série, accompagné de la caméléon Vanessa Taylor, compose un scénario qui encore une fois fait la part belle à la guerre psychologique plutôt qu’à la guerre des poings. Pour faire parler Sydney, Sloane s’appuie sur son humanité pour la mener à sa perte. Sydney n’échappe à ce piège que par un incroyable coup d’audace de son père. Dans le monde des espions, le culot est l’arme la plus redoutable. C’est là qu’on se rend compte de la différence entre le vétéran Jack Bristow et les « bleus » Sydney et Vaughn : il n’a aucun scrupule à sacrifier un « innocent » pour sauver sa fille : il n’y a pas de règle chez les espions. Jack désintègre encore Vaughn (scène brillamment dialoguée) à ce sujet. Un progrès cependant depuis Color blind : Vaughn mystifie Jack par un coup de bluff. On attendra quand même avant de chanter comme dans Ally McBeal, There’s a new man in town ! Le double jeu de Sydney, après l’ordalie, devient, on le sent, de plus en plus lourd à porter - elle manque de se trahir en face de Will. Dans cet épisode, Alias devient plus noir, plus dur, plus réaliste. Le résultat est excellent. Monstre horriblement humain, Sloane est fascinant et repoussant à la fois, sa tendresse envers Sydney fiche vraiment le malaise. Il fait par ailleurs une magnifique aria où il parle de l’ivresse exaltante de ses premiers triomphes, bien que fêlée par des pressentiments qui furent prémonitoires. Ron Rifkin est écrasant de talent. Au Kenya, Sydney (toujours fougueuse Jennifer Garner) arbore une de ses tenues les plus sexy, séduit une cible, casse la gueule d’un garde… la routine quoi. Mais on ne s’en lasse pas tant suspense, charme, et action se conjuguent efficacement. Will décompresse en cédant aux tendres assauts de Jenny. La persévérance paye on dirait ! On espère que Will en profite bien car pour la première fois, il entend parler du SD-6 par son informateur. Ca commence à sentir le roussi, et on vient presque à espérer qu’il échouera dans sa quête, ce qui est vraiment adroit de la part d’Abrams ! Le final à la Havane a un suspense du tonnerre qui s’amplifie quand Jack est forcé de passer une terrible épreuve de loyauté, objet d’un terrible cliffhanger… Les infos supplémentaires 11. ZONES D'OMBRES
Scénario : J.J.Abrams et Daniel Arkin Réalisation : Harry Winer Résumé La critique de Patrick Sansano: La critique de Clément Diaz: Depuis quelques épisodes, Alias a ralenti le tempo pour éprouver le spectateur autrement que par l’adrénaline des missions, et miser davantage sur la psychologie. The Confession va jusqu’à la limite possible de ce rallentendo, nécessaire pour creuser davantage les personnages, avant de relancer de manière cohérente la machine. Cela dit, l’épisode ne renonce pas pour autant aux bagarres, aux missions, et aux cliffhangers, celui de cet épisode étant particulièrement stupéfiant : il redistribue une nouvelle fois les cartes dans le jeu des intrigues de la série. De la même manière qu’Ann Talbot (Jessica Lange) dans Music box de Costa-Gavras, Sydney doit choisir entre servir la nation en dénonçant son père, ou le sauver. Ce dilemme tombe au plus mauvais moment, Jack ayant pris conscience d’avoir été trop distant avec sa fille et cherchant à se rapprocher d’elle. Cette valse-hésitation, d’habitude réservée à des couples amoureux, marche grâce aux compositions tout en nuances de Victor Garber et de Jennifer Garner, ici plus à l’aise. Il y’a aussi le fait que Sydney, frustrée d’amour dans son enfance, n’est jamais passée par la phase - obligée pour l’enfant - de l’idéalisation du père. Alors, lorsqu’à la Havane, elle a l’occasion d’observer son père en mode super-héros, elle trouve une sorte d’ersatz d’idéalisation qui la fait davantage l’aimer. Bien trouvé, mais Michael Vartan est trop fade pour nous faire croire à son personnage animé par la vengeance. L’idée est bonne, mais le traitement donne des scènes verbeuses et longuettes. Heureusement, les deux premières missions insufflent un peu de nerf. J.J.Abrams et Daniel Arkin se réveillent à la 32e minute avec Sydney s’introduisant dans la base d’armes d’Hassan… et qui se trouve bientôt dans un piège diabolique que le trafiquant avait soigneusement calculé ! La tension monte de vingt crans lorsqu’Hassan, mis en joue par Vaughn, joue un coup de poker mortel. Les scénaristes finissent par une révélation fulgurante qui prend totalement le spectateur à contrepied. Le cliffhanger est particulièrement tonitruant ! Les infos supplémentaires 12. JEUX DANGEREUX – 1RE PARTIE
Scénario : Jesse Alexander et John Eisendrath Réalisation : Jack Bender Résumé Sydney décide de quitter le SD6 après avoir appris que sa mère était un agent russe. C’est alors qu’une prise d’otages à lieu aux locaux du crédit dauphine, QG du SD6. Un ex-agent, Mc Kenas Cole (Quentin Tarentino), qui travaille pour « Le Monsieur », veut faire ouvrir le coffre fort personnel de Sloane.
Bénéficier de la présence pulp fiction de Quentin Tarentino amène certes de l’audience à « Alias », mais était-elle nécessaire ? On a le sentiment que le metteur en scène apporte son univers avec lui plutôt que de contribuer à l’édifice de la série. Dans cette première partie, il nous conduit à voir en huis clos une prise d’otage comme on en a vu des tonnes, et Sydney en est réduite à jouer dans les faux plafonds du building. Toutes les scènes impliquant Michael Vaughn dans son conflit interne à la CIA avec ses collègues sont vite ennuyeuses. Trop de protagonistes qui se disputent l’attention du chef Devlin, une psy qui brille par son inutilité, donnent envie au spectateur de passer à autre chose. Mais les minutes consacrées à ces intrigues s’éternisent. Même l’enquête de Tippin malgré l’arrivée de la fille de McNeil n’avance pas, l’ami de Sydney ayant décidé de renoncer à élucider la mort de Danny Hecht. L’effet paranoïa qui nous avait tant saisi se dissipe un peu avant de rebondir avec la clé d’une consigne. S’il y a de l’action, l’épisode est quand même très bavard. On abreuve le téléspectateur d’informations plus ou moins nécessaires, par exemple la mort du père de Vaughn, le passé de la mère de Sydney, ou celui de Cole. Tarentino est déjanté à souhait, mais il ne nous étonne guère. A trop vouloir manger à tous les rateliers, « Alias » au lieu d’une bombe accouche d’un pétard mouillé. Jack Bender filme dans une semi-obscurité lassante et inhabituelle pour la série qui nous porte d’habitude, même artificiellement, à la lumière des quatre coins du globe. Jennifer Garner en est réduite à jouer les agents de « Mission Impossible » pour faire descendre et remonter un fil aimanté. On se croirait dans un film de cambrioleurs, de rats d’hôtel ou dans la série « Opération vol ». Reste la confrontation Tarentino/Ron Rifkin. Elle ne manque pas de piment. Mais Sloane ne semble jamais vraiment en danger. Au poste où il est, chef du SD6, on se doute qu’il est un dur à cuire et les scènes de torture sont moins impressionnantes que le dentiste dans le pilote. On s’attendait à ce que Cole sorte de sa boîte des pinces, des tenailles et autres instruments de bricolage, qu’il crève les yeux ou arrache les dents de Sloane. Le premier segment de ce double épisode ralentit le rythme feuilletonnesque que nous avons eu jusqu’ici. La critique de Clément Diaz: Alias a les moyens de faire parler d’elle. Elle invite en effet rien moins qu’une guest star de classe exceptionnelle : Mr.Quentin Tarantino himself ! Ce scénariste-réalisateur surdoué a d’abord été un acteur ce qu’Alias se charge de nous rappeler. Et en effet, Tarantino nous fait un numéro mémorable. Toutefois, cet épisode ne mise pas que sur cette arrivée en fanfare, elle soigne son intrigue avec une incroyable invasion du SD6 par un groupe terroriste, intensité dramatique paroxystique à la clef. Les louvoiements répétitifs de Will sont cependant assez lourds. Après toutes les tentatives de Vaughn de se rapprocher de Syd, la voir soudainement le draguer crânement est assez comique et… inattendu ! Quant à l’invasion du SD-6, rien ne manque : destructions de caméra, gros lasers, gaz pour faire dodo… un plan parfaitement minuté. McKenas Cole a été écrit sur mesure pour Tarantino : humour à froid, airs décontractés, répliques déphasées, accès de rage… Alias introduit juste ce qu’il faut de Tarantino’s touch tout en conservant son identité (le comique et l’hémoglobine coulant à flots sont soigneusement absents). La guest star est régalante en chef vengeur, qui aime l’épate, assurer le show. Plus qu’un coup marketing, c’est un bon casting. Ses tirades à l’adresse de Sloane rappellent la règle d’or des grands méchants de séries du passé : avant d’exécuter, on cause. Une règle que le génial cinéaste a repris avec succès dans ses films (comme la mémorable première scène d’Inglorious Basterds). Et maîtrisée ici par Jesse Alexander et John Eisendrath. Par un sommet d’ironie, Jack et Sydney, piégés dans l’immeuble, n’ont d’autre choix que de sauver le SD-6 s’ils ne veulent pas que ça explose dans tous les sens ! Le corps de cet épisode est leur haletante tentative de désamorçage de bombes (Cole ignore que l’ouverture du coffre enclenchera l’explosion), ainsi que ce mystère : qu’y’a-t-il dans le coffre pour que Sloane (Rifkin, dans un rôle quasi muet, est plus magnétique que jamais, ses regards transpercent littéralement) soit prêt à tout faire sauter ? Il faut malheureusement supporter les états d’âme de Michael le boulet sur ses sentiments envers Sydney, ainsi que les dénis successifs de Will avant son laborieux rétropédalage. Heureusement, on finit par un cliffhanger très efficace ! Les infos supplémentaires L’épisode introduit le personnage récurrent de la charmante Judy Barnett, psychiatre de la CIA, jouée par Patricia Wettig ; et celui de Steven Haladki - un agent énervant qu’on adore détester - joué par Joey Slotnick. L’épisode introduit aussi « The Man » (« Le Monsieur » en VF), ennemi principal de la CIA et du SD-6 au visage inconnu. 13. JEUX DANGEREUX – 2E PARTIE
Scénario : Jesse Alexander et John Eisendrath Réalisation : Jack Bender Résumé La critique de Patrick Sansano: On attend une confrontation Sydney/Cole. Elle se fait attendre (rien dans le premier quart d’heure), mais l’on retrouve par contre avec plaisir les personnages de la vie privée de Sydney : Francie et Tippin, même si Francie est reléguée à un simple rôle de confidente (Il n’est plus question de son mariage avec Charlie). La déception est grande de ne pas avoir d’affrontement entre la Michelle Yeoh du pauvre et Sydney, Toni étant une improbable collègue de 007 (le SIS, secret intelligence service), que Cole tuera sans raison dans un accès de folie. Avec une clé de consigne, Tippin retrouve le rapport d’autopsie de la femme de McNeil. Pour le reste, on ne pointera pas de l’index ( !) Sloane qui sacrifie son doigt pour désactiver la bombe.La mythologie revient avec un flacon dont l’ivresse sera réservée à Vaughn et à la CIA qui la récupèrent. Les combats Cole/Sydney en deux manches sont bons, mais identiques à ce que l’on voit habituellement dans la série. Le scénario hautement improbable qui voit Sydney sauver Sloane, l’homme qu’elle est censée détester le plus au monde, n'est pas vraiment convaincant, c'était l'occasion ou jamais de le voir mourir. Fallait-il faire un épisode en deux parties si l’on tient compte des nombreuses et inutiles scènes de Sydney dans la structure du bâtiment ? « Jeux dangereux » laisse le temps au spectateur de tout comprendre quand la série jusqu’ici le bousculait avec deux à trois destinations et identités de Sydney par opus. La fin ouverte avec un Cole capturé vivant permettra un retour du personnage. Reste le nouveau méchant « Le Monsieur » dont on ne sait pas grand-chose à la fin du double épisode. Point négatif : Sydney en tenue de mécano si elle fait jouer ses muscles et brille dans les combats n’est jamais féminine ni sexy, un des atouts de la série. L’aspect glamour est complètement absent ici. Le rapprochement amoureux Sydney/Vaughn est cependant évident même s’il reste latent. En dehors de nous avoir montré un SD6 vulnérable, l’incursion Tarentinesque n’aura pas fait avancer l’intrigue. La critique de Clément Diaz:
La deuxième partie de The Box se caractérise par une plus grande importance donnée à l’action principale. Conséquence, l’intrigue de Will s’efface pour mettre au centre l’invasion du SD-6, plus naturelle à exciter les nerfs du spectateur. Alexander et Eisendrath font monter la sauce grâce à un compte à rebours explosif, un Cole de plus en plus dément, et un Sloane plus téméraire et héroïque que jamais. Le spectateur sort secoué de cette aventure trépidante et ne boudera pas l’absence de cliffhanger ! La CIA, par manque de preuves, ne veut pas intervenir. Heureusement, superagent Vaughn se rend lui-même au SD-6, dégommant une sentinelle en passant. Il est un poil énervé là ! Retrouvant Sydney, il « remplace » son père et ainsi, pour la première fois, nos deux compères agissent ensemble sur le terrain. C’est une réussite, car la scène du premier explosif est très bien écrite. Suspense et action ultra concentrés, réhaussés par la photographie clair/obscur de Michael Bonvillain. Et il y’a bien entendu un agent double dans la petite fête. En comptant Jack et Sydney, ça fait trois agents doubles dans le même lieu : du Alias pur ! Cole continue son fielleux numéro. Sa scène avec Sydney où il évoque cinq ans plus tôt les avances qu’il lui avait faites, est un superbe moment dramatique sous un vernis d’humour noir et d’autodérision. Cole est d’autant plus effrayant qu’il est en réalité ce que pourrait devenir Sydney si, comme lui, elle se laissait consumer par sa haine envers Sloane : une espionne sadique et sans morale. Un thème que Quentin Tarantino lui-même exploitera dans Kill Bill. Cole se révèle aussi un excellent combattant lors de son trépidant duel contre Sydney, épicé par ses répliques démentes. Sydney devra d’ailleurs réclamer une revanche pour l’arrêter. Mais le héros de l’épisode se révèle in fine être le chef du SD-6. Même sous la torture, il a le culot de provoquer Cole qui sous la pression perd son sang-froid (une scène un peu too much, mais efficace !). Mais surtout montre une détermination peu commune par une mutilation ahurissante. Si Sloane a peu de pitié envers ses semblables, il n’hésite pas à payer de sa personne quand les circonstances l’exigent. Le happy end est arraché dans la douleur, incluant un rare moment d’affection entre Jack et Sydney. Un double épisode vraiment réussi. Les infos supplémentaires Will déclare que, déguisé pour échapper aux filatures, il ressemble à Gabe Kaplan. Kaplan est un joueur de poker américain, qui après une modeste carrière d’acteur est aujourd’hui considéré comme un des plus grands maîtres de ce jeu.
Scénario : Alex Kurtzman et Roberto Orci Réalisation : Tom Wright Résumé La critique de Patrick Sansano: La critique de Clément Diaz:
The coup introduit un nouveau personnage récurrent, l’électron libre qui va semer une pagaille homérique dans tous les camps en présence, l’équivalent de l’Alex Krycek des X-Files : Mr. Julian Sark ! Malgré sa jeunesse (20 ans), David Anders le nimbe d’une présence brillante. Il ressemble beaucoup au personnage de Nicholas Lea : gueule d’ange, gâchette facile, humour pince-sans-rire, diplômé ès bluff… et punching-ball des bons comme des méchants. Toutefois, il se distingue par ses motivations, plus animées par ses intérêts personnels que par la vengeance. Par ailleurs, Kurtzman et Orci ont la géniale idée d’imaginer une collusion entre les deux vies de Sydney, et une dernière mission bourrée d’adrénaline s’achevant sur un des cliffhangers les plus spectaculaires de la série. Malheureusement, l’épisode traverse en son milieu un passage à vide soap opera, très hors de propos. Sydney voyant son idéalisation de la mère voler en éclats, commence à douter de son choix d’études, choisies en hommage à elle. Mais son dilemme intérieur est vite expédié en quelques scènes pleurnichardes. Une mini-intrigue pour rien donc. Will nous amuse en volant sans se faire voir un document secret. Les fiançailles de Fran et Charlie donnent une excellente première scène très Gilmore girls (dialogues frénétiques inclus), un twist plein d’effet sur la révélation de la double vie de Charlie… et une emmerde impériale pour Sydney qui les rencontre en pleine mission dans un luxueux casino de Las Vegas ! Cette « double mission » permet un suspense du tonnerre - d’ailleurs le thème du générique est ici réorchestré à la 007, on s’y croirait - et un numéro tordant de Carl Lumbly en joueur de poker bling-bling. Malheureusement, l’épisode dévie de sa trajectoire et enchaîne une rupture telenovela entre Fran et Sydney, avec un médiocre mélo (les souvenirs mièvres de Sydney et Jack). Lorsque c’est au tour de la sentimentalité niaise de Vaughn qui aimerait sortir avec Sydney, on a une furieuse envie de presser le bouton avance rapide. Heureusement, la coda voit l’entrée en scène du régalant Sark, et c’est peu dire qu’on est conquis. Le personnage et l’acteur sont plein de promesses. Le cliffhanger est haletant, avec une Sydney suspendue et prise entre deux feux. Wouf ! Les infos supplémentaires
Scénario : J.J.Abrams et Jeff Pinkner Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano: La critique de Clément Diaz: Page 47 a un scénario certes bien découpé, mais grêvé par des scènes de remplissage. Elle comporte néanmoins un morceau de bravoure avec une des missions les plus suicidaires de Sydney, où aucun garde, aucune bagarre, aucune arme n’est pourtant en jeu, ce qui n’empêche pas un superbe suspense. Les dernières secondes achèvent de faire basculer la série dans les lisières mystérieuses du Fantastique. Dès lors que Jack prend l’affaire en main pour « persuader » le journaliste d’arrêter les frais, il est impossible de s’inquiéter pour lui car Jack n’a pas le moindre envie de rétrécir le cercle social déjà restreint de sa fille. Cette histoire n’a donc rien d’effrayant. La scène de prison est meilleure quand Will sans le savoir mise sa vie sur un simple mot, et que Jack est impuissant à le protéger s’il fait le mauvais choix. La scène où Will largue Jenny (Sarah Shahi, plus torride que jamais) et Jenny largue Will dans un autre sens du terme, donnent une touche de comédie plutôt rare dans la série ! Le dîner chez les Sloane est le clou de l’épisode. Il permet de découvrir Emily (Amy Irving, très bien), épouse innocente du monstre. L’ironie aiguë qui voit Will serrer la main du chef du SD-6 ainsi que le père de Sydney qui lui a fait passer un sale quart d’heure est très bien trouvé. Les répliques volontairement anodines accentuent l’effet des gros plans de Ken Olin sur les trois espions attablés. Une autre facette de Sloane se fait jour, car le terroriste sanguinaire - dans l’épisode, il demande négligemment d’exécuter un prisonnier - montre une grande affection envers sa femme. Ron Rifkin joue en virtuose toutes les facettes de son personnage. La mission est remplie par un suspense frénétique quand Sydney fouille le bureau de Sloane. Quelques scènes gâchent cet épisode : celle où Sydney et Francie choisissent de retirer leurs alliances pue le soap estudiantin. La mission de Sydney en Tunisie ne provoque pas la moindre étincelle : Sydney ne faisant que neutraliser les gardes avec son spray anesthésiant, c’est tout. Toutefois, elle est divine en tenue de plage… Plus dommageable est sa naïveté toujours plus creusée : elle répugne cette fois de manipuler l’épouse de Sloane. On comprend que J.J.Abrams tient à nous montrer son idéalisme, mais là, notre cher agent flirte avec le non-professionnalisme. La fin désarçonnera tous les fans du show. Par ce cliffhanger renversant, Alias développe sa dimension Fantastique, laissant fan devant une foule de questions… Les infos supplémentaires 16. LA PROPHÉTIE
Scénario : John Eisendrath Réalisation : Davis Guggenheim Résumé La critique de Patrick Sansano: La critique de Clément Diaz: La foudroyante révélation du précédent épisode contraint John Eisendrath à faire un virage en tête-à-queue à propos de la conception d’Alias : la série d’espionnage teintée de Fantastique devient subitement dans cet épisode une série Fantastique avec un prétexte « espionnite ». Un renversement trop brutal pour être convaincant et qui fait de The Prophecy le premier coup de faiblesse de la série. Contrairement au duo Morgan-Wong qui modifia aussi brutalement la série MillenniuM en un seul épisode, Eisendrath se perd dans un bourbier mystique grandiloquent, et abuse de quelques facilités comme de voir la sérieuse CIA se pencher sur un problème « paranormal ». Le pompier de l’épisode s’appelle Ron Rifkin, soutenu par une immense guest star : Sir Roger Moore !! C’est un plaisir de retrouver ce grand acteur dans un rôle bien trouble ; et c’est par ce duo excellent que l’épisode évite le crash complet. Le tout est porté par la musique vaporeuse et maléfique de Michael Giacchino. L’épisode se résume surtout à du brassage de vent autour d’un faux suspense : Sydney est-elle le sujet de la prophétie de Rambaldi ? On se doute de la réponse, et les états d’âme de l’héroïne et de son père se succèdent sans fin. La série de questions du début est interminable, et ce n’est pas la mission-éclair au Vatican, expédiée en deux temps trois mouvements, qui va relever le niveau. Si Amy Irving accomplit une belle prestation en femme devant sa mort prochaine, ce n’est que du remplissage. Le cliffhanger sur le contenu de la prophétie est d’une pomposité ridicule. A peine immergée dans le Fantastique qu’Alias se caricature déjà, mauvais signe… On s’intéresse davantage à la petite intrigue voyant Sloane confronté à la possibilité d’une trahison d’un de ses amis au service d’Alexander Khasinau (le « Monsieur »). Même un monstre a sa part d’humanité, et Sloane répugne particulièrement d’en venir à des situations extrêmes, malgré les preuves de Poole (Roger Moore, distillant joyeusement le malaise). La scène du jardin public est remarquable de suspense et de drame latent. Le twist final est cruel et pour un peu, on aurait pitié de Sloane ! Tandis que nous découvrons l’Alliance, une assemblée d’hommes froids et méthodiques, qui n’est pas sans rappeler le Consortium X-Filesien ! La performance de Rifkin rachète en partie l’échec de cet épisode, exhalant un frisson glacial à chaque réplique. Les infos supplémentaires 17. QUESTIONS-RÉPONSES
Scénario : J.J.Abrams Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano: La critique de Clément Diaz:
Le prétexte ? Sydney est interrogée par le FBI - entre les X-Files et Alias, on remarque que l’institution n’est décidément pas traitée sous un jour ensoleillé - et chacune de ses réponses est décrite en images par un montage de flash-backs, un point c’est tout. Mais les dix premières minutes sont intéressantes car Sydney raconte plus précisément son intégration au SD-6 via des images spécialement filmées pour l’épisode. Abrams imagine une histoire convaincante étant donné le peu de temps qu’il lui est imparti - le clip-show bouffe 75% du temps - et peut se reposer sur une admirable guest star : Terry O’Quinn, qui cinq ans après le Peter Watts de MillenniuM interprète l’agent du FBI Kendall. Kendall est un agent cordial et réfléchi, mais son absence de compassion, et son ironie, en font un « interrogateur » éprouvant pour Sydney. Il n’est pas étonnant que J.J.Abrams se souviendra de lui dans Lost en lui offrant le rôle de John Locke. Abrams ayant conscience que tout spectateur rêve d’éclater la gueule à l’irritant Haladki (Joey Slotnick est parfait dans le rôle, une bonne sale tête), charge Jack Bristow de lui faire une petite correction quand Vaughn apprend ses secrets. Une fenêtre est ouverte sur le réel jeu d’Haladki : n’est-il qu’une veule crapule ou cache-t-il quelque chose de plus innommble ? Pendant que le clip-show défile, les spectateurs attendent avec impatience la résolution de la situation critique de Sydney, dont le double jeu s’effondrera si la CIA n’arrive pas à la faire évader. Ce sont toutefois les dernières minutes qui nous collent le plus à l’écran, avec une course-poursuite en voiture au final spectaculaire. Final qui amène un cliffhanger subjuguant, ouvrant de nouveaux horizons à la série… Les infos supplémentaires Syd déclare au début de l’interrogatoire Je n’ai rien à cacher, ce qui est rappelons-nous, la politique officielle du FBI dans les X-Files (tu parles…) comme le rappelle Skinner dans l’épisode X-Cops ! Dans la maison secrète du FBI, on aperçoit un panneau Authorized personnal only. Inscription qui aura une grande importance dans les deux dernières saisons.
Scénario : Roberto Orci et Alex Kurtzman Réalisation : Craig Zisk Résumé La critique de Patrick Sansano: La critique de Clément Diaz:
Masquerade ouvre un nouvel arc dans la Mythologie déjà bien remplie d’Alias. Le « cherche Maman désespérément » version Abrams fonctionne plutôt bien : affrontements, conflits d’intérêts, beaux numéros d’acteurs. Et l’introduction d’un ex de Sydney rafraîchit non seulement la valse-hésitation de l’héroïne entre Will et Vaughn, mais est empaqueté dans une intéressante intrigue d’espionnage. L’épisode se centre d’abord sur la réaction des protagonistes face à la survie de Laura. Sydney a viscéralement besoin de la retrouver, mais que peut-elle attendre d’une rencontre avec ce monstre si ce n’est chagrin et déception ? Ce conflit la rend émouvante, tandis que Jennifer Garner élargit sa palette d’émotions. Jack Bristow est encore plus à plaindre. Ses subits accès de colère envers Sydney et Sloane et son refuge dans l’alcool, sont témoins de sa confusion mentale. Syd doit user d’expédients retors (remarquable scène du bar) pour le remettre sur les rails. Son dialogue de sourds désespéré et manipulateur à la fois entre lui et Judy Barnett est mémorable. Face à un Garber fuyant, Patricia Wettig rayonne de fermeté et de charité. Sloane, toujours aussi paternel envers Sydney, trouble encore plus son image de Big Bad. Ron Rifkin est comme toujours monumental. La fusion inattendue de cette histoire et celle de Khasinau permet au tourbillon d’arcs de se simplifier sans perdre son efficacité. La mission à Vienne marche à l’accumulation si chère au duo Kurtzman-Orci : suspense haletant, arrivée de l’ex de Sydney, découpage de cadavre, bagarre sur une valse viennoise (comme dans L’Homme aux deux ombres des Avengers)... Peter Berg est un bon choix pour un Noah Hicks sympathique et mystérieux. On retient aussi la mission où Sydney est enfermée dans une pièce à - 150°C, Noah s’y montre efficace. Entre deux scènes, Will et Fran, tombent sur un billet compromettant de Sydney. Ca chauffe décidément dans tous les coins ! Finalement, comme s’ils avaient pitié, les scénaristes octroient à Syd une nuit d’amour avec Noah, bref répit avant qu’elle reparte dans sa spirale infernale. Un épisode dense et rythmé. Les infos supplémentaires Pas de cold open, le générique commence l’épisode après l’introduction. Seulement visible dans le pilote et finale de la saison 1.
Scénario : Jesse Alexander et Jeff Pinkner Réalisation : Barnet Kellman Résumé La critique de Patrick Sansano: « Alias » est un feuilleton, et à ce titre, il est difficile de noter bon ou mauvais les épisodes lorsque l’action est continue, suite de l’épisode d’avant et préquelle du suivant. Ici, les producteurs ont pris un film de mettons 90 minutes, ont coupé dans les bobines ou presque, de façon à rendre l’histoire impossible à déchiffrer pour le téléspectateur, tellement abreuvé d’informations et traversant le globe à toute vitesse qu’il n’a plus le temps de réfléchir. On a l’impression de traverser l’épisode comme une carte postale, sans prendre le temps de respirer. D’ailleurs, les couples dans « Alias » sont nus en train de faire l’amour et la minute (voire 30 secondes) suivante habillés, sur une improbable moto empruntée à James Bond ou à Ethan Hawk/Tom Cruise. On notera les hommages ou les « emprunts » divers, l’exfiltration des amants se passe comme celle de Claudine Auger et Sean Connery dans le final d’Opération tonnerre. La musique a très envie de ressembler à celle du James Bond theme ou de Mission Impossible. Alors, on regarde tout cela ébahi, sans avoir le temps de dire ouf, sans vraiment tout comprendre (dans cet épisode, entre Sydney et Vaughn, le nombre de destinations parcourues atteignent des records). La critique de Clément Diaz:
Noah a détourné de l’argent de la mafia, et veut l’utiliser pour fuir un monde trop chaotique, vers une île déserte avec celle qu’il souhaite pour compagne. Sydney est tiraillée par ce dilemme éternel qui touche tout homme : faut-il batailler dans ce monde alors que le combat est perdu d’avance ? Ou bien passer sa vie loin de la civilisation, au risque d’être « lâche ». Pendant ce temps, Sloane décide d’« interroger », Noah, synonyme dans Alias d’antichambre de la mort. Sale temps… La vidéo de Laura Bristow (Irina Derevko désormais) montre un personnage calculateur et sans pitié, bien joué par Natasha Pavlovich. Par conséquent, Jack se sent humilié et perdu et demande… un rendez-vous avec la psy ! Quel changement ! Alias multiplie les adversaires. Quoi de plus naturel dans un monde tentaculaire où chacun veut sa part du gâteau. Un tueur maniaque « l’iceberg » (le Snowman du titre) sème la désolation partout où il passe. Syd, elle, est occupée à faire de l’acrobatie mortelle, pendant que Noah se pète un bras. Tension maxima ! La frénétique recherche de Colder, objet d’un rebondissement central, n’est interrompue que par un autre moment de tension : Sydney confronté à son billet compromettant. Le seul et unique moment de calme de l’épisode est la scène Sydney-Noah au coucher du soleil. Et encore, on a l’intuition tenace que tout est trop beau pour ne pas finir mal. La baston cynégétique entre Sydney et l’iceberg est une des meilleures de la série, brillamment filmée par Barnet Kellman, mais le finish foudroiera le spectateur sur place. Cette tragédie finale, très dure, couronne un épisode addictif. Les infos supplémentaires Irina mentionne lors de la vidéo la phase 1 pour une espionne du KGB : ressembler à une américaine. Ce principe sera repris avec un résultat massivement surprenant dans l’épisode du même nom Phase Un (saison 2). 20. MAUVAISE POSTURE
Scénario : John Eisendrath Réalisation : Daniel Attias Résumé La critique de Patrick Sansano: A trop vouloir manger à tous les rateliers, « Alias » se fracasse. Notons que pour la première fois, Ron Rifkin joue faux. Lors des scènes avec sa femme mourante, lorsque l’on connait le passé d’Arvin Sloane, il est peu crédible. Jennifer Garner en burka est un crime contre la sensualité. On la préfère déshabillée. Le combat à coup de haches avec l’interlocuteur de Sydney, Mr Sark, bien trop jeunôt, est le combat de trop. Le script multiplie les invraisemblances : pourquoi Sydney dit elle à Francie qu’elle a fait l’amour avec Noah ? Rien ne l’y oblige. La rencontre Will Tippin/Jack Bristow frôle le ridicule. Bristow se confiant à un journaliste, voilà qui est très peu professionnel. On a le sentiment que les scénaristes ont oublié en cours de route que « Alias » est un feuilleton et ne soucient plus de cohérence. Comment Tippin peut-il croire comme un niais que Sydney n’a rien à voir avec les services secrets ? A force de faire avaler des couleuvres aux téléspectateurs (le combat à la hache avec Sark et la victoire impossible de Sydney), celui-ci comprend qu’il a été dupe. On passe donc à une fin de saison en dents de scie (un épisode avec quatre melons suivi d’un ratage). L’alternance Rambaldi/Laura Bristow finit par ne plus être un fil conducteur intéressant et suffisant pour maintenir l'intérêt. Le pire ici, c’est que les deux seuls bons acteurs de la série, Jennifer Garner et Ron Rifkin, contraints à jouer un scénario incohérent, perdent leur efficacité sur le téléspectateur. Emily, rongée par le cancer, n’est plus un danger, sauf pour l’Alliance. Comme l’épisode est chiche en cascades, que la plastique de l’héroïne loin d’être mise en lumière est cachée derrière une burka, on mettra un zéro pointé aux scénaristes. Le plus gros reproche que l'on peut faire à cet opus est de rendre inintéressante la captivante enquête de Tippin sur la mort de Danny. Ce fil rouge devient définitivement avarié. Quant à l'émotion, elle avoisine le niveau zéro, mais peut-on passer d'une atsmosphère bande dessinée/Lara Croft à l'espionnage réaliste sans la perdre en route, ainsi que le téléspectateur ? Et puis disons le franchement : on a le sentiment que cet épisode a été conçu sans tenir compte du précédent, où sont les larmes de Sydney pour Noah, son amant et assassin potentiel qu'elle a tué ? La critique de Clément Diaz: Le finale de la saison approchant à grands pas, les scénaristes doivent certainement se doper à la coke, parce que les scripts ne cessent d’aller crescendo dans l’intensité, la vitesse, le suspense, et l’action. Le cocktail déjà détonnant d’Alias devient de plus en plus frénétique. John Eisendrath fait monter la sauce en abattant toutes les cartes maîtresses de la série : Emily en danger fatal, cache-cache mortel avec Khasinau, soudain retour de l’enquête de Will, et une terrible collusion entre la CIA et le SD-6 débouchant sur un cliffhanger fulgurant, un des plus stressants qu’on puisse imaginer. Sydney, grâce à une Francie pour la première fois bonne à quelque chose, échafaude un plan en trois étapes pour faire sortir Khasinau de sa tanière ; sujet principal de ce brillant scénario. Cela nous vaut une nouvelle superbe mission où Sydney dégaine toute sa panoplie pour piéger tout un système de sécurité. On apprécie aussi les confrontations Will-Jack, toujours électriques. Voir Will toucher la Vérité du doigt fait vibrer le générateur d’intensité de la série. Dans la lignée de The Box, Sydney s’effraie d’être une nouvelle McKenas Cole à force d’être toujours motivée par une vengeance destructrice, c’est touchant. Emily sait que son mari est du SD-6 et le dit… dans une pièce truffée de caméras ! Du coup, Emily doit subir le même sort que Danny Hecht selon la loi de l’Alliance ! Voir Sloane en danger de subir la même épreuve que Sydney dans le pilote ne manque pas d’ironie. On tremble pour l’innocente Emily et donc par ricochet pour le méchant Sloane, ce qui est un maître coup de la part du scénariste. Amy Irving et Ron Rifkin sont excellents en couple soudé qui souffre de ne s’être jamais dit la vérité. Le final est dantesque avec le retour gagnant de ce fieffé gredin de Julian Sark, porté par un David Anders toujours aussi ardent et flegmatique. Le combat au Latajang est un concentré d’action étourdissant. Marshall rejoue une fois de plus les involontaires empêcheurs de danser en rond : grain de sable terrible enrayant le beau mécanisme imaginé par Sydney. Le marché entre la CIA et Khasinau est royalement perturbé par l’irruption dans la fête de Dixon, ce qui cause un cliffhanger infernal. Ca va péter ! Les infos supplémentaires
Scénario : Erica Messer et Debra J. Fisher Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano:
Il n’y a que dans « Alias » où vous vous battez à mort avec votre collègue pour le retrouver ensuite et lui parler de vos vacances à Palm Springs, sachant que vous vous êtes affrontés (Sydney avec Dixon) cachés. Les scénaristes composent ici avec un non-retour de Roger Moore dans le rôle de Poole. David Anders en Sark est un méchant improbable, il ressemble à…Bénabar. Anders n’a pas du tout la gueule de l’emploi. Alors que Khasinau/Derrick O’Connor oui. D’où une association improbable entre les deux hommes. Ensuite que Will Tippin se retrouve de Los Angeles à Paris continue à enfoncer la série dans un manque total de cohérence. Comme le père de Don Diego découvrant que son fils est Zorro, Tippin sait désormais à quoi s’en tenir à propos de Sydney. Mais c’est mal joué, invraisemblable et bâclé. C’est l’épisode où tous les masques tombent : Dixon avec la blessure au bras de Sydney comprend qui elle est en réalité. Le millesime 1982 Bordeaux demandé à Sark (on traite bien les prisonniers dans « Alias » !) contient un liquide émetteur , on se demandait aussi depuis quand un otage pouvait formuler d’aussi importantes exigences alors qu’il n’est pas en poistion de force . Sloane exprimant des regrets au sujet de l’assassinat de Danny Hecht est aussi convaincant que Jack l’éventreur qui demanderait pardon. J J Abrams est train de tuer sa poule aux œufs d’or. A noter qu’à la 39e minute, le metteur en scène Ken Olin n’est pas malin. Il fait passer sa main dans les cheveux à Jennifer Garner pour que son oreille ressorte, seul défaut de cette actrice sexy. La confrontation Sydney/Will Tippin est téléphonée et ratée, après vingt épisodes où l’héroïne a joué les fantômettes. C’est aussi la première fois qu’un cancer en rémission devient une mauvaise nouvelle dans une série. Cache ta joie, Sloane ! On reste sur un cliffhanger, mais à force de jouer avec le feu, « Alias » déraille et laisse le téléspectateur dépité. C’est gênant, quand on arrive au dernier épisode de la première saison. On connaît des séries qui ont été annulées pour moins que cela. La critique de Clément Diaz: Avec une précision parfaite, Rendezvous emboîte les lignes directrices en cours dans une remarquable fusion. En point d’orgue, la séquence-clé de Will apprenant enfin la Vérité sur Sydney et le SD-6. Dans cet épisode, on perd en vitesse ce qu’on gagne en suspense. Quel spectacle de voir nos personnages se prendre les pieds dans les fils de leurs destins, jusqu’à un cliffhanger d’une violente brutalité ! Passé un prélude plein d’action, on continue sur la lancée : Will brûle ses vaisseaux et joue à quitte au double ; on a peur pour lui, Sark nous régale d’une composition savoureusement ambiguë, entre veulerie, cynisme, et double jeu. Sa confrontation avec Sloane est de haut vol, et n’est pas dépourvue de noblesse. David Anders et Ron Rifkin jouent brillamment les gentlemen bluffeurs. Reste à savoir qui est le meilleur. Caprice des Parques, les fils du Destin se rejoignent tous dans un cabaret parisien. Dans son numéro de pépée fardée de partout (le déguisement le plus clinquant de la série !), Garner nous offre un très beau numéro musical. La collision avec Will est d’un effet titanesque : les deux vies de Sydney se télescopent de plein fouet. A peine le choc passé que nous apprenons l’identité de l’informateur de Will, un véritable coup de massue machiavélique ! Dans un déchaînement de bruits et de fureur, la destruction du cabaret semble coïncider avec celle de la double vie de Sydney. Un suspense vertigineux prend le relais de l’adrénaline. En plus de la ruse de Sloane, c’est précisément au moment où notre héroïne a une overdose d’emmerdes, que Dixon commence à se souvenir de sa gaffe en Argentine (épisode Mea Culpa). Pas de chance… Sloane éprouve des remords tardifs sur Danny. Le pauvre, on a envie de le plaindre quand la bonne nouvelle du médecin devient par un sommet d’ironie la pire possible. Le public, submergé par ce flot de rebondissements, en redemande tant la maxime Hitchcockienne est exacte : il aime être manipulé, secoué, agressé. Le pardon de Will envers Sydney est très touchant, mais ce calme instable est vite contredit par un cliffhanger sauvage flanqué à la gueule du spectateur ! Tout le monde est chauffé à blanc dans cette histoire, c’est le moment de conclure la saison ! Les infos supplémentaires 22. DANGER IMMÉDIAT
Scénario : J.J.Abrams Réalisation : J.J.Abrams Résumé La critique de Patrick Sansano: J’avoue que si j’étais le patron de la chaîne ABC, j’aurais annulé la série à la fin de ce consternant final, d’autres et bien meilleures l’ont été en fin de saison 1 (« Drôle de chance », « Tru Calling », « Profit ») dont jamais « Alias » n’a atteint le niveau. La série se termine sur un cliffhanger où beaucoup de personnages sont dans des situations incertaines voire désespérées. Mais dans le monde d’Alias, tout est possible, celui que l’on croit noyé par les eaux a pu se transformer en poisson (on va bien nous apprendre en saison 2 qu’il est le fils de l’homme de l’Atlandide pour le maintenir au générique ?), la personne à qui l’on a fait boire le bouillon d’onze heures va-t-elle réchapper ? En coulisses, les contrats se négocient avec les acteurs qui selon leurs exigences financières verront leurs personnages mourir ou survivre. Après avoir été d’un bon niveau pendant la saison, la fin de celle-ci est consternante. Crime suprême, lorsque Jennifer Garner porte un T shirt noir transparent, on la filme dans l’ombre ou en train de se battre alors que cela relèverait au moins le niveau de testostérone des téléspectateurs mâles. Autant voir un film de Clara Morgane, on en aura pour son argent. Parce que pour sauver la série du naufrage (si j’ose dire vu les flots dans le laboratoire de Khasinau), il en faudrait plus. La série commence comme « Nous ne sommes pas seuls », le pilote de X Files, et se termine (en une saison) dans un fatras d’intrigues assommantes comme X Files des saisons 7 à 9. Cherchez l’erreur ! On va quand même regarder vos saisons suivantes, histoire de voir si vous allez redresser la barre. La critique de Clément Diaz: En dépit de sa qualité, le finale de la saison 1, écrit et réalisé par le créateur de la série, laisse une impression d’imperfection. Les autres intrigues ayant connu une fin provisoire dans Rendezvous, il n’en reste qu’une seule : l’échange entre Will et les artefacts de Rambaldi. Or, le tempo rapide d’Alias repose sur la superposition d’intrigues. Conséquence : le finale se déroule à une allure absurdement tranquille. A son crédit, on notera la fastueuse réalisation d’Abrams, et surtout les six dernières minutes, qui mènent à une révélation qui éclate comme une bombe. Avec cet insoutenable cliffhanger, on comprend qu’ABC ait commandé une deuxième saison ! Retour en force du dentiste le plus sadique des séries télé. L’effrayant Dr.Zhang Lee, incarné avec une totale conviction par Ric Young, qu « s’occupe » de notre infortuné Will. Déduction : dès le pilote, Sydney n’a jamais cessé de lutter contre Khasinau, ce qui est une élégante manière de boucler la boucle. Ses scènes sont de loin les plus fortes de l’épisode avec un Will bientôt tout sanguinolent. Bradley Cooper est totalement possédé par son rôle, rendant crédible son coup d’éclat final plein de terreur et fureur… Lors de la scène d’échange, le flegme total de David Anders répond efficacement à l’humour noir du personnage de Victor Garber. Jack et Sydney jouent un culotté coup de poker. Autant le script a du mal à avancer, autant côté scènes de bravoure et numéros de comédien, c’est fromage et dessert ! On retient la puissante scène de l’exécution de la taupe de Khasinau par un Jack totalement envahi par la haine, Jack accordant enfin son respect à Vaughn, la confrontation Sydney-Dixon (grandiose Carl Lumbly), qui s’achève en suspens. Dommage que Vaughn soit réduit à jouer le rôle de remplissage bavard. La fin d’Emily, mise en scène comme un opéra, est pleine d’une sombre beauté. La voir pardonner à Sloane au moment de prendre le verre fatal rend l’arrachement encore plus douloureux. La scène est superbe d’émotion et de douleur, portées par les compositions à fleur de peau d’Amy Irving et Ron Rifkin. La scène finale renoue avec la testostérone avec une Jennifer Garner se lâchant totalement dans les combats. En seulement cinq minutes, la machine à électrochocs de J.J.Abrams secoue le spectateur à trois reprises : la vision de la « Circonférence », la tragique fuite en avant, et le cliffhanger époustouflant. Si vous n’êtes pas paralysé durant le générique de fin ; pincez-vous, vous êtes probablement déjà mort. Un finale au rythme trop lâche, mais aux scènes de bravoure étincelantes. La saison 1 (la meilleure) est terminée, rendez-vous à la saison suivante. To be continued ! Les infos supplémentaires Retour du dentiste Zhang Lee (incarné par Rick Young). June Litvack (la supérieure de Will) demande qu’on appelle « Orci au graphisme ». Peut-être un clin d’œil au scénariste Roberto Orci. Images capturées par Patrick Sansano. |
Saison 2 1. Ennemie intime (The Enemy Walks In) 2. Confiance aveugle (Trust Me) 5. Nouvelle génération (The Indicator) 7. Dangereuse alliance (The Counteragent) 8. Double jeu - 1re partie (Passage - Part 1) 9. Double jeu - 2e partie (Passage - Part 2) 10. Désigné coupable (The Abduction) 14. Trompe-l'œil (Double Agent) 15. Électron libre (A Free Agent) 16. Jugement dernier (Firebomb) 17. Talon d'Achille (A Dark Turn) 1. ENNEMIE INTIME Scénario : J.J.Abrams Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano La critique de Clément Diaz
Cette baisse est fortement marquée pour l’épisode d’entrée de cette saison. Les explosions des derniers épisodes de la saison 1 ont laissé nos héros plus ou moins sur le carreau. Ils doivent donc prendre le temps de se relever et se rejeter dans la bataille. Mais J.J.Abrams perd 30 minutes à rassembler les ruines, 30 minutes où il ne se passe rien, sauf des récits en flash-back. Il semble même perdre la main pour les missions, celle du jour étant furieusement bâclée, bourrée de grosses ficelles. Pourtant, l’épisode évite le naufrage par l’entrée en scène du personnage principal de cette saison : Mme Irina Derevko. Pour incarner cette impératrice du double jeu (voire septuple jeu), il fallait trouver une actrice expressive, intense, mais tout en introversion, qui sache passer sans cesse d’un sentiment à son contraire. Une exigence inouïe, mais Abrams a la main heureuse en s’adressant à une actrice d’art et d’essai, au métier solide et sans faiblesse, égérie du grand Ingmar Bergman. J’ai nommé, Mme Lena Olin ! Cette brillante comédienne, toujours aussi belle à près de cinquante ans, trouve immédiatement le ton juste pour incarner une femme qui respire le secret et l’ambiguité à chaque seconde. Elle est le prix de cet épisode. C’est ainsi que lors de son premier face-à-face avec Sydney, môman n’hésite pas à lui expédier une balle dans l’épaule. Il y’a quelque chose de pourri au royaume des Bristow… mais ensuite, le récit, haché par les flash-back, s’enlise dans une psychologie de bas étage : Sydney se divise entre inquiétude pour Vaughn, abattement dû au chaleureux accueil de sa mère, et culpabilité envers Will. Jack reste stoïque quand il apprend le retour d’Irina, Dixon est triste de ne plus pouvoir faire confiance à Syd, Will avale le calice de la honte s’il veut continuer à vivre, Fran et Sloane sont transparents. Bref, il ne se passe rien. Même la mission intercalée entre deux séquences bavardes est une bérézina pour Abrams qui semble l’avoir écrite en dix secondes sans se relire : espionnage sans danger, coïncidence un peu trop forcée de la réapparition de Vaughn, Khasinau qui assomme Sydney, puis qui la laisse tranquillement s’en aller… une accumulation de ratages qui inquiète. On retient juste Patricia Wettig, toujours convaincante dans son rôle de psy. Le créateur ne se réveille que tardivement avec la mission de Barcelone ; à la clé, un splendide duel Sydney-Khasinau, et le spectaculaire retour d’Irina, aussi convaincante en excitée de la gâchette qu’en sphinx méphistophélique. Elle commence déjà à faire du double jeu avec une théâtrale exécution sommaire. Lena Olin a une prestance subjuguante. La scène de l’enterrement bénéficie du vibrant éloge funèbre de Sydney. Le rebondissement final prend totalement à revers le fan, qui va essayer alors de décrypter les pensées d’Irina. Inutile de préciser que c’est perdu d’avance... Les infos supplémentaires Lena Holin (1955) – en 2002 elle faisait plus vieille, est une actrice suédoise qui a été notamment dirigée par Ingmar Bergman. L’épisode commence par un générique « à froid ». Lena Olin (Irina Derevko) est désormais créditée au générique. David Anders (Julian Sark) aussi, bien qu’il ne soit pas présent dans cet épisode ! 2. CONFIANCE AVEUGLE
Scénario : John Eisendrath Réalisation : Craig Zisk Résumé Au terme d’une cérémonie d’initiation plutôt surprenante, Arvin Sloane devient membre de l’Alliance. Laura Bristow s’est rendue à la CIA pour coopérer. Le SD6 recherche un CD Rom que Laura utilisait pour ses chantages et envoie Sydney en mission à Rabbat. La critique de Patrick Sansano La critique de Clément Diaz
Heureusement, l’épisode compte deux gros atouts : Lena Olin, qui campe avec génie l’impénétrable Irina, et le retour brillant de Terry O’Quinn, belle épine dans le pied de nos héros. La conjonction de ces deux talents donne quelques scènes savoureuses. Dois-je faire confiance à ma mère, qui ment, trahit, tue comme elle respire ? C’est la question que se pose Sydney tout au long de l’épisode. On est admiratif du culot énorme d’Irina, qui ordonne de ne parler qu’avec sa fille. Même en mauvaise position, Irina pose quand même ses conditions… et y réussit ! Les scènes les plus intéressantes de l’épisode sont bien sûr les siennes. Il y’a d’abord la scène où elle prend un plaisir pervers à tourmenter Vaughn dont elle a tué le père : chacun de ses regards, condescendant et amusé, est un poignard. Sydney subit pareillement ses ondes maléfiques, lors d’une scène aussi économe en dialogues que puissante en intensité ; le trait final est si pointu que Sydney fond en larmes. Entre quatre murs, Irina mène déjà la danse, ce qui donne une idée de ce qu’elle peut faire à l’air libre. Sydney semble la remettre en place dans la coda, mais le plan final fait froid dans le dos : Irina ne va pas se laisser faire ! Lena Olin maîtrise parfaitement le body language : sans paroles, elle fiche un malaise massif ! Le reste s’enchaîne en mode automatique : états d’âme lourdingues de Sydney, missions molles, bavardages interminables. Les scènes de l’alarme et de l’intronisation de Sloane dans l’Alliance manquent singulièrement de force. Terry O’Quinn reprend son rôle de pain in the ass : intransigeance, ordres indiscutables, froideur... Mais cela ne suffit guère à animer un script fade à zapper sans regrets. Les infos supplémentaires En VF, depuis le pilote de la saison 2, c’est un narrateur anonyme et non plus Sydney qui raconte en voix of ce qui s’est déroulé depuis la mort de Danny Hecht. Génériques dans une autre tonalité. Scénario : Alex Kurtzman-Counter et Roberto Orci Réalisation : Daniel Attias Résumé La critique de Patrick Sansano La critique de Clément Diaz L’outrance, l’exagération, la fantasmagorie, sont les composantes essentielles d’Alias. Le duo Kurtzman-Orci aimant inventer des histoires délirantes est donc particulièrement soluble dans cet univers. Cipher en est une théâtrale démonstration. Toutefois, il met du temps à décoller, et est entâché par quelques scènes maladroites. La partie d’échecs Irina vs. Sydney et Jack tient ses promesses. A Sydney, elle dit des remarques très maternelles, puis évoque franchement la balle qu’elle lui a tiré. A Jack, elle évoque leur vie maritale à laquelle elle prétend avoir pris goût. Le pire est qu’il ne s’agit peut-être même pas d’un mensonge. Les Bristow - surtout Syd qui s’accroche à l’infime espoir que sa mère ait changé - et le spectateur sont incapables de savoir ce qui est vrai grâce au jeu magistral de Lena Olin. Les auteurs développent en plus un nouveau mystère, concernant l’enfance de Sydney. Quelle ambiance ! L’épisode avance à un rythme assez lent, et parfois frise le ridicule comme avec la discussion Vaughn-Will, pas crédible psychologiquement. La séance d’hypnose est tellement tirée par les cheveux que le voyant « facilité scénaristique » clignote avec véhémence ; malgré le talent de Bradley Cooper. Le sans-cœur Sloane se laisse aller à des élégies mélancoliques sur son veuvage. Emily était le reflet de ce qu’il y avait de meilleur en lui, son amour pour elle était sincère. Et voilà que surgit un nouveau mystère : et si sa femme avait survécu au poison ? Car de curieux événements ont lieu ! On frissonne, affaire à suivre… Rifkin est comme toujours divin. Au niveau délire, on a rarement fait mieux avec Sydney en combinaison de super-héroïne, luge supersonique à la main, pour une mission pyrotechnique (trafiquer une fusée) à haute tension ! Un effet blockbuster pas déplaisant que les moyens conséquents de la série rendent possible. L’épisode passe la vitesse supérieure lors de la mission en Sibérie. On se demande comment Rambaldi a pu dissimuler une boîte en plein cœur du pays de glace à plusieurs mètres de profondeur ; mais Alias n’a de toute façon jamais prétendu être réaliste. La contre-attaque souterraine suivi du bref duel Sark-Sydney aboutit à un cliffhanger hallucinant. Hénaurme efficacité ! Les infos supplémentaires Erreur de montage. Quand Sark demande pourquoi les caméras sont coupées, il reste 18 minutes et 30 secondes au compte à rebours. 30 secondes plus tard, il reste 18 minutes… et 45 secondes ! Scénario : Jesse Alexander Réalisation : Guy Norman Bee Résumé La critique de Patrick Sansano La critique de Clément Diaz
Jesse Alexander accomplit un exploit : imaginer des intrigues toutes prévisibles dès la première image de chacune d’elles, les reliant par des scènes bavardes qui ressassent l’état des lieux. Le spectateur en est donc réduit à suivre l’épisode tout en sachant très bien ce qui va se passer. Malgré Lena Olin et un morceau de bravoure lors d’une mission à Moscou, Dead drop constitue bien le premier ratage de la série. L’affaire Emily n’avance pas d’un pouce. La seule révélation est que la personne qui a envoyé l’appel de l’épisode précédent se fait passer pour Emily Sloane ; un superbe pétard mouillé donc. Utiliser Dixon comme sous-fifre d’une sous-mission est insultant pour le personnage. Mais il faut bien justifier le salaire de Carl Lumbly… Jack n’a pas confiance en Irina, et la soupçonne de manipuler leur fille. On a envie de dire que c’est une surprise de taille, à part qu’il a dit exactement la même chose dans les deux épisodes précédents. Quand Sydney déclare qu’elle reste stoïque envers sa mère, on se demande si on a pas photocopié par erreur les épisodes précédents. La machination de Jack est certes un coup d’audace, mais ne surprend pas. Will fait la connaissance d’une (jolie) femme dont la paranoïa, la croyance ferme en les théories du complot fait penser à une recrue enthousiaste des Lone Gunmen ! Marisol Nichols est certes adorable, mais on devine sans problème le double jeu de son personnage, un peu trop provocateur. Will, désormais inutile, n’a plus que des banalités et des dénis à débiter. L’acteur gaspille ici son talent. Nous subissons aussi des bavardages incessants, touchant surtout Syd : qu’elle pleure dans les bras de son père ou sombrant dans le larmoyant vulgaire avec Vaughn. On retiendra juste la mission à Moscou, avec Sydney en officier soviétique austère. On pense à la Ninotchka de Cyd Charisse dans La belle de Moscou de Rouben Mamoulian. Sa confrontation électrique avec Sark (Anders est plus majestueux que jamais) et sa fuite éperdue, provoquent quelques sueurs froides. Irina/Lena continue à nous mystifier, plus perverse que jamais, sans franchir jamais la ligne jaune. Les infos supplémentaires Sark propose à Sydney de travailler avec lui. 5. NOUVELLE GÉNÉRATION Scénario : Jeff Pinkner Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano La critique de Clément Diaz
The indicator accomplit l’exploit d’être encore plus mollasson et prévisible que Dead drops ! Il en reprend les mêmes défauts mais ne dispose même pas de « morceau de bravoure ». Ken Olin réussit bien quelques jolis plans de caméra (le visage de Sloane se reflétant sur la boule de verre), mais ne peut animer un script aussi anémique. La première quart d’heure est d’un vide sidéral : Sydney remercie papa de lui avoir sauvé la vie, Jack est soulagé de voir la menace Irina s’éloigner, Vaughn qui devine le pot-aux-roses mais se fait rabrouer par Sydney en pleine idéalisation du père, Sloane persécuté par le « fantôme » d’Emily. On a déjà vu tout ça, et on s’ennuie. Après cet interminable incipit, on en vient à l’intrigue du jour, intégralement terne de bout en bout (pas d’action, suspense à deux balles). A part le brillant à lèvres lanceur de caméras miniatures de Marshall (!!), on ne retient que la vision insoutenable d’enfants entraînés sans leur laisser le choix à devenir de futurs espions. C’est le parangon de la cruauté de voir leurs vies déjà toutes tracées. On pourrait presque leur visser un casque « Born to kill » comme celui ornant l’affiche de Full metal jacket. On comprend tout de suite que Sydney a subi le même sort, mais on doit passer par le rebondissement qui fait flop de la pyramide-jouet, et une scène d’hypnose (encore !) superbement filmée, mais prévisible. Seule son explosion de rancœur envers Jack fait illusion. La deuxième mission, malgré un saut à la Spiderman, n’est pas meilleure. Vaughn apprend les agissements de Jack, il peut remercier les scénaristes, qui utilisent une des plus grosses ficelles de leur stock avec l’arrestation pile au bon moment du poseur de bombes de Madagascar. Michael Vartan reste fade, même si ses dialogues nous rappellent les licences prises par les USA avec les droits de l’homme quand il s’agit des terroristes. De petits soubresauts agitent ce scénario (explication Vaughn-Jack), qui retombe vite dans la vacuité. De son côté Will parle de ses camarades de désintox, et Fran fait une fête dans son restaurant. R.A.S. Ron Rifkin est toujours aussi génial, avec l’étonnante scène du vin rouge, aux perspectives frissonnantes. De toutes les mini-intrigues, c’est la seule qui retient notre attention. Pour le reste, cet épisode est vite oublié une fois fini. Les infos supplémentaires Allusion au 11 septembre 2001 faite par Vaughn à un terroriste : il n’a plus droit à un avocat et à un procès. Scénario : Roberto Orci et Alex Kurtzman-Counter Réalisation : Perry Lang Résumé La critique de Patrick Sansano Seuls les scénaristes de la série pourront nous répondre en temps et en heure. On notera l’absence de l’épisode de Fran/Merrin Dungey dont tout le monde se moque. Les échanges verbeux entre Bristow père et fille tournent vite à l’ennui mortel, il faut parfois se persuader que l’on est dans une série d’espionnage et non dans un soap opera. Les coups de théâtre sont la condition nécessaire pour maintenir l’intérêt du téléspectateur, et nous vivons une surenchère permanente de ceux-ci au mépris de toute crédibilité. Jennifer Garner a définitivement perdu toute aura, et l’on ne voit plus que ses défauts. Elle se révèle une piètre comédienne, éloignée des tenues affriolantes des missions des premiers épisodes. Faisant fi de toute crédibilité lors de l’enlèvement d’un sénateur, les scénaristes Roberto Orci et Alex Kurtzman-Counter nous infligent des aléas de script tellement aberrants que l’on peine à croire aux images qui nous sont présentées. Désormais dans « Alias », tout est possible, du point de vue écriture, mais pour le reste la qualité a été perdue en route depuis belle lurette. Rifkin fait ce qu’il peut, mais son jeu pertinent est noyé dans la guimauve ambiante Garner/Vartan/Garber. Où est le suspense dans tout cela, quand toutes les limites du script ont été dépassées ? Seul l’arc Emily Sloane parvient à nous sortir de notre torpeur. La scène montrant Sydney et son père en harmonie idéale sous les yeux de l’ennemi dans des identités d’emprunt est flagrante de l’accumulation de faux semblants et de poncifs amassés ici. Bonne nouvelle : ayant touché le fond du fond, « Alias » ne peut que remonter. La critique de Clément Diaz
Rupture ouverte entre Jack et Sydney, que Sloane envoie en mission sous une couverture ironique : Syd va donner un rein à son papa chéri. Super… Leurs scènes communes, adroitement dialoguées, comptent parmi les meilleures de l’épisode. Il est surprenant de voir Jack les larmes aux yeux, presque suppliant (Victor Garber craquèle avec succès sa froideur monolithique). Jennifer Garner, se débrouille bien, chaque mot qu’elle lâche est comme un poignard, particulièrement lors de la scène de l’avion où elle refuse de lui pardonner. La douloureuse confession de Jack devant sa fille larmoyante est certes cliché, mais sonne juste grâce aux jeux des comédiens. La mission de Genève est passionnante : Sydney se transformant en Lara Croft dégainant flingues et mandales deux par deux, gadgets en folie, vision insoutenable d’un quasi mort-vivant contaminé par le virus. Irina est absente mais son ombre s’insinue dans chaque scène : il semble qu’elle aille droit vers la mort, et qu’elle fasse tout pour accélérer les choses ; mais Jack devine le plan supra-tordu qu’elle a en tête. Il ne peut toutefois pas l’empêcher et effectivement, Sydney tire Irina de ce mauvais pas. Ce jeu complexe de sentiments et de psychologie est très stimulant, et on se réjouit de retrouver Irina qui peut reprendre son jeu de chat et de la souris. Le rebondissement de la sphère de Rambaldi produit un sacré coup de tension, mais est immédiatement gâché par la scène niaise et ridicule de quarantaine (Vaughn ne cesse d’affadir tout ce qu’il touche). Le cliffhanger est par ailleurs bien faible. L’intervention deus ex machina de Sydney sur le sénateur n’est pas crédible un seul instant. D’une manière générale, beaucoup de séquences s’étirent en longueur, dont la coda, et Fran et Will font tapisserie. Ron Rifkin nous livre un de ses numéros dont il a le secret lors de l’apparition (fantasmée ou réelle ?) d’Emily. Le suspense demeure. Un épisode très délayé, mais quelques bons moments. Les infos supplémentaires 7. DANGEREUSE ALLIANCE Scénario : John Eisendrath Réalisation : Daniel Attias Résumé La critique de Patrick Sansano Jennifer Garner a atteint un seuil de médiocrité tel qu’elle rate toutes ses scènes, dont la plus ridicule restera sa transformation aussi improbable en japonaise que celle de Sean Connery vers la fin de « On ne vit que deux fois ». Terry O’Quinn aurait le talent potentiel pour relever le niveau ambiant et ne pas laisser tout le poids de l’épisode à Rifkin, mais son personnage d’agent Kendall reste malheureusement très secondaire (Il prendra sa revanche chez J J Abrams dans « Lost »). Nous avons toutefois quelque espoir que la série sorte de l’enlisement constaté par l’intrigue érodée avec le partenariat Sark/Sloane. La critique de Clément Diaz
Il y’a certes les scènes guimauve Sydney-Vaughn, ou la scène d’hôpital qui s’éternise. Mais Eisendrath assure le reste, avec action et suspense à gogo. Lena Olin nous donne une masterclass de comédie : en plus d’éblouir par sa beauté, elle exprime en même temps plusieurs sentiments différents : perversité à l’idée de diriger la danse, intérêt maternel dont on ne sait s’il est feint ou pas, curiosité malsaine sincère ou pas sincère, le tout sous une sérénité de surface. Le génie de l’actrice prend des proportions ahurissantes. Les deux scènes où elle asticote Vaughn sur ses sentiments envers sa fille forment une épanadiplose bien piqûante. La mission en Estonie est plaisante à suivre, surtout lorsque Sydney déclenche elle-même l’alarme pour obtenir l’antidote, avant de se faire capturer par un Sark, toujours aussi mielleux et classe. Il cause calmement avec son ennemie avant de lui laisser un choix délicieux : ou tu crèves, ou tu collabores. Sark se montre d’une politesse d’autant plus frappante qu’elle est sincère. David Anders nous régale. Le séjour au Japon est agréablement dépaysant. Sydney en geisha rentre immédiatement dans le top 5 de ses couvertures les plus improbables. Les somptueux décors bucoliques et la réalisation de Daniel Attias créent une sorte de paradis terrestre, troublé bien évidemment par Sydney en ange exterminateur sensible : l’idée de contribuer à tuer un homme sans l’excuse de la légitime défense rappelle que son statut d’espion n’a pas brisé ses valeurs humanistes, même envers un méchant. L’affaire des tests truqués aboutit d’abord à une impasse, avant de se révéler au grand jour. Finement joué ! Le rebondissement final, plein d’humour noir et de mystère (qu’y’a-t-il d’écrit sur la feuille de Sark ?), augure bien des promesses. Les infos supplémentaires Michael Vaughn annonce à Sydney qu’il a renoué avec son ex, Alice (Petra Wright) 8. DOUBLE JEU - 1RE PARTIE Scénario : Debra J. Fisher et Erica Messer Réalisation : Ken Olin Résumé
En somme, le niveau ici ne s’élève pas plus haut qu’un jeu vidéo. On sait d’avance que plus le piège est grand, plus invraisemblable sera la façon d’y échapper des « gentils ». L’intérêt pour le feuilleton a atteint le stade de l’encéphalogramme plat. L’embêtant, c’est que l’on se dit que l’on n’est pas assuré à ce producteurs et scénaristes nous proposent encore pire. La critique de Clément Diaz
L’épisode dégaine un atout maître : Irina Derevko sort de sa cellule ! L’épisode bénéficie d’une « grande mission spéciale », qui se développe pendant plus d’un épisode. Avant cela, Passage développe une mission originale, quelques confrontations entre personnages haut en couleurs, et deux mini-intrigues sur Will et Sloane, toujours mystérieuses. On regrettera juste l’absence de cliffhanger. Pendant que Sark fait d’amusants efforts méritoires pour prendre du bon temps avec une Sydney pas super enthousiaste (Anders a un don pour jouer un flegme typiquement british), Irina reclame deux jours de liberté pour aider la CIA ! Le jeu dangereux auquel elle joue est captivant. To bluff or not to bluff ? En même temps, Sydney se déguise en cadavre pour infiltrer une morgue ouzbek. La mission se déroule avec suspense et action ! Irina quant à elle sème un malaise monstre lorsqu’on lui accorde sa liberté. Le fait qu’elle ne semble pas impressionnée par le collier piégé que Jack force à lui mettre, en dit long sur son sang-froid ! Dans cette scène, elle lui fait un numéro de charme, qu’elle réitère dans le train quand elle apparaît en soutien-gorge. Mais à chaque fois, impossible de savoir si elle agit volontairement ou non. Lena Olin est grandiose à chaque scène. Si l’enquête de Will ralentit soudainement, on apprécie que l’affaire Emily prenne un tour inattendu : Sloane recevant par la poste un cadeau macabre ! On a rarement vu le chef du SD-6 aussi mal en point. Cela explique sans doute qu’il se déchaîne contre le pauvre prisonnier, loque décomposée par le virus de l’épisode précédent qui nous révulse. Ron Rifkin extériorise un peu plus son jeu, ce qui ne le rend que plus intense. La mission finale voit la famille Bristow collaborer ensemble, crises de bec au menu. On remarque que c’est la première fois que les trois acteurs sont dans la même scène. L’embuscade des soldats est l’occasion pour Irina de dérouiller des bad guys à la sulfateuse. Spectaculaire ! Toute cette mission se déroule avec intensité. La fin de l’épisode montre le trio obligé de se faire mutuellement confiance. C’est peut-être ça, finalement, la vraie mission de nos personnages. Les infos supplémentaires La séquence narrative présentant rapidement les personnages principaux est supprimée à partir de cet épisode. 9. DOUBLE JEU - 2E PARTIE Scénario : Crystal Nix Hines Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano La critique de Clément Diaz
La deuxième partie confirme les promesses de la première, l’intrigue centrale étant riche en rebondissements et en suspense. Grâce encore une fois au numéro d’Irina Derevko qui nous régale d’un incroyable triple jeu. L’affaire Emily prend un tour insoupçonné. Au final, ce double épisode affirme la remontée de la série. La vadrouille ensoleillée au Cachemire alterne avec adresse dialogues coupants et conflictuels - chacun des époux ennemis voulant prendre le contrôle des opérations, obligeant Sydney à faire preuve d’une inattendue autorité - avec détente provisoire (la belle scène du train). On repasse à l’adrénaline avec le comité d’accueil qui reçoit nos héros en grande pompe (tirs de kalachnikov), puis à une éprouvante scène où Jack atterrit sur une mine prête à exploser. La musique de Michael Giacchino se marie comme toujours au moindre soubresaut de l’intrigue. La scène d’infiltration est le plat de résistance. Irina encore une fois demande la confiance absolue à ses équipiers, ce que ses derniers lui accordent plus par contrainte que par choix. La tension ne cesse de monter jusqu’au deus ex machina central qui claque sèchement. Les trahisons à répétition d’Irina sont une excellente idée, Lena Olin passe d’un sentiment à un autre avec une facilité désarmante. Quant à l’artefact de Rambaldi, le plus incongru que l’on puisse imaginer, il semble être un canular… avant de se révéler être la preuve de l’objectif ultime du créateur prophète ! Malgré tout, Hines ne peut éviter que Vaughn sabote quelque peu son scénario. L’épisode se finit d’une manière qu’on avait certainement pas attendue. Après 9 épisodes, nous ne savons toujours rien du plan secret d’Irina Derevko. Du J.J.Abrams pur ! Sloane reçoit une demande de rançon pour que les ravisseurs libèrent Emily. Mais absolument RIEN ne va se passer comme prévu : les auteurs n’ont pas perdu la main pour nous prendre à revers systématiquement ! Bref, un épisode plein de surprises. Les infos supplémentaires 10. DÉSIGNÉ COUPABLE Scénario : Alex Kurtzman-Counter et Roberto Orci Réalisation : Nelson McCormick Résumé La critique de Patrick Sansano
Avec l’arrivée de Faye Dunaway, Ron Rifkin doit se sentir moins seul comme « bon comédien » dans la série qui n’en compte guère (Un Terry O’Quinn au rôle très limité). Malheureusement, l’épisode nous entraîne d’emblée sur une scène digne de « Beverly Hills » où Sydney et Tippin rencontrent Vaughn et Alice. Sourires embarrassés, échanges plein de niaiseries et de guimauve. Autre idée saugrenue de l’épisode, envoyer en mission Flinkman, Kevin Weisman étant hautement ridicule. La critique de Clément Diaz
The abduction pose un coup de frein à la remontée de la série, il tombe dans un trou d’air où il ne se passe rien à l’exception de l’ébauche d’un nouvel arc, portée par un nouvel invité de marque : Mrs. Faye Dunaway !! Ainsi que deux missions accrocheuses. La deuxième voit la première expérience sur le terrain de… Marshall ! Le duo Kurtzman-Orci abuse tout le long des points noirs de la série : confidences interminables de Sydney à Will, scènes Vaughn-Sydney toujours aussi soap, bavardages intempestifs. On apprécie cependant le sale moment que Sloane fait passer à Sark. Armé d’un culot et d’une prétention outrancières, Sark fait pendant leur mission du charme à une Sydney dégoûtée. Elle a beau le repousser, il reste toujours optimiste. Anders a vraiment saisi ce personnage, aussi flingueur que décontracté. Faye Dunaway, grand sex-symbol des années 60 et 70 (L’affaire Thomas Crown, Bonnie and Clyde, Network…), au talent aussi démesuré que son amour pour le botox (c’est visible dans cet épisode), nous régale d’une composition acérée, où la politesse de façade d’Ariana Kane cache à peine sa misanthropie (voire sa misandrie). Soupçonnant Jack d’être une taupe, elle le cuisine avec entrain. Leurs joutes verbales sont brillamment dialoguées, une quasi guerre des sexes ! Bon, c’est une répétition de Time will tell en remplaçant la fille par le père et McCullough par Ariana, mais cette reprise est plus ornée, plus développée, et convainc autant que la précédente. Ces bons moments, bien que gâchés par des scènes inutiles ne sont que des préparatifs à la vraie grande idée des scénaristes : Marshall sur le terrain ! Totalement inexpérimenté, Marshall forme un duo détonnant avec Syd. Ses gaffes sont autant de boulets que doit traîner l’héroïne, et cela met une tension supplémentaire. Malheureusement, Kevin Weisman caricature à l’excès son personnage déjà excessif, sombrant souvent dans le ridicule. Excellente idée toutefois du baiser de Sydney qui fait redémarrer le cerveau de son partenaire. Et on ne peut nier que Garner et Weisman s’entendent à merveille. La coda où Marshall se fait kidnapper et se retrouve face à une vieille connaissance produit un cliffhanger qui fait vraiment peur ! Les infos supplémentaires Sydney raconte sa mission à Tippin, alors que de pareilles révélations ont provoqué la mort de Danny. Le générique n’intervient qu’après 17’40. C’est le plus tardif de la série. 11. SABLES MOUVANTS Scénario : John Eisendrath Réalisation : Guy Norman Bee Résumé La critique de Patrick Sansano Notons que Dixon enfin est revenu au niveau d’importance dont il bénéficiait dans les premiers épisodes de la saison 1. Le feuilleton « Alias » ne surprend plus personne. Les rebondissements sont devenus des passages obligés, mais les scénarii se ressemblent tous laissant chaque fois une marge de manœuvre pour rattraper les incohérences des cliffhanger. La rédemption d’Irina atteint les sommets du ridicule. Nous retrouvons ici la morale américaine très manicheïste. En coulisses, des histoires d’amour dignes de « Melrose Place » ou « Beverly Hills » nous montrent la pauvre Sydney aux prises avec les déceptions, les espoirs, Fran servant bien malgré elle de commère pour informer Tippin lui aussi amoureux transis. On se demande combien de temps cet édifice va pouvoir tourner à vide encore, l’arc Rambaldi étant selon les épisodes sollicité ou négligé. Les combats n’étonnent plus personne et deviennent des redites, en fait une simple marque de fabrique de la série. Sydney parle toutes les langues, le bulgare, le vietnamien, laissant dans ce domaine même 007 très distancé. C’est de la bande dessinée mâtinée de soap opera et d’action frôlant souvent l’ennui. Série surestimée, « Alias » a peu de chances de rester dans les annales. Produit de consommation immédiate, sans aucune ambition pour s’ancrer dans la durée, elle lasse vite le téléspectateur. Même avec des guest stars comme Faye Dunaway. La critique de Clément Diaz
L’affaire des écoutes téléphoniques illégales des pays européens par les Etats-Unis en 2013 a rattrapé en partie la fiction. Le fameux « serveur échelon », service de surveillance mondial qui viole les plus élémentaires lois sur la vie privée, s’intègre parfaitement à la paranoïa d’Alias, et contribue à rendre son univers toujours plus dystopique alors qu’il est si proche du nôtre, toujours plus « Big Brotherisé ». Les deux intrigues de John Eisendrath : Ariana harcelant Jack, et la course à la mort pour retrouver Marshall, poussent le suspense à son paroxysme. Encore une réussite. Ariana Kane est proche de la Diana de Network (peut-être son plus grand rôle) : misandrie latente, détermination dévoyée, dominatrice sournoise… elle martyrise ce pauvre Jack à tel point que ni son sang-froid ni la CIA ne peuvent le sauver de ses griffes, en dépit d’une logistique impressionnante. Le rendez-vous qui dégénère provoque des sueurs froides et laisse le tout en suspens. L’actrice est fantastique. On adore aussi Sloane, aussi concerné par le sort de Marshall qu’une bouteille vide. Passons vite sur Will et Fran (Merrin Dungey est sublime). La mission au Vietnam, se déroule à vitesse grand V, et est aussi trépidante qu’on l’espère, car Sydney doit non seulement s’infiltrer chez l’ennemi, mais aussi prendre de court Dixon. La tension ne cesse de monter avec le dentiste sadique (Ric Young est toujours aussi terrifiant) qui fout une pression monstrueuse au pauvre Marshall. Ce dernier, bien qu’en danger de mort prépare en secret un double coup fourré, d’abord en parvenant à prévenir le SD6 où il se trouve, et surtout un excellent twist final qui prend tout le monde de court ! Après une première scène frissonnante, Irina s’invite dans la bataille en soutirant à Kendall un accès illimité à Echelon. Tout au long de l’épisode, on redoute un coup fourré de la belle, ce qui provoque un deuxième suspense qui s’ajoute au premier (sera-t-elle plus rapide que le SD6 ?). La mission « il faut sauver le soldat Marshall » fouette le sang, et on apprécie que ce soit l’inventeur qui trouve la pointe finale qui sauve la vie à lui et à Sydney. Toutefois, le cliffhanger final, purement psychologique, ouvre un nouvel abîme sous les pieds de Jack. Paf ! Les infos supplémentaires Le dentiste se déplace désormais en fauteuil roulant. 12. MAÎTRE-CHANTEUR Scénario : Jeff Pinkner Réalisation : Lawrence Trilling Résumé Jack Bristow est soupçonné par l’Alliance d’avoir enlevé et tué Emily Sloane. Arvin demande à Sydney de récupérer un gyrocompas. Vaughn se voit reproché par la jeune femme de revoir Alice. Sloane a peur d’Ariana Kane et avertit Jack Bristow qu’il l’a livré. Ariana soupçonne Sydney et Dixon d’être des traîtres. Mais ses agents localisent Sydney avec Vaughn.
Enfin un bon épisode que l’on doit d’une part à un scénario plus cohérent, mais surtout à une superbe prestation de Ron Rifkin. Il est ici quasiment de toutes les scènes et a un autre panache que les héros. Il nous réserve une suprise finale dont bien entendu il n’est pas question de parler ici. On regrette de voir partir Faye Dunaway, tellement plus séduisante que la nunuche Miss Garner. Rifkin ici nous offre la séduction du diable, semblable à celle d’un Christopher Lee. Terry O’Quinn malheureusement voit son personnage réduit à de simples apparitions, alors que nous avons des overdoses du bellâtre Michael Vartan omniprésent. Alias-feuilleton nécessite impérativement d’avoir vu « La Prophétie » (01-16) puisque le personnage (tué) de Jean Briault a ici un rôle crucial dans l’intrigue. Démon, Arvin Sloane a de bons côtés. Certes, Hitler devait être galant avec Eva Braun. Mais ici la séduction du serpent est tellement plus convaincante que celles des tourtereaux Sydney-Vaughn complètement insipides. Victor Garber malheureusement stagne dans son personnage de Jack Bristow sans grande étoffe. Notons que certaines scènes sont tout de même prévisibles : Ne jamais rendre un grand service à Arvin Sloane en lui permettant d’être à l’abri de l’Alliance, vous vous condamnez immédiatement à mort même si avec un beau sourire, il vous tend une mallette de billets verts. Avec un silencieux, il vous rendra vite muet comme une tombe. Certes, il est le parfait s alaud. Mais le comédien lui donne une telle conviction, quand les autres se contentent de cachetonner de façon éhontée. Sydney en punk n’est pas crédible une seconde, elle reste une jeune fille de bonne famille coincée et bien sous tous rapports. Bradley Cooper est ici inexistant, avec son emploi improbable au sein de la CIA. Départ un peu trop hâtif de Faye Dunaway (elle demandait trop cher ?) tandis que nous sommes sceptiques devant la rédemption d’Irina qui n’a aucune cohérence. La critique de Clément Diaz
Infernale machine à twists, The Getaway accumule les rebondissements à un tempo extrême. Action et suspense s’entrechoquent violemment, et pour la première fois, le duo Sydney-Vaughn convainc un peu plus. Le premier twist est une excellente astuce, mais le deuxième qui suit est encore plus spectaculaire, obligeant le spectateur à revoir les douze premiers épisodes de cette saison d’un tout autre œil ! C’est une des plus grosses surprises imaginées par Alias ! Plus menaçante que jamais, Ariana Kane est sur le point de réduire en miettes les Bristow. Faye Dunaway est effrayante en démon vampirique ; on regrette qu’elle nous quitte déjà. Jack s’ouvre à Irina qui lui indique la marche à suivre pour sortir de ce guêpier. Entre les époux ennemis, l’heure est à la détente, presque à la camaraderie. Lena Olin cependant, ne renonce pas à son ambiguïté qui - on s’en doute - éclatera tôt ou tard. En attendant, le courant passe très bien avec Victor Garber, ici à son avantage. On retient la première scène où il se bagarre dans un cinéma avant d’être secouru par sa fille dans un amusante inversion de la scène du parking du pilote ! La mission de Syd (très bien écrite) la fait se métamorphoser en punkette. Garner se lâche totalement dans un rôle rentre-dedans. Surprise du chef : toutes ses scènes avec Vaughn sonnent juste, surtout la scène de dispute. La scène du restaurant dose très bien hésitations, discussions anodines... et coups de feu car dans Alias, les plages de repos ne durent généralement pas longtemps ! Si le retour de Weiss plombe l’épisode en dialogues vaseux, on goûte fort son rôle de conseiller séduction ! Un peu de comédie et de tendresse, et on croit mieux au couple Sydney-Vaughn. Les avances discrètes de Sydney (la clé de l’hôtel) sont assez pétillantes ! Le défilé de twists ne cesse de nous tenir en haleine (de quel côté est Sloane ? Révélation du maître-chanteur, le compte bancaire, la capture de Jack, le manipulateur manipulé…), et aboutit à une révélation finale en feu d’artifice. Cette nouvelle donne nous fait pressentir que la série est sur le point de tout changer, de basculer dans une nouvelle ère. Abrams va le confirmer ipso facto dès l’épisode suivant. Les infos supplémentaires Petite erreur de continuité ici : le gyrocompas doit être récupéré à Berlin et c’est à Nice que Sydney se rend. Le film projeté au cinéma où se rend Jack au début de l’épisode est un film de 1950 : Mort à l’arrivée de Rudolph Maté (D.O.A en anglais). Scénario : J.J.Abrams Réalisation : Jack Bender Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Même si Jennifer Garner n’est pas vraiment crédible en dominatrice, le spectacle vaut quand même le détour dans la scène d’introduction qui finit sur un cliffhanger avant qu’on revienne 24 heures plus tôt. Bon, si Alias se met à mettre des cliffhangers dès le début… En tout cas, on est immédiatement scotchés au fauteuil. Une fois passée une scène peu digeste de Vaughn et Sydney faisant le point sur leur relation, place à l’action ! D’abord psychologique, avec la rencontre Sydney-Geiger, remplaçant de Sloane. C’est la talentueuse guest star Rutger Hauer qui l’incarne. Une célébrité de plus dans Alias, une ! Geiger sonde Sydney, et dès le premier coup d’œil comprend qu’elle est pas nette : encore plus efficace qu’Ariana et Dreyer ! Geiger perce à jour le double jeu des Bristow, et capture et torture Jack en un éclair. Quel suspense ! Le spectateur partage l’excitation de ses héros à l’idée que l’Alliance et le SD-6 soient détruites. Que ce soit Sark qui livre négligemment la clé à Sydney ne manque pas de piquant. La mission de Sydney est une des plus captivantes, J.J.Abrams est clairement à son meilleur niveau. Les cascades fulgurantes à l’intérieur de l’avion sont tétanisantes, Garner se donne à fond ! Entre deux scènes à la testostérone, nous avons droit à la grande grande révélation sur le SD-6 de Sydney à Dixon. Stupéfié, anéanti de voir son monde s’écrouler, Dixon est le personnage-clé de l’histoire, celui qui va débloquer la situation. Carl Lumbly fait une performance mémorable : jouant sans outrance mais avec force le déni, la colère, l’abattement, et la résignation, il signe une sacrée revanche contre sa mise à l’écart en cette saison. On peut voir toute son émotion quand il s’apprête à appuyer sur le bouton qui va tout bouleverser. Entre deux séances de torture éprouvantes (Hauer fout vraiment la pétoche), la CIA lance l’attaque sur les 12 cellules SD. Fusillade, combats, vues du poste de surveillance… L’expérimenté Jack Bender recourt à une réalisation au kérozène, mais au montage bien lisible pour faire monter l’excitation jusqu’au dénouement final, qui sonne comme une libération… Du moins le croit-on car ce happy end est contredit par un twist final de fou furieux ! La CIA croit avoir gagné, mais elle n’a été qu’un pion dans le plan sophistiqué d’un cerveau machiavélique ! La croisade de Sydney n’est pas finie : c’est maintenant qu’elle est désormais sans défense, surveillée par un ennemi encore plus terrifiant. La fameuse Phase un du titre (cf. l’épisode Face cachée) est l’objet d’un monstrueux cliffhanger inattendu et pétrifiant ! La deuxième partie de cette saison va être l’inverse de ce qu’on a vu jusque-là : ce n’est plus Sydney, arme secrète de la CIA, qui fait du double jeu ; c’est l’arme secrète de l’ennemi qui fait du double jeu contre la CIA et Sydney ! Mais quels sont ses buts ? On en frémit rien que d’y penser. Bienvenue dans Alias 2.0 ! Les infos supplémentaires Avec cet épisode, nous ne retrouvons plus le générique qui depuis le deuxième épisode de la saison 1 nous résumait les motivations de Sydney. J.J.Abrams se fend d’un récapitulatif de la série au début de l’épisode, par l’intermédiaire de Kendall. Ceci s’explique par le fait que cet épisode serait diffusé juste après la finale du Super Bowl, et qu’il y’aurait donc de nouveaux spectateurs de la série devant la chaîne. Il fallait donc les mettre au courant des enjeux de la série. 14. TROMPE-L'ŒIL Scénario : Roberto Orci et Alex Kurtzman-Counter Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano
On peut suivre désormais la série en minorant l’importance de Sydney Bristow. La scène de l’explosion d’Emma Wallace transformée en bombe vivante est assez poignante. On retrouve ici la cruauté du serpent Alvin Sloane. Si l’on peut regretter que la romance à l’eau de rose entre Sydney et Vaughn empiête trop sur l’intrigue et que le pseudo érotisme voulu par le réalisateur lors de la scène d'amour nous laisse de glace, Terry O’Quinn fait partie de ceux qui tirent leur épingle du jeu. Victor Garber en père de Sydney est un peu moins insupportable. Avec ses duplicatas, cet épisode évoque un peu le fameux « Chapeau melon et bottes de cuir » : « Interférences ». A la différence qu’ici, l’existence de duplicatas est vite découverte. Cette affaire sur les « doubles » permet de laisser le fil rouge Rambaldi à l’écart et de multiplier d’autres intrigues. Allégé de la confusion entre SD6 et vraie CIA, « Alias » gagne en efficacité. On ne sait plus parmi les sosies qui sont les vrais ou les faux. Cette paranoïa post 11 septembre 2001 confère de l’épaisseur à la série. Episode où bon nombre de personnages sont absents (Irina, Dixon, Tippin, Sark, Flinkman), cet opus efface l’ardoise et nous redonne une qualité perdue depuis longtemps. Grave et sanglant, sombre et dur, « Trompe l’œil » est un excellent spectacle malgré une Jennifer Garner désormais complètement dépassée. J J Abrams a le bon goût de ne pas nous imposer un clone de Sydney, une nous suffit bien. Celui de Fran se montre étonnamment plus crédible que l'originale désormais défunte, en n'apparaissant dans l'histoire qu'à des moments soigneusement choisis afin d'accroître le suspense ambiant. La critique de Clément Diaz
Un homme et une femme viennent de faire l’amour dans une chambre d’hôtel. C’est alors qu’ont lieu deux rebondissements consécutifs massifs, qui directement nous accrochent ! La deuxième scène est une des plus chargées en suspense de la série avec Emma Wallace (la sublime Olivia d’Abo) enveloppée dans des explosifs, contrainte de chanter une comptine en plein Berlin ! On redoute tout le long l’explosion fatale… Sydney et Jack apprécient d’être libérés de leur double jeu. Le spectateur n’y perd guère car il reste un agent double : « Fran ». On sent que Merrin Dungey, même si elle ne fait que quelques apparitions, est ravie d’être enfin utile à l’intrigue. Avec seulement deux-trois expressions de dureté, elle exhale des vapeurs menaçantes. Le fan des Avengers ne peut qu’applaudir la solide intrigue du duo basée sur l’étenelle idée des « doubles », passage obligé des séries d’espionnage. La technique utilisée fait penser à Mais qui est Steed ? (saison 6) qui cependant ne l’utilisait que pour le visage. L’idée du « reséquenceur moléculaire » permet un bon suspense car tout le long, on redoute un coup fourré de l’agent Lennox dont on ne sait s’il est bien lui ou s’il est un sosie ennemi. L’arrivée sur les lieux du deuxième Lennox lance une chevauchée fantastique de suspenses, car il est tout à fait impossible de savoir qui est qui !! Cette situation s’étend pendant pas mal de temps jusqu’à l’idée géniale de Syd pour les départager, qui ressemble fort à un jugement de Salomon inversé ! Dans son double rôle, Ethan Hawke est parfait. Les auteurs, adroitement, troublent le happy end, car Lennox ne sort pas guéri de cette aventure, et la concrétisation de la relation Sydney-Vaughn est espionnée par le doppelgänger de Fran. Frissons, frissons… Les infos supplémentaires Un an a passé depuis la mort de Danny Hecht. A l’origine, Trompe-l’œil se situait avant Phase Un. Abrams changea l’ordre et fit modifier le script de cet épisode pour respecter la chronologie. Cela explique l’efficacité plus limitée de cet épisode. 15. ÉLECTRON LIBRE Scénario : Roberto Orci et Alex Kurtzman-Counter Réalisation : Alex Kurtzman-Counter Résumé La critique de Patrick Sansano
Michael Vartan reste insignifiant et son cas est aussi vain que celui de Miss Garner. Bien sûr, Sydney persiste à se sortir des missions les plus impossibles, à effectuer des combats chorégraphiés, mais il y a une telle galerie de personnages dans la série que la relève est vite prise par les bons comédiens au détriment des mauvais. « Alias » est une série dans laquelle le méchant est tellement magnifique, si bien interprété, que l’on perd notre sens moral pour admirer Sloane. Il faut dire que Rifkin n’a pas à se forcer pour jouer la comédie, il connait son métier. Michael Vartan et Jennifer Garner eux pourraient gagner leur vie comme mannequins gravures de mode. Un peu comme Danyel Gérard qui a choisi entre le chapeau et le talent de Dylan le couvre chef, Jennifer Garner a failli torpiller une série qui ne serait rien sans son némésis. Sloane nous entraîne dans la folie de Rambaldi, et c’est lui maintenant qui part en mission pour son propre compte, et se déguise tel Frégoli, certes sans les décolletés affriolants de damoiselle Sydney, mais avec un peu plus de plomb dans la cervelle. Seul bémol, David Anders en Sark n’est pas un partenaire à la hauteur de Rifkin. Héros du mal, Sloane devient désormais un alter égo de Fantômas ou d’Hannibal Lecter. Et il faut bien le dire, il réhausse le niveau de ce qui était devenu une mauvaise série pour ados. La critique de Clément Diaz
Encore une guest star ! Cette fois, c’est Mr.Christian Slater qui est invité à jouer un engrenage dans la grosse machine de Bad Robot ! Bien qu’il n’ait pas un grand rôle, il est une des clés de cet épisode entraînant bien que sans éclats particuliers. Le duo Orci-Kurtzman délaisse ses excès (quoique le coup de l’œil photographique reste quand même une trouvaille déjantée) pour remettre sur le devant de la scène la Mythologie Rambaldi, et se pencher plus sur la psychologie des personnages, notamment Sydney et Dixon. Moins survolté, A free agent a fonction de prélude à la deuxième ère d’Alias, et remet pour notre plus grand plaisir Sloane au premier plan. Dixon est face à ses contradictions. Il ne se résout pas à pardonner le silence de Sydney. Mais lui-même n’a-t-il pas menti à sa femme durant tout leur mariage ? Carl Lumbly exprime bien ce malaise. La discussion très dure entre Marcus et Diane laisse le premier devant un choix cornélien : tout quitter et voir 12 années de vie envolées, ou tenter de réparer le mal commis au prix de son mariage. Sydney elle, est condamnée à rester à la CIA alors qu’elle était sur le point de se libérer : la menace Sloane la force à rester. Entre colère et chagrin, Jennifer Garner est excellente. Les personnages nous émeuvent, ce qui n’est pas toujours la priorité d’Alias. Malgré un bavardage intempestif, les scènes marquantes ne manquent pas, en particulier celle où Sloane appelle Sydney pour un duel verbal claquant, celle où Sark (épatant David Anders), plus glaçant que jamais, force Elsa à coopérer, ou la mission dans le désert avec un combat près d’une hélice qui tourne. Haute tension !! La réalisation du scénariste Alex Kurtzman est honorable, même si manquant de punch. Le serpent à sonnettes Sloane nous fait un sacré festival : que ce soit pour martyriser un otage, flinguer un pauvre gars comme on allume une cigarette, ou exprimer son excitation à l’idée que sa quête de 30 ans prenne fin, Ron Rifkin bouffe l’écran comme personne. Le cliffhanger, mélange d’orage et de culot, est assez percutant. Les infos supplémentaires Dans cet épisode, nous apprenons que Sydney a continué ses études. 16. JUGEMENT DERNIER Scénario : John Eisendrath Réalisation : Craig Zisk Résumé La critique de Patrick Sansano Signe des temps ou Garner a perdu tout sex appeal, Sydney se déguise désormais en vieille femme avec voilette. L’ambiance terrorisme est ici restituée lors de scènes chocs. Il est dommage que la fade interprétation Garner/Vartan ne donne pas le ressort nécessaire à l’intrigue. Comme toujours, les meilleures scènes de l’épisode sont celle de Sloane. Il ne joue pas les déments, mais bien au contraire est d’autant plus effrayant en restant effroyablement « normal ». L’épisode ici s’emboîte parfaitement avec la tragique réalité du terrorisme islamique contemporain au tournage. Le Ben Laden local est joué par l’israelien Eli Danker, quelque peu trop policé et aux faux airs de Gérard Darmon. On reste insensible aux problèmes conjugaux de Dixon dont le retour n’était pas indispensable et donne lieu à ces fameuses scènes mielleuses sur fond chanté auxquelles Jennifer Garner nous a habitué. Les airs de boy scout ou plutôt de girl scout de Sydney Bristow sont à chaque épisode plus insupportables, heureusement contrebalancés par le talent du comédien personnifiant l’homme à la recherche du Graal. Notons que depuis quelques épisodes, Will Tippin est sacrifié à quelques plans rapidement passés à la trappe, son arrivée à la CIA étant reléguée à des contorsions du scénario bien sinueuses. Terry O’Quinn lui compose un formidable directeur Kendall. Il est parfaitement à son aise en chef devant au sein de la CIA prendre des décisions sans états d’âme. Un épisode particulièrement violent car la scène de l’attentat tranche par son réalisme avec les tortures grandguignolesques de la saison 1 façon le dentiste qui relèvent plus d’un second degré absent ici. La critique de Clément Diaz
Pour ce qui est d’imaginer des scènes spectaculaires, Alias est un modèle. Prenant certainement appui sur l’Apocalypse de la Bible, John Eisendrath imagine le système d’une bombe à neutrons d’un nouveau genre (une invention de Rambaldi) : les cibles humaines s’enflamment de l’intérieur jusqu’à carbonisation totale, le tout sans toucher à l’environnement ! Cette scène eschatologique est une des plus marquantes de la série, mais a le défaut d’être isolée au milieu d’un script paresseux qui tourne à vide. Sans ce climax central, l’épisode serait totalement tombé au champ d’honneur. L’épisode commence par allécher lors d’un duel aux répliques tranchantes entre Sydney et Sloane, la première déterminée à tuer sans sommations le deuxième. Heureusement pour Sloane, Sark débarque avec sa délicatesse coutumière (camion fracassant une portière) pour le sauver. Une introduction roborative ! Mais ensuite, il ne se passe plus grand-chose, les auteurs meublant l’absence d’action par une chaîne de dialogues aussi explicatifs que surnuméraires : toute la mise en place de l’alliance entre Sloane et Kabir occupe trop de temps. Le refus de Dixon de revenir à la CIA, le seul à pouvoir réussir la mission, est un cliché bien appuyé, d’autant que pour une fois, Carl Lumbly met ses expressions faciales en pilotage automatique. Vaughn inquiet pour la 5758e fois pour Sydney, ne change pas de registre. Heureusement que la belle Fran (Inquiétante Dungey) nous divertit par le flinguage froid d’un plombier. La scène de découverte du micro ne donne aucunement le vertige escompté. La grande scène centrale de la bombe à neutrons avec l’échappée in extremis de Kazabi, fait néanmoins un sacré effet (quoique minorisé par l’inutile Weiss). Malgré le plaisir de revoir Bradley Cooper - même si ses apparitions sont assez forcées ; le plus frustrant est la mission finale qui se réduit à Sydney capturée, et où ses geôliers passent et repassent. Il ne se passe rien, et on se demande pourquoi ils ne se décident à la torturer qu’au bout de 24 heures, à la seconde même où Vaughn et Dixon apparaissent miraculeusement. On a rien vu de leur infiltration, ni de la prise de la bombe : un final en queue de poisson. Heureusement, le twist final (la vraie valeur de la statuette indienne) permet de terminer l’épisode sur une note honorable. Les infos supplémentaires Première allusion dans la série aux Talibans et à l’Afghanistan post 11 septembre. 17. TALON D'ACHILLE Scénario : Jesse Alexander Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano Quel intérêt de faire allusion à un personnage de l’épisode 2 de la saison 1 que tout le monde a oublié ? Volonté de réaffirmer qu’Alias est un feuilleton et non une série ? Mais l’essentiel de la première saison est maintenant derrière nous, la rupture s’étant consommée avec « Phase un » qui a mis la série sur de nouveaux rails. Tout le monde comprend ce qu’Irina a derrière la tête et J J Abrams prend vraiment le téléspectateur pour un naïf. Les rapports du couple ou plutôt de l’ex couple Irina/Jack frisent presque la niaiserie de ceux de Sydney et Vaughn. D’autre part, dès que Ron Rifkin est moins présent dans un épisode, la qualité de la série baisse. Michael Vartan et Bradley Cooper faisant double emploi, leurs scènes communes ressemblent à du « remplissage » et n’apportent absolument rien à l’intrigue. Les querelles d’amoureux de Sydney et de son bellâtre sont assommantes et l’on se croirait dans « Dawson » ou autre « Beverly Hills ». On atteint même le fonds du fonds genre « Sous le soleil », c’est dire. Le pire ennemi d’Alias est devenu Jennifer Garner, prête, avec les meilleures intentions du monde, à plomber littéralement la série. Son jeu éventé , réduit à deux ou trois expressions qu’elle nous sert sans cesse nous démontre qu’elle a vite déçu les espoirs fondés sur ses qualités d’actrice. Ses limites ont été atteintes durant la saison 1. A force de brouiller les cartes d’un scénario sans cesse condamné à ouvrir des portes interdites, à trouver des mondes nouveaux comme dans un jeu vidéo, « Alias » perd le téléspectateur le plus indulgent. Ici, Ron Rifkin est quasi inexistant, et le mythe Rambaldi mal cerné, relevant plus de l’espionnage que du fantastique et de l’immortalité. Déjà mis à mal par Garner, la série prend l’eau dès que Lena Olin se voit octroyer trop de temps d’écran. Si Abrams n’était pas capable de remplir 22 fois quarante et une minutes cinquante secondes durant une saison, que n’a-t-il choisi de réduire le nombre d’opus pour maintenir la qualité à haut niveau. Terry O’Quinn fait ce qu’il peut, mais on lui a limité ses scènes à l’essentiel. « Alias » mène donc sur la longueur une qualité en dents de scie, nous procurant un vide absolu après des épisodes réussis. « Talon d’achille » est un opus qui a hélas bien mérité son titre. L’écheveau de plusieurs intrigues se croisant a souvent donné des histoires brillantes mais ici la trahison réelle de l’un et fausse de l’autre déroutent le spectateur. Enfin, Tippin est un personnage maintenu artificiellement qui non seulement n’apporte plus rien à la série, mais en accroit la faiblesse. L’impression de travail bâclé des scénaristes est vraiment frustrante. Les touches de guimauve qui heureusement n’atteignent pas Ron Rifkin et Terry O’Quinn mais qui font le bonheur de plusieurs acteurs médiocres (des scènes faciles à jouer, dignes de participants des « feux de l’amour ») sont consternantes et risquent fort de mettre à bas le bel édifice construit par J J Abrams. Il n’y a même plus de cliffhanger mais une désolation sinistre avant le générique de fin, et avouons-le un coup de colère du téléspectateur que l’on a pris pour un gogo. La critique de Clément Diaz
Talon d’Achille est un épisode « décalé » dans le sens où Sydney n’a pas le rôle principal. C’est en effet le couple Irina-Jack qui part en missions ! Une idée audacieuse mais payante, même si l’épisode a du mal à démarrer. La sortie de prison d’Irina permet à la série de rompre définitivement avec sa première ère (achevée avec Phase Un), et de lui donner un nouveau coup de fraîcheur. De plus, Jesse Alexander fusionne trois de ses intrigues en une seule à la fin, avec une adresse stupéfiante. L’intrigue « Vaughn » est la moins convaincante. Accusé de traîtrise, Sydney reçoit l’ordre de l’espionner ! Outre le fait qu’on y croit pas, on a un peu de mal à avaler les explications de Vaughn, les tentatives ridicules de Syd, et leurs échanges pénibles (l’exaspérante scène de la clé) sur la confiance mutuelle. Fatigant… Lena Olin arrive toujours à avoir le jeu demandé : ici, elle fêle son ambiguïté ; une excitation se peint sur son visage, et on sent qu’Irina prépare quelque chose d’imminent. Pourtant, rien n’indique quel est son plan secret, et c’est au moment où le spectateur se relâche qu’un twist final se charge de le réveiller. Effet garanti ! Irina est plus en forme que jamais, elle joue sur le bien-être de Sydney pour convaincre Jack et Kendall de la faire participer à une mission, puis se déguise en femme fatale qui joue avec le feu (scène mémorable du poignard) et castagne ! Elle semble si supérieure que Jack doit se battre pour ne pas se laisser dévorer. Victor Garber continue à impressionner en bloc de glace aux nombreuses zébrures. Pendant ce temps, « Fran » manipule Will. Elle ne se contente pas des classiques « confidences sur l’oreiller », mais y mêle aussi l’hypnose ! Elle fait aussi se culpabiliser Sydney en lui rappellant combien elles étaient proches avant. Sournois ! Merrin Dungey est froide et caressante ; un mélange détonnant. Les codes qu’elle soutire à Will auront un intérêt primordial dans la scène finale. L’intrigue Sloane-Sark est réduite prépare le terrain à la rencontre fatidique, menant à une frénétique poursuite, à un jeu de faux-semblants exquis, un marché de dupes royal, et un twist final, impérial. Un éblouissant finish ! Les infos supplémentaires Cet épisode fait allusion à des évènements survenus dans « Opération tonnerre six » (01-02). 18. TRIO INFERNAL Scénario : J.R.Orci Réalisation : Nelson McCormick Résumé La critique de Patrick Sansano De son côté, Ron Rifkin multiplie les facettes de son personnage. Il est à l’aise dans le mari aimant et chouchoutant sa femme au cancer en rémission, en associé d’Irina et pseudo protecteur de Sydney. Mais si les deux tourteraux Vartan/Garner donnent une idée du néant quand ils prennent l’air intelligent, Rifkin se montre nettement meilleur comédien que Lena Olin, et O’Quinn que le fade Victor Garber. Les plans de Jennifer Garner et Michael Vartan « au ralenti » ne sont pas charitables, accentuant la vacuité des comédiens. En revanche, Amy Irving actrice de talent donne une réplique à la hauteur de son partenaire. Il est fait fi ici de toute crédibilité. Malgré la façon dont il a perdu la face, Jack Bristow est maintenu à son poste et même promu. Peut-on croire un instant que Kendall approuve cette récompense à l’échec ? Et que la même CIA a engagé Tippin, dont l’inutilité est stupéfiante. Maintenant avec un masochisme appuyé (ou un manque de bon sens élémentaire) son oreille droite hors de sa chevelure, Garner a choisi d’être la plus moche possible et elle a bien réussi. L’épisode nous propose des scènes geignardes et bavardes entre Emily et Sydney. Le problème, c’est que Jennifer Garner ne sait pas faire la différence entre la sensibilité (qu’elle croit atteindre) et la sensiblerie (que son jeu reflète).J J Abrams a imaginé la CIA comme un endroit où n’importe qui entre comme dans un moulin et vient proposer ses services. Cela devient pathétique. Mais le pire arrive pour Jennifer Garner lorsque Ron Rifkin qui lui sait jouer la comédie nous propose une scène d’émotion. Acteur fascinant, sûr de son métier, il nous offre un grand moment de la série tout en nuances. Visiblement, entre les deux « acteurs », il y a un fossé vertigineux et voir la différence de métier est cruel pour la Lara Croft du pauvre dont on devine qu’elle n’atteindra jamais ce niveau même en travaillant une vie entière. Sachant jouer avec les facettes d’un méchant plus complexe qu’il ne paraît, on se souviendra longtemps d’un des meilleurs personnages de s alaud intégral vu depuis des décennies grâce à ce comédien exceptionnel. Son jeu évoque Cassavetes, Landau, Gazzara. Mais la série va-t-elle pouvoir continuer longtemps à rouler sur trois cylindres avec seulement deux bons comédiens à son crédit ? La critique de Clément Diaz
Le petit frère de Roberto Orci frappe fort pour le tout premier scénario de sa carrière. Il a l’excellente idée de centrer l’épisode sur l’émouvant personnage d’Emily Sloane. Il peut donc jouer pleinement la carte de l’émotion et de la psychologie, et ce, avec une maîtrise parfaite. Avec une géniale habileté, Orci ne sépare pas émotion et action, mais les mélange à chaque scène : le résultat ne laisse jamais le spectateur en repos, qui se laisse emporter par de violents retournements de situation, jusqu’à la chute finale, d’une tristesse et d’une ironie dévastatrice. Un des sommets de la saison ! La cold open voyant Sydney tirer une balle sur sa mère - réponse tardive à la balle d’Ennemie intime - donne le la. S’il faut ensuite passer une longue introduction sans action (un défaut récurrent de cette saison), la scène de l’avion met l’épisode sur les bons rails avec une Irina plus duelle que jamais. Malgré son alliance avec Sloane et Sark (le trio infernal du titre), elle éprouve toujours de maternels sentiments envers Sydney, ce qu’elle confirme lors de la brillante mission de la banque - décidément, on attaque beaucoup les banques dans Alias - où tout est fait pour monter l’adrénaline à un seuil insoutenable : électrochocs, alarmes, compte à rebours, fusillades, bastons affolent le métronome, et la couronne revient à Irina qui ne peut s’empêcher de sauver la vie de sa fifille au risque de se faire prendre. Lena Olin a compris les nombreuses multifacettes de son personnage, le plus complexe d’Alias. Emily voit sa patience poussée à bout. Sloane n’arrive plus à contenir ensemble ses deux raisons de vivre : Emily et Rambaldi. Avec stupéfaction, nous voyons Sloane choisir Emily, et la scène où il appelle Irina pour abandonner la quête de toute sa vie est un moment sensationnel ! Mais Emily finit par crucifier son mari lors d’un rebondissement central terrible. Amy Irving est la reine de l’épisode : que ce soit l’amour (conjugal et maternel), l’espoir, la tristesse, le regret, elle traverse toute la gamme des émotions possibles avec un talent fou. L’épisode grâce à elle est intensément varié. Ses scènes avec Sydney et Sloane sont bouleversantes, et son dilemme final est d’une puissance écrasante. Le côté le plus lumineux, humain, de Sloane est ici largement développé, sans problème transmis par Ron Rifkin. Il sert autant d’émotion que d’action, car sa décision rebat une nouvelle fois les cartes. L’invasion finale et sa chute terrible, jointe à une coda très mystérieuse, achèvent de faire de Truth takes time, un des épisodes les plus inoubliables de la série. Les infos supplémentaires Aka. Liens sacrés. Emily révèle être mariée depuis trente ans avec Arvin.
Scénario : Sean Gerace Réalisation : Perry Lang Résumé La critique de Patrick Sansano Certes, Il nous fait oublier les discussions du couple Dixon, les minauderies de Sydney portable à l’oreille en train de faire les courses dans un… supermarché, l’incompétence de Jack Bristow. C’est assez pitoyable. Le ridicule ne tue pas heureusement, lorsque, débarquant à Moscou, Sydney est déguisée en cow boy, ou gloussant avec de soit disant camarades de collège après s’être déguisée en blondasse. De deux choses l’une : soit les scénaristes n’ont pas obtenu l’augmentation qu’ils voulaient et ils se sont vengés, soit ils ont fumé quelque subtance douteuse avant de rédiger. On se rappelera cette scène pathétique de Vaughn en caleçon tue l’amour. Devant ce désastre, le téléspectateur se dit que la série va être annulée. Il n’y a plus aucun suspense, les fils rouges s’emmêlent, certes Rifkin est brillant mais cela ne suffit plus. Même les scènes de combat deviennent bâclées. Les personnages n’ont plus rien à se dire, alors ils se perdent dans des bavardages inutiles autour d’une table de restaurant. L’absence de Terry O’Quinn/Kendall remplacé par un Victor Garber inexpressif est cruelle. Mesdames et Messieurs, c’était le plus mauvais épisode de la série. Il ne sera difficile de faire pire. Mais qui sait ? La critique de Clément Diaz
La ligne d’arrivée approchant, la saison 2 se lance sur orbite : comme en saison 1, les auteurs accélèrent le tempo pour mettre le spectateur dans un état second. Le scénario en freelance de Sean Gerace (qui n’a plus écrit par la suite, on le regrettera), au sein d’une saison 2 moins fofolle que la première, renoue avec les dingueries absolues d’Alias : missions délirantes, coups tordus, doubles jeux enfilés comme des perles, déguisements ahurissants… et une des chutes finales les plus violentes de la série. Endgame est un one-Sydney-show : Jennifer Garner, à part une scène à la Melrose Place (scène du tiroir), est dans son registre favori : la boule d’énergie explosive. Dans un rebondissement inattendu, Elsa Caplan dévoile son vrai visage, et déclenche la mision de Sydney : sauver Neil Caplan, qui a dans son corps une bombe à retardement. Nouvelle charge d’adrénaline ! La situation des Caplan évoque cruellement celle du ménage Bristow. Humilié d’avoir été trompé une seconde fois par Irina, Jack se venge sur Elsa, qu’il voit comme une autre Irina. Victor Garber et la sublime Tracy Middendorf se jouent avec aisance de leurs rôles difficiles. Sydney, surveillée par la CIA, soutire à leur nez et à leur barbe un renseignement en morse grâce à une montre-enregistreuse, sème un gêneur en se mêlant à un groupe de filles écervelées, expédie un message codé à Vaughn. Puis, déguisée en cow-boy (!) s’approche d’un ennemi en faisant du rodéo !! Puis se retrouve en Espagne, accompagné de Vaughn entrant lui aussi en rébellion, comme par hasard tout juste avant la fin du compte à rebours. Cette dernière partie enchaîne fusillades et course contre la montre avec maestria, agrémenté d’un petit numéro régalant de Sark. Alias renoue ici pleinement avec ses fantasmagoriques et délirantes péripéties. La haine de Sloane éclate au grand jour (Rifkin toujours au top), et il faut tout le soutien d’Irina pour qu’il puisse garder la tête froide. « Fran » infiltre le réseau de la CIA via Will, avec une brillante ruse. Gerace a beau nous offrir un happy end pour les Caplan, cette joie est détruite par la chute finale, où Sloane applique une horrible loi du talion, twist final d’un sadisme choquant, pierre de touche de ce superbe épisode ! Les infos supplémentaires Deux mois sont passés depuis l’enlèvement de Caplan. Scénario : Jeff Pinkner, d’après une histoire de R.P.Gaborno Réalisation : Lawrence Trilling Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Alias n’en finit pas d’inviter des hôtes de marque. Ce sont cette fois deux stars qui y sont convoqués ! David Carradine, dont le rôle est taillé sur mesure pour l’ancienne star de la série Kung-fu, ainsi que Danny Trejo et sa trogne aussi légendaire que sa filmographie. En dehors de ce coup marketing, R.P.Gaborno - scénariste très occasionnel qui écrira mon épisode préféré d’Alias : Sueurs froides (saison 3) - continue la logique des derniers épisodes en se centrant sur un personnage. Ici, c’est Dixon, en quasi rupture de ban, qui menace de sombrer dans un nihilisme vengeur qui émeut le spectateur. Cependant, l’intrigue n’est pas à la hauteur de la dimension apocalyptique souhaitée, la fin laissant le fan assez frustré. Dixon pète un câble et menace de tout faire sauter pour faire parler un garde (I have nothing to lose !), Vaughn est prêt à lui loger une balle. Ca, c’est de l’intro ! Retour dans le passé où nous assistons à la lutte de Dixon pour ne pas sombrer. Pinkner aurait pu aller plus loin dans sa descente aux enfers, d’autant que Carl Lumbly nous fait une très belle composition. Cependant, il reste fascinant de voir Dixon en danger de perdre son humanité - comme Frank Black au début de la saison 2 de MillenniuM. La scène où il frappe Vargas (Trejo) sans s’arrêter devant une Sydney affolée n’est surpassée en violence que par celle du cadavre éventré de di Regno !! Accablé par le chagrin, Dixon, au bord du suicide, ne trouve réconfort qu’en Sydney qui risque gros en n’allant pas le dénoncer. L’épisode doit beaucoup à leurs scènes communes. Une nouvelle recrue, la superbe Carrie Bowman (Amanda Foreman), jette son dévolu sur… Marshall ! Ce qui donne des scènes amusantes mais avouons-le un peu trop longues. La deuxième partie voyant la CIA se battre contre la prophétie apocalyptique de Rambaldi a autant d’action que l’on puisse souhaiter, même si le final est décevant : quand on prédit un Big Bang, il faut quand même le réaliser ! On s’attache aussi au voyage de Sloane au Népal pour rencontrer Conrad (Carradine), qui lui fit découvrir sa quête de Rambaldi. La dimension Fantastique d’Alias s’étend dans cet épisode, entre la machine cardiaque et les prophéties de l’italien, nous emprisonnant dans un océan de mystères surréels. Un épisode aux curieuses sensations. Les infos supplémentaires C’est Conrad qui il y a trente ans a initié Sloane au secret de Rambaldi. Carrie Bowman est une grande fan de la chanteuse Joni Mitchell. En clin d’œil, Mitchell sera le nom du fils de Carrie et Marshall. Scénario : Crystal Nix Hines, d’après une histoire de Breen Frazier Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano Arvin Sloane fait une apparition assez surprenante pour se confronter à Jack, accélérant l’aspect fantastique du feuilleton. Les missions de Sydney semblent gagnées d’avance comme si les ennemis de la CIA avaient le QI d’une Miss France ancienne manière. On voit ainsi Sydney réussir à s’introduire dans les endroits les plus improbables avec pour leurre de simples pitreries de Vaughn. L’affrontement Sydney/Irina n’est jamais poussé dans ses retranchements et reste une péripétie du scénario. Ni Lena Olin, ni Jennifer Garner n’ont le talent nécessaire pour nous faire croire à leur lutte mère fille. Les seuls bons moments nous sont dus à Ron Rifkin, mais sa présence à l’écran trop rare affadit l’épisode. En regardant ce naufrage, on se demande comment la chaine ABC a pu étirer sur cinq saisons un feuilleton qui méritait l’annulation pure et simple dès la première. La critique de Clément Diaz
Après Irina-Jack, Emily, Sydney, et Dixon, c’est au tour de Will d’avoir droit à son épisode. Breen Frazier invente une intrigue originale, qui détourne la bonne vieille histoire des doubles : Will ne voit pas sa place prise par un double, mais est accusé d’en être un alors qu’il n’y a pas de Will double ! Pris dans une effroyable machination, Will se débat, mais ni Sydney ni lui ne parviennent à briser le cercle diabolique imaginé par Sark et « Fran ». Cette bataille féroce bouillonne durant tout l’épisode, et n’est même pas achevée quand arrive l’implacable cliffhanger. « Fran » et Sark organisent un coup monté contre Will. Comme le spectateur, nous voyons, médusé, l’analyste totalement pris dans la tornade : il ne se souvient plus de souvenirs qui pourraient l’innocenter (hypnose quand tu nous tiens), a changé de rétine (laser, quand tu nous tiens), se fait étrangler par Dixon, sûr d’être en face de l’informateur qui a permis l’assassinat de son épouse (deveine, quand tu nous tiens). Bradley Cooper est à fond dans son rôle : en homme traqué, incompris, abandonné de presque tous, il est très touchant. La scène du téléphone est magistrale dans ses dialogues (Sydney, I love you, but I can’t trust you anymore). Dans cet épisode, Alias ne se pose pas de questions : elle fonce dans le tas, et pis c’est tout ! Evasion spectaculaire, Will qui dézingue à la mitraillette, cravate-micro… et surtout Sydney en maîtresse sado-maso - Jennifer Garner n’hésite pas à en faire des caisses, c’est jouissif. Le décalage entre le méchant du jour et ses « déviances » sexuelles, est très amusant (come back with my pants, please !). Alias est toujours à son meilleur niveau quand elle se lâche ! Crystal Nix Hines nous offre en prime des dialogues soutenus - on retient le concours de vannes entre Jack et Kendall, avec un Terry O’Quinn qui carbure à l’ironie pure. Le fracassant retour de Sloane devant un Jack médusé, avec un Ron Rifkin qu’on a rarement vu aussi surexcité, est un pont prometteur jeté vers l’avenir. Enfin, Merrin Dungey est délectable en mante religieuse, son rôle s’accroit de plus en plus, et on attend avec impatience le mano a mano final avec l’héroïne. Le cliffhanger est méchant pour Will, qui ne se doute pas qu’il vient de commettre une énorme bourde… Les infos supplémentaires Beaucoup de références sont faites ici à l’épisode 02.14 « Trompe l’œil ». 22. RISQUE MAXIMUM Scénario : J.J.Abrams Réalisation : J.J.Abrams Résumé La critique de Patrick Sansano Voilà donc la fin de la saison 2, qui s’est révélée médiocre. Comme Lena Olin joue mal. Ses larmes de crocodiles ne convainquent ni sa fille ni le téléspectateur. Notons tout de même une avancée dans le monde de la science-fiction avec le personnage du duplicata de Fran sur lequel nous en apprenons plus. Comme pour « The Avengers » dans les années 60, la série a dérivé de l’espionnage au fantastique. Irina/Lena Olin avec ses airs éthérés nous exaspère particulièrement. Une véritable tête à claques. Heureusement, Arvin Sloane et son excellent interprète sont de la partie et rehaussent le niveau. « Risque maximum » a des allures de remise de prix de fin d’année. Chaque comédien a droit à son bon mot, Le suspense est enfin distillé par le réalisateur lorsque Tippin découvre que Fran est Allison. La séquence nous procure une frousse salutaire. Pendant quelques minutes, Jennifer Garner joue bien (tout arrive !) et l’on se croit dans « L’invasion des profanateurs de sépulture ». Merrin Dungey n’a jamais joué aussi bien. On peut dire juste qu’il était temps qu’elle le fasse. Regrettons que l’on évente le point d’interrogation sur la présumée mort d’un personnage important. Le ou la comédien (ne) concernée – je ne ferai pas de spoiler – a dû renégocier son contrat avant la fin de la saison, car il est usuel que l’on tue tout le monde (« Dynastie », « Profiler ») et que ne se relèvent que les comédiens qui ont signé pour la suite. L’épisode reste déséquilibré entre un final splendide assez bondien (On a ici quelque peu copié les romans de Ian Fleming « On ne vit que deux fois » et « L’homme au pistolet d’or » en saupoudrant le tout de fantastique) et ce qui restera une succession de scènes de bravoures pas toujours du meilleur effet. On se moque comme de sa première chemise des amours de Flinkman, et de Flinkman tout court d’ailleurs. L’épisode est rapide comme un TGV pour éviter au téléspectateur de trop réfléchir. Que sera la suite ? « Alias » part sur de nouvelles structures narratives à chaque saison, mais le procédé a ses limites. C’est un peu l’effet « Pamela a rêvé de Bobby sous la douche » dans « Dallas ». Le feuilleton car c’en est un est inégal. Il est capable du meilleur comme du pire. De bons moments comme la scène de la découverte de l’usurpation de Fran ou plutôt d’Allison sont rares et à conserver bien à part. Il y a beaucoup de scories dans « Alias », malheureusement. Comme dit précédemment, la série aurait gagné à avoir moins d’épisodes par saison.
La critique de Clément Diaz
Le finale de la saison 2, écrit et réalisé par le boss lui-même, privilégie comme Almost thirty years une suite de scènes chocs plutôt qu’un vrai scénario. Mais à la différence du finale de la saison 1, Abrams ne s’embarrasse (presque) pas de scènes inutiles, et surtout, a à sa disposition suffisamment d’intrigues à clôturer pour garder une allure très rapide. Irina Derevko quitte (provisoirement) la scène par la grande arche, tandis qu’arrive enfin le règlement de compte entre Sydney et Francie (Allison Georgia Doren désormais). La révélation finale est aussi dévastatrice que celle finissant la saison 1 ! J.J.Abrams ne recule devant rien pour assommer le spectateur, totalement groggy quand défile le générique de fin ! Ce faisant, il ouvre la voie à une troisième ère, aux enjeux très différents de ce que nous avons pu voir jusque ici. De fait, pour résumer cet épisode, on n’a qu’à citer toutes les scènes fortes qui le caractérisent. Irina nous livre une prestation d’enfer avant de partir de la série. La scène de la patinoire où elle apparaît brusquement face à Sydney (quel culot !) est l’occasion d’un dialogue fougueux et étincelant où elle explique ENFIN quel était son vrai plan, sa vraie allégeance. En passant, elle fait bien entendu un dernier double jeu (le plus inattendu !) de la plus belle eau. A la fois femme de tête, d’action, mais ouvrant enfin ses émotions (jusqu’aux larmes) à sa fille chérie, Irina achève de nous étourdir par sa sophistication. Lena Olin nous fait une performance d’Oscar ! Il faut aussi la voir lors de son dernier face-à-face avec Sydney, et son babylonien saut de l’ange, on en reste la bouche ouverte, la langue pendante ! La mission de Mexico est haletante, et on reste les yeux fixés à chaque image. Sloane arrive au terme de sa longue quête : à l’issue d’un piège savamment organisé, il possède désormais la machine de Rambaldi et la « révélation » qui en découlera. Abrams, pas fou, cède à son amour du mystère, et se garde bien de nous éclairer sur elle ! Mais Sloane, en pleine béatitude devant un Jack ne parvenant pas à le comprendre, est un spectacle à lui tout seul. Surtout quand il lui dit qu’il ne veut pas l’exécuter parce qu’il le considère toujours comme un ami ! Sark, avec un David Anders plus crapule tu meurs, nous amuse de la « flexibilité de ses loyautés », et reste toujours aussi flegmatique même tabassé par Vaughn ou jeté en prison. Le show ne serait pas complet sans Allison, la mante religieuse qui continue à manipuler ce pauvre Will. Son bref duo avec Sark fonctionne très bien, mais c’est bien sûr dans la grande scène de bagarre qu’elle livre tout son potentiel. In extremis, Merrin Dungey, qui a hérité du rôle le plus ennuyeux de la série, prend une sacrée revanche lors de ses scènes pleines d’intensité avec Will, où elle tente de le tuer à chaque fois qu’elle en a l’occasion. La discussion calme suivie du déchaînement final est une merveille de scène de suspense puis d’action. C’est la bagarre la plus prestigieuse de la série dans laquelle Garner et Dungey lancent toute leur énergie, et que J.J.Abrams filme en grand professionnel avec sa caméra enfiévrée. La coda finale nous plonge aux confins du bizarre le plus bizarre et se finit sur un cliffhanger massif. Cadeau du chef : Michael Vartan fait une excellente performance quand Vaughn, à la torture, dévoile toute la vérité à Sydney. C’est suffisamment rare pour être souligné. Une fin de saison impériale qui clôt avec force ses intrigues, et ouvre la voie à une troisième saison radicalement différente, mais pas moins efficace ! Les infos supplémentaires Irina fait une révélation cruciale concernant le secret de Rambaldi. 3e et dernière réalisation de J.J.Abrams pour sa série. Il réalisera toutefois quelques scènes du double épisode Jeux d’espions (saison 4). Lena Olin (Irina Derevko) quitte la série après cet épisode. On ignore si c’est à cause du cachet trop élevé qu’elle demandait, ou si elle est volontairement partie pour consacrer plus de temps à sa famille. Elle ne reviendra qu’à partir de l’épisode … En Scylla (saison 4). Elle apparaîtra en tant que guest star dans en tout 5 épisodes. Bradley Cooper (Will Tippin) et Merrin Dungey (Francie Calfo/Allison Doren) quittent eux aussi la série, leurs personnages n’ayant désormais plus rien à lui apporter. Cooper reviendra dans deux épisodes : Jeux de piste (saison 3), et L’Elue (saison 5). Dungey reviendra dans trois épisodes : Noir et blanc et Jeux de piste (saison 3), et dans le finale de la série Un sentiment d’éternité (saison 5), dans un flash-back filmé spécialement pour l’épisode. Weiss dit à Marshall, préoccupé par ses problèmes avec les femmes : It’s a sort of catch 22. L’expression « catch 22 », inventée en 1961 par Joseph Heller dans son roman éponyme (qui est une dénonciation violente des absurdités de la logique bureaucratique), est depuis passé dans le langage courant en anglais. Elle désigne une situation absurde d’où un individu ne peut s’échapper à cause de règles logiques rentrant en contradiction. L’exemple du roman est qu’aucun pilote d’avion de guerre ne peut demander une évaluation psychologique dans l’espoir d’être diagnostiqué comme fou - ce qui lui permettrait d’échapper aux missions les plus dangereuses -… parce qu’en faisant une telle demande, il montre qu’il ne peut pas être fou ! Le docteur Daneeka, personnage du roman, appelle cette situation « Catch 22 ». Weiss dit au téléphone à Vaughn que « Markey » est malade. Peut-être un clin d’œil à Mary Jo Markey, la monteuse de la série. « The Telling » est la traduction anglaise du nom italien de la machine de Rambaldi : « Il dire » qui comme son nom l’indique, signifie « La révélation ». Le contenu de cette révélation ne sera connu que dans l’épisode 3.19 Compte à rebours. Images capturées par Patrick Sansano. |
1. Jeux d'espions - 1re partie (Authorized Personnel Only - Part 1) 2. Jeux d'espions - 2e partie (Authorized Personnel Only - Part 2) 3. Cruelle vérité (The Awful Truth) 5. Le Village (Welcome To Liberty Village) 6. Confusion mentale (Nocturne) 9. Dernier recours (A Man Of His Word) 10. Intime conviction (The Index) 14. Contre-missions (Nightingale) 16. Sloane & Sloane (Another Mister Sloane) 17. En sursis (A Clean Conscience) 19. L'Orchidée sauvage (In Dreams) 20. De Charybde... (The Descent) 1. JEUX D'ESPIONS - 1RE PARTIE Scénario : J.J.Abrams et Jeff Melvoin Réalisation : Ken Olin et J.J.Abrams (non crédité) Résumé La critique de Patrick Sansano Grosse déception : Bradley Cooper n’est pas de retour après une saison d’absence dans le rôle de Tippin. La bonne surprise, c’est Ron Rifkin en chef de l’APO. Il retrouve cet aspect racé et seigneur qu’il avait partiellement perdu dans la saison 3. Il est de nouveau le tréteau qui porte à lui seul tout l’édifice. Carl Lumbly (Dixon) a un jeu limité, Victor Garber, le père de Sydney, conserve son jeu monolithique. Dans une longue scène où elle doit attirer l’attention d’un homme, Jennifer Garner excelle dans son personnage de garce d’une façon bigrement convaincante au point d’en devenir inquiétante.mais Clara Morgane en lieu et place n’aurait pas mieux ou pire. Sauf que Clara dans la scène d’amour avec Vaughn n’aurait pas gardé son tricot de peau bleu ! Cet épisode nous laisse sur notre faim quant à plusieurs questions restées à suspens à la fin de la saison 3. Le Covenant existe-t-il toujours ? Katya Derevko/Isabella Rossellini a-t-elle survécu à la fléchette qu’elle a reçu dans le cou ? Les deux héros ne parviennent pas à plomber la série. Tout de même, avec une actrice belle ET intelligente comme Gillian Anderson pour ne citer qu’elle, la série aurait une autre allure. Dans les scènes de dialogues entre Ron Rifkin et Jennifer Garner, c’est un désastre. Rifkin est un comédien. Garner non. Et le jour où sa jeunesse s’enfuiera et où il ne lui restera plus ce semblant de sex appeal, elle sera au chômage. Son talent n’existe que lorsqu’elle est en lingerie sexy. La critique de Clément Diaz
Sydney joue une adorable écervelée pour séduire un agent ennemi, puis se lance dans une bagarre tapageuse avec un gars, une des bagarres les plus musclées de la série ! Quand soudain, Sydney est poussée vers l’extérieur du train et se raccroche à des sangles. Son assaillant commence à couper les sangles… et retour 72 heures plus tôt lors d’une poursuite frénétique à Shanghai entre des « méchants » et un agent de la CIA et Sydney - dans une de ses tenues les plus aguicheuses - qui rentrent dans une boîte de métalleux. Dix minutes de pure adrénaline. J.J.Abrams nous rassure : notre indestructible héroïne a toujours la pêche ! Pas le temps de s’arrêter, on assiste, incrédules, au procès à charge de Sydney pour insubordination, mené par l’agent Chase, interprétée par une guest star de prestige : Angela Bassett ! A la fin, Sydney démissionne de la CIA !! Ce n’est pas fini : un twist génial vient remettre en cause tout ce qu’on vient de voir. Ce n’est pas fini : nous visitons pour la première fois le siège de l’APO, quartier général souterrain luxueux. Les scènes sont extrêmement intéressantes car la caméra de Ken Olin suit bien le point de vue de Sydney qui découvre comme nous ce QG et ses habitants. Tout au long de l’épisode se succèdent dialogues certes explicatifs mais très intéressants car contenant leur part de mystère - comment est-on arrivé à cette situation ? - On apprécie de voir les personnages devant tous composer avec leurs conflits personnels que ce soit envers eux-mêmes (Vaughn) ou envers d’autres (Sydney en colère contre Sloane et son père), ce qui donne des scènes à la tension omniprésente. La double mission du train, se penchant sur le bluff incertain de Vaughn face à l’acheteur de l’isotope, acquiert encore plus d’épaisseur par ses liens avec l’action des premières minutes de l’épisode. A la fin, les conflits ne sont nullement débloqués. Suspense et psychologie fusent à vitesse supersonique dans cet épisode qui ouvre parfaitement cette saison 4. Les infos supplémentaires Rick Yune qui incarne Tamazaki était Zao dans le James Bond « Meurs un autre jour ». Mia Maestro (Nadia Santos) est désormais créditée au générique après 3 participations à la série en tant que guest star. Elle n’est cependant pas présente dans cet épisode. David Anders (Julian Sark) n’est plus crédité en revanche ; mais il jouera dans 2 épisodes de cette saison, et aura un rôle récurrent dans la saison 5. Un nouveau générique est créé pour cette saison. Le thème musical de J.J.Abrams est un peu rallongé, et le design a changé, en beaucoup plus flashy et spectaculaire : nous voyons en 25 secondes 52 déguisements de Sydney extraits des saisons antérieures. Malgré que ce générique soit un vrai panégyrique aux déguisements et au physique de l’actrice, Jennifer Garner déclara le détester. L’idéogramme chinois que Sydney écrit sur le T-shirt de Brodien signifie « chien ». 2. JEUX D'ESPIONS - 2E PARTIE Scénario : J.J.Abrams et Jeff Melvoin Réalisation : Ken Olin et J.J.Abrams (non crédité) Résumé En Argentine, Sydney revoit Nadia. Puis elle se heurte à son père qu’elle hait désormais. Elle se confie à Vaughn. La mission de APO est désormais de retrouver Tamazaki. Marshall est recruté par l’unité de Sloane. Pour piéger Tamazaki, un vol est organisé dans un musée où se trouve un sabre qui l’attire et qu’il a déjà tenté de dérober. La critique de Patrick Sansano
Ainsi, le mystère le plus entier règne sur la mort potentielle de la mère de Sydney, Irina. En chef de l’APO, Sloane a beaucoup de scènes ce qui nous permet de nous régaler avec le meilleur atout de la série, Ron Rifkin. Que serait « Alias » sans lui ? Il a retrouvé toute sa prestance d’antan. L’épisode est un honnête suspense, ni plus ni moins. Mia Maestro devient un substitut de Melissa George, soit la jolie fille second rôle féminin après Sydney. Rick Yune est aussi cinglé que dans le Bond « Meurs un autre jour ». La bonne surprise de l’épisode, venant épauler Rifkin, c’est Mia Maestro dont le rôle devient plus important et développé. Et son charme qui n’était pas si évident à son arrivée est mis en valeur. Un peu aux dépends de la crédibilité de son personnage.
La critique de Clément Diaz
L’épisode commence plutôt bien avec le « recrutement » comique de Marshall, précédant le vol du sabre japonais, pépite de suspense et d’équipement high-tech. Que Sydney manque de se faire tuer par une simple bouteille de coca-cola nous rappelle qu’Alias adore les grains de sable qui enrayent les belles mécaniques. La révélation de la véritable identité de Vadik est très bien trouvée, un alias de plus qui rejoint la cohorte des surnoms délirants utilisés par la série. On a vraiment l’impression de regarder un épisode de cette glorieuse saison que fut la saison 1. Toutefois, lors de la deuxième mission voyant Sydney prisonnière, le rythme s’essouffle. Rick Yune, déjà fade dans la première partie, a un jeu qui frappe tout le temps à côté ; il est d’un ridicule achevé. La scène de torture de Sydney est copiée sur celle du dentiste sadique (on regrette Ric Young), en remplaçant simplement l’arrachement de dents par la noyade. L’arrivée de Nadia est accueillie certes avec plaisir par le spectateur, mais est un rien trop brusque. Elle permet de voir quand même ses deux facettes : séduction quand elle se débarrasse d’un garde (on renoue avec les bons vieux gadgets en folie de Marshall), et lutte furieuse contre un bad guy. Le twist final sur le commanditaire du « contrat » non seulement nous surprend, mais pose immédiatement une batterie de questions sur un tel comportement. Bon, apparemment Irina est morte, mais comme on ne voit pas son cadavre, on se dit qu’il y’a anguille sous roche… Bien, les bases sont lancées, en avant pour une nouvelle saison ! Les infos supplémentaires J J Abrams a réalisé une partie de l’épisode, bien que le metteur en scène principal soit Ken Olin. Dernier scénario de J.J.Abrams pour sa série. Irina Derevko est née en 1950. Elle a donc cinq ans de plus que son interprète Lena Olin (née en 1955). 3. CRUELLE VÉRITÉ Scénario : Jesse Alexander Réalisation : Lawrence Trilling - So, what's your real name, Charlene ? - Ima.
- Ima what ?
- I'm a gonna kick your ass ! Résumé La critique de Patrick Sansano
Par certains côtés, l’histoire montrant Sydney demeurant dans la propriété tandis que Bishop l'y laisse libre lorsqu’il en sort rappelle Bond et Sanchez dans « Permis de tuer ». Après une longue scène d’exposition montrant la façon dont le méchant sera piégé, donnant à Sydney une couverture parfaite, un déséquilibre s’installe dans la cohésion de l’histoire et la chute est assez brutale et éludée. Remettre en fil rouge au centre de l’intrigue les rapports complexes entre Sydney et son père nécessite de nombreuses scènes, alors que la haine viscérale et justifiée de l’héroïne envers Sloane n’a pas besoin de discours. Sans l’évoquer de façon explicite, ce qui perturberait le téléspectateur qui prend le feuilleton en cours de route, la mort du fiancé de Sydney Danny Hecht n’a pas été digérée malgré les mille visages qu’aura empruntés Sloane au fil des saisons. Là où les scénaristes flanchent, c’est dans la façon assez artificielle de réunir toute la distribution au sein de l’APO. Il s’agit de reprendre les mêmes (Mia Maestro remplaçant Melissa George) et de recommencer.
La critique de Clément Diaz
Alias nous a souvent régalé par des méchants très convaincants. Malheureusement la série ne traverse pas une passe heureuse dans ce domaine : après Rick Yune, c’est au tour de Peter O’Meara d’incarner un vilain dépourvu d’aura. L’intrigue tournant autour de lui, elle s’en voit dévalorisée. Mais Jennifer Garner tient une forme olympique, et tient cet épisode sur ses épaules. On retient également Jack Bristow (toujours impeccable Victor Garber) qui trouve une porte de sortie gonflée à la situation compliquée où l’a mis le meurtre de sa femme. On commence par une mission bien dingo aux Bahamas avec Sydney en greluche (Garner est immensément belle dans sa robe très décolletée), Marshall en plombier… Marshallien, Vaughn en râleur, et Dixon en rasta !! Ça, c’est du Alias en plein délire comme on aime ! La réplique qui tue de Sydney quand elle se fait surprendre près du coffre par le propriétaire est une heureuse trouvaille. L’épisode s’enchaîne à l’infiltration de la maison de Bishop, avec Sydney jouant à la blonde éplorée pour se faire inviter chez ce trafiquant coureur/tueur de jolies filles. Hélas, à cause de son interprète, et aussi d’une écriture limitée du personnage, Bishop n’inquiète jamais. La tension est vite réduite quand il est pris entre deux feux à la fin. Le moment le plus mémorable de l’épisode, outre l’inattendu « shut up » hurlé par Marshall à un Vaughn trop bavard (c’est le monde à l’envers !) est finalement quand il est abattu de 9 coups de révolver (!!!) par une Nadia furibarde. Sydney tient notre attention par ses numéros de séduction, ou en se promenant à ses risques et périls dans la maison ultrasécurisée, mais tout ça manque de rythme, malgré la caméra pointilleuse de Lawrence Trilling. Weiss se rendant compte au fur et à mesure que tous ses amis sont en fait toujours à la CIA est certes amusant, mais c’est vraiment Jack qui a la part du lion. Sydney est sur le point de révéler à Nadia que Jack a tué leur mère. Du coup, Jack lui balance un bobard tellement énorme… qu’il passe ! Il faut voir la consternation dans les yeux de Sydney, mais on ne peut qu’applaudir ce maître coup qui conclut l’épisode. Les infos supplémentaires
Lorsque Nadia interrompt la discussion Jack-Sydney lors de la fête, on entend la chanson You are everybody. C’est un clin d’œil à la dernière série que venait de co-créer J.J.Abrams : Lost, où elle est la chanson-clé du personnage de Charlie. Scénario : Jeffrey Bell Réalisation : Jeffrey Bell Résumé La critique de Patrick Sansano
Le scénariste Jeffrey Bell n’est visiblement pas inspiré. Il ne suffit pas le comédien Mark Aiken soit irlandais pour en faire un ex-militant de l’IRA crédible. Il ressemble, ainsi que sa sœur, à un mercenaire. Après un début de saison moyen, voilà un gros ratage. Seule Mia Maestro tire son épingle du jeu. Ron Rifkin a peu de scènes à défendre, et on le regrette. Il se contente en Sloane de diriger les opérations à la façon de M dans les James Bond. Plus de nouvelles, mais c'est courant dans "Alias", de l'énigme Rambaldi.
La critique de Clément Diaz
Un homme explose en mille morceaux !!! Voilà une intro qui pourrait participer au concours des introductions d’épisodes les plus givrées (sans jeu de mots). L’épisode se penche ensuite sur ses deux personnages-clés : Vaughn et Meghan Keene (la magnifique Kelly McDonald). Cette dernière, prisonnière d’un frère violent et tyrannique, se réfugie dans la religion et son métier altruiste, espérant compenser ses mauvaises actions par un extérieur honorable. Opprimée par son dilemme, elle reste sympathique, même au moment de sa trahison. En contraste, son frère est un monstre intégral (horrible scène des cobayes) auquel Mark Aiken impose sa présence. Le déguisement de Vaughn en prêtre alcoolique est chargé de symbolisme fort. Il est du « bon côté », mais son esprit est corrompu par son passé qu’il porte comme une croix. Avant la mission, Vaughn faisait allusion à Lauren qui continue de le tourmenter. Son récit est bouleversant, car montrant tous les dilemmes qui compriment son cœur, sa crainte de se perdre dans une vie amère et frustrée. Vartan signe sa meilleure performance de la série, bien aidé par les mots expressifs du scénariste. On regrettera donc le peu de crédibilité de la dernière partie de l’épisode : comment Meghan peut-elle faire confiance à Vaughn sans savoir qui il est réellement ? Le final précipité s’enfonce dans un pathos mélo vulgaire, lestée de plus de l’arrivée forcée de Syd. Parallèlement, l’intrigue du bébé sur la photo d’Irina allonge artificiellement un scénario au souffle court. Retenons simplement le rapprochement Weiss-Nadia, qui sera la caution comique bien qu’inutile de cette saison. Les infos supplémentaires Nadia croit désormais que l’assassin de sa mère est puni et qu’il s’agissait de Bishop (épisode précédent). Meghan Keene est décrite comme la sœur d’un ancien membre de l’IRA. Elle est donc irlandaise… mais les chargés de casting ont engagé Kelly McDonald, une écossaise : elle n’a donc pas le bon accent ! Cette confusion entre deux pays étrangers comme l’Ecosse et l’Irlande est un défaut récurrent dans les séries américaines. 5. LE VILLAGE Scénario : Drew Goddard Réalisation : Kevin Hooks Résumé La critique de Patrick Sansano
Lorsque Sydney veut enquêter la nuit « au dehors », cela rappelle le Santa Mira de « Halloween 3, le sang du sorcier », ville d’un fabriquant de jouets diaboliques. L’infiltration dans un camp ennemi et la tentative de vouloir en sortir est l’archétype de nombreux récits des années 60 comme l’épisode du « Saint » : « Les mercenaires ». On reprochera cependant au chef opérateur une lumière trop sombre pendant le premier quart d’heure. Tom et Diane qui ont « invité» Sydney et Vaughn au village ne tardent pas à se montrer menaçants. Il suffit d’une petite reconnaissance de Sydney aux alentours de la maison pour éveiller les soupçons. C’est un ancien camp d’entrainement soviétique. Dès que la lumière du jour jaillit, notre intérêt est davantage présent. C’est un recyclage de nombreuses choses vues ailleurs. Le couple doit apprendre à devenir de parfaits américains comme les pensionnaires de la Midlands Academy dans l’épisode des « Envahisseurs » : « Le rideau de lierre ». Le mot « liberté » revient dans l’épisode (alors qu’il s’agit d’une prison) autant de fois que lorsque le Numéro six voulait se faire élire dans « La liberté pour tous » dans « Le Prisonnier ».. Lorsque nos tourtereaux veulent acheter une magnifique décapotable, d’autres références nous viennent en tête : « Le prix du danger » ou son remake « Running man ». Cet épisode d’Alias est un hors série comme ont pu l’être pour « Chapeau melon et bottes de cuir » les épisodes « L’héritage diabolique », « Le Joker » ou « Mademoiselle Pandora ». Drew Goddard, le scénariste, doit quand même beaucoup à Patrick Mc Goohan. L’existence d’un grand complot à l’échelle « Bondienne » qui vient se greffer vers la fin semble un peu difficile à développer dans ce format 40 minutes. Comme pour « Colony Three/La ville fantôme » avec John Drake/Mc Goohan, la chute est un peu rapide. Malgré des moyens financiers supérieurs côté production, cet épisode d’Alias n’atteint pas le charme de celui de « Destination danger ». Faute à un manque d’aspect dramatique (ici, même dans les situations critiques, nos héros ne perdent pas leur self control et leur bonne humeur). Faute aussi à des décors insuffisamment exploités. Dommage. Nous aurions aimé voir ce camp d’entrainement aux allures de ville de banlieue bourgeoise davantage, et trop de scènes de huis clos nous en privent.
La critique de Clément Diaz
Sydney et Vaughn, dans la peau d’un couple marié, se font passer pour des terroristes russes qui infiltrent un camp d’entraînement dans le but de récupérer une arme électromagnétique (le McGuffin de l’épisode). D’emblée, les apparences sont trompeuses. La fête des voisins chez nos héros a un gros décalage entre les sourires et les cadeaux des invités, et leur véritable nature : que des criminels sanguinaires ! Il y’a aussi le pistolet en kit à monter soi-même servi entre deux plats de cuisine, ou les allusions menaçantes de Tom et Diane entre deux éclats de rire qui font frissonner. Syd et Vaughn doivent jouer le change : on admire l’improvisation de la première lorsqu’elle se fait surprendre par Tom près de sa maison. La description du système du sécurité n’est pas sans évoquer celle du Village du Prisonnier (le Rôdeur en moins), et contribue à cette ambiance anxiogène. La scène du magasin de voitures est une des plus fortes de la série où notre couple doit réussir à acheter une décapotable convoitée par un autre couple. Le départage se fera… aux flingues ! On peut y discerner une réflexion désabusée sur la course à la consommation, de notre capacité à vendre nos valeurs et idéaux contre de l’argent et du luxe (système déjà appliqué dans Le Prisonnier). Cet épisode reste unique en son genre dans une série marquée par le sceau du divertissement pur. On retient cette nouveauté davantage que l’intrigue, même si réussie : le plan secret du Contingent d’Octobre étant fichtrement roublard, et anticipe déjà sur la très aboutie série The Americans. Dans un irrespect total du protocole, Syd et Vaughn s’accordent des vacances improvisées. Ca fait du bien de voir notre duo propret s’encanailler quelque peu ! Épisode au sujet trop large pour une durée aussi restreinte, mais qui mérite l’attention. Les infos supplémentaires Rick Overton (Vasilevich) était Ralph dans « Un jour sans fin » (1993). 6. CONFUSION MENTALE Scénario : Jeff Pinkner Réalisation : Lawrence Trilling Résumé La critique de Patrick Sansano
Tels Mulder et Scully, Sydney et son père s’introduisent à la lumière de torches électriques chez les Cahill. Le début de l’épisode a tout d’un film d’épouvante/horreur jusqu’à la table d’autopsie où l’on voit l’intérieur d’un crâne. Le scénario de Jeff Pinkner (il a aussi travaillé sur « Profiler » et « Fringe ») est un travail d'orfèvre. Le compositeur Michael Giacchino nous propose une musique inquiétante à souhait. Une drogue doit avoir atteint les Cahill. Ceux-ci avaient rendez-vous avec un comte. Nous nageons en plein fantastique : lorsque Sydney prend sa température, elle a 44 degrés. Elle est victime d’hallucinations qui la plongent en plein film d’horreur. Le costume qu’utilise Sydney lors de la rencontre dans une discothèque gothique avec le comte évoque la Hammer. Un épisode de « Alias » qui ne ressemble pas à « Alias » et qui se révèle une bonne surprise. En fait, nous pourrions être en plein « X Files ». Voilà un « loner », un épisode que l’on peut regarder sans avoir vu le reste de la série (ou plutôt du feuilleton). Michael A Goorjan est un peu jeune pour le personnage. On se régale avec les hallucinations de Sydney qui sont autant de scènes d’épouvante pour le téléspectateur, sans que cela remette en cause l’intrigue. Le titre original, « Nocturne », est le nom de la drogue à l’origine de tout. Nous vivons l’épisode à partir de la drogue qui affecte Sydney et entrons de plein pied dans le monde du cauchemar. Segment atypique, filmé en majeure partie dans l’obscurité, « Confusion mentale » est une réussite. Nous sommes en pleine quatrième dimension. Si l’intrigue trouve une solution expresse qui nous est à peine expliquée, le diable, une fois sortis du cauchemar, nous apparaît, comme à Dixon, porter le nom d’Arvin Sloane. Une incursion fort réussie aux frontières du surnaturel.
La critique de Clément Diaz
L’introduction où une professeur d’anglais perd tout contrôle avant de se suicider nous indique d’entrée la tonalité dramatique de l’épisode. Pour choquer le spectateur, les auteurs font de la scène de contamination un pastiche de film de vampire où Syd se fait mordre par un cousin de Dracula (en fait un fou dément). Après quelques parlotes de rigueur, l’action commence vraiment quand Syd perd le sommeil et commence à errer dans son début de folie. Une petite bébête par ci, un thermomètre qui affiche 44° de température corporelle par là, cela constitue un prélude frissonnant à la grande idée de Pinkner : nos peurs les plus profondes sont liées à nos relations à autrui, et non à des visions monstrueuses (thème qui n'est pas sans rappeler le Nightmares de Buffy contre les vampires). Sloane qui surgit de la télé pour tourmenter Sydney est plus effrayant que la tarentule de la tasse de café. Ce sont surtout les échanges entre Sydney et son père qui sont remarquables où elle entend tour à tour ce que dit vraiment son père et ce qu’elle a peur de l’entendre dire (Sydney, en voyant ton visage, je vois ta mère, je ne le supporte pas, tu mourras comme elle…). La scène de la voiture, avec les plans variés sur Victor Garber, est le sommet de l’épisode. En schizophrène, Jennifer Garner fait une performance remarquable, qui devient d’une grande violence quand elle menace Vaughn avec le pistolet (encore un twist dans cette scène) où elle lâche toute sa peur à l’idée qu’il l’abandonne. La bagarre « fratricide » entre les deux ex est une idée inédite et vraiment géniale. L’intrigue est minimaliste : Sydney contaminée-Sydney folle-Sydney guérie. Et Vaughn trouve bien trop rapidement l’antidote. Mais ce qui compte, c’est l’ambiance délétère de Trilling qui emprisonne chaque scène de folie dans une lumière mortuaire et des ombres glaciales. C’est si réussi qu’il est impossible de ne pas respirer bruyamment lorsque le cauchemar se dissipe. On apprécie aussi les duels verbaux Sloane-Dixon, dont les atours policés ne dissimulent aucunement leur haine réciproque. La tirade finale de Dixon, portée par un Carl Lumbly tout en rage contrôlée, est un des highlights du personnage. Sloane lui répond par des regards de défi pervers « Tu penses que je suis pas clean ? Alors prouve-le moi, j’ai hâte de voir ça ». Ron Rifkin fait chuter la température de vingt crans. Grandiose. Les infos supplémentaires Michael A Goorjan a joué dans « Pluie d’enfer » en 1998 avec Morgan Freeman et Christian Slater. L’épisode est dédié à Tricia Goken (1969-2005). Superviseur de scénarios sur Alias, elle décéda d’un accident de voiture. Dans le générique de fin, il est indiqué que Ryan Gentry, qui joue l’homme embrassant une femme dans la boîte et que Sydney prend pour Vaughn, joue le rôle de « Not Vaughn » !! Dans cet épisode, Sydney et Vaughn se rapprochent sentimentalement. Ironiquement, c’est durant le tournage de cet épisode que Jennifer Garner et Michael Vartan rompirent !! Les deux acteurs sont toutefois restés bons amis. Scénario : Alison Schapker et Monica Breen Réalisation : Craig Zisk Résumé La critique de Patrick Sansano
Notons que l’une des scènes est cruelle pour l’interprète de Sydney, celle où Bridget (la petite amie du méchant), Nadia et l’héroïne forment un trio. Olga Vilner (Bridget) est une bimbo qui n’a pas fait un parcours mémorable, menant une carrière en donnant sa voix au jeu vidéo « Medal of honor » et jouant dans le soap « Hôpital central ». En dépit de ces handicaps, elle joue mieux que Jennifer Garner (là, cela donne une idée assez effarante du niveau abyssal où il faut aller chercher le "talent" de cette actrice, totalement en roue libre dans les scènes de dialogue, quand elle ne se bat pas). Mais grâce à un excellent scénario, elle peut déclamer un texte vraiment efficace. Lorsque Sydney évoque Fran et Danny et le « pardon » dérisoire de Sloane, Jennifer Garner nous émeut. Le talent qui lui manque, ce sont ses partenaires qui le lui donnent, ici le magnifique Ron Rifkin, tellement odieux, un méchant qu’aurait aimé Hitchock. On donnera un prix d’excellence aux scénaristes Monica Breen et Alison Schapker. Après tant de scripts bâclés et répétitifs, voilà une histoire de haute tenue. Quant on voit Sydney face à un Sloane en col mao avec un ensemble qui évoque Blofeld sans le côté caricatural, on se dit qu’il est impossible que cela ne finisse pas mal entre ces deux là, que Sloane mérite de payer au centuple ses crimes. Mais tel le Christopher Lee en Dracula de la Hammer, Ron Rifkin a le beauté du mal, le magnétisme. Il redevient aussi menaçant et infâme que dans les premiers épisodes de la saison 1. L’aspect « rédemption » est gommé dans cet épisode. Grosse erreur de distribution avec l’interprète de Tambor, un fade bad guy sans envergure en la personne du producteur-directeur de la photo et réalisateur Aengus James, qui a sagement décidé de ne pas renouveler son expérience ratée d’acteur. Voilà une preuve d’intelligence qui devrait faire méditer la vedette de la série. En dehors de Rifkin, nous avons ici un magnifique salaud avec le trafiquant russe Leo Orissa. Michael Kagan, son interprète, est terrifiant de réalisme. On comprend que « Cold case », « Desperate housewives » et « How I met your mother » aient employé ses talents. Quelle trogne ! Que Leo soit un ami de Sloane n’étonnera personne. Sauf que là où Rifkin s’approche d’un Christopher Lee, l’autre serait plutôt le monstre de Frankenstein !
La critique de Clément Diaz
Dixon veut apaiser son esprit à l’égard de Sloane. Il explique vouloir non chasser le passé, mais le transformer : il en tire une force qui l’aide à faire son travail. La différence avec Sydney, incapable de prendre du recul, saute aux yeux. Carl Lumbly est toujours bon, mais le numéro de Jennifer Garner tourne en rond. La haine inextinguible de son personnage blesse réellement Sloane, qui espérait toujours le pardon de celle qu’il considérait comme sa fille. La fin de l’épisode, où on le voit les larmes aux yeux, est une image étonnante d’une humanité pas encore morte. De son côté, Nadia est partagée entre joie d’avoir un père, et défiance envers celui-ci. La mission de l’hôtel a une allure de fête comique. Les déductions des deux sœurs sur les objets de femme de la chambre de Tambor ont un côté décalé amusant. On rit franchement quand on les voit, pompettes, avec la petite amie de Tambor. Dans la scène d’infiltration, Nadia en fan de football et Sydney en lectrice de potins racoleurs, s’éclatent vraiment. Les commentaires admiratifs de Vaughn et Weiss renforcent cette ambiance d’opérette, à peine troublée par le suspense classique. La mission sur le luxueux yacht (avec doubles jeux toutes les deux minutes) se déroule avec entrain : pendant que Nadia fout des taloches aux gardes, Sydney joue les trouble-fêtes en menaçant l’acheteur de la thorine de ce que peut faire Arvin Sloane. Que Sloane participe à son portrait de noirceur, répété mot à mot par Sydney qui se permet d’en rajouter, donne un effet sidérant. On termine par un duel féminin bien tapageur, et une coda faussement calme. Nadia et Sydney, et leurs interprètes, forment un duo excellent et très « fun ». Un épisode prenant et original. Les infos supplémentaires Si Marshall Flinkman parle de son épouse, on ne la voit plus à l’écran.
Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec Réalisation : Daniel Attias Résumé La critique de Patrick Sansano Avec ce segment, on revient à la formule feuilleton et « Cliffhanger ». De toute façon, que serait « Alias » sans lui ? Sur une musique sirupeuse et dans un décor de boutique de luxe, nous assistons à un combat fort bien chorégraphié et inattendu entre Anna et Sydney. Sark en prison dit que tous ses os se sont ressoudés, or nous l’avions laissé bien mal en point et l’on peine à croire que David Anders se présente à nous tout beau tout neuf. La CIA de bisounours du monde de Sydney commence à s’approcher de la vraie : on sectionne un doigt, on promet à un détenu de finir sa vie enfermé dans le noir. Cette série post 11 septembre prend ici des allures de Guantanamo, avec la situation de non droit dans laquelle se retrouve Sark. Sa fausse évasion est une ficelle un peu grosse, et l’on se demande s’il était bien nécessaire de faire revenir ce trop juvénile méchant au physique de minet qui serait plus à l’aise en héros de série télé pour adolescentes. Si Roger Moore se vantait avec « Le Saint » d’avoir fait le tour du monde… dans les studios d’Elstree, Jennifer Garner peut en dire autant avec « Alias ». Bruxelles, l’Afrique du Sud, l’Estonie défilent sans qu’elle y mette les pieds. Des cartons touristiques remplacent de vrais déplacements qui eux ont lieu dans les James Bond. A nouveau, félicitons les scénaristes, cette-fois André Nemec et Josh Appelbaum, qui ont construit une histoire bien structurée réservant son lot d’émotions fortes et de surprises. On retient son souffle lorsque l’affreuse Anna Espinosa va défigurer la belle Nadia (nous n’en dirons pas plus, cela relève du spoiler) et l’épisode se termine sans que l’on soit certain que cette dernière soit présente dans la suite. On espérait en Estonie un affrontement final Gina Torres (savoureusement odieuse en Espinosa) et Jennifer Garner. Pas de temps faible dans ce segment, pas de parlottes inutiles habituellement si insupportables, pas de jérémiades roucoulantes du couple vedette, et l’on en est vraiment heureux. Quatre melons encore donc, mais Jennifer Garner n’y est pour rien. A nouveau, comme dans la saison 1, nous attendons la suite avec impatience. Trois bons acteurs (Rifkin, Gina Torres des "Matrix" et de "Gossip Girl", et Mia Maestro) et de bons scénaristes et "Alias" retrouve le chemin des quatre melons. La critique de Clément Diaz
Retour de Sark, et surtout de cette bonne vieille Anna Espinosa, invisible depuis le 8e épisode de la saison 1 ! Le scénario du duo Appelbaum-Némec est davantage un prétexte pour imaginer des numéros flamboyants aux deux guest stars qu’une vraie histoire, mais qu’importe. On se laisse guider par une architecture tripartite en forme de scherzo, où l’histoire de Sark sépare les parties extrêmes consacrées à Anna. Chacun des trois volets est réussi, et l’épisode se paye le luxe de finir sur un cliffhanger dont la sauvagerie balaye tout sur son passage. La série a eu la main heureuse en recrutant Mia Maestro. La comédienne n’a pas démérité son nom de famille ! C’est particulièrement visible quand Nadia raconte son rêve à Sydney, mais aussi quand elle refuse de croire aux prédictions de Rambaldi qui condamnent une des deux sœurs. Elle est émouvante dans ces scènes. Gina Torres renfile avec aisance le costume de l’ex agent du KD. Comme toujours, il y’a un décalage entre son comportement très fair-play et souriant, et l’horreur de ses actes. Elle rafle toutes les scènes : son apparition spectaculaire dans le café, sa torture au fer rouge de Nadia entre deux menaces proférées d’un ton affectueux, l’homérique bagarre contre Sydney (l’impressionnante carrure de Torres est un atout de choix). On se demande d’ailleurs si elle n’éprouve pas une vague attirance pour Syd en voyant son comportement caressant, ce qui rendrait le personnage définitivement tordu ! La mission où Sydney se fait passer pour une call-girl est remarquable d’intelligence, de vitesse stratégique, et de dureté (le doigt coupé). Garner est très convaincante en call-girl au parler grave et haché, on s’y croit. Elle aura d'ailleurs l'occasion de jouer une poule de luxe dans une amusante scène du très réussi Attrape-moi si tu peux réalisé par Steven Spielberg. La dernière partie est une superbe poursuite dans une semi-obscurité, baignée par la musique en vagues bouillonnantes de Michael Giacchino. Flingues et baffes pleuvent, jusqu’à un cliffhanger horrifiant. Aaaaaargh !! Quant à Sark, il a tous les meilleurs dialogues. Y’a rien à faire : face à Vaughn, ou cerné par dix mitraillettes, il est toujours d’un flegme impossible et dégaine des vannes plus vite que Lucky Luke ; Vaughn en prend plein la figure ! Ça compense le segment tortueux et prévisible de son histoire. David Anders ne semble pas dissimuler son plaisir de revenir dans la série, on ne dissimule pas non plus le nôtre ! Les infos supplémentaires Les comparses de Willem Karg se nomment Anton Matteo et Peter Geiger. Serait-ce une référence à Anthony Geiger, le personnage de Rutger Hauer dans Phase Un (saison 2) ? 9. DERNIER RECOURS Scénario : Breen Frazier Réalisation : Marita Grabiak Résumé La critique de Patrick Sansano
On ne tirera pas sur l’ambulance encore une fois. San’ko en chef du front révolutionnaire ressemble à un vulgaire mercenaire et la connotation « politique » n’est pas crédible une seconde, preuve que le public américain se moque totalement de la géopolitique. Les bonnes résolutions de Sark auront fait long feu lorsqu’il s’échappe et il retrouve là son « naturel » de tueur sanguinaire, mangeant à tous les rateliers. Gina Torres, plaisante à regarder dans d’autres films, nous donne vraiment envie de détester son personnage d’Anna Espinosa. La comédienne joue fort bien et très juste. Elle a beau être très sexy, son jeu fait que le téléspectateur de la série la hait Pour faire un jeu de mot, Anna est une bombe qui ici vend une bombe. C’est là le gros problème avec d’autres membres de la distribution qui ne sont pas une seconde crédibles lorsqu’ils veulent se montrer durs et impitoyables et quitter leurs masques de gentils. David Anders, lui, parvient à nous faire croire à son « Julian Sark » mais jamais à l’importance qu’il a dans le milieu du crime. Roger Wybot, qui créa la DST était un « dur » mais avait un physique d’étudiant angélique et dans ses mémoires, il raconte qu’on avait toujours du mal, pour cette raison, à le prendre au sérieux. Voilà l’erreur de casting faite par Abrams avec Anders. Lorsque la production et le réalisateur arrivent (soit-disant) à Venise, le décor fait toc, surtout si l’on compare avec l’excellente série policière allemande « Commissaire Brunetti » (Donna Leon) en production depuis 2000 et réellement tournée sur place. Ce décor de carton pâte et quelques maladresses du scénario font que l’épisode est en dessous, au niveau qualité, des précédents opus. On a envie de dire à Sydney Bristow que sa gentillesse la perdra. Qui a sa place n’aurait pas réglé son compte à Anna Espinosa au lieu de lui passer les menottes ? C’est encore son côté boy scout horripilant. On remarquera que les acheteurs successifs de la bombe, joués par Ilia Volok puis Anthony Cistaro sont loin d’avoir le charisme d’un Benito Del Toro que la production aurait pu s’offrir en guest star. En 2008, en Che Guevara, il était l’incarnation idéale de ce type de personnage. Ou Edgar Ramirez, si criant de vérité en Carlos. Dommage que l’on ait préféré deux comédiens obscurs sans charisme. Le fil rouge Rambaldi reste présent à travers les déclarations de Nadia et de Jack Bristow, un peu comme si on voulait faire une piqure de rappel au téléspectateur et raccorder cet affrontement avec Anna Espinosa à la mythologie. Malgré les réserves émises, "Dernier recours" permet à la saison 4 de se maintenir à un niveau de qualité suffisant. Pourvu que ça dure!
La critique de Clément Diaz
On se dit que Sark ne changera jamais : découvrant que Sloane est toujours vivant, il réplique This is… classic ! Mais fidèles à leur principe de montrer une part d’humain chez les méchants, les auteurs nous le font voir s’effondrer devant le corps de Lauren. Même envahi par le chagrin, Sark a un exact schéma de chaque situation et peut donc poser des exigences claires et réalisables à ses ennemis ; admirable ! En « homme de parole » très opportuniste, David Anders est le roi de l’épisode. On aime le rendez-vous dans la boîte où Sydney doit se faire passer pour Lauren. En bad girl, Jennifer Garner est au top, et son baiser-morsure très hot à Sark restera comme le baiser le plus inoubliable de la série ! (tant pis pour les fans du couple Sydney-Vaughn). Pendant ce temps, Anna vide quinze chargeurs, fait un plongeon énorme par une fenêtre, fait tourner en bourrique nos héros, liquide son employeur, désactive une bombe… et s’allie avec Sark ! Outre que Gina Torres nous éblouit physiquement, elle est brillante en femme recherchant le pouvoir. Son partenariat avec Sark, scellé au cours d’un dîner mémorable, prépare le rebondissement final (avec nouvelle bagarre cynégétique entre Anna et Syd), et Sark nous quitte non sans un dernier coup d’éclat ! Sloane n’arrive à tenir bon que par sa foi en les prophéties de Rambaldi. Sydney ne peut comprendre une telle attitude, ni ses sentiments paternels sincères, pourtant point incompatibles avec son esprit corrompu, qui, on le sait, se réveillera tôt ou tard. La décision de Jack de risquer la vie de Nadia sert surtout à rendre plus fragile sa relation et son mystérieux « pacte » avec Sloane. La coda où chacun rappelle à l’autre qu’il joue avec la vie de la fille de l’autre est brillamment interprétée. Victor Garber et Ron Rifkin sont parfaits en hommes piégés par leurs propres règles. La saison 4 prouve que sa nouvelle formule continue de marcher. Les infos supplémentaires David Anders (Julian Sark) réapparaîtra dans six épisodes de la saison 5 (dont le finale de la série). Gina Torres (Anna Espinosa) dans un seul épisode de la saison 5 : L’Élue. Mais Anna Espinosa sera également présente dans les épisodes 30 secondes et Sixième sens sous les traits de... Jennifer Garner !! 10. INTIME CONVICTION
Scénario : Alison Schapker et J.R.Orci Réalisation : Lawrence Trilling Résumé La critique de Patrick Sansano Sans de bonnes histoires, pas de série. Le réalisateur Lawrence Trilling mériterait un blâme pour filmer Jennifer Garner en décolleté sexy dans une scène avec Mia Maestro elle trop vêtue, quelle faute de goût ! Ron Rifkin continue de jouer les pères idéaux avec conviction, malgré le fait que son personnage pour aboutir à ses fins n’hésite pas à mettre en danger la vie de sa progéniture (cf l’épisode 03-21 « La traque infernale »). Sloane aura été l’incarnation humaine de Kaa, le serpent du livre de la jungle. Vaughn a la bonne idée de ne pas participer aux trois quarts de l’épisode et personne ne s’en plaindra. La scène de l’anniversaire de Nadia permet à Mia Maestro de faire un très beau numéro d’actrice. Elle sait ne pas en faire trop, ne pas tomber dans la mièvrerie. Elle a l’habileté aussi de montrer son déchirement entre son père et sa sœur. La critique de Clément Diaz
En temps normal, Syd aurait crié victoire de pouvoir légitimement soupçonner Sloane, mais depuis qu’il est le pôpa de sa sœur chérie, Sydney espère au contraire qu’elle se trompe. L’interrogation de Thorine noire sur la recherche de l’apaisement de son esprit envers Sloane trouve une solution : c’est par l’amour sororal que Syd évite de se transformer en boule de haine vengeresse, et cela change de ses déclarations de haine systématiques. Dans cette saison 4, la psychologie des personnages est on le voit plus travaillée. Plus même que les missions, car celle de Paris est certes amusante, mais vite oubliable (sauf le look toujours démentiel de Sydney en casseuse hardcore, et un saut vers l’hélicoptère que n'aurait pas renié Matrix). Grâce à l’ambiguïté dont fait preuve Ron Rifkin, le spectateur ne sait rien de la loyauté de Sloane. La scène du dîner d’anniversaire est l’occasion d’un remake de Page 47 (saison 1) où Sydney s’absente de table le temps de traficoter dans le bureau de Sloane… sauf que là, elle se fait surprendre par Nadia ! Mia Maestro est décidément une grande actrice : jouant presque toujours sur l’émotion (contrairement au rôle plus physique de Garner), elle nous bouleverse à chaque fois. Son discours à double sens, et sa peine de se voir « trahie » par sa sœur et peut-être par son père, sont poignants. En passant, les deux actrices sont à tomber dans leurs robes de soirées. Le premier twist final aura peut-être été anticipé, mais le deuxième est moins devinable ! Le tragi-comique de la situation, causé uniquement par Sydney et Dixon, permet une coda décidée (Nadia qui joue à la voiture-bélier), mais qui jette soudainement un froid dans les dernières secondes. La petite intrigue de Vaughn nous laisse de glace jusqu’à la découverte du carnet (twist !) et de l’identité de l’infirmière (twist !!). Un épisode un peu en-dessous des précédents, mais très honorable. Les infos supplémentaires Nous apprenons qu’Irina a tué le père de Vaughn en 1979. 11. SERVICE COMMANDÉ
Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec
Réalisation : Maryann Brandon Résumé La critique de Patrick Sansano Comme dirait Sir Alfred, le viseur biométrique qui permet à un gadget sniper de tuer quelqu’un en le traçant à partir de son ADN, c’est le « MacGuffin », le truc dont tout le monde se fiche mais qui permet de lancer l’intrigue. Plus tard, il devient « concret » comme nous allons le voir. On regrette vraiment que le budget ne permette pas des déplacements et tournages sur place, l’Autriche étant photogénique. On abuse ainsi de scènes d’intérieur qui elles mêmes ne sont pas authentiques. On peut comparer les intérieurs de Venise dans l’épisode 04-09 « Dernier recours » aux intérieurs vénitiens de la série « Commissaire Brunetti » pour se rendre compte à quel point les décors de Alias sont cheap. Sydney compromet un quidam (un serveur) qu’il faut rapatrier en Amérique pour le sauver de Korjev. L’enquête de Vaughn est tout sauf palpitante. Au bout de 21 minutes, on est passé de Saltzburg à Madagascar, de San Diego en Angola mais l’intrigue piétine. Sam Hauser, le type que Sydney a compromis, nous fait penser à Danny Hetch. Celui qui découvre le monde cruel et criminel de l’espionnage.
La critique de Clément Diaz
C’est pas tous les jours qu’un tueur assassine votre contact, que vous le rattrapez… et qu’il se suicide ! Passée cette étonnante intro, la mission de Salzbourg nous accroche par le jeu de séduction on/off de Sydney envers Sam (Jason Segel, tout à fait bien en « normal guy »). Compromis par elle, il finit par suivre cette inconnue qui lui déclare qu’il est en danger de mort, et qu’ils doivent fuir. Dans cette collusion entre le monde réel et celui d’Alias, on s’attache rapidement au point de vue de Sam tout à fait dépassé. La scène du contact (encore un double jeu, un !) s’inscrit bien dans la paranoïa ambiante, tandis que le final s’affirme comme un pastiche gratiné de la célébrissime scène de l’avion de La mort aux trousses. Sydney étant poursuivie par un hélicoptère miniature en folie. Une des scènes les plus délirantes de la série ! Passons vite sur Vaughn, qui apprend que son père était peut-être un monstre : ça fait de l’effet, mais l’arc doit encore se développer. Jack traque le méchant du jour : un ancien ami. Mis à part un tir dans une rotule, la noirceur de Sasha Korjev n’est jamais montrée, seulement évoquée. Nous ne voyons qu’un personnage chaleureux, attentionné, dont la compagne enceinte est heureuse. L’interprétation nuancée de Corey Stoll est magnifique, très troublante. On sent d’ailleurs, grâce au fin Victor Garber, que Jack éprouve des difficultés à passer à l’acte. Cela rend le dénouement assez dur. Un épisode encore une fois original et recommandable. Les infos supplémentaires Flinkman montre une photo de son enfant sur une vidéo. 12. CICATRICE INTÉRIEURE Scénario : Jeffrey Bell et Monica Breen Réalisation : Ken Olin Résumé L’APO doit neutraliser un certain Cesar Martinez que Nadia Santos a connu durant son adolescence. Nadia, bien qu’impliquée personnellement, ne renonce pas à la mission. De nombreux flash back nous montrent l’histoire de Nadia Santos. En Biélorussie, les chercheurs ont développé un nouveau composant optique appelé verre amplificateur qui a la capacité d’augmenter la puissance d’un rayon laser. Cesar Martinez a été recruté par le groupe « la faction de Djakarta » pour acheter cette arme. La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
La mission de Syd et la quête de Vaughn passent vite à l’as pour cause de réveil de fantômes du passé de Nadia. Son histoire rappelle celle de Nikita, l’héroïne du film de Luc Besson, dont la première série dérivée, La femme Nikita, est d’ailleurs la grande influence d’Alias. Nous voyons qu’elle a dès son plus jeune âge un tempérament entier, fonceur (maligne évasion d’un orphelinat), bagarreur, mais surtout très gai. Il y’a une fraîcheur joyeuse lorsqu’elle vole, se faufile, ou s’entraîne à la base avec ses amis Diego et César. Une facette que l’on pressentait chez elle, mais qui est ici évidente, grâce à la composition animée de Mia Maestro. Sa relation amoureuse avec Roberto sera la cause d’un traumatisme émotionnel irréversible. Une analyse superficielle reprocherait aux auteurs de copier/coller l’histoire de Sydney sur Nadia (toutes deux découvrent qu’elles travaillent pour l’ennemi), mais elle sert en fait à montrer le tempérament plus explosif de la sœur cadette, qui n’hésitera pas à faire payer à son mentor le prix de sa trahison. Sydney, malgré toute sa haine, n’a jamais eu l’intention de tuer Sloane de ses mains, et attend que justice soit faite. Soudain, l’attitude plus intériorisée de Nadia prend tout son sens : sa joie naturelle a été brisée par cette épreuve. Pourtant, Nadia ne regrette pas sa décision comme le confirme son affrontement quasi fratricide avec César (Kevin Alejandro, bel ange tentateur), l’ambigu méchant du jour. César a perdu tout sens du Bien et du Mal, il vénère tel un fils la mémoire de l’homme qui l’a sauvé lui aussi des rues. Au final, c’est un portrait désenchanté d’un sympathique personnage qui ressort de ce magnifique mais souvent cruel retour vers le passé. Les infos supplémentaires Première apparition du personnage de Sophia Vargas, interprétée par Sonia Braga. L'actrice est une star en Amérique du Sud. Brésilienne, elle a joué dans « Donna flor et ses deux maris » (1975), « Le baiser de la femme araignée » (1985), et à la télénovela « Gabriela ». Elle apparaîtra dans en tout cinq épisodes de cette saison. Scénario : Drew Goddard et Breen Frazier Réalisation : Frederick E.O.Toye Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Les dix premières minutes sont très énergiques : Sydney fait un charmant numéro de salsa, transmet une info à Dixon, se fait capturer par les méchants qui tuent son contact et… l’enterrent vivante ! Sydney n’étant pas la black mamba de Kill Bill, elle est dans une m erde noire. Pendant ce temps, dans un effet aussi dévastateur que l’invasion du SD-6 dans The Box (saison 1), l’APO voit son sanctuaire violé par un disque dur pathogène qui met tout le monde en quarantaine : un coup de Jarnac qui donne à Marshall, par ailleurs auteur d’une berceuse hilarante, la position de dernier espoir. La mission de sauvetage peine à convaincre : humour pas drôle (les bidouillages de Marshall), plan de campagne bâclé (pourquoi ne pas faire appel directement au satellite ?), artificielle scène de Sydney délirant sous le manque d’oxygène… Mais la deuxième mission joue à fond sur le décalage entre le peu d’aisance de Marshall et les gars à trognes patibulaires qui l’entourent (la saison suivante réitéra ce procédé avec Rachel Gibson). Son face-à-face avec le méchant du jour est crédible du moins dans la fantasmagorie d’Alias car il compense son inexpérience par son intelligence surdéveloppée. Ok, la balle perdue, c’est vraiment une grosse ficelle à la Max la Menace, mais le gag gore de l’énucléation (l’œil est inutilisable, découpez l’autre !) ainsi que le final en fusillades (Sydney à la rescousse !) finissent convenablement un épisode dont la qualité principale, bizarrement, est de ne pas être allé au bout de son idée peu convaincante de départ. Les infos supplémentaires Nous voyons dans cet épisode la compagne de Marshall Flinkman, Carrie (Amanda Foreman), et son enfant. 14. CONTRE-MISSIONS
Scénario : Breen Frazier Réalisation : Lawrence Trilling Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Dans l’introduction, nous voyons les effets du projet Nightingale, ou comment transformer en quelques secondes de la chair humaine en bouille pâteuse. La scène est d’une horreur assez inédite dans Alias ! Mais très vite, le soufflet retombe. Si on est attiré par les messes basses des deux ennemis Jack et Sloane, ici alliés par et pour des raisons qui nous échappent encore (mention d’Elena Derevko, la 3e sœur), on est un peu dubitatif devant la mission en Allemagne, dont on ne retiendra que deux moments : le déguisement fort ravissant de Syd, et la petite empoignade saluée par une tablée qui lève ses verres : une petite pointe d’humour ! La mission Nightingale peine autant à nous intéresser, avec son plan très froidement appliqué, sa mise en scène peu animée, et un suspense qui ne prend pas (le compte à rebours ralentit pas mal, même avant le processus de ralentissement). Il n’y a pas de scènes inutiles, mais on ne s’intéresse tout simplement pas à l’histoire, très conventionnelle. Les acteurs font le minimum syndical, sauf Victor Garber, qui accroît avec intensité la dimension de tueur glacé de son personnage. La scène de la bibliothèque est bien plus intéressante avec le contact de Vaughn qui a des méthodes bien à lui pour organiser un rendez-vous (ah, faut reconnaître que le coup de la seringue, ça, on ne nous l’avait pas encore fait !). Quant au plan B de nos héros, il est téléphoné, et même téméraire. Mais pour une fois, ils se montrent plus roublards que Sloane lui-même, ce qui est à noter. Episode pas désagréable mais très mollasson. Les infos supplémentaires Michael Kenneth Williams (Roberts) est au générique de « Infiltrés » avec Susan Sarandon (2013). Premier épisode où nous entendons Vaughn dire ouvertement à Sydney « I love you ». Scénario : J.R.Orci et Jeff Pinkner Réalisation : Kevin Hooks Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Le piège se referme doucement sur Vaughn, qui ne comprend que peu à peu ce à quoi il a été entraîné. L’épisode doit beaucoup au fantastique Michael K.Williams en méchant qui s’assume, qui sait autant contrôler Vaughn que lui laisser un peu de marge. L’atout charme Izabella Scorupco, aussi convaincante en tueuse qu’en séductrice (malchanceuse envers Vaughn, preuve du non-réalisme de la série), donne à la mission de l’hôpital beaucoup de cachet. Les duels cinglants entre Roberts et Vaughn, avec force bluffs et manipulations, rythment régulièrement cette intrigue efficace. Le vol du manuscrit de Rambaldi est parfaitement minuté, avec en point d’orgue les trois balles que reçoit Dixon (comme lui, on se pince pour y croire). A l’APO, nous avons un amusant comique de répétition de Sloane qui ne contrôle plus trop ses employés : en sus de la désertion de Vaughn, Sydney nie avoir reçu un SMS de Vaughn, et ne change pas de tête quand son boss la confronte à son mensonge. Pendant ce temps, Jack expédie Dixon dans une mission secrète sans avertir Sloane, et même Marshall fait des analyses en douce. Ajoutez le diabolique piège dans lequel Sloane s’apprête à tomber, c’est décidément un sale temps pour lui. La réapparition de Katya Derevko est éclatante : en plus de son auto-empoisonnement avec un poison très… particulier, elle nous fait une révélation (pour changer) qui modifie encore quelques cartes de la série. Ajoutez les étourdissantes dernières secondes, et l’épisode n’a aucun mal à s’ancrer durablement dans la mémoire. 16. SLOANE & SLOANE Scénario : Luke McMullen Réalisation : Greg Yaitanes Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Malgré un très bon Joel Grey, le faux Sloane est loin d’impressionner ; la copie ne vaut pas l’original ! D’ailleurs, l’apparition de ce double sorti du diable vauvert est avouons-le un peu grosse, on aurait déjà dû en entendre parler. Mais en fait, la vérité est ailleurs : elle est d’abord dans la double mission. Celle se déroulant à l’hôtel est pleine de suspense avec un remake pétrifiant de la scène de l’ascenseur de Talon d’Achille (saison 2). L’invasion du repaire d’« Arvin Clone » est un concentré d’action trépidante dans des galeries et souterrains qui semblent infinis (les claustrophobes apprécieront), avec la participation de Sloane himself ! Mais le plus important, c’est la métamorphose de Sloane. Au début, il est plein de sincérité et de bonne volonté. Alors que Jack menace de le tuer, il se défend avec calme et logique. Lorsqu’il déclare tout son amour à Nadia, pour qui il a abandonné Rambaldi, il est émouvant (et Mia Maestro lui donne parfaitement bien la réplique). Le voir contraint de se replonger dans son obsession séculaire est donc un déchirement, comme s’il savait déjà que l’attraction funeste du génial inventeur allait le reprendre. Et ça ne rate pas : les regards fous de Sloane devant les artefacts de Rambaldi sont d’une force terrible, où un désir monstrueux se lit en lui. On les revoit lorsqu’il se retrouve devant la sphère rouge qui hante la série depuis le pilote. Notre esprit s’interroge momentanément sur le sens qu’a pour Sloane le mot de passe « Jacquelyn », mais est vite accaparé par le massacre du second du faux Sloane par un Sloane (le vrai) enragé. Dans le top 5 des plus grandes scènes de la série ! Un déchaînement de violence sanguinaire qui finit sur une image terrifiante : Sloane ayant basculé dans une démence inédite. Ron Rifkin n’a jamais été aussi glaçant, et on sera soulagés de le voir "retourner à la normale" dans les épisodes suivants. Les infos supplémentaires Joel Grey est né en 1932. Il est surtout connu pour « Cabaret » (1972). Le choix de Joel Grey pour jouer le clône d’Arvin Sloane s’explique par le fait qu’il était courant que lui et Ron Rifkin soient confondus dans le milieu. Sloane déclare que c’est la première fois qu’il est sur le terrain avec Sydney. C’est à demi-vrai : il est ici partie prenante de l’action, mais il l’était déjà dans une moindre mesure dans Sans issue (saison 3). 17. EN SURSIS
Scénario : J.R.Orci Réalisation : Lawrence Trilling Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Dixon revient à l’avant-garde, ça faisait longtemps ! A rebours du cliché habituel, Vaughn a quelques difficultés à neutraliser le vrai hacker (très bonne poursuite), dont Dixon usurpe l’identité. Il fait équipe avec l’autre agent infiltré, Raimes. Raimes est un espion inhabituellement plus réaliste dans la série, qui doit opter pour des choix éthiques douloureux (tuer quelques innocents pour en sauver des milliers d’autres). Amer, solitaire, et fatigué, c’est un des personnages les plus torturés de la série, que Nestor Serrano rend plus vrai que nature. Son sacrifice final, acte de bravoure et de résignation mêlées, est un grand moment d’Alias. Pendant que Vaughn renoue avec son côté obscur (lacérations de prévenus), Dixon joue les bluffeurs (Carl Lumbly toujours bon). La scène des toilettes puis celle du rendez-vous où il joue les vantards sont autant d’excellents moments. Jack doit composer avec la nouvelle de son irradiation. Entre rendez-vous graves avec son médecin (Michael McKean, aussi génial que dans les X-Files), silence qu’il s’impose à sa fille, et arrachage de peau évoquant Alien, Victor Garber met tout son talent pour nous faire partager les douleurs de son personnage. Grâce à l’interprétation tout en aspérités de Sonia Braga, Sophia Vargas sort vite de sa figure de victime par son comportement ambigu : amour profond pour Nadia suspect, passé chargé, dureté de ton... La révélation finale est tout simplement énorme ! Les infos supplémentaires Nestor Serrano (Raimes) n’est pas un inconnu. On l’a vu dans « L’Arme fatale 2 », l’épisode « Milagro » des X Files », « 24 heures chrono » Scénario : Steven Kane Réalisation : Brad Turner Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Le début de l’épisode joue sur l’adrénaline avec succès : la mission de Dixon s’achève avec force bagarres, rebondissements (la tierce personne), bluffs (l’hydrosek menaçant de tomber dans la canalisation), sans oublier une très belle tenue de Sydney. Mais l’épisode vire rapidement dans le drame psychologique où Jack se remet entre les mains de Liddell pour guérir. On sent comme une menace émanant de cette situation, grâce à la révélation du vrai état de Jack, et le jeu faussement lisse du génial Michael McKean. Lorsque le voile de l’illusion se déchire, on ne peut qu’applaudir ces scénaristes qui après 84 épisodes, réussissent encore à nous mener par le bout du nez ! Pendant ce temps, Sonia Braga passe incessamment de la douceur à la cruauté maléfique : elle oppresse son acolyte (on a pas envie d’être à sa place), sourit à pleines dents à Nadia et Weiss, tout en ayant la main sur un révolver. Décidément, les dîners tranquilles ne sont pas l’habitude de la série ! La contre-attaque finale est pleine de suspense, on passe très près d’un clash mémorable ! L’épisode doit beaucoup à son cœur : c’est une excellente idée de mettre Jack en pleine crise d’hallucinations. Outre que Victor Garber suscite l’effroi par les délires de son personnage, cela permet la grande séquence du « retour dans le passé » avec Sydney incarnant Irina Derevko !! Jennifer Garner est divine dans ce double rôle, et elle a un charme inouï grimée en Laura Bristow. Kane développe cette idée excitante avec un succès unanime, rien ne manque : Sydney/Irina jouant à l’épouse aimante, la petite fille incarnant l’innocente jeune Sydney, Jack d’abord méfiant (torrents de suspense) puis se laissant convaincre de cette réalité alternative, le décor de la maison, vestige ressuscité pour quelques temps d’un passé heureux mais révolu (l’épisode joue beaucoup sur la corde de la nostalgie de ce temps perdu). Le souhait final de Jack est à tirer les larmes, c’est une des plus belles déclarations d’amour du personnage. La coda est pleine d’espérance. Un des joyaux sublimes de cette saison. Les infos supplémentaires Première (et dernière) fois que nous voyons l’appartement de Jack Bristow. 19. L'ORCHIDÉE SAUVAGE Scénario : Jon Robin Baitz Réalisation : Jennifer Garner Résumé La critique de Patrick Sansano
Dans le James Bond « Moonraker », il était déjà question d’une orchidée (orchidea negra) que Drax utilisait pour faire un gaz mortel. Ici, c’est une fleur faite sur la base des écrits de Rambaldi. L’orchidée est donc une source d’inspiration pour les scénaristes. On découvre que la boule rouge (la machine de Muller), œuvre de Rambaldi réalisée par Sloane, est un instrument de mort.
La critique de Clément Diaz
Le plus bel épisode de la série. Cet épisode est une pause dans la succession des loners et de la Mythologie. Il est unique, à part. Pas d’action, pas de conflit d’intérêts, pas de gros méchant. Seulement une nouvelle exploration du personnage d’Arvin Sloane, qui à travers une expérience d’hypnose régressive, nous montre une face cachée de sa personnalité. La réalisation de Jennifer Garner trouve de superbes idées pour filmer somptueusement les scènes oniriques, on peut regretter qu’elle n’ait pas continué dans cette voie. L’idée démente de Jon Robin Baitz consistant à faire du faux Sloane une copie cérébralement parfaite du vrai permet des situations rocambolesques d’un humour très noir. Ron Rifkin est d’une majesté insurpassable : à chaque scène, il est immense. On commence en fanfare par le faux Sloane s’invitant dans un monastère particulier : il est dévoué à Rambaldi, le père supérieur est dans un bureau de travail, les gardes ont des fusils… le McGuffin est une orchidée du XIIIe siècle convoitée par Arvin Clone. Grâce à la Machine Muller, il enclenche une invasion d’abeilles tueuses ; bref, une intro sous acides ! « Arvin Clone » est une copie exacte d’Arvin Sloane : souvenirs, actions, émotions, il EST Arvin Sloane ; il connaît même Sydney, Dixon, Jack alors qu’ils ne se sont jamais vus… Les dialogues entre lui et les membres ébahis de l’APO sont pleines d’humour grinçant. Sa fin tragique liquéfie le sang, un choc. La sortie héroïque de McCullough, invisible depuis Phase Un (saison 2), est aussi une excellente idée. La révélation de l’objectif ultime des Sloane est un foudroyant retournement : Sloane a accompli des actes cruels pour la cause la plus humaine qui soit : le endgame caché de Rambaldi. C’est d’une virtuosité étourdissante. Nous pénétrons dans la plus intime partie du cœur de Sloane, où couve un traumatisme dévastateur dont il ne s’est jamais remis. Les images idylliques sont filmées par Jennifer Garner avec une maestria stupéfiante. Si elle a été conseillée, elle a bien suivi les conseils de l’équipe ! Outre le plaisir de revoir Amy Irving, il y’a une émotion magnifique qui déborde, grâce aux mots mesurés de Baitz et au gargantuesque talent de Rifkin, dont c’est l’unique fois de la série qu’il s’effondre en larmes. La tentative de Sloane de demeurer dans un imaginaire paradisiaque, à l’abri de sa conscience tourmentée, est bouleversante. L’imaginaire comme ultime refuge, voilà une thèse que n’aurait pas renié le réalisateur de Brazil ! Michael Giacchino se surpasse : sa musique enchantée, jusqu’à de vibrants violons, est inoubliable. Les infos supplémentaires Unique réalisation par un acteur principal de la série : Jennifer Garner elle-même. Aucun réalisateur n’étant disponible pour cet épisode, elle accepta de le diriger. Elle n’a jamais réitéré l’expérience, expliquant qu’elle n’a pas l’intention de poursuivre cette voie. 20. DE CHARYBDE... Scénario : Jeffrey Bell Réalisation : Jeffrey Bell Résumé La critique de Patrick Sansano
Et malgré Mia Maestro et Ron Rifkin, « De Charybde » sent vite le ratage. Par faute d’un script de Jeffrey Bell faible. La surenchère de faits de plus en plus abracadabrants nuit à l’ensemble. Ici, on veut éloigner Sloane de Rambaldi comme un alcoolique de sa bouteille. Hayden Chase est une pimbêche avec laquelle rien n’est négociable et aucune discussion possible. Mais en faire la maîtresse d’un des personnages principaux (spoiler) n’est pas une bonne idée. D’ailleurs, on arrête pas de promettre à des méchants des peines moins dures voire des pardons s’ils font tomber d’autres méchants. C’est devenu une habitude de la série. Combien de criminels méritant la chambre à gaz se voient promettre l’impunité contre une confidence, une trahison. Dans « Alias », on passe son temps à mentir, à promettre pour mieux trahir, à faire des marchés. Rambaldi et Arvin Sloane, c’est l’histoire d’une véritable obsession semblable à la recherche du Graal. Quant aux faux coups d’éclats (les personnages tués mais qui ont survécu miraculeusement), ils deviennent tellement répétitifs que le public se lasse. On ne peut quand même s’empêcher de rire lorsque Sloane ose encore dire « Faites moi confiance ». Trop de péripéties et l’alchimie d’Alias s’effondre. J J Abrams s’est lui-même enfermé dans la spirale de la surenchère permanente, chose qui a des limites. Elles commencent à être sérieusement dépassées ici. Cet épisode a un titre anglais dangereusement révélateur : la descente. Quant aux morts, ils passent leur temps à ressusciter. Ben voyons. Qui veut parier que dans une saison 6. Lauren Reed/Melissa George serait revenue car c’est un sosie qui aurait été tué fin de la saison 3, etc…
La critique de Clément Diaz
L’épisode est à couper le souffle. Après l’introduction voyant le vol théâtral des artefacts, nous avons un moment de comédie où Vaughn demande Sydney en mariage à son père. Cela nous vaut un massacre hilarant de Jack, qui répond à celui de Danny dans le pilote. La scène trouvera une résolution dans le beau dialogue final entre les deux hommes. La scène de révélation vaut surtout pour le déchirement de Nadia, trahie par une femme qui faisait semblant de l’aimer, et qui ne fit que l’utiliser. Mia Maestro joue magnifiquement cette scène. Le flash-back un an auparavant, quand Sloane et Nadia partent à la recherche de la « Sphère de Vie », est l’occasion d’un dialogue passionnant entre eux et le gardien des prophéties, mais surtout d’un numéro de cinglé intégral de Ron Rifkin quand Sloane est devant le coffret. Rendu fou par le pouvoir de la Sphère, Sloane fait basculer l’épisode dans l’horreur pure, oubliant toute prudence. L’effarement de Nadia renvoie à celui du spectateur. La chute de Sloane et sa résolution sont filmées avec brio. Souvenir des missions passées avec Sydney en « dame de la haute » qui manipule délicieusement le serviteur de Rambaldi, pendant que Chase embrasse son amant (inattendu, mais gratuit, ça n’a pas vraiment d’intérêt). La prestance de Sonia Braga est telle qu’Elena apparaît encore plus diabolique (pauvre Dixon !) qu’Irina et Katya. Elle domine tous les débats. On ne sait pas du tout quel rôle se donne Sloane, qui passe son temps à trahir les deux camps en présence. Grâce à Rifkin, on se laisse prendre au jeu. Quel suspense, mes aïeux, quel suspense ! Ah, et puis Isabella Rossellini qui nous refait son numéro de charmeuse friande de doubles sens et de psychologie (elle déshabille l’esprit de Jack avec une netteté imparable), là, c’est fromage et dessert. On peut regretter que Katya ne soit pas revenue plus souvent dans la série. Dommage que la révélation finale soit bien trop exagérée. Les infos supplémentaires Marshall a travaillé 6 ans au SD-6. La musique entendue dans le magasin de Cannes est le deuxième mouvement (Andante) de la Symphonie n° 94 en sol majeur « La surprise » de Franz Joseph Haydn. 21. EN SCYLLA... Scénario : Monica Breen et Alison Schapker Réalisation : Lawrence Trilling Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Search and Rescue fait partie de ces épisodes où le spectateur est en danger de faire une crise d’asthme devant l’accumulation serrée d’action et de rebondissements. Monica Breen et Alison Schapker ont dû écrire le scénario sous LSD tant celui-ci file à la vitesse de la lumière. Ce prodigieux effort n’est grevé que par les contorsions scénaristiques forcées pour légitimer le retour de Lena Olin en Irina Derevko. Malgré tout, on est pris dans cet épisode qui plonge dans le Fantastique pur. L’interruption du récit au moment où l’APO se lance dans la bataille est un tremplin dont la simplicité n’a d’égale que l’envie de se jeter sur l’épisode suivant. La scène de danse, 18 mois plus tôt, entre Jack et (la fausse) Irina, très affectueuse, est un superbe duel d’acier et de velours. Malheureusement, on n’arrive pas à avaler l’improbable rebondissement : ainsi une adepte de Rambaldi se serait soumise au projet Hélix et se serait laissée tuer pour protéger sous ordre d’Elena Irina et ses secrets. Même à l’échelle de la série, c’est limite ! De plus, le comique de répétition de Vaughn n’arrivant jamais à demander Sydney en mariage introduit un humour qui n’a pas sa place dans un épisode aussi sérieux. D’ailleurs, quand il arrive enfin à faire sa demande, les acteurs retombent dans les travers de leurs jeux. Ce couple n’a décidément pas l’alchimie souhaitée par le créateur. Toutefois, quand l’épisode fait un bilan de la saison, regardant comme des souvenirs ses aventures passées (l’affaire Bishop, l’index Blackwell, l’orchidée…), on ne peut s’empêcher d’avoir un sourire. Jennifer Garner sort la grosse artillerie pour la mission au paradis de la luxure : Ibiza. En bombasse nymphomane, elle explose tous les records de sensualité vulgaire. « L’interrogation » de Nasard, l’allié d’Elena, montre pour la première fois Sydney torturer quelqu’un (supplice de la noyade), un fait unique à mentionner. C’est vraiment une mission tonitruante. Breen et Schapker se déchaînent comme jamais lors de la mission de délivrance de la vraie Irina au Guatemala, dans une forêt sans fin aux dangers cachés (réalisation ample de Trilling). On a droit à tout le paquet : bagarre épique de Nadia (une des meilleures de la série), Sydney piégée dans le nœud coulant, fusillades nourries, sans oublier la grenade qui balaye tout. Quant à Irina, elle a une manière bien à elle de saluer son mari (Hum !). Lena Olin fait un retour gagnant : femme d’action entêtée, aussi bien que mère aimant malgré sa nature ses enfants. Irina Derevko n’a rien perdu de son charme vénéneux. La scène de l’avion avec la réunification progressive des liens familiaux est bien faite, c’est touchant. La dernière partie voit l’invasion d’une démesurée machine Mueller activée par Elena (et Sloane ?) qui déclenche le début d’une apocalypse planétaire. La vision des citadins transformés en tueurs fous est réellement saisissante. Le saut en parachute de nos amis, prêts à affronter et un ennemi inconnu et le compte à rebours final à la fois, est un excellent cliffhanger vers le final de la saison. Les infos supplémentaires Pensant que Lena Olin ne reviendrait pas (préférant se consacrer à sa famille), les auteurs tuèrent le personnage d’Irina Derevko au début de la saison. Lorsque l’actrice leur communiqua qu’elle accepterait de revenir dans la série, ils durent imaginer cette contorsion du scénario pour la faire revenir. On ne refuse rien à l’égérie d’Ingmar Bergman ! Quand Sydney téléphone en russe à l’APO, elle mentionne « M.Nemec ». Clin d’œil à André Nemec, scénariste et producteur superviseur de la série. La musique entendue pendant le bal de l’ambassade est l’ouverture de La Traviata de Giuseppe Verdi. 22. IL DILUVIO Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec Réalisation : Lawrence Trilling Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Le finale de la saison 4 peine à tenir ses promesses. En voyant nos héros affronter des humains transformés en zombies, on se dit que les scénaristes Josh Appelbaum et André Nemec ont porté Alias à son plus haut niveau de délire. On voudrait s’en réjouir, mais ils commettent l’erreur fatale d’hésiter entre plusieurs influences sans se fixer sur une : survivor à la Romero, défouloir à la Resident Evil, espionnage avec compte à rebours apocalyptique… le tout donne une pâte molle, anticlimatique. Quelques âneries et hors sujet d’écriture sont aussi à relever. Pourtant, Il Diluvio bénéficie d’atouts si forts qu’on enrage d’autant plus l’intrigue mal dégrossie des auteurs : la réalisation angoissante sous filtre rouge névrotique de Lawrence Trilling, signant là sa meilleure et dernière collaboration à la série ; la confrontation d’Irina et Jack face à Elena, l’accomplissement cataclysmique de la prophétie du Passager, et surtout le pardon général entre les différents protagonistes. Sur ce dernier point, l’épisode aurait pu conclure la série, et ce avec satisfaction, tous les arcs et conflits étant désormais clôturés. Pour autant, il faut reconnaître que le cliffhanger ultime de la saison est tout simplement ENORMISSIME !! Pétrifié par ce que vient de dire Vaughn, le spectateur est à deux doigts d’avoir un arrêt cardiaque lorsqu’il reçoit en pleine figure le plan final ! Dans une ville déserte, peuplée de morts-vivants, cinq sauveurs contemplent l’enfer sur Terre (le premier qui dit The Walking Dead…). La mise en scène, la lumière rouge, les décors de fin du monde, la musique dissonante… tout concourt à faire de Sovogda un pandémonium terrorisant. Passée cette mise en bouche, l’épisode se perd dans des directions contradictoires : il y’a trop peu d’action (une seule attaque de zombies, un empalement, et pis basta), et le côté survivor est gommé par des dialogues bavards virant parfois dans le déphasage consternant. Sydney parlant de son prochain mariage à tout le monde, c’est déjà lourd (le sommet est atteint lors de son échange de serments d’amour avec Vaughn, stop !), mais on souhaite encore plus que J.J.Abrams retire du cahier des charges les passages d’humour obbligato à chaque épisode : les blagues foireuses de Marshall et Weiss sont carrément insupportables dans une situation aussi sérieuse que la fin du monde. D’autant que leurs interventions n’auront finalement pas le moindre impact sur l’action. Bon, et puis Nadia qui se fait attaquer par une centaine de zombies et qui s’en tire sans une égratignure, là, c’est sacrément pompant. Il est aussi énervant d’imaginer qu’un type aussi intelligent que Sloane allait croire qu’il lui suffirait de se présenter comme ça devant l’équipe pour qu’on l’accueille à bras ouverts. Les poings de Jack le détrompent heureusement. La fascination qu’exerce les labyrinthes du métro (les auteurs ont-ils pensé à l’excellent Medusa des X-Files ?) est passée à l’as devant tant d’erreurs. Et c’est cet épisode-là que choisit Sonia Braga pour nous infliger une prestation ratée de Génie du Mal. Elena, la même expression corporelle tout le long, n’a plus l’ampleur qu’on percevait chez elle naguère. Elle casse en partie l’effet de sa scène avec Nadia, qui rencontre un destin pire que la mort (Mia Maestro est en revanche d’un charisme époustouflant). Heureusement, la dernière partie de la mission raccroche enfin les wagons du suspense : disparition de Sloane, lutte fratricide entre Sydney et Nadia jusqu’à une conclusion terrible, et surtout la partie de bluff magistrale entre les époux Bristow et la sœur renégate, d’une tension phénoménale. Lena Olin, d’une fougue inimaginable, forme avec Victor Garber en mode sadique vengeur un duo aussi énorme que la machine Mueller. La réconciliation générale qui survient à la toute fin, est crédible : les personnages ont tant souffert qu’ils peuvent enfin goûter le repos, et on ne peut s’empêcher de penser que la série aurait pu se finir là. L’harmonie générale fait plaisir à voir. Mais il y’a une saison encore ! Alors, les auteurs imaginent une coda à l’effet dévastateur. Vaughn lâche une révélation qui nous laisse sur le cul, puis BADABOUM ! Cliffhanger mortel, noir. L’efficacité monumentale de ce procédé est telle que Supernatural ne se privera pas de le réutiliser à la fin de sa saison 1. Allez, jetez-vous vite sur la dernière saison ! Les infos supplémentaires Lorsque la caméra filme les cinq agents en train de sauter de l’avion, on aperçoit sur le côté un sixième personnage. Un membre de l’équipe technique trop visible ? Images capturées par Patrick Sansano. |
Saison 3 2. Monnaie d'échange (Succession) 4. Chaînon manquant (A Missing Link) 6. Noir et blanc (The Nemesis) 8. Volte-face (Breaking Point) Scénario : J.J.Abrams Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano Le thème du héros que l’on retrouve amnésique en Orient a déjà été exploité dans l’excellent double épisode de « Hawaii Police d’état » : « Les neufs dragons » qui inaugurait la saison 9, s’étant déjà inspiré des romans de Ian Fleming où 007 est considéré mort au Japon et où M rédige sa nécrologie, alors que l’agent amnésique ne réapparaîtra qu’un an plus tard au début de « L’homme au pistolet d’or », tentant de tuer M après un lavage de cerveau par le KGB. Jennifer Garner joue toujours aussi mal et plus personne n’attend d’évolution de côté-là, son cas étant désespéré. Victor Garber en prison et à l’isolement ressemble beaucoup à Carlos le terroriste et gagne un peu d’épaisseur au propre comme au figuré. Cela ne dure pas et il retrouve son physique fâlot lors de sa libération. Il n’est plus question pour Sydney de venger son fiancé Danny Hecht. Quant à la fameuse révélation d’Irina à sa fille, selon laquelle elle est celle qui a été choisie par Rambaldi pour accomplir la prophétie, il n’y est plus fait allusion alors que c’était la grande nouvelle de la fin de saison 2, d’ailleurs Lena Olin est absente de l’épisode. Parlons donc des bonnes nouvelles, et autant que faire se peut des bons comédiens : un nouveau salaud fait son apparition dans la série, Lindsey, et le comédien Kurt Fuller, aux faux airs d’Anthony Hopkins, y est sublime. Ron Rifkin parvient à nous faire croire à sa rédemption, au fait que depuis Zurich, il se dédie à une fondation luttant contre le cancer. Cet exercice de style périlleux entre bien et mal dans lequel Lena Olin n’a jamais été convaincante avec ses grimaces et sourires à deux sous, Rifkin le franchit avec son jeu subtil habituel. Michael Vartan joue comme un cochon, et il fait vraiment pitié à voir dans une scène où il vient demander des nouvelles de Sydney. Il n’est pas aidé par sa partenaire qui est aussi nulle que lui. On a gardé Dixon, personnage autant inutile que Peter Lupus dans « Mission Impossible », sans doute pour conserver un quota de blacks dans la série. La série est de plus en violente (scène du meurtre dans le TGV) mais lorsque Sydney tue un agent russe, on a l’impression d’être dans un mauvais clip vidéo ou dans une pub pour un parfum. Jennifer Garner joue comme les héroïnes d’il y a quarante ou cinquante ans, alors que le monde a changé et que le jeu des comédiens a évolué. Absents de l’épisode, Sark, Tippin, Irina laissent la place à des seconds couteaux montés en épingle et aussi médiocres que Flinkman. C’est particulièrement le cas du descendant de Houdini, le fatman Eric Weiss, joué par Greg Grunberg, version Obélix de Flinkman. Dès la saison 2, ce personnage était surestimé et sa présence à l’écran injustifiée. Il monopolise de nombreuses scènes, on se demande bien pourquoi. On espère que le niveau sera réhaussé par l’arrivée de Lauren Reed/Melissa George, l’épouse de Vaughn, encore en coulisses. Enfin, le ridicule ne tue pas. Le puceau Flinkman a enfin trouvé chaussure à son pied et sa copine (voisine de bureau) est enceinte de ses œuvres. Son humour est toujours au raz des pâquerettes. On ne sait plus trop dans quelle direction « Alias » va aller. Kurt Fuller hélas ne semble pas là pour longtemps (six épisodes seulement). On l’aurait bien échangé contre Jennifer Garner. La critique de Clément Diaz Le créateur tient à nous rassurer : deux ans ont peut-être passé, mais les habitudes de la série demeurent. L’épisode commence donc par une fracassante baston de Sydney qui nous met en appétit. Le premier tiers de l’épisode va être principalement dédié à la difficile accoutumance de Syd au « nouveau monde ». Soient donc Dixon promu chef des opérations de la CIA, Carrie portant l’enfant de Marshall, Jack en prison à perpétuité pour insubordination, contacts de Sydney désormais inactifs, Vaughn démissionnaire et nouvellement marié, et un sacré emmerdeur du nom de Robert Lindsey. Interprété par un Kurt Fuller d’une férocité absolue, Lindsey est rapidement plus désagréable que l’antipathique mais objectif Kendall. Leur affrontement est plein d’étincelles. Les deux changements les plus importants sont la nouvelle épouse de Vaughn (J.J.Abrams nous asticote en reportant l’entrée de l’heureuse élue à l’épisode suivant), et surtout l’incroyable rédemption d’Arvin Sloane. Désormais philanthrope respecté qui a donné de précieux renseignements à la CIA, et maintenant un de leurs meilleurs alliés - une nouvelle que Syd a du mal à avaler. Sa scène unique est pensée comme le centre de gravité de l’épisode. Sloane veut se montrer bon et généreux, et Ron Rifkin, tout en intériorité, est si talentueux que le spectateur se surprend à croire (un peu) au revirement du Big Bad n°1 de la série. Bon, Sydney remet les pendules à l’heure en le sermonnant (et pas qu’en paroles), mais malgré tout, c’est elle qui ironiquement a le mauvais rôle : le culot bien connu du scénariste. On passera sous silence la plus grande importance accordée à l’agent Weiss, qui ne sort pas de la case « second rôle de remplissage ». Au final, c’est vraiment une nouvelle série qui ressort de ce deuxième changement d’ère (après la révolution Phase One). Sydney est à peine revenue dans le monde des vivants qu’elle est déjà en pleine tourmente. Elle montre cependant toute sa puissance en piégeant tout le monde d’un coup de bluff magistral, puis se lançant dans une croisade solitaire pour révéler au monde qu’elle est de retour, et que ça va chauffer !! Elle y arrive au-delà de toute espérance : sa mission à Prague, aussi brève soit-elle, nous régale d’une scène d’action (et d’une tenue sexy) spectaculaire. Tandis que le guet-apens parisien renoue avec le suspense cher à la série. La coda, en deux temps, est inégale : si on se réjouit de voir Lindsey plier sous le chantage de Sydney, voir cette dernière démolir Vaughn sous un injuste torrent de paroles blessantes est malheureusement d’un ridicule mortel. Sydney attendait donc de Vaughn qu’il ne crut pas à sa mort alors que tout l’indiquait ? La dame a sacrément élevé ses exigences pour ses petits amis ! Retenons enfin le cliffhanger qui nous donne une petite idée de ce qui s’est passé pendant le hiatus de deux ans : Ouch, eh ben ça promet ! Un épisode qui a valeur de prologue à une nouvelle période, mais à l’action, au suspense, et au mystère savamment dosés. Que la saison 3 commence ! Les infos supplémentaires Robert Lindsey (Kurt Fuller) a remplacé Jack Bristow. Le personnage apparaîtra dans en tout six épisodes de la saison. Melissa George (Lauren Reed) est créditée au générique. Elle n’est cependant pas présente dans cet épisode. Greg Grunberg (Eric Weiss), après deux saisons en tant qu’en acteur récurrent, est promu en acteur régulier, son nom étant lui aussi au générique. Une superbe coquille de la part des chargés de décor, la mission à Paris se déroulant près de la Société de fabrication de « Monmartre » ! Sloane mentionne que Volkov était un ancien membre du MVD. Il s’agit du Ministerstvo Vnoutrennikh Diel ; l’équivalent du Ministère de l’Intérieur russe. 2. MONNAIE D'ÉCHANGE Scénario : Roberto Orci et Alex Kurtzman-Counter Réalisation : Daniel Attias Résumé Jack montre à sa fille un film pris durant sa disparition, et sur lequel on la voit tuer un homme. Deux agents de la CIA sont enlevés à Berlin dans un ascenseur par le groupe Covenant. L’un des otages est décapité, pour rendre l’autre vivant, Covenant réclame Sark. La critique de Patrick Sansano Vu la médiocrité ambiante (Garner, Garber, Vartan et l’inutile Lumbly), ils n’ont aucun mal à émerger du lot. Sydney qui s’habillait jadis lors de ses missions en sexy girl est maintenant déguisée en moche intello binoclarde. Dixon est un très mauvais choix pour jouer un rôle important à la CIA. Autant son insignifiance passait en simple comparse, autant il plombe à son tour la série comme s’y ingénient Sydney et Vaughn depuis longtemps. Il n’est plus question ici du trésor de Rambaldi, et on le regrette. J J Abrams ayant décidé d’être enfin un peu charitable avec le public masculin nous propose une alternative au laideron aux oreilles décollées en la personne de Melissa George, qui cumule à la fois le rôle d’un agent et de la femme de Vaughn. Mais ce qu’elle offre ici ne nous permet pas de nous prononcer sur ses talents de comédienne. Brillent par leur absence Irina et Tippin. Cette troisième saison a choisi une direction différente, une suite plus grave et avec moins d’humour, avec un SD6 du pauvre en la matière du Covenant. On en revient, somme toute, toujours à la même question. Comment une série aussi faible a-t-elle pu éviter l’annulation pendant cinq saisons ? La critique de Clément Diaz
Il y’a quelques scènes énervantes comme la triste anamnèse de Vaughn sur son deuil passé (Vartan ne s’améliore pas), la discussion informatique entre Jack et Irina ; Lena Olin ayant plié bagage, les scénaristes ont recours à cet expédient peu glorieux. Ou encore la discussion très exogène au ton de l’épisode entre Sydney et Sark (malgré un David Anders toujours aussi régalant). Le reste est correct, mais s’inscrit dans une histoire qui met un temps infini à se développer. Les auteurs se rattrapent donc avec la recette classique de la série : on répond à quelques questions, mais on en pose beaucoup d’autres. Le mystère, carte ultime de la série, continue de tenir sur la durée : que s’est-il passé pendant les deux ans ? Quel est le lien entre l’échange de Sark et l’assassinat de Lazarey (dont la véritable identité est l’objet d’un twist très surprenant) ? Que recherche le Covenant ? Et puis, il y’a bien sûr Sloane qui jure sur ses grands dieux qu’il a trouvé la rédemption devant Jack qui ne cache pas son scepticisme. Cette kyrielle de questions fascine. Dommage qu’elle soit engendrée par des dialogues à rallonge. Les deux missions au Mexique et en Allemagne sont d’intérêt inégal. La première voit l’échange Sark-Rotter qui va génialement foirer grâce à la traîtrise de Lindsey (Kurt Fuller se surpasse en salaud total). Le suspense prend. La mission allemande est plus classique avec une infiltration peu mémorable de Sydney sous la couverture d’une chimiste spécialisée dans les drogues. Le coup du faux code secret est un peu trop tiré par les cheveux, mais on retient ce nouveau mystère lorsque le chirurgien meurt après avoir prononcé quelques paroles énigmatiques à Syd. On retient aussi le début de l’épisode avec la méthode d’enlèvement la plus délirante imaginée par un scénariste, ainsi que le colis cadeau que réceptionne Sydney dans un cinéma porno (bon appétit !). L’épisode s’achève par l’entrée en scène de Lauren Reed, campée par une Mélissa George très « bombasse » : cheveux blonds dénoués, minois sublime, jambes dénudées, et veste élégante ; une entrée remarquable et… remarquée ! Les infos supplémentaires Vaughn devenu enseignant recommande à ses étudiants de voir à la cinémathèque « Les 400 coups » de François Truffaut. Première apparition de Lauren Reed (Melissa George). On trouve dans la liste des agents morts de la CIA beaucoup de noms de l’équipe technique : Scott Chambliss, Nicole Carrasco, Frederick Toye, Maryann Brandon… Scénario : Jeff Pinkner Réalisation : Jack Bender Résumé La critique de Patrick Sansano Loin de Lena Olin et de ses remords et repentances pitoyables en Irina dans la saison 2, Rifkin insuffle à Sloane une crédibilité dans son action humanitaire contre le cancer, sans que le téléspectateur ne soit dupe et oublie quel monstre il est. Il est bien plus difficile de jouer un méchant qu’un héros, et Rifkin y excelle. Concernant Lauren/Melissa George, on en a fait une sorte d’anti Sydney. Elle est aussi blonde que Sydney brune. Les admirateurs de la brunette doivent la détester. On regrette beaucoup l’absence de Lindsey/Kurt Fuller. Il est dommage aussi de laisser autant de bonnes scènes à David Anders/Sark qui croisement hasardeux de David Hallyday et de Bénabar n’a pas du tout le look du terroriste qu’il est censé être. Melissa George joue mieux que Jennifer Garner, chose qui n’est pas bien difficile, mais son travail d’actrice jusqu’ici ne mérite pas des louanges comme celles destinées à Rifkin. Le personnage n’est pas encore suffisamment développé, mais elle le joue tout en nuances au lieu d’en rajouter dans le côté odieux, ce qui est de bonne augure pour la suite. Mark Ivanir est plausible en Orantsky. Son personnage reste hélas celui d’un comparse mineur et n’atteint pas la galerie des grands vilains de la série. On retrouve ici des ralentis façon 007/Brosnan dans lesquels Sydney et Vaughn échappent par miracle aux plus dangereuses des explosions à la seconde près. La critique de Clément Diaz
Dans une situation évoquant irrésistiblement Ally McBeal, voilà un homme, sa femme, et son ex qui travaillent au même endroit. Vaughn doit jouer les médiateurs entre Sydney et Lauren qui lors des deux briefings de l’épisode ne trouvent rien de mieux que de gueuler de concert. Melissa George unit sa sensualité à de très bonnes mimiques d’actrice, rendant crédible le mariage entre Lauren et Michael. Elle compose une alternative à Sydney : dépassionnée, à l’énergie plus intérieure, et plus chaleureuse ; Jennifer Garner demeure dans son registre fonceur et lutteur : leur affrontement tient ses promesses, même si l’armistice est signé à la fin. Pinkner, touché par l’inspiration, a d’excellentes idées : le satellite explosant en plein parc est une secousse, et l’instant d’après, on rit en voyant Sydney et Weiss dans une scène de beuverie hilarante. Greg Grunberg, pour une fois, est très supportable. Sloane reste encore à l’écart, mais même avec une seule scène, il nous marque toujours autant ; on adore l’entendre répondre à une Sydney le menaçant des pires sévices : Vous m’avez manqué ! Sourires fielleux, airs satisfaits, et roublardise pince-sans-rire, Ron Rifkin confirme d’épisode en épisode sa suprématie dans le casting. La mission au Mexique avec surveillance à distance et prise d’otages nous colle à l’écran, d’autant que Boris Oransky (fantastique Mark Ivanir) est un méchant aussi effrayant que déterminé. Sark continue son numéro d’opposant efficace et flegmatique. La deuxième mission à Moscou enchaîne fusillades et explosions avec célérité, le coup de poker joué par Vaughn et Sydney (dans une robe de soirée à tomber par terre) est d’une audace incroyable. Elle se superpose à Jack qui doit tout faire pour empêcher Marshall et Dixon de déchiffrer la vidéo montrant Syd en train de tuer Lazarey. Un double suspense haletant, mené tambour battant par l’expérimenté Jack Bender. Au final, une nouvelle réussite ! Les infos supplémentaires 4. CHAÎNON MANQUANT Scénario : Monica Breen et Alison Schapker Réalisation : Lawrence Trilling Résumé La critique de Patrick Sansano Désormais, dans chacune des préparations des commandos de Sydney, nous devons supporter la jalousie de Vaughn, son regard de chien battu. Tout cela s’insère plutôt mal dans les intrigues, affaiblissant l’aspect noir du monde de l’espionnage. Notons que Lauren se substitue à Sydney dans le rapport étrange père fille que distillait Arvin Sloane jusque là. On retrouve l’aspect feuilleton avec le cliffhanger traditionnel en fin d’épisode. Les meilleurs moments sont dus aux apparitions trop courtes de Ron Rifkin, dont l’éclat du personnage de Sloane ne s’effrite pas. On regrettera devant certaines scènes croustillantes que Jennifer Garner incarne Sydney. Là où d’autres comédiennes auraient rendu l’atmosphère torride, Garner désamorce immédiatement par son côté gnan gnan boy scout toute sensualité. Bien que fort jolie, Melissa George joue dans un autre registre et n’a pas le côté vulgaire et primitif du personnage de Sydney. Quant à Michael Vartan, il joue toujours aussi mal. « Alias », une série où les méchants ont plus de charisme que les gentils. La critique de Clément Diaz
Livrée à elle-même, Syd joue un double jeu périlleux, devant se faire passer pour l’ancienne maîtresse d’un mercenaire dont elle ne connaît rien. Elle improvise à la vitesse de l’éclair : mots bien choisis, attitudes sensuelles dosées, et surtout actions calibrées face à l’imprévu perpétuel de ses situations. Sydney doit duper Simon sur son identité, doit passer un « test d’admission » en volant le collier d’une princesse en sept minutes chrono - scène d’un suspense à vif, finissant par un superbe plongeon en petite tenue - doit se cacher quand Sark arrive dans la place, doit jouer à la tentatrice pour troubler Simon (la scène de la recherche informatique est une mini-course contre la montre à fouetter le sang), doit ouvrir un coffre plus coriace que prévu en une minute… et au final, doit passer une épreuve de loyauté terrifiante, objet d’un cliffhanger foudroyant et d’une excellente réplique à double sens (You shouldn’t betray me !). Jennifer Garner, toute en tenues aguicheuses, fait ici une de ses meilleures prestations dans une brillante mission qui n’est pas sans rappeler le très réussi Inter-Crime (saison 2) des Avengers ! Qu’importe devant un tel spectacle l’abus de scènes dialoguées, surtout que certaines, comme la première entre Syd et Lauren, bénéficient d’un walk and talk évoquant la formule gagnante du duo Aaron Sorkin-Thomas Schlamme. Sloane, caché derrière sa « respectabilité », s’autorise quelques pointes méchantes en déstabilisant la pauvre Lauren. Rifkin et ses sourires diaboliques sont un enchantement de chaque instant. Comme le spectateur sait qu’un jour ou l’autre Vaughn et Sydney seront de nouveau ensemble, il analyse le secret que Vaughn doit désormais cacher à Lauren à propos de Sydney comme étant la première fêlure de leur ménage. Melissa George a encore peu à défendre, mais n’incite qu’aux éloges. Un magistral épisode ! Les infos supplémentaires Sydney découvre que durant les deux dernières années, elle s’est appelée Julia. Scénario : Jesse Alexander Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano Heureusement, le sauveur permanent de la série, Ron Rifkin, arrive tel un Zorro du mal. « Alias » souffre de façon constante de la contradiction entre un bon comédien et une médiocre starlette. Cela crée un déséquilibre qui nous fait mesurer l’étendue de notre frustration si le casting avait permis d’avoir une bonne actrice dans le rôle de Sydney. Melissa George rehausse quand même le niveau et fait ce qu’elle peut aux côtés d’une Jennifer Garner transparente. Rifkin insuffle à Arvin Sloane une dimension rarement atteinte dans une série télé. Avec son talent, il nous fait croire à un s alaud qui à chaque masque qui tombe se révèle encore plus ignoble, mais retombe toujours sur ses pieds. Ici, face à un nouveau méchant que sert Sark, Bomani du Covenant, Sloane qui aurait été ridicule avec n’importe quel acteur lambda évoque une araignée qui continuerait à tisser sa toile et à prendre dans celle-ci ses proies alors qu’elle est sous la menace d’être piétinée. Sloane parvient à ne pas être ridicule en disant à Sydney qu’il remet sa vie entre ses mains. Oublié le pilote et la mort de Danny Hecht. Sloane devient agent double, triple. Au jeu des chaises musicales, Sloane a toujours une longueur d’avance. Il est trahi par Sark mais constitue le pire des evil mastermind en trouvant toujours par une pirouette (que le talent du comédien rend vraisemblable) son salut. Le téléspectateur est tellement abreuvé d’informations que suivre la série devient de plus en plus complexe, mais est-ce important ? Ce sont les coups d’éclat qui comptent, et « Alias » va de surenchère en surenchère dans ce domaine. Les déguisements de Sydney n’étonnent plus personne et sombrent dans la répétition (voire dans le ridicule). Beaucoup de personnages ont été perdus en cours de route : Tippin, Irina, et le raccord avec les premiers épisodes devient improbable. Les combats chorégraphiés de Sydney servent ici à meubler un scénario gruyère. Heureusement, les vilains disposent toujours de grands talents pour sauver les meubles : ici le comédien Djimon Hounsou en Bomani joue dans la cour des grands (revu depuis dans « Gladiateur » et « Blood diamonds »). On se demande bien pourquoi la production n’a pas aussi bien soigné le casting des héros. En une scène de pleurnichage jaloux voyant Lauren et Vaughn s’embrasser, Sydney plombe l’ambiance en nous entraînant dans une atmosphère « La petite maison dans la prairie ». Ô rage, ô désespoir. Le pire côtoie en permanence le meilleur dans « Alias ». L'épisode, grâce à Rifkin et Hounson parvient quand même à atteindre un bon niveau malgré le gâchis involontaire de Jennifer Garner, Victor Garber et de David Anders, méchant le plus faible en Sark. La critique de Clément Diaz
Alexander joue un coup classique : l’espionne sur le point d’être découverte se déshabille en vitesse et attend nue l’ennemi dans sa chambre. Que l’ennemi en question ait par miracle un avion à prendre, et n’arrange pas ses plans pour prendre du bon temps est une excuse faiblarde pour sauver Syd de ses ardeurs. De même, pourquoi Sydney révèle à Lauren qu’elle a poignardé Vaughn ? Elle s’attendait à ce qu’elle lui envoie des fleurs pour la remercier de son honnêteté ou quoi ? Une peu reluisante idée pour maintenir la tension entre Lauren et Sydney. Le rétropédalage de Lauren qui se calme après s’être emportée contre Sydney est grotesque. On se demande aussi comment Jack découvre qu’il a été percé à jour par Walker. Qu’il l’abat froidement au lieu de lui soutirer des renseignements est une faute, même s’il vient d’apprendre que sa fille a été une nympho dépravée quand elle était Julia ! Heureusement, l’épisode est rythmé par des rebondissements électrisants : la première mission de Lauren, avec l’enlèvement spectaculaire de Sloane, nous entraîne dans une folle course-poursuite, filmée avec maestria par Ken Olin. Le nouveau méchant, Bomani, joué avec une totale conviction par Djimon Honsou, est une opposition digne de ce nom, même si derrière lui, Sark tire pas mal de ficelles. L’ironie de la situation est d’un humour noir ravageur : Sloane doit maintenant jouer le rôle… d’un agent double qui espionne le Covenant et renseigne la CIA ! Mais malgré son épée de Damoclès, il demeure d’une prestance et d’une acuité percutantes. Rifkin est toujours au top. On aime aussi la mission chez les yakusas où Marshall fait sa deuxième expérience de mission. Marshall, moins lourd que dans Désigné coupable (saison 2), provoque l’hilarité en texan moustachu compteur de cartes, tenant le bras à une Sydney bimbo ! Suspense, humour, et action s’emmêlent efficacement. Contrairement à la saison 2, cette saison a pris tout de suite son rythme ! Les infos supplémentaires 2e mission de terrain de Marshall (après Désigné coupable), il fera une 3e et dernière mission (en solo !) dans Fantôme (saison 4).
6. NOIR ET BLANC Scénario : Crystal Nix Hines Réalisation : Lawrence Trilling Résumé La critique de Patrick Sansano
Mais le retour qui nous fait plaisir est celui de Kurt Fuller/Robert Lindsey. Les bons comédiens sont rares alors que nous avons une pléthore de gravures de mode dans « Alias », aussi Fuller amène sa pierre à l’édifice des meilleurs épisodes. Le personnage de Lauren se développe et prend de l’ampleur, des scènes lui sont consacrées sans son fade mari. On ne tirera pas sur l’ambulance Garner en la voyant en pitoyable blondasse, ressemblant ici à un travesti. La tension de l’épisode baisse à chaque passage consacré à Vaughn et Sydney et remonte avec Sloane, Lindsey, et même Allison et ce en dépit du fait que la comédienne qui l’incarne a un jeu assez limité. Notons que « Alias » multiplie les séquences déjà vues, et se plagie : combien de fois avons-nous vu Sydney en discothèque en femme fatale pour infiltrer l’ennemi ? Cela devient répétitif. Victor Garber semble s’ennuyer à mourir et se demander quand la série sera annulée. Melissa George interprète à merveille le personnage de Lauren, mais hélas il est n’est pas assez construit. Nous en savons peu sur la pyschologie de la dame, son passé, ses émotions. La nouvelle confrontation entre Sloane et Sydney aboutit une fois de plus à un KO sans discussion, le premier surnageant nettement et de façon écrasante sur l’insignifiance du second. Le rythme continue à être celui d’un TGV loin de nos téléfilms nationaux soporifiques. Arvin Sloane, de spectateur, redevient agent de terrain. Il est savoureux dans la rencontre avec Allison et Sark, la métamorphose d’Allison plongeant la série dans l’univers de la science-fiction. Nous partons désormais sur un nouvel arc narratif, qui est situé dans le hiatus de la disparition de deux ans de l’héroïne. Comme dans « Le Caméléon », au lieu de donner des réponses au spectateur, on soulève de nouvelles interrogations. Cet épisode est celui de l’affrontement supposé final entre Sydney et Allison devenue une sorte de Michael Meyers de « Halloween ». L’intérêt envers « Alias » revient malgré la médiocrité de Jennifer Garner et Michael Vartan.
La critique de Clément Diaz
Crystal Nix Hines ne lésine pas sur l’atout Alison. Plus hot et dangereuse que jamais, Merrin Dungey campe la femme fatale avec intensité. Elle forme avec Anders un duo diabolique très réussi. On aime son apparition en pleine nuit tout comme le flash-back de l’assassinat de Fran. Cet événement fait que Sydney est promue agent de liaison de… Sloane ! Leurs scènes sont un régal : Syd, très revancharde, fait tout pour rendre la tâche de Sloane impossible, espérant en secret qu’il échouera et que le Covenant le tuera. Peine perdue, Sloane est un bluffeur hors catégorie et se tire royalement des épreuves de son ancienne employée. Garner et Rifkin se renvoient très bien la balle. J.J.Abrams continue de dévoiler au compte-gouttes le mystère du hiatus de deux ans : il sait jouer avec les nerfs du spectateur ! Dixon perd toute objectivité en ordonnant à Syd de tuer Alison, pour venger sa femme (très bon Carl Lumbly). Tout le monde semble un poil survolté ! Alison gagne la première manche contre Sydney en l’assommant lors d’une mission où les coups de feu pleuvent. Mais c’est pour mieux laisser à l’héroïne une revanche lors de la mission finale, une bombe de suspense et d’action avec une poursuite et une baston d’anthologie. Le cliffhanger fait un sacré effet, mais se révélera hélas un pétard mouillé dans les épisodes suivants, dommage. Pendant ce temps, Lauren continue de se construire, et Melissa George confirme qu’elle est un atout de choix, y compris physiquement (superbe apparition en tenue légère). La rivalité entre la CIA et le NSA (toujours impeccable Kurt Fuller) est désormais consommée avec Lindsey avançant ses propres pions pour devancer la CIA. Ambiance décontractée, décidément ! Parenthèse comique : ne manquez pas Marshall qui fait une session jam pour faire sa demande en mariage à Carrie. C’est la scène la plus drôle de toute la série ! Les infos supplémentaires Nous en apprenons plus sur le mythe Rambaldi. Scénario : J.R.Orci Réalisation : Jack Bender Résumé La critique de Patrick Sansano
Pendant une bonne partie de l’épisode, et bien qu’il dispose de nombre de scènes ici, Ron Rifkin est moins intéressant que d’habitude. Arvin Sloane sert essentiellement de couverture à l’opération et n’est pas dans un de ses fameux et redoutables tours démoniaques. On retrouve plus tard le personnage et son charisme, mais là, les scènes sont brèves hélas. Profitant des protagonistes locaux (la Chine), l’épisode fait la part belle aux combats. Seul un enfant peut croire à la victoire de la Lara Croft au petit pied sur les héritiers de Bruce Lee, et tout le monde veut bien admettre contraint ou forcé que les américains dominent tous les arts martiaux comme tout le reste en ce monde. Vous ne l'aviez pas deviné, mais Jennifer Garner n'existe pas, c'est Chuck Norris déguisé, le QI restant au même stade. Une fois de plus, il y a des coups de pistolets qui se perdent et des changements d’héroïne en cours de série qui ne seraient pas superflus. J J Abrams, il n’y a pas de honte à s’être trompé d’actrice, il y a crime à persister à nous l’infliger. Pourquoi pas une passation de pouvoir Garner/George en cours de saison 3 ? Un épisode qui donne envie de rejoindre le Covenant pour éliminer définitivement de la surface de la terre la plus cul cul la praline des espionnes de l'histoire de la télé.
La critique de Clément Diaz
Les histoires partent dans tous les sens, et le spectateur peut prendre plaisir à être ballotté sans cesse. L’attention est déjà attirée par Javier Perez qui accepte de révéler à la NSA l’alias de Sydney pendant ses deux ans d’absence ; Jack doit prendre donc des mesures drastiques pour empêcher Perez de parler à Lauren et Vaughn. La scène-clé de leur kidnapping, suivi de la violente dispute entre Jack et Vaughn qui a tout compris, sont le corps de cette petite intrigue 100% efficace. Mais malgré leurs rapports tendus, le duo s’apaise et s’unit lorsqu’ils doivent aider Sydney. Leur réconciliation fait plaisir à voir. La réapparition cataclysmique de Sark devant Lauren piégée dans une voiture explosive met une tension du feu de Dieu ! Le rythme cardiaque du spectateur s’accélère brutalement lorsque Lauren avoue à Vaughn que Lindsey est désormais au courant de la double identité de Sydney : quel merdier !! Leur petite discussion sur leurs mensonges et leurs ordres respectifs sonne tout à fait juste. Melissa George irradie d’excellence. Le repêchage in extremis de Syd par Vaughn autorise une scène émouvante entre eux, avec Michael Vartan beaucoup plus convaincant que son habitude (dommage que Jennifer Garner cabotine). La mission en Chine est menée par Sydney et… Sloane ! Aussi à l’aise que Syd en agent double, Sloane se montre très sympathique et prévenant devant une Sydney qui a juste envie de vomir. Le décalage de leurs sentiments procure toujours autant de plaisir. Ajoutons la voiture téléguidée brouilleuse de système de sécurité de Marshall, la valse Straussienne du duo, et l’époustouflante scène d’action contre deux gardes, et la mission est un vrai must see ! A peine la mission finie, La lettre de Sloane relance une nouvelle fois l’affaire Sydney/Julia. Le final à Rome entrouvre des issues frissonnantes interrompues par le terrible cliffhanger ! Un épisode quasi parfait. Les infos supplémentaires Le Covenant, en voulant voler une arme secrète à la Chine, démontre qu’il s’agit d’une organisation qui n’est au service d’aucun pays. 8. VOLTE-FACE Scénario : Breen Frazier Réalisation : Daniel Attias Résumé
La critique de Patrick Sansano La critique de Clément Diaz
Une intrigue, deux fronts uniques. C’est un des épisodes d’Alias les plus économes au niveau narratif ! Mais le scénariste tire tout le jus de son idée : Sydney est torturée par électrocution (comme dans le Ciel jaune, saison 1), mais ne pipe mot. Niveau action, elle fait une louable tentative d’évasion, avortée toutefois. Niveau frayeur, elle se lie d’amitié avec Campbell, un détenu devenu fou. Pruitt Taylor Vince est mémorable en homme divaguant dans son monde. Il est l’objet d’un stupéfiant twist final, élaboré par Lindsey. Le chef du NSA est décidément un cerveau aussi machiavélique que Sloane : ne reculant devant rien, il utilise LA faille de Syd avec un brio indéniable, avec plus de succès que Sloane dans In extremis (saison 1). Kurt Fuller fait un superbe show, rendant des points à Rifkin lui-même. L’organisation du plan est impeccable. La « cache » de Jack est la preuve la plus éclatante qu’il est un homme prévoyant et plein de ressources. Cet ersatz de Quartier Général est fascinant dans ses moindres détails. Le trio central Vaughn-Jack-Sloane délaisse ses animosités pour une alliance virile et puissante, tendue vers un même but. L’infiltration de la FEMA est remarquablement minutée, avec en point d’orgue, un rebondissement inattendu aboutissant au courageux sacrifice de Sloane. Cet acte, ainsi que la performance de Rifkin, font que la certitude du spectateur quant au double jeu de Sloane, vacille. Ce démon incarné est plus magnétique que jamais, même allongé sur une table d’opération. Le rebondissement final avec l’arrivée du 4e larron conduit à un final explosif, dirigé par Brill (Richard Roundtree, très bien), et couronnant ce splendide épisode. Les infos supplémentaires Lorsque Jack se résout à s’allier à Sloane, ce dernier lui lance : Je te l’avais dit Jack, qu’on retravaillerait ensemble ! Il s’agit d’une allusion à Faux amis (saison 2) où Sloane faisait cette promesse à Jack. Plus de deux ans se sont écoulés entre les deux épisodes : la patience est toujours récompensée ! Un des personnages de l’épisode s’appelle Schapker. Un clin d’œil à Alison Schapker, scénariste et productrice de la série. Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano La critique de Clément Diaz
Le gros coup de poing que Sydney flanque à la femme de son ex (cas de force majeure) ne manque pas de piquant, et contrairement à ce qu’elle le dit, est moins une réponse à la dénonciation de Lauren qu’à la place qu’elle lui a prise dans le cœur de Vaughn. La scène tragi-comique où Sydney embrasse Vaughn croyant qu’il s’agissait d’un rêve le montre bien. Dans cet épisode, Lindsey qui demande carrément l’élimination de Sydney sert de révélateur de plusieurs personnages : Lauren montre son courage en lui mentant effrontément, mais ce dernier n’est pas dupe (Kurt Fuller n’est pas dans la demi-mesure, il le rend le plus odieux possible). Dixon profère avec un calme effrayant des menaces contre lui, tandis que Sloane voit sa belle assurance vaciller quand il subit un chantage, mettant en cause sa loyauté. Allons bon, qu’est-ce qu’il manigance encore ? Mystère, encore et toujours. On note aussi la vision de la main coupée à demi-décomposée dans la boîte enterrée. Pas très ragoûtant… Erica Leerhsen fait un sacré numéro en étudiante sexy et dingo (quelques gâteaux de hachisch doivent traîner quelque part), et David Cronenberg campe un médecin un peu fou mais qui sait ce qu’il fait. Le postulat génial élaboré par les auteurs (nos souvenirs sont inclus dans nos rêves), permet un développement excellent. Il nous fait voir Sydney errer dans les contrées de son royaume mental, poussant des portes et des passages fantasmagoriques, à la recherche de sa mémoire perdue. Visions idylliques et d’horreur, extérieurs paradisiaques ou salles souterraines cauchemardesques (et arrêt cardiaque de l’héroïne), en passant par la mémorable bagarre onirique de Sydney contre Lauren, puis… contre elle-même !! Toutefois, les décors comme la caméra statique d’Olin restent trop sages et ne transcendent pas l’histoire. On finit quand même sur un cliffhanger à en être vert de rage. Bien joué ! Les infos supplémentaires David Cronenberg, le réalisateur de « Dead zone », le remake de « La mouche » et « Existenz » joue ici le docteur Brezzel. Comme acteur, il avait joué dans « Jason X » l’opus futuriste spatial de « Vendredi 13 ». Scénario : Jeff Pinkner Réalisation : Jack Bender Résumé La critique de Patrick Sansano La critique de Clément Diaz
En regard de la fadeur du couple Sydney-Vaughn, le « ship » Sydney-Will paraît bien plus relevé. Cela doit beaucoup à Bradley Cooper, parfait en homme tranquille brutalement réveillé par un blast from the past. On n’a qu’à citer les retrouvailles entre Will et Sydney où le premier braque un révolver sur la deuxième tellement il n’y croit pas ! Par la suite, leur complicité donne tout le sel de l’épisode. Leur association commune dans l’action comme le rendez-vous avec l’informateur de Will (attention, twist massif en vue !), ou la mission en Allemagne sont des réussites. On peut tiquer en voyant Will métamorphosé en agent bling-bling qui en fait des caisses, et qui bastonne comme 007, mais ça s’inscrit bien dans la fantasmagorie de la série. On partage les sentiments de Will, excité à l’idée de tuer Alison pour venger Fran. La tueuse du Covenant n’a qu’une réplique, mais Merrin Dungey est toujours aussi létale, et subjugue rien que par sa présence. Son mano a mano avec Will tient ses promesses. Pinkner rappelle cependant combien la vengeance a un goût éphémère, Will ne se sentant aucunement libéré à la fin de l’épisode. On grimace cependant quand Sydney, dévastée par sa tristesse, se jette sur Will et fait l’amour avec lui ; psychologiquement c’est limite. Bon, mais faut bien que Will ait des compensations... Plus affreux, sale, et méchant qu’il ne l’a été, Lindsey laisse exploser toute sa tyrannie (tout le monde au cachot ou au casse-pipe). Kurt Fuller, pour sa dernière prestation, est plus brillant que jamais, et sa sortie se fait par la grande porte. Même après son départ, il nous régale d’un pied de nez à distance : délicieux ! Il est dommage que le plan de Sloane soit si évident dès le départ. On se console avec Sark, démon blond au sens de la famille limité (euphémisme !) et flingueur gentleman (ah, ce clin d’œil quand il chipe l’artefact de Rambaldi !). David Anders fait une parfaite composition. Un épisode hautement recommandable. Les infos supplémentaires Cet épisode nous présente la mort de deux personnages importants, mais est-on jamais sûr dans « Alias » ? Dernière apparition de Lindsey. Will et Syd se connaissent depuis huit ans. Bradley Cooper (Will Tippin) réapparaîtra une dernière fois dans L’Élue (saison 5). Merrin Dungey (dans le rôle de Fran) dans un flash-back filmé à cette occasion dans le finale de la série Un sentiment d’éternité (saison 5). 11. PASSÉ RECOMPOSÉ Scénario : Jesse Alexander Réalisation : Lawrence Trilling - Tu t'appelles Julia Thorne. Tu es née à Londres le 2 août 1973. - Je m'appelle Sydney Bristow, et je t'emmerde ! Résumé La critique de Patrick Sansano A dix minutes de la fin, nous quittons l’avion pour rejoindre le QG de la CIA. Dixon, personnage inintéressant depuis le début, nous fait perdre notre temps avec une énième scène de révélation inutile. La collecte des artefacts de Rambaldi a des goûts de chasse au trésor pour enfants un jour de Pâques avec des œufs en chocolat. Il n’y a en fait que les dernières secondes de l’épisode qui valent la peine, avec une révélation inattendue et cruciale sur l’un des personnages clefs de la série. Tout le reste a plongé le spectateur dans un profond sommeil.
La critique de Clément Diaz
Jesse Alexander sème en passant une nouvelle graine dans la Mythologie Rambaldi : première mention du fameux « Passager ». Aux nombreuses réponses apportées, succède immédiatement une autre batterie de questions. Le monde selon J.J.Abrams ! Le récit de Kendall nous immerge dans un bain de révélations. Chaque moment de l’épisode a son importance, sa force. On citera entre autres les terribles scènes de conditionnement du Covenant sur Sydney (on pense à l’inhumain traitement Lodovico d’Orange Mécanique), l’origine de la main coupée de Lazarey (une scène spectaculaire !), l’apparition de Jennifer Garner en blonde (couleur qui lui va à ravir), la froide exécution de « l’homme sans importance » (qui en aura énormément dans Sueurs froides) avec la voix de McKenas Cole alias Quentin Tarantino en arrière-plan… Et surtout, la raison de la cicatrice de Sydney, qui est tout droit tirée des X-Files : c’est presque la même chose que le plan des extraterrestres à propos de Dana Scully ! Un épisode rempli de scènes chocs et surprenantes. A la fin, on repasse à l’action pure avec l’invasion du laboratoire clandestin, et une coda au lance-flammes. La révélation finale, sous les accords furieux de Giacchino, a l’impact d’un fracassant coup de tonnerre qui renverse encore une fois les enjeux de la série. Elle inaugure immédiatement un second fil rouge qui va cette fois tenir jusqu’à la fin de la saison. Les infos supplémentaires Cet épisode nous éclaire sur la disparition de Sydney. Première mention du "Passager". Nous saurons ce qu'est le Passager dans l'épisode Compte à rebours (3.19). 12. ENNEMI INTÉRIEUR Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec Réalisation : Ken Olin Résumé Sydney et Vaughn sont chargés de ramener un transfuge dissident du Covenant caché en Corée du Nord. Lauren Reed est un agent du Covenant et a tué Lazarey, père de Sark. Elle est maintenant chargée de faire échouer la mission du couple. La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Plus on avance, plus on est stupéfait des efforts des auteurs à nous présenter des scènes toujours plus stupides. Déjà, que le Covenant imagine un moyen aussi tordu pour tuer Sydney et Vaughn fait qu’on partage tout à fait l’avis de Sark quant à leurs problèmes d’organisation. La chute de l’avion, filmée au petit bonheur, sabote toute tension. Nos deux héros s’en sortent presque indemnes, ça aussi on y croit pas. La rencontre avec Leonid, perturbée par notre trouble-fête international de Sark, comporte un mexican standoff assez régalant, mais se termine en eau de boudin. La scène du peloton d’exécution, à la résolution éventée dès le début, peut faire penser à Emma Peel transformant en confettis un peloton similaire dans Le Mort-Vivant (saison 5) mais là, les coïncidences miraculeuses sont trop forcées. Sydney réagit comme une enfant boudeuse (une des pires prestations de Jennifer Garner), et ses chamailleries infantiles avec Vaughn trouvent une sorte de péroraison dans la scène de prison où on nage dans le sirupeux le plus infâme. Volens nolens, on se console avec Katya Derevko, sœur d’Irina. Grâce au jeu coloré d’Isabella Rossellini, le spectateur subit des ruptures de ton bien minutées, où madame vous sourit puis vous perce les mains la seconde d’après pour ne citer qu’un exemple. Son double jeu n’a rien à envier à celui d’Irina/Lena Olin. La scène où Sloane faisant une nouvelle fois l’épreuve de la trahison, est superbe. Katya dirige toutes les opérations, et l’expérimenté Jack n’est bientôt plus qu’une marionnette qu’elle manipule à loisir, y compris dans son rigolo baiser final. Prometteur ! Les infos supplémentaires Isabella Rossellini incarne ici Katya Derevko. La soeur d'Irina apparaîtra dans en tout cinq épisodes de la série. Scénario : Alison Schapker et Monica Breen Réalisation : Maryann Brandon Résumé La critique de Patrick Sansano
L’idée d’utiliser le fade Greg Grunberg/Eric en remplacement de Dixon est stupide, car le gros bonhomme n’a aucun charisme. Les pitreries de Flinkman deviennent insupportables et atroces. « Alias » continue à tourner à vide en ayant perdu son âme. Ainsi, une bonne scène (avec Rifkin) est plombée la séquence suivante avec les minauderies de Sydney. Avec un Kurt Fuller débarqué de la série et un Terry O’Quinn absent, Rifkin doit se sentir bien seul. On atteint péniblement les deux melons grâce à la prestation de Rifkin face à la psy, et le ridicule ne tue pas sinon Flinkman et sa copine/épouse enceinte ne seraient plus de ce monde. Les scènes d’action n’étonnent plus personne et tombent dans les redites soporifiques. Missions et évasions trop facile, absence de tout suspense, c’est de la mauvaise bande dessinée.
La critique de Clément Diaz
En plus de Tarantino, la série invite la prestigieuse Vivica A. Fox. La comédienne venait de jouer dans Kill Bill du réalisateur : sans doute un clin d’œil. Son interprétation d’une créatrice de systèmes de défense froide et sûre de son génie est à retenir. L’invasion du chalet avec chausse-trappes délirantes et gadgets « Marshalliens » qui ne le sont pas moins, serait délectable si elle n’était pas aussi téléphonée, et cassée par une des idées les plus malencontreuses des auteurs : le mariage express de Marshall et Carrie, artifice destiné à mettre de la tension avec Marshall faisant face à deux fronts, mais qui crispe. C’est d’un grotesque hallucinant. On sera plus sensible au partenariat des deux anges blonds exterminateurs qui assassinent leurs chefs pour monter les échelons. Mais Sark, qui croyait être le cerveau de cette affaire, se voit bientôt dépassé par les prouesses démoniaques de son acolyte. L'absence de trouble de Lauren quand il la surprend en petite tenue, vire bientôt à un jeu de séduction pervers. Le premier assassinat, avec une étreinte charnelle létale, donne une idée de ses capacités ! La voir dire des mots d’amour à son mari pendant que Sark étrangle une cible est une image saisissante. Mais que dire du coup de théâtre final, avec la réapparition de McKenas Cole ?!! Tarantino s’éclate toujours autant. David Anders joue vraiment bien son personnage, mais Melissa George, en néo-Xenia Onatopp, est vraiment au centre. Ca, plus le mystère du secret de Sloane, qui fait mariner le Dr.Barnett (toujours juste Patricia Wettig), plus la réunion des deux intrigues, voyant les efforts de la CIA rendus caducs, c’est de la bonne ouvrage ! Les infos supplémentaires Ian Buchanan (qui incarne Gathrid) fut Dick Tremayne dans « Mystères à Twin Peaks » de David Lynch. Épisode réalisé par la monteuse de la série : Maryann Brandon. La réapparition de McKenas Cole, qu'on avait quitté emprisonné par la CIA, ne sera jamais expliquée. Scénario : Laurence Andries Réalisation : Lawrence Trilling Résumé La critique de Patrick Sansano La critique de Clément Diaz
Première partie : l’action vue par Sydney et Vaughn. La mission de Vancouver (on remarque que Jennifer Garner porte la même tenue peu avantageuse de Monnaie d’échange) avec coups de feu et course de voitures est certes routinière, mais elle va être complétée dans sa reprise. Idem pour l’infiltration du bateau. Deuxième partie : Point de vue du duo démoniaque Lauren-Sark. Leur relation, d’une tension sexuelle concentrée, a le charme des grands duos amoureux paroxystiques du cinéma (Bonnie and Clyde, Raymond et Martha des Tueurs de la lune de miel…). La scène où Lauren se jette fougueusement sur son amant après qu’ils aient tué un homme et provoqué un accident, a un effet choc brillant. Leur relation dominant/dominé, avec Lauren en dominatrice, se voit aussi dans leur travail : Sark supervise tandis que Lauren est plus dans l’action. David Anders est irrésistible quand il commente les qualités de sa chérie sur un ton ravi, tandis que Melissa George campe sans équivoque une Sydney Bristow de l’autre côté du miroir, avec autant d’énergie. La scène de Vancouver a ainsi plus de cachet, tout comme celle du bateau avec la partie de double cache-cache, sous la caméra véloce de Lawrence Trilling. On retient le moment où Lauren s’apprête à jeter sa cagoule devant Vaughn… Sloane demande à Barnett une séance… sous forme de rencard ! Plus ambigu que jamais, le Big Bad n°1 fait tourner en bourrique la charmante Judy en faisant de grands préludes à son « secret », avant de se raviser. On ne peut s’empêcher de penser qu’il le fait exprès, et qu’il cherche à la manipuler. Il crache finalement le morceau : une bombshell énorme qui devrait momentanément vous rendre knock-out. Boum ! Les infos supplémentaires Cet épisode évoque l’attentat de Bali du 12 octobre 2002.
Scénario : R.P.Gaborno et Christopher Hollier Réalisation : Jack Bender Résumé La critique de Patrick Sansano Le téléspectateur s’ennuie ferme. Même l’apparition (ultra brève) de Sloane ne vient pas sauver l’épisode. Quant à Jennifer Garner, son jeu ne s’améliore pas, elle est toujours aussi mièvre et verse dans la guimauve. On ne peut retenir un soupir en écoutant Sydney supplier l’irlandais : « Pensez à tous les innocents qui sont à bord ». Elle est pathétique, voulant convaincre un terroriste irlandais que tuer, c’est mal. Jennifer Garner s’est vraiment trompée de prairie, pardon de maison ou de série. Marshall entre deux vannes est là pour désamorcer les bombes. Il n’y a aucun bon comédien dans cet épisode et l’on souffre. Alors que doit-on retenir de cet épisode ? Les américains sont gentils, les irlandais sont de méchants terroristes. Il est vrai que Ryan n’est pas charitable avec nous : d’une bombe, il aurait pu nous débarrasser de tous les pantins de la distribution. Cela vaut la chaise électrique ce crime contre le bon goût. Sur fond d’une chanson sirupeuse, avec Sydney en pleurs, on se croit en plein épisode de « Dawson ». La série privée d’un bon comédien (Rifkin, O’Quinn) ne vaut pas un kopek. La critique de Clément Diaz
L’introduction où deux démineurs tentent de désamorcer une bombe dernier cri est à l’image de ce que sera l’épisode : une chevauchée dionysiaque de suspense. Les scénaristes ont une riche idée en imaginant la CIA reconstruire une chambre d’hôtel russe dans un studio dans le but de piéger Daniel Ryan. On admire tous les détails de l’ensemble : tables, tableaux, télé russe, voire même faux journal télévisé (une idée qui n’est pas sans rappeler Good bye Lenin!). La série nous a offert pas mal de batailles de bluff, mais rarement aussi prenantes que celle opposant Sydney et Vaughn à Ryan, notamment la scène où il continue de marcher alors que Sydney pointe son révolver sur lui. Léonid, dans un rôle d’informateur, est ici un personnage-clé, le seul à pouvoir vaincre les chausse-trappes tendues par son ancien collègue. Dans le rôle du méchant, Ricky Gervais (créateur de la série The Office) est un choix improbable, mais il réussit à nous convaincre sans forcer, une belle surprise ! Grâce à une impeccable conjonction d’événements, Vaughn et Sark se retrouvent dans le même lieu. Vaughn a l’avantage, mais on reste ébahi devant le flegme absolu de Sark qui fait comme s’il causait avec une vieille connaissance (David Anders est vraiment à fond dans le rôle). Le rebondissement central est explosif (sans jeu de mots), et bouleverse complètement l’orientation de l’épisode lorsque le masque du Manipulateur de l’histoire tombe. Cela entraîne une scène de désamorçage de bombe classique mais diablement efficace, obligeant Marshall et Vaughn à collaborer avec Sark !! Le deuxième twist, bien que plus prévisible que le premier (étant amené de manière assez forcé), n’en est pas moins redoutable car empirant la situation avec une deuxième alerte à la bombe. Panique sur tous les fronts, où seul Jack parvient à garder la tête froide et applique des méthodes brutales, allant droit au culot. Et lorsqu’on croit que la situation est rétablie, paf, une petite bagarre pour relancer la machine à stress ! Dans une telle intensité, on remarque à peine l’absence de Lauren. En prime, on nous offre Sloane au lit avec sa psychiatre, petite cerise sur le gâteau… Un épisode totalement amphétaminé. Les infos supplémentaires Lisenker qui dit aimer l’Amérique cite cette-fois la série « Deux flics à Miami » comme lui plaisant beaucoup après nous avoir parlé de Gloria Estefan. La plupart des dialogues de Ricky Gervais furent improvisés par le comédien. Le réalisateur Jack Bender déclara que cela avait aidé à rendre plus naturel son personnage. L’hôtesse de l’air est interprétée par la belle Stana Katic. Qui triomphera en 2009 dans le rôle de Kate Beckett dans la série Castle. Scénario : J.R.Orci Réalisation : Lawrence Trilling Résumé La critique de Patrick Sansano
La psy Judy Barnett est devenue la maîtresse de Sloane. Un personnage qui a du goût, à la différence de Vaughn et de sa brunette. L’arrivée d’un nouveau comédien, Raymond J Barry, en sénateur, n’apporte rien au casting. L’épisode met en avant le surestimé Carl Lumbly (Dixon) qui n’a aucun charisme. Lauren qui a fait de Sloane un bouc émissaire provoque la vengeance de Dixon, dont Sloane fit tuer Diane, l’épouse. Lumbly ne fait pas le poids comme comédien face à Rifkin. Le feuilleton « Alias » continue de s’enfoncer dans les méandres de l’ennui. Dixon rejoint Jennifer Garner dans la catégorie des comédiens mièvres et larmoyants qui confondent sensiblerie et sensibilité. Ron Rifkin est bien le seul talent dans cette galère.
La critique de Clément Diaz
A première vue, tout est simple : Le Covenant kidnappe les enfants de Dixon et demande en échange la libération de cinq prisonniers. Sauf que dans Alias, rien n’est simple, et bientôt, nous voyons tout le plan magistral de Sark et Lauren (bien qu’assez tordu). Le problème est que nous devons passer par des redites, comme le coup du bâtiment piégé (vu entre autres dans Post mortem), ou le bouc émissaire injustement accusé et contre lequel Dixon se déchaîne (copié sur Faux amis, saison 2). Carl Lumbly répète d’ailleurs exactement le même numéro, même bon. Arvin Sloane en accusé ne manque pas d’ironie : coupable impuni de tous ses crimes passés, le voilà emprisonné pour un crime qu’il n’a pas commis ! Sloane est par ailleurs plaqué par sa psychiatre. Bien sûr, on ne croit pas à sa rédemption, mais elle le quitte alors qu’il n’a encore rien fait. Le parcours de Sloane, avec ses hauts, ses bas, ses revirements, ses objectifs cachés, excite sans cesse notre curiosité. La deuxième partie renoue avec le bon vieux temps de l’alliance Dixon-Sydney au SD-6, le premier supervisant la deuxième dans la base secrète. Une mission tonique et toute en tension, avec en point d’orgue une bagarre de Sydney contre… un système de défense à trois bras ! L’extravagance est décidément héréditaire chez les Orci ! L’échange, dirigé par un Sark roublard et au calme déphasé avec la situation, vaut aussi le coup d’œil. Si dans pas mal de fictions, les beaux sentiments sont assez lourds ; ici, l’acte de courage de Sydney (scène du collier) est sans fausse note. Tout comme le conflit d’intérêts entre Dixon et Jack qui ont chacun leur enfant en danger. On termine par un cliffhanger très inattendu : Lauren prononce une phrase de trop devant Jack. Ouch ! Les infos supplémentaires L’artefact que dérobe Sydney est un coffret avec écrit dessus « Irina », comme celui de l’intégrale DVD. Raymond J.Barry joue ici le sénateur George Reed, père de Lauren, ce qui est très amusant vu qu’il incarnait déjà un sénateur, le sénateur Matheson, dans trois épisodes mémorables des X-Files ! Dixon envisage au début de l’épisode de faire subir à Sark le Inferno protocol (Protocole Enfer), qui d’après Lauren tue une personne sur deux ! Vaughn subira cette terrible technique de torture dans l’épisode homonyme : Protocole Enfer. Sur la liste des gens présents sur les lieux d’étude du projet Trou Noir, on relève des noms des scénaristes et de l’équipe technique : Larry Trilling, Robert Orci, Alison Schapker, Jesse Alexander, Breen Frazier, Michael Mosley, Maryann Brandon…
Scénario : Crystal Nix Hines Réalisation : Max Mayer Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Les scènes Sydney-Vaughn sont du mauvais mélo. Vaughn, toujours amoureux de Sydney, envisage de divorcer de Lauren. Vaughn, présenté comme un héros dans la série, chute pas mal dans notre estime quand il refuse d’avouer que c’est à cause de Sydney qu’il en vient à cette décision. Le jeu en plomb de Michael Vartan s’oppose à l’élégante ambivalence de Mélissa George (très bien dans le faux apitoiement), preuve si besoin de la différence d’intérêt entre les deux personnages. Les scènes où Sydney et Vaughn entament leur rapprochement, via des dialogues frelatés, sont réduites à néant par leur cabotinage. On retient spécialement le chagrin final de Sydney, avec une Jennifer Garner totalement décalée. On la préfère de loin en espionne de choc. Quant à l’intrigue Rambaldi, même si elle nous vaut un voyage au Mexique et une plongée dans une caverne sous-marine, les dialogues à rallonge et les scènes d’action chorégraphiées à la hâte ôtent tout plaisir. L’atonie de la réalisation de Max Mayer ne dynamise pas ce script maladroit. En revanche, la petite intrigue centrée sur Lauren est développée avec plus de panache. Jack est un traqueur tenace, montrant une détermination franche. Sloane fait preuve d’une assurance tranquille alors que tout est contre lui, permettant quelques scènes finement écrites. Par contre, la scène finale le voit dans une situation fortement compromise. Les scénarios ne sont pas tous géniaux, mais l’adrénaline faiblit rarement ! Le plan cruel, mais redoutablement psychologique de Sark, qui choque même Lauren, électrise le spectateur. Lauren pour récupérer Vaughn (indispensable à sa couverture) ET éloigner Jack doit commettre un meurtre très difficile, objet d’un fulgurant rebondissement. Une intrigue bien dirigée. Les infos supplémentaires Staline s’intéressait à Rambaldi. Le contact de Vaughn est Kishell, l’homme défiguré par l’Iceberg (Face cachée, saison 1) qui lui avait déjà servi d’indicateur. Il est toujours joué par Stephen Spinella. Scénario : Monica Breen et Alison Schapker Réalisation : Jack Bender Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
A cinq épisodes de la fin de la saison, le tempo décolle brutalement. Le duo Breen-Schapker réunifie à vitesse effrénée les deux grands pans actuels de la série : le double jeu de Lauren, et la Mythologie Rambaldi. Malgré son coup d’éclat précédent, l’étau se resserre sur Lauren, qui dans cet épisode prend des risques beaucoup plus considérables pour devancer la CIA. Elle est ainsi menacée quatre fois de suite d’être découverte, et à chaque fois s’en sort in extremis ! Dans le même temps, la quête du « Passager » se poursuit avec frénésie. Chapitre 1 : voyage à Berlin pour Syd et Vaughn dans une boîte gothique pour rencontrer le hacker payé par le Covenant. Leurs déguisements très « hard » comptent parmi les plus mémorables de la série (chapeau aux maquilleuses !). Dans un déguisement similaire, Lauren doit s’approcher au maximum de Sydney pour tenter de tuer le hacker. Sueurs froides en vue… Chapitre 2 : pendant que Sydney et Vaughn téléchargent les données, Lauren entre chez eux, et doit les pirater sous leur nez. Chapitre 3 : Vaughn, soupçonneux, suit sa femme et demande à Weiss de pirater son téléphone pendant qu’elle parle avec Sark ! Suspense incroyable où Lauren est en danger de voir sa conversation écoutée… finalement Weiss réussit le piratage, mais n’obtient que la phrase finale qui ne prouve rien ! Et lorsque Vaughn l’interroge, Lauren trouve sans le savoir une excuse s’accordant avec la dernière phrase !! Chapitre 4 : Sydney et Vaughn tentent de trouver la seule personne qui connaît le Passager, un médecin disciple de Rambaldi ! Cela nous vaut un affrontement dantesque entre Lauren devant le faire parler avant d’être repérée, Sydney et Vaughn là pour le même but… et des disciples de Rambaldi surgis de nulle part pour leur compliquer la tâche ! Un galimatias infernal avec en prime deux magnifiques scènes d’action, et un raccordage avec la Prophétie de la saison 1 absolument génial. Au terme de cette épique journée, Lauren peut souffler un peu… ben non, elle fait un geste innocent qui rallume les soupçons de son mari qui découvre le pot-aux-roses ! Échouer sur la ligne d’arrivée, c’est vraiment pas de bol. Mélissa George a l’adhésion du spectateur, son physique angélique et son jeu surpuissant parlent pour elle. Djimon Honsou est superbe en supérieur de Sark et Lauren, violent, vindicatif, intolérant à l’échec. Sa théâtrale exécution est une digne sortie du personnage. Les scénaristes, décidément en pleine forme, n’oublient pas l’émotion avec une superbe scène où Jack parle de son mariage avec Irina, et où Vaughn pour une des rares fois de la série, ose enfin dire ce qu’il pense à Jack. Victor Garber et même Michael Vartan sont d’une intensité contenue mais palpable. Le jeu de mots sur Irina est une flamboyante trouvaille qui relance encore la Mythologie ! D’autres graines sont lancées pour les épisodes suivants : l’identité du Passager bientôt dévoilée, et le groupe « The Trust », qui cache bien des choses. Paranoïa à 200%, action trépidante, scénario survitaminé : un must !! 19. COMPTE À REBOURS
Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec Réalisation : Ken Olin - Has it occurred to you that your half-sister might be a danger to you? - Yes of course. But it's equally possible that I can help her. She could be an innocent victim. - With Irina Derevko and Arvin Sloane as her parents, I don't think so… Résumé La critique de Patrick Sansano Nous nageons toujours dans les eaux de l’invraisemblable. Echappant à toute cohérence, « Alias » est une série qui tourne en roue libre. La participation de bons comédiens comme Peggy Lipton, Ron Rifkin et David Carradine s’avère être du plâtre sur une jambe de bois. L’apparition de nouveaux personnages (maintenant une sœur à Sydney) rend encore plus complexe la compréhension de l’intrigue. Avec presque la distance d’une décennie sur cet épisode, on se rend compte de la vanité et de la médiocrité d’une série surestimée. Les personnages sont autant de pantins qui gesticulent devant un téléspectateur qui ne s’intéresse qu’aux scènes d’action. On a le sentiment que les comédiens eux-mêmes n’y croient plus et assurent le minimum syndical. Le niveau des comédiens a été nivelé par le bas, c'est-à-dire au stade de Jennifer Gardner.
La critique de Clément Diaz
On a souvent la tentation de réduire Alias à ses missions à la 007, ses intrigues enchevêtrées en casse-tête chinois, et à ses scènes d’action. C’est oublier qu’elle est tout aussi remarquable dans les guerres psychologiques entre les personnages. Hourglass joue dans cette catégorie. Le résultat est aussi captivant, et les acteurs font tous des prestations impeccables, grâce aux dialogues cousus main du duo Appelbaum-Nemec. Le cœur de l’épisode est (enfin !) l’explication de la révélation qu’a eu Sloane à la fin de la saison 2 (Risque maximum) : un vrai coup de massue !! Dans cet épisode, toutes les situations sont ultra dingues ; pourtant, tout demeure crédible. Vaughn est sommé de faire comme s’il n’avait pas découvert la duplicité de sa femme : du coup, lui et Lauren jouent tous les deux à être ce qu’ils ne sont pas !! Conséquence, ils se rabibochent, et comme 007 à l’occasion, Vaughn « se sacrifie » en couchant avec l’ennemie (Sydney est tragi-comiquement témoin de la scène). Sloane est victime d’une mordante ironie : condamné pour un crime qu’il n’a pas commis, et parce qu’il a eu une liaison avec la femme du seul homme capable de le sauver. Le coup de bluff de Sydney contre son propre père n’est pas mal non plus. Alias est à son meilleur niveau ! Le piège de la CIA qui manipule Lauren culmine avec Vaughn copiant les documents pendant que Lauren le cherche dans la maison… Michael Vartan et Mélissa George se surpassent dans leurs jeux ! Les dernières heures et l’exécution de Sloane sont magistralement filmées par Ken Olin. Même si on y croit pas, l’intensité des scènes est indéniable, renforcée par les dialogues ciselés des auteurs. Sloane est réduit à supplier Sydney de protéger sa fille dans une scène bouleversante. Sa dernière discussion avec Jack autour d’un bon verre de vin est un des meilleurs échanges de la série. La vibrante tirade finale du condamné, grâce à un Ron Rifkin transcendant achève de faire de Sloane un Big Bad avec une âme et des émotions. Bon, le coup de théâtre final ne surprend pas mais on admire l’ingéniosité des auteurs à le rendre crédible. Dans sa mission, Syd très en colère, sort deux flingues et fait un carnage monstrueux tout à fait surprenant ! Cependant, une chanson métal hors sujet casse toute l’émotion de l’exécution. C’est là le seul reproche qu’on puisse faire à cet épisode irréprochable par ailleurs. 20. PROTOCOLE ENFER Scénario : J.R.Orci, d’après une histoire de Monica Breen et Alison Schapker Réalisation : Jack Bender Résumé La critique de Patrick Sansano
On a, vis de vis de Sydney, aucune crainte : elle parle toutes les langues ce qui lui permet de duper les tortionnaires des quatre coins de la planète, elle a déjà été en Corée du nord, là voilà dans une prison de femmes en Tchétchénie, mais au fond, rien de grave ne peut lui arriver, elle est indestructible comme un personnage de dessin animé. Personne n’est vraiment en danger, parce que dans le monde d’Alias, les morts reviennent en bonne santé parmi les vivants. C’est de la bande dessinée qui nous est vendue en guise de série d’espionnage. L’arrivée de la « sœur » de Sydney n’est même pas une surprise. Le seul à ne pas s’ennuyer semble être Marshall Flinkman avec ses vannes à deux balles.
La critique de Clément Diaz
Monica Breen et Alison Schapker achèvent la quête du Passager avec action, mises en scène, et twist final de haut niveau. Le Passager, alias Nadia Santos, est joué par Mia Maestro, qui allie son charme argentin à de vrais talents d’actrice. Sark et Lauren, qui dévoile enfin ses cornes au grand jour, torturent Vaughn par des méthodes sanguinolentes, ce qui nous vaut quelques scènes éprouvantes, et Sloane gagne encore en complexité. Deux intrigues menées tambour battant par J.R.Orci. Votre mission, Sydney, si vous l’acceptez, est de vous infiltrer dans une chambre froide via cinq empreintes rétiniennes appartenant à des membres d’un consortium gouvernemental, de retrouver votre demi-sœur dans une prison tchétchène via des ondes cérébrales envoyées par un prophète du XVe siècle, et lui dire qu’elle est la fille du criminel mondial n°1 !! Comme on le voit, Alias va toujours plus loin dans ses délires scénaristiques, mais chaque étape est bien réalisée. Le face-à-face entre Sloane et ceux qui l’on trahi est une étape de la mission ET une scène forte aux répliques tranchantes (Greetings from the Deads !). Sydney arrête de jouer les femmes fatales et se montre charmante en étudiante timide. Un changement mignon et agréable. Le clou du spectacle est évidemment l’entrée en scène de Nadia. Mia Maestro se débrouille bien dans les scènes physiques (combats contre les gardes), et sait parfaitement jouer l’émotion quand Nadia rencontre son père : un personnage et une interprète prometteurs ! Elle est l’objet d’une autre prophétie « Rambaldienne » qui sera développée dans les saisons suivantes, et projettera une ombre dans les rapports harmonieux des deux sœurs. Sloane subit un déchirement terrible entre sa volonté de retrouver sa fille et sa quête de Rambaldi, indissolublement liées pour le pire. Sa trahison finale, digne du Diable en personne, achève l’épisode sur un cliffhanger sinistre ! Ron Rifkin joue avec une facilité confondante la dualité de Sloane. Pendant ce temps, Vaughn apprend des choses déterminantes sur son père (un disciple de Rambaldi évidemment), se fait capturer par Sark, et morfle grave en recevant des charges qui lui trouent la peau ou agressent son cœur. Anders et George, totalement emportés, crèvent l’écran par leur rôles plein de sadisme et de perversité (ah, le numéro de charme de Lauren !). Avec un tel spectacle - agrémenté de touches pyrotechniques - on sent que le finale de la saison va être déchaîné ! Les infos supplémentaires Entrée en scène de Nadia Santos (Mia Maestro), « Passager » de la prophétie de Rambaldi, et fille d’Arvin Sloane et d’Irina Derevko (et donc demi-sœur de Sydney). Elle sera un des personnages principaux de la saison 4, et apparaîtra dans 6 épisodes de la saison 5, apparaissant dans en tout 30 épisodes. Native d’Argentine, Mia Maestro, depuis « Alias », est devenue Carmen dans la saga « Twilight ». Scénario : Jesse Alexander Réalisation : Lawrence Trilling Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Dans la course galopante vers le final de la saison 3, cet épisode est un peu celui en trop. On s’y agite beaucoup, mais l’action reste curieusement en surplace, attendant la 32e minute pour vraiment décoller. Cependant, l’intérêt du scénario de Jesse Alexander réside dans un trio de personnages, ici très à l’honneur : Katya Derevko, Arvin Sloane, et Michael Vaughn, chacun a une partition très intéressante à jouer. Sloane torture sa fille avec l’élixir de Rambaldi pour qu’elle livre le message de son énigme finale. Les scènes d’écriture automatique sont stressantes et fascinantes (le dessin mural et les signes cabalistiques intriguent fortement). Pendant ce temps, réapparition remarquable de Katya Derevko, porté par le charme mutin et canaille d’Isabella Rossellini (ah, ce numéro de charme au jeune garde blondinet !). Ses avances massives à Jack introduisent une dose d’humour très appréciable. Vaughn se laisse consumer par sa haine envers Lauren, alors même qu’il avait détourné Sydney de sa volonté de faire justice elle-même. Effet de non-miroir : Sydney est incapable de retenir Vaughn qui franchit plusieurs fois la ligne jaune, notamment en torturant le dentiste fou (sa dernière apparition) à l’acide, ou en abandonnant Sydney en danger pour se lancer à la poursuite de Lauren. Prestation ébouriffante de Michael Vartan. Mais le roi de l’épisode, c’est Arvin Sloane : son conflit entre ses sentiments paternels et Rambaldi le fait vaciller. Il tente de faire taire les premiers en invoquant dans une scène de pure folie le sacrifice d’Isaac dans la Bible, mais les reproches continuels de Nadia suffisent à le tourmenter. Son dilemme devient encore plus insoutenable lorsque nos anges de la mort Sark-Lauren lui forcent la main. Sloane n’a jamais autant montré le côté lumineux de son cœur, choisissant de sauver la vie de sa fille au mépris de la prophétie, même Lauren-la-garce en est impressionnée. On pense évidemment à son dilemme Emily-Rambaldi deux ans plus tôt. Ron Rifkin accomplit une performance titanesque. La bagarre de fin est brillamment filmée avec comme cerise sur le gâteau… un tir de bazooka par Lauren ! Du délire pur, on vous dit ! Déception en revanche pour la réapparition de Vivica Fox, ici réduite au rôle de passe-plats. Allez, tout le monde est bien énervé, c’est le moment de finir la saison ! 22. OBJECTIF ULTIME Scénario : Jeff Pinkner Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano
Combien de pronostics vitaux vont être engagés pour faire grimper l’audience ? La transposition du passé de Jack Bristow sur les évènements récents devient quelque peu lassante. « La femme est la seconde erreur de Dieu » de Nietzsche sert ici de code, mais la première erreur de J J Abrams est d’avoir engagé Jennifer Garner. Le script n’est pas un chef d’œuvre, mais on l’aurait mieux digéré avec une bombasse. On change de camp comme de chemise et les gentils de l’épisode d’avant deviennent ou redeviennent des méchants. Ici, une fille semble aimer un père qui vient de la torturer, une autre se rend compte que sa victoire sur sa rivale va être brisée par une vengeance d’outre tombe consistant en une révélation terrifiante et au lieu de retrouver la paix, elle fond en larmes. « Sark a craqué, c’est cela ? » demande Sydney à Vaughn, moment d’humour involontaire quand on voit l’épisode. Sortie de scène regrettable d’un des meilleurs personnages de la série, mais prévisible. La saison 3 se termine encore sur un cliffhanger. Les talents d’Isabella Rossellini, Melissa George, Mia Maestro et Ron Rifkin donnent une qualité à cet épisode qui lui permet de renouer avec les deux melons : Jennifer Garner et Michael Vartan, eux, n’y sont pour rien.
La critique de Clément Diaz
On commence très fort par Sydney qui entre tranquillement à la CIA, pirate l’équation de Rambaldi pour Sark, blesse Marshall et fait tout sauter ! Bon, c’est évidemment Lauren qui a un masque, mais la scène a un côté déphasé qu’on goûte fort. Le centre de gravité se déplace alors sur Vaughn, submergé par une folie vengeresse. Le thème de l’autodéfense, un de nos sujets de société les plus controversés, est traité avec adresse. Vaughn est ainsi peint de la manière la plus sombre : violence aiguë contre un homme sans défense (même aussi salaud que Sark), plaisir de se montrer sadique sur Lauren (prestation ultra expressive de Mélissa George en proie terrorisée), fuite lâche des mains tendues de Sydney… dans ce rôle d’un Vaughn passé presque du côté obscur, Michael Vartan livre une performance miraculeuse. Dans cet épisode, il ressemble énormément à Jack. Complice de sa croisade, il veut sauver l’amour de sa fille de la haine et des regrets qui menacent de briser son humanité. Seule la catharsis de tuer Lauren de ses mains pourra empêcher Vaughn de devenir un second Jack Bristow : un homme pour toujours prisonnier de sa haine envers sa femme qu’il n’a pas réussi à tuer. De très bonnes scènes se succèdent, comme la torture de Sark où ce dernier, comme Sloane dans Jeux dangereux (saison 1), provoque son bourreau pour ne pas perdre la face. Même en sang et un bras cassé, Sark continue de fanfaronner ; il n’y a que David Anders qui peut nous y faire croire. On retient aussi la scène où Sark et Lauren se retrouvent en prison (attention au twist !), Vaughn lançant Hi honey ! en assommant sa femme, ou s’évadant de l’hôpital. Sloane pénétrant dans la résidence de Nadia et l’encourageant à fuir avec lui. Leurs retrouvailles donneront d’ailleurs lieu à un twist final infernal. Sacrée Nadia : c’est son 3e épisode, et elle a déjà tout compris au double jeu ! La mission de Palerme vaut pour l’incroyable traîtrise de Katya Derevko (non, mais, sincèrement, y’a combien d’agents doubles dans Alias ?), menée par la toujours solide Isabella Rossellini. Et surtout, le règlement de comptes entre Lauren et Sydney, dense et haletant, même s’il n’est pas aussi spectaculaire que celui à la fin de la saison 2. La dernière scène de Mélissa George permet à la comédienne de se lâcher totalement, quelle belle sortie ! Mais Lauren se venge d’outre-tombe en guidant Sydney vers un cliffhanger où nous la voyons s’effondrer en découvrant un terrible secret… un moyen élégant de terminer cette saison de grande qualité. Les infos supplémentaires Aka. Résurrection. Mélissa George (Lauren Reed) quitte la série après cet épisode marquant la mort de son personnage. Elle fera toutefois un bref caméo dans l’épisode Dernier recours (saison 4) où l’on voit le cadavre de son personnage. Par ailleurs, dans le bêtisier de la saison 4 (voir DVD), elle interrompra une scène en faisant une apparition inattendue qui fera s’esclaffer les acteurs alors présents ! Premier finale de saison non écrit (et non dirigé) par J.J.Abrams. Les deux suivants ne seront pas non plus écrits (et dirigés) par lui. Vaughn a 35 ans. Weiss dit que « Brandon » ne sortira pas du service de soins intensifs. Un clin d’œil à Maryann Brandon, monteuse de la série. Images capturées par Patrick Sansano. |
5. À l'air libre (Out of the Box) 7. Fait accompli (Fait Accompli) 14. Sixième sens (I See Dead People) 15. Sans rancune (No Hard Feelings) Scénario : Alison Schapker et Monica Breen Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano Pas de générique comme dans un pilote. Horreur, Mia Maestro n’y est plus. Joie, notre compatriote, Elodie Bouchez (« La vie rêvée des anges ») arrive, mais joie de courte durée car son personnage ne lui va pas du tout . Le nouveau retournement de situation (Vaughn agent double) nous laisse un peu sceptique : pourquoi n’a-t-il pas attendu d’épouser sa belle pour tout lui révéler ? L’ambiance de l’épisode rappelle la série « Le fugitif ». Marshall l’insubmersible est toujours présent. Ce n’était pas indispensable. A la 25e minute, on pousse un grand ouf : Ron Rifkin, le meilleur comédien d’Alias, est de retour. Mais il ne fait qu’une apparition. Nous apprenons que Nadia est dans le coma. Après le final apocalyptique de la saison 4, on a l’impression de se trouver dans une autre série. Confrontés à des évènements dramatiques, Vaughn et Sydney n’ont plus ce côté insupportable et gnan gnan qui a tant gâché la série. Un nouveau danger se présente en la personne du chef du FBI Gordon Dean (Tyrees Allen) qui se révèle un traître de plus. On le voit trop peu cependant pour lui donner des qualificatifs élogieux, et cet emploi dans la série entre dans une catégorie où beaucoup se bousculent au portillon. Les sœurs Derevko, Sark, Lauren Reed, Zhang Lee dit le dentiste, Anna Espinosa, bien sûr aucun n’égalant le mal incarné, Arvin Sloane. Objectivement, le script est bien écrit (on ne se croirait d’ailleurs pas dans « Alias », c’est dire). Il n’est plus fait allusion à Rambaldi. On part sur un nouvel arc, tout aussi fantastique. Cet épisode est le départ vers une nouvelle et dernière aventure. C’est l’ultime saison. Le pilote est une réussite. La critique de Clément Diaz
L’épisode s’enchaîne immédiatement au précédent : Michael Vaughn (Mr. André Michaux désormais) est enlevé, et Sydney, bien que blessée par l’accident, trouve quand même la force de s’évader, tuant deux faux policiers au passage (superbe scène de poursuite dans les hauts champs). Les ressemblances volontaires entre notre agent et les superhéros de comics prennent de plus en plus d’ampleur, participant à la fantasmagorie quintessencielle de la série. L’accumulation massive d’événements qui frappe notre duo semble sans limite, assurant à l’histoire un moteur qui semble inépuisable : l’évasion audacieuse de Vaughn (Michael Vartan joue une de ses meilleures prestations, grâce à un jeu grave très bien calculé), le méga coup de bluff de Sydney contre le pain in the ass Gordon Dean - successeur indéniable de Kendall et Lindsey - qui se révèle être plus qu’un pain in the ass (excellent Tyrees Allen). L’entrée en scène stupéfiante de la torride Rachel Gibson en assoiffée de sexe - comment Vaughn réussit-il à repousser ses avances ? - est également à relever. La belle comme Dean nous régalent de deux doubles jeux inattendus (ça fait combien de doubles jeux depuis le pilote là ?), et encore, on est pas au bout de nos surprises. La grande nouvelle qu’apprend Sydney en pleine fuite des méchants, renoue avec les grandes révélations massives de nos auteurs chéris. Le lien entre Prophet 5 et Rambaldi est implicitement mentionné : on n’en a pas fini avec le génial prophète du XVe siècle ! Le mystère entourant l’apparent double jeu de Vaughn/Michaux est crédible, malin ; on est loin de l’explication pathétique de la réapparition d’Irina. On apprécie aussi Dixon acceptant de faire aveuglément confiance à Syd alors que tout est contre elle et Vaughn. Nos auteures sont en pleine forme… jusqu’à ce que Vaughn reçoit une rafale de chevrotine en plein cœur. A partir de là, l’épisode s’égare dans l’irréalisme : que Vaughn ne meure pas immédiatement est déjà bien exagéré, mais surtout nous subissons plein de dialogues vaseux (serments d’amour à n’en plus finir, soutien moral répétitif…), et une séquence d’hôpital qui dure, dure, dure, jusqu’à la lassitude. Ou comment gâcher un excellent scénario qui avait réussi le plus difficile. La coda fait entrer en scène Renée Rienne. La saison 5 n’a pas encore fini de dévoiler tous les enjeux, mais jusque-là, on a plutôt confiance. La suite ! Les infos supplémentaires Michael Vartan (Michael Vaughn), après 4 saisons en tant que personnage régulier, n’est désormais plus crédité au générique, rétrogradant au statut de personnage récurrent. Greg Grunberg (Eric Weiss) et Mia Maestro (Nadia Santos) ne sont plus également au générique, devenant aussi personnages récurrents. Trois nouveaux acteurs apparaissent au générique : Rachel Nichols (Rachel Gibson), Elodie Bouchez (Renée Rienne), et Balthazar Getty (Thomas Grace). Ce dernier n’apparaît toutefois pas dans cet épisode. Un nouvel acteur s’ajoutera au générique à partir de l’épisode 10. En plus du statut d’actrice principale, Jennifer Garner devient également productrice de la série. Quant à Ken Olin, il devient l’unique réalisateur à avoir tourné dans les cinq saisons.
Scénario : J.R.Orci Réalisation : Frederick E.O.Toye Résumé Depuis sept ans, Vaughn et une certaine Renée Rienne travaillent sur un projet génétique, le projet Prophète 5. Mais Vaughn a été tué et enterré. Quatre mois plus tard, Sydney, tentant de surmonter sa douleur pour son enfant à venir, trouve à Londres la fameuse Renée, qui a tué trois agents de la CIA et un ambassadeur. La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Sloane, en prison, semble définitivement passé du bon côté de la barrière. Le voir exprimer ses condoléances à Sydney qui a laissé de côté sa haine donne une scène touchante et rare. Curtis, campé par le majestueux David Marshall Grant, est un Big Bad qui a toutes les qualités requises : ironie, méchanceté gratuite, mégalo, joueur… Sydney a besoin de toute l’aide de Dixon et Weiss pour le vaincre. La scène chez Roemer juxtapose une excellente scène d’action avec la séquence d’interrogatoire, où Curtis tient tête avec une morgue insoutenable aux questions du trio. Quel splendide vilain ! Sydney quant à elle, a des envies de femme enceinte très particulières (défenestration de suspects). L’action a la part belle dans cet épisode, on ne s’ennuie pas lorsque notre Élodie Bouchez nationale - dans un déguisement de folie évoquant les plus colorés de Sydney - fait équipe avec notre héroïne pour une trépidante introduction. Et encore lors du règlement de comptes dans l’avion, et son rebondissement qui rend encore plus terrible cet invisible Prophet Five. Curtis sort de scène avec un suicide héroïque d’un effet spectaculaire. Le double twist final précipite Alias une nouvelle fois dans des contrées Fantastiques à faire trembler. Thomas Grace fait son entrée, relativement anodine malgré sa bagarre initiale. Mais cette tête brûlée s’épanouira un peu dans les épisodes à venir. Les scènes d’émotion sont magnifiquement assurées par Jennifer Garner. Son personnage traverse depuis longtemps une crise de confiance, ne pouvant combler le vide laissé par la disparition de Vaughn, se mêlant à la joie d’être bientôt mère. Quel changement chez l’actrice ! Victor Garber, tout en sobriété, est une présence réconfortante. Ajoutons l’apparition de la toujours sensuelle Rachel Nichols. Tout marche dans cet épisode enlevé. Les infos supplémentaires Eric Weiss obtient une promotion et va travailler à Washigton. Départ de Greg Grunberg (Eric Weiss) de la série. L’acteur souhaitant s’investir dans d’autres projets. Il ne reviendra qu’une fois : dans l’épisode Portée disparue. Michael Vartan s’absente temporairement de la série à partir de cet épisode, mais c’est toujours sa voix qui présente les flash-backs récapitulatifs des épisodes (« Previously on Alias »). Nouveau changement de générique : cette fois, tous les acteurs réguliers sont représentés à l’écran, contrairement à Jennifer Garner seule dans la saison précédente. La musique de J.J.Abrams reste inchangée. Scénario : Breen Frazier Réalisation : Tucker Gates Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Errant dans sa solitude, Sydney est en pleine détresse. Le travail devient alors pour elle un moyen de tenir le coup, soit l’exact inverse quand elle était agent double. Bien calculé ! Selon une bonne vieille tradition, Sydney partage la défiance initiale du spectateur face à Grace, remplaçant de Vaughn, aussi fonceur que loup solitaire (la scène de la poursuite en voiture en donne une idée). Balthazar Getty est très bien dans le rôle, mais est engoncé dans un personnage monolithique. On a plus d’empathie pour Rachel Gibson, personnage fragile devant faire face à l’effondrement de son monde. La scène de révélation est très bien dialoguée, et n’a pas peur de prendre son temps. Sa peur et son abnégation mélangées sont visibles quand elle trahit Dean sous ses yeux. Mais le danger ne vient pas de lui, mais de la bonne copine, Kelly Peyton, auquel Amy Acker impose une fausse douceur très judicieuse. La scène où elle tombe le masque la rend aussi sinon plus redoutable que Dean, c’est dire ! Le suspense monstrueux de cette scène très longue est parachevé par une utilisation judicieuse de la pyrotechnie. Rachel Nichols est très convaincante, et on attend de la voir plus sur le terrain. Sloane court après un remède pour sa fille. Seul son vieil ami Alexander (Jack Laufer, très charismatique) peut le lui donner. Le scénariste est très inspiré pour les scènes Dixon-Sloane, mais que dire du twist final, d’une intensité orageuse, dans laquelle Sloane fait face à la mort avec un courage impressionnant : une pépite Hitchcockienne, qui fait de cet épisode un nouveau rendez-vous à ne pas manquer. Les infos supplémentaires Entrée en scène du dernier personnage principal de la série : Kelly Peyton, jouée par Amy Acker. Elle sera créditée à partir de l’épisode 10 au générique. Amy Acker fut une des candidates malheureuses au rôle de Nadia Santos. Scénario : Drew Goddard Réalisation : Frederick E.O.Toye Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Agent « d’arrière-garde », Rachel n’a pas l’expérience du terrain. Une vérité rentrant en conflit avec sa volonté d’être la plus active possible à l’APO pour réparer son allégeance involontaire à Dean. Rachel Nichols est très émouvante dans son dilemme. Gibson fait l’apprentissage difficile du vrai métier d’espion (sentiments à la corbeille, stress permanent). De ce côté, cette saison se dirige intelligemment vers une fin prévue à l’origine, avec le passage de témoin entre Sydney et elle. Une fin malheureusement passée sous silence à cause de l'annulation prématurée de la série. A Prague, elle doit revenir sur les lieux où moururent ses amis. La fenêtre ouverte sur les moyens tordus imaginés par les paradis fiscaux est également à relever, avec cette banque mouvante qui braque des flingues sur les clients, et au protocole paranoïaque. Toutefois, c’est la deuxième mission qui nous intéresse le plus, avec Sydney en future maman bling-bling qui triche au casino. Mais le suspense explose à la puissance 1000 quand Sydney et Rachel sont toutes deux piégées dans une voiture suspendue à 60 mètres du sol !! Dean et Peyton dirigent la danse, et le suspense qui s’étire en longueur, fait se hérisser le poil ! Le dénouement sonne comme une libération, y compris pour le spectateur ! Sloane va bientôt être définitivement condamné, lui qui semblait avoir retrouvé le chemin de la rédemption. Mais on lui offre de faire un pacte avec le Diable (dont on ne sait encore de qui il prendra les traits) contre sa libération. On admire le personnage qui ne nie en aucun cas ses crimes passés, mais exprime son désir de changer. Aussi convaincant en repenti qu’en Big Bad, Ron Rifkin continue d’impressionner. Encore un épisode réussi ! 5. À L'AIR LIBRE
Scénario : Jesse Alexander Réalisation : Jay Torres Résumé La critique de Patrick Sansano
Quant à Sloane, il devient l’otage de plus méchant que lui. C’est infiniment regrettable pour ce magnifique personnage de salaud intégral. Heureusement, à l’inverse de la somnolence irreversible de Rachel Nichols, Ron Rifkin se réveille et reprend rapidement sa place de meilleur méchant de l’histoire des séries américaines. Il lui suffit d’une scène, jouée toute en subtilité, avec un plan A portant sur l’émotion, un plan B sur la menace, pour redonner à Sloane ses galons. Rachel Nichols joue tellement faux qu’elle devient une sérieuse prétendante pour le razzie de la pire actrice d’Alias. La distribution finirait presque par faire ressortir le fade Carl Lumbly comme un bon acteur. Kevin Weisman a l’air de s’amuser comme un fou en Marshall. Avec l’obstination qu’il a manifesté depuis le début, en tant que personnage inutile, ce clown pas drôle semble là uniquement pour meubler quelques minutes et obtenir la durée pourtant réduite de quarante minutes. Il met une conviction inquiétante dans son interprétation d’abruti total. Episode en huis clos se passant plus dans un vieil immeuble de Manhattan qu’à Marseille, nous sommes tout sauf "à l'air libre". Tyrees Allen est un piètre méchant en Dean, qu’il incarne sans conviction comme un pantin. Enfin, la Corée du Nord est ranimée comme repaire des pires criminels de la planète. On se demande bien pourquoi ce régime totalitaire stalinien laisse vaquer à ses occupations une bande de savants fous et de criminels américains aux buts obscurs. Le navire prend l’eau de toutes parts, mais ici les jeux de notre compatriote Elodie Bouchez et de Ron Rifkin sauvent l’épisode du naufrage total.
La critique de Clément Diaz
Le très renommé acteur belge Patrick Bauchau met son talent au service de la série. Son duo avec Elodie Bouchez donne des dialogues en français assez étendus pour une série américaine. Renée est plaisamment trouble : tueuse à gages mais aux points faibles qui l’humanisent, avec notamment sa quête du père. Elle montre ici un visage frêle, sensible ; registre dans lequel Elodie Bouchez est irréprochable. Chaque personnage a une part à accomplir : Grace est l’homme d’action : sorties téméraires, attaques au culot, pour retarder l’ennemi. Sydney élabore des plans de bataille, Renée prend soin de son père, objet des convoitises de l’ennemi. L’impressionnant déploiement de forces de leurs adversaires donne un côté désespéré à la situation. Toutefois, le suspense ne prend pas tout à fait, car les menaces restent suspendues, on ne voit pas l’ennemi avancer. Tout est un peu trop suggéré. Certes, cela rend le coup d’éclat final… éclatant, mais tout ce qui a précédé est un peu mou. Le twist final est vraiment étonnant, débouchant sur un mexican standoff soit la formule de suspense frénétique par excellence. Dans Alias, la fin d’une mission est toujours climatique ! Sloane renoue avec ses démons. Pour satisfaire l’homme qui l’a libéré (twist !), il recourt à un bon vieux chantage des familles. Mais on sent qu’il a changé. Sloane fait chanter la sénatrice dans une séquence d’anthologie : chaque mot est du venin, il alterne poses caressantes et exigences tyranniques... quel numéro ! Mais on le voit aussi mal à l’aise, peiné, à l’idée de redevenir un Big Bad. Sloane ou la rédemption impossible, Ron Rifkin a tout compris à son personnage. Les infos supplémentaires Le générique de fin est réorchestré. Il a désormais une allure plus « JamesBondienne ». Scénario : Jeffrey Bell Réalisation : Jeffrey Bell
- You should've given me the disk.
- You were going to kill me anyway.
- Yeah, but I would have felt bad about it. Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
On est libre d’aimer ou de détester le choix de la saison de déplacer son intérêt de Sydney à Rachel, prenant ainsi des accents de spin-off. Mais on ne peut que saluer le courage de la production à prendre de tels risques pour maintenir à tout prix l’innovation. Adonc, Jeffrey Bell envoie l’inexpérimentée Rachel pour une mission ultradangereuse sur le terrain ; gadgets, couvertures en plein délire… et bataille contre son ancienne meilleure amie inclus ! Sydney joue le rôle de grande sœur auprès de Rachel, qui peine encore à entrer dans le vrai monde des espions. Parallèlement, Sloane est en mode agent triple (!), son duo antagoniste avec Dean est tout en tension. L’épisode est excellent, mais souffre de quelques scènes parlées convenues. Il est intéressant de voir Rachel prendre petit à petit de l’assurance. La première scène où Thomas la forme « à la dure », est difficile pour le personnage, qui doit délaisser toute morale. Sa complicité avec Sydney, sa « formatrice », est ce dont elle a besoin pour tenir le coup. La mission de Bombay est intelligemment écrite, entre humour inattendu (Dixon poursuivant la fiancée du général de déclarations d’amour enfiévrées), superbe exploitation de la grossesse de Sydney… et grosse vague d’inquiétude quand Rachel fuit devant un garde. On enchaîne à la mission en solo de Rachel, qui se fait passer pour une prostituée ! Son look est flashy et criard, contrastant avec sa terreur intérieure. La scène de Janos Vak, suinte d’un suspense débordant. Le gag des déviances sexuelles de Vak permet une simplification inattendue de la situation… re-compliquée quand l’impitoyable Kelly rentre dans la danse. Là, on se dit que Kelly va avaler toute crue sa pauvre ex-collègue (Amy Acker est d’une aisance confondante en tueuse sans conscience). Mais l’énergie du désespoir de Rachel permet un duel trépidant contre elle (toujours utiles les brosses à cheveux fabriquées par Marshall…). Baptême du feu réussi, scénario aussi. Sloane est coincé dans une situation terrible : forcé de trahir les gens qu’il aime, il ne se prive toutefois pas de dire ce qu’il pense à Dean. Devenu un « gentil », Sloane n’en demeure pas moins inquiétant, et Rifkin un comédien surdoué. On finit sur une sorte de cliffhanger : il doit trancher un nœud gordien. Quelle sera sa décision ? Mystère… Les infos supplémentaires Amy Acker qui incarne Kelly est née en 1976. Elle est connue depuis son rôle d’Illyria dans « Angel », le spin-off de « Buffy contre les vampires ». On l’a vue au cinéma dans « Arrête moi si tu peux ». Depuis, c’est une habituée du petit écran : « Dollhouse », « Supernatural », « Person of interest », « Warehouse 13 ». 7. FAIT ACCOMPLI Scénario : Andi Bushell Réalisation : Richard Coad Résumé La critique de Patrick Sansano
Vu sa grossesse, Sydney ne peut plus assurer les combats. Elle est remplacée ici par Renée, jouée par une Elodie Bouchez façon Nikita/Anne Parillaud. La relation entre Sydney et Rachel tourne à une relation sœur/sœur. On en veut à Rachel de prendre la place de Nadia.
La critique de Clément Diaz
Le prélude commence plutôt bien, avec la première mission Sydney-Renée. Élodie Bouchez fait montre de talents de combattante convaincants lors de sa mémorable baston avec le garde, pendant que Sydney rencontre... son ancien professeur d’université !!! Ça, ce sont les petites surprises-clin d’œil tant appréciées de la série. La mission de capture de Dean est une déception : le suspense ne s’active que bien tard, et se résout précipitamment sur une bagarre hâtive (en progrès, Rachel, en progrès). Mais ce qui douche vraiment l'enthousiasme, c’est lorsque Dean est amené à l’APO. La CIA a maintes fois montré ses méthodes d’interrogation musclées contre les criminels (le punching-ball Sark en sait quelque chose), alors pourquoi une méthode aussi ridicule et douteuse que le LSD ? On se croirait revenue aux premiers temps de la série avec une CIA aseptisée. Marshall s’agite beaucoup, mais sans résultat. La scène où Sydney « réconforte » Dean, est hors de propos, d’autant que Tyrees Allen, impeccable jusque-là, tombe dans un surjeu agaçant. Mais l’épisode s’achève sur une bonne note avec un effet de miroir évoquant Opération Tonnerre six (saison 1). De même que Sydney découvrait la grandeur démesurée de l’Alliance, l’APO découvre que Prophet Five est infiltré dans tous les grands gouvernements mondiaux. Encore un ennemi sans nombre à abattre. Et va falloir qu’ils se grouillent, il n'y a plus que dix épisodes ! La bataille de Sloane pour sauver Nadia prend le pas sur toutes ses erreurs passées. On peut voir tout son espoir quand elle se réveille, et son chagrin immense quand elle replonge dans le coma. Sloane a un mauvais destin : chaque fois qu’il sort d’un filet, c’est pour tomber dans un autre plus grand. On sent que ça finira mal (euphémisme). Les infos supplémentaires Lors de la séquence finale, une chanteuse reprend « Your song », le tube d’Elton John.
Scénario : Monica Breen et Alison Schapker Réalisation : Donald Thorin Jr. Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
L’étonnante intro rappelle la vision d’apocalypse de Firebomb (saison 2) avec incinération automatique de chair humaine. A part le fait que Rachel Nichols est toujours aussi fondante ; il n’y a pas grand suspense dans sa mission, notre espionne se contentant de se cacher quand Sark arrive, avant de reprendre tranquillement le boulot. La scène de séduction est riche de dialogues à double sens sur leurs vrais métiers, et leurs étreintes sont agréables à voir (Sark, tu as vraiment bon goût). Dommage que la scène de lit est gâchée par le soutien-gorge de l’actrice, mais bon, c’est une tradition américaine. Ceci dit, l’intrigue piétine. On a également du mal à prendre en sympathie la collègue de Jack, car on a à peine le temps de faire connaissance avec elle. Bon, on a bien un sursaut quand Masari, le méchant, lui flingue la main gauche, mais Masari lui-même ne bénéficie pas d’un temps de présence suffisamment important pour s’imposer. Les bonnes idées des scénaristes sont coincées dans un manque d’organisation. Heureusement, l’imperator Sark remonte à lui tout seul la côte de l’épisode. Quelle élégance, quelle roublardise ! On adore son expression dénuée de surprise quand Rachel et Syd viennent lui faire coucou. Classe en séduction, il trahit son employeur sans aucun scrupule, ne montre aucune appréhension dans son double jeu, et fait preuve d’une grosse vantardise tout le long, même menotté à une bombe. Que ce soit Rachel la débutante qui doit désactiver ladite bombe est synonyme de roulette russe bien intense. Ah, et puis il y’a le final, quand Sark fait un auguste geste princier et galant, so british. Pour un peu, on le verrait comme un héros. Sark confirme sa grande valeur ajoutée à la série. Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec Réalisation : Tucker Gates Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Enceinte de huit mois, Sydney prend quand même l’avion pour dire bonjour à Renée. Que Jennifer Garner ait joué Electra au cinéma est finalement cohérent, on dirait vraiment une superhéroïne dans Alias ! Renée, tueuse au grand cœur, manque de panache. Elle a beau démolir un fourgon et tuer DeSantis (après un remake d'une certaine scène de Reservoir Dogs par un Jack énervé) ; à force de s’adoucir, elle finit par ressembler à Sydney qui a déjà une successeure (Rachel). Heureusement, Kelly Peyton/Amy Acker donne le change : effraction, flingues, strangulation, combinaisons de cuir (pas limitées aux bottes), elle est une lethal weapon humaine. Sous l’effet de la drogue, Syd se souvient de moments avec Vaughn, le chef de Prophet Five cherchant une information qu’il lui a fournie... dans Opération tonnerre six ! On remonte loin ! Chaque scène d’épisode précédent met en scène Vaughn (en fait le subconscient de Sydney) encourageant Syd à tourner la page, à le « laisser partir » avant qu’il ne divulgue l’information. Toute à sa joie de le revoir, Sydney a du mal à se contrôler (comme Sloane voulant rester dans son paradis imaginaire dans In Dreams…). Les ruptures de ton, l’étrangeté des scènes sont fascinantes, mais leur direction aléatoire nuisent à l’ensemble. Le conflit entre réalité et imaginaire est toutefois bien rendu. Les plus finauds auront deviné le premier twist, mais comme d’habitude, les deux suivants le sont beaucoup moins ! L’échiquier des forces en présence s’agrandit soudain, nous sommes laissés sur le fil du suspense. Les infos supplémentaires La participation de Michael Vartan à cet épisode est dû à un plébiscite des fans. Scénario : J.R.Orci Réalisation : Karen Caviola Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Sydney, sur le point d’accoucher, doit encore assommer des gardes, échapper à la fielleuse Kelly (Amy Acker est la révélation de la saison, indubitablement), jusqu’à ce que la nature la rattrape et la fasse s’effondrer. Mais en attendant, on est au théâtre avec les duels psychologiques entre les deux femmes, avec en prime un autre double jeu (on ne change pas les bonnes vieilles habitudes !). Jennifer Garner se donne tout entière pour assurer des scènes difficiles dans son état. L’invasion de la CIA par l’APO est un des plus grands moments de la série. Chaque membre de l’APO court, se cache, joue son rôle, dans un plan d’une ingéniosité formidable parfaitement chronométré. Transpirations en pagaille ! Une scène aussi forte voit les 7 directeurs de division de la CIA tous convoqués par Jack qui sait qu’une taupe est parmi eux. La tension explose totalement pendant cet affrontement dans lequel Victor Garber exacerbe au maximum la fureur et la violence de son personnage. Le feu d’artifice n’a toutefois pas lieu, Prophet Five évacuant les lieux avant l’arrivée de la cavalerie. On se console avec ce nouveau mystère : pourquoi l’organisation terroriste s’intéresse-t-elle tant au bébé de Sydney ? Et pourquoi Thomas, face au meurtrier de sa femme, le laisse-t-il en vie et lui demande d’appeler le « Cardinal » ? Encore un double jeu ? Ou un règlement de comptes avec le passé ? Avec tant d’arcs ouverts, Alias lorgne déjà vers Lost, tout en maîtrisant avec soin sa mécanique. S.O.S. quoiqu’il en soit, compte parmi les sommets de cette dernière saison. Les infos supplémentaires Nous apprenons que Sydney est née le 17 avril 1975. Dernier changement de générique. Élodie Bouchez (Renée Rienne) n’est plus créditée au générique, devenant simple personnage récurrent. Elle est ici créditée en tant que « spécial guest star »… mais c’est une erreur car elle n’est pas présente dans cet épisode ! Amy Acker (Kelly Peyton) est créditée au générique après cinq épisodes en tant que personnage récurrent. 11. INSTINCT MATERNEL Scénario : Breen Frazier Réalisation : Tucker Gates Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Devlin, le directeur de la CIA, paralyse l’APO par ses investigations. Ses membres doivent donc faire le système D pour effacer toutes les traces compromettantes de la mission illégale des Bristow. A ce titre, Rachel et Sloane par leur duperie improvisée, et Dixon et Renée par leur méthode très efficace pour faire parler un suspect (en voilà un qui prendra plus de voiture de sitôt) décrochent les meilleures scènes. Tout cela n’est qu’anecdotique tant l’intrigue des trois Bristow (quatre désormais) est un massacre total (accent italien contrefait compris, digne des pires nanars). Une fois sa trahison éventée, Irina se perd dans des dialogues abscons, révélateurs d’une personnalité n’ayant plus rien à voir avec ce que l’on savait d’elle. Le personnage surjoue son côté méchant. La scène où elle balance horreurs sur horreurs à sa fille en train d’accoucher constitue un bel exemple de cruauté gratuite, sans justification. Tout le personnage est trahi, rendant la mission d’une stupidité sans limites. On en rajoute avec Rambo, euh avec Jack démolissant à lui tout seul l’équipe de Kelly - qui nous gratifie d’un délirant tir de bazooka - ainsi que Kelly elle-même (Amy Acker est toujours en grande forme). C’est précipité, pas crédible, c’est le niveau zéro de la série. Avec la longue scène de l’accouchement, on atteint un summum dans la crétinerie, une des plus funestes ruptures de ton dans un épisode. On termine sur une bonne blague d’Irina, et le cliffhanger qui brouille une fois de plus les cartes de la série. Insuffisant pour faire oublier un tel passage à vide. Les infos supplémentaires La sublime Amy Acker est désormais présente au générique de début. Mieux vaut tard que jamais. Superbe erreur de la VF : dans les crédits post-générique, Drew Goddard est mentionné en tant que « productrice »… sauf que c’est un homme ! 12. L'ÉLUE Scénario : Drew Goddard Réalisation : Robert M.Williams Jr. Résumé
La critique de Clément Diaz
Pour sa dernière apparition, Gina Torres nous montre le plaisir communicatif qu’a Anna à lutter contre sa meilleure ennemie (ah, son traditionnel baiser sur la vitre !). Bradley Cooper est toujours aussi charmant, mais son personnage est beaucoup moins bien exploité que son précédent retour dans Remnants (saison 3). Il est ici une simple victime, un McGuffin, soient des adieux à la série bien pitoyables pour lui. Le scénario est un gigantesque pétard mouillé : la mission de Minsk enchaîne les situations routinières en mode automatique, on retient juste la baston Anna-Sydney-Will. Sloane rencontrant la Nouvelle Alliance qui paraît bien fadasse ne sert juste qu’à répéter ce qui a déjà été dit dans la première scène. Toutes les scènes de Sydney avec son enfant s’enlisent dans la guimauve (malgré une Jennifer Garner plus juste dans son jeu). Il n’y a cependant pas à s’étonner si Kelly paraît frais comme un gardon : un mois s’est déroulé entre les deux épisodes, elle a eu le temps de récupérer. L’éblouissante Anna ne peut pas grand-chose pour sauver la lamentable intrigue du train, qui abuse de grosses ficelles (Will arrive pile au bon moment, Syd retrouve le détonateur dans l’eau). Le spectacle de Sydney roulée dans un fluide rouge donne plus à rire qu’autre chose. Le cliffhanger est prévisible, avec le procédé usé jusqu’à la corde du projet Hélix (encore !). Un échec sur tous les fronts. Les infos supplémentaires Will Tippin dit ne plus avoir vu Sydney depuis deux ans. Il va se marier, mais avec une peintre et non avec la ravissante Jenny. Dernière apparition de Gina Torres (Anna Espinosa). Anna est toutefois présente dans les deux épisodes suivants, grâce au projet Hélix. Scénario : Alison Schapker et Monica Breen Réalisation : Frederick E.O.Toye Résumé La critique de Patrick Sansano
Dans Alias, un type préfère se pencher sur un vieux papier de 500 ans plutôt que de coucher avec Elodie Bouchez. Dans Alias, on peut être transformé en zombie mort vivant avec les yeux rouges, il suffit qu’on vous tue et vous administre une piqûre pour que vous redeveniez comme avant. Ce n’est pas de la science fiction, c’est du J J Abrams. Lorsqu’il n’y a pas de porte dérobée pour fuir, on peint les contours d’une porte et on fait exploser le mur qui découpe l’équivalent d’une porte. A force de prendre des vessies pour des vessies, on voit des lanternes partout. On ne serait pas étonné outre mesure de voir des fers à repasser volants et des éléphants roses surgir dans le décor. Arvin Sloane, dans les épisodes récents, a trahi l’ APO et tout sacrifié pour sa fille, et le voilà reparti à la recherche du temple du soleil, comme Tintin. Enfin du trésor de Rambaldi, c’est pareil. La construction du personnage a été destructurée. On n’y croit plus. Ron Rifkin, Elodie Bouchez, Mia Maestro ont du talent, on note leurs noms, on les reverra ailleurs. Ainsi le double drame qui survient dans cet épisode, nous privant de deux merveilleuses comédiennes, ne parvient pas à nous émouvoir. Trop de balises ont été dépassées, les vagues de l’océan ont effacé sur le sable la belle histoire que certains ont tenté d’écrire. Alias n’est plus qu’un produit hybride, recyclage de multiples choses vues ailleurs en mieux. Arvin Sloane se comporte comme un pantin ayant perdu la raison. A partir de bases qui n’étaient pas mauvaises dans le pilote de la saison 1, et d’un retour en grâce en début de saison 4, le récit qui ne peut ni se rattacher aux sagas de la science fiction face Stargate, Star Trek ou Star Wars, ni aux as de l’espionnage comme James Bond, a fait définitivement sombrer l’édifice. Il ne reste plus qu’une chose à faire : arrêter le massacre et annuler la série.
La critique de Clément Diaz
Le Big Big Bad des premières saisons est devenu la victime d’un destin qui lui refuse pardon et rédemption. Il a joué sa vie, sa liberté, son honneur, a mis de côté son funeste appétit pour Rambaldi, pour sauver sa fille chérie. Ce retournement a beau être surprenant, il a été savamment amené par les auteurs et par le talent du comédien. Son coup de poker initial, à deux doigts d’être gâché par Jack, instaure une vraie tension, même si le spectateur sait que Rambaldi ne peut qu’avoir raison et n’est pas surpris du réveil de Nadia. Au terme de tels changements, voir Nadia se désintéresser de lui est un coup qui le blesse profondément, et le pousse à revenir à Rambaldi. Le revirement de Nadia sera hélas tardif, et mène à l’horrible séquence de la page 47, au sadisme violent. Double peine : aucun de ceux que Sloane aime ne saura qu’il avait vraiment changé, ils croiront qu’il aura été pourri tout le long. Sloane, perdu, passe de l’autre côté de la barrière, moins par méchanceté que par instinct de survie : il doit trouver une raison à l’événement qui sans quoi le traumatiserait définitivement. Cette raison, c’est la deuxième quête ultime de Rambaldi, qui le mènera à sa perte. Mia Maestro est bouleversante à chaque scène, tandis que Rifkin met à nu son personnage avec son succès habituel. Son revirement final n’en est que plus fort. Le reste se noie dans des allers-retours mous, des scènes guimauve avec Nadia et le bébé de Sydney (les bébés, fléaux éternels des séries télé), une quasi absence d’action. Élodie Bouchez se force beaucoup pour jouer la femme fatale, mais y parvient quand même. La scène d’invasion de Koller renoue avec la dinguerie passée de la série. Mais tous les allers-retours des membres de l’APO n’aboutissent qu’à des actions sans effet, ou des dialogues stériles. Toutefois, il est clair qu’Alias s’engage dans la dernière ligne droite, avec l’élimination choquante d’un personnage en pleine mission. Un scénario médiocre, sauvé par Sloane et quelques moments-chocs. Les infos supplémentaires Nadia nous révèle qu’elle est restée 12 mois dans le coma. 14. SIXIÈME SENS Scénario : Andi Bushell & J.R.Orci Réalisation : Jamie Babbit Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
L’épisode capitalise beaucoup sur les efforts d’Anna Espinosa en Sydney dans le but de leurrer Vaughn. Il est certes agaçant de voir Anna brûler la voiture de Sydney sans vérifier sa mort ensuite, permettant à notre héroïne de la poursuivre ; mais on est vite happés par la machine à suspense. Chaque étreinte entre Vaughn et la fausse Sydney rend mal à l’aise. L’idée certes pas nouvelle, mais toujours délirante des puces se trouvant dans les corps de Renée et Vaughn, outre qu’elle permet une opération chirurgicale qui fait trembler, prolonge avec succès la tension. La résolution à Hambourg, lorsqu’Anna met en joue Vaughn, entraîne un duel mortel dans lequel nous voyons « Sydney » et Vaughn combattre mortellement (bien plus fortement que dans Nocturne). On ne peut s’empêcher de rire en sachant comment Vaughn a eu des soupçons : une idée qui n’est pas sans rappeler celle de The hungry goblin, le dernier roman de John Dickson Carr. C’est là qu’on se rend compte que finalement, c’est très difficile d’imiter l’amour de quelqu’un… Certes, Sydney et l’APO retrouvent Anna assez miraculeusement, mais il en faut plus pour ne pas être pris dans la tornade. Sloane, consumé par Rambaldi qui lui a tout pris sur cette Terre, est méconnaissable. Il est redevenu un méchant sans foi ni loi, qui dépasse en noirceur tout ce qu’il a pu nous offrir jusque-là. Il n’agit pas comme un fou, mais il est visible qu’il l’est. Ses regards, ses paroles qu’il adresse à une Kelly Peyton impressionnée, font aussi peur que son dialogue avec le fantôme de Nadia. Mia Maestro change totalement de registre ; outre qu’elle est vraiment sexy dans sa robe noire, elle incarne la mauvaise conscience de Sloane, le poids de tous ses crimes. Elle lui parle d’un ton dur, grinçant, ironique, avec un sourire qui fait mal à chaque fois. Sloane, enfermé dans sa démence, n’est pas atteint par ses piques acerbes. Leur duel spirituel est éprouvant et terrible à la fois. Son double jeu, au demeurant prévisible, paraît donc bien anecdotique à côté. Ron Rifkin repousse encore les bornes de son jeu, ce qu’on aurait pas cru encore possible. Quelle performance ! Et puis, hourra, Sark est de retour et devrait jouer pleinement son rôle lors des épisodes finaux. Le cliffhanger est excellent, Sydney plongeant gaîment dans la gueule du loup. Avec autant d’atouts, Alias se dirige vers une sortie certes accélérée, mais bien digne de tout ce qu’elle nous a apporté. Tout juste regrettera-t-on que l’annonce de l’annulation de la série ait mis sur la touche le duo Rachel-Thomas (et Renée dans une certaine mesure). Les infos supplémentaires Vaughn démasque définitivement Anna car cette dernière ne savait pas que lui et Sydney ne sont jamais allés à Carthagène… sauf qu’ils y sont bel et bien allés dans 48 heures (saison 2) ! Messieurs les auteurs, relisez-vous ! 15. SANS RANCUNE
Scénario : Sam Humphrey Réalisation : Tucker Gates Résumé La critique de Patrick Sansano La critique de Clément Diaz
Après une course-poursuite remplie d’émotions fortes (Kelly détruisant l’émetteur, Marshall piratant le feu rouge), le spectateur suit avec plaisir les confrontations de Sydney contre Sark et Sloane qui croient avoir à faire avec Anna. Avec Sark, on est dans des allures de comédie : il sert encore de punching-ball. David Anders est toujours aussi régalant en vilain flegmatique, qui fait les actions les plus folles comme s’il faisait des courses : qu’il fasse sauter un café, ou fasse semblant de s’empoisonner, c’est toujours avec son style inimitable. C’est d’ailleurs lui qui a la réplique de l’épisode (Tu as de la chance que je reste pas longtemps, sinon je t’aurais arraché la langue et étranglé avec !). Jennifer Garner continue son double rôle avec entrain, mais son personnage commet l’erreur de sous-estimer l’affection que Sloane avait pour elle, en prétendant avoir tué Sydney lâchement. Sloane, furieux que celle qu’il considérait comme sa fille ait péri de cette façon, ne veut ni plus ni moins qu’exécuter Anna ignorant qu’il s’agit de Sydney (vous suivez toujours ?). D’ailleurs, sa tentative de strangulation provoque des sueurs froides. Sloane est décidément un personnage d’une ambivalence sans limites. Son coup de téléphone final glace le sang instantanément, et perturbe une coda qui serait restée dans le sucré sucré (bébé Isabelle est presque aussi boulet que le William des X-Files). La mission du pénitencier souffre cependant de la trop grande facilité avec laquelle Sloane, Sydney, Sark, et Vaughn entrent et sortent sans être inquiétés. Quant à la scène où Sydney découvre la rose de Rambaldi (twist !!), sa teneur Fantastique est un peu lourdingue, malgré le talent du vétéran Jack Donner. La vengeance de Thomas, enfin détenteur de la vérité sur la mort de sa femme, paraît donc sans intérêt à côté. D’ailleurs, tout est bouclé en quelques minutes (on termine par une explosion, évidemment), rendant l’émotion voulue inopérante. Balthazar Getty fond avec adresse la froideur de Thomas, et Rachel Nichols est tout à son aise dans le désir de Gibson de l’aider. On sent qu’elle a secrètement des sentiments pour lui, mais dans Alias, les doux rêves sont rares, elle en aura la sanglante démonstration dans l’épisode suivant. Problème : nous ne sommes plus intéressés que par la Mythologie, qui condamne toute autre histoire à l’oubli. Titre antiphrastique, No hard feelings est un épisode très noir. Les infos supplémentaires L’emprisonnement d’Anna après la trahison de Sark a duré un an. 16. LE DERNIER ÉLÉMENT Scénario : Monica Breen et Alison Schapker Réalisation : Frederick E.O.Toye Résumé La critique de Patrick Sansano
Le bon côté de cet ignoble personnage, c’est Nadia, qui revient en fantôme, hanter sa conscience. « Marshall a ce que tu n’as pas, un cœur ». Sloane est un méchant génial car il n’a pas le côté caricatural de tant de ses confrères. Il connait le bien, il connaît le mal, et il fait son choix délibérément. Nous comprenons, lors du dialogue avec sa fille revenante, que Sloane est devenu fou. Ce qui ne fonctionne pas dans Alias, c’est que Rifkin joue (à quelques exceptions près dont Mia Maestro et Amy Acker) avec des acteurs qui n’ont pas son talent. A force de dominer les autres, il est comme un champion de tennis qui jouerait avec des amateurs qui ne renverraient pas la balle. Si nous avons un final en beauté, nous le devons entièrement à Ron Rifkin. Ne parlons pas de sa confrontation avec l’exécrable Rachel Nichols à côté de laquelle Jennifer Garner est une grande comédienne.
La critique de Clément Diaz
Après avoir tué Renée et Nadia dans 30 seconds, Monica Breen et Alison Schapker taillent à la hache : un épisode sanglant, où les menaces de mort et les morts elles-mêmes s’accumulent à un tempo effréné. Sloane, au-delà des limites de la folie, détruit tout ce qui se dresse autour de lui : les insubmersibles Prophet Five et APO partent en fumée par la mégalomanie terrifiante du personnage. In extremis, Thomas Grace, reçoit un rôle en or massif, par un douloureux sacrifice héroïque. Cela ne rend que plus amer sa romance avec Rachel, brisée dans l’œuf. L’intrigue du jour provoque un stress permanent, alors que l’énigme Rambaldi va enfin être résolue. Un scénario addictif et d’une cruauté hallucinante, qui lance le dernier épisode sur les meilleurs rails possibles. Les cliffhangers, véritable série dans la série, sont représentés une ultime fois, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils finissent en beauté ! L’intro a un côté 007 (vodka-martini inclus) avec nos agents aux quatre coins du monde pour espionner les 12 membres de Prophet Five. Une perspective amusante, surtout lorsque Sydney descend en rappel de l’immeuble. Toutefois, il est clair que le personnage principal d’Alias n’est plus Sydney, mais bien Sloane. C’est lui qui conduit tout l’épisode. Il est prêt à tout pour son but, jusqu’à apparaître soudainement devant Sydney, et jouant sur ses sentiments pour convaincre Marshall de collaborer. Comme d’habitude, Marshall et Rachel ont plus d’un tour dans leur sac (connaître les livres pour enfants peut vous sauver la vie). Carrie Bowman est parfaite en renfort, tandis que la situation des deux kidnappés prend aux tripes, lorsque Sloane décide leur exécution sans battre un cil. Heureusement, un soutien-gorge est souvent utile pour s’évader… Kevin Weisman passe en mode héroïque pour la première et dernière fois de la série ; il se débrouille plutôt bien, tandis que Rachel Nichols est toujours à la hauteur. Le tragi-comique voyant Thomas répéter la même erreur avec Rachel qui a coûté la vie de sa femme est bien mis en exergue. Quant à Sark, ses faux élans de romantisme envers Rachel sont toujours aussi fondants. Un pourvoyeur de vannes hors pair ! Le face-à-face entre Sloane et Sydney dans la caverne du mont Subasio est une des images les plus puissantes que l’on puisse voir. La foi dévorante et destructrice de Sloane, rendue par un Rifkin qu’on croirait shooté à la coke, est comme un rouleau-compresseur pulvérisant tout sur son passage ; même Sydney, sa pire ennemie, chancelle devant tant d’écrasement. La mort héroïque de Thomas, se sacrifiant pour sauver des milliers de vies, touche au plus profond, et on est solidaire du chagrin de Rachel, voyant un drame de plus dans sa vie. Balthazar Getty sort par la grande porte, sacrifié sur l’autel de la nécessité de conclure une Mythologie à laquelle il était étranger. La fulgurante évacuation générale est contrepointée à l’exécution vite fait bien fait des 12 membres de Prophet Five par une Kelly Peyton aussi dingo que Sloane (qu’Amy Acker n’ait pas été une adversaire de 007 est une énigme aussi obscure que celle de Rambaldi). Le tout harmonisé avec la tirade de Sloane. Un vaste ensemble dramatique bien maîtrisé par l’équipe technique. Le sens caché de la prophétie de Rambaldi est un maître coup de la part de Breen et Schapker, qui entraîne l’ultime cliffhanger de la série, à vous faire bondir du canapé ! Les infos supplémentaires La caméra ne nous fait voir que 11 personnes sur la liste des 12 de Prophet 5 ! Il est dit que l’un des membres de Prophète 5 s’appelle McMullen. Luke McMullen est le scénariste de l’épisode Sloane & Sloane (saison 4) ! 17. UN SENTIMENT D'ÉTERNITÉ Scénario : Jeff Pinkner et Drew Goddard Réalisation : Tucker Gates You beat death Arvin. But… you couldn't beat me ! Résumé La critique de Patrick Sansano
La partition de Michael Giacchino connaît alors des envolées lyriques. Jack se suicide en faisant exploser le refuge de Sloane, le condamnant à jamais à l’emprisonnement derrière une montagne de pierres. Irina choisit à son tour une forme de suicide en refusant d’être sauvée et en se fracassant dans le vide. Sydney se console dans les bras de Sloane, elle est orpheline. Le fantôme de Nadia rejoint la mort, laissant son père qui ne peut plus bouger hurler de desespoir, ayant toute l’éternité devant lui. Quelques années plus tard, Isabelle a grandi. Dixon rend visite au couple. Sydney tient un petit Jack dans ses bras. Sark continue de sévir, il s’est enfui et Dixon vient chercher le couple pour reprendre du service. Isabelle a les mêmes talents que sa mère pour assembler des éléments en bois.
La critique de Clément Diaz
L’ordre de la production de ramener le nombre d’épisodes de la saison de 22 à 17 a forcé les scénaristes à accélérer à l’excès les intrigues en cours. Nadia meurt peu après avoir été ressuscitée, la relation Rachel-Thomas commence et se finit dans un même épisode, l’intrigue de la femme de Thomas est vite close, Prophet Five est détruite en quelques minutes, le puzzle de Rambaldi se rassemble avec hâte... les derniers épisodes sont une cavalcade précipitée qui laisse bien des regrets en chemin. Le finale de la série pâtit de même d’un tel coup d’accélérateur. Mais envers et contre tout, Jeff Pinkner et Drew Goddard ont réussi à bâtir un finale satisfaisant, où chaque personnage reçoit à la onzième heure son juste salaire. La Mythologie Rambaldi est de plus close avec succès. Nous savions depuis longtemps que le deuxième objectif ultime de Rambaldi était l’immortalité. Si l’on regrette que Kelly Peyton et Rachel Gibson partent en cachette (la seconde torturant la première avec un serpent), les comédiennes nous quittent sur une bonne note : Amy Acker en jouant l’effroi, Rachel Nichols par la dureté, deux sentiments originaux pour les personnages ! Même chose pour Marshall/Kevin Weisman, nous quittant devant son éternel ordinateur. Le choix des scénaristes d’entrecouper la dernière intrigue par des flash-backs relatant plus en détail les moments clés de la vie de Sydney avant le pilote (coucou inattendu de Merrin Dungey en passant), a le défaut de ne rien nous apprendre d’important, de croquer du temps à un épisode qui en a besoin, et de rompre la tension de l’ensemble. Mais plus que la Mythologie, achevée avec force, Pinkner et Goddard réussissent le plus difficile : trouver une fin idéale à (presque) chaque personnage. Sloane, désormais inatteignable, voit son excitation poussée au firmament lorsqu’il pénètre dans le monumental caveau de Rambaldi (impressionnant décor, très bien filmé par Tucker Gates) qu’il a cherché depuis 30 ans. Près du but, il ne laisse personne s’approcher, et va de plus en plus crescendo dans la folie cupide. On sursaute quand Sloane, pour forcer Sydney à se rendre, abat froidement Jack, et qu’il est tué en retour par une Sydney vengeresse… sauf qu’il tombe dans le liquide rouge de « l’Horizon » qui le ressuscitera et lui donnera la vie éternelle, signant là son triomphe d’avoir achevé le « endgame » de Rambaldi. Les scènes du tombeau sont vraiment saisissantes. Les adieux déchirants de Jack mourant à sa fille, qui part pour arrêter Irina, sont à fendre l’âme. Jack, personnage intérieurement bon et extérieurement mauvais, a des adieux dignes de lui. Sa tirade ultime à l’adresse de Sloane, à qui il n’a jamais pardonné le chagrin qu’il a fait à sa fille, est un grand moment de télévision, avant l’explosion finale qui condamne Sloane au pire châtiment possible pour un être humain. Cette chute géniale avait certes déjà été exploitée par Rod Serling dans l’Escape Clause de La Quatrième Dimension, mais elle est ici encore plus cruelle que l’original, Sloane n’ayant pas la « clause de désistement ». La dernière apparition de Nadia, à laquelle Mia Maestro donne tantôt un enthousiasme volontairement faux, tantôt une froideur tranchante, est la pointe finale de sadisme. On peut être un peu gêné de cette fin, car Sloane a maintes fois prouvé qu’il pouvait être bon et altruiste, et qu’un funeste destin l’a autant conduit là que ses mauvaises actions. Mais Alias n’a jamais fait dans la demi-mesure, c’est ce qui fait sa force (et ses limites). Sark tombe le masque : malgré ses perpétuelles rodomontades (sa réflexion sur les chaussures à 500$ est hilarante), il est un méchant qui veut être LE méchant, mais qui ne le sera jamais. A ce jeu-là, il est écrasé par Sloane et Irina. La vantardise de Sark est en réalité un masque, un masque qu’il porte pour être du côté des gagnants. Il a des scrupules à causer un génocide, et le fait moins par envie que pour être dans le camp des winners. Ça se voit quand il s’effondre devant le pistolet de Vaughn, dans une magistrale dernière scène de compte à rebours. Belle sortie pour David Anders, un acteur jouant un méchant qu’on adore… ne pas détester. Bien immoralement, Sark ne tirera aucune leçon de l’histoire et poursuivra son destin capricieux. Irina résout non sans mal son dilemme. Son affrontement final avec Sydney nous vaut de la part de Lena Olin un spectaculaire chant du cygne. Irina a toujours aimé sa fille, elle ose le répéter aux portes de la mort. Mais son drame est d’aimer davantage le pouvoir, symbolisé par Rambaldi. Entre sa fille et le prophète, elle choisit le prophète. Il est donc juste que sa sortie soit à l’image de son choix : elle refuse la main tendue de sa fille, symbole de vie, pour attraper « L’Horizon », symbole de pouvoir… et de sa chute (aux deux sens du terme). Un final en forme d’apothéose, soutenu par l’orchestre passionné de Michael Giacchino. Le happy end fait se terminer cette série tragique, de bruit et de fureur, sur une note élégiaque. Marshall est heureux en famille, le chaleureux Dixon a reçu une promotion, et Sydney et Vaughn, après tant d’épreuves et de souffrances, goûtent enfin une (semi) retraite bien méritée. Le clin d’œil terminal, petit cadeau des auteurs, nous indique que si Isabelle pourrait devenir une nouvelle Sydney, son geste final balaye toute possibilité de répétition de l’histoire (heureusement pour elle !). Un carton de l’équipe remercie le spectateur, et… fin. Une fin hâtive, inaboutie, qui laisse quelques regrets, mais dans l’ensemble parfaitement maîtrisée. Étant donné le contexte difficile de sa fin, la série a su trouver un final à la hauteur de sa (dé)mesure.
CONCLUSION : Ainsi s’achève Alias. Comme tout artiste digne de ce nom, J.J.Abrams et ses fidèles lieutenants ont pris des risques immenses, portés par le désir de faire quelque chose de nouveau, d’inédit dans l’histoire du petit écran. L’unanimité était impossible : l’univers fantasmagorique d’Alias nécessitait une totale adhésion du spectateur, y compris à ses concepts les plus délirants. Le moindre n’étant pas la systématique redistribution des cartes narratives à chaque moitié de saison. Cette série a voulu au contraire faire perdre son spectateur dans les délices de son labyrinthe babylonien. Un labyrinthe narratif d’un divertissement survitaminé, sophistiqué au plus haut point, dont le but est de faire vivre au public le frisson d’aventures improbables. Un parti pris qui est à l’origine de la séparation du public entre détracteurs et admirateurs. Ce dossier espère vous avoir donné, grâce aux critiques de Patrick Sansano et de votre serviteur, des pistes pour comprendre cette série. Une série révolutionnaire, qui a mélangé l’espionnage et le Fantastique, pour un résultat que l’on trouvera génial ou exécrable selon les goûts, mais à coup sûr étonnant. Les infos supplémentaires Comme dans les pilotes des saisons d’Alias, il n’y a pas de générique dans cet épisode. Retour à l'index Images capturées par Patrick Sansano. |