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 saison 1 saison 3

Alias

Saison 1


1. AGENT DOUBLE
(TRUTH BE TOLD)



Scénario : J.J.Abrams

Réalisation : J.J.Abrams

Résumé

Sydney Bristow travaille pour le SD6, qu’elle croit être une branche de la CIA. Elle a été recrutée il y a sept ans. Son petit ami, interne en médecine, Danny Hecht, la demande en mariage. Elle lui avoue son vrai travail, alors qu’il croit qu’elle est une simple étudiante. Par cet aveu, elle signe son arrêt de mort. Le patron du SD6, Alvin Sloane, en accord avec le père de Sydney, fait assassiner Danny. Réintégrant l’agence pour venger son homme, elle échappe à la mort lors d’une périlleuse mission contre le docteur Zhang Lee, et feint d’accepter les règles de l’organisation. Elle a découvert que son père, Jack, est membre du SD6. Se rendant à la CIA, elle raconte son histoire et demande à être engagée. Elle découvrira alors que son père est aussi agent double à la CIA et au SD6, organisation terroriste membre de l’alliance des douze, composée de dissidents de la CIA, de lybiens et d’espions mercenaires de diverses nationalités.

La critique de Patrick Sansano


Dès les premières images, on est scotchés à l’écran. Le pilote composé de flash back, laisse volontairement le téléspectateur face à plusieurs intrigues. Celle de l’assassinat de Danny, celle de la mission de Sydney en Asie (Tout au plus comprend-on qu’il est question de Taïwan et d’agents chinois). Les va et vient entre le passé et le présent nous donnent un maximum d’informations sur l’héroïne. 

Sa mère est morte (du moins le croit-on dans le pilote), son père Jack est un être méprisable qui ne s’est jamais occupé d’elle, pratiquant sous le couvert d’activités aéronautiques son métier d’espion. 

Sydney mène une double vie, étudiante qui est toute confuse de terminer à peine sa dissertation que le professeur veut ramasser, et jeune espionne. C’est une fille moderne, qui adopte plusieurs tenues vestimentaires, bombe sexy façon bimbo (mais intelligente) en robe du soir, clone d’une Nikita avec des cheveux rouges vivant tel un James Bond des péripéties hautement incroyables entre deux rafales de mitraillettes et un sadique dentiste (Zhang Lee) qui lui arrache ses dents, ou sage petite étudiante.

La seule certitude, c’est que Sydney représente « le bien ». Elle est la bonne copine qui appelle avec son portable une amie pour qu’elle la rappelle sur son portable et échappe à la mort. Elle se bat comme Lara Croft ou Alice de « Resident evil » et a la beauté de la tueuse de vampire Buffy Summers lorsqu’elle se livre à d’improbables combats qui semblent chorégraphiés et nous projettent loin de l’espionnage réaliste à la John Le Carré.

Si Sydney est le bien, autour d’elle, tout est tromperie, tricherie, l’univers est glauque et elle ne peut faire confiance à personne, entre un père complice d’assassinat de son fiancé, le SD6 organisation criminelle, et la CIA dont les agissements ont été révélés depuis longtemps dans des films comme « Les trois jours du Condor » ou « JFK » (des films que n’a pas vus visiblement Sydney) qui ne vaut guère mieux.

Les seuls « gentils » (mais le sont-ils vraiment) sont Marcus Dixon, l’agent black du SD6, son fiancé (mais il meurt très vite), sa copine qui veut lui raconter sa journée alors qu’elle est en pleine bagarre pour sauver sa vie, et son professeur d’université.

Le téléspectateur sait donc qu’il ne peut faire confiance à personne, sauf à Sydney. Cruche tout de même en croyant que la CIA représente « le bien ». Mais la crédulité n’a jamais été un crime.

Cette série a débuté sur la chaîne ABC le 30 septembre 2001, période charnière de l’histoire de l’humanité. J J Abrams connu alors pour la série « Felicity » a en quelque sorte imaginé la version « Fantômette contre les espions » de Felicity Porter.

Les combats sont filmés comme des chorégraphies, et l’action tous azimuts est digne des meilleurs films à suspense du cinéma. J J Abrams, le futur réalisateur de « Lost », « Mission Impossible III », « Star Trek » version 2009, nous propose ici une série novatrice pour l’époque (2001).

Il est évident qu’une telle série ne pouvait fonctionner qu’avec une bonne comédienne. Jennifer Garner (à l’époque peu connue, « Arrête moi si tu peux » et « Pearl Harbour ») se révèle le choix idéal. Moins naïve que Jennifer L ove Hewitt, plus intelligente que Pamela Anderson, égale d’une Jessica Alba ou d’une Sarah Michelle Gellar, plus jolie qu’une Milla Jovovich, elle est le choix idéal. Cette actrice est tellement lumineuse qu’on a envie d’être son ami, son mari, mais pas qu’elle soit la fille d’un soir, elle inspire trop le respect.

Son père, joué par Victor Garber, est ici infiniment moins sympathique que son rôle le lui permettait dans « Titanic ». On a envie d’être orphelin avec un père aussi machiavélique. Il égale en sadisme et en sujet de dégoût le patron du SD6, Arvin Sloane (Ron Rifkin, alors connu pour la série « Urgences »).

La série alterne moments d’émotion (le cimetière), d’actions (les nombreux combats et poursuites) mais ce pilote ne connaît aucun temps mort. Nous sommes à la croisée de plusieurs genres : l’espionnage, en tout premier lieu, le fantastique (qui sera abordé plus tardivement dans la saison), tout en étant ici plus dans un feuilleton que dans une série. On comprend dès le pilote qu’il ne faudra rater aucun épisode, que J J Abrams ne connaît pas la fin, que nous entrons dans un labyrinthe digne de la série « Le Caméléon ».

Michael Vartan, dans le rôle du gendre idéal agent de la CIA, est la grande déception de ce pilote. Il semble bien trop policé et gentil pour un agent du service secret alter-ego occidental du KGB. Son père est le frère de… Sylvie Vartan, ce qui donne déjà envie de le fuir. Marcus Dixon a autrement plus de relief incarné par Carl Lumbly (« Les évadés d’Alcatraz »), de même que la meilleure amie Francie (Merrin Dungey).

Il est difficile d’exister à l’écran dans ce pilote, quand Jennifer Garner occupe tant l’espace à elle toute seule.
Parmi les invraisemblances, le fait que Sydney se présente à la CIA demandant à voir le directeur comme au Prisunic du coin ou à la caisse d’allocations familiales et soit reçue est un monument de bêtise. Un peu comme si un loulou de banlieue demandait à rencontrer le Parrain de la Mafia en personne. Le meurtre de son ex futur mari hélas est lui bien plus crédible.

La CIA de ce pilote est un univers de bisounours que même Ethan Hawk/Tom Cruise renierait, lui qui allait en homme volant au bout d’une corde voler dans les coffres et provoquer des diarrhées à ses employés dans le « Mission Impossible » de Brian de Palma. Pour la CIA, le KGB ou la DGSE, la fin justifie les moyens et les morts d’innocents ne comptent pas. Ici, elle est présentée sous un jour trop flatteur.

Les chansons qui interviennent çà et là ne nuisent pas au rythme. Elles s’intercalent bien dans les scènes cruciales du pilote. Lorsque le générique de fin apparaît, on n’a qu’une envie : la suite, vite !

La critique de Clément Diaz


 

Pour sa deuxième grande série, J.J.Abrams, qui sait qu’il faut scotcher le public à son écran dès les premières secondes, débute in medias res par une scène où une jeune femme de choc se fait bastonner sévère par des gardes chinois. La scène s’enchaîne aussitôt à… la fin d’un examen scolaire où la même jeune femme se dépêche de rendre sa copie ! Comme début, difficile de trouver plus accrocheur !

Alias est une série très riche, et Abrams veut nous présenter tous ses nombreux atouts dès le début : multitude de personnages variés, nombre incroyable d’enjeux différents, intrigues d’espionnage palpitantes… tout en décrivant le changement de vie de l’héroïne. Aussi, ce pilote tombe quelque peu dans la confusion.

Cependant, Abrams est un réalisateur suffisamment adroit pour nous présenter rapidement et clairement tout ça. L’épisode alterne scènes d’espionnage (les plus intéressantes) avec les scènes « quotidiennes ». Le tout avec un montage dynamique allant sans cesse de l’un à l’autre. Cette situation de double vie - qui durera jusqu’à la fin de la saison 2 - fait tout le charme de cette première ère d’Alias, la plus réussie.

On comprend immédiatement à qui on a affaire : une héroïne étudiante le jour/espionne de choc la nuit, un père glacial et peu sympathique (Victor Garber, d’un impressionnant monolithisme), un chef impitoyable et machiavélique (Ron Rifkin, qui écrase tout le reste de sa distribution), un inventeur génial mais assez concon (Kevin Weisman, cabot jusqu‘au boutiste, on aime ou on déteste), un partenaire de mission très strict mais chaleureux (Carl Lumbly, très convaincant). On peut ajouter la bonne copine (Très bonne Merrin Dungey), qui malheureusement sera inutile du début à la fin, et un bon copain secrètement attiré par l’héroïne (Bradley Cooper, très à l’aise), qui aura de l’intérêt en saison 1, mais plus du tout dans les suivantes. Cette craquante galerie de portraits souffre cependant de la présence de Michael Vaughn, le futur supérieur de Sydney, joué par un Michael Vartan très fadasse. Au niveau acteurs invités, Ric Young glace la mœlle des os de chaque spectateur en dentiste sadique. Tandis qu’Edward Atterton joue très bien un fiancé bébéte mais responsable (aux capacités de chant toutefois joyeusement atroces).

Rien à dire sur les scènes d’espionnage : on est immédiatement pris dans la tornade. Les infiltrations à la Mission : Impossible, les gadgets à la James Bond (homologue de Q inclus), les bastons chorégraphiées avec une vigueur trépidante, les rebondissements massifs (toutes les cartes de la situation initiale sont redistribuées non pas une mais carrément trois fois), le suspense et une musique agitée qui en baignent chaque moment. Dans le rôle principal, Jennifer Garner est d’une beauté, d’une solidité, et d’une fougue implacables ; elle rend crédible ce personnage de femme fatale qui joue sur deux - bientôt trois - fronts différents. Une espionne idéale. Mais tout comme il y’a deux Sydney, il y’a deux Jennifer Garner : l’une idéale dans la partie « action », l’autre très limitée dans la partie « émotion ». Garner est en fait une comédienne restreinte, qui sortie de l’habit d’espionne, peut se montrer décevante.

Les scènes estudiantines sont assez ennuyeuses. Bien sûr, il faut montrer ce pan de vie-là, mais elles sentent trop le Dawson (la justesse psychologique en moins) pour qu’on les supporte plus d’une minute. De plus, toute la partie « deuil » de Sydney est beaucoup trop longue, et s’enlise dans la guimauve. Dans l’ensemble, les ruptures de ton et de tempo sont encore maladroites mais seront améliorées par la suite.

En bref, Truth be told est un très bon pilote, porté par un scénario à l’architecture admirable, aux nombreux rebondissements, une réalisation fastueuse (quoique parfois clinquante), et un casting très investi. Mais son ambition le pousse à surcharger un peu grassement ce début. Mais maintenant que l’exposition est terminée, la série va enfin démarrer, et ne va plus vous lâcher une seule seconde. Alors prenez votre respiration, et embarquez-vous dans la folle aventure d’Alias !

Les infos supplémentaires

Le personnage de Sydney Bristow serait né en 1974. En 2001, elle travaille depuis sept ans pour le SD6 , qu’elle a donc rejoint en 1994, à seulement vingt ans.

Dès la mise en chantier de la série, il fut annoncé que Roger Moore (déjà en retraite en 2001) y apparaîtrait. Sa participation se limitera à l’épisode 01-16 « La Prophétie ».

J J Abrams a composé le thème musical du générique.

Le campus universitaire que l’on voit est celui de l’UCLA Westwood à Los Angeles.

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2. OPÉRATION « TONNERRE SIX »
(SO IT BEGINS...)

Scénario : J.J. Abrams

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Durant la guerre froide, les soviétiques ont caché une bombe nucléaire dans un cimetière en Virginie. En mission à Paris, puis à Moscou, Sydney Bristow doit empêcher l’achat de cette bombe dont la localisation se trouve sur deux disquettes par le soudanais Ineni Hassan. Marcus Dixon prend l’identité d’Hassan pour empêcher la transaction. Tout en livrant l’information à la vraie CIA, Sydney permet au SD6 de récupérer la bombe, mais cette organisation la vend à Hassan au Caire. En voulant la récupérer, elle désamorce l’engin mais se retrouve avec un révolver sur la tempe.

La critique de Patrick Sansano


Cet épisode nous prouve que nous sommes dans un feuilleton, puisqu’il se termine par un cliffhanger. Première constatation, Jennifer Garner joue deux personnages : Sydney la femme, inconsolable de la mort de son fiancé, et dont on trouve la spontanéité lorsqu’elle gifle son père au courant du meurtre. Mais elle est aussi une bombe, à la fois sexy (elle change de tenues plus vite que Miss France un soir d’élection, et certaines robes moulées et décolletées sont à tomber raide) et à la fois indestructible, comme un Bruce Lee au féminin. Son côté sexy évoque Lynda Carter en short moulant dans « Wonder woman », ses aptitudes physiques tant dans les combats que pour désamorcer les bombes rappellent James Bond et Lara Croft.

L’approche de cet épisode rappelle beaucoup « Mission Impossible », avec l’objectif de duper l’adversaire par des déguisements (en bonne, en bimbo, en nikba lors de la scène en Egypte). On regrettera la multiplication des personnages qu’il faut assimiler en 42 minutes chrono. Le maladroit et un peu gaffeur Marshall Flinkman du SD6 (Kevin Weisman), le journaliste Will Tippin (Bradley Cooper) meilleur ami de Sydney qui continue l’enquête sur la mort de Danny, la plantureuse Jenny (Sarah Sashi) journaliste amoureuse de Will, Francie la meilleure copine et son petit ami, etc…

Les décors qui passent de la tour Eiffel à Moscou, de l’Egypte à une raffinerie de pétrole, nous donnent aussi le tournis. En fait, on veut empêcher le téléspectateur de trop réfléchir. Il faut voir plusieurs fois l’épisode pour saisir toutes les nuances de l’intrigue. En multipliant les personnages, tout le monde ne tire pas son épingle du jeu. On retient le lâche père, peu crédible dans la scène où il prétend avoir essayé de sauver le fiancé Danny, bien plus convaincant en père odieux qui ne mérite pas que sa fille s’excuse pour la légitime gifle donnée. Et Alvin Sloane le patron criminel du SD6.

Toujours convaincante, qu’elle soit maquillée en bonne avec des lunettes pour récupérer l’argent des russes ou en train de se livrer à des combats improbables, Jennifer Garner nous captive et attire notre sympathie constante et jamais distraite. Face à elle, les autres comédiens doivent galérer pour exister : Michael Vartan est transparent, et Ron Rifkin/Sloane le diable et Victor Garber/Jack le père indigne sont les deux seuls que Jennifer laisse retenir au téléspectateur. On se fiche du meilleur ami et de ses regrets à faire pleurer Sydney en réouvrant l’enquête sur la mort de Danny. En revanche, les scènes d’humour à l’intérieur du SD6 parviennent à nous décrisper puisque cet endroit est celui sans qui Danny serait toujours vivant. A ce titre, Dixon en Hassan et Marshall en version maladroite du « Q » des 007 sont indispensables.

Jennifer Garner a d’autant plus de magnétisme et de présence qu’elle affiche le moins souvent sa puissance et son pouvoir de séduction, son visage exprimant une jeune femme accablée par le chagrin, une fille comme les autres. Hors des exploits, bombes désamorcées et scènes de combats, elle n’a jamais l’air auto-satisfaite d’un 007 et tel Jarod le caméléon, elle change de tenue et d’emploi à la vitesse de l’éclair, ne nous laissant pas le temps de dire ouf. En deux épisodes seulement, alliant des atouts physiques indéniables (ah ces T shirt moulants !) et un visage candide, elle entre au panthéon des héroïnes de séries les plus sexy de l’histoire de la télévision. Elle est aux côtés de Wonder Woman, Xéna la guerrière, Emma Peel, Jill Munroe, - Jennifer Garner c’est un peu trois drôles de dames concentrée en une – Buffy Summers, Harriett Makepiece, Super Jaimie Sommers, Tara King, Purdey, une icône télévisuelle inoubliable. « Alias » donne envie avec ses fins en point d’interrogation de voir la suite et de ne surtout pas la rater.

La critique de Clément Diaz

 
La série commence véritablement à partir de cet épisode. Nous sommes immergés dans les premiers jours de Sydney au sein de sa nouvelle vie d’agent double. Autant dire que c’est le baptême du feu ! Cependant, Abrams doit encore se fendre d’un quart d’heure de mise au point des nouveaux enjeux de l’héroïne : loi du silence encore plus exigeante, collaboration avec un paternel froid et autoritaire, danger multiplié par deux, véritable entrée en scène de Michael Vaughn… D’où un rythme d’abord assez lent qui dès le deuxième tiers, s’accélère brutalement. On sent qu’Abrams est vraiment impatient de démarrer la machine. Et une fois ce prélude fini, on peut se dire : Donc, ça commence ! (titre original de l’épisode).

Ce grand prologue est précédé d’une introduction trépidante où Sydney se prend pour James Bond : en trois minutes, elle vole des documents, court à toute vitesse, bastonne trois-quatre méchants, dégaine ses gadgets, glisse le long d’un câble d’ascenseur… le tout sans une égratignure.

Cette portion de mission soulève déjà beaucoup de choses : en particulier, un parti pris anti-réaliste résolument assumé. Si les péripéties sont crédibles, leur accumulation, et le tempo effréné, nous donnent déjà une clé de lecture de la série : Alias est une série fantasmagorique. Une série où les codes de l’espionnage se voient poussés au-delà de toute limite, la rendant presque irréelle. C’est une immersion dans un univers dangereux, paranoïaque, sans pitié. Le spectateur subissant la routine journalière vivant par procuration le frisson de l’aventure, Abrams donne ainsi corps à la raison d’être du Divertissement : une fuite d’un réel banal, représenté métaphoriquement ici par les meilleurs amis de Sydney, à la vie routinière.

La mission à Moscou s’inscrit dans un registre analogue : gadgets à rendre un Q jaloux, l’espionne femme fatale - la robe bleu électrique de Sydney est certainement son costume le plus spectaculaire - échange de documents en deux minutes chrono, violence des bagarres… on admire aussi les engrenages implacables déclenchés par Sydney qui se retrouve bientôt à genoux sur une arme nucléaire active ! Vous n’y croyez pas ? Welcome in Alias, la série prête à tout pour vous surprendre et vous ficher la frousse ! Cela est d’autant plus remarquable que tous les sujets de missions ne sont que des McGuffin : le spectateur se fout de la récupération d’une disquette, d’une arme, d’un document, etc. du moment que nos héros doivent plonger dans la mélasse et essayer de s’en extirper tous seuls. Sur ce point, la série ne décevra jamais, et surtout pas dans ce premier vrai épisode énergique et au suspense omniprésent.

La grandeur immense de l’ennemi à abattre : un SD6 tentaculaire que même Sydney n’imaginait pas, renforce cette idée de croisade plus ou moins solitaire de héros luttant contre un ennemi sans nombre. L’aventure est au rendez-vous !

Will Tippin fait montre d’une solide fidélité à son amie. Par contre, il est étonnant de le voir refuser les avances de Jenny (Sarah Shahi), sa jolie collaboratrice. En début de carrière, et déjà bourreau des cœurs, notre Bradley ! Mais le mystère demeure autour d’Arvin Sloane, couvant encore son machiavélisme débordant, et sur les lourds secrets qu’on devine sous le saisissant monolithisme de Jack Bristow.

RAS en revanche du côté de la transparente Francie et son petit ami Charlie. Jennifer Garner s’affirme comme interprète intelligent d’un agent double efficace et batailleur mais reste toujours limitée dans l’émotion. Michael Vartan est d’une fadeur innommable, mais patientons, il s’améliorera (un peu) par la suite.

L’épisode se finit par un cliffhanger, marque de fabrique pour presque tous les épisodes de cette saison. Une efficacité énorme dont on regrettera la disparition dans les saisons suivantes. Bref, un excellent épisode post-pilote. Action !

Les infos supplémentaires

Sydney découvre que le soir du meurtre de Danny, son père avait pris des billets d’avion destination Singapour pour sauver Danny et sa fille.

Nous apprenons que Sydney connaît le journaliste Will Tippin depuis trois ans.

La bombe cachée dans le cimetière rappelle le fameux épisode de « Chapeau melon et bottes de cuir » : « Les fossoyeurs » (The gravediggers).

Sarah Shahi (Jenny) née en 1980 a joué dans « Les Soprano » et « The L World ».

Bradley Cooper (1975) qui incarne Will Tippin sera ensuite Aidan Stone dans « Nip /Tuck »

J.J.Abrams accomplit dans cet épisode son unique « apparition » au sein de la série. Il est la voix qui, au téléphone, dit à Sydney « Joey’s pizza ? ».

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3. MEILLEURES ENNEMIES
(PARITY)

 

Scénario : Alex Kurtzman, Roberto Orci, et J.J.Abrams (non crédité)

Réalisation : Mikael Salomon

Résumé

Ayant réchappé de sa mission au Caire, Sydney Bristow doit récupérer à Madrid le code numérique d’un savant visionnaire, Milo Rambaldi, (1444-1496). Mais un agent russe, Anna Espinosa, que Sydney a jadis affrontée, est aussi sur l’affaire. Michael Vaughn digère mal de ne plus s’occuper de Sydney au sein de la CIA. Pendant ce temps, Will Tippin continue l’enquête sur l’assassinat de Danny et pense avoir trouvé une piste avec les radars qui pourraient avoir filmé le meurtrier.

La critique de Patrick Sansano:


La scène du début, dans laquelle Sydney affronte un de ses professeurs à qui elle n’a pas rendu un devoir, et affirme l’importance des études pour elle, nous fait irrésistiblement penser à « Fantômette ». La double vie de la super-héroïne, dont le quotidien est aux antipodes avec les aventures incroyables dans lesquelles elle est entraînée. On regrette que le montage soit si rapide, condensant en 42 minutes autant d’éléments narratifs. La vie d’étudiante de Sydney n’est pas assez fouillée et construite, mais sa vie privée réussit quand même à transparaître à travers les rapports difficiles avec son père indigne.

Au sein du SD6, l’humour et les gaffes de Marshall Flinman contrebalancent la noirceur constante d’Arvin Sloane. La façon dont Sydney se sort du piège en Egypte nous montre que désormais, l’agent secret se sortira de toutes les situations, même les plus désespérées. La confrontation entre le réalisme (chagrin de la perte de Danny, émotion lorsqu’elle envoie son meilleur ami chercher ses affaires tant elle est encore affectée) et l’incroyable (les missions pour le double compte du SD6 et de la CIA) constitue un contraste saisissant.

Avec une autre actrice, la mayonnaise ne prendrait pas, et toute la série sombrerait dans le ridicule. Concrètement, si l’on mettait Peta Wilson/Nikita à la place de Jennifer Garner, il n’y aurait plus de série. La dualité élève d’université sage et sainte nitouche/espionne bombe sexy allumeuse nécessite une comédienne qui sache doser la part des deux personnalités. Il fallait un immense talent et un physique hors du commun pour être crédible. Jennifer Garner est la comédienne de la situation.

On regrettera que le format 42 minutes oblige de traiter l’aspect « Mission Impossible » à cent à l’heure au détriment de la profondeur des intrigues. La série est construite comme « Smallville ». L’adolescent Clark Kent/l’extra terrestre Kal-El, soit une vie sociale, une vie secrète. L’aspect espionnage devient un mélange de « Mission Impossible » mâtinée du « Da Vinci Code » (avec le fil rouge Milo Rambaldi) et de « Buffy contre les vampires » (pour les combats chorégraphiés »).

Le plus intéressant dans « Alias », c’est l’aspect réaliste, par exemple l’enquête de Tippin le journaliste sur la mort de Danny, le père Jack est plus détestable au quotidien (voir la façon dont il repousse l’affection de sa fille lorsqu’elle va le voir à son bureau) qu’en agent double où il est moins convaincant. Alors si l’on expédie vite faite les missions improbables, cela laissera davantage de temps à la vie personnelle de Sydney.

Et la scène du baiser entre Sydney et Will Tippin est tellement profonde (Retour à la vie de Sydney dont on sait que la vie et la libido ne s’arrêteront pas avec la mort de son fiancé Danny Hecht), tellement bouleversante d’authenticité que lorsque nous passons au plan suivant, le père et Sloane semblent des pantins artificiels sans consistance sortis de la série « Des Agents très spéciaux » (L’UNCLE, le TRUSH). Le fait que Sydney, au cœur de l’action, cherche à rassurer Francine sur le fait que son petit ami Charlie ne la trompe pas, nous montre l’aspect irréaliste de ses missions d’espionne. Idem lorsque la rivale espionne Anna Espinosa lui parle de la mort de Danny, alors que la russo-cubaine est en mission et devrait penser à des objectifs cruciaux.

Au fond, est-il un instant sérieux et envisageable qu’en seulement sept ans au SD6, Sydney Bristow ait appris des techniques de combat qui l’a rendent invincible à la manière d’un héros de Comics ?

La critique de Clément Diaz:

 

Episode fondamental pour le fan. Parity met en place la « Mythologie » de la série. J.J.Abrams ébauche ce fil rouge SF/Fantastique qui durera jusqu’à l’ultime épisode. Et il faut avouer que la quête des artefacts de Rambaldi sera vraiment passionnante.

L’épisode introduit également une des meilleures (mais trop rare) méchantes de la série : Anna Espinosa, interprétée par la sculpturale Gina Torres. Son charme cubain, sa stature imposante, ses airs effrontés, son regard mielleux… tout contribue à rendre cette Bad Girl une adversaire taillée sur mesure pour Sydney Bristow. Les multiples pistes du pilote sont chacune creusées finement, et le cliffhanger est un modèle du genre. Si vous avez envie de pousser un cri de rage à la fin, c’est compréhensible !

On a souvent reproché au duo Orci-Kurtzman d’avoir écrit pour le cinéma des scénarios sans subtilité, dépourvus de psychologie. Sans doute retient-on trop d’eux leur funeste collaboration avec le bourrin Michael Bay (The Island, et Transformers I et II) et oublie-t-on leur sens du rythme. Ce duo sait enchaîner l’action avec justesse et énergie. Dans une série comme Alias qui ne s’embarrasse pas de réalisme, leurs qualités ont donc tout à s’exprimer, et ils signeront souvent de brillants épisodes.

On est tout de suite fasciné par Milo Rambaldi, précurseur entre autres du transistor, du téléphone portable, du langage informatique…(!) A cette teinte SF, répond une mission bien terrestre, mais dont l’intérêt est décuplé par la présence de ce formidable adversaire qu’est Anna Espinosa.. La course à mille à l’heure entre les deux rivales pour le contrôle de la mallette convoitée est vraiment haletante.

Orci et Kurtzman ne négligent aucun des multiples mystères de la série alors qu’ils ne disposent que de 42 minutes. Une prouesse de concision - la plus haute qualité pour un scénariste comme disait Pierre Bost - à saluer. L’affaire de la mort de la mère de Sydney pue la machination à plein nez. Jack se montre dur, repoussant chaque fois sa fille lorsqu’elle lui pose des questions. Victor Garber impressionne en père indigne (parait-il). Will commence à fouiller la m erde sur l’affaire Danny, bon courage !

Les scènes de « calme » avec Sydney et ses amis rayonnent de bonne humeur et d’euphorie entre deux dangers mortels. La scène finale voit Anna et Sydney contraintes de faire équipe. Les diaboliques scénaristes imaginent ainsi un cliffhanger absolument génial qui termine l’épisode en pleine tension.

Les infos supplémentaires

C’est le 18 juin que Danny a été tué. Tippin découvre que tous les radars étant débranchés ce jour là autour du domicile de la victime, il s’agit d’un complot.

Anna Espinosa est une rivale déjà connue de Sydney. Avant l’affrontement, elle lui fait un clin d’œil. Son personnage reviendra régulièrement dans la série.

Sydney demande à son père si sa mère connaissait ses activités, il répond qu’elle savait qu’il travaillait pour la CIA et qu’elle est morte dans un accident.

Gina Torres (née en 1969) qui incarne Anna Espinosa a tenu des rôles de personnages récurrents dans les séries « Hercule », « Angel » et « 24h Chrono ».

Sydney obtient une promotion pour l'agent Michael Vaughn, détestant l'agent Lambert (Mark Rolston) qui le remplace en raison de son machisme. Il s'adresse à elle comme à une "nana", et dans une scène précédente déclare: "Si elle dit oui, je ne dis pas non". Pas très professionnel (mais on le comprend, réaction humaine!)

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4. CŒUR BRISÉ
(A BROKEN HEART)

 

Scénario : Vanessa Taylor

Réalisation : Harry Winer

Résumé

Sydney essaie de se rapprocher de son père et l’invite à dîner, tandis que Francie accuse son petit ami Charlie de la tromper. Trois destinations pour l’agent Sydney dans cet épisode : dans une église espagnole à Malaga, pour récupérer un artefact de 500 ans, au Maroc pour contrer un terroriste franco-libanais, et à Sao Paulo pour sauver un prix Edgar de la paix.

La critique de Patrick Sansano:


Série atypique : Pour un épisode de 42 minutes, le générique intervient à la 8e minute, et les crédits à la 10e minute.

Baisse de régime dans ce quatrième épisode dûe à une overdose de lieux de mission (trois) et à une foule d’informations, dont beaucoup se révèlent anecdotiques. Ainsi, la mort de l’agent du SD6 Mokhtar (Faran Tahir) vieux complice de Sydney. Elle ne peut vu le timing de l’épisode s’appesantir à la fois sur sa perte et sur la façon dont son père la repousse.

Deux cœurs brisés dans cet épisode : Francie qui s’estime trahie par Charlie (Sydney, on le devine entre les lignes, pense que Charlie a peut-être une double vie semblable à la sienne sans tromper son amie), et l’héroïne qu’un père abject repousse. On la voit se confier à l’agent Michael Vaughn.

Le téléspectateur attentif remarquera que l’on ne part jamais d’Hollywood. En effet, les scènes censées se dérouler en Espagne, au Maroc et au Brésil sont filmées entièrement en intérieurs.

En accumulant à cent à l’heure les missions de Sydney condensées dans une partie des 42 minutes, ce sont les scènes de sa vie personnelle que l’on retient. Son désespoir lorsque son père lui fait faux bond à un repas, au moment même où Francie quitte la table de son amoureux Charlie qui ne lui donne pas d’explications suffisantes face à sa jalousie.

A noter la fusillade et la combat dans une église entre Anna Espinosa et Sydney, surprenante pour une production américaine, pays où l’on trouve des bibles dans les chambres d’hôtel et où le président invoque souvent Dieu.

Trop de personnages empêchent chacun des acteurs de tirer son épingle du jeu. Bradley Cooper parvient à faire exister son personnage de Tippin, amoureux de Sydney, journaliste menant sa propre enquête sur la mort de Danny Hetch. A l’inverse, Carl Lumbly en Marcus Dixon se contente de passer les plats lors des missions de Sydney. Son personnage d’agent sympathique (au SD6) fait double emploi avec l’agent de la CIA Michael Vaughn (Michael Vartan).

L’actrice Jennifer Garner curieusement est infiniment plus attirante au naturel que maquillée en femme du monde dans ses missions. A ce stade de la série, les hommes que Sydney attire (Tippin, Michael Vaughn) la courtisent lorsqu’elle se trouve « au naturel » et non en mission. La collaboratrice de Tippin, Jenny (Sarah Shahi) est ainsi moins mise en valeur que Sydney, alors qu’elle a un physique avantageux.
Hors des scènes de missions, le chef opérateur éclaire le visage de Jennifer Garner et insiste avec sa lumière sur la couleur laiteuse de la peau de l’actrice, à l’inverse d’un bronzage de rigueur chez les héroïnes américaines.

Le grand perdant de l’épisode est Ron Rifkin dont le personnage de Sloane ne fait que des apparitions pour commander mais n’a pas de scènes à lui.

Abondance de biens nuit : la série aurait gagné à n’avoir qu’un lieu de mission par épisode, comme « Mission Impossible » ou « Le Saint ». Notons qu’à ce stade de la saison, les scénaristes hésitent entre développer l’aspect mystique (Les artefacts de Milo Rambaldi) et l’aspect purement espionnage.

La critique de Clément Diaz:

 

Vanessa Taylor, alors à ses débuts, montre ici sa capacité à s’intégrer à n’importe quelle série. Après l’espionnage, elle fera autant merveille dans la « psycho-sexualité » (la trop méconnue Tell me you love me) et dans la fantasy épique (Game of Thrones). Son esprit caméléon se montre apte à assurer tous les côtés de la série.

Côté missions, rien à dire, on apprécie le peps de l’héroïne protéiforme qui court à droite à gauche, combat un colosse brutal et la vigoureuse Anna, rampe dans les conduits… L’ingénieuse Taylor se sert des stéréotypes de l’espionnage autant comme un moyen (scotcher le spectateur sur l’écran) que de but : elles contribuent une à une à provoquer un burn out chez Sydney en fin d’épisode. La « trahison affective » du père qui laisse seule sa fifille, sera la goutte d’eau qui fait déborder le vase : elle craque devant Vaughn dont on sent la gène à être plus proche qu’il le croyait de cette femme. Légère amélioration du jeu des deux acteurs à cette occasion.

Côté comédie, Marshall et surtout Will ici assurent, notamment en obligeant Jenny à accepter un rencard avec son informateur pour qu’il ait une info ! Bradley Cooper a une présence fantastique. La comparaison avec Michael Vartan, engoncé dans le rôle du supérieur beau gosse est terrible pour ce dernier.

Côté soap, Merrin Dungey limite les clichés par un étonnant jeu plein de conviction. Les dialogues sonnent juste et compensent l’intrigue éculée sur son couple.

Le problème majeur de cet épisode est une trop grande place donnée à la « vie publique » de Sydney, tellement moins palpitante que quand elle travaille.

Malgré une machination spectaculaire, la dernière mission et le cliffhanger sont bien moins relevés que d’habitude. Un bon épisode dans l’ensemble, mais moins tonique.

Les infos supplémentaires

Miguel Sandoval (qui joue Anthony Russek) est Devalos, le supérieur de Patricia Arquette dans 130 épisodes de « Médium ».

Sydney fait allusion à une mission en Corse deux ans avant où un gorille lui a cassé le bras. Elle le met cette-fois KO.

Second baiser entre Sydney et Will Tippin, mais la jeune fille montre davantage d’intérêt pour Michael Vaughn, se réjouissant qu’il ne soit pas marié et se soit disputé avec son amie.

Laura Bristow, la mère de Sydney, apparaît pour la première fois dans cet épisode quand Jack se souvient d’elle lors du test psychologique. Comme les auteurs ignoraient encore qu’elle prendrait davantage d’importance par la suite, ils n’accordèrent pas d’attention à son interprète. Il n’est donc pas étonnant que Laura ait eu 4 visages différents. Elle a ici les traits d’Arabella Holzbog, comme dans les épisodes Véritable identité, Jeux dangereux - 1re partie, et Questions-réponses (sous forme de médaillon et de photographie). Elle sera plus tard incarnée par Natacha Pavlovich dans Face cachée sur la vidéo détenue par la CIA, puis par April Webster - en ombre chinoise - dans Danger immédiat. Ce n’est qu’à partir de la saison 2 qu’elle trouvera son interprète définitive en la personne de Lena Olin.

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5. COPIE CONFORME
(DOPPELGANGER)

 

Scénario : Daniel Arkin

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Sydney Bristow et Dixon réussissent à ôter lors d’une fuite en ambulance l’explosif inséré dans le corps du prix Edgar de la paix. Et à envoyer la bombe sur ceux qui l’y ont mise. Puis, le SD6 confie une nouvelle mission : faire échapper de Berlin un savant du nom de Schiller. Ce dernier connait le lieu où se trouve une usine ultra-secrète avec un virus qu’il a créé. Mais le vrai Schiller se retrouve avec Michael Vaughn à la CIA, tandis qu’un agent de cette organisation leurre Sloane. Sydney réalise aussi que l’enquête que mène Will Tippin sur la mort de Danny le met en danger. Francie est également, pour d’autres raisons, contre cette enquête qui ne ramènera pas le fiancé de son amie. Alvin Sloane suite à la mission de Berlin commence à avoir des soupçons sur Sydney. Dixon la prévient.

La critique de Patrick Sansano:

 

Le générique de début intervient à 12 minutes du début pour une durée de 42 ! En fait, et c’est un cas unique dans l’univers des séries, la conclusion d’un épisode est diffusée dans le suivant.
Après une baisse de forme (mais une baisse de forme dans « Alias », c’est tomber à trois melons !), la série repart de plus belle sur les rails d’un mélange de « Mission Impossible » mixé avec « Buffy contre les vampires ». La force de la série, ce sont ses personnages attachants (ou moins) qui rivalisent pour tirer la couverture à eux.

Honneur à Ron Rifkin, dont le Sloane ici ressemble à un serpent à sonnettes. Son rôle d’un épisode à l’autre le rend inégal. Toutefois, à ce stade de la série, il se démarque nettement de Jack/Victor Garber, peu convaincant en père au point que l’on se demande pourquoi Sydney est tellement en quête de lui.

Par contre, la co-existence de Sloane avec le gaffeur Flinkman est hautement improbable, et même dérangeante dans la mesure où le comédien Kevin Weisman fait perdre de la crédibilité à l’histoire. Comment imaginer un clown à côté d’un serpent ?

« Alias », bien sûr, ne serait rien sans Jennifer Garner. Le dernier plan de l’épisode, où son visage montre la détresse qu’elle éprouve face à la mort d’innocents ou de supposés tels (Les gens de la CIA ne sont pas des agneaux) qui ont explosé dans l’usine, montre toute l’étendue de sa palette de comédienne. Et c’est dans la tragédie qu’elle est le plus convaincante. On s’étonnera que son maquillage soit disant destiné à l’embellir dans la scène à Berlin la rende en fait affreuse. Le téléspectateur la préfèrera « au naturel » où elle est infiniment plus rayonnante. Ou en tenue complète cuir dans la scène d'action finale.

Les meilleurs amis (Francie et Will Tippin) parviennent à exister entre deux scènes de combats et d’explosion. Sans eux, la série serait une sorte de condensé des James Bond high tech façon Pierce Brosnan, avec moult effets pyrotechniques et une absence totale d’émotion.

Il est difficile pour le spectateur de retenir les intrigues, en raison de leur rapidité (Ici deux histoires dans un épisode). Rapidité au sens propre, comme Sydney courant dans les souterrains de l’usine, et figuré, comme les Macguffins changeant toutes les 30 minutes environ.

L’enquête de Will Tippin commence à tourner en rond, mais il ne se rend pas compte qu’il est à deux doigts de se brûler les ailes. Sa perspicacité face à la fausse maîtresse du regretté fiancé devient aussi grande que son espérance de vie mincit.

Avec Jennifer Garner, le spectateur mâle en a pour son argent. Son regard exprime l’innocence de l’enfant incrédule, tant face à son père (bien que l'on saisisse mal son amour et ses sentiments envers un tel géniteur) que face au mal absolu incarné par Sloane ici soupçonneux. Et son corps inspire le désir, au point que l’on comprend mal ce géant qui jadis l’affronta en Corse voulant la jeter au feu. On aurait mieux compris qu’il ait d’autres vilaines intentions que la morale réprouve à l'égard de l'espionne adversaire.

Le public féminin a droit à une gravure de mode en guise de héros (Michael Vartan) transparent et insignifiant depuis le début, mais trouve en Bradley Cooper l’alter ego de Jennifer Garner. Beau gosse, bon acteur, look étudiant attardé, mal rasé, il est parfaitement attachant avec ses lunettes rondes et son incrédulité devant une enquête qui le dépasse.

La critique de Clément Diaz:

 

Le tempo de la série était déjà bien enlevé, mais là, le métronome monte encore de plusieurs crans ! Tant le scénario au rythme fulgurant de Daniel Arkin que la mise en scène ad hoc de Ken Olin et le montage vif de Mary Jo Markey font des merveilles.

Les premières minutes de lépisode sont une dynamite de suspense urgent où Sydney conduit à toute vitesse une ambulance pendant que Dixon tente dextraire une bombe qui éclatera si leurs poursuivants se rapprochent trop !

Pas le temps de respirer, on passe à la mission suivante : exfiltration dun scientifique allemand prêt à collaborer avec le SD6. Jennifer Garner confirme son aisance dans ce rôle très physique. Arkin nous leurre en nous mettant dans un sentiment de sécurité au moment où éclate un rebondissement terrible. Les auteurs ont le sens de la surprise foudroyante ! Un suspense sachève quun autre prend déjà le relais : made in Alias.

Sloane prend plus dampleur par son intelligence suspicieuse ; Ron Rifkin respire la menace par tous les pores. Le plan malin de Vaughn, visant à la destruction du SD6, semble marcher, mais nos héros apprendront vite que toute médaille a son revers !

La moindre importance consacrée à Fran permet de se consacrer à l’essentiel, même si elle permet de nous faire voir une Sydney habillée en fée pour Halloween !

Deux nouveaux mystères sajoutent à la cohorte déjà bien bourrée : la loyauté de Jack Bristow (par ailleurs, talentueux « déliateur de langues ») est mise en doute. Et il y’a l’existence d’un personnage qu’on croyait imaginaire, et qui malgré sa mort il y’a quelques années est bien vivant ! Le jeu énigmatique de la belle Lori Heuring est à noter.Tant de mystères, peu de réponses, on se croirait déjà dans Lost !

Doppelgänger est lessence dun épisode parfait dAlias : un tourbillon daction, de mystères, de suspense, dhistoires qui semmêlent dans un tempo infernal ! Le cliffhanger, 100% tragique, est un énorme coup de massue qui conclut en feu dartifice ce magistral épisode.

Les infos supplémentaires

Dans cet épisode, il n'est plus question de Milo Rambaldi et de l'aspect mythologie liée à ce dernier.

Sydney et Dixon font allusion à d’anciennes missions que l’on ne verra jamais dans la série : ainsi, Dixon, à la fin de l’épisode, mentionne une mission au Pérou qui a mal tourné.

La comédienne qui joue le rôle de Kate Jones n’est pas créditée au générique.

Kate Jones, la soi-disant maitresse de Danny Hecht, est d’après son numéro de sécurité sociale morte…en 1973.

Les amateurs du film culte « Midnight Express » d’Alan Parker (1978) reconnaîtront en Norbert Weisser (Schiller) le personnage d’Erich (Le comédien a certes beaucoup vieilli).

Cet épisode se passe pendant la fête d’Halloween, durant laquelle Francie espère reconquérir son petit ami Charlie

Article de Will sur les Tests d’entrée à l’université : anticipe sur son boulot de la saison 2 !

Premier échec de Sydney.

A la toute fin de la scène Fran-Will, une boîte tombe d’une table sans un bruit..

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6. VÉRITABLE IDENTITÉ
(RECKONING)

 

Scénario : Jesse Alexander

Réalisation : Daniel Attias

Résumé

Bouleversée par la mort des quatre agents de la CIA dans l’usine, Sydney Bristow voudrait avouer la vérité à Dixon. Vaughn l’en dissuade. Sydney découvre une nouvelle thèse sur le décès de sa mère. Sa mère serait morte parce que le FBI surveillait son père. Les choses s’arrangent entre Francie et Charlie : son secret est qu’il veut devenir chanteur ! Le SD6 découvre qu’il a été piraté. Pour trouver qui en est à l’origine, Sydney doit se faire interner dans une clinique psychiatrique en Roumanie.



La critique de Patrick Sansano:


A la différence des séries d’espionnage comme « Mission Impossible », « Alias » est autant centrée sur la vie privée de l’héroïne, ses amis, qu’à ses missions. Par exemple, une bonne partie de l’épisode est consacrée à la réconciliation entre Francie et Charlie. Nous avons ainsi l’impression permanente d’hésiter entre deux univers : celui de « Beverly Hills » ou « Melrose Place », et celui de « James Bond ».

Sydney attache autant d’importance à sa quête personnelle sur ce qui est arrivé à sa mère qu’à sa mission. 
Au fond, J J Abrams a conscience que la série ne durerait pas longtemps s’il se contentait des missions express de Sydney aux destinations improbables et aux combats vite répétitifs. Il choisit donc de toucher plusieurs publics : celui des séries ados, celui des séries d’action, celui des intrigues poupée russe (comme « X Files » et surtout « Le Caméléon »).

La relation de Sydney avec son père est un fil rouge je t’aime/moi non plus qui à ce stade de la saison reste intéressante. En multipliant les intrigues, « Alias » permet donc au téléspectateur de se fidéliser à d’autres histoires parallèles : l’enquête de Will Tippin, la quête de Sydney sur sa mère et son passé, les raisons de sa mort, les amours de la meilleure amie Francie.

Notons que la série joue la carte de l’économie, puisque lorsque nous voyons Los Angeles, nous avons droit à des extérieurs, tandis que les scènes à Londres et Bucarest ne proposent que des intérieurs. En 2001 (époque de diffusion), le téléspectateur le plus naïf ne se fait pas prendre. Le principe ITC où les séries faisaient le tour de monde dans les studios d’Elstree a fait son temps.

Jennifer Garner porte sur ses épaules la série en maintenant l’équilibre sentiments/action. On apprécie de la voir ici convaincante en jeune femme psychotique internée après avoir joué la femme d’un milliardaire amateur de peintures. Elle laisse cependant Bradley Cooper partager la vedette avec elle. Toutes les scènes du beau journaliste en font un héros charismatique gendre idéal, au physique de chanteur de charme pour demoiselles boutonneuses. On s’étonnera d’ailleurs que le SD6 ne se soucie pas outre mesure de l’enquête de son personnage, Will Tippin.

En dehors des deux atouts charme constitués par Jennifer et Bradley, la série montrerait des lacunes, avec le peu de charisme de Michael Vartan, le jeu répétitif de Kevin Weisman qui devient lassant et pas drôle en gaffeur auprès du serpent Arvin Sloane. Le talent de Ron Rifkin dépend de la latitude que le metteur en scène lui laisse dans la longueur de ses scènes. Dans cet épisode, on le voit trop peu pour que son talent soit mis en lumière.
Les scénaristes condensent ici des morceaux d’histoires vues çà et là. Par exemple, Sydney évoluant sur un gros tuyau qui la brûle rappelle une scène non filmée du roman de Ian Fleming « Dr No », dans laquelle l’agent 007 subissait des brûlures en devant évoluer dans un tunnel à Crab Key, tandis que les subterfuges pour infiltrer la galerie de peinture et l’hôpital psychiatrique doivent tout à la série « Mission Impossible ».

Ce patchwork ne sombre jamais dans le plagiat, et représente plutôt un recyclage de l’univers des espions improbables restés dans l’inconscient collectif (loin d’un John Le Carré). Dans l’épisode, le réalisateur Daniel Attias ne laisse pas le public souffler une seconde ni réfléchir en multipliant les écheveaux des intrigues, comme la Kate Jones témoin crucial retrouvée et perdue par Tippin. « Alias » aurait eu plus de mal à convaincre sur un format long (70 ou 90 mn).

La critique de Clément Diaz:

 

 

Reckoning est une réponse plus calme au déferlement du précédent épisode. Culpabilité de Sydney, résolution inattendue de la crise Fran-Charlie, mur du silence de Jack sont au menu. Mais là où le scénario de Jesse Alexander pêche, cest quil remplace l’action par une tension assez faible, qui attend la 30e minute pour passer à la puissance 100. Avec une menace mortelle qui plane sur la tête de l’héroïne, et une mission qui sannonce déjà comme une des plus mémorables de la saison.

Lépisode se penche sur les pensées intérieures de Sydney. Ce manque daction nest pas compensé par une recherche psychologique approfondie du personnage. Dialogues conventionnels et jeu encore trop faux de Michael Vartan n’arrangent rien. Regain dénergie quand Sydney se déguise en starlette bling-bling pour récupérer un McGuffin très sophistiqué : un décrypteur de codes secrets basés sur un ADN de personne décédée ! Garner est mémorable, mais Lumbly en amateur dart vaut aussi le détour. On apprécie une scène très Hitchcockienne où un garde met un temps infini à déverrouiller une porte alors que Sydney est juchée sur des tuyaux brûlants !

Le volet Fran gagne en intérêt. On samuse de linversion de la situation de son petit ami par rapport à Sydney : il cache sous des dehors scabreux quelque chose de tout à fait innocent. Dans Alias, tout le monde cache quelque chose ! La scène du bar - avec une Merrin Dungey incroyablement sexy - est un rare moment d‘euphorie.

Suspense côté Will, qui commence à se heurter à des murs invisibles. Insensible aux charmes de la languissante Jenny (quel crime !), il fait face à un événement inattendu sur Kate Jones. On apprécie aussi le silence de Jack sur l’affaire de la mort de la mère de Sydney, provoquant une flambée de colère chez elle. Le temps est à l’orage.

Cest la fin de lépisode qui est la plus réussie : dune manière inattendue, la belle idée de Vaughn se transforme en piège pour les Bristow : Sloane sait désormais quil ya une taupe. La tête de Rifkin est effrayante quand il passe son coup de téléphone.

Limmersion criante de réalisme dans un asile de fous où se trouve un patient que Sydney doit contacter est le clou de lépisode. La photographie mortuaire de Michael Bonvillain, alliée à des décors étouffants produisent un effet anxiogène tenace. La composition de folle de Jennifer Garner constitue certainement une de ses meilleures prestations, on se croirait parfois dans Vol au-dessus dun nid de coucou. Sydney se rend compte trop tard qu’elle est tombée dans un nid de guêpes : le cliffhanger est plein deffet avec Sydney désormais seule contre tous. Violemment addictif !

Les infos supplémentaires

Au tout début de l’épisode, lorsque Sydney fait le résumé de ce qui lui a été arrivé, nous voyons les différents personnages qu’elle évoque sous forme de photos en noir et blanc sur des dossiers.

Michael Vaughn révèle à Sydney que son père est mort quand il avait huit ans, il était un agent de la CIA.

Kate Jones s’appelle en réalité Eloise Kurtz et est interprétée par Lori Heuring.

Il faut attendre la 41e minute de l’épisode sur 42 pour voir un combat de Sydney

Premier épisode dans lequel la couverture de Sydney la conduit à s’enlaidir.

Lors de la scène des funérailles des quatre agents morts dans l’explosion de l’usine, on entend l’hymne finlandais.

Changement de séquence introductive. 1re apparition de Diane Dixon.

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7. CIEL JAUNE
(COLOR-BLIND)

 

Scénario : Roberto Orci et Alex Kurtzman

Réalisation : Jack Bender

Résumé

Prisonnière du KD russe en Roumanie dans un asile de fous, Sydney doit gagner la confiance de Michael Sheppard et le faire parler. Pendant ce temps, Eloise Kurtz est retrouvée morte. Will Tippin perd la principale informatrice de son enquête. Sheppard est l’homme qui a tué (en étant « télécommandé ») le fiancé de Sydney. Elle cache au SD6 qu’il a survécu. A Oxford, Sydney doit récupérer un artefact de Rambaldi. Une voix annonce à Sloane qu'il y a plusieurs taupes chez lui.

La critique de Patrick Sansano:




Un très bon épisode avec des combats de plus en plus crédibles, même si les scénaristes manquent d’imagination en nous ressortant les vieux clichés rebattus sur les pays de l’Est (Ici dans l’ère post-soviétique, en Roumanie). Nous ne sommes plus pendant la guerre froide, et plus personne ne croit à ces images d'épinal avariées et non réalistes.

Jennifer Garner est une excellente comédienne, passant du personnage de Lara Croft/Fantômette à celui de la jeune femme désespérée par la mort de son fiancé Danny. La face à face entre Sydney et l’assassin de Danny restera un grand moment de la série. La grandeur de « Alias » est de savoir faire une pause émotion réaliste et touchante au milieu des combats et des explosions.

La mythologie Milo Rambaldi refait surface. La confrontation entre Arvin Sloane le serpent à sonnettes et l’héroïne devient un jeu du chat et de la souris graduel et l’on tremble pour Sydney. Dans ce monde glauque, Francie et Charlie sont des bouffées de fraîcheur.

On adhère moins aux scènes entre Sydney et son père, qui n’arrête pas de mentir, de se disculper d’une accusation d’avoir collaboré avec le KGB en 1977, et d’avoir provoqué la mort de sa mère. Il faut dire que Victor Garber a moins de talent que Ron Rifkin. On se demande si présenter deux « méchants » récurrents est une si bonne idée. Le père est un peu de trop.

Si l’on fait un premier bilan au bout de sept épisodes, deux comédiens se détachent de la distribution : Jennifer Garner et Ron Rifkin. Le personnage de Flinkman ne fait plus rire personne et se retrouve complètement affadi. Il est grotesque face à Sloane, auquel Ron Rifkin apporte une épaisseur certaine. Jennifer Garner réussit un sans faute, prenant un air ingénu dans une scène où elle est toute vêtue de cuir. Elle est une bombe sexuelle qui s’ignore dans la peau de la candide héroïne. Avec parfois des aspects troubles (SM, cuir).

Face à ces deux acteurs magistraux, il est difficile d’exister, et Michael Vartan ne parvient jamais à gagner une once de crédibilité. Cela depuis le début et cela devient pathétique.

La critique de Clément Diaz:


 

23 minutes de suspense, 7 minutes de tension, 12 minutes de decrescendo : le duo Orci-Kurtzman joue et gagne sur les trois tableaux. Lépisode remplit son contrat de présenter une des missions les plus périlleuses de Sydney, (magistrale guest star en prime). Color blind, même dans son dernier tiers, trouble lapaisement final grâce à un Sloane plus vautour que jamais. L’épisode est brillamment architecturé.

A l’asile, Sydney bagarre un peu, mais doit surtout user de tous ses talents de déduction et de diplomatie afin de convaincre Shepard de laider, faute de quoi, elle mourra. Shepard fascine par son état dépave humaine, tellement anéanti quil se raccroche au semblant de tranquillité que lui donne la prison. John Hannah est ébouriffant, entre folie et lucidité.

Les gros plans à répétition de Jack Bender permettent dêtre au plus près des tourments des personnages. Garner subjugue en bête piégée. Le suspense quand elle essaye vainement de le convaincre, est à mettre les nerfs à vif ! La grande scène de la cabane où les voiles de loubli se déchirent pour laisser place à une vérité douloureuse, est un summum dironie, un vrai choc !

Lenquête de Tippin étant au point mort, on sintéressera plutôt aux tentatives de séduction de Jenny - y compris un baiser arraché - foirant toutes impitoyablement. Fran et Charlie sont sur un petit nuage, et détendent agréablement cette fin dépisode.

Jack avait passé au laminoir le pauvre Danny dans le pilote, Jack - encore impeccable Victor Garber - massacre maintenant impitoyablement ce pauvre Vaughn. Lépisode ne se finit pas sur un cliffhanger. Mais attention, ça va repartir aussi sec !

Le plus grand apport de cet épisode est peut-être lébauche dune autre personnalité de Sloane : il aime Sydney comme sa propre fille, et voudrait avoir un lien plus personnel avec elle. Un amour paternel dautant plus repoussant que Sloane - immense Ron Rifkin qui rend crédible cette trace d’humanité dans ce Big Bad - sera pour Sydney (et pour le public) et pour toujours lhomme à abattre n° 1.

Les infos supplémentaires

Le serveur du restaurant est joué par James Hong (Né en 1929) qui a participé à cinq épisodes de « Hawaii Police d’état ».

Nous assistons au meurtre de Danny Hetch, d’un coup de révolver à bout portant, par Sheppard programmé, dans ses souvenirs en noir et blanc.

Sydney, bien que toujours amoureuse de son défunt fiancé, est jalouse de voir Will Tippin avec sa petite amie Jenny.

L’épisode se déroule pendant Thanksgiving.

Charlie demande à Francie de l’épouser. Elle accepte.

Premier épisode sans Dixon.

Les scénaristes font de Vaughn un cœur à prendre (pour Sydney ?). Il a rompu avec sa petite amie Alice.

Premier épisode qui se suffit à lui-même et ne se termine pas en cliffhanger. « Alias » devient ici une série et plus un feuilleton.
 

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8. SALE TEMPS
(TIME WILL TELL)

 

Scénario : Jeff Pinkner

Réalisation : Perry Lang 

Résumé

Sydney récupère à Oxford au nez de sa concurrente Anna Espinosa une horloge conçue par un collaborateur de Milo Rambaldi, Donato. Will Tippin est sur la liste noire des témoins trop gênants de Sloane. La mission de Sydney est de faire réparer la pendule de Donato. Sloane a des doutes sur la loyauté de Sydney et de son père. Sydney s’entraîne avec Vaughn pour tromper le détecteur de mensonges du SD6. Tippin renonce à son enquête par égard pour Sydney. En Argentine, grâce à l’horloge et l’artefact trouvé en Espagne, Sydney trouve dans une grotte le journal de Rambaldi.


La critique de Patrick Sansano:


Après un épisode de transition qui donnait l’impression qu’Alias devenait une série, l’aspect feuilleton repart de plus belle. Confrontée à Anna Espinosa (Gina Torres, peu gâtée par la nature, on pourrait trouver une actrice plus jolie), Sydney vit mille dangers. On la croit morte avoir reçue deux balles ou être tombée dans une grotte.

Dans cet opus, l’aspect « vie familiale » (Francie la bonne copine, Charlie…) est peu présent au profit de la double enquête de Sydney sur les secrets de Rambaldi et de Tippin sur la mort de Danny. Délaissé le temps d’un épisode, Dixon revient. Par contre, l’étau se referme sur Sydney, Sloane étant persuadé qu’elle est la taupe.

Encore une fois, Jennifer Garner et Ron Rifkin écrasent le reste de la distribution. Sydney est une souris prise au piège par un chat. Des intrigues secondaires (la mère de Sidney espionne du KGB) viennent compliquer le scénario. Toutefois, on s’étonne que l’héroïne pour regarder en filigrane le livre de sa mère approche une bougie du papier au lieu d’une torche électrique.

La mythologie prend de plus en plus d’importance dans la série, rappelant « Indiana Jones » avec les souterrains secrets, le « Da Vinci Code » avec la course aux symboles, ce qui nous permet de sortir du canevas série d’espionnage pour aborder le fantastique. L’idée de l’immortalité est avancée subtilement dans cet épisode.

J J Abrams ne donne au téléspectateur que la matière à attendre l’épisode suivant avec impatience. Il n’y a pas ici de « Loners » (épisodes isolés avec une intrigue indépendante), et donc le téléspectateur doit tout voir et dans l’ordre.

La tactique deJ J Abrams à sa faiblesse : une fois vue, a-t-on envie de revoir « Alias » comme on le fait pour « The X Files » ou « Médium » ? En tout cas, la série est construite comme « Lost, les disparus », son autre création. Poupées russes en séries.

La garde-robe de Sydney lui permet de passer d’exploratrice de grottes en Argentine ou de femme du monde en robe du soir à Oxford. On ne se lasse pas tant on est sous le charme de la comédienne. Jennifer Garner fait passer une émotion qui fait défaut à ses consoeurs de « Tomb raider » (Lara Croft) ou « Resident Evil » (Alice).

Quelques artifices du scénario sont parfois un peu gros : pourquoi Sydney portait-elle un gilet pare-balles en Argentine ? Comment peut-elle échapper à la mort de façon aussi providentielle lorsqu’un vieux bonhomme (soit disant immortel) se lève au moment où le tueur à la solde d’Anna Espinosa appuie sur la gâchette?

Mais la mayonnaise prend toujours, il faut dire que Ron Rifkin et Jennifer Garner, par leur talent, font passer bien des invraisemblances à la trappe.

La critique de Clément Diaz:

 

 

Apparemment, la tranquillité du spectateur constitue la dernière des priorités pour les scénaristes d’Alias. Le scénario cinglant de Jeff Pinkner suit un intense crescendo progressif qui culmine dans une furieuse coda et un cliffhanger dévastateur !

Deux missions + une épée de Damoclès qui tourne au-dessus de Sydney + un petit gadget + un passé terrifiant qui refait surface + Rambaldi = épisode sans temps mort !

On retrouve avec plaisir la pulpeuse (et puncheuse) Anna Espinosa pour un beau duel de jolies dames qui tient ses promesses. Force vs vitesse, Feu contre glace, ça crépite !

La Mythologie est toujours centrale : la scène de l’horloger où un simple lapsus ouvre à nos yeux ébahis une touche saisissante de Fantastique. Pinkner enchaîne immédiatement avec une course-poursuite (Coucou Anna !). Dans les épisodes les plus roboratifs d’Alias, le spectateur ne respire que pendant le générique !

Selon toute apparence, mener une triple vie (Université-SD6-CIA) est encore insuffisant pour Pinkner : Syd doit affronter un interrogateur, Dreyer, joué ici par le premier d’une longue liste de guests star : Mr. Tobin Bell ! Bell n’a beau apparaître qu’une quarantaine de secondes, un seul plan, un seul regard suffit à vous liquéfier le sang, surtout quand il démasque Sydney. Ajoutez à cela qu’elle découvre que son père a sûrement trahi son pays pendant la guerre froide, et on se demande si Sydney Bristow n’est pas la preuve vivante de la loi de l’emmerdement maximal.

Tippin veut lâcher l’affaire pour ne pas faire de mal à son amie, heureusement son mauvais destin le rappelle à l’ordre : il commence à comprendre qu’il est en train de ferrer non un poisson, non un requin, mais bien une baleine au bout de sa canne. Jack quant à lui, s’humanise par le bluff fragile qu’il lance à Sloane, prétendant qu’il tuera Will s’il devient trop gênant : la froideur de Garber laisse voir quelques fêlures.

Le final dans la grotte est une TNT d’action urgente avec Anna qui revient foutre le b ordel. Ironie du sort : Sydney a gagné toutes ses batailles contre elle, mais perd la guerre sur un monumental cliffhanger qui met le spectateur KO debout.

Les infos supplémentaires

Nous apprenons un élément essentiel sur la mythologie : en Tunisie, avant de se reprendre et de parler de sa mère, l’horloger qui répare pour Sydney le précieux objet lui dit que Milo Rambaldi ne lui a jamais parlé du secret de l’horloge. Peu auparavant, il a mentionné que Rambaldi pouvait prolonger la vie.

Sydney porte toujours l’alliance de Danny.

Vaughn propose à Sydney de quitter le SD6 et de vivre cachée dans le cadre des opérations « protection de témoins ».

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9. MEA CULPA
(MEA CULPA)

 

Scénario : Debra J. Fisher et Erica Messer

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Sydney se retrouve avec Dixon grièvement blessé en Argentine. Dreyer révèle à Sloane que Sydney est la taupe et a triché à ses tests trop parfaits. Le chef du SD6 décide de la faire exécuter en Toscane. Will Tippin reprend son enquête sur la mort de Danny et progresse. Jack intervient pour sauver sa fille.

La critique de Patrick Sansano:


Etrange échange entre quatre yeux entre Sloane et Sydney. Il dit avoir assisté au mariage de ses parents, l’avoir connue bébé. Juste après, il ordonne son assassinat, qui s’avèrera un leurre.

Jennifer Garner n’a jamais été aussi sexy (pour employer un terme pudique). Epaules nues, robe noire transparente, bottes de cuir. Si elle avait été actrice dans les années 70 (elle est née en 72), elle aurait été la Lynda Day George de son époque.

Si Ron Rifkin est lui aussi majestueux, le duo d’acteurs Michael Vartan/Victor Garber est en comparaison calamiteux. La différence de qualité des comédiens est ici évidente, il y a un fossé entre l’insignifiance d’un Vartan et le charisme de Rifkin.

Tobin Bell dans le rôle de Dreyer est en concurrence avec Rifkin. Avant même de parler, leurs visages sont très expressifs. Ils relèvent le niveau de Vartan et Garber. Les méchants dans « Alias » sont étudiés et présentés de façon soigneuse autant sinon mieux que les gentils. Il faut avouer que Francie et Charlie sont des personnages nettement moins bien creusés, plus proches de l’univers des sitcoms ou des séries ados.

Les missions de Sydney ressemblent à des parcours TGV. Le téléspectateur n’a pas le temps de comprendre l’intrigue. Etrangement, on se moque du sort de Dixon dont il est fait grand cas dans cet opus. Ce sont davantage Will Tippin dont l’enquête met la vie en danger, et l’acharnement de Dreyer à prouver à Sloane que Sydney est une taupe. Un opus qui se termine à nouveau par un cliffhanger, Sydney étant enlevée dans un garage souterrain sur l’ordre du chef du SD6.

La série rappelle souvent les dédales des intrigues tortueuses de « X Files » et surtout « Le Caméléon ». Les scénaristes nous donnent une réponse pour nous lancer tout de suite après trois questions. Le syndrome Lost/Abrams qui certes captive mais sur la durée n’est pas inépuisable. Cela sera beaucoup reproché à « Alias » à partir de la saison 3.

En 42 minutes, non seulement il y a plusieurs intrigues mais beaucoup trop de personnages, par conséquent seuls quelques acteurs arrivent à sortir du lot. Notons que certains fils rouges sont parfois négligés (les devoirs que doit rendre Sydney à ses professeurs, la mythologie qui est parfois présente, parfois mise de côté).

« Alias » renoue avec le genre feuilleton qui faisait la saveur des « serial » , moyens métrages projetés dans les cinémas pendant la première moitié du 20e siècle (« Judex », « Tarzan », « Flash Gordon »). La série se différencie ainsi de l’avalanche de séries copiées sur X Files composées d’histoires indépendantes.

La critique de Clément Diaz:

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Le duo Fisher-Messer s’applique à martyriser son héroïne avec une insistance sadique, et cela sans la moindre scène de bagarre, axant beaucoup sur la psychologie. Pari gagné : sueurs froides en pagaille. Il permet aussi de faire décoller un aspect important de la série jusque-là mis en veilleuse : l’intelligence diabolique de Sloane.

Deux petites scènes avec Sloane, cela suffit à Tobin Bell pour donner à Karl Dreyer une aura d’effroi. On regrette qu’il n’apparaisse plus par la suite. D’une ébouriffante perspicacité, il démasque le double jeu de Sydney avec un raisonnement tordu mais logique. Pour l’éliminer, Sloane imagine un plan machiavélique qui maintient l’angoisse dans le public, qui se révelera d’ailleurs être un splendide trompe-l’œil. De plus, l’ambiguité du personnage éclate lorsqu’il révèle à Sydney tous ses sentiments paternels à son égard. Sloane pense certainement ce qu’il dit, mais il le dit d’une telle manière que Sydney ait encore plus les chocottes. C’est gai.

Pendant ce temps, les auteurs plantent un nouveau danger qui germera en temps voulu : Dixon percevant vaguement que Sydney ne prononce pas le bon nom de code. Le moment où il s’en souviendra risque d’être difficile pour Syd ! La deuxième mission concernant Ineni Hassan a pour origine une ironie mordante : Syd devant réparer les pots… qu’on lui avait ordonné de casser !

Côté Will, notre journaliste - via le gadget d’Eloise Kurtz - est aux prises avec des forces obscures qui le surveillent et se manifestent d’une manière… mystérieuse (Abrams’touch évidemment). Le mystère et la guerre psychologique font partie de l’arsenal d’Alias, qui l’utilise encore et encore, jusqu’au vertige. La preuve avec le terrible piège de Sloane dans lequel la CIA est prête à s’engouffrer. La minute de vérité semble durer une éternité, une vraie guerre de nerfs, et on en redemande !

Et c’est au moment où l’on croit Sydney hors de danger… qu’elle se trahit et se fait promptement capturer par le SD-6 ! (Ah, Marshall, pourquoi es-tu si vigilant ?!!). Le cliffhanger est tranchant. Ca ne peut pas aller pire pour Syd (en fait si…).

Les infos supplémentaires

C’est la première fois (en dehors de la mort de Danny) que l’entourage de Sydney (Francie, Will) est confronté à la violence, et voit la jeune femme blessée.

Le portable de Will Tippin nous paraît aujourd’hui bien désuet : c’est un « première génération » assez volumineux avec « antenne ». Cela « date » la série.

On retrouve à nouveau Miguel Sandovan (« Médium »).

Nous découvrons Diane, l’épouse de Dixon.

Depuis plusieurs épisodes, nous ne voyons plus Charlie, le fiancé de Francie.

Le film préféré de Will est La dame du vendredi (1940) d’Howard Hawks, film qui a décidé de sa vocation de journaliste. Ce film, représentatif de la screwball comedy (grosso modo, un couple conflictuel à la tension sexuelle pétillante est entraîné dans une farandole d’aventures loufoques), est connu pour le débit frénétique de ses dialogues, le plus élevé de l’histoire du cinéma (seul The Social Network, écrit par Aaron Sorkin, spécialiste des dialogues-mitraillette, tient la comparaison). C’est un classique de la comédie américaine, et une satire imparable du journalisme.

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10. IN EXTREMIS
(SPIRIT)

 

Scénario : J.J.Abrams et Vanessa Taylor

Réalisation : Jack Bender

Résumé

Au moment où elle va être torturée et exécutée, Sloane change son fusil d’épaule et accuse Russek (Miguel Sandoval) d’avoir trahi et envoyé une transmission à la CIA depuis Genève. Michael Vaughn commence à essayer de séduire Sydney en lui offrant un cadeau, un cadre pour photos où elle en mettra une de sa mère. Le SD6 recherche toujours Ineni Hassan. Sloane envoie Sydney sur une île au large du Kenya sur sa piste. Will Tippin découvre l’existence du SD6. A Cuba, où il veut piéger Hassan, Jack Bristow tombe dans un piège dont il ne pourra sortir…qu’en tuant sa fille prisonnière.

La critique de Patrick Sansano:

 

Jennifer Garner en bikini est la huitième merveille du monde. Peu sensuelle « au naturel » lorsqu’elle fréquente ses amis Francie et Tippin (Charlie n’a toujours pas réapparu), elle devient au kenya, malgré une perruque blonde qui n’était pas indispensable, un agent en forme et en formes. Cette immense sex appeal qui apparaît/disparaît montre bien la dualité entre la vie secrète et publique de Sydney. Elle n’est cependant jamais vulgaire, très loin des Pamela Anderson et autres bimbos, rappelant plutôt les bikinis des années soixante de Lynda Day pas encore George dans « Mannix » et « Cannon ». Sydney reste en bikini durant toute la séquence au Kenya, d'abord en maillot deux pièces, puis vêtue d'un paréo en guise de jupe.

Miguel Sandoval disparaît de la série au sens propre. Nous assistons dans cette série TGV à un monologue de Sloane sur l’obscurité et la morale (ou l’absence de) du monde des espions. C’est assez inhabituel dans la série pour être souligné. Cela permet à Ron Rifkin de faire un beau numéro d’acteur car il n’est jamais ennuyeux. Il nous semble presque que son personnage, pendant quelques instants, tombe le masque en évoquant sa vie privée passée.

La reconstitution de Cuba est particulièrement réussie, alors que l’équipe n’a pas été y tourner. Bien plus que le Kenya qui ici n’est vue qu’au travers d’un palace de luxe de bord de mer pour touristes.

Une fois de plus, Garner et Rifkin remportent la mise et laissent peu de place aux autres comédiens : malgré le nombre de scènes qui lui sont consacrées, Victor Garber ne parvient pas à en profiter pour tirer son épingle du jeu.

En Will Tippin intrépide, Bradley Cooper rafle le reste et les autres comédiens sont sacrifiés et ne servent qu’à passer les plats. Francie/Merrin Duggey est de plus en plus inexistante. Michael Vartan depuis le début était un cas desespéré. Kevin Weisman ne fait plus rire personne et d’ailleurs son temps de présence à l’écran a été considérablement réduit.

On reste inquiet et en plein effroi devant les dangers encourus non par les agents héros (on sait très bien que Sydney ne va pas mourir) mais par l’enquête solitaire et insensée de Tippin auprès d’un homme dont la femme a été assassinée, et qu’il va voir en prison, David McNeil, et son avocat Stoller. On ressent là l’individu fragile face aux secrets d’états et aux forces de l’obscurité. Bradley Cooper nous fait croire à l’insouciance et à l'extrême fragilité de son personnage.

La critique de Clément Diaz:

 
 

Le créateur de la série, accompagné de la caméléon Vanessa Taylor, compose un scénario qui encore une fois fait la part belle à la guerre psychologique plutôt quà la guerre des poings. Pour faire parler Sydney, Sloane sappuie sur son humanité pour la mener à sa perte. Sydney n’échappe à ce piège que par un incroyable coup daudace de son père. Dans le monde des espions, le culot est larme la plus redoutable.

Cest là quon se rend compte de la différence entre le vétéran Jack Bristow et les « bleus » Sydney et Vaughn : il na aucun scrupule à sacrifier un « innocent » pour sauver sa fille : il n’y a pas de règle chez les espions. Jack désintègre encore Vaughn (scène brillamment dialoguée) à ce sujet. Un progrès cependant depuis Color blind : Vaughn mystifie Jack par un coup de bluff. On attendra quand même avant de chanter comme dans Ally McBeal, Theres a new man in town !

Le double jeu de Sydney, après l’ordalie, devient, on le sent, de plus en plus lourd à porter - elle manque de se trahir en face de Will. Dans cet épisode, Alias devient plus noir, plus dur, plus réaliste. Le résultat est excellent.

Monstre horriblement humain, Sloane est fascinant et repoussant à la fois, sa tendresse envers Sydney fiche vraiment le malaise. Il fait par ailleurs une magnifique aria où il parle de livresse exaltante de ses premiers triomphes, bien que fêlée par des pressentiments qui furent prémonitoires. Ron Rifkin est écrasant de talent.

Au Kenya, Sydney (toujours fougueuse Jennifer Garner) arbore une de ses tenues les plus sexy, séduit une cible, casse la gueule d’un garde la routine quoi. Mais on ne sen lasse pas tant suspense, charme, et action se conjuguent efficacement.

Will décompresse en cédant aux tendres assauts de Jenny. La persévérance paye on dirait ! On espère que Will en profite bien car pour la première fois, il entend parler du SD-6 par son informateur. Ca commence à sentir le roussi, et on vient presque à espérer quil échouera dans sa quête, ce qui est vraiment adroit de la part d’Abrams !

Le final à la Havane a un suspense du tonnerre qui s’amplifie quand Jack est forcé de passer une terrible épreuve de loyauté, objet dun terrible cliffhanger

Les infos supplémentaires

Pour une fois, Jack Bristow sauve sa fille en sacrifiant Russek, un « innocent » (Si cela existe au SD6).

L’épisode se déroule pendant Noël.

Will Tippin découvre que le SD6 a fait assassiner la femme d’un ingénieur informatique, Mc Neal.

Sydney est jalouse de Jenny, la petite amie de Tippin.

Nous en apprenons un peu plus sur le passé de Sloane dans cet épisode, et sur les raisons qui ont fait le monstre qu’il est devenu.

Ken Olin (Mc Neal) faisait partie de l’équipe de « Hill Street Blues/Capitaine Furillo ».

Scott Paulin (l’avocat Stoller) était le capitaine Johnson dans « Jag » et on le revoit depuis dans un rôle récurrent dans « Castle ».

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11. ZONES D'OMBRES
(THE CONFESSION)

 

Scénario : J.J.Abrams et Daniel Arkin

Réalisation : Harry Winer

Résumé

Après qu’Hassan ait voulu obliger Jack Bristow de tuer sa fille, l’homme renverse la situation et kidnappe le terroriste. Il est livré à la CIA et laissé pour mort vis-à-vis du SD6. Minos Sakkoulos, le successeur de Hassan va entraîner Sydney sur une mission à Athènes… Vaughn révèle à Sydney que le livre qu’elle lui a confié prouve que son père était un exécuteur du KGB. Hassan avoue que son stock d’armes est caché en Crète.

La critique de Patrick Sansano: 

 


Avec cet épisode, « Alias » enregistre une baisse de forme, due à de trop grandes parlottes entre père et fille, Vaughn et Sydney, Vaughn et Hassan. La série ne nous avait pas habitués à ce genre de lenteurs. Après le cliffhanger qui termine le précédent opus et le début de celui-ci, la folle course initiée depuis le pilote semble se freiner. Et puis, un comble, même la tenue de Sydney n’est pas sexy lorsqu’elle se rend dans la boîte de luxe de Sakkoulos.

Les discussions entre Hassan et Vaughn sont répétitives. Notons qu’en dehors d’une brève visite à Tippin, toute la galerie des personnages secondaires (de la vie privée de Sydney) est absente. La mythologie de Rambaldi aussi.

D’autre part, la façon dont Hassan fait chanter la CIA alors qu’il est leur prisonnier est totalement dénuée de crédibilité scénaristique (même dans l’univers de « Alias »).

Avec « Zône d’ombre, on se rend compte de la fragilité de la série, qui jusque là nous empêchait de réfléchir. Même Sloane, l’alter-égo en importance de Sydney, est ici sacrifié à quelques apparitions insignifiantes, son personnage restant effacé au profit du père.

La série recycle des choses vues ailleurs : par exemple, la reconnaissance optique dont se sert Dixon est exactement la même que celle de Jack Petacci dans le Bond non officiel « Jamais plus jamais ». Beaucoup de scènes rappellent les meilleurs moments de « Mission Impossible ». Sauf qu’ici, on ne demande pas à Sydney si elle accepte la mission !

La critique de Clément Diaz: 

 

Depuis quelques épisodes, Alias a ralenti le tempo pour éprouver le spectateur autrement que par l’adrénaline des missions, et miser davantage sur la psychologie. The Confession va jusqu’à la limite possible de ce rallentendo, nécessaire pour creuser davantage les personnages, avant de relancer de manière cohérente la machine. Cela dit, l’épisode ne renonce pas pour autant aux bagarres, aux missions, et aux cliffhangers, celui de cet épisode étant particulièrement stupéfiant : il redistribue une nouvelle fois les cartes dans le jeu des intrigues de la série.

De la même manière qu’Ann Talbot (Jessica Lange) dans Music box de Costa-Gavras, Sydney doit choisir entre servir la nation en dénonçant son père, ou le sauver.

Ce dilemme tombe au plus mauvais moment, Jack ayant pris conscience d’avoir été trop distant avec sa fille et cherchant à se rapprocher d’elle. Cette valse-hésitation, d’habitude réservée à des couples amoureux, marche grâce aux compositions tout en nuances de Victor Garber et de Jennifer Garner, ici plus à l’aise. Il y’a aussi le fait que Sydney, frustrée d’amour dans son enfance, n’est jamais passée par la phase - obligée pour l’enfant - de l’idéalisation du père. Alors, lorsqu’à la Havane, elle a l’occasion d’observer son père en mode super-héros, elle trouve une sorte d’ersatz d’idéalisation qui la fait davantage l’aimer. Bien trouvé, mais Michael Vartan est trop fade pour nous faire croire à son personnage animé par la vengeance.

L’idée est bonne, mais le traitement donne des scènes verbeuses et longuettes. Heureusement, les deux premières missions insufflent un peu de nerf. J.J.Abrams et Daniel Arkin se réveillent à la 32e minute avec Sydney s’introduisant dans la base d’armes d’Hassan… et qui se trouve bientôt dans un piège diabolique que le trafiquant avait soigneusement calculé ! La tension monte de vingt crans lorsqu’Hassan, mis en joue par Vaughn, joue un coup de poker mortel.

Les scénaristes finissent par une révélation fulgurante qui prend totalement le spectateur à contrepied. Le cliffhanger est particulièrement tonitruant !

Les infos supplémentaires

Le cliffhanger cette-fois ne consiste pas en une scène d’action mais une révélation liée à l’information de la ligne plus haut.

James Handy, qui incarne Devlin, le chef de la CIA, est une figure familière de la télévision. Il tenait le rôle du policier Lou Hadleman, adversaire de Bailey/Robert Davi dans « Profiler » et qui persécutait la fille rebelle de ce dernier.

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12. JEUX DANGEREUX – 1RE PARTIE
(THE BOX – PART 1)

 

Scénario : Jesse Alexander et John Eisendrath

Réalisation : Jack Bender

Résumé

Sydney décide de quitter le SD6 après avoir appris que sa mère était un agent russe. C’est alors qu’une prise d’otages à lieu aux locaux du crédit dauphine, QG du SD6. Un ex-agent, Mc Kenas Cole (Quentin Tarentino), qui travaille pour « Le Monsieur », veut faire ouvrir le coffre fort personnel de Sloane.


La critique de Patrick Sansano:



Bénéficier de la présence pulp fiction de Quentin Tarentino amène certes de l’audience à « Alias », mais était-elle nécessaire ? On a le sentiment que le metteur en scène apporte son univers avec lui plutôt que de contribuer à l’édifice de la série. Dans cette première partie, il nous conduit à voir en huis clos une prise d’otage comme on en a vu des tonnes, et Sydney en est réduite à jouer dans les faux plafonds du building.

Toutes les scènes impliquant Michael Vaughn dans son conflit interne à la CIA avec ses collègues sont vite ennuyeuses. Trop de protagonistes qui se disputent l’attention du chef Devlin, une psy qui brille par son inutilité, donnent envie au spectateur de passer à autre chose. Mais les minutes consacrées à ces intrigues s’éternisent.

Même l’enquête de Tippin malgré l’arrivée de la fille de McNeil n’avance pas, l’ami de Sydney ayant décidé de renoncer à élucider la mort de Danny Hecht. L’effet paranoïa qui nous avait tant saisi se dissipe un peu avant de rebondir avec la clé d’une consigne.

S’il y a de l’action, l’épisode est quand même très bavard. On abreuve le téléspectateur d’informations plus ou moins nécessaires, par exemple la mort du père de Vaughn, le passé de la mère de Sydney, ou celui de Cole. Tarentino est déjanté à souhait, mais il ne nous étonne guère. A trop vouloir manger à tous les rateliers, « Alias » au lieu d’une bombe accouche d’un pétard mouillé. Jack Bender filme dans une semi-obscurité lassante et inhabituelle pour la série qui nous porte d’habitude, même artificiellement, à la lumière des quatre coins du globe.

Jennifer Garner en est réduite à jouer les agents de « Mission Impossible » pour faire descendre et remonter un fil aimanté. On se croirait dans un film de cambrioleurs, de rats d’hôtel ou dans la série « Opération vol ».

Reste la confrontation Tarentino/Ron Rifkin. Elle ne manque pas de piment. Mais Sloane ne semble jamais vraiment en danger. Au poste où il est, chef du SD6, on se doute qu’il est un dur à cuire et les scènes de torture sont moins impressionnantes que le dentiste dans le pilote. On s’attendait à ce que Cole sorte de sa boîte des pinces, des tenailles et autres instruments de bricolage, qu’il crève les yeux ou arrache les dents de Sloane. Le premier segment de ce double épisode ralentit le rythme feuilletonnesque que nous avons eu jusqu’ici.

La critique de Clément Diaz:



Alias a les moyens de faire parler d’elle. Elle invite en effet rien moins qu’une guest star de classe exceptionnelle : Mr.Quentin Tarantino himself ! Ce scénariste-réalisateur surdoué a d’abord été un acteur ce qu’Alias se charge de nous rappeler. Et en effet, Tarantino nous fait un numéro mémorable. Toutefois, cet épisode ne mise pas que sur cette arrivée en fanfare, elle soigne son intrigue avec une incroyable invasion du SD6 par un groupe terroriste, intensité dramatique paroxystique à la clef. Les louvoiements répétitifs de Will sont cependant assez lourds.

Après toutes les tentatives de Vaughn de se rapprocher de Syd, la voir soudainement le draguer crânement est assez comique et… inattendu ! Quant à l’invasion du SD-6, rien ne manque : destructions de caméra, gros lasers, gaz pour faire dodo… un plan parfaitement minuté. McKenas Cole a été écrit sur mesure pour Tarantino : humour à froid, airs décontractés, répliques déphasées, accès de rage… Alias introduit juste ce qu’il faut de Tarantino’s touch tout en conservant son identité (le comique et l’hémoglobine coulant à flots sont soigneusement absents). La guest star est régalante en chef vengeur, qui aime l’épate, assurer le show. Plus qu’un coup marketing, c’est un bon casting. Ses tirades à l’adresse de Sloane rappellent la règle d’or des grands méchants de séries du passé : avant d’exécuter, on cause. Une règle que le génial cinéaste a repris avec succès dans ses films (comme la mémorable première scène d’Inglorious Basterds). Et maîtrisée ici par Jesse Alexander et John Eisendrath.

Par un sommet d’ironie, Jack et Sydney, piégés dans l’immeuble, n’ont d’autre choix que de sauver le SD-6 s’ils ne veulent pas que ça explose dans tous les sens ! Le corps de cet épisode est leur haletante tentative de désamorçage de bombes (Cole ignore que l’ouverture du coffre enclenchera l’explosion), ainsi que ce mystère : qu’y’a-t-il dans le coffre pour que Sloane (Rifkin, dans un rôle quasi muet, est plus magnétique que jamais, ses regards transpercent littéralement) soit prêt à tout faire sauter ?

Il faut malheureusement supporter les états d’âme de Michael le boulet sur ses sentiments envers Sydney, ainsi que les dénis successifs de Will avant son laborieux rétropédalage. Heureusement, on finit par un cliffhanger très efficace !

Les infos supplémentaires

Acteur-réalisateur controversé pour la violence de ses films, Quentin Tarentino (1963) a signé notamment « Jackie Brown », « Pulp fiction », « Kill Bill », « Reservoir Dogs », « Inglourious Basterds », « Django Unchained » .En 1997, Tarentino a tenté de réaliser un James Bond, « Casino Royale » avec Pierce Brosnan et Uma Thurman, mais n’a pu obtenir les droits du roman. Dans « Alias », il reviendra dans les épisodes 03-11 « Passé recomposé » et 03-13 « Nid d’aigle ».

L’ex-agent Cole n’a plus revu Sloane depuis cinq ans. Après avoir fait sauter un pipeline pour le SD6, il a été capturé par les russes en 1996.

Nous découvrons « le salon de conversation » (chambre des tortures) du SD6.

La fille de McNeil, Kelly (Agnès Bruckner) contacte Tipppin.

Agnes Bruckner a joué dans trois séries des rôles récurrents : « Amour gloire et beauté » (il faut bien débuter un jour) !), « 24 heures chrono » et « Private Practice ».

Toni, la maîtresse asiatique de Cole, qui participe à la prise d’otage, est interprétée par Jennifer Tung, une sous Michelle Yeoh, cantonnée la plupart du temps à des apparitions sans lendemain dans des petits rôles à la télévision (« Le Caméléon », « Charmed », « Les Experts Miami ») ou au cinéma (« Star Trek Insurrection », « Contagion »).

L’épisode introduit le personnage récurrent de la charmante Judy Barnett, psychiatre de la CIA, jouée par Patricia Wettig ; et celui de Steven Haladki - un agent énervant qu’on adore détester - joué par Joey Slotnick. L’épisode introduit aussi « The Man » (« Le Monsieur » en VF), ennemi principal de la CIA et du SD-6 au visage inconnu.

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13. JEUX DANGEREUX – 2E PARTIE
(THE BOX – PART 2)

 

Scénario : Jesse Alexander et John Eisendrath

Réalisation : Jack Bender

Résumé

Sydney doit désamorcer la charge explosive qui va détruire le bâtiment du SD6. La CIA doit intervenir de façon discrète afin de sauver les Bristow père et fille et de savoir et de récupérer ce qui se cache dans le coffre de Sloane.

La critique de Patrick Sansano:


Baisse de régime dans cette seconde partie un peu longuette et sans surprises véritables.

On attend une confrontation Sydney/Cole. Elle se fait attendre (rien dans le premier quart d’heure), mais l’on retrouve par contre avec plaisir les personnages de la vie privée de Sydney : Francie et Tippin, même si Francie est reléguée à un simple rôle de confidente (Il n’est plus question de son mariage avec Charlie).

La déception est grande de ne pas avoir d’affrontement entre la Michelle Yeoh du pauvre et Sydney, Toni étant une improbable collègue de 007 (le SIS, secret intelligence service), que Cole tuera sans raison dans un accès de folie. Avec une clé de consigne, Tippin retrouve le rapport d’autopsie de la femme de McNeil. Pour le reste, on ne pointera pas de l’index ( !) Sloane qui sacrifie son doigt pour désactiver la bombe.

La mythologie revient avec un flacon dont l’ivresse sera réservée à Vaughn et à la CIA qui la récupèrent. Les combats Cole/Sydney en deux manches sont bons, mais identiques à ce que l’on voit habituellement dans la série. Le scénario hautement improbable qui voit Sydney sauver Sloane, l’homme qu’elle est censée détester le plus au monde, n'est pas vraiment convaincant, c'était l'occasion ou jamais de le voir mourir.

Fallait-il faire un épisode en deux parties si l’on tient compte des nombreuses et inutiles scènes de Sydney dans la structure du bâtiment ? « Jeux dangereux » laisse le temps au spectateur de tout comprendre quand la série jusqu’ici le bousculait avec deux à trois destinations et identités de Sydney par opus. La fin ouverte avec un Cole capturé vivant permettra un retour du personnage.

Reste le nouveau méchant « Le Monsieur » dont on ne sait pas grand-chose à la fin du double épisode. Point négatif : Sydney en tenue de mécano si elle fait jouer ses muscles et brille dans les combats n’est jamais féminine ni sexy, un des atouts de la série. L’aspect glamour est complètement absent ici.

Le rapprochement amoureux Sydney/Vaughn est cependant évident même s’il reste latent. En dehors de nous avoir montré un SD6 vulnérable, l’incursion Tarentinesque n’aura pas fait avancer l’intrigue.

La critique de Clément Diaz:

 

La deuxième partie de The Box se caractérise par une plus grande importance donnée à l’action principale. Conséquence, l’intrigue de Will s’efface pour mettre au centre l’invasion du SD-6, plus naturelle à exciter les nerfs du spectateur. Alexander et Eisendrath font monter la sauce grâce à un compte à rebours explosif, un Cole de plus en plus dément, et un Sloane plus téméraire et héroïque que jamais. Le spectateur sort secoué de cette aventure trépidante et ne boudera pas l’absence de cliffhanger !

La CIA, par manque de preuves, ne veut pas intervenir. Heureusement, superagent Vaughn se rend lui-même au SD-6, dégommant une sentinelle en passant. Il est un poil énervé là ! Retrouvant Sydney, il « remplace » son père et ainsi, pour la première fois, nos deux compères agissent ensemble sur le terrain. C’est une réussite, car la scène du premier explosif est très bien écrite. Suspense et action ultra concentrés, réhaussés par la photographie clair/obscur de Michael Bonvillain. Et il y’a bien entendu un agent double dans la petite fête. En comptant Jack et Sydney, ça fait trois agents doubles dans le même lieu : du Alias pur !

Cole continue son fielleux numéro. Sa scène avec Sydney où il évoque cinq ans plus tôt les avances qu’il lui avait faites, est un superbe moment dramatique sous un vernis d’humour noir et d’autodérision. Cole est d’autant plus effrayant qu’il est en réalité ce que pourrait devenir Sydney si, comme lui, elle se laissait consumer par sa haine envers Sloane : une espionne sadique et sans morale. Un thème que Quentin Tarantino lui-même exploitera dans Kill Bill. Cole se révèle aussi un excellent combattant lors de son trépidant duel contre Sydney, épicé par ses répliques démentes. Sydney devra d’ailleurs réclamer une revanche pour l’arrêter.

Mais le héros de l’épisode se révèle in fine être le chef du SD-6. Même sous la torture, il a le culot de provoquer Cole qui sous la pression perd son sang-froid (une scène un peu too much, mais efficace !). Mais surtout montre une détermination peu commune par une mutilation ahurissante. Si Sloane a peu de pitié envers ses semblables, il n’hésite pas à payer de sa personne quand les circonstances l’exigent.

Le happy end est arraché dans la douleur, incluant un rare moment d’affection entre Jack et Sydney. Un double épisode vraiment réussi.

Les infos supplémentaires

Tippin dit que Francie et … Sydney ont une vie normale, alors que lui est sur une enquête sur une affaire dangereuse.

Will déclare que, déguisé pour échapper aux filatures, il ressemble à Gabe Kaplan. Kaplan est un joueur de poker américain, qui après une modeste carrière d’acteur est aujourd’hui considéré comme un des plus grands maîtres de ce jeu.

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14. POKER MENTEUR
(THE COUP)

 

Scénario : Alex Kurtzman et Roberto Orci

Réalisation : Tom Wright

Résumé

Sydney et Dixon sont envoyés à Las Vegas dans un casino sur la piste d’un agent du KD. Sydney se trouve face à son amie Francie et à son boy friend Charlie dont elle a découvert l’infidélité. Elle parviendra à écarter l’homme volage de son amie. Puis c’est sa première confrontation, en Russie, avec le mystérieux Sark.

La critique de Patrick Sansano:


On regrettera de voir Dixon dans un déguisement ridicule et improbable. Les intrigues foisonnent (Tippin et McNeal/Sydney et son professeur/Sydney et Sloane/Sydney et le passé trouble de sa mère...). Pour la première fois, la vie privée et professionnelle de Sydney se mélangent. Elle rencontre son amie Francie dans le casino de Las Vegas, tandis qu’une idylle se dessine avec Vaughn. Notons tout de même un souci de continuité feuilletonnesque : la blessure à la joue de Jack Bristow à Cuba par exemple est toujours là. Le doigt de Sloane va guérir. On rappelle au téléspectateur ces détails afin qu’il comprenne qu’ « Alias » est un univers qui se construit petit à petit. La mythologie Rambaldi (parfois abandonnée) est plus que jamais présente en fil rouge.

Les scènes entre Francie et Sydney semblent sorties de « Beverly Hills ». Celles en Russie où Sydney échappe miraculeusement aux balles de mitraillages appuyés d’un James Bond , les missions sont « impossibles » et les cliffhanger sont de retour.

Sark interprété par David Anders est une grosse erreur de casting : trop jeune, trop minet, il n’est pas du tout un méchant à la hauteur. Jennifer Garner ayant plus de scènes à jouer que Ron Rifkin, c’est elle qui tire son épingle du jeu en cette mi-saison. Face à son professeur d’université, elle ressemble à une sage petite étudiante, face à Francie à la meilleure amie modèle, tandis qu’en mission, elle compose un personnage digne de Lara Croft. Passer par autant de registres différents tout en restant crédible est une belle prouesse.

La critique de Clément Diaz:

 

The coup introduit un nouveau personnage récurrent, l’électron libre qui va semer une pagaille homérique dans tous les camps en présence, l’équivalent de l’Alex Krycek des X-Files : Mr. Julian Sark ! Malgré sa jeunesse (20 ans), David Anders le nimbe d’une présence brillante. Il ressemble beaucoup au personnage de Nicholas Lea : gueule d’ange, gâchette facile, humour pince-sans-rire, diplômé ès bluff… et punching-ball des bons comme des méchants. Toutefois, il se distingue par ses motivations, plus animées par ses intérêts personnels que par la vengeance.

Par ailleurs, Kurtzman et Orci ont la géniale idée d’imaginer une collusion entre les deux vies de Sydney, et une dernière mission bourrée d’adrénaline s’achevant sur un des cliffhangers les plus spectaculaires de la série. Malheureusement, l’épisode traverse en son milieu un passage à vide soap opera, très hors de propos.

Sydney voyant son idéalisation de la mère voler en éclats, commence à douter de son choix d’études, choisies en hommage à elle. Mais son dilemme intérieur est vite expédié en quelques scènes pleurnichardes. Une mini-intrigue pour rien donc.

Will nous amuse en volant sans se faire voir un document secret. Les fiançailles de Fran et Charlie donnent une excellente première scène très Gilmore girls (dialogues frénétiques inclus), un twist plein d’effet sur la révélation de la double vie de Charlie… et une emmerde impériale pour Sydney qui les rencontre en pleine mission dans un luxueux casino de Las Vegas ! Cette « double mission » permet un suspense du tonnerre - d’ailleurs le thème du générique est ici réorchestré à la 007, on s’y croirait - et un numéro tordant de Carl Lumbly en joueur de poker bling-bling.

Malheureusement, l’épisode dévie de sa trajectoire et enchaîne une rupture telenovela entre Fran et Sydney, avec un médiocre mélo (les souvenirs mièvres de Sydney et Jack). Lorsque c’est au tour de la sentimentalité niaise de Vaughn qui aimerait sortir avec Sydney, on a une furieuse envie de presser le bouton avance rapide. Heureusement, la coda voit l’entrée en scène du régalant Sark, et c’est peu dire qu’on est conquis. Le personnage et l’acteur sont plein de promesses. Le cliffhanger est haletant, avec une Sydney suspendue et prise entre deux feux. Wouf !

Les infos supplémentaires

Une semaine s’est produite depuis l’attaque du SD6 par Cole.

Depuis « Alias », David Anders a joué dans trois séries des rôles récurrents : « Heroes », « 24 heures chrono » et « Vampire diaries ».

Sark travaille pour « Le monsieur » qui sonne de façon un peu idiote en VO. Ceux qui ont vu la série savent l’importance du personnage qui se cache derrière.

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15. PAGE 47
(PAGE 47)

 

Scénario : J.J.Abrams et Jeff Pinkner

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Sloane fait part à Jack Bristow de son intention de tuer Tippin. Sydney est envoyée en Tunisie pour récupérer un manuscrit de Rambaldi dont la 47e page recèle un secret important.

La critique de Patrick Sansano:



Indestructible comme un personnage de dessin animé, Sydney s’en sort toujours. Quand elle ne met pas KO ses adversaires avec ses techniques de combat, elle les trouble avec sa plastique qui les distrait et leur envoie des sprays somnifères. Le jeu du chat et de la souris entre Tippin et le SD6 atteint ici son paroxysme. Sans le savoir, le jeune homme est à la table de ses potentiels tueurs. On se doute que son enquête est arrivée dans l’impasse où serait tout individu lambda devant une affaire de cette ampleur. Une scène ici montre l’immense différence entre la beauté et le talent : la comédienne Sarah Shahi que l’on voit au lit avec Tippin est adorable, mais l’imagine-t-on un instant dans le rôle de Sydney ?

L’arrivée de l’héroïne de « Carrie » Amy Irving en épouse cancéreuse de Sloane, Emily, n’ajoute rien à la série. D’une part, on imagine très mal une amitié Sydney-la femme du chef du SD6. Un tel homme avec un tel poste conserve normalement sa vie privée dans un secret absolu. Les scénaristes ont eu là une bien mauvaise idée, car la série baignant déjà dans l’irréalisme le plus total avec la survie perpétuelle de Sydney qui empêche une narration réaliste, il fallait compenser avec des intrigues dont la probabilité pèse dans la balance en sens inverse. Sloane ferait bien de consulter un ophtalmo où alors il fait exprès. Lorsqu’il surprend Sydney en train de le trahir (ici elle a ouvert son coffre), il accepte l’explication maladroite que lui sert sa subordonnée. S’il la protégeait, il ne s’y prendrait pas autrement. Parmi les incohérences du script de cet opus, pourquoi Sloane parle-t-il de son projet d’assassinat de Tippin déjà décidé à Jack Bristow si ce n’est pour permettre par une contorsion de l’intrigue pour permettre au personnage de survivre ? On n’y croit pas un instant.

Les touches d’humour font mouche : Jenny qui jette de sa voiture Tippin qui a eu la bien mauvaise idée de la quitter alors qu’il était dans un endroit perdu, Sloane qui demande au même journaliste quels sont ses projets d’article. La scène de la bouteille de vin à aller chercher en plein dîner nous donne l’impression d’être au théâtre dans un vaudeville. « Alias » est tout sauf sérieux, et il faut prendre cette série pour ce qu’elle est : un mélange d’espionnage et d’aventures avec une touche de fantastique mais beaucoup de second degré. « Alias » n’est jamais si bonne que lorsque la série reste dans la fiction la plus assumée.

La critique de Clément Diaz:



Page 47 a un scénario certes bien découpé, mais grêvé par des scènes de remplissage. Elle comporte néanmoins un morceau de bravoure avec une des missions les plus suicidaires de Sydney, où aucun garde, aucune bagarre, aucune arme n’est pourtant en jeu, ce qui n’empêche pas un superbe suspense. Les dernières secondes achèvent de faire basculer la série dans les lisières mystérieuses du Fantastique.

Dès lors que Jack prend l’affaire en main pour « persuader » le journaliste d’arrêter les frais, il est impossible de s’inquiéter pour lui car Jack n’a pas le moindre envie de rétrécir le cercle social déjà restreint de sa fille. Cette histoire n’a donc rien d’effrayant. La scène de prison est meilleure quand Will sans le savoir mise sa vie sur un simple mot, et que Jack est impuissant à le protéger s’il fait le mauvais choix. La scène où Will largue Jenny (Sarah Shahi, plus torride que jamais) et Jenny largue Will dans un autre sens du terme, donnent une touche de comédie plutôt rare dans la série !

Le dîner chez les Sloane est le clou de l’épisode. Il permet de découvrir Emily (Amy Irving, très bien), épouse innocente du monstre. L’ironie aiguë qui voit Will serrer la main du chef du SD-6 ainsi que le père de Sydney qui lui a fait passer un sale quart d’heure est très bien trouvé. Les répliques volontairement anodines accentuent l’effet des gros plans de Ken Olin sur les trois espions attablés. Une autre facette de Sloane se fait jour, car le terroriste sanguinaire - dans l’épisode, il demande négligemment d’exécuter un prisonnier - montre une grande affection envers sa femme. Ron Rifkin joue en virtuose toutes les facettes de son personnage. La mission est remplie par un suspense frénétique quand Sydney fouille le bureau de Sloane.

Quelques scènes gâchent cet épisode : celle où Sydney et Francie choisissent de retirer leurs alliances pue le soap estudiantin. La mission de Sydney en Tunisie ne provoque pas la moindre étincelle : Sydney ne faisant que neutraliser les gardes avec son spray anesthésiant, c’est tout. Toutefois, elle est divine en tenue de plage…

Plus dommageable est sa naïveté toujours plus creusée : elle répugne cette fois de manipuler l’épouse de Sloane. On comprend que J.J.Abrams tient à nous montrer son idéalisme, mais là, notre cher agent flirte avec le non-professionnalisme.

La fin désarçonnera tous les fans du show. Par ce cliffhanger renversant, Alias développe sa dimension Fantastique, laissant fan devant une foule de questions…

Les infos supplémentaires

Dickson en voyant Sydney en bikini fait une allusion à « Alerte à Malibu ».

Amy Irving (1953) joua Sue Snell, la "survivante" du carnage perpétré par la première « Carrie » du cinéma (Brian De Palma, 1976).

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16. LA PROPHÉTIE
(THE PROPHECY)

 

Scénario : John Eisendrath

Réalisation : Davis Guggenheim

Résumé

Sydney se retrouve quasiment en état d’arrestation par le DRS (département des recherches spéciales), branche de la NSA chargée des phénomènes surnaturels, qui veut lui faire passer des tests médicaux suite à une mystérieuse prophétie. Sloane pense avoir identifié « Le Monsieur » en la personne du russe Alexander Khasinau. Il demande comme un service personnel à Sydney de voir sa femme condamnée par le cancer. Edward Poole (Roger Moore), membre anglais de l’alliance des douze, pousse Sloane à soupçonner un ami de trahison. Sydney et Vaughn doivent mener une mission au Vatican à la recherche d’un secret de Rambaldi.

La critique de Patrick Sansano:


Roger Moore a été à partir d’un physique avantageux l’un des séducteurs de la télévision ("Invanhoé", « Le Saint », « Amicalement vôtre ») et au cinéma (« James Bond », « Gold », « Les oies sauvages ») mais lorsqu’il a tourné cet épisode, il avait 74 ans et demi. On ne peut pas lui reprocher son âge, mais dans la mesure où il a été malade (cancer) et a prématurément vieilli par rapport à Sean Connery, et n’ayant pas le talent d’un Patrick Mc Goohan, il donne ici au public une image de lui détériorée. Après avoir quasiment arrêté le métier en 1985 après « Dangereusement vôtre », il a cru bon de revenir dans des nanars comme « Ice fire and dynamite » (1991), « Le grand tournoi » (1994) ou dans cet épisode d’Alias. Il a fait la même erreur que son compère d’Amicalement vôtre Tony Curtis qui s’est rendu ridicule dans « L’homme homard venu de Mars » en 1989. Sans son physique exceptionnel qui en faisait le Cary Grant de son époque – acteur qui lui a su s’arrêter à temps – Roger Moore n’est plus que l’ombre de lui-même. Dans le rôle d’Edward Poole, il est tout simplement pathétique.

L’épisode tout entier est un désastre. On ne regarde pas « Alias » pour voir une série cérébrale, et si tel était le cas, on mettrait Helen Mirren, Meryl Streep ou n’importe quelle laideron tue-l'amour intello dans le rôle de Sydney. Nous rejoignons là le problème Roger Moore : quel est le plus grand atout de Jennifer Garner ? Sa plastique évidemment, sachant qu’elle allie sex appeal et intelligence et n’est pas une gourde bimbo. Ici, elle est toujours filmée sous l’angle le plus désagréable. Sans une dose de scènes sexy dans ses missions impossibles aux quatre coins du globe sous les déguisements les plus affriolants, elle devient une actrice quelconque.

Pour à la fois capter la mode « Da Vinci Code » et donner un petit aspect X Files avec le service des phénomènes paranormaux, on envoie Sydney à Rome au Vatican. On obtient donc un salmigondis d’éléments scénaristiques improbables et un épisode profondément ennuyeux et statique. 

Le seul comédien à tirer son épingle du jeu est Ron Rifkin notamment dans la scène où il retrouve son ami le traître ou supposé tel. Le comédien qui alterne le rôle du s alopard intégral et du chef qui peut avoir des faiblesses humaines est absolument prodigieux.

L’épisode calamiteux n’est pas sauvé par les personnages secondaires (Fran et Will Tippin se contentent ici de passer les plats), ni par l’affligeant Vaughn décidemment héros insignifiant.

La critique de Clément Diaz:



La foudroyante révélation du précédent épisode contraint John Eisendrath à faire un virage en tête-à-queue à propos de la conception d’Alias : la série d’espionnage teintée de Fantastique devient subitement dans cet épisode une série Fantastique avec un prétexte « espionnite ». Un renversement trop brutal pour être convaincant et qui fait de The Prophecy le premier coup de faiblesse de la série. Contrairement au duo Morgan-Wong qui modifia aussi brutalement la série MillenniuM en un seul épisode, Eisendrath se perd dans un bourbier mystique grandiloquent, et abuse de quelques facilités comme de voir la sérieuse CIA se pencher sur un problème « paranormal ».

Le pompier de l’épisode s’appelle Ron Rifkin, soutenu par une immense guest star : Sir Roger Moore !! C’est un plaisir de retrouver ce grand acteur dans un rôle bien trouble ; et c’est par ce duo excellent que l’épisode évite le crash complet. Le tout est porté par la musique vaporeuse et maléfique de Michael Giacchino.

L’épisode se résume surtout à du brassage de vent autour d’un faux suspense : Sydney est-elle le sujet de la prophétie de Rambaldi ? On se doute de la réponse, et les états d’âme de l’héroïne et de son père se succèdent sans fin. La série de questions du début est interminable, et ce n’est pas la mission-éclair au Vatican, expédiée en deux temps trois mouvements, qui va relever le niveau. Si Amy Irving accomplit une belle prestation en femme devant sa mort prochaine, ce n’est que du remplissage. Le cliffhanger sur le contenu de la prophétie est d’une pomposité ridicule. A peine immergée dans le Fantastique qu’Alias se caricature déjà, mauvais signe…

On s’intéresse davantage à la petite intrigue voyant Sloane confronté à la possibilité d’une trahison d’un de ses amis au service d’Alexander Khasinau (le « Monsieur »). Même un monstre a sa part d’humanité, et Sloane répugne particulièrement d’en venir à des situations extrêmes, malgré les preuves de Poole (Roger Moore, distillant joyeusement le malaise). La scène du jardin public est remarquable de suspense et de drame latent. Le twist final est cruel et pour un peu, on aurait pitié de Sloane ! Tandis que nous découvrons l’Alliance, une assemblée d’hommes froids et méthodiques, qui n’est pas sans rappeler le Consortium X-Filesien ! La performance de Rifkin rachète en partie l’échec de cet épisode, exhalant un frisson glacial à chaque réplique.

Les infos supplémentaires

Nous en apprenons un peu plus sur l’alliance des douze. Leur réunion ressemble à celle du SPECTRE dans « Opération tonnerre » ou des envahisseurs dans l’épisode « Action de commando ».

Arvin Sloane a été mêlé aux évènements du Chili et à la chute de Salvator Alliendé.

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17. QUESTIONS-RÉPONSES
(Q AND A)

 

Scénario : J.J.Abrams

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Arrêtée par le FBI, Sydney qui risque de rester enfermée à vie au secret est interrogée par un trio dont l’assistant directeur Kendall. Cela risque de compromettre sa couverture au SD6. Vaughn et Jack Bristow vont donc tenter de la faire évader. Dans le même temps, l’interrogatoire est le prétexte à connaître tout ce qui s’est passé depuis le premier contact en 1994 entre l’agent et le SD6.

La critique de Patrick Sansano:


Quel est le point commun entre « Le fugitif » avec David Jansen et « Alias » ? Outre le fait que l'histoire des séries télévisées américaines est un éternel recommencement, le rapprochement ici est flagrant. Dans le pilote, nous prenons l’action en cours de route. Il faut attendre l’épisode 01.14 « La fille de la petite Egypte » pour que dans une longue scène de flash back, le docteur Richard Kimble raconte son histoire et que nous voyions enfin tout ce que nous avons deviné jusque là : la dispute entre Helen et Richard, le petit garçon pêcheur dans la rivière seul alibi de Kimble mais que l’on ne retrouvera pas, le manchot qui s’enfuit de la maison, le jugement, la condamnation à mort, l’évasion. Il faut attendre 14 épisodes pour voir tout cela. Et 17 dans « Alias », pour qu’à travers un interrogatoire, nous puissions découvrir en détail le recrutement de Sydney Bristow au SD6, et tout ce qui précède le premier épisode, « Agent double ». Dans cette optique, « Questions réponses » est le vrai pilote de la série.

Cet épisode qui nous présente Sydney en victime, mais ayant retrouvé son allure des beaux jours même si elle est prisonnière, permet à l’héroïne de gagner un énorme capital sympathie auprès du téléspectateur. Elle est désormais accusée de mille maux, comme jadis le docteur Kimble. La beauté de Jennifer Garner faisant le reste, elle est l’agneau innocent que le méchant FBI veut sacrifier.

Kendall, l’homme du FBI, se donne beaucoup de mal pour être l’inquisiteur menant l’interrogatoire à cette belle jeune fille dont l’innocence se lit dans les yeux et à laquelle on donnerait le bon Dieu sans confession. Terry O’Quinn est contraint de jouer les abrutis, alors que la personne en face de lui est coopérante et donne toutes les réponses aux questions qu’il pose.

L’épisode se présente comme une compilation best of de Sydney Bristow dans les tenues les plus avantageuses, alternant avec ses regards de biche apeurée innocente victime d’une justice aveugle comme le docteur Kimble. Malheureusement, O’Quinn n’a pas le talent de Barry Morse/le lieutenant Gerard. Par contre, Jennifer est infiniment plus agréable à regarder que David Jansen, Dieu ait son âme.

Il y a déjà tellement de méchants dans « Alias » que Steven Haladki/Joey Stotnick, ex agent du FBI ayant rejoint la CIA et passant son temps à horripiler Vaughn ne trouve pas sa place. Il est plus une tête à claques qu’autre chose.

Passées les images que nous n’avons jamais vues (le recrutement au SD6 avant la mort de Danny), l’épisode devient sans doute le seul clip show qui ne dégage pas l’ennui de ce procédé souvent employé en fin de saison. Nous revoyons les meilleurs combats, les meilleures cascades, les tenues de soirée les plus sexy.

« Alias », c’est Jennifer Garner, et vice-versa. La comédienne est tellement talentueuse, lumineuse, qu’elle éclipse complètement la présence du pourtant brillant (habituellement) Terry O’Quinn, réduit ici, à présenter Sydney Bristow. FBI contre CIA, on nage en pleine invraisemblance. Loin de desservir la série, elle renforce la prestation de l’héroïne et l’interprétation de Jennifer Garner.

La comédienne est belle, mais là où une autre actrice n’aurait été qu’une gravure de mode, il y a son charme. Elle en dégage tellement qu’elle rend crédible voire fait oublier le script idiot. Quel fou ce Rambaldi avec ses prédictions ! Qu’y a-t-il de plus beau sur terre qu’une jolie fille ? La femme est l’avenir de l’homme disait Aragon et Jennifer l’avenir d’Alias.

Après le clip show, nous avons droit à la plus éprouvante, la plus ahurissante des poursuites en voiture. Il n’y a pas plus de réalisme dans l’espionnage de la série que dans les Bond. On est invités à entrer de plein pied dans l’incroyable. Il y a ici des clins d’œil à des affaires célèbres (l’évasion d’O J Simpson). Une scène est ici directement pompée sur le Bond « Dangereusement vôtre », les Broccoli auraient pu porter plainte. Sydney est plus forte que la police, que le FBI, que la CIA, que la mort. Cet épisode, monté autrement, aurait été (comme « La fille de la petite Egypte » pour Kimble) le pilote idéal.

On sait tous désormais, après Roger Moore et Jennifer Garner, quoi faire pour rester en vie sous l’eau si l’on y tombe avec notre voiture.

J J Abrams a frappé très fort. Au moment où la série commençait à s’épuiser, il nous donne une révélation importante dans les dernières images. Cela relance l’intrigue comme si nous repartions à zéro. Il était temps de gommer l’ardoise.

Jadis, un critique de cinéma avait dit à propos de la comédienne Diane Keaton, l’égérie de Woody Allen : « Quand on la voit, elle rend plus heureux ». Jennifer Garner, c’est pareil. On ne sait plus si c’est le personnage ou l’actrice tant ils se confondent. On a envie de dire, de clamer, de crier : « Sydney, on t’aime ». Et comme l’avait écrit le magazine « Première » il y a longtemps à propos de "Greystoke" avec Christophe Lambert, « si on n’a pas la suite, très vite, ça va chier ».

La critique de Clément Diaz:

 


Un épisode de série américaine, ça coûte cher. Pour amortir les coûts, il existe deux possibilités : le « bottle épisode » (épisode à l’action confinée dans un local clos) et le clip-show, où l’intrigue est prétexte à projeter des extraits d’épisodes précédents, rendant l’épisode peu intéressant à regarder. Ce procédé inventé par les Avengers dans Homicide and old lace (saison 6) est le choix de J.J.Abrams pour Q and A. Surprise : on ne s’ennuie pas vraiment, il y’a même de bonnes surprises.

Le prétexte ? Sydney est interrogée par le FBI - entre les X-Files et Alias, on remarque que l’institution n’est décidément pas traitée sous un jour ensoleillé - et chacune de ses réponses est décrite en images par un montage de flash-backs, un point c’est tout. Mais les dix premières minutes sont intéressantes car Sydney raconte plus précisément son intégration au SD-6 via des images spécialement filmées pour l’épisode. Abrams imagine une histoire convaincante étant donné le peu de temps qu’il lui est imparti - le clip-show bouffe 75% du temps - et peut se reposer sur une admirable guest star : Terry O’Quinn, qui cinq ans après le Peter Watts de MillenniuM interprète l’agent du FBI Kendall.

Kendall est un agent cordial et réfléchi, mais son absence de compassion, et son ironie, en font un « interrogateur » éprouvant pour Sydney. Il n’est pas étonnant que J.J.Abrams se souviendra de lui dans Lost en lui offrant le rôle de John Locke.

Abrams ayant conscience que tout spectateur rêve d’éclater la gueule à l’irritant Haladki (Joey Slotnick est parfait dans le rôle, une bonne sale tête), charge Jack Bristow de lui faire une petite correction quand Vaughn apprend ses secrets. Une fenêtre est ouverte sur le réel jeu d’Haladki : n’est-il qu’une veule crapule ou cache-t-il quelque chose de plus innommble ? Pendant que le clip-show défile, les spectateurs attendent avec impatience la résolution de la situation critique de Sydney, dont le double jeu s’effondrera si la CIA n’arrive pas à la faire évader.

Ce sont toutefois les dernières minutes qui nous collent le plus à l’écran, avec une course-poursuite en voiture au final spectaculaire. Final qui amène un cliffhanger subjuguant, ouvrant de nouveaux horizons à la série…

Les infos supplémentaires

Terry O’Quinn est célèbre pour trois rôles : Watts dans « Millennium », Darius Michaud dans le film « X files, combattre le futur », et surtout Locke dans « Lost les disparus », autre série de J J Abrams.

Syd déclare au début de l’interrogatoire Je n’ai rien à cacher, ce qui est rappelons-nous, la politique officielle du FBI dans les X-Files (tu parles…) comme le rappelle Skinner dans l’épisode X-Cops !

Dans la maison secrète du FBI, on aperçoit un panneau Authorized personnal only. Inscription qui aura une grande importance dans les deux dernières saisons.

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18. POINT FAIBLE
(MASQUERADE)

 

Scénario : Roberto Orci et Alex Kurtzman

Réalisation : Craig Zisk

Résumé

La mère de Sydney serait vivante. Notre héroïne en mission retrouve un de ses ex, Noah Hicks. Sloane promet à Sydney de l’aider à retrouver sa mère. Khasinau aurait été le supérieur de Laura Bristow au KGB. Bien commode, puisque Khasinau est la cible du SD6. Sloane envoie Sydney en mission à Vienne.

La critique de Patrick Sansano:


Cette-fois, en début d'épisode, clin d’œil à « MI2 » avec Tom Cruise et la scène d’escalade refaite avec l'héroïne.

Pauvre Sydney ! Elle n’était déjà pas gâtée avec un père comme Jack, ne parlons pas de son agent de KGB tueuse qui lui sert de mère. On comprend mal d’ailleurs l’attachement qu’elle peut lui vouer. Arvin Sloane devient un substitut de père pour Sydney, ce qui paraît hautement incroyable pour un serpent à sonnette.

Noah Hicks est vraiment un fou : se contenter d’envoyer un mail publicitaire codé pour garder une petite amie comme Sydney. D’autre part, si Michael Vartan et Edward Atterton/Danny sont de beaux garçons plausibles comme amants de Sydney (sans parler de Bradley Cooper devenu depuis « Alias » une star dont les dames s’extasient devant la beauté), le comédien Peter Berg n’a pas un physique très avantageux. Que la belle « remette ça » avec Noah relève d’une incohérence scénaristique totale, ou nous laisse percevoir qu’elle est « en manque », ce qui n’est pas très charitable. Elle mérite bien mieux

Les scènes d’extérieurs (forêts) sont admirablement bien montées avec celles du laboratoire. On retrouve le canevas scènes de réceptions luxueuses/castagnes/évasions improbables. On nage en pleine bande dessinée. Le raccord avec l’étude psychologique des personnages est parfois ténu mais les ficelles souvent grosses résistent au choc.

Les scénaristes mettent l’accent sur la recherche de la mère. Fantôme dont l’ombre flottait sur la première partie de la saison, on comprend que la concrétisation du personnage soit le but souhaité, mais il ne faut pas le concrétiser trop vite de peur de perdre le téléspectateur en route.

Dans le monde d’Alias, tout est duplicité, faux semblants, tromperie. On ne sait jamais qui est qui, qui travaille pour qui, agents doubles, triples, ou oeuvrant pour leur compte personnel. La quintessence est atteinte avec le personnage de Sloane qui passe d’assassin froid (le fiancé de Sydney, l’ami de l’époque Alliendé) à épaule compréhensive et forte sur laquelle se reposer.

La série serait caricaturale sans les deux acteurs magnifiques que sont Jennifer Garner et Ron Rifkin, qui continuent à survoler une distribution parfois faible (Marshall/Kevin Weisman devient carrément insupportable). Rifkin a un tel magnétisme dans son hypocrisie, que l’on note souvent à l’expression rusée de son regard, qu’il vendrait des congélateurs aux esquimaux. Il est le mal dans toute sa splendeur vénéneuse, séduisant comme un Christopher Lee en comte Dracula naguère. Malheureusement, le comédien est trop souvent confiné dans l'ombre du quartier général du SD6. On aimerait que son visage prenne davantage la lumière et que le chef opérateur puisse nous le présenter sous divers profils avantageux.

Jennifer Garner nous prouve à chaque image qu’on a raison de l’aimer. A sa place, n’importe quelle beauté nunuche, se serait cassée les dents à interpréter une Lara Croft inconsistante. Elle lui donne vie et nous ensorcelle, faisant passer les invraisemblances du scénario. J J Abrams ne s’est pas trompé en choisissant avec une précision d’orfèvre ces deux comédiens sans lesquels tout l’édifice s’écroulerait. On en a la preuve lorsque l’on constate que des séries comme « Sydney Fox aventurière », portées par des acteurs insipides, sont vite passées aux poubelles de l’histoire des séries télé. 

Notons que la vie étudiante de Sydney et ses échanges parfois houleux avec son professeur disparaissent, tandis que Fran et Will Tippin sont réduits à la portion congrue.

« Alias » restera une référence dans son genre. Il sera difficile pour une autre série d’aller plus loin. Depuis la fin de la série (2006), aucune ne s’y est d’ailleurs risquée.

La critique de Clément Diaz:

 

 

Masquerade ouvre un nouvel arc dans la Mythologie déjà bien remplie dAlias. Le « cherche Maman désespérément » version Abrams fonctionne plutôt bien : affrontements, conflits dintérêts, beaux numéros dacteurs. Et lintroduction dun ex de Sydney rafraîchit non seulement la valse-hésitation de lhéroïne entre Will et Vaughn, mais est empaqueté dans une intéressante intrigue despionnage.

Lépisode se centre d’abord sur la réaction des protagonistes face à la survie de Laura. Sydney a viscéralement besoin de la retrouver, mais que peut-elle attendre dune rencontre avec ce monstre si ce n’est chagrin et déception ? Ce conflit la rend émouvante, tandis que Jennifer Garner élargit sa palette d’émotions.

Jack Bristow est encore plus à plaindre. Ses subits accès de colère envers Sydney et Sloane et son refuge dans lalcool, sont témoins de sa confusion mentale. Syd doit user dexpédients retors (remarquable scène du bar) pour le remettre sur les rails. Son dialogue de sourds désespéré et manipulateur à la fois entre lui et Judy Barnett est mémorable. Face à un Garber fuyant, Patricia Wettig rayonne de fermeté et de charité.

Sloane, toujours aussi paternel envers Sydney, trouble encore plus son image de Big Bad. Ron Rifkin est comme toujours monumental.

La fusion inattendue de cette histoire et celle de Khasinau permet au tourbillon darcs de se simplifier sans perdre son efficacité.

La mission à Vienne marche à l’accumulation si chère au duo Kurtzman-Orci : suspense haletant, arrivée de l’ex de Sydney, découpage de cadavre, bagarre sur une valse viennoise (comme dans LHomme aux deux ombres des Avengers)... Peter Berg est un bon choix pour un Noah Hicks sympathique et mystérieux. On retient aussi la mission où Sydney est enfermée dans une pièce à - 150°C, Noah s’y montre efficace.

Entre deux scènes, Will et Fran, tombent sur un billet compromettant de Sydney. Ca chauffe décidément dans tous les coins ! Finalement, comme sils avaient pitié, les scénaristes octroient à Syd une nuit d’amour avec Noah, bref répit avant qu’elle reparte dans sa spirale infernale. Un épisode dense et rythmé.

Les infos supplémentaires

Fran découvre un billet d’avion pour Rome qui prouve que Sydney a menti et n’était pas à Seatle pour le crédit Dauphine.

La CIA oblige Jack Bristow à consulter un psychiatre.

Premier rapport amoureux de Sydney depuis la mort de Danny Hecht

Pas de cold open, le générique commence l’épisode après l’introduction. Seulement visible dans le pilote et finale de la saison 1.

 

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19. FACE CACHÉE
(SNOWMAN)

 

Scénario : Jesse Alexander et Jeff Pinkner

Réalisation : Barnet Kellman

Résumé

Alors qu’ils font l’amour, Sydney et Noah Hicks manquent être tués par les hommes de Khasinau. Ils rapportent une vidéo montrant la mère de Sydney, Irina Derevko/Laura Bristow. Noah offre à Sydney l’occasion de fuir le SD6 avec elle. Au cours d’une enquête aux quatre coins de la planète, d’Afrique du sud en Australie, Sydney va affronter un adversaire inattendu.

La critique de Patrick Sansano:



« Alias » est un feuilleton, et à ce titre, il est difficile de noter bon ou mauvais les épisodes lorsque l’action est continue, suite de l’épisode d’avant et préquelle du suivant. Ici, les producteurs ont pris un film de mettons 90 minutes, ont coupé dans les bobines ou presque, de façon à rendre l’histoire impossible à déchiffrer pour le téléspectateur, tellement abreuvé d’informations et traversant le globe à toute vitesse qu’il n’a plus le temps de réfléchir. On a l’impression de traverser l’épisode comme une carte postale, sans prendre le temps de respirer. D’ailleurs, les couples dans « Alias » sont nus en train de faire l’amour et la minute (voire 30 secondes) suivante habillés, sur une improbable moto empruntée à James Bond ou à Ethan Hawk/Tom Cruise. On notera les hommages ou les « emprunts » divers, l’exfiltration des amants se passe comme celle de Claudine Auger et Sean Connery dans le final d’Opération tonnerre. La musique a très envie de ressembler à celle du James Bond theme ou de Mission Impossible. Alors, on regarde tout cela ébahi, sans avoir le temps de dire ouf, sans vraiment tout comprendre (dans cet épisode, entre Sydney et Vaughn, le nombre de destinations parcourues atteignent des records).

Dans le monde d’Alias, il faut faire fi de toute vraisemblance. Votre meilleure amie a trouvé un billet d’avion pour Rome quand vous étiez censée être à Seatle, pas d' importance, vous lui fournissez le plus improbable bobard soit des secrets sur une banque qui demande à ses employés de faire des transactions en main propre (c’est trop simple de faire des virements !) et votre meilleure copine vous croit. Ici, l’émotion a du mal à passer tellement elle est coincée entre une cascade improbable à moto, un combat avec des ustensiles de cuisine, nouvel armement de la ménagère espionne de moins de trente ans, et une scène directement pompée sur le « Mission Impossible » de Brian de Palma où suspendue au bout d’un filin, l’héroïne dérobe un secret. Dans le monde d’Alias, l’homme qui a tué votre fiancé vous assure qu’il va vous aider à retrouver votre mère.

Bien sûr, les décors exotiques ne sont que des trompe l’œil, la série sinon aurait coûté une fortune. On est vite dans les intérieurs, aux lumières tamisées, où l’on cause (peu) et l’on se bat (beaucoup). Il ne faut pas chercher ici la moindre trace de crédibilité, mais la mayonnaise prend bien. « Alias » se contente de recycler les sérials du début du XXe siècle façon High tech début du XXIe. On retrouve même la panoplie de gadgets avec ici un bâton de rouge à lèvres. Tout cela va tellement vite que l’on ne sait plus ce qui relève du SD6 ou de la CIA, à vrai dire le téléspectateur s’en fiche. J J Abrams lui donne l’occasion de le scotcher sur son fauteuil pendant 42 minutes. A une époque où notre triste production hexagonale proposait en long (surtout très long), large et verbeux les enquêtes de Navarro, Julie Lescaut et Isabelle la femme d’honneur, Abrams offrait en un Alias un condensé de vingt ou quarante enquêtes.

Si l’on marche, c’est parce que Jennifer Garner passe des larmes à la superwoman plus vite qu’un demi tour de Wonder woman, que Ron Rifkin jongle entre les protecteurs de jeunes filles et les serpents venimeux mortels le temps d’un changement de regard. On nous offre dans une semi-obscurité un homme atrocement défiguré qui donne des informations à Vaughn, mais comme « Alias » passe à une heure de grande écoute, nous ne le verrons pas trop. Quelques personnages passent complètement à la trappe comme Dixon, présent au début de la série, réduit à quelques apparitions ou Flinkman inutile et qui ne fait plus rire personne, à ce titre on se demande bien pourquoi Sloane ne lui dire une balle en plein front pour nuisance à sa réflexion. Certes, il n’y a pas un pouce de crédibilité dans cette bande dessinée mais l’on ne va bouder notre plaisir. Notons d’ailleurs que l’arc « Rambaldi » d’un épisode à l’autre disparaît pour mieux ressurgir, alternant avec la recherche de la mère de Sydney. Il serait bien fastidieux de résumer à un ami qui l’aurait raté l’épisode, tellement de ficelles narratives sont entremêlées. Un coup de théâtre final avouons le bien improbable vient ponctuer l’épisode au lieu d’un cliffhanger. Nous laissons Sydney en larmes, mais gageons que nous n’aurons pas le temps de lui tendre un mouchoir. On suppose que dans la scène qui ouvrira l'épisode suivant, elle se sera consolée, sera tombée d’avion sans parachute ou en train de faire un combat chorégraphié sur le toit d’un train dans lequel une bombe nucléaire va exploser si on ne déconnecte pas les fils.

La critique de Clément Diaz:


Presto con fuoco ! A un tempo de missile atomique, Jesse Alexander et Jeff Pinkner bâtissent un diabolique scénario carburant à l’énergie pure. Les scénaristes se saisissent de toutes les intrigues de la série et les jètent à la tête du spectateur, les coupant, les reprenant, les alternant, le tout dans un mélange explosif. Menaces et rebondissements s’enchaînent avec une vitesse incroyable, pour s’achever dans une terrible révélation finale, une des plus horriblement méchantes de la série.

Noah a détourné de l’argent de la mafia, et veut l’utiliser pour fuir un monde trop chaotique, vers une île déserte avec celle qu’il souhaite pour compagne. Sydney est tiraillée par ce dilemme éternel qui touche tout homme : faut-il batailler dans ce monde alors que le combat est perdu d’avance ? Ou bien passer sa vie loin de la civilisation, au risque d’être « lâche ». Pendant ce temps, Sloane décide d’« interroger », Noah, synonyme dans Alias d’antichambre de la mort. Sale temps… La vidéo de Laura Bristow (Irina Derevko désormais) montre un personnage calculateur et sans pitié, bien joué par Natasha Pavlovich. Par conséquent, Jack se sent humilié et perdu et demande… un rendez-vous avec la psy ! Quel changement !

Alias multiplie les adversaires. Quoi de plus naturel dans un monde tentaculaire où chacun veut sa part du gâteau. Un tueur maniaque « l’iceberg » (le Snowman du titre) sème la désolation partout où il passe. Syd, elle, est occupée à faire de l’acrobatie mortelle, pendant que Noah se pète un bras. Tension maxima ! La frénétique recherche de Colder, objet d’un rebondissement central, n’est interrompue que par un autre moment de tension : Sydney confronté à son billet compromettant. Le seul et unique moment de calme de l’épisode est la scène Sydney-Noah au coucher du soleil. Et encore, on a l’intuition tenace que tout est trop beau pour ne pas finir mal.

La baston cynégétique entre Sydney et l’iceberg est une des meilleures de la série, brillamment filmée par Barnet Kellman, mais le finish foudroiera le spectateur sur place. Cette tragédie finale, très dure, couronne un épisode addictif.

Les infos supplémentaires

Natacha Pavlovich joue ici une Laura Bristow jeune sur des images en noir et blanc atroces à déchiffrer.

Irina mentionne lors de la vidéo la phase 1 pour une espionne du KGB : ressembler à une américaine. Ce principe sera repris avec un résultat massivement surprenant dans l’épisode du même nom Phase Un (saison 2).

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20. MAUVAISE POSTURE
(THE SOLUTION)

 

Scénario : John Eisendrath

Réalisation : Daniel Attias

Résumé

Très malade, Emily Sloane fait des révélations à Sydney qui sont enregistrées, et Arvin devra convaincre l’alliance qu'elle n'est pas un danger pour éviter que l’on tue (prématurément) sa femme. Sydney et Vaughn sont envoyés en Algérie. Will Tippin a identifié le père de Sydney, Jack Bristow, comme l’homme qui l’a menacé pour arrêter son enquête. L’alliance prévient Sloane qu’ils vont exécuter Emily.

La critique de Patrick Sansano:


Les épisodes d’Alias se suivent et ne se ressemblent pas. Celui-là est bavard et manque d’action. Nous assistons à un retour au premier plan du personnage de Will Tippin négligé dans les derniers épisodes. Ce qui passe mal, c’est la transition entre les cascades incroyables et le semblant de réalisme que l’on veut nous imposer à nouveau ici. A force de jongler entre deux registres, « Alias » finit par décevoir. Dans le précédent épisode, nous nagions en pleine jambonderie, ici c’est l’impossible rapprochement voulu avec John Le Carré qui devient un objectif impossible.

A trop vouloir manger à tous les rateliers, « Alias » se fracasse. Notons que pour la première fois, Ron Rifkin joue faux. Lors des scènes avec sa femme mourante, lorsque l’on connait le passé d’Arvin Sloane, il est peu crédible. Jennifer Garner en burka est un crime contre la sensualité. On la préfère déshabillée. Le combat à coup de haches avec l’interlocuteur de Sydney, Mr Sark, bien trop jeunôt, est le combat de trop. Le script multiplie les invraisemblances : pourquoi Sydney dit elle à Francie qu’elle a fait l’amour avec Noah ? Rien ne l’y oblige. La rencontre Will Tippin/Jack Bristow frôle le ridicule. Bristow se confiant à un journaliste, voilà qui est très peu professionnel. On a le sentiment que les scénaristes ont oublié en cours de route que « Alias » est un feuilleton et ne soucient plus de cohérence. Comment Tippin peut-il croire comme un niais que Sydney n’a rien à voir avec les services secrets ? A force de faire avaler des couleuvres aux téléspectateurs (le combat à la hache avec Sark et la victoire impossible de Sydney), celui-ci comprend qu’il a été dupe.

On passe donc à une fin de saison en dents de scie (un épisode avec quatre melons suivi d’un ratage). L’alternance Rambaldi/Laura Bristow finit par ne plus être un fil conducteur intéressant et suffisant pour maintenir l'intérêt. Le pire ici, c’est que les deux seuls bons acteurs de la série, Jennifer Garner et Ron Rifkin, contraints à jouer un scénario incohérent, perdent leur efficacité sur le téléspectateur. Emily, rongée par le cancer, n’est plus un danger, sauf pour l’Alliance. Comme l’épisode est chiche en cascades, que la plastique de l’héroïne loin d’être mise en lumière est cachée derrière une burka, on mettra un zéro pointé aux scénaristes. Le plus gros reproche que l'on peut faire à cet opus est de rendre inintéressante la captivante enquête de Tippin sur la mort de Danny.

Ce fil rouge devient définitivement avarié. Quant à l'émotion, elle avoisine le niveau zéro, mais peut-on passer d'une atsmosphère bande dessinée/Lara Croft à l'espionnage réaliste sans la perdre en route, ainsi que le téléspectateur ? Et puis disons le franchement : on a le sentiment que cet épisode a été conçu sans tenir compte du précédent, où sont les larmes de Sydney pour Noah, son amant et assassin potentiel qu'elle a tué ?

La critique de Clément Diaz:



Le finale de la saison approchant à grands pas, les scénaristes doivent certainement se doper à la coke, parce que les scripts ne cessent d’aller crescendo dans l’intensité, la vitesse, le suspense, et l’action. Le cocktail déjà détonnant d’Alias devient de plus en plus frénétique. John Eisendrath fait monter la sauce en abattant toutes les cartes maîtresses de la série : Emily en danger fatal, cache-cache mortel avec Khasinau, soudain retour de l’enquête de Will, et une terrible collusion entre la CIA et le SD-6 débouchant sur un cliffhanger fulgurant, un des plus stressants qu’on puisse imaginer.

Sydney, grâce à une Francie pour la première fois bonne à quelque chose, échafaude un plan en trois étapes pour faire sortir Khasinau de sa tanière ; sujet principal de ce brillant scénario. Cela nous vaut une nouvelle superbe mission où Sydney dégaine toute sa panoplie pour piéger tout un système de sécurité.

On apprécie aussi les confrontations Will-Jack, toujours électriques. Voir Will toucher la Vérité du doigt fait vibrer le générateur d’intensité de la série. Dans la lignée de The Box, Sydney s’effraie d’être une nouvelle McKenas Cole à force d’être toujours motivée par une vengeance destructrice, c’est touchant.

Emily sait que son mari est du SD-6 et le dit… dans une pièce truffée de caméras ! Du coup, Emily doit subir le même sort que Danny Hecht selon la loi de l’Alliance ! Voir Sloane en danger de subir la même épreuve que Sydney dans le pilote ne manque pas d’ironie. On tremble pour l’innocente Emily et donc par ricochet pour le méchant Sloane, ce qui est un maître coup de la part du scénariste. Amy Irving et Ron Rifkin sont excellents en couple soudé qui souffre de ne s’être jamais dit la vérité.

Le final est dantesque avec le retour gagnant de ce fieffé gredin de Julian Sark, porté par un David Anders toujours aussi ardent et flegmatique. Le combat au Latajang est un concentré d’action étourdissant. Marshall rejoue une fois de plus les involontaires empêcheurs de danser en rond : grain de sable terrible enrayant le beau mécanisme imaginé par Sydney. Le marché entre la CIA et Khasinau est royalement perturbé par l’irruption dans la fête de Dixon, ce qui cause un cliffhanger infernal. Ca va péter !

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Les membres de l’Alliance doivent tout sacrifier (conjointe, amis) pour le « bien commun ». C’est ce qui est annoncé ici à Arvin Sloane.

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21. RENDEZ-VOUS
(RENDEZVOUS)

 

Scénario : Erica Messer et Debra J. Fisher

Réalisation : Ken Olin

Résumé

L’Alliance confirme à Sloane que Poole a trahi au profit de Khasinau. Le SD6 s’est emparé de Sark. Sloane doit trouver Kasinauh. Will Tippins fait une alliance avec le père de Sydney pour trouver l’informateur du SD6 sur le meurtre de Danny.

La critique de Patrick Sansano:




Il n’y a que dans « Alias » où vous vous battez à mort avec votre collègue pour le retrouver ensuite et lui parler de vos vacances à Palm Springs, sachant que vous vous êtes affrontés (Sydney avec Dixon) cachés. Les scénaristes composent ici avec un non-retour de Roger Moore dans le rôle de Poole. David Anders en Sark est un méchant improbable, il ressemble à…Bénabar. Anders n’a pas du tout la gueule de l’emploi. Alors que Khasinau/Derrick O’Connor oui. D’où une association improbable entre les deux hommes. Ensuite que Will Tippin se retrouve de Los Angeles à Paris continue à enfoncer la série dans un manque total de cohérence.

Comme le père de Don Diego découvrant que son fils est Zorro, Tippin sait désormais à quoi s’en tenir à propos de Sydney. Mais c’est mal joué, invraisemblable et bâclé. C’est l’épisode où tous les masques tombent : Dixon avec la blessure au bras de Sydney comprend qui elle est en réalité. Le millesime 1982 Bordeaux demandé à Sark (on traite bien les prisonniers dans « Alias » !) contient un liquide émetteur , on se demandait aussi depuis quand un otage pouvait formuler d’aussi importantes exigences alors qu’il n’est pas en poistion de force .

Sloane exprimant des regrets au sujet de l’assassinat de Danny Hecht est aussi convaincant que Jack l’éventreur qui demanderait pardon. J J Abrams est train de tuer sa poule aux œufs d’or. A noter qu’à la 39e minute, le metteur en scène Ken Olin n’est pas malin. Il fait passer sa main dans les cheveux à Jennifer Garner pour que son oreille ressorte, seul défaut de cette actrice sexy. La confrontation Sydney/Will Tippin est téléphonée et ratée, après vingt épisodes où l’héroïne a joué les fantômettes. C’est aussi la première fois qu’un cancer en rémission devient une mauvaise nouvelle dans une série. Cache ta joie, Sloane !

On reste sur un cliffhanger, mais à force de jouer avec le feu, « Alias » déraille et laisse le téléspectateur dépité. C’est gênant, quand on arrive au dernier épisode de la première saison. On connaît des séries qui ont été annulées pour moins que cela.

La critique de Clément Diaz:




Avec une précision parfaite, Rendezvous emboîte les lignes directrices en cours dans une remarquable fusion. En point d’orgue, la séquence-clé de Will apprenant enfin la Vérité sur Sydney et le SD-6. Dans cet épisode, on perd en vitesse ce qu’on gagne en suspense. Quel spectacle de voir nos personnages se prendre les pieds dans les fils de leurs destins, jusqu’à un cliffhanger d’une violente brutalité !

Passé un prélude plein d’action, on continue sur la lancée : Will brûle ses vaisseaux et joue à quitte au double ; on a peur pour lui, Sark nous régale d’une composition savoureusement ambiguë, entre veulerie, cynisme, et double jeu. Sa confrontation avec Sloane est de haut vol, et n’est pas dépourvue de noblesse. David Anders et Ron Rifkin jouent brillamment les gentlemen bluffeurs. Reste à savoir qui est le meilleur.

Caprice des Parques, les fils du Destin se rejoignent tous dans un cabaret parisien. Dans son numéro de pépée fardée de partout (le déguisement le plus clinquant de la série !), Garner nous offre un très beau numéro musical. La collision avec Will est d’un effet titanesque : les deux vies de Sydney se télescopent de plein fouet. A peine le choc passé que nous apprenons l’identité de l’informateur de Will, un véritable coup de massue machiavélique ! Dans un déchaînement de bruits et de fureur, la destruction du cabaret semble coïncider avec celle de la double vie de Sydney.

Un suspense vertigineux prend le relais de l’adrénaline. En plus de la ruse de Sloane, c’est précisément au moment où notre héroïne a une overdose d’emmerdes, que Dixon commence à se souvenir de sa gaffe en Argentine (épisode Mea Culpa). Pas de chance… Sloane éprouve des remords tardifs sur Danny. Le pauvre, on a envie de le plaindre quand la bonne nouvelle du médecin devient par un sommet d’ironie la pire possible. Le public, submergé par ce flot de rebondissements, en redemande tant la maxime Hitchcockienne est exacte : il aime être manipulé, secoué, agressé.

Le pardon de Will envers Sydney est très touchant, mais ce calme instable est vite contredit par un cliffhanger sauvage flanqué à la gueule du spectateur ! Tout le monde est chauffé à blanc dans cette histoire, c’est le moment de conclure la saison !

Les infos supplémentaires

La série est « datée » par le téléphone portable première génération 2002 de Dixon.

Sydney se transforme ici en chanteuse. Kylie Minogue et Madonna n’ont rien à craindre.

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22. DANGER IMMÉDIAT
(ALMOST THIRTY YEARS)

 

Scénario : J.J.Abrams

Réalisation : J.J.Abrams

Résumé

Will Tippin est prisonnier de Sark qui menace de l’exécuter si ne lui sont pas remis la fiole de Rambaldi et la page blanche du livre qui sera déchiffrable avec la fiole. Sydney décide de trahir pour sauver son ami. Le dentiste veut faire parler Tippin. Sloane propose que sa femme fasse partie du SD6. Dixon découvre que Sydney ne travaille pas pour Sloane. Devlin déclare à Jack qu’une taupe se cache au sein de la CIA. Une course contre la montre est commencée pour sauver Tippin mais Sydney et Vaughn tombent dans un piège. Sydney découvre enfin qui est « Le monsieur ».

La critique de Patrick Sansano:


« Lettre ouverte à J J Abrams »

Mon cher monsieur, la plupart des gens qui ont vu votre première saison passent vite à la seconde, mais moi qui ait du temps libre, avant de chroniquer l’épisode final, j’ai revisionné les 21 premiers épisodes, et je ne suis pas content du tout.

On torture beaucoup dans cet épisode, mais ce sont les scénaristes que l’on a envie d’écorcher vifs. Ils sont tombés dans le piège qui a plombé la série « Le Caméléon ». Lancer plus de questions qu’apporter des réponses. Le retour du « dentiste », un des plus féroces tortionnaires vus dans toutes les séries confondues, semble clore un cycle, puisque du pilote, il revient dans le dernier épisode. L’identité de la taupe que Jack expédie ad-patres est téléphonée, même le moins attentif des téléspectateurs aura deviné son identité. Tout comme celle du « Monsieur », c’était évident.

J’avoue que si j’étais le patron de la chaîne ABC, j’aurais annulé la série à la fin de ce consternant final, d’autres et bien meilleures l’ont été en fin de saison 1 (« Drôle de chance », « Tru Calling », « Profit ») dont jamais « Alias » n’a atteint le niveau. La série se termine sur un cliffhanger où beaucoup de personnages sont dans des situations incertaines voire désespérées. Mais dans le monde d’Alias, tout est possible, celui que l’on croit noyé par les eaux a pu se transformer en poisson (on va bien nous apprendre en saison 2 qu’il est le fils de l’homme de l’Atlandide pour le maintenir au générique ?), la personne à qui l’on a fait boire le bouillon d’onze heures va-t-elle réchapper ?

En coulisses, les contrats se négocient avec les acteurs qui selon leurs exigences financières verront leurs personnages mourir ou survivre. Après avoir été d’un bon niveau pendant la saison, la fin de celle-ci est consternante. Crime suprême, lorsque Jennifer Garner porte un T shirt noir transparent, on la filme dans l’ombre ou en train de se battre alors que cela relèverait au moins le niveau de testostérone des téléspectateurs mâles. Autant voir un film de Clara Morgane, on en aura pour son argent. Parce que pour sauver la série du naufrage (si j’ose dire vu les flots dans le laboratoire de Khasinau), il en faudrait plus. La série commence comme « Nous ne sommes pas seuls », le pilote de X Files, et se termine (en une saison) dans un fatras d’intrigues assommantes comme X Files des saisons 7 à 9. Cherchez l’erreur !

Sommés de jouer leurs personnages aux limites d’un crédible depuis longtemps dépassé, les comédiens perdent pied et tombent dans la caricature. Monsieur Abrams, vous anticipez ici les futures élucubrations de « Lost ». Trop, c’est trop, et quand la coupe est pleine, le TGV déraille. Le téléspectateur est contraint ici de boire le calice jusqu’à la lie, entre des scènes répugnantes (Tippin et le dentiste, Sydney en pareille posture dans le pilote savait ce qui l’attendait) et les faux coups de théâtre qui s’avèrent des pétards mouillés. Le fil rouge de l’enquête du journaliste sur la mort de Danny est définitivement détruit, et c’était l’un des éléments les plus passionnants de la série.

Les producteurs au lieu de garder une certaine sobriété veulent épater toujours plus le public qui commence à saturer. En cette fin de saison 1, on ne donne pas cher d’Alias. La série est très loin d’obtenir le charisme de « X Files » ou « Buffy contre les vampires » au même stade. La partie fantastique (Rambaldi) a été mal maîtrisée, l’aspect fantômette je sauve le monde la nuit, je suis une sage étudiante le jour oubliée en route. Monsieur Abrams vous avez misé sur la mémoire courte du spectateur. Des pans entiers de l’histoire sont oubliés. Que devient par exemple Mc Neal et son avocat Stoller, que Tippin voulait faire sortir de prison ? Et Anna Espinosa, elle a pris sa retraite ? La belle Jenny finit-elle de nous éblouir en ayant largué Tippin hors de sa voiture en banlieue ? Vaughn ne parle plus de venger son père, il est vrai qu’il a d’autres soucis ici. Quant à notre « veuve » héroïne qui était sur le point de se marier et dont la motivation était de se venger de Sloane, elle couche avec le premier ex venu – un traître en plus – et elle a déjà oublié son début de romance avec Vaughn, elle s’apitoie sur le sort de la femme cancéreuse de l’assassin de son fiancé, elle a oublié sa vengeance en cours de route . Je continue : Edward Poole ne sera pas puni de sa trahison dans « La prophétie » (faut dire que Roger Moore a une pension alimentaire à payer à son ex Luisa et voudrait plus d’argent pour continuer), le meurtre d’Eloïse Kurtz/Kate Jones restera impuni. On n’est plus à cela près.

Dans un feuilleton digne de ce nom, on ne perd pas la moitié des intrigues en cours de route.

Monsieur Abrams, vous en rajoutez dans l’invraisemblable avec cette fin pour nous livrer une saison 2 qui sera de toute façon condamnée à une surenchère qui a ses limites.

Cher producteur, votre série revue du pilote à la l’épilogue de la saison 1, me permet de vous dire que vous n’avez pas inventé l’eau chaude. Ce n’est pas vous qui comme Leonard Freeman aurait conçu les aventures de l’équipe de Steve Mc Garrett, pas plus que vous n’êtes Roy Huggins dont « Le fugitif » que vous copiez quand même par la structure narrative volait nettement plus haut, en matière d’espionnage les Broccoli pourraient vous attaquer en plagiat pour un nombre incroyables d’emprunts à 007. Mais le pire, c’est que vous nous avez attendri, avec cette pauvre Sydney qui bien souvent nous émouvait aux larmes (chose que Clara Morgane ne fera pas), mais qu’à force de prendre les téléspectateurs pour des amnésiques, de tout recommencer à zéro à chaque épisode, on craint fort que cela ne soit plus le cas.

On va quand même regarder vos saisons suivantes, histoire de voir si vous allez redresser la barre.
Recevez, cher Monsieur Abrams, l’assurance de mes salutations distinguées

La critique de Clément Diaz:

En dépit de sa qualité, le finale de la saison 1, écrit et réalisé par le créateur de la série, laisse une impression d’imperfection. Les autres intrigues ayant connu une fin provisoire dans Rendezvous, il n’en reste qu’une seule : l’échange entre Will et les artefacts de Rambaldi. Or, le tempo rapide d’Alias repose sur la superposition d’intrigues. Conséquence : le finale se déroule à une allure absurdement tranquille.

A son crédit, on notera la fastueuse réalisation d’Abrams, et surtout les six dernières minutes, qui mènent à une révélation qui éclate comme une bombe. Avec cet insoutenable cliffhanger, on comprend qu’ABC ait commandé une deuxième saison !

Retour en force du dentiste le plus sadique des séries télé. L’effrayant Dr.Zhang Lee, incarné avec une totale conviction par Ric Young, qu « s’occupe » de notre infortuné Will. Déduction : dès le pilote, Sydney n’a jamais cessé de lutter contre Khasinau, ce qui est une élégante manière de boucler la boucle. Ses scènes sont de loin les plus fortes de l’épisode avec un Will bientôt tout sanguinolent. Bradley Cooper est totalement possédé par son rôle, rendant crédible son coup d’éclat final plein de terreur et fureur… Lors de la scène d’échange, le flegme total de David Anders répond efficacement à l’humour noir du personnage de Victor Garber.

Jack et Sydney jouent un culotté coup de poker. Autant le script a du mal à avancer, autant côté scènes de bravoure et numéros de comédien, c’est fromage et dessert ! On retient la puissante scène de l’exécution de la taupe de Khasinau par un Jack totalement envahi par la haine, Jack accordant enfin son respect à Vaughn, la confrontation Sydney-Dixon (grandiose Carl Lumbly), qui s’achève en suspens. Dommage que Vaughn soit réduit à jouer le rôle de remplissage bavard.

La fin d’Emily, mise en scène comme un opéra, est pleine d’une sombre beauté. La voir pardonner à Sloane au moment de prendre le verre fatal rend l’arrachement encore plus douloureux. La scène est superbe d’émotion et de douleur, portées par les compositions à fleur de peau d’Amy Irving et Ron Rifkin.

La scène finale renoue avec la testostérone avec une Jennifer Garner se lâchant totalement dans les combats. En seulement cinq minutes, la machine à électrochocs de J.J.Abrams secoue le spectateur à trois reprises : la vision de la « Circonférence », la tragique fuite en avant, et le cliffhanger époustouflant. Si vous n’êtes pas paralysé durant le générique de fin ; pincez-vous, vous êtes probablement déjà mort.

Un finale au rythme trop lâche, mais aux scènes de bravoure étincelantes. La saison 1 (la meilleure) est terminée, rendez-vous à la saison suivante. To be continued !

Les infos supplémentaires

Aka. 57 minutes.

Retour du dentiste Zhang Lee (incarné par Rick Young).

June Litvack (la supérieure de Will) demande qu’on appelle « Orci au graphisme ». Peut-être un clin d’œil au scénariste Roberto Orci.

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Images capturées par Patrick Sansano.

 

Toucher le fond… (Broken - Part 1)

 saison 1 saison 3

Alias

Saison 2


1. ENNEMIE INTIME
(THE ENEMY WALKS IN)



Scénario : J.J.Abrams

Réalisation : Ken Olin

Résumé

« Le Monsieur » n’est autre Laura Bristow, qui tire sur sa fille immobilisée sur une chaise la blessant à l’épaule. L’article de Tippin a été publié. Sydney raconte tout à la pyschiatre de la CIA. A Cap Ferrat, en France, Sydney est envoyée en mission, tandis que l’agent Vaughn, porté disparu, réapparaît… sur une table d’autopsie, mais vivant.

La critique de Patrick Sansano


Est-ce l’enterrement de la femme de Sloane (où Sydney qui jadis nous émouvait tant nous laisse froid comme le marbre) ou l’enterrement de la série « Alias » ? J’ai peur de connaître la réponse. Le pilote n’est rien moins qu’un épisode clip transformé. Tous les faits relatés ici le sont par Sydney à sa psychiatre.

Les américains n’aiment pas les russes ni les communistes, et encore moins le KGB, mais était-ce une raison pour nous proposer une actrice aussi moche que Lena Holin, le cou rempli de rides, qui avec la laideur du comédien Victor Garber nous fait nous poser une question : Sydney n’est-elle pas adoptée ? Car franchement, que Jennifer Garner soit jolie avec comme parents des gens aussi laids, cela relève de la science-fiction. « Alias » perd là une belle occasion de nous présenter une espionne à la Daniela Bianchi (voire Barbara Bach). Susan Sarandon ou Lesley Ann Warren auraient été, parmi tant d’autres, des choix tellement plus appropriés que Lena Holin. Cette dernière n’est pas responsable de son physique, mais Abrams des actrices qu’il engage.

Tout d’abord, les conditions dans lesquelles a survécu Vaughn sont totalement improbables, et l’on gardera un voile pudique sur le nom du scénariste pour nous pondre une explication aussi idiote. Mais ce n’est pas tout : on fait de Will Tippin un accro à l’héroïne qui a inventé son article et Sloane le laisse en paix. Ben voyons.

Faisant fi de toute vraisemblance, « Alias » (que l’on va peut être appeler bientôt « Titanic ») nous inflige une scène d’une rare bêtise (ou alors c’est encore de l’anticommunisme primaire purement yankee) : La mère n’a pas vu sa fille depuis trente ans et pour les retrouvailles lui tire une balle dans l’épaule. Sydney Bristow ou « vive les orphelins la saga ».

Tout est mauvais ici, et même Jennifer Garner a perdu son charisme. Toute une série ne peut pas reposer sur les épaules d’une comédienne aussi jeune (à moins d’être Buffy contre les vampires ce qui n’est pas le cas). Mais la surprise de son jeu est éventée, avec ses déguisements en femme du monde à chaque mission, Sydney étudiante/Sydney femme fatale/Sydney Lara Croft championne de combat, et on a l'impression que Jennifer (peut être mal payée) se contente de nous offrir le minimum syndical.

Les agents doubles, triples, l’adjoint Khasinau que Mama Bristow déssoude froidement (on se demande pourquoi), constituent une intrigue décousue au possible.

Quant à Ron Rifkin, il semble avoir perdu le « mordant » de son personnage de s alaud intégral. Même Tippin fait remarquer à Sydney : « Tu ne vas aller faire l’éloge de la femme de ce monstre ». De fait, il ressemble plus à un homme d’affaires qu’au chef du SD6. Il a baissé, ne faisant même plus éliminer les témoins gênants. Pauvre Danny Hecht, arrivé une saison plus tard, il serait sauf comme Tippin.

On voit très mal comment « Alias » a pu durer cinq saisons avec une fin de première gâchée et un début de deuxième aussi nul.

La critique de Clément Diaz


A coup d’adrénaline, d’intrigues enchevêtrées, de scènes d’action trépidantes, de missions rythmées, de touches de Fantastique, de mystères infinis, et de révélations choc,
Alias avait laissé le spectateur dans un état second à la fin de la saison 1. La question qui se pose maintenant est : est-ce qu’Alias va pouvoir tenir un tel régime pour sa deuxième saison ? La réponse est un « oui mais ». En effet, J.J.Abrams a placé la barre trop haut pour la première saison. La saison 2 va connaître une descente de régime flagrante dans son premier tiers, avant de redécoller soudainement, et de retrouver le tonus irrépressible de la première saison.

Cette baisse est fortement marquée pour l’épisode d’entrée de cette saison. Les explosions des derniers épisodes de la saison 1 ont laissé nos héros plus ou moins sur le carreau. Ils doivent donc prendre le temps de se relever et se rejeter dans la bataille. Mais J.J.Abrams perd 30 minutes à rassembler les ruines, 30 minutes où il ne se passe rien, sauf des récits en flash-back. Il semble même perdre la main pour les missions, celle du jour étant furieusement bâclée, bourrée de grosses ficelles.

Pourtant, l’épisode évite le naufrage par l’entrée en scène du personnage principal de cette saison : Mme Irina Derevko. Pour incarner cette impératrice du double jeu (voire septuple jeu), il fallait trouver une actrice expressive, intense, mais tout en introversion, qui sache passer sans cesse d’un sentiment à son contraire. Une exigence inouïe, mais Abrams a la main heureuse en s’adressant à une actrice d’art et d’essai, au métier solide et sans faiblesse, égérie du grand Ingmar Bergman. J’ai nommé, Mme Lena Olin ! Cette brillante comédienne, toujours aussi belle à près de cinquante ans, trouve immédiatement le ton juste pour incarner une femme qui respire le secret et l’ambiguité à chaque seconde. Elle est le prix de cet épisode.

C’est ainsi que lors de son premier face-à-face avec Sydney, môman n’hésite pas à lui expédier une balle dans l’épaule. Il y’a quelque chose de pourri au royaume des Bristow… mais ensuite, le récit, haché par les flash-back, s’enlise dans une psychologie de bas étage : Sydney se divise entre inquiétude pour Vaughn, abattement dû au chaleureux accueil de sa mère, et culpabilité envers Will. Jack reste stoïque quand il apprend le retour d’Irina, Dixon est triste de ne plus pouvoir faire confiance à Syd, Will avale le calice de la honte s’il veut continuer à vivre, Fran et Sloane sont transparents. Bref, il ne se passe rien. Même la mission intercalée entre deux séquences bavardes est une bérézina pour Abrams qui semble l’avoir écrite en dix secondes sans se relire : espionnage sans danger, coïncidence un peu trop forcée de la réapparition de Vaughn, Khasinau qui assomme Sydney, puis qui la laisse tranquillement s’en aller… une accumulation de ratages qui inquiète. On retient juste Patricia Wettig, toujours convaincante dans son rôle de psy.

Le créateur ne se réveille que tardivement avec la mission de Barcelone ; à la clé, un splendide duel Sydney-Khasinau, et le spectaculaire retour d’Irina, aussi convaincante en excitée de la gâchette qu’en sphinx méphistophélique. Elle commence déjà à faire du double jeu avec une théâtrale exécution sommaire. Lena Olin a une prestance subjuguante. La scène de l’enterrement bénéficie du vibrant éloge funèbre de Sydney. Le rebondissement final prend totalement à revers le fan, qui va essayer alors de décrypter les pensées d’Irina. Inutile de préciser que c’est perdu d’avance... 

Les infos supplémentaires

Lena Holin (1955) – en 2002 elle faisait plus vieille, est une actrice suédoise qui a été notamment dirigée par Ingmar Bergman.

L’épisode commence par un générique « à froid ». Lena Olin (Irina Derevko) est désormais créditée au générique. David Anders (Julian Sark) aussi, bien qu’il ne soit pas présent dans cet épisode !

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2. CONFIANCE AVEUGLE
(TRUST ME)

 

Scénario : John Eisendrath

Réalisation : Craig Zisk

Résumé

Au terme d’une cérémonie d’initiation plutôt surprenante, Arvin Sloane devient membre de l’Alliance. Laura Bristow s’est rendue à la CIA pour coopérer. Le SD6 recherche un CD Rom que Laura utilisait pour ses chantages et envoie Sydney en mission à Rabbat.

La critique de Patrick Sansano


Vous souvenez-vous du traumatisant « Le seigneur des agneaux » dont Jodie Foster n’a pas voulu tourner la suite ? Hannibal Lecter y était emprisonné comme ici la mère de Sydney. Au final de dédales de couloirs et de grilles, de systèmes de sécurité renforcée, on découvrait l’un des plus abominables méchants de l’histoire du cinéma joué par l’excellent Anthony Hopkins. Maintenant, pour comprendre à quel point J J Abrams a sabordé « Alias », vous revivez la même scène et au bout du voyage, derrière le masque qui enserre les mâchoires du monstre, vous trouvez… Christian Clavier !

Voilà l’ampleur des dégâts avec l’exécrable Lena Holin, bonne sans doute pour un film de Bergman, mais totalement hors sujet. Quelle idée stupide d’aller engager une comédienne à sa place dans « L’insoutenable légèreté de l’être ». Sans doute la volonté de « faire original » en employant une actrice de film d’auteur dans une série américaine d’entertainment.

Roy Huggins avait présenté le manchot du « Fugitif » comme « l’homme que vous aimerez haïr ». Ici, Lena Holin est « la femme que vous aimerez voir déguerpir ».

Dommage collatéral : Jennifer Garner. Ses larmes après avoir vu sa « mère » ne sont pas crédibles une seconde. Comme la mission à Rabbat est du réchauffé (on se croirait carrément dans un épisode de « Mission Impossible » au point que l’on s’attend à ce que Sydney appelle Dixon Barney, il ne reste pour sauver les meubles que Ron Rifkin.

Le talent de cet acteur fait éclater au grand jour la médiocrité ambiante. Il retrouve ici en partie son côté « Hannibal » lorsqu’il tire dans la jambe de Peter Fordson, l’homme qu’il fait chanter, à Helsinki. Soyons juste, on remercie Terry O’Quinn de nous montrer que la CIA n’a rien à envier au KGB question états d’âme.

En dehors de ces deux comédiens, c’est le néant absolu. La série tourne à vide. Même Will Tippin devient inintéressant, réduit à la portion congrue. Vaughn/Michael Vartan est toujours aussi insignifiant.

Abrams est le vrai evil mastermind de la série. Il est en train de mépriser le téléspectateur et de tuer dans l’œuf sa série. Dans le pilote de la saison 1, il y avait un canevas mélangeant les séries/feuilleton comme « Le fugitif », « L’incroyable Hulk », « L’immortel », « Les envahisseurs », mêlé à de l’espionnage improbable façon 007. La mort de Danny, l’enquête de Tippin, autant d’éléments narratifs sacrifiés par Abrams au profit du néant artistique.

L’aspect feuilleton cède un peu la place à la série aux épisodes indépendants, pouvant être vus par le téléspectateur occasionnel. Mais par rapport à une série d’action, ce dernier est floué. Il reste trop d’éléments nécessitant d’avoir vu la série pour prendre celle-ci en route. La suite de sa carrière avec « Lost » prouvera que Abrams est le spécialiste de la série de néant sidéral, nouveau genre inventé en ce début de XXIe siècle, et dont il n’a pas à être fier.

La critique de Clément Diaz


Le scénario de John Eisendrath semble très fatigué : missions sans énergie, et tunnel de dialogues statiques. Les scènes sensées être les plus percutantes sont écrites sans grande inspiration. Garner et Vartan déçoivent et sont bien trop présents.

Heureusement, l’épisode compte deux gros atouts : Lena Olin, qui campe avec génie l’impénétrable Irina, et le retour brillant de Terry O’Quinn, belle épine dans le pied de nos héros. La conjonction de ces deux talents donne quelques scènes savoureuses.

Dois-je faire confiance à ma mère, qui ment, trahit, tue comme elle respire ? C’est la question que se pose Sydney tout au long de l’épisode. On est admiratif du culot énorme d’Irina, qui ordonne de ne parler qu’avec sa fille. Même en mauvaise position, Irina pose quand même ses conditions… et y réussit !

Les scènes les plus intéressantes de l’épisode sont bien sûr les siennes. Il y’a d’abord la scène où elle prend un plaisir pervers à tourmenter Vaughn dont elle a tué le père : chacun de ses regards, condescendant et amusé, est un poignard.

Sydney subit pareillement ses ondes maléfiques, lors d’une scène aussi économe en dialogues que puissante en intensité ; le trait final est si pointu que Sydney fond en larmes. Entre quatre murs, Irina mène déjà la danse, ce qui donne une idée de ce qu’elle peut faire à l’air libre. Sydney semble la remettre en place dans la coda, mais le plan final fait froid dans le dos : Irina ne va pas se laisser faire ! Lena Olin maîtrise parfaitement le body language : sans paroles, elle fiche un malaise massif !

Le reste s’enchaîne en mode automatique : états d’âme lourdingues de Sydney, missions molles, bavardages interminables. Les scènes de l’alarme et de l’intronisation de Sloane dans l’Alliance manquent singulièrement de force. Terry O’Quinn reprend son rôle de pain in the ass : intransigeance, ordres indiscutables, froideur... Mais cela ne suffit guère à animer un script fade à zapper sans regrets.

Les infos supplémentaires

En VF, depuis le pilote de la saison 2, c’est un narrateur anonyme et non plus Sydney qui raconte en voix of ce qui s’est déroulé depuis la mort de Danny Hecht.

Retour de Terry O’Quinn dans le rôle de Kendall.

Fran face à Jack : « si je tenais celui qui a vendu de l’héroïne à Will, je l’étranglerai ».

Sydney : « Je suis contre la peine de mort, mais dans le cas de ma mère, oui ».

Laura à Vaughn « Vous lui ressemblez tellement » (allusion à son père qu’elle a assassiné).

Génériques dans une autre tonalité.

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3. CODE SECRET
(CIPHER)

Scénario : Alex Kurtzman-Counter et Roberto Orci

Réalisation : Daniel Attias

Résumé

Sydney rencontre à nouveau sa mère Irina/Laura qui lui parle d’une boîte à musique construite par Rambaldi que Sark recherche. La caméra récupérée en Finlande n’est qu’un prototype, il faut récupérer l’original. Sous hypnose, Will Tippin est interrogé par Vaughn. Sydney et Dixon partent en mission en Sibérie chercher la boîte de Rambaldi.

La critique de Patrick Sansano


Après avoir longtemps copié James Bond, « Alias » ici s’inspire des comics « Batman » et « Superman ». La scène où Sydney à bord d’une luge gadget se faufile sous une fusée sur le point de décoller relève plus de Clark Kent ou de Bruce Wayne que d’un agent secret. On doit donc conjuguer l’invraisemblable et le réalisme. Mais à force de faire le grand écart, « Alias » perd toute crédibilité. Les scènes « familiales » entre Irina et sa fille, puis son mari ne parviennent jamais à nous émouvoir. Même le personnage de Sloane est mis à mal avec son chagrin de veuf. Parmi les situations les plus incongrues, le recrutement de Tippin au FBI, lequel Tippin est désormais affranchi de la vérité sur la double vie de Sydney. Mais aussi le grand cas qui est fait d’une espionne russe dont on se demande bien pourquoi les hommes de Langley ne l’envoient pas directement à la chambre à gaz.

Les comédiens n’ont plus que des rôles de pantins à défendre : Jennifer Garner semble évoluer dans « Smallville », Ron Rifkin peine à présent à trouver ses marques devant le script gruyère qu’on lui propose. Lena Olin n’est pas une méchante à la hauteur et ses tentatives de montrer sa fibre maternelle sont aussi vaines que les grandes déclarations de Victor Garber. Que reste-t-il comme attrait pour le téléspectateur lambda ? Des scènes d’action improbables, des cliffhanger dont on sait que l’héroïne réchappera (sinon il n’y aurait plus d’Alias). La double vie de Sydney était l’atout de cette série mais dans la mesure où tout le monde devient agent secret, y compris Tippin, on se retrouve devant une consternante série pour ados pas exigeants.

Le téléspectateur a le sentiment d’avoir été pris pour un gogo. Que reste-t-il des promesses du pilote de la saison 1 ? L’humanité de Sydney est mise à mal, avec le générique de la VF où elle ne parle plus, il n’est quasiment plus question d’ailleurs de sa vengeance du fiancé Danny Hecht contre le SD6. La série continue de tourner à vide, sans scénario convaincant, sans un arc solide qui permettrait de donner quelque émotion et crédibilité à l’ensemble. « Alias » est devenu une bande dessinée sans âme, et l’on s’interroge sur la façon dont producteurs et scénaristes peuvent sauver l’entreprise du naufrage total.

La seule personne dupe des aventures de Sydney reste Fran, personnage secondaire aussi inexistante que Dixon et Flinkman. Ressusciter la mère n’aura pas été une bonne idée.

La critique de Clément Diaz

L’outrance, l’exagération, la fantasmagorie, sont les composantes essentielles d’Alias. Le duo Kurtzman-Orci aimant inventer des histoires délirantes est donc particulièrement soluble dans cet univers. Cipher en est une théâtrale démonstration. Toutefois, il met du temps à décoller, et est entâché par quelques scènes maladroites.

La partie d’échecs Irina vs. Sydney et Jack tient ses promesses. A Sydney, elle dit des remarques très maternelles, puis évoque franchement la balle qu’elle lui a tiré. A Jack, elle évoque leur vie maritale à laquelle elle prétend avoir pris goût. Le pire est qu’il ne s’agit peut-être même pas d’un mensonge. Les Bristow - surtout Syd qui s’accroche à l’infime espoir que sa mère ait changé - et le spectateur sont incapables de savoir ce qui est vrai grâce au jeu magistral de Lena Olin. Les auteurs développent en plus un nouveau mystère, concernant l’enfance de Sydney. Quelle ambiance !

L’épisode avance à un rythme assez lent, et parfois frise le ridicule comme avec la discussion Vaughn-Will, pas crédible psychologiquement. La séance d’hypnose est tellement tirée par les cheveux que le voyant « facilité scénaristique » clignote avec véhémence ; malgré le talent de Bradley Cooper. Le sans-cœur Sloane se laisse aller à des élégies mélancoliques sur son veuvage. Emily était le reflet de ce qu’il y avait de meilleur en lui, son amour pour elle était sincère. Et voilà que surgit un nouveau mystère : et si sa femme avait survécu au poison ? Car de curieux événements ont lieu ! On frissonne, affaire à suivre… Rifkin est comme toujours divin.

Au niveau délire, on a rarement fait mieux avec Sydney en combinaison de super-héroïne, luge supersonique à la main, pour une mission pyrotechnique (trafiquer une fusée) à haute tension ! Un effet blockbuster pas déplaisant que les moyens conséquents de la série rendent possible. L’épisode passe la vitesse supérieure lors de la mission en Sibérie. On se demande comment Rambaldi a pu dissimuler une boîte en plein cœur du pays de glace à plusieurs mètres de profondeur ; mais Alias n’a de toute façon jamais prétendu être réaliste. La contre-attaque souterraine suivi du bref duel Sark-Sydney aboutit à un cliffhanger hallucinant. Hénaurme efficacité !

Les infos supplémentaires

Les cinq premières minutes de l’épisode sont en fait un résumé et des séquences déjà vues, ce qui réduit encore la durée de chaque opus durant 41 minutes 50 secondes.

Première rencontre entre Vaughn et Tippin.

Erreur de montage. Quand Sark demande pourquoi les caméras sont coupées, il reste 18 minutes et 30 secondes au compte à rebours. 30 secondes plus tard, il reste 18 minutes… et 45 secondes !

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4. EAUX TROUBLES
(DEAD DROP)

Scénario : Jesse Alexander

Réalisation : Guy Norman Bee

Résumé

Voyant que sa fille noue des relations avec sa mère, Jack Bristow intervient pour qu’elle soit transférée dans une centrale pénitenciaire et ait un régime de détention plus dure. Sloane a des soupçons envers Sydney suite à la corrosion de la boîte à musique de Rambaldi. Quelqu’un téléphone à Sloane de l’hôtel Baranka en Californie, de l’ancien nid d’amour qu’il avait avec Emily. Le SD6 fait suivre Sark. On retrouve un prisonnier qu’il a torturé. Sydney est envoyée en mission en Russie.

La critique de Patrick Sansano


Pour la séduction, on repassera. Mignonne et sexy dans la saison 1, Jennifer Garner en costume de jeune Rosa Klebb est aussi affreuse que son modèle. La vieille peau qui joue sa mère n’a qu’une ou deux expressions à son registre. Elle sourit bêtement, roule des yeux qui se croient malicieux, joue un jour la carte de la gentille, le lendemain de celle qui envoie sa feille à mort.

Une autre jolie fille intervient dans l’épisode pour piéger Will Tippin, une certaine Rebecca (Marisa Nichols), nouveau piège de Sloane. Mais l’actrice n’a pas le charisme de Jenny/Sarah Shahi. Deux bellâtres qui font double emploi, Michael Vartan et Bradley Cooper, se télescopent pour l’audience féminine. Quant à l’émotion, on n’y croit plus une seconde, et les larmes de Sydney à chaque trahison ne nous touchent pas. Les missions continuent de se chevaucher : Russie, Madagascar, tandis qu’un nouvel arc fantastique intéressant naît avec le fantôme d’Emily Sloane.

Les prouesses n’étonnent plus personne. Prise sous la glace, Sydney trouve un cadavre portant un fusil mitrailleur pour tirer sous l’eau. La plus grosse déception réside dans le personnage de Tippin jadis intrépide et vivant dangereusement, réduit à faire des travaux d’intérêts généraux et à participer à un groupe d’anciens toxicos. Tippin n’a désormais plus aucune consistance. Les suspenses proposés par la série ont un goût de mégot refroidi. La réalisation non-stop n’étonne plus le public, même s’il s’habitue aux intrigues confuses. On attend un renouvellement car le feuilleton s’étire en longueur.

Notons à quel point Fran devient inexistante, elle rame pour intéresser le spectateur à son histoire de restaurant. En fait, si l’on compare avec le début de la saison 1, tous les personnages de la vie « normale » de Sydney ont disparu ou perdu toute consistance. C’est bien regrettable, car les seules missions de Sydney ne suffisent plus à nous captiver, chaque histoire étant un copié collé de la précédente, recherche d’un artefact de Rambaldi, rencontre avec Sark, et bis répétita. Comble de malchance pour la série : Lena Olin n’est pas crédible un instant et plombe l’ensemble de l'édifice à chacune de ses apparitions. La prochaine mission de Sydney Bristow sera de sauver la série.

La critique de Clément Diaz

 

Jesse Alexander accomplit un exploit : imaginer des intrigues toutes prévisibles dès la première image de chacune d’elles, les reliant par des scènes bavardes qui ressassent l’état des lieux. Le spectateur en est donc réduit à suivre l’épisode tout en sachant très bien ce qui va se passer. Malgré Lena Olin et un morceau de bravoure lors d’une mission à Moscou, Dead drop constitue bien le premier ratage de la série.

L’affaire Emily n’avance pas d’un pouce. La seule révélation est que la personne qui a envoyé l’appel de l’épisode précédent se fait passer pour Emily Sloane ; un superbe pétard mouillé donc. Utiliser Dixon comme sous-fifre d’une sous-mission est insultant pour le personnage. Mais il faut bien justifier le salaire de Carl Lumbly…

Jack n’a pas confiance en Irina, et la soupçonne de manipuler leur fille. On a envie de dire que c’est une surprise de taille, à part qu’il a dit exactement la même chose dans les deux épisodes précédents. Quand Sydney déclare qu’elle reste stoïque envers sa mère, on se demande si on a pas photocopié par erreur les épisodes précédents. La machination de Jack est certes un coup d’audace, mais ne surprend pas.

Will fait la connaissance d’une (jolie) femme dont la paranoïa, la croyance ferme en les théories du complot fait penser à une recrue enthousiaste des Lone Gunmen ! Marisol Nichols est certes adorable, mais on devine sans problème le double jeu de son personnage, un peu trop provocateur. Will, désormais inutile, n’a plus que des banalités et des dénis à débiter. L’acteur gaspille ici son talent.

Nous subissons aussi des bavardages incessants, touchant surtout Syd : qu’elle pleure dans les bras de son père ou sombrant dans le larmoyant vulgaire avec Vaughn.

On retiendra juste la mission à Moscou, avec Sydney en officier soviétique austère. On pense à la Ninotchka de Cyd Charisse dans La belle de Moscou de Rouben Mamoulian. Sa confrontation électrique avec Sark (Anders est plus majestueux que jamais) et sa fuite éperdue, provoquent quelques sueurs froides. Irina/Lena continue à nous mystifier, plus perverse que jamais, sans franchir jamais la ligne jaune.

Les infos supplémentaires

Sark propose à Sydney de travailler avec lui.

Irina à Vaughn : « Comment dit-on merci à la femme qui a tué votre père ? » - On ne dit rien.

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5. NOUVELLE GÉNÉRATION
(THE INDICATOR)

Scénario : Jeff Pinkner

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Il s’agit d’armes de nouvelle génération mises au point par la Triade, entité adversaire du SD6. Jack Bristow a volontairement compromis son ex femme pour la faire condamner à mort, ce que Vaughn apprend. Les « armes » sont des enfants, agents dormants. Jack Bristow a laissé Sydney vivre un projet similaire avec le projet Noël.

La critique de Patrick Sansano


Ici on rivalise dans le cynisme, entre Jack qui fait condamner son ex à mort, Sloane qui avoue avoir tué sa femme, Jack encore qui a envoyé sa fille faire l’expérience d’agent dormant. Arvin Sloane arrive à douter de la mort de sa femme qu’il a empoisonnée. Le comédien joue à merveille, et il est bien le seul malheureusement, là où ses collègues cachetonnent. Jennifer Garner est réduite par le script à nous servir un remake du « Caméléon ». Monolithique, Victor Garber joue comme un cochon, il ne semble pas « impliqué » quand son personnage de Jack Bristow est pris au piège de toutes parts. Jennifer Garner nous a tellement fait le coup de la sensiblerie et de l’émotion facile que la mayonnaise ne prend pas. Il ne faut pas compter sur l’insipide Michael Vartan pour sauver l’entreprise du désastre. La série n’offre aucune nouveauté par rapport à des situations similaires vues dans « Dark Angel » et « Le caméléon ». La belle machine de J J Abrams ne tourne plus à vide, elle s’est enrayée et est au point mort. Ce n’est pas la courte durée des épisodes (41.42 avec le subterfuge du résumé au début) qui arrange les choses.

Ce qui nous enchantait au début de la saison 1 (la double vie) est relégué à quelques scènes trop rapides, la perte de personnages comme Jenny, Charlie, Kate Jones la « gorge profonde » du pauvre , le professeur d’université, est préjudiciable, Merrin Dungey étant incapable à elle seule et avec le faible personnage de Fran si mal construit d’assurer la continuité de l’univers quotidien de Sydney. Will Tippin ne sert plus à rien, devenu l’ersatz de Vaughn (ou vice versa), sa survie étant due à la mise à l’écart du personnage. La saison 2 se révèle un enterrement de première classe pour la production de J J Abrams. Les réminiscences, du passé guerre froide sont téléphonées et tombent complètement à plat. Voilà une série en bien mauvaise posture.

La critique de Clément Diaz

 

The indicator accomplit l’exploit d’être encore plus mollasson et prévisible que Dead drops ! Il en reprend les mêmes défauts mais ne dispose même pas de « morceau de bravoure ». Ken Olin réussit bien quelques jolis plans de caméra (le visage de Sloane se reflétant sur la boule de verre), mais ne peut animer un script aussi anémique.

La première quart d’heure est d’un vide sidéral : Sydney remercie papa de lui avoir sauvé la vie, Jack est soulagé de voir la menace Irina s’éloigner, Vaughn qui devine le pot-aux-roses mais se fait rabrouer par Sydney en pleine idéalisation du père, Sloane persécuté par le « fantôme » d’Emily. On a déjà vu tout ça, et on s’ennuie.

Après cet interminable incipit, on en vient à l’intrigue du jour, intégralement terne de bout en bout (pas d’action, suspense à deux balles). A part le brillant à lèvres lanceur de caméras miniatures de Marshall (!!), on ne retient que la vision insoutenable d’enfants entraînés sans leur laisser le choix à devenir de futurs espions. C’est le parangon de la cruauté de voir leurs vies déjà toutes tracées. On pourrait presque leur visser un casque « Born to kill » comme celui ornant l’affiche de Full metal jacket.

On comprend tout de suite que Sydney a subi le même sort, mais on doit passer par le rebondissement qui fait flop de la pyramide-jouet, et une scène d’hypnose (encore !) superbement filmée, mais prévisible. Seule son explosion de rancœur envers Jack fait illusion. La deuxième mission, malgré un saut à la Spiderman, n’est pas meilleure.

Vaughn apprend les agissements de Jack, il peut remercier les scénaristes, qui utilisent une des plus grosses ficelles de leur stock avec l’arrestation pile au bon moment du poseur de bombes de Madagascar. Michael Vartan reste fade, même si ses dialogues nous rappellent les licences prises par les USA avec les droits de l’homme quand il s’agit des terroristes. De petits soubresauts agitent ce scénario (explication Vaughn-Jack), qui retombe vite dans la vacuité. De son côté Will parle de ses camarades de désintox, et Fran fait une fête dans son restaurant. R.A.S.

Ron Rifkin est toujours aussi génial, avec l’étonnante scène du vin rouge, aux perspectives frissonnantes. De toutes les mini-intrigues, c’est la seule qui retient notre attention. Pour le reste, cet épisode est vite oublié une fois fini.

Les infos supplémentaires

Allusion au 11 septembre 2001 faite par Vaughn à un terroriste : il n’a plus droit à un avocat et à un procès.

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6. HAUTE TRAHISON
(SALVATION)

Scénario : Roberto Orci et Alex Kurtzman-Counter

Réalisation : Perry Lang

Résumé

Will Tippin demande du travail à Vaughn. L’exécution de la mère de Sydney est décidée. Arvin Sloane voit le fantôme de sa femme dans une rue et fait ouvrir son cercueil. Contaminés par un virus à Taipei, Sydney et Vaughn sont mis en quarantaine.



La critique de Patrick Sansano


Désormais, il faut compter avec le seul bon comédien de la série, Ron Rifkin, pour trouver quelque intérêt à « Alias ». Les pleurnicheries de Sydney/Jennifer Garner ont atteint l’overdose, et on se demande pourquoi les scénaristes n’ont pas fait mourir « avec les honneurs » le personnage de Tippin au lieu de maintenir le contrat de Bradley Cooper pour servir ici de gravure de mode et illustrer un personnage totalement inutile. Si l’on se réjouit d’être débarrassé de Lena Olin, la joie sera de courte durée. « Alias » pousse tout de même loin la duperie et les faux semblants, tant on pensait qu’Arvin Sloane avait simulé la mort de sa femme. Est-ce encore une mascarade ?

Seuls les scénaristes de la série pourront nous répondre en temps et en heure. On notera l’absence de l’épisode de Fran/Merrin Dungey dont tout le monde se moque. Les échanges verbeux entre Bristow père et fille tournent vite à l’ennui mortel, il faut parfois se persuader que l’on est dans une série d’espionnage et non dans un soap opera. Les coups de théâtre sont la condition nécessaire pour maintenir l’intérêt du téléspectateur, et nous vivons une surenchère permanente de ceux-ci au mépris de toute crédibilité. Jennifer Garner a définitivement perdu toute aura, et l’on ne voit plus que ses défauts. Elle se révèle une piètre comédienne, éloignée des tenues affriolantes des missions des premiers épisodes.

Faisant fi de toute crédibilité lors de l’enlèvement d’un sénateur, les scénaristes Roberto Orci et Alex Kurtzman-Counter nous infligent des aléas de script tellement aberrants que l’on peine à croire aux images qui nous sont présentées. Désormais dans « Alias », tout est possible, du point de vue écriture, mais pour le reste la qualité a été perdue en route depuis belle lurette. Rifkin fait ce qu’il peut, mais son jeu pertinent est noyé dans la guimauve ambiante Garner/Vartan/Garber. Où est le suspense dans tout cela, quand toutes les limites du script ont été dépassées ? Seul l’arc Emily Sloane parvient à nous sortir de notre torpeur. La scène montrant Sydney et son père en harmonie idéale sous les yeux de l’ennemi dans des identités d’emprunt est flagrante de l’accumulation de faux semblants et de poncifs amassés ici. Bonne nouvelle : ayant touché le fond du fond, « Alias » ne peut que remonter.

La critique de Clément Diaz

 


Alias
tente de trouver un second souffle. Le duo Orci-Kurtzman allume l’étincelle, mais pas le feu : tempo désespérément traînant et scènes inutiles. Mais ils s’entendent à merveille pour construire une atmosphère lourde et sombre : contradictions de chaque personnage, coup de poker démentiel d’Irina, mission nerveuse…

Rupture ouverte entre Jack et Sydney, que Sloane envoie en mission sous une couverture ironique : Syd va donner un rein à son papa chéri. Super… Leurs scènes communes, adroitement dialoguées, comptent parmi les meilleures de l’épisode. Il est surprenant de voir Jack les larmes aux yeux, presque suppliant (Victor Garber craquèle avec succès sa froideur monolithique). Jennifer Garner, se débrouille bien, chaque mot qu’elle lâche est comme un poignard, particulièrement lors de la scène de l’avion où elle refuse de lui pardonner. La douloureuse confession de Jack devant sa fille larmoyante est certes cliché, mais sonne juste grâce aux jeux des comédiens.

La mission de Genève est passionnante : Sydney se transformant en Lara Croft dégainant flingues et mandales deux par deux, gadgets en folie, vision insoutenable d’un quasi mort-vivant contaminé par le virus. Irina est absente mais son ombre s’insinue dans chaque scène : il semble qu’elle aille droit vers la mort, et qu’elle fasse tout pour accélérer les choses ; mais Jack devine le plan supra-tordu qu’elle a en tête. Il ne peut toutefois pas l’empêcher et effectivement, Sydney tire Irina de ce mauvais pas. Ce jeu complexe de sentiments et de psychologie est très stimulant, et on se réjouit de retrouver Irina qui peut reprendre son jeu de chat et de la souris.

Le rebondissement de la sphère de Rambaldi produit un sacré coup de tension, mais est immédiatement gâché par la scène niaise et ridicule de quarantaine (Vaughn ne cesse d’affadir tout ce qu’il touche). Le cliffhanger est par ailleurs bien faible. L’intervention deus ex machina de Sydney sur le sénateur n’est pas crédible un seul instant. D’une manière générale, beaucoup de séquences s’étirent en longueur, dont la coda, et Fran et Will font tapisserie. Ron Rifkin nous livre un de ses numéros dont il a le secret lors de l’apparition (fantasmée ou réelle ?) d’Emily. Le suspense demeure.

Un épisode très délayé, mais quelques bons moments.

Les infos supplémentaires

Plusieurs références sont faites de façon implicites à l’épisode « 57 minutes », dernier opus de la première saison.

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7. DANGEREUSE ALLIANCE
(THE COUNTERAGENT)

Scénario : John Eisendrath

Réalisation : Daniel Attias

Résumé

Vaughn est infecté par le virus de Rambaldi. Il demande à Irina de lui procurer l’antidote. Sydney devra le récupérer dans un ancien complexe nucléaire soviétique en Estonie. Faite prisonnière par Sark, elle doit lui livrer Arvin Sloane en échange de l’antidote.

La critique de Patrick Sansano 


S’il ne faut plus rien espérer du côté de Jennifer Garner, même pas un peu de sex appeal lors d’une scène de décontamination où elle apparait plus ou moins nue mais pas davantage qu’Ursula Andress dans une séquence similaire de « Dr No », Ron Rifkin continue à dominer sans mal une distribution exsangue. Ici, il a plusieurs scènes à jouer, et nous montre différentes facettes de son talent. Tortionnaire d’un comparse d’Irina, manœuvré par Sydney et par Sark, menacé par l’Alliance, son personnage de Sloane se révèle plus complexe que l’on pouvait croire. Ainsi, Sloane se confie à une masseuse japonaise (en l’occurrence Sydney déguisée en geisha et hideuse) et exprime son dégoût d’avoir dû tuer un homme. Plus talentueux que ses collègues acteurs, Rifkin sait montrer une facette sympathique de son personnage de s alaud intégral, le rendant humain. Certes, il faut supporter l’insupportable Vaughn et ses histoires d’amour à deux sous, entre Sydney et son ex qui n’est plus son ex, Alice (Vous avez dit « Les feux de l’amour » ?).

Jennifer Garner a atteint un seuil de médiocrité tel qu’elle rate toutes ses scènes, dont la plus ridicule restera sa transformation aussi improbable en japonaise que celle de Sean Connery vers la fin de « On ne vit que deux fois ». Terry O’Quinn aurait le talent potentiel pour relever le niveau ambiant et ne pas laisser tout le poids de l’épisode à Rifkin, mais son personnage d’agent Kendall reste malheureusement très secondaire (Il prendra sa revanche chez J J Abrams dans « Lost »). Nous avons toutefois quelque espoir que la série sorte de l’enlisement constaté par l’intrigue érodée avec le partenariat Sark/Sloane. 

Celui qui fait peine à voir, c’est Bradley Cooper. Son personnage inutile, tant intéressant dans la saison 1, n’apporte plus rien à l’intrigue. Il fallait tuer Will Tippin ou prolonger à l’infini le fil rouge de son enquête. Le cas de David Anders est plus complexe : il est trop beau gosse et trop jeune pour être pertinent en Sark. Le personnage est d’ailleurs, parmi la foison de méchants, celui qui est le moins bien construit. Anders réussit quand même, ce qui n’est pas trop difficile, à surpasser Michael Vartan absolument mièvre et sans profondeur. Lena Olin a trop peu de scènes à jouer pour être efficiente. Il ne fallait pas faire de ce personnage une prisonnière réduite à assener des banalités à sa fille ou à Vaughn.

J J Abrams peut-il sauver « Alias » ? Il semble s’appuyer sur les aspects fantastiques de l’intrigue, tout d’abord le filon Rambaldi, mais aussi la potentielle résurrection d’Emily. On ne peut que constater que cette seconde saison est loin de combler les attentes que son créateur a généré avec la première.

La critique de Clément Diaz

 


Brusque coup de fouet avec cet épisode qui réveille après une série de scripts médiocres. John Eisendrath imagine un schéma certes classique mais toujours efficace : la course contre la montre pour sauver un « gentil » de la mort. Le suspense marche à plein, même si Sueurs froides (saison 3) ira encore plus loin. Le succès de l’épisode réside dans l’enchaînement nerveux des péripéties. Irina et surtout Sark dominent les débats, manipulent nos héros, rendant l’épisode très anxiogène.

Il y’a certes les scènes guimauve Sydney-Vaughn, ou la scène d’hôpital qui s’éternise. Mais Eisendrath assure le reste, avec action et suspense à gogo.

Lena Olin nous donne une masterclass de comédie : en plus d’éblouir par sa beauté, elle exprime en même temps plusieurs sentiments différents : perversité à l’idée de diriger la danse, intérêt maternel dont on ne sait s’il est feint ou pas, curiosité malsaine sincère ou pas sincère, le tout sous une sérénité de surface. Le génie de l’actrice prend des proportions ahurissantes. Les deux scènes où elle asticote Vaughn sur ses sentiments envers sa fille forment une épanadiplose bien piqûante. La mission en Estonie est plaisante à suivre, surtout lorsque Sydney déclenche elle-même l’alarme pour obtenir l’antidote, avant de se faire capturer par un Sark, toujours aussi mielleux et classe. Il cause calmement avec son ennemie avant de lui laisser un choix délicieux : ou tu crèves, ou tu collabores. Sark se montre d’une politesse d’autant plus frappante qu’elle est sincère. David Anders nous régale.

Le séjour au Japon est agréablement dépaysant. Sydney en geisha rentre immédiatement dans le top 5 de ses couvertures les plus improbables. Les somptueux décors bucoliques et la réalisation de Daniel Attias créent une sorte de paradis terrestre, troublé bien évidemment par Sydney en ange exterminateur sensible : l’idée de contribuer à tuer un homme sans l’excuse de la légitime défense rappelle que son statut d’espion n’a pas brisé ses valeurs humanistes, même envers un méchant.

L’affaire des tests truqués aboutit d’abord à une impasse, avant de se révéler au grand jour. Finement joué ! Le rebondissement final, plein d’humour noir et de mystère (qu’y’a-t-il d’écrit sur la feuille de Sark ?), augure bien des promesses.

Les infos supplémentaires

Michael Vaughn annonce à Sydney qu’il a renoué avec son ex, Alice (Petra Wright)

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8. DOUBLE JEU - 1RE PARTIE
(PASSAGE - PART 1)

Scénario : Debra J. Fisher et Erica Messer

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Irina Derevko demande à sa fille d’être libérée pour 48h. En effet, Sloane envoie Sydney en Ouzbékistan sur les traces d’un terroriste, Sokolov. Quelqu’un fait chanter Sloane en prétendant détenir Emily , menace de le révéler à l’Alliance et lui envoie le doigt de la dame . Sydney en mission est obligée de jouer les casques bleus entre ses deux géniteurs.


La critique de Patrick Sansano


C’est l’épisode dans lequel la famille Bristow se reconstitue le temps d’un stratagème. « Alias » devient un rubik’s cube. Lorsque l’on croit savoir quelque chose, un autre élément vient l’infirmer. Plus personne à vrai dire ne comprend plus rien à Alias depuis longtemps. Les ennemis d’un jour sont les alliés de demain. Les agents doubles, triples sont tellement légion (quand ils n’agissent pas en fait pour leur propre compte) que l’on ne sait plus qui travaille pour qui. L’épisode proposant moins de scènes avec Ron Rifkin, la qualité baisse aussitôt. L’aspect ludique de « Alias » est noyé dans le foisonnement d’intrigues qui prennent le téléspectateur pour un imbécile. On ne peut pas reprocher à la série d’être invraisemblable, « Smallville » l’est aussi, mais ici les scénaristes transgressent toutes les règles et le résultat final n’est même pas un spectacle agréable.


Présenter Irina Derevko comme une victime de la persécution de Jack Bristow est sans cesse contrecarré par les crimes passés (et à venir ?) de la dame et relève de l’absence de toute logique. Les parents de Sydney sont aussi noirs l’un que l’autre, ayant sans doute autant de sang sur les mains chacun. Cette réunion de famille au Cachemire tourne donc vite à la farce pas drôle. Will Tippin est un personnage mal écrit par les scénaristes : un simple journaliste qui en sait plus que le FBI par ses découvertes et ses déductions. La scène nous montrant une mendiante indigène faisant son rapport aux adversaires (un vague front de libération du peuple) aurait tendance à faire tomber « Alias » dans la parodie.

En somme, le niveau ici ne s’élève pas plus haut qu’un jeu vidéo. On sait d’avance que plus le piège est grand, plus invraisemblable sera la façon d’y échapper des « gentils ». L’intérêt pour le feuilleton a atteint le stade de l’encéphalogramme plat. L’embêtant, c’est que l’on se dit que l’on n’est pas assuré à ce producteurs et scénaristes nous proposent encore pire.

La critique de Clément Diaz

 

 

L’épisode dégaine un atout maître : Irina Derevko sort de sa cellule ! L’épisode bénéficie d’une « grande mission spéciale », qui se développe pendant plus d’un épisode. Avant cela, Passage développe une mission originale, quelques confrontations entre personnages haut en couleurs, et deux mini-intrigues sur Will et Sloane, toujours mystérieuses. On regrettera juste l’absence de cliffhanger.

Pendant que Sark fait d’amusants efforts méritoires pour prendre du bon temps avec une Sydney pas super enthousiaste (Anders a un don pour jouer un flegme typiquement british), Irina reclame deux jours de liberté pour aider la CIA ! Le jeu dangereux auquel elle joue est captivant. To bluff or not to bluff ? En même temps,

Sydney se déguise en cadavre pour infiltrer une morgue ouzbek. La mission se déroule avec suspense et action ! Irina quant à elle sème un malaise monstre lorsqu’on lui accorde sa liberté. Le fait qu’elle ne semble pas impressionnée par le collier piégé que Jack force à lui mettre, en dit long sur son sang-froid ! Dans cette scène, elle lui fait un numéro de charme, qu’elle réitère dans le train quand elle apparaît en soutien-gorge. Mais à chaque fois, impossible de savoir si elle agit volontairement ou non. Lena Olin est grandiose à chaque scène.

Si l’enquête de Will ralentit soudainement, on apprécie que l’affaire Emily prenne un tour inattendu : Sloane recevant par la poste un cadeau macabre ! On a rarement vu le chef du SD-6 aussi mal en point. Cela explique sans doute qu’il se déchaîne contre le pauvre prisonnier, loque décomposée par le virus de l’épisode précédent qui nous révulse. Ron Rifkin extériorise un peu plus son jeu, ce qui ne le rend que plus intense.

La mission finale voit la famille Bristow collaborer ensemble, crises de bec au menu. On remarque que c’est la première fois que les trois acteurs sont dans la même scène. L’embuscade des soldats est l’occasion pour Irina de dérouiller des bad guys à la sulfateuse. Spectaculaire ! Toute cette mission se déroule avec intensité. La fin de l’épisode montre le trio obligé de se faire mutuellement confiance. C’est peut-être ça, finalement, la vraie mission de nos personnages.

Les infos supplémentaires

Il y a maintenant deux mois qu’Irina s’est livrée à la CIA.

La séquence narrative présentant rapidement les personnages principaux est supprimée à partir de cet épisode.

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9. DOUBLE JEU - 2E PARTIE
(PASSAGE - PART 2)

Scénario : Crystal Nix Hines

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Sur le terrain, Irina profite de sa connaissance du terrain pour prendre la direction des opérations. Sloane est victime d’un maître chanteur mais révèle tout à l’Alliance. Vaughn est envoyé en mission officieuse sur le terrain. Sydney et son père tombent dans un piège tendu par Irina qui rejoint son amant. Mais est-encore une feinte ? Les hindous lancent une attaque contre les pakistanais. On trouve une fleur de Rambaldi qui vit depuis 600 ans, possible piste pour la vie éternelle.

La critique de Patrick Sansano


Bonne surprise dans cet épisode où Lena Olin nous fait marcher. Sortie de sa prison, la comédienne peut nous offrir quelques beaux retournements de situation (repentance, trahison, on ne sait plus quoi penser). Pour une fois, Victor Garber est à la hauteur et les souvenirs communs du couple Bristow constituent un beau moment de tendresse dans une série de brutes. Les scènes où Irina trahit à nouveau permettent quelques coups d’éclats, insuffisants toutefois pour sortir sur la longueur la série de sa routine. Jennifer Garner elle ne bénéficie pas de ces scènes pleines de brio entre ses « parents » tant elle se contente d’un registre gnan gnan et d’émotion facile. Arvin Sloane n’est pas au bout de ses surprises, et Rifkin lui apporte toujours l’épaisseur nécessaire pour rendre son personnage plausible aux milieux des rebondissements les plus contrastés.

Il est tout de même dommage que J J Abrams n’ait pas choisi de faire plus simple, « Alias » n’étant pas la première série d’action et d’espionnage de l’histoire télévisuelle. La mythologie Rambaldi insuffle un côté surnaturel qui n’est pas désagréable. Mais les retrouvailles mère fille avec en fond sonore des chansons poussives sont assez difficiles à supporter. Les dernières images où Merrin Dungey n’a même pas un dialogue à déclamer montrent à quel point son personnage est devenu négligeable. On ne répètera jamais assez que Flinkman est une vraie torture pour le téléspectateur tant ce personnage est idiot et inutile. Dixon passe en pertes et profits comme acolyte de Sydney et en est réduit à de simples apparitions.

La critique de Clément Diaz

 

La deuxième partie confirme les promesses de la première, l’intrigue centrale étant riche en rebondissements et en suspense. Grâce encore une fois au numéro d’Irina Derevko qui nous régale d’un incroyable triple jeu. L’affaire Emily prend un tour insoupçonné. Au final, ce double épisode affirme la remontée de la série.

La vadrouille ensoleillée au Cachemire alterne avec adresse dialogues coupants et conflictuels - chacun des époux ennemis voulant prendre le contrôle des opérations, obligeant Sydney à faire preuve d’une inattendue autorité - avec détente provisoire (la belle scène du train). On repasse à l’adrénaline avec le comité d’accueil qui reçoit nos héros en grande pompe (tirs de kalachnikov), puis à une éprouvante scène où Jack atterrit sur une mine prête à exploser. La musique de Michael Giacchino se marie comme toujours au moindre soubresaut de l’intrigue. La scène d’infiltration est le plat de résistance. Irina encore une fois demande la confiance absolue à ses équipiers, ce que ses derniers lui accordent plus par contrainte que par choix. La tension ne cesse de monter jusqu’au deus ex machina central qui claque sèchement.

Les trahisons à répétition d’Irina sont une excellente idée, Lena Olin passe d’un sentiment à un autre avec une facilité désarmante. Quant à l’artefact de Rambaldi, le plus incongru que l’on puisse imaginer, il semble être un canular… avant de se révéler être la preuve de l’objectif ultime du créateur prophète ! Malgré tout, Hines ne peut éviter que Vaughn sabote quelque peu son scénario. L’épisode se finit d’une manière qu’on avait certainement pas attendue. Après 9 épisodes, nous ne savons toujours rien du plan secret d’Irina Derevko. Du J.J.Abrams pur !

Sloane reçoit une demande de rançon pour que les ravisseurs libèrent Emily. Mais absolument RIEN ne va se passer comme prévu : les auteurs n’ont pas perdu la main pour nous prendre à revers systématiquement ! Bref, un épisode plein de surprises.

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Nous découvrons l’homme du KGB qui a envoyé Irina épouser Jack Bristow.

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10. DÉSIGNÉ COUPABLE
(THE ABDUCTION)

Scénario : Alex Kurtzman-Counter et Roberto Orci

Réalisation : Nelson McCormick

Résumé

L’association Sloane-Sark bat déjà de l’aile. L’échec de la mission au Cachemire a fait douter Sloane de la loyauté de Sark. Will passe des tests pour entrer à la CIA. Les conditions de détention d’Irina sont adoucies. Ariana Kane vient enquêter sur le chantage concernant la réapparition d’Emily.

La critique de Patrick Sansano

 

Avec l’arrivée de Faye Dunaway, Ron Rifkin doit se sentir moins seul comme « bon comédien » dans la série qui n’en compte guère (Un Terry O’Quinn au rôle très limité). Malheureusement, l’épisode nous entraîne d’emblée sur une scène digne de « Beverly Hills » où Sydney et Tippin rencontrent Vaughn et Alice. Sourires embarrassés, échanges plein de niaiseries et de guimauve. Autre idée saugrenue de l’épisode, envoyer en mission Flinkman, Kevin Weisman étant hautement ridicule.

Malgré la présence de Faye Dunaway, la série ne décolle pas de sa médiocrité. Certes, la comédienne joue de façon convaincante le personnage qu’on lui confie, et ses scènes avec Ron Rifkin sont un vrai régal. Mais un Kevin Weisman cartoonesque et une Jennifer Garner omniprésente sans jamais renouer avec le charme qu’elle dégageait dans la saison 1 contrebalancent le talent. Les scènes entre Irina, sa fille et son « mari » tombent dans le mélodrame et sonnent particulièrement faux.

S’agissant de Marshall, on nous inflige tous les poncifs possibles, de la peur en avion à la couardise du quidam plongé dans une aventure dangereuse où il ne sera jamais à la hauteur. Nous avons vu ce genre de scènes mille fois ailleurs. Et surtout, ici, cela ne fait jamais rire mais agace. Notons tout de même que le suspense revient et que des voies de traverses sont prises dans une intrigue linéaire. On s’en réjouit, vu la morosité et l’ennui qui s’installaient. Mais le temps de présence à l’écran de Faye Dunaway n’est pas suffisant pour redorer le blason d’Alias. Dommage.

La critique de Clément Diaz

 

The abduction pose un coup de frein à la remontée de la série, il tombe dans un trou d’air où il ne se passe rien à l’exception de l’ébauche d’un nouvel arc, portée par un nouvel invité de marque : Mrs. Faye Dunaway !! Ainsi que deux missions accrocheuses. La deuxième voit la première expérience sur le terrain de… Marshall !

Le duo Kurtzman-Orci abuse tout le long des points noirs de la série : confidences interminables de Sydney à Will, scènes Vaughn-Sydney toujours aussi soap, bavardages intempestifs. On apprécie cependant le sale moment que Sloane fait passer à Sark. Armé d’un culot et d’une prétention outrancières, Sark fait pendant leur mission du charme à une Sydney dégoûtée. Elle a beau le repousser, il reste toujours optimiste. Anders a vraiment saisi ce personnage, aussi flingueur que décontracté.

Faye Dunaway, grand sex-symbol des années 60 et 70 (L’affaire Thomas Crown, Bonnie and Clyde, Network…), au talent aussi démesuré que son amour pour le botox (c’est visible dans cet épisode), nous régale d’une composition acérée, où la politesse de façade d’Ariana Kane cache à peine sa misanthropie (voire sa misandrie). Soupçonnant Jack d’être une taupe, elle le cuisine avec entrain. Leurs joutes verbales sont brillamment dialoguées, une quasi guerre des sexes ! Bon, c’est une répétition de Time will tell en remplaçant la fille par le père et McCullough par Ariana, mais cette reprise est plus ornée, plus développée, et convainc autant que la précédente.

Ces bons moments, bien que gâchés par des scènes inutiles ne sont que des préparatifs à la vraie grande idée des scénaristes : Marshall sur le terrain ! Totalement inexpérimenté, Marshall forme un duo détonnant avec Syd. Ses gaffes sont autant de boulets que doit traîner l’héroïne, et cela met une tension supplémentaire. Malheureusement, Kevin Weisman caricature à l’excès son personnage déjà excessif, sombrant souvent dans le ridicule. Excellente idée toutefois du baiser de Sydney qui fait redémarrer le cerveau de son partenaire. Et on ne peut nier que Garner et Weisman s’entendent à merveille. La coda où Marshall se fait kidnapper et se retrouve face à une vieille connaissance produit un cliffhanger qui fait vraiment peur !

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Sydney raconte sa mission à Tippin, alors que de pareilles révélations ont provoqué la mort de Danny.

Arrivée de Faye Dunaway dans le rôle d’Ariana Kane.

Première incursion sur le terrain de Marshall Flinkman.

Retour du « dentiste ».

Le générique n’intervient qu’après 17’40. C’est le plus tardif de la série.

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11. SABLES MOUVANTS
(A HIGHER ECHELON)

Scénario : John Eisendrath

Réalisation : Guy Norman Bee

Résumé

Marshall est entre les mains du « dentiste ». Sydney se rend au Vietnam et à Mexico pour protéger le réseau « échelon ». Ariana Kane soupçonne Jack et pense qu’il s’agit d’un traître au SD6. Jack Bristow est obligé de fuir le SD6 et perd la confiance de Sloane.


La critique de Patrick Sansano


On nage toujours dans l’invraisemblance, le comble étant la CIA qui donne ses commandes à Irina. Chacun continue de changer de masque à chaque instant, le plus étonnant et improbable étant Marshall devenant un héros. Passée la bonne surprise de voir arriver dans la série Faye Dunaway, force est de constater qu’Alias retombe dans ses mauvaises habitudes. Si Terry O’Quinn peut ici défendre quelques bonnes scènes surveillant Irina devant l’ordinateur de la CIA, il faut supporter nombre de comédiens approximatifs poursuivre leur jeu dans une intrigue de série pour ados, avec seulement Ron Rifkin pour sauver les meubles. Ses scènes ici sont moins nombreuses, et sacrifiées au profit d’une importance exagérée portée à Michael Vartan, Bradley Cooper et Kevin Weisman.

Notons que Dixon enfin est revenu au niveau d’importance dont il bénéficiait dans les premiers épisodes de la saison 1. Le feuilleton « Alias » ne surprend plus personne. Les rebondissements sont devenus des passages obligés, mais les scénarii se ressemblent tous laissant chaque fois une marge de manœuvre pour rattraper les incohérences des cliffhanger. La rédemption d’Irina atteint les sommets du ridicule. Nous retrouvons ici la morale américaine très manicheïste. En coulisses, des histoires d’amour dignes de « Melrose Place » ou « Beverly Hills » nous montrent la pauvre Sydney aux prises avec les déceptions, les espoirs, Fran servant bien malgré elle de commère pour informer Tippin lui aussi amoureux transis.

On se demande combien de temps cet édifice va pouvoir tourner à vide encore, l’arc Rambaldi étant selon les épisodes sollicité ou négligé. Les combats n’étonnent plus personne et deviennent des redites, en fait une simple marque de fabrique de la série. Sydney parle toutes les langues, le bulgare, le vietnamien, laissant dans ce domaine même 007 très distancé.

C’est de la bande dessinée mâtinée de soap opera et d’action frôlant souvent l’ennui. Série surestimée, « Alias » a peu de chances de rester dans les annales. Produit de consommation immédiate, sans aucune ambition pour s’ancrer dans la durée, elle lasse vite le téléspectateur. Même avec des guest stars comme Faye Dunaway.

La critique de Clément Diaz

 

 

L’affaire des écoutes téléphoniques illégales des pays européens par les Etats-Unis en 2013 a rattrapé en partie la fiction. Le fameux « serveur échelon », service de surveillance mondial qui viole les plus élémentaires lois sur la vie privée, s’intègre parfaitement à la paranoïa d’Alias, et contribue à rendre son univers toujours plus dystopique alors qu’il est si proche du nôtre, toujours plus « Big Brotherisé ».

Les deux intrigues de John Eisendrath : Ariana harcelant Jack, et la course à la mort pour retrouver Marshall, poussent le suspense à son paroxysme. Encore une réussite.

Ariana Kane est proche de la Diana de Network (peut-être son plus grand rôle) : misandrie latente, détermination dévoyée, dominatrice sournoise… elle martyrise ce pauvre Jack à tel point que ni son sang-froid ni la CIA ne peuvent le sauver de ses griffes, en dépit d’une logistique impressionnante. Le rendez-vous qui dégénère provoque des sueurs froides et laisse le tout en suspens. L’actrice est fantastique.

On adore aussi Sloane, aussi concerné par le sort de Marshall qu’une bouteille vide.

Passons vite sur Will et Fran (Merrin Dungey est sublime). La mission au Vietnam, se déroule à vitesse grand V, et est aussi trépidante qu’on l’espère, car Sydney doit non seulement s’infiltrer chez l’ennemi, mais aussi prendre de court Dixon. La tension ne cesse de monter avec le dentiste sadique (Ric Young est toujours aussi terrifiant) qui fout une pression monstrueuse au pauvre Marshall. Ce dernier, bien qu’en danger de mort prépare en secret un double coup fourré, d’abord en parvenant à prévenir le SD6 où il se trouve, et surtout un excellent twist final qui prend tout le monde de court !

Après une première scène frissonnante, Irina s’invite dans la bataille en soutirant à Kendall un accès illimité à Echelon. Tout au long de l’épisode, on redoute un coup fourré de la belle, ce qui provoque un deuxième suspense qui s’ajoute au premier (sera-t-elle plus rapide que le SD6 ?). La mission « il faut sauver le soldat Marshall » fouette le sang, et on apprécie que ce soit l’inventeur qui trouve la pointe finale qui sauve la vie à lui et à Sydney. Toutefois, le cliffhanger final, purement psychologique, ouvre un nouvel abîme sous les pieds de Jack. Paf !

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Le dentiste se déplace désormais en fauteuil roulant.

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12. MAÎTRE-CHANTEUR
(THE GETAWAY)

Scénario : Jeff Pinkner

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Jack Bristow est soupçonné par l’Alliance d’avoir enlevé et tué Emily Sloane. Arvin demande à Sydney de récupérer un gyrocompas. Vaughn se voit reproché par la jeune femme de revoir Alice. Sloane a peur d’Ariana Kane et avertit Jack Bristow qu’il l’a livré. Ariana soupçonne Sydney et Dixon d’être des traîtres. Mais ses agents localisent Sydney avec Vaughn.


La critique de Patrick Sansano

Enfin un bon épisode que l’on doit d’une part à un scénario plus cohérent, mais surtout à une superbe prestation de Ron Rifkin. Il est ici quasiment de toutes les scènes et a un autre panache que les héros. Il nous réserve une suprise finale dont bien entendu il n’est pas question de parler ici. On regrette de voir partir Faye Dunaway, tellement plus séduisante que la nunuche Miss Garner. Rifkin ici nous offre la séduction du diable, semblable à celle d’un Christopher Lee. Terry O’Quinn malheureusement voit son personnage réduit à de simples apparitions, alors que nous avons des overdoses du bellâtre Michael Vartan omniprésent. Alias-feuilleton nécessite impérativement d’avoir vu « La Prophétie » (01-16) puisque le personnage (tué) de Jean Briault a ici un rôle crucial dans l’intrigue.

Démon, Arvin Sloane a de bons côtés. Certes, Hitler devait être galant avec Eva Braun. Mais ici la séduction du serpent est tellement plus convaincante que celles des tourtereaux Sydney-Vaughn complètement insipides. Victor Garber malheureusement stagne dans son personnage de Jack Bristow sans grande étoffe. Notons que certaines scènes sont tout de même prévisibles : Ne jamais rendre un grand service à Arvin Sloane en lui permettant d’être à l’abri de l’Alliance, vous vous condamnez immédiatement à mort même si avec un beau sourire, il vous tend une mallette de billets verts. Avec un silencieux, il vous rendra vite muet comme une tombe.

Certes, il est le parfait s alaud. Mais le comédien lui donne une telle conviction, quand les autres se contentent de cachetonner de façon éhontée. Sydney en punk n’est pas crédible une seconde, elle reste une jeune fille de bonne famille coincée et bien sous tous rapports. Bradley Cooper est ici inexistant, avec son emploi improbable au sein de la CIA. Départ un peu trop hâtif de Faye Dunaway (elle demandait trop cher ?) tandis que nous sommes sceptiques devant la rédemption d’Irina qui n’a aucune cohérence.

La critique de Clément Diaz

 

Infernale machine à twists, The Getaway accumule les rebondissements à un tempo extrême. Action et suspense s’entrechoquent violemment, et pour la première fois, le duo Sydney-Vaughn convainc un peu plus. Le premier twist est une excellente astuce, mais le deuxième qui suit est encore plus spectaculaire, obligeant le spectateur à revoir les douze premiers épisodes de cette saison d’un tout autre œil ! C’est une des plus grosses surprises imaginées par Alias !

Plus menaçante que jamais, Ariana Kane est sur le point de réduire en miettes les Bristow. Faye Dunaway est effrayante en démon vampirique ; on regrette qu’elle nous quitte déjà. Jack s’ouvre à Irina qui lui indique la marche à suivre pour sortir de ce guêpier. Entre les époux ennemis, l’heure est à la détente, presque à la camaraderie. Lena Olin cependant, ne renonce pas à son ambiguïté qui - on s’en doute - éclatera tôt ou tard. En attendant, le courant passe très bien avec Victor Garber, ici à son avantage. On retient la première scène où il se bagarre dans un cinéma avant d’être secouru par sa fille dans un amusante inversion de la scène du parking du pilote !

La mission de Syd (très bien écrite) la fait se métamorphoser en punkette. Garner se lâche totalement dans un rôle rentre-dedans. Surprise du chef : toutes ses scènes avec Vaughn sonnent juste, surtout la scène de dispute. La scène du restaurant dose très bien hésitations, discussions anodines... et coups de feu car dans Alias, les plages de repos ne durent généralement pas longtemps ! Si le retour de Weiss plombe l’épisode en dialogues vaseux, on goûte fort son rôle de conseiller séduction ! Un peu de comédie et de tendresse, et on croit mieux au couple Sydney-Vaughn. Les avances discrètes de Sydney (la clé de l’hôtel) sont assez pétillantes !

Le défilé de twists ne cesse de nous tenir en haleine (de quel côté est Sloane ? Révélation du maître-chanteur, le compte bancaire, la capture de Jack, le manipulateur manipulé…), et aboutit à une révélation finale en feu d’artifice. Cette nouvelle donne nous fait pressentir que la série est sur le point de tout changer, de basculer dans une nouvelle ère. Abrams va le confirmer ipso facto dès l’épisode suivant.

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Petite erreur de continuité ici : le gyrocompas doit être récupéré à Berlin et c’est à Nice que Sydney se rend.

Cet épisode évoque des éléments qui se sont déroulés dans « La prophétie » (01-16).

Le film projeté au cinéma où se rend Jack au début de l’épisode est un film de 1950 : Mort à l’arrivée de Rudolph Maté (D.O.A en anglais).

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13. PHASE UN
(PHASE ONE)

Scénario : J.J.Abrams

Réalisation : Jack Bender

Résumé

Arvin Sloane est porté disparu. L’Alliance le remplace par Anthony Geiger. Ce dernier trouve un ordinateur, le serveur 47, contenant des informations primordiales comme le double jeu des Bristow père et fille. La CIA attaque le SD6.

La critique de Patrick Sansano


Bonne idée de casser la routine établie depuis le pilote de la saison 1. « Alias », partant sur de nouvelles bases narratives, valorisant le personnage de Dixon qui devient le nouveau candide apprenant la vérité sur le SD6 , trouve un nouveau souffle. Ce changement permet de donner de l’épaisseur au personnage joué par Terry O’Quinn. Kendall n'est plus le personnage entrevu et secondaire qu'il était. Jennifer Garner est ravalée au rang de petit soldat. Carl Lumbly compose un nouveau Dixon nettement plus convaincant. Il a des scènes intéressantes à jouer et s’en tire avec les honneurs.

Rutger Hauer fait une apparition clin d’œil hommage aux films de genre, de même qu’Angus Scrimm de « Phantasm ». En un épisode, plusieurs bouleversements interviennent, avec à nouveau des emprunts bondiens à « Goldfinger » et « Moonraker » pour ce qui est des vols brutalement interrrompus et des parachutes providentiels. Peu de temps d’écran pour Ron Rifkin, le meilleur comédien d’Alias, mais nombre de nouveaux spoliers dont curieusement l’un emprunté à « Dynastie » et pas forcément très pertinent. Certains se rappelleront que durant toute une saison, Krystle Carrington/Linda Evans n’était plus celle que l’on croyait être. « Alias » est un creuset qui reconvertit tout, de James Bond à « Mission Impossible » en passant par le soap opera.

Personne ne se demande pourquoi la CIA a autant tergiversé avant de se débarrasser de l’Alliance, et il ne faut pas trop creuser le script au risque de trouver des incohérences. Notons quand même que Geiger/Hauer est moins impressionnant que le fameux « dentiste ».

Les seules fausses notes viennent de la geignarde Jennifer Garner qui sans les autres comédiens plomberait la série définitivement. Elle est hautement improbable en dominatrice sado-maso et par contre plus convaincante dans les combats habilement chorégraphiés. Ses expressions de sensiblerie nuisent à son personnage d’agent secret endurcie.
En fait, J J Abrams était contraint de changer son fusil d’épaule car la série donnait de sérieux signes de fatigue. Mais à changer toutes les règles et tous les repères, on accentue la surenchère dans l’incroyable et cette solution à ses limites. Paradoxalement, le chef opérateur pour un épisode qui fait la lumière sur le SD6 a choisi des teintes ocres et obscures. Peut être une métaphore qui nous prévient que de la destruction des centres de l’Alliance ne naît pas forcément la vérité toute nue.

La critique de Clément Diaz


Phase One
est la grande bascule de la série. Dans cet épisode, Tout l’univers d’Alias est renversé. La série coupe brutalement le cordon ombilical : Sydney n’est plus un agent double, l’Alliance et le SD6 sont détruits, et tous les personnages changent de rôle : Dixon, Francie, Sloane, Vaughn… J.J.Abrams va jusqu’au bout de son culot pour bâtir de nouvelles fondations, une nouvelle ère de la série. Après Phase One, plus rien ne sera comme avant. Ce changement est génialement dirigé par J.J.Abrams qui nous secoue d’une tension permanente alors qu’il détruit son monde pour en faire émerger un nouveau. Il finit le tout sur deux twists finaux, dont le deuxième compte désormais parmi les plus grands rebondissements de l’histoire de la télévision. Un cliffhanger qui dépasse en surprise et en effroi tout ce qu’on a pu voir jusque-là !!

Même si Jennifer Garner n’est pas vraiment crédible en dominatrice, le spectacle vaut quand même le détour dans la scène d’introduction qui finit sur un cliffhanger avant qu’on revienne 24 heures plus tôt. Bon, si Alias se met à mettre des cliffhangers dès le début… En tout cas, on est immédiatement scotchés au fauteuil. Une fois passée une scène peu digeste de Vaughn et Sydney faisant le point sur leur relation, place à l’action ! D’abord psychologique, avec la rencontre Sydney-Geiger, remplaçant de Sloane. C’est la talentueuse guest star Rutger Hauer qui l’incarne. Une célébrité de plus dans Alias, une ! Geiger sonde Sydney, et dès le premier coup d’œil comprend qu’elle est pas nette : encore plus efficace qu’Ariana et Dreyer ! Geiger perce à jour le double jeu des Bristow, et capture et torture Jack en un éclair. Quel suspense !

Le spectateur partage l’excitation de ses héros à l’idée que l’Alliance et le SD-6 soient détruites. Que ce soit Sark qui livre négligemment la clé à Sydney ne manque pas de piquant. La mission de Sydney est une des plus captivantes, J.J.Abrams est clairement à son meilleur niveau. Les cascades fulgurantes à l’intérieur de l’avion sont tétanisantes, Garner se donne à fond ! Entre deux scènes à la testostérone, nous avons droit à la grande grande révélation sur le SD-6 de Sydney à Dixon. Stupéfié, anéanti de voir son monde s’écrouler, Dixon est le personnage-clé de l’histoire, celui qui va débloquer la situation. Carl Lumbly fait une performance mémorable : jouant sans outrance mais avec force le déni, la colère, l’abattement, et la résignation, il signe une sacrée revanche contre sa mise à l’écart en cette saison. On peut voir toute son émotion quand il s’apprête à appuyer sur le bouton qui va tout bouleverser.

Entre deux séances de torture éprouvantes (Hauer fout vraiment la pétoche), la CIA lance l’attaque sur les 12 cellules SD. Fusillade, combats, vues du poste de surveillance… L’expérimenté Jack Bender recourt à une réalisation au kérozène, mais au montage bien lisible pour faire monter l’excitation jusqu’au dénouement final, qui sonne comme une libération… Du moins le croit-on car ce happy end est contredit par un twist final de fou furieux ! La CIA croit avoir gagné, mais elle n’a été qu’un pion dans le plan sophistiqué d’un cerveau machiavélique ! La croisade de Sydney n’est pas finie : c’est maintenant qu’elle est désormais sans défense, surveillée par un ennemi encore plus terrifiant. La fameuse Phase un du titre (cf. l’épisode Face cachée) est l’objet d’un monstrueux cliffhanger inattendu et pétrifiant ! La deuxième partie de cette saison va être l’inverse de ce qu’on a vu jusque-là : ce n’est plus Sydney, arme secrète de la CIA, qui fait du double jeu ; c’est l’arme secrète de l’ennemi qui fait du double jeu contre la CIA et Sydney ! Mais quels sont ses buts ? On en frémit rien que d’y penser. Bienvenue dans Alias 2.0 !

Les infos supplémentaires

Avec cet épisode, nous ne retrouvons plus le générique qui depuis le deuxième épisode de la saison 1 nous résumait les motivations de Sydney.

L’épisode a été programmé aux USA suite à la finale du super bowl 2003, case horaire enviable.

J.J.Abrams se fend d’un récapitulatif de la série au début de l’épisode, par l’intermédiaire de Kendall. Ceci s’explique par le fait que cet épisode serait diffusé juste après la finale du Super Bowl, et qu’il y’aurait donc de nouveaux spectateurs de la série devant la chaîne. Il fallait donc les mettre au courant des enjeux de la série.

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14. TROMPE-L'ŒIL
(DOUBLE AGENT)

Scénario : Roberto Orci et Alex Kurtzman-Counter

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Arvin Sloane a rejoint sa femme Emily bien vivante et dirige désormais pour son propre compte le combat pour s’emparer du secret de Rambaldi, avec comme complice Sark. Fran a été assassinée et remplacée par un parfait sosie à la solde de Sloane. A Berlin, l’agent de la CIA Emma Wallace qui a découvert que son amant et partenaire était un double est tuée en direct à Berlin sur l’ordre de Sloane.

La critique de Patrick Sansano




On peut suivre désormais la série en minorant l’importance de Sydney Bristow. La scène de l’explosion d’Emma Wallace transformée en bombe vivante est assez poignante. On retrouve ici la cruauté du serpent Alvin Sloane. Si l’on peut regretter que la romance à l’eau de rose entre Sydney et Vaughn empiête trop sur l’intrigue et que le pseudo érotisme voulu par le réalisateur lors de la scène d'amour nous laisse de glace, Terry O’Quinn fait partie de ceux qui tirent leur épingle du jeu. Victor Garber en père de Sydney est un peu moins insupportable. Avec ses duplicatas, cet épisode évoque un peu le fameux « Chapeau melon et bottes de cuir » : « Interférences ».

A la différence qu’ici, l’existence de duplicatas est vite découverte. Cette affaire sur les « doubles » permet de laisser le fil rouge Rambaldi à l’écart et de multiplier d’autres intrigues. Allégé de la confusion entre SD6 et vraie CIA, « Alias » gagne en efficacité. On ne sait plus parmi les sosies qui sont les vrais ou les faux. Cette paranoïa post 11 septembre 2001 confère de l’épaisseur à la série. Episode où bon nombre de personnages sont absents (Irina, Dixon, Tippin, Sark, Flinkman), cet opus efface l’ardoise et nous redonne une qualité perdue depuis longtemps. Grave et sanglant, sombre et dur, « Trompe l’œil » est un excellent spectacle malgré une Jennifer Garner désormais complètement dépassée.

J J Abrams a le bon goût de ne pas nous imposer un clone de Sydney, une nous suffit bien. Celui de Fran se montre étonnamment plus crédible que l'originale désormais défunte, en n'apparaissant dans l'histoire qu'à des moments soigneusement choisis afin d'accroître le suspense ambiant.

La critique de Clément Diaz


Les joyeux bourrins Orci et Kurtzman ne reculent devant aucun spectaculaire. Bombe humaine et duel de « doubles » sont au menu de cet épisode prenant, mais qui souffre d’être précédé de
Phase Un. Car le ressort principal de cette histoire a été éventé lors du cliffhanger précédent. Le suspense marche donc imparfaitement durant une bonne moitié de l’épisode. Cela n’empêche pas qu’on passe un bon moment.

Un homme et une femme viennent de faire l’amour dans une chambre d’hôtel. C’est alors qu’ont lieu deux rebondissements consécutifs massifs, qui directement nous accrochent ! La deuxième scène est une des plus chargées en suspense de la série avec Emma Wallace (la sublime Olivia d’Abo) enveloppée dans des explosifs, contrainte de chanter une comptine en plein Berlin ! On redoute tout le long l’explosion fatale…

Sydney et Jack apprécient d’être libérés de leur double jeu. Le spectateur n’y perd guère car il reste un agent double : « Fran ». On sent que Merrin Dungey, même si

elle ne fait que quelques apparitions, est ravie d’être enfin utile à l’intrigue. Avec seulement deux-trois expressions de dureté, elle exhale des vapeurs menaçantes.

Le fan des Avengers ne peut qu’applaudir la solide intrigue du duo basée sur l’étenelle idée des « doubles », passage obligé des séries d’espionnage. La technique utilisée fait penser à Mais qui est Steed ? (saison 6) qui cependant ne l’utilisait que pour le visage. L’idée du « reséquenceur moléculaire » permet un bon suspense car tout le long, on redoute un coup fourré de l’agent Lennox dont on ne sait s’il est bien lui ou s’il est un sosie ennemi. L’arrivée sur les lieux du deuxième Lennox lance une chevauchée fantastique de suspenses, car il est tout à fait impossible de savoir qui est qui !! Cette situation s’étend pendant pas mal de temps jusqu’à l’idée géniale de Syd pour les départager, qui ressemble fort à un jugement de Salomon inversé ! Dans son double rôle, Ethan Hawke est parfait. Les auteurs, adroitement, troublent le happy end, car Lennox ne sort pas guéri de cette aventure, et la concrétisation de la relation Sydney-Vaughn est espionnée par le doppelgänger de Fran. Frissons, frissons…

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Un an a passé depuis la mort de Danny Hecht.

C’est la cousine germaine de Maryam d’Abo, James Bond girl de « Tuer n’est pas jouer », Olivia d’Abo, qui incarne l’infortunée Emma Wallace.

Première allusion de Ben Laden dans la série. Elle est faite par Jack Bristow.

On retrouve avec surprise dans le rôle de Lennox le comédien Ethan Hawke, Todd, élève de Robin Williams dans « Le cercle des poètes disparus » qui a bien grandi.

A l’origine, Trompe-l’œil se situait avant Phase Un. Abrams changea l’ordre et fit modifier le script de cet épisode pour respecter la chronologie. Cela explique l’efficacité plus limitée de cet épisode.

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15. ÉLECTRON LIBRE
(A FREE AGENT)

Scénario : Roberto Orci et Alex Kurtzman-Counter

Réalisation : Alex Kurtzman-Counter

Résumé

C’est la fin des études pour Sydney qui doit recevoir son diplôme. Elle veut quitter la CIA, mais Kendall lui fait du chantage : si elle part, elle ne reverra pas sa mère Irina. Le mathématicien Neil Caplan et sa famille sont enlevés par Sark sur l’ordre de Sloane qui téléphone à Sydney.

La critique de Patrick Sansano


 


Retour en grande forme de Ron Rifkin, plus convaincant que jamais en suave méchant Arvin Sloane. Le mythe Rambaldi lui aussi revient à la charge. Ron Rifkin est vraiment un acteur d’un immense talent, parvenant à rendre captivant un personnage de s alaud intégral, le JR de l’espionnage, le comte Dracula des codes secrets. Sa présence écrase complètement une Jennifer Garner particulièrement godiche et ridicule en étudiante diplomée (alors qu’elle n’en fait plus depuis la saison 1, mais les scénaristes n’osent pas imaginer qu’elle a couché pour réussir l’examen !). Flinkman est aussi à l’aise à la CIA qu’il l’était au SD6, et ma foi, Poutine pourrait bien l’engager au FSB, le nouveau service russe qu’il continuerait à plaisanter avec ses vannes à deux balles. Carl Lumbly voit le sort de Dixon amélioré, le personnage gagnant en épaisseur. Terry O’Quinn, meilleur acteur avec Rifkin, a enfin des scènes assez conséquentes à jouer. On peut continuer à regarder la série en perdant tout intérêt pour Jennifer Garner, et c’est le gros point positif de cette saison 2.

Michael Vartan reste insignifiant et son cas est aussi vain que celui de Miss Garner. Bien sûr, Sydney persiste à se sortir des missions les plus impossibles, à effectuer des combats chorégraphiés, mais il y a une telle galerie de personnages dans la série que la relève est vite prise par les bons comédiens au détriment des mauvais. « Alias » est une série dans laquelle le méchant est tellement magnifique, si bien interprété, que l’on perd notre sens moral pour admirer Sloane.

Il faut dire que Rifkin n’a pas à se forcer pour jouer la comédie, il connait son métier. Michael Vartan et Jennifer Garner eux pourraient gagner leur vie comme mannequins gravures de mode. Un peu comme Danyel Gérard qui a choisi entre le chapeau et le talent de Dylan le couvre chef, Jennifer Garner a failli torpiller une série qui ne serait rien sans son némésis. Sloane nous entraîne dans la folie de Rambaldi, et c’est lui maintenant qui part en mission pour son propre compte, et se déguise tel Frégoli, certes sans les décolletés affriolants de damoiselle Sydney, mais avec un peu plus de plomb dans la cervelle. Seul bémol, David Anders en Sark n’est pas un partenaire à la hauteur de Rifkin. Héros du mal, Sloane devient désormais un alter égo de Fantômas ou d’Hannibal Lecter. Et il faut bien le dire, il réhausse le niveau de ce qui était devenu une mauvaise série pour ados.

La critique de Clément Diaz


 

Encore une guest star ! Cette fois, c’est Mr.Christian Slater qui est invité à jouer un engrenage dans la grosse machine de Bad Robot ! Bien qu’il n’ait pas un grand rôle, il est une des clés de cet épisode entraînant bien que sans éclats particuliers. Le duo Orci-Kurtzman délaisse ses excès (quoique le coup de l’œil photographique reste quand même une trouvaille déjantée) pour remettre sur le devant de la scène la Mythologie Rambaldi, et se pencher plus sur la psychologie des personnages, notamment Sydney et Dixon. Moins survolté, A free agent a fonction de prélude à la deuxième ère d’Alias, et remet pour notre plus grand plaisir Sloane au premier plan.

Dixon est face à ses contradictions. Il ne se résout pas à pardonner le silence de Sydney. Mais lui-même n’a-t-il pas menti à sa femme durant tout leur mariage ? Carl Lumbly exprime bien ce malaise. La discussion très dure entre Marcus et Diane laisse le premier devant un choix cornélien : tout quitter et voir 12 années de vie envolées, ou tenter de réparer le mal commis au prix de son mariage. Sydney elle, est condamnée à rester à la CIA alors qu’elle était sur le point de se libérer : la menace Sloane la force à rester. Entre colère et chagrin, Jennifer Garner est excellente. Les personnages nous émeuvent, ce qui n’est pas toujours la priorité d’Alias.

Malgré un bavardage intempestif, les scènes marquantes ne manquent pas, en particulier celle où Sloane appelle Sydney pour un duel verbal claquant, celle où Sark (épatant David Anders), plus glaçant que jamais, force Elsa à coopérer, ou la mission dans le désert avec un combat près d’une hélice qui tourne. Haute tension !! La réalisation du scénariste Alex Kurtzman est honorable, même si manquant de punch.

Le serpent à sonnettes Sloane nous fait un sacré festival : que ce soit pour martyriser un otage, flinguer un pauvre gars comme on allume une cigarette, ou exprimer son excitation à l’idée que sa quête de 30 ans prenne fin, Ron Rifkin bouffe l’écran comme personne. Le cliffhanger, mélange d’orage et de culot, est assez percutant.

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Dans cet épisode, nous apprenons que Sydney a continué ses études.

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16. JUGEMENT DERNIER
(FIREBOMB)

Scénario : John Eisendrath

Réalisation : Craig Zisk

Résumé

Sloane et Sark testent l’arme de Rambaldi. Ils s’allient avec un chef de guerre Kandahar, ami des Talibans. Un attentat terroriste est planifié à Mexico.

La critique de Patrick Sansano



On continue dans la passionnante affaire Rambaldi. Cette histoire à la Da Vinci Code est ici mixée avec l’après 11 septembre 2001. Rifkin confère à son personnage une dimension apatride et internationale. Sloane n’est plus un américain lorsque le chef des Kandahar insulte les Etats Unis. Merin Dunggay devenue la tueuse Allison manque de conviction dans son interprétation. Il n’émane pas d’elle le danger vénéneux que ce duplicata de Fran devrait inspirer. O’Quinn et Rifkin continuent sans peine de voguer en tête d’une distribution faiblarde.

Signe des temps ou Garner a perdu tout sex appeal, Sydney se déguise désormais en vieille femme avec voilette. L’ambiance terrorisme est ici restituée lors de scènes chocs. Il est dommage que la fade interprétation Garner/Vartan ne donne pas le ressort nécessaire à l’intrigue. Comme toujours, les meilleures scènes de l’épisode sont celle de Sloane. Il ne joue pas les déments, mais bien au contraire est d’autant plus effrayant en restant effroyablement « normal ».

L’épisode ici s’emboîte parfaitement avec la tragique réalité du terrorisme islamique contemporain au tournage. Le Ben Laden local est joué par l’israelien Eli Danker, quelque peu trop policé et aux faux airs de Gérard Darmon. On reste insensible aux problèmes conjugaux de Dixon dont le retour n’était pas indispensable et donne lieu à ces fameuses scènes mielleuses sur fond chanté auxquelles Jennifer Garner nous a habitué.

Les airs de boy scout ou plutôt de girl scout de Sydney Bristow sont à chaque épisode plus insupportables, heureusement contrebalancés par le talent du comédien personnifiant l’homme à la recherche du Graal. Notons que depuis quelques épisodes, Will Tippin est sacrifié à quelques plans rapidement passés à la trappe, son arrivée à la CIA étant reléguée à des contorsions du scénario bien sinueuses. Terry O’Quinn lui compose un formidable directeur Kendall. Il est parfaitement à son aise en chef devant au sein de la CIA prendre des décisions sans états d’âme. Un épisode particulièrement violent car la scène de l’attentat tranche par son réalisme avec les tortures grandguignolesques de la saison 1 façon le dentiste qui relèvent plus d’un second degré absent ici.

La critique de Clément Diaz

 

 

Pour ce qui est d’imaginer des scènes spectaculaires, Alias est un modèle. Prenant certainement appui sur l’Apocalypse de la Bible, John Eisendrath imagine le système d’une bombe à neutrons d’un nouveau genre (une invention de Rambaldi) : les cibles humaines s’enflamment de l’intérieur jusqu’à carbonisation totale, le tout sans toucher à l’environnement ! Cette scène eschatologique est une des plus marquantes de la série, mais a le défaut d’être isolée au milieu d’un script paresseux qui tourne à vide. Sans ce climax central, l’épisode serait totalement tombé au champ d’honneur.

L’épisode commence par allécher lors d’un duel aux répliques tranchantes entre Sydney et Sloane, la première déterminée à tuer sans sommations le deuxième. Heureusement pour Sloane, Sark débarque avec sa délicatesse coutumière (camion fracassant une portière) pour le sauver. Une introduction roborative ! Mais ensuite, il ne se passe plus grand-chose, les auteurs meublant l’absence d’action par une chaîne de dialogues aussi explicatifs que surnuméraires : toute la mise en place de l’alliance entre Sloane et Kabir occupe trop de temps. Le refus de Dixon de revenir à la CIA, le seul à pouvoir réussir la mission, est un cliché bien appuyé, d’autant que pour une fois, Carl Lumbly met ses expressions faciales en pilotage automatique. Vaughn inquiet pour la 5758e fois pour Sydney, ne change pas de registre. Heureusement que la belle Fran (Inquiétante Dungey) nous divertit par le flinguage froid d’un plombier.

La scène de découverte du micro ne donne aucunement le vertige escompté. La grande scène centrale de la bombe à neutrons avec l’échappée in extremis de Kazabi, fait néanmoins un sacré effet (quoique minorisé par l’inutile Weiss).

Malgré le plaisir de revoir Bradley Cooper - même si ses apparitions sont assez forcées ; le plus frustrant est la mission finale qui se réduit à Sydney capturée, et où ses geôliers passent et repassent. Il ne se passe rien, et on se demande pourquoi ils ne se décident à la torturer qu’au bout de 24 heures, à la seconde même où Vaughn et Dixon apparaissent miraculeusement. On a rien vu de leur infiltration, ni de la prise de la bombe : un final en queue de poisson. Heureusement, le twist final (la vraie valeur de la statuette indienne) permet de terminer l’épisode sur une note honorable.

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Première allusion dans la série aux Talibans et à l’Afghanistan post 11 septembre.

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17. TALON D'ACHILLE
(A DARK TURN)

Scénario : Jesse Alexander

Réalisation : Ken Olin

Résumé

La CIA soupçonne Vaughn d’être un agent double. Sloane cherche un nouveau manuscrit de Rambaldi, et pour coincer l’homme, il faut laisser sortir Irina. Jack lui fait confiance.

La critique de Patrick Sansano

Quel intérêt de faire allusion à un personnage de l’épisode 2 de la saison 1 que tout le monde a oublié ? Volonté de réaffirmer qu’Alias est un feuilleton et non une série ? Mais l’essentiel de la première saison est maintenant derrière nous, la rupture s’étant consommée avec « Phase un » qui a mis la série sur de nouveaux rails. Tout le monde comprend ce qu’Irina a derrière la tête et J J Abrams prend vraiment le téléspectateur pour un naïf. Les rapports du couple ou plutôt de l’ex couple Irina/Jack frisent presque la niaiserie de ceux de Sydney et Vaughn.

D’autre part, dès que Ron Rifkin est moins présent dans un épisode, la qualité de la série baisse. Michael Vartan et Bradley Cooper faisant double emploi, leurs scènes communes ressemblent à du « remplissage » et n’apportent absolument rien à l’intrigue. Les querelles d’amoureux de Sydney et de son bellâtre sont assommantes et l’on se croirait dans « Dawson » ou autre « Beverly Hills ». On atteint même le fonds du fonds genre « Sous le soleil », c’est dire.

Le pire ennemi d’Alias est devenu Jennifer Garner, prête, avec les meilleures intentions du monde, à plomber littéralement la série. Son jeu éventé , réduit à deux ou trois expressions qu’elle nous sert sans cesse nous démontre qu’elle a vite déçu les espoirs fondés sur ses qualités d’actrice. Ses limites ont été atteintes durant la saison 1. A force de brouiller les cartes d’un scénario sans cesse condamné à ouvrir des portes interdites, à trouver des mondes nouveaux comme dans un jeu vidéo, « Alias » perd le téléspectateur le plus indulgent. Ici, Ron Rifkin est quasi inexistant, et le mythe Rambaldi mal cerné, relevant plus de l’espionnage que du fantastique et de l’immortalité. Déjà mis à mal par Garner, la série prend l’eau dès que Lena Olin se voit octroyer trop de temps d’écran.

Si Abrams n’était pas capable de remplir 22 fois quarante et une minutes cinquante secondes durant une saison, que n’a-t-il choisi de réduire le nombre d’opus pour maintenir la qualité à haut niveau. Terry O’Quinn fait ce qu’il peut, mais on lui a limité ses scènes à l’essentiel. « Alias » mène donc sur la longueur une qualité en dents de scie, nous procurant un vide absolu après des épisodes réussis. « Talon d’achille » est un opus qui a hélas bien mérité son titre. L’écheveau de plusieurs intrigues se croisant a souvent donné des histoires brillantes mais ici la trahison réelle de l’un et fausse de l’autre déroutent le spectateur.

Enfin, Tippin est un personnage maintenu artificiellement qui non seulement n’apporte plus rien à la série, mais en accroit la faiblesse. L’impression de travail bâclé des scénaristes est vraiment frustrante. Les touches de guimauve qui heureusement n’atteignent pas Ron Rifkin et Terry O’Quinn mais qui font le bonheur de plusieurs acteurs médiocres (des scènes faciles à jouer, dignes de participants des « feux de l’amour ») sont consternantes et risquent fort de mettre à bas le bel édifice construit par J J Abrams. Il n’y a même plus de cliffhanger mais une désolation sinistre avant le générique de fin, et avouons-le un coup de colère du téléspectateur que l’on a pris pour un gogo.

La critique de Clément Diaz

 

Talon d’Achille est un épisode « décalé » dans le sens où Sydney n’a pas le rôle principal. C’est en effet le couple Irina-Jack qui part en missions ! Une idée audacieuse mais payante, même si l’épisode a du mal à démarrer. La sortie de prison d’Irina permet à la série de rompre définitivement avec sa première ère (achevée avec Phase Un), et de lui donner un nouveau coup de fraîcheur. De plus, Jesse Alexander fusionne trois de ses intrigues en une seule à la fin, avec une adresse stupéfiante.

L’intrigue « Vaughn » est la moins convaincante. Accusé de traîtrise, Sydney reçoit l’ordre de l’espionner ! Outre le fait qu’on y croit pas, on a un peu de mal à avaler les explications de Vaughn, les tentatives ridicules de Syd, et leurs échanges pénibles (l’exaspérante scène de la clé) sur la confiance mutuelle. Fatigant…

Lena Olin arrive toujours à avoir le jeu demandé : ici, elle fêle son ambiguïté ; une excitation se peint sur son visage, et on sent qu’Irina prépare quelque chose d’imminent. Pourtant, rien n’indique quel est son plan secret, et c’est au moment où le spectateur se relâche qu’un twist final se charge de le réveiller. Effet garanti !

Irina est plus en forme que jamais, elle joue sur le bien-être de Sydney pour convaincre Jack et Kendall de la faire participer à une mission, puis se déguise en femme fatale qui joue avec le feu (scène mémorable du poignard) et castagne ! Elle semble si supérieure que Jack doit se battre pour ne pas se laisser dévorer. Victor Garber continue à impressionner en bloc de glace aux nombreuses zébrures.

Pendant ce temps, « Fran » manipule Will. Elle ne se contente pas des classiques « confidences sur l’oreiller », mais y mêle aussi l’hypnose ! Elle fait aussi se culpabiliser Sydney en lui rappellant combien elles étaient proches avant. Sournois ! Merrin Dungey est froide et caressante ; un mélange détonnant. Les codes qu’elle soutire à Will auront un intérêt primordial dans la scène finale.

L’intrigue Sloane-Sark est réduite prépare le terrain à la rencontre fatidique, menant à une frénétique poursuite, à un jeu de faux-semblants exquis, un marché de dupes royal, et un twist final, impérial. Un éblouissant finish !

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Cet épisode fait allusion à des évènements survenus dans « Opération tonnerre six » (01-02).

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18. TRIO INFERNAL
(TRUTH TAKES TIME)

Scénario : J.R.Orci

Réalisation : Nelson McCormick

Résumé

Emily Sloane, furieuse que son mari se soit sauvé avec Irina en fuite, fait un marché avec La CIA. Sydney est ravagée par le chagrin et la haine après l’évasion de sa mère.

La critique de Patrick Sansano



De plus en plus calamiteuse, Jennifer Garner s’est en fait trompée de plateau. Elle se croit sur celui de « La petite maison dans la prairie ». Il faut dire que les scénaristes enfoncent encore le clou en lui faisant déclamer « cette femme n’a jamais été ma mère ». Au fond, elle est la partenaire idéale pour l’insignifiant Michael Vartan. Ils se complètent dans l’interprétation approximative.

De son côté, Ron Rifkin multiplie les facettes de son personnage. Il est à l’aise dans le mari aimant et chouchoutant sa femme au cancer en rémission, en associé d’Irina et pseudo protecteur de Sydney. Mais si les deux tourteraux Vartan/Garner donnent une idée du néant quand ils prennent l’air intelligent, Rifkin se montre nettement meilleur comédien que Lena Olin, et O’Quinn que le fade Victor Garber. Les plans de Jennifer Garner et Michael Vartan « au ralenti » ne sont pas charitables, accentuant la vacuité des comédiens.

En revanche, Amy Irving actrice de talent donne une réplique à la hauteur de son partenaire. Il est fait fi ici de toute crédibilité. Malgré la façon dont il a perdu la face, Jack Bristow est maintenu à son poste et même promu. Peut-on croire un instant que Kendall approuve cette récompense à l’échec ? Et que la même CIA a engagé Tippin, dont l’inutilité est stupéfiante.

Maintenant avec un masochisme appuyé (ou un manque de bon sens élémentaire) son oreille droite hors de sa chevelure, Garner a choisi d’être la plus moche possible et elle a bien réussi. L’épisode nous propose des scènes geignardes et bavardes entre Emily et Sydney. Le problème, c’est que Jennifer Garner ne sait pas faire la différence entre la sensibilité (qu’elle croit atteindre) et la sensiblerie (que son jeu reflète).J J Abrams a imaginé la CIA comme un endroit où n’importe qui entre comme dans un moulin et vient proposer ses services. Cela devient pathétique. Mais le pire arrive pour Jennifer Garner lorsque Ron Rifkin qui lui sait jouer la comédie nous propose une scène d’émotion. Acteur fascinant, sûr de son métier, il nous offre un grand moment de la série tout en nuances.

Visiblement, entre les deux « acteurs », il y a un fossé vertigineux et voir la différence de métier est cruel pour la Lara Croft du pauvre dont on devine qu’elle n’atteindra jamais ce niveau même en travaillant une vie entière. Sachant jouer avec les facettes d’un méchant plus complexe qu’il ne paraît, on se souviendra longtemps d’un des meilleurs personnages de s alaud intégral vu depuis des décennies grâce à ce comédien exceptionnel. Son jeu évoque Cassavetes, Landau, Gazzara. Mais la série va-t-elle pouvoir continuer longtemps à rouler sur trois cylindres avec seulement deux bons comédiens à son crédit ?

La critique de Clément Diaz

 

Le petit frère de Roberto Orci frappe fort pour le tout premier scénario de sa carrière. Il a l’excellente idée de centrer l’épisode sur l’émouvant personnage d’Emily Sloane. Il peut donc jouer pleinement la carte de l’émotion et de la psychologie, et ce, avec une maîtrise parfaite. Avec une géniale habileté, Orci ne sépare pas émotion et action, mais les mélange à chaque scène : le résultat ne laisse jamais le spectateur en repos, qui se laisse emporter par de violents retournements de situation, jusqu’à la chute finale, d’une tristesse et d’une ironie dévastatrice. Un des sommets de la saison !

La cold open voyant Sydney tirer une balle sur sa mère - réponse tardive à la balle d’Ennemie intime - donne le la. S’il faut ensuite passer une longue introduction sans action (un défaut récurrent de cette saison), la scène de l’avion met l’épisode sur les bons rails avec une Irina plus duelle que jamais. Malgré son alliance avec Sloane et Sark (le trio infernal du titre), elle éprouve toujours de maternels sentiments envers Sydney, ce qu’elle confirme lors de la brillante mission de la banque - décidément, on attaque beaucoup les banques dans Alias - où tout est fait pour monter l’adrénaline à un seuil insoutenable : électrochocs, alarmes, compte à rebours, fusillades, bastons affolent le métronome, et la couronne revient à Irina qui ne peut s’empêcher de sauver la vie de sa fifille au risque de se faire prendre. Lena Olin a compris les nombreuses multifacettes de son personnage, le plus complexe d’Alias.

Emily voit sa patience poussée à bout. Sloane n’arrive plus à contenir ensemble ses deux raisons de vivre : Emily et Rambaldi. Avec stupéfaction, nous voyons Sloane choisir Emily, et la scène où il appelle Irina pour abandonner la quête de toute sa vie est un moment sensationnel ! Mais Emily finit par crucifier son mari lors d’un rebondissement central terrible. Amy Irving est la reine de l’épisode : que ce soit l’amour (conjugal et maternel), l’espoir, la tristesse, le regret, elle traverse toute la gamme des émotions possibles avec un talent fou. L’épisode grâce à elle est intensément varié. Ses scènes avec Sydney et Sloane sont bouleversantes, et son dilemme final est d’une puissance écrasante. Le côté le plus lumineux, humain, de Sloane est ici largement développé, sans problème transmis par Ron Rifkin. Il sert autant d’émotion que d’action, car sa décision rebat une nouvelle fois les cartes. L’invasion finale et sa chute terrible, jointe à une coda très mystérieuse, achèvent de faire de Truth takes time, un des épisodes les plus inoubliables de la série.

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Aka. Liens sacrés.

Emily révèle être mariée depuis trente ans avec Arvin.

Arvin Sloane recherche le secret de Rambaldi depuis trente ans.

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19. ROULETTE RUSSE
(ENDGAME)

 

Scénario : Sean Gerace

Réalisation : Perry Lang

Résumé

En voulant abattre Arvin Sloane, Dixon a tué Emily. Sloane devient obsédé par la vengeance et se désintéresse de Carlo Rambaldi. L'épouse de Caplan, l'homme kidnappé par Sloane, est une espionne russe sur laquelle Jack Bristow passe ses nerfs faute d'avoir retrouvé Irina.

La critique de Patrick Sansano


Les scénaristes avaient oublié en cours de route le scientifique Caplan, enlevé par Sloane. Le revoici, toujours prisonnier, tombant comme un cheveu dans la soupe. Du côté de Vaughn et Sydney, une vie de couple banale s’instaure. L’ennui s’installe. Le jeu de Jennifer Garner, catastrophique, n’arrange rien. Un nouveau personnage sans aucun charisme arrive : Elsa Caplan, joué par Tracy Middendorf, aussi crédible en alter-ego d’Irina que Bernard Menez en Superman. L’actrice n’est ni belle ni talentueuse. Encore une fois, Ron Rifkin, jouant un veuf éploré, fait ce qu'il peut pour sauver l'entreprise en faillite mais la brièveté de ses séquences est dommageable à l’épisode.

Certes, Il nous fait oublier les discussions du couple Dixon, les minauderies de Sydney portable à l’oreille en train de faire les courses dans un… supermarché, l’incompétence de Jack Bristow. C’est assez pitoyable. Le ridicule ne tue pas heureusement, lorsque, débarquant à Moscou, Sydney est déguisée en cow boy, ou gloussant avec de soit disant camarades de collège après s’être déguisée en blondasse. De deux choses l’une : soit les scénaristes n’ont pas obtenu l’augmentation qu’ils voulaient et ils se sont vengés, soit ils ont fumé quelque subtance douteuse avant de rédiger. On se rappelera cette scène pathétique de Vaughn en caleçon tue l’amour.

Devant ce désastre, le téléspectateur se dit que la série va être annulée. Il n’y a plus aucun suspense, les fils rouges s’emmêlent, certes Rifkin est brillant mais cela ne suffit plus. Même les scènes de combat deviennent bâclées. Les personnages n’ont plus rien à se dire, alors ils se perdent dans des bavardages inutiles autour d’une table de restaurant. L’absence de Terry O’Quinn/Kendall remplacé par un Victor Garber inexpressif est cruelle.

Mesdames et Messieurs, c’était le plus mauvais épisode de la série. Il ne sera difficile de faire pire. Mais qui sait ?
Pour faire sortir le téléspectateur de sa torpeur, on tue l'un des personnages familiers de la série. Mince, ce n'est pas Sydney. Flûte alors.

La critique de Clément Diaz

 

La ligne d’arrivée approchant, la saison 2 se lance sur orbite : comme en saison 1, les auteurs accélèrent le tempo pour mettre le spectateur dans un état second. Le scénario en freelance de Sean Gerace (qui n’a plus écrit par la suite, on le regrettera), au sein d’une saison 2 moins fofolle que la première, renoue avec les dingueries absolues d’Alias : missions délirantes, coups tordus, doubles jeux enfilés comme des perles, déguisements ahurissants… et une des chutes finales les plus violentes de la série.

Endgame est un one-Sydney-show : Jennifer Garner, à part une scène à la Melrose Place (scène du tiroir), est dans son registre favori : la boule d’énergie explosive.

Dans un rebondissement inattendu, Elsa Caplan dévoile son vrai visage, et déclenche la mision de Sydney : sauver Neil Caplan, qui a dans son corps une bombe à retardement. Nouvelle charge d’adrénaline ! La situation des Caplan évoque cruellement celle du ménage Bristow. Humilié d’avoir été trompé une seconde fois par Irina, Jack se venge sur Elsa, qu’il voit comme une autre Irina. Victor Garber et la sublime Tracy Middendorf se jouent avec aisance de leurs rôles difficiles.

Sydney, surveillée par la CIA, soutire à leur nez et à leur barbe un renseignement en morse grâce à une montre-enregistreuse, sème un gêneur en se mêlant à un groupe de filles écervelées, expédie un message codé à Vaughn. Puis, déguisée en cow-boy (!) s’approche d’un ennemi en faisant du rodéo !! Puis se retrouve en Espagne, accompagné de Vaughn entrant lui aussi en rébellion, comme par hasard tout juste avant la fin du compte à rebours. Cette dernière partie enchaîne fusillades et course contre la montre avec maestria, agrémenté d’un petit numéro régalant de Sark. Alias renoue ici pleinement avec ses fantasmagoriques et délirantes péripéties.

La haine de Sloane éclate au grand jour (Rifkin toujours au top), et il faut tout le soutien d’Irina pour qu’il puisse garder la tête froide. « Fran » infiltre le réseau de la CIA via Will, avec une brillante ruse. Gerace a beau nous offrir un happy end pour les Caplan, cette joie est détruite par la chute finale, où Sloane applique une horrible loi du talion, twist final d’un sadisme choquant, pierre de touche de ce superbe épisode !

Les infos supplémentaires

Deux mois sont passés depuis l’enlèvement de Caplan.

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20. 48 HEURES
(COUNTDOWN)

Scénario : Jeff Pinkner, d’après une histoire de R.P.Gaborno

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Sloane a découvert que Dixon avait tué sa femme grâce à une vidéo que le sosie de Fran a capté depuis la CIA en piégeant Tippin. A la sortie d’un restaurant, la voiture de Dixon explose, mais c’est l’épouse de ce dernier, Diane, qui est tuée. Sloane, dépité, décide de prendre congé de Sark et Irina et se retirer.

La critique de Patrick Sansano



Immense erreur de montage, peu compréhensible dans une production américaine. A la fin de l’épisode précédent, Diane Dixon dit « je vais voir les enfants » et dépasse la voiture de son mari pour aller dans une autre. Dixon ouvre la portière de sa voiture, piégée, mais rappelé par Vaughn et Sydney, en claquant la portière, la voiture explose, tuant sa femme. Or, dans le présent épisode, la scène nous est montrée de façon différente. Dixon est devant sa voiture mais n’a pas ouvert la portière. On voit alors le sosie de Fran actionner un explosif télécommandé et la voiture de Dixon saute tuant Diane. En fait les deux séquences constituent un contresens. Sloane voulait tuer Dixon et non sa femme, mais dans la version 2, la fausse Fran tue volontairement Diane. Soit réalisateurs et scénaristes s’en fichent, soit ils ont besoin de vacances.

Arvin Sloane est vraiment détruit par la mort d’Emily. L’épisode est construit autour du personnage de Dixon qui hélas n’est qu’un second couteau pas intéressant. Carl Lumbly ne remplace pas un bon comédien, et subir les séances de psy de Dixon ralentit le rythme. Il ne nous prive pas de Jennifer Garner, mais la série tourne à vide. Insupportables dans l’intimité, les scènes de ménage Sydney/Vaughn au sein de la CIA deviennent carrément atroces. Et puis après une dispute à la CIA, ils font la paix chez eux. On se croirait dans « Plus belle la vie ». Au secours !

Si elle a pu faire illusion au début, Jennifer Garner ne sait pas jouer. Sortie de son costume de super héroïne agent secret, elle assène les banalités que les dialoguistes lui ont peu charitablement concoctés. Prenez Elodie Gossuin , et faites la jouer, elle ne ferait pas pire. Il fallait engager une Sarah Michelle Gellar pour jouer Sydney, mais elle prenait peut être trop cher ? Quant à Terry O’Quinn, son absence injustifiée est cruelle, et Victor Garber est loin de l’égaler.

Encore un guest célèbre après Faye Dunaway, Quentin Tarantino, c’est David Carradine qui s’y colle. Mais en 2003, le héros de « Kung Fu » était un has been. On le retrouve ici dans une sorte de monastère tibétain ou bouddhiste. Le comédien cachetonne dans le personnage de Conrad.

Nous devons les seules bonnes scènes à Ron Rifkin. David Carradine peine à lui donner la réplique tant il est caricatural. Un secret important et crucial est révélé à Sloane. Mais on retiendra de l’épisode des scènes ratées comme Flinkmann draguant une jeune collègue qui ne trouve que des gays lorsqu’elle est amoureuse. L’épisode se termine même sans cliffhanger, dans l’ennui. La saison 2 est à bout de souffle.

La critique de Clément Diaz

 

Alias n’en finit pas d’inviter des hôtes de marque. Ce sont cette fois deux stars qui y sont convoqués ! David Carradine, dont le rôle est taillé sur mesure pour l’ancienne star de la série Kung-fu, ainsi que Danny Trejo et sa trogne aussi légendaire que sa filmographie. En dehors de ce coup marketing, R.P.Gaborno - scénariste très occasionnel qui écrira mon épisode préféré d’Alias : Sueurs froides (saison 3) - continue la logique des derniers épisodes en se centrant sur un personnage. Ici, c’est Dixon, en quasi rupture de ban, qui menace de sombrer dans un nihilisme vengeur qui émeut le spectateur. Cependant, l’intrigue n’est pas à la hauteur de la dimension apocalyptique souhaitée, la fin laissant le fan assez frustré.

Dixon pète un câble et menace de tout faire sauter pour faire parler un garde (I have nothing to lose !), Vaughn est prêt à lui loger une balle. Ca, c’est de l’intro ! Retour dans le passé où nous assistons à la lutte de Dixon pour ne pas sombrer. Pinkner aurait pu aller plus loin dans sa descente aux enfers, d’autant que Carl Lumbly nous fait une très belle composition. Cependant, il reste fascinant de voir Dixon en danger de perdre son humanité - comme Frank Black au début de la saison 2 de MillenniuM. La scène où il frappe Vargas (Trejo) sans s’arrêter devant une Sydney affolée n’est surpassée en violence que par celle du cadavre éventré de di Regno !! Accablé par le chagrin, Dixon, au bord du suicide, ne trouve réconfort qu’en Sydney qui risque gros en n’allant pas le dénoncer. L’épisode doit beaucoup à leurs scènes communes.

Une nouvelle recrue, la superbe Carrie Bowman (Amanda Foreman), jette son dévolu sur… Marshall ! Ce qui donne des scènes amusantes mais avouons-le un peu trop longues. La deuxième partie voyant la CIA se battre contre la prophétie apocalyptique de Rambaldi a autant d’action que l’on puisse souhaiter, même si le final est décevant : quand on prédit un Big Bang, il faut quand même le réaliser ! On s’attache aussi au voyage de Sloane au Népal pour rencontrer Conrad (Carradine), qui lui fit découvrir sa quête de Rambaldi. La dimension Fantastique d’Alias s’étend dans cet épisode, entre la machine cardiaque et les prophéties de l’italien, nous emprisonnant dans un océan de mystères surréels. Un épisode aux curieuses sensations.

Les infos supplémentaires

C’est Conrad qui il y a trente ans a initié Sloane au secret de Rambaldi.

Carrie Bowman est une grande fan de la chanteuse Joni Mitchell. En clin d’œil, Mitchell sera le nom du fils de Carrie et Marshall.

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21. FAUX AMIS
(SECOND DOUBLE)

Scénario : Crystal Nix Hines, d’après une histoire de Breen Frazier

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Tippin est arrêté comme étant un traître et un double. Le vrai double étant celui de Fran. Kendall fait transférer Tippin dans un pénitencier. Sydney est à nouveau confrontée à sa mère.

La critique de Patrick Sansano


Come back de Terry O’Quinn dans le rôle de Kendall. Il avait besoin de vacances ? Son retour est présenté sans explications. Dixon a à nouveau un rôle prépondérant dans l’intrigue, alors que le personnage manque d’épaisseur. Perdant les repères avec l’espionnage et renouant avec le fantastique (duplicatas, secret de Rambaldi), « Alias » retrouve un semblant de forme. On passera sous silence les allusions érotiques montrant Jennifer Garner en maîtresse sado maso aussi convaincante dans cette tâche que Mimie Mathy en ange gardien. Les histoires de sosies s’insèrent bien dans la série comme jadis les duplicatas dans « Chapeau melon et bottes de cuir » où le thème du double fut maintes fois abordé. « Alias » évolue dans un univers assez fantasmagorique pour que la présence du sosie de Fran soit vraisemblable.

Arvin Sloane fait une apparition assez surprenante pour se confronter à Jack, accélérant l’aspect fantastique du feuilleton. Les missions de Sydney semblent gagnées d’avance comme si les ennemis de la CIA avaient le QI d’une Miss France ancienne manière. On voit ainsi Sydney réussir à s’introduire dans les endroits les plus improbables avec pour leurre de simples pitreries de Vaughn. L’affrontement Sydney/Irina n’est jamais poussé dans ses retranchements et reste une péripétie du scénario.

Ni Lena Olin, ni Jennifer Garner n’ont le talent nécessaire pour nous faire croire à leur lutte mère fille. Les seuls bons moments nous sont dus à Ron Rifkin, mais sa présence à l’écran trop rare affadit l’épisode. En regardant ce naufrage, on se demande comment la chaine ABC a pu étirer sur cinq saisons un feuilleton qui méritait l’annulation pure et simple dès la première.

"Alias" ressemble à un paquet mal ficelé que le préposé des postes laisserait partir en l'état. Le déséquilibre est flagrant entre deux bons comédiens, Ron Rifkin et Terry O'Quinn, et la médiocrité des autres. Surestimé et surexposé à l'écran, le monocorde Victor Garber remporte la palme de la nullité en père de Sydney. Carl Lumbley en Dixon fait ce qu'il peut, mais visiblement il ne peut pas beaucoup. Bradley Cooper rate toutes ses scènes et n'est jamais convaincant, il reproche ici à Sydney d'avoir croisé son chemin, mais le téléspectateur se serait aisément passé de cette gravure de mode. Quant au couple Jennifer Garner/Michael Vartan, on n'a plus envie de tirer sur l'ambulance par simple charité.

La critique de Clément Diaz

 

Après Irina-Jack, Emily, Sydney, et Dixon, c’est au tour de Will d’avoir droit à son épisode. Breen Frazier invente une intrigue originale, qui détourne la bonne vieille histoire des doubles : Will ne voit pas sa place prise par un double, mais est accusé d’en être un alors qu’il n’y a pas de Will double ! Pris dans une effroyable machination, Will se débat, mais ni Sydney ni lui ne parviennent à briser le cercle diabolique imaginé par Sark et « Fran ». Cette bataille féroce bouillonne durant tout l’épisode, et n’est même pas achevée quand arrive l’implacable cliffhanger.

« Fran » et Sark organisent un coup monté contre Will. Comme le spectateur, nous voyons, médusé, l’analyste totalement pris dans la tornade : il ne se souvient plus de souvenirs qui pourraient l’innocenter (hypnose quand tu nous tiens), a changé de rétine (laser, quand tu nous tiens), se fait étrangler par Dixon, sûr d’être en face de l’informateur qui a permis l’assassinat de son épouse (deveine, quand tu nous tiens). Bradley Cooper est à fond dans son rôle : en homme traqué, incompris, abandonné de presque tous, il est très touchant. La scène du téléphone est magistrale dans ses dialogues (Sydney, I love you, but I can’t trust you anymore).

Dans cet épisode, Alias ne se pose pas de questions : elle fonce dans le tas, et pis c’est tout ! Evasion spectaculaire, Will qui dézingue à la mitraillette, cravate-micro… et surtout Sydney en maîtresse sado-maso - Jennifer Garner n’hésite pas à en faire des caisses, c’est jouissif. Le décalage entre le méchant du jour et ses « déviances » sexuelles, est très amusant (come back with my pants, please !). Alias est toujours à son meilleur niveau quand elle se lâche ! Crystal Nix Hines nous offre en prime des dialogues soutenus - on retient le concours de vannes entre Jack et Kendall, avec un Terry O’Quinn qui carbure à l’ironie pure. Le fracassant retour de Sloane devant un Jack médusé, avec un Ron Rifkin qu’on a rarement vu aussi surexcité, est un pont prometteur jeté vers l’avenir. Enfin, Merrin Dungey est délectable en mante religieuse, son rôle s’accroit de plus en plus, et on attend avec impatience le mano a mano final avec l’héroïne. Le cliffhanger est méchant pour Will, qui ne se doute pas qu’il vient de commettre une énorme bourde… 

Les infos supplémentaires

Beaucoup de références sont faites ici à l’épisode 02.14 « Trompe l’œil ».

Kendall mentionne avoir été mis sur la touche il y a un mois par Jack Bristow.

Les américains écrivent Marseille avec un « s » à la fin. Ce n'est point une erreur, car en anglais, le nom de la cité phocéenne accepte les deux orthographes.

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22. RISQUE MAXIMUM
(THE TELLING)

Scénario : J.J.Abrams

Réalisation : J.J.Abrams

Résumé

Sark est fait prisonnier par la CIA. Tippin est innocenté par le fichier ADN. Arvin Sloane est persuadé d’être l’élu de la prophétie Rambaldi. Tippin découvre que Fran est un double, et Sydney que sa mère a encore bien des révélations à lui faire.

La critique de Patrick Sansano



Voilà donc la fin de la saison 2, qui s’est révélée médiocre. Comme Lena Olin joue mal. Ses larmes de crocodiles ne convainquent ni sa fille ni le téléspectateur. Notons tout de même une avancée dans le monde de la science-fiction avec le personnage du duplicata de Fran sur lequel nous en apprenons plus. Comme pour « The Avengers » dans les années 60, la série a dérivé de l’espionnage au fantastique. Irina/Lena Olin avec ses airs éthérés nous exaspère particulièrement. Une véritable tête à claques.

Heureusement, Arvin Sloane et son excellent interprète sont de la partie et rehaussent le niveau. « Risque maximum » a des allures de remise de prix de fin d’année. Chaque comédien a droit à son bon mot, Le suspense est enfin distillé par le réalisateur lorsque Tippin découvre que Fran est Allison. La séquence nous procure une frousse salutaire. Pendant quelques minutes, Jennifer Garner joue bien (tout arrive !) et l’on se croit dans « L’invasion des profanateurs de sépulture ».

Merrin Dungey n’a jamais joué aussi bien. On peut dire juste qu’il était temps qu’elle le fasse. Regrettons que l’on évente le point d’interrogation sur la présumée mort d’un personnage important. Le ou la comédien (ne) concernée – je ne ferai pas de spoiler – a dû renégocier son contrat avant la fin de la saison, car il est usuel que l’on tue tout le monde (« Dynastie », « Profiler ») et que ne se relèvent que les comédiens qui ont signé pour la suite. L’épisode reste déséquilibré entre un final splendide assez bondien (On a ici quelque peu copié les romans de Ian Fleming « On ne vit que deux fois » et « L’homme au pistolet d’or » en saupoudrant le tout de fantastique) et ce qui restera une succession de scènes de bravoures pas toujours du meilleur effet. On se moque comme de sa première chemise des amours de Flinkman, et de Flinkman tout court d’ailleurs. L’épisode est rapide comme un TGV pour éviter au téléspectateur de trop réfléchir.

Que sera la suite ? « Alias » part sur de nouvelles structures narratives à chaque saison, mais le procédé a ses limites. C’est un peu l’effet « Pamela a rêvé de Bobby sous la douche » dans « Dallas ». Le feuilleton car c’en est un est inégal. Il est capable du meilleur comme du pire. De bons moments comme la scène de la découverte de l’usurpation de Fran ou plutôt d’Allison sont rares et à conserver bien à part. Il y a beaucoup de scories dans « Alias », malheureusement. Comme dit précédemment, la série aurait gagné à avoir moins d’épisodes par saison.

 

La critique de Clément Diaz

 

Le finale de la saison 2, écrit et réalisé par le boss lui-même, privilégie comme Almost thirty years une suite de scènes chocs plutôt qu’un vrai scénario. Mais à la différence du finale de la saison 1, Abrams ne s’embarrasse (presque) pas de scènes inutiles, et surtout, a à sa disposition suffisamment d’intrigues à clôturer pour garder une allure très rapide. Irina Derevko quitte (provisoirement) la scène par la grande arche, tandis qu’arrive enfin le règlement de compte entre Sydney et Francie (Allison Georgia Doren désormais). La révélation finale est aussi dévastatrice que celle finissant la saison 1 ! J.J.Abrams ne recule devant rien pour assommer le spectateur, totalement groggy quand défile le générique de fin ! Ce faisant, il ouvre la voie à une troisième ère, aux enjeux très différents de ce que nous avons pu voir jusque ici.

De fait, pour résumer cet épisode, on n’a qu’à citer toutes les scènes fortes qui le caractérisent. Irina nous livre une prestation d’enfer avant de partir de la série. La scène de la patinoire où elle apparaît brusquement face à Sydney (quel culot !) est l’occasion d’un dialogue fougueux et étincelant où elle explique ENFIN quel était son vrai plan, sa vraie allégeance. En passant, elle fait bien entendu un dernier double jeu (le plus inattendu !) de la plus belle eau. A la fois femme de tête, d’action, mais ouvrant enfin ses émotions (jusqu’aux larmes) à sa fille chérie, Irina achève de nous étourdir par sa sophistication. Lena Olin nous fait une performance d’Oscar !

Il faut aussi la voir lors de son dernier face-à-face avec Sydney, et son babylonien saut de l’ange, on en reste la bouche ouverte, la langue pendante ! La mission de Mexico est haletante, et on reste les yeux fixés à chaque image.

Sloane arrive au terme de sa longue quête : à l’issue d’un piège savamment organisé, il possède désormais la machine de Rambaldi et la « révélation » qui en découlera. Abrams, pas fou, cède à son amour du mystère, et se garde bien de nous éclairer sur elle ! Mais Sloane, en pleine béatitude devant un Jack ne parvenant pas à le comprendre, est un spectacle à lui tout seul. Surtout quand il lui dit qu’il ne veut pas l’exécuter parce qu’il le considère toujours comme un ami ! Sark, avec un David Anders plus crapule tu meurs, nous amuse de la « flexibilité de ses loyautés », et reste toujours aussi flegmatique même tabassé par Vaughn ou jeté en prison.

Le show ne serait pas complet sans Allison, la mante religieuse qui continue à manipuler ce pauvre Will. Son bref duo avec Sark fonctionne très bien, mais c’est bien sûr dans la grande scène de bagarre qu’elle livre tout son potentiel. In extremis, Merrin Dungey, qui a hérité du rôle le plus ennuyeux de la série, prend une sacrée revanche lors de ses scènes pleines d’intensité avec Will, où elle tente de le tuer à chaque fois qu’elle en a l’occasion. La discussion calme suivie du déchaînement final est une merveille de scène de suspense puis d’action. C’est la bagarre la plus prestigieuse de la série dans laquelle Garner et Dungey lancent toute leur énergie, et que J.J.Abrams filme en grand professionnel avec sa caméra enfiévrée. La coda finale nous plonge aux confins du bizarre le plus bizarre et se finit sur un cliffhanger massif. Cadeau du chef : Michael Vartan fait une excellente performance quand Vaughn, à la torture, dévoile toute la vérité à Sydney. C’est suffisamment rare pour être souligné.

Une fin de saison impériale qui clôt avec force ses intrigues, et ouvre la voie à une troisième saison radicalement différente, mais pas moins efficace !

Les infos supplémentaires

Irina fait une révélation cruciale concernant le secret de Rambaldi.

3e et dernière réalisation de J.J.Abrams pour sa série. Il réalisera toutefois quelques scènes du double épisode Jeux d’espions (saison 4).

Lena Olin (Irina Derevko) quitte la série après cet épisode. On ignore si c’est à cause du cachet trop élevé qu’elle demandait, ou si elle est volontairement partie pour consacrer plus de temps à sa famille. Elle ne reviendra qu’à partir de l’épisode … En Scylla (saison 4). Elle apparaîtra en tant que guest star dans en tout 5 épisodes.

Bradley Cooper (Will Tippin) et Merrin Dungey (Francie Calfo/Allison Doren) quittent eux aussi la série, leurs personnages n’ayant désormais plus rien à lui apporter. Cooper reviendra dans deux épisodes : Jeux de piste (saison 3), et L’Elue (saison 5). Dungey reviendra dans trois épisodes : Noir et blanc et Jeux de piste (saison 3), et dans le finale de la série Un sentiment d’éternité (saison 5), dans un flash-back filmé spécialement pour l’épisode.

Weiss dit à Marshall, préoccupé par ses problèmes avec les femmes : It’s a sort of catch 22. L’expression « catch 22 », inventée en 1961 par Joseph Heller dans son roman éponyme (qui est une dénonciation violente des absurdités de la logique bureaucratique), est depuis passé dans le langage courant en anglais. Elle désigne une situation absurde d’où un individu ne peut s’échapper à cause de règles logiques rentrant en contradiction. L’exemple du roman est qu’aucun pilote d’avion de guerre ne peut demander une évaluation psychologique dans l’espoir d’être diagnostiqué comme fou - ce qui lui permettrait d’échapper aux missions les plus dangereuses -… parce qu’en faisant une telle demande, il montre qu’il ne peut pas être fou ! Le docteur Daneeka, personnage du roman, appelle cette situation « Catch 22 ».

Weiss dit au téléphone à Vaughn que « Markey » est malade. Peut-être un clin d’œil à Mary Jo Markey, la monteuse de la série.

« The Telling » est la traduction anglaise du nom italien de la machine de Rambaldi : « Il dire » qui comme son nom l’indique, signifie « La révélation ». Le contenu de cette révélation ne sera connu que dans l’épisode 3.19 Compte à rebours.

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Images capturées par Patrick Sansano.

 

Toucher le fond… (Broken - Part 1)

 saison 3 saison 5

Alias


Saison 4


1. JEUX D'ESPIONS - 1RE PARTIE
(AUTHORIZED PERSONNEL ONLY - PART 1)

Scénario : J.J.Abrams et Jeff Melvoin

Réalisation : Ken Olin et J.J.Abrams (non crédité)

Résumé

Six mois après la mort de Lauren, Sydney et Vaughn démissionnent de la CIA. Sydney, Vaughn, Jack Bristow et Dixon travaillent désormais pour un département secret du service : l’APO  (Authorized Personnel Only) Le chef de l’APO, au grand effroi de Sydney, n’est autre que… Arvin Sloane. L’APO est une sorte de SD6 de la CIA. Sentimentalement, Vaughn et Sydney sont séparés. La jeune femme ne veut pas renouer leur liaison.

La critique de Patrick Sansano



Jennifer Garner s’est trompée de carrière. Au lieu de vouloir être comédienne, ce qui est hautement au-dessus de ses capacités, elle aurait dû faire des films érotiques. Physiquement, elle est plus jolie que Brigitte Lahaie ou La Cicciolina, est égale de Clara Morgane. Elle n’attire l’œil que lorsqu’elle est en sous vêtements. Le reste du temps, elle est transparente et insignifiante. Voilà une belle vocation ratée. Après la sombre et sanglante fin de la saison 3, la saison 4 débute par Sydney en lingerie féminine devant un vieux vicelard. Quant à Michael Vartan, il se prend pour un boxeur. Il assouvit sa rage d’avoir tué sa femme. Si Garner avait une vocation toute tracée dans le porno, Vartan a lui aussi raté son destin : il est la parfaite gravure de mode pour romans photos ou pour jouer aux côtés de Victor/Eric Braeden dans « Les feux de l’amour ».

Grosse déception : Bradley Cooper n’est pas de retour après une saison d’absence dans le rôle de Tippin.

La bonne surprise, c’est Ron Rifkin en chef de l’APO. Il retrouve cet aspect racé et seigneur qu’il avait partiellement perdu dans la saison 3. Il est de nouveau le tréteau qui porte à lui seul tout l’édifice.  Carl Lumbly (Dixon) a un jeu limité, Victor Garber, le père de Sydney, conserve son jeu monolithique.

Dans une longue scène où elle doit attirer l’attention d’un homme, Jennifer Garner excelle dans son personnage de garce d’une façon bigrement convaincante au point d’en devenir inquiétante.mais Clara Morgane en lieu et place n’aurait pas mieux ou pire. Sauf que Clara dans la scène d’amour avec Vaughn n’aurait pas gardé son tricot de peau bleu !

Cet épisode nous laisse sur notre faim quant à plusieurs questions restées à suspens à la fin de la saison 3. Le Covenant existe-t-il toujours ? Katya Derevko/Isabella Rossellini a-t-elle survécu à la fléchette qu’elle a reçu dans le cou ?

Les deux héros ne parviennent pas à plomber la série. Tout de même, avec une actrice belle ET intelligente comme Gillian Anderson pour ne citer qu’elle, la série aurait une autre allure. Dans les scènes de dialogues entre Ron Rifkin et Jennifer Garner, c’est un désastre. Rifkin est un comédien. Garner non. Et le jour où sa jeunesse s’enfuiera et où il ne lui restera plus ce semblant de sex appeal, elle sera au chômage. Son talent n’existe que lorsqu’elle est en lingerie sexy.

La critique de Clément Diaz


Alias
change de saison, ce qui dans le cerveau de J.J.Abrams signifie changement d’ère. Le créateur de la série revient aux sources en imaginant une division secrète de la CIA dirigée par Arvin Sloane dans laquelle font équipe Dixon, Sydney, et Jack (bon et Vaughn aussi) !! Mais avec une exception : on est bien chez la CIA ! La saison 4 peut se décrire en fait comme une version de J.J.Abrams du fameux thème d’une cellule d’espionnage indépendante, qui a fait le miel de bien des séries : les superhéros des Professionnels, le trio de Département S, l’IMF de Mission : Impossible… Conséquence : nous allons assister à une saison globalement remplie de loners, d’épisodes indépendants. Ce faisant, Alias perd de sa spécificité. Heureusement, cette saison renoue avec la formule gagnante de la saison 1 : missions et déguisements à gogo à cadence infernale, après la plus relative modération des saisons 2 et 3. Cette ouverture de saison frappe très fort en nous aspirant d’entrée dans un tourbillon d’action explosif, tout en nous présentant sans temps mort les enjeux de la saison : un exploit de la part d’Abrams et Jeff Melvoin !

Sydney joue une adorable écervelée pour séduire un agent ennemi, puis se lance dans une bagarre tapageuse avec un gars, une des bagarres les plus musclées de la série ! Quand soudain, Sydney est poussée vers l’extérieur du train et se raccroche à des sangles. Son assaillant commence à couper les sangles… et retour 72 heures plus tôt lors d’une poursuite frénétique à Shanghai entre des « méchants » et un agent de la CIA et Sydney - dans une de ses tenues les plus aguicheuses - qui rentrent dans une boîte de métalleux. Dix minutes de pure adrénaline. J.J.Abrams nous rassure : notre indestructible héroïne a toujours la pêche ! Pas le temps de s’arrêter, on assiste, incrédules, au procès à charge de Sydney pour insubordination, mené par l’agent Chase, interprétée par une guest star de prestige : Angela Bassett ! A la fin, Sydney démissionne de la CIA !! Ce n’est pas fini : un twist génial vient remettre en cause tout ce qu’on vient de voir. Ce n’est pas fini : nous visitons pour la première fois le siège de l’APO, quartier général souterrain luxueux. Les scènes sont extrêmement intéressantes car la caméra de Ken Olin suit bien le point de vue de Sydney qui découvre comme nous ce QG et ses habitants.

Tout au long de l’épisode se succèdent dialogues certes explicatifs mais très intéressants car contenant leur part de mystère - comment est-on arrivé à cette situation ? - On apprécie de voir les personnages devant tous composer avec leurs conflits personnels que ce soit envers eux-mêmes (Vaughn) ou envers d’autres (Sydney en colère contre Sloane et son père), ce qui donne des scènes à la tension omniprésente. La double mission du train, se penchant sur le bluff incertain de Vaughn face à l’acheteur de l’isotope, acquiert encore plus d’épaisseur par ses liens avec l’action des premières minutes de l’épisode. A la fin, les conflits ne sont nullement débloqués. Suspense et psychologie fusent à vitesse supersonique dans cet épisode qui ouvre parfaitement cette saison 4.

Les infos supplémentaires

Rick Yune qui incarne Tamazaki était Zao dans le James Bond « Meurs un autre jour ».

La scène où Vaughn se bat avec un géant dans le train évoque l’affrontement entre Bond et Requin dans « L’espion qui m’aimait ».

Mia Maestro (Nadia Santos) est désormais créditée au générique après 3 participations à la série en tant que guest star. Elle n’est cependant pas présente dans cet épisode. David Anders (Julian Sark) n’est plus crédité en revanche ; mais il jouera dans 2 épisodes de cette saison, et aura un rôle récurrent dans la saison 5.

Un nouveau générique est créé pour cette saison. Le thème musical de J.J.Abrams est un peu rallongé, et le design a changé, en beaucoup plus flashy et spectaculaire : nous voyons en 25 secondes 52 déguisements de Sydney extraits des saisons antérieures. Malgré que ce générique soit un vrai panégyrique aux déguisements et au physique de l’actrice, Jennifer Garner déclara le détester.

L’idéogramme chinois que Sydney écrit sur le T-shirt de Brodien signifie « chien ».

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2. JEUX D'ESPIONS - 2E PARTIE
(AUTHORIZED PERSONNEL ONLY - PART 2)

Scénario : J.J.Abrams et Jeff Melvoin

Réalisation : Ken Olin et J.J.Abrams (non crédité)

Résumé

En Argentine, Sydney revoit Nadia. Puis elle se heurte à son père qu’elle hait désormais. Elle se confie à Vaughn. La mission de APO est désormais de retrouver Tamazaki. Marshall est recruté par l’unité de Sloane. Pour piéger Tamazaki, un vol est organisé dans un musée où se trouve un sabre qui l’attire et qu’il a déjà tenté de dérober.

La critique de Patrick Sansano

 



Bien qu’empruntant un nouvel arc narratif, « Alias » récupère peu à peu tous les personnages récurrents (Ici Marshall puis la dernière venue Nadia). La routine reprend avec ici un vol qui rappelle Tom Cruise dans le premier « Mission Impossible ». Il n’est jamais plus fait allusion au meurtre de Danny Hecht, et Arvin Sloane deviendrait presque un personnage fréquentable si, lorsqu’il pause sa main sur l’épaule de Sydney, on ne voyait le regard haineux et effaré de l’espionne. Les scénaristes échafaudent de nouveaux secrets.

Ainsi, le mystère le plus entier règne sur la mort potentielle de la mère de Sydney, Irina. En chef de l’APO, Sloane a beaucoup de scènes ce qui nous permet de nous régaler avec le meilleur atout de la série, Ron Rifkin. Que serait « Alias » sans lui ? Il a retrouvé toute sa prestance d’antan. L’épisode est un honnête suspense, ni  plus ni moins. Mia Maestro devient un substitut de Melissa George, soit la jolie fille second rôle féminin après Sydney. Rick Yune est aussi cinglé que dans le Bond « Meurs un autre jour ». La bonne surprise de l’épisode, venant épauler Rifkin, c’est Mia Maestro dont le rôle devient plus important et développé. Et son charme qui n’était pas si évident à son arrivée est mis en valeur. Un peu aux dépends de la crédibilité de son personnage.

Il y a ceux qui ne sont pas encore dans la confidence de l’APO et restés à la CIA, c’est le cas du fade Eric Weiss. Quant à Irina, on nous la jure tellement morte que nous ne serions pas surpris outre mesure qu’elle réapparaisse. Lena Olin n’a pas dit son dernier mot.

A travers les saisons qui repartent à chaque fois sur de nouveaux canevas, « Alias » tente d’attirer le téléspectateur qui prend le train en route. On peut ainsi expliquer l’absence de références continues aux évènements et personnages importants des trois premières saisons. Si références il y a, elles sont sélectives et sont mises au service des nouveaux scripts.

La critique de Clément Diaz


La deuxième partie de ce double épisode est caractérisée par l’intronisation de Nadia Santos en tant qu’agent au service de l’APO. Mia Maestro accapare aussitôt l’écran, en marchant sur les traces de Jennifer Garner : glamour et baston. Disons-le tout de suite, elle n’a pas grand-chose à envier à la vedette du show. Malgré tout, cette bonne nouvelle est nuancée par les lenteurs frappant cet épisode, et surtout le choix malheureux de Rick Yune en méchant du jour.

L’épisode commence plutôt bien avec le « recrutement » comique de Marshall, précédant le vol du sabre japonais, pépite de suspense et d’équipement high-tech. Que Sydney manque de se faire tuer par une simple bouteille de coca-cola nous rappelle qu’Alias adore les grains de sable qui enrayent les belles mécaniques. La révélation de la véritable identité de Vadik est très bien trouvée, un alias de plus qui rejoint la cohorte des surnoms délirants utilisés par la série. On a vraiment l’impression de regarder un épisode de cette glorieuse saison que fut la saison 1. Toutefois, lors de la deuxième mission voyant Sydney prisonnière, le rythme s’essouffle. Rick Yune, déjà fade dans la première partie, a un jeu qui frappe tout le temps à côté ; il est d’un ridicule achevé. La scène de torture de Sydney est copiée sur celle du dentiste sadique (on regrette Ric Young), en remplaçant simplement l’arrachement de dents par la noyade.

L’arrivée de Nadia est accueillie certes avec plaisir par le spectateur, mais est un rien trop brusque. Elle permet de voir quand même ses deux facettes : séduction quand elle se débarrasse d’un garde (on renoue avec les bons vieux gadgets en folie de Marshall), et lutte furieuse contre un bad guy. Le twist final sur le commanditaire du « contrat » non seulement nous surprend, mais pose immédiatement une batterie de questions sur un tel comportement. Bon, apparemment Irina est morte, mais comme on ne voit pas son cadavre, on se dit qu’il y’a anguille sous roche… Bien, les bases sont lancées, en avant pour une nouvelle saison !

Les infos supplémentaires 

J J Abrams a réalisé une partie de l’épisode, bien que le metteur en scène principal soit Ken Olin.

Marshall a réchappé au massacre de la fin de la saison 3.

Selon Marshall, Sark est toujours prisonnier de la CIA.

Dernier scénario de J.J.Abrams pour sa série.

Irina Derevko est née en 1950. Elle a donc cinq ans de plus que son interprète Lena Olin (née en 1955).

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3. CRUELLE VÉRITÉ
(THE AWFUL TRUTH)

Scénario : Jesse Alexander

Réalisation : Lawrence Trilling

- So, what's your real name, Charlene ?

- Ima.

- Ima what ?

- I'm a gonna kick your ass !

Résumé

Sydney propose à sa sœur Nadia (dont Eric Weiss est amoureux) de vivre chez elle. Elle a envie de révéler à Nadia que leur père a tué Irina. Un ordinateur ultra-secret a été volé à la NSA par un certain Bishop  pour le vendre à des terroristes allemands. Jack Bristow veut soumettre Nadia à une évaluation pour l’écarter de  l’APO. En Andalousie, Sydney va tenter de séduire Bishop.

La critique de Patrick Sansano



Mia Maestro apporte une indéniable plus value à la distribution. Ce n’est pas dû à son physique avantageux mais à l’aisance avec laquelle elle se coule dans son personnage. Elle écrase son partenaire Victor Garber lors des scènes de tests psychologiques et de confrontations. Elle apporte une dimension émotionnelle à son personnage que Garber n’a pas.

Notons quelques petites variations avec les habitudes de la série : aux Bahamas, Sydney se fait prendre la main dans le sac en tentant de percer le secret d’un ordinateur recelant des comptes bancaires.  Jusqu’à présent, dans ce genre de scènes, elle aurait eu le temps de reprendre sa place, ici comme cliente de la banque dont le directeur a été distrait par l’équipe de l’APO. Le résultat reste le même puisqu’en avouant ce qu’elle fait, l’homme ne la croit pas tellement la chose est énorme et elle s’en tire à bon compte. La facilité avec laquelle elle s’introduit dans la forteresse de Bishop, vu les moyens énormes mis à sa disposition par l’APO, nuit assez au suspense. Dans le rôle de Bishop, Peter O’Meara a l’air bien trop gentil. Quand l’agneau devient loup, on peine à le croire. La coexistence de la CIA « officielle » de Langley (à laquelle appartient toujours Eric Weiss) et l’APO complique inutilement les scripts.

Par certains côtés, l’histoire montrant Sydney demeurant dans la propriété tandis que Bishop l'y laisse libre lorsqu’il en sort rappelle Bond et Sanchez dans « Permis de tuer ». Après une longue scène d’exposition montrant la façon dont le méchant sera piégé, donnant à Sydney une couverture parfaite, un déséquilibre s’installe dans la cohésion de l’histoire et la chute est assez brutale et éludée. Remettre en fil rouge au centre de l’intrigue les rapports complexes entre Sydney et son père nécessite de nombreuses scènes, alors que la haine viscérale et justifiée de l’héroïne envers Sloane n’a pas besoin de discours.

Sans l’évoquer de façon explicite, ce qui perturberait le téléspectateur qui prend le feuilleton en cours de route, la mort du fiancé de Sydney Danny Hecht n’a pas été digérée malgré les mille visages qu’aura empruntés  Sloane au fil des saisons. Là où les scénaristes flanchent, c’est dans la façon assez artificielle de réunir toute la distribution au sein de l’APO. Il s’agit de reprendre les mêmes (Mia Maestro remplaçant Melissa George) et de recommencer.

La critique de Clément Diaz

 

Alias nous a souvent régalé par des méchants très convaincants. Malheureusement la série ne traverse pas une passe heureuse dans ce domaine : après Rick Yune, c’est au tour de Peter O’Meara d’incarner un vilain dépourvu d’aura. L’intrigue tournant autour de lui, elle s’en voit dévalorisée. Mais Jennifer Garner tient une forme olympique, et tient cet épisode sur ses épaules. On retient également Jack Bristow (toujours impeccable Victor Garber) qui trouve une porte de sortie gonflée à la situation compliquée où l’a mis le meurtre de sa femme.

On commence par une mission bien dingo aux Bahamas avec Sydney en greluche (Garner est immensément belle dans sa robe très décolletée), Marshall en plombier… Marshallien, Vaughn en râleur, et Dixon en rasta !! Ça, c’est du Alias en plein délire comme on aime ! La réplique qui tue de Sydney quand elle se fait surprendre près du coffre par le propriétaire est une heureuse trouvaille. L’épisode s’enchaîne à l’infiltration de la maison de Bishop, avec Sydney jouant à la blonde éplorée pour se faire inviter chez ce trafiquant coureur/tueur de jolies filles. Hélas, à cause de son interprète, et aussi d’une écriture limitée du personnage, Bishop n’inquiète jamais. La tension est vite réduite quand il est pris entre deux feux à la fin. Le moment le plus mémorable de l’épisode, outre l’inattendu « shut up » hurlé par Marshall à un Vaughn trop bavard (c’est le monde à l’envers !) est finalement quand il est abattu de 9 coups de révolver (!!!) par une Nadia furibarde. Sydney tient notre attention par ses numéros de séduction, ou en se promenant à ses risques et périls dans la maison ultrasécurisée, mais tout ça manque de rythme, malgré la caméra pointilleuse de Lawrence Trilling.

Weiss se rendant compte au fur et à mesure que tous ses amis sont en fait toujours à la CIA est certes amusant, mais c’est vraiment Jack qui a la part du lion. Sydney est sur le point de révéler à Nadia que Jack a tué leur mère. Du coup, Jack lui balance un bobard tellement énorme… qu’il passe ! Il faut voir la consternation dans les yeux de Sydney, mais on ne peut qu’applaudir ce maître coup qui conclut l’épisode.

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Peter O’Meara (Bishop) est né en Irlande en 1969. Il a été révélé par les séries « Band of brothers » et « Peacemakers ».

A partir de cet épisode, Eric Weiss rejoint l’APO.

Lorsque Nadia interrompt la discussion Jack-Sydney lors de la fête, on entend la chanson You are everybody. C’est un clin d’œil à la dernière série que venait de co-créer J.J.Abrams : Lost, où elle est la chanson-clé du personnage de Charlie.

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4. CRYO 5
(ICE) 

Scénario : Jeffrey Bell

Réalisation : Jeffrey Bell

Résumé

Un homme propose à l’APO une nouvelle arme, le Cryo 5, qu’il a avale comme une capsule. Mais la chose fuit dans son corps et il se « cryogénise » et explose en mille morceaux. La mission de Sydney est de partir au Montenegro pour récupérer auprès d'un certain  Fintan Keene l’arme secrète.

La critique de Patrick Sansano



Les intrigues de « Alias » sont parsemées de fils rouges : ici la quête de la mère par Nadia, Vaughn qui compare le fait d’avoir tué Lauren à l’histoire de Jack Bristow et Irina. Les ravages provoqués par le Cryo 5 donnent des trucages assez risibles et ratés. Cela nous prive de toute compassion envers les cobayes que le méchant utilise avec son arme. Michael Vartan en prêtre rendrait athée le plus fervent des croyants. La comédienne écossaise Kelly Macdonald, vue dans « Trainspotting » joue ici une ex-terroriste de l’IRA. Son frère est le méchant Fintan Keene (Mark Aiken). Pour les américains, le Monténégro a des relents de guerre froide et d’URSS, et  les terroristes qu’ils soient irlandais ou de l’est sont identiques. Une absence de nuances  qui montre que le téléspectateur américain lambda se moque de l’histoire contemporaine, surtout lorsqu’elle n’est pas américaine. Mélanger l’identité de « prêtre » de Vaughn et  ses remords d’avoir tué Lauren est tiré par les cheveux.

Le scénariste Jeffrey Bell n’est visiblement pas inspiré. Il ne suffit pas le comédien Mark Aiken  soit irlandais pour en faire un ex-militant de l’IRA crédible. Il ressemble, ainsi que sa sœur, à un mercenaire. Après un début de saison moyen, voilà un gros ratage. Seule Mia Maestro tire son épingle du jeu. Ron Rifkin a peu de scènes à défendre, et on le regrette. Il se contente en Sloane de diriger les opérations à la façon de M dans les James Bond. Plus de nouvelles, mais c'est courant dans "Alias", de l'énigme Rambaldi.

Vaughn ayant tué Lauren pour sauver la vie de Sydney, on conçoit difficilement qu’il ait eu des remords. Lauren n’a laissé aucune chance à son mari de la prendre vivante. Aussi, tout le discours mélodramatique ici (que le scénariste croit favoriser par la couverture de « prêtre » de Vaughn) n’a pas lieu d’être. Les seuls bons moments de cet épisode ridicule dès le pré générique sont les séquences avec la photo d’Irina et le bébé, et la quête de savoir de Nadia.

Cette saison 4 connut dans un premier temps une embellie d’audience aux Etats-Unis due à une programmation sur ABC après « Lost ».  Mais le public va déserter et avec un épisode comme  ce « Cryo  5 » grotesque, on ne peut lui en tenir rigueur.

La critique de Clément Diaz


Nouveau venu dans le staff, Jeffrey Bell montre qu’il a tout de suite compris les délires d’Alias. Son scénario y va à la truelle pour les idées les plus saugrenues. Malheureusement, il a la main trop optimiste sur la psychologie des personnages, et décrédibilise ainsi son histoire. Mais Bell a grande confiance en ses acteurs, et permet à Michael Vartan de faire une composition foudroyante. La constatation s’impose : Vartan, souvent médiocre, se métamorphose chaque fois qu’il a l’occasion de creuser la darkside de son personnage (un plaisir hélas rare). Au final, c’est pour son portrait et celui des Keene qu’on s’intéresse vraiment à Ice, plus que pour ses intrigues.

Un homme explose en mille morceaux !!! Voilà une intro qui pourrait participer au concours des introductions d’épisodes les plus givrées (sans jeu de mots). L’épisode se penche ensuite sur ses deux personnages-clés : Vaughn et Meghan Keene (la magnifique Kelly McDonald). Cette dernière, prisonnière d’un frère violent et tyrannique, se réfugie dans la religion et son métier altruiste, espérant compenser ses mauvaises actions par un extérieur honorable. Opprimée par son dilemme, elle reste sympathique, même au moment de sa trahison. En contraste, son frère est un monstre intégral (horrible scène des cobayes) auquel Mark Aiken impose sa présence.

Le déguisement de Vaughn en prêtre alcoolique est chargé de symbolisme fort. Il est du « bon côté », mais son esprit est corrompu par son passé qu’il porte comme une croix. Avant la mission, Vaughn faisait allusion à Lauren qui continue de le tourmenter. Son récit est bouleversant, car montrant tous les dilemmes qui compriment son cœur, sa crainte de se perdre dans une vie amère et frustrée. Vartan signe sa meilleure performance de la série, bien aidé par les mots expressifs du scénariste. On regrettera donc le peu de crédibilité de la dernière partie de l’épisode : comment Meghan peut-elle faire confiance à Vaughn sans savoir qui il est réellement ? Le final précipité s’enfonce dans un pathos mélo vulgaire, lestée de plus de l’arrivée forcée de Syd. Parallèlement, l’intrigue du bébé sur la photo d’Irina allonge artificiellement un scénario au souffle court. Retenons simplement le rapprochement Weiss-Nadia, qui sera la caution comique bien qu’inutile de cette saison.

Les infos supplémentaires

Nadia croit désormais que l’assassin de sa mère est puni et qu’il s’agissait de  Bishop (épisode précédent).

L’irlandais Mark Aiken sera Nichols dans la saison 7 de « 24h chrono ».

Outre « Trainspotting », on a vu Kelly Macdonald dans « Harry Potter et les reliques de la mort ».

Meghan Keene est décrite comme la sœur d’un ancien membre de l’IRA. Elle est donc irlandaise… mais les chargés de casting ont engagé Kelly McDonald, une écossaise : elle n’a donc pas le bon accent ! Cette confusion entre deux pays étrangers comme l’Ecosse et l’Irlande est un défaut récurrent dans les séries américaines.

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5. LE VILLAGE
(WELCOME TO LIBERTY VILLAGE) 

Scénario : Drew Goddard

Réalisation : Kevin Hooks

Résumé

Une bombe est volée en Russie. Vaughn et Sydney doivent la récupérer, et infiltrer le réseau de voleurs. Sloane veut en savoir plus et dit à Jack Bristow de se mettre en contact avec un certain Vasilevich. Nos héros se retrouvent invités dans « le village de la liberté ».

La critique de Patrick Sansano



« Alias » n’avait pas encore rendu hommage à Patrick Mc Goohan. Ici, d’emblée, l’épisode évoque « La  ville fantôme/Colony Three », épisode de « Destination danger » qui préfigurait le village du numéro six. Dans cet endroit, on retrouve évidemment des anciens agents secrets. Tout est trop parfait, artificiel, des images rappellent un peu  le décor « The Stepford Wives », film d’anticipation,  de « The Truman Show », ou de « Bienvenue en Arcadie », épisode de la saison 6 de « X Files », plus que Portmeiron ou encore la ville fantôme dont c’est une sorte de remake libre. On ressent les sourires forcés, les menaces derrières les visages de voisins affables.

Lorsque Sydney veut enquêter la nuit « au dehors », cela rappelle le Santa Mira de « Halloween 3, le sang du sorcier », ville d’un fabriquant de jouets diaboliques. L’infiltration dans un camp ennemi et la tentative de vouloir en sortir est l’archétype de nombreux récits des années 60 comme l’épisode du « Saint » : « Les mercenaires ». On reprochera cependant au chef opérateur une lumière trop sombre pendant le premier quart d’heure. Tom et Diane qui ont « invité» Sydney et Vaughn au village ne tardent pas à se montrer menaçants. Il suffit d’une petite reconnaissance de Sydney aux alentours de la maison pour éveiller les soupçons. C’est un ancien camp d’entrainement soviétique. Dès que la lumière du jour jaillit, notre intérêt est davantage présent. C’est un recyclage de nombreuses choses vues ailleurs. Le couple doit apprendre à devenir de parfaits américains comme les pensionnaires de la Midlands Academy dans l’épisode des « Envahisseurs » : « Le rideau de lierre ».

Le mot « liberté » revient dans l’épisode (alors qu’il s’agit d’une prison) autant de fois que lorsque le Numéro six voulait se faire élire dans « La liberté pour tous » dans « Le Prisonnier ».. Lorsque nos tourtereaux veulent acheter une magnifique décapotable, d’autres références nous viennent en tête : « Le prix du danger » ou son remake « Running man ». Cet épisode d’Alias est un hors série comme ont pu l’être pour « Chapeau melon et bottes de cuir » les épisodes « L’héritage diabolique », « Le Joker » ou « Mademoiselle Pandora ». Drew Goddard, le scénariste, doit quand même beaucoup à Patrick Mc Goohan. L’existence d’un grand complot à l’échelle « Bondienne » qui vient se greffer vers la fin semble un peu difficile à développer dans ce format 40 minutes.

Comme pour « Colony Three/La ville fantôme » avec John Drake/Mc Goohan, la chute est un peu rapide. Malgré des moyens financiers supérieurs côté production, cet épisode d’Alias n’atteint pas le charme de celui de « Destination danger ». Faute à un manque d’aspect dramatique (ici, même dans les situations critiques, nos héros ne perdent pas leur self control et leur bonne humeur). Faute aussi à des décors insuffisamment exploités. Dommage. Nous aurions aimé voir ce camp d’entrainement aux allures de ville de banlieue bourgeoise davantage, et trop de scènes de huis clos nous en privent.

La critique de Clément Diaz


L’idée d’un Eden comme vitrine de l’enfer a inspiré maints et maints auteurs du septième art, depuis
Enfer ou paradis ? un des épisodes les plus aboutis de La Quatrième Dimension, où sous le charme des fausses apparences se cache une réalité bien plus sordide… chacun des épisodes ou films ayant repris ce thème eut ainsi l’occasion de donner un sous-texte métaphorique en plus du premier degré : Le Prisonnier (et son intéressant remake) trône au sommet des références, mais on pense aussi à la dénonciation d’un monde aseptisé et ultraconservateur dans l’Arcadia des X-Files, la déshumanisation de la société de Blue Velvet, ou l’intolérance des esprits rebelles dans Evergreen, l’épisode le plus réussi de La Treizième Dimension, etc. Le regard de Drew Goddard est celui d’une critique virulente contre l’american way of life, l’hypocrisie des rapports humains. Le classicisme de l’intrigue est relevé par la bizarrerie omniprésente de l’action ; le décalage entre les belles apparences et un réel très noir.

Sydney et Vaughn, dans la peau d’un couple marié, se font passer pour des terroristes russes qui infiltrent un camp d’entraînement dans le but de récupérer une arme électromagnétique (le McGuffin de l’épisode). D’emblée, les apparences sont trompeuses. La fête des voisins chez nos héros a un gros décalage entre les sourires et les cadeaux des invités, et leur véritable nature : que des criminels sanguinaires ! Il y’a aussi le pistolet en kit à monter soi-même servi entre deux plats de cuisine, ou les allusions menaçantes de Tom et Diane entre deux éclats de rire qui font frissonner. Syd et Vaughn doivent jouer le change : on admire l’improvisation de la première lorsqu’elle se fait surprendre par Tom près de sa maison. La description du système du sécurité n’est pas sans évoquer celle du Village du Prisonnier (le Rôdeur en moins), et contribue à cette ambiance anxiogène.

La scène du magasin de voitures est une des plus fortes de la série où notre couple doit réussir à acheter une décapotable convoitée par un autre couple. Le départage se fera… aux flingues ! On peut y discerner une réflexion désabusée sur la course à la consommation, de notre capacité à vendre nos valeurs et idéaux contre de l’argent et du luxe (système déjà appliqué dans Le Prisonnier). Cet épisode reste unique en son genre dans une série marquée par le sceau du divertissement pur. On retient cette nouveauté davantage que l’intrigue, même si réussie : le plan secret du Contingent d’Octobre étant fichtrement roublard, et anticipe déjà sur la très aboutie série The Americans. Dans un irrespect total du protocole, Syd et Vaughn s’accordent des vacances improvisées. Ca fait du bien de voir notre duo propret s’encanailler quelque peu !

Épisode au sujet trop large pour une durée aussi restreinte, mais qui mérite l’attention.

Les infos supplémentaires

Rick Overton  (Vasilevich) était Ralph dans « Un jour sans fin » (1993).

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6. CONFUSION MENTALE
(NOCTURNE) 

Scénario : Jeff Pinkner

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Suite au suicide de l’agent de la CIA Nancy Cahill, Sloane cherche à retrouver son mari à Amsterdam et à récupérer des documents secrets. La maison des Cahill est un vrai cauchemar où le mari, tel un vampire, mort au cou Sydney avant d’être abattu par Jack. Sur les murs, des graffitis de démons. Sloane réprimande Dixon qui met en doute le bien fondé de ses ordres.



La critique de Patrick Sansano



Tels Mulder et Scully, Sydney et son père s’introduisent à la lumière de torches électriques chez les Cahill. Le début de l’épisode a tout d’un film d’épouvante/horreur jusqu’à la table d’autopsie où l’on voit l’intérieur d’un crâne. Le scénario de Jeff Pinkner (il a aussi travaillé sur « Profiler » et « Fringe ») est un travail d'orfèvre. Le compositeur Michael Giacchino nous propose une musique inquiétante à souhait. Une drogue doit avoir atteint les Cahill. Ceux-ci avaient rendez-vous avec un comte. Nous nageons en plein fantastique : lorsque Sydney prend sa température, elle a 44 degrés. Elle est victime d’hallucinations  qui la plongent en plein film d’horreur.

Le costume qu’utilise Sydney lors de la rencontre dans une discothèque gothique avec le comte évoque la Hammer. Un épisode de « Alias » qui ne ressemble pas à « Alias » et qui se révèle une bonne surprise. En fait, nous pourrions être en plein « X Files ». Voilà un « loner », un épisode que l’on peut regarder sans avoir vu le reste de la série (ou plutôt du feuilleton).

Michael A Goorjan est un peu jeune pour le personnage. On se régale avec les hallucinations de Sydney qui sont autant de scènes d’épouvante pour le téléspectateur, sans que cela remette en cause l’intrigue. Le titre original, « Nocturne », est le nom de la drogue à l’origine de tout. Nous vivons l’épisode à partir de la drogue qui affecte Sydney et entrons de plein pied dans le monde du cauchemar. Segment atypique, filmé en majeure partie dans l’obscurité, « Confusion mentale » est une réussite. Nous sommes en pleine quatrième dimension.

Si l’intrigue trouve une solution expresse qui nous est à peine expliquée, le diable, une fois sortis du cauchemar, nous apparaît, comme à Dixon, porter le nom d’Arvin Sloane. Une incursion fort réussie aux frontières du surnaturel.

La critique de Clément Diaz


Contrainte à un plus grand classicisme par la production, Alias doit marcher sur des thèmes plus standards, comme ici l’héroïne victime d’hallucinations. Mais Jeff Pinkner a une riche idée : au lieu d’hallucinations de monstres géants, Sydney voit en fait sa plus grande peur : la trahison de son entourage. L’alternance réel/imaginaire est de plus en plus frénétique à mesure que Sydney s’enfonce dans la folie paranoïaque.

L’introduction où une professeur d’anglais perd tout contrôle avant de se suicider nous indique d’entrée la tonalité dramatique de l’épisode. Pour choquer le spectateur, les auteurs font de la scène de contamination un pastiche de film de vampire où Syd se fait mordre par un cousin de Dracula (en fait un fou dément). Après quelques parlotes de rigueur, l’action commence vraiment quand Syd perd le sommeil et commence à errer dans son début de folie. Une petite bébête par ci, un thermomètre qui affiche 44° de température corporelle par là, cela constitue un prélude frissonnant à la grande idée de Pinkner : nos peurs les plus profondes sont liées à nos relations à autrui, et non à des visions monstrueuses (thème qui n'est pas sans rappeler le Nightmares de Buffy contre les vampires). Sloane qui surgit de la télé pour tourmenter Sydney est plus effrayant que la tarentule de la tasse de café. Ce sont surtout les échanges entre Sydney et son père qui sont remarquables où elle entend tour à tour ce que dit vraiment son père et ce qu’elle a peur de l’entendre dire (Sydney, en voyant ton visage, je vois ta mère, je ne le supporte pas, tu mourras comme elle…). La scène de la voiture, avec les plans variés sur Victor Garber, est le sommet de l’épisode. En schizophrène, Jennifer Garner fait une performance remarquable, qui devient d’une grande violence quand elle menace Vaughn avec le pistolet (encore un twist dans cette scène) où elle lâche toute sa peur à l’idée qu’il l’abandonne. La bagarre « fratricide » entre les deux ex est une idée inédite et vraiment géniale.

L’intrigue est minimaliste : Sydney contaminée-Sydney folle-Sydney guérie. Et Vaughn trouve bien trop rapidement l’antidote. Mais ce qui compte, c’est l’ambiance délétère de Trilling qui emprisonne chaque scène de folie dans une lumière mortuaire et des ombres glaciales. C’est si réussi qu’il est impossible de ne pas respirer bruyamment lorsque le cauchemar se dissipe. On apprécie aussi les duels verbaux Sloane-Dixon, dont les atours policés ne dissimulent aucunement leur haine réciproque. La tirade finale de Dixon, portée par un Carl Lumbly tout en rage contrôlée, est un des highlights du personnage. Sloane lui répond par des regards de défi pervers « Tu penses que je suis pas clean ? Alors prouve-le moi, j’ai hâte de voir ça ». Ron Rifkin fait chuter la température de vingt crans. Grandiose. 

Les infos supplémentaires

Michael A Goorjan a joué dans « Pluie d’enfer » en 1998 avec Morgan Freeman et Christian Slater.

L’épisode est dédié à Tricia Goken (1969-2005). Superviseur de scénarios sur Alias, elle décéda d’un accident de voiture.

Dans le générique de fin, il est indiqué que Ryan Gentry, qui joue l’homme embrassant une femme dans la boîte et que Sydney prend pour Vaughn, joue le rôle de  « Not Vaughn » !!

Dans cet épisode, Sydney et Vaughn se rapprochent sentimentalement. Ironiquement, c’est durant le tournage de cet épisode que Jennifer Garner et Michael Vartan rompirent !! Les deux acteurs sont toutefois restés bons amis.

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7. THORINE NOIRE
(DÉTENTE) 

Scénario : Alison Schapker et Monica Breen

Réalisation : Craig Zisk

Résumé

Un russe, Tambor, a fabriqué de la thorine noire et l’APO doit récupérer ce dangereux produit. Sydney et Nadia s’affrontent au sujet de Sloane. Nadia y est attachée. Lors de la mission, elles désobéissent toutes deux à l’ex dirigeant du SD6. Mais Leo Orissa, un ami de Sloane, vise l’empire de Tambor.

La critique de Patrick Sansano  



Episode qui cherche à toucher le téléspectateur avec les rêves de Dixon au sujet de Diane, les scrupules de Sydney par rapport au fait de travailler avec Sloane. J J Abrams laisse quelques repères du passé, mais tend à faire de cette saison une sorte de renouveau d’Alias. Mia Maestro joue tellement bien qu’elle donne, en quelque sorte, du talent à Jennifer Garner. Pendant un instant, on reste rêveur en imaginant ce qu’aurait été le feuilleton avec Mia Maestro dans le rôle de Sydney. La tâche de Mia Maestro n’était pas aisée : se faire accepter dans le rôle d’un personnage important alors que la série a déjà des heures de vol.  La réussite n’est pas due seulement au talent de la comédienne, car le personnage est fort bien écrit. Il est complémentaire de celui de Sydney et prend une place que Melissa George (très douée) n’a pu obtenir avec Lauren en raison du scénario.

Notons que l’une des scènes est cruelle pour l’interprète de Sydney, celle où Bridget (la petite amie du méchant), Nadia et l’héroïne forment un trio. Olga Vilner (Bridget) est une bimbo qui n’a pas fait un parcours mémorable, menant une carrière en donnant sa voix au jeu vidéo « Medal of honor »  et jouant dans le soap « Hôpital central ». En dépit de ces handicaps, elle joue mieux que Jennifer Garner (là, cela donne une idée assez effarante du niveau  abyssal où il faut aller chercher le "talent" de cette actrice, totalement en roue libre dans les scènes de dialogue, quand elle ne se bat pas). Mais grâce à un excellent scénario, elle peut déclamer un texte vraiment efficace. Lorsque Sydney évoque Fran et Danny et le « pardon » dérisoire de Sloane, Jennifer Garner nous émeut. Le talent qui lui manque, ce sont ses partenaires qui le lui donnent, ici le magnifique Ron Rifkin, tellement odieux, un méchant qu’aurait aimé Hitchock.

On donnera un prix d’excellence aux scénaristes  Monica Breen et  Alison Schapker. Après tant de scripts bâclés et répétitifs, voilà une histoire de haute tenue. Quant on voit Sydney face à un Sloane en col mao avec un ensemble qui évoque Blofeld sans le côté caricatural, on se dit qu’il est impossible que cela ne finisse pas mal entre ces deux là, que Sloane mérite de payer au centuple ses crimes. Mais tel le Christopher Lee en Dracula de la Hammer, Ron Rifkin a le beauté du mal, le magnétisme. Il redevient aussi menaçant et infâme que dans les premiers épisodes de la saison 1. L’aspect « rédemption » est gommé dans cet épisode. Grosse erreur de distribution avec l’interprète de Tambor, un fade bad guy sans envergure en la personne du producteur-directeur de la photo et réalisateur Aengus  James, qui a sagement décidé de ne pas renouveler son expérience ratée d’acteur. Voilà une preuve d’intelligence qui devrait faire méditer la vedette de la série. En dehors de Rifkin, nous avons ici un magnifique salaud avec le trafiquant russe Leo Orissa. Michael Kagan, son interprète, est terrifiant de réalisme. On comprend que « Cold case », « Desperate housewives » et « How I met your mother » aient employé ses talents. Quelle trogne ! Que Leo soit un ami de Sloane n’étonnera personne. Sauf que là où Rifkin s’approche d’un Christopher Lee, l’autre serait plutôt le monstre de Frankenstein !

Saluons aussi le réalisateur qui nous offre un plan inouï : réfugiées sous l’eau dans la mer, Sydney et Nadia voient passer le cadavre de Tambor. Un plan original et audacieux. Voilà un épisode qui ne vous donnera pas envie de boire une cannette de Redbul (boisson à la Thorine).

Mia Maestro se défend fort bien lors des scènes de combat. La distribution décidément destinée à nous éblouir propose le comédien Boris Lee Krutonog, vu dans « A la poursuite d’Octobre rouge » en homme de main du déjà excellent  Michael Kagan. Bon, Nadia, on t’aime tu sais, mais tu n’étais pas obligée de sauver ta sœur dont une simple bimbo a eu raison et nous aurait permis d’assister aux funérailles, sortie honorable pour Sydney, et qui t’aurait permis de prendre le premier rôle. Je crois bien qu’on en aurait repris pour plusieurs saisons avec toi. On ne peut terminer sans adresser un immense merci à Michael Vartan qui s’est fait très discret, tout au plus quelques apparitions fugitives.

 

La critique de Clément Diaz


Thorine noire
est un épisode inhabituellement lumineux au sein de la série. Bien sûr, suspense, action, et haines à peine enfouies sont légion, mais le scénario du duo Schapker-Breen a un caractère presque léger, entre la mission de l’hôtel, qui confine à la comédie, et celle du yacht sous un éclatant soleil. Des missions de luxe pour des espionnes de luxe, car c’est le premier épisode où Nadia et Sydney sont ensemble sur le terrain. Le duo est aussi efficace qu’attachant, alliant charme et bastonnades.

Dixon veut apaiser son esprit à l’égard de Sloane. Il explique vouloir non chasser le passé, mais le transformer : il en tire une force qui l’aide à faire son travail. La différence avec Sydney, incapable de prendre du recul, saute aux yeux. Carl Lumbly est toujours bon, mais le numéro de Jennifer Garner tourne en rond. La haine inextinguible de son personnage blesse réellement Sloane, qui espérait toujours le pardon de celle qu’il considérait comme sa fille. La fin de l’épisode, où on le voit les larmes aux yeux, est une image étonnante d’une humanité pas encore morte. De son côté, Nadia est partagée entre joie d’avoir un père, et défiance envers celui-ci.

La mission de l’hôtel a une allure de fête comique. Les déductions des deux sœurs sur les objets de femme de la chambre de Tambor ont un côté décalé amusant. On rit franchement quand on les voit, pompettes, avec la petite amie de Tambor. Dans la scène d’infiltration, Nadia en fan de football et Sydney en lectrice de potins racoleurs, s’éclatent vraiment. Les commentaires admiratifs de Vaughn et Weiss renforcent cette ambiance d’opérette, à peine troublée par le suspense classique.

La mission sur le luxueux yacht (avec doubles jeux toutes les deux minutes) se déroule avec entrain : pendant que Nadia fout des taloches aux gardes, Sydney joue les trouble-fêtes en menaçant l’acheteur de la thorine de ce que peut faire Arvin Sloane. Que Sloane participe à son portrait de noirceur, répété mot à mot par Sydney qui se permet d’en rajouter, donne un effet sidérant. On termine par un duel féminin bien tapageur, et une coda faussement calme. Nadia et Sydney, et leurs interprètes, forment un duo excellent et très « fun ». Un épisode prenant et original.

Les infos supplémentaires

Si Marshall Flinkman parle de son épouse, on ne la voit plus à l’écran.

Premier épisode depuis des lustres qui évoque le pauvre Danny Hecht, ainsi que Fran et Diane.

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8. FACE À FACE
(ECHOES)

 

Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec

Réalisation : Daniel Attias

Résumé

Eric est amoureux de Nadia. Pour l’affaire en cours, Sydney y étant mêlée, Jack Bristow remplace Sloane. Anna Espinosa, que l’on croyait morte, refait surface. Nadia fait de terribles cauchemars où elle tue Sydney. Anna prend en otage Nadia. Sark réapparaît.

La critique de Patrick Sansano

Avec ce segment, on revient à la formule feuilleton et « Cliffhanger ».

Retour d’un personnage mythique de la série, Anna Espinosa. On évoque à nouveau le secret de Rambaldi, d’abord  le temps d’une confession de Nadia puis en remettant le prophète au cœur de l’intrigue. La saison 4 continue de bénéficier de bons scénarii. On se demande pourquoi J J Abrams n’y a pas pensé avant. Episode très violent où l’APO coupe des doigts et Espinosa joue avec le feu au détriment d’Anna. Au début, on se lamente de l’absence de Ron Rifkin, mais il revient très vite.

De toute façon, que serait « Alias » sans lui ? Sur une musique sirupeuse et dans un décor de boutique de luxe, nous assistons à un combat fort bien chorégraphié et inattendu entre Anna et Sydney. Sark en prison dit que tous ses os se sont ressoudés, or nous l’avions laissé bien mal en point et l’on peine à croire que David Anders se présente à nous tout beau tout neuf. La CIA de bisounours du monde de Sydney commence à s’approcher de la vraie : on sectionne un doigt, on promet à un détenu de finir sa vie enfermé dans le noir. Cette série post 11 septembre prend ici des allures de Guantanamo, avec  la situation de non droit dans laquelle se retrouve Sark. Sa fausse évasion est une ficelle un peu grosse, et l’on se demande s’il était bien nécessaire de faire revenir ce trop juvénile méchant au physique de minet qui serait plus à l’aise en héros de série télé pour adolescentes. Si Roger Moore se vantait avec « Le Saint » d’avoir fait le tour du monde… dans les studios d’Elstree,

Jennifer Garner peut en dire autant avec « Alias ». Bruxelles, l’Afrique du Sud, l’Estonie défilent sans qu’elle y mette les pieds. Des cartons touristiques remplacent de vrais déplacements qui eux ont lieu dans les James Bond. A nouveau, félicitons les scénaristes, cette-fois André Nemec et Josh Appelbaum, qui ont construit une histoire bien structurée réservant son lot d’émotions fortes et de surprises. On retient son souffle lorsque l’affreuse Anna Espinosa va défigurer la belle Nadia (nous n’en dirons pas plus, cela relève du spoiler) et l’épisode se termine sans que l’on soit certain que cette dernière soit présente dans la suite. On espérait en Estonie un affrontement final Gina Torres (savoureusement odieuse en Espinosa) et Jennifer Garner. Pas de temps faible dans ce segment, pas de parlottes inutiles habituellement si insupportables, pas de jérémiades roucoulantes du couple vedette, et l’on en est vraiment heureux. Quatre melons encore donc, mais Jennifer Garner n’y est pour rien. A nouveau, comme dans la saison 1, nous attendons la suite avec impatience. Trois bons acteurs (Rifkin, Gina Torres des  "Matrix" et de "Gossip Girl", et Mia Maestro) et de bons scénaristes et "Alias" retrouve le chemin des quatre melons.

La critique de Clément Diaz

 

Retour de Sark, et surtout de cette bonne vieille Anna Espinosa, invisible depuis le 8e épisode de la saison 1 ! Le scénario du duo Appelbaum-Némec est davantage un prétexte pour imaginer des numéros flamboyants aux deux guest stars qu’une vraie histoire, mais qu’importe. On se laisse guider par une architecture tripartite en forme de scherzo, où l’histoire de Sark sépare les parties extrêmes consacrées à Anna. Chacun des trois volets est réussi, et l’épisode se paye le luxe de finir sur un cliffhanger dont la sauvagerie balaye tout sur son passage. 

La série a eu la main heureuse en recrutant Mia Maestro. La comédienne n’a pas démérité son nom de famille ! C’est particulièrement visible quand Nadia raconte son rêve à Sydney, mais aussi quand elle refuse de croire aux prédictions de Rambaldi qui condamnent une des deux sœurs. Elle est émouvante dans ces scènes. Gina Torres renfile avec aisance le costume de l’ex agent du KD. Comme toujours, il y’a un décalage entre son comportement très fair-play et souriant, et l’horreur de ses actes. Elle rafle toutes les scènes : son apparition spectaculaire dans le café, sa torture au fer rouge de Nadia entre deux menaces proférées d’un ton affectueux, l’homérique bagarre contre Sydney (l’impressionnante carrure de Torres est un atout de choix). On se demande d’ailleurs si elle n’éprouve pas une vague attirance pour Syd en voyant son comportement caressant, ce qui rendrait le personnage définitivement tordu ! La mission où Sydney se fait passer pour une call-girl est remarquable d’intelligence, de vitesse stratégique, et de dureté (le doigt coupé). Garner est très convaincante en call-girl au parler grave et haché, on s’y croit. Elle aura d'ailleurs l'occasion de jouer une poule de luxe dans une amusante scène du très réussi Attrape-moi si tu peux réalisé par Steven Spielberg. La dernière partie est une superbe poursuite dans une semi-obscurité, baignée par la musique en vagues bouillonnantes de Michael Giacchino. Flingues et baffes pleuvent, jusqu’à un cliffhanger horrifiant. Aaaaaargh !! 

Quant à Sark, il a tous les meilleurs dialogues. Y’a rien à faire : face à Vaughn, ou cerné par dix mitraillettes, il est toujours d’un flegme impossible et dégaine des vannes plus vite que Lucky Luke ; Vaughn en prend plein la figure ! Ça compense le segment tortueux et prévisible de son histoire. David Anders ne semble pas dissimuler son plaisir de revenir dans la série, on ne dissimule pas non plus le nôtre !

Les infos supplémentaires

Les comparses de Willem Karg se nomment Anton Matteo et Peter Geiger. Serait-ce une référence à Anthony Geiger, le personnage de Rutger Hauer dans Phase Un (saison 2) ?

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9. DERNIER RECOURS
(A MAN OF HIS WORD) 

Scénario : Breen Frazier

Réalisation : Marita Grabiak

Résumé

Grièvement blessée par Anna Espinosa, Nadia Santos est dans le coma. Sloane négocie avec Sark pour que l’APO retrouve la bombe qu’Anna détient pour le compte de terroristes. Pour le prix de sa collaboration, Sark demande qu’on lui montre le cadavre de Lauren Reed  et que Vaughn ouvre le cercueil!

La critique de Patrick Sansano


L’effondrement de Sark en larmes devant le corps de Lauren est ridicule. C’est en déphasage total avec l’écriture du personnage. Quant à Anna Espinosa, vouloir tuer Nadia à l’hôpital dont nous ne sommes pas sûrs qu’elle s’en sortira est tout aussi idiot. Le scénariste Breen Frazier a deux idées à la suite  bien saugrenues. Dans « Alias », les pires criminels comme Sloane et Sark (voire auparavant Irina) demandent pardon et s’imaginent que l’on va passer l’éponge sur le sang de leurs victimes. Sont-ils naïfs à ce point ? Jennifer Garner se voit contrainte en raison du scénario de jouer le rôle de … Melissa George.

On ne tirera pas sur l’ambulance encore une fois. San’ko en chef du front révolutionnaire ressemble à un vulgaire mercenaire et la connotation « politique » n’est pas crédible une seconde, preuve que le public américain se moque totalement de la géopolitique. Les bonnes résolutions de Sark auront fait long feu lorsqu’il s’échappe et il retrouve là son « naturel » de tueur sanguinaire, mangeant à tous les rateliers. Gina Torres, plaisante à regarder dans d’autres films, nous donne vraiment envie de détester son personnage d’Anna Espinosa. La comédienne joue fort bien et très juste. Elle a beau être très sexy, son jeu fait que le téléspectateur de la série la hait Pour faire un jeu de mot, Anna est une bombe qui ici vend une bombe. C’est là le gros problème avec d’autres membres de la distribution qui ne sont pas une seconde crédibles lorsqu’ils veulent se montrer durs et impitoyables et quitter leurs masques de gentils. David Anders, lui, parvient à nous faire croire à son « Julian Sark » mais jamais à l’importance qu’il a dans le milieu du crime. Roger Wybot, qui créa la DST était un « dur » mais avait un physique d’étudiant angélique et dans ses mémoires, il raconte qu’on avait toujours du mal, pour cette raison, à le prendre au sérieux.  

Voilà l’erreur de casting faite par Abrams avec Anders. Lorsque la production et le réalisateur arrivent (soit-disant) à Venise, le décor fait toc, surtout si l’on compare avec l’excellente série policière allemande « Commissaire Brunetti » (Donna Leon) en production depuis 2000 et réellement tournée sur place. Ce décor de carton pâte et quelques maladresses du scénario font que l’épisode est en dessous, au niveau qualité, des précédents opus. On a envie de dire à Sydney Bristow que sa gentillesse la perdra. Qui a sa place n’aurait pas réglé son compte à Anna Espinosa au lieu de lui passer les menottes ? C’est encore son côté boy scout horripilant. On remarquera que les acheteurs successifs de la bombe, joués par Ilia Volok puis Anthony Cistaro sont loin d’avoir le charisme d’un Benito  Del Toro que la production aurait pu s’offrir en guest star. En 2008, en Che Guevara, il était l’incarnation idéale de ce type de personnage. Ou Edgar Ramirez, si criant de vérité en Carlos.

Dommage que l’on ait préféré deux comédiens obscurs sans charisme. Le fil rouge Rambaldi reste présent à travers les déclarations de Nadia et de Jack Bristow, un peu comme si on voulait faire une piqure de rappel au téléspectateur et raccorder cet affrontement avec Anna Espinosa à la mythologie. Malgré les réserves émises, "Dernier recours" permet à la saison 4 de se maintenir à un niveau de qualité suffisant. Pourvu que ça dure!

La critique de Clément Diaz


Breen Frazier exploite au maximum l’atout Sark qui nous montre ici plusieurs facettes inattendues. Anna sort de sa traditionnelle figure de flingueuse (déjà, elle cause plus), et développe des talents de tacticienne très plaisants. Face à un tel duo, le couple Sydney-Vaughn doit courir pour ne pas être distancé, tandis que l’harmonie fragile entre Jack et Sloane se voit assez compromise. Encore une réussite totale.
 

On se dit que Sark ne changera jamais : découvrant que Sloane est toujours vivant, il réplique This is… classic ! Mais fidèles à leur principe de montrer une part d’humain chez les méchants, les auteurs nous le font voir s’effondrer devant le corps de Lauren. Même envahi par le chagrin, Sark a un exact schéma de chaque situation et peut donc poser des exigences claires et réalisables à ses ennemis ; admirable ! En « homme de parole » très opportuniste, David Anders est le roi de l’épisode. On aime le rendez-vous dans la boîte où Sydney doit se faire passer pour Lauren. En bad girl, Jennifer Garner est au top, et son baiser-morsure très hot à Sark restera comme le baiser le plus inoubliable de la série ! (tant pis pour les fans du couple Sydney-Vaughn). Pendant ce temps, Anna vide quinze chargeurs, fait un plongeon énorme par une fenêtre, fait tourner en bourrique nos héros, liquide son employeur, désactive une bombe… et s’allie avec Sark ! Outre que Gina Torres nous éblouit physiquement, elle est brillante en femme recherchant le pouvoir. Son partenariat avec Sark, scellé au cours d’un dîner mémorable, prépare le rebondissement final (avec nouvelle bagarre cynégétique entre Anna et Syd), et Sark nous quitte non sans un dernier coup d’éclat !

Sloane n’arrive à tenir bon que par sa foi en les prophéties de Rambaldi. Sydney ne peut comprendre une telle attitude, ni ses sentiments paternels sincères, pourtant point incompatibles avec son esprit corrompu, qui, on le sait, se réveillera tôt ou tard. La décision de Jack de risquer la vie de Nadia sert surtout à rendre plus fragile sa relation et son mystérieux « pacte » avec Sloane. La coda où chacun rappelle à l’autre qu’il joue avec la vie de la fille de l’autre est brillamment interprétée. Victor Garber et Ron Rifkin sont parfaits en hommes piégés par leurs propres règles. La saison 4 prouve que sa nouvelle formule continue de marcher.

Les infos supplémentaires

David Anders (Julian Sark) réapparaîtra dans six épisodes de la saison 5 (dont le finale de la série). Gina Torres (Anna Espinosa) dans un seul épisode de la saison 5 : L’Élue. Mais Anna Espinosa sera également présente dans les épisodes 30 secondes et Sixième sens sous les traits de... Jennifer Garner !!

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10. INTIME CONVICTION
(THE INDEX)

 

Scénario : Alison Schapker et J.R.Orci

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Sloane a contacté à l’insu de la CIA un ancien membre de l’Alliance. Dixon le découvre. Mais sa supérieure Hayden Chase refuse d’ouvrir les yeux. Sloane maintient son opération pour récupérer un décodeur en France. Sydney et Dixon tendent un piège à Sloane.

La critique de Patrick Sansano


Paris est mieux restitué ici que Venise dans le précédent épisode. Le scénario est palpitant, évoquant la trahison potentielle d’Arvin Sloane. Un jeu du chat et de la souris se met en place, avec d’un côté Dixon, Eric et Sydney et de l’autre l’ex chef du SD6. J J Abrams a décidé pour cette saison de payer au prix fort les scénaristes (ici J R Orci et Alison Schapker), chose qui faisait tant défaut dans les saisons 2 et 3.

Sans de bonnes histoires, pas de série. Le réalisateur  Lawrence Trilling mériterait un blâme pour filmer Jennifer Garner en décolleté sexy dans une scène avec  Mia Maestro elle trop vêtue, quelle faute de goût ! Ron Rifkin continue de jouer les pères idéaux avec conviction, malgré le fait que son personnage pour aboutir à ses fins n’hésite pas à mettre en danger la vie de sa progéniture (cf  l’épisode 03-21 « La traque infernale »).  Sloane aura été l’incarnation humaine de Kaa, le serpent du livre de la jungle. Vaughn a la bonne idée de ne pas participer aux trois quarts de l’épisode et personne ne s’en plaindra.  La scène de l’anniversaire de Nadia permet à Mia Maestro de faire un très beau numéro d’actrice. Elle sait ne pas en faire trop, ne pas tomber dans la mièvrerie. Elle a l’habileté aussi de montrer son déchirement entre son père et sa sœur.

Autre point positif : rarement le personnage de Dixon aura été aussi bien creusé et écrit. Il passe du comparse des missions de Sydney (saison 1) avec ensuite une longue phase de personnage inutile dans le décor  au rôle primordial de déclencheur de la chute de Sloane. Mais le téléspectateur avisé sait que le serpent ne se fera pas prendre aussi facilement et a plus d’un tour de prestidigitateur pour une pirouette de plus qui le mettra hors de cause. Une roublardise de plus au compte d’Arvin. Quel bonheur de voir Mia Maestro prendre la place de l’héroïne. Le sauvetage périlleux de Jack est le genre de scènes qui est habituellement attribuée à Jennifer Garner. Dédoubler l’héroïne en lui donnant quelqu’un d’aussi brillant et charmant est une idée géniale. Revenons sur Angela Bassett (« Malcolm X ») qui incarnait dans le premier épisode de cette saison 4 Hayden Chase. Dans l’histoire de la trahison de Sloane, elle joue un rôle crucial, et apporte une plus value indéniable.

L’épisode se termine à nouveau par un cliffhanger au suspense indéniable. Encore un opus qui mérite largement ses quatre melons. Voilà une série qui revient de très loin après avoir touché le fonds. Notons que l’on a nettement diminué la formule des missions TGV et stéréotypées de Sydney Bristow pour rechercher des intrigues bien soignées.

La critique de Clément Diaz

 


Dans cette saison, les membres de l’APO ont tous plus ou moins des tensions internes : Sydney-Sloane, Jack-Sloane, Jack-Nadia, Sydney-Jack, Sloane-Dixon, Sydney-Vaughn… mais Nadia-Sydney, ça, on l’avait pas encore eu ! Une curiosité découlant de la possible trahison de Sloane, au centre de cet épisode. Le suspense de Schapker et Orci, très présent, remplace l’action et la vitesse, ici en sourdine.

En temps normal, Syd aurait crié victoire de pouvoir légitimement soupçonner Sloane, mais depuis qu’il est le pôpa de sa sœur chérie, Sydney espère au contraire qu’elle se trompe. L’interrogation de Thorine noire sur la recherche de l’apaisement de son esprit envers Sloane trouve une solution : c’est par l’amour sororal que Syd évite de se transformer en boule de haine vengeresse, et cela change de ses déclarations de haine systématiques. Dans cette saison 4, la psychologie des personnages est on le voit plus travaillée. Plus même que les missions, car celle de Paris est certes amusante, mais vite oubliable (sauf le look toujours démentiel de Sydney en casseuse hardcore, et un saut vers l’hélicoptère que n'aurait pas renié Matrix). Grâce à l’ambiguïté dont fait preuve Ron Rifkin, le spectateur ne sait rien de la loyauté de Sloane. La scène du dîner d’anniversaire est l’occasion d’un remake de Page 47 (saison 1) où Sydney s’absente de table le temps de traficoter dans le bureau de Sloane… sauf que là, elle se fait surprendre par Nadia ! Mia Maestro est décidément une grande actrice : jouant presque toujours sur l’émotion (contrairement au rôle plus physique de Garner), elle nous bouleverse à chaque fois. Son discours à double sens, et sa peine de se voir « trahie » par sa sœur et peut-être par son père, sont poignants. En passant, les deux actrices sont à tomber dans leurs robes de soirées. 

Le premier twist final aura peut-être été anticipé, mais le deuxième est moins devinable ! Le tragi-comique de la situation, causé uniquement par Sydney et Dixon, permet une coda décidée (Nadia qui joue à la voiture-bélier), mais qui jette soudainement un froid dans les dernières secondes. La petite intrigue de Vaughn nous laisse de glace jusqu’à la découverte du carnet (twist !) et de l’identité de l’infirmière (twist !!). Un épisode un peu en-dessous des précédents, mais très honorable.

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Nous apprenons qu’Irina a tué le père de Vaughn en 1979.

Cet épisode date du 9 mars 2005 et il est question de disquette d’ordinateur, technologie dépassée alors depuis plusieurs années par les clés USB.

Anomalie de l’accessoiriste : lorsque Vaughn trouve un carnet secret destiné à son père cadeau de son oncle mourant : on commence en avril 1975, juillet 1975, février 1979, on saute au 15 avril 1990, pour qu’à la page suivante, le carnet s’achève le 21 décembre 1981. En VF, « je ne comprends pourquoi le carnet de Papa va jusqu’en 1982 alors qu’il est mort en 1979 ».

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11. SERVICE COMMANDÉ
(THE ROAD HOME)

 

Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec

 

Réalisation : Maryann Brandon

Résumé

En Autriche, le réseau d’un certain Korjev développe une arme secrète, un « viseur biométrique ». Vaughn pense que son père est peut être toujours en vie. Jack Bristow veut approcher Korjev qu’il connaît pour le tuer, alors que la mission a été confiée par l’APO à Dixon.


La critique de Patrick Sansano  

Comme dirait Sir Alfred, le viseur biométrique qui permet à un gadget sniper de tuer quelqu’un  en le traçant  à partir de son ADN, c’est le « MacGuffin », le truc dont tout le monde se fiche mais qui permet de lancer l’intrigue.  Plus tard, il devient « concret » comme nous allons le voir. On regrette vraiment que le budget ne permette pas des déplacements et tournages sur place, l’Autriche étant photogénique. On abuse ainsi de scènes d’intérieur qui elles mêmes ne sont pas authentiques.  On peut comparer les intérieurs de Venise dans l’épisode 04-09 « Dernier recours » aux intérieurs vénitiens de la série « Commissaire Brunetti » pour se rendre compte à quel point les décors de Alias sont cheap.  Sydney compromet un quidam (un serveur) qu’il faut rapatrier en Amérique pour le sauver de Korjev. L’enquête de Vaughn est tout sauf palpitante. Au bout de 21 minutes, on est passé de Saltzburg à Madagascar, de San Diego en Angola mais l’intrigue piétine. Sam Hauser, le type que Sydney a compromis, nous fait penser à Danny Hetch. Celui qui découvre le monde cruel et criminel de l’espionnage.

Cet épisode comporte une séquence qui semble sortir tout droit d’un jeu vidéo : Sydney est poursuivie par l’arme biométrique, une sorte d’hélicoptère jouet télécommandé. On apprécie beaucoup les scènes de Sam/Jason Segel qui assiste au changement brutal de sa vie pour avoir osé draguer Sydney en mission. Il apporte un sel à l’histoire qui sans lui serait fade. « Service commandé » alterne des scènes « humaines » (Bristow devant tuer le mari d’une femme enceinte, Sydney contrainte d’échapper d’Autriche avec Sam) et de l’action high tech. Le dosage est bien équilibré.

Corey Stoll est beaucoup trop jeune pour incarner un ancien complice de Jack Bristow. Encore une belle erreur de casting. On va beaucoup gronder  Mia Maestro qui nous a vraiment manqué, se contentant de quelques scènes, cette « privation » montre l’importance qu’elle a prise dans la série.

On ne sait pas trop où les scénaristes veulent en venir avec le père de Vaughn. Le savaient-ils eux même à ce stade d’écriture de la saison ? C’est l’une de ces intrigues à tiroirs typiques d’Alias.

Mention très bien à Jason Segel, qui a su donner de l’épaisseur à son personnage. Dommage que la production n’ait pas décidé de l’intégrer à l’équipe, il aurait été un substitut de Bradley Cooper. Enfin, peu de scènes de Ron Rifkin dans l’épisode qui malgré tout tient la route.

La critique de Clément Diaz


L’idée de l’épisode avait déjà été traitée de manière plus mineure dans Jeux de piste (saison 3), où Sydney devait réussir une mission, flanquée d’un civil (Will). Ici, Sydney embarque un pauvre civil qui ne lui avait rien demandé, avec autant de succès. L’autre intrigue avec Jack crée un certain malaise, car il doit exécuter un monstre qui est presque son alter ego, en plus souriant et lumineux. L’intrigue tertiaire avec Vaughn ne manque pas d’ironie : tout comme Sydney découvrit le vrai visage de sa mère, Vaughn risque d’être contrarié dans son idéalisation du père. Problème : les deux intrigues principales du duo Appelbaum-Némec sont excellentes, mais leur coexistence nuit au développement de chacune. La réalisation brinquebalante de Maryann Brandon perturbe aussi le plaisir à voir cet épisode.
 

C’est pas tous les jours qu’un tueur assassine votre contact, que vous le rattrapez… et qu’il se suicide ! Passée cette étonnante intro, la mission de Salzbourg nous accroche par le jeu de séduction on/off de Sydney envers Sam (Jason Segel, tout à fait bien en « normal guy »). Compromis par elle, il finit par suivre cette inconnue qui lui déclare qu’il est en danger de mort, et qu’ils doivent fuir. Dans cette collusion entre le monde réel et celui d’Alias, on s’attache rapidement au point de vue de Sam tout à fait dépassé. La scène du contact (encore un double jeu, un !) s’inscrit bien dans la paranoïa ambiante, tandis que le final s’affirme comme un pastiche gratiné de la célébrissime scène de l’avion de La mort aux trousses. Sydney étant poursuivie par un hélicoptère miniature en folie. Une des scènes les plus délirantes de la série ! 

Passons vite sur Vaughn, qui apprend que son père était peut-être un monstre : ça fait de l’effet, mais l’arc doit encore se développer. Jack traque le méchant du jour : un ancien ami. Mis à part un tir dans une rotule, la noirceur de Sasha Korjev n’est jamais montrée, seulement évoquée. Nous ne voyons qu’un personnage chaleureux, attentionné, dont la compagne enceinte est heureuse. L’interprétation nuancée de Corey Stoll est magnifique, très troublante. On sent d’ailleurs, grâce au fin Victor Garber, que Jack éprouve des difficultés à passer à l’acte. Cela rend le dénouement assez dur. Un épisode encore une fois original et recommandable.

Les infos supplémentaires

Flinkman montre une photo de son enfant sur une vidéo.

Corey Stoll, qui incarne Korjev, a joué dans « Jason Bourne l’héritage ».

Jason Segel, l’innocent  Sam, est acteur et musicien.  Il est surtout connu pour son rôle dans la série « Freaks and geeks ».

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12. CICATRICE INTÉRIEURE
(THE ORPHAN)

Scénario : Jeffrey Bell et Monica Breen

Réalisation : Ken Olin

Résumé

L’APO doit neutraliser un certain Cesar Martinez que Nadia Santos a connu durant son adolescence. Nadia, bien qu’impliquée personnellement, ne renonce pas à la mission. De nombreux flash back nous montrent l’histoire de Nadia Santos. En Biélorussie, les chercheurs ont développé un nouveau composant optique appelé verre amplificateur qui a la capacité d’augmenter la puissance d’un rayon laser. Cesar Martinez a été recruté par le groupe « la faction de Djakarta » pour acheter cette arme.

La critique de Patrick Sansano


Dès le début, on comprend que cela va être un « must » de la série. Heureusement que  Mia Maestro est là pour sauver la série haut la main. Parmi les bons comédiens, elle brille de toute sa splendeur. Oublions Sydney et ses  perruques blondes débordantes de vulgarité pour nous concentrer sur Nadia. Dans les scènes de flash back, nous la voyons avec  Sophia Vargas/Sonia Braga, la directrice de l’orphelinat. Dans l’actualité de l’histoire, elle sauve sa sœur et retrouve son complice Cesar Martinez, qu’elle a connu à la sortie de l’orphelinat. L’épisode alterne de façon subtile flash back en noir et blanc et actualité en couleurs.

L’histoire de Nadia occulte totalement l’affaire du père de Vaughn. Ainsi voit-on  Nadia enfant dans un orphelinat en 1992, Nadia ado délinquante, avec toute son évolution. Nadia engagée par les pseudo services secrets argentins. Son histoire d’amour avec Roberto, un homme plus âgé qu’elle, alter ego d’Arvin Sloane. L’histoire d’un SD6 argentin nous est contée, reproduisant grosso modo l’aventure de Sydney Bristow. « Cicatrices intérieures » est un voyage entre le passé et le présent, entre le mensonge et la vérité. C’est un parallèle du passé de Sydney. Mais porté par le talent de la comédienne, la fibre dramatique en fait l’un des meilleurs épisodes de la série.

La mort de Diego, un agent avec lequel travaillait Nadia Santos,  l’exécution du traître Roberto qu’elle commet en toute légitimité mais en désaccord avec Cesar, autant de drames auxquels a été confronté la jeune femme. La présence de Mia Maestro et Sonia Braga est cruelle pour le couple Vartan/Garner qui devient totalement inexistant.  On soupçonnait une enfance maltraitée et douloureuse en voyant se mouvoir Nadia, en percevant sa fragilité lors des précédents épisodes. Nous avons là l’explication d’une grande partie du mystère.

La mise en scène est grandiose. Ken Olin filme l’orphelinat de nuit. L’endroit est glauque et la caméra joue avec la lumière, celle d’une lampe de poche puis le réveil lorsque Sophia arrive. L’aspect  sordide est renforcé par le combat entre l’homme venu enlever une petite fille et Nadia. Puis adolescente, Nadia vole la caisse d’un commerçant avec la complicité de Cesar Martinez. Nous sommes dans un registre infiniment plus grave que les jérémiades habituelles de la boy scout. Lorsqu’ Olin filme la ruelle et le policier qui bat Nadia à terre, on atteint les sommets de la tension.

Sans révéler l’intrigue, Sophia est un personnage qui œuvre totalement dans le registre de l’ambiguité, par exemple lorsqu’elle approuve l’engagement de Nadia dans les services de Roberto et la pousse à continuer dans cette voie. Les révélations finales de l’épisode à Vaughn confirme le trouble qui s’agite autour de Sophia, même si l’intrigue est ici un peu artificiellement rattaché au père de l’agent.

Un épisode porté par deux comédiennes magnifiques, Sonia Braga et Mia Maestro. Dans la galerie des bons acteurs de la série, elles rejoignent pêle mêle Terry O’Quinn, Ron Rifkin,  Melissa George (trop vite sacrifiée), Faye Dunaway, Kurt Fuller, Isabella Rossellini (parfois inégale dans « Alias »). La qualité compte et non la quantité. Les quatre melons sont ici le fruit des deux actrices cités et de Ken Olin.

Parlons de la partition musicale, car « Alias » a fait l’objet de plusieurs volumes en CD par le compositeur Michael Giacchino qui œuvre maintenant sur le reboot de « Star Trek ». Les musiques sont vraiment réussies pour une série qui n’en méritait pas tant. L’épisode recèle quelques joyaux de chansons sud américaines qui parviennent encore à alourdir le climat dramatique et trouble.

La critique de Clément Diaz


Raconter le passé d’un personnage est un défi. Le récit du passé de Nadia selon Jeffrey Bell et Monica Breen est classique, certes, mais s’articule bien aux scènes se déroulant dans le présent. Les longs passages en flash-back (plus de la moitié de l’épisode) bénéficient d’une superbe photographie de Donald E. Thorin Jr. Loin du noir et blanc, il propose une couleur poussiéreuse, remplie d’ombres et tons obscurs. La performance de Mia Maestro achève de faire de cet épisode un pic de la saison.
 

La mission de Syd et la quête de Vaughn passent vite à l’as pour cause de réveil de fantômes du passé de Nadia. Son histoire rappelle celle de Nikita, l’héroïne du film de Luc Besson, dont la première série dérivée, La femme Nikita, est d’ailleurs la grande influence d’Alias. Nous voyons qu’elle a dès son plus jeune âge un tempérament entier, fonceur (maligne évasion d’un orphelinat), bagarreur, mais surtout très gai. Il y’a une fraîcheur joyeuse lorsqu’elle vole, se faufile, ou s’entraîne à la base avec ses amis Diego et César. Une facette que l’on pressentait chez elle, mais qui est ici évidente, grâce à la composition animée de Mia Maestro. 

Sa relation amoureuse avec Roberto sera la cause d’un traumatisme émotionnel irréversible. Une analyse superficielle reprocherait aux auteurs de copier/coller l’histoire de Sydney sur Nadia (toutes deux découvrent qu’elles travaillent pour l’ennemi), mais elle sert en fait à montrer le tempérament plus explosif de la sœur cadette, qui n’hésitera pas à faire payer à son mentor le prix de sa trahison. Sydney, malgré toute sa haine, n’a jamais eu l’intention de tuer Sloane de ses mains, et attend que justice soit faite. Soudain, l’attitude plus intériorisée de Nadia prend tout son sens : sa joie naturelle a été brisée par cette épreuve. Pourtant, Nadia ne regrette pas sa décision comme le confirme son affrontement quasi fratricide avec César (Kevin Alejandro, bel ange tentateur), l’ambigu méchant du jour. César a perdu tout sens du Bien et du Mal, il vénère tel un fils la mémoire de l’homme qui l’a sauvé lui aussi des rues. Au final, c’est un portrait désenchanté d’un sympathique personnage qui ressort de ce magnifique mais souvent cruel retour vers le passé.

Les infos supplémentaires

Première apparition du personnage de Sophia Vargas, interprétée par Sonia Braga. L'actrice est une star en Amérique du Sud. Brésilienne, elle a joué dans « Donna flor et ses deux maris » (1975), « Le baiser de la femme araignée » (1985), et à la télénovela « Gabriela ». Elle apparaîtra dans en tout cinq épisodes de cette saison.

Kevin Alejandro est Jesus Velasquez dans la série « True blood ».

Le principe de l’arme laser qui peut, depuis l’espace, découper des chars, rappelle le plan de Blofeld dans « Les diamants sont éternels ».

Nadia enfant est jouée par Gisselle Castelanos.

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13. LE FANTÔME
(TUESDAY)

Scénario : Drew Goddard et Breen Frazier

Réalisation : Frederick E.O.Toye

Résumé

Sydney est prise au piège lors d’une mission à La Havane et enterrée vivante. Marshall, dont le fils était malade, ne s’est pas rendu au siège de l’APO. Il est le seul à pouvoir  sauver Sydney et mener la mission. En effet, tout le personnel de l’APO suite à un sabotage est prisonnier du quartier général, et la vie de Dixon exposé à un agent pathogène, est en danger. En fait, l’APO a été attaqué par du gaz sarin.

La critique de Patrick Sansano


Toute l’équipe des comédiens d’Alias ayant demandé une augmentation (tous les acteurs sauf un), et J J Abrams ayant sèchement refusé, nos lascars se sont mis en grève. Ou bien toute la distribution a obtenu un congé sauf un acteur. Résultat, Jerry Lewis, pardon Kevin Weisman, ou si vous préférez Marshall Flinkman est seul aux commandes de cet épisode. Le désastre, si l’on est réfractaire à l’humour débile, est à la hauteur  que l’on peut aisément imaginer. Les bons, comme les mauvais comédiens, sont sur la touche ou presque. Avec des vannes qui ne font rire que lui et une vieille commerçante, Marshall va gesticuler, bidouiller une radio, arracher des yeux à un dangereux ennemi, retrouver in extremis Sydney enterrée vivante devant le téléspectateur consterné qui se demande s’il s’est trompé de chaîne et n’est pas en train de voir un remake de « Max la menace ».

Cette-fois, la production a fait fort, puisque l’épisode est à reléguer derrière les pires roucoulades de Sydney et Vaughn. Rien n’est plus atroce qu’un comique qui ne fait pas rire, et tenir quarante minutes devant cette idiotie relève de la torture.

L’épisode n’approfondit même pas les rapports entre Marshall et sa compagne Carrie Bowman.  Cela aurait été l’occasion de faire le point sur leur relation, Carrie n’étant depuis des lustres qu’évoquée. L’inégalité d’Alias se confirme, et après quelques excellents épisodes, on trébuche sur cette ânerie consternante.

Si habituellement, la crédibilité n’est pas le point fort d’Alias, cette-fois nous nageons dans l’absurde. Ainsi, devant un tueur impitoyable, Ulrich Kottor (Ulrich Thomsen), et alors même qu’il ne sait pas parler allemand (on lui souffle ce qu’il doit dire dans l’oreillette), Marshall, qui normalement n’aurait pas dû faire un pas avant d’être froidement abattu, réussit à duper son monde. C’est affligeant de bêtise et grotesque. Après le meilleur, le pire épisode d’Alias.

Il se trouvera quelques esprits forts pour dire que c’est du non sense, de l’humour au vingtième degré, que l’on peut trouver du Mel Brooks ici et là. Pourquoi pas Woody Allen en Jimmy Bond dans le pastiche bondien de 1967 « Casino Royale ». Déjà, Marshall agace dans les épisodes habituels, alors ici, que dire ? Que c’est triste à pleurer d’avoir gâcher 40 minutes de pellicule, et qu’après une série de bons épisodes, on aurait voulu saborder la saison 4 que l’on ne s’y serait pas pris autrement.

La critique de Clément Diaz

 


Le parti pris de donner le premier rôle à Marshall divise obligatoirement : si on n’aime pas le personnage, l’épisode est interminable ; si on le tolère (point de vue de cette critique) voire si on l’aime, alors on y trouve quelques qualités. L’ambiance d’Alias ne se présente pas à la comédie, et les instants comiques de l’épisode apparaissent pesants et déplacés. Drew Goddard et Breen Frazier ont heureusement le réflexe salutaire de ne pas débrider le comique lourdingue du personnage, préférant bâtir de bons suspenses. On marche, avec en prime en plus d’une des meilleures partitions de Michael Giacchino. A la première mission ratée, on préférera l’intro et la deuxième.
 

Les dix premières minutes sont très énergiques : Sydney fait un charmant numéro de salsa, transmet une info à Dixon, se fait capturer par les méchants qui tuent son contact et… l’enterrent vivante ! Sydney n’étant pas la black mamba de Kill Bill, elle est dans une m erde noire. Pendant ce temps, dans un effet aussi dévastateur que l’invasion du SD-6 dans The Box (saison 1), l’APO voit son sanctuaire violé par un disque dur pathogène qui met tout le monde en quarantaine : un coup de Jarnac qui donne à Marshall, par ailleurs auteur d’une berceuse hilarante, la position de dernier espoir. 

La mission de sauvetage peine à convaincre : humour pas drôle (les bidouillages de Marshall), plan de campagne bâclé (pourquoi ne pas faire appel directement au satellite ?), artificielle scène de Sydney délirant sous le manque d’oxygène… Mais la deuxième mission joue à fond sur le décalage entre le peu d’aisance de Marshall et les gars à trognes patibulaires qui l’entourent (la saison suivante réitéra ce procédé avec Rachel Gibson). Son face-à-face avec le méchant du jour est crédible du moins dans la fantasmagorie d’Alias car il compense son inexpérience par son intelligence surdéveloppée. Ok, la balle perdue, c’est vraiment une grosse ficelle à la Max la Menace, mais le gag gore de l’énucléation (l’œil est inutilisable, découpez l’autre !) ainsi que le final en fusillades (Sydney à la rescousse !) finissent convenablement un épisode dont la qualité principale, bizarrement, est de ne pas être allé au bout de son idée peu convaincante de départ. 

Les infos supplémentaires

Nous voyons dans cet épisode la compagne de Marshall Flinkman, Carrie (Amanda Foreman),  et son enfant.

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14. CONTRE-MISSIONS
(NIGHTINGALE)

 

Scénario : Breen Frazier

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Vaughn cherche la vérité sur son père. Avec Sydney, il découvre une piste qui mène à deux hommes. Bizarrement, Jack Bristow et Arvin Sloane complotent contre le couple.

La critique de Patrick Sansano


L’embellie d’Alias n’aura pas duré longtemps. Nous devons subir à nouveau le couple Vartan/Garner. On retrouve les relations conflictuelles Sydney/Jack je t’aime ma fille, je ne t’aime pas mon père. Michael Vartan ayant le charisme d’une endive, nous sombrons dans une somnolence inévitable. Le double jeu de Sloane et de Jack Bristow ne suffit pas à nous réveiller. On comprend que ces deux-là ont des secrets cachés. C’est à nouveau l’atmosphère saison 2/saison 3 qui règne. Retour des missions à deux balles de la gymnaste. La vérité sur le père de Vaughn est censée nous passionner.

Soyons tout de même rationnels : il ne s’agit pas à nouveau d’un épisode atroce comme « Fantôme », mais ici le niveau ne se démarque jamais du minimum syndical de la série. C’est très bavard. Ron Rifkin et Victor Garber ne parviennent pas à nous passionner avec leur secret. Pour une fois, Rifkin, le meilleur comédien d’Alias, est ennuyeux. Un comble. Tout a un air de déjà vu. Mia Maestro est occultée. Nous n’avons pas envie d’accabler la série qui vient de nous offrir une série de belles histoires, mais nous restons frustrés. Vers la trentième minute, Sydney enfermée dans la chambre du réacteur d’une centrale nucléaire nous sort de notre torpeur. On notera que Vaughn a de drôles de façon de dire je t’aime (spoiler).

Pour la première fois, la duplicité de Vaughn et de Sydney dépassent celle d’Arvin Sloane. La belle musique de Giacchino est gâchée par un insupportable slow braillard digne d’alerte à Malibu. Limité à des apparitions homéopathiques après "fantôme", Marshall devient supportable. Un épisode mineur.

La critique de Clément Diaz

 


Baisse de forme dans cet épisode. Il n’y a rien d’honteux en soi dans le scénario de Breen Frazier, mais le rythme reste à la traîne. Globalement, on dénote une panne d’inspiration dans les missions de cet épisode, rapidement expédiées. Mais le complot Sloane-Jack qui prend ici plus de chair, ainsi que le mystère (eh oui encore un !) entourant le père de Vaughn, évitent que Nightingale soit trop indolent.
 

Dans l’introduction, nous voyons les effets du projet Nightingale, ou comment transformer en quelques secondes de la chair humaine en bouille pâteuse. La scène est d’une horreur assez inédite dans Alias ! Mais très vite, le soufflet retombe. Si on est attiré par les messes basses des deux ennemis Jack et Sloane, ici alliés par et pour des raisons qui nous échappent encore (mention d’Elena Derevko, la 3e sœur), on est un peu dubitatif devant la mission en Allemagne, dont on ne retiendra que deux moments : le déguisement fort ravissant de Syd, et la petite empoignade saluée par une tablée qui lève ses verres : une petite pointe d’humour !

La mission Nightingale peine autant à nous intéresser, avec son plan très froidement appliqué, sa mise en scène peu animée, et un suspense qui ne prend pas (le compte à rebours ralentit pas mal, même avant le processus de ralentissement). Il n’y a pas de scènes inutiles, mais on ne s’intéresse tout simplement pas à l’histoire, très conventionnelle. Les acteurs font le minimum syndical, sauf Victor Garber, qui accroît avec intensité la dimension de tueur glacé de son personnage. 

La scène de la bibliothèque est bien plus intéressante avec le contact de Vaughn qui a des méthodes bien à lui pour organiser un rendez-vous (ah, faut reconnaître que le coup de la seringue, ça, on ne nous l’avait pas encore fait !). Quant au plan B de nos héros, il est téléphoné, et même téméraire. Mais pour une fois, ils se montrent plus roublards que Sloane lui-même, ce qui est à noter. 

Episode pas désagréable mais très mollasson.

Les infos supplémentaires

Michael Kenneth Williams (Roberts) est au générique de « Infiltrés » avec Susan Sarandon (2013).

On évoque à nouveau Katya Derevko, la tante de Sydney.

Premier épisode où nous entendons Vaughn dire ouvertement à Sydney « I love you ».

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15. HAUTE VOLTIGE
(PANDORA)

Scénario : J.R.Orci et Jeff Pinkner

Réalisation : Kevin Hooks

Résumé

Vaughn a disparu avec une bobine, suivant l’enquête sur son père. Il devient un paria. Il retrouve  Roberts et veut toujours des informations sur son père en échange de la bobine. Katya Derevko téléphone à Nadia Santos. Vaughn est appâté par des photos de son père vivant. Katya fait des révélations à Sydney.

La critique de Patrick Sansano


Un épisode qui commence par une confrontation entre Isabella Rossellini et Mia Maestro réconforte après les deux précédents opus. Marshall se fait du soucis pour le père de Sydney qui a été irradié dans l’épisode d’avant mais se fera réprimander par Sloane et par la personne concernée. L’enquête et les états d’âme de Vaughn fait baisser l’intérêt. Vaughn pour savoir la vérité est entraîné dans un vol. L’équipe de Roberts comporte une certaine Sabrina (Izabella Scorupco, une des James Bond girl les plus fades de la saga, celle de GoldenEye). Dixon est envoyé remplir une mission secrète.

Mia Maestro a vraiment beaucoup de talent. Elle apparaît et occupe immédiatement l’écran à elle seule. Quelle mauvaise idée par contre d’avoir invité la 007 girl  cuvée 1995 Izabella Scorupco, que l’on ne reconnaît d’ailleurs pas. Ron Rifkin et Isabella Rossellini rivalisent avec Mia Maestro comme plus talentueux comédien de l’épisode. Cette émulation est bénéfique à la série. L’échange Nadia/Arvin Sloane nous ravit, deux bons acteurs qui se renvoient la balle comme des champions de tennis. Dans les scènes d’émotion, Mia Maestro est plus que convaincante.

Le gros point faible de l’épisode est l’aventure de Vaughn avec la bande de Roberts, qui se croise avec la mission de Dixon.  Les rebondissements style Irina est morte, le père de Vaughn est vivant finissent par fatiguer. L’épisode se termine sur une image étonnante. Les comédiens sont brillants mais le scénario ne suit pas. A trop surenchérir dans les scènes chocs et nous faire entrer de plein pied dans l’incroyable, la série ne gagne rien. On regrette beaucoup l’atmosphère de « Cicatrices intérieures » qui avait orienté Alias dans une meilleure voie.

La critique de Clément Diaz

 


Attention, révolution dans cet épisode : davantage que la venue d’Izabella Scorupco (la James Bond girl de GoldenEye entre autres) c’est de voir Sydney rester bien au chaud à la maison ou à l’APO, pendant que Vaughn se tape tout le boulot ! Le choix audacieux de J.R.Orci et Jeff Pinkner se justifie par l’arc Bill Vaughn, quête personnelle de Michael. L’alliance volontaire du jeune homme avec les terroristes est non seulement pleine d’action enlevée, et bénéficie d’un superbe méchant, mais elle approfondit en plus son personnage, sa détermination à connaître la vérité. Le premier twist final aura été deviné par les plus malins, mais n’en reste pas moins un bon moment d’ironie, tandis que la bombshell finale est, elle, véritablement explosive !
 

Le piège se referme doucement sur Vaughn, qui ne comprend que peu à peu ce à quoi il a été entraîné. L’épisode doit beaucoup au fantastique Michael K.Williams en méchant qui s’assume, qui sait autant contrôler Vaughn que lui laisser un peu de marge. L’atout charme Izabella Scorupco, aussi convaincante en tueuse qu’en séductrice (malchanceuse envers Vaughn, preuve du non-réalisme de la série), donne à la mission de l’hôpital beaucoup de cachet. Les duels cinglants entre Roberts et Vaughn, avec force bluffs et manipulations, rythment régulièrement cette intrigue efficace. Le vol du manuscrit de Rambaldi est parfaitement minuté, avec en point d’orgue les trois balles que reçoit Dixon (comme lui, on se pince pour y croire). 

A l’APO, nous avons un amusant comique de répétition de Sloane qui ne contrôle plus trop ses employés : en sus de la désertion de Vaughn, Sydney nie avoir reçu un SMS de Vaughn, et ne change pas de tête quand son boss la confronte à son mensonge. Pendant ce temps, Jack expédie Dixon dans une mission secrète sans avertir Sloane, et même Marshall fait des analyses en douce. Ajoutez le diabolique piège dans lequel Sloane s’apprête à tomber, c’est décidément un sale temps pour lui. La réapparition de Katya Derevko est éclatante : en plus de son auto-empoisonnement avec un poison très… particulier, elle nous fait une révélation (pour changer) qui modifie encore quelques cartes de la série. Ajoutez les étourdissantes dernières secondes, et l’épisode n’a aucun mal à s’ancrer durablement dans la mémoire.

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16. SLOANE & SLOANE
(ANOTHER MISTER SLOANE)

Scénario : Luke McMullen

Réalisation : Greg Yaitanes

Résumé

Le chef de Roberts, un homme qui ressemble à Sloane et se fait appeler ainsi, enlève une jeune femme, le docteur  Maggie Sinclair, pour travailler sur le secret de Rambaldi. Tout cela compromet le vrai Arvin Sloane.

La critique de Patrick Sansano


Le faux Sloane n’est pas à la hauteur du premier. La ressemblance n’est pas évidente, moins flagrante lorsqu’il enlève ses lunettes. C’est Joel Grey qui incarne le « double ». Toutefois, le script cette fois tient la route. Un piège est tendu dans un hôtel avec  un petit côté « Mission Impossible » pas désagréable. Sydney aperçoit le clone de Sloane. Le plan tourne mal. Les scènes de torture de la pauvre Maggie Sinclair sont difficiles à supporter. La mythologie Rambaldi revient au premier plan. On fait ainsi le lien avec les autres saisons. Le côté science-fiction est bien plus passionnant que les intrigues d’espionnage sur le père de Vaughn.

Les rapports père fille entre Sloane et Nadia sont creusés au travers de plusieurs échanges et dialogues percutants. Lorsque de bons comédiens parlent, ce n’est jamais bavard. L’imposteur provoque une panique dans le réseau des relations de l’original. Pas bileux ni rancunier, Dixon accepte de repartir en mission avec un Vaughn qui a bien failli le tuer dans « Haute voltige ». Devant les créations rambaldiennes  de son clone, Sloane a des yeux d’enfants entré dans un magasin de confiseries sans surveillance que le vendeur aurait déserté.

A part quelques ratés comme « Fantôme », cette saison 4 a décidément le vent en poupe. La folie d’Arvin (le vrai) est plus que jamais présente en lui.  Mention spéciale à Ron Rifkin dans la scène dantesque où il massacre un complice de son clone. Il est digne d’être comparé à un Hannibal Lecter/Anthony Hopkins dans ce genre de scènes. Un excellent épisode.

La critique de Clément Diaz

 


Another Mister Sloane
prend comme prétexte l’idée d’un double de Sloane pour mieux analyser le vrai Sloane. Sur ce point-là, Luke McMullen peut se reposer pleinement sur la performance-choc de Ron Rifkin. Après 15 épisodes dans le droit chemin, Sloane plonge temporairement dans la folie dévorante inspirée par Rambaldi, dont les inventions agissent comme une fumée corruptrice sur son esprit. La dernière scène, une des plus insoutenables de la série, vaut tous les cliffhangers du monde. 

Malgré un très bon Joel Grey, le faux Sloane est loin d’impressionner ; la copie ne vaut pas l’original ! D’ailleurs, l’apparition de ce double sorti du diable vauvert est avouons-le un peu grosse, on aurait déjà dû en entendre parler. Mais en fait, la vérité est ailleurs : elle est d’abord dans la double mission. Celle se déroulant à l’hôtel est pleine de suspense avec un remake pétrifiant de la scène de l’ascenseur de Talon d’Achille (saison 2). L’invasion du repaire d’« Arvin Clone » est un concentré d’action trépidante dans des galeries et souterrains qui semblent infinis (les claustrophobes apprécieront), avec la participation de Sloane himself ! 

Mais le plus important, c’est la métamorphose de Sloane. Au début, il est plein de sincérité et de bonne volonté. Alors que Jack menace de le tuer, il se défend avec calme et logique. Lorsqu’il déclare tout son amour à Nadia, pour qui il a abandonné Rambaldi, il est émouvant (et Mia Maestro lui donne parfaitement bien la réplique). Le voir contraint de se replonger dans son obsession séculaire est donc un déchirement, comme s’il savait déjà que l’attraction funeste du génial inventeur allait le reprendre. Et ça ne rate pas : les regards fous de Sloane devant les artefacts de Rambaldi sont d’une force terrible, où un désir monstrueux se lit en lui. On les revoit lorsqu’il se retrouve devant la sphère rouge qui hante la série depuis le pilote. Notre esprit s’interroge momentanément sur le sens qu’a pour Sloane le mot de passe « Jacquelyn », mais est vite accaparé par le massacre du second du faux Sloane par un Sloane (le vrai) enragé. Dans le top 5 des plus grandes scènes de la série ! Un déchaînement de violence sanguinaire qui finit sur une image terrifiante : Sloane ayant basculé dans une démence inédite. Ron Rifkin n’a jamais été aussi glaçant, et on sera soulagés de le voir "retourner à la normale" dans les épisodes suivants.

Les infos supplémentaires

Joel Grey est né en 1932. Il est surtout connu pour « Cabaret » (1972). Le choix de Joel Grey pour jouer le clône d’Arvin Sloane s’explique par le fait qu’il était courant que lui et Ron Rifkin soient confondus dans le milieu.

Michelle Roberts, qui incarne Maggie Sinclair, a joué un rôle récurrent dans « Star trek la nouvelle génération ».  On l’a vue aussi dans « Homicide », « 24 heures chrono », dans le remake de « Galactica », et enfin dans « True Blood ».
Pour la première fois, il est question de mariage entre Nadia et Eric

Sloane déclare que c’est la première fois qu’il est sur le terrain avec Sydney. C’est à demi-vrai : il est ici partie prenante de l’action, mais il l’était déjà dans une moindre mesure dans Sans issue (saison 3). 

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17. EN SURSIS
(A CLEAN CONSCIENCE) 

 

Scénario : J.R.Orci

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

La faction de Belgrade, groupe terroriste, vient de frapper en Indonésie. Un agent de la CIA, Raimes, infiltre le groupe. Nadia reçoit un appel de Sophia. Celle-ci a été agressée violemment. Jack est soigné pour les radiations qui l’ont mis à mal. Il apprend qu’il est condamné.

La critique de Patrick Sansano


Retour de l’excellente Sonia Braga. Lorsqu’il est au chevet de Sophia Vargas, Arvin Sloane a des airs de brave type à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession. Difficile de croire que c'est le même qui massacre à froid un homme qui ose toucher à son secret de Rambaldi, tel le Michael Meyers enfant dans le remake de Halloween en 2007 de Rob Zombie qui tue à coup de branches de bois un camarade de classe qui s'est moqué de lui.

 La perspective de la disparition du fade Jack Bristow ne nous fait ni chaud ni froid , le docteur lui dit que son état se dégrade de jour en jour .. Après un opus rambaldien, on revient au contre espionnage classique et à la lutte anti-terroriste typique post 11 septembre (l’attentat en Indonésie). L’intrigue « classique » est réhaussée par les échanges entre Sloane et Sophia.

L’épisode connaît cependant un essoufflement rapide. Raimes l’agent infiltré évoque avec Dixon ses souvenirs, scène de « remplissage ». Le méchant du jour, Kradic, ressemble à de multiples terroristes vus au cours des précédentes saisons. La mission tombe dans les redites. A la CIA, on sauve la vie de ses collègues en leur tirant dessus et en les ratant plus ou  moins involontairement. Ce fut le cas de Vaughn « tué » par Sydney pour prouver sa loyauté il y a longtemps, ici c’est Dixon qui s’y colle avec le malheureux Raimes. Drôle de métier !

L’épisode se termine sur une révélation absolument saugrenue. Les scénaristes commencent à ne plus contenir leur imagination.

La critique de Clément Diaz

 


Après un intermède Rambaldi, retour à un bon vieux loner : c’est ce qu’on se dit pendant la majorité de l’épisode. Ben non, tout faux, le scénario de J.R.Orci arrache dans les dernières secondes un cliffhanger dantesque tout en raccordant avec surprise les deux tronçons de l’épisode. Sophia Vargas, patronne de l’orphelinat de Nadia, revient dans cet épisode (après The orphan). On sent que sa venue n’est pas gratuite, et le mystère plane autour d’elle. La mission de… Dixon (Syd a-t-elle posé des RTT ?) est palpitante avec une mission d’infiltration plus coriace que l’habitude. Pendant ce temps, le volet Jack irradié (Nightingale) ouvre de nouvelles perspectives. Ces éléments sont autant de graines semées qui vont germer dans le final en trois parties.

Dixon revient à l’avant-garde, ça faisait longtemps ! A rebours du cliché habituel, Vaughn a quelques difficultés à neutraliser le vrai hacker (très bonne poursuite), dont Dixon usurpe l’identité. Il fait équipe avec l’autre agent infiltré, Raimes. Raimes est un espion inhabituellement plus réaliste dans la série, qui doit opter pour des choix éthiques douloureux (tuer quelques innocents pour en sauver des milliers d’autres). Amer, solitaire, et fatigué, c’est un des personnages les plus torturés de la série, que Nestor Serrano rend plus vrai que nature. Son sacrifice final, acte de bravoure et de résignation mêlées, est un grand moment d’Alias. Pendant que Vaughn renoue avec son côté obscur (lacérations de prévenus), Dixon joue les bluffeurs (Carl Lumbly toujours bon). La scène des toilettes puis celle du rendez-vous où il joue les vantards sont autant d’excellents moments.

Jack doit composer avec la nouvelle de son irradiation. Entre rendez-vous graves avec son médecin (Michael McKean, aussi génial que dans les X-Files), silence qu’il s’impose à sa fille, et arrachage de peau évoquant Alien, Victor Garber met tout son talent pour nous faire partager les douleurs de son personnage. Grâce à l’interprétation tout en aspérités de Sonia Braga, Sophia Vargas sort vite de sa figure de victime par son comportement ambigu : amour profond pour Nadia suspect, passé chargé, dureté de ton... La révélation finale est tout simplement énorme !

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Nestor Serrano (Raimes) n’est pas un inconnu. On l’a vu dans « L’Arme fatale 2 », l’épisode  « Milagro » des X Files », « 24 heures chrono »

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18. RÊVE EMPOISONNÉ
(MIRAGE)

Scénario : Steven Kane

Réalisation : Brad Turner

Résumé

Le cancer que Jack Bristow a contracté en étant irradié provoque chez lui des hallucinations. Sophia est en fait la troisième sœur Derevko. Jack disparaît. On retrouve sa veste sur un vagabond. Sloane suggère de « transfèrer » le père de Sydney dans le passé pour retrouver le docteur Liddell.

La critique de Patrick Sansano


Une troisième sœur Derevko, mais c’est un véritable élevage ! Etant la responsable de l’orphelinat de Nadia, cette identité est complètement absurde. A vouloir trop en faire, on tombe dans l’absurde. Quand aux hallucinations de Jack, le docteur qui le soigne en ferait partie. Jack se croit encore marié avec Laura/Irina. Sydney doit jouer auprès de son père le rôle de sa mère. Sloane suggère de faire croire à Jack que l’on est en 1981.

Plus sobre que d’habitude, Jennifer Garner est « supportable ». Malgré le peu de compassion qu’inspire Jack, l’histoire est émouvante. La belle partition de Giacchino aide les scènes à mieux passer. L’épisode a un petit côté « Code Quantum » avec la télévision qui parle de l’attentat contre Ronald Reegan. Le scénario bien construit parvient à nous captiver.

Comme quoi, ce n’était pas si difficile de faire de la qualité, et il a fallu attendre la quatrième saison pour que cela arrive. Il y a ici une véritable intrigue et non une mission TGV dupliquée à l’infini et toujours sur le même schéma. Jennifer Garner gagne à éviter l’aspect geignard dans les scènes  d’émotion.

Celui que nous saluons ici, c’est Steven Kane, le scénariste. Il est vraiment très bon. On regrette par contre le développement de Sonia en sœur Derevko qui date de la fin de l’épisode précédent.

On ne cache pas notre plaisir de voir beaucoup Nadia Santos. Du bon boulot.

La critique de Clément Diaz

 


Dans Facade (saison 3), la CIA reconstruisait une chambre d’hôtel pour leurrer un contact du Covenant. Steven Kane reprend le concept mais avec encore plus de force : Jack, perdu dans ses hallucinations, se croit 25 ans plus tôt, obligeant l’APO à reconstruire la maison d’époque pour lui soutirer l’info capable de le guérir, qu’il cache dans son cerveau malade. C’est une des séquences les plus mirifiques d’Alias, où le temps semble s’arrêter. Entre-temps, l’épisode nous permet de voir Sophia/Elena en agent double froide et efficace (bin voyons), et nous régale d’un brillant twist après le générique. Victor Garber et Jennifer Garner accomplissent un formidable numéro d’acteurs, parachevant la réussite de cet épisode inattendu.
 

Le début de l’épisode joue sur l’adrénaline avec succès : la mission de Dixon s’achève avec force bagarres, rebondissements (la tierce personne), bluffs (l’hydrosek menaçant de tomber dans la canalisation), sans oublier une très belle tenue de Sydney. Mais l’épisode vire rapidement dans le drame psychologique où Jack se remet entre les mains de Liddell pour guérir. On sent comme une menace émanant de cette situation, grâce à la révélation du vrai état de Jack, et le jeu faussement lisse du génial Michael McKean. Lorsque le voile de l’illusion se déchire, on ne peut qu’applaudir ces scénaristes qui après 84 épisodes, réussissent encore à nous mener par le bout du nez ! Pendant ce temps, Sonia Braga passe incessamment de la douceur à la cruauté maléfique : elle oppresse son acolyte (on a pas envie d’être à sa place), sourit à pleines dents à Nadia et Weiss, tout en ayant la main sur un révolver. Décidément, les dîners tranquilles ne sont pas l’habitude de la série ! La contre-attaque finale est pleine de suspense, on passe très près d’un clash mémorable ! 

L’épisode doit beaucoup à son cœur : c’est une excellente idée de mettre Jack en pleine crise d’hallucinations. Outre que Victor Garber suscite l’effroi par les délires de son personnage, cela permet la grande séquence du « retour dans le passé » avec Sydney incarnant Irina Derevko !! Jennifer Garner est divine dans ce double rôle, et elle a un charme inouï grimée en Laura Bristow. Kane développe cette idée excitante avec un succès unanime, rien ne manque : Sydney/Irina jouant à l’épouse aimante, la petite fille incarnant l’innocente jeune Sydney, Jack d’abord méfiant (torrents de suspense) puis se laissant convaincre de cette réalité alternative, le décor de la maison, vestige ressuscité pour quelques temps d’un passé heureux mais révolu (l’épisode joue beaucoup sur la corde de la nostalgie de ce temps perdu). Le souhait final de Jack est à tirer les larmes, c’est une des plus belles déclarations d’amour du personnage. La coda est pleine d’espérance. Un des joyaux sublimes de cette saison.

Les infos supplémentaires

Première (et dernière) fois que nous voyons l’appartement de Jack Bristow.

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19. L'ORCHIDÉE SAUVAGE
(IN DREAMS)

Scénario : Jon Robin Baitz

Réalisation : Jennifer Garner

Résumé

Le faux Sloane se rend dans un monastère en rapport avec Rambaldi. On y a établi des ruches avec des abeilles sans agressivité. Mais surtout on trouve une orchidée rare. Avec l’invention de Rambaldi (la boule rouge), le faux Sloane rend les abeilles tueuses.

La critique de Patrick Sansano

 

Dans le James Bond « Moonraker », il était déjà question d’une orchidée (orchidea negra) que Drax utilisait pour faire un gaz mortel. Ici, c’est une fleur faite sur la base des écrits de Rambaldi. L’orchidée est donc une source d’inspiration pour les scénaristes. On découvre que la boule rouge (la machine de Muller), œuvre de Rambaldi réalisée par Sloane, est un instrument de mort.

L’épisode est réalisé par Jennifer Garner. Il n’est ni moins bien ni pire que les autres au niveau mise en scène. Mais bon, si cela pouvait donner à l’idée à la dame de rester derrière la caméra… Le faux Sloane tente de discréditer le vrai. Il veut aussi compromettre Jack Bristow.

Nous trouvons alors un personnage bien connu des amateurs de fantastique, ici dans le rôle de Calvin Mc Cullow. Une face de cauchemar. Angus Scrimm, le fossoyeur  aux boules  d’acier volantes tueuses qui transpercent les crânes. Par contre, une certaine confusion s’installe entre le faux et le vrai Sloane. Le faux Sloane se dit « dans le camp des gentils » et « pour l’éradication du mal ». Ce qui contraste avec la façon dont le clone a tué froidement le moine dans le pré-générique. Nadia continue d’apporter sa plus value (à la limite, on aimerait mieux deux Nadia que deux Sloane). Joel Grey en clone en fait trop et est un peu à limite du ridicule. Heureusement, il ne gâche pas l’épisode. Dans cette intrigue, on peut scanner et transférer un cerveau, voilà qui servirait bien aux Miss France et aux pseudo- vedettes de la télé réalité.

Soumis à une expérience d’hypnose, Sloane retrouve Emily (Amy Irving). Ce flash back nous permet de retrouver un personnage mort. S’il y avait eu une saison 6, on aurait pu par ce stratagème ressusciter Lauren. A nouveau, Ron Rifkin retrouve sa dimension de grand comédien. Nous découvrons (spoiler) un drame caché du couple Emily-Arvin.  L’épisode se hisse à un excellent niveau grâce à Rifkin, l’intrigue étant parfois un peu confuse. Mais nous avons de belles images, celles des rêves. L’épisode rappelle parfois « L’innocent » et le cauchemar provoqué par les envahisseurs à David Vincent. Quant à Mia Maestro, elle renvoie très bien la balle à Rifkin. Un bien bel  épisode.

La critique de Clément Diaz

 

 

Le plus bel épisode de la série. 

Cet épisode est une pause dans la succession des loners et de la Mythologie. Il est unique, à part. Pas d’action, pas de conflit d’intérêts, pas de gros méchant. Seulement une nouvelle exploration du personnage d’Arvin Sloane, qui à travers une expérience d’hypnose régressive, nous montre une face cachée de sa personnalité. La réalisation de Jennifer Garner trouve de superbes idées pour filmer somptueusement les scènes oniriques, on peut regretter qu’elle n’ait pas continué dans cette voie. L’idée démente de Jon Robin Baitz consistant à faire du faux Sloane une copie cérébralement parfaite du vrai permet des situations rocambolesques d’un humour très noir. Ron Rifkin est d’une majesté insurpassable : à chaque scène, il est immense. 

On commence en fanfare par le faux Sloane s’invitant dans un monastère particulier : il est dévoué à Rambaldi, le père supérieur est dans un bureau de travail, les gardes ont des fusils… le McGuffin est une orchidée du XIIIe siècle convoitée par Arvin Clone. Grâce à la Machine Muller, il enclenche une invasion d’abeilles tueuses ; bref, une intro sous acides ! « Arvin Clone » est une copie exacte d’Arvin Sloane : souvenirs, actions, émotions, il EST Arvin Sloane ; il connaît même Sydney, Dixon, Jack alors qu’ils ne se sont jamais vus… Les dialogues entre lui et les membres ébahis de l’APO sont pleines d’humour grinçant. Sa fin tragique liquéfie le sang, un choc. La sortie héroïque de McCullough, invisible depuis Phase Un (saison 2), est aussi une excellente idée. La révélation de l’objectif ultime des Sloane est un foudroyant retournement : Sloane a accompli des actes cruels pour la cause la plus humaine qui soit : le endgame caché de Rambaldi. C’est d’une virtuosité étourdissante.

Nous pénétrons dans la plus intime partie du cœur de Sloane, où couve un traumatisme dévastateur dont il ne s’est jamais remis. Les images idylliques sont filmées par Jennifer Garner avec une maestria stupéfiante. Si elle a été conseillée, elle a bien suivi les conseils de l’équipe ! Outre le plaisir de revoir Amy Irving, il y’a une émotion magnifique qui déborde, grâce aux mots mesurés de Baitz et au gargantuesque talent de Rifkin, dont c’est l’unique fois de la série qu’il s’effondre en larmes. La tentative de Sloane de demeurer dans un imaginaire paradisiaque, à l’abri de sa conscience tourmentée, est bouleversante. L’imaginaire comme ultime refuge, voilà une thèse que n’aurait pas renié le réalisateur de Brazil ! Michael Giacchino se surpasse : sa musique enchantée, jusqu’à de vibrants violons, est inoubliable.

Les infos supplémentaires

Angus Scrimm était « the tall man » dans la saga horrifique « Phantasm ».

Unique réalisation par un acteur principal de la série : Jennifer Garner elle-même. Aucun réalisateur n’étant disponible pour cet épisode, elle accepta de le diriger. Elle n’a jamais réitéré l’expérience, expliquant qu’elle n’a pas l’intention de poursuivre cette voie.

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20. DE CHARYBDE...
(THE DESCENT)

Scénario : Jeffrey Bell

Réalisation : Jeffrey Bell

Résumé

Vaughn demande la main de Sydney à Jack ! Hayden Chase, qui supervise l’APO lance une perquisition au quartier général et s’en prend à notre chère Nadia. Sophia Vargas étant Elena Derevko, elle a compromis Nadia.

La critique de Patrick Sansano


Cela pourrait bien commencer (Nadia Santos sous la douche) mais l’atmosphère dramatique nous submerge. Il n’est pas trop tard pour dire que le générique de cette saison 4 mettant en valeur la seule Sydney n’est pas représentatif, car nous voyons à l’œuvre une équipe et non une héroïne seule. Pour en revenir à nos moutons, Elena Derevko est un peu la sœur de trop. Dans le chaudron scénarique, c’est la goutte qui fait tout déborder. « Alias » repose sur une alchimie fragile. Après un début de saison 1 génial (le drame de Danny Hecht), nous avons subi une fin de saison et deux saisons catastrophiques. L’embellie est revenue avec la saison 4. Mais la série n’a jamais reposé sur des fondations qui ne soient pas de sable, à la différence de tant d’autres (« Mission Impossible », « Hawaii police d’état », « Columbo ») qui peuvent être revues à l’infini. Une fois les cinq saisons vues on n’a nulle envie de se repasser la série. C’est une série à révélations et une fois celles-ci faites, l’effet de surprise disparaît. Cela pour dire qu’après les sommets, la suite peut retomber dans la médiocrité.

Et malgré Mia Maestro et Ron Rifkin, « De Charybde » sent vite le ratage. Par faute d’un script de Jeffrey Bell faible. La surenchère de faits de plus en plus abracadabrants nuit à l’ensemble. Ici, on veut éloigner Sloane de Rambaldi comme un alcoolique de sa bouteille. Hayden Chase est une pimbêche avec laquelle rien n’est négociable et aucune discussion possible. Mais en faire la maîtresse d’un des personnages principaux (spoiler) n’est pas une bonne idée. D’ailleurs, on arrête pas de promettre à des méchants des peines moins dures voire des pardons s’ils font tomber d’autres méchants. C’est devenu une habitude de la série. Combien de criminels méritant la chambre à gaz se voient promettre l’impunité contre une confidence, une trahison. Dans « Alias », on passe son temps à mentir, à promettre pour mieux trahir, à faire des marchés.

Rambaldi et Arvin Sloane, c’est l’histoire d’une véritable obsession semblable à la recherche du Graal. Quant aux faux coups d’éclats (les personnages tués mais qui ont survécu miraculeusement), ils deviennent tellement répétitifs que le public se lasse. On ne peut quand même s’empêcher de rire lorsque Sloane ose encore dire « Faites moi confiance ». Trop de péripéties et l’alchimie d’Alias s’effondre. J J Abrams s’est lui-même enfermé dans la spirale de la surenchère permanente, chose qui a des limites. Elles commencent à être sérieusement dépassées ici. Cet épisode a un titre anglais dangereusement révélateur : la descente.

Quant aux morts, ils passent leur temps à ressusciter. Ben voyons. Qui veut parier que dans une saison 6. Lauren Reed/Melissa George serait revenue car c’est un sosie qui aurait été tué fin de la saison 3, etc…

La critique de Clément Diaz

 


Les fils bien embrouillés de la Mythologie commencent à se dénouer brutalement dans cet épisode, premier d’un arc de trois. Elena passe à l’action et est sur le point d’accomplir le premier projet ultime de Rambaldi (il y'en aura un deuxième dans la saison 5), ce qui mènerait le monde à la catastrophe. Plus que sa marche vigoureuse vers son but, le spectacle est assuré par Arvin Sloane qui enchaîne trahisons et doubles jeux comme des perles. On ne sait plus du tout ce qu’il a en tête : veut-il arrêter Elena, ou l’aider ? En plus, Jeffrey Bell nous révèle ce qui s’est passé pendant le hiatus entre la saison 3 et la saison 4, à la clé un numéro énorme de Ron Rifkin, en homme dévoré, aspiré par sa passion Rambaldienne. Malheureusement, pour la vraie première fois de la série, le cliffhanger final tombe dans une lourde surenchère avec le retour annoncé d’un personnage clé qui n’aurait normalement jamais dû revenir. Et cela suffit à affaiblir toute l’intrigue du finale de cette saison dirigée par J.J.Abrams (toujours showrunner).

L’épisode est à couper le souffle. Après l’introduction voyant le vol théâtral des artefacts, nous avons un moment de comédie où Vaughn demande Sydney en mariage à son père. Cela nous vaut un massacre hilarant de Jack, qui répond à celui de Danny dans le pilote. La scène trouvera une résolution dans le beau dialogue final entre les deux hommes. La scène de révélation vaut surtout pour le déchirement de Nadia, trahie par une femme qui faisait semblant de l’aimer, et qui ne fit que l’utiliser. Mia Maestro joue magnifiquement cette scène. Le flash-back un an auparavant, quand Sloane et Nadia partent à la recherche de la « Sphère de Vie », est l’occasion d’un dialogue passionnant entre eux et le gardien des prophéties, mais surtout d’un numéro de cinglé intégral de Ron Rifkin quand Sloane est devant le coffret. Rendu fou par le pouvoir de la Sphère, Sloane fait basculer l’épisode dans l’horreur pure, oubliant toute prudence. L’effarement de Nadia renvoie à celui du spectateur. La chute de Sloane et sa résolution sont filmées avec brio. 

Souvenir des missions passées avec Sydney en « dame de la haute » qui manipule délicieusement le serviteur de Rambaldi, pendant que Chase embrasse son amant (inattendu, mais gratuit, ça n’a pas vraiment d’intérêt). La prestance de Sonia Braga est telle qu’Elena apparaît encore plus diabolique (pauvre Dixon !) qu’Irina et Katya. Elle domine tous les débats. On ne sait pas du tout quel rôle se donne Sloane, qui passe son temps à trahir les deux camps en présence. Grâce à Rifkin, on se laisse prendre au jeu. Quel suspense, mes aïeux, quel suspense ! Ah, et puis Isabella Rossellini qui nous refait son numéro de charmeuse friande de doubles sens et de psychologie (elle déshabille l’esprit de Jack avec une netteté imparable), là, c’est fromage et dessert. On peut regretter que Katya ne soit pas revenue plus souvent dans la série. Dommage que la révélation finale soit bien trop exagérée.

Les infos supplémentaires

Marshall a travaillé 6 ans au SD-6. 

La musique entendue dans le magasin de Cannes est le deuxième mouvement (Andante) de la Symphonie n° 94 en sol majeur « La surprise » de Franz Joseph Haydn.

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21. EN SCYLLA...
(SEARCH AND RESCUE)

Scénario : Monica Breen et Alison Schapker

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Jack retrouve Irina et il l’enlace, avant de la tuer. Ce n’est qu’une hallucination de plus. Un certain Lucien Nisard aurait été vu avec…Irina. Nadia apprend que Jack a tué sa mère. En Russie, le chaos règne.

La critique de Patrick Sansano


L’épisode a une atmosphère de fin de saison. Le moment où toutes les cartes peuvent changer de main, les comédiens ne pas renouveler leur contrat et voir leur personnage mourir, la série peut être annulée. Vaughn qui n’arrive pas à faire sa demande en mariage à Sydney devient vite une situation répétitive et ridicule. L’épisode revient sur le projet Helix qui prévoyait la création de duplicatas. Irina n’est pas morte.

C’est un mélange de SF et de délire bondien.  Après tout, nous retrouvons l’idée des multiples sosies de Blofeld/Charles Gray dans « les diamants sont éternels » qui était le gros point faible scénarique de ce James Bond. Au bout de 25 minutes, l’intrigue stagne. On a le sentiment que les auteurs ne savent plus quoi inventer, qu’ils sont poussés dans leurs derniers rétranchements, que le citron a donné tout son jus.

Après avoir atteint des sommets, la saison 4 est sur le déclin. Une vie de plus pour Irina qui est pire qu’un chat. Il n’y a vraiment que Nadia Santos qui soit heureuse. On peine à croire à cette résurrection de trop. Les ficelles sont trop grosses. Le sort d’Irina et sa détention ne parviennent pas à nous émouvoir.  On pourrait s’arrêter avec cette saison 4 et imaginer une conclusion, la machine de Muller, arme de Rambaldi étant en marche, Sloane ayant une nouvelle fois retourné sa veste. Notons que malgré ses conditions de détention, il suffit d’une douche à Irina pour retrouver son aspect d’avant.

Lena Olin a du mal à nous convaincre. On se croirait revenu dans les pires errances de la saison 2 ou de la 3. Nous devons subir  le pathétique Michael Vartan et ses mièvreries surannées. Les roucoulades insupportables et géignardes reprennent. A la fin de l’épisode, Giacchino nous propose une musique style Bond seconde génération, c'est-à-dire David Arnold.

Bref, Alias change comme la météo, et elle est redevenue mauvaise.

La critique de Clément Diaz

 

Search and Rescue fait partie de ces épisodes où le spectateur est en danger de faire une crise d’asthme devant l’accumulation serrée d’action et de rebondissements. Monica Breen et Alison Schapker ont dû écrire le scénario sous LSD tant celui-ci file à la vitesse de la lumière. Ce prodigieux effort n’est grevé que par les contorsions scénaristiques forcées pour légitimer le retour de Lena Olin en Irina Derevko. Malgré tout, on est pris dans cet épisode qui plonge dans le Fantastique pur. L’interruption du récit au moment où l’APO se lance dans la bataille est un tremplin dont la simplicité n’a d’égale que l’envie de se jeter sur l’épisode suivant. 

La scène de danse, 18 mois plus tôt, entre Jack et (la fausse) Irina, très affectueuse, est un superbe duel d’acier et de velours. Malheureusement, on n’arrive pas à avaler l’improbable rebondissement : ainsi une adepte de Rambaldi se serait soumise au projet Hélix et se serait laissée tuer pour protéger sous ordre d’Elena Irina et ses secrets. Même à l’échelle de la série, c’est limite ! De plus, le comique de répétition de Vaughn n’arrivant jamais à demander Sydney en mariage introduit un humour qui n’a pas sa place dans un épisode aussi sérieux. D’ailleurs, quand il arrive enfin à faire sa demande, les acteurs retombent dans les travers de leurs jeux. Ce couple n’a décidément pas l’alchimie souhaitée par le créateur. Toutefois, quand l’épisode fait un bilan de la saison, regardant comme des souvenirs ses aventures passées (l’affaire Bishop, l’index Blackwell, l’orchidée…), on ne peut s’empêcher d’avoir un sourire. 

Jennifer Garner sort la grosse artillerie pour la mission au paradis de la luxure : Ibiza. En bombasse nymphomane, elle explose tous les records de sensualité vulgaire. « L’interrogation » de Nasard, l’allié d’Elena, montre pour la première fois Sydney torturer quelqu’un (supplice de la noyade), un fait unique à mentionner. C’est vraiment une mission tonitruante. Breen et Schapker se déchaînent comme jamais lors de la mission de délivrance de la vraie Irina au Guatemala, dans une forêt sans fin aux dangers cachés (réalisation ample de Trilling). On a droit à tout le paquet : bagarre épique de Nadia (une des meilleures de la série), Sydney piégée dans le nœud coulant, fusillades nourries, sans oublier la grenade qui balaye tout. Quant à Irina, elle a une manière bien à elle de saluer son mari (Hum !). Lena Olin fait un retour gagnant : femme d’action entêtée, aussi bien que mère aimant malgré sa nature ses enfants. Irina Derevko n’a rien perdu de son charme vénéneux. La scène de l’avion avec la réunification progressive des liens familiaux est bien faite, c’est touchant. 

La dernière partie voit l’invasion d’une démesurée machine Mueller activée par Elena (et Sloane ?) qui déclenche le début d’une apocalypse planétaire. La vision des citadins transformés en tueurs fous est réellement saisissante. Le saut en parachute de nos amis, prêts à affronter et un ennemi inconnu et le compte à rebours final à la fois, est un excellent cliffhanger vers le final de la saison.

Les infos supplémentaires

Episode qui marque le retour d'Irina Derevko alias Lena Olin, absente toute une saison.

Andrew Divoff a été deux fois le partenaire d’Harrison Ford : « Air force one » et « Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal ».

Ron Rifkin est absent de l’épisode.

Pensant que Lena Olin ne reviendrait pas (préférant se consacrer à sa famille), les auteurs tuèrent le personnage d’Irina Derevko au début de la saison. Lorsque l’actrice leur communiqua qu’elle accepterait de revenir dans la série, ils durent imaginer cette contorsion du scénario pour la faire revenir. On ne refuse rien à l’égérie d’Ingmar Bergman ! 

Quand Sydney téléphone en russe à l’APO, elle mentionne « M.Nemec ». Clin d’œil à André Nemec, scénariste et producteur superviseur de la série. 

La musique entendue pendant le bal de l’ambassade est l’ouverture de La Traviata de Giuseppe Verdi.

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22. IL DILUVIO
(BEFORE THE FLOOD)

Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Dans une ambiance fin du monde, Vaughn, Sydney avec sa sœur, sa mère, son père arrivent en Russie.  Les personnes infectées sont comme des morts vivants. Irina doit désactiver la machine de Rambaldi.

La critique de Patrick Sansano  


Sonia Braga, excellente dans les films d’auteur, est ici à côté de la plaque. On peut même dire qu’elle joue mal, mais le rôle qu’on lui a donné n’est pas un cadeau. La terre pourrait bien cesser de tourner, Marshall Flinkman continuerait ses vannes à deux balles. Lena Olin est pathétique en prenant des airs sérieux. Le directeur de la photo et son ambiance rougêatre sont vite pénibles. Le parti pris ici est de jouer l’apocalypse façon film d’épouvante. Devant un tel massacre, on aimerait bien que la série s’arrête. Dialogue surréaliste entre Irina et Vaughn dont elle a tué le père.  L’obscurité règne, et cela évite à J J Abrams de faire trop de frais pour les décors. T'as raison mon gars, c'est de l'argent gâché. Croisement entre « La nuit des morts vivants » et « L’invasion des profanateurs de sépulture », avec un ultime retournement de veste de Sloane, nous tombons dans le nanar façon « Highlander ». On s’attend à voir Christophe Lambert sortir de l’ombre comme dans le pathétique « Highlander 2 », vous savez, quand il est tout vieux et a perdu ses capacités, parlant avec une voix de vieillard.

Le scénario rappelle les outrances de certains arcs de X Files. Dans ce navet général, même les bons comédiens jouent faux.  Mia Maestro et Ron Rifkin gesticulent mais semblent ne plus croire en leurs rôles. On a moins de surprises avec les mauvais. La grande Sonia Braga avait sûrement des arriérés d’impôt ou des contraventions à payer. Comment peut-on jouer à la fois dans « Le baiser de la femme araignée » et dans « Alias » ? On évite des fous rires en entendant la platitude des propos échangés : Sydney « Je sais que je peux arrêter cette machine toute seule », Vaughn « Je sais que tu y arriveras ». Sans doute que le couple Vartan/Garner n’est pas dépaysé. Perle des perles, c’est à la suite de ce dialogue mémorable que Sydney accepte de se marier avec Vaughn. Le monteur a mélangé des images des « Feux de l’amour », des pires séries Z vendues à deux euros chez les buralistes ou diffusées en programme de nuit sur RTL9. Va-t-on nous sortir du chapeau une quatrième sœur Derevko ? Au point où on en est, on a atteint le niveau zéro télévisuel. C’est rassurant, on ne peut pas tomber plus bas désormais.

Arriver à garder son sérieux pour les acteurs doit être un supplice. Episode entièrement tourné sous un filtre rouge (les scénaristes ont dû écrire sous acide), on s’attend absolument à tout. La montagne accouche d’une souris. Cela relève du miracle que Michael Giacchino puisse sur des images aussi atroces composer une belle suite finale. Crime suprême : on utilise « La Lady lay » de Bob Dylan pour le final digne de « Hélène et les garçons ». Et puis il y a le cliffhanger final. Au fond, on est sûr cette fois que la série va être annulée. Comment ? Il y a une saison 5 ? Au secours….

La critique de Clément Diaz

 

Le finale de la saison 4 peine à tenir ses promesses. En voyant nos héros affronter des humains transformés en zombies, on se dit que les scénaristes Josh Appelbaum et André Nemec ont porté Alias à son plus haut niveau de délire. On voudrait s’en réjouir, mais ils commettent l’erreur fatale d’hésiter entre plusieurs influences sans se fixer sur une : survivor à la Romero, défouloir à la Resident Evil, espionnage avec compte à rebours apocalyptique… le tout donne une pâte molle, anticlimatique. Quelques âneries et hors sujet d’écriture sont aussi à relever.

Pourtant, Il Diluvio bénéficie d’atouts si forts qu’on enrage d’autant plus l’intrigue mal dégrossie des auteurs : la réalisation angoissante sous filtre rouge névrotique de Lawrence Trilling, signant là sa meilleure et dernière collaboration à la série ; la confrontation d’Irina et Jack face à Elena, l’accomplissement cataclysmique de la prophétie du Passager, et surtout le pardon général entre les différents protagonistes. Sur ce dernier point, l’épisode aurait pu conclure la série, et ce avec satisfaction, tous les arcs et conflits étant désormais clôturés. Pour autant, il faut reconnaître que le cliffhanger ultime de la saison est tout simplement ENORMISSIME !! Pétrifié par ce que vient de dire Vaughn, le spectateur est à deux doigts d’avoir un arrêt cardiaque lorsqu’il reçoit en pleine figure le plan final !

Dans une ville déserte, peuplée de morts-vivants, cinq sauveurs contemplent l’enfer sur Terre (le premier qui dit The Walking Dead…). La mise en scène, la lumière rouge, les décors de fin du monde, la musique dissonante… tout concourt à faire de Sovogda un pandémonium terrorisant. Passée cette mise en bouche, l’épisode se perd dans des directions contradictoires : il y’a trop peu d’action (une seule attaque de zombies, un empalement, et pis basta), et le côté survivor est gommé par des dialogues bavards virant parfois dans le déphasage consternant. Sydney parlant de son prochain mariage à tout le monde, c’est déjà lourd (le sommet est atteint lors de son échange de serments d’amour avec Vaughn, stop !), mais on souhaite encore plus que J.J.Abrams retire du cahier des charges les passages d’humour obbligato à chaque épisode : les blagues foireuses de Marshall et Weiss sont carrément insupportables dans une situation aussi sérieuse que la fin du monde. D’autant que leurs interventions n’auront finalement pas le moindre impact sur l’action. Bon, et puis Nadia qui se fait attaquer par une centaine de zombies et qui s’en tire sans une égratignure, là, c’est sacrément pompant. Il est aussi énervant d’imaginer qu’un type aussi intelligent que Sloane allait croire qu’il lui suffirait de se présenter comme ça devant l’équipe pour qu’on l’accueille à bras ouverts. Les poings de Jack le détrompent heureusement. La fascination qu’exerce les labyrinthes du métro (les auteurs ont-ils pensé à l’excellent Medusa des X-Files ?) est passée à l’as devant tant d’erreurs.

Et c’est cet épisode-là que choisit Sonia Braga pour nous infliger une prestation ratée de Génie du Mal. Elena, la même expression corporelle tout le long, n’a plus l’ampleur qu’on percevait chez elle naguère. Elle casse en partie l’effet de sa scène avec Nadia, qui rencontre un destin pire que la mort (Mia Maestro est en revanche d’un charisme époustouflant). Heureusement, la dernière partie de la mission raccroche enfin les wagons du suspense : disparition de Sloane, lutte fratricide entre Sydney et Nadia jusqu’à une conclusion terrible, et surtout la partie de bluff magistrale entre les époux Bristow et la sœur renégate, d’une tension phénoménale. Lena Olin, d’une fougue inimaginable, forme avec Victor Garber en mode sadique vengeur un duo aussi énorme que la machine Mueller. La réconciliation générale qui survient à la toute fin, est crédible : les personnages ont tant souffert qu’ils peuvent enfin goûter le repos, et on ne peut s’empêcher de penser que la série aurait pu se finir là. L’harmonie générale fait plaisir à voir. Mais il y’a une saison encore ! Alors, les auteurs imaginent une coda à l’effet dévastateur. Vaughn lâche une révélation qui nous laisse sur le cul, puis BADABOUM ! Cliffhanger mortel, noir. L’efficacité monumentale de ce procédé est telle que Supernatural ne se privera pas de le réutiliser à la fin de sa saison 1. Allez, jetez-vous vite sur la dernière saison !

Les infos supplémentaires

Lorsque la caméra filme les cinq agents en train de sauter de l’avion, on aperçoit sur le côté un sixième personnage. Un membre de l’équipe technique trop visible ?

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Images capturées par Patrick Sansano.

 saison 2 saison 4

Alias

Saison 3


1. POST MORTEM
(THE TWO)

Scénario : J.J.Abrams

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Sydney est retrouvée amnésique à Hong Kong deux ans après avoir tué le sosie de Fran. Kendall a été remplacé par … Dixon. Vaughn a quitté la CIA pour devenir enseignant et s’est marié. Tippin a miraculeusement survécu à la tentative de meurtre de Allison/Fran. Jack Bristow est en prison depuis un an, au secret, pour avoir travaillé à nouveau avec son ex femme Irina. Kingsley, un agent de la CIA, a été assassiné en France par un groupe appelé « Le covenant ».

La critique de Patrick Sansano


Le thème du héros que l’on retrouve amnésique en Orient a déjà été exploité dans l’excellent double épisode de « Hawaii Police d’état » : « Les neufs dragons » qui inaugurait la saison 9, s’étant déjà inspiré des romans de Ian Fleming où 007 est considéré mort au Japon et où M rédige sa nécrologie, alors que l’agent amnésique ne réapparaîtra qu’un an plus tard au début de « L’homme au pistolet d’or », tentant de tuer M après un lavage de cerveau par le KGB. Jennifer Garner joue toujours aussi mal et plus personne n’attend d’évolution de côté-là, son cas étant désespéré. Victor Garber en prison et à l’isolement ressemble beaucoup à Carlos le terroriste et gagne un peu d’épaisseur au propre comme au figuré. Cela ne dure pas et il retrouve son physique fâlot lors de sa libération. Il n’est plus question pour Sydney de venger son fiancé Danny Hecht. Quant à la fameuse révélation d’Irina à sa fille, selon laquelle elle est celle qui a été choisie par Rambaldi pour accomplir la prophétie, il n’y est plus fait allusion alors que c’était la grande nouvelle de la fin de saison 2, d’ailleurs Lena Olin est absente de l’épisode.

Parlons donc des bonnes nouvelles, et autant que faire se peut des bons comédiens : un nouveau salaud fait son apparition dans la série, Lindsey, et le comédien Kurt Fuller, aux faux airs d’Anthony Hopkins, y est sublime. Ron Rifkin parvient à nous faire croire à sa rédemption, au fait que depuis Zurich, il se dédie à une fondation luttant contre le cancer. Cet exercice de style périlleux entre bien et mal dans lequel Lena Olin n’a jamais été convaincante avec ses grimaces et sourires à deux sous, Rifkin le franchit avec son jeu subtil habituel. Michael Vartan joue comme un cochon, et il fait vraiment pitié à voir dans une scène où il vient demander des nouvelles de Sydney. Il n’est pas aidé par sa partenaire qui est aussi nulle que lui. On a gardé Dixon, personnage autant inutile que Peter Lupus dans « Mission Impossible », sans doute pour conserver un quota de blacks dans la série. La série est de plus en violente (scène du meurtre dans le TGV) mais lorsque Sydney tue un agent russe, on a l’impression d’être dans un mauvais clip vidéo ou dans une pub pour un parfum.

Jennifer Garner joue comme les héroïnes d’il y a quarante ou cinquante ans, alors que le monde a changé et que le jeu des comédiens a évolué. Absents de l’épisode, Sark, Tippin, Irina laissent la place à des seconds couteaux montés en épingle et aussi médiocres que Flinkman. C’est particulièrement le cas du descendant de Houdini, le fatman Eric Weiss, joué par Greg Grunberg, version Obélix de Flinkman. Dès la saison 2, ce personnage était surestimé et sa présence à l’écran injustifiée. Il monopolise de nombreuses scènes, on se demande bien pourquoi. On espère que le niveau sera réhaussé par l’arrivée de Lauren Reed/Melissa George, l’épouse de Vaughn, encore en coulisses. Enfin, le ridicule ne tue pas. Le puceau Flinkman a enfin trouvé chaussure à son pied et sa copine (voisine de bureau) est enceinte de ses œuvres. Son humour est toujours au raz des pâquerettes.

On ne sait plus trop dans quelle direction « Alias » va aller. Kurt Fuller hélas ne semble pas là pour longtemps (six épisodes seulement). On l’aurait bien échangé contre Jennifer Garner.

La critique de Clément Diaz

 
L’ouverture de la saison 3 partage bien des points communs avec le pilote de la série. Sydney est confrontée à un traumatisme écrasant qui brise tous ses repères, et doit jouer au déserteur freelance pour gagner la confiance du chef de la NSA. Cette similitude est voulue par Abrams qui peut ainsi redémarrer sa série sur de nouvelles bases. Davantage un prélude présentant cette nouvelle saison qu’un vrai épisode, The two n’en est pas moins réussi ; il cultive par ailleurs le mystère des deux années volées à Sydney. La révélation finale, loin d’éclairer, ne fait que renforcer l’étonnement. L'épisode accomplit son office : le public mord à l’hameçon.

Le créateur tient à nous rassurer : deux ans ont peut-être passé, mais les habitudes de la série demeurent. L’épisode commence donc par une fracassante baston de Sydney qui nous met en appétit. Le premier tiers de l’épisode va être principalement dédié à la difficile accoutumance de Syd au « nouveau monde ». Soient donc Dixon promu chef des opérations de la CIA, Carrie portant l’enfant de Marshall, Jack en prison à perpétuité pour insubordination, contacts de Sydney désormais inactifs, Vaughn démissionnaire et nouvellement marié, et un sacré emmerdeur du nom de Robert Lindsey. Interprété par un Kurt Fuller d’une férocité absolue, Lindsey est rapidement plus désagréable que l’antipathique mais objectif Kendall. Leur affrontement est plein d’étincelles.

Les deux changements les plus importants sont la nouvelle épouse de Vaughn (J.J.Abrams nous asticote en reportant l’entrée de l’heureuse élue à l’épisode suivant), et surtout l’incroyable rédemption d’Arvin Sloane. Désormais philanthrope respecté qui a donné de précieux renseignements à la CIA, et maintenant un de leurs meilleurs alliés - une nouvelle que Syd a du mal à avaler. Sa scène unique est pensée comme le centre de gravité de l’épisode. Sloane veut se montrer bon et généreux, et Ron Rifkin, tout en intériorité, est si talentueux que le spectateur se surprend à croire (un peu) au revirement du Big Bad n°1 de la série. Bon, Sydney remet les pendules à l’heure en le sermonnant (et pas qu’en paroles), mais malgré tout, c’est elle qui ironiquement a le mauvais rôle : le culot bien connu du scénariste. On passera sous silence la plus grande importance accordée à l’agent Weiss, qui ne sort pas de la case « second rôle de remplissage ». Au final, c’est vraiment une nouvelle série qui ressort de ce deuxième changement d’ère (après la révolution Phase One).

Sydney est à peine revenue dans le monde des vivants qu’elle est déjà en pleine tourmente. Elle montre cependant toute sa puissance en piégeant tout le monde d’un coup de bluff magistral, puis se lançant dans une croisade solitaire pour révéler au monde qu’elle est de retour, et que ça va chauffer !! Elle y arrive au-delà de toute espérance : sa mission à Prague, aussi brève soit-elle, nous régale d’une scène d’action (et d’une tenue sexy) spectaculaire. Tandis que le guet-apens parisien renoue avec le suspense cher à la série. La coda, en deux temps, est inégale : si on se réjouit de voir Lindsey plier sous le chantage de Sydney, voir cette dernière démolir Vaughn sous un injuste torrent de paroles blessantes est malheureusement d’un ridicule mortel. Sydney attendait donc de Vaughn qu’il ne crut pas à sa mort alors que tout l’indiquait ? La dame a sacrément élevé ses exigences pour ses petits amis ! Retenons enfin le cliffhanger qui nous donne une petite idée de ce qui s’est passé pendant le hiatus de deux ans : Ouch, eh ben ça promet !

Un épisode qui a valeur de prologue à une nouvelle période, mais à l’action, au suspense, et au mystère savamment dosés. Que la saison 3 commence !

Les infos supplémentaires

Robert Lindsey (Kurt Fuller) a remplacé Jack Bristow. Le personnage apparaîtra dans en tout six épisodes de la saison.

Melissa George (Lauren Reed) est créditée au générique. Elle n’est cependant pas présente dans cet épisode. Greg Grunberg (Eric Weiss), après deux saisons en tant qu’en acteur récurrent, est promu en acteur régulier, son nom étant lui aussi au générique.

Une superbe coquille de la part des chargés de décor, la mission à Paris se déroulant près de la Société de fabrication de « Monmartre » !

Sloane mentionne que Volkov était un ancien membre du MVD. Il s’agit du Ministerstvo Vnoutrennikh Diel ; l’équivalent du Ministère de l’Intérieur russe.

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2. MONNAIE D'ÉCHANGE
(SUCCESSION)

Scénario : Roberto Orci et Alex Kurtzman-Counter

Réalisation : Daniel Attias

Résumé

Jack montre à sa fille un film pris durant sa disparition, et sur lequel on la voit tuer un homme. Deux agents de la CIA sont enlevés à Berlin dans un ascenseur par le groupe Covenant. L’un des otages est décapité, pour rendre l’autre vivant, Covenant réclame Sark.

La critique de Patrick Sansano


Geignarde, pleurnicheuse, Jennifer Garner est insupportable face à un Michael Vartan juste bon pour « Les feux de l’amour ». Le contraste est saisissant lorsque dans la scène suivante, Ron Rifkin fait face à Victor Garber. Rifkin lui n’a pas trouvé son talent de comédien dans une pochette surprise. David Anders manque toujours de la maturité nécessaire pour le rôle de Sark. Kurt Fuller confirme tout le bien que l’on pensait de lui dans sa composition d’un immense s alaud, même si l’on comprend que ces fous de scénaristes ont décidé d’écarter l’un des seuls bons comédiens présents sur le plateau. La réintégration du falot Vaughn à la CIA est bien maladroitement présentée, caprice des scénaristes ou plutôt de la production. Les apparitions de Sloane et de Fuller sont distillées au compte goutte mais quel régal de voir ces deux acteurs.

Vu la médiocrité ambiante (Garner, Garber, Vartan et l’inutile Lumbly), ils n’ont aucun mal à émerger du lot. Sydney qui s’habillait jadis lors de ses missions en sexy girl est maintenant déguisée en moche intello binoclarde. Dixon est un très mauvais choix pour jouer un rôle important à la CIA. Autant son insignifiance passait en simple comparse, autant il plombe à son tour la série comme s’y ingénient Sydney et Vaughn depuis longtemps.

Il n’est plus question ici du trésor de Rambaldi, et on le regrette. J J Abrams ayant décidé d’être enfin un peu charitable avec le public masculin nous propose une alternative au laideron aux oreilles décollées en la personne de Melissa George, qui cumule à la fois le rôle d’un agent et de la femme de Vaughn. Mais ce qu’elle offre ici ne nous permet pas de nous prononcer sur ses talents de comédienne. Brillent par leur absence Irina et Tippin. Cette troisième saison a choisi une direction différente, une suite plus grave et avec moins d’humour, avec un SD6 du pauvre en la matière du Covenant. On en revient, somme toute, toujours à la même question. Comment une série aussi faible a-t-elle pu éviter l’annulation pendant cinq saisons ?

La critique de Clément Diaz


Pour leur dernier épisode pour la série, le duo Orci-Kurtzman n’est hélas pas dans son élément. Nous ne sommes qu’au début d’une saison occupée à ramasser les nombreuses pièces du puzzle découlant du hiatus entre la saison 2 et 3. Conséquence : dialogues nombreux, intrigues sages, pas d’accumulation délirante, et surtout rythme très modéré, soit l’opposé de l’habitude du duo. Mais la mécanique convenue de Succession est tout de même bien huilée, avec quelques rebondissements et révélations qui font leur effet. Les auteurs s’amusent en repoussant la rencontre de Sydney avec la femme de son ex à la dernière minute.

Il y’a quelques scènes énervantes comme la triste anamnèse de Vaughn sur son deuil passé (Vartan ne s’améliore pas), la discussion informatique entre Jack et Irina ; Lena Olin ayant plié bagage, les scénaristes ont recours à cet expédient peu glorieux. Ou encore la discussion très exogène au ton de l’épisode entre Sydney et Sark (malgré un David Anders toujours aussi régalant). Le reste est correct, mais s’inscrit dans une histoire qui met un temps infini à se développer. Les auteurs se rattrapent donc avec la recette classique de la série : on répond à quelques questions, mais on en pose beaucoup d’autres. Le mystère, carte ultime de la série, continue de tenir sur la durée : que s’est-il passé pendant les deux ans ? Quel est le lien entre l’échange de Sark et l’assassinat de Lazarey (dont la véritable identité est l’objet d’un twist très surprenant) ? Que recherche le Covenant ? Et puis, il y’a bien sûr Sloane qui jure sur ses grands dieux qu’il a trouvé la rédemption devant Jack qui ne cache pas son scepticisme. Cette kyrielle de questions fascine. Dommage qu’elle soit engendrée par des dialogues à rallonge.

Les deux missions au Mexique et en Allemagne sont d’intérêt inégal. La première voit l’échange Sark-Rotter qui va génialement foirer grâce à la traîtrise de Lindsey (Kurt Fuller se surpasse en salaud total). Le suspense prend. La mission allemande est plus classique avec une infiltration peu mémorable de Sydney sous la couverture d’une chimiste spécialisée dans les drogues. Le coup du faux code secret est un peu trop tiré par les cheveux, mais on retient ce nouveau mystère lorsque le chirurgien meurt après avoir prononcé quelques paroles énigmatiques à Syd. On retient aussi le début de l’épisode avec la méthode d’enlèvement la plus délirante imaginée par un scénariste, ainsi que le colis cadeau que réceptionne Sydney dans un cinéma porno (bon appétit !).

L’épisode s’achève par l’entrée en scène de Lauren Reed, campée par une Mélissa George très « bombasse » : cheveux blonds dénoués, minois sublime, jambes dénudées, et veste élégante ; une entrée remarquable et… remarquée !

Les infos supplémentaires

Vaughn devenu enseignant recommande à ses étudiants de voir à la cinémathèque « Les 400 coups » de François Truffaut.

Première apparition de Lauren Reed (Melissa George).

On trouve dans la liste des agents morts de la CIA beaucoup de noms de l’équipe technique :  Scott Chambliss, Nicole Carrasco, Frederick Toye, Maryann Brandon…

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3. ARME SECRÈTE
(REUNION)

Scénario : Jeff Pinkner

Réalisation : Jack Bender

Résumé

La femme de Vaughn, Lauren, est chargée d’enquêter sur l’homme que Sydney a égorgé durant son absence de deux ans. Après s’être crêpée le chignon durant une réunion de la CIA, les deux femmes se retrouvent lors d’une mission à Mexico, Laureen derrière son écran , Sydney dans la forte place ennemie, pour capturer Sark qui rencontre Boris Orantsky du Covenant.

La critique de Patrick Sansano


Comment faire des économies sur la distribution ? En engageant à la place de Fran, Tippin, Charlie, le professeur qui tous constituaient la vie « privée » et hors espionnage de l'héroïne le fade Weiss/Greg Grunberg qui, s’il appartient à la CIA, est aussi « le confident » hors missions. Le suspense ici consiste pour Jack Bristow d’empêcher que Laureen n’identifie sa fille sur le film d’archives en train d'égorger un homme. Pour rendre Lauren encore plus détestable aux yeux de Sydney, non seulement celle-ci lui a piqué son homme, mais elle a en plus obtenu la grâce de l’assassin du bien oublié Danny Hecht. Le talent de Ron Rifkin, c’est de rendre Arvin Sloane humain et crédible avec sa façon de considérer Sydney comme sa fille, sa protégée, alors qu’il est un ignoble assassin.

Loin de Lena Olin et de ses remords et repentances pitoyables en Irina dans la saison 2, Rifkin insuffle à Sloane une crédibilité dans son action humanitaire contre le cancer, sans que le téléspectateur ne soit dupe et oublie quel monstre il est. Il est bien plus difficile de jouer un méchant qu’un héros, et Rifkin y excelle. Concernant Lauren/Melissa George, on en a fait une sorte d’anti Sydney. Elle est aussi blonde que Sydney brune.

Les admirateurs de la brunette doivent la détester. On regrette beaucoup l’absence de Lindsey/Kurt Fuller. Il est dommage aussi de laisser autant de bonnes scènes à David Anders/Sark qui croisement hasardeux de David Hallyday et de Bénabar n’a pas du tout le look du terroriste qu’il est censé être. Melissa George joue mieux que Jennifer Garner, chose qui n’est pas bien difficile, mais son travail d’actrice jusqu’ici ne mérite pas des louanges comme celles destinées à Rifkin. Le personnage n’est pas encore suffisamment développé, mais elle le joue tout en nuances au lieu d’en rajouter dans le côté odieux, ce qui est de bonne augure pour la suite. Mark Ivanir est plausible en Orantsky. Son personnage reste hélas celui d’un comparse mineur et n’atteint pas la galerie des grands vilains de la série. On retrouve ici des ralentis façon 007/Brosnan dans lesquels Sydney et Vaughn échappent par miracle aux plus dangereuses des explosions à la seconde près.

La critique de Clément Diaz


Reunion
appartient sans difficulté aux meilleurs épisodes d’Alias avec des missions pleines d’adrénaline. L’affrontement Lauren-Sydney vaut aussi le détour, tandis que la superposition des intrigues dans la dernière partie de l’épisode provoque un suspense du tonnerre.

Dans une situation évoquant irrésistiblement Ally McBeal, voilà un homme, sa femme, et son ex qui travaillent au même endroit. Vaughn doit jouer les médiateurs entre Sydney et Lauren qui lors des deux briefings de l’épisode ne trouvent rien de mieux que de gueuler de concert. Melissa George unit sa sensualité à de très bonnes mimiques d’actrice, rendant crédible le mariage entre Lauren et Michael. Elle compose une alternative à Sydney : dépassionnée, à l’énergie plus intérieure, et plus chaleureuse ; Jennifer Garner demeure dans son registre fonceur et lutteur : leur affrontement tient ses promesses, même si l’armistice est signé à la fin.

Pinkner, touché par l’inspiration, a d’excellentes idées : le satellite explosant en plein parc est une secousse, et l’instant d’après, on rit en voyant Sydney et Weiss dans une scène de beuverie hilarante. Greg Grunberg, pour une fois, est très supportable. Sloane reste encore à l’écart, mais même avec une seule scène, il nous marque toujours autant ; on adore l’entendre répondre à une Sydney le menaçant des pires sévices : Vous m’avez manqué ! Sourires fielleux, airs satisfaits, et roublardise pince-sans-rire, Ron Rifkin confirme d’épisode en épisode sa suprématie dans le casting. La mission au Mexique avec surveillance à distance et prise d’otages nous colle à l’écran, d’autant que Boris Oransky (fantastique Mark Ivanir) est un méchant aussi effrayant que déterminé. Sark continue son numéro d’opposant efficace et flegmatique. La deuxième mission à Moscou enchaîne fusillades et explosions avec célérité, le coup de poker joué par Vaughn et Sydney (dans une robe de soirée à tomber par terre) est d’une audace incroyable. Elle se superpose à Jack qui doit tout faire pour empêcher Marshall et Dixon de déchiffrer la vidéo montrant Syd en train de tuer Lazarey. Un double suspense haletant, mené tambour battant par l’expérimenté Jack Bender. Au final, une nouvelle réussite !

Les infos supplémentaires

Avec le hiatus de deux ans, nous ne savons plus en quelle année nous sommes. Flinkman dit à Sydney qu’en musique, la seule chose qu’elle ait ratée est Justin Timberlake.

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4. CHAÎNON MANQUANT
(A MISSING LINK)

Scénario : Monica Breen et Alison Schapker

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Des mercenaires dirigés par un certain Simon Walker volent des fioles de virus d’Ebola qu’ils fournissent au Covenant. Sydney est chargée de rencontrer Walker à Séville, le but étant de remonter jusqu’au Covenant. Elle doit s'infiltrer dans le gang, mais va y parvenir mieux qu'elle aurait pu l'espérer, étant déjà connue sous un autre nom par l'homme.

La critique de Patrick Sansano


Début d’épisode typiquement américain où Sydney tente de faire parler un ennemi mourant en faisant appel à la foi chrétienne. Après ce prologue mièvre, l’épisode s’améliore avec un face à face Sloane-Lauren et une scène où Sydney cumule les rôles d’Arsène Lupin, de l’homme de l’Atlantide et de Pierce Brosnan/007 dans le pré-générique de « Goldeneye ». Si Jennifer Garner est crédible dans la séquence d’action où elle infiltre le gang de Walker, dès que la comédienne est confrontée à des scènes de comédie, comme par exemple la jalousie de Vaughn, véritable boulet ici, l’intérêt s’effrite. La disparition durant deux ans de l’héroïne est un peu comme le hiatus dans Sherlock Holmes. Elle sert de fil rouge à la saison. Dixon est toujours aussi peu à sa place en chef de la CIA.

Désormais, dans chacune des préparations des commandos de Sydney, nous devons supporter la jalousie de Vaughn, son regard de chien battu. Tout cela s’insère plutôt mal dans les intrigues, affaiblissant l’aspect noir du monde de l’espionnage. Notons que Lauren se substitue à Sydney dans le rapport étrange père fille que distillait Arvin Sloane jusque là. On retrouve l’aspect feuilleton avec le cliffhanger traditionnel en fin d’épisode.

Les meilleurs moments sont dus aux apparitions trop courtes de Ron Rifkin, dont l’éclat du personnage de Sloane ne s’effrite pas. On regrettera devant certaines scènes croustillantes que Jennifer Garner incarne Sydney. Là où d’autres comédiennes auraient rendu l’atmosphère torride, Garner désamorce immédiatement par son côté gnan gnan boy scout toute sensualité. Bien que fort jolie, Melissa George joue dans un autre registre et n’a pas le côté vulgaire et primitif du personnage de Sydney. Quant à Michael Vartan, il joue toujours aussi mal. « Alias », une série où les méchants ont plus de charisme que les gentils.

La critique de Clément Diaz


Un corollaire de la célèbre maxime Hitchcockienne Plus réussi est le méchant, plus réussi est le film pourrait être Plus le héros est dans la mélasse, plus le spectateur est captivé. Le duo Breen-Schapker l’a bien compris, et offre à Sydney une de ses missions les plus dangereuses : l’infiltration d’un camp ennemi. Mais cette idée assez commune est renouvelée ici par le fait que Sydney doit se faire passer pour Julia, la tueuse à gages qu’elle a été pendant ses deux ans d’absence, mais dont elle n’a aucun souvenir ! Un mélange détonnant qui dépasse la légère surcharge de dialogues.

Livrée à elle-même, Syd joue un double jeu périlleux, devant se faire passer pour l’ancienne maîtresse d’un mercenaire dont elle ne connaît rien. Elle improvise à la vitesse de l’éclair : mots bien choisis, attitudes sensuelles dosées, et surtout actions calibrées face à l’imprévu perpétuel de ses situations. Sydney doit duper Simon sur son identité, doit passer un « test d’admission » en volant le collier d’une princesse en sept minutes chrono - scène d’un suspense à vif, finissant par un superbe plongeon en petite tenue - doit se cacher quand Sark arrive dans la place, doit jouer à la tentatrice pour troubler Simon (la scène de la recherche informatique est une mini-course contre la montre à fouetter le sang), doit ouvrir un coffre plus coriace que prévu en une minute… et au final, doit passer une épreuve de loyauté terrifiante, objet d’un cliffhanger foudroyant et d’une excellente réplique à double sens (You shouldn’t betray me !). Jennifer Garner, toute en tenues aguicheuses, fait ici une de ses meilleures prestations dans une brillante mission qui n’est pas sans rappeler le très réussi Inter-Crime (saison 2) des Avengers !

Qu’importe devant un tel spectacle l’abus de scènes dialoguées, surtout que certaines, comme la première entre Syd et Lauren, bénéficient d’un walk and talk évoquant la formule gagnante du duo Aaron Sorkin-Thomas Schlamme. Sloane, caché derrière sa « respectabilité », s’autorise quelques pointes méchantes en déstabilisant la pauvre Lauren. Rifkin et ses sourires diaboliques sont un enchantement de chaque instant. Comme le spectateur sait qu’un jour ou l’autre Vaughn et Sydney seront de nouveau ensemble, il analyse le secret que Vaughn doit désormais cacher à Lauren à propos de Sydney comme étant la première fêlure de leur ménage. Melissa George a encore peu à défendre, mais n’incite qu’aux éloges. Un magistral épisode !

Les infos supplémentaires

Sydney découvre que durant les deux dernières années, elle s’est appelée Julia.

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5. BLACK JACK
(REPERCUSSIONS)

Scénario : Jesse Alexander

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Pour sauver Vaughn qui allait être tué par Simon Walker, Sydney a été obligée de poignarder l’agent de la CIA l’envoyant aux portes de la mort. Sark prend possession des armes volées par Walker. Arvin Sloane révèle avoir inventé le premier virus informatique intelligent qui peut ruiner l’économie.

La critique de Patrick Sansano


Cet épisode illustre bien le problème Jennifer Garner. En garce prise au piège dans sa mission « Un flic dans la Mafia », elle use de ses atouts féminins et jette ses sous vêtements et prend une douche. A ce seul prix, le bien naïf méchant n’aura aucun soupçon. Mais la vertu de la dame sera sauvée par une pirouette du scénario, Simon Walker étant obligé de prendre un avion (il n’a pas le temps de le différer comme 007 dans « Docteur No » avec Sylvia Trench). La scène suivante, Garner retrouve son rôle de boy scout tue l’amour dans une scène gnan gnan au possible. S’ensuivent les bla-blas interminables entre Sydney et Lauren. Cette-fois la guerre est déclarée entre les deux égéries de Vaughn, mais si elle joue bien, Melissa George est hélas confinée à un rôle qui ne lui permet pas de montrer la palette de ses talents. Le téléspectateur est en permanence invité à croire les choses les moins vraisemblables, comme Jack Bristow en client de Simon Walker (juste après Sark).

Heureusement, le sauveur permanent de la série, Ron Rifkin, arrive tel un Zorro du mal. « Alias » souffre de façon constante de la contradiction entre un bon comédien et une médiocre starlette. Cela crée un déséquilibre qui nous fait mesurer l’étendue de notre frustration si le casting avait permis d’avoir une bonne actrice dans le rôle de Sydney. Melissa George rehausse quand même le niveau et fait ce qu’elle peut aux côtés d’une Jennifer Garner transparente.

Rifkin insuffle à Arvin Sloane une dimension rarement atteinte dans une série télé. Avec son talent, il nous fait croire à un s alaud qui à chaque masque qui tombe se révèle encore plus ignoble, mais retombe toujours sur ses pieds. Ici, face à un nouveau méchant que sert Sark, Bomani du Covenant, Sloane qui aurait été ridicule avec n’importe quel acteur lambda évoque une araignée qui continuerait à tisser sa toile et à prendre dans celle-ci ses proies alors qu’elle est sous la menace d’être piétinée. Sloane parvient à ne pas être ridicule en disant à Sydney qu’il remet sa vie entre ses mains. Oublié le pilote et la mort de Danny Hecht. Sloane devient agent double, triple.

Au jeu des chaises musicales, Sloane a toujours une longueur d’avance. Il est trahi par Sark mais constitue le pire des evil mastermind en trouvant toujours par une pirouette (que le talent du comédien rend vraisemblable) son salut. Le téléspectateur est tellement abreuvé d’informations que suivre la série devient de plus en plus complexe, mais est-ce important ? Ce sont les coups d’éclat qui comptent, et « Alias » va de surenchère en surenchère dans ce domaine. Les déguisements de Sydney n’étonnent plus personne et sombrent dans la répétition (voire dans le ridicule).

Beaucoup de personnages ont été perdus en cours de route : Tippin, Irina, et le raccord avec les premiers épisodes devient improbable. Les combats chorégraphiés de Sydney servent ici à meubler un scénario gruyère. Heureusement, les vilains disposent toujours de grands talents pour sauver les meubles : ici le comédien Djimon Hounsou en Bomani joue dans la cour des grands (revu depuis dans « Gladiateur » et « Blood diamonds »). On se demande bien pourquoi la production n’a pas aussi bien soigné le casting des héros. En une scène de pleurnichage jaloux voyant Lauren et Vaughn s’embrasser, Sydney plombe l’ambiance en nous entraînant dans une atmosphère « La petite maison dans la prairie ».

Ô rage, ô désespoir. Le pire côtoie en permanence le meilleur dans « Alias ». L'épisode, grâce à Rifkin et Hounson parvient quand même à atteindre un bon niveau malgré le gâchis involontaire de Jennifer Garner, Victor Garber et de David Anders, méchant le plus faible en Sark.

La critique de Clément Diaz


Jesse Alexander enchaîne les péripéties à un tempo délirant, le spectateur est pris tout le long dans la cavalcade. Malheureusement, l’auteur commet plusieurs contresens et facilités qui pénalisent son script. On le regrette au vu des nombreux coups de génie qui rythment régulièrement Repercussions, en particulier dans sa seconde partie.

Alexander joue un coup classique : l’espionne sur le point d’être découverte se déshabille en vitesse et attend nue l’ennemi dans sa chambre. Que l’ennemi en question ait par miracle un avion à prendre, et n’arrange pas ses plans pour prendre du bon temps est une excuse faiblarde pour sauver Syd de ses ardeurs. De même, pourquoi Sydney révèle à Lauren qu’elle a poignardé Vaughn ? Elle s’attendait à ce qu’elle lui envoie des fleurs pour la remercier de son honnêteté ou quoi ? Une peu reluisante idée pour maintenir la tension entre Lauren et Sydney. Le rétropédalage de Lauren qui se calme après s’être emportée contre Sydney est grotesque. On se demande aussi comment Jack découvre qu’il a été percé à jour par Walker. Qu’il l’abat froidement au lieu de lui soutirer des renseignements est une faute, même s’il vient d’apprendre que sa fille a été une nympho dépravée quand elle était Julia !

Heureusement, l’épisode est rythmé par des rebondissements électrisants : la première mission de Lauren, avec l’enlèvement spectaculaire de Sloane, nous entraîne dans une folle course-poursuite, filmée avec maestria par Ken Olin. Le nouveau méchant, Bomani, joué avec une totale conviction par Djimon Honsou, est une opposition digne de ce nom, même si derrière lui, Sark tire pas mal de ficelles. L’ironie de la situation est d’un humour noir ravageur : Sloane doit maintenant jouer le rôle… d’un agent double qui espionne le Covenant et renseigne la CIA ! Mais malgré son épée de Damoclès, il demeure d’une prestance et d’une acuité percutantes. Rifkin est toujours au top. On aime aussi la mission chez les yakusas où Marshall fait sa deuxième expérience de mission. Marshall, moins lourd que dans Désigné coupable (saison 2), provoque l’hilarité en texan moustachu compteur de cartes, tenant le bras à une Sydney bimbo ! Suspense, humour, et action s’emmêlent efficacement. Contrairement à la saison 2, cette saison a pris tout de suite son rythme !

Les infos supplémentaires

2e mission de terrain de Marshall (après Désigné coupable), il fera une 3e et dernière mission (en solo !) dans Fantôme (saison 4).

 

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6. NOIR ET BLANC
(THE NEMESIS)

Scénario : Crystal Nix Hines

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Allison Doren (le sosie de Fran) revient du royaume des morts. Elle a survécu aux balles de Sydney et le Covenant l’a soignée pendant deux ans. Désormais elle fait équipe avec son amant Sark et veut se venger de Sydney.



La critique de Patrick Sansano


Une fois de plus, tel Kaa du « livre de la jungle », Sloane joue les charmeurs avec Sydney, évoquant l’amitié avec son père, la confiance que la jeune femme lui manifestait (en ce sens, Sloane prend le rôle du père), la mort de sa femme Emily. Mais pour une fois, il renvoie à la face de Sydney ses mensonges : il lui demande comment jouer les agents doubles, ce que la jeune espionne a fait au SD6. Le problème, c’est que Ron Rifkin n’a pas une partenaire à la hauteur, et que le comédien tel un tennisman envoie des balles – des répliques – que l’autre encaisse mais ne renvoie pas. La réapparition de Merrin Dungey est surprenante.

Mais le retour qui nous fait plaisir est celui de Kurt Fuller/Robert Lindsey. Les bons comédiens sont rares alors que nous avons une pléthore de gravures de mode dans « Alias », aussi Fuller amène sa pierre à l’édifice des meilleurs épisodes. Le personnage de Lauren se développe et prend de l’ampleur, des scènes lui sont consacrées sans son fade mari. On ne tirera pas sur l’ambulance Garner en la voyant en pitoyable blondasse, ressemblant ici à un travesti.

La tension de l’épisode baisse à chaque passage consacré à Vaughn et Sydney et remonte avec Sloane, Lindsey, et même Allison et ce en dépit du fait que la comédienne qui l’incarne a un jeu assez limité. Notons que « Alias » multiplie les séquences déjà vues, et se plagie : combien de fois avons-nous vu Sydney en discothèque en femme fatale pour infiltrer l’ennemi ? Cela devient répétitif. Victor Garber semble s’ennuyer à mourir et se demander quand la série sera annulée. Melissa George interprète à merveille le personnage de Lauren, mais hélas il est n’est pas assez construit. Nous en savons peu sur la pyschologie de la dame, son passé, ses émotions. La nouvelle confrontation entre Sloane et Sydney aboutit une fois de plus à un KO sans discussion, le premier surnageant nettement et de façon écrasante sur l’insignifiance du second.

Le rythme continue à être celui d’un TGV loin de nos téléfilms nationaux soporifiques. Arvin Sloane, de spectateur, redevient agent de terrain. Il est savoureux dans la rencontre avec Allison et Sark, la métamorphose d’Allison plongeant la série dans l’univers de la science-fiction. Nous partons désormais sur un nouvel arc narratif, qui est situé dans le hiatus de la disparition de deux ans de l’héroïne. Comme dans « Le Caméléon », au lieu de donner des réponses au spectateur, on soulève de nouvelles interrogations. Cet épisode est celui de l’affrontement supposé final entre Sydney et Allison devenue une sorte de Michael Meyers de « Halloween ». L’intérêt envers « Alias » revient malgré la médiocrité de Jennifer Garner et Michael Vartan.

 

La critique de Clément Diaz


Dans Alias, c’est une tradition de mourir plusieurs fois. Après Irina Derevko, voilà maintenant Alison Doren qui ressuscite, et ça va saigner !! On apprécie le retour de Merrin Dungey, tellement plus intéressante qu’en Fran. Ici, elle est là pour bagarrer, baiser, tirer, tuer… tout ce qu’on attend d’elle ! Son duel avec Sydney tient ses promesses tout le long. Parallèlement, Lauren commence à prendre sa place au sein de l’équipe en étant elle-même en mission, et c’est le baptême du feu pour Sloane qui s’initie à l’art d’être agent double. L’action domine cet épisode tonique et trépidant.

Crystal Nix Hines ne lésine pas sur l’atout Alison. Plus hot et dangereuse que jamais, Merrin Dungey campe la femme fatale avec intensité. Elle forme avec Anders un duo diabolique très réussi. On aime son apparition en pleine nuit tout comme le flash-back de l’assassinat de Fran. Cet événement fait que Sydney est promue agent de liaison de… Sloane ! Leurs scènes sont un régal : Syd, très revancharde, fait tout pour rendre la tâche de Sloane impossible, espérant en secret qu’il échouera et que le Covenant le tuera. Peine perdue, Sloane est un bluffeur hors catégorie et se tire royalement des épreuves de son ancienne employée. Garner et Rifkin se renvoient très bien la balle. J.J.Abrams continue de dévoiler au compte-gouttes le mystère du hiatus de deux ans : il sait jouer avec les nerfs du spectateur !

Dixon perd toute objectivité en ordonnant à Syd de tuer Alison, pour venger sa femme (très bon Carl Lumbly). Tout le monde semble un poil survolté ! Alison gagne la première manche contre Sydney en l’assommant lors d’une mission où les coups de feu pleuvent. Mais c’est pour mieux laisser à l’héroïne une revanche lors de la mission finale, une bombe de suspense et d’action avec une poursuite et une baston d’anthologie. Le cliffhanger fait un sacré effet, mais se révélera hélas un pétard mouillé dans les épisodes suivants, dommage. Pendant ce temps, Lauren continue de se construire, et Melissa George confirme qu’elle est un atout de choix, y compris physiquement (superbe apparition en tenue légère). La rivalité entre la CIA et le NSA (toujours impeccable Kurt Fuller) est désormais consommée avec Lindsey avançant ses propres pions pour devancer la CIA. Ambiance décontractée, décidément ! 

Parenthèse comique : ne manquez pas Marshall qui fait une session jam pour faire sa demande en mariage à Carrie. C’est la scène la plus drôle de toute la série !

Les infos supplémentaires

Nous en apprenons plus sur le mythe Rambaldi.

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7. SANS ISSUE
(PRELUDE)

Scénario : J.R.Orci

Réalisation : Jack Bender

Résumé

Faisant des cauchemars, Sydney cherche à retrouver la mémoire. Elle décide alors de suivre une thérapie. Mais une opération au cerveau risquerait d’en faire un légume comme cela est arrivé à un autre agent de la CIA prisonnier cinq ans en Corée du Nord. Sloane réapparaît à la CIA pour partir en mission avec Sydney afin de neutraliser une arme que le Covenant veut dérober à la Chine et qui permet de tuer des gens depuis l’espace. Sark veut révéler à Lauren le nom de l’assassin du diplomate Lazaré.

La critique de Patrick Sansano

 


On s’éloigne de l’espionnage pour entrer dans le gore et le fantastique. La scène où Sydney s’ouvre le ventre aurait pu figurer dans un film d’horreur ou un épisode de X Files. Les rivalités entre les services secrets NSC et CIA échappent sans doute au téléspectateur français. Bien sûr, l’histoire de l’arme mortelle de l’espace relève plus d’une bande dessinée que d’autre chose. Néanmoins, lorsque Sydney refuse de prendre le bras de Sloane pendant la réception chinoise, mettant en péril leur couverture, on retombe un peu sur Terre. Cette simultanéité comics/tentative de réalisme ne convainc pas et l’on reste dans le domaine de l’incroyable. La petite voiture gadget est directement pompée sur la fin du Bond « Dangereusement vôtre ». « Alias » devient un recyclage un peu fourre-tout de l’histoire du cinéma d’action et des séries TV. « Alias » est un feuilleton décousu, écrit de façon hasardeuse, et on a bien du mal à relier le pilote à cette saison 3.

Pendant une bonne partie de l’épisode, et bien qu’il dispose de nombre de scènes ici, Ron Rifkin est moins intéressant que d’habitude. Arvin Sloane sert essentiellement de couverture à l’opération et n’est pas dans un de ses fameux et redoutables tours démoniaques. On retrouve plus tard le personnage et son charisme, mais là, les scènes sont brèves hélas. Profitant des protagonistes locaux (la Chine), l’épisode fait la part belle aux combats. Seul un enfant peut croire à la victoire de la Lara Croft au petit pied sur les héritiers de Bruce Lee, et tout le monde veut bien admettre contraint ou forcé que les américains dominent tous les arts martiaux comme tout le reste en ce monde. Vous ne l'aviez pas deviné, mais Jennifer Garner n'existe pas, c'est Chuck Norris déguisé, le QI restant au même stade.

Mais sortie du terrain où l’on acquiert la victoire à coup de poings et de savates, Sydney devient bien fragile. L’incroyablement geignarde Jennifer Garner devient carrément insupportable en se victimisant et on n’ose qualifier la bêtise de Vaughn/Michael Vartan de lui préférer l’ex à la présente, tant il n’y a pas photo sur tous les plans entre l’une et l’autre. Le pauvre est non seulement complètement idiot, mais a négligé de faire surveiller sa vision par un bon ophtalmo. On sombre dans le mélo niais. Vaughn affiche le visage le plus pitoyable possible de chien battu. L’épisode se termine par un cliffhanger mais franchement, nous ne sommes plus du côté de la boy scout looser.

Une fois de plus, il y a des coups de pistolets qui se perdent et des changements d’héroïne en cours de série qui ne seraient pas superflus. J J Abrams, il n’y a pas de honte à s’être trompé d’actrice, il y a crime à persister à nous l’infliger. Pourquoi pas une passation de pouvoir Garner/George en cours de saison 3 ? Un épisode qui donne envie de rejoindre le Covenant pour éliminer définitivement de la surface de la terre la plus cul cul la praline des espionnes de l'histoire de la télé.

 

La critique de Clément Diaz


Aussi doué, sinon plus, que son grand frère, J.R.Orci élabore une intrigue palpitante qui contient toutes les qualités d’Alias : multiplication démente d’intrigues superposées, suspense paroxystique, bagarres fulgurantes, tour du monde ultra rapide, héroïne plongée dans des emmerdes abyssales, cliffhanger ravageur… un des épisodes les plus aboutis de la série. Jack Bender est à l’unisson de ce script rempli à ras-bord, avec une caméra au rythme soutenu.

Les histoires partent dans tous les sens, et le spectateur peut prendre plaisir à être ballotté sans cesse. L’attention est déjà attirée par Javier Perez qui accepte de révéler à la NSA l’alias de Sydney pendant ses deux ans d’absence ; Jack doit prendre donc des mesures drastiques pour empêcher Perez de parler à Lauren et Vaughn. La scène-clé de leur kidnapping, suivi de la violente dispute entre Jack et Vaughn qui a tout compris, sont le corps de cette petite intrigue 100% efficace. Mais malgré leurs rapports tendus, le duo s’apaise et s’unit lorsqu’ils doivent aider Sydney. Leur réconciliation fait plaisir à voir. La réapparition cataclysmique de Sark devant Lauren piégée dans une voiture explosive met une tension du feu de Dieu ! Le rythme cardiaque du spectateur s’accélère brutalement lorsque Lauren avoue à Vaughn que Lindsey est désormais au courant de la double identité de Sydney : quel merdier !! Leur petite discussion sur leurs mensonges et leurs ordres respectifs sonne tout à fait juste. Melissa George irradie d’excellence. Le repêchage in extremis de Syd par Vaughn autorise une scène émouvante entre eux, avec Michael Vartan beaucoup plus convaincant que son habitude (dommage que Jennifer Garner cabotine). 

La mission en Chine est menée par Sydney et… Sloane ! Aussi à l’aise que Syd en agent double, Sloane se montre très sympathique et prévenant devant une Sydney qui a juste envie de vomir. Le décalage de leurs sentiments procure toujours autant de plaisir. Ajoutons la voiture téléguidée brouilleuse de système de sécurité de Marshall, la valse Straussienne du duo, et l’époustouflante scène d’action contre deux gardes, et la mission est un vrai must see ! A peine la mission finie, La lettre de Sloane relance une nouvelle fois l’affaire Sydney/Julia. Le final à Rome entrouvre des issues frissonnantes interrompues par le terrible cliffhanger ! Un épisode quasi parfait.

Les infos supplémentaires

Le Covenant, en voulant voler une arme secrète à la Chine, démontre qu’il s’agit d’une organisation qui n’est au service d’aucun pays.

Le personnage d’Irina Derevko est souvent évoqué par Jack Bristow sans que la comédienne réapparaisse.

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8. VOLTE-FACE
(BREAKING POINT)

Scénario : Breen Frazier

Réalisation : Daniel Attias

Résumé

Sydney est arrêtée en Italie pour le meurtre de Lazaré. Dixon est destitué de son poste. Le couple Vaughn se dispute. Sydney enfermée dans un lieu style Guantanamo est soumise à la torture pour avouer ce qu’elle a fait durant les deux dernières années sur les ordres de Lindsey dont Lauren refuse d’être complice. Sloane, Jack et Vaughn préparent l’évasion de Sydney. Sloane est blessé durant l’opération. Sydney va être lobotomisée.

 

La critique de Patrick Sansano


Voilà un épisode sublime qui nous offre deux superbes numéros d'acteur.

Tout d'abord Ron Rifkin en Arvin Sloane. Un autre acteur aurait pu rendre le rôle ridicule. A la base, Sloane est un s alaud intégral. Ici, il nous joue les victimes, en s'auto-félicitant d'être le protecteur de Jack Bristow et de sa fille. Sloane n'est pas à une contradiction près, il se prend pour un saint. Il assume en perte et profits les crimes qu'il a commis, ne retenant que ses "bonnes actions". Il est une sorte d'Hannibal Lecter à la fin du premier film avec Jodie Foster. Serpent venimeux qui se dissimule en innocente souris, l'homme est très dangereux et est un manipulateur né. Est-il dupe de ce qu'il raconte, certainement pas. Mais le personnage est un bon comédien qui sert son discours en jouant les victimes. Lorsqu'il affirme qu'une injection de morphine le tuera, il a un sursaut d'égocentrisme et d'instinct de survie, mais le chat retombe sur ses pattes tel un diable sorti d'une boîte. Arvin Sloane est le mal absolu car le mal sait qu'il faut tromper l'adversaire en paraissant ce qu'il n'est pas. Qui peut croire en le voyant jouer les bons samaritains pour sauver celle dont il a tué le fiancé qu'il recèle autant de venin en lui ?

Kurt Fuller lui a un rôle plus facile à jouer qu'il assume avec justesse : le s alaud au grand jour. Ici, Robert Lindsey atteint des sommets de cynisme (le faux prisonnier torturé) que l'on a rarement vu dans une série télé. Plus direct que Sloane, il ne s'embarrasse pas de fioritures pour arriver à ses fins. En ce sens, on peut dire qu'il est un agent de la CIA crédible bien plus que l'insipide Vaughn. On peut aisément supposer que les vrais agents de la CIA n'ont pas d'états d'âme, ce n'est pas leur but. Lindsey joue au chat et à la souris avec une Sydney qui pour une fois est en dessous de son niveau. Ses tentatives d'évasion qui ont réussi en Russie et en moult endroits "peu démocratiques" de la planète tombent systématiquement à l'eau. Lindsey sait également se montrer cruel avec Dixon dont il ne fait qu'une bouchée, mais a plus de problèmes avec Lauren.

Enfin, Melissa George peut montrer l'étendue de ses talents de comédienne. Le personnage de Lauren, tout en nuances, n'accablant pas Sydney, fait preuve d'une grande subtilité. Elle sait ne pas se montrer dupe du second serpent à sonnettes de la série, Lindsey. Le personnage a une conscience et le fait savoir au mal incarné par Lindsey, qui pourtant dispose de tout le pouvoir.

Rifkin a tellement de talent qu'on s'apitoierait presque sur Arvin Sloane blessé en venant au secours de Sydney. Le téléspectateur qui prendrait la série en route le trouverait un "type bien". Lorsque l'on a un tel passif de crimes derrière soi, il faut vraiment une hypocrisie massive pour dissimuler à autrui en jouant avec les apparences que l'on est un immonde personnage.

Par contre, on peut reprocher un manque de discernement à Lindsey : y-a-t-il vraiment quelque chose à extraire de l'écervelée Sydney ? Lobotomiser une décérébrée, mission impossible.

La critique de Clément Diaz


Breen Frazier se penche sur un nouveau cas classique des séries d’espionnage : une évasion. Prisonnière du NSA, Sydney n’a qu’un seul espoir : qu’on la fasse évader. Breaking point lance un crescendo de tension tant dans les scènes sordides de la prison que dans le plan minutieusement fomenté par les amis de Syd. Entre deux rebondissements massifs, l’action avance à grande vitesse, aidée par la preste caméra de Daniel Attias. Un épisode très énergique ! Et Richard Roundtree, le fameux interprète de Shaft, rejoint la cohorte des grandes guests de la série !

Une intrigue, deux fronts uniques. C’est un des épisodes d’Alias les plus économes au niveau narratif ! Mais le scénariste tire tout le jus de son idée : Sydney est torturée par électrocution (comme dans le Ciel jaune, saison 1), mais ne pipe mot. Niveau action, elle fait une louable tentative d’évasion, avortée toutefois. Niveau frayeur, elle se lie d’amitié avec Campbell, un détenu devenu fou. Pruitt Taylor Vince est mémorable en homme divaguant dans son monde. Il est l’objet d’un stupéfiant twist final, élaboré par Lindsey. Le chef du NSA est décidément un cerveau aussi machiavélique que Sloane : ne reculant devant rien, il utilise LA faille de Syd avec un brio indéniable, avec plus de succès que Sloane dans In extremis (saison 1). Kurt Fuller fait un superbe show, rendant des points à Rifkin lui-même.

L’organisation du plan est impeccable. La « cache » de Jack est la preuve la plus éclatante qu’il est un homme prévoyant et plein de ressources. Cet ersatz de Quartier Général est fascinant dans ses moindres détails. Le trio central Vaughn-Jack-Sloane délaisse ses animosités pour une alliance virile et puissante, tendue vers un même but. L’infiltration de la FEMA est remarquablement minutée, avec en point d’orgue, un rebondissement inattendu aboutissant au courageux sacrifice de Sloane. Cet acte, ainsi que la performance de Rifkin, font que la certitude du spectateur quant au double jeu de Sloane, vacille. Ce démon incarné est plus magnétique que jamais, même allongé sur une table d’opération. Le rebondissement final avec l’arrivée du 4e larron conduit à un final explosif, dirigé par Brill (Richard Roundtree, très bien), et couronnant ce splendide épisode.

Les infos supplémentaires

L'épisode fait allusion à l'implication de la CIA dans la chute de Salvator Allende en 1973.

Lorsque Jack se résout à s’allier à Sloane, ce dernier lui lance : Je te l’avais dit Jack, qu’on retravaillerait ensemble ! Il s’agit d’une allusion à Faux amis (saison 2) où Sloane faisait cette promesse à Jack. Plus de deux ans se sont écoulés entre les deux épisodes : la patience est toujours récompensée !

Un des personnages de l’épisode s’appelle Schapker. Un clin d’œil à Alison Schapker, scénariste et productrice de la série.

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9. SALLE 47
(CONSCIOUS)

Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Sydney est libérée par son père, Sloane et Vaughn qui espèrent faire croire à Lindsey à un enlèvement par le Covenant. Sloane a une thérapie pour retrouver la mémoire. Le revirement de Sloane laisse sceptique Sydney. Dixon est arrêté pour entrave à la justice.

La critique de Patrick Sansano


Alors que les kidnappeurs suggèrent pour faire « vrai » que Lauren Reed soit maltraitée, Sydney se fait un plaisir de le faire. Jusqu’à présent, Sydney était une cruche, maintenant on se met à la détester. Les notions de bien et de mal voltigent ici où Sloane s’avère plus humain et compréhensif que Sydney, alors qu’il a sur les mains le sang de Danny Hecht. Dans cet épisode, on nous invite à mélanger rêve et réalité. David Cronenberg est bien entendu un élément décisif de l’aspect SF/Fantastique que prend la série.

Retour de la prophétie. Elle est le serpent de mer de la série. D’un épisode à l’autre, celle-ci est négligée. Notons une scène savoureuse : la cruche croit qu’elle embrasse Vaughn et dans son rêve se réveille les lèvres collées contre celles de…Sloane.

On se prend à rêver, devant la nullité crasse de Jennifer Garner, à ce qu’aurait été « Alias » avec Sarah Michelle Gellar ou Jessica Alba. Hélas, mauvaise pioche. Garner n’a que deux ou trois expressions à son registre et plombe la série autant qu’elle le peut. Ici, pourtant le script est bon, l’ambiance fantastique et ténébreuse, mystérieuse et angoissante à souhait. L’épisode construit sous forme de rêve évoque « La maison du docteur Edwardes » d’Alfred Hitchcock. A sa décharge, Garner n’est guère aidée par ses partenaires Michael Vartan et Victor Garber. Les bons moments de l’épisode sont dus à David Cronenberg acteur (i
l est infiniment plus convaincant que Quentin Tarentino en tant qu’invité de prestige), car ici Ron Rifkin n’a pas beaucoup de scènes à défendre. Kurt Fuller assume quant à lui la part royale d’infâme méchant que le rôle de Lindsey impose.

Episode onirique, il serait un chef d’œuvre télévisuel, un joyau, sans l’actrice principale. Melissa George a du mal à s’imposer. Son rôle en demi-teinte ne lui permet pas de nous montrer l’étendue de son talent. Mais la perspective amorcée ici d’en faire une « méchante » est une heureuse initiative pleine de promesses. Les niaiseries à l’eau de rose du couple Sydney/Vaughn viennent entâcher la qualité de l’histoire dont l’intrigue était noire à souhait.

Erica Leerhsen est difficile à supporter en poupée gonflable droguée comparse de Cronenberg. On se prendrait presque à lui préférer Jennifer Garner, c’est dire.

« Alias » est la première série dans laquelle on préfère les méchants aux gentils tant ces derniers en boy scout sont inodores et sans saveur.

La critique de Clément Diaz


Alias
semblait avoir à peu près tout fait jusque-là, mais c’était sans compter sur l’arrivée d’un nouveau duo d’auteurs très efficace : Josh Appelbaum et André Nemec. Ces derniers explorent le monde toujours fascinant des rêves. Le voyage fantastique qu’ils imaginent, entre exaltation de l’imaginaire et symbolisme, font de Conscious un épisode de très bonne facture. Mais la réalisation de Ken Olin n’atteint pas le vertige escompté. L’épisode dégaine une nouvelle guest star : l’immense David Cronenberg dans le rôle du neurologue ! Son personnage un peu givré partage d’ailleurs quelques points communs avec les créatures peuplant ses films.

Le gros coup de poing que Sydney flanque à la femme de son ex (cas de force majeure) ne manque pas de piquant, et contrairement à ce qu’elle le dit, est moins une réponse à la dénonciation de Lauren qu’à la place qu’elle lui a prise dans le cœur de Vaughn. La scène tragi-comique où Sydney embrasse Vaughn croyant qu’il s’agissait d’un rêve le montre bien. Dans cet épisode, Lindsey qui demande carrément l’élimination de Sydney sert de révélateur de plusieurs personnages : Lauren montre son courage en lui mentant effrontément, mais ce dernier n’est pas dupe (Kurt Fuller n’est pas dans la demi-mesure, il le rend le plus odieux possible). Dixon profère avec un calme effrayant des menaces contre lui, tandis que Sloane voit sa belle assurance vaciller quand il subit un chantage, mettant en cause sa loyauté. Allons bon, qu’est-ce qu’il manigance encore ? Mystère, encore et toujours. On note aussi la vision de la main coupée à demi-décomposée dans la boîte enterrée. Pas très ragoûtant…

Erica Leerhsen fait un sacré numéro en étudiante sexy et dingo (quelques gâteaux de hachisch doivent traîner quelque part), et David Cronenberg campe un médecin un peu fou mais qui sait ce qu’il fait. Le postulat génial élaboré par les auteurs (nos souvenirs sont inclus dans nos rêves), permet un développement excellent. Il nous fait voir Sydney errer dans les contrées de son royaume mental, poussant des portes et des passages fantasmagoriques, à la recherche de sa mémoire perdue. Visions idylliques et d’horreur, extérieurs paradisiaques ou salles souterraines cauchemardesques (et arrêt cardiaque de l’héroïne), en passant par la mémorable bagarre onirique de Sydney contre Lauren, puis… contre elle-même !! Toutefois, les décors comme la caméra statique d’Olin restent trop sages et ne transcendent pas l’histoire. On finit quand même sur un cliffhanger à en être vert de rage. Bien joué !

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David Cronenberg, le réalisateur de « Dead zone », le remake de « La mouche » et « Existenz » joue ici le docteur Brezzel. Comme acteur, il avait joué dans « Jason X » l’opus futuriste spatial de « Vendredi 13 ».

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10. JEUX DE PISTE
(REMNANTS)

Scénario : Jeff Pinkner

Réalisation : Jack Bender

Résumé

Dans son rêve, Sydney se dédouble. Elle a perdu la mémoire à cause du Covenant. Elle a vu Tippin dans son rêve. Lindsey croit que Sydney est aux mains du Covenant. Supposé mort, Adrian Lazarey réapparaît. Sydney part en mission avec Tippin.

La critique de Patrick Sansano


Retour de Tippin/Bradley Cooper. Ici sous sa couverture de témoin protégé. A chaque fois que l’on désespère de « Alias », ce bon vieux Ron Rifkin vient nous proposer une scène inoubliable. Ici, plus vrai que nature, son personnage de Sloane affirme « aimer » Sydney et vouloir la sauver. La séquence montrant ensemble les deux infâmes Sloane et Lindsey est un sommet de jeu de comédiens, une seconde après les gémissements larmoyants de Sydney face à Tippin nous font mesurer la différence entre les acteurs qui savent jouer et les autres.

Bradley Cooper dont le come back du personnage arrive comme un cheveu dans la soupe est totalement inutile à l’intrigue. Il y a bien longtemps d’ailleurs que c’est le cas. Mais ici, en agent sur le terrain, Tippin devient ridicule. Il n’est revenu que pour des séquences de minauderies avec Sydney. Beau gosse, il est sans doute là pour booster l’audience en captant l’audience féminine. Mais pas seulement : Sydney se sent si seule, la pauvre. Et Vaughn n’est plus libre. Tippin doit être sérieusement en manque pour assumer ici le rôle d’amant. Ensuite, il est conduit à remplacer le Dixon de jadis dans les missions de Sydney déguisée. Petite question en passant : où Tippin a-t-il appris à se battre comme un agent secret ?

Les scènes rassemblant Michael Vartan et Victor Garber tournent à vide. Heureusement, le personnage de Sloane a encore des surprises à nous réserver. Eternel démon qui se cache derrière un repenti, il permet à Ron Rifkin de jouer des scènes fabuleuses. Arvin Sloane pourrait vendre des réfrigérateurs aux esquimaux.

Il nous faut malheureusement supporter le trop juvénile Sark/David Anders absolument pas à la hauteur de ses comparses des forces de l’ombre. Sa quête du père ici nous laisse indifférent. Le retour de Merrin Dungey en Allison n’est pas non plus une idée pertinente. Le combat qu’elle livre avec Tippin souligne le côté invraisemblable du script.

La critique de Clément Diaz


La saison 3 conservait encore des vestiges (les
Remnants du titre) des saisons passées : Will et Allison. Jeff Pinkner se charge de boucler le dossier en les faisant intervenir ici. De fait, l’épisode tourne autour du duo Sydney-Will faisant équipe pour récupérer un indice sur la mémoire perdue de l’héroïne. La sortie de scène de Lindsey est à la hauteur de ce personnage fort. En dépit de quelques facilités scénaristiques, et d’une lenteur générale, l’épisode convainc, aidé par quelques twists surprenants.

En regard de la fadeur du couple Sydney-Vaughn, le « ship » Sydney-Will paraît bien plus relevé. Cela doit beaucoup à Bradley Cooper, parfait en homme tranquille brutalement réveillé par un blast from the past. On n’a qu’à citer les retrouvailles entre Will et Sydney où le premier braque un révolver sur la deuxième tellement il n’y croit pas ! Par la suite, leur complicité donne tout le sel de l’épisode. Leur association commune dans l’action comme le rendez-vous avec l’informateur de Will (attention, twist massif en vue !), ou la mission en Allemagne sont des réussites. On peut tiquer en voyant Will métamorphosé en agent bling-bling qui en fait des caisses, et qui bastonne comme 007, mais ça s’inscrit bien dans la fantasmagorie de la série.

On partage les sentiments de Will, excité à l’idée de tuer Alison pour venger Fran. La tueuse du Covenant n’a qu’une réplique, mais Merrin Dungey est toujours aussi létale, et subjugue rien que par sa présence. Son mano a mano avec Will tient ses promesses. Pinkner rappelle cependant combien la vengeance a un goût éphémère, Will ne se sentant aucunement libéré à la fin de l’épisode. On grimace cependant quand Sydney, dévastée par sa tristesse, se jette sur Will et fait l’amour avec lui ; psychologiquement c’est limite. Bon, mais faut bien que Will ait des compensations...

Plus affreux, sale, et méchant qu’il ne l’a été, Lindsey laisse exploser toute sa tyrannie (tout le monde au cachot ou au casse-pipe). Kurt Fuller, pour sa dernière prestation, est plus brillant que jamais, et sa sortie se fait par la grande porte. Même après son départ, il nous régale d’un pied de nez à distance : délicieux ! Il est dommage que le plan de Sloane soit si évident dès le départ. On se console avec Sark, démon blond au sens de la famille limité (euphémisme !) et flingueur gentleman (ah, ce clin d’œil quand il chipe l’artefact de Rambaldi !). David Anders fait une parfaite composition. Un épisode hautement recommandable.

Les infos supplémentaires

Cet épisode nous présente la mort de deux personnages importants, mais est-on jamais sûr dans « Alias » ?

Dernière apparition de Lindsey.

Will et Syd se connaissent depuis huit ans.

Bradley Cooper (Will Tippin) réapparaîtra une dernière fois dans L’Élue (saison 5). Merrin Dungey (dans le rôle de Fran) dans un flash-back filmé à cette occasion dans le finale de la série Un sentiment d’éternité (saison 5).

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11. PASSÉ RECOMPOSÉ
(FULL DISCLOSURE)

Scénario : Jesse Alexander

Réalisation : Lawrence Trilling

- Tu t'appelles Julia Thorne. Tu es née à Londres le 2 août 1973.

- Je m'appelle Sydney Bristow, et je t'emmerde !

Résumé

Sydney est enlevée par … Kendall. Il fait partie de l’organisation gouvernementale TSR chargée d’examiner l’artefact de Rambaldi, un cube. Kendall prétend tout savoir sur la 
disparition pendant deux ans de Sydney.


La critique de Patrick Sansano


Voilà qui ressemble à un épisode clip, même si les scènes sont inédites et illustrent le récit de Kendall. Ce genre d’exercice est périlleux. En général, nous subissons des éllipses. Des pans entiers du scénario sont balayés par quelques images. Le résultat final est décevant. J J Abrams ne maîtrise plus les rouages de sa mécanique et est condamné à la surenchère permanente. Verbeux, l’épisode se perd en « vérités » assenées par Kendall qui rappellent certaines explications fumeuses de X Files. Ponctué de chansons gnan gnan façon « Alerte à Malibu », « Passé recomposé » est vite ennuyeux à mourir. Le téléspectateur, noyé d’informations et de spoilers, est déconcerté. Les prophéties de Rambaldi nous sont offertes jusqu’à outrance, avec en voix of Kendall. C’est très vite indigeste.

Episode censé se dérouler entièrement dans un avion, égrené de souvenirs de Kendall, nous devons subir ici deux fois Jennifer Garner : celle actuelle et celle du hiatus enregistrée par Kendall sur un ordinateur. Cela devient une véritable torture. Tombant les méandres qu’ont connu « Le Caméléon » et « X Files », « Alias » devient « hélas ». Parce qu’à bout de révélations, nous tombons alors dans l’épisode clip, qui récapitule des scènes et évènements déjà vus. Cette-fois, c’est Sydney qui s’y colle. Grève des scénaristes ? Vacances de J J Abrams ? Nous sommes consternés. On prend le téléspectateur pour un imbécile en lui refilant un épisode fourre tout.

A dix minutes de la fin, nous quittons l’avion pour rejoindre le QG de la CIA. Dixon, personnage inintéressant depuis le début, nous fait perdre notre temps avec une énième scène de révélation inutile. La collecte des artefacts de Rambaldi a des goûts de chasse au trésor pour enfants un jour de Pâques avec des œufs en chocolat. Il n’y a en fait que les dernières secondes de l’épisode qui valent la peine, avec une révélation inattendue et cruciale sur l’un des personnages clefs de la série. Tout le reste a plongé le spectateur dans un profond sommeil.

Mais, tant qu'on y est, Abrams ne va-t-il pas nous révéler que dès le pilote de la saison 1, Sydney Bristow n'était pas la vraie Sydney, que Sloane est mort et remplacé par un frère jumeau, que Vaughn a été conçu dans des éprouvettes de laboratoire, que tout cela est un complot extra-terrestre datant de Rambaldi ? A force de mélanger les donnes de cartes, on arrive à un grand n'importe quoi. Un véritable gâchis.

 

La critique de Clément Diaz


J.J.Abrams avait prévu de révéler petit à petit tout ce qui s’était passé pendant les deux années d’absence de Sydney. Mais sous la pression des spectateurs impatients, le créateur accepta de tout révéler en un seul épisode, clôturant ainsi prématurément le fil rouge de la saison. Jesse Alexander hérite de cette tâche fastidieuse car Full disclosure se résume en tout et pour tout à un long dialogue ininterrompu. Mais dans cet épisode, nous voyons combien le scénario général de la série est en poupées russes quasi infinies. Tout ce que nous avons vu pendant les dix premiers épisodes n’était qu’un immense écran de fumée. La grande discussion de trente minutes, grâce à des flash-backs révélateurs, et le charisme de Terry O’Quinn, n’est jamais lassante. Nous sommes pendus à ses lèvres. C’est l’occasion ici de remercier le comédien et son personnage pour qui c’est la dernière apparition.

Jesse Alexander sème en passant une nouvelle graine dans la Mythologie Rambaldi : première mention du fameux « Passager ». Aux nombreuses réponses apportées, succède immédiatement une autre batterie de questions. Le monde selon J.J.Abrams !

Le récit de Kendall nous immerge dans un bain de révélations. Chaque moment de l’épisode a son importance, sa force. On citera entre autres les terribles scènes de conditionnement du Covenant sur Sydney (on pense à l’inhumain traitement Lodovico d’Orange Mécanique), l’origine de la main coupée de Lazarey (une scène spectaculaire !), l’apparition de Jennifer Garner en blonde (couleur qui lui va à ravir), la froide exécution de « l’homme sans importance » (qui en aura énormément dans Sueurs froides) avec la voix de McKenas Cole alias Quentin Tarantino en arrière-plan… Et surtout, la raison de la cicatrice de Sydney, qui est tout droit tirée des X-Files : c’est presque la même chose que le plan des extraterrestres à propos de Dana Scully ! Un épisode rempli de scènes chocs et surprenantes. A la fin, on repasse à l’action pure avec l’invasion du laboratoire clandestin, et une coda au lance-flammes.

La révélation finale, sous les accords furieux de Giacchino, a l’impact d’un fracassant coup de tonnerre qui renverse encore une fois les enjeux de la série. Elle inaugure immédiatement un second fil rouge qui va cette fois tenir jusqu’à la fin de la saison.

Les infos supplémentaires

Cet épisode nous éclaire sur la disparition de Sydney.

Episode sans Ron Rifkin.

Première mention du "Passager". Nous saurons ce qu'est le Passager dans l'épisode Compte à rebours (3.19).

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12. ENNEMI INTÉRIEUR
(CROSSINGS)

 Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Sydney et Vaughn sont chargés de ramener un transfuge dissident du Covenant caché en Corée du Nord. Lauren Reed est un agent du Covenant et a tué Lazarey, père de Sark. Elle est maintenant chargée de faire échouer la mission du couple.

La critique de Patrick Sansano

 


Après Jack Bristow, voilà Michael Vaughn qui lui aussi a épousé une espionne russe. Moyen prévisible d’éliminer Melissa George de la distribution et de réconcilier les tourtereaux Garner-Vartan. Ah, Jennifer Garner et ses pulls à col roulé en laine. C’est la conception d’Abrams de l’héroïne sexy. Petit pompage sur le pré-générique de « Octopussy », le missile à tête chercheuse qui n’arrive pas à toucher sa cible. Que serait « Alias » sans 007 ? Le problème, c’est que désormais, on devine tout d’avance dans « Alias ». Une incursion en Corée du Nord se révèle une partie de pique nique certes un peu hard pour nos deux héros.

Nul ne s’étonnera que Sloane connaisse Pierre et Irina (bien qu’absente) Paul, donc ne vous faites pas de soucis, Vaughn et Sydney ne risquent pas plus leur vie que s’ils étaient sur la planète Mars ! Cette Corée de pacotille a des allures d’Amérique profonde : on y trouve une vieille bagnole à rafistoler, on se chamaille parce que Tippin est l’amant de Sydney. Puisque l’on est plus à ça près, continuons dans l’invraisemblable : les paysans coréens ne sont pas surpris de voir deux jeunes américains au volant d’une jeep.

Leonid Lisenker, homme coincé en Corée pour le compte du Covenant, est le seul à dire quelque chose de censé : il s’ennuie dans ce pays dont la culture manque de pep’s et il ne peut écouter sa chanteuse préférée Gloria Estefan. Il est à peu près certain que ce pays est le plus ennuyeux de la planète question loisirs.

Isabella Rossellini est crédible en sœur d’irina. Sloane une fois de plus est au courant de tout, manipule tout et se confirme le plus grand méchant de l’’histoire des séries télé. Les grandes déclarations d’amour Vaughn/Sydney sont assommantes. Reste que la Corée d’opérette de l’épisode aurait méritée des décors plus étoffés comme ces longues allées sans fin que l’on voit aux actualités. Il faut passer sur les invraisemblances montrant les américains et une russe plus forts au karaté que les asiatiques, les avions en perdition qui ont le bon goût de ne pas s’écraser, les pelotons d’exécution qui ratent les condamnés et j’en passe.

 

La critique de Clément Diaz


Au sein d’une saison 3 très relevée, Crossings est une déception majeure. La faute au scénario du duo Appelbaum-Nemec. Aucune péripétie ne convainc à cause du parti pris réaliste des auteurs, en contradiction avec les outrances usuelles de la série. Cette irritante intrigue est marquée de plus par des scènes pleurnichardes entre Vaughn et Sydney. Mais l’épisode trouve le salut grâce à la guest star du jour : Mme Isabella Rossellini ! Cette fabuleuse actrice forme un duo avec Victor Garber qui marche à la perfection. Son personnage est déjà mystérieux, ambigu, et… imprévisible.

Plus on avance, plus on est stupéfait des efforts des auteurs à nous présenter des scènes toujours plus stupides. Déjà, que le Covenant imagine un moyen aussi tordu pour tuer Sydney et Vaughn fait qu’on partage tout à fait l’avis de Sark quant à leurs problèmes d’organisation. La chute de l’avion, filmée au petit bonheur, sabote toute tension. Nos deux héros s’en sortent presque indemnes, ça aussi on y croit pas. La rencontre avec Leonid, perturbée par notre trouble-fête international de Sark, comporte un mexican standoff assez régalant, mais se termine en eau de boudin. La scène du peloton d’exécution, à la résolution éventée dès le début, peut faire penser à Emma Peel transformant en confettis un peloton similaire dans Le Mort-Vivant (saison 5) mais là, les coïncidences miraculeuses sont trop forcées.

Sydney réagit comme une enfant boudeuse (une des pires prestations de Jennifer Garner), et ses chamailleries infantiles avec Vaughn trouvent une sorte de péroraison dans la scène de prison où on nage dans le sirupeux le plus infâme.

Volens nolens, on se console avec Katya Derevko, sœur d’Irina. Grâce au jeu coloré d’Isabella Rossellini, le spectateur subit des ruptures de ton bien minutées, où madame vous sourit puis vous perce les mains la seconde d’après pour ne citer qu’un exemple. Son double jeu n’a rien à envier à celui d’Irina/Lena Olin. La scène où Sloane faisant une nouvelle fois l’épreuve de la trahison, est superbe. Katya dirige toutes les opérations, et l’expérimenté Jack n’est bientôt plus qu’une marionnette qu’elle manipule à loisir, y compris dans son rigolo baiser final. Prometteur !

Les infos supplémentaires

Isabella Rossellini incarne ici Katya Derevko. La soeur d'Irina apparaîtra dans en tout cinq épisodes de la série.

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13. NID D'AIGLE
(AFTER SIX)

Scénario : Alison Schapker et Monica Breen

Réalisation : Maryann Brandon

Résumé

Grâce à la trahison de Leonid Lisenker, le Covenant peut être anéanti en contactant une certaine Toni Cummings. Sloane dit à Jack Bristow qu’il est inconsolable de la mort d’Emily. Sydney, qui connait maintenant son passé des deux dernières années, se sent soulagée. Elle avoue à la psy être toujours amoureuse de Vaughn. Sark rejoint Lauren. Il veut s’affranchir du Covenant et y prendre le pouvoir avec la femme de Vaughn.

La critique de Patrick Sansano


Pour compenser les immenses dégâts causés par la cruche boy scout, la production met les petits plats dans les grands et fait appel à des guest star prestigieuses : après Isabella Rossellini, Ian Buchanan et un retour de Quentin Tarentino. Melissa George dont les étreintes sont… poignantes et coupantes est sexy mais son personnage mal développé depuis le début ne parvient pas à faire oublier les carences artistiques de certains de ses partenaires. Royal et majestueux en version humaine du serpent Kaa du livre de la jungle, Ron Rifkin fait ce qu’il peut pour rehausser le niveau mais il n’est guère aidé par ses partenaires. Toutefois, sa confrontation avec la psy est le grand moment de l’épisode. Elle ressemble à une partie d’échecs avec des pions humains. Manipulateur, il donnerait des leçons à Machiavel en personne. Quel sublime comédien comparé à la collection de médiocres pantins avec lesquels il doit jouer, de Vartan à Garber, de Garner à Lumbly.

L’idée d’utiliser le fade Greg Grunberg/Eric en remplacement de Dixon est stupide, car le gros bonhomme n’a aucun charisme. Les pitreries de Flinkman deviennent insupportables et atroces. « Alias » continue à tourner à vide en ayant perdu son âme. Ainsi, une bonne scène (avec Rifkin) est plombée la séquence suivante avec les minauderies de Sydney. Avec un Kurt Fuller débarqué de la série et un Terry O’Quinn absent, Rifkin doit se sentir bien seul. On atteint péniblement les deux melons grâce à la prestation de Rifkin face à la psy, et le ridicule ne tue pas sinon Flinkman et sa copine/épouse enceinte ne seraient plus de ce monde. Les scènes d’action n’étonnent plus personne et tombent dans les redites soporifiques. Missions et évasions trop facile, absence de tout suspense, c’est de la mauvaise bande dessinée.

 

La critique de Clément Diaz


Deux intrigues ici : la course mortelle de Lauren et Sark, et la mission de Chamonix. Lauren prend plus d’ampleur en imposant son image de femme fatale (dont la duplicité atteint quelques pics ici) devant un Sark, qui pourtant en a vu d’autres, médusé. Elle, ainsi que l’apparition de McKenas Cole/Quentin Tarantino en fin d’épisode, sont les grands points d’ancrage d’
After six. La mission de Chamonix a quelques bons moments, mais est pénalisée par quelques choix malheureux, en particulier la continuelle valse-hésitation de Sydney/Vaughn qui tourne en rond.

En plus de Tarantino, la série invite la prestigieuse Vivica A. Fox. La comédienne venait de jouer dans Kill Bill du réalisateur : sans doute un clin d’œil. Son interprétation d’une créatrice de systèmes de défense froide et sûre de son génie est à retenir. L’invasion du chalet avec chausse-trappes délirantes et gadgets « Marshalliens » qui ne le sont pas moins, serait délectable si elle n’était pas aussi téléphonée, et cassée par une des idées les plus malencontreuses des auteurs : le mariage express de Marshall et Carrie, artifice destiné à mettre de la tension avec Marshall faisant face à deux fronts, mais qui crispe. C’est d’un grotesque hallucinant.

On sera plus sensible au partenariat des deux anges blonds exterminateurs qui assassinent leurs chefs pour monter les échelons. Mais Sark, qui croyait être le cerveau de cette affaire, se voit bientôt dépassé par les prouesses démoniaques de son acolyte. L'absence de trouble de Lauren quand il la surprend en petite tenue, vire bientôt à un jeu de séduction pervers. Le premier assassinat, avec une étreinte charnelle létale, donne une idée de ses capacités ! La voir dire des mots d’amour à son mari pendant que Sark étrangle une cible est une image saisissante. Mais que dire du coup de théâtre final, avec la réapparition de McKenas Cole ?!! Tarantino s’éclate toujours autant. David Anders joue vraiment bien son personnage, mais Melissa George, en néo-Xenia Onatopp, est vraiment au centre. Ca, plus le mystère du secret de Sloane, qui fait mariner le Dr.Barnett (toujours juste Patricia Wettig), plus la réunion des deux intrigues, voyant les efforts de la CIA rendus caducs, c’est de la bonne ouvrage !

Les infos supplémentaires

Ian Buchanan (qui incarne Gathrid) fut Dick Tremayne dans « Mystères à Twin Peaks » de David Lynch.

Dernière apparition de McKenas Cole (Quentin Tarantino).

Épisode réalisé par la monteuse de la série : Maryann Brandon.

La réapparition de McKenas Cole, qu'on avait quitté emprisonné par la CIA, ne sera jamais expliquée.

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14. DUEL MASQUÉ
(BLOWBACK)

Scénario : Laurence Andries

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

La CIA doit neutraliser un groupe terroriste, « L’épée étincellante », responsable de l’attentat de Bali, qui doit faire exploser une bombe à plasma. Dixon est au courant qu’une taupe se trouve dans le service et a trahi durant la mission en Corée du Nord. Sloane tente de séduire la psy, le docteur Judy Barnett.

La critique de Patrick Sansano


Flinkman continue de multiplier les séquences de « remplissage » qui ne font rire que lui. Après une scène creuse entre Vaughn et Sydney, nous avons droit à un formidable affrontement entre la psy et Arvin Sloane. L’ex chef du SD6 fait preuve d’un narcissisme inimaginable. Qui est le vrai Sloane et le sait-il lui-même ? Nous apprenons une révélation trop incroyable pour être vraie. Quant à ce grand dadais de Vaughn facile à duper, Lauren ne s’en prive pas avec un raffinement sadique. Les jeux de cache cache entre d’une part Lauren et Sark et de l’autre Sydney et Vaughn lassent vite. Parmi les invraisemblances flagrantes ici, le fait que Vaughn ne reconnaîsse pas les yeux de sa femme derrière une cagoule montre à quel niveau « Alias » est tombé bien bas après un brillant pilote de la saison 1. Une chanson sirupeuse et niaise accompagne les retrouvailles de Sydney et de son père. Mais quid du groupe terroriste qui se résume à un couple de méchants que nous connaissons ?

Ici, Michael Vartan et Jennifer Garner plombent complètement l’épisode et trouent la coque du navire « Alias » qui prend l’eau de tous les côtés. Il n’y a plus aucune cohérence si ce n’est une accumulation de poncifs éculés, de scènes d’action en roue libre sans aucune structure narrative. Seul intérêt, le mystère de la taupe dont on ne sait quand les agents de la CIA vont connaître l’identité. Le téléspectateur lui s’ennuie ferme. L’arc Rambaldi est seulement évoqué au détour de souvenirs évoqués par Sloane et la psy. De toute évidence, J J Abrams a l’esprit ailleurs et ne s’occupe plus de la série qui devient un avion sans pilote. Navrant !

La critique de Clément Diaz

 


Cet épisode est une mise en abyme : l’action est d’abord vue du point de vue des « gentils », puis est reprise avec le point de vue des « méchants ». On accroche à l’originalité du scénario de Laurence Andries, auteur freelance (qui a notamment écrit pour MillenniuM l’épisode Trauma), tout en constatant qu’elle est aussi un moyen commode pour étendre sur 42 minutes une histoire n’en durant que la moitié.

Première partie : l’action vue par Sydney et Vaughn. La mission de Vancouver (on remarque que Jennifer Garner porte la même tenue peu avantageuse de Monnaie d’échange) avec coups de feu et course de voitures est certes routinière, mais elle va être complétée dans sa reprise. Idem pour l’infiltration du bateau.

Deuxième partie : Point de vue du duo démoniaque Lauren-Sark. Leur relation, d’une tension sexuelle concentrée, a le charme des grands duos amoureux paroxystiques du cinéma (Bonnie and Clyde, Raymond et Martha des Tueurs de la lune de miel…). La scène où Lauren se jette fougueusement sur son amant après qu’ils aient tué un homme et provoqué un accident, a un effet choc brillant. Leur relation dominant/dominé, avec Lauren en dominatrice, se voit aussi dans leur travail : Sark supervise tandis que Lauren est plus dans l’action. David Anders est irrésistible quand il commente les qualités de sa chérie sur un ton ravi, tandis que Melissa George campe sans équivoque une Sydney Bristow de l’autre côté du miroir, avec autant d’énergie. La scène de Vancouver a ainsi plus de cachet, tout comme celle du bateau avec la partie de double cache-cache, sous la caméra véloce de Lawrence Trilling. On retient le moment où Lauren s’apprête à jeter sa cagoule devant Vaughn…

Sloane demande à Barnett une séance… sous forme de rencard ! Plus ambigu que jamais, le Big Bad n°1 fait tourner en bourrique la charmante Judy en faisant de grands préludes à son « secret », avant de se raviser. On ne peut s’empêcher de penser qu’il le fait exprès, et qu’il cherche à la manipuler. Il crache finalement le morceau : une bombshell énorme qui devrait momentanément vous rendre knock-out. Boum !

Les infos supplémentaires

Cet épisode évoque l’attentat de Bali du 12 octobre 2002.

Encore un emprunt bondien avec une séquence de poursuite dans un parking ressemblant à celle de « Demain ne meurt jamais ».

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15. SUEURS FROIDES
(FACADE)

 

Scénario : R.P.Gaborno et Christopher Hollier

Réalisation : Jack Bender

Résumé

Un certain Daniel Ryan, ex-activiste de l’IRA, fait sauter une bombe pour attirer l’attention du Covenant. Jack Bristow propose que la CIA se fasse passer pour le Covenant. Sydney, après avoir feint d’assassiner Eric Weiss, se présente à Ryan comme un membre du Covenant. Ryan est drogué et on lui fait croire qu’il est en Russie. Mais en fait, l’homme veut venger la mort de son frère due au Covenant.

La critique de Patrick Sansano


Les irlandais boivent de la bière. C’est donc dans un pub que Weiss prend contact. Nous avons ici tous les clichés que l’américain lambda s’attend à trouver lorsque l'on évoque un terroriste de l’IRA. L’épisode est construit comme un « Mission Impossible » des années 60-70 où le méchant est manipulé. Aucune innovation ici. En fait, Vaughn et Sydney sont bien moins doués que Jim Phelps et son équipe. Le scénario est fondé sur des suppositions : Untel ne connaît pas untel. On fait ainsi passer Vaughn pour Sark.

Le téléspectateur s’ennuie ferme. Même l’apparition (ultra brève) de Sloane ne vient pas sauver l’épisode. Quant à Jennifer Garner, son jeu ne s’améliore pas, elle est toujours aussi mièvre et verse dans la guimauve. On ne peut retenir un soupir en écoutant Sydney supplier l’irlandais : « Pensez à tous les innocents qui sont à bord ». Elle est pathétique, voulant convaincre un terroriste irlandais que tuer, c’est mal. Jennifer Garner s’est vraiment trompée de prairie, pardon de maison ou de série. Marshall entre deux vannes est là pour désamorcer les bombes. Il n’y a aucun bon comédien dans cet épisode et l’on souffre.

Alors que doit-on retenir de cet épisode ? Les américains sont gentils, les irlandais sont de méchants terroristes. Il est vrai que Ryan n’est pas charitable avec nous : d’une bombe, il aurait pu nous débarrasser de tous les pantins de la distribution. Cela vaut la chaise électrique ce crime contre le bon goût. Sur fond d’une chanson sirupeuse, avec Sydney en pleurs, on se croit en plein épisode de « Dawson ». La série privée d’un bon comédien (Rifkin, O’Quinn) ne vaut pas un kopek.

La critique de Clément Diaz


Personnellement, il s’agit de mon épisode préféré de la série (et également un des préférés de J.J.Abrams lui-même). Le suspense est un des atouts maîtres d’Alias. Facade constitue certainement l’épisode qui en est le plus chargé. Pas une seule minute ne s’écoule sans qu’on ait la chair de poule. Le jeu dangereux de la CIA pousse nos agents à accumuler faux-semblants et illusions massifs, rendant plus fragile à chaque fois leur édifice. Deux twists éclatants électrisent une histoire déjà en surtension pour changer la donne. R.P.Gaborno et Christopher Hollier ont frappé très fort. Le titre français est on ne peut mieux choisi pour ce chef-d’œuvre d’angoisse.

L’introduction où deux démineurs tentent de désamorcer une bombe dernier cri est à l’image de ce que sera l’épisode : une chevauchée dionysiaque de suspense. Les scénaristes ont une riche idée en imaginant la CIA reconstruire une chambre d’hôtel russe dans un studio dans le but de piéger Daniel Ryan. On admire tous les détails de l’ensemble : tables, tableaux, télé russe, voire même faux journal télévisé (une idée qui n’est pas sans rappeler Good bye Lenin!). La série nous a offert pas mal de batailles de bluff, mais rarement aussi prenantes que celle opposant Sydney et Vaughn à Ryan, notamment la scène où il continue de marcher alors que Sydney pointe son révolver sur lui. Léonid, dans un rôle d’informateur, est ici un personnage-clé, le seul à pouvoir vaincre les chausse-trappes tendues par son ancien collègue. Dans le rôle du méchant, Ricky Gervais (créateur de la série The Office) est un choix improbable, mais il réussit à nous convaincre sans forcer, une belle surprise !

Grâce à une impeccable conjonction d’événements, Vaughn et Sark se retrouvent dans le même lieu. Vaughn a l’avantage, mais on reste ébahi devant le flegme absolu de Sark qui fait comme s’il causait avec une vieille connaissance (David Anders est vraiment à fond dans le rôle). Le rebondissement central est explosif (sans jeu de mots), et bouleverse complètement l’orientation de l’épisode lorsque le masque du Manipulateur de l’histoire tombe. Cela entraîne une scène de désamorçage de bombe classique mais diablement efficace, obligeant Marshall et Vaughn à collaborer avec Sark !! Le deuxième twist, bien que plus prévisible que le premier (étant amené de manière assez forcé), n’en est pas moins redoutable car empirant la situation avec une deuxième alerte à la bombe. Panique sur tous les fronts, où seul Jack parvient à garder la tête froide et applique des méthodes brutales, allant droit au culot. Et lorsqu’on croit que la situation est rétablie, paf, une petite bagarre pour relancer la machine à stress ! Dans une telle intensité, on remarque à peine l’absence de Lauren.

En prime, on nous offre Sloane au lit avec sa psychiatre, petite cerise sur le gâteau…

Un épisode totalement amphétaminé.

Les infos supplémentaires

Lisenker qui dit aimer l’Amérique cite cette-fois la série « Deux flics à Miami » comme lui plaisant beaucoup après nous avoir parlé de Gloria Estefan.

Sydney se souvient d’un meurtre qu’elle a commis sous contrôle en tant que Julia Thorne durant ses deux ans de captivité au Covenant.

La plupart des dialogues de Ricky Gervais furent improvisés par le comédien. Le réalisateur Jack Bender déclara que cela avait aidé à rendre plus naturel son personnage.

L’hôtesse de l’air est interprétée par la belle Stana Katic. Qui triomphera en 2009 dans le rôle de Kate Beckett dans la série Castle.

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16. TROU NOIR
(TAKEN)

Scénario : J.R.Orci

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Sark prisonnier, il est extradé par la France, il est décidé de piéger la taupe au sein de la CIA. Sark n’est pas protégé par la convention de Genève, et va être torturé. Les enfants de Dixon sont kidnappés. Dans l’avion qui ramenait Sark, tout le monde est mort, Sark s’étant enfui. Il a été averti par la taupe.

La critique de Patrick Sansano

 

La psy Judy Barnett est devenue la maîtresse de Sloane. Un personnage qui a du goût, à la différence de Vaughn et de sa brunette. L’arrivée d’un nouveau comédien, Raymond J Barry, en sénateur, n’apporte rien au casting. L’épisode met en avant le surestimé Carl Lumbly (Dixon) qui n’a aucun charisme. Lauren qui a fait de Sloane un bouc émissaire provoque la vengeance de Dixon, dont Sloane fit tuer Diane, l’épouse. Lumbly ne fait pas le poids comme comédien face à Rifkin.

Le feuilleton « Alias » continue de s’enfoncer dans les méandres de l’ennui. Dixon rejoint Jennifer Garner dans la catégorie des comédiens mièvres et larmoyants qui confondent sensiblerie et sensibilité. Ron Rifkin est bien le seul talent dans cette galère.

L’épisode renoue avec la mythologie Rambaldi, oubliée depuis quelques épisodes. Notons que pour Jack Bristow, la vie de sa fille vaut que l’on arrête l’opération, pas celle de la fille de Dixon. Melissa George se sort à merveille de son rôle de ver dans le fruit. Hélas, la médiocrité de la majorité des comédiens, donc Sark/David Anders, plombe le peu de suspense qui commençait à s’installer. Sydney joue les blandines dans la fosse aux lions, se sacrifiant pour sauver la fille de Dixon. Ah, si seulement Sark pouvait nous en débarrasser, on finirait par trouver le Covenant sympathique.

 

La critique de Clément Diaz


Taken
se scinde en deux parties distinctes, l’une médiocre, l’autre brillante. En lui-même, le scénario de J.R.Orci est très bon, mais toute la première partie se contente de recycler des situations similaires de précédents épisodes, donnant l’impression qu’on les a collés arbitrairement, avec un lâche fil rouge pour maintenir le tout. La deuxième partie, grâce à un suspense savamment dosé est bien plus convaincante, finissant sur un des cliffhangers les plus originaux de la série !

A première vue, tout est simple : Le Covenant kidnappe les enfants de Dixon et demande en échange la libération de cinq prisonniers. Sauf que dans Alias, rien n’est simple, et bientôt, nous voyons tout le plan magistral de Sark et Lauren (bien qu’assez tordu). Le problème est que nous devons passer par des redites, comme le coup du bâtiment piégé (vu entre autres dans Post mortem), ou le bouc émissaire injustement accusé et contre lequel Dixon se déchaîne (copié sur Faux amis, saison 2). Carl Lumbly répète d’ailleurs exactement le même numéro, même bon. Arvin Sloane en accusé ne manque pas d’ironie : coupable impuni de tous ses crimes passés, le voilà emprisonné pour un crime qu’il n’a pas commis ! Sloane est par ailleurs plaqué par sa psychiatre. Bien sûr, on ne croit pas à sa rédemption, mais elle le quitte alors qu’il n’a encore rien fait. Le parcours de Sloane, avec ses hauts, ses bas, ses revirements, ses objectifs cachés, excite sans cesse notre curiosité.

La deuxième partie renoue avec le bon vieux temps de l’alliance Dixon-Sydney au SD-6, le premier supervisant la deuxième dans la base secrète. Une mission tonique et toute en tension, avec en point d’orgue une bagarre de Sydney contre… un système de défense à trois bras ! L’extravagance est décidément héréditaire chez les Orci ! L’échange, dirigé par un Sark roublard et au calme déphasé avec la situation, vaut aussi le coup d’œil. Si dans pas mal de fictions, les beaux sentiments sont assez lourds ; ici, l’acte de courage de Sydney (scène du collier) est sans fausse note. Tout comme le conflit d’intérêts entre Dixon et Jack qui ont chacun leur enfant en danger. On termine par un cliffhanger très inattendu : Lauren prononce une phrase de trop devant Jack. Ouch !

Les infos supplémentaires

L’artefact que dérobe Sydney est un coffret avec écrit dessus « Irina », comme celui de l’intégrale DVD.

Raymond J.Barry joue ici le sénateur George Reed, père de Lauren, ce qui est très amusant vu qu’il incarnait déjà un sénateur, le sénateur Matheson, dans trois épisodes mémorables des X-Files !

Dixon envisage au début de l’épisode de faire subir à Sark le Inferno protocol (Protocole Enfer), qui d’après Lauren tue une personne sur deux ! Vaughn subira cette terrible technique de torture dans l’épisode homonyme : Protocole Enfer.

Sur la liste des gens présents sur les lieux d’étude du projet Trou Noir, on relève des noms des scénaristes et de l’équipe technique : Larry Trilling, Robert Orci, Alison Schapker, Jesse Alexander, Breen Frazier, Michael Mosley, Maryann Brandon…

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17. LE PASSAGER
(THE FRAME)

 

Scénario : Crystal Nix Hines

Réalisation : Max Mayer

Résumé

Vaughn a une piste au sujet du Covenant. Il part au Mexique avec Sydney. Il s’agit de trouver la clef de la boîte de l’épisode précédent. Sloane croupit en prison. Vaughn quitte Lauren. Jack Bristow commence à soupçonner Lauren d’être la taupe. Son père, le sénateur George Reed la défend.

La critique de Patrick Sansano



On retrouve l’excellent Djimoun Hounsou (qui joue du sabre comme Isaach de Bankolé dans « Casino Royale ») crédible en Bomani, l’un des s alauds de la série. Quant à Vaughn, il dit plusieurs fois « c’est sans espoir » et l’on est tout à fait d’accord avec lui : sans espoir quand on préfère un laideron à une fort jolie blonde. Jennifer Garner est d’ailleurs plus laide que d’habitude, avec une queue de cheval. La pauvre, ne l’accablons pas, elle ne sait déjà pas jouer la comédie. Michael Vartan n’est pas en reste pour la médiocrité. Ils jouent tellement faux tous les deux qu’on en arriverait, par comparaison, à apprécier Flinkman soit Kevin Weisman. Les missions (à nouveau plusieurs par épisode) ont un goût de déjà vu et n’étonnent plus personne.

Cette saison 3 est en perdition totale. Ron Rifkin ne suffit plus à rehausser le niveau, il n’a ici que quelques scènes de prison sans grand écho. L’ennui commence à pointer son nez sérieusement. La supposée surprise relève de la mauvaise bande dessinée, faisant de Lauren une personne moins cruelle que l’on aurait cru après l’avoir vu abattre Lazarré. Dans « Alias », tout le monde du jour ou lendemain peut devenir un traître au point que la non crédibilité est dépassée sans vergogne.

Peggy Lipton, que l’on reconnaît à peine, est mal employée en mère de Lauren. Elle fut célèbre jeune mais avait encore du panache dans « Twin Peaks ». Son personnage n’est pas construit par les scénaristes qui tournent à vide. De toute évidence, J J Abrams n’est pas parvenu à renouveler son feuilleton. Jennifer Garner, par contre, n’a pas fini de nous étonner : geinarde, pleurnicheuse, on suppose qu’elle n’a pas encore touché le fonds absyssal de son incompétence.

La critique de Clément Diaz

 


Hitchcock disait que le public sera toujours du côté d’une personne qui se cache et sur le point d’être découverte, même si elle n’est pas sympathique. Crystal Nix Hines utilise ce principe pour que l’on ait envie que la « méchante » Lauren s’en sorte. L’idée marche, et les quelques touches d’humanité de l’agent double, ainsi qu’un surprenant twist, la renforcent. Malheureusement, la scénariste est beaucoup moins inspirée pour son intrigue « Rambaldienne », qui ne convainc pas, et qui est la plus développée. Dans l’ensemble, The frame peine à maintenir l’attention.

Les scènes Sydney-Vaughn sont du mauvais mélo. Vaughn, toujours amoureux de Sydney, envisage de divorcer de Lauren. Vaughn, présenté comme un héros dans la série, chute pas mal dans notre estime quand il refuse d’avouer que c’est à cause de Sydney qu’il en vient à cette décision. Le jeu en plomb de Michael Vartan s’oppose à l’élégante ambivalence de Mélissa George (très bien dans le faux apitoiement), preuve si besoin de la différence d’intérêt entre les deux personnages. Les scènes où Sydney et Vaughn entament leur rapprochement, via des dialogues frelatés, sont réduites à néant par leur cabotinage. On retient spécialement le chagrin final de Sydney, avec une Jennifer Garner totalement décalée. On la préfère de loin en espionne de choc. Quant à l’intrigue Rambaldi, même si elle nous vaut un voyage au Mexique et une plongée dans une caverne sous-marine, les dialogues à rallonge et les scènes d’action chorégraphiées à la hâte ôtent tout plaisir. L’atonie de la réalisation de Max Mayer ne dynamise pas ce script maladroit.

En revanche, la petite intrigue centrée sur Lauren est développée avec plus de panache. Jack est un traqueur tenace, montrant une détermination franche. Sloane fait preuve d’une assurance tranquille alors que tout est contre lui, permettant quelques scènes finement écrites. Par contre, la scène finale le voit dans une situation fortement compromise. Les scénarios ne sont pas tous géniaux, mais l’adrénaline faiblit rarement ! Le plan cruel, mais redoutablement psychologique de Sark, qui choque même Lauren, électrise le spectateur. Lauren pour récupérer Vaughn (indispensable à sa couverture) ET éloigner Jack doit commettre un meurtre très difficile, objet d’un fulgurant rebondissement. Une intrigue bien dirigée.

Les infos supplémentaires

Staline s’intéressait à Rambaldi.

Peggy Lipton, qui joue la mère de Lauren, était la vedette de la série d’Aaron Spelling « La nouvelle équipe ».

Le contact de Vaughn est Kishell, l’homme défiguré par l’Iceberg (Face cachée, saison 1) qui lui avait déjà servi d’indicateur. Il est toujours joué par Stephen Spinella.

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18. « IL DIRE »
(UNVEILED)

Scénario : Monica Breen et Alison Schapker

Réalisation : Jack Bender

Résumé

L’accord entre la CIA et Sloane ne tient plus et il va être exécuté par injection létale. Dixon refuse de conclure le moindre marché avec lui. Sydney pense que Lauren est la taupe. La CIA est victime d’une cyber-attaque. Il est démontré que le passager est une personne.

La critique de Patrick Sansano


Scénario assez improbable, tant la culpabilité de Lauren saute aux yeux du téléspectateur, mais pas de la CIA. Encore un emprunt à 007 avec les lunettes gadgets rappelant celles de « Meurs un autre jour ». Grosse erreur de distribution, David Anders n’est pas crédible en Sark et gâche les scènes avec Bomani. Melissa George, elle, mérite mieux que cette série. Nous repartons dans les missions TGV aux quatre coins du monde mais tournées à Hollywood avec des bandes sons généralement atroces. Michael Giacchino (« Star Trek into darkness ») a été bien peu inspiré ici, alors qu’il a signé des scores excellents même pour des jeux vidéo. Que des CD aient été édités pour « Alias » par saison relève vraiment du scandale quand tant de bandes originales ne voient pas le jour.

Les disputes que nous infligent Sydney et Vaughn sont insupportables et relèvent du mauvais soap opéra. Sydney tente de piéger Lauren non plus pour accomplir sa tâche d’agent de la CIA mais par jalousie. Les acteurs semblent s’ennuyer et cachetonnent, la faute à un scénario répétitif et exangue. Pour atteindre les quarante minutes (il ne s’agit même plus de quarante deux !), le réalisateur nous propose des déplacements de personnages au ralenti et les pitreries de Marshall se multiplient. Déjà plombé par de mauvais comédiens, « Alias » devient un spectacle sans cohérence. La comparaison Irina/Lauren faite par Jack Bristow est un des exemples des errements d’un script totalement creux. On devrait ressentir le suspense de la traque de la taupe, mais la série présente une tension digne d’un encéphalogramme plat. On comprend que Lauren est le personnage à éliminer pour rendre toute sa place à la cruche. Navrant et désolant. Pourquoi ne pas avouer que cet épisode a été fait pendant la grève des scénaristes ? Ah bon, ce n’était pas le cas ? En ce qui concerne les combats, si l’on nous remettait ceux de la saison 1, nous n’y verrions que du feu.

La critique de Clément Diaz

 

A cinq épisodes de la fin de la saison, le tempo décolle brutalement. Le duo Breen-Schapker réunifie à vitesse effrénée les deux grands pans actuels de la série : le double jeu de Lauren, et la Mythologie Rambaldi. Malgré son coup d’éclat précédent, l’étau se resserre sur Lauren, qui dans cet épisode prend des risques beaucoup plus considérables pour devancer la CIA. Elle est ainsi menacée quatre fois de suite d’être découverte, et à chaque fois s’en sort in extremis ! Dans le même temps, la quête du « Passager » se poursuit avec frénésie.

Chapitre 1 : voyage à Berlin pour Syd et Vaughn dans une boîte gothique pour rencontrer le hacker payé par le Covenant. Leurs déguisements très « hard » comptent parmi les plus mémorables de la série (chapeau aux maquilleuses !). Dans un déguisement similaire, Lauren doit s’approcher au maximum de Sydney pour tenter de tuer le hacker. Sueurs froides en vue… Chapitre 2 : pendant que Sydney et Vaughn téléchargent les données, Lauren entre chez eux, et doit les pirater sous leur nez. Chapitre 3 : Vaughn, soupçonneux, suit sa femme et demande à Weiss de pirater son téléphone pendant qu’elle parle avec Sark ! Suspense incroyable où Lauren est en danger de voir sa conversation écoutée… finalement Weiss réussit le piratage, mais n’obtient que la phrase finale qui ne prouve rien ! Et lorsque Vaughn l’interroge, Lauren trouve sans le savoir une excuse s’accordant avec la dernière phrase !!

Chapitre 4 : Sydney et Vaughn tentent de trouver la seule personne qui connaît le Passager, un médecin disciple de Rambaldi ! Cela nous vaut un affrontement dantesque entre Lauren devant le faire parler avant d’être repérée, Sydney et Vaughn là pour le même but… et des disciples de Rambaldi surgis de nulle part pour leur compliquer la tâche ! Un galimatias infernal avec en prime deux magnifiques scènes d’action, et un raccordage avec la Prophétie de la saison 1 absolument génial. Au terme de cette épique journée, Lauren peut souffler un peu… ben non, elle fait un geste innocent qui rallume les soupçons de son mari qui découvre le pot-aux-roses ! Échouer sur la ligne d’arrivée, c’est vraiment pas de bol. Mélissa George a l’adhésion du spectateur, son physique angélique et son jeu surpuissant parlent pour elle.

Djimon Honsou est superbe en supérieur de Sark et Lauren, violent, vindicatif, intolérant à l’échec. Sa théâtrale exécution est une digne sortie du personnage. Les scénaristes, décidément en pleine forme, n’oublient pas l’émotion avec une superbe scène où Jack parle de son mariage avec Irina, et où Vaughn pour une des rares fois de la série, ose enfin dire ce qu’il pense à Jack. Victor Garber et même Michael Vartan sont d’une intensité contenue mais palpable. Le jeu de mots sur Irina est une flamboyante trouvaille qui relance encore la Mythologie !

D’autres graines sont lancées pour les épisodes suivants : l’identité du Passager bientôt dévoilée, et le groupe « The Trust », qui cache bien des choses. Paranoïa à 200%, action trépidante, scénario survitaminé : un must !!

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19. COMPTE À REBOURS
(HOURGLASS)

 

Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec

Réalisation : Ken Olin

- Has it occurred to you that your half-sister might be a danger to you?

- Yes of course. But it's equally possible that I can help her. She could be an innocent victim.

- With Irina Derevko and Arvin Sloane as her parents, I don't think so…

Résumé

Bien qu’il sache que Lauren trahit, Vaughn doit continuer à faire comme si de rien n’était afin que la CIA rattrape son retard sur le Covenant concernant « le passager ». En Inde, Vaughn et Sydney doivent sauver Conrad kidnappé par Sark qui détient des secrets concernant le passager. Quant à Sloane, l'heure de son exécution approche.

La critique de Patrick Sansano

Nous nageons toujours dans les eaux de l’invraisemblable. Echappant à toute cohérence, « Alias » est une série qui tourne en roue libre. La participation de bons comédiens comme Peggy Lipton, Ron Rifkin et David Carradine s’avère être du plâtre sur une jambe de bois. L’apparition de nouveaux personnages (maintenant une sœur à Sydney) rend encore plus complexe la compréhension de l’intrigue. Avec presque la distance d’une décennie sur cet épisode, on se rend compte de la vanité et de la médiocrité d’une série surestimée. Les personnages sont autant de pantins qui gesticulent devant un téléspectateur qui ne s’intéresse qu’aux scènes d’action. On a le sentiment que les comédiens eux-mêmes n’y croient plus et assurent le minimum syndical. Le niveau des comédiens a été nivelé par le bas, c'est-à-dire au stade de Jennifer Gardner.

Aux claviers, un bon compositeur, Michael Giacchino qui signera plus tard le reboot de « Star Trek » et a commencé sa carrière en mettant en musique le jeu vidéo « Medal of honor », est la piètre consolation de l’auditeur. Et encore, la partition de Giacchino est souvent gâchée par des chansons rock à deux sous dignes de « Alerte à Malibu ».

On peut être à peu près certain qu’ Alias ne franchirait pas le cap de la saison 1 aujourd’hui. Bénéficiant de l’engouement pour le Da Vinci Code, le show a fait illusion mais a mal vieilli. Michael Vartan réussit l’exploit d’être plus médiocre comédien que Jennifer Gardner, ce qui n’était pas facile à faire.

C’est le genre de programme aussitôt vu aussitôt oublié. Le suspense ne peut prendre dans la mesure où l’on sait qu’un personnage comme Sloane ne peut être exécuté (c’est le suspense du jour).

« Alias » étant un feuilleton et non une série, il est difficile d’espérer une quelconque amélioration. Ron Rifkin a l’air d’y croire encore. Fort heureusement pour le comédien, il a trouvé d’autres bons rôles par la suite. La scène de l’exécution ne parvient pas à nous faire bondir de notre fauteuil. Petite consolation, « Alias » nous permettra de mieux apprécier d’autres séries. Il suffira de se souvenir de la profondeur abyssale du script.

L’absence d’émotion à l’écran est totale, alors que ce n’était pas le but de la production.

 

La critique de Clément Diaz

 

On a souvent la tentation de réduire Alias à ses missions à la 007, ses intrigues enchevêtrées en casse-tête chinois, et à ses scènes d’action. C’est oublier qu’elle est tout aussi remarquable dans les guerres psychologiques entre les personnages. Hourglass joue dans cette catégorie. Le résultat est aussi captivant, et les acteurs font tous des prestations impeccables, grâce aux dialogues cousus main du duo Appelbaum-Nemec. Le cœur de l’épisode est (enfin !) l’explication de la révélation qu’a eu Sloane à la fin de la saison 2 (Risque maximum) : un vrai coup de massue !!

Dans cet épisode, toutes les situations sont ultra dingues ; pourtant, tout demeure crédible. Vaughn est sommé de faire comme s’il n’avait pas découvert la duplicité de sa femme : du coup, lui et Lauren jouent tous les deux à être ce qu’ils ne sont pas !! Conséquence, ils se rabibochent, et comme 007 à l’occasion, Vaughn « se sacrifie » en couchant avec l’ennemie (Sydney est tragi-comiquement témoin de la scène). Sloane est victime d’une mordante ironie : condamné pour un crime qu’il n’a pas commis, et parce qu’il a eu une liaison avec la femme du seul homme capable de le sauver. Le coup de bluff de Sydney contre son propre père n’est pas mal non plus. Alias est à son meilleur niveau ! Le piège de la CIA qui manipule Lauren culmine avec Vaughn copiant les documents pendant que Lauren le cherche dans la maison… Michael Vartan et Mélissa George se surpassent dans leurs jeux !

Les dernières heures et l’exécution de Sloane sont magistralement filmées par Ken Olin. Même si on y croit pas, l’intensité des scènes est indéniable, renforcée par les dialogues ciselés des auteurs. Sloane est réduit à supplier Sydney de protéger sa fille dans une scène bouleversante. Sa dernière discussion avec Jack autour d’un bon verre de vin est un des meilleurs échanges de la série. La vibrante tirade finale du condamné, grâce à un Ron Rifkin transcendant achève de faire de Sloane un Big Bad avec une âme et des émotions. Bon, le coup de théâtre final ne surprend pas mais on admire l’ingéniosité des auteurs à le rendre crédible. Dans sa mission, Syd très en colère, sort deux flingues et fait un carnage monstrueux tout à fait surprenant ! Cependant, une chanson métal hors sujet casse toute l’émotion de l’exécution. C’est là le seul reproche qu’on puisse faire à cet épisode irréprochable par ailleurs.

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20. PROTOCOLE ENFER
(BLOOD TIES)

Scénario : J.R.Orci, d’après une histoire de Monica Breen et Alison Schapker

Réalisation : Jack Bender

Résumé

L’exécution de Sloane était un simulacre : Jack Bristow lui a donné dans du vin un contrepoison à l’injection létale. Arvin Sloane explique que le passager est une prophétie de Rambaldi, il s’agit d’une personne qui pourra transmettre un message qui sera la « clef de l’objectif ultime ». Sloane veut protéger sa fille que le Covenant veut retrouver. Lauren va être piégée en croyant avoir le champ libre, pensant Sloane mort. Vaughn apprend une « autre vérité » sur la mort de son père. Vaughn tombe dans les mains de Sark qui le torture.

La critique de Patrick Sansano


Lorsque Sloane  jette au sol une fiole d’un produit improbable, « Alias » bascule de l’espionnage à la science-fiction. A force de révélations qui infirment ce que le téléspectateur sait déjà, on est perdus. On est tombés dans le piège du « Caméléon », et d’une partie de la série « X Files » lors des ultimes saisons (rappelez-vous Samantha Mulder, la sœur de Fox, enlevée, morte, pas morte, morte). Plus que jamais, « Alias » colle au « Da Vinci Code ». L’aspect sensationnel, les révélations spectaculaires, ne durent qu’un temps. Sydney sans Vaughn continue ses improbables missions impossibles à la Jim Phelps sauce 2000. Melissa George joue bien la scène d’une sous Irina soit disant sensible devant les souffrances de son « mari ».

On a, vis de vis de Sydney, aucune crainte : elle parle toutes les langues ce qui lui permet de duper les tortionnaires des quatre coins de la planète, elle a déjà été en Corée du nord, là voilà dans une prison de femmes en Tchétchénie, mais au fond, rien de grave ne peut lui arriver, elle est indestructible comme un personnage de dessin animé. Personne n’est vraiment en danger, parce que dans le monde d’Alias, les morts reviennent en bonne santé parmi les vivants. C’est de la bande dessinée qui nous est vendue en guise de série d’espionnage. L’arrivée de la « sœur » de Sydney n’est même pas une surprise. Le seul à ne pas s’ennuyer semble être Marshall Flinkman avec ses vannes à deux balles.

La nouvelle venue, Mia Maestro qui est Nadia, la sœur de Sydney entre avec aisance dans la série et ce pour 31 épisodes. On a oublié Bradley Cooper, l’apparition sans lendemain de Roger Moore, l’incursion de Quentin Tarentino. « Alias » est la seule série où d’une saison à l’autre, vous oubliez ce qui s’est passé mais cela n’a pas au fond grande importance tant le script vous plonge dans l’instant présent immédiat. Quant à Arvin Sloane, à force de passer du « gentil » (mais salaud) au salaud intégral, il perd en crédibilité et Ron Rifkin, malgré son talent, ne peut faire des miracles face aux incohérences d’un script qui semble écrit sur un bord de nappe de table.

 

La critique de Clément Diaz

 

Monica Breen et Alison Schapker achèvent la quête du Passager avec action, mises en scène, et twist final de haut niveau. Le Passager, alias Nadia Santos, est joué par Mia Maestro, qui allie son charme argentin à de vrais talents d’actrice. Sark et Lauren, qui dévoile enfin ses cornes au grand jour, torturent Vaughn par des méthodes sanguinolentes, ce qui nous vaut quelques scènes éprouvantes, et Sloane gagne encore en complexité. Deux intrigues menées tambour battant par J.R.Orci.

Votre mission, Sydney, si vous l’acceptez, est de vous infiltrer dans une chambre froide via cinq empreintes rétiniennes appartenant à des membres d’un consortium gouvernemental, de retrouver votre demi-sœur dans une prison tchétchène via des ondes cérébrales envoyées par un prophète du XVe siècle, et lui dire qu’elle est la fille du criminel mondial n°1 !! Comme on le voit, Alias va toujours plus loin dans ses délires scénaristiques, mais chaque étape est bien réalisée. Le face-à-face entre Sloane et ceux qui l’on trahi est une étape de la mission ET une scène forte aux répliques tranchantes (Greetings from the Deads !). Sydney arrête de jouer les femmes fatales et se montre charmante en étudiante timide. Un changement mignon et agréable.

Le clou du spectacle est évidemment l’entrée en scène de Nadia. Mia Maestro se débrouille bien dans les scènes physiques (combats contre les gardes), et sait parfaitement jouer l’émotion quand Nadia rencontre son père : un personnage et une interprète prometteurs ! Elle est l’objet d’une autre prophétie « Rambaldienne » qui sera développée dans les saisons suivantes, et projettera une ombre dans les rapports harmonieux des deux sœurs. Sloane subit un déchirement terrible entre sa volonté de retrouver sa fille et sa quête de Rambaldi, indissolublement liées pour le pire. Sa trahison finale, digne du Diable en personne, achève l’épisode sur un cliffhanger sinistre ! Ron Rifkin joue avec une facilité confondante la dualité de Sloane.

Pendant ce temps, Vaughn apprend des choses déterminantes sur son père (un disciple de Rambaldi évidemment), se fait capturer par Sark, et morfle grave en recevant des charges qui lui trouent la peau ou agressent son cœur. Anders et George, totalement emportés, crèvent l’écran par leur rôles plein de sadisme et de perversité (ah, le numéro de charme de Lauren !). Avec un tel spectacle - agrémenté de touches pyrotechniques - on sent que le finale de la saison va être déchaîné !

Les infos supplémentaires

Entrée en scène de Nadia Santos (Mia Maestro), « Passager » de la prophétie de Rambaldi, et fille d’Arvin Sloane et d’Irina Derevko (et donc demi-sœur de Sydney). Elle sera un des personnages principaux de la saison 4, et apparaîtra dans 6 épisodes de la saison 5, apparaissant dans en tout 30 épisodes.

Native d’Argentine, Mia Maestro, depuis « Alias », est devenue Carmen dans la saga « Twilight ».

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21. TRAQUE INFERNALE
(LEGACY)

Scénario : Jesse Alexander

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Sark et Lauren sont en fuite. Droguée par Sloane, Nadia écrit des textes dans une langue inconnue. Avec un mouchard, Sydney et Michael doivent récupérer l’elixir de Rambaldi que détient Sloane.  Ils sont braqués par une armée mais sauvés par Katya Derevko. Sark et Lauren proposent à Sloane de s’associer, il a le passager, ils ont l’elixir.

La critique de Patrick Sansano


On peine à terminer cette saison. Même Ron Rifkin d’ordinaire majestueux commence à devenir ennuyeux. Le personnage de la sœur de Sydney est un peu arrivé comme un cheveu sur la soupe, c’est  « le personnage de trop ». L’ambiance est artificielle et on a parfois l’impression d’être en train de lire un album de Tintin. Isabella Rosselini avait sûrement un arriéré d’impôt à payer pour participer à cette série à bout de souffle. Il y a trop de retournements de situations pour que l’on puisse suivre l’action. Les scènes de torture de Sloane sur sa fille Nadia ne nous émeuvent pas. « Alias » est un feuilleton qui semble tourner en boucle. La série est de plus en plus bavarde et les comédiens semblent prendre au sérieux ce que le téléspectateur trouve empesé. « Le dentiste », un des personnages les plus déments de la série, réapparaît comme un sphynx. On se souviendra que le docteur Zhang Lee avait arraché des dents à Sydney, alors qu’il tremble ici comme une mauviette capturée par sa victime et Vaughn. Mais ce dernier n’aura pas la charité de Sydney avec l’affreux bonhomme. Jennifer Garner est égale à elle-même, avec son  jeu monolithique. En bikini, bien qu’elle ne soit pas une beauté question visage, elle donne envie de passer un bon quart d’heure en privé avec elle (on passerait bien plus de temps avec Melissa George !), mais cela ne suffit pas pour en faire une actrice. Il y a tellement d’évènements au fil des saisons de « Alias » qu’on a presque oublié que Marshall lui aussi a eu affaire au dentiste.


Dans « Alias », les gentils passent leur temps à faire des marchés avec les méchants en leur proposant des réductions de peine pour capturer d’autres méchants. Mia Maestro a parfois des faux airs de Penelope Cruz du pauvre. On envie tout de même Jack Bristow de son "rapprochement diplomatique" avec la belle Katya, mieux conservée que sa soeur.

La critique de Clément Diaz

 

Dans la course galopante vers le final de la saison 3, cet épisode est un peu celui en trop. On s’y agite beaucoup, mais l’action reste curieusement en surplace, attendant la 32e minute pour vraiment décoller. Cependant, l’intérêt du scénario de Jesse Alexander réside dans un trio de personnages, ici très à l’honneur : Katya Derevko, Arvin Sloane, et Michael Vaughn, chacun a une partition très intéressante à jouer.

Sloane torture sa fille avec l’élixir de Rambaldi pour qu’elle livre le message de son énigme finale. Les scènes d’écriture automatique sont stressantes et fascinantes (le dessin mural et les signes cabalistiques intriguent fortement). Pendant ce temps, réapparition remarquable de Katya Derevko, porté par le charme mutin et canaille d’Isabella Rossellini (ah, ce numéro de charme au jeune garde blondinet !). Ses avances massives à Jack introduisent une dose d’humour très appréciable. Vaughn se laisse consumer par sa haine envers Lauren, alors même qu’il avait détourné Sydney de sa volonté de faire justice elle-même. Effet de non-miroir : Sydney est incapable de retenir Vaughn qui franchit plusieurs fois la ligne jaune, notamment en torturant le dentiste fou (sa dernière apparition) à l’acide, ou en abandonnant Sydney en danger pour se lancer à la poursuite de Lauren. Prestation ébouriffante de Michael Vartan.

Mais le roi de l’épisode, c’est Arvin Sloane : son conflit entre ses sentiments paternels et Rambaldi le fait vaciller. Il tente de faire taire les premiers en invoquant dans une scène de pure folie le sacrifice d’Isaac dans la Bible, mais les reproches continuels de Nadia suffisent à le tourmenter. Son dilemme devient encore plus insoutenable lorsque nos anges de la mort Sark-Lauren lui forcent la main. Sloane n’a jamais autant montré le côté lumineux de son cœur, choisissant de sauver la vie de sa fille au mépris de la prophétie, même Lauren-la-garce en est impressionnée. On pense évidemment à son dilemme Emily-Rambaldi deux ans plus tôt. Ron Rifkin accomplit une performance titanesque. La bagarre de fin est brillamment filmée avec comme cerise sur le gâteau… un tir de bazooka par Lauren ! Du délire pur, on vous dit ! Déception en revanche pour la réapparition de Vivica Fox, ici réduite au rôle de passe-plats. Allez, tout le monde est bien énervé, c’est le moment de finir la saison !

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22. OBJECTIF ULTIME
(RESURRECTION)

Scénario : Jeff Pinkner

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Dixon veut qu’on résolve vite l’équation Rambaldi. Déguisée avec un masque de Sydney, Lauren dérobe l’équation sur un ordinateur et sème des bombes à retardement au QG de la CIA que Sark à distance actionne. Sark est fait prisonnier mais Lauren s’échappe. Sydney se retrouve accusée suite à la duperie de Lauren. A peine emprisonné, Sark se met à vouloir « négocier » avec Vaughn. Ce dernier capture son épouse et la torture mais quelqu’un le poignarde.

La critique de Patrick Sansano


Hommage ou plagiat, on a recours ici au masque, vieil astuce de « Mission Impossible ». Dans les derniers épisodes de saison, on peut tout envisager : les acteurs peuvent ne pas renégocier leur contrat et leur personnage meurt. Ici, on a l’impression que la production chercher à durcir le fade Vaughn, qui après avoir torturé le dentiste dans l’épisode précédent, s’affaire sur Sark. Le gentil devient ici aussi sadique que ses bourreaux. La photographie est sombre avec la pluie et à l’image des états d’âme de Vaughn. Sans crier au génie, l’épisode réévalue  un peu à la hausse le niveau de la série. Sydney n’apprécie pas le nouveau Vaughn et en impute la faute à son père. Ce conflit père fille avait été laissé en plan en cours de route comme tant de choses dans la série. Voyant sa dernière heure arriver, Lauren est moins convaincante et rusée qu’Irina. Pour tenir en haleine le téléspectateur, nous allons avoir droit à un coup de théâtre toutes les cinq minutes. Vaughn et Marshall se retrouvent aux portes de la mort.

Combien de pronostics vitaux vont être engagés pour faire grimper l’audience ? La transposition du passé de Jack Bristow sur les évènements récents devient quelque peu lassante. « La femme est la seconde erreur de Dieu » de Nietzsche sert ici de code, mais la première erreur de J J Abrams est d’avoir engagé Jennifer Garner. Le script n’est pas un chef d’œuvre, mais on l’aurait mieux digéré avec une bombasse. On change de camp comme de chemise et les gentils de l’épisode d’avant deviennent ou redeviennent des méchants. Ici, une fille semble aimer un père qui vient de la torturer, une autre se rend compte que sa victoire sur sa rivale va être brisée par une vengeance d’outre tombe consistant en une révélation terrifiante et au lieu de retrouver la paix, elle fond en larmes.

« Sark a craqué, c’est cela ? » demande Sydney à Vaughn, moment d’humour involontaire quand on voit l’épisode.

Sortie de scène regrettable d’un des meilleurs personnages de la série, mais prévisible. La saison 3 se termine encore sur un cliffhanger. Les talents d’Isabella Rossellini, Melissa George, Mia Maestro  et Ron Rifkin donnent une qualité à cet épisode qui lui permet de renouer avec les deux melons : Jennifer Garner et Michael Vartan, eux, n’y sont pour rien.

 

La critique de Clément Diaz


En lui-même, le finale de la saison 3 mérite la note maximale. Le scénario et la réalisation sont captivants, les acteurs sont tous très bons, l’affaire Lauren est clôturée avec art, il y’a un fantastique twist final et un cliffhanger frissonnant. Mais voilà, Objectif ultime n’est pas le feu d’artifice attendu. Dans Alias, les finales se doivent d’être spectaculaires, de nous en mettre plein la vue. Ici, on a l’impression d’être devant la fin de la première partie d’une saison (comme l’étaient Phase One ou Full Disclosure), plutôt qu’une fin de saison. Dans l’ensemble, Jeff Pinkner s’est montré à la hauteur des attentes espérées.

On commence très fort par Sydney qui entre tranquillement à la CIA, pirate l’équation de Rambaldi pour Sark, blesse Marshall et fait tout sauter ! Bon, c’est évidemment Lauren qui a un masque, mais la scène a un côté déphasé qu’on goûte fort. Le centre de gravité se déplace alors sur Vaughn, submergé par une folie vengeresse. Le thème de l’autodéfense, un de nos sujets de société les plus controversés, est traité avec adresse. Vaughn est ainsi peint de la manière la plus sombre : violence aiguë contre un homme sans défense (même aussi salaud que Sark), plaisir de se montrer sadique sur Lauren (prestation ultra expressive de Mélissa George en proie terrorisée), fuite lâche des mains tendues de Sydney… dans ce rôle d’un Vaughn passé presque du côté obscur, Michael Vartan livre une performance miraculeuse. Dans cet épisode, il ressemble énormément à Jack. Complice de sa croisade, il veut sauver l’amour de sa fille de la haine et des regrets qui menacent de briser son humanité. Seule la catharsis de tuer Lauren de ses mains pourra empêcher Vaughn de devenir un second Jack Bristow : un homme pour toujours prisonnier de sa haine envers sa femme qu’il n’a pas réussi à tuer.

De très bonnes scènes se succèdent, comme la torture de Sark où ce dernier, comme Sloane dans Jeux dangereux (saison 1), provoque son bourreau pour ne pas perdre la face. Même en sang et un bras cassé, Sark continue de fanfaronner ; il n’y a que David Anders qui peut nous y faire croire. On retient aussi la scène où Sark et Lauren se retrouvent en prison (attention au twist !), Vaughn lançant Hi honey ! en assommant sa femme, ou s’évadant de l’hôpital. Sloane pénétrant dans la résidence de Nadia et l’encourageant à fuir avec lui. Leurs retrouvailles donneront d’ailleurs lieu à un twist final infernal. Sacrée Nadia : c’est son 3e épisode, et elle a déjà tout compris au double jeu ! La mission de Palerme vaut pour l’incroyable traîtrise de Katya Derevko (non, mais, sincèrement, y’a combien d’agents doubles dans Alias ?), menée par la toujours solide Isabella Rossellini.

Et surtout, le règlement de comptes entre Lauren et Sydney, dense et haletant, même s’il n’est pas aussi spectaculaire que celui à la fin de la saison 2. La dernière scène de Mélissa George permet à la comédienne de se lâcher totalement, quelle belle sortie ! Mais Lauren se venge d’outre-tombe en guidant Sydney vers un cliffhanger où nous la voyons s’effondrer en découvrant un terrible secret… un moyen élégant de terminer cette saison de grande qualité.

Les infos supplémentaires

Aka. Résurrection.

Mélissa George (Lauren Reed) quitte la série après cet épisode marquant la mort de son personnage. Elle fera toutefois un bref caméo dans l’épisode Dernier recours (saison 4) où l’on voit le cadavre de son personnage. Par ailleurs, dans le bêtisier de la saison 4 (voir DVD), elle interrompra une scène en faisant une apparition inattendue qui fera s’esclaffer les acteurs alors présents !

Premier finale de saison non écrit (et non dirigé) par J.J.Abrams. Les deux suivants ne seront pas non plus écrits (et dirigés) par lui.

Vaughn a 35 ans.

Weiss dit que « Brandon » ne sortira pas du service de soins intensifs. Un clin d’œil à Maryann Brandon, monteuse de la série.

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Images capturées par Patrick Sansano.

 

Toucher le fond… (Broken - Part 1)
 

 saison 4Présentation

Alias


Saison 5


1. PROPHÈTE 5
(PROPHET FIVE)



Scénario : Alison Schapker et Monica Breen

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Michael Vaughn avoue à Sydney sur la route de Santa Barbara où ils vont se marier qu’il n’est pas celui qui paraît être. Ils ont alors un accident de la route. Vaughn est enlevé et Sydney s’échappe. Sydney est enceinte de Vaughn.

La critique de Patrick Sansano



Pas de générique comme dans un pilote. Horreur, Mia Maestro n’y est plus. Joie, notre compatriote, Elodie Bouchez (« La vie rêvée des anges ») arrive, mais joie de courte durée car son personnage ne lui va pas du tout . Le nouveau retournement de situation (Vaughn agent double) nous laisse un peu sceptique : pourquoi n’a-t-il pas attendu d’épouser sa belle pour tout lui révéler ? L’ambiance de l’épisode rappelle la série « Le fugitif ». Marshall l’insubmersible est toujours présent. Ce n’était pas indispensable. A la 25e minute, on pousse un grand ouf : Ron Rifkin, le meilleur comédien d’Alias, est de retour. Mais il ne fait qu’une apparition. Nous apprenons que Nadia est dans le coma. Après le final apocalyptique de la saison 4, on a l’impression de se trouver dans une autre série. Confrontés à des évènements dramatiques, Vaughn et Sydney n’ont  plus ce côté insupportable et gnan gnan qui a tant gâché la série.

Un nouveau danger se présente en la personne du chef du FBI Gordon Dean (Tyrees Allen) qui se révèle un traître de plus. On le voit trop peu cependant pour lui donner des qualificatifs élogieux, et cet emploi dans la série entre dans une catégorie où beaucoup se bousculent au portillon. Les sœurs Derevko, Sark, Lauren Reed, Zhang Lee dit le dentiste, Anna Espinosa, bien sûr aucun n’égalant le mal incarné, Arvin Sloane.

Objectivement, le script est bien écrit (on ne se croirait d’ailleurs pas dans « Alias », c’est dire).  Il n’est plus fait allusion à Rambaldi. On part sur un nouvel arc, tout aussi fantastique. Cet épisode est le départ vers une nouvelle et dernière aventure. C’est l’ultime saison. Le pilote est une réussite.

La critique de Clément Diaz



La saison 4 a quasiment fermé toutes les lignes narratives de la série. Comment lancer une nouvelle saison ? En faisant encore une fois table rase. Tâche bien lourde à laquelle Alison Schapker et Monica Breen s’attèlent avec réussite. Si les nouveaux personnages sont encore dans l’ombre (Grace absent, Rachel et Renée en brefs caméos), les autres cartes de la saison sont abattues avec célérité, efficacité, clarté, grâce en particulier à l’émergence du groupe Prophet Five. Sydney et Vaughn mènent cette intrigue rythmée et pleine de surprises avec succès. Hélas, le scénario s’écrase en fin de course dans le larmoyant hospitalier. Quant à la mort d’un des personnages-clés de la série, on y croit pas, et on se demande ce que vont encore inventer les auteurs pour le ressusciter.

L’épisode s’enchaîne immédiatement au précédent : Michael Vaughn (Mr. André Michaux désormais) est enlevé, et Sydney, bien que blessée par l’accident, trouve quand même la force de s’évader, tuant deux faux policiers au passage (superbe scène de poursuite dans les hauts champs). Les ressemblances volontaires entre notre agent et les superhéros de comics prennent de plus en plus d’ampleur, participant à la fantasmagorie quintessencielle de la série. L’accumulation massive d’événements qui frappe notre duo semble sans limite, assurant à l’histoire un moteur qui semble inépuisable : l’évasion audacieuse de Vaughn (Michael Vartan joue une de ses meilleures prestations, grâce à un jeu grave très bien calculé), le méga coup de bluff de Sydney contre le pain in the ass Gordon Dean - successeur indéniable de Kendall et Lindsey - qui se révèle être plus qu’un pain in the ass (excellent Tyrees Allen). L’entrée en scène stupéfiante de la torride Rachel Gibson en assoiffée de sexe - comment Vaughn réussit-il à repousser ses avances ? -  est également à relever. La belle comme Dean nous régalent de deux doubles jeux inattendus (ça fait combien de doubles jeux depuis le pilote là ?), et encore, on est pas au bout de nos surprises. La grande nouvelle qu’apprend Sydney en pleine fuite des méchants, renoue avec les grandes révélations massives de nos auteurs chéris.

Le lien entre Prophet 5 et Rambaldi est implicitement mentionné : on n’en a pas fini avec le génial prophète du XVe siècle ! Le mystère entourant l’apparent double jeu de Vaughn/Michaux est crédible, malin ; on est loin de l’explication pathétique de la réapparition d’Irina. On apprécie aussi Dixon acceptant de faire aveuglément confiance à Syd alors que tout est contre elle et Vaughn. Nos auteures sont en pleine forme… jusqu’à ce que Vaughn reçoit une rafale de chevrotine en plein cœur. A partir de là, l’épisode s’égare dans l’irréalisme : que Vaughn ne meure pas immédiatement est déjà bien exagéré, mais surtout nous subissons plein de dialogues vaseux (serments d’amour à n’en plus finir, soutien moral répétitif…), et une séquence d’hôpital qui dure, dure, dure, jusqu’à la lassitude. Ou comment gâcher un excellent scénario qui avait réussi le plus difficile. La coda fait entrer en scène Renée Rienne. La saison 5 n’a pas encore fini de dévoiler tous les enjeux, mais jusque-là, on a plutôt confiance. La suite !

Les infos supplémentaires

Michael Vartan (Michael Vaughn), après 4 saisons en tant que personnage régulier, n’est désormais plus crédité au générique, rétrogradant au statut de personnage récurrent. Greg Grunberg (Eric Weiss) et Mia Maestro (Nadia Santos) ne sont plus également au générique, devenant aussi personnages récurrents. Trois nouveaux acteurs apparaissent au générique : Rachel Nichols (Rachel Gibson), Elodie Bouchez (Renée Rienne), et Balthazar Getty (Thomas Grace). Ce dernier n’apparaît toutefois pas dans cet épisode. Un nouvel acteur s’ajoutera au générique à partir de l’épisode 10. En plus du statut d’actrice principale, Jennifer Garner devient également productrice de la série. Quant à Ken Olin, il devient l’unique réalisateur à avoir tourné dans les cinq saisons.

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2. SANS SCRUPULE
(...1...)

 

Scénario : J.R.Orci

Réalisation : Frederick E.O.Toye

Résumé

Depuis sept ans, Vaughn et une certaine Renée Rienne  travaillent sur un projet génétique, le projet Prophète 5. Mais Vaughn a été tué et enterré. Quatre mois plus tard, Sydney, tentant de surmonter sa douleur pour son enfant à venir, trouve à Londres la fameuse Renée, qui a tué trois agents de la CIA et un ambassadeur.

La critique de Patrick Sansano



Elodie Bouchez joue un rôle à contre emploi total, et imaginer la petite Maité des « Roseaux sauvages » et l’ouvrière de « La vie rêvée des anges » en huitième personne plus recherchée par la CIA est faire un grand écart. Elle doit bien parler anglais puisqu’elle a joué depuis dans « The L Word ». Quand on connaît bien sa carrière française, on a du mal quand même à l’imaginer dans « Alias ». Et malgré tout le bien que l’on peut dire de cette comédienne, elle n’est pas crédible ici, ce qui ne l’empêche pas de briller ailleurs.


Ron Rifkin est visuellement au générique alors que l’on ne voyait que Jennifer Garner dans la saison 4. Retour apprécié de Carrie/Amanda Foreman, la femme de Marshall. Elle n’était souvent qu’évoquée comme Madame Columbo par Marshall dans la saison 4.

Quant à Sloane, qui a tué Danny Hecht, premier fiancé de Sydney, il présente en prison ses condoléances à cette dernière pour la mort de Vaughn. Il faut vraiment le talent de Ron Rifkin pour faire passer de tels dialogues. Oscillant toujours entre bien et mal (bien qu’il soit le mal incarné), Arvin Sloane est un méchant tout en subtilité. Il pourrait inspirer des remarques comme  « Staline aimait bien son chien » ou «  Hitler était gentil avec sa mère ». Rifkin nous fait oublier dans de tels moments combien son personnage est monstrueux. Ce n’est donné qu’aux grands comédiens.

C’est maintenant que le feuilleton s’achève que Jennifer Garner se met à bien jouer. Un peu tard, quand même, mais l’on dit qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Elle arrête les jérémiades, atteint un jeu assez sobre.  Face à l’assassin du père de son enfant (draguer la dame n’est pas signe de longévité, après Danny , Vaughn), elle a une attitude qui la distancie de la boy scout qu’elle était. On dirait qu’elle prend du recul, qu’elle s’est calmée.

Grand atout de l’épisode, le comédien David Marshall Grant, formidable en Curtis, l’assassin de Vaughn. Dommage qu’il disparaisse trop vite.

Le chagrin qu’éprouve Sydney lors de la discussion avec son père est la meilleure scène de l’épisode. C’est bien écrit – curieusement, on ne dirait plus du J J Abrams – bien joué, rien à redire. Les personnages d’Abrams ne sont pas humains, mais Victor Garber et Jennifer Garner ici s’écartent de ces scènes surjouées ou mal jouées pendant quatre saisons. Ils donnent du réalisme à une série qui ne l’est pas.

La critique de Clément Diaz



…1...
confirme avec éclat les potentialités de la saison. Organisation fantomatique et impénétrable, Prophet Five instaure une atmosphère de menaces plus marquante encore que le Covenant. La traque de Curtis ne se relâche jamais. La succession de rebondissements et de scènes d’action de J.R.Orci fait la part belle au trio Sydney-Dixon-Weiss : chacun est complémentaire des autres. La formule du cliffhanger ne change pas pour Alias : toujours aussi excitant !

Sloane, en prison, semble définitivement passé du bon côté de la barrière. Le voir exprimer ses condoléances à Sydney qui a laissé de côté sa haine donne une scène touchante et rare. Curtis, campé par le majestueux David Marshall Grant, est un Big Bad qui a toutes les qualités requises : ironie, méchanceté gratuite, mégalo, joueur… Sydney a besoin de toute l’aide de Dixon et Weiss pour le vaincre. La scène chez Roemer juxtapose une excellente scène d’action avec la séquence d’interrogatoire, où Curtis tient tête avec une morgue insoutenable aux questions du trio. Quel splendide vilain ! Sydney quant à elle, a des envies de femme enceinte très particulières (défenestration de suspects). L’action a la part belle dans cet épisode, on ne s’ennuie pas lorsque notre Élodie Bouchez nationale - dans un déguisement de folie évoquant les plus colorés de Sydney - fait équipe avec notre héroïne pour une trépidante introduction. Et encore lors du règlement de comptes dans l’avion, et son rebondissement qui rend encore plus terrible cet invisible Prophet Five. Curtis sort de scène avec un suicide héroïque d’un effet spectaculaire. Le double twist final précipite Alias une nouvelle fois dans des contrées Fantastiques à faire trembler.

Thomas Grace fait son entrée, relativement anodine malgré sa bagarre initiale. Mais cette tête brûlée s’épanouira un peu dans les épisodes à venir. Les scènes d’émotion sont magnifiquement assurées par Jennifer Garner. Son personnage traverse depuis longtemps une crise de confiance, ne pouvant combler le vide laissé par la disparition de Vaughn, se mêlant à la joie d’être bientôt mère. Quel changement chez l’actrice ! Victor Garber, tout en sobriété, est une présence réconfortante. Ajoutons l’apparition de la toujours sensuelle Rachel Nichols. Tout marche dans cet épisode enlevé.

Les infos supplémentaires

Eric Weiss obtient une promotion et va travailler à Washigton.

Départ de Greg Grunberg (Eric Weiss) de la série. L’acteur souhaitant s’investir dans d’autres projets. Il ne reviendra qu’une fois : dans l’épisode Portée disparue. Michael Vartan s’absente temporairement de la série à partir de cet épisode, mais c’est toujours sa voix qui présente les flash-backs récapitulatifs des épisodes (« Previously on Alias »).

Nouveau changement de générique : cette fois, tous les acteurs réguliers sont représentés à l’écran, contrairement à Jennifer Garner seule dans la saison précédente. La musique de J.J.Abrams reste inchangée.

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3. DANS L'OMBRE
(THE SHED)

Scénario : Breen Frazier

Réalisation : Tucker Gates

Résumé

Sydney est inconsolable de la mort de Vaughn. Marshall apprend qu’une attaque a eu lieu à Instanbul dans un centre de produits toxiques russes pour le compte de Dean. Le nouvel équipier, Thomas Grace, ne plait guère à Sydney. Sloane bénéficie d’une libération conditionnelle.

La critique de Patrick Sansano



Idée saugrenue que de lancer en cinquième saison un nouveau personnage censé remplacer Vaughn. Balthazar Getty en Thomas Grace arrive comme un cheveu sur la soupe. Certes, on ne va pas regretter Michael Vartan (il n’est plus au générique). Mais Getty est insipide, comme Peter Lupus dans « Mission Impossible ». L’intérêt recherché par les scénaristes est d’opposer Thomas Grace à Sydney. Sloane, égal à lui-même, parvient à émouvoir Dixon en disant qu’il a sa fille comme caution et ne s’échappera pas. Sacré serpent à sornettes !. Rachel Gibson (Rachel Nichols) encore une nouvelle venue a suivi le chemin de Sydney dans un simili SD6. Malheureusement, elle n’a ni le charme de Melissa George, ni la beauté envoûtante de Mia Maestro. L’actrice ne semble pas concernée et  donne parfois l’impression de se demander ce qu’elle fait là .On dirait qu’elle traverse l’épisode sous Tranxen. Gordon Dean le méchant devient le Arvin Sloane du pauvre. Le vrai face à un homme décidé à le tuer réussit à parler et duper.

Comme toujours, Ron Rifkin tire son épingle du jeu, mais désormais Jennifer Garner dont le jeu s’améliore lui emboîte le pas. Elle n’est plus horripilante et la disparition de Vartan l’aide beaucoup. Notons aussi une grosse erreur des scénaristes, celle de gober sur le champ et de prendre pour argent comptant ce que raconte Rachel. On a connu la CIA plus méfiante. Ce personnage sert de faire valoir à Sydney qui joue les grandes sœurs protectrices et ayant vécu déjà le même enfer. D’autre part, la réciproque est vraie, Rachel croit trop vite tout ce qu’on lui raconte. Avec elle, nous revivons l’histoire de Sydney au SD6. Ce personnage godiche mais pas haïssable n’a aucune épaisseur, et semble fragile comme une poupée. Rachel Nichols s’est trompée de série, elle avait sa place toute réservée dans une série sentimentale pour ados genre le remake de «  Beverly Hills ».

« Alias » en revisitant le SD6 nouvelle manière commence à tourner en rond.

La critique de Clément Diaz



Les temps changent : moins d’action pour Sydney pour cause de grossesse (cela ne l’empêche pas de monter 10 étages à pied en deux minutes : magie du montage), et du coup, c’est Rachel Gibson qui est au centre. Après Syd et Nadia, c’est au tour de la jolie blonde de découvrir qu’elle travaillait pour les méchants, et qui doit immédiatement s’improviser agent double. Cette idée tourne au procédé : deux fois c’était limite, trois fois, on exagère. Heureusement, la double intrigue du jour est emballante : baptême du feu pour Miss Gibson, et duel psychologique pour Sloane, tout en introduisant le personnage de Kelly Peyton. La mécanique narrative de Breen Frazier s’accélère peu à peu, jusqu’à devenir oppressante dans le dernier tiers.

Errant dans sa solitude, Sydney est en pleine détresse. Le travail devient alors pour elle un moyen de tenir le coup, soit l’exact inverse quand elle était agent double. Bien calculé ! Selon une bonne vieille tradition, Sydney partage la défiance initiale du spectateur face à Grace, remplaçant de Vaughn, aussi fonceur que loup solitaire (la scène de la poursuite en voiture en donne une idée). Balthazar Getty est très bien dans le rôle, mais est engoncé dans un personnage monolithique. On a plus d’empathie pour Rachel Gibson, personnage fragile devant faire face à l’effondrement de son monde. La scène de révélation est très bien dialoguée, et n’a pas peur de prendre son temps. Sa peur et son abnégation mélangées sont visibles quand elle trahit Dean sous ses yeux. Mais le danger ne vient pas de lui, mais de la bonne copine, Kelly Peyton, auquel Amy Acker impose une fausse douceur très judicieuse. La scène où elle tombe le masque la rend aussi sinon plus redoutable que Dean, c’est dire ! Le suspense monstrueux de cette scène très longue est parachevé par une utilisation judicieuse de la pyrotechnie. Rachel Nichols est très convaincante, et on attend de la voir plus sur le terrain.

Sloane court après un remède pour sa fille. Seul son vieil ami Alexander (Jack Laufer, très charismatique) peut le lui donner. Le scénariste est très inspiré pour les scènes Dixon-Sloane, mais que dire du twist final, d’une intensité orageuse, dans laquelle Sloane fait face à la mort avec un courage impressionnant : une pépite Hitchcockienne, qui fait de cet épisode un nouveau rendez-vous à ne pas manquer.

Les infos supplémentaires 

Entrée en scène du dernier personnage principal de la série : Kelly Peyton, jouée par Amy Acker. Elle sera créditée à partir de l’épisode 10 au générique. Amy Acker fut une des candidates malheureuses au rôle de Nadia Santos.

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4. EN PÉRIL
(MOCKINGBIRD) 

Scénario : Drew Goddard

Réalisation : Frederick E.O.Toye

Résumé

Dans un casino, Sydney gagne au jeu. Elle fait diversion pour cambrioler et obtenir des archives. Rachel doit retourner à Prague dans son ancien bureau où ses collègues ont été tués. Le but est de dévaliser le compte de de Gordon Dean.

La critique de Patrick Sansano


On continuer de plagier James Bond avec l’hélicoptère qui aimante la voiture comme dans la poursuite de « On ne vit que deux fois ». Balthazar Getty nous épargne l’insupportable Michael Vartan, gnan gnan au possible. Mais il ne s’intègre pas du tout à l’univers d’Alias, pourtant reparti sur de bonnes bases au début de la saison 4 avec l’APO. Sans charme, nunuche, Rachel Nichols n’arrange rien à l’affaire. Enceinte, Jennifer Garner devient une sorte de « superviseur » plus qu’un agent. La scène où Rachel revoit le bureau avec les fantômes de ses collègues est toutefois bien agencée. Le suspense lorsque Rachel doit donner les mots de passe au questionnaire qui risque de coûter la vie à Dixon et Grace ne fait pas illusion longtemps. Rachel retrouve vite sa léthargie. Ron Rifkin, et c’est un comble, joue faux. Il semble en avoir marre de son personnage. Ce n’est pas le script qui est en cause, mais l’acteur. Où est son panache dans la scène du procès ? Jadis, Rifkin sauvait à lui seul « Alias », mais il semble s’être épuisé. Entre Rachel et Grace ne s’établit aucune alchimie.

C’est vraiment le combat de trop qui est livré avec cette saison 5. Depuis la saison 1, Jennifer Garner a gagné enfin en maturité, mais le fait que son personnage soit envoyé en mission enceinte est totalement improbable et injustifé. Si Rachel pourrait à la rigueur être la petite sœur de Sydney, qui peut croire qu’une créature aussi frêle et sensible ait pu faire partie ou croire faire partie de la CIA ? La fin de l’épisode est téléphonée. On dirait un colis mal ficelé que l’employé des postes laisse partir en sachant que c’est du travail bâclé. On se souvient qu' après un bon début, la saison 4 a fini en eau de boudin. Que pouvait-on espérer ensuite et pourquoi a-t-on entrepris une saison supplémentaire. « Alias » restera dans les annales de la télévision américaine comme une grande injustice, celle d’une série qui aurait à chaque fin de saison méritée l’annulation et que l’on a maintenue en sursis comme un humain sous respiration artificielle.

Dixon et Grace à la plage semblent sortir de la médiocre et justement oubliée série « Surfers detective ». Le niveau n’était pas bien haut et pourtant la série arrive à dégringoler plus bas. On peut aussi dire qu'Alias est devenue une série quelconque telles celles proposées par M6 à la moitié des années 90 comme "Los Angeles Heat".

La critique de Clément Diaz



Une fois acceptée la quadrature du cercle de la saison (la grossesse de Jennifer Garner incluse dans le scénario fait que nous avons un agent de terrain enceinte), l’épisode devient vite captivant. L’introduction d’un agent inexpérimenté, Rachel Gibson, apporte une touche de fraîcheur dans l’univers des agents de terrain assermentés. Les deux missions du scénario de Drew Goddard nous tiennent en leur pouvoir, particulièrement dans le dernier tiers, à suspense maxima. Le duo diabolique Dean-Peyton est suffisamment doué pour faire couler quelques sueurs froides. Le procès de Sloane est également très intéressant. Cette saison 5 a le vent en poupe !

Agent « d’arrière-garde », Rachel n’a pas l’expérience du terrain. Une vérité rentrant en conflit avec sa volonté d’être la plus active possible à l’APO pour réparer son allégeance involontaire à Dean. Rachel Nichols est très émouvante dans son dilemme. Gibson fait l’apprentissage difficile du vrai métier d’espion (sentiments à la corbeille, stress permanent). De ce côté, cette saison se dirige intelligemment vers une fin prévue à l’origine, avec le passage de témoin entre Sydney et elle. Une fin malheureusement passée sous silence à cause de l'annulation prématurée de la série. A Prague, elle doit revenir sur les lieux où moururent ses amis. La fenêtre ouverte sur les moyens tordus imaginés par les paradis fiscaux est également à relever, avec cette banque mouvante qui braque des flingues sur les clients, et au protocole paranoïaque.

Toutefois, c’est la deuxième mission qui nous intéresse le plus, avec Sydney en future maman bling-bling qui triche au casino. Mais le suspense explose à la puissance 1000 quand Sydney et Rachel sont toutes deux piégées dans une voiture suspendue à 60 mètres du sol !! Dean et Peyton dirigent la danse, et le suspense qui s’étire en longueur, fait se hérisser le poil ! Le dénouement sonne comme une libération, y compris pour le spectateur !

Sloane va bientôt être définitivement condamné, lui qui semblait avoir retrouvé le chemin de la rédemption. Mais on lui offre de faire un pacte avec le Diable (dont on ne sait encore de qui il prendra les traits) contre sa libération. On admire le personnage qui ne nie en aucun cas ses crimes passés, mais exprime son désir de changer. Aussi convaincant en repenti qu’en Big Bad, Ron Rifkin continue d’impressionner. Encore un épisode réussi !

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5. À L'AIR LIBRE
(OUT OF THE BOX) 

 

Scénario : Jesse Alexander

Réalisation : Jay Torres

Résumé

Libéré dans des conditions douteuses, Arvin Sloane veut être réintégré à l’APO. Un entrepôt de stockage de l’armée est attaqué en Allemagne. On apprend que Sloane a été blanchi de la justice par …Dean.

La critique de Patrick Sansano



Rien ne nous aura été épargné dans « Alias », ici dans le pré générique, Jennifer Garner ressemble à… Amélie Mauresmo. Sa scène avec Rachel Nichols où elle s’interroge sur sa future maternité, alors qu’elle est forte et musclée et l’autre fragile comme un papillon, est d’un esthétisme douteux. Marseille ressemble à un quartier glauque d’une grande métropole américaine. Quant à Elodie Bouchez, que diable est elle allée faire dans cette galère ? Balthazar Getty est une sorte de robot inutile sans âme, sans charisme, qui cachetonne. L’invité vedette Patrick Bauchau (« Le Caméléon », « Dangereusement vôtre ») qui joue le père de Renée/Elodie Bouchez, habituellement excellent, ne donne pas ici toute la mesure de son talent. Dans ce gâchis, Elodie Bouchez – très bonne comédienne – joue bien, ce qui relève de l’exploit. Saluons là le talent à l’état pur. Faire croire à ce rôle, à ce scénario inepte, sans être ridicule comme Getty, mérite d’être souligné. A cause de son état, Garner devient aussi peu crédible que Roger Moore dans son ultime James Bond.

Quant à Sloane, il devient l’otage de plus méchant que lui. C’est infiniment regrettable pour ce magnifique personnage de salaud intégral. Heureusement, à l’inverse de la somnolence irreversible de Rachel Nichols, Ron Rifkin se réveille et reprend rapidement sa place de meilleur méchant de l’histoire des séries américaines. Il lui suffit d’une scène, jouée toute en subtilité, avec un plan A portant sur l’émotion, un plan B sur la menace, pour redonner à Sloane ses galons.

Rachel Nichols joue tellement faux qu’elle devient une sérieuse prétendante pour le razzie de la pire actrice d’Alias. La distribution finirait presque par faire ressortir le fade Carl Lumbly comme un bon acteur. Kevin Weisman a l’air de s’amuser comme un fou en Marshall. Avec l’obstination qu’il a manifesté depuis le début, en tant que personnage inutile, ce clown pas drôle semble là uniquement pour meubler quelques minutes et obtenir la durée pourtant réduite de quarante minutes. Il met une conviction inquiétante dans son interprétation d’abruti total.   Episode en huis clos se passant plus dans un vieil immeuble de Manhattan qu’à Marseille, nous sommes tout sauf "à l'air libre". Tyrees Allen est un piètre méchant en Dean, qu’il incarne sans conviction comme un pantin. Enfin, la Corée du Nord est ranimée comme repaire des pires criminels de la planète. On se demande bien pourquoi ce régime totalitaire stalinien laisse vaquer à ses occupations une bande de savants fous et de criminels américains aux buts obscurs.

Le navire prend l’eau de toutes parts, mais ici les jeux de notre compatriote Elodie Bouchez et de Ron Rifkin sauvent l’épisode du naufrage total.

La critique de Clément Diaz



Jesse Alexander fusionne les deux intrigues de la saison (Prophet Five et situation d’Arvin Sloane) via un brillant twist promettant à l’avenir d'incommensurables conflits d’intérêts. En attendant, on applaudit le retour de Renée Rienne. La situation du jour est classique mais efficace : Syd, Thomas, Renée, et son père sont barricadés dans un immeuble cerné par des bad guys. Le scénariste n’évite pas quelques délayages, des instants d’immobilisme meublés par des dialogues pas toujours nécessaires. Mais la sauce prend, et il y’a bien sûr un double jeu là pour nous secouer.

Le très renommé acteur belge Patrick Bauchau met son talent au service de la série. Son duo avec Elodie Bouchez donne des dialogues en français assez étendus pour une série américaine. Renée est plaisamment trouble : tueuse à gages mais aux points faibles qui l’humanisent, avec notamment sa quête du père. Elle montre ici un visage frêle, sensible ; registre dans lequel Elodie Bouchez est irréprochable. Chaque personnage a une part à accomplir : Grace est l’homme d’action : sorties téméraires, attaques au culot, pour retarder l’ennemi. Sydney élabore des plans de bataille, Renée prend soin de son père, objet des convoitises de l’ennemi. L’impressionnant déploiement de forces de leurs adversaires donne un côté désespéré à la situation. Toutefois, le suspense ne prend pas tout à fait, car les menaces restent suspendues, on ne voit pas l’ennemi avancer. Tout est un peu trop suggéré. Certes, cela rend le coup d’éclat final… éclatant, mais tout ce qui a précédé est un peu mou. Le twist final est vraiment étonnant, débouchant sur un mexican standoff soit la formule de suspense frénétique par excellence. Dans Alias, la fin d’une mission est toujours climatique !

Sloane renoue avec ses démons. Pour satisfaire l’homme qui l’a libéré (twist !), il recourt à un bon vieux chantage des familles. Mais on sent qu’il a changé. Sloane fait chanter la sénatrice dans une séquence d’anthologie : chaque mot est du venin, il alterne poses caressantes et exigences tyranniques... quel numéro ! Mais on le voit aussi mal à l’aise, peiné, à l’idée de redevenir un Big Bad. Sloane ou la rédemption impossible, Ron Rifkin a tout compris à son personnage.

Les infos supplémentaires

Le générique de fin est réorchestré. Il a désormais une allure plus « JamesBondienne ».

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6. EN SOLO
(SOLO) 

Scénario : Jeffrey Bell

Réalisation : Jeffrey Bell

- You should've given me the disk.

- You were going to kill me anyway.

- Yeah, but I would have felt bad about it.

Résumé

Libre, Sloane devient l’otage de Dean qui le fait chanter. Redevenu directeur adjoint  de l’APO, il est téléguidé par Dean. La nouvelle mission est de retrouver un ingénieur, Janos Vak, qui se cache sur une plateforme pétrolière en mer de Chine. Rachel part pour sa première mission en solitaire.



La critique de Patrick Sansano



Sloane à force de trahir devient agent double, triple, quadruple, tout en travaillant pour son propre compte.

Zéro plus zéro égal zéro, ce qui s’applique aux personnages ainsi qu’aux acteurs  Rachel/Rachel et Balthazar/Grace. Qu’ils prennent de la place dans Alias a de quoi inquiéter sérieusement le téléspectateur parce qu’ils n’ont rien à dire. On en finirait par regretter certains disparus, mais non, il faudrait être masochiste pour déplorer l’absence de Vaughn. Disons que ce couple de remplaçants ne vaut guère mieux. Enceinte, Jennifer Garner n’est plus crédible en mission toute déguisée. Bon, Jennifer Garner ayant fait des progrès, on peut se dire qu’au bout de dix saisons Rachel Nichols saura enfin ce qu’est le métier de comédienne. Pour l’heure, elle est une téléspectatrice, regardant sur l’écran de contrôle de Marshall la mission de Sydney. On se met à trembler pour le sort de Sydney quand on voit que Marshall le confie à Rachel.

Parce que le critique n’est pas insensible, et que l’on vient de découvrir avec Rachel l’équivalent 2006 de la Venus Smith de la saison 2 des avengers (soit la cruche dans toute sa splendeur), on sera profondément émus par la scène où Sydney assise dans un fauteuil regarde une petite fille. Et il est vrai que Jennifer Gardner, à côté de la vision du néant qu’offre Rachel Nichols, voit sa cotte revue à la hausse.

Après un petit passage à vide, Rifkin redevient majestueux comme empereur du mal. Pour une fois, on apprécie Jack Bristow qui envoie dans une mission périlleuse Rachel. Allez, un petit effort Jack, débarrasse nous de la nouvelle Venus Smith ! Arvin Sloane obéit à Dean comme un lion prêt à dévorer son dompteur. C’est un régal malgré la médiocrité du comédien Tyrees Allen.

Alias nous donne envie d’aimer les méchants plutôt que les boy scouts gentils (Vaughn, Sydney) ou cruche insondable (Rachel). Face à Rachel, sur la plateforme, a lieu un combat avec Kelly Peyton (Amy Acker). Kelly est présente dans la série depuis l’arrivée de Rachel, mais c’est dans cet épisode qu’elle se révèle vraiment avec des scènes prodigieuses.

Kelly a choisi le côté obscur de la force, et contrairement à Rachel, elle sait les vrais buts de son patron Dean. Kelly, c’est un peu le retour de Lauren Reed. Infiniment plus convaincante qu’une Anna Espinosa, Kelly ressemble à un ange du mal. On lui donnerait le bon Dieu sans confession juste avant de se faire poignarder. Elle joue ici avec les sentiments d’une Rachel dépassée par les évènements. Enfin, on retrouve notre Nadia Santos, même si c’est pour une scène dans le coma. On mesure, en songeant à Rachel, l’étendue de notre frustration.

Si les scènes avec la voix de Vaughn et la présence de Sydney ne donnent pour une fois pas dans la mièvrerie, on se dit que Danny Hecht a été vite oublié. Il est pourtant à l’origine de toute l’histoire, et de la haine de Sydney pour Sloane.

Enfin, le réalisateur n’est pas charitable avec Rachel Nichols : ses scènes en prostituée sont d’un kitsch et d’une laideur qui donnerait presque au client envie de refuser l’offre.

La critique de Clément Diaz


 

On est libre d’aimer ou de détester le choix de la saison de déplacer son intérêt de Sydney à Rachel, prenant ainsi des accents de spin-off. Mais on ne peut que saluer le courage de la production à prendre de tels risques pour maintenir à tout prix l’innovation. Adonc, Jeffrey Bell envoie l’inexpérimentée Rachel pour une mission ultradangereuse sur le terrain ; gadgets, couvertures en plein délire… et bataille contre son ancienne meilleure amie inclus ! Sydney joue le rôle de grande sœur auprès de Rachel, qui peine encore à entrer dans le vrai monde des espions. Parallèlement, Sloane est en mode agent triple (!), son duo antagoniste avec Dean est tout en tension. L’épisode est excellent, mais souffre de quelques scènes parlées convenues.

Il est intéressant de voir Rachel prendre petit à petit de l’assurance. La première scène où Thomas la forme « à la dure », est difficile pour le personnage, qui doit délaisser toute morale. Sa complicité avec Sydney, sa « formatrice », est ce dont elle a besoin pour tenir le coup. La mission de Bombay est intelligemment écrite, entre humour inattendu (Dixon poursuivant la fiancée du général de déclarations d’amour enfiévrées), superbe exploitation de la grossesse de Sydney… et grosse vague d’inquiétude quand Rachel fuit devant un garde. On enchaîne à la mission en solo de Rachel, qui se fait passer pour une prostituée ! Son look est flashy et criard, contrastant avec sa terreur intérieure. La scène de Janos Vak, suinte d’un suspense débordant. Le gag des déviances sexuelles de Vak permet une simplification inattendue de la situation… re-compliquée quand l’impitoyable Kelly rentre dans la danse. Là, on se dit que Kelly va avaler toute crue sa pauvre ex-collègue (Amy Acker est d’une aisance confondante en tueuse sans conscience). Mais l’énergie du désespoir de Rachel permet un duel trépidant contre elle (toujours utiles les brosses à cheveux fabriquées par Marshall…). Baptême du feu réussi, scénario aussi.

Sloane est coincé dans une situation terrible : forcé de trahir les gens qu’il aime, il ne se prive toutefois pas de dire ce qu’il pense à Dean. Devenu un « gentil », Sloane n’en demeure pas moins inquiétant, et Rifkin un comédien surdoué. On finit sur une sorte de cliffhanger : il doit trancher un nœud gordien. Quelle sera sa décision ? Mystère…

Les infos supplémentaires

Amy Acker qui incarne Kelly est née en 1976. Elle est connue depuis son rôle d’Illyria dans « Angel », le spin-off de « Buffy contre les vampires ». On l’a vue au cinéma dans « Arrête moi si tu peux ». Depuis, c’est une habituée du petit écran : « Dollhouse », « Supernatural », « Person of interest », « Warehouse 13 ».

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7. FAIT ACCOMPLI
(FAIT ACCOMPLI) 

Scénario : Andi Bushell

Réalisation : Richard Coad

Résumé

Se faisant passer pour une riche donatrice, Sydney infiltre un musée avec l’aide de Renée Rienne. Mais elle tombe sur l’un de ses anciens professeurs d’université. Dean fait chanter Sloane qui est au chevet de Nadia. Mais désormais, Sloane sait que sa fille ne guérira pas.

La critique de Patrick Sansano


 

Vu sa grossesse, Sydney ne peut plus assurer les combats. Elle est remplacée ici par Renée, jouée par une Elodie Bouchez façon Nikita/Anne Parillaud.

Encore un pirouette du serpent Arvin Sloane qui avoue à Sydney et son père travailler pour Dean et propose de lui tendre un piège.

On ne peut qu’approuver (pour une fois) Marshall qui nous déclare : « Vous n’avez pas un sentiment de déjà vu ? Sloane était gentil au début, méchant ensuite, puis gentil, puis méchant , etc » »

La relation entre Sydney et Rachel tourne à une relation sœur/sœur. On en veut à Rachel de prendre la place de Nadia. 

Dans la scène du champ de courses, on retrouve l’atmosphère de la série « Mission Impossible ». Chacun des agents a un déguisement improbable qui tend plus à le faire repérer qu’autre chose !

Dans cet épisode, Rachel fait quelques progrès comme espionne. Le monde d’Alias voit toutes les valeurs inversées. Ainsi, Gordon Dean est torturé, et c’est Sydney qui joue le rôle du « réconfort » alors qu’il est responsable de la mort du père de son enfant. C’est un univers où l’homme qui a tué votre fiancé (Danny) se comporte en père, où le loup (Dean) suscite la pitié une fois torturé par les « gentils ».

A force de nager dans l’incroyable, on arrive à un stade de saturation où l’on ne sait plus situer la frontière du bien et du mal, on perd ses repères. Le mélange émotions (réalistes) et action (improbable) est trop fréquent, trop redondant, et le suspense, l'intrigue, finissent par lasser.

Dans Alias, bons comme gentils passent leur temps à faire des marchés : il n’y a plus de morale. C’est une sorte de jeu, une fois pincé, le vilain fait un marché. Tant que l’on n’est pas mort, on a toujours quelque chose à vendre. Ce monde là finit par donner le tournis. La série aurait été géniale en en faisant cent fois moins, mais en étant toujours sur le fil de l’exagération, on ne prend plus les choses au sérieux.

Amy Acker confirme tout le bien que l’on pense d’elle, et Rachel Nichols tout le mal, tandis qu’Elodie Bouchez est bien meilleure dans des œuvres plus ambitieuses.

Symbole de l’après 11 septembre, « Alias » possède un côté cynique que n’avait pas Jim Phelps et son équipe dans les années 60-70. Un aspect vraiment sombre et triste comme notre époque. A ce titre, la série, si elle n'est pas très bonne ni mémorable, n'a pas vieilli.

La critique de Clément Diaz



La martingale de la saison 5 se grippe à l’occasion de cet épisode. Déjà, Rachel n’est plus au centre, mais surtout, Andi Bushell termine l’arc Gordon Dean sans panache. Quelques idées absurdes, étirées sur un rythme moins soutenu qu’à l’habitude, ne fonctionnent pas ; la mission centrale est dénuée d’originalité. On sauve cependant le réveil (bref) de Nadia, la performance de Ron Rifkin, et la grandeur semblant infinie de Prophet Five, successeur avoué de l’Alliance.

Le prélude commence plutôt bien, avec la première mission Sydney-Renée. Élodie Bouchez fait montre de talents de combattante convaincants lors de sa mémorable baston avec le garde, pendant que Sydney rencontre... son ancien professeur d’université !!! Ça, ce sont les petites surprises-clin d’œil tant appréciées de la série. La mission de capture de Dean est une déception : le suspense ne s’active que bien tard, et se résout précipitamment sur une bagarre hâtive (en progrès, Rachel, en progrès). Mais ce qui douche vraiment l'enthousiasme, c’est lorsque Dean est amené à l’APO. La CIA a maintes fois montré ses méthodes d’interrogation musclées contre les criminels (le punching-ball Sark en sait quelque chose), alors pourquoi une méthode aussi ridicule et douteuse que le LSD ? On se croirait revenue aux premiers temps de la série avec une CIA aseptisée. Marshall s’agite beaucoup, mais sans résultat. La scène où Sydney « réconforte » Dean, est hors de propos, d’autant que Tyrees Allen, impeccable jusque-là, tombe dans un surjeu agaçant. Mais l’épisode s’achève sur une bonne note avec un effet de miroir évoquant Opération Tonnerre six (saison 1). De même que Sydney découvrait la grandeur démesurée de l’Alliance, l’APO découvre que Prophet Five est infiltré dans tous les grands gouvernements mondiaux. Encore un ennemi sans nombre à abattre. Et va falloir qu’ils se grouillent, il n'y a plus que dix épisodes !

La bataille de Sloane pour sauver Nadia prend le pas sur toutes ses erreurs passées. On peut voir tout son espoir quand elle se réveille, et son chagrin immense quand elle replonge dans le coma. Sloane a un mauvais destin : chaque fois qu’il sort d’un filet, c’est pour tomber dans un autre plus grand. On sent que ça finira mal (euphémisme).

Les infos supplémentaires

Lors de la séquence finale, une chanteuse reprend « Your song », le tube d’Elton John.

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8. AMOUR MORTEL
(BOB)

 

Scénario : Monica Breen et Alison Schapker

Réalisation : Donald Thorin Jr.

Résumé

Un homme commet un attentat dans un train pour la Sibérie qui carbonise tous les passagers d’un wagon. Sydney et Jack tentent en Angleterre d’avoir des informations sur Prophète 5 auprès du MI6 (L’Intelligence service). Le russe Lukas Basarov doit entrer en possession d’une bombe. Rachel est envoyée sur le terrain.

La critique de Patrick Sansano



En mission, Rachel est une catastrophe. Pas crédible une seconde, elle arrive (seigneur !) à nous faire regretter Sydney. Julian Sark, de retour, comme tous les vilains de Alias, nous donne à penser que la série aurait pu durer vingt saisons. Rachel remplace Sydney, dans Alias vingt ans après la fille de maman Gardner prend la relève. Le problème, c’est la perte d’audience, qui contraint J J Abrams a bricoler une fin. Alias étant un feuilleton et non une série, on peut dire que c’est « Sous le soleil » des séries d’espionnage. La qualité s’érode au fil des épisodes et des saisons.

Connaissant le danger potentiel que représente Sark, la petite brebis innocente Rachel ne va pas tarder à se mettre dans de beaux draps et ce au sens propre comme au figuré. Dans la réalité, Sark, massacré par Vaughn, devrait avoir le visage marqué mais tout se passe comme si de rien n’était. Rachel qui n’hésite pas à coucher avec l’ennemi (mais elle ignore à qui elle a affaire) doit perturber Sark, qui a l’habitude de Sydney qui promet, aguiche mais ne donne jamais. Pourtant, Rachel est quelconque, genre fille de « Melrose Place » ou de « Beverly Hills ».

Encore un hommage bondien : le chef du MI6 est une femme.

La cruche comprend la bourde qu’elle a faite. Quant à Sark, après tous les crimes et meurtres qu’il a commis, on le contacte comme si c’était un ami de la famille. On achète ses services. On le ménage. Nous sommes dans un monde qui a perdu toute logique

Désormais, Sydney ne peut plus se déplacer sur le terrain et Dixon le lui dit. Notons que Thomas Grace en est réduit à un simple comparse homme de main et passe désormais au second plan. L’attention est concentrée sur Rachel.

Celle-ci est aussi douée que Mary Goodnight dans le Bond « L’homme au pistolet d’or ». Pour désamorcer une bombe, on joue vraiment à la roulette russe avec elle.
Episode dont Sydney est majoritairement absente pour cause de grossesse. Ce n’est pas tellement qu’on la regrette, mais l’histoire est creuse comme une cervelle de candidat de télé réalité. L’ennui  s’installe. La lassitude aussi.

La critique de Clément Diaz



Bob
souffre de la faiblesse du postulat de base du duo Breen-Schapker : Rachel rencontre Sark en mission, chacun ignorant le véritable jeu de l’autre. Le lendemain d’une nuit passée ensemble, nos amis découvrent chacun qui est l’autre. Stimulante au départ, l’idée ne débouche finalement sur pas grand-chose. Pour mettre un peu de tension, Jack et une vieille amie sont enlevées par l’employeur de Sark, mission juste correcte. Mais voilà, Julian Sark est de retour ! Alors, on sort le pop-corn, et on regarde David Anders exécuter son numéro de traître gentleman, vantard, et décontracté. Son alliance étonnante avec l’APO, bien que pour des motifs purement pécuniaires, brouille encore plus la frontière bien/mal, déjà bien mise à mal depuis Irina et Sloane. Alias joue en virtuose sur ce thème, fidèle à sa réputation de faire perdre ses repères au fan, l’entraîner dans un délicieux tourbillon d’incertitudes.

L’étonnante intro rappelle la vision d’apocalypse de Firebomb (saison 2) avec incinération automatique de chair humaine. A part le fait que Rachel Nichols est toujours aussi fondante ; il n’y a pas grand suspense dans sa mission, notre espionne se contentant de se cacher quand Sark arrive, avant de reprendre tranquillement le boulot. La scène de séduction est riche de dialogues à double sens sur leurs vrais métiers, et leurs étreintes sont agréables à voir (Sark, tu as vraiment bon goût). Dommage que la scène de lit est gâchée par le soutien-gorge de l’actrice, mais bon, c’est une tradition américaine. Ceci dit, l’intrigue piétine. On a également du mal à prendre en sympathie la collègue de Jack, car on a à peine le temps de faire connaissance avec elle. Bon, on a bien un sursaut quand Masari, le méchant, lui flingue la main gauche, mais Masari lui-même ne bénéficie pas d’un temps de présence suffisamment important pour s’imposer. Les bonnes idées des scénaristes sont coincées dans un manque d’organisation.

Heureusement, l’imperator Sark remonte à lui tout seul la côte de l’épisode. Quelle élégance, quelle roublardise ! On adore son expression dénuée de surprise quand Rachel et Syd viennent lui faire coucou. Classe en séduction, il trahit son employeur sans aucun scrupule, ne montre aucune appréhension dans son double jeu, et fait preuve d’une grosse vantardise tout le long, même menotté à une bombe. Que ce soit Rachel la débutante qui doit désactiver ladite bombe est synonyme de roulette russe bien intense. Ah, et puis il y’a le final, quand Sark fait un auguste geste princier et galant, so british. Pour un peu, on le verrait comme un héros. Sark confirme sa grande valeur ajoutée à la série.

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9. L'HORIZON
(THE HORIZON) 

Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec

Réalisation : Tucker Gates

Résumé

Sydney a des hallucinations où elle revoit Vaughn. Kelly Peyton assassine deux agents de la CIA et dérobe le dossier de Vaughn qu’elle remet au docteur De Santis, l’homme qui a pris l’apparence du père de Renée.  La mission de l’APO est de récupérer les dossiers volés. Sydney est kidnappée.

La critique de Patrick Sansano



Souvenirs, souvenirs. L’insupportable Vaughn est de retour dans les rêves de Sydney. Heureusement, le plan d’après, la plus jolie fille d’Alias, Kelly, arrive. Kelly, à égalité avec Renée, Lauren et Nadia,  sans oublier Jenny/Sarah Shahi - la petite amie de Will Tippin en saison 1 au rôle trop bref mais qui n’était pas mal du tout non plus – toutes ces dames  laissent  loin derrière Sydney , Rachel, Anna Espinosa voire Fran Calfo et son sosie tueuse.  Kelly, c’est une beauté fatale, mais quel magnétisme, quel charme vénéneux! Patrick Bachau est à nouveau en forme, ce qui n’était pas le cas lors de sa première apparition en diagonale dans la série. Enlever Sydney permet de continuer à faire jouer l’actrice a un stade avancée de sa grossesse, mais celle-ci a moins bien géré l’évènement que Gillian Anderson dans la saison 2 de X Files.

Il est fait fi de ce que le téléspectateur sait, à savoir l’aversion de Sydney envers son père, pour les expériences auxquelles il l’a soumise étant enfant, et lorsque nous voyons père et fille ensemble, quelque chose sonne faux. Jack semble un père idéal alors qu’il est haïssable. Les scénaristes pensent que le public d’Alias, submergé d’informationss et d’évènements, ne s’en souvient plus, c’est dire le respect qui est porté au dit public !

On maudit les lavages de cerveaux qui nous imposent Vaughn ! A quoi bon le tuer pour nous l’imposer dans des rêves et des flash back. C’est quelque part la preuve que Thomas Grace ne s’est pas imposé. Avec ce procédé, on a presque un épisode clip. L’héroïne n’est plus en état de jouer, alors on pioche dans les archives. La sauvagerie de Jack n’a rien à envier à Prophète 5 ou au SD6. On le voit trancher l’oreille de De Santis avec sadisme. Elodie Bouchez n’est pas vraiment assez dure pour le rôle, elle semble bien trop gentille pour exprimer la férocité de son personnage.

Si nous n’avons droit qu’à des retours en arrière parce que Jennifer Garner est enceinte, le reste de la saison va être pitoyable ! Et puis nous infliger à nouveau un Michael Vartan qui n’est plus au générique, quelle pitié ! Redonnez nous Lauren qui nous manque tant en fantôme si vous voulez faire revenir les morts. De plus, l’image des flash back est granuleuse comme sur une VHS usée jusqu’à la corde. Côté qualité de la photo, on se croirait dans « le projet Blair witch ». L’épisode centré sur les rêves rappelle celui du « Prisonnier » : « ABC » qui était loin d’être une réussite.

Pour peu qu’il ait eu une journée difficile, le téléspectateur qui regarde l’épisode risque de tomber dans la somnolence. En guise d’horizon, c’est un véritable somnifère et un appel à tomber dans les bras de Morphée. Et puis, le couple Vartan/Garner nous inflige à nouveau les geignardises que l’on croyait terminées. On a envie de dire à Sydney : « Et Danny, tu l’as oublié ? Il est pourtant la cause de ta haine de Sloane ».

Un épisode pour rien, dont les scénaristes ont volé leur salaire. Dans un épisode de « Walker Texas Ranger », le héros se retrouvait plongé dans le passé au Far West. Eh bien, nous en sommes tombés à ce niveau. C’est aussi mauvais que la série de Chuck Norris. Il ne transparaît aucune émotion à l’image, seule la musique de Michael Giacchino mérite d’être sauvée de ce fatras.

Chère, douce et magnifique Elodie Bouchez, ne t’aventures plus dans des terres où tu nous montres les limites de ton talent bien mieux exploité au cinéma que dans cette série savonnette. Il est pénible d’écrire cela mais elle joue comme un cochon. Devenue une « gentille », Renée perd toute crédibilité. Dans certains plans, arme au poing aux côtés de Jack, on dirait Marie Fugain dans « Navarro » !

L’identité du chef de Prophète 5 nous est révélée et ce n’est pas une grande surprise.

Il n’y a pas eu de saison 3 aux « Envahisseurs » de ce cher David Vincent, mais on se dit que ce n’est peut être pas plus mal : on aurait pu nous faire quelque chose comme la saison 5 de « Alias », et on en frémit d’horreur rien que d’y songer.

La critique de Clément Diaz



Le scénario de Josh Appelbaum et André Nemec repose sur une idée à double tranchant. Enlevée par Prophet Five, Sydney bataille contre une hypnose régressive pour ne pas leur avouer une information. L’épisode est un faux clip-show : on retrouve des extraits d’épisodes précédents, mais à chaque modifiés, avec des dialogues traduisant la lutte de Sydney contre le processus. Les scènes de souvenirs, accumulées, finissent par lasser, mais la tension demeure toutefois, avec le point de rupture de Sydney toujours en menace d’être atteint. Un double twist final couronne le tout, et la mystery box est à nouveau enclenchée : qu’est-ce que « L’Horizon » ?

Enceinte de huit mois, Sydney prend quand même l’avion pour dire bonjour à Renée. Que Jennifer Garner ait joué Electra au cinéma est finalement cohérent, on dirait vraiment une superhéroïne dans Alias ! Renée, tueuse au grand cœur, manque de panache. Elle a beau démolir un fourgon et tuer DeSantis (après un remake d'une certaine scène de Reservoir Dogs par un Jack énervé) ; à force de s’adoucir, elle finit par ressembler à Sydney qui a déjà une successeure (Rachel). Heureusement, Kelly Peyton/Amy Acker donne le change : effraction, flingues, strangulation, combinaisons de cuir (pas limitées aux bottes), elle est une lethal weapon humaine.

Sous l’effet de la drogue, Syd se souvient de moments avec Vaughn, le chef de Prophet Five cherchant une information qu’il lui a fournie... dans Opération tonnerre six ! On remonte loin ! Chaque scène d’épisode précédent met en scène Vaughn (en fait le subconscient de Sydney) encourageant Syd à tourner la page, à le « laisser partir » avant qu’il ne divulgue l’information. Toute à sa joie de le revoir, Sydney a du mal à se contrôler (comme Sloane voulant rester dans son paradis imaginaire dans In Dreams…). Les ruptures de ton, l’étrangeté des scènes sont fascinantes, mais leur direction aléatoire nuisent à l’ensemble. Le conflit entre réalité et imaginaire est toutefois bien rendu. Les plus finauds auront deviné le premier twist, mais comme d’habitude, les deux suivants le sont beaucoup moins ! L’échiquier des forces en présence s’agrandit soudain, nous sommes laissés sur le fil du suspense.

Les infos supplémentaires 

La participation de Michael Vartan à cet épisode est dû à un plébiscite des fans.

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10. PORTÉE DISPARUE
(S.O.S)

Scénario : J.R.Orci

Réalisation : Karen Caviola

Résumé

Une taupe à la CIA a intercepté le SOS de Sydney. Aussi, Jack Bristow décide de former une cellule de crise pour sauver sa fille sans que la CIA soit au courant. Eric Weiss de l’intérieur de Langley prête main forte au groupe. Un des sept dirigeants de la CIA est complice de Prophète 5. Jack apprend que sa fille est détenue sur un cargo en Atlantique Nord. Le chef de Prophète 5 est la mère de Sydney, Irina.

La critique de Patrick Sansano



Cette fois, l’APO attaque la CIA. Un peu comme si au sein de la DGSE française, une bande de pieds nickelés décidaient de s’autogérer en toute indépendance. Toute cette expédition ressemble à une farce de carabins. Enceinte jusqu’aux yeux, Sydney n’est plus du tout crédible une seconde dans les scènes d’action. On se demande si elle ne va pas accoucher en menaçant  Kelly. Le retour d’Eric Weiss est plus anecdotique d’autre chose. Tout au plus aide-t-il le groupe lors d’une péripétie. Nous nageons désormais en plein surréalisme.

Nous suivons la logique abracadantesque des précédents opus. Plus personne ne comprend rien dans Alias, mais tout le monde s’en fiche. On court, on prend des hélicoptères, et on réfléchit après. Le scénario est devenu une coquille vide. Il est vrai qu’à force de surenchérir dans l’incroyable, plus rien ne tient la route. Le script atteint l’indigence complète. Notons par exemple ce dialogue. Dixon retrouve Sydney attachée au fond d’un cargo, elle demande « Mon bébé va bien ? », l’autre qui n’en sait rien du tout lui répond « Ne t’en fais pas, ça va aller ».

Tant qu’à jouer, Jennifer Garner est maintenant sur des fauteuils et des civières. Désormais, ce n’est plus la seule Nadia qui joue alitée mais aussi Sydney. Cet épisode se déroule dans une confusion totale au point qu’il ressemble à ce qu’aurait donné le tournage durant une grève générale. La mise en scène en roue libre est inexistante, les comédiens, surtout Victor Garber qui s’agite dans tous les sens, semblent livrés à eux-mêmes. On comble les trous d’un scénario gruyère par des coups de théâtre de plus en plus improbables. Au lieu de répondre aux questions légitimes que le téléspectateur se pose, on échafaude une nouvelle intrigue à partir du tristounet Thomas Grace qui s’est tellement fait discret que l'on a oublié son existence.

C’est mal joué, mal filmé, mais l’important est qu’on livre un épisode de plus à la chaîne ABC. Alias a inventé la série fast food, sitôt consommée, sitôt oubliée.

La critique de Clément Diaz



Le scénario de J.R.Orci lance nos héros dans une course à l’abîme qui ne laisse pas en repos le spectateur pendant la première demi-heure. Cet épisode furieux, malgré sa proximité avec le finale de la série, continue de multiplier mystères et fausses pistes. L’incroyable invasion de la CIA par des agents… de la CIA est une des missions les plus réussies de la série (peut-être même la meilleure !). La recherche du traître haut placé donne des scènes au suspense cravaché, et le troisième acte, bien que plus modéré, maintient la tension sur les objectifs de Prophet Five, tout en ouvrant un arc sur Thomas Grace.

Sydney, sur le point d’accoucher, doit encore assommer des gardes, échapper à la fielleuse Kelly (Amy Acker est la révélation de la saison, indubitablement), jusqu’à ce que la nature la rattrape et la fasse s’effondrer. Mais en attendant, on est au théâtre avec les duels psychologiques entre les deux femmes, avec en prime un autre double jeu (on ne change pas les bonnes vieilles habitudes !). Jennifer Garner se donne tout entière pour assurer des scènes difficiles dans son état. L’invasion de la CIA par l’APO est un des plus grands moments de la série. Chaque membre de l’APO court, se cache, joue son rôle, dans un plan d’une ingéniosité formidable parfaitement chronométré. Transpirations en pagaille ! Une scène aussi forte voit les 7 directeurs de division de la CIA tous convoqués par Jack qui sait qu’une taupe est parmi eux. La tension explose totalement pendant cet affrontement dans lequel Victor Garber exacerbe au maximum la fureur et la violence de son personnage.

Le feu d’artifice n’a toutefois pas lieu, Prophet Five évacuant les lieux avant l’arrivée de la cavalerie. On se console avec ce nouveau mystère : pourquoi l’organisation terroriste s’intéresse-t-elle tant au bébé de Sydney ? Et pourquoi Thomas, face au meurtrier de sa femme, le laisse-t-il en vie et lui demande d’appeler le « Cardinal » ? Encore un double jeu ? Ou un règlement de comptes avec le passé ? Avec tant d’arcs ouverts, Alias lorgne déjà vers Lost, tout en maîtrisant avec soin sa mécanique. S.O.S. quoiqu’il en soit, compte parmi les sommets de cette dernière saison.

Les infos supplémentaires

Nous apprenons que Sydney est née le 17 avril 1975.

L’épisode nous permet de revoir James Handy dans le rôle de Devlin, que l’on avait perdu en cours de route.

On apprend que la femme de Thomas Grace a été assassinée et qu’il recherche le tueur pendant sa mission à l’APO.

Dernier changement de générique. Élodie Bouchez (Renée Rienne) n’est plus créditée au générique, devenant simple personnage récurrent. Elle est ici créditée en tant que « spécial guest star »… mais c’est une erreur car elle n’est pas présente dans cet épisode ! Amy Acker (Kelly Peyton) est créditée au générique après cinq épisodes en tant que personnage récurrent.

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11. INSTINCT MATERNEL
(MATERNAL INSTINCT)

Scénario : Breen Frazier

Réalisation : Tucker Gates

Résumé

Irina Derevko achève froidement Jeffrey, la taupe de la CIA. Il semble exister une autre taupe à la CIA, mais l’APO ignore que Sloane trahit encore cette fois pour sauver sa fille. Irina se rend auprès de Sydney.


La critique de Patrick Sansano



Dans Alias, les méchants se comportent comme les gamins d’une école maternelle. Ils sont méchants, se repentent, sont punis mais font des promesses de redevenir gentils, puis récidivent. Régulièrement, Sark, Irina, Sloane, se repentent. Puis redeviennent les ennemis numéros uns de la planète et du monde civilisé, c'est-à-dire des USA. Combien de fois Irina s’est elle repentie ? Quant à Sydney, comment tient elle encore debout à ce stade de la grossesse ? Dixon lui fait d’ailleurs la réflexion.

Lena Olin revient faire ses minauderies devant Jennifer Garner. La comédienne est devenue une caricature de ce qu’elle était lors de sa première apparition dans la série (début de la saison 2), ce qui n’était déjà pas brillant. D’ailleurs, chacun des comédiens semble s’ennuyer. Revoir la famille Bristow complète  est pathétique tant les trois acteurs jouent faux. A ce stade, il n’y a plus rien à sauver dans Alias.

Thomas Grace et Rachel débitent des banalités sur la mort de la femme de l’agent. Jack dit qu’il va retuer son ex femme. En fait, les gentils n’ont pas compris qu’il faut couper la langue des méchants, car ils s’en sortent toujours en parlant et en professant des mensonges à chaque fois plus énormes. L’humour devient ici involontaire, par exemple lorsque Sydney a des contractions ce qui empêche Jack de rendre sa fille orpheline. Ce qui pourrait relever de la Comedia dell’arte ailleurs tient ici du très mauvais feuilleton. On a déjà vu cent fois cette scène, Irina essayant d’aider ceux qu’en fait elle a tenté de tuer.

On a atteint un tel niveau de médiocrité que plus personne ne peut réanimer Alias, même pas Ron Rifkin. La platitude des propos échangés est abyssale. « Hélène et les garçons aux pays des espions » ne serait pas pire. La saison 5 d’Alias est du vide télévisuel fimé. Grande révélation d’Irina : « Je n’ai jamais voulu avoir d’enfant ». On s’en serait douté. Puis, Irina se repend à nouveau. Tuez là tout de suite s’il vous plaît. Ah et puis, le cliffhanger est affligeant.

Comment une telle ânerie a pu tenir l’antenne cinq saisons, c’est là le vrai mystère d’Alias, bien plus que le secret de Rambaldi.

La critique de Clément Diaz



Plein retour d’Irina Derevko ; on était prêt à sabler le champagne, semble-t-il ! Patatras, c’était sans compter sur Breen Frazier qui commet le crime de détruire tout le personnage, en la réduisant à une mère traîtresse incapable d’amour ; soit l’inverse de la savante ambiguïté qui faisait son charme. Conséquence : toute la mission déjà catastrophiquement écrite voit son intérêt réduite à néant. L’accouchement de Syd tombe au plus mauvais moment, médiocrement filmé, et est d’une niaiserie absolue. Seul le cliffhanger, un des plus spectaculaires de la série, est à sauver.

Devlin, le directeur de la CIA, paralyse l’APO par ses investigations. Ses membres doivent donc faire le système D pour effacer toutes les traces compromettantes de la mission illégale des Bristow. A ce titre, Rachel et Sloane par leur duperie improvisée, et Dixon et Renée par leur méthode très efficace pour faire parler un suspect (en voilà un qui prendra plus de voiture de sitôt) décrochent les meilleures scènes.

Tout cela n’est qu’anecdotique tant l’intrigue des trois Bristow (quatre désormais) est un massacre total (accent italien contrefait compris, digne des pires nanars). Une fois sa trahison éventée, Irina se perd dans des dialogues abscons, révélateurs d’une personnalité n’ayant plus rien à voir avec ce que l’on savait d’elle. Le personnage surjoue son côté méchant. La scène où elle balance horreurs sur horreurs à sa fille en train d’accoucher constitue un bel exemple de cruauté gratuite, sans justification. Tout le personnage est trahi, rendant la mission d’une stupidité sans limites. On en rajoute avec Rambo, euh avec Jack démolissant à lui tout seul l’équipe de Kelly - qui nous gratifie d’un délirant tir de bazooka - ainsi que Kelly elle-même (Amy Acker est toujours en grande forme). C’est précipité, pas crédible, c’est le niveau zéro de la série. Avec la longue scène de l’accouchement, on atteint un summum dans la crétinerie, une des plus funestes ruptures de ton dans un épisode. On termine sur une bonne blague d’Irina, et le cliffhanger qui brouille une fois de plus les cartes de la série. Insuffisant pour faire oublier un tel passage à vide.

Les infos supplémentaires

La sublime Amy Acker est désormais présente au générique de début. Mieux vaut tard que jamais.

Superbe erreur de la VF : dans les crédits post-générique, Drew Goddard est mentionné en tant que « productrice »… sauf que c’est un homme !

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12. L'ÉLUE 
(THERE IS ONLY ONE SYDNEY BRISTOW)

Scénario : Drew Goddard

Réalisation : Robert M.Williams Jr.

Résumé

Vaughn est toujours vivant dans un monastère en Asie. Sloane rejoint l’Alliance dont les membres se montrent à visage découvert. Sydney a eu son enfant, une fille, Isabelle. Grièvement blessée dans l’épisode précédent, Kelly est en pleine santé et vient proposer un marché à Anna Espinosa qui croupit en prison.


La critique de Patrick Sansano



Bradley Cooper depuis son départ d’Alias est devenu une vedette de cinéma. On se demande bien pourquoi il a accepté de revenir jouer Will Tippin. Comme Rachida Dati, Sydney est une adepte des congés maternité abrégés. A l’exception de Lauren et Fran, tous les morts ressuscitent. Mieux vaut prendre le parti d’en rire. L’heure est aux grandes déclarations du style de celle de Sydney à son bébé : « Je veux juste rendre le monde plus sûr pour que tu puisses vivre plus tranquille le reste de ta vie ». Après Marx et Nietzsche, le troisième grand choc du critique aura été Sydney Bristow. En 1980, un livre prétendait que Jim Morrison était toujours vivant, et l’on entend ici « Riders on the storm ». Que peut-il arriver désormais dans Alias si ce n’est d’apprendre que Morrison sort chaque nuit de sa tombe du père Lachaise, que le Président Kennedy n’a jamais été assassiné – ce devait être sa doublure – qu’Elvis est toujours vivant et que Nessie, le monstre du Loch Ness a décidé de se cacher au fond du loch pour mieux faire apprécier son come back en 2033, cent ans après sa première apparition.

Alias est devenu un monument de bêtise. Ce n’est même pas de la science fiction qui respecte elle des codes.

Ici, on a greffé une bombe dans la tête de Will Tippin. Anna Espinosa peut ainsi continuer à garder la main. La page 47 d’un ouvrage de Rambaldi servira de monnaie d’échange. A l’heure du débat sur la vente libre du canabis en France, on se rend compte que les scénaristes d’Alias n’ont pas attendu cette loi pour fumer avant d’écrire. Les suspenses sont devenus du style « J’arrête la bombe qui est dans ta tête trente secondes avant l’ultimatum ». C’est de la mauvaise bande dessinée dont ni Marvel ni DC Comics n’oserait proposer les planches.

Bradley Cooper devenu bankable au grand écran devrait passer sous silence sa participation à Alias.

Quant aux cliffhanger, c’est la compétition pour faire le plus idiot possible.

La critique de Clément Diaz



Le fait de devoir terminer sous peu la série a-t-il découragé les scénaristes ? La cinquième saison est bardée d’atouts narratifs, mais ils ne parviennent plus à en exploiter un seul. Pour fêter le 100e épisode, Drew Goddard convoque deux revenants : Will Tippin et Anna Espinosa, mais dans une intrigue risible, entre scènes mièvres et suspense de série B. Confrontée à son annulation prochaine, Alias cesse subitement de développer de nouveaux horizons (Rachel et Tom font tapisserie), et pour trouver un finale faisant le lien avec les cinq saisons, se voit obligée de revenir aux sources Rambaldiennes, laissées en sommeil depuis le finale de la saison 4. There is only one Sydney Bristow est en fait l’épisode de transition, celui qui va lancer l’arc final de cinq épisodes du deuxième « projet ultime » de Rambaldi. Une transition avouons-le très ennuyeuse, mais qui montre que les auteurs savent où ils vont.

Pour sa dernière apparition, Gina Torres nous montre le plaisir communicatif qu’a Anna à lutter contre sa meilleure ennemie (ah, son traditionnel baiser sur la vitre !). Bradley Cooper est toujours aussi charmant, mais son personnage est beaucoup moins bien exploité que son précédent retour dans Remnants (saison 3). Il est ici une simple victime, un McGuffin, soient des adieux à la série bien pitoyables pour lui. Le scénario est un gigantesque pétard mouillé : la mission de Minsk enchaîne les situations routinières en mode automatique, on retient juste la baston Anna-Sydney-Will. Sloane rencontrant la Nouvelle Alliance qui paraît bien fadasse ne sert juste qu’à répéter ce qui a déjà été dit dans la première scène. Toutes les scènes de Sydney avec son enfant s’enlisent dans la guimauve (malgré une Jennifer Garner plus juste dans son jeu). Il n’y a cependant pas à s’étonner si Kelly paraît frais comme un gardon : un mois s’est déroulé entre les deux épisodes, elle a eu le temps de récupérer.

L’éblouissante Anna ne peut pas grand-chose pour sauver la lamentable intrigue du train, qui abuse de grosses ficelles (Will arrive pile au bon moment, Syd retrouve le détonateur dans l’eau). Le spectacle de Sydney roulée dans un fluide rouge donne plus à rire qu’autre chose. Le cliffhanger est prévisible, avec le procédé usé jusqu’à la corde du projet Hélix (encore !). Un échec sur tous les fronts.

Les infos supplémentaires

Will Tippin dit ne plus avoir vu Sydney depuis deux ans. Il va se marier, mais avec une peintre et non avec la ravissante Jenny.

Dernière apparition de Gina Torres (Anna Espinosa). Anna est toutefois présente dans les deux épisodes suivants, grâce au projet Hélix.

L’enfant que Jennifer Garner a eu le 1er décembre 2005 du comédien Ben Affleck s’appelle Violet Rose.

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13. 30 SECONDES
(30 SECONDS)

Scénario : Alison Schapker et Monica Breen

Réalisation : Frederick E.O.Toye

Résumé

Sydney dans un train a été  aspergée par un produit chimique qui a été récupéré par le groupe Prophète 5.  Cela  a servi à transformer le visage et le corps d’Anna Espinosa en parfait sosie de Sydney.  Pour sauver sa fille avec une invention de Rambaldi, Sloane doit provoquer l’arrêt du cœur de sa fille Nadia. Il lui injecte l’antidote et elle revient à la vie.

La critique de Patrick Sansano


Bond/Pierce Brosnan disait dans « Demain ne meurt jamais » à Elliot Carver : « Votre télévision nous met déjà suffisamment à la torture ». Il devait sans doute parler par anticipation d’Alias ! Plus que cinq épisodes avant le dénouement.

Cette fois, contente que sa sœur soit revenue parmi les vivants, Sydney défend Sloane. Il est dommage que la saison 5 soit passée par une tornade d’invraisemblances qui tuent désormais toute émotion.

Dans Alias, un type préfère se pencher sur un vieux papier de 500 ans plutôt que de coucher avec Elodie Bouchez. Dans Alias, on peut être transformé en zombie mort vivant avec les yeux rouges, il suffit qu’on vous tue et vous administre une piqûre pour que vous redeveniez comme avant. Ce n’est pas de la science fiction, c’est du J J Abrams. Lorsqu’il n’y a pas de porte dérobée pour fuir, on peint les contours d’une porte et on fait exploser le mur qui découpe l’équivalent d’une porte. A force de prendre des vessies pour des vessies, on voit des lanternes partout. On ne serait pas étonné outre mesure de voir des fers à repasser volants et des éléphants roses surgir dans le décor.

Arvin Sloane, dans les épisodes récents, a trahi l’ APO et tout sacrifié pour sa fille, et le voilà reparti à la recherche du temple du soleil, comme Tintin.  Enfin du trésor de Rambaldi, c’est pareil. La construction du personnage a été destructurée. On n’y croit plus.

Ron Rifkin, Elodie Bouchez, Mia Maestro ont du talent, on note leurs noms, on les reverra ailleurs. Ainsi le double drame qui survient dans cet épisode, nous privant de deux merveilleuses comédiennes, ne parvient pas à nous émouvoir. Trop de balises ont été dépassées, les vagues de l’océan ont effacé sur le sable la belle histoire  que certains ont tenté d’écrire. Alias n’est plus qu’un produit hybride, recyclage de multiples choses vues ailleurs en mieux. Arvin Sloane se comporte comme un pantin ayant perdu la raison. A partir de bases qui n’étaient pas mauvaises dans le pilote de la saison 1, et d’un retour en grâce en début de saison 4, le récit qui ne peut ni se rattacher aux sagas de la science fiction face Stargate, Star Trek ou Star Wars, ni aux as de l’espionnage comme James Bond, a fait définitivement sombrer l’édifice. Il ne reste plus qu’une chose à faire : arrêter le massacre et annuler la série.

La critique de Clément Diaz



Le finale de la série commence véritablement ici. Les ténèbres envahissent l’épisode, avec la mort de deux personnages importants. La marche vers la catastrophe est inéluctable. On le sent non dans l’intrigue insipide pondue par le duo Schapker-Breen, qui file à la vitesse d’une tortue handicapée, mais dans le personnage de Sloane. Le Destin est d’une dureté terrible pour ce personnage qui a cru jusqu’au bout à sa rédemption : le drame injuste qui le frappe le fait définitivement basculer dans la folie ; il est redevenu l’esclave de Rambaldi. C’est pour les splendides performances de Ron Rifkin et de Mia Maestro que l’on regardera l’épisode.

Le Big Big Bad des premières saisons est devenu la victime d’un destin qui lui refuse pardon et rédemption. Il a joué sa vie, sa liberté, son honneur, a mis de côté son funeste appétit pour Rambaldi, pour sauver sa fille chérie. Ce retournement a beau être surprenant, il a été savamment amené par les auteurs et par le talent du comédien. Son coup de poker initial, à deux doigts d’être gâché par Jack, instaure une vraie tension, même si le spectateur sait que Rambaldi ne peut qu’avoir raison et n’est pas surpris du réveil de Nadia. Au terme de tels changements, voir Nadia se désintéresser de lui est un coup qui le blesse profondément, et le pousse à revenir à Rambaldi. Le revirement de Nadia sera hélas tardif, et mène à l’horrible séquence de la page 47, au sadisme violent. Double peine : aucun de ceux que Sloane aime ne saura qu’il avait vraiment changé, ils croiront qu’il aura été pourri tout le long. Sloane, perdu, passe de l’autre côté de la barrière, moins par méchanceté que par instinct de survie : il doit trouver une raison à l’événement qui sans quoi le traumatiserait définitivement. Cette raison, c’est la deuxième quête ultime de Rambaldi, qui le mènera à sa perte. Mia Maestro est bouleversante à chaque scène, tandis que Rifkin met à nu son personnage avec son succès habituel. Son revirement final n’en est que plus fort.

Le reste se noie dans des allers-retours mous, des scènes guimauve avec Nadia et le bébé de Sydney (les bébés, fléaux éternels des séries télé), une quasi absence d’action. Élodie Bouchez se force beaucoup pour jouer la femme fatale, mais y parvient quand même. La scène d’invasion de Koller renoue avec la dinguerie passée de la série. Mais tous les allers-retours des membres de l’APO n’aboutissent qu’à des actions sans effet, ou des dialogues stériles. Toutefois, il est clair qu’Alias s’engage dans la dernière ligne droite, avec l’élimination choquante d’un personnage en pleine mission. Un scénario médiocre, sauvé par Sloane et quelques moments-chocs.

Les infos supplémentaires

Nadia nous révèle qu’elle est restée 12 mois dans le coma.

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14. SIXIÈME SENS
(I SEE DEAD PEOPLE)

Scénario : Andi Bushell & J.R.Orci

Réalisation : Jamie Babbit

Résumé

Nadia a jeté au feu la page 47 de Rambaldi. En poussant sa fille pour récupérer l’artefact, Sloane l’a tuée accidentellement, la  jeune femme s’étant plantée le verre d’une fenêtre dans le cou. Se trouvant face à celle qu’elle a prise pour Sydney, Renée a été égorgée par Anna Espinosa. Sloane vite consolé de la mort de sa fille a rejoint Prophète 15. Renée avait dans son corps une puce contenant le vrai nom de Vaughn.

La critique de Patrick Sansano


Positivons : Elodie Bouchez a quitté la galère. Certes, elle va avoir la mauvaise idée de jouer dans « The L Word », mais au moins nous allons retrouver cette ravissante et talentueuse comédienne dans des films censés. Ce qui semblait « vraisemblable » dans « Chapeau melon et bottes de cuir : Interférences » avec Christopher Lee et son double est stupide ici. Il y avait déjà assez d’une Sydney, en voilà deux, avec en plus la même voix (en VF). On peut dire ce qu’on veut de Gina Torres, elle était crédible en méchante, pas Jennifer Garner. Quant à la résurrection de Vaughn, on s’en serait allègrement passé. Pourquoi ne pas avoir gardé le personnage mort et marié Sydney avec Will Tippin ?  La distribution se vide des bons comédiens, ne nous laissant qu’Amy Acker et Ron Rifkin. Le face à face Jennifer Garner vs Jennifer Garner est ridicule.

Avec son talent très limité, Michael Vartan n’est pas convaincant une seconde au Népal en Lazare retrouvant sa dulcinée (en fait Espinosa). C’est non seulement mal joué mais pitoyable. Adorable en méchante, Amy Acker compose une Kelly cruelle et le doit à un personnage bien écrit.

Magnifique scène entre le fantôme de Nadia et Sloane. C’est la seconde fois, après son épouse Emily, que l’homme est confronté à un spectre d’un être cher. Mais Nadia (pour notre plus grand plaisir, il en reste peu dans Alias), est plus longuement présente.

A aucun moment, le sosie de Sydney ne provoque la terreur comme celui de Fran jadis. Jennifer Garner ayant fait des progrès en Sydney, on lui demande ici l’impossible. Une comédienne plus confirmée confrontée à un script stupide n’aurait pas forcément fait mieux.  Le procédé qui fait que des microfilms, puces et autres soient contenus dans le corps de gens à leur insu a vécu. C’est du réchauffé.

Les vraies retrouvailles Vaughn/Sydney n’ont absolument rien de bouleversant.  L’apparition de Sark ne nous surprend pas. Un épisode interminable. L'émotion est aussi palpable que le froid papier glacé de "Jours de France".

La critique de Clément Diaz



Alors qu’elle parcourt les derniers mètres, la série retrouve son énergie. Le scénario d’Andi Bushell et J.R.Orci (définitivement un des meilleurs scénaristes de la série), est une grande course-poursuite à perdre haleine reposant sur Vaughn, en danger d’être tué à tout instant par Anna Espinosa dès qu’il ne sera plus utile. De son côté, Sloane achève sa transformation en génie du mal irrécupérable, rendu fou par la mort de sa fille et Rambaldi. Les apparitions d’un fantôme sont classiques dans une série américaine (y compris celles non-fantastiques, comme Dallas et Californication), et celles de Nadia inspirent à la fois fascination et frissons.

L’épisode capitalise beaucoup sur les efforts d’Anna Espinosa en Sydney dans le but de leurrer Vaughn. Il est certes agaçant de voir Anna brûler la voiture de Sydney sans vérifier sa mort ensuite, permettant à notre héroïne de la poursuivre ; mais on est vite happés par la machine à suspense. Chaque étreinte entre Vaughn et la fausse Sydney rend mal à l’aise. L’idée certes pas nouvelle, mais toujours délirante des puces se trouvant dans les corps de Renée et Vaughn, outre qu’elle permet une opération chirurgicale qui fait trembler, prolonge avec succès la tension. La résolution à Hambourg, lorsqu’Anna met en joue Vaughn, entraîne un duel mortel dans lequel nous voyons « Sydney » et Vaughn combattre mortellement (bien plus fortement que dans Nocturne). On ne peut s’empêcher de rire en sachant comment Vaughn a eu des soupçons : une idée qui n’est pas sans rappeler celle de The hungry goblin, le dernier roman de John Dickson Carr. C’est là qu’on se rend compte que finalement, c’est très difficile d’imiter l’amour de quelqu’un… Certes, Sydney et l’APO retrouvent Anna assez miraculeusement, mais il en faut plus pour ne pas être pris dans la tornade.

Sloane, consumé par Rambaldi qui lui a tout pris sur cette Terre, est méconnaissable. Il est redevenu un méchant sans foi ni loi, qui dépasse en noirceur tout ce qu’il a pu nous offrir jusque-là. Il n’agit pas comme un fou, mais il est visible qu’il l’est. Ses regards, ses paroles qu’il adresse à une Kelly Peyton impressionnée, font aussi peur que son dialogue avec le fantôme de Nadia. Mia Maestro change totalement de registre ; outre qu’elle est vraiment sexy dans sa robe noire, elle incarne la mauvaise conscience de Sloane, le poids de tous ses crimes. Elle lui parle d’un ton dur, grinçant, ironique, avec un sourire qui fait mal à chaque fois. Sloane, enfermé dans sa démence, n’est pas atteint par ses piques acerbes. Leur duel spirituel est éprouvant et terrible à la fois. Son double jeu, au demeurant prévisible, paraît donc bien anecdotique à côté. Ron Rifkin repousse encore les bornes de son jeu, ce qu’on aurait pas cru encore possible. Quelle performance ! Et puis, hourra, Sark est de retour et devrait jouer pleinement son rôle lors des épisodes finaux. Le cliffhanger est excellent, Sydney plongeant gaîment dans la gueule du loup. Avec autant d’atouts, Alias se dirige vers une sortie certes accélérée, mais bien digne de tout ce qu’elle nous a apporté. Tout juste regrettera-t-on que l’annonce de l’annulation de la série ait mis sur la touche le duo Rachel-Thomas (et Renée dans une certaine mesure).

Les infos supplémentaires

Vaughn démasque définitivement Anna car cette dernière ne savait pas que lui et Sydney ne sont jamais allés à Carthagène… sauf qu’ils y sont bel et bien allés dans 48 heures (saison 2) ! Messieurs les auteurs, relisez-vous !

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15. SANS RANCUNE
(NO HARD FEELINGS)


 

Scénario : Sam Humphrey

Réalisation : Tucker Gates

Résumé

In extremis, Sydney a sauvé Vaughn en tuant Anna Espinosa. Sydney rejoint Kelly en se faisant passer pour Anna. Sloane trahit Prophète 15 avec Sark. Marshall pense que Thomas Grace est un traître. La prophétie de Rambaldi continue à Rome dans un monastère.

La critique de Patrick Sansano

 
Nous apprenons que Jack Bristow a organisé la fausse mort de Vaughn pour le sauver. Ce n’est pas l’idée la plus brillante qu’il ait eu. Sans le père de Sydney, nous serions (peut être) débarrassés de ce personnage stéréotypé.  Bon, Vaughn est de retour, ce qui souligne l’inutilité totale du tandem Rachel/Thomas qui d’ailleurs n’a pas réussi à s’imposer. Le fait que Thomas soit ou non un traître nous laisse froid. De toute façon, la cruche Venus Smith 2006 Rachel est toujours aussi transparente. La série sent le brûlé et l’annulation est imminente.  David Anders ne manque pas de répartie et il aurait fait un excellent Vaughn. Cela restera une belle erreur de casting.

Le script ne suit aucune cohérence. Rambaldi a caché une fleur dans un endroit qui depuis sa mort a été transformé en pénitencier. Que l’artefact ait résisté et soit encore trouvable est impossible. Autant Rifkin était crédible en sacrifiant tout pour sa fille, autant son attitude actuelle mériterait une interprétation de fou halluciné. Mais n’en voulons pas à ce grand comédien. C’est son 103e épisode en Sloane et il en a marre. Nous aussi. Toutes les scènes dans la prison relèvent de l'incroyable. On y entre et sort comme dans un moulin. Les scénaristes sont partis laissant les comédiens improviser. Bad Robot sous estime les prisons romaines qui ayant accueilli ou accueillant toujours la mafia, la Camora et les brigades rouges sont autrement plus sécurisées.

Cet épisode a tout du Da Vinci Code. Rambaldi évoque Nostradamus et autres illuminés. Dan Brown étant passé de mode, la série a pris un sacré coup de vieux.  L’intrigue secondaire sur l’assassinat de la femme de Thomas Grace ne nous sort pas de notre léthargie. A force de croiser les arcs scénariques, on obtient une confusion générale. La partie familiale du couple Sydney-Vaughn sonne le glas de l’aventure. On comprend que cela va être leur avenir. Imagine-t-on le couple continuer à jouer aux indiens aux quatre coins de la planète avec perruque, fausse barbe, écouteurs et instructions de Dixon et Marshall ?

La critique de Clément Diaz



Peu à peu, le puzzle infernal de Rambaldi s’emboîte avec une précision mortelle. Sloane est une bombe à lui tout seul : fureur, démence, excitation, douleur… il donne un poids géant à l’intrigue. Samantha Humphrey mène l’action avec vivacité, mais ne peut éviter quelques facilités dommageables. Quant à l’intrigue secondaire de Thomas et Rachel, elle est un piètre lot de consolation pour les personnages : plus tôt dans la saison, on aurait pu s’y intéresser, mais l’attention du spectateur s’est déportée sur Rambaldi, et il n’a donc plus envie de s’intéresser à la vengeance de Tom, malgré les excellents Rachel Nichols et Balthazar Getty.

Après une course-poursuite remplie d’émotions fortes (Kelly détruisant l’émetteur, Marshall piratant le feu rouge), le spectateur suit avec plaisir les confrontations de Sydney contre Sark et Sloane qui croient avoir à faire avec Anna. Avec Sark, on est dans des allures de comédie : il sert encore de punching-ball. David Anders est toujours aussi régalant en vilain flegmatique, qui fait les actions les plus folles comme s’il faisait des courses : qu’il fasse sauter un café, ou fasse semblant de s’empoisonner, c’est toujours avec son style inimitable. C’est d’ailleurs lui qui a la réplique de l’épisode (Tu as de la chance que je reste pas longtemps, sinon je t’aurais arraché la langue et étranglé avec !). Jennifer Garner continue son double rôle avec entrain, mais son personnage commet l’erreur de sous-estimer l’affection que Sloane avait pour elle, en prétendant avoir tué Sydney lâchement. Sloane, furieux que celle qu’il considérait comme sa fille ait péri de cette façon, ne veut ni plus ni moins qu’exécuter Anna ignorant qu’il s’agit de Sydney (vous suivez toujours ?).

D’ailleurs, sa tentative de strangulation provoque des sueurs froides. Sloane est décidément un personnage d’une ambivalence sans limites. Son coup de téléphone final glace le sang instantanément, et perturbe une coda qui serait restée dans le sucré sucré (bébé Isabelle est presque aussi boulet que le William des X-Files). La mission du pénitencier souffre cependant de la trop grande facilité avec laquelle Sloane, Sydney, Sark, et Vaughn entrent et sortent sans être inquiétés. Quant à la scène où Sydney découvre la rose de Rambaldi (twist !!), sa teneur Fantastique est un peu lourdingue, malgré le talent du vétéran Jack Donner.

La vengeance de Thomas, enfin détenteur de la vérité sur la mort de sa femme, paraît donc sans intérêt à côté. D’ailleurs, tout est bouclé en quelques minutes (on termine par une explosion, évidemment), rendant l’émotion voulue inopérante. Balthazar Getty fond avec adresse la froideur de Thomas, et Rachel Nichols est tout à son aise dans le désir de Gibson de l’aider. On sent qu’elle a secrètement des sentiments pour lui, mais dans Alias, les doux rêves sont rares, elle en aura la sanglante démonstration dans l’épisode suivant. Problème : nous ne sommes plus intéressés que par la Mythologie, qui condamne toute autre histoire à l’oubli. Titre antiphrastique, No hard feelings est un épisode très noir.

Les infos supplémentaires

L’emprisonnement d’Anna après la trahison de Sark a duré un an.

L’italien de Sark, sans accent tonique, est incompréhensible. En parlant ainsi, les policiers italiens l'auraient tué.

Depuis quand un pénitencier est-il mixte hommes femmes ?

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16. LE DERNIER ÉLÉMENT
(REPRISAL)

Scénario : Monica Breen et Alison Schapker

Réalisation : Frederick E.O.Toye

Résumé

Sloane a deviné que Sydney n’est pas Anna. Aux quatre coins du monde, l’APO traque les membres de Prophète 5. Sloane convainc Kelly et Sark de trahir Prophète 5.

La critique de Patrick Sansano



On sent que la fin de l’édifice Alias est en chemin. Conclure cinq saisons aussi inégales, partant dans toutes les directions, n’est pas chose aisée. Et puis le couple Rachel-Thomas  et leurs amours naissantes arrivent un peu tard dans la série pour que le sujet soit développé. Toutefois, une bonne surprise nous attend. Ron Rifkin se réveille et redevient le Sloane du pilote, l’homme froid et sadique qui a ordonné la mort de Danny. Finis les états d’âmes et les fantômes d’Emily et Nadia, le mal à l’état pur est en face de nous. Il enlève Marshall et Rachel. Ron Rifkin en Sloane est un croisement de James Mason dans « La mort aux trousses » et de Donald Pleasence dans « On ne vit que deux fois ». Le prince du mal est de retour pour un ultime combat. Né en 1939 et tournant depuis 1966, Rifkin a tellement fait de télévision que son chemin n’a pas croisé  Hitchcock, James Bond, Batman, Star Wars, Hannibal et pourtant il a échoué cinq ans dans une série médiocre qui le méritait pas. La grosse erreur des scénaristes n’aurait-elle pas été de faire parfois de Sloane un « gentil » ?

Le bon côté de cet ignoble personnage, c’est Nadia, qui revient en fantôme, hanter sa conscience. « Marshall a ce que tu n’as pas, un cœur ». Sloane est un méchant génial car il n’a pas le côté caricatural de tant de ses confrères. Il connait le bien, il connaît le mal, et il fait son choix délibérément. Nous comprenons, lors du dialogue avec sa fille revenante, que Sloane est devenu fou. Ce qui ne fonctionne pas dans Alias, c’est que Rifkin joue (à quelques exceptions près dont Mia Maestro et Amy Acker) avec des acteurs qui n’ont pas son talent. A force de dominer les autres, il est comme un champion de tennis qui jouerait avec des amateurs qui ne renverraient pas la balle. Si nous avons un final en beauté, nous le devons entièrement à Ron Rifkin. Ne parlons pas de sa confrontation avec l’exécrable Rachel Nichols à côté de laquelle Jennifer Garner est une grande comédienne.

Arvin Sloane, comme il l’a fait avec Danny  Hecht, commande froidement l’exécution de Marshall avec lequel il a travaillé pendant des années. Ce dernier ne devra la vie (spoiler) qu’au soutien gorge de la cruche.

Sloane en réalité est un monstre d’égoÏsme, on s’en rend compte quand il tue accidentellement sa fille, sa Rambaldimania est plus forte que l’amour pour sa fille. L’ex chef du SD6 est semblable à un gamin capricieux qui ne veut pas que l’on touche à ses jouets. C’est un être profondément associal. Il ne vit que pour son obsession. Il devait sacrément s’ennuyer pour quasiment tomber amoureux de Rambaldi, qui constitue pour lui un jeu pour adulte.

Dans un sens, Sloane est plus respectable qu’Irina, Sark ou Jack Bristow, qui agissent pour des buts strictement pécuniers ou liés au pouvoir. Il n’arrête pas, dans les contacts avec Nadia, de parler de sa foi. Sloane a la foi mais c’est une croyance dans le mal absolu.

On regrettera qu’une série au budget conséquent comme Alias nous inflige des scènes de montagne qui évoquent le carton pâte à plein nez. Heureusement arrive la confrontation Sydney/Sloane qui permet encore à Rifkin un grand numéro d’acteur. Menacé, il renvoie à Sydney son passé avec Emily. De diable, il devient le père protecteur. Comme jadis Christopher Lee dans Dracula, Sloane est plus séduisant en représentant du mal que tous les boy scout qui défendent la civilisation et le bon droit. Sloane est vraiment subversif, parce que quelque part, il y a une part diabolique en nous, que nous refoulons (heureusement !).  Sloane, lui, l’assume.

La critique de Clément Diaz



L’épisode le plus éprouvant de la série.

Après avoir tué Renée et Nadia dans 30 seconds, Monica Breen et Alison Schapker taillent à la hache : un épisode sanglant, où les menaces de mort et les morts elles-mêmes s’accumulent à un tempo effréné. Sloane, au-delà des limites de la folie, détruit tout ce qui se dresse autour de lui : les insubmersibles Prophet Five et APO partent en fumée par la mégalomanie terrifiante du personnage. In extremis, Thomas Grace, reçoit un rôle en or massif, par un douloureux sacrifice héroïque. Cela ne rend que plus amer sa romance avec Rachel, brisée dans l’œuf. L’intrigue du jour provoque un stress permanent, alors que l’énigme Rambaldi va enfin être résolue. Un scénario addictif et d’une cruauté hallucinante, qui lance le dernier épisode sur les meilleurs rails possibles. Les cliffhangers, véritable série dans la série, sont représentés une ultime fois, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils finissent en beauté !

L’intro a un côté 007 (vodka-martini inclus) avec nos agents aux quatre coins du monde pour espionner les 12 membres de Prophet Five. Une perspective amusante, surtout lorsque Sydney descend en rappel de l’immeuble. Toutefois, il est clair que le personnage principal d’Alias n’est plus Sydney, mais bien Sloane. C’est lui qui conduit tout l’épisode. Il est prêt à tout pour son but, jusqu’à apparaître soudainement devant Sydney, et jouant sur ses sentiments pour convaincre Marshall de collaborer. Comme d’habitude, Marshall et Rachel ont plus d’un tour dans leur sac (connaître les livres pour enfants peut vous sauver la vie). Carrie Bowman est parfaite en renfort, tandis que la situation des deux kidnappés prend aux tripes, lorsque Sloane décide leur exécution sans battre un cil. Heureusement, un soutien-gorge est souvent utile pour s’évader… Kevin Weisman passe en mode héroïque pour la première et dernière fois de la série ; il se débrouille plutôt bien, tandis que Rachel Nichols est toujours à la hauteur. Le tragi-comique voyant Thomas répéter la même erreur avec Rachel qui a coûté la vie de sa femme est bien mis en exergue. Quant à Sark, ses faux élans de romantisme envers Rachel sont toujours aussi fondants. Un pourvoyeur de vannes hors pair !

Le face-à-face entre Sloane et Sydney dans la caverne du mont Subasio est une des images les plus puissantes que l’on puisse voir. La foi dévorante et destructrice de Sloane, rendue par un Rifkin qu’on croirait shooté à la coke, est comme un rouleau-compresseur pulvérisant tout sur son passage ; même Sydney, sa pire ennemie, chancelle devant tant d’écrasement. La mort héroïque de Thomas, se sacrifiant pour sauver des milliers de vies, touche au plus profond, et on est solidaire du chagrin de Rachel, voyant un drame de plus dans sa vie. Balthazar Getty sort par la grande porte, sacrifié sur l’autel de la nécessité de conclure une Mythologie à laquelle il était étranger. La fulgurante évacuation générale est contrepointée à l’exécution vite fait bien fait des 12 membres de Prophet Five par une Kelly Peyton aussi dingo que Sloane (qu’Amy Acker n’ait pas été une adversaire de 007 est une énigme aussi obscure que celle de Rambaldi). Le tout harmonisé avec la tirade de Sloane. Un vaste ensemble dramatique bien maîtrisé par l’équipe technique.

Le sens caché de la prophétie de Rambaldi est un maître coup de la part de Breen et Schapker, qui entraîne l’ultime cliffhanger de la série, à vous faire bondir du canapé !

Les infos supplémentaires

La caméra ne nous fait voir que 11 personnes sur la liste des 12 de Prophet 5 ! Il est dit que l’un des membres de Prophète 5 s’appelle McMullen. Luke McMullen est le scénariste de l’épisode Sloane & Sloane (saison 4) !

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17. UN SENTIMENT D'ÉTERNITÉ
(ALL THE TIME IN THE WORLD) 

Scénario : Jeff Pinkner et Drew Goddard

Réalisation : Tucker Gates

You beat death Arvin. But… you couldn't beat me !

Résumé

Thomas Grace, qui se sentait responsable de la mort de sa femme tuée à sa place, s’est suicidé en restant près d’une bombe installée par Sloane dans un métro de Los Angeles.  Kelly a mitraillé les 12 membres de l’alliance Prophète 5. Sloane a tenté de tuer Sydney au moment de trouver le Graal en la projetant dans un gouffre. Sloane se procure des missiles. Il veut détruire deux métropoles. Il s’est réfugié en Mongolie. On a quelque mal cependant à croire à une ambiance d’apocalypse lorsque Sark et Sloane se retrouvent plein de poussière dans les souterrains. Devenu irrémédiablement fou devant le repaire de Rambaldi, le mégalomane dialogue avec le fantôme de sa fille décédée et se félicite qu’elle partage cet instant. Il ne fait plus la différence entre rêve et réalité.

La critique de Patrick Sansano



L’épisode commence par un flash back sur l’enfance de Sydney avec son père, lors de l’annonce de la mort d’Irina. Ces images sont mises en parallèle avec la réanimation de Sydney par Vaughn. Ensuite, puisque les producteurs ont décidé de finir en beauté, nous voyons en flash back le recrutement de Sydney par le SD6.

Kelly s’en sort à bon compte, arrêtée par l’APO et la torture qu’elle subit (spoiler) est bien minime par rapport à celles qu’elle a infligées à Marshall. Sark file avec la sphère qu’il veut porter à Irina. Sloane abat Jack Bristow dans une scène qui mêle le présent et le passé (l’annonce de la fille disant qu’elle rentre au Crédit Dauphine, en fait le SDI6). Il est à son tour abattu par Sydney qui venge ainsi Danny. L’homme tombe dans une cavité remplie d’un liquide rouge provenant d’une sphère de Rambaldi. Irina veut lancer les missiles sur Washington et Londres. Le final avec les satellites et les bombes ressemble à un James Bond. Tandis que Sloane revient d’entre les morts, étant désormais immortel, nous assistons à l’affrontement entre Sydney et sa mère. Un flash back nous rappelle le moment où Sloane nomme Sydney officier de terrain au SD6. Le combat entre Sydney et sa mère fait frémir, lorsque l’on voit Irina vouloir occire sa progéniture avec un gros morceau de verre. La série prend un tour dramatique lorsqu’Irina décide de commettre un infanticide. Sark, ayant reçu une balle dans le genou, se révèle un pleutre et neutralise les missiles.

La partition de Michael Giacchino connaît alors des envolées lyriques. Jack se suicide en faisant exploser le refuge de Sloane, le condamnant à jamais à l’emprisonnement derrière une montagne de pierres. Irina choisit à son tour une forme de suicide en refusant d’être sauvée et en se fracassant dans le vide. Sydney se console dans les bras de Sloane, elle est orpheline. Le fantôme de Nadia rejoint la mort, laissant son père qui ne peut plus bouger hurler de desespoir, ayant toute l’éternité devant lui. Quelques années plus tard, Isabelle a grandi. Dixon rend visite au couple. Sydney tient un petit Jack dans ses bras. Sark continue de sévir, il s’est enfui et Dixon vient chercher le couple pour reprendre du service. Isabelle a les mêmes talents que sa mère pour assembler des éléments en bois.

« Alias » reste l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Une série qui dure cinq ans alors qu’une saison (ou deux à la rigueur) en auraient fait une série culte. Il y a trop de personnages. On prend aussi le téléspectateur pour un imbécile. Jack devient un saint alors que c’est un salaud qui a pratiqué des expériences sur les enfants (à la façon de ce qui arrive à Jarod dans « Le Caméléon »). Irina est un personnage mal écrit, elle torture - première rencontre - puis tente de tuer sa fille. Elle a préféré le pouvoir à la fibre maternelle qu’elle n’a jamais eu. La série comporte des aberrations en cascades, avec ses personnages qui meurent et renaissent cent fois. Alias a récupéré tout ce qu’il y avait de mauvais dans les séries d’espionnage : le côté déjanté des saisons en couleur des agents très spéciaux, les excès des James Bond de l’ère high tech Brosnan. On oscille sans cesse entre réalité et fiction, entre un pseudo réalisme souligné par des scènes larmoyantes, et un grand pas dans l'incroyable, illustré par des cascades invraisemblables.

Sydney, le personnage principal, aurait pu être une fantômette de son époque, mais elle quitte très vite cette double vie pour se consacrer à plein temps au métier d’espionne. Le choix de Jennifer Garner s’avère assez rapidement catastrophique, même si elle fait quelques progrès en saison 5. En fait, le seul élément positif de la série est Arvin Sloane qui aura été jusqu’au bout de son rêve cauchemardesque. Plus subtil que Sydney, il sait se faire agneau pour mieux déguiser sa nature de loup prédateur.

En cinq saisons, on oublie beaucoup de personnages et de situations en cours de route puisque chaque saison repart sur un arc narratif différent. Lorsque l’on regarde les dernières images de l’ultime épisode, on n’a aucune envie de revoir cette intrigue à tiroirs qui a révélé tous ses secrets. C’est une série fast food, à la différence d’un Code Quantum que l’on peut revisionner à l’infini. Si l’on peut se laisser aisément tenter de revoir X Files, Stargate SG1, Medium, Buffy ou Supernatural, Alias est un kleenex. Il ne sert qu’une fois. Le feuilleton nous laisse en mémoire une immense confusion, le souvenir de tant de personnages, mais au final le sentiment d’un immense gâchis, et d’une qualité de série américaine qui quelque part s’est perdue. Après la grande restauration que constituaient tant de séries mythiques, des incorruptibles aux envahisseurs, de Columbo à Kojak, la télévision américaine a inventé la série Hamburger Mc Do. « Alias » en restera le triste exemple de référence.

La critique de Clément Diaz


 

L’ordre de la production de ramener le nombre d’épisodes de la saison de 22 à 17 a forcé les scénaristes à accélérer à l’excès les intrigues en cours. Nadia meurt peu après avoir été ressuscitée, la relation Rachel-Thomas commence et se finit dans un même épisode, l’intrigue de la femme de Thomas est vite close, Prophet Five est détruite en quelques minutes, le puzzle de Rambaldi se rassemble avec hâte... les derniers épisodes sont une cavalcade précipitée qui laisse bien des regrets en chemin. Le finale de la série pâtit de même d’un tel coup d’accélérateur. Mais envers et contre tout, Jeff Pinkner et Drew Goddard ont réussi à bâtir un finale satisfaisant, où chaque personnage reçoit à la onzième heure son juste salaire. La Mythologie Rambaldi est de plus close avec succès.

Nous savions depuis longtemps que le deuxième objectif ultime de Rambaldi était l’immortalité. Si l’on regrette que Kelly Peyton et Rachel Gibson partent en cachette (la seconde torturant la première avec un serpent), les comédiennes nous quittent sur une bonne note : Amy Acker en jouant l’effroi, Rachel Nichols par la dureté, deux sentiments originaux pour les personnages ! Même chose pour Marshall/Kevin Weisman, nous quittant devant son éternel ordinateur.

Le choix des scénaristes d’entrecouper la dernière intrigue par des flash-backs relatant plus en détail les moments clés de la vie de Sydney avant le pilote (coucou inattendu de Merrin Dungey en passant), a le défaut de ne rien nous apprendre d’important, de croquer du temps à un épisode qui en a besoin, et de rompre la tension de l’ensemble.

Mais plus que la Mythologie, achevée avec force, Pinkner et Goddard réussissent le plus difficile : trouver une fin idéale à (presque) chaque personnage. Sloane, désormais inatteignable, voit son excitation poussée au firmament lorsqu’il pénètre dans le monumental caveau de Rambaldi (impressionnant décor, très bien filmé par Tucker Gates) qu’il a cherché depuis 30 ans. Près du but, il ne laisse personne s’approcher, et va de plus en plus crescendo dans la folie cupide. On sursaute quand Sloane, pour forcer Sydney à se rendre, abat froidement Jack, et qu’il est tué en retour par une Sydney vengeresse… sauf qu’il tombe dans le liquide rouge de « l’Horizon » qui le ressuscitera et lui donnera la vie éternelle, signant là son triomphe d’avoir achevé le « endgame » de Rambaldi.

Les scènes du tombeau sont vraiment saisissantes. Les adieux déchirants de Jack mourant à sa fille, qui part pour arrêter Irina, sont à fendre l’âme. Jack, personnage intérieurement bon et extérieurement mauvais, a des adieux dignes de lui. Sa tirade ultime à l’adresse de Sloane, à qui il n’a jamais pardonné le chagrin qu’il a fait à sa fille, est un grand moment de télévision, avant l’explosion finale qui condamne Sloane au pire châtiment possible pour un être humain. Cette chute géniale avait certes déjà été exploitée par Rod Serling dans l’Escape Clause de La Quatrième Dimension, mais elle est ici encore plus cruelle que l’original, Sloane n’ayant pas la « clause de désistement ». La dernière apparition de Nadia, à laquelle Mia Maestro donne tantôt un enthousiasme volontairement faux, tantôt une froideur tranchante, est la pointe finale de sadisme. On peut être un peu gêné de cette fin, car Sloane a maintes fois prouvé qu’il pouvait être bon et altruiste, et qu’un funeste destin l’a autant conduit là que ses mauvaises actions. Mais Alias n’a jamais fait dans la demi-mesure, c’est ce qui fait sa force (et ses limites).

Sark tombe le masque : malgré ses perpétuelles rodomontades (sa réflexion sur les chaussures à 500$ est hilarante), il est un méchant qui veut être LE méchant, mais qui ne le sera jamais. A ce jeu-là, il est écrasé par Sloane et Irina. La vantardise de Sark est en réalité un masque, un masque qu’il porte pour être du côté des gagnants. Il a des scrupules à causer un génocide, et le fait moins par envie que pour être dans le camp des winners. Ça se voit quand il s’effondre devant le pistolet de Vaughn, dans une magistrale dernière scène de compte à rebours. Belle sortie pour David Anders, un acteur jouant un méchant qu’on adore… ne pas détester. Bien immoralement, Sark ne tirera aucune leçon de l’histoire et poursuivra son destin capricieux.

Irina résout non sans mal son dilemme. Son affrontement final avec Sydney nous vaut de la part de Lena Olin un spectaculaire chant du cygne. Irina a toujours aimé sa fille, elle ose le répéter aux portes de la mort. Mais son drame est d’aimer davantage le pouvoir, symbolisé par Rambaldi. Entre sa fille et le prophète, elle choisit le prophète. Il est donc juste que sa sortie soit à l’image de son choix : elle refuse la main tendue de sa fille, symbole de vie, pour attraper « L’Horizon », symbole de pouvoir… et de sa chute (aux deux sens du terme). Un final en forme d’apothéose, soutenu par l’orchestre passionné de Michael Giacchino.

Le happy end fait se terminer cette série tragique, de bruit et de fureur, sur une note élégiaque. Marshall est heureux en famille, le chaleureux Dixon a reçu une promotion, et Sydney et Vaughn, après tant d’épreuves et de souffrances, goûtent enfin une (semi) retraite bien méritée. Le clin d’œil terminal, petit cadeau des auteurs, nous indique que si Isabelle pourrait devenir une nouvelle Sydney, son geste final balaye toute possibilité de répétition de l’histoire (heureusement pour elle !). Un carton de l’équipe remercie le spectateur, et… fin. Une fin hâtive, inaboutie, qui laisse quelques regrets, mais dans l’ensemble parfaitement maîtrisée. Étant donné le contexte difficile de sa fin, la série a su trouver un final à la hauteur de sa (dé)mesure.

 

CONCLUSION : Ainsi s’achève Alias. Comme tout artiste digne de ce nom, J.J.Abrams et ses fidèles lieutenants ont pris des risques immenses, portés par le désir de faire quelque chose de nouveau, d’inédit dans l’histoire du petit écran. L’unanimité était impossible : l’univers fantasmagorique d’Alias nécessitait une totale adhésion du spectateur, y compris à ses concepts les plus délirants. Le moindre n’étant pas la systématique redistribution des cartes narratives à chaque moitié de saison. Cette série a voulu au contraire faire perdre son spectateur dans les délices de son labyrinthe babylonien. Un labyrinthe narratif d’un divertissement survitaminé, sophistiqué au plus haut point, dont le but est de faire vivre au public le frisson d’aventures improbables. Un parti pris qui est à l’origine de la séparation du public entre détracteurs et admirateurs. Ce dossier espère vous avoir donné, grâce aux critiques de Patrick Sansano et de votre serviteur, des pistes pour comprendre cette série. Une série révolutionnaire, qui a mélangé l’espionnage et le Fantastique, pour un résultat que l’on trouvera génial ou exécrable selon les goûts, mais à coup sûr étonnant.

Les infos supplémentaires

Comme dans les pilotes des saisons d’Alias, il n’y a pas de générique dans cet épisode.

Ultime hommage bondien : « All the time in the world » rappelle « We have all the time in the world », réplique que dit James Bond devant le corps de Tracy, sa jeune épouse assassinée.

Balthazar Getty est mentionné au générique alors que son personnage, Thomas, est mort.

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Images capturées par Patrick Sansano.