5. À l'air libre (Out of the Box) 7. Fait accompli (Fait Accompli) 14. Sixième sens (I See Dead People) 15. Sans rancune (No Hard Feelings) Scénario : Alison Schapker et Monica Breen Réalisation : Ken Olin Résumé La critique de Patrick Sansano Pas de générique comme dans un pilote. Horreur, Mia Maestro n’y est plus. Joie, notre compatriote, Elodie Bouchez (« La vie rêvée des anges ») arrive, mais joie de courte durée car son personnage ne lui va pas du tout . Le nouveau retournement de situation (Vaughn agent double) nous laisse un peu sceptique : pourquoi n’a-t-il pas attendu d’épouser sa belle pour tout lui révéler ? L’ambiance de l’épisode rappelle la série « Le fugitif ». Marshall l’insubmersible est toujours présent. Ce n’était pas indispensable. A la 25e minute, on pousse un grand ouf : Ron Rifkin, le meilleur comédien d’Alias, est de retour. Mais il ne fait qu’une apparition. Nous apprenons que Nadia est dans le coma. Après le final apocalyptique de la saison 4, on a l’impression de se trouver dans une autre série. Confrontés à des évènements dramatiques, Vaughn et Sydney n’ont plus ce côté insupportable et gnan gnan qui a tant gâché la série. Un nouveau danger se présente en la personne du chef du FBI Gordon Dean (Tyrees Allen) qui se révèle un traître de plus. On le voit trop peu cependant pour lui donner des qualificatifs élogieux, et cet emploi dans la série entre dans une catégorie où beaucoup se bousculent au portillon. Les sœurs Derevko, Sark, Lauren Reed, Zhang Lee dit le dentiste, Anna Espinosa, bien sûr aucun n’égalant le mal incarné, Arvin Sloane. Objectivement, le script est bien écrit (on ne se croirait d’ailleurs pas dans « Alias », c’est dire). Il n’est plus fait allusion à Rambaldi. On part sur un nouvel arc, tout aussi fantastique. Cet épisode est le départ vers une nouvelle et dernière aventure. C’est l’ultime saison. Le pilote est une réussite. La critique de Clément Diaz
L’épisode s’enchaîne immédiatement au précédent : Michael Vaughn (Mr. André Michaux désormais) est enlevé, et Sydney, bien que blessée par l’accident, trouve quand même la force de s’évader, tuant deux faux policiers au passage (superbe scène de poursuite dans les hauts champs). Les ressemblances volontaires entre notre agent et les superhéros de comics prennent de plus en plus d’ampleur, participant à la fantasmagorie quintessencielle de la série. L’accumulation massive d’événements qui frappe notre duo semble sans limite, assurant à l’histoire un moteur qui semble inépuisable : l’évasion audacieuse de Vaughn (Michael Vartan joue une de ses meilleures prestations, grâce à un jeu grave très bien calculé), le méga coup de bluff de Sydney contre le pain in the ass Gordon Dean - successeur indéniable de Kendall et Lindsey - qui se révèle être plus qu’un pain in the ass (excellent Tyrees Allen). L’entrée en scène stupéfiante de la torride Rachel Gibson en assoiffée de sexe - comment Vaughn réussit-il à repousser ses avances ? - est également à relever. La belle comme Dean nous régalent de deux doubles jeux inattendus (ça fait combien de doubles jeux depuis le pilote là ?), et encore, on est pas au bout de nos surprises. La grande nouvelle qu’apprend Sydney en pleine fuite des méchants, renoue avec les grandes révélations massives de nos auteurs chéris. Le lien entre Prophet 5 et Rambaldi est implicitement mentionné : on n’en a pas fini avec le génial prophète du XVe siècle ! Le mystère entourant l’apparent double jeu de Vaughn/Michaux est crédible, malin ; on est loin de l’explication pathétique de la réapparition d’Irina. On apprécie aussi Dixon acceptant de faire aveuglément confiance à Syd alors que tout est contre elle et Vaughn. Nos auteures sont en pleine forme… jusqu’à ce que Vaughn reçoit une rafale de chevrotine en plein cœur. A partir de là, l’épisode s’égare dans l’irréalisme : que Vaughn ne meure pas immédiatement est déjà bien exagéré, mais surtout nous subissons plein de dialogues vaseux (serments d’amour à n’en plus finir, soutien moral répétitif…), et une séquence d’hôpital qui dure, dure, dure, jusqu’à la lassitude. Ou comment gâcher un excellent scénario qui avait réussi le plus difficile. La coda fait entrer en scène Renée Rienne. La saison 5 n’a pas encore fini de dévoiler tous les enjeux, mais jusque-là, on a plutôt confiance. La suite ! Les infos supplémentaires Michael Vartan (Michael Vaughn), après 4 saisons en tant que personnage régulier, n’est désormais plus crédité au générique, rétrogradant au statut de personnage récurrent. Greg Grunberg (Eric Weiss) et Mia Maestro (Nadia Santos) ne sont plus également au générique, devenant aussi personnages récurrents. Trois nouveaux acteurs apparaissent au générique : Rachel Nichols (Rachel Gibson), Elodie Bouchez (Renée Rienne), et Balthazar Getty (Thomas Grace). Ce dernier n’apparaît toutefois pas dans cet épisode. Un nouvel acteur s’ajoutera au générique à partir de l’épisode 10. En plus du statut d’actrice principale, Jennifer Garner devient également productrice de la série. Quant à Ken Olin, il devient l’unique réalisateur à avoir tourné dans les cinq saisons.
Scénario : J.R.Orci Réalisation : Frederick E.O.Toye Résumé Depuis sept ans, Vaughn et une certaine Renée Rienne travaillent sur un projet génétique, le projet Prophète 5. Mais Vaughn a été tué et enterré. Quatre mois plus tard, Sydney, tentant de surmonter sa douleur pour son enfant à venir, trouve à Londres la fameuse Renée, qui a tué trois agents de la CIA et un ambassadeur. La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Sloane, en prison, semble définitivement passé du bon côté de la barrière. Le voir exprimer ses condoléances à Sydney qui a laissé de côté sa haine donne une scène touchante et rare. Curtis, campé par le majestueux David Marshall Grant, est un Big Bad qui a toutes les qualités requises : ironie, méchanceté gratuite, mégalo, joueur… Sydney a besoin de toute l’aide de Dixon et Weiss pour le vaincre. La scène chez Roemer juxtapose une excellente scène d’action avec la séquence d’interrogatoire, où Curtis tient tête avec une morgue insoutenable aux questions du trio. Quel splendide vilain ! Sydney quant à elle, a des envies de femme enceinte très particulières (défenestration de suspects). L’action a la part belle dans cet épisode, on ne s’ennuie pas lorsque notre Élodie Bouchez nationale - dans un déguisement de folie évoquant les plus colorés de Sydney - fait équipe avec notre héroïne pour une trépidante introduction. Et encore lors du règlement de comptes dans l’avion, et son rebondissement qui rend encore plus terrible cet invisible Prophet Five. Curtis sort de scène avec un suicide héroïque d’un effet spectaculaire. Le double twist final précipite Alias une nouvelle fois dans des contrées Fantastiques à faire trembler. Thomas Grace fait son entrée, relativement anodine malgré sa bagarre initiale. Mais cette tête brûlée s’épanouira un peu dans les épisodes à venir. Les scènes d’émotion sont magnifiquement assurées par Jennifer Garner. Son personnage traverse depuis longtemps une crise de confiance, ne pouvant combler le vide laissé par la disparition de Vaughn, se mêlant à la joie d’être bientôt mère. Quel changement chez l’actrice ! Victor Garber, tout en sobriété, est une présence réconfortante. Ajoutons l’apparition de la toujours sensuelle Rachel Nichols. Tout marche dans cet épisode enlevé. Les infos supplémentaires Eric Weiss obtient une promotion et va travailler à Washigton. Départ de Greg Grunberg (Eric Weiss) de la série. L’acteur souhaitant s’investir dans d’autres projets. Il ne reviendra qu’une fois : dans l’épisode Portée disparue. Michael Vartan s’absente temporairement de la série à partir de cet épisode, mais c’est toujours sa voix qui présente les flash-backs récapitulatifs des épisodes (« Previously on Alias »). Nouveau changement de générique : cette fois, tous les acteurs réguliers sont représentés à l’écran, contrairement à Jennifer Garner seule dans la saison précédente. La musique de J.J.Abrams reste inchangée. Scénario : Breen Frazier Réalisation : Tucker Gates Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Errant dans sa solitude, Sydney est en pleine détresse. Le travail devient alors pour elle un moyen de tenir le coup, soit l’exact inverse quand elle était agent double. Bien calculé ! Selon une bonne vieille tradition, Sydney partage la défiance initiale du spectateur face à Grace, remplaçant de Vaughn, aussi fonceur que loup solitaire (la scène de la poursuite en voiture en donne une idée). Balthazar Getty est très bien dans le rôle, mais est engoncé dans un personnage monolithique. On a plus d’empathie pour Rachel Gibson, personnage fragile devant faire face à l’effondrement de son monde. La scène de révélation est très bien dialoguée, et n’a pas peur de prendre son temps. Sa peur et son abnégation mélangées sont visibles quand elle trahit Dean sous ses yeux. Mais le danger ne vient pas de lui, mais de la bonne copine, Kelly Peyton, auquel Amy Acker impose une fausse douceur très judicieuse. La scène où elle tombe le masque la rend aussi sinon plus redoutable que Dean, c’est dire ! Le suspense monstrueux de cette scène très longue est parachevé par une utilisation judicieuse de la pyrotechnie. Rachel Nichols est très convaincante, et on attend de la voir plus sur le terrain. Sloane court après un remède pour sa fille. Seul son vieil ami Alexander (Jack Laufer, très charismatique) peut le lui donner. Le scénariste est très inspiré pour les scènes Dixon-Sloane, mais que dire du twist final, d’une intensité orageuse, dans laquelle Sloane fait face à la mort avec un courage impressionnant : une pépite Hitchcockienne, qui fait de cet épisode un nouveau rendez-vous à ne pas manquer. Les infos supplémentaires Entrée en scène du dernier personnage principal de la série : Kelly Peyton, jouée par Amy Acker. Elle sera créditée à partir de l’épisode 10 au générique. Amy Acker fut une des candidates malheureuses au rôle de Nadia Santos. Scénario : Drew Goddard Réalisation : Frederick E.O.Toye Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Agent « d’arrière-garde », Rachel n’a pas l’expérience du terrain. Une vérité rentrant en conflit avec sa volonté d’être la plus active possible à l’APO pour réparer son allégeance involontaire à Dean. Rachel Nichols est très émouvante dans son dilemme. Gibson fait l’apprentissage difficile du vrai métier d’espion (sentiments à la corbeille, stress permanent). De ce côté, cette saison se dirige intelligemment vers une fin prévue à l’origine, avec le passage de témoin entre Sydney et elle. Une fin malheureusement passée sous silence à cause de l'annulation prématurée de la série. A Prague, elle doit revenir sur les lieux où moururent ses amis. La fenêtre ouverte sur les moyens tordus imaginés par les paradis fiscaux est également à relever, avec cette banque mouvante qui braque des flingues sur les clients, et au protocole paranoïaque. Toutefois, c’est la deuxième mission qui nous intéresse le plus, avec Sydney en future maman bling-bling qui triche au casino. Mais le suspense explose à la puissance 1000 quand Sydney et Rachel sont toutes deux piégées dans une voiture suspendue à 60 mètres du sol !! Dean et Peyton dirigent la danse, et le suspense qui s’étire en longueur, fait se hérisser le poil ! Le dénouement sonne comme une libération, y compris pour le spectateur ! Sloane va bientôt être définitivement condamné, lui qui semblait avoir retrouvé le chemin de la rédemption. Mais on lui offre de faire un pacte avec le Diable (dont on ne sait encore de qui il prendra les traits) contre sa libération. On admire le personnage qui ne nie en aucun cas ses crimes passés, mais exprime son désir de changer. Aussi convaincant en repenti qu’en Big Bad, Ron Rifkin continue d’impressionner. Encore un épisode réussi ! 5. À L'AIR LIBRE
Scénario : Jesse Alexander Réalisation : Jay Torres Résumé La critique de Patrick Sansano
Quant à Sloane, il devient l’otage de plus méchant que lui. C’est infiniment regrettable pour ce magnifique personnage de salaud intégral. Heureusement, à l’inverse de la somnolence irreversible de Rachel Nichols, Ron Rifkin se réveille et reprend rapidement sa place de meilleur méchant de l’histoire des séries américaines. Il lui suffit d’une scène, jouée toute en subtilité, avec un plan A portant sur l’émotion, un plan B sur la menace, pour redonner à Sloane ses galons. Rachel Nichols joue tellement faux qu’elle devient une sérieuse prétendante pour le razzie de la pire actrice d’Alias. La distribution finirait presque par faire ressortir le fade Carl Lumbly comme un bon acteur. Kevin Weisman a l’air de s’amuser comme un fou en Marshall. Avec l’obstination qu’il a manifesté depuis le début, en tant que personnage inutile, ce clown pas drôle semble là uniquement pour meubler quelques minutes et obtenir la durée pourtant réduite de quarante minutes. Il met une conviction inquiétante dans son interprétation d’abruti total. Episode en huis clos se passant plus dans un vieil immeuble de Manhattan qu’à Marseille, nous sommes tout sauf "à l'air libre". Tyrees Allen est un piètre méchant en Dean, qu’il incarne sans conviction comme un pantin. Enfin, la Corée du Nord est ranimée comme repaire des pires criminels de la planète. On se demande bien pourquoi ce régime totalitaire stalinien laisse vaquer à ses occupations une bande de savants fous et de criminels américains aux buts obscurs. Le navire prend l’eau de toutes parts, mais ici les jeux de notre compatriote Elodie Bouchez et de Ron Rifkin sauvent l’épisode du naufrage total.
La critique de Clément Diaz
Le très renommé acteur belge Patrick Bauchau met son talent au service de la série. Son duo avec Elodie Bouchez donne des dialogues en français assez étendus pour une série américaine. Renée est plaisamment trouble : tueuse à gages mais aux points faibles qui l’humanisent, avec notamment sa quête du père. Elle montre ici un visage frêle, sensible ; registre dans lequel Elodie Bouchez est irréprochable. Chaque personnage a une part à accomplir : Grace est l’homme d’action : sorties téméraires, attaques au culot, pour retarder l’ennemi. Sydney élabore des plans de bataille, Renée prend soin de son père, objet des convoitises de l’ennemi. L’impressionnant déploiement de forces de leurs adversaires donne un côté désespéré à la situation. Toutefois, le suspense ne prend pas tout à fait, car les menaces restent suspendues, on ne voit pas l’ennemi avancer. Tout est un peu trop suggéré. Certes, cela rend le coup d’éclat final… éclatant, mais tout ce qui a précédé est un peu mou. Le twist final est vraiment étonnant, débouchant sur un mexican standoff soit la formule de suspense frénétique par excellence. Dans Alias, la fin d’une mission est toujours climatique ! Sloane renoue avec ses démons. Pour satisfaire l’homme qui l’a libéré (twist !), il recourt à un bon vieux chantage des familles. Mais on sent qu’il a changé. Sloane fait chanter la sénatrice dans une séquence d’anthologie : chaque mot est du venin, il alterne poses caressantes et exigences tyranniques... quel numéro ! Mais on le voit aussi mal à l’aise, peiné, à l’idée de redevenir un Big Bad. Sloane ou la rédemption impossible, Ron Rifkin a tout compris à son personnage. Les infos supplémentaires Le générique de fin est réorchestré. Il a désormais une allure plus « JamesBondienne ». Scénario : Jeffrey Bell Réalisation : Jeffrey Bell
- You should've given me the disk.
- You were going to kill me anyway.
- Yeah, but I would have felt bad about it. Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
On est libre d’aimer ou de détester le choix de la saison de déplacer son intérêt de Sydney à Rachel, prenant ainsi des accents de spin-off. Mais on ne peut que saluer le courage de la production à prendre de tels risques pour maintenir à tout prix l’innovation. Adonc, Jeffrey Bell envoie l’inexpérimentée Rachel pour une mission ultradangereuse sur le terrain ; gadgets, couvertures en plein délire… et bataille contre son ancienne meilleure amie inclus ! Sydney joue le rôle de grande sœur auprès de Rachel, qui peine encore à entrer dans le vrai monde des espions. Parallèlement, Sloane est en mode agent triple (!), son duo antagoniste avec Dean est tout en tension. L’épisode est excellent, mais souffre de quelques scènes parlées convenues. Il est intéressant de voir Rachel prendre petit à petit de l’assurance. La première scène où Thomas la forme « à la dure », est difficile pour le personnage, qui doit délaisser toute morale. Sa complicité avec Sydney, sa « formatrice », est ce dont elle a besoin pour tenir le coup. La mission de Bombay est intelligemment écrite, entre humour inattendu (Dixon poursuivant la fiancée du général de déclarations d’amour enfiévrées), superbe exploitation de la grossesse de Sydney… et grosse vague d’inquiétude quand Rachel fuit devant un garde. On enchaîne à la mission en solo de Rachel, qui se fait passer pour une prostituée ! Son look est flashy et criard, contrastant avec sa terreur intérieure. La scène de Janos Vak, suinte d’un suspense débordant. Le gag des déviances sexuelles de Vak permet une simplification inattendue de la situation… re-compliquée quand l’impitoyable Kelly rentre dans la danse. Là, on se dit que Kelly va avaler toute crue sa pauvre ex-collègue (Amy Acker est d’une aisance confondante en tueuse sans conscience). Mais l’énergie du désespoir de Rachel permet un duel trépidant contre elle (toujours utiles les brosses à cheveux fabriquées par Marshall…). Baptême du feu réussi, scénario aussi. Sloane est coincé dans une situation terrible : forcé de trahir les gens qu’il aime, il ne se prive toutefois pas de dire ce qu’il pense à Dean. Devenu un « gentil », Sloane n’en demeure pas moins inquiétant, et Rifkin un comédien surdoué. On finit sur une sorte de cliffhanger : il doit trancher un nœud gordien. Quelle sera sa décision ? Mystère… Les infos supplémentaires Amy Acker qui incarne Kelly est née en 1976. Elle est connue depuis son rôle d’Illyria dans « Angel », le spin-off de « Buffy contre les vampires ». On l’a vue au cinéma dans « Arrête moi si tu peux ». Depuis, c’est une habituée du petit écran : « Dollhouse », « Supernatural », « Person of interest », « Warehouse 13 ». 7. FAIT ACCOMPLI Scénario : Andi Bushell Réalisation : Richard Coad Résumé La critique de Patrick Sansano
Vu sa grossesse, Sydney ne peut plus assurer les combats. Elle est remplacée ici par Renée, jouée par une Elodie Bouchez façon Nikita/Anne Parillaud. La relation entre Sydney et Rachel tourne à une relation sœur/sœur. On en veut à Rachel de prendre la place de Nadia.
La critique de Clément Diaz
Le prélude commence plutôt bien, avec la première mission Sydney-Renée. Élodie Bouchez fait montre de talents de combattante convaincants lors de sa mémorable baston avec le garde, pendant que Sydney rencontre... son ancien professeur d’université !!! Ça, ce sont les petites surprises-clin d’œil tant appréciées de la série. La mission de capture de Dean est une déception : le suspense ne s’active que bien tard, et se résout précipitamment sur une bagarre hâtive (en progrès, Rachel, en progrès). Mais ce qui douche vraiment l'enthousiasme, c’est lorsque Dean est amené à l’APO. La CIA a maintes fois montré ses méthodes d’interrogation musclées contre les criminels (le punching-ball Sark en sait quelque chose), alors pourquoi une méthode aussi ridicule et douteuse que le LSD ? On se croirait revenue aux premiers temps de la série avec une CIA aseptisée. Marshall s’agite beaucoup, mais sans résultat. La scène où Sydney « réconforte » Dean, est hors de propos, d’autant que Tyrees Allen, impeccable jusque-là, tombe dans un surjeu agaçant. Mais l’épisode s’achève sur une bonne note avec un effet de miroir évoquant Opération Tonnerre six (saison 1). De même que Sydney découvrait la grandeur démesurée de l’Alliance, l’APO découvre que Prophet Five est infiltré dans tous les grands gouvernements mondiaux. Encore un ennemi sans nombre à abattre. Et va falloir qu’ils se grouillent, il n'y a plus que dix épisodes ! La bataille de Sloane pour sauver Nadia prend le pas sur toutes ses erreurs passées. On peut voir tout son espoir quand elle se réveille, et son chagrin immense quand elle replonge dans le coma. Sloane a un mauvais destin : chaque fois qu’il sort d’un filet, c’est pour tomber dans un autre plus grand. On sent que ça finira mal (euphémisme). Les infos supplémentaires Lors de la séquence finale, une chanteuse reprend « Your song », le tube d’Elton John.
Scénario : Monica Breen et Alison Schapker Réalisation : Donald Thorin Jr. Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
L’étonnante intro rappelle la vision d’apocalypse de Firebomb (saison 2) avec incinération automatique de chair humaine. A part le fait que Rachel Nichols est toujours aussi fondante ; il n’y a pas grand suspense dans sa mission, notre espionne se contentant de se cacher quand Sark arrive, avant de reprendre tranquillement le boulot. La scène de séduction est riche de dialogues à double sens sur leurs vrais métiers, et leurs étreintes sont agréables à voir (Sark, tu as vraiment bon goût). Dommage que la scène de lit est gâchée par le soutien-gorge de l’actrice, mais bon, c’est une tradition américaine. Ceci dit, l’intrigue piétine. On a également du mal à prendre en sympathie la collègue de Jack, car on a à peine le temps de faire connaissance avec elle. Bon, on a bien un sursaut quand Masari, le méchant, lui flingue la main gauche, mais Masari lui-même ne bénéficie pas d’un temps de présence suffisamment important pour s’imposer. Les bonnes idées des scénaristes sont coincées dans un manque d’organisation. Heureusement, l’imperator Sark remonte à lui tout seul la côte de l’épisode. Quelle élégance, quelle roublardise ! On adore son expression dénuée de surprise quand Rachel et Syd viennent lui faire coucou. Classe en séduction, il trahit son employeur sans aucun scrupule, ne montre aucune appréhension dans son double jeu, et fait preuve d’une grosse vantardise tout le long, même menotté à une bombe. Que ce soit Rachel la débutante qui doit désactiver ladite bombe est synonyme de roulette russe bien intense. Ah, et puis il y’a le final, quand Sark fait un auguste geste princier et galant, so british. Pour un peu, on le verrait comme un héros. Sark confirme sa grande valeur ajoutée à la série. Scénario : Josh Appelbaum et André Nemec Réalisation : Tucker Gates Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Enceinte de huit mois, Sydney prend quand même l’avion pour dire bonjour à Renée. Que Jennifer Garner ait joué Electra au cinéma est finalement cohérent, on dirait vraiment une superhéroïne dans Alias ! Renée, tueuse au grand cœur, manque de panache. Elle a beau démolir un fourgon et tuer DeSantis (après un remake d'une certaine scène de Reservoir Dogs par un Jack énervé) ; à force de s’adoucir, elle finit par ressembler à Sydney qui a déjà une successeure (Rachel). Heureusement, Kelly Peyton/Amy Acker donne le change : effraction, flingues, strangulation, combinaisons de cuir (pas limitées aux bottes), elle est une lethal weapon humaine. Sous l’effet de la drogue, Syd se souvient de moments avec Vaughn, le chef de Prophet Five cherchant une information qu’il lui a fournie... dans Opération tonnerre six ! On remonte loin ! Chaque scène d’épisode précédent met en scène Vaughn (en fait le subconscient de Sydney) encourageant Syd à tourner la page, à le « laisser partir » avant qu’il ne divulgue l’information. Toute à sa joie de le revoir, Sydney a du mal à se contrôler (comme Sloane voulant rester dans son paradis imaginaire dans In Dreams…). Les ruptures de ton, l’étrangeté des scènes sont fascinantes, mais leur direction aléatoire nuisent à l’ensemble. Le conflit entre réalité et imaginaire est toutefois bien rendu. Les plus finauds auront deviné le premier twist, mais comme d’habitude, les deux suivants le sont beaucoup moins ! L’échiquier des forces en présence s’agrandit soudain, nous sommes laissés sur le fil du suspense. Les infos supplémentaires La participation de Michael Vartan à cet épisode est dû à un plébiscite des fans. Scénario : J.R.Orci Réalisation : Karen Caviola Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Sydney, sur le point d’accoucher, doit encore assommer des gardes, échapper à la fielleuse Kelly (Amy Acker est la révélation de la saison, indubitablement), jusqu’à ce que la nature la rattrape et la fasse s’effondrer. Mais en attendant, on est au théâtre avec les duels psychologiques entre les deux femmes, avec en prime un autre double jeu (on ne change pas les bonnes vieilles habitudes !). Jennifer Garner se donne tout entière pour assurer des scènes difficiles dans son état. L’invasion de la CIA par l’APO est un des plus grands moments de la série. Chaque membre de l’APO court, se cache, joue son rôle, dans un plan d’une ingéniosité formidable parfaitement chronométré. Transpirations en pagaille ! Une scène aussi forte voit les 7 directeurs de division de la CIA tous convoqués par Jack qui sait qu’une taupe est parmi eux. La tension explose totalement pendant cet affrontement dans lequel Victor Garber exacerbe au maximum la fureur et la violence de son personnage. Le feu d’artifice n’a toutefois pas lieu, Prophet Five évacuant les lieux avant l’arrivée de la cavalerie. On se console avec ce nouveau mystère : pourquoi l’organisation terroriste s’intéresse-t-elle tant au bébé de Sydney ? Et pourquoi Thomas, face au meurtrier de sa femme, le laisse-t-il en vie et lui demande d’appeler le « Cardinal » ? Encore un double jeu ? Ou un règlement de comptes avec le passé ? Avec tant d’arcs ouverts, Alias lorgne déjà vers Lost, tout en maîtrisant avec soin sa mécanique. S.O.S. quoiqu’il en soit, compte parmi les sommets de cette dernière saison. Les infos supplémentaires Nous apprenons que Sydney est née le 17 avril 1975. Dernier changement de générique. Élodie Bouchez (Renée Rienne) n’est plus créditée au générique, devenant simple personnage récurrent. Elle est ici créditée en tant que « spécial guest star »… mais c’est une erreur car elle n’est pas présente dans cet épisode ! Amy Acker (Kelly Peyton) est créditée au générique après cinq épisodes en tant que personnage récurrent. 11. INSTINCT MATERNEL Scénario : Breen Frazier Réalisation : Tucker Gates Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
Devlin, le directeur de la CIA, paralyse l’APO par ses investigations. Ses membres doivent donc faire le système D pour effacer toutes les traces compromettantes de la mission illégale des Bristow. A ce titre, Rachel et Sloane par leur duperie improvisée, et Dixon et Renée par leur méthode très efficace pour faire parler un suspect (en voilà un qui prendra plus de voiture de sitôt) décrochent les meilleures scènes. Tout cela n’est qu’anecdotique tant l’intrigue des trois Bristow (quatre désormais) est un massacre total (accent italien contrefait compris, digne des pires nanars). Une fois sa trahison éventée, Irina se perd dans des dialogues abscons, révélateurs d’une personnalité n’ayant plus rien à voir avec ce que l’on savait d’elle. Le personnage surjoue son côté méchant. La scène où elle balance horreurs sur horreurs à sa fille en train d’accoucher constitue un bel exemple de cruauté gratuite, sans justification. Tout le personnage est trahi, rendant la mission d’une stupidité sans limites. On en rajoute avec Rambo, euh avec Jack démolissant à lui tout seul l’équipe de Kelly - qui nous gratifie d’un délirant tir de bazooka - ainsi que Kelly elle-même (Amy Acker est toujours en grande forme). C’est précipité, pas crédible, c’est le niveau zéro de la série. Avec la longue scène de l’accouchement, on atteint un summum dans la crétinerie, une des plus funestes ruptures de ton dans un épisode. On termine sur une bonne blague d’Irina, et le cliffhanger qui brouille une fois de plus les cartes de la série. Insuffisant pour faire oublier un tel passage à vide. Les infos supplémentaires La sublime Amy Acker est désormais présente au générique de début. Mieux vaut tard que jamais. Superbe erreur de la VF : dans les crédits post-générique, Drew Goddard est mentionné en tant que « productrice »… sauf que c’est un homme ! 12. L'ÉLUE Scénario : Drew Goddard Réalisation : Robert M.Williams Jr. Résumé
La critique de Clément Diaz
Pour sa dernière apparition, Gina Torres nous montre le plaisir communicatif qu’a Anna à lutter contre sa meilleure ennemie (ah, son traditionnel baiser sur la vitre !). Bradley Cooper est toujours aussi charmant, mais son personnage est beaucoup moins bien exploité que son précédent retour dans Remnants (saison 3). Il est ici une simple victime, un McGuffin, soient des adieux à la série bien pitoyables pour lui. Le scénario est un gigantesque pétard mouillé : la mission de Minsk enchaîne les situations routinières en mode automatique, on retient juste la baston Anna-Sydney-Will. Sloane rencontrant la Nouvelle Alliance qui paraît bien fadasse ne sert juste qu’à répéter ce qui a déjà été dit dans la première scène. Toutes les scènes de Sydney avec son enfant s’enlisent dans la guimauve (malgré une Jennifer Garner plus juste dans son jeu). Il n’y a cependant pas à s’étonner si Kelly paraît frais comme un gardon : un mois s’est déroulé entre les deux épisodes, elle a eu le temps de récupérer. L’éblouissante Anna ne peut pas grand-chose pour sauver la lamentable intrigue du train, qui abuse de grosses ficelles (Will arrive pile au bon moment, Syd retrouve le détonateur dans l’eau). Le spectacle de Sydney roulée dans un fluide rouge donne plus à rire qu’autre chose. Le cliffhanger est prévisible, avec le procédé usé jusqu’à la corde du projet Hélix (encore !). Un échec sur tous les fronts. Les infos supplémentaires Will Tippin dit ne plus avoir vu Sydney depuis deux ans. Il va se marier, mais avec une peintre et non avec la ravissante Jenny. Dernière apparition de Gina Torres (Anna Espinosa). Anna est toutefois présente dans les deux épisodes suivants, grâce au projet Hélix. Scénario : Alison Schapker et Monica Breen Réalisation : Frederick E.O.Toye Résumé La critique de Patrick Sansano
Dans Alias, un type préfère se pencher sur un vieux papier de 500 ans plutôt que de coucher avec Elodie Bouchez. Dans Alias, on peut être transformé en zombie mort vivant avec les yeux rouges, il suffit qu’on vous tue et vous administre une piqûre pour que vous redeveniez comme avant. Ce n’est pas de la science fiction, c’est du J J Abrams. Lorsqu’il n’y a pas de porte dérobée pour fuir, on peint les contours d’une porte et on fait exploser le mur qui découpe l’équivalent d’une porte. A force de prendre des vessies pour des vessies, on voit des lanternes partout. On ne serait pas étonné outre mesure de voir des fers à repasser volants et des éléphants roses surgir dans le décor. Arvin Sloane, dans les épisodes récents, a trahi l’ APO et tout sacrifié pour sa fille, et le voilà reparti à la recherche du temple du soleil, comme Tintin. Enfin du trésor de Rambaldi, c’est pareil. La construction du personnage a été destructurée. On n’y croit plus. Ron Rifkin, Elodie Bouchez, Mia Maestro ont du talent, on note leurs noms, on les reverra ailleurs. Ainsi le double drame qui survient dans cet épisode, nous privant de deux merveilleuses comédiennes, ne parvient pas à nous émouvoir. Trop de balises ont été dépassées, les vagues de l’océan ont effacé sur le sable la belle histoire que certains ont tenté d’écrire. Alias n’est plus qu’un produit hybride, recyclage de multiples choses vues ailleurs en mieux. Arvin Sloane se comporte comme un pantin ayant perdu la raison. A partir de bases qui n’étaient pas mauvaises dans le pilote de la saison 1, et d’un retour en grâce en début de saison 4, le récit qui ne peut ni se rattacher aux sagas de la science fiction face Stargate, Star Trek ou Star Wars, ni aux as de l’espionnage comme James Bond, a fait définitivement sombrer l’édifice. Il ne reste plus qu’une chose à faire : arrêter le massacre et annuler la série.
La critique de Clément Diaz
Le Big Big Bad des premières saisons est devenu la victime d’un destin qui lui refuse pardon et rédemption. Il a joué sa vie, sa liberté, son honneur, a mis de côté son funeste appétit pour Rambaldi, pour sauver sa fille chérie. Ce retournement a beau être surprenant, il a été savamment amené par les auteurs et par le talent du comédien. Son coup de poker initial, à deux doigts d’être gâché par Jack, instaure une vraie tension, même si le spectateur sait que Rambaldi ne peut qu’avoir raison et n’est pas surpris du réveil de Nadia. Au terme de tels changements, voir Nadia se désintéresser de lui est un coup qui le blesse profondément, et le pousse à revenir à Rambaldi. Le revirement de Nadia sera hélas tardif, et mène à l’horrible séquence de la page 47, au sadisme violent. Double peine : aucun de ceux que Sloane aime ne saura qu’il avait vraiment changé, ils croiront qu’il aura été pourri tout le long. Sloane, perdu, passe de l’autre côté de la barrière, moins par méchanceté que par instinct de survie : il doit trouver une raison à l’événement qui sans quoi le traumatiserait définitivement. Cette raison, c’est la deuxième quête ultime de Rambaldi, qui le mènera à sa perte. Mia Maestro est bouleversante à chaque scène, tandis que Rifkin met à nu son personnage avec son succès habituel. Son revirement final n’en est que plus fort. Le reste se noie dans des allers-retours mous, des scènes guimauve avec Nadia et le bébé de Sydney (les bébés, fléaux éternels des séries télé), une quasi absence d’action. Élodie Bouchez se force beaucoup pour jouer la femme fatale, mais y parvient quand même. La scène d’invasion de Koller renoue avec la dinguerie passée de la série. Mais tous les allers-retours des membres de l’APO n’aboutissent qu’à des actions sans effet, ou des dialogues stériles. Toutefois, il est clair qu’Alias s’engage dans la dernière ligne droite, avec l’élimination choquante d’un personnage en pleine mission. Un scénario médiocre, sauvé par Sloane et quelques moments-chocs. Les infos supplémentaires Nadia nous révèle qu’elle est restée 12 mois dans le coma. 14. SIXIÈME SENS Scénario : Andi Bushell & J.R.Orci Réalisation : Jamie Babbit Résumé La critique de Patrick Sansano
La critique de Clément Diaz
L’épisode capitalise beaucoup sur les efforts d’Anna Espinosa en Sydney dans le but de leurrer Vaughn. Il est certes agaçant de voir Anna brûler la voiture de Sydney sans vérifier sa mort ensuite, permettant à notre héroïne de la poursuivre ; mais on est vite happés par la machine à suspense. Chaque étreinte entre Vaughn et la fausse Sydney rend mal à l’aise. L’idée certes pas nouvelle, mais toujours délirante des puces se trouvant dans les corps de Renée et Vaughn, outre qu’elle permet une opération chirurgicale qui fait trembler, prolonge avec succès la tension. La résolution à Hambourg, lorsqu’Anna met en joue Vaughn, entraîne un duel mortel dans lequel nous voyons « Sydney » et Vaughn combattre mortellement (bien plus fortement que dans Nocturne). On ne peut s’empêcher de rire en sachant comment Vaughn a eu des soupçons : une idée qui n’est pas sans rappeler celle de The hungry goblin, le dernier roman de John Dickson Carr. C’est là qu’on se rend compte que finalement, c’est très difficile d’imiter l’amour de quelqu’un… Certes, Sydney et l’APO retrouvent Anna assez miraculeusement, mais il en faut plus pour ne pas être pris dans la tornade. Sloane, consumé par Rambaldi qui lui a tout pris sur cette Terre, est méconnaissable. Il est redevenu un méchant sans foi ni loi, qui dépasse en noirceur tout ce qu’il a pu nous offrir jusque-là. Il n’agit pas comme un fou, mais il est visible qu’il l’est. Ses regards, ses paroles qu’il adresse à une Kelly Peyton impressionnée, font aussi peur que son dialogue avec le fantôme de Nadia. Mia Maestro change totalement de registre ; outre qu’elle est vraiment sexy dans sa robe noire, elle incarne la mauvaise conscience de Sloane, le poids de tous ses crimes. Elle lui parle d’un ton dur, grinçant, ironique, avec un sourire qui fait mal à chaque fois. Sloane, enfermé dans sa démence, n’est pas atteint par ses piques acerbes. Leur duel spirituel est éprouvant et terrible à la fois. Son double jeu, au demeurant prévisible, paraît donc bien anecdotique à côté. Ron Rifkin repousse encore les bornes de son jeu, ce qu’on aurait pas cru encore possible. Quelle performance ! Et puis, hourra, Sark est de retour et devrait jouer pleinement son rôle lors des épisodes finaux. Le cliffhanger est excellent, Sydney plongeant gaîment dans la gueule du loup. Avec autant d’atouts, Alias se dirige vers une sortie certes accélérée, mais bien digne de tout ce qu’elle nous a apporté. Tout juste regrettera-t-on que l’annonce de l’annulation de la série ait mis sur la touche le duo Rachel-Thomas (et Renée dans une certaine mesure). Les infos supplémentaires Vaughn démasque définitivement Anna car cette dernière ne savait pas que lui et Sydney ne sont jamais allés à Carthagène… sauf qu’ils y sont bel et bien allés dans 48 heures (saison 2) ! Messieurs les auteurs, relisez-vous ! 15. SANS RANCUNE
Scénario : Sam Humphrey Réalisation : Tucker Gates Résumé La critique de Patrick Sansano La critique de Clément Diaz
Après une course-poursuite remplie d’émotions fortes (Kelly détruisant l’émetteur, Marshall piratant le feu rouge), le spectateur suit avec plaisir les confrontations de Sydney contre Sark et Sloane qui croient avoir à faire avec Anna. Avec Sark, on est dans des allures de comédie : il sert encore de punching-ball. David Anders est toujours aussi régalant en vilain flegmatique, qui fait les actions les plus folles comme s’il faisait des courses : qu’il fasse sauter un café, ou fasse semblant de s’empoisonner, c’est toujours avec son style inimitable. C’est d’ailleurs lui qui a la réplique de l’épisode (Tu as de la chance que je reste pas longtemps, sinon je t’aurais arraché la langue et étranglé avec !). Jennifer Garner continue son double rôle avec entrain, mais son personnage commet l’erreur de sous-estimer l’affection que Sloane avait pour elle, en prétendant avoir tué Sydney lâchement. Sloane, furieux que celle qu’il considérait comme sa fille ait péri de cette façon, ne veut ni plus ni moins qu’exécuter Anna ignorant qu’il s’agit de Sydney (vous suivez toujours ?). D’ailleurs, sa tentative de strangulation provoque des sueurs froides. Sloane est décidément un personnage d’une ambivalence sans limites. Son coup de téléphone final glace le sang instantanément, et perturbe une coda qui serait restée dans le sucré sucré (bébé Isabelle est presque aussi boulet que le William des X-Files). La mission du pénitencier souffre cependant de la trop grande facilité avec laquelle Sloane, Sydney, Sark, et Vaughn entrent et sortent sans être inquiétés. Quant à la scène où Sydney découvre la rose de Rambaldi (twist !!), sa teneur Fantastique est un peu lourdingue, malgré le talent du vétéran Jack Donner. La vengeance de Thomas, enfin détenteur de la vérité sur la mort de sa femme, paraît donc sans intérêt à côté. D’ailleurs, tout est bouclé en quelques minutes (on termine par une explosion, évidemment), rendant l’émotion voulue inopérante. Balthazar Getty fond avec adresse la froideur de Thomas, et Rachel Nichols est tout à son aise dans le désir de Gibson de l’aider. On sent qu’elle a secrètement des sentiments pour lui, mais dans Alias, les doux rêves sont rares, elle en aura la sanglante démonstration dans l’épisode suivant. Problème : nous ne sommes plus intéressés que par la Mythologie, qui condamne toute autre histoire à l’oubli. Titre antiphrastique, No hard feelings est un épisode très noir. Les infos supplémentaires L’emprisonnement d’Anna après la trahison de Sark a duré un an. 16. LE DERNIER ÉLÉMENT Scénario : Monica Breen et Alison Schapker Réalisation : Frederick E.O.Toye Résumé La critique de Patrick Sansano
Le bon côté de cet ignoble personnage, c’est Nadia, qui revient en fantôme, hanter sa conscience. « Marshall a ce que tu n’as pas, un cœur ». Sloane est un méchant génial car il n’a pas le côté caricatural de tant de ses confrères. Il connait le bien, il connaît le mal, et il fait son choix délibérément. Nous comprenons, lors du dialogue avec sa fille revenante, que Sloane est devenu fou. Ce qui ne fonctionne pas dans Alias, c’est que Rifkin joue (à quelques exceptions près dont Mia Maestro et Amy Acker) avec des acteurs qui n’ont pas son talent. A force de dominer les autres, il est comme un champion de tennis qui jouerait avec des amateurs qui ne renverraient pas la balle. Si nous avons un final en beauté, nous le devons entièrement à Ron Rifkin. Ne parlons pas de sa confrontation avec l’exécrable Rachel Nichols à côté de laquelle Jennifer Garner est une grande comédienne.
La critique de Clément Diaz
Après avoir tué Renée et Nadia dans 30 seconds, Monica Breen et Alison Schapker taillent à la hache : un épisode sanglant, où les menaces de mort et les morts elles-mêmes s’accumulent à un tempo effréné. Sloane, au-delà des limites de la folie, détruit tout ce qui se dresse autour de lui : les insubmersibles Prophet Five et APO partent en fumée par la mégalomanie terrifiante du personnage. In extremis, Thomas Grace, reçoit un rôle en or massif, par un douloureux sacrifice héroïque. Cela ne rend que plus amer sa romance avec Rachel, brisée dans l’œuf. L’intrigue du jour provoque un stress permanent, alors que l’énigme Rambaldi va enfin être résolue. Un scénario addictif et d’une cruauté hallucinante, qui lance le dernier épisode sur les meilleurs rails possibles. Les cliffhangers, véritable série dans la série, sont représentés une ultime fois, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils finissent en beauté ! L’intro a un côté 007 (vodka-martini inclus) avec nos agents aux quatre coins du monde pour espionner les 12 membres de Prophet Five. Une perspective amusante, surtout lorsque Sydney descend en rappel de l’immeuble. Toutefois, il est clair que le personnage principal d’Alias n’est plus Sydney, mais bien Sloane. C’est lui qui conduit tout l’épisode. Il est prêt à tout pour son but, jusqu’à apparaître soudainement devant Sydney, et jouant sur ses sentiments pour convaincre Marshall de collaborer. Comme d’habitude, Marshall et Rachel ont plus d’un tour dans leur sac (connaître les livres pour enfants peut vous sauver la vie). Carrie Bowman est parfaite en renfort, tandis que la situation des deux kidnappés prend aux tripes, lorsque Sloane décide leur exécution sans battre un cil. Heureusement, un soutien-gorge est souvent utile pour s’évader… Kevin Weisman passe en mode héroïque pour la première et dernière fois de la série ; il se débrouille plutôt bien, tandis que Rachel Nichols est toujours à la hauteur. Le tragi-comique voyant Thomas répéter la même erreur avec Rachel qui a coûté la vie de sa femme est bien mis en exergue. Quant à Sark, ses faux élans de romantisme envers Rachel sont toujours aussi fondants. Un pourvoyeur de vannes hors pair ! Le face-à-face entre Sloane et Sydney dans la caverne du mont Subasio est une des images les plus puissantes que l’on puisse voir. La foi dévorante et destructrice de Sloane, rendue par un Rifkin qu’on croirait shooté à la coke, est comme un rouleau-compresseur pulvérisant tout sur son passage ; même Sydney, sa pire ennemie, chancelle devant tant d’écrasement. La mort héroïque de Thomas, se sacrifiant pour sauver des milliers de vies, touche au plus profond, et on est solidaire du chagrin de Rachel, voyant un drame de plus dans sa vie. Balthazar Getty sort par la grande porte, sacrifié sur l’autel de la nécessité de conclure une Mythologie à laquelle il était étranger. La fulgurante évacuation générale est contrepointée à l’exécution vite fait bien fait des 12 membres de Prophet Five par une Kelly Peyton aussi dingo que Sloane (qu’Amy Acker n’ait pas été une adversaire de 007 est une énigme aussi obscure que celle de Rambaldi). Le tout harmonisé avec la tirade de Sloane. Un vaste ensemble dramatique bien maîtrisé par l’équipe technique. Le sens caché de la prophétie de Rambaldi est un maître coup de la part de Breen et Schapker, qui entraîne l’ultime cliffhanger de la série, à vous faire bondir du canapé ! Les infos supplémentaires La caméra ne nous fait voir que 11 personnes sur la liste des 12 de Prophet 5 ! Il est dit que l’un des membres de Prophète 5 s’appelle McMullen. Luke McMullen est le scénariste de l’épisode Sloane & Sloane (saison 4) ! 17. UN SENTIMENT D'ÉTERNITÉ Scénario : Jeff Pinkner et Drew Goddard Réalisation : Tucker Gates You beat death Arvin. But… you couldn't beat me ! Résumé La critique de Patrick Sansano
La partition de Michael Giacchino connaît alors des envolées lyriques. Jack se suicide en faisant exploser le refuge de Sloane, le condamnant à jamais à l’emprisonnement derrière une montagne de pierres. Irina choisit à son tour une forme de suicide en refusant d’être sauvée et en se fracassant dans le vide. Sydney se console dans les bras de Sloane, elle est orpheline. Le fantôme de Nadia rejoint la mort, laissant son père qui ne peut plus bouger hurler de desespoir, ayant toute l’éternité devant lui. Quelques années plus tard, Isabelle a grandi. Dixon rend visite au couple. Sydney tient un petit Jack dans ses bras. Sark continue de sévir, il s’est enfui et Dixon vient chercher le couple pour reprendre du service. Isabelle a les mêmes talents que sa mère pour assembler des éléments en bois.
La critique de Clément Diaz
L’ordre de la production de ramener le nombre d’épisodes de la saison de 22 à 17 a forcé les scénaristes à accélérer à l’excès les intrigues en cours. Nadia meurt peu après avoir été ressuscitée, la relation Rachel-Thomas commence et se finit dans un même épisode, l’intrigue de la femme de Thomas est vite close, Prophet Five est détruite en quelques minutes, le puzzle de Rambaldi se rassemble avec hâte... les derniers épisodes sont une cavalcade précipitée qui laisse bien des regrets en chemin. Le finale de la série pâtit de même d’un tel coup d’accélérateur. Mais envers et contre tout, Jeff Pinkner et Drew Goddard ont réussi à bâtir un finale satisfaisant, où chaque personnage reçoit à la onzième heure son juste salaire. La Mythologie Rambaldi est de plus close avec succès. Nous savions depuis longtemps que le deuxième objectif ultime de Rambaldi était l’immortalité. Si l’on regrette que Kelly Peyton et Rachel Gibson partent en cachette (la seconde torturant la première avec un serpent), les comédiennes nous quittent sur une bonne note : Amy Acker en jouant l’effroi, Rachel Nichols par la dureté, deux sentiments originaux pour les personnages ! Même chose pour Marshall/Kevin Weisman, nous quittant devant son éternel ordinateur. Le choix des scénaristes d’entrecouper la dernière intrigue par des flash-backs relatant plus en détail les moments clés de la vie de Sydney avant le pilote (coucou inattendu de Merrin Dungey en passant), a le défaut de ne rien nous apprendre d’important, de croquer du temps à un épisode qui en a besoin, et de rompre la tension de l’ensemble. Mais plus que la Mythologie, achevée avec force, Pinkner et Goddard réussissent le plus difficile : trouver une fin idéale à (presque) chaque personnage. Sloane, désormais inatteignable, voit son excitation poussée au firmament lorsqu’il pénètre dans le monumental caveau de Rambaldi (impressionnant décor, très bien filmé par Tucker Gates) qu’il a cherché depuis 30 ans. Près du but, il ne laisse personne s’approcher, et va de plus en plus crescendo dans la folie cupide. On sursaute quand Sloane, pour forcer Sydney à se rendre, abat froidement Jack, et qu’il est tué en retour par une Sydney vengeresse… sauf qu’il tombe dans le liquide rouge de « l’Horizon » qui le ressuscitera et lui donnera la vie éternelle, signant là son triomphe d’avoir achevé le « endgame » de Rambaldi. Les scènes du tombeau sont vraiment saisissantes. Les adieux déchirants de Jack mourant à sa fille, qui part pour arrêter Irina, sont à fendre l’âme. Jack, personnage intérieurement bon et extérieurement mauvais, a des adieux dignes de lui. Sa tirade ultime à l’adresse de Sloane, à qui il n’a jamais pardonné le chagrin qu’il a fait à sa fille, est un grand moment de télévision, avant l’explosion finale qui condamne Sloane au pire châtiment possible pour un être humain. Cette chute géniale avait certes déjà été exploitée par Rod Serling dans l’Escape Clause de La Quatrième Dimension, mais elle est ici encore plus cruelle que l’original, Sloane n’ayant pas la « clause de désistement ». La dernière apparition de Nadia, à laquelle Mia Maestro donne tantôt un enthousiasme volontairement faux, tantôt une froideur tranchante, est la pointe finale de sadisme. On peut être un peu gêné de cette fin, car Sloane a maintes fois prouvé qu’il pouvait être bon et altruiste, et qu’un funeste destin l’a autant conduit là que ses mauvaises actions. Mais Alias n’a jamais fait dans la demi-mesure, c’est ce qui fait sa force (et ses limites). Sark tombe le masque : malgré ses perpétuelles rodomontades (sa réflexion sur les chaussures à 500$ est hilarante), il est un méchant qui veut être LE méchant, mais qui ne le sera jamais. A ce jeu-là, il est écrasé par Sloane et Irina. La vantardise de Sark est en réalité un masque, un masque qu’il porte pour être du côté des gagnants. Il a des scrupules à causer un génocide, et le fait moins par envie que pour être dans le camp des winners. Ça se voit quand il s’effondre devant le pistolet de Vaughn, dans une magistrale dernière scène de compte à rebours. Belle sortie pour David Anders, un acteur jouant un méchant qu’on adore… ne pas détester. Bien immoralement, Sark ne tirera aucune leçon de l’histoire et poursuivra son destin capricieux. Irina résout non sans mal son dilemme. Son affrontement final avec Sydney nous vaut de la part de Lena Olin un spectaculaire chant du cygne. Irina a toujours aimé sa fille, elle ose le répéter aux portes de la mort. Mais son drame est d’aimer davantage le pouvoir, symbolisé par Rambaldi. Entre sa fille et le prophète, elle choisit le prophète. Il est donc juste que sa sortie soit à l’image de son choix : elle refuse la main tendue de sa fille, symbole de vie, pour attraper « L’Horizon », symbole de pouvoir… et de sa chute (aux deux sens du terme). Un final en forme d’apothéose, soutenu par l’orchestre passionné de Michael Giacchino. Le happy end fait se terminer cette série tragique, de bruit et de fureur, sur une note élégiaque. Marshall est heureux en famille, le chaleureux Dixon a reçu une promotion, et Sydney et Vaughn, après tant d’épreuves et de souffrances, goûtent enfin une (semi) retraite bien méritée. Le clin d’œil terminal, petit cadeau des auteurs, nous indique que si Isabelle pourrait devenir une nouvelle Sydney, son geste final balaye toute possibilité de répétition de l’histoire (heureusement pour elle !). Un carton de l’équipe remercie le spectateur, et… fin. Une fin hâtive, inaboutie, qui laisse quelques regrets, mais dans l’ensemble parfaitement maîtrisée. Étant donné le contexte difficile de sa fin, la série a su trouver un final à la hauteur de sa (dé)mesure.
CONCLUSION : Ainsi s’achève Alias. Comme tout artiste digne de ce nom, J.J.Abrams et ses fidèles lieutenants ont pris des risques immenses, portés par le désir de faire quelque chose de nouveau, d’inédit dans l’histoire du petit écran. L’unanimité était impossible : l’univers fantasmagorique d’Alias nécessitait une totale adhésion du spectateur, y compris à ses concepts les plus délirants. Le moindre n’étant pas la systématique redistribution des cartes narratives à chaque moitié de saison. Cette série a voulu au contraire faire perdre son spectateur dans les délices de son labyrinthe babylonien. Un labyrinthe narratif d’un divertissement survitaminé, sophistiqué au plus haut point, dont le but est de faire vivre au public le frisson d’aventures improbables. Un parti pris qui est à l’origine de la séparation du public entre détracteurs et admirateurs. Ce dossier espère vous avoir donné, grâce aux critiques de Patrick Sansano et de votre serviteur, des pistes pour comprendre cette série. Une série révolutionnaire, qui a mélangé l’espionnage et le Fantastique, pour un résultat que l’on trouvera génial ou exécrable selon les goûts, mais à coup sûr étonnant. Les infos supplémentaires Comme dans les pilotes des saisons d’Alias, il n’y a pas de générique dans cet épisode. Retour à l'index Images capturées par Patrick Sansano. |