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 saison 1 saison 3

Columbo 

Téléfilms


1. MEURTRE AU CHAMPAGNE 
(DEATH HITS THE JACKPOT)



Critique :

Alors que Columbo and the Murder of a Rock Star avait vu des bouteilles de champagne empoisonné jouer un rôle bien plus important mais avait été intitulé en français Jeux d'ombres, nous voilà avec ce titre français aussi éloigné de l'intrigue que peut le hurler le titre original et sensé Death Hits the Jackpot ; quelle idée saugrenue ! Quand les traducteurs font leur boulot en se curant le nez et en pensant essentiellement à leur liste de courses à faire, cela donne ce type d'ânerie. Mais vous avouerez que la chronologie est impitoyable et nous montre que depuis la saison 10, les intitulés désastreux en français se répètent ad nauseam.

Passons sur ce point ô combien négligeable mais qui m'a permis de trouver un angle de départ, c'est dire si l'épisode ne m'inspire guère ! Bah, il n'est pas mauvais non plus : tâchons d'atteindre un juste milieu.

La résolution de l'enquête peut paraitre convaincante, l'astuce efficace, mais allez savoir pourquoi, je n'y adhère pas complètement, je tique à moitié. Pour être honnête, il me faut admettre que la prestation de Rip Torn me reste un tantinet en travers de la gorge et me fait sûrement voir le téléfilm avec un œil exagérément sévère dans la critique. Je n'ai rien contre le bonhomme, mais son expression dans l'épisode m'a semblé très courte, trop monochrome, en tout cas sans suffisamment de relief pour faire face convenablement à Peter Falk. Cet épisode parait peu relevé, sans grande intensité, à cause de cette espèce d'absence.

Fort heureusement, Jamie Rose est là, toute belle, le regard aussi émouvant que sa chevelure rousse. Cette actrice est, à l'époque, encore d'une beauté glacée comme je n'en ai pas beaucoup vue, sans doute un peu factice. Son talent de comédienne n'est pas à contester même s'il reste mesuré à cause d'un déficit de présence évident et que met en lumière sa modeste carrière. Elle non plus ne parvient pas à rendre l'épisode indispensable.

Pas désagréable, l'enquête se suit tranquillement, sans heurt, mais sans non plus ces étincelles ou pointes d'épice qui font qu'on peut le garder en mémoire. Un Columbo passable.

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2. À CHACUN SON HEURE 
(NO TIME TO DIE)

Critique :

J'arrive bientôt à la fin de mon périple dans la série, il ne me reste que quelques épisodes à découvrir, mais je parierais ma chemise que c'est là le pire Columbo (quoi, encore ?). Du moins, celui que je trouve le plus agaçant. Mais j'ai un problème : je n'aime pas les histoires d'enlèvement, trop banales, mille fois lues et vues ailleurs.

Ce Columbo est bien différent des autres : pour commencer, il n'y pas de meurtre. Une jeune mariée est enlevée le soir de ses noces, et Columbo part à sa recherche. En d'autres circonstances, j'aurais applaudi debout sur la table en sifflant de joie devant l'originalité et l'audace du pari, mais en fin de compte, je suis frustré.

D'abord parce que mes goûts personnels ne me prédisposent pas à l'apprécier comme je le disais plus haut, mais également parce que l'épisode perd tous ces petits éléments qui font un bon Columbo : la confrontation directe avec le meurtrier et le plaisir de voir comment le lieutenant retrouve peu à peu les morceaux de vérité que nous, spectateurs, connaissons au préalable. Cette structure narrative permet de mettre en valeur notre policier. Ici, elle vole en éclats.

Je ne sais pas si c'est le fait qu'il travaille beaucoup en équipe qui ternit un peu son image, ou alors si c'est la contrariété d'avoir été dérangé dans mon confort routinier de spectateur qui m'asticote le cervelet, mais je trouve l'enquête plutôt ennuyeuse et Columbo moins flamboyant. Je pense que la caricature de psychopathe que livre Daniel McDonald y est aussi pour quelque chose. Thomas Calabro, le mari, m'a légèrement indisposé également.

Finalement, cet épisode est à voir pour deux particularités : d'abord on y voit, je crois pour la première fois, Peter Falk en train de bouger son corps sur de la musique, comment dit-on ? "danser" oui c'est ça. Et puis ceux qui se sont entichés de la série Desperate housewives auront l'agréable surprise de découvrir Doug Savant (Tom Scavo) alors tout jeunot dans un rôle de policier.

La très belle Joanna Going se débrouille pas trop mal. Mais non, le problème vient bien de moi, qui ne supporte pas ces histoires d'enlèvement et de compte à rebours fatal. Il est vrai que le scénario reste somme toute assez mince.

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3. UN SEUL SUFFIRA
(A BIRD IN THE HAND...)

Critique :

Ne me demandez pas la signification des titres. Rien compris. Oh, si, bien sûr pour le titre français, on comprend à peu près, mais dieu que c'est pauvre, si peu évident !

Dans l'épisode précédent No time to die, je houspillais le profond bouleversement du récit qui révolutionnait la structure même de l'enquête. Celui-ci n'est pas aussi "original", fort heureusement ; néanmoins s'il opère quelques changements a priori bienheureux, malheureusement (que d'heurs, que d'heurs !), la mise en scène de Vincent McEveety est plus que poussive, sans grande dynamique ni véritable personnalité.

Quant aux comédiens, certains sont franchement mauvais. Le bellâtre à moustache (Greg Evigan) est pour moi un sombre inconnu qui à la vision de sa prestation ici gagne à le rester, il est plat comme une birkin.

J'ai de très vagues souvenirs de Tyne Daly (Cagney ou Lacey ? Lacey !) mais je l'ai trouvée ici trop joueuse ; j'entends par là que ses simagrées de fausse alcoolique, ses mimiques forcent beaucoup trop le trait pour ne pas me taper sur le système. Mais je crois que le pompon de la nullité scénique est remis à Don S. Davis dans un petit rôle de manager d'un club de foot américain. Ridicule. On fait l'étonnement ? Attention... gros yeux qui roulent dans les orbites ! Oscar du pire acteur de la série mérité ! On a peine à croire qu'un acteur si doué par ailleurs ait pu oublier toute finesse de jeu, on est bien loin du valeureux Hammond de Stargate SG-1 !

Non, décidément, cet épisode peine à me défriser la choucroute. Seule cette partition en double meurtre offre la garantie de la nouveauté, mais le ton demeure mollasson. Régime sans sel.

J'ai regardé dernièrement le tout premier pilote de Columbo : Prescription : Murder, et j'ai noté l'écart gigantesque entre les deux épisodes. Autant dans le pilote se dégageait une atmosphère très classieuse, des conversations très fines, à double sens entre Falk et son adversaire ; autant ici on a le sentiment que ça vole au ras des pâquerettes, de croupir au fond d'une mare à canards déplumés.

C'est très bas de plafond et les personnages puent la vulgarité la plus repoussante. Un épisode décevant. Et quand je me retourne sur cette onzième saison, je pleure tant elle se révèle navrante.

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4. LE MEURTRE AUX DEUX VISAGES
(IT'S ALL IN THE GAME)

Critique :

Ah ! Un épisode très particulier qui allie l'absence de l'habituel dénouement basé sur les déductions de Columbo qui confond son meurtrier à une réflexion beaucoup plus poussée que de coutume sur la relation du lieutenant face à la force de séduction d'une meurtrière. Je vais détailler, bien sûr, car ce résumé est pour le moins abrupt, j'en conviens.

D'abord, je situe l'enjeu général de l'épisode : une femme tue un homme qui la trompait et elle va nouer avec Columbo une relation de flirt à laquelle le lieutenant n'avait jamais été confrontée de manière si évidente jusque-là. Toute la problématique du film se situe là : Columbo est-il en train de craquer pour cette femme ? Qui manipule qui ? C'est la première fois que le policier doit faire face à une telle débauche de drague éhontée. C'est Peter Falk lui-même qui signe le scénario (l'unique de sa carrière), et il est intéressant de noter à quel point l'acteur avait envie de troubler davantage le portrait de cette icone télévisuelle qu'il incarne depuis plus de 30 ans.

La belle Faye Dunaway était déjà en train de perdre pied - ou devrais-je dire perdre face, avec l'absolution du père Bistouri - néanmoins, malgré la rigidité traveloteuse de son visage, quelques lueurs de charme, de réelle beauté, parviennent à scintiller dans son regard et ses sourires. Dieu, que cette femme a été belle, qu'elle aurait pu être une superbe femme âgée ! Malheureusement, on a là le cas typique de la belle actrice qui refuse de vieillir et se transforme en drag-queen (bon, à sa décharge, Hollywood se montre curieusement amnésique quand il s'agit d'appeler une actrice faisant réellement ses 50 ans, mais au bout de douze liftings, le bouchon est quand même poussé assez loin).

Bon, peu importe ! Disons qu'on peut croire qu'un aussi vieil homme que Columbo ne reste pas insensible aux roucoulements de cette élégante et souriante femme.

Le scénario joue donc admirablement cette inédite confrontation entre le roublard détective et la vamp. Le doute est permis : on ne sait trop si Columbo est réellement sous le charme de Lauren Staton/Faye Dunaway. Son attitude évolutiv, nous laisse à penser ici que oui, mais vire là dans un sens contraire ; c'est assez bien fait. Le personnage du barman, ancien flic, joue le rôle de Jiminy Cricket et travaille à rendre les ambiguïtés de Columbo encore plus opaques. Alors, si la part déductive du lieutenant est reléguée au second plan, celle de son implication émotionnelle est fortement mise en avant, et c'est très plaisant de redécouvrir le personnage sous cet angle-là.

Difficile était la tâche que se donnait cet épisode : redessiner jusqu'à faire douter le spectateur la personnalité du lieutenant de police, et ce à la 12e saison ! Pari risqué et plutôt réussi ! À ce titre, ce numéro est bougrement troublant.

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5. FACE À FACE
(BUTTERFLY IN SHADES OF GREY)

Critique :

Dans le classement des adversaires exécrables, celui qu'incarne ici William Shatner est forcément sur le podium. On pourrait toujours discuter de la place, mais je suis tenté de lui décerner la couronne de laurier : quelle ordure, quel personnage infect ! Un rabougri consternant de bêtise et de haine, un égoïste surpuissant, un agressif impénitent, et pour finir un possessif flirtant avec l'inceste ; jolie valise qu'il trimballe, hum ? La face un peu gonflée du vieillissant William Shatner lui donne l'aspect d'un bouledogue protégeant sa gamelle.

On retrouve dans cet épisode Molly Hagan qu'on avait déjà vue dans Murder, smoke and shadows (Ombres et lumières). Elle joue à nouveau le même personnage effacé, facilement manipulable, assez faible et vulnérable en somme.

Concernant le meurtre et l'enquête de Columbo, ils placent l'épisode dans les rares fois où le détective se retrouve en danger de mort. Il faut également noter que, basé sur des données technologiques, il apparait de nos jours un poil démodé, mais demeure cependant tout à fait crédible. Dans la structure et dans l'approche plutôt traditionnelles de l'intrigue, avec un personnage arrogant, un Columbo rabaissé, une déduction logique et imparable, cet épisode peut rassurer les fans de la série après le perturbant prédécesseur It's all in the game.

Solide sans être exceptionnel, ce Butterfly in shades of grey papillonne sagement parmi les épisodes réussis de cette 12e saison.

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6. COLUMBO CHANGE DE PEAU
(UNDERCOVER)

Critique :

Il existe une race de scénaristes sur les Columbo qui se croient tellement malins qu'ils veulent à tout prix signer le renouvellement de la série. Si l'entreprise part d'un bon sentiment, il n'en demeure pas moins que cela fait très rarement de bons scenarii quand cela se multiplie à outrance, car ces écrivains oublient une chose essentielle : Columbo reste une formule qui fonctionne très bien et que le public attend avec gourmandise.

Sur ce dernier épisode de la saison 12, ils ont encore voulu sortir des sentiers battus. Force est de constater que le résultat ne déroge en rien à la triste règle que je viens de citer. Bref, on ne sait pas qui est le meurtrier, Columbo ne maitrise pas grand-chose et doit suivre son enquête qu'avec peine - d'ailleurs au terme "enquête" je devrais lui substituer l'expression "pêche au trésor". C'est original pour la série, certes, mais rien de bien folichon non plus en ce qui me concerne.

La reconstitution d'un puzzle doit amener le lieutenant à retrouver un pactole caché on ne sait où. Surtout, pour parvenir à résoudre ce problème, il doit endosser la panoplie de personnages divers. L'originalité se situe bien là surtout. Peter Falk s'en donne à cœur joie, dans des costumes tous différents, du petit booky au parrain mafieux. Il fanfaronne, fait le clown, s'amuse comme un petit fou en donnant la réplique à sa femme Shera Danese et à une bonne copine (Tyne Daly). Il règne sur cet épisode la sensation doucement euphorique caractéristique qui peut survenir quand une série arrivant à son terme décide de s'amuser un petit peu avant de tomber le rideau. Le problème est que cette euphorie a du mal à traverser l'écran.

Voilà, c'est rigolo, mais un peu répétitif, peu enthousiasmant, peu de suspens malgré pourtant une agression sérieuse sur la personne de notre Columbo, une première dans la série, non ? Quand je vous disais qu'il maitrisait que dalle !

Relative déception pour ma part. Visuellement, le réalisateur Vincent McEveety fait son travail, mais sans trop d'imagination cependant, sans prendre aucun risque. Tristounet.

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7. UNE ÉTRANGE ASSOCIATION
(STRANGE BEDFELLOWS)

Critique :

Pour débuter cette saison, qui va s'avérer la dernière, cet épisode reprend la structure habituelle après le controversé Undercover follement inhabituel. Celui-ci nous permet de connaître l'assassin dès le début de l'intrigue, de suivre le déroulement du meurtre et son maquillage sous nos yeux et donc de voir le meurtrier confondu peu à peu par l'opiniatreté du policier, soit ce qu'on aime habituellement dans la série.

Mais, et ce n'est pas la première fois, il est battu par son assassin et doit mettre en place une entourloupe pour l'attraper. Ce que j'aime dans la série, c'est l'opération intellectuelle qui permet à Columbo de prouver à son adversaire qu'il ne peut plus échapper à la vérité du meurtre. Or ici, Columbo ne trouve pas la solution logique par ce biais et doit faire appel à une sorte de mise en scène pour obliger le meurtrier à avouer ; c'est toujours pour moi source de frustration que de voir ce genre d'expédient scénaristique.

Columbo, comme dans le précédent épisode d'ailleurs, est selon moi beaucoup trop dépendant des autres, à la ramasse, il ne réussit pas tout seul : il faut le jeu de Rod Steiger pour attraper Graham McVeigh/George Wendt. Il "extorque" en quelque sorte ses preuves, c'est assez peu reluisant, je trouve : j'aime mon Columbo empereur des échecs, ici on a le sentiment qu'il navigue à vue.

En plus, George Wendt en fait un peu trop à mon goût, roulant des yeux, exposant une face fermée, un corps massif mais un peu trop monolithique.

Alors on profite au moins du regard d'acier et de la présence tout aussi massive mais tellement bien mieux incarnée de Rod Steiger. C'est déjà ça.

La fin de Columbo est un peu triste. Je m'ennuie presque.

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8. LA GRIFFE DU CRIME
(A TRACE OF MURDER)

Critique :

Je ne sais pas trop quelle mouche me pique en cette fin de vie Columbienne, mais la tristesse l'emporte et je m'ennuie.

Les acteurs sont plutôt mauvais, ou pour être plus précis, les comédiens n'ont pas l'envergure, le coffre de leurs devanciers. La calvitie et le gros cigare n'effacent pas le manque de présence de Barry Corbin, mais alors que dire du blondinet David Rasche, sans doute le personnage le plus intéressant sur le papier puisqu'il prend le lieutenant pour un benêt, n'est-ce pas ? Eh bien, il est tout bonnement invisible !

Quant à Shera Danese, ça y est, c'est officiel, je sature. Son jeu parait plus relâché que jamais, elle en fait trop, le sourcil voyageur fait des ravages en dépit du bon sens. Mme Falk se prend-elle au sérieux ? Probablement. Le spectateur s'en détourne-t-il ? Incontestablement.

Quant à l'intrigue, j'en avais un mauvais souvenir et je lui accorde aujourd'hui un peu plus de crédit sans pour autant accéder à un rideau qu'on grimpe. Je crois que ce qui enquiquine quelque peu c'est cette trop voyante et trop soudaine relation entre le policier et son expert scientifique, il y a là quelque chose d'aussi gros que le nez au milieu de la figure ; cela ne fonctionne pas bien car leurs rapports semblent être mis en place de façon très artificielle.

Après, l'entourloupe mise au point pour Columbo pour embobiner ses deux suspects est assez habilement présentée pour qu'on puisse y croire, pour qu'elle soit acceptable. La mise en scène est sur ce point tout à fait correcte, alors qu'honnêtement, à bien y réfléchir, on peut se demander si ces deux criminels ne sont pas de parfaits imbéciles. Voilà sans doute l'élément qui plombe le plus la fin de la série : les criminels deviennent trop faiblards, sur le plan intellectuel comme du point de vue du charisme.

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9. EN GRANDES POMPES
(ASHES TO ASHES)

Critique :

Un petit soulagement. Dans les derniers épisodes que j'ai vus, celui-ci constitue un petit souffle d'air. Je n'irais pas jusqu'à le qualifier de "frais", car Columbo a pris un méchant coup de vieux, et la fin de la série ne pouvait être qu'inévitable. Ça sent le sapin pour Patrick McGoohan itou, mais dans le style c'est un épisode assez réjouissant. D'abord, parce que les deux vieux acteurs se font plaisir, ça se voit, ça s'entend. Les regards laissent entrevoir leur malice, une réelle complicité non démentie par 4 épisodes en tout dans la série. La relation entre Peter Falk et Patrick McGoohan sert énormément l'intrigue.

Il y a deux ou trois scènes typiques du style McGoohan dans la réalisation, dans le ton qui en résulte, très pince-sans-rire. Alors je ne sais pas si le fait de savoir qu'on est en fin de course dans la série influence mon jugement... sûrement que oui, mais je ne peux m'empêcher d'avoir un sentiment légèrement attristé à regarder ces deux monuments de la télévision faire leur numéro pour la dernière fois. Ils me sont en tout cas hautement sympathiques. Je sais bien que les séries fonctionnent aussi à l'affectif et que la récurrence des personnages ou des visages introduit une familiarité, une relation très particulière, et par conséquent que la fin de vie d'une série et de ses acteurs provoque quelque chose de très émouvant, mais dans le mauvais sens du terme. Surtout si la qualité artistique n'est pas au rendez-vous, ce qui peut s'avérer alors très pathétique. Certes, on n'en est pas là sur cet épisode, mais le manque de peps et de vivacité dans les gestes chez les deux comédiens n'aide pas à rendre l'enquête très dynamique. McGoohan semble avoir laissé une bonne partie de son énergie derrière la caméra au fil du temps.

On rangera dans la case humour noir et auto-dérision le fait que l'intrigue se déroule dans une entreprise de pompes funèbres : l'allusion à la mort de Columbo est évoquée avec le sourire, dans un geste très Moonlighting. Ouf, personne n'est donc dupe.

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10. MEURTRE EN MUSIQUE
(MURDER WITH TOO MANY NOTES)

Critique :

Dans la forme comme dans le fond, ce Columbo est d'un classicisme caractéristique, mais fait preuve de si peu de sel qu'on en sort un brin frustré. Trop sage en somme.

L'histoire n'est pas très originale, mais c'est là un défaut qu'on a pu voir dans des épisodes parmi les meilleurs, car dans la série, ce qui fait saliver c'est certainement bien plus l'intensité dramatique que mettent les comédiens, notamment dans la relation cruciale entre le lieutenant et le meurtrier.

Or, là encore, comme trop souvent dans les derniers épisodes, on peut déplorer que l'acteur principal, ici Billy Connolly, ne fait pas montre d'une réelle densité de personnage : son jeu reste très moyen, au mieux ordinaire, au pire trop appuyé. Sa victime, Chad Willett, est même particulièrement mauvaise. Heureusement, cet épisode offre un camouflage de meurtre en accident qui lui ne manque pas d'originalité, ce n'est pas le premier meurtre d'ascenseur/élévateur, certes, mais celui-là est assez bien mené.

Visuellement, la réalisation de Patrick McGoohan est très décevante, plate et lisse. Ce n'est pas l'habitude avec le rieur McGoohan, qui hélas confirme sa baisse de forme observée dans l'épisode précédent.

Et on se prend même à se demander si Peter Falk n'est pas éteint, comme si la direction des acteurs laissait également à désirer.

Quelques jours après avoir vu ce téléfilm, je n'avais pas de souvenirs d'une scène truculente, particulière, c'est dire à quel point les rapports entre Connolly et Falk sont peu épicés.

Un épisode moyen.

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11. COLUMBO MÈNE LA DANSE
(COLUMBO LIKES THE NIGHTLIFE)

Critique :

Voilà, c'est fini. Je crois bien que je n'avais jamais vu le finale de la série, et j'avoue qu'à ma grande surprise, l'épisode me surprend, osant se démarquer très franchement de la forme habituelle de la série.

Mais l'on peut mesurer le gouffre qui sépare ce dernier épisode des tous premiers, et de ce fait, de comprendre pourquoi les dernières saisons laissent un goût quelque peu amer. Avec le temps va tout s'en va, et sur la série, c'est sans doute le statut social des personnages qui s'est fait la malle : Cette "classe", qu'on aimait tant non par snobisme mais parce qu'elle était tellement ancrée dans l'identité visuelle et sociale de la série, progressivement, s'en est allée.

Le premier pilote avait pour meurtrier un grand psychanalyste avec boutons de manchettes, on est là avec un vulgaire patron de night-club aux prises avec un maître-chanteur minable et une actrice de 4e zone, mi-pute mi-soumise. Columbo visitait les villas les plus luxueuses à Malibu ou Beverly Hills, il arpente ici les hangars vulgaires, les quartiers miteux du Los Angeles défavorisé, dans les quartiers en friche industrielle.

Autre temps, autres mœurs, et autre musique : baignant dans le monde de la nuit, c'est sous le pouls d'une techno cheap et urbaine que Jeffrey Reiner, le réalisateur, s'essaie à quelques mouvements de caméra, notamment ceux qui suivent en vue subjective l'entrée du jeune patron dans sa boîte de nuit ; on pense à celle de Nicolas Cage dans le casino de Snake eyes dans une moindre mesure, mais la comparaison s'arrête là, bien évidemment.

Mais on note avec bonheur que le cadrage est assez inventif : Reiner cherche des plans plus complexes qu'à l'habitude, des contre-plongées, de légers travellings.

Sur la photographie également, on s'aperçoit qu'un gros travail a été fait pour complexifier l'image, notamment avec une attention particulière sur l'agencement des couleurs. Tous ces efforts sont louables, bien que tardifs.

L'histoire aussi est assez bien ficelée. Le parcours logique que suit le lieutenant est plutôt bien construit, sans grande surprise cependant. Rien d'extraordinaire, mais au moins on ne déplore aucune faute de goût. L'épisode n'est pas trop mauvais ; dans les dernières saisons, il peut même s'enorgueillir de faire partie des meilleurs.

Je regrette seulement la relative médiocrité des comédiens. Encore une fois, c'est sans doute ce qui plombe les dernières années Columbiennes : les acteurs ne sont pas à la hauteur de leurs prédécesseurs.

Adieu et merci mister Falk.

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Crédits photo : Universal Pictures.

Images capturées par Sébastien Raymond.

 saison 1 saison 3

Columbo 

Saison 10


1. CRIMINOLOGIE APPLIQUÉE 
(COLUMBO GOES TO COLLEGE)



Critique :

Par bien des aspects, cet épisode est très agréable à suivre. Comme je l'ai souvent souligné pour les épisodes précédents, s'il y a bien une caractéristique épicée qui rend la série succulente, c'est bien l'espèce de morgue altière que peuvent prendre certains criminels à l'égard de Columbo. Ici, ils sont nombreux à longtemps se foutre littéralement du lieutenant. N'ayons pas peur des mots : le pauvre est assailli de quolibets et de menaces de la part de Robert Culp lui faisant la leçon. Jouant le père d'un des assassins, Culp est un habitué de la série (4 épisodes en tout : Columbo Goes to College, Double Exposure, The Most Crucial Game et Death Lends a Hand). Les meurtriers vont jusqu'à le singer et le tourner en ridicule dans son dos, ce sont de fieffés manipulateurs d'une condescendance rarement égalée dans la série. A-t-on jamais vu plus arrogant ? Pô sûr ! Ce crime de lèse-lieutenant excite la tendresse et la colère du spectateur qui voit les ultimes foudres du policier avec une bien belle estocade finale comme des éclairs vengeurs, tellement délicieux. À siroter.

Le problème vient peut-être de là : le téléfilm mise uniquement sur ça. Le crime, bien compliqué à mettre en place dans la réalité, paraît par conséquent peu crédible, bien que l'idée est alléchante. L'astuce permet aussi de nous créditer une nouvelle fois de cet émerveillement enfantin et touchant dont sait faire preuve Peter Falk face aux progrès incroyables que notre société technologique nous prodigue sans cesse. Portons crédit à la série et sa longévité d'avoir su accompagner les changements scientifiques et plus largement socio-culturels de ses différentes époques.

Les acteurs ne sont pas fameux à l'exception de Robert Culp dont la participation est trop légère à mon goût, mais leurs performances sont au moins à peu près honnêtes. Stephen Caffrey est peut-être le plus sûr dans son jeu chez les jeunes étudiants. Par certains côtés frondeurs et grimaçants, il m'a fait penser à un sous-Robert Downey Jr : une assurance liée à une surestimation de soi ?

Bref, l'essentiel n'est pas à trouver dans le casting plutôt décevant mais dans cette mécanique Columbienne, classique, mais toujours aussi efficace.

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2. ATTENTION : LE MEURTRE PEUT NUIRE GRAVEMENT À VOTRE SANTÉ
(CAUTION ! MURDER CAN BE HAZARDOUS TO YOUR HEALTH)

Critique :

D'abord, on notera la faiblesse du titre, jeu de mot fadasse qui évoque de façon médiocrement fine le tabac par lequel la victime succombe. Effectivement, le meurtrier empoisonne une cigarette pour tuer son maître chanteur, mais l'astuce ne parait pas assez percutante pour légitimer l'intitulé de l'épisode. Que ce préambule chafouin ne vous fasse pas accroire que je n'aime pas cet épisode, surtout pas !

D'abord, même si les premières minutes font craindre le pire avec un faux film noir mal joué et visuellement très laid, on a ensuite le plaisir de découvrir la face incroyablement anguleuse de George Hamilton. Entre ses sourcils pointus et ses mâchoires imposantes, ce type a décidément un drôle de faciès, un de ces visages parfaits pour souligner la morgue et la suffisance du meurtrier sûr de lui et de son fait, ergo le parfait gibier pour la potence Columbo.

Déjà fautif dans A Deadly State of Mind (État d'esprit), le revoilà à tenter sa chance contre un Peter Falk de plus en plus vieillissant mais toujours aussi futé. Ces deux-là vont se lancer une nouvelle fois dans un jeu du chat et de la souris dans lequel l'on perd un peu de vue qui fait véritablement la souris. Au fur et à mesure que l'enquête avance, nous voyons avec de plus en plus de plaisir le visage d'Hamilton se décomposer devant l'insistance pernicieuse de Falk. Jubilation. Sur des charbons ardents, on a presque de la peine pour lui. Columbo est si fouineur, si tenace. Hamilton mérite une médaille pour jouer autant le jeu.

Et le spectateur sirote cette montée de tension savamment orchestrée, et avec une honnête réalisation de Daryl Duke. Je ne sais pas, j'hésite, si le fait que l'épisode accumule les éléments comiques inhérents à l'univers de Columbo est bénéfique ou non au spectacle. On a droit à tout : le chien mollasson chez le toiletteur, les couinements de la Peugeot hors d'âge, l'espèce de candeur juvénile pleine de curiosité et de fascination du lieutenant pour les nouvelles technologies... Toujours est-il que ces différentes caractéristiques qui reviennent périodiquement décorer les enquêtes sont dans celui-ci d'une plus grande importance : ils servent l'histoire, font avancer le policier de sa réflexion, ce qui n'a pas toujours été le cas dans les récents Columbo où ils pouvaient apparaitre fortuits.

Concernant le meurtre et la résolution de l'énigme par Columbo, ils sont très astucieux, de bonne facture dirions-nous. On a beaucoup glosé, ici même, sur les dernières saisons et leur éventuelle médiocrité. Je note simplement que cette saison 10, même si elle est très courte avec trois enquêtes seulement, n'en demeure pas moins d'un niveau assez élevé.

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3. JEUX D'OMBRES
(COLUMBO AND THE MURDER OF A ROCK STAR)

Critique :

Le titre français n'est pas très malin : on aurait pu se passer de spoiler la fin de l'épisode ! Cela étant dit, cette enquête se révèle assez goûteuse grâce à des ingrédients classiques mais toujours rigoureusement efficaces.

Alors, certes, j'aurais quelques bémols à faire siffloter en guise de pleurnicheries d'enfant pourri gâté. Commençons par chouiner un tantinet, histoire d'évacuer le négatif. Je n'insisterais jamais assez pour souligner combien le style photographique qui a perduré depuis les premiers épisodes jusqu'aux saisons des années 1980, avec un grain précis, donnant une image très éclairée et nette, est resté pour moi un des atouts esthétiques de la série, et par conséquent combien la série a perdu depuis en beauté et caractère sur le plan visuel. Faut-il y voir l'influence des grandes séries policières réalistes et plus sombres des années 80 pilotées en particulier par Steven Bochco, ancien scénariste de la série ? Là encore, la photographie est assez plate, sans âme, d'une tiédeur qui n'accompagne jamais vraiment les virages du récit d'une série qui s'épanouissait tellement plus dans une esthétique plus chiadée, plus 70's.

D'autre part, on avait déjà pointé les lacunes de la distribution depuis quelques années, l'absence de grandes stars, mais surtout l'accompagnement pour le moins fadasse des premiers rôles avec des acteurs secondaires parfois très limités. C'est le cas ici avec Cheryl Paris, désespérément ordinaire, ou le très médiocre Julian Stone. Concernant le casting, mes récriminations s'arrêtent là mais les personnages cités sont primordiaux dans l'histoire, et ces acteurs alourdissent un peu la mise en scène.

Heureusement, le criminel est joué par Dabney Coleman, un acteur que j'aime bien. Certes, il joue souvent le même personnage, l'américain moyen à moustache, un peu limité humainement. Formidable de beauferie dans Tootsie, il fait preuve ici d'un manque de sagacité tout à fait réjouissante face à Columbo. Comme tout bon criminel qui se doit, il tombe dans le piège du lieutenant, mais il faut avouer qu'il n'a pas besoin du policier pour y sauter à pieds joints : Columbo n'aura pas à jouer une comédie face à son suspect ; avec une franchise rare, il l'attaque assez rapidement.

Il est déjà arrivé dans la série que des épisodes voient Columbo aussi désarmé et chercher des preuves face à pareille adversité, la fin avec ses multiples rebondissements permet en effet de rompre les habitudes ; c'est assez revigorant. Le dénouement est peut-être un poil tiré par les cheveux, mais ma foi, on a connu pire.

La présence de Mme Falk (Shera Danese) pour la énième fois n'apparait pas des plus remarquables. Le "piston" n'est pas à encourager dans certains cas... Elle n'est pas à proprement parler mauvaise, mais son éclat reste incertain à mes yeux.

Petite participation surprise : Little Richard en personne. Vite fait, bien fait. Amusant, sans plus.

On notera pour finir le petit clin d'œil pas aussi fin qu'on aurait pu l'espérer à Marlowe. En effet, Columbo rend visite à son célèbre collègue (John Martin). La scène est somme toute comique, avec une plongée très "noir" sur la scène et qui permet de découvrir le bureau de Marlowe avec tous les accessoires et les effets de lumière adéquats. Souriant parce qu'anachronique, mais sympathique tout de même. Et puis, cela colore quelque peu l'épisode.

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Crédits photo : Universal Pictures.

Images capturées par Sébastien Raymond.

 saison 1 saison 3

Columbo

Saison 8


1. IL Y A TOUJOURS UN TRUC
(COLUMBO GOES TO THE GUILLOTINE)



Critique :

1978-1989 : 11 années séparent ce début de saison 8 du dernier épisode de la saison 7 ; autant dire que la série prend un coup de jeune. La mise en scène est différente, ce qui est d'autant plus étonnant que c'est Leo Penn qui est réalisateur sur ces deux épisodes. Il n'empêche, Penn affiche tout de suite un style très proche du film noir. L'apparition de Columbo par exemple, ou les extérieurs de nuit sont marqués par ce thème, avec un travail sur les ombres et lumières aussi efficace que les moyens techniques de la réalisation télévisée le permettaient à l'époque. Le résultat est intéressant mais n'éblouit pas outre mesure, la faute à une photographie plus constestable ou à la qualité du dvd ? Car les couleurs sont un peu criardes et les lumières bavent un peu. Pour le reste, on retrouve les éléments habituels de la série : un meurtrier arrogant, un crime intelligemment conçu, et un Columbo brillant à l'excès, au limite du surnaturel.

D'ailleurs, c'est dans ce domaine que le lieutenant nous invite à entrer. Personnellement, en tant que fervent auditeur de la démarche zététique, j'ai été ravi par cet épisode qui propose une illustration édifiante de cette méthode. La zététique investit le doute dans l'observation et l'expérience des divers phénomènes étranges. Comme le dit le jeune magicien : "la première règle à suivre pour débusquer un charlatan, c'est de se dire qu'il y a forcément un truc et de ne jamais l'oublier". Ce préalable permet au chercheur de lister toutes les autres possibilités rationnelles. En somme, l'épisode nous présente la méthode dont use Columbo depuis le début de la série en la confrontant au surnaturel en plus du traditionnel meurtre.

Le scénario de William Read Woodfield (photographe et magicien, mais bien plus connu pour les photos de nu qu'il a prises de Marilyn Monroe) prévoit donc deux énigmes tout comme dans le précédent épisode (The conspirators), voire trois avec un mystère de chambre close, un gimmick classique mais toujours aussi réjouissant dans le policier. Comment l'assassin maquille-t-il son acte criminel en suicide ? Et comment a-t-il procédé pour réussir son test de télépathie ? Cette double interrogation est donc construite sur un très bon scénario. Intelligent, le récit captive et rend l'enquête passionnante. Dommage qu'Anthony Andrews, le meurtrier, soit aussi fade ; la plupart du temps impassible, ses accès d'humeur ne sont pas très convaincants. Dans l'ensemble, les comédiens n'attirent guère favorablement l'attention.

Le fossé qui s'est creusé avec les années entre la 7e saison et cette 8e est assez profond, la césure est visuellement évidente : les costumes, les voitures, l'environnement général, les coupes de cheveux, tout a beaucoup changé ; et j'avoue que le bond en avant m'a un peu trop bousculé, je préfère tellement l'esthétique des années 60 et 70 des 7 premières saisons. Une rupture s'est faite, le plaisir de suivre Columbo n'est plus le même. Il est toujours là, mais différent, avec une intensité amoindrie.

Fort heureusement, la structure et les ingrédients de la recette Columbo ne changent pas : la confrontation de Columbo et son adversaire est toujours alléchante et le détective fait toujours autant preuve de ténacité comme de finesse d'analyse. En dépit de son âge, Peter Falk arbore fidèlement son costume élimé, ses chaussures au cuir usé, et conduit toujours sa Peugeot cabossée avec autant de subtilité et de peps qu'auparavant, comme si le temps n'avait pas de prise sur le roublard italo-américain.

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2. OMBRES ET LUMIÈRES
(MURDER, SMOKE AND SHADOWS)

Critique :

Revoilà James Frawley ! On ne change pas une équipe qui gagne ! Une nouvelle fois en effet sa réalisation ne manque pas de nerf en même temps que d'élégance. L'épisode tournant autour du cinéma, Frawley en profite pour donner une certaine ampleur avec de grands mouvements de caméra que lui procure la grue hollywoodienne, ainsi que la démonstration des pouvoirs visuels des jeux d'ombres et de lumières du titre.

En  outre, cette enquête rend un hommage appuyé à l'un de ses premiers réalisateurs devenu depuis un géant du cinéma mondial : Steven Spielberg. Le générique se déroule lors d'un voyage en train touristique dans le parc d'attractions d'un studio de cinéma, et le requin des Dents de la mer fait une courte apparition. Mais le plus net et évident reste le personnage joué par Fisher Stevens. Physiquement, ce jeune loup binoclard aussi à l'aise avec une caméra que dans ses "snickers" a tout du cinéaste producteur.

Bien entendu, Stevens (un acteur que l'on a vu dans mille séries de Friends à Lost) arrive facilement à rendre son personnage hautement antipathique. Il assure un de ces éléments essentiels de la série, la jouissance des spectateurs à voir le meurtrier arrêté. Effectivement, le personnage est un exécrable salopard de la plus belle eau ne reculant devant aucun crime pour fuir ses responsabilités, un habile (tout est relatif évidemment, surtout face à Columbo) manipulateur, un fieffé menteur qui n'a jamais une once de regret, ni de respect pour ceux qui l'entourent et qu'il trahit donc afin de servir son seul bénéfice. D'ailleurs, Columbo jubile d'aise dans la dernière confrontation à la toute fin de l'épisode quand il prend le manipulateur metteur en scène à son propre jeu ; c'est une des rares fois où le détective exprime aussi ouvertement le pied qu'il prend à se moquer ainsi de son adversaire.

Stevens n'est pas un très bon comédien ici : il en rajoute énormément. Son jeu excessif profite paradoxalement à ce duel et à l'intensité dramatique d'un épisode qui a du jus et beaucoup de viande autour de l'os. Le scénario est judicieusement construit. Des épisodes de la "seconde période" (après saison 7), si mes souvenirs sont bons, c'est l'un des plus marquants, des plus réussis. Encore une fois, l'acharnement de Columbo fait plaisir à voir malgré le jeu moyen des comédiens qui l'accompagnent. Je commence à peine mes revoyures de ces Columbo post-années 80 et j'ai le sentiment que la qualité de la distribution n'est pas à la hauteur des saisons précédentes. Mais peut-être suis-je trop aveuglé par les deux premiers opus de la saison 8 ?

Il n'empêche qu'en dépit de ces points d'anicroche, j'ai pris énormément de plaisir devant cet excellent épisode.

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3. FANTASMES
(SEX AND THE MARRIED DETECTIVE)

Critique :

Un sentiment mitigé m'anime à la fin de l'épisode. Je reste partagé entre une histoire bien échafaudée, à la solide charpente faite d'une histoire d'amour trompé avec un vertige de la double personnalité, et la peinture trop caricaturale du milieu de la sexothérapie (dans le genre, mieux vaut voir Masters of sex).

Commençons donc par le bon grain : une psychothérapeute spécialisée dans les problèmes amoureux et sexuels - sans doute inspirée par la vague de sexologues célèbres outre-atlantique qui ont émergé dans les années 80 telle la fameuse Dr Ruth (quoique Masters et Johnson avaient déjà secoué l'Amérique dès les années 60) - se voit trompée et humiliée par son copain. Elle le supprime grâce à un plan machiavélique dans lequel elle s'amuse à incarner une call-girl de luxe mystérieuse et sensuelle. Le personnage interprété par Lindsay Crouse que je ne connaissais pas est très intéressant, fouillé, complexe, et somme toute attachant.

D'ailleurs, Columbo lui-même avoue dans un élan compassionnel avoir compris son geste. La relation qu'il noue avec elle est une des plus délicates qui soient dans la série. Nous n'avons pas l'heur de véritablement le voir affronter un adversaire infect et arrogant comme souvent. Elle joue sa partition juste pour sauver sa peau et sans doute Columbo lui en sait gré quand il fait preuve de cette attention finale. La dernière scène est à ce propos assez émouvante : au coin du feu, cette femme demande, espère, de ne pas avoir déçu le lieutenant, et tendrement, il la réconforte.

Ce qu'elle craignait le plus et c'est sans doute ce qui est le plus troublant, c'est de perdre sa personnalité, de préférer être son double, celui qu'elle a endossé pour son meurtre puis pour proposer des fausses pistes à Columbo. La question de la perte d'identité dans le jeu, ici celui du fantasme, est intéressante, et l'épisode semble anticiper sur la double personnalité quasi schizophrénique de la série Journal intime d'une call-girl. Cette question manque toutefois un tout petit peu de contenance en partie parce que la comédienne ne réussit pas à transcender son rôle, un poil de personnalité ou de charme en plus et le tour eut été joué ; malgré tout, sa prestation est correcte, difficile à mener sans tanguer vers la vulgarité ou les clichés. D'autant plus que le domaine de la sexologie (ou sexothérapie) est prompt à susciter fantasmes, grivoiseries, ricanements, et autres comportements stéréotypés. Et d'ailleurs, le scénario ne nous épargne pas de tomber dans ces travers en dépeignant l'entourage, les collègues psy de Crouse, comme des types plus ou moins équilibrés, plutôt infantiles, incapables de gérer leurs affects et leurs désirs, quémandant à Columbo ses conseils avisés. Certes, l'effet comique dû à un renversement de valeurs est l'objectif principal, mais finalement cela apparait un peu grossier et simpliste, et encore très puritain. C'est dommage, mais n'empêche pas heureusement le spectateur de siroter un épisode de grande valeur, bien écrit et subtil.

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4. GRANDES MANOEUVRES ET PETITS SOLDATS
(GRAND DECEPTIONS)

Critique :

Un épisode pas loin d'être excellent. Et pourtant, encore une fois sur cette saison 8, je déplore l'absence de véritables stars, de comédiens d'envergure. Ici aussi, Robert Foxworth, comédien de seconde zone, n'offre pas une stature d'importance, bien qu'il joue à peu près bien.

En fin de compte, du point de vue du jeu, seul Stephen Elliott procure un réel plaisir au spectateur. Le rapport qui s'institue entre lui et Peter Falk compose quelque chose de drôle et touchant à la fois : une relation nouvelle dans la série car on n'a jamais vu Columbo exprimer autant d'admiration - non feinte je précise - pour un personnage. Sam Wanamaker arrive bien à profiter de cet acteur dans une scène en particulier, très émouvante, quand la femme de son personnage vient lui apprendre qu'elle le trompe. Dans une jolie pénombre, sous une verrière et avec une caméra fixe, en deux ou trois plans très attentifs aux petits gestes de tendresse, le réalisateur capte là un moment de grande délicatesse, assez rare dans la série.

Avec la façon dont Columbo démêle le vrai du faux, l'épisode prend encore plus de hauteur, altitude quelque peu altérée par le dénouement un brin tiré par les cheveux il est vrai ; j'ai vraiment adoré l'implacabilité de sa démonstration, cette lente et sûre évolution de son enquête. Pour la énième fois, il est facile d'être bluffé par son analyse et par conséquent par le travail d'écriture sur le scénario que l'on doit ici à Sy Salkowitz.

Même si la série retrouve un milieu (l'école militaire privée) déjà exploité sur Dawn early night (Entre le crépuscule et l'aube), ce Columbo achève la saison 8 sur une note élevée. En se retournant, je me rends compte que cette saison est de très haut niveau sur l'écriture, la finesse des scenarii, sans doute la plus soigneuse sur ce point. Aussi, la pauvreté de la distribution constitue-t-elle le bât qui blesse malheureusement. On imagine sans peine ce que ces épisodes auraient pu donner avec des Ray Milland, des Patrick McGoohan, et consorts...

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Columbo

Saison 9


1. PORTRAIT D'UN ASSASSIN
(MURDER, A SELF PORTRAIT)



Critique :

Pendant longtemps - à vrai dire jusqu'à cette revoyure - cet épisode a pu constituer ce que je me représentais de pire dans la série. Aujourd'hui, en ayant revu successivement les épisodes précédents, je lui trouve quelques éléments de valeur. Mais commençons par prêter attention à ceux qui l'avaient dévalorisé à mes yeux.

Le casting, peut-être ? Pourtant je voue une certaine sympathie pour Vito Scotti, comédien récurrent dans la série, aimable trogne, soit volubile, soit plus discret, qui joue aussi bien les français que les italiens. Ici, moitié propriétaire de bar, moitié mécène, il maitrise plutôt bien l'aspect comique de son personnage.

Et puis, je suis heureux de retrouver Shera Danese, une actrice de série au physique très particulier également. On l'a déjà rencontrée chez Columbo dans Murder under glass par exemple, et elle reviendra dans trois autres épisodes. D'une beauté peu commune, elle accroche l'œil.

Les deux autres comédiennes qui composent le petit harem du meurtrier ne proposent pas grand chose de très original, ni véritablement saillant.

Quant au personnage principal, Patrick Bauchau, que voilà un curieux bonhomme ! Capable de tourner dans les premiers Rohmer, notamment l'irrésistible Collectionneuse, l'un de mes préférés de ce merveilleux cinéaste, dans lequel son phrasé et sa voix si originaux véhiculent de manière idéale toutes les ambiguïtés et les mystères de son personnage... mais on le trouve également dans Premiers désirs ou Emmanuelle IV. Alors que tout ceci, ici, sonne parfois très faux. Il faut avouer qu'on lui lègue dans cet épisode un rôle ô combien caricatural, une sorte de peintre libertaire, irascible, égocentrique, imbu de sa personne, à la fois Hemingway et Picasso, gigolo, charmeur, manipulateur, et meurtrier. Cela fait beaucoup ; beaucoup de poses, de situations convenues, malgré le quadriolisme plus ou moins bien accepté par ses dames.

La série s'appuie peut-être ici un peu trop sur des ingrédients qui avaient fait jadis leurs preuves, le soufflé est retombé. On nous ressert la relation un peu foireuse de Columbo avec son chien qui va jusqu'à le mordre lors d'un concours canin. De la même façon, le gag sur le nu artistique ne fait plus sourire, car déjà vu, tout comme le renversement de fonction entre psy et Columbo. Bref, le réchauffé n'aura jamais la saveur de la préparation "minute".

Je crois que ce qui me dérangeait le plus, c'était ces séquences oniriques, ces ralentis pesants qui affaiblissent l'épisode et qui finissent de saboter un rythme qui n'était pas des plus trépidants jusque-là. Je pourrais rajouter que j'ai toujours du mal avec cette photographie baveuse qu'on nous inflige depuis les dernières saisons.

Diantre, à énumérer tous ces bémols, je vais recommencer à détester cet épisode. Qu'est-ce qui a pu me faire un peu changer d'avis alors ?

Quelques mises en situation avec des petites trouvailles sympathiques de la part du décidément fantastique James Frawley assurent une relative bonne réalisation. Le plan de l'océan calme, de nuit, avant la tempête par exemple. Les décors de cette villa, superbe en bord de mer, ce luxe balnéaire, donnent une image plus délabrée, plus dégénérée, encore plus impressionnante. Et ces petites trainées de pinceaux auraient eu raison de mon ennui ? À croire que lors de cette dernière revoyure, j'étais particulièrement bien luné.

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2. TOUT FINIT PAR SE SAVOIR
(COLUMBO CRIES WOLF)

Critique :

Un épisode qui vaut essentiellement pour sa structure narrative inédite. En effet, l'enquête de Columbo se déroule en deux parties ; très difficile pour moi d'en évoquer les détails sans gâcher le plaisir. Je vais marcher sur des œufs : disons simplement que l'intrigue réserve à Columbo comme aux spectateurs de grosses surprises, de vrais bons vieux rebondissements de derrière les fagots, très théâtraux. Le premier, et non pas des moindres, est de découvrir le lieutenant en grande difficulté, ridiculisé, mené par le bout du nez par le meurtrier.

C'est d'autant plus rageant que Ian Buchanan incarne un personnage excessivement arrogant et indisposant, une tête à claques, un peu Hugh Hefner sur les bords, en plus jeune, avec le même sourire colgatoïde et factice, chantre de la superficialité la plus épaisse, étalée de façon complaisante.

Columbo s'en trouve fort marri et l'on compatit. La partie s'avère plus que serrée, c'est bien là le sel de l'épisode. Des épisodes seconde génération (à partir de la saison 8), je crois que c'est un des meilleurs. Je ne vois pas trop comment on peut rester indifférent à ce scénario révolutionnaire dans la série.

Rudement bien écrit, mais la mise en image n'est pas très originale, sans grand relief. Je regrette soudain James Frawley et sa patte : aussi petite fut-elle, elle avait le mérite d'exister. Ici, la réalisation de Daryl Duke reste très plate.

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3. VOTEZ POUR MOI
(AGENDA FOR MURDER)

Critique :

Sur la forme, cet épisode ressemble à une petite bande de terre isolée au milieu de l'océan, vous savez cette petite île avec un seul palmier pour tout résident. Patrick McGoohan est un vieux de la vieille, qui connait les arcanes de son métier et de la série comme sa poche. Je ne connais pas l'histoire de cette série et encore moins de cet épisode de manière plus spécifique, mais mon petit doigt me chuchote qu'il est pour quelque chose à cette singularité. D'ici à ce qu'il ait choisi Jack Priestley qui était déjà chef-opérateur sur By Dawn's Early Light en association avec Robert Seaman présent depuis le 1er épisode de la saison 8 pour imposer une photographie aussi particulière, il n'y a qu'un pas qu'il semble raisonnable de franchir.

Effectivement, visuellement, on croirait être devant un "vieux" Columbo. On avait noté l'image un peu baveuse depuis la saison 8, un grain pas toujours très net. Ici, je retrouve avec un plaisir ronronnant ce sirop d'image très nette, très fine, ces contrastes marqués entre ombres et lumières. Du reste, tout l'épisode joue sur ces oppositions de lumières entre des salles obscures où se préparent les enjeux politiques pas toujours très policés et des bureaux très éclairés où la simplicité d'une secrétaire le dispute à l'espièglerie d'un vaillant lieutenant. L'épisode est remarquablement filmé : certains cadrages d'exposition sont très efficaces. Il faudrait également saluer la superbe maitrise du montage, sur le meurtre surtout : du travail chiadé, brillant, net et précis. On retrouve ainsi tout le grand talent technique de Patrick McGoohan, qu'il avait déjà manifesté sur Le Prisonnier (auquel on pense pour cette vision sans concessions de la politique évoquant l'épisode Liberté pour tous).

Cet épisode a parfaitement mis en valeur tous les points forts de la série. Il nous offre une bien belle confrontation entre deux gaillards qui se connaissent très bien après déjà deux collaborations (By Dawn's Early Light et Identity Crisis). Patrick McGoohan joue idéalement cet avocat boursouflé de certitude, sûr de lui, de son évidente capacité à manipuler ce petit policier (comme certains Numéros 2 réjouissants de vantardise). Ah, il s'accroche, certes, sa ténacité est d'abord rigolote car anodine, elle continue par stupéfier, et finit par agacer. Le combat a été rude, assez complexe, car McGoohan n'est pas acteur à jouer en monolithe, il provoque par exemple une belle cassure avec cette scène de franche rigolade entre Peter Falk et lui : le spectateur se demande s'il s'agit d'une manœuvre destinée à éluder l'enquête de Columbo, à le désorienter, ou bien si le personnage est sincère et peut-être perdu ; le policier s'interroge aussi : "comment vais-je faire pour le coincer ?" Le dénouement sur le mode "la gourmandise est un vilain défaut" est assez bien troussé bien que modérément vraisemblable.

A la fin de l'épisode, une envie d'applaudir m'a pris et sans doute qu'une once de raison m'a permis d'échapper au ridicule tout seul devant mon écran. C'est sans doute un des meilleurs Columbo. Comme je dis ça à chaque saison, je suppose que ma crédibilité est sérieusement compromise. Rahhh ! Tant pis, c'est quand même du sacré beau boulot, je n'en démords pas.

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4. L'ENTERREMENT DE MADAME COLUMBO
(REST IN PEACE, MRS. COLUMBO)

Critique :

Et voilà, on se coltine à nouveau cette image terne, mate, aux traits pas toujours très nets, aux lumières baveuses. Après l'intermède Agenda for murder, Jack Priestley se retrouve seul sur la photographie et nous ressert cette image insipide. Cet épisode ne manque pas de scènes de nuit ou sous la pluie, ce qui exagère encore le côté troublé sur le plan visuel. On peut aimer ou pas, personnellement ça me dérange beaucoup. Bon, passons...

Ce téléfilm est intéressant sur au moins un point car il nous propose un scénario très original sur une structure complexe. Il commence en présentant des personnages à l'enterrement de l'épouse de Columbo : chacun se remémore les évènements qui les ont amenés à être là et ouvrent donc la voie à plusieurs flash-backs, dans un processus qui n'est pas sans évoquer l'iconique Rashōmon. L'un de ces retours en arrière constitue un meurtre dont on est témoin. Classique.

Cependant, on apprend progressivement que toute cette histoire se révèle être un plan machiavélique né d'un cerveau malade doublé d'un cœur meurtri. Pour venger la mort de son mari, arrêté par Columbo, une femme décide de tuer d'abord celui qui l'a trahi, mais également la femme de Columbo, qu'elle juge premier responsable de la mort de son époux et entend lui rendre la monnaie de sa pièce en le privant de sa femme chérie avant de le tuer, histoire de finir en apothéose funèbre.

Dans d'autres épisodes, rares cependant il est vrai, on a tenté avec plus ou moins d'ardeur à la tâche d'assassiner Columbo, mais c'est la première fois que cet objectif constitue le mobile principal. Il ne manque pas de piquant et colore le téléfilm d'un noir violent, acide et très malsain. La haine qui alimente la folie de la meurtrière a un goût de bile, un deuil mal foutu, un amour mort mal digéré.

L'actrice Helen Shaver n'a pas là un rôle facile car son personnage joue la comédie afin d'amadouer le lieutenant. Passant d'un mode sympathique et souriant à une ébullition pleine de pleurs et de colère, les yeux mouillés et rouges d'aigreur, Shaver ne parvient pas totalement à me convaincre. Cependant il serait injuste de dire qu'elle joue mal, non, ce n'est pas ça, mais disons que ni charme ni talent ne semblent émerger de sa prestation.

Les autres comédiens ne sont pas non plus vraiment marquants. Cet épisode avait tout du grand et en fin de compte ne provoque guère d'enthousiasme en ce qui me concerne. Seul l'enjeu l'emporte, cette mort de Columbo à laquelle on assiste en se demandant bien comment il va pouvoir s'en sortir et accessoirement comment il a bien pu se laisser embobiner...

Bref, un épisode particulier mais décevant.

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5. COURONNE MORTUAIRE
(UNEASY LIES THE CROWN)

Critique :

Cet épisode ne vaut que pour son dénouement et quelques petits clins d'œil juste amusants, le reste est presque ennuyeux.

Évoquons d'abord ce qui mérite l'attention. Comme je le disais en préambule, la manière dont le lieutenant confond son meurtrier est ingénieuse et prête à sourire, ce que ne se prive pas de faire le médecin légiste qui assiste à la scène. Parlons-en, car avec Steven Gilborn, Peter Falk propose un duo divertissant, leurs dialogues ne manquant pas d'humour tout le long de l'épisode.

Dans le rayon "petites gâteries", on pourra également apprécier la présence de guest stars sans doute déjà considérées comme has-been à l'époque et ravies de faire une apparition dans Columbo (Nancy Walker, Dick Sargent et John Roarke), mais la candide découverte de ces célébrités et l'émoi rieur que cela suscite chez Columbo offrent des moments plutôt sympathiques. Voilà c'est tout.

Oui, pas très festif tout cela ! En effet, l'histoire est plutôt bonne sur le papier, mais désagréablement abîmée par des comédiens médiocres, une mise en scène très plate et une photographie assez laide. De cette dernière se dégage quelque chose de beaucoup trop télévisuel, sans couleur, édulcoré, une image pastel très fade. Le metteur en scène Alan J. Levi n'a ici aucune approche personnelle, me semble-t-il. Ronron. Peut-être est-il handicapé par la pauvreté de la distribution ?

Mais c'est certainement James Read le pire de tous, sans nul doute de toute la série : un bellâtre grimaçant, gravure de mode des années 80 parfait pour Santa Barbara mais pas pour Columbo : il ne sait pas jouer, tout simplement, et a fini par m'exaspérer.

Je suis sans doute méchant, car au final j'ai suivi un épisode, certes qui n'incite guère à l'applaudissement, mais qui se regarde gentiment et par conséquent avec un petit contentement pépère. Comme la série, qui parait s'assoupir en fin de saison, lentement mais sûrement.

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6. MEURTRE EN DEUX TEMPS
(MURDER IN MALIBU)

Critique :

Je pensais en voyant l'épisode précédent avoir vu le pire acteur de la série, c'était sans compter sur Andrew Stevens qui ici fait montre d'un manque de talent sidéral pour mériter le titre de "pire acteur", sans doute définitivement. Je crois qu'on ne peut pas atteindre un niveau plus médiocre encore. Sérieusement, c'est dramatique. L'effet désastreux est accentué par le doublage français, mal fichu, à contretemps parfois.

Clairement, la série finit très mal la saison 9 avec un épisode tout aussi mauvais que le précédent. Certes, la structure en deux temps qu'indique spolieusement le titre français ne manque pas d'audace, ni d'originalité. Mais une nouvelle fois, la piètre qualité de l'interprétation se distingue pour fracasser l'édifice. Car ne nous y trompons pas, si j'ai houspillé le jeu merdique de Stevens, cela ne signifie pas pour autant que les autres comédiens relèvent la sauce, point du tout.

Brenda Vaccaro par exemple est une actrice qu'on retrouve dans bon nombre de séries. Elle jouera la mère de Joey Tribbiani dans Friends. Elle aura en effet tendance à toujours jouer le même rôle : une femme énergique, plus ou moins en colère, un éléphant dans un magasin de porcelaine, un ouragan plein de volonté et de puissance. En fait de tout casser, c'est surtout les pieds (pour rester poli) ; elle est bien gentille mais on se lasse vite de ce numéro perpétuel.

Alors finalement, de quoi est composé ce Columbo ? Des éléments qui ont fait sa gloire : un assassinat compliqué à élucider, un meurtrier tête à claques, boursouflé d'arrogance, le luxe de Los Angeles (ici les villas et magasins de Malibu et de Beverly Hills), etc.

Autant dire que la série fonctionne en mode routine, que la saison 9 est bien étrange, pétaradante au début, longtemps énergique, mais s'essoufflant sur les derniers mètres. Mi-figue, mi-raisin.

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Crédits photo : Universal Pictures.

Images capturées par Sébastien Raymond.

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Columbo

Saison 7


1. LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE FORTE
(TRY AND CATCH ME)



Critique :

Ah, un bon Columbo ! Je m'en languissais. Pour une fois le titre français est bien plus pertinent. Le "Try and catch me" anglais est un titre passe-partout qui convient à tout épisode de Columbo alors que le titre français rend sans doute hommage au Mystère de la chambre jaune de Leroux et fait également bien mieux référence au crime et à sa résolution par le lieutenant.

On découvre dans cet épisode une meurtrière très particulière interprétée par la Maude de "Harold et Maude" : Ruth Gordon, une petite vieille pleine d'énergie et de malice, mais capable ici de camoufler sous ses airs aimables une grande violence née d'une profonde tristesse ; un personnage complexe que l'actrice manie avec de bons arguments de jeu.

La relation qui se noue entre elle et Columbo est assez commune dans la série. D'ailleurs, le scénario prévoit que le policier en parle. Lors d'une conférence que donne cet écrivain de polars, elle l'invite au pupitre pour évoquer son métier de détective et il entame un discours sur le fait que les meurtriers sont parfois des gens charmants et drôles, qu'il lui arrive de les apprécier voire de les respecter (pas leur acte criminel bien entendu mais leur personnalité).

Effectivement, c'est un trait de la série qu'on a déjà souligné : l'alternance intéressante avec des confrontations acharnées et agressives entre Columbo et ses suspects et donc des relations tout aussi animées mais emplies parfois de sympathie voire d'empathie, c'est le cas sur cet épisode. La vieille dame tue le mari de sa nièce car elle le croit coupable de l'avoir tuée, et Columbo d'insister sur les raisons qui expliquent son acte, l'affreuse douleur de perdre un être cher et plus jeune que soi, intolérable injustice. Elle essaie même de l'amadouer, lui demande de faire une exception et de fermer les yeux sur son meurtre... impossible : le trait encore plus saillant de la personnalité du lieutenant demeure son extrême professionnalisme ; il est vrai que ce n'est pas à lui de juger de la gravité du crime et d'éventuelles circonstances atténuantes, etc.

La réalisation de James Frawley (qui débute ici une série de 6 Columbo) est bonne, un peu théâtrale, démonstrative, mais cela donne un certain cachet à la mise en scène. Une séquence du début est très ingénieuse et permet de nous faire comprendre que la vieille dame déteste son "beau-neveu" et que son discours enjôleur n'est que fariboles destinées à endormir toute espèce de méfiance chez le gaillard : ils sont tous les deux sur une plage du Pacifique, elle lui dit toute son affection, ils sont face à face, se regardent intensément alors qu'un couple de chevaux approche de plus en plus près d'eux, mais le galop étouffé dans le sable et le vacarme des vagues qui déferlent sonnent comme de sourdes menaces. Chouette petit passage qui montre que Frawley sait user de sa mise en scène pour s'exprimer ; la plupart des réalisateurs de la série ne prennent pas ce genre d'initiative risquée. Saluons-le.

Une autre scène entre Ruth Gordon et Mariette Hartley qui la fait chanter est à ce sens tout aussi bien composée, pleine de sous-entendus mais définitivement compréhensible et lisible : une petite merveille de double sens comme je les aime.

Enfin, voilà une saison 7 qui démarre sur les chapeaux de roues avec un crime bien ficelé, un dénouement cocasse et finaud, une relation criminel-Columbo des plus sympathiques, des acteurs qui jouent bien et une réalisation intelligente. J'en redemande.

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2. MEURTRE À LA CARTE
(MURDER UNDER GLASS)

Critique :

Ouch, attention les yeux ! Chaud devant ! Un Columbo exquis, succulent, un des tous meilleurs de la série à mon humble avis. Quatre étoiles au guide Alligator sans l'ombre d'une hésitation.

Certes, l'installation des éléments clés du récit comme la présentation du personnage interprété par Louis Jourdan, la préparation du meurtre, et la mort de la victime est un peu longue, presque fastidieuse ; cependant, elle donne un très bon aperçu du personnage ainsi que du monde dans lequel Columbo va se mouvoir comme un poisson dans l'eau, "comme un fugu dans l'eau" devrais-je dire puisque le meurtrier use de son talent de cuisinier pour en extraire le poison.

Louis Jourdan joue un critique gastronomique, excellent chef lui-même, et qui a extorqué une grosse somme d'argent à des cuisiniers pour leur faire une renommée internationale ; l'un d'eux se rebiffe, le cave, mal lui en prend...

Louis Jourdan incarne un personnage hautain, précieux, et cachant mal une colère prête à exploser dans la violence meurtrière. Très antipathique, il manipule son monde avec une certaine maestria. On hésite à parler d'élégance : dans les apparences oui, le terme est concevable, mais sur le plan humain, il n'en est plus question. D'ailleurs, les dernières répliques sont à ce propos claires, Columbo partage l'avis général. Jourdan est découvert, il est arrêté et conclut à l'adresse du lieutenant quelque chose comme : "je vous trouve très habile et je vous respecte énormément, mais je ne vous apprécie pas du tout", ce à quoi Columbo répond par la réciproque.

Les deux hommes nous ont offert un magnifique affrontement où l'on a bien senti l'irritation gagner Jourdan au fur et à mesure que Columbo accédait à la vérité ; ce dernier a difficilement caché le fait qu'il n'avait que peu d'estime pour son adversaire. Au contraire, il s'est totalement senti investi d'une mission que tous les amis cuisiniers du défunt n'ont eu de cesse de lui rappeler, celle d'attraper le coupable.

Louis Jourdan est un acteur très particulier qui n'est pas dénué de talent, mais quelque chose cloche chez lui qui m'empêche d'être totalement conquis par ses prestations. Je crains en fait le syndrome Cary Grant : Louis Jourdan aurait voulu être Cary Grant, c'est là son drame : il n'en a pas les facilités. Tous deux homo ou bisexuels honteux, Jourdan n'a jamais réussi à incarner sérieusement ses rôles d'homme à femmes alors que Cary Grant y excellait. Jourdan pouvait peut-être convaincre les anglo-saxons à force de jouer de son accent français, mais de ce côté de l'Atlantique, cela ne prend pas. Dans cet épisode encore, il embrasse la jolie Shera Danese du bout des lèvres.

On sent que l'effort est brutal, que les raisons qui font qu'il la repousse ne sont pas liées à l'enquête ni à l'absence d'entre-gens de la dame, mais bien à l'absence de quéquette au niveau de l'entrejambe de la dame. Mais reconnaissons-lui au moins, et c'est là l'essentiel, le talent d'user de tons bien cassants où condescendance et félonie composent très justement un personnage parfaitement détestable. Le duel avec Falk est de niveau "ligue des champions".

Toutefois l'épisode ne s'en tient pas à cette opposition. La mise en scène de Jonathan Demme est intelligente et très stylée, certainement la plus remarquable de la série jusqu'à maintenant. Le futur réalisateur du Silence des agneaux et de Philadelphia n'en était peut-être qu'au tout début de sa carrière, mais son talent éclate d'entrée. À ce propos, l'introduction de Columbo dans l'épisode est d'un comique très recommandable grâce à une entrée en matière parodique. Jourdan est emmené auprès du détective accompagné par une grande musique symphonique, et le sergent Burke se penche à l'oreille de Columbo attablé seul en train de manger dans un restaurant italien. Le "parrain" invite alors Jourdan à sa table d'un signe de la main.

Comme l'épisode tourne autour des arts de la table, Demme et Robert Van Scoyk au scénario imaginent un très beau cadre au dénouement. Falk et Jourdan bataillent entre deux verres de vins et leurs casseroles ; un dernier souper où Columbo fait preuve d'une grande audace (Jourdan tente de l'empoisonner) de même que d'un grand talent culinaire qui ne laisse pas d'étonner le critique gastronomique. Dernière phrase du téléfilm : "Columbo, vous auriez dû être chef", mais ne l'est-il pas ? Les amateurs se plairont à imaginer ce qu'aurait donné une confrontation avec Mr. Hannibal Lecter, assassin notoire et autre fin gourmet... à sa manière.

Un chef d'œuvre qui en coûte à la ligne du lieutenant qui passe tout l'épisode à gueuletonner aux frais de ces cuisiniers reconnaissants, un clin d'œil sympathique à la mythologie Columbo : en effet, souvent le policier arrive sur les lieux du crime avec l'estomac vide, appelé en urgence au milieu de la nuit ou d'un repas. De même, il ne fait jamais mystère d'une certaine gourmandise. Ici, il finit rassasié, repu, heureux.

Un Columbo heureux pour un épisode tout aussi formidablement écrit qu'interprété et mis en scène ; un de mes préférés. Il révèle des ambitions on ne peut plus réjouissantes, sans doute afin de faire oublier la triste saison 6.

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3. MEURTRE PARFAIT
(MAKE ME A PERFECT MURDER)

Critique :

Encore un très bon Columbo. Vers un sans faute sur la saison 7 ?

Le crime, son élaboration, comme sa résolution par le lieutenant dénotent un grand sens de l'écriture, une belle maitrise du suspense alpague le spectateur tout le long de l'épisode.

Je ne vois guère que la prestation de Trish Van Devere pour quelque peu altérer l'ensemble, et encore, je chipote et suis méchant. Certes, elle manque un chouïa de présence, son jeu est un brin monotone, mais à sa décharge on peut avancer que son personnage fait preuve d'une certaine inflexibilité qui explique en grande partie qu'elle devienne meurtrière ; il y a de la logique là-dedans.

Reste que je ne goûte pas trop sa performance. La comédienne n'a pas le charme qui emporte l'adhésion ni la prestance qui pimente la confrontation avec Peter Falk. Par contre, cette espèce de rigidité qui parait un peu paralyser le personnage sert admirablement le suspense, notamment pendant l'exécution de son machiavélique plan ou bien encore quand elle cherche à récupérer l'arme du crime dans l'ascenseur. A ce propos, le dénouement de cet épisode fait certainement partie des plus finauds, des plus imparables et inattendus. Bien joué, lieutenant !

Visuellement, James Frawley continue de mettre en image son téléfilm avec soin et une minutie que je veux saluer car j'ai l'impression que les épisodes de la saison 7 sont parmi les mieux réalisés dans l'invention et l'efficacité formelle de la narration - Bouah, quelle emphatique fin de phrase ! - Je veux dire par là qu'il y a, me semble-t-il, une très belle combinaison, un bon équilibre entre l'histoire que l'on veut mettre en images et l'ambition de présenter cela également de belle façon ; tout du moins que cela soit aussi agréable à l'oeil qu'à la cervelle donc. Ouf. On est donc captivés par cette enquête et jamais dérangé par un quelconque effet de caméra ou au contraire par une éventuelle platitude de la narration. Que nenni, que du bonheur !

Un des éléments-clés que l'on retrouve dans pratiquement tous les épisodes de la série est évidemment le duel que se livrent le policier et le criminel. Celui-ci est très particulier, j'avoue qu'il m'échappe un peu, qu'il me laisse perplexe ; j'ai eu grand mal à le déchiffrer. Tiens, en voilà une autre bonne raison qui explique que je reste de marbre devant la prestation de Trish Van Devere : par deux fois, elle complimente Columbo sur son charme physique ; seulement, je n'ai pas le sentiment pour autant qu'elle fasse là un numéro de séduction.

Quelles sont les intentions du personnage ? Je n'en sais rien. A quoi servirait un simple clin d'œil ? Le personnage sur le reste de l'épisode n'a pas du tout l'air de vouloir séduire Columbo, elle parait suivre son chemin, coûte que coûte, ce qui a le don de choquer son propre patron, joué par l'impeccable Patrick O'Neal. À la fin de l'enquête, alors qu'elle est acculée, près de basculer dans le désespoir, elle apparait beaucoup plus hostile et finalement toujours aussi froide. Voilà, je ne la suis pas, ne la comprends pas bien. Mauvaise lecture de ma part, je le confesse, mais ses sautes d'humeur restent pour moi trop mystérieuses.

M'enfin pour être honnête, tout cela n'altère en rien l'intensité du plaisir que j'ai ressenti à voir cet épisode bien construit.

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4. JEU DE MOTS
(HOW TO DIAL A MURDER)

Critique :

Un meurtrier aussi cinéphile soit-il n'en devient pas toujours sympathique. Celui-là a la belle tête de l'imbuvable, de l'arrogant, le nombril en avant, l'ego surdimensionné qui croit trop en sa bonne étoile. Voilà un candidat aux petits oignons que l'on va avoir plaisir à voir se faire humilier par la sagacité du lieutenant Columbo.

En effet, Nicol Williamson a l'allure altière, une rigidité dans le port du costume qui en dit long sur le personnage. Une antipathie naturelle émane de lui mais peut-être encore plus du mode opératoire du meurtre qu'il perpètre. Certes, le processus est génial, très ingénieux, mais d'une horrible cruauté : le meurtrier dresse ses chiens à se jeter sur un homme et le déchiqueter après avoir entendu le téléphone sonner et le mot "Rosebud" prononcé. Le "Yes !" réjoui qui accompagne son regard fanatique, ivre de vengeance, lorsqu'il entend l'amant de sa femme se faire dévorer par ses deux dobermans fait froid dans le dos. Tiens, j'y pense soudain, ces deux molosses ne seraient-ils pas ceux que garde Mr.Higgins dans Magnum ? Cela ne m'étonnerait qu'au quart.

Quoiqu'il en soit, ce meurtre avait de quoi être parfait. La maligne perversité qui sommeille en chacun d'entre nous n'a pas tôt fait de se réveiller à la découverte de ce crime, elle applaudit encore à l'ingéniosité du meurtrier qu'elle ne peut empêcher les valeurs morales beaucoup plus puissantes d'imposer leurs volontés. En effet, Williamson joue une belle crapule, le dégoût qu'il inspire est cependant affublé d'un autre compère : le mépris pour l'incroyable légèreté dont il fait preuve sur certains points. M'enfin faut bien qu'il reste quelques indices pour mettre le policier sur la piste, non ?

Cet excellent épisode se regarde avec passion, on cherche la petite bête avec Falk, on fouine. On a très envie qu'il trouve et rabatte son caquet à ce foutu menteur hypocrite. Le fieffé salopard est à deux doigts de récidiver sur le personne même du détective : les adversaires qui vont jusqu'à tenter d'assassiner Columbo sont assez rares pour le signaler ; on l'a même senti très proche de tuer la jeune Kim Cattrall, future miss Samantha Jones de Sex and the city, ici encore très juvénile : ce n'est pas son doudou et ses joues replètes qui diront le contraire.

Cet épisode a l'avantage pour le cinéphile que je suis de ne pas lésiner sur les clins d'oeil à l'ami "ciné" : WC Fields, le western, et bien entendu Citizen Kane ; le genre de petite attention qui touche. Bisous. Affectueusement vôtre, Alligator.

James Frawley est un réalisateur plutôt inventif sur la série jusqu'à maintenant. Certaines scènes sont très bien amenées, d'autres sont carrément bien filmées. C'est toujours un plaisir de suivre des enquêtes tournées aussi élégamment. Ici, il ajoute à cela un bon travail sur le son, notamment sur le meurtre, les battements de cœur du meurtrier, et les bruits lugubres de la ville fantôme.

Je suis en revanche un peu moins friand du gag proposant Columbo qui ordonne à son chien de ne pas bouger devant une dresseuse professionnelle afin de lui prouver qu'il est un bon maître. Le genre de comique aussi vieux que le monde et qui faisait déjà se plier en quatre les romains (remplacer le chien par un esclave).

En résumé, un des meilleurs Columbo. Cette saison 7, mon vieux, elle est terrible !

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5. DES SOURIRES ET DES ARMES
(THE CONSPIRATORS)

Critique :

On clôt la saison 7 sur un épisode pas mauvais mais peut-être le moins bon de la saison. C'est bête.

Le dénouement est si facile à prévoir que le scénariste Howard Berk a ajouté une autre énigme à résoudre en plus du meurtre : la cachette des armes. En effet, l'épisode nous projette dans le monde des terroristes irlandais. Ira, ira pas ? Si, ira. Le meurtrier Clive Revill (l'inoubliable Crawford de Méfiez-vous des morts ! des Avengers) tue un vendeur d'armes qui tente de l'extorquer.

Revill nous la joue biface. D'un côté tout en gaieté et jovialité irlandaises, poète, musicien, chanteur, comique, et trinqueur, le personnage apparait fort sympathique, essayant de charmer Columbo, celui-ci faisant semblant d'être aussi naïf et benêt qu'un policier puisse l'être. D'autre part, Revill sait manifester une grande froideur qui lui permet de contenir colère devant la trahison du marchand d'armes et irritation quand le lieutenant vient fourrer le nez dans ses affaires. Mi-lutin rieur, mi-tueur moraliste, le personnage est déroutant, ses simagrées destinées à amadouer son auditoire finissent par être un peu usantes. Heureusement, l'énervement prend le dessus, le vernis craque délicieusement, Columbo sait si bien titiller son meurtrier...

Un nouveau venu sur la série à la réalisation en la personne de Leo Penn amène de bonnes idées de mise en scène, dans le montage, comme ces chevauchements de scènes avec la nouvelle séquence qui commence mais avec le son de la précédente qui continue ; un enchaînement qui donne une note d'originalité intense, fort intrigante.

Le scénario peaufine gentiment l'aspect libidinal de Columbo, oh, point trop non plus ! Il s'agit seulement de faire sourire le public en confrontant dans une librairie le détective et un ouvrage d'art érotique : l'œil inquisiteur et réprobateur d'une femme qui, si elle avait un tantinet de sens moral se mêlerait de ses affaires, est assez rigolo. Quand la jeune libraire revient et jette également un œil intéressé, la pimbêche n'en devient plus que "vieille" et Columbo reste jeune et humain : la séquence est fugace mais marquante.

L'énigme de chaque épisode consistant à découvrir ce qui va mettre Columbo sur la voie afin d'arrêter le coupable est ici tellement visible qu'en conséquence on se demande bien pourquoi il met autant de temps à voir l'évidence ; sa prestance en prend un méchant coup. Vient donc se greffer cette cargaison d'armes que le criminel a caché sur un navire et qui permet à Columbo de redorer son blason ; il revient du diable vauvert pour coiffer l'irlandais sur le poteau. Italie 1 - Irlande 0.

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Crédits photo : Universal Pictures.

Images capturées par Sébastien Raymond.