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PrésentationLes deux tours

Saga Tolkien au Cinéma

Le Seigneur des anneaux : La Communauté de l'anneau (2001)


 LE SEIGNEUR DES ANNEAUX : LA COMMUNAUTÉ DE L'ANNEAU
(THE LORD OF THE RINGS : THE FELLOWSHIP OF THE RING)

classe 4

Résumé :

Dans l’héritage que lui a laissé son oncle Bilbon, Frodon Sacquet, jeune Hobbit, trouve un anneau. Mais il s’agit de l’Anneau Unique, autrefois forgé par Sauron, seigneur du Mordor, pour asservir tous les peuples de la Terre du Milieu. Alors que rien ne l’y préparait, mais accompagnés de ses amis, Frodon devient le Porteur de l’Anneau et s’engage dans une quête incertaine et dangereuse.

unechance 7

Critique :

« Vous êtes le Porteur de l’Anneau. Et porter l’Anneau signifie être seul »

Galadriel 

Un maître film pour la plus grande histoire de tous les temps. Rien de moins que la mise en image de cette fresque gigantesque conçue par Tolkien pour être la mythologie de l’Angleterre.

L’ouverture est impressionnante avec la bataille qui permit aux Elfes et aux Hommes de vaincre Sauron. Suit une brève histoire de l’anneau de pouvoir, « le Maître Anneau » jusqu’à notre entrée chez un Hobbit, Bilbon, qui écrit ses Mémoires : Histoire d’un aller et retour. C’est la préparation de son 111ème anniversaire et tout le pays, la Comté, se prépare activement. Le neveu de Bilbon, Frodon, accueille chaleureusement, un « magicien », Gandalf, connu pour ses feux d’artifice extraordinaires. Il n’est pas inutile que Peter Jackson s’attarde sur ce prologue car c’est aussi ce que fait Tolkien dans le premier volume. La Comté est une métaphore de l’Angleterre rurale, traditionnelle, travailleuse et solidaire. Notez qu’on n’y voit aucune machine en dehors des outils de bricolage et d’artisanat. La première note de gravité, c’est le projet de départ de Bilbon. Départ qui se réalise d’abord par une disparition brusque alors qu’il discourait ! Astuce rendue possible par l’usage d’un anneau doré dont Bilbon a bien du mal à se séparer. Ian Holm incarne la bonté même, un (semi) homme qui aime la vie et son confort mais qui a un bref accès de méchanceté quand Gandalf insiste pour qu’il abandonne le bijou. Un bijou qui se révèle être l’Unique ! Lequel appelle certainement son maître. Ian McKellen est épatant en Gandalf. Il est à la fois crédible dans les moments paisibles à fumer et dans les moments où soudain il s’active et déploie une activité prodigieuse. Son autorité ne fait aucun doute ! Si Gandalf à l’aspect d’un vieil homme, Ian McKellen montre qu’il est très loin de la sénilité !! Frodon doit quitter la Comté accompagné de Sam Gabegie, un ami qui a été trop curieux. Bientôt, deux autres Hobbits, Merry et Pippin, deux clowns vont se trouver embarqué dans une aventure qui les dépasse mais où ils ne manqueront de figurer en bonne place.

Gandalf va demander conseil au supérieur de l’ordre des magiciens, Saroumane, en sa demeure de l’Isengard. Profitez du caractère bucolique de l’endroit, ça ne va pas durer ! Le magicien porte du blanc mais son âme est noire. Saroumane est devenu un traître par fascination pour son objet d’étude, le Mal. Le regard fixe de Christopher Lee est terrifiant et, dans le duel avec Ian McKellen, c’est lui qui a le dessus. L’Isengard va lever une armée pour le Mordor et l’on voit le bel endroit se faire éventrer, les arbres massacrés (détail qui aura son importance) et des forges infernales se mettent en branle. C’est une vision apocalyptique que nous présente Peter Jackson et Christopher Lee était l’interprète idéal pour incarner ce magicien dévoyé. Il règne sur ce carnage avec l’assurance d’un dictateur et une arrogance royale. Pour les acteurs manquant de charisme, prendre modèle sur lui. Cette vision de l’Isengard est aussi la métaphore et la dénonciation violente de l’industrialisation par Tolkien. Idem pour la création des Hourouk-Haï qui sont des êtres maudits puisqu’ils ne sont pas naturels mais sont le produit impur de transformations scandaleuses. Qu’ils soient issus de la glaise renvoie également à la légendaire figure du Golem.

La menace est très sérieuse mais les Hobbits sont des êtres innocents puisqu’ils vivent dans un monde bucolique, quasi-édénique et Merry parle trop. Pour échapper à une foule curieuse à l’auberge de Bree, Frodon passe l’anneau et disparaît. S’ensuit une séquence quasi-onirique au terme de laquelle il est mis à l’abri par « Grand-Pas », un Rôdeur. Car les esprits servants de l’Anneau, les Cavaliers noirs, de leur vrai nom de Nazguls, sont sur leurs traces. Donner corps à des fantômes effrayants à demi consistants était difficile mais c’est réussi et l’ambiance créée autour de ces êtres déchus, corrompus par le pouvoir (image très biblique) est proprement infernale. 

ladoublure 3

L’innocence des Hobbits manque de les conduire à leur perte car un feu attire les Nazguls et Frodon est grièvement blessé, empoisonné par la lame du Roi-Sorcier. C’est alors que survient Arwen, fille du seigneur elfique Elrond, et qui va emmener Frodon à Fondcombe pour le soigner. Sa chevauchée sous la menace des Cavaliers est une séquence extrêmement dynamique mais très fluide et la musique héroïque, on dirait du Wagner ! Sans faute complet pour l’orchestration. Le franchissement de la rivière puis l’invocation des esprits de celle-ci pour emporter les Nazguls sont des moments forts et qui marque grâce à l’implication de Liv Tyler qui réussit son entrée. Son image, d’abord éthérée comme le sont celles des Elfes, manière de rappeler qu’ils ne sont pas des êtres ordinaires, se précise alors qu’elle chevauche et son émotion quand Frodon défaille est vivement ressentie.

Frodon survit et les retrouvailles entre Hobbits (y compris Bilbon) sont un joyeux moment. Fondcombe est aussi le lieu de la romance entre « Grand-Pas » et Arwen. Ces moments, chaleureux et tendres, sont à savourer car au Conseil d’Elrond se décide la marche à suivre. Il faut détruire l’Anneau Unique et le seul endroit où l’on peut le faire, c’est là où il a été forgé, la Montagne du Destin au Mordor ! La description que l’on nous en donne est horrible ! Le Mordor n’est pas un lieu « réaliste » mais c’est l’image de l’enfer sur terre. Au terme d’un passage confus, Frodon s’affirme porteur de l’Anneau. Il sera accompagné de Gandalf, de « Grand-Pas » alias Aragorn – descendant des anciens rois–, de Boromir du Gondor, de l’Elfe Legolas et du Nain Gimli. Plus des trois autres Hobbits !

Les paysages que traversent la Communauté, en plus de ceux qui nous ont déjà été présentés, sont magnifiques et il n’est pas étonnant que le secteur touristique de Nouvelle-Zélande ait pleinement profité du succès du film (et des suivants) ! Pour échapper à Saroumane, ils tentent de passer par les montagnes. Mais c’est impossible : tempête de neige (qui ensevelit les Hobbits !), vents violents, rien ne manque ! Le film en rajoute avec la voix de Saroumane qui commande une avalanche. Passage inutile mais qui s’appuie sur un chapitre clé du roman Les Deux Tours, concernant les charmes de la voix du magicien. La dangerosité du moment est soulignée par le commentaire en voix off de Saroumane qui annonce le prochain danger. Le franchissement est un échec ; comme l’écrit Tolkien « Le Caradhras les avait vaincus ». Comme l’a annoncé Saroumane, le seul autre chemin, ce sont les Mines de la Moria, royaume nain. Mais c’est un tombeau dans lequel ils entrent ! L’architecture de la Moria est magnifique, massive, monumentale mais menaçante. Le passage vers le pont de Khazad-Dûm est à proprement parler une architecture de Piranèse, c’est effroyable !! Mais, trêve de contemplation, une bêtise de Pippin amène une armée de Gobelins ! Des êtres répugnants à la peau verdâtre, aux yeux jaunes globuleux et aux dents gâtées. Une méchanceté faite chair. Sauf qu’il y a pire que des Gobelins, un Balrog !!! Une créature de l’ancien monde, une ombre entourée de flammes. « Les Nains ont creusé trop profond et avec trop d’avidité » avait onctueusement prévenu Saroumane. Dans une séquence magnifique où le charisme de Ian McKellen éclate, où les effets spéciaux sont plus que réussis, le monstre est détruit mais il entraîne Gandalf avec lui dans sa chute.

Après ces moments très éprouvants, la Communauté peut reprendre des forces en Lorien, dont la Dame se nomme Galadriel. La Lorien fait partie des loca amoena ; les « lieux agréables » où les aventuriers peuvent se reposer. Ils sont notamment issus de la tradition celtique. Parenthèse dans un récit d’errance, ils distillent un sentiment de paix. Tout d’abord, on appréciera l’architecture fine, presque cristalline du royaume elfique. Ensuite, incarnée par Cate Blanchett majestueuse, Galadriel est un des plus beaux personnages féminins du cinéma. Dans l’œuvre originale, c’est d’ailleurs le seul personnage féminin d’importance. Avec raison, le réalisateur insiste sur les yeux bleus glaciers de l’actrice. Son regard sera un élément important de cette séquence. Lointain quand elle semble deviser du futur telle une devineresse, proche quand elle sait faire montre d’empathie voire d’humour (brève mais touchante séquence avec Gimli, un des rares rires du film qui ne soit pas le fait d’un Hobbit), il se fait moqueur voire ironique quand elle confronte Frodon à son Miroir d’eau. En réponse, il lui offre l’Anneau ! Stupéfaite, Galadriel est tentée de le prendre mais résiste et se reprend. Elle a réussi une épreuve que peu de gens aurait su accomplir. Cate Blanchett montre là la force et la grandeur d’âme de Galadriel, sans esquiver son pouvoir de séduction.

Cette brève halte sera la dernière. Saroumane a lâché ses Hourouk-Haï et ils tombent sur une Communauté qui se disloquait. Incapable de se contenir plus longtemps, parce que désireux de sauver sa cité de Minas Tirith dont il a fait une description très émouvante, Boromir agresse Frodon pour lui prendre l’Anneau. Il échoue mais fait fuir le Hobbit. Boromir aura l’occasion de laver son honneur en mourant bravement sur le champ de bataille. C’est une séquence très forte émotionnellement que de voir Sean Bean, atteint une fois, deux fois, par des flèches, de se relever pour se battre, puis une troisième, fatale.

Gandalf disparu, Boromir mort (mais ses dernières paroles à Aragorn sont émouvantes et symboliques : « Je vous aurai suivi mon frère, mon capitaine, mon Roi »), Merry et Pippin aux mains des Hourouk-Haï, Frodon et Sam partis seuls pour le Mordor, « la Communauté a failli » dit sinistrement Gimli mais Aragorn refuse de baisser les bras. Pas tant qu’ils n’auront pas sauvé les deux Hobbits.

Anecdotes :

  • Sortie US et Sortie France : 19 novembre 2001 Sortie Nouvelle-Zélande : 20 novembre 2001

  • Le film a coûté 109 millions $ et en a rapporté 869.

  • Le titre des Mémoires de Bilbon renvoie au roman Le Hobbit mais c’était aussi le premier titre du diptyque (devenu trilogie) tiré de cet ouvrage publié en 1936. La formule de Gandalf « l’incident avec le dragon » s’y rapporte directement mais fait plutôt figure d’euphémisme !

  • Les Hobbits font sept repas par jour ! Deux petits déjeuners, une collation à 11 H, le déjeuner, le goûter, le dîner et le souper !

  • Ainsi que le rapporte Saroumane, les Orques sont à la base des Elfes atrocement mutilés et torturés (voir Le Silmarillion).

  • Il y a plusieurs Balrogs dans l’œuvre de Tolkien. On les retrouve dans « La chute de Gondolin » (Le livre des contes perdus) et dans Le Silmarillion. Ce sont les principaux serviteurs de Morgoth, l’Adversaire du Deuxième Age. Le balrog figure dans un cauchemar de Lovecraft.

  • Le film a remporté 4 Oscars (meilleure musique de film, meilleure photographie, meilleur maquillage, meilleurs effets visuels), 4 BAFTA (dont meilleur film et meilleur réalisateur)

  • Il est classé par l’American Film Institute dans les 100 meilleurs films américains et le 2ème meilleur en fantasy (le 1er étant Le Magicien d’Oz de Victor Fleming)

  • Sean Connery et Patrick Stewart ont décliné le rôle de Gandalf. Stuart Townsend devait interpréter Aragorn mais Peter Jackson l’a finalement trouvé trop jeune. Viggo Mortensen fut contacté au dernier moment et accepta le rôle sur l’insistance de son fils qui avait adoré les romans.

  • Christopher Lee, qui avait rencontré Tolkien, avait auditionné pour le rôle de Gandalf avant de se voir attribué celui de Saroumane. Les cascades effectuées par Gandalf ont contraint Christopher Lee, trop âgé (78 ans), à renoncer à son désir initial. Une satisfaction pour Peter Jackson, qui ne voyait que lui pour interpréter Saroumane.

  • Le tournage en Nouvelle-Zélande se déroula durant quatorze mois.

  • Peter Jackson a l'habitude de faire une petite apparition clin d'œil dans chacun de ses films. Ainsi, dans La Communauté de l'anneau, on l'aperçoit furtivement dans le rôle d'un habitant du village de Bree.

  • Durant le tournage du Peter Jackson a donné un surnom bien particulier aux quatre acteurs qui incarnent les Hobbits. Grand fan des Beatles, il leur a en effet donné à chacun le nom de l'un des membres du groupe ! Pour l'anniversaire de Peter Jackson, les quatre acteurs lui ont rendu la pareille en lui offrant une photo d'eux déguisés en Beatles !

  • Le premier montage de La Communauté de l'anneau durait environ cinq heures ! Peter Jackson dut donc se résoudre à de nombreuses coupes et décida de recentrer l'histoire sur la quête de Frodon. La durée du film fut ainsi réduite à un peu moins de trois heures. Une version longue du film, proposée en DVD, comporte près de trente minutes de scènes supplémentaires

  • Effrayé par la perspective de reprendre l'hélicoptère après un premier voyage mouvementé, Sean Bean, interprète de Boromir, refusa de remonter dans l'un des appareils nécessaires pour transporter les comédiens sur un lieu de tournage inaccessible. Il prit donc sa voiture et termina le trajet à pied, escaladant deux heures durant les collines pour rejoindre ses partenaires !

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La communauté de l'anneaúLe retour du roi

Saga Tolkien au Cinéma

Le Seigneur des anneaux : Les Deux Tours (2002) 


 LE SEIGNEUR DES ANNEAUX : LES DEUX TOURS
(THE LORD OF THE RINGS : THE TWO TOWERS)

classe 4

Résumé :

Sur le chemin du Mordor, Sam et Frodon croisent la route de Gollum. Pendant ce temps, Saroumane réunit une immense armée pour frapper le royaume de Rohan où Aragorn et ses compagnons arrivent. Non sans avoir reçu une visite imprévue mais pleine d’espoir.

unechance 7

Critique :

« Il n’y aura pas d’aube pour les Hommes »

Saroumane

Si cette seconde partie est celle qui accuse le plus de longueurs, aucune n’est véritablement inutile puisqu’elles participent soit de la poétique soit de l’héroïque du récit. Le Seigneur des Anneaux n’est pas un vulgaire film d’aventure avec des effets spéciaux ; c’est une fresque. Une épopée avec ses temps propres ; temps de guerre pour l’héroïsme, temps de méditation pour la sagesse, temps de tendresse pour l’espoir.

D’autant que, question paysages, nous sommes gâtés et, cela, d’entrée de jeu. Un beau contraste nous fait ainsi passer de cols enneigés à un paysage de roches où errent Sam et Frodon. Dans ce moment d’égarement, nous pouvons apprécier la personnalité solaire de Sam à qui Sean Astin donne une mine certes bonhomme mais loin d’être naïve ou simple. En comparaison, Frodon est lunaire, il devient de plus en plus froid, agressif aussi. Les grands yeux bleus d’Elijah Wood reflète une âme qui se sait atteinte. Si l’acteur n’est pas le plus expressif au monde, c’est ici une chance puisque l’Anneau modifie justement la personnalité en la nivelant. Il faut donc en montrer le moins possible. C’est peu après que surgit un des personnages dont l’importance est égale au dégoût qu’il procure, Gollum. Physiquement, il est répugnant et sa voix geignarde et aiguë ne le classe pas parmi les oiseaux chanteurs. L’apprivoisement de Sméagol (son premier nom, « Gollum » étant une interjection) par Frodon est un moment capital. Il paraît réussi et la créature visqueuse accepte de les conduire en Mordor. Après la traversée d’un marécage répugnant (superbe travail de photographie avec cette atmosphère pâle et brumeuse) où marinent les morts, ils arrivent devant le Mordor. La Porte noire étant infranchissable (le film en rajoute dans la dramaturgie par rapport au livre), ils devront passer par la montagne. En chemin, ils tomberont sur des guerriers du Gondor menés par Faramir, frère de Boromir. S’il trouve l’Unique, le cadet ne succombe pas comme son aîné et, après quelques péripéties, les laissera partir, non sans inquiétude car le col de Cirith Ungol est déconseillé. Le final semble d’ailleurs lui donner raison.

Pendant ce temps, l’Isengard affûte ses armes. La vue de ses forges en fusion, de ce contraste entre le noir de la pierre de la tour d’Orthanc et la lueur proprement infernale des ateliers du magicien dévoyé est saisissante. Qui mieux que Christopher Lee pouvait prononcer avec une arrogance souveraine cette terrible sentence : « L’ancien monde brûlera dans les flammes de l’industrie ». Tolkien détestait cette industrie ; le film est en cela fidèle à la pensée de l’auteur. Pour alimenter les forges, il faut du bois et Saroumane ordonne de brûler la forêt de Fangorn. Quand on sait qu’en vieil-anglais, Saruman, signifie « Homme rusé », on ne peut qu’applaudir au choix de Peter Jackson concernant Christopher Lee. Nouveau Dracula, Saroumane a remplacé la soif de sang par celle du pouvoir, une Terre du Milieu à soumettre aux jeunes femmes soumises. Plus terrible encore est le discours hallucinant, froid et orgueilleux qu’il tient à Sauron à travers le Palantir – la pierre de vision – : il ne parle rien de moins que de cogestion de la Terre du Milieu par les Deux Tours ! Il faut avoir perdu la tête pour penser à une folie pareille. Mais la folie des Grands retombe sur les plus humbles ; les troupes de l’Isengard commencent à ravager le Rohan.

ladoublure 3

Le Rohan est une région au nord du Gondor dont il formait une marche extérieure. Ses habitants sont les Rohirrim et ce sont de merveilleux éleveurs de chevaux. Ils ont un roi, Théoden, mais celui-ci n’est plus qu’un vieillard décati, une véritable momie. On saluera le travail des maquilleurs car la première vision de Théoden n’a vraiment rien de royale. Son fils est blessé (il mourra peu après) mais son conseiller, Grima – affectueusement surnommé « Langue de Serpent » par tout le monde – affirme que Saroumane est l’ami du Rohan et fait bannir le trop perspicace maréchal Eomer. Ces trois personnages sont capitaux pour la suite de l’histoire. Grima, interprété par Brad Dourif qui est l’image même de l’obséquiosité malsaine, est un pion de Saroumane qui a pris possession de l’esprit du roi. Comme son maître, le pouvoir de Grima réside dans sa voix. Ses paroles sont doucereuses et il n’élève jamais la voix mais l’homme sain est proche de la nausée quand il approche. Karl Urban donne une allure très raide à Eomer. En guerrier, il est convaincant. Mais Bernard Hill se montre véritablement fantastique. Complètement avachi sur le trône, il donne corps à la résurrection de Théoden. On voit littéralement l’homme retrouver la vue, la santé, se redresser. Dans la suite du film, il sera l’image de l’autorité, non sans laisser voir les doutes qui habitent le souverain.

La résurrection de Théoden est un miracle et qui mieux qu’un ressuscité pour dire (métaphoriquement) à quelqu’un : « Lève-toi et marche » ? Ce ne sont pas les paroles certes mais c’est ce qu’accomplit Gandalf. Le magicien que l’on croyait mort est revenu, blanc cette fois. Sa chute – vue comme un cauchemar de Frodon, excellente idée et très bon montage – puis son récit compose une action de grâce et lorsqu’il apparaît à Aragorn, Gimli et Legolas, c’est dans un corps de lumière. Tolkien était catholique et cette apparition semble faire écho à l’apparition pascale du Christ ; c’est un « corps de gloire ». Mais, le monde du Seigneur des Anneaux est un monde païen et Gandalf reprend chair. Le verbe se fit chair si l’on veut filer la métaphore. Le personnage de Gandalf est clairement un archétype du magicien comme Merlin pour Arthur : débordant de vie, voyageur, détenteur d’un vaste savoir, portant une longue barbe blanche et indifférent au pouvoir. Le costume est également identique (ample robe chapeau à larges bords). Gandalf, impuissant à empêcher Théoden d’aller s’enfermer au Gouffre de Helm – la grande forteresse du Rohan – part à la recherche d’Eomer. Il revient à Aragorn de permettre aux Rohirrim de tenir jusqu’à son retour.

Parmi la cour du roi Théoden, il est une gente dame que convoitait Grima. On comprend en voyant Eowyn – dont le nom signifie « cavalière » en vieil-anglais - qu’elle lui plaise tout comme on comprend le dégout qu’il lui inspire. Leur seule scène en commun amène le cœur près des lèvres. Mais si Miranda Otto donne une grâce et une beauté à Eowyn, elle ne la joue pas comme une faible femme et elle a bien raison ! Une femme qui tombe vite amoureuse d’Aragorn mais qui comprendra qu’elle arrive trop tard. C’est un moment de paix dans le récit que de nous parler d’Arwen sans qu’il en soit moins grave. Les Elfes quittent la Terre du Milieu et Elrond rappelle à sa fille qu’elle est immortelle et qu’Aragorn non. Qu’il survive à la guerre et devienne roi ne changera pas cet état de fait. Le choix ne semble pas encore fait mais en peu de temps Liv Tyler et Viggo Mortensen ont donné corps à un amour d’autant plus fort qu’il transcende les peuples.

Le morceau de bravoure de ce film c’est la bataille du Gouffre de Helm. Une forteresse massive, imprenable s’en gargarise le roi. A son exclamation bravache et imprudente - « Est-ce tout ce que votre magie peut faire, Saroumane ? » - celui-ci avait répondu par avance dans une harangue à ses troupes : « Un nouveau pouvoir se lève ». L’image est effrayante : cet homme vu de dos devant une foule qui l’acclame. Il y a comme une réminiscence du Troisième Reich dans cette façon de soulever l’enthousiasme pour demander la guerre. La guerre qui concerne tout le monde. A Helm, les vieux et les jeunes s’arment. Mais, plus loin, Merri et Pippin, qui ont échappé aux Hourouk-Haï, ont découvert les Ents, des géants ressemblant à des arbres. On a quelques sourires dans ces moments, qui sont comme des virgules de légèreté entre les scènes de combats. Les Ents ne voulaient pas faire la guerre mais lorsqu’ils voient les ravages de l’Isengard – une brillante intuition de Pippin qui se rattrape de sa gaffe dans la Moria – ils lancent leur dernière marche : « Ce n’est pas digne d’un magicien ». Et les Elfes entrent aussi dans la bataille : une compagnie  venue de Fondcombe prêtera main forte aux hommes. Eomer apportera les derniers renforts et la forêt massacrera les orques en fuite. Théoden ne croyait plus aux vieilles alliances mais ce sont justement ces alliances des différents peuples de la Terre du Milieu qui font échec au magicien, désormais emprisonné dans sa tour. On ne peut conclure sans citer Sam qui résume tout le pourquoi et l’importance de la lutte : « Il y a du bon en ce monde. Il faut se battre pour cela ». 

Anecdotes :

  • Sortie US et sortie France : 18 décembre 2002. Sortie Nouvelle-Zélande : 19 décembre 202

  • Le film a coûté 92 millions et en a rapporté 923.

  • La chute de Gandalf avec le balrog est une initiation qui lui permet de revenir tel un Saroumane qui n’aurait pas dévié.

  • La forêt est un peuple pour Tolkien. Pour le passage où les Ents s’en prennent à Saroumane, il s’est inspiré d’un passage de Shakespeare dans Macbeth qui voit la forêt de Dunsiname avancer pour en finir avec ce dernier. De même, le roi des Nazguls est une version de ce roi.

  • Le mot « Ent » vient de l’anglo-saxon « eald enta geweara » signifiant « géant »

  • Dans Les Deux tours, Peter Jackson incarne un soldat défendant le gouffre de Helm.

  • Créer le personnage de Gollum fut l'un des défis de la trilogie du Seigneur des anneaux. Créé via des logiciels d'animation de synthèse de pointe, ce personnage devait avant tout être le plus crédible possible, notamment de par ses nombreuses interactions avec Frodon et Sam. Une réussite, qui tient pour beaucoup à la performance d'Andy Serkis. Tournant avec les autres acteurs dans un costume bleu/vert/blanc ensuite effacé au montage, il retourna ensuite toutes ses scènes en studio, couvert de capteurs de mouvements, puis les reprit une nouvelle fois derrière le micro pour doubler la créature et numériser ses expressions faciales.

  • La transposition au cinéma des scènes de bataille a été possible grâce à un logiciel d'animation capable de transposer à l'écran. Ainsi, les techniciens du studio Weta Workshop ont mis au point le logiciel Massive, qui offre la possibilité de créer d'innombrables entités numériques, chacune dotée de sa propre personnalité. En résultent des scènes de combat où les combattants artificiels ne répètent plus des mouvements préprogrammés mais agissent et réagissent en fonction de leur environnement. 

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Les deux toursUn voyage inattendu (2012)

Saga Tolkien au Cinéma

Le Seigneur des anneaux : Le Retour du roi (2003)


 LE SEIGNEUR DES ANNEAUX : LE RETOUR DU ROI
(THE LORD OF THE RINGS : THE RETURN OF THE KING)

classe 4

Résumé :

La situation devient critique pour la Terre du Milieu. Les armées du Mordor menacent un Gondor très faible. Pour obtenir des renforts, Aragorn devra accepter un lourd héritage. Quand à Sam et Frodon, toujours menés par Gollum, ils arrivent au sinistre col de Cirith Ungol. 

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Critique :

 « Je suis l’héritier d’Isildur »

Aragorn

Le passé est quelque chose de pesant. Mais chacun y réagit différemment. Gollum a perdu le contact avec Sméagol, Frodon poursuit l’héritage de Bilbon, Aragorn s’empare du sien pour le dépasser. L’ouverture du film est le récit de la déchéance du hobbit Sméagol. Le mi-temps celui de l’accession au trône d’Aragorn. La conclusion l’apothéose de Frodon.

Le film commence avec la clôture de la guerre contre Saroumane. C’est un duel entre Gandalf et Saroumane qui tourne en la défaveur de ce dernier qui perd son bâton (symbole de son rang) puis se fait assassiner par Grima ! Celui-ci ne profitera pas de son crime longtemps ; Legolas fait justice. Détail important : la mort du magicien livre à la Communauté un Palantir. Celui-ci jouera un rôle à deux moments : une gaffe de Pippin et un défi lancé par Aragorn. La première révèle le plan de Sauron. Le second participe du plan d’Aragorn. Les effets spéciaux pour la pierre de vision sont très bien faits : flammes, lumière vive et, surtout, les acteurs donnent corps à la douleur de toucher cet objet dangereux.

Le plan de Sauron est de frapper Minas Tirith, la « cité blanche » (une merveille architecturale), capitale du Gondor. La salle du trône qui alterne marbre noir au sol et marbre blanc des statues des rois de naguère est splendide, immense, froide dans sa majesté, mais un homme va l’emplir cependant. Le réalisateur a l’habileté de zoomer progressivement sur cet homme qui occupe la place du Roi. Le Gondor n’a plus de roi depuis longtemps et il est gouverné par l’Intendant, une sorte de régent à vie. L’actuel détenteur de cet office est Denethor, qui se trouve être le père de Boromir et de Faramir. John Noble incarne ce serviteur que l’amertume et le désespoir ont rongé. Dénué de sourire, son visage est un masque fermé qui ne dévoile que dédain (pour Gandalf) et mépris (pour Faramir). Pire ! Il refuse de s’effacer devant Aragorn (qu’il connaît sans l’avoir vu) ; un Rôdeur ne saurait exercer le pouvoir. John Noble arrive cependant à donner une grandeur, un charisme à son personnage. Si l’Intendant ne veut pas se battre (puisqu’il est certain de la défaite), Gandalf va ruser avec l’aide de Pippin. Le Hobbit allume les feux d’alarme de Minas Tirith provoquant une réaction en chaîne. De poste en poste, à travers des paysages magnifiques, le message parvient jusqu’au Rohan : « Le Gondor appelle à l’aide » s’exclame Aragorn.  « Et le Rohan répondra » affirme Théoden. Trop peu de mots peuvent rendre la sensation d’honneur et le grandiose de ces quelques paroles.

Pendant ce temps, la situation s’aggrave pour Sam et Frodon. Celui-ci est de plus en plus rongé par l’Anneau et Gollum en profite pour susurrer à son oreille des paroles déplaisantes pour Sam. Il prépare une trahison, Sam le sait mais Gollum est plus malin et parvient à le faire chasser par Frodon. Ils sont alors dans les escaliers venteux qui contournent Minas Morgul, citadelle avancée du Mordor. Un décor dantesque que ces marches noires qui se distinguent mal de la roche brute. Peter Jackson sait trouver les angles pour donner la sensation de hauteur, de raideur et de danger.

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Trahison de Gollum et trahison de Denethor. En accablant Faramir de mépris et en le traitant à mots à peine couverts et d’une dureté inouïe de lâche, l’Intendant pousse ce dernier à tenter la suicidaire tentative de reprise d’Osgiliath, tombée peu avant. Cette scène est magnifiquement illustrée par une chanson de Pippin et le montage alterne bataille, chant et repas de Denethor. Les tomates-cerises laissent une symbolique trainée rouge-sang (gros plan sur la bouche de John Noble). L’Intendant paiera le prix de sa renonciation. Rendu fou de douleur par la mort (supposée) de Faramir, il est quasiment déchu par Gandalf qui a pris en main la défense de la cité. Ian McKellen est toujours aussi impeccable. Son regard affiche la détermination de Gandalf tout autant que son mépris pour Denethor. La faute de ce dernier aux yeux de Tolkien était de s’être abandonné au désespoir ; c’est un péché majeur. Judas y avait succombé également.

La trahison, c’est aussi ce qu’Aragorn doit rencontrer. Pour trouver de l’aide, il doit suivre le conseil d’Elrond et aller quérir une armée de morts-vivants ; ils ont été maudits par Isildur, le dernier roi, pour ne pas avoir honoré leur serment. Ils n’obéissent à personne mais ils doivent obéissance au Roi. Elrond a reforgé l’épée d’Isildur : elle porte désormais le nom d’Andaril : « Oubliez le Rôdeur, dit Elrond. Devenez celui que vous devez être ». C’est une réponse indirecte à Denethor. L’Intendant a raison de ne pas vouloir s’effacer devant un Rôdeur mais il n’a pas le droit de lui refuser la noblesse et ses droits au trône. Le Chemin des Morts où se rendent Aragorn, Gimli et Legolas, a été soigné par les décorateurs : sinistre, une brume bleutée et une sorte de façade palatiale sèche et dure. L’image de l’armée des morts est impressionnante. L’offre d’Aragorn est simple : « Battez-vous pour nous et regagnez votre honneur ».

Alors que la bataille commence, que les Nazguls sèment la terreur ; Gollum amène Frodon devant un tunnel sombre, puant et…plein de filaments gluants. 

L’antre d’Arachné est un des pires lieux de la Terre du Milieu et c’est tout un passage d’épouvante. Le spectateur est pris à la gorge par l’effroi et maudit le scénario qui mêle espoir et désespoir dans un mélange efficace. La loyauté de Sam sauvera cependant Frodon. Son courage, la colère aussi quand il constate que Frodon a oublié le goût des fraises ou la sensation de l’herbe lui donnent des forces pour mener son maître jusqu’à la Montagne du Destin. Mais Gollum a d’autres projets !

La bataille de Minas Tirith, concomitante, est un moment d’héroïsme tout en étant un morceau de bravoure du réalisateur. Le plus beau c’est la venue des Rohirrim. La harangue de Théoden est portée avec une force qui donne la chair de poule. La charge des Rohirrim, qui disloque les lignes du Mordor, est un passage grandiose, magnifique. Avec un sens du suspens parfait, Peter Jackson fait intervenir d’abord les cavaliers du Rohan puis les morts avec Aragorn pour emporter la victoire. Théoden y laisse la vie (un moment d’émotion rendu très fort par Bernard Hill mais aussi par Miranda Otto) mais Denethor l’avait précédé. La lignée des Intendants a failli. Place au Roi.

Pour donner du temps à Frodon, Aragorn amène ses troupes devant la Porte Noire et charge en première ligne, tels les rois de jadis. Ses droits, il les prouve sur le champ de bataille. Du temps, Frodon n’en a plus. Epuisé, avançant tel un somnambule, il trouve cependant des forces pour accéder au volcan qu’est la Montagne du Destin. Un décor monstrueux, éclairé par des feux d’enfer. Pourtant, l’histoire vacille un instant. L’âme de Frodon cède à la tentation. Sauf que Gollum a d’autres projets. Il avait un rôle à jouer supposait Gandalf. C’est au prix de sa vie que l’immonde créature sauve la Terre du Milieu tout entière !

Frodon et Sam sauront sauvés. Aragorn est couronné et nous avons deux moments d’émotions. Le couronnement en lui-même et, surtout, l’embrassade passionnée entre Aragorn et Arwen. Elle a renoncé à son immortalité pour connaître l’aventure fabuleuse et terrible de la vie, de l’amour et de la maternité. Tout à une fin. La présence des Elfes en Terre du Milieu. Celle de Bilbon et de Frodon sur cette même Terre du Milieu. Le moment des adieux est touchant, émouvant, sans amertume cependant. Contrairement à la crainte d’Elrond, ce futur n’était pas révolu avant d’avoir été. Il y a toujours de l’espoir.

Anecdotes :

  • Sortie Nouvelle-Zélande : 1er décembre 2003. Sortie US et sortie France : 17 décembre 2003

  • Le film a coûté 94 millions et en rapporté 1118.

  • Arachné est la descendante de l’araignée primordiale Ungoliant (cf. Livre des contes perdus)

  • Aragorn, devenu le roi Elessar (« Pierre elfique ») meurt à 210 ans dont 120 de règne. Il aura eu un fils, Eldarion, et plusieurs filles d’Arwen. Le règne d’Eldarion inaugure le Quatrième Age sur lequel Tolkien n’a pas laissé d’écrits.

  • Question : pourquoi les aigles ne transportent-ils pas Frodon avant qu’il n’ait détruit l’Anneau, ce qui lui aurait épargné de longues marches ?

  • En elfique, Arwen signifie « demoiselle royale » ou « Etoile du soir ». Elle est la fille d’Elrond mais aussi la petite-fille de Galadriel.

  • L’épée du Roi est brisée à l’image de celle de Sigurd dans la Volsunga Saga. Dans ce texte islandais, tant qu’elle n’est pas refondue, l’héritier ne peut revendiquer le royaume.

  • Comme le roi Arthur, Frodon ne connaît pas de mort terrestre. Il part sur un bateau au pays des immortels.

  • Aragorn reconstituant le royaume du Gondor est une image de Charlemagne reconstituant l’empire romain.

  • Tolkien voyait le Gondor comme « une sorte de Byzance orgueilleuse, vénérable mais toujours plus impuissante » (dans David Day, L’Anneau de Tolkien)

  • Le Retour du roi est achevé entre la mi-août et la mi-septembre 1948. L'épilogue du livre est alors centré sur Sam Gamegie et ses enfants mais Tolkien se laisse convaincre de l'omettre.
  • Les brouillons du Retour du roi ont été publiés par Christopher Tolkien dans les tomes 8 et 9 de l’Histoire de la Terre du Milieu non traduits en français : The War of the Ring (1990) et Sauron Defeated (1992).

  • Peter Jackson fait son traditionnel caméo en apparaissant sur le vaisseau pirate.

  • La destruction de la Comté par les brigands à la solde de Saroumane n’apparait pas dans le film alors que Frodon l’a vu dans le miroir de Galadriel dans La Communauté de l’Anneau. Dans le roman, « Le Retour du Roi », c’est à ce moment que Grima assassine Saroumane à qui Frodon avait fait grâce.

  • C’est Peter Jackson qui a conçu la tête d’Arachné alors qu’il est arachnophobe !

  • La cité des morts est inspirée de la ville antique de Pétra (aujourd’hui en Jordanie).

  • Le film a remporté 11 Oscars dont meilleur film (première fois qu’un film de fantasy reçoit cette récompense) mais aucun acteur ne sera primé.

  • Petit-fils de J.R.R. Tolkien, Royd Tolkien fait une apparition à l'écran dans le rôle d'un chevalier du Gondor.

  • La scène d'ouverture met en scène la créature Gollum sous sa forme de Hobbit - alors prénommé Sméagol - et sa découverte de l'Anneau unique en compagnie de son cousin Déagol. Dirigée par Frances Walsh, scénariste de la saga et épouse de Peter Jackson, cette séquence dévoile le vrai visage d'Andy Serkis, interprète de Gollum jusqu'alors remplacé par le personnage numérique.

  • Alexandra Astin, la propre fille du comédien Sean Astin, incarne sa fille dans le film.

  • Le décor naturel servant à la scène où Aragorn, Legolas et Gimli quittent le camp Rohirrim pour s'aventurer dans le chemin dans la montagne menant au tombeau des morts est le même que dans la scène d'ouverture de Braindead (1992) : une scène que Peter Jackson situe d'ailleurs à Skull Island, la fameuse île de King Kong.

  • Sean Astin n'est pas le seul à avoir fait face à Arachné. Dans cette séquence, Sam entre dans le champ de dos avec son bras en amorce. Le membre qui apparaît à l'écran n'est, en réalité, pas celui de l'acteur mais celui de Peter Jackson. En effet, la scène a été tournée alors que Sean Astin était absent et c'est donc le réalisateur qui a payé de sa personne pour affronter cette araignée géante.  

  • Dans Le Retour du Roi, les grands battements qu'effectuent Dominic Monaghan et Billy Boyd, lors des célébrations de la victoire à Edoras, sont un hommage de ce dernier à sa petite amie. Danseuse de ballets, celle-ci a dû réaliser les mêmes mouvements durant son apprentissage de la danse quand elle était jeune.

  • L'ultime bataille devant la Porte Noire du Mordor a été tournée dans une zone militaire où l'armée néo-zélandaise effectue ses essais. Aussi, le tournage a été spécialement encadré par les militaires afin d'éviter que les acteurs ne rencontrent une mine ou tout autre débris armés. En outre, plusieurs soldats ont également pris part au film, en gonflant les rangs de l'armée constituée par les hommes du Gondor et du Rohan et emmenée par Aragorn.

  • Viggo Mortensen et Billy Boyd étaient présents sur le plateau lors du tournage du mariage de Sam et Rosie. Les deux acteurs ont joué les convives hors caméra au moment où Sean Astin et sa partenaire s'embrassent afin de les aider en rendant la scène plus authentique.  Il faut savoir que lors d'une des prises, Viggo s'est saisi de Billy et l'a goulument embrassé, à la grande surprise de ce dernier et de l'ensemble du plateau.

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Présentation Le HobbitLe Hobbit : la Désolation de Smaug

Saga Tolkien au Cinéma

Le Hobbit : un voyage inattendu (2012)


 LE HOBBIT : UN VOYAGE INATTENDU
(THE HOBBIT : AN UNEXPECTED JOURNEY)

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Résumé :

Alors qu’il vit tranquillement chez lui, Bilbon Sacquet, un Hobbit, est entraîné malgré lui dans une aventure dangereuse. Il s’agit, avec Gandalf le magicien, d’aider une compagnie de Nains à reconquérir leur royaume. Le voyage s’annonce pleins d’embûches et de rencontres.

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Critique :

Les premiers mots du film – « Mon cher Frodon » - et plus largement l’introduction d’une dizaine de minutes présente franchement le projet de Peter Jackson. Faire du « Hobbit » le prologue du « Seigneur des Anneaux » de manière à remercier les fans de la première trilogie et à amener les nouveaux spectateurs à découvrir celle-ci. Rien qu’en 10 minutes, il y a trois occurrences. Un projet intéressant même s’il force un peu l’interprétation du roman par rapport à la trilogie. Bilbo le Hobbit (« Bilbon » en français) est un court roman pour enfants quand Le Seigneur des Anneaux vise un public plus adulte (les enfants de Tolkien avaient grandi eux aussi). Néanmoins, avec ses limites (qui se verront plus nettement par la suite), cette idée donne une structure et une cohérence au projet de seconde trilogie.

Le démarrage est un peu maladroit cela dit. Alors qu’en voix off, Bilbon nous a présenté les enjeux et l’histoire du royaume nain d’Erebor, il faut ensuite se farcir l’interminable arrivée des Nains qui se montrent d’une goujaterie confondante ! Lorsque arrive Thorin « Ecu-de-Chêne », à qui Richard Armitage confère une réelle noblesse, le sérieux revient et l’objectif est présenté : la reconquête d’Erebor jugée possible suite à des « signes » montrant que la montagne est à nouveau libre et le dragon Smaug n’ayant pas donné signe de vie depuis 60 ans. La présence d’un dragon (qu’on ne verra pas, sa présence est suggéré lors de la dévastation d’Erebor dans une scène où la caméra se montre virevoltante et use de la contre-plongée et de la plongée avec un vrai sens du placement) et le côté grotesque des Nains montrent que nous sommes dans un univers résolument « merveilleux ». Il est inutile de comparer avec le côté « réaliste » du Seigneur des Anneaux. La base du récit n’est pas la même.

Evidemment, après avoir d’abord refusé, Bilbon décide de suivre la compagnie. Les Sacquet ne sont pas des Hobbits tranquilles ! Le Hobbit est épris du confort petit-bourgeois à l’anglaise (confort des intérieurs) mais certains aiment prendre le risque de sortir de chez eux. Ce démarrage un peu poussif réalisé a tout de même permis de nous familiariser avec Martin Freeman qui campe avec bonheur et talent ce Hobbit. Il est un peu emprunté au départ mais c’est le rôle qui veut cela. Signalons ensuite de très beaux paysages. Une des marques de la première trilogie qu’on apprécie de ne pas voir sacrifiée. 

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Le récit s’encombre cependant de sous-récits qui ne sont pas dénués d’intérêts en eux-mêmes mais montrent que la matière du roman et le projet du réalisateur ne coïncident pas tout à fait. Le passage avec les trolls ne sert pas à grand-chose mais l’ambiance burlesque avec ces trois balourds, outre que c’est fidèle à Tolkien, c’est aussi un autre signe du caractère enfantin du Hobbit. Peter Jackson a parfaitement eu raison de garder cet esprit comique et Martin Freeman est assez drôle quand, avec le sérieux qui sied à un Hobbit parlant de cuisine, il essaye d’expliquer aux monstres comment assaisonner un Nain ! Le décalage du visage fermé et des paroles absconses est savoureux ! Autre moment mi- sérieux mi-comique, la survenue de Radagast le Brun, un des Magiciens. Bien que mentionné dans Le Seigneur des Anneaux, il n’apparaissait pas. Sylvester McCoy est absolument hilarant dans ce rôle qu’il maîtrise avec bonheur ! Le personnage est fantasque, complètement allumé mais rigolo et sympathique. Il est un peu l’opposé du sévère Saroumane (qui le méprise ouvertement) ; Gandalf est un point d’équilibre. Moment de dire tout le bien possible de Sir Ian McKellen qui reprend les oripeaux de Gandalf dix ans plus tard avec toujours autant de maestria. Il est une valeur sûre du film qui le met d’ailleurs plus en valeur que la première trilogie. Radagast est venu avertir qu’un Nécromancien utilise la forteresse abandonnée de Dol Guldur comme repère. Sa silhouette est familière au public du Seigneur des Anneaux mais il est parfaitement crédible que le lien entre Sauron et ce Nécromancien ne se fasse pas ici. L’histoire se passe 60 ans avant et, comme le rappellera Saroumane plus tard, le « Seigneur des Anneaux » a été vaincu.

On sera moins indulgent avec le faux-raccord qui nous fait passer d’une forêt à une lande d’un coup. C’est sûr que pour montrer une poursuite entre la compagnie et des orques montés sur des ouargues (des loups géants mâtinés de hyènes féroces) c’est plus simple mais quand même. Par contre, que Gandalf les ait menés à Fondcombe contre l’avis de Thorin, c’est normal ! Le magicien a un esprit malin qui sait utiliser les chemins de traverse pour faire aller où il veut. Qu’on atteigne Fondcombe par un défilé étroit est cohérent avec l’univers de Tolkien. Le film mentionne par exemple « Gondolin » qui était un royaume elfique dont l’histoire est contée dans Le Silmarillon (très belle lecture) et ce royaume, comme d’autres, a cette particularité d’être installé dans une vallée. C’est aussi l’idée des locus amoenus, ces lieux hors du temps (« lieu agréable » en latin) où se reposent les guerriers. Fondcombe joue dans le Hobbit le rôle que tient la Lorien dans le Seigneur des Anneaux. C’est un plaisir de revoir Hugo Weaving en Elrond. Notons qu’il porte une armure. Le seigneur elfe était plus combattant à l’époque. Il décrypte la carte des Nains, ce qui leur permettra d’entrer dans Erebor. On ne peut s’empêcher de sourire devant la facilité scénaristique de la coïncidence du calendrier. Arriver à Fondcombe, le seul endroit de toute la Terre du Milieu où quelqu’un peut décrypter un langage qui ne se révèle qu’à un certain moment de l’année ; précisément, celui où se passe l’action ! C’est quand même énorme !

Si la scène du Conseil n’a pas une grande utilité dans le récit proprement dit, elle joue cependant un double rôle. D’abord, et principalement, c’est une révérence envers les fans du Seigneur des Anneaux en redonnant leurs rôles à Cate Blanchett (seule présence féminine du film) et à Sir Christopher Lee. Ensuite, c’est un point d’étape et il est intéressant de voir comment Peter Jackson crée les liens avec la première trilogie. Le projet de prologue prend ici tout son sens. On découvre un Saroumane avant sa Chute quoique le doute existe car c’est lui qui remet en cause les conclusions de Gandalf (voir le magicien dans le rôle de celui qui doit rendre des comptes, c’est assez savoureux) et semble vouloir calmer le jeu. C’est aussi lui qui mentionne pour la première fois le nom de Sauron. Face à ce sévère maître d’école, il y a un côté facétieux dans l’usage de la télépathie entre Gandalf et Galadriel comme ces gamins qui se passent des petits mots (ou s’envoient des textos !) derrière son dos ! Là, on applaudit les performances de Ian McKellen, qui se fait tout petit devant une poupée, et Cate Blanchett rayonnante et plus mutine que ne le deviendra Galadriel !

La dernière partie du film n’est pas exempt de longueur et tout le passage chez les Gobelins est un peu long mais, outre son caractère burlesque approprié dans cet univers (il faut voir la fuite de la compagnie et le côté « space mountain » !), il signe l’arrivée de Gollum. Andy Serkis maîtrise les facettes de son personnage : le visage et les expressions de la bestiole sont plus véridiques que jamais ! C’est aussi, bien sûr, l’entrée en jeu de l’Anneau. Le passage du jeu de devinette entre Bilbon et Gollum est par contre sinistre et la pirouette par laquelle s’en sort Bilbon un peu facile. Mais il fallait relâcher la tension et c’est aussi à ça que sert la course poursuite dans les souterrains des Gobelins.

La nouvelle attaque des ouargues apporte quelque chose de nouveau. Outre qu’elle bénéficie d’une somptueuse lumière spectrale, elle confronte enfin le méchant de l’histoire, l’orque pâle Azog, et le Nain Thorin qui sont opposés par une longue querelle personnelle. Que Thorin n’ait pas voulu croire jusque-là qu’Azog avait pu survivre aux blessures qu’il lui avait autrefois infligé est parfaitement crédible là aussi. Le coup porté était violent et il s’est passé pas mal de temps depuis. Des gens meurent quand le temps passe, les orques aussi ! Ce passage marque aussi l’adoubement définitif de Bilbon par Thorin grâce à l’héroïsme dont le Hobbit a su faire preuve.

Erebor n’est désormais plus très loin.

Anecdotes :

  • Sortie Nouvelle-Zélande : 28 novembre 2012 Sortie France : 12 décembre 2012 Sortie Etats-Unis : 14 décembre 2012

  • Peter Jackson fait un caméo sous l’apparence d’un Nain d’Erebor.

  • Le budget était de 250 millions de dollars. Le film a rapporté 1 017 003 568 millions de dollars

  • Selon Tolkien, les Nains sont durs comme le roc, obstinés, prompts à l’amitié ou à l’hostilité, endurants, égoïstes, avides d’or. Dans le roman, il écrit que ce sont « des calculateurs ».

  • Titulaire du rôle de Radagast le Brun, Sylvester McCoy aurait pu intégrer la Terre du Milieu quelques années plus tôt, puisqu'il avait été l'un des acteurs envisagés pour interpréter Bilbo dans Le Seigneur des Anneaux.

  • Curiosité : les Nains connaissent l’expression « De Charybde en Scylla ».

  • Le personnage d'Azog n'apparaissait initialement pas dans l’œuvre originale de J.R.R. Tolkien. Celui-ci était simplement mentionné dans le livre en tant que chef orque ayant provoqué la guerre entre les Nains et son espèce, dans les Monts Brumeux. C'est l'acteur Manu Bennett qui a été choisi pour l'incarner.

  • Le point de départ du Hobbit est raconté ainsi par Tolkien : « Sur une page blanche, j’ai griffonné : « Dans un trou vivait un Hobbit » Pourquoi l’ais-je fait ? Je ne l’ai jamais su, je l’ignore encore ». Clin d’œil à l’auteur, c’est exactement le début du journal de Bilbon. Tolkien raconte aussi que la découverte de l’anneau fut autant une surprise pour Bilbon que pour lui !

  • Les noms de la plupart des Nains se retrouvent dans le Prose Edda, un texte islandais du XIIIème siècle. Gandalf est ainsi un Nain d’Islande ; son nom signifie « Elfe-Sorcier ».

  • Dans toutes les traditions, le voyage a une signification spirituelle et symbolique et « aventurier » veut dire « homme en devenir ».

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