Top 10 Classement des 10 meilleurs épisodes de Clair de Lune 10. Clair de Lune (1.01) La série frappe très fort d’entrée avec un épisode de durée double (1h30) lui permettant non seulement de présenter et de développer son univers et ses personnages, mais aussi de construire une enquête palpitante, malgré quelques temps morts en seconde partie. Glenn Gordon Caron fait souffler un vent de folie humoristique emportant tout sur son passage, personnages totalement azimutés en prime. Cybill Shepherd et Bruce Willis explosent dès leur première apparition de comédie et de tension sexuelle frétillante. Un départ pétaradant 9. L’inaccessible amour (4.13) Version très aboutie du mythique Le rêve était presque parfait pour le couple secondaire Bert-Agnès. Les parodies de films, notamment de Casablanca, dégainent à un rythme d’enfer vannes et gags, mais l’épisode sait aussi manier l’émotion lors des crises de confiance d’Herbert, et le romantisme lors de ses scènes avec Agnès. Un mélange jubilatoire rendant grâce au deuxième duo de la série, moins que jamais des seconds rôles. Curtis Armstrong signe une fantastique performance polyvalente, à l’aise dans tous les registres. 8. Maddie va se marier (4.12) À partir d’une idée démentielle bien digne de David, l’épisode rappelle les screwball comedies les plus glorieuses des années 30 dont elle partage les sujets, et fonce tête baissée dans un crescendo de gags allumés à tempo effréné tout en démontrant par l’absurde que Maddie et David restent pour toujours attachés l’un à l’autre. Le numéro de vamp d’Herbert et la cérémonie de mariage culminent à des hauteurs burlesques vertigineuses avant de se résoudre sur un tag éminemment romantique. 7. Et l’homme créa la femme (5.04) Avant de se suicider à coup de décisions catastrophiques, l’ultime saison de la série montrait pourtant de sacrés atouts grâce à ses nouveaux auteurs. Bien que pas du tout dans l’esprit de la série, James Kramer construit une enquête solide à nombreux twists, et écrit de mémorables portraits des protagonistes. La satire féroce de la dictature de la beauté standardisée se montre effrayante et reste en mémoire longtemps. Un épisode fort et intelligent. 6. Le mort récalcitrant (5.07) Parodie explosive de Mais qui a tué Harry ?, Maddie et David s’embarquent dans une course-poursuite lysergique, démontrant la loi de l’emmerdement maximal en enchaînant les scènes les plus allumées sorties du cerveau en roue libre de Chris Ruppenthal. Le songe macabre conclusif, d’une démesure toute gothique, est une grande claque visuelle jetée par Paul Krasny. 5. Témoins (2.15) Le diamant noir de la série, coda incluse, joue sur l’émotion à vif en exacerbant ce qui était sous-entendu seulement depuis le pilote : la débordante affection entre les deux protagonistes, ici en danger d’être séparés pour toujours. La performance dramatique de Bruce Willis et Cybill Shepherd, digne de tous les éloges, parachève l’intensité désespérée du scénario du duo Jeff Reno-Ron Osborn, avec en climax le premier baiser entre nos héros. 4. Rock around Shakespeare (3.07) La mégère apprivoisée du Barde, largement revue et très largement corrigée par le duo gagnant Reno-Osborn, est un choix en or pour transposer Clair de Lune dans le théâtre classique. Cette adaptation déploie un faste baroque luxueusement filmé par Will MacKenzie (plus gros budget de la série), mais est surtout mémorable pour sa décapante fantaisie parodique : anachronismes « hénaurmes », dialogues-kalachnikov, prose poétique aussi intellectuelle qu’hilarante, cabotinage sous LSD du casting, gags en rafale... Le dernier acte, plus faible, ne suffit pas à annuler ce génial épisode décalé. 3. Mariage secret (3.06) Tout n’est que beauté et magie visuelle dans cet épisode enchanteur, transcendé par la mise en scène aussi lumineuse qu’intime de Christian I. Nyby II. L’irruption du passé de David permet un nouvel éclairage dramatique sur ce fanfaron continuel, et une magnifique avancée, aussi pudique qu’intense, sur la relation entre les deux héros. Le ballet central de six minutes, composé par Billy Joël et chorégraphié par maestro Stanley Donen, est un grand moment de la série. 2. Symphonie pour deux escrocs (3.03) L’essence de la série n’a jamais été aussi concentrée que dans cet épisode totalement délirant, au rythme de cartoon fou furieux, passant à la moissonneuse-batteuse tous les codes des films d’espionnage et de boxe (!) dans une furia loufoque, trouvant sa juste conclusion dans un finale de dix minutes carburant au gag-seconde. La présence de Linda Thorson est un cadeau de choix pour les fans des Avengers. Le duo Dale L. Gelineau-Pauline Turboff Miller réussit tout simplement l’épisode le plus drôle de la série alors qu’il s’agit de leur unique travail en son sein. Une performance. 1. Le rêve était presque parfait (2.04) Introduit par Monsieur Orson Welles lui-même, ce double remake du Facteur sonne toujours deux fois réalisé par Tay Garnett est bien l’apothéose de la série. Dans un noir et blanc somptueux, Peter Werner, le réalisateur le plus doué de la série, ressuscite avec brio les films noirs Hollywoodiens des années 40 par une flamboyante mise en scène incorporant tous les codes du genre : personnages tragiques et fatals, numéros musicaux à tomber, interprétation en or massif, érotisme latent, jeux d’ombres et de lumières maîtrisés à la perfection, voix off... Dans des doubles rôles saisissants, Cybill Shepherd, Bruce Willis, et Jack Bannon nous donnent une masterclass d’interprétation. L’humour fêlé de David, loin de désamorcer l’hommage, ne le rend que plus irrésistible. Debra Frank et Carl Sautter signent ici un des plus grands épisodes de la télévision américaine. |
Flop 10 Classement des 10 pires épisodes de Clair de Lune 10. Le torchon brûle (3.09) Le dommageable recours au clip-show grève l’intérêt de l’épisode qui ne fait que résumer les différentes facettes de la relation entre David et Maddie via des images déjà vues. Cependant, les scènes hors clips se montrent joliment divertissantes, incorporant guest stars de luxe, bêtisier final, et interviews joyeusement caricaturales menées par Rona Barrett, journaliste people spécialiste de l’exercice. Le créateur de la série sauve de justesse l’intérêt de ce clip publicitaire peu utile. 9. Dave la main froide (4.05/4.06) Mauvais calcul pour l’unique double épisode de la série, délayant sur deux épisodes une intrigue qui se contentait fort bien d’un seul. Hésitant entre le pastiche et le réalisme sordide, l’épisode ne parvient jamais à trouver une voie à elle tout en se perdant en scènes annexes inutilement étirées, une plaie purulente sapant l’intérêt de cette première moitié de saison et qu’on retrouvera en saison suivante. Les différents coups d’éclat de l’épisode, notamment les scènes de pure drôlerie entre Bert et Agnès, le mémorable cassage de quatrième mur, et une scène de comédie musicale euphorisante, ne peuvent faire oublier l’indigeste intrigue carcérale. 8. Le retour du père prodigue (3.01) Le remariage de Papa Addison fait partie de ces sujets qui eussent pu donner une magistrale screwball comedy, précisément le ton principal de la série. Inexplicablement, l’épisode renonce à cette idée pour s’enliser dans le sentimentalisme guimauve aux dialogues sous-écrits, rendant plus flagrante encore le rachitisme du suspense sentimental. La double introduction, le luxueux tag final, et la confrontation sympathique entre David et sa nouvelle belle-mère surnagent difficilement dans cet épisode hors sujet. 7. Un ange passe (5.01) Cet épisode décalé cherche à trouver le ton de la fable pour enfants, une option tout à fait valable en soi, soulignée par une brillante mise en scène et un cabotinage sans retenue aucune des acteurs. Il est hélas saboté par une infantilisation permanente prenant le spectateur pour un idiot entre lapalissades consternantes sur la Vie, religiosité de bazar, et un ton péniblement moralisateur. La chute finale a beau être trop brutale, elle est paradoxalement le meilleur moment de cet épisode sincère, généreux, mais sombrant dans une catégorie bien particulière du Nanarland : le programme pour enfants de troisième zone. 6. L’homme qui voulait être célèbre (5.09) Avant de recevoir le coup fatal avec l’inopportune arrivée d’Annie, la série commençait déjà à s’enterrer à l’occasion de cet épisode en trahissant le couple central, tantôt hystérique, tantôt éteint, et en modifiant totalement leur psychologie. Cette faute grave s’inscrit dans une des enquêtes les plus creuses de la série, aux dialogues aux rabais. Herbert Viola, le pompier des deux dernières saisons, assure cependant un show délirant propre à déchaîner quelques fous rires, ultime bastion contre le néant scénaristique qui commence à empoisonner la fin de la série. 5. Éclipse de lune (5.13) À juste titre un des (si ce n’est même le) finales de série le plus catastrophique de la télévision américaine, se terminant sur une queue de poisson frustrante, contredisant tout l’esprit de la série. Ron Clark confesse une méconnaissance totale de la série. Malgré tout, il parvient à trouver une fin relativement satisfaisante à Annie et une dernière louchée de comédie débridée à l’occasion du mariage de Bert et Agnès. Mais l’amertume du fan est bien trop forte pour s’en contenter. 4. Cendrillon (4.02) La série paye lourd le « passage à l’acte » de son couple vedette, connu désormais dans le jargon télévisuel comme le Syndrome Clair de Lune (Moonlighting curse) : les auteurs ne savent plus quoi faire et prennent la funeste décision de séparer David de Maddie, détruisant ainsi tout l’intérêt de la série. L’épisode ajoute en sus des dégoulinades larmoyantes achevant de le couler, et une enquête risible, menée au ralenti. Seule l’hallucinée séquence de claymation parvient à briller au milieu de cet épisode interminable. 3. Les aventures de Mademoiselle Topisto (2.12) Pour son premier passage au premier plan, Agnès hérite d’une désolante parodie de La mort aux trousses, écrite pourtant par le duo gagnant du Rêve était presque parfait : péripéties lamentables, méchants pathétiques, absence totale d’humour, incohérences enchaînées, faire-valoir sans valeur, réalisation fatiguée, morale conservatrice finale… La brillantissime musique d’Alf Clausen, imitant à merveille le style de Bernard Herrmann, nous offre une idée de ce qu’aurait dû être l’épisode : une joyeuse comédie d’aventures crédible et rythmée. 2. La nuit du mort-vivant (2-13) La contre-performance des acteurs (notamment de Cybill Shepherd) rendant leurs personnages beaucoup trop atones brise net le rythme de cet épisode. L’enquête du jour patine dans un surplace sans fin avant de se résoudre sur une pirouette imbécile. L’ambition spirituelle affichée par l’épisode est ruinée par des logorrhées pseudo-religieuses absconses, preuve que la série a ici visé trop haut pour son potentiel. 1. Petit meurtre de nuit (5.12) Massacre monumental d’une perfection rare, Eine kleine nacht murder est une montagne de scories tellement jusqu’auboutiste qu’il faut le voir pour le croire. La trahison des personnages atteint un summum avec une succession proprement sidérante de dialogues aussi affligeants que contradictoires, démontrant que les auteurs ne savent absolument plus ce qui se passe chez nos personnages, pauvres pantins hystériques qui n’interviendront jamais dans une enquête s’achevant avant même de commencer. La magnétique Virginia Madsen surclasse Cybill Shepherd dans l’alchimie avec Bruce Willis, achevant de vider de sa substance l’ADN même de la série. Après cette démonstration spectaculaire de l’existence du vide scénaristique intégral, la série peut prendre congé dès l’épisode suivant, lors d’un épisode final à peu près à la même mesure. |
Classement des saisons de Clair de Lune de la pire saison à la meilleure saison 5) Saison 5 La série ne se remet pas du départ forcé du créateur Glenn Gordon Caron, qui entraîne une inversion particulièrement désastreuse de l’ADN de la série : les enquêtes sont maintenant privilégiées à l’humour et la romance. Privée de ses repères, la série, insoluble dans le polar pur, est condamnée à des scripts faibles et sans rythme. L’étude acerbe de plusieurs tares sociétales, inédite dans la série, ne peut compenser. Le couple David-Maddie, cœur vivant de la série, n’a plus rien à raconter et agonise dans une amitié improbable, où la tension sexuelle est à minima. Les acteurs, fatigués, n’ont plus la force de défendre leurs rôles. Les scénaristes parviennent pourtant à rétablir un fragile crescendo comico-romantique au sein des personnages, réussissant quelques coups d’éclat (Le barracuda vire de bord, Le mort récalcitrant) avant de tout ruiner en les trahissant. Annie reste un cas d’école parmi les fossoyeurs de série : elle surclasse le premier rôle féminin tant en charme, en vie, en pétillement, et en intérêt, achevant de vider la série de toute sa substance. La conclusion, l’une des plus ratées de toute l’histoire de la télévision, offre une sortie indigne à la série. Agnès et Herbert, le couple secondaire, échappent à cette purge en sauvant quelques traces du charme de Moonlighting. Pompier de cette dernière saison, Herbert vole la vedette à ses supérieurs, et n’aura pas démérité en s’escrimant à sauver ce qui pouvait l’être. À côté de Bruce Willis et Cybill Shepherd en panne sèche, Allyce Beasley et Curtis Armstrong rayonnent de fantaisie. 4) Saison 1 : En gardant à l’esprit qu’elle ne contient que six épisodes, la saison 1, après un pilote à la trépidante vitalité, éprouve quelques difficultés à trouver un ton bien défini à la série. À son aurore, Clair de Lune se cantonne à la parodie sans risques d’autres genres (western, espionnage, whodunit…). L’humour est très moderato cantabile et le tempo encore retenu. La série peine à s’extirper du modèle de Remington Steele, malgré moins de sucre sentimental. Heureusement, Bruce Willis et Cybill Shepherd conquièrent l’écran avec panache. La tension sexuelle, nourrie par des dialogues au-dessus de la moyenne, mais encore perfectibles, frétille immédiatement entre la businesswoman sévère et le clown allumé. Les acteurs convainquent aussi quand ils expriment la solitude et la mélancolie de leurs personnages (Radio assassin). Le très fou dernier épisode augure des lendemains festifs. Agnès Topisto ravit immédiatement par son côté femme-enfant et ses rimes bidonnantes. À cause de ses tâtonnements et sa prudence, la saison 1 est davantage un prélude prometteur qu’une vraie saison. 3) Saison 4 Après un premier épisode remarquable d’émotion, les effets du syndrome Clair de Lune jettent à bas tout le charme de la série. Dans une vaine tentative de maintenir la tension sexuelle après la concrétisation physique du couple, Caron commet la tragique erreur de séparer David et Maddie durant 8 épisodes (et demi), éteignant tout simplement l’unique moteur de la série. Malgré d’excellentes prestations dramatiques de Bruce Willis (L’art d’être papa), la série devient un soap opera, dialogues affligeants inclus. La priorité est dès lors les états d’âme de personnages réduits à l’état de zombies – surtout du côté de Maddie. Herbert Viola profite de l’éloignement de Maddie pour s’imposer comme le meilleur atout de cette saison. Son couple avec Agnès traverse plusieurs crises émouvantes, vaincues par leur amour et surtout leur humour tonitruant. Le grotesque twist du mariage précipité de Maddie a beau être désolant, il déclenche le spectaculaire réveil des derniers épisodes, retrouvant le faste et la gloire des saisons précédentes. Si Walter, trop benêt, n’apporte rien à la série, la chaleureuse Terri restera comme un des meilleurs souvenirs de cette saison 4 aussi consternante dans sa première moitié que brillante dans sa seconde. Lorsque le rideau tombe, tous les espoirs sont permis pour un renouveau en saison 5, ils seront hélas sévèrement douchés… 2) Saison 2 La série trouve sa vitesse de croisière en adoptant pleinement le ton de la screwball comedy, encore en demi-sommeil en première saison. Le duo central rayonnant de complicité, de fougue, et de flamme relaye les dialogues rapides et brillants des scénaristes. La tension sexuelle en survoltage se montre irrésistible. La série empile les gags à un rythme de cartoon – en particulier dans ses poursuites finales – au sein d’enquêtes dont la folie douce initiale s’accentue jusqu’à décoller dans une tornade parodique réjouissante. Humour et romance triomphent des enquêtes, simples prétextes à déchaîner David et Maddie. Pour la première fois dans l’histoire de la télévision, une série théorise l’art et la manière de casser le quatrième mur avec le maximum d’effet (humour + déclaration d’amour au public), mais aussi celui de créer des épisodes authentiquement décalés. Souvent avec réussite comme avec le meilleur épisode de la série, Le rêve était presque parfait, ou le désespéré Témoins, mais aussi parfois avec un échec retentissant (Les aventures de Mademoiselle Topisto). Les réalisateurs donnent à la série une identité visuelle colorée et joyeuse, grâce notamment à Peter Werner. Malgré la qualité inégale de ses épisodes, Moonlighting est parvenue à créer un univers euphorisant. 1) Saison 3 La troisième saison de Clair de Lune est celle de toutes les audaces ; chacune d’entre elles optimise le cocktail burlesque-tension sexuelle de la série qui devient explosif. Dans un pur état de grâce, Glenn Gordon Caron et ses auteurs enchaînent les idées les plus inédites à la télévision dans une frénésie efficace, assurant le succès à quasiment chaque épisode : accumulation de gags à la Tex Avery (Symphonie pour deux escrocs), irruption du Fantastique à des fins émouvantes (L’Ange gardien), fastueuse parodie de classiques littéraires (Rock around Shakespeare)… L’entrée en scène d’Herbert Viola, le quatrième personnage principal de la série, est un grand apport, aussi convaincant dans l’humour que l’émotion. Son couple avec Agnès forme une bulle enchantée, où seront préservés un peu de l’âge d’or de la série lors du déclin des saisons suivantes. La saison 3 parachève sa réussite par le crescendo romantique du duo principal, qui multiplie baisers et rapprochements entre deux disputes telluriques. Le tout culmine dans un feuilleton de quatre épisodes au suspense maximal où Maddie valse entre deux hommes. Ce feuilleton culmine dans une coda de dix minutes saturée d’intensité érotique, désormais scène mythique de la télévision américaine. Mais la série va payer cher ce triomphe, avec ce fameux Syndrome Clair de Lune, ou l’impossibilité de maintenir une tension qui condamnera nombre de séries à un lent déclin. Le poison du soap opera commence d’ailleurs déjà à s’infiltrer en cette fin de saison. La saison 3 reste pourtant le centre de gravité de la série où tous les voyants : humour, romance, dialogues, rythme, audaces, suspense, sont au vert. |
SAISON 1 2. Le Duel (Gunfight at the So-So Corral) 3. L'Instinct de meurtre (Read the Mind... See the Movie) 5. Le Train mystère (Next Stop Murder) 6. Règlement de compte (The Murder's in the Mail)
Scénario : Glenn Gordon Caron Je n’ai absolument rien contre vous, Addison. Je vous hais, c’est tout. Maddie, on a du mal à imaginer en voyant vos affiches, que vous n’êtes qu’une rombière sans cœur et froide comme une banquise. La série abat d’entrée son 2e atout maître : les dialogues. Clair de Lune marque immédiatement avec ses enchaînements frénétiques de répliques assassines, d’échanges décapants, et d'aphorismes délirants. Le comique de la série passe aussi par des personnages croquignolets. Maddie, David, et Agnès (nous allons en reparler) mis à part, le pilote nous régale d’entrée avec une galerie de fêlés en roue libre : le cuisinier italien qui pète un câble, les méchants caricaturaux, le soupirant ch… à mourir, la veuve éplorée pas éplorée, les policiers pas cools puis très cools, etc. annonçant les futurs adversaires bien cramés du couple d’enquêteurs. L’introduction, où Klaus (frissonnant Dennis Stewart), look de punk typiquement 80's, à qui faut pas baver sur les rouleaux, colle longuement aux basques de Jonathan nous accroche de suite. La démission fracassante - y compris au sens littéral - du cuisinier de Maddie (John Medici, cabot impayable) est le premier indice des directions hallucinatoires que va prendre l'épisode. On commence par Agnès Topisto, la standardiste qui ne parle qu’en vers à ses clients. Ce brillant second rôle apporte immédiatement sa fantaisie pétillante à une série qui pourtant n’est pas en manque ! Ensuite, David apparaît et son charisme explose immédiatement à la figure : ses airs un peu bénêts, son débit ultra-rapide (accrochez-vous si vous regardez en VO), son orgueil démesuré, son assurance clinquante, son charme physique… et surtout son culot d’acier ! Les premiers contacts David-Maddie (dans le bureau, puis dans le restaurant) sont des modèles de comédie étincelante, grâce au contraste entre l'exubérance du premier et les airs glacés de la seconde. Même le meurtre de Klaus ne peut arrêter cette machine infernale, avec les gags franhcement énormes de David qui met les flics dans sa poche, ou celui des caméras de télévision. Par ailleurs, Bruce est magnifique en smoking qu'il arbore avec une élégance Steedienne et Cybill voluptueuse dans sa robe de soirée… Nouveau dialogue conflictuel entre les deux héros, interrompu quand Simon et son homme de main apparaissent pour « cuisiner » (dans les deux sens du terme !) nos héros. Dennis Lipscomb réussit l’exploit d’être à la fois 1er et 2e degré. Au 1er degré, il est très menaçant, redoutable, parlant lentement et fielleusement. Au 2e, on s’aperçoit qu’il accumule tous les clichés du mafieux grossier. Ce décalage lui donne une aura incroyable. Quant à la bagarre qui s’ensuit, c’est un grand moment d’ironie de voir le futur John McClane, le futur gunman des gros films d’action, se battre comme un manche contre l’homme de main !! Au final, on a droit à une des plus belles crises de nerfs qu’une actrice nous ait jamais donné à la télévision (Je suis calme, je suis CAAAALME !!!). Disons-le, l’enquête a du mal à démarrer : les scènes chez l’horloger puis chez la veuve sont un peu longues, mais elles sont compensées par les disputes incessantes des héros dans la voiture (encore un futur rituel de la série). Cette baisse de régime reste cependant marquée par quelques morceaux de bravoure (le mort sur la banquette arrière, la veuve gouailleuse, Maddie jetant le téléphone par la fenêtre…). Le tout est parachevé par le duel sous adrénaline au sommet du gratte-ciel. D’ailleurs, elle est prophétique du fait que c’est tout à fait le genre de situation où se fourrera le héros veinard des Die Hard ! On se surprend à penser qu’en matière de se fourrer dans les pires situations possibles, David et Maddie sont des cracks, à égalité avec un Alex Krycek, un Hank Moody, ou un Chuck Bartowski. Et c’est sur un ultime gag que se conclut ce fabuleux pilote. Les rares scènes où Maddie et David font la paix (armée) sont encore un peu maladroites, trop tranchantes. Maddie mine de rien, est sensible par le côté bad boy de David. Quant à David, il a tout de suite le coup de foudre. Il y a leur nuit (platonique) dans l’agence, leur slow romantique dans le café, scène délicieusement kitsch, puis la dernière scène où ils prennent calmement le thé : autant de moments où la folie laisse la place à la délicatesse. Ces scènes disent les sentiments ambigus des deux protagonistes. Prometteur ! Le bouillonnement instrumental de la musique de Lee Holdridge compte beaucoup dans le succès du pilote. Le thème principal, joué par un érotique saxophone, nous rentre de suite en tête. Ce thème parsème le pilote, et le générique de fin est hautement symbolique : le thème est réorchestré, la voix d’Al Jarreau s’y mèle, et la chanson-phare de la série est maintenant entendue au complet. Clair de Lune est née !! Les fans des X-Files auront reconnu Brian Thompson dans le rôle de l’homme de main de Simon. Eh oui, même le Bounty Hunter devait gagner sa vie dans le temps… Sinon, la garde-robe des personnages est un vrai délice, et les brushings de Cybill Shepherd sont déjà une série dans la série. Infos supplémentaires : - Un des épisodes préférés de Cybill Shepherd. 2. LE DUEL Scénario : Michael Petryni Si je me fais tuer, Maddie, je ne vous adresserai plus jamais la parole.
Toutefois, la meilleure scène est quand ils doivent entrer dans un bar louche : David Pygmalion veut métamorphoser Maddie en femme fatale pour qu’elle ait l’air « d’être dans le milieu » : déboutonnage de chemise, décoiffage, et… robe déchirée (Maddie est ravie). Au-delà de l’humour de cette scène parachevé par les chansons ringardes que chante David à tue-tête, c’est bien l’attirance violente qu'il ressent pour elle qui transparaît ; il rêve déjà de "remodeler" cette femme dans le but de la faire entrer dans son univers, de la séduire. Maddie dans un même regard mêle la fureur à un certain plaisir secret de se laisser manipuler. Nouveau rituel de la série : David roule des mécaniques puis se vautre totalement (vol plané dans le bar) là où Maddie, en posant simplement la question, obtient des renseignements. Au passage, le 4e mur se craquèle avec David (Pour ceux qui auraient pris l’émission en cours…) qui par ailleurs arbore dans une scène des lunettes à rayons X d’un ridicule assumé (ou pas). L’apparition surprise de Michael (Gary Graham surjoue) avec un Addison toujours aussi déconnecté de la réalité précède le duel final. Duel plein d’adrénaline, qui a également la plus-value des étourderies d’Addison, d’une maladresse exquise : qu’on est loin des futurs rôles de Bruce Willis ! La scène finale est un peu trop surlignée, abuse des violons, mais l’éblouissant Pat Croley parvient à sauver l'émotion voulue de la scène, épaississant son personnage qui cherche une rédemption de ses fautes passées, et qui la trouve en sauvant un homme égaré de son chemin fatal. Maddie se rend compte que le monde n’est pas manichéen, tandis que David, qui connaît les vraies priorités, s’intéresse surtout au chèque de Farley !
Infos supplémentaires : - L’agence est au 20e étage de l’immeuble. 3. L’INSTINCT DE MEURTRE Scénario : Joe Gannon Je ne veux pas mourir en petite culotte !!
Hélas, l’enquête reprend le dessus : toute la partie chez le médium, sans aucune excentricité (la voyante des Avengers nous manque déjà), est d’une longueur lénifiante. On retient quand même la citation textuelle de l’introduction des épisodes de La Quatrième Dimension par un David inspiré par le décor tandis que le twist central fait son effet. David et Maddie espionnent ensuite la demeure du voyant tout en se jetant des mots à la tête (c‘est incroyable de voir à quel point Maddie peut gober tous les bobards de son partenaire). David commet quelques gaffes (le coup de la gouttière est joyeusement crétin !). Mais toute cette partie est bien trop longue : la manipulation organisée par Brian relève du cliché le plus éculé, la tension entre lui et Omar est voisine de zéro, et la prose s'alourdit : un comble pour une série qui d’habitude soigne ses dialogues ! Et puis la révélation qu’Omar est un charlatan, ah le scoop, c’était visible à des kilomètres ! Mais on ne boudera pas notre plaisir (et celui de David), de voir Maddie en robe courte sur le toit (énième dispute). Les regards de David sont tout un roman… L’intermède précédant la dernière scène aborde le côté plus doux de la relation David-Maddie, avec une Maddie rentrant ses griffes, et David prenant des poses de charmeur. La scène, comme dans le pilote, vient un peu brutalement, mais elle permet de voir qu’au fond, ils s’aiment bien ses deux-là. - Peut-être une référence au Prisonnier à 7’13 : David congédie le garde en lui disant Bonjour chez vous ! - De même, David cite explicitement l’introduction de La Quatrième Dimension. Bruce Willis avait participé à un épisode du segment 1985 de la série (Le jour de la déchirure). Par ailleurs, Joe Gannon, le scénariste, avait également écrit un épisode du revival de la série (Rêve-machine). 4. RADIO ASSASSIN Scénario : Peter Silverman - Pour moi, ce n’est pas évident.
Peter Silverman nous offre alors de superbes portraits de deux personnalités trop fières pour admettre qu’elles n’existent pas en dehors de leur travail. Ainsi Maddie n’a aucune occupation, aucun ami. Dépossédée de sa fortune, le mirage a disparu : ses serviteurs ne sont plus là, ses connaissances ont fui en apprenant sa ruine (ce n’est pas dit mais on le devine). Prisonnière également de ses préjugés sur les relations homme-femme, dont elle refuse toute idée de frivolité, sa vie sentimentale et sexuelle est un zéro absolu. Le contraste avec le luxe de sa maison est éclatant. Elle peut bien allumer des chandelles et dormir (à l'heure précoce prédite par David) dans un grand lit à deux places, elle est seule à manger, et seule à dormir. La description de frigide frustrée énoncée par David est-elle totalement fausse ? Elle nous communique son spleen tandis qu’elle parcourt la ville, jalousant les couples qu’elle croise. Elle compense ce manque en se créant un amour platonique envers le défunt, ce consolateur d'âmes blessées, ce qui ne manque pas d’attiser la jalousie de David ! Cybill Shepherd, d’une belle justesse de ton, est merveilleuse, rendant palpable la tristesse de son personnage. Deux solitudes écorchées compensant par un stoïcisme glacial ou une exubérance outrancière le chagrin de leurs vies. La mise en scène de Peter Werner appuie sans forcer sur le levier de l’émotion. Ainsi, la scène où Maddie se réconcilie avec David a-t-elle une saveur particulière. La fouille de l’appartement de la victime croque un troisième portrait : Laura, la maîtresse du mort, mariée à un riche homme d’affaires. Partagée entre fortune et protection d’un côté, amour et tendresse de l’autre, elle est àla fois vénale et aimante, intéressée et généreuse, un double visage très intéressant, bien rendu par la fausse froideur de la sculpturale Barbara Stock. L'excellent twist central dessine un 4e portrait tout aussi réussi que les précédents, toujours sur la différence entre vie privée et vie publique, où la joie d’être aimé des autres ne suffit pas toujours pour s’aimer soi-même. Ces adroites descriptions compensent les longueurs de l’enquête et un humour très modéré.
5. LE TRAIN MYSTÈRE Scénario : Ali Marie Matheson et Kerry Ehrin
Le sommet de l’épisode est atteint à la scène suivante, avec un humour décapant : David se perd dans un monologue volontairement lourd mais hilarant tandis que Maddie (Cybill Shepherd est à croquer dans son élégant manteau) souffre le martyre. Le tout se termine par l'« accident » de la couchette et la monumentale enguelade qui en découle. La persistance de David à retarder leur départ, combiné à sa jalousie à propos du date de Maddie, fait qu’il a peut-être bien appuyé volontairement sur le mauvais bouton, qui sait ? Ajoutons le sous-entendu sexuel des répliques de David, et Maddie toute décoiffée comme sortant d'une nuit d'amour, et nous avons un bel hommage aux Screwball comedies, dialogues tonitruants inclus. En conséquence, la scène du restaurant où Maddie fait la gueule devant un David absolument pas désolé vire au mordant pastiche d’une scène d’amour Hélas, l’épisode s’effondre totalement dès le deuxième tiers : après la fastidieuse présentation des invités, le meurtre imprévu de l’organisateur transforme la ludique énigme initiale en enquête réelle à résoudre avec un assassin à débusquer. A part David et Maddie, tous les invités seront accusés tour à tour, et chacun avait curieusement une bonne raison de le tuer : mais hélas, les suspects sont enfermés dans des figures figées : l’ex jalouse, l’endetté, le nègre qui vit dans l’ombre, l’ami méprisé… que tout cela est dépourvu d’imagination ! Notre duo est relégué car chaque suspect participe à l’enquête : cela donne des discussions vaseuses, des confidences attendues, des interrogatoires vite avortés, une répétition des scènes… le tout sans la moindre tension ni humour. Toute l’enquête se traîne à un tempo lent, n’offrant aucune étincelle si ce n’est les toujours délicieux vers d’Agnès (Allyce Beasley est irrésistible), et l'excellent numéro de Schiavelli. Les dernières minutes retrouvent un peu d’éclat, avec le coup de bluff de David qui démasque le tueur (dont l’identité était néanmoins prévisible), et le traditionnel final haletant sur le sommet du train. Une scène d’action intense, bien servie par la caméra pleine d’adrénaline de Kévin Connor : James Bond saura s’en souvenir dans Skyfall ! Le tag final est assez réussi, avec une jolie démonstration de l’amitié naissante entre Agnès et sa patronne.
6. RÈGLEMENT DE COMPTE Scénario : Maryanne Kasica et Michael Scheff
C’est évidemment sur une homérique dispute que se déroule la première scène David-Maddie. Madame doit serrer le budget de l’agence, tandis que Monsieur, toujours aussi sensé, achète un piano, un violoncelle, et un billard (entre autres) pour « mettre une bonne ambiance » dans l’agence. Une crise qui passe la surmultipliée lorsque David veut rentrer dans ses frais en acceptant un second emploi intérimaire de percepteur avec Maddie comme coéquipière ! Une histoire aussi abracadabrante qu'hilarante. La prise de bec dans la voiture sert également de premier bilan de la saison : la froide et mécanique Maddie du pilote - qui licenciait ses employés sans broncher - apparaît plus chaleureuse en pointant la part d’inhumanité de ce travail. Amusant paradoxe : si David est plus souriant que Maddie, il n’a aucun scrupule à jouer les oiseaux de malheur, mais c’est davantage une contenance qu’il se donne que de la méchanceté : la scène où David se dégonfle minablement devant un client récalcitrant montre bien que son interprête n’est pas encore le porte-flingues que nous connaissons ! Hélas, l’épisode perd tout espoir de décrocher son quatrième melon avec son rebondissement final idiot. Comment un tueur à gages aurait-il la bêtise de dévoiler son plan à nos détectives ? D’autant qu'Arthur Taxier en méchant n’est pas du tout convaincant. La manière qu’a David de percer à jour l’histoire est aussi tirée par les cheveux. Heureusement, le final remonte le niveau : la bataille de rimes entre David et le portier est devenue une des scènes les plus connues de la série. Voir Maddie en tenue de serveuse à l’ancienne avec coiffe serrée, décolleté vertigineux (Y’a de la place pour les pourboires ?), jupon, et collants, est une vision très délectable, et David est de notre avis ! Les regards-de-la-honte de Maddie, au bord de la rupture, sont d’un comique ravageur. Finalement, tout finit bien, nos héros interpellent l’assassin, mais sans empêcher de provoquer une bataille de tarte à la crème mais bien trop courte. On est loin du paroxysme déjanté du sketch Auberge ! des Nouveaux monstres (1977). 1. Clair de Lune : Le flamboyant pilote de la série est également un de ses meilleurs épisodes. Il présente dans un tempo effréné tout ce qui fera le succès de la série : personnages défoncés, dialogues de haut vol, burlesque irrésistible, enquêtes surréalistes, scènes de tension, musique décalée, et surtout son couple central devenu mythique, explosant d’entrée de fougue et de talent. La belle Cybill Shepherd inaugure ses fameuses crises de nerf, Bruce Willis s’impose comme un des plus grands acteurs comiques de télévision. Naissance d’un événement télévisuel ! Images capturées par Clément Diaz. |