Mission Impossible (1966-1973) Saison 3
1. Princesse Céline (The Hair Apparent) 4. Les mercenaires (The Mercenaries) 5. L'exécution (The Execution) 8. Le diplomate (The Diplomat) 13. Operation Intelligence (The Mind of Stefan Miklos) 14. Extermination (The Test Case) 16. La cage de verre (The Glass Cage) 17. Au plus offrant (Doomsday) 18. L'appât vivant (Live Bait) En vertu de l'adage bien connu « On ne change pas une équipe qui gagne », peu de modifications ont été apportées au cours de cette saison 3 qui continue sur la lancée de la saison précédente. On retrouve la même équipe et la même atmosphère très « grande classe », qui fait parfois comparer cette époque à la période Emma Peel de Chapeau Melon et Bottes de Cuir. Justement, Barbara Bain empêcha pendant deux années consécutives Diana Rigg de triompher aux Awards en remportant à chaque fois la récompense de la meilleure actrice. Pour une fois, le chauvinisme légendaire des Américains ne saurait être mis en cause, l'actrice américaine gardant quelques coudées d'avance sur son homologue britannique. Diana Rigg, malgré des qualités indéniables, ne pouvait réellement rivaliser avec Barbara Bain du point de vue classe, beauté et charme. On note tout de même quelques changements. Jim se voit délivrer ses missions dans des lieux de plus en plus insolites, parfois après avoir échangé quelques phrases codées avec un autre agent. Il arrive que la bande magnétique soit remplacée par un film, un disque vinyle ou d'autres supports originaux. Le choix des agents n'apparaît plus que dans quelques épisodes. Bien sûr, on voyait toujours les mêmes têtes, mais c'était un rituel qui montrait le sérieux de Jim et captivait le spectateur, ne serait-ce que par la musique. Qui ne garde en mémoire les quelques notes magistrales martelées au moment où l'image se fige sur l'incrustation « MISSION: IMPOSSIBLE » ? Côté personnages, les cheveux de Peter Graves blanchissent en fin de saison et Barbara Bain, à l'apparence très classique au cours de la saison 2, a tendance à s'habiller plus sexy, plus glamour. La qualité des épisodes reste bonne, avec quelques réussites exceptionnelles et nombre d'histoires prenantes. Néanmoins, le niveau moyen est en légère baisse par rapport à la saison 2. On trouve même quelques épisodes franchement très mauvais. 1. PRINCESSE CÉLINE
La monarchie constitutionnelle d'un petit pays d'Europe Centrale est menacée par l'ambitieux général Qaisette, désireux de s'emparer à tout prix du pouvoir pour instaurer une dictature militaire. L'IMF va utiliser la légende de la princesse Céline, disparue pendant son enfance, et en réalité assassinée sur ordre de Qaisette, pour étaler au grand jour la félonie du général. Un début hésitant avec un Jim peu à l'aise en touriste apprenti photographe et une Cinnamon curieusement déguisée en religieuse. Ensuite, l'épisode monte en puissance. La machination, bien agencée, se termine en apothéose par une scène au suspense insoutenable : Cinnamon, grimée en vieille dame aveugle, se fait passer pour la princesse Céline et doit ouvrir la boîte de puzzle de la vraie princesse selon un mécanisme compliqué qu'une usurpatrice ne saurait connaître. Barney a pu déchiffrer le mécanisme et a laissé des indications codées presque invisibles sur la boîte à l'intention de sa coéquipière. Un vrai suspense existe : Cinnamon va-t-elle réussir à ouvrir la boîte ? Cette scène est entrecoupée de plans sur Rollin en train d'enlever discrètement son maquillage de vieux médecin, procédé astucieux qui va duper Qaisette et anéantir tous ses espoirs. L'interprétation est dominée par la performance éblouissante de Charles Aidman, très à son aise dans un rôle à contre-emploi de crapule. Peter Graves incarne à la perfection un escroc opportuniste et Barbara Bain une princesse Céline stupéfiante de vérité.
Phelps et son groupe sont chargés de mettre fin aux combats de boxe truqués organisés par un gangster appelé Buckman. Le département d'État craint que les Soviétiques finissent par profiter de la perte de crédibilité du sport américain au niveau international, engendrée par ces trucages à grande échelle. L'épisode commence bien avec la mission délivrée à Phelps de manière originale sur un bateau. Mais la suite ne confirme pas les bonnes dispositions initiales. La succession de scènes de boxe, d'abord lors de l'entraînement de Barney, ensuite lors des combats, est vite lassante, surtout lorsque l'on n'apprécie pas ce prétendu sport plus apparenté à de la sauvagerie qu'au véritable sport. Situer l'action dans les milieux de la boxe est contestable et fait ressembler cet épisode à un Incorruptibles plus qu'à un Mission Impossible. L'idée de transformer Barney en boxeur est ahurissante, pas du tout dans la lignée de la série. Cette mission aurait gagné à être filmée sur un seul épisode tellement les temps morts se multiplient, entre coups de poings répétitifs et manœuvres de gangsters loin d'être passionnantes. Quelques éléments positifs tout de même : la présence de bons acteurs tels John Dehner en gangster et Robert Phillips en boxeur corrompu ; celle de Robert Conrad dans un petit rôle de boxeur. Barbara Bain court vêtue est éblouissante de beauté. Jim arrive à gagner la confiance de la pègre de façon forte astucieuse. Mais tout ceci ne saurait effacer la banalité de la machination et l'irrésistible envie de regarder sa montre ou d'utiliser la touche d'avance rapide de son lecteur de DVD. *La présence d'un véritable boxeur en la personne de Sugar Ray Robinson n'apporte pas de plus-value à cet épisode. 4. LES MERCENAIRES
L'IMF est chargée d'anéantir un groupe de mercenaires opérant en Afrique et de récupérer leur fortune conservée dans une chambre forte sous forme de lingots d'or. Une mission menée de façon magistrale. Cinnamon et Jim se font passer pour un couple de trafiquants d'armes déguisés en missionnaires. La performance des deux comédiens est vraiment épatante. Barbara Bain se transforme en femme sexy et allumeuse après avoir eu l'allure coincée d'une bigote à lunettes et chapeau démodé. L'expression de Peter Graves passe en quelques secondes de l'allure compassée d'un révérend au cynisme décomplexé d'un trafiquant d'armes. Le procédé utilisé pour s'emparer des lingots est spectaculaire, à défaut d'être réaliste. Faire fondre l'or et composer de nouveaux lingots avec des moules appropriés, il fallait oser. Autres trouvailles de valeur, la dispute conjugale simulée de Cinnamon et Jim, destinée à changer le chargeur de l'automatique du colonel à son insu, et la fausse exécution de Rollin qui en découle, ce dernier s'écroulant après avoir reçu les deux balles à blanc dont il savait pouvoir bénéficier. Le téléphone coupé laisse le champ libre à Rollin pour exécuter le plan qui se referme implacablement sur le colonel. À sa base, des imitations parfaites obtenues en partie par entraînement à l'écoute d'une bande magnétique enregistrée à l'arrivée dans le camp. Rollin Hand démontre une nouvelle fois qu'il est non seulement « l'homme aux mille visages » mais aussi « l'homme aux mille voix ». Pour parachever la réussite de l'épisode, il ne restait qu'à engager une vedette invitée d'envergure. Pernell Roberts n'est plus à présenter. Ce vieil habitué de la série s'est montré comme à son habitude plus que parfait dans ce rôle de mercenaire cruel et amoral. 5. L'EXÉCUTION
Un gangster du nom de Parma a pris le contrôle des marchés alimentaires américains par le racket, le meurtre et la corruption. Son ascension doit être stoppée car son empire criminel risque de s'étendre à d'autres secteurs et jusqu'au sein du gouvernement fédéral. Cette histoire d'organisation criminelle terrorisant les petits commerçants par le racket et l'intimidation n'est pas du tout dans la lignée de la série. La première partie, guère enthousiasmante, donne plutôt l'impression d'un copier-coller d'épisode moyen des Incorruptibles. Quant à la seconde partie, quasi huis-clos dans un prétendu couloir de la mort, elle frise l'absurde tant la machination est cousue de gros fil blanc. Comment ce tueur chevronné pourrait-il ne pas se rendre compte de la supercherie ? Le réalisateur montre ostensiblement qu'il se souvient d'avoir vu Jim, Cinnamon, Barney et Rollin sous des identités différentes et il ne comprendrait pas qu'on lui tend un piège ? Cela ne tient pas debout et ôte tout semblant de crédibilité à l'épisode. La superbe performance de Martin Landau en condamné terrorisé peut d'autant moins sauver cette mission de la médiocrité que les cinq dernières minutes sont carrément grotesques : les gestes interminables de la pseudo exécution, le gaz qui commence à se dégager et Parma qui arrive à la seconde exacte où on l'attend... Carton rouge ! *Val Avery, ici dans un rôle de truand, a tourné dans un nombre considérable de séries. On l'a vu à plusieurs reprises interpréter des seconds rôles divers dans Columbo, et on le reverra dans l'épisode Le système.
L'ambitieux général Zepke s'apprête à instaurer une dictature dans son pays situé en Europe centrale. Il retient prisonnier dans un monastère le cardinal Souchek, dernier rempart contre le coup d'État, et a l'intention de l'exécuter et le remplacer par un sosie dévoué à sa cause. Cette mission est nimbée d'une atmosphère particulière du fait de son déroulement dans un monastère. Moines et religieuses, tous plus faux les uns que les autres, créent une ambiance envoûtante accentuée par l'inventivité de la mise en scène. Pour preuve le traitement original du délire de Nagorski, qui montre les personnages vus dans le brouillard par le malade. Un grand moment de suspense tient le spectateur en haleine lors de la substitution du sosie par le vrai cardinal. Barney et Willy pourront-ils achever l'opération avant que Zepke, impatient, n'ouvre la tente à oxygène ? Une excellente musique de Jerry Fielding renforce le côté poignant de cette scène. Quelques incohérences cependant : l'utilisation par Rollin d'un levier camouflé dans une croix d'ecclésiastique est une bonne idée, mais comment l'IMF a-t-elle pu deviner que Zepke se débarrasserait à coup sûr du prélat encombrant en l'enfermant dans un sarcophage au lieu tout simplement de le tuer par balles ? Encore plus étonnant, les moustiques utilisés pour rendre Nagorski malade sont de bien curieuses bestioles qui semblent disparaître comme par enchantement aussitôt leur besogne accomplie puisque aucune autre personne n'est piquée par la suite... La distribution est dominée par un sensationnel Paul Stevens dans un double rôle où il alterne avec le même bonheur mimiques de canaille et expressions de saint homme. Barbara Babcock est absolument parfaite dans un rôle de criminelle déguisée en bonne sœur, procédé toujours efficace. Barbara Bain et Peter Graves forment un couple médecin-infirmière très complémentaire et Martin Landau compose un ecclésiastique éblouissant de vérité.
La veuve de l'ancien président d'un État d'Amérique latine, qui gouvernait déjà en sous-main lorsque son mari était au pouvoir, a l'intention de renverser la démocratie naissante pour instaurer une dictature populiste fondée sur sa beauté et son charisme. Le coup d'État doit être déclenché à l'occasion d'un hommage télévisé rendu par la présidente à son défunt mari. Une caricature acide des régimes autoritaires sud-américains. Les méthodes employées par Riva Santel, tant au niveau de la valorisation de son image que des troubles fomentés par des émeutiers, ressemblent à s'y méprendre aux habitudes des régimes péronistes et apparentés. Les manœuvres destinées à convaincre la veuve de l'âge élevé de Cinnamon sont assez maladroites, et la prétendue fuite à l'étranger en voiture présidentielle plutôt malhabile. Si l'on ajoute les trop nombreux temps morts, on aboutit à un échec relatif, tempéré par la façon originale dont Jim reçoit sa mission (par projection cinématographique) et par une interprétation exceptionnellement inspirée de Ruth Roman dans le rôle de Riva Santel. 8. LE DIPLOMATE
Un document indiquant l'emplacement de quatre centres antimissiles américains a été dérobé et transmis à Yetkoff, l'attaché militaire de l'ambassade soviétique. Son utilisation rendrait les États-Unis vulnérables à une attaque ennemie. L'IMF va tenter de persuader Yetkoff que les documents sont faux. Une mission exécutée de façon magistrale malgré l'absence de Cinnamon, remplacée par l'épouse d'un conseiller du président des États-Unis. Lee Grant, la vedette invitée, tient fort bien ce rôle difficile. Cet épisode est l'un de ceux où on retrouve le plus l'atmosphère particulière des saisons 2 et 3, grâce à une mise en scène impeccable et à la qualité de la musique. Le scénario fourmille de trouvailles, parmi lesquelles la fausse mort de Rollin empalé sur un accessoire de son atelier de photographie (oui, il y a un truc...), la panne de la voiture de l'ambassade afin d'y aménager une cachette pour Barney, Jim déguisé en employé des téléphones et bien sûr la série de manœuvres destinées à faire passer Phelps pour un agent américain se présentant comme un espion de l'Est. À cette fin, l'IMF utilise des documents accréditant Jim en tant qu'agent soviétique, mais assez imparfaits pour que Yetkoff soupçonne le contraire. Tout ceci pour le persuader que les Américains veulent absolument lui faire croire à l'authenticité des documents volés. Roger Toland, un des agents de Yetkoff, opère auprès de l'épouse du conseiller du président américain. Sa mission se termine par une scène au suspense extraordinaire : le médecin réanimateur engagé par nos agents arrivera-t-il à sauver la recrue féminine de l'épisode, que Toland a bourrée de somnifères ? Au son d'une superbe musique de Gerald Fried, qui confirme être le meilleur compositeur sur la série hormis Lalo Schifrin, Lee Grant joue très bien la scène de l'agonie, filmée en alternance avec des plans sur le chronomètre qui tourne, tourne et menace d'atteindre les vingt minutes fatidiques, au-delà desquelles la réanimation risque d'être problématique, voire impossible. Lee Grant n'est pas la seule vedette invitée d'envergure puisque le grand Alfred Ryder, cher au cœur de tous les fans des Envahisseurs, tient le rôle de Yetkoff. Son interprétation est à la hauteur de son immense talent. *Lee Grant est bien connue des amateurs de Columbo pour avoir incarné une criminelle dans le second épisode pilote de la série.
Le ministre de la culture de l'UCR, un pays métaphore de l'URSS, mène une violente campagne de propagande anti-occidentale qui risque de faire échouer le rapprochement avec les Américains envisagé par le premier ministre libéral. Il doit être discrédité avant qu'il ne soit trop tard. On peut reprocher l'aspect totalement irréaliste des scènes se déroulant aux États-Unis. Comment Phelps et Rollin pourraient-ils se faire passer pour des comédiens et Cinnamon pour un auteur de pièces de théâtre ? Une telle machination pourrait être montée sous une dictature telle que l'UCR, mais les États-Unis sont un pays libéral. Donc l'annonce dans la presse de cette pièce jouée par des inconnus n'aurait pu qu'engendrer des réactions du public et des médias, du genre « Mais qu'est-ce que c'est que cette blague ? ». Dans la foulée de cette anomalie, le pire est atteint avec la scène surréaliste d'émeutes que même Barbara Bain joue sans conviction. Heureusement, tout change dès que l'action se déroule en UCR. On retrouve alors de bonnes séquences, dans l'esprit de la série. Le départ de l'acteur Enzor, convaincu par Rollin, au son d'une belle musique nostalgique de Robert Drasnin précède un moment de frayeur au passage de la frontière, à cause de la médaille dont Enzor n'a pu se séparer. Les manœuvres de l'IMF pour parvenir à faire interpréter la pièce par Jim et Rollin, à visage découvert ou non, sont très bien combinées. Quant au final, avec le piège qui se referme sur Kuro, il est particulièrement jouissif. Côté vedettes invitées, c'est un grand plaisir de retrouver Michel Tolan, déjà vu dans Le jugement de violence et à nouveau à son avantage dans le rôle tout en sensibilité du comédien Enzor. *Willy ne participe pas à cette mission.
Le général Ernesto Neyron, ancien dictateur d'un pays d'Amérique latine, est sur le point de conclure un marché avec Frank Layton, le chef du syndicat du crime de Miami. En échange du financement d'un coup d'État qui le rétablira au pouvoir, Neyron rendra le jeu légal dans son pays et en confiera le monopole au syndicat. Une machination parfaitement agencée qui s'appuie sur une série de détails techniques et de gadgets inventifs et cohérents. La sacoche transformée en valise est particulièrement bien conçue, tout comme les cartes transparentes, l'ouverture automatique du coffre et les projections. Tout est intelligemment préparé, à l'image de la visite de Jim chez Neyron sous l'identité d'un médecin alors que Layton et ses hommes le prennent pour l'homme de main d'un financier ! Les complications inutiles inventées par Jim et Rollin au sein du monde des affaires constituent sans doute le point faible de l'épisode. Par contre, le trio de cuisiniers formé par le reste de l'équipe pour investir la maison du général fonctionne à la perfection. Barbara Bain est ravissante dans sa tenue de domestique. Barney et Cinnamon multiplient les sourires ironiques sous leur apparente déférence envers un Neyron loin de soupçonner ces serviteurs si dévoués. Les vedettes invitées, déjà vues sur la série, nous gratifient d'une interprétation en tous points remarquable, qu'il s'agisse de Warren Stevens ou d'Albert Poulsen. Même les rôles secondaires se distinguent, avec notamment Phillip Pine, un acteur qui a joué dans un nombre considérable de séries des années 60 et 70. 11. L'HIBERNATION
L'auteur d'un cambriolage audacieux s'est fait emprisonner pour un vol mineur qu'il n'a pas commis, afin de bénéficier de la prescription concernant le méfait réel, beaucoup plus grave. L'IMF ne dispose que de deux jours pour retrouver les dix millions de dollars cachés par le malfaiteur et impliquer ce dernier avant que la prescription ne soit acquise. Un épisode passionnant jusqu'à la scène de l'hibernation. Le processus qui amène le malfaiteur à forcer Jim à exercer ses talents pour la cryogénie est fort bien préparé et exécuté. Mais la suite et surtout la fin sont décevantes. Le récit manque de rigueur et certains faits restent inexpliqués. Si la vue du journal datant de 1968 et non de 1980 a convaincu « l'hiberné » que cette opération n'était qu'une supercherie destinée à le faire parler, pourquoi se précipite-t-il bêtement vers l'endroit où est caché le butin ? Il devrait bien comprendre que si on cherche encore à lui soutirer des renseignements, c'est que la prescription n'est pas acquise, donc que le journal daté comme par hasard du jour suivant la prescription et mis ostensiblement sur son chemin est un piège. Plus grave encore, la cachette est située dans le monument funéraire d'une personne décédée en 1968. On se demande comment un homme emprisonné depuis cinq ans, soit depuis 1963, a pu cacher de l'argent au plus tard au cours de cette année 1963 dans une stèle construite cinq ans plus tard... La série ne nous a pas habitués à des incohérences aussi grossières. Cet épisode laisse donc un goût d'inachevé, malgré la participation sympathique de John Zaremba dans le rôle du médecin pénitentiaire.
Au cours d'une mission dans un pays de l'Est, Cinnamon est arrêtée et emprisonnée. Jim décide de l'échanger contre un espion ennemi, retenu prisonnier en Europe occidentale, et qu'il faudra soustraire aux autorités locales avant de tenter de lui soutirer un maximum de renseignements. Pas de mission délivrée à Jim dans cet épisode hors normes. Dès les premières secondes, le spectateur est plongé dans l'action pour cinq minutes de suspense intense. Une opération derrière le Rideau de Fer, Jim et Rollin, déguisés en officiers ennemis, attendent dans une cour que Cinnamon leur transmette les photos de documents lorsqu'un pigeon déclenche malencontreusement l'alarme en franchissant une fenêtre. Cinnamon est aussitôt arrêtée, mais ses amis réussissent à s'enfuir. Le briefing qui suit est conventionnel, mais empreint de gravité car il ne s'agit pas d'exécuter une quelconque mission mais de sauver l'élément féminin du groupe. Il faut saluer l'aspect réaliste du scénario, avec enfin un membre de l'équipe arrêté. Il était tout de même curieux que les missions dangereuses se soient succédées depuis si longtemps sans qu'aucun agent ne tombe entre les mains de l'ennemi. Cette anomalie a opportunément été corrigée ici. Une mise en scène habile va alterner séquences d'exécution du plan de Jim et mésaventures de Cinnamon. L'évasion de Rudolf Kurtz, l'espion ennemi magnifiquement interprété par Will Kuluva, grâce à un mannequin gonflable à son effigie et au fauteuil roulant truqué de Rollin, précède les scènes extraordinaires du voyage simulé. Enfermé dans une caisse, Kurtz n'a aucun soupçon et, d'abord réticent, il finit tout de même par faire son rapport à Jim, déguisé en officier ennemi. Côté Cinnamon, les scènes de torture mentale sont difficiles à supporter. Elles donnent à l'épisode un ton grave mais permettent à Barbara Bain de montrer ses qualités d'actrice dramatique dans un rôle difficile. L'aspect implacable de ses tortionnaires est magnifiquement exprimé par un duo de comédiens très au point. John Vernon, le jeune colonel Strom aux dents longues, s'appuie sur Robert Ellenstein, un habitué des rôles de personnages louches comme ce docteur Gorin, médecin plus ou moins sadique. Grosse performance aussi de Peter Graves, tantôt officier ennemi implacable, tantôt négociateur intellectuel à lunettes. La scène de l'échange constitue un final tout aussi prenant. La fin du cauchemar pour Cinnamon et l'échec de l'acte vindicatif du colonel font plaisir à voir. *Les premières images de l'épisode montrent un kiosque avec une affiche « Loterie nationale » écrite en français alors que l'action se déroule derrière le Rideau de Fer. *Les Américains sont décidément peu familiarisés avec la langue française. On voit dans la scène finale une pancarte avec l'inscription : « Vous sortez du secteur de l'OUST »... 13. OPÉRATION INTELLIGENCE
Les services secrets américains ont démasqué un traître parmi leurs agents et lui ont fourni sciemment de faux renseignements afin de tromper leurs ennemis. Simpson, un agent de l'Est, a découvert la falsification des documents et dénoncé Townsend, l'agent double, à ses supérieurs. L'IMF est chargée de persuader Stefan Miklos, un brillant agent ennemi venu enquêter sur la loyauté de Townsend, que les renseignements fournis par ce dernier sont vrais. Un des sommets de la saison et un des meilleurs épisodes toutes saisons confondues. Le thème de l'intoxication, déjà abordé dans Le diplomate, est cette fois-ci inversé car il ne s'agit plus de faire croire que des documents sont faux, mais au contraire qu'ils sont vrais. La série, imprégnée de l'esprit « Guerre Froide », a l'habitude de présenter les agents et dirigeants de l'Est comme des corrompus ou des arrivistes cruels, voire barbares. Pour une fois, l'adversaire principal est un homme pondéré et d'une grande intelligence. Voilà qui change agréablement de la caricature traditionnelle. L'IMF va habilement exploiter les qualités qu'elle reconnaît à Stefan Miklos en élaborant une savante machination. Il s'agit de lui faire croire à un coup monté destiné à compromettre Townsend. La difficulté réside dans l'apparence presque parfaite que doit avoir la machination, nécessaire pour qu'un agent aussi rusé puisse la prendre au sérieux, mais qui risque de trop bien réussir, c'est-à-dire que Miklos ne s'aperçoive pas du coup monté. Jim espère que l'intelligence supérieure de cet adversaire coriace sera mise en éveil par un ou deux détails insignifiants que seul un homme observateur et doté d'une perspicacité exceptionnelle comme lui sera capable de déceler. Son plan manque d'échouer mais Myklos finit par comprendre et dès lors il ne fait aucun doute pour lui qu'il s'agit d'un coup monté par les Américains. Il est d'autant plus flatté d'avoir réussi à le mettre à jour que les indices étaient insignifiants. Il faut saluer la grande qualité du scénario de Paul Playdon, un orfèvre en la matière. La mise en scène est au diapason. Très représentative des années Bain-Landau, elle en restitue à merveille l'atmosphère inégalée et régale le spectateur de scènes habilement filmées, à l'image du style adopté pour montrer la découverte de la supercherie par Miklos. 14. EXTERMINATION
Un médecin corrompu a mis au point au profit d'un pays de l'Est une bactérie mortelle capable de décimer des milliers de personnes en quelques minutes. Phelps et ses coéquipiers doivent détruire les souches mortelles et neutraliser définitivement leur concepteur. Le sujet avait tout pour être passionnant. L'approche du docteur Beck par Cinnamon au moyen d'un document écrit, présenté verbalement comme une biographie pour échapper aux micros espions, était prometteuse, tout comme le suspense quand l'adversaire s'empare du papier. Beck croit être découvert avant de réaliser que la proposition de Cinnamon s'est effacée pour laisser la place à une réelle biographie. Hélas ! Ces bonnes dispositions ne sont pas confirmées par la suite. La machination est quelconque et se délite rapidement, si bien qu'on s'ennuie ferme dès le milieu de l'épisode. Martin Landau en fait trop dans le registre du prisonnier cobaye apeuré et aucune vedette invitée ne se distingue particulièrement.
Constantin Victor dit « Monsieur V », un dirigeant du syndicat du crime, a été inculpé de meurtre mais a réussi à faire tuer le principal témoin à charge avant le procès. Afin d'éviter l'acquittement de Victor, l'IMF doit contraindre Johnny Costa, le meilleur ami de « Monsieur V » et la seule personne capable de le faire condamner, à témoigner contre lui. Un rythme assez lent caractérise cet épisode, qui s'anime cependant dans le dernier quart d'heure. L'argent supplémentaire dans les coffres, le chèque falsifié et surtout le disque enregistré avec la voix de « Monsieur V » imitée par Rollin contribuent alors à sortir le spectateur de sa douce torpeur. L'impression générale est néanmoins mitigée. À aucun moment cette histoire n'est véritablement passionnante. Bien qu'il n'y ait rien de particulier à reprocher au jeu des acteurs, l'ensemble paraît artificiel, sonne faux, on a du mal à y croire. Sans être un échec retentissant, ce « système » reste à des années-lumière des grands épisodes, des classiques de la saison et de la série. 16. LA CAGE DE VERRE
Le chef de la résistance au communisme dans un pays de l'Est a été arrêté et subit des tortures destinées à lui faire avouer le nom de ses adjoints. Le faire sortir d'une prison où toute évasion semble impossible est la délicate mission dévolue à notre fine équipe d'agents secrets. De bons moments de suspense, en particulier lorsque Barney et Willy utilisent un câble pour franchir un couloir au sol électrifié. Faux mouvements interdits car le moindre pied à terre égale la mort assurée ! Toutefois, ceci ne suffit pas à produire un épisode mémorable. Trop terne. Terne est bien le qualificatif qui caractérise cette mission sur tous les plans. Ternes, les images glauques de cette prison, à l'image du pays de l'Est où elle se situe. Terne, l'apparence trop sage d'apparatchik donnée à Barbara Bain. Ternes, les nombreux temps morts et la narration des prétendus problèmes de cœur entre Cinnamon et Rollin. À force, on se retrouve même surpris de constater que l'épisode est en couleurs... Où sont donc passées les subtilités, les innovations habituelles ? Bien que la scène finale soit d'un niveau convenable, le générique de fin procure une certaine sensation de soulagement. 17. AU PLUS OFFRANT
Un industriel européen menacé de faillite a utilisé une grosse quantité de plutonium pour fabriquer une bombe atomique à hydrogène, qu'il a l'intention de vendre au pays le plus offrant afin de renflouer ses finances. Cinnamon et Rollin vont s'infiltrer parmi les enchérisseurs pour faire échouer la vente pendant que Barney essaiera de récupérer le plutonium. Un épisode prenant et remarquablement réalisé. Dès les premières scènes, le spectateur est captivé par une mission qui s'annonce périlleuse mais pleine de promesses. Barney hérite d'une tâche particulièrement difficile. Il va devoir naviguer dans les rouages de plusieurs ascenseurs et les plans interminables le montrant à l'intérieur des mécanismes finissent par lasser quelque peu. Heureusement, un dernier quart d'heure mené de main de maître compense largement les quelques lenteurs précédentes. Fait appréciable, la mission ne se déroule pas comme sur des roulettes puisque Vandaam s'aperçoit que la bombe a été dérobée et lance ses troupes à l'assaut du voleur. Un peu d'imprévu n'est pas pour déplaire et accroît le suspense. Les subtilités employées dans l'urgence pour le tirer de ce guêpier contribuent au final réussi, tout comme les gadgets typiques de la série : l'échange subtil des mallettes, l'appareil de Cinnamon qui enflamme les billets, ce genre de trouvailles est toujours plaisant et efficace. Si Jim et Willy agissent en retrait, Cinnamon et Rollin sont en première ligne au cœur des enchères. Barbara Bain accomplit une belle démonstration d'actrice, tout comme les vedettes invitées Alf Kjellin, meilleur dans cette interprétation de Vandaam que dans Le Phoenix, et Arthur Batanides dans le rôle de Kura. 18. L'APPÂT VIVANT
Un espion américain infiltré dans la hiérarchie ennemie est sur le point d'être démasqué par Kellerman, son supérieur. Marceau, un agent de liaison américain capturé et torturé par Kellerman, risque de lui confirmer ses soupçons au sujet de l'agent double. L'IMF va tenter de délivrer Marceau et de neutraliser définitivement Kellerman. Cet épisode souffre du défaut inhérent à de nombreux films et séries d'espionnage, à savoir de trop nombreuses complications. L'histoire se perd dans un dédale de méandres et détails inutiles au lieu d'aller à l'essentiel, ce qu'a souvent su faire la série et lui a sans doute conféré son succès. Dommage car les atouts ne manquaient pas. En premier lieu, la présence d'Anthony Zerbe, qu'il est inutile de présenter, en tête des vedettes invitées. La jeune et jolie Diana Ewing est l'autre grande satisfaction de la distribution dans le rôle de l'opportuniste et perfide Stephanie, cette actrice de seconde zone prête à tout pour réussir. Son amoureux n'est autre que Brocke, l'adjoint de Kellerman, dont la niaiserie incommensurable est accentuée par le physique et le jeu de Martin Sheen. Quelques bonne idées dans le scénario, mais elles sont mal exploitées au sein d'un ensemble manquant de tonus.
Un gouvernement totalitaire retient prisonnier dans un laboratoire souterrain un éminent savant et le force à travailler à l'élaboration d'un missile à longue portée, sous peine de représailles à l'encontre de son épouse. Les agents américains doivent libérer le couple et détruire l'arme nouvelle mais la mission risque d'être compliquée par l'intervention d'un tueur aux multiples visages, envoyé par un autre gouvernement hostile inquiet lui aussi de la création du missile. Cet épisode en deux parties est sans doute le meilleur de la saison, à voir et revoir sans trouver la moindre faille dans la machination. Le faux attentat sur Phelps, l'arrestation volontaire de Cinnamon pour secourir Anna Rojak dans sa cellule, l'évasion de cette dernière par le conduit d'un incinérateur et la crise cardiaque simulée de son mari : tout est conçu et exécuté à la perfection. En cadeau bonus, le fameux disque téléguidé offre une longue scène à suspense. Certes, on distingue nettement les fils retenant l'engin, mais cela ne ternit pas les sensations procurées par cette séquence mémorable. La présence d'un tueur utilisant les mêmes armes que Rollin, en l'occurrence les fameux masques, est presque cocasse. Comment l'IMF va-t-elle réagir face à Alexander Ventlos, cet adversaire aux multiples visages ? Une de ses cibles n'est autre que Rollin, devenu ainsi arroseur arrosé ! Les masques jouent d'ailleurs un rôle important dans cette histoire puisque, outre ceux du tueur, Barbara Bain, aussi jolie en brune qu'en blonde, va endosser l'identité d'Anna Rojak. En plus du scénario une nouvelle fois très travaillé de Paul Playdon, la réalisation soignée et les performances d'acteurs contribuent à cette belle réussite. Le fait dominant de la distribution est la présence de Lee Meriwether, qui donne un avant-goût de la saison suivante où elle deviendra le temps de quelques épisodes l'élément féminin de l'IMF. Sa beauté émouvante, ses jolis yeux bleus et son regard craintif s'accordent à merveille avec le personnage apeuré d'Anna Rojak. Milton Selzer, habitué des séries de l'époque, interprète le savant Erich Rojak avec talent et conviction. Parmi les acteurs récurrents, tous impeccables, Peter Graves mérite une mention pour sa composition exceptionnelle d'un officier ennemi, rôle auquel il est habitué et dans lequel il fait toujours merveille.
Dans un petit pays du Caucase, un général belliciste s'est associé avec un industriel de l'armement pour empêcher le roi, trop progressiste à leurs yeux, de signer un traité de paix avec un État voisin traditionnellement ennemi. Les conjurés veulent faire sauter le palais gouvernemental afin de provoquer une guerre propice à leurs intérêts. L'atout majeur de cet épisode est la longue séquence du vol de la nitroglycérine exécuté par Rollin et Willy. Ce moment de suspense intense fait bien sûr penser au film de Clouzot Le Salaire de la peur. Grâce à un ordinateur opportunément reprogrammé par Barney, Rollin dispose de quatre minutes pour s'emparer de trois flacons de nitro, et d'un peu plus de temps pour le transporter hors de l'usine car Barney a neutralisé aussi le signal d'alarme. Fort heureusement car Rollin, victime d'une panne de batterie, est à deux doigts d'échouer. Le réalisateur multiplie les plans sur les flacons, sur les pédales d'accélérateur et de frein que Rollin doit manipuler avec précaution à chaque passage dangereux, ce qui rend le suspense insoutenable. Cette scène majeure a le mérite d'ouvrir la voie à une machination très bien conçue, dont on découvre la subtilité au gré de révélations successives dans le dernier quart d'heure. C'est une agréable surprise car le scénario paraissait au départ assez confus. Les seuls petits regrets ont trait à l'arrêt peu crédible de la camionnette téléguidée par rétrogradation des vitesses après que les freins ont lâché, ainsi qu'à l'absence de vedette invitée de réelle envergure.
Jim et Rollin sont chargés de s'emparer en territoire hostile d'une liste d'agents américains travaillant en fait pour l'ennemi. C'est un des meilleurs agents de l'Est qui détient ce document capital pour les Américains. Et voilà un tournant dans la série avec le premier des épisodes « déviants ». Premier car, hélas ! il y en aura d'autres au cours des saisons suivantes. Quelle mouche a donc piqué les producteurs pour qu'ils aient l'idée saugrenue d'ajouter des épisodes « sentimentaux » au sein d'une série d'espionnage qui fonctionnait très bien sans cela ? L'envie de changer ou de faire quelque chose d'original, sans doute. Toujours est-il que le résultat est désastreux. Comment peut-on imaginer qu'un homme aussi maître de lui-même et dévoué à son métier tel que Jim Phelps puisse tomber instantanément sous le charme d'une femme au point de devenir méconnaissable, d'afficher un sourire béat au cours d'une mission dangereuse, comme il le fait pendant un premier quart d'heure interminable constitué de mondanités et d'amourettes pendant une réception ? OK, Joan Collins est éblouissante de beauté, mais quand même... La suite est dans la même veine. Jim est amoureux de Nicole mais il est capturé. Heureusement, tel un prince charmant voguant au secours de la veuve et de l'orphelin, sa belle le fait évader et le conduit à la frontière. Ce qu'il ne sait pas, c'est que Nicole agit pour le compte de l'ennemi. Le but est de le persuader que la liste parfaitement authentique dérobée par Rollin, sur laquelle elle figure, est fausse et du même coup se dédouaner. Finalement, la perfide agent double tombe vraiment amoureuse de Jim, lui avoue la vérité et rentre dans le droit chemin. Bien évidemment, Nicole trouve une mort injuste, abattue par son ancien complice et l'épisode se termine avec un Jim atterré d'avoir perdu son amoureuse, qui s'est sacrifiée pour lui sauver la vie. On se demande comment un scénariste de talent tel que Paul Playdon a pu écrire des niaiseries pareilles, tout juste dignes d'un roman de gare, et il est regrettable d'avoir gâché une actrice telle que Joan Collins dans un épisode raté dont le seul intérêt est justement la beauté et le charme de la vedette invitée. Autre déviance à signaler, la participation à cette mission des seuls Jim et Rollin. L'absence de Barbara Bain peut s'expliquer par la volonté de mettre en avant Joan Collins en vedette féminine. Mais pourquoi sacrifier aussi Barney et Willy ? Pour couronner le tout, le méchant du jour est présenté comme « l'agent ennemi le plus intelligent ». Or, on sait depuis Opération intelligence que le meilleur agent de l'Est n'est autre que Stefan Miklos. Nul besoin d'en inventer un autre, qui plus est inintéressant. Bref, un épisode à oublier bien vite. 23. LES QUARANTE MILLIONS DU PRÉSIDENT
Le président d'un pays d'Amérique latine vient d'annoncer un programme de grands travaux financés par quarante millions de dollars qu'il croit à l'abri dans un coffre du Trésor. Il ignore que le ministre des finances, en qui il a toute confiance, s'est emparé des fonds pour les placer en Suisse et a monté une machination destinée à le présenter comme le voleur, afin de s'emparer du pouvoir. Le plan de l'IMF est un peu trop long à se dessiner. L'histoire tourne en rond pendant une bonne moitié de l'épisode mais s'anime dans le dernier quart d'heure sous l'impulsion de Rollin. Déguisé en inspecteur comptable besogneux et terne avec de grosses lunettes, il prend ensuite le visage du président au cours d'une supercherie bien minutée, et enfin redevient comptable pour attirer l'attention du vrai président sur les malversations de Pereda. La machination est donc assez habile mais le meilleur de l'épisode reste la performance de Nehemiah Persoff, qui donne toute sa dimension au personnage de Pereda. L'extraordinaire Jack Guzik des Incorruptibles ne pouvait que crever l'écran dans ce rôle de méchant avide d'argent et de pouvoir.
L'IMF est chargée de saboter les candidatures de deux hommes au poste de chef de la police secrète d'un pays de l'Est. L'élimination de ces deux candidats, qui instaureraient un État policier s'ils obtenaient le poste, favoriserait un troisième homme, libéral et sympathisant des occidentaux. Cet épisode ennuyeux au possible est un beau gâchis, compte tenu des possibilités qui semblaient offertes : une mission alléchante et de très bons acteurs avec Fritz Weaver et Kevin Hagen dans les rôles de méchants. Il paraît difficile d'accumuler une telle somme de maladresses. Comment Rollin et Cinnamon pourraient-ils se faire engager du jour au lendemain comme artistes de cabaret derrière le Rideau de Fer ? Voilà qui n'est pas crédible pour deux sous. Si le numéro de Martin Landau est acceptable, Barbara Bain a du mal à convaincre en chanteuse sexy, mi Marilyn-mi Marlène Dietrich. Pire encore : une séance d'hypnose sur Skarbeck totalement grotesque qui s'ajoute à une succession de scènes soporifiques à l'extrême. Résultat : cette mission est un des plus gros échecs de la saison. Si vous réussissez à regarder jusqu'à la fin, vous méritez une récompense, par exemple être dispensé de regarder l'épisode suivant... 25. L'INTERROGATOIRE
Un agent secret ennemi, en possession de renseignements relatifs à l'attaque que son pays doit lancer sur les États-Unis, a été capturé par une autre puissance hostile, où son interrogatoire musclé ne donne rien. Phelps et son équipe ne disposent que de très peu de temps pour enlever l'agent et le faire parler. La saison et l'âge d'or se terminent bien mal avec deux épisodes calamiteux. Après le désastreux Illusion, on reste sur un scénario auquel on ne peut pas croire une seconde. Cette histoire de prisonnier interrogé si durement qu'il finirait par s'identifier à son tortionnaire au point de gober le piège grossier tendu par Phelps et ses acolytes est sans le moindre intérêt. Si la première partie de l'épisode peut à la rigueur se laisser regarder, la seconde ne donne lieu qu'à de pénibles scènes d'interrogatoires avec des dizaines de gros plans vite lassants sur les yeux de Henry Silva, et une alternance de temps morts et discours pseudo psychologiques presque risibles. Et bien sûr, Kruger finit par parler vingt secondes avant l'heure fatidique. Et pourquoi pas un dixième de seconde avant, seulement ? Après tout, une invraisemblance de plus ou de moins... Henry Silva fait ce qu'il peut sans trop y croire, mais Martin Landau en fait des tonnes en prisonnier terrorisé aux yeux exorbités par la peur. D'accord, on a l'habitude de voir les navets diffusés en catimini en fin de saison, c'est une tradition dans le monde des séries, mais il est vraiment bien dommage de terminer une si belle époque sur deux fausses notes de très mauvais goût. Crédits photo: CBS. Images capturées par Phil DLM. |
Mission Impossible (1966-1973) Saison 2
3. Les survivants (The Survivors) 7. Opération cœur (Operation Heart) 8. Le faussaire du Ghalea (The Money Machine) 14. Réminiscence (Echo of Yesterday) 15. Le photographe (The Photographer) 17. Échec et mat (A Game of Chess) 19. Le condamné (The Condemned) 20. Le faussaire (The Counterfeiter) Avec cette saison 2 commence l'âge d'or de la série, le temps de deux saisons animées par l'équipe idéale de l'IMF. L'entente est parfaite entre les cinq partenaires, soudés comme les doigts de la main. Ceci n'empêche pas l'application d'une hiérarchie immuable librement consentie et garante d'efficacité et de discipline. Le nouveau venu n'est autre que Peter Graves dans le rôle de Jim Phelps, le chef de l'IMF. Au contraire de Dan Briggs, interprété par Steven Hill, qui n'avait guère l'allure d'un agent secret et s'impliquait peu dans les missions, Phelps est un leader totalement investi dans son travail. Méticuleux dans le choix des agents et l'élaboration des machinations, respecté et admiré par ses partenaires, il incarne à la perfection l'américain solide aux nerfs d'acier, la compétence et le dynamisme qui ont fait la réussite et la puissance des États-Unis. On ne peut que se féliciter du départ de Steven Hill pour raisons religieuses (juif, il refusait de tourner le samedi) tant Peter Graves est parfait dans ce rôle de Phelps. Il est même devenu à lui seul l'identifiant principal de la série, qu'il ne quittera plus jusqu'à son terme. Jim est secondé par ses cadres, Rollin Hand et Cinnamon Carter. Le couple Martin Landau/Barbara Bain apporte une plus-value incontestable. Martin Landau est excellent dans le rôle de Rollin, l'homme aux mille visages du fait de ses multiples masques. Plutôt axé sur les rôles de personnages aisés, il ne rechigne pas à interpréter des humbles ou des prolétaires avec la même réussite. Barbara Bain fait valoir sa classe essentiellement dans des rôles de bourgeoises BC-BG. Avec sa beauté et sa distinction naturelle, elle est l'actrice idéale pour donner vie à Cinnamon, cet ancien mannequin devenu agent secret. Greg Morris interprète avec bonheur le technicien Barney Collier, un ingénieur expert en électronique et en informatique. Au contraire de Phelps, Rollin et Cinnamon, il agit plus souvent en coulisses, trafiquant ascenseurs, truquant téléphones et ordinateurs avec une compétence étonnante et une assurance inébranlable. Willy Armitage, joué par Peter Lupus, est l'homme de main. Il fait souvent équipe avec Barney et on le voit régulièrement en livreur, réparateur, garde du corps ou manutentionnaire. Conscient de ne pas disposer des qualités intellectuelles de ses compagnons, il n'en est pas moins consciencieux et efficace. L'équipe idéale n'est pas le seul atout de cette saison. La qualité de la réalisation est aussi la marque de fabrique de l'âge d'or. Serrée, nerveuse, multipliant les scènes à suspense sans dialogues, elle accentue l'impression de sophistication déjà conférée par la classe des protagonistes. Autres caractéristiques notables : Jim est blond, Rollin, Cinnamon et lui-même fument dans tous les épisodes. À l'exception de deux aventures de fin de saison, le rituel de départ est identique dans chaque épisode. La première scène présente Jim prenant connaissance de sa mission dans des lieux divers. Le document s'auto-détruit puis c'est le choix des agents, parfois après quelques images sur Phelps en train de réfléchir à son plan. Dans un cadre sobre et fonctionnel où on remarque un jeu d'échecs, on découvre un Jim passionné par son métier, solitaire, probablement célibataire. Il prend beaucoup de soin dans le choix de ses collaborateurs, recensés dans un énorme classeur. Quant aux scénarios, ils sont pour la plupart de bonne, voire très bonne qualité, cette saison offrant quelques missions mémorables qui ont marqué les fans de la série. De nombreuses opérations sont menées à l'étranger, en Europe de l'Ouest, derrière le Rideau de Fer ou dans des pays latino-américains.
L'IMF est chargée de démanteler un important trafic d'héroïne dirigé en Europe par un certain Cresnic. Pour cette mission, Cinnamon va se transformer en veuve séduisante et cynique. Ce premier épisode de l'âge d'or est un peu atypique avec une intervention dans les milieux criminels et non une opération de politique internationale, trame prépondérante des scripts de cette époque. Néanmois, le style, la mise en scène et l'action située à l'étranger en font une mission très représentative des saisons Bain-Landau, avec ses nombreuses scènes sans dialogues et une réalisation incisive. L'action se déroule à Marseille, ville dont le choix s'imposait pour cette histoire de drogue style French Connexion. On constate le peu de savoir des américains en matière de langue française avec un panneau « ne functionne pas » apposé sur un ascenseur. La machination, très bien montée, s'appuie sur des détails cohérents. Elle est mise en valeur par des acteurs impeccables, parmi lesquels on est heureux de retrouver en vedette invitée un vieil habitué des séries américaines des années 60 en la personne de William Windom, parfait interprète du trafiquant Cresnic.
Phelps et son équipe doivent retrouver un trésor appartenant à un petit pays d'Amérique latine, dérobé et caché par un bandit du nom de Jack Cole. L'opération est compliquée par la concurrence de Cardoza, un officier corrompu qui retient Cole prisonnier et cherche à s'approprier le trésor. Le point fort de cet épisode est la succession de scènes à suspense, lorsque Cole manque à plusieurs reprises de tuer Phelps ou Cinnamon, avant d'être ramené à la raison par Jim, qui se fait passer pour un aventurier sans scrupules. Ces scènes sont accompagnées d'une excellente musique de Gerald Fried. Cependant, l'absence de vedettes invitées de premier plan rend l'épisode inégal. L'interprétation n'est pas parfaite. Daniel O'Herlihy n'arrive pas à se glisser totalement dans la peau de Jack Cole, il donne l'impression de jouer sans conviction. Même les acteurs récurrents ont du mal à convaincre, tels Martin Landau, peu crédible en paysan latino, et Barbara Bain en aventurière à moitié morte de soif, l'actrice étant victime d'un maquillage outrancier. Le tout ne peut être rattrapé par la bonne prestation de Mark Lenard en colonel Cardoza. Quant à l'expert en marionnettes et mannequins qui renforce l'équipe, il est peu présent et sans grand relief. Autres faiblesses notoires, l'accent espagnol des protagonistes, caricatural, et l'abus de plans sur le soleil, énervant. D'accord, il faut montrer qu'il fait chaud et que Jack Cole est en train de devenir aveugle, mais à ce point on tombe dans l'exagération. *Willy est absent de cette mission. 3. LES SURVIVANTS
Un agent de l'Est a capturé deux savants américains dont les recherches pourraient déboucher sur la création d'une arme terrifiante. Jim Phelps se fait capturer sous l'identité d'un troisième savant afin de venir en aide aux deux prisonniers, pendant que ses acolytes préparent leur évasion. Une machination de grande qualité, l'IMF n'hésitant pas à simuler un tremblement de terre pour arriver à ses fins ! C'est un procédé récurrent dans la série, les bandits acculés par des circonstances imprévues ou des fausses catastrophes finissent toujours par commettre des erreurs qui leur sont fatales. Le procédé retenu pour aboutir à l'enlèvement de Jim est astucieux et offre un bon début d'épisode. Par la suite, on peut reprocher quelques temps morts mais la fin est magistrale et même très jouissive lorsqu'on découvre la tête de l'adversaire comprenant qu'il a été berné. En tête de la distribution, Albert Poulsen, un visage bien connu des amateurs de séries des années 60 et 70, est idéal dans ce rôle de crapule.
L'IMF doit mettre fin aux agissements d'un directeur de banque de Berlin Est. Ce criminel fait croire à des candidats à l'exil qu'il peut les faire passer à l'Ouest grâce à un tunnel partant de son établissement, mais les envoie en réalité dans une oubliette et s'approprie leur argent. Son but est d'accumuler une fortune assez importante pour financer l'arrivée au pouvoir d'une organisation nazie. Quelques scènes sont mémorables dans cet épisode de qualité. Grand moment de suspense quand Phelps dispose de peu de temps pour s'emparer d'une bande vidéo dans le bureau du directeur de la banque. Heureusement, Cinnamon va provoquer une habile diversion pour retarder le retour du maître des lieux. La scène du cambriolage est ingénieuse avec la caméra montrant une image de la chambre forte vide pendant que Cinnamon et Barney préparent tranquillement leur coup. Dans le rôle d'un candidat à l'exil, Martin Landau adopte une attitude humble avec le dos voûté. Il apparaît moins à l'aise dans cette composition que dans des rôles de chefs ou de bourgeois, plus adaptés à son charisme naturel.
Le souverain d'un État du golfe Persique a mis en place un marché aux esclaves dont il tire de substantiels profits. Phelps et ses coéquipiers sont chargés de mettre fin à ce trafic afin de favoriser l'accession au pouvoir du frère du Roi, marié à une européenne et farouchement opposé à l'esclavage. Cet épisode en deux parties est une brillante réussite. La machination est géniale et le suspense soutenu. De nombreux gadgets, dont les fameux masques, et même des chauves-souris, concourent efficacement à la qualité constante de l'aventure. Choisir Joseph Ruskin pour interpréter un méchant vraiment très méchant est un gage de qualité tant l'acteur s'y révèle à l'aise, bien aidé par un physique adéquat. Dans ce registre, il est bien secondé par Warren Stevens et Percy Rodriguez, tout aussi efficaces. Saluons le choix d'Antoinette Bower pour interpréter la belle-sœur du souverain. Cette comédienne familière des amateurs de séries est grimée par des maquilleurs en grande forme de manière à ressembler à Barbara Bain. Résultat : on s'y tromperait presque ! Le message antiesclavagiste de ce double épisode est bien sympathique et encore d'actualité puisque de nos jours, même en France, des affaires d'esclavage domestique sont régulièrement découvertes. 7. OPÉRATION CŒUR
Un archéologue américain, arrêté par erreur pour espionnage dans un pays de l'Est, se retrouve dans un état grave à la suite d'une défaillance cardiaque survenue pendant un interrogatoire. Le colonel qui l'a arrêté projette également d'assassiner le président pro-occidental pour prendre le pouvoir et faire passer son pays sous l'égide du bloc soviétique. Une intrigue confuse dès le départ et qui le devient plus encore pendant les interminables scènes d'opérations. Les visages masqués des médecins et infirmières, méconnaissables, ne favorisent pas la compréhension des événements. Néanmoins, l'épisode est sauvé par l'astuce du dénouement, avec Rollin déguisé en professeur Bennett, et par la présence du brillantissime Pernell Roberts, pour une fois dans un rôle sympathique. 8. LE FAUSSAIRE DE GHALEA
Un financier africain véreux s'est associé avec un faussaire dans le but d'imprimer de grandes quantités de faux billets sur un lot de papier-monnaie récemment dérobé. Les collaborateurs de l'IMF vont mettre à leur disposition un prétendu ordinateur capable d'imprimer la fausse monnaie, afin de récupérer le papier volé et de faire arrêter le spéculateur. Cet épisode repose sur une machination particulièrement ingénieuse. Phelps et ses hommes (et femme...) ont l'habitude d'aider, en apparence, leurs victimes afin de mieux les confondre par la suite. Ce procédé est employé ici puisqu'ils font semblant d'être forcés d'utiliser leur fameuse machine – évidemment bidon – au profit de leurs adversaires, à la suite d'un hasard malencontreux. Martin Landau accomplit un joli numéro d'épileptique, à la base de ce hasard. La mise en scène, très sobre, est typique de l'âge d'or de la série avec de longs plans sans dialogues pendant les phases de fonctionnement de la machine. Barney est à l'œuvre à l'intérieur de l'engin. Il récupère le papier et fait sortir les billets préparés à l'avance sous l'œil ravi et admirateur du faussaire, loin de soupçonner la supercherie. *Willy n'a pas été retenu pour cette mission.
Un sceau impérial constitué d'une jade inestimable a été dérobé à un petit pays asiatique ami des États-Unis puis vendu à un industriel américain, collectionneur d'objets d'art. Il n'existe aucun moyen légal d'obliger l'industriel à restituer le sceau, mais celui-ci est considéré comme un objet sacré et le retour dans son pays éviterait des complications diplomatiques. Un épisode de bonne qualité dont le clou est une scène à couper le souffle, avec un chat dressé pour aller et venir sur une poutre de fer afin de récupérer le sceau. Évidemment, il manque à plusieurs reprises de faire tomber l'objet à terre ou de tomber lui-même, ce qui est strictement interdit sous peine de donner l'alarme. Le plan imaginé par Phelps est vraiment bien conçu jusque dans les moindres détails : la fausse carte perforée de Jim, Barney caché dans l'ordinateur ou le coup des deux badges collés pour faire croire qu'aucun intrus ne se trouve dans l'immeuble. L'idée d'utiliser un chat est particulièrement originale. On note tout de même quelques longueurs lors des discussions entre Cinnamon et l'industriel et au cours des discours et démonstrations paranormales de Rollin. Bonnes prestations des acteurs, notamment de Darren Mc Gavin et Mort Mills qui constituent un duo très complémentaire.
L'IMF doit mettre fin aux agissements d'un couple d'escrocs à la charité et récupérer les deux millions de dollars de dons détournés à leur seul profit. L'argent volé a été converti en lingots de platine que le couple a dissimulés sous le plateau d'un jeu de billard. L'action se déroule dans de magnifiques décors naturels de montagne, à la limite de la France et de l'Italie. La machination est une nouvelle fois idéalement imaginée et exécutée. On peut voir dans ce scénario une critique à peine voilée de la charité business naissante. Peter Graves est épatant dans un rôle de faux psychiatre. Après s'être fait volontairement démasquer par Catherine, Jim parvient à gagner sa confiance et à la dresser contre son mari. Rollin se livre au même travail de sape avec Hagar, vite convaincu de la trahison de son épouse. Les lingots de platine gonflable constituent une invention attrayante, même si la fusion du vrai platine, opérée pour le camoufler dans un pare-chocs (voilà qui rappelle étrangement Le Corniaud de Gérard Oury...), est peu vraisemblable. L'interprétation parfaite de Fritz Weaver et Hazel Court donne un accent de vérité étonnant à ce couple d'aigrefins sans foi ni loi. La scène finale montre un Phelps impitoyable avec Catherine Hagar, qui lui reproche alors d'avoir trahi sa confiance. Jim lui rétorque : « Les enfants aveugles aussi ont eu confiance en vous ! ». Il est rare que le chef de l'IMF juge ainsi ses adversaires, mais on ne se plaindra pas de cette exception. 11-12. LE CONSEIL
Notre groupe d'agents secrets est chargé de faire cesser les activités de Frank Wayne, le chef du syndicat du crime. Wayne a fait passer en Suisse les dix millions de dollars de bénéfices de l'organisation. La comptabilité du syndicat devra être saisie et remise aux autorités financières des États-Unis. Un des sommets de la saison avec un scénario bien construit, de nombreuses trouvailles en guise de gadgets et des scènes de suspense à couper le souffle. On ne peut que saluer l'inventivité des scénaristes au vu de la richesse des moyens techniques déployés par l'IMF, impressionnante même pour un épisode en deux parties : la fausse opération de chirurgie esthétique est géniale, tout comme la scène de la mort simulée de Jim, l'appareil censé calmer les douleurs postopératoires de Rollin et celui qui ouvre le coffre-fort de Wayne, les ascenseurs en doublon et bien sûr les fameux masques. Le point fort de la première partie est le suspense insoutenable pendant la scène de sauvetage du malheureux comparse enterré vivant par le tueur de l'organisation. Ce dernier allume une cigarette et a visiblement l'intention de rester sur place. Jim et ses hommes, renforcés par un médecin, arriveront-ils à sauver la victime ? Autre scène de suspense, cette fois dans la seconde partie, lorsque Cinnamon simule une opération de chirurgie esthétique destinée à faire croire que Rollin est Frank Wayne. Ses complices seront-ils dupes de la supercherie ? Suspense encore et toujours quand Rollin manque d'être surpris en train d'ouvrir le coffre-fort. Le mécanisme de fermeture du panneau dissimulant le coffre se bloque au mauvais moment, mais l'homme aux mille visages n'est jamais à court de ressources ni d'astuce... Parmi une brochette d'acteurs en grande forme, on peut ressortir Peter Graves en enquêteur obstiné, Martin Landau en faux chef mafieux et Robert Phillips en tueur impitoyable dévoué à son employeur. 13. L'ASTROLOGUE
Le chef d'un réseau d'opposants à la dictature dans un pays de l'Est a été capturé et va être rapatrié par avion dans son pays. Phelps et ses agents doivent le délivrer et s'emparer de la liste exhaustive de ses amis patriotes avant que le microfilm où elle figure soit exploité par les dirigeants ennemis. Cette mission particulièrement bien préparée est riche en scènes prenantes, depuis la fouille des bagages à l'aéroport, heureusement effectuée avant que Willy ne substitue les valises contenant Barney et Rollin, jusqu'au faux suicide du prisonnier ; un mannequin est projeté à sa place dans le vide et le tour est joué ! Rollin Hand et Barney Collier agissent ensemble dans un contexte difficile. Enfermés dans une soute à bagages, ils manquent de mourir étouffés. Le savoir-faire technologique de Barney et les dons de Rollin pour contrefaire les voix vont néanmoins permettre de tromper leurs adversaires. Peter Graves est en retrait dans cette mission où Jim Phelps n'intervient qu'au début et à la fin. C'est Barbara Bain qui hérite du rôle majeur de l'astrologue où elle démontre à nouveau l'étendue de sa classe et de son talent. L'IMF a l'habitude d'utiliser avec brio les rivalités entre les agents de l'Est, tous plus cruels et ambitieux les uns que les autres, et l'astrologue Cinnamon ne va pas se gêner pour semer la zizanie parmi ce panier de crabes. 14. RÉMINISCENCE
Le chef du parti nazi allemand est sur le point de racheter à un sympathisant le plus gros empire industriel d'Allemagne de L'Ouest. Il compte utiliser la puissance financière ainsi acquise pour conquérir le pouvoir. Si les histoires de nazis écrites par Brian Clemens pour les diverses séries britanniques auxquelles il a collaboré ont toujours été des réussites (voir Chapeau Melon et Bottes de Cuir, Amicalement Vôtre ou Les Professionnels), le savoir-faire du fameux scénariste britannique est absent dans Mission Impossible dont les épisodes « nazis » n'ont jamais atteint un grand niveau. Les manœuvres habiles d'infiltration de Phelps auprès du chef nazi, et de Cinnamon chez le vieil industriel, rendues crédibles par l'interprétation convaincue de Barbara Bain et de Peter Graves, offrent un début d'épisode convenable. Hélas ! Le chef nazi est joué par un acteur absolument pas crédible. Il veut tester Jim au cours d'un combat a priori alléchant mais vite décevant tellement il paraît peu sérieux, voire grotesque. Mais la plus grosse déception vient du développement final de la machination, qui met à jour son absurdité. L'industriel n'est pas un demeuré, et même un débile mental ne se serait pas laissé prendre à un piège aussi grossier. Le comble du ridicule est atteint par Rollin, grimé et déguisé en Adolf Hitler. Martin Landau surjoue et n'est même pas ressemblant. À partir de cet instant, il n'y a plus qu'à stopper la diffusion ou attendre la fin de l'épisode, heureusement pas très éloignée. *Barney ne participe pas à cette mission. Sans doute son physique a-t-il été jugé trop peu « aryen » pour opérer sans danger dans les milieux nazis. 15. LE PHOTOGRAPHE
Une puissance ennemie s'apprête à répandre un virus mortel sur le territoire américain. Les services secrets ont intercepté un message codé contenant vraisemblablement les noms et adresses des agents chargés de disséminer le virus. Seul un photographe à la solde de l'étranger connaît le code nécessaire aux Américains pour déchiffrer le message et intercepter les ennemis avant le déclenchement de l'opération meurtrière. Un des meilleurs épisodes, toutes saisons confondues. La machination est réglée comme du papier à musique et c'est un régal d'assister à son déroulement inexorable jusqu'au final éblouissant avec la fausse explosion nucléaire et la mine déconfite des ennemis à la découverte de la supercherie. C'est avec fascination que Rollin assiste à la révélation du fameux code. Particulièrement astucieux, il est constitué de plusieurs variables et le mot « photographe » ainsi que l'annuaire du téléphone jouent un rôle important dans le déchiffrage. Nos agents sont aidés par l'agence de mannequins Elite, ancien employeur de Cinnamon avant qu'elle ne rejoigne l'IMF. C'est la première fois que l'ancienne profession d'un des agents du petit groupe est explicitement évoquée. La mise en scène ne craint pas l'innovation avec la façon originale dont est filmée la séance de photos en début d'épisode. Tous les acteurs sont excellents, de Peter Graves et ses partenaires au duo ennemi particulièrement en verve. John Randolph campe un assistant solide et implacable, dévoué en apparence (la fin prouvera le contraire). Quant à Anthony Zerbe, on pourrait dire que sa performance est exceptionnelle si l'exceptionnel n'était pas une habitude avec lui. Son physique, comme sa manière de jouer, en font l'acteur idéal pour interpréter les méchants vraiment très, très méchants.
Les agents de l'IMF sont chargés d'empêcher une espionne ennemie de s'emparer de la seconde partie d'un plan de défense de l'OTAN, alors qu'elle détient déjà la première moitié. Rollin Hand va se faire passer pour un espion concurrent, en espérant qu'elle mordra à l'hameçon. Une mission confuse qui sombre dans l'ennui lors de sa seconde partie. De bonnes séquences pourtant, avec le cambriolage et l'arrestation voulue de Jim, ainsi que les appels téléphoniques déviés grâce à l'appareil mis en place par Rollin. Par la suite, il faut subir des passages interminables avec Cinnamon en train d'établir un faux plan et des invraisemblances difficiles à admettre. Ainsi, personne ne donne l'alerte lorsque Rollin abat deux hommes sur le palier d'un appartement, et sans utiliser de silencieux ! Pour couronner le tout, le final est extrêmement décevant. Il s'agit d'une improbable rencontre entre trois groupes différents, Phelps étant sorti de son état hypnotique comme par hasard juste au bon moment pour arriver à temps. On pouvait aussi trouver un meilleur scénario pour cette fin étrange, fatale pour les deux ennemis mais qui, pour une fois, produit une impression de belle queue de poisson. Côté acteurs, si Joseph Campanella est égal à lui-même, c'est-à-dire très bon, Kate Woodville est fort jolie mais ne ressemble pas plus à une espionne qu'un SDF à un Lord anglais. *On rencontre parfois cet épisode sous le titre français de « L'espionne », sous prétexte que le mot spy est invariable et qu'il ne peut s'appliquer qu'au personnage joué par Kate Woodville. Or, cette dernière n'a pas assez d'envergure pour être la vedette de ce récit. Il est donc probable que le terme spy concerne Rollin, qui se fait passer pour un espion. Les titres d'épisodes font parfois référence aux personnages incarnés par les héros : La veuve, L'astrologue et ultérieurement L'aveugle, La fiancée... 17. ÉCHEC ET MAT
Une somme d'un million de dollars convertis en lingots d'or a été interceptée par un État dictatorial au détriment de la résistance intérieure, financée par les Américains. Rollin Hand, aidé par ses partenaires, endosse l'identité d'un joueur d'échecs rendu imbattable par la technologie. Le but est de récupérer les lingots, également convoités par Groat, un escroc international champion d'échecs pour la couverture. Un épisode passionnant dans ses deux premières parties. La première est centrée sur le tournoi d'échecs. La puissance du calculateur, alimenté par les images retransmises par Cinnamon depuis une caméra dissimulée dans une broche, permet l'arrivée en finale de Rollin contre Groat. Habilement alerté par Cinnamon, Groat découvre aussitôt la supercherie. Son intelligence lui permet de faire instantanément le rapprochement entre la minuterie du coffre-fort et l'appareil de Rollin qui affole les montres. C'est un procédé habituel de Phelps et de son équipe que d'exploiter à leur profit les capacités intellectuelles de leurs adversaires. Commence alors la phase suivante, constituée par les préparatifs communs de Groat, de son adjoint et de l'IMF en vue de s'emparer des lingots. La troisième partie montre l'exécution du cambriolage et se révèle moins intéressante que les précédentes. La fausse épidémie de typhoïde, jouée sans grande ferveur, n'est pas très convaincante et la fin, au cours de laquelle Groat fait preuve d'une naïveté étonnante pour un escroc que l'on croyait aguerri, apparaît quelque peu bâclée. Martin Landau endosse une nouvelle fois avec bonheur le costume de l'homme aux mille visages en incarnant successivement un joueur d'échecs barbu et un médecin. Don Francks, bien secondé par William Wintersole, est excellent en escroc cynique et déterminé.
Un plan de sabotage de l'économie américaine mis au point par une puissance hostile a été camouflé sur un microfilm collé sur une émeraude. Le bijou a malencontreusement abouti entre les mains d'un trafiquant d'armes, joueur de poker invétéré. L'IMF doit récupérer l'émeraude avant que le trafiquant ne découvre le microfilm et le vende au plus offrant, mais aussi neutraliser un agent ennemi décidé à s'emparer de la pierre par tous les moyens. Encore un épisode absolument remarquable, un des meilleurs de toute la série avec un concentré de tout ce qui fait la valeur de l'âge d'or : machination parfaite, réalisation nerveuse et inspirée, interprétation sans faille. La scène de mise en place des appareils visant à tricher au poker est fascinante de par la musique, la quasi absence de dialogues et l'assurance décidée de Phelps et de ses acolytes. La majeure partie de la mission se déroule dans la salle de jeux. Un savant trucage des parties de poker doit permettre la récupération de l'émeraude et mettre hors-jeu le trafiquant et l'agent de l'Est. Les combinaisons entre Rollin et Petrosian, la déconvenue de ce dernier après la trahison de son partenaire d'un soir, les manœuvres de Cinnamon pour piéger le trafiquant, et bien entendu le déroulement des parties de poker, tout ceci est bien combiné et passionnant. La dernière phase est dédiée à l'élimination de Petrosian. L'IMF lui fait croire qu'il est tombé à la mer et a été recueilli sur un bateau de pêche, d'où il envoie un message radio à son adjoint enjoignant de tuer Rollin, identifié comme espion américain. Il ne reste plus qu'à l'endormir et le placer dans la chambre de Rollin avec un masque de ce dernier pour que l'adjoint règle le problème... Un plan magistral ! 19. LE CONDAMNÉ
Un ami de Jim a été condamné à mort pour meurtre dans un pays latino-américain. Convaincus de son innocence, Phelps et ses hommes ne disposent que de quelques heures pour l'innocenter avant l'exécution de la sentence. Pour la première fois de la saison, il s'agit d'un épisode particulier puisque aucune mission n'est confiée à Jim. L'absence des éléments habituels de début d'épisode (le magnétophone, la bande qui s'autodétruit, le choix des agents) déconcerte quelque peu. De très bonnes séquences dans cette aventure inégale : le camouflage du condamné derrière un faux mur dans sa cellule n'est pas la moindre. Au crédit, citons aussi la présence de la belle Marianna Hill, qu'on aurait souhaitée plus importante, et les superbes compositions de Peter Graves et Martin Landau, ce dernier avec deux masques supplémentaires à son actif. Mais aussi quelques passages moins réussis : une confuse histoire de couronne volée que même le très bon Will Kuluva ne parvient pas à rendre attrayante et une scène finale bizarre avec une voiture téléguidée ressemblant à un jouet, qui donne à cette histoire un côté peu sérieux, voire enfantin. *Barbara Bain est absente dans cet épisode. 20. LE FAUSSAIRE
Un médecin, propriétaire de plusieurs cliniques, pratique également la contrefaçon industrielle de médicaments. Notre groupe d'agents secrets doit mettre fin à ce trafic qui inonde le marché de faux médicaments inefficaces et dangereux. Une machination d'une grande ingéniosité et parfaitement exécutée par une équipe soudée, au meilleur de sa forme. La fausse arrestation de Cinnamon, destinée à introniser le trafiquant en sauveur afin qu'elle lui soit redevable et accepte de révéler ses secrets est une excellente idée. Quant aux manœuvres amenant l'adversaire à se croire atteint d'une crise cardiaque, elles sont particulièrement bien agencées avec le laser, la fausse hémorragie sous-cutanée et le trucage de l'appareil mesurant la tension. La scène finale est inattendue. Le trafiquant se retrouve face-à-face avec Phelps et croit avoir triomphé en n'ayant pas révélé sur l'enregistrement magnétique la fabrication de médicaments contrefaits. Du coup, Jim est trop heureux de lui annoncer que le simple aveu de la vente de médicaments, qu'ils soient vrais ou faux, va lui valoir de nombreuses années de prison car les recettes correspondantes sont absentes de ses déclarations fiscales. Le seul reproche que l'on peut formuler a trait à l'atmosphère. On ne ressent pas l'ambiance habituelle des années Bain-Landau et l'épisode fait plutôt penser aux saisons suivantes, quand l'esprit de la série se délitera peu à peu.
Alors qu'il part à la montagne rejoindre Rollin pour quelques jours de vacances, Jim surprend involontairement un complot et se retrouve prisonnier de toute une petite ville dont les habitants ont l'intention de l'assassiner. Un scénario atypique, à mi-chemin entre Le village de la mort des Avengers et un épisode moyen des Envahisseurs avec les communistes à la place des extra-terrestres. Le résultat est une aventure carrément invraisemblable : comment un village américain dans son ensemble pourrait-il être aux mains des soviétiques ? La réalisation est énervante avec des plans incessants sur la voiture du jeune couple en route pour Los Angeles où ils doivent perpétrer le meurtre d'un conférencier de l'Est passé dans le camp américain. On a envie de dire : « Oui, ça va, on le sait ce qu'ils vont faire, inutile de nous les montrer une bonne dizaine de fois ! » Ce procédé maladroit est sans doute destiné à accroître le suspense mais n'atteint pas son but tant le complot sonne faux et finit par être lassant. Cependant, l'astuce dont font preuve les membres de l'IMF pour sauver Jim et se sortir du guêpier, ainsi que la superbe composition de Will Geer dans le rôle du chef des conjurés, parviennent à sauver l'épisode du naufrage.
L'IMF est chargée de prouver la culpabilité du chef d'une bande de tueurs à gages à la solde du syndicat du crime, afin de liquider son organisation. Les esprits et les fantômes vont être mis à contribution... Au départ, la mission est intéressante mais la machination s'avère de piètre qualité, ne serait-ce que par manque de crédibilité : comment un tueur cynique pourrait-il croire à cette grotesque histoire de fantômes tout juste bonne pour enfants en bas âge ou débiles mentaux ? L'exécution technique du plan comporte quelques défauts : une préparation compliquée digne d'une usine à gaz ; l'installation du matériel nécessaire dans la maison du criminel est interminable. De surcroît, Barney commet une grossière erreur : alors que la sonnerie du téléphone risque de réveiller l'adjoint du bandit, préalablement endormi par ses soins, il sectionne le fil, ce que le maître des lieux ne pourrait manquer de remarquer à son retour. Pourtant, il suffisait de débrancher la prise et de la brancher à nouveau une fois la mise en place terminée. Même la version française est ratée, avec Rollin qui raconte la prétendue noyade de son frère cadet en employant le passé simple (!). Le traducteur se croyait-il encore au XIXe siècle ? Le summum de l'absurde est atteint avec le visage de Jim au milieu de la fumée, proférant menaces de vengeance, tant et si bien que même la scène finale, où un masque de Phelps se liquéfie pour montrer à l'assassin qu'il vient de tuer son adjoint, ne peut sortir l'épisode de la médiocrité.
Le ministre de la culture d'un pays d'Europe orientale a fait dérober un alliage ultra secret mis au point dans un laboratoire ouest-européen. Il a l'intention de le vendre à une puissance du bloc soviétique afin de financer sa prise du pouvoir. Phelps et son groupe doivent récupérer le métal et ruiner ses ambitions dictatoriales dirigées contre le président modéré en place. Un épisode qui démarre bien avec la préparation et l'exécution de la fausse fusillade sur Prohosh. Briquet déclenchant l'explosion d'un vitrail, balle logée à l'avance dans le mur et le tour est joué : personne ne peut mettre en doute la thèse de l'attentat. La suite est moins convaincante. Rollin attend tranquillement son arrestation dans l'immeuble d'en face ; il aurait au moins pu faire semblant de chercher à s'enfuir. Cinnamon joue un peu trop ostensiblement au petit poucet pour se faire appréhender dans les sous-sols juste au bon moment. La récupération du métal par Barney et Willy traîne en longueur, malgré le moment de suspense dû à la perte de l'avertisseur sonore ce qui oblige les deux acolytes à travailler sous la menace d'une irruption imprévue. Alf Kjellin, la vedette invitée, ne réussit pas à s'imposer dans le rôle de Prohosh. Son physique est trop anglo-américain pour un prétendu slave et son jeu n'est pas totalement naturel. 24. LE JUGEMENT DE VIOLENCE
Le chef de l'opposition à une dictature latino-américaine a été arrêté et emprisonné. Un de ses amis s'est fait volontairement incarcérer dans la même prison afin de lui venir en aide, mais a été pris en grippe par les autres détenus qui le prennent pour un mouchard. L'IMF va intervenir pour empêcher son assassinat et démasquer le véritable traître, sans libérer les rebelles, plus utiles à leur cause en prison. Un épisode inégal. Les scènes de violence carcérale sont trop répétitives et génèrent vite l'ennui. Comme par hasard, les détenus choisissent le jour de l'arrivée de Jim et Barney pour éliminer Cardoza et il suffit que l'équipe d'agents secrets intervienne pour que le véritable mouchard soit découvert, ce qui apparaît quelque peu simpliste. Quelques points positifs cependant, avec la scène finale de l'évasion, très bien imaginée, et la qualité de l'interprétation, avec en première ligne un excellent Michael Tolan. *Willy ne participe pas à cette mission. *On rencontre parfois cet épisode sous le titre français de Jugement par furie.
Un bombardier américain s'est écrasé au-delà du rideau de fer. Le dispositif d'autodestruction des documents ultra secrets n'a pas fonctionné. L'ennemi l'a récupéré et a chargé le professeur Paul Shipherd, un savant américain passé à l'Est, de le démonter pour découvrir ses secrets. Jim et son équipe vont tenter de récupérer le dispositif et de ramener le traître aux États-Unis. La saison se termine de belle manière avec cet épisode aux multiples atouts. La machination est minutieusement organisée. La façon dont Rollin arrive à démonter l'appareil en faisant croire qu'il y est contraint, les moments de suspense lorsqu'il effectue cette difficile opération ou lorsque l'adjoint de Shipherd manque de surprendre Jim qui a pris clandestinement sa suite, la fausse crise cardiaque, tout ceci est déjà remarquable. Mais le clou de l'épisode est le final, avec l'idée géniale de substituer Rollin à Shipherd grâce à des masques. Ainsi, le traître, opportunément anesthésié, peut être emmené en toute tranquillité avec Cinnamon, Rollin, Barney... et l'appareil récupéré, habilement dissimulé sous le fauteuil roulant de Rollin. Seul petit défaut, le démontage du mécanisme prend beaucoup trop de temps et, peu à peu, le suspense finit par devenir languissant. L'interprétation est de premier ordre. Peter Graves endosse deux identités à la perfection. D'abord pilote de bombardier teint en brun (!), il se transforme en réparateur sans que cela lui pose le moindre problème. Barbara Bain et Martin Landau forment un couple de scientifiques d'une crédibilité étonnante. Enfin, on retrouve une vedette invitée de grande envergure avec Bradford Dillman, époustouflant dans ce rôle de savant passé à l'ennemi dont il montre toutes les facettes : opportunisme, lâcheté et absence totale de scrupules. *Cet épisode préfigure la saison suivante en ne présentant pas le choix des agents. Crédits photo: CBS. Images capturées par Phil DLM. |
Mission Impossible (1966-1973) Saison 1
1. Complot à Santa Costa (Pilot) 3. Opération Rogosh (Operation Rogosh) 4-5. Les Baladins de la liberté (Old Man Out) 7. Élections à Valeria (Wheels) 9. La guerre était au bout du fil (A Spool There Was) 10. Meurtre en différé (The Carriers) 16. Le Choix (The Reluctant Dragon) 21. Enfer à Boradur (Snowball in Hell) 22. Les Aveux (The Confession) 23. Silence, on tourne (Action) 25. Traitement de choc (Shock) Ce qui frappe dans cette première saison, quand on revoit la série dans son ensemble, c'est son budget vraisemblablement assez moyen, en tous cas nettement inférieur à ce qu'il sera par la suite. Il est probable que les producteurs ont hésité à mettre le paquet sur une série nouvelle dont ils ignoraient si elle rencontrerait le succès escompté. Résultat : le ressenti est décevant au niveau de la mise en scène, les décors naturels étant l'exception et le tournage en studio la règle, ce qui constitue un handicap certain et donne à la plupart des épisodes un côté artificiel. On constate aussi que plusieurs épisodes ont souvent été tournés simultanément, d'où la participation d'une partie des agents à une mission pendant que l'autre partie se trouve sur le tournage d'un autre épisode. En particulier, l'absence d'une actrice comme Barbara Bain se fait cruellement sentir sur plusieurs missions. Ce défaut sera corrigé dès le dernier tiers de cette saison, le succès naissant autorisant la série à bénéficier d'un budget plus conséquent. L'équipe retenue au départ se compose de quatre agents dont les fonctions sont très nettement définies. Le chef est Dan Briggs, interprété par Steven Hill. A l'inverse de Jim Phelps qui lui succédera, Dan ne participe pas à l'exécution de toutes les missions, il se retrouve absent plus souvent qu'à son tour après avoir donné les directives à ses partenaires. Donc, il apparaît relativement peu impliqué dans les opérations de son groupe. Autre caractéristique de Dan Briggs, son apparence singulière pour un agent secret américain. A l'opposé de l'allure presque aristocratique de Peter Graves, Steven Hill fait penser à un barbouze sorti des bas-fonds. On croirait voir le personnage de Francis Lagneau dans le film parodique de Lautner justement intitulé Les barbouzes, celui d'un espion un peu plouc interprété par Lino Ventura, acteur ayant quelques ressemblances avec Hill. Le comportement particulier de Briggs confirme cette impression, puisqu'il n'hésite pas à employer des moyens musclés pour parvenir à ses fins, quitte à molester quelque peu les adversaires... Barbara Bain incarne Cinnamon Carter, le mannequin de l'agence Elite chargée avant tout de séduire les opposants pour mieux les berner ensuite. On pouvait difficilement trouver mieux que cette ravissante actrice pour ce rôle. Greg Morris est l'ingénieur de « Collier electronics », chargé de toutes les besognes technologiques comme les écoutes téléphoniques ou le trucage d'appareils électroniques variés, où il fait preuve d'une compétence remarquable. Enfin, Peter Lupus interprète Willy Armitage, un champion d'haltérophilie engagé essentiellement pour ses muscles, et qui se voit confier les tâches physiques les plus ingrates. La spécialisation des membres de l'équipe ne sera jamais aussi poussée que lors de cette première saison, même si elle subsistera encore pendant toute la « grande époque », mais un peu atténuée. Et Martin Landau ? Il ne figure pas au générique, mais finalement il est celui qui participe au plus grand nombre de missions. Les producteurs l'ont trouvé si bon dans son rôle « d'homme aux millions de visages » que sa présence, probablement prévue sur le seul pilote, va se perpétuer. Il se retrouve donc crédité en « special apparence » ou « guest star », mais ses apparitions seront de moins en moins spéciales et cette vedette aura tendance à être invitée à chaque épisode... C'est lui qui popularisera les fameux masques, marqueur essentiel de la série. Il finira par être justement intégré au générique et à l'équipe à part entière dès le début de la saison suivante. Aucun mode de délivrance de la mission ne prend le dessus lors de cette saison, où l'on assiste à un défilé varié d'électrophones, mange-disques, magnétophones, projections cinématographiques et autres moyens technologiques divers. Les missions relèvent en majorité de la politique étrangère dans un contexte de guerre froide, et se déroulent essentiellement aux Etats-Unis, dans les pays d'Europe de l'Est sous le joug soviétique et en Amérique latine. Elles ne sont pas toujours très élaborées, certaines sont même très sommaires. On compte encore peu de savantes machinations comme on en verra au cours des saisons ultérieures. La qualité des épisodes est inégale, à l'image de la saison, une des plus irrégulières de la série avec la saison 5. Quelques épisodes très bons, voire géniaux, voisinent avec d'autres plus quelconques et certains carrément médiocres. On constate une nette amélioration dans le dernier tiers de la saison. Les scénarios deviennent plus élaborés et les moyens financiers paraissent plus conséquents, d'où une fin de saison qui flirte avec les sommets qui seront atteints au cours des deux saisons suivantes. Le seul point où la série donne déjà sa pleine mesure est la distribution, avec des vedettes invitées talentueuses que l'on aura plaisir à retrouver tout au long de la série, telles Nehemiah Persoff, Fritz Weaver, Joseph Ruskin, Mark Lenard, Albert Paulsen, William Windom et tant d'autres. 1. COMPLOT A SANTA COSTA Le général Dominguez, dictateur de Santa Costa, conserve dans la chambre-forte de l'hôtel qui lui sert de quartier général deux têtes nucléaires récemment fournies par une puissance ennemie. Les Etats-Unis envoient leurs meilleurs agents secrets afin de s'emparer de ces armes destinées à être utilisées à leur encontre. Malgré son titre original, il s'agit d'un premier épisode plus que d'un pilote puisqu'il n'y a aucune présentation proprement dite des personnages. Néanmoins, les éléments caractéristiques de la série sont bel et bien présents. La mission est délivrée chez un disquaire sur un 33 tours vinyle. Le choix des agents est explicite quant à leurs qualités spécifiques, bien déterminées en ce début de série, et le briefing se déroule dans une ambiance presque décontractée, après une partie de cartes. Un perceur de coffre-fort renforce les agents habituels, mais l'accident qui va briser ses doigts va contraindre Dan Briggs à le remplacer au pied levé. On se rend compte à cette occasion du caractère et des manières de procéder peu amènes du premier chef de l'IMF. Briggs fait preuve d'une singulière brutalité, utilisant des méthodes de voyou avec les ennemis. Pas besoin de masque pour cette mission puisque le général Dominguez est interprété par Martin Landau, mais ainsi le thème de l'usurpation d'identité est naturellement partie prenante dès le premier épisode. Ce qu'on peut regretter, c'est le choix d'une première mission en pays latino-américain. Une nation de l'Est aurait été plus représentative de la série. Ce regret est d'autant plus vif que le doublage est exécrable. Les nombreux protagonistes censés être hispaniques ont un accent sud-américain qu'on ne peut même pas qualifier d'outrancier car ce mot est bien en-dessous de la réalité. Leur manière de parler est totalement ridicule et ôte une bonne part de la crédibilité à l'épisode. La machination elle-même n'a rien d'extraordinaire, c'est une espèce de « baie des Cochons » de seconde zone un peu artificielle, avec Dominguez en Castro de pacotille. Et l'emploi de la musique du générique à l'intérieur de l'épisode est un procédé pour le moins maladroit. Ce « pilote » n'est donc pas un bon cru. Finalement, le plus intéressant, ce sont les multiples plans sur la plastique généreuse, et notamment les jambes divines, de la sublime Barbara Bain, dont la beauté troublante pimente cet épisode un peu confus. L'IMF doit provoquer l'élimination d'un dictateur d'Europe de l'Est surnommé « le Boucher des Balkans » en le faisant passer pour un traître et un corrompu, détenteur d'une fortune cachée en Amérique du Sud. Un épisode de grande qualité, passionnant de bout en bout. Briggs et son groupe font appel à un renfort qu'ils vont faire arrêter par les services secrets adverses sous l'identité d'un espion américain appelé « le Moineau », dont les agents de l'Est ignorent la mort survenue un an auparavant. Ils ont choisi un homme doté d'une mémoire exceptionnelle car il doit apprendre par cœur les moindres détails de la vie de ce « Moineau », afin de rendre crédible cette usurpation d'identité risquée. La machination est réussie en tous points et le suspense va crescendo, si bien qu'on pardonnera l'aspect artificiel des décors, révélateur du manque de moyens financiers alloués à la série, tout au moins sur cette première saison. Le dernier quart d'heure, absolument remarquable, est un véritable paroxysme de suspense à couper le souffle doublé d'éléments scénaristiques géniaux. Voir la façon dont nos agents réussissent à faire évader Paresh après avoir volontairement échoué lors de leur première tentative, seul moyen de donner du crédit à ses incroyables révélations. La performance de la vedette invitée Albert Paulsen dans le rôle de Paresh est fantastique. Paulsen est un des meilleurs acteurs vus sur la série, à laquelle il participera régulièrement, le plus souvent dans des rôles de méchants. Ici, il incarne un homme qui, après avoir connu des hauts, s'est retrouvé dans le bas de la société, s'est mis à boire et vivote en exploitant son don de mémoire exceptionnel. Déjà bien pourvu de par son scénario et le jeu criant de vérité de la vedette invitée, l'épisode est renforcé par l'apparition courte, mais très remarquée, de Martin Landau. Engagé pour jouer le double de Paresh, il parvient à atteindre une ressemblance véritablement étonnante avec Albert Paulsen. Les problèmes de doublage rencontrés sur le premier épisode sont inexistants sur ce deuxième. Les agents de l'Est parlent comme tout le monde, et c'est heureux car on peut imaginer la catastrophe qu'aurait engendrée une kyrielle d'acteurs s'exprimant avec un accent slave semblable à celui du piteux Brodny des Avengers... C'en aurait été fait du sans-faute réalisé par cet épisode. 3. OPÉRATION ROGOSH Un agent de l'Est, spécialiste des meurtres en série destinés à propager agitation et émeutes, a programmé une opération de ce type à Los Angeles. Les services secrets américains vont tenter de découvrir les détails de la manœuvre avant son déclenchement, qui provoquerait la mort de milliers de personnes. Un épisode à marquer d'une pierre blanche puisque c'est le premier de la série où la mission est délivrée par le fameux magnétophone... En revanche, de nombreux points laissent à désirer, en premier lieu la mise en scène énervante de Leonard J. Horn. La multiplication des gros plans, tant lors de l'accident et la capture de Rogosh que lors de son réveil en prison, rend l'intrigue pénible à suivre. L'absence de musique pendant les scènes montrant le prisonnier s'énerver dans sa cellule produit un silence total peu opportun. On se demande par instants si le téléviseur ne serait pas en panne de son... Autre absence préjudiciable, celle du briefing, qui laisse le spectateur dans le flou et fait apparaître la mission très confuse. Pire encore, l'accent « Banania » que prend Barney pour jouer l'agitateur est épouvantable, du genre « oui, c'était une opé'ation 'éussie, c'était fo'midable, ext'ao'dinai'e. » ( !) On s'achemine donc vers un échec mais, agréable surprise, la seconde partie voit l'intérêt augmenter jusqu'à rendre le final passionnant, avec en particulier une très bonne scène de tribunal, révélatrice de l'ingéniosité de la machination et valorisée par le suspense haletant apporté par le tueur découvert par Briggs. Ses camarades ne comprennent pas pourquoi Dan se tient debout entre l'accusé et la fenêtre, jusqu'à ce que Willy ait neutralisé l'assassin. Il n'empêche qu'une chaise de marque américaine malencontreusement renversée permettra à Rogosh de découvrir la supercherie avant qu'il n'ait terminé ses révélations. Dan Briggs saura alors trouver le moyen, d'ailleurs assez violent selon ses habitudes, de faire parler l'agent ennemi. Dans le rôle de Rogosh, l'excellent Fritz Weaver, abonné à la série, fait merveille comme à son habitude. 4-5. BALADINS DE LA LIBERTÉ Briggs et son équipe sont chargés de faire sortir un ecclésiastique d'une prison d'où personne ne s'est jamais évadé. Principal opposant au régime communiste en place dans son pays, le prélat a été condamné à mort et s'apprête à être exécuté. Voici le parfait exemple d'un épisode en deux parties qui aurait gagné à n'être tourné que sur une seule, afin de limiter ou faire carrément disparaître les nombreux temps morts. Les scènes de cirque se déroulent au son d'une musique certes appropriée, mais rapidement lassante, et sont elles-mêmes répétitives. Je préfère le trapèze volant aux numéros stéréotypés de Crystal Walker, et en dehors de cette dernière les comédiens habituels ne paraissent pas très à l'aise en artistes de cirque. Imagine-t-on Barbara Bain en saltimbanque, même dans un numéro de transmission de pensée ? Son duo avec Steven Hill sonne faux, et Peter Lupus est caricatural en haltérophile musclé. Mary Ann Mobley est une actrice sympathique, mais quelle idée saugrenue de la faire parler avec un accent ridicule qui lui fait rouler les « r » à la manière de Dalida ! Eh ! Oui, à ce point-là ! Sans doute a-t-on pensé qu'ainsi, elle paraîtrait suffisamment « bohémienne »... Quant au cardinal, pourquoi avoir choisi un vieillard censé être âgé de quatre-vingts ans, mais qui paraît beaucoup plus vieux, presque mourant ? Son évasion aérienne le long d'un fil, accroché au dos de Rollin, constitue le sommet des nombreuses séquences invraisemblables dont cette mission est truffée. Cette accumulation de défauts empêche d'apprécier pleinement les qualités réelles de cet épisode, parmi lesquelles quelques bons moments de suspense, notamment lors de la diversion de Crystal destinée à favoriser l'évasion de Rollin, et une belle bagarre à l'intérieur de la prison. La distribution est fort brillante, avec des acteurs comme Oscar Beregi et Joseph Ruskin, mais aussi le rôle nuancé tenu par William Wintersole, un capitaine ennemi contraint d'obéir aux ordres, mais au fond de lui sympathisant de la cause du cardinal Vossek. Le prince à la tête d'un petit état vivant essentiellement des profits de son casino négocie avec un trafiquant l'achat d'un important stock d'armes qui doivent être utilisées lors de l'invasion programmée d'un pays voisin, dont il convoite les ressources pétrolières. La mission délivrée à Briggs consiste à empêcher l'aboutissement de la transaction. Si la perfection n'existe pas plus en matière de séries télévisées qu'en tous autres domaines, on n'en est pas très éloignés avec cet épisode plus que passionnant, un des meilleurs toutes saisons confondues. Briggs disparaît totalement après le briefing, mais son absence ne se fait pas sentir en négatif puisque l'agent interprété par Nico Minardos, engagé en complément de ses acolytes habituels, s'avère excellent. Le scénario est basé sur le trucage des jeux du casino, générateur de scènes à suspense mises en valeur par la réalisation impeccable de Charles Rondeau. Nos agents ne manquent pas d'inventivité et rivalisent d'exploits techniques. Un appareil électronique conçu par Barney et caché dans le sac à main de Cinnamon va permettre à leur complice d'enchaîner les succès à la roulette. Rollin s'empare des cartes utilisées par le prince et découvre le trucage employé par « Son Altesse », ainsi que la parade adéquate. Il en résultera le parachèvement de la victoire face à un prince trop sûr de lui, à l'issue d'une épique partie de baccarat. La principauté ressemble étrangement à Monaco, avec son bord de mer et son casino, du moins d'après le peu qu'on nous montre, les décors naturels étant comme d'habitude inexistants. Jusqu'au prince lui-même qui a de faux airs de Rainier III tel qu'il était à l'époque, du moins par son aspect physique, car le prince de Monaco ne semble pas s'être jamais intéressé au pétrole... L'adversaire principal est donc le prince Kostas, magnifiquement interprété par le toujours très brillant Nehemiah Persoff, et ce malgré la singularité du personnage, car il peut paraître étonnant qu'un tel dignitaire passe ses journées à jouer dans son casino au lieu de s'occuper des affaires d'état. Évidemment séduit d'emblée par la grâce, la beauté et le charme sulfureux de Cinnamon (merveilleuse Barbara Bain...), il réagira néanmoins comme prévu pendant la séquence finale. Croyant Cinnamon morte, cette altesse au comportement bien peu aristocratique ordonne le transport de son corps hors de son territoire, sans savoir qu'il permet ainsi la sortie des billets dont Rollin s'est emparé, dissimulés dans la doublure du manteau de la prétendue défunte! Et Kostas qui va bêtement chercher l'argent partout ailleurs ! Un must à savourer sans modération. 7. ÉLECTION À VALERIA Un parti nationaliste latino-américain, désireux d'instaurer une dictature, a mis en place un trucage des élections afin d'assurer sa victoire. L'IMF va devoir neutraliser la fraude afin que le choix des électeurs soit respecté. Cet épisode comporte quelques aspects réalistes. Ainsi, lorsque Barney est blessé par balles au cours d'une opération mouvementée dans un poste de police. Surtout, c'est le thème de la mission, une intervention des services secrets américains dans une élection se déroulant en pays étranger, qui rappelle de véritables menées de la CIA dans les années d'après-guerre... sauf qu'en réalité, les Américains ne sont pas intervenus pour annuler des falsifications, mais pour truquer eux-mêmes des scrutins honnêtes, mais susceptibles d'offrir la victoire à des partis défavorables à leurs intérêts... De trop nombreuses tares font de cet épisode un bas de gamme, à commencer par l'accent pseudo-espagnol ridicule de la plupart des protagonistes, encore pire que dans le pilote. Insupportable ! Le coup du sosie hispanique de Rollin, et celui de son amour spontané pour Cinnamon, sont invraisemblables et maladroits. On peut aussi estimer qu'un pays où le trucage d'un seul bureau de vote pour deux mille suffrages suffit à inverser le résultat doit être bien petit et donc sans grande importance pour les Etats-Unis, d'où un questionnement sur le bien-fondé de cette mission. Il est regrettable qu'un épisode doté des éléments réalistes évoqués précédemment soit en même temps complètement plombé par une machination absolument pas crédible. Environ quinze mille suffrages sont comptabilisés sur la machine. Cela représente un électeur toutes les deux secondes pour un même bureau... Et ces machines à voter : de tels appareils installés en 1966 dans un pays peu développé alors qu'ils tardent à s'imposer en France, même quarante-cinq ans plus tard ! Si ce n'est pas se moquer du téléspectateur... C'est pire avec la scène d'intervention médicale insensée dans le bureau de vote. Le chef du parti ennemi n'a même pas l'idée d'entrer dans l'isoloir ! Une authentique fin absurde pour un épisode dont l'échec ne parvient pas à être atténué par les vedettes invitées de qualité que sont Mark Lenard et Percy Rodrigues. Un gangster enlève la fille d'un ami de Briggs et exige en échange de sa libération qu'on lui livre l'homme qui s'apprête à témoigner contre lui dans une affaire où il risque une lourde condamnation. Il est persuadé que Dan, avec les moyens dont il dispose, réussira à s'emparer du témoin, pourtant protégé par un solide dispositif policier. La vie de la fillette est bien entendu dans la balance. Un bon épisode policier au scénario limpide, dérivatif agréable aux histoires d'espionnage vues jusqu'alors. On peut reprocher au scénariste de nous faire exagérément languir avant que Gorman ne consente enfin à boire le verre d'eau qui va provoquer la fausse crise cardiaque. Hormis ce point un peu moins réussi, le reste est très bien conçu et ménage un suspense certain. Briggs – et pour cause !- est pleinement impliqué dans cette histoire et accomplit une performance de choix. Et que Barbara Bain est craquante dans sa tenue d'infirmière ! Les vedettes invitées Lin McCarthy, William Smithers et Joe Mantell remplissent eux aussi leur contrat. Je dois avouer que la scène finale m'a surpris. Je m'attendais à un déroulement classique, avec Rollin déboulant à la dernière seconde pour empêcher Gorman de se faire tuer. Or, celui-ci se fait tirer dessus et s'écroule. J'ai pensé alors à un gilet pare-balles particulièrement solide, mais la clef de l'énigme était toute autre, et franchement pouvait être devinée, sachant que Rollin Hand était de la partie... 9. LA GUERRE ÉTAIT AU BOUT DU FIL Mission peut-être pas impossible mais très difficile puisqu'il s'agit de retrouver en territoire ennemi une bande magnétique contenant les plans d'une guerre chimique prévue contre les Etats-Unis. La pellicule a été cachée dans un endroit inconnu par un agent américain, juste avant sa capture et sa mort. Les agents de l'Est passent le secteur du lieu de son arrestation au peigne fin, ce qui ne va pas faciliter la tâche de Rollin. Une histoire d'espionnage tellement conventionnelle qu'elle en devient caricaturale. Barney et Willy sont absents et Briggs ne dépasse pas le stade du briefing. C'est donc le couple Cinnamon-Rollin qui va mener à bien cette mission. Les seuls éclairs dans la grisaille d'une intrigue sans saveur sont l'enregistrement d'une conversation entre Cinnamon et Rollin, dont la diffusion permet à « l'Homme aux millions de visages » d'opérer sans être identifié, ainsi que l'improvisation réussie de Cinnamon lorsque la bande enregistrée se termine avant le retour de son complice. Ensuite, l'épisode se délite dans l'histoire superflue et assez dérisoire de la bande magnétique retrouvée par un enfant, et dans les divers obstacles qui en découlent et prolongent la mission, recours bâclé d'un scénariste à court d'imagination pour atteindre la durée réglementaire de 48 minutes. Plus on avance, plus on sombre dans le banal. Les astuces employées par nos agents ne sont pas mauvaises mais, à l'image du coup de l'envol des ballons, caractéristiques de ce qui pouvait captiver le public naïf des années soixante, mais se trouve aujourd'hui complètement dépassé. Au final, on ne peut qu'être en désaccord avec Cinnamon et Rollin lorsqu'ils affirment qu'il s'agit de « la plus merveilleuse mission qu'ils aient jamais faite ». Dommage, car Barbara Bain et Martin Landau sont égaux à eux-mêmes, c'est-à-dire très bons. 10. MEURTRE EN DIFFÉRÉ Les services spéciaux sont chargés de s'infiltrer au sein d'un programme est-européen de formation d'agents devant mener aux Etats-Unis une opération de contamination bactériologique de la population. Ce projet criminel devra être détruit depuis l'intérieur. Un excellent épisode qui présente des similitudes évidentes avec « Le Rideau de Lierre », un épisode de la première saison des Envahisseurs. Il s'agit là aussi d'une sorte d'académie où les élèves étudient le mode de vie américain, afin de s'infiltrer dans la société d'outre-Atlantique. On disait que les fameux « envahisseurs » ressemblaient étrangement aux communistes... En voilà la preuve ! A partir de cette idée de valeur, le scénario et la mise en scène s'avèrent de grande qualité, tout comme les acteurs principaux, la vedette invitée Arthur Hill dans le rôle de Passik, et même la musique. Une mention particulière pour Barbara Bain, resplendissante et si provocante avec ses tenues sexy. Voir par exemple la scène où elle danse sur une table, simplement vêtue d'une petite robe bleue et de bottes dorées du meilleur chic. Le scénario est truffé d'inspirations géniales. La substitution des agents est rondement menée, même si la coïncidence d'apparence physique des quatre espions russes avec les quatre agents de l'IMF, avec un Noir, un Asiatique et une blonde dans les deux groupes, est un peu exagérée. L'idée de se faire démasquer volontairement pour être sortis de l'académie par Briggs déguisé en militaire ennemi, après avoir subtilisé en douce les souches de bactéries mortelles, est une des meilleures vues sur la série. Elle permet de surcroît de ruiner le projet des communistes sans qu'ils ne s'en doutent, et d'échapper aux scènes répétitives d'agents faisant l'impossible pour ne pas se faire repérer, vues dans tant et tant de séries d'espionnage ordinaires. La phase finale de l'opération est sensationnelle, depuis la capture auto-provoquée de Cinnamon jusqu'à l'intervention de Dan Briggs, en passant par des scènes de suspense insoutenable comme celle de la contamination de Rollin ou celle de la séance de roulette russe. Un épisode comme on aimerait en voir plus souvent ! 11. MEDIUM Une scientifique américaine, veuve d'un savant autrichien et passionnée d'occultisme, a été convaincue par un médium autoproclamé de livrer le résultat de ses travaux à un pays ennemi des Etats-Unis. Barney et Rollin sont chargés par Dan Briggs de la faire changer d'avis. Cet épisode constitue une fameuse déception. En premier lieu, parce que Willy et surtout Cinnamon sont absents, cette dernière étant remplacée par une célèbre médium chargée de démasquer l'imposteur qui sévit auprès de Mme Zubrovnik. En deuxième lieu en raison du thème abordé, celui des esprits et des fantômes, qui revient deux ou trois fois par saison sur la série, et dont on se serait bien passé. Il faut subir de pénibles séances de spiritisme, de la part du traître comme de la recrue de l'IMF, et des gros plans répétés sur des abeilles bourdonnantes, dont on apprendra au final qu'elles sont en colère parce que le pseudo médium a fait assassiner un apiculteur à la place de Zubrovnik. Donc, les abeilles finissent par se venger en tuant le malfaiteur par overdose de piqûres. Si, si, vous avez bien lu, ils ont osé nous servir une soupe pareille ! Si la victime avait été un militaire, sans doute son meurtrier serait-il mort écrasé sous un tank, et s'il avait été marchand de produits chimiques, l'assassin aurait certainement fini ses jours noyé au fond d'une cuve d'acide. Encore heureux que la victime n'ait pas été un vendeur de scies et marteaux, car dans ce cas on n'aurait pas échappé à un remake de « Massacre à la tronçonneuse »... Le bon point décerné à Barney et à Rollin, qui ne croient pas aux esprits vengeurs, et la belle performance de Donald Davis dans le rôle de Poljac ne peuvent contrebalancer l'accumulation de clichés et d'inepties, dont l'attaque des abeilles constitue le couronnement. Carton rouge à la production ! Le chef d'un gang de trafiquants de drogue s'est réfugié dans un pays hispanique n'ayant pas de convention d'extradition avec les Etats-Unis. Dan, Cinnamon et Barney devront manœuvrer de manière à le faire sortir de cet état, afin qu'il puisse être arrêté et jugé. Une mission passablement soporifique menée dans les milieux de la pègre. Briggs joue les maris outragés aux côtés de Cinnamon pendant que Barney opère dans un zoo. Willy n'est à nouveau pas retenu, et il s'agit du premier épisode auquel Martin Landau ne participe pas. Tout ceci n'est guère attirant. La truculence du gangster anime quelque peu les scènes ennuyeuses de séduction menées par Cinnamon, précédant une scène de vaudeville assez dérisoire, hors de l'esprit de la série, avec un Steven Hill pas du tout crédible. Si l'on ajoute un vol de drogue perpétré par Cinnamon et Dan qui, pour l'occasion, ont masqué leurs visages avec des bas, de nouveaux problèmes d'accent espagnol exagéré et une mission qui s'enfonce dans le médiocre au fur et à mesure de son déroulement, on aboutit à un épisode irrémédiablement faible, où même Barbara Bain se montre peu convaincante et moins en beauté que d'habitude. Elena Del Bara, une jeune Sud-américaine qui travaille dans son pays au profit des services secrets américains, donne des signes de grave maladie mentale. Dan Briggs charge Rollin, accompagné par un psychiatre, de s'assurer que l'intéressée demeure un agent fiable. La mission doit être rapidement menée car en cas d'échec, un agent américain appartenant à un autre service tuera Elena, considérée alors comme un danger pour la sécurité des Etats-Unis. Un épisode au climat anxiogène, oppressant, et au suspense hitchcockien, comme en témoigne la scène à couper le souffle où Rollin sauve de justesse une Elena déterminée à se jeter dans le vide pour se libérer du conditionnement subi à son insu. Passé la déception d'assister à un épisode sans Cinnamon, Barney et Willy, et où Dan Briggs est aux abonnés absents après le briefing (mais ça, c'est une habitude...), il faut reconnaître que l'on passe un moment agréable. Parce que le thème change des histoires d'espionnage traditionnelles, parce qu'il devient évident au fil de l'histoire qu'Elena n'est pas folle mais a été conditionnée pour accomplir un acte grave, parce qu'il s'avère que le but du complot est de faire chuter le président pro-américain. Le suspense est accru par l'épée de Damoclès que constitue l'agent américain impitoyable chargé de supprimer Elena, mais aussi par les fausses pistes au sujet de l'identité du traître. On nous oriente sur Miguel de Ramos, le fiancé d'Elena. Facile, avec un interprète comme Valentin de Vargas, habitué aux rôles de traîtres et de fourbes. Et même sur la piste de la propre mère d'Elena ! La vérité sera tout autre... On pardonnera donc volontiers quelques maladresses, notamment la doublure de Martin Landau, dont on distingue nettement le visage au cours des scènes de bagarres. La réussite de l'épisode est parachevée par l'excellente interprétation de Martin Landau, ainsi que de la vedette invitée. Barbara Luna est exceptionnelle, ses qualités d'actrice dans un rôle difficile n'ayant rien à remontrer à sa beauté et à son charme évidents. Bonnes performances aussi de Barry Atwater et Valentin de Vargas. 14. LE CONFLIT Briggs, Cinnamon et Barney sont chargés de discréditer un groupe d'espions de l'Est jeunes et dynamiques au profit d'une organisation rivale composée d'éléments vieillissants beaucoup moins dangereux. L'échec de l'assassinat d'un savant passé à l'Ouest devra être mis sur le compte du groupe en pleine ascension. Barbara Bain est en première ligne dans cet épisode, d'où Martin Landau et Peter Lupus sont absents. A ce stade de la série, on peut se demander si Willy réapparaîtra un jour puisqu'il s'agit du quatrième épisode consécutif auquel il ne participe pas... Ennui est le premier mot qui vient à l'esprit pour évoquer cette mission. Cinnamon tient son rôle de séductrice avec un certain plaisir tant l'adversaire est jeune et beau, mais que ces scènes traînent en longueur ! Constellées de dialogues creux, leur aspect déjà peu passionnant est rendu presque insupportable par la musique qui les accompagne. Ces valses mielleuses et ces violons donnent l'impression d'assister à Sissi chez les soviets ou à n'importe quel nanar des années cinquante à l'eau de rose. Les bisbilles entre soviétiques rivaux ne sont pas plus captivantes et rapidement, on n'a plus qu'une seule envie : que cela se termine le plus vite possible. Barbara Bain a beau très bien jouer, elle-même ne réussit pas à sortir cet épisode de la léthargie. Certes, on apprend à son sujet que le prénom Cinnamon signifie « cannelle », mais hormis ce détail qui va sûrement changer la face du monde, il faut bien admettre que ce Conflit est avant tout un somnifère de première classe. Briggs et ses agents sont chargés de s'emparer de la fortune personnelle d'Adolph Hitler, estimée à trois cents millions de dollars, et qu'un groupe de descendants d'officiers nazis s'apprête à récupérer en Suisse dans un endroit inconnu, et à utiliser aux fins de financer l'instauration d'un IVème Reich. Un thème alléchant mais assez mal exploité. L'ensemble manque de cohérence. Au lieu de ressortir l'histoire maintes fois galvaudée du « trésor de guerre nazi », le scénario crée une variante avec la fortune personnelle du führer, mais il est douteux qu'Hitler ait possédé en personne un tel pactole, et surtout qu'il l'ait dissimulé en Suisse dans la crypte de la famille d'Eva Braun sous forme de feuilles d'or... Les sinuosités de Rollin pour s'emparer des données détenues par les nazis sans qu'ils ne le démasquent, malgré son manque d'informations et son attitude individualiste et provocante, finissent par être énervantes. Quant à la manière d'obtenir du banquier le numéro du compte bancaire, au cours d'une fête organisée par Cinnamon devenue richissime aristocrate, elle fait plutôt sourire. Ces maladresses empêchent le jeu de pistes déployé pour parvenir au trésor d'être passionnant, et ce n'est pas le final mouvementé, sous un déluge de coups de feu dont l'un va blesser Briggs, qui réussira à sauver cet épisode de la banalité. 16. LE CHOIX Rollin et Barney sont envoyés par Briggs dans un pays de l'Est. Leur mission consiste à faire sortir de son pays un savant, inventeur d'un système de guidage antimissiles dont l'exploitation par le camp adverse serait désastreuse pour les Etats-Unis. Le scientifique est étroitement surveillé depuis le passage à l'Ouest de son épouse survenu un an auparavant. Rollin découvre que l'homme est resté fidèle à son pays et n'a nullement l'intention de le quitter. Un épisode contrasté. Martin Landau et les vedettes invitées Joseph Campanella, John Colicos et Mala Powers sont excellents. La mission est excitante et démarre bien, puis à tendance à s'enliser en milieu d'épisode avant de rebondir sur la fin, avec une belle scène de poursuite se terminant en bagarre dans les tribunes d'un stade, ainsi que l'étonnante perspicacité de Jankowski, dont on se s'attendait pas à ce qu'il démasque Rollin. Ce personnage de Jankowski est intéressant car son caractère dilettante, presque dandy, son calme et son efficacité lui donnent plus l'allure d'un espion occidental que d'un bolchevique. Il représente la fraction modérée des agents de l'Est, ceux qui au fond ne croient déjà plus au communisme et insuffleront vingt ans plus tard la mutation vers l'économie de marché. Du coup, Rollin reconnaît sa valeur et manifeste une certaine sympathie à son égard, logiquement couronnée en fin d'épisode par l'attitude chevaleresque adoptée, qui va vraisemblablement permettre à son adversaire d'échapper à la mort. Cette façon fort plaisante de dépeindre un agent de l'Est change de la vision caricaturale donnée habituellement par la série : on est ravis que, pour une fois, il ne s'agisse pas d'une brute épaisse dénuée d'intelligence... Cependant, il est toujours regrettable de ne pas voir l'équipe au complet. Non seulement Briggs ne fait pas le déplacement, mais Cinnamon et Willy sont encore absents. Outre les nombreux temps morts de milieu d'épisode, le plus décevant est incontestablement le final en parfaite queue de poisson. On ne nous montre même pas comment les fuyards vont s'y prendre pour réussir à passer la frontière, les laisser-passer dérobés paraissant loin d'être suffisants. Voilà qui vient gâcher bêtement un épisode doté par ailleurs de qualités incontestables. L'IMF au grand complet va tenter de discréditer auprès de ses associés le chef du syndicat du crime Jack Wellman. Contre l'avis de ses congénères, Wellman a fait procéder à des assassinats, maquillés en accidents, d'hommes politiques influents, aux fins de les remplacer par des hommes à sa solde chargés de favoriser en haut lieu ses entreprises criminelles. Un épisode et une machination tout à fait dans la lignée de la série. Briggs et Rollin s'introduisent chez Wellman sous l'identité de cuisiniers dirigés par le traiteur Tino, leur complice sur cette mission, et font entrer en douce Barney et Willy dans la cave où ils doivent forcer le coffre-fort. Le rôle de Barbara Bain est succinct mais essentiel. Plus resplendissante que jamais, Cinnamon est évidemment l'agent idoine pour un rôle de femme fatale, capable de faire perdre la tête à un gangster se présentant pourtant comme un célibataire endurci et un misogyne. L'équipe des doubleurs, toujours aussi incapable, a donné à Tino, cuisinier typiquement italien, le même accent espagnol exagéré qu'à Vito Scalisi, un des invités de Wellman, transalpin pur jus lui aussi... et qu'à Briggs, qu'il est amusant de voir en serveur italien. Dan va jusqu'à jouer les timorés et se fait remonter les bretelles par Tino, son prétendu patron. Ceci n'empêche pas la machination, remarquable, de réussir en tous points. Simon Oakland est parfait dans ce rôle de chef mafieux suffisant, et bien secondé par la brochette de très bons acteurs incarnant ses invités, un groupe de gangsters réticents à son intrusion dans la politique. Joe de Santis, Joe Maross et Mort Mills sont des habitués des séries de l'époque et des rôles de truands. Un dirigeant de l'Est très hostile aux Américains veut se débarrasser de son rival modéré qui souhaite mettre fin à la guerre froide. Briggs et ses agents devront déjouer le complot mis en place, qui consiste à accuser un citoyen américain de crimes contre l'état et à le faire condamner lors d'un procès truqué, afin d'accroître la popularité du clan belliciste. Les procès staliniens sont en ligne de mire dans cet épisode dont le défaut est de ne pas apparaître très réaliste. Les véritables procès politiques soviétiques étaient autrement plus verrouillés que celui qui est présenté ici : beaucoup plus de participants, verdict joué d'avance, les accusés n'avaient aucune chance d'avoir un avocat américain, mais plutôt un avocat à la solde de l'accusation... Néanmoins, cette nouvelle mission sans Barbara Bain ni Greg Morris est dans l'ensemble fort réussie. Le moindre des attraits de cette machination implacable n'est pas le masque à l'effigie de Briggs porté par Rollin, afin de faire accuser Dan pendant que le vrai Briggs se forge un alibi en or chez Anton Kudnov, le communiste démocrate. L'épisode monte en puissance lors du procès pour se terminer en apothéose avec la scène du témoignage de Kudnov, qui va anéantir l'accusation de Varsh de façon magistrale. Une fin d'épisode presque jouissive ! Il faut saluer les justes choix de la production concernant les vedettes invitées. Carroll O'Connor, épatant en crapule arriviste, est bien aidé par un Michael Strong convaincant. David Opatoshu effectue également un bon travail dans le rôle du très libéral secrétaire général Anton Kudnov. L'IMF est chargée de s'emparer d'un énorme diamant brut spolié à des indigènes africains par le dictateur européen en place, et de le restituer à ses propriétaires. Le premier ministre esclavagiste a l'intention de vendre la pierre aux enchères afin de financer l'expansion territoriale de sa tyrannie. Une machination bien conçue et exécutée, certes. Une réalisation de qualité, d'accord. Pourtant, l'épisode est un rien décevant. La scène d'échange du diamant échantillon à l'aide du bras articulé manipulé par Barney depuis la chambre voisine de celle des malfrats est d'autant plus captivante que l'arrivée inattendue d'un chat perturbe son déroulement. Mais si on réfléchit une minute, était-elle vraiment utile ? Il aurait été tellement facile pour des agents aussi expérimentés que Barney et Willy de s'introduire tout bonnement dans la chambre contiguë après avoir endormi les adversaires, et de s'emparer ainsi du caillou en toute tranquillité ! Pourquoi se casser la tête à utiliser ce procédé complexe et peu fiable ? Pour offrir au spectateur un gadget et une séquence à suspense, OK, mais encore faudrait-il que cela soit crédible. Le coup de la fabrication de diamants synthétiques, destiné à appâter Durvard, est typique de la série, mais aboutit à un final qui ne convainc pas. On ne sait même pas si Durvard a survécu à l'explosion, et si c'est le cas s'il va se maintenir au pouvoir ou non. Et alors qui l'empêchera de voler à nouveau le diamant et de continuer à exploiter et maltraiter les indigènes ? Finalement, le meilleur de l'épisode est la performance de la vedette invitée. Le trop rare John Van Dreelen crée un dictateur cynique et esclavagiste surprenant de vérité. Briggs, grimé en vieillard, se fait passer pour un ancien dignitaire nazi récemment libéré. Accompagné de Cinnamon, qu'il présente comme sa fille, il se rend en Amérique du Sud à une réunion d'hitlériens désireux de mettre en place un IVème Reich. Leur hôte ne serait autre que Martin Bormann, le plus proche collaborateur du « führer »... Deux épisodes « nazis » dans la même saison, et diffusés de manière aussi rapprochée, voilà qui commence à faire beaucoup... Celui-ci mérite d'être vu pour la splendide composition de Barbara Bain, peut-être encore meilleure qu'à son habitude si cela est possible, ainsi que pour Ben Wright, très bon dans le rôle de Kleister. Pour le reste, tout sonne faux dans cette histoire de seconde zone. L'intrigue est complètement éculée. On a tout de suite compris que Frederick Rudd dirige tout et que le prétendu Bormann n'est qu'un leurre. L'absence de décor extérieur rend la présence en Amérique du Sud peu crédible. Steven Hill ne fait pas très bien le vieillard, il en rajoute dans l'aspect voûté et les boitements, et son maquillage n'est guère réussi. Surtout, on voit que le scénariste et son équipe connaissent mal l'univers des nazis : un drapeau comporte même une croix gammée aux branches tournées vers la gauche ! Le final ne relève pas le niveau, avec un Martin Landau pas convaincant du tout en faux Martin Bormann et un Gunnar Hellström que l'on a connu plus inspiré. Ce bon acteur déjoue dans ce rôle de nazi de carnaval, de second couteau pitoyable consterné de voir ses beaux projets réduits à néant par son incapacité à convaincre ses comparses de lui accorder leur confiance. *Martin Bormann est probablement mort en mai 1945 en Allemagne. Son squelette a été retrouvé et son corps identifié en 1972 grâce à des analyses dentaires, qui ont été corroborées récemment par des tests ADN. Ceci n'a pas empêché les rumeurs les plus fantaisistes de continuer à courir : hypothétique exil en Amérique du Sud, qui a inspiré cet épisode, et même carrière menée au sein de l'espionnage soviétique ! *Willy n'a pas été retenu sur cette mission. 21. ENFER À BORADUR L'ancien directeur d'un pénitencier colonial français fermé depuis cinq ans a dissimulé dans cette prison, où il demeure avec une poignée de fidèles, un élément radioactif susceptible de fournir un arsenal nucléaire au moindre coût. Il a appris la formule d'utilisation par cœur et s'apprête à vendre le tout au plus offrant. Un excellent épisode basé sur une machination de grande qualité et sur le talent exceptionnel de la vedette invitée. La récupération de l'élément radioactif a beau être importante, cet aspect passe finalement en second plan. L'essentiel, hormis les méandres de la machination et le suspense haletant qu'ils engendrent, c'est l'atmosphère carcérale étouffante de l'ancien bagne, ce thème ayant toujours donné de bons épisodes dans les séries où il a été développé. Un fan des Mystères de l'Ouest ne peut que se réjouir des ressemblances évidentes entre Gérard Sefra et le fameux Gustave Mauvais, interprété par Theodore Marcuse dans La nuit des bagnards. Même sadisme s'exerçant sans retenue dans une prison implacable, mêmes adjoints tortionnaires, même nationalité, les Américains ayant l'habitude d'attribuer aux Français le monopole des prisons monstrueuses. Ici, l'Ile du Diable est transformée en Boradur, mais le massage est limpide : il s'agit encore d'une prison française... Le génie de la production a été de faire appel à Ricardo Montalban, auteur d'un numéro fantastique dans le rôle de Sefra. Il exprime à merveille la cruauté de ce terrible commandant, instantanément réactivée, telle un réflexe conditionné, par le contact avec Barney, qui se fait passer pour un de ses anciens pensionnaires. Cette composition restera comme l'une des toutes meilleures vues sur la série. Très bonnes performances aussi de tous les acteurs habituels, réunis au sein d'une équipe enfin au grand complet. On décernera un accessit à Greg Morris, parfait en faux prisonnier revenu avec des intentions vindicatives sur les lieux de son martyre. 22. LES AVEUX Un sénateur d'extrême-droite a été assassiné par un conseiller de l'ambassade soviétique. Le richissime homme d'affaires McMillan, ami de la victime dont il partage l'anticommunisme obsessionnel, réclame la rupture des relations avec l'Est. L'équipe de Briggs va s'employer à prouver au peuple américain qu'il s'agit en réalité d'un complot fomenté par McMillan pour pousser les Etats-Unis à entrer en guerre contre le bloc soviétique. Encore un épisode de grande qualité en cette fin de saison, qui voit une progression spectaculaire de la série, avec des scénarios qui atteignent le niveau de la grande époque des saisons 2 et 3. Tout est remarquablement conçu et minuté, depuis le coup du faux prisonnier évadé joué par Rollin jusqu'à la ruse employée par Cinnamon et Dan pour installer la caméra chez McMillan. Dans cette scène, Barbara Bain est magnifique avec son ensemble vert. Une nouvelle fois, les vedettes invitées ont été remarquablement choisies. David Sheiner incarne un espion soviétique corrompu, veule et malléable, mais complètement terrorisé par Rollin, le gangster qui joue les durs. Pat Hingle est épatant en milliardaire ultra-conservateur, rôle qui lui va comme un gant. Kent Smith ne participe qu'à une seule scène mais son talent est tel que cela suffit pour la rendre marquante. Côté IMF, c'est une fois de plus Martin Landau qui domine la distribution avec son rôle omniprésent de détenu hâbleur et dur à cuire, dans lequel il fait merveille pour sa Nième « apparition spéciale ». Steven Hill s'en tire fort bien dans un rôle à contre-emploi d'artiste peintre portraitiste, son physique commun le prédestinant plutôt à jouer les petites frappes. La musique atypique, pas du tout assortie à l'atmosphère de la série, déconcerte quelque peu, jusqu'à ce que la surprise de la scène finale, couronnement jouissif d'une machination mémorable, permette à l'épisode de remporter une pleine et franche adhésion. 23. SILENCE, ON TOURNE ! Le directeur d'un des plus importants studios est-européens de cinéma, doté de solides ambitions politiques, a tourné un film truqué montrant des exactions qui auraient été commises par les soldats Américains en Asie du Sud-Est. Il s'apprête à diffuser ces images devant un groupe de journalistes internationaux afin de jeter l'opprobre sur les Etats-Unis et compromettre ainsi les chances de paix. L'épisode débute par une fameuse incongruité puisque la mission est délivrée non pas à Briggs, mais à Cinnamon-Barbara Bain, très à l'aise dans cet exercice et d'une élégance parfaite avec une robe jaune assortie au bandeau de son chapeau. On savait Dan Briggs légèrement dilettante, mais il atteint cette fois-ci un sommet en étant purement et simplement absent. Il est donc remplacé par Cinnamon pour la délivrance de la mission, puis par Rollin Hand pour donner les instructions pendant le briefing et au cours de la mission. Le scénario exploite les accusations de crimes de guerre portées contre les Etats-Unis pour leurs opérations militaires menées au Vietnam. Elles sont présentées ici comme un mensonge, mais l'emploi par les Américains du napalm contre les populations civiles est devenu par la suite un fait avéré... La machination, sans être géniale, tient debout et se révèle tout à fait conforme aux standards de la série, avec Rollin dans le rôle principal, Willy en homme de main, Barney en technicien modèle et Cinnamon qui mène fort bien son affaire au sein des studios. Son charme comme toujours dévastateur lui permet d'opérer au nez et à la barbe de Klaar sans qu'il ne s'en rende compte. Elle prend les mesures nécessaires en se basant sur l'écartement de ses pas, ce qui nous permet d'admirer ses jambes dénudées avantageusement filmées. Pour une fois, on ne se plaindra pas d'un gros plan de Leonard J. Horn, ce réalisateur médiocre qui use et abuse de cette façon de filmer. La mise en scène est donc le point faible de l'épisode, avec la scène finale, certes attrayante par son côté ironique, mais qui manque du minimum d'explications : on ne sait pas comment Barney s'est défait de son escorte policière, ni comment il a pu rejoindre aussi vite le lieu de la projection. En revanche, satisfaction pour la distribution, avec une vedette invitée impeccable en la personne de JD Cannon, et un bon point pour Tom Troupe dans le rôle de l'agent en renfort. Le premier ministre libéral et démocrate d'un état d'Europe centrale, vieillissant et malade, a désigné un successeur auquel il porte une confiance aveugle, mais qui en réalité instaurerait une dictature et ferait assassiner les opposants dès son arrivée au pouvoir. Les agents américains se font fort d'ouvrir les yeux du trop naïf chef de gouvernement. Dan Briggs ne franchit pas le cap du briefing, mais son absence ne suscitera aucun regret puisqu'il est remplacé par un ami cardiologue superbement interprété par le très brillant William Schallert. Autre renfort pour l'IMF, un cinéaste chargé de filmer les contrées que le train du premier ministre sera censé traverser. En effet, la machination consiste à simuler un voyage ferroviaire et même le déraillement d'un wagon sur une pente de montagne ! L'épisode se révèle passionnant au cours des deux premiers tiers de sa durée. William Schallert et Barbara Bain, interprètes du cardiologue et de son infirmière, s'en donnent à cœur joie, aidés par les accessoires procurés par un Barney plus génial que jamais : appareil simulant le bruit d'un souffle cardiaque dissimulé dans une bague et radios truquées permettent de faire croire à l'urgence de l'opération à effectuer en Suisse, et donc l'organisation du voyage en train. L'ambiance ferroviaire constitue un atout de choix dans toute bonne série, et cet épisode ne fait pas exception. Déguisé en cheminot, Martin Landau ne manque pas de toupet pour parvenir à ses fins, pendant que le duo Barney-Willy réussit le détournement du wagon avec brio, grâce à de savantes manœuvres d'aiguillages. A l'intérieur du train, le fameux William Windom mène la danse avec son talent habituel dans le rôle du méchant. Jusqu'à cet instant, l'épisode est parfait, mais j'aime moins la suite de la machination. Cette histoire de faux voyage en train, et surtout de déraillement simulé, avait sans doute été programmée pour être le clou du spectacle. Aussi bien montée qu'elle soit, elle reste quand même un peu tirée par les cheveux. Au final, le positif l'emporte néanmoins largement sur le négatif. 25. TRAITEMENT DE CHOC Le représentant spécial des Américains auprès d'un gouvernement neutre a été enlevé par un agent soviétique et remplacé par un sosie chargé de saboter un rapprochement politique et économique capital pour les Etats-Unis. Le véritable négociateur doit être retrouvé et libéré pour faire échouer le plan ennemi. L'épisode démarre sur de bonnes bases avec la substitution du faux Wilson par Dan Briggs, remarquablement combinée et mise en œuvre. La vedette invitée principale James Daly est omniprésente puisqu'elle interprète ni plus ni moins que trois rôles : Briggs déguisé en Wilson, ainsi que Josef Gort et le véritable Carl Wilson. Daly est à féliciter pour sa performance de choix dans des rôles très différents. Malheureusement, après le rapt, la mission s'enlise dans des scènes d'interrogatoires psychiques sans queue ni tête, et quasiment insupportables par leur aspect lancinant. La tentative de relancer l'histoire par l'irruption des deux enfants tourne court et ne contribue finalement qu'à faire décrocher un peu plus le téléspectateur. La scène finale de la réception est prenante et assez réussie, mais il est tout de même choquant de voir Dan tuer Gort de sang-froid. D'habitude, les agents de l'IMF agissent plus finement, en s'arrangeant pour que leurs adversaires s'entretuent. Ce comportement peu surprenant de la part de Briggs confirme l'impression d'avoir assisté à un épisode potentiellement très bon, mais à demi gâché par de mauvais choix scénaristiques. 26. UN MORCEAU DE SUCRE Un agent secret américain en mission à l'Est a dissimulé dans un morceau de sucre un microcircuit contenant des renseignements importants pour la défense des Etats-Unis. Arrêté par les services ennemis qui ignorent où sont cachés les documents, il est torturé et risque de finir par parler. L'IMF va tenter de le libérer et de récupérer le microcircuit. D'étranges singularités caractérisent cet épisode. Une curieuse scène se déroule dans une boîte de nuit aux décors psychédéliques très « sixties ». Je ne suis pas sûr que ce genre d'établissements typiques de la « décadence bourgeoise occidentale » existait dans les pays de l'Est... La musique de Don Ellis est curieuse, notamment au cours des scènes d'internement de Rollin. Il est ahurissant que Brobin n'ait pas découvert le document, si petit soit-il, quand il a cassé les morceaux de sucre, et que Cinnamon puisse tranquillement s'en emparer devant lui. L'explication finale selon laquelle le microcircuit était peint en blanc ne convainc pas. De trop nombreux temps morts finissent par endormir le spectateur, en particulier lors des interminables scènes montrant Barney et Willy dans les souterrains, mais aussi au cours des préparatifs de Rollin dans sa cellule. La récupération de Vincent Dean à l'intérieur du four crématoire est assez hallucinante. Au lieu de nous infliger cette séquence avec force détails pendant de longues minutes, on aurait mieux fait de nous montrer comment Rollin parvient à sortir de prison. On nous fait comprendre que c'est en enfilant un masque à l'effigie de Brobin, mais la vue de Rollin posant le masque sur son visage et passant devant des gardes qui le prennent pour leur chef aurait pu sauver cette mission de l'échec total. Si l'on ajoute l'absence de vedette invitée d'envergure, on obtient un des épisodes les plus faibles de la saison. Un espion américain passé dans le camp adverse a livré à l'ambassade soviétique un message codé ultrasecret initialement destiné aux Américains. Dan et son groupe sont chargés de récupérer le message avant que l'ennemi ne le déchiffre, et de discréditer le traître afin que les renseignements déjà délivrés aux agents de l'Est ne soient pas exploités. Pour cette mission, notre équipe d'agents compte un renfort de choix en la personne de Tina Mara, une contorsionniste interprétée par Eartha Kitt, la chanteuse à voix grave connue entre autres pour son amour du champagne, proclamé dans une de ses chansons. Pour une fois, la présence d'une vedette invitée féminine n'empêche pas la participation de Barbara Bain, fait évidemment hautement apprécié. Cinnamon débute en hôtesse de l'air chargée de droguer l'expert en décodage soviétique, afin qu'il puisse être remplacé par Rollin, puis opère dans un hôtel en duo avec Briggs. Les deux acolytes constituent l'appât jeté en pâture à l'ennemi par Rollin. Ils semblent prendre un malin plaisir à jouer ce rôle, conférant à cette mission un côté ludique sympathique, d'ailleurs équilibré par le sérieux avec lequel travaillent Tina et Barney. On retiendra des agissements de Tina un matelas gonflable truqué qui fait croire à l'évasion de Hughes et un habile jeu de miroirs qui lui permet d'ouvrir le coffre sans déclencher l'alarme. La scène finale retient une attention particulière en raison de son suspense insoutenable. Rollin parviendra-t-il à quitter sans encombre l'ambassade avant que le message codé révélant son imposture ne soit déchiffré ? Si tel n'est pas le cas, c'est la mort assurée pour lui... Aucun acteur de premier plan ne figure parmi les vedettes invitées. Par exemple, le rôle du chef de l'ambassade attribué à un acteur comme Alfred Ryder aurait donné à l'épisode une plus-value certaine. Néanmoins, les acteurs moins connus que sont Malachi Throne et Frank Marth ne se débrouillent finalement pas si mal en agents de l'Est. Un homme d'affaires véreux a acquis des actions et brevets d'une société travaillant pour la défense nationale, puis s'est enfui en Amérique du Sud. Il s'apprête à revendre les brevets à un agent du bloc soviétique. Nos agents spéciaux pourront-ils l'en empêcher et récupérer les précieux documents au profit des Etats-Unis ? Le titre de cet épisode suggérait une de ces histoires médiocres basées sur des faits surnaturels. La surprise d'assister à une mission de bonne qualité n'en est que plus agréable. Briggs ne fait pas le voyage jusqu'en Amérique du Sud, remplacé par un juge interprété par Richard Anderson, acteur que l'on a toujours grand plaisir à retrouver. Comme souvent, la distribution est dominée par le couple Bain-Landau. Barbara Bain donne vie à une voyante énigmatique dont les prédictions impressionnantes de justesse correspondent évidemment aux différentes phases de la machination, mises en place par ses partenaires. Il n'empêche qu'il s'agit d'un de ses plus beaux rôles sur la série. Martin Landau incarne un chef de syndicat du crime criant de vérité avec ses lunettes noires et son cynisme jovial. A signaler aussi, la présence de Milton Selzer, dont on regrette que le rôle ne soit pas plus développé. L'excellence de l'interprétation n'est pas le seul atout de l'épisode. Le scénario est alerte, aéré et passionnant à plus d'un titre. La cachette de Barney procurée par un jeu de miroirs, le coup de l'explosion de la voiture, la partie de cartes décisive sont bien imaginés. L'apport du « don de voyance » de Cinnamon est intéressant parce qu'il ne s'agit que de trucages et donc parce que l'on ne nous impose pas du surnaturel de pacotille. Le revers de la médaille, c'est que Lowell apparaît bien naïf. L'exactitude incroyable des prédictions de Cinnamon aurait dû éveiller ses soupçons. Comment a-t-il pu ne pas flairer la machination ? Mais dans l'ensemble, cette première saison se conclut de fort belle façon. Crédits photo: CBS. Images capturées par Phil DLM. |
Présentation
Les années soixante voient l'arrivée d'un thème nouveau dans les séries, celui de l'espionnage. Alors que les séries américaines étaient dominées par le genre western, les cow-boys et autres justiciers vont céder la première place du hit-parade de la popularité aux espions. C'est une nouvelle ère qui commence car, comme le fait dire Louis de Funès au célèbre commissaire Juve en 1965 dans le film Fantômas se déchaîne, « c'est fini le temps du petit hold-up hebdomadaire et des gorilles de papa. Les grands déploiements de forces spectaculaires qui ne font qu'effaroucher l'adversaire sont démodés. Nous sommes à l'heure des agents secrets et des gadgets. De quoi auriez-vous l'air si Fantômas était arrêté par un zéro zéro quelconque ? » Mission impossible est une des séries les plus connues appartenant à ce genre nouveau. Elle présente les aventures d'un groupe d'espions particuliers, une brigade spéciale, l’IMF (Impossible missions force), chargée des missions les plus difficiles, voire réputées impossibles, et qui dispose de moyens matériels conséquents pour les mener à bien. La série est restée célèbre pour son fameux générique, très novateur à l'époque. Au son d'une musique de Lalo Schiffrin restée dans toutes les mémoires, de courts extraits de l'épisode du jour défilent avant l'apparition du titre et des photos des acteurs récurrents. Lors de la première saison, le générique de fin comporte des images issues de l'épisode, procédé qui sera malheureusement abandonné au cours des saisons suivantes. Autre marqueur fondamental, sans doute le plus connu, la forme particulière de délivrance de la mission. Le fameux magnétophone, avec la bande magnétique « qui s'autodétruira dans cinq secondes », fait son apparition dès les débuts, parmi d’autres modes de délivrance, mais ne prendra le dessus que lors de la deuxième saison, lorsqu’il deviendra un rituel indispensable et immuable. Une singularité est à signaler : le personnage devenu symbole de la série n’était pas présent lors de la première saison ! Dans l’imaginaire du téléspectateur, qu’il s’agisse d’un fan ou d’un « spécialiste » de la série, et plus encore de quelqu’un du « grand public », Mission impossible, c’est la série d’espionnage avec la bande magnétique qui s’autodétruit et le « type aux cheveux blancs » qui est le chef. Le « type aux cheveux blancs » n’est autre que Jim Phelps, interprété par Peter Graves. Il est extrêmement rare qu’un personnage non présent au départ de la série soit adopté par le public au point de devenir le marqueur principal de la série. D’habitude, les personnages « remplaçants » ne séduisent guère, il existe toujours une nostalgie de l’original. Mais ici, le chef de l’IMF lors de la première saison, Dan Briggs, interprété par Steven Hill et peu impliqué dans le déroulement des missions, n’avait pas particulièrement convaincu. Au contraire, Jim Phelps, magnifiquement interprété par Peter Graves, se révèle parfait en tous points. Au cours des 7 saisons, les membres de l’équipe d’espions subiront quelques modifications, avec un défilé d’acteurs de qualité, les plus marquants étant bien entendu le couple Barbara Bain/Martin Landau et Leonard Nimoy. Mais c’est Greg Morris, interprète de Barney Collier, le technicien de l’équipe, et Peter Lupus, qui joue Willy Armitage, l’homme de main et le « gros bras », qui seront les seuls à participer à toutes les saisons. Nos agents secrets disposent de tout un arsenal technologique à la pointe du progrès leur permettant de mener à bien leurs missions, en complément de leurs qualités intrinsèques. Ils utilisent souvent des masques pour prendre l’identité de leurs adversaires, s’immiscent dans les logiciels des ordinateurs ennemis, piègent les ascenseurs, établissent des photos truquées et sont les rois de la fausse identité. Les missions relèvent principalement de 2 ordres : de la politique étrangère avec des missions menées essentiellement dans les pays de l’Est, face à des agents communistes tous plus cruels les uns que les autres, et parfois dans les pays arabes, et du maintien de l’ordre intérieur avec des menées contre la pègre, le grand banditisme, les mafias et le terrorisme national et international. Si les dernières saisons montrent un certain essoufflement avec une difficulté croissante pour trouver des idées nouvelles, l’’esprit de la série, basé sur les caractéristiques décrites ci-avant, sera maintenu et permettra à la série de s’installer au top de son genre, en tant que série-type d’espionnage, comme Star Trek sera la série-modèle dans le genre science-fiction. |