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 saison 1 saison 3

Les Mystères de l'Ouest

Bonus

1. Livre: Les Mystères de l’Ouest, les reflets de l’étrange


1.    LIVRE: LES MYSTÈRES DE L’OUEST, LES REFLETS DE L’ÉTRANGE

Mysteres livre

Auteur : Didier LIARDET.

Publié par YRIS dans la collection Télévision en séries.

Format 16 X 24 cms, 288 pages, illustré par plusieurs centaines de photos en noir-et-blanc et un encart couleurs de 16 pages.

Didier Liardet est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés aux séries : Les Envahisseurs, Chapeau melon et bottes de cuir, Amicalement vôtre, Cosmos 1999…

L’ouvrage a fait l’objet d’une réédition plus complète en 2003, qui sera commentée ici.

Contenu :

La couverture, en couleurs, montre James West au premier plan, en bas au centre, Artemus Gordon juste derrière sur la droite. A gauche, la locomotive des deux agents spéciaux, vue de face, et au centre, en arrière-plan, le docteur Miguelito Loveless. Ainsi, il s’agit d’un bon résumé de la série, avec les deux principaux personnages, leur moyen de transport favori, et leur adversaire récurrent.

La préface de Robert Conrad évoque quelques souvenirs de tournage, et notamment les cascades, et se termine par les remerciements de l’acteur au public français.

Le livre est constitué d’un historique de la production de la série saison par saison, des coulisses du tournage, d’un guide complet des 104 épisodes, d’une étude approfondie des éléments constitutifs de la série, du portrait et de la filmographie de ses principaux interprètes.

L’ouvrage se termine par l’évocation des téléfilms qui ont suivi, de l’adaptation cinématographique et des produits dérivés et sites Internet consacrés à la série.

Les quatre premiers chapitres sont consacrés aux quatre saisons des Mystères de l’Ouest, chaque saison ayant son chapitre.

Chaque chapitre est composé d’un historique sur la genèse et la production de la saison, soit 6 à 10 pages, d’un portrait et de la filmographie d’un ou deux acteurs importants (Michael Dunn, Victor Buono, Charles Aidman…), et enfin d’un guide des épisodes comportant titre original, distribution, résumé, commentaires, anecdotes.

L’ouvrage respecte la tradition de la collection Télévision en séries en présentant les épisodes dans leur ordre de diffusion et non pas de production.

Les résumés sont assez concis, mais permettent immédiatement de situer de quel épisode il s’agit, du moins pour les fans de la série. À noter que tous les épisodes ne sont pas forcément illustrés.

Globalement, on peut regretter la vision partisane de l’auteur quant à l’orientation de la série et à la qualité des différentes saisons. Le fait que la première saison (celle en noir-et-blanc) soit présentée comme la meilleure est une opinion certes partagée par une partie non négligeable des fans, mais peut être contesté sur un plan strictement objectif, ne serait-ce qu’en raison de l’indigence des scénarios. De même, le parti pris contre les épisodes jugés « western », seuls les épisodes relevant du « fantastique » étant considérés comme conformes au style initial de la série, est tout aussi contestable. En effet, ceci pousse l’auteur à énoncer des contre-vérités aisément vérifiables. Ainsi, l’affirmation selon laquelle la deuxième saison verrait une « intrusion » d’éléments western, après une première saison orientée sur le fantastique, est inexact puisque la deuxième saison ne comporte qu’un épisode western, La nuit des tireurs d’élite, alors que la première en comptait au moins trois (ceux produits par Collier Young).

Le chapitre 5 est un essai intéressant sur l’univers particulier et les spécificités de la série. Très détaillé, il comporte en outre une carte localisant les lieux des différentes missions, une immersion dans le contexte historique de la série, en l’espèce la conquête de l’Ouest, et une liste exhaustive des déguisements d’Artemus Gordon, classés par mission.

Le chapitre 6 présente la biographie et la filmographie des deux acteurs principaux.

Le chapitre 7 est consacré aux téléfilms tournés une dizaine d’années après la série. L’auteur en donne une vision peu favorable, soulignant les manques par rapport à la série, mais de manière assez prudente. Sans doute aurait-il mieux valu évoquer plus crûment la déception engendrée par ces piètres productions pour tout fan de la série qui se respecte.

Le chapitre 8 est dédié au film. Tout comme pour les téléfilms, on sent que l’auteur n’a pas apprécié, même s’il le déclare de façon modérée. Les trahisons de ce film déplorable sont bien mises en exergue, ce qui suffit à faire comprendre ce qu’il en est, même sous les termes employés, très diplomatiques mais néanmoins explicites.

Les annexes présentent tout ce que l’on peut trouver sur la série depuis sa création jusqu’à la date de parution de l’ouvrage, produits dérivés, livres, magazines, bandes dessinées, cassettes, sites internet…

Conclusion : Un ouvrage de référence sur la série, que tout fan doit posséder, les livres en Français sur Les Mystères de l’Ouest étant rares. Les quelques parti-pris contestables de l’auteur sont largement compensés par l’étude détaillée de la série et de ses éléments constitutifs, passionnante.

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Kojak - Bilan + Bonus La Brigade des Maléfices - Guide des épisodes

Les Mystères de l'Ouest

Présentation 


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Posted by Le Monde des Avengers on Saturday, April 4, 2015

Le milieu des années 60 a vu l’apparition d’un nouveau genre de séries télévisées. Alors que les westerns dominaient les productions américaines, l’espionnage fait son apparition, surtout grâce aux importations britanniques (Destination Danger, James Bond...), et va connaître un réel succès, reléguant le western à une époque révolue.

C’est alors que le producteur Michael Garrison a l’idée de mélanger les deux genres et de créer une série hybride qui marquera l’histoire des séries par son originalité.

Les Mystères de l’Ouest est souvent présentée comme une série « western fantastique », ou comme une série d’espionnage se déroulant lors de la conquête de l’Ouest. Elle fait en réalité partie d'un courant appelé le "weird west", qui mélange le Western à des éléments qui lui sont exogènes, le plus souvent fantastiques. Si quelques livres, comics, et épisodes de série (comme les épisodes Western de La Quatrième Dimension du genre Mr.Denton on Doomsday) avaient déjà esquissé ce mouvement, il revient bien à la série d'avoir posé des jalons fondamentaux de ce genre hybride, en y incorporant en plus des éléments d'espionnage et de policier. C'est ce style particulier de la série qui va lui permettre de s’adapter à tous les genres différents qu'elle a pu prendre au cours de ses quatre années d’existence :

En effet, on ne peut parler de série strictement western, même si les producteurs qui ont succédé à Garrison (décédé au cours de la saison 2) ont eu la volonté de « westerniser » la série, notamment lors de la saison 3. Mais même lors de cette saison 3, les épisodes western n’atteignent pas la majorité, et sur l’ensemble de la série on n’en compte guère plus d’une vingtaine sur plus de cent.

Série fantastique ? Certes, les épisodes de ce style ont marqué les fans, mais au total ils sont encore moins nombreux que les épisodes western.

Le policier a eu aussi sa place, mais au fond, Les Mystères de l’Ouest est avant tout le récit des différentes missions qui pouvaient être confiées à des agents fédéraux à la fin du XIXème siècle, missions qui relevaient aussi bien du simple maintien de l’ordre que de la politique internationale ou des relations avec les Indiens. Récit agrémenté d’éléments particuliers purement fictifs propres à captiver le téléspectateur : l’iconoclaste, l’étrange, la fantaisie, l’excentricité, et bien sûr l’humour, prennent une place importante.

Les agents spéciaux James T. West et Artemus Gordon sont chargés par le président Grant de parachever la conquête de l’Ouest. En ces temps tourmentés, beaucoup de terres occidentales ne sont pas encore des États, mais de simples « territoires », en proie à la convoitise de toutes sortes d’aventuriers et de mégalomanes. West et Gordon sont les vigilants gardiens des intérêts de l’Oncle Sam, traquant et pourchassant inlassablement tous ceux qui viennent mettre en danger ses intérêts et la relative unité de la nation.

Pour mener à bien leurs missions, Jim et Artie disposent d’un train privé, le marqueur visuel le plus évident de la série, et de toutes sortes de gadgets propres aux agents secrets qu’ils utilisent le plus souvent pour se tirer d’affaire lorsqu’ils se retrouvent en fâcheuse posture, à la merci de gangsters et d’assassins tous plus hauts-en-couleurs les uns que les autres. Une lame de couteau repliée dans la semelle et un Diringer caché dans la manche droite de sa veste sont les gadgets les plus connus de James West. Citons également des messages codés et l’aide de pigeons voyageurs, très pratiques pour envoyer et recevoir des messages.

Nos deux agents s’entendent parfaitement et sont très complémentaires. S’ils partagent le goût de la bonne chère et surtout des jolies femmes, Gordon est le plus orienté vers les questions scientifiques alors que West est un as de la bagarre.

Les bagarres, justement, sont un élément essentiel de la série, tellement elles sont magnifiquement réglées et donnent une telle impression de vérité. Il faut dire que Robert Conrad a été engagé pour tenir le rôle de James West de préférence à Rory Calhoun parce qu’il effectue lui-même ses cascades. Il est secondé par une équipe de cascadeurs et d’acteurs cascadeurs particulièrement efficaces : Red West, Dick Cangey…

Le concept original de la série est important, mais n’explique pas son succès à lui seul. L’interprétation des deux acteurs principaux est exceptionnelle. Robert Conrad est un James West parfait en tous points, son charisme et ses qualités physiques faisant merveille. Ross Martin est son complément idéal, on ne dira jamais à quel point il fut un acteur génial, dans ce rôle et dans les autres. Ici, il crève l’écran par sa façon unique de jouer, sa sensibilité et sa faculté à endosser les déguisements les plus improbables.

En effet, Artemus Gordon, ancien comédien, est un spécialiste en déguisements en tous genres. Les deux circonstances les plus courantes poussant Artie à changer d’identité sont d’une part, la nécessité d’intervenir incognito pour sauver West, capturé par des adversaires impitoyables, d’autre part la volonté d’enquêter sans en avoir l’air au sein de milieux souvent hostiles. Gordon n’a pas son pareil pour obtenir des renseignements en se faisant passer pour des personnages naïfs, donc inoffensifs.

Il faut également souligner la qualité de la version française, avec les voix de Jacques Thébault pour James West et de Roger Rudel pour Artemus Gordon. Les épisodes en VO s’avèrent décevants car les vraies voix de Robert Conrad et Ross Martin ne valent pas celles de leurs acteurs de doublage français.

Si nos agents affrontent des adversaires aussi farouches et impitoyables que d’apparences diverses, ils ont un ennemi récurent en la personne du docteur Miguelito Loveless, interprété par Michael Dunn. Loveless est un nain qui ne paye pas de mine, mais en réalité un être tourmenté, inventeur de génie doublé d’un mégalomane de la pire espèce.

Au fur et à mesure de leurs rencontres (il y en aura dix), Loveless est de plus en plus obsédé par la volonté de tuer West et Gordon, mais de manière tellement compliquée et raffinée (typique de son ego) que nos agents finissent toujours par trouver le moyen de s’échapper. Leurs combats se soldent par un match nul puisque Loveless, au contraire des autres adversaires de nos héros, n’est ni capturé (sauf à sa première apparition), ni tué en fin d’épisode. West et Gordon font échouer ses plans, mais il parvient généralement à leur échapper.

Les scénaristes ont tenté de créer un second adversaire récurrent en la personne du comte Carlos Mario Vincenzo Robespierre Manzeppi, aventurier, magicien et poète, interprété par l’excellentissime Victor Buono. Hélas, le comte n’est apparu que dans deux épisodes.

N’oublions pas les femmes, qui tiennent une place importante dans la série. Pour James West, les femmes sont à la fois ravissantes et démoniaques, à l’image de celle du générique qui l’invite à l’embrasser pour essayer de le poignarder. La femme typique de l’univers de la série est une jolie personne qui va séduire West pour l’utiliser, puis tenter de s’en débarrasser. Car les femmes n’ont pas souvent le beau rôle dans la série. Elles représentent une part non négligeable des adversaires, mais constituent également des compagnes ou des complices du bandit principal pas plus sympathiques que ledit gangster.

Si l’on ajoute le générique, ce splendide dessin animé accompagné d’une musique mémorable - signée Richard Markowitz - et la façon particulière de traiter les fins d’acte, avec la dernière image se transformant en dessin, juste avant la coupure publicitaire, on comprendra à quel point cette série aura marqué toute une génération de téléspectateurs et continue encore à fasciner, en raison de son charme, de son ambiance particulière, de sa créativité, et bien entendu du talent de ses interprètes récurrents.

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Toucher le fond… (Broken - Part 1)

Saison 4Bonus

Les Mystères de l'Ouest

Film : Wild Wild West (1999)


1. WILD WILD WEST
(WILD WILD WEST)

classe 4

Résumé :

En 1869, le Président Grant ordonne à deux agents fédéraux d’élite que tout oppose, James West et Artemus Gordon, de s’associer afin de contrer un périlleux complot ourdi par le diabolique Dr. Loveless, un Sudiste revanchard. Il s’avère que Loveless a construit un quadripode impérial, enfin, une colossale araignée blindée et dotée de canons. Il projette de se servir de cette machine infernale afin de s’emparer de Grant lors de la cérémonie de Point Summit, puis d’obtenir la capitulation de l’Union. Les qualités d’homme d’action de West, ainsi que les déguisements et les gadgets de Gordon, suffiront-ils à vaincre le génie maléfique ? 

ladoublure 2

Critique :

On comptera à l’actif du film les considérables moyens financiers engagés, car ils s’avèrent effectivement perceptibles à l’écran. On songe évidemment aux effets spéciaux et aux images générées par ordinateur, particulièrement spectaculaires pour l’époque, et qui d’ailleurs supportent fort bien le passage du temps, alors que l’on revoit le film une quinzaine d’années après l’avoir découvert en salle. Mais l’on apprécie encore davantage l’ambition et le soin extrême caractérisant le travail traditionnel de production. Panoramas naturels et locomotives d’époque se montrent somptueux, de même que les décors intérieurs, édifiés souvent avec goût (et donc particulièrement appréciables au sein de ce film). La bande son, confiée au spécialiste du Western que fut Elmer Bernstein, ne manque également pas d’attraits.

Pour l’amateur de Science-fiction, ce déploiement budgétaire présente également l’intérêt de donner pleinement corps à l’esthétique steampunk. Un mouvement encore très populaire aujourd’hui, mais ayant réellement émergé en littérature au cours des années 90, avec plusieurs chefs d’œuvre tels La Machine à différences en 1990 (en provenance directe du Cyberpunk), puis À la croisée des Mondes, La Trilogie Steampunk, Darwinia, Les vaisseaux du temps, etc. Le film se situe à l’issue de cette décennie faste et surfe visiblement sur la vague : démentielles machines à vapeur et à circuits hydrauliques, nombreux gadgets totalement anachroniques, immenses décors en verrières évoquant les Expositions universelles, uniformes des monarchies européennes, carte uchronique des États-Unis… L’équipe artistique connaît manifestement son affaire et manipule avec réussite le rétro-futurisme. 

Et pourtant le bât blesse déjà, car ces ouvrages si fignolés se voient gâchés par l’écriture déficiente du protagoniste du récit. La magie et la richesse du Steampunk découlent du choc entre une science exotique et une société peuplée d’individus par contre demeurés conformes à l’époque de la révolution industrielle. Ce déphasage conduit à des récits empreints d’une fantaisie séduisant l’imagination. Or James West n’est ici en rien un homme du XIXème siècle : son attitude, sa psychologie, et jusqu’à son langage slang ne cessent de l’identifier comme l’un de nos contemporains. Le film bâtit donc tout un univers steampunk autour d’un héros qui, lui, ne l’est nullement, ce qui s’avère contreproductif au possible.

Un autre inconvénient du recours au Steampunk réside dans le fait qu’il ne correspond pas du tout à la tonalité de la série d’origine. Par son assise dans l’Ouest américain et son insolite évoquant parfois le monde étrange des Avengers, elle relevait d’un sous-genre différent, le Weird West, davantage encore que de cette autre famille qu’est la Science-Fiction Western. Mais il vrai qu’il ne s’agit que d’une transgression parmi tant d’autres de ce film trahissant comme rarement la série l’ayant inspiré et hérissant à bon droit les fans au long cours de Jim et Artie. La célébrissime musique demeure absente du générique et n’est que fugacement entendue au cours de l’action, Loveless n’étant plus un nain mais un cul de jatte et ne porte même plus un prénom identique (Arliss se substituant à l’hispanique Miguelito). Plus grave encore, la précieuse tonalité d’aventures Sixties se voit totalement remplacée par une comédie d’action particulièrement pachydermique, voire franchement graveleuse par moments.

ladoublure 3

Ficelle éculée de scénariste, West et Gordon sont longuement présentés comme des rivaux, alors que cela n’a jamais été le cas précédemment (bien au rebours, diront certains). D’ailleurs le scénario pousse à l’extrême un tic commun à à peu près tous les films adaptant des séries cultes et consistant à reprendre la biographie et la rencontre initiale des protagonistes. Cela s’avère au mieux inutile puisque les personnages sont connus, ou pernicieux puisque source de nombreux errements, l’ego des auteurs voulant que ceux-ci désirent souvent imprimer leur marque propre. Ici le duo vedette en ressort totalement méconnaissable. Une polémique s’est développée autour d’un West désormais représenté par un acteur noir, mais c’est en fait cohérent avec le panorama d’ensemble : au sein de ce travestissement complet de la série (hormis quelques clins d’œil faciles), c’est un acteur évoquant Robert Conrad qui paraîtrait incongru...

C’est d’ailleurs moins l’identité d’ancien esclave de West qui pose problème que son corollaire, voyant Loveless devenir un Sudiste raciste. Or le racisme ne constituant jamais que l’un des aspects de la stupidité humaine, ce trait de caractère diminue et dénature singulièrement l’aura du grand Loveless, l’un des tous meilleurs Diabolical Masterminds télévisuels. Par ailleurs, celui-ci a ici recours à des enlèvements de scientifique, davantage qu’à son génie propre. Au total le bon docteur en prend particulièrement pour son grade, on touche au scandale. Par ailleurs, certes non dépourvue d’un vrai panache, l’interprétation de Branagh en revient à l’expression traditionnelle des esprits diaboliques, bien loin du récital aussi savoureux que singulier dont nous régala jadis Michael Dunn.

De son côté, Will Smith se montre tonique et efficace dans la version donnée ici de West, n’ayant strictement rien à voir avec l’originale. Et pour cause puisqu’il s’agit d’un décalque littéral de son personnage rodé dans Men in Black (1997), film à grand succès également réalisé par Barry Sonnenfeld. De fait, Wild Wild West s’avère particulièrement pernicieux, la distorsion apportée à la série originelle visant sciemment à couler le film dans le moule de ce précédent blockbuster dont il partage la plupart des ressorts narratifs et de mise en scène (le Steampunk se substituant aux Aliens et au conspirationnisme). Quoiqu’outrageusement caricaturé, Artemus s’en sort un tantinet mieux, évoquant au moins légèrement son modèle. Mais il souffre de la fadeur de Kline, bien loin de ce comédien élégant et raffiné que fut Ross Martin.

classe 4

En soi, le scénario manifeste une simplicité enfantine, se contentant d’enfiler les scènes d’action, sans surprise aucune. Il parvient pourtant à creuser quelques trous dans une trame aussi linéaire, comme Jim et Artie survivant à l’explosion du bâtiment à la nitroglycérine sans strictement aucune explication. Il se révèle également particulièrement affligeant en ce qui concerne les personnages féminins.

Salma Hayek est sublime comme toujours, mais son personnage, hormis inspirer des dialogues bien gras aux mâles, n’a strictement rien à accomplir durant tout le film, même pas à jouer la Damsel in distress, en fait. Rita est juste là, dans le décor. Il en va presque de même pour les Loveless Girls, certes très belles et superbement vêtues. On éprouve de plus le plaisir de reconnaître parmi elles des visages connus des meilleures séries 90’s (Bai Ling, la Jhiera d’Angel, ou Musetta Vander, la mante religieuse de Buffy), mais elles se limitent à une impavide obéissance au docteur et n’ont pas grand-chose à accomplir... sinon d'être tabassées par Jim et Artie, en parfaits gentlemen. Vous me direz, dans le générique des Mystères de l’Ouest, on aperçoit distinctement James West asséner un solide coup de poing à une jeune femme. Pour une fois que le film est fidèle à la série !

Anecdotes :

  • En 2000, le film opéra une véritable razzia sur les Razzie Awards : pire film, pire couple à l'écran (Will Smith et Kevin Kline), pire réalisateur, pire scénario, et pire chanson originale. Un joli tir groupé. Le film fut également proposé pour les catégories de pire acteur (Kevin Kline), pire acteur secondaire (Kenneth Branagh), et pire actrice secondaire (Salma Hayek, mais aussi Kevin Kline pour le déguisement de prostituée !). Aucun membre de la production n’assistait à la cérémonie et c’est Robert Conrad qui vint chercher les récompenses sur scène, afin de claironner son rejet du film (il refusa également d’y effectuer un caméo en tant que Président Grant).

  • Tout en demeurant rentable avec 222 millions de dollars récoltés pour un colossal budget de 170 millions de l’époque, le succès du film demeura bien en deçà des espérances des producteurs. Après intégration de l’inflation, Wild Wild West demeure en 2015 le dix-huitième film le plus cher jamais produit, avec 241 millions de dollars contemporains. Parmi ceux de sa décennie, il n’est devancé que par Waterworld (1995), avec 267 millions.

  • Le projet d’adaptation de la série de Michael Garrison fut en gestation durant la majeure partie des années 90. Un temps pressentis, Mel Gibson et Tom Cruise renoncèrent, respectivement pour Maverick (1994) et Mission Impossible (1996), autres dérivés de séries à succès. La WB confia le projet en 1997 au réalisateur Barry Sonnenfeld et celui-ci opta aussitôt pour Will Smith, avec qui il venait de triompher avec Men in Black. Smith accepta le rôle, se déclarant grand amateur de la série. Pour cela, il renonça à Matrix, ce qu’il estima ensuite être le plus mauvais choix de sa carrière.

  • George Clooney signa pour le rôle de Gordon, mais se désista devant les retards accumulés par la production.

  • Les scènes extérieures des trains se déroulèrent dans l’Idaho et mirent en œuvre des locomotives d’époque. Celle du train de West et Gordon est l’une des plus anciennes encore en activité aux USA. Remontant à 1856, elle fut spécialement restaurée pour l’occasion.

  • La plupart des autres scènes en extérieur ont été filmées à proximité de Santa Fe. Le décor de la ville de Western détruite par Loveless partit effectivement en fumée lorsqu’un incendie se déclara suite au mauvais emploi d’un explosif.

  • L’affrontement entre West et les tueurs semi-mécaniques à l’intérieur de l’araignée fut rajoutée après des séances test où les spectateurs s‘étonnaient qu’en définitive les héros ne jouent des poings pratiquement que contre les belles assistantes de Loveless.

  • Le panorama de Washington montre un Capitole encore en construction en 1869. Or il fut achevé en 1864, sous la présidence de Lincoln et non de Grant.

  • Lors de la cérémonie, on voit le drapeau américain arborer 50 étoiles. Mais en 1869 il n’en comporte que 37, soit le nombre d’états formant les États-Unis.

  • Loveless réclame du Président une capitulation immédiate et inconditionnelle (immediate and unconditional surrender of the United States) Unconditional Surrender était le surnom du futur Président Ulysses S. Grant durant la guerre civile, soulignant son caractère décidé et reprenant ses initiales.

  • La cérémonie à laquelle se rend Grant s’est effectivement déroulée le 10 mai 1869 à Point Summit dans l’Utah. Ce jour-là fut opérée la jonction entre les deux lignes convergentes devant constituer le premier chemin de fer transcontinental américain. L’une des grandes œuvres de Lincoln, l’immense chantier avait débuté en 1864, en partance de Sacramento (Californie) et d’Omaha (Nebraska), ville déjà connectée aux réseaux ferrés de l’est du pays. Cette réussite dynamisa l’économie et accéléra le peuplement de ce qui était encore le Far West, tout en affirmant l’unité de la jeune nation américaine au sortir de la Guerre Civile. L’évènement est depuis passé dans la culture populaire et apparaît dans de nombreux médias, notamment dans l’album Des rails sur la prairie de Lucky Luke. Cette vaste épopée est narrée dans le film Pacific Express réalisé par Cécil B. DeMille (1939), mais aussi actuellement dans l’excellente série Hell on Wheels sur AMC.

  • Le fameux Golden Pike (clou d’or) aperçu dans le film, désormais conservé au musée de l'université Stanford, ne fut en réalité pas apposé par Grant, absent de la cérémonie, mais par l’un des maîtres d’œuvre du projet.

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