Saison 3 1. Adorable mais dangereuse (Lovely but lethal) 2. Quand le vin est tiré (Any old port in a storm) 5. Édition tragique (Publish or perish) 6. Au-delà de la folie (Mind over mayhem) 1. ADORABLE MAIS DANGEREUSE Critique : Vera Miles, Vincent Price, Martin Sheen, casting impressionnant en effet. Mais en fait d'impression, elle demeure mitigée. Le meurtre est bien fichu, bon tempo, bien amené par un jeunot Martin Sheen au regard intense et au dire impeccable. Vincent Price cabotine à souhait. Vera Miles semble se contenter du service minimum. Peut-être le scénario (cette fois mouillant dans la rade des cosmétiques) s'enlise-t-il un peu ? Le début attire l'attention, notamment par la manière dont Columbo se met à titiller son suspect. Ça part bien, pour s'embourber dans une enquête presque banale, sans trop de flamme, bien trop pépère. Peut-être que la résolution de l'enquête ne m'a pas particulièrement subjugué, d'où une légère déception ? La mise en scène de Szwarc reste conventionnelle. L'usage de la grue donne de l'ampleur sur la présentation des extérieurs. J'ai bien aimé les poses, raclements de gorges de Columbo, singulières, insolites. 2. QUAND LE VIN EST TIRÉ Critique : Encore un épisode de Columbo que j'ai vu mille fois et dont les défauts deviennent de plus en plus apparents. J'aimais beaucoup cette plongée dans le monde viticole californien. En bon bordeluche, cet amour, cette dévotion au bon vin me parlent. Carsini (Donald Pleasence) devient criminel pour préserver l'excellence de son vignoble. Et je ne peux m'empêcher d'y déceler comme une circonstance atténuante. Ma foi, j'ai même la nette impression que Columbo n'est pas non plus exempt d'une certaine indulgence à l'égard du meurtrier... Sans doute dans le cas du lieutenant s'agit-il plutôt d'une affinité culturelle, nationale. Ne dit-il pas à un moment qu'entre Italiens, il faut se serrer les coudes ? Toujours est-il que, rarement, on aura vu un Columbo aussi proche de son "criminel". Au duel habituellement acharné, plein d'hypocrisie et d'acrimonie, le scénario a privilégié une relation très rare, un rapport d'amitié, n'ayons pas peur des mots puisque le final le démontre sans ombre : Columbo et Carsini trinquent ensemble avant d'aller au poste. Durant l'enquête, Carsini voit en Columbo un amusant petit Italien, voulant renouer avec ses origines et parfaire une éducation latino-vinicole ratée. Une sorte de rapport de maître à élève se forge progressivement. Columbo semble vraiment se passionner. Même s'il manipule comme toujours son suspect pour arriver à ses fins, il n'en demeure pas moins que son engouement paraît sincère. Si les deux personnages finissent l'épisode en de si bons termes, c'est aussi parce que l'arrestation de Carsini lui est d'un certain secours. Il échappe ainsi à un sort qui lui faisait bien plus peur que la prison. Très rare dans la série qu'un personnage soit aussi soulagé d'être appréhendé ! Il faut à ce stade de la chronique souligner l'énorme part prise par Pleasence dans cette étrange relation que nouent les deux personnages. Il donne à Carsini une dimension sensible extrêmement riche et profonde. Je suis convaincu qu'il offre là une des plus subtiles et brillantes performances d'acteur de toute la série. C'est sûrement d'ailleurs là que réside l'essentiel de l'épisode à mon sens. Donald Pleasence est un acteur au jeu très sûr et qui sait merveilleusement jouer de son physique peu commun. Un crâne d'œuf, un corps volontiers ramassé, et surtout deux petites billes de verre bleues qui peuvent à la fois bercer et lacérer. Pas étonnant qu'on le retrouve parmi les "Blofeld" les plus réussis contre James Bond (On ne vit que deux fois). Ici il manie très bien son physique, avec un personnage à la fois italien par son père et anglais par sa mère, ce qui expliquerait son flegme difficilement maintenu, ses sautes d'humeur quand la passion prend le dessus sur les convenances, ses pouffements de rire qu'il laisse échapper devant la candeur de Columbo, ou bien encore quand le lieutenant le cueille par surprise et admiration. Entre rires et colères, Pleasence opère de finauds va-et-vient. Bravissimo ! Après un dithyrambe pareil, comment expliquer ma froideur ? Quel dommage que pareil personnage, à la si innovante relation avec Columbo, soit nanti d'une intrigue aussi faiblarde ! Elle commet beaucoup trop d'erreurs à mon goût. Le récit est émaillé de petits défauts qui, à la longue, finissent par être trop voyants. D'abord, le maquillage du crime en accident de plongée est trop long, alambiqué, en somme peu crédible. Ensuite, la résolution de l'enquête n'est pas géniale non plus, assez simpliste et, comme pour presque tout l'épisode, il est difficile d'y prendre totalement part, d'y croire vraiment. En effet, on ne peut imaginer qu'un collectionneur de vins si attentionné et passionné soit aussi tributaire d'une cave (peut-on lui donner ce nom ?) aussi peu sûre. En dehors de ce personnage, celui de la secrétaire est convenablement joué par Julie Harris. Et pour les passionnés de série télé, on s'amusera à trouver ici quelques figures récurrentes de la télé américaine. Celle de Dana Elcar, que l'on connait mieux dans le rôle de Pete Thornton dans McGyver. Vito Scotti qui joue souvent les Français ou les Italiens garçons de resto ou cuistots et que l'on retrouve dans pas moins de cinq autres Columbo (Candidat au crime 3.03 – Le chant du cygne 3.07 – Réaction négative 4.02 – Jeu d'identité 5.03 – Portrait d'un assassin 9.01). J'ai beaucoup aimé la scène, très courte mais costaude, d'humour simple avec Robert Donner dans le bar. Une moustache célèbre, une tête très seventies qu'on a dû voir dans à peu près toutes les séries de l'époque, ne me dites pas que vous ne connaissez pas Robert Walden ! Et puis George Gaynes dont on ne peut que se rappeller, par exemple, le rôle dans Tootsie aux côtés de Dustin Hoffman, et qui ici s'essaie à un accent français à se décrocher la tour Eiffel. Notez la petite moustache. Remarquons la détestable prestation boursouflée de Joyce Jillson. Pour finir, une réalisation d'une banalité effrayante parfois (les flous calamiteux pour les plans enchaînés). Que miseria ! Heureusement que Donald et Peter sont là. 3. CANDIDAT AU CRIME Critique : Je trouve cet épisode très bon, très bien écrit avec sa structure bipolaire (entre le meurtre proprement dit et la manipulation ourdie pour le cacher). En effet, dans un premier temps, le sénateur Hayward (Jackie Cooper) tue son aide de campagne électorale par amour, tout en faisant croire que l'on tente de l'assassiner et que le ou les meurtriers se sont mépris sur leur victime. Dans un second temps, il organise une spectaculaire fausse tentative d'assassinat sur sa personne. On retrouve un formidable acharnement, cette méticulosité de Columbo qui a reniflé l'entourloupe en vieil animal à qui on ne la fait pas. La façon dont il assaille les deux tourtereaux est assez stupéfiante de violence. On voit littéralement les coups qu'il assène à Jackie Cooper et à la petite Tisha Sterling dans leurs regards de plus en plus inquiets lors d'interrogatoires qui n'en ont pas l'air mais bien la chanson. Ce qui est fabuleux dans les bons épisodes de Columbo, c'est cette capacité du lieutenant à attaquer ses suspects de manière si finaude qu'il leur est bien difficile de contre-attaquer sans se dévoiler dangereusement. Il faut pointer là encore l'imagination et l'ingéniosité d'écriture des équipes des scénaristes. Ici, il ne s'agit pas d'un combat d'egos mais bien d'intelligences, de convictions entre deux fins stratèges. Malheureusement, en dépit d'une bouille sympathique, Jackie Cooper ne joue pas toujours très juste. Quelques regards et mimiques en disent beaucoup trop long sur la culpabilité de son personnage, de façon trop visible pour être en adéquation avec sa profession et la finesse avec laquelle il a conçu et perpétré son crime. Il manque parfois de sang-froid. Les autres comédiens sont suffisamment convaincants par contre. Ai-je la berlue ? Mais j'ai l'impression que c'est la première fois (j'ai des doutes : je repense au pilote avec Gene Barry) que l'on voit un supérieur de Columbo. Ici, en tout cas, Regis Cordic est assez mis en valeur pour que je note sa présence. IMDB indique que c'est sa première apparition dans la série. 4. SUBCONSCIENT Critique : Un très bon Columbo, décidément cette saison 3 s'annonce prometteuse. Cependant il faut pour cela admettre un postulat de départ qui persiste personnellement à agacer mon scepticisme récurrent : le subliminal. Des photos subliminales sont au cœur de cette affaire, dans le crime comme dans sa résolution. Passé ce léger inconvénient, l'épisode est en tout point remarquable, bénéficiant du grand talent de Stephen J. Cannell qui fait ici ses gammes avant de devenir une figure phare de la série policière américaine des années 80 et 90 (L'agence tous risques, Les dessous de Palm Beach, Un flic dans la mafia, Le fugitif...). La prestation de Robert Culp est encore une fois de très haute volée. Son physique, ses prédispositions et caractéristiques naturelles, sont une nouvelle fois très bien mises en valeur. Il joue à merveille l'arrogance et la vanité de ces gens dont la culture et l'aisance logique portent à leur faire croire qu'ils sont extraordinairement intelligents. Sans aller jusqu'aux théories d'Howard Gardner sur les intelligences multiples, c'est sans doute un des bienfaits de cette série que de démontrer combien le concept d'intelligence est plus complexe que le "bon" sens commun ne nous le laisse à penser. La confrontation entre le docte professeur et l'humble lieutenant soulève une belle poussière d'hypocrisie qui embrume les desseins de l'un comme de l'autre... ou du moins s'y essaie. Progressivement, comme de coutume, les réelles convictions du lieutenant se font jour alors que le criminel s'énerve de plus en plus d'être le jouet des feintes et tergiversations de Columbo. Dans ce petit jeu vient s'ajouter une deuxième victime dont la benoite naïveté ainsi que l'ambition sans scrupule d'entamer une carrière de maître-chanteur vont lui coûter très cher. L'acteur, Chuck McCann, à la physionomie marquante tout autant que sympathique, est une de ces têtes qu'on a vues un peu partout à la télévision : dans Chips, Bonanza, Kojak... et plus récemment dans Mad about you. Petit élément amusant : c'est la première fois à ma connaissance que Columbo fait ouvertement allusion à un épisode précédent (Candidat au crime 3.03) en parlant de l'affaire Hayward qu'il vient de clore, et en indiquant qu'il n'a pas eu le temps de manger. Fait remarquable qui devrait attirer d'entrée l'attention du spectateur : on suit les manigances de Robert Culp sans comprendre goutte à ce qu'il est en train de faire. Ce n'est que progressivement que les morceaux de ce puzzle se mettent en place pour faire sens. Un début très astucieux qui met l'eau à la bouche et lance admirablement un épisode très bien écrit où le spectateur prend un plaisir quasi constant. 5. ÉDITION TRAGIQUE Critique : Retour de Jack Cassidy depuis Le livre témoin de Spielberg, dans un rôle un peu plus convaincant à mon sens, avec une emphase plus maitrisée, moins d'effets de manche, et de risettes intempestives. Je l'ai trouvé propre, précis, en somme beaucoup plus naturel... peut-être aussi plus contrarié par Columbo, ce qui pour le spectateur confine au plaisir enfantin qu'on n'a pas intérêt à bouder. Cet épisode n'est pas loin d'être excellent, n'était ce dénouement un brin complexe, manquant de clarté, d'évidence. Il rappelle d'ailleurs celui de Candidat au crime, c'est un peu le même schéma. Il semble que l'auteur ait apprécié la force massive de l'intervention de Columbo, mais ici la récidive semble par trop "capillotractée", moins percutante. Un goût d'inachevé qui ne doit pas cependant effacer le bon duel plein de fiel des protagonistes. Il ne faut par ailleurs surtout pas oublier le rôle primordial du personnage secondaire joué par John Davis Chandler. Avec une tête parfaite de psychopathe, il incarne un illuminé, naïf ou crétin au choix, ardent défenseur de l'Amérique extrémiste et de l'auto-défense à coups d'explosifs. Il participe de cette atmosphère morbide de l'épisode. La plupart du temps, les personnages de cette série appartiennent à un monde bourgeois, feutré, richissime, de notables en quelque sorte. Or, ici, ce personnage paraît jurer avec ce canevas social habituel. Comme si l'école naturaliste ou ultra-réaliste du cinéma hollywoodien des années 70 venait marquer de son empreinte, de sa présence la série. Même si ce que je vais écrire peut paraître aussi hatif qu'exagéré, j'ai l'impression que Travis Bickle (l'illuminé mythique de Taxi Driver) s'est invité à la fête. Je sais qu'il y a trois ans de différence entre les personnages, mais je cherche là moins une vérité chronologique ni même ontologique qu'une image ou un symbole propre à illustrer un sentiment diffus, celui d'une époque, les années 70, qui voit poindre de drôles de zèbres, des personnages nouveaux, mal rasés, limités intellectuellement, mais des êtres humains, avec des pulsions, et ce, au cinéma comme à la télévision. Columbo n'échappe pas – et c'est heureux – à cette évolution artisitique. D'ailleurs les seventies sont de plus en plus distinguables sur le plan formel dans la série avec des tendances vestimentaires de plus en plus affirmées. Je note encore, comme dans l'épisode précédent Subconscient 3.04, qu'il est fait nommément allusion à l'épisode pénultième Candidat au crime 3.03. Je me demande bien quel est le sens de cette itération. Un épisode par bien des aspects très plaisant, mais dont le dénouement alambiqué atténue quelque peu le souvenir du plaisir procuré tout le long de la lecture. 6. AU-DELÀ DE LA FOLIE Critique : Un Columbo décevant à plus d'un titre avec un des dénouements les plus mauvais que j'ai eu à voir jusque-là dans la série. D'ailleurs s'agit-il vraiment d'un dénouement à proprement parler ? On est en droit de se poser la question. En éludant la résolution de l'affaire par démonstration de preuve, le scénario ne dénoue rien. C'est par la pression affective que Columbo oblige le meurtrier à avouer son crime et non par l'irréfutable logique. À vouloir innover à tout prix, les auteurs parfois perdent le fil de l'enquête et du bon sens. Faute de preuve, Columbo se contente d'accuser le fils pour que le père avoue. C'est indigne bon sang ! De la basse manœuvre, en totale inadéquation avec la jugeotte et les performances columbiennes. Quoiqu'il en soit, là où le fidèle spectateur attend le coup de massue du raisonnement advient une besogne infâme de pression psychologique primaire. Columbo aurait attaché son suspect et l'aurait tabassé à coups de bottin, c'eut été du pareil au même ! S'il n'y avait que cette fin d'épisode désastreuse... Malheureusement, il y a également José Ferrer dont les expressions restent terriblement limitées. Son jeu à l'économie frise... que dis-je, s'apparente en permanence à de la radinerie. À sa décharge, son personnage fait preuve d'un cynisme redoutable, mais on aurait pu voir dans son geste assassin une marque d'amour paternel que l'on ne retrouve pas exprimé par ailleurs. Bref, José Ferrer n'a pas l'air très concerné. L'affrontement avec Columbo n'a même pas lieu. C'est ailleurs que l'on prend du plaisir. Malheureusement, loin de l'essentiel. Quelques clins d'œil amusants. Notamment le petit génie (Lee Montgomery) qui s'appelle Steve Spielberg et dont la bouille rappelle également vaguement celle du cinéaste. Et, évidemment, l'utilisation de Robby le Robot de Forbidden planet (Planète interdite) de Wilcox est sans doute l'intérêt majeur pour le fanatique de ce grand film de science-fiction des années 50. Avec Leslie Nielsen (Attente 1.05 – Jeu d'identité 5.03), Anne Francis (Accident 1.06 – Le spécialiste 2.06), et maintenant avec Robby, les liens entre ce film et la série Columbo sont nombreux. Au générique, le nom de Robert Walker m'a fait sourciller. Le grand comédien Robert Walker, époux malheureux de Jennifer Jones et personnage suprêmement inquiétant dans L'Inconnu du Nord-Express d'Hitchcock, dans ce fameux criss-cross du suspense, toujours vivant à l'époque ? Il me semblait qu'il était décédé dans les années 50. Et puis le nom Walker étant sans doute plutôt fréquent, j'ai pensé qu'il s'agissait d'un homonyme et, paf ! apparaît à l'écran un jeune type qui a tout de Robert Walker, sauf l'âge bien entendu. Son fils sans doute, ce qu'IMDB m'a confirmé plus tard. Portrait craché presque effrayant. Dans cet épisode insipide – n'ayons pas peur des mots – quelques autres petits éléments sont à noter, comme par exemple la mise en avant des balbutiements de l'informatique, rigolos aujourd'hui par leur archaïsme. La petite scène d'introduction avec Columbo est assez marrante. Il vient chercher son chien dans une sorte d'école de dressage car son animal fait déprimer les autres chiens. Ce chien est un autre de ces éléments descriptifs qui, à l'instar de la Peugeot brinquebalante ou de l'imperméable rapiécé, symbolisent la nullité apparente de Columbo qui lui sert de cheval de Troie pour être sous-estimé par ses adversaires. "Le chien" est tellement mou et inutile que Columbo ne parvient pas à lui trouver un nom ni une autre place que la banquette passager de sa voiture. Une sorte de miroir dans lequel Columbo aime à se regarder, flageollant et grotesque, pour mieux convaincre sa proie qu'elle n'a rien à craindre de lui. C'est un personnage important de la série qui prend progressivement une part de plus en plus imposante, surtout pour parer le personnage de Columbo d'un aspect comique renversant les valeurs, et qui a l'avantage de conforter les spectateurs dans leur position privilégiée, celle de ceux qui savent et à qui on ne la fait pas, au contraire des meurtriers. Si quelqu'un peut m'expliquer ce qui est passé par la tête des traducteurs au moment de choisir ce titre français hors de propos... 7. LE CHANT DU CYGNE Critique : Voilà le genre d'épisode pour lequel je n'ai pas toutes les clefs faute d'une culture adéquate. Pour bien en balayer les moindres recoins, il importe de connaître Johnny Cash par cœur. Ayant vu dernièrement Walk the line, biopic sur ce chanteur country, je comprends et apprécie d'autant mieux ce que signifie ce personnage de Tommy Brown, chanteur de country chrétienne. Les chansons, prières au Seigneur, viennent faire écho au début de la carrière de Johnny Cash qui avait tenté de faire son trou dans le gospel. Les rapports entre son personnage et sa femme jouée par une immense Ida Lupino (qui n'en est pas à sa première : elle joue dans Accident) sont en revanche assez éloignés de ceux qu'il avait vécus avec June Carter. Quand je voyais cet épisode et que je ne connaissais pas encore Johnny Cash, je me demandais quelle était la part d'accointance entre le récit et la réalité. Des images de concert achevaient de m'en convaincre. Impression renforcée par l'intonation de Cash en version originale associée à sa gestuelle : il ne joue pas très bien, ce n'est pas son métier, c'est un chanteur-musicien avant tout. En version française, cela passe mieux. Et puis, pas besoin de se pointer le torse en disant I, me et myself à tout bout de champ, à la longue cela se voit, m'sieur Cash. Son rythme est très bon mais sa voix laisse percevoir qu'il tente de jouer. Il y a quelques exagérations, quelques tons en trop parfois. C'est fort dommage parce que cet épisode est très bien bâti et surtout bien mis en scène. C'est peut-être sur ce point que j'ai été ravi. Le tempo de jeu des comédiens, les idées de mise en scène, et l'accompagnement musical sont sans doute les trois éléments majeurs pour expliquer mon grand plaisir à suivre cette enquête. Plusieurs scènes sont formidables et agrémentent le récit, lui donnent un sel particulier avec pour conséquence de maintenir l'attention du spectateur. À titre d'exemple, je citerais les toutes premières investigations de Columbo sur le lieu du crime. Une discussion d'experts se développe entre Peter Falk et John Dehner, envoyé spécial d'une compagnie d'assurance. Le balancement du personnage entre une enquête rendue soudain fort intrigante par Columbo et l'équipe de journalistes venus l'interviewer est encore une judicieuse idée de mise en scène. J'évoquerais volontiers le dialogue entre Columbo et Lucille Meredith (qu'on avait déjà vue dans Candidat au crime 3.03) dans l'atelier de confection : savoureux moment, ou bien encore l'exceptionnel numéro de charme auquel se livre Vito Scotti (six Columbo à lui tout seul : Quand le vin est tiré 3.02 – Candidat au crime 3.03 – Le chant du cygne 3.07 – Réaction négative 4.02 – Jeu d'identité 5.03 – Portrait d'un assassin 9.01) dans son meilleur rôle sans doute : un croque-mort qui essaie de convaincre vainement Columbo de souscrire une convention obsèques. Je ne sais si c'est la faiblesse de jeu de Cash qui a incité les scénaristes à incorporer au script des saynètes-parures assurées par des comédiens confirmés ? Possible. Quoiqu'il en soit, cela fonctionne merveilleusement ; pour ma part, je suis conquis. On a droit encore une fois à une séquence jouant sur les piètres aptitudes physiques du lieutenant Columbo à son retour d'un périple en avion. Il met un certain temps à s'en remettre pour notre plus grand et cruel bonheur. L'épisode oblige également le spectateur à accepter un préalable a priori difficile à avaler : le crime perpétré par crash d'avion. Tommy Brown (Cash) tue sa femme (Lupino) en sautant en parachute et en laissant l'avion s'écraser. Malgré cela, le foisonnement d'idées décoratives ou structurelles au scénario rend la lecture très homogène et crédible. Du début à la fin, on est accroché. Les scènes finales de l'aéroport ménagent une sorte de suspense improbable : comment ? Columbo va-t-il laisser filer sa proie ? Est-ce possible ? Le dénouement, à cet égard, est bien fichu. Un très bon épisode en dépit de caractéristiques qui auraient pu constituer de graves déséquilibres et qui est épicé de musique rock country au rythme qui se laisse diablement retenir, du moins à qui l'oreille et les goûts en donnent la permission. J'aime beaucoup cet épisode malgré le jeu de Cash, lequel ne manque pas de charme pourtant, une espèce de sympathie naturelle qui donne à sa relation à Columbo un attrait bien spécial. Columbo a rarement été aussi faux-derche, manipulateur, et néanmoins l'on sent qu'il apprécie son "assassin". On est très loin des batailles acharnées et féroces, mais c'est tout de même une rencontre charmante. À noter la courte apparition de Sorrell Booke (le Boss Hogg de Shérif fais-moi peur) en manager de Tommy. 8. EN TOUTE AMITIÉ Critique : Pour mettre un terme à cette très belle saison 3, ces messieurs nous ont offert un superbe feu d'artifice. Cet épisode est excellent, en tous points. Mais c'est le scénario qui constitue l'atout premier de cette enquête. D'abord, on découvre avec grand intérêt une nouvelle structure : un meurtre déjà commis, atrocement banal : un homme lors d'une dispute domestique tue sa femme. Il appelle Richard Kiley qui vient maquiller le meurtre en crime de cambrioleur. On se demande bien pourquoi il opère ainsi. Il a pourtant une belle tête de salaud. Avec sa barbichette shakespearienne, on aurait tôt fait de lui accoller le rôle de l'assassin, ce qu'il ne manque de faire au milieu de l'épisode en tuant son épouse. Il demande, en fourbe que son physique nous poussait à prévoir, à son "collègue" de lui rendre la pareille. Et vlan ! nous voilà avec le fameux et brillant criss cross de L'Inconnu du Nord-Express du grand Alfred. Sublime mise en scène. Et bien malin le Columbo qui démêlera les fils de cet embrouillamini gigantesque. D'autant plus que Richard Kiley est parfait dans un rôle de notable californien, plein de morgue et de certitude que son statut social lui assure au sein même des autorités policières (il est une sorte de commissaire de police). Autant dire qu'il va être jubilatoire de suivre cette auguste personne marcher sur les plates-bandes de notre Columbo. En effet, il passe l'épisode à lui faire la leçon, à l'écraser, lui donner des ordres, quémandant un rapport d'enquête qui ne viendra jamais. Parmi les clés du succès de Columbo, il y a cette sorte de revanche puérile qui sommeille au fond de nous tous, celle de l'employé qui n'a pas les moyens de rabattre son caquet au supérieur. Columbo nous offre cette opportunité et c'est toujours un grand plaisir que de le voir feinter l'autorité, toréer la condescendance ou l'ire hiérarchiques. Comme je l'ai déjà noté dans les épisodes précédents, la série continue de flâner dans de nouveaux environnements sociaux, les plus bas. Pendant longtemps, le lieutenant se voyait invariablement dirigé vers les hautes sphères de la société. Ici, le voilà contraint de cotoyer la plèbe en la personne de Val Avery qui a déjà joué dans Columbo deux autres fois (Poids mort 1.03 et Le grain de sable 2.03), et on le retrouvera dans un autre plus tard (Jeu d'identité 5.03). Dans un décor très seventies, un bar où ne picolent que de vieux croutons largement imbibés et au délabrement déjà très avancé comme le démontrent leurs gueules et tarins patibulaires (mais presque...), Columbo pousse son enquête jusqu'au fond d'une salle de billard aux murs rouges qui rappelleront aux amoureux de De Palma la sublime scène orchestrée de Carlito's way. Columbo colle bien à son époque, j'applaudis. Je continue de battre des mains en découvrant ces petites scènes qui sortent de l'ordinaire de l'enquête pour rentrer dans celui du quotidien. Là, c'est encore une de ces saynètes qui donnent à Columbo l'humanité et la simplicité qui habillent le personnage et le rendent, ô combien ! sympathique. Une banale panne de voiture le contraint à faire du stop en plein milieu du téléfilm. La cassure de rythme pourrait être dangereuse, elle se révèle salutaire, comme une petite bouffée d'oxygène. Jusque-là on avait été maintenu au cœur de l'intrigue. De temps en temps, une petite fenêtre comique ou incongrue aère un peu le récit. Et pour finir, mes aïeux, quel final ! Le piège que tend Falk avec l'aide d'Avery est totalement inattendu et imparable : superbe échec et mat, un des tout meilleurs coups de théâtre de la série, assurément ! Je vous défie de le voir venir. Un chef-d'œuvre. Beaucoup d'éléments qui font de cet épisode un de mes favoris. Un coup sûr. À noter que, à la réalisation, Gazzara maîtrise son sujet et ses acteurs avec brio. Crédits photo : Universal Pictures. Images capturées par Sébastien Raymond. |
Saison 2 1. Symphonie en noir (Étude in Black) 2. Dites-le avec des fleurs (The Greenhouse Jungle) 5. Requiem pour une star (Requiem for a Falling Star) 6. Le spécialiste (A Stitch in Crime) 1. SYMPHONIE EN NOIR Critique : Attendrissant de voir s'associer pour l'occasion les redoutables partenaires que sont Peter Falk et John Cassavetes, mais il est vrai qu'on peut nourrir quelques légers regrets. Les deux compères ne semblent pas s'en être donné à cœur joie, du moins autant qu'on le rêvait. Cassavetes paraît un peu sage. Celle qui se taille la part du lion, c'est bien plutôt la blonde Blythe Danner, aux yeux d'un bleu si émouvant. Quel délice de retrouver également dans un rôle secondaire, mais important, une Myrna Loy en pleine forme. Une paire de dames gagnante ! L'histoire en elle-même est amusante, bien écrite. Elle prend pour cadre le magnifique autant que bizarroïde Hollywood Bowl. La résolution de l'enquête n'est pas fameuse par contre. Le piège rhétorique tendu par Columbo est un brin tiré par les cheveux. Le personnage de Cassavetes aurait largement pu le contourner. Léger. Aussi retiendrai-je plus l'aspect tendre et émouvant de la fin. Curieusement, le vétérinaire appelle le lieutenant "Bob", alors que son prénom n'est jamais censé être prononcé dans la série. Cela rentre cependant en contradiction avec la carte de police du lieutenant, vue à deux reprises dans d'autres épisodes. Enfin, l'étude du titre est la n°1 de l'op.25 en La bémol majeur de Frédéric Chopin (1837), surnommée "La harpe éolienne" (ou "le petit berger" d'après le compositeur lui-même). 2. DITES-LE AVEC DES FLEURS Critique : Un an après avoir réussi un joli coup sur Faux témoin, le vieux Ray Milland s'accorde un plus grand plaisir avec un rôle encore plus central dans un autre Columbo. Il y est cette fois le criminel et tente de rabattre son caquet au pot-de-colle en imper. Cela restera sa dernière participation à la franchise malheureusement ; son œil narquois et son allure arrogante faisant merveille pour toiser le petit Falk. Cette enquête voit l'apparition de Bob Dishy en collègue de Columbo, aussi zélé que maladroit. Il joue parfaitement son rôle, impétueux et bon élève, contraste saillant qui accentue la position du vieux sage, auguste et généreux dans un premier temps, malin et habile manipulateur surtout en deuxième couche. Sans doute est-ce cette dualité qui fait tant le charme du personnage que sa complexité : mélange de fascination et de mythologie. Le bât blesse par contre sur le casting secondaire ; Sandra Smith est à ch... n'ayons pas peur des mots, ses expressions sont récurrentes et simplistes. Pas étonnant qu'elle n'ait pu faire que des séries télévisées. Sa filmographie est éloquente, la pauvre ! On la verra de Mannix à Starsky et Hutch en passant par Bonanza ou L'Homme de Fer, glisser d'un rôle commun à un autre sans que sa présence n'émoustille Hollywood. Columbo, lors du dénouement de cette intrigue, emprunte énormément dans la réunion finale aux mises en scène de l'Hercule Poirot d'Agatha Christie (l'inénarrable Belge était par ailleurs un amateur de la comédie de l'idiot pour endormir les soupçons des meurtriers), et ça fonctionne magnifiquement. Le retournement définitif est merveilleusement amené, "assené" devrais-je dire. 3. LE GRAIN DE SABLE Critique : Un très bon Columbo. Encore une fois qui doit beaucoup à la performance irritée d'un Robert Culp tendu comme un string. D'ailleurs, la plupart des comédiens de ce téléfilm sont très bien mis en scène et donnent de bien belles prestations, à l'exception de Susan Howard qui m'a très vite tapé sur les nerfs à force de gesticulations hystériques trop démonstratives. Val Avery, James Gregory, Dean Jagger, les vieux de la vieille en somme, m'ont fait forte impression. 4. S.O.S. SCOTLAND YARD Critique : Les amateurs de Chapeau melon salueront la présence d'Honor Blackman, l'indomptable Cathy Gale des saisons 2 et 3 de l'immortelle série britannique ! Par ailleurs, notons une petite spécificité de ce téléfilm : il est l'un des rares épisodes à se dérouler hors de la Californie (si ce n'est pas le seul, j'ai souvenir d'un Columbo qui se déroule sur un paquebot, En eaux troubles avec Robert Vaughn et... Patrick Macnee !). Cette distinction ne m'a pas paru apporter le petit plus escompté. C'est un point de vue personnel, évidemment, mais l'aspect touristique exagérant la clownerie du lieutenant pour donner une teinte humoristique m'a franchement déplu, virant au burlesque hors-sujet par moments. L'humour tournant autour du cliché de l'américain type voyageant en débordant de curiosité enfantine et de maladresse devant les richesses de la vieille Europe est un procédé humoristique qui ne m'atteint que très rarement, pour ne pas dire jamais - le procédé est si lourdingue. Certes, j'imagine que cette option scénaristique a été conçue pour abaisser l'image du détective auprès des anglais, et par conséquent réhausser sa valeur dans le dénouement. Malheureusement, cette reconnaissance attendue n'advient pas vraiment, le personnage joué par Bernard Fox étant pour le moins avare d'expressions. S'il ne s'agissait que de cela, j'aurais sans doute beaucoup plus apprécié le téléfilm. C'est dans le jeu de Richard Basehart que le bât blesse davantage. Dans une moindre mesure dans celui d'Honor Blackman. Je suis parfaitement conscient que je me laisse ici, comme ailleurs bien souvent, plus ou moins guider par ma libido. Or, cette femme, à l'époque âgée de 45 printemps, est tout simplement d'une beauté encore bien émoustillante. Je la trouve superbe, d'une finesse et d'une féminité des plus séduisantes. Que voulez-vous ? Je n'y peux rien. Il me faut aller chercher profondément en moi-même pour admettre qu'elle passe parfois par des tonalités aiguës dans son jeu qui laissent un peu à désirer, en-deça de ce que cette grande comédienne nous donne habituellement. Alors, avouons que ces deux-là ont des circonstances atténuantes : ils jouent des comédiens de théâtre britanniques comme se les imaginent les américains : des fous passionnés de leur art, au point de tuer pour continuer à rester sur scène, cabotineurs en diable, évoluant dans une perpétuelle représentation, une exubérance obligée. C'est ce qui m'a plutôt éreinté. Fallait-il aller autant vers ces sommets d'emphase ? Pas sûr. Parmi les comédiens que je suis heureux de retrouver, il y a d'abord John Williams (Le crime était presque parfait) qui joue là un rôle très court de victime, et puis surtout Wilfrid Hyde-White en majordome select et pas si honnête qu'il en a l'air. Il est le type même de l'acteur anglais que l'on a vu un peu partout, toujours dans des rôles aristocratiques ou domestiques, et qui ne semble pas avoir eu la chance d'être jeune un jour. Je note un étrange et désagréable contraste entre les extérieurs au flouté hideux avec une image un peu baveuse, et des intérieurs très nets et purs, plus en accord avec la belle photographie que l'on retrouve habituellement dans la série. L'intrigue en elle-même est plutôt bonne. La résolution de l'affaire se fait de manière à mettre en valeur un des aspects de la personnalité de Columbo que l'on retrouve parfois dans ces téléfilms, à savoir son espièglerie, élément très plaisant. En conclusion, je pourrais dire qu'il s'agit d'un Columbo que j'aurais aimé plus apprécier. Voir l'extrait du site avec Honor Blackman (VF) 5. REQUIEM POUR UNE STAR Critique : Un titre qui sonne juste pour un excellent épisode. Juste parce que le casting de ce téléfilm invite à voir trois grandes stars. All about Anne Baxter d'abord, Mam'zelle Eve de M'sieur Mankiewicz, Mel Ferrer qu'on a vu partout sans trop lui trouver un rôle assez marquant qu'on lui accolerait illico à l'évocation de son nom, et surtout – en ce qui me concerne du moins, ce fut une énôrmissime surprise de la découvrir là – La Edith Head, yes, Ze Edith Head en personne dans une apparition clin d'œil, courte mais souriante. Cette femme est une star du costume hollywoodien, on ne compte plus les grands films qu'elle a drapés : 419 films en costume designer ! Cette femme est une géante. Chouette surprise donc, Edith Head dans Columbo... je n'en reviens toujours pas. Pour en revenir aux comédiens principaux, Anne Baxter noue une relation très intéressante avec Falk, tout en subtilité, finesse, mais également – et je crois que c'est nouveau dans la franchise Columbo – avec une sorte de parade de séduction. Un nouvel enjeu se fait jour : Columbo, tout à sa dévotion pour la star Nora Chandler (Baxter), saura-t-il faire abstraction ? Ou bien de manière plus honnête, car les spectateurs ne sont pas aussi dupes : comment s'y prendra-t-il pour dénouer le dilemme ? Afin de bien illustrer cet enjeu d'apparat, Baxter parvient avec classe à donner à son personnage la bonne dose de discipline et d'élégance, un savant mélange auquel Falk répond par une subtilité heureuse, la délicatesse qu'on lui connaît. Une autre des facettes d'un personnage fascinant et attendrissant. Excellent parce qu'outre ce casting efficace et jouissif, le téléfilm est surtout le produit d'un scénario vachement bien écrit. Cela faisait longtemps que je n'avais pas été autant saisi par une intrigue policière. Bien ficelé, le récit est net, précis, et va droit au but. Des chausse-trappes efficaces, des rebondissements maîtrisés et percutants. Richard Quine, un cinéaste que j'oserais qualifier d'inégal, offre encore une réalisation malheureusement très plate, plan-plan, banale. Ma foi, il vaut mieux parfois que les cinéastes faiblards s'effacent devant le scénario ou les comédiens plutôt que de saboter leurs valeurs en boursouflant la mise en scène. 6. LE SPÉCIALISTE Critique : Le lieutenant Columbo se promène ici dans les couloirs d'un hôpital, enquêtant sur le meurtre d'une infirmière, laquelle soupçonnait à juste titre un chirurgien d'avoir préparé la mort prochaine de son supérieur en utilisant du fil de suture dégradable lors d'une intervention chirurgicale au cœur. Cette immersion ne se fait pas sans soucis pour le lieutenant, sujet à quelques troubles phobiques à l'égard de ce milieu morbide, ce qui nous vaut plusieurs scènes comiques qui permettent une fois de plus de mettre Columbo dans une position affaiblie, ridicule, qu'il affectionne néanmoins à l'heure de porter l'estocade à son adversaire. Cet effet de surprise est relevé dans cet épisode par une belle opposition que lui propose son adversaire extrêmement froid et cynique, à la fois sûr et maître de sa personne, mais obligé de colmater les brèches de ses meurtres mal négociés, faisant de lui un des meurtriers les plus actifs en terme de quantité de victimes, et, il faut le dire, un des plus maladroits en terme de qualité. Cet épisode peut se prévaloir d'un casting de haute qualité avec en première ligne un Leonard Nimoy échappé de son Star Trek natal, à la figure aussi froide que tourmentée, cependant sans étincelle particulière. J'aurais bien senti un Christopher Lee sur ce rôle ! On remarquera également dans la bande musicale des percussions qui font immanquablement penser à celles que Goldsmith a plantées dans La Planète des singes. À vrai dire, je me demande si cette filiation ne concerne pas plus d'un épisode de Columbo ni même plus d'une série télé américaine des années 70. Quoiqu'il en soit, c'est le genre d'accompagnement musical de l'action qui me plaît bien, correspondant à toute une époque. Appréciation toute personnelle et emprunte de nostalgie. Par contre, j'aurais moins d'enthousiasme à évoquer le dénouement, donnée pourtant primordiale pour apprécier un bon Columbo. La manière dont Columbo prouve la culpabilité du meurtrier est bien souvent la cerise sur le gâteau. Ici, le tour de passe-passe paraît un peu tiré par les cheveux, plutôt décevant et sans classe. Je préfère m'arrêter sur le bel acharnement de Columbo, son esprit offensif prenant peu à peu le dessus sur ses malaises, et offrant à son adversaire une très belle et violente confrontation. 7. MATCH DANGEREUX Critique : Un bon petit cru, mais comme dans Le spécialiste, le dénouement n'est pas à la hauteur, il se termine sur une légère déception, une perte de percussion. Si l'on prend la peine de réfléchir deux secondes à la résolution de l'énigme, il ne s'agit pas de preuve à proprement parler que révèle l'intelligence de Columbo, mais une très forte présomption : le cas n'est pas totalement résolu finalement. Malgré ce petit bémol, l'épisode est de haute tenue. D'abord le meurtrier affiche une assurance et une vanité qui relèvent d'autant plus le challenge de le prendre en défaut. Et puis, j'avoue avoir apprécié l'immersion dans le millieu des échecs, même si évidemment les personnages sont caricaturaux. Voilà une autre de ces données qui ont participé au succès de ces téléfilms : les différents environnements dans lesquels Columbo va enquêter. Sans doute le spectateur se plaît-il à voyager ainsi, accompagné du même personnage, dans un même canevas scénaratique, dans des endroits chaque fois différents (quoique toujours huppés : à quand Columbo dans une usine à crack entre filles de joie et junkies ?) ; ce sont là des voyages livrés avec certaines garanties de qualité. Beaucoup de gens éprouvent une réticence à prendre des risques ; aussi trouvent-ils très agréable de retrouver un confort dans la récurrence d'un personnage et d'une trame. Malgré tous ces petits défauts, un bon petit téléfilm, qui finit mal et débute... mal. Les effets spéciaux pour illustrer le cauchemar sont d'une pauvreté technique affligeante. Critique : Il y a dans ce téléfilm de quoi prendre son petit pied, et pourtant je ne peux m'empêcher de peu le goûter. C'est plus fort que moi, cette histoire de jumeaux ne me convient pas. Il y a quelque chose qui cloche et je crois savoir quoi : le procédé de mise en scène qui consiste à présenter Martin Landau sur deux plans différents pour suggérer la gémellité. Si mes souvenirs sont bons, on a droit qu'à un seul plan où les frères jumeaux apparaissent "côte à côte". Nous sommes pourtant à une époque où une série comme Le Prisonnier pouvait déjà faire apparaître en double le même acteur sur un seul plan durant tout un épisode. Ou alors, c'est le fait de connaitre Martin Landau et par conséquent l'espèce de supercherie technique que la mise en scène veut nous faire avaler et qui engendre une sorte de gêne. Il est vrai que la plupart du temps les deux frères qui se haïssent s'évitent. Mais peu importe, j'ai eu du mal à entrer complètement dans cette intrigue. J'étais bien plus attiré par le comique de situation dans lequel nous embarque un Columbo maladroit face à Jeanette Nolan, gouvernante aussi maniaque qu'autoritaire. Encore qu'à la longue, certains pourront s'en lasser parce que ce comique est très répétitif. D'autres, comme moi, se seront bien amusés à voir Peter Falk improviser dans la scène de l'émission télé culinaire. Au final, un Columbo pas épatant, plutôt agréable, correct. Une saison 2 qui ne se termine pas en beauté en somme. Crédits photo : Universal Pictures. Images capturées par Sébastien Raymond. |
Saison 1 Pilote 1 (1968) : Inculpé de meurtre (Prescription : Murder) PILOTE 1 – COLUMBO : INCULPÉ DE MEURTRE Critique : Excellent premier pilote (la série en compte deux). Amené sur un étonnant générique jazzy à la Mannix, encore bien ancré dans la culture télévisuelle américaine des années 60, les tonalités pleines de percussion font ensuite penser à la BO de Goldsmith pour La Planète des singes, tandis que les hululements électroniques donnent une teinte bizarrement science-fiction. Autant dire que l'accompagnement musical fait montre d'errements pour le moins perturbants parfois. C'est bien là le seul point un tant soit peu négatif du téléfilm ; et encore, certains y trouveront un certain charme. Le scénario remplit le cahier des charges qui sera la marque de la série : le duel acharné entre l'inspecteur roublard, néanmoins sous-estimé, et l'ego surdimensionné du meurtrier à l'arrogance aveuglante. La lente toile que tisse Columbo et qui finit par exaspérer l'assassin est si judicieusement agencée que c'est un plaisir considérable de suivre cette confrontation complexe, avec en point d'orgue un dénouement spectaculaire. La réalisation, très marquée par son époque – dans la photographie (lumières, couleurs) mais aussi dans l'aspect général (décors, maquillage et costumes) – ne manque pas de style cependant. J'ai apprécié également la justesse des comédiens ; Gene Barry n'atteint pas des sommets mais joue de manière assez juste la fatuité de son personnage. C'est la performance de Peter Falk et la tonalité particulièrement agressive de ce Columbo qui frappent surtout. Non pas du point de vue de l'acharnement qu'on lui connait tout le long de la série, mais plutôt cette abnégation virant à la violence (la scène où il tente de faire avouer la complice), ce harcèlement policier qui sera moins évident dans les téléfilms suivants. Quoiqu'il en soit, c'est une entrée en matière punchy à souhait, et maîtrisant déjà les subtilités du personnage et de la confrontation intellectuelle, psychologique, et morale avec le meurtrier. PILOTE 2 – COLUMBO : RANÇON POUR UN HOMME MORT Critique : Pour ce second pilote, les créateurs ont privilégié un tout autre type de confrontation entre le criminel et l'enquêteur. Il y a entre Columbo et les femmes criminelles une sorte de relation de séduction. Le scénario permet aux femmes de bien décrypter le jeu de dupes, parfaitement huilé, que met en branle le lieutenant, à savoir sa fausse gaucherie, ses questions à côté de la plaque, etc. Passer pour un imbécile afin de mieux percer le secret de son enquête, en somme. Et sur ce pilote, c'est bien de dévoiler d'entrée de jeu la mécanique Columbo qu'il s'agit de mettre en lumière, grâce à la relation privilégiée, encore dans un jeu du chat et de la souris, entre un Peter Falk bien plus porté à la comédie que dans le premier épisode, et une Lee Grant tout en finauderie. Ce qui déplaît un peu plus est la relation conflictuelle, annexe, entre la criminelle et la fille de la victime, qui me paraît moins importante et quelque peu mal dégrossie, surtout avec le jeu problématique de Patricia Mattick (ado écervelée). Si l'on se contente de la relation Falk/Grant, le téléfilm est assez satisfaisant. Sur le plan cinématographique, si l'on peut dire pour un téléfilm, la mise en scène est assez conventionnelle mais plus alerte. Elle prend plus de risques pourtant que celle du premier pilote ; il y a des zooms, des travellings, un peu plus d'audace, mais c'est très loin d'être bluffant et innovateur comme dans d'autres morceaux de bravoure columbiens. Et toujours cette base musicale étrange, très seventies, qui fleure bon les séries et téléfilms de cette époque-là. 1. LE LIVRE TÉMOIN Critique : Un des tous premiers Columbo. Signé par un Steven Spielberg qui réalise la même année son premier grand film, Duel. Et difficile de retrouver la patte Spielberg : il est bien jeune encore et n'a pas trouvé son style, si ce n'est sur quelques bouts de pellicules : le tout début du film avec le claquement de la machine à écrire couplé à l'arrivée de la voiture de l'assassin, quelques plans encadrant les personnages dans les intérieurs ou qui les insèrent dans de grandioses décors extérieurs (L.A. ou lacs près de San Diego), l'usage de contre-plongées montrant l'arrogance du personnage joué par Jack Cassidy, etc. Je ne sais si c'est à force de le regarder, mais le scénario de ce téléfilm semble perdre un peu de son éclat. Jack Cassidy est par moments un peu trop présomptueux pour être vrai. Son charisme et la portée de son meurtre (par conséquent de son élucidation par Columbo) s'en voient amoindris. D'une certaine façon, le téléfilm perd de son charme. Et Columbo reste un peu trop en dedans, ne s'affirmant et ne montrant les dents que sur les toutes dernières minutes. Le duel... n'a pas eu lieu ; ou alors de manière beaucoup trop subtile pour atteindre son objectif, celui de pimenter la résolution de l'énigme. Pour cette raison, je m'abstiendrais de le mettre parmi les grands Columbo, malgré le nom du réalisateur. 2. FAUX TÉMOIN Critique : Un très bon Columbo, très riche, juteux, rassasiant. Cet épisode n'est pas loin d'être parfait dans son genre. Je ne vois guère de grain de poussière dans la belle machinerie qu'on nous présente là. L'histoire est très bien menée. Elle fait la part belle à une superbe confrontation. L'adversaire de Columbo est de belle stature. Sur le canevas habituel, il commence à éprouver un profond mépris pour la naïveté apparente de Columbo. Progressivement, la condescendance laisse place à la colère, l'irritation, pour finalement tenter la flagornerie, en vain. D'ailleurs à ce propos, c'est, me semble-t-il, un des rares épisodes où le criminel essaie de corrompre le lieutenant. D'habitude, c'est plutôt à une entreprise de séduction (souvent avec les femmes) ou bien à un duel continu que l'on a droit. Robert Culp, en héritant d'un personnage aussi fourbe et calculateur, entre dans la série (il y reviendra le bougre !) avec gourmandise, et offre une performance somptueuse. On note également la première apparition de Ray Milland (lui aussi reviendra dans Dites-le avec des fleurs !) en mari de la victime. Décidément, un épisode qui plaît à tout le monde. La réalisation s'essaie à quelques effets qui donnent une sorte de plus-value au téléfilm. Ça commence d'ailleurs de suite avec une superbe entrée en matière : des coups de feu dans le noir, avec un montage très vif entre la cible, le revolver, les coups de feu, et un personnage dans le noir. Ensuite, l'épisode demeurera très souvent dans une sorte de pénombre, que ce soit les entrevues de Falk et Culp dans son bureau, ou de Falk et le golfeur (Brett Halsey), ou bien encore le dénouement dans le garage. Ce parti pris ténébreux ajoute une esthétique "film noir" à l'intrigue. Et puis, dans les innovations, on pense aussi bien évidemment au meurtre lui-même, avec des ralentis et des inserts intéressants. Bien vu, bien fichu. Bon scénario, bonne mise en scène, bons comédiens : que demande le peuple ? Critique : Un Columbo acceptable pour la prestation d'Eddie Albert. La jolie Suzanne Pleshette a eu droit (et je me demande bien pourquoi) à des plans flous sur la majeure partie du film. Bien étrange. Elle semble jolie. Mais pourquoi un tel acharnement à ne pas montrer ses traits de manière aussi nette que pour Falk et Albert ? Elle avait une peau si sale ? Elle n'a pas voulu coucher avec le chef opérateur ? Bon, passons, mais ce genre de petit trouble dans la manière de filmer, on le retrouve dans bien des plans. La mise en images n'est pas du tout affriolante et le mode "téléfilm" se fait ici assez souvent sentir. Par moments dans la série, cela peut avoir son charme. Ici, ça me perturbe. En ce qui concerne le personnage Columbo, le scénario me paraît un peu plus grossier dans son approche. J'entends par là que la manière dont le lieutenant attaque bille en tête son suspect n'est pas d'une finesse habituelle. Et paradoxalement, les dialogues sont des plus savoureux. Exemple type de ce paradoxe déconcertant : la scène où le criminel revient au port après avoir foutu son cadavre à la mer, il tombe sur Columbo, en imperméable bien entendu, avec une pauvre canne à pêche à la main. L'astuce de Columbo est d'une lourdeur pitoyable, mais elle permet aux deux protagonistes d'entamer un superbe dialogue sur la pêche plein de sous-entendus sur le crime. Mais à bien y regarder, outre le final, cette scène constitue sans doute le seul élément de pur bonheur. Une curiosité : un des mystères de la série est le prénom du lieutenant, que l'on n'entend jamais. Ici, un arrêt sur image sur sa carte de police permettra au téléspectateur de le connaître. Cela sera d'ailleurs confirmé lorsque l'on reverra la carte dans Une affaire d'honneur (saison 5). Cela n'explique toutefois pas le "Bob" de Symphonie en noir en saison suivante. Pas grand-chose d'autre à se mettre sous la dent. Musique, image, et intrigue ordinaires. 4. PLEIN CADRE Critique : Il y a quelque chose qui me chiffonne dans ce Columbo. Je crois avoir une ou deux idées là-dessus. D'abord Ross Martin, comédien pour qui j'ai une sorte d'affection que j'ai envie de croire séculaire, de celles qui naissent au cœur de l'enfance quand on apprend à lire et à écrire, mais également à rêver devant ces images qui bougent, devant Les Mystères de l'Ouest par exemple. Ross Martin, pour moi, c'est d'abord Artemius Gordon, un personnage avec son sourire et sa malice, personnage gravé dans ma boîte crânienne aussi bien que dans mon ventricule gauche (le droit à James West). Aussi, quand je le vois dans Allo Brigade spéciale de Blake Edwards ou ici dans ce Columbo, dans lesquels il joue des criminels à la machoire serrée, au visage fermé, il doit se passer une sorte de rupture qui, inconsciemment, me fait rejeter le personnage et l'épisode. C'est totalement injuste car ce téléfilm a de nombreux éléments positifs à faire valoir et que Ross Martin est un très bon comédien, jouant ici un beau salopard manipulateur. La production a misé sur le prestige de son casting. Outre Ross Martin dans le rôle principal, on retrouve avec délice Miss Brando dans Un tramway nommé Désir ou Zira, Miss Cornélius dans La Planète des singes, à savoir Kim Hunter, en petite écervelée, toute gaie, pimpante et insouciante. Elle et ses grands yeux ébaudis apportent une touche de fraîcheur à un scénario qui en manque par moments. J'aime beaucoup cette paire d'yeux (je l'ai d'abord découverte sous les traits de Zira). J'ai été enthousiaste lors du générique de découvrir Don Ameche, le facétieux et amoureux Henry Van Cleve dans Le Ciel peut attendre de Lubitsch. Malheureusement, son rôle est peu développé. D'ailleurs, le sien et celui de Kim Hunter apparaissent bien tardivement. Dans cet épisode, j'ai bien aimé l'immersion un brin railleuse du scénario dans le monde des peintres. La scène où Columbo entre dans l'atelier d'un peintre pendant une séance avec une modèle déshabillée est très drôle. Falk joue parfaitement la gêne du lieutenant en constraste avec le naturel des autres personnages présents. J'ai longtemps dédaigné ce téléfilm en raison de son dénouement que je trouvais tiré par les cheveux et peu astucieux. Or, la dernière "revoyure" m'a fait complètement changer d'opinion. Je l'ai trouvé percutant. Un joli uppercut à la face du criminel, imparable. Connaissant le final, j'ai savouré avec avidité la méthode Columbo, comment le lieutenant amène son coup de théâtre. Hé bien oui, habilement. Un épisode habile malgré un crime initial au montage un peu trop grossier je trouve. Critique : Pépère. Sans grande aspérité sur laquelle accrocher son enthousiasme. Sauf peut-être la bonne mine sympathique de Leslie Nielsen qui fait montre là de sérieux et s'en tire élégamment. Le personnage joué par Susan Clark ne renvoie pas très bien la balle. Elle est immature, fait preuve d'une intempérance qui prête un peu trop le flanc aux coups et à la sagacité de Columbo. Le match n'est pas équitable. D'autre part, le dénouement n'a rien d'extraordinaire, il est connu dès le départ. Le crime est mal organisé. Peu de classe. Pas très bien écrit somme toute. Amusants les petits rôles : comme Richard Anderson en victime, ou bien Jessie Royce Landis (la maman de Cary Grant dans La Mort aux trousses) dans son dernier rôle, elle mourra un an après. Critique : Très joli final. Bien orchestrée, cette grimpette dans les cîmes a même quelques airs hitchcockiens par instants. J'ai beaucoup aimé l'accompagnement musical, osé, marqué par son époque, jazzy-pop-disco. J'ai beaucoup aimé également le cabotinage de Roddy McDowall. Un rôle clé en main qui lui colle parfaitement à la peau. J'ai aimé les rôles secondaires des miss Lupino et Francis, en nostalgique du noir pour l'une, de Forbidden planet pour l'autre. Je n'ai pas aimé certains plans techniquement ridicules : au début, l'arrivée de McDowall est d'une laideur ! Mais Abroms se rattrape lors du meurtre et sur l'ensemble de l'enquête, fort heureusement. 7. UNE VILLE FATALE Critique : Joli bonbon. Sur un scénario original pour un Columbo – on ne suit pas le criminel dans l'intégralité de son action, et donc, on ne découvre la solution qu'à la toute fin – le téléfilm s'approche de la perfection sur les éléments fondateurs de la série. D'abord, sa force provient bien souvent de la confrontation du criminel et du lieutenant. Ici encore les dialogues, pleins de sous-entendus, sont d'une ironie mordante. Le duel O'Neal/Falk est bien souvent savoureux, à fleurets non mouchetés pour le coup : les saillies sont indirectes mais non moins violentes. Pour que cet élément soit totalement efficace, il est évident que le casting est primordial. Et Patrick O'Neal, l'ersatz de Jimmy Stewart, donne une face aiguisée sous un regard bleu glace, dont l'arrogance réhausse la savante mécanique d'investigation du chasseur Columbo. À ce titre, le dénouement est prodigieusement spectaculaire, tellement bien pensé et tellement bien mis en scène. Je note encore la très agréable musique d'Henry Mancini, la belle plastique d'une actrice peu connue, Pamela Austin. Et je me demande, à voir ce superbe bureau d'architecte et l'agencement des décors, si le succès de cette série de téléfilms n'est pas dû en grande partie à la présentation – propice au fantasme pour le public – de décors somptueux, d'environnements riches. Quoiqu'il en soit, je veux ce bureau ! Pour finir, Falk, ici aussi à la caméra, donne plus d'ampleur à son personnage en le mettant dans des situations comiques, non dépourvues d'incisives pointes à l'encontre de l'administration entre autres. Un excellent Columbo. Crédits photo : Universal Pictures. Images capturées par Sébastien Raymond. |