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 saison 1 saison 3

Columbo

Saison 7


1. LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE FORTE
(TRY AND CATCH ME)



Critique :

Ah, un bon Columbo ! Je m'en languissais. Pour une fois le titre français est bien plus pertinent. Le "Try and catch me" anglais est un titre passe-partout qui convient à tout épisode de Columbo alors que le titre français rend sans doute hommage au Mystère de la chambre jaune de Leroux et fait également bien mieux référence au crime et à sa résolution par le lieutenant.

On découvre dans cet épisode une meurtrière très particulière interprétée par la Maude de "Harold et Maude" : Ruth Gordon, une petite vieille pleine d'énergie et de malice, mais capable ici de camoufler sous ses airs aimables une grande violence née d'une profonde tristesse ; un personnage complexe que l'actrice manie avec de bons arguments de jeu.

La relation qui se noue entre elle et Columbo est assez commune dans la série. D'ailleurs, le scénario prévoit que le policier en parle. Lors d'une conférence que donne cet écrivain de polars, elle l'invite au pupitre pour évoquer son métier de détective et il entame un discours sur le fait que les meurtriers sont parfois des gens charmants et drôles, qu'il lui arrive de les apprécier voire de les respecter (pas leur acte criminel bien entendu mais leur personnalité).

Effectivement, c'est un trait de la série qu'on a déjà souligné : l'alternance intéressante avec des confrontations acharnées et agressives entre Columbo et ses suspects et donc des relations tout aussi animées mais emplies parfois de sympathie voire d'empathie, c'est le cas sur cet épisode. La vieille dame tue le mari de sa nièce car elle le croit coupable de l'avoir tuée, et Columbo d'insister sur les raisons qui expliquent son acte, l'affreuse douleur de perdre un être cher et plus jeune que soi, intolérable injustice. Elle essaie même de l'amadouer, lui demande de faire une exception et de fermer les yeux sur son meurtre... impossible : le trait encore plus saillant de la personnalité du lieutenant demeure son extrême professionnalisme ; il est vrai que ce n'est pas à lui de juger de la gravité du crime et d'éventuelles circonstances atténuantes, etc.

La réalisation de James Frawley (qui débute ici une série de 6 Columbo) est bonne, un peu théâtrale, démonstrative, mais cela donne un certain cachet à la mise en scène. Une séquence du début est très ingénieuse et permet de nous faire comprendre que la vieille dame déteste son "beau-neveu" et que son discours enjôleur n'est que fariboles destinées à endormir toute espèce de méfiance chez le gaillard : ils sont tous les deux sur une plage du Pacifique, elle lui dit toute son affection, ils sont face à face, se regardent intensément alors qu'un couple de chevaux approche de plus en plus près d'eux, mais le galop étouffé dans le sable et le vacarme des vagues qui déferlent sonnent comme de sourdes menaces. Chouette petit passage qui montre que Frawley sait user de sa mise en scène pour s'exprimer ; la plupart des réalisateurs de la série ne prennent pas ce genre d'initiative risquée. Saluons-le.

Une autre scène entre Ruth Gordon et Mariette Hartley qui la fait chanter est à ce sens tout aussi bien composée, pleine de sous-entendus mais définitivement compréhensible et lisible : une petite merveille de double sens comme je les aime.

Enfin, voilà une saison 7 qui démarre sur les chapeaux de roues avec un crime bien ficelé, un dénouement cocasse et finaud, une relation criminel-Columbo des plus sympathiques, des acteurs qui jouent bien et une réalisation intelligente. J'en redemande.

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2. MEURTRE À LA CARTE
(MURDER UNDER GLASS)

Critique :

Ouch, attention les yeux ! Chaud devant ! Un Columbo exquis, succulent, un des tous meilleurs de la série à mon humble avis. Quatre étoiles au guide Alligator sans l'ombre d'une hésitation.

Certes, l'installation des éléments clés du récit comme la présentation du personnage interprété par Louis Jourdan, la préparation du meurtre, et la mort de la victime est un peu longue, presque fastidieuse ; cependant, elle donne un très bon aperçu du personnage ainsi que du monde dans lequel Columbo va se mouvoir comme un poisson dans l'eau, "comme un fugu dans l'eau" devrais-je dire puisque le meurtrier use de son talent de cuisinier pour en extraire le poison.

Louis Jourdan joue un critique gastronomique, excellent chef lui-même, et qui a extorqué une grosse somme d'argent à des cuisiniers pour leur faire une renommée internationale ; l'un d'eux se rebiffe, le cave, mal lui en prend...

Louis Jourdan incarne un personnage hautain, précieux, et cachant mal une colère prête à exploser dans la violence meurtrière. Très antipathique, il manipule son monde avec une certaine maestria. On hésite à parler d'élégance : dans les apparences oui, le terme est concevable, mais sur le plan humain, il n'en est plus question. D'ailleurs, les dernières répliques sont à ce propos claires, Columbo partage l'avis général. Jourdan est découvert, il est arrêté et conclut à l'adresse du lieutenant quelque chose comme : "je vous trouve très habile et je vous respecte énormément, mais je ne vous apprécie pas du tout", ce à quoi Columbo répond par la réciproque.

Les deux hommes nous ont offert un magnifique affrontement où l'on a bien senti l'irritation gagner Jourdan au fur et à mesure que Columbo accédait à la vérité ; ce dernier a difficilement caché le fait qu'il n'avait que peu d'estime pour son adversaire. Au contraire, il s'est totalement senti investi d'une mission que tous les amis cuisiniers du défunt n'ont eu de cesse de lui rappeler, celle d'attraper le coupable.

Louis Jourdan est un acteur très particulier qui n'est pas dénué de talent, mais quelque chose cloche chez lui qui m'empêche d'être totalement conquis par ses prestations. Je crains en fait le syndrome Cary Grant : Louis Jourdan aurait voulu être Cary Grant, c'est là son drame : il n'en a pas les facilités. Tous deux homo ou bisexuels honteux, Jourdan n'a jamais réussi à incarner sérieusement ses rôles d'homme à femmes alors que Cary Grant y excellait. Jourdan pouvait peut-être convaincre les anglo-saxons à force de jouer de son accent français, mais de ce côté de l'Atlantique, cela ne prend pas. Dans cet épisode encore, il embrasse la jolie Shera Danese du bout des lèvres.

On sent que l'effort est brutal, que les raisons qui font qu'il la repousse ne sont pas liées à l'enquête ni à l'absence d'entre-gens de la dame, mais bien à l'absence de quéquette au niveau de l'entrejambe de la dame. Mais reconnaissons-lui au moins, et c'est là l'essentiel, le talent d'user de tons bien cassants où condescendance et félonie composent très justement un personnage parfaitement détestable. Le duel avec Falk est de niveau "ligue des champions".

Toutefois l'épisode ne s'en tient pas à cette opposition. La mise en scène de Jonathan Demme est intelligente et très stylée, certainement la plus remarquable de la série jusqu'à maintenant. Le futur réalisateur du Silence des agneaux et de Philadelphia n'en était peut-être qu'au tout début de sa carrière, mais son talent éclate d'entrée. À ce propos, l'introduction de Columbo dans l'épisode est d'un comique très recommandable grâce à une entrée en matière parodique. Jourdan est emmené auprès du détective accompagné par une grande musique symphonique, et le sergent Burke se penche à l'oreille de Columbo attablé seul en train de manger dans un restaurant italien. Le "parrain" invite alors Jourdan à sa table d'un signe de la main.

Comme l'épisode tourne autour des arts de la table, Demme et Robert Van Scoyk au scénario imaginent un très beau cadre au dénouement. Falk et Jourdan bataillent entre deux verres de vins et leurs casseroles ; un dernier souper où Columbo fait preuve d'une grande audace (Jourdan tente de l'empoisonner) de même que d'un grand talent culinaire qui ne laisse pas d'étonner le critique gastronomique. Dernière phrase du téléfilm : "Columbo, vous auriez dû être chef", mais ne l'est-il pas ? Les amateurs se plairont à imaginer ce qu'aurait donné une confrontation avec Mr. Hannibal Lecter, assassin notoire et autre fin gourmet... à sa manière.

Un chef d'œuvre qui en coûte à la ligne du lieutenant qui passe tout l'épisode à gueuletonner aux frais de ces cuisiniers reconnaissants, un clin d'œil sympathique à la mythologie Columbo : en effet, souvent le policier arrive sur les lieux du crime avec l'estomac vide, appelé en urgence au milieu de la nuit ou d'un repas. De même, il ne fait jamais mystère d'une certaine gourmandise. Ici, il finit rassasié, repu, heureux.

Un Columbo heureux pour un épisode tout aussi formidablement écrit qu'interprété et mis en scène ; un de mes préférés. Il révèle des ambitions on ne peut plus réjouissantes, sans doute afin de faire oublier la triste saison 6.

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3. MEURTRE PARFAIT
(MAKE ME A PERFECT MURDER)

Critique :

Encore un très bon Columbo. Vers un sans faute sur la saison 7 ?

Le crime, son élaboration, comme sa résolution par le lieutenant dénotent un grand sens de l'écriture, une belle maitrise du suspense alpague le spectateur tout le long de l'épisode.

Je ne vois guère que la prestation de Trish Van Devere pour quelque peu altérer l'ensemble, et encore, je chipote et suis méchant. Certes, elle manque un chouïa de présence, son jeu est un brin monotone, mais à sa décharge on peut avancer que son personnage fait preuve d'une certaine inflexibilité qui explique en grande partie qu'elle devienne meurtrière ; il y a de la logique là-dedans.

Reste que je ne goûte pas trop sa performance. La comédienne n'a pas le charme qui emporte l'adhésion ni la prestance qui pimente la confrontation avec Peter Falk. Par contre, cette espèce de rigidité qui parait un peu paralyser le personnage sert admirablement le suspense, notamment pendant l'exécution de son machiavélique plan ou bien encore quand elle cherche à récupérer l'arme du crime dans l'ascenseur. A ce propos, le dénouement de cet épisode fait certainement partie des plus finauds, des plus imparables et inattendus. Bien joué, lieutenant !

Visuellement, James Frawley continue de mettre en image son téléfilm avec soin et une minutie que je veux saluer car j'ai l'impression que les épisodes de la saison 7 sont parmi les mieux réalisés dans l'invention et l'efficacité formelle de la narration - Bouah, quelle emphatique fin de phrase ! - Je veux dire par là qu'il y a, me semble-t-il, une très belle combinaison, un bon équilibre entre l'histoire que l'on veut mettre en images et l'ambition de présenter cela également de belle façon ; tout du moins que cela soit aussi agréable à l'oeil qu'à la cervelle donc. Ouf. On est donc captivés par cette enquête et jamais dérangé par un quelconque effet de caméra ou au contraire par une éventuelle platitude de la narration. Que nenni, que du bonheur !

Un des éléments-clés que l'on retrouve dans pratiquement tous les épisodes de la série est évidemment le duel que se livrent le policier et le criminel. Celui-ci est très particulier, j'avoue qu'il m'échappe un peu, qu'il me laisse perplexe ; j'ai eu grand mal à le déchiffrer. Tiens, en voilà une autre bonne raison qui explique que je reste de marbre devant la prestation de Trish Van Devere : par deux fois, elle complimente Columbo sur son charme physique ; seulement, je n'ai pas le sentiment pour autant qu'elle fasse là un numéro de séduction.

Quelles sont les intentions du personnage ? Je n'en sais rien. A quoi servirait un simple clin d'œil ? Le personnage sur le reste de l'épisode n'a pas du tout l'air de vouloir séduire Columbo, elle parait suivre son chemin, coûte que coûte, ce qui a le don de choquer son propre patron, joué par l'impeccable Patrick O'Neal. À la fin de l'enquête, alors qu'elle est acculée, près de basculer dans le désespoir, elle apparait beaucoup plus hostile et finalement toujours aussi froide. Voilà, je ne la suis pas, ne la comprends pas bien. Mauvaise lecture de ma part, je le confesse, mais ses sautes d'humeur restent pour moi trop mystérieuses.

M'enfin pour être honnête, tout cela n'altère en rien l'intensité du plaisir que j'ai ressenti à voir cet épisode bien construit.

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4. JEU DE MOTS
(HOW TO DIAL A MURDER)

Critique :

Un meurtrier aussi cinéphile soit-il n'en devient pas toujours sympathique. Celui-là a la belle tête de l'imbuvable, de l'arrogant, le nombril en avant, l'ego surdimensionné qui croit trop en sa bonne étoile. Voilà un candidat aux petits oignons que l'on va avoir plaisir à voir se faire humilier par la sagacité du lieutenant Columbo.

En effet, Nicol Williamson a l'allure altière, une rigidité dans le port du costume qui en dit long sur le personnage. Une antipathie naturelle émane de lui mais peut-être encore plus du mode opératoire du meurtre qu'il perpètre. Certes, le processus est génial, très ingénieux, mais d'une horrible cruauté : le meurtrier dresse ses chiens à se jeter sur un homme et le déchiqueter après avoir entendu le téléphone sonner et le mot "Rosebud" prononcé. Le "Yes !" réjoui qui accompagne son regard fanatique, ivre de vengeance, lorsqu'il entend l'amant de sa femme se faire dévorer par ses deux dobermans fait froid dans le dos. Tiens, j'y pense soudain, ces deux molosses ne seraient-ils pas ceux que garde Mr.Higgins dans Magnum ? Cela ne m'étonnerait qu'au quart.

Quoiqu'il en soit, ce meurtre avait de quoi être parfait. La maligne perversité qui sommeille en chacun d'entre nous n'a pas tôt fait de se réveiller à la découverte de ce crime, elle applaudit encore à l'ingéniosité du meurtrier qu'elle ne peut empêcher les valeurs morales beaucoup plus puissantes d'imposer leurs volontés. En effet, Williamson joue une belle crapule, le dégoût qu'il inspire est cependant affublé d'un autre compère : le mépris pour l'incroyable légèreté dont il fait preuve sur certains points. M'enfin faut bien qu'il reste quelques indices pour mettre le policier sur la piste, non ?

Cet excellent épisode se regarde avec passion, on cherche la petite bête avec Falk, on fouine. On a très envie qu'il trouve et rabatte son caquet à ce foutu menteur hypocrite. Le fieffé salopard est à deux doigts de récidiver sur le personne même du détective : les adversaires qui vont jusqu'à tenter d'assassiner Columbo sont assez rares pour le signaler ; on l'a même senti très proche de tuer la jeune Kim Cattrall, future miss Samantha Jones de Sex and the city, ici encore très juvénile : ce n'est pas son doudou et ses joues replètes qui diront le contraire.

Cet épisode a l'avantage pour le cinéphile que je suis de ne pas lésiner sur les clins d'oeil à l'ami "ciné" : WC Fields, le western, et bien entendu Citizen Kane ; le genre de petite attention qui touche. Bisous. Affectueusement vôtre, Alligator.

James Frawley est un réalisateur plutôt inventif sur la série jusqu'à maintenant. Certaines scènes sont très bien amenées, d'autres sont carrément bien filmées. C'est toujours un plaisir de suivre des enquêtes tournées aussi élégamment. Ici, il ajoute à cela un bon travail sur le son, notamment sur le meurtre, les battements de cœur du meurtrier, et les bruits lugubres de la ville fantôme.

Je suis en revanche un peu moins friand du gag proposant Columbo qui ordonne à son chien de ne pas bouger devant une dresseuse professionnelle afin de lui prouver qu'il est un bon maître. Le genre de comique aussi vieux que le monde et qui faisait déjà se plier en quatre les romains (remplacer le chien par un esclave).

En résumé, un des meilleurs Columbo. Cette saison 7, mon vieux, elle est terrible !

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5. DES SOURIRES ET DES ARMES
(THE CONSPIRATORS)

Critique :

On clôt la saison 7 sur un épisode pas mauvais mais peut-être le moins bon de la saison. C'est bête.

Le dénouement est si facile à prévoir que le scénariste Howard Berk a ajouté une autre énigme à résoudre en plus du meurtre : la cachette des armes. En effet, l'épisode nous projette dans le monde des terroristes irlandais. Ira, ira pas ? Si, ira. Le meurtrier Clive Revill (l'inoubliable Crawford de Méfiez-vous des morts ! des Avengers) tue un vendeur d'armes qui tente de l'extorquer.

Revill nous la joue biface. D'un côté tout en gaieté et jovialité irlandaises, poète, musicien, chanteur, comique, et trinqueur, le personnage apparait fort sympathique, essayant de charmer Columbo, celui-ci faisant semblant d'être aussi naïf et benêt qu'un policier puisse l'être. D'autre part, Revill sait manifester une grande froideur qui lui permet de contenir colère devant la trahison du marchand d'armes et irritation quand le lieutenant vient fourrer le nez dans ses affaires. Mi-lutin rieur, mi-tueur moraliste, le personnage est déroutant, ses simagrées destinées à amadouer son auditoire finissent par être un peu usantes. Heureusement, l'énervement prend le dessus, le vernis craque délicieusement, Columbo sait si bien titiller son meurtrier...

Un nouveau venu sur la série à la réalisation en la personne de Leo Penn amène de bonnes idées de mise en scène, dans le montage, comme ces chevauchements de scènes avec la nouvelle séquence qui commence mais avec le son de la précédente qui continue ; un enchaînement qui donne une note d'originalité intense, fort intrigante.

Le scénario peaufine gentiment l'aspect libidinal de Columbo, oh, point trop non plus ! Il s'agit seulement de faire sourire le public en confrontant dans une librairie le détective et un ouvrage d'art érotique : l'œil inquisiteur et réprobateur d'une femme qui, si elle avait un tantinet de sens moral se mêlerait de ses affaires, est assez rigolo. Quand la jeune libraire revient et jette également un œil intéressé, la pimbêche n'en devient plus que "vieille" et Columbo reste jeune et humain : la séquence est fugace mais marquante.

L'énigme de chaque épisode consistant à découvrir ce qui va mettre Columbo sur la voie afin d'arrêter le coupable est ici tellement visible qu'en conséquence on se demande bien pourquoi il met autant de temps à voir l'évidence ; sa prestance en prend un méchant coup. Vient donc se greffer cette cargaison d'armes que le criminel a caché sur un navire et qui permet à Columbo de redorer son blason ; il revient du diable vauvert pour coiffer l'irlandais sur le poteau. Italie 1 - Irlande 0.

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Crédits photo : Universal Pictures.

Images capturées par Sébastien Raymond.

 saison 1 saison 3

Columbo

Saison 6


1. DEUX EN UN
(FADE IN MURDER)



Critique :

Un bail que je n'avais pas vu de Columbo. Je ne sais pas ce qui s'est passé mais je n'ai pas pris mon pied. Scandale. Pourtant l'épisode n'a pas l'air si mal. Je ne sais pas pourquoi mais je le trouve moyen.

La distribution n'est pas flamboyante, mais en cherchant on trouvera pire dans la série. J'ai été agréablement surpris de découvrir Timothy Carey dans un petit rôle où il réussit à ne pas trop cabotiner ; un exploit.

L'histoire est plutôt intéressante au départ : on a une sorte de confrontation entre le lieutenant Columbo et son double. William Shatner incarne un acteur qui joue le rôle récurrent et triomphal d'un détective à la télévision. Il n'a pas un imperméable miteux ni de cigare aux lèvres mais arbore un élégant Borsalino et une canne. De ce duel annoncé, il ne se produit rien de bien folichon. Les deux se respectent, s'entendent même très bien ; trop ? L'aventure manque d'intensité dramatique sans doute. Voilà peut-être une explication à la faiblesse de mon adhésion.

Surtout j'avoue avoir du mal avec William Shatner sur cet épisode. Il nous livre un personnage très mielleux, plein de mimiques et qui m'a vite tapé sur les nerfs. Je n'ai pas apprécié le type de relation qu'il noue avec Falk et ai fini par presque me désintéresser de l'histoire.

Pourtant elle tient bien debout et son dénouement est on ne peut plus futé ; cela manque cependant de punch. Ici la vigueur du final n'est pas à remettre en cause, bien au contraire. La réalisation de Kowalski n'est pas mauvaise non plus, le bonhomme a déjà fait ses preuves sur la série. Costumes seventies et décors flamboyants agrémentent le téléfilm d'une esthétique bien marquée de son époque avec suffisamment de force pour qu'on le note mais sans pour autant tomber dans l'extravagance la plus grotesque.

Et pourtant, j'ai le vague sentiment de m'être ennuyé devant un épisode bien fichu mais dont je n'ai pas su trouver la clé. Comme si j'étais ailleurs. Une question d'état d'esprit ? Possible. Il me faudrait le revoir.

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2. MEURTRE À L'ANCIENNE
(OLD FASHION MURDER)

Critique :

Un de mes pires Columbo, d'un terrible ennui. J'ai tout essayé, notamment de me le passer en vf, puis retourner à la vo... rien n'y fit.

Cet épisode est aussi plat que son interprète par exemple, la pauvre Joyce Van Patten. A sa décharge, elle se doit d'incarner une vieille fille coincée dont l'horloge biologique s'est arrêtée après un traumatisme amoureux il y a plus de 20 ans. Rabougrie, elle vit à un rythme ronronnant que les maisons de retraite instituent en règle de vie. Son personnage est terne, elle le joue bien : peu d'expressions, tiède et inerte. Et l'on est par conséquent obligés de subir une non-confrontation entre la morte vivante et le lieutenant Columbo sans acidité en réponse. Électrocardiogramme : zéro. Calme plat.

En personnage secondaire, on notera la présence de Jeannie Berlin, une comédienne au physique un peu ingrat et au jeu très étrange. J'hésite encore à déclarer qu'elle joue très mal, si ce n'est pas le cas, il s'agit là de subtilité de jeu assez rare.

Quoiqu'il en soit, le bât ne blesse pas seulement sur la distribution mais également sur le scénario dont j'ai encore peine à extraire et apprécier le substantifique moelle. Presque incompréhensible, je me demande bien pourquoi la meurtrière n'avance plus d'arguments face à la piètre démonstration de Columbo ; il y avait pourtant de quoi le remettre à la case départ sans passer par la case prison. Pas de preuve formelle.

Bref un épisode lent et poussif, une histoire mollassonne et sans relief. Décidément, cette saison 6 s'annonce des plus fades.

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3. LES SURDOUÉS
(THE BYE-BYE SKY IQ MURDER CASE)

Critique :

Troisième et dernier épisode de la saison. Pour quelles raisons la saison 6 est-elle si courte ? Je n'en sais strictement rien. Après tout, peu importe. D'ailleurs, à l'heure de mettre la galette dans le lecteur, je me demande bien plutôt si je vais enfin renouer avec le plaisir de voir un bon Columbo cette saison. Sans aller jusqu'à parler de grand épisode, ce dernier développe un peu plus de matière.

D'abord, on est tout de suite plongé dans l'intrigue avec une préparation du meurtre méticuleuse et bien mystérieuse. C'est le sel de l'épisode : comment le meurtrier fait-il pour maquiller son meurtre en crime de rôdeur ? On ne le saura vraiment qu'à la toute fin, d'une manière qui déçoit un tantinet car l'ingéniosité et l'intelligence du meurtrier s'en trouvent gravement égratignées.

En effet, on passe tout l'épisode dans un club privé qui réunit parmi les plus grandes intelligences de la planète. Le membre fondateur de ce club, doté d'un QI extraordinaire, tue un autre "surdoué" et révèle à Columbo son procédé par pure bêtise dans un élan de vanité le plus imbécile qui soit. Manipulé par le lieutenant comme le premier crétin venu, il apparait alors dans une position qui n'en fait pas un des plus valeureux adversaires.

Theodore Bikel ne tient pas totalement son personnage, souvent sujet à des mimiques trop expressives. Je me plaignais avec l'épisode précédent de Joyce Van Patten, ici c'est l'exact contraire : Bikel en fait trop pour être vrai, son jeu manque de justesse par moments.

Je retiens néanmoins une très belle scène entre lui et Peter Falk dans la pénombre, près du train électrique pendant l'orage ; les deux acteurs ont quelques jolis échanges bien troussés. Certes, je saisis bien que les scénaristes ont voulu rabaisser ces surdoués en soulignant leurs défauts de maturité malgré leur degré d'intelligence, mais là encore ils ont insisté de façon excessive.

Voilà : l'épisode déborde par moments dans ses intentions comme si les scénaristes en avaient trop dit, comme si les acteurs n'étaient pas bien dirigés. Heureusement, ces déraillements ne se manifestent pas tout le temps.

Pour les fans, une scène ne doit pas être manquée pour Jamie Lee Curtis, oui messieurs dames, la toute jeune Jamie Lee joue une serveuse revêche qui prend Columbo en grippe et lui lance quelques regards noirs ; l'instant est assez savoureux ! On ne voit pas encore son "body" mais le plaisir est ailleurs.

Somme toute un épisode moyen : une entrée en matière percutante, un meurtre intrigant et une Jamie Lee Curtis en paquet cadeau pour les bons points ; un meurtrier pas très bien joué, un dénouement un poil décevant pour les mauvais.

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Crédits photo : Universal Pictures.

Images capturées par Sébastien Raymond.

 saison 1 saison 3

Columbo 

Saison 5


1. LA FEMME OUBLIÉE
(FORGOTTEN LADY)



Critique :

Épisode riche, mais quelque peu décevant car le meurtrier a l'extrême mauvais goût de ne pas apparaitre antipathique. On nous prive ici du duel féroce qui fait souvent le sel de la série. C'est tout de même un réel plaisir cinéphile de retrouver Janet Leigh, une des plus belles femmes de l'histoire du cinéma (Psychose, La Soif du mal, L'Appât, etc), une méga star pour entamer cette cinquième saison. Vedette futée comme sa filmographie le démontre, elle fait preuve d'une grande force de caractère en jouant une star déchue, obnubilée par sa jeunesse fânée, un personnage ô combien pathétique, si folle de sa gloire cinématographique d'antan qu'elle passe ses soirées à revoir ses films dans une salle de projection privée. Ce profil d'actrices (en particulier Hollywoodiennes) terrorisée par la vieillesse - donc de la fin de carrière selon les canons américains - et nostalgique d'un passé glorieux mais révolu est souvent très émotionnel (et terriblement critique) : l'on est pas loin du personnage d'Ida Lupino dans The sixteen-millimeter shrine de La Quatrième Dimension. Complètement folle, elle va jusqu'à tuer son mari (Sam Jaffe) qui refuse de financer son retour triomphal sur la scène.

Leigh est fascinante comme toujours, jouant de son image et de la réalité avec une distance impressionnante.

Ce qui est encore très intéressant et enrichissant est le renouvellement de la structure narrative que l'épisode impose avec une ingénieuse participation d'un tiers dans la résolution de l'affaire entre Columbo et Leigh. John Payne – fichtre ! Il a tellement vieilli que je ne l'ai pas reconnu ! – permet d'installer une sorte d'auditoire au lieutenant dans l'élaboration de son raisonnement. À la manière d'un Hastings pour Poirot, c'est lui qui est confronté à la pensée de Falk, la meurtrière étant incapable de l'entendre. Subtil, novateur, ce dispositif n'est pas sans charme mais n'égale en rien à mon avis l'affrontement direct entre Columbo et l'assassin. Ici, Falk élabore un lieutenant toujours aussi entêté mais totalement impuissant devant cette Janet Leigh désarmante. D'abord fan absolu et révérencieux, il cherche en vain à enclencher un autre type de relation, plus vindicatif ; mission impossible. Le film se termine sur une pirouette, élégante, classieuse, et que d'aucuns qualifieront de révolutionnaire, mais que je ne parviens pas à vraiment estimer autrement que comme une mise en touche, mi-figue mi-raisin : je ne me résous pas à ce final. Je crois que l'essentiel de ma déception, légère, je le répète, vient de ce drôle de dénouement.

À noter que l'élément comique du téléfilm réside ici sur l'aversion de Columbo pour les armes. Tanné par ses supérieurs de venir passer des tests de tir qu'il évite depuis trop longtemps, le lieutenant va s'échiner à éluder la pression hiérarchique, jusqu'à gruger son monde de manière tout à fait effrontée, histoire de se rendre encore plus sympathique chez les spectateurs.

P.S : Oups, je n'ai pas reconnu Maurice Evans, le Dr Zaius de la Planète des singes. Je l'ai même trouvé moyennement bon, excessif dans ses bouderies et ses renfrognements trop voyants à l'encontre de Columbo.

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2. IMMUNITÉ DIPLOMATIQUE
(A CASE OF IMMUNITY)

Critique :

Un très bon épisode. Après l'absence de confrontation un peu frustrante entre Janet Leigh et Peter Falk lors de l'épisode précédent, nous voilà magnifiquement servis par un affrontement des plus féroces. C'est sans doute le plus violent qu'il nous ait été donné de voir en raison de la position très fragile du lieutenant. Ayant débusqué son assassin, Columbo le mord et refuse coûte que coûte de lâcher sa proie. Pourtant, cette victime de la ténacité légendaire du policier n'en est pas moins un homme d'État étranger en villégiature sur la côte ouest américaine, prêt à tout pour arriver à ses fins et prendre le pouvoir dans son pays. L'intrusion dans son plan d'un petit fonctionnaire fouineur a de quoi lui faire perdre patience.

C'est donc sur le plan diplomatique que va se jouer le sort du lieutenant. Très rapidement excédé, le personnage d'Hector Elizondo fait peser des menaces d'exclusion de la police sur Columbo. On sent véritablement le lieutenant en danger. Le péril est palpable et il paraît difficile d'y faire face. C'est au charme que Columbo s'en sort. Le dénouement est intéressant malgré le fait que je reste toujours un brin dérangé par les moyens détournés dont Columbo use quand il ne parvient pas à trouver des preuves irréfutables. L'extorsion d'aveu est pourtant ici amenée avec une certaine maestria, je dois le concéder.

L'épisode vaut essentiellement pour cette très belle empoignade, entre deux hommes sûrs d'eux. Columbo par son entêtement fait preuve d'un fort caractère pendant que son ennemi affiche une certitude et une morgue que l'on a vite hâte de voir défaillir. Belle combinaison d'egos. Hector Elizondo a une sale tête d'hypocrite, et suscite sans mal une antipathie salutaire pour la série.

J'ai bien aimé également la lente érosion du ton volontiers mielleux des deux personnages, la détérioration de leurs échanges, un doux et savant crescendo dans la violence de leurs rapports. Columbo marche d'abord sur des œufs puis finit par braver le danger de manière très effrontée.

On notera le passage éclair de Sal Mineo, le pote de James Dean dans La Fureur de vivre, qui ne réussira jamais à véritablement faire décoller sa carrière.

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3. JEU D'IDENTITÉ
(IDENTITY CRISIS)

columbo 5 3

Critique :

Que de récurrence ! Cet épisode fourmille de petits et grands bonhommes qu'on a vus et reverra dans la série : Patrick McGoohan (trois autres Columbo : By dawn's early light, Agenda for murder et Ashes to ashes), Leslie Nielsen (un autre Columbo : Lady in waiting), Vito Scotti (cinq autres Columbo : Any old port in a storm, Candidate for a crime, Swan song, Negative reaction, Murder a self portrait), et Val Avery (trois autres Columbo : Dead weight, The most crucial game, A friend in deed).

Aimant par-dessus tout les acteurs, cet épisode constitue un formidable festival, bonbon sucré pour moi !

Le préambule et l'élaboration du meurtre sont très longs et permettent de profiter pleinement de la participation de Leslie Nielsen, un acteur très fin, sûr. D'amant de la meurtrière dans Lady in waiting, il s'offre ici le rôle de victime alors que McGoohan se paye une nouvelle fois celui du meurtrier.

Tous deux sont des espions. Le premier reste sobre, très éloigné de ses rôles du Naked gun, policier impénitent gaffeur. Sa prestation est solide, fort convaincante, rappelant qu'avant de marquer à jamais l'histoire de la parodie cinématographique, il était un éblouissant acteur dramatique. Le second, avec un rôle multiple, cabotine à tout va. Le rôle d'espion fûté lui va comme un gant, son œil bleu perçant captive toute l'attention, comme un Numéro 6 passé du côté obscur. McGoohan brille par sa grande classe. Avery et Scotti sont moins colorés qu'à l'accoutumée.

Dans la distribution, David White, le Larry de Ma sorcière bien-aimée, fait deux ou trois apparitions remarquées en directeur de la CIA, dans une composition plus sérieuse, évidemment !

Cette immersion dans le milieu des magouilles d'un agent secret est l'occasion de placer comme il se doit Columbo dans une position hiérarchique encore plus inférieure que d'habitude, ce qui accentue davantage le plaisir de le voir vaincre son adversaire.

L'affrontement est délicieux, révélant plusieurs couches de relations entre McGoohan et Falk. Dédain, menaces, condescendance, charme ne parviennent pas à étouffer la hardiesse et l'obstination légendaires du lieutenant à connaître la vérité.

Il est un aspect du personnage encore peu dévoilé jusque-là par la série : sa sexualité. Et cet épisode en révèle une toute petite part. Il est amené à enquêter dans un cabaret de danse orientale sur le bord de mer où une danseuse du ventre le tient presque hypnotisé, hagard pendant de longues minutes. Son sourire et son regard lointain en disent long. Et votre femme, lieutenant ?

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4. QUESTION D'HONNEUR
(A MATTER OF HONOR)

Critique :

Un épisode un peu faiblard mais qui a au moins l'audace d'avoir tenté de se renouveler, il sort des sentiers battus. Columbo est en vacances au Mexique, un accident de voiture l'immobilise opportunément. Son séjour se prolonge au plus grand plaisir d'un commandante (Pedro Armendáriz Jr.) de la police locale qui l'invite à l'accompagner dans un élevage de taureaux de combat où un homme a été accidentellement tué.

Bien entendu, d'accident, il n'y a point. L'enquête à deux est un procédé très rare dans la série. Du reste, même dans cette option, Columbo garde toujours la main, et dans cet épisode c'est le cas : il erre, il questionne, furête tout seul à de nombreuses reprises et prend toute liberté. Mais les échanges avec le commandante permettent de bien suivre l'évolution de sa réflexion.

Cet épisode est surtout l'occasion de retrouver un acteur ethnique célèbre, un des premiers hispaniques d'Hollywood : Ricardo Montalban. Bien plus connu pour son personnage axial de L'île Fantastique, il a également pu participer à de multiples autres séries télévisées, mais personnellement, je l'attache bien plus à son rôle d'Armando dans les séquels de La Planète des singes (Les Évadés de la planète des singes d'abord et La conquête de la planète des singes ensuite). Plus récemment, j'ai pu le découvrir dans un petit film noir d'Anthony Mann - excusez du peu - Border Incident, ou Mystery Street de John Sturges.

Ce comédien élégant côtoie ici un Pedro Armendáriz Jr. dont le nom indique bien la filiation avec Pedro Armendáriz, un des acteurs mexicains les plus fameux. Le fiston occupe une place spéciale dans le cinéma français : on l'a vu dans La Chèvre, Maine Océan, La Bataille de San Sebastian... Pour les midinettes – c'est ma femme qui l'a reconnu – il sera fait mention de la jeune participation de A Martinez : 496 épisodes dans Santa Barbara, le pauvre...

La tâche de commenter ici le mobile du crime est malaisée sans déflorer l'intrigue, mais tout aussi difficile est de ne pas aborder le sujet tant le bât blesse à ce propos. En gros, l'enquête de Columbo et du commandante butte sur les motivations de Montalban qui n'apparaissent qu'à la toute fin. Une fois que le meurtrier est embarqué, Columbo explique... mais ne convainc pas. Les scénaristes ont misé toute l'intrigue sur ce point. Le mode opératoire du meurtre passe au second plan. Il était pourtant innovant, mais jamais les enquêteurs ne sont gênés par le manque de preuves irréfutables. Soit, ils passent dessus. Passons.

Cependant, je ne saisis toujours pas en quoi la réaction de Montalban au piège qu'ont élaboré les policiers constitue matière à l'inculper. Finalement, c'est sur de fortes présomptions de culpabilité mais en aucun cas des preuves qu'il est arrêté. Le final est par conséquent pour moi très décevant. Un goût de queue de sardine pas franche.

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5. TOUT N'EST QU'ILLUSION
(NOW YOU SEE HIM)

Critique :

Ah que voilà un excellent produit ! Et déjà, quelle bonne idée d'avoir pris pour écrin à l'intrigue le monde ô combien merveilleux qu'est celui de l'illusionnisme ! Quasiment en huis-clos, ce cabaret de magie avec ses petites unités de lieu, la salle, la scène, le bureau, les cuisines, et le sous-sol, offre une galerie de séquences intérieures, un peu sombres, qui accentuent l'aspect ténébreux de l'enquête.

De même la remarquable musique de Bernardo Segall donne une ambiance jazzy un brin surannée, mais dont le feutré accompagne harmonieusement les tintements de verres et les applaudissements.

Quel meilleur défi pour le lieutenant que de battre un maître-chef de l'escamotage, de l'entourloupe, de la dissimulation, de la manipulation ?

À ce propos, j'ai beaucoup apprécié la prestation de Jack Cassidy. Dans un rôle de parfait salopard, il l'incarne avec toute la subtilité et l'ambigüité nécessaires : personnage complexe, ancien S.S., assassin de son maître-chanteur, doublé d'un charmeur dont la vanité, péché mortel, le condamnera.

Pourtant il peut s'enorgueillir d'avoir donné un fameux fil à retordre à Columbo. Il est si rare de le trouver ainsi plongé dans un tel doute. Il faut le voir essayer de comprendre l'impossible dans les cuisines au moment du coup de feu, seul être immobile dans la tourmente. Falk perplexe, cela vaut son pesant de cacahuètes.

De manière étonnante, la confrontation reste purement intellectuelle, Cassidy et Falk ne se livrant pas à un duel féroce, formé de piques, ni de menaces.

L'épisode est agrémenté sur le mode humoristique par deux données assez savoureuses. D'abord, Columbo arrive contrarié sur les lieux du crime. Il passe tout l'épisode dans cet état de perpétuel dérangement car sa femme a eu la navrante idée de lui acheter un imperméable tout neuf : trop petit, trop serré, trop propre, c'est trop ! Il tente en vain de l'oublier, mais il se trouve toujours une mauvaise âme pour le lui ramener.

Le premier à montrer autant de zêle est Wilson. Jeune policier incarné par Bob Dishy, Wilson est volontiers sûr de lui, un peu benêt sur les bords. Il avait déjà sévi dans la série sur Dites-le avec des fleurs (The greenhouse jungle). Il ne manque pas de volonté, juste un peu de finesse d'observation. Harvey Hart, le réalisateur, a particulièrement insisté sur ces plans où l'on voit Falk tirer une triste mine quand Wilson entre en scène. C'est d'un effet comique imparable à chaque fois. Dishy en rajoute dans la candeur et rend son personnage d'autant plus sympathique qu'il le plonge dans un océan de ridicule. Le voir tout sourire tapoter sur la machine à écrire qu'il adore depuis l'école de police le rend très humain, proche de l'enfance encore. Petit prince, boulet de naïveté, Wilson donne du piquant et de la drôlerie à tout l'épisode, dans un juste équilibre.

Deux autres comédiens, habitués des plateaux télévisés, Nehemiah Persoff et Robert Loggia, se font remarquer. Persoff a peut-être un rôle plus déterminant, mais ces deux-là au final ne font que de courtes apparitions.

En somme, je pense que c'est le meilleur épisode de la saison 5, sans doute un des meilleurs de toute la série.

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6. LA MONTRE TÉMOIN
(LAST SALUTE TO THE COMMODORE)

Critique :

Oula, que de choses à dire qui se bousculent dans ma petite tête ! Mon cœur tangue sans chavirer. Tombera, tombera pas ? Cet épisode est si spécial et je ne sais pas trop encore si j'en suis ravi. Pas trop je le crains. Essayons tout de même de mettre des mots sur tout ça.

D'abord, en découvrant le générique, je suis pendant quelques minutes persuadé de découvrir là un épisode, une perle rare : un Columbo qui m'avait échappé ! Joie de courte durée. Un plan montrant John Dehner assis à côté d'un cadran de navigation et je me souviens. Oh, je n'ai pas dû le voir souvent. C'est donc une relecture presque en territoire redevenu sauvage, une nouvelle exploration. Et dans un certain sens, cela m'a garanti quelques effets de surprise bienvenus.

Ce que le générique m'apprend est on ne peut plus alléchant, un casting de choix, des figures connues du petit écran comme Dehner, mais également des récidivistes de la série : Vaughn, Fred Draper et Wilfrid Hyde-White. Bref, une distribution d'habitués qui colle parfaitement avec l'esprit de troupe qui imprègne la création de la série, grâce notamment à la passion et à l'investissement de Peter Falk. Dès le générique, le plaisir est au rendez-vous. On s'en pourlèche les babines.

Et puis, surprise ! Après la mise en situation des différents personnages (très nombreux), on assiste éberlué au maquillage du meurtre en accident par Vaughn : on n'a rien vu de l'assassinat. Une première qui interpelle agréablement. Que voilà une gentille initiative scénaristique qui donne une dynamique à l'installation de l'intrigue, me dis-je alors benoîtement. Car sans trop entrer dans les détails qui vous gâcheraient le plaisir, cet épisode est très différent des autres. La structure habituelle veut que l'on assiste au meurtre, au procédé de camouflage et à l'enquête. On y voit Columbo soupçonner le meurtrier et partir à la recherche de preuves. Enfin il les trouve et arrête son bonhomme. Or, ici, rien de tout cela n'arrive comme prévu. Pour faire vite et ne pas trop s'appesantir là-dessus, disons que les scénaristes ont voulu innover et nous gratifient d'un final à la Agatha Christie, version Hercule Poirot. Tous les personnages – c'est bien pour cette raison qu'ils sont si nombreux au départ – sont réunis par Columbo pour démasquer le coupable dont l'identité n'est pas connue du spectateur. Ce jeu de récits contradictoires m'a énormément plu. J'avoue pourtant lui préférer la structure columbienne habituelle, qui fait toute sa spécificité, mais j'admets que la surprise a bel et bien fonctionné et cette surprenante démarche m'a contenté.

Non, ce qui me rebute, c'est le type d'humour, ou pour être plus précis, la mise en scène de ce type d'humour. Je m'explique : tout le long du téléfilm, Patrick McGoohan, metteur en scène que j'avais trouvé formidable jusque-là (cinq Columbo en tout derrière la caméra), présente des petites scènes censées faire respirer l'intrigue en injectant une certaine dose d'humour. Ce n'est pas tant cet humour qui me gène que le dispositif très grossier, modelé pour produire du sourire lourdaud. Les acteurs adoptent des attitudes totalement irréelles, surjouées. De plus, le rythme sur lequel ils jouent ces saynètes est d'une lenteur qui annihile tout envie de sourire, du moins quant à moi. Cela sonne faux du début à la fin. À vrai dire, en découvrant cela, au départ, ces silences, ces pauses bizarroïdes m'ont paru être utilisés afin d'accentuer un certain mystère à l'intrigue. Mais très vite, il s'avère que c'était bien pour faire rire. Pitoyable. Les gesticulations burlesques de Falk autour de Vaughn – dans la voiture ou dans le salon du bateau par exemple – sont tellement imbéciles et incroyables de grotesque que je ne comprends toujours pas comment ils ont pu penser que cela pourrait faire rire. Cette faiblesse dans la direction d'acteurs reste assez étonnante de la part de McGoohan, artisan habituellement autrement plus habile.

Le mystère est plutôt bien là. On se retrouve alors avec des dialogues ineptes, comme par exemple entre Columbo et Mac sur les origines écossaises de ce dernier, alors que le lieutenant n'a qu'une question à poser : « Pourquoi veux-tu que l'on t'appelle Mac ? » Mais non, rien de sensé ne vient. Situations improbables et ridicules. C'est comme le fou rire de Columbo à la toute fin, faux rire devrais-je dire. En fait, tout l'épisode sonne faux à cause de cette mise en scène ratée. À vouloir faire rire de force, McGoohan a fini par m'irriter. C'est tout juste si on n'a pas eu droit aux sous-titres Riez ici.

Vraiment dommage car dans le dur, dans le drame, les acteurs sont excellents. L'intrigue est subtile, pleine de rebondissements, et il y avait là de quoi faire un magnifique épisode pour clore la saison 5 en beauté.

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Crédits photo : Universal Pictures.

Images capturées par Sébastien Raymond.

 saison 1 saison 3

Columbo

Saison 4


1. EXERCICE FATAL
(AN EXERCISE IN FATALITY)



Critique :

Ahhhh, quel plaisir de revoir ce bonhomme-là ! Robert Conrad représente pour le vieil homme que je suis une icône de ma jeunesse téléphagique. J'ai grandi avec cette image de virilité, de courage, de bogossitude, via Les Mystères de l'Ouest et Les Têtes Brûlées qui coloraient mes après-midi de vacances. Aussi faut-il que je prenne en considération dans mon appréciation générale l'aspect indéniablement "madeleine" de Proust. J'ai donc un énorme a priori positif.

Avouez cependant que le scénario concocté par Larry Cohen et Peter S. Fischer est très bien construit. Cette histoire fait partie des très bons Columbo, peut-être même parmi les meilleurs.

Quoiqu'il en soit, cette saison 4 part sur les chapeaux de roues, sur la même intense et spectaculaire qualité que la fin de saison 3. On sirote une divine continuité et nous retrouvons l'heureux crescendo dans l'irritation du criminel. D'abord conciliant et sympathique, Conrad prend le chemin progressif de l'exaspération face à un Columbo fouineur entêté et se faisant passer pour un imbécile. Cette montée de tension est très bien amenée.

L'enquête est suivie pas à pas sur les lieux du crime et c'est toujours un grand plaisir pour moi de voir sans l'entendre le cheminement, le processus de pensée du lieutenant. J'adore ça. En quelques gestes, deux ou trois regards, on devine qu'il sent l'entourloupe et nous comprenons avec lui.

Cet épisode, encore une fois, n'est pas avare en petites saynètes humoristiques jouant sur les inaptitudes de Columbo. D'abord, le lieutenant ne faisant pas partie de l'humaine engeance friande de joies et dépassements sportifs, lorsqu'il s'agit de faire un footing avec Conrad sur la plage, l'exercice se révèle rapidement périlleux ; et les séances de remise en forme dans la salle de sport n'y feront rien. Il y a également ce gouffre maintes fois utilisé dans la série entre Columbo et la perfide technologie. Ici, qu'il s'agisse de l'enregistreur sur bande magnétique ou plus encore quand sa demande de renseignements se solde par une attente le temps que l'ordinateur traite les informations, Columbo semble abasourdi par les prodiges de la machine. C'est avec cet air presque hébété, entre incompréhension et admiration, que Peter Falk réussit à donner un discret comique à ces séquences. Discret car cela ne prend que quelques secondes, donne un coup de vent au récit sans jamais rompre l'essentiel, le fil de l'intrigue, ni dans le rythme, encore moins dans la cohésion d'ensemble.

Je note au passage qu'on a là encore une fois un très bon épisode réalisé par Bernard L. Kowalski.

Écrit avec jugeote et équilibre, le film est d'une clarté et d'une évidence qui le classent parmi les tout meilleurs. La saison démarre avec un splendide fracas. Oui !

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2. RÉACTION NEGATIVE
(NEGATIVE REACTION)

Critique :

Un Columbo un peu décevant.

D'abord, je m'attendais à un peu plus de la part de Dick Van Dyke. À vrai dire, il ne donne pleine mesure de sa personnalité sur la fin qu'à partir du moment où son personnage atteint le paroxysme de son exaspération devant l'outrecuidance de Columbo.

D'autre part, on aura quelques difficultés à considérer le dénouement comme prestigieux. Encore une fois, Columbo ne parvenant pas à trouver de preuve se livre à une vulgaire manipulation de son suspect, lequel fait preuve d'un manque de réflexion pour le moins impressionnant d'imbécilité tout le long du téléfilm, laissant plusieurs indices compromettants d'une façon si grossière qu'on peine à lui trouver des circonstances atténuantes.

Heureusement que l'épisode contient son lot de petites perles intéressantes à miroiter, à commencer par l'énième participation de Vito Scotti, mais cette fois-ci il ne joue ni un majordome français ni un restaurateur italien - rien de sélect - mais bien une pauvre cloche, mal rasé, saoul, et d'un air philosophe qui se gratte la barbe en répondant un peu endormi aux questions de Falk. N'empêche, ce bonhomme me plaît. Il joue bonardement.

Pour finir, l'épisode cultive encore plus la mythologie "anti-Columbo" en insistant sur une trilogie de caractéristiques dépréciatives. On pourrait presque parler de quadrilogie mais il n'est fait qu'allusion au chien. D'abord la voiture fait une entrée en scène des plus comiques. Le meurtre ayant eu lieu dans une casse, le policier qui surveille l'endroit croit dans un premier temps que le lieutenant vient vendre sa vieille Peugeot pourrie. La décrépitude du vestiaire columbien est à l'honneur dans le dispensaire d'un quartier pauvre où il vient interroger Scotti. La bonne sœur, Joyce Van Patten, qui l'accueille croit également avoir affaire à un clochard devant l'aspect peu ragoutant de son imperméable et tente de lui en passer un en meilleur état ainsi qu'une soupe bien chaude. Quand il aura réussi à décliner son identité, elle restera persuadée qu'il est déguisé en clodo pour s'intégrer à la faune locale et mieux mener son enquête. Pour finir de rabaisser le personnage, le scénario va même jusqu'à prévoir un examinateur du permis de conduire qui préfère sans façons sortir du véhicule de Columbo tant le bougre est mauvais conducteur. Sueurs froides pour Larry Storch, sourires pour le spectateur.

En somme, un épisode sympathique dont l'écriture ne frôle malheureusement pas la perfection.

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3. ENTRE LE CRÉPUSCULE ET L'AUBE
(BY DAWN´S EARLY LIGHT)

Critique :

Très bon épisode.

On le constate rapidement, de suite même. Le pré-générique est très particulier. Sans musique aucune, dans un silence seulement déchiré par le froissement d'un papier journal ou le débit de l'eau d'un robinet, on assiste à une drôle de besogne. Un homme transpire à grosses gouttes au-dessus d'un obus qu'il dévisse, dont il sort la poudre et la remplace par quelques barrettes de plastic. Cet homme est le n°6, Patrick McGoohan, les cheveux blancs, quelques rides, mais l'œil toujours aussi vif et perçant, la mine encore plus impressionnante. Cette scène pré-générique est bien faite, percutante.

Son traitement volontiers austère, à la rigueur militaire, est à l'image de tout l'épisode. Prenant place dans une académie militaire, l'enquête est menée par un Peter Falk différent, moins à l'aise devant cette figure de très grand médaillé. Comprenant que s'il veut nouer tous les liens de cette affaire, il doit s'imprégner de l'atmosphère qui règne dans ce lieu clos, Columbo séjourne au milieu des cadets pendant quelques jours et apparaît alors un homme plus qu'un lieutenant. Souvent réveillé en plein milieu de la nuit ou dès potron-minet, c'est en débardeur, le cheveu hirsute et la mine pâteuse, que l'on découvre un type encore moins apprêté qu'à l'habitude, ce qui en soi relève de l'exploit.

Cette académie militaire offre une très belle scène pour un crime. Cet univers sévère et fruste où hiérarchie et autorité sont les clés de voûte d'un quotidien difficile condense à merveille les éléments dramaturgiques et esthétiques. L'architecture originale des lieux, à la fois moderne et classique, avec ces murs de chaux blancs, purs, ces escaliers en colimaçon, avec son dallage en échiquier évocateur, impose un jeu de silences et d'échos bien effrayants, propices à accentuer un lugubre suspense.

La réalisation – si elle n'avait eu la mauvaise idée d'y coller une photographie baveuse sur les extérieurs – s'approprie intelligemment les lieux, leur donne même une place, un rôle à jouer indéniable dans l'écheveau criminel que dépeint l'intrigue. C'est très finement écrit et réalisé.

Vient s'ajouter au joli tableau décrit jusque-là une distribution très efficace. Pas besoin de présenter Patrick McGoohan, qui dans les personnages froids et inquiétants ferait grelotter de jalousie n'importe quel iceberg. Maître redoutable, il dessine un être dont la discipline de vie confine à l'obsession ascétique et lui donne un sens, de manière impertubable et sans la moindre réserve. Personnage ô combien effrayant, ce bougre de McGoohan réussit la gageure de le faire sourire ! J'ai beaucoup d'admiration pour ce comédien irlandais (ne vous fiez pas à son lieu de naissance, New-York). Aficionado de la comédie romantique Quand Harry rencontre Sally, je ne pouvais laisser passer la très bonne prestation de Bruno Kirby qui apparaît au générique sous le nom de Bruce Kirby Junior aux côtés de son père, Bruce Kirby Senior of course.

Pour en finir avec ce très bon épisode, on a droit à un dénouement tout aussi bon : irréfutable, formidablement spectaculaire, et très bien lié au caractère du meurtrier.

Chapeau ! Képi, bérêt, casque, calot, etc.

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4. EAUX TROUBLES
(TROUBLED WATERS)

Critique :

Evidemment, le fan des Avengers ne peut manquer cet épisode voyant la participation de Patrick Macnee. Mais Troubled waters est aussi en lui-même un des plus célèbres Columbo, notamment en raison de son unité de lieu, schéma si classique de la littérature policière : l'enquête lors d'une croisière. À la Agatha Christie en somme.

L'influence anglaise de cet épisode ne se limite pas à cela. Bernard Fox et Patrick Macnee donnent une heureuse touche britannique. Même s'il est plaisant de retrouver la bouille de John Steed, on regrettera cependant qu'elle soit si peu souriante. Dans le rôle du capitaine, il maintient une stature grave qui ne rappelle en rien la malice et l'humour du chapeau melon. Fox est beaucoup moins présent que lors de sa première participation à la série (S.O.S. Scotland Yard) où il figurait un inspecteur-chef de Scotland Yard.

Le scénario et la mise en scène mettent par contre parfaitement en valeur un Robert Vaughn royal. Ce type m'épate, il est en tout point élégant, classieux, et d'une froideur effarante. Son assurance et la sourde violence qui sommeillent dans son regard sont très impressionnantes. Impeccable du début à la fin, j'applaudis et fais une standing ovation à moi tout seul. Sans doute livre-t-il là l'une des (si ce n'est "la") meilleures prestations d'assassin de toute la série ! Ébouriffant. D'ailleurs le téléfilm n'est-il pas décoiffant au sens capillaire du terme ?

Difficile au milieu de l'océan d'échapper aux facéties d'Éole. On notera également que les conditions de tournage ont été encore plus difficiles pour le chef-opérateur William Cronjager : de nombreuses séquences sont floues. Sans doute n'y avait-il pas toujours la possibilité technique de s'assurer de la netteté des plans ? Ou bien l'alcool coulait-il tant à flots que le directeur de la photographie a sombré dans l'ivresse des profondeurs de champ ? Car s'il est un aspect formel qui a joliment retenu mon attention, ce sont bien tous les plans filmés de loin mettant en exergue deux opposés : soit la foule et le confinement de ces petits espaces, soit la solitude des personnages dans ces grandes salles vides.

Les effets de contraste avec un même procédé m'ont bien plu. Cela change évidemment des gros plans qui garnissent les épisodes d'habitude. Bon point donc pour l'audace de Ben Gazzara requise à l'heure d'investir pleinement le cadre inhabituel de cette intrigue.

À noter la présence d'une grande actrice, Jane Greer, la Kathie Moffat de La Griffe du passé de Tourneur, la Joan Chiquita de Ça commence à Vera Cruz ou encore l'Antoinette de Mauban du Prisonnier de Zenda (version 1952).

La plupart du temps, un très bon épisode et pourvu d'un très bon dénouement. Celui-ci est inattendu et imparable pourtant, d'une savoureuse intelligence, comme souvent dans la série.

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5. PLAY BACK
(PLAYBACK)

Critique :

Épisode sympathique, mais qui pour une raison que j'ai quelque difficulté à distinguer ne me porte pas sur une vague d'enthousiasme béat.

Pourtant le casting est des plus somptueux. Oskar Werner d'abord, qui a un peu vieilli depuis Jules et Jim bien sûr, et dont la coupe au bol Mireille mathioïde fait jaillir une explosion de doutes sur la santé capillaire du bonhomme. Cette allure étrange alliée à des postures enfantines, comme par exemple la tête qui penche souvent, habille le personnage d'un voile troublant qui accentue sa part de mystère. On ne sait trop jusqu'où il va aller. Les sentiments qu'il nourrit à l'égard de sa femme deviennent sujets à caution. Il y a une sorte d'ambiguïté mêlée d'effroi qui embellit le personnage. Il est vrai qu'à la fin il s'emporte un peu trop vivement à mon goût, une exagération hors de propos. Piètre bémol de messire Tatillon, je le concède.

Et puis surtout, il y a Gena Rowlands. Après la prestation de John Cassavetes dont la collaboration et l'amitié avec Peter Falk sont primordiales pour les deux acteurs, c'est au tour de sa femme et muse de venir renvoyer la balle à Falk dans sa série. Dans un rôle un peu effacé, très féminin et fragile, très éloigné de ce qu'elle a joué chez Cassavetes justement, elle parvient à trouver une tonalité juste. Les échanges entre Falk et elle procurent une douce émotion cinéphile.

Dans un autre type de charisme, la distribution donnera la possibilité à celles et à ceux que cela interpelle d'être particulièrement sensibles à la plastique pulmonaire d'une actrice charmante, Trisha Noble.

Mais plus sérieusement, évidemment, c'est l'intrigue qui tient lieu d'axe majeur, vers lequel toutes les attentions se tournent. Et le mode opératoire du crime paraît tout de suite bien compliqué, un des plus complexes de la série. Son aspect technologique a certainement amplifié cette impression. En dépit de cela, peut-être même grâce à cela, il se dégage de cette enquête un grand intérêt, une curiosité importante. Bien difficile de déceler l'issue à venir.

À ce propos, la révélation de la solution est plutôt bien pensée et mise en scène. Il n'empêche, si l'on veut bien être honnête deux secondes, il est évident qu'il était techniquement impossible à l'époque de faire ce qu'a fait Columbo avec les techniques "VHS" : un dénouement presque parfait en somme.

À noter le rôle plus important du chien. Dans cet épisode, il permet à Columbo d'aborder Werner et surtout Rowlands d'une manière peut-être un peu plus détournée et sur un mode affectif qu'il ne peut pas maîtriser habituellement. Ici et là, on perçoit dans cet épisode des prises de vues plus originales, une mise en scène léchée, surtout un travail sur les lumières intérieures qui fait plaisir à voir. Et quand le nom du metteur en scène apparaît au générique de fin, on comprend mieux : encore une réalisation signée Kowalski !

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6. ÉTAT D'ESPRIT
(A DEADLY STATE OF MIND)

Critique :

Pour clore cette saison 4, j'espérais un peu plus.

L'épisode ne manque pas d'attraits, cependant il ne remportera sans doute pas tous les suffrages. La faute en grande partie à un dénouement ordinaire, voire tarabiscoté si l'on se pique d'être méticuleux. J'ai bien du mal à le trouver imparable. Encore un piège de Columbo (je ne suis pas fanatique de ce genre de résolution), mais celui-là est loin d'être diabolique. Tiré par les cheveux, faiblard, ridicule même, pourraient être les qualificatifs les plus proches de la réalité.

Non, définitivement, c'est ailleurs qu'on va trouver de quoi se frotter les mains. La distribution n'est pas mauvaise. Les grandes stars ne sont pas au rendez-vous mais on a un duo d'acteurs plutôt intéressant pour des raisons différentes. George Hamilton a un physique : indéniablement une tête à prendre des baffes, un bellâtre au regard condescendant, à l'arrogance chevillée au faciès ; mi-playboy mi-précieux, Hamilton est de ces personnages qu'on situe difficilement et qui s'en trouvent plus fascinants encore. On ne peut pas dire qu'il tutoie les anges quand il joue, ses expressions se comptent sur les doigts d'une main, mais avec le peu qu'il a, il réussit à faire un boulot honorable.

Nous pourrions à peu de choses près tenir le même discours pour Lesley Ann Warren. Dire qu'elle est belle serait un peu exagéré, mais elle a du chien. Elle déborde de sensualité : ses regards, sa bouche, ses seins condamneraient à la damnation n'importe quel moine. Son jeu est tout aussi limité que celui de son acolyte ; cependant, même en incarnant les greluches un peu idiotes, il émane d'elle une sûreté, certes pas très sobre, mais somme toute d'une redoutable efficacité.

On retrouve dans cette enquête un élément des Columbo dont je raffole par-dessus tout : une superbe confrontation. Cet épisode-là est avant tout une magnifique passe d'armes à fleurets non mouchetés. En effet, le lieutenant affiche très vite son hostilité et ses réflexions sans fard à l'encontre de l'assassin joué par Hamilton. Cela débouche sur une excellente séquence sur le port où les deux protagonistes jouent cartes sur table et se mettent au défi. Somptueux, les dialogues se révèlent d'une puissance rare. Punchy !

Le ton de Peter Falk se fait de plus en plus agressif. C'est assez rare pour être signalé : le lieutenant se laisse un peu déborder, son humanité prend le dessus sur le professionnel, l'empathie l'emporte et il se montre exceptionnellement vindicatif.

Aussi est-il aisé de nourrir quelques regrets quand se déroule cette opération alambiquée dans le final : c'eut pu être un très grand épisode.

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Crédits photo : Universal Pictures.

Images capturées par Sébastien Raymond.