Les rues de San Francisco (1972-1977) Saison 3 1. La dernière tentative (One Last Shot) 2. Les espèces les plus mortelles (The Most Deadly Species) 4. Masque de mort (Mask of Death) 5. Les déserteurs (I Ain't Marchin' Anymore) 6. Une chance de vivre (One Chance to Live) 7. Le fils de Jacob (Jacob's Boy) 8. Les fanions de la terreur (Flags of Terror) 9. Appel au secours (Cry Help!) 10. Pour le bien ou le mal (For Good or Evil) 13. Un révolver qui voyage (The Twenty-Five Caliber Plague) 14. Monsieur Personne (Mister Nobody) 15. Faux témoins (False Witness) 16. La mort donne des nouvelles (Letters from the Grave) 18. Un meurtre à dix dollars (Ten Dollar Murder) 19. La programmation (The Programming of Charlie Blake) 1. LA DERNIÈRE TENTATIVE Au cours d'une interpellation, un officier de police, sous l’emprise de l’alcool, tue accidentellement son collègue. Il essaie ensuite de rejeter la responsabilité sur l'individu que les deux policiers tentaient d'appréhender. Cet épisode est un drame social bien plus qu'une enquête policière comme certaines aventures de la seconde saison, mais La dernière tentative est nettement au-dessus des autres. Leslie Nielsen porte l'épisode sur ses épaules en étant Joe Landers, policier alcoolique, qui a tué son coéquipier, et ami, de longue date. Il tente de 'réparer' son erreur en essayant de liquider le suspect, témoin de sa culpabilité, mais il se méprend et tire sur Keller, sans le toucher, dans une scène forte de l'épisode. Lors du final inattendu dans les locaux de la police, Landers, acculé, décide de tuer Stone, que son esprit embrumé par l'alcool tient pour responsable. Keller avait pourtant compris la situation avant son supérieur. L'atout de l'histoire est le personnage interprété par Leslie Nielsen, prodigieux en flic dépendant qui sombre dans la déchéance. L'épisode, au rythme lent, met l'accent sur les ravages de l'alcoolisme et le passage où Landers se saisit d'une bouteille dans son frigidaire est significatif. Il finit avec les clochards dans un drame où tous les personnages sont convaincants : Mel Shaffer, sa veuve, son fils ainsi que le suspect, ancien membre rangé d'un gang, et sa femme enceinte interprétée par la jolie Susan Strasberg, disparue trop tôt. Il n'y a pas de coupable mais seulement des victimes. 'It's a disease called loneliness'. o Metteur en scène: William Hale; scénariste: Jack B. Sowards ; musique : Patrick Williams. o Guest Stars: Leslie Nielsen, Jacqueline Scott, Robert Drivas (Special Guest Star), Susan Strasberg (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 12 septembre 1974 sur ABC. o Troisième et dernière apparition dans la série de Leslie Nielsen (1926-2010). Après avoir été un clochard dans La légion des épaves et un flic condamné par une maladie dans Avant de mourir, il interprète ici l'officier alcoolique Joe Landers qui a abattu accidentellement son collègue. o Jacqueline Scott (1932), qui joue Nina Shaffer, la veuve, est l’épouse du représentant, qui prend une auto-stoppeuse junkie et se voit entraîner dans un engrenage de meurtre et de chantage, dans Mésaventures de la première saison. o Jock Mahoney (1919-1989), l’officier Mel Shaffer, le coéquipier de Landers, est le père de la jeune serveuse violée et assassinée dans Sans issue. o Lieux de tournage : Dolores Heights (les habitations des personnages Nina Shaffer, Joe Landers et du couple Graves, dont la maison a été démolie depuis). o Stone précise dans l'épilogue que 45 000 personnes sont frappées par l'alcoolisme dans la ville de San Francisco et 10 millions aux USA (1974). o Landers se retrouve devant un orchestre de L'Armée du Salut. Ce mouvement religieux international fut créé en 1865 par William Booth qui disait entre autres : 'Tant qu'il y aura un alcoolique, je me battrai.' o Stone et Keller conduisent une Ford Galaxie 500 dans cette saison. o Pat Williams fut nominé pour un Emmy pour la musique de cet épisode. Comme à chaque saison, la partition musicale du générique est légèrement différente de la précédente. 2. LES ESPÈCES LES PLUS MORTELLES Un parrain engage une tueuse professionnelle pour venger son fils assassiné par un rival. La femme devient la voisine de Steve Keller et elle séduit le policier afin d'obtenir les renseignements nécessaires. Malgré quelques incohérences et un manque de scènes d'action, cet épisode fait partie des réussites de la saison. Les amateurs de séries US des années 70 reconnaîtront des têtes familières : Barry Sullivan, le mafieux, James Luisi, le tueur, et Joseph Ruskin, le croquemort. Brenda Vaccaro, en tueuse à contrats, est crédible et aux antipodes de son rôle de bleue de la première saison. On peut reprocher néanmoins que l'identité de Sydney soit révélée trop tôt ce qui empêche de partager l'effet de surprise de Keller dans le final. Les acteurs convaincants donnent un cachet aux scènes clés de l'histoire : la visite de Stone et Keller dans l'antre de Brennan, la découverte du cercueil à double fond, la rencontre Brennan/Sydney à l'église, l'assassinat de Davies à son bar et le final dans un décor grandiose. Le réalisateur, Virgil W. Vogel, est un habitué de la série et il est gage de qualité ; la dernière image permet de voir, pour la première fois, l'appartement de Keller du ciel ce qui souligne le désarroi du policier après cette cruelle désillusion. Par contre, le scénario a quelques 'ratés'. Ainsi, on peut trouver la ficelle un peu grosse lorsque le témoin, récalcitrant, feuillette les fichiers de la police et qu'il est censé marquer une faible hésitation sur une photo ce qui donne à Stone l'identité de l'assassin. On dit que l'amour est aveugle mais Keller a une attitude désinvolte très surprenante en révélant des détails de l'enquête à Sydney dès leur premier rendez-vous, ce qui permettra à la jeune femme de retrouver le tueur et de l'exécuter. Également bizarre qu'une tueuse professionnelle laisse des traces de rouge à lèvres sur les lieux d'un crime. Quelques imperfections qui ne gâchent pas le plaisir d'un épisode également humoristique ; la curiosité et les taquineries de Stone sont savoureuses et la scène est exquise lorsqu'il frappe à la porte de Keller et qu'il se rend compte que son coéquipier a passé la nuit chez sa voisine : 'Cosy, side by side'. Il en profite pour essuyer paternellement la trace de rouge à lèvres sur la joue de Keller et la faire analyser subrepticement… 'All women don't dream of marriage.' o Metteur en scène: Virgil W. Vogel; scénariste: Hesper Anderson; musique: Richard Markowitz. o Guest Stars: Brenda Vaccaro, James Luisi, Barry Sullivan (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 19 septembre 1974 sur ABC. o Brenda Vaccaro (1939) est la tueuse Sydney. Elle était Sherry Reese, une jeune officière de police traquée par un tueur en série dans Victime du devoir. Elle était également à l’époque la petite amie de Michael Douglas… ce qui a dû faciliter la scène du baiser ! o Barry Sullivan (1912-1994), Murray Brennan, le mafieux, a joué dans quatre autres épisodes de la série ; dans Dernière heure, il joue un journaliste renommé qui tue accidentellement sa maîtresse dans un excès de jalousie et dans Le feu dans la ville, il interprète un chef d’entreprise, dont le fils tente de rembourser des dettes de jeu en engageant un incendiaire. Il sera également un otage dans l'épisode en deux parties, Les assassins. o Steve Sandor (1937-2017), le mafieux Charley Albanese, est le tueur qui abat le témoin dans les locaux de la police lors de la séquence d’ouverture d’Information mortelle. o Joseph Ruskin (1924-2013) est un habitué des séries US. Il tourna, entre autres, dans six épisodes des Incorruptibles. o Lieux de tournage : la scène d'ouverture fut filmée à Candlestick Park, démoli en 2015, pendant un match entre les Giants et les New York Mets. Union Street (l’appartement de Keller et de Sydney), l’église St. Anthony of Padua, démolie suite à un incendie l’année suivant le tournage (la rencontre Brennan / Sydney), The Connection (Noe Valley). La scène finale fut tournée au Palace of Fine Arts, Palais des Beaux-Arts, qui se trouve dans le quartier de o Lorsque Sydney s'approche de la limousine d'Albanese, la fenêtre est ouverte mais elle ne l'est plus au plan suivant. o Mike Stone a plus d’envergure que son collègue que cela soit pour les répliques humoristiques (au croquemort : ‘Stick to bury one body at a time’) que dans le développement du personnage qui veille tard au bureau, travaille en mangeant et prend le soin de nettoyer les miettes. Un ancien agent de la CIA est engagé par des militaires à la retraite pour abattre un dignitaire chinois en visite à San Francisco. L'épisode est centré, comme le précédent, sur un tueur à gages. Jerry Schilling, l'impitoyable assassin et ex-agent de la CIA, qui, tel un magicien, brise le cou de ses victimes comme un fétu de paille, est interprété par Bill Bixby, barbu pour l'occasion. Si on peut croire à l'inhumanité de cet individu (le passage à l'hôpital avec son jeune fils handicapé fait froid dans le dos), les relents de Guerre froide font inéluctablement dater l'épisode avec les références à Kennedy, la baie des Cochons et la guerre de Corée. Il n'y a pas d'interprétation inoubliable ; Bill Bixby est bon, sans plus, Andrew Duggan incarne le général à la retraite Robert West, une caricature primaire de l'anticommunisme (commie en VO) mais on a le plaisir de revoir Linda Marsh et la ravissante Cheryl Miller dans un petit rôle. Quelques scènes intéressantes ; Myrna, l'ex de Schilling, fait un plaidoyer contre la CIA, organisation qui détruit ses agents psychologiquement jusqu'à les rendre méconnaissables, alors que Stone est attendri devant le bébé mais l'histoire est alourdie par trop de blablas idéologiques militaires. A noter la scénette émouvante quand Myrna supplie Stone de lui laisser le jouet. L’enquête est aussi tirée par les cheveux, ce qui empêche de mettre plus de deux en notation. Il y a d’abord le ticket de caisse de la pharmacie dans le sac du jouet pour l’enfant, qui permet de localiser le bateau de Schilling/Pine, puis le reçu du coffre de la banque retrouvé dans la main de la prostituée supprimée. Cela fait beaucoup pour un assassin méticuleux et…un scénariste en manque d’imagination. Le tueur effectue de nombreux trajets en ville sans être inquiété jusqu'au moment où Keller l'aperçoit, vraiment par hasard, en compagnie de la prostituée. Il se rase chez sa victime puis se déguise en nonne en oubliant que les religieuses se déplacent toujours par deux (bien vu, Stone !). Le final est le meilleur passage de l'épisode : Schilling s'installe avec son fusil à balles explosives dans le clocher d'une église et Keller n'a pas d'autre choix que de l'abattre. Un épisode moyen où le mariage d'histoire policière et d'espionnage n'est pas convaincant. 'He died a long time ago.' o Metteur en scène: Barry Crane ; scénariste : Rick Husky ; musique : John Elizalde. o Guest Stars: Bill Bixby, Andrew Duggan, Linda Marsh. o Cet épisode a été diffusé le 26 septembre 1974 sur ABC. o Bill Bixby (1934-1993), Jerry Schilling, le tueur, est connu pour les séries Le magicien et L'incroyable Hulk. Il jouera dans un second épisode de la série. o Andrew Duggan (1923-1988) est le capitaine Malone dans le pilote et il a joué dans de nombreuses séries US : Le fugitif, Les envahisseurs, Cimarron, L'homme de fer, Cannon, Hawaii police d'état (sept épisodes). o Linda Marsh (1939), l'ex femme du tueur, est…. l’ex femme du sergent déserteur prêt à tout pour récupérer son fils adopté dans Une adoption illégale. o Cheryl Miller (1943) est Kimberly, la prostituée (‘you’re irresistible’). Elle est Paula Tracy dans 89 épisodes de la série Daktari (1966-69). Elle ne tourne plus depuis 1980. o William Bramley (1928-1985) est John Condon, le supérieur de Stone. Il a joué dans trois autres épisodes de la série dont un autre dans le même rôle, Le solitaire (dernier épisode de la troisième saison). Il est l’officier Pete Morgan blessé dans la fusillade au début de La licorne et le chef des agents de libération sur parole dans Liberté sur parole. o Byron Morrow (1911-2006), l’homme du ‘State Department’, est le collectionneur fortuné assassiné dans Le timbre de la mort. o David McLean (1922-1995), le capitaine du port, a un rôle équivalent dans Dernière heure et La licorne. o Lieux de tournage : Candlestick Park (la rencontre West/ Schilling), la prise de vue extérieure de l'hôpital pour enfants est Shriners Children’s Hospital, San Francisco International Airport, l’église Saints Peter and Paul à Filbert Street. o Lorsque Keller précise que tout le monde veut une arme, Stone parle de son voisin en commençant par : ‘Tell me about it’…une phrase souvent dans la bouche de son collègue chauve new-yorkais. 4. MASQUE DE MORT Un comédien se travestit en femme sur scène et ce rôle lui monte à la tête. Atteint d'un dédoublement de personnalité, il tue mais ne se souvient pas de ses crimes. Un épisode très particulier que tout fan se rappelle d'avoir vu, même des décennies plus tard. L'histoire de ce comédien schizophrène à double personnalité trouve son apogée lors de la scène impressionnante où Ken Scott est menacé par son double féminin, Carole Marlowe, par miroir interposé. Une lutte interne entre le mal et le bien ; 'elle' tue mais 'il' ne s'en souvient pas. Scott se transforme en Carole Marlowe car il est subjugué par cette actrice des années 30 et, désireux de se venger de son père, un voyageur de commerce toujours absent, il tue les représentants qu'il rencontre à l'aide d'une longue aiguille à cheveux. Il y a de nombreuses scènes intéressantes, certaines n'ont aucune incidence sur l'histoire, comme Stone et le squelette au début. D'autres sont très significatives comme la transformation soudaine de Scott en Marlowe sous les yeux horrifiés de sa petite amie, l'assassinat du chauffeur, qui a tout compris, en haut des escaliers (scène directement inspirée de Psychose) et le final angoissant où Stone et Keller pistent le criminel dans sa maison. La performance de John Davidson fait de l'ombre aux autres seconds rôles mais il faut noter la (trop) courte participation d'Anne Helm en bikini. Organisateur d'une soirée, son personnage, Bobo Stanfield, met les policiers sur la piste du comédien en draguant ouvertement Keller sous l'œil amusé de Stone : 'Inspector, call me sometime !'. Le groom de l'hôtel sera également prépondérant en décrivant 'la femme' comme un personnage sorti d'un film des années 30. Un excellent épisode qui souffre néanmoins à la rediffusion, principalement à cause des trop longues scènes de cabaret. 'It's like dealing with a three-headed monster.' o Metteur en scène : Harry Falk ; scénariste : Robert Malcolm Young ; musique : Richard Markowitz. o Guest Stars: John Davidson, Herb Edelman, Marianne McAndrew, Anne Helm, John Fiedler. o Cet épisode a été diffusé le 3 octobre 1974 sur ABC. o John Davidson reçut une critique enthousiaste unanime pour sa personnification d'une femme meurtrière. o Harry Falk, le metteur en scène, fut nominé pour un Emmy dans sa catégorie pour cet épisode. o Jerry Young, le monteur, fut nominé pour un Emmy dans sa catégorie pour cet épisode. o Le personnage Carole Marlowe est une référence à Carol Channing. En effet, l'aspect physique est ressemblant et elle fut la première à chanter Diamonds are a Girl's Best Friend. Cette chanson, reprise avec succès par Marilyn Monroe, est interprétée par Scott/Marlowe avec la voix de Craig Russell dans l'épisode. On entend également My Heart Belongs to Daddy. o Lieux de tournage : la première scène d’intérieur fut tournée au Fairmont à Nob Hill et la maison de Ken Scott se situe dans le quartier Pacific Heights. o Herb Edelman (1933-1996), l'impresario, est l’un des malfrats qui dérobent un fourgon blindé contenant de l’or radioactif dans L’or mortel. Il tourna dans de nombreuses séries dont, peu avant son décès, dix épisodes d'Arabesque dans le rôle du lieutenant Gelber. o Anne Helm (1938), Bobo Stanfield, est canadienne. Elle a fait plusieurs activités, de showgirl à 16 ans à décoratrice de livres pour enfants. Elle a joué aussi dans de nombreuses séries : Les incorruptibles, Le fugitif, Match contre la vie (cinq épisodes), La grande vallée, Hawaii police d'état, Le justicier. Elle ne tourne plus depuis 1986. o Denny Miller (1934-2014), la première victime dans la chambre d’hôtel, le représentant à une convention, qui ne s’aperçoit pas qu’il va embrasser goulument un travesti, est le chauffeur du tueur de l’épisode Coup monté. o Phillip Pine (1920-2006) est le sergent Woody Foster, qui s’entretient avec Stone et Keller sur un meurtre similaire non résolu dans le même hôtel (la première scène des policiers). Il est le commercial que la prostituée essaie de racoler dans la première scène du Premier jour de l’éternité et Dave, le policier qui enquête à l’hôtel d’Eddie, lorsque celui-ci, traqué, était attendu par deux tueurs à sa chambre dans Ma maison est une prison. o Un jeu de mots sur 'tip' : le maitre d'hôtel tend la main à Stone, par habitude, pour un pourboire (tip). Il vient d'évoquer Carole Marlowe, un tuyau (tip) pour les policiers ! o L’avis de Stephen King sur l’épisode: ‘One of the scariest episodes of television ever produced’. [Un des épisodes les plus effrayants que la télévision a produit]. o La ‘notion’ était primordiale dans l’élaboration d’un épisode. Elle se constituait d’une ou deux pages avec le début, le milieu et la fin de l’histoire. Quinn Martin l’approuvait et un scénariste était alors désigné pour la rédaction. Ce scénario était retravaillé avant le tournage pour être en accord avec les personnages de la série. Il y a des exemples de ‘notions’ dans le livre: The Hard Breed, Winterkill, Mask of Death (The Streets of San Francisco: a Quinn Martin TV Series, James Rosin). 5. LES DÉSERTEURS Steve Keller infiltre un groupe de déserteurs de la guerre du Vietnam afin de démasquer le meurtrier d'un de ces insoumis. Cet épisode est politique, plutôt marginal, enraciné dans son époque et, par conséquent, très difficile à évaluer. Exceptionnellement, la voix-off du générique situe l'histoire dans son contexte car l'action, ainsi que le tournage, se déroule au printemps 74, alors que la désertion est toujours un crime. La diffusion eut lieu presque un mois après l’amnistie, ce qui nécessite ces explications du début de l’épisode. L'intérêt de l'épisode est la différence d'opinion des deux policiers sur ce sujet très épineux qui divise l'Amérique (le docteur aide les déserteurs et l'enseignante à la retraite ne veut rien savoir). Si Keller prend cause pour les fugitifs, surtout après la visite chez les parents et le sermon de Kathy, la petite amie du mort, Stone reflète la tranche conservatrice dans une scène forte où Kathy lit la lettre accusatrice du défunt ('I think it's a great country. Speaking for myself, it may be the best'). Malgré un excellent début (l’appel aux parents, l’aperçu de la petite amie au métro, le rendez-vous fatal) et une confrontation finale intéressante, l'intrigue est banale ; Keller, chaussé de lunettes rondes, est infiltré dans la ferme des déserteurs et il démasque l'assassin qui a tué pour camoufler un crime de guerre. Après hésitation, les autres fugitifs aident le policier à maitriser le meurtrier avant de s'éclipser. 'Policemen didn't get drafted, did they ?' o Metteur en scène : Paul Stanley ; scénariste : Albert Ruben. o Guest Stars: Michael Burns, Renne Jarrett, Don Stroud (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 10 octobre 1974 sur ABC. o Le 16 septembre 1974, le président américain, Gerald Ford, offre une amnistie conditionnelle à toutes les personnes considérées comme déserteurs. Les conditions de l'amnistie sont restrictives, et ceux qui la demandent ne sont pas complètement innocentés. Ils doivent servir et prêter serment à leur pays pendant 24 mois. Les réfractaires réfugiés au Canada, comme dans cet épisode, ainsi qu'en Suède, en France et en Grande-Bretagne, ont en grande majorité boycotté l'amnistie de 1974. o Michael Burns (1947), l'assassin, est le tueur pervers ‘O.P.’ de l'excellent épisode Victime du devoir de la première saison. Il reviendra une troisième fois lors de la quatrième saison. Il eut une carrière d'historien (récompensé pour ses écrits sur Dreyfus), d'écrivain et d'enseignant. Il élève dorénavant des chevaux dans le Kentucky. o Don Stroud (1943) est le violeur et meurtrier de la serveuse, interprétée par Cheryl Ladd, dans Sans issue. Il était un des meilleurs surfeurs au monde. Il joua souvent des rôles de salopard à l'écran. Il est le criminel Ringerman poursuivi par Coogan/Eastwood dans Un shérif à New York. Également vu dans Police sur la ville avec Richard Widmark et dans de nombreuses séries policières. Dans la vie, c'est différent : après le crash d'un petit avion, il sauva la vie d'un pilote et il perdit l'usage d'un œil en secourant un homme agressé à Greenwich Village au début des années 90. o Gaye Huston (1944), la jeune femme qui s’occupe de l’organisation de la ferme, est la mère de famille violée dans Les victimes. o Richard Bull (1924-2014), le père de la victime, est Harry, le coroner, des épisodes Une collection d’aigles et Dernière heure. o Jay Jacobus (1921), le directeur de l’école, est le manager de l’hôtel d’Au milieu des étrangers, le juge dans L’albatros et le père richissime de la conquête du meurtrier de Trahie. o Lieux de tournage : Market Street (le cabinet médical), San Francisco City Hall (Stone s'entretient avec le membre du congrès dans les allées piétonnes devant la Mairie), Lime Point (sous le Golden Gate Bridge), San Gregorino en Californie (le magasin d’alimentation). 6. UNE CHANCE DE VIVRE Une femme est persécutée par un individu qui tente de la renverser avec sa voiture. Arrêté, le psychopathe est relâché, faute de preuves, mais il n'a pas abandonné son funeste projet. Cette histoire promet beaucoup avec la première scène mais elle sombre petit à petit dans le classique. Stone doute de la véracité des propos alarmistes de Martha Howard, une femme d'âge mûr très solitaire, qui a déjà contacté la police à plusieurs reprises, mais elle enregistre un appel menaçant. Elle veut aussi cacher sa relation avec un ministre canadien marié. Joanne Linville est peu crédible en maîtresse et on se demande qui a engagé Bobby Nelson, bien dérangé, pour la trucider : le ministre qui en a marre d'une maîtresse vraiment quelconque pouvant briser sa carrière ou l'épouse jalouse qui attendait un bouquet de fleurs qui n'est jamais venu. Que nenni ! Le type veut tout simplement se venger d'avoir perdu sa place chez un fleuriste ! Un scénario épais comme du papier cigarette étoffé par un copycat de L'inspecteur Harry : Bobby Nelson est relâché car il n'y a pas de preuve puis il s'arrange pour se faire rosser et faire accuser Keller de brutalité policière. Du déjà vu et n'est pas Scorpio qui veut ! Même la fin, à l'aéroport, est bancale. Stone blesse Nelson, qui allait balancer Martha dans le vide, et l'individu saute. Il y a heureusement les trois acteurs connus de la série qui, sans être transcendants, font passer un bon moment. 'Solitude is a welcome color.' o Metteur en scène : Seymour Robbie; scénariste : David Friedkin ; musique : Billy Byers. o Guest Stars: Joanne Linville, Steven Keats, Pippa Scott, Edward Mulhare (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 17 octobre 1974 sur ABC. o Joanne Linville (1928), Martha Howard, est la femme du policier condamné dans Avant de mourir. Elle a participé à d'autres séries cultes : Le fugitif, Les envahisseurs, Star Trek, Hawaii police d'état, Columbo, Kojak. o Steven Keats (1945-1994), Bobby Nelson, le harceleur, est le dealer de l’épisode Expédition punitive. L'acteur s’est suicidé à l'âge de 49 ans. o Edward Mulhare (1923-1997), le ministre, est l'excellent tueur psychopathe de La tragédie de la tour avec Stefanie Powers. o Paul Cavonis (1937) est aussi le District Attorney dans Avant de mourir. o Woodrow Parfrey (1922-1984), l’avocat de Nelson, est l’informateur Doc dans Le timbre de la mort. Il a tourné plusieurs fois dans des films avec Eastwood : L’inspecteur Harry, Josey Wales, hors la loi, Bronco Billy. o Bern Hoffman (1913-1979) a un rôle similaire de gardien d’immeuble dans Comme un poisson dans l’eau et il est le convoyeur assassiné de L’or mortel. o Lieux de tournage : North Beach (la poursuite de la première scène, l’appartement de Nelson), Webster Street (l’appartement de Martha), Sausalito (le politique et sa maitresse au restaurant), la mairie et les allées environnantes, Stow Lake (Stone et Keller se promènent dans le parc), l’aéroport de San Francisco (final). o Un peu de sexisme des années 70 : lorsque Stone évoque la maitresse du politique canadien, jugeant qu’elle n’est pas ‘exactly a centrefold’ (une pin-up), Keller raconte qu’il était amoureux de sa prof d’histoire même si elle marchait comme un pigeon, parce qu’elle avait néanmoins quelque chose. Tout le charme de ces vieilles séries ! o Lors de la promenade dans le parc, Stone essaie de raisonner Keller en lui expliquant que la procédure est normale, de regarder la situation d’un autre point de vue, et compare des méthodes policières à o À noter l'erreur de nombreux sites qui stipulent que c'est l'épouse qui a engagé Nelson pour tuer sa rivale. Les inconvénients du net et des pompages… 7. LE FILS DE JACOB Un clochard fait chanter un homme qui pense avoir commis un meurtre. Après la mort accidentelle du maître-chanteur, l'individu prend la fuite de peur que son passé le rattrape. Une histoire lente, bavarde et ennuyeuse. Stone et Keller retrouvent facilement le client de la teinturerie et les trois quarts de l'épisode sont consacrés aux agissements de Jacob Willis dans un pénitencier vingt-cinq ans plus tôt. Dès le début, les dires du clochard à ses deux acolytes dans le bar nous apprennent que Willis est innocent. En fait, l'histoire tourne autour de Willis, homme de couleur, qui a élevé le fils de son patron et sur la relation ambiguë, plus que paternelle, qui lie les deux hommes. Le fils voue une admiration à l'homme qui l'a éduqué, plus qu'à son père ; tout est suggéré car les relations homosexuelles dans les années 70, surtout entre Noirs et Blancs, étaient taboues. Bref, beaucoup d'ennui, peu d'enquête, pas d'action, à part la dispute et l'arrestation des clochards, et, seuls, Brock Peters et la partition musicale sont à retenir. 'He took the money we got from the black guy.' o Metteur en scène: Harry Falk ; scénariste : Paul Savage. o Guest Stars: Brock Peters, Mitch Vogel, Dabney Coleman, Robert Walden (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 24 octobre 1974 sur ABC. o Brock Peters (1927-2005), Jacob, a fait l'éloge de Gregory Peck à ses funérailles en 2003. Il est décédé d'un cancer du pancréas en 2005. o Lieux de tournage : The Embarcadero (le bar et la rencontre avec les clochards), Mission Street (la bagarre des deux clochards), Cazadero en Californie (le restaurant et l’arrêt de bus). 8. LES FANIONS DE LA TERREUR À leur arrivée au port de San Francisco, des terroristes sont repérés par les douanes et sèment la panique. Ils terminent leur cavale sur une péniche avec des otages dont l'inspecteur Steve Keller capturé par la femme du commando. L'épisode démarre tambour battant avec une fusillade et la poursuite mouvementée de la camionnette rouge des terroristes par les véhicules de police. Repérés par un douanier tatillon, les révolutionnaires ne peuvent accomplir leur volonté initiale, l'attaque d'une ambassade, mais ils veulent faire parler d'eux. Deux ans après la sinistre prise d'otages des J.O. de Munich, ce genre d'évènements était répandu dans les scénarios de séries et l'originalité de cette version est l'appareil-photo qui sert de détonateur à la bombe (Keller servira de négociateur avec l'engin dans le dos). Après un premier quart d'heure tonitruant, l’action se fige dans un bassin portuaire et fait place à une tension palpable, où les quatre otages se retrouvent à la merci d’un commando de révolutionnaires. Un statu quo pesant où Keller use de psychologie et Stone essaye d'élaborer un plan, et l’excellente séquence de diversion provoquée par Keller permet de connaître le chiffre pour désamorcer la bombe. Le père de la jeune femme, tuée par une balle perdue, donne du rythme au script en abattant un terroriste qui menaçait Keller et il aura un rôle prépondérant dans le final, mais on se demande comment il a pu passer les différents barrages. A noter le discours de Stone au journaliste pour son parti pris, une notion toujours d’actualité des décennies plus tard… 'The cunning of the criminal mind.' o Metteur en scène : Virgil W. Vogel ; scénariste : Jerry Ziegman. o Guest Stars: Carl Franklin, Katherine Cannon, Robert Hogan, o Cet épisode a été diffusé le 31 octobre 1974 sur ABC. o Virgil W. Vogel (1919-1996), le réalisateur le plus prolifique de la série (29 participations), est le metteur en scène de cet épisode. o Robert Hogan (1933), Mr Warren, le père de la jeune fille tuée, est le membre de la convention pris pour Rankin au début de l’enquête de l’épisode Mésaventures de la première saison. o Richard Eastham (1916-2005), le journaliste Leist, est le politique assassiné au début d’Au milieu des étrangers. o La première scène se déroule à Tokyo. Il est rare que la série quitte la Californie, a fortiori les USA. o Lieux de tournage : le port de San Francisco (Piers 33 & 35), Transamerica Pyramid (qu'on aperçoit plusieurs fois lors de la poursuite), Central Basin. o Le terroriste passe à Keller ses propres menottes dans le dos et il dit au policier qu'il ira où ils iront en parodiant la chanson de Bob Dylan : 'Going, going, gone'. La chanson est extraite de l'album Planet Waves, sorti en janvier 1974, année du tournage de l'épisode. o Un peu d'humour lorsque Mike Stone se présente 'SFPD'. Réponse du terroriste, faisant allusion à Keller, prisonnier :'Thanks, but we already got one !' [Merci, mais on en a déjà un !] 9. APPEL AU SECOURS Un jeune garçon perturbé est suspecté d'avoir tué le beau-père d'un copain. Stone et Keller vont mettre à jour un drame familial particulièrement douloureux. Ce n'est pas la première fois que la série met en scène des enfants, surtout dans des épisodes dramatiques. C'est bien évidemment encore le cas dans cette sordide histoire d'enfant battu. Stone et Keller découvrent que Paul, 13 ans, a des traces de coups sur le corps et son beau-père est suspecté, mais celui-ci est tué lors d'une violente dispute avec Bonnie Harris, la mère de Paul, sous les yeux de deux enfants. Bonnie accuse l'ami de son fils, au lourd passé, de cet acte irréfléchi. Elle a déjà menti en parlant d'un manque d'équilibre pour expliquer les ecchymoses. Veut-elle couvrir son fils pour le meurtre ? On ne voit pas la scène et on entend seulement le coup de feu, le point de vue des voisins. Néanmoins, on soupçonne très tôt la vérité même si celle-ci est moche. Beaucoup de dialogues ont leur signification à la rediffusion. Rapidement, Stone et Keller doutent de la culpabilité du jeune garçon et ils vont découvrir une histoire glauque. Les deux policiers trouveront le refuge des enfants et la confrontation résoudra l'affaire. Mariette Hartley est impressionnante dans ce rôle d'une mère qui bat son fils de 13 ans qu'elle pense responsable du départ de son premier mari. Elle refuse d'assumer l'assassinat et elle préfère accabler un enfant déjà traumatisé. Sa froideur est plus dérangeante que celle d'un tueur à gages et la dernière scène, lorsqu'elle tourne le dos à son fils qui l'adore, est une des plus fortes de la série. The Streets of San Francisco n'a pas que l'étiquette policière et le qualificatif dramatique est plus adapté à ce genre d'épisodes qui souffrent souvent de quelques longueurs. On oublie parfois que le thème de la série est tout ce qui se passe dans les rues de la ville. Stone répond d'ailleurs à l'éducateur, qui souligne que la rue est son bureau : 'This is your private office ? I've always thought it was mine.' o Metteur en scène : Corey Allen ; scénaristes : Larry Brody & Leonardo Bercovici. o Guest stars: Mariette Hartley, Clint Howard, David Gruner, Marge Redmond. o Cet épisode a été diffusé le 7 novembre 1974 sur ABC. o Le réalisateur, Corey Allen, fut nominé pour un DGA (Directors Guild of America) dans la catégorie 'Mise en scène de série dramatique'. o Ray Daniels fut nominé pour un Emmy pour le montage de cet épisode. o Mariette Hartley (1940), Bonnie Harris, a participé à un autre épisode de la série, Information mortelle, dans le rôle d'Andrea McCormick, policière suspectée de trahison. Voir la photo. o Clint Howard (1959), Tommy, l'ami de Paul, est Billy, un des trois gamins qui cambriolent la maison d'un vieil homme dans Le mort vivant de la première saison. o William Jordan (1937), le beau-père assassiné, est l’officier spécial qui désamorce les bombes dans Le troisième âge se rebiffe. o Lieux de tournage : Sanchez Street (la maison des Harris), Wisconsin Street (la maison des Sanders) avec le port en arrière-plan, Market Street (la patrouille repère Tommy), Indiana Street (l’entrepôt où les enfants se réfugient). o Stone demande au policier… Sekulovich d'amener Bonnie. C'est un clin d'œil personnel car Sekulovich est le nom serbe de Karl Malden, Mladen Sekulovich. Le personnage apparaîtra de nouveau dans l'épisode suivant et dans quelques autres aventures. 10. POUR LE BIEN OU LE MAL Stone essaie d'empêcher un jeune de tomber dans les mailles d'un gang auquel appartient déjà son frère mais, témoin d'un meurtre, il demande du travail au tueur plutôt que de le dénoncer. Un très bon épisode qui met en évidence l'influence des gangs, véritable fléau aux USA. Hari Rhodes est grandiose en Karpa, un chef de gang cynique et manipulateur. Il agrandit son territoire en éliminant un concurrent et en essayant de faire accuser l'autre. Il a deux frères sous sa coupe et il tente, vainement, de faire assassiner le plus jeune, Paul, par l'aîné, Jimbo. Il y a un peu de suspense et on se demande même si Jimbo ne va pas passer à l'acte. Le gang est constitué pratiquement exclusivement de jeunes Noirs, ce qui était le cas dans les années 70 avant que les Portoricains, entre autres, ne prennent le relais. La seule exception est l'indic de Keller, Lori, la stripteaseuse, qui permet au policier de retrouver l'arme du crime, mais elle a été manipulée et elle sera sacrifiée par une overdose une fois sa mission accomplie. Mike Stone a autant le rôle d'un éducateur que d'un policier en voulant remettre Paul sur le droit chemin. La confrontation entre les deux hommes sur les toits est une scène très intéressante. Paul a reçu l'ordre de Karpa de liquider Stone, devenu gênant, mais le policier lui assène une bonne gifle et le jeune Noir, incapable de franchir le pas, décampe arme à la main. Les deux frères sont dorénavant menacés et Paul a recours à Stone pour sauver Jimbo. Malgré un final et une fusillade un peu escamotés, cet épisode est de bonne facture et la prestation d'Hari Rhodes ne laisse pas indifférent. 'Say hello to your dead friends.' o Metteur en scène : Michael Caffey; scénariste : Mort Fine. o Guest Stars: Mike Evans, Herbert Jefferson Jr, Hari Rhodes (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 14 novembre 1974 sur ABC. o Hari Rhodes (1932-1992), le chef de gang, a joué dans sept épisodes de la série. Il est le laborantin de la police dans plusieurs épisodes de la première saison. Il joue un repris de justice dans Liberté sur parole. Il a un rôle récurrent dans les séries Section contre-enquête (Most Wanted) avec Robert Stack et Daktari. o Lieux de tournage : Mission District (Stone est entraineur de basket-ball au gymnase John O’Connell) éloigné, contrairement à ce que laisse supposer le montage, de la scène de crime à Potrero Commons, le night-club de Karpa à North Beach ‘ o Au début de l'épisode, Mike Stone est entraîneur de basket pour des jeunes désœuvrés. Karl Malden fut effectivement joueur de basket-ball dans sa jeunesse. Il passa son enfance à Gary dans l'Indiana entre ses études, le basket-ball, le théâtre et la chorale de la paroisse. o Un peu d'humour lorsque Stone demande à Keller comment il obtient ses rendez-vous galants aussi rapidement. Le jeune policier conseille à son supérieur de changer de tailleur ! 11. LES OISEAUX DE PROIE Stone et Keller enquêtent dans l'armée de l'air pour retrouver un colonel qui a étranglé plusieurs femmes, mais les deux suspects ont des alibis qui les disculpent. Un épisode moyen et même décevant si on prend en compte que le réalisateur est Virgil W. Vogel, le plus prolifique de la série. La première scène avec les deux ombres à la fenêtre est très hitchcockienne et le témoignage du témoin pose les bases du récit : la femme a été assassinée par un militaire. Rapidement, Stone et Keller sont à la recherche d'un colonel blond de l'armée de l'air qui s'avère, en fait, être un tueur en série, spécialisé dans les femmes mariées à des pilotes. La trame est bonne avec deux suspects, et la présence de William Watson dans la distribution (le chef de la base) fait penser à l'entourloupe vu le nombre conséquent de rôles de méchants à son actif. Finalement, le suspense est bien gardé car on ne soupçonne pas le barman du Graf Zeppelin ; l'habit ne fait pas le moine ! Si l'histoire est plaisante, il n'en est pas de même pour le déroulement de l'épisode où l'étude des deux fausses pistes comporte quelques longueurs et l'infiltration de Keller en militaire est ridicule et pas crédible. D'ailleurs, on savoure son état, autant que Stone, après son passage dans l'avion de chasse : 'The film is ready. Are you ready ?'. La longue séquence finale dans les airs plombe l'épisode car le dénouement est prévisible et les nombreuses images d'archives, utilisées par toutes les séries, y compris The Avengers, lorsque l'armée est impliquée, font figure de remplissage. Une histoire intéressante mais un épisode décevant malgré une solide distribution. 'Inspector, that kind of women is never alone.' o Metteur en scène : Virgil W. Vogel; scénariste : Guerdon Trueblood. o Guest Stars: Dennis Cole, William Watson, Kaz Garas, Christopher Stone (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 21 novembre 1974 sur ABC. o Dennis Cole (1940-2009), Peter Johnson, un des deux colonels suspectés, était connu des amateurs de séries et c'est d'ailleurs après une apparition dans la série Drôles de dames qu'il épousa Jaclyn Smith, mariage qui dura trois ans. Ses nombreux problèmes d'alcool et la mort brutale de son fils ont marqué la fin de sa vie. o William Watson (1938-1997) était le flic Dedini, collègue de Stone, dans les épisodes Pas d’insigne pour Benjy et surtout l'excellent Coup monté (tous deux, saison 2). o Kaz Garas (1940), le deuxième colonel suspecté, est l'assassin d'un enfant dans L’albatros et le pyromane dans Le feu dans la ville, et il sera présent dans l’ultime épisode de la série. o Christopher Stone (1942-1995), le barman, est le cambrioleur qui abat le gardien et un membre de la bande de truands dans Le vol des sauterelles. Il a commencé sa carrière dans Les bannis et il est apparu dans de nombreuses séries. Il est décédé d'un arrêt cardiaque. o Brendan Burns, le jeune témoin qui intervient au début de l’épisode, est le badaud qui renseigne Eddie après l’assassinat du propriétaire du magasin dans Ma maison est une prison. o Lieux de tournage : Pacific Avenue (le bar Graf Zeppelin, très tôt dans l’enquête car Stone trouve une pochette d’allumettes du bar sur les lieux du crime), la base USAF McClellan (fermée depuis), Baker Street (la maison de la tante de Danielson) avec la vue en arrière-plan sur le Palace of Fine Arts. o Dennis Cole et Michael Douglas ont des coupes de cheveux qui rendent leur appartenance au personnel de l'armée de l'air peu crédible. (Source : TV.com). o Il est bien sûr fait référence à la guerre du Vietnam et aux conditions de détention des prisonniers (vidéo du psychiatre). Cela n'est pas la première fois dans la série car cette guerre a laissé de nombreuses cicatrices dans la société américaine, particulièrement dans les années 70. o On apprend que Stone fut sergent dans les Marines. Quant à Keller, il est surprenant de le voir en militaire infiltré après son rôle de déserteur dans Les déserteurs. o En VO, une femme du bar décrit le soldat en stipulant qu'il avait une DFC ; la 'Distinguished Flying Cross' est une distinction militaire pour conduite héroïque dans l'armée de l'air américaine. o Dans la dernière scène, Stone prend le volant, fait exceptionnel, en précisant à Keller qu'un lieutenant doit conduire un capitaine (après le vol en avion de Keller) mais qu'une fois n'est pas coutume ! 12. PERMIS DE TUER Un ancien collègue et ami de Mike Stone revient à San Francisco. Le lieutenant enquête justement sur un tueur soupçonné d'avoir assassiné le fils de cet homme cinq ans auparavant. Ce retour est-il une simple coïncidence ? Cet épisode, réalisé comme le précédent par Virgil W. Vogel, est passionnant à plus d'un titre. Stone est ravi d'héberger Barney Lujack (très bon Murray Hamilton), son coéquipier pendant neuf ans, et cela permet d'avoir un aperçu du logement et des habitudes du policier. Dans l'excellente première scène, on voit Barney tirer et blesser un tueur qui vient apparemment d'exécuter un contrat. Le spectateur sait donc que cet homme n'est pas en paix avec lui-même, quoi qu'il en dise à Stone, et on vit l'histoire plutôt par l'œil de Keller, très méfiant du retour de ce vieil ami. En fait, Barney se sert de sa couverture de détective privé pour liquider les trois tueurs soupçonnés d'avoir assassiné son fils, qui était également policier. Barney a eu une dépression nerveuse à cause du drame et a dû quitter les forces de l’ordre. Waco, l'homme blessé, également recherché par la police, est la troisième et dernière cible. On peut parfaitement se mettre dans la peau de Barney surtout lorsqu'il décrit son ressenti à Andrews, l'avocat véreux de Waco, avant de menacer de le balancer dans le vide. Si on met de côté les mobiles obscurs de la fusillade initiale dans le café et les indiscrétions de Stone qui vont aider Barney à pister Waco, l'épisode peut être considéré comme un des meilleurs de la saison. L'histoire alterne entre les scènes conviviales (l'arrivée à l'appartement de Stone, la séance de bowling, Stone accompagne Barney voir sa belle-fille et son petit-fils) et les moments plus violents (l'entretien Barney/Andrews) mais le clou de l'épisode est la tentative de Waco d'assassiner Barney alors qu'il se trouve chez Stone. L'épisode bénéficie d'une superbe musique comme presque toujours, particulièrement lors de la scène d'ouverture et lorsque Waco prépare son piège dans le motel. À noter la pointe d'humour quand le témoin décrit le second tireur comme étant assez âgé, un peu comme Stone : 'About like you'. La scène finale est une des plus brutales et controversées de la série : Stone, meurtri par l'amitié trahie et respectueux de la loi, abat Barney qui allait tuer Waco et cet acte discutable répond à la question soulevée à la fin de la critique de Avant de mourir (saison 2)… 'He was a good cop, now he is nothing but a common killer.' o Metteur en scène : Virgil W. Vogel; scénaristes: Don Balluck & Robert Keith. o Guest Stars : Murray Hamilton, Burr DeBenning. o Cet épisode a été diffusé le 5 décembre 1974 sur ABC. o Lieux de tournage : le café Buena Vista sur Hyde Street (séquence d'ouverture). Il est réputé et il a un site avec le bruit du cable car qui passe tout près et qu'on voit dès la première image de l'épisode. Il se trouve non loin du San Francisco Maritime National Historical Park dont on aperçoit l'entrée lorsque le policier vient annoncer à Stone qu'il a perdu la piste du second tireur; The Cannery (Barney se débarrasse de son pardessus et de son chapeau) et Lombard Street (le motel où se déroule la scène finale). Consulter le site du café. o Stone propose d'héberger Barney car il vit seul ; sa fille, Jeannie, est à l'école, en fait à l'université ; elle participe à onze épisodes sous les traits de Darleen Carr. On aperçoit, pour la première fois, la femme décédée de Mike Stone. Sa photo se trouve près du téléphone. o Lorsque Barney a mis son pardessus et son chapeau à la poubelle pour ne pas se faire reconnaître, on voit furtivement un homme à l'arrière-plan faire un pas en arrière se rendant compte qu'il est dans le champ de la caméra. o Ivan Bonar (1924-1988), l’avoué corrompu Andrews, que Barney menace de balancer dans le vide, est le rival politique de l’homme assassiné au début d’Au milieu des étrangers. o Damon Douglas (1952-2006), le témoin de la fusillade, est le jeune voyou que traque Stone lors de deux poursuites à pied dans Une mort injuste. 13. UN REVOLVER QUI VOYAGE En l'espace de vingt-quatre heures, un petit pistolet passe de main en main et provoque des drames. Que peuvent avoir en commun un gangster du syndicat et un garçonnet de dix ans ? Avec un troisième épisode d'affilée, Virgil W. Vogel met en scène une histoire bien particulière dont le fil rouge est un petit pistolet apparemment inoffensif. Achetée par un honnête citoyen dans une armurerie à l'intention de sa femme, l'arme est volée et utilisée successivement par un joueur de cartes endetté pour éliminer un homme de main, par des enfants qui s'en servent comme d'un jouet et par un ouvrier de la déchetterie pour commettre un braquage. Si le décès du type du syndicat au coup-de-poing américain et le hold-up à 54 $ sont sordides, le message est sans équivoque lorsque trois jeunes garçons trouvent l'arme mortelle en jouant à la guerre. Ils vident le chargeur et entrent dans un tunnel. Quelques secondes s'écoulent avant qu'un coup de feu claque, une balle était restée dans le canon. Cette terrible scène, filmée sur un plan, choque et pétrifie par sa dureté et son réalisme, même à la rediffusion. Keller perd une occasion de se taire en précisant aux parents que quelqu'un se fait tirer dessus toutes les quatre minutes aux USA. Tout gravite autour de ce pistolet introuvable qui est au centre des trois histoires distinctes qui composent l'épisode. Stone et Keller mettront finalement la main dessus et remonteront à l'acheteur, après qu'un policier ait été blessé, et ils arrêteront le joueur sur les toits au moment où les deux truands allaient le liquider. Ce drame est surtout un plaidoyer contre les armes à feu en vente libre aux États-Unis. Encore une fois, l'étiquette série dramatique colle aussi bien au programme que série policière et cet épisode, mouvementé et à la tension palpable, constitue un formidable démenti aux puissants lobbies américains pro-armes à feu. 'It happens every four minutes in this country.' o Metteur en scène : Virgil W. Vogel ; scénaristes : Tony Kayden & Michael Russnow. o Guest Stars: Robert Webber, Jonathan Lippe, Davey Davison, Lee H. Montgomery. o Cet épisode a été diffusé le 12 décembre 1974 sur ABC. o Jonathan Lippe (1938), Jack Graham, le joueur de cartes endetté, est le tueur de Las Vegas dans La licorne de la première saison. o Davey Davison (1943), Jean Loring, la petite amie de Graham, est la junkie qui a ‘vendu’ le flic infiltré, un ami d’enfance, dans Coup monté de la seconde saison. o Lee Montgomery (1961), le jeune Jeff, est le frère de l'actrice Belinda Montgomery. Après quelques rôles, il s'est tourné vers la composition de musiques de films. o Todd Martin (1927), l’usurier Lou Damico, est un des deux tueurs qui pourchassent Eddie dans tout San Francisco dans Ma maison est une prison. o Lieux de tournage : Fort Funston National Park (le rendez-vous de Graham et de l’encaisseur, les enfants jouent à la guerre et trouvent l’arme), Cow Hollow (l’appartement de Jean avec la séquence finale sur les toits), Dolores Heights (l’appartement des Cooper), Alta Plaza Park (Stone et Keller retrouvent les deux garçons). o La compétition de tir annuelle entre policiers, à laquelle font allusion Stone et Keller au stand de tir, est mise en images dans le second volet de Dirty Harry, Magnum Force. o La première image de l'épisode est un revolver, l'enseigne de la boutique. L'armurier donne la version officielle au client dès le début de l'épisode, ce qui montre les limites des lois américaines : 'Oh, Mr. Cooper, when you put the gun in the car, be sure to keep it in plain view, separate from the ammo—State law.' o Keller mentionne Bobby Kennedy et George Wallace qui n'ont pas été les cibles de tireurs avec des fusils. Robert Kennedy tué en 1968 et George Wallace blessé en 1972 (qui restera paralysé). o Le titre français mentionne 'un revolver' alors qu'il s'agit d'un pistolet... 14. MONSIEUR PERSONNE Un cordonnier à la retraite s'accuse d'un crime pour protéger le coupable, le petit-fils de son meilleur ami. Un épisode qui a comme attrait ses deux 'guest stars' âgées, Sam Jaffe et Luther Adler. L'intrigue est simpliste et la recherche de la boîte à chaussures disparue dans une bouche d'égout fastidieuse, mais le tournage fut très agréable à la lecture des mémoires de Karl Malden (voir les informations complémentaires). Alex Zubatuk, un vieil homme très apprécié dans le quartier, est témoin d'une altercation mortelle. Un jeune homme, qui transporte des fonds provenant de paris clandestins, vient de tuer accidentellement un racketteur. Alex préfère s'accuser du méfait auprès de son vieil ami Stone plutôt que de compromettre le petit-fils de Victor, un copain de la maison de retraite. Personne n'a vu la boite à chaussures bourrée de billets disparaître dans une bouche d'égout… La meilleure scène est la confrontation cocasse entre Stone et Alex dans les bureaux et le policier doit faire intervenir O'Brien, l'attorney, pour essayer d'intimider le vieil homme imperturbable qui ira jusqu'à négocier le calepin des truands dans l'épilogue. Après quelques heures de prison, Stone relâche Alex et il obtient des bribes de la solution en le suivant jusqu'aux poubelles de la rue du crime lors d'une superbe séquence. L'épisode joue sur la corde de l'amitié, une qualité essentielle dans la jungle que constituent les rues de la métropole, mais les nombreux bavardages et le final à caractère comique font de cette aventure un épisode sans prétention. 'Pride, that's for young people, not for old men like us.' o Metteur en scène : Corey Allen; scénariste : Robert Sherman. o Guest Stars: Sam Jaffe, David Z. Hall, Laurie Heineman, Luther Adler (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 19 décembre 1974 sur ABC. o Sam Jaffe (1891-1984), Alex Zubatuk, a commencé sa carrière sur les planches en 1918 et il tournait encore l'année de son décès ! Il participa à des films célèbres comme Gentleman's Agreement de Kazan. Mis à l'index pendant la Chasse aux sorcières, il disparut des studios pendant sept années. Personnellement, je retiens son rôle dans l'épisode Un honnête homme, saison 2 des Incorruptibles. o Luther Adler (1903-1984), Victor, a souvent joué des rôles de truand. Ainsi, dans Les Incorruptibles, il est Gus Marco, trafiquant d'alcool et propriétaire d'un garage de taxis, dans Nicky et surtout Emile Bouchard, le trafiquant à la voiture blindée, dans Meurtre sous verre (tous les deux de la saison 2). o George Murdock (1930-2012), le bookmaker Dempsey, est le propriétaire du bar louche dans Expédition punitive. o Lieux de tournage : 24th Street (la cordonnerie), Ellis Street (le restaurant de Dempsey). o À noter la présence du policier Sekulovich (voir épisode 9 pour l'anecdote). o On apprend que Stone a eu son premier dollar en argent des mains d'Alex. o La série traite déjà des personnes âgées dans l'épisode Le troisième âge se rebiffe (saison 2). o En VO, Alex dit à Stone: 'To con, Mike, what's that, to con?'. 'To con' signifie escroquer en langage familier américain. o Extraits des mémoires de Karl Malden (When Do I Start ?) : Mais les moments préférés de Karl Malden étaient lorsqu'il tournait avec des vieux copains comme Lew Ayres, Luther Adler (des débuts de Malden à New York) et son ami Sam Jaffe. Lorsque Luther est arrivé sur le plateau, il avait un sac en papier rempli de tomates bien rouges qu'il avait rapportées de sa ferme. Karl Malden n'était pas peu fier de tourner un épisode de la série avec Adler avec lequel Malden joua dans sa première pièce de théâtre. Malden avait l'impression que la boucle était bouclée surtout que Sam Jaffe jouait dans le même épisode, un acteur qui avait tendu la main à Karl alors qu'il était au plus bas. Karl Malden se demande si le jeune metteur en scène se souvient aussi bien que lui de la troisième journée de tournage (ndlr: Corey Allen (1934-2010). Sam et Luther devaient se mettre à genoux, pousser la plaque d'égout sur le côté et Sam devait descendre et remonter la boite. Cela n'a pas été rien. Ils avaient déjà répété une fois lorsque le jeune metteur en scène demanda à Sam de rester plus longtemps dans le trou avant de réapparaitre avec la boite. Pas au gout du réalisateur, il demanda à Sam Jaffe de compter jusqu'à huit mais encore une fois, cela n'allait pas. Jaffe montra au réalisateur de quelles façons il pouvait compter. Luther et Karl s'amusaient comme des petits fous, comme des garnements avec un professeur et se retenaient pour ne pas éclater de rire. Finalement, la scène se passa très bien et Sam Jaffe et Luther Adler n'eurent plus besoin de 'directives'. Karl Malden se dit désolé pour ce jeune metteur en scène qui voulait apprendre à Jaffe comment compter! 15. FAUX TÉMOINS Un officier de police hispanique, ami de Keller, veut débarrasser son quartier d'un trafiquant d'héroïne mais cela tourne à l'affaire personnelle. Une excellente histoire, rythmée et tragique, dans laquelle Vega, un simple officier de police, met sa vie en jeu pour nettoyer son quartier d'un gros bonnet de la drogue, responsable de la mort d'un de ses amis. Pour son antépénultième apparition dans la série, l'attorney O'Brien rappelle les limites de la loi et pousse Vega à l'enfreindre. Rossé lors d'un traquenard, il convainc Keller de l'aider à arrêter Perez, le trafiquant, en flagrant délit dans la séquence-clé de l'épisode. Lors de la descente, Vega est gravement blessé mais il a le temps de cacher de la drogue, à l'insu de Keller, pour compromettre le truand. Keller a agi par amitié et sans l'accord de Stone, ce qui aurait pu coûter cher au jeune inspecteur, mais le lieutenant expérimenté va rapidement découvrir la vérité. Le long plaidoyer de l'avocat de Perez au tribunal (excellent Malachi Throne) fustige les agissements louches de la police dans certaines circonstances (l'affaire Serpico est encore dans toutes les mémoires) mais la scène poignante où Vega décède sur son lit d'hôpital sous les yeux de son ami Keller est censée estomper l'acte hors-la-loi ('Just open the curtains'). L'inspecteur obtient finalement l'aide de la maîtresse junkie de Perez, et connaissance de Vega, pour faire tomber le trafiquant dans un piège. Un épisode très intéressant qui a pour thèmes l'amitié et les limites du pouvoir de la police, déjà évoquées dans la série à plusieurs reprises. Keller remercie d'ailleurs Stone dans l'épilogue d'avoir passé sous silence le comportement de Vega. 'You've got to prove that… and within the law.' o Metteur en scène : Paul Stanley; scénariste : Mort Fine. o Guest Stars: A o Cet épisode a été diffusé le 9 janvier 1975 sur ABC. o Mort S. Fine (1916-1991) fut le scénariste de cinq épisodes de la série. Parfois producteur (The Alfred Hitchcock Hour), il écrivit les histoires de nombreuses séries ; six épisodes de Kojak entre autres. o A Martinez (1948), l'officier Jimmy Vega, est Rafael Diaz, l’assassin traqué, dans l'épisode Le couloir des miroirs (avec David Soul, saison 1) et il reviendra dans un épisode de la quatrième saison. D'origines mexicaine et apache, il joua dans des westerns et dans la plupart des séries américaines des années 60 et 70. Il a sorti un CD au début des années 2000. o Rafael Campos (1936-1985), Chico, tient déjà le rôle d'une racaille dans Expédition punitive. Il joue aussi dans un épisode de la dernière saison. o Carmen Zapata (1927-2014), la mère de Vega, joue également la mère de l’inspecteur Martin, interprété par David Soul, dans Le couloir des miroirs, un autre épisode 'hispanique'. o Lenore Kasdorf (1948), Bonnie, fait une apparition remarquée en bikini en interprétant la ravissante Lindsay, la maitresse du tueur, dans Trahie avec Martin Sheen. Elle avait aussi deux brèves apparitions dans l’épisode Liberté conditionnelle de la première saison : elle est la vendeuse des billets de croisière. o Rodolfo Hoyos Jr. (1916-1983), le père de Vega, est le réparateur de bateaux qui fournit le tuyau final à Stone dans Impuissant devant la mort. o On apprend que Keller et Vega sont amis depuis très longtemps et qu'ils sont sortis de la Police Academy en même temps, cinq ans auparavant, en 1969. Si Keller l'a aidé pour l'examen, Vega lui a appris les règles de la rue. Drea McCormick (Information mortelle, saison 2) était également sortie de l'école de police la même année que Keller. o Keller se rend à l'anniversaire de la maman de Vega avec une amie en Porsche (brièvement aperçue), son véhicule personnel comme dans les saisons précédentes. o Lieux de tournage : Folsom Street (la filature de la première scène), Aquatic Park Pier (La discussion Vega/ Keller), Ralph K. Davies Medical Center (les extérieurs de l’hôpital), Alta Plaza Park (Keller rencontre Dorothy) et aussi 16. LA MORT DONNE DES NOUVELLES Lors de rénovations, un squelette est découvert dans un mur d'Alcatraz. Stone et Keller vont devoir résoudre un meurtre vieux de vingt ans. Virgil W. Vogel revient pour réaliser ce qui constitue un des temps forts de cette troisième saison. Une histoire 'à la Cold Case' mais avec le savoir-faire des années 70 ! Devenue site touristique, la prison d'Alcatraz a gardé dans ses murs le macchabée d'un prisonnier que tout le monde pensait noyé dans la baie ou évadé. Sa famille recevait des lettres d'Amérique du Sud signées de sa main qui laissaient supposer qu'il était vivant et son fils, Lew Kovic Jr., homme de loi, mène l'enquête en marge du duo de policiers. Magistralement interprété par Peter Strauss, ses investigations le conduisent à Lugo, le parrain pour lequel son père travaillait et aurait purgé une peine de prison ('He was doing time for you'). Kovic devance les deux policiers qui refont l'enquête bâclée de 1955 et ils découvrent l'implication d'un gardien de l'époque devenu alcoolique après avoir touché une forte somme d'argent. L'épisode a de nombreux rebondissements et l'attitude équivoque du frère de la victime, l'oncle de Lew Kovic Jr., entretient le suspense. L'intrigue, bien construite, dirige inévitablement les soupçons vers le parrain, suspecté par le fils et la police, mais le meurtre du gardien (en deux fois après méprise sur la personne) et une visite à la prison de San Quentin vont mettre à jour un second coupable. Le flou sera levé sur les rôles des deux protagonistes et leur mobile lors de la filature de Keller et le final palpitant, qui se déroule à Alcatraz pour la seconde fois dans l'histoire de la série, est une superbe conclusion à cet excellent épisode. 'He didn't escape ; the lab says he's been dead for twenty years.' o Metteur en scène : Virgil W. Vogel; scénariste : Tom Cannan. o Guest Stars: Peter Strauss, William Windom (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 16 janvier 1975 sur ABC. o Peter Strauss (1947) a participé à plusieurs productions pour la télévision dont Le riche et le pauvre. Il est en liberté conditionnelle dans l'épisode homonyme de la première saison, et magistral en tueur de prêtres dans Pour l'amour de Dieu de la seconde saison. o William Windom (1923-2012), au visage très connu des amateurs de séries US, est le représentant qui prend la ravissante auto-stoppeuse, ce qui va l'entraîner dans un terrible engrenage, dans Mésaventures, saison 1. Il reviendra pour un superbe épisode lors de la quatrième saison. o Lou Krugman (1914-1992), le gardien de prison Herb Stebbins, est le propriétaire d’un restaurant sur les docks dans Impuissant devant la mort. o Beverly Washburn (1943), la guide touristique de la première scène, est la jeune mère célibataire qui renseigne Stone après la mort de la directrice du foyer dans La vie est une jungle. o Lieux de tournage : 12 th Street (l’appartement de Stebbins), Dolores Heights (la maison des Kovic), croisement de Lombard (les bureaux de Lugo), Sutter Street (John Kovic monte dans o L'île d'Alcatraz fut découverte par un officier espagnol en 1775 et elle fut nommée ainsi car elle servait de refuge aux pélicans (alcatraz en espagnol), ce qui est confirmé par la guide touristique au tout début de l'épisode. Alcatraz fut une prison fédérale de haute sécurité de 1934 à 1963. Elle sert souvent de lieu de tournage à des films et séries comme Le prisonnier d'Alcatraz (1962 avec Burt Lancaster et… Karl Malden), le final de L'inspecteur ne renonce jamais (1976, troisième volet des aventures de l'inspecteur Harry), L'évadé d'Alcatraz (avec Clint Eastwood et Patrick McGoohan, le numéro 6… dans le rôle du directeur de la prison), The Rock (1996 avec Nicolas Cage et Sean Connery) pour ne citer que les meilleurs… sans oublier l'excellent épisode Ma maison est une prison de la seconde saison. Dans un plan ingénieux mais risqué, Mike Stone est rétrogradé au rang de simple policier en uniforme afin d'approcher un redoutable gangster qui a des liens au sein même de la police. Un épisode original qui marque le retour cette saison de Jeannie, la fille de Stone, toujours interprétée par la ravissante Darleen Carr. L'aventure peut d'ailleurs s'apparenter à un épisode-réunion vu les présences de l'attorney O'Brien et de Roy Devitt, le supérieur de Stone. L'assassinat maquillé en suicide d'un policier ripou fait germer dans la tête de Stone et de son chef un plan diabolique pour coincer le malfrat local et démasquer les brebis galeuses du service. Le flic tué devait témoigner devant le Grand Jury en échange d'une mise à la retraite anticipée. Si le téléspectateur est au secret du plan – il découvre néanmoins très tôt la vérité en même temps que Jeannie –, il n'a aucune surprise quant à l'identité des deux ripoux de la brigade des mœurs. La particularité de l'intrigue permet d'assister à quelques scènes inhabituelles, intéressantes et souvent cocasses : Stone est saoul au bar, Jeannie rentre dans la chambre d'hôpital et découvre Keller en pleine forme et en robe de chambre alors qu'il est soi-disant à l'article de la mort ('Pig !', on discerne nettement les sentiments de la jeune femme pour le policier), Jeannie 'se venge' de son père qui lui a caché la vérité en lui servant un steak 'carbonisé' mais le plus intéressant est Mike Stone en uniforme ! Cette séquence est la meilleure de l'épisode et c'est un plaisir de voir Stone arpenter les rues de Broadway, le quartier chaud des années 70, racketter les commerçants, faire embarquer deux prostituées et régler la circulation. Une gaffe de Jeannie précipitera les choses et les deux flics ripoux tenteront de nettoyer toutes les preuves de leur implication, truands et Stone compris, dans un final mouvementé. 'You'll be reduced to the rank of patrolman.' o Metteur en scène : Jerry Jameson; scénariste : Albert Ruben. o Guest Stars: Darleen Carr, Stephen Young, Patrick Conway, Tim O’ Connor (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 23 janvier 1975 sur ABC. o Quatrième des douze apparitions de Darleen Carr dans le rôle de Jeannie Stone, la fille du lieutenant. o Patrick Conway (1931-1981), le gangster Al Doyle, est le tueur de l’épisode de la première saison, La balle dans l’épaule (le premier épisode diffusé en France). Cette apparition dans La fin sera le dernier rôle de l’acteur, décédé à l’âge de 50 ans. o Troisième et dernière apparition de Tim O'Connor (1927-2018) dans le rôle du lieutenant Roy Devitt. Ses apparitions sont espacées car les deux précédentes remontent à la première saison : Trente ans de service (épisode 1) et La piste du Serpent (épisode 21). o Avant-dernière des neuf apparitions de John Kerr (1931-2013) dans le rôle de l'Attorney O'Brien. Kerr a débuté sa carrière en 1953 et il a joué dans de nombreuses séries ; il est également District Attorney dans 75 épisodes de la série Peyton Place. N'oublions pas non plus son rôle de policier dans… Emily des New Avengers ! Kerr était réellement un avocat en exercice, à Encino, en Californie à partir de 1970 jusqu'à sa retraite en 2000. o Paul Mantee (1931-2013), l'homme de main, est également un des tueurs dans Ma maison est une prison. o Jodean Lawrence (1932-2010), une des deux prostituées ramassées par Stone (la blanche), est la maitresse du témoin abattu qui est interrogée par Keller et Drea McCormick au début d’Information mortelle. o Stephen Bradley est Bernie, le médecin légiste. Souvent présent au début des épisodes pour constater les décès, il est une fois sur deux omis dans la distribution. o Lieux de tournage : le quartier de Broadway (La scène d’ouverture Baker/ Doyle, Stone et les prostituées), Russian Hill (la maison du sergent Baker), Romolo Place (l’appartement de Lily Marlene), le véritable quartier général du département de police de San Francisco sur Bryant Street (Rogers se rend compte du piège), Marina (le final). o Stone s'étonne que son collègue, Keller, puisse avoir un tuyau d'une prostituée (Lily Marlene !) et lui donne paternellement une petite tape sur la tête. Keller: ‘That's Lily Marlene! A real coyote’. C’est une référence à Coyote (Call Off Your Old Tired Ethics), une organisation des droits des travailleurs du sexe fondée en Californie en 1973. Cela n’empêche pas que Lily soit retrouvée morte… o On aperçoit, pour la seconde fois après Permis de tuer, la photo de la femme décédée de Stone. o Il y a des points communs avec l'épisode Coup monté (saison 2) dans lequel Jeannie Stone est également présente. Dans cet épisode plus noir, Stone était réellement mis à pied tandis qu'ici, son reclassement fait partie d'un plan. o Il y a plusieurs codes de transmissions dans les voitures du SFPD ; two-seventeen est pour 'shooting' (fusillade) par exemple. 18. UN MEURTRE À DIX DOLLARS Des chauffeurs de taxi sont agressés par deux voyous mais l'affaire se complique lorsqu'un policier infiltré est assassiné. Le fils d'une collègue et amie de Stone est suspecté. Une bonne histoire dramatique qui tient en haleine jusqu'à l'épilogue. Une femme policière, Irene Elliott, élève seule son fils, Bobby, et demande l'aide de son ami Stone qui se substitue même au père, un policier tué en service. Malgré quelques passages un peu longuets, l'épisode est bien construit et montre une femme désemparée qui se culpabilise car elle a beaucoup de mal à accepter que son fils puisse être un meurtrier. Une petite digression de tueur recherché complète en deux scènes le temps imparti pour l'épisode mais l'astuce de Keller, qui braque son arme sur le type qui décroche le téléphone à son appel, est un des passages les plus intéressants. On sent la complicité des deux acteurs Malden/Douglas à la vue de certains passages humoristiques qui contrastent avec la froideur du fils, insensible, menteur et calculateur, qui téléphone à sa mère en maniant le flingue de son père décédé. Le policier en civil est tué pour dix dollars mais un nom et un ticket retrouvé dans le taxi mènent Keller à l'école fréquentée par Bobby et son complice. Le jeune homme n'hésitera pas à charger un de ses camarades et à maquiller le meurtre de son comparse plus candide mais l'expertise balistique et les recherches de Keller seront déterminantes, la balle provenant du même calibre que l'arme du père de Bobby. Le final est terrible et la dernière scène, que je ne révèle pas sciemment, coupe le souffle. L'épilogue est aussi l'un des plus graves de la série. 'Did he ever tell you why ?' 'No'. o Metteur en scène : William Hale ; scénariste : D.C. Fontana. o Guest Stars: Carol Rossen, Mark Wheeler, Jerry Douglas. o Cet épisode a été diffusé le 30 janvier 1975 sur ABC. o Jerry Douglas (1932), l’inspecteur Benson, est l’officier Murphy qui décrit la scène du crime à Stone dans Expédition punitive. o Bruce Kirby (1928), le chauffeur de taxi agressé dans la première scène, est le sergent Vine dans six épisodes de Kojak. o Lieux de tournage : Ghirardelli Square (Stone et Keller font une double arrestation), Lands End (Bobby tue Tiny par les gaz d’échappement de la voiture), the Davies Campus of California Pacific Medical Center (l’épilogue). o Il y a un portrait de Jeannie sur le bureau de Stone et cela permet à Irene Elliott d'évoquer les problèmes qu'elle rencontre avec son fils et d'avoir une comparaison entre deux enfants élevés par des parents isolés. Jeannie fait ses études dans l'état de l'Arizona. o Les derniers mots du policier/chauffeur de taxi mourant sont 'Tiny' et 'Indian buck', en fait 'buckle'. Jeu de mots intraduisible en français ; 'buck' signifiant dollar en langage familier et 'buckle' est une boucle de ceinture (que voit Keller au pantalon de Bobby Elliott). o Stone et Irene Elliott vont diner ensemble dans un restaurant japonais sous les sarcasmes de Keller qui titille son collègue sur ce rendez-vous (date). La réplique est pour Stone : 'What makes you think you are the only sex-symbol around here ?' o Alors que Carol Rossen et Mark Wheeler jouent les rôles de mère et fils, il n’y a que dix ans d’écart entre eux. 19. LA PROGRAMMATION Un psychiatre tue sa femme et pense avoir commis le crime parfait. Il a utilisé l'hypnose sur un de ses patients fragiles au passé de délinquant sexuel et l’a convaincu qu’il a perpétré deux meurtres. Tout se complique lorsque l’assassin du premier crime passe aux aveux. Un épisode moyen et parfois difficile à suivre. Les premières images, le meurtre d'une étudiante dans son appartement, évoquent un tueur pervers; une entame qui fait penser au début du pilote de Kojak, The Marcus-Nelson Murders, mais, rapidement, la trame de l'histoire est différente. Jessup, un psychiatre coureur de jupons, veut se débarrasser de sa femme et il manipule habilement Blake, un patient au passé trouble et au psychisme fragile. L'épouse du praticien reçoit un appel, en fait enregistré par le cynique docteur, avant d'être étranglée avec la cravate de Blake. Tout accuse ce dernier, résigné, mais Keller, plus psychologue que Stone, démêlera les fils de cet imbroglio en pensant au conditionnement. L'épisode rappelle par certains côtés My Wildest Dream des Avengers mais Jessup n'est pas Jaeger et les séances d'hypnose sont moins traumatisantes. La planification du meurtre et l'indice de la lampe qui conduit à l'arrestation du médecin font penser à un mauvais Columbo. 'I want you to pretend to make a phone call.' o Metteur en scène : Nicholas Colasanto; scénariste : Rick Blaine o Guest Stars: William Smithers, Sharon Acker, Lynne Marta, Dean Stockwell (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 6 février 1975 sur ABC. o Dean Stockwell (1936), excellent Charlie Blake, est le clochard héritier, la cible de tueurs dans La légion des épaves. o Fred Sadoff (1926-1994) a participé à une dizaine d'épisodes (parfois sans être mentionné au générique) et à toutes les saisons dans le rôle du psychiatre de la police, le docteur Lenny Murchison. o Lieux de tournage : Telegraph Hill (l’appartement de l’étudiante assassinée ainsi que celui de Jill Allerman, la petite amie de Blake), Forest Hill (la maison du docteur Jessup). 20. LE PLONGEON DE LA PEUR Au retour du voyage de noces, un homme tue sa femme afin de récupérer le butin laissé par son premier mari mais c'est sans compter sur la détermination de la petite fille de la victime. Un épisode de transition sans grand intérêt mais pas déplaisant à regarder. Le meurtre est le seul moment de surprise car il rompt l'ambiance idyllique du tout début. Le reste de l'épisode est axé sur la partie de cache-cache entre les deux enfants et le tueur qui veut récupérer le magot d'un cambriolage. La jeune Kim Richards crève l'écran et vole la vedette à Peter Haskell, un peu pâlot en faux médecin mais vrai meurtrier cupide qui se fait berner par la petite fille. Keller a des doutes sur le point d'impact qui a tué la femme mais l'enquête des deux policiers est rapide à l'écran - la scène du retour à la chambre d'hôtel - et ils connaissent l'identité du tueur et ses motivations après un passage à San Quentin. Le meurtre du vieux docteur, qui a tout deviné, donne un peu de crédibilité à l'assassin mais le final est convenu. Une intrigue mince pour un épisode sans prétention dont l'action se déroule principalement hors de San Francisco. 'This is a pretty good motive of marriage even murder.' o Metteur en scène : Michael Caffey ; scénariste : Robert Malcolm Young. o Guest Stars: Peter Haskell, Kim Richards, Paul Fix, Patricia Smith. o Cet épisode a été diffusé le 13 février 1975 sur ABC. o Lieux de tournage : Union Square (première scène avec le Cable Car), The Hyatt Regency Hotel à l'Embarcadère (début de l'épisode), Calistoga (Duncan Falls). o Paul Fix (1901-1983), le vieux docteur, est apparu dans plus de 300 films. Ami de John Wayne, il est surtout connu pour son rôle de shérif dans la série L'homme à la carabine avec Chuck Connors. Il est Wade Tillman, le retraité poseur de bombes qui symbolise les laissés-pour-compte de la société US, dans Le troisième âge se rebiffe. o Stephen Manley (1965), Bobby le frère de Julie, est le petit garçon adopté dans l'épisode Une adoption illégale. o Patricia Smith (1930-2011), la tante Baker, est la mère adoptive de l’enfant au centre des recherches dans La vie est une jungle. o Lorsque Stone et Keller arrivent à San Quentin, les images sont recyclées de la première saison. Plusieurs décès inexpliqués ont eu lieu dans une clinique psychiatrique privée et Keller devient un patient paranoïaque sous le nom de Steve Henderson. Cet excellent épisode de cette fin de troisième saison est important à plus d'un titre. Le scénario soulève l'épineuse question de l'euthanasie, toujours d'actualité, et le thème de l'épisode a sûrement un rapport avec la suite de la carrière de Michael Douglas. L'histoire est servie par une distribution exemplaire et le suspense est maintenu par la traditionnelle fausse piste. Le témoin d'un meurtre s'éclipse d'un groupe de patients lors d'une visite organisée et se confie à Keller mais, peu après, il est retrouvé pendu dans sa chambre. Mike Stone enquête sur trois morts suspectes pendant que Keller est interné et essaie de faire la connaissance de Susan, une amie schizophrène du défunt, également présente à la noyade dans la baignoire d'un patient (excellente prestation sans parole de Belinda Montgomery). Une superbe séquence brouille les pistes : Keller s’attire la confiance de Susan en lui révélant qu’il est policier, alors que l’assistante médicale écoute la conversation, intriguée, derrière la porte. L'ambiance glauque des hôpitaux psychiatriques transpire dans tout l'épisode par l'accumulation de personnages et de scènes inquiétants, comme Robert et la radio. Le coupable avoue finalement avoir agi par souci d'humanité vu l'état des malades ('They were dead anyway') puisqu'il reversait tout l'argent récolté par les familles à l'institut. Michael Douglas est remarquable dans ce rôle de parano (la scène de l'admission est très convaincante) et la séquence forte de l'épisode, le final, est la crise de paranoïa de Keller qui, sous l'effet de la drogue, déambule sur les toits au mépris du danger encouru. 'Just between you and me…You're crazy !' o Metteur en scène : Robert Douglas; scénariste : Larry Brody. o Guest Stars: James Olson, Belinda J. Montgomery, Bettye Ackerman, Michael Anderson Jr., Robert Yuro, Robert Walker (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 20 février 1975 sur ABC. o Lieux de tournage : 300 Lake Street, à l'époque une maison pour nécessiteux (l’institut du docteur Rabb), l'aquarium Steinhart à l'académie des sciences de Californie de Golden Gate Park, touché par le tremblement de terre de 1989 et détruit en 2005 (Paul Bierce s’échappe), Pacific Heights (la maison des Wilcox). o James Olson (1930), le docteur Rabb directeur de la clinique, est le tueur de prostituées dans Le premier jour de l'éternité. Habitué des séries, il a disparu des écrans au début des années 90. o Belinda J. Montgomery (1950) est l'étudiante manipulée par un numismate dans Une collection d'aigles. Elle a un rôle récurrent dans la série L'homme de l'Atlantide. o Le docteur Lenny Murchison, psychiatre consultant de SFPD, a un rôle plus important qu'à l'accoutumée vu les circonstances. o Walter Brooke (1914-1986), John Wilcox interrogé par Stone après le décès d’un de ses proches à la clinique, est le père adoptif de l’enfant au centre des recherches dans La vie est une jungle. o Michael Douglas quitta la série pour produire le film Vol au-dessus d'un nid de coucou (avec Jack Nicholson). Le thème du film, l'infiltration d'un asile, a plusieurs similitudes avec cet épisode. Un boxeur est traqué par des tueurs du syndicat dans un hôtel, car il a refusé de ‘se coucher’ lors d’un combat. Tony Fabrieze a refusé de perdre un combat sous les yeux de son fils, alors que la mafia avait parié beaucoup d’argent. Le boxeur se terre pendant deux mois dans un grand hôtel de San Francisco, avant que des tueurs ne retrouvent sa trace. Fabrieze défenestre un membre de la mafia, puis il se réfugie, blessé par balle, dans une chambre où séjourne un couple adultère. L’hôtel est bouclé et finalement évacué. Stone et Keller fouillent méthodiquement l’immeuble, à la recherche des deux autres tueurs du trio et du boxeur. Cet épisode propose une vaste chasse à l'homme palpitante dans un hôtel de renom, qui est un véritable labyrinthe. Ce huis clos ne génère pas d’enquête habituelle, mais un très bon suspense agrémenté de scènes d’action captivantes. L’interprétation est excellente, et on assiste à plusieurs histoires parallèles qui ne perturbent pas la trame principale : la femme distinguée infidèle, soucieuse de garder l’anonymat, l’ancien flic traumatisé, le boxeur lâché par son épouse. Après un début assez lent – Stone et Keller n’apparaissent qu’à la treizième minute – l’intrigue s’emballe et tient en haleine jusqu’au dénouement. Cavalcades dans les escaliers, courses dans les couloirs de l’hôtel, jeux d’ascenseur et fusillades sont au menu de cette aventure classique mais efficace, qui se termine avec Mike Stone pris en otage sur le toit de l’hôtel. ‘I guess we got it bottled up alright, it’s just that the bottle’s too big’ o Metteur en scène : William Hale ; scénariste : Del Reisman. o Guest Stars: Michael McGuire, Julie Adams, Michael Strong, Felice Orlandi, Shelly Novack, Don Gordon (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 27 février 1975 sur ABC. o Michael Strong (1918-1980), Al, le chef de la sécurité de l’hôtel et ancien flic, est un des truands de Chambre d’en face de la première saison. Il jouera dans deux autres épisodes. o Felice Orlandi (1924-2003), un des tueurs du syndicat, est le truand poussé sous le camion dans Liberté conditionnelle. o Shelly Novack (1944-1978), l’amant bloqué dans la chambre d’hôtel, est un des complices du tueur dans Le couloir des miroirs. Il est le sergent Charlie Benson dans la série Section contre-enquête avec Robert Stack, Jo Ann Harris et Hari Rhodes. Grand sportif, il décéda d'un arrêt cardiaque à 34 ans. o Don Gordon (1926-2017), le boxeur Tony Fabrieze, a joué dans un autre épisode de la série. Il était ami avec Steve McQueen et il tourna dans trois de ses films (Bullitt, Papillon, La tour infernale), ainsi que dans de nombreuses séries, dont quatre épisodes des Incorruptibles. o Bing Russell (1926-2003), l’inspecteur Landers qui capture Harry dans le final, est le détective Riggs qui escorte le témoin dans les locaux de la police au début d’Information mortelle. o Claire Brennen (1934-1977), la femme divorcée du boxeur vue dans une seule scène, est la femme témoin qui consulte les trognes des suspects en draguant Keller sous l’œil amusé de Stone dans L’albatros et la ravissante serveuse interrogée par Keller dans Les fugitifs. Elle participa à deux autres épisodes de la série (dont le dernier) et, malheureusement, décéda d’un cancer la même année à l’âge de 43 ans. o Tony Young (1937-2002), le chauffeur, est le tueur qui essaie d’éliminer Benjy dans sa chambre d’hôpital (Pas d’insigne pour Benjy). o Lieux de tournage : le bâtiment The Brocklebank Apartments à Nob Hill est ‘Pierre Hotel’ et le final sur les toits est filmé au garage d'Alameda County au centre d’Oakland. o Del Reisman (1924-2011) a écrit l’histoire de deux autres épisodes : Au milieu des étrangers et Chambre d'en face de la première saison. Il est ‘associate producer’ de 24 épisodes des Incorruptibles. o 3000 (Three thousand) est effectivement le code de la police de San Francisco pour ‘blockade’ (blocus). Keller est blessé et Stone doit faire équipe avec un policier des narcotiques très individualiste pour briser une filière de la drogue. La saison s'achève sur une bonne note avec cet épisode qui voit se confronter deux policiers au look et méthodes totalement opposés, Mike Stone de l'homicide et Al Wozynsky des narcotiques ; le premier rétribue ses indics et le second reproche au lieutenant d'être connu par la moitié de la ville depuis 23 ans et d'avoir éventé sa couverture ! L'intérêt de l'histoire réside dans la méfiance envers Wozynsky et l'incertitude est palpable jusqu'au final, qui n'est, malheureusement, pas à la hauteur du reste de l'épisode. Keller est blessé à la jambe lors de la fusillade de la scène d'introduction et il a un rôle plus effacé que d'ordinaire. Convalescent, il se déplace ensuite avec une canne et enquête sur ce nouveau partenaire de Stone superbement interprété par Tony Lo Bianco. Keller ne récolte que des points positifs mais Stone n'a pas confiance en ce policier au look hippie qui agit toujours en solo et il le soupçonne même de jouer double-jeu avec le parrain local. Plusieurs autres scènes sont intéressantes à commencer par Stone qui arpente l'entrepôt après la fusillade (sur une musique martiale), tâte le pouls des deux morts et trouve Keller, blessé ; Stone rendant visite à Keller sur son lit d'hôpital, l'assassinat du dealer par overdose, la visite d'Al à son père, la fausse engueulade Stone/Keller et l'épilogue sont également des moments captivants. Wozynsky, qui fait inévitablement penser à Serpico, se comporte en marginal et il va jusqu'à proposer son insigne au parrain afin de le piéger. Stone découvre des explications à ses doutes (un peu tiré par les cheveux néanmoins) et il décide alors de laisser Wozynsky agir seul comme il en a l'habitude… 'Your face has been hanging up too long, 23 years shakin’ doorknobs and flashin’ a badge. Half the city knows you!’ o Metteur en scène : Seymour Robbie ; scénariste : Dorothy C. Fontana. o Guest Star : Tony Lo Bianco. o Cet épisode a été diffusé le 13 mars 1975 sur ABC. o Tony Lo Bianco (1936) a souvent joué des rôles de truands ou de policiers. Il a participé à des classiques du genre, French Connection, Serpico, Police Puissance 7. Il est passé de l'autre côté de la caméra pour la série Police Story où il joue également le rôle de Tony Calabrese dans cinq épisodes. o William Bramley (1928-1985) est John Condon, le supérieur de Stone. Il a joué dans trois autres épisodes de la série dont un dans le même rôle, La cible (le troisième épisode de cette saison). Il est l’officier Pete Morgan blessé dans la fusillade au début de La licorne et le chef des agents de libération sur parole dans Liberté sur parole. o Lieux de tournage : l’entrepôt sur Indiana Street, déjà utilisé dans Appel au secours (la scène du début), la jetée Fort Mason (l’arrivée du bateau chargé de drogues), o Une phrase entendue dans presque tous les épisodes : 'Inspector 8.1 to Headquarters. We respond to…' o L'épilogue est 'politiquement incorrect' : Stone arrête Al, déguisé en baba-cool (on ne le reconnaît pas), et il lui dit : 'You, with your long hair and dirty clothes !' et il lui botte les fesses pour le faire entrer dans la voiture. o Cet épisode est le dernier des sept réalisés par Seymour Robbie (1919-2004). o Une des plus grosses bévues de la production : Keller téléphone à Alice, la secrétaire du bureau des narcotiques, pour obtenir les rapports de Wozynsky mais aucune prise ne relie le téléphone au mur : on aperçoit nettement, au début et à la fin de la conversation, la base du téléphone d'où devrait partir le cordon. o Dans l'épilogue, Keller se gare sur le trottoir pour bloquer le dealer mais, au plan suivant, la voiture est garée impeccablement le long du trottoir. Crédits photo : Paramount Home Entertainment. Images capturées par Denis Chauvet. |
Les rues de San Francisco (1972-1977) Saison 2 1. Une mort injuste (A Wrongful Death) 3. Pour l'amour de Dieu (For the Love of God) 4. Avant de mourir (Before I Die) 5. Ma maison est une prison (Going Home) 6. Le timbre de la mort (The Stamp of Death) 8. Pas d'insigne pour Benjy (No Badge for Benjy) 9. L'or mortel (The Twenty-Four Karat Plague) 10. Information mortelle (Shield of Honor) 13. Le troisième âge se rebiffe (Winterkill) 14. La vie est une jungle (Most Feared in the Jungle) 16. La chapelle des damnés (Chapel of the Damned) 19. Liberté sur parole (A String of Puppets) 20. Le feu dans la ville (Inferno) 21. La mauvaise graine (The Hard Breed) 1. UNE MORT INJUSTE Lors d'un cambriolage, Keller abat un jeune voyou en légitime défense. Cependant, l'arme est introuvable et l'inspecteur est suspendu. Mike Stone se retrouve au milieu d'un drame familial pour innocenter son collègue. Un bon départ pour cette seconde saison. Un père veuf n'admet pas que ses deux fils soient des délinquants et son désespoir est bien interprété par Michael Constantine. Stone, en policier aguerri, remonte le moral à Keller, suspecté d'homicide involontaire et obligé de rendre son insigne et son arme. Le cambriolage est subtilement filmé de telle sorte qu'on ne sait pas très bien le nombre de voleurs ; quatre en fait, dont les frères Davies. La première image des deux policiers en train de manger des sandwichs pas très proprement est cocasse. Karl Malden est en grande forme lors des deux poursuites à pied avec le même suspect, bien que la crédibilité soit mise à mal (heureusement que le jeune voyou se tord la cheville). Les meilleurs passages sont le cambriolage et l’intervention des forces de l’ordre dans la longue séquence d’entame, et le face-à-face de Keller avec Al Davies. Néanmoins, l’intensité diminue, lorsque le père connaît la vérité, et la fin n’est pas très réussie. A noter la présence de la ravissante Ina Balin, disparue trop tôt à l’âge de 52 ans. o Metteur en scène : Don Medford ; scénariste : Edward De Blasio. o Guest Stars : Michael Constantine, Ina Balin, Andrew Rubin. o L’épisode a été diffusé le 13 septembre 1973 sur ABC. o La scène du cambriolage se déroule à The Cannery, lieu très prisé à San Francisco près de Fisherman's Wharf. Construit en 1907 et rénové dans les années soixante, c'est aujourd'hui un endroit pour touristes avec ses restaurants et ses boutiques. Le bâtiment à trois étages (vu dans l'épisode) a été transformé en petits chemins et balcons qui entourent une place avec des oliviers plus que centenaires. o Autres lieux de tournage : Kearny Street (bar), Noe Street (maison de la famille Davies), le musée Ripley’s Believe It or Not à Jefferson Street (Stone poursuit Carter) et à l’historique Hyde Street Pier (scène finale). o Deuxième épisode où Keller roule en Porsche. Elle n'est pas de la même couleur que celle vue dans Au-delà de la haine. C'est amusant de voir Stone observer la contractuelle y placer une contravention. o Dans cette seconde saison, Stone et Keller roulent en Ford Galaxie marron clair de 1973. o Lors du cambriolage, un calendrier de juin 73 est très visible ce qui doit correspondre à la date du tournage. o Michael Constantine (1927), d'origine grecque, a commencé sa carrière en 1957 et il fut récompensé en 2002 pour Mariage à la grecque. o A wrongful death; une mort injustifiée est une réclamation contre une personne qui peut être tenue responsable d'un décès. La réclamation est intentée dans une action civile, généralement par des parents proches, comme énuméré par la loi. Un jeune courtier en valeurs immobilières endetté a une richissime fiancée ravissante mais également une maîtresse plus âgée, employée de banque, au physique ingrat. Cette dernière, follement éprise, réalise difficilement qu'elle a été utilisée après avoir reconnu son amant dévaliser la banque. Martin Sheen, en financier cupide et manipulateur, est excellent. On se demande seulement pourquoi il a gardé ce bracelet au poignet pendant le hold-up ! Sous des apparences naïves, la vieille fille délaissée est prête à tout pour garder un homme, même à le tuer ! Elle mène sa propre enquête et surprend son amant par sa lucidité et sa détermination dans un superbe final ayant le Golden Gate pour toile de fond. Les investigations sur le braquage et le meurtre du gardien proche de la retraite piétinent jusqu'à ce que Keller, soupçonneux de l'employée, fasse preuve d'initiative. À ce propos, on notera la pointe d'humour lorsque Keller fait de la monnaie avec un dollar emprunté à Stone pour passer le coup de téléphone qui va dénouer l'affaire. (Stone : 'It's a dime to you, but it's a buck to me' faisant allusion à la séquence précédente près de la machine à café). La fausse piste permet d'avoir une bonne scène d'action avec des seconds rôles de qualité, que ce soit ce suspect ou le marchand de journaux et le chauffeur de taxi dans d'autres passages. Une mention spéciale à Lenore Kasdorf qui interprète la ravissante Lindsay (surtout en bikini) et la confrontation des deux femmes au bord de la piscine est un des meilleurs passages. Malgré quelques incohérences soulevées par les sites américains, Trahie est un bon épisode et il fait partie de mes préférés de cette seconde saison. o Metteur en scène : William Hale; scénariste : Mark Weingart. o Guest Stars: Martin Sheen, Collin Wilcox-Horne (Special Guest Star). o L’épisode a été diffusé le 20 septembre 1973 sur ABC. o Lieux de tournage : California Street (arrivée du taxi, kiosque à journaux), Union Street (appartement de Kate Evans), Montgomery Street (coup de téléphone de Keller). Le final fut tourné à Battery Spencer, célèbre pour son panorama et la vue sur le Golden Gate Bridge. o La voiture de Stone et Keller sort du commissariat sur les chapeaux de roue pour se rendre sur les lieux du crime. Les images ont été prises à l'épisode pilote. o Martin Sheen (1940) a joué dans pratiquement toutes les séries américaines à succès dès les années 60. Cette apparition dans Les rues de San Francisco est coincée entre Cannon et Columbo. Il a tenu plus récemment la vedette dans la série À la Maison Blanche. o Lenore Kasdorf (1948) avait deux brèves apparitions dans l’épisode Liberté conditionnelle de la première saison. Elle est la vendeuse des billets de croisière. o La superbe partition musicale pour Carl, le tueur du Traquenard, est réutilisée au début de l’épisode avec une variante au saxo lorsque Dean enfile sa cagoule. Quand Stone refait le parcours du tueur, c’est la musique martiale de Tom Scott qu’on réentend. o Lorsque Stone et Keller visionnent le film de la caméra de surveillance de la banque, le zoom effectué sur le poignet de Dean provient d’une perspective différente. 3. POUR L'AMOUR DE DIEU En quelques semaines, trois prêtres ont été abattus après la messe dominicale. Stone et Keller découvrent que les hommes d'Église ont suivi le même séminaire et qu'ils furent responsables de l'éviction d'un postulant. Ce dernier, dépressif, n'a pourtant pas quitté l'hôpital psychiatrique depuis des années. Excellent. L'épisode commence par l'assassinat du Père McGowan, ami d'enfance de Mike Stone, lors d'une confession mortelle, et la scène suivante, où le policier va brûler un cierge, est particulièrement émouvante. Il précise que trois perspectives s'offraient alors à eux : 'a crook, a cop or a priest.'[Escroc, flic ou prêtre.] Les seconds rôles, habitués des séries télévisées, donnent le change. Père Carey et surtout l'ultime cible, Père Driscoll, embellissent l'histoire. Peter Strauss interprète parfaitement le tueur fanatique religieux paranoïaque et schizophrène au canon scié dissimulé sous un imper. La musique grave est bien choisie et il y a un excellent raccord lorsque le tueur assassine la troisième victime, Tom McGowan ; on passe directement sur une vue de la cloche et de la croix de l'église avec la voiture de Keller qui approche en arrière-plan. L'enquête débute par la découverte d'une liste de quarante-huit prêtres ayant assisté au même séminaire mais le principal suspect, renvoyé, n'est pas apte à commettre de tels actes. Il séjourne depuis dix-neuf ans dans un asile et il s'occupe des fleurs, mais il a fait un adepte, qui le 'venge' en assassinant les membres du conseil. Pour débusquer l'assassin, Stone devient prêtre (la soutane va très bien à Karl Malden, qui la portait déjà dans Sur les quais vingt ans plus tôt) et le portrait-robot relance l'enquête au point mort. Le dernier acte, en deux temps, est bien agencé. D'abord, la messe est dite et les policiers surveillent, sans se douter que Novack, le tueur, est déjà caché dans le confessionnal. Stone est blessé en s'interposant et on a droit à une seconde scène d'action au pied de l'immense croix du Mount Davidson, théâtre d'un passage clé de Dirty Harry. D'ailleurs, la comparaison ne s'arrête pas là : Keller s'accroche à un bus scolaire jaune mais il s'y prend moins bien qu'Harry Callahan ! Même dans un épisode noir, l'humour n'est pas en reste ; il suffit d’écouter le constat du vieux prêtre sur la vocation qui déclare à Stone qu’il ne serait pas étonné qu’un confrère finisse par écrire des romans pornographiques pour arrondir ses fins de mois, sans oublier l’échange ‘Bless you my son – Thank you Father’ et le visage radieux de Stone lorsqu'une bonne sœur au regard de braise, trop jolie pour être crédible, l'appelle : 'Père' ! o Metteur en scène : Virgil Vogel ; scénariste : Richard N. Husky. o Guest Stars: Leif Erickson, Peter Strauss, Marshall Thompson, James Gregory (Special Guest Star). o L’épisode a été diffusé le 27 septembre 1973 sur ABC. o Lieux de tournage : Mission Dolores (scène d’ouverture), et plusieurs églises apparaissent lors de l’enquête des deux policiers : the Sacred Heart Church, Notre Dame des Victoires, St. Mary's Cathedral et St. Brigid Church. Le final se passe aux abords de o Leif Erickson (1911-1986), Father Henry Driscoll, est connu pour la série western Chaparral, 97 épisodes (1967-71), où il incarne Big John Cannon. o Marshall Thompson (1925-1992), Father Carey, est connu pour la série animalière Daktari, 45 épisodes (1966-69), où il incarne le docteur Tracy. o Peter Strauss (1947) était Jepsen, le détenu qui a trente-deux heures pour trouver un boulot dans Liberté conditionnelle, saison 1. o La carte de San Francisco sur le mur de la cabane de Novack est à l'envers (source : TV.com). o Le psychologue fait référence à l'étrangleur de Boston, qui 'assassinait sa mère symboliquement'. o On sait avant les policiers que Père Gomez a été assassiné. Son nom est barré sur la liste de Novak lorsque celui-ci entoure le nom de Driscoll. o Stone fait référence à Bing Crosby et au film La route semée d’étoiles (Going My Way), un film de 1944 où l’acteur incarne le Père Chuck O’Malley. Bing Crosby décéda quelques années après le tournage de l’épisode, en 1977. 4. AVANT DE MOURIR Un inspecteur apprend qu'il est condamné à brève échéance. Avant de mourir, il décide d'abattre un truand sur lequel il enquête depuis un an et demi. Un épisode excessivement lent du fait du thème principal. La seule véritable scène d'action est une poursuite en voiture de trois minutes qui se termine par une explosion au tout début. John T. Connor, qui n'a plus que quelque temps à vivre, est magistralement interprété par Leslie Nielsen. Après trente-deux ans dans la police, dont douze avec son coéquipier Murray, il veut abattre un gangster avant de mourir, afin de rendre service à l'humanité. Nielsen crève l'écran et sa présence excède celles des deux enquêteurs. Dans de longues scènes, parfois émotionnelles, le policier s'entretient successivement avec son médecin, sa femme, son partenaire et, finalement, Mike Stone qu'il neutralise. L'histoire soulève l'épineuse question des limites des pouvoirs de la loi, de la justice et du dilemme qui consiste à utiliser les services publics pour protéger un truand. À ce titre, la fin, tragique et inattendue, est très forte : Murray tue Connor au moment où celui-ci allait passer à l'acte. On ne sait donc pas comment aurait réagi Stone, mais il aimerait que Keller agisse comme Murray au cas où il se comporterait comme Connor. o Metteur en scène : William Hale ; scénariste : Albert Ruben ; musique : Duane Tatro. o Guest Stars: Leslie Nielsen, Joanne Linville, Ray Danton, James Wainwright (Special Guest Star). o L’épisode a été diffusé le 4 octobre 1973 sur ABC. o Leslie Nielsen (1926-2010) était le clochard Jake Wilson dans le dernier épisode de la première saison, La légion des épaves. Il reviendra dans l’épisode d’ouverture de la troisième saison. o Joanne Linville (1928) reviendra dans un épisode de la troisième saison. A noter qu’elle interprète un rôle un peu similaire dans un excellent épisode de Kojak - Mort debout - ; l’histoire d’un détective qui cache son cancer en phase terminale à son entourage pour coincer le meurtrier de son coéquipier et ami. o Lieux de tournage : Embarcadero Freeway & Potrero (séquence d’ouverture), aux alentours de China Basin pour la poursuite, Marina Yacht Harbour, Washington Square (devant l’église St Peter and Paul), et la scène finale à l'hippodrome Bay Meadows de San Mateo. 5. MA MAISON EST UNE PRISON Un petit escroc cambriole un magasin et s'empare de deux sacs de billets et d'un calepin appartenant au syndicat. Rapidement, il est pourchassé dans tout San Francisco par deux tueurs et la police. Rejeté de tous, il se réfugie à Alcatraz, son chez-soi. On suit avec plaisir mais aussi compassion Eddie, ce petit malfrat aux allures sympathiques errer dans San Francisco à la recherche d'une main tendue. Ayant raté sa vie, il dit, anticipant ses ennuis : 'Even when I do something right, it's wrong !' [Même quand je fais quelque chose correctement, ça ne va pas !]. Sa femme et ses supposés amis le repoussent et il trouve seulement du réconfort quand il revoit incognito son fils dans un parc et lui offre le panda en peluche lors d'une séquence touchante. Les deux tueurs abattent le propriétaire du magasin, attendent Eddie à sa chambre d’hôtel (très bon passage) et le traquent jusqu'à Alcatraz lors d'un somptueux final, le quatrième acte. L'escroc n'est pas un mauvais bougre et il mourra dans sa cellule après avoir sauvé indirectement Stone et mis l'argent en sûreté dans la peluche, ultime clin d'œil. C'est un peu choquant d'ailleurs de voir Keller proposer 10% du magot à la femme alors qu'elle a qualifié son mari de : 'Garbage'. A noter que l’histoire commence un dimanche, ce qui est souligné par la première image de l’église au son des cloches et la rue déserte lorsqu’Eddie entre par effraction dans le magasin. Going Home est un excellent drame, qui se conclut, comme L’inspecteur ne renonce jamais trois ans plus tard, dans le décor d’Alcatraz, très prisé des scénaristes. o Metteur en scène : Robert Day; scénariste : Jack B. Sowards ; musique : Patrick Williams. o Guest Stars: Tom Bosley, Sheree North (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 11 octobre 1973 sur ABC. Il fut diffusé en France sur Antenne 2 deux ans plus tard, jour pour jour. o Lieux de tournage : Battery Street (le magasin), Land’s End (la rencontre entre Beal et les truands sur le cours de golf), Church Street (l'appartement de Donna), Dolores Park, Alcatraz (le quatrième acte). o Tom Bosley (1927-2010) a commencé sa carrière en 1955. Il a joué dans deux autres épisodes de la série dont le pilote, dans lequel il est Saretti, le concierge de l’immeuble où habite la victime. o Sheree North (1932-2005), Donna, fut engagée à ses débuts pour palier aux frasques de Marilyn Monroe. Elle a joué dans Les Incorruptibles, Kojak…Elle décéda d'un cancer. o Milton Selzer (1918-2006), le commerçant Beal en cheville avec la mafia, est connu de tous fans de séries. D'après le livre Television Guest Stars: An Illustrated Chronicle for Performers of the Sixties and Seventies, il est l'acteur qui a joué dans le plus grand nombre de séries télévisées. Citons Les Incorruptibles, Le fugitif, Les envahisseurs, Chaparral, L'homme de fer, Mission impossible, Mannix, Kojak, Cannon, Hawaii police d'état, Wonder Woman… o Phillip Pine (1920-2006), Dave, le policier qui enquête à l’hôtel d’Eddie, a joué dans trois autres épisodes dont Le premier jour de l’éternité. Il est le commercial que la prostituée essaie de racoler dans la première scène. o Terrence O’Connor, Sylvia, la soeur de Donna, est Maggie Ames, la jeune femme assassinée par son amant dans la première scène de Dernière heure. o Brad Savage (1965), le petit Martin, est le fils du tueur Carl dans Le traquenard (la scène au téléphone). o Stone, surpris que Keller s’approprie ce qu’il lui a dit sur l’efficacité du Luger, déclare à Dave : ‘I learn something new every day’. 6. LE TIMBRE DE LA MORT Un riche collectionneur de timbres est tué. Un seul timbre, inestimable car unique, semble avoir été dérobé, à moins que cela soit justement ce que le criminel veut faire croire à la police. Une histoire très alambiquée qui garde son mystère jusqu'aux ultimes instants. Dès la scène du début, trop longue, nous avons connaissance du vol des timbres et de la machination de la pièce rare. En fait, un expert faussaire doit transformer les dix timbres dérobés en Magenta, pièce unique, que nul ne sait où trouver. Un écart entre les détails de la couverture d'assurance et la valeur réelle de la collection rapproche les policiers de la solution. L'assureur meurtrier semble dominer la situation mais c'est sa femme qui a, finalement, tout arrangé. Alors qu'on se demande qui va rouler l'autre, un troisième individu profite de la situation. Le final entretient le suspense, laissant croire que le malin est le marchand de timbres mais c'est finalement l'indic de Stone ! Un épisode moyen à l’histoire compliquée et peu crédible (Glen s’identifie sur les lieux du crime, Doc assassine Jenkins), qui vaut surtout pour l’interprétation des seconds rôles, en particulier Jessica Walter, machiavélique comme elle l’était dans Un frisson dans la nuit ("a real live man-eating cannibal"). À noter un peu d'humour lorsque Stone se rend sur les lieux du crime avec les chaussures de bowling ! o Metteur en scène : Seymour Robbie ; scénariste : Robert I. Holt. o Guest Stars: Earl Holliman, Jessica Walter (Special Guest Star). o L’épisode a été diffusé le 18 octobre 1973 sur ABC. o Earl Holliman (1928) se fit connaître dès 1953. Il fut second rôle dans quelques westerns de renom. En 1974, il fut le partenaire d'Angie Dickinson dans la série policière Sergent Anderson. o Jessica Walter (1941) a fait du théâtre et quelques films dont Un frisson dans la nuit. Elle est Evelyn, la femme qui persécute Eastwood dans son premier film en tant que réalisateur. Ce rôle lui valut d'être nominée pour le Golden Globe. o Lieux de tournage : Nob Hill (compagnie d’assurances), Union Square (rencontre de Glen et Conway), The Tenderloin (Stone questionne Doc), Pacific Heights Towers (l’appartement de Conway) et Ocean Beach (scène finale). o On apprend que Keller collectionnait les timbres étant enfant. Tel un gourou, un musicien manipule des groupies mineures pour qu'elles deviennent des prostituées dociles. Il en assassine trois qui peuvent lui poser des problèmes. Une quatrième aidera la police. La musique adoucit les mœurs ? Après le tueur à l'harmonica (Beyond Vengeance), voici le flûtiste proxénète assassin. D'autres points communs entre les deux épisodes : le réalisateur est Virgil Vogel et la fille de Stone, Jeannie, est présente mais elle est moins active que lors de sa première apparition, se contentant d'acheter des sandwichs ! Le personnage engendre d'ailleurs quelques longueurs dont la scène où Stone, moralisateur, énumère à sa fille les statistiques de la criminalité américaine mais le lieutenant répercute l'enquête sur elle et le passage de la découverte du corps de la jeune prostituée à la Marina est fort. Il y aura deux autres cadavres sur la plage ; Stone et Keller découvriront que toutes les victimes habitent à la même adresse et qu'elles sont en possession de numéros de cabines téléphoniques. Le serial killer est froid ('Kiss me goodbye, Sarah') mais moins impressionnant que celui de Beyond Vengeance et la fin de l'épisode est moins spectaculaire. Les seconds rôles sont des jolies filles, accompagnées d'une mélodie au piano très agréable. Il y a une scène cocasse lorsque Stone se fait racoler près de la cabine téléphonique (dix dollars la passe), et palper le flingue ! Cette même prostituée traitera les deux policiers de 'Pig !'. Les fans d’Eastwood auront reconnu Kay Lenz, très convaincante, qui joua la même année avec William Holden dans la romance Breezy. o Metteur en scène : Virgil Vogel ; scénariste : John D. F. Black. o Guest Stars: Rick Nelson, Kay Lenz, Darleen Carr, Laurette Spang. o Cet épisode a été diffusé le 25 octobre 1973 sur ABC. o Lieux de tournage : Marina Yacht Harbour (découverte de Diane, la première victime), Union Square (où Stone se fait aborder) déjà vu, entre autres, dans l'épisode Au milieu des étrangers, Ghirardelli Square (près de la fontaine où Jeffers joue de la flûte). On aperçoit par deux fois le fameux Golden Gate en arrière-plan sur les scènes de meurtres. o Deuxième des douze apparitions de Darleen Carr dans le rôle de Jeannie Stone. o Ricky Nelson (1940-1985) était une idole de Rock and Roll dans les années 60 et 70. Il périt dans un accident d'avion avec sa fiancée et son groupe à la St Sylvestre à l'âge de 45 ans. Parmi ses rôles au cinéma, celui de Colorado dans Rio Bravo. o Dans les années 70, il suffisait de se mettre une boucle d’oreille pour passer pour un gay. Ainsi, Jeffers en met une rapidement à la venue de Keller précisant : ‘That’s not my scene’ au sujet de ses voisines, ce qui permet à l’inspecteur de dire à Stone qu’il n’est pas ‘a ladies man’. o L’enquête est centrée sur des prostituées mineures, pour la plupart fugueuses. Néanmoins, les actrices ravissantes ont la vingtaine bien tassée au moment du tournage : Kay Lenz (Sarah, 20), Ninette Bravo (Diane, 22), Laurette Spang (Kim, 22) et Darleen Carr, Jeannie, a 23 ans. 8. PAS D'INSIGNE POUR BENJY Alors que Stone tente de résoudre un meurtre, Keller se rend au chevet d'un indic blessé par balles. Deux enquêtes sans lien pour un épisode pas captivant du tout. La première histoire est en filigrane car presque tout se passe au commissariat (comme dans les séries actuelles) tandis que la seconde est banale et incohérente. Comment peut-on laisser un blessé à l'hôpital sans surveillance après une tentative d'assassinat ? L'informateur a trouvé une piste et il a été assassiné avant d'avoir pu joindre la police. Sa fille essaie de le venger à sa façon. Les seconds rôles ne sont pas non plus convaincants. Beaucoup de bavardages, peu de suspense…et la meilleure partie est l’épilogue! Il reste, dans ces cas-là, l'excellente musique et les somptueuses vues de la ville toujours présentes dans cette série. o Metteur en scène : Seymour Robbie ; scénariste : George Bellak. o Guest Stars : William Watson, Judyann Elder, Mark Miller. o Cet épisode a été diffusé le 1er novembre 1973 sur ABC. o Argentina Brunetti (1907-2005) fait une brève apparition au début de l'épisode (elle sort ses poubelles). Elle a fait un site à son nom racontant les histoires passées d'Hollywood peu avant son décès. Son fils le continue. Elle a joué dans l'épisode des Incorruptibles, Le roi de l'artichaut. o William Watson (1938-1997) reprendra son rôle du flic Dedini dans l'épisode Coup monté. o Anthony James (1942) a une trop courte apparition dans le rôle de Hayes. Il est connu pour ses rôles dans Dans la chaleur de la nuit, L’homme des hautes plaines et son dernier rôle est dans le classique Impitoyable de et avec Eastwood. Son physique est reconnaissable dans de nombreuses séries sur quatre décennies. Il expose dorénavant ses toiles à New York, Boston et Miami. o Eddie Firestone (1920-2007) est un des clochards du refuge dans La légion des épaves. Comme Watson, il reprend son rôle de l’informateur Cappy dans Coup monté. o Lieux de tournage : Broadway & Columbus (première scène), San Francisco General Hospital. 9. L'OR MORTEL Quatre malfrats s'emparent d'un fourgon blindé contenant de l'or sans connaitre l’extrême dangerosité du chargement. Lorsqu’ils l’apprennent, le membre de la bande chargé de la refonte en pièces n’est pas informé et se retrouve sacrifié. Après le décès du chauffeur du camion, nos deux flics se lancent dans une course contre la montre car les voleurs ne sont pas initialement conscients du transport mortel qu'ils ont dérobé. Une enquête minimale pour un épisode moyen qui met surtout l'accent sur les dissensions dans la bande des quatre. Anthony Zerbe, irradié et condamné, et, surtout, Vic Morrow, en criminel froid et calculateur, sont d'excellents seconds rôles. La scène forte est leur rencontre sur le parking où Eddie, mourant, confronte son ‘ami’ à la réalité. Les investigations n'avancent pas car le portrait-robot ne ressemble à rien et il faut un coup de téléphone pour débloquer l'affaire qui se conclut par une poursuite à travers Chinatown. Ne ratez pas l’étrange scène des cigarettes dans le bureau. o Metteur en scène: Don Medford; scénaristes: Robert Malcolm Young, Robert Sherman; musique: John Elizalde. o Guest Stars: Vic Morrow, Herb Edelman, Anthony Zerbe (Special Guest Star). o L’épisode a été diffusé le 8 novembre 1973 sur ABC. o Lieux de tournage: San Francisco State University (début), Lombard Street (première scène Stone/Keller), Marina (le fourgon évite de justesse la voiture des deux policiers), Russian Hill (habitations des malfrats), Union Square (le fleuriste où travaille Eddie), Grant Avenue à Chinatown (final). o Vic Morrow (1929-1982) a joué dans de nombreuses séries dans les années 60 et 70. Il eut une fin tragique sur le tournage de Twilight Zone. Un hélicoptère s'abattit sur lui, le décapitant ainsi que deux enfants jouant la scène. Quelques instants plus tôt, il regrettait de ne pas avoir fait appel à une doublure pour cette scène. o Anthony Zerbe (1936) a souvent joué des rôles de méchants dans toutes les séries américaines populaires des années 60 et 70 dont cinq participations à Mission : Impossible et quatre à Mannix. o Royce D. Applegate (1939-2003), Joe, le plus jeune des deux conducteurs du camion, a joué dans quatre épisodes de la série. Il est l’armurier qui accepte, contre une forte somme d’argent, de vendre une arme au père de l’enfant assassiné dans L’albatros. 10. INFORMATION MORTELLE Un témoin capital dans l'enquête sur un ponte du proxénétisme est abattu dans les bâtiments de la police. Le tueur a bénéficié de renseignements de l'intérieur. Deux policiers sont suspectés mais Stone et Keller ne sont pas du même avis. Après une entame mouvementée dans les locaux mêmes de la police, l'action fait place à l'enquête pour retrouver le tueur blessé et à quelques fausses pistes afin de piéger l'informateur interne car peu de personnes connaissaient l'existence du témoin. Stone : 'There is only one answer, Buddy Boy. Someone in the department.' Quatre officiers sont suspectés de 'fuite' mais un flic expérimenté et une femme policière se retrouvent en première ligne. Stone et Keller font équipe avec des partenaires divers pour débusquer le coupable. Stone 'défend' Bondini, son alter ego, tandis que Keller ne peut imaginer Drea McCormick, la jeune recrue avec laquelle il a fait l'école de police, responsable d'un tel acte. Une excellente prestation de Mariette Hartley en femme flic dupée par son beau-frère (très bonne séquence entre les deux). Endurcie par une enfance difficile, dépeinte dans la scène avec sa sœur, elle ne croit pas Nita Vaughn, la maitresse du témoin assassiné, lors de la visite avec Keller, et elle a un échange intéressant avec l’inspecteur au sujet des différences hommes/femmes pour l'avancement de carrière dans la police. Aveuglé par son ancienne relation avec Drea, Keller ne veut pas voir la vérité, comme souvent quand il y a un jupon dans les environs. Finalement, la clairvoyance de l'expérimenté lieutenant Stone triomphera grâce à un subtil piège téléphonique. C’est le genre d’épisodes qui me fait préférer le personnage de Mike Stone, dont le professionnalisme est démontré dans le contre-rapport avec les deux inspecteurs impliqués dans la fusillade … o Metteur en scène : Eric Till; scénariste : Dorothy C. Fontana ; musique : Richard Markowitz. o Guest Stars : Mariette Hartley, Robert Foxworth, Peter Mark Richman (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 15 novembre 1973 sur ABC. o Steve Keller et Drea McCormick sont sortis ensemble de l'école de police trois ans auparavant. Keller l'a même invitée, à l'époque, dans un lieu appelé... Conspiracy. On apprend que McCormick était très bonne au tir et qu'elle a terminé dans les dix premiers. Par contre, Stone demande à Keller son classement et celui-ci s'en tire par une pirouette. o Mariette Hartley (1940) a débuté sa carrière en 1962 et elle est familière pour les amateurs de séries US. Vue dans Le virginien, Peyton Place, Cimarron, Bonanza, Mannix, Le sixième sens, Gunsmoke, Section contre-enquête, Columbo, Cold Case, Law and Order. Elle a participé à un autre épisode de la série. o Peter Mark Richman (1927), le lieutenant Vince Bondini, a joué dans plus de 500 productions télévisées. o Robert Foxworth (1941), le beau-frère manipulateur, est un des trois malfrats (avec une moustache) dans l’épisode de la première saison Au milieu des étrangers. o Lieux de tournage : Bay Bridge (séquence d’ouverture), the Watergate Condominium à Emeryville (l'appartement de Nita Vaughn), Visitation Valley (découverte de la voiture abandonnée), the Carillon Towers (l’appartement d’Andrea). o Le parking du SFPD, vu au début de l'épisode, a servi pour quelques scènes du deuxième volet des aventures de l'inspecteur Harry, Magnum Force. Dans l'épilogue, Keller montre le mémorial dédié à tous les policiers tués en service. Il se trouve dans le Hall of Justice de San Francisco et il constitue la première image du film Dirty Harry (‘It's too bad she wasn't thinking about them’). o Quinn Martin voulait une femme pour développer l’histoire d’une officière de police, ce qui n’était pas courant à l’époque. Ainsi, D.C. Fontana écrivit Shield of Honor, dont Mariette Hartley sera l’interprète. Certains dialogues concernant Stone et Keller furent remaniés, ce qui se passe souvent avec les nouveaux scénaristes sur une série. La base était là et Fontana la développa en interviewant des femmes policières de Los Angeles. A l’époque, les femmes de la police n’étaient pas dans la rue ou dans une voiture de patrouille. Le scénario de Fontana fut accepté et transformé en script. Quinn Martin insista que le nom entier de D.C. Fontana (Dorothy C. Fontana) figure au générique afin de montrer que la production engageait des femmes. L’épisode fut un succès et la scénariste fut demandée pour deux autres histoires de la troisième saison (The Streets of San Francisco : a Quinn Martin TV Series, James Rosin). 11. LES VICTIMES Trois prisonniers s'échappent lors de travaux forcés et sèment la mort sur leur passage. Keller, en conflit avec sa petite amie du moment, n'est pas au diapason de l'enquête menée essentiellement par Stone. Une des plus violentes histoires jusqu'à présent. Henry Silva personnifie parfaitement cet assassin impitoyable qui supprime tous les gens que le trio croise. Années 70 obligent : les scènes dures sont simplement suggérées (l'étranglement du vendeur avec une cravate, le massacre du couple de retraités qui avait pris le trio en autostop, le viol de la mère de famille). Le personnage de Connie, petite amie de Keller et journaliste culinaire (!), caricature une partie de l'opinion publique pour laquelle toute personne, quels que soient ses actes, reste un être humain et la société, qui les a enfermés, est responsable de ce déchainement de violence. Le ridicule est poussé à son paroxysme et s’apparente au droit-de-l’hommisme actuel. En opposition, bien entendu, avec la femme du garde à l'hôpital : 'I want you to kill them.' Finalement, Mike Stone ouvre les yeux de l'oie blanche naïve et exaspérante, qui défend les droits des criminels, sur le métier de policier et le lieutenant agit, de ce fait, un peu comme Harry Callahan ! Le titre de l'épisode met d'ailleurs l'accent sur ce point, privilégiant les victimes aux assassins. Ces derniers ne sont pas ménagés par le scénario ; le témoin récalcitrant est comparé à une victime et un des évadés se fait lyncher dans une station-service. Le final au zoo est un peu décevant, en particulier la fastidieuse mise en place des voitures de police autour de la cabane. Bien que Keller retrouve Connie qui l’attend devant sa porte dans l’épilogue, le personnage, cruche à claquer, ne réapparaitra pas, fort heureusement. o Metteur en scène : George McCowan; scénariste : Jerome Coopersmith. o Guest Stars : Henry Silva, Jo Ann Harris. o Cet épisode a été diffusé le 29 novembre 1973 sur ABC. o Lieux de tournage : Marin Headlands (évasion des trois truands), Conzelman Road (belle vue sur le pont Golden Gate), Clement Street (le magasin de vêtements, toujours présent en 2015), San Francisco Zoo, General Hospital. Le Golden Gate (début) et Alcatraz (épilogue) sont en arrière-plan. o Henry Silva (1928) a souvent joué des rôles de maniaque et de sadique aussi bien aux États-Unis qu'en Europe. o Jo Ann Harris (1949), la petite amie de Keller, sera une des vedettes de la série Section contre-enquête (Most Wanted) avec Robert Stack en 1976. Elle est également l'auto-stoppeuse aguicheuse de l'épisode Mésaventures de la saison 1. o Lou Frizzell (1920-1979), le témoin récalcitrant, est le réceptionniste de l’hôtel où la victime a séjourné dans le pilote. L’acteur reviendra dans deux autres épisodes. o Valentin de Vargas (1935-2013), Ben Vargas, le moins fou des évadés, est le tenancier du bar dans Le couloir des miroirs. o Dan Ferrone (1937-1999), Doug Thompson, est le témoin du meurtre, interrogé par Keller, dans Liberté conditionnelle. Il reviendra dans la dernière saison. 12. LES FUGITIFS Trois enfants sont livrés à eux-mêmes depuis le décès de leur père. Pour soigner sa petite sœur malade, l'aîné cambriole une pharmacie et tue accidentellement le propriétaire. Cet épisode est un drame de la société et non une enquête policière. D'ailleurs, Stone et Keller retrouvent le squat où vivent les enfants très rapidement grâce à un témoin. L'histoire souligne les incohérences du système judiciaire et les tragédies auxquelles sont confrontés des orphelins après leur placement. On note quelques longueurs, Keller et l'intrigante serveuse du café par exemple (voir les informations complémentaires), et une certaine maladresse dans le scénario : le grand frère prend une juge, amie de Stone, en otage dans l'espoir de l'échanger contre sa petite sœur, malade et à l'hôpital. La meilleure scène est justement entre Stone et cette petite fille qui déjoue les questions du lieutenant concernant son grand frère : 'You don't look like a doctor.' Il y a une seule véritable scène d'action lorsque Keller localise d'un hélicoptère la planque des deux frères. Finalement, le début et la fin de l’épisode sont les meilleures parties car les tirades compatissantes de la juge deviennent lassantes à la longue... o Metteur en scène : Seymour Robbie; scénariste : Robert Malcolm Young. o Guest Stars: Jeanette Nolan, Barry Livingston. o L’épisode a été diffusé le 6 décembre 1973 sur ABC. o Lieux de tournage : North Beach à l’angle de Stockton et Filbert (la pharmacie), the Southern Windmill of Golden Gate Park (la planque des jeunes et théâtre de la séquence finale), le dépôt de chemin de fer Southern Pacific, démoli deux ans plus tard (poursuite Jack/ Mike). o Jeanette Nolan (1911-1998), la juge Millie Cox, a joué dans plus de 300 séries télévisées. Elle fut nominée quatre fois aux Emmy. Elle a un rôle récurrent dans Le virginien. o Claire Brennen (1934-1977), Susie, la ravissante serveuse interrogée par Keller, est la femme témoin qui consulte les trognes des suspects en draguant Keller sous l’œil amusé de Stone dans L’albatros. Elle participa à trois autres épisodes de la série (dont le dernier) et, malheureusement, décéda d’un cancer la même année à l’âge de 43 ans. o Kent Smith (1907-1985) est Edgar Scoville, un ami de David Vincent, dans treize épisodes des Envahisseurs. 13. LE TROISIÈME ÂGE SE REBIFFE Désireux de financer la coûteuse opération de la cataracte d'un de ses amis, un retraité fait chanter une vieille connaissance millionnaire en déposant dans ses bâtiments d'entreprise quatre bombes qui doivent exploser toutes les deux heures. Cet épisode est une critique acerbe du système d'assurance maladie aux États-Unis, particulièrement pour les personnes âgées. Comme la précédente, cette aventure est plus 'sociale' que policière, mais elle présente des attraits absents des Fugitifs. Bien que sommaire, une enquête est effectuée (l'homme au fauteuil roulant) et l'humour embellit l'épisode. Ainsi, Stone doit payer les hot-dogs froids ('One fifteen for two cold hot-dogs !) - il ne donne pas de pourboire (jeu de mots en VO car tip signifie également 'tuyau') - et la résidente de la maison de retraite profite de ce que Keller fouille la chambre à la recherche d'indices pour la visiter, au cas où elle serait prochainement libre ! La descente de la bombe en ascenseur laisse planer un peu de suspense. Tel Robin des Bois (Jesse James est mentionné dans l'épisode), Wade Tillman, interprété par Paul Fix, symbolisait déjà dans les années 70 les laissés-pour-compte de la société US. Le vieil homme est victime d’une crise cardiaque lorsque son fils et Stone le poursuivent au cimetière, mais la fin est moralisatrice et l'obtus millionnaire devient humain. Une histoire qui a dû faire réfléchir un grand nombre de personnes âgées. Pas un des meilleurs épisodes mais plaisant à suivre. o Metteur en scène : Seymour Robbie ; scénariste : Jack B. Sowards. o Guest Stars : Paul Fix, Denver Pyle, Linden Chiles, Ruth McDevitt. o Cet épisode a été diffusé le 13 décembre 1973 sur ABC. o Lieux de tournage : Tillman marche à Filbert Street longeant Washington Square (première scène), l’angle de Filbert et Columbus Avenue (station-essence), Pacific Heights (maison de retraite), hôtel Hyatt Regency, Beale Street (bureaux d’Armstrong). o Paul Fix (1901-1983) est apparu dans plus de 300 films. Ami de John Wayne, il est surtout connu pour son rôle de shérif dans la série L'homme à la carabine avec Chuck Connors. o Denver Pyle (1920-1997) était, comme Paul Fix, un grand ami de John Wayne et il joua dans beaucoup de ses films : Les cavaliers, Alamo, L'homme qui tua Liberty Valance, Les cordes de la potence. Un de ses plus grands rôles est, néanmoins, celui du shérif dans Bonnie and Clyde. o Mike Stone fait référence à son grand-père pour expliquer les duretés de la vie. o Stone et Keller jouent aux échecs dans le bureau pour passer le temps et Stone se remémore : 'One buck fifteen for two cold hot-dogs !'. o La ‘notion’ était primordiale dans l’élaboration d’un épisode. Elle se constituait d’une ou deux pages avec le début, le milieu et la fin de l’histoire. Quinn Martin l’approuvait et un scénariste était alors désigné pour la rédaction. Ce scénario était retravaillé avant le tournage pour être en accord avec les personnages de la série. Il y a des exemples de ‘notions’ dans le livre: The Hard Breed, Winterkill, Mask of Death (The Streets of San Francisco: a Quinn Martin TV Series, James Rosin). 14. LA VIE EST UNE JUNGLE Une jeune femme célibataire, qui vient d'accoucher, est persuadée que son bébé, déclaré mort-né, est vivant. On ne quitte pas le 'social' pour la troisième fois consécutive dans un épisode légèrement meilleur que les deux précédents ; de très bons passages côtoient d’autres assez maladroits. Mais quelle poisse pour Barbara qui tue accidentellement la directrice du foyer (comme le pharmacien des Fugitifs) et blesse un docteur et un policier avec son arme. Cela fait beaucoup ! Cependant, Kitty Winn est convaincante en mère désespérée, déterminée, au passé psychiatrique, qui remonte la filière pour retrouver son bébé. Elle a un fort temps de présence comparé au détective véreux, interprété par Fabiani, qui doit se contenter de deux scènes majeures dont la meilleure de l'épisode, la poursuite spectaculaire sur les toits. L'histoire pose les problèmes de l'avortement et de l'adoption dans les années 70 ; Barbara retrouvera son bébé mais il sera placé le temps de son internement. Le dénouement est fastidieux, avec le baratin de Keller pour désarmer Barbara, même si la dernière image de l'épilogue a une forte charge émotionnelle. Cet épisode sur le thème de l’adoption est beaucoup plus convaincant qu’Une adoption illégale de la première saison. o Metteur en scène : Robert Day ; scénariste : Jerome Coopersmith ; musique : John Elizalde. o Guest Stars: Kitty Winn, o Cet épisode a été diffusé le 20 décembre 1973 sur ABC. o Kitty Winn (1943) est connue pour Panique à Needle Park (où elle fut récompensée à Cannes) et le rôle de Sharon Spencer dans L'exorciste (I et II). Elle ne tourne pratiquement plus depuis son mariage en 1978. o Joel Fabiani (1936), le détective véreux, est surtout connu pour son rôle de Stuart Sullivan dans la série Département S. o Lieux de tournage : Page Street (le bâtiment ‘New Choice House’), Tiburon (la villa de Hyland père), Université de San Francisco, Mama’s on Washington Square, American cuisine, qui existe toujours (première scène des policiers, qui fréquentaient déjà cet endroit dans Une collection d’aigles). o Le nouveau-né est 'vrai' (image d'archives) contrairement à de nombreuses productions qui filment un bébé de quelques jours dans ce genre de situation. o On apprend que Keller a rompu avec Connie, sa petite amie de l'épisode 11, Les victimes. Autant de temps pour se rendre compte qu'elle n'était pas compatible avec le métier de 'cop'…. o Référence à Sherlock Holmes lorsque Keller découvre qu'une page du répertoire à la lettre H a été arrachée. Stone : 'That is great, Sherlock !'. o Stone devient de plus en plus 'gâteux' lorsqu'il évoque sa fille, Jeannie, vue dans plusieurs épisodes, 'capable de pleurnicher et d'utiliser deux paquets de kleenex' pour un film triste au cinéma ! Stone est victime d'un coup monté et soupçonné d'avoir descendu un collègue infiltré dans le milieu de la drogue. Keller et le 'department' doivent faire la lumière sur une affaire qui remonte à une douzaine d'années et dans laquelle un policier est impliqué. Pour cela, un témoin doit être retrouvé avant les tueurs. Ce très bon épisode, aux multiples rebondissements, est servi par d'excellents seconds rôles connus, pour la plupart, des habitués des séries. L'intégrité de Stone est mise en doute par Decker, un nouvel inspecteur fraîchement débarqué, tandis que les indices s'accumulent contre le lieutenant. Tombé dans le piège d'un rendez-vous, son arme a tué un collègue – interprété par Johnny Weissmuller Jr aux faux airs de Serpico - et même sa fille contribuera, involontairement, à sa mise à pied. On apprendra finalement que le flic abattu a été 'vendu' par une junkie, amie d'enfance ! Le sérieux de l'histoire n'empêche pas l'humour. Keller est étonné de recevoir un appel à la salle de boxe : 'Why me, not you ?'. Stone : 'Because I probably don't know the lady !' [Parce que je ne connais probablement pas la dame !] et la ravissante Jeannie connaît bien son père et la signification de : ‘Fine. Just fine !’ On voit à peine le ponte du syndicat mais les tueurs et même le flic corrompu compensent largement par leur mine patibulaire. What cop ? [Quel flic ?]. On peut le deviner avec l'indice de Cappy, la localisation de la femme du témoin Baxter, qui traîne sur le bureau de Keller. C'est surprenant car le policier ripou avait déjà participé à une enquête de cette saison ! Les nombreux personnages et les diverses pistes, engendrées par la recherche du témoin, le flic véreux et l'implication de Stone dans un meurtre, font de cet épisode mouvementé (trois séquences d’action) un excellent divertissement, même si le script laisse parfois perplexe (Stone se rend seul au rendez-vous alors que c’est manifestement un piège et la théorie farfelue de Decker sur les évènements qui accusent le lieutenant). o Metteur en scène : Richard Donner ; scénariste : John D. F. Black. o Guest Stars: Geoffrey Deuel, Darleen Carr, o Cet épisode a été diffusé le 3 janvier 1974 sur ABC. o Lieux de tournage : Ferry Plaza (début), Potrero Hill (la maison de Mike Stone), Powell Street (Keller parle à Cappy) et le port de San Francisco. o Dans un passage émotionnel (sur une belle musique), Mike Stone évoque pour la première fois sa femme décédée et l'hypothèque qui lui a permis de garder la maison ; grâce à la police d'assurance de sa femme et non ses économies comme Jeannie le croyait. o Geoffrey Deuel (1943) fait une apparition remarquée en inspecteur Glenn Decker. La physionomie de l'épisode laisse penser que le personnage reviendrait. Il n'en fut rien. Deuel est le fils qui a la même maitresse que son père, sans le savoir, dans l’épisode Dernière heure. o Troisième des douze apparitions de Darleen Carr dans le rôle de Jeannie Stone, la fille du lieutenant. o Tyne Daly (1946) est l'inspecteur Kate Moore du troisième volet des aventures de Dirty Harry, L'inspecteur ne renonce jamais (1976). Elle est aussi Lacey dans la série Cagney & Lacey. Elle fait ici une apparition de moins de trois minutes dans le rôle de la femme du policier abattu...et elle compare son mari tué à Dirty Harry ! o William Smith (1933, le tueur Mickey Sims, est célèbre pour le rôle de Falconetti dans Le riche et le pauvre. Son physique lui a fait pratiquement toujours jouer des rôles de méchants. Il excelle dans les sports de combat et il parle cinq langues. o William Watson (1938-1997) était déjà le flic Dedini, que connait Stone depuis onze ans, dans l'épisode Pas d'insigne pour Benjy. o Eddie Firestone (1920-2007) est un des clochards du refuge dans La légion des épaves. Comme Watson, il reprend son rôle de l’informateur Cappy tenu dans l'épisode Pas d’insigne pour Benjy. o William Smith, le tueur, venait de liquider un témoin sur les toits, mais l’acteur, sujet aux vertiges, ne put descendre l’escalier de secours, poursuivi par Michael Douglas, pour rejoindre la voiture où un complice était supposé l’attendre. Aucune doublure n’était prévue et Michael Preece (le script supervisor) dut enfiler les vêtements de Smith, beaucoup trop grands, pour tourner la scène en catastrophe. Une couturière plaça des épingles sur les manches pour les raccourcir car Preece devait pouvoir agripper la rampe dans sa course dans les escaliers. Richard Donner, le réalisateur, filma de loin et personne ne se rendit compte de rien (The Streets of San Francisco : a Quinn Martin TV Series, James Rosin). o Malden monte les escaliers qui mènent à sa maison deux par deux et il conduit assez vite dans les plans rapprochés lors de la poursuite. 16. LA CHAPELLE DES DAMNÉS En rentrant chez elle, une jeune fille est kidnappée, et un vendeur de journaux mortellement renversé. Stone et Keller orientent leur enquête vers le petit ami, récemment sorti de prison, mais ils sont surtout très intrigués par le comportement d'une voyante, relation et conseillère de la mère de la jeune fille. Un banal enlèvement va devenir une affaire complexe par la présence d'une voyante, amie proche de la famille. On reste circonspect sur les facultés de cette femme à fournir des indices qui s'avèrent exacts tout au long de l'enquête. Le suspense est ainsi maintenu jusqu'au dénouement où le piège de la mallette est néanmoins un peu 'léger' ('You never should've looked'). Les deux policiers ne sont pas dupes et privilégient, bien entendu, une solution rationnelle. D'ailleurs, les commentaires de Keller sur la voyante exaspérante et ses dons sont des plus cocasses et constituent un attrait de l'aventure. En fait, un excellent moyen de 'contrôler' les investigations tout en éliminant des complices devenus gênants ! Sinon, l'épisode est bien filmé (les jeux de miroirs lors de la fouille de la chambre d’hôtel) et ménage des effets de surprise (l'enlèvement de la fille dans le parking, le suspect dans le cube de glace, le complice abattu d'un coup de fusil). Les meilleures scènes sont l’interrogatoire musclé (et agencé) de Stone sur Dillon (‘I don’t need a cup of coffee’) et la séquence tournée à l'aéroport où, une fois n'est pas coutume, les policiers se font berner lors de la remise de la rançon (admirez Keller avec ses lunettes de soleil !). Une mère riche crédule, un repris de justice suspecté et une voyante pénible sont les principaux protagonistes de cette enquête, qui sera résolue en partie grâce à la reconstitution d’un verre de contact ! Seulement deux, car les histoires de voyantes me barbent… et le ciel gris et la pluie ne sont pas non plus habituels à la série… o Metteur en scène : George McCowan; scénariste : Robert Schlitt. o Guest Stars: Signe Hasso, Diana Douglas, Stephen Oliver. o Cet épisode a été diffusé le 17 janvier 1974 sur ABC. o Signe Hasso (1910-2002), la voyante, est née à Stockholm et elle était une actrice de renom. o Diana Douglas (1923-2015), la mère naïve de la jeune fille kidnappée, n'est autre que la mère de Michael Douglas. Il y a très peu d'échanges et de plans avec la mère et le fils pendant l'épisode. o Stephen Oliver (1941-2008), Mark Dillon, le petit ami vers lequel les soupçons se portent, est l’assassin (sans moustache) de Jo Ann Harris dans Mésaventures de la première saison. o Lieux de tournage: 2000 Broadway Street (l’appartement), Hôtel Atlanta (la chambre du suspect, démoli depuis), l'aéroport de San Francisco, John McLaren Park (le complice abattu au fusil). o The Chapel of the Mind (mot à mot : "la chapelle de l'esprit") est le nom de la petite secte de la voyante. o Comment le garde de l’immeuble peut-il savoir que la voiture était marron vu que les écrans de contrôle sont en noir et blanc ? Une jeune serveuse a été violée et assassinée. La ruse qui a provoqué la panne de sa voiture met indirectement Stone et Keller sur la piste du tueur. Ce dernier, aux abois, se rend chez son complice crédule et prend toutes les personnes présentes en otage. Cet épisode, conçu comme un film noir, déçoit sur quelques scènes mais on reconnaît néanmoins la patte du réalisateur, Virgil W. Vogel, synonyme d'histoires glauques teintées de violence suggérée. À partir d'un indice minime mais singulier, l'enquête est rondement menée et se termine par une prise d’otages haletante dans la seconde partie, presque en huis clos. Stone fait boucler le quartier et doit faire preuve d’ingéniosité afin d’isoler tant que possible le tueur. La présence de la fille d’un juge et la radio déblatérant des actualités concernant principalement le Royaume-Uni (!) sont les raisons de certaines longueurs (même si la radio est supposée avoir de l’importance dans le dénouement). Cependant, le déroulé de l’histoire et les seconds rôles sont impeccables : Don Stroud est le parfait salopard psychopathe qui a le viol dans le sang, Ida Lupino se montre très convaincante en mère dépassée par les évènements, et Charlie Martin Smith est un rejeton délaissé et influençable particulièrement crédible. La jolie serveuse agressée dans la scène initiale est jouée par Cheryl Ladd (encore Stoppelmoor à l'époque) qui deviendra une drôle de dame quelques années plus tard. À noter la touche d'humour lors de l'épilogue ; Stone fait remarquer à Keller que la balle, qui l'a blessé superficiellement, a bousillé une de ses vestes bizarres : 'It ruined one of your fancy jackets!’. Pour finir, Keller est contrarié d’avoir dû abattre le tueur violeur catalogué d’animal, exactement comme à l’issue de Victime du devoir. C’est le côté ‘gauchisant’ de la série, car on ne retrouve pas de tel cas de conscience dans Kojak par exemple. o Metteur en scène : Virgil W. Vogel; scénaristes : James Menzies, Jack Morton. o Guest Stars: Ida Lupino, Don Stroud, Charlie Martin Smith, Patty McCormack. o Cet épisode a été diffusé le 24 janvier 1974 sur ABC. o Cheryl Ladd (1951) est la fille de l'acteur Alan Ladd. Elle avait une dizaine de petits rôles à son actif avant de tourner dans cet épisode. Elle devint célèbre grâce au rôle de Kris Munroe dans 90 épisodes des Drôles de dames (1977-1981). Elle fut aussi Grace Kelly dans un téléfilm du même nom. o Ida Lupino (1918-1995) eut de grands rôles dès les années 40 comme dans La grande évasion avec Humphrey Bogart en 1941. Elle se tourna ensuite vers la réalisation puis la télévision où elle mit en scène des épisodes des Incorruptibles et du Fugitif. o Don Stroud (1943) était un des meilleurs surfeurs au monde. Il joua souvent, comme dans cet épisode, des rôles de salopard à l'écran. Il est le criminel Ringerman poursuivi par Coogan/Eastwood dans Un shérif à New York. Également vu dans Police sur la ville avec Richard Widmark et dans de nombreuses séries policières. Dans la vie, c'est différent : après le crash d'un petit avion, il sauva la vie d'un pilote et il perdit l'usage d'un œil en secourant un homme agressé à Greenwich Village au début des années 90. o Don Stroud a déclaré qu'il avait vraiment apprécié de tourner avec Ida Lupino et Patty Mc Cormack, des actrices accomplies. o Lieux de tournage : The Cliff House (ce restaurant, réputé pour son superbe panorama, existe toujours), Stow Lake à Golden Gate Park (la découverte du corps), the Great Highway le long de Ocean Beach (la découverte de la voiture et des papiers de la victime), Potrero Hill à Wisconsin Street (la maison des Jamison), Fisherman's Wharf (Stone rencontre le père de la victime), et la prison de San Quentin. o Mike Stone évoque sa fille, vue dans plusieurs épisodes, au père de la jeune serveuse assassinée. o On aperçoit nettement la doublure de Don Stroud lors de la poursuite à moto. o Stone fait référence à une enquête menée par Devitt, un policier interprété par Tim O’Connor, qui n’est pas présent dans l’épisode. Un tireur sème la panique sur un campus universitaire. Stone et Keller parviennent à trouver un lien entre les deux victimes : un professeur tué et une étudiante blessée. Une enquête palpitante et mouvementée malgré une histoire banale : une femme engage un tueur pour éliminer son mari volage et sa rivale. Les cinq premières minutes sont de l'action pure sur une musique toujours excellente. Le tout premier plan sur l'église puis le tireur d'élite et, finalement, les douilles retrouvées sur le toit font penser inévitablement à la séquence d'ouverture de Dirty Harry. La tension monte par de nombreux rebondissements : le coup de téléphone inquisiteur de Keller qui confond Peggy, l'arme militaire qui incrimine le soldat, fiancé de la jeune femme, et finalement la veuve qui reçoit un appel du tueur. Ce n’est pas l’œuvre d’un fou et le rusé Stone aura du mal à convaincre son fougueux inspecteur que deux et deux font quatre. D'excellents seconds rôles servent l'histoire : Pamela Franklin est Peggy, l'étudiante énigmatique, Celeste Holm, la femme bafouée et déterminée (belle prestation dans la scène explicative) et Nick Nolte, convaincant dans le rôle très bref d'un prisonnier récemment libéré du Vietnam. L'épisode fait la part belle aux échanges caustiques entre les deux policiers. Ainsi, Keller mentionne le best-seller du professeur abattu intitulé Sex et Stone, pas convaincu par le côté psychologique de l'œuvre, préfère attendre l'adaptation au cinéma : 'I think I'll wait for the movie !'. Dans la même séquence, Keller est agréablement surpris que Stone lui laisse le choix entre rendre visite à la veuve ou à la jeune étudiante. Au retour de San Diego, Stone trouve Keller en compagnie de deux hôtesses ce qui lui fait dire qu'il voyage toujours en première classe quel que soit le billet. En route pour l'aéroport, Keller demande à Stone qui lui ordonne d'accélérer : 'You're going to pay for my ticket ?'. Le lieutenant, surpris par les mœurs 'modernes' de l'étudiante, sera plus vif à confondre la veuve qui symbolise le côté jaloux du triangle dans de telles histoires. Il justifie ainsi sa maxime envers son jeune collègue : 'I've got the time, you've got the energy'. [J'ai le temps et toi, l'énergie]. Pour finir, il convient de ne pas oublier la superbe séquence de la pizza… sans anchois. Stone : 'What, no anchovies ?' o Metteur en scène : William Hale ; scénariste : Jerry McNeely. o Guest Stars: Pamela Franklin, Celeste Holm (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 31 janvier 1974 sur ABC. o Pamela Franklin (1950), actrice britannique née au Japon, fit ses débuts à l'âge de onze ans. Cette jolie brunette est apparue dans de nombreuses séries policières américaines et dans quelques films dont La nuit du lendemain. Elle a cessé sa carrière au début des années 80 et vit maintenant à Hollywood. Elle a joué dans de nombreuses séries des années 70 dont Angoisses, l’excellent épisode L’hystérique. o Nick Nolte (1941) n'était pas connu au moment de cet épisode. Il n'avait qu'un épisode de Cannon à son actif et il ne figure pas dans les 'guest stars'. Il devint célèbre grâce à la série Le riche et le pauvre en 1976. o Kate Harper, l’officière de police Powell, est Penny, la jeune femme sexy avec qui s’entretient Stone lors de la première scène des policiers dans L’or mortel. Elle fit sa première apparition en sous-vêtements dans L’inspecteur Harry. o Lieux de tournage : le campus fut filmé à l'université de San Francisco à Fulton Street, le quartier Pacific Heights qui, perché sur une colline, offre de beaux panoramas sur la ville (2200 Pacific Avenue, l’appartement de Peggy) et l'aéroport de San Francisco (le final). 19. LIBERTÉ SUR PAROLE Steve Keller se fait passer pour un détenu libéré sur parole afin d'infiltrer un gang de malfrats dirigé par leur contrôleur judiciaire. Difficile de s'enthousiasmer pour cet épisode après deux excellents. Keller est moustachu, et sa garde-robe, inspirée de Serpico, sort tout droit d'un sac-poubelle. Peu de temps après son retour de vacances (en Porsche), il est infiltré dans le gang comme perceur de coffres sachant jouer de la trompette ! Une enquête peu conventionnelle avec de bons seconds rôles - Claude Akins, le contrôleur a priori irréprochable mais en fait pourri, et Lola Falana, la chanteuse, - mais le scénario comporte de nombreuses invraisemblances. Ainsi, Miss Sterling ne découvre la clé de la consigne glissée dans sa poche qu'au troisième acte (après une demi-heure d'épisode) et elle appelle Mason avant d'avoir écouté entièrement la cassette. C'est également déconcertant de voir Hari Rhodes en truand repenti, même brièvement, alors qu'il fut laborantin du SFPD la saison précédente et qu'il sera officier de police dans la dernière ! Un peu d'humour lorsque Stone demande à Keller, encore infiltré, de quel côté il veut recevoir le coup de poing et quand le jeune inspecteur, toujours amoché, se plaint des brutalités policières de Stone dans l'épilogue ! o Metteur en scène : Richard Donner ; scénaristes : Mark Weingart & James Schmerer. o Guest Stars : Claude Akins, Lola Falana, James J. Sloyan, Hari Rhodes (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 7 février 1974 sur ABC. o Claude Akins (1926-1994) est apparu dans une centaine de films et plus de 180 séries télévisées en 40 ans, principalement dans des rôles de vilains. Il débuta dans Tant qu'il y aura des hommes en 1953. Acteur sympathique, il était un grand joueur de golf. o Lola Falana (1942) est une chanteuse qui, après des années de galère, devint l'artiste la mieux payée de Las Vegas, ce qui lui valut le surnom de 'First Lady of Las Vegas'. o Hari Rhodes (1932-1992) a joué dans sept épisodes de la série. Il a un rôle récurrent dans Section contre-enquête (Most Wanted) avec Robert Stack. Il a joué aussi dans Daktari. o Sam Edwards (1915-2004), le déguenillé aviné témoin du meurtre de Gates, est un des clochards dans La légion des épaves, le dernier épisode de la première saison. o Keller n’apparaît qu’à la quinzième minute. Mike Stone effectue seul le début de l’enquête (la réception de l’appel de Gates, le témoignage du témoin du meurtre, la visite à l’appartement de Jackie Sterling, l’audition de l’assassin qui a un alibi, l’entrevue avec Mason au pied du Golden Gate Bridge et Stone fait part de ses soupçons et expose son plan à son supérieur Olsen). o Étonnant de lire que la sortie DVD de la troisième saison est bloquée à cause des droits de chansons. Dans cet épisode, Lola Falana chante à trois reprises : I’m a Lady, Hey Jude et Close to You. o Helen, la femme décédée de Mike Stone, est évoquée lorsque les raisons de la culpabilité de Mason, veuf depuis peu, sont passées en revue. o Lorsque Stone montre sa carte de police à Miss Sterling, elle indique qu'il a l'étoile 2248 mais la plaque, juste en dessous, porte le numéro 897 ! Par contre, Donald M Scott était véritablement le chef de la police de San Francisco à l'époque. o Lieux de tournage : the 'Yellow Brick Road', un nightclub à North Beach, 287 Union Street (l’appartement de Steve), Burnett Avenue dans le quartier Twin Peaks (l’appartement de Jackie et lieu du final). 20. LE FEU DANS LA VILLE Quatre feux en six semaines dans des entrepôts bien assurés laissent penser que des commerçants acceptent la proposition d’un pyromane de détruire des stocks de marchandises non vendables pour toucher la prime d’assurance. Tout se complique lorsque deux pompiers trouvent la mort, dont un ami de Stone, et quand le fils d’un entrepreneur, criblé de dettes, ne peut payer l’incendiaire. Un épisode tout à la gloire des pompiers de la ville de San Francisco ; le début est truffé d'images d'archives et on assiste à un défilé de beaux camions rouges ! 'Some part of San Francisco is always burning.' On ne reconnaît pas le style de Virgil W. Vogel, le réalisateur le plus prolifique de la série, souvent habitué aux tueurs psychopathes. L'intrigue est banale, les seconds rôles pas inoubliables (Barry Sullivan est malheureusement sous employé) et l'action est seulement présente dans la poursuite finale en voiture mais Frisco en a vu d'autres mieux agencées. De plus, on connaît très rapidement le principal commanditaire de ces incendies criminels. Stone vient au secours de son coéquipier, piégé dans un entrepôt de revues pornographiques en flammes ! Alors que le pyromane a péri par le feu, la dernière réplique entre les deux policiers éclaire sur leur point de vue respectif. ‘What's that they say about poetic justice?’ Stone tend à penser que justice est faite tandis que Keller, en anti Dirty Harry pathétique, déclare : 'Not my kind of poetry.' Notons un peu d'humour lorsque Stone commande du chili pour le petit déjeuner et qu'il reçoit ses pyjamas dans un carton dans l'épilogue… sans oublier Keller qui essaye une veste de clown à la mode dans les années 70 ! o Metteur en scène : Virgil W. Vogel; scénariste : James Miller o Guest Stars: Barry Sullivan, Glenn Corbett, John Larch, Kaz Garas, Katherine Justice (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 14 février 1974 sur ABC. o Barry Sullivan (1912-1994) a joué dans quatre autres épisodes de la série ; dans Dernière heure (saison 1), il joue un journaliste renommé qui tue accidentellement sa maîtresse dans un excès de jalousie. o Kaz Garas (1940) est un habitué des rôles de salopard dans la série. Il est l'assassin d'un enfant dans L’albatros (saison 1). Il a joué dans deux autres épisodes. o Richard Ely, attrapé à la poste restante, est Terry, un des mécaniciens du bateau qui renseigne Stone et Keller sur le rendez-vous final dans L’image brisée. o Lieux de tournage : les entrepôts Haslett, Carmen's Restaurant où Stone prend son petit déjeuner (démoli depuis), The Rincon Annex Post Office à Mission Street (fermé depuis), Balboa Terrace (la maison de Paul Wallick). 21. LA MAUVAISE GRAINE Lors d'un rodéo, un cowboy est piétiné à mort par un taureau. La corde a été sectionnée et Stone se retrouve avec deux suspects : la femme pour l'assurance et le frère… pour la femme qui était son ex petite amie ! Un whodunnit dans le monde un peu particulier des cow-boys et du rodéo. L'enquête est confinée dans un milieu qui a des règles violentes et singulières. Après un début poussif, l'histoire s'emballe dans les vingt dernières minutes ; il y a huit minutes fastidieuses au milieu de l'épisode où les deux policiers n'apparaissent pas. Le suspense est maintenu et les pistes brouillées assez subtilement pour aboutir sur un drame de la jalousie inattendu car, finalement, extra familial. Steve Keller aura le déclic pour résoudre l'affaire. Les acteurs sont très bons car ils proviennent, pour la plupart, du monde des cow-boys et ils ont un grand nombre de westerns à leur actif. Un épisode marquant (je m'en souvenais 30 ans après l'avoir vu) malgré son peu d'action. Cela est sûrement dû à l'intrigue inhabituelle (un accident est maquillé en meurtre) et à la fin captivante dans l'enclos. Sinon, on oubliera les chemises aux couleurs criardes du cow-boy, pires que certaines vestes de Keller, c'est dire... o Metteur en scène : Virgil W. Vogel; scénaristes : Jim Byrnes & Ron Bishop. o Guest Stars: Noah Beery, Sam Elliott, Lane Bradbury, Jim Davis (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 21 février 1974 sur ABC. o Noah Beery Jr. (1913-1994) commença sa carrière dès 19 ans. Il tourna dans de nombreuses séries western des années 60 et 70 dont Hondo (1967). Il est surtout connu pour la série The Rockford Files (Deux cents dollars plus les frais) avec James Garner (1974-1980). o Sam Elliott (1944) interpréta principalement des rôles de cow-boy dans des westerns (également dans cet épisode) ; son premier rôle fut dans Butch Cassidy et le kid. o Jim Davis (1909-1981) est resté célèbre pour son rôle dans Dallas. Il interprète un rustre entrepreneur lié à des malversations, un rôle plus mineur qu’ici, dans L’image brisée. o Lieux de tournage : The Cow Palace. Pacific Heights Towers (l’appartement de Maureen, la jolie Phyllis Davis, avec vue sur Lafayette Park). o A noter la fiche du script de la série très reconnaissable sur le pare-brise de la voiture lorsque Roy Johnson observe Ken et Rosie dans les bras l’un de l’autre. o Les doublures de Michael Douglas et Noah Beery sont visibles dans la scène finale. o La ‘notion’ était primordiale dans l’élaboration d’un épisode. Elle se constituait d’une ou deux pages avec le début, le milieu et la fin de l’histoire. Quinn Martin l’approuvait et un scénariste était alors désigné pour la rédaction. Ce scénario était retravaillé avant le tournage pour être en accord avec les personnages de la série. Il y a des exemples de ‘notions’ dans le livre: The Hard Breed, Winterkill, Mask of Death (The Streets of San Francisco: a Quinn Martin TV Series, James Rosin). 22. EXPÉDITION PUNITIVE Quatre hommes deviennent des justiciers pour nettoyer le quartier des revendeurs de drogues. Lors d'une de leurs descentes, un indic est assassiné et un des vigilantes, ami de Keller, a été reconnu. Sa femme subit des pressions de la part des trafiquants qui attendent une livraison. L'épisode débute par une longue scène sans parole – sur la superbe musique du dénouement du pilote - qui aboutit au saccage d'un bar louche et au meurtre d'un indic. La police soupçonne les quatre vigilantes de l'assassinat (à noter : la parité noir/blanc) et elle ne démasquera le coupable, un dealer, que dans la dernière partie. L'enquête permet une incursion dans les boîtes malfamées de Frisco mais le quartier semble néanmoins calme et résidentiel comparé aux équivalents new-yorkais. L'épisode soulève l'épineux problème des groupes de vigilantes à la mode dans les années 70 (le film Magnum Force est basé sur ce thème) et la confrontation entre Keller et son ami noir, qui ne croit pas à l'efficacité de la police, est très forte. Le côté anti Harry de Keller est nettement mis en avant lorsqu'il déclare avoir participé avec lui aux marches des Freedom Rights. Le politiquement correct étant absent à l'époque, la mise en scène permet au spectateur de prendre parti sans restriction pour la croisade des honorables citoyens même si Keller finit par convaincre son ami que ces méthodes ne sont pas les bonnes. Stone, plus mitigé que son jeune collègue, déclare : 'I can understand... but his way isn't the answer.' Si le dilemme du quatuor de justiciers, plus naïfs que méchants - comme démontré dans l’interrogatoire de Charlie -, occupe deux tiers de l'épisode, la meilleure scène est la séquence finale constituée de la filature du port à la station de métro sur une excellente partition et de la bagarre au couteau entre Keller et le trafiquant. o Metteur en scène : John Wilder; scénariste : Albert Ruben. o Guest Stars : Robert Hooks, Janet MacLachlan, Joe Santos, Joe Maross, Steven Keats, Rafael Campos. o Cet épisode a été diffusé le 28 février 1974 sur ABC. o Joe Santos (1931-2016), le lieutenant Perez des Narcotiques, effectua quelques petits boulots avant de percer au cinéma, souvent dans des rôles de bons flics d'origine hispanique. Il est le détective Becker dans Deux cents dollars plus les frais avec James Garner. o Steven Keats (1945-1994), ici un petit dealer, est un poseur de bombes psychopathe dans un superbe épisode de Kojak, Therapy in Dynamite, saison 1. o Lorsque Ruben est venu avec un article du New York Times sur des vigilantes qui faisaient le ménage dans leur communauté, Wilder détecta le potentiel pour une histoire si un vigilante noir pouvait avoir à peu près le même âge que Keller et avoir fréquenté la même école. C’est devenu l’épisode Rampage, mis en scène par Wilder lui-même, dans lequel Keller s’oppose à son ami d’enfance, qui ne croit plus en la justice de son pays. Huit pages sont dédiées à la production complète de cet épisode tourné du 26 décembre 1973 au 3 janvier 1974, avec précisions de réalisation : numéros des scènes et leur durée, brève description, tournage diurne ou nuit, participants, figurants, véhicules, doublures, accessoires… A noter aussi deux photos de tournage de l’épisode avec John Wilder à la page 89 (The Streets of San Francisco : a Quinn Martin TV Series, James Rosin). o Lieux de tournage : 37th Avenue (les domiciles des ‘vigilantes’), Potrero Hill (la maison de Stone), Sutro Heights Park (Floyd reçoit les instructions du trafiquant), Miraloma Market (le couple Joplin fait ses courses, existe toujours), Pier 41 (l’arrivée de la drogue) et dans le métro BART (San Francisco Bay Area Rapid Transit District) à la station Montgomery Street au milieu des usagers. C'est la seconde fois que le tournage de la série se déroule dans le BART. Lors du premier épisode, Trente ans de service, la poursuite finale eut également lieu dans le métro mais il était alors désert, pratiquement un an avant l'ouverture. o On voit nettement que des passants se sont arrêtés pour assister au tournage lorsque Stone et Keller garent leur voiture et suivent le trafiquant meurtrier dans le métro. o Il est surprenant de voir l'affiche Le cubisme (1907-1974) dans le bordel Glamour Girls ! o Il y a quelques passages qui n’échapperaient pas au politiquement correct en vigueur. Ainsi, la façon du barman de décrire un assaillant noir et de préciser : ‘They all look alike to me’, ce qui met en rage Keller qui connaît Joplin. Lors de la séquence des courses, Joe reproche à sa femme de trop dépenser et…d’acheter trop de bananes. Joe, seul avec sa fille, lui dit : ‘All those bananas. You little monkey’. Une telle scène serait inimaginable de nos jours… 23. LA MORT ET LES ÉLUS Un éditeur d’un magazine à scandales, redoutable maître chanteur, a été assassiné à son domicile. Peu de temps auparavant, la victime a été vue à une réception d’une veuve aisée et influente du milieu huppé de San Francisco. Stone et Keller enquêtent parmi les invités de cette soirée. Un épisode moyen clôt cette seconde saison. Stone et Keller s'aventurent dans la jet-set de San Francisco où le chantage et la drogue font bon ménage. Une histoire lente mise en valeur par les seconds rôles et les nombreux échanges entre Stone et Keller. Etta Morris Randolph, interprétée magistralement par Rosemary Murphy, est l'excentrique veuve richissime, amatrice de jus de tomates et suspectée de meurtre jusqu'au bout par le lieutenant Stone. Elle interpelle le duo de policiers par : 'Come in, boys. I love policemen !'. Le majordome est l'impeccable Harold Gould, souvent vu par les amateurs de séries de l'époque. Une poursuite en voiture est l'unique scène d'action dans un épisode constitué essentiellement de dialogues. À noter l'excellent échange en route pour la villa lorsque Keller démontre à Stone qu'ils n'ont pas les mêmes sujets d'intérêt: 'She's never been too big in the sports page'. Deux cent vingt invités à la soirée, autant de suspects, l'enquête mène directement les détectives à la riche héritière et sa fille, qui font partie des rackettés, car elles ont encore des secrets à cacher, mais la fin ne surprend pas ! L'épitaphe de Mike Stone pourrait être sa réplique à la veuve : 'I work for all the people in the city of San Francisco'. [Je travaille pour tous les gens de la ville de San Francisco.] Pour finir, la fille cachée de Clark Gable fait ici une de ses rares apparitions... o Metteur en scène : Virgil W. Vogel ; scénariste : Gene Coon. o Guest Stars: Rosemary Murphy, Leslie Charleson, Greg Mullavey, Frank Marth, Harold Gould (Special Guest Star). o Cet épisode a été diffusé le 14 mars 1974 sur ABC. o Rosemary Murphy (1925-2014) est née à Munich et a été élevée à Paris. Elle fut nominée trois fois pour le Broadway's Tony Award. o Greg Mullavey (1939), John Reed l’ancien pilote de course, chauffeur et toxicomane, est également maitre chanteur après avoir été le témoin du meurtre dans sa longue vue dans la scène initiale de Dernière heure. o Harold Gould (1923-2010), the ‘butler did it’, est Arthur, un vendeur de bijoux itinérant qui, avec sa femme Edna, regrette d’être venu en Californie dans l’excellent Chasse gardée de la première saison. o Steve Keller manque de heurter une chaise en suivant le majordome. La scène fut néanmoins conservée (9'46). o The Favored Few est le nom du journal publié par la victime. o Lieux de tournage : Ralston Hall Mansion à Belmont, trente-trois o Lors de l'épilogue, les deux policiers reçoivent une montre de valeur de la 'lady' Randolph et nous savons, de ce fait, les états de service exacts des deux hommes grâce à l'inscription : 'To Mike Stone, in appreciation of 23 years of faithful service.' Vingt-trois années pour Mike Stone et trois pour Steve Keller. Crédits photo : Paramount Home Entertainment. Images capturées par Denis Chauvet. |
Les rues de San Francisco (1972-1977) Saison 1 1. Pilot : The Streets of San Francisco (inédit en France) 2. Trente ans de service (The Thirty-Year Pin) 3. Le premier jour de l'éternité (The First Day of Forever) 4. Mésaventures (45 Minutes from Home) 5. Une adoption illégale (Whose Little Boy Are You?) 6. La tragédie de la tour (Tower Beyond Tragedy) 7. Le couloir des miroirs (Hall of Mirrors) 8. Liberté conditionnelle (Timelock) 9. Au milieu des étrangers (In the Midst of Strangers) 10. Chasse gardée (The Takers) 11. Le vol des sauterelles (The Year of the Locusts) 14. Comme un poisson dans l'eau (A Trout in the Milk) 15. Impuissant devant la mort (Deathwatch) 16. Victime du devoir (Act of Duty) 17. Le traquenard (The Set-Up) 18. Une collection d'aigles (A Collection of Eagles) 19. Chambre d'en face (A Room with a View) 21. La piste du Serpent (Trail of the Serpent) 22. Le mort vivant (The House on Hyde Street) 23. Au-delà de la haine (Beyond Vengeance) 24. L'albatros (The Albatross) 1. PILOT : THE STREETS OF SAN FRANCISCO (inédit en France) Une femme est retrouvée flottant dans la baie. À son cou, elle a les coordonnées d'un juriste. Le lieutenant Mike Stone et l'inspecteur Steve Keller découvrent que la victime a un frère, qui a disparu, et un mystérieux 'oncle'. L''oncle' est, en fait, l'assassin d'un petit garçon et le frère, garagiste, a vu dans le coffre de la voiture de l'individu une botte ayant appartenu à la petite victime. Voulant le faire chanter, il a envoyé sa sœur comme intermédiaire et ils finiront, tous les deux, assassinés, victimes des coups de karaté du tueur. Grâce à un encart d'un programme télé, retrouvé dans les affaires du frère, Stone et Keller se présentent au domicile du meurtrier qui a une cave convertie en salle de rites. L'avoué y est retenu prisonnier. Stone abat le tueur en légitime défense. Le pilote dure une heure quarante et, honnêtement, l'intrigue n'est pas très solide pour tenir la distance ; 50 minutes d'un épisode normal auraient suffi. L'histoire est classique ; beaucoup de longueurs, dont les flashbacks qui font revivre l'idylle de la victime et de l'avoué. Par contre, le final est excellent et l'antre de l'assassin fait penser à ce qu'on verra des années plus tard dans Le Silence des agneaux. La 'guest star' est Robert Wagner qui joue le rôle d'un homme de loi soupçonné d'avoir assassiné sa maîtresse. Le tueur est vraiment monstrueux tandis que l'oie blanche est si mauvaise qu'on a hâte qu'elle se fasse assassiner. La série a deux atouts récurrents : la musique, toujours excellente, et bien sûr, la ville de San Francisco, déjà 'utilisée' auparavant pour Bullitt (1968) et L'inspecteur Harry (1971). Là, c'est un plus exceptionnel, la série étant tournée toujours en extérieur à l'instar d'Hawaii, police d'état et contrairement à toutes les séries contemporaines des Experts qui sont toutes filmées, quelque soit le titre "Miami" ou "Manhattan", au même endroit ! Dès les premières images, on aperçoit le Golden Gate et la prison d'Alcatraz en arrière-plan, les célèbres rues en montagnes russes sont bien représentées avec une caméra quelques fois sur la banquette arrière de la voiture des policiers Stone et Keller. o Metteur en scène: Walter Grauman; scénariste : Edward Hume; musique : Patrick Williams. o Guest Stars: Robert Wagner, Andrew Duggan, Tom Bosley, John Rubinstein, Lawrence Dobkin, Kim Darby (special appearance). o Ce pilote est basé sur le roman Poor, Poor Ophelia de Carolyn Weston. o Le metteur en scène Walter Grauman appuya la candidature de Michael Douglas pour le rôle de Steve Keller. o Le pilote de cette série n'est jamais passé à la télévision française ; d'ailleurs, il fait partie du coffret mais seulement en VOST. o Le pilote fut diffusé le 16 septembre 1972 sur ABC. o La remarque de Stone à propos des juristes : ‘They drive like they talk’. o On apprend que la femme de Stone est décédée depuis deux ans. Lorsque Stone rentre chez lui, il trouve un message de sa fille sur le frigidaire signé Joan, mais la fille de Stone, qu’on verra dans plusieurs épisodes, s’appelle Jeannie ! o Deux répliques ‘politiquement incorrect’ : lorsque le concierge parle de sa femme : « Don’t mind her. Change makes them jealous, you know what I mean?’ [il parle de la ménopause], puis, à la fin du film, Keller décrit Praxas comme ‘real three-dollar bill’, un terme généralement utilisé pour désigner les homosexuels. o Quand Stone et Keller arrivent à la maison de Gregory Praxas, on aperçoit, lorsque la caméra se met à piquer, un opérateur de prise de son derrière le mur à gauche de la porte d'entrée. 2. TRENTE ANS DE SERVICE Le lieutenant Mike Stone fait une affaire personnelle d'épingler l'assassin d'un de ses amis, policier proche de la retraite, abattu en service pendant le cambriolage d'une bijouterie. Une très bonne entrée en matière après un pilote moyen. Stone perd son sang-froid après la mort de Gus Charnovski, un ami de longue date ; les scènes dans l'ambulance et à l'hôpital sont fortes et émotionnelles ('I'm not gonna make it'). La recherche d'indices avec le bijoutier est une bonne séquence, un style malheureusement disparu des polars contemporains. Le jeu d’O'Brien, qui passe la plupart de l'épisode sur une civière ou un lit d'hôpital, et d’Eileen Heckart, qui joue sa femme Stella, est très bon. Le tout est superbement filmé avec une musique jazzy de Pat Williams inspirée vraisemblablement de Lalo Schifrin, à écouter lors de la traversée de la ville, sirène hurlante. Des scènes d'action, sur les toits, mais surtout dans le final époustouflant dans le métro, alors en construction. o Metteur en scène : Bernard L. Kowalski ; scénariste : Robert Lewin ; musique : Patrick Williams. o Guest Stars: o L’épisode fut diffusé le 23 septembre 1972 sur ABC. o Pendant la poursuite sur les toits, on aperçoit le Transamerica Pyramid en arrière-plan à plusieurs reprises ; le bâtiment fut terminé à l’été 72, quelques semaines avant la diffusion de l’épisode. o Keller révèle à ‘Stell’ qu’il est inspecteur depuis deux ans. o La voiture de Stone et Keller est une Ford Galaxie de 1971. o L'épisode fut tourné à Ghiradeli Square, North Beach, San Francisco General Hospital, Broadway, Mission District et Potrero Hill. o Le BART (San Francisco Bay Area Rapid Transit District) fut utilisé pour la scène de poursuite finale, plus d'un an avant son ouverture au public, le 3 novembre 1973. 3. LE PREMIER JOUR DE L'ÉTERNITÉ Un maniaque a déjà assassiné trois prostituées en cinq semaines. L'inspecteur Steve Keller doit protéger la dernière victime, seulement blessée. Pendant ce temps, Mike Stone découvre six noms en commun dans les carnets d'adresses des filles. Le tueur est un des six. Une histoire sombre où un tueur fanatique mène une croisade de pureté. Une bonne partie de l'épisode se déroule dans un hôtel miteux et des liens se tissent entre Keller et la prostituée. On note des passages maladroits, comme le discours de Keller sur le début d'une nouvelle vie (d'où le titre), et la fin est décevante. Il y a, néanmoins, une certaine tension même si l'épisode de référence, Girl in the River de la série Kojak, est loin d'être égalé. Le tueur a une énorme croix en bois sur son bureau où les noms de ses victimes sont gravés à la base et il sera confondu grâce à une empreinte, comme dans les bons vieux polars ! L’interprétation est excellente jusqu’aux petits rôles comme Phillip Pine, qui joue le représentant de commerce, dans la première scène du premier acte très prometteur (‘You must die. You will die’), et Janice Rule est resplendissante, mais le suspense est éventé car le coupable est rapidement connu. Néanmoins, la tension demeure palpable, avant un final convenu sur une musique moins rythmée que l’épisode précédent (ce n’est pas Pat Williams le compositeur). o Metteur en scène : Walter Grauman ; scénariste : Robert W. Lenski; musique : Tom Scott. o Guest Stars: Janice Rule, James Olson. o L’épisode fut diffusé le 30 septembre 1972 sur ABC. o Keller révèle à Beverly qu’il a 28 ans, ce qui était l’âge de Michael Douglas au moment du tournage. o Beverly Landau compare le flic à la prostituée: ‘The hooker and the cop. The whole world spits on us, but they can’t get along without us’. [La pute et le flic. Le monde entier crache sur nous, mais ils ne peuvent pas se passer de nous]. o Lieux de tournage : The Orphanage, célébre club sur Montgomery Street (scène d’ouverture), Kennedy Hotel (démoli depuis),The Embarcadero, Fisherman's Wharf et Ghiradeli Square. o Les scénaristes se focalisaient sur le chef, Mike Stone, mais Wilder voulait que Keller soit plus qu’un assistant. Cela fut établi dès le second épisode, The First Day of Forever, où Keller chaperonne une prostituée menacée. Michael Douglas montre déjà l’étendue de son talent avec le changement d’attitude de Keller envers la jeune femme durant l’histoire. Celle-ci prouve également que les deux policiers sont des êtres humains avant d’être des flics (The Streets of San Francisco : a Quinn Martin TV Series, James Rosin). 4. MÉSAVENTURES Un représentant prend une auto-stoppeuse junkie et se voit entraîner dans un engrenage de meurtre et de chantage. Un épisode au-dessus de la moyenne mais dans lequel les deux policiers sont en retrait. Rankin, le représentant en convention, croit être l'assassin de la jeune femme et subit un chantage. Le personnage, pris de remords, interprété par William Windom, est convaincant mais il étouffe complètement l'épisode. Pour une fois, le titre français est plus représentatif, car le tueur est jaloux et impuissant (he wasn't 'as equipped as he looked'). Le titre VO fait allusion à une réplique d'Emily, la femme de Rankin, stipulant que la convention se trouve à quarante-cinq minutes de leur résidence. Stone a deux cent soixante-sept suspects, alors que le coupable crève l'écran… L’aguicheuse Lita Brewer est un des attraits de l’épisode mais elle disparaît trop rapidement, après seulement dix minutes. Elle est interprétée par la ravissante et sexy Jo Ann Harris, une ex petite amie de Clint Eastwood. Il y a aussi une excellente pointe d’humour quand Stone saborde les plans de Keller en parlant à la vendeuse en chinois ! o Metteur en scène : Walter Grauman ; scénariste : Robert I. Holt; musique : Billy Byers. o Guest Stars: William Windom, Jacqueline Scott, Jo Ann Harris, Stephen Oliver. o L’épisode fut diffusé le 7 octobre 1972 sur ABC. o Jo Ann Harris sera une des vedettes de la série Section contre-enquête (Most Wanted) avec Robert Stack en 1976. o Lita Brewer fait l'historique du fameux Golden Gate lorsque la voiture le traverse. o La musique au début du quatrième acte est le même air entendu lorsque Gus renseigne un couple au début de Trente ans de service. 5. UNE ADOPTION ILLÉGALE Après sept ans à l'armée, un sergent déserte pour retrouver son ex femme et kidnapper leur fils qui fut adopté illégalement. Les parents adoptifs cachent quelque chose à Stone. Rien de palpitant dans cet épisode qui est surtout un drame familial et pas tellement une enquête policière. Cette dernière est des plus rapides et simplistes. L'histoire ne représente pas l'aspect de la série sur la forme, seulement sur le fond avec le syndrome Vietnam aux Etats-Unis dans les années 70. Il n'y a pas de suspense ni de scène d'action. L'ancien soldat du Vietnam, moins dangereux qu'il n'y paraît, veut récupérer sa femme et son fils, qu'il n'a jamais vu. Le point fort est le final où Stone raisonne pacifiquement l'homme et demande au petit garçon : "Whose little boy are you?". Un scénario à part où personne n'est coupable ni innocent. C’est l’épisode le plus faible pour l’instant. Le scénariste n’a pas écrit d’autres histoires pour la série, et on comprend pourquoi. Il y a en effet des incohérences, comme le passage de l’enlèvement au carrousel, puis la réaction anormale de l’enfant qui se retrouve avec un inconnu. o Metteur en scène : Walter Grauman ; scénaristes : Cliff Gould & Donn Mullally. o Guest Stars: James Stacy, Linda Marsh, Nancy Wickwire, Richard O’Brien. o L’épisode fut diffusé le 14 octobre 1972 sur ABC. o James Stacy (1936-2016) fut l'un des héros de la série western Ranch L. En 1973, il fut victime d'un accident de moto où sa petite amie fut tuée. Il perdit son bras et sa jambe gauches. Il fut marié brièvement dans les années 60 à Kim Darby qui joue dans le pilot de la série. Quand la réalité rejoint la fiction, "Molestation is a serious thing" : dans les années 90, il a été reconnu coupable d'avoir agressé une fillette de 11 ans. Il a purgé une peine de six ans et il a été inscrit sur les registres nationaux et californiens des délinquants sexuels. o La scène du supermarché fut tournée dans le quartier de la Marina. La scène finale fut tournée à Battery Davis, sorte de fortification construite pour protéger la ville d'une invasion à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Le carrousel est au zoo de San Francisco; il fonctionne toujours. o Mike Stone : "What's in a kid's room that would interest an intruder ? A kid maybe." o AWOL signifie « absent without official leave », soit « absent sans permission officielle », ce qui est synonyme de désertion. 6. LA TRAGÉDIE DE LA TOUR Un quinquagénaire, obsédé par le vieillissement, fait la connaissance d'escort girls ayant une parfaite ressemblance entre elles. Il essaye de les soumettre à son idéal avant de les assassiner. C’est un épisode qu’on se souvient longtemps après l’avoir vu. J’ai dû le voir à sa première diffusion. Edward Mulhare est un excellent méchant et Stefanie Powers, dans un double rôle, une escort girl très convaincante. La musique troublante au piano est superbe et envoutante - Pat Williams est de retour - et le final permet d'admirer les splendeurs de la baie. En définitive, c'est le tableau de Matisse qui met facilement Stone sur la piste du psychopathe. A noter la scène cocasse lorsque Keller interroge un suspect d'une maison de retraite qui a gagné le second lot d'une tombola : être accompagné d'une escort girl à un diner. Le premier prix était d'avoir la télécommande de la télévision pendant toute la soirée ! L’histoire comporte des ressemblances avec le cultissime Vertigo d’Hitchcock, aussi bien dans le déroulement que dans les lieux de tournage. Contrairement à Rankin (45 Minutes from Home), Amory Gilliam incarne l’homme d’âge mûr collectionneur de femmes aussi jeunes que sa fille, qui est prêt à tout pour arriver à ses fins et freiner son vieillissement (‘There is no going back’). Malgré les critiques négatives de certains sites américains, Tower Beyond Tragedy est un épisode que j’apprécie beaucoup. Peut-être que les petites erreurs du final telle la localisation de Monterey ne sont pas si importantes pour un Français….Stefanie Powers est évidemment un atout car elle est une parfaite escort girl un peu naïve qui se laisse manipuler avant de réagir à temps. Différente de son rôle d’April Dancer, l’actrice est toujours très agréable à regarder. o Metteur en scène : Walter Grauman ; scénariste : Mort Fine ; musique : Patrick Williams. o Guest Stars: Edward Mulhare, Stefanie Powers. o L’épisode fut diffusé le 28 octobre 1972 sur ABC. o Stefanie Powers est la vedette des séries Annie, agent très spécial et Pour l'amour du risque. o Lieux de tournage : Fort Point, Downtown, Golden Gate Park, Conservatory of Flowers. o Le titre de l'épisode est une référence au poème (1950) du même titre de Robinson Jeffers (1887-1962), poète californien. Il construisit Tor House et Hawk Tower à Carmel, auquel Amory Gilliam fait référence. o C’est la première des neuf apparitions dans la série du psychiatre Lenny Murchison interprété par Fred Sadoff (‘He could be a real psycho’). o C’est la première des trois apparitions du sergent Norm Haseejian interprété par Vic Tayback. 7. LE COULOIR DES MIROIRS Un meurtre a été commis chez un grossiste en fruits et légumes. L'enquête se déroule dans la communauté hispanique et va réveiller le passé d'un inspecteur. L'enquête, toute banale, n'est pas le grand intérêt de l'épisode. Le suspect au casier judiciaire chargé est le coupable et les investigations ne sont pas originales; sans compter que les indices qui mènent à l'arrestation des deux complices sont tirés par les cheveux. Toute l'ambiguïté de l'affaire repose sur l'inspecteur Jim Martin, qui est dans le service depuis cinq jours. Le blond David Soul ne ressemble pas beaucoup à un Hispanique et c’est un des problèmes de l’épisode. Martin renie ses origines et il le montre par un comportement et un vocabulaire racistes et inappropriés vis-à-vis des suspects hispaniques ('Watch your mouth, punk !'). La scène comique du début, la mamie soi-disant à la recherche de son mari (‘welcome to the club, kid !’), côtoie des séquences d'action : la poursuite où Stone se casse la cheville et la fusillade dans l'église. À 60 ans, Karl Malden est en grande forme comme le montre sa course dans la rue où il n’est pas doublé. J’apprécie la petite scène quand Stone refuse l’aide du chauffeur de taxi pour se rendre chez la mère de Martin. L‘épilogue permet à Malden de se replonger dans le basket-ball, une de ses premières passions. A noter la très bonne musique de Robert Prince. o Metteur en scène : Arthur Nadel ; scénariste : Walter Black ; musique : Robert Prince. o Guest Stars: David Soul, A o L’épisode fut diffusé le 4 novembre 1972 sur ABC. o L'inspecteur Keller n'apparaît qu'après quatorze minutes. o Pour la première fois, on découvre l'appartement du lieutenant Stone. o Comme souvent, le titre renvoie à une réplique. Ici, Stone décrit le métier de policier à la mère de l'inspecteur : 'A cop's life isn't easy ; it's like looking down a long hall of mirrors. Every case shows him another part of himself' [La vie d'un flic n'est pas facile ; c'est comme regarder le long d'un couloir de miroirs. Chaque affaire lui révèle une autre partie de lui-même] o David Soul fut convaincant en tant qu'inspecteur James Martin, et il interprétera l'année suivante un autre flic de San Francisco, l'agent John Davis dans l’excellent Magnum Force, le second volet des aventures de l’inspecteur Harry. David Soul sera Starsky dans Starsky & Hutch trois ans plus tard. o Victor Campos qui joue Campos dans une courte scène aurait pu avoir plus de temps à l’écran. Il est le détective Gomez dans six épisodes de Kojak. 8. LIBERTÉ CONDITIONNELLE Un prisonnier bénéficie d'une liberté conditionnelle et il a trente-deux heures pour trouver du travail. Il est rapidement impliqué dans un meurtre mais Mike Stone, qui le connaît, penche pour la thèse d'un règlement de compte dont le commanditaire est à San Quentin. Le temps alloué pour trouver un job est très court vu le peu de qualifications que Bobby Jepsen possède. Une incursion dans un bar et la rencontre avec un ancien détenu vont perturber les plans de Jepsen, qui est accusé lorsque l’individu est poussé sous un camion. Stone, une connaissance du passé, constitue son seul recours et la police se lance sur les traces de Le Beau, un tueur professionnel. L’interprétation de Peter Strauss en loser est convaincante et il reviendra dans deux aventures plus palpitantes. Un bon épisode où le temps de présence enquêteurs/suspects est bien réparti, avec des interrogatoires au bar et une longue séquence à la prison de San Quentin. La première scène avec le toit ouvrant de la voiture, d'où émerge un fusil, est originale. Cependant, l'assassin disparaît bien facilement après avoir poussé sa victime, et on se demande pourquoi Keller ne s'enquiert pas plus tôt de savoir si le mafieux a reçu une visite à San Quentin, ce qui permet de faire définitivement le lien avec le criminel. Le temps est primordial dans cette enquête, d'où le titre VO et la présence de nombreuses horloges, montres et pendules. L'épisode se termine par une fusillade à l'embarcadère et un plongeon dans la baie. o Metteur en scène : Robert Douglas ; scénaristes : Charles McDaniel, Cliff Gould & John Wilder ; musique : Tom Scott. o Guest Stars: Peter Strauss, Bernie Casey, Elaine Giftos. o L’épisode a été diffusé le 11 novembre 1972 sur ABC. o La prison de San Quentin, ouverte en 1852, est la plus vieille de Californie et une des plus connues. 9. AU MILIEU DES ÉTRANGERS Des hauteurs d'une chambre d'hôtel, un trio de malfrats repère des proies à dévaliser. Choisie au hasard, la victime est aussi bien un politicien qu'un vendeur de journaux. Le début de l'épisode s'apparente à une promotion touristique pour la ville de San Francisco, avec des magnifiques vues de l’Union Square et du fameux Cable Car. La fausse piste politique et le vendeur de journaux sont les fondations de l'intrigue, que je trouve plus intéressante qu’à la première vision. Wally, le vendeur de journaux ‘heureux de tout’, devient pénible, et on remercie Stone de le faire taire (‘Shut up’). D’ailleurs, blessé, que fait-il dans la voiture des policiers pour le final ? Le poste d’observation à jumelles n’est pas non plus très crédible, et comment les truands reconnaissent-ils Stone et Keller de là-haut ? J’ai néanmoins réévalué la note car cet épisode est finalement plaisant malgré ses défauts. Une paire de chaussures est l’indice qui résoudra l’affaire. On a le plaisir de revoir Louise Latham, disparue il y a quelques semaines, et la touche musicale de Pat Williams est toujours un plus indéniable lors de la scène de l’escalier à l’hôtel et la poursuite dans le final, qui est excellent : quatre minutes d'action pure au pied du Golden Gate. o Metteur en scène : Robert Douglas ; scénariste : Del Reisman ; musique : Patrick Williams. o Guest Stars: David Wayne, Louise Latham, Ramon Bieri, Robert Foxworth. o L’épisode a été diffusé le 25 novembre 1972 sur ABC. o Mike Stone devant la carte des délits: ‘Look at that, Steve. If this keeps up, we gonna have more pins than space. Civilization.' o La scène finale de la fusillade, moment fort de l'épisode, est tournée à Fort Point. Ce fort en briques fut construit avant la Guerre de Sécession et il servit pendant la guerre à protéger le passage du Golden Gate qui le surplombe. o Autres lieux de tournage : Union Square, l'hôtel Saint Francis. o Le guide vert Michelin fait déjà partie de la panoplie du parfait voyageur ('the green book') avec l'exemplaire "Italy" dans l'épisode. 10. CHASSE GARDÉE Une infirmière et une hôtesse de l'air sont assassinées dans leur appartement de co-location. L'enquête se tourne vers une autre hôtesse de l'air, présente sur une photo avec les deux victimes, mais le comportement d'un démarcheur en bijouterie et de sa femme intrigue Stone et Keller. Cet épisode est excellent ; c’est même un des meilleurs de la première saison. Deux jolies brunes sont assassinées au 223 (je serais intéressé de savoir qui joue Stéphanie Brown), et le premier acte, sur les lieux du crime, est consacré à une enquête minutieuse et classique des polars des années 70. Du grand art. En un quart d'heure, l'affaire semble être dans le sac mais un alibi, à priori solide, relance les investigations vers des fausses pistes qui font tout l'intérêt de l’intrigue. Stone et Keller ont plusieurs suspects sous la main (le gestionnaire de l’immeuble, un ex petit ami…) et la fusillade au Coit Tower - une belle scène d’action – en fournit un de plus. L’attention des policiers se porte sur le couple Lavery : Arthur, un vendeur de bijoux itinérant, et sa femme Edna, qui regrettent d’être venus en Californie. L’interprétation des deux acteurs est superbe et entretient le suspense jusqu’au dénouement de ce script très ingénieux. La fausse clé donnera définitivement raison à Stone et sa théorie, qui serait jugée sexiste de nos jours : dix-huit balles dont cinq dans le mur, seule une femme peut avoir mis cinq balles dans le mur avec une arme aussi précise (‘All the misses at this range. Try a woman !'). Le final à l’aéroport, sur une excellente musique, est palpitant : une vraie jalousie féminine ! o Metteur en scène: Arthur Nadel; scénaristes: Guerdon Trueblood, Cliff Gould & John Wilder. o Guest Stars: Harold Gould, Michael Lerner, Heidi Vaughn, Robert Gentry, Barbara Baxley (Special Guest Star). o L’épisode fut diffusé le 2 décembre 1972 sur ABC. o Le titre VO est intraduisible. Mike Stone: ‘What’s a taker?’ The Takers est le nom donné à ces jeunes femmes qui profitent de leur physique pour attirer les hommes et leur prendre le maximum. o Lieux de tournage : San Francisco General Hospital, l'aéroport international de San Francisco, Skyline Terrace Apartments, o La touche humoristique de l’infirmière-chef au sujet des infirmières : ‘Glenda Elliott? Let me put it this way, Mr. Keller. The first thing a girl like that does when she hits the hall is get a roster of the doctors. And she goes down it one by one in alphabetical order. When she comes to the interns, she moves on. [Glenda Elliott? Permettez-moi de le dire de cette façon, monsieur Keller. La première chose que fait une fille comme ça quand elle arrive dans le hall d’entrée, c'est d'avoir une liste des médecins. Et elle s’en occupe un par un dans l'ordre alphabétique. Quand elle arrive chez les internes, elle continue]. 11. LE VOL DES SAUTERELLES Lors d'un casse, un gardien est tué. L'enquête désigne une famille de tsiganes dont le chef de clan, un escroc sans violence, est un vieil ami de Mike Stone. Un des plus mauvais épisodes de cette première partie de saison. Malgré un bon premier quart d'heure, il y a ensuite beaucoup trop de bavardages au détriment de l'enquête. La chaussure goudronnée fait le lien entre le meurtre et les malfrats mais les discussions internes entre les membres du gang sont fastidieuses. Même la fin n'a pas de brio. Angus ne peut éviter un conflit de générations et il préfère saborder son organisation afin d’empêcher qu’elle ne sombre totalement dans une criminalité plus dure. Les meilleures scènes sont l’apparition de Stone et Keller sur le ring de boxe, la rencontre Stone /Angus au parc et la sorte de chasse au trésor qui permet de boucler les coupables. Il n’y a pas de suspense, ni de scène d’action, l’interprétation n’est pas inoubliable, à part Voskovec, et la musique militaire de Tom Scott est recyclée. o Metteur en scène : Arthur Nadel ; scénariste : Theodore J. Flicker. o Guest Stars: George Voskovec, Michael Ansara, Christopher Stone. o L’épisode a été diffusé le 9 décembre 1972 sur ABC. o Lieux de tournage : Ghirardelli Square (la séquence du hold-up et du début de l'enquête), Golden Gate Park (rencontre Stone et Angus), Embarcadero. o Le titre est une comparaison que fait Stone au sujet de la famille Ferguson. Comme les sauterelles, ils changent de ville après l'avoir pillée : ‘They're like locusts. They pick a town and they pick it clean.’ ['Ils sont comme des sauterelles. Ils choisissent une ville et ils la nettoient proprement]. 12. LA BALLE DANS L'ÉPAULE Un ancien policier, maître-chanteur, est assassiné. Stone et Keller obtiennent les trois rendez-vous de la journée du flic ripoux. Le tueur possède l’original de la liste qui comporte les noms du commanditaire et du témoin blessé. Le début est captivant avec la fusillade et la déduction du parcours de la balle, puis l'enquête s'emballe rapidement car le tueur est identifié à la moitié de l'épisode, au début du troisième acte. Ensuite, l'histoire tire en longueurs avec le passage à l'université, qui est beaucoup trop long (sept minutes) et qui n’apporte pas grand-chose. Jeff Williams, le témoin blessé avec une balle dans l’épaule, est un professeur universitaire, ancien condamné, et il refuse obstinément de se faire ôter le projectile de peur que cela l’empêche d’obtenir une promotion, ce qui est très surprenant : peut-on vivre avec une balle sans risquer un empoisonnement du sang ? Stone démasque Borrman, le commanditaire, car c’est son premier rendez-vous et il ne s’est pas déplacé, mais la balle est indispensable pour confondre l’assassin. Il faut attendre que sa femme, Alice, se fasse enlever pour que Williams change enfin d’avis. Le final, où Stone prend la place de la cible, permet de conclure l’épisode sur une note positive. Malgré quelques longueurs, The Bullet est une bonne histoire avec une solide interprétation et il permet de connaître ‘les droits de l’homo corpus’, une loi très étrange que je ne connaissais pas ! o Metteur en scène: Walter Grauman; scénaristes: Barry Trivers, Cliff Gould & John Wilder; musique: John Elizalde. o Guest Stars: Carl Betz, Geraldine Brooks, Patrick Conway, Norman Alden, Hari Rhodes. o L’épisode a été diffusé le 16 décembre 1972 sur ABC. C'est le premier épisode diffusé en France, le samedi 12 octobre 1974 sur Antenne 2 à 21h35. o Hari Rhodes (1932-1992) a joué dans sept épisodes de la série. Il a un rôle récurrent dans Section contre-enquête (Most Wanted) avec Robert Stack. Il a joué aussi dans Daktari. o Carl Betz, habitué des séries policières américaines des années 70, est décédé d'un cancer en 1978. Sa femme dans l'épisode, Geraldine Brooks, décéda du même mal quelques mois plus tôt. o Robert Cleaves, qui joue Phillips, le premier sur la liste, fut condamné à 16 ans de prison en 2000 pour avoir roulé deux fois sur un homme après s'être disputé avec lui quelques instants plus tôt. o Lieux de tournage : University of San Francisco (le campus du collège), la croix du Mont Davidson (le point de rendez-vous du tueur, qui est aussi le lieu d'une scène célèbre de Dirty Harry), le marché Petrini. o Le poète Ezra Pound, auteur de Ancient Music, est décédé en novembre 72, quelques semaines avant que l’épisode soit diffusé. o Contrairement aux épisodes précédents, on remarque que les images en voiture de la fin de l’épisode ne sont pas tournées avec une caméra dans le véhicule. Ce sont des images diffusées à l’arrière-plan. Un manque de temps ? o Walter Grauman se souvient du professionnalisme de Malden lors du tournage. L’acteur avait trouvé que les taches de sang du blessé dans la séquence initiale étaient trop apparentes et le réalisateur les modifia (The Streets of San Francisco : a Quinn Martin TV Series, James Rosin). o Stone: ’Better than that. We’ve got a witness with a bullet in’ [Mieux que ça. Nous avons un témoin blessé par balle.] 13. LE VIN EST TIRÉ Après avoir purgé une peine de douze ans, un homme revient dans sa famille. Il se rend compte que son frère, pour lequel il s'était accusé d'un double crime atroce, a pris sa place sans scrupules et que leur père, restaurateur grec, ne connaît pas la vérité. Ce très bon épisode n'est pas une histoire policière mais un drame familial. Il n’y a pas d'action, à part la courte poursuite à pied, mais une tension palpable et un parfait jeu d'acteur ; Nehemiah Persoff, en patriarche grec brisé, et Michael Glaser, en fils déchu sacrifié, sont excellents. Cette affaire de famille plonge même un instant Stone dans ses propres souvenirs personnels. Le seul bémol est la fin qui me laisse très sceptique (‘Love him’), et je me pose toujours cette question : pourquoi Stone et Keller sont-ils déjà sur le parking ? Le début ressemble à celui de Timelock, avec la libération d’un prisonnier de San Quentin, mais Jason Kampacalas n’a pas d’aide comme Bobby Jepsen. Au contraire, Dimitri, son frère ingrat, est prêt à le faire accuser de l’incendie du restaurant qu’il a provoqué pour toucher l’argent de l’assurance. On note la première apparition du supérieur de Stone, le capitaine Olsen qui charge son lieutenant de veiller sur le repris de justice. À cette occasion, les deux 'vétérans' laissent le 'jeunot' Keller dans l'ombre avec le passage comique du sucre. Pour finir, on remarque une nouvelle musique agréable de Pat Williams et la très jolie Donna Baccala, qui étonnement n’a pas eu beaucoup de rôles dans sa carrière. o Metteur en scène : Christian Nyby ; scénaristes : Hal Sitowitz & John Wilder ; musique : Patrick Williams. o Guest Stars : Nehemiah Persoff, Scott Marlowe, Michael Glaser, Donna Baccala, Michael Margotta. o L’épisode a été diffusé le 23 décembre 1972 sur ABC. o Robert F. Simon (1908-1992) est le capitaine Olsen dans sept épisodes de la série. o Lieux de tournage : Prison de San Quentin, North Beach, Potrero Hill et St. Helena. o Paul Michael Glaser sera Starsky dans la série Starsky et Hutch trois ans plus tard. Auparavant, il interprétera de nouveau un repris de justice qui s'aperçoit qu'il a été victime d'une machination ourdie par sa femme et son amant dans un épisode de Kojak, le policier d’origine grecque (La rivière solitaire, S01E19). o Nehemiah Persoff, 98 ans, a joué dans (presque) toutes les séries cultes, mais je retiens surtout ses six épisodes des Incorruptibles dont trois dans le rôle du comptable de Capone, Jake 'Greasy Thumb' Guzik. 14. COMME UN POISSON DANS L'EAU La défenestration d'un artiste-peintre, coureur de jupons, laisse perplexe Stone et Keller. Meurtre ou accident ? Une boucle d'oreille semble être la seule piste sérieuse. Elle appartient à une top-modèle dont le père est un poète connu à Frisco. Ils sont tour à tour soupçonnés. La boucle d’oreille est l’indice qui mène les policiers au poète Yale Courtland Dancy puis à sa fille Jenaea. Les personnages farfelus sont plus intéressants que l’enquête, qui est banale et lente, comme le souligne la fausse adresse que donne Dancy aux policiers. Le meilleur passage de l’épisode est au City of Paris où la pétillante Jenaea drague ouvertement Steven avant de lui fausser compagnie (‘She psyched me out’)…une action à mettre en parallèle avec Stone et la mystérieuse femme à l’hôpital. C'est sinon un épisode faible qui clôt la première partie de la première saison. L’enquête se base sur une fausse piste les trois quarts du temps pour aboutir finalement sur une petite jalousie bien compliquée et l’explication dans la voiture laisse dubitatif. Le mensonge culpabilisateur de Dancy n’est pas crédible (‘Now does that spell ‘queen’ to you ? Yale Dancy is a Don Juan and one gosh darn good liar’). L’intrigue est trouée comme un morceau de gruyère, et beaucoup de questions restent sans réponse. Le vin de l’épisode précédent était meilleur que ce lait un peu caillé… o Metteur en scène : Lawrence Dobkin ; scénariste : Robert Malcolm Young. o Guest Stars: Roscoe Lee Browne, Brenda Sykes, Carol Lawson, Allen Emerson. o L’épisode a été diffusé le 6 janvier 1973 sur ABC. o Roscoe Lee Browne (1925-2007) a enseigné la littérature et le français avant d'être acteur. o Lorsque les deux policiers sortent de l'appartement de la top-modèle, on peut remarquer qu'une femme se penche à sa fenêtre pour observer le tournage de la scène (27'40). o Lieux de tournage : Washington Square, Japanese Tea Garden, Le grand magasin City of Paris, qui ferma ses portes en mars 1972, après 122 années (a-t-il été rouvert pour le tournage ?). St. Peter and Paul Church à Washington Square est l'église qui apparaît dans Dirty Harry lorsque les policiers, en hélicoptère, aperçoivent Scorpio sur les toits. o Le titre, 'A Trout in the Milk', est une citation de Henry David Thoreau, un auteur américain (1817-1862). 'Some circumstantial evidence is very strong, as when you find a trout in the milk.' [Certains indices sont flagrants, comme lorsqu'on trouve une truite dans le lait.] Rien à voir avec le titre français qui garde l'image du poisson mais cela n'a aucun rapport. o Ed Lauter est le docteur Ford pour la seconde et dernière fois (également dans Trente ans de service). o Lawrence Dobkin a réalisé deux épisodes de la série : celui-ci et l’excellent Victime du devoir, et il interprète le tueur psychopathe Gregory Praxas dans le pilote. o La scène du crime est tournée en studio et les bâtiments en face sont du ‘fake’. 15. IMPUISSANT DEVANT LA MORT En rentrant au port, le bateau de deux pêcheurs essuie des coups de feu. Peu de temps après, un des marins, paralysé par la peur, est témoin de l'assassinat de son collègue, ami de longue date. Mike Stone est persuadé qu'ils ont croisé des trafiquants. Un épisode au rythme plutôt lent qui a pour thème central l'immigration clandestine. Il n’y a pas de second rôle particulier même si tous les acteurs sont des habitués des séries américaines. Nicholas Colasanto est Joe Patruro, un pêcheur rongé par le remords, qui veut se venger des passeurs de clandestins, assassins de son ami. L'enquête passe un peu au second plan, et elle mène les policiers à s'interroger sur l'origine des impacts de balles sur le bateau. Dès le début, ils se rendent compte que Patruro leur cache quelque chose. La discussion Joe/Stone sur le bateau montre que le lieutenant a tout compris (‘I'm a cop, Joe. And I say you're scared. I see it, I sense it, I smell it’). Pour la première fois, San Francisco n’est pas ensoleillé. La pluie diluvienne, les nuages gris et l’obscurité sont de circonstance pour ce drame, dont le thème sera repris en quatrième saison dans un épisode moins réussi (En pays étranger). o Metteur en scène : Walter Grauman ; scénaristes : Harry Kronman, John Groves & Cliff Gould. o Guest Stars: Nicholas Colasanto, Victor French, Anthony Caruso, Hari Rhodes. o L’épisode a été diffusé le 13 janvier 1973 sur ABC. o Lieux de tournage : Esquivel Fuel Dock, Fisherman's Wharf. o Après La balle dans l'épaule, Hari Rhodes fait sa deuxième apparition dans le rôle du laborantin de la police de San Francisco. o Les doublures de Karl Malden et Michael Douglas sont visibles lorsque les acteurs sont de face, sur le devant de l’hovercraft (‘Closer, closer’) et quand Keller saute de l’hovercraft au bateau. Avec une capture d’écran, je pense que le cascadeur qui double Douglas est le même que dans Mésaventures, lorsque Keller saute du balcon dans la scène finale. 16. VICTIME DU DEVOIR Stone et Keller sont sur la piste d'un violeur assassin qui agresse les femmes à la sortie des supermarchés. La dernière victime, policière, a été suivie jusque chez elle, et le tueur a déjà sa collègue en ligne de mire. L'atmosphère pesante, l’intrigue palpitante, les dialogues excellents et la musique envoutante contribuent à faire de cette enquête le meilleur épisode de la première saison pour moi. Le premier acte, constitué des scènes du supermarché, du meurtre et de l'enterrement, est une parfaite entame. Les deux flashbacks pendant la sonnerie aux morts permettent d'apprécier les liens qu'entretenait Evelyn, la victime, avec Stone et Keller. Quant à la bleue Sherry, elle est rentrée dans la police grâce à elle. Son zèle de vouloir bien faire lui fait désobéir aux ordres de Mike Stone, ce qui met l’enquête et sa vie en danger. Les deux seconds rôles sont excellents : Michael Burns, le tueur psychopathe visible dès les premières minutes, et Brenda Vaccaro, la femme flic débutante, prochaine cible. Le discours du psychologue Lenny Murchison est parfaitement plausible et cohérent - l'enfance du tueur est à blâmer - mais l'enquête donne matière à réfléchir. Ainsi, dans une des nombreuses scènes intéressantes de ce sublime épisode, Stone crie à Sherry, qui trouve sa mise à pied injuste : « What’s fair ? Sometimes even justice isn't fair! » [Qu’est-ce qui n’est pas juste? Parfois, même la justice n'est pas juste]. Parmi les scènes marquantes, il y a la rencontre de Sherry et d’O.P. dans le lavomatique et la séquence finale : on se demande, avec Keller, où est caché le salopard ! La dernière image conclut magnifiquement l'épisode : l’inspecteur redresse tristement le cadre de la photo d'Evelyn. Malgré une ambiance sombre, l’histoire n’est pas dépourvue de répliques humoristiques (‘You don't have to worry, buddy boy. Not with legs like yours.’). Le thème principal, récurrent dans les années 70, est la présence des femmes dans la police (un thème de L'inspecteur ne renonce jamais, troisième volet des aventures de Dirty Harry). La réplique de Stone rejoint les pensées de Harry Callahan: « I guess I'm old fashioned. I don’t know. I just don't think this is woman's work. » [Je pense que je suis vieux jeu ; je ne crois pas que cela soit un boulot pour les femmes]. Stone ne met pas Sherry sur l'affaire car il la juge 'too green' mais c'est l'indice qu'elle a trouvé qui mène les policiers au coupable militaire. Un épisode à conseiller pour découvrir la série ! o Metteur en scène : Lawrence Dobkin; scénariste : Robert Malcolm Young ; musique : Patrick Williams. o Guest Stars: Michael Burns, Brenda Vaccaro (Special Guest Star). o Act of Duty fut le premier épisode à changer de jour et d’horaire. Il passa le jeudi 18 janvier 1973 à 22h. En fait, à part les trois premiers mois, de septembre 1972 à janvier 1973, où la série était diffusée le samedi, SOSF ne quitta jamais le créneau du jeudi soir. o Steve Keller embrasse sa petite amie (et future victime) Evelyn Hennick et assistera sa collègue Sherry Reese. Cette dernière est interprétée par Brenda Vaccaro, la petite amie de Michael Douglas à l'époque. o Michael Burns (1947), qui interprète le tueur pervers, a eu une carrière d'historien (récompensé pour ses écrits sur Dreyfus), d'écrivain et d'enseignant. Il élève dorénavant des chevaux dans le Kentucky. o Judith McConnell, Evelyn, fut Miss Pennsylvania 1965. o Le réalisateur, Lawrence Dobkin (1919-2002), fut aussi bien acteur que metteur en scène. Il est, entre autres, Dutch Schultz dans la série Les Incorruptibles, mais aussi le tueur psychopathe dans le pilote des Rues de San Francisco. o Lieux de tournage : Westlake District de Daly City (appartement de Sherry), Presidio, Pacific Heights, un magasin Safeway dans le quartier Marina et The Golden Gateway près de Embarcadero Centre, Olivet Memorial Park à Colma. o Il y a plusieurs répliques qui seraient jugées ‘politiquement incorrect’ de nos jours. A part la remarque de Stone sur les femmes dans le police, Murchison dit, après avoir appris qu’il n’y a aucune trace d’effraction : ‘That's why women don't like to report rape. They don't like admitting they got halfway there on their own.’ [C'est pourquoi les femmes n'aiment pas porter plainte pour viol. Elles n'aiment pas admettre qu'elles ont permis à cette situation de se produire]. 17. LE TRAQUENARD Après des années d'exil en France, un tueur à gages réputé revient à San Francisco à la demande de son ancien patron et ami pour accomplir un dernier contrat. Mais le chasseur devient rapidement le gibier. L'épisode repose sur Stuart Whitman, qui est excellent dès son arrivée à l'aéroport dans le rôle de Nick Carl, le tueur à gages. Son temps à l’écran est important et il éclipse Stone et Keller, qui font un peu figure de spectateurs pris entre deux feux. Le personnage bénéficie de profondeur, car, devenu père de famille, il a changé ; il est revenu aux Etats-Unis par loyauté à Harmon, qui a décidé de le liquider car il est un des trois témoins d’un meurtre qu’il a commis des années plus tôt. Ainsi, Carl a été vendu par son vieil ami, un barman aveugle à qui une opération coûteuse a été promise. L’action se passe exclusivement en extérieurs (il n’y a qu’une seule scène dans le bureau de Stone), et la photographie de nuit est splendide. La superbe partition inédite de Parker accompagne une excellente interprétation survolée par Whitman, mais Jack Albertson en barman aveugle est convaincant. Le tueur, repenti et père de famille en France, finit par demander à Harmon pourquoi il a douté de son silence et brisé leur amitié. o Metteur en scène : George McCowan ; scénariste : Douglas Roberts ; musique : John Parker. o Guest Stars: Stuart Whitman, Jason Evers, Claudine Longet, Jack Albertson (Special Guest Star). o L’épisode a été diffusé le 25 janvier 1973 sur ABC. o Stuart Whitman (1928) était célèbre à la fin des années 60 pour le rôle du marshal Jim Crown dans la série western Cimarron. En 2006, il a organisé un 'marathon' de la série sur la chaîne Encore Westerns Channel. o Quelques paroles sont prononcées en français en VO lors de l'appel téléphonique en France. La reconstitution du restaurant est convaincante, mais l’adresse sur l’enveloppe est fantaisiste : 'Loire, Rhône, France.' o Claudine Longet (1942) est française et a surtout chanté. Elle fut arrêtée et inculpée le 21 mars 1976 suite à la mort par arme à feu de son compagnon, le champion de ski alpin Vladimir Sabich à Aspen dans le Colorado. Elle fut condamnée à trente jours de prison pour homicide involontaire. o Un peu rétro lorsque Stone demande à un commerçant de rouvrir son magasin pour utiliser son téléphone : 'Can I use your phone ?'. o Lieux de tournage : San Francisco International Airport, The Palace of Fine Arts, Aquatic Park, Chinatown, San Francisco General Hospital. o C’est la première apparition de Gerald O’Brien interprété par John Kerr. Il est présent dans neuf épisodes étalés sur les cinq saisons. Kerr était réellement un avocat en exercice, à Encino, en Californie à partir de 1970 jusqu'à sa retraite en 2000. o Mike Stone était sergent douze ans plus tôt lorsque son coéquipier a été tué par Carl. 18. UNE COLLECTION D'AIGLES Un revolver et une pièce d'or découverts près d'un cadavre calciné dans une chambre d'hôtel miteuse mènent Stone et Keller sur la piste d'un assassin numismate. John Saxon est la 'guest star' de l'épisode et il interprète brillamment ce numismate manipulateur qui a sous son charme une jeune étudiante naïve et un homosexuel jaloux, deux personnages pâlots. Vince Hagopian utilise ses compétences pour dupliquer les pièces et remplacer la collection d’un vieil homme riche. Il est entouré de complices facilement manipulables qui deviennent encombrants dès qu’il n’a plus besoin d’eux (‘Just business’). Joseph Cotten, en aristocrate tétraplégique épris de ses roses et de sa collection de pièces d'or, est très convaincant. L'enquête fait la part belle à Charley, le laborantin interprété par Hari Rhodes. Il permet de faire progresser les investigations mais dans des limites raisonnables ; rien à voir, heureusement, avec Les experts. L’épisode est d'intérêt moyen, et le hasard de choisir Hagopian comme expert est peu probable ; le fait qu’il omette sa prochaine victime et que Stone le découvre aussi rapidement également. o Metteur en scène : Walter Grauman ; scénariste : Robert I. Holt ; musique : Michel Mention. o Guest Stars: John Saxon, Belinda J. Montgomery, Hari Rhodes, Joseph Cotten (Special Guest Star). o L’épisode a été diffusé le 1er février 1973 sur ABC. o John Saxon (1935) a commencé sa carrière en 1954. Il tourne toujours régulièrement. o Lieux de tournage : Maiden Lane & Union Square, Mama’s Restaurant (Washington Square). 19. CHAMBRE D'EN FACE Après le meurtre de son frère, un indic ne se rend pas au rendez-vous avec Stone et Keller. Une course contre la montre s'engage pour le trouver avant le tueur à gages. Chambre d’en face ne fait pas partie des meilleurs épisodes de la saison pour plusieurs raisons. Pour commencer, les personnages ne sont pas inoubliables. Richard Anderson, qui joue le commanditaire des assassinats, est à peine audible avec son cigare, le tueur à gages est quelconque (bien loin de Carl/Whitman) et l'institutrice déconnectée tape sur les nerfs. La relation évolutive entre Mary Rae Dortmunder et Art Styles constitue d’ailleurs la trame de l’histoire. Il y a aussi des incohérences dans le script. La planque de l'indic est en face de l'appartement où s'est réfugié le tueur ('That's why you're here. That's all you wanted. A room with a view') et on se demande pourquoi Stone et Keller ne font pas le rapprochement plus tôt. Il est également bizarre que l'institutrice, témoin du meurtre, occupe, comme par hasard, l'appartement surplombant celui de la cible ! Parmi les points positifs, on peut citer la voiture de sport précipitée dans la baie (malgré le mannequin beaucoup trop visible) et le dernier acte, dans la rue puis à l'aéroport, bien que les deux truands soient risibles. o Metteur en scène : Walter Grauman; scénariste : Del Reisman. o Guest Stars: Steve Forrest, Michael Strong, Richard Anderson, Shirley Knight Hopkins (Special Guest Star). o L’épisode a été diffusé le 8 février 1973 sur ABC. o Lieux de tournage : The Conservatory of Flowers, Everett Middle School, San Francisco International Airport, the Yacht Harbour à Marina Boulevard. o L’appartement de l’institutrice est un véritable intérieur au 924 Church Street. Il fallait trouver le point de vue plongeant du tueur sur la planque de sa victime. L’appartement était parfait mais très petit, contrairement au studio, et le tournage dura longtemps à cause de l’exigüité des lieux. Walter Grauman, le réalisateur, raconte qu’il était habillé en noir avec un attaché-case et qu’il n’avait pas eu le temps de se changer pour aller au restaurant avec sa femme. On le prit pour un tueur venu exécuter un contrat ! (The Streets of o Jeannie, la fille de Mike Stone, est mentionnée à plusieurs reprises. o L'action se passe au moment de Noël : deux personnes sont déguisées en Père Noël et en sapin sur le trottoir au début de l'épisode et il y a un sapin de Noël dans l'appartement de la femme de l'indic. o Steve Forrest (1925-2013), le tueur, est John Mannering alias le Baron de la série britannique Le Baron en 1966-67. o Richard Anderson (1926-2017) était Oscar Goldman dans L'homme qui valait trois milliards et Super Jaimie. o Mike Stone : ‘Do unto others before they do unto you.’ Un homme tue accidentellement sa maîtresse dans un excès de jalousie. Journaliste renommé, il oriente l'enquête de son vieil ami, Mike Stone, vers son rival sans se douter qu'il s'agit de son propre fils. À l'instar de Columbo, le meurtrier est connu dès le début ce qui atténue le suspense. L'originalité de l'épisode réside uniquement dans le fait que le père et le fils ont la même maîtresse sans le savoir. Pourtant, à la fin du premier acte, tout pourrait être terminé : grâce à la localisation du meurtre (vitesse du vent et des marées) tirée par les cheveux, Keller tombe fortuitement sur le témoin au télescope, qui deviendra maître-chanteur, et Chris ‘Ace’ Bane rend visite à Stone et le persuade qu’il s’agit d’un crime. Après un excellent début et le très beau paysage de la première scène, Bane prend beaucoup trop de place et il a toujours un coup d’avance dans les investigations sur les policiers, qui sont à la recherche d’un jeune acteur de théâtre. La première scène père/ fils est surprenante et la seconde, dans le bureau de Stone, beaucoup plus émotionnelle. Stone et Keller tirent finalement les bonnes conclusions et arrêtent Bane à la maison de bord de mer de sa maitresse. On pense que le reporter, qui menace les policiers, va se suicider, ce qui aurait donné plus de force au dénouement. Un bon épisode néanmoins. o Metteur en scène : Seymour Robbie ; scénariste : David Friedkin. o Guest Stars: Barry Sullivan, Geoffrey Deuel, Greg Mullavey. o L’épisode a été diffusé le 15 février 1973 sur ABC. o Barry Sullivan (1912-1994), Chris ‘Ace’ Bane, a joué dans quatre autres épisodes de la série. o Lieux de tournage: Belvedere, au nord de Golden Gate Bridge, the American Conservatory Theater à Geary Boulevard. o La rubrique de Bane dans le San Francisco Telegraph s’appelle "Deadline", qui est le titre de l'épisode. o Keller à l’autopsie: ‘It has to be another way for a day to begin’ o D'après le répertoire de la victime, l'action se situe en mars 1973. Or l'épisode fut diffusé le 15 février 1973. 21. LA PISTE DU SERPENT Cinq voyous braquent une épicerie et tuent un policier dans leur fuite. Voulant faire délivrer le meneur blessé, le gang capture Mike Stone et le retient en otage pour servir de monnaie d'échange. Un excellent épisode, particulièrement violent et parfois même dérangeant ; le psychopathe déjanté est, en effet, très bien interprété et la scène où il crache sur l'insigne de Stone et menace de l'exécuter est prenante et dure. Les Cobras sont un gang type qui écume les grandes villes américaines (à l'époque mais aussi maintenant). Une grosse tension dans l'entrepôt désaffecté, de bons seconds rôles et de l'action – Stone est blessé en tentant de s'évader, Keller lors de la scène de la cabine téléphonique – font de cet épisode un des meilleurs de cette saison. Le lieutenant fait jouer son expérience et a du sang-froid (le coup du café est excellent). La réussite de l'épisode est également due à son réalisme : Stone décline après sa blessure et la barbe naissante de Keller souligne l'action en continu. Les premières minutes de l'agression du couple d'épiciers font penser au film Un justicier dans la ville. La réaction de Keller à l'hôpital, face au blessé moqueur, rappelle Dirty Harry même si, à la fin, Stone doit convaincre son partenaire qu'il n'y avait pas d'autres moyens que d'abattre le malfrat : « Steve, that kid bought that bullet a long time ago. There was no way to buy it back. » La morale est sauve car l'adolescent impliqué retourne dans le droit chemin. o Metteur en scène : John Badham ; scénaristes : Cliff Gould & John Wilder. o Guest Stars: Tim O’Connor, Cal Bellini, Brad David. o L’épisode a été diffusé le 22 février 1973 sur ABC. o Lieux de tournage : Potrero Hill, Connecticut Street, Grant Street. o Vermont Street, la route en colimaçon (où Keller et Devitt s'entretiennent avec le propriétaire du pick-up bleu), a été utilisée dans la poursuite finale de Magnum Force. o Tim O'Connor (1927-2018) a joué dans quatre épisodes de la série dont trois où il interprète le rôle du lieutenant Roy Devitt, comme dans le premier épisode, Trente ans de service. o 'The trail of the serpent… leads to death.' Telle est la devise donnée par Stone à Keller [La piste du serpent mène à la mort]. o Brad David (1947), le psychopathe Chick Kramer, était Del Berry, le toxico qui avait vu la botte rouge compromettante dans le coffre du tueur à une station-service où il travaillait (pilote de la série). o Karl Malden a particulièrement aimé le fait de montrer qu'il perdait de plus en plus de sang et qu'il devenait de plus en plus faible au fur et à mesure que l'épisode avançait sans pour cela montrer des taches rouges qui s'agrandissaient sur sa chemise! Il était d'abord assis sur une boite, très droit. Chaque fois qu'une scène l'impliquait, Malden était plus voûté jusqu'à ce qu'il soit par terre, avachi. Cette sorte de petit défi permettait d'avoir toujours du plaisir à tourner la série. Karl Malden se souvient aussi d'une autre scène de cet épisode. Lors d'une répétition, un jeune homme, un des gardes de l'entrepôt, brandissait son arme sous son nez, le touchant avec. Il s'est rendu compte que le garde agissait de la sorte car il savait ce qui allait se passer. Il savait que Mike Stone n'allait pas se saisir de l'arme; le script ne le prévoyait pas. En fait, cela entrait en conflit avec le point de vue de Karl Malden sur les armes à feu dans les séries télévisées. Le jeune était si tranquille avec son arme que cela cessait d'être une arme mortelle. Soudainement, lors d'une répétition, Malden attrapa l'arme très proche de lui et la pointa sur le garde. Malden précisa que cela pouvait arriver qu'un policier, même blessé, saisisse sa chance de cette façon. Le jeune acteur joua ensuite la scène différemment (When do I start ? de Karl Malden, avec Carla Malden). 22. LE MORT VIVANT Trois gamins profitent de l'absence d'un vieil homme pour pénétrer dans sa maison et chercher un soi-disant trésor. Quelques heures plus tard, Stone et Keller doivent enquêter sur la disparition d'un des enfants. Un épisode mystérieux, étrange, complètement à part dans la série. La mort d'un enfant et la vie recluse du frère du suspect (qu'on ne verra jamais) sont les points tragiques de l'histoire rocambolesque qui a commencé trente-deux ans plus tôt ! Les policiers n'apparaissent qu'après treize minutes car le début est consacré au passage à l'acte des 'boys' dans cette maison excentrique à mauvaise réputation qui est la grande attraction de l'épisode. Harlan, le vieil homme, très bien interprété par Lew Ayres, fait longuement ses courses (69 cents le kilo de tomates à l'époque) et collectionne des objets hétéroclites. Il est en fait aussi inoffensif que son chat, Tommy, alors que Billy est un sale gosse détestable. La scène de l'enterrement dans le parc est assez dérangeante, mais l’intérêt de l’épisode s’essouffle à l’arrestation d’Harlan. Une histoire hors norme sans crime car le décès est accidentel, mais le problème des groupes de vigilance est soulevé. o Metteur en scène: Walter Grauman; scénaristes: John Wilder & Cliff Osmond. o Guest Stars: Lew Ayres, Albert Salmi, Clint Howard, Joyce Van Patten (Special Guest Star). o L’épisode a été diffusé le 1er mars 1973 sur ABC. o John Wilder fut nominé au WGA (Writers Guild Awards) dans la catégorie Meilleur Scénario Dramatique pour cet épisode. o Lieux de tournage : Golden Gate Park (lieu de l’enterrement), la maison est sur Pennsylvania Avenue, mais les scènes de toit sont filmées sur le toit de l’épicerie où Harlan fait ses courses. o John Kerr a joué le rôle de l'Attorney O'Brien dans huit épisodes de la série. Il a joué aussi dans… Emily des New Avengers ! o L’histoire de Harlan et Donald Edgerton est basée sur celle d’Homer et Langley Collyer, deux frères reclus qui moururent tragiquement à New York en 1947. Les frères Collyer sont victimes des pièges qu'ils avaient installés dans leur demeure pour décourager les pillards. Homer était aveugle et paralysé et dépendait de son frère, mais Langley fut écrasé par une valise et trois énormes liasses de journaux, alors qu'il rampait dans un tunnel de journaux pour apporter à manger à son aîné, qui est mort à son tour de faim quelques jours plus tard. Ils avaient aussi la réputation d’avoir une fortune et de collectionner des objets hétéroclites. o Mike Stone: ‘I don't know, buddy boy. There is junk... and there is junk.’ o L’intérieur de la maison est du studio à la vue de la toile lorsque Keller et Stone interceptent les parents saccageant la demeure. o Le premier acte intégral de The House on Hyde Street (Aka; My brother’s Keeper) est dans le livre The Streets of San Francisco: a Quinn Martin TV Series de James Rosin. Après que le scénariste pour cet épisode ait abandonné, John Wilder s’y employa lui-même et fut nominé pour un Writer’s Guild of America Award. 23. AU-DELÀ DE LA HAINE Une étudiante est assassinée dans un car en provenance de Phoenix. Elle a fait une partie du voyage avec une amie, la fille de Mike Stone. Le tueur voue une haine envers le lieutenant qui l'a arrêté douze ans plus tôt pour viol, torture et meurtre. C'est un excellent épisode - un des meilleurs de la saison - qui fait penser à deux films policiers des années 70 : Le flic ricanant (un tueur 'œuvre' dans les bus de Frisco) et L'inspecteur Harry (un flic harcèle un psychopathe qu'il ne peut confondre faute de preuves). Il y a plusieurs points communs avec Dirty Harry : Stone menace de rendre son insigne, Keller est prêt à employer des moyens illégaux et l'image finale du duel rappelle celle du stade de L'inspecteur Harry. Les deux seconds rôles sont parfaits : Jeannie, la fille de Stone, et, bien sûr, Leonard Cord, le tueur diabolique et provocateur à l'harmonica, superbement interprété par Joe Don Baker. Mike Stone est le personnage central de l'histoire et c'est un véritable face-à-face entre le policier et le maniaque qui a préparé sa vengeance. Néanmoins, Stone a réussi à trouver deux témoins – une grand-mère et son petit-fils – qui se rappellent de la présence de Cord dans le car. Parmi les meilleurs passages, il y a la découverte du corps par le chauffeur du car, la réaction de Keller à la description de ‘l’autre fille’, la séquence dans le tramway… La confrontation dans les bureaux, où la perversité du tueur est mise à nu, est une prémisse de la finale copiée sur un western, musique d'harmonica à l'appui. Pour la circonstance, Steve Keller est neutralisé comme un bleu. Cette histoire sombre n'empêche pas quelques traits d'humour, en particulier entre le policier et sa fille. Ainsi, lorsque Stone se brûle en faisant la cuisine : « I burnt my finger. — Trigger finger ? — The one I type my reports with ! » [Je me suis brûlé le doigt. — Celui pour tirer ? — Celui avec lequel je tape mes rapports !]. o Metteur en scène : Virgil W. Vogel ; scénariste : Robert Malcolm Young. o Guest Stars: Joe Don Baker, Darleen Carr, Ken Swofford. o L’épisode a été diffusé le 8 mars 1973 sur ABC. o Steve Keller roule en Porsche pendant ses loisirs ! o Lieux de tournage : Transbay Transit Terminal (démoli de nos jours), Star Motel à Lombard (fermé de nos jours), The Legion of Honor (scène finale). o Charley, personnage interprété par Hari Rhodes, n'est pas visible mais néanmoins présent. Ainsi, Stone lui demande au téléphone de retrouver les empreintes de Cord dans le car. o Virgil W. Vogel (1919-1996) réalisait là son premier épisode de la série. Il sera metteur en scène sur vingt-huit autres. o Darleen Carr (1950) sera Jeannie Stone dans onze autres épisodes de la série. On apprend que la fille du policier fait des études d'architecture. 24. L'ALBATROS Un père veut tuer l'assassin de son petit garçon relâché pour vice de procédure. Mike Stone doit prouver la culpabilité du multirécidiviste et empêcher la loi du talion. À partir d'un crime atroce (l'assassinat d'un enfant) lors d'un cambriolage raté, cet épisode met en évidence les limites de la justice et les dérives possibles. Le meurtrier est relâché car il est sourd et il n'a pas forcément entendu les droits que Steve Keller lui a formulés lors de l'arrestation. Ce thème fut souligné dans Dirty Harry ; le criminel, également multirécidiviste, est remis en liberté car l'arme a été trouvée sans mandat. Si l'idée est excellente, l'épisode l'est beaucoup moins. Après une poursuite sur les hauteurs de Frisco très bien filmée, la scène du tribunal, bien qu'explicative, est trop longue. Les seconds rôles – meurtrier, père, grand-père – ne convainquent pas. Le père, qui veut faire justice, met Stone dans une position inconfortable car le policier ne peut que l'écouter tant qu'il n'enfreint pas la loi. Même l'achat d'une arme est possible. La seule façon de confondre l'assassin est de retrouver l'appareil auditif qu'il a pu perdre sur les lieux du crime. Chose simple qui ne sera effectuée qu'à la fin de l'épisode ! A noter la scène humoristique lorsque la femme témoin consulte les trognes des suspects en draguant Keller sous l’œil amusé de Stone. o Metteur en scène : Robert Day ; scénaristes : Cliff Gould & John Wilder. o Guest Stars: Ed Nelson, Kaz Garas, o L’épisode a été diffusé le 15 mars 1973 sur ABC. o Lieux de tournage : Twin Peaks (arrestation du criminel au début de l'épisode entre autres), Sanchez Street (maison de Hobbes). Twin Peaks désignent deux collines culminant à environ 280 mètres à San Francisco. Le nom de Twin Peaks est également utilisé pour désigner le quartier entourant les collines. o Erreur de continuité : lorsque le père voit son fils étendu, il y a déjà le courrier et le journal autour du corps, puis rien au plan suivant. Le père jette ensuite le courrier et le journal, qu'il tient, près du corps lorsqu'il s'agenouille. o L'image ne semble pas avoir été restaurée à partir de la 44e minute (Stone et Keller reviennent passer l'appartement au crible pour retrouver l'appareil auditif). o Le vendeur dit au père désirant acheter une arme : « Magnum, this is the most powerful weapon. » [C'est un Magnum, l'arme la plus puissante.] Cette phrase est également stipulée lors du pré générique de Magnum Force, le second volet de l'inspecteur Harry, tourné aussi en 1973. 25. L'IMAGE BRISÉE Un homme politique en vue est retrouvé mort, harponné sur un bateau de plaisance. Meurtre ou accident ? Les policiers Stone et Keller penchent pour la première hypothèse même si tout l'entourage de la victime, y compris la veuve, oriente l'enquête vers l'accident. Un épisode politico-magouille avec peu d'action. Mike Stone retrouve une ancienne amie et certaines séquences constituent une sorte de mélo, et elles prendront toute leur signification dans l'épilogue, beaucoup moins léger que d'habitude. Stone et Keller passent au crible les suspects, parmi lesquels se trouvent un sénateur, un constructeur de bateaux, le secrétaire personnel et la veuve éplorée. Tous les protagonistes veulent éviter le scandale et faire passer le meurtre pour un accident voire un suicide ! La pression subie par la victime est rapidement mise à jour mais le dénouement de la scène finale laisse pantois. Le thème du service public ressort dans cet épisode ; le sénateur ne veut pas remuer la boue et l'entrepreneur déverse sur Stone toute sa haine envers les fonctionnaires 'payés par ses impôts'. C'est du beau…Une intrigue complexe à la conclusion déroutante pour un épisode intéressant. o Metteur en scène : Michael O’Herlihy ; scénaristes : Guerdon Trueblood, Roland Wolpert & Jack Guss. o Guest Stars: Barbara Rush, Dick Sargent, Jim Davis, Jeff Corey, Richard Ely. o L’épisode a été diffusé le 22 mars 1973 sur ABC. o Anna Marshall appelle Stone : 'Michael' et non 'Mike'. o Lieux de tournage : L’hôtel Fairmont, Potrero Hill, The Marina, le bassin du Golden Gate Yacht Club, Mairie de San Francisco et San Francisco Bay. L’appartement de Steve Keller est au 287 Union Street. o Barbara Rush (1927) était une actrice très en vue dans les années 50. Sa carrière déclina par la suite et elle fit de nombreuses apparitions dans les séries. Dans les années 80, elle fit ses débuts, avec succès, au théâtre. o Dick Sargent (1930-1994) fut surtout connu pour être le second Darrin de la série Ma sorcière bien-aimée. Peu avant son décès, il rendit publique son homosexualité. o Jim Davis (1909-1981) était surtout connu pour son rôle dans Dallas. Un prêtre vient en aide à un criminel blessé. Mike Stone et une bande de malfrats sont sur la piste de l'homme qui est en possession d'une caisse contenant de l'héroïne. La religion a une place importante dans cette histoire de trafic de drogue. Le prêtre, magistralement interprété par Richard Egan, se doit de protéger son prochain tout en le secourant ce qui l'oblige à demander de l'aide à Mike Stone. Ce thème est souligné lorsque le policier s'étonne que le responsable du bateau, catholique, ait renseigné les trafiquants sur l'homme d'Église. L'échange entre le flic et le prêtre dans les bureaux est à ce titre intéressant et, à la fin, le père s'interroge sur sa conduite et Stone lui répond : « Who knows which way is right ? ». Sinon, l'intrigue est quelconque et, peu de temps après la fusillade d'entrée, on a compris que la caisse contient autre chose que du venin de cobra ! Les seconds rôles sont "oubliables" et la scène de la 'fausse balade' bien longue. Il y a un peu d'humour lorsque les policiers découvrent une licorne sur les restes de la caisse. Keller : 'Only one way to catch [a unicorn], it lays its head in the lap of a virgin'. — Stone : 'Information like that's gonna get you right to the top, buddy boy.' [Keller : 'Il n'y a qu'une façon d'attraper une licorne : elle pose sa tête sur les genoux d'une vierge'. — Stone : 'Des infos comme cela te mèneront très loin'.] o Metteur en scène : Virgil W. Vogel; scénaristes : Jerry Ziegman & Mort Fine. o Guest Stars: Richard Egan, Charles Aidman, Mitchell Ryan, Jonathan Lippe. o L’épisode a été diffusé le 5 avril 1973 sur ABC. o Richard Egan (1921-1987), le prêtre Father Joe Scarne, était un fervent catholique qui allait à la messe tous les jours. o Charles Aidman (1925-1993) fut le partenaire de Robert Conrad dans quatre épisodes des Mystères de l'Ouest. o Lieux de tournage : l'épisode est pratiquement tourné exclusivement sur le port de San Francisco, India Basin et la jetée n° 31 (« The busiest pier on the docks » d'après Mike Stone). o Le tueur aux cheveux blancs est Paul Genge (1913-1988). Très reconnaissable, il est le tueur au fusil à canon scié qui tire sur la Mustang de Steve McQueen dans Bullitt. 27. LA LÉGION DES ÉPAVES Trois clochards ont été battus à mort en l'espace de deux semaines. Mike Stone rejoint une communauté d'alcooliques pour trouver le criminel. Après un excellent début et une visite de l'appartement de Stone revenu de congés, l'intrigue obscure s'éclaircit à partir du troisième acte : l'assassinat de trois clochards doit dissimuler le meurtre d'un quatrième, héritier d'une entreprise de chantiers navals, qui pourrait refaire surface et exiger son bien. L'enquête tourne autour de trois suspects, dont la sœur de la cible, très jolie, qui n'est pas indifférente à Keller. La performance de Karl Malden en clochard est à souligner et la réplique de Keller à son encontre plutôt drôle après lui avoir donné deux dollars : « Get out of here, you bum ». L'histoire n'est pas transcendante mais les seconds rôles sont crédibles; à commencer par Leslie Nielsen, en ancien boxeur professionnel qui connaît toutes les victimes, sans oublier les petits rôles comme le type qui veut vider ses poubelles et les deux clodos qui veulent finir la bouteille que Keller a récupérée sur les lieux du crime ! Malgré une fin assez vite expédiée, la saison se clôture sur une bonne note. o Metteur en scène : Robert Douglas ; scénariste : Calvin Clements. o Guest Stars: Leslie Nielsen, Karen Carlson, Tom Troupe, Dean Stockwell (Special Guest Star). o L’épisode a été diffusé le 12 avril 1973 sur ABC. o Lieux de tournage : l’impasse Osgood Street (première scène et découverte du corps), Fulton Street (Keller rencontre Stone avec l’hôtel de ville en arrière-plan). o Le nouveau rasoir de Stone, gros comme un talkie-walkie, lui a été offert par sa fille Jeannie (vue dans l'épisode Beyond Vengeance) pour la fête des pères. o On apprend que la Porsche de Keller, vue dans Beyond Vengeance, est de 1965. o Leslie Nielsen (1926-2010) eut quelques rôles sérieux avant de sombrer dans la comédie. Il joua dans un épisode de la première saison des Incorruptibles entre autres, Trois milliers de suspects. Il reviendra dans deux autres épisodes des Rues de San Francisco. o Karen Carlson fut vice Miss America 1965. Elle débuta dans la série Des agents très spéciaux et on la vit dans Mission impossible, L'homme de fer, Mannix, Shaft, Matt Helm, Starsky et Hutch…avec son mari de l'époque, David Soul. o Erreur de continuité. Le manteau de clodo de Stone est marron alors qu'il appelle Keller puis bleu lorsqu'il se joint aux autres clochards sous l'autoroute. Crédits photo : Paramount Home Entertainment. Images capturées par Denis Chauvet. |
Les rues de San Francisco (1972-1977) Présentation
Série policière américaine produite par Quinn Martin (en association avec Warner Bros. Television pour la première saison), tournée de 1972 à 1977 et comprenant 5 saisons (un téléfilm pilote et 120 épisodes). Elle fut diffusée sur ABC du 16 septembre 1972 au 9 juin 1977. La série fit son apparition en France le samedi 12 octobre 1974 sur la deuxième chaîne de l’ORTF à 21h35. Elle fut rediffusée durant l’été 1987 à une heure très matinale sur Antenne 2, puis TF1, quelques temps plus tard, diffusa l’intégral en fin d’après-midi, faisant doubler tous les épisodes restés inédits, dont la dernière saison avec Richard Hatch. Cette série, tournée exclusivement dans les rues de San Francisco, aborde tous les sujets de société et met en scène deux policiers diamétralement opposés : Mike Stone, policier veuf expérimenté aux méthodes anciennes, et Steve Keller, jeune détective fraîchement sorti de l’école de police. En parfaite osmose, ils enquêtent sur des affaires criminelles plus ou moins violentes en quatre actes et ils doivent faire face à des tueurs psychopathes, des marginaux, des déséquilibrés marqués par le traumatisme du Vietnam, mais aussi des gens ordinaires qui illustrent la société de la métropole. Parfois purement policière, parfois dramatique, la série est basée sur le roman Poor, Poor Ophelia de Carolyn Weston, mais les producteurs ont déplacé l’action de Santa Monica à San Francisco. Le lieutenant Mike Stone a vingt-trois ans de service ; il connaît toutes les ficelles du métier et la ville de Frisco comme sa poche. Il a une fille (interprétée par Darleen Carr dans douze épisodes) et il est vêtu comme les policiers des années 50, chapeau vissé sur la tête. L’inspecteur Steve Keller est détective assistant (au début) et il apprend le métier sur le terrain. Il est élégant, charmant et adore titiller Stone, son supérieur, qui le lui rend bien. Les deux policiers ont des relations d’amitié et de complicité malgré la différence d’âge. Mike Stone appelle souvent son partenaire : ‘Buddy boy’. Il y a des petits passages à l’humour caustique, principalement lors des conclusions d’épisodes, les fameux épilogues. A part la fille de Stone, d’autres personnages font des apparitions dans plusieurs aventures. On peut citer le capitaine Rudy Olsen (Robert F Simon), l’avocat O’Brien (John Kerr), le laborantin Charley (Hari Rhodes), le psychologue Lenny Murchison (Fred Sadoff) et les inspecteurs Tanner (Reuben Collins) et Lessing (Lee Harris). Karl Malden avait 60 ans lorsqu’il interpréta Mike Stone et il mit son expérience d’acteur à contribution ; malgré son âge, il participa à de nombreuses séquences d’action. Son professionnalisme transpire dans chaque scène, même dans les épisodes ‘moyens’. Michael Douglas, fils de Kirk ami de Karl Malden, débutait dans le métier et la série servit de tremplin pour sa carrière de star qu’il accomplit par la suite. La complicité et l’amitié entre les deux acteurs, qui perdura jusqu’au décès de Karl Malden en 2009, furent un gage du succès de la série. Les rues de San Francisco est une série policière mais également, et peut-être avant tout, sociale. San Francisco, ensoleillé, a la réputation d’être l’une des villes les plus libérées et tolérantes des Etats-Unis. Une ville qui n’avait pas utilisé jusqu’alors à plein ses richesses touristiques, à quelques exceptions près. Même Alcatraz, abandonné à l’époque, fut le théâtre de somptueux épisodes. La série eut ainsi du succès grâce à un tournage qui mettait San Francisco en valeur dans chaque épisode, comme un dépliant d’une agence de voyage. Karl Malden disait ainsi que la ville était la troisième star de la série. Dans cette mégapole, le lieutenant Stone et l’inspecteur Keller croisent toute sorte d’individus et font face aux problèmes de la société américaine des années 70. De belles images sur une réalité quotidienne pas toujours rose. La musique jazzy de Pat Williams contribua également à la notoriété du show. Au terme de la quatrième saison, Michael Douglas quitta la série pour produire Vol au-dessous d’un nid de coucous. Il participa néanmoins à un épisode double, qui servit de transition, au début de la cinquième saison. Il fut remplacé par Richard Hatch (l’inspecteur Dan Robbins) mais le succès s’effilocha et le tournage s’arrêta en 1977. Le départ de Douglas et la concurrence de Barnaby Jones sur CBS firent plonger la série lors de cette ultime saison. La programmation fut même suspendue et les six derniers épisodes diffusés après un hiatus de plusieurs semaines au printemps 77. Cette série est une production Quinn Martin et ce gage de qualité permit d’avoir environ 500 ‘guest stars’ renommés. Quelques noms au hasard qu’on a plaisir de retrouver : Arnold Schwarzenegger, Nick Nolte, Martin Sheen, David Soul, Paul Michael Glaser, Stephanie Powers, Leslie Nielsen, Dean Stockwell, Bill Bixby, Edward Mulhare, Peter Strauss, James Woods, Tom Selleck, John Saxon et beaucoup d'autres… Certains réalisateurs sont devenus des célébrités du cinéma américain : John Badham (Tonnerre de feu, Wargames, Drop Zone etc...) et Richard Donner (L’arme fatale )... Presque toutes les voitures sont de la marque Ford car Ford Marketing Corporation fournit les véhicules pour la série en échange de promotion commerciale. Les rues de San Francisco fut quatre fois nominés aux Emmy en 1976 - Meilleure Série Dramatique, Meilleur Acteur (Karl Malden), Meilleur Second Rôle (Michael Douglas) et Meilleur Performance (Bill Bixby pour l’épisode Police Buff) - mais la série était plus populaire avec le public qu’auprès des critiques et elle n’eut que quatre récompenses, plus confidentielles, pour vingt-quatre nominations. Ainsi, le scénariste James Sweeney remporta un Edgar Allan Poe Award pour l’épisode Requiem for Murder. En 1992, le téléfilm Back to the Streets of San Francisco vit le retour de Karl Malden en Mike Stone, toujours fringant à presque 80 ans ; Michael Douglas, devenu entre-temps une star internationale, était absent. Mike Stone, promu capitaine, doit résoudre un meurtre sauvage lorsque survient la disparition de Steve Keller, son ancien coéquipier. Contrairement à de nombreux téléfilms réunions, l’intrigue est intéressante même si Karl Malden n’est accompagné que de Darleen Carr ; Jeannie Stone étant le seul autre personnage de la série à revenir dans le téléfilm. ‘Inspectors eight one responding.’
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