Saison 1 3. L'Esprit du lac (Dead in the Water) 4. Le Fantôme voyageur (Phantom Traveler) 5. La Légende de Bloody Mary (Bloody Mary) 7. L'Homme au crochet (Hook Man) 9. La Maison des cauchemars (Home) 10. Terreur à l'asile (Asylum) 15. Les Chasseurs (The Benders) 17. À force de volonté (Hell House) 18. La Strige (Something Wicked) 19. Le Tableau hanté (Provenance) 20. Le Retour des vampires (Dead Man's Blood) 21-22. Délivrance (Salvation /Devil's Trap) Épisode Mythologique Scénario : Eric Kripke Résumé : Il y a 22 ans, dans la maison de la famille Winchester, Sam et Dean sont encore des enfants lorsque leur mère se fait tuer par une force démoniaque qui enflamme la maison. Grâce à leur père, ils réussissent à s’en sortir. 22 ans plus tard, Sam (le cadet) vit avec sa petite amie Jessica et envisage déjà une vie toute tracée. Mais, un soir, Dean s’introduit chez lui pour lui faire part de ses inquiétudes : leur père à disparu depuis des jours alors qu’il était allé chasser des démons. Malgré quelques réticences, Sam accepte d’accompagner son frère à la recherche de leur père. La piste les mène à une petite ville où les hommes disparaissent... Bienvenue dans Supernatural... La critique de Clément Diaz et Cetp65 :
Même s’il ne fait partie des meilleurs épisodes de la série, le pilote est indispensable. C’est avec cet épisode que débute la grande mythologie de la série. Le pilote de Supernatural joue comme tous les pilotes sur trois points : l'atmosphère, les personnages, l'histoire, et il faut avouer que les deux derniers points sont encore faiblement ébauchés, alors que l'immersion dans l'univers d'horreur de la série s'effectue avec une efficacité renversante, et cela dès la tonitruante et pyrotechnique introduction, une merveille d'horreur fracassante. Par suite, l'épisode doit subir un ton passablement verbeux pour expliquer tout ce qu'il y a savoir : Cela passe par des tunnels dialogués assez longs. Le premier frère que l’on découvre est Sam Winchester, accompagné de sa petite amie Jessica Moore (Adrianne Palicki). La présentation, laborieuse, s'améliore avec la venue de Dean. Côté personnages, Dean et Sam livrent une version de ghostbusters contemporains innovante et prenante, mais demeurent encore grossièrement dessinés, et les acteurs sont encore peu assurés. On fait aussi connaissance des bonnes vannes de Dean ainsi que de la première dispute entre frères qui pourra aller de la légère engueulade (comme ici) à de très violentes bagarres (comme plus tard). À partir de ce moment, on va retrouver les codes de la série : le meurtre sanguinolent (d’habitude en intro), les recherches, les multiples usurpations d’identité (souvent des fédéraux) et surtout... la traversée sur les routes de l’Amérique dans la mythique Chevrolet Impala sur un fond de musique rock. Ce genre de scènes nous suivra tout de long de la série. Néanmoins, certains éléments ne sont pas encore en place : Sam parle des esprits au premier venu et l'histoire du jour bute sur une version de la Llorona mexicaine minimaliste. Il eut été aussi plus synergique que le duo enquêtât ensemble au lieu d'être séparés en milieu de parcours. Pour un premier épisode, c'est une maladresse. C’est bien dommage, car Sarah Shahi est dantesque en esprit fou et sauvage, dont l'évanescence et la grande beauté impriment une force peu commune - amusant de voir Duane Barry en passant, comme pour marquer la succession avec les X-Files. La cruelle épanadiplose finale est un coup magistral. Les défauts de la narration se voient joliment compensés par l'une des réalisations les plus flamboyantes du pilot whisperer David Nutter et du chef opérateur Aaron Schneider : on est immédiatement pris au cœur de l'ambiance d'horreur et de suspense à fouetter le sang (musique ad hoc de Christopher Lennertz), et aussi de l'Amérique profonde et ses légendes country qui soudain prennent vie. Les magnifiques paysages cachent avec brio le petit budget de la série tandis que les scènes d'effroi se voient magnifiquement mis en scène. Les apparitions de la Dame Blanche mettent d'emblée sur les nerfs, l'assassinat de la victime ou l'agression de Sam sont des cauchemars éveillés. Secousses garanties lorsque Sam "percute" la Dame. On sent l'atmosphère de folie sanglante à chaque plan de cette histoire effrayante. La critique d'Estuaire44 : La Dame blanche constitue un pilote de haut vol, campant parfaitement le décor de Supernatural et narrant avec une grande efficacité la tragédie familiale des Winchester, ainsi que le lien unissant les deux frères. Évidemment la série va progressivement développer ces éléments mais, l’essentiel est déjà là, à commencer par une Impala d’emblée mise en valeur. Malgré l’économie des moyens, les scènes horrifiques frappent d’emblée très fort, complétant le panorama d’une série puisant aussi bien se sources dans les folklores de l’Amérique profonde que dans les légendes urbaines. Le scénario sait ne pas sacrifier l’intrigue du jour. La sublime et talentueuse Sarah Shahi inaugure en grande pompe la tradition des invités de marque dans Supernatural. Le fait qu’elle venait juste de devenir la rayonnante Carmen de The L Word rend par contraste encore plus saisissante sa composition. De leur côté, Jensen Ackles et Jared Paladecki possèdent d’emblée leur rôle, ce qui va permettre de développer de manière convaincante la relation fraternelle lors des prochaines étapes de ce vaste road movie. De fait ce pilote constitue un authentique manifeste pour cette série se positionnant aussi bien en héritière des X-Files que de Buffy contre les Vampires, tout en forgeant son identité propre. On devine déjà que, sans tout à fait égaler ses prestigieuses devancières, elle va représenter une précieuse relève pour les amateurs. Anecdotes :
Épisode semi-mythologique Scénario : Eric Kripke, d'après une histoire de Ron Milbauer & Terri Hughes Burton Guns are useless, so are knives. Basically we gotta torch the sucker. Résumé : Après l’assassinat de Jessica, Sam a accompagné Dean dans sa traversée de l’Amérique pour retrouver leur père et el démon responsable de la mort de leur mère de Jessica. Ils suivent une piste qui les mène jusqu’à une jeune fille qui ne retrouve pas son frère parti camper en forêt. Promenons-nous dans les bois... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Au niveau scène d’introduction digne-des-meilleurs-films d’horreurs, on a vu mieux. Quoique la scène suivante nous montrant Sam au cimetière sur la tombe de Jess, contient une surprise de taille. Si l'on est pas contre de s'appuyer sur une situation cliché comme ici la forêt maléfique et ses campeurs malchanceux, il faut que le traitement adopté soit sinon original, du moins efficace. De fait, c'est ici ni l'un ni l'autre : sur le fond, la suite de l’épisode est assez classique, reprenant les règles habituelles de Supernatural. Sur la forme, l'on constate un cruel manque de suspense ou de pics d'intensité, malgré un David Nutter ne ménageant pas ses efforts pour faire monter la sauce (très belles vues de la forêt de Vancouver). Néanmoins, malgré quelques bons moments tels que les habituelles vannes de Dean, la très bonne interprétation de Gina Holden, ce cher Callum Keith Rennie en guide prétentieux, et des autres acteurs secondaires ainsi que la bonne volonté des scénaristes à créer du suspense, on s’ennuie un peu. Car du suspense on en a pas du tout : encore une fois, on devine tout ce qui va se passer. Les scènes dans la forêt se répètent et se ressemblent, mais on trouve quelques idées éparses : la référence aux Anasazi, les insultes de Dean au Wendigo (il gagne +10 en côte d'amour rien qu'avec ça) et surtout une comique substitution des miettes de pain par... les M&M's ! (c'est quand même du gâchis, pasque c'est bon les M&M's) L'épisode manque cependant d'humour, celui qui était si gouleyant dans l'épisode correspondant d'X-Files : Détour. L'épisode est toutefois plus réussi que l'idiotie commise par la version de Charmed. Très belle photographie, obscure juste ce qu'il faut pour limiter un budget un poil indigent, mais une première saison de série a presque toujours ce problème. La seule scène qui brise un peu la routine est le dialogue entre Sam et Dean à propos de leur père et de Jess. L'épisode trouve en effet un second souffle dans la relation entre les deux frérots, à la fois polaire - en surface - et chaleureuse - en-dessous - Sam enthousiasme comme dans le pilote par sa défiance, sa répugnance à servir la voie que le destin lui propose, tandis que Dean fêle un peu l'armure par ses motivations qui le poussent à continuer cette quête sans gratification ni gloire. Même si Jared Padalecki et Jensen Ackles sont très convaincants, cela reste bien peu. De plus, Sam et Dean mettent un temps fou à se rendre compte qu’ils traquent un Wendigo, beaucoup d’invraisemblances (donc, le Wendigo à tuer tout le monde sauf Tommy. Mouais...). En bref, on regarde l’heure toute les cinq minutes. Et ici, on n’a pas trop de bons effets spéciaux à se mettre sous la dent : le Wendigo fait très fabrication à l’ordinateur et sa mort est tout sauf spectaculaire. Mine de rien, l'on sent vraiment que la série a du potentiel, il n'y a qu'à attendre un scénario plus nerveux. La critique d'Estuaire44 : L'ambiance et les seconds rôles reconstituent de manière amusante la tonalité des films d’horreur en forêt, Supernatural s’avère déjà plaisamment référencée et bénéficie décidément d’excellents guests dès la première saison, un vrai indice de potentiel pour une nouvelle série. Le scénario se montre habile, ménageant le suspense avant de révéler le Wendigo et assurant un bon équilibre entre les actions des deux frères tout en approfondissant leurs différences vis-à-vis de la figure paternelle. Les auteurs sauront tisser une belle toile autour de cette opposition entre fils obéissant ou rebelle, jusqu’à lui conférer une dimension biblique. La mie en scène de David Nutter rsute toutefois moins intense que lors du pilote et Wendigo soufre de la comparaison avec Détour, épisode des X-Files mais au traitement davantage abouti. Anecdotes :
3. L'ESPRIT DU LAC Scénario : Sera Gamble & Raelle Tucker Oh god, we’re not going to have to hug or anything, are we ? Résumé : Une jeune fille s’est noyée, soi-disant accidentellement, dans un lac. Les frères Winchester, perplexe, se rendent sur place pour enquêter. Après une nouvelle victime qui appartenait à la même famille et qui s’est noyée dans un lavabo (!), Sam et Dean se plongent dans le passé de la famille.. Glou, glou... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Le mystère de l'énigme de ce faux monstre du Loch Ness se coule dans un épisode très classique mais particulièrement abouti. On se laisse prendre par cette histoire qui pour une fois ne joue ni sur le gore ni sur l’horreur. L’histoire pallie à sa prévisibilité par un crescendo horrifique magistralement amené, à la clef, un grand nombre de scènes haletantes : la scène finale est un vrai petit chef d’œuvre tandis que la tentative de noyade sur Andrea (sauvé in extremis par Sam... alors qu’elle est nue) bénéficient d’une réalisation hors-pair, comme très souvent dans la série. Les scènes de meurtres ne sont pas sanglantes comme d’habitude, mais elle restent tout de même assez spectaculaires, en particulier celle du lavabo. En revanche, le bateau qui se renverse, pas terrible... Le scénario a un mystère bien entretenu : nature du monstre, cible véritable, suspense véritable de l'enquête par ces fausses pistes incessantes. Les fans des X-Files et de Buffy/Angel, les influences premières de la série, seront comblés de voir dans le même épisode Kim Manners et la surdouée, la merveilleuse, la sublime, l'unique, la magnifique, etc. Amy Acker qui ne se résout pas à être mauvaise ou même simplement correcte. Non, Amy, c'est la perfection, c'est un présent pour un réalisateur, et la damoiselle insuffle une vraie émotion à son personnage. La critique d'Estuaire44 : L’Esprit du lac reste l’un des grands souvenirs de cette première saison. Contrairement à l’opus précédent, Supernatural rivalise ici pleinement avec les X-Files et leur Quagmire. Le scénario propose un joli tour d’horizon de la thématique de l’eau dans les productions d’épouvante : entrée à la Jaws, lac psychopompe à la Jason Voorhees ou infiltrations terrifiantes à la Dark Water. L’histoire traite également avec éloquence de la force indissoluble des liens familiaux, l’un des grands sujets d’une série qui reste autant une bromance qu’une odyssée dans le Fantastique. Amy Acker s’impose bien évidemment comme l’un des meilleurs guestings de la saison, aussi impressionnante qu’à l‘accoutumée dans l’expression du sentiment, que cela soit l’effroi ou le bonheur retrouvé. La palette de la talentueuse actrice se montre décidément particulièrement large et son professionnalisme aussi total pour une simple participation que pour un rôle récurrent. Elle sera loin d’être l’unique personnalité marquante du Buffyverse à participer à la série. L’épisode demeure l’un préférés de Jensen Ackles, pour le portrait de Dean mais aussi pour la première collaboration avec Kim Manners. Ce dernier se régale visiblement tout du long, avec ses scènes horrifiques toujours tirées au cordeau, ses perspectives de folie sur le lac et sa photographie hyper soignée instituant celui-ci comme lieu à part, entre ce monde et l’au-delà. L’épisode illustre à quel point Manners va devenir l’un des artisans majeurs du succès de la première époque de SPN, un moment toujours délicat pour une série. Comme commenté précédemment, SPN sera toujours bien loin d’être une superproduction, mais un grand metteur en scène n’a pas besoin d’effets spéciaux onéreux ou de plateaux somptueux pour instaurer une ambiance. Manners est en terrain connu, le lac est le même que celui qu’il avait déjà filmé pour Quagmire : Buntzen Lake, non loin de Vancouver (c’est aussi le lac de Freddy contre Jason). Anecdotes :
4. LE FANTÔME VOYAGEUR Scénario : Richard Hatem - Man. I look like one of the Blues Brothers. Résumé : Un ami des Winchester demande à Sam et Dean d’enquêter sur un étrange crash aérien : un homme aux yeux noirs aurait ouvert la porte en plein vol... Mesdames et messieurs, cher passagers, ici votre commandant de bord. Suite à une défaillance de l’appareil, nous allons mourir dans approximativement 2 minutes. Merci de bien vouloir attacher vos ceintures pour limiter la décomposition lors de l’impact. Si vous le désirez, nos hôtesses vont vous proposer des cafés à moitié prix... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Épisode mineur que Phantom traveler. Supernatural a encore du mal à trouver un ton à elle, mixant une intrigue à la Destination Finale avec un fantôme très Huile Noire, et l'épisode ne vaut pas son modèle qu'est le Tempus fugit des X-Files. Il y a une erreur de stratégie de révéler au spectateur la nature du monstre dès le début et attendre 18 minutes pour que les J2 percutent, d'où une enquête laborieuse. De plus, les Winchester qui ne chassent qu’un seul démon de « seconde classe » pendant tout un épisode, c’est inimaginable dans les saisons suivantes. Cette histoire fait très « saison 1 ». Le manque d'humour se fait vraiment sentir ici : la seule scène qui peut paraître amusante c’est Dean qui à peur dans l’avion. C’est bien peu. Cela dit, ce scénario bancal est un peu compensé par le savoir-faire de Robert Singer. Il semble qu'en ses premières heures, la série mise énormément sur ses réalisateurs, davantage que leurs scénaristes, ce qui est relativement rare au royaume de la télévision où les réalisations demeurent souvent impersonnelles : malgré l'indigence de l'effet spécial de la fumée noire, la mise en scène demeure très intense, dynamisant considérablement les scènes d'avion et de possession (bon, là, Angel a fait plus fort, mais c'est quand même réussi). Surtout, si l'on y est sensible, on peut trouver un certain agréable parfum de série B : budget fauché que la prod' tente de boucher méritoirement, nos deux héros pas vraiment sûrs d'eux – la scène où ils se font surprendre par les agents de la Homeland fait très pastiche de film d'espionnage. Les méthodes utilisées (eau bénite, exorcisme) font très préhistoriques si l’on compare au Colt où encore au couteau de Ruby (dès la saison 3), une vraie faiblesse de la saison ; mais le jusqu'auboutisme de ce point avec ici eau bénite, exorcisme latin, détecteur électromagnétique fabriqué avec deux bouts de ficelle... peut au final donner un vrai petit charme, celui des films d'horreurs fauchés que les amateurs du genre vénèrent particulièrement. La flèche du Parthe du démon sur Jessica sème un doute, ce qui permet une coda plus sombre que les deux épisodes précédents. Les débuts de Supernatural la voient encore trop inféodée à ses modèles (référence claire aux XF avec leur devise mythique), dont elle n'est encore qu'un ersatz ; mais un bon ersatz tout de même. La critique d'Estuaire44 : Épisode moins grandiose que le précédent, mains néanmoins habile. L’auteur joue habilement sur une peur des voyages en avions dont il sait qu’à coup sûr l’irrationalité sera partagée par une grande partie du public. Cela rejoint aussi cette vieille idée que le ciel demeure un territoire où les humains restent des intrus, un monde mystérieux et périlleux, aux drames échappant parfois à notre compréhension (un thème déjà fort présent dans La Quatrième Dimension, comme lors de Cauchemar à 20 000 pieds). Avec la phobie de Dean, le récit trouve aussi une explication à la fois élégante et amusante du choix de l’automobile pour les pérégrinations des Bros, là où les Américains ont très naturellement et fréquemment recours à l’aviation (l’Impala vous dit grand merci). Là aussi on mêle habilement le réel au surnaturel, car de tels passagers sont bien plus courants que ce que l’on pourrait croire. J’ai aussi apprécié comment le scénariste se débrouille pour rendre à peu près crédible le fait que l’hôtesse croit l’histoire des Winchester, ce n’était pas gagné d’avance. L’opus reste malgré tout en premier lieu un épisode de mise en scène. Effectivement c'est une dominante en ce début de série, de manière assez logique. La majeure partie de l'équipe technique sont des anciens des X-Files, tandis que Kim Manners impose un ton à la réalisation, même quand il n'est pas aux fourneaux. On a donc d’emblée un bloc performant et expérimenté, tandis que les auteurs en sont encore à roder personnages et univers, la série a déjà un atout en main, l’autre viendra progressivement. Les scènes de krach ont un bel impact et Bob Singer exploite efficacement le huis clos de l’avion. La carcasse de l’avion est fort bien reconstituée On découvre un joli éventail d’effets spéciaux, des traditionnels (la chemise s’enflammant, gros boulot du département costumes) jusqu’aux images informatiques, minimalistes, mais vieillissant bien. Évidemment le démon fait irrésistiblement songer à l’Huile Noire (à l’avenir ils revêtiront un look davantage gazeux), mais je ne pense pas qu’ici Supernatural s’inscrive ici totalement dans le sillon des X-Files. Chez Chris Carter, quand un avion s’écrase c’est lié à sa mythologie purement de Science-fiction, tandis qu’ici on se situe, comme toujours, dans le Fantastique. La nouvelle venue s’inscrit dans une famille des récits de l’imaginaire radicalement différente de celle du fil rouge des X-Files, c’est aussi une manière d’affirmer son identité. Très bonne interprétation d’ensemble, Jensen confirme qu’il est un acteur plus varié et subtil qu’il ne semble de prime abord. Il se situe déjà en progrès vis-à-vis de Dark Angel, sans même parler de ses débuts comme bellâtre. Léger regret, Brian Markinson est sous exploité, alors qu’il est formidable dans The L Word, Continuum, Sanctuary, etc. Un parallèle involontaire assez étonnant avec la tragique actualité aérienne de 2015 (le Vol 9525 de la Germanwings), en son temps le pilote d’Au cœur du complot évoquait déjà les futurs événements du 11 Septembre. Anecdotes :
5. LA LÉGENDE DE BLOODY MARY Scénario : Ron Milbauer & Terri Hughes Burton, d'après une histoire d'Eric Kripke Do I look like Paris Hilton ? Résumé : Lors d'une soirée entre copines, une jeune fille obtient le gage de prononcer trois fois le nom de "Bloody Mary" devant un miroir. Dans la même nuit, son père meurt, les yeux arrachés. Quand Sam et Dean entendent parler de cette histoire, ils décident d'enquêter. Légende urbaine... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Cet épisode est un des plus effrayants de la série. Bloody mary bénéficie d'une prise d'assurance des scénaristes. La nature des deux frères continue à s'approfondir, avec une centralisation sur Sam après trois épisodes destinés à adoucir la rugosité de Dean. La réalisation de Peter Ellis assure les moments forts. Les scénaristes utilisent ici avec succès l’une des plus célèbres légendes urbaines : Bloody Mary. Bon choix car on retrouve des éléments d'horreur excellents : le gage qui tourne mal, la silhouette dans le miroir (il y a toujours un miroir, quelle que soit la variante de la légende)... et la découverte du corps toujours bien mutilé. On commence déjà à pressentir que les cauchemars de Sam sont plus que de simples cauchemars. Malgré une enquête lente et verbeuse, on suit avec intérêt Winchesters Investigation dans leurs œuvres, avec une ingénieuse remontée des fils de l'affaire ponctuée d'apparitions à geler le thermomètre. La scène finale est une des plus impressionnantes de la série, concentrant remarquablement le folklore autour des miroirs, refuges d'esprits maléfiques – et quel rebondissement final ! Jovanna Huguet est vraiment impressionnante. On sera moins enthousiaste pour Marnette Paterson et Chelan Simmons, pas mauvaises, mais flirtant trop avec le niais : deux personnes assez idiotes pour prononcer les mots maudits, c'est au moins une de trop (la petite fille de l'intro avait l'excuse de l'enfance). C’est également une étrange coïncidence que dans le même groupe d’amies, chacune ait une mort différente sur la conscience. Jared Padalecki suit très bien une première évolution de son personnage, arpentant un chemin de réconciliation intérieure. Le soutien que lui manifeste Dean sous leurs petites piques fait chaud au cœur. Le leitmotiv de la mort de Jessica n'est pas utilisé à l'excès et reste efficace. Malgré les histoires et la Mythologie (en veilleuse) de la série, le chemin introspectif des deux frères et leur relation s'impose comme le fil rouge principal. C'est très habile qu'une série jouant autant sur le visuel ait comme fondation la plus solide quelque chose de purement psychologique ; c'est une alternative crédible au complot labyrinthique des X-Files. La critique d'Estuaire44 : On se souvient surtout des apparitions terrifiantes de Bloody Mary mais le reste du récit présente une saveur de pop-corn movie assez plaisante, on pense pas mal à Souviens toi... L'été dernier. En s'entêtant à répéter les fatidiques paroles les victimes agissent comme 95% des victimes de films d'épouvante, c'est à dire en se jetant direct dans la gueule du loup. Le cliché est poussé à l'extrême, c'est très drôle. Les Bros épluchant la presse à la recherche de l'inexplicable, comme les les Bandits Solitaires le font à la recherche du complot. Mary manque toutefois d’originalité, car composant une copie conforme de la Ring Girl, par son look et par sa sortie du miroir évoquant celle de la télé. Eric Kripke a d'ailleurs lui-même loyalement reconnu l'erreur commise. Belle performance malgré tout de l'actrice et de l'équipe maquillage/vêtements. J'ai beaucoup aimé le florilège d'effets spéciaux (sœurs jumelles et double décor symétrique, couloir apparemment droit mais subtilement incurvé pour que la caméra ne se voie pas dans le miroir, verre en sucre candi...). Le combat final reste un joli morceau de bravoure. Anecdotes :
Scénario : John Shiban - I think we're getting closer to its lair. Résumé : Une ancienne amie de Sam lui demande de l'aide. Son frère est accusé d'un meurtre horrible qu'il n'a pas commis. Il se trouvait à un autre endroit quand ce crime a eu lieu ! Les deux frères découvrent que le responsable est un polymorphe (Shapeshifter ou Skinwalker en VO), une créature capable de prendre l'apparence d'autres personnes pour commettre des crimes. Les choses se compliquent quand le monstre prend l'apparence de Dean pour continuer sa série de meurtres... Dean... & Dean La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Cet épisode commençait pourtant par une des meilleures scènes d’introduction de la série : pas d’ambiance film d’horreur, pas d’assassinat sanglant ou d’effet gore (juste un peu de sang), non ! Juste de l’inattendu, car cette scène d’introduction est un flashforward (procédé souvent utilisé dans les séries télévisées et qui informe le spectateur d’éléments futurs). Tout le début est construit sur un moule semblable aux épisodes précédents, si ce n’est quelques petites différences, dont l’utilisation d’une ancienne amie (ou petite amie) d’un des deux frères : ici c’est Sam, mais Dean y aura aussi droit dans Route 666 cette même saison. Malheureusement, tout se gâte ensuite... Il est difficile de garder de l'intérêt passée la dixième minute tant le moule de l'épisode est d'un académisme intégral : chasse infructueuse, possession du héros 1, héros 2 KO, évasion du héros 2, liaison avec le flashforward initial, dernière attaque du monstre, explication de gravures finale... tout cela était visible dès le début du récit. L'option humoristique prise par Vince Gilligan dans Small potatoes était bien plus porteuse et iconoclaste (mais Supernatural n'en est qu'à ses débuts et ne peut stratégiquement proposer déjà un épisode parodique, il faudra attendre un peu), d'autant que le monster of the day n'est à aucun moment vu comme un miroir inversé de Dean, qui aurait révélé sa face plus sombre, et n'est là qu'en tant qu'opposition. Le happy end est un peu trop éclatant pour un épisode aussi ténébreux qui nous a donné un aperçu des ténèbres de Dean, ce que Kripke va comprendre assez rapidement, car il va à l'avenir plus oser des fins malaisées, voire carrément noires. L'indigence du budget pénalise aussi les efforts de Robert Duncan, jusqu'à nuire au féroce combat "fratricide" final. Quelques bons points toutefois : Jared Padalecki et Jensen Ackles réalisent ici un numéro assez impressionnant. Quand à Amy Grabow (Rebecca Warren), son jeu est très correct. Mais attention, ces remarques élogieuses de ma part ne sont valables qu’en VO. En effet, si le doublage français est souvent de qualité, ce n’est pas le cas ici. Donc, si on veut apprécier la qualité de Faux frère, il est capital de le regarder en version originale. A noter aussi de très bons effets spéciaux, comme la transformation très gore de ce dernier (Leonard Betts est renvoyé loin derrière !). On sent que la série est très à l'aise dans l'horreur goûtue, et on attend de voir comment elle va s'en servir à l'avenir. La critique d'Estuaire44 : Le scénario s’en tient à la figure bien balisée du Métamorphe, Shiban n'a pas visiblement voulu se lancer dans un combat qu'il ne pouvait pas gagner. Oui, les Métamorphes, Lycantropes ou Changeurs de formes ont accumulé tous les clichés possibles tout au long de leurs innombrables participations dans les séries fantastiques ou de Science-fiction. Il était impossible de faire du neuf, d’autant que le sujet n’a pas la richesse narrative du Vampire par exemple. Je pense que l’auteur n’a dès lors pas cherché à jouer sur le séquençage des événements, en effet tout à fait classique, mais s’est concentré plutôt sur l’atmosphère. En accentuant sur la noirceur, les endroits sinistres et claustrophobiques ou encore en dotant le Monstre de la semaine d’une vraie personnalité de serial killer, autant un client pour Frank Black ou Dexter que pour les Bros. Cela s’appelle une stratégie d'évitement mais je la trouve plutôt bien menée (même si Shiban aurait pu faire plus fort sur l’aspect parano, surtout en provenance des X-Files), et relayée efficacement par la mise en scène, notamment dans la scène pré générique bien horrifique ou lors de la transformation. La bande son s’avère derechef très réussie Encore une fois Supernatural fait de faiblesse vertu, en optant pour les trucages traditionnels plutôt que les images générées par ordinateur. C’est superbement fait et supporte la comparaison avec l’équivalent mémorable du film Le Loup-garou de Londres. Après on peut se demander si un épisode Shapeshifter s’imposait réellement, mais c’est une figure très présente dans le folklore nord-américain, déjà présente chez les Amérindiens, avec les guerriers esprits changeurs de peau. Cela fait donc partie du cahier des charges de la série, et ce n’est d’ailleurs pas le dernier opus du genre... Par contre, l’actrice jouant l’amie de Sam apparaît assez empruntée et manquant de naturel, mais il est difficile d’être à niveau avec les diverses excellentes guests de la saison. Belle performance des interprètes principaux dans le combat les opposant, Cela n’y va pas avec le dos de la cuillère, on devine un important travail de préparation. Anecdotes :
7. L'HOMME AU CROCHET Scénario : John Shiban - Told him you were a dumb-ass pledge and that we were hazing you. Résumé : Lorsqu’un adolescent est retrouvé éventré et pendu par les pieds, les frères Winchester partent enquêter. Ils pensent à la célèbre légende urbaine de « l’homme au crochet ». Après un second meurtre, Sam et Dean découvrent un point commun entre les victimes : une jeune fille nommée Lori. ...Ou le jumeau démoniaque du capitaine Crochet... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Voici un épisode très divertissant, nouvelle preuve que les scénaristes de Supernatural savent y faire avec les légendes urbaines... un scénario à suspense, un bon whodunit, un affrontement climatique, un monstre saignant à point, un bon débit de vannes entre les bros, une mise en scène très affûtée... Après l'introduction évoquant le Phases de Buffy (le crocheteur remplaçant le loup-garou), on se laisse prendre à une enquête adroite grâce au distinguo de Shiban : on sait vite qui est le monstre, mais justement, on ne sait pas qui il est réellement ni comment il agit. Une double interrogation qui tient l'épisode dans une atmosphère menaçante ponctuée par ces toujours savoureux dépeçages, un atout que la série balbutiante a assuré d'entrée. L'enquête sait dérouler ses twists a tempo pour relancer l'histoire avec des perspectives horrifiantes de plus en plus fortes, jusqu'à l'affrontement final. On salue l'ingénieux rebondissement ironique de la croix, talisman contre les forces du mal devenant ici le pouvoir même du démon ; un détournement sacrilège très audacieux. L'épisode développe parallèlement une attaque fulminante contre l'influence funeste du puritanisme religieux sur les jeunes esprits, d'une manière plus aboutie que le Where the wild things are de Buffy. En effet, c'est le déchirement entre les désirs de Lori et son éducation rigoriste qui sont la boîte de Pandore de l'épisode. Cet affrontement entre les instincts naturels et une religion dévoyée, en plus d'être une excellente analyse des désirs humains contrariés, surtout chez les adolescents se coule bien dans cette série trash métal. Pour en revenir au scénario, il est pratiquement parfait en fait : le suspense sur celui qui contrôle l’homme au crochet, la scène finale, prenante, et la réalisation impeccable. Les interventions de Captain Bloody Crochet, bien qu'analogues à l'arracheuse de mirettes, sont bien frissonnantes. Ceux qui sont en manque de meurtres sanglants vont être ravis. Dan Butler est lui aussi impressionnant. La mise en scène de David Jackson et cette photographie bien dark siéent si bien aux joyeusetés en tous genres de la série. L'auteur fait évoluer Sam en développant son côté compassionnel. Quant à Dean, il fait bien rigoler avec ses vannes continuelles ou lorsqu'il ronchonne à la party ou au cimetière. Un seul regret : ce n'est pas gentil d'évoquer une naked pillow fight sans la montrer à l'écran... La critique d'Estuaire44 : On apprécie le recours à une légende urbaine très populaire aux USA, cela renouvelait les thématiques de la série et variait les plaisirs. Le vrai twist a résidé dans le développement de l’idée originelle, on s’attend à un Popcorn movie rigolard, pas du tout. L’un des soubassements de Supernatural est l’exaltation de la Liberté, que cela soit par l’affirmation du libre arbitre, même face à la volonté divine, par un appel de la Route assez semblable à celui des Beatniks ou par les rapports entre John et ses deux fils. Supernatural reste bien entendu l’une des séries où souffle le plus l’Esprit du Rock’n’Roll. Ici on traite avec finalement beaucoup de sensibilité mais aussi de courroux, des conséquences perverses du puritanisme, inséparable de l’histoire de l’Amérique, y compris concernant la liberté sexuelle. On s’aperçoit que le choix du Hook Man est tout sauf gratuit car, en fait, dans la légende urbaine originelle, son action n’a pas tant de tuer, que d’empêcher les jeunes gens de commettre le péché de chair. La résonance avec le parcours des personnages du jour est astucieusement trouvée. Le symbole de la véritable nature de la croix parle de lui-même. Un engagement assez audacieux pour une série n’en étant encore qu’à ses débuts et dont l’un ds autres thèmes est la puissance, parfois coercitive, du lien familial. Évidemment le plaidoyer n’empêche pas l’opus de représenter un spectacle horrifique aux petits oignis, avec un antagoniste bien flippant de sa race et un joli suspense. Très bonne interprétation. L’opinion de Kripke m’étonne, peut-être est-ce du à un tournage compliqué, marqué par un remplacement du metteur en scène car le premier ne parvenait pas à faire assez peur. De mémoire le résultat final est tout à fait à la hauteur. Je crois que c’est l’une des premières fois que des fusils sont chargés au sel, l’une des substances anti esprits les plus populaires du show. Oui, Jensen sera particulièrement à l’aise dans les épisodes humoristiques et décalés, ils ne vont pas manquer et deviendront plus fréquents au fil de la série. Anecdotes :
Scénario : Rachel Nave & Bill Coakley Résumé : Après être tombé dans un trou, un ouvrier est retrouvé le cerveau dévoré de l’intérieur. Entendent parler de cette mort plutôt hors du commun, les frères Winchester partent enquêter... Bzzzzz....Bzzzzz.... La critique de Clément Diaz et Cetp65 :
Épisode mineur mais efficace. Comparée aux gros méchants des légendes, une invasion d'insectes non commandée par un génie du mal semble sans saveur. Alors que Supernatural trouve sa voie dans ses gros démons bien saignants, le sujet se rapproche plus d'X-Files qui avait déjà traité ces invasions avec plus de réussite, notamment avec war of the coprophages. Les auteurs font montre de compassion envers la tragique histoire des native americans. On note des effets gores avec l’introduction ou encore la deuxième mort, avec les araignées qui sortent par centaines de la douche ....Brrr !!! Pas mal d’autres scènes intéressantes avec le vieil indien par exemple (Jimmy Herman, habitué à ce genre de rôles) ou amusantes lorsque tout le monde prend Sam et Dean... pour un couple – première vanne sur le « Wincest » début d'un séculaire running gag de la série. Les acteurs secondaires sont tous très bons. Mais malgré cette intrigue originale, on ne peut que regretter l’absence de réel adversaire ; les insectes, bien que redoutables, n’en constituant pas un. Et l’explication à tout ça (une malédiction indienne) ne compense pas l'absence de Diabolical Mastermind, c’est un peu facile... L'enquête des Winchester est assez palote, se promenant d'un endroit à l'autre jusqu'à tomber sur la solution plus ou moins par miracle. L'intérêt vient du conflit plus ouvert entre les deux frères : entre Sam l'enfant prodigue et Dean le fils modèle, ainsi que leur rapport au père, subsiste une fêlure que le temps ne comblera totalement, une belle gravité qui humanise des personnages qui doivent encore dépasser l'état d'esquisse. Heureusement, en dépit de ce script assez mou, il y a l'immense Kim Manners. Dans les bonus d'X-Files, Manners avait dit qu'on faisait désormais appel à lui dans les épisodes à insectes depuis qu'il avait réussi à se faire obéir d'une colonie de cafards dans cette série. Effectivement, il était le choix tout désigné ! Il déploie tout un climat de terreur. Son savoir-faire explose lors de la cataclysmique attaque de minuit, une longue et cauchemardesque scène de six minutes qui compte parmi les plus terrifiantes que l'on peut voir à la télévision. Bien que Manners fut le meilleur réalisateur d'X-Files (avec Bowman et Carter, sur un mode différent), Supernatural reste bien la série dans lequel il peut faire montre de tout son talent. Par contre, il est censé être minuit lorsque de l'attaque finale et six minutes plus tard, il fait jour ?!! Euh, les auteurs auraient pu avertir que le Docteur avait donné un petit coup de pouce à nos héros ! Ils ne savaient sans doute pas comment boucler l'histoire en fait. La critique d'Estuaire44 : Le scénario joue sur les différentes légendes urbaines liées aux insectes, très populaires aux USA (les Creepy Crawlers). Pour le reste il ne m'a pas marqué plus que cela, quoique le cimetière indien c'est tellement cliché que cela en devient rigolo. La scène finale m'a aussi impressionné, mais elle n'a pas plu à Kripke, tandis que Manners lui-même regrettait de ne pas avoir eu le temps matériel de vraiment la fignoler. Il regretta notamment d'avoir recouru aux images informatiques pour assister les centaines d'abeilles effectivement présentes. De fait ce genre d'ennemi parait moins fort que les humanoïdes doués de raison, avec lesquels davantage d’interactions peuvent se créer. C'est aussi pour cela que la série privilégia par la suite cette option, vis-à-vis du type d'épouvante mis en scène par l'épisode. Ce changement se fera pour le plus grand plaisir d’Ackles et Padalecki, pour qui le tournage de La vallée maudite s‘avéra particulièrement éprouvant. Anecdotes :
9. LA MAISON DES CAUCHEMARS Épisode Mythologique Scénario : Eric Kripke Résumé : Après avoir fait un rêve étrange, Sam persuade Dean de retourner dans la maison de leur enfance, là où leur mère est morte 22 ans plus tôt. Ils découvrent que la demeure pourrait être hantée et que les nouveaux habitants (une mère et sa fille) sont peut-être en danger. Les deux frères font alors appel à Missouri Moseley, une voyante. Home Sweet Home... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Devant développer son univers et son identité visuelle, Supernatural se concentre en début de partie sur des loners, entraînant une certaine impatience quant à sa Mythologie mise sous cloche. Les X-Files avaient rapidement pris le mors aux dents en alternant d'entrée ces deux types d'épisode. Heureusement, Home délivre une avancée de cette Mythologie via un épisode de fort bonne tenue, indispensable à la bonne compréhension de l’intrigue ; en particulier pour la révélation finale. Commençons d’abord par les points positifs de l’épisode : le premier qui vient en tête est bien entendu l’impressionnant casting. Kristin Richardson rend attachant son personnage de mère courage. Loretta Devine lui vole toutefois la vedette en excentrique voyante en mode Whoopi Goldberg. Sa fameuse réplique Boy, you put your foot on my coffee table, I'm gonna whack you with a spoon ! est devenue culte chez les fans. A noter que la VF traduit par Oh ne posez surtout les pieds sur ma table à café où je vous change en crapaud ! Mouais... Eric Kripke lance deux roulements de tambour : le "pouvoir" de Sam et le retour dans la maison infernale. L'auteur use avec habileté des objets du quotidien devenant soudain des objets de mort ; on se croirait devant un remake démoniaque de Allez-vous en Fintchley ! de la Twilight Zone. Le tout se déroule avec une belle variété d'effets, du gore de chez gore à la terreur psychologique en passant par le suspense diabolique. Le tout est orné de belles trouvailles comme ce singe à cymbales, peut-être l'image la plus flippante de l'épisode. Parmi les scènes les plus effrayantes et horribles (donc les meilleures) : l’introduction, le petit dans le réfrigérateur, le plombier qui se fait découper la main dans le broyeur à ordures (OUCH ! cliché certes, mais toujours efficace). De bonnes scènes d’action également quand le poltergeist attaque Sam et Dean. Mais l’épisode doit surtout être vu pour sa révélation finale. On peut à ce moment penser que Kripke a déjà bien en tête le fil rouge général, ce qui est toujours indispensable dans ce genre de séries. Dans Bloody Mary, on avait appris d’étranges choses au sujet de Sam, mais le tout restait assez flou. Le sujet est ici plus approfondi. Passons maintenant aux quelques points négatifs, concentrés surtout dans le dernier acte, qui relâche trop la tension. L'attaque finale se colle assez mal à l'intrigue, tandis que l'apparition finale du spectre de feu est trop courte pour apporter quoi que ce soit. Cette apparition deus ex machina minore pas mal le travail des bros. De plus, l’explication finale est un brin tirée par les cheveux. Mais un bilan plutôt positif au final. La critique d'Estuaire44 : Il était grand temps que survienne un épisode mythologique. Le fil rouge sera plus présent en seconde partie de saison, le Big Bad se manifestera d’ailleurs directement dans l’arc final de celle-ci. L’épisode ne se contente pas d’introduire des éléments qui serviront par la suite (dont le pouvoir parapsychique de Sam) mais apparaît en lui-même comme réussi, avec une relecture divertissante du film Poltergeist. Rien ne manque, maison inquiétante, esprit hostile, enfants, medium pittoresque mais sagace. L’apparition de John apporte un joli, twist final. L’épouvante sait varier les plaisirs : gore avec le broyeur (scène horrifique préférée de Kripke cette saison), à suspense avec le frigo, dans le suggéré avec les « rats », à effets spéciaux avec l’étonnant spectre igné. Un spectacle de qualité, même si légèrement frustrant du fait qu’en définitive les Bros ne règlent pas l’affaire eux-mêmes. Les trois actrices invitées sont chacune très attachantes à leur manière, le récit revêt grâce à elles une vraie émotion et ne se contente pas d’aligner les faits d’armes. Quelques allusions oujous appréciées à Stephen King, avec la référence au Shining ou le diabolique singe à cymbales, directement issu de sa nouvelle Le Singe. Anecdotes :
10. TERREUR À L'ASILE Scénario : Richard Hatem The only thing that makes me more nervous than a pissed off spirit is the pissed off spirit of a psycho killer. Résumé : Après avoir fait une ronde dans un asile psychiatrique abandonné, un policier abat sa femme sans aucune raison particulière, puis se donne la mort. Les frères Winchester, guidés par un texto de leur père, partent enquêtent dans l’ancien hôpital... Huis-clos terrifiant.. La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Très aimé des fans par son sujet horrifique et bien claustrophobe, on peut trouver pourtant bien des raisons de ne pas être emballé par Asylum. Pourtant, le scénario part d'une bonne idée car s'il y a bien des endroits où la folie sanglante règne, c'est bien les asiles abandonnés, siège des esprits les plus tordus. Comme un grand nombre d’épisodes de cette saison, l’ambiance est très sombre. Les W2 n'enquêtent véritablement qu'à l'issue d'un interminable premier acte. Si le twist de la nature des premiers esprits est bien trouvé, cela réduit malheureusement l'opposition à une seule véritable figure, qui se contente d'errer dans les dernières minutes. Les grands méfaits du monster-of-the-week sont seulement évoqués et son esprit apparaît plus pathétique qu'effrayant ; il se rattrape avec son maquillage assez dantesque et son affrontement final. Il faut avouer de plus qu'on ne goûte pas beaucoup de surprises dans cette histoire linéaire, des fausses alertes jusqu'au duo d'amoureux suffisamment crétin pour se promener la nuit. Heureusement, la jolie fille - magnifique Brooke Nevin - se montre plus courageuse que le mâle et permet de briser quelque peu la figure de la damsel in distress. Leurs personnages, typique des films d’horreurs, sont assez sympathiques, mais par leur présence, perturbe la vadrouille des frérots et réduisent la saveur du huis-clos. La musique, incontournable dans ce genre d'épisodes, est malheureusement aux abonnées absentes. La majeure partie de l’épisode se déroule dans les décors inquiétants et très réalistes de l’asile psychiatrique abandonné. Ce qui nous offre une atmosphère angoissante, voir terrifiante. La mise en scène de Guy Bee exploite très bien le décor. On peut égalemment noter l’aspect effrayant des esprits qui hantent l'asile, décomposés à en faire peur. Il n’y à rien à dire côté effets spéciaux, non plus : c’est parfait ! Sur un autre plan, le relationnel répond à l'appel pour maintenir l'intérêt d'une histoire inégale. Le fossé entre les deux frères semble s'élargir lors de la première dispute dans la chambre. Le tempérament protecteur de Dean, expression de son amour fraternel, ne serait-il pas aussi égoïste ? Il est vrai qu'il a toujours dirigé les opérations, ce qui a pu accumuler de la rancune jalouse chez Sammy. À ce titre, leur confrontation est un des moments les plus forts de l'épisode, avec l'image de Sam pressant la détente. Il n'est pas anodin que le départ traditionnel en voiture soit beaucoup plus malaisé. Enfin, l'épisode injecte de multiples citations de films par Dean qui commence à montrer sa geekside. Les dialogues se montrent aussi plus vifs qu'à l'accoutumée. La critique d'Estuaire44 : On se souvient surtout de cet épisode pour son superbe décor, claustrophobique, horrifique et labyrinthique à souhait. Un travail extrêmement soigné, à l’image des coiffures, maquillages, accessoires et autres effets spéciaux. Je pense que le pari a été fait de réaliser un épisode essentiellement visuel, unifiant ces divers savoir-faire. Le pari a peut-être été jusqu’au-boutiste en sacrifiant la musique pour ne jouer que sur ce décorum, comme une démonstration de force. Évidemment c‘était très casse-gueule, surtout avec la bande-son en or massif que déroule la saison depuis son commencement, mais on aime bien la prise de risque artistique, les couleurs remplacent la musique, c’est presque expérimental. L’histoire reste très prévisible en soi, mais le parti pris de l’épisode limite cette nuisance. Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : John Shiban, d'après une histoire de Patrick Sean Smith Résumé : John Winchester envoie à ses fils les coordonnées d’une petite bourgade. Sur le trajet, Sam et Dean se disputent violemment et se séparent : Dean suit les coordonnées laissés par son père tandis que Sam part en Californie pour tenter de retrouver ce-dernier. Sur le chemin, il rencontre une étrange jeune femme nommée Meg. Mais lorsque Dean se retrouve pris au piège pour servir de sacrifice, Sam part pour lui venir en aide. Première apparition de Meg Masters... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Dès la formidable introduction cauchemardesque, on pressent qu'on va assister à un épisode de haut niveau. Effectivement, Scarecrow répond aux attentes générales en exploitant une figure assez mineure dans l'horreur : ces fameux épouvantails ici décrits comme avatars corporels de Dieux païens qui n'y vont pas de main morte (ou de crochet mort) quand il s'agit parler d'hémoglobine. La thématique du justicier devant protéger un innocent contre son gré et cherchant un moyen de s'introduire légitimement dans sa vie est source d'un excellent suspense : Tru Calling en a fait un excellent moteur d'histoires. Ajoutez-y des joyeux lurons prêts à vous tabasser si vous vous montrez tout insistant, et un héros privé de son coéquipier, et la tension se maintient tout le long. La parabole sur l'aveuglement fanatique qui dévoie la notion de sacrifice pour "le plus grand bien" n'est certes pas de la première originalité, mais l'effroi devant cette déshumanisation demeure intacte à chaque version un tant soit peu appliquée. Supernatural capitalise beaucoup sur ces riants villages de campagne, dont le charme rustique et l'ambiance country se couplent fort bien à ces légendes macabres. Le village et le verger, malgré un budget tirant la langue, se voient fort bien exploités. L'épisode doit énormément à Kim Manners, trouvant toujours les angles et les plans les plus anxiogènes à chaque situation. Violente frustration toutefois par une résolution bâclée. Quelques scènes retiennent l'attention comme la dispute entre Sam et Dean (Ackles et Padalecki sont au meilleur de leur forme), le sanglant massacre final ou encore le cliffhanger qui ne sera pas résolu avant Daeva (1-16). Tom Butler et tous les autres acteurs secondaires sont vraiment exceptionnels. L'épisode prend un risque de creuser les dissensions entre les deux frères jusqu'à une première rupture, mais la performance très émouvante de Jensen Ackles dans un registre pourtant plus proche de son partenaire rend fort bien le déchirement de la séparation sous la bravade de façade, et la joie des retrouvailles. L'attraction du jour est bien sûr Meg Masters, campée par une excellente Nicki Aycox, qui va devenir un personnage très jouissif de cette première saison. On bat des mains lors du twist final : une énorme Conspiration soit à l’œuvre, et observe notre duo. Oui, Ils sont parmi nous, They're watching, il n'y a qu'une règle Resist or serve, etc. D'ailleurs, le Fumeur est en guest star, ils ne peuvent plus camoufler la vérité !! Supernatural lance à son tour sa Conspiration, en remplaçant les Aliens par les Démons, ce qui promet un traitement plus... saignant. On en redemande déjà. La critique d'Estuaire44 : Certes le morne bûcher final reste une triste manière de conclure les débats (rien à voir avec ceux de Mélisandre !). On aurait assurément préféré un mano à mano final entre l’épouvantable épouvantail et les Bros retrouvés. Mais le budget ayant déjà financé pas mal d’extérieurs, y compris de nuit, la série atteint ici ses limites. L’Epouvantail reste particulièrement remémoré par les fans (il sera repris dans l’épisode 200) car il est le premier de ces Dieux païens que l’on va retrouver tout au long de la série. Malgré tout le talent de Manners et des techniciens et artistes de la série, l’Epouvantail n’est à mon sens pas le meilleur, du fait de son mutisme et de son manque d’interaction avec les Winchester. Les suivants seront également tous friands de sacrifices humains mais aussi volubiles et mégalos, de bons psychopathes pour des épisodes souvent réjouissants. L’idée des dieux arrivés en Amérique par les croyances et les traditions des migrants se retrouve dans le chef d’œuvre qu’est le roman American Gods, de Neil Gaiman, probablement le grand inspirateur de SPN pour toutes ces histoires. On y trouve une histoire d’ailleurs très proche de celle de l’épisode. Le récit joue joliment des petites villes étranges chères à La Quatrième Dimension, le deux séries se rejoignent d’ailleurs par leur attachement à l’Amérique profonde. J’aime bien aussi la saveur X-Files de l’opus, avec Kim Manners dirigeant de nouveau William B. Davis, évidemment dans un rôle de félon couvrant une machination. Noblesse oblige. Dean n’est pas assez parano, ça s’apprend. Les inquiétants vergers de noisetiers sont aussi ceux de Shizogony, situés à Hazelmore farms, près Vancouver (pour Hazelnut, noisetier en angalis). Le scénario évoque aussi celui de La Main de l'Enfer, où un groupe vénère aussi une entité démoniaque for the Greater Good. Le scénario installe habilement un parallèle entre la brouille des deux frères, toujours aussi excellemment interprétés, mais formant toujours une famille, à la dissolution abjecte de celle basée sur le mensonge. Plusieurs moments forts, comme l’ouverture qui déchire tout, l’appel du Père bouleversant les deux frères, Sam qui s’affirme par la révolte ou Dean tentant désespérément de faire passer le message aux oies blanches destinées au sacrifice. Les victimes de ce genre de productions désirent vaiment mourir, c’est sûr. Une dimension mythologique vient parachever l’ensemble. On devine tout de cuite que cette sympathique jeune femme reviendra un de ces jours rendre une petite visite. Effectivement Meg Masters est là pour un bon bout de temps. Kim Manners s’est déclaré particulièrement ravi de son arrivée, car il militait pour l’installation d’une mythologie dont selon lui la série avait désespérément besoin. Compensant le final manquant de punch, le téléphone infernal est une bonne idée. Pour le coup on pourra vraiment dire qu’il y a de la friture sur la ligne. Anecdotes :
Scénario : Sera Gamble & Raelle Tucker I'm not gonna die in a hospital where the nurses aren't even hot. Résumé : Lors d’une chasse, Dean est mortellement blessé, et n’a plus que quelques heures à vivre. Pour le sauver, Sam l’emmène voir un certain Roy Lagrange, qui guérit miraculeusement les gens... Émouvant... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Sans doute le premier grand chef d’œuvre de la série, qui après 11 épisodes, ose enfin s'aventurer sur le terrain le plus difficile, mais sur lequel on juge la valeur d'une série : l'émotion. La sensibilité religieuse de cet épisode singulier est d'une force émotionnelle saisissante. De fait, au beau milieu d’une première saison très sombre, Faith apparaît comme un « éclaircissement ». Sera Gamble et Raelle Tucker bombardent leur script de questions éthiques et religieuses puissantes, et s'éloignent judicieusement de la version X-Filesienne (L'église des miracles), et ici avec plus de réussite que leur modèle déjà bon. Les scénaristes nous servent une histoire passionnante, mélange de fantastique et de religion, ce qui sera beaucoup utilisé dans la série à partir de la saison 4 avec l’apparition des anges. Le dégradé progressif de l'horrible situation se fait avec un suspense et un sens du tempo très maîtrisés, avec ces apparitions terrifiantes du Reaper local, aussi mutique qu'implacable ; le final où Dean est dans le collimateur est d'un suspense effroyable. Cette idée "d'une vie pour une vie", bien que pas nouvelle, est ici remarquablement traitée ; la terrible éthique de la situation fait mal. Le complexe de culpabilité de Dean qui doit faire face au "meurtre" commis pour lui sauver la vie, et le déchirement de ce dernier lorsqu'il empêche la guérison de Layla sont aussi très forts. Si nos bros ont pris une décision certainement juste, le prix à payer reste lourd. La réalisation d’Allan Kroeker est inspirée, mais le plus grand atout de cette historie demeure sa guest principale : Julie Benz. L'on est enchanté que Supernatural, après X-Files, convoque un mémorable guest du Buffyverse. Et d'ailleurs, l'actrice retrouve certaines intonations de Darla lorsqu'elle trouve sa rédemption (le final du The Trial d'Angel a manifestement inspiré la coda, elle n'en est pas moins déchirante). Elle interprète Layla magistralement, et nous fait passer beaucoup d’émotion. A son unisson, Jensen Ackles nous livre ici une de ses meilleures prestations de la série. On aime l'ironie à la Bernanos où le Révérend prétend guérir au nom de Dieu quand en fait, ce sont des forces noires qui sont à l’œuvre. Mais par-dessus tout, l'épisode se montre audacieux dans sa mise en pièces de la vision anachronique du Dieu rétributeur qui juge les hommes. Une vision incarnée par la foi dévoyée du fanatique Big Bad qui pourtant ne fait qu'agir par amour, un amour sincère qui le pousse jusqu'au satanisme assassin, ce qui ne fait que complexifier son portrait. Dean fait face à sa haine de lui-même lorsqu'il se juge indigne d'être guéri. Les événements répondent à sa question : pourquoi lui et pas Leyla qui "méritait" plus que lui de guérir ? Parce que le soleil brille pour tout le monde, même pour les non-croyants ; Dieu ne juge pas et ne fait pas de favoritisme. La sublime scène finale voyant Leyla consoler Dean (comme Darla consolait Angel) en n'éprouvant nulle haine, et reconnaissante envers la vie, sans peur ni révolte de la mort prochaine... est à en pleurer d'émotion. Le bouleversement de Dean, promettant de prier, est une manière magnifique de terminer cet épisode qui a misé à fond sur l'émotion sans abdiquer son identité d'horreur. Supernatural montre avec cet épisode qu'elle peut aller au-delà du divertissement. La critique d'Estuaire44 : Un épisode fort et singulier, abordant le thème de la Mort avec sensibilité alors qu’elle n’était apparue jusqu’ici que comme point d’orgue de scènes horrifiques l’approche très humaine s’effectue selon un scénario particulièrement riche, envisageant également une différentiation plus complexe que d’habitude entre le Bien et le Mal. Les Winchester doivent trouver une voie étroite et difficile entre des impératifs moraux conciliables non sans prix à payer. Ce récit irrigué par la foi chrétienne se situe idéalement en début de série, avant que Kripke n’ait développé sa propre vision de la Divine Comédie (y compris pour les Faucheurs et leur patron en personne), le récit et ses interrogations en résultent universels. L’épisode doit évidemment beaucoup à Julie Benz, à la présence toujours aussi forte à l’écran. L’au-revoir à Dean demeure l’un des scènes les plus émotionnellement fortes de la série et une évocation lumineuse du mystère de la Foi, loin de ses aspects dévoyés par le fanatisme. Oui, les auteurs ont certainement songé à Darla, qui a effectué le choix diamétralement opposé à celui de Leyla, reniant Dieu et acceptant de devenir un monstre aux mains du Maître, pour échapper à ce qui lui semble être l’anéantissement. Le parallèle entre les deux figures s’avère très éloquent sur la portée de nos actes. L’épisode est l’un des référés de Kripke et de Singer, instituant la relation entre l’homme à Dieu et le libre-arbitre comme l’une des thématiques centrales de la série. Le fait de n’avoir subi aucune censure sur un sujet toujours délicat incita Sera Gamble à s’investir davantage dans une série où elle allait prendre une importance croissante. Anecdotes :
Scénario : Brad Buckner & Eugenie Ross-Leming Résumé : Cassie, une ancienne petite amie de Dean, demande de l’aide à ce dernier : des gens de couleurs ont été assassinés par ce qui semble être...un camion. Les deux frères Winchester se rendent sur place pour enquêter. Le camion fantôme... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Après le voyage mortello-spirituel de l'épisode précédent, le retour sur Terre se fait sentir avec cet opus certes louable pour son attaque du racisme, fléau indissociable de l'histoire des Etats-Unis, mais au scénario... ronronnant. De fait, les auteurs semblent plus s'intéresser aux retrouvailles de Dean avec son ex. Une option valable, mais ce mélo se voit plombé par un manque d'alchimie entre Jensen Ackles (pas en très grande forme ici) et Megalyn Echikunwoke, cette dernière ayant d'ailleurs un jeu très limité ici. Comme il ne se passe rien si ce n'est des ressassements faciles du passé ou des réconciliations sur l'oreiller - gâchés par une photographie trop obscure - ce pan de l'histoire prend de la place et immobilise l'impetus de l'épisode. Toutefois, c'est assez amusant de voir notre dur-de-dur de Dean avouer qu'il a bien un p'tit cœur qui bat (et de bons goûts), car il en fait tellement un max quand il se la pète que le contraste marche très bien. L'intrigue du jour ne vaut guère mieux, cette histoire de malédiction venue de l'au-delà en plus de ne pas être convaincante et prévisible, forme un doublon avec Dead in the water, et l'effet du cadavre noyé entraînant ses victimes est quand même plus massif que le gros truck qui démolit tout. Une fois l'effet de surprise passé, le procédé s'use assez vite, même si plutôt original (on se croirait devant une version plus bourrine du Duel réalisé par Spielberg). L'explication est un poil tirée par les cheveux et quelques scènes pas du tout nécessaires frisent le ridicule, sans oublier une interminable confession de témoin. Quant à la résolution finale, elle frustre par sa fin pas très crédible et brutale, sans vrai mano a mano. L'évocation si américaine des longues routes campagnardes et de ses villages reculés demeure en filigrane. Heureusement, l'épisode trouve une planche de salut par la réalisation expérimentée de Paul Shapiro, qui parvient à passer quelques frissons lors des attaques de nuit, et distille merveilleusement une pincée d'angoisse dans chaque scène de suspense. La critique d'Estuaire44 : On conserve un bon souvenir du spectre automobile, également de découvrir cette fois l’Impala plongée au cœur de l’action. Toutes les scènes automobiles ont un vrai impact. La première version du script en contenait nettement plus, mais Kripke a du en rabattre finances obligent. On sent que le scénario a été colmaté à la hâte pour remplir les trous en résultant. Pour le reste la saison continue à visiter les plaies de l’histoire américaine, aussi bien que sa géographie. Après le puritanisme ou les communautés fermées, on trouve ici le racisme, traité sans trop de pathos. Les auteurs essaient de renouveler la justification de l’arrivée des Bros, au-delà des sempiternels articles de presse. Le coup des ex ou des copines de fac (pour Sam) , ce n’est clairement pas la meilleure solution, cela fait terriblement artificiel. J’étais content de retrouver Megalyn Echikunwoke , je l’avais bien aimé dans les 4400, ici elle se maintient dans un registre très convenu, à l’aune du personnage. Je me souviens aussi que c’est dans cet épisode que j’ai remarqué pour la première fois les pittoresques ou étranges motels dans lesquels descendent les Winchester. L’équipe technique et artistique va se faire plaisir tout au long de la série sur le sujet, avec des résultats parfois impressionnants. En plus cela correspond réellement à une tradition américaine. Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : Sera Gamble & Raelle Tucker Résumé : Après avoir fait un rêve où il voyait un homme assassiné par un esprit, Sam convainc Dean de l’accompagner pour empêcher le drame, mais ils arrivent trop tard. Les deux frères enquêtent, mais voila que le frère de la victime se fait assassiner à son tour... Immanquable... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Il semble patent que les auteurs connaissent leur Angel. Un quidam qui n'a rien demandé assailli soudainement de visions psychiques qui lui donne l'occasion de sauver un innocent des griffes du mal, et devant vider trois tubes d'aspirine après ? On t'a reconnue Cordy ! Comme dans pratiquement tous les épisodes de la saison, le suspense est présent de A à Z, en particulier dans la scène finale, haletante comme jamais. Les deux excellents seconds rôles principaux, Brendan Fletcher (Max) et Beth Broderick (Alice) crédibilisent cette scène. Le twist du whodunit produit un très bon effet théâtral ! A noter les très bons effets gores dans le deuxième meurtre, la décapitation à la fenêtre (pourquoi croyez-vous qu’on les appelle ‘’fenêtres à guillotine’’ ?). Sinon, d’où est-ce que Dean sort son gadget très futuriste ? Ce grand épisode est immanquable car il contient aussi des informations très importantes pour la bonne compréhension de la série. Ainsi, on en apprend plus sur les étranges pouvoirs de médium de Sam. Jusque ici, le sujet avait déjà été abordé (La maison des cauchemars), mais jamais en profondeur. Ici, en plus d’importantes découvertes, on suit une enquête passionnante de bout en bout. Cela est d'autant plus fort que Max renvoie à Sam un miroir inversé, et que ce dernier se voit forcé de relativiser sa rancune envers son père, finalement bon bougre comparé au père violent de Max... et relativiser son attitude face à son malheur, Sam ayant suivi un chemin moins destructeur que l'adversaire du jour, et cela il le doit à lui-même, et à son cher frère (émotion lorsque Dean assure qu'il n'arrivera rien à son cadet tant qu'il sera là, c'est à la fois viril, naturel, et beau). Sinon, Sam et Dean en prêtres font hurler de rire, crédibilité à aller chercher du côté des infinis négatifs, tout comme Dean comptant utiliser les dons de Sam pour gagner à Vegas... Un grand épisode qui lève le voile sur certaines questions et en commence de nouvelles. Dans tous les cas, on est désormais persuadé d’un futur sombre pour Sam... La critique d'Estuaire44 : Le thème de l’alter ego négatif est souvent porté à l’écran et c’est bien le cas ici, entre Sam et son quasi Doppelgänger, mais aussi entre les deux frères. L’étude psychologique et l’horreur font bon ménage. Effectivement cela laisse présager tout un développement autour de Sam, relié à la mythologie de la vendetta familiale (mais qui surviendra surtout en saison 2, de mémoire). Effectivement les Bros en prêtre cela reste un sacré souvenir ! La costumière de la série avait malicieusement veillé à ce que les tenues soient un brin trop courte pour l’imposante musculature de ces messieurs. Anecdotes :
15. LES CHASSEURS Scénario : John Shiban Résumé : Alors que les frères Winchester partent enquêter sur d’étranges enlèvements, c’est bientôt au tour de Sam de disparaître. Dean va alors faire équipe avec le sheriff Kathleen Hudack pour retrouver son frère, qui à été enlevé par une famille pour le moins...étrange. Une famille formidable... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Avec The Benders, Supernatural livre sa version des chasses du comte Zaroff. Cependant, cette intrigue de search and rescue souffre d'en rester à une veillée d'armes qui ne crépite que rarement. Après la saisissante introduction et une fois Sam kidnappé par les joyeux dégénérés, on assiste à une vadrouille routinière en compagnie de Dean et de la shérif où il ne se passe pas grand-chose, si ce n'est une scène de chasse en effet efficace. Sinon, Sammy est au chaud dans sa cage, la flic st désincarnée (malgré le coup des menottes), et il y a pas mal de raccourcis (comment Dean retrouve-t-il Sam ? Comment Sam sort-il de la cage ? Sacrée coïncidence de tomber sur une policière étant dans la même situation que Dean). Le final est très décevant, avec cette partie de cache-cache mille fois vue et revue. On est loin des modèles du genre. Même la version burlesque de Buffy (Homecoming) dépotait mieux. Un des points forts est la découverte tardive qu’il n’y a rien de surnaturel dans cette histoire (dans la saison 4, le non moins bon Entre les murs en fera autant), une bonne surprise, à rebours de ce que le spectateur pensait initialement. En parlant de guest, on est servi dans cet épisode : les 3 autres acteurs membres de cette joyeuse famille sont tellement bien choisis qu’on dirait qu’ils sont les personnages. Jessica Steen est également remarquable dans le rôle de Kathleen. Superbe Dean qui nous fait vraiment émouvoir en gars prêt à tout pour retrouver son frère, mais qui malgré tout n'est pas sans reproche : n'y-a-t-il pas un peu d'ego dans sa volonté d'être le protecteur de Sam ? Bonnes vannes entre les deux bros, ou bien la discussion absurde sur Godzilla. Supernatural assure côté personnages malgré des intrigues très disparates d'intérêt. La critique d'Estuaire44 : L’épisode joue pleinement la carte des retrouvailles avec une famille de films d’épouvante très populaires aux USA, celle du Survival horrifique, voyant des péquenauds dégénérés s’en prendre aux passants infortunés. Cela va des Massacre à tronçonneuse au Détour mortel d’Eliza Dushku, en passant par Délivrance ou la Colline a des yeux. On aime bien le côté référencé du récit qui reprend tous les principaux à-côtés du genre, dont le côté bien crado ou le gore souvent brut de décoffrage. Tout comme dans La Meute des X-Files, le shérif local en prend aussi plein la figure, là aussi une figure imposée de ce style de film, le faux espoir tombe à l’eau et la tuerie peut continuer, merci. L’épisode est moins singulier que La Meute, cela peut très bien être considéré comme une faiblesse, mais le côté B Movie est parfaitement assumé. J’ai trouvé la mise en scène plutôt efficace et sinistre à souhait. Les différents antagonistes sont parfaitement dessinés, mention spéciale à la petite fille, l’une des adversaires des Bros les plus dérangeantes cette saison. Évidemment cet épisode de Supernatural présente l’originalité d’être totalement dépourvu de surnaturel, ce qui peut décevoir les aficionados du Fantastique, mais c’était amusant de voir les Bros se retrouver dans la position des habituels ados massacrés copieux et être aussi à la peine, sinon plus que contre les créatures issues de la Bouche de l’Enfer, euh, du Paranormal. J’ai bien aimé les scènes entre Dean et la Shérif découvrant le monde étrange et périlleux de la Chasse. Son appel (souvent un drame familial) peut toucher quiconque, y compris une policière comme la Kate d’Angel. J’ai trouvé ses réactions assez justes avec un casting réussi de Jessica Steen, la première interprète de Liz Weir dans Stargate SG-1. Beau travail des maquilleurs et des costumiers, on a l’impression que les Benders ne sortent jamais de leurs fringues, c’est plaisamment immonde. Pour l’anecdote, l’acteur devant jouer Pa Bender en fut empêché par une tempête de neige, et la production dut trouver en urgence absolue un autre qui les porterait parfaitement. Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : Eric Kripke Résumé : Une jeune femme est retrouvée en plusieurs morceaux à son domicile fermé de l’intérieur. Les frères Winchester découvrent que le coupable est une Daeva, une ombre maléfique. Parallèlement, Sam retrouve Meg et découvre que la jeune femme n'est pas étrangère à ce meurtre... Les griffes de la nuit... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Eric Kripke prend la plume, mais n'accorde pas la moindre importance à l'histoire. Pourtant, on aurait pu en tirer quelque chose de ces Daevas bien flippants, mais à part deux-trois scènes on repassera. Le talent de Manners trouve à s'exprimer comme à son habitude, mais la déception reste. Dialogues trop abondants, absence d'action, tempo traînard, monstres plus silhouettes que consistants (sans jeu de mots). Et puis, bon, j'aime les W2 parce qu'ils savent rester sobres quand les émotions les atteignent, alors voir Sam et Dean subitement extérioriser ce qu'ils ressentent paraît un peu maladroit, d'autant qu'Ackles et Padalecki n'ont pas encore acquis une aisance de jeu dans ce registre – ça ne tardera heureusement pas. Kripke se laisse coincer par des clichés qu'il ne dépasse pas (le plan diabolique peu original, la filature de milieu d'épisode, la jolie fille de l'intro marchant seule dans la nuit et se faisant ventiler ; de la part d'un fan de Buffy, ça fait mal). La critique d'Estuaire44 : Manners réalise quelques beaux effets horrifiques avec les jeux d’ombres et les deux acteurs invités excellent chacun dans leur domaine. Les retrouvailles de John et de ses fils restent un grand moment, en particulier la réconciliation avec Sam, qui m’avait beaucoup touché à l’époque. L’intérêt demeure éveillé, malgré un récit ultra prévisible que Meg ait repéré les Bros (It’s a trap ! comme on dit chez Star Wars). Surdouée jusque-là, elle tombe dans le piège des Winchesters un peu trop facilement, une garce vipérine grand train toutefois. La séparation finale ressemble trop à une fuite des bros pour ne pas susciter la gêne. C’est sans doute basique, mais j’aime quand les frères gagnent sans fioritures (bon, on se doute bien qu’on reverra la péronnelle diabolique, rendez-vous pour le retour de la revanche de la vengeance). Et puis l’ADN de la série n’est pas grand-urbain, je trouve les Bros plus dans leur élément dans la cambrousse, ici on est hors sol. Si une série dérivée finit par se faire, elle se déroulera sans doute dans une grande ville, mais je préfère quand l’Impala parcourt les chemins de traverse de l’Amérique redneck, c’est son originalité. Au total on sent trop qu’il s’agit d’un simple préliminaire avant le combat contre le toujours mystérieux commanditaire de cette rafraîchissante rosière de Meg. Anecdotes :
17. A FORCE DE VOLONTÉ... Scénario : Trey Callaway - This stuff right here — this is our ticket to the big time. Fame, money, sex. With girls, okay? Be brave. Okay, WWBD. What would Buffy do? Huh? Résumé : Alors qu’ils visitaient une maison supposée hantée, une bande de jeunes se sont retrouvés nez à nez avec le corps d’une fille pendue à la cave. Les frères Winchester partent enquêter, mais ne trouvent rien de surnaturel dans la maison. Ils rencontrent également deux pseudo-chasseurs, trouillards et pathétiques. Que voulez-vous réellement... ? La critique de Clément Diaz et Cetp65 : L'unique épisode écrit par Trey Callaway mélange une histoire horrifique d'une prodigieuse originalité et un humour massif à se serrer les côtes. On a attendu un certain temps, mais ça y est, Supernatural ose enfin l'humour, et ça marche. Le mélange horreur-comique est parfait, et rappelle les grandes heures de Buffy et de X-Files. Surtout, cette idée sert aussi l'histoire en elle-même, la nature du monstre faisant en sorte qu'il agit de manière différente à chaque apparition. Il devient donc un adversaire quasi invincible, une opposition de choix pour nos bros qui d'ailleurs ne sortent pas tout à fait vainqueur du combat, un doute final planant sur le devenir du monstre. Le suspense est également omniprésent tout au long de l’histoire. Les scènes dans la maison sont assez effrayantes, dignes de vrais films d’horreur. Il y a peu d’effets spéciaux mais ils sont plutôt réussis. Le meurtre de la fille à la fin du premier acte, en montage rapide, est particulièrement sauvage. Le décor de la maison est glauque à mort, la photographie très noire, et la mise en scène de Chris Long est d'une tension de chaque instant, en plans fluides et continus, soudainement hachés lors des attaques. Par là, il s'agit du premier épisode de la série à vraiment jouer avec son public, et l'on sait que le succès de Supernatural doit beaucoup à son lien fusionnel avec ses fans. Cela est renforcé par la spectaculaire apparition de Jared en serviette de bain, ajoutée à la demande des spectatrices qui ont dû ressentir le même émoi que les femmes des années 60 en voyant Sean Connery sortir de sa douche. Jared et Jensen s'amusent vraiment beaucoup, et c'est avec grand-plaisir qu'au milieu de cette affaire sinistre, ils se lancent dans un concours de vacheries à tomber par terre. Un concentré d'horreur, d'humour, et d'amour envers le public, un sommet absolu de la saison. La critique d'Estuaire44 : Les blagues entre frères participent également à l’ambiance humoristique, de même que les vannes sur le Texas profond. J’aime bien qu’à côté de cela l’épisode ne cède rien sur l’aspect horrifique, on a un mélange réellement harmonieux et dynamique de deux éléments très disparates, un alliage bien connu des amateurs de Buffy. Sous l’influence des Bandits Solitaires, pas mal de séries (pas seulement fantastiques) ont incorporé des personnages geeks parmi leurs seconds rôles, avec des résultats très inégaux. Mais ici les Ghostfacers (pas encore nommés) s’avèrent totalement irrésistibles de fatuité et de nullité crasse, effectivement on en redemande. Appréciés par les fans de Supernatural qui ont toujours eu beaucoup d’humour, ils vont effectivement revenir, à la grande joie des Bros toujours ravis d’avoir à gérer les champions en plus du monstre de la semaine. Les Facers auront même droit à leur web série. D’ailleurs l’usage de l’Internet montre bien que nous sommes une décennie après le lancement des X-Files ou de Buffy, il est ici entré dans la vie quotidienne et n’est plus un objet exotique frétillant de nouveauté ou un fantasme parano. Kripke va réellement mettre en place le site des Facers, qui développera durant un temps, de manière humoristique, les thématiques de divers épisodes. Belle prestation d’Agam Darshi en victime du Tulpa, elle va devenir une belle recrue de Sanctuary. Supernatural va développer au fil du temps pas mal d’épisodes décalés humoristiques et jouer aussi des niveaux de réalité et du relationnel avec les fans. Gros boulot des décorateurs de la série et excellente bande son rock/métal, comme toujours. Anecdotes :
18. LA STRYGE Scénario : Daniel Knauf - Dude, dude, I am not using this ID! John Winchester laisse à ses deux fils les coordonnées d’une petite ville. Lorsqu’ils se rendent sur place, Sam et Dean remarquent qu’il y à très peu enfant dans les rues, une épidémie de pneumonie en ayant envoyé la majorité à l’hôpital dans un état critique... Quelque chose de méchant... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Something wicked se penche sur un thème très Whedonien qui avant lui a beaucoup intéressé les psychologues : la perte de l'innocence originelle ; ces moments où les délicieuses rêveries de l'enfance nous quittent devant la brutalité de ce monde. D'ailleurs, cet épisode fait penser au Killed by Death de Buffy avec ce croquemitaine s'attaquant aux enfants. Mais Daniel Knauf choisit de mettre l'histoire au second plan pour examiner le traumatisme originel qui sans doute rongera toujours Dean. Michael émeut aussi en subissant comme Dean la disparition des doux rêves de l'enfant devant l'agression du monstre. Malgré le courage dont il fait preuve, il ne sera plus jamais le même. La coda, d'une gravité amère, se montre éloquente là-dessus. Sammy est volontairement en position quasi passive, comme si Dean devait à nouveau porter son fardeau d'aîné qui le force à prendre soin de son frère. La famille Winchester semble décidément bien torturée, salis par la présence du mal qui ne les laisse jamais en repos. Alors, peu importe que le rythme soit assez lent, que la seule scène d’action soit bien en-dessous d’autres de cette saison, que le visage de la Stryge fait très... masque en latex, ou que le duel final soit un peu précipité, cet épisode creuse plus profondément la douleur des personnages, la meilleure chose à faire pour faire durer une série. La critique d'Estuaire44 : De toutes les familles d’épisodes de Supernatural, celle explorant la jeunesse des frères Winchester est sans doute celle qui m’intéresse le moins. Je pense qu’il aurait été bien plus subtil de nous faire percevoir leurs traumas passés via leurs répercussions sur leur relation et attitudes présentes. Aussi réussi soit l’opus, opérer par flash back c’est tout faire pour que le pathos apparaisse bien à l’écran, de la manière la plus misérabiliste possible. Ceci-dit je reconnais que les deux adolescents qui représentent Sam et Dean jeunes sont très bien choisis. Anecdotes :
19. LE TABLEAU HANTÉ Scénario : David Ehrman - Why are you trying so hard to get me laid? Résumé : Un couple est sauvagement assassiné au rasoir, alors que tout chez eux était bouclé. Les deux frères Winchester partent enquêter. Ils sont persuadés que le tableau acheté par les victimes le jour de leur mort n’est pas étranger au drame. Parallèlement, Sam fait la connaissance de Sarah Blake, une spécialiste en art... Le must, ou comment un meurtre sanglant peut-il devenir artistique... La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Le must de la saison chez les loners (avec Faith), et un des meilleurs épisodes de la série. Il exploite le thème certes commun de l'objet maléfique, mais quelle maestria dans le traitement de David Ehrman ! La pâleur hiératique des personnages du tableau introduit dès les premières secondes un sentiment de frayeur qui ne lâche plus jusqu'à la dernière scène. Sarah Blake est un des meilleurs personnages secondaires féminins de la série, et pourtant il y en a des tonnes, de même que Taylor Cole est une des meilleurs guests. Ce personnage donne une force supplémentaire à l’épisode qui est déjà merveilleux. Déjà, l’intro, bien sanglante comme d’habitude, donne le ton... Cet esprit fou qui semble indestructible donne pas mal de sueurs froides à nos bros qui ont bien du mal à tenir la cadence, un de leurs adversaires les plus terrifiants, interprété de manière époustouflante. On retrouve tous les ingrédients nécessaires à la réussite d’un épisode : action (la scène finale), humour (le dîner entre Sam et Sarah, les habituelles répliques de Dean), horreur (les meurtres, le cadavre d’Evelyn, à nouveau la scène finale) et surtout suspense : la coda, le briquet qui refuse de s’allumer, les mouvements du tableau, les meurtres où la production semble décidée à ne pas faire dans la demi-mesure question faux sang, les échecs répétés des W2... la tension est permanente, et explose lors de la tornade finale, véritable tour de force horrifique, et en cette saison, un des rares mano a mano terminal à ne pas paraître hâtif ou décevant. Le scénario est rempli de fausses pistes, bien malin qui aura deviné le twist final. La réalisation est à la hauteur : angles de caméra inspirés, effets spéciaux corrects. Que du bon, donc ! La critique d'Estuaire44 : Épisode très relevé, avec des scènes sinistres ou horrifiques particulièrement goûtues. Le langage visuel s’exprime pleinement entre le sympathique tableau (un chef d’œuvre dans son genre) ou le mausolée familial et ses jolies poupées mortuaires, quelle charmante idée. Jodelle Ferland apporte son impact coutumier au très dérangeant spectre enfantin, elle est une parfaite invite pour la série. Nombre de rebondissements ponctuent efficacement ce récit mettant en avant la tradition des tableaux ouvrant sur d’autres mondes, tout comme ce fut le cas avec les miroirs de Bloody Mary. Le final se montre haletant au possible. Rien ne manque au succès de l’opus, y compris une superbe rencontre, avec la sublime et très attachante Sarah. On apprécie que le récit ne joue pas la carte du mélo qui verrait un Sam tiraillé entre Sarah et la Chasse avec son frère, ce ne serait pas crédible. Sarah permet aussi d’introduire la technique de narration toujours efficace qu’est la découverte du monde des héros par une tierce personne néophyte. Cela fonctionne ici à la perfection, ce qui démontre à quel point cette première saison aura su bâtir un univers solidement établi. Anecdotes :
20. LE RETOUR DES VAMPIRES Épisode Mythologique Scénario : Cathryn Humphris & John Shiban - You know, we could have some fun. I always like to make new friends. [Kisses Dean] Résumé : Daniel Elkins, un ami de John Winchster se fait assassiner par une bande de vampires. Ces derniers lui dérobent une arme qui pourrait tuer n’importe quelle créature : le Colt. Avec l’aide de ses deux fils, il va tenter de récupérer l’arme pour s’en servir d’arme contre le démon qui à tué Mary... Offre du jour : une transfusion sanguine gratos. La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Dead man's blood se laisse voir avec plaisir. Kripke fait tout pour se démarquer de l'écrasante influence de Buffy et des grands romans du genre, de Stoker à Stéphanie Meyer. C'est ainsi qu'il envoie balader tout le côté rituel (croix, pieu, soleil), et utilise un moyen attesté dans la littérature, mais peu connu du grand public, de se débarrasser des Fils de la Nuit (sang de cadavre). Intéressant, mais ce parti pris tournant le dos à la mythologie habituelle est un peu excessif. À un moment, on a peur qu’on nous sorte quelque chose du style « Pour les tuer, il faut leur arracher le nez ». Efforts méritoires, mais sans être connaisseur du genre, on coince devant une vision assez misérabiliste des vampires, ici en voie d'extinction, et d'une intelligence que l'on va qualifier de peu étendue, ce qui les désacralisent trop. Les auteurs auront toujours du mal avec les vampires, le pire sera dans la sixième saison où l’on découvre... qu’on peut se « dévampiriser » grâce à une espèce de médicament. Non, mais ça va pas ?! Toutefois, le côté série B marche très bien avec hémoglobine et sexualité torride à tous les étages, jusqu'à un excès franchement joyeux. Peut-être regrette-t-on simplement des bad guys demeurant à l'état de silhouettes, malgré le cabotinage assez jouissif de leurs interprètes. Pour le coup, on est loin de Sunnydale. On aurait bien aimé voir ce que les W3 auraient fait si Angelus avait pris des vacances dans le coin tant dans le côté sadico-saignant que dans ses perverses (et terriblement justes) analyses psychologiques. La critique d'Estuaire44 : Les Vampires de Supernatural ont triste mine : les crocs sont ridicules tandis que point de vue intellect et aura maléfique, on se situe loin de l’Angelus de Joss Whedon, c’est certain. La rencontre avec la haute figure du Vampire aurait dû constituer le thème central d’un épisode, or ici il compose vraiment la cinquième roue du carrosse. Le Clan n’est là que pour permettre la découverte du Colt, qui va devenir l’un des artefacts les plus importants et populaires de la série, mais aussi d‘arrière fond aux dissensions familiales des Winchester père et fils. De ce point de vue, l’épisode se révèle captivant et parfaitement interprété. Formidable prestation de Jeffrey Dean Morgan, totalement immergé dans son rôle, mais les Ackles et Padalecki sont à la hauteur. La famille Winchester, entre fêlures et amour viscéral, demeure un sujet inépuisable ; on aime que Supernatural ne soit pas un simple Formula Show, ne se contentant pas d’aligner les Monstres de la semaine. L’épisode annonce efficacement le final, on sent bien que c’est lancé pour la grande explication de gravures. Anecdotes :
21-22. DÉLIVRANCE Épisode Mythologique Scénario : Sera Gamble & Raelle Tucker (1re partie) et Eric Kripke (2e partie) - Where's our father, Meg? Résumé : Sam, Dean, et John ont enfin le Colt, l’arme qui pourrait tuer n’importe quelle espèce démoniaque ! Mais Meg, de retour, cherche à s’en emparer, et commence à tuer tous les amis des Winchester, clamant qu’elle va continuer jusqu’à ce que John lui remette la fameuse arme. Sam et Dean tentent de protéger une famille qui, selon les visions de Sam, se fera tuer par le même démon aux yeux jaunes qui a assassiné leur mère 22 ans plus tôt, tandis que John se rend au rendez-vous avec un faux Colt... Bobby Singer, chasseur et vieil ami de la famille, va aider les Winchester dans leur lutte. Ils vont en avoir besoin, car le démon aux yeux jaunes a enfin décidé de les affronter... Un final explosif. La critique de Clément Diaz et Cetp65 : Cette saison a moins brillé par ses scénarios que par sa mise en scène et son casting, mais avec Salvation/Devil's trap, les scénaristes ont décidé de frapper un grand coup. Eh bien, ça ne rate pas : ce double final de saison enchaîne les scènes d'anthologie à un rythme fulgurant, semant twists, cliffhangers, affrontements de fer et de feu, scènes de pure terreur, suspense fouetté avec frénésie, relationnel bien dysfonctionnel. On ne s'attendait pas à une telle intensité de la part d'une série qui n'a pas encore trouvé toutes ses marques et qui a toujours dû composer avec un budget léger. Mais l'équipe parvient à nous faire un feu d'artifice permanent grâce à son ingéniosité. Les auteurs prennent un risque en séparant John de ses fils, mais miracle, les deux fronts d'attaque se voient impeccablement développés sans jamais se gêner. Nos deux bros ont une manière différente de gérer : là où Sam est sur le point de se laisser aller à des effusions, gagné par la peur de l'échec, Dean ne tolère aucun moment de faiblesse mais lui-même en fait trop en jouant au gars sûr de lui, masquant mal l'égale terreur qui l'anime. L’histoire est passionnante de bout en bout : du suspense à en mourir, une réalisation parfaite, de bons effets spéciaux (l’assassinat bien sanglant du prêtre en début d’épisode)...Que demander de plus ? Ah oui, de bonnes scènes d’action ! Pas de problème : L'affrontement dans la maison est d'un suspense phénoménal, avec la première apparition de ces yeux jaunes démoniaques. L’action et surtout le suspense sont aux rendez-vous durant le sauvetage, scène crédibilisée par les très bons effets spéciaux pyrotechniques qui rappellent le pilote. Erin Karpluck et David Lovgren (le couple sauvé) sont très convaincants. Il est juste de montrer Sam perdre les pédales sous le coup de l'émotion, se montrant soudain plus déterminé (jusqu'à la témérité) à tuer le grodémon que Dean. John mystifie par son sang-froid devant ce qui est une opération suicide. Car pour le coup, Meg (et son taiseux acolyte létal) se montre plus rouée et flamboyante que jamais. Nicki Aycox est fantastique de présence maléfique, de sourires mortels et sadiques, quelle beauté, et quelle opposition ! John qui tente d’échapper à Meg est une séquence prenante, haletante. Du grand art ! La première partie s’achève sur une scène à suspense qui nous laisse bouche bée... ... mais la deuxième va encore plus loin. Eric Kripke, totalement déchaîné, parvient à encore faire monter la sauce, et Kim Manners, par sa mise en scène de génie, provoque l'explosion. On assiste, hébétés, à un tas d’évènements haletants, riches en tout ce qui fait le succès de la série. L'auteur ne laisse aucun répit en mettant en scène le déni de Dean, qui dans un état psychique terrible, concentre toutes ses forces pour ne pas éclater et s'accrocher à une misérable lueur d'espoir. Mais surtout, le suspense et l’action sont encore plus présents, les fausses pistes se multiplient et...BOBBY ENTRE EN SCÈNE !!! C’est surtout cette dernière information qu’il faut retenir, car il s’agit d’un personnage clé, essentiel, INDISPENSABLE. Interprété par un Jim Beaver exceptionnel. L'arrivée théâtrale de Meg dans la maison de Bobby avec le retournement génial du cercle magique permet un premier acte jouant totalement sur la dynamique antagoniste entre les W2 et leur ennemie jurée : dialogues qui font mal, jeux d'acteurs en surchauffe permanente, réalisation en gros plans... la haine des personnages est quasi tangible. En revanche, cet épisode est le dernier où Nicki Aycox interprète le rôle du démon Meg (elle réapparaîtra dans la saison 4, mais cette fois-ci en tant qu’esprit). Elle passera le flambeau à l’encore meilleure Rachel Miner au début de la saison 5. Pas de temps mort, on enchaîne sans transition à l'haletant et musclé sauvetage de John : la variété des scènes physiques et psychologiques, écrites et réalisées avec un talent égal, est vraiment étonnante. On reste scotché tandis que la mission Saving private John se déroule avec le retour de l'acolyte de Meg qui en fait voir de belles au Winchester, comptant impuissants, les balles du colt qui se réduisent comme peau de chagrin. Kripke ne laisse aucun répit et nous jette immédiatement après dans le formidable affrontement entre le Démon et les Winchester, via un foudroyant twist final (Jeffrey Dean Morgan dévore l'écran !) avec des dialogues assassins et des effets spéciaux aussi simples qu'efficaces. Cet affrontement psycho-épique est saisissant, avec en point d'orgue, la déchirante hésitation de Sam, piégé dans un horrible dilemme. Si vous n’étiez pas entré dans un état de rage profond à la fin de la première partie (et oui, il y avait encore la deuxième), là ça ne serait tarder : la saison se termine sur un cliffhanger insoutenable et un épouvantable carnage... Bon, Kripke a tout simplement pompé le cliffhanger de la saison 4 d'Alias (diffusé l'année précédente), mais on lui pardonne tant cette conclusion-choc est mirobolante. Alors, allez-y : CASSEZ LA TÉLÉ ! ARGH ! La critique d'Estuaire44 : On trouve ici le même déferlement de rebondissements, de confrontations choc et de scènes percutantes que lors du mémorable arc Anasazi des X-Files, la référence absolue et séminale du final de saison, le tout dynamisé par un Kim Manners en pleine possession de son talent. Le double épisode conclut idéalement la première saison tout en lançant les bases de la deuxième, en introduisant deux nouveaux protagonistes, qui vont y prendre toute leur place : Azazel le Démon aux Yeux Jaunes, enfin révélé et qui abordera désormais directement les Bros (mais la série est loin d’en avoir fini avec Meg), encore aujourd’hui considéré comme le meilleur Big Bad de Supernatural par de nombreux fans, et Bobby, qui va tenir lieu de deuxième père (et quasi d’Observateur) aux Bros. La saison aura su mettre en place les protagonistes et l’univers de la série, l’affrontement direct contre les Yeux Jaunes peut désormais débuter. Anecdotes :
Crédits photo: Warner Bros. Images capturées par Clément Diaz. |
Épisode Mythologique
Scénario : Eric Kripke
Réalisation : David Nutter
- When I told Dad I was scared of the thing in my closet, he gave me a .45 !
- Well, what was he supposed to do ?
- I was *nine* years old ! He was supposed to say "don't be afraid of the dark!"
- Don't be afraid of the dark ? What are you, kidding me ? Of course you should be afraid of the dark. You know what's out there !
Il y a 22 ans, dans la maison de la famille Winchester, Sam et Dean sont encore des enfants lorsque leur mère se fait tuer par une force démoniaque qui enflamme la maison. Grâce à leur père, ils réussissent à s’en sortir. 22 ans plus tard, Sam (le cadet) vit avec sa petite amie Jessica et envisage déjà une vie toute tracée. Mais, un soir, Dean s’introduit chez lui pour lui faire part de ses inquiétudes : leur père à disparu depuis des jours alors qu’il était allé chasser des démons. Malgré quelques réticences, Sam accepte d’accompagner son frère à la recherche de leur père. La piste les mène à une petite ville où les hommes disparaissent...